ARGENTINE

La révolution libertarienne qui sauvera la France commence en Argentine

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 23/08/2023.

 

La révolution libertarienne qui sauvera la France commence en Argentine

Qui est Javier Milei ?

Recentrage de l’Etat sur ses missions régaliennes, suppressions massives d’emplois publics, fermeture de la Banque Centrale, diminutions d’impôts radicales : la pilule proposée par le candidat libertarien aux élections argentines est amère, mais prometteuse. Elle compose un programme libertarien qui est arrivé en tête de la primaire et pourrait causer une importante surprise dans un pays en proie au marasme. Le remède de cheval pourrait tôt ou tard convaincre de nombreux Français qui sont eux-mêmes menacés par les mêmes maux que ceux de l’Argentine : inflation galopante, déficit commercial record, bureaucratie qui vit sur le dos du pays. Nous commençons ici un cycle court de présentation du programme de Javier Milei, le candidat libertarien dont nous pourrions nous inspirer…

Le cartel de la presse subventionnée est muet ou presque sur les importants changements en Argentine que nous avons déjà rapportés : lors de la primaire à l’élection présidentielle, le candidat libertarien “hors système” Javier Millei a effectué une importante percée en obtenant 30% des voix et la première place, grâce à un programme de réformes radicales telles que le Courrier des Stratèges les propose régulièrement dans ses colonnes.

Nous entamons aujourd’hui un cycle d’analyse de son programme électoral… par une présentation générale.

Pourquoi l’Argentine doit inspirer la France

Répétons d’abord pour quelle raison l’Argentine doit inspirer la France : comme nous, l’Argentine importe beaucoup et exporte peu. Comme nous, elle est dominée par une caste championne dans le capitalisme de connivence, où une importante bureaucratie ne s’occupe plus d’intérêt général, mais met le pays en coupe réglée. Comme nous, l’Argentine souffre de déficits publics élevés . Comme l’Argentine ne se trouve pas dans une zone monétaire englobant des pays exportateurs, sa monnaie dévisse et l’inflation explose.

Si la zone euro devait un jour exploser, la situation de la France serait celle de l’Argentine aujourd’hui. Observer le remède libertarien en Argentine, c’est préparer sa transposition à la France.

Inévitable radicalité pour sortir de la crise

Avec une inflation supérieure à 100%, l’Argentine n’a pas le choix. Elle doit changer de paradigme. Les recettes traditionnelles, ce “fine tuning” de la caste qui déteste les visions d’ensemble et préconise chaque fois des ajustements techniques d’importance secondaire (souvenez-vous de la boîte à outils de François Hollande), sont impuissantes lorsque la crise éclate. Face à la tourmente, ce ne sont plus des capitaines de pédalo, qu’il nous faut, mais des loups de mer bien décidés à traverser la tempête.

Si les crises qui s’accumulent dangereusement en Occident depuis 2019 (répétons inlassablement que, lorsque la COVID a éclaté, l’Allemagne était en récession) devaient congruer pour former un chaos, la France devrait opérer les mêmes choix radicaux que l’Argentine. Le “collapse” l’y contraindrait.

Et, ce jour-là, si la France Insoumise est le seul parti doté d’un programme de crise, c’est son programme qui s’imposera.

L’urgence est donc de forger le programme alternatif pour le jour J

Recentrer l’Etat sur les missions régaliennes

La colonne vertébrale du programme de Milei consiste à proposer un recentrage de l’Etat sur ses missions régaliennes, en ne conservant plus que huit ministères : économie, justice, intérieur, sécurité, défense, relations extérieures, infrastructure et capital humain. Les autres ministères disparaissent.

Accessoirement, Milei propose de dégonfler la bule bureaucratique en supprimant les réglementations inutiles ou dangereuses pour le pays.

Nous analyserons ces points plus concrètement dans nos articles à venir. Mais il faut redire que ces propositions en apparence extra-terrestres sont une condition essentielle pour libérer l’énergie vitale de nos pays avachis par des décennies de collectivisme. Elles sont une bouffée d’oxygène pour restaurer l’ordre spontané tant vanté par le vieux Friedrich Hayek.

Réformer la monnaie

Nous consacrerons aussi un article détaillé à la réforme monétaire proposée par Millei. Elle est tout entière fondée sur le principe de liberté de choix que nous appelons de nos voeux. Loin des délires totalitaires prônant le contrôle de la monnaie et de la création monéraire par l’Etat, Milei propose le contraire : la suppression de la Banque Centrale argentine et le libre choix de la devise d’usage par les Argentins.

Cette option fondamentale sera tôt ou tard nécessaire en France. En Argentine, le contrôle des changes emprisonne les Argentins dans leurs frontières. C’est la technique choisie par Mitterrand quelques mois après son arrivée au pouvoir, pour soutenir son aberrante politique économique et pour éviter une déroute monétaire fulgurante.

Tôt ou tard, la France sera confrontée à la même difficulté. Elle devra opérer des choix impopulaires, douloureux, sur ce sujet en apparence technique et stratosphérique qui est celui de la monnaie. Concrètement, la monnaie est pourtant essentielle à la vie quotidienne, et les Français risquent de le redécouvrir assez rapidement.

Ne manquez pas nos publications à venir sur le sujet. Le Courrier analyse pied à pied dès demain le contenu du programme de Milei.

 

Supprimer 32 ministères, une solution à l’Argentine

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 24/08/2023.

Supprimer 32 ministères, une solution à l’Argentine

Le débat qui s’ouvre en France sur la loi de programmation des finances publiques et sur la diminution du déficit pose la question fondamentale du “à quoi sert l’État” ? Comme nous avons commencé à l’évoquer hier dans notre premier papier consacré au programme de l’Argentin Javier Milei, il n’est pas sûr que le “fine tuning” habituel (les ajustements techniques progressifs) constitue une réponse proportionnée au défi que la crise lance aux finances publiques. Il faut sans doute aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort, beaucoup plus vite, beaucoup plus radicalement. Le programme électoral de Milei donne quelques pistes qui méritent qu’on s’y arrête : Réduction du gouvernement à 8 ministères, dont un ministère du capital humain qui fusionne les ministères sociaux. La présentation de ce projet ne manque pas d’intérêt.

Javier Milei propose une profonde réforme de l’Etat centrée autour de l’idée que l’Etat doit s’occuper d’affaires régaliennes, et doit cesser d’intervenir dans tous les domaines économiques.

Pour cette raison, il propose de limiter le gouvernement à huit ministères, tels que nous les avons déja présentés hier : économie, intérieur, sécurité (ce qui, en France, ne fait qu’un), armée, affaires étrangères, justice, infrastructure et capital humain.

Pourquoi recentrer l’Etat autour des fonctions régaliennes

Dans un mouvement idéologique tout à fait intéressant, Javier Milei propose de tourner la page du néo-libéralisme en revenant au laissez-faire manchestérien. L’Etat n’est pas la solution, il est le problème, répète-t-il à la manière de Ronald Reagan dans les années 80. De ce point de vue, le programme de Milei est proprement libertarien, c’est-à-dire qu’il remet en cause le principe acquis par le colloque Lippman de 1938 fondant le néo-libéralisme, selon lequel l’Etat était légitime à s’occuper de santé, de protection sociale, d’éducation et de monnaie.

L’idée est assez simple et classique : L’Etat n’est légitime que dans les domaines où il est strictement nécessaire. Pour le reste, il est un agent perturbateur qui instaure une bureaucratie coûteuse et toxique pour prétendument corriger un marché qui fonctionne beaucoup mieux sans elle.

Pour régler ce problème, Milei propose donc de supprimer de nombreux ministères, chargés de veiller à l’application de réglementations toxiques pour le pays.

Le rôle de l’état n’est pas de se mêler de chaque aspect de la vie des individus (ni pour le bien ni pour le mal). Le rôle de l’état est de protéger les droits fondamentaux de la vie, de la liberté et de la propriété privée.

Programme de Javier Milei

On ne pouvait pas mieux dire.

Que faire des politiques sociales ?

Dans cette réduction accélérée de l’espace public, deux questions fondamentales se posent : Que faire des fonctionnaires dont l’emploi est supprimé ? Milei n’y répond pas, mais on en déduit assez facilement que ces fonctionnaires soit conservent leur emploi dans un univers “privé”, soit le perdent tout simplement lorsqu’il est supprimé.

Mais c’est surtout la question des politiques sociales qui est posée. Milei propose la solution suivante :

1. Une des grandes innovations que nous mettrons en œuvre dans notre gestion est la réforme complète des ministères de la santé, du développement social, du travail et de l’éducation dans un unique ministère du « capital humain », pour s’attaquer conjointement au problème du développement adéquat du peuple argentin en situation précaire.

2. Nous voulons affirmer très clairement : Les Argentins qui dépendent de l’aide de l’état pour survivre sont les victimes du système. Pas les coupables. Les coupables sont les politiciens.

3. Par conséquent, nous n’allons prendre aucune décision de transfert du coût de l’ajustement vers les victimes du système. Tant que, l’Argentine n’a pas adopté le modèle économique de la liberté qui permet la création de richesse, la création d’emploi et la protection sociale, éliminer l’aide sociale serait un crime. Ceci s’applique tant en matière de plans sociaux, comme dans la santé, l’éducation et autres.

4. Nous voulons également afficher clairement que dans notre vision, le meilleur système de santé possible est un système de santé privée où chaque argentin paie ses prestations. Le meilleur système éducatif possible est un système où chaque Argentin paye pour ses services. (…) Nous devons aller sur le long terme vers des systèmes privés de santé et d’éducation et nous devons viser à éliminer l’aide sociale directe. Mais ça ne peut pas se produire tant que l’Argentine n’est pas un pays prospère.

Programme de Javier Milei

Ces idées méritent d’être bien pesées. D’une part, Milei affirme, à juste titre, que la situation de détresse économique causée dans les couches les plus modestes de la population par les choix mortifères de la caste ne sont pas imputables au peuple argentin et qu’il n’est pas possible aujourd’hui de supprimer les aides sociales qui évitent la catastrophe. D’autre part, il pose clairement le principe qu’une fois les réformes libertariennes adoptées, ces aides n’auront plus lieu d’être.

Encore faut-il bien souligner ce qu’on appelle aides sociales. Dans l’esprit de Milei, il s’agit des prestations de survie versées aux personnes qui ne sont plus en état d’assurer leurs propres subsistance. Il vise les personnes “précaires”, qui sont sur le fil d’un rasoir très aiguisé par une détresse économique profonde, avec une hyperinflation de près de 120% et une récession profonde.

Une stratégie fondée sur la vitesse

Dans tous les cas, la stratégie de Milei repose sur la rapidité d’exécution et sur la radicalité des mesures. On libère l’énergie vitale. On fait une guerre totale et éclair à la bureaucratie. On aide ceux qui en ont besoin tant que les réformes ne sont pas en place. Une fois la voie ouverte vers la création libre de richesses, on lâche du lest.

Cette vision déterminée doit nous inspirer. Nous aussi, nous aurons besoin, le moment venu, d’un programme clair et direct, compris de tous, où les excès de la caste seront corrigés sans mollir et où l’ascenseur social sera relancé.

Interdire à l’État d’émettre la monnaie… L’idée géniale de Milei, en Argentine

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 25/08/2023.

Interdire à l’État d’émettre la monnaie… l’idée géniale de Milei, en Argentine

Nous continuons notre analyse du programme politique du candidat libertarien aux élections présidentielles en Argentine, Javier Milei. Nous abordons aujourd’hui ses réformes économiques, et surtout sa réforme monétaire, qui est proprement géniale ! Pour garantir la stabilité de la monnaie, Milei propose tout simplement de supprimer la Banque Centrale argentine et de ne plus permettre à l’État argentin de battre monnaie. Dans cette logique qui, au fond, constitue la meilleure façon de garantir la stabilité monétaire, il propose aussi que chaque Argentin puisse librement choisir la monnaie dans laquelle il souhaite acheter et vendre. Voilà des propositions détonantes qui soulèvent avec beaucoup d’acuité la pertinence de notre appartenance à la zone euro. A la place d’un Frexit, imaginez un cosmopolitisme monétaire où vous pourriez librement choisir de payer en euro, en monnaie nationale s’il faut en créer une, en cryptomonnaie, en dollar ou en rouble !

Ce Javier Millei est décidément une bouffée d’air frais dans le paysage politique mondiale. Alors que le pesos argentin s’effondre, implose même, alors que l’inflation dépasse les 100%, il propose purement et simplement de ne plus battre monnaie, donc de supprimer la planche à billets, et de laisser les Argentins librement choisir la monnaie des transactions qu’ils passent chaque jour ! Voilà une proposition vraiment révolutionnaire, qui a le mérite de régler radicalement la question de l’inflation nourrie par la planche à billets, et celle, très épineuse en Argentine, du contrôle des changes.

La proposition de Milei…

Dans la pratique, la proposition de Milei tient en quelques lignes très simples, que voici en espagnol :

On notera cette formule sympathique : “terminar con la inflacion para siempre”. “En finir avec l’inflation pour toujours”. En l’espèce, Milei propose de supprimer la banque centrale comme instance d’émission monétaire, et donc de laisser le marché créer la monnaie. Les Argentins pourront, dans la vie quotidienne, utiliser la monnaie de leur choix.

Ces propositions présentées sans chichi sont en réalité d’une puissance extraordinaire, puisqu’elles avancent l’idée que :

  • la création centralisée de monnaie par l’État n’est plus utile
  • il faut laisser le marché créer sa monnaie librement ou échanger des monnaies étrangères
  • la création monétaire doit être décentralisée et laissée aux besoins de la croissance
  • il faut instaurer un libre choix de la monnaie dans un pays donné, sans obliger à utiliser la monnaie nationale

A quoi ressemblerait une France à la sauce Milei

  Concrètement, si nous devions importer les idées de Milei, quelles en seraient les conséquences ?

D’une part, cette solution, au fond, nous éviterait la fastidieuse sortie de l’euro, qui serait forcément conflictuelle avec nos voisins. Sans renoncer à l’euro, nous pourrions simplement marginaliser son utilisation, son utilité et son recours dans la vie quotidienne. Nous pourrions même créer une monnaie nationale, si nous le souhaitions, concurrente de l’euro, et pour l’essentiel “battue” par les banques dans le cadre de leur fonction de distribution de crédit.

Ainsi, un salarié pourrait demander à être payé en franc suisse ou en dollar et utiliser cette somme à sa guise, ou encore en bitcoin. Au fond, le principe de la liberté monétaire prévaudrait, et chacun pourrait ainsi décider si oui ou non il pratique son “Frexit”.

Nous sommes encore loin de connaître toutes les conséquences de ces propositions. Mais elles ont un mérite majeur : celui de “faire bouger les lignes” et de désenkyster le débat dans les logiques autoritaires (celle de l’euro actuel) voire totalitaires (notamment l’instauration d’un monopole de l’émission monétaire confié à l’Etat). L’avenir est sans doute à la liberté monétaire.

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