Quand le chef s'absente ? C'est le bordel mais pas que...

 

par Abiker David le 25/02/2016.

Animateur sur Europe 1, Paris Premiere, GQ, Management, Marie-Claire, 01Net.

 

 

 

Management Politicus épisode 3.

 

Absent pendant une semaine ! François Hollande reviendra dans deux jours du déplacement à l’étranger le plus long de son quinquennat. Pendant ce temps-là ? C'est la zizanie dans les rangs de la gauche déchaînée par la loi travail. Ce qui pose une question : qu'avons-nous à gagner ou à perdre quand il y a vacance du patron (et pas vacances)?

 

Il y aura cette semaine dans les sous-pentes de l’Elysée et les travées de l'Assemblée Nationale comme un air de vacance(s). Et pour cause, le taulier est en voyage officiel en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, puis en Amérique latine (Pérou, Argentine et Uruguay).

 

Oublions l’adage iranien "quand le Chah n’est pas là les soufis dansent" (pardon, je sors). Dans les grandes organisations, la vacance du pouvoir peut rendre dingue. Les dossiers sont en suspens, les parapheurs dépriment et le management ne sait plus sur quel pied danser. Cette semaine c'est politiquement pire puisque le projet de loi travail a pris une tournure passionnelle qui met la zizanie dans l'Open-Space politique.

 

De moins en moins open et de plus en plus space...

 

Ca se vérifie (ou pas) quand une société attend un DG depuis trop longtemps. Au sommet de l’Etat, cette paralysie surgit quand les ministres et le Président sont sur le départ, le vrai. 6 mois avant, tout est bloqué.

 

C'est le temps des cartons.

 

Dans la vraie vie lucrative, je veux dire dans le secteur marchand, quand notre boss s’absente, il faut faire avec (donc sans). Et cette absence est aussi bien un test pour le patron lui-même que pour l’organisation qu’il laisse "orpheline".

 

Le chef saura-t-il être vraiment absent  ou va-t-il se manifester convaincu que partir c'est mourir un peu ? Même loin certains restent là, par la magie du téléphone, des mails ou des visioconférences. L'e-patron a le don d’ubiquité et il n'en est que plus envahissant. Son absence physique est ainsi compensée par sa présence virtuelle. Néanmoins sa disparition permet de mesurer sa capacité à déléguer à une organisation autonome.

 

C'est ici que survient le test du management. Les équipes peuvent-elles tout traiter et laisser le DG en paix (on parlera alors de Paix-DG - concept exclusif) ? Il y a des organisations qui font tout remonter, celles-ci ont du mal à faire sans chef, petites ou pachydermiques. D’autres se débrouillent parfaitement au point d’ailleurs que lorsque le patron revient, c’est le blues. On appelle ça l'effet boomerang. On est content de le voir s'éloigner mais on peut le prendre en pleine figure à son retour. Enfin, certaines organisations finissent par exploser sans chef ni ligne directrice, c'est ce qui est en train d'arriver à l'entreprise PS & Cie.

 

Quand notre boss s’absente, il faut faire avec donc sans ; un  vide qui peut faire sens... 

 

L' absence du chef peut donner des idées. Je suis tombé il y a quelques jours sur ce papier de Slate qui listait des entreprises américaines qui se sont définitivement passées de patron. 

 

En réalité, travailler sans patron c’est l’avenir. Car ce n’est plus de personnalisation du pouvoir dont les organisations ont besoin, plutôt d’une mise en réseau du pouvoir de faire. Décentralisation, autonomie, management par projet, tout concours à nous mettre en responsabilités, bref, nous sommes tous des présidents en exercice.

 

Que devient le boss dans ce cas-là ?

 

Ce n’est plus de personnalisation du pouvoir dont les organisations ont besoin, plutôt d’une mise en réseau du  pouvoir de faire.

 

Il coache, il incarne, il stimule, il accompagne. Ça vaut d’ailleurs à tous les étages de la hiérarchie. En vérité ce qu’il faut redouter de l’absence du chef ce sont : 1/ l'indifférence au travail des équipes (c'est pour moi le pire de tout), 2/ le goût des responsabilités qu’on a pu prendre en son absence et qu’on ne voudra plus lâcher (on était si bien sans lui), 3/ cette atmosphère rigolote qui donne l’impression qu’on ne bosse plus dans une SA mais dans un phalanstère fouriériste, une coopérative de production ou un kibboutz et 4/ bien entendu sa mauvaise humeur quand le guide suprême sera de retour, fatigué ou agacé de trouver sur son bureau une pile de dossiers non réglés.

 

Il y a quelques temps, j’ai compris en écoutant un dirigeant que la présence physique du dirigeant est affaire de psychologie, de film d'épouvante et de représentations individuelles et collectives.

 

« Un patron ? a-t-il lancé sourire en coin à ses collaborateurs subjugués, on doit pouvoir sentir son souffle sur sa nuque ». 

Il blaguait, bien sûr.

 

Source : https://www.linkedin.com/pulse/quand-le-chef-sabsente-cest-bordel-mais-pas-que-abiker-david?trk=hp-feed-article-title-hpm

 

 


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