Dans sa première adresse à la Nation,
il s’est attaqué à la gestion sécuritaire et économique du régime de Mohamed Bazoum
Le général Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle au Niger est apparu à la télévision publique, vendredi, en tant que nouvel homme du pays,
après le coup d’État de mercredi contre le président Mohamed Bazoum.
Dans sa première adresse à la Nation en tant que président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), l’organe militaire qui s’est emparé
du pouvoir, Abdourahamane Tchiani s’est attaqué à la politique sécuritaire et à la gestion économique de l’ancien régime.
«L’action du CNSP est
motivée par notre seule volonté de préserver notre chère patrie face, d’une part, à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre pays et cela sans que les autorités
déchues ne nous laissent entrevoir une véritable solution de sortie de crise et, d’autre part, la mauvaise gouvernance économique et sociale».
Par rapport à la situation sécuritaire, le général Abdourahamane Tchiani a déploré les nombreuses attaques meurtrières menées par des groupes armés
terroristes contre des unités de l’armée nigérienne et des populations civiles. Il a aussi dénoncé la libération de certains chefs terroristes par le régime de Mohamed Bazoum.
Il s’est, en outre, interrogé sur le sens et la portée d’une approche de lutte contre le terrorisme «qui exclut toute
véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali, alors même que nous partageons avec ces deux pays la zone du Liptako Gourma où se concentrent toutes les activités terroristes que
nous combattons».
Par rapport à la gouvernance économique, le général Tchiani a indiqué que le gouvernement déchu a montré ses limites dans l’amélioration des conditions de
vie des populations et la lutte contre les détournements des deniers publics. Tout en l’assurant du respect par le CNSP de «tous les engagements
internationaux», il l’a invité à «appréhender la
situation spécifique» du Niger.
La général Abdourahamane Tchiani, chef de la Garde présidentielle, qui a opéré le coup d’Etat au Niger, a fait vendredi sa première apparition publique en
tant que «Président du Conseil
national pour la sauvegarde de la patrie».
S’exprimant dans une déclaration diffusée sur Télé Sahel, il a notamment présenté les motivations du CNSP et appelé ses compatriotes au calme et à la
vigilance.
«L’action du CNSP est
motivée par la seule volonté de préserver notre chère patrie face, d’une part à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre pays et à la mauvaise gouvernance économique
et sociale d’autre part», a-t-il expliqué.
Appelant à la «sérénité», au «calme», à la «vigilance» et à un «sursaut patriotique» pour «relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux», le
général Tchiani a tenu à réaffirmer la volonté du CNSP de «respecter tous les engagements internationaux souscrits par le Niger».
«Enfin, le CNSP, par
ma voix, demande aux partenaires et amis du Niger, dans cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos forces de défense et de sécurité garantes de l’unité
nationale de l’intégrité du territoire et des intérêts supérieurs de notre Nation», a conclu le général Abdourahamane Tchiani.
De son côté, le président Mohamed Bazoum, toujours séquestré par les militaires putschistes à Niamey, n’a pas encore démissionné.
Le coup d’état qui a eu lieu au Niger les 26 et 27 juillet 2023, s’est déroulé sans violence. Après quelques hésitations, il a rallié l’ensemble des forces de sécurité du pays. Ce qui est également
étonnant c’est que les principaux personnages qui sont apparus, sont des officiers supérieurs, parfaitement installés
dans le dispositif politico-sécuritaire du pays. Ils ne représentent ni une partie
de l’armée comme au Mali, ni le soutien de l’aventure personnelle de quelque officier subalterne, comme au
Burkina.
Ainsi, le « Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie », est le général Tchiani Abdourhamane, commandant depuis 12 ans la garde républicaine. C’est un des fidèles de l’ancien président Mahamadou Issoufou, maintenu
à son poste par son successeur Mohamed Bazoum, qu’il vient de déposer. Les relations s’étaient dégradées ces derniers mois.
Le Chef d’Etat Major Général a rejoint les officiers auteurs du coup d’état ainsi que le général
Mahamadou Toumba, numéro deux de l’armée de terre et commandant l’opération conjointe avec la force française.
Parmi les mutins on trouve le colonel Ahmad Sidi, numéro deux de la garde nationale (chargée de la sécurisation de tous
les sites étatiques), le colonel Abdoulkarim Hima, numéro deux de la
gendarmerie, le général Salifou Mody, ancien chef d’état-major des Armées, limogé en avril dernier. Le colonel Amadou
Abderamane, le porte-parole, est un officier de l’armée de l’air.
D’après la première déclaration du Président du CNSP, il semble que la principale motivation du coup de force soit de
mettre fin à la mauvaise gouvernance sécuritaire contre les groupes armés
terroristes.
Le Niger a la particularité de faire face à deux types de menaces terroristes :
Celle des groupes armés islamiques venant du Mali (EIGS essentiellement) et agissant dans la partie nigérienne de la
zone des trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso) dans la région de
Tillabéry.
Celle de Boko-Haram dans le Sud-Est du pays, aux abords du lac Tchad et à la frontière
nigériane.
Le principaux griefs contre Mohamed Bazoum, énoncés par le nouveau Président du CNSP sont les suivants :
Le refus de Mohamed Bazoum de coopérer militairement avec le Mali et le Burkina Faso,
alors que les groupes armés évoluent entre les trois états.
Les nombreuses pertes humaines (militaires et civiles) dues à cette situation.
La libération de plusieurs chefs terroristes sur décision de Mohamed Bazoum
Le soutien de milices dans le seul but de défendre les propres intérêts des gens au pouvoir.
En revanche, le général Tchiani Abdourhamane évoque favorablement, dans sa déclaration, le
soutien des partenaires étrangers (France et Etats-Unis en l’occurrence) dans la lutte anti-terroriste, et appelle les
partenaires Techniques et Financiers (PTF) à continuer à aider la Niger.
Commentaires :
Le Niger est le pays qui a le mieux résisté aux conséquences désastreuses de la disparition de Kadhafi, en gérant, par
le palabre, le retour des Touaregs nigériens (contrairement à ce qui
s’est passé au Mali). Il reste malgré tout le pays de la région qui doit faire face à deux
menaces terroristes sur deux « fronts » différents.
C’est également le pays le plus sollicité par les effets collatéraux de l’émigration de milliers
de clandestins de la sous-région en direction de l’Europe, transitant par Agadez. Il est aidé en
cela par l’Union européenne. Il récupère également des milliers de sub-sahariens, reconduits
à la frontière, en plein désert par l’Algérie. Mais le Niger est également classé dernier (189 ème )
avec un score de 0,354 (France :0,903, 28 ème ), au palmarès de l’indice de développement
humain du PNUD.
Dans ces conditions, les militaires nigériens ont très mal supporté de ne pouvoir coopérer
avec leurs camarades au pouvoir au Mali et au Burkina, avec lesquels Mohamed Bazoum
refusait de dialoguer, pour apparaitre comme un bon démocrate, vis-à-vis de l’occident. Or,
la création du G5 sahel en 2015, voulue par la France avait justement pour but de favoriser la
coopération régionale dans le cadre de la lutte anti-terroriste… Il ne faut pas perdre de vue
que tous ces hauts responsables militaires de la région se connaissent très bien.
La politique de « dialogue » voulue par Mohamed Bazoum, et qui s’est traduite par la
libération de jihadistes « pour pouvoir parler », n’a visiblement pas plu aux militaire nigériens.
Mohamed Bazoum, qui est d’une tribu arabe, est très minoritaire dans le paysage ethnique
du Niger, ce qui reste dans cette région un handicap important, surtout si l’accusation lancée
par les putschistes, d’entretenir des milices (1) au profit de ses intérêts est avérée.
Au Niger, comme ailleurs dans la région, l’image de la France s’est dégradée : Emeutes très
violentes contre Charlie Hebdo, difficultés récurrentes avec Orano (ex Areva), échec de
Bolloré dans la construction de la ligne de chemin de fer Niamey-Cotonou (la ligne s’est
arrêtée à Dosso), réécriture récemment des paroles de l’hymne nigérien pour le « décoloniser ».
Conclusion :
Il est certain que les Russes ne manqueront pas de profiter de la situation.
Les Chinois exploitent déjà le pétrole nigérien, et vont reprendre le chantier du chemin de fer
vers Cotonou.
La France a déjà condamné le coup d’état, ce qui fermera le pays et posera un problème à
nos opérations militaires dans la région. Il est peut-être temps de revoir notre position vis-à-
vis des cinq états du G5 Sahel, désormais dirigés par des militaires, auxquels on peut rajouter
la Guinée présidée par un ancien de la Légion Etrangère, également arrivé au pouvoir par un
putsch !
1) Il existe au Niger de nombreuses milices villageoises, tolérées pour défendre les populations, travaillant parfois avec l’armée, subissant souvent de lourdes pertes et parfois responsables de grandes violations des droits de
l’homme.
Général Tchiani, président du Niger : Que cache le silence de Mahamadou Issoufou ?
Au Niger, plus de doutes, le coup d’État contre le régime de Mohamed Bazoum est malheureusement consommé. Le nouvel homme fort du pays c’est désormais le
général Tchiani, chef de la Garde présidentielle nigérienne ayant orchestré le coup de force. Il a été finalement choisi comme président du Conseil national pour la sauvegarde de la
patrie (CNSP) pour diriger la transition.
Face à cette officialisation du général Tchiani à la tête du pouvoir, les condamnations venant de l’extérieur se multiplient. C’est le cas notamment de
l’Union européenne qui de manière ferme a condamné ce coup d’État militaire. Par ailleurs, elle a également menacé de suspendre «tout appui budgétaire» apporté au Niger. La France, aussi
emboite le pas en déclarant ne pas reconnaître les autorités issues du putsch. Dans le même temps le silence criard, de l’ancien président, Mahamadou
Issoufou, suscite bien d’interrogations, surtout quand on connait son influence et le lien fort existant entre lui et le président déchu.
Aurait-il des envies secrètes de revenir au pouvoir de quelque manière de ce soit après deux mandats ?
Les premières décisions du Général Tchiani
Ayant pris les rênes du pays, le général Tchiani n’a pas manqué de montrer qu’il est véritablement aux commandes. Il a au travers d’un nouveau communiqué
télévisuel, annoncé que «la constitution du 25
novembre 2010 est suspendue» et que «les institutions
issues de la constitution du 25 novembre 2010 sont dissoutes».
Plus important encore, le général Tchiani s’est attribué tous les pouvoirs en attendant le retour à l’ordre constitutionnel normal. C’est à dire que le
Conseil national pour la sauvegarde de la patrie exerce l’ensemble des pouvoirs législatifs et exécutifs et le président du CNSP «est le chef de l’État
et représente l’État du Niger dans les relations internationales».
«Nous ne pouvons plus
continuer avec les mêmes approches, jusqu’ici proposées, au risque d’assister à la disparition progressive et inéluctable de notre pays. C’est pourquoi nous avons décidé d’intervenir et
de prendre nos responsabilités», a-t-il martelé. Il a également justifié son action par le fait que les autorités déchues ne laissent entrevoir une véritable solution de sortie de
crise. A cela s’ajoute, la mauvaise gouvernance économique et sociale. Ces éléments suscite1s ont eu pour répercussions la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre
pays.
Un silence éloquent pleinement justifié
Généralement, derrière un coup d’État bien ficelé et exécuté à succès par des militaires se cachent très souvent des civils en attente de la prise effective
du pouvoir. Très souvent ces derniers sont à la manœuvre de la déstabilisation du pouvoir en place à travers de nombreuses manigances ou coups bas. Alors selon les rumeurs, une main noire
serait à l’origine de ce coup d’État au Niger. Est visé par ces insinuations l’ancien président et allié du président renversé, Mahamadou Issoufou. Ce qui justifierait son silence
jusque-là.
Certains évoquent plutôt l’aspect selon lequel l’ancien président aurait choisi de respecter les principes démocratiques et de ne pas commenter ou
s’impliquer publiquement dans les affaires politiques en cours, afin de laisser le processus politique suivre son cours légitime. En choisissant ainsi de garder le silence, d’autres
estiment qu’il contribue à apaiser la situation. Car l’intervention publique de l’ancien président pourrait aggraver la situation et alimenter davantage de tensions et de
violences.
Le général Tchiani, serait-il le joker de l’ancien président Mahamadou Issoufou ? L’avenir nous le dira. Quoi qu’il en soit, il est possible que l’ancien
président choisisse de s’impliquer discrètement dans les coulisses pour essayer de résoudre la crise politiquement sans attirer l’attention publique.
Coup d’Etat au Niger : Une situation classique mais délicate pour la France
Source :
Bd. Voltaire - par Arnaud Florac - Le 28/07/2023.
Les complotistes prompts à voir la main de la Russie dans les bouleversements africains en seront pour leurs frais : Le coup d'Etat au Niger, fomenté par une
poignée de putschistes, s'il tombe en effet "ça-alors-comme-par-hasard" en plein milieu du sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg, n'a pas été dirigé, de près ou de loin, par la Russie. On
sait que le général Tchiani, proche du pouvoir, a été victime, il y a quelques semaines, d'une attaque contre son domicile, menée par les groupes armés terroristes. En l'absence de soutien réel
du président Bazoum, il a réuni ses fidèles, dont plusieurs ont été formés en France, pour se rendre au palais présidentiel et mettre la pression sur le président nigérien. La situation, comme il
arrive de temps à autre dans certains pays d'Afrique, a rapidement dégénéré mais n'a pas abouti pour le moment à une sortie de crise. Il est à souligner, d'un autre côté, que, pour l'instant,
aucun début de guerre civile ne semble poindre à l'horizon.
On imagine que les images de manifestations anti-françaises vont pouvoir être exploitées par la Russie, d'autant que des drapeaux russes ont fait leur apparition
dans le courant de la journée sur la place de la Concertation. Ce serait une habile utilisation, mais pas autre chose qu'une saisie d'opportunité. Une autre "théorie complotiste", guère plus
maligne que celle qui voit la main des Russes partout, prétend, sur plusieurs comptes africains en ligne, que les Français auraient commandité un "faux coup d'Etat" pour se débarrasser de Bazoum,
trop indépendant à leurs yeux. Peut-on à la fois dire que la France n'est plus rien en Afrique et lui prêter des capacités dignes des grandes heures de Jacques Foccart ? Apparemment, les
contradictions ne dérangent pas tout le monde.
Quel avenir pour la présence française ?
Alors, désormais, que va-t-il arriver à la présence française, puisque le dispositif militaire avait été redéployé au Niger en 2022 ? La France concentre les
critiques, mais une dizaine de pays, dont les Etats-Unis, mènent dans ce pays les mêmes actions de formation et de partenariat. La posture d'Emmanuel Macron, qui a été appelé au secours par M.
Bazoum mais n'a pas envoyé de troupes pour rétablir le régime, sera-t-elle saluée?
Déjà, Jean-Luc
Mélenchon appelle à repenser la stratégie française en Afrique. On lui saurait gré de développer sa pensée, car la France, déjà chassée du Mali, du Burkina Faso et de Centrafrique, peine
à réagir en temps réel.
Situation classique de coup d'Etat militaire, exploitée par les adversaires de la France (dont la Russie, mais aussi, dernièrement, la Turquie), la crise nigérienne
ne promet que deux choses : L'éviction probable de la France et l'aggravation probable de la crise politique dans les pays la bande sahélo-saharienne, avec des gouvernements qui, contre
un djihadisme
endémique, n'ont que l'argument de la haine de la France pour détourner leurs compatriotes des vrais enjeux.
Coup d’État au Niger : Et la France, dans tout ça ?
Source :
Bd. Voltaire - par Philippe Franceschi - Le 30/07/2023.
Le coup
d’État qui vient de se produire au Niger, pays coutumier du fait, prouve une fois de plus l’instabilité endémique du continent africain et les conséquences en termes d’immigration auxquelles
l’Union européenne doit s’attendre.
Décidément, les coups d'État y perdurent depuis plus de 60 ans que les indépendances sont advenues. La société civile africaine, toujours absente du débat, n’est
toujours pas entrée dans l’Histoire. Les populations ne tirent jamais de profit de ces coups d’État et s'en désintéressent. Le développement permettant de fixer les populations sur place n'est
toujours pas pour demain, malheureusement, et cela doit nous donner à réfléchir sur nos capacités à enrayer une immigration massive vers l’Union européenne.
L’erreur fondamentale de François Mitterrand, lors du discours de La Baule, le 20 juin 1990, a été d'imposer le principe des élections démocratiques en Afrique en
contrepartie de notre aide au développement. Une personne, une voix. Cela a entraîné la radicalisation des minorités ne pouvant accéder au pouvoir que par un coup d'État. Les peuples africains
n'y sont manifestement toujours pas prêts. En effet, Mohamed Bazoum, le président nigérien déchu, démocratiquement élu, est issu d'une ethnie minoritaire arabe et musulmane sunnite, alors qu’au
Niger, les grands groupes ethniques noirs majoritaires sont du Sud (Haoussa, Zarma, Peuls). Rien ne dit, pour le moment, que les Haoussas n'aient pas voulu reprendre le pouvoir par la
force.
Ce coup d’État ne peut que nous faire relativiser la stabilité que l'on croit acquise de pays comme le Sénégal, qui vient de connaître des troubles graves, de la
Côte d'Ivoire, qui se débat toujours dans son concept d’ivoirité, ou encore du Gabon, du Congo ou du Cameroun dont la succession de Paul Biya n’est pas assurée.
Après avoir quitté le Mali et le Burkina Faso suite à des coups d'État, les forces armées françaises, comme celles des USA, peuvent-elles rester au Niger ? La
realpolitik m'incite à dire que oui, si les nouvelles autorités nous le demandent et si les Russes, avec l’aide des Algériens, ne sont pas à la manœuvre pour nous éjecter définitivement de la
zone sahélienne. Mais nos engagements diplomatiques vis-à-vis de l'ONU, des organisations africaines CEDEAO et UA comme les principes démocratiques de l'UE peuvent aussi nous imposer de partir.
Cela signerait le chaos assuré dans tout le Sahel, avec les conséquences en termes d'immigration que l'on peut imaginer, ainsi que du terrorisme islamiste qu'il véhiculerait.
Emmanuel Macron va devoir quitter son esprit nébuleux du « en même temps » et trancher… Pas sûr qu’il en soit capable, lui qui a toujours fait preuve d’une
complète méconnaissance de la mentalité africaine, comme l’a montré son engagement personnel, dès 2017, dans la désastreuse aventure du feu G5 Sahel.
Guerre au Sahel : Y aura-t-il une intervention militaire étrangère au Niger ?
Le Niger est un pays particulièrement riche en ressources du sous-sol.
En France on connait le Niger pour deux raisons principales. D’abord il s’agit aujourd’hui d’une ancienne colonie française et aussi parce que ce pays est
le cinquième pays le plus riche en uranium après l’Australie, le Kazakhstan, le Canada et la Russie. D’autres pays comme l’Afrique du Sud, l’Ukraine et Brésil ainsi que la Namibie
contribuent à alimenter le marché de l’uranium selon l’opportunité financière.
L’uranium du Niger fut découvert par la France à la fin des années 1950 et l’exploitation des premiers gisements dans la région d’Arlit débuta rapidement
car le programme nucléaire français devait trouver des sources nouvelles d’approvisionnement, les dépôts d’uranium sur le pourtour du Massif Central s’épuisant.
Pour le Niger l’exploitation des mines d’uranium représente, en théorie, la seconde source de divises du pays après l’or. Cependant l’uranium en provenance
de ce pays ne représente en valeur que 4% du marché mondial de l’uranium. Divers sites miniers se trouvent approximativement sur la ligne Arlit-Agadez : Akikan, Imouraren, Dasa et Azelic,
la première mine exploitée par la France, et certainement d’autres sites de teneur inférieure qui seront à l’avenir exploités en raison du développement inévitable de la production
d’énergie électrique «décarbonée» que représente l’énergie nucléaire. Les très récents évènements qui ont eu lieu dans la capitale Niamey ont ému les puissances occidentales et pourtant
si on examine la réalité c’est-à-dire la structure industrielle et financière de l’exploitation des gisements d’uranium il en résulte que ces mêmes occidentaux agissent maintenant comme
des chiens qui aboient au clair de lune et cette remarque est tout à fait à propos car en ce lundi 31 juillet la lune est pleine…
Il est donc intéressant de détailler la réalité. En 2020 le Niger a produit 2020 tonnes d’uranium métal. Il est plus simple de comptabiliser cette
production en se référant au métal car usuellement l’uranium est négocié sur les marchés sous forme d’oxyde aussi appelé «yellow cake». Cette production ne représente que 4% de l’ensemble
mondial.
En réalité cette réaction tant de la France que des USA est infondée et arrive trop tard. Les principaux acteurs de l’exploitation des mines d’uranium sont
la Chine et le Canada et très loin derrière ces deux acteurs la France. Par exemple le gisement d’Imouraren situé à 160 km au nord d’Agadez est exploité par Orano (France) conjointement
avec la Corée et le tiers du capital est détenu par l’État du Niger. Cependant l’exploitation a été suspendue en 2015 car le marché de l’uranium n’était pas favorable. Le site de Dasa
près d’Arlit est en cours d’exploitation. Il est la propriété de global Atomic Corporation, une société basée à Toronto et de l’État du Niger à hauteur de 20%. Pour l’instant ce site n’a
pas encore produit le moindre kg de Yellow cake. Le plus important gisement se trouve dans la région d’Arlit à Azelik.
La Société des Mines d’Azelik est détenue à 100% par des firmes et organismes financiers chinois. Encore une fois l’effondrement du cours du Yellow cake sur
les marchés a aussi incité les autorités locales et la Chine à cesser temporairement l’exploitation de ce gisement. Il est donc tout à fait approprié de constater que les menaces tant des
USA que de la France n’ont aucune raison d’être. Et pour cause : La Chine est déjà solidement installée au Niger et pas seulement dans l’exploitation des mines d’uranium mais également
d’or près d’Agadez, dans la région de Djao et du Mont Ibl. Il est probable que le nouveau gouvernement du Niger fasse appel à la Chine pour investir dans le développement des
infrastructures nécessaire à l’exploitation de ces deux ressources minières et aux structure armées d’origine russe comme le groupe privé Wagner pour maintenir l’ordre en particulier pour
combattre les djihadistes qui forment le gros des groupes armés de Boko Haram de l’autre côté de la frontière entre le Niger, le Cameroun et le Nigéria.
[Point de vue] Quand Emmanuel Macron impute à la DGSE sa propre incurie
Source : Bd. Voltaire - par Arnaud Florac - Le 02/08/2023.
Le Canard enchaîné a sorti, ce mercredi, une info qui se voulait croustillante : Emmanuel Macron aurait poussé un coup de gueule contre la DGSE lors du Conseil de Défense du samedi 29
juillet. Il aurait reproché à Bernard Émié, diplomate de choc qui dirige le fleuron du renseignement français depuis 2017, de n'avoir « rien
vu venir » du putsch du général Abdourahmane Tchiani. Comme un professeur principal devant un élève faiblard au terme d'un deuxième trimestre sans éclat, Macron aurait même conclu
: « Le
Niger, après le Mali, cela fait beaucoup. »Le
Canard, qui semble décidément bien informé, livre la réplique du DGSE : « J'avais
rédigé une note sur la situation au Niger en janvier. » Et un ministre servile, dont le nom n'est pas communiqué, l'a immédiatement taclé : « Soit
on est tous bêtes, soit la note était incompréhensible. »« Ainsi
dit le renard, et flatteurs d'applaudir », comme disait La Fontaine (Les
animaux malades de la peste).
Bernard Émié n'est pas n'importe qui. On lui doit, outre des postes d'ambassadeur dans les pays les plus importants ou les plus tendus du globe entre 1998 et 2014,
la prise en main d'un service mythique à la suite du brillant mais clivant Bernard Bajolet : c'est un chef de terrain. Il a servi dans les cabinets ministériels, il est normalien et énarque : il
sait lire et écrire. Par conséquent, si l'on ajoute à cela le fait que Macron a pris, depuis 2017, la triste habitude de s'entourer de tocards sûrs d'eux, il est possible que le ministre ait
fourni lui-même un élément de réponse en posant l'alternative de cette façon. La note n'était probablement pas incompréhensible (même si Émié ne l'a évidemment pas rédigée lui-même), ce qui amène
le lecteur facétieux à en déduire logiquement ce qu'il sentait d'instinct : Bernard Émié, comme d'autres avant lui, est tout simplement entouré de ministres c.. Il n'en demeure pas moins que son
maintien à poste, qui pouvait logiquement être décidé jusqu'à la fin des Jeux olympiques, dans une optique de départ une fois la menace terroriste écartée, n'est plus du tout garanti.
Peut-être la Macronie a-t-elle obligeamment laissé fuiter cet échange tendu pour mettre Émié sur la sellette. Cela lui permettrait de virer un vieux mâle chiraquien
sexagénaire pour le remplacer, comme cela se murmure dans les médias, par une femme. Il n'en demeure pas moins que le mode opératoire rappelle étrangement le renvoi
du général Vidaud, directeur du renseignement militaire, après l'offensive ukrainienne. La DRM, à l'époque - de nombreux blogueurs en avaient parlé -, disposait de sérieux renseignements de
terrain, notamment américains, et n'avait nullement failli. Ce qu'il avait manqué, c'était la mise en perspective politico-stratégique, qui serait logiquement du niveau des cabinets ministériels
ou même de la DGSE, par exemple. Cette fois, la DGSE semblait avoir pris la mesure de la situation nigérienne en amont, et même averti le niveau politique, si l'on en croit Bernard Émié (et
pourquoi mentirait-il ? Même les ministres « abrutis », comme dit Élisabeth Borne, ne semblent pas en disconvenir), mais c'est le niveau politique, celui du président de la République, qui
s'obstine à faire systématiquement le contraire de ce que ses subordonnés militaires pourraient sagement lui conseiller.
Ce que payait Macron en Ukraine, ce n'était pas le manque de niveau de la DRM. Ce qu'il paie au Niger, ce n'est pas l'ahurissement de la DGSE. Dans les deux cas, ce
que paie la France, c'est un empilement de négligences, une sédimentation de certitudes : une absence de valeurs respectables à l'étranger, autres que la soupe tiède de l'humanisme et des
Lumières sauce Alliance française ; un activisme woke et
LGBT qui ne lui a rapporté que des camouflets (récemment
au Cameroun) dans des pays qui respectent la loi naturelle ; un mépris de jeune blanc-bec, de « petit mec », pour reprendre la formule ciselée de Bernard Lugan, pour une Afrique qui respecte
ceux qui la respectent, et dont les anciens ne détestent rien tant que les morveux de Sciences Po en petit costume venus leur donner quelques subsides pour pouvoir continuer à dispenser leur
propagande ; un réseau diplomatique à la ramasse, confit dans un aveuglement idéologique total (pour l'Ukraine, l'alignement pro-américain ; pour le Niger, la confiance dans une Françafrique
morte) ; un néo-colonialisme totalement hors-sol, qui a éclaté en 2017, avec la blague de Macron prétendant que le président burkinabè Kaboré était parti « réparer
la climatisation ». Pour reprendre les mots de Macron lui-même, une fois de plus, décidément, blessant et irrespectueux, face à des responsables de haut niveau qui en valent dix comme
lui (hier Villiers, aujourd'hui Émié, même principe), « ça
fait beaucoup ».
Le Canard, qui semble décidément bien informé, livre la réplique du DGSE : « J'avais rédigé une note sur la
situation au Niger en janvier. » Et un ministre
servile, dont le nom n'est pas communiqué, l'a immédiatement taclé : « Soit on est tous bêtes, soit la note était incompréhensible. »
Macron aurait du écouter Bernard Lugan
Source : Le Salon
Beige - par Michel Janva - Le 02/08/2023.
Incapable de prévoir que «le prochain coup, c’est le Niger», Emmanuel Macron serait «furax» et tenterait de
faire porter le chapeau à la DGSE accusée de ne pas avoir vu le coup d’Etat au Niger venir.
«Le Niger après le Mali, ça fait beaucoup!»
Macron aurait dû écouter Bernard Lugan, sur Sud Radio, en mars 2023 :
«L’erreur absolue que nous venons de faire, c’est de rapatrier tous nos moyens qui étaient sur le Mali et sur le Burkina Faso au Niger. Nous avons mis nos dispositifs militaires au milieu de
ce chaudron»
Les évènements du Niger étant la suite logique de la catastrophique politique africaine de la France – de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron sans oublier naturellement François Hollande-, il
faudra bien que ceux qui l’ont décidée rendent enfin des comptes. Comment est-il en effet possible qu’un conflit ethnique ayant éclaté en 2011 au nord-est du Mali et qui était à l’origine limité
à une seule fraction touareg, ait pu, de fil en aiguille, se transformer en un embrasement régional échappant désormais à tout contrôle et dont la conséquence la plus visible est l’éviction de la
France de la région sahélienne ?
En raison de l’avalanche d’erreurs politiques et sociétales, et comme je n’ai cessé de l’annoncer depuis 2011, l’échec de la France au Sahel était hélas une certitude (voir à ce sujet mon livre
Histoire du Sahel). Un échec politique un temps masqué par les réussites de nos Armées au prix du sacrifice de plusieurs dizaines des meilleurs enfants de France tombés à la place de déserteurs
africains ayant préféré venir bénéficier en France des largesses de l’ « odieuse » ancienne puissance coloniale que de défendre leurs pays respectifs.
Corsetés par leur idéologie, les responsables français ont voulu qu’en Afrique, le droit des Peuples s’efface devant les « droits de l’Homme », les chimères de la « bonne gouvernance » ou le
surréaliste « vivre ensemble ». Sans parler des provocations LGBT et de ses variantes vues en Afrique comme autant d’abominations et qui ont achevé de faire perdre à la France l’estime et le
respect des Africains. Privilégiant les analyses économiques et sociales, aveuglés par l’impératif de l’impossible « développement », les décideurs français ont refusé le réel, oubliant les sages
recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF :
« Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ».
Incultes historiquement, les « petits marquis » sortis de Sciences-Po ou de l’ENA qui prétendent parler de l’Afrique, n’ont pas vu qu’à la fin du XIX° siècle, la colonisation qui libérait les
sudistes de la prédation nordiste, rassemblait en même temps dominés et dominants dans de communes limites administratives. Avec les indépendances, ces délimitations internes de l’ancienne AOF
devenues frontières d’Etats, les lois de l’ethno-mathématique électorale y donnèrent automatiquement le pouvoir aux sudistes puisque leurs femmes avaient été plus fécondes que celles des
nordistes. D’où, au Mali, au Niger et au Tchad, dès les années 1960-1965, les nordistes qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent. La guerre qui a éclaté en
2011 – donc avant toute présence russe-, et qui se déroule sous nos yeux, en est la résurgence.
Face à ce réel qu’ils ne comprenaient pas, ou qu’ils refusaient de voir, confondant causes et conséquences, les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France ont
naturellement fait une erreur de diagnostic. Ils ont ainsi parlé de danger islamiste alors que nous étions clairement en présence d’une plaie ethno-raciale millénaire surinfectée par l’islamisme
contemporain.
En conséquence de quoi, la stratégie française reposa sur « l’essentialisation » de la question religieuse, tout bandit armé, tout porteur d’arme et tout trafiquant étant péremptoirement qualifié
de « jihadiste ». L’erreur était grande car, dans la plupart des cas, nous étions en présence de trafiquants se revendiquant du jihadisme afin de brouiller les pistes, et parce qu’il est plus
valorisant de prétendre combattre pour la plus grande gloire du Prophète que pour des cartouches de cigarettes ou des cargaisons de cocaïne. D’où la jonction entre trafic et religion, le premier
se faisant dans la bulle sécurisée par l’islamisme. Face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés
différents d’importance de chaque point selon les moments, la politique française fut donc à la fois figée et incohérente.
Au Niger où plusieurs conflits se déroulent, tant à l’ouest qu’au sud-est, la situation fut encore compliquée par le fait que le président Mohamed Bazoum est Arabe. Il est en effet membre de la
tribu libyenne des Ouled Slimane (Awlad Sulayman) qui a des diverticules au Tchad et dans le nord-est du Niger. Là encore, un minimum de connaissance historique aurait appris aux « danseurs à
claquettes » qui prétendent définir la politique africaine de la France, que cette puissante tribu éclata en deux dans les années 1830 quand le pouvoir ottoman décida de reprendre effectivement
le contrôle de la Régence de Tripoli. Or, les Ouled Slimane, tribu makhzen fidèle aux Karamanli renversés par les Turcs, entra en dissidence (voir à ce sujet mon livre Histoire la Libye). La
Porte ottomane ayant eu la main lourde dans la répression du soulèvement, une partie de la tribu émigra au Tchad et au Niger où elle participa au grand mouvement de prédation nordiste à
l’encontre des sédentaires sudistes, ce qui a laissé des traces dans la mémoire collective. Au Niger où les Ouled Slimane constituent moins de 0,5% de la population, et où ils sont considérés
comme des étrangers, le fait que l’un des leurs parvienne à la Présidence était mal ressenti. Et, circonstance aggravante, les Ouled Slimane sont vus comme des amis de la France depuis qu’en
1940-1941, ils ont opportunément suivi la colonne Leclerc dans son opération de conquête du Fezzan italien, action ayant démarré au Tchad et au Niger. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que
certaines fractions des Ouled Slimane retournèrent en Libye où, depuis, elles se heurtent aux Toubou qui occupent leurs anciens territoires abandonnés après l’exode du XIX° siècle.
Alors qu’il eut fallu confier la politique africaine de la France à des hommes de terrain héritiers de la « méthode Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des anciennes « Affaires
indigènes », elle a, hélas, été gérée par les insignifiants et prétentieux butors qui portent la terrible responsabilité de l’échec français en Afrique.
Un échec qui n’est d’ailleurs pas totalement consommé puisqu’il reste encore le Tchad dont le tour viendra tôt ou tard… inexorablement… Et toujours pour les mêmes raisons…
En plus de tout cela, au lieu de s’interroger sur leurs erreurs, ajoutant la naïveté à l’incompétence, les dirigeants français tentent maintenant de s’exonérer de leurs responsabilités en
montrant la « main russe »…. Comme si, étant en guerre contre l’OTAN, la Russie allait laisser passer l’occasion qui lui était offerte de s’engouffrer dans l’abîme béant de la nullité française
pour ouvrir un front africain sur les arrières de ceux qui la combattent sur le front européen… Le discours du président Poutine lors du dernier sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg fut
d’ailleurs très clair à ce sujet.
La déficience des dirigeants français s’exprime jusque dans leur absence de réaction face au mensonge du prétendu « pillage » des ressources du Niger. L’on attendrait en effet des « chapons » qui
parlent au nom de la France, une claire déclaration indiquant que cette dernière n’a pas d’intérêts dans ce pays désertique -le Mali ne l’est en revanche qu’en partie-, condamné à succomber sous
sa suicidaire démographie polygamique. Un Niger dont, n’en déplaise à l’ineffable Sandrine Rousseau qui a osé affirmer que la France en dépendait pour son uranium, alors que le pays ne représente
aujourd’hui, et au mieux, à peine 10% des besoins français… et qu’il est, et de beaucoup, plus facile et moins onéreux de se fournir ailleurs de par le monde. Sans parler des gisements français
dont les écologistes ont fait interdire l’exploitation par la Loi…
Tensions extrêmes : Le Mali défie Macron après la menace de guerre au Niger
La journée du 31 juillet 2023 a été
historique pour l’Afrique. Nathalie Yamb explique pourquoi et répond à la question de savoir si l’on peut s’attendre à une intervention militaire étrangère au Niger.
Dans un contexte de crise politique au Niger suite au coup d’État, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’État de l’Administration Territoriale et de la
Décentralisation du Mali, et porte-parole du gouvernement malien, a prononcé une déclaration historique sur les antennes de l’ORTM le 31
juillet 2023 à 20h. Cette déclaration exprime la solidarité du Burkina Faso et du Mali envers le peuple frère du Niger et dénonce les sanctions imposées par des organisations régionales.
Le colonel Maïga a averti que toute intervention militaire contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali. Face à cette situation, il
est urgent de comprendre les enjeux, les raisons de la crise et les possibles conséquences d’une intervention étrangère.
Contexte de la crise au Niger
Le Niger a été secoué par un coup d’État qui a suscité des réactions de la part de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et de
la communauté internationale. La CEDEAO a imposé des sanctions au Niger, notamment la fermeture des frontières, l’interdiction de survol, et le gel des avoirs de certaines personnalités
impliquées dans le coup d’État.
Réactions du Burkina Faso et du Mali
Dans un geste de solidarité fraternelle, le gouvernement de transition du Burkina Faso et du Mali a exprimé son soutien au peuple nigérien dans sa prise de
responsabilité pour affirmer sa souveraineté. Le colonel Maïga a clairement indiqué que le Burkina Faso et le Mali refusent d’appliquer les sanctions imposées par la CEDEAO, qu’ils
considèrent comme illégales et inhumaines pour les populations.
Mise en garde contre une intervention militaire étrangère
Le colonel Maïga a prévenu que toute intervention militaire étrangère contre le Niger serait assimilée à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et
le Mali. Il a également annoncé que face à une telle situation, les trois pays pourraient quitter la CEDEAO et prendre des mesures de légitime défense pour soutenir les forces armées et
le peuple du Niger.
Implications géopolitiques et risques de déstabilisation régionale
Une intervention militaire étrangère au Niger pourrait déclencher une réaction en chaîne dans toute la région sahélienne et ouest-africaine. Le Mali et le
Burkina Faso craignent que l’instabilité s’étende aux pays voisins tels que le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria, ce qui entraînerait des conséquences graves pour la stabilité
régionale.
«Niamey de 2023 n’est
pas Abidjan de 2004 ou Tripoli ou Benghazi en 2011. Toute intervention militaire étrangère au Niger aura des répercussions immédiates et intraitables sur tous les intérêts français au
nord, au sud, à l’est et à l’ouest de l’Afrique. Ce n’est pas une menace, c’est une évidence». (Nathalie Yamb)
Néocolonialisme et quête d’indépendance de l’Afrique
Le discours du colonel Maïga pointe du doigt l’ingérence étrangère en Afrique et appelle les dirigeants africains à se libérer du néocolonialisme et de la
dépendance vis-à-vis des puissances occidentales. Il appelle à une véritable unité et coopération entre les nations africaines pour construire un avenir indépendant et prospère pour le
continent.
Est-ce que le président français actuel est un bon stratège politique ? À l’aune de la déroute de la France au Niger, au Sahel et plus largement
sur le continent africain tant sur le point humain, militaire, et géopolitique, la question se pose.
Une alliance de pays africains contre la France est bien réelle. Au-delà de la perte fulgurante du rôle de la politique française en Afrique, alors que le
continent comprend de nombreux pays francophones, se pose la question des répercussions sur le sol français des populations africaines envers la France. Les révoltes de la fin du mois de
juin dernier dans tout le pays ont montré la réalité d’un éclatement dans l’Hexagone. Dans ce désastre géopolitique français se trouve aussi la question sensible de la sécurité
énergétique de la France et de l’Europe avec le gazoduc Nigéria-Europe.
Un bilan désastreux pour la France en Afrique
«Emmanuel Macron dans
l’impasse au Sahel», titreLe
Point, rajoutant : «Le coup d’État au
Niger vient de lui en infliger une de plus». Le
Point stipule : «Le coup d’État dont a
été victime le président du Niger le 27 juillet plante le dernier clou dans le cercueil de la politique macronienne au sud du Sahara». Pour le média français, la
politique d’Emmanuel Macron en Afrique donne les cartes stratégiques françaises à la Russie : «Vladimir Poutine
n’aurait pu rêver meilleur contexte pour son sommet Russie-Afrique qu’il tenait au même moment à Saint-Pétersbourg».
Mali
Au Mali, la France a perdu rapidement pied sous la politique d’Emmanuel Macron. Observateur
Continental rapportait que le Mali a changé de langue officielle, abandonnant le français. Mikhail Gamandiy-Egorov, expert de l’Afrique pour Observateur
Continentalsignalait que les Maliens ne veulent plus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) n’étant plus utile
pour le Mali d’autant plus que pour les Maliens, «c’est une fabrication
française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Et, elle continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les
terroristes».
Pour rappel, l’opération militaire française, Barkhane, ayant duré plus de 8 ans en terre malienne, a pris fin en novembre 2022. Observateur
Continental notait déjà en février 2022, que «les opérations
militaires française et occidentale Barkhane et Takuba en terre malienne – c’est terminé».
Si Emmanuel Macron annonçait la fin Barkhane et Takuba, il clamait que les soldats français resteront présents dans les pays voisins. France
Bleu, répétant les déclarations officielle de Paris d’alors, affirmait que
l’annonce du retrait de Barkhane et Takuba «est sans conséquence
sur le dispositif militaire français dans la région, car les soldats français se sont déjà retirés du Mali, et 3000 militaires français restent déployés au Niger, au Tchad et au Burkina
Faso».
La vision stratégique de la France se limitait, donc, à des mots sortis de l’imagination de technocrates français, et montre en raison de la situation
actuelle au Sahel que les responsables politiques en France sont des stratèges de papier qui adorent les grandes déclarations pendant que la réalité géopolitique du terrain avance, elle,
à grand pas.
Mikhail Gamandiy-Egorov notait judicieusement au départ de Barkhane que «les élites
occidentales, étant dans l’incapacité la plus totale de s’adapter au monde contemporain multipolaire, risquent à terme de devoir faire face à des évacuations humiliantes de leurs troupes
et mercenaires – en Afrique, comme à d’autres endroits du monde – avec en prime l’obligation d’observer la joie des populations des pays concernés qui les accompagneront jusqu’à la piste
de décollage». Et, c’est exactement ce qui se passe actuellement avec le Niger et dans d’autres pays africains.
Burkina Faso
Le
Point rappelle l’évacuation des forces spéciales du Burkina Faso, il y a juste un an. Observateur
Continentalavisait, «après plusieurs
échecs du régime français en terre africaine», que «l’effet domino se
poursuit de manière attendue», et que «désormais et suite
aux revendications populaires», c’était au tour des autorités du Burkina Faso d’officialiser la demande de départ des troupes françaises du sol national». «Le système
néocolonial de la Françafrique semble définitivement en chute finale», observait justement l’expert de l’Afrique pour Observateur
Continental Mikhail Gamandiy-Egorov.
Là, encore, le président français, Emmanuel Macron, avait demandé des «clarifications».
Le gouvernement du Burkina Faso lui confirmait avoir
demandé le retrait des troupes françaises. Observateur
Continental remémorait le fait que «les mobilisations
populaires souverainistes, le panafricanisme et la réalité multipolaire internationale ont complètement mis à mal la présence des nostalgiques de l’unipolarité sur le sol africain, ainsi
que l’interférence fortement néfaste de ces derniers dans les affaires des États de l’Afrique». Si Emmanuel Macron avait lu Observateur
Continental, il aurait peut-être pu éviter cette nouvelle déroute au Niger. Et, pas seulement pour ce pays africain, mais aussi envers la politique de la France avec la Russie,
un pays qui pouvait donner son gaz à bon marché à la France.
Puis le Burkina Faso et le Mali ont
déclaré «être prêts à se
battre aux côtés du Niger face à la menace d’intervention militaire [de la France et de ses alliés]». «La journée historique
du 26 juillet 2023, constitue pour l’ensemble des nigériens une journée de regain d’espoir et de revitalisation des élans pour un Niger qui reprend confiance en
lui-même», martèle l’Agence
nigérienne de presse rapportant que la population soutient les militaires qui ont chassé le président soutenu par Emmanuel Macron. Pour les Nigériens les rebelles sont des patriotes.
Bref, la bande du Sahel n’est plus sous la houlette de la France.
Gazoduc Nigéria-Europe et uranium
En mai dernier, le Financial
Times présentait Mohamed
Bazoum comme un allié de la France qui défend la présence militaire de la France au Sahel. Des plans étaient prévus pour la réalisation du gazoduc Nigéria-Europe. La seule question
était savoir de
s’il allait passer par le Maroc ou l’Algérie. Avec la perte probable de l’import d’uranium du Niger pour ses centrales nucléaires en France, la question de l’arrivée de gaz via le gazoduc
Nigéria-Europe est en question alors que la France a décidé de bannir le gaz bon marché russe.
Là, encore, la politique d’Emmanuel Macron en Afrique risque d’avoir des conséquences sur les Français, sans oublier que les émeutes de juin dernier ont
montré une fissure violente de la société française. Est-ce que la libération des États africains de la France va entraîner aussi, du fait de la politique française d’Emmanuel Macron, la
France dans l’impasse ?
Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays voisins ont été réouvertes, une semaine après leur fermeture consécutive au coup d’État qui a
renversé le président élu Mohamed Bazoum.
«Les frontières
terrestres et aériennes avec l’Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali et le Tchad sont réouvertes» à «compter de ce
jour», a-t-il déclaré.
Mardi, l’un des putschistes a annoncé cette réouverture à la télévision nationale.
Juste après le coup d’État, toutes les frontières terrestres et aériennes du Niger avaient été fermées le mercredi 26 juillet 2023.
Le putsch est mené par le chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Omar Tchiani (Tiani), qui s’est proclamé président du conseil national
pour la sauvegarde de la patrie.
Le Nigeria a coupé son
approvisionnement en électricité au Niger, a appris mercredi l’AFP de source proche de la direction de la Société nigérienne d’électricité (Nigelec), en ligne avec les sanctions décidées
par les voisins ouest-africains du Niger déstabilisé par un putsch.
«Le Nigeria a
déconnecté depuis hier (mardi) la ligne haute tension qui transporte l’électricité au Niger», a déclaré cette source. Un agent de la Nigelec a de son côté indiqué que la capitale,
Niamey, était «alimentée grâce à la
production locale».
Dimanche, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dirigée par le président nigérian Bola Tinubu, a décidé de sanctions contre les
putschistes qui ont renversé le président élu Mohamed Bazoum il y a une semaine.
En plus d’un ultimatum d’une semaine pour rétablir l’ordre constitutionnel et la suspension des transactions financières avec le Niger, la CEDEAO a décrété
le gel de «toutes les
transactions de service, incluant les transactions énergétiques».
Selon un rapport de la Nigelec – seul fournisseur du pays -, en 2022, 70% de la part d’électricité au Niger provenait de l’achat à la société nigériane
Mainstream. L’électricité est produite par le barrage de Kainji (ouest du Nigeria).
De nombreux quartiers de la ville de Niamey sont en temps normal soumis à des coupures d’électricité et la décision du Nigeria va aggraver cette
situation.
Pour s’affranchir de sa forte dépendance énergétique au Nigeria voisin, le Niger s’active à achever d’ici à 2025 son premier barrage, sur le fleuve du même
nom. À quelque 180 km en amont de Niamey, le barrage de Kandadji doit générer annuellement 629 gigawattheure (GWh).
Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, est dépendant de ses partenaires étrangers dans de très nombreux domaines. «Les sanctions feront
très mal à notre pays», avait dit le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou dimanche sur France 24, au
moment où celles-ci se multiplient internationalement.
Un coup d’État dans un pays africain
pauvre n’est pas inédit, mais le contexte géopolitique actuel lui confère une importance mondiale.
L’armée du Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, a renversé le gouvernement par un coup d’État, ouvrant la voie à une nouvelle confrontation avec l’Occident. Le
Niger se trouve dans une situation similaire à celle de la plupart des États d’Afrique de l’Ouest, avec la France, son ancienne puissance coloniale, qui continue à exercer son pouvoir
financier et militaire sur le pays et à s’ingérer dans ses affaires intérieures.
C’est pourquoi le coup d’État a été populaire, certains manifestants demandant le départ de la France et l’arrivée de la Russie. Dans le nouvel
environnement géopolitique dans lequel nous vivons, les États africains disposent désormais d’un plus grand espace politique et d’options pour se débarrasser de l’influence occidentale.
Le Niger, pays enclavé, appauvri et déchiré par la guerre, mais riche en matières premières, est en passe de devenir une nouvelle frontière.
À l’époque de l’unipolarité américaine, les États d’Afrique étaient à la merci de l’Occident. Pauvres, désespérées et instables, de nombreuses nations
africaines ont été contraintes de compter sur leurs anciens suzerains coloniaux, ainsi que sur les États-Unis, pour obtenir diverses formes d’assistance. C’était particulièrement vrai à
l’époque de la «guerre contre le terrorisme», lorsque des insurrections islamistes menaçaient la sécurité de leurs populations. Les forces spéciales françaises et américaines ont été
déployées pour combattre les terroristes dans les États d’Afrique de l’Ouest, par exemple lors d’un horrible enlèvement dans un hôtel au Mali en 2015. Toutefois, cette assistance, qu’elle
soit financière ou militaire, était assortie de l’obligation pour les États africains de respecter les conditions idéologiques de l’Occident – une forme de néocolonialisme.
Mais le monde a changé. Le contexte de la guerre contre le terrorisme est révolu et nous vivons désormais dans un environnement géopolitique dicté par une
concurrence acharnée entre des pays puissants – principalement les États-Unis et leurs «alliés» face à des rivaux tels que la Chine et la Russie. Cet environnement signifie que les États
africains ont désormais d’autres «options» pour obtenir de l’aide, ce qui leur permet de maximiser leur propre autonomie politique et leur espace plutôt que de céder aux conditions
idéologiques d’un autre pays. Par exemple, les États africains utilisent de plus en plus le groupe Wagner pour assurer la sécurité plutôt que l’aide occidentale, tandis que l’initiative
chinoise «Nouvelle route de la soie» signifie également que les États africains ne peuvent plus être exploités par des organisations telles que le FMI.
Dans ces circonstances, les militaires étant les acteurs politiques les plus forts dans des pays instables comme le Niger, ils ont la possibilité de
prendre le pouvoir et d’être protégés de la prédation occidentale, car dans ce système international, les États-Unis ne peuvent plus mener d’interventions militaires unilatérales
directes. C’est ainsi que des gouvernements et des armées ont profité d’une réaction anti-française dans toute l’Afrique de l’Ouest pour commencer à chasser la présence des anciens
maîtres coloniaux. En l’espace d’un an, l’armée française a été expulsée du Mali et du Burkina Faso. Le Niger devrait être le prochain. Toutefois, le
risque d’une guerre civile soutenue par la France demeure.
Si le coup d’État au Niger devait finalement réussir, les nouvelles autorités ont l’intention d’établir des relations plus étroites avec la Russie, qui peut
devenir un nouveau garant de la sécurité, beaucoup moins compliqué. Si la Chine fournit généralement une assistance économique et infrastructurelle aux États africains, ainsi qu’une
garantie de non-intervention et un soutien à la souveraineté nationale, elle est moins ouverte et moins encline à fournir un soutien militaire spécifique pour écraser les insurrections,
ce qui est davantage le créneau de la Russie.
Bien entendu, le Niger a également une importance stratégique. Bien qu’il soit facile de le considérer comme un pays enclavé et appauvri au milieu du
désert, le Niger possède un stock important de ressources naturelles, notamment de l’uranium, du charbon, de l’or, du minerai de fer, de l’étain, des phosphates, du pétrole, du molybdène,
du sel et du gypse. Ses réserves d’uranium sont parmi les plus importantes au monde, ce qui est absolument essentiel pour l’énergie nucléaire. C’est pour cette raison que la
France n’est pas disposée à céder le Niger sans se battre, et qu’un conflit potentiel par procuration se profile à l’horizon. Si les intérêts soutenus par l’Occident dans le pays sont
vaincus, la perte stratégique du Niger en termes de ressources serait énorme, et il est très probable que la Chine prendrait l’avantage sur l’Occident dans le processus.
Tout cela a fait du Niger la nouvelle frontière la plus improbable du monde. Si les discussions sur les coups d’État et les guerres civiles en Afrique
peuvent sembler ordinaires aux yeux du public occidental, elles se déroulent désormais dans un nouvel environnement géopolitique largement perçu comme une nouvelle guerre froide.
L’attitude condescendante de l’Occident à l’égard de l’Afrique, un continent qui aspire à l’indépendance et à la prospérité, fait des ravages. Des portes s’ouvrent à
d’autres acteurs, et c’est pourquoi nous en sommes ici aujourd’hui.
La menace d’une intervention militaire
au Niger ne contribuera pas à un règlement, a fait savoir la porte-parole de la diplomatie russe. Moscou considère primordial «d’empêcher une nouvelle dégradation» de la situation dans le
pays.
La Russie a mis en garde contre l’éventuelle intervention militaire au Niger évoquée récemment par la CEDEAO en réaction au renversement du président
Mohamed Bazoum par les militaires.
«Nous pensons que la
menace de l’usage de la force contre un État souverain ne contribuera pas à désamorcer les tensions et à résoudre la situation dans le pays», a déclaré ce 2 août Maria Zakharova,
porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
La Russie considère primordial «d’empêcher une
nouvelle dégradation de la situation dans le pays» et prône l’organisation d’un «dialogue
national».
Moscou compte également sur des actions appropriées de l’Union africaine et des organisations sous-régionales pour un règlement pacifique, a dit la
diplomate. Dans sa recherche d’une issue, Moscou part du principe d’«une solution
africaine aux problèmes africains», a-t-elle expliqué.
C’est la deuxième fois que la diplomatie russe réagit aux événements au Niger. Le 27 juillet, le lendemain du coup d’État à Niamey, Maria Zakharova avait
appelé «les parties au
conflit à s’abstenir de recourir à la force et à résoudre toutes les questions litigieuses par un dialogue pacifique et constructif». De plus, Moscou a dit compter sur
«la
libération rapide» de Mohamed Bazoum.
Situation au Niger
Depuis le 26 juillet, le pouvoir au Niger est aux mains du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), présidé par le général Abdourahamane Tiani.
Ce chef de la garde présidentielle s’est proclamé nouveau chef d’État, en annonçant le renversement de Mohamed Bazoum. Le 1er août, le CNSP a commencé à procéder à certaines nominations
et a rouvert les frontières avec cinq pays.
Le Président renversé reste retenu à Niamey depuis le 26 juillet.
En réponse à ces événements, la CEDEAO a demandé le 30 juillet le rétablissement, dans un délai d’une semaine, de l’ordre constitutionnel et le retour au
pouvoir de Mohamed Bazoum, élu en 2021. Si ces exigences ne sont pas remplies, l’organisation se réserve le droit de «prendre toutes les
mesures nécessaires», qui «peuvent inclure
l’usage de la force». Ces décisions n’ont pas été appréciées par le Burkina Faso et le Mali, mais également par le chef du Parlement nigérien.
Les échecs en cours de l’Occident-Atlantiste et la remise en question de son hégémonie face à la Russie, ainsi que l’enlisement de la France officielle dans
la crise ukrainienne, suscitent des prises de conscience en Afrique, surtout de l’espace «France-Afrique» qui y voit l’occasion de se défaire d’un boulet néocolonialiste.
Après le Mali, le Burkina Faso, voilà que le Niger, avec son coup d’État, remet lui aussi en question la politique occidentale (en particulier française) en
matière de relations internationales, notamment économique et interventionniste qui ont toujours été sélectives. Contrairement à la Russie en Ukraine, le Niger n’a pas attaqué de citoyens
occidentaux, mais a pris le contrôle de ses richesses, dont son uranium. En réaction, la France et les États-Unis pourraient préparer une opération militaire par le proxy CEDEAO (une
communauté économique régionale) qui menace déjà le Niger d’une action militaire. Les nouveaux chefs militaires du Niger refusent de céder à la pression, ce qui suscite des tensions. Le
Mali et le Burkina Faso soutiennent le Niger et avertissent que toute attaque contre le pays sera considérée comme une attaque contre eux. D’autres pays sont dans l’expectative. Cette
crise soulève des questions en fixant les regards sur la Russie, la Chine et l’Inde. La France semble davantage préoccupée par le contrôle de la ressource économique que par la démocratie
et les droits du peuple nigérien. Une solution diplomatique paraît improbable.
1ère Partie
Les échecs otano-kiéviens et remise en
question de leur Hégémonie
Après les méfaits et les échecs des terrorismes, des «révolutions de couleurs», des subversions, des aboyeurs estampillés «analystes», des défenseurs des
«droits de l’hommisme» ou «des libertés», des propagandes des médias dits «mainstrean», des menteurs professionnels associés à des félons et agitateurs de tous bords, sous couvert de
défense de valeurs «universelles», que peut-il bien rester à cet Occident-Atlantiste comme autres moyens pour maintenir et élargir son hégémonie ? La guerre à la Russie par proxy
ukrainien ? C’est la faute fatale que les États-Unis ont commise, croyant pouvoir neutraliser et réduire la Russie en faisant fi, par insolence, de son Histoire jalonnée d’héroïsme
!
Le résultat visible tend vers l’effet inverse en remettant tout «l’ordre» mondial en question ! Échec de l’objectif de la contenir et de l’affaiblir, suivi
d’une marche vers la multipolarisation, d’un rejet franc du suprémacisme, d’une recomposition des alliances, d’une volonté d’abandon du dollar comme monnaie dominante et de réserve, d’un
déclin économique et militaire de l’Europe… Échec du projet globaliste !
Dans la guerre otano-kiévienne, face à la puissante Russie, la France officielle n’a fait qu’acquiescer et suivre tout ce qui se décide aux États-Unis (avec
le Royaume-Unis), même contre ses intérêts. Une France réduite à un faire-valoir à force de cupidité, d’effronterie, de prédation, d’hypocrisie, de mensonge et de verbiage. Même tapie
dans ce que l’on dénomme «l’Occident collectif» avec toute sa puissance que dirigent les USA, elle n’ose pas braver la Russie, son sauveur du nazisme, même sous la couverture de l’article
5 de l’OTAN ! Un «Occident collectif» qui a bien mesuré et compris la légitimité des actions de la Russie, sa détermination, ses objectifs et les moyens mis pour néantiser toute
menace. Et comme disait l’autre «te voilà maintenant
face à ton barbot, mon barbot !»
La France dans une OTAN dépressive et
Illusions de puissance
L’Engagement de la France dans l’OTAN qui devait élargir son pouvoir, son influence et ses capacités a eu, en fait, des résultats inverses !
L’implication de l’OTAN dans cette guerre est effective sans être officielle. L’exhibition médiatique de son article 5 n’est que du bluff pour maintenir l’Union. Cette organisation n’a ni
la volonté, ni les moyens pour battre la puissance Russie. Comme dit Andrei Martyanov «après tout, on ne
chasse pas l’ours avec un couteau de cuisine». Objectivement, quels pays de l’OTAN peuvent s’engager avec armes et soldats ? Les USA et la GB en fournissant des armes seulement
jamais ses soldats. L’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, l’Italie, également, avec très peu d’armes, mais sans soldats. Les pays baltes, aussi, sachant qu’ils risquent de
disparaître rapidement. Fournir des armes à qui ? L’Ukraine est anéantie ! La Pologne, championne en bluff et en escroquerie, sait qu’elle risque une implosion en plus d’une
attaque décisive, particulièrement dévastatrice. Ses troupes étant sans commune mesure face à l’armada russe.
Ils ne font donc que duper, sachant que la Chine, aussi dans le viseur, sera de la partie si nécessaire ! Ainsi, le seuil russe ne sera pas franchi et
l’aventure de battre la Russie est chimérique ! Les milliardaires et politiciens psychopathes straussiens de ce pays, qui ne font que dans le bluff, l’agitation et l’incitation,
connaissent la limite de la falaise. Ils tiennent trop à leur fortune, à leur vie luxueuse pour les voir s’évaporer. Il vaut mieux garder ce que l’on a, que risquer de tout perdre, y
compris la vie !
Le Niger, un coup d’État, la France
dans l’enjeux de souveraineté en Afrique et la «main de Moscou»
Mais les dirigeants inconscients, sans principes et sans foi, de cette France, se rappellent vite qu’ils ont des muscles dans les bras plus que dans la
langue avec des «couilles au cul» lorsque le Niger se réveille pour destituer son président, un servile de la France, qui a appauvri son pays ! Cela rappelle cette anecdote sur
un enfant de huit ans à qui l’on a dit pourquoi il a peur d’affronter son camarade du même âge. Il répond qu’il n’a pas peur puisqu’il peut battre sa petite sœur de quatre ans ! La France
est dans ce paradigme en ne cessant d’exhiber ses pectoraux vers les pays africains. Du coup, le président français qui s’inquiète pour les peuples et les pays africains, voit que ce coup
d’État «est
parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région», provoque une réunion d’urgence d’un «Conseil de
défense», pour annoncer par l’Élysée que «quiconque
s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable. Le président de la République ne
tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts», ainsi que la suspension «avec effet immédiat,
(de) toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger», suivies par l’UE, les USA et des organisations africaines liges telle la CEDEAO. La présence
militaire française et américaine au Niger n’a pour but que le contrôle de toute cette zone de l’Afrique subsaharienne, de l’Ouest et du Maghreb.
Qui est plus apte à déchoir des responsables serviles et corrompus d’un État que son armée, par ses officiers patriotes ! C’est la raison pour
laquelle, ils ne cessent de vouer aux gémonies les institutions militaires dont elles craignent les putschs révolutionnaires qui défendent la souveraineté. C’est pourtant dans l’ordre
Constitutionnel des Armées de tout pays de défendre la souveraineté de leur patrie. L’illégalité de cet acte d’autorité – sous divers prétextes : démocratie, liberté, etc. – n’est
évoquée, par ces brigands, que lorsque sa finalité remet en cause l’ordre hégémonique et les intérêts illicites des pays occidentaux, prédateurs souvent d’ex-colonisateurs et/ou
impérialistes ! Un coup d’État qui ne l’arrange pas sera qualifié «d’autocratique» mené par une junte contre la «démocratie». Un coup d’État qui les arrange sera qualifié de
salutaire qui instaurera la «démocratie». Le coup d’État du Maïdan en est l’exemple flagrant récent ! Ceux-là sont licites, car «démocratique». Il n’y a aucun respect des
valeurs internationales qu’ils apprécient selon la géographie, la race ou le degré d’allégeance. Être un pays africain ou un pays européen, l’appréciation va de la condamnation au soutien
pour les mêmes faits !
Soyons réalistes ! Lequel est le plus acceptable : un «dictateur» patriote, intègre qui défend les intérêts de son pays et sa souveraineté qui apporte le
bien-être à son peuple, ou bien un «démocrate» félon, corrompu qui défend les intérêts d’une oligarchie liée à un État néocolonialiste qui laisse son peuple dans l’indigence ?
Même l’idiot sait faire le choix !
Ce ne sont pas ces « pingouins» européistes désignés, qui dirigent actuellement L’Europe qui peuvent influer ou orienter l’évolution historique
irréversible du continent africain quelle que soit leur puissance.
Si la France officielle y voit, par diversion, la main manipulatrice à visée colonialiste de Moscou ou Pékin, les Africains jugent sur les résultats
concrets : L’un avec des réalisations dans tous les domaines, économique, développement des infrastructures, scientifique et sécuritaire, sans conditions et sans ingérences, d’égal à
égal, gagnant-gagnant, en toute souveraineté, l’autre avec des promesses jamais réalisées, réitérées à toutes les occasions durant des décennies, sous d’intolérables conditions, dans
l’ingérence, l’humiliation tout en continuant à exploiter injustement leurs richesses par les menaces ! Ne respectant ni les us et coutumes des États africains, Macron a même prévu, avec
culot, d’envoyer au Cameroun un ambassadeur LGBT chargé de promouvoir l’homosexualité.
L’Occident et sa
propagande abject : Russes et Chinois «des colons»
Les Russes et les Chinois, ont-ils un jour colonisé et exploité un seul pays en Afrique – contrairement à l’Occident qui a un passé colonial, barbare en la
colonisant en totalité, dont la majorité par la France – pour les accuser de visées colonialistes dans ce continent ? Tous les moyens forts d’endoctrinement (écrits et visuels), à la
faveur des progrès numériques, dont Internet, ont été déployés pour imposer au monde leur vision unique et incontestable des choses et criminaliser ces deux pays (ainsi que ceux qui les
suivent) dans toutes leurs actions ! Une guerre de l’information sans précédent que mènent, en parallèle à la vraie guerre sur le terrain ukrainien, les USA en marionnettistes en
chef que les vassaux européens doivent suivre sans broncher, même contraires à leurs intérêts et à la logique !
Ce qui est étrange et risible, dans ce contexte, c’est que les Américains arrivent à faire croire et à faire accepter n’importe quelle stupidité et à se la
faire relayer. Les médias français aux ordres montrent qu’ils avalent n’importe quelle couleuvre venant d’outre-Atlantique. Nous avons lu par exemple cette déclaration de James O’Brien,
reprise comme idée sensée sans aucune critique : «la seule chose que
les sanctions occidentales ont accomplie est le début du processus de contraction de l’économie russe, qui conduira à son déclin de seulement 20% d’ici 2030». Si c’est dit par un
Américain de surcroît, «chef du bureau de coordination des sanctions de l’administration Biden», alors c’est sensé chez les médias «mainstream» français ! Les sanctions auront donc leurs
effets sur la Russie – non plus en quelques semaines comme prévu – mais en 2030 avec un déclin de 20% ! S’il avait dit 2050 avec 21,8%, ils l’auraient aussi approuvé ! Sont-ils normaux ?
Des esprits éveillés disent bien que les âneries d’un riche maître passent toujours chez les laquais pour de l’érudition et sa m.… de pour de la crème ! Et ils prônent les «droits de
l’homme», la «démocratie» et la «liberté d’expression» pour les Africains qui les dépassent dans le raisonnement, la sagesse et l’humanisme (dans leur jungle) contrairement à eux qui se
retrouvent (dans leur jardin) à parrainer les terrorismes comme ils le font au Sahel, à fomenter des révoltes et en guise d’information à perroqueter leur maître sur la base des
communiqués qu’ils reçoivent !
2ème Partie
France 24 média public subversif et la
déchéance de l’État français
L’exemple de France 24,
(comme France
5, RFI, TV5 …)
est édifiant ! Elles sont bien des chaînes publiques, de l’État français, financées par l’argent public ! Elles doivent bien répondre aux orientations et directives de
l’État français. France 24 est la chaîne privilégiée du Quai d’Orsay pour répandre la subversion et le chaos en Afrique et plus particulièrement dans les États frondeurs (dont l’Algérie)
à un point où elle nous a offert un sale spectacle en interviewant, le 6 mars 2023, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) Abou Obeida Youssef Al-Annabi, un chef terroriste auteur
de milliers d’assassinats. On ne peut mieux prouver le lien entre le pouvoir français et la nébuleuse islamo-terroriste. Interdite en Algérie et dans plusieurs pays africains – elle est
qualifiée par l’Agence Presse Service (APS) de «chaîne poubelle», pour «son manque de professionnalisme».
La France est bien au bout de sa déchéance sur le plan international, réduite à ce niveau par l’influence des lobbies et la gouvernance des coquins.
Tout cela, pris ensemble, on comprend bien que les Africains aient atteint la limite du supportable en décidant de ne plus se laisser encore faire
couillonner par un État pareil, qui s’avère n’être qu’un tigre en papier, au vu de sa mise à nu à la faveur de ce qui se déroule sur le terrain ukrainien, avec son activisme et ses
gesticulations qui trahissent en fait sa faiblesse devant l’adversité. Les Africains voient parfaitement cette réalité qui ne peut que les encourager à rejeter cette France-là en
s’attelant à prendre en main leur destin afin de développer leurs pays, en exploitant eux-mêmes leurs richesses avec leurs propres moyens ou en collaboration avec les États de
leur choix selon le principe «gagnant-gagnant» en dehors de toute exigence ou ingérence dans les affaires intérieures. La France, ici, ne peut être éligible, ses gouvernants actuels ne
sont plus maîtres de leurs décisions, ils suivent la seule vérité, même saugrenue, qui leur vient d’outre-Atlantique, d’une part en plus qu’ils n’arrivent pas à comprendre que la
confiance se gagne par le degré de patriotisme envers son pays d’abord d’autre part. Plus les dirigeants défendent honnêtement les intérêts de leur pays et sa souveraineté, plus ils
inspirent confiance, car ainsi, ils se comprennent mieux. Mais leur arrogance les rend sourds/aveugles pour ne se fier qu’au virtuel et non à la réalité.
En effet, comment faire confiance à cette France qui a été ramenée à un point d’allégeance où certaines de ses lois lui sont imposées par des lobbies
(particulièrement par les sionistes) et/ou les groupes financiers américains. Sa morale a subi une telle déchéance où elle admet, par exemple, l’organisation de cagnottes pour défendre
des assassins, sans parler des méfaits des influenceurs et fossoyeurs du paysage politique français que l’on n’ose pas défier au risque d’être inquiété et banni. Citons BHL et Zemmour des
politicards, non-français d’origine, devenus français grâce au décret Crémieux de 1870 accordant aux «Israélites indigènes» d’Algérie la citoyenneté française.
La France-Afrique : De la grenouille
atlantiste au défi de la souveraineté africaine
La France dans tout cela ne semble qu’une petite grenouille atlantiste qui veut se montrer bœuf devant les Nigériens qu’elle ne pourra pas dompter, même
militairement. Elle se croit toujours dans le même rapport de force d’antan ! Son arsenal nucléaire est superflu, car il est à opposer à ceux qui en possèdent et non à ceux qui n’en
possèdent pas ! Vous vous imaginez la France menacer de guerre un pays africain lointain (des milliers de Km), comme le Niger, ou menacer le pays d’une frappe nucléaire ?
Grotesque ! Il n’y a que l’instrumentalisation d’États proxys africains voisins (par la CEDEAO une organisation africaine fantoche, instrument néocolonialiste de la France) comme
seule option. Une CEDEAO, communauté économique, qui menace le Niger d’une action militaire ? Le comble ! Le faire contre un petit pays pauvre, c’est de l’ignominie ! Même dans
ce cas, des États annoncent déjà soit qu’il n’en est pas question, soit qu’ils se considéreront partie prenante pour défendre le Niger. Le Nigéria, le Sénégal comme proxy ? (Oui,
selon les déclarations de leurs officiels). Dans ce cas, il faudra compter les États qui guettent l’occasion pour anéantir ses intérêts et lui porter l’estocade ! Le Mali et le Burkina
Faso mettent déjà en garde en prévenant dans un communiqué que «toute intervention
militaire contre le Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la CEDEAO, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du
Niger». Une CEDEAO (ou ce qui reste) inapte au combat dont les citoyens et leurs militaires n’auront ni la volonté de combattre et tuer leurs frères, ni surtout de mourir idiotement
pour Macron, avec le fort risque pour les dirigeants de subir le même sort qui pourrait cette fois être violent ! L’Algérie qui partage une longue frontière avec le Niger et
avec son expérience de la Libye, «met en garde et
appelle … à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères … facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle». Ce sera la galère sans
possibilité de réussir et de sortir ! La France doit comprendre que son «empire -‘vache à lait’» est mort définitivement !! Ceci est reflété par l’annonce du président du Burkina
Faso : «Le
temps de l’esclavage de l’Afrique aux régimes occidentaux est révolu et la bataille pour l’indépendance totale a commencé… soit la patrie, soit la mort».
Pendant ce temps, le Niger a interdit les exportations d’uranium vers la France. Comme une bonne partie de l’uranium provient du Niger, cette décision a des
conséquences importantes pour l’ensemble de l’UE, qui reçoit 24% de ses importations d’uranium de ce pays.
Personne n’aurait imaginé que des pays africains, pourraient se libérer du néocolonialisme français maintenu avec les menaces, le chantage et l’aide de
groupes terroristes qu’elle finance perfidement. C’est pourquoi ces groupes surgissent subitement toujours là où des gouvernants menacent de défendre les intérêts de leur pays, ou moins
que cela envisage de revoir le mode de coopération économique jugé injuste ou de diversifier les partenariats ! Pour les dirigeants français, c’est de l’outrage, de la provocation, voire
de l’agression qui mérite de «répliquer de manière immédiate et intraitable». Ce ne sont que des mots, car la ‘vache à lait’ ne peut plus donner davantage !
Une France tourmentée : Sortir des
illusions occidentales, s’adapteret résister
La France officielle doit revenir à la réalité en se débarrassant de ses psychoses qui l’empêchent de discerner le réel de l’irréel, la réflexion de
l’émotionnel. Se dégager de sa vision chauvine et manichéenne dans sa politique extérieure en sortant de ses rêveries et de son complexe de supériorité paralysant. Revenir à l’ordre
international basé sur le droit international onusien en s’abstenant de s’ingérer dans les affaires, d’autres États, qui ne la regardent pas, et recouvrer sa souveraineté. Apprendre à
vivre dans les limites de ses propres moyens.
Elle ne peut le faire que si elle admet les bouleversements et changements qui caractérisent l’évolution des sociétés humaines, car une période est en cours
devant suivre les changements marqués par la numérisation, le cyberespace et la cybernétique. Elle doit aussi accepter que tout système de pensée, qu’il soit politique, économique, ne
peut échapper à son évolution historique, quelle que soit la puissance de la propagande investie pour la retarder. Les États encore sous son influence vont tous suivre ce processus de
changement !
On ne peut posséder tout éternellement par la force, car «qui veut tout perd tout» enseigne la sagesse.
La politique américaine n’est qu’une fabrique d’illusions et de mensonges, une stratégie pour semer la discorde dans les sociétés et déstabiliser les
régimes qu’elle souhaite renverser. L’illusion a fait des dégâts dans plusieurs pays, dont pays arabes, en les amenant à croire à des promesses de liberté et de démocratie qui n’ont
abouti qu’à la division et à la destruction de la société. Seule solution, la lutte permanente contre l’impérialisme, contre sa propagande, ses mensonges, son industrie d’illusions !
Aucun État, peuple et autre n’est sorti gagnant en croyant aux illusions américaines !
Pour se faire une opinion correcte face à la formidable machine de propagande occidentale, rien de plus facile pour les gens sensés. Elle est dans la
propagande occidentale même qui promet une chose, mais fait le contraire. Il suffit d’observer la réaction de l’Occident face à un évènement ! Comme c’est dans sa «culture» et ses
«principes» d’exister et de dominer par le mensonge et l’escroquerie, et ce, depuis des siècles, on devine qu’il n’agira que négativement (en condamnant) contre toutes les actions (bonnes
ou mauvaises) d’un pays si elles remettent en cause son hégémonie ! Il ne fera jamais autre chose ! La vérité se trouve dans la prise de position contraire de celle des Occidentaux. Ne
jamais les croire même s’ils vous apportent le Paradis sur la paume de la main !
Niger : L’affrontement avec la France est-il évitable ?
Le refus préventif de la France de se retirer du Niger si la junte l’exige sous prétexte qu’ils sont des
putschistes illégitimes contraste avec son respect des demandes antérieures du Mali et du Burkina Faso formulées par leurs propres gouvernements intérimaires dirigés par l’armée.
Des spéculations circulent quant à savoir si la junte militaire patriotique du Niger suivra son interdiction des
exportations d’uranium et d’or vers la France par une demande pour que les troupes françaises quittent le pays selon l’exemple qui a été récent Burkinabé-Malien.
Ce serait cependant une décision risquée à prendre, puisque la France vient de déclarer qu’elle ne recevrait pas d’ordres de leur part. Voici ce
que PBSa
rapporté à ce sujet jeudi :
«Même si les dirigeants militaires du Niger exigent le retrait des troupes françaises – comme cela s’est produit au Mali
et au Burkina Faso voisins – cela ne changerait rien», a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministre français des Affaires étrangères lors d’un point de presse mercredi.
«Nous ne répondons pas aux putschistes. Nous reconnaissons un ordre constitutionnel et une seule légitimité, celle du président Bazoum», a-t-elle
déclaré.
Dans ces conditions, la junte risquerait soit de se discréditer en imposant une exigence majeure que la France a confirmé qu’elle défiera, soit de risquer
d’être évincée du pouvoir par son ancien colonisateur au cas où elle tenterait d’imposer sa volonté.
Le président français Emmanuel Macron a
averti la semaine dernière que «le président ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts», d’où il faut s’attendre à ce
qu’il réponde résolument dans le deuxième scénario mentionné.
Néanmoins, ne pas aborder directement la question des troupes françaises au Niger s’avérera probablement impossible pour la junte, car ces forces finiront
par avoir besoin de fournitures une fois que celles qui existent déjà sur leur base aérienne
dans la capitale commenceront à manquer. […]
Contrairement à la Syrie où les forces militaires américaines sont basées dans des régions éloignées mais toujours stratégiquement positionnées, les forces
militaires françaises au Niger sont situées dans la capitale, ce qui signifie qu’elles ne peuvent être ignorées.
La junte les
a également récemment accusés d’avoir planifié des frappes aériennes sur le palais présidentiel afin de libérer le président déchu Mohamed Bazoum qui y est détenu, faisant ainsi
de leur présence continue une menace potentiellement imminente pour la sécurité nationale.
Le refus préventif de la France de se retirer du Niger si la junte l’exige sous prétexte qu’ils sont des putschistes illégitimes contraste avec son respect
des demandes antérieures du Mali et du Burkina Faso formulées par leurs propres gouvernements intérimaires dirigés par l’armée.
Cela suggère que la France a décidé de tracer une ligne dans le sable signalant qu’elle se battra pour préserver son dernier bastion régional, ce qui augure
mal pour l’avenir de la junte nigérienne.
CHRONIQUE. L’ancien
ambassadeur Gérard Araud dénonce l’aveuglement français sur le continent et espère que le putsch au Niger servira de déclic.
«Je l’avais bien dit» est une phrase qui oscille entre le ridicule de la vanité et l’odieux de la satisfaction devant le malheur annoncé et réalisé. Je ne
l’utilise pas volontiers, mais mes lecteurs peuvent se souvenir d’une
chronique où, il y a dix-huit mois, j’appelais à une révision en profondeur de la politique française au Sahel. À l’époque, nous venions d’être expulsés du Mali. Le Burkina Faso
a suivi et voilà maintenant que c’est
le tour du Niger. À chaque fois, des putschistes jouent des
sentiments antifrançais répandus dans la population pour présenter leur coup d’État comme une libération du colonisateur ; à chaque fois, on agite le drapeau russe devant notre
ambassade devenue une forteresse assiégée.
Nul n’aurait dû être surpris par cette vague qui emporte nos intérêts à travers l’Afrique. …
La mauvaise gestion du Niger par la France et le coup d’État surprise permettent à l’Hégémon de remettre de l’ordre dans cette partie du Sahel. (Macron a dû
se faire engueuler !)
Comme à son habitude l’Occident réagit vite et sans calcul à long et même moyen terme avec la promesse d’une intervention
militaire.
Le rêve BRICS va enfin être brisé par la realpolitik (on va leur montrer) bénéficiant
De la légitimité du rétablissement du gouvernement Bozoum lui-même légitime.
De la future action militaire à laquelle de nombreux vassaux, courtisans de vieille date ou fraîchement convaincus, adhérents au nom du droit
international.
De la maîtrise du ciel permettant le bombardement habituel de toute la population par drones et par avions, comme l’histoire nous l’a montré, mais pas
retenu, depuis1945, jusqu’à la Syrie.
De la psychologie revancharde et malsaine de notre président va-t’en guerre.
Vu du côté Blind Ken, c’est encore une guerre par procuration qui ne dit pas son nom et ne mange pas de pain. Le maître d’œuvre : La
France. Les sous-traitants, par ordre de proximité : Nigéria, Tchad, Cote d’Ivoire, Sénégal feront le travail. Gageons que les Américains resteront en «soutien
opérationnel», plus loin.
Vu de la Russie
Je ne pense pas que Poutine se réjouisse tant que cela de cette situation qu’il n’a probablement pas préparée. Et cela pour quatre raisons :
Les politiques militaire et diplomatique de Poutine sont faites de lenteur et de complémentarités, laissant les occidentaux faire des erreurs et
multiplier les dissensions.
Valider un coup d’État au Niger, c’est valider Maïdan. Ce choix est impossible tant la préservation de l’image de la Russie influe sur sa
stratégie.
Logistiquement parlant, cette future guerre ne peut être soutenue par la Russie ni par par Wagner. Bien sûr la participation de l’Algérie aux cotés des
putschistes aiderait mais insuffisamment et donnerait à cette crise une dimension continentale.
Une guerre perdue au Niger est une guerre médiatique mondiale gagnée. La preuve par l’image de l’arrogance occidentale dans toute sa splendeur contre le
troisième pays le plus pauvre de la planète sera largement diffusée.
La Russie ne prendra aucun risque protégeant ce qui est son principal patrimoine : La légalité de son action.
La Russie pourrait toutefois armer de missiles Sol Air Stingers, donc américains, les armées du Sahel. La France pourrait alors voir un de ses Mirage
s’écraser !
Vu d’Algérie
En revanche, l’Algérie, même sans le blanc-seing de Poutine, et sous la pression populaire, pourra peut-être prendre l’initiative sur le champ de bataille,
au Niger. Peut-être aussi laissera-t-elle déborder la colère de sa diaspora, en France. Il y a là un gros risque peu probable aujourd’hui.
Gardons à l’esprit que l’Algérie est le premier client du complexe militaro industriel russe, et que son aviation a des capacités du même ordre de grandeur
que celles des USA et de la France dans la région.
Vu de la population africaine dans son
ensemble.
Le degré de rejet de l’occident est proportionnel à la pauvreté des pays africains. La population de la Côte d’Ivoire, pays riche, reste francophile dans
son ensemble. Le rejet de l’occident est épidermique, révolutionnaire. Il ne peut proposer rapidement une solution économique ni un modèle sociétal. Ces populations devraient donc
patienter que les BRICs leur ouvrent la porte, et encore. Que peut, pour ses propres populations, le Niger, seul, et à court terme, troisième pays le plus pauvre du monde et dont l’aide
internationale au développement s’élevait en 2020 à plus de 70 Dollars par habitant et par an et dont l’endettement auprès de la BM et de la BAD est désastreux ?
Vu de la France
Rien juste BFM. Des déclarations, des avis mais rien ni à droite ni à gauche, ni à l’assemblée ni dans la rue.
Vu de Macron
Pétri d’hubris, n’ayant rien réussi en 7 ans, Nécron risque encore une fois d’incendier Rome, heu non
Paris. Il appliquera la force comme son mentor le lui a certainement ordonné.
Mais jusqu’où les forces armées françaises suivront-elles Macron ? Sans matériel, sans logistique dimensionnée, appuyés par
les forces Nigérianes douteuses et américaines invisibles, que pourront faire nos militaires dans un conflit mal appréhendé, mal préparé car soudain. On ne sait rien ni de la
détermination de l’adversaire ni de celle de nos alliés. Rien n’est prêt.
Ce qui peut ne pas fonctionner pour la France :
Les militaires français se rebellent. Rien d’étonnant. D’une part les policiers ont ouvert la voie, et d’autre part, il ne reste que des
pelles pour nous battre.
Un missile du marché noir abat un Rafale.
Le Nigéria, ayant démontré sa faiblesse contre Boko-Haram, n’arrive pas à passer la frontière. Le Nigéria pays fédéral est peuplé au Nord des mêmes
ethnies qu’au Niger. Le souvenir de la guerre du Biafra (1967-1970) est encore vivant.
Le Tchad et le Sénégal font un coup d’État et rejoignent les militaires putschistes
Wagner intervient pour de vrai.
Vu par
les Ivoiriens
Francophiles dans l’âme, ils finiront par s’interroger sur le bienfondé de cette action guerrière en préparation. Voici donc le doute entrer comme une
maladie contagieuse dans ce beau pays.
Conclusion
L’occident ténébreux dans un désarrois total n’essaye même plus de sauver les apparences. Le monde entier observe en direct les préparatifs d’un
désastre.
Qui veut mourir pour les intérêts occidentaux et pour que justice internationale soit faite au Niger ?
Nous nous dirigeons donc dans un premier temps, vers une guérilla, expression de la volonté politique lointaine, mise en pratique à minima sur le champ de
bataille.
Niger : Pourquoi la France doit intervenir
Source :
Causeur - par Pierre d'Herbès - Le 05/08/2023.
Dix jours après le coup d’Etat, le Niger est en pleine incertitude. Il y a quelques heures, la junte a dénoncé ses accords de défense avec Paris. Alors
qu’il y encore deux semaines le pays était jugé comme un partenaire fiable, c’est désormais la capacité du pays à tenir son rôle dans la lutte contre les groupes armés régionaux qui est en
question. Or, tout défaut du Niger en ce sens aurait de graves conséquences du lac Tchad au Golfe de Guinée. L’analyse de Pierre d’Herbès, expert en intelligence économique.
Depuis jeudi, les événements se précipitent à Niamey. Le président Mohammed Bazoum, toujours détenu par les putschistes, a officiellement appelé « la
communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel ». Mais dans la foulée, la junte nigérienne, le CNSP, dénonçait le partenariat militaire opérationnel qui l’unit à la
France et se rapprochait du pouvoir kaki de Bamako et de Ouagadougou.
La tension est maximale alors que l’ultimatum fixé par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à la junte arrive à expiration dimanche. Les membres de l’institution
panafricaine, et en particulier le Nigeria, ont même explicitement menacé le pays d’une intervention militaire. Selon plusieurs sources, les états-majors des pays membres prépareraient en ce
moment même l’opération. Est-ce le « coup d’État de trop » pour la CEDEAO ? L’organisation réagit, en effet, avec une virulence inédite car pour les pays de la région, l’inflation de coups d’État
représente un danger important pour leur stabilité. Car tous ont pu mesurer l’échec militaire et politique des juntes maliennes et burkinabés dont les pays ont vu leur situation sécuritaire se
dégrader. L’arrivée de militaires au pouvoir n’a en rien amélioré la lutte contre les groupes armés, bien au contraire. Et si le Niger venait à prendre le même chemin, les conséquences seraient
dévastatrices pour toute la région.
Niger : dernier domino avant l’effondrement régional ?
Avant le coup d’État, le Niger était déjà en lutte contre des groupes armés dans trois zones, immenses, difficilement maitrisables et éloignées les unes des autres : dans la région des
trois-frontières (Mali, Niger, Burkina-Faso), dans la région du lac Tchad aux côtés du Nigeria et du Tchad contre Boko Haram, et à la frontière avec le Bénin pour lutter notamment contre le
groupe jihadiste de la Katiba Macina.
Bénin, Nigéria et Tchad sont d’ailleurs parmi les premiers pays à avoir réagi au coup d’État. Et pour cause : un Niger affaibli serait synonyme d’une pression sécuritaire accrue sur leurs
propres territoires. Le risque est encore plus notable au Tchad. L’armée du pays y est performante et réputée sur tout le continent. Mais elle est déjà en forte tension opérationnelle. Elle fait
face à un faisceau de menaces depuis la Lybie, la Centrafrique et le lac Tchad. Une aggravation directe de la menace depuis le Niger la ferait approcher d’un point de rupture, sans compter que la
guerre civile au Soudan ravive les risques depuis la région du Darfour. Le tout est combiné à une situation politique intérieure tendue. La chute du Niger pourrait donc bien entraîner celle du
Tchad, malgré la proximité du pays avec la France. Le Sahel serait alors hors de contrôle avec des conséquences directes sur l’Europe. L’effet domino, tant redouté, n’est peut-être pas encore
terminé…
Risques sécuritaires
Quels sont les risques immédiats ? Ces six derniers mois, contrairement au discours tenu par les putschistes, la situation sécuritaire s’était améliorée. Les données récoltées par les analystes spécialisés sont formelles : l’influence des groupes armés et la violence subséquente reculaient. Un résultat obtenu grâce à
l’augmentation de la cadence opérationnelle des forces nigériennes, appuyées par l’armée française et dans une moindre mesure italienne.
Une réalité qui fait certainement grincer des dents les organisateurs du coup d’État, mais loin de « rétablir l’ordre », l’arrivée au pouvoir des militaires risque surtout d’être le
rétablissement du chaos : l’armée française, avec ses 1500 hommes, ses blindés et ses aéronefs, déployait au Niger un partenariat opérationnel efficace et, on peut le dire, indispensable aux
troupes nigériennes. Formation des hommes, soutien logistique et accompagnement au combat avaient permis au pays de résister tant bien que mal dans la tempête sécuritaire du Sahel.
Une réussite partielle et progressive rendue aussi possible par le soutien des forces françaises aux populations locales dans les zones exposées aux groupes armées : assistance médicale,
construction d’infrastructures de première nécessité (puits, groupes électrogènes) soutien à l’éducation (réfection de salles, fournitures scolaires)… Un levier indispensable pour
« conquérir les âmes et les cœurs », dont il y a fort à parier que le Niger ne saura – et ne voudra – plus assurer si les militaires restent au pouvoir.
Autant dire qu’un boulevard s’ouvre donc aux jihadistes et aux groupes armés dans la région.
La junte en question
Car le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) est-il en mesure de maintenir le Niger à flot ? Plusieurs éléments permettent d’avancer que non. Ce deuxième putsch militaire, après
celui avorté de 2021, montre une chaîne de commandement encore très politisée, voire corrompue. En d’autres termes, il faut certainement s’attendre à d’autres putschs dans le pays, avec pour
corollaire la dégradation de l’organisation de l’armée nigérienne pourtant jusqu’ici efficace comparée à celles du Mali ou du Burkina-Faso.
Au même moment, les groupes armés tentent d’exacerber les affrontements inter-communautaires : selon une étude de l’International Crisis Group,
l’État Islamique dans le Grand Sahara attise depuis plusieurs années les tensions entre cultivateurs zarma et pasteurs peuls. Un antagonisme classique dans la région et historiquement structurel
sur lequel les groupes armés font leur terreau. Seulement, le Niger faisait jusqu’ici exception via une politique d’intégration de ses populations nomades.
L’élection de Mohammed Bazoum, membre d’une ethnie arabe ultra-minoritaire, les Ouled Slimane, était un symbole de cette réconciliation. Le président poursuivait cette politique en refusant
d’encourager les milices d’autodéfense et en travaillant explicitement au dialogue intercommunautaire ; un scénario impensable au Mali et
au Burkina où l’augmentation du racisme anti-peul et touareg est en augmentation et alimente sans fin le conflit.
La politique du gouvernement a-t-elle aussi contribué à motiver ce putsch ? On observe en effet que l’armée est composée en grande partie d’Haoussa, l’ethnie majoritaire du pays. Rien ne
permet de l’affirmer à ce stade. Il n’en demeure pas moins que l’éviction du président est assez symbolique, surtout si on la relie à la traque dont est aujourd’hui l’objet le général touareg, Abou
Tarka, actuellement président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) nigérienne. Ce dernier avait vertement critiqué, en avril 2023, les juntes maliennes et burkinabés
du fait de la dégradation sécuritaire de leurs pays respectifs.
Que fait la France ?
Alors que les événements se précipitent, Paris semble temporiser. Le gouvernement ne reconnait pas la junte et le lui a fait savoir lorsque celle-ci a annoncé rompre les accords militaires entre
les deux pays. Récemment, l’ambassadeur du Niger en France a, lui aussi, refusé son limogeage par le CNPS. Après l’appel du Président Bazoum, jeudi, et la levée de bouclier de la CEDEAO, la
France dispose de toute la légitimité pour intervenir. La situation est urgente, car dans son appel de jeudi, c’est « aux États-Unis et la communauté
internationale » et non à la France que le président s’adresse. Un signal faible de son exaspération face à l’attentisme de Paris?
En tout état de cause, la France a intérêt à agir vite avant que ses compétiteurs stratégiques, russes ou américains, ne le fassent à sa place. Symboliquement, la France a connu trop de défaites
et d’impondérables ces dernières années pour se permettre de rester spectatrice. Mais le gouvernement semble tétanisé face aux accusations de colonialisme que pourrait générer une intervention
directe. Le sentiment anti-français est une réalité, mais il est avant tout urbain et générationnel : il n’est pas représentatif de toute la population. En parallèle, la France montrerait à la
junte malienne et à l’Algérie qu’elle n’a que faire de leurs menaces, guère persuasives, en cas d’action directe contre la junte. In fine, compte
tenu de la configuration, une intervention militaire de la France, aux côtés de la CEDEAO, s’impose, car autrement, quel que soit le scénario, elle sera perdante.
Le nouveau narratif médiatique est que le Niger est désormais un épicentre mondial du terrorisme
Peu de gens dans le monde ont entendu parler du Niger avant le coup
d’État militaire de la semaine dernière dans ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, et encore moins auraient pu le situer sur une carte. Pourtant, les médias dominants (MSM) veulent maintenant
faire croire à tout le monde que le Niger est soudainement devenu un épicentre mondial du terrorisme. Ce récit n’est rien d’autre qu’une guerre de l’information visant à effrayer le public pour
qu’il soutienne l’invasion de ce pays par la CEDEAO, soutenue par l’OTAN et dirigée par le Nigeria, qui devrait débuter dans le courant du mois.
Les analyses suivantes
mettront à jour les lecteurs qui n’ont pas suivi cette crise de près :
Il s’agit en fait du dernier conflit par procuration dans la nouvelle guerre froide entre l’OTAN et la Russie.
Le public occidental ne comprend pas les raisons géostratégiques pour lesquelles le bloc militaire de son camp s’ingère dans cette partie de l’Afrique et pousse le
pays le plus peuplé du continent à envahir son voisin du nord. C’est pourquoi les MSM racontent que le Niger s’est soudainement transformé en un épicentre mondial du terrorisme, car ils espèrent
que leur public cible sera tellement effrayé qu’il soutiendra aveuglément la ligne de conduite que leurs gouvernements décideront finalement d’adopter pour résoudre ce problème.
Voici trois exemples très médiatisés où les MSM diffusent ce récit de propagande nouvellement inventé :
Ils affirment tous qu’une armée distraite et une dissidence populaire conduiront à une recrudescence du terrorisme.
Pour développer brièvement, la première moitié de ce produit de guerre de l’information fabriqué artificiellement allègue que les forces armées des États régionaux
après le coup d’État sont trop concentrées sur la conservation du pouvoir et l’élimination des rivaux qu’elles créent par inadvertance un espace pour l’expansion des terroristes. Quant à la
seconde, elle implique incroyablement que des manifestants pro-démocratie supposés pacifiques seront bientôt tellement radicalisés par le régime militaire qu’ils se transformeront en une masse
extrémiste violente qui constituera ainsi une menace imminente pour le monde entier.
Ironiquement, bien qu’il dirige Voice of America, le gouvernement américain ne croit même pas à
la propagande de ce média ni aux affirmations connexes véhiculées par ses pairs, comme le prouve la décision prise mardi de suspendre les formations antiterroristes avec le Niger. S’il y avait la moindre chance que l’un ou l’autre des facteurs susmentionnés risque de
transformer le Niger en un épicentre mondial du terrorisme, alors il serait hors de question que les États-Unis risquent leur propre sécurité et celle de leurs vassaux régionaux en laissant cette
menace s’envenimer.
En conséquence, soit le gouvernement américain a accidentellement signalé que toutes ces déclarations alarmistes sont de la propagande sans fondement, soit il
montre au monde qu’il préfère cyniquement que le Niger devienne/demeure un épicentre mondial du terrorisme plutôt que de lutter conjointement contre ce fléau avec ses forces armées après le coup
d’État. Comme il n’y a pas de vérité dans le second scénario brandi par les MSM, la première explication est la seule crédible, ce qui confirme que de telles affirmations ne sont que des
mensonges destinés à dissimuler des motifs géopolitiques.
Pour être honnête, il y a une part de vérité dans leur allégation selon laquelle la combinaison des échecs militaires et de la pauvreté systémique joue un rôle dans
l’accélération de la propagation du terrorisme dans les pays en développement, mais cela est imputable à une formation occidentale médiocre/insincère et au néocolonialisme français,
respectivement. C’est précisément en raison de ces facteurs interconnectés et des conséquences régionales de la guerre de l’OTAN contre la Libye en 2011 que le terrorisme a explosé dans le Sahel
et a ensuite préparé le terrain pour les récents coups d’État militaires patriotiques.
Ces changements de régime visent à réorienter les priorités de leurs forces armées et à rééquilibrer les liens de leurs pays avec l’Occident et la France afin de
résoudre les problèmes correspondants qui ont entraîné une détérioration aussi radicale de leur sécurité et de leur situation économique au cours de la dernière décennie. Si aucun effort sérieux
n’avait été fait pour contrecarrer ces tendances au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger, l’existence même de ces États aurait été inévitablement menacée avec le temps.
Leurs dirigeants militaires sont sincères dans leur objectif déclaré de lutte contre le terrorisme, non seulement parce que cela correspond à leur dévouement
patriotique aux intérêts nationaux de leurs pays, mais aussi parce que c’est dans l’intérêt de leur institution, puisque ce sont eux qui se battent en première ligne contre ce fléau. Sans
améliorer leurs capacités associées, ce à quoi Wagner les aide comme expliqué ici et ici, leurs camarades continueront à mourir en vain et la menace qui pèse sur leurs familles ne cessera de croître.
En conclusion, prétendre que le Niger est désormais un épicentre mondial du terrorisme est une véritable infox, mais on attend des MSM qu’ils amplifient au maximum
ce faux récit pour tenter d’effrayer le public et l’amener à soutenir l’invasion prévue de ce pays par la CEDEAO, soutenue par l’OTAN et dirigée par le Nigéria. Cette approche risque toutefois de
se discréditer si elle déclenche de mauvais souvenirs de la soi-disant “guerre mondiale contre le terrorisme” en rappelant au public à
quel point il est devenu sceptique à cet égard à la fin de l’époque Bush Jr.
Andrew
Korybko
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Victoria Nuland a révélé quelques détails intéressants sur ses discussions au Niger
Les principales conclusions sont les
suivantes : les États-Unis font un effort public d’une sincérité douteuse pour montrer au monde qu’ils ne veulent pas d’une guerre régionale ; la rencontre de Nuland avec la société
civile nigérienne signifie qu’une révolution de couleur ne peut être exclue ; le gouvernement intérimaire dirigé par les militaires ne recule pas malgré le fait que son nouveau chef de la
défense soit un partenaire étroit du Pentagone depuis des années ; et ses relations envisagées avec la Russie et Wagner après le coup d’État restent floues.
La vice-secrétaire d’État par intérim, Victoria Nuland, actrice du tristement célèbre «EuroMaïdan», s’est rendue au Niger pour s’entretenir avec le
gouvernement intérimaire dirigé par l’armée, après l’expiration du délai d’une semaine accordé par la CEDEAO pour réinstaller le président évincé Mohamed Bazoum. Une guerre régionale
menace l’Afrique de l’Ouest si ce bloc soutenu par l’OTAN envahit le pays comme il a menacé de le faire précédemment et/ou si l’ancien colonisateur français agit unilatéralement, c’est
pourquoi il est important d’analyser ce qu’elle a révélé sur son voyage.
Son briefing spécial à la presse a commencé par des platitudes sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger à la suite du coup d’État militaire
patriotique du mois dernier, puis a fait référence à l’aide que les États-Unis seraient légalement obligés d’interrompre si cela ne se produisait pas. Nuland a ensuite indiqué qu’elle
avait également rencontré «un large échantillon
de la société civile nigérienne. Ce sont des amis de longue date des États-Unis. Il y a des journalistes. Il y a des activistes démocratiques. Il y a des militants des droits de
l’homme».
Compte tenu de son rôle dans la révolution de couleur en Ukraine, qui a finalement conduit à la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie dans ce
pays, il est raisonnable de penser qu’elle pourrait avoir signalé à ces forces de la société civile que les États-Unis les soutiennent dans le lancement de protestations émeutières à
grande échelle contre les autorités militaires. Ce scénario pourrait se dérouler soit avant une invasion du Niger par la CEDEAO, soutenue par l’OTAN et éventuellement par la France, comme
prétexte pour justifier publiquement ce qui précède, soit au cours d’une telle invasion.
Néanmoins, cela ne semble pas avoir été la raison principale de son voyage puisque de tels signaux pourraient être envoyés à ces forces à distance de
manière plus pratique et plus sûre sans qu’un haut responsable diplomatique américain n’ait à le faire directement en personne, mais cela ne peut tout de même pas être exclu. Nuland a
ensuite révélé que ses discussions «avec le chef
autoproclamé de la défense de cette opération, le général Barmou, et trois des colonels qui le soutiennent […] ont été extrêmement franches et parfois très difficiles».
Elle a expliqué que c’était parce que «nous poussions à une
solution négociée», ce qui pourrait soit être un effort insincère destiné à faire baisser la garde de l’armée nigérienne avant les scénarios de déstabilisation potentiellement
imminents qui viennent d’être décrits, soit être en fait la voie préférée des États-Unis. La première possibilité est plausible en raison du précédent ukrainien, tandis que la seconde
pourrait être due à la crainte qu’une guerre régionale plus large ne dérape et ne crée finalement un espace permettant à la Russie d’étendre son influence.
La partie suivante de son exposé était très intéressante. Elle a indiqué qu’elle n’avait pas été autorisée à voir Bazoum, bien qu’elle lui ait parlé au
téléphone, ni à rencontrer le président intérimaire, le général Abdourahamane Tchiani. Le fait de la tenir à l’écart de Bazoum pourrait avoir pour but de maintenir une certaine ambiguïté
quant à son statut afin de décourager les scénarios de déstabilisation susmentionnés tout en réaffirmant la légitimité du président Tchiani, alors que le refus de ce dernier de rencontrer
Nuland était une rebuffade délibérée.
Elle a ensuite déclaré : «J’espère qu’ils
garderont la porte ouverte à la diplomatie. Nous avons fait cette proposition. Nous verrons bien. Comme je l’ai dit, ils ont leurs propres idées sur la façon de procéder. Leurs idées ne
sont pas conformes à la constitution, et ce sera difficile pour nos relations si c’est la voie qu’ils prennent. Mais nous leur avons donné un certain nombre d’options pour continuer à
discuter et nous espérons qu’ils en tiendront compte». En d’autres termes, le gouvernement intérimaire dirigé par les militaires ne recule pas, même si cela met en péril les liens
avec les États-Unis.
Un autre détail intriguant a été révélé lors de son briefing : «Le général Barmou,
l’ancien colonel Barmou, est quelqu’un qui a travaillé en étroite collaboration avec les forces spéciales américaines pendant de très nombreuses années. Nous avons donc pu examiner de
manière très détaillée les risques liés à certains aspects de notre coopération qui lui tiennent particulièrement à cœur». Il est remarquable qu’un proche allié militaire des
États-Unis ait fini par participer au renversement de son dirigeant soutenu par les États-Unis, qu’il soit devenu le nouveau chef de la défense et qu’il n’ait pas fait marche
arrière.
Cela montre que même les hauts responsables militaires étrangers qui coopèrent étroitement avec certaines des forces les mieux entraînées des États-Unis
«pendant de très nombreuses années» ne deviennent pas toujours leurs marionnettes, ce qui laisse supposer que d’autres responsables occupant une position similaire ailleurs en Afrique
pourraient suivre les traces du général Barmou. Il n’est donc plus possible de tenir pour acquis que les programmes militaires américains à l’étranger permettent de cultiver avec succès
des proxys d’élite. Ils se retournent parfois contre eux, comme le prouve ce cas particulier.
Vers la fin de son briefing, Nuland a répondu à deux questions sur Wagner et la Russie de la manière suivante :
«Bien sûr, j’ai parlé
de Wagner et de la menace qu’il représente pour les pays où il est présent, en leur rappelant que la sécurité se dégrade, que les droits de l’homme se détériorent lorsque Wagner entre. Je
ne dirais pas que nous en avons appris beaucoup plus sur leur façon de penser à ce sujet. […]
En ce qui concerne
Wagner, vous aurez vu Prigozhin se vanter à Saint-Pétersbourg. Je dirai que j’ai eu l’impression, lors de mes rencontres d’aujourd’hui, que les personnes qui ont entrepris cette action
ici comprennent très bien les risques pour leur souveraineté lorsque Wagner est invité».
Ces déclarations étant manifestement contradictoires, soit elle s’est embrouillée, soit elle a menti dans l’une de ses réponses.
Quels que soient les signaux que le gouvernement intérimaire dirigé par les militaires aurait pu envoyer à Nuland concernant les spéculations sur le fait
qu’il pourrait demander les services de «sécurité démocratique» de Wagner, ils auraient probablement été destinés à des fins de dissuasion. Le fait d’envisager ce scénario pourrait
laisser entendre que les États-Unis risquent de perdre encore plus de leur influence s’ils n’empêchent pas une guerre régionale d’éclater, tandis que le fait de le minimiser pourrait
avoir pour but de convaincre les États-Unis qu’ils ne doivent pas réagir de manière excessive aux conséquences du coup d’État.
Dans l’ensemble, les principaux enseignements du voyage de Nuland sont les suivants : les États-Unis font un effort public d’une sincérité douteuse pour
montrer au monde qu’ils ne veulent pas d’une guerre régionale ; sa rencontre avec la société civile nigérienne signifie qu’une révolution de couleur ne peut être exclue ; le gouvernement
intérimaire dirigé par les militaires ne recule pas malgré le fait que son nouveau chef de la défense soit un partenaire étroit du Pentagone depuis des années ; et les relations
envisagées avec la Russie et Wagner après le coup d’État ne sont pas encore claires.
Selon la diplomatie russe, Washington
tente de mener au Niger la même politique qu’en Ukraine, avec le coup d’État de 2014, mais sans succès. Une référence faite par la porte-parole de la diplomatie russe alors que la visite
de la sous-secrétaire d’État américaine à Niamey n’a visiblement pas apporté les résultats escomptés.
La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a tourné en dérision la visite au
Niger de la sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires étrangères Victoria Nuland. Alors qu’elle appelait au «rétablissement de
l’ordre constitutionnel» dans ce pays africain, où le président a été renversé, elle n’a pas réussi à le rencontrer en personne.
«Est-ce que Victoria
Nuland pensait qu’on pouvait agir avec le Niger de la même manière qu’avec l’Ukraine : mettre dans un sac plastique des gâteaux et l’arnaquer ? Une telle république bananière comme à Kiev
n’existe plus», a ironisé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Lors des événements de l’Euromaïdan (coup d’État de 2014), Victoria Nuland et l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine Geoffrey R. Pyatt avaient distribué
des sandwichs, des brioches et des tartes.
Nuland au Niger
Un coup d’État a eu lieu il y a presque deux semaines au Niger et le président déchu Mohamed Bazoum reste détenu par les militaires qui ont pris le pouvoir.
Ce mardi, la CEDEAO prévoit des négociations avec eux à
Niamey.
Alors que plusieurs pays africains, comme le Mali et le Burkina Faso, ont exprimé leur soutien aux événements au Niger, nombre de dirigeants occidentaux les
dénoncent et appellent au rétablissement du Président renversé.
Si Victoria Nuland aspirait à rencontrer Mohamed Bazoum à Niamey, elle n’a réussi à communiquer avec lui que par téléphone. Elle n’a pas non plus été
autorisée à rencontrer le général Abdourahmane Tiani qui s’est proclamé nouvel homme fort du pays suite au coup d’État.
La responsable américaine a toutefois eu une réunion avec le chef d’état-major nommé Moussa Salaou Barmou, ainsi qu’avec trois de ses plus proches
collaborateurs.
Ainsi donc … l’inimitable Victoria «la Hutt» s’est rendue au Niger.
N’oubliez pas qu’un nombre encore inconnu de forces PMC Wagner sont déjà sur place et qu’elles «conseillent» au moins les dirigeants du coup d’État
militaire.
La Russie est incontestablement très impliquée dans ce qui se passe actuellement dans l’ouest du Sahel.
De manière significative – et sans doute à sa grande indignation et humiliation – Nuland s’est vu refuser une audience avec le chef de la junte, le général
Abd al-Rahman Tianyi.
Néanmoins, Nuland a solennellement exhorté les Nigériens à ne pas s’allier avec les Russes.
Il semble d’ailleurs que ce soit là son principal message.
Les Nigériens ont pris acte de ses menaces transparentes, puis lui ont montré la porte sans ménagement.
Il y a encore 72 heures, peu de gens pensaient que ces développements en Afrique étaient très significatifs dans un contexte géopolitique plus large. Je
pense, comme je l’ai fait il y a trois jours, que cela pourrait très bien devenir très significatif. En fait, tout porte à croire que c’est déjà le cas.
On a dit que Poutine, plutôt que de répondre directement à une provocation de l’Occident, est souvent enclin à pratiquer l’escalade de manière indirecte, en
parallèle.
Ces développements en Afrique me semblent constituer une escalade parallèle de ce que j’affirme depuis longtemps être les premiers stades d’une Troisième
Guerre mondiale qui a déjà commencé.
Selon Evgueni Prigojine, la simple
mention de la SMP Wagner a incité les États-Unis à envisager de reconnaître le nouveau gouvernement du Niger.
Evgeny Prigojine, chef de Wagner, se dit fier des membres de sa société militaire privée, car la simple mention de leur nom peut contraindre Washington à
revoir ses positions. La vice-secrétaire d’État américaine par intérim, Victoria Nuland, a récemment exhorté le nouveau gouvernement militaire du Niger à ne pas faire appel à l’aide des
contractants russes.
Lors d’un entretien téléphonique avec des journalistes mardi, Prigojine a été invité à commenter la visite personnelle de Nuland au Niger et son conseil au
nouveau gouvernement de ne pas conclure d’accords avec Wagner.
«Je suis fier des
garçons de Wagner», a répondu Prigojine. «Rien que de penser à
eux, ISIS et Al-Qaïda deviennent de petits garçons obéissants et soyeux. Et les États-Unis ont reconnu un gouvernement qu’ils ne reconnaissaient pas hier, juste pour éviter de rencontrer
Wagner dans le pays».
«Cela nous met en
joie, Mme Nuland», a-t-il plaisanté.
L’un des membres du nouveau gouvernement militaire du Niger, le général Salifou Moody, aurait demandé l’aide de Wagner pour sauvegarder son pouvoir. Les
putschistes sont actuellement confrontés à une échéance proche, à savoir le retour au pouvoir du président évincé Mohamed Bazoum ou une éventuelle intervention militaire des États
voisins.
Lundi, Mme Nuland, qui a joué un rôle dans les événements qui ont conduit au coup d’État soutenu par l’Occident en Ukraine en 2014, a révélé qu’elle avait
personnellement rencontré l’actuel chef de la défense du Niger, Moussa Barmou, et trois autres commandants de haut rang pour les exhorter à rétablir l’ordre constitutionnel dans le
pays.
La responsable américaine affirme également avoir mis en garde Barmou contre l’aide de la SMP russe, suggérant que le groupe de Prigojine est une
«menace
pour les pays où il est présent».
Toutefois, les nouveaux dirigeants du Niger se sont apparemment abstenus de prendre des engagements fermes sur cette question.
Moscou, quant à elle, s’oppose à toute ingérence étrangère dans la situation au Niger, arguant qu’elle ne changerait probablement pas la situation pour le
mieux. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a exprimé l’espoir que ce pays turbulent revienne bientôt à la «normalité
constitutionnelle».
Paris semble rétropédaler sur le
dossier nigérien, optant désormais pour des moyens diplomatiques dans la résolution de la crise au lieu d’une intervention militaire, selon une source diplomatique française citée par
l’AFP.
La France s’était montrée «intransigeante»
face aux militaires qui ont pris le pouvoir au Niger, elle apparaît désormais «en retrait» au
moment où le spectre d’une intervention militaire des pays d’Afrique de l’Ouest semble s’éloigner, soulignent des experts.
«Nous soutenons
pleinement (…) les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie au Niger», a déclaré mardi à l’AFP une
source diplomatique française, près de deux jours après l’expiration de l’ultimatum lancé par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Les dirigeants ouest-africains avaient donné jusqu’à dimanche soir aux militaires nigériens pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le 26 juillet.
Les chefs d’état-major de la région avaient même dessiné les «contours» d’une
éventuelle intervention armée. Paris avait appuyé «avec fermeté et
détermination» les efforts de la CEDEAO pour faire pression sur Niamey.
Mais l’intervention n’a pas eu lieu et n’est pas envisagée à ce stade, selon une source proche de la CEDEAO. Un sommet se tiendra jeudi au Nigeria.
«C’est à la CEDEAO de
prendre une décision sur la manière de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, quelle qu’elle soit», a souligné la source diplomatique. Le sommet «permettra d’aborder
ce sujet».
Pour Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po Paris, «cette déclaration est
très pesée et très prudente (…) en retrait par rapport à ce qui était annoncé au départ».