Veille géopolitique hebdomadaire sur la Syrie

...par Christophe de Saizieu* (Stagiaire chez Géopragma)

Le 29/06/2020.

Evènements de la semaine

  • Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se prononce en faveur d’une prolongation d’un an de l’autorisation transfrontalière pour acheminer de l’aide humanitaire en Syrie
  • Lors de sa conférence de presse, Walid Mouallem, chef de la diplomatie syrienne, a assuré que la loi César adoptée par les États-Unis ne ferait pas plier son pays. « Nous sommes prêts à coopérer avec le Liban dans la bataille contre la loi César », a-t-il souligné.
  • L’armée syrienne a annoncé avoir répliqué suite à des attaques de la part d’Israël sur des positions dans le sud et le centre de la Syrie.
  • Combats intenses entre Hayat Tahrir al-Sham et la coalition récemment formée de groupes liés à al-Qaïda, ont éclaté dans la campagne de la ville syrienne d’Idlib. Les zones proche des prisons centrales d’Idlib seraient devenus les principaux points chauds des combats.

ANALYSE DE LA SEMAINE

James Jeffrey, représentant spécial des Etats-Unis pour la Syrie a déclaré cette semaine que le départ de Bachar el-Assad du pouvoir en Syrie n’était pas la résolution de la crise syrienne. « Nous ne demandons pas la victoire totale. Nous ne disons pas qu’Assad doit partir ». James Jeffrey présente ce qui pourrait être la nouvelle position des Etats-Unis par rapport à la Syrie. Selon le diplomate américain, les Etats-Unis vont désormais maintenir une pression sur les autorités syriennes pour que ceux-ci modifient leurs comportements envers le peuple. Assez contradictoire sachant que les Etats-Unis multiplient les sanctions envers la Syrie et que le peuple subit de plein fouet ces sanctions. Il déclare également que Bachar al-Assad n’est pas prié de quitter son poste. Ces déclarations tombent donc au moment où la loi César est entrée en vigueur en Syrie, plaçant 39 personnes du régime syrien sous sanctions dans l’espoir de priver la Syrie de ressources et d’affamer la population afin qu’elle se soulève contre le gouvernement. C’est également la première fois que l’épouse du président syrien, Asma el-Assad, est visée personnellement par des sanctions.

James Jeffrey a par ailleurs expliqué à des journalistes à cette occasion que la stratégie de Washington ne visait pas une chute du régime, mais à faire comprendre aux dirigeants syriens ainsi qu’à leurs soutiens comme la Russie et à l’Iran qu’il est temps de commencer à coopérer avec « la Communauté internationale ». De son côté néanmoins, la diplomatie syrienne condamne fortement cette loi César, qu’elle estime reposer sur des mensonges et des allégations mais surtout qui s’ajoute aux souffrances déjà endurées par la population avec la crise économique qui touche le pays depuis plusieurs semaines.

Le premier et le plus grand impact de la loi César est ressenti, non par les initiés du régime, mais par les Syriens ordinaires, qui ont vu les prix grimper alors que la menace de sanctions faisait rage sur le marché des devises du pays. Ce sont bien les Syriens eux-mêmes qui sont humiliés et ciblés par cette loi. C’est donc un mensonge manifeste de déclarer que cette loi vise la protection des Syriens alors que ce sont ses premières victimes.

« S’ils [les Etats-Unis] rêvent que la Syrie et son peuple se soumettront à leurs conditions, alors je dirais “qu’ils continuent de rêver car cela n’arrivera jamais”, a affirmé le ministre des Affaires étrangères syrien Walid Mouallem lors d’une conférence de presse à Damas le 23 juin. La Russie condamne également ces sanctions qui sont des « efforts stériles, de même que les tentatives d’imposer une volonté extérieure au peuple syrien par la force des armes a déjà échoué » selon Alexandre Efimov, nouvel Ambassadeur russe à Damas qui a rajouté que « la Russie n’abandonnera(it) pas la Syrie ».

*Christophe de Saizieu, stagiaire chez Geopragma

Source : http://geopragma.fr/veille-hebdomadaire-sur-le-conflit-syrien-3/


Le 22/06/2020.

Les évènements de la semaine :

  • Les Etats-Unis ont appelé le président syrien Bachar al-Assad à choisir entre une résolution politique du conflit en Syrie et de nouvelles sanctions économiques, à la veille de l’entrée en vigueur de mesures punitives.
  • Les États-Unis imposent de nouvelles sanctions en vertu de la loi César contre la Syrie et ses alliés.
  • Les Forces démocratiques syriennes arrêtent deux membres de l’Etat islamique au sud de Al-Chaddadeh.
  • Une nouvelle manifestation antigouvernementale s’est tenue à Tafas, dans la province de Daraa.

Analyse de la semaine

Cette semaine est marquée par l’entrée en vigueur de la loi César. C’est en décembre dernier qu’est promulguée cette loi par le président Donald Trump. Cette loi fait référence au pseudonyme d’un ancien photographe de la police militaire syrienne qui emporta avec lui en 2013 plus de 50 000 photographies illustrant les prisons syriennes et les tortures qui s’y trouvent. Cette « loi César » prévoit d’interdire d’entrée aux Etats-Unis et de barrer l’accès au système financier américain à toute personne, institution ou entreprise qui ferait obstacle à « la paix en Syrie » (ce qui est d’un confondant cynisme sachant que tout est fait par Washington et ses alliés pour qu’elle n’intervienne pas.), ou qui soutiendrait l’effort de guerre du gouvernement. Toute personne également qui tente de faire affaire avec 39 personnes nommées et entités du régime sera placée dans le collimateur du Trésor américain.  Cette loi cible naturellement les alliés du gouvernement syrien (la Russie, l’Iran et le Liban) mais elle vise aussi plus largement à rendre illégitime et impossible toute effort de reconstruction économique de ce pays et de ce peuples martyrs tant que Washington n’aura pas obtenu un arrangement politique satisfaisant ses intérêts et ses alliés (Turquie, Israël, Arabie saoudite). Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé le gouvernement libanais à refuser de se soumettre à la loi César affirmant qu’elle avait pour objectif « d’affamer le Liban et la Syrie ». Les mesures contenues dans la loi César visent à contraindre le gouvernement à « mettre fin à ses attaques meurtrières » contre des civils et à accepter une transition politique « pacifique ». Le pays déchiré par la guerre est aux prises avec une crise économique qui s’aggrave, cette loi vient donc enfoncer le clou un peu plus profondément dans le pays. Sa monnaie a chuté en valeur sur le marché noir, faisant monter en flèche les prix des aliments et des médicaments ce qui a suscité de rares manifestations contre le président Bachar al-Assad dans les zones contrôlées par le gouvernement comme nous avons pu le voir les semaines passées. La déstabilisation redouble donc d’intensité. Il s’agit pour Washington de profiter de la présence turque au côté des djihadiste résiduels et de la mésentente parallèle de Moscou et Ankara sur le théâtre libyen pour tenter porter le coup de grâce à ce régime qui ne veut pas mourir, à ce peuple qui ne se soumet pas, à ce pays qui refuse la désintégration territoriale et la mise sous tutelle turque et/ou saoudienne. Les forces gouvernementales ont certes repris le contrôle de la majeure partie du pays avec l’aide des militaires russes et de miliciens soutenus par l’Iran. Cependant, les rebelles soutenus par la Turquie et les djihadistes détiennent toujours des zones dans le nord-ouest, tandis que les combattants dirigés par les Kurdes soutenus par les États-Unis contrôlent une partie du nord-est.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a déclaré que « de nombreuses autres sanctions viendront jusqu’à ce qu’Assad et son régime mettent fin à leur guerre brutale et inutile et acceptent une solution politique, comme le demande la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies ».

Beaucoup de pays remettent en cause ces sanctions américaines à l’encontre de la Syrie qui auront un effet dévastateur sur une économie déjà en ruines. C’est son objectif d’ailleurs ouvert comme l’a rappelé le représentant permanent russe au Conseil de Sécurité, Vassily Nebenzi, pour qui la Loi César démontre sans équivoque le but américain de renverser les autorités légitimes en Syrie. La crise économique à la frontière libanaise, en particulier l’effondrement des banques, a coupé le principal lien de la Syrie avec le monde extérieur. Le résultat est que la valeur réelle de la monnaie syrienne a chuté, mettant le prix des aliments de base importés hors de portée de la plupart des gens. En parallèle, l’empressement inentamé de Washington à punir l’Iran de diverses manières pourrait affaiblir encore la capacité de Téhéran à aider Damas et achever de rendre le quotidien des Syriens désespéré. Certains, comme la Chine, déclarent que les sanctions américaines violent le droit humanitaire international. Pékin rappelle que la Syrie est aussi en lutte contre la pandémie, et que lui imposer davantage de sanctions est proprement inhumain. Les Syriens eux-mêmes critiquent l’entrée en vigueur de cette loi tel l’archevêque maronite d’Alep qui fustige la loi en déclarant que « Maintenant, à Alep, tous disent : nous étions beaucoup mieux sous les bombes. » 

*Christophe de Saizieu, stagiaire chez Geopragma

Source : http://geopragma.fr/veille-hebdomadaire-sur-le-conflit-syrien-2/


Le 15/06/2020.

08/06/2020

  • Plus de 40 combattants ont été tués dans des affrontements dans le nord-ouest de la Syrie, où les forces du régime ont repoussé une attaque d’un groupe djihadiste lié à Al-Qaïda lancée malgré la trêve, selon une ONG.
  • Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Houras al-Din, groupuscule lié au réseau Al-Qaïda, et d’autres groupes djihadistes ont lancé une offensive contre deux villages contrôlés par le régime dans la zone de Sahl al-Ghab, dans le nord-ouest de la province de Hama, frôlant la province d’Idlib.
  • L’armée syrienne bombarde des positions djihadistes près de Ziyara.
  • Les forces soutenues par la Turquie ont arrêté une personne en train de mettre en place un engin piégé à Tell Abyad.

09/06/2020

  • Un civil est tué dans des frappes aériennes russes sur le nord-ouest de la Syrie, le premier à périr dans un raid depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu dans cette région en mars selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

10/06/2020

  • Des cellules de l’Etat islamique attaquent plusieurs positions de l’armée syrienne dans la campagne du sud-est de Hama. L’armée syrienne parvient à repousser l’attaque.

11/06/2020

  • L’armée turque a créé un autre poste dans la région d’Idlib, où plusieurs groupes terroristes sont présents. Avec la création de ce nouveau poste, ils en sont donc à 63 postes.
  • Le président Bachar al-Assad limoge le Premier ministre Imad Khamis.

Analyse de la semaine

Tout comme la semaine dernière, l’on assiste à un regain des tensions au nord de la Syrie. Le 3 juin dernier, les Russes mettent fin à la trêve signée avec la Turquie en mars en menant des raids aériens contre des positions djihadistes dans les provinces de Hama, d’Idlib et de Lattaquié. Lundi 8 juin plus de 40 combattants, forces du régime et djihadistes, sont tués dans des combats au nord du pays. Lors des raids aériens, cette semaine, un civil est tué, le premier à périr dans une frappe aérienne depuis la trêve russo-turque selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

Au sud du pays, depuis quelques jours, la population descend dans la rue et manifeste sa colère contre la chute de la livre syrienne et donc la flambée des prix dans tout le pays. La dévaluation de la monnaie provoque donc de grandes manifestations dans le sud du pays, c’est pour cette raison que le président Bachar al-Assad a limogé le Premier ministre Imad Khamis, en place depuis 2016, au moment où la crise économique s’aggrave. Il est remplacé par le ministre des Ressources en eau, Hussein Arnous. 

Certains manifestants s’inquiètent de devoir faire face à une grande famine en Syrie. Si elle est naturellement occultée par les médias main stream, on ne peut passer sous silence la campagne d’incendies déclenchés par voie aérienne et à l’initiative des forces américaines et turques, qui a déjà réduit en cendres quelques milliers d’hectares de blé et d’orge syriens. La volonté de déstabilisation du régime du président Assad, intacte, passe par cette nouvelle modalité : affamer directement les populations pour les pousser enfin à une révolte décisive contre le gouvernement. Selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU, les prix des aliments ont augmenté de 133% depuis un an. La crise économique est amplifiée par les mesures de confinement mais également par la crise qui touche actuellement le Liban qui connait une pénurie de dollars. La livre syrienne connait aujourd’hui son pire décrochage depuis le début de la guerre en 2011 entraînant donc une montée des prix à des sommets phénoménaux. Le taux de change officiel est actuellement de 700 livres pour un dollar mais sur le marché parallèle le cours de la monnaie a dépassé les 3000 livres pour un dollar. Pour comparer, en 2010, le dollar s’échangeait à 48 livres.

Le mécontentement de la population est présent dans les territoires contrôlés par Damas, dans la province de Soueïda par exemple, ou l’on entend des slogans tels que « A bas Bachar al-Assad » ou « Révolution, liberté, justice sociale ». Ces slogans rappellent ceux du soulèvement de la population au début de la guerre il y a dix ans. Ces manifestations montrent bien les difficultés pour le Président de gagner la bataille de l’après-guerre et de la reconstruction. Ces manifestations quotidiennes ont lieu à Soueïda, peuplée en majorité de Druzes, religieusement liés au chiisme ismaélien. Jusqu’à récemment, les Druzes, une secte minoritaire, étaient largement restés à l’écart du conflit mais la crise économique croissante de la nation les pousse désormais dans la rue.  Le nord du pays est également touché et, dans la région d’Idlib, les manifestations se font contre les djihadistes qui dominent la région. Le Gouvernement du Salut établi par Hayat Tahrir a-Sham, qui gouverne Idlib, a même déclaré qu’ils commenceraient à payer les salaires de ses employés en lires turques.

La monnaie a plongé de 70% depuis avril, une grande majorité de la population est confrontée à une pénurie alimentaire et les espoirs de reconstruire un pays brisé par la guerre semblent s’éloigner. Qui veut la paix mis à part la population ? Le pays ne semble pas en mesure d’absorber de nouveaux chocs et l’entrée en vigueur des sanctions américaines la semaine prochaine pourrait porter un coup de grâce à l’économie et amplifier les manifestations à l’encontre du Président.

*Christophe de Saizieu,

stagiaire chez Geopragma


Le 08/06/2020.

Carte : httpss://syria.liveuamap.com/

 

 

01/06/2020

Des hommes armés assassinent un soldat dans le centre-ville de Daraa.

Un soldat et un officier sont tués dans des attaques de l’Etat islamique à l’est de Homs et au sud de Deir Ezzor.

Des hommes armés ouvrent le feu sur un marché à Al-Busayrah.

 

02/06/2020

L’armée turque et la police militaire russe mènent une 14e patrouille conjointe dans le sud d’Idlib. La patrouille a de nouveau commencé à l’ouest de Saraqib et a atteint la ville d’Ariha. La situation dans la région reste tendue malgré la coopération turco-russe récemment renforcée.

 

03/06/2020

Raids russes sur le nord-ouest de la Syrie, les premiers en trois mois.

Les tensions entre la police syrienne libre et d’autres militants soutenus par la Turquie augmentent à Al-Bab.

Une explosion d’IED a éclaté près de Maadan.

Un autre convoi turc doté d’un système de défense aérienne Atilgan est entré à Idlib.

La Commission européenne propose une enveloppe de 585 M€ en soutien des réfugiés du conflit syrien et des communautés d’accueil. Le Parlement européen et le Conseil européen doivent approuver cette rallonge financière. Depuis 2011 et le début de la crise syrienne, l’Union européenne et les Etats membres ont déjà mobilisé plus de 20 milliards en aides.

 

04/06/2020

Les Russes et les Turcs mènent une 15 e patrouille conjointe sur l’autoroute M4. Deux engins explosifs improvisés auraient visé la patrouille. Cependant, il n’y a eu aucune victime.

Ces derniers jours, l’armée turque a déployé des charges d’armes lourdes, notamment des systèmes de défense aérienne et de l’artillerie à Idlib. 

La Turquie s’est engagée à sécuriser l’autoroute M4 dans le cadre de l’accord du 5 mars avec la Russie. Une longue section de l’autoroute est toujours bloquée par des groupes terroristes.

En créant davantage de postes dans la région d’Idlib, la Turquie pourrait tenter d’intimider l’armée syrienne et ses alliés. Des rapports récents affirment que l’armée se prépare à lancer une opération à grande échelle pour ouvrir le M4.

 

Analyse :

 

Le 6 mars dernier, un accord est passé entre la Russie et la Turquie sur un cessez-le-feu dans le nord-ouest de la Syrie. Cette trêve met fin aux combats intenses dans la province d’Idlib et aux frappes aériennes russes et syriennes. Idlib est l’ultime bastion des rebelles et des djihadistes dans le nord-ouest de la Syrie où la Turquie est intervenue contre les forces du régime de Bachar al-Assad, soutenues par la Russie.

 

Néanmoins, dans la nuit de mardi à mercredi, la trêve entre les deux pays semble être remise en cause. En effet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), l’aviation russe a mené des raids dans le nord-ouest du pays. Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, ces raids visent à « éloigner les combattants de l’autoroute M4, ainsi que de certains villages de la région de Sahl al-Ghab, où les forces du régime sont déployées aux côtés des forces russes ». Si les combats au sol n’avaient pas cessé[1] et avaient même repris de l’envergure début mai, ce sont les premiers raids aériens depuis que la trêve a apporté un calme relatif à la région. La zone ciblée par l’aviation russe est également sous le pouvoir des djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham ainsi que d’autres groupuscules extrémistes. Groupe classé terroriste par Washington, il est connu sous le nom de Front al-Nosra, prolongement de la branche irakienne d’Al-Qaïda. Le HTS comprend essentiellement des djihadistes syriens.

 

La Russie intensifie actuellement son implication militaire dans le conflit syrien. Le 30 mai dernier, les médias d’État syriens ont annoncé avoir reçu un lot de chasseurs MiG-29 de la Russie. Damas n’a cependant pas fourni de détails sur le nombre d’avions reçus, mais a déclaré qu’ils entreraient en service dans l’armée de l’air syrienne le 1er juin. Ils devraient effectuer des patrouilles régulières dans l’espace aérien syrien. Avant la livraison, l’armée de l’air syrienne avait au moins 20 avions MiG-29. L’intensification du soutien russe au gouvernement de Damas intervient alors que la Turquie poursuit sa montée en puissance militaire dans le nord-ouest de la Syrie. Fin mai, l’armée turque a en effet déployé des troupes et du matériel supplémentaires dans la région d’Idlib. La configuration des positions militaires turques et l’attitude d’Ankara envers Damas peuvent nous faire dire que la Turquie n’utilisera pas cette force contre les terroristes d’Idlib mais plutôt pour assurer leur sécurité en cas d’avancée de l’armée syrienne.

 

Cette semaine, lors d’un long enregistrement de 39 minutes sur les chaînes Telegram, Abou hamza al-Qourachi, porte-parole du groupe Etat islamique, s’en prend violemment au Qatar. C’est la première fois que l’organisation djihadiste s’en prend à l’émirat. Il les accuse d’avoir combattu en Syrie et en Irak et évoque également la pandémie du coronavirus qui touche la région. Le mouvement qualifie cette pandémie de « châtiment divin » et le porte-parole donne l’ordre aux combattants de l’EI d’intensifier leurs attaques, profitant donc du vide sécuritaire dans la région pour reprendre de l’ampleur en Syrie et en Irak.

 

« Pas un jour nous n’avons oublié que la base Al-Oudeid, construite par les tyrans du Qatar pour accueillir l’armée américaine, était et reste toujours le commandement de la campagne menée par les Croisés » déclare-t-il en faisant référence à la plus grande base aérienne des Etats-Unis, qui abrite 11 000 soldats américains, britanniques et qatariens. Cette base avait grandement contribué à la coalition pour les bombardements en Syrie et en Irak. Néanmoins, c’est la première fois que l’Etat islamique s’en prend au Qatar, limitant jusqu’alors ses anathèmes à la région du Golfe et particulièrement à l’Arabie saoudite. Ils sont mis en cause pour avoir financés des rebelles en Irak dans les années 2000 et financé la Syrie depuis le début du conflit en 2011.

[1] Le 10 mai 2020, 35 combattants des forces du régime 13 djihadistes perdent la vie dans le nord-ouest de la province de Hama, voisine d’Idlib.

 

*Christophe de Saizieu,

stagiaire chez Geopragma


Le 31/05/2020.

 

Carte : httpss://syria.liveuamap.com/

25/05/2020

  • Le premier convoi civil a pu se déplacer sur la route M4 après un accord conclu par les FDS et le gouvernement syrien. Depuis l’invasion turque en octobre 2019, il n’y avait pas eu de transport civil sur la M4.
  • La Syrie a signalé lundi 20 nouveaux cas de coronavirus, la plus forte augmentation observée sur une journée jusqu’à maintenant.
  • Une ONG basée en France, Syrians for Truth and Justice, déclare selon plusieurs témoignages que des enfants sont recrutés par des factions de l’Armée nationale syrienne. Se voulant le successeur de « l’Armée syrienne libre », l’ANS a été fondée en 2017, engagée dans ses opérations « rameau d’olivier » et « source de paix », et Elle rassemble des groupes islamistes rebelles et est soutenue par la Turquie ; à ne surtout pas confondre avec les forces gouvernementales syriennes. Ces factions de l’ANS combattraient actuellement en Libye aux côtés du gouvernement d’Union nationale de Fayez al-Sarraj (GNA). Niant les faits, le GNA accuse le maréchal Haftar d’envoyer des mineurs combattre.
  • Le commandant militaire du Front de libération nationale, “Hisham Abu Ahmed”, a été tué lors d’une frappe des drones de l’armée syrienne au sud d’Idlib.
  • Le président russe Vladimir Poutine a publié un décret nommant Alexander Efimov représentant spécial du président dans le but de développer les relations avec la République arabe syrienne. Monsieur Efimov occupe depuis octobre 2018 le poste d’ambassadeur de Russie.

26/05/2020

  • Le nombre d’infections de coronavirus dans les zones contrôlées par Assad est passé à 121 après la découverte de 15 nouveaux cas.
  • Un responsable du département d’État américain fait pression pour des pourparlers entre les factions dirigées par les Turcs et les Kurdes en Syrie dans un but politique qui pourrait affaiblir Bachar el-Assad.

27/05/2020

  • La Syrie a annoncé lundi la levée, à partir de mardi, d’un couvre-feu nocturne instauré pour lutter contre le coronavirus.
  • Les forces pro-Assad ciblent des quartiers résidentiels d’artillerie lourde dans le village d’Al-Fateera dans la campagne d’Idlib.
  • Un soldat turc a été tué mercredi dans une explosion d’origine indéterminée dans la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté le ministère de la Défense.

28/05/2020

  • Les forces américaines ont effectué un parachutage dans la province de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, et arrêté quatre membres de l’Etat islamique selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

29/05/2020

  • Le commandant de l’unité des FDS aurait été tué par un engin explosif qui a visé sa voiture sur la route de la ville d’Al-Baghouz, à l’est de Deir Ezzor.
  • Plusieurs victimes parmi l’armée syrienne tandis que les rebelles repoussent une tentative d’infiltration sur l’axe Al Fatirah dans la campagne sud d’Idlib.

ANALYSE DE LA SEMAINE

« Nous avons vaincu l’EI en Syrie » avait déclaré le président Donald Trump en décembre 2018. On pouvait se prendre à en rêver depuis la reprise par les forces arabo-kurdes après plusieurs mois de combat, du dernier territoire de Daech à Baghouz, mais également avec la mort du chef du groupe État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, tué le 27 octobre 2019 lors d’une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie. Pouvait-on alors penser à la renaissance de l’Etat islamique ? Certains ont pu en effet profiter de la crise sanitaire qui touche également le Moyen-Orient pour reprendre de l’ampleur : Daech. Depuis la perte de ses territoires, l’Etat islamique tente en vain d’en reconquérir en reconstituant des cellules dans des zones libres. Il profite du désordre dans la région entre la Syrie et l’Irak particulièrement avec les mesures prises pendant le confinement pour s’ancrer plus profondément encore. 

En Irak et en Syrie, les attaques se multiplient et prennent de plus en plus d’ampleur. Les effets de la pandémie sont donc dévastateurs en Syrie. Les attaques de l’Etat islamique s’accroissent envers les forces de sécurité du pays, les champs pétroliers ainsi que des sites civils. C’est au centre de la Syrie, à Sukhna, qu’a eu lieu l’une des attaques les plus importantes, le 9 avril, contre les positions gouvernementales syriennes. Deux jours de combats, 32 morts dont 26 du coté djihadiste. Le risque d’une renaissance de l’Etat islamique n’est pas à prendre à la légère selon l’inspecteur général du Pentagone. En Syrie, le groupe, qui possède toujours des cellules dans le vaste désert situé entre les provinces de Homs de Deir ez-Zor, serait responsable d’au moins 33 attaques à l’engin explosif improvisé, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Selon James Jeffrey, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la coalition internationale contre Daech, il reste environ 14 000 à 18 000 terroristes en Syrie.

La semaine dernière, l’un des hommes les plus riches de Syrie et cousin du président, Rami Makhlouf, a fait l’objet d’une saisie par le gouvernement. Cette querelle a débuté en août dernier lorsque le gouvernement a durci le ton contre plusieurs hommes d’affaires en Syrie au nom de la lutte anti-corruption. On attribue à R. Makhlouf un contrôle sur plus de la moitié de l’économie syrienne.  Le président Assad a-t-il saisi les biens de cet homme d’affaire pour trouver les moyens d’achever la reconquête de son territoire ou parce sa puissance le gênait ? L’on apprend également cette semaine que la livre syrienne perd inexorablement de sa valeur. Etant livré aux trafics et aux pillages, le pays ne parvient plus à contrôler ses comptes. Il se dit enfin que Téhéran aurait dépensé plus de 30 milliards de dollars pour maintenir et renforcer l’actuel président syrien depuis le début de la guerre : deux fois le budget de défense du pays en 2019. L’Iran est aux côtés du président syrien depuis 2011. Le conflit syrien semble trouver des prolongements délétères en Libye. La Russie y aurait envoyé des chasseurs bombardiers et la Turquie y est plus entreprenante que jamais avec un très probable blanc-seing américain. A l’image de ce qu’il se passe en Syrie, les interventions de puissances étrangères se multiplient dans chaque camp et l’enchevêtrement des intérêts et des pressions s’approfondit. Les Etats-Unis cherchent à contrer Moscou en Syrie en laissant faire les Turcs en Libye, les Russes contraignent l’activisme d’Ankara en Syrie en gênant ses ambitions en Libye, les Turcs tirent les marrons du feu et étendent leurs filets en faisant monter les enchères politiques et énergétiques et les islamistes de tous poil se vendent au plus offrant.  

*Christophe de Saizieu, stagiaire chez Geopragma

Source : http://geopragma.fr/veille-geopolitique-hebdomadaire-sur-le-conflit-syrien-2/


Le 18/05/2020.

Source : Syria Intelligence

Les évènements de la semaine :

08/05

  • Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a accusé les belligérants de profiter de la crise liée au coronavirus pour mener des attaques contre les populations civiles.
  • Les Américains construisent une nouvelle base dans la région de Deir Ezzor.

09/05

  • Combats entre d’anciens rebelles et les forces gouvernementales dans la région de Deraa.
  • L’alliance djihadiste Wa Harid al-Mumimin bombarde la base russe Hmeimim.

10/05

  • Le gouvernement syrien confirme 47 cas de Covid-19 dont trois mortels.
  • Violents combats entre les forces gouvernementales et des rebelles du groupe djihadiste Wa Harid al-Mumimin au nord-ouest de la région d’Hama, proche de la région d’Idlib.

11/05

  • Publication d’un rapport d’Amnesty International qui accuse le pouvoir Syrien et la Russie de crimes de guerre dans la région d’Idlib.
  • Nomination du gouverneur d’Homs (proche de la famille de la Première dame) comme ministre du commerce intérieur.
  • Selon le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, 385 millions de dollars de financement sont nécessaires cette année pour lutter contre le coronavirus en Syrie.
  • Combats entre Daech et les Forces de Défense Nationale (groupe soutenu par la Syrie et l’Iran) dans la région de Deir Ezzor.

12/05

  • Patrouille russo-turque le long de l’axe M4.
  • Les forces gouvernementales ont bombardé des positions rebelles dans plusieurs villes au sud de la région d’Idlib.
  • Un convoi turc entre dans la région d’Idlib.
  • Protestations contre les patrouilles russo-turques.

13/05

  • Publication d’images satellites qui montreraient que des forces pro-iraniennes construisent une installation souterraine de stockage d’armes dans l’est de la Syrie.
  • La Chine et la Russie boycottent une réunion du Conseil de sécurité.

14/05

  • Manifestation à Deraa contre l’arrivée de forces pro-iraniennes.

Cette semaine a été marquée par de violents combats dans les plaines de Ghab au nord-ouest de la ville de Hama. Cette région se situe au sud d’Idlib, principale zone de tension du conflit syrien. Les forces gouvernementales ont été attaquées par les rebelles djihadistes de l’alliance Wa Harid al-Mumimin. Une cinquantaine de combattants ont été tués, ce qui en fait les combats les plus meurtriers depuis l’accord de cessez-le-feu signé par la Russie et la Turquie le 5 mars à Moscou. Il y a deux semaines, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen saluait « un calme significatif dans de nombreuses régions de la Syrie » et « un niveau faible d’incidents ». Ces affrontements viennent bouleverser le calme relatif et démontrent la difficulté à mettre en place un cessez-le-feu durable dans un conflit qui implique un grand nombre de parties. L’alliance Wa Harid al-Mumimin est une coalition djihadiste formée en octobre 2018 par les groupes Ansar al-Islam, Front Ansar Dine, Ansar al-Tawhid et Tanzin Hurras ad-Din. Cette alliance — dont le nom peut être traduit par Inciter les Croyants — a rejeté l’accord russo-turc et n’a cessé de harceler les forces gouvernementales syriennes au sud de la région d’Idlib. Cette région demande aux forces gouvernementales syriennes de mobiliser de nombreux moyens. La résolution de la situation à Idlib permettrait au gouvernement de Bachar al-Assad — soutenu par la Russie et l’Iran — d’imposer son autorité sur l’ensemble du territoire national. Dans ce contexte, la position turque va dans le sens de la politique américaine qui souhaite toujours faire tomber le régime de Bachar al-Assad.

Les Etats-Unis consolident leurs positions à l’est du pays dans la zone kurde en créant des bases militaires. Dans un débat organisé par le think tank Houdson Institute, le représentant spécial américain James Jeffrey a souligné l’importance de la présence américaine en Syrie. Le discours apparaît presque caricatural, le régime syrien est

présenté comme celui qui menace le plus la stabilité de la région et « l’idée américaine de la façon dont le monde devrait être organisé. » Les Russes seraient intervenus uniquement pour des intérêts stratégiques et économiques et ne présenteraient aucune solution politique pour la sortie du conflit, alors que les Américains seraient les protecteurs des populations civiles et les garants de la stabilité internationale. Cependant nous pouvons douter que les Américains ne soient motivés uniquement par la protection « du peuple syrien qui lutte contre le régime de Damas ». Les Etats-Unis ont des intérêts dans la région donc ils les défendent. Par ailleurs M. l’ambassadeur James Jeffrey ne cache pas les objectifs américains qui sont d’empêcher le développement de l’influence russe et iranienne dans la région et de faire tomber le régime de Bachar al-Assad.

Au sud du pays, dans la région de Deraa, les forces gouvernementales ont mené des opérations visant à stopper les activités des groupes armés rebelles. Ces dernières semaines, de nombreux assassinats ont eu lieu dans le gouvernorat de Deraa. Ces assassinats visent d’anciens rebelles ralliés au pouvoir de Damas. Cependant des manifestations ont éclaté contre l’arrivée des forces gouvernementales accompagnées de milices pro-iranienne. Comme dans la région d’Idlib, une partie de la population reste hostile au régime de Bachar al-Assad. Dès le début du conflit en 2011, Deraa fut l’une des principales villes contestataires du pays. Ce n’est qu’en juillet 2018 que les forces gouvernementales ont repris la ville afin de restaurer l’autorité de Damas. C’est le propre des guerres civiles, mais contrairement à ce que pensent certains, il est rare que l’entièreté d’un peuple se dresse contre son dirigeant. Mais il est également vrai que les combattants de ce conflit sont loin d’être tous syriens et que les populations civiles souffrent d’une guerre qui s’éternise.


Le 06/05/2020.

Les évènements de la semaine :

 

 

24/04

 

 

  • Tirs d’armes lourdes par les forces gouvernementales au sud d’Idlib. Manifestation contre le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) à l’ouest d’Alep.  
  • Mouvements de troupes des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) au Sud de Deir ez-Zor.

 

 

25/04

 

 

  • Un convoi turc entre dans la région d’Idlib.

 

 

26/04

 

 

  • Manifestation sur l’autoroute M4 contre les patrouilles russo-turques.
  • Tensions entre les forces Turques et le groupe HTS dans la région d’Idlib.
  • Israël mène des frappes aériennes près de Damas. 

 

 

27/04

 

 

  • Un convoi militaire américain en provenance du Kurdistan irakien entre en Syrie.
  • Tirs d’artillerie des forces gouvernementales au Sud d’Idlib.
  • Patrouilles russo-turques le long de l’autoroute M4.

 

 

28/04

 

 

  • Explosion d’un camion à Afrin qui, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, aurait fait 46 morts et 50 blessés.
  • Tirs d’artillerie des forces gouvernementales au Sud d’Idlib.
  • Pour le ministère de la défense turc, le YPG est à l’origine de l’attentat d’Afrin.
  • Seconde explosion à Afrin qui ne fait pas de victimes.

 

 

29/04

 

 

  • Les autorités kurdes syriennes accusent la Turquie d’être responsable de l’attaque d’Afrin.
  • Erdogan annonce l’arrestation de la personne ayant préparé l’attaque d’Afrin.

 

 

30/04

 

 

  • Manifestations à l’est de la région d’Idleb, contre l’ouverture par le groupe HTS d’un point de passage vers les territoires contrôlés par les forces gouvernementales. On déplore de fortes tensions et des blessés dans la ville de Maarat an Nassan.
  • Le groupe Etat Islamique tend une embuscade aux forces gouvernementales à l’est du pays dans la zone d’Humaymah.
  • Un convoi turc entre dans la région d’Idlib.

 

 

 

 

Analyse :

 

 

La région d’Idlib reste le principal foyer de tension en Syrie. La Turquie continue d’envoyer des renforts dans la région, et les forces gouvernementales syriennes maintiennent la pression au sud de la région. L’Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est le principal groupe rebelle de la région. Ce groupe a choisi d’ouvrir le passage menant aux territoires contrôlés par l’Etat syrien. Cette ouverture est motivée par l’instauration d’une taxe qui apporterait une nouvelle ressource financière au groupe. Mais les populations civiles voient d’un mauvais œil cette décision, et des manifestations ont éclaté. Une partie de la population est composée de réfugiés qui ont fui les régions reconquises par le régime syrien. La tension est forte et des blessés sont à déplorer du côté civil. Finalement, le groupe HTS a décidé de suspendre l’ouverture du passage devant l’insistance des populations civiles qui craignent une nouvelle offensive du régime syrien qui a montré sa détermination à reprendre la région. Malgré l’accord entre la Turquie et la Russie, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, déclare que la situation est « précaire et fragile » et s’inquiète « d’un risque constant d’escalade. » L’attentat d’Afrin illustre bien la précarité de l’équilibre. Selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, l’attentat aurait fait 46 morts et une cinquantaine de blessés. Les autorités turques accusent les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) d’être responsables de l’attaque. Les autorités kurdes démentent et accusent des milices soutenues par la Turquie. Rappelons que la ville d’Afrin a été prise par le YPG en 2012 qui en a fait une des principales villes du Kurdistan syrien. La ville est par la suite passée sous le contrôle des Turcs en mars 2018. L’attentat s’inscrit dans une longue lutte entre Turcs et Kurdes.

 

 

Dans la continuité de la semaine précédente, Israël a mené des frappes aériennes dans la région de Damas et d’Homs. Dans sa lutte pour l’intégrité de son territoire, le régime syrien s’est appuyé sur le Hezbollah et les Gardiens de la Révolution. Alors que les forces gouvernementales ont reconquis la majeure partie du territoire ; l’Etat hébreu envoie un signal fort : il ne laissera pas la Syrie devenir une base pour ses ennemis.

 

 

Dans le centre et à l’est du pays, l’Etat Islamique reste présent et planifie des attentats. Les éléments du groupe terroriste sont traqués par toutes les factions présentes à l’est du territoire. Les forces gouvernementales devront s’adapter et pratiquer des techniques de contre guérilla. Le défi est grand : d’un côté l’armée gouvernementale syrienne devra garder sa capacité à mener des actions de guerre et en même temps être capable de faire face à une guerre asymétrique. Le mode opératoire des groupes terroristes tend à effacer la frontière entre le monde de la sécurité et celui de la défense. Cela rend la tâche des gouvernements difficile, ils se retrouvent bien souvent dans une lutte longue et coûteuse.

 

 

Tous ces éléments nous montrent que la sortie de crise s’annonce longue et complexe. Dans le conflit syrien, s’entremêle une multitude de conflits. La reconstruction du pays et la normalisation de la situation passeront par la résolution de tous ces points.

 

*Marc Adan Ourradour, stagiaire chez Geopragma

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