ISRAËL

Une ex-otage raconte comment l’armée israélienne a tué des résidents du kibboutz

Source : RzO International - Le 17/03/2024.

 

«Mon mari a été séparé de nous trois jours avant le retour en Israël, & emmené dans les tunnels. Et vous voulez inonder les tunnels ? Bombarder le tracé des tunnels là où ils sont retenus ?»

par David Sheen et Ali Abunimah

Une Israélienne capturée par des combattants palestiniens le 7 octobre 2023 est reconnaissante envers le pilote d’hélicoptère qui a tiré sur le véhicule dans lequel elle se trouvait, tuant un autre Israélien ainsi que tous leurs ravisseurs, a rapporté le mois dernier la chaîne israélienne Channel 12.

Shani Goren, une habitante du kibboutz Nir Oz, âgée de 29 ans, a été enlevée chez elle sous la menace d’une arme par des combattants palestiniens et transportée dans la bande de Gaza, où elle a été détenue 55 jours. Elle a été libérée le 30 novembre.

Cependant, avant qu’elle n’atteigne Gaza, un véhicule transportant Goren a été la cible de tirs nourris de la part d’un hélicoptère de combat israélien.

Lorsque les tirs ont cessé, Goren a réalisé que les balles de gros calibre de l’hélicoptère avaient tué tous ses ravisseurs, ainsi qu’une Israélienne, Efrat Katz, une autre habitante de Nir Oz.

«Mon pantalon était déchiré et couvert de sang. J’ai levé la tête et aperçu des dominos», se rappelle Goren à Ilana Dayan, présentatrice de la prestigieuse émission d’investigation Uvda sur Channel 12 – et, coïncidence, également sa cousine. «Tous les Palestiniens ont été tués».

 

Vous pouvez visionner une partie du récit de Goren avec sous-titres en anglais dans la vidéo ci-dessus, ou sur YouTube. Une transcription est disponible ci-dessous.

Goren et les autres captifs israéliens qui ont survécu aux tirs nourris de l’hélicoptère ont été enlevés quelques minutes plus tard par d’autres Palestiniens revenant de Nir Oz sur l’un des tracteurs du kibboutz.

Seule une femme, Neomit Dekel-Chen, 63 ans, leur a échappé en faisant semblant d’être mortellement blessée par les tirs de l’hélicoptère.

Le 7 octobre, l’armée israélienne a mis en œuvre sa très controversée directive Hannibal, qui consiste à ordonner l’assassinat de prisonniers israéliens pour éviter d’avoir à négocier leur vie en libérant des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

Au kibboutz Be’eri, une autre colonie israélienne située près de la frontière de Gaza, l’armée israélienne a attaqué une maison où se trouvaient 14 otages civils et plusieurs dizaines de combattants du Hamas.

Tous les combattants de Qassam, sauf un, et tous les prisonniers, sauf deux, ont été tués dans les tirs croisés. Au moins trois des civils, dont Liel Hatsroni, 12 ans, ont été calcinés par des obus de chars israéliens tirés sur la maison.

Comme The Electronic Intifada l’a précédemment rapporté, Barak Hiram, le général israélien qui a donné l’ordre de tirer sur la maison, a raconté une histoire inventée de toutes pièces pour tenter de dissimuler cet incident, lorsque Ilana Dayan, de Channel 12, l’a interviewé en octobre.

Les familles des civils israéliens tués par les tirs de l’armée israélienne au kibboutz Be’eri ont exigé que l’armée enquête immédiatement sur l’incident comme sur la décision d’utiliser une puissance de feu écrasante au prix de la vie de leurs proches.

Des sources militaires israéliennes ont révélé que le 7 octobre, des hélicoptères d’attaque, ainsi que des drones armés, ont envahi le ciel au-dessus du sud d’Israël et autour de Gaza.

Le média israélien Ynet a rapporté en novembre que :

«28 hélicoptères de combat ont tiré au cours de la journée toutes les munitions qu’ils avaient en stock, multipliant les tentatives de réarmement».

Ynet mentionne en particulier le lieutenant-colonel A., commandant de l’escadron 190, qui, vers le milieu de la matinée du 7 octobre, «a ordonné aux autres chasseurs de tirer sur tout ce qui bougeait dans le secteur des frontières».

«S’il tire à nouveau, c’est moi qui meurs»

Au moins une survivante de l’attaque d’hélicoptère israélienne qui a tué Efrat Katz, une habitante de Nir Oz, a dénoncé la volonté répétée d’Israël de sacrifier la vie de ses citoyens – le jour où elle a été enlevée, pendant qu’elle était détenue à Gaza, et depuis son retour chez elle le 27 novembre.

Lors d’une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son cabinet de guerre, la semaine suivant sa libération, Sharon Cunio a reproché aux dirigeants israéliens d’avoir approuvé la directive Hannibal, et les a suppliés de ne plus prendre de risques avec la vie de son mari David Cunio, toujours détenu à Gaza.

«Notre sentiment, c’est que personne n’a fait rien pour nous. En réalité, je me suis réfugiée dans une cachette qui a été bombardée, et nous avons dû sortir en douce, après avoir été blessés. Sans parler de l’hélicoptère qui nous a tiré dessus sur la route vers Gaza. Ils prétendaient avoir obtenu des renseignements, mais le fait est que nous avons été bombardés», leur a dit Mme Cunio, selon le média israélien Ynet, qui s’est procuré des enregistrements de la réunion controversée.

«Mon mari a été séparé de nous trois jours avant notre retour en Israël, et a été emmené dans les tunnels», a déclaré Mme Cunio aux membres du cabinet de guerre. «Et vous parliez d’inonder les tunnels avec de l’eau de mer ? De bombarder le tracé des tunnels dans la zone où ils sont retenus ?»

La colère de Cunio face aux multiples mises en œuvre de la directive Hannibal par Israël n’est cependant pas partagée par Goren, emmenée à Gaza à bord du même tuk tuk – un petit véhicule utilitaire motorisé.

Lorsqu’on lui demande quels sont ses sentiments à l’égard du pilote de l’hélicoptère qui les a arrosés de tirs, Goren répond qu’elle a ressenti de la gratitude, tout en regrettant qu’il n’ait pas poursuivi ses tirs sur le deuxième groupe de Palestiniens qui les a emmenés à Gaza.

«Merci, et pourquoi n’êtes-vous pas resté ?» a déclaré Goren à Channel 12. «Pourquoi n’êtez-vous pas venu pour abattre tous ceux qui se trouvaient là ? Si un seul hélicoptère avait tiré, tout se serait bien passé. Nous ne serions jamais arrivés à Gaza».

L’appréciation de Goren est d’autant plus étrange qu’elle semble comprendre qu’elle aurait pu être tuée, tout comme Efrat Katz, si l’hélicoptère était revenu.

«J’essayais aussi de me cacher, de me réfugier à l’intérieur autant que possible», explique Goren à Ilana Dayan alors qu’ils regardent les images du deuxième véhicule chargé de personnes qui finira par arriver à Gaza. «À ce moment-là, j’ai eu peur que l’hélicoptère ne nous tire à nouveau dessus. Cette fois, j’étais exposé de dos. S’il tirait à nouveau, c’est moi qui mourais».

Goren a également décrit comment, le 23 octobre, elle et d’autres Israéliens détenus à Gaza ont été évacués à la hâte par leurs ravisseurs palestiniens de la maison où ils étaient retenus, alors qu’ils avaient été avertis de l’imminence d’un bombardement par l’armée de l’air israélienne.

Des tirs amis en masse

Doron Katz-Asher et ses deux petites filles Raz et Aviv se trouvaient dans le premier véhicule avec Efrat Katz, la mère de Doron, et Shani Goren lorsque l’hélicoptère a attaqué.

Katz-Asher a raconté à Channel 12, lors d’une interview réalisée en décembre, ce qui lui est passé par la tête au moment où l’hélicoptère israélien a ouvert le feu, tuant sa mère et blessant Katz-Asher et sa petite fille Aviv, âgée de 2 ans.

«Cela peut sembler bizarre, mais j’ai eu l’impression d’être dans un film de guerre avec des tirs et des terroristes, et je voulais tellement arriver à Gaza, pour être emmenée dans un lieu sûr, entre guillemets, où je ne serais pas sous le feu», a déclaré Katz-Asher. «Et où ils pourraient peut-être même soigner mes blessures».

«Ça a même été une forme de soulagement d’arriver vivantes [à Gaza]», a ajouté Katz-Asher.

Katz-Asher et ses deux filles sont rentrées chez elles le 24 novembre, dans le cadre du cessez-le-feu temporaire et de l’accord d’échange de prisonniers conclus ce mois-là.

Pendant sa détention à Gaza, Katz-Asher a déclaré qu’elle ne pouvait s’empêcher de penser «avoirs été abandonnée» par les dirigeants israéliens, et «qu’ils n‘étaient peut-être animés que par un esprit de vengeance».

L’armée israélienne a admis l’existence d’une «quantité énorme et complexe» d’incidents dits de «tirs amis» le 7 octobre, au cours desquels les forces israéliennes ont tiré sur leurs propres citoyens.

Selon Ynet, l’armée estime toutefois qu’il ne serait pas moralement judicieux d’enquêter sur ces incidents.

En ce qui concerne Efrat Katz, l’armée [Tsahal] a déclaré :

«Après examen de l’incident décrit, aucune réponse ne peut être apportée avec certitude aux allégations de la famille à ce stade».

À ce jour, il n’existe aucun chiffre exact ou officiel permettant de déterminer qui des 1200 Israéliens et ressortissants étrangers dont Israël affirme qu’ils sont morts ce jour-là ont effectivement été tués par les forces israéliennes.

Il est possible que Katz, en tant que résident d’un kibboutz, ait été perçu comme un gauchiste – du moins en termes israéliens – et donc considéré comme quantité négligeable.

Vivre sur une terre volée

Bien que les sionistes aient présenté les kibboutzim au monde entier comme des fermes collectives idéales et socialistes, la réalité montre qu’il s’agissait de colonies de peuplement exclusivement juives, souvent construites sur des terres brutalement arrachées aux Palestiniens victimes d’un nettoyage ethnique.

Nir Oz et plusieurs autres colonies sionistes voisines ont été construites sur des terres appartenant à la famille Abu Sitta, dans une communauté appelée al-Main, jusqu’à ce qu’elle soit expulsée par les colons sionistes vers Gaza pendant la Nakba.

La plupart de ces colonies ont été établies en tant qu’avant-postes coloniaux ou garnisons militaires pour renforcer les conquêtes du nouvel État colonisateur sioniste.

Al-Main a été attaquée par les milices sionistes le 14 mai 1948. La Haganah [groupe armé sioniste de défense des colonies juives, créée au moment lors de la dissolution de la légion juive en 1919, devenue la base de l’armée de défense d’Israël] «a détruit et brûlé des maisons, démoli l’école construite en 1920, fait sauter le puits et le moulin à farine», a écrit Salman Abu Sitta, géographe palestinien renommé et survivant de l’épuration ethnique.

«Quinze combattants palestiniens armés de vieux fusils leur ont opposé une courageuse résistance pendant plusieurs heures», raconte Abu Sitta. «Enfant, j’ai vu les restes fumants de mon village alors que j’étais blotti avec d’autres enfants et femmes dans un ravin voisin. Je n’avais jamais vu de juif auparavant et je ne savais pas qui étaient ces attaquants, ni pourquoi ils étaient venus détruire nos vies».

C’est ainsi qu’a commencé la vie d’Abu Sitta en tant que réfugié.

Il y a cinq ans, De-Colonizer, un projet d’éducation sur la Nakba, a installé une exposition dans la dernière maison encore debout à al-Main et a invité les résidents israéliens des kibboutzim environnants à la visiter.

«Les commentaires les plus virulents, voire les menaces, sont venus d’un vieux kibboutznik de plus de 80 ans, qui a assisté et participé à l’attaque d’al-Main», a observé Abu Sitta.

D’autres colons ont également exprimé leur colère, leur déni et leur défiance face à la réalité de leur présence sur des terres prises de force à des personnes vivant ensuite en tant que réfugiés, enfermées dans un ghetto à quelques kilomètres de là.

Mais de nombreuses personnes ayant visité l’exposition se sont montrées plus réceptives, l’une d’entre elles n’étant autre qu’Efrat Katz, une habitante de Nir Oz.

«Ce que j’ai vu ici aujourd’hui est très émouvant et même douloureux. Bien que je vive ici depuis plus de 35 ans, je ressens le besoin et l’espoir de retourner à la terre et de la faire revivre avec les émotions du passé, de la faire revivre avec la culture et les habitudes de vous, les résidents», a déclaré Mme Katz dans une note manuscrite.

«Un territoire ne se limite pas à quelques briques. Une terre, c’est une valeur, ce sont des racines, c’est l’amour d’un lieu. Il n’y a pas à expulser et déporter qui que ce soit. Je suis de tout cœur avec vous».

Le 7 octobre 2023, les petits-enfants et arrière-petits-enfants des Palestiniens expulsés en 1948 sont revenus sur leur terre, menant un assaut dévastateur contre les bases militaires et les colonies israéliennes qui avaient usurpé par la force leur place et la vie qu’ils auraient pu mener.

«J’aurais pu être l’un de ceux qui ont franchi la barrière si j’avais été beaucoup plus jeune, et si j’avais encore vécu dans le camp de concentration appelé la bande de Gaza», a écrit en janvier Salman Abu Sitta, aujourd’hui âgé de 80 ans.

Efrat Katz est morte ce jour-là aux mains de ceux qui étaient censés la protéger.

Un crime qui n’a pas eu lieu

Les souvenirs de Shani Goren concernant sa capture le 7 octobre semblent incongrus par rapport aux allégations du gouvernement israélien selon lesquelles les combattants palestiniens auraient reçu l’ordre de leurs commandants de violer des Israéliennes pendant l’attaque.

Lorsque le kibboutz a été attaqué tôt le samedi matin, Goren a suivi les conseils téléphoniques de son frère Amit et s’est barricadée dans sa chambre. Lorsque cinq combattants palestiniens sont arrivés et sont entrés dans sa chambre, ils l’ont trouvée presque sans vêtements.

«Je portais des sous-vêtements, mais pas de soutien-gorge, juste un débardeur, ce que je porte habituellement pour aller me coucher», a déclaré Goren à Dayan.

L’un des combattants a fouillé dans son armoire, en a sorti des vêtements pour qu’elle se couvre ses jambes et les lui a tendus. «Il m’a lancé des leggings», s’est souvenue Goren. Il m’a dit : «Habillez-vous».

À ce moment-là, les combattants palestiniens contrôlaient entièrement le kibboutz Nir Oz.

«J’ai regardé de tous les côtés – ils étaient des milliers», se souvient Goren. «Il n’y a personne d’autre. J’ai demandé : «Où est l’armée ?»»

Si les combattants palestiniens avaient vraiment reçu l’ordre de commettre des crimes sexuels ce jour-là, ils auraient pu violer Goren avec une facilité déconcertante. Au lieu de cela, ils l’ont emmenée dans le village, apparemment pour célébrer leur conquête du kibboutz.

Dayan, de Channel 12, l’a décrit comme «une sorte de parcours victorieux à travers les sentiers de Nir Oz».

Pour se calmer, Goren a demandé une cigarette au chef des Palestiniens qui l’avaient enlevée. Il s’est alors approché d’un autre combattant, a pris une cigarette et l’a autorisée à la fumer. Au bout d’un moment, un autre combattant lui a crié dessus et elle a été obligée de l’éteindre.

Le fait qu’une Israélienne de 29 ans légèrement vêtue n’ait pas été agressée sexuellement alors que ses ravisseurs avaient largement la possibilité de le faire, ou pendant ses presque deux mois de captivité à Gaza, montre peut-être qu’aucun crime sexuel n’a été commis ailleurs sur le champ de bataille ce jour-là.

Mais il fournit un contexte supplémentaire pour évaluer les affirmations israéliennes – faites sur la base de comptes rendus démentis et discrédités, et présentées jusqu’à présent sans aucune preuve médico-légale ou témoignage direct – selon lesquelles ces crimes étaient systématiques, planifiés à l’avance et auraient été perpétrés sur l’ordre des commandants du Hamas «en tant qu’arme de guerre».

À cet égard, les souvenirs de Goren peuvent être comparés à ceux de Yasmin Porat, l’une des deux seules Israéliennes à avoir survécu au bombardement de la maison ordonné par le général Barak Hiram au kibboutz Be’eri.

Dans une interview accordée à la radio publique israélienne en octobre, Yasmin Porat a raconté comment les dizaines de combattants palestiniens l’avaient traitée, elle et les autres civils qu’ils détenaient, «avec humanité».

Elle a insisté sur le fait que les combattants avaient certes l’intention de «nous kidnapper pour nous emmener à Gaza, mais pas de nous assassiner».

«C’était vraiment effrayant, mais personne ne nous a maltraités», a déclaré Porat. «Heureusement, il ne m’est rien arrivé de comparable à ce que j’ai pu entendre dans les médias».

*

Transcription de la vidéo

Source de la vidéo : Channel 12 (Israël)

Nom du programme : Uvda

Date : 15 février 2024

Voix off : Il est 6h45 du matin, et il s’agit d’une émission spéciale d’information au lendemain d’une salve de missiles et de roquettes tirés sur le territoire israélien.

Shani Goren : J’ai appellé [mon frère] Amit et il m’a dit : «Lève-toi, ferme la porte, ferme tout, ne sors pas de la maison. Relève la poignée de la chambre et ne bouge pas de là».

Ilana Dayan [voix off] : Son frère Amit n’était pas à Nir Oz ce samedi-là. Sa sœur Shira était au kibboutz, tout comme sa grande amie Arbel Yahud, toujours chez elle à ce moment-là.

Shani Goren : J’ai parlé avec Arbel, nous étions toutes les deux très stressées. Nous ne pouvions pas parler. Nous nous sommes dit que nous nous aimions. Nous espérions qu’ils ne nous atteindraient pas et qu’il ne se passerait rien.

Ilana Dayan [voix off] : À partir de ce moment-là, elle est restée en ligne avec la compagne de son frère pendant toute la durée de l’opération.

Shani Goren : Nofar m’a appelée, j’ai parlé avec elle pendant deux heures.

Ilana Dayan : Vous êtes restées en ligne tout le temps ?

Shani Goren : Oui, elle m’a dit plus tard que cela avait duré deux heures. De mon point de vue, cela faisait une demi-heure qu’on se parlait. Je lui ai dit : «J’ai peur» et elle m’a dit : «Respire». Et soudain, il y a eu des bruits dans la maison. Je lui ai chuchoté : «Nofar, ils sont là ! Ils sont là !» Elle me dit : «D’accord, tais-toi. Respire. Je suis avec toi». J’étais sous la couverture. Recroquevillée, j’essayais de rester près du placard, au cas où ils viendraient. Et puis la porte s’est ouverte sans bruit et ils ont lancé une grenade. Je lui dis : «Ils ont jeté quelque chose, ils ont jeté une grenade !» Heureusement pour moi, la grenade n’a pas explosé. Et après quelques secondes, ils sont entrés.

Ilana Dayan : C’était la pièce sécurisée, votre chambre.

Shani Goren : Oui, c’est ça. Ils ont lancé la grenade et quatre d’entre eux sont entrés dans cette pièce.

Ilana Dayan : Et vous étiez toujours allongée ?

Shani Goren : J’étais dans le lit, assis. Elle fait le mouvement [de croiser les bras pour former un X] – censé montrer qu’on est prisonnier. Je m’en suis rendu compte plus tard, lorsque je suis arrivé à Gaza. Le type qui se trouvait dans la maison où nous étions faisait le même mouvement. Je lui ai demandé : «Qu’est-ce que vous faites ? Qu’est-ce que ça veut dire ?» Il m’a dit : «Ça signifie être en captivité». Je n’avais pas compris ce qu’ils attendaient de moi. J’ai donc résisté, et plus je résistais, ils s’approchaient de moi avec leurs armes.

Ilana Dayan : Vous aviez donc quatre canons braqués sur vous ?

Shani Goren : Oui, et un des gars a commencé à vider mon armoire. À la fin, il m’a jeté des leggings. Il m’a dit : «Habillez-vous». Parce que j’étais en sous-vêtements, pas de soutien-gorge, juste un top, ce que je porte habituellement au lit. Il m’a dit : «Habillez-vous» en me montrant mes tongs.

Ilana Dayan : Mon Dieu.

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan : Étaient-ils calmes ou nerveux ?

Shani Goren : Ils étaient nerveux et stressés, mais ils ne se sont pas défoulés sur moi. Agité, l’un d’eux m’a arraché mon téléphone des mains et l’a empoché. Il a refait ce mouvement [croiser les bras pour former un X]. Chaque fois que je disais : «Non non non !», ils pointaient leurs armes sur moi. Alors je les ai regardés en pleurant, effrayée, en les suppliant de me laisser la vie sauve. J’ai regardé l’arme la plus proche de moi. Puis celui qui a parlé avec moi a éloigné son arme. Et chaque fois qu’il a essayé de m’emmener, j’ai résisté. En fait, ils voulaient simplement me fait sortir.

Ilana Dayan : Avez-vous pu dire au revoir à quelqu’un ?

Shani Goren : Non, je n’ai dit au revoir à personne. Je ne pensais pas que ce genre de chose pouvait arriver.

Ilana Dayan : Et qu’est-ce que cette pièce représente pour vous aujourd’hui ?

Shani Goren : Elle est profanée – pour moi, c’est au-delà du possible.

Ilana Dayan : Ce n’est plus votre maison ?

Shani Goren : Non : Non. Ma maison s’est brisée le 7 octobre.

Ilana Dayan : Vous avez marché jusqu’ici.

Shani Goren : Il m’a emmenée par là. Il m’a prise par la main et nous avons fait le tour. Nous avons marché afin qu’il puisse me montrer…

Ilana Dayan [voix off] : – pour lui montrer comment ils avaient conquis son kibboutz.

Shani Goren : Je regardais de tous les côtés – il y en avait des millions.

Ilana Dayan : Vous parlez des combattants ?

Shani Goren : Oui, il n’y avait personne d’autre. J’ai demandé : «Où est l’armée ? Que se passe-t-il ?»

Ilana Dayan [voix off] : Elle est seule avec cinq Palestiniens qui l’emmènent dans une sorte de tour de piste victorieux à travers les chemins de Nir Oz.

Shani Goren : Je voyais toute cette rangée de maisons incendiées. Il y en avait beaucoup d’autres.

Ilana Dayan : Beaucoup de combattants ?

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan : Et pendant ce temps, vous n’avez pas vu d’autres membres du kibboutz ?

Shani Goren : Aucun, je n’ai vu qu’eux, partout, surgissant de toutes parts. Je ne me souviens pas où nous avons fini par arriver, mais il y avait quelqu’un d’autre. Je l’ai supplié : «Je voudrais une cigarette. Je n’arrive pas à respirer, je veux une cigarette».

Ilana Dayan : Vous lui avez dit cela ?

Shani Goren : Oui. Et il m’a dit : «Non, non, il n’y a pas de cigarettes».

Ilana Dayan : Vous êtes incroyable.

Shani Goren : Et il a fini par me donner une cigarette.

Ilana Dayan : Vous avez réussi à lui soutirer une cigarette ?

Shani Goren : Oui, un groupe est passé, il a pris une cigarette à l’un d’entre eux et me l’a donnée. Après deux bouffées, un grand type barbu est arrivé et m’a crié de laisser tomber la cigarette.

Ilana Dayan : Plus de cigarette.

Shani Goren : Voilà, plus de cigarette. À un moment donné, j’ai vu Doron et ses filles.

Ilana Dayan : Vous les avez vues avec des rebelles ?

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan : Doron est venue ici pour rendre visite à sa mère Efrat.

Shani Goren : Oui, elle était venue rendre visite à sa mère.

Ilana Dayan : J’imagine que vous connaissez Efrat depuis de nombreuses années, c’est une ancienne.

Shani Goren : Oui, Efrat est une voisine de ma mère. Doron aussi, je la connaissais mieux quand nous étions plus jeunes.

Ilana Dayan [voix off] : Pour la première fois, elle a vu un visage familier dans ce paysage d’enfer : Doron Katz et sa mère Efrat qui tient les deux petites filles de Doron.

Shani Goren : Elle a crié : «Shani ! Shani !» Et je suis allée vers eux, ils m’ont laissée les rejoindre. Doron m’a dit : «Prends Raz avec toi pour soulager Efrat».

Ilana Dayan : Raz est la plus âgée.

Shani Goren : Oui, j’ai emmené Raz. Les filles paniquaient parce qu’elles ne savaient pas ce qui se passait. Devant nous, il y avait le vignoble, c’est là qu’ils nous ont rassemblés.

Ilana Dayan [voix off] : Ce n’est qu’en la voyant ici que nous pourrons peut-être commencer à comprendre ce qu’elle a vécu à ce moment-là, lorsque les chemins du kibboutz où elle est née et où elle a grandi deviennent le lieu d’où elle est enlevée pour Gaza.

Shani Goren : Tout était en flammes. Tout au long du trajet, nous n’avons vu que des maisons brûlées.

Ilana Dayan : On les voit ici.

Shani Goren : Oui. Ils nous ont rassemblés là, sur le chemin de terre. Un «tuk tuk» attendait sur la route.

Ilana Dayan [voix off] : Le véhicule qui s’approche d’eux est un quad qui tire un plateau et qui s’arrête à côté des Palestiniens. Ils ont l’intention d’y charger les captifs quand soudain, la sirène du code rouge a retenti.

Shani Goren : Nous avons alors couru vers l’abri. Là aussi, quelques secondes se sont écoulées…

Ilana Dayan : Avec les rebelles ?

Shani Goren : Oui, ils ont couru après nous. Avant même la fin du code rouge, ils nous ont dit : «Allez, allez».

Ilana Dayan [voix off] : Elle est maintenant dans le «tuk tuk» à plateau avec Efrat, la fille d’Efrat, Doron, et les deux petites filles de Doron.

Shani Goren : Nous étions assises dedans. Soudain, nous avons vu Neomit se faire emmener elle aussi. Ils l’ont fait monter avec nous.

Ilana Dayan [voix off] : Neomit Dekel-Chen, 63 ans, responsable de l’aménagement paysager à Nir Oz, est montée dans le véhicule. Quelques secondes plus tard, David Cunio et l’une de ses filles jumelles y sont également entraînés.

Shani Goren : Ils ont essayé de faire démarrer le moteur. Soudain, nous avons vu Sharon se faire emmener avec deux autres personnes.

Ilana Dayan : La mère sans la deuxième fille ?

Shani Goren : Sans la deuxième fille. Et David s’est écrié : «C’est ma femme ! C’est ma femme ! Attendez !» Ils l’ont embarquée elle aussi. Nous nous sommes assis sur le plateau. Les Palestiniens se sont assis sur les côtés, ils nous ont encerclés et nous avons commencé à rouler. J’essayais de rester concentrée pour les filles, de les calmer et de leur dire : «Ça va aller, ça va aller».

Ilana Dayan : Mais intérieurement…

Shani Goren : J’étais morte de peur, c’était le pire des cauchemars.

Ilana Dayan : Étiez-vous psychologiquement consciente ou détachée de la réalité ?

Shani Goren : Détachée. Très détachée. Mon cœur battait à tout rompre, mais c’est comme si j’étais quelqu’un d’autre.

Ilana Dayan [voix off] : Ce qui va se passer à un autre moment n’a presque jamais été discuté jusqu’à présent. Les captifs sont déjà dans le véhicule, entourés de toutes parts et en route pour Gaza.

Shani Goren : Nous sommes sortis, nous avons tourné à gauche, nous avons roulé…

Ilana Dayan : Sur ce chemin que nous voyons ici ?

Shani Goren : Oui, nous avons roulé, puis nous avons tourné à droite. Et nous n’avons rien vu.

Ilana Dayan : Comment ça, vous n’avez rien vu ?

Shani Goren : Rien, pas d’armée, nada, le vide total.

Ilana Dayan : Vous les attendiez toujours ?

Shani Goren : Oui, on s’attend toujours à les voir.

Ilana Dayan [voix off] : Elle ne verra pas un seul soldat. Mais soudain, du ciel, un son se fait entendre et fait naître une lueur d’espoir.

Shani Goren : 150 mètres avant la frontière, nous avons entendu soudain un hélicoptère de combat dans le ciel.

Ilana Dayan [voix off] : L’hélicoptère de combat qui les survole voit depuis le cockpit ce qu’il n’aurait jamais pu imaginer : des flots de combattants et de civils israéliens emmenés en captivité à Gaza.

Ilana Dayan : L’hélicoptère vous a suivi pendant un bon moment ?

Shani Goren : Je ne me souviens pas exactement de la durée, mais il était là. Nous nous sommes dit : «Bien, peut-être que l’armée est là. Il va peut-être se passer quelque chose».

Ilana Dayan [voix off] : Et il s’est effectivement passé quelque chose du côté de l’hélicoptère, en l’espace de quelques minutes.

Shani Goren : Soudain, une rafale de coups de feu a éclaté.

Ilana Dayan : Venant du ciel.

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan [voix off] : Il est maintenant 11h30. Le pilote de l’hélicoptère a pris une décision dans une situation quasi impossible. Il a fait feu sur le petit véhicule chargé de combattants, mais aussi de captifs israéliens.

Shani Goren : C’était un moment terrifiant. Ça a duré quelques secondes. J’ai baissé la tête. J’ai réalisé que mon pantalon était déchiré et couvert de sang. J’ai levé la tête et j’ai vu des dominos.

Ilana Dayan : Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?

Shani Goren : Tous les Palestiniens étaient morts.

Ilana Dayan : Au moment où vous avez levé la tête ?

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan [voix off] : L’une des captives, la mère de Doron, est mortellement blessée par les tirs.

Shani Goren : Malheureusement, Efrat Katz a été tué sur le coup.

Ilana Dayan : Avez-vous réussi à voir Efrat ?

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan : C’est l’un des souvenirs que vous essayez d’effacer ?

Shani Goren : Oui.

Ilana Dayan : Effacer.

Shani Goren : Effacer, oui.

Ilana Dayan : En pensant au pilote, que vous êtes-vous dit ?

Shani Goren : Le pauvre. Je ne sais pas… Je ne l’envie vraiment pas. Il a pris une décision difficile. Mais il nous a presque sauvés.

Ilana Dayan : Presque.

Shani Goren : Presque. Nous étions tous blessés, j’ai été touchée par des éclats de métal. Pendant une seconde, nous n’avons pas su quoi faire. J’ai pris Aviv dans mes bras.

Ilana Dayan : La petite ?

Shani Goren : Oui. David [Cunio] a pris Yuli, leur fille. Neomit a pris Raz et nous avons couru jusqu’au champ.

Ilana Dayan : Jusqu’où pensez-vous avoir couru ? Combien de mètres ?

Shani Goren : Je ne sais pas, pas trop, mais nous nous sommes éloignés. Nous avons couru, mais Doron est resté avec sa mère dans le camion.

Ilana Dayan : Parce que Doron n’a pas pu quitter sa mère ?

Shani Goren : Non. Ce n’était pas un moment facile.

Ilana Dayan : En fait, Doron a déclaré dans une interview à Channel 12 News : «J’ai réalisé que je n’avais aucun moyen de l’aider, que je devais rester avec les filles. Alors, avec zéro énergie, tout en saignant, j’ai marché vers elles».

Shani Goren : Doron est venue vers nous, très pâle, saignant du dos. Sharon s’est levée pour l’aider. Pour l’amener jusqu’à nous. Neomit s’est allongée, Aviv était sur mes genoux. Aviv a été blessée. Un de ses orteils a été coupé en deux. J’ai enlevé ma chemise, je l’ai mise sur son pied.

Ilana Dayan : Une petite fille de 2 ans.

Shani Goren : Oui

Ilana Dayan [voix off] : Il est déjà un peu plus de 11h30. Les rebelles qui les ont capturés ont apparemment tous été tués. Sauf un [sic]. Shani et les autres sont toujours en territoire israélien, si près de Nir Oz.

Shani Goren : Nous avons couru jusqu’au milieu du champ et nous nous sommes assis là, et avons regardé le ciel.

Ilana Dayan [voix off] : Et l’hélicoptère était toujours au-dessus d’eux. Mais il ne tire plus.

Shani Goren : Si seulement il n’avait pas été à court de munitions.

Ilana Dayan : C’est ce qu’ils vous ont dit ? Qu’il n’avait plus de munitions ?

Shani Goren : Je ne suis pas sûre que ce soit vrai, mais c’est ce qu’ils ont dit.

Ilana Dayan [voix off] : En cet après-midi de sabbat, au cœur de ce champ exposé, ils réalisent maintenant que personne ne les sauvera. Ils sont abandonnés à leur sort. Mais ils parviennent à prendre soin les uns des autres, même là.

Ilana Dayan : Dans tout ce chaos, l’idée de fuir vous a-t-elle traversé l’esprit ?

Shani Goren : Cela m’a traversé l’esprit. David l’a également suggéré : «Peut-être qu’on pourrait se réfugier dans les buissons ?» Je me suis dit : Peut-être que je vais courir ? Puis je me suis dit : «Comment pourrais-je vraiment courir ? Je ne peux pas laisser les filles ici. Il n’y a aucun moyen de savoir ce qui va se passer. Doron étant blessée, qui va s’occuper d’elles ?»

Ilana Dayan : On dirait que vos facultés de décision sont toujours en éveil. Quel était le meilleur plan d’action ? Est-ce moral ? Est-elle possible ? C’est un travail de tous les instants !

Shani Goren : Oui, mais il y a à la fois des choses qui fonctionnent et d’autres non. Et puis un autre véhicule est arrivé. Chargé de matériel divers. Un tracteur d’aménagement paysager du kibboutz.

Ilana Dayan : Vous saviez qu’il appartenait au kibboutz.

Shani Goren : Oui. Neomit a dit : «Faites semblant d’être morts». Mais nous ne pouvions pas vraiment faire semblant d’être morts parce que nous étions avec des enfants. Puis il s’est arrêté et nous a fait signe de venir, mais personne n’a bougé. Il s’est approché de nous, a pris Raz et a commencé à marcher. À la seconde même, nous nous sommes tous levés. Puis il nous a fait monter dans le camion. Ils ont enlevé le matériel et nous ont fait asseoir là.

Ilana Dayan [voix off] : Le tracteur transportant huit captifs roule déjà à toute allure vers Gaza, laissant derrière lui Neomit qui parvient à rester allongée sans bouger. Blessée et saignant, elle rampera jusqu’au kibboutz.

Shani Goren : Nous avons continué à rouler, nous avons vu un char en flammes. Et plus aucune clôture. Et l’hélicoptère avait disparu. On ne l’a plus entendu ni revu.

Ilana Dayan : Et si vous rencontriez le pilote maintenant, que lui diriez-vous ?

Shani Goren : Je lui dirais : «Merci – mais pourquoi n’êtes-vous pas resté ?». Et aussi : «Pourquoi n’étiez-vous pas là, ici, pour abattre tout le monde ici ? Si un seul hélicoptère avait tiré, tout serait rentré dans l’ordre. Nous ne serions jamais arrivés à Gaza».

[La vidéo est projetée sur un ordinateur portable]

Ilana Dayan : C’est Doron, n’est-ce pas ?

Shani Goren : Oui. Oui.

Ilana Dayan : Et là c’est vous.

Shani Goren : Oui, c’est moi.

Ilana Dayan : Et qui serrez-vous dans vos bras ?

Shani Goren : Raz. J’essayais aussi de me cacher, d’être le moins visible possible à l’intérieur de la maison. À ce moment-là, j’avais peur que l’hélicoptère se remette à tirer, car cette fois-ci, mon dos était exposé. S’il avait à nouveau tiré, c’est moi qui mourais.

source : The Electronic Intifada via Spirit of Free Speech

 

Jacques Baud, ancien analyste de l’OTAN, sur «Al-Aqsa Flood» : La défaite du vainqueur

Source : RzO Interntional - Le 09/03/2024.

par Jacques Baud

La directive Hannibal est toujours utilisée, bien sûr sans grande publicité : «Les diplomates européens sont frappés par le manque d’intérêt d’Israël pour la vie des otages détenus à Gaza».

Extrait du magazine The Postil :

«Nous avons le plaisir de vous présenter cet extrait du dernier livre du colonel Jacques Baud, qui traite du génocide à Gaza actuellement mené par Israël. Ce livre s’intitule “Opération Al-Aqsa Flood : La défaite du vainqueur». Nous mettrons à jour cette page dès que ce livre sera disponible, en attendant, voici l’extrait.

— Le magazine The Postil

Un appareil doctrinal inadapté à un conflit asymétrique
La doctrine BETHLEHEM

Cette doctrine a été élaborée par Daniel Bethlehem, conseiller juridique de Benjamin Netanyahou puis du Premier ministre britannique Tony Blair. Elle postule que les États ont le droit de se défendre préventivement contre une attaque «imminente». La difficulté étant ici de déterminer le caractère «imminent»d’une attaque, ce qui implique que l’action terroriste soit proche dans le temps et qu’il y ait un faisceau de preuves pour la confirmer.

En février 2013, NBC News a publié un «livre blanc» du ministère de la Justice définissant le terme «imminent» : «La menace imminente d’une attaque violente contre un pays ou une région représente une menace pour la Sécurité nationale».

La menace imminente d’une attaque violente contre les États-Unis n’exige pas que les États-Unis aient la preuve qu’une attaque spécifique contre des personnes ou des intérêts américains aura lieu dans un avenir immédiat.

Si le principe paraît légitime, c’est l’interprétation du mot «imminent» qui pose problème. Dans les milieux du renseignement, l’«imminence» d’un attentat est définie en fonction de sa proximité dans le temps et de la probabilité qu’il se produise. Or, selon Daniel Bethlehem, ce n’est plus le cas ici :

«Il doit être juste que les États puissent agir en légitime défense dans des circonstances où il existe des preuves d’attaques imminentes par des groupes terroristes, même s’il n’y a pas de preuve spécifique du lieu où une telle attaque aura lieu ou de la nature précise de l’attaque

Ainsi, une attaque terroriste peut être considérée comme «imminente», même si les détails et le moment ne sont pas connus. Ce qui permet, par exemple, de lancer une frappe aérienne simplement sur la base de soupçons d’une attaque imminente.

En novembre 2008, alors qu’un cessez-le-feu était en vigueur, un commando israélien a tué six personnes à Gaza. L’explication donnée par l’armée israélienne illustre la doctrine BETHLEHEM :

«Il n’y avait pas d’intention de rupture du cessez-le-feu, le but de l’opération était plutôt d’éliminer une menace immédiate et dangereuse posée par l’organisation terroriste du Hamas.»

Cette doctrine est similaire à celle énoncée en 2001 par Dick Cheney, alors vice-président des États-Unis, également connue sous le nom de «doctrine Cheney» ou «doctrine du 1%» :

«S’il y a une probabilité de 1% qu’une personne soit tuée ou blessée, c’est une probabilité de 1% qu’elle soit tuée ou blessée.»

S’il existe une probabilité de 1% que des scientifiques pakistanais aident des terroristes à développer ou à fabriquer des armes de destruction massive, nous devons traiter cela comme une certitude, en termes de réponse.

C’est la version stratégique/opérationnelle du «tir rapide» du Far West. C’est symptomatique de la façon dont nous interprétons le droit et dont nous faisons la guerre : sans valeurs et sans honneur.

Le problème de la doctrine BETHLEHEM est qu’elle a systématiquement été utilisée par Israël pour justifier les violations du cessez-le-feu. C’est le cas des exécutions extrajudiciaires, qui ne sont pas considérées comme des violations du cessez-le-feu. Une étude des tirs de roquettes palestiniens montre qu’ils sont toujours effectués en réponse à une attaque israélienne, qui n’apparaît généralement pas dans nos médias. De là découle notre perception que les organisations palestiniennes – le Jihad islamique palestinien et le Hamas en particulier – attaquent volontiers Israël avec leurs roquettes, et se livrent donc à des pratiques terroristes.

Dans son rapport de février 2018, le Conseil des droits de l’homme (CDH) rapporte que lors des manifestations à la frontière de Gaza (Marches du retour), l’armée israélienne a abattu 183 civils, dont 154 qui n’étaient pas armés et 35 enfants. En février 2019, il rapporte que l’armée israélienne a «intentionnellement» tiré sur des enfants, du personnel médical (portant des badges et abattu dans le dos !), des journalistes et des personnes handicapées. Les enfants palestiniens abattus par des tireurs d’élite israéliens avec des balles à fragmentation alors qu’ils se tenaient simplement devant la frontière à Gaza en 2018, ou le jeune Palestinien menotté et aux yeux bandés abattu dans le dos en avril 2019, sont des crimes de guerre.

Les partisans d’Israël invoquent la légitime défense, mais c’est fallacieux, comme le montrent les vidéos publiées par les Nations unies. D’abord parce que les victimes se trouvaient dans une bande de sécurité de 150 m à l’intérieur de Gaza, séparée d’Israël par une clôture et un large talus, d’où tirent les snipers israéliens. Deuxièmement, parce que les personnes tuées n’étaient «armées» que de pierres et troisièmement, parce que certaines des personnes touchées (notamment des enfants) ont reçu une balle dans le dos.

Voilà pour l’armée la plus morale du monde, à qui les Nations unies ont demandé de cesser de tirer sur les enfants.

La doctrine DAHIYA

L’armée israélienne ignore délibérément les principes du droit international humanitaire et applique la «doctrine Dahiya», élaborée par le général Gadi Eisenkot, aujourd’hui chef d’état-major général. Elle préconise l’utilisation d’une «force disproportionnée» pour créer un maximum de dégâts et de destructions, et considère qu’il n’y a «pas de villages civils, ce ne sont que des bases militaires… Ce n’est pas une recommandation, c’est un plan».

C’est une doctrine qui se présente comme étant dissuasive, mais contrairement à ce qu’affirme Wikipédia, c’est une tactique qui ne peut fonctionner que dans un contexte symétrique, c’est-à-dire lorsque l’action a un effet linéaire sur l’affaiblissement de l’adversaire. Dans un contexte asymétrique, où la détermination des combattants dépend de la brutalité de l’adversaire, ces destructions ne font que stimuler la volonté de résistance et la détermination à utiliser une approche terroriste. C’est l’essence même du djihad.

En fait, l’existence même de cette doctrine montre que les Israéliens n’ont pas compris leurs adversaires et leur logique de fonctionnement. Cela explique qu’Israël soit le seul pays au monde à ne pas avoir maîtrisé la résistance en trois quarts de siècle.

En octobre 2023, la même logique sera appliquée. Le journal britannique The Telegraph a cité le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, qui a déclaré que concernant les frappes, «l’accent est mis sur les dégâts, pas sur la précision», l’objectif étant de réduire Gaza à une “ville de tentes» d’ici la fin de la campagne.

*

La directive HANNIBAL

Nos médias ne mentionnent jamais la «directive HANNIBAL», entrée en vigueur en 1986 dans l’armée israélienne, destinée à éviter que les prisonniers israéliens ne soient utilisés comme monnaie d’échange par les Palestiniens. Elle stipule que ceux qui détiennent le prisonnier doivent être détruits par tous les moyens nécessaires (y compris au prix de la vie du prisonnier et de celle des civils de la région). Appliquée lors de l’opération PROTECTIVE EDGE, elle a été à l’origine de la destruction totale d’un quartier de Rafah le 1er août 2014, événement connu en Palestine sous le nom de Black Friday.

Cette directive semble toujours utilisée, naturellement sans grande publicité. Elle explique pourquoi les Israéliens ne sont pas impressionnés par les otages pris par le Hamas :

«Les diplomates européens ont également été frappés par le manque d’intérêt du gouvernement israélien pour la vie des otages détenus à Gaza.»

Très rapidement après le début de l’opération du Hamas, Israël a annoncé la mort de 1 400 civils israéliens. Ce chiffre est devenu un leitmotiv pour refuser tout dialogue avec le Hamas et les autres groupes palestiniens. Mais ce chiffre a été revu à la baisse après que 200 corps carbonisés ont été reconnus comme étant ceux de combattants du Hamas. Puis, le 2 décembre 2023, il est à nouveau abaissé à 1 000 dans un tweet du gouvernement israélien.

Un colonel de l’armée de l’air israélienne confirmera plus tard que le 7 octobre, l’armée de l’air a ordonné un «tir libre», décrit comme un «HANNIBAL de masse».

La directive HANNIBAL est appliquée non seulement en cas de prise d’otages, mais aussi lorsque des soldats risquent d’être capturés. Par exemple, le 24 janvier 2024, près de Khan Younès, un char est endommagé par un tir de roquette et les militaires israéliens ne peuvent s’en approcher pour récupérer les trois blessés. L’état-major a donc préféré bombarder le char et ses occupants plutôt que de risquer qu’ils tombent aux mains du Hamas.

En tout état de cause, on constate que l’armée israélienne n’applique le principe de précaution ni aux Palestiniens, ni à ses propres hommes. On pourrait dire avec un certain cynisme que, au moins ici, Palestiniens et Israéliens sont traités sur un pied d’égalité.

À la mi-décembre 2023, la découverte de trois corps dans un tunnel à Gaza suscite la controverse. Il s’agit de trois hommes détenus par le Hamas, que le porte-parole de l’armée israélienne a déclaré tués par l’organisation palestinienne. Ils ne présentent aucune blessure apparente et semblent avoir été tués par empoisonnement. Ont-ils été tués par l’utilisation délibérée d’un toxique de combat ou accidentellement par des fumées toxiques provenant d’explosions (comme le monoxyde de carbone) ? Nous ne le savons pas, mais la mère de l’un d’entre eux, Ron Sherman, pense qu’il a été délibérément sacrifié par l’armée. En tout état de cause, cela illustre le non-respect du principe de précaution par l’armée israélienne.

Exécutions extrajudiciaires

Les exécutions extrajudiciaires sont un élément important de la politique israélienne de dissuasion à l’égard des mouvements palestiniens. Elles consistent à éliminer des militants en dehors de toute procédure judiciaire, en recourant à des tueurs ou à des frappes «ponctuelles» telles que des attaques aériennes. Juridiquement contestables, elles sont souvent stratégiquement inefficaces. Trois pays y ont recours régulièrement : les États-Unis, Israël et la France. Présentées comme des mesures préventives, elles sont généralement menées de manière punitive, à la manière des vendettas siciliennes, sans réelle évaluation de leurs conséquences stratégiques. En pratique, elles alimentent un processus croissant de violence et constituent une source de légitimité pour le terrorisme. En fait, elles reflètent souvent l’absence d’une véritable stratégie antiterroriste.

L’archétype de ce mode d’action est l’opération Colère de Dieu (Mivtza Za’am Ha’el), également connue sous le nom d’opération BAYONET, menée par le Mossad pour punir les auteurs de l’attentat contre l’équipe olympique israélienne à Munich en 1972 (opération BERIM & IKRIT). En l’espace d’un an, la quasi-totalité du commando palestinien a été éliminée : Wae Zwaiter (Rome, 16 octobre 1972), Mahmoud Hamchari (Paris, 9 janvier 1973), Abd El-Hir (Nicosie, 24 janvier 1973), Basil Al-Kubaissi (Paris, 6 avril 1973), Ziad Muchassi (Athènes, 12 avril 1973), Mohammed Boudia (Paris, 28 juin 1973), Kamal Nasser, Mahmoud Najjer et Kamal Adouan (Beyrouth, 9 avril 1973). Son chef, Ali Hassan Sala-meh, a été tué à Beyrouth le 22 janvier 1979, suivi de son second, Khalil al-Wazir (alias Abou Djihad), le 16 avril 1988 à Tunis. Finalement, seul un membre du groupe, Jamal al-Gasheï, semble avoir échappé à la Colère de Dieu, tandis qu’un innocent a été tué par erreur à Lillehammer (Norvège).

Ces actions sont des opérations punitives. Ce que nos pays et Israël considèrent comme faisant partie du jeu est appelé terrorisme quand d’autres le font. En l’acceptant de la part d’Israël, nous créons un environnement permissif qui pourrait bien légitimer l’élimination de certains de nos dirigeants politiques.

Depuis 1988, Israël utilise des unités spécialement entraînées pour opérer clandestinement dans les territoires occupés. Connues sous le nom de «mista’aravim» ou YAMAS, il s’agit de formations ad hoc qui opèrent clandestinement (en vêtements arabes – d’où leur nom) dans les territoires occupés pour des missions de reconnaissance, des actions de commando ou des exécutions extrajudiciaires. Les actions des Mista’aravim sont principalement menées en Cisjordanie par la Sayeret Duvdevan (Unité 217).

La plus connue d’entre elles est la tentative du Mossad d’empoisonner Khaled Mashal, leader politique du Hamas en Jordanie, en 1997. Elle s’est soldée par un échec : les deux agents israéliens munis de passeports canadiens ont été arrêtés, puis Israël a dû fournir un antidote et libérer le cheikh Ahmed Yassine en échange de la libération de ses agents. Le résultat a été la perte de crédibilité d’Israël auprès de la communauté internationale et la méfiance de la Jordanie, avec laquelle Israël a signé un traité de paix.

Les Mista’aravim sont l’équivalent des unités du Groupe Antiterroriste de Libération (GAL) utilisées en Espagne dans les années 1980, considérées comme une forme de terrorisme d’État. Ce type d’action présente toutefois l’avantage d’éliminer un individu sans raser tout un quartier ni détruire des familles entières. Mais elle nécessite des agents d’autant plus compétents et courageux que les Palestiniens ont renforcé leurs capacités de contre-espionnage et de sécurité intérieure. C’est pourquoi ce type d’opération est devenu quasiment impossible à mener à Gaza, mais reste une pratique courante en Cisjordanie. A Gaza, Israël préfère mener ses actions «à distance», en utilisant des moyens plus sophistiqués comme les drones ou les missiles guidés, qui ont un effet dévastateur sur la population civile.

Avec quelque 2 300 assassinats connus, Israël rivalise avec les États-Unis en tant que pays assassinant régulièrement des opposants et des terroristes. Lorsqu’elle est réalisée en territoire étranger, une «élimination» est une opération complexe, qui s’appuie sur un réseau d’informateurs locaux («sayanim»), le plus souvent recrutés dans la diaspora juive. Mais cela a un effet pervers : la communauté juive, auparavant bien intégrée, devient un objet de méfiance, perçue comme une «5ème colonne» [partisans cachés au sein d’un État ou d’une organisation d’un autre État ou d’une autre organisation hostile] dans de nombreux pays du Proche et du Moyen-Orient.

Mais les exécutions extrajudiciaires ne comportent pas seulement un risque politique important en cas d’échec, elles tendent à légitimer la violence illégale et le terrorisme, comme le montre le magazine Inspire de l’Arabian Peninsula Jihad Base (APJB) :

[L’assassinat des dirigeants des incroyants civils et militaires] est l’un des arts les plus importants du terrorisme et l’un des types d’opération les plus avantageux et les plus dissuasifs. Ces méthodes sont également utilisées par les ennemis d’Allah. La CIA a l’autorisation du gouvernement américain d’assassiner des présidents, si c’est dans l’intérêt national des États-Unis, et elle y a eu recours plus d’une fois. À la CIA, il y a un département spécial pour cela ! Je ne sais donc pas pourquoi on nous empêche de le faire.

 

C’est un cas d’asymétrie islamiste : le «remède» est pire que les «maux». L’assassinat de dirigeants n’a pas d’effet dissuasif. Il fait du mort un martyr et un exemple à suivre. Il ne conduit pratiquement jamais à l’arrêt de l’action, mais entretient la flamme de la résistance qui prend des formes plus variées.

Dans le cas de structures très décentralisées, l’élimination des cadres n’affaiblit pas nécessairement le groupe terroriste, mais elle oblige sa hiérarchie à se renouveler plus rapidement, et à appliquer de nouvelles méthodes et politiques d’action. C’est ce qui s’est passé avec le Hamas.

Mais le 21 août 2003, les forces israéliennes ont éliminé Ismaïl Abou Shanab. Considéré à l’époque comme un modéré du Hamas, son assassinat a suscité une large condamnation et une mobilisation sans précédent de la population palestinienne. Les attentats ont repris au fur et à mesure des éliminations effectuées par Israël.

En septembre 2023, sur la chaîne LCI, où le journaliste Darius Rochebin vante les assassinats perpétrés par les services secrets ukrainiens, le général Christophe Gomart explique que la France les pratique également. Il est l’illustration parfaite du mode de pensée occidental. Comme les Israéliens, il pense qu’il est utile d’abattre un chef «parce qu’en fait ce sont les chefs qui décident, et qu’il faut plus de temps pour former un chef que pour former un simple soldat», donc :

«On déstabilise, on désorganise, et l’idée en guerre c’est de désorganiser l’adversaire pour l’affaiblir et permettre de gagner, donc de le renverser… c’est ce qu’on a fait au Sahel contre les chefs terroristes : on a cherché à désorganiser le terroriste ou le djihadiste Non seulement cela illustre une approche tactique de la lutte contre le terrorisme, mais ce n’est pas valable pour des structures insurrectionnelles très décentralisées, composées de petits groupes quasi-autonomes. Cela explique en partie l’échec opérationnel et stratégique de l’action française au Sahel.»

Cette vision quelque peu infantile de la guerre peut fonctionner dans un conflit conventionnel, mais pas dans un contexte non conventionnel, et encore moins dans un contexte djihadiste. Elle va à l’encontre de ce que m’a dit un officier SAS britannique lors de ma formation à la lutte contre le terrorisme en Grande-Bretagne pendant la guerre en Irlande du Nord au milieu des années 1980. Les Britanniques disposaient de dossiers et d’informations extrêmement détaillés sur les différents commandants de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), allant jusqu’à connaître leurs moindres faits et gestes. Lorsque j’ai demandé pourquoi ils ne les éliminaient pas, l’officier a répondu :

«Parce que nous les connaissons. Nous connaissons leur psychologie, leurs familles, leurs réseaux, leur façon de combattre, et nous pouvons mieux anticiper leurs actions, voire les devancer. Si nous les tuons, d’autres arriveront, peut-être plus efficaces, plus agressifs, sans que nous ne sachions rien d’eux.»

Bien sûr, une telle réponse n’est possible que si l’on a bien étudié son adversaire et qu’on le connaît dans les moindres détails. Le fait est qu’aujourd’hui, nous connaissons très peu nos adversaires. Même des personnalités comme Vladimir Poutine sont si mal connues qu’on lui diagnostique des maladies qu’il n’a pas. C’est la même chose en Palestine.

L’expérience montre que les exécutions extrajudiciaires n’ont aucun effet opérationnel. Au contraire, elles incitent à l’esprit de vengeance et tendent à mobiliser l’esprit de résistance. Ce phénomène est d’autant plus fort que des civils sont tués au cours du processus. Ils inspirent le mépris plutôt que l’admiration, car ils représentent un succès qui n’a pas été obtenu lors d’un combat loyal. De plus, comme dans le cas de l’opération Al-Aqsa Flood, les militaires israéliens ne mènent pas de combat «courageux». C’est pourquoi ces exécutions deviennent un substitut à un véritable succès contre le terrorisme. Elles apparaissent donc plus comme une preuve de faiblesse et d’impuissance que comme une démonstration d’efficacité.

Selon certaines informations (non confirmées), le SHABAK aurait mis en place une unité clandestine, sous le nom de code INDIGO, dont la mission est de traquer les auteurs des crimes du 7 octobre 2023. Mais comme il est de plus en plus évident que la grande majorité de ces crimes sont le résultat d’erreurs de conduite, la question de savoir dans quelle mesure ce groupe punira les véritables auteurs des massacres reste ouverte.

*

Opération Al-Aqsa Flood
Objectifs stratégiques

Au-delà des objectifs historiques de la résistance palestinienne, qui visent à créer un État palestinien ou à retourner sur les terres qui leur ont été confisquées, les objectifs de l’opération Al-Aqsa Flood concernent essentiellement la situation à Gaza.

L’objectif stratégique central de l’opération est de mettre fin au blocus de la bande de Gaza et de rétablir des conditions de vie normales pour la population. Cela passe par la fin de la surveillance permanente par les forces israéliennes, les restrictions sur les échanges de marchandises et les mesures qui empêchent le développement économique et social. Cet objectif fait suite aux «Marches du retour», menées par la société civile, mais accueillies par des tirs de snipers.

La réalisation de cet objectif passe par des objectifs facilitateurs, dont le plus important est de ramener la question palestinienne sur la scène internationale. En novembre 2012, l’Assemblée générale des Nations unies a accordé à la Palestine le statut d’«État observateur non membre des Nations unies». Mais depuis, aucun progrès n’a été réalisé dans le traitement de la question palestinienne, et la situation s’est même dégradée avec l’arrivée au pouvoir des ultranationalistes israéliens.

Le deuxième objectif intermédiaire était d’interrompre le processus de normalisation entre Israël et certains pays arabes. Non pas à cause de la normalisation elle-même, mais parce qu’elle mettait à l’écart la question palestinienne. Les Palestiniens ont toujours souhaité que ces questions soient liées, afin de disposer d’un levier pour contraindre Israël à appliquer les décisions de l’ONU.

Le troisième objectif intermédiaire était de rallier la communauté musulmane autour de la question de l’avenir de l’Esplanade des Mosquées (ou Mont du Temple), étroitement liée à la question palestinienne. Comme l’indique Ihsan Ataya, membre du bureau politique du Jihad islamique palestinien (PID) et chef du département des relations arabes et internationales du PID, l’objectif de l’opération AL-AQSA est d’aider la communauté musulmane à s’approprier la question de l’avenir de l’Esplanade des Mosquées :

L’objectif de l’opération AL-AQSA RELIEF a été énoncé dès le départ : Empêcher que la mosquée Al-Aqsa (à Jérusalem) soit attaquée, que les rites religieux musulmans soient insultés ou diffamés, que nos femmes soient agressées, que les efforts visant à judaïser la mosquée Al-Aqsa et à normaliser son occupation par Israël soient mis en œuvre, ou que la mosquée soit divisée dans le temps et dans l’espace.

Force est de constater que, si le blocus de Gaza n’a pas été levé, ces trois objectifs stratégiques intermédiaires ont été au moins partiellement atteints. La question de savoir dans quelle mesure ils conduiront à une solution durable et juste de la question palestinienne reste ouverte, mais le Hamas a clairement souligné la responsabilité de la communauté internationale dans l’application des décisions qu’il a prises.

Objectifs opérationnels
Premier objectif : La division de Gaza

Le premier objectif était de détruire les éléments de la division de Gaza et les installations de surveillance encerclant la bande de Gaza. Le 12 octobre, Abu Obeida, porte-parole des Phalanges Al-Qassam, explique :

«L’opération AL-Aqsa Flood visait à détruire la division de Gaza, qui a été attaquée en 15 points, puis en 10 autres. Nous avons attaqué le site de Zikim et plusieurs autres colonies à l’extérieur du quartier général de la division de Gaza».

Cet objectif peut nous sembler dépassé, car il était clair dès le départ que l’opération palestinienne ne pourrait pas maintenir son élan très longtemps, et que les combats se poursuivraient nécessairement dans la bande de Gaza elle-même. Par conséquent, la destruction des infrastructures ne pouvait être que temporaire, mais hautement symbolique.

Pour comprendre cela, il faut se mettre dans la peau des Palestiniens. La victoire ne s’obtient pas en détruisant l’adversaire, mais en maintenant la détermination à résister. En d’autres termes, quoi que fassent les Israéliens, quelles que soient les destructions et les morts qu’ils causent, les Palestiniens sont déjà sortis victorieux de cette opération. Face à un adversaire plus fort numériquement et matériellement, la victoire au sens occidental du terme est impossible. En revanche, vaincre la peur et le sentiment d’impuissance est déjà une victoire. C’est l’essence même de la notion de djihad.

Par conséquent, tous les outrages faits par les Israéliens à leurs prisonniers ou à la population civile ne peuvent que renforcer le moral des Palestiniens et réduire les velléités de vengeance de l’armée. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans le monde entier : Les Israéliens sont obligés d’utiliser la censure pour dissimuler les crimes commis par leurs soldats, et l’idée de «l’armée la plus morale du monde» est aujourd’hui totalement discréditée.

 

Deuxième objectif : Faire des prisonniers

Le deuxième objectif était de s’emparer de prisonniers afin de les échanger contre ceux détenus par Israël. Très vite, des témoignages dans la presse israélienne ont montré que l’objectif des combattants du Hamas et du Jihad islamique palestinien (PID) n’était pas de perpétrer un «pogrom», mais de s’emparer de soldats pour les échanger contre des Palestiniens détenus par Israël. L’objectif était de disposer d’un levier pour reprendre les négociations interrompues par le gouvernement israélien en novembre 2021. Depuis, on sait que le Hamas mènera une telle opération. Le chef d’état-major adjoint des Phalanges Al-Qassam, Marwan Issa, avait déclaré que «le dossier des prisonniers sera la surprise des futures surprises réservées à l’ennemi».

Il est clair que l’objectif n’était pas de tuer des civils, mais plutôt d’obtenir une monnaie d’échange pour la libération de quelque 5 300 prisonniers détenus par Israël. Des témoignages rapportés par la presse israélienne suggèrent que l’idée initiale était de ne prendre que des prisonniers militaires (qui ont «plus de valeur» que les civils dans le cadre d’un échange). Ces mêmes témoignages montrent que les Palestiniens ont été surpris de trouver si peu de militaires sur place, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’une partie des garnisons avait été redéployée en Cisjordanie quelques semaines plus tôt. Le témoignage de Yasmin Porat, mentionné plus haut, montre que les combattants du Hamas sont restés avec les civils dans leurs maisons, en attendant que les forces de sécurité interviennent. Les témoignages indiquent que les combattants palestiniens ne sont partis avec les prisonniers civils qu’après l’intervention des militaires israéliens, qui ont tiré sans discernement sur les maisons avec leurs chars. Il apparaît donc que la capture de civils a été davantage le résultat d’un concours de circonstances que d’une décision prise à l’avance.

La mort de civils n’était donc pas un objectif, et le fait que les otages libérés aient déclaré avoir été traités avec respect, et même de manière amicale, tend à confirmer qu’il ne s’agissait pas d’un «pogrom» contre la population israélienne.

Les échanges de prisonniers de novembre 2023 illustrent la stratégie du Hamas, au cœur de laquelle se trouvaient des prisonniers militaires et non des civils. C’est pourquoi les Palestiniens ont d’abord libéré les femmes et les enfants, et ont gardé les militaires (surtout les hauts gradés) pour plus tard. Nous y reviendrons plus loin.

Objectifs tactiques

L’attaque du Hamas visait 25 objectifs militaires situés dans l’«enveloppe de Gaza». Les trois principaux objectifs tactiques de l’opération étaient les suivants

  • la base navale de Zikim, au nord de la bande de Gaza, attaquée par les commandos de marine du Hamas, lesquels ont résisté aux contre-attaques israéliennes pendant plusieurs jours
  • le poste de contrôle d’Erez, au nord de la bande de Gaza, qui gère une partie des installations de surveillance de la clôture. Le poste de commandement de la division de Gaza sur le site de Re’im, où se dérouleront les combats les plus violents le 7 octobre, et le centre de renseignement d’Urim, à quelque 17 km de la bande de Gaza, afin d’endommager les installations de surveillance israéliennes.
  • Un document découvert près du kibboutz Mefalsim, à 2 km de la bande de Gaza, contenant des données sur le nombre de soldats et de forces de sécurité, montre que l’opération a été minutieusement préparée et dirigée contre des installations militaires.

source : Scheerpost via Spirit of Free Speech

Meyssan : «Nous vivons peut-être la fin du fascisme juif»

Source : RzO International - Le 07/03/2024.
  1. Interview de Thierry Meyssan sur la situation à Gaza et sur le plausible cessez-le-feu imposé par les USA au gouvernement Netanyahou.
  2. source : Le Courrier des Stratèges

Les sionistes utilisent la nourriture comme appâts pour attirer et tuer des civils affamés


Par Moon of Alabama – Le 29 février 2024

Les forces d’occupation sionistes envoient de la nourriture dans le nord de la bande de Gaza pour ensuite tuer les Palestiniens affamés qui tentent de la récupérer.

L’aide alimentaire atteint le nord de Gaza pour la première fois depuis des semaines, selon des responsables israéliens – AP. Le 28 février 2024

 

Des convois d’aide alimentaire ont atteint le nord de la bande de Gaza cette semaine, ont indiqué mercredi des responsables israéliens. Il s’agit de la première livraison importante depuis un mois dans cette zone dévastée et isolée, où les Nations Unies ont mis en garde contre l’aggravation de la famine parmi des centaines de milliers de Palestiniens dans le cadre de l’offensive israélienne.

Dans toute la bande de Gaza, plus de 576 000 personnes, soit un quart de la population, sont à deux doigts de la famine, selon l’ONU.

Mais c’est surtout le nord de la bande de Gaza qui est dévasté par la faim. Le nord a été largement coupé du monde et une grande partie a été rasée depuis que les troupes terrestres israéliennes ont envahi la région à la fin du mois d’octobre.

Plusieurs centaines de milliers de Palestiniens y seraient restés, et beaucoup en sont réduits à manger du fourrage pour survivre.

Un convoi de 31 camions transportant de la nourriture est entré dans le nord de Gaza mercredi, a déclaré le bureau militaire israélien qui supervise les affaires civiles palestiniennes.

Le bureau, connu sous l’acronyme COGAT, a déclaré que près de 20 autres camions étaient entrés dans le nord lundi et mardi.

Des images d’Associated Press ont montré des personnes transportant des sacs de farine depuis le site de distribution.

On ne sait pas encore qui a effectué les livraisons.

Les Nations unies ne sont pas impliquées, a déclaré un porte-parole du bureau de coordination humanitaire des Nations unies, Eri Keneko.

Les camions ont été envoyés par les sionistes. Aucune autre organisation n’a été impliquée. Mais lorsque des personnes se sont approchées des camions pour récupérer la nourriture qu’ils avaient transportée à Gaza, les sionistes se sont déchaînés :

Massacre : Des dizaines de personnes ont été tuées par des tirs israéliens à Gaza alors qu’elles collectaient de l’aide alimentaire – Al Jazeerah, 29 Fev. 2024

Plus de 100 Palestiniens ont été tués et quelque 700 autres blessés après que les troupes israéliennes ont ouvert le feu sur des centaines de personnes qui attendaient de l’aide alimentaire au sud-ouest de la ville de Gaza, selon des responsables de la santé, alors que l’enclave assiégée est confrontée à une crise de la faim sans précédent.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré jeudi qu’au moins 104 personnes avaient été tuées et plus de 750 blessées. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné ce qu’il a qualifié de “massacre” de sang-froid.

Les gens s’étaient rassemblés dans la rue al-Rashid, où l’on pensait que des camions d’aide humanitaire transportant de la farine étaient en route. Al Jazeera a vérifié des images montrant les corps de dizaines de Palestiniens tués ou blessés, transportés dans des camions car aucune ambulance ne pouvait atteindre la zone.

Nous sommes allés chercher de la farine. L’armée israélienne nous a tiré dessus. Il y a beaucoup de martyrs sur le terrain et jusqu’à présent, nous les retirons. Il n’y a pas de premiers soins“, a déclaré un témoin.

Ismail al-Ghoul, de la chaîne Al Jazeera, a déclaré qu’après avoir ouvert le feu, les chars israéliens ont avancé et écrasé de nombreux cadavres et blessés. “Il s’agit d’un massacre, qui vient s’ajouter à la famine qui menace les habitants de Gaza“, a-t-il déclaré.

Un Palestinien a déclaré à Quds News Network que l’attaque militaire était un “crime“.

J’attends depuis hier. Vers 4h30 ce matin, les camions ont commencé à arriver. Lorsque nous nous sommes approchés des camions d’aide, les chars et les avions de guerre israéliens ont commencé à nous tirer dessus, comme s’il s’agissait d’un piège. Je dis aux États arabes : si vous voulez nous tuer, pourquoi nous envoyez-vous de l’aide ? Si cela continue, nous ne voulons plus recevoir d’aide du tout. Chaque convoi qui arrive signifie un nouveau massacre“.

Les sionistes affament délibérément les Palestiniens.

Mais c’est encore pire.

Le massacre d’aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard. Je ne crois pas qu’il était involontaire. Les livraisons de nourriture étaient sous contrôle israélien. Les troupes qui ont tué les Palestiniens qui tentaient de collecter l'”aide” l’étaient également.

Ce n’est pas la première fois qu’un convoi alimentaire ou une distribution d’aide est utilisé par les sionistes pour attirer puis tuer des Palestiniens affamés.

C’est une façon extrêmement brutale et cynique de les génocider.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

T. Meyssan : “Le Ramadan sera l’épreuve-test pour un massacre massif à Gaza”

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 21/02/2024.

Meyssan : “On ne sait pas encore depuis quand Netanyahu se préparait au 7 octobre”

Thierry Meyssan nous a évoqué dans son interview quinzomadaire les perspectives imminentes pour Gaza. Le gouvernement israélien menace d’intervenir brutalement à Rafah, au sud de la bande de Gaza. La communauté internationale dénonce ce projet. Les Etats-Unis font mine de s’y opposer. Il est très probable que cette intervention, si elle doit avoir lieu, commence en même temps que le Ramadan : le 10 mars. Les conséquences humaines en seront terribles.

Selon Thierry Meyssan :

  • les suprémacistes juifs font pression pour mener les opérations militaires les plus brutales à Gaza, notamment pour favoriser l’exode massif de la population et ainsi réaliser un véritable nettoyage ethnique
  • ce projet peut être accéléré par la perspective d’un retour de Trump au pouvoir, qui a demandé le départ de Netanyahu
  • pour Joe Biden, une opération meutrière à Rafah serait gênante dans la course à sa réélection
  • l’administration Biden multiplie donc les appels à la modération
  • dans le même temps, le Deep State équipe Israël de bombes susceptibles de frapper Rafah
  • le lancement de l’opération est prévu pour le début du Ramadan, le 10 mars
  • en l’état, personne ne sait qui décide dans ce conflit : L’administration américaine ? Les suprémacistes juifs ?

Réponse le 10 mars.

Avec l’opération «parfaite» de sauvetage d’otages, la déshumanisation par Israël des Palestiniens de Gaza a atteint un nouveau sommet

Source : RzO International - Le 16/02/2024.

par Gideon Levy

Comme au bon vieux temps, Israël vénère à nouveau son armée. Le raid qui a permis de libérer Luis Norberto Har et Fernando Marman a déclenché un crescendo de joie doublé d’une résurgence de la fierté nationale. Les clips vidéo «autorisés à la publication» nous ramènent à l’époque où l’armée ressemblait à une production hollywoodienne et où tout le monde rivalisait d’éloges à l’égard de l’unité antiterroriste de Yaman et du service de sécurité du Shin Bet. C’était une opération parfaite, disaient tous les experts du renseignement, avec zéro victime.

Fernando Simon Marman, 60 ans, et Norberto Luis Har, 70 ans, après leur libération

Il s’agit en effet d’une opération impressionnante et d’un motif de joie, mais elle n’était pas parfaite et il n’y a certainement pas eu «zéro victime». Le fait qu’au moins 74 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, aient été tués au cours de l’opération a été à peine mentionné en Israël. Peut-être ces morts étaient-elles inévitables. Peut-être que même si le nombre de morts palestiniens avait été sept fois plus élevé, cela n’aurait pas atténué la célébration. Deux Argentino-israéliens très sympathiques ont été libérés et tout le reste n’a pas d’importance.

Les images que j’ai vues des hôpitaux de Rafah le jour du sauvetage sont parmi les plus horribles que j’ai vues dans cette guerre. Des enfants déchiquetés, convulsant, regardant leur mort avec impuissance. L’horreur. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans le dilemme moral de savoir si la libération de deux otages justifie la mort de 74 personnes – cette question est superflue dans une guerre aussi cruelle – pour souligner le mépris total d’Israël pour les morts collatérales. Le jour de l’opération, Israël a tué 133 personnes à Gaza, dont la plupart, comme c’est la norme dans cette guerre, étaient des civils innocents, parmi lesquels de nombreux enfants.

Nous étions tous heureux qu’ils soient libérés, et l’opération en elle-même était morale et pleinement justifiée. Mais le mépris pour la mort de dizaines de personnes, comme si elles n’étaient pas humaines, est un scandale. Libérez de plus en plus d’otages, le plus possible. Émerveillez-vous, réjouissez-vous et soyez fiers – mais mentionnez au moins le terrible prix payé par les habitants de Gaza pour cette opération juste. Les enfants déchiquetés n’ont joué aucun rôle dans la prise des otages. Ils sont destinés à payer le prix cruel de l’action du Hamas. En même temps que notre joie, on ne peut s’empêcher de penser à eux et à leur sort. Une opération ne peut être parfaite si c’est son prix.

Le mépris pour 74 personnes tuées dans le cadre d’une opération juste et équitable ne devrait surprendre personne. La déshumanisation des habitants de Gaza dans cette guerre a atteint un niveau que nous n’avions jamais connu auparavant, même après des décennies de déshumanisation des Palestiniens sous l’occupation.

L’absence scandaleuse de couverture des souffrances de Gaza par la plupart des médias israéliens restera à jamais dans les mémoires, du moins je l’espère. En conséquence, la plupart des Israéliens considèrent les Palestiniens comme des non-humains, voire des non-animaux. En Israël, les plus de 28 000 morts de Gaza sont considérés comme un simple chiffre, rien de plus. Le déracinement et le déplacement de millions de personnes déplacées d’un endroit à l’autre comme s’il s’agissait d’un troupeau de moutons et l’incroyable présentation effrontée de cette situation comme une «mesure humanitaire» ont déshumanisé encore davantage les habitants de Gaza. Si l’on croit qu’il s’agit d’êtres humains, on ne peut certainement pas les traiter de la sorte. On ne peut pas maltraiter les gens aussi longtemps si on croit qu’ils sont des êtres humains.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou n’est pas l’homme politique le plus tempétueux de son gouvernement – même la Cour internationale de justice de La Haye n’a pas réussi à trouver une seule déclaration génocidaire de sa part (contrairement à ce qui s’est passé avec le président Herzog). Cependant, il a exprimé cette déshumanisation d’une manière particulièrement pittoresque lorsqu’il a comparé la guerre d’Israël contre le Hamas à une coupe de verre que nous avions déjà brisée ; maintenant, a-t-il dit, les fragments restent et nous les piétinons jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Netanyahou parlait du Hamas, mais après tout, tout le monde sait que Gaza, c’est le Hamas. Nous avons brisé le verre de Gaza, maintenant nous marchons sur ses fragments jusqu’à ce qu’ils se transforment en grains de sable, en air, en rien – en poussière humaine, en poussière sous-humaine.

source :  Haaretz

Traduit par Fausto Giudice

via Tlaxcala

LIRE AUSSI : L’histoire du «sauvetage des deux captifs israéliens» dans Gaza, c’est totalement bidon

Un rapport israélien établit que Tsahal serait écrasée militairement par le Hezbollah

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 13/02/2024

Un rapport israélien établit que Tsahal serait écrasée militairement par le Hezbollah

Un rapport rédigé par des experts israéliens de la défense et de la lutte contre le terrorisme juge que Tsahal aurait le dessous dans une guerre de haute intensité avec le Hezbollah au Liban. Cela fait deux mois au moins que Tel-Aviv menace de déclencher une guerre de grande envergure contre le Liban pour mettre fin aux attaques régulières du Hezbollah contre la Galilée. En réalité, l’armée israélienne se garde bien de franchir un certain seuil de violence, tant elle craint des représailles terribles pour le pays. Le rapport, commencé avant le 7 octobre 2023, vient d’être achevé alors qu’une guerre de basse intensité a déjà lieu entre Israël et le Hezbollah.

Plus de 100 experts et officiers israéliens ont rédigé un rapport de 130 pages intitulé “La guerre la plus meurtrière de toutes”, qui conclut à l’incapacité des Israéliens à mener une guerre sur plusieurs fronts. Le rapport, réalisé sous la direction du professeur Boaz Ganor, aujourd’hui président de l’université Reichman, a été présenté à de nombreux responsables gouvernementaux et militaires.

Le “sommet mondial sur le contre-terrorisme”, rendez-vous annuel essentiel

Il a été coordonné par le centre d’étude de la lutte contre le terrorisme de l’Université Reichman (située à Herzliya au nord de Tel-Aviv), où se tient chaque année une conférence internationale sur la “menace terroriste”, sorte d’académie israélienne du néo-conservatisme.

J’insiste, comme je le fais souvent, sur la nécessité, pour comprendre la “gouvernance mondiale” des Occidentaux, sur la multiplicité des clubs et des réseaux. On est beaucoup trop focalisé sur “Davos” ou “Bilderberg”, alors qu’il existe des dizaines de “clubs” où se retrouvent les puissants du monde occidental et où ils invitent (de moins en moins) les représentants du reste du monde.

Le “sommet mondial contre le terrorisme” est un de ces endroits peu connus, où se rencontre l’élite des “experts occidentaux du terrorisme” – prenons l’expression au sens littéral.

Les capacités destructrices du Hezbollah terrifient les experts israéliens

Les experts estiment que le Hezbollah peut lancer 2 500 à 3 000 missiles par jour, une combinaison de missiles de précision à longue portée et de roquettes non guidées. Ils estiment que le Hezbollah lancerait de grands barrages contre des cibles spécifiques – des bases vitales de l’armée israélienne ou des grandes villes – avec des centaines de roquettes simultanément envoyées. Il y aurait des milliers de victimes et une panique généralisée.

Les rédacteurs du rapport pensent que le Hezbollah a la capacité de saper complètement le système de défense aérienne de Tsahal avec des missiles de précision, des missiles de croisière et des drones, en endommageant et en détruisant les batteries du “Dôme de fer”. Les réserves de missiles d’interception “Dôme de fer” et “Fronde de David” seraient probablement épuisées quelques jours après le début d’une éventuelle guerre élargie, laissant Israël exposé à des milliers de missiles sans aucune défense.

En plus de saper le système de défense aérienne, le Hezbollah a également le pouvoir de perturber les capacités de l’armée de l’air israélienne, en empêchant leurs bases de fonctionner avec des missiles lourds et précis dirigés vers les pistes d’atterrissage, les hangars d’avions de guerre et les infrastructures critiques afin de limiter toute riposte de Tsahal

Comme l’a indiqué Sayyed Hassan Nasrallah lors d’une interview en 2019, les cibles pourraient également inclure des centrales électriques, des infrastructures électriques, ainsi que le dessalement et le transport de l’eau, et les ports de Haïfa et d’Ashdod.

Palestinian Resistance News Network

Cyberguerre

Le rapport israélien met également en garde contre les capacités du Hezbollah en matière de drones, avec la possibilité d’essaims de dizaines de drones suicides visant des cibles stratégiques en Israël, telles que des usines d’armement et des stocks d’armes d’urgence.

Une attaque du Hezbollah pourrait s’accompagner de cyberattaques généralisées contre des infrastructures essentielles, telles que les transports, les communications et les sites web des gouvernements et des autorités locales, ce qui affecterait considérablement l’économie israélienne, déjà en proie à de grosses difficultés.

Pourquoi la guerre contre le Liban n’a toujours pas été déclenchée

Le rapport note que l’hypothèse du public israélien selon laquelle la “défense aérienne” ou les attaques contre le Liban mettraient fin à l’attaque ou entraveraient le Hezbollah serait immédiatement démentie, ce qui mettrait en évidence les importantes vulnérabilités de l’armée et de la société.

Enfin, le rapport note que le Hezbollah ne sera pas seul, car des groupes de toute la région pourraient s’impliquer, de Saraya Al-Quds et du Hamas à Ansarallah et à la Résistance islamique en Irak. Avec le début potentiel d’une intifada généralisée en Cisjordanie et à l’intérieur des terres occupées, il est clair que l’ouverture d’une guerre sur le front nord serait le prélude à une defaite stratégique majeure.

En réalité le rapport, qui a été rédigé, pour la plus grande partie, avant le 7 octobre, anticipait sur la plupart des tendances que la guerre a révélées. Par conséquent les décideurs israéliens sont, derrière les rodomontades de Netanyahu sur une guerre au Liban, peu enclins à la déclencher.

À Jérusalem, la «Conférence pour la Victoire d’Israël» menace Londres et Washington

Source : RzO international - Le 14/02/2024

par Thierry Meyssan

La «Conférence pour la victoire d’Israël – les colonies apportent la sécurité : retourner dans la bande de Gaza et le nord de la Samarie» n’était pas une simple réunion de suprémacistes juifs. Un rabbin, condamné en Israël à la prison à perpétuité pour ses crimes, s’y est exprimé au nom des successeurs du groupe Stern qui assassina les dirigeants britanniques de la Palestine mandataire. C’était une déclaration de guerre contre les Anglo-Saxons. En participant à cet événement, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, menaçait Washington et Londres. Le président Joe Biden a immédiatement interdit toute collecte de fonds et transfert d’argent vers ces extrémistes. C’est la première fois que les États-Unis prennent des sanctions contre des Israéliens.

La conférence pour la victoire d’Israêl

Il y a deux semaines, un événement festif avec des stars de la chanson a été organisé au Centre international des congrès de Jérusalem. Il était intitulé «Conférence pour la victoire d’Israël – les colonies apportent la sécurité : retourner dans la bande de Gaza et le nord de la Samarie». 12 ministres en exercice, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou, y ont participé.

Toutefois, aucune personnalité politique, pas même le ministre de la Sécurité, Itamar Ben Gvir, n’a eu droit aux ovations frénétiques qui ont salué le rabbin Uzi Sharbaf ; un personnage désormais central dans le débat israélien quoi qu’inconnu à l’étranger. Par sa présence, il a ravivé chez les participants l’espoir de racheter ce qu’ils considèrent comme le «péché» du retrait des colonies juives de Gaza, en 2005.

Dans les heures qui ont suivies, Yaakov Margi (Shas), ministre de la Protection sociale et des Affaires sociales, a déclaré que ses collègues auraient dû «réfléchir» avant de se rendre à ce cirque.

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déploré que Benjamin Netanyahou, «qui était autrefois au centre du camp national soit entraîné sans but par les extrémistes», ait «touché le fond».

Le général Benny Gantz, a déclaré que cette conférence était «une injure à la société israélienne en temps de guerre. Cela nuit à notre légitimité dans le monde et aux efforts visant à créer un cadre pour le retour de nos otages». À propos de la participation du Premier ministre, il a poursuivi : «Celui qui danse et divise, ne décide pas, et celui qui est silencieux et se laisse entraîner, n’est pas un dirigeant».

Sur une banderole, on peut lire : «Seul un transfert [des Palestiniens hors de Gaza] peut
apporter la paix». Tandis qu’une carte figure les prochaines villes israéliennes à Gaza.

Le lendemain, le président Joe Biden, comme effrayé par le retour d’un vieux démon, a signé un décret interdisant à quelques colons extrémistes de venir aux États-Unis, et surtout interdisant toute collecte de fonds et tout transfert d’argent au profit des hommes du rabbin Uzi Sharbaf. Ces sanctions s’appliquent non seulement aux États-Unis, mais aussi dans toutes les banques étrangères ayant des intérêts aux États-Unis, c’est-à-dire, en définitive, dans tout l’Occident politique.1

En outre, l’Administration Biden, qui jusqu’ici soutenait discrètement le massacre à Gaza en fournissant des obus et autres munitions, s’est soudain mise à chercher une sortie de crise. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, est parti dans une nouvelle tournée des capitales de la région, cette fois avec des propositions.

Pourquoi donc, la sortie du rabbin Uzi Sharbaf sur le devant de la scène a-t-elle provoqué de telles réactions ? Pour le comprendre, un retour en arrière, depuis 1922, est nécessaire. Au sein du mouvement sioniste révisionniste, il existe en effet un groupe encore plus fanatique qui n’hésite pas à attaquer les Anglo-Saxons.

Le «gang Stern»

Les «sionistes révisionnistes» sont les disciples de Vladimir Ze’ev Jabotinsky, un fasciste ukrainien qui fit alliance en 1922 avec les «nationalistes intégraux» ukrainiens de Symon Petlioura et de Dmitro Dontsov contre les Soviétiques. Durant cette alliance, les «nationalistes intégraux» massacrèrent non seulement des anarchistes ukrainiens et des communistes ukrainiens, mais aussi des dizaines de milliers de juifs ukrainiens. Refusant de s’expliquer, Jabotinsky démissionna de ses fonctions d’administrateur de l’Organisation sioniste mondiale et créa l’Alliance des sionistes révisionnistes. Il fonda une formation fasciste paramilitaire en Italie, avec l’aide du duce Benito Mussolini, le Betar.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les «sionistes révisionnistes» poursuivirent leur rêve fasciste, désormais sans l’aide de leurs homologues italiens. Ils se désolidarisèrent de la milice communautaire juive en Palestine, la Hagana, et créèrent leur propre milice, l’Irgun.2

Dans une lettre au New York Times, Albert Einstein, Hannah Arendt et d’autres personnalités juives comparèrent l’Irgun aux formations fascistes et nazies.3

L’Irgun lui-même a donné naissance au Lehi (dit «Groupe Stern» ou selon la police britannique «Gang Stern»4). Ce groupe était directement lié au gouvernement fasciste polonais (Avraham Stern participa à la première version du «plan Madagascar»). Stern fut arrêté par les Britanniques avec les dirigeants de son groupe au début de la Seconde Guerre mondiale, mais relâché lorsque le gouvernement polonais se reconstitua en exil à Londres. Le Lehi reprit contact avec les fascistes italiens, puis proposa aux nazis de les aider à expulser les juifs d’Europe vers la Palestine. Après des hésitations, ceux-ci refusèrent. Le Lehi multiplia les attentats contre les Britanniques et les juifs de gauche durant les deux premières années de la guerre. Avraham Stern fut arrêté abattu par un officier du CID britannique, en févier 1942. Le Lehi fut alors réorganisé par Yitzhak Shamir qui assassina ses rivaux.

En 1944, le Lehi reprit ses attentats contre les Britanniques. Il manqua de peu d’éliminer le haut-commissaire en Palestine, Harold MacMichael, mais parvint à assassiner le ministre des Colonies, Lord Moyne.

Les autorités politiques et militaires britanniques furent assassinées par le Gang Stern lors de l’attentat contre l’hôtel King David qui hébergeait leur quartier général.

Les autorités politiques et militaires britanniques furent assassinées par le Gang Stern lors de l’attentat contre l’hôtel King David qui hébergeait leur quartier général.

David Ben Gourion, qui restait fidèle aux Britanniques, lança une campagne de la Haganah pour stopper les actions de l’Irgun et du Lehi. Beaucoup de leurs membres furent arrêtés. Cependant, en 1945, Ben Gourion organisa secrètement une réconciliation avec les sionistes révisionnistes, le «Mouvement de la Révolte Hébraïque». Cette brève alliance ne tint pas. Le Lehi organisa l’attentat contre le secrétariat du gouvernement britannique de Palestine mandataire et contre son commandement militaire, tous deux situés à l’hôtel King David. Il fit 91 morts et 46 blessés. Le Lehi ne cessa pas ses activités terroristes avec l’arrestation d’Yitzhak Shamir. Il les étendit au contraire à Londres jusqu’à ce que les Britanniques se retirent de Palestine. Après quoi, il cibla les Arabes, ainsi perpétra-t-il le massacrer de Deir Yassin.

L’Irgun et le Lehi furent en définitive incorporés aux Forces de défense israéliennes lors de la proclamation unilatérale de l’État. Cependant, les Nations unies envoyèrent le comte suédois Folke Bernadotte pour déterminer les frontières des deux États, juif et arabe. Yitzhak Shamir organisa alors son assassinat5. Yehoshua Cohen l’exécuta. Au passage le colonel français des Casques bleus, André Sérot, fut assassiné, c’est Pierre Gaïsset (grand-père de l’auteur de cet article) qui le remplaça. Les «sionistes révisionnistes» changèrent alors d’étiquette et formèrent un nouveau parti, le Hérout, dont Menahem Begin prit la présidence.

En 1952, Yehoshua Cohen créa le kibboutz de Sde Boker. Lorsque l’année suivante, le premier ministre David ben Gourion rejoignit ce kibboutz, Yehoshua Cohen en devint le garde du corps.

Le rabbin Uzi Sharbaf, vedette de la Conférence pour la victoire d’Israël

Le «souterrain juif»

Il n’y a pas de trace du groupe Stern par la suite. Cependant, après la «guerre des six jours», le Bloc des fidèles (Gush Emunim) développa l’idée que Yahvé avait donné toute la Palestine aux juifs. Ils avaient non seulement le droit de l’occuper, mais le devoir de le faire pour que la suite des prophéties s’accomplisse. Ce mouvement se développa autour du rabbin Zvi Yehouda Kook. Il enseignait que les premiers Israéliens laïques avaient, certes, débuté le travail, mais que seuls les religieux en connaissaient la direction et pouvaient le finaliser.

C’est dans ce contexte que Yehuda Etzion, fils d’un membre du gang, recréa le groupe Stern. Il utilisa d’ailleurs le même logo : Un poing, deux doigts levés. Son nouveau nom : Le «Souterrain juif». Après les accords de Camp David, signés en 1978 par l’ex-Frère musulman Anouar el-Sadate et le sioniste révisionniste Menahem Begin, il s’organisa formellement. Il s’opposa à la rétrocession par Israël du Sinaï à l’Égypte. Il constitua deux cellules. La première, dirigée par Yehuda Etzion lui-même, pour détruire le Dôme du rocher au centre de la mosquée Al-Aqsa, afin de reconstruire le Temple de Jérusalem. La seconde pour semer la terreur parmi les arabes anti-colonialistes.

Le rabbin Uzi Sharbaf était le chef du «Souterrain juif». Il a été condamné par la Justice israélienne à la prison à perpétuité, en 1984, pour son implication dans une série d’attentats meurtriers contre des Palestiniens. Il fut discrètement libéré, en 1991, par deux sionistes révisionnistes, le président Chaim Herzog et le Premier ministre Yitzhak Shamir.

Sa présence et l’accueil tonitruant que lui ont réservé des milliers de militants laisse craindre le retour du terrorisme sioniste contre les Anglo-Saxons. La réaction de Washington montre, qu’à ses yeux, ce qu’il tolère lorsque les Arabes en sont victimes, doit être condamné lorsqu’il est menacé.

Thierry Meyssan

source : Réseau Voltaire

  1. Executive Order on Imposing Certain Sanctions on Persons Undermining Peace, Security, and Stability in the West Bank, White House, February 1, 2024.
  2. «Irgun : Revisionist Zionism, 1931-1948», Gerry van Tonder, Pen & Sword Military (2019).
  3. «New Palestine Party. Visit of Menachen Begin and Aims of Political Movement Discussed», The New York Times, Décembre 4, 1948.
  4. «The Stern Gang. Ideology, Politics and Terror, 1940-1949», Joseph Heller, Routledge (1995).
  5. «Bernadotte in Palestine, 1948 : A Study in Contemporary Humanitarian Knight», Amitzur Ilan, Macmillan (1989).

Netanyahu est contraint d’envisager un cessez-le-feu à Gaza

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 07/02/2024.

Pourquoi les Etats-Unis ont imposé à Netanyahu un cessez-le feu et un échange de prisonniers

Mis sous pression par la tournée d’Anthony Blinken au Proche-Orient, Netanyahu essaie de gagner du temps. Il espère encore faire échouer la phase de négociation en cours où l’Egypte et le Qatar servent de médiateurs. Pourtant, hier, le Hamas a répondu favorablement, au nom de l’ensemble de la Résistance Palestinienne, à une partie des propositions discutées depuis plusieurs semaines. Et Joe Biden a besoin d’un succès diplomatique de son Secrétaire d’Etat. La marge de manœuvre du Premier ministre israélien rétrécit. cela sera-t-il suffisant pour obtenir un cessez-le-feu dès cette semaine?

On connaît, dans les grandes lignes, la réponse que le Hamas a formulée, au nom de l’ensemble de la Résistance Palestinienne au plan de cessez-le-feu qui a émergé des dernières négociations qui se sont déroulées à Paris sous médiation égyptienne et qatarie.

[L]e Hamas, a accepté l’accord-cadre pour un cessez-le-feu complet et durable en trois étapes, chaque étape couvrant 45 jours et permettant d’atteindre l’accord pour l’échange des prisonniers et des corps des victimes, la fin du blocus et la reconstruction de la bande de Gaza. (…)

La 1ère étape de l’accord devra permettre l’arrivée de 500 camions d’aide et de carburant par jour sur toute la bande de Gaza, ainsi que l’acheminement de 60 000 maisons préfabriquées et 200 000 tentes pour héberger les réfugiés.

D’après le Hamas, les réfugiés devront pouvoir regagner leurs maisons en 1ère étape et leur libre circulation entre le nord et le sud de la bande de Gaza doit être assurée. De même, les agressions contre la Mosquée Al-Aqsa doivent s’arrêter et la situation dominant la mosquée doit retrouver son état d’avant 2002.

Un plan de reconstruction de la bande de Gaza, ses installations économiques et ses infrastructures générales, doit être rédigé, de sorte que le délai prévu pour sa mise en œuvre ne dépasse pas les trois ans.

Le Hamas exige que les négociations sur la trêve prennent fin avant de début de la 2ème étape, et qu’elles garantissent le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza et le démarrage des travaux de reconstruction. (…)

Frenchpresstv.ir, 7.2.2024

Le média The Cradle donne d’autres précisions intéressantes:

La proposition demande à l’Égypte, au Qatar, à la Turquie, à la Russie et à l’ONU de se porter garants de l’accord.

Divisé en trois phases de 45 jours, l’accord d’échange de prisonniers prévoit d’abord la libération de toutes les femmes israéliennes captives, des hommes de moins de 19 ans, des personnes âgées et des malades. Les autres prisonniers de sexe masculin seraient libérés au cours de la deuxième phase, et les dépouilles des personnes tuées au combat seraient échangées au cours de la troisième phase.

Le groupe de résistance souhaite également la libération de 1 500 prisonniers, dont un tiers serait choisi sur une liste de Palestiniens condamnés à perpétuité par Israël.

Au cours de la première phase, le Hamas demande une augmentation des livraisons d’aide humanitaire pour répondre aux besoins des habitants de Gaza, la reconstruction des hôpitaux, des maisons et des installations, un repositionnement des forces israéliennes “loin” des zones peuplées de Gaza pour permettre le transfert des prisonniers en toute sécurité, et l’arrêt des opérations de reconnaissance aérienne par Tel-Aviv.

Avant que la deuxième étape ne puisse commencer, le Hamas affirme que les discussions indirectes doivent se poursuivre dans le but de revenir “à un état de calme complet”. Au cours de ces 45 jours, les troupes israéliennes devraient se retirer “loin des frontières de toutes les zones de la bande de Gaza”, tandis que la reconstruction des maisons et des infrastructures vitales devrait s’étendre.

“La troisième étape vise à poursuivre les procédures humanitaires de la première et de la deuxième étape, conformément à ce qui aura été convenu lors de la première et de la deuxième étape”, peut-on lire dans la déclaration du Hamas.

Parmi les autres demandes formulées dans l’addendum à la proposition figurent des garanties de la part d’Israël, qui doit s’abstenir de réarrêter les prisonniers palestiniens et arabes libérés pour les motifs initiaux de leur détention, améliorer les conditions de vie dans les prisons israéliennes, assurer la liberté de circulation de tous les citoyens de Gaza et la réouverture de tous les points de passage vers la bande, autoriser la livraison de dizaines de milliers de maisons et de tentes temporaires et permettre la reprise de tous les services humanitaires à Gaza, en particulier par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

The Cradle, 7 février 2023

Netanyahu va essayer de contourner l’obstacle

Le Premier ministre israélien Netanyahu essaie de gagner du temps. D’un côté, il va être obligé de prendre position. Mais il veut éviter d’accroître les divisions au sein de son gouvernement. Il essaiera d’obtenir un premier échange de prisonniers et d’éluder les phases deux et trois, qui doivent aboutir à un retrait complet de Gaza des troupes israéliennes.

Il est important de comprendre que le gouvernement Netanyahu ne s’intéresse pas du tout, depuis le début, à la récupération des otages israéliens. Ceux qui ont été libérés lors du premier cessez-le-feu ont témoigné, en général, qu’ils avaient été traités sans brutalité lorsqu’ils étaient captifs et, surtout, qu’ils avaient peur de finir victimes d’une bombe israélienne.

On estime à ce jour qu’une trentaine d’otages israéliens sont décédés dans les bombardements de Tsahal. Et le Premier ministre n’entend pas céder aux pressions des familles des otages.

Surtout, un cessez-le-feu durable à Gaza signifiera entrer dans un processus de négociation globale, qui doit déboucher sur un Etat palestinien.

Qu’obtiendra Blinken?

Le Secrétaire d’Etat américain Blinken est en tournée au Proche-Orient. Il doit rapporter une victoire diplomatique au président Biden mal en point dans les sondages. Mais sortira-t-il du double jeu américain qui conduit à prôner la négociation et, en réalité, laisser faire à sa guise un gouvernement Netanyahu à qui on fournit les bombes qui prolongent la guerre de Gaza ?

Les Palestiniens n’accepteront pas un jeu de dupes, qui consisterait à s’engager sur la première phase de 45 jours mais pas sur les deux suivantes. C’est pourquoi nous pronostiquons un échec de Blinken.

Il s’agit bien entendu d’une situation dramatique au moment où, quotidiennement, des colons israéliens bloquent l’entrée de convois de vivres et de médicaments dans la bande de Gaza; et où l’armée israélienne bombarde le sud surpeuplé de réfugiés (Rafah).

 

Une étude de l’opinion publique israélienne

 

Source : RzOVoltaire - le 30/01/2024. 

 

L’Université de Tel-Aviv a réalisé une importante étude sur l’opinion publique israélienne durant la période du 8 et au 15 janvier 2024. Ses résultats sont surprenants.

Nous ne comprenons pas, hors d’Israël, la manière dont la population israélienne a vécu l’attaque du 7 octobre et l’évolution de sa pensée depuis. Les Israéliens juifs étaient persuadés que leur pays était un sanctuaire inviolable qui leur procurait une sécurité absolue. Par son existence, l’État d’Israël les protégeait d’une nouvelle « shoah ». Pour eux, en démentant cette conviction, le 7 octobre a déclenché une panique inextinguible.

Ils se sont tournés vers leur gouvernement pour retrouver cette sécurité, mais celui-ci n’a pas voulu les rassembler derrière un gouvernement d’union nationale. Après de longues hésitations, il a constitué un cabinet de guerre qui s’est avéré n’être qu’un lieu de discorde. À chaque réunion, les ministres s’insultent et les portes claquent. Il manifeste son impuissance. Le mythe de l’idéal sioniste ne fonctionne plus. La panique que la population israélienne ressentait s’est alors muée en rage ; une rage qui appelle du sang et encore du sang.

Les premiers jours de la guerre, les Israéliens dénonçaient la spirale de la violence et appelaient à la retenue. La coalition de Benjamin Netanyahu hésitait à envoyer ses soldats combattre au sol à Gaza,

Ils sont aujourd’hui 88 % des Israéliens juifs à dire que les 25 000 victimes civiles palestiniennes sont justifiées. Seule la moitié des Israéliens arabes se comportent de manière humaine et pleurent les morts des deux côtés.

Dans leur aveuglement, les Israéliens juifs se divisent selon leurs convictions préalables. Ceux qui pensent appartenir à un peuple supérieur et qui soutenaient la coalition de Benajmin Netanyahu veulent avant tout exterminer le Hamas, tandis que ceux qui souhaitaient vivre en paix à côté de leurs voisins et s’opposaient donc à la coalition entendent libérer les otages.

Lorsqu’ils envisagent l’après-guerre, les partisans de la coalition pensent à 61 % qu’il n’y aura pas de vraie paix à Gaza. C’est pourquoi, ils exigent à 90 % le contrôle sécuritaire de Gaza par Israël. Cependant, l’opposition préfère un contrôle international, et non pas israélien, sur Gaza. Si la moitié des Israéliens arabes pensent une paix possible, ils ne sont que 9 % des Israéliens juifs à l’attendre. En définitive, si les trois-quarts des Israéliens dans leur ensemble sont opposés au status quo, ils ne sont que 37 % des Israéliens arabes à considérer la création d’un État binational où tous seraient égaux, tel que voulu par les Nations unies depuis 1948, comme souhaitable, et seulement 6 % des Israéliens juifs à le penser aussi.

Concernant l’installation de colonies israéliennes dans le Territoire palestinien de Gaza, 79 % des soutiens de la coalition l’approuvent, tandis que 74 % de l’opposition la rejette.

On remarque donc que seuls un tiers de la population israélienne respecte le Droit international.

Source : cet article est extrait de Voltaire, actualité internationale, n°72.

 

 

C’est le courant dominant d’Israël qui nous a amenés à La Haye, pas ses marginaux branquignols

Source : RzO International - Le 30/01/2024.

par Gideon Levy

Isaac Herzog, Yoav Gallant, Israel Katz : Le président, le ministre de la Défense et le ministre des Affaires étrangères d’Israël. La présidente de la Cour internationale de Justice de La Haye, Joan Donoghue, a choisi de les citer tous les trois comme suspects d’incitation au génocide en Israël.

Le président israélien Isaac Herzog signe un obus près de la
frontière de la bande de Gaza. Photo : Haim Tzach / GPO

La juge n’a pas cité les franges de l’extrême droite, ni Itamar Ben-Gvir, ni Eyal Golan, ni les généraux à la retraite Giora Eiland (laissons les épidémies se propager à Gaza), ni Yair Golan, l’homme de paix et le diagnosticien des processus (laissons Gaza mourir de faim).

La troisième des mesures provisoires émises par la cour vendredi, signée par l’ancien président de la Cour suprême israélienne Aharon Barak, juge ad hoc d’Israël dans cette affaire, ordonne à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique au génocide des Palestiniens de la bande de Gaza.

Il semblerait qu’Israël doive maintenant enquêter, et éventuellement punir, son président et ses deux ministres les plus importants, et ils auraient dû être convoqués par la police dès dimanche matin. Israël ne le fera pas, bien sûr, mais il est impossible d’ignorer les soupçons soulevés par la cour concernant le cœur même d’Israël.

L’arrêt de la CIJ est un chef-d’œuvre de prudence et de modération. Il n’y a qu’en Israël, qui se trompe lui-même et nie jusqu’à l’égarement, que l’on peut «pousser un soupir de soulagement» et même «se réjouir» dans la foulée. Un État qui fait l’objet d’un procès pour génocide devant le tribunal des Nations unies devrait avoir honte et pas se réjouir.

Un État dont le président et les principaux ministres sont soupçonnés d’incitation au génocide devrait faire amende honorable, et non s’émerveiller de sa propre réussite imaginaire. Chaque Israélien aurait dû se tortiller sur son siège vendredi du simple fait du procès, et ressentir un profond sentiment de honte et d’humiliation en entendant les explications de la décision.

Un char israélien prend position à l’entrée ouest du camp de réfugiés de Khan Younès 
alors que les Palestiniens fuient avec quelques effets personnels vers des zones
plus sûres plus au sud dans la bande de Gaza, jeudi. Photo : AFP

Il y a peut-être des Israéliens qui ont entendu pour la première fois ce que leur pays a fait et continue de faire à Gaza dans cette guerre. Cette fois, même ses médias propagandistes – qui les avaient protégés jusqu’à présent avec un dévouement infini, sans rien leur montrer – n’ont pas pu se précipiter à leur secours.

Il est un peu plus difficile d’accuser ce tribunal d’antisémitisme maintenant, vu qu’il n’a pas ordonné à Israël d’arrêter la guerre. Cela n’a pas dérangé la correspondante diplomatique de Channel 13 News.

Moriah Asraf Wolberg, portant un collier avec un pendentif en forme d’Israël incluant la Cisjordanie, n’a pas cédé aux antisémites de La Haye : elle a continué à réciter le mantra selon lequel le tribunal est hypocrite, le monde est hypocrite et Israël mène la guerre la plus juste et la plus morale au monde. Quiconque veut croire cela, même après l’ordonnance du tribunal de La Haye, peut le faire : on peut croire n’importe quelle fiction.

Une maison détruite lors d’une frappe israélienne meurtrière en janvier. On peut y lire :
«Enfants restés sous les décombres : Oman, Abdullah et Massa». 
Photo : Mohammed Salem / Reuters

Mais avant tout, nous devons prêter attention à la sagesse de la Cour, qui s’est concentrée sur le courant principal d’Israël, et non sur ses franges. Herzog, ancien président du parti travailliste et homme d’État le plus fédérateur d’Israël, Gallant, dont le licenciement a été physiquement empêché par les protestations du centre-gauche, et Katz, qui, bien qu’il ait appelé samedi à poursuivre le commissaire général de l’agence pour les réfugiés UNRWA (!), est considéré comme relativement modéré.

Ils sont les principaux suspects dans l’incitation au génocide. L’incitation au génocide du peuple palestinien a peut-être été inventée par Meir Kahane, mais elle est déjà presque du domaine public.

Dans l’Israël de l’après-7 octobre, la réaction appropriée à la punition de Gaza est la suivante : «C’est toute une nation qui est responsable», selon les mots du président qui signe les obus ; «J’ai relâché toute retenue. Nous combattons des animaux humains», a déclaré le ministre de la Défense – lorsqu’il était à la tête du commandement sud des FDI, il aimait appeler à couper «la tête du serpent» – ou encore : «Ils ne recevront pas une goutte d’eau ni une seule pile», a menacé le 13 octobre le premier diplomate israélien, le ministre des Affaires étrangères Katz, alors qu’il était ministre de l’Énergie.

Les juges de La Haye ont parfaitement diagnostiqué ce que nous refusons d’admettre ici : le problème d’Israël est son courant dominant, et non ses franges lunatiques. C’est le courant dominant qui nous a amenés à La Haye, c’est le courant dominant qui a incité au génocide, après qu’Israël se soit convaincu avec une facilité incroyable qu’après le 7 octobre, tout était permis. Heureusement, à La Haye, on semble penser différemment, très différemment.

source : Haaretz via Tlaxcala

 

L’exhibitionnisme dans la cruauté fait partie de la psyché israélienne

Source : RzO international - Le 29/01/2024.

par Yara Hawari

Des décennies d’impunité, non seulement pour le régime israélien mais aussi pour les Israéliens coupables de crimes de guerre, nous ont conduits aux horreurs d’aujourd’hui.

Depuis le début du génocide à Gaza en octobre, les soldats israéliens publient sur les réseaux sociaux ce qu’il convient d’appeler des «snuff videos». Dans ces vidéos, on peut voir des soldats commettre des crimes de guerre contre des Palestiniens, souvent avec jubilation.

Dans une vidéo, un soldat israélien vêtu d’un costume de dinosaure charge des obus d’artillerie dans un char et danse pendant que les obus sont tirés en direction de Gaza.

Dans une autre vidéo, un soldat est filmé en train de dédier une explosion à sa fille de deux ans pour son anniversaire. Quelques secondes plus tard, un immeuble résidentiel palestinien situé derrière lui explose.

D’autres vidéos montrent des soldats israéliens mettant le feu à des réserves de nourriture palestiniennes au cours d’une campagne de famine et se moquant de civils palestiniens déshabillés, rassemblés et les yeux bandés.

Les Palestiniens et ceux qui les soutiennent ont été choqués et indignés par ces vidéos sur les réseaux sociaux, et beaucoup ont fait remarquer qu’elles devraient être utilisées comme preuves dans le procès intenté contre le régime israélien pour génocide devant la Cour internationale de justice de La Haye.

En effet, cette dernière agression contre Gaza est l’une des atrocités les plus visuellement documentées de l’histoire. Et l’intention génocidaire n’a jamais été exprimée de manière aussi flagrante, tant par les soldats que par les dirigeants politiques.

Même ceux qui soutiennent le régime israélien semblent choqués par le culot avec lequel les soldats israéliens partagent ces vidéos.

L’animateur britannique Piers Morgan, par exemple, a posé la question suivante sur X/Twitter : «Pourquoi les soldats israéliens continuent-ils à se filmer en train de faire ce genre de choses brutales et insensibles ? Pourquoi leurs commandants ne les arrêtent-ils pas ? Ils ont l’air insensible alors que tant d’enfants sont tués à Gaza».

Pour Morgan, il semble que le problème ne soit pas ce que font les soldats, mais plutôt le fait qu’ils se filment en train de le faire.

Les personnes moins informées du contexte pourraient trouver étrange que ces soldats s’impliquent dans des crimes aussi horribles sans la moindre hésitation.

Mais ceux qui connaissent mieux le projet colonial sioniste en Palestine savent que des décennies d’impunité non seulement pour le régime israélien, mais aussi pour les Israéliens coupables de crimes de guerre, nous ont conduits là où nous en sommes.

En effet, le régime israélien n’a à ce jour jamais subi aucune conséquence sérieuse de la part d’États tiers pour les crimes qu’il commet contre le peuple palestinien depuis sa création.

Au contraire, il jouit de relations diplomatiques et commerciales exceptionnelles avec une grande partie du monde occidental et a été le principal bénéficiaire de l’aide des États-Unis. Au lieu d’être exclu des institutions et des événements mondiaux, il y est inclus et célébré, de l’Eurovision aux Jeux olympiques.

Un autre aspect de l’impunité israélienne est souvent négligé : les soldats israéliens admettent régulièrement les crimes horribles qu’ils commettent contre les Palestiniens pour se donner bonne conscience et se décharger de toute responsabilité personnelle, mais ils n’ont jamais à répondre de leurs actes.

Les Israéliens eux-mêmes décrivent cette pratique comme «yorim ve bochim», ce qui se traduit en hébreu par «tirer puis pleurnicher». Passe-temps favori de la gauche sioniste, elle occupe le devant de la scène dans des dizaines de films et de documentaires israéliens.

Prenons par exemple le film Tantura, largement célébré, qui porte le nom d’un village de pêcheurs palestiniens qui a été victime d’un massacre en 1948.

Dans ce film, plusieurs vétérans israéliens parlent avec aisance du fait qu’ils ont tué des centaines de civils palestiniens. D’autres admettent ouvertement avoir participé à un nettoyage ethnique, mais tous sont dépeints comme des individus complexes, traumatisés par le traumatisme qu’ils ont infligé aux Palestiniens.

L’expression «Yorim ve bochim» est également illustrée par le travail de l’ONG israélienne Breaking the Silence.

Chouchou de l’Occident libéral, cette organisation de vétérans de l’armée israélienne tente d’exposer la réalité des «Territoires occupés» en offrant un espace aux soldats israéliens pour qu’ils racontent confidentiellement leurs expériences dans l’armée israélienne et admettent parfois avoir pris part à des abus et à des destructions systématiques.

Les témoignages publiés sur le site web de l’organisation sont d’une lecture extrêmement difficile, en particulier à l’heure où nous voyons ce qui se passe à Gaza.

Pourtant, cette organisation ne demande nulle part que les responsables rendent des comptes et n’aborde pas la question de la justice pour les Palestiniens que les soldats avec lesquels elle travaille ont systématiquement maltraités pendant des décennies.

La réalité, c’est qu’au cours des sept dernières décennies et demie, la brutalité et le massacre des Palestiniens ont bénéficié d’une impunité totale.

Le génocide en cours à Gaza et la manière dont il est partagé avec tant d’effronterie sur les médias sociaux par ses auteurs sont une manifestation de cette impunité.

La seule façon de s’assurer qu’il cesse et ne se reproduise plus jamais est de demander des comptes non seulement à ceux qui ont pris part au génocide, mais aussi à ceux qui en sont complices.

source : Al Jazeera via Chronique de Palestine

Youssef Hindi : En marche vers le grand Israël ?

Source : RzO international - Le 27/01/2024.

par Ondes de Choc TV

Dans cet entretien mensuel avec Youssef Hindi, nous abordons les origines théologiques du projet du «Grand Israël», sa sécularisation ainsi que la tentative messianique de sa réalisation aujourd’hui.

Ce projet/mythe est-il réaliste ? l’agenda s’est-il accéléré depuis le 7 octobre ? enfin, cette folie démesurée risque-t-elle de se retourner contre Israël ? Nous en parlons en détail dans cet épisode.

Thierry Meyssan sur l’idéologie de Benjamin Netanyahou 

Source : RzO International - Le 26/01/2024.

Thierry Meyssan a été une nouvelle fois interviewé par le Courrier des stratèges. Il fait le point sur le massacre des civils palestiniens. Il relate les crimes et meurtres de masse commis par les «sionistes révisionnistes» de Benjamin Netanyahou, hors du Moyen-Orient durant la Guerre froide.

 

Thierry Meyssan

source : Réseau Voltaire

 

Le voile se déchire : Les vérités cachées de Jabotinsky et Netanyahu

 

Le groupe qui a assassiné 25 000 Palestiniens à Gaza n’est pas représentatif des juifs en général. C’est un héritier d’une idéologie qui n’a pas cessé de commettre de tels crimes depuis un siècle. Thierry Meyssan retrace l’histoire des « sionistes révisionnistes » de Vladimyr Ze’ev Jabotinky à Benjamin Netanyahu.

La Shoah, au cœur du génocide de Gaza

Source : RzO International- Le 22/01/2024.

par Pierre Simon

Depuis l’implantation d’un foyer sioniste en Palestine au début du XXe siècle, les colons juifs ont massacré des dizaines de milliers de Palestiniens – principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées – dont ils ont pillé et volé les terres et les maisons en toute impunité.1,2,3.

Jamais dans l’histoire de l’humanité une race de gens n’est passée aussi rapidement du statut de victime exceptionnelle à celui de meurtrier exceptionnel déterminé à exterminer les Palestiniens sous prétexte de recréer son pays d’origine, l’Israël biblique.

Or, la Palestine n’a jamais été la patrie des juifs. Les récits bibliques ne sont pas étayés par des découvertes historiques et archéologiques4. «Il s’agit d’une fantaisie romantique», admet l’historien juif Norman F. Cantor dans son livre sur l’histoire des juifs, «The Sacred Chain» (La chaîne sacrée)5. «Toute la notion d‘Israël et son histoire est une fiction littéraire» affirme le professeur Thomas Thompson dans son livre «The Mythic Past : Biblical Archeology and the Myth of Israel» (Le passé mythique : l’archéologie biblique et le mythe d’Israël).6

Le glorieux royaume de David et Salomon, la terre promise s’étendant de l’Euphrate au Nil que les sionistes prétendent vouloir recréer est une fabrication totale. Salomon et son royaume n’ont jamais existé. Jérusalem n’a jamais été la capitale d’Israël. L’archéologie moderne a complètement démoli ces mythes7. Comme le dit Laurent Guyénot dans son livre «Notre Dieu est aussi votre Dieu mais il nous a choisis. Essais sur le pouvoir juif»,

«Lorsque Ben-Gourion déclara devant la Knesset, trois jours après avoir envahi le Sinaï en 1956, que l’enjeu était «la restauration du royaume de David et de Salomon», et lorsque les dirigeants israéliens continuent à rêver d’un Grand Israël aux proportions bibliques, ils ne font que perpétuer une tromperie vieille de deux mille ans – une auto-déception peut-être, mais une tromperie tout de même».8

Sous les oripeaux de la religion et de la fausse prophétie biblique du Grand Israël qui s’étend de l’Euphrate au Nil, les sionistes cherchent constamment à étendre leur territoire – Israël étant le seul pays au monde à ne pas avoir de frontières fixes9. Ils ne suivent et ne respectent aucune convention, aucun traité, aucune résolution ; mentent sur tout et sur rien ; font ce qu’ils veulent ; pratiquent l’apartheid, le nationalisme racial, le terrorisme, l’esclavage et le génocide ; déclenchent des révolutions de couleur et des guerres dans les pays voisins afin d’étendre leur territoire ; commettent des attentats sous faux drapeaux ; accumulent des ogives nucléaires qu’ils menacent d’utiliser contre le monde entier en cas d’échec de leur projet sioniste.10

Et si quelqu’un ose se plaindre, ils utilisent pour le faire taire l’argument de l’antisémitisme et de l’Holocauste, la clef de voute de leurs ambitions hégémoniques. Mais ne vous y trompez pas, ces accusations employées à toutes les sauces sont des ruses selon Shulamit Aloni, ex-membre du gouvernement israélien : «lorsque quelqu’un en Europe critique Israël, nous évoquons l’Holocauste. Lorsque dans ce pays [les États-Unis], quelqu’un critique Israël, ce sont des antisémites… Nous utilisons l’Holocauste, l’antisémitisme et la souffrance des juifs pour justifier tout ce que nous faisons aux Palestiniens».11

«Où que vous soyez sur cette Terre, gare à vous, si vous ne croyez pas à la Shoah, vous serez châtié, broyé et ostracicé. De fait, fin juillet 2004, «le parlement d’Israël (la Knesset) a adopté à l’unanimité une loi permettant de réclamer l’extradition vers Israël de toute personne coupable, en n’importe quel point du globe, de déni d’Holocauste».12

Comble d’interdiction, depuis le 20 janvier 2022, les Nations unies (ONU) ont adopté une résolution présentée par Israël et l’Allemagne appelant toutes les nations du monde à prendre des mesures actives pour combattre toute recherche sceptique indésirable sur la persécution nationale-socialiste des juifs ainsi que le bavardage social populaire qui en découle. Après un discours de propagande de Gilad Erdon, représentant d’Israël à l’ONU, cette officine a adopté cette résolution sans vote.13

L’enseignement de la Shoah est désormais obligatoire dans presque toutes les écoles occidentales. Tout le monde est obligé non seulement d’apprendre, mais aussi de croire, sous peine de poursuites judiciaires, le récit officiel de la Shoah.14

C’est assez étrange comme interdiction. Quatre-vingt ans plus tard, on devrait pouvoir discuter librement du sujet, chercher la contradiction comme on le fait avec la grande terreur judéo-bolchevique de 1937-1938, les goulags judéo-bolcheviques et la famine judéo-bolchevique de l’Holodomor, trois crimes contre l’humanité ayant causé la mort d’environ 66 millions de Russes selon le prix Nobel Alexandre Soljenitsyne, l’auteur de l’un des livres les plus censurés de l’histoire moderne, «Deux siècles ensemble».15

Pourquoi la souffrance des juifs serait-elle plus importante que celle des autres ? L’histoire de l’humanité a connu de nombreux génocides beaucoup plus graves en envergure que le génocide juif. Pourquoi ce dernier est-il le seul qui compte ? Eh bien, selon l’historien des religions Youssef Hindi :

«La sacralisation en cours de l’État hébreu nécessitait au préalable la sacralisation du peuple juif. Dans l’époque contemporaine, où règne, du moins en apparence, l’athéisme, il fallait, pour faire accepter aux goyim (les non-juifs) occidentaux l’idée de la sacralité des juifs, inventer un culte «profane», ou plus précisément, un culte dépourvu de transcendance».16

Mais pourquoi sacraliser les juifs et l’État d’Israël ? Afin de réaliser ce que plusieurs auteurs, journalistes, historiens et philosophes juifs et non-juifs ont identifié comme l’ultime domination juive de la Terre et de ses peuples, il est vital que les juifs et l’État d’Israël soient protégés des critiques et qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur.

Les juifs sont une infime minorité, le rebut de l’humanité selon certains, expulsés 1366 fois de 109 pays depuis l’an 25017,18,19. Leur rôle prédominant dans de nombreux crimes contre l’humanité est pour eux une menace existentielle. Comment pourraient-ils se faire du capital de sympathie s’ils n’arrivent pas à effacer, avec empressement et fermeté, leur rôle dans ces crimes abominables.

Comment pourraient-ils, autrement dit, réussir à conquérir le monde s’ils ne parviennent pas à redorer leur blason en se faisant passer pour les victimes innocentes de la vindicte des hommes ? Personne n’accepterait de coopérer avec eux s’ils étaient vus pour ce qu’ils sont vraiment, les plus grands criminels du XXe siècle selon Ron Unz le rédacteur et propriétaire juif de l’un des plus importants sites web conservateurs en Amérique, The Unz Review :

«Mais si l’on ajoute à cela la taille relativement minime de la communauté juive mondiale, environ 16 millions avant la Seconde Guerre mondiale, la conclusion qui s’impose est que, par habitant, les juifs ont été les plus grands meurtriers de masse du XXe siècle. Et ce, avec une marge énorme et sans qu’aucune autre nationalité ne s’en approche, même de loin. Et pourtant, par l’étonnante alchimie de Hollywood, les plus grands tueurs des cent dernières années ont été transformés, comme par magie, en plus grandes victimes, une transformation si apparemment invraisemblable que les générations futures en resteront certainement bouche-bée».20

En d’autres mots, le culte de la shoah, de même que les accusations d’antisémitisme et d’incitation à la haine sont à la fois l’épée et le bouclier grâce auxquels les juifs et l’État d’Israël, avec l’aide de leur alliés non-juifs et de leur insupportable police de la pensée – en France, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)21 et aux États-Unis, l’Anti Defamation league (ADL) – obtiennent des réparations financières22,23, censurent et persécutent leurs opposants, se protègent de toute critique, unissent et mobilisent leur communauté et réalisent leurs ambitions hégémoniques sur le monde.

«C’est un instrument que l’on utilise beaucoup, souligne l’historien israélien Moshe Zimmerman ; d’une façon cynique, on peut dire que la shoah est l’un des objets qui se prêtent le mieux à la manipulation du public, du peuple juif en particulier, en Israël et à l’extérieur»24. De fait, comme le dit l’écrivain juif Philip Roth,

«C’est Auschwitz qui permet entre autres à Israël de faire reculer ses frontières. C’est Auschwitz qui justifie les bombardements de civils des pays limitrophes. C’est Auschwitz qui justifie que l’on brise les os des enfants palestiniens et que l’on mutile les mères arabes. «Des juifs fous de pouvoir, voilà ce qu’ils sont, aucune différence avec les autres fous de leur espèce, sauf qu’eux utilisent le mythe de la Shoah pour justifier leur désir éperdu de pouvoir et le fait qu’ils nous victimisent».25 

C’est aussi Auschwitz qui justifie des lois liberticides dignes des pires romans dystopiques. C’est Auschwitz qui bloque la résurgence du nationalisme partout en Occident, sauf en Israel. En définitive, Auschwitz est la pierre angulaire du monde sans frontières que les globalistes tentent d’imposer au monde entier par la manipulation et la force. Comme le dit en effet Ian Kagedan l’un des porte-paroles du Congrès juif canadien et de la branche canadienne du B’nai B’rith : «La mémoire de l’Holocauste est au cœur du nouvel ordre mondial».26

En résumé, la Shoah a évolué au cours des années pour devenir le mythe national non seulement du peuple juif, mais des globalistes en général. Elle possède désormais toutes les caractéristiques d’une religion, avec son propre Satan, Hitler, et son propre saint, la nation juive.

Dans cette version des choses, le Christ crucifié sur la croix est remplacé par la nation juive crucifiée dans les chambres à gaz. Par cette substitution, ce peuple «martyre» essaye de plagier la christologie chrétienne et de s’approprier le titre de messie afin de pousser les catholiques et les chrétiens en général à se «judaïser» et à accepter sans rechigner leur projet globaliste. 

Cette religion de la Shoah est par ailleurs la colle qui tient le peuple juif ensemble en tant que nationalité distincte, car il n’y a rien de tel que la persécution et la victimisation pour rallier ses troupes.

C’est donc surtout pour ces raisons que les juifs et leurs alliés non-juifs l’entretiennent et la protègent si soigneusement.

Sans la Shoah, il n’y aurait pas d’antiracisme, d’immigration de remplacement, de discrimination positive, d’égalitarisme, de monde sans frontières, de plutocratie, de censure, de gouvernement mondial, de consumérisme, de dystopie sexuelle, de théorie critique de la race et de génocide de Gaza.

Or, Israël ne devrait pas penser que les souffrances des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale leur donne tous les droits. Les Russes ont perdu 27 millions de personnes pendant la Seconde Guerre mondiale, dont deux tiers de civils, mais cela ne leur donne pas le droit de faire ce qu’ils veulent, «en particulier en ce qui concerne les hostilités à Gaza» a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.27

 

  1. Israel Shamir, «Cabala of Power», Self-Published, 2007.
  2. Israel Shahak et Norton Mezvinsky, «Jewish Fundamentalism in Israel», Pluto Press, 2004
  3. Shlomo Sand, «Comment le peuple juif fut inventé», Fayard, 2008.
  4. Roger Garaudy, «Les mythes fondateurs de la politique israélienne», Samiszdat, 1996.
  5. Norman F. Cantor, ouvrage cité, p.11.
  6. Thomas Thompson, «The Mythic Past : Biblical Archeology and the Myth of Israel», Basic Books, 2000. p.18.
  7. Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman, «David and Solomon : In Search of the Bible’s Sacred Kings and the Roots of the Western Tradition» (David et Salomon : à la recherche des Rois sacrés de la Bible et des racines de la tradition occidentale), Free Press, 2007.
  8. Laurent Guyénot, «Notre Dieu est aussi votre Dieu, mais il nous a choisis. Essais sur le pouvoir juif», 2020, p.21.
  9. Oded Yinon, «The Zionist Plan for the Middle East», Éditions Si-gest, 2015.
  10. Seymour M. Hersh, «The Samson Option : Israel’s Nuclear Arsenal and American Foreign Policy», Random House, 1991.
  11. Steve Cooke, «Is Antisemitism a Trick ? A Closer Look at That Shulamit Aloni Meme», Medium, June 5, 2019
  12. Abbé Olivier Rioult, «De la question juive». Synthèse, éditions Saint Agobard, 2018, p.305.
  13. Germar Rudolph, «The Day Amazon Murdered Free Speech», Castle Hill Publishers, 2022, p.143.
  14. Ibid.
  15. Alexandre Soljenitsyne, «Deux siècles ensemble, 1795-1995, tome 1 : Juifs et Russes avant la révolution», Fayard, 2002 ; «Deux siècles ensemble, 1917-1972, tome 2 : Juifs et Russes pendant la période soviétique», Fayard, 2003.
  16. Youssef Hindi, «La Sacralisation de l’État d’Israël», youssefhindi.fr, 29 juillet 2017.
  17. E. Michael Jones, «The Jewish Revolutionary Spirit and Its Impact on World History», Fidelity Press, 2015. A new augmented edition in two volumes is now available.
  18. Hervé Ryssen, «La Mafia juive : Les Grands Prédateurs internationaux», Baskerville, 2008.
  19. E. Michael Jones, «Libido Dominandi. Sexual Liberation and Political Control», Saint Augustine’s Press, 2000.
  20. Ron Unz, «Racial Discrimination at Harvard», The Unz Review, 2016.
  21. Anne Kling, «La France licratisée : Enquête au pays de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme», Éditions Mithra, 2006.
  22. Anne Kling, «Shoah : La Saga des réparations», Éditions Mithra, 2015.
  23. Norman G. Finkelstein, «L’Industrie de l’Holocauste : Réflexions sur l’exploitation de la souffrance des Juifs», La fabrique éditions, 2001.
  24. Moshe Zimmerman cité par Yakov M. Rabkin dans «Au nom de la Torah : Une histoire de l’opposition juive au sionisme», Les Presses de l’Université Laval, 2004, p.211. Cité par l’abbé Olivier Rioult, ouvrage cité, p.304.
  25. Philip Roth, ouvrage cité.
  26. «Memory of Holocaust central to new world order», Toronto Star, 26 novembre 1991.
  27. «Holocaust doesn’t give Israel impunity – Lavrov», RT, 18 janvier 2024.

 

 

Comment les forces israéliennes ont piégé et tué des ravers au Nova Festival

 

Source : The Cradle - par W. Van Wagenen - Le 12/01/2024

Les responsables israéliens affirment que le Hamas a commis un massacre prémédité et soigneusement exécuté de 364 civils israéliens lors du festival de musique Nova, près de Gaza,

le 7 octobre, dans le cadre de l'opération Al-Aqsa Flood de la résistance palestinienne. Ils

prétendent que le Hamas et d’autres Palestiniens ont eu des heures pour assassiner des fêtards israéliens avant que l’armée n’arrive sur les lieux.

Cependant, de nouveaux détails sont apparus montrant que la police des frontières israélienne a

été déployée sur le site de Nova avant que le Hamas ne tombe sur le festival, provoquant le déclenchement d'une bataille majeure.

Même si certains ravers ont effectivement été tués par la résistance palestinienne – que ce soit intentionnellement ou dans le chaos de la bataille – les preuves suggèrent désormais que la

majorité des morts civiles ont probablement été infligées par les forces israéliennes elles-mêmes. 

Cela était dû à la puissance de feu écrasante employée par les forces d’occupation – y compris

celles des hélicoptères d’attaque Apache – et au fait que Tel Aviv a publié la controversée directive Hannibal pour empêcher le Hamas de capturer les fêtards israéliens.

 

Opération Cavalier Philistin

 

À 6 h 30, juste après le lever du soleil le 7 octobre, les combattants de la branche militaire du

Hamas, les Brigades Qassam, ont lancé leur opération militaire, tirant un barrage de missiles vers Israël. Des milliers de ses combattants et de ceux d’autres factions ont franchi la barrière

frontalière de Gaza à plusieurs endroits pour attaquer les bases militaires israéliennes

environnantes et faire des prisonniers dans les colonies afin de tirer parti d’un accord d’échange

massif de prisonniers.

Bien qu'il ait fallu des heures à l'armée pour réagir, des unités de la police des frontières ont été rapidement déployées. À 6 h 42, soit à peine 12 minutes après le lancement de l'Opération

Inondations d'Al-Aqsa, le commandant du district sud de la police israélienne, Amir Cohen, a

donné un ordre intitulé « Cavalier philistin », envoyant des policiers et des gardes-frontières qui

étaient en alerte sur les lieux de diverses batailles.

Cela comprenait des membres des unités commandos Yamam et Tequila qui n'ont aucune

fonction de police mais mènent des opérations militaires et antiterroristes, y compris des

assassinats clandestins dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée. 

Selon un officier supérieur israélien interrogé par le New York Times , les premiers renforts officiels dans le sud d'Israël provenaient de commandos arrivés par hélicoptère.

Sagi Abitbol, un policier travaillant comme agent de sécurité au festival, a été parmi les premiers à affronter les combattants du Hamas près de Nova et a été témoin de l'arrivée rapide de ces hélicoptères. 

Durant les combats, 59 policiers israéliens ont été tués, dont au moins 17 lors du festival Nova. 

Le Hamas n'avait pas prévu d'attaquer le festival

Avi Mayer du Jerusalem Post a affirmé que le Hamas avait soigneusement planifié d'attaquer le

concert à l'avance, dans l'intention d'assassiner autant de civils israéliens que possible. Les faits, cependant, racontent une tout autre histoire.

Une enquête de la police israélienne rapportée par Haaretz indique que le Hamas n'était pas au courant de l'existence du festival à l'avance. Les conclusions officielles suggèrent que la cible

visée était Re'im, une colonie et une base militaire située juste en bas de la route – sur la route

232 – du site de Nova.

Un combat majeur a effectivement eu lieu à Reim, siège de la division Gaza de l'armée israélienne, cible militaire déclarée de la résistance palestinienne. Le commandant de la base a été contraint d’ appeler à des frappes aériennes depuis un hélicoptère Apache sur la base elle-même,

simplement pour repousser l’attaque du Hamas. 

L'enquête policière indique également que les combattants du Hamas ont atteint le site du festival depuis la route 232, plutôt que depuis la barrière frontalière de Gaza, confirmant ainsi l'affirmation

selon laquelle le festival n'était pas une cible planifiée.

Après le lancement de missiles depuis Gaza - et avant l'arrivée des résistants palestiniens sur les

lieux - les organisateurs du festival ont immédiatement arrêté la musique et ont lancé une

évacuation. 

Selon un officier supérieur de la police cité par Haaretz , environ 4 400 personnes étaient

présentes à Nova et la « grande majorité a réussi à s'échapper suite à une décision de disperser l'événement prise quatre minutes après le tir de roquettes », alors que les premiers coups de feu

n'ont pas été entendus. pendant encore une demi-heure.

Piégeage des civils : la police israélienne a bloqué la sortie vitale de la route 232

Cependant, alors que les gens quittaient le site du festival en voiture et empruntaient la route 232,

la police israélienne a établi des barrages routiers dans les deux sens, provoquant un

embouteillage qui a piégé de nombreux fêtards dans la zone où les combats entre le Hamas et la

police des frontières allaient finalement éclater.

« Il y avait beaucoup de confusion. La police a barricadé la route, nous ne pouvions donc pas

nous approcher de Beeri. Nous ne pouvions pas nous approcher de Re'im, les deux près des kibboutzim », raconte un témoin, Yarin Levin , qui tentait d'évacuer la zone avec ses amis. 

Levin, un ancien soldat israélien, a déclaré que c’est à ce moment-là qu’ils ont eu « leur première rencontre avec des terroristes… en combattant la police qui est là… deux terroristes se sont

perdus dans une sorte de fusillade, alors ils nous ont trouvés ».

Un autre témoin, Shye Weinstein, confirme également les barrages de la police israélienne qui bloquaient la sortie principale du festival. Il a pris des photos d'un véhicule de la police des

frontières et d'un policier lourdement armé en tenue de combat qui gênait la route devant sa voiture.

Une vidéo enregistrée sur téléphone portable d'un participant au concert montre la police et les

forces de sécurité israéliennes utilisant leurs véhicules pour bloquer la route près du site du

festival et échangeant des tirs avec des combattants du Hamas.

Lorsque des coups de feu ont éclaté, les personnes coincées sur la route ont fui vers l'est , vers

les champs, que ce soit dans leur voiture ou à pied. Beaucoup ont traversé les champs et se sont cachés près des arbres, sous les buissons et dans les ravins.

Mais les images des caméras corporelles montrent des unités de la police israélienne lourdement armées prenant position sur la route et tirant à travers un champ ouvert sur les arbres où les civils s'étaient réfugiés.

Photos de voitures détruites près du festival de musique Nova 

Comme Gilad Karplus, présent à Nova et également ancien soldat israélien, l'a déclaré à la BBC : 

"Nous savions qu'ils bloqueraient probablement la route. Je suis presque sûr que beaucoup de gens ont été tués sur ces routes... Nous sommes allés dans les champs et avons essayé de nous cacher d'eux... Ensuite, nous nous sommes enfoncés un peu plus profondément dans les champs. et puis ils ont commencé à nous tirer dessus avec des fusils de sniper depuis différents endroits et aussi avec de l'artillerie lourde."

Bien que Karplus et d'autres fêtards aient été la cible de tirs de la police des frontières, ils ne parvenaient pas à comprendre cela et pensaient au départ que les tirs provenaient de combattants

du Hamas déguisés en policiers ou en soldats. En d’autres termes, ces témoins ont effectivement vu les forces israéliennes tirer sur eux.

Pour que le Hamas ait exécuté un plan impliquant des déguisements élaborés, l'opération Nova

aurait dû être planifiée à l'avance, et l' enquête de la police israélienne a déjà conclu que le Hamas n'était pas au courant de l'existence du festival à l'avance. De plus, aucun autre site

d'affrontements le 7 octobre n'a signalé avoir vu des combattants palestiniens revêtir des

uniformes israéliens – ni dans les différentes colonies violées, ni dans les bases militaires

israéliennes dans lesquelles ils sont entrés.

Tir ami

En bref, la police des frontières et les hélicoptères d'attaque Apache ont été immédiatement

déployés sur le site du festival. Selon le colonel de réserve de l'armée de l'air israélienne Nof Erez

, les hélicoptères étaient dans les airs à 7 h 15 – 45 minutes après le lancement d'Al-Aqsa Flood –

et un nombre nettement plus important a été déployé dans tout le sud d'Israël en quelques heures.

Une survivante du festival, Noa Kalash a décrit avoir entendu des tirs du Hamas et des forces israéliennes, ainsi que des frappes aériennes d'hélicoptères d'attaque et d'avions de guerre, alors qu'elle se cachait dans les buissons pendant des heures pour rester en vie.

« Nous entendons des armes partout et des gens qui tirent et nous pouvons déjà reconnaître si ce sont des terroristes qui tirent ou si c'est l'armée. Soit il s’agit d’un avion, soit d’un hélicoptère, soit de fusées », se souvient Kalash.

Il est tout à fait clair que les tirs d’hélicoptères ont tué certains spectateurs terrifiés. Haaretz cite 

une source policière affirmant que les hélicoptères Apache « ont tiré sur les terroristes et ont apparemment également touché certains des fêtards qui étaient présents ».

Plusieurs témoins oculaires qui ont visité le site de Nova après la fin de la bataille ont décrit les horribles destructions. Comme le dit un autre reportage  :

« Il est impossible de décrire les scènes là-bas avec des mots. Vous ne pouvez énumérer que les sites touristiques qui s'étendent sur un kilomètre. Il y a des centaines de voitures incendiées et criblées de balles, d’énormes taches de sang humide bourdonnant de mouches et dégageant une odeur nauséabonde, des sacs contenant des parties de corps récupérés par l’organisation de secours ZAKA, des milliers de balles, d’enveloppes et d’éclats de toutes sortes.

Un journaliste du Times of Israel qui s’est rendu sur place quelques jours plus tard a raconté que

« des dizaines de voitures étaient garées en rangées, certaines d’entre elles contenant des coques brûlées contenant des corps calcinés de jeunes festivaliers qui ont été abattus et brûlés vifs ».

Sauver les balles pour les soldats

Incroyablement, les responsables israéliens affirment que ce sont les combattants du Hamas qui

ont détruit des centaines de voitures à Nova, brûlant vifs leurs passagers. Mais le Hamas ne

disposait pas d’une telle puissance de feu.

Les combattants du groupe étaient armés uniquement de mitrailleuses légères et de RPG, et leurs munitions étaient limitées à ce qu'ils pouvaient emporter avec eux dans des camionnettes depuis

Gaza.

Le journaliste du Guardian Owen Jones l' a noté en discutant d'une compilation de 43 minutes de séquences vidéo du 7 octobre montrées à des journalistes sélectionnés par l'armée israélienne. Il affirme que les combattants du Hamas « demandent instamment que les balles soient conservées

pour tuer des soldats. On demande à un fêtard terrifié dans une voiture : « Êtes-vous un soldat ? »

Comme le note Jones : « Il y a donc clairement une distinction entre civils et soldats dans les

images sélectionnées par Israël parmi les milliers d’heures d’images que nous ne voyons pas. »

Alors que les munitions du Hamas étaient limitées, la police des frontières était lourdement armée

et les hélicoptères Apache sont équipés de missiles Hellfire et de canons à chaîne automatiques

de 30 mm, pouvant contenir jusqu'à 1 200 cartouches et tirer 625 cartouches par minute.

Cela suggère que les forces israéliennes ont causé la plupart des morts et des destructions à

Nova – ce qui pourrait être confirmé si Israël diffusait toutes ses séquences vidéo du 7 octobre.

La directive Hannibal

Les forces israéliennes disposaient non seulement de la puissance de feu, mais aussi de l’ ordre

 officiel de tuer des Israéliens à Nova.

L’une des principales raisons pour lesquelles le Hamas a lancé l’opération d’inondation d’Al-Aqsa

était de capturer des prisonniers israéliens qui pourraient être échangés contre des milliers de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Mais les forces israéliennes étaient

déterminées à empêcher le Hamas de ramener des prisonniers à Gaza, même si cela impliquait

de tuer les civils capturés.

Une enquête sur la directive Hannibal, longtemps controversée, conclut que « du point de vue de l'armée, un soldat mort vaut mieux qu'un soldat captif qui souffre lui-même et oblige l'État à libérer

des milliers de captifs afin d'obtenir sa libération ».

Mais, le 7 octobre , selon une enquête du Yedioth Ahronoth , la directive Hannibal – qui ne

s'appliquait auparavant qu'aux captifs de l'armée – a également été émise contre les civils israéliens. Le quotidien en langue hébraïque écrit que " le 7 octobre à midi, Tsahal [armée

israélienne] a ordonné en pratique à toutes ses unités de combat d'utiliser la 'procédure Hannibal',

sans toutefois le mentionner clairement et explicitement."

L'ordre était d'arrêter « à tout prix toute tentative des terroristes du Hamas de retourner à Gaza,

malgré la crainte que certains d'entre eux aient des personnes enlevées », conclut l'enquête. 

Dans les jours et les semaines qui ont suivi l’incident, les autorités israéliennes ont fait grand

spectacle en distribuant des images de véhicules détruits sur le site du festival, sous-entendant pleinement que les voitures – et les victimes mortes à l’intérieur – avaient été brûlées vives par les combattants palestiniens. Le rapport Yediot renverse complètement cette affirmation :

« Dans la semaine qui a suivi l'attaque, les soldats des unités d'élite ont contrôlé environ 70 véhicules qui étaient restés dans la zone située entre les colonies et la bande de Gaza. Ce sont des véhicules qui n’ont pas atteint Gaza, car en chemin ils ont été abattus par un hélicoptère de combat, un missile antichar ou un char, et au moins dans certains cas, toutes les personnes à bord du véhicule ont été tuées », y compris les prisonniers israéliens.

Nof Erez, le colonel de l'armée de l'air israélienne mentionné ci-dessus, a conclu de la même

manière , à propos de l'utilisation aveugle par Israël de la puissance de feu des hélicoptères ce

jour-là, que « la directive Hannibal a probablement été déployée parce qu'une fois que vous

détectez une situation d'otage, c'est Hannibal ».

Un exemple apparent de cela au festival Nova a été documenté par inadvertance par la BBC ,

qui a rapporté que des séquences vidéo montraient une femme prise en otage, mais qui :

» Réapparaît soudainement deux minutes plus tard. Elle saute et agite les bras en l'air. Elle doit penser que l’aide est à portée de main : à ce moment-là, les Forces de défense israéliennes avaient commencé leurs efforts pour repousser l’incursion. Mais quelques secondes plus tard, elle s'effondre au sol alors que les balles rebondissent autour d'elle. Nous ne savons pas si elle a survécu.

La justification de la directive Hannibal a été expliquée plus en détail par le général de brigade

Barak Hiram, qui a ordonné à un char d'ouvrir le feu sur une maison pour résoudre une situation

de prise d'otages dans le kibboutz Beeri, « même au prix de victimes civiles ». La frappe a tué 12 Israéliens, dont Liel Hetzroni, 12 ans, et des dizaines de combattants du Hamas.

« J’ai très peur que si nous retournons à Sarona [quartier militaire israélien à Tel Aviv] et tentons de mener toutes sortes de négociations [pour libérer les otages], nous puissions tomber dans un piège qui nous liera les mains et ne nous permettra pas de le faire. ce qu’il faut, c’est entrer, les manipuler et les tuer [le Hamas]… »

Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de The Cradle. 

Comment la guerre d’Israël contre Gaza a révélé le sionisme comme un culte génocidaire

Source : RzO International - Le 14/01/2024.

par Joseph Massad 

La question n’est plus de savoir si le gouvernement israélien est raciste et génocidaire, mais si la majorité juive israélienne qui soutient ses crimes contre les Palestiniens correspond également à cette description.

Depuis que l’actuel gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahou, est arrivé au pouvoir en décembre 2022, il existe un consensus, même au sein du courant dominant occidental et au sein de l’opposition politique israélienne, selon lequel il s’agit d’un gouvernement suprémaciste juif et raciste.

Les caractérisations du gouvernement, – qui exprime clairement les préférences d’une majorité de l’électorat juif israélien -, comme «le plus extrême», «le plus fondamentaliste» et «le plus raciste» de l’histoire d’Israël, sont devenues courantes. D’autres descriptions le considèrent comme le «premier gouvernement fasciste» d’Israël.

Ceci sans compter que deux ans avant la montée du gouvernement actuel, les principales organisations occidentales de défense des droits de l’homme historiquement pro-israéliennes avaient qualifié Israël d’État raciste d’«apartheid» depuis sa fondation. Les Palestiniens et leurs partisans utilisent également cette étiquette pour décrire Israël depuis au moins les années 1960.

C’est le même gouvernement, sous le coup d’une condamnation internationale, qui a lancé la guerre génocidaire en cours contre le peuple palestinien, qui a jusqu’à présent tué et blessé plus de 100 000 Palestiniens et déplacé plus de deux millions de personnes.

Pourtant, ce même gouvernement raciste et sa guerre génocidaire sont soutenus, armés et financés par les États-Unis et leurs alliés européens, qui, oubliant leurs critiques antérieures, n’ont pas hésité à justifier les crimes israéliens, tout comme ils ont défendu auparavant la colonie juive contre les accusations d’apartheid.

Cependant, la question débattue n’est plus de savoir si le gouvernement israélien est raciste, fasciste ou génocidaire, mais si une majorité de juifs israéliens correspondent également à ces descriptions et si ce gouvernement n’est en réalité qu’une manifestation de la culture politique juive israélienne.

«Plus à la marge»

Le rédacteur en chef de Middle East Eye, David Hearst, a récemment observé que ceux qui expriment un racisme génocidaire parmi les juifs israéliens – notamment des soldats, des chanteurs, des artistes et des hommes politiques – «ne sont plus marginaux. Ils représentent ce que pense le courant dominant en Israël. Ils sont devenus génocidaires, racistes et fascistes lorsqu’ils parlent des Palestiniens – sans aucune honte. Ils sont fiers de leur racisme, en plaisantent et ne font pas grand-chose pour le dissimuler».

Selon les sondages de l’Institut israélien de la démocratie et du Peace Index de l’Université de Tel-Aviv, réalisés plus d’un mois après le début du bombardement israélien massif de Gaza, qui avait alors tué des milliers de personnes, «57,5% des juifs israéliens ont déclaré qu’ils croyaient que les Forces de défense israéliennes (Tsahal) utilisaient trop peu de puissance de feu à Gaza ; 36,6% ont déclaré que Tsahal utilisait une puissance de feu appropriée, tandis que seulement 1,8% ont déclaré qu’ils pensaient que Tsahal utilisait trop de puissance de feu».

Commentant les opinions génocidaires d’une majorité de juifs israéliens et leur soutien au nettoyage ethnique du peuple palestinien, le journaliste israélien Gideon Levy semble perdu : «soit c’est le vrai visage d’Israël, et l’attaque du 7 lui a permis de faire surface, soit le 7 a vraiment changé les choses», a-t-il déclaré, ajoutant : «Je ne sais pas lequel est vrai».

La réponse de Levy est toutefois surprenante, étant donné le racisme documenté du mouvement sioniste depuis sa création et le fait bien connu qu’il a toujours eu pour objectif de nettoyer ethniquement la Palestine de la population palestinienne indigène du pays.

La presse israélienne a publié des articles apparemment «raisonnables», qui présentent le nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza et leur éventuelle expulsion vers le Sinaï égyptien envisagés par Israël comme quelque chose de merveilleux, le décrivant comme «l’un des endroits les plus appropriés sur terre pour fournir à la population de Gaza de l’espoir et un avenir pacifique».

Pourtant, on pourrait vraisemblablement et tout aussi raisonnablement contrer cette proposition en suggérant que les colons juifs d’Israël s’installent volontairement aux États-Unis et en Europe, en particulier en Allemagne, où leurs droits et privilèges sont sauvegardés. En effet, ces endroits font partie des «endroits les plus appropriés sur Terre pour offrir aux [juifs israéliens] de l’espoir et un avenir paisible».

Cela est d’autant plus vrai que les responsables et intellectuels israéliens affirment souvent qu’ils vivent dans un quartier «mauvais» ou «difficile», ou même dans la «jungle». L’Europe et les États-Unis sont clairement des voisinages bien supérieurs avec de très faibles préoccupations en matière de sécurité. Après tout, l’Europe est un «jardin», tandis que «la majeure partie du reste du monde est une jungle», comme l’a odieusement déclaré le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, l’année dernière.

La présidente allemande de l’UE, Ursula von der Leyen, a également souligné que «la culture juive est la culture européenne» et que «l’Europe doit valoriser sa propre judéité. Pour que la vie juive en Europe puisse à nouveau prospérer».

Une telle démarche volontaire de la part des juifs israéliens, dont plus d’un million détiennent déjà des passeports européens et américains, épargnerait au peuple palestinien (et au Moyen-Orient plus largement) la violence et les guerres que la colonisation sioniste depuis les années 1880 et surtout après 1948, a imposé aux habitants de la région.

Peut-être qu’au lieu de laisser Israël et ses sponsors occidentaux négocier secrètement avec le «Congo» ou le Canada pour accueillir les Palestiniens expulsés, comme cela a été récemment rapporté, les Nations unies et les États arabes devraient exhorter avec plus d’enthousiasme les pays occidentaux à accueillir parmi eux les juifs israéliens.

Un culte de la violence

Alors que de récents sondages et analyses révèlent la haine et les attitudes génocidaires de la grande majorité des citoyens juifs d’Israël envers les Palestiniens, leur réinstallation en Europe et aux États-Unis devrait leur apporter plus de bonheur et de tranquillité d’esprit.

En outre, ceux qui justifient l’anéantissement des Palestiniens pour «sauver» la civilisation occidentale et les valeurs auxquelles Israël s’identifie feraient mieux de sauver la civilisation occidentale du cœur même de celle-ci, loin de la frontière coloniale et de la politique palestinienne de résistance anticoloniale.

Dans cette optique, la coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l’antisémitisme et la promotion de la vie juive, l’Allemande Katharina von Schnurbein, a récemment affirmé que «l’Europe ne serait pas l’Europe sans son héritage juif». Elle a ajouté : «L’héritage juif fait partie de l’ADN de l’Europe. Et en tant qu’institutions européennes, nous voulons protéger le patrimoine juif, le sauvegarder et le chérir. Il s’agit d’un aspect clé de la promotion de la vie juive, qui constitue l’objectif ultime de la stratégie de l’UE visant à lutter contre l’antisémitisme et à favoriser la vie juive».

On pourrait s’attendre, à la suite d’une telle affirmation, à ce que les portes de l’Europe s’ouvrent cette fois aux juifs, contrairement aux années 1930 et 1940, ou à ce que les États-Unis, qui ont refusé d’admettre les réfugiés juifs fuyant les nazis et renvoyé un navire rempli d’eux en 1939 en Europe où beaucoup d’entre eux ont péri dans les camps de la mort d’Hitler, accueilleraient à bras ouverts les juifs israéliens dans leur meilleur quartier.

Un grand nombre de psychiatres israéliens ont déjà quitté le pays pour des pâturages plus verts au Royaume-Uni, invoquant une charge de travail élevée qui n’a fait qu’augmenter depuis le 7 octobre et un système de santé mentale au bord de l’effondrement.

Cela n’est pas surprenant, car le soutien aux tueries des Palestiniens dans des massacres et des guerres incalculables depuis 1948 est de toute évidence devenu un véritable culte génocidaire en Israël dans tous les segments de la société et du gouvernement. Comme tous les membres de sectes violentes, le seul moyen de les sauver d’eux-mêmes est de les déprogrammer. Ce sera sans aucun doute un processus long et compliqué qui, dans le cas de nombreux juifs israéliens, nécessitera de mettre fin à des décennies de lavage de cerveau.

Peut-être que ces mêmes psychiatres qui sont partis pourraient aider à déprogrammer les juifs israéliens dans un environnement européen sûr pour les débarrasser de leur attachement au nettoyage ethnique et aux guerres génocidaires.

Un avenir paisible

Pendant ce temps, l’affaire que l’Afrique du Sud a portée devant la Cour internationale de Justice (CIJ) accusant Israël de génocide suscite l’alarme à la Maison-Blanche et dans les capitales d’Europe occidentale. Ce n’est que la dernière affaire reçue par la CIJ accusant Israël de crimes.

Il y a un an, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé une demande d’avis consultatif de la CIJ sur l’occupation des territoires palestiniens par Israël avec 87 voix pour et 26 contre – les opposants sont pour la plupart les mêmes pays qui soutiennent aujourd’hui la guerre génocidaire d’Israël à Gaza.

La CIJ devrait tenir des audiences publiques sur cette affaire le mois prochain. Quant à l’affaire la plus récente intentée par l’Afrique du Sud, la CIJ l’examinera lors d’une audience d’urgence le 11 janvier.

La CIJ a été confrontée à des demandes similaires dans le contexte du colonialisme de peuplement depuis la Seconde Guerre mondiale. Plus particulièrement, en juillet 1966, la CIJ a rejeté une requête présentée en 1962 par le Libéria et l’Éthiopie concernant la colonie sud-africaine de Namibie, au motif qu’aucun d’eux n’avait la capacité juridique de présenter cette requête. Les deux pays étaient d’anciens membres de la Société des Nations, qui avait choisi l’Afrique du Sud comme puissance mandataire sur la Namibie après la Première Guerre mondiale.

La requête du Libéria et de l’Éthiopie de 1962 appelait le tribunal à se prononcer sur le statut juridique de la Namibie. Le président du tribunal, Sir Percy Spender, lui-même originaire de la colonie d’Australie, a voté de manière décisive dans la décision par sept voix contre sept en faveur de l’Afrique du Sud. Cette décision a lancé la lutte armée de la South West Africa People’s Organisation (Swapo) contre les occupants sud-africains de l’apartheid. Cette année-là, l’Assemblée générale a révoqué le mandat de l’Afrique du Sud, mais en vain.

En 1969, le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement approuvé la révocation du mandat de l’Afrique du Sud par l’Assemblée générale en 1966. Lorsque l’Afrique du Sud a défié l’ONU et a refusé de se retirer, l’affaire a été soumise en juillet 1970 à la CIJ pour avis consultatif.

Contrairement à 1966, cette fois-ci, l’avis de la CIJ, rendu le 21 juin 1971, a pleinement justifié la position de l’ONU, statuant que l’ONU était l’autorité gouvernementale légitime en Namibie et que l’Afrique du Sud devait se retirer.

Contrairement à la décision procoloniale de la CIJ de 1966, la décision de 1971 a supprimé le dernier vestige de légitimité dont disposait encore le régime suprémaciste blanc. Non pas que l’Afrique du Sud ait respecté la décision ; il ne l’a pas fait. Les sponsors occidentaux de l’OTAN de l’Afrique du Sud ont continué sans vergogne à soutenir ses tactiques dilatoires déguisées en «processus de paix» et ont opposé leur veto aux résolutions de l’ONU appelant à des sanctions contre l’État suprémaciste blanc.

Néanmoins, c’est la décision de la CIJ de 1971 qui a conduit à la reconnaissance internationale de la Swapo et du droit du peuple namibien à l’autodétermination. Il faudra une guerre de libération pour que la Namibie obtienne enfin son indépendance en 1990.

Cela veut dire qu’une décision de la CIJ condamnant la guerre d’Israël comme un génocide serait de bon augure pour la lutte du peuple palestinien contre ses colonisateurs cruels et assoiffés de sang.

Même si cela n’entraînera pas une libération et une décolonisation immédiates, cela accélérera considérablement ce processus jusqu’à ce qu’il démantèle le régime israélien de suprématie juive et sauve les Palestiniens et les juifs israéliens du culte génocidaire du sionisme.

source Middle East Eye via France-Irak Actualité

Thierry Meyssan balance grave sur les liens entre Israël et les Frères Musulmans du Hamas

Source : RzO international - par Le Courrier des Stratèges - Le 11/01/2024.

Dans cette interview de nouvelle année, Thierry Meyssan fait le point de la situation à Gaza, au Liban et en Iran. Il dissèque l’assassinat d’un dirigeant du Hamas à Beyrouth, et nous explique comment le gouvernement israélien élimine physiquement tous les responsables du Hamas qui ne sont pas à sa solde.

 

YouTube video

source : Le Courrier des Stratèges

ATTENTAT EN IRAN

 

L'EI revendique le mérite des bombardements iraniens sur la tombe de Soleimani

 

Source : The Cradle - Le 04/01/2024.

 

Israël a utilisé l'Etat islamique et d'autres groupes extrémistes comme mandataires pour déstabiliser ses adversaires dans la région.

L'EI a revendiqué le 4 janvier l'attentat à la bombe qui avait tué 84 personnes la veille en Iran, lors d'une procession commémorative en l'honneur de Qassem Soleimani, le général iranien assassiné par les États-Unis il y a quatre ans à Bagdad. 

Le New York Times a rapporté qu'un article sur le compte Telegram officiel de l'organisation a qualifié l'attaque d'« opération de double martyre » et a décrit comment deux de ses agents se sont approchés d'une cérémonie sur la tombe du général Soleimani à Kerman et ont fait exploser des ceintures d'explosifs alors que « près du tombe du chef hypocrite.

Bien que l’Etat islamique en revendique le mérite, il est largement admis qu’Israël a mené l’attaque, soit directement, soit en utilisant l’Etat islamique comme mandataire. L'attaque est survenue un jour après qu'Israël a assassiné un haut dirigeant du Hamas, Saleh al-Arouri, et six autres responsables et commandants du Hamas dans la banlieue de Beyrouth, à Dahiyeh. Arouri est l'un des fondateurs de la branche militaire du Hamas, les Brigades Qassam, qui combattent les forces israéliennes à Gaza. L’Iran est un fervent partisan du Hamas et d’autres groupes de résistance palestinienne.

L'attaque israélienne contre Gaza, désormais largement considérée comme constituant un génocide, a tué plus de 22 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants.

Le 4 janvier également, le chef de la Direction du renseignement militaire israélien a souligné qu'Israël était actif en Iran. 

S'exprimant lors d'une cérémonie de remise des diplômes des officiers du renseignement, il a déclaré que les renseignements de l'armée israélienne permettent « de porter des attaques généralisées contre nos ennemis, de Gaza à l'Iran ».

« Depuis près de 90 jours, l’État d’Israël et Tsahal [l’armée israélienne] sont engagés dans une guerre sur plusieurs fronts. L’armée israélienne, y compris la Direction du renseignement militaire, opère dans tous les domaines et sur tous les fronts, en défense et en attaque », explique le major-général Aharon Haliva. « L’activité de Tsahal, dans toutes les dimensions du combat, est basée sur le renseignement. »

« Les renseignements riches et de haute qualité fournis par la Direction du renseignement militaire sauvent chaque jour la vie de nombreux soldats qui risquent leur vie sur le terrain et entraînent des attaques généralisées contre nos ennemis, de Gaza à l'Iran, dans tous les domaines, face aux des défis complexes », a affirmé Haliva.

Pendant la guerre en Syrie, qui a duré de 2011 à 2018, les responsables israéliens ont reconnu avoir apporté leur soutien à la filiale officielle d’Al-Qaïda en Syrie, le Front al-Nosra, issu de son organisation mère, l’Etat islamique.

Israël a cherché à utiliser des groupes extrémistes islamiques pour diviser les États arabes forts avec des armées redoutables qui pourraient remettre en question sa domination dans la région et la colonisation et l'occupation en cours de la Palestine.   

 

Attentat en Iran : La CIA et le Mossad sont devenus des pieds nickelés

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 04/01/2024.

 

Attentat en Iran: la CIA et le Mossad sont devenus des pieds nickelés

 

Le terrible attentat de Kerman, en Iran, qui a fait 84 morts, vient d’être revendiqué par “Daech”. Revendication peu crédible : L’Etat islamique est-il autre chose aujourd’hui qu’un faux nez des services occidentaux ? Plus on examine cette revendication, cependant, plus on prend la mesure du dommage que le camp occidental s’inflige désormais à lui-même. Le peu de crédibilité du narratif du “7 octobre” tenait à à l’idée que l’Occident et Israël menaient un seul combat contre le terrorisme, soutenu, lui, par l’Iran. A partir du moment où l’Etat islamique entre dans la danse, le récit occidental se fracture. Ce faisant, Washington, Londres et Tel-Aviv livrent de bons arguments à l’Iran pour ne pas réagir inconsidérément – contrairement au but recherché par les Occidentaux.

 

Le bilan du terrible attentat de Kerman, est établi à 84 morts et près de 200 blessés. Les concepteurs de l’attentat sont assez lâches et pervers pour avoir recherché un massacre dans la foule rassemblée pour un pieux hommage à la tombe du Général Soleimani.

L’Iran a immédiatement pointé du doigt les Etats-Unis et Israël. Dénégation indignée des premiers. Silence du second accusé.

Et puis, au bout de vingt-quatre heures, un communiqué arrive, signé Daech Les pieds nickelés !

Personne ne prend au sérieux cette revendication. Hier soir 3 janvier, Bernard Cornut, bon connaisseur de la région, hésitait: on pouvait s’attendre à une revendication par les Moudjahidine du Peuple ou l’Etat islamique. Mais il ajoutait aussitôt que les deux mouvements cités étaient vulnérables à la manipulation par les services occidentaux et le Mossad.

On comprend bien que l’on n’ait pas voulu impliquer les Moudjahidin du peuple. L’attentat est trop évidemment un crime contre le peuple iranien. Inutile de compromettre encore plus un mouvement déjà connu pour ses financements occidentaux. Mais Daech est le pire des choix.

Qui croit encore que l’Etat islamique, vaincu par la Russie, ait une quelconque autonomie et capacité à organiser un attentat complexe en s’avançant profondément au sud-est de l’Iran? Ajoutons qu’avant même l’affaiblissement de Daech, l’implication des Etats-Unis et d’Israël dans son développement était bien connue.

L’attribution de l’attentat de Kerman à Daech représente donc une décision de pieds nickelés, au sens propre du terme: gavés d’argent et de technologie comme Croquignol, Filochard et Ribouldingue, les héros célèbres de la bande dessinée sont devenus des escrocs paresseux et approximatifs dans leurs méthodes, tant leurs semelles de nickel les rend peu mobiles. Nous avons affaire à des services qui commettent de plus en plus d’erreurs -même le Mossad réputé invincible et qui est passé à côté du 7 octobre!

L’effet boomerang de la revendication par Daech

On croyait Daech vaincu. Mais revoilà l’Etat islamique. Il y a ceux qui savent que la Russie a écrasé cette organisation totalitaire en intervenant dans la guerre de Syrie. et qui accueilleront avec un sain scepticisme la nouvelle. Il y a ceux qui croyaient aux rodomontades de Washington sur la victoire contre ISIS et qui vont commencer à douter.

Et puis, si les affreux de Daech s’en prennent à l’Iran, ce dernier est-il lui-même l’Etat terroriste que prétend la propagande occidentale?

Le peu de légitimité que gardait Israël chez certains en Europe était lié à l’idée que l’Occident et Israël avaient un ennemi commun, LE terrorisme islamique ou, pour le dire plus brutalement, l’islam considéré comme terroriste. Un attentat de Daech en Iran brouille le tableau.

Paradoxalement, les services occidentaux ont agi à l’opposé du but recherché. Il s’agissait de pousser l’Iran à bout pour le faire entrer en guerre contre Israël. Mais si c’est Daech…? Téhéran peut plus facilement rester dans son attitude de retenue, caractéristique depuis le début de la nouvelle guerre israélo-palestinienne...

 

Les autorités internationales fustigent le double attentat perpétré en Iran

Source : RzO International - Le 04/01/2024.

par Press TV

Après un double attentat perpétré cet après-midi dans la province de Kerman, au centre de l’Iran, alors que se déroulait une cérémonie en l’honneur du général du Corps d’armée, Qassem Soleimani, plusieurs dirigeants internationaux ont présenté leurs condoléances au Leader de la RII ainsi qu’au peuple iranien, tout en dénonçant le terrorisme sous toutes ses formes.

Parmi ces officiels, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé sur le réseau X, ses condoléances à l’Iran pour l’assassinat de plusieurs dizaines de citoyens lors du double attentat terroriste de Kerman.

Il a noté : «Nous sommes profondément attristés par les odieux attentats terroristes perpétrés dans la province iranienne de Kerman. Que Dieu ait pitié de ceux qui ont perdu la vie dans ces attaques, et je souhaite un prompt rétablissement à ceux qui ont été blessés».

«Je présente mes condoléances au peuple, ami et frère, iranien», a-t-il ajouté.

Le président russe, Vladimir Poutine, a également fait part de ses condoléances dans une lettre au Leader de la RII et à son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, à la suite du triste événement survenu à Kerman.

«L’assassinat de civils venus se recueillir au cimetière est choquant par sa cruauté et son cynisme. Nous fustigeons le terrorisme dans toute sa forme».

Le bureau du mouvement Ansarallah du Yémen a également réagi à l’attentat dans un communiqué, condamnant fermement l’attaque terroriste.

«Nous condamnons avec la plus grande fermeté les explosions sanglantes à Kerman en Iran, qui ont fait des dizaines de morts et de blessés et présentons nos condoléances au Leader de la RII, à nation et au peuple iranien ainsi qu’aux familles des victimes».

Les explosions survenues à Kerman s’inscrivent dans le cadre des efforts déployés par les ennemis pour mettre en échec l’Iran et éliminer le rôle qu’il joue dans la lutte contre l’arrogance et le soutien à la nation islamique et à la Résistance. Mais tous ces efforts du régime sioniste et des États-Unis pour semer l’instabilité et l’insécurité dans ce pays échoueront sans aucun doute, peut-on lire dans ce communiqué.

Les Brigades moudjahidines (Mouvement Moudjahidine palestinien) ont également annoncé dans un communiqué : «La trace de l’ennemi sioniste, soutenu par les États-Unis, se voit dans cet incident. Nous fustigeons le lâche attentat perpétré dans la province de Kerman contre des citoyens qui s’étaient recueillis près de la sépulture du général Qassem Soleimani et nous présentons nos condoléances au Leader de la RII et au peuple iranien tout en souhaitant le prompt rétablissement des blessés», ajoutant que «ce type d’agression ignoble contre des civils ne fera qu’accroître la solidarité des nations islamiques et renforcer leur appel à la Résistance, dont le général Qassem Soleimani demeurera toujours l’un des emblèmes».

Un double attentat à Kerman, dans le sud-est du pays, a fait 103 morts et 188 blessés mercredi 3 janvier, selon l’Organisation iranienne des situations d’urgence.

Les explosions se sont produites près de la sépulture du général martyr iranien, Qassem Soleimani, où les gens s’étaient rassemblés pour participer à la cérémonie du quatrième anniversaire de sa mort en martyr.

source : Press TV

Qui est juif ? Race, “peuple élu” et biopolitique


Source : Le Saker francophone - Par C.B. Forde – Le 1er décembre 2023 – Source The Postil

Israël est structuré comme la “patrie” de la race appelée “Juifs“, mais pas pour la foi en le judaïsme, puisque beaucoup de ceux qui se disent “Juifs” par leur foi ne sont pas racialement qualifiés pour être Israéliens, et sont donc exclus. Pour devenir Israélien, il faut posséder des qualifications raciales approuvées par l’État. Ainsi, la géographie est liée à la génétique (biopolitique), ou à ce que Friedrich Ratzel appelait l'”anthropogéographie” : les non-Juifs sont perpétuellement l’Autre qui, en raison de son ADN, n’a aucune légitimité, et encore moins de place, au sein de l’État ou sur la terre ; ils sont à peine tolérés et ouvertement détestés. Parler de “démocratie” ou même de “civilisation” dans le contexte d’Israël revient à ignorer ce fait biopolitique. Historiquement, nous devons garder à l’esprit que l’idée d’une patrie juive en Palestine était ancrée dans les courants eugéniques des 19e et 20e siècles. Ainsi, Israël est un lieu (Lebensraum) pour la race officiellement qualifiée de “juive“, et aucune autre ; et le but de l’État est la régénération des “juifs“.

 

Mais une telle organisation biopolitique exige qu’il y ait une démarcation génétique claire entre le “Juif” et le “non-Juif“. Cette distinction était autrefois fondée sur la tradition, en ce sens que les personnes qui appartenaient aux communautés historiques de foi judaïque étaient acceptées comme “juifs“. Cela signifiait que non seulement la majorité des Ashkénazes (d’Europe) et des Séfarades (d’Afrique du Nord), mais aussi les Mizrahi (d’Iran, de Syrie, d’Irak), les Beta Israël (Falasha) d’Éthiopie, les divers groupes juifs du Yémen, d’Inde, d’Asie centrale et de Chine étaient tous considérés comme appartenant à une grande communauté juive, bien que les six derniers groupes n’aient reçu ce statut qu’avec beaucoup de réticence, voire pas du tout. Étant donné la prédominance des Ashkénazes en Israël (Cet État ayant toujours été un projet allemand ashkénaze), les “Juifs” qui ne “ressemblent” pas aux Ashkénazes font l’objet d’un préjugé extrême.

Mais compte tenu de cette diversité, existe-t-il une race distincte que l’on peut clairement qualifier de “juive” ? L’État d’Israël le pense certainement, puisqu’il a mis en place plusieurs lois raciales (la loi sur l’État-nation juif, la loi sur le “retour“, la loi sur la citoyenneté et l’entrée en Israël). Cette protection inclut désormais un test ADN imposé par l’État pour déterminer la qualification raciale de toute personne souhaitant immigrer en Israël. En fait, il est illégal et donc impossible pour les Israéliens ordinaires de subir un test ADN (comme cela se fait couramment dans le reste du monde, dans le cadre d’un projet généalogique personnel et amusant) – un tel test n’est possible que sur décision de justice (loi 5761 sur les informations génétiques, adoptée en 2000) – car seul l’État d’Israël peut déterminer qui est un “Juif” à part entière. Un tel contrôle racial par l’État implique que la bureaucratie israélienne possède des biomarqueurs raciaux clairs et précis. La notion de race distincte de “Juifs” est primordiale et garantit l’unicité d’Israël. Sans elle, la logique d’Israël en tant que “terre des Juifs” s’effondre, et il s’agirait alors d’un pays comme les autres dans le monde, où vivent des gens ordinaires.

Le peuple élu

Derrière cette distinction raciale se cache la lecture protestante de la Bible, selon laquelle les “Juifs” d’aujourd’hui sont considérés comme un peuple unique, spécialement choisi par Dieu pour accomplir l’œuvre divine dans le monde. Il est donc communément admis que le peuple connu sous le nom de “Juifs” aujourd’hui est le descendant direct des individus qui peuplent les Saintes Écritures. En d’autres termes, il existe une prétendue continuité raciale ininterrompue d’Abraham à aujourd’hui, malgré le fait flagrant qu’Abraham a négligé de laisser derrière lui un échantillon de son ADN. De même, il n’existe aucun échantillon d’ADN pour tous les prophètes, rois, grands prêtres, scribes, gardes, sadducéens et pharisiens mentionnés dans les Saintes Écritures. Dès lors, sur quelle base peut-on prétendre à une quelconque ascendance familiale remontant à des milliers d’années ?

Ce modèle d’unicité a été introduit et codifié par l’historien juif allemand Heinrich Graetz, dans son Histoire des Juifs en onze volumes (publiée entre 1853 et 1870) ; puis d’autres historiens, tels que Moses Hess, ont continué à affirmer la notion de “Juifs” en tant que race distincte – ainsi, il existait un “type juif” (jüdische Typus), qui était “scientifiquement” connaissable (et c’est là que la “science” de l’époque a été utilisée, comme la forme du crâne, la forme des oreilles, du nez, etc.) Ces historiens, à leur tour, suivaient le projet protestant séculaire de s’aligner sur le “peuple élu” de Dieu, ce qui a donné naissance au “sionisme chrétien” et a conduit à diverses remarques ironiques, telles que “les presbytériens sont des juifs qui mangent du porc“. Ici, la question de la race était, et reste, centrale. Les chrétiens non protestants, en revanche, entendent le terme “peuple élu” comme l’Église, le peuple qui suit le Christ, et non comme une race distincte.

La notion de Graetz est également à la base de l’État d’Israël, où la Bible est l'”acte” légal de propriété de la terre autrefois connue sous le nom de Palestine, en ce sens que les “Juifs” d’aujourd’hui sont les héritiers phylétiques des anciens Israélites, dont les vies et les épisodes littéraires se déroulent sur la toile de fond de la géographie palestinienne.

Mais dès que l’on s’aventure dans l’Antiquité et que l’on tente de localiser les anciens “Juifs” en dehors de la foi, on se heurte à toutes sortes de difficultés, qu’elles soient d’ordre juridique, linguistique, archéologique ou historique. Tout d’abord, vous vous demandez peut-être pourquoi le mot “juif” est entre guillemets, afin d’indiquer que cette catégorie raciale est récente. Dans l’Antiquité, nous ne disposons pas d’un terme que l’on puisse traduire par “juif“. Il s’agit plutôt d’une désignation géographique : “Judéen“, c’est-à-dire quelqu’un qui vivait dans la région appelée “Judée“. Dans l’Antiquité, il y a des Judéens, il n’y a pas de “Juifs“. En d’autres termes, la géographie n’est pas assimilable à la race, et il est impossible de repousser le terme racial de “juif“, disons, à 3 000 ans.

Cela signifie également qu’il est impossible d’identifier un marqueur génétique distinct dans les archives archéologiques pour les “Juifs“. Ce que nous avons, ce sont des gens (les Judéens) qui vivaient dans la région appelée aujourd’hui Israël, une région appelée “Palestine” par les Romains. Il est impossible de déterminer la race de ces personnes. De nombreuses communautés vivaient dans la région, et toutes partageaient une culture matérielle indiscernable et donc commune (égyptienne, cananéenne, philistine). En d’autres termes, l’archéologie n’indique absolument pas qu’une tribu d’Hébreux a fait irruption dans ” la terre promise “, l’a conquise et s’y est installée (Grabbe, 2017, p. 82-88). Cela remet alors en question la séquence d’événements connue sous le nom d'” Exode “, qui est l’étiologie utilisée pour justifier la possession de la terre palestinienne qui comprend l’État moderne d’Israël. Le peuple que Dieu a choisi, quel qu’il soit, a disparu depuis longtemps dans l’obscurité des millénaires. Ils ont disparu sans laisser de traces. Rien ne les associe génétiquement au peuple qui s’appelle aujourd’hui “juif“.

Mais le concept de “peuple élu” signifie également une spécificité raciale par rapport au reste de l’humanité (suprémacisme), ce qui est largement supposé et cru, et étant donné que l’archéologie, la linguistique et l’histoire ne peuvent pas vérifier une telle distinction, une question plus cruciale se pose : dire que les “Juifs” modernes sont les héritiers d’un mariage et d’un patrimoine hébraïques anciens (race et terre) – signifie que nous possédons un marqueur génétique précis du “peuple élu” – ancien et moderne, qui correspondent tous les deux parfaitement. Bien sûr, il n’en existe pas. Comment alors le “Juif” moderne peut-il être génétiquement apparié au peuple de la Bible, dont il est l’héritier vivant ?

Nous pourrions ici aborder l’histoire du judaïsme moderne, mais il suffit de dire que ce n’est pas celui dont parle la Bible – quel qu’ait pu être cet ancien système de croyance, il n’a pas grand-chose à voir avec la foi appelée “judaïsme” aujourd’hui. Les seules indications que nous ayons de cette ancienne foi judaïque proviennent de Josèphe, et elles ne correspondent pas du tout à la pratique judaïque actuelle. Comme le dit le rabbin Ben Zion Bokser : “Cette impression n’est pas rare et on la retrouve parfois chez les juifs comme chez les chrétiens : le judaïsme est la religion de la Bible hébraïque. C’est, bien sûr, une impression fallacieuse… Le judaïsme n’est pas la religion de la Bible” (Judaism and the Christian Predicament, p. 59). Un fait très clairement énoncé par l’Almanach juif (1980, p. 3) : “Strictement parlant, il est incorrect d’appeler un ancien Israélite un ‘Juif’ ou d’appeler un Juif contemporain un Israélite ou un Hébreu“.

En bref, il n’existe pas d’histoire génétique ininterrompue du “peuple élu” depuis Abraham jusqu’à nos jours, ni de “judaïsme” persistant et immuable, d’autant plus que beaucoup de choses suggèrent qu’il existait des systèmes de croyance antérieurs à la mosaïque (antérieurs à la Torah, pour ainsi dire). Quel que soit le peuple de la Bible, il a disparu, peut-être parce qu’il est devenu chrétien ou, plus tard, musulman. Leurs gènes sont impossibles à retracer et encore moins à trouver dans les populations d’aujourd’hui.

Mais existe-t-il une race de “Juifs” d’aujourd’hui ? La majorité des habitants d’Israël sont ashkénazes, puis séfarades et mizrahi. Quelle est l’histoire de leur ADN ? En bref, il s’agit essentiellement d’Europe centrale et orientale, avec un peu d’Asie. L’étude la plus récente suggère que les Ashkénazes sont originaires d’Italie et sont donc des Européens. De très nombreuses études, pleines d’espoir, ont été réalisées pour “prouver” que les “Juifs” d’aujourd’hui sont bien les descendants des anciens Israélites. L’hypothèse de départ de toutes ces analyses est d’affirmer vaguement la continuité d’anciennes lignées, telles que les Lévites ou les Cohenim. Il va sans dire que personne ne possède les génomes des anciens Lévites et Cohenim, auxquels comparer leurs descendants modernes. On fait également grand cas des maladies rares qui affectent les “Juifs” (Tay-Sachs, Neimann-Pick et Gaucher) ; mais là encore, ces maladies ne se limitent guère aux seuls “Juifs” et sont répandues dans d’autres groupes.

Des études et des analyses plus sobres et plus neutres aboutissent à une image très différente : ceux que nous appelons “Juifs” aujourd’hui sont un mélange de Romains, de Grecs, d’Anatoliens, de Slaves, d’Iraniens, de Grands Turcs (Khazars) et d’Africains du Nord, avec très peu d’éléments du Moyen-Orient (bien sûr, le “Moyen-Orient” lui-même est une catégorie vague, qui ne peut en aucun cas impliquer une descendance directe à partir d’Abraham). Ces études neutres sont régulièrement attaquées et vilipendées par ceux qui ont des intérêts particuliers, mais elles ne sont jamais niées. En fait, un défi récent lancé par l’éminent généticien israélien Eran Elhaik, visant à prouver la “judéité” une fois pour toutes, en utilisant des critères très précis, n’a été accepté et relevé que par deux des nombreux généticiens favorables au “peuple élu“. Et les résultats apportés par ces deux généticiens n’ont fait que confirmer une fois de plus qu’il n’existe pas de race distincte de “Juifs“. Il n’y a que des personnes d’origines diverses et mélangées, comme le reste de l’humanité. Ceux qui croient en la suprématie du “peuple élu” croient simplement en un mensonge.

Biopolitique

C’est Johann Rudolf Kjellén qui a inventé l’expression “biopolitique” (ainsi que l’expression “géopolitique“), par laquelle il entend l’État comme une “individualité ethnique” qui lui confère un pouvoir organique utilisé pour dominer les autres afin d’assurer sa continuité temporelle. Dans ce processus, le mythe du “peuple élu” est essentiel en tant que fondement sur lequel repose l’ensemble du projet sioniste qu’est Israël. Ce mythe confère à Israël un pouvoir sur les autres, en particulier sur l’Amérique protestante dont le soutien illimité est légendaire et sans compromis (milliards de dollars et armes), parce qu’elle croit qu’elle est ainsi alignée sur le “peuple élu” de Dieu (et toutes sortes de citations bibliques sont lancées comme “preuve” de ce soutien).

Par conséquent, Israël se présente comme la terre du “peuple élu” racialement homogène, ce qui explique son autoritarisme à l’égard des Palestiniens – parce qu’Israël est une communauté fermée avec un supposé ADN commun, hérité d’une lointaine antiquité, ce qui ne peut que signifier que les autres races doivent exister dans une hiérarchie d’inégalité avec les “Juifs“, puisque ces Autres ont l’intention de nuire au “peuple élu“. En effet, la vie d’Israël (passée, présente et future) est déterminée par la perception d’une biologie héréditaire pour le bien-être et la protection des “Juifs“. La protection de base consiste à décourager et à refuser religieusement tout mariage mixte et toute relation sexuelle extraconjugale entre “juifs” et “non-juifs“.

L’ensemble des actions d’Israël, politiques et sociales, sont mieux comprises comme des expressions de la biologie “juive“, dont le bien-être est garanti par la structure raciale innée de l’État – c’est-à-dire l’association essentialisée de l’ADN avec la géographie. Le “peuple élu” ne peut donc pas faire de mal car il ne fait que poursuivre son destin biologique.

Peut-être Israël apprendra-t-il un jour à vivre sans la béquille de la race et abandonnera-t-il son idéologie suprématiste. S’il ne le fait pas, il finira par disparaître, car le “suprémacisme juif” est une impasse.

C.B. Forde

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Comment Israël est tenu en échec par la stratégie Soleimani

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 03/01/2024.

Comment Israël est tenu en échec par la stratégie Soleimani

 

Il y a quatre ans, le 3 janvier 2020, Donald Trump faisait assassiner le Général iranien Soleimani, architecte de ce qu’on appelle “l’Axe de la Résistance” à la politique israélo-américaine au Proche-Orient. La mort du stratège n’a pas signifié la fin de sa stratégie. Au contraire, l’efficacité redoutable du général commandant le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique venait de sa capacité à former des gens capables de se déployer de manière autonome sur le terrain. C’est ce qui explique l’acharnement des Israéliens à tuer les héritiers de Soleimani : Sayyed Razi Mousavi, à Damas le jour de Noël; Saleh el-Arouri à Beyrouth hier 2 janvier. Vaines tentatives? Nous devons réviser toute notre compréhension de ce qui se passe au Proche-Orient. Les analystes occidentaux en sont encore à parler d’islamisme quand les facteurs géopolitiques et nationaux déterminent désormais les affrontements et les alliances au Proche-Orient.

Le 3 janvier 2020, Donald Trump donnait l’ordre de frapper, depuis un drone, le convoi du Général iranien Qasem Soleimani qui venait de quitter l’aéroport de Baghdad, pour une rencontre avec Adil Abdul-Mahdi, le Premier ministre irakien.

Outre la lâcheté d’une telle frappe, qui faisait soudain ressembler Donald Trump à son prédécesseur honni, Barack Obama, connu pour son goût des assassinats de civils ou de militaires par drone interposé, on peut dire, avec le recul, que la mort de Soleimani n’a pas eu l’impact attendu par les Américains. On frappe à la tête pour désorganiser l’ennemi, le sidérer, voire le forcer à se rendre.

En l’occurrence, il s’est passé le contraire. La détermination de ce qu’on appelle l’axe de la Résistance (Iran, Syrie, milices chiites en Iraq, Hezbollah au Liban, Ansarallah au Yemen) en est sortie renforcée.

“Un, deux, trois Soleimani!”

En 1968, les étudiants du monde manifestaient en réclamant que les “Vietnam” se multiplient pour mettre en échec l’impérialisme américain. Aujourd’hui, beaucoup sont devenus des bourgeois ventripotents qui soutiennent l’impérialisme américain version “néocon”. Mais dans les manifestations en défense des Palestiniens, on aurait toutes les raisons de scander : ”Un, deux, trois Soleimani!?" Ce ne serait plus un vœu. Mais une réalité.

Les deux assassinats que vient de perpétrer Israêl, à huit jours d’intervalle -Sayyed Razi Mousavi, à Damas le jour de Noël; Saleh El-Arouri à Beyrouth hier 2 janvier – ressemblent à s’y méprendre à celui de Soleimani. Non seulement dans les formes mais à cause des cibles visées. L’Iranien Mousavi était un collaborateur de Soleimani. Et Saled El-Arouri est représentatif des résistants palestiniens formés par Soleimani.

Le rôle décisif de Soleimani pour organiser la résistance des Palestiniens

Les graphiques que je reproduis ici concernant Soleimani sont tirés d’un compte X/canal Telegram qui offre un fil quasi-continu des événements actuellement en cours au Proche-Orient.

On comprend trois choses essentielles, enlisant ce travail méticuleux:

+ pendant que les médias occidentaux se focalisaient sur Ben Laden et Al-Qaïda, ce sont Soleimani et l’Iran qui changeaient la face du Proche-Orient.

+ Le partage religieux des influences sous la forme du célèbre accord passé entre Hassan El-Banna, le fondateur des Frères musulmans, et l’Ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique d’Iran, reste sans doute vrai sur le plan religieux. Mais il ne rend pas compte de l’affrontement en cours, déterminé par la géopolitique et les nations, non plus par la religion

La méthode Soleimani et l’émergence de nations combattantes

La méthode Soleimani consiste d’une part dans des transferts technologiques, d’autre part dans la formation des unités combattantes. Le principe directeur est de rendre les mouvements combattants indépendants les uns des autres.

Lorsque le Hezbollah ou l’Iran disent ne pas avoir été informés à l’avance par la Résistance Palestinienne de l’attaque du 7 octobre, c’est à la fois vrai et faux. Vrai sans doute dans les détails opérationnels. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait eu aucune interaction entre les différentes composantes de l’Axe de la Résistance. Et la formule de Gilles Kepel, qui a parlé du 7 octobre comme d’un “11 septembre chiite” touche un aspect important de ce qui est en cours.

Il faut bien comprendre, cependant, que les clivages religieux ne sont plus ce qui détermine le conflit du Proche-Orient. On a trois parties en présence.

+ Les Etats-Unis et Israël

+ L’Axe de la Résistance, autour de l’Iran. Aux pays et mouvements combattants déjà cités on peut ajouter l’Algérie.

+les pays musulmans ayant, d’une manière ou d’une autre cherché depuis des décennies un accommodement avec Israël: Maroc, Egypte, Turquie, Jordanie, pays du Golfe.

Les Palestiniens sont partis en guerre le 7 octobre parce qu’ils avaient le sentiment que le rapprochement entre Israël et l’Arabie Saoudite était en train de sceller le sort de la nation palestinienne qui ne pourrait jamais voir le jour. Aujourd’hui, ce rapprochement est suspendu. Et l’Axe de la Résistance apparaît capable d’empêcher le projet israélien d’expulser les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

La méthode Soleimani y est pour beaucoup. Une stratégie partagée par des mouvements ou des pays qui dispose du maximum d’autonomie mais sont capables de se coordonner extrêmement rapidement parce qu’ils parlent tous la même langue stratégique. Et savent se servir des mêmes armes.

Tout ceci explique qu’aujourd’hui nous ayons affaire à des nations qui, sous l’effet du coup inattendu porté par la Résistance palestinienne à Israël depuis le 7 octobre, se mettent toutes à peser leurs intérêts. Les Etats-Unis savent qu’ils n’ont pas intérêt à se laisser entraîner par Israël dans un conflit généralisé. Le Maroc, l’Arabie Saoudite ou la Turquie doivent faire preuve d’une grande prudence, désormais, dans leur rapprochement avec Israël, sous peine de mobiliser la rue contre eux. La Syrie ou l’Iraq attendent patiemment leur heure pour libérer leur territoire de toute occupation étrangère. Au grand dam d’Israël – qui peut regretter son tournant anti-iranien depuis une génération -l’Iran sortira vainqueur de l’affrontement actuel.

La stratégie Soleimani est d’abord celle d’un patriote iranien, qui aura servi son pays avec une telle efficacité que l’Iran moderne vivra encore longtemps de son héritage militaire et politique.

 

 

Que reste-t-il de l’Holocauste qui brûle et se consume à Gaza ?

Source : RzO International - Le 29/12/2023.

par Naram Sarjoun

Les événements historiques sont des entités vivantes tant qu’ils vivent en nous, se déroulent devant nous, et à chaque fois que nous les évoquons avec le ressenti de leur odeur et de leur ardeur. Il n’empêche qu’ils peuvent mourir, se suicider, s’éteindre ou causer leur propre mort de leur fait ou du nôtre.

Combien d’histoires se sont suicidées ou ont été tuées par une histoire plus puissante encore. Le péché n’a-t-il pas tué un monde empreint de vertu ? L’affaire Galilée n’a-t-elle pas tué le comportement irrationnel de théologiens ayant jugé hérétique ce qui ne relevait que de l’investigation scientifique ? La trahison de Judas n’a-t-elle pas tué sa qualité première de disciple du Christ ?

Pour qu’un récit historique reste vivant, il ne doit pas tomber dans le péché, être soumis aux inconséquences humaines ou être déformé par le mensonge, car les histoires tuent les histoires.

Nous n’entrerons pas dans le débat sur l’Holocauste. Ce sont les Israéliens qui doivent débattre de leur Holocauste qui brûle et se consume à Gaza, tel le serpent qui continue à se mordre jusqu’à ce que sa blessure pourrisse et qu’il en meurt.

L’holocauste de Gaza commence à dévorer l’histoire de l’Holocauste des juifs, laquelle histoire est en train de perdre de sa valeur morale et de ce qui est plus important encore : la sympathie et l’empathie qu’elle suscite. Des sentiments dont la pérennité fut et demeure l’un des objectifs du sionisme qui les insère et les enferme dans les esprits via l’école, la culture, le cinéma, le théâtre, les médias, les célébrations, etc., sauf que lorsque le péché se répète, le cœur ne pardonne plus.

D’autant plus que les scènes de l’entreprise d’extermination systématique qui se déroule à Gaza sont venues envahir les esprits d’un monde qui entend et voit de ses propres yeux l’incroyable. C’est pourquoi, progressivement, l’histoire remplace l’Histoire, les images remplacent les récits fictifs, les vérités tangibles remplacent les mythes du sionisme.

Car contrairement à l’Holocauste qui est un récit dont le monde d’aujourd’hui ne connaît que des images ou des écrits, nul ne peut douter ou nier l’holocauste de Gaza. Toutes les histoires sionistes sur l’Holocauste ne peuvent l’emporter sur les images et les films de milliers d’enfants palestiniens enveloppés de leurs linceuls blancs, ni même d’un seul enfant palestinien qui saigne et regarde l’observateur dans les yeux. Et tous les films hollywoodiens sur l’Holocauste ne peuvent effacer les images des corps démembrés de vingt mille victimes d’Israël et nettoyer ainsi son visage et ses dents tachés de sang.

Le monde entier voit les bombes exploser dans les maisons palestiniennes, tout comme il voit l’instant même de la mise à mort de familles entières et de civils innocents. Ce qui fait que le plus gros problème auquel l’histoire de l’Holocauste devra se confronter, en plus de la perte de sa prétendue moralité et de son prestige soigneusement construit par l’Occident, est de voir l’holocauste de Gaza tuer les remords et le sentiment de culpabilité enfouis dans la conscience européenne, car désormais c’est la victime sacrée de l’Holocauste qui tue et qui dévore sauvagement la chair des enfants et des innocents.

Et l’histoire de l’Holocauste brûlant et se consumant à Gaza, en raison d’un péché majeur commis au grand jour, libérera les peuples du fardeau d’une culpabilité leur ayant imposé le silence sur les souffrances des Palestiniens. Une libération qui les autorisera à dire que la victime de l’Holocauste n’a pas le droit de commettre un holocauste, auquel cas elle perd son droit de vivre sur une terre et dans une patrie.

L’esprit insensé d’Israël est celui de Shylock, tel que décrit par William Shakespeare dans sa pièce intitulée «Le Marchand de Venise». Shylock le riche usurier qui, pour se venger, réclame son dû : une livre de chair exigée par contrat s’il n’est pas remboursé à temps. Sa volonté de mastiquer la chair de son rival le pousse à refuser toutes les compensations possibles et finit par tuer son droit et sa chance d’échapper à la colère de son entourage. Il perd tout après avoir tout eu.

Maintenant, Shylock est en train de découper la chair de Gaza dont le sang gicle sur son visage, ses lèvres, sa moustache, sa barbe et ses boucles, tandis que le monde est frappé de sidération.

Que restera-t-il de l’Holocauste, l’histoire préférée des Israéliens au point de devenir plus précieuse que l’histoire de leur captivité à Babylone ? Et qu’adviendra-t-il d’Israël dont les ressortissants ébranlent le pilier du temple qu’ils habitent, en sachant que quand les piliers tremblent le bâtiment s’effondre ? N’ont-ils donc rien appris de leur histoire ?

source : le blog de l’auteur ماذا بقي من المحرقة اليهودية؟ المحرقة تأكل نفسها

Traduction par Mouna Alno-Nakhal

Israël paie un lourd tribut pour ses crimes

Source : RzO International - Le 27/12/2023.

par Kevin Barrett

Ainsi Netanyahou dit maintenant que (Israël paie) le prix est lourd. Quel est le prix ?

Netanyahou n’admet pas à quel point le prix à payer est lourd. Le nombre réel de victimes israéliennes est bien supérieur au décompte officiel. Nous le savons parce que nous avons vu que les résistants se sont filmés en train de détruire des chars, des camions et d’autres véhicules militaires par centaines. Ils ont également filmé bon nombre de leurs autres opérations. Nous pouvons donc voir que, sur la base de ce qui ressort des images du film de la résistance, le nombre de victimes doit être beaucoup plus élevé que ce que Netanyahou admet.

Le Hamas a tué environ 1650 soldats israéliens et détruit 750 véhicules militaires

Il ignore également le fait, du moins publiquement, qu’Israël a perdu environ 7% de sa population. Ils n’ont pas été tués, ils ont fui le pays. Cela s’est déjà produit de temps à autre, mais cette fois, il n’est pas certain qu’ils reviendront, car l’économie israélienne est en ruine. La frontière nord du pays est désormais inhabitée, car elles ont toutes été évacuées à cause du front nord du Hezbollah.

Et l’économie israélienne ne reviendra peut-être pas. Elle dépend fortement du tourisme, qui est désormais complètement fermé. Les hôtels touristiques habituels regorgent d’Israéliens ayant fui les zones de guerre du nord. Et bien sûr, c’est déjà assez grave. Mais (la raison principale) l’avenir de l’entité sioniste semble incroyablement sombre est dû à la façon dont ils ont réussi à commettre le génocide le plus horrible jamais vu à la télévision en direct, et ils ont rendu malade et consterné presque le monde entier. Leurs seuls partisans se trouvent désormais à Washington DC. Et même aux États-Unis d’Amérique, les sondages montrent que la majorité des jeunes adultes souhaitent que la résistance gagne et mette fin à Israël.

Ils ont donc perdu la bataille militaire.

- Ils ne peuvent pas récupérer leurs otages.

- Ils ne peuvent pas réussir leurs opérations au sol.

- Ils ne peuvent pas arrêter le Hamas comme ils le prétendent.

- Ils ont perdu leur bataille économique.

- Ils ont perdu leur guerre de propagande, où ils inventent des histoires ridicules sur des bébés décapités auxquels personne ne croit.

Personne ne croit plus ce qu’ils disent. Ils ont détruit toute leur crédibilité, fait exploser leur économie et montré qu’ils étaient un tigre de papier militaire. La fin de l’entité sioniste est proche. Et Netanyahou sait que sa propre fin politique est encore plus proche.

source : The Unz Review via La Cause du Peuple

 

Le Massacre des Innocents

Source : RzO International - Le 26/12/2023.

par Dominique Muselet

Israël est une anomalie. Il a été créé de toutes pièces par les Occidentaux sur une terre qui ne leur appartenait pas, à la fois pour libérer leur conscience de l’holocauste et pour s’assurer le contrôle de la production et des flux d’énergie du Moyen-Orient. Israël, instauré par la force pour incarner la force de l’Occident au MO, est tout de suite devenu un état voyou qui se livre impunément au nettoyage ethnique des Palestiniens, le peuple autochtone, le vrai propriétaire de la terre, à l’exemple et avec le soutien inconditionnel de leurs principaux mentors et financeurs, les États-Unis d’Amérique, suivis de près par l’Europe. Le nettoyage ethnique prend toutes sortes de formes, parfois discrètes, parfois spectaculaires, mais en tout cas de plus en plus violentes et expéditives à mesure que le temps passe et qu’Israël prend de l’assurance. Parfois il se déchaîne, et nous assistons à une énième tentative de donner un fond de vérité à la fable selon laquelle les Israéliens ont écopé d’une terre vierge, en se débarrassant de la population palestinienne.

Le premier épisode du nettoyage ethnique s’est déroulé pendant la guerre qui a suivi le vote du plan de partage de la Palestine aux Nations unies. Les Palestiniens l’ont appelé la Nakba, la catastrophe. Comme dit Wikipédia avec sa pudeur de gazelle habituelle quand il s’agit d’Israël : «En gagnant la guerre de 1948, Israël conquiert 26% de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage et prend le contrôle de 81% de la Palestine de 1947. La guerre s’accompagne de bouleversements démographiques. Entre novembre 1947 et juillet 1949, environ 720 000 Arabes de Palestine fuient ou sont expulsés des territoires qui formeront Israël et dans les vingt années qui suivront, en parallèle avec les tensions du conflit israélo-arabe, l’essentiel des membres des communautés juives du monde arabo-islamique, soit plus de 850 000 personnes, s’enfuient de ces pays, en y abandonnant souvent tous leurs biens».

Notez comment Wikipédia donne l’impression d’être factuel, tout en faisant passer l’oppresseur pour une victime elle-même chassée des pays arabes, alors qu’on sait très bien que c’est l’Agence juive qui a persuadé les juifs du Maghreb de faire leur alya, c’est-à-dire de «monter en Israël», à coup de promesses paradisiaques, un tour de passe-passe qui permet à Wikipédia de renvoyer dos à dos, la victime et l’oppresseur, ainsi logés à la même enseigne.

Un léger détail

Un livre de Adania Shibli, une auteure palestinienne qui vit en Allemagne, est sorti en 2016 et a été publié par Actes Sud en 2020, malheureusement dans une mauvaise traduction ; même le titre, «Un détail mineur», peut-être calqué sur le titre anglais, est du mauvais français à mon sens. Ce n’est pas la première fois que je constate que la qualité de la traduction des livres publiés par Actes sud laisse à désirer. Là, ce n’est pas du charabia comme dans un livre de nouvelles Nord-Coréennes que j’avais précédemment acheté, mais c’est une traduction littérale, sans fluidité, sans élégance et sans poésie, avec même parfois des fautes de français. On ne peut que s’imaginer la puissance évocatrice du récit en arabique qui perce parfois tout de même à travers la maladresse de la traduction. Le livre a eu un vif succès dans le monde anglo-saxon (il paraît que la traduction anglaise est géniale) où il a reçu deux prix. Il devait en recevoir un troisième à la foire de Francfort, mais avec le déclenchement de la dernière phase en date du nettoyage ethnique de la Palestine, le livre est subitement devenu «antisémite et anti-Israël» et le prix a été annulé.

Le Nouvel Obs s’interroge naïvement : «Au lendemain de cette tragédie, les organisateurs de la Foire de Francfort ont affirmé vouloir rendre «particulièrement audibles» les voix israéliennes. Mais pourquoi, comme en miroir, vouloir faire taire une voix palestinienne ? Celle de Adania Shibli, en particulier ?». Il ne vient pas à l’esprit du journaliste, qu’au moment où Israël accuse faussement le Hamas d’avoir violé des Israéliennes le 7 octobre, un livre qui relate le viol collectif et l’assassinat d’une jeune fille bédouine par un contingent de soldats israéliens en août 1948, est plutôt mal venu !

Cruelle ironie du sort pour les sionistes, c’est grâce à cette annulation que j’ai découvert et acheté le livre. Je ne suis sans doute pas la seule et je vous encourage à faire de même, car c’est un récit à la fois touchant et instructif, basé sur des faits réels. On découvre tardivement dans le livre que le léger détail n’est pas, comme on le pensait, le viol et le meurtre de la jeune Bédouine, pas plus que le massacre des innocents auquel se livre Israël en ce moment n’est le détail qu’ils croient.

Pourquoi les États occidentaux soutiennent-ils ce massacre des Innocents ?

Je sais qu’il est devenu vulgaire de faire référence à tout ce qui touche au christianisme, même à Noël, mais tant pis ! Pour ceux qui l’ont oublié, le Massacre des Innocents est un épisode relaté dans l’Évangile selon Matthieu : craignant l’avènement d’un roi des juifs annoncé par ses propres devins et les mages venus rendre hommage à Jésus, Hérode ordonne de massacrer tous les enfants de moins de deux ans de la région de Bethléem. Tout comme Israël espère qu’il y aura des militants du Hamas parmi les enfants qu’il bombarde, Hérode espérait que Jésus serait un des enfants que ses soldats passaient au fil de l’épée.

Depuis le 7 octobre 2023, les peuples du monde entier assistent, atterrés, au massacre sauvage des innocents à Gaza et se demandent comment les Occidentaux, qui se prétendent supérieurement civilisés, peuvent unanimement soutenir cette barbarie. Ils cherchent l’explication d’une telle insensibilité dans notre passé colonial, notre sentiment de supériorité, notre égoïsme et notre cupidité. Tout cela est vrai, mais ce n’est pas la raison principale, qui crève les yeux tout en étant volontairement occultée : Israël est notre créature, nous lui avons tout passé depuis que nous l’avons créé et nous en avons fait un monstre que, tel le Golem, nous ne maîtrisons plus. Nos dirigeants sont à la merci d’Israël et les autres grandes puissances ont les mains liées, car ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran, ni les pays arabes, ne peuvent se permettre de déclencher un conflit qui anéantirait toute leur région.

Chas Freeman, un diplomate à la retraite, ancien secrétaire adjoint à la Défense pour les affaires de sécurité internationale, explique, dans une vidéo du 23 décembre 2023 intitulée «L’OTAN se fracture» que les États-Unis ne se contentent pas de laisser faire le génocide, ils soutiennent activement la politique du Grand Israël de Netanyahou avec des livraisons d’armes et un financement sans faille.

À la question «Dans quelle mesure les États-Unis sont-ils prêts à soutenir Israël ? Biden a-t-il quelque chose à voir avec cette politique, ou les responsables sont-ils Blinken et Sullivan ?», il répond : «Oh il est en plein dedans ! Il est le membre du congrès qui a reçu le plus de donations de la part de juifs qui représentaient Israël, il a toujours dit qu’il était sioniste, son secrétaire d’État est un sioniste juif, et il prend son engagement très au sérieux. Ce ne sont pas juste les néocons, Biden soutient très fermement ce qui est un génocide à Gaza, et c’est bien sûr très ironique parce que ce qui se passe à Gaza est exactement ce que les nazis ont fait aux juifs en Europe. Il s’agit d’un peuple qui se prétend d’une race supérieure qui utilise tous les moyens techniques pour exterminer une autre population. Mais la population américaine, y compris de nombreux juifs, est en train de changer de camp et de réclamer un cessez-le-feu».

Dans une vidéo du 23 décembre 2023 intitulée «John Mearsheimer : «Russie-Arabes-Hezbollah» ready se préparent-ils à lancer une guerre pour soutenir le Hamas, et détruire Israël» l’interviewer, le juge Napolitano, cite Max Blumenthal, un juif américain qui a longtemps vécu en Israël et qui est un fervent opposant de Netanyahou : «Le gouvernement américain peut arrêter l’occupation israélienne demain. Il peut créer un État palestinien pendant que nous parlons. Tout ce qu’il a à faire, c’est d’arrêter de fournir des pièces détachées de F-16 et des F-16 parce que l’occupation d’Israël dépend complètement de sa ligne directe avec Washington. Mais Biden ne le fera pas, ni Tony Blinken, parce que Tony Bliken descend d’une longue lignée de lobbyistes en faveur d’Israël». Ce que John Mearsheimer confirme instantanément : «Nous pourrions arrêter la guerre tout de suite. Nous avons toujours eu beaucoup de moyens de pression sur Israël, mais nous ne les avons jamais utilisés (…) le président Biden sait très bien que s’il faisait quoi que ce soit pour arrêter Israël, cela lui coûterait cher, le lobby israélien s’en prendrait à lui et c’en serait fini de lui».

Dans une autre vidéo récente : «Jeffrey Sachs : la complicité directe de l’Amérique dans le génocide of Ukraine/Israel est un désastre géopolitique» le Juge Napolitano, malgré ses efforts, ne parvient pas à faire prononcer à Jeffrey Sachs les mots : génocide et lobby israélien. Sachs tente clairement de critiquer Israël sans risquer l’ostracisme. Aussi il emploie des mots moins connotés : massacre, soutiens d’Israël, censure, complicité, et reste vague sur la qualité des responsables de ces politiques, leurs motivations exactes, et les pressions qu’ils subissent ou exercent.

Nous aussi, en France nous avons des héros qui ne se laissent pas intimider par le lobby israélien, les autorités et les médias à leurs ordres : la LFI avec en tête Mélenchon qui réclame des sanctions contre Israël, et Rony Brauman qui accuse Israël d’avoir transformé Gaza en «charnier d’enfants», il y en a d’autres, mais les médias les ignorent.

Chris Hedges, un courageux reporter et auteur américain, a rendu un hommage très émouvant aux enfants de Gaza dans sa «Lettre aux enfants de Gaza».

Qui mettra fin au calvaire des Palestiniens ?

Nos dirigeants obéissent à Israël, qui, à travers ses puissants lobbys, passés maîtres dans l’art de la corruption, du terrorisme intellectuel, du chantage et du meurtre (social, culturel et physique), leur impose sa politique. Et les dirigeants du reste du monde ne veulent pas lancer une guerre mondiale, comme je l’ai dit plus haut. La Palestine est-elle donc perdue ?

Non, car d’une part la liberté ne s’octroie pas, elle se gagne, d’autre part une guerre entre grandes puissances déplacerait le conflit et les Palestiniens retourneraient dans l’oubli. Seuls les mouvements de libération palestiniens et amis peuvent sauver les Palestiniens. Les colonisateurs présents ou passés le savent très bien, c’est pour ça qu’ils essaient de forcer tout le monde à les traiter de terroristes.

Lorsque je vivais à Jérusalem, j’allais écouter les conférences d’un vieux sage Haredi, qui attirait les foules par son humour et son indépendance d’esprit. Un jour, il a expliqué que lorsqu’on avait affaire à des criminels endurcis, il fallait parfois employer les mêmes méthodes qu’eux, mais sans haine et uniquement dans le but de les empêcher de nuire. C’est ce que font les mouvements de libération, et c’est pourquoi ce ne sont pas des terroristes. Les terroristes sont plutôt les puissances occidentales qui profitent de leur supériorité militaire pour coloniser, exploiter, piller et martyriser d’autres peuples.

Il y a beaucoup de mouvements de libération au Moyen-Orient qui est un des derniers terrains de guerre coloniale des capitalistes occidentaux dépendant de ses ressources en énergie. Le Hamas a réalisé des prodiges mais il n’est pas seul en Palestine, il y a aussi le FPLP marxiste, le Jihad islamique et d’autres, au Liban voisin, il y a le Hezbollah qui a vaincu Israël, en Irak et en Syrie des mouvements de libération attaquent les bases étasuniennes, et au Yémen, les Houthis qui viennent de battre l’Arabie saoudite soutenue par les États-Unis, ont commencé à attaquer et arraisonner les navires marchands israéliens qui passent par le détroit d’Ormuz.

L’engagement des Houthis est le plus surprenant car ils n’ont rien à gagner dans l’affaire. En fait, ils s’exposent à de grands risques de représailles de la part des États-Unis qui essaient actuellement de monter une coalition contre eux.

 Mais, comme le souligne Mike Whitney dans un article du 23 décembre 2023 intitulé «Les Houthis tiennent Biden» :

«Rien n’indique que les Houthis vont assouplir leurs exigences ou abandonner la cause palestinienne. Au contraire, ils semblent plus déterminés que jamais, comme en témoigne cette citation de Muhammad al-Bukhaiti, membre du Conseil des Houthis :

«Même si les États-Unis parviennent à mobiliser le monde entier, nos opérations en mer Rouge ne cesseront pas tant que le massacre à Gaza ne cessera pas. Nous n’abandonnerons pas les Moustazafeen (opprimés) de la Terre».

… Les Houthis savent de quelle sauvagerie Washington est capable. Malgré cela, ils ne reculent pas et ne cèdent pas. Il y aura un cessez-le-feu ou il y aura une guerre. C’est à Biden de décider. Mais s’il opte pour la guerre, il doit savoir que ce ne sera pas une partie de plaisir. Oh, non ! Les bases américaines, les navires de guerre américains, les champs pétrolifères et les infrastructures saoudiennes seront attaqués. Les prix du pétrole grimperont en flèche, la navigation commerciale s’arrêtera et les Bourses s’effondreront. Et la Chine et la Russie regarderont, de loin, la dernière once de crédibilité et de puissance de l’Oncle Sam disparaître dans le trou noir de la péninsule arabique.

Voici comment le chef des Houthis, Abdul-Malik al-Houthi, a résumé la situation :

«Si les États-Unis veulent nous faire la guerre, ils doivent savoir que nous les attendons. Nous voulons une guerre directe entre le Yémen, les États-Unis et Israël. Nous n’avons pas peur des États-Unis et tout le peuple du Yémen se dressera contre eux».

C’est une guerre que les États-Unis peuvent facilement éviter en faisant simplement «ce qu’il faut» c’est à dire en approuvant un cessez-le-feu dès maintenant. Cela permettrait de mettre rapidement fin aux atrocités commises par Israël et de faire cesser les attaques contre la navigation commerciale. C’est une solution que satisferait tout le monde».

Oui, mais les États-Unis seront-ils capables de se libérer de la malédiction dont ils ont été frappés à leur naissance par la fée Carabosse ? Une malédiction qui les contraint à faire toujours plus de la même chose, même et surtout quand ça ne marche pas, en l’occurrence déployer toujours de force au lieu de négocier ? Personnellement j’en doute, et je mise plutôt sur une victoire à la Pyrrhus de l’Occident et d’Israël. Ils s’en tireront encore une fois, mais cette victoire apparente accéléra la fin de l’hégémonie occidentale et, par voie de conséquence, la fin d’Israël.

L’idéologie de la principale académie militaire d’Israël dépasse le nazisme de très loin

Source : RzO International - Le 23/12/2023.

par Aguellid

Quelques extraits : «L’esclavage, super, il faut le rétablir. L’Holocauste, Hitler était 100% correct, la personne la plus morale possible». «Si vous êtes un juif laïc, vous méritez de mourir». Voilà en résumé l’idéologie de la principale académie militaire de l’État d’Israël. C’est ce qu’explique ce conférencier et journaliste israélien David Sheen dans la vidéo ci-dessous certainement la plus extraordinaire jamais vue !

Comment et pourquoi personne en France n’a entendu parler des délires extraordinairement violents et racistes du rabbin Eliezer Kashtiel, enseignant dans l’académie militaire de Bnei David ? Ce psychopathe, ce malade mental en phase terminale croit que l’humanité entière n’a pour seul objectif que de devenir esclave des juifs (cf. vidéos ci-dessous) ! Son seul rêve, sa seule satisfaction serait de servir ces cinglés ! De surcroît, il ajoute à son délire une origine génétique comme l’ont fait les nazis avant lui il y a quelques décennies !

Au cas où d’aucuns affirmeraient que Eliezer Kashtiel serait un cas isolé, le conférencier ajoute l’identité d’un autre rabbin, Giora Redler. Là, on passe à la vitesse supérieure puisque ce négationniste affirme que l’holocauste nazi n’avait rien de si cruel car il était… idéologique. De plus, il affirme que le véritable holocauste est «l’humanisme laïc», rien que ça ! Pour le rav Giora Redler : «Hitler est la personne la plus juste qui soit. Bien sûr qu’il avait raison dans chaque mot qu’il a prononcé !»

Pour continuer sa démonstration il ajoute le cas du rabbin Yosef Kelner. Lui il va passer le Rubicon en traitant de «traîtres» tous les juifs non pratiquants qui n’appliquent pas à la lettre les commandements de la Torah et du Talmud. L’accusation de trahison conduit à la peine de mort qu’il trouve tout à fait normale et acceptable dans ces cas. Pour lui, le génocide c’est d’être laïc, donc il faut tuer le génocidaire.

Pour appuyer encore plus la gravité des faits et de la démonstration, David Sheen parle du directeur de cette académie militaire, Eli Sadan, qui a été décoré par le plus grand prix israélien existant, reçu des mains du ministre de l’Éducation de l’époque. Benjamin Netanyahou était là lors de cette cérémonie pour le féliciter. Nous sommes donc ici face aux plus hautes autorités de l’État sioniste, c’est donc une dérive étatique et certainement pas anecdotique.

Pour finir, David Sheen parle du rav Itshak Ginsburgh, un rabbin Loubavitch américain né à Saint-Louis qu’il considère comme le plus raciste rencontré. Il présente son livre «The King’s Torah», traité théologique, dans lequel la question suivante a été posée : «Dans quelles circonstances un juif peut-il tuer un non juif ?». La réponse est glaçante : «Il est justifié de tuer les bébés s’il est clair qu’ils grandiront pour nous nuire !»

Reste à savoir maintenant pourquoi personne n’est au courant de cette folie, pourquoi les élites occidentales ne veulent pas que cela se sache car il faut dire que si les populations occidentales comprennent qu’elles ne sont rien d’autre que de futurs esclaves de ces malades mentaux, elles cesseraient immédiatement de soutenir Tel-Aviv.

 

YouTube video

 

source : Le Libre Penseur

Sionisme et Judéo-Nazisme

Source : RzO International - Le 22/12/2023.

par Shahshahani Volodia

La seconde appellation a été remise à l’ordre du jour par le ministre des Affaires étrangères russe, Lavrov, au début de la guerre en Ukraine en 2022. Depuis, avec l’horreur génocidaire qui frappe Gaza (et de plus en plus la Cisjordanie), le bons sens l’acquiesce. Mais la formule a une origine antérieure. C’est un intellectuel israélien, disparu depuis, qui l’avait promue, Yeshayahu Leibowitz.

À l’occasion du génocide en cours à Gaza, un autre Israélien, installé au Danemark, le musicien Jonathan Ofir, l’adopte à son tour : «Avant, je pensais que le terme judéo-nazis utilisé par Yeshayahu Leibowitz était trop fort pour décrire Israël. Mais aujourd’hui, je pense différemment».1

Gilad Atzmon, lui aussi musicien et ex-Israélien, dénoncé comme «antisémite» par l’ADL pronostique la fin de ce colonialisme : «Jamais auparavant, la fracture démographique, politique, spirituelle et idéologique de la société israélienne n’avait été aussi éclatante… Le pouvoir de dissuasion d’Israël a été éradiqué à jamais».2

«Un pays libre pour tous à construire par les Palestiniens après la désintégration du projet sioniste» est le titre d’un rappel historique assez concis qui vient d’être publié par un autre (ex-) Israélien, Ilan Pape, professeur à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) «Quiconque est venu en tant que sioniste, qu’il espère trouver une terre vide ou qu’il soit déterminé à en faire une terre vide, a été enrôlé dans une société militaire de colons qui ne pouvait réaliser le rêve d’une terre vide que par la force pure. La population autochtone a décliné l’offre de «s’envoler vers d’autres pays», selon les mots de Théodore Herzl… Ceux qui sont restés dans la Palestine historique ont continué à prouver que la terre n’était pas vide et que les colons devaient recourir à la force pour atteindre leur objectif de transformer une Palestine arabe, musulmane et chrétienne en une Palestine juive européenne».3

Franco-sionisme à tous les étages

On peut commencer avec l’auteur ci-dessus, Ilan Pape, dont l’ouvrage «Le nettoyage ethnique de la Palestine» vient d’être retiré du catalogue des éditions Fayard. Mais la palme revient à l’actuel président français. Au cours d’un voyage en Algérie lors de sa campagne de 2017, Macron avait qualifié le colonialisme de «crime contre l’humanité». Parjure selon son attachée de campagne, Laurence Haïm, pour qui cette qualification devait être réservée aux juifs ! Le débutant en géopolitique n’avait pas tardé à réciter la leçon en présence de Netanyahou : «Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme».

Plus récemment Dominique de Villepin a été accusé d’antisémitisme par la quasi-totalité de la presse mainstream. Depuis, le site de critique des médias, Acrimed a fait une revue de presse assez exhaustive qui permettra à chacun de compléter ses listes. Sans oublier les commanditaires. Cette attaque constitue aussi un aveu implicite de la junte USioniste qui gouverne notre pays : alors que le sujet n’était pas dans l’interview de l’ex PM de Chirac, pourquoi se sont-ils aussitôt sentis désignés, eux ou leurs proches ? Ils confirment donc la sur-représentation de la population dite «juive» (en fait sioniste) à des postes de responsabilité dans les organes de propagande-culture alors qu’elle représente moins de 1% de la population selon ses propres critères ! Merci pour l’info.

L’ex-héroïne des charlistes car «anti-islamiste», Zineb El Rhazoui, a été la cible de Pécresse (la candidate anti-migrants du LR à 4,7% aux présidentielles) qui lui a retiré son «prix Simone Weil». Déclarations complètes de la victime : «Je vous rends votre Prix Simone Veil, car il est désormais entaché de sang». Voir aussi le commentaire d’Eric Verhaeghe avec la déclaration de Pécresse.

La basketteuse Emilie Gomis qui a eu le malheur d’exprimer son dégoût des crimes commis à Gaza a été «signalée» par l’ambassade bis d’«Israël» en France. Plus qu’un «signalement» c’est l’ordre donné à la ministre des sports de lui retirer sa charge d’ambassadrice JO 2024. La déclaration du chef sioniste, Yonathan Arfi est aussitôt reprise par la presse régionale :

On trouve parfois l’inverse : L’utilisation de sa «judéité» pour se victimiser ou masquer son incompétence, comme la covidiste Buzyn qui nous ressort l’«antisémitisme» des Gilets jaunes et des opposants aux vaccins prescrits. Voir aussi un historique sur E&R.

Gaza-Libye, émigration-immigration

Le carnage organisé en Palestine par l’occupant a clarifié les positions. L’horreur est telle que le sujet est minoré (à l’exception de la perpétuation des mensonges produits par l’occupant) à tel point qu’il faut maintenant s’informer sur des chaînes étrangères en plus des sites de réinformation : voir le bilan du génocide à J-74. Et quand le sujet est abordé, on envoie une ministre au Liban pour tenter de faire accepter au Hezbollah un repli demandé par Israël. L’autre initiative consiste à s’engager dans une coalition occidentale anti-Houthis pour que l’État d’apartheid ne soit pas privé de livraisons par la mer Rouge.

Dans l’hexagone le régime a décidé d’occuper la scène avec une nouvelle loi anti-migrants, ces gens qui viennent de pays dévastés par l’occident en particulier après la destruction de la Libye par le gang français : Sarkozy, Fillon, Juppé, Longuet. Pour l’émigration c’est l’inverse, les Français devraient se montrer solidaires des SS (soldats sionistes) qui assassinent enfants, médecins et journalistes palestiniens. Et quand un député LFI dénonce cette collusion il est menacé par l’ennemi.

La conjonction des deux phénomènes a permis au Rassemblement National de proclamer sa «victoire idéologique», ce qui n’est pas usurpé. Le RN est issu du FN lui-même constitué à partir de divers groupes pétainistes, néo-fascistes parfois nostalgiques du 3ème Reich et souvent judéophobes (dit improprement «anti-sémites») orientant progressivement à la faveur de la guerre d’Algérie leur racisme vers les «musulmans».

En Palestine les colons israéliens sont aujourd’hui très largement favorables à la politique du régime selon un sondage commenté début décembre par Alastair Crooke, un ancien ambassadeur britannique devenu indépendant et installé dans la région. «Il n’y a aucune base, a noté le directeur, dans son sondage d’opinion, pour soutenir un cessez-le-feu ou une solution politique. Pour l’opinion publique israélienne, il ne peut y avoir de stabilité tant que le Hamas n’est pas éradiqué». Et de citer Netanyahou : «ll n’y a que moi qui puisse empêcher un État palestinien de voir le jour à Gaza, en Judée ou en Samarie… Il n’y aura jamais d’État palestinien… Je dirige non seulement au nom de l’histoire juive, mais aussi de la civilisation occidentale». On sait aussi qu’il n’y a plus du tout de «libéraux» à la tête du régime d’occupation.

In fine, la question soulevée initialement, semble trouver sa réponse. Si à la fin du XXe siècle Leibowitz et d’autres pouvaient encore se considérer sionistes tout en condamnant un «judéo-nazisme», aujourd’hui la réponse est sans ambiguïté.

Soit les Palestiniens seront déplacés ou exterminés faute d’une opposition internationale à l’empire d’Occident,

soit ce dernier capitulera et alors le sort des colons s’apparentera à celui des Pieds Noirs (approuvant l’OAS) plutôt qu’à celui des Afrikaners après la libération de Mandela et la fin de l’Apartheid.

On comprend donc que les opposants juifs, Israéliens ou non, assimilent aujourd’hui le sionisme à un judéo-nazisme.

Conséquence : Pour ceux qui en France se considèrent comme «juifs» (ou peuvent être ainsi désignés par leur ascendance maternelle, cas de votre serviteur) le silence n’est pas une option. Le niveau d’opposition à ceux qui ont pris le parti de l’oppresseur sioniste est très inférieur à ce qu’il est aux États-Unis ou au Royaume-Uni, notamment dans la jeunesse juive.

«Not in my Name» est facile à traduire en prenant position pour l’opprimé.

source : Volopress

  1. Judéo-Nazi dites-vous ?
  2. https://reseauinternational.net/shever-tov-la-fracture-se-creuse-en-israel
  3. «Un pays libre pour tous à construire par les Palestiniens après la désintégration du projet sioniste», par Ilan Pappe

Shever Tov ! La fracture se creuse en Israël

Source : RzO International - Le 18/12/2023.

par Gilad Atzmon

Jamais auparavant, la fracture démographique, politique, spirituelle et idéologique de la société israélienne n’avait été aussi éclatante.

À la télévision, soir après soir, on peut voir des interviews d’héroïques femmes kibboutzniks d’un certain âge (voir photos) qui ont été récemment libérées par le Hamas dans le cadre d’un échange d’otages après 50 jours à Gaza. Ces femmes sont les derniers membres vivants du vieux sionisme travailliste. À l’adolescence, elles ont rejoint le mouvement de jeunesse travailliste israélien et ont fini par fonder des kibboutzim, principalement dans les régions proches des frontières d’Israël de l’époque.

Ce sont elles qui ont fait «fleurir le désert». Ce sont leurs hommes qui ont travaillé dans les champs, ce sont leurs maris qui ont envahi Gaza en 2 heures et le reste du Sinaï en 4 jours en juin 1967. Ce sont leurs hommes qui ont sauvé Israël d’une humiliante défaite en 1973. Ce sont leurs maris et leurs fils qui ont libéré les otages israéliens à Entebbe en 1977, où Benjamin Netanyahou a perdu son frère.

Pourtant, elles n’ont rien à redire sur leur séjour chez le Hamas. Ce n’était pas une partie de plaisir, elles l’admettent, mais elles comprenaient les circonstances. Elles ont compris que leurs maris et leurs fils auraient fait la même chose s’ils avaient été Palestiniens. Elles comprennent le conflit. Elles l’ont vu émerger. Elles sont elles-mêmes devenues un instrument en 17 ans de siège militaire israélien sur Gaza.

C’est Netanyahou et l’armée israélienne qu’elles accusent d’être à l’origine de leur calvaire. C’est Tsahal qu’elles accusent d’être à l’origine de leur calvaire. C’est l’armée israélienne qui n’a pas su les protéger, c’est Netanyahou qui n’a pas présenté une perspective de paix et d’espoir pour Gaza et la région.

Mais nous voyons aussi «l’autre Israël» à la télévision. Le véritable Israël, celui qu’Israël est devenu. Et ce n’est pas beau du tout.

L’armée israélienne, dominée par des commandants et des combattants sionistes travaillistes jusqu’à la fin des années 1970, a fait l’objet d’un changement démographique total. Elle est désormais soumise à l’hégémonie des gars en kippah, dont beaucoup sont des diplômés de yeshiva ultra-sionistes et des colons de Cisjordanie. Ils ont littéralement pris la place des sionistes travaillistes comme leaders politiques, militaires, idéologiques et spirituels.

Ces Israéliens-là sont animés d’un enthousiasme expansionniste : Ils placent leurs Menorahs  dans les maisons détruites des Gazaouis, ils transforment des écoles palestiniennes en ruines en «synagogues temporaires», ils se filment eux-mêmes en train de vandaliser des magasins palestiniens détruits. Ils déshabillent des hommes palestiniens, leur bandent les yeux, les font défiler dans les rues et diffusent les photos sur les médias sociaux.

Mais ils n’ont pas évacué beaucoup d’otages… en fait, pas même un seul depuis le début de l’opération terrestre. Jour après jour, ils ramènent en Israël des corps d’otages israéliens. Ils prétendent qu’ils ont été «assassinés à Gaza», mais en réalité, comme tant d’habitants de Gaza, ils ont perdu la vie à cause des bombardements inconsidérés et aveugles de l’armée de l’air israélienne et de l’artillerie des forces de défense israéliennes.

Les performances militaires de cette nouvelle élite israélienne ne sont rien moins qu’une catastrophe : Plus Israël s’enfonce dans la bande de Gaza, plus grand est le spectacle du dysfonctionnement de l’opération militaire : Plus de deux mois après le début de l’attaque israélienne, aucun objectif n’a été atteint.

Le pouvoir de dissuasion d’Israël a été éradiqué à jamais. Les chars israéliens Merkava sont vaincus par les roquettes RPG maison fabriquées à Gaza. Plus de 20% des morts et blessés israéliens sont dus à des tirs amis. L’armée est épuisée et terrifiée, elle tire sur tout ce qui bouge, ami ou ennemi. Il y a 2 jours, les FDI ont réussi à tuer 3 otages israéliens qui avaient trouvé le chemin des lignes israéliennes.

Ils étaient à moitié nus, ils brandissaient le drapeau blanc, mais l’armée qui s’autoproclame «l’armée la plus morale du monde» a tué 2 d’entre eux. Elle a ensuite envoyé un commandant de bataillon avec une unité d’élite pour retrouver le troisième qui avait réussi à s’échapper, mais au lieu de sauver le pauvre garçon et de le mettre à l’abri, les FDI l’ont également tué.

J’ai entendu dire qu’un demi-million d’Israéliens ont quitté le pays à la suite de l’événement du 7 octobre… Je suppose qu’ils ont décidé de laisser le pays aux autres Israéliens, à savoir les colons. Et pour cause, ils n’adhèrent pas au carnaval du «tous unis, nous vaincrons».

Nombre d’entre eux ont estimé que l’Israël tel qu’ils s’en souviennent relève de la nostalgie.

Ils n’ont aucun intérêt à partager leur avenir avec des gens comme Ben Gvir, Smortrich ou Netanyahou.

Ils savent également que l’alternative israélienne dite de centre-gauche est presque aussi mauvaise, voire pire.

source : Gilad Atzmon via Tlaxcala

Bien tardivement, le monde prend conscience de la guerre de désinformation menée par Israël

Source : RzO International - Le 18/12/2023.

par Yara Hawari

Le monde prend enfin conscience de la guerre de désinformation menée par Israël. Mais n’est-ce pas trop tard ?

Pendant la Nakba, les forces sionistes ont bombardé mon village, Tarshiba, dans l’opération Hiram qui visait à vider de force la Haute Galilée de ses habitants palestiniens. Une bombe est tombée sur la maison de ma grand-mère et a tué une douzaine de membres de ma famille et en a blessé beaucoup d’autres.

Ma grande-tante Fatmeh qui avait à l’époque 18 ans a été retirée des décombres mais a eu le bassin et les jambes paralysés.

Quelques dizaines d’années plus tard, quand Fatmeh a tenté de poursuivre en justice l’État d’Israël nouvellement établi pour avoir massacré presque toute sa famille et l’avoir paralysée à vie, on lui a répondu que ce n’était pas l’armée israélienne nouvellement constituée qui avait bombardé sa maison.

Les forces sionistes pourtant étaient les seules à utiliser les avions et elles le faisaient pour accomplir le nettoyage ethnique de la Palestine. Même quand plus tard le pilote israélien, qui est devenu plus tard un pacifiste actif, a tenté de soulager sa conscience en avouant qu’il avait bombardé mon village, l’État a tout nié.

Ce mensonge faisait partie du grand mensonge fondateur de l’État sioniste selon lequel quand les sionistes à la fin du XIXe ont commencé à arriver, la Palestine était un vague désert traversé par quelques Arabes non-civilisés.

Après avoir posé ses mensonges fondateurs, le régime israélien a utilisé d’énormes ressources afin de couvrir l’effroyable violence dont il a fait preuve à l’égard du peuple palestinien, allant même jusqu’à donner à son armée le titre d’«armée la plus morale du monde». Aujourd’hui, comme avec toutes ses opérations militaires, il accompagne son bombardement massif et incessant de Gaza d’une guerre de l’information aussi massive et incessante.

Comment peut-il faire autrement quand on sait qu’il a tué plus 15 000 Palestiniens incluant plus de 6000 enfants et détruit la majeure partie des infrastructures ?

Les procédés favoris du régime israéliens n’ont pas seulement été de nier l’humanité de ses victimes mais de constamment recourir au mensonge, qu’il soit sophistiqué ou grossier.

En 2022, il a carrément nié que les soldats israéliens avaient assassiné Shireen Abu Akleh, la journaliste connue, et a accusé les combattants palestiniens d’avoir commis ce crime. Ce double mensonge n’avait aucune chance de tenir face aux témoins oculaires palestiniens, aux vidéos et à une enquête indépendante.

Un an plus tard, le régime israélien a admis tranquillement que c’étaient ses soldats qui avaient commis l’assassinat. Depuis ce temps, Israël a tué plus de journalistes en un mois que durant tous les conflits documentés.

Alors qu’il transmettait son reportage en direct le correspondant d’Al Jazeera, Wael el Dahdouh a appris que sa femme, son fils et sa fille avaient été tués dans des bombardements israéliens.

La machine de propagande israélienne pendant ce temps, afin justifier ses assassinats de journalistes, ne cesse de façon éhontée de désigner ceux-ci comme les porte-parole de Hamas.

Un des mensonges les plus abjects entretenus par Israël est qu’il fait de son mieux pour éviter les morts de civils.

La réalité est qu’en moins d’un mois, Israël a lâché sur Gaza l’équivalent de deux bombes de Hiroshima. Poussant plus loin l’abjection, ce régime a bombardé les convois transportant les 1,1 millions de déplacés qui empruntaient les routes qu’il a lui-même désignées comme sûres.

Il est clair qu’une certaine utilisation de la langue est un outil essentiel pour tous les régimes oppresseurs, elle permet non seulement de déshumaniser l’autre mais de complètement fausser la réalité. Des mots tels que «évacuations», «routes sûres» permettent de cacher la réalité des expulsions de masse et des marches de la mort.

Ils tentent de donner l’impression qu’on n’a pas affaire à un régime génocidaire mais à une force bienveillante. Coller l’étiquette «Hamas» sur une école, une usine ou un hôpital donne le feu vert pour les bombarder et s’il y a des victimes civiles, elles seront «collatérales».

Les responsables israéliens étendent désormais l’affiliation au Hamas à la quasi-totalité des infrastructures de Gaza, y compris les installations des Nations unies.

Jusqu’à très récemment, la communauté internationale et ses médias ont avalé et régurgité avec enthousiasme les mensonges du régime israélien. Mais maintenant, en cette étape de l’entreprise de génocide, les mensonges et le double langage deviennent tout simplement colossaux et n’arrivent plus à être avalés par les médias dominants.

La BBC qui a toujours adopté un langage déshumanisant à l’égard des Palestiniens a rapporté qu’Israël manipulait les faits à propos de l’Hôpital Al-Shifa.

Elle n’a pas pu s’empêcher de manifester son scepticisme à propos de ce que ce régime laissait voir aux journalistes.

Par ailleurs, Christiane Amanpour de CNN est restée sans voix quand elle a appris de l’ancien premier ministre Ehud Barak que c’était Israël qui avait bâti des dizaines d’années auparavant les souterrains de l’hôpital Al-Shifa, une information qui confirme que l’armée israélienne n’a en fait rien montré.

Les médias sociaux pour leur part se sont révélés impitoyables face à la guerre de l’information menée par Israël. En très peu de temps, ils ont mis en pièces les nombreuses fabrications mensongères parmi lesquelles celles de la fausse infirmière et du fameux calendrier «terroriste».

Certaines personnes diront que le fait qu’Israël soit en train de perdre la guerre de l’information est une bonne chose parce qu’elle détruit les mensonges et permet aux gens de voir la vérité telle qu’elle est.

Mais plus de 15 000 personnes sont déjà mortes…

source : Novara Media via Chronique de Palestine

La mort d’Israël

Source : RzO International - Le 18/12/2023.

Israël est un État paria. La politique de «terre brûlée» à Gaza signifie que la paix ne se fera pas. Il n’y aura pas de solution à deux États, présage d’un très long conflit qu’Israël perdra, à terme.

*

par Chris Hedges

Les États coloniaux ont une durée de vie limitée. Israël ne fait pas exception.

Israël semblera triompher après avoir terminé sa campagne génocidaire à Gaza et en Cisjordanie. Soutenu par les États-Unis, il atteindra son objectif dément. Ses déchaînements meurtriers et sa violence génocidaire extermineront les Palestiniens ou les nettoieront sur le plan ethnique. Son rêve d’un État exclusivement juif, dans lequel tous les Palestiniens survivants seraient dépouillés de leurs droits fondamentaux, sera réalisé. Il se délectera de sa victoire sanglante. Il célébrera ses criminels de guerre. Son génocide sera effacé de la conscience publique et jeté dans l’immense trou noir de l’amnésie historique d’Israël. Les Israéliens dotés d’une conscience seront réduits au silence et persécutés.

Mais le temps qu’Israël parvienne à décimer Gaza – Israël parle de plusieurs mois de guerre – il aura signé sa propre condamnation à mort. Sa façade de civilité, son prétendu respect de l’État de droit et de la démocratie, son histoire mythique d’une armée israélienne courageuse et de la miraculeuse genèse de la nation juive, seront réduits en cendres. Le capital social d’Israël sera consommé. Il sera révélé comme un régime d’apartheid hideux, répressif et chargé de haine, aliénant les jeunes générations de juifs américains. Son protecteur, les États-Unis, au fur et à mesure que de nouvelles générations arriveront au pouvoir, se distanceront d’Israël comme ils se distancient actuellement de l’Ukraine. Le soutien populaire, déjà érodé aux États-Unis, viendra des fascistes christianisés américains qui voient dans la domination d’Israël sur d’anciennes terres bibliques un signe avant-coureur du second avènement et perçoivent dans l’asservissement des Arabes une forme de racisme et de suprématie de la race blanche.

Le sang et la souffrance des Palestiniens – dix fois plus d’enfants ont été tués à Gaza qu’en deux ans de guerre en Ukraine – ouvriront la voie à l’oubli d’Israël. Les dizaines, voire les centaines de milliers de fantômes tiendront leur revanche. Israël deviendra synonyme de ses victimes comme les Turcs avec les Arméniens, les Allemands avec les Namibiens et plus tard les juifs, les Serbes avec les Bosniaques. La vie culturelle, artistique, journalistique et intellectuelle d’Israël sera anéantie. Israël sera une nation stagnante où les fanatiques religieux, les sectaires et les extrémistes juifs au pouvoir domineront le discours public. Il trouvera des alliés parmi d’autres régimes despotiques. La répugnante suprématie raciale et religieuse d’Israël sera sa caractéristique première, expliquant pourquoi les suprématistes blancs les plus rétrogrades des États-Unis et d’Europe, y compris des philo-sémites tels que John HageePaul Gosar et Marjorie Taylor Greene, soutiennent Israël avec ferveur. La prétendue lutte contre l’antisémitisme est une célébration à peine déguisée du pouvoir blanc.

Les despotismes peuvent survivre longtemps à leur chute. Mais ils sont en phase terminale. Il n’est pas nécessaire d’être un érudit biblique pour voir que la soif de sang d’Israël est contraire aux valeurs fondamentales du judaïsme. L’instrumentalisation cynique de l’Holocauste, notamment en faisant passer les Palestiniens pour des nazis, n’a guère d’efficacité lorsqu’il s’agit de perpétrer un génocide en direct contre 2,3 millions de personnes piégées dans un camp de concentration.

Les nations ont besoin de plus que de la force pour survivre. Elles ont besoin d’une dimension mystique. Cette dernière donne un but, un sens civique et même une noblesse qui incitent les citoyens à se sacrifier pour la nation. La dimension mystique est porteuse d’espoir pour l’avenir. Elle donne un sens. Elle est source d’identité nationale.

Lorsque les mystiques implosent, lorsque leurs mensonges sont révélés, c’est le fondement même du pouvoir de l’État qui s’effondre. J’ai rapporté la mort des mystiques communistes en 1989 lors des révolutions en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. La police et l’armée ont décidé qu’il n’y avait plus rien à défendre. La décadence d’Israël engendrera le même sentiment de lassitude et d’apathie. Il ne sera pas en mesure de recruter des complices locaux, tels que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne – honnie par la plupart des Palestiniens – pour faire le travail des colonisateurs. L’historien Ronald Robinson cite l’incapacité de l’Empire britannique à recruter des alliés indigènes pour inverser la collaboration en non-coopération, un moment déterminant pour le début de la décolonisation. Une fois que la non-coopération des élites autochtones se transforme en opposition active, explique Robinson, le «recul accéléré» de l’Empire est assuré.

Il ne reste plus à Israël que l’escalade de la violence, y compris la torture, pour accélérer le déclin. Cette violence généralisée fonctionne à court terme, comme ce fut le cas lors de la guerre menée par les Français en Algérie, de la «sale guerre» menée par la dictature militaire argentine et du conflit britannique en Irlande du Nord. Mais à long terme, elle est suicidaire.

«On peut affirmer que la bataille d’Alger a été gagnée grâce au recours à la torture», a fait remarquer l’historien britannique Alistair Horne, «mais que la guerre, la guerre d’Algérie, a été perdue».

Le génocide de Gaza a fait des combattants du Hamas des héros dans le monde musulman et dans les pays du Sud. Israël peut éliminer les dirigeants du Hamas. Mais les assassinats passés – et actuels – d’un grand nombre de dirigeants palestiniens n’ont guère contribué à émousser la résistance. Le blocus et le génocide de Gaza ont engendré une nouvelle génération de jeunes hommes et femmes profondément traumatisés et enragés, dont les familles ont été tuées et les communautés anéanties. Ils sont prêts à prendre la place des dirigeants tombés au combat. Israël a fait grimper les actions de son adversaire dans la stratosphère.

Israël était déjà en guerre contre lui-même avant le 7 octobre. Les Israéliens manifestaient pour empêcher le Premier ministre Benjamin Netanyahou d’abolir l’indépendance de la justice. Ses fanatiques et extrémistes religieux, actuellement au pouvoir, avaient lancé une attaque déterminée contre la laïcité israélienne. L’unité d’Israël est précaire depuis l’attaque. Elle est négative. Elle ne repose que sur la haine. Et même cette haine ne suffit pas à empêcher les manifestants de dénoncer l’abandon des otages israéliens à Gaza par le gouvernement.

La haine est une denrée politique dangereuse. Une fois qu’ils en ont fini avec un ennemi, ceux qui attisent la haine partent en quête du suivant. Les «animaux» palestiniens, une fois éradiqués ou soumis, seront remplacés par des apostats et des traîtres juifs. Le groupe diabolisé ne peut jamais être racheté ou guéri. Une politique de haine crée une instabilité permanente exploitée par ceux qui cherchent à détruire la société civile.

Le 7 octobre, Israël s’est engagé dans cette voie en promulguant une série de lois discriminatoires à l’encontre des non-juifs qui ressemblent aux lois racistes de Nuremberg qui privaient les juifs de leurs droits dans l’Allemagne nazie. La loi sur la reconnaissance des communautés autorise les colonies exclusivement juives d’exclure les candidats au statut de résident sur une base d’«l’adéquation avec les principes fondamentaux de la communauté».

De nombreux jeunes Israéliens, parmi les mieux qualifiés, ont quitté le pays pour des pays comme le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni, et jusqu’à un million d’entre eux sont partis aux États-Unis. Même l’Allemagne a vu affluer quelque 20 000 Israéliens au cours des deux premières décennies de ce siècle. Environ 470 000 Israéliens ont quitté le pays depuis le 7 octobre. En Israël, les défenseurs des droits humains, les intellectuels et les journalistes – israéliens et palestiniens – sont qualifiés de traîtres dans le cadre de campagnes de diffamation parrainées par le gouvernement, placés sous la surveillance de l’État et soumis à des arrestations arbitraires. Le système éducatif israélien est une machine d’endoctrinement pour l’armée.

L’universitaire israélien Yeshayahu Leibowitz a prévenu que si Israël ne procédait pas à la séparation de l’Église et de l’État et ne mettait pas fin à son occupation des Palestiniens, il donnerait naissance à un rabbinat corrompu qui transformerait le judaïsme en un culte fasciste. «Israël ne méritera plus d’exister et il ne servira plus à rien de le préserver», a-t-il déclaré.

La mystique mondiale des États-Unis, après deux décennies de guerres désastreuses au Moyen-Orient et l’assaut du Capitole le 6 janvier, est aussi contaminée que son allié israélien. L’administration Biden, dans sa ferveur à soutenir inconditionnellement Israël et à apaiser le puissant lobby israélien, a contourné le processus de contrôle du congrès avec le département d’État pour approuver le transfert de 14 000 obus de chars d’assaut à Israël. Le secrétaire d’État Antony Blinken a fait valoir que «les circonstances d’urgence requièrent le transfert immédiat de ces munitions». Dans le même temps, il a cyniquement appelé Israël à minimiser les pertes civiles.

Israël n’a aucunement l’intention de minimiser les pertes civiles. Il a déjà tué 18 800 Palestiniens, soit 0,82% de la population de Gaza – l’équivalent d’environ 2,7 millions d’Américains. 51 000 autres ont été blessés. La moitié de la population de Gaza est affamée, selon les Nations unies. Toutes les institutions et tous les services palestiniens indispensables à la vie – hôpitaux (seuls 11 des 36 hôpitaux de Gaza sont encore «partiellement» opérationnels), stations d’épurationréseaux électriquesréseaux d’égoutslogementsécolesbâtiments gouvernementauxcentres culturelssystèmes de télécommunicationsmosquéeséglisespoints de distribution de nourriture de l’ONU – ont été détruits. Israël a assassiné au moins 80 journalistes palestiniens ainsi que des dizaines de membres de leur famille et plus de 130 travailleurs humanitaires de l’ONU avec des membres de leur famille. Les pertes civiles constituent l’essentiel. Il ne s’agit pas d’une guerre contre le Hamas. C’est une guerre contre les Palestiniens. L’objectif est de tuer ou d’expulser 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.

La mort de trois otages israéliens ayant apparemment échappé à leurs ravisseurs et abattus après s’être approchés des forces israéliennes torse nu, brandissant un drapeau blanc et appelant à l’aide en hébreu n’est pas seulement tragique, elle donne un aperçu des règles d’engagement d’Israël dans la bande de Gaza. Ces règles sont les suivantes : tuer tout ce qui bouge.

Comme l’a écrit le général de division israélien à la retraite Giora Eiland, qui a dirigé le Conseil national de sécurité israélien, dans Yedioth Ahronoth,

«[L]’État d’Israël n’a pas d’autre choix que de transformer Gaza en un territoire temporairement ou définitivement impropre à la vie… Créer une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre cet objectif».

«Gaza deviendra un lieu où aucun être humain ne peut exister», a-t-il écrit.

Le général de division Ghassan Alian a déclaré qu’à Gaza,

«il n’y aura ni électricité ni eau, seulement la destruction. Vous vouliez l’enfer, vous l’aurez».

La présidence Biden, qui, ironiquement, a peut-être signé son propre acte de décès politique, est ancrée dans le génocide israélien. Elle tentera de prendre ses distances sur le plan rhétorique, mais parallèlement, elle fournira les milliards de dollars d’armes réclamés par Israël – y compris 14,3 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour compléter les 3,8 milliards de dollars d’aide annuelle – afin de «finir le boulot». Elle est un partenaire à part entière du projet de génocide israélien.

Israël est un État paria. Cela s’est manifesté publiquement le 12 décembre lorsque 153 États membres de l’Assemblée générale des Nations unies ont voté en faveur d’un cessez-le-feu, seuls 10 États – dont les États-Unis et Israël – s’y étant opposés et 23 s’étant abstenus. La politique de «terre brûlée» menée par Israël à Gaza signifie que la paix ne se fera pas. Il n’y aura pas de solution à deux États. L’apartheid et le génocide caractériseront Israël. Cela présage un long, très long conflit, que l’État juif ne pourra pas gagner à terme.

source : Chris Hedges via Spirit of Free Speech

Les FDI sont tellement douées pour tuer des Israéliens qu’elles devraient envisager de rejoindre le Hamas

Source : RzO International - Le 18/12/2023

par Caitlin Johnstone

Tirs amis lors de l’attaque du 7 octobre, tirs amis sur le champ de bataille à Gaza, exécutions de prisonniers israéliens par des tirs amis. Les FDI sont tellement douées pour tuer des Israéliens qu’elles devraient commencer à faire des vidéos GoPro avec des triangles rouges à ce sujet.

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Les forces israéliennes auraient conduit des bulldozers sur des patients de l’hôpital qui se trouvaient dans des tentes et auraient enterré des personnes vivantes. Les autorités palestiniennes demandent une enquête urgente sur les allégations d’une attaque de bulldozers des FDI contre des patients de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, qui aurait fait une vingtaine de morts.

C’est l’une de ces choses où, même après tout ce qui s’est passé, vous regardez encore et vous vous dites «Je dois avoir mal lu». Vous seriez considéré comme un monstre si vous tuiez du bétail de cette façon.

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Les troupes des FDI ont tué des otages israéliens en fuite qui brandissaient un drapeau blanc, apparemment parce qu’elles les ont pris pour des civils palestiniens brandissant un drapeau blanc (les forces israéliennes ont une longue histoire bien documentée de meurtres d’habitants de Gaza brandissant des drapeaux blancs). La seule raison pour laquelle ils ont pris la peine de vérifier si les personnes enlevées n’étaient pas des personnes dont la vie leur tient à cœur était, semble-t-il, que l’une d’entre elles avait une «apparence occidentale», c’est-à-dire qu’elle était blanche.

Imaginez que vous soyez pris en otage par le Hamas pendant des mois, que vous parveniez enfin à vous échapper, que vous essayiez de rentrer chez vous et que vous vous fassiez tuer par vos propres forces militaires parce qu’elles vous ont pris pour des civils palestiniens.

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Les partisans d’Israël disent toujours que le Hamas n’a qu’à se rendre et que tout ira bien.

Se rendre ? Vous voulez dire agiter le drapeau blanc ?

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Tirs amis lors du 7 octobre, tirs amis sur le champ de bataille à Gaza, exécutions de prisonniers israéliens par des tirs amis. Les FDI sont tellement douées pour tuer des Israéliens qu’elles devraient commencer à faire des vidéos GoPro avec des triangles rouges à ce sujet.

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«Le Mossad découvre un sinistre complot du Hamas visant à attendre que Tsahal détruise Israël par des tirs amis».

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Ce n’est pas la guerre Israël-Hamas, c’est la guerre Israël-bébés, enfants, femmes, journalistes, personnel soignant, personnel de l’ONU, patients des hôpitaux, infrastructures civiles, otages israéliens et parfois, occasionnellement, guerre du Hamas.

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Il est intéressant de constater qu’à l’extérieur de l’armée israélienne, Israël et ses partisans sont majoritairement favorables à la libération des otages, alors qu’à l’intérieur de l’armée israélienne, l’attitude à l’égard des otages semble être au mieux une indifférence dépravée et au pire une hostilité pure et simple.

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Il y a quelques semaines, j’ai vu circuler sur Twitter une affirmation du Hamas selon laquelle les combattants du Hamas attiraient les troupes de l’IDF dans des embuscades en diffusant des enregistrements de bruits d’enfants, et que cela fonctionnait parce que les troupes israéliennes s’en prennent systématiquement aux enfants. À l’époque, je n’ai pas prêté beaucoup d’attention à cette affirmation, pensant que ce n’était pas possible, mais aujourd’hui, les FDI se plaignent avec indignation que «dans une tentative d’embuscade pour nos troupes, les terroristes du Hamas ont connecté des poupées à des haut-parleurs diffusant des pleurs et les ont installées dans une zone truffée d’explosifs».

C’est ce qui se produit régulièrement. Les actions d’Israël sont tellement horribles et dépravées que je continue à penser que je dois mal interpréter ce que je lis ou ignorer une affirmation parce qu’elle est trop invraisemblable, pour découvrir que non, c’est exactement ce qui s’est passé. Même si je sais qu’Israël est mauvais, il trouve toujours de nouveaux moyens de me montrer que je n’en connais pas la moitié.

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Il est très difficile de dire qui a raison dans ce conflit. D’un côté, il y a les faits, les preuves et un déluge ininterrompu de séquences vidéo brutes documentant des massacres de civils jour après jour, mais de l’autre côté, il y a des gens qui vous traitent d’antisémite si vous n’êtes pas d’accord avec eux. C’est très compliqué.

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Ce n’est pas une coïncidence si (A) la documentation vidéo des atrocités israéliennes à Gaza a été extrêmement préjudiciable aux intérêts israéliens en matière d’information et (B) si les journalistes à Gaza sont tués par des attaques israéliennes à un rythme qui n’a pas de précédent dans l’histoire.

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Si l’on remonte à la source des arguments «C’est eux qui ont commencé !», «Ce n’est pas eux qui ont commencé !» du conflit israélo-palestinien, on arrive à «Les Palestiniens auraient dû se coucher et accepter les déplacements massifs et violents et le vol de leurs maisons par Israël en 1948».

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Les gens crient encore contre les chants «De la rivière à la mer» lors des manifestations pro-palestiniennes, mais vous savez que si un autre chant pro-palestinien devient omniprésent, il sera, avec une certitude absolue, attaqué comme étant diabolique et antisémite lui aussi. Les slogans pro-palestiniens ne sont pas combattus parce que quelqu’un croit sincèrement qu’ils soutiennent un génocide, ils sont combattus parce qu’ils sont pro-palestiniens.

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La présidence de Biden s’est révélée être tout ce que les anti-impérialistes craignaient qu’elle soit, et bien pire encore.

source : Caitlin Johnstone

«Israël» est tombé dans un piège dans le nord selon des médias israéliens

Source : RzO International - Le 17/12/2023.

Les médias israéliens notent l’influence durable du Hezbollah dans le nord, et les colons expriment leur hésitation à revenir si la situation ne change pas, nombre d’entre eux envisageant une relocalisation permanente.

Un média israélien a une nouvelle fois rapporté que la Résistance islamique au Liban, le Hezbollah, maintient un avantage stratégique dans le Nord.

Il s’agit du deuxième exemple d’une telle caractérisation de la situation le long de la ligne bleue entre le Liban et les territoires palestiniens occupés. Cette évaluation intervient à la suite des affrontements persistants entre les forces d’occupation et la résistance islamique au Liban.

L’analyste des affaires arabes Tzvi Yehezkeli a déclaré sur la chaîne 13 : «La main du Hezbollah reste dominante dans le nord parce que c’est elle qui veut exercer plus de pression et sait qu’Israël se restreint.»

«Dans l’aspect civil, le nord semble être dans une guerre forte, avec les routes vides», affirmant que «Israël dans le nord est tombé dans un piège», a-t-il ajouté.

À son tour, le correspondant de Channel 13 dans le Nord, Shlomi Eldar, a décrit ce qui se passe dans le Nord comme «une guerre ATGM contre les armures.»

«Pendant la Seconde Guerre du Liban, les Israéliens sont restés chez eux et ont considéré le Katyusha comme l’arme la plus menaçante, mais aujourd’hui, l’arme la plus menaçante est les missiles antichars», a-t-il ajouté.

Le correspondant de Channel 13 Nord a rapporté que les colons ne reviendraient pas tant que la situation n’aurait pas changé. Chacun aspire à s’éloigner à l’avenir en raison d’un manque de sécurité, et ils se sentent négligés par l’État.

 

Plus tôt ce mois-ci, le correspondant de la chaîne israélienne 13 au Nord a rapporté que la plus grave menace pour les forces israéliennes dans le Nord-est les missiles antichars, et le Hezbollah reconnaît cette vulnérabilité et tente de l’exploiter.

De son côté, le colonel Kobe Merom, des réserves de l’armée israélienne, a déclaré que «la réalité de la présence du Hezbollah à quelques kilomètres de la frontière est intolérable.»

«Israël commet une grave erreur stratégique dans l’arène du Nord», a déclaré Merom dans une interview à la radio, notant que «L’incident dangereux qui s’est produit à Beit Hillel a seulement prouvé à ceux qui ne comprenaient pas que la réalité de la présence du Hezbollah à quelques kilomètres de la frontière est intolérable

«Israël» perdant sur le front nord

Le mois dernier, le membre de la Knesset et ancien ministre de la Sécurité, Avigdor Lieberman, a déclaré que le gouvernement israélien avait perdu la guerre dans le Nord.

«Le Hezbollah continuera d’utiliser le front nord jusqu’à ce qu’il y ait un changement dans la bande de Gaza», a déclaré le commentateur des affaires arabes de la chaîne 13, Hizki Simanto.

«Il n’y a pas de changement à Gaza, et Yahya Sinwar n’a pas été éliminé, et Israël n’assume pas la tâche d’éliminer complètement le Hamas», a déclaré le journaliste israélien.

Il a également averti que «ce qui se passe aux frontières nord et dans les villes le long de la ligne de confrontation et les villes du nord est une situation intolérable; personne n’y vit et personne ne veut y retourner. C’est une réussite pour le Hezbollah.»

Article originel : ‘Israel’ has fallen into a trap in the north: Israeli media

source : Sam La Touch

«Guerre psychologique» : Les troupes israéliennes se livrent à des actes de pillage et de vandalisme dans la bande de Gaza

Source : RzO International - Le 16/12/2023.

par Rayhan Uddin

Les soldats, des conscrits pour la plupart sionistes convaincus, se filment volant maquillage & bijoux, mettant le feu à des réserves de vivres & plaçant des symboles juifs dans les quartiers de Gaza.

Depuis qu’Israël a lancé une opération terrestre à Gaza début octobre, des images ont été diffusées montrant des militaires se livrant à des actes violents et provocateurs qui ne semblent pas avoir grand-chose à voir avec la poursuite de leur objectif déclaré de destruction du Hamas.

Il s’agit notamment de vols, de destructions d’entreprises et de propriétés, de vandalisme et de présence de symboles israéliens et juifs dans les quartiers de Gaza.

Ce comportement a été imputé à l’indiscipline, mais les analystes estiment qu’il s’agit également d’une forme de «guerre psychologique».

Ainsi, un soldat s’est vanté d’avoir volé un collier en argent à Gaza pour le rapporter à sa petite amie en Israël. Un autre soldat a volé un tapis dans une maison palestinienne.

Dans un message partagé sur un groupe Facebook populaire, un officier israélien s’est réjoui d’avoir volé une multitude d’articles de maquillage scellés pour les emporter en Israël comme «cadeaux de Gaza».

Le commentaire le plus fréquent sous le message Facebook est le suivant :

«Il est préférable que vous supprimiez le message… Cela nous donne une mauvaise réputation… non pas parce que je me soucie de cette femme de Gaza, je me moque bien de savoir qu’elle ne reverra jamais la lumière du jour, mais je me soucie du soldat qui pourrait être jugé, et de la réputation des FDI.»

Par ailleurs, des images ont été diffusées montrant une boutique de souvenirs palestinienne complètement détruite, ainsi qu’un soldat israélien fouillant dans les sous-vêtements d’une femme et faisant des remarques désobligeantes à son sujet.

Une autre séquence montre un soldat mettant le feu à de rares réserves de nourriture et d’eau.

«Les soldats israéliens vandalisent depuis longtemps les maisons des Palestiniens qu’ils envahissent», a déclaré à MEE Laleh Khalili, universitaire et chercheur à l’université d’Exeter.

«Pendant la Nakba et les guerres de conquête successives sur les terres historiques de Palestine, au Liban au début des années 1980, et dans les territoires palestiniens occupés lors des invasions successives, de tels comportements ont été monnaie courante», a-t-elle ajouté.

«Les soldats israéliens laissent des graffitis, souvent dans un langage très violent, voire génocidaire, défèquent dans les cuisines, pillent les objets personnels de valeur, détruisent des objets et des biens de la vie quotidienne et prennent des photos d’eux-mêmes à valeur de trophée.»

Les troupes font allusion à une «réinstallation» à Gaza

L’ampleur des images a incité l’armée israélienne à publier une déclaration condamnatoire.

Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré dimanche dans un communiqué :

«Dans tous les cas qui ne correspondent pas aux valeurs de l’armée israélienne, des mesures de commandement et des mesures disciplinaires seront prises».

Outre les actes de pillage et de vandalisme, les troupes israéliennes ont également été vues en train d’installer des symboles israéliens et juifs dans l’enclave.

«Le vandalisme et le pillage observés sont peut-être le résultat d’indiscipline, et surtout de guerre psychologique». — Laleh Khalili, Université d’Exeter

Une ménorah [chandelier à 9 branches] de Hanoukka de treize mètres de haut a été installée à Shujaiya, l’une des zones les plus peuplées du centre de Gaza. Des drapeaux israéliens ont également été plantés dans l’enclave assiégée.

«Je me demande combien d’Israéliens comprennent que l’ensemble du projet sioniste est représenté par cette image pour les Palestiniens», a écrit le journaliste Dimi Reider sur X, en réponse à une photo d’un drapeau au milieu d’un quartier détruit.

Une autre image prise à Khan Younis dans une maison palestinienne montre plusieurs soldats israéliens brandissant une affiche sur laquelle on peut lire :

«Les colonies [à Gaza] sont l’unique victoire».

En 2005, Israël s’est retiré de Gaza et a déplacé en Cisjordanie occupée environ 8 000 colons juifs et soldats israéliens vivant dans 21 colonies autour de Gaza.

Plusieurs personnalités d’extrême droite, y compris des ministres du gouvernement, ont appelé ces dernières semaines à la reconstruction des colonies israéliennes dans l’enclave.

Guerre psychologique

M. Khalili a déclaré que l’idée d’une armée israélienne disciplinée était «un mythe».

«L’armée est composée de conscrits, dont la plupart sont des sionistes convaincus du bien fondé de leur droit à s’installer n’importe où entre le Jourdain et la mer Méditerranée», a-t-elle déclaré.

«Les rangs des officiers de l’armée israélienne sont peuplés de colons parmi les plus fanatiques qui – comme la droite ailleurs – ont toujours été attirés par l’armée et d’autres institutions coercitives.»

Plusieurs commentateurs ont estimé que ces images constituaient une tentative délibérée de «guerre psychologique».

«Les vidéos montrant des soldats israéliens dépouillant des Palestiniens et pillant des magasins semblent avoir été diffusées délibérément pour démoraliser les habitants de Gaza et soutenir les esprits en Israël», a écrit le journaliste Murtaza Hussain.

«Mais elles envoient un signal négatif au niveau international, où l’on proclame que les FDI sont une armée hautement professionnelle de type occidental», a-t-il ajouté.

«Si ce n’était pas le cas, les sites web officiels de l’armée et les groupes de réseaux sociaux n’afficheraient pas et ne rendraient pas publics certains de ces comportements flagrants».

https://www.middleeasteye.net/news/israel-palestine-troops-looting-vandalism-spree-gaza

source : Spirit of free Speech

Le suprémacisme conduit inévitablement au crime

Source : RzO International - Le 13/12/2023.

par Thierry Meyssan

En quelques mois, Israël, qui avait une longue tradition contradictoire, à la fois démocratique et criminelle, a sombré. Ses lois fondamentales ont été réformées et son Premier ministre a organisé, avec la complicité des Frères musulmans, un prétexte sanglant pour liquider le peuple palestinien.

Depuis lors, la classe dirigeante israélienne est prise d’une sorte de folie suprémaciste. Elle ne fait que parler d’éradication du Hamas et de transfert forcé des Gazaouis. Sous nos yeux, nous assistons à un génocide, en direct sur les réseaux sociaux.

Après avoir perpétré un coup d’État, Benjamin Netanyahou a organisé
avec la Confrérie des Frères musulmans l’opération du 7 octobre.
Désormais, il tente de liquider le Peuple palestinien.

Toutes les citations de cet article ont été prononcées ou écrites au cours des deux derniers mois.

Nous savons tous que les idéologies suprémacistes donnent lieu à des massacres inouïs. Dans les dernières années, nous avons assisté au génocide des Tutsis par le Hutu Power, ou à celui des Yazidis par Daech. Dans les deux cas, il ne s’agissait pas de se débarrasser d’opposants politiques, mais d’éliminer physiquement un groupe de population jugé non-humain.

Au cours des deux derniers mois, de nombreuses personnalités israéliennes ont assimilé tous les Palestiniens aux crimes du Hamas et manifesté leur mépris pour l’ensemble de leur peuple. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, les a qualifié d’«animaux humains». Certaines personnalités en ont conclu que la guerre devait être «totale».

À titre d’exemple :

• Le député Nissim Vaturi (Likoud), vice-président de la Knesset, a écrit sur X «Toute cette préoccupation quant à savoir s’il y a ou non de l’Internet à Gaza montre que nous n’avons rien appris. Nous sommes trop humains (…) Brûlez Gaza maintenant, rien de moins ! Ne laissez pas entrer de carburant, ne laissez pas entrer d’eau jusqu’au retour des otages !».

• Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré : «Nous sommes très heureux pour le retour des otages libérés, mais maintenant l’idée d’une trêve a fait son chemin. Convenir d’arrêter [la guerre] davantage serait une terrible erreur qui ne fait que traduire de la faiblesse (…) Nous devons rompre tous les liens et négociations avec le Hamas et les médiateurs et ne regarder l’ennemi que par la lunette d’un fusil».

• Le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, a déclaré à Radio Kol Berama qu’Israël envisageait d’utiliser l’arme atomique à Gaza : «c’est une solution… c’est une option». Il a ensuite comparé les résidents de la bande de Gaza aux «nazis», en assurant qu’«il n’y a pas de non-combattants à Gaza» et que le territoire ne mérite pas d’aide humanitaire. «Il n’y a pas de peuple non impliqué à Gaza».

Sur cette base idéologique, des dirigeants israéliens et européens ont d’abord évoqué le «rêve» des «sionistes révisionnistes» – c’est-à-dire des disciple de l’Ukrainien Vladimir Jabotinski (1880-1940) – : l’expulsion forcée de tous les Palestiniens ou leur massacre.

Voici la préparation de ce crime :

• Le député Eliyahu Revivo (Likoud) a écrit à la Commission des nominations afin que le mot Gaza ne corresponde plus à aucun lieu et ne figure plus sur aucun panneau de signalisation. Selon lui, «Il ne fait aucun doute que le nom «Gaza» est immédiatement associé à une connotation négative et maléfique».

• La ministre du Renseignement, Gila Gamliel, a rédigé le 13 octobre une note à l’attention du gouvernement de coalition (aucun ministre d’opposition ne l’avait alors rejoint). Intitulée Alternatives à une directive politique pour la population civile à Gaza, elle préconise d’expulser les 2,2 millions de Gazaouis vers le Sinaï égyptien1. Ce texte ayant fuité le 29 octobre, le cabinet du premier ministre a assuré les journalistes étrangers que Gila Gamliel était une ministre sans importance qui écrivait n’importe quoi pour faire parler d’elle.

• Un ami personnel du Premier ministre, Amir Weitman, a rédigé pour l’Institute for National Security and Zionist Strategy un rapport intitulé Plan de réinstallation et de réhabilitation définitive en Égypte de l’ensemble de la population de Gaza : aspects économiques2. Il y estime le coût de la relocalisation forcée de la population de Gaza au Sinaï à environ 8 milliards de dollars. Ce Likoudnik considère par ailleurs que la Russie est le seul responsable des massacres en cours.

• Le général Giora Eiland, ancien conseiller national de Sécurité d’Ariel Sharon, déclare fin octobre : «Gaza doit devenir un lieu où aucun être humain ne pourra vivre, et je le dis comme un moyen plutôt qu’une fin. Je le dis parce qu’il n’y a pas d’autre option pour assurer la sécurité de l’État israélien. Nous luttons contre une guerre qui menace notre existence».

• Deux parlementaires Danny Danon (Likoud) et Ram Ben- Barak (Yesh Atid), publient le 14 novembre, une tribune libre dans le Wall Street Journal3. Ils y écrivent : «L’Europe a une longue histoire d’aide aux réfugiés fuyant des conflits (…) La communauté internationale peut collaborer à fournir un financement ponctuel des programmes de soutien aux Gazaouis intéressés à déménager. Elle peut aider aux frais de déménagement et à leur intégration. Nous avons simplement besoin qu’une poignée de nations partagent la responsabilité en accueillant des résidents de Gaza. Même si ces pays n’en recevaient que 10 000 chacun, cela contribuerait à atténuer la crise».

• La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rend au Caire le 18 novembre. Elle tente d’abord de persuader l’Égypte d’ouvrir sa frontière et de donner asile aux 2,2 millions de Gazaouis. Puis, face au refus du général-président Al-Sissi, elle propose d’installer un gigantesque campement pour héberger transitoirement les Gazaouis au Sinaï, le temps de les transférer vers d’autres États, dont l’Allemagne et la France.

• Gila Gamliel revient alors à la charge, le 19 novembre, en publiant une tribune libre dans le Jerusalem Post4, elle y écrit : «Certains dirigeants du monde discutent déjà d’un programme mondial de réinstallation des réfugiés et disent qu’ils accueilleraient les habitants de Gaza dans leur pays. Cela pourrait être appuyé par de nombreux pays du monde, en particulier ceux qui prétendent être des amis des Palestiniens (…) Nous devons essayer quelque chose de nouveau, et nous appelons la communauté internationale à contribuer à le faire. Il pourrait s’agir d’une solution gagnant-gagnant : une victoire pour les civils de Gaza [sic] qui cherchent une vie meilleure et une victoire pour l’État hébreu après cette tragédie dévastatrice».

Cependant, les images du massacre en direct sur les réseaux sociaux, ont soulevé l’indignation de 95% des Internautes. 20 000 Palestiniens ont été tués si l’on additionne les corps retrouvés et les cadavres des disparus, toujours sous les décombres. L’administration Biden, qui fournit les bombes pour les tuer, a été contrainte de prétendre faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il «fasse preuve de retenue». Une rhétorique qui ne correspond pas aux actes puisque les FDI n’ont pas de bombes d’avance et que Washington continue à leur en fournir. Cependant, sachant que la campagne électorale présidentielle débute aux USA, Joe Biden sera, à un moment donné, forcé d’interrompre ses livraisons et donc de faire cesser le massacre, faute d’armes pour le continuer. Les dirigeants israéliens en viennent donc à envisager que les Palestiniens resteront chez eux et qu’il faudra leur désigner un gouvernement, sachant que le Hamas devra en être exclu. Deux options sont envisagées :

  • Installer une administration internationale provisoire, sous mandat de l’ONU

Cependant, aucun État n’est candidat ni au déploiement de troupes arborant le casque bleue des Nations unies, ni à la gestion des Territoires palestiniens.

  • Créer une administration palestinienne

• L’ancien ministre d’État pour la Sécurité du gouvernement Abbas, Mohamed Dahlan, éxilé aux Émirats arabes unis, fait la tournée des plateaux de télévision arabes. Il est à l’évidence candidat à diriger une «Autorité palestinienne renouvelée» (sic). Il a envoyé son adjoint du «Bloc de la réforme démocratique», Samir al-Mash’harawi, rencontrer une délégation du Hamas au Caire. Un accord entre les uns et les autres a été conclu.

• Le président Mahmoud Abbas est également candidat à sa propre succession. Cependant l’ambiguïté de sa position face au massacre le rend encore moins légitime aujourd’hui qu’avant ce massacre.

Au passage, si les Territoires palestiniens sont maintenus, de nombreux dirigeants israéliens souhaitent les coloniser progressivement.

• Itamar Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, a déclaré lors d’une interview à la radio publique Kan Sunday : «Après que les colonies de Gush Katif ont été évacuées [en 2005], le monde a changé ; la réalité a changé (…) Ce dont nous avons besoin ici, c’est d’une occupation. Chaque fois que nos ennemis ont perdu des territoires, ils ont perdu la guerre. Nous devrions avoir un contrôle total ; cela dissuadera nos ennemis, leur faire savoir que nous avons gagné et que nous permettons aux résidents de rentrer chez eux. Je n’ai pas peur que les Israéliens se réinstallent à Gaza».

• Yoav Kisch, le ministre de l’Éducation, a déclaré qu’il n’excluait pas un scénario dans lequel il reconstruirait des colonies de peuplement dans la bande de Gaza. Un projet de loi a été déposé à la Knesset afin de rétablir le droit de libre circulation des Israéliens dans la bande de Gaza. Le gouvernement d’union a testé plusieurs États alliés à ce sujet. Il semble qu’ils exprimeraient leur mécontentement, mais ne rompraient pas pour autant leurs liens avec l’«État juif».

• Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, chargé de l’administration civile de la Cisjordanie, a appelé à créer des zones de sécurité autour des colonies de Cisjordanie. Cette stratégie pourrait permettre, à terme, de les étendre.

Évidemment, tous les Israéliens ne soutiennent pas l’aveuglement et la fureur de leurs dirigeants.

• Le cabinet du Premier ministre refuse de travailler avec l’équipe militaire chargée de la réparation des infrastructures. En effet, celle-ci est commandée par le général Roni Numa, qui a déposé une requête devant la Cour suprême contre la «réforme» des lois fondamentales du pays, qu’il a qualifiée de «coup d’État».

• La ministre de l’Information, Distel Atbaryan, a démissionné, refusant d’avaler plus de couleuvres encore. Les FDI ne cessent de censurer la presse israélienne à l’occasion de cette guerre, y compris sur des sujets politiques sans lien avec elle.

• Le Premier ministre a fait interdire toute manifestation en soutien à la population civile de Gaza. Une organisation arabe israélienne, Adalah, et le parti Hadash ont porté l’affaire devant la Haute Cour.

• Les habitants de Kafr Aqab, un quartier de Jérusalem-Est où le gouvernement israélien espérait cantonner la capitale d’un éventuel État palestinien, y sont enfermés après 17 heures.

• Le ministre de la Sécurité, Itamar Ben-Gvir, s’en est pris à trois juges arabes israéliens. Ils n’avaient pas, à ses yeux, suffisamment condamné Maisa Abdel-Had, une actrice qui avait exprimé sa solidarité avec les populations expulsées de Jérusalem-Est ; contre un vieil homme qui dénonçait les conditions d’incarcération des prisonniers palestiniens ; ou encore refuse de divulguer le nom d’un prévenu accusé d’être pro-Hamas.

• Un professeur d’Instruction civique et d’Histoire, le pacifiste juif Meir Baruchin, a été arrêté et incarcéré par le Shin Bet pour avoir publié un tweet énumérant les noms et âges de six jeunes Palestiniens, de 14 à 24 ans, tués à Gaza avec la mention : «Ils sont nés sous l’occupation. Y ont vécu toute leur vie. Ils n’ont jamais connu un seul jour de liberté. Ils ont été exécutés par nos merveilleux garçons».

• Les députées Aida Touma-Sliman (Hadash-Ta’al) et Iman Khatib-Yassin (Liste arabe unie) ont été suspendues de la Knesset avec retenue de salaire. Elles avaient observé que des crimes attribués au Hamas étaient en réalité des victimes israéliennes collatérales des FDI.

Pour mener sa guerre, le gouvernement d’urgence a été contraint de mobiliser presque tous les juifs (pas les arabes) en âge de se battre. Cependant le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a eu peur que certains se révoltent et refusent d’obéir à des ordres criminels. C’est pourquoi il a installé à l’avance, au sein des FDI, une nouvelle procédure de désignation des cibles. Par le passé, l’état-major parvenait péniblement à en choisir une centaine par jour. Les officiers devaient veiller à limiter les dommages collatéraux. Désormais, personne ne choisit, ce sont des logiciels qui les sélectionnent. Il n’y a plus de responsabilité humaine, donc plus personne pour s’opposer à des ordres criminels. La machine en sélectionne cinq cents par jours. Elle n’informe plus des dommages collatéraux possibles. Moins on n’en sait, mieux cela fonctionne.

Des images viennent d’être diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit des Palestiniens qui ont été arrêtés par les FDI. Ce sont des hommes qui ont été interpellés parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Peut-être un membre du Hamas s’est-il mêlé à eux. Ils sont en sous-vêtements, sans chaussures, à genoux sous les armes qui les menacent. Par la suite, ils sont emmenés, toujours sans vêtements, dans des camions bennes, vers des centres d’interrogatoires. L’attorney général Galia Baharav-Miara a autorisé leur détention 60 jours sans avoir de contact avec un médecin ou un avocat. Au bout de 60 jours, il ne sera plus possible de trouver de traces de leur torture.

Thierry Meyssan

source : Réseau Voltaire

  1. «Alternatives à une directive politique pour la population civile à Gaza» (en hébreu), Note du ministère du Renseignement, 13 octobre 2023.
  2. Plan de réinstallation et de réhabilitation définitive en Égypte de l’ensemble de la population de Gaza (en hébreu), Institute for National Security and Zionist Strategy,octobre 2023.
  3. «The West Should Welcome Gaza Refugees», Danny Danon, Wall Street Journal, November 14, 2023.
  4. «Victory is an opportunity for Israel in the midst of crisis», Gila Gamliel, Jerusalem Post, November 19, 2023.

De la fonction des accusations de viols par la propagande sioniste

Source : RzO International - Le 10/12/2023.

Dans cet article Kareena Pannu s’intéresse aux accusations de viols qu’auraient commis les militants du Hamas à l’encontre de victimes ressortissantes de l’entité sioniste. De telles accusations avaient été énoncées peu de temps après l’irruption des militants palestiniens en Palestine occupée le 7 octobre mais, sans avoir jamais disparu totalement du récit, elles étaient restées en arrière-plan. Mais depuis quelques jours on assiste, ainsi que l’observe l’auteure de l’article à un retour de ces accusations avec une force nouvelle, d’abord dans les relais de la hasbara, aussi bien journaux que télévisions et comptes sur les réseaux sociaux puis dans l’ensemble des médias occidentaux. La simultanéité et la similarité des messages sur les réseaux sociaux est tout à fait évidente en plus de leur caractère absolument massif.

Ces accusations ont une fonction très claire pour les Goebbels sionistes : Enrôler les féministes occidentales aux côtés du régime sioniste et rejeter la lutte palestinienne de la sphère des combats légitimes.

Mounadil al Djazaïri

*

Malgré le manque de preuves, les allégations de «viols massifs» commis par le Hamas justifient le génocide israélien à Gaza

par Karrena Pannu

L’absence de toute preuve de «viols massifs» perpétrés par des membres du Hamas le 7 octobre n’a pas empêché Israël d’utiliser ces accusations comme arme pour légitimer son génocide des Palestiniens à Gaza.

Après une accalmie, les allégations israéliennes de violences sexuelles commises par le Hamas sont revenues en force pour faire la une des journaux internationaux. Alors que l’ONU est sujette à une pression accrue pour condamner les violences sexuelles présumées du Hamas, le regain soudain et massif d’attention des médias et de la communauté internationale près de deux mois après le 7 octobre appelle la question :

Pourquoi maintenant?

En effet, les récits de violence sexuelle ont non seulement réapparu, mais ils l’ont fait avec vigueur. Des histoires sinistres de viols collectifs, de mutilations et même de nécrophilie ont été diffusées par les médias. Cela s’est produit malgré l’absence de preuves substantielles d’agressions sexuelles apportées par les forces d’occupation israéliennes [FOI]. À plusieurs reprises, Israël a manqué à fournir des preuves médico-légales, des preuves photographiques concrètes ou des témoignages de victimes aux agences de presse au-delà des conclusions établies par les équipes médico-légales israéliennes. En effet, le Times of Israel affirme que les FOI ne fourniront jamais de preuves médico-légales parce que «les preuves physiques d’agressions sexuelles n’ont pas été recueillies sur les cadavres par les morgues surchargées d’Israël», et il serait désormais trop tard pour rassembler des preuves concluantes. 

Actuellement, le dossier à charge d’Israël consiste en un témoignage oculaire montré en privé à des journalistes par la police israélienne, des témoignages de «ramasseurs de corps», d’équipes médico-légales et de l’état-major de l’armée, des photographies prises sur des sites suggérant que des femmes pourraient avoir été agressées sexuellement, et des témoignages de combattants du Hamas obtenus par le Shin Bet [Sécurité intérieure], dont le recours à la torture est notoire. Les témoignages des victimes ne seront pas partagés ; la police n’a interrogé aucune victime survivante et, selon May Golan, ministre israélienne des droits des femmes, les très rares victimes qui ont survécu reçoivent un traitement psychiatrique et sont donc, c’est bien commode, incapables de parler. 

On est loin des efforts persistants des Palestiniens, obligés de filmer leurs proches assassinés, leurs enfants brûlés et mutilés, ainsi que leurs amis et leur famille dans leurs moments de deuil les plus terribles, le tout dans une tentative désespérée de montrer au monde ce qui se passe, ce qu’ils subissent. C’est peut-être à cela que ressemble un privilège, où la dignité des victimes israéliennes est préservée, et la dignité des victimes palestiniennes doit être rejetée dans une démarche désespérée pour faire connaître leurs souffrances, parfaitement conscients que la survie du peuple palestinien en dépend. 

Le maintien du secret par Israël reste assourdissant ; les FOI ont projeté en exclusivité une compilation de 47 minutes de «séquences brutes» aux journalistes invités, au lieu de partager les séquences avec les agences de presse pour qu’elles en rendent compte et les vérifient de manière indépendante (les journalistes d’Al Jazeera, notamment, n’ont pas été invités à y assister). Parmi les invités, le journaliste Owen Jones n’a vu aucune «preuve concluante» de torture, de violence sexuelle, de viol ou de décapitation. De plus, bien qu’il ait appelé l’ONU à condamner les actes de violence sexuelle du Hamas, Israël refuse de coopérer avec une commission d’enquête de l’ONU sur les violences sexuelles commises par le Hamas sur la base ridicule que l’ONU a «un parti pris anti-israélien». 

Néanmoins, malgré le manque de preuves, Israël a renouvelé ses allégations d’actes de violence sexuelle commis par le Hamas, mais avec une nouvelle contextualisation ; ces violences faisaient désormais partie d’une tactique systématique et concertée de viols massifs, a affirmé le Dr Elkayam-Levy, chef de la «Commission civile sur les crimes du 7 octobre commis par le Hamas contre les femmes et les enfants» et professeur de droit à l’histoire troublé de violations des droits de l’homme et des liens étroits avec le «Conseil national de sécurité». Ce narratif a été repris par le département d’État américain, dont le porte-parole, Matt Miller, a allégué que «l’une des raisons pour lesquelles [le Hamas] ne veut pas livrer les femmes qu’il a prises en otage, et la raison pour laquelle la trêve a été interrompue c’est qu’ils [le Hamas] ne veulent pas que ces femmes puissent parler de ce qui leur est arrivé pendant leur détention».

À l’inverse, en l’absence de preuves concrètes d’agressions sexuelles, que peut-on savoir sur la manière dont le Hamas traite les femmes ? On peut dire que les otages nous fournissent la preuve la plus claire du comportement du Hamas envers les femmes, puisque nous disposons d’images directes de leur libération. Le gouvernement israélien a affirmé, de manière assez absurde, que les otages étaient sous tranquillisants au moment de leur libération, ce qui expliquerait leurs adieux amicaux aux membres du Hamas avec des poignées de main, des blagues et des sourires. La majorité des otages n’ont pas encore été interviewés publiquement, à l’exception de Mia Leimberg, qui est sortie de captivité avec son chien Bella. Les expériences des otages varient ; tandis que la lettre virale de Daniel Aloni remerciait le Hamas pour le traitement qu’il avait réservé à elle et à sa fille, lors d’une réunion entre des membres du cabinet de guerre israélien et des otages libérés, un otage anonyme aurait raconté des incidents d’attouchements. Cependant, les preuves auxquelles nous avons directement accès, qui comprennent des images de la libération des otages et des vidéos TikTok publiées par les otages libérés, montrent que les otages sont souriants et en assez bonne condition.

Cette dernière action propagandiste témoigne du désespoir de la machine de propagande israélienne. Des militants [pro-Palestiniens, NdT] et des journalistes ont souligné à juste titre comment le gouvernement israélien a utilisé les allégations d’agressions sexuelles comme une arme, en fonction d’arrière-pensées plutôt que par véritable préoccupation pour les femmes et les enfants, étant donné le bilan horrible d’Israël en matière de viols et d’abus sexuels, et en outre, sa censure active des organisations de défense des droits de l’homme qui enquêtent sur les agressions sexuelles sur des enfants palestiniens, ce que Josh Paul, ancien directeur au département d’État américain, a reconnu sur CNN

L’affirmation infondée du département d’État américain selon laquelle le cessez-le-feu a pris fin en raison des désirs barbares du Hamas à l’égard des femmes manque de crédibilité. Cependant, l’instigation et la montée en puissance d’une tempête médiatique sensationnaliste autour du 7 octobre ont permis au gouvernement israélien de réaffirmer son hégémonie sur les récits qui entourent les événements de cette journée. Les descriptions farfelues des attaques du Hamas remettent le focus sur le Hamas, nuisant ainsi à l’impact de nouvelles enquêtes menées par les agences de presse qui ne vont pas dans le sens du narratif du gouvernement israélien sur une attaque impitoyable menée par le Hamas et s’intéressent à la responsabilité des forces d’occupation israéliennes dans le massacre de civils israéliens et suggèrent que l’attaque aveugle de l’armée israélienne contre le Hamas pourrait avoir également causé la mort de citoyens israéliens.

En outre, l’accent mis sur la brutalité et l’inhumanité des attaques du Hamas le 7 octobre sert de plus en plus à légitimer la vengeance israélienne. L’offensive d’Israël n’a aucun semblant de proportionnalité, puisque le nombre de morts dépasse les 16 000 et que de nombreuses vidéos choquantes documentent, de manière approfondie et détaillée, l’anéantissement des Palestiniens, y compris l’incinération de nourrissons et de jeunes enfants. Exagérer l’inhumanité des attaques du Hamas suggère qu’il existe une équivalence dans la réponse israélienne ; même si l’ampleur n’est pas la même, il s’agit de suggérer que l’offensive d’Israël est de même nature et brutalité, et que par conséquent, la vengeance contre une population de 2,2 millions de personnes est logique.

Mais les choses vont plus loin que cela. Le recours aux caricatures orientalistes faciles représentant les hommes arabes en tant que prédateurs sexuels sauvages est à la fois sournois et destructeur. La suggestion selon laquelle la brutalité et la dépravation sexuelle sont des caractéristiques intrinsèques des hommes et du peuple arabes suggère que les Palestiniens sont, de manière inhérente et irrémédiable, une race perverse et que leur annihilation totale est donc justifiable. Fabriquer le consentement à un génocide ne fonctionne que lorsque le génocide d’un peuple n’est pas considéré comme une perte, et que l’éradication de sa culture, de son histoire et de son humanité est un acte qui rend le monde meilleur. La stigmatisation et la déshumanisation des hommes indigènes et des hommes de couleur ne sont pas nouvelles. C’est un procédé qui n’est que trop familier et nous devons y résister.

source : Mondoweiss via Mounadil al Djazaïri

Netanyahu essaie fébrilement d’arriver à l’expulsion des Gazaouis vers l’Egypte

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 09/12/2023.

Pourquoi les Etats-Unis ont imposé à Netanyahu un cessez-le feu et un échange de prisonniers

L’idée d’expulser les Gazaouis est présente dans les esprits au gouvernement israélien depuis le début de la guerre de Gaza. Plus le temps passe, moins ce projet devient réalisable. D’où la fébrilité du gouvernement Netanyahou,qui saute d’un objectif à l’autre sans avoir achevé le précédent. Et qui fait monter le niveau de violence exercé, pour soumettre la communauté internationale à un insupportable chantage: préférez-vous la mort ou l’expulsion des Gazaouis?

Lu sur Moon of Alabama:

La plupart des ministres ne sont pas au courant. Les ministres de la guerre ne le sont pas non plus. Il n’en a pas été question dans ces forums en raison de son effet explosif évident : la dilution de la population de Gaza au strict minimum. M. Biden y est fermement opposé, tout comme l’ensemble de la communauté internationale. Galant, le chef d’état-major et le chef d’état-major de Tsahal affirment qu’une telle possibilité n’existe pas. Mais Netanyahou considère qu’il s’agit d’un objectif stratégique. Il a même chargé son administrateur du cabinet de guerre, le ministre Ron Dermer, de rédiger un document d’état-major sur la question.

Il s’agit d’un plan qui contournera la résistance américaine sans confrontation, la résistance résolue des Égyptiens sans commencer à tirer sur les réfugiés entrant sur leur territoire par l’axe de Philadelphie, et la résistance mondiale générale qui se manifestera lorsque les premiers habitants de Gaza quitteront leurs maisons et émigreront ailleurs.

Les réfugiés dans les zones de guerre sont monnaie courante. Au cours de la dernière décennie, des dizaines de millions de réfugiés ont quitté des zones de guerre à travers le monde. De la Syrie à l’Ukraine. Tous avaient une adresse dans des pays qui ont accepté de les accueillir dans le cadre d’un geste humanitaire. Alors pourquoi Gaza devrait-elle être différente ?

Il ne s’agit pas d’un transfert, mais d’un relâchement de l’étouffement à l’intérieur des frontières de Gaza. Si les points de passage vers Israël restent scellés, il existe d’autres options. Rafah est l’une d’entre elles, malgré l’opposition farouche de l’Égypte. Cette transition a parfois été ouverte. Aujourd’hui, il existe également un passage souterrain entre Rafah, à Gaza, et le passage égyptien, aux dimensions d’une autoroute. La mer est également ouverte aux Gazaouis. Dans sa volonté, Israël ouvre le passage maritime et permet l’évasion massive vers les pays européens et africains.

Dans le contexte de l’émigration gazaouie, les écarts entre les membres du gouvernement sont considérables. Alors que Smotrich, Ben Gvir et un certain nombre de ministres du Likoud considèrent qu’il s’agit d’une nécessité, d’autres comme Galant, Gantz et Eisenkot considèrent qu’il s’agit d’une fantaisie irréaliste ou d’un plan méprisable et immoral.

Moon of Alabama, 2.12.2023

La fébrilité de Benjamin Netanyahu

La journée du 7 décembre donne un bon exemple de la fébrilité israélienne :

La progression de l’armée israélienne dans la bande de Gaza n’est pas aussi spectaculaire que ce que donnent à penser les communiqués de Tsahal. (Voir carte ci-dessous)
Pour la seule bande de Gaza une liste des actions des différents mouvements palestiniens en recense plus de vingt.
Au moment où j’écris, de lourds combats ont lieu à Khan Younès.

On parle de 2000 blessés du côté israélien. Le ratio fréquent dans les armées est de compter 1 tué pour 3 blessés. 600 soldats tués du côté israélien à Gaza depuis le début octobre? On est dans les conjectures mais il faut comprendre que:
+ Tsahal s’attaque au sud de la bande de Gaza sans avoir réussi à conquérir le nord.
+Tsahal arrête et déporte vers une destination inconnue des hommes palestiniens non combattants préalablement privés de leurs vêtements: c’est faute d’avoir été capable d’arrêter les chefs du Hamas.
+ Tsahal et les colons commettent des exactions, des assassinats, des rapts en Cisjordanie sans avoir réussi à vaincre Gaza.
+ Netanyahu menace de transformer le sud du Liban et Beyrouth en un nouveau Gaza faute d’être capable de vaincre les combattants palestiniens en Israël.

Edouard Husson – Libres Propos Telegram, 7.12.2023

Vladimir Poutine en coordinateur d’une action pour bloquer définitivement le projet israélien?

Le voyage effectué le 6 décembre par Vladimir Poutine aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite a surpris. Il était prévu plus tard. Les médias occidentaux insistent sur les discussions concernant les prix du pétrole ou la coopération économique. On souligne aussi que le président russe a fait une démonstration de force en sortant de Russie, alors qu’il est l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI – son avion a été escorté par six SU-35.

Il est en effet probable que les rencontres étaient prévues pour plus tard. Mais, hier 7 décembre, le président russe a reçu le président iranien Raisi. Tout semble converger versdes discussions urgentes pour parler de la situation à Gaza.

En particulier des moyens de soutenir l’Egypte pour empêcher l’expulsion israélienne des Gazaouis vers le Sinaï? La Russie organise-t-elle discrètement une résistance au projet de Netanyahu? Les prochaines semaines nous permettront de mieux comprendre.

 

 

Le jeu de roulette russe de Netanyahu 

Source : the Cradle - Le 05/12/2023.

 

 Face à la diminution des gains stratégiques issus de la guerre israélienne à Gaza et aux menaces internes et externes pesant sur son poste de Premier ministre, Netanyahu en difficulté pourrait choisir la guerre avec le Liban pour prolonger sa survie politique.

 

 Contraint à une trêve à Gaza par une population en colère exigeant des échanges de prisonniers, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est désormais confronté à son défi le plus difficile depuis le lancement d'attaques aériennes et terrestres sur la bande de Gaza en octobre. 

La fréquence de ses menaces contre le Hamas à Gaza et contre le Hezbollah libanais sur le front nord d'Israël a augmenté depuis que Netanyahu a accepté à contrecœur la trêve négociée par le Qatar.

Alors que les objectifs du Premier ministre et de Washington s'accordent sur la guerre contre la résistance palestinienne et, par extension, contre Gaza, leurs politiques divergent sur la stratégie et la durée du conflit. Confrontés à leurs propres menaces et aux attaques des factions de la résistance en Asie occidentale, les États-Unis préfèrent recourir à une approche militaire à effet de levier, sans aucune implication importante sur le terrain.

Dernièrement, l’administration Biden a adopté une approche plus sévère à l’égard des actions de Tel Aviv dans le nord de la bande de Gaza et a appelé à une coordination israélienne avec les États-Unis dans la guerre terrestre. Quelques heures avant la mise en œuvre de la trêve, le secrétaire d’État Antony Blinken a souligné que « les pertes massives de vies civiles et les déplacements de l’ampleur que nous avons constatés dans le nord de Gaza [ne devraient pas] se répéter dans le sud ». 

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a également récemment déclaré aux journalistes que l’administration Biden « ne soutient pas les opérations dans le sud à moins que ou jusqu’à ce que les Israéliens puissent démontrer qu’ils ont pris en compte toutes les personnes déplacées à l’intérieur de Gaza ».

Prolonger la guerre pour un gain personnel

Netanyahu a cependant un programme différent, cherchant à prolonger le conflit pour des gains personnels plutôt que pour un succès politique. La poursuite de la guerre signifie qu’il restera au pouvoir plus longtemps et aura le temps de conclure des accords internes et externes qui garantissent sa survie après le conflit.

Pour l’instant, le « Roi Bibi » fait face à une pression croissante de la part de ses alliés et de ses adversaires. Les appels internationaux en faveur de résultats tangibles du conflit s’intensifient, les grands médias étant de plus en plus contraints – par les réseaux sociaux – de mettre en lumière les crimes de guerre israéliens à Gaza. Au niveau national, Netanyahu est aux prises avec des demandes presque quotidiennes de démission ou de renvoi des ministres extrémistes d’ Otzma Yehudit et des partis religieux sionistes.  

Au lendemain de l'opération Al-Aqsa Flood, l'opposition israélienne a tenté le parti Likoud de Netanyahu en lui proposant de limoger le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir - ainsi que la destitution du Premier ministre lui-même - comme condition pour participer à l'opération Al-Aqsa Flood. un gouvernement d’urgence.

Ces propositions visaient à résoudre les troubles politiques  et sociaux en cours en Israël depuis 2019, qui ont conduit à cinq cycles électoraux consécutifs en quatre ans et à de fréquentes manifestations antigouvernementales de masse. Un gouvernement d’union nationale serait également en mesure de reprendre et éventuellement de développer les accords d’Abraham, mis à rude épreuve par la présence de partis extrémistes au sein du gouvernement. Les ministres radicaux de Netanyahu ont souvent affecté négativement à la fois ces relations israélo-arabes naissantes et les relations de Tel Aviv avec les démocrates américains.

Notamment, la participation du chef du Camp national Benny Gantz et de l’ancien chef d’état-major Gadi Azinkot au gouvernement d’urgence israélien post-7 octobre dépend de la durée de la guerre ou de l’évolution des relations entre l’administration Biden et Netanyahu. Les problèmes de confiance entre Netanyahu et Gantz ajoutent une couche supplémentaire à une crise politique déjà complexe. 

Tous les hommes du roi 

Même les alliés du « roi » montrent peu de soutien, renversant la situation face à Netanyahu au milieu de manœuvres politiques incessantes. Ses partenaires de coalition autrefois inébranlables, fatigués de ses menaces constantes et des perturbations gouvernementales, menacent désormais de se retirer de son gouvernement à moins que la guerre à Gaza ne se poursuive – une décision liée à la libération des prisonniers des deux côtés. 

Lors des négociations de trêve fin novembre, le ministre de la Sécurité nationale Ben-Gvir a exprimé publiquement ces menaces sur la plateforme de médias sociaux X, déclarant : « Mettre fin à la guerre équivaut à dissoudre le gouvernement ». Le ministre des Finances Smotrich, également dans un article sur X, a qualifié la cessation de la guerre en échange de la libération de tous les détenus de Gaza de « plan pour éliminer Israël ». 

Pour Netanyahu, la priorité n’est pas la guerre à Gaza et ses objectifs génocidaires, mais plutôt la meilleure façon de faire face aux conflits internes au milieu de ses craintes d’un coup d’État. Des informations continuent de circuler sur la volonté du Likoud de le destituer par un vote de censure à la Knesset et de sélectionner un autre membre du parti pour former un gouvernement – sans avoir à organiser de nouvelles élections générales. 

Ces propositions sont allées jusqu'à nommer d'éventuels remplaçants - l'un de ces candidats est l'actuel président de la commission des affaires étrangères et de la sécurité de la Knesset, Yuli Edelstein, qui serait nommé Premier ministre par intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau chef du parti.

Le mois dernier, dans un ultime effort pour obtenir le soutien de son parti de droite, Netanyahu aurait rappelé aux membres du Likoud : « Je suis le seul à empêcher la création d'un État palestinien à Gaza et [en Cisjordanie] après la guerre. » 

Sacrifier Israël pour sauver Bibi 

Essentiellement, la stratégie de survie politique de Netanyahu consiste à se présenter comme le seul défenseur contre la rhétorique superficielle des États-Unis en faveur d’une solution à deux États. Tentant d’esquiver la responsabilité des échecs de l’État d’occupation, Netanyahu fait désormais face à un Benny Gantz renaissant dans l’opposition. De récents sondages israéliens prédisent un changement significatif au sein du grand public, favorisant l’opposition et les partis arabes par rapport à l’actuelle coalition de droite. Selon le sondage, une nouvelle coalition pourrait remporter 79 sièges, contre 41 sièges pour les partis de l'actuel gouvernement d'extrême droite du Likoud. 

La situation politique précaire d’Israël pousse Netanyahu à résister à toute solution, règlement ou sortie qui pourrait entraîner des conséquences juridiques pour lui. Il porte atteinte à son parti en menaçant d'organiser immédiatement des élections après la guerre si les machinations internes du Likoud contre lui ne s'arrêtent pas - après avoir déjà refusé de démissionner de son poste. 

Plus inquiétant encore est que, malgré les expériences de guerre dévastatrices d’Israël au Liban, Netanyahu pourrait considérer une guerre dans le nord comme sa seule issue potentielle – un moyen de remanier sa fortune politique pour éviter les accusations de corruption et faire face à ses échecs militaires. Pourquoi ne pas jouer à la roulette russe avec le Liban alors que la seule autre option est un long séjour en cellule de prison ?

Pour leur part, les États-Unis, conscients des options restrictives de Netanyahu et de sa stratégie potentielle, transmettent des messages nuancés au Hezbollah et au gouvernement libanais par l’intermédiaire de divers intermédiaires, appelant à la retenue. 

Même si l’armée israélienne ne peut pas mener une guerre pour protéger l’avenir politique et personnel de Netanyahu, les fuites de ces dernières semaines montrent que l’armée semble plus enthousiaste à l’idée de mener une guerre contre le Liban que la plupart des politiciens israéliens. 

Ils ne souhaitent rien de plus que détruire la Force Radwan, l'unité des forces spéciales du Hezbollah, ou au moins la retirer de la frontière. Cela s'ajoute à l'ambition à long terme de l'armée israélienne de détruire l'arsenal d'armes stratégiques de la résistance libanaise et de la forcer à se retirer de la zone située au sud du fleuve Litani. C’est ici que les calculs de Netanyahu recoupent ceux des hauts gradés de son armée, qui sont également menacés par la responsabilité à laquelle ils devront faire face à la fin de la guerre. Les événements sans précédent du 7 octobre ont révélé de profondes lacunes dans les services de renseignements et de préparation militaires israéliens, et l'armée en paiera presque certainement le prix à l'avenir. 

Malgré les divergences d’opinions entre Netanyahu et ses commandants militaires, une guerre israélienne contre le Liban n’est pas nécessairement inévitable – en principe. En réalité, les États-Unis et certains décideurs de Tel Aviv savent très bien que les calculs d’une guerre avec le Hezbollah sont différents de ceux d’une guerre sur tout autre front. Cela n’est pas seulement dû aux capacités militaires considérables du Hezbollah et à son expérience sur le champ de bataille, mais aussi à la coordination étroite qui a lieu entre les axes de résistance de la région – l’Iran, l’Irak, le Yémen, la Syrie, le Liban et la Palestine.

Même si Netanyahu et ses généraux considèrent la guerre avec le Liban comme une voie personnelle vers le salut, ils se heurteront à des obstacles dès le départ. D’une part, Washington refusera presque certainement un conflit qui dévasterait complètement les intérêts américains en Asie occidentale. 

 

 

À la minute où la guerre s’arrête, Netanyahou va en prison. Pas étonnant qu’il ne veuille pas que ça s’arrête

Source : RzO international - Le 09/12/2023.

par Kevin Barrett

Cet entretien a été réalisé vendredi dernier, peu après la fin de la trêve.

Eh bien, pour plus d’informations sur la poursuite de la guerre israélienne dans la bande de Gaza, nous sommes maintenant rejoints par M. Kevin Barrett. Il est rédacteur en chef de Veterans Today et nous rejoint depuis Saidiya, au Maroc. M. Barrett, bienvenue dans le programme. J’aimerais connaître votre point de vue sur les raisons pour lesquelles l’attaque israélienne contre Gaza va se poursuivre. Le Hamas a imputé la responsabilité aux Israéliens avec le feu vert des États-Unis.

Oui, bien sûr, c’est exact. Que les États-Unis donnent leur feu vert total ou qu’ils ne parviennent tout simplement pas à donner un feu rouge suffisamment ferme, la responsabilité en incombe en fin de compte à l’administration Biden ainsi qu’aux maniaques fanatiques du génocide au sein et autour du gouvernement Netanyahu. Il est honteux et horrible qu’après cette période de prolongation de la trêve avec la libération des prisonniers et la possibilité que d’autres prisonniers soient libérés… tous les Israéliens peuvent maintenant voir que les prisonniers israéliens libérés étaient en très bons termes avec leurs ravisseurs. Ils souriaient. Ils se sont félicités. Ils étreignaient leurs ravisseurs du Hamas. Il est donc assez évident que lorsque l’on compare cela au traitement réservé aux prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, qui comprend la torture, les abus sexuels systématiques, le viol, les mauvais traitements constants, tout le récit de la propagande israélienne s’effondre complètement.

Ce récit selon lequel le Hamas est une bande d’«animaux» dangereux, violents et criminels – ces horribles termes génocidaires utilisés par les Israéliens – s’avère en réalité se décrire lui-même. Alors que le Hamas s’est révélé être une organisation bien plus honorable, noble, morale et éthique que le gouvernement génocidaire israélien.

C’est donc terrible. Ils sont sortis et ont tué une centaine de civils supplémentaires dès le premier jour, moins d’un jour en fait depuis l’expiration de la trêve. L’administration Biden mérite une grande part de responsabilité dans cette situation. Ils vont subir des sanctions politiques ici aux États-Unis. Mais il reste à voir s’ils parviendront un jour à se lever et à forcer Netanyahu à cesser de commettre un génocide.

Monsieur Barrett, la guerre elle-même est également considérée, quand nous parlons du retour de bâton et des conséquences de tout cela en Israël pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, cette guerre elle-même est également considérée comme un échec majeur pour lui. J’aimerais que vous nous en parliez également.

Oui, politiquement, l’administration Biden, Netanyahu et les Israéliens ont perdu.

Politiquement, l’administration Biden et les gangsters de Netanyahu sont confrontés à des problèmes légèrement différents. Dans le cas de Biden, sa situation serait en fait meilleure si Netanyahu démissionnait et se retrouvait en prison, et si un tout nouveau gouvernement israélien, sans extrémisme, était formé. Et cela pourrait se produire si la guerre s’arrêtait dans un contexte dans lequel il est évident que Netanyahu et les Israéliens ont perdu ou n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs de manière significative. C’est sans aucun doute ainsi que cela se terminera, puisqu’ils n’auront aucun moyen d’atteindre leurs objectifs. Ils ne peuvent pas éliminer le Hamas, comme ils le prétendent. Tout ce qu’ils réussissent à faire, c’est massacrer des civils. Dès que cette guerre cessera, elle sera considérée comme un échec au sein d’Israël. Et à ce moment-là, Netanyahu va assumer la responsabilité de tout cela. Et qui sait quels types d’enquêtes seront menées sur ce qui a conduit à la débâcle israélienne et au triomphe palestinien du 7 octobre. Netanyahu quittera probablement le bureau du Premier ministre pour aller directement dans une cellule de prison dès la fin de la guerre. Il a donc toutes les raisons de poursuivre cette guerre aussi longtemps qu’il le peut.

Pendant ce temps, l’administration Biden est confrontée à des problèmes politiques parce que l’aile la plus active du Parti démocrate est au moins modestement consciente de l’ampleur du génocide sioniste en cours à Gaza et en est horrifiée. Et beaucoup de gens aux États-Unis vont ne pas participer aux élections et ne voteront pas pour Biden à cause de cela – certainement les communautés arabes et musulmanes américaines, ainsi qu’une grande partie de l’aile Bernie Sanders du parti. Donc, pour Biden, ce serait en fait une bonne chose de mettre fin à la guerre et de faire envoyer Netanyahu en prison, et de le remplacer par un gouvernement israélien légèrement plus pragmatique.

Le problème, cependant, est que les sionistes ont tellement de pouvoir aux États-Unis que faire tout ce qui peut être perçu comme une opposition à Israël peut vous rendre politiquement vulnérable. Et les Républicains profitent du lavage de cerveau du peuple américain pour soutenir Israël. Biden marche donc sur la corde raide entre essayer d’apaiser les gens de son propre parti qui sont conscients de la réalité, et devoir repousser les défis du camp républicain, qui subit un lavage de cerveau total et complet pour encourager le génocide. Il s’agit donc d’une situation complexe et jusqu’à présent, l’administration Biden n’a pas eu le courage, et encore moins la moralité ou l’éthique, de se lever et de forcer la fin de cette guerre. Et je ne suis pas sûr qu’ils le feront. Mais nous verrons.

M. Barrett, voici quelques nouvelles réactions. Le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que les États-Unis et les Israéliens semblent ignorer les graves conséquences de la poursuite de la guerre contre Gaza. Disons donc que cette guerre continue pendant encore une longue période. De plus en plus de femmes et d’enfants sont massacrés par les Israéliens. À quel type de retombées vous attendez-vous ?

Eh bien, je ne pense pas qu’il soit tout à fait vrai que l’ensemble de l’administration Biden ignore les conséquences politiques qu’elle subit. Ils n’en réaliseront peut-être pas toute l’ampleur avant qu’il ne soit trop tard, mais Biden aurait déjà déclaré que, je cite, «nous avons pris beaucoup d’eau pour les Israéliens». Et bien sûr, cela signifie qu’il compare l’Amérique à un navire en perdition. Le navire en perdition, le Titanic, prend beaucoup d’eau en raison de son soutien ridicule et largement détesté au génocide à Gaza. Alors, bien sûr, à un moment donné, l’administration américaine, la communauté permanente de sécurité nationale ou l’État profond pourraient se réveiller et se rendre compte que l’Amérique va perdre le peu de son soft power qui lui reste, sa réputation étant complètement détruite par son soutien à la politique américaine génocide. Et le récit change. La vérité sur le 7 octobre, le fait que la Résistance palestinienne a combattu avec retenue, avec compassion, avec moralité et éthique, alors qu’elle s’en prenait à des cibles militaires et des otages pour les échanger contre des prisonniers palestiniens, et qu’elle traitait ensuite très, très bien ces otages – tout cela sort maintenant. Et tandis que le monde le constate, les dommages causés à l’image des États-Unis et de ces chiens enragés sionistes en Palestine occupée s’aggravent de jour en jour. Donc oui, je pense qu’à un moment donné, l’administration américaine sera probablement obligée d’empêcher Netanyahu de commettre un génocide et alors, bien sûr, Netanyahu ira en prison.

Mais Netanyahu est un survivant. Il a fait toutes sortes de choses folles et s’en est sorti sans problème dans le passé, notamment en participant à l’opération du 11 septembre 2001. Nous ne devrions jamais sous-estimer jusqu’où il pourrait aller pour tenter de rester au pouvoir et d’échapper à la prison.

source : La Cause du Peuple

 

La vidéo israélienne des atrocités du Hamas dévoilée pendant 43 minutes

 

Des projections privées aux manipulations médiatiques en passant par les mensonges purs et simples, l'armée israélienne met tout en œuvre dans sa propagande éclair pour justifier une guerre totale contre Gaza.

 

Source : The Cradle - 6 DÉCEMBRE 2023

 

Alors que se déroule le troisième mois depuis l'opération d'inondation d'Al-Aqsa menée par le

Hamas le 7 octobre et la réponse de la terre brûlée d'Israël dans la bande de Gaza, il est évident

que tout ne progresse pas comme prévu à Tel Aviv. Tant sur le terrain que dans la guerre de propagande en ligne, les affirmations d'Israël sont constamment démenties et exposées comme

de fausses nouvelles.

La compilation vidéo très médiatisée de 43 minutes des événements du 7 octobre, que l'armée israélienne a projetée exclusivement pour certains journalistes et dignitaires, est actuellement

sous surveillance. Les images montreraient les « pires atrocités » commises ce jour-là – des actes

qui, selon Israël, sont trop brutaux pour être vus par le grand public.

Lors de sa première présentation devant 100 représentants des médias internationaux le

23 octobre, le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a établi des parallèles entre

le Hamas et l'EI. Il a déclaré que le Hamas avait :

« J’ai décidé de commettre ce crime contre l’humanité… de violer, de tuer sans discernement, de décapiter des gens. Et oui… aussi les bébés. Et ils l’ont fait avec une parfaite compréhension de ce qu’ils faisaient et de ce qui se passerait ensuite à Gaza»

Mais maintenant, l'éminent journaliste du Guardian, Owen Jones, qui a regardé les images lors

d'une projection privée, a déclaré que non seulement la vidéo ne correspondait pas à ces

affirmations, mais qu'elle était délibérément utilisée pour justifier l'horrible attaque d'Israël contre

les civils de Gaza.

 

Scènes horribles

Le fait que Jones soit l'un des rares journalistes à remettre en question le récit vidéo israélien en

dit long sur le soin avec lequel l'armée israélienne a examiné sa liste d'invitations et limité les

invitations à une coterie de confiance de VIP.

Comme beaucoup d'autres, Rory Carroll, collègue d'Owen's Guardian , qui a écrit sur les images

après leur première projection dans une base militaire à Tel Aviv, a consciencieusement récité le

récit israélien sans remettre en question son objectif. Bien qu’il ne soit pas clair si Carroll lui-même

a visionné la vidéo, il énumère certaines scènes vraiment horribles qui « ont laissé certains

journalistes en larmes » et « comprenaient le meurtre d’enfants et la décapitation de certaines

victimes ». 

La seule allusion de Carroll à une possible motivation derrière la vidéo de l'armée israélienne se

trouve dans son avant-dernier paragraphe : « La projection a eu lieu au milieu d'appels renouvelés

à Israël pour qu'il cesse ses bombardements sur Gaza, qui ont tué au moins 400 Palestiniens au

cours des dernières 24 heures », tout en ajoutant que les bombardements israéliens ont tué plus

de 5 000 Palestiniens, dont 2 055 enfants, depuis le 7 octobre.

Mais quand son collègue du Guardian , Owen Jones, a finalement eu accès à la vidéo un mois plus tard, il a trouvé de nombreuses incohérences dans les affirmations de l'armée israélienne. 

Jones a reconnu la nature horrible de nombreuses scènes de la vidéo, comme celle d'un

combattant du Hamas utilisant une grenade pour tuer un père et blesser ses deux jeunes fils, et une autre décapitation brutale d'un ouvrier agricole thaïlandais avec un outil de jardinage. Cependant,

les affirmations les plus médiatisées d’Israël étaient manifestement absentes. Jones explique que,

 On nous a parlé de décapitations à grande échelle, notamment de 40 bébés… [Mais] nous ne voyons pas d'enfants tués… S'il y a eu de la torture, aucune preuve n'est apportée… S'il y a eu des viols et des violences sexuelles, nous ne le faisons pas. Je ne vois pas ça non plus sur les images. 

De même, un collègue du Guardian de Jones avait écrit que les images montraient des attaquants

du Hamas entrant dans une maison et tuant une jeune fille, âgée d'environ 7 ans, qu'ils avaient

trouvée cachée sous une table. Mais Jones a confirmé qu'aucune séquence de ce type montrant

une jeune fille tuée n'existait dans la vidéo de la projection à laquelle il a assisté.

Jones déclare également que la vidéo comprenait un enregistrement audio d’un combattant du

Hamas qui appelle sa mère depuis le téléphone d’une de ses victimes israéliennes, se vantant

auprès d’elle d’avoir tué « dix Juifs ». 

Cependant, Jones note que l’armée israélienne a déjà publié des enregistrements audio « dont la véracité a été contestée par des experts » pour renforcer sa propagande depuis le 7 octobre. Par exemple, Israël a commodément produit des enregistrements audio douteux utiles pour dissimuler

ses bombardements d’hôpitaux et d’ambulances .

 

Défendre les massacres d'Israël

En montrant les images uniquement à certains journalistes considérés comme sympathisants

d’Israël, plutôt que de les rendre publiques pour un examen plus approfondi, l’armée israélienne

semble chercher à justifier ses propres crimes de guerre à Gaza. 

Jones a déclaré qu'on lui avait dit, ainsi qu'aux autres journalistes, « au début de la projection,

que le but de cet exercice était de nous encourager à utiliser nos plateformes pour défendre

l'attaque israélienne sur Gaza ».

Il s’agit d’une directive choquante de l’armée israélienne, que des centaines d’autres journalistes

n’ont pas pris la peine de révéler à leur public mondial.

Mais Jones a refusé d'utiliser sa plateforme à cette fin, déclarant à la place : "Regarder ce film d'horreurs, et ce sont des horreurs, ne m'amène pas à vouloir soutenir d'autres horreurs." 

Jones a expliqué qu'au moment de l'examen, le nombre de morts à Gaza avait déjà atteint

quelque 20 000, dont 8 000 enfants. Jones a souligné que le nombre d’enfants tués par Israël à

Gaza était près de dix fois supérieur aux 900 civils israéliens que le Hamas aurait tués le

7 octobre.

À cet égard, Jones était d'accord avec le fils de Vivian Silver, une femme canado-israélienne que

l'on croyait kidnappée par le Hamas le 7 octobre mais retrouvée morte plus tard. Lorsqu'on lui a demandé s'il était d'accord avec les actions du gouvernement israélien à Gaza, il a répondu :

« Non, je ne pense pas qu'on puisse guérir la douleur avec plus de douleur. »

Mais la surveillance privée des attaques du Hamas par l'armée israélienne le 7 octobre avait un

objectif supplémentaire. 

Eylon Levy, porte-parole du gouvernement israélien, a déclaré que la vidéo avait été diffusée pour contrer le « phénomène de type négationnisme » concernant l’ampleur des atrocités du Hamas.

 Levy s'inquiétait du fait que la propagande israélienne avait déjà perdu sa crédibilité, même

auprès des responsables américains et des journalistes occidentaux. 

L'accusation de décapitations à grande échelle d'enfants par le Hamas est née le 10 octobre

lorsque le site d'information i24 , considéré comme proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a affirmé que « Certains soldats disent avoir trouvé des bébés avec la tête coupée,

des familles entières abattues. dans leur lit. Jusqu’à présent, plusieurs bébés et jeunes enfants

ont été emmenés sur des civières. 

Cela a fusionné avec une autre affirmation non vérifiée du média selon laquelle le Hamas avait

tué 40 enfants pour devenir 40 bébés décapités.

Un porte-parole de l'armée israélienne a déclaré que ces affirmations ne pouvaient pas être

confirmées, mais a quand même demandé aux journalistes de les croire. « Nous ne pouvions pas

le voir de nos propres yeux, mais évidemment, c'est arrivé…

Ce genre de choses arrive », a-t-il déclaré à l' Intercept le 11 octobre.

Le président américain Joe Biden a même réitéré cette allégation, affirmant que les Israéliens lui avaient montré « des photos confirmées de terroristes décapitant des enfants ». Mais un

porte-parole de la Maison Blanche a précisé plus tard que ni le président ni les responsables américains n'avaient vu d'images ou entendu des informations confirmées de manière

indépendante faisant état d'enfants décapités.

 

Cendres et os

 

Au moment de la première projection vidéo, les porte-parole israéliens Levy et Hagari parlaient également des retombées des reportages des médias israéliens montrant qu'en plus des

personnes tuées par le Hamas le 7 octobre, de nombreux civils et soldats israéliens avaient

été tués par l'armée elle-même. .

Pour reprendre le contrôle des bases militaires et des colonies prises par la résistance, et pour les empêcher de ramener soldats et civils captifs à Gaza, l’armée israélienne a utilisé une puissance

de feu écrasante, notamment des drones armés Zik, des hélicoptères Apache et des chars Merkava Conformément à la directive Hannibal , les forces d'occupation ont massacré un

grand nombre de leurs propres civils et soldats. 

La vidéo montrant les actions du Hamas, certaines réelles mais d'autres imaginaires, était donc nécessaire pour détourner la responsabilité de ces morts. Cela inclut la responsabilité du meurtre

de Liel Hetzroni, 12 ans.

Naftali Bennett, l'ancien Premier ministre israélien, a exprimé son indignation face à sa mort sur

le site de réseau social X, affirmant que « Liel Hetzroni du kibboutz Beeri a été assassinée chez

elle par des monstres du Hamas ».

Cependant, des témoins oculaires israéliens ont révélé que la jeune fille, son frère jumeau et sa

tante avaient été tués par des tirs de chars israéliens, ainsi qu'au moins huit autres captifs

barricadés dans une maison abritant des combattants du Hamas.

Lorsque les restes du corps de Liel ont été identifiés, il ne restait que des cendres et des fragments d'os.

Mais Bennett a utilisé l'horreur de la mort de Liel pour justifier de nouvelles horreurs à Gaza,

affirmant : « Nous menons la guerre la plus juste : Pour garantir que cela ne se reproduise plus

jamais ».

Juste un jour après le message de Bennett sur Liel, 12 ans, Reuters a rapporté le sort d'un enfant palestinien de quatre ans, Ahmed Shabat. 

« Le garçon continue de demander ses parents et il veut se lever et marcher, mais ses parents

sont morts et ses jambes ont été amputées », après qu'une frappe aérienne israélienne a frappé

leur maison dans la ville de Beit Hanoun, au nord de Gaza.

La force de l'explosion a projeté le garçon dans une maison voisine. Son frère de deux ans a

survécu à l'attaque israélienne, mais 17 membres de la famille des garçons ont été tués, a ajouté Reuters .

 

Amateur et tordu

 

Alors que les massacres de Palestiniens à Gaza par l'armée israélienne se poursuivent,

ses efforts pour manipuler les médias afin de les justifier se poursuivent également.

Le 28 novembre, Ishay Cohen de Kikar HaShabbat , un site d’information ultra-orthodoxe,

a publié une interview avec un soldat israélien qui affirmait que « des bébés et des enfants morts avaient été pendus à une corde à linge », par le Hamas le 7 octobre.

Cohen a ensuite supprimé la vidéo, car l'affirmation n'a pas pu être confirmée, mais pas avant

qu'elle ne devienne virale.

Un utilisateur de X a critiqué Cohen en écrivant : « Comment mettre en ligne une telle vidéo sans

avoir une certitude à 100 % ? Pourquoi tout ici est-il amateur et tordu ?

Cohen  a expliqué les raisons de son erreur en disant : 

« J'avoue que je n'ai pas pensé qu'il était nécessaire de vérifier la véracité d'une histoire rapportée par un lieutenant-colonel, un officier général de la division de Gaza… Pourquoi un officier de l'armée inventerait-il une histoire aussi horrible ? J'ai eu tort."

Tragiquement, la propagande israélienne visant à obtenir un soutien pour son attaque contre

Gaza a été jusqu’à présent un succès, du moins sur la base de l’inaction de la communauté internationale pour tenir l’État d’occupation responsable de ses crimes de guerre. De plus, bien

qu’elle feigne de s’inquiéter de la protection de la vie civile palestinienne, l’administration Biden a fourni à Israël environ 57 000 obus d’artillerie et 15 000 bombes, dont 100 BLU-109, bombes

anti-bunker de 2 000 livres depuis le 7 octobre.

Le Wall Street Journal a rapporté que, selon des responsables américains, Israël a utilisé une de

ces bombes dans « une attaque qui a détruit un immeuble dans le camp de réfugiés de Jabalia à

Gaza, tuant plus de 100 personnes ».

Même si le meurtre tragique de 112 Israéliens au kibboutz Be'eri le 7 octobre restera longtemps

dans les mémoires comme faisant partie du « 11 septembre en Israël », le meurtre de

100 Palestiniens à Jabalia le 31 octobre n'a fait que brièvement la une des journaux. 

Il a été rapidement submergé dans les jours et les semaines qui ont suivi par des massacres

israéliens supplémentaires presque quotidiens, dont chacun peut voir librement les vidéos en

ligne - sans projections privées sur invitation seulement.

Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de The Cradle.

 

 

 

 

 

Israël ne peut pas vaincre le Hamas, quelle sera donc la prochaine étape ?


Par Robert Inlakesh – Le 5 décembre 2023 – Source RT

Après une accalmie de sept jours dans la guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza, la reprise des hostilités a reçu un nouveau feu vert de Washington. N’ayant pas réussi à mener leurs alliés israéliens à la victoire militaire, les États-Unis autorisent une dangereuse escalade et rejettent toute solution pacifique qui permettrait d’éviter de nouvelles souffrances aux civils.

Quelques minutes seulement après le départ du secrétaire d’État américain Antony Blinken de Palestine/Israël, la guerre à Gaza a repris, avec un vaste assaut aérien sur les infrastructures civiles palestiniennes, causant la mort de près de 200 civils. Le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a annoncé qu’il continuait à soutenir le “droit et la responsabilité d’Israël de s’en prendre au Hamas“, mais on ne sait pas exactement dans quel but. Alors que l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak admet que le Hamas est loin de s’effondrer, la question se pose : quel est le véritable objectif de cette guerre ?

 

Après six semaines de guerre qui ont fait probablement plus de 20 000 morts parmi les Palestiniens, l’armée israélienne n’a pas réussi à prouver qu’elle avait réussi à réduire de manière significative les capacités militaires du Hamas et des autres groupes armés palestiniens dans l’enclave côtière assiégée. Alors qu’Israël a pénétré de force dans les principaux hôpitaux du nord de la bande de Gaza, affirmant que le Hamas utilisait ces sites comme bases et centres de commandement et de contrôle, les preuves produites par les forces de défense israéliennes (FDI) ne corroborent pas ces allégations. Le gouvernement américain a soutenu l’idée qu’un centre de commandement avait existé à l’hôpital Shifa, et lorsque les forces israéliennes sont entrées dans l’enceinte de l’hôpital, elles ont présenté des armes qu’elles prétendaient y avoir trouvées, ainsi qu’un tunnel vide. Toutes les images de ce type rendues publiques sont sélectionnées et éditées par l’armée israélienne, mais si elles sont vérifiées de manière indépendante, elles pourraient servir de preuve de la présence de militants, sans pour autant prouver l’existence d’un centre de contrôle ou de commandement. Peu de choses notables ont été découvertes dans d’autres hôpitaux, et l’affirmation des Américains selon laquelle ils disposeraient de renseignements solides confirmant les affirmations israéliennes est douteuse, compte tenu des déclarations publiques antérieures, telles que celles du président américain Joe Biden qui avait affirmé avoir vu “des images confirmées de terroristes décapitant des enfants“, déclaration que la Maison Blanche a dû retirer par la suite.

Au début de cette guerre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que son gouvernement allait “écraser le Hamas“, un objectif que le gouvernement américain a soutenu publiquement. Pourtant, le Hamas est parvenu non seulement à infliger à Israël le plus grand coup de son histoire, mais aussi à défendre Gaza sur le terrain en remportant d’innombrables succès contre les forces israéliennes. Le monde entier parle désormais de la formation d’un État palestinien, une idée qui avait été pratiquement abandonnée en faveur d’accords de normalisation inconditionnels entre les États arabes et Israël avant la guerre. En outre, l’un des résultats prévisibles de la guerre israélienne contre Gaza a été une augmentation considérable du soutien au Hamas dans l’ensemble des territoires occupés. Au Moyen-Orient et dans l’ensemble du monde musulman, les militants du Hamas sont devenus des héros et sont largement considérés comme une vaillante résistance nationale.

L’accord de normalisation israélo-saoudien, autour duquel s’articulait la politique moyen-orientale de l’administration Biden, n’est plus d’actualité à l’heure où Riyad se rapproche de Téhéran. Selon les sondages israéliens, seuls 4 % des Israéliens font confiance à Benjamin Netanyahou, tandis que le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, est la personnalité nationale la plus digne de confiance. Bien que les Israéliens lui fassent confiance, Hagari est devenu le “gars de la liste” et un mème en ligne, après avoir présenté une vidéo dans laquelle il affirmait qu’un simple calendrier écrit en arabe était une liste de “terroristes“. Cette vidéo était censée montrer que le Hamas gardait des otages à l’hôpital pour enfants de Rantisi.

Au moins 10 pays ont soit retiré leurs ambassadeurs d’Israël, soit suspendu leurs relations avec ce pays. Tout cela alors que les plus grandes manifestations pro-palestiniennes jamais organisées en Occident se poursuivent dans des capitales comme Londres et Washington DC. Ces événements, combinés à une baisse considérable de la cote de popularité de Joe Biden, laissent présager un désastre pour la guerre de Gaza soutenue par les États-Unis.

La Maison Blanche affirme qu’elle impose certaines restrictions à l’armée israélienne qui prévoit d’envahir le sud de Gaza, mais dans le même souffle, elle offre un soutien inconditionnel aux actions d’Israël. À aucun moment le gouvernement américain n’a pris la responsabilité de ce qui s’est passé depuis le 7 octobre, il n’y a eu aucune excuse pour ses mensonges, aucun changement de stratégie et aucune reconnaissance du rôle joué par Washington dans la création de la situation sur le terrain à Gaza qui a facilité l’attaque du Hamas.

La véritable question qui se pose aujourd’hui est la suivante : Quelle est la suite des événements ? Israël combat sans but à Gaza et continue de tuer des milliers de civils palestiniens, il n’y a aucun signe de défaite du Hamas à l’horizon et la situation humanitaire, décrite comme “la pire jamais vue” par le chef des secours de l’ONU, Martin Griffiths, continue de se détériorer. Si tous ces éléments sont à prendre au sérieux, le spectre d’une guerre régionale se profile également en cas d’escalade de l’attaque israélienne contre Gaza. Le Hezbollah libanais est actuellement engagé dans de fréquentes batailles le long de la frontière libanaise et a élargi la portée de ses attaques contre des cibles militaires israéliennes.

Les échanges de prisonniers qui ont eu lieu entre Israël et le Hamas ont prouvé que le groupe palestinien était capable de s’engager sur le plan diplomatique. Cet échange a également permis de révéler au monde entier qu’Israël détenait également des femmes et des enfants en captivité sans aucune charge. Les captifs civils israéliens qui ont été libérés, dont la majorité a été filmée en train de sourire, de serrer la main et de remercier les combattants du Hamas lors de leur libération, n’ont pas été autorisés à parler directement de leur expérience aux médias. En revanche, des femmes et des enfants palestiniens ont raconté les sévices, les tortures et les humiliations qu’ils avaient subis de la part de leurs geôliers israéliens. Il s’agit là d’une nouvelle débâcle en termes de relations publiques pour le gouvernement israélien, qui est apparu plus coupable que le Hamas.

Le gouvernement américain est aux commandes de la guerre. Il a le pouvoir de mettre fin au conflit à tout moment, mais il continue de prolonger ce désastre. Pendant la pause de sept jours dans les hostilités, rien n’a changé en faveur d’Israël pour rendre sa victoire possible. Il ne peut y avoir de solution militaire à la guerre de Gaza. Les États-Unis doivent reconnaître que ce conflit ne prendra jamais fin tant que le peuple palestinien ne bénéficiera pas de la justice et de la liberté. Pendant 75 ans, les gouvernements de l’Occident collectif ont ignoré la souffrance du peuple palestinien, ils n’ont jamais été des pacificateurs objectifs. La violence engendre la violence et la haine engendre la haine, il n’est pas possible d’assassiner simplement les Palestiniens pour les soumettre. Même si le groupe Hamas était vaincu, d’autres groupes apparaîtront pour se venger de ceux qui sont tombés et lutteront à l’avenir pour la création d’un État. Si la communauté internationale s’unissait, ce cycle pourrait être brisé, mais il faudrait un peu de courage.

Robert Inlakesh

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Réunion houleuse entre Netanyahou et les familles des otages israéliens

Source : RzO International - Le 07/12/2023.

par Middle East Eye

Les familles ont affirmé que le Premier ministre ne tient pas compte de leurs attentes, amenant certains à élever la voix, et d’autres à quitter la salle.

Le 5 décembre, une réunion du cabinet entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, les captifs libérés et les familles des otages toujours détenus à Gaza depuis le 7 octobre s’est soldée par un tollé, selon les médias israéliens.

La colère contre Netanyahou était perceptible dans les enregistrements vocaux de la réunion, les familles accusant les dirigeants israéliens de faire passer leur carrière politique avant la vie des otages.

Certaines personnes présentes à la réunion ont quitté les lieux en colère, tandis que d’autres ont décrit une atmosphère tendue où certains s’en sont pris à Netanyahou.

La réunion avait fini par avoir lieu à la demande des familles des captifs, après avoir été reportée trois fois. Les familles avaient exigé que le cabinet de guerre soit également présent lors de la rencontre avec le premier ministre.

Danny Miran, le père du captif Omri Miran, a déclaré que la réunion avait été «chaotique».

«La réunion a été le parfait exemple de la façon dont le pays est géré. Nous étions invités à 15 heures, ils ne sont arrivés qu’à 15 h 45. Ils nous ont laissé nous énerver et débattre entre nous – je suis parti avant la fin, cette situation n’est pas acceptable», a-t-il déclaré.

D’autres personnes présentes à la réunion, qui s’est tenue à Herzliya, ont déclaré que Netanyahou ne répondait pas spontanément à leurs questions, lisant la plupart de ses commentaires sur une feuille de papier. Des enregistrements ont entre-temps révélé que les personnes présentes ont haussé le ton à plusieurs reprises.

Dans ces enregistrements, on entend Netanyahou déclarer aux familles qu’il n’était pas possible, à l’heure actuelle, de ramener tous les otages chez eux.

«Quelqu’un peut-il vraiment imaginer que si c’était possible, nous le refuserions ?» a-t-il demandé, provoquant la colère des personnes présentes, parmi lesquelles se trouvaient certains des otages libérés au cours de la trêve temporaire, la semaine dernière.

«Le Hamas a des exigences que même vous n’accepteriez pas».

Les frappes aériennes ne les dérangent pas

Dans un extrait diffusé sur la chaîne israélienne Channel 12, la mère d’un captif s’est adressée au ministre de la Défense, Yoav Gallant, en lui demandant de promettre de ramener les captifs vivants.

«Je ne suis pas prête à sacrifier mon fils sur l’autel de votre carrière ou celle de n’importe quel autre personnage ici présent. Vraiment pas. Mon fils ne s’est pas porté volontaire pour mourir pour la patrie. C’est un civil qui a été enlevé de chez lui, et dans son lit», a-t-elle déclaré.

Ce sentiment a été partagé par Simcha Goldin, le père de Hadar Goldin, un soldat de l’armée israélienne tué pendant la guerre contre Gaza en 2014, et dont le corps n’a jamais été restitué.

«Combien y aura-t-il encore de Hadar Goldin et de Ron Arad ?», a-t-il crié aux ministres, en référence à son fils et à un autre soldat israélien porté disparu au Liban depuis 1986.

D’autres ont critiqué le cabinet de guerre pour sa mauvaise gestion de la prise d’otages et ont déclaré que le bruit des frappes aériennes à Gaza était terrifiant.

«Les frappes aériennes explosaient au-dessus de nous et les agents du Hamas continuaient de dormir. Vos frappes aériennes ne les dérangent pas», a déclaré Aviva Siegel, qui a été libérée de Gaza la semaine dernière et dont le mari est toujours retenu en captivité.

Selon le média israélien Ynet News, d’autres captifs libérés ont participé à la réunion, notamment Raz Ben Ami, dont le mari Ohad est toujours en captivité, Sharon Cunio, dont le mari David et d’autres membres de la famille sont également toujours détenus, Yarden Roman-Gat, dont la belle-sœur Carmel Gat est en captivité, et Irena Tati et sa fille Yelena Trufanov, dont le fils Sasha est toujours prisonnier.

Les captifs libérés ont réaffirmé qu’ils étaient détenus dans des lieux proches des cibles des frappes aériennes israéliennes.

Dans des extraits fournis par Channel 12, Mme Cunio aurait déclaré aux ministres qu’elle estimait qu’ils n’avaient «aucune idée de ce qui se passe là-bas. Vous prétendez avoir des renseignements précis, mais le fait est que vous nous avez bombardés. Mon mari a été séparé de moi trois jours avant que je ne sois libérée».

Elle a ajouté que «vous faites passer la politique avant la vie des otages», et qu’elle avait vu des captifs mourir à ses côtés.

source : Middle East Eye via Spirit of Free Speech

 

Otages israéliens libérés: “Nous avions plus peur des bombes israéliennes que du Hamas!”

 Source : Le Courrier de Stratèges -Le 0/12/2023.

Otages israéliens libérés: “Nous avions plus peur des bombes israéliennes que du Hamas!”

 

Les langues se délient parmi les otages israéliens libérés. Certains d’entre eux critiquent ouvertement le gouvernement Netanyahu et racontent comment, concrètement, ils ont cru qu’ils allaient être victimes d’une bombe israélienne. Et, comme l’explique l’un d’entre eux: “Nous avions l’habitude de penser que les forces israéliennes savaient ce qu’elles faisaient – nous savons maintenant que rien n’est aussi simple”.

 

“Les otages étaient constamment menacés par les bombardements de Tsahal”

Lu dans The Cradle:

Une captive israélienne détenue à Gaza et récemment libérée a révélé qu’elle craignait qu’Israël ne la tue, ainsi que d’autres personnes, par des tirs d’artillerie aveugles et qu’il n’accuse ensuite le Hamas, a rapporté Ynet le 6 décembre.

Menir Oz a fait cette déclaration lors d’une réunion entre elle et d’autres captifs récemment libérés et les membres de leur famille, d’une part, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cabinet de guerre, d’autre part.

Au cours de cette réunion, les captifs libérés et les membres de leur famille ont exprimé leur colère à l’égard de M. Netanyahou pour sa politique de guerre qui a mis leur vie en danger.

“J’étais là et je sais à quel point la captivité est difficile”, a déclaré Menir. “Chaque jour de captivité était très difficile. J’étais dans une maison quand il y avait des bombardements tout autour. Nous étions assis dans les tunnels et nous avions terriblement peur que ce ne soit pas le Hamas mais Israël qui nous tue, et ils diraient alors : ‘Le Hamas vous a tués’. Je demande donc instamment que l’on commence dès que possible à échanger les prisonniers et que tout le monde rentre chez soi. Il n’y a pas de priorité [de certains par rapport à d’autres]. Tout le monde est important.

Bar Goldstein a raconté ce que lui ont dit les membres de sa famille qui sont revenus de captivité à Gaza : “Heureusement, j’ai eu le privilège de recevoir ma belle-sœur Chen [Goldstein Almog] et ses enfants. Ils étaient constamment menacés par les bombardements de Tsahal [l’armée israélienne]”.

Il a déclaré à M. Netanyahu : “Vous vous êtes assis devant nous et vous nous avez assuré que leur vie n’était pas menacée.”

The Cradle, 6 décembre 2023

Des otages confirment qu’ils auraient pu être tués par un “feu ami” le 7 octobre

Lisez attentivement la suite du récit. Elle indique que les combattants palestiniens n’ont pas caché d’abord leurs otages dans des tunnels mais dans des immeubles de Gaza, au milieu de la population. Les bombardements israéliens ont donc mis en danger les otages. Les otages libérés ajoutent craindre pour la vie de ceux qui sont encore prisonniers si le gouvernement israélien mettait à exécution son projet d’inonder les “tunnels du Hamas” (en admettant que cette annonce soir autre chose qu’un coup de propagande)

Remarquons enfin que les otages libérés confirment les récits sur les civils israéliens victimes de “tirs amis” le 7 octobre:

Les bombardements étaient dangereux car les captifs n’étaient pas seulement détenus dans des tunnels et des maisons, mais avaient été déplacés sur des charrettes tirées par des ânes dans les rues de Gaza, les exposant ainsi aux bombardements qui ont tué près de 16 000 Palestiniens depuis le 7 octobre, date à laquelle le Hamas a pris les Israéliens en otage.(…).

Une autre captive qui a été libérée avec ses enfants a également exprimé sa colère face au bombardement par l’armée du lieu où elle était détenue à Gaza, et au fait que des hélicoptères Apache israéliens avaient ouvert le feu sur eux alors qu’ils étaient emmenés de leur maison à Gaza, de l’autre côté de la frontière.

Elle a déclaré : “Nous avions l’impression que personne ne faisait rien pour nous. Le fait est que j’étais dans une cachette qui a été bombardée et que nous avons dû sortir clandestinement alors que nous étions blessés. Sans parler de l’hélicoptère qui nous a tiré dessus sur le chemin de Gaza. Vous prétendez qu’il y a des renseignements, mais le fait est que nous étions bombardés”.

Elle a également exprimé sa colère à l’idée que l’armée envisage d’inonder les tunnels sous Gaza avec de l’eau de mer pour tuer les combattants du Hamas, alors que son mari et d’autres personnes restent captifs dans ces mêmes tunnels.

“Mon mari a été séparé de nous trois jours avant notre retour en Israël et il a été emmené dans les tunnels. Et vous parlez d’inonder les tunnels avec de l’eau de mer ? Vous bombardez le tracé des tunnels à l’endroit même où ils se trouvent.”

The Cradle, ibid

“La peur d’être assassiné par les ravisseurs était nulle comparée à la peur de mourir dans les bombardements”

On trouvera un récit complémentaire dans The Grayzone. On prêtera une grande attention au récit de l’effet des bombardements sur les personnes qui y sont confrontées:

Un parent de prisonniers israéliens récemment libérés a publiquement accusé l’armée israélienne de tuer son propre peuple et affirme que Tel-Aviv empêche les familles des victimes de s’exprimer.

Dans un témoignage présenté à la commission des finances d’Israël le 3 décembre, Noam Dan, dont le mari de la cousine est toujours détenu par le Hamas et qui a perdu deux autres membres de sa famille au cours des hostilités, a déclaré aux législateurs que l’armée israélienne avait tué les siens.

“Nous savons avec certitude que trois personnes ont été tuées par nos tirs, trois otages”, a-t-elle déclaré, tout en exigeant de savoir si les familles des captifs “ont été abandonnées” par l’administration Netanyahou. (…)

Les commentaires de Dan semblent confirmer une déclaration faite depuis la captivité à Gaza par le citoyen israélien Yarden Bibas, âgé de 34 ans. S’adressant à M. Netanyahou, la personne enlevée a déclaré que l’armée israélienne avait tué sa femme et ses deux enfants lors d’une frappe aérienne, et a demandé au Premier ministre de négocier la libération de leurs corps : “Bibi, vous avez détruit ma famille. Vous avez tué ma femme et mes enfants, tout ce qui faisait ma vie… Je vous en supplie, ramenez ma femme et mes enfants à la maison”.

Des captifs israéliens libérés ont également livré des récits poignants sur les bombardements israéliens massifs qu’ils ont subis. Selon un post Facebook du producteur de télévision israélien Hagai Levi, “D’après les rapports des personnes enlevées qui reviennent, il est répété que le traumatisme de captivité le plus horrible qu’elles ont vécu est probablement les bombardements des FDI.

Lorsqu’ils en parlent, ils tremblent littéralement devant moi. Les termes utilisés sont ceux de l’enfer, du seuil de la mort, d’un tremblement de terre, d’un bruit provenant d’une autre planète (qui a également causé des lésions auditives permanentes). La peur d’être assassiné par les ravisseurs était nulle comparée à la peur de mourir dans les bombardements”.

The Grayzone 5 décembre 2023

 

Lire aussi : 

« Nous craignions que notre gouvernement nous tue et accuse le Hamas » : Un prisonnier israélien libéré

“On ne sait pas encore depuis quand Netanyahu se préparait au 7 octobre”

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 07/12/2023

Meyssan : “On ne sait pas encore depuis quand Netanyahu se préparait au 7 octobre”

Alors que le gouvernement israélien déploie pas à pas son projet de “transfert” massif des Gazaouites vers d’autres pays, à coups de bombardements brutaux des populations civiles, plusieurs questions se posent de façon de plus en plus documentée par la presse israélienne elle-même : depuis quand Netanyahu était-il informé d’un projet fomenté par le Hamas d’attaque massive contre Israël ? Depuis quand s’y préparait-il ? A-t-il estimé que cette opération fournirait un prétexte pour organiser une opération de nettoyage ethnique à Gaza qui lui permettrait de sortir grandi de l’impasse politique dans laquelle sa réforme de la justice l’avait enfermé ? Thierry Meyssan donne son analyse de la question.

 

Edouard Husson a largement évoqué les sources israéliennes qui confirment toutes ce que nous avions écrit très vite après l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre : Les projets palestiniens étaient connus des services israéliens, depuis une date encore indéterminée. Mais depuis quand au juste ?

La question n’est pas anodine : Les pages des livres d’Histoire qui restent à écrire ne portent pas sur les atrocités commises par les uns et par les autres, mais sur les calculs politiques qui les ont environnés.

Quelles étaient les véritables intentions du Hamas ? Obtenir une négociation sur la création d’un Etat israélien ? Déstabiliser Netanyahu ? Effacer la contestation organisée par le Fatah au printemps en Cisjordanie ? Empêcher la reconnaissance d’Israël par l’Arabie Saoudite ?

Selon toute vraisemblance, Netanyahu a largement laissé faire. Peut-être a-t-il même encouragé l’opération du Hamas. Dans quel but ? Voulait-il se donner une occasion de “punir” les Palestiniens pour sortir de sa crise intérieure ? A-t-il été dépassé par l’ampleur de l’opération menée par le Hamas ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui sans réponse, mais nous pouvons commencer à rassembler les éléments d’actualité épars pour mieux comprendre les événements. C’est à cet exercice que Thierry Meyssan s’emploie avec nous aujourd’hui.

Netanyahou, en deux mois, a tué le sionisme

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 06/12/2023.

 

Netanyahou, en deux mois, a tué le sionisme

Deux mois de la guerre la plus atroce jamais menée par l’Etat hébreu: Benjamin Netanyahou a poussé si loin la violence qu’il a de facto, tué le sionisme. Pour la société israélienne, l’urgence est de changer de Premier ministre. Ensuite, il faudra se réinventer pour trouver sa place dans le monde multipolaire, et en vivant à côté d’un Etat palestinien. Certains jugeront la tâche impossible,vu la radicalisation d’une partie de la société israélienne et la haine accumulée dans le monde arabo-musulman contre Israël. Ce serait cependant négliger toutes les forces de reconstruction, de la montée en puissance des BRICS à l’entrée de la Chine dans le ballet diplomatique du Proche-Orient, en passant par le désir de paix du monde arabo-musulman après plus de vingt ans de chaos créé par les guerres américaines. .

Des Palestiniens brandissent leur drapeau national et célèbrent la destruction d’un char israélien à la barrière de la bande de Gaza, à l’est de Khan Younis, dans le sud du pays, le samedi 7 octobre 2023. (AP Photo/Yousef Masoud)/XOB128/23280400744514//2310071312

 

7 octobre – 7 décembre : Cela fait deux mois que la Guerre de Gaza a commencé. Et la journée du 6 décembre a connu son lot d’horreurs, comme tous les jours depuis le 7 octobre. Même la trêve du 24 au 30 novembre n’a pas vu cesser les violences. Les Israéliens ont eu tendance à kidnapper en Cisjordanie autant de prisonniers palestiniens que le nombre qu’ils s’étaient engagés à libérer en échange des otages israéliens détenus par la Résistance Palestinienne.

(A ceux qui me demandent pourquoi je parle de la Résistance Palestinienne : C’est non seulement pour signaler que neuf autres mouvements se sont alliés au Hamas pour la razzia d’otages du 7 octobre; mais en me rappelant la justesse de la prémonition gaullienne du 27 novembre 1967:

[Israël] organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme.

Charles de Gaulle, 27 novembre 1967)

Horreurs sans fin

Concernant ces derniers jours, on peut de nouveau égrener les horreurs commises par l’armée israélienne : L’hôpital Kamal Odwan, dans le nord de la bande de Gaza, a cessé de fonctionner, venant s’ajouter à la longue liste des hôpitaux de Gaza mis hors service par l’armée israélienne depuis deux mois. Les bombardements de Khan Younès, depuis cinq jours, n’ont rien à envier à ceux qui ont touché Gaza au début du conflit. Et si l’on en croit le gouvernement israélien, le massacre va continuer.

Bombardements au phosphore blanc, meurtres d’enfants (qui représentent un tiers des 16 000 victimes de Gaza), destruction d’églises et de mosquées, bombardements de camps de réfugiés etc….Nous assistons impuissants, depuis deux mois, à une violence de masse qui prend la suite des guerres de destruction américaines en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Libye. Mais l’opinion mondiale s’y intéresse tout particulièrement, parce que nous sommes sur une terre considérée comme sacrée par chrétiens, juifs et musulmans.

On ne s’en rend pas encore compte, sans doute, mais, en laissant voir une telle violence en direct, le gouvernement Netanyahu est en train de discréditer définitivement le sionisme.

La fin du sionisme 

Le sionisme a consisté à installer des Juifs en Palestine, sur des territoires qui avaient appartenu, à l’Israël biblique. On dit souvent que c’est la Shoah qui a motivé l’installation de Juifs en Palestine. En réalité,c’est inexact. Le sionisme est un phénomène antérieur à la Shoah. La Shoah n’a joué qu’un rôle : Elle a conduit un certain nombre d’acteurs politiques et d’observateurs, à faire preuve (de trop?) d’indulgence face à la manière dont les Juifs israéliens ont toujours plus rogné les territoires laissés aux Palestiniens par les votes et résolutions de l’ONU.

Certains s’indignent que des Juifs n’appliquent pas au sionisme les leçons que l’on peut tirer du génocide des Juifs.La violence commise par Israël est terrifiante au point de se voir qualifiée de “génocide” ou de “nettoyage ethnique”.

(A cet égard, suivez l’irremplaçable travail effectué par Eva Bartlett, journaliste canadienne, qui a vécu plusieurs années au milieu des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie)

Mais seuls les naïfs croient que l’on tire des leçons de l’histoire. La Bible est l’histoire d’un peuple qui ne tire jamais les leçons de l’histoire et à qui Dieu tend pourtant toujours de nouveau la main après de grands malheurs. La Bible nous raconte une histoire universelle sur la nature humaine. Et tout Juif est en droit de s’écrier à celui qui, lisant l’Ecriture Sainte, lui ferait la leçon : ”Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!”

Cela ne doit pas empêcher, au contraire, de désigner les horreurs en cours commises par Israël. Et de chercher à tout faire pour obtenir la fin de la guerre actuelle.

“Netanyahou m’a tuer”

Pour quelqu’un de ma génération, les accords d’Oslo avaient représenté un immense espoir. La manière dont ils ont été bafoués par la colonisation rampante, pratiquement dès le lendemain de leur signature, a suscité d’abord de l’agacement, puis de la colère. Aujourd’hui, c’est plutôt la résignation qui l’emporte : Il faut sans doute que la méthode Netanyahou aille au bout de sa course folle.

La carrière de Benjamin Netanyahou, qui fut Premier ministre pour la première fois entre 1996 et 1999, se confond avec le comportement toujours plus aberrant d’une partie des sionistes, qui avaient tout pour faire la paix avec leurs voisins mais ont poursuivi le cauchemar insensé du “Grand Israël”.

Il ne s’agit pas, bien entendu, de se fixer sur un homme : Il tient au pouvoir parce qu’il fait face à une société divisée et en partie démoralisée. Mais il faut bien se rendre compte que le vieux chef corrompu, qui soumet le destin d’Israël à son propre combat pour éviter la prison, est en train de fracasser le sionisme.

Les certitudes s’effondrent

Partout dans le monde, on a assisté impuissant, depuis deux mois au massacre des Gazaouis, tandis que le récit sur ce qui s’est vraiment passé le 7 octobre privait définitivement la violence de Tsahal contre Gaza de toute légitimité.

Beaucoup ne s’en rendent pas compte mais les conséquences pour le sionisme vont être terrifiantes :

+ le gouvernement israélien actuel est d’ores et déjà mis au ban des nations

+ le mythe de l’invulnérabilité de l’armée israélienne est en train de voler en éclats.

+ d’une société qui se sentait invulnérable, au point même de maltraiter sans scrupules les Palestiniens et de traiter les Arabes porteurs d’un passeport israélien comme des citoyens de seconde zone, les Juifs israéliens sont désormais envahis par le doute, ils ont perdu confiance dans Tsahal; et certains se posent la question de quitter Israël.

Israël saura-t-il se réinventer sans le sionisme?

Ce qui est certain, c’est que le sionisme a vécu. Les Juifs israéliens vont devoir inventer une nouvelle façon d’être:

+ il ne sera plus possible de s’abriter derrière les Etats-Unis pour piétiner en permanence les demandes de l’ONU.

+ Il va falloir accepter un Etat palestinien.

+ le rapprochement avec les Etats arabes sur le mode des Accords d’Abraham ne sera pas possible,désormais, sans un engagement à négocier puis, surtout, respecter une paix durable.

Énormes défis, que certains jugeront illusoires. Mais, à moins de sombrer collectivement dans la bestialité, les Etats de la région, Israël compris, ont-ils d’autres voies que de faire la paix ?

Certains jugeront la tâche impossible,vu la radicalisation d’une partie de la société israélienne et la haine accumulée dans le monde arabo-musulman contre Israël. Ce serait cependant négliger toutes les forces de reconstruction, de la montée en puissance des BRICS à l’entrée de la Chine dans le ballet diplomatique du Proche-Orient, en passant par le désir de paix du monde arabo-musulman après plus de vingt ans de chaos créé par les guerres américaines.

 

Guerre civile et carnages : L’avenir sombre d’Israël (Dr Ofer Cassif, membre du Parlement israélien)

Source : RzO International - Le 04/12/2023.

par Études sur la Neutralité

Ofer Cassif est un membre du Parlement israélien qui lutte pour la paix et la réconciliation avec les Palestiniens et leur droit de retourner dans leur patrie.

Il prédit qu’Israël se condamne non seulement en commettant un génocide contre les Palestiniens et en choquant le monde non-occidental tout entier, mais aussi en armant ses propres citoyens jusqu’aux dents.

Une guerre civile est imminente alors que la société devient de plus en plus extrémiste et que ses institutions démocratiques sont démantelées.

À moins d’un changement rapide, Israël se détruira de l’intérieur.

 

Israël prévoit une longue guerre et l’expulsion de la population de Gaza

 


Par Moon of Alabama − Le 2 décembre 2023

Il y a plusieurs nouveaux rapports sur la façon dont les sionistes veulent poursuivre leur folie meurtrière à Gaza (et au-delà).

Israël prévoit que la guerre de Gaza durera plus d’un an – Antiwar

Le Financial Times a rapporté avoir parlé avec des sources qui ont dit qu’Israël prévoit de faire la guerre à Gaza pendant plus d’un an. En un peu moins de deux mois, Israël a tué au moins 15 000 personnes, endommagé 100 000 bâtiments, déplacé 1,7 million de Palestiniens et détruit la plupart des installations médicales de Gaza.

Vendredi, le FT a rapporté que des sources affirmaient qu’Israël se préparait à un conflit en plusieurs phases à Gaza, qui durerait au moins un an. “Il s’agira d’une guerre très longue… Nous sommes actuellement loin d’avoir atteint nos objectifs“, a déclaré une personne au fait des plans de guerre israéliens.

Selon les sources, les objectifs d’Israël comprennent “l’assassinat des trois principaux dirigeants du Hamas – Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Marwan Issa – tout en assurant une victoire militaire décisive contre les 24 bataillons et le réseau de tunnels souterrains du groupe et en détruisant sa capacité à gouverner dans la bande de Gaza“.

La première phase de la guerre, une campagne de bombardement intense et une invasion terrestre, devrait durer une bonne partie de l’année 2024. Selon une source, la première phase de la guerre est achevée à environ 40 %. “La ville de Gaza n’est pas encore terminée, ni totalement conquise. Elle a probablement été conquise à 40 %“, a expliqué cette personne. “Pour l’ensemble du nord, il faudra probablement encore deux semaines à un mois.

La deuxième phase sera une opération, avec moins d’opérations militaires, visant à stabiliser Gaza. Bien que les sources aient indiqué au FT que la deuxième phase devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2024, les responsables israéliens affirment qu’ils ne peuvent pas prédire une fin définitive au conflit.

 

Une longue guerre signifie qu’Israël perdra de plus en plus le soutien de la communauté internationale.

Cette tendance se renforcera encore lorsqu’Israël commencera à tuer tous les “membres du Hamas” dans le monde entier.

L’administration Biden prétend avoir fait pression sur Israël pour qu’il tue moins de personnes. Mais elle fait ensuite volte-face et livre des armes de plus en plus grosses.

Les États-Unis envoient à Israël des bombes de 2 000 livres pour la guerre de Gaza (archivé) – WSJ

La livraison d’armes, dont environ 15 000 bombes et 57 000 obus d’artillerie, a commencé peu après l’attaque du 7 octobre et s’est poursuivie ces derniers jours, ont indiqué les responsables. Les États-Unis n’ont jamais révélé le nombre total d’armes qu’ils ont envoyées à Israël, ni le transfert de 100 bombes BLU-109, des bombes anti-bunker de 2 000 livres.

Parmi les munitions que les États-Unis ont transférées à Israël figurent plus de 5 000 bombes non guidées ou “muettes” Mk82, plus de 5 400 bombes à ogive de 2 000 livres Mk84, environ 1 000 bombes de petit diamètre GBU-39 et environ 3 000 JDAM, qui transforment les bombes non guidées en bombes guidées “intelligentes“, selon une liste interne d’armes du gouvernement américain décrite au Wall Street Journal par des responsables américains.

Les États-Unis ont également envoyé à Israël environ 57 000 obus d’artillerie de 155 mm – une munition clé que les États-Unis ont également fournie à l’Ukraine depuis l’invasion russe de 2022 – ainsi que des milliers d’autres obus d’artillerie et diverses armes légères.

Les Nations unies, les agences humanitaires et les pays arabes qui mènent des négociations entre les deux parties ont appelé à un cessez-le-feu permanent. L’administration Biden a rejeté les appels à un cessez-le-feu à long terme et a exprimé son soutien à la lutte menée par Israël pour déloger le Hamas du pouvoir à Gaza.

Le largage de “bunker busters” (qui ne peuvent pas détruire les véritables bunkers de commandement du Hamas) sur la bande de Gaza, densément peuplée, est un meurtre de masse. De plus, le faire en se basant sur des décisions erronées d'”intelligence artificielle” est stupide.

Un journal hébreu affirme qu’il existe de nouveaux plans pour expulser les habitants de Gaza, mais que ces plans sont controversés, même au sein du cabinet de guerre.

Le plan du Premier ministre pour les habitants de Gaza : l’expulsion – Israel Hayom (traduction automatique légèrement modifiée)

Outre la question du contrôle de la bande de Gaza, on s’attend également à une controverse sur un plan formulé par Ron Dermer à la demande de Netanyahou, examinant les moyens de réduire la population de Gaza à un minimum. Pour le Premier ministre, il s’agit d’un objectif stratégique, tandis que le plus haut responsable de la sécurité le considère comme un fantasme irréaliste.

La question du jour d’après est l’une des plus sensibles aujourd’hui, et elle n’est traitée dans aucun forum officiel, mais uniquement dans le cadre de consultations internes. S’il existe un point de désaccord important avec l’administration Biden sur la question de Gaza, c’est bien celui-là. D’autres éléments peuvent être manipulés. Apporter de l’aide humanitaire à la demande du président américain, et même du carburant. Même la nouvelle exigence de ne pas nuire aux personnes déplacées dans le sud de la bande de Gaza lorsque les forces de défense israéliennes commenceront à y opérer peut être satisfaite par une déclaration non contraignante disant “nous essaierons“.

Mais faire entrer Abou Mazen à Gaza pour remplacer les forces de Tsahal dans le territoire est une toute autre histoire. Benny Gantz et Gadi Eizenkot auraient volontiers accepté. Benjamin Netanyahu et Yoav Galant beaucoup moins. Le point commun est qu’ils envoient tous le message qu’Israël n’a pas l’intention de contrôler le territoire lui-même d’un point de vue civil. Galant le dit très sérieusement. Quant à Netanyahu, je n’en suis pas sûr. Ses déclarations claires selon lesquelles une autorité soutenant le terrorisme, qui transfère des salaires à des terroristes et éduque ses enfants à l’incitation contre les Juifs, ne gouvernera pas Gaza, ne permettront pas au gang de Ramallah d’entrer dans la bande de Gaza. Il n’y a pas d’autre solution. Par conséquent, les FDI continueront à contrôler Gaza, sur le plan militaire et civil, au moins dans un avenir prévisible.

Ce plan est suivi d’un autre. La plupart des ministres ne le connaissent pas. Les ministres de la guerre ne le savent pas non plus. Il n’a pas été discuté dans ces forums en raison de son effet explosif évident : La dilution de la population de Gaza au strict minimum. Biden y est fermement opposé, tout comme l’ensemble de la communauté internationale. Galant, le chef d’état-major et le chef d’état-major de Tsahal affirment qu’une telle possibilité n’existe pas. Mais Netanyahou considère qu’il s’agit d’un objectif stratégique. Il a même chargé son administrateur du cabinet de guerre, le ministre Ron Dermer, de rédiger un document d’état-major sur la question.

Il s’agit d’un plan qui contournera la résistance américaine sans confrontation, la résistance résolue des Égyptiens sans commencer à tirer sur les réfugiés entrant sur leur territoire par l’axe de Philadelphie, et la résistance mondiale générale qui se manifestera lorsque les premiers habitants de Gaza quitteront leurs maisons et émigreront ailleurs.

Les réfugiés venant des zones de guerre sont monnaie courante. Au cours de la dernière décennie, des dizaines de millions de réfugiés ont quitté des zones de guerre à travers le monde. De la Syrie à l’Ukraine. Tous avaient une adresse dans des pays qui ont accepté de les accueillir dans le cadre d’un geste humanitaire. Alors pourquoi Gaza devrait-elle être différente ?

Il ne s’agit pas d’un transfert, mais d’un relâchement de l’étouffement à l’intérieur des frontières de Gaza. Si les points de passage vers Israël restent scellés, il existe d’autres options. Rafah est l’une d’entre elles, malgré l’opposition farouche de l’Égypte. Cette porte de sortie a parfois été ouverte. Aujourd’hui, il existe également un passage souterrain entre Rafah, dans la bande de Gaza, et le passage égyptien, qui a les dimensions d’une autoroute. La mer est également ouverte aux Gazaouis. Volontairement, Israël ouvre le passage maritime et permet l’évasion massive vers les pays européens et africains.

Dans le contexte de l’émigration gazaouie, les écarts entre les membres du gouvernement sont considérables. Alors que Smotrich, Ben Gvir et un certain nombre de ministres du Likoud considèrent qu’il s’agit d’une nécessité, d’autres comme Galant, Gantz et Eisenkot considèrent qu’il s’agit d’un fantasme irréaliste et d’un plan méprisable et immoral.

À chaque nouveau rapport quotidien sur le blocage de l’aide et l’augmentation du nombre de morts à Gaza, les électeurs américains sont de plus en plus nombreux à rejeter ces politiques brutales. En dehors d’Israël, rares sont ceux qui soutiennent de tels projets. La plupart des électeurs de Biden ne le feront pas. Si Joe Biden ne fait pas pression sur Netanyahou pour qu’il mette fin au massacre, il perdra très probablement les élections.

Par conséquent, si Joe Biden veut vraiment avoir une autre présidence, il devra empêcher Netanyahou de poursuivre une longue guerre à Gaza et de pousser la population palestinienne à quitter la bande de Gaza. Netanyahou se fout complètement que Joe Biden reste en poste. Il peut très bien s’accommoder du fait que Donald Trump le remplace. La seule façon pour Biden d’arrêter Netanyahou est de le priver d’armes, de munitions et de soutien financier.

Combien de temps lui faudra-t-il pour en arriver là ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, r

Scott Ritter : L’offensive israélienne contre Gaza se termine par une défaite politique et militaire

Source : RzO International - Le 01/12/2023.

par Sputnik Globe

Israël et le Hamas ont prolongé le cessez-le-feu dans la bande de Gaza négocié par le Qatar et dont Tel-Aviv avait promis qu’il ne se produirait jamais. L’ancien inspecteur en désarmement des Nations unies (ONU) et ancien marine américain Scott Ritter a affirmé que le résultat était une victoire politique pour le mouvement de résistance palestinien.

Israël et le mouvement de résistance islamique Hamas qui gouverne l’enclave palestinienne assiégée auraient convenu mardi de prolonger de deux à trois jours le cessez-le-feu de quatre jours, négocié par l’État arabe du golfe Persique, le Qatar.

Les échanges de prisonniers se poursuivront pendant cette période, le Hamas libérant 20 Israéliens faits prisonniers lors de ses raids du 7 octobre dans le sud d’Israël. Le nombre de Palestiniens à libérer n’a pas été précisé, mais Israël avait précédemment libéré 180 femmes et enfants de ses prisons en échange de 61 civils israéliens et d’une vingtaine d’étrangers détenus par le Hamas.

L’ancien marine américain Scott Ritter a déclaré à Sputnik que les bombardements et l’invasion terrestre avaient échoué si l’on les mesurait «selon les propres normes d’Israël».

Il a souligné qu’Israël avait rejeté toute discussion sur un cessez-le-feu dès le début de la dernière escalade, le 7 octobre, tandis que le Hamas avait proposé une trêve et un échange de prisonniers.

«C’était l’objectif du Hamas depuis le début», a déclaré Ritter. «L’un des objectifs déclarés du Hamas était d’amener Israël à libérer les milliers de Palestiniens qu’il détient».

Le commentateur a noté que le Hamas avait formulé trois revendications politiques après le lancement de son opération Tempête d’Al-Aqsa : un État pour la Palestine, la libération des prisonniers palestiniens des prisons israéliennes et la fin des incursions de colons et de policiers israéliens dans la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem – troisième lieu saint de l’islam et sous juridiction jordanienne.

«Ce sont les trois grandes choses. Le Hamas est sur le point d’accomplir chacun de ces objectifs», a souligné Ritter. «La guerre est une extension de la politique par d’autres moyens. Le Hamas est en train de gagner politiquement».

En revanche, le conflit a été un désastre politique pour le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Plus de 16 000 Palestiniens ont été tués au cours de près de deux mois de bombardements et d’incursions terrestres israéliennes, avec 35 000 blessés et 6000 portés disparus sous les décombres des maisons détruites.

«Le monde s’est retourné contre Israël. Israël a été dénoncé comme un État criminel de guerre», a déclaré Ritter. «Même l’Amérique, qui a montré sa capacité à boire du sang à grande échelle, dit ‘ça suffit’».

Mais en fin de compte, a soutenu l’ancien inspecteur en désarmement de l’ONU, Netanyahou a été contraint d’accepter le cessez-le-feu «parce qu’Israël avait été battu jusqu’à l’impasse à Gaza».

«Vous pouvez regarder la carte et voir tout le bleu là-bas. C’est un espace vide. Il s’agit de zones urbaines détruites et incontestées», a déclaré Ritter. «Mais la majeure partie de Gaza, le nord de Gaza, n’est pas sous contrôle israélien».

Il a affirmé que dans les jours qui ont précédé la trêve, les troupes israéliennes avaient refusé de se lancer dans la bataille «parce qu’elles allaient se faire massacrer, parce qu’elles tombaient dans le piège du Hamas».

«Le Hamas surgissait ici, là et partout et les éliminait», a déclaré Ritter. «Ils n’ont tué qu’un millier de membres du Hamas légèrement armés. Tous ces bombardements, et ils n’en ont eu que 1000. Qu’est-ce que cela vous dit ? Que le Hamas sait ce qu’il fait, que le Hamas est profondément ancré dans la clandestinité, que le Hamas était préparé pour ce combat et que ce combat ne faisait que commencer».

L’expert a déclaré que tout ce qu’Israël avait accompli était «d’infliger un niveau horrible de douleur et de souffrance au peuple palestinien», qu’il a tenté de rejeter sur le Hamas.

«Le Hamas savait que cela allait se produire. Cela faisait partie du plan du Hamas, tout le monde sait qu’Israël allait faire ce qu’il a fait», a déclaré Ritter. «Ce qu’a fait le Hamas, c’est créer une situation dans laquelle Israël est devenu Israël, Israël a pu exposer son vrai visage démoniaque au monde, quel genre d’horribles maniaques génocidaires ils sont. Mais le peuple palestinien en a payé le prix, un prix très lourd».

source : Sputnik Globe via La Cause du Peuple

Pourquoi Netanyahu emmène Israël vers une catastrophe

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 01/12/2023.

Les combattants palestiniens ont obtenu la libération de 150 prisonniers par Israël

Les combats ont repris ce matin à Gaza. Sans doute Benjamin Netanyahu a-t-il jugé qu’il n’avait pas le choix. Pourtant, la reprise des bombardements de Gaza emmène Israël vers une catastrophe, à la fois militaire et morale.

Militaire: Six semaines de guerre n’avaient pas rapproché l’armée israélienne de l’objectif “d’éradiquer le Hamas”: Les libérations d’otages par la Résistance Palestinienne l’ont montré.

Morale: Convaincus que les Américains ne leur laissent que quelques semaines pour réussir, les sionistes radicaux qui entourent Netanyahu vont tenter le tout pour le tout : Forcer l’expulsion des Palestiniens en vue de construire le “Grand Israël”. Tout devrait être fait pour empêcher ce cauchemar. Mais, qu’ils arrivent à leurs fins ou pas, Benjamin Netanyahu met chaque jour un peu plus Israël au ban des nations.

Nous étions beaucoup à le redouter: le cessez-le-feu dans la bande de Gaza. n’a pas tenu plus d’une semaine. Ce matin, les bombardements ont repris au sud de la bande de Gaza. Et des roquettes ont à nouveau été tirées depuis le territoire de Gaza vers Israël

Si l’on en croit la version palestinienne, les négociations pour un renouvellement du cessez-le-feu ont continué toute la nuit.

Pourquoi Netanyahu a pensé qu’il n’avait pas le choix

Benjamin Netanyahu est soumis à une triple pression, qui l’ont amené vers la reprise du conflit.

+ Il est sous la pression de ses alliés politiques sionistes radicaux, qui menaçaient de quitter le gouvernement si la guerre ne reprenait pas.

+ Il s’agit d’échapper à la pression de la communauté internationale, et même celle des Etats-Unis, pour créer un fait accompli sur le terrain qui empêche la création d’un Etat palestinien.

+ Le Premier ministre veut à tout prix conserver le pouvoir pour éviter d’être traduit devant la justice.

Réaliser le “Grand Israël” avant qu’il soit trop tard?

Nous avons toutes les raisons de nous indigner devant le nouveau carnage que va provoquer l’armée israélienne. Et il faut bien prendre conscience que nous avons affaire à un Premier ministre aux abois, chef d’une majorité fragile et radicalisée à la fois, qui se lance dans une tentative désespérée d’imposer au monde l’expulsion des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

On se rappelle que l’objectif d’expulser les Palestiniens de Gaza vers l’Egypte a été une première fois refusé par le Caire, avec l’aide de la Russie et de la Turquie. Mais les sionistes radicaux reviennent à la charge, espérant créer un fait accompli alors que la Chine pousse de plus en plus fortement à revenir aux frontières de 1967 et à créer, enfin, un Etat palestinien.

On se rappelle aussi qu’il existe des plans, rédigés par des services ministériels et des think tanks qui ont écrit noir sur blanc les intentions du gouvernement israélien en matière d’expulsion des Palestiniens du territoire de Gaza.

Lors de l’entretien qu’il a eu avec le Premier ministre israélien, le secrétaire d’Etat américain lui a signifié qu'”Israël n’avait plus que “quelques semaines” pour”gagner laguerre contre le terrorisme”.

On risque donc d’assister à une nouvelle vague d’immenses souffrances de la population de Gaza et de Cisjordanie. Car, faut-il le rappeler, pendant le cessez-le-feu à Gaza,les agressions de Tsahal et des colons ont continué en Cisjordanie.

L’intelligence artificielle au service d’une violence de masse contre les civils

Le journal israélien +972 a publié hier un article fondé sur des entretiens avec des personnes qui voient de l’intérieur le système de décision militaire israélien.On y voit décrit sans fard comment la puissance technologique israélienne est mise au service du massacre des Gazaouis:

L’autorisation élargie de l’armée israélienne de bombarder des cibles non militaires, le relâchement des contraintes concernant les pertes civiles attendues et l’utilisation d’un système d’intelligence artificielle pour générer plus de cibles potentielles que jamais auparavant semblent avoir contribué à la nature destructrice des phases initiales de la guerre actuelle d’Israël contre la bande de Gaza, comme le révèle une enquête menée par +972 Magazine et Local Call. Ces facteurs, décrits par des membres actuels et anciens des services de renseignement israéliens, ont probablement joué un rôle dans la réalisation de ce qui a été l’une des campagnes militaires les plus meurtrières contre les Palestiniens depuis la Nakba de 1948.

L’enquête menée par +972 et Local Call est basée sur des conversations avec sept membres actuels et anciens de la communauté du renseignement israélien – y compris des membres du renseignement militaire et de l’armée de l’air qui ont participé aux opérations israéliennes dans la bande de Gaza assiégée – ainsi que sur des témoignages, des données et des documents palestiniens provenant de la bande de Gaza, et des déclarations officielles du porte-parole des FDI et d’autres institutions de l’État israélien.

Par rapport aux précédents assauts israéliens contre Gaza, la guerre actuelle – qu’Israël a baptisée “Opération épée de fer” et qui a débuté à la suite de l’assaut mené par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre – a vu l’armée étendre de manière significative ses bombardements sur des cibles qui ne sont pas clairement de nature militaire. Il s’agit notamment de résidences privées, de bâtiments publics, d’infrastructures et d’immeubles de grande hauteur, que l’armée définit comme des “cibles puissantes” (“matarot otzem”). (…)

Le bombardement de cibles puissantes, selon des sources de renseignement qui ont eu une expérience directe de son application à Gaza dans le passé, est principalement destiné à nuire à la société civile palestinienne : Pour “créer un choc” qui, entre autres choses, se répercutera puissamment et “conduira les civils à faire pression sur le Hamas”, comme l’a dit une source.

Plusieurs de ces sources, qui ont parlé à +972 et à Local Call sous le couvert de l’anonymat, ont confirmé que l’armée israélienne dispose de fichiers sur la grande majorité des cibles potentielles à Gaza – y compris les habitations – qui stipulent le nombre de civils susceptibles d’être tués lors d’une attaque sur une cible particulière. Ce nombre est calculé et connu à l’avance par les unités de renseignement de l’armée, qui savent également, peu de temps avant de lancer une attaque, combien de civils seront certainement tués.

+972 et Local Call, 30.11.2023

Vers la défaite militaire d’Israël?

Il est intéressant d’écouter ce que pense Scott Ritter, cet analyste militaire américain sur lequel nous nous sommes fréquemment appuyé pour prédire la victoire militaire russe dans la guerre d’Ukraine. Son jugement sur la situation militaire dans laquelle se trouve Israël est sévère :

“Les bataillons israéliens ont été retirés de Gaza parce qu’ils étaient battus, parce qu’ils ne voulaient plus se battre, parce que les hommes avaient peur, parce que les officiers ne voulaient pas exécuter les ordres. Pourquoi ? Parce que le Hamas n’était pas battu. Le Hamas se battait et se battait très bien, détruisant des centaines de véhicules, tuant des dizaines d’Israéliens, les Israéliens étaient paralysés.

…(Netanyahou) ne cesse de parler de la “défaite stratégique du Hamas”. Il ne comprend pas ce qui suit : Dès qu’il relancera le conflit à Gaza, les Israéliens seront battus à plate couture par le Hamas. Le Hezbollah entre en scène comme il ne l’a jamais vu auparavant. Les médias israéliens viennent d’admettre ce que je dis depuis le début : Israël ne peut pas arrêter le Hezbollah.

…Le problème, c’est qu’ils se sont débarrassés des plus faciles, les femmes et les enfants. Il ne reste plus que les soldats et les hommes, ce qui signifie que le Hamas va exiger un prix plus élevé : Le Hamas veut que tous les prisonniers soient libérés, tous les otages. Vous avez eu raison de souligner que lorsque vous attrapez quelqu’un dans la rue et que vous le mettez dans une prison sans aucune accusation et sans procédure régulière, ce n’est pas un prisonnier, c’est un otage. Israël détient donc des milliers de personnes. Le Hamas souhaite leur libération.

…Dans le nord, Israël a dû déplacer 70 000 personnes hors des colonies et les reloger. Cela coûte à Israël des milliards de dollars par jour qu’il n’a pas. Ils n’en ont pas, leur économie est au point mort et le monde s’est retourné contre eux. Ce n’est pas un conflit durable pour Israël”

Emission de Judge Napilitano, Judging Freedom, 30.11.2023

On ajoutera que la fin du cessez-le-feu amène automatiquement avec lui la reprise des attaques du Hezbollah, de la résistance irakienne et des Houthis, mettant Israël encore plus en difficulté.

Dans tous les cas, le gouvernement Netanyahu met Israël au ban des nations

En supposant même que le gouvernement israélien réussisse, contre l’anticipation de Scott Ritter, il a déjà mis Israël au ban des nations. La communauté internationale proteste toujours plus vivement contre ce que certains qualifient déjà de “nettoyage ethnique” voire de “génocide”. Nous avons décrit ces dernières semaines comme le Département d’Etat américain est divisé. Et nous avons vu le front des dirigeants de l’Union Européenne se fissurer.

En réalité, la situation est déjà intenable pour Israël. Et plus le gouvernement israélien se radicalise, sentant que le temps joue contre lui, plus il fait monter l’hostilité internationale.

Netanyahu a fait entrer son pays dans une ère tragique. En essayant, contre toute raison, d’aller au bout de la création du “Grand Israël”, le Premier ministre israélien met son pays, potentiellement, au ban des nations. Imaginons que le conflit, dure la”start-up nation”, qui rêvait d’être une nouvelle Californie au bord de la Méditerranée, perdra ses investisseurs, verra ses installations de haute technologie réduites en poussière et ruinera son économie.

Avec le risque, au bout du compte, d’être quitté par une partie de ses habitants. De ce point de vue, l’évacuation parles colons des territoires du nord, à portée de tirs du Hezbollah, est un sérieux avertissement.

La diplomatie des BRICS a raison de souligner qu’il n’y a pas d’autre issue, si l’on reste raisonnable, que d’engager de sérieuses négociations de paix.

Et le gouvernement Netanyahu fait tout pour l’empêcher.

La diplomatie israélienne prépare la suite

Publié le novembre 30, 2023 par 

Par M.K. Bhadrakumar – Le 29 novembre 2023 – Source Indian Punchline

Les diplomates israéliens ont acquis au fil du temps la notoriété d’être particuliers dans le circuit international, n’ayant ni le temps ni la patience pour les subtilités ou les convenances lorsque Tel Aviv leur demande de s’attaquer aux veines jugulaires du pays hôte où ils sont affectés.

Un seuil a été franchi par nul autre que le Premier ministre Benjamin Netanyahu lorsque, en 2015, il a arraché aux législateurs de Washington une invitation à se rendre aux États-Unis, contournant ainsi le président Barack Obama, et a pu s’adresser à une session conjointe du Congrès [il a même eu droit à 26 standing ovation pendant son discours, NdT] ; ce qu’il a fait avec enthousiasme pour saper les négociations en cours d’Obama avec Téhéran sur l’accord nucléaire.

 

Il s’agissait d’une ingérence flagrante dans le système politique américain. Non seulement Netanyahou a rabaissé Obama et a montré que son influence auprès des représentants du pouvoir à Washington était supérieure à celle du président, mais il a également dicté à la Maison Blanche la politique des États-Unis à l’égard de l’Iran. Il s’en est tiré parce qu’il estimait, à juste titre, que les élites politiques américaines étaient à la solde du lobby israélien.

L’épisode ci-dessus me vient à l’esprit lorsque je vois les médias rapporter les remarques de l’ambassadeur israélien à New Delhi, Naor Gilon, qui a publiquement demandé un changement dans la politique indienne à l’égard de la Palestine en voulant faire interdire le Hamas en tant qu’organisation “terroriste“.

Gilon est un diplomate de carrière qui compte près de 35 ans d’expérience et il est peu probable qu’il ignore les convenances. Il est plus probable que Delhi ait opposé une fin de non-recevoir à la démarche de Gilon sur le Hamas et qu’il ait décidé de porter son combat devant le lobby israélien bien implanté dans les médias indiens.

À l’heure actuelle, la diplomatie israélienne a désespérément besoin d’une histoire à succès, car la réputation du pays est dans la boue à la suite de la cruauté barbare dont il fait preuve à Gaza. L’idée qu’Israël commet un génocide et se livre à un nettoyage ethnique gagne du terrain. De l’avis général, Israël est sur le point de lancer la phase suivante de son opération militaire une fois que la “pause humanitaire” aura pris fin.

À moins qu’Israël ne change de cap sous la pression américaine, ce qui semble peu probable, une confrontation prolongée avec le Hamas se profile à l’horizon. Mais la pression occidentale fait défaut. Dans leur déclaration commune de mardi, les ministres des affaires étrangères du G7 se sont limités à soutenir “la prolongation de cette pause et des pauses futures, si nécessaire, pour permettre l’augmentation de l’aide et faciliter la libération de tous les otages“.

La déclaration n’appelle toutefois pas à un cessez-le-feu permanent et, d’autre part, réaffirme l’engagement du G7 en faveur du “droit d’Israël à se défendre et à défendre son peuple, conformément au droit international, alors qu’il s’efforce d’empêcher que les attaques du 7 octobre ne se reproduisent“.

Malgré toutes les bravades, l’armée israélienne n’a pas donné une bonne image d’elle-même jusqu’à présent et elle en souffre. Mais cela n’est pas surprenant puisque le Hamas bénéficie d’un soutien massif à Gaza. Une période d’extrême violence s’annonce donc. Israël est en train de rallier des nations amies pour qu’elles se tiennent prêtes à participer à la prochaine phase de la guerre contre le Hamas ; l’Inde en fait partie.

Le passé d’Israël, sous la direction de Netanyahou, est très controversé en ce qui concerne le Hamas. Deux anciens premiers ministres, Ehud Olmert et Ehud Barak, ont récemment accordé des interviews à des médias occidentaux de premier plan, affirmant que Netanyahou était responsable de la montée en puissance du Hamas, ayant financé le mouvement avec des fonds qataris. Un ancien général israélien chargé de l’occupation de Gaza a même admis avoir versé des fonds au Hamas.

Ces révélations stupéfiantes faites par des personnes responsables montrent que Netanyahou est un homme aux multiples facettes. Lorsque l’ambassadeur Gilon demande à Delhi de déclarer que le Hamas est une organisation terroriste, tout dépend de la faction du Hamas à laquelle il fait référence.

Curieusement, le quotidien de langue hébraïque publié en Israël sous la marque Ma’ariv Hashavu’a vient de publier un rapport sensationnel selon lequel, entre 2011 et 2023, Netanyahou a rejeté au moins six plans présentés par l’agence de renseignement israélienne Shin Bet – au cours des mandats respectifs de Yoram Cohen, Nadav Argaman, et l’actuel chef, Ronen Bar – pour éliminer le chef des combattants du Hamas à Gaza, Yahya al-Sinwar (qui aurait mené l’assaut du 7 octobre) et d’autres hauts responsables du mouvement palestinien.

Mardi, l’ancien ministre israélien de la défense, Avigdor Liberman, a confirmé la véracité de ce rapport. Selon Liberman, c’est Netanyahou qui a accordé l'”immunité” à Sinwar et à d’autres dirigeants du Hamas, s’opposant ainsi à toute tentative de les neutraliser. “Je ne présente pas cela comme une simple spéculation, mais comme quelqu’un qui a une connaissance personnelle de l’affaire“, a-t-il déclaré.

En effet, Netanyahou a la réputation douteuse d’avoir systématiquement renforcer le Hamas afin d’aggraver les divisions entre les factions palestiniennes et dans le but d’affaiblir l’Autorité palestinienne et son président, Mahmoud Abbas. Son objectif ultime est de bloquer tout processus de paix, afin de gagner du temps pour mener à bien le projet du Grand Israël.

Ben Caspit, un éminent journaliste israélien qui a rédigé l’article du Ma’ariv la semaine dernière, estime que Netanyahou considère le Hamas comme un “trésor” qui l’aidera à saborder la solution des deux États. Caspit rappelle que la première faveur offerte par Netanyahou au Hamas a été l’accord d’échange de prisonniers en 2011, qui a vu la libération du soldat israélien Gilad Shalit en échange de 1 027 détenus palestiniens, dont Sinwar.

Il est clair que l’Inde devrait se tenir à l’écart des manigances de Netanyahou vis-à-vis du Hamas. La direction politique du Hamas, basée à Doha, est partie prenante des discussions top secrètes à trois qui ont eu lieu mardi entre le directeur de la CIA et le chef du Mossad, en visite, d’une part, et les médiateurs qataris, d’autre part, au sujet d’une cessation prolongée des hostilités dans la bande de Gaza.

La terrible beauté des mouvements de résistance, où qu’ils soient, est qu’ils ne meurent jamais. En fin de compte, le Hamas pourrait bien figurer en bonne place dans une future Palestine, comme le Congrès national africain (ANC), qui était une organisation interdite de 1960 à 1990, l’a finalement été en Afrique du Sud de l’après-apartheid. (L’ANC a maintenu un bureau de représentation à New Delhi à partir des années 1960 !)

C’est un secret de polichinelle que Netanyahou – avec le soutien tacite des États-Unis et la participation secrète de l’Égypte et de la Jordanie – a saboté la tenue des élections législatives en Cisjordanie en mai 2021, de peur que le mouvement Fatah ne subisse une défaite certaine face au Hamas. Les sondages d’opinion avaient indiqué une victoire écrasante du Hamas. (Voir le rapport Carnegie intitulé Report des élections palestiniennes : Causes et répercussions)

Gilon pense faire preuve d’intelligence en demandant à l’Inde de faire de même que l’interdiction récente par Israël du groupe terroriste Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan. L’analogie est ridicule. Le Lashkar-e-Taiba est une organisation terroriste islamiste basée au Pakistan qui opère en Inde et en Afghanistan. Elle a vu le jour à la fin des années 1980 en tant qu’aile militante de Markaz-ud-Dawa-wal-Irshad, une organisation islamiste influencée par la secte wahhabite de l’islam sunnite et qui cherchait à terme à établir un pouvoir musulman sur l’ensemble du sous-continent indien.

Le Hamas, au contraire, est un mouvement palestinien autochtone qui se concentre exclusivement sur la lutte contre l’occupation israélienne. Le Hamas promeut le nationalisme palestinien dans un contexte islamique. Il affirme que le rôle de l’Autorité palestinienne devrait être de servir le peuple palestinien et de sauvegarder sa sécurité, ses droits et son projet national. Le Hamas insiste sur la nécessité de maintenir l’indépendance du processus décisionnel national palestinien et l’autonomisation du peuple palestinien.

S’il faut faire une analogie dans le discours, la plus proche pourrait être celle du Sinn Fein en Irlande du Nord et de son aile militante connue sous le nom d’Armée républicaine irlandaise. On peut soutenir que le fait que la paix se soit maintenue pendant un quart de siècle en Irlande du Nord depuis l’accord du Vendredi saint de 1998 donne une lueur d’espoir à la Palestine : le fardeau de l’histoire peut, après tout, être levé. En tant qu’État civilisé, l’Inde ne devrait agir qu’avec un sens profond de l’histoire.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

La décision de reprendre ou non la guerre a-t-elle échappé à Israël ?

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 30/11/2023.

Les combattants palestiniens ont obtenu la libération de 150 prisonniers par Israël

 

Ce jeudi 30 novembre au soir, la situation entre Israël et les Palestiniens est confuse. Ce matin, la trêve a été prolongée de 24 heures pour arriver à une nouvelle libération d’otages. Cependant les discussions bloquent depuis hier : Les Palestiniens ne sont pas disposés à libérer des soldats israéliens sans que Tel-Aviv libère, au-delà des femmes et des enfants de ces derniers jours, des combattants palestiniens, ce à quoi se refuse l’Etat hébreu. Le gouvernement Netanyahu assure qu’il peut reprendre la guerre à tout moment. Mais dans quel objectif ? L’opinion internationale est de plus en plus alertée sur les tentatives du gouvernement israélien, pour obtenir des Américains l’autorisation d’expulser complètement les Palestiniens de Gaza. Surtout, ces derniers jours ont montré que le pouvoir du Hamas et la capacité des mouvements combattants palestiniens alliés n’avait pas diminué, malgré six semaines de guerre censées”éradiquer le terrorisme”.

La plus totale incertitude règne concernant la prolongation du cessez-le-feu provisoire en place depuis bientôt une semaine.

+ Deux otages ont été libérées par la Résistance Palestinienne. La foule s’est pressée, sur une place de Gaza, pour assister à la remise des otages à la Croix Rouge. Or si vous regardez les images, ils’agit d’une place théoriquement conquise par l’armée israélienne ! Rien ne dit mieux l’échec du gouvernement Netanyahu à “éradiquer le terrorisme”.

Anthony Blinken s’active pour essayer d’obtenir une prolongation de la trêve de deux jours. Mais on est entré dans la phase dure des négociations: le côté palestinien ne relâchera pas des militaires israéliens sans qu’Israël accepte de laisser partir des combattants palestiniens prisonniers. La trêve va-t-elle s’arrêter de ce fait ? (Les prisonniers relâchés aujourd’hui par Israël sont des femmes et des enfants)

+ Aujourd’hui, des combattants palestiniens ont attaqué et tué des Juifs à Jérusalem Est en représailles pour les violences commises par l’armée israélienne en Cisjordanie (parallèlement à la trêve)

M.K. Bhadrakumar évalue la capacité du gouvernement Biden à faire pression sur Netanyahu

Lu sur Indian Punchline:

Lorsque M. Biden a rencontré M. Netanyahou et son cabinet de guerre à Tel-Aviv le 18 octobre, il les a assurés : “Je ne crois pas qu’il faille être juif pour être sioniste, et je suis sioniste”. C’est là que réside le paradoxe. En effet, comment peut-on être à la fois catholique irlandais et sioniste ? Le Sinn Féin, qui est en passe d’arriver en tête des prochaines élections irlandaises, embrasse les Palestiniens et condamne Israël. Bien sûr, il n’y a pas de surprise.

M. Biden est déchiré entre des croyances contradictoires. Il suffit de dire que lorsque M. Biden parle d’une solution à deux États, il devient difficile de le croire. Quant à Netanyahou, il n’éprouve même pas le besoin de faire semblant de parler d’une solution à deux États, après avoir systématiquement enterré l’accord d’Oslo et s’être engagé sur la voie d’une théocratie juive dans ce qui était autrefois l’État d’Israël. Qu’on ne s’y trompe pas, le Grand Israël est là pour rester et l’opinion mondiale le considère comme un État d’apartheid.

On croit à tort que M. Biden subit la pression de l’opinion américaine sur le conflit à Gaza. Mais le fait est que le soutien à Israël a toujours été plutôt mince en Amérique et que, sans le lobby israélien, il se serait probablement affirmé il y a longtemps. Curieusement, environ un tiers des Juifs américains, en particulier les jeunes, ne se soucient même pas du lobby israélien.

Cela dit, il est également vrai que les Américains ont généralement une opinion favorable d’Israël. Ce qui leur pose problème, c’est la politique agressive d’Israël, et ce malgré l’absence de tout débat ouvert dans les médias ou les universités américaines sur la répression des Palestiniens par l’État ou la colonisation de la Cisjordanie.

Un moment décisif s’est produit lorsque Netanyahou a raillé et humilié le président Barack Obama à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, en s’associant au Congrès contre la présidence dans une tentative audacieuse de faire dérailler les négociations avec Téhéran.

Ces dernières années, l’image d’Israël a été ternie dans l’opinion libérale à la suite de l’ascension des forces de droite et des relents d’attitudes racistes, y compris chez les jeunes Israéliens. En effet, Israël est un pays de moins en moins libéral, même à l’égard de ses propres citoyens. En raison de ces facteurs, les Américains n’ont plus une vision idéalisée d’Israël comme d’un pays moralement intègre luttant pour son existence.

Entre-temps, le soutien à Israël s’est nettement érodé au sein du parti démocrate. Il convient toutefois de relativiser cette évolution, car on observe une augmentation du soutien à Israël chez les Républicains. Ainsi, bien que le “consensus bilatéral” sur Israël se dissipe, paradoxalement, le lobby israélien continue d’exercer une influence.

Cela s’explique par le fait que le lobby israélien n’a jamais prêté beaucoup d’attention aux Américains de base, mais qu’il s’est plutôt concentré sur les représentants du pouvoir et qu’il s’est efforcé de consolider leur soutien. Il faut donc comprendre que ce que M. Biden ne peut pas ne pas prendre en compte, c’est que les élites de l’establishment du parti démocrate restent profondément attachées aux relations avec Israël, même si le soutien du parti aux politiques israéliennes a peut-être diminué et que l’opinion américaine trouve révoltante la bestialité de la conduite israélienne à Gaza.

Les élites craignent que le Lobby ne les prenne pour cible s’il y a le moindre signe de fléchissement dans leur soutien à Israël. En d’autres termes, les élites politiques ne placent pas les intérêts nationaux américains au-dessus de leurs intérêts personnels ou professionnels. Ainsi, le lobby israélien gagne toujours sur la question palestinienne et sur l’obtention d’un soutien financier généreux pour Israël, sans conditions. Il ne faut pas se leurrer : Le lobby est prêt à tout pour parvenir à ses fins lorsque le moment est venu, comme aujourd’hui, de passer à l’action.

M. Biden n’est guère en mesure de déplaire ou d’irriter le lobby israélien en ce jour de décompte. Alors, pourquoi fait-il de grandes promesses au président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi, selon lesquelles “en aucun cas les États-Unis ne permettront le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie, ni le siège de Gaza, ni le redécoupage des frontières de Gaza” ?

La réponse est simple : Il s’agit de faits accomplis qui ont été imposés aux États-Unis et à Israël par les États arabes dans leur heure de gloire de la sécurité collective, aucun d’entre eux n’étant disposé à légitimer le génocide d’Israël ou sa feuille de route de nettoyage ethnique.Même la petite Jordanie n’a-t-elle pas dit “non” à Biden?

Biden fait des promesses creuses. En réalité, ce qui compte, c’est que le lobby israélien fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger le Grand Israël qui se dessine. Une fois de plus, il ne coûte rien à Biden d’affirmer son soutien à une solution à deux États. Il sait qu’il faudra des lustres avant qu’une telle vision ne prenne vie, si tant est qu’elle prenne vie, et si l’on se fie à l’expérience de l’Afrique du Sud, le chemin sera semé d’embûches et de bains de sang.

Plus important encore, M. Biden sait qu’Israël n’acceptera pas une solution à deux États, comme le prévoit l’initiative arabe élaborée par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui est une matrice finement équilibrée d’intérêts mutuels dans une perspective historique et à long terme. Dans un discours historique prononcé devant la Ligue arabe le jour de l’adoption de l’initiative en 2002, le prince héritier Abdallah avait déclaré avec une grande prescience : “En dépit de tout ce qui s’est passé et de ce qui peut encore se passer, la question primordiale dans le cœur et l’esprit de chaque personne de notre nation arabo-islamique est la restauration des droits légitimes en Palestine, en Syrie et au Liban”.

Il est fort probable qu’Israël se retranchera derrière son lobby aux États-Unis et préférera être un paria dans la communauté mondiale, plutôt qu’une solution à deux États qui exige l’abandon de l’État sioniste construit autour du Grand Israël. Le seul moyen de changer la donne serait que M. Biden soit disposé à faire en sorte que les États-Unis imposent leur volonté à Israël – par des moyens coercitifs, si nécessaire.

Mais pour cela, il faut avoir le courage de ses convictions et un ingrédient rare en politique : La compassion. Le demi-siècle de vie publique de M. Biden, qui a connu un succès retentissant, a été presque entièrement consacré à la realpolitik et il n’y a aucune trace de conviction ou de compassion. Un héritage ne peut être construit sur des considérations éphémères et sur l’opportunisme.

Indian Punchline, 28 novembre 2023

Netanyahu peut-il survivre politiquement plus de quelques semaines ?

 Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 29/11/2023.

Les combattants palestiniens ont obtenu la libération de 150 prisonniers par Israël

Alors que le Qatar et l’Egypte continuent à négocier, avec le soutien tacite des Etats-Unis, une prolongation de la trêve en cours, pour tenter de faire libérer 160 otages israéliens restants, Benjamin Netanyahu essaie de survivre politiquement en échappant à la double contrainte des Etats-Unis – qui ne souhaitent pas la reprise des bombardements sur Gaza – et des partis sionistes religieux de sa coalition qui menacent de quitter la coalition si la guerre ne reprend pas. En réalité, le plus grand danger pour le Premier ministre israélien vient de son propre parti, le Likoud, qui est tenté par un changement de coalition – s’allier au parti centriste Yesh Atid – ce qui faciliterait les relations avec les USA, les seuls alliés qui restent à Tel-Aviv après les massacres de Gaza (plus de 20 000 morts à ce jour). Le jeu politique compliqué du Premier ministre israélien peut-il résister au moment décisif, celui où la trêve devra soit être arrêtée soit transformée en cessez-le-feu (soit deux au maximum, à raison de la libération d’une dizaine d’otages israéliens par jour).

Netanyahu essaie d’échapper à la pression contradictoire des Américains et des religieux sionistes

Un article paru dans The Cradle montre comment le jeu se complique pour Benjamin Netanyahu:

Misant sur le soutien de Washington alors que le président Joe Biden est préoccupé par les élections présidentielles de 2024, que la sympathie de l’Europe est liée aux besoins en gaz d’Israël et que les pays arabes expriment leur inquiétude sans prendre de mesures concrètes, M. Netanyahou s’est engagé dans un pari à grands enjeux.

La réoccupation potentielle de la côte de Gaza, avec sa richesse en gaz et sa position stratégique – de plus en plus perçue par certains observateurs comme la finalité d’Israël dans la guerre – représente un prix supplémentaire pour Netanyahou, dont la position politique est de plus en plus fragile.

Au-delà des gains immédiats, la résurrection d’un vieux projet israélien – le canal Ben Gourion reliant le nord de Gaza à Eilat – pourrait remodeler la dynamique géopolitique et géoéconomique régionale en contournant le canal de Suez de l’Égypte.

Toutefois, la principale préoccupation de M. Netanyahou n’est pas seulement l’issue de la guerre ou le déclin du soutien international. Il s’agit de la scission imminente au sein de son parti. Le Likoud reconnaît que M. Netanyahou est à l’origine de crises politiques qui durent depuis des années, marquées par cinq élections improductives depuis 2019 et par des divisions politiques de plus en plus profondes en Israël.

L’héritage du Premier ministre est aujourd’hui en équilibre précaire, alors que l’État d’occupation est confronté aux répercussions politiques, économiques et sécuritaires multiformes de la guerre de Gaza.

La réponse militaire disproportionnée d’Israël contre une population majoritairement civile – plus de 20 000 Palestiniens tués en six semaines – a aggravé les conditions de sécurité de l’État d’occupation en suscitant l’implication de l’axe de la résistance de la région, en particulier du Hezbollah libanais, mais aussi, plus audacieusement, des forces dirigées par Ansarallah au Yémen.

Le sentiment croissant au sein du Likoud est que sa viabilité au pouvoir dépend de plus en plus de l’éviction de son chef. Cette conviction s’est renforcée avec la récente proposition du leader de l’opposition et chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid. En substance, M. Lapid a proposé de participer à un gouvernement du Likoud parce que M. Netanyahou ne le dirigeait pas.

À l’inverse, les alliés d’extrême droite de M. Netanyahou reconnaissent que le gouvernement actuel est leur seule chance de conserver le pouvoir et de mettre en œuvre leurs programmes extrémistes. Ils utilisent ce levier pour contraindre Netanyahou à maintenir les contributions financières aux partis et institutions religieux, à légaliser les colonies juives dans les territoires palestiniens occupés et à dissimuler les crimes commis contre les Palestiniens – un facteur qui a contribué au déluge d’Al-Aqsa.

The Cradle, 28 novembre 2023

Le gouvernement israélien fait emprisonner autant de Palestiniens qu’il en libère

Lu sur antiwar.com:

Israël et le Hamas ont échangé des prisonniers pour la cinquième journée consécutive mardi, alors que la prolongation de la trêve initiale de quatre jours semble être un succès, bien que les deux parties se reprochent mutuellement d’avoir brièvement violé le cessez-le-feu plus tôt dans la journée.

Le Hamas a libéré 12 autres otages, dont 10 Israéliens et deux ressortissants étrangers. Le ministère des affaires étrangères du Qatar a déclaré que les otages israéliens comprenaient un enfant et neuf femmes.

En échange, Israël a libéré 30 Palestiniens, dont 15 femmes et 15 enfants. Ce nouvel échange porte à 81 le nombre d’otages libérés par le Hamas et à 180 le nombre de Palestiniens libérés par Israël.

Cependant, Israël a arrêté des Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est presque aussi rapidement qu’il a libéré des prisonniers. Selon les associations de prisonniers palestiniens, au cours des quatre premiers jours de la trêve, alors qu’Israël a libéré 150 Palestiniens, 133 Palestiniens ont été arrêtés dans les territoires occupés.

“Tant qu’il y aura une occupation, les arrestations ne cesseront pas. Les gens doivent le comprendre car il s’agit d’une politique centrale de l’occupation contre les Palestiniens et pour limiter toute forme de résistance”, a déclaré à Al Jazeera Amany Sarahneh, porte-parole de la Palestinian Prisoners Society (Société des prisonniers palestiniens).

“Il s’agit d’une pratique quotidienne, et pas seulement après le 7 octobre”, a-t-elle ajouté. “Nous nous attendions en fait à ce que davantage de personnes soient arrêtées au cours de ces quatre jours.

La trêve de la prise d’otages devrait se poursuivre au moins un jour de plus, bien que le directeur de la CIA, William Burns, se trouve au Qatar pour discuter avec des responsables israéliens et qataris de l’idée d’étendre l’accord. Selon le Washington Post, les États-Unis font pression pour que le Hamas commence à libérer des hommes et des militaires pris en otage.

Le rapport du Post indique que la trêve maximale qu’ils accepteront sera de dix jours au total et que le Hamas devra continuer à libérer au moins dix otages par jour pendant cette période. Les responsables israéliens ont promis d’étendre les opérations militaires à Gaza une fois le cessez-le-feu terminé.

antiwar.com, 29.11.2023

Multiplication des cyberattaques contre Israël

Lu sur Watan:

Israël a été victime [dans la soirée du 27 novembre] d’une cyberattaque qui a entraîné une perturbation importante de la ligne d’urgence pour les services d’ambulance, de lutte contre les incendies et de sauvetage au numéro 100.

La police israélienne a été informée de la défaillance des lignes d’urgence de la police, de Magen David Adom (Étoile rouge de David – le service national d’urgence médicale d’Israël) et des services de lutte contre les incendies après que l’attaque a visé les serveurs de la société de communication “Bezeq”, entraînant l’effondrement du site web et des serveurs. (…)

Il est à noter que les cyberattaques contre les sites web et les applications israéliens se sont multipliées depuis le début de l’opération “Quds Flood” le 7 octobre de l’année dernière.

Des groupes de pirates informatiques opposés au discours israélien ont réussi à cibler le célèbre site israélien Jerusalem Post et à perturber son fonctionnement pendant des périodes variables au cours des derniers jours.

Auparavant, un groupe palestinien connu sous le nom de “Cyber Quds Flood” avait réussi à infiltrer le site web du ministère israélien de la défense, à obtenir des informations sensibles et à les transmettre à la résistance palestinienne.

Le groupe a affirmé avoir obtenu des listes extrêmement dangereuses et importantes appartenant à la brigade du nord de Gaza. Ces listes contiennent les noms de plus de 11 000 soldats et officiers israéliens de la Brigade Nord. (…)

En outre, ces listes contiennent des informations extrêmement précises et détaillées sur les officiers et les soldats israéliens. Le groupe a affirmé qu’il possédait désormais des connaissances complètes sur les forces d’occupation, y compris des photos personnelles, des numéros de téléphone, des adresses électroniques, des lieux de résidence, des numéros d’identification militaire et leurs positions au sein de l’armée.

Watan, 28 novembre 2023

 

Israël = Terrorisme d’État

 

Source : RzO International - Le 29/11/2023.

Palestine : Un député belge qui n’a pas sa langue dans sa poche défend sa position pendant 2 minutes face à deux journalistes bardés de certitudes et défendant leur gagne pain à coup d’affirmations gratuites. Les commentaires sont tout aussi éloquents que l’émission elle-même. La mauvaise foi des journalistes contribue à la perte de crédibilité des médias mainstream européens. https://www.youtube.com/watch?v=6tM6yfaiwys

Voir les présumés terroristes et leurs otages israéliens lors des opérations de libération de ces derniers jours. Il y a des otages israéliens qu’il va falloir «rééduquer». https://reseauinternational.net/vent-de-panique-en-israel-les-otages-israeliens-affichent-des-signes-damitie-envers-les-soldats-du-hamas

Général Dominique Delawarde

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Raoul ose le dire : Israël pratique le terrorisme d’État.

 

YouTube video

source : PTBBelgique

Gideon Levy, journaliste israélien : «L’occupation ne cessera pas tant qu’Israël n’en paiera pas le prix»

par Turgut Alp Boyraz - Le 29/11/2023.

«La paix ne viendra pas de la société israélienne. Les Israéliens ne se réveilleront pas un matin en se disant que l’occupation est trop cruelle, que l’apartheid est illégal et qu’il faut y mettre fin», déclare Gideon Levy.

Selon le journaliste et auteur israélien, Gideon Levy, l’armée israélienne commet régulièrement des «crimes de guerre» dans les territoires palestiniens occupés depuis 55 ans, et pas seulement en temps de guerre, et le seul moyen de mettre fin à l’occupation est que le gouvernement de Tel-Aviv commence à en «payer le prix».

Levy, qui écrit pour le journal israélien Haaretz, est l’une des rares voix dans son pays à s’opposer à l’occupation et à décrire Israël comme un «régime raciste».

Depuis une quarantaine d’années, Gideon Levy, qui suit personnellement les événements en Cisjordanie occupée en tant que journaliste de terrain, estime que la société et le gouvernement israéliens se trouvent actuellement dans un «état d’esprit extrêmement radical».

Compte tenu de cette situation, Levy, qui ne pense pas qu’Israël fera des concessions pour la paix, estime que le seul espoir réside dans une intervention internationale.

Rappelant que le président américain Joe Biden se prépare pour les prochaines élections, le journaliste israélien déclare qu’il ne pense pas que cette intervention internationale soit très probable.

Décrivant l’état antérieur de la société israélienne comme «assez mauvais», Levy a déclaré à Anadolu qu’au cours des dernières semaines, la société a évolué encore plus vers le «racisme».

Levy ne croit pas qu’un changement positif vers la paix viendra de la part de la société israélienne.

«Elle (la paix) ne viendra pas de la société israélienne. Les Israéliens ne se réveilleront pas un matin en disant : L’occupation est trop cruelle, l’apartheid (régime raciste) est illégal, mettons-y fin».

«Cela ne se produira que si les Israéliens commencent à payer le prix de l’occupation, s’ils sont punis pour l’occupation qu’ils poursuivent et s’ils se rendent compte que le coût qu’ils doivent payer pour poursuivre l’occupation est trop élevé», a-t-il estimé.

Toutefois, Levy a souligné que la situation «n’en est pas encore à ce stade» et a déclaré que la communauté internationale «doit cesser de parler et agir».

«Je ne pense pas que cela se produise dans un avenir proche. Mais je pense que le jour viendra où la communauté internationale dira «ça suffit». J’attends ce jour, mais il ne semble pas très proche», a-t-il ajouté.

Israël commet des crimes de guerre tous les jours depuis 55 ans

L’ancien capitaine et pilote Yonatan Shapira, qui a démissionné de l’armée israélienne, a utilisé les mots «l’armée israélienne est une organisation terroriste, ses commandants sont des criminels de guerre» dans une déclaration à Anadolu en 2021.

Lorsqu’on lui demande s’il est d’accord avec les propos de Shapira en tant que journaliste qui suit de près les pratiques de l’armée israélienne depuis des décennies, Gideon Levy répond : «Tout d’abord, Shapira est mon ami, et oui, je suis d’accord avec lui».

Et de poursuivre : «Ce qu’Israël fait quotidiennement depuis 55 ans (depuis l’occupation de 1967) en Cisjordanie est un crime de guerre. Des colons (juifs illégaux) au transfert de prisonniers (palestiniens) en Israël, des enlèvements nocturnes de personnes à leur domicile aux punitions collectives, tout cela constitue des violations du droit international».

Soulignant que tout cela se produit dans la vie quotidienne, et pas seulement en temps de guerre, Levy ajoute : «Il ne fait aucun doute que l’occupation est un crime qui doit cesser. Je me bats contre cela depuis près de 40 ans».

Les médias israéliens cachent la brutalité

Selon Levy, la plupart des Israéliens ne voient pas grand-chose de la «brutalité» commise à Gaza.

Le journaliste israélien a déclaré : «Pour être honnête, si je veux voir ce qui se passe, je dois regarder des chaînes comme Al Jazeera, TRT et CNN parce que les chaînes, les médias et les journaux israéliens essaient de ne pas montrer la plupart des brutalités. C’est seulement ainsi que je peux avoir une vue d’ensemble».

Affirmant que l’attaque d’une zone densément peuplée comme Gaza de cette manière fait payer un lourd tribut aux civils, Levy affirme : «Mon discours reste sans voix face à ce qui se passe».

Toutefois, selon lui, le gouvernement israélien bénéficie d’un soutien quasi unanime de la part de la société en ce qui concerne la guerre.

«Ils (les Israéliens) sont actuellement en train de se faire une idée de la situation. Ils sont actuellement unis sur deux objectifs. Le premier est la libération de tous les otages, qui est actuellement l’objectif principal. Ensuite, ils pensent pouvoir vaincre complètement le Hamas. Je pense que le gouvernement a tout le soutien nécessaire pour poursuivre la guerre».

À la question «Israël reprendra-t-il une attaque de grande envergure après la fin de la «pause humanitaire» ?», le journaliste israélien répond : «Je crains que oui, mais les prochains jours montreront la situation. La dynamique actuelle est positive. L’accord fonctionne ; les otages rentrent chez eux chaque jour, de même que les prisonniers palestiniens, ce qui me rend heureux. Mais cela ne peut pas durer éternellement».

«Je ne pense pas qu’Israël cessera de faire la guerre. J’espère qu’elle ne reviendra pas avec la même intensité, car si c’est le cas, cela signifiera la destruction de la partie sud de Gaza ; il y a déjà plus de deux millions de personnes ici», a-t-il déclaré.

«Même s’ils détruisent complètement le sud de Gaza et vainquent le Hamas, le lendemain, Israël n’a aucune idée de ce qui se passera. Il n’y a pas de plan. Et s’il n’y a pas de plan, la guerre devrait s’arrêter», a-t-il ajouté.

À la question de savoir si les États-Unis voudraient arrêter la guerre ou donner à Israël le feu vert pour de nouvelles attaques, Levy a répondu : «Je pense qu’ils prendront une position médiane. Ils ne les arrêteront pas complètement, mais ils ne permettront pas (à Israël d’attaquer) comme avant. Il reste à savoir si Israël écoutera vraiment les Etats-Unis et quelle sera l’intensité de la pression exercée».

En ce qui concerne la question de savoir si la société israélienne ferait des concessions pour la paix, Levy a déclaré : «Absolument pas pour l’instant. La société israélienne est animée d’un intense sentiment anti-arabe. Nous avons besoin de nouveaux dirigeants. Je ne vois rien (à propos de concessions) dans le leadership actuel et dans l’état d’esprit actuel du public israélien, qui est actuellement très extrême, très nationaliste et très à droite».

«Le seul espoir est une intervention internationale, mais je ne pense pas que cela se produira. En effet, les États-Unis entrent dans une année électorale et je ne pense pas que Biden en fera plus. Je ne vois aucun espoir pour l’instant», a-t-il souligné.

Israël veut à nouveau expulser les Palestiniens, mais ce n’est pas possible

Levy a également commenté la question des déclarations répétées entre les ministres israéliens et d’autres fonctionnaires sur la relocalisation des Palestiniens en dehors de la bande de Gaza.

«Israël serait ravi de nettoyer Gaza du peuple palestinien. Le problème est que ce n’est ni éthique, ni légal, ni pratique à la fois», a-t-il déclaré.

«Personne n’acceptera 2,3 millions de personnes. Personne ne permettra à Israël de transférer 2,3 millions de personnes. Israël n’a pas le droit de décider où les habitants de Gaza vivront. Israël n’a pas le droit de prendre une telle décision».

«Israël a commis une Nakba (grande catastrophe) et n’a pas le droit de commettre une seconde Nakba», a-t-il défendu.

Affirmant qu’Israël soulève constamment cette question parce qu’il n’a pas d’autres solutions et qu’il pense pouvoir réellement expulser les Palestiniens de Gaza, Levy a souligné l’humeur extrêmement nationaliste qui règne dans l’État d’Israël actuel.

«Vous savez, ils ont essayé cela en Cisjordanie aussi. Déjà, 16 villages de Cisjordanie ont été évacués. Ils ne pouvaient pas supporter la terreur des colons, et il n’y avait personne pour les arrêter. Ils essaieront (d’évacuer Gaza) autant que possible, mais je ne pense pas que cela se produira. Ce n’est pas possible».

Levy a souligné qu’Israël mettait la région en danger par ses actions, même s’il ne possède pas d’armes nucléaires : «Israël veut être un État juif, il a le droit d’être un État juif, mais il veut aussi avoir une démocratie, et cela ne fonctionne pas. Pour être un État juif, il faut une majorité juive claire».

«Il n’y a pas de majorité juive ; il y a actuellement environ 7,5 millions de juifs et 7,5 millions de Palestiniens entre le fleuve et la mer. On ne peut pas être un État juif lorsque deux peuples vivent sous votre gouvernement, sous votre occupation, sous votre régime. C’est pourquoi Israël a fait son choix et a préféré être un État juif plutôt qu’un État démocratique», a-t-il déclaré.

Interrogé sur la liberté de critiquer Israël de la sorte s’il était Palestinien, Levy a répondu :

«La réponse à cette question est très claire. Bien sûr que non. La plupart de mes propos ne pourraient pas être tenus par un Palestinien. Cela n’arriverait pas dans la réalité d’Israël, surtout pas après une guerre. Si j’étais un Palestinien, j’aurais été en prison pour bien moins que ce que je dis aujourd’hui».

source : Agence Anadolu

 

7 octobre: Ces témoignages confirment que Tsahal a tiré sur des Israéliens

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 28/11/2023.

7 octobre: ces témoignages confirment que Tsahal a tiré sur des Israéliens – par Max Blumenthal

L’armée israélienne a reçu l’ordre de bombarder les maisons israéliennes et même ses propres bases lorsqu’elle a été submergée par les militants du Hamas le 7 octobre. Combien de citoyens israéliens dont on dit qu’ils ont été “brûlés vifs” ont en fait été tués par des tirs amis ? L’article qui suit a été rédigé par Max Blumenthal et publié dans The Grayzone le 27 octobre. On y trouvera l’une des études les plus fouillées à ce jour sur ce qui s’est vraiment passé le 7 octobre. Décrire la guerre telle qu’elle se passe vraiment ne signifie pas minimiser la violence. En revanche, on ne bâtira pas la paix sur des mensonges ou des mythologies. De nombreux Français, de bonne foi, ont tendance à excuser la brutalité des bombardements israéliens sur Gaza du fait des crimes de guerre commis parles combattants palestiniens le 7 octobre. L’auteur confirme qu’il y en a eu. Mais il explique aussi comment une partie des soldats ou civils israéliens tués ce jour-là sont tombés sous un “feu ami”. .

Nous publions la traduction de cet article avec l’aimable autorisation de l’auteur.


Plusieurs nouveaux témoignages d’Israéliens ayant assisté à l’attaque surprise du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre dernier viennent s’ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses que l’armée israélienne a tué ses propres citoyens alors qu’ils se battaient pour neutraliser les tireurs palestiniens.

Tuval Escapa, membre de l’équipe de sécurité du kibboutz Be’eri, a mis en place une ligne téléphonique pour assurer la coordination entre les résidents du kibboutz et l’armée israélienne. Il a déclaré au journal israélien Haaretz que lorsque le désespoir a commencé à s’installer, “les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – y compris le bombardement des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes en même temps que les otages”.

Un rapport distinct publié par Haaretz note que l’armée israélienne a été “contrainte de demander une frappe aérienne” contre ses propres installations à l’intérieur du point de passage d’Erez vers Gaza “afin de repousser les terroristes” qui avaient pris le contrôle. Cette base était remplie d’officiers et de soldats de l’administration civile israélienne à l’époque.

Ces rapports indiquent que le haut commandement militaire a donné l’ordre d’attaquer des maisons et d’autres zones en Israël, même au prix de nombreuses vies israéliennes.

Une Israélienne du nom de Yasmin Porat a confirmé dans une interview accordée à la radio israélienne que l’armée avait “sans aucun doute” tué de nombreux non-combattants israéliens lors des échanges de tirs avec les militants du Hamas le 7 octobre. “Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages”, a-t-elle déclaré en faisant référence aux forces spéciales israéliennes.

Comme l’ont rapporté David Sheen et Ali Abunimah dans Electronic Intifada, Mme Porat a fait état de “tirs croisés très, très nourris” et de tirs de chars israéliens, qui ont fait de nombreuses victimes parmi les Israéliens.

Alors qu”elle était détenue par les hommes armés du Hamas, Porat s’est souvenue : “Ils ne nous ont pas maltraités. Nous avons été traités avec beaucoup d’humanité… Personne ne nous a traités violemment.”

Elle a ajouté : “L’objectif était de nous kidnapper pour nous emmener à Gaza, pas de nous assassiner”.

Selon Haaretz, l’armée n’a pu rétablir le contrôle de Be’eri qu’après avoir admis avoir “bombardé” les maisons des Israéliens qui avaient été faits prisonniers. “Le prix à payer a été terrible : Au moins 112 habitants de Be’eri ont été tués”, écrit le journal. “D’autres ont été kidnappés. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d’une mère et de son fils ont été découverts dans l’une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore dans les décombres”.

La plupart des bombardements à Be’eri ont été effectués par des équipages de chars israéliens. Comme l’a noté un journaliste de l’agence i24, sponsorisée par le ministère israélien des affaires étrangères, lors d’une visite à Be’eri, “des maisons petites et pittoresques ont été bombardées ou détruites” et “des pelouses bien entretenues ont été déchirées par les chenilles d’un véhicule blindé, peut-être un char d’assaut”.

Les hélicoptères d’attaque Apache ont également joué un rôle important dans la réponse de l’armée israélienne le 7 octobre. Les pilotes ont déclaré aux médias israéliens qu’ils s’étaient précipités sur le champ de bataille sans aucun renseignement, incapables de faire la différence entre les combattants du Hamas et les non-combattants israéliens, et pourtant déterminés à “vider le ventre” de leurs machines de guerre. “Je me retrouve face à un dilemme : je ne sais pas sur quoi tirer, parce qu’ils sont si nombreux”, a déclaré un pilote d’Apache.

Une vidéo filmée par des tireurs du Hamas en uniforme montre clairement qu’ils ont intentionnellement tiré sur de nombreux Israéliens avec des fusils Kalachnikov le 7 octobre. Cependant, le gouvernement israélien ne s’est pas contenté de s’appuyer sur des preuves vidéo vérifiées. Au lieu de cela, il continue d’avancer des allégations discréditées de “bébés décapités” tout en distribuant des photographies de “corps brûlés au-delà de toute reconnaissance possible” pour insister sur le fait que les militants ont immolé leurs captifs avec sadisme, et même violé certains d’entre eux avant de les brûler vifs.

L’objectif de l’exposition d’atrocités de Tel-Aviv est clair : Dépeindre le Hamas comme “pire qu’ISIS” tout en cultivant le soutien au bombardement continu de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, qui a fait plus de 7000 morts, dont au moins 2500 enfants au moment de la publication [Note CDS: ils’agit des chiffres du 27 octobre]. Alors que des centaines d’enfants blessés à Gaza ont été soignés pour ce qu’un chirurgien a décrit comme des “brûlures au quatrième degré” causées par des armes nouvelles, l’attention des médias occidentaux reste focalisée sur les citoyens israéliens prétendument “brûlés vifs” le 7 octobre.

Pourtant, les preuves de plus en plus nombreuses d’ordres de tirs amis donnés par les commandants de l’armée israélienne suggèrent fortement qu’au moins certaines des images les plus choquantes de cadavres israéliens carbonisés, de maisons israéliennes réduites à l’état de ruines et de carcasses de véhicules calcinées présentées aux médias occidentaux étaient en fait l’œuvre d’équipages de chars et de pilotes d’hélicoptères couvrant le territoire israélien d’obus, de tirs de canons et de missiles Hellfire.

En effet, il semble que le 7 octobre, l’armée israélienne ait eu recours aux mêmes tactiques que celles qu’elle a employées contre les civils à Gaza, faisant grimper le nombre de morts parmi ses propres citoyens par l’utilisation indiscriminée d’armes lourdes.

Israël bombarde sa propre base, centre névralgique du siège de Gaza


Le Hamas et le Jihad islamique palestinien (PIJ) ont lancé l’opération “Déluge d’Al-Aqsa” à 6 heures du matin le 7 octobre, submergeant rapidement les bases militaires à partir desquelles Israël maintient le siège de la bande de Gaza. Le Hamas et le Djihad islamique palestinien avaient pour objectif principal la libération des Palestiniens emprisonnés par Israël, y compris les 700 enfants qui passent par le système chaque année et les1 264 Palestiniens qui sont actuellement détenus sans inculpation.

L’échange en 2011 de Gilad Shalit, un soldat israélien capturé cinq ans auparavant et libéré en échange de 1027 prisonniers, a clairement inspiré le déluge d’Al-Aqsa. En prenant d’assaut les bases militaires et les kibboutz, les militants palestiniens avaient pour objectif de capturer le plus grand nombre possible de soldats et de civils israéliens et de les ramener vivants à Gaza.

L’assaut foudroyant a immédiatement submergé la division israélienne de Gaza. Des vidéos enregistrées par des caméras GoPro montées sur les casques des combattants palestiniens montrent des soldats israéliens abattus en succession rapide, dont beaucoup sont encore en sous-vêtements et pris au dépourvu. Au moins 340 soldats et officiers de renseignement en activité ont été tués le 7 octobre, ce qui représente près de 50 % des décès israéliens confirmés. Parmi les victimes figuraient des officiers de haut rang comme le colonel Jonathan Steinberg, commandant de la brigade israélienne Nahal. (De nombreux secouristes et civils israéliens armés ont également été tués).

Le point de passage d’Erez abrite une installation militaire et de coordination des activités gouvernementales dans les territoires occupés (COGAT) massive qui fonctionne comme le centre névralgique du siège israélien de la bande de Gaza. Lorsqu’il a été pris d’assaut par des combattants palestiniens le 7 octobre, alors que de nombreux bureaucrates de l’armée se trouvaient à l’intérieur, l’armée israélienne a été prise de panique.

Selon Haaretz, le commandant de la division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld, “s’est retranché dans la salle de guerre souterraine de la division avec une poignée de soldats et de soldates, essayant désespérément de sauver et d’organiser le secteur attaqué”. De nombreux soldats, dont la plupart n’étaient pas des combattants, ont été tués ou blessés à l’extérieur. La division a été contrainte de demander une attaque aérienne contre la base [du passage d’Erez] elle-même afin de repousser les terroristes”.

Une vidéo publiée par le COGAT israélien dix jours après la bataille – et la frappe aérienne israélienne – montre que le toit de l’installation du point de passage d’Erez a subi de graves dommages structurels.

 

 

Des hélicoptères Apache israéliens attaquent à l’intérieur d’Israël : “Je me trouve face à un dilemme : Que tirer ?

À 10 h 30, selon un compte rendu de l’armée transmis au média israélien Mako, “la plupart des forces [palestiniennes] de la première vague d’invasion avaient déjà quitté la zone pour Gaza”. Mais avec l’effondrement rapide de la division militaire israélienne à Gaza, les pillards, les simples badauds et les guérilleros de bas niveau qui ne sont pas nécessairement sous le commandement du Hamas ont afflué librement en Israël.

À ce stade, les deux escadrons d’hélicoptères Apache d’Israël ne disposaient que de huit hélicoptères dans les airs, “et il n’y avait pratiquement pas de renseignements pour aider à prendre les décisions fatidiques”, a rapporté Mako. Les escadrons n’ont atteint leur pleine capacité qu’à midi.

Alors que la vague d’infiltrations en provenance de Gaza sème le chaos au sol, les pilotes israéliens, déconcertés, déclenchent une frénésie de salves de missiles et de mitrailleuses : Les pilotes d’Apache témoignent qu’ils ont tiré une énorme quantité de munitions, vidé le “ventre de l’hélicoptère” en quelques minutes, volé pour se réarmer et repris l’air, encore et encore. Mais cela n’a servi à rien et ils le comprennent”, rapporte Mako.

Les hélicoptères Apache semblent s’être concentrés sur les véhicules qui rentraient à Gaza en provenance du festival de musique électronique Nova et des kibboutz voisins, et ont attaqué des voitures en sachant apparemment que des prisonniers israéliens pouvaient se trouver à l’intérieur. Ils ont également tiré sur des personnes non armées sortant de voitures ou marchant à pied dans les champs à la périphérie de Gaza.

 

 

Dans une interview accordée au média israélien Mako, un pilote d’Apache a évoqué le dilemme tortueux qui consiste à tirer sur les personnes et les voitures qui retournent à Gaza. Il savait que nombre de ces véhicules pouvaient contenir des prisonniers israéliens. Mais il a choisi d’ouvrir le feu malgré tout. “Je choisis des cibles de ce type”, a expliqué le pilote, “en me disant que le risque que je tire également sur des otages est faible”. Il a toutefois admis que son jugement “n’était pas à 100 % assuré”.

“Je comprends que nous devions tirer ici et rapidement”, a déclaré le commandant de l’unité Apache, le lieutenant-colonel E., à Mako dans un rapport séparé. “Tirer sur des gens sur notre territoire – c’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé faire”.

Le lieutenant-colonel A., pilote de réserve dans la même unité, a décrit un brouillard de confusion : “Je me retrouve dans un dilemme pour savoir sur quoi tirer, parce qu’il y en a tellement”.

Un rapport sur les escadrons d’Apache publié par le journal israélien Yedioth Aharanoth note que “les pilotes ont réalisé qu’il était extrêmement difficile de distinguer, au sein des avant-postes et des colonies occupées, qui était un terroriste et qui était un soldat ou un civil… La cadence de tir contre les milliers de terroristes était énorme au début, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement les cibles”.

Un commandant d’escadron a expliqué à Mako qu’il avait failli attaquer la maison d’une famille israélienne occupée par des militants du Hamas, et qu’il avait fini par tirer à côté avec des obus de canon. “Nos forces n’avaient pas encore eu le temps d’atteindre cette colonie”, se souvient le pilote, “et j’avais déjà épuisé mes missiles, qui sont les armes les plus précises”.

La famille se trouvant à l’intérieur d’un abri anti-bombes fortifié, le pilote “a décidé de tirer au canon à 30 mètres de cette maison, une décision très difficile à prendre. Je tire pour que, s’ils sont là, ils entendent les bombes à l’intérieur de la maison, qu’ils comprennent qu’on sait qu’ils sont là, et dans l’espoir qu’ils quittent cette maison. Je vous dis aussi la vérité, il m’est venu à l’esprit que je tirais sur la maison”.

En fin de compte, les pilotes d’hélicoptères israéliens ont blâmé les tactiques astucieuses du Hamas pour leur incapacité à faire la distinction entre les militants armés et les non-combattants israéliens. “Il s’avère que l’armée du Hamas a délibérément compliqué la tâche des pilotes d’hélicoptères et des opérateurs de drones”, affirme Yedioth Aharanoth.

Selon le journal israélien, “il est apparu clairement que les forces d’invasion avaient été invitées, lors des derniers briefings, à marcher lentement vers les colonies et les avant-postes ou à l’intérieur de ceux-ci, et en aucun cas à courir, afin de faire croire aux pilotes qu’il s’agissait d’Israéliens. Cette tromperie a fonctionné pendant un bon moment, jusqu’à ce que les pilotes d’Apache se rendent compte qu’ils devaient ignorer toutes les restrictions. Ce n’est que vers 9 heures du matin que certains d’entre eux ont commencé à arroser les terroristes avec leurs propres canons, sans l’autorisation de leurs supérieurs.

C’est ainsi que, sans aucun renseignement ni capacité à faire la distinction entre Palestiniens et Israéliens, les pilotes ont déclenché une furie de tirs de canons et de missiles sur les zones israéliennes situées en contrebas.

L’une des nombreuses maisons du kibboutz Be’eri qui semble avoir été bombardée à l’arme lourde.

L’armée israélienne a “éliminé tout le monde, y compris les otages”, en tirant des obus de chars sur les maisons du kibboutz.


Les photos des conséquences des combats dans les kibboutz comme Be’eri – et des bombardements israéliens sur ces communautés – montrent des décombres et des maisons calcinées qui ressemblent aux conséquences des attaques de chars et d’artillerie israéliens à l’intérieur de Gaza. Comme l’a expliqué Tuval Escapa, coordinateur de la sécurité au kibboutz Be’eri, à Haaretz, les commandants de l’armée israélienne avaient ordonné le “bombardement des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes et les otages”

Yasmin Porat, une participante au festival de musique Nova qui s’est réfugiée dans le kibboutz Be’eri, a déclaré à la radio israélienne que lorsque les forces spéciales israéliennes sont arrivées lors d’une prise d’otages, “elles ont éliminé tout le monde, y compris les otages, parce qu’il y avait des tirs croisés très, très nourris”.

“Après des tirs croisés insensés, a poursuivi M. Porat, deux obus de char ont été tirés sur la maison. C’est une petite maison de kibboutz, rien de grand.”

Maisons détruites dans le kibboutz Be’eri à la suite des combats du 7 octobre, au cours desquels des chars israéliens ont bombardé des résidences.

Une vidéo publiée sur le compte Telegram des “South Responders” israéliens montre les corps d’Israéliens découverts sous les décombres d’une maison détruite par une puissante explosion – vraisemblablement un obus de char. Le quotidien américain conservateur New York Post a publié un article sur un incident similaire concernant le corps d’un garçon retrouvé calciné sous les ruines de sa maison à Be’eri.

Le phénomène des cadavres carbonisés dont les mains et les chevilles avaient été attachées et qui ont été retrouvés en groupes sous les décombres de maisons détruites soulève également des questions sur les tirs de chars “amis”.

Yasmin Porat, l’otage qui a survécu à un affrontement à Be’eri, a décrit comment les militants du Hamas ont attaché les mains de son compagnon derrière son dos. Après qu’un commandant militant se soit rendu, l’utilisant comme bouclier humain pour assurer sa sécurité, elle a vu son partenaire allongé sur le sol, toujours en vie. Elle a déclaré que les forces de sécurité israéliennes l’avaient “sans aucun doute” tué, ainsi que les autres otages, alors qu’elles ouvraient le feu sur les militants restés à l’intérieur, notamment à l’aide d’obus de chars.

Les forces de sécurité israéliennes ont également ouvert le feu sur des Israéliens en fuite qu’elles ont pris pour des tireurs du Hamas. Danielle Rachiel, une habitante d’Ashkelon, a raconté qu’elle avait failli être tuée après s’être échappée du festival de musique Nova lorsqu’il a été attaqué par des militants de Gaza. “Alors que nous atteignions le rond-point [d’un kibboutz], nous avons vu les forces de sécurité israéliennes ! se souvient Rachiel. “Nous avons baissé la tête [parce que] nous savions automatiquement qu’ils se méfieraient de nous, dans une petite voiture déglinguée… qui venait de la même direction que les terroristes. Nos forces ont commencé à nous tirer dessus !

“Lorsque nos forces ont tiré sur nous, nos vitres ont volé en éclats”, a-t-elle poursuivi. Ce n’est que lorsqu’ils ont crié en hébreu “Nous sommes des Israéliens !” que les tirs ont cessé et qu’ils ont été mis en sécurité.

Extrait du témoignage vidéo de Danielle Rachiel du 7 octobre

Certains Israéliens n’ont pas eu la même chance que Danielle Rachiel. Adi Ohana a été abattu par la police israélienne près de son domicile après avoir été pris pour un guérillero palestinien. “Un homme innocent a été tué de la manière la plus négligente qui soit”, s’est plainte sa nièce. Les médias israéliens regorgent désormais d’informations selon lesquelles l’armée a abattu des Israéliens, alors même qu’ils défendaient leurs maisons contre des tireurs palestiniens.

Les photos des “atrocités commises par le Hamas”, aujourd’hui disparues, représentaient-elles des combattants du Hamas morts ?

L’une des vidéos les plus horribles de l’après-7 octobre, également publiée sur le compte Telegram de South Responders, montre une voiture remplie de cadavres carbonisés (ci-dessous) à l’entrée du kibboutz Be’eri. Le gouvernement israélien a présenté ces victimes comme des Israéliens victimes de la violence sadique du Hamas. Cependant, la carrosserie en acier fondu et le toit effondré de la voiture, ainsi que les corps complètement carbonisés à l’intérieur, témoignent d’un tir direct d’un missile Hellfire.

Il est également possible que les occupants masculins de la voiture soient des activistes du Hamas qui ont afflué après la rupture des clôtures. Il est également possible qu’ils soient rentrés à Gaza avec des prisonniers israéliens à bord de leur voiture.

L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, semble avoir fait la promotion de photos montrant des combattants du Hamas morts lors de sa tirade du 26 octobre aux Nations unies. M. Erdan a gesticulé avec colère sur le podium, beuglant que “nous combattons des animaux” avant de sortir un papier affichant un code QR légendé “Scannez pour voir les atrocités du Hamas”.

Lorsque j’ai scanné le code ce jour-là à midi, j’ai trouvé environ 8 images macabres de corps brûlés et de parties de corps noircies. L’une d’entre elles montrait une pile de cadavres d’hommes complètement carbonisés, empilés dans une benne à ordures. Les sauveteurs et les médecins israéliens se seraient-ils débarrassés des cadavres d’Israéliens juifs d’une telle manière ?

Tous les Israéliens tués le 7 octobre semblent avoir été rassemblés dans des sacs mortuaires individuels et transportés dans des morgues. Pendant ce temps, de nombreuses vidéos enregistrées par des Israéliens les montrent en train de souiller les cadavres d’hommes armés du Hamas tués par les forces de sécurité – en les déshabillant, en urinant sur eux et en mutilant leurs corps. Jeter leurs corps dans une benne à ordures semble faire partie de la politique de facto de maltraitance des cadavres.

Un peu plus de douze heures après que l’ambassadeur Erdan a présenté à l’ONU les photos des atrocités supposées du Hamas, le fichier Google Drive ne contenait plus qu’une brève vidéo. Parmi les photos mystérieusement disparues figurait l’image de la benne à ordures remplie de corps brûlés. A-t-elle été supprimée parce qu’elle montrait des combattants du Hamas brûlés par un missile Hellfire, et non des Israéliens “brûlés à mort” par le Hamas ?

L’ambassadeur israélien Gilad Erdan à l’ONU, le 26 octobre. Le code QR qu’il a affiché renvoie actuellement à un message 404.

Des destructions qui rappellent les attaques israéliennes sur Gaza


Certains secouristes arrivés sur les lieux du carnage dans le sud d’Israël après le 7 octobre ont déclaré qu’ils n’avaient jamais vu une telle destruction. Pour ceux qui ont été témoins des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, les images de maisons bombardées et de voitures brûlées devraient être familières.

Lors d’un reportage sur l’assaut israélien de 51 jours sur Gaza en 2014, je suis tombé sur un véhicule détruit dans le centre de la ville de Gaza, appartenant à un jeune chauffeur de taxi nommé Fadel Alawan, qui avait été assassiné par un drone israélien après avoir involontairement déposé un combattant du Hamas blessé dans un hôpital voisin. À l’intérieur de la voiture, on pouvait encore voir les restes de la sandale d’Alawan fondus dans la pédale d’accélérateur.

 

 

Dans l’après-midi du 7 octobre, les villages tranquilles et les routes du désert du sud d’Israël étaient carbonisés et bordés de voitures bombardées qui ressemblaient beaucoup à celle d’Alawan. Les combattants du Hamas, légèrement armés, étaient-ils réellement capables d’infliger des destructions d’une telle ampleur ?

Le gouvernement israélien distribue-t-il des photos de victimes de tirs amis ?


Le 23 octobre dernier, le gouvernement israélien a réuni des membres de la presse internationale pour une séance de propagande officieuse. À l’intérieur d’une base militaire fermée, les responsables ont bombardé la presse de snuff movies et d’une collection d’allégations obscures de “scènes poignantes de meurtre, de torture et de décapitation lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre”, selon le Times of Israel.

 

 

Dans le document le plus troublant présenté par le gouvernement israélien, les journalistes ont pu voir une vidéo montrant “un cadavre de femme partiellement brûlé, avec une tête mutilée… La robe de la femme morte est remontée jusqu’à la taille et sa culotte a été enlevée”, selon le Times of Israel.

Daniel Amram, le blogueur d’informations privées le plus populaire en Israël, a tweeté la vidéo du cadavre brûlé de la femme, affirmant qu'”elle a été violée et brûlée vive”.

 

 

En fait, la jeune femme semble avoir été tuée instantanément par une puissante explosion. Elle semble avoir été extraite de la voiture dans laquelle elle se trouvait et qui appartenait peut-être à un ravisseur de Gaza. Le véhicule a été entièrement détruit et se trouvait sur un champ de terre, comme beaucoup d’autres véhicules attaqués par les hélicoptères Apache. Elle était légèrement vêtue, les jambes écartées.

Bien qu’elle ait participé au festival de musique électronique Nova, où de nombreuses femmes étaient vêtues de tenues légères, et que ses membres pliés soient typiques d’un corps qui a été placé dans une voiture après la rigidité cadavérique, les experts et les responsables israéliens ont affirmé qu’elle avait été violée.

Mais les allégations d’agression sexuelle se sont jusqu’à présent révélées sans fondement. Le porte-parole de l’armée israélienne, Mickey Edelstein, a insisté auprès des journalistes lors de la conférence de presse du 23 octobre sur le fait que “nous avons des preuves” de viol, mais lorsqu’on lui a demandé de les fournir, il a déclaré au Times of Israel : “nous ne pouvons pas les partager”.

Cette jeune femme a-t-elle été une nouvelle victime des ordres de tir ami de l’armée israélienne ? Seule une enquête indépendante pourra déterminer la vérité.

L’armée israélienne tue des captifs israéliens à Gaza et se plaint de leur libération


À Gaza, où quelque 200 citoyens israéliens sont retenus en otage, il n’y a guère de doute quant à l’identité de ceux qui tuent les captifs. Le 26 octobre, la branche armée du Hamas, connue sous le nom de Brigades Al-Qassam, a annoncé qu’Israël avait tué “près de 50 captifs” lors de frappes de missiles.

Si l’armée israélienne avait intentionnellement ciblé des zones où elle savait que les captifs étaient détenus, ses actions auraient été conformes à la directive Hannibal d’Israël. Cette procédure militaire a été mise en place en 1986 à la suite de l’accord Jibril, qui prévoyait l’échange par Israël de 1 150 prisonniers palestiniens contre trois soldats israéliens. À la suite d’une forte réaction politique, l’armée israélienne a rédigé un ordre de mission secret afin d’empêcher les enlèvements à l’avenir. L’opération proposée tire son nom du général carthaginois qui a préféré s’empoisonner plutôt que d’être retenu captif par l’ennemi.

La dernière application confirmée de la directive Hannibal a eu lieu le 1er août 2014 à Rafah, dans la bande de Gaza, lorsque des combattants du Hamas ont capturé un officier israélien, le lieutenant Hadar Goldin, ce qui a incité l’armée à lancer plus de 2 000 bombes, missiles et obus sur la zone, tuant le soldat ainsi que plus de 100 civils palestiniens.

Qu’Israël tue ou non intentionnellement ses citoyens captifs à Gaza, il s’est montré étrangement allergique à leur libération immédiate. Le 22 octobre, après avoir refusé l’offre du Hamas de libérer 50 otages en échange de carburant, Israël a rejeté l’offre du Hamas de libérer Yocheved Lifshitz, une militante israélienne pour la paix âgée de 85 ans, et son amie Nurit Cooper, âgée de 79 ans.

Lorsqu’Israël a accepté leur libération un jour plus tard, une vidéo a montré Yocheved Lifshitz serrant la main d’un militant du Hamas et lui entonnant “Shalom” alors qu’il l’escortait hors de Gaza. Lors d’une conférence de presse tenue ce jour-là, elle a raconté le traitement humain que lui ont réservé ses ravisseurs.

 

 

Le spectacle de la libération de Lifshitz a été traité comme un désastre de propagande par les doreurs d’image du gouvernement israélien, les fonctionnaires grognant que l’autoriser à s’exprimer publiquement était une grave “erreur”.

L’armée israélienne n’a pas été moins mécontente de sa soudaine liberté. Comme le rapporte le Times of Israel, “l’armée craint que de nouvelles libérations d’otages par le Hamas n’amènent les dirigeants politiques à retarder une incursion terrestre, voire à l’interrompre en cours de route”.

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Les mensonges d'Israël sur l'incursion du 7 octobre s'effondrent

 

Source : WSWS.Org - par Jean Shaoul - Le 27/11/2023

Israël a utilisé l’incursion du «déluge d’Al-Aqsa» le 7 octobre pour lancer une attaque génocidaire contre Gaza.

Le récit officiel du Premier ministre Benjamin Netanyahu, fidèlement répété par ses bailleurs de fonds impérialistes, est que le Hamas a mené une attaque barbare inattendue et sans précédent et doit à présent être anéanti à tout prix.

C’est la réalité à l’envers. Le World Socialist Web Site a averti de façon répétée que depuis sa prise de fonctions fin 2022, le gouvernement Netanyahou avait multiplié les provocations contre les Palestiniens dans le but d’inciter aux représailles, comme cela s’est finalement produit le 7 octobre. Le ‘déluge d’Al-Aqsa’ a fourni le casus belli pour une campagne planifiée d’avance, d'assassinats de masse et de nettoyage ethnique des Palestiniens, à commencer par Gaza et devant se poursuivre en Cisjordanie, puis s’étendre aux 2 millions de citoyens arabes d'Israël.

Des Palestiniens recherchent des survivants après une frappe aérienne israélienne dans le camp de réfugiés de Nusseirat, dans la bande de Gaza, le 31 octobre 2023. [AP Photo/Doaa AlBaz]

La campagne génocidaire d'Israël a déjà coûté la vie à plus de 14 000 personnes, pour la plupart des enfants, des femmes et des personnes âgées. Elle a détruit hôpitaux, écoles et immeubles d'habitation, tandis que le refus d'Israël de permettre l’approvisionnement en nourriture, carburant, électricité et même en eau à Gaza signifie que de nombreux Palestiniens sans défense mourront d'une mort terrible dû à la faim, à la soif et à la maladie.

Mais tout le récit israélien autour des événements du 7 octobre commence à s'effondrer. Les preuves sont de plus en plus nombreuses d’abord que le gouvernement Netanyahou, l'armée et les services de sécurité israéliens savaient qu'une incursion militaire était sur le point de se produire et ensuite qu'une fois qu'elle s’est produite, il y a eu un grand nombre de victimes israéliennes comme conséquence d’une opération militaire massive menée par l’armée israélienne.

Ces révélations ont été largement ignorées par les médias du monde entier, qui ont consciencieusement et continuellement répété les affirmations d’Israël selon lesquelles les combattants du Hamas auraient commis d’horribles atrocités – notamment des enlèvements brutaux, des bébés décapités et brûlés et des femmes violées – qui avaient coûté la vie à 1 400 personnes. Les hommes armés, ont-ils affirmé, avaient délibérément pris pour cible le festival de musique Supernova, tuant des centaines de jeunes et massacrant également les habitants des kibboutzim.

De nombreuses familles israéliennes des personnes tuées, blessées et prises en otage le 7 octobre – reflétant une opinion largement répandue que Netanyahou était responsable de la catastrophe et n'avait rien fait pour l'empêcher – ont demandé une enquête indépendante et internationale, ce que le gouvernement a refusé. Ils ont exigé des réponses à deux questions déterminantes:

Que savait à l’avance l’appareil militaire et de renseignement israélien de ce que préparait le Hamas? Et que s’est-il passé le week-end du 7 et 8 octobre ?

Que savait Israël de l’attaque en préparation ?

La ligne officielle du 7 octobre, sans cesse répétée, était que le tristement célèbre réseau d'espionnage israélien du Mossad n'avait aucune idée qu'une attaque d'une telle ampleur, nécessitant des mois de planification, d'entraînement et de coordination entre plusieurs groupes palestiniens, dont le Hamas, le Jihad islamique et des groupes palestiniens non affiliés était sur le point de se produire.

La base secrète du renseignement militaire américain située dans le désert israélien du Néguev, à seulement 32 kilomètres de Gaza, le «Site 512», avait elle aussi été prise au dépourvu.

Les autorités n'ont pas non plus expliqué comment l'immense barrière électronique de la frontière avait pu être franchie grâce à de seuls outils rudimentaires et sans qu'aucune sirène ne retentisse ni que les bases militaires ne soient alertées – ce qui signifie que l'armée la plus sophistiquée du Moyen-Orient a soi-disant mis des heures à arriver sur les lieux dans un pays pas plus grand que l’État américain du New Jersey.

Les commentaires des médias ont largement attribué l'échec d'Israël en fait de sécurité à sa focalisation sur la Cisjordanie. Le gouvernement Netanyahou avait encouragé la violence des colons contre les Palestiniens et les provocations ultra-orthodoxes à la mosquée Al-Aqsa, ce qui avait accaparé l’attention de l’armée israélienne et du Mossad.

Historiquement, loin de considérer le Hamas comme une menace, Netanyahou l’avait soutenu comme contrepoids à l’Autorité palestinienne (AP) dominée par le Fatah. Israël s'était efforcé de cimenter les divisions entre les deux factions palestiniennes rivales et d'empêcher la création d'un mini-État palestinien composé de la Cisjordanie et de Gaza.

Comme l’a déclaré un officier, resté anonyme, du renseignement israélien au Washington Post le mois dernier : «C'est ce qui arrive quand on oublie que toutes les lignes de défense peuvent éventuellement être franchies et qu'elles l'ont été historiquement. C'est ce qui arrive quand vous sous-estimez l’ennemi. »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou assiste à la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le mercredi 27 septembre 2023. [AP Photo/Abir Sultan]

Netanyahou a nié plusieurs fois avoir reçu des renseignements militaires sur une éventuelle attaque. Le 29 octobre, il a tweeté qu’«en aucune circonstance et à aucun moment le Premier ministre Netanyahou n’a été averti de l’intention du Hamas d’entrer en guerre».

Il y a deux jours, ses mensonges ont été mis à nu par la publication dans le journal Ha'aretz de lettres écrites en mars puis en juillet par le chef de la division recherche du renseignement militaire, avertissant personnellement Netanyahou que la crise sociopolitique qui secouait le pays encourageait l’Iran, le Hezbollah et le Hamas à risquer une action contre le pays, même simultanément.

En mars, le général de brigade Amit Sa’ar a écrit: «Nous assistons à des délibérations sur la question de savoir s'il faut rester indécis et laisser Israël continuer à s'affaiblir, ou prendre des initiatives et aggraver sa situation» et il a joint les rapports des services de renseignement qui étayaient ses avertissements.

Il a ajouté: «À notre avis, cette idée est la base de la forte motivation du Hamas à exécuter des attaques depuis le nord en ce moment et elle incite également l’Iran à accroître les efforts de ses mandataires pour faire avancer des attaques contre Israël. »

Lorsque le ministre de la Défense Yoav Gallant a attiré l’attention sur ce fait, Netanyahou l’a immédiatement limogé, le réintégrant à la suite de protestations massives.

Sa'ar a envoyé une autre lettre à Netanyahou en juillet, juste avant que la Knesset n'approuve une loi accordant au gouvernement le pouvoir de passer outre la Cour suprême. La lettre disait: « L'aggravation de la crise intensifie l'érosion de l'image d'Israël, aggravant les dégâts causés à la dissuasion israélienne et augmentant la probabilité d’une escalade.» Le chef d’état-major des FDI, Herzl Halevi, a tenté d’informer Netanyahou de la situation sécuritaire, mais s’est vu refuser une audience.

Ce ne sont là que les dernières révélations réfutant les affirmations de Netanyahou selon lesquelles il n’avait pas connaissance d’une attaque planifiée par le Hamas.

Deux jours seulement après l'attaque, le lundi 9 octobre, l'Égypte a démasqué les protestations de Netanyahou selon lesquelles il n'avait eu aucune information préalable. Un responsable des renseignements égyptiens a déclaré à Associated Press que Le Caire avait averti à plusieurs reprises les autorités israéliennes que «quelque chose de grand» se préparait à partir de Gaza. Il a déclaré: «Nous les avons prévenus qu’il allait y avoir une explosion de la situation, et très bientôt, et qu’elle serait grande. Mais ils ont sous-estimé ces avertissements ». Il a ajouté que les responsables israéliens avaient minimisé la menace venant de Gaza, se concentrant plutôt sur la Cisjordanie. Netanyahou a nié avoir reçu un tel avertissement, qualifiant cette histoire de «fake news».

Même les soldats israéliens auraient également tiré la sonnette d'alarme. Mais ils ont été ignorés et menacés. Le 18 novembre, dans un journal télévisé de Channel 12, au moins deux femmes soldats ont décrit comment elles avaient fait part de leurs inquiétudes des semaines auparavant sur ce qu'elles considéraient comme une activité suspecte le long de la frontière avec Gaza. Elles ont parlé à leurs commandants d’«entraînements, d’anomalies et de préparatifs» près du mur frontalier, déclarant à Channel 12 qu’elles avaient vu «de nouvelles personnes visiter des fermes autour de la frontière».

Non seulement leurs informations ont-elles été balayées, mais les soldates ont affirmé qu’on les avait menacées de la cour martiale pour avoir soulevé ces inquiétudes. « On nous a dit que si nous continuions à insister là-dessus, nous serions inculpées.» Un officier leur a dit, « Hamas ce n’est qu’une bande de punk, ils ne feront rien.»

De telles menaces suggèrent que, même si l'ampleur réelle de l'incursion préparée par le Hamas n’était pas claire, les autorités israéliennes étaient au courant d’une attaque planifiée et ont permis qu'elle se produise. Pour parler plus crûment, ils voulaient une atrocité et ont donc mis en veilleuse leurs services de défense et de secours. En outre, le soutien sans réserve de l’administration Biden à Israël – y compris le déploiement de navires de guerre dans la région dès le lendemain – indique que l’armée et les services de renseignement américains se sont emparé du 7 octobre pour activer des plans de guerre préparés longtemps à l’avance.

Que s'est-il passé le 7 octobre ?

Le 7 octobre, sous le couvert de milliers de roquettes lancées pour faire diversion, au moins 1 500 Palestiniens ont entrepris ce qui ne peut être décrit que comme une mission suicide héroïque, franchissant le point de passage fortifié d’Erez et plusieurs points de la barrière électronique entre Gaza et Israël. Leur intention déclarée était de détruire la division militaire israélienne à la frontière de Gaza et de prendre des otages qui pourraient être échangés contre les quelque 5 300 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont environ 1 500 étaient en détention administrative sans inculpation ni procès, pour une durée indéterminée.

Ils ont attaqué la base militaire près du passage d'Erez et plusieurs avant-postes militaires, détruisant leur équipement technique et désactivant leurs systèmes de communication, empêchant les soldats de signaler les attaques. Dans les combats qui ont suivi, les combattants palestiniens ont tué de nombreux soldats, en prenant certains en otages, avant de se diriger vers les villes, villages et kibboutzim du sud et vers le festival de musique Supernova prolongé d'un jour jusqu'au 7 octobre cinq jours plus tôt.

Le site d'un festival de musique près de la frontière avec la bande de Gaza, vu le jeudi 12 octobre 2023. [AP Photo/Erik Marmor]

Selon des informations parues dans la presse israélienne, les FDI, «prises au dépourvu», ont tardé à répondre aux appels à l'aide désespérés des personnes prises dans les attaques, permettant aux combattants du Hamas et aux autres groupes palestiniens de tuer environ 1 400 personnes et de prendre 240 otages, dont des soldats, des civils, des ressortissants étrangers et un citoyen palestinien d'Israël.

Il a fallu deux semaines pour que cette histoire s’effondre.

Le 20 octobre, Ha'aretz a publié les noms et lieux de 683 Israéliens tués pendant l'insurrection palestinienne, soit environ la moitié des 1 400 morts signalés. Parmi eux, 331 étaient des soldats et des policiers, dont un grand nombre de femmes, ainsi que 13 autres membres des services de secours. (Ce nombre est depuis passé à 377 militaires et policiers et 845 civils, pour un total révisé à la baisse de 1 222. Le total initial incluait certains des Palestiniens morts). Aucune des personnes répertoriées n'était des enfants de moins de trois ans, ce qui répudiait toutes les allégations sinistres et mensongères de massacre, décapitation et, dans un cas, même de cuisson dans un four, de bébés. Sept victimes auraient entre 4 et 7 ans et neuf entre 10 et 17 ans.

Le fait qu’un si grand nombre (48 %) de la liste incomplète soient des combattants israéliens signifie que de féroces combats armés ont eu lieu entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens. Quelque 1 500 Palestiniens auraient été tués, mais aucun n'aurait été capturé vivant. Il a fallu trois jours avant que les combats ne s'arrêtent et que les FDI reprennent le contrôle.

De nombreuses sources témoignent qu'un nombre important de civils israéliens ont perdu la vie dans des tirs croisés, ou plus probablement à cause de la tristement célèbre directive Hannibal formulée lors de l'occupation du sud-Liban par Israël en 1986. La directive vise à empêcher la capture d'Israéliens par les forces ennemies, même au prix de leur vie et implique que les FDI devraient tuer des Israéliens plutôt que de les laisser tomber entre les mains du Hamas.

Le correspondant militaire de Ha'aretz, Amos Harel, a détaillé comment l'immense base militaire et les installations de coordination des activités gouvernementales dans les territoires [occupés] (COGAT) au terminal d'Erez, qui fonctionne comme le centre névralgique du siège israélien de Gaza, avaient été attaquées par des combattants palestiniens. Le commandant adjoint de l'unité a décrit comment lui et son unité de chars «se sont battus à l'intérieur du kibboutz, de maison en maison, avec les chars». « Nous n'avions pas le choix », a-t-il conclu. Ce qu'il n'a pas dit, c'est que jusqu'à récemment, lorsqu'ils ont été redéployés en Cisjordanie, des soldats FDI étaient stationnés dans tous les kibboutzim.

De nombreux soldats ayant été tués ou blessés, le commandant de l'unité avait été «contraint d'appeler à une frappe aérienne contre la base elle-même afin de repousser les terroristes». Les hélicoptères Apache des FDI ont été utilisés de façon répétée dans les jours suivants, tuant non seulement des combattants palestiniens mais aussi des militaires et des civils israéliens. Les frappes d'hélicoptères expliquent les dégâts importants causés aux bâtiments, dont beaucoup ont été incendiés, et le grand nombre de voitures incendiées, ainsi que plusieurs corps brûlés, que le gouvernement avait imputé aux Palestiniens armés de fusils et de grenades à main, des armes incapables de causer ce degré ou ce type de dommage.

Yediot Aharonoth, un média israélien, a noté dans un reportage sur les escadrons d’hélicoptères Apache que «les pilotes se sont rendu compte qu'il était extrêmement difficile de distinguer dans les avant-postes et les colonies occupées qui était un terroriste et qui était un soldat ou un civil […] La cadence de tir contre des milliers de terroristes a été intense au début, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement les cibles.»

Yasmin Porat, 44 ans, mère de trois enfants dont le compagnon a été tué, explique dans une longue interview accordée à la chaîne publique Kan, publiée sur Electronic Intifada, comment, après avoir fui le festival Supernova, elle a été capturée et retenue en otage par des militants palestiniens au kibboutz Be'eri. Elle a déclaré qu'elle avait été bien traitée, réfutant les allégations d'Israël faisant état de mauvais traitements et d'abus délibérés de la part des combattants palestiniens, ajoutant que les ravisseurs l'avaient traitée, ainsi que les autres otages, «humainement», dans la conviction qu'ils pourraient retourner à Gaza en toute sécurité car ils seraient accompagnés de leurs captifs israéliens.

Mais en l’occurrence, les soldats des FDI ont tiré non seulement sur les Palestiniens mais aussi sur les otages. Ce témoin a déclaré: «Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages. Il y a eu des tirs croisés très, très intenses. Elle a ajouté: «Après des tirs croisés insensés, deux obus de char ont été tirés sur la maison. C'est une petite maison de kibboutz, rien de grand. »

Dans The Guardian, Quique Kierszenbaum, rapporte que pendant sa visite du kibboutz Be'eri sous les auspices de l'unité de propagande de l'armée israélienne, il a constaté: «Les bâtiments ont été détruits les uns après les autres, que ce soit lors de l'assaut du Hamas ou des combats qui ont suivi, les arbres voisins ont volé en éclats, et les murs réduits à des décombres de béton, là où les chars israéliens ont bombardé les militants du Hamas dans leurs cachettes. Les étages se sont effondrés sur les étages de dessous et ainsi de suite. Les poutres des toits étaient enchevêtrées et exposées comme des cages thoraciques.»

Des témoins ont également raconté aux journalistes du New York Times et de The Economist ce qui s'est passé au kibboutz Be’eri et au kibboutz Nir Am. Essentiellement créés comme postes de défense il y a des années, tous les kibboutzim disposent de leurs propres forces armées. Tout en se concentrant sur ce que les Palestiniens avaient fait, leurs récits décrivaient également les premiers combats entre Palestiniens armés et Israéliens armés au cours desquels des civils ont été tués et d'autres civils faits prisonniers.

Des vidéos montrent des Palestiniens lors de fusillades avec les forces de sécurité israéliennes armées, tandis que des Israéliens non armés se mettent à l’abri entre les deux. D’autres vidéos montrent des combattants tirant vers des maisons et lançant des grenades sur des zones fortifiées. Des témoins oculaires ont déclaré que des grenades avaient été lancées dans des abris anti-bombes, mais on ne sait pas qui les avait lancées. Il y a eu plusieurs articles de presse faisant état d'Israéliens tués par des tirs amis, tandis que plusieurs Israéliens ont affirmé avoir été la cible de tirs de l'armée et de la police israéliennes.

L'armée israélienne traverse le site d'un festival de musique près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 12 octobre 2023. [AP Photo/Ohad Zwigenberg]

Le journaliste d’Ha'aretz Nir Hasson, a rapporté le 20 octobre sur le contenu de son entretien avec un habitant local de Be’eri, nommé Tuval, qui était absent du kibboutz au moment de l'attaque mais dont la partenaire a été tuée. Il écrit: «Selon lui, ce n’est que lundi soir et seulement après que les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – notamment le bombardement de maisons avec tous leurs occupants à l’intérieur afin d’éliminer les terroristes ainsi que les otages – que les FDI ont achevé la prise de contrôle du kibboutz. Le prix à payer fut terrible: au moins 112 personnes de Be'eri furent tuées. D'autres ont été kidnappées. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d'une mère et de son fils ont été découverts dans l'une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore sous les décombres. »

Ces derniers jours, le rapport de la police israélienne sur l'attaque contre le festival de musique Supernova, où le plus grand nombre de morts a eu lieu – 364 personnes, dont 17 policiers – et où 40 personnes ont été prises en otage, a constaté que contrairement aux affirmations du gouvernement israélien, le festival ne figurait pas sur la liste des cibles du Hamas. Le Hamas n'aurait pas pu prévoir de l'attaquer, car les organisateurs du festival avaient déménagé sur le site situé dans le désert du Néguev occidental seulement deux jours auparavant, après que le site d'origine, dans le sud d'Israël, eut été annulé. Les combattants palestiniens n’en ont eu connaissance que par hasard, après que le festival ait été prolongé d’une journée dans un délai très court. La plupart des 4 400 participants ont réussi à s'échapper avant que l'attaque n'ait lieu.

Ha'aretz a rapporté que les enquêteurs de la police ont découvert qu'un hélicoptère des FDI avait ouvert le feu sur les assaillants, touchant certains de ceux assistant au festival. ABC News avait rapporté plus tôt qu'un char israélien s'était dirigé vers le site du festival, et que des vidéos semblaient montrer les forces des FDI ouvrant le feu sur des combattants palestiniens au milieu d'une foule de civils non armés.

Ces témoignages oculaires réduisent en miettes la version officielle israélienne. Ils montrent que :

  • Les FDI ont agi comme de brutaux meurtriers de masse à la gâchette facile, tant contre les Palestiniens que contre les Israéliens.

  • De nombreux prisonniers israéliens étaient encore en vie lundi, deux jours après les événements du 7 octobre.

  • Les otages n’ont pas seulement été tués dans les tirs croisés qui ont eu lieu le 7 octobre entre les FDI et la milice palestinienne. Beaucoup ont été tués suite à la décision délibérée des FDI d'attaquer le kibboutz avec des obus de char et d'autres armes lourdes en des lieux confinés, sachant parfaitement que les otages et leurs ravisseurs s'y trouvaient.

  • C'est l’armée israélienne et non les Palestiniens qui a causé la plupart des morts civiles israéliennes qu’on a utilisées pour justifier la guerre génocidaire menée contre Gaza et le déploiement de navires de guerre américains au Moyen-Orient. Leur nombre ne pourra être confirmé qu’en publiant les résultats des autopsies qui révéleraient le type de munitions utilisées.

  • Enfin, cela explique pourquoi le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, a estimé qu’un nombre «substantiel» d’otages pris par le Hamas étaient des militaires.

Loin de protéger les civils israéliens, le gouvernement Netanyahou et les FDI les ont utilisés comme chair à canon dans la poursuite d’une politique d’expansionnisme israélien et de suprématie juive.

Netanyahou a en partie accepté une «pause opérationnelle» temporaire dans son attaque génocidaire de Gaza, en échange de la libération de 50 otages par le Hamas, pour tenter de contenir la colère grandissante en Israël concernant sa responsabilité dans les attentats du 7 octobre. Mais il n’y a aucune raison de croire que cela marchera.

Une confrontation politique avec Netanyahou et ses alliés fascistes s’annonce. Mais cela nécessite plus que de la répulsion face à ce qu’ils ont fait le 7 octobre et de l’inquiétude quant au sort des otages. Il ne s’agit pas, comme le dit l’opposition sioniste israélienne à Netanyahou, de confier les rênes à quelqu’un de plus «compétent» sur le plan militaire et politique pour organiser le meurtre de masse et le nettoyage ethnique, comme le ministre de la Défense Gallant.

Il faut exiger la fin immédiate du génocide des Palestiniens, le rejet du sionisme et la lutte pour la création d’un État multinational qui garantisse une pleine égalité à ses citoyens palestiniens et juifs, dans le cadre d’États socialistes unis du Moyen-Orient.

Les mensonges utilisés pour sanctionner le meurtre de masse et le nettoyage ethnique des Palestiniens sont régurgités par Washington, Londres, Paris et Berlin dans la poursuite de leurs propres plans visant à contrôler un Moyen-Orient riche en ressources. Ces plans font partie d'une guerre généralisée contre l'Iran, la Russie et finalement la Chine. Pour les millions de travailleurs et de jeunes qui entrent en lutte contre leurs propres gouvernements pourris en raison de leur collusion avec les bouchers sionistes, cela signifie entreprendre une lutte politique contre la marche de l'impérialisme vers la guerre, et pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 24 novembre 2023)

 

Les responsables israéliens ont mis de côté les avertissements du renseignement antérieurs au 7 octobre

 

Source : The Cradle - Le 24/11/2023.

Des rapports détaillés provenant de la frontière de Gaza qui auraient mis en garde contre une attaque imminente de la résistance ont été rejetés comme un « scénario imaginaire » 

(Crédit photo : Al-Jazeera)

 

Un officier supérieur de l’armée israélienne a qualifié de « scénario imaginaire » un avertissement détaillé préalable à l’attaque du Hamas contre l’enveloppe de Gaza du 7 octobre , ont déclaré cette semaine  deux sources bien informées au Financial Times (FT).

« Les sentinelles à la frontière entre Israël et Gaza, dont beaucoup sont des femmes soldats qui regardent et analysent un flux constant de vidéos et d'autres données recueillies près de la barrière électronique entourant l'enclave, ont envoyé un rapport détaillé quelques semaines avant l'attaque au plus haut gradé des services de renseignement de Gaza. le commandement sud », auraient déclaré les deux sources. 

 

Le rapport d'avertissement a été envoyé via un système de communication sécurisé. 

Il a déclaré que le Hamas s’entraînait pour « faire sauter les postes frontières à plusieurs endroits, entrer sur le territoire israélien et prendre le contrôle des kibboutzim », a expliqué l’une des sources. 

Les soldats ont également averti que des images vidéo montraient que le Hamas s'entraînait à faire des prisonniers. 

 

Selon ce que les sources ont déclaré au FT, un officier israélien de haut rang a répondu à l’avertissement en disant : « C’est un scénario imaginaire ». 

"Aucune mesure n'a été prise" après l'envoi de l'avertissement, a ajouté l'une des sources. 

La chaîne publique israélienne KAN a rapporté les détails d'un avertissement similaire le 23 novembre. 

Selon le rapport de la KAN, des soldats de rang inférieur ont averti leurs supérieurs d’une attaque potentielle, y compris « la possibilité qu’un avion soit abattu et que le Hamas hisse ses drapeaux sur le territoire israélien ».

 

L’ inaction est devenue un problème important dans la communauté du renseignement, alors que des discussions sur des mesures disciplinaires sont en cours. 

 

« Les avertissements ont été rejetés non seulement parce qu'ils émanaient de soldats de rang inférieur, mais aussi parce qu'ils se heurtaient à la confiance du gouvernement israélien selon laquelle il avait contenu le Hamas », ont déclaré deux des personnes proches des communications. 

 

Selon les rapports publiés depuis le début de l’opération Al-Aqsa Flood, Israël a ignoré de nombreux avertissements concernant une éventuelle attaque. 

Le Times of Israel a rapporté le 26 octobre que les avertissements émis par les soldats de surveillance de bas niveau avaient été ignorés par les officiers supérieurs pendant des mois. 

Tel Aviv aurait également ignoré les avertissements de l’Égypte, a révélé un responsable des renseignements égyptiens au début du mois. 

 

 

Le 7 octobre a-t-il été un massacre du Hamas ou d'Israël ?

Source : The Cradle - Le 24/11/2023.

 

Une cérémonie d'adieu a récemment eu lieu pour Liel Hezroni, 12 ans, une jeune Israélienne du kibboutz Beeri décédée lors de l'opération militaire des inondations d'Al-Aqsa dirigée par le

Hamas le 7 octobre. Il n’y a pas eu d’enterrement traditionnel, juste une cérémonie, car son corps

n’a jamais été retrouvé.

Les responsables israéliens ont initialement affirmé que la résistance palestinienne avait tué

1 400 Israéliens ce jour-là, dont 112 à Beeri. Bien que Liel soit décédée lors du « jour le plus

sombre d'Israël », aucun représentant du gouvernement n'a assisté à la cérémonie d'adieu pour présenter ses condoléances à sa famille. Le gouvernement israélien n’a pas non plus enquêté

sur sa mort ni révélé à ses proches les circonstances de sa mort.

En effet, Leil n’a probablement pas été tué par le Hamas, mais par l’armée israélienne.

Liel est mort lorsque les forces militaires israéliennes ont tiré deux obus de char sur une maison

à Beeri qui détenait 15 otages israéliens et les 40 combattants du Hamas qui les avaient faits prisonniers. 

Yasmin Porat, 44 ans, est l’une des deux Israéliennes à avoir survécu à l’incident. Elle est restée plusieurs heures avec Liel et d’autres otages dans la maison, gardée, dit-elle, par des combattants

qui les ont traités « humainement » et dont « l’objectif était de nous kidnapper à Gaza ». Pas pour

nous assassiner.

La révélation explosive de Porat a été que lorsque les forces israéliennes sont arrivées, « elles

ont éliminé tout le monde, y compris les otages », a déclaré la mère de trois enfants à  Kan . "Il y

a eu des tirs croisés très, très intenses."

Le rôle des forces israéliennes dans l'attaque du festival de musique

Une enquête officielle de la police israélienne sur l’attaque du festival de musique Nova, près de

la frontière avec Gaza, vient s’ajouter aux affirmations croissantes selon lesquelles l’armée aurait

tué des civils. Le récit initial d’un massacre de 260 Israéliens dirigé par le Hamas est rapidement démystifié alors que les citoyens israéliens exigent des enquêtes et davantage d’informations. 

Selon Haaretz , une source policière a révélé qu'un hélicoptère de combat israélien, à son arrivée,

avait non seulement visé les combattants du Hamas mais avait également tiré sur les Israéliens présents au festival. Le bilan de la police a désormais ajusté le bilan du festival à 364 victimes.

Un rapport du Yedioth Ahronoth du 15 octobre suggérait que le Hamas rendait intentionnellement difficile aux pilotes de les distinguer des Israéliens en s'habillant en civil. Ceci, affirme-t-on, a fait

hésiter les pilotes à attaquer des cibles au sol au début, mais ils ont rapidement commencé à tirer

sans discernement : 

"Au début, la cadence de tir contre les milliers de terroristes était énorme, et ce n'est qu'à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement la cible."

La volonté des forces d’occupation de déployer ainsi une puissance de feu écrasante contribue à expliquer le bilan élevé des morts le 7 octobre. Cela met également en lumière la divergence

flagrante entre deux récits – l’un, celui d’un Hamas meurtrier et à la gâchette facile qui a tué des centaines de personnes « sans discernement », et l’autre, celui de combattants palestiniens qui

ont traité les captifs « humainement ».

Le porte-parole du gouvernement israélien, Mark Regev, a admis dans une interview la semaine dernière sur MSNBC que le décompte initial de 1 400 Israéliens tués lors de l’opération de

résistance était une erreur. Le décompte révisé a ramené ce nombre à 1 200. 

Nous avons « surestimé, nous avons commis une erreur », a déclaré Regev. "Il y avait en fait des

corps qui étaient si gravement brûlés qu'on pensait qu'ils étaient les nôtres. En fin de compte,

apparemment, c'étaient des terroristes du Hamas."

Si quelque 200 combattants du Hamas et Palestiniens ont été si gravement brûlés par les tirs de

chars et d’hélicoptères qu’ils n’ont pas pu être identifiés, la logique voudrait que de nombreux

Israéliens aient connu le même sort. Cela peut également expliquer pourquoi il ne restait plus rien

du corps de Liel Herzoni à enterrer lors de sa cérémonie d'adieu.

Des trous dans le récit de Tel Aviv 

Hadas Dagan, l’autre témoin oculaire de l’événement au cours duquel Liel a été tué, a également confirmé que lorsque le char israélien est arrivé, deux obus ont été tirés, puis « il y a

eu un silence complet ». Non seulement Liel, mais aussi son frère Yanai et leur tante Ayla, qui les

a élevés, ont péri dans la maison.

Un article de Haaretz du 20 octobre a corroboré les déclarations de deux témoins selon lesquelles

les forces israéliennes avaient bombardé des maisons à Beeri et tué les détenus israéliens à l'intérieur. Le journaliste Nir Hasson rapporte que selon un habitant de Be'eri nommé Tuval

Escapa, dont le partenaire a été tué dans l'attaque, il s'agissait de :

« Ce n'est qu'après que les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – notamment le bombardement de maisons avec leurs occupants à l'intérieur pour éliminer les terroristes ainsi que les otages – que Tsahal [l'armée israélienne] a achevé la prise du kibboutz. Le prix était horrible. Au moins 112 personnes de Beeri ont été tuées.

Le rapport de Haaretz note en outre que « 11 jours après le massacre, les corps d'une mère et de

son fils ont été découverts dans l'une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore dans les décombres.

Questions sans réponse 

Le 15 novembre, Keren Neubach, journaliste et présentatrice de télévision pour la chaîne israélienne Kan , s'est entretenue  avec Omri Shafroni, membre du kibboutz Beeri et proche de Liel. Omri ne sait toujours pas exactement comment Liel a été tué :

"Je n'exclus pas la possibilité que Liel et d'autres aient été tués par les tirs de Tsahal [armée israélienne]. Il se pourrait qu'ils soient morts à cause des tirs des terroristes, ou il se pourrait qu'ils soient morts à cause des tirs de Tsahal, car il y avait un "Des échanges de tirs très violents. Je ne sais pas et je ne veux pas simplement le dire."

Mais il est furieux que le gouvernement israélien refuse d'enquêter sur ce qui s'est passé à Beeri

ce jour-là, malgré les témoignages qui ont émergé.

"Nous savons ce que Yasmin a dit depuis plus d'un mois, nous l'avons entendu de Yasmin et

Hadas et de nos gens du kibboutz dont les proches ont été tués là-bas. Mais aucun responsable

n'est venu nous dire ce qui s'est passé dans cette maison", déplore Omri : 

«Il me paraît très étrange que jusqu'à présent nous n'ayons pas mené d'enquête opérationnelle sur un événement au cours duquel 13 otages auraient été assassinés et qu'aucune négociation n'ait eu lieu. Peut-être qu'un ordre a été reçu selon lequel il est impossible de négocier dans ces conditions ? Je ne sais pas, mais jusqu'à présent, nous n'avons mené aucune enquête opérationnelle. Et personne n’est là pour nous parler de ce qui s’est passé lors de l’événement.

Si l’ordre était effectivement reçu de ne pas négocier et de tirer des obus de char sur une maison remplie de colons israéliens, cela signifierait que les dirigeants militaires israéliens auraient

demandé aux commandants sur le terrain de mettre en œuvre la controversée « directive

Hannibal » .

Une force extrême pour des fins extrêmes 

Le Times of Israel a décrit comment la « directive permet aux soldats d’utiliser une force potentiellement massive pour empêcher un soldat de tomber entre les mains de l’ennemi. 

Cela inclut la possibilité de mettre en danger la vie du soldat en question afin d’empêcher sa

capture.

"Certains officiers, cependant, comprennent que cet ordre signifie que les soldats doivent

délibérément tuer leur camarade pour éviter qu'il ne soit fait prisonnier", ajoute le journal.

Une enquête de Haaretz sur la directive a conclu en outre que « du point de vue de l’armée,

un soldat mort vaut mieux qu’un soldat captif qui souffre lui-même et oblige l’État à libérer

des milliers de captifs afin d’obtenir sa libération ».

Dans le passé, les commandants israéliens ont été confrontés à des situations dans lesquelles

un seul soldat était fait prisonnier. Mais tout a changé le 7 octobre, lorsque leur armée a été

confrontée à une situation sans précédent et inhabituelle dans laquelle des centaines d’Israéliens

ont été emmenés comme prisonniers de guerre dans la bande de Gaza, densément peuplée. 

Dans une interview accordée à Haaretz le 15 novembre, le colonel de réserve de l'armée de l'air israélienne Nof Erez suggère que l'armée a porté la directive Hannibal à un nouveau niveau

lorsque leurs hélicoptères Apache sont arrivés sur les lieux : 

« Ce que nous avons vu ici, c'était la « messe Hannibal ». Il y avait de nombreuses ouvertures dans la clôture, des milliers de personnes dans de nombreux véhicules différents, avec ou sans otages.

Une couverture pour le génocide 

Il est peu probable qu’une enquête officielle sur le meurtre de Liel Hezroni et des près de 1 200

autres Israéliens tués à ses côtés ait lieu prochainement, voire pas du tout.

À la suite des inondations d'Al-Aqsa, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été

fortement critiqué pour les échecs des services de renseignement qui ont permis le succès de la résistance palestinienne. Il a promis une enquête mais refuse de l'entreprendre avant la fin de la guerre.

Si une enquête avait lieu, elle révélerait probablement que Netanyahu et d’autres dirigeants

israéliens estiment qu’une jeune Israélienne de 12 ans morte vaut mieux qu’une jeune Israélienne

de 12 ans emprisonnée.

Pourtant, une triste constatation émerge également : un Liel Herzoni sans vie a potentiellement

été exploité pour rationaliser la déshumanisation des 2,3 millions de Palestiniens de Gaza, dont

plus d'un million d'enfants, les qualifiant d'« animaux humains » et fournissant un prétexte aux 

actions impitoyables et génocidaires d'Israël. le monde en a été témoin sur les réseaux sociaux au cours des six dernières semaines. 

Depuis le 7 octobre, Israël a bombardé sans discernement Gaza, dirigeant ses attaques vers des maisons, des mosquées, des églises, des hôpitaux et des écoles. Cette attaque incessante a

entraîné la perte tragique de plus de 14 000 Palestiniens, dont plus de 5 000 enfants. 

Au milieu de cette attaque sans précédent, on est obligé de se demander : Si Israël montre peu de respect pour la vie de ses propres colons-citoyens, quel espoir reste-t-il pour la population palestinienne opprimée alors qu’elle subit une offensive alimentée par une agression motivée par

la rage ? 

Tout cela est « justifié », bien sûr, par un «massacre du Hamas» qui n’a peut-être jamais eu

lieu.

 

Haaretz : Le 7 octobre, un hélicoptère Apache israélien a tué de nombreux civils à la rave party

 Source : Le Cri des Peuples - Le 19/11/2023.

Selon les services de sécurité israéliens, le Hamas n’avait probablement pas connaissance à l’avance du festival Nova

De hauts responsables de la sécurité israélienne estiment que le Hamas a appris l’existence du festival de musique Nova par l’intermédiaire de drones ou de personnes volant en parachute, et qu’il a dirigé les terroristes vers ce lieu en utilisant leur système de communication.

Par Josh Breiner

Source : Haaretz, le 18 novembre 2023

Traduction : lecridespeuples.fr

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La forêt où s’est déroulée la fête Nova, dans le désert du Néguev, près du kibboutz Reim, en octobre.

L’establishment sécuritaire israélien estime de plus en plus que les terroristes du Hamas qui ont commis le massacre du 7 octobre n’avaient pas connaissance à l’avance du festival de musique Nova organisé à côté du kibboutz Re’im, et qu’ils ont décidé de cibler la fête de manière spontanée. Selon la police, 364 personnes ont été assassinées lors du festival.

Voir Massacres du Hamas, tirs amis israéliens ou directive Hannibal ? La vérité sur le 7 octobre

Ce bilan s’appuie notamment sur les interrogatoires des terroristes et sur l’enquête menée par la police sur l’incident, qui révèlent que les terroristes avaient l’intention d’infiltrer Re’im et d’autres kibboutzim proches de la frontière de Gaza.

Selon une source policière, l’enquête indique également qu’un hélicoptère de combat de l’armée israélienne qui est arrivé sur les lieux et a tiré sur les terroristes a apparemment également touché des participants au festival.

 

 

 

De hauts responsables des services de sécurité estiment que le Hamas a appris l’existence de la fête par l’intermédiaire de drones ou de parachutes, et qu’il a dirigé les terroristes vers le lieu de l’attentat grâce à son système de communication. Dans une vidéo provenant de la caméra corporelle d’un des terroristes, on l’entend demander à un citoyen capturé de lui indiquer la direction à prendre pour se rendre à Re’im.

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Voitures appartenant à des participants à la rave party du désert « Nova ».

Selon la police et d’autres hauts responsables des services de sécurité, l’une des constatations renforçant cette évaluation est que les premiers terroristes sont arrivés sur les lieux par la route 232, et non depuis la direction de la frontière.

En outre, selon des sources policières, la fête était initialement prévue pour le jeudi et le vendredi ; un jour supplémentaire, le samedi, n’a été ajouté que le mardi de cette semaine-là, à la demande des organisateurs. Ce changement de dernière minute renforce l’hypothèse selon laquelle le Hamas n’était pas au courant de l’événement.

 

 

 

« Selon nos estimations, quelque 4 400 personnes ont participé à l’événement, dont la grande majorité a réussi à s’enfuir après la décision de dispersion prise quatre minutes après l’attaque à la roquette », a déclaré une source policière de haut rang.

L’analyse de la police montre que de nombreux participants au festival ont réussi à fuir parce qu’il avait été décidé de mettre fin à la fête une demi-heure avant que les premiers coups de feu ne soient entendus. 

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Chirac à Netanyahou : «Je ne crois pas un mot qui sort de votre bouche, toute votre politique consiste à provoquer les Palestiniens»

Quand Chirac, Obama et Sarkozy, chacun à sa manière, traitaient Netanyahou de menteur. Bien sûr, ces remarques désobligeantes n’existent plus en UE, puisque le jeu consiste désormais, pour les politiciens, à se prosterner devant les lobbies pro-Israël pour s’attirer les faveurs des médias qu’ils contrôlent, en vue des prochaines élections. C’est hélas aussi simple que ça …

Dominique Delawarde

*

par Aguellid

Sarkozy à Obama : – «Netanyahou est un menteur et je ne peux plus le supporter». Obama lui répond : – «Tu en as marre de lui, mais moi je dois traiter avec lui tous les jours».

Simple, clair et définitif : Netanyahou est un voyou, un criminel de guerre. Le reste n’est que bla bla…

 

Les parlementaires irlandais semblent beaucoup moins sous influence sioniste que les nôtres :

 

 

YouTube video

Général Dominique Delawarde

source : Le Libre Penseur

Gaza : Une pause avant la tempête

Source : RzO International - Le 24/11/2023.

par Pepe Escobar

Les États-Unis et leurs alliés continueront à soutenir la guerre d’Israël contre Gaza après une brève trêve. Mais à mesure que les arguments en faveur du «génocide» se renforcent, les nouvelles puissances multipolaires devront affronter les anciens hégémons et leur chaos fondé sur des règles.

Alors que le monde crie au «génocide israélien», la Maison-Blanche de Biden se félicite de la prochaine trêve à Gaza qu’elle a contribué à négocier, comme si elle était en fait «sur le point» de remporter sa «plus grande victoire diplomatique».

Derrière ces discours d’autosatisfaction, l’administration américaine n’est pas du tout «méfiante à l’égard de la finalité de Netanyahou», elle l’approuve totalement – génocide compris – comme convenu à la Maison-Blanche moins de trois semaines avant le Déluge d’Al-Aqsa, lors d’une réunion du 20 septembre entre le président israélien Benjamin Netanyahou et les manipulateurs de Joe «La Momie» Biden.

La «trêve» négociée par les États-Unis et le Qatar, qui est censée entrer en vigueur cette semaine, n’est pas un cessez-le-feu. Il s’agit d’une opération de relations publiques visant à adoucir le génocide israélien et à remonter le moral des troupes en obtenant la libération de quelques dizaines de captifs. En outre, l’histoire montre qu’Israël ne respecte jamais les cessez-le-feu.

Comme on pouvait s’y attendre, ce qui inquiète vraiment l’administration américaine, c’est la «conséquence involontaire» de la trêve, qui «permettra aux journalistes d’avoir un accès plus large à Gaza et d’éclairer davantage la dévastation qui s’y produit et de retourner l’opinion publique contre Israël».

De vrais journalistes travaillent à Gaza 24/7, depuis le 7 octobre. Des dizaines d’entre eux ont été tués par la machine militaire israélienne dans ce que Reporters Sans Frontières appelle «l’un des bilans les plus meurtriers depuis un siècle».

Ces journalistes n’ont pas ménagé leurs efforts pour «éclairer la dévastation», un euphémisme pour désigner le génocide en cours, montré dans tous ses détails horribles au monde entier.

Même l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), lui-même attaqué sans relâche par Israël, a révélé – un peu docilement – qu’il s’agissait du «plus grand déplacement depuis 1948», d’un «exode» de la population palestinienne, la jeune génération étant «forcée de vivre les traumatismes de ses ancêtres ou de ses parents».

Quant à l’opinion publique dans tout le Sud mondial/Majorité mondiale, elle s’est «retournée» il y a longtemps contre l’extrémisme sioniste. Mais maintenant, la Minorité mondiale – les populations de l’Occident collectif – voient avec ravissement, horrifiés et amers qu’en seulement six semaines, les médias sociaux les ont révélés à ce que les médias grand public ont caché pendant des décennies. Il n’y aura pas de retour en arrière possible maintenant que la lumière est faite.

Un ancien État de l’apartheid ouvre la voie

Le gouvernement sud-africain a ouvert la voie, au niveau mondial, à une réaction appropriée face à un génocide en cours : Le parlement a voté la fermeture de l’ambassade d’Israël, l’expulsion de l’ambassadeur israélien et la rupture des liens diplomatiques avec Tel-Aviv. Les Sud-Africains connaissent bien l’apartheid.

Comme d’autres critiques d’Israël, ils feraient bien de se méfier davantage à l’avenir. On peut s’attendre à tout : Une épidémie de faux drapeaux «terra terra terra» menés par des services de renseignements étrangers, des catastrophes climatiques provoquées artificiellement, de fausses accusations de «violation des droits de l’homme», l’effondrement de la monnaie nationale, le rand, des cas de guerre juridique, des apoplexies atlantistes diverses, le sabotage de l’infrastructure énergétique. Et bien d’autres choses encore. 

Plusieurs pays auraient déjà dû invoquer la Convention sur le génocide, étant donné que les politiciens et les fonctionnaires israéliens se sont vantés, officiellement, de raser Gaza et d’assiéger, d’affamer, de tuer et de transférer en masse sa population palestinienne. Aucun acteur géopolitique n’a osé jusqu’à présent.

L’Afrique du Sud, pour sa part, a eu le courage d’aller là où peu d’États musulmans et arabes se sont aventurés. En l’état actuel des choses, une grande partie du monde arabe – en particulier les États clients des États-Unis – se trouve toujours en territoire de marécage rhétorique.

La «trêve» négociée par le Qatar est arrivée au bon moment pour Washington. Elle a volé la vedette à la délégation des ministres des Affaires étrangères islamiques/arabes en tournée dans certaines capitales pour promouvoir leur plan en faveur d’un cessez-le-feu total à Gaza – et de négociations en vue de la création d’un État palestinien indépendant.

Ce groupe de contact pour Gaza, réunissant l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie, la Turquie, l’Indonésie, le Nigéria et la Palestine, s’est d’abord arrêté à Pékin, où il a rencontré le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, puis à Moscou, où il a rencontré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Il s’agissait sans aucun doute d’un exemple de BRICS 11 déjà en action – avant même qu’ils ne commencent leurs activités le 1er janvier 2024, sous la présidence russe. 

La réunion avec Lavrov à Moscou s’est tenue en même temps qu’une session extraordinaire en ligne des BRICS sur la Palestine, convoquée par l’actuelle présidence sud-africaine. Le président Raïssi de l’Iran, dont le pays dirige l’Axe de résistance de la région et refuse toute relation avec Israël, a soutenu les initiatives sud-africaines et a appelé les États membres des BRICS à utiliser tous les outils politiques et économiques disponibles pour faire pression sur Tel-Aviv.

Il était également important d’entendre le président chinois Xi Jinping lui-même dire qu’«il ne peut y avoir de sécurité au Moyen-Orient sans une solution juste à la question de la Palestine».

Xi a souligné une fois de plus la nécessité d’une «solution à deux États», de la «restauration des droits nationaux légitimes de la Palestine» et de «l’établissement d’un État indépendant de Palestine». Tout cela devrait commencer par une conférence internationale.

Rien de tout cela n’est suffisant à ce stade – ni cette trêve temporaire, ni la promesse d’une future négociation. L’administration américaine, elle-même aux prises avec une réaction mondiale inattendue, a, au mieux, fait un bras de fer avec Tel-Aviv pour décréter une courte «pause» dans le génocide. Cela signifie que le carnage se poursuit après quelques jours.

Si cette trêve avait été un véritable «cessez-le-feu», dans lequel toutes les hostilités se seraient arrêtées et la machine de guerre israélienne se serait entièrement désengagée de la bande de Gaza, les options pour le lendemain seraient encore assez sombres. John Mearsheimer, spécialiste de la Realpolitik, a déjà tranché : Une solution négociée pour Israël-Palestine est impossible.

Il suffit de jeter un coup d’œil rapide à la carte actuelle pour démontrer graphiquement que la solution à deux États – préconisée par tous, de la Chine à la Russie en passant par une grande partie du monde arabe – est morte. Un ensemble de bantoustans isolés ne pourra jamais former un État. 

Saisissons tout leur gaz

Des bruits tonitruants ont couru à travers tout le spectre : Avec l’avènement de plus en plus proche du pétroyuan, les Américains ont cruellement besoin de l’énergie de la Méditerranée orientale achetée et vendue en dollars américains – notamment les vastes réserves de gaz au large de la côte de Gaza.

C’est ainsi que le conseiller en sécurité énergétique de l’administration américaine a été déployé en Israël pour «discuter des plans potentiels de revitalisation économique de Gaza centrés sur les gisements de gaz naturel offshore non exploités» : Quel bel euphémisme.

Mais si le gaz de Gaza est effectivement un vecteur crucial, Gaza, le territoire, est une nuisance. Ce qui compte vraiment pour Tel-Aviv, c’est de confisquer toutes les réserves de gaz palestiniennes et de les attribuer à de futurs clients préférentiels : L’UE.

Le corridor Inde-Moyen-Orient (IMEC) – en fait le corridor UE-Israël-Arabie saoudite-Émirats-Inde – a été conçu par Washington comme le véhicule parfait pour qu’Israël devienne une puissance énergétique de carrefour. Il s’agit d’un partenariat énergétique entre les États-Unis et Israël, négocié en dollars américains, qui remplacerait l’énergie russe vers l’UE et mettrait un terme à une éventuelle augmentation des exportations d’énergie iranienne vers l’Europe. 

Nous revenons ici au principal échiquier du XXIe siècle : L’hégémon contre les BRICS.

Jusqu’à présent, Pékin a entretenu des relations stables avec Tel-Aviv, en investissant massivement dans les industries de haute technologie et les infrastructures israéliennes. Mais le pilonnage de Gaza par Israël pourrait changer la donne : Aucun véritable souverain ne peut se prémunir contre un véritable génocide. 

Parallèlement, quoi que l’Hégémon puisse inventer dans ses divers scénarios de guerre hybride et chaude contre les BRICS, la Chine et son Initiative Ceinture et Route (BRI) de plusieurs trillions de dollars, cela ne modifiera pas la trajectoire rationnelle et stratégiquement formulée de Pékin.  

Cette analyse d’Eric Li est tout ce qu’il faut savoir sur ce qui nous attend. Pékin a tracé toutes les routes technologiques pertinentes à suivre dans les plans quinquennaux successifs, jusqu’en 2035. Dans ce cadre, la BRI doit être considérée comme une sorte d’ONU géoéconomique sans le G7. Si vous êtes en dehors de la BRI – et cela concerne, dans une large mesure, les anciens systèmes compradores et les élites – vous vous isolez du Sud mondial/Majorité mondiale.

Que reste-t-il donc de cette «pause» à Gaza ? La semaine prochaine, les lâches soutenus par l’Occident reprendront leur génocide contre les femmes et les enfants, et ils ne s’arrêteront pas avant un bon moment. La résistance palestinienne et les 800 000 civils palestiniens qui vivent encore dans le nord de Gaza – désormais encerclé de toutes parts par les troupes et les véhicules blindés israéliens – prouvent qu’ils sont désireux et capables de porter le fardeau de la lutte contre l’oppresseur israélien, non seulement pour la Palestine, mais aussi pour tous ceux qui ont une conscience, partout dans le monde.

Malgré le terrible prix à payer en sang, il y aura finalement une récompense : L’éviscération lente mais sûre de la construction impériale au Moyen-Orient.

Aucun récit des médias grand public, aucune opération de relations publiques visant à atténuer le génocide, aucune tentative de contenir le «retournement de l’opinion publique contre Israël» ne pourra jamais couvrir les crimes de guerre en série perpétrés par Israël et ses alliés dans la bande de Gaza. C’est peut-être exactement ce que le docteur – métaphysique ou autre – a ordonné pour l’humanité : Une tragédie mondiale impérative, dont tout le monde doit être témoin, et qui nous transformera tous.

Pepe Escobar

source : The Cradle

traduction Réseau International

Israël essaie de repousser le début du cessez-le-feu

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 23/11/2023.

 

Pourquoi les Etats-Unis ont imposé à Netanyahu un cessez-le feu et un échange de prisonniers

Le gouvernement israélien se débat dans le piège en train de se refermer sur lui. Le cessez-le-feu aurait dû commencer hier 22 novembre. Puis le matin du 23 novembre à 10h. Aux dernières informations, des négociations seraient toujours en cours et la trêve ne commencerait que vendredi. En réalité, le gouvernement israélien essaie de gagner du temps, parce qu’il sait qu’il sera difficile de reprendre la guerre “comme avant” après le cessez-le-feu.

Déclaration de Benjamin Netanyahu

Benjamin Netanyahu a pris la parole mercredi 22 novembre au soir pour motiver officiellement l’acceptation d’un cessez-le-feu :

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a déclaré mercredi soir que l’échange d’otages prévu avec le Hamas n’inclurait pas la libération des Palestiniens condamnés pour avoir tué des Israéliens.

Lors d’une conférence de presse, Netanyahu a également fait savoir, que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) serait autorisé à rendre visite aux autres captifs de Gaza pour leur fournir des médicaments.

Il a décrit la libération des captifs israéliens détenus à Gaza comme une “mission sacrée” pour justifier l’accord avec le Hamas conclu avec la médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis.

Netanyahu a également indiqué que l’ensemble de l’institution sécuritaire israélienne soutenait l’accord visant à garantir la libération des captifs de Gaza, affirmant qu’un tel arrangement ne nuirait pas aux objectifs militaires israéliens dans l’enclave assiégée.

Mercredi matin, le ministère qatari des Affaires étrangères a annoncé qu’un accord sur une pause humanitaire de quatre jours avait été conclu entre Israël et le Hamas.

L’accord négocié par le Qatar suggère que l’accord comprendrait une pause de quatre jours dans les combats, l’entrée de 300 camions chargés d’aide humanitaire, y compris du carburant, dans la bande de Gaza et la libération de 50 Israéliens détenus par le Hamas en échange de 150 détenus palestiniens, dans les prisons israéliennes.

L’accord permet également une prolongation de la pause et la libération potentielle d’un plus grand nombre d’enfants et de femmes détenus par les deux parties.

aa.tr.com, 23.11.2023

Tel-Aviv et Tsahal essaient de gagner du temps

Selon le Times of Israel:

Le président du Conseil national de sécurité, Tzachi Hanegbi, a annoncé que les premiers otages ne seraient libérés que vendredi, un retard apparent à ce qui était initialement prévu.

Un haut responsable du Hamas, Moussa Abu Marzouk, avait déclaré plus tôt dans la journée que l’accord entrerait en vigueur jeudi à 10h du matin. Quelques heures plus tard, un haut responsable israélien s’adressant aux médias sous couvert d’anonymat l’avait confirmé.

Mais Hanegbi, dans sa dernière déclaration, a affirmé que « les négociations pour la libération de nos otages progressaient constamment ».

« La libération débutera conformément à l’accord initial entre les parties, et pas avant vendredi », a-t-il ajouté.

Times of Israël, 22.11.2023

On comprend bien les motivations israéliennes.inavouées : Profiter du laps de temps jusqu’à l’entrée en vigueur du cessez-le-feu pour tâcher d’observer les mouvements des combattants palestiniens et localiser les otages – éventuellement les libérer par la force.

Il s’agit aussi – surtout ? – de pousser le plus loin possible l’avantage (éventuel) de l’armée israélienne car il est évident qu’il sera difficile de reprendre la guerre “comme avant” une fois le cessez-le-feu en vigueur.

Nous expliquions hier que c’est le gouvernement américain qui a contraint Tel-Aviv à un cessez-le-feu. Selon un réflexe habituel, Benjamin Netanyahu essaie d’échapper autant que possible à la contrainte imposée. Et, pourquoi pas, faire échouer le cessez-le-feu.

La guerre des six fronts

Selon “Rybar in English”:

Avant l’instauration de la trêve, les FDI ont pu étendre leur zone de contrôle à la périphérie nord de l’enclave palestinienne. Les Israéliens ont finalement pris pied dans l’hôpital indonésien, à la périphérie est de Jabaliya, mais il n’est pas encore question d’encercler la zone.

▪️ Pendant ce temps, les factions palestiniennes continuent d’attaquer Tsahal dans les territoires précédemment occupés. Plusieurs escarmouches ont eu lieu près de Juhr ad-Dik et de l’hôpital Al-Wafa, mais les militants n’ont pas réussi à repousser les Israéliens.

▪️ Les affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens se poursuivent en Cisjordanie. Les affrontements les plus violents ont eu lieu à Tulkarm, où les FDI ont utilisé des avions sans pilote pour tuer des militants et attaquer les maisons des résidents locaux.

▪️ Les échanges de coups entre le Hezbollah et Israël se poursuivent à la frontière israélo-libanaise. Après l’instauration de la trêve à Gaza, leur intensité a quelque peu diminué, mais le nombre d’attaques reste élevé.

▪️ Les mandataires iraniens ont à nouveau attaqué des cibles militaires américaines sur les territoires irakien et syrien. En Irak, les cibles étaient les bases d’Ain al-Assad et de Harir, et en Syrie – Al-Shaddadi dans le nord-est du pays.

▪️ Le 22 novembre, l’aviation israélienne a de nouveau lancé des frappes sur la périphérie de Damas. L’infrastructure mandataire iranienne en Syrie a également été vraisemblablement visée

https://t.me/rybar_in_english
Regardez notre journal télévisé hebdomadaire: “Chaos Global”:

 

Pourquoi l’Afrique a-t-elle tourné le dos à Israël ?

Source : Le Courrier des Stratèges - Lez 23/11/2023.

 

Pourquoi l’Afrique a-t-elle tourné le dos à Israël ? Par Evgeny Krutikov

Décidément, tout ne va pas bien pour Israël. Le Parlement de la République d’Afrique du Sud a voté la rupture des relations diplomatiques avec ce pays en guerre contre les Palestiniens. Ce faisant, l’Afrique du Sud est devenue le premier pays africain et des BRICS à prendre une mesure anti-israélienne aussi radicale. La raison en est, entre autres, l’histoire très mouvementée des relations entre les Africains, les Juifs et l’État hébreux depuis l’époque de la guerre froide et de l’apartheid, et même bien avant.


Cet article initialement publié sur le site vz.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

 

Le vote a été initié par le parti d’extrême gauche des Combattants de la liberté économique. Bien qu’il soit considéré comme oppositionnel et qu’il s’inspire de positions trotskystes-maoïstes radicales (« tuer les blancs, emporter les terres »), il est secrètement soutenu par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), bien plus respectable. Cependant, un autre parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), s’est opposé à la rupture des relations avec Israël. Si le mot « démocratique » figure dans le nom d’un parti, son orientation est aujourd’hui immédiatement évidente. Le « OUI » s’exprime à partir de positions pro-occidentales. Ce sont ces mêmes personnalités qui ont exigé l’arrestation de Vladimir Poutine sur la base d’un mandat de la soi-disant Cour pénale internationale (CPI). Autrement dit, la situation est claire.

Ramaphosa veut jouer un rôle d’artisan de la paix mondiale en s’appuyant sur l’ONU

Auparavant, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait qualifié de « génocide » ce qui se passait au Moyen-Orient et avait intenté une action en justice devant la CPI contre Israël pour de potentiels crimes de guerre. Les diplomates sud-africains ont d’ailleurs déjà quitté Tel-Aviv il y a un mois, et la décision parlementaire actuelle consolide la situation de facto qui s’est développée. De plus, « rappeler l’ambassadeur », par exemple pour des consultations, est une chose, mais rompre les relations diplomatiques et fermer l’ambassade en est une autre. C’est une position totalement différente.

Cependant, Ramaphosa tente de ne pas surenchérir. Il avait d’ailleurs condamné les atrocités commises par le Hamas le premier jour de la guerre et les meurtres de civils. Le président sud-africain a proposé un plan en sept points pour un règlement au Moyen-Orient. Au fond, bien sûr, ce sont des vœux difficiles à mettre en œuvre en utilisant les outils de l’ONU, auxquels Ramaphosa croit toujours. Mais le président sud-africain a réellement décidé de jouer le rôle d’un artisan de la paix internationale.

Néanmoins, la rupture des relations diplomatiques avec l’une des parties en conflit ne contribue pas à négocier un règlement. L’ancienne Union soviétique en a fait l’expérience. Dans des circonstances similaires, elle avait rompu ses relations avec Israël et avait perdu ainsi l’occasion de l’influencer. 

Auparavant, l’Afrique du Sud avait déjà rappelé son ambassadeur d’Israël en 2018 en réponse à l’escalade en Cisjordanie. Mais aujourd’hui, Ramaphosa vient soudainement de se rappeler que l’Afrique du Sud préside désormais les BRICS. Il a donc suggéré que cette organisation pourrait jouer aussi un rôle de médiateur. Et ce serait une première, puisque les BRICS se positionnaient auparavant exclusivement comme une union économique.

Les Juifs et l’Afrique : un historique de relations difficiles

L’Afrique du Sud a généralement une histoire très riche et mouvementée en matière de relations avec Israël en tant qu’État et avec les Juifs en général. Il est peu probable que le peuple juif ait joué un rôle aussi actif dans l’histoire d’un autre pays (à l’exception de la Russie, bien sûr). Deux rôles à la fois : négatifs et positifs, bien que ce jugement dépende en fait des opinions politiques de l’observateur.

Il y a cent ans, dans les républiques boers du Transvaal et de l’État libre d’Orange, les Juifs n’étaient pas les bienvenus. Personne n’y était le bienvenu d’ailleurs, à l’exception des Boers protestants. Il était interdit aux catholiques et aux juifs d’être élus où que ce soit, d’entrer dans la fonction publique, de posséder des terres et de servir dans la milice. Les juifs étaient assimilés aux « Uitlanders », c’est-à-dire aux « non-résidents », aux « roturiers », que les Boers ne considéraient pas comme des personnes. Dans le même temps, les Juifs, qui étaient alors peu nombreux en Afrique australe, jouaient encore un rôle économique important. À titre d’exemple, ce sont surtout les Juifs qui ont eu l’idée d’élever des autruches.

Les Britanniques, après avoir dispersé le Transvaal et le SOG, ont formellement égalisé les droits de chacun. Tout cela s’est produit lorsque l’on a exploité le diamant et puis l’or. Un flot de personnes du monde entier afflua vers l’Afrique du Sud. En 1914, le nombre de Juifs en Afrique du Sud atteignait 40.000 et, pour une raison quelconque, cette migration provenait exclusivement de Lituanie et en partie de la Lettonie moderne. Les Juifs ont emménagé dans des villes entières et, en Afrique du Sud, ils ont également continué à vivre de manière groupée. Les Boers appelaient ces colonies « villages lituaniens » et Johannesburg s’appelait Jewburg. La plupart d’entre eux parlaient exclusivement le yiddish, ce qui permettait aux nouveaux colons de passer facilement à l’afrikaans apparenté.

C’est durant cette période que la communauté juive d’Afrique du Sud s’est impliquée activement dans la vie économique et politique du pays. Depuis, la famille Oppenheimer a hérité du poste de président du conseil d’administration de DeBeers, le plus grand producteur de diamants au monde.

Une forte immigration juive en Afrique du Sud à partir des pays baltes

Mais il ne suffit pas de trouver un diamant, il faut le vendre. Et les Oppenheimer ont créé une organisation appelée Central Selling Organization (CSO), alias le Syndicat, qui contrôle actuellement 90% des ventes de diamants sur le marché mondial. Le fait est qu’un diamant de bijouterie, c’est-à-dire un simple diamant, n’a aucun sens en soi. Cela plaît à l’œil féminin et rien de plus. Il est donc nécessaire de limiter manuellement leur nombre sur le marché afin de maintenir le rôle des diamants comme bijoux les plus chers. C’est ce que font l’Oppenheimer CSO et la Tel-Aviv Diamond Exchange, affiliées à cette organisation, avec une succursale à Amsterdam. Et c’est le seul exemple clairement documenté d’une conspiration juive mondiale.

En 1930, le gouvernement de l’Union sud-africaine avait adopté la loi sur les quotas et, en 1937, une nouvelle loi sur les étrangers qui interdisait complètement l’émigration juive. En Afrique du Sud, parallèlement à la montée du sentiment profasciste parmi les Boers, l’antisémitisme s’est également accru. Les Juifs se sentaient mal à l’aise parmi les Boers et le processus inverse commença : l’émigration de l’Afrique du Sud vers la Grande-Bretagne et la première vague d’immigrants vers la Palestine.

En particulier, Abba Eban, ministre israélienne des Affaires étrangères de 1966 à 1974, est né au Cap. Autre célébrité : l’acteur britannique David Suchet, célèbre pour son rôle d’Hercule Poirot. Son grand-père, Isidor Suchedowitz, est venu en Afrique du Sud depuis Kryatinga, en Lituanie.

Dans le même temps, des sentiments de protestation, comme il est désormais à la mode de le dire, se sont développés parmi la jeunesse juive. Il faut dire que l’ensemble de la direction du futur Parti communiste d’Afrique du Sud a migré de Lituanie en Afrique du Sud. Cela a donné lieu un peu plus tard à la création de l’African National Congress (ANC). Lazarus Bach, Louis Joffe, les frères Rutman, les Levitan et les Ferst : voici une liste des dirigeants du Parti communiste d’abord, puis de l’ANC. L’éternel secrétaire général était Joe (Yossele) Slovo, né dans la ville lituanienne d’Obeliai et qui a vécu jusqu’à la chute du régime de l’apartheid. La branche militaire de l’ANC, Umkhonto we Sizwe (« Lance de la nation » en zoulou), était dirigée par Ronald « Ronnie » Kasrils, dont les parents avaient quitté Rezitsa, en Lettonie, pour s’installer en Afrique du Sud. Les Africains de souche – Xhosa, Zulu, Swazi, Tswana – n’ont commencé à être intégrés à la direction de l’ANC que plus tard. Et ils ont également suivi une formation spéciale en URSS dans des bases des forces spéciales près d’Odessa et de Crimée. Et ce sont ces gens qui ont finalement renversé le régime de l’apartheid.

Tout le monde en Afrique du Sud ne considère pas cette présence juive comme une réussite

Parmi les Boers de droite, il existe une idée largement répandue selon laquelle la « lutte contre l’apartheid » était une conspiration juive visant à renverser le pouvoir. D’un autre côté, depuis la guerre du Kippour en 1973, Israël est devenu le meilleur ami de la République d’Afrique du Sud. C’est l’Etat hébreux qui a aidé le régime de l’apartheid à durer si longtemps. Le fait est qu’après la guerre du Kippour, les pays africains pro-soviétiques ont rompu toutes relations. Cela s’ajoutait aux pays arabes et à d’autres États. Israël s’est retrouvé dans un isolement désagréable.

Mais Pretoria s’était retrouvé à peu près dans la même situation. Le monde civilisé leur avait imposé tellement de sanctions que ce n’est que maintenant qu’il est possible de sortir de cette situation, y compris l’exclusion de compétitions sportives, à l’image de ce subit aujourd’hui la Russie. Cela n’a pas empêché l’Afrique du Sud d’afficher des taux de croissance économique incroyables. Ainsi, deux solitudes se sont donc rencontrées : Israël et l’Afrique du Sud.

La Bourse du Diamant de Tel-Aviv a vu éclore de nouvelles fleurs en concluant un accord fraternel avec DeBeers.  Israël avait verbalement condamné le régime inhumain de l’apartheid, mais c’est Israël qui a donné à l’Afrique du Sud des missiles à moyenne portée Jericho III, auquel pouvait être attachée une bombe atomique artisanale sud-africaine et qui a menacé les troupes soviéto-cubaines en Angola. Pas gratuitement, bien sûr, car il a été remis aux mauvaises personnes. Tout ceci en échange de terres rares et de thorium, dont les Israéliens avaient besoin pour leur propre programme atomique.

L’amitié dans toutes les directions s’est développée si vigoureusement pendant deux décennies que la compagnie aérienne El Al a lancé un vol de Tel-Aviv à Johannesburg (avec un atterrissage à Nairobi). Dans le même temps, les relations israélo-sud-africaines de cette période constituent l’un des épisodes les plus secrets de l’histoire de la guerre froide.

Au sommet de l’amitié surréaliste israélo-sud-africaine (fin des années 1970), la population juive d’Afrique du Sud dépassait les 120.000 personnes. Après 1991, tout s’est effondré, l’émigration juive d’Afrique du Sud a commencé à se déplacer partout, ce qui a rapidement pris le caractère d’une fuite.

Israël, les Palestiniens et les combattants de l’ANC

Actuellement, environ 50 000 Juifs, pour la plupart orthodoxes, vivent en Afrique du Sud. Mais une proportion importante de Juifs sud-africains se sont fait baptiser et sont passés à l’afrikaans, parfois orthographié en allemand ou en suisse. C’est d’ailleurs à cela que l’humanité doit désormais la présence d’Elon Musk, originaire de Pretoria, fils du propriétaire des mines d’émeraude du lac Tanganyika en Zambie.

Le fait est que l’ANC, arrivé au pouvoir, s’est rapidement rappelé qui avait fourni des armes au régime de l’apartheid : Israël.  De plus, l’ANC fonctionne toujours avec un vocabulaire et une rhétorique communiste et socialiste, ce qui le rapproche de nombreux mouvements arabes. Il ne faut pas oublier pas que de nombreux dirigeants de l’ANC, y compris l’actuel président Cyril Ramaphosa, ont étudié avec des Palestiniens de cette génération dans les mêmes camps d’entraînement et qu’ils étaient assis aux mêmes pupitres dans des écoles « spéciales ».  Bien sûr, nous ne parlons pas spécifiquement du Hamas: il s’agit de générations de Palestiniens complètement différentes. Mais l’amour historique pour les mouvements nationaux palestiniens a pris racine en Afrique du Sud. Il s’agit même d’une sorte d’amour étrange à trois, puisqu’en Israël, par inertie, ils entretiennent des relations amicales avec les partis de droite, voire radicales, et les mouvements boers, à l’opposé de l’ANC et d’autres organisations noires.

Et ce n’est pas une histoire de relations privées entre l’Afrique du Sud et Israël. Le choix propalestinien de Pretoria moderne est dominé par l’idéologie et la mémoire historique, sur laquelle s’appuie le Congrès national africain au pouvoir. Et la longue et parfois surprenante histoire des Juifs d’Afrique du Sud illustre à la fois tous les mythes antisémites : du gouvernement mondial au mouvement communiste. 

En fin de compte, il s’avère que les pays et les peuples ne sont parfois pas guidés par des objectifs strictement pragmatiques, mais agissent « par le cœur ». Car il n’y a rien de pragmatique à rompre des relations diplomatiques.

 

Sionisme, antisémitisme et racialisme

Source : The Saker francophone - Par Ron Unz − Le 13 novembre 2023 − Source Unz Review

Depuis presque 3 semaines, je suggère l’idée avec de plus en plus de force que le nombre officiel de 1400 morts israéliens suite aux attaques du Hamas [du 7 octobre 2023, NdT] a peut-être été considérablement exagéré. Voici ce que j’ai affirmé lundi dernier :

Le nombre total de décès israéliens reste incertain. Le gouvernement a proclamé le nombre de 1400 morts, un nombre universellement repris dans les médias de toute la planète, mais presque un mois après la fin de ces combats, moins de 1100 noms ont été publié, ce qui soulève de sérieux doutes vis-à-vis de la réalité du nombre total. De fait, Blumenthal a indiqué que lorsque l’ambassadeur d’Israël à l’ONU a distribué les terribles images de corps de civils israéliens tués par le Hamas, nombre d’entre eux se sont avérés être des corps de combattants du Hamas tués par les Israéliens. Il semble donc tout à fait possible que plusieurs centaines de militants du Hamas morts aient été intégrés au départ dans le total de 1400, et que le gouvernement israélien se soit par la suite senti trop embarrassé pour reconnaître son erreur première.

Pour autant que je puisse en juger, j’ai été quasiment le seul sur Internet à émettre ces suppositions téméraires, et j’ai bien évidemment été l’objet de vives critiques pour mon mode de pensée “conspirationniste”. Mais samedi matin, le New York Times a fait paraître cette brève :

Guerre entre Israël et le Hamas : Israël abaisse le bilan estimé du 7 octobre à 1200 morts.
Israël a peiné pour distinguer les restes des victimes du 7 octobre de ceux des attaquants
Aaron Boxerman • The New York Times • 11 novembre 2023 • 600 Mots

Certains observateurs ont affirmé que même ce nouveau total de 1200 semble intégrer de nombreux soldats israéliens qui ont été tués à Gaza dans les semaines suivant l’attaque initiale, si bien que ce nombre pourrait être considérablement exagéré.

 

Note du Saker francophone

La rédaction ne se prononce ni ne prend parti pour aucune des parties au conflit en cours dans la bande de Gaza. Notre meilleur constat est que les principales victimes sont des civils innocents, de part et d’autre ; et que l’agitation politique et l’extrême polarisation du débat n’est que de nature à attiser les haines et à amplifier les pertes. Nous apportons ici un éclairage très différent du commentaire ambiant et autorisé. Que chacun se fasse son opinion ; c’est l’histoire qui jugera. Nous appelons chacun à la retenue et au respect de toute personne et des opinions d’autrui.

Comme je l’avais soutenu, la raison apparente de l’erreur de décompte israélienne a été qu’une vaste partie des corps récupérés avaient été tellement carbonisés qu’il était impossible de les identifier, ce qui a rendu très difficile la tâche de faire la différence entre Israéliens et attaquants du Hamas. Mais comme les combattants du Hamas n’étaient armés que de fusils et autres armes légères, toutes ces victimes ont dû être tuées par des obus explosifs tirés par des chars ou par des missiles Hellfire. De fait, des vidéos récemment publiées révèlent que des centaines de véhicules israéliens avaient été incinérés par des munitions de ce type, ce qui suggère que nombre des Israéliens qui ont été tués alors qu’ils essayaient de s’enfuir du festival de danse sont probablement morts de munitions lancées par des pilotes d’Apache à la gâchette facile, qui ont indiqué avoir ouvert le feu sur tout ce qui bougeait.

Des hélicoptères Apache israéliens ont tué leurs propres soldats et des civils le 7 octobre : rapport.
De nouveaux enregistrements vidéos confirment les rapports précédents qui affirmaient que l’armée israélienne est responsable d’un grand nombre de pertes israéliennes durant le premier jour de l’attaque du Hamas (“Opération déluge d’Al-Aqsa”)
The Cradle • 9 novembre 2023 • 1,000 Mots

 

En combinant ces faits avec les interviews d’anciens otages israéliens qui décrivent le traitement très décent dont ils ont fait l’objet par leurs ravisseurs du Hamas, il apparaît comme probable qu’une majorité, voire une forte majorité de l’ensemble des civils israéliens décédés aient été tués par l’armée de leur propre pays. De fait, sur la base de ces éléments, Scott Ritter, ancien inspecteur en chef des armements pour l’ONU, annonce le nombre de 80%.

Au vu du bilan abaissé et des indications selon lesquelles plus de la moitié des pertes israéliennes ont apparemment été des militaires ou des membres du personnel de sécurité, il est tout à fait possible que le nombre de civils israéliens désarmés tués par des militants du Hamas ait été d’à peine plus de cent. Ce nombre apparaît comme minuscule en comparaison des milliers de civils palestiniens tués par les Israéliens au cours des dernières années.

Dans le même temps, les bombardements incessants pratiqués par Israël contre la bande de Gaza qui reste sans défense et densément peuplée se sont poursuivis ; le nombre officiel de morts rapporté par le ministère de la santé de Gaza dépasse désormais les 10 000. Qui plus est, comme les observateurs l’ont noté, ces nombres sont limités aux corps qui ont pu être récupérés et identifiés ; étant donné l’ampleur des destructions, des milliers d’autres victimes sont peut-être restées ensevelies sous les décombres, et rapportées comme “disparues”. Après à peine un mois, il serait donc possible que le bilan des pertes civiles côté palestinien approche rapidement les 20 000, plus du double des deux camps combinés en vingt mois de guerre en Ukraine. Et la proportion d’enfants tués est également d’un ordre de grandeur nettement plus élevé. Par conséquent, depuis le matin du 7 octobre, c’est peut-être 100 civils palestiniens qui sont morts pour chaque Israélien tué, un ratio que nos médias dominants n’évoquent guère.

Mais que le bilan exact de ces morts soit plus proche de 10 000 ou de 20 000, le désastre qui est en train de se dérouler constitue sans aucun doute le massacre télévisé de civils le plus important de toute l’histoire du monde, et un crime de guerre patent, dont le gouvernement étasunien s’est montré pleinement complice, ce qui pourrait avoir des conséquences géopolitiques très graves.

Malgré cette situation sinistre, la société israélienne semble s’être totalement ralliée aux actions de son gouvernement, jadis impopulaire. Comme l’indique Alastair Crooke, l’ancien diplomate britannique, les sondages montrent qu’environ 80% des Israéliens soutiennent actuellement leur attaque militaire très dure contre Gaza. De fait, une centaine de médecins israéliens ont récemment signé une déclaration de soutien au bombardement d’hôpitaux palestiniens.

Si bombarder des civils sans défense depuis les airs au moyen de munitions avancées livrées par les États-Unis est chose relativement facile, déterrer les combattants du Hamas cachés sous terre s’avère chose bien plus difficile et bien plus dangereuse, et on ne connait pas très bien à ce stade les résultats produits par l’offensive terrestre israélienne, ni le profil des pertes subies par l’armée israélienne ; les Israéliens d’une part et le Hamas d’autre part revendiquent des bilans propagandesques et divergents.

Au vu des difficultés pratiques que pose le combat rapproché, certaines personnalités politiques israéliennes ont affirmé que des moyens plus musclés devaient être employés. La semaine dernière, Amichay Elihayu, membre du cabinet ministériel, a suggéré durant une interview que des armes nucléaires israéliennes soient employées pour annihiler Gaza et ses deux millions d’habitants. Bien qu’il ait rapidement été suspendu pour s’être exprimé aussi librement, une grande partie des critiques formulées à son encontre semblent avoir porté sur le fait qu’il ait reconnu publiquement l’existence de l’arsenal nucléaire illégal détenu par Israël plutôt que sur le fait qu’il ait proposé de l’utiliser pour éradiquer les Palestiniens.

Et de fait, quelques jours plus tôt, le premier ministre Benjamin Netanyahu avait bel et bien exprimé des sentiments parallèles. S’adressant à sa base politique ardemment religieuse, Netanyahu a identifié les Palestiniens à la tribu biblique des Amalek, qui, selon les ordres divins, doivent être exterminés jusqu’au dernier nouveau-né, et des armes nucléaires pourraient supposément constituer un moyen acceptable de mettre en œuvre ce type de génocide.

Il y a trois ans, les États-Unis et leurs campus universitaires avaient connu une énorme éruption, au travers d’une vague colossale de manifestations et protestations après le destin malheureux connu par George Floyd, un homme qui avait vécu une vie de crimes et qui était mort d’une overdose durant sa garde à vue. Il n’est donc guère surprenant que certains Étasuniens se sentent quelque peu déconcertés par le massacre télévisé à l’échelle mondiale de 10 000 à 20 000 civils gazaouis sans défense, et se mettent à exprimer une certaine hostilité envers ceux qui soutiennent fièrement ces actions menées par Israël, cependant que ces derniers exigeaient que ce type de critique soit fermement muselé.

Dans la plupart des pays européens, la liberté d’expression a depuis longtemps été sévèrement restreinte, si bien que l’Allemagne a rapidement interdit toute manifestation favorable à la Palestine, et que la France est en train d’envisager d’infliger de longues peines de prisons à quiconque se verrait reconnu coupable d’inciter à l’hostilité envers Israël.

Note du Saker Francophone

En France, la teneur du débat est assez éloignée de l’idée de manifester un soutien au camp palestinien : Le débat a plutôt porté sur le droit de tel ou tel parti politique à prendre part à la manifestation du dimanche 12 novembre contre l’antisémitisme. Cela constitue peut-être en effet un indicateur de l’état d’esprit général et de ce qui est considéré comme acceptable ou non par la doxa.

Mais aux États-Unis, au vu des protections assurées par le premier amendement, la situation est assez différente, et ces limitations idéologiques ne peuvent être mises en œuvre que de manière désordonnée. Le New York Times a publié deux articles majeurs à la suite, le premier en première page, au sujet des tentatives menées par nos campus d’élite pour lutter contre ce que les étudiants pro-Israël appellent des sentiments antisémites, certaines universités allant jusqu’à interdire les groupes étudiants soutenant les Palestiniens.

Après des attaques antisémites, les Universités débattent de la nature des débats qui dépassent les bornes
Des étudiants pro-palestiniens affirment parler au nom d’un peuple opprimé, mais les critiques affirment que leur rhétorique est profondément offensante.
Anemona Hartocollis et Stephanie Saul • The New York Times • 11 novembre 2023 • 2,400 Mots

 

Harvard, Columbia et Penn promettent de lutter contre l’antisémitisme sur les campus
Les Universités essayent de répondre à la critique en interdisant les groupes étudiants pro-palestiniens, en condamnant les slogans et en lançant des groupes de travail pour répondre à l’antisémitisme.
Anemona Hartocollis et al • The New York Times • 12 novembre 2023 • 1,100 Mots

Les administrations de nos universités de pointe sont notoirement libérales, mais des dénonciations très similaires de tout sentiment opposé à Israël ont été uniformes parmi les participants conservateurs du récent débat présidentiel Républicain.

 

Pourtant, malgré ces tentatives menées par les élites, la résistance populaire est considérable. Au cours du week-end, la ville de New York, qui héberge une très importante communauté juive, a vu de grandes manifestations dénonçant Israël et ceux qui sont perçus comme des soutiens aux politiques israéliennes, dont notablement le New York Times.

Vidéo non disponible

Dans une certaine mesure, la situation rappelle les événements qui se sont produits il y a un demi-siècle, lorsque les gouvernements du Tiers Monde et pro-soviétiques avaient constitué une majorité à l’Assemblée Générale de l’ONU et adopté une résolution qualifiant le sionisme de racisme, une perspective qui a été ressuscitée par des groupes de gauche et communistes, qui intègrent désormais des dénonciations de ce type dans leurs déclarations publiques et sur les pancartes brandies en manifestation.

Au vu de ces affirmations controversées, je pense qu’il est utile d’enquêter sur les origines et sur l’histoire du Sionisme, le mouvement idéologique fondé à la fin du XIXème siècle, et qui a fini par déboucher sur la création de l’État d’Israël. Après tout, on trouve parmi ceux qui se montrent parfois très critiques de telle ou telle politique israélienne des personnes pour se déclarer “fièrement sionistes.”

Dès sa constitution, le Sionisme a promu la création d’un État-nation juif très proche de nombres des exemples établis ou promus dans l’Europe du XIXème siècle, État qui devait ensuite être peuplé par la plus grande partie des Juifs de la diaspora mondiale, et privilégiant pour son implantation l’ancienne terre juive de Palestine.

La plupart des descriptions modernes du mouvement sioniste suggèrent qu’il est apparu en Europe en réaction au fort antisémitisme subi par trop de Juifs d’Europe durant le XIXème siècle, et c’est également comment le présentent mes manuels d’histoire en introduction.

Theodore Herzl, universellement reconnu comme père du Sionisme, était un journaliste austro-hongrois, dont le nom marque fortement le pays moderne qu’il a inspiré, comme l’indique le nom de la ville de Herzilia, ou encore celui de la métropole de Tel Aviv, qui était à l’origine le titre de l’un de ses romans sionistes.

La France révolutionnaire aura été le premier pays d’Europe à accorder la pleine citoyenneté à sa petite minorité juive, et durant les guerres napoléoniennes qui ont suivi, les armées françaises ont imposé la même réforme à de nombreux pays qu’elles sont occupé, libérant les Juifs de leurs invalidités juridiques traditionnelles. Durant un siècle, la France et sa population juive bien intégrée ont ainsi été considérées comme le firmament de la communauté juive européenne, dont la plus grande partie connaissait des conditions de vie bien pires en Europe de l’Est, surtout l’énorme population de Juifs opprimés qui souffraient au sein de l’Empire russe tsariste farouchement antisémite.

Mais en approchant de la fin du XIXème siècle, la société française a été secouée durablement par l’un des incidents antisémites les plus notables de l’histoire, la condamnation injuste et le cruel emprisonnement d’Alfred Dreyfus, un officier juif de l’armée française, accusé à tort d’espionnage en raison de son origine ethnique, sur la base de preuves fabriquées.

Herzl vivait et travaillait à Paris à l’époque et, selon le récit qu’il en a fait par la suite, l’épouvantable vague de haine française anti-juive à laquelle il a assisté durant le procès Dreyfus l’a convaincu qu’une assimilation des Juifs était impossible, et que seul un État-nation dirigé par des Juifs pouvait protéger les intérêts de son peuple si souvent persécuté. Cela l’a amené à publier The Jewsih State en 1896, ouvrage fondateur du mouvement sioniste.

Voilà le type de présentation rapide qu’en faisaient mes manuels d’histoire, et je l’avais toujours acceptée. La tristement célèbre affaire Dreyfus avait bouleversé la vie politique française durant plus d’une décennie, et on la considérait le plus souvent comme l’un des incidents antisémites les plus choquants de l’histoire du monde, si bien que son rôle central dans l’éclosion du mouvement sioniste faisait sens. Mais il y a plusieurs années, j’ai lu un récit salué de toutes parts sur l’antisémitisme, publié par un universitaire de premier plan, et j’ai découvert que les faits véritables étaient en réalité quelque peu différents.

En 1991, Cambridge University Press a publié The Jew Accused, écrit par Albert Lindemann, un universitaire réputé pour son expertise des mouvements idéologiques européens, et son ouvrage était centré précisément sur cette ère et sur ce type d’incident. Bien que le corps du livre soit relativement court — il s’étale sur moins de 300 pages —, Lindemann a établi sa discussion sur un énorme socle de littérature secondaire, et ses notes de bas de page font référence à 200 ouvrages compris dans sa bibliographie étendue. Pour autant que je puisse en juger, il avait l’air d’un universitaire très minutieux, apportant le plus souvent les multiples récits, souvent contradictoires entre eux, d’un incident donné, et tirant ses propres conclusions avec une hésitation considérable.

Cette approche est tout à fait prégnante dans la première de ses affaires majeures, la célèbre affaire Dreyfus dans la France de la fin du XIXème siècle, sans doute l’un des incidents antisémites les plus célèbres de l’histoire. Bien qu’il conclue que le capitaine Alfred Dreyfus fût très probablement innocent de l’accusation d’espionnage, il note que les éléments qui avaient amené à son arrestation et à sa condamnation avaient pu sembler très étayés, et il établit — contrairement au mythe créé par la suite par de nombreux auteurs — que rien n’indique que ses origines juives aient joué le moindre rôle dans cette situation difficile.

Mais il note également le contexte social sous-jacent à cette dure lutte politique. Alors qu’un Français sur mille seulement était juif, quelques années auparavant, un groupe de Juifs s’était illustré comme coupable principal de plusieurs énormes scandales financiers qui avaient mis sur la paille de nombreux petits investisseurs, et les escrocs avaient ensuite échappé à toute punition en faisant usage d’influences politiques et de pots de vin. Au vu de cette histoire, une grande partie de l’indignation ressentie par les anti-Dreyfusards provenait sans doute de leurs craintes qu’un espion militaire juif issu d’une très riche famille pût s’en sortir en usant de tactiques semblables, et les affirmations publiques selon lesquelles le frère de Dreyfus offrait des pots-de-vin énormes pour assurer sa libération ont sans aucun doute renforcé ces préoccupations.

La conclusion sans équivoque de l’analyse de Lindemann était que, dans le cas de l’affaire Dreyfus, si le défenseur n’avait pas été juif, il aurait subi la même arrestation et la même condamnation, mais faute de disposer d’une communauté juive riche et politique mobilisée autour de lui, il aurait reçu sa punition, juste ou injuste, et serait immédiatement tombé dans l’oubli. Mais comme en l’instance il était juif, le soutien massif que sa communauté à déployé autour d’une personne considérée par beaucoup comme un traître a fini par provoquer d’énormes retombées négatives dans la population non juive. Et comme le note Wikipédia, Herzl semblait croire en la culpabilité de Dreyfus, ce qui soulève d’importants doutes sur l’idée que cette affaire ait véritablement pu tenir lieu d’inspiration au sionisme.

Bien que des Juifs d’Europe centrale, comme Herzl, aient lancé et ensuite dirigé le mouvement sioniste, ils ne sont pas parvenus à rallier un fort soutien populaire au sein de leurs propres communautés juives, qui étaient assez bien installées et prospères. L’affaire Dreyfus a pu dominer la politique française pendant une bonne dizaine d’années, mais les Dreyfusards ont fini par triompher, et l’officier juif emprisonné à tort a été libéré et a vu son honneur lavé, cependant que ses persécuteurs ont été brisés politiquement.

Dans le même temps, les Juifs de l’empire tsariste, misérables et pauvres, restaient largement confinés à leur Zone de Résidence, et ils vivaient souvent dans la crainte de pogroms réguliers, et l’on pense que le gouvernement hostile a pu organiser ou encourager des massacres par la foule. Au vu de leur énorme mécontentement, ils ont rapidement pris une place importante dans la base populaire du mouvement sioniste, et après la mort de Herzl en 1904, ils ont fini par en prendre également la direction, avec Chaim Weizmann, le chimiste né en Russie, qui s’est illustré comme figure proéminente du mouvement. C’est Weizmann qui est parvenu à obtenir la Déclaration Balfour en 1917 de la part de la Grande-Bretagne, qui promettait la création d’une patrie juive en Palestine et il est finalement devenu le premier président d’un Israël indépendant, une fois l’État établi, en 1949.

Mais ici également, le travail universitaire minutieux mené par Lindemann a décortiqué de nombreux mythes au sujet de l’antisémitisme tsariste, supposé avoir propulsé le mouvement sioniste à l’époque, et que j’avais toujours accepté sans sourciller.

La discussion de Lindemann au sujet des relations souvent difficiles entre la minorité juive rétive de Russie et l’immense majorité slave du pays est également des plus intéressantes, et il montre que de nombreuses instances d’incidents majeurs, supposés démontrer l’attrait considérable d’un antisémitisme vicieux, se sont en réalité de manière très différente de ce qu’en a retenu la légende. Le célèbre pogrom de Kishinev, en 1903, a évidemment résulté de fortes tensions ethniques dans cette ville, mais contrairement aux accusations répétées des auteurs ayant traité l’incident plus tard, il ne semble exister strictement aucun élément d’une implication du gouvernement à haut niveau, et les affirmations généralisées de 700 morts qui terrifient le monde entier ont été largement exagérées, puisqu’on a compté 45 personnes tués dans les émeutes urbaines. Chaim Weizmann, futur président d’Israël, a par la suite promu le récit selon lequel lui-même et d’autres Juifs courageux avaient personnellement défendu leur peuple, revolvers à la main, alors qu’ils avaient sous les yeux les corps mutilés de 80 victimes juives. Ce récit est totalement inventé, car il s’est révélé que Weizmann se trouvait à des centaines de kilomètres au moment où les émeutes se sont produites.

 

Il ne serait évidemment pas honnête d’affirmer que mensonges et exagérations seraient l’apanage exclusif des partisans politiques de la communauté juive de Russie, mais l’existence d’un puissant réseau international de journalistes juifs et d’organes de presse influencés par les Juifs ont assuré que des récits de propagande ainsi concoctés ont pu faire l’objet d’une immense distribution dans le monde entier, laissant la vérité pour le moins très à la traîne.

 

Pour des raisons proches, l’indignation internationale a souvent été centrée sur le confinement juridique de la plupart des Juifs de Russie à la “Zone de Résidence”, ce qui suggérait une forme d’emprisonnement étroit ; mais cet espace était l’habitat traditionnel de la population juive, et englobait des territoires de la taille de la France et l’Espagne réunies. On a souvent supposé que l’appauvrissement croissant des Juifs d’Europe de l’Est durant cette ère était une conséquence de politiques gouvernementales hostiles, mais l’explication évidente réside dans l’extraordinaire fécondité des Juifs de l’époque, qui dépassait de loin celle de leurs compatriotes slaves, et les a rapidement amenés à déborder des occupations habituelles d’“intermédiaires”, une situation qui s’est empirée du fait de leur réticence totale à se mettre à l’agriculture et aux autres activités de production primaire. Les communautés juives ont exprimé leur horreur face au risque de perdre leurs fils avec l’enrôlement militaire tsariste, mais cela ne constituait que l’avers de la pleine citoyenneté russe qui leur avait été accordée, et leurs compatriotes non juifs n’étaient en la matière pas logés à meilleure enseigne.

 

Il ne fait aucun doute que les Juifs de Russie ont fortement souffert de nombreuses émeutes et attaques de foule au cours de la génération qui a précédé la première guerre mondiale, et ces événements ont à l’occasion été substantiellement encouragés par le gouvernement, surtout au lendemain du rôle très important tenu par les Juifs lors de la Révolution de 1905. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’un conspirateur juif s’était trouvé impliqué dans le meurtre du Tsar Alexandre II, ni que des assassins juifs avaient également frappé plusieurs hauts ministres russes et de nombreux dirigeants gouvernementaux. Si les dix ou vingt dernières années avaient vu des Musulmans étasuniens assassiner un président étasunien en exercice, divers membres du Cabinet, ainsi qu’un grand nombre d’autres dirigeants élus ou nommés, il ne fait aucun doute que la situation des Musulmans aux États-Unis serait devenu très inconfortable.

 

Lindemann, dans sa description fidèle des tensions entre la population juive de Russie en croissance rapide et les autorités gouvernementales, ne peut éviter de faire mention de la notoire réputation des Juifs en matière de pots-de-vin, de corruption et de malhonnêteté générale, et il cite de nombreux personnages de toutes obédiences politiques qui notent la propension remarquable des Juifs à commettre le parjure dans les tribunaux, et comment cela a produit de graves problèmes dans l’administration efficace de la justice. E.A. Ross, l’éminent sociologue étasunien, a décrit par écrit en 1913 le comportement habituel des Juifs d’Europe de l’Est selon des termes très similaires.

Lindemann n’est absolument pas le seul à suggérer que l’antisémitisme rampant supposé de la Russie tsariste a souvent été grandement exagéré ou mal dépeint. Comme je l’ai expliqué :

https://archive.org/details/Solzhenitsyn200YearsTogether

Durant des décennies, la plupart des Étasuniens auraient classé Alexandre Soljenitsyne, le prix Nobel, parmi les plus grandes personnalités littéraires du monde, et son seul ouvrage l’Archipel du Goulag s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires. Mais son dernier ouvrage a été le récit en deux volumes de 200 années tragiques d’histoire commune entre les Russes et les Juifs, et malgré sa publication en 2002 en russe et sa traduction en de nombreuses autres langues, ce livre n’a encore jamais pu être publié en anglais, même si diverses éditions partielles ont pu circuler sur Internet sous forme de samizdat.

 

Une version intégrale en anglais a été disponible durant une brève période sur Amazon.com, et je l’ai achetée. En jetant un coup d’œil sur quelques sections du livre, le travail m’est apparu comme plutôt impartial et innocent, mais il semblait livrer un récit nettement plus détaillé et nettement moins censuré que tout ce qui avait pu être mis à disposition par le passé, ce qui constituait bien entendu le problème.

Le récit exhaustif livré par Soljenitsyne dépeint les efforts énormes entrepris par le gouvernement tsariste pour intégrer et satisfaire la population juive en croissance très rapide, allant jusqu’à lui mettre à disposition gratuitement les meilleures terres pour qu’elle s’y implante, tout en essayant de protéger la paysannerie slave vulnérable de l’exploitation juive à base d’usure, de vente d’alcool, et d’activités ouvertement criminelles.

La misère et l’appauvrissement croissants de la communauté juive de Russie durant cette période les a également amené à pencher vers diverses solutions à leurs maux, comme le sionisme, le marxisme et l’émigration, mais le facteur principal derrière leur déclin économique restait leur croissance démographique colossale, de loin la plus élevée de tous les groupes européens, qui avait vu leur nombre s’accroître d’un facteur proche de 10 en à peine un siècle ; Weizmann lui-même est issu d’une fratrie de quinze enfants. En contraste, l’antisémitisme, réel ou imaginé, n’a sans doute constitué qu’un facteur relativement mineur à cet égard. Et même si l’idéologie sioniste est devenue très populaire parmi les Juifs de Russie, seule une petite fraction de la communauté a essayé d’agir en s’implantant en Palestine ; au lieu de cela, la vaste majorité des émigrés choisissaient les États-Unis, la Grande-Bretagne, ou d’autres nations occidentales développées comme destination préférée.

De fait, parmi les Juifs de l’Empire russe, le sionisme a pu parfois sembler jouer davantage le rôle de véhicule idéologique assurant l’unité et la cohésion ethnique que manifester une véritable intention d’aller s’installer en Palestine. Et ceci met peut-être en lumière une inspiration centrale pour le sionisme, peut-être plus importante même que les provocations antisémites supposées sur lesquelles on insiste tellement dans nos récits standards.

Mes manuels historiques mentionnent tous Herzl comme fondateur du sionisme, et omettent presque tous le nom de Max Nordau, son allié et collaborateur le plus proche dans la création du mouvement, un compatriote austro-hongrois qui vivait à paris et qui a également affirmé s’être trouvé radicalisé du fait de l’affaire Dreyfus. Nordau, médecin et auteur, était déjà un intellectuel public de premier plan, et sa pleine adhésion à la nouvelle cause sioniste a apporté à celle-ci un dynamisme considérable, en comparaison à un Herzl relativement obscur. En outre, c’est Nordau qui a organisé les congrès sionistes internationaux qui sont devenus la pièce maîtresse du mouvement, dont il a pris la direction après la mort de Herzl.

Étant donné le rôle central joué par Nordau dans la création du sionisme, son nom aurait certainement dû être systématiquement cité de pair avec celui de Herzl dans tous nos récits historiques, mais il subit un facteur disqualifiant. Nordau est en fait mieux connu comme l’un des pères fondateurs du racialisme européen du XIXème, un courant idéologique qui livre sans doute un éclairage important sur les véritables racines du sionisme. Je soupçonne que son rôle central dans la création du sionisme a été soigneusement éludé de tous les récits populaires afin d’éviter d’attirer l’attention sur les liens très étroits qui existent entre ces deux mouvements intellectuels du XIXème siècle, qui sont désormais décrits suivant des termes totalement différents par les Juifs libéraux qui dominent notre vie universitaire et nos organes de presse.

De fait, bien que peu d’Occidentaux contemporains puissent même le soupçonner, des Juifs européens comme Nordau ont bel et bien joué un rôle absolument central dans la naissance du racialisme moderne, dont le sionisme peut être considéré comme un simple mouvement rejeton.

En 1911, Werner Sombart, l’éminent économiste politique allemand, avait publié Les Juifs et le Capitalisme Moderne, qui l’a rendu célèbre pour avoir affirmé que les racines de l’économie capitaliste européenne pouvaient être retracées jusqu’à l’influence de la population juive restreinte qui y habitait, et l’on pourrait également trouver des forts arguments pour avancer qu’il en est allé de même du racialisme européen. Dans Les Larmes d’Esau, une suite bien plus longue et bien plus complète à son premier livre sur l’histoire de l’antisémitisme, Lindemann a relevé le rôle par ailleurs peu reconnu de Benjamin Disraeli, premier ministre britannique né dans une famille juive, l’une des personnalités marquantes de la fin du XIXème siècle, et romancier de premier plan avant d’entrer en politique.

Lindemann note également l’insistance de Disraeli sur l’extrême importance de la race et des origines raciales, un aspect central de la doctrine religieuse traditionnelle juive. Il suggère à raison que cela a sans doute dû présenter une énorme influence sur la montée de ces idées politiques, étant donné que le profil public et la stature de Disraeli étaient nettement plus considérables que les quelques auteurs et activistes que nos livres d’histoires positionnent le plus souvent au centre du jeu. De fait, Houston Stewart Chamberlain, un théoricien racial de premier plan, a de fait cité Disraeli comme source clé de ses idées. Des intellectuels juifs comme Max Nordau et Cesare Lombroso sont déjà reconnus comme des personnalités de premier plan dans la montée de la science raciale de cette époque, mais le rôle sous-évalué de Disraeli a sans doute été bien plus important. Les profondes racines juives des mouvements racialistes européens sont des éléments que les Juifs d’aujourd’hui préfèrent voir tenus écartés de la connaissance du public.

La pravda américaine : la nature de l’antisémitisme
Ron Unz • The Unz Review • 30 juillet 2018 • 5,500 Mots

 

Le sionisme a toujours été reconnu comme mouvement nationaliste, et le nationalisme est cousin germain du racialisme. Mais le fait indéniable que le co-fondateur du sionisme était l’un des principaux racialistes d’Europe peut épargner des surprise vis-à-vis de certaines éléments de la trajectoire qu’il a ensuite suivie.

Au lendemain de la première guerre mondiale, le mouvement sioniste a été fortement impacté par plusieurs développement politiques d’importance.

La Grande-Bretagne avait pris la Palestine à l’Empire ottoman, et avait ouvert le pays à une immigration juive conséquente, sur la base de la déclaration de Balfour, ce qui avait permis un accomplissement des aspirations sionistes, mais avait évidemment provoqué des craintes et ressentiments parmi les habitants locaux arabes et palestiniens.

Presque en même temps que la déclaration publique de Balfour, la Révolution bolchevique avait balayé des siècles de règne tsariste sur la Russie, et après des années d’une dure guerre civile, la direction écrasante des Juifs sur l’appareil bolchevique a consolidé leur pouvoir sur le pays le plus grand au monde et son immense population. Dans le même temps, des soulèvements bolcheviques dirigés par des Juifs avaient de peu échoué à prendre le contrôle de la Hongrie et de parties de l’Allemagne, si bien que le reste du monde a pris très peur de cette nouvelle menace révolutionnaires, dont la base de soutien dans la plupart des pays résidait dans leur petite minorité juive.

Ces développements parallèles ont été le sujet d’un long article publié en 1920 par Winston Churchill, alors membre du cabinet des ministres, dans l’un des principaux journaux britanniques. Il a condamné le bolchevisme comme menace mondiale, et souligné la direction écrasante tenue par les Juifs sur ce mouvement. Mais il a également affirmé que sionisme et bolchevisme étaient bloqués dans une féroce lutte d’influence au sein de la communauté juive mondiale, et que la sécurité du monde dépendait du fait que la majorité des Juifs puissent s’orienter plutôt vers le premier mouvement que le second.

Dans le même temps, Benito Mussolini avait été l’un des socialistes italiens de premier plan, mais durant la guerre, il avait rejeté cette doctrine, et partageant les préoccupations de Churchill vis-à-vis de la menace du bolchevisme, il a créé son propre mouvement fasciste, qui l’a porté au pouvoir en 1922. Nombre de ses premiers soutiens d’importance provenaient de la petite population juive très bien assimilée en Italie.

Aussi, avec le bolchevisme soviétique et le fascisme italien tous deux considérés comme des mouvements idéologiques ayant réussi et connaissant un essor, ils ont bien entendu attiré leur lot d’admirateurs et d’imitateurs dans le monde entier, et le sionisme n’a pas été en reste. Les factions sionistes les plus importants ont suivi la voie du marxisme et ont été dominées par David Ben-Gourion, né en Russie, qui tenait Lénine pour une idole et a fini par devenir le premier premier ministre d’Israël. Mais des factions sionistes plus petites, et orientées à droite, ont quant à elles tiré leur inspiration du fascisme de Mussolini.

Dans un long article de 2018, j’avais décrit une partie de cette importante réalité historique, presque totalement inconnue de presque tous les Étasuniens vivant aujourd’hui, y compris ceux qui s’intéressent de près aux origines d’Israël. J’ai puisé dans les recherches époustouflantes menées par Lenni Brenner, un anti-sioniste appartenant au mouvement trotskyste et ayant des origines juives, qu’il avait publiées dans son ouvrage de 1983 Le sionisme à l’âge des dictateurs, ainsi que son livre compagnon, paru plus tard, 51 documents : collaboration sioniste avec les Nazis.

Entre autres choses, Brenner apporte des preuves considérables du fait que la faction sioniste de droite plus importante, et devenue plus dominante, dirigée par la suite par Menachem Begin, futur premier ministre d’Israël, était presque invariablement considérée comme un mouvement fasciste durant les années 1930, même sortie de sa chaude admiration envers le régime italien établi par Mussolini. Cela n’était pas du tout un secret à l’époque, étant donné que les principaux journaux de Palestine publiaient un éditorial régulier par un dirigeant idéologique de haut niveau sous le titre “Journal d’un Fasciste.” Au cours de l’une des conférences sionistes internationales majeures, Vladimir Jabotinsky, le dirigeant d’une faction, est entré dans le bâtiment suivi de ses adeptes en chemises brunes, en formation militaire, ce qui a amené la présidence à interdire les uniformes afin d’éviter une émeute, et sa faction a rapidement décliné politiquement, et a fini par se faire expulser de l’organisation parapluie sioniste. Ce revers majeur a largement découlé de l’hostilité généralisée que le groupe s’était attirée après que deux de ses membres avaient été arrêtés par la police britannique pour l’assassinat récent de Chaim Arlosoroff, l’un des dirigeants sionistes de plus haut rang installés en Palestine.

Et de fait, il y a quarante ans, le New York Times et d’autres grands journaux mondiaux ont révélé que durant la seconde guerre mondiale, la faction sioniste de droite dirigée par Yitzhak Shamir, premier ministre israélien en exercice, avait activement cherché à s’enrôler aux côtés des puissances de l’Axe :

Apparemment, à la fin des années 1930, Shamir et sa petite faction sioniste étaient devenus de grands admirateurs des fascistes italiens et des nazis allemands, et après que la seconde guerre mondiale a éclaté, ils ont à plusieurs reprises essayé de prendre contact avec Mussolini et les dirigeants allemands en 1940 et en 1941, dans l’espoir d’enrôler la Palestine parmi les puissances de l’Axe, de mener une campagne d’attaques et d’espionnage contre les forces britanniques locales, puis de partager le butin politique après l’inévitable triomphe de Hitler.

Entre autres choses, on trouve de longs extraits de lettres officielles envoyées à Mussolini dénonçant férocement les système démocratiques “décadents” britannique et français auxquels il était opposé, et assurant au Duce que ces notions politiques ridicules n’auraient aucune place à l’avenir dans l’État client totalitaire juif qu’ils espéraient établir sous ses auspices en Palestine.

Il s’est trouvé que l’Allemagne comme l’Italie étaient préoccupées par des sujets géopolitiques plus vastes à l’époque, et au vu de la petite taille de la faction sioniste de Shamir, ces tentatives n’ont pas débouché sur grand chose. Mais savoir que le premier ministre israélien en exercice avait passé ses premières années de guerre à essayer de devenir un allié nazi, fût-ce sans y parvenir, est sans aucun doute quelque chose qui travaille les esprits, et fort peu conforme au récit traditionnel de l’époque que j’avais toujours accepté.

Chose des plus remarquables, la révélation du passé pro-Axe de Shamir semble n’avoir eu qu’un impact relativement mineur sur sa stature au sein de la société israélienne. Je penserais que n’importe quelle personnalité étasunienne dont on découvrirait qu’elle avait soutenu une alliance militaire avec l’Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale aurait très fortement vu sa carrière politique compromise au vu de l’ampleur du scandale, et il en irait certainement de même en Grande-Bretagne, en France, et dans la plupart des pays occidentaux. Mais bien qu’un certain embarras ait pu être constaté au niveau de la presse israélienne, surtout après que ce récit choquant a fait les gros titres de la presse internationale, il semble que la plupart des Israéliens aient avalé l’ensemble sans broncher, et Shamir est resté en poste une année de plus, puis a de nouveau occupé le poste de premier ministre durant une période plus longue encore, de 1986 à 1992. Les Juifs d’Israël considéraient apparemment l’Allemagne nazie de manière très différente que ne le faisaient la plupart des Étasuniens, sans même parler des Juifs étasuniens.

 

On ne serait guère surpris qu’un mouvement idéologique farouchement racialiste inspiré par Mussolini ait pu essayer de rejoindre les puissances de l’Axe durant la seconde guerre mondiale. Mais chose ironique, comme l’ont révélé les remarquables recherches menées par Brenner, le mouvement sioniste dominant, malgré son orientation à gauche et ses croyances marxistes, a de fait passé la plus grande partie des années 1930 aligné sur l’Allemagne nazie au sein d’un partenariat bien plus important, et qui a joué un rôle central dans la création d’Israël.

La couverture de l’édition de poche de l’ouvrage de Brenner affiche en illustration la médaille commémorative frappée par l’Allemagne nazie pour marquer son alliance sioniste, avec une Étoile de David sur l’avers et une Swastika sur le revers. Mais chose étrange, ce médaillon symbolique n’avait absolument aucun lien avec les tentatives ratées de la petite faction de Shamir pour mettre en place une alliance militaire nazie durant la seconde guerre mondiale.

Bien que les Allemands ne prêtassent que fort peu d’attention à cette organisation mineure, le mouvement sioniste bien plus vaste et bien plus influent de Chaim Weizmann et de David Ben-Gourion en était totalement distinct. Et durant la plus grande partie des années 1930, ces autres sionistes avaient constitué un important partenariat économique avec l’Allemagne nazie, sur la base de communautés d’intérêts évidentes. Après tout, Hitler considérait le 1~ \% de population juive comme un élément perturbateur et potentiellement dangereux qu’il voulait expulser, et le Moyen-Orient lui apparaissait une destination tout aussi bonne qu’une autre. Dans le même temps, les sionistes avaient des objectifs très proches, et la création de leur nouvelle patrie nationale en Palestine avait évidemment besoin aussi bien d’immigrés juifs que d’investissements financiers juifs.

Après la nomination de Hitler comme chancelier en 1933, des Juifs scandalisés ont lancé un boycott économique dans le monde entier, dans l’espoir de mettre l’Allemagne à genoux, avec le Daily Express de Londres qui a marqué les esprits en affichant la bannière “La Judée déclare la Guerre à l’Allemagne.” L’influence politique et économique juive était alors, comme elle l’est toujours, considérable, et dans les profondeurs de la Grande Dépression, l’Allemagne appauvrie devait exporter ou mourir, si bien qu’un boycott à grande échelle des marchés allemands majeurs posait une menace potentiellement grave. Mais cette situation précise a apporté aux groupes sionistes une excellente opportunité de proposer aux Allemands un moyen de rompre cet embargo commercial, et ils ont demandé des conditions favorables pour les exportations de produits manufacturés allemands de haute qualité à destination de la Palestine, accompagnés de Juifs allemands. Lorsque cet “Accord de Transfert” ou Ha’avara conclu avec les nazis a été exposé au cours d’une convention sioniste, en 1933, de nombreux Juifs et sionistes se sont scandalisés, et cela a amené à de nombreuses ramifications et controverses. Mais l’accord économique était trop bon pour qu’on lui résiste, et il a vécu sa vie et connu une croissance rapide.

Il serait difficile de surestimer l’importance du pacte nazi-sioniste pour l’installation d’Israël. Selon une analyse produite en 1974 dans Jewish Frontier et citée par Brenner, entre 1933 et 1939, plus de 60 % de l’ensemble des investissements réalisés en Palestine juive provenaient d’Allemagne nazie. L’appauvrissement suscité dans le monde entier par la Grande Dépression avait drastiquement réduit le soutien financier juif en provenance de toutes les autres sources, et Brenner suggère que sans le soutien financier de Hitler, la colonie juive naissante, petite et fragile, aurait facilement pu se flétrir et mourir durant cette période difficile ; cette suggestion apparaît comme raisonnable.

Cette conclusion débouche sur des hypothèses fascinantes. Lorsqu’au départ je suis tombé sur des références à l’accord Ha’avara sur des sites internet à droite et à gauche, l’un des commentateurs sur le sujet suggérait sur le ton de la demi-blague que si Hitler avait gagné la guerre, on aurait sans doute érigé des statues à son effigie en Israël, et qu’il serait de nos jours reconnu par les Juifs du monde entier comme le dirigeant non-juif héroïque ayant joué le rôle central de rétablir une patrie nationale au peuple juif en Palestine après presque 2000 ans de dur exil.

Ce type de possibilité contre-factuelle édifiante n’est pas aussi absurde qu’elle pourrait le paraître aux esprits d’aujourd’hui. Nous devons reconnaître que notre compréhension historique de la réalité est façonnée par les médias, et les organes médiatiques sont contrôlés par les vainqueurs des principales guerres, et leurs alliés, et les détails gênants sont bien souvent supprimés de l’histoire pour induire le public en erreur. Il est indéniablement vrai que dans son livre de 1924, Hitler avait écrit toutes sortes de choses hostiles et agressives à l’encontre des Juifs, surtout ceux qui avaient immigré récemment depuis l’Europe de l’Est, mais lorsque j’ai lu ce livre, j’étais au lycée, j’avais été quelque peu surpris de découvrir que ces sentiments anti-juifs n’étaient pas du tout centraux dans son livre. Qui plus est, une ou deux années plus tard, un personnalité publique nettement plus éminente avait publié des sentiments presque aussi hostiles et agressifs, en la personne de Winston Churchill, ministre britannique ; en centrant ses propos sur les crimes monstrueux commis par les Juifs bolcheviques. Dans le livre Les Larmes d’Esau d’Albert Lindemann, j’ai eu la surprise de découvrir que l’auteur de la célèbre déclaration de Balfour, fondation du projet sioniste, était apparemment lui aussi très hostile envers les Juifs, et un élément de ses motivations a sans doute été de les exclure hors de Grande-Bretagne.

Après que Hitler a consolidé son emprise sur le pouvoir en Allemagne, il a rapidement déclaré hors-la-loi toutes les autres organisations politiques pour le peuple allemand, et seul le parti nazi et les symboles politiques nazis sont restés juridiquement autorisés. Mais une exception spéciale a été prononcée pour les Juifs allemands, et le parti sioniste local allemand a eu droit à des statuts juridiques en bonne et due forme, avec des manifestations sionistes, des uniformes sionistes, et autorisation a été prononcée d’arborer des drapeaux sionistes. Sous Hitler, toutes les publications allemandes étaient strictement censurées, mais le journal hebdomadaire sioniste était librement vendu dans tous les kiosques et coins de rue. Il semblait bien qu’un parti national-socialiste allemand était la demeure politique appropriée pour la majorité allemande des 99%, cependant que le national socialisme sioniste pouvait jouer le même rôle pour la petite minorité juive.

En 1934, les dirigeants sionistes ont invité un important dirigeant SS à passer six mois dans une colonie juive en Palestine, et à son retour, il a fait état de ses impressions très favorables de l’entreprise sioniste croissante dans une importante suite de articles parus dans le journal Der Angriff publié par Joseph Goebbel, organe médiatique amiral du parti nazi, sous le titre descriptif : “Un Nazi se Rend en Palestine.” Dans sa critique très verte de l’activité bolchevique juive, Churchill avait affirmé que le sionisme était bloqué dans une lutte farouche contre le bolchevisme pour s’emparer de l’âme de la communauté juive européenne, et que seule sa victoire pouvait assurer des relations amicales à l’avenir entre les Juifs et les Goys. Sur la base des éléments disponibles, Hitler et nombre d’autres dirigeants nazis semblent être parvenus à une conclusion peu ou prou similaire au milieu des années 1930.

Après l’éruption de la controverse sur les liens entre Shamir et les nazis jusque dans les gros titres de la presse internationale, les éléments mis en avant par Brenner ont fourni de la matière à Edward Mortimer, expert de longue date du Moyen-Orient, qui a produit un article dans les pages de l’auguste Times de Londres, et l’édition 2014 du livre intègre des extraits choisis de l’article de Mortimer paru le 11 février 1984 dans le Times, soulignant les sentiments extrêmement rudes manifestés par les dirigeants sionistes à l’égard de la diaspora juive, ce qui a contribué à expliquer pourquoi le partenariat sioniste avec l’Allemagne nazie était moins difficile qu’on aurait pu s’y attendre.

 

Qui a affirmé devant un auditoire berlinois, au mois de mars 1912, que “chaque pays ne peut absorber qu’un nombre limité de Juifs, s’il ne veut pas de problèmes intérieurs. L’Allemagne a déjà trop de Juifs.” ?

Non, ce n’était pas Adolf Hitler, mais Chaim Weizmann, qui est devenu par la suite président de l’organisation sioniste mondiale, et encore après premier président de l’État d’Israël.

Et d’où pensez-vous que provient l’affirmation suivante, composée au départ en 1917, mais republiée en 1936 : “Le Juif est la caricature d’un être humain normal, aussi bien physiquement que spirituellement. En tant qu’individu dans la société, il se révolte et rejette le harnais des obligations sociales, et ne connait ni ordre ni discipline” ?

Non pas dans Der Sturmer, mais dans Hashomer Hatzair, l’organisation des jeunes sionistes.

Comme le révèle la citation ci-avant, le sionisme encourageait et exploitait la haine de soi dans la Diaspora. Il a commencé sur la supposition que l’antisémitisme était inévitable et même en un sens justifié, tant que les Juifs vivaient hors des terres d’Israël.

Il est vrai que seule une franche extrême et lunatique du sionisme est allée jusqu’au stade de proposer en 1941 de rejoindre la guerre aux côtés de l’Allemagne, dans l’espoir d’établir “l’État juif historique sur une base nationale et totalitaire, et lié par un traité avec le Reich allemand.” Malheureusement, c’est ce groupe que le ministre actuel d’Israël a choisi de rallier.

J’ai résumé ces sentiments sionistes :

La vérité très inconfortable est que les descriptions peu amènes de la diaspora juive que l’on trouve dans les pages de Mein Kampf n’était pas très différentes de ce que clamaient les pères fondateurs du sionisme et ensuite les dirigeants de ce mouvement, si bien que la coopération entre ces deux mouvements idéologiques n’était pas si surprenante que cela.

Très ironique également a été le rôle d’Adolf Eichmann, dont le nom figure sans doute parmi les quelques nazis les plus notoires de l’histoire, du fait de son kidnapping en 1960 par des agents israéliens, suivi par son procès-spectacle public et son exécution comme criminel de guerre. Il se trouve qu’Eichmann avait été l’une des personnalités nazies centrales dans l’alliance sioniste ; il est allé jusqu’à étudier l’Hébreu et est semble-t-il devenu philosémite durant les années de son étroite collaboration avec les hauts dirigeants sionistes.

Mais au lendemain de la victoire alliée absolue après la seconde guerre mondiale, et la diabolisation massive de l’Allemagne nazie — et les anciens alliés juifs n’ont pas été les derniers à y prendre part, le rôle central du partenariat économique nazi-sioniste des années 1930 est devenu un secret à faire disparaître à tout prix pour le gouvernement israélien nouvellement établi, un secret qui aurait pu détruire le pays balbutiant s’il avait été largement connu. Il n’est pas impossible que la raison première de l’élimination d’Eichmann ait découlé de préoccupations sur l’idée qu’il aurait pu révéler cet accord dissimulé de longue date.

La Pravda américaine : Juifs et Nazis
Ron Unz • The Unz Review • 6 août 2018 • 6,800 Mots

La profondes racines racialistes et les liens historiques avec les Nazis du mouvement sioniste et de l’État d’Israël qu’il a créé apparaissent de manière frappante à quiconque enquête sur la nature de la société israélienne moderne, même si nos médias affichent un parti pris écrasant pour Israël et n’insistent pas du tout sur ces embarras idéologiques.

De manière plutôt ironique, Israël est aujourd’hui l’un des rares pays présentant un critère strict à base raciale pour le statut de citoyenneté et d’autres privilèges ; la politique d’immigration réservée aux Juifs est désormais souvent mise en œuvre en pratiquant des tests ADN, et les mariages entre Juifs et non-Juifs sont juridiquement interdits. Il y a quelques années, les médias mondiaux ont également relaté l’histoire remarquable d’un Arabe palestinien condamné à de la prison pour viol pour avoir eu des relations sexuelles consenties avec une femme juive en s’étant fait passer pour Juif.

Comme le judaïsme orthodoxe est strictement matrilinéaire et contrôle la loi d’Israël, même les Juifs provenant d’autres branches peuvent connaître des difficultés inattendues en raison de conflits entre identités ethniques personnelles et statuts juridiques officiels. La vaste majorité des riches et influentes familles juives vivant dans le reste du monde ne suit pas les traditions religieuses orthodoxes, et au fil des générations, ont souvent épousé des femmes non juives. Pourtant, même si ces dernières s’étaient converties au judaïsme, leur conversion est considérée comme invalide par les rabbins orthodoxes, et aucun de leurs descendants n’est reconnu comme juif. Et si certains membres de ces familles développent par la suite un profond engagement envers leur héritage juif et décident d’aller vivre en Israël, ils sont parfois scandalisés de découvrir qu’ils ont été classifiés officiellement comme “goyims” suivant la loi orthodoxe, et n’ont pas le droit juridiquement de se marier avec des personnes juives. Ces controverses politiques majeures font régulièrement éruption et se frayent parfois un chemin jusque dans les médias internationaux.

Il me semble que tout dirigeant étasunien qui proposerait des tests ADN pour décider l’admission ou de l’exclusion de candidats à l’immigration connaîtrait les plus grandes difficultés à conserver son poste, et les activistes juifs d’organisations comme l’ADL ne seraient sans doute pas les derniers à mener l’attaque. Et il en irait sans doute de même pour tout procureur ou juge qui enverrait des non-blancs en prison pour le crime de “se faire passer pour” blanc et réussir ainsi à séduire des femmes blanches. Et il en irait de même en Grande-Bretagne, en France, et dans la plupart des pays occidentaux, où des organisations comme l’ADL ne manqueraient pas de jouer un rôle important. Pourtant, en Israël, ces lois existent, provoquent un certain embarras temporaire lorsqu’on en parle dans les médias internationaux, mais restent invariablement en place après qu’on a arrêté de parler de l’affaire. Ce type de sujet est considéré comme n’ayant guère plus d’importance que les liens entretenus par le premier ministre israélien des années 1980 avec les nazis durant la guerre.

Mais peut-être que la solution à ces différences troublantes dans le fonctionnement des réactions publiques réside dans une vieille blague. Un esprit de gauche a jadis affirmé que la raison pour laquelle les États-Unis n’avaient jamais connu de coup d’État militaire était qu’il s’agissait du seul pays au monde qui n’a pas d’ambassade des États-Unis pour organiser ce type d’activité. Et contrairement aux États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, et de nombreux autres pays traditionnellement blancs, Israël ne dispose pas d’organisations activiste juive pour remplir le rôle puissant de l’ADL.

Au cours des dernières années, de nombreux observateurs extérieurs ont noté une situation politique apparemment très étrange en Ukraine. Ce pays malheureux possède de puissants groupes militants, dont les symboles publics, l’idéologie affirmée, et les affiliations politiques les marquent sans coup férir comme néo-nazis. Pourtant, ces éléments néo-nazis violents se font tous financer et contrôler par un oligarque juif qui bénéficie de la double nationalité israélienne. Qui plus est, cette étrange alliance a été enfantée et bénie par des personnalités néoconservatrices juives parmi les plus en vue aux États-unis, comme Victoria Nuland, qui a réussi à faire usage de son influence médiatique pour maintenir des éléments aussi explosifs loin des yeux du public étasunien.

Au premier coup d’œil, une relation étroite entre Juifs israéliens et néo-nazis européens apparaît comme une alliance parfaitement grotesque et bizarre, mais après avoir lu le livre fascinant de Brenner, mon point de vue a nettement changé. De fait, la principale différence entre le passé et le présent est que durant les années 1930, les factions sionistes représentaient un partenaire particulièrement insignifiant aux yeux d’un Troisième Reich puissant, alors que de nos jours, ce sont les Nazis qui tiennent le rôle de demandeurs face à la puissance formidable du sionisme international, qui domine désormais résolument le système politique étasunien, et à travers lui une grande partie du monde.

Considérons le traitement contrasté de l’antisémitisme, du racisme et du nationalisme juif connu sous le nom de sionisme dans notre monde occidental, dont les élites politiques et médiatiques dominantes assignent des valeurs morales extrêmement différentes à ces mouvements disparates. Il y a plusieurs années, j’ai exposé une manière permettant de comprendre la relation entre ces différentes idéologies.

Un groupe cohérent et organisé possède en général des avantages colossaux par rapport à une masse agglomérée d’individus atomisés, et c’est ainsi qu’une Phalange macédonienne disciplinée pouvait facilement vaincre un corps nettement plus nombreux d’infanterie désorganisée. Il y a de nombreuses années, sur un site internet, j’étais tombé sur un commentaire très perspicace au sujet du lien évident existant entre “antisémitisme” et “racisme,” que nos médias dominants identifient comme deux des pires maux du monde. Selon cette analyse, l’“antisémitisme” représente la tendance à critiquer ou à résister à la cohésion sociale juive, alors que le “racisme” représente les tentatives des non-juifs blancs à maintenir une cohésion sociale semblable entre eux. Dans la mesure où les émanations idéologiques en provenance de nos organes médiatiques centralisés servent à renforcer et à protéger la cohésion juive tout en attaquant et en dissolvant toute cohésion du même ordre de la part de leurs homologues non-juifs, les premiers en tirent évidemment des avantages colossaux dans la compétition aux ressources menées contre les seconds.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

 

Viol, EI/ISIS, Mein Kampf et autres mensonges : Comment Israël a perdu toute crédibilité

Source : RzO International - Le 23/11/2023.

par Ramzy Baroud

Le samedi 11 novembre, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a affirmé lors d’une conférence de presse qu’Israël avait tué un «terroriste» qui avait empêché 1000 civils de s’échapper de l’hôpital Shifa.

Les allégations n’avaient guère de sens. Même selon les normes de la propagande israélienne, falsifier une telle information sans fournir de contexte ni de preuve contribue encore davantage à la détérioration de la crédibilité d’Israël dans les médias internationaux et de son image dans le monde entier.

Juste un jour plus tôt, un responsable américain anonyme a été cité par CNN comme disant, dans un câble diplomatique, «nous perdons beaucoup dans le champ de bataille de la messagerie».

Le diplomate faisait référence à la réputation américaine au Moyen-Orient – en fait, dans le monde entier – qui est aujourd’hui en lambeaux en raison du soutien aveugle des États-Unis à Israël.

Rôles inversés

Ce déficit de crédibilité est visible en Israël même. Non seulement le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou perd sa crédibilité auprès des Israéliens, selon divers sondages d’opinion, mais l’ensemble de l’establishment politique israélien semble également perdre la confiance des Israéliens ordinaires.

Une plaisanterie courante parmi les Palestiniens ces jours-ci est que les dirigeants israéliens imitent les dirigeants arabes des précédentes guerres israélo-arabes, en termes de langage, de fausses victoires et de gains sans fondement sur le front militaire.

Par exemple, alors qu’Israël repoussait rapidement les militaires arabes sur tous les fronts en juin 1967, avec le plein soutien des États-Unis et de l’Occident, les dirigeants des armées arabes déclaraient bien sûr par radio qu’ils étaient arrivés aux «portes de Tel-Aviv».

Les fortunes semblent avoir été inversées. Abu Obeida et Abu Hamza, porte-parole militaires respectivement des Brigades Al-Qassam et des Brigades Al-Qouds, fournissent des comptes rendus très minutieux de la nature de la bataille et des pertes des forces militaires israéliennes en progression dans leurs déclarations régulières et très attendues.

L’armée israélienne, en revanche, parle de victoires imminentes, d’assassinats de «terroristes» anonymes et de destruction d’innombrables tunnels, tout en ne fournissant aucune preuve. La seule «preuve» fournie est le ciblage intentionnel d’hôpitaux, d’écoles et d’habitations civiles.

Alors même si les déclarations d’Abu Obeida sont presque toujours suivies de vidéos bien réalisées, documentant la destruction systématique des chars israéliens, aucune documentation de ce type ne vient étayer les affirmations militaires israéliennes.

Au-delà du champ de bataille

Mais la question de la crédibilité d’Israël, ou plutôt de son manque de crédibilité, ne se pose pas uniquement sur le champ de bataille.

Dès le premier jour de la guerre, des médecins palestiniens, des agents de la défense civile, des journalistes, des blogueurs et même des gens ordinaires ont filmé ou enregistré tous les crimes de guerre israéliens partout dans la bande de Gaza assiégée. Et malgré la coupure continue d’Internet et de l’électricité à Gaza par l’armée israélienne, les Palestiniens ont réussi à suivre tous les aspects du génocide israélien en cours.

La précision du récit palestinien a même forcé les responsables américains, qui doutaient initialement des chiffres palestiniens, à finalement admettre que les Palestiniens disaient la vérité, après tout.

Barbara Leaf, secrétaire d’État adjointe aux Affaires du Proche-Orient, a déclaré le 9 novembre devant un panel de la Chambre des représentants des États-Unis que le nombre de personnes tuées par Israël pendant la guerre était probablement «plus élevé que ce qui est cité».

En effet, chaque jour, Israël perd sa crédibilité au point que les premiers mensonges israéliens sur ce qui s’est passé le 7 octobre se sont finalement révélés désastreux pour l’image globale et la crédibilité d’Israël sur la scène internationale.

Le viol, l’État islamique et Mein Kampf

Dans l’euphorie de la diabolisation de la Résistance palestinienne – comme moyen de justifier le génocide israélien à Gaza – le gouvernement et l’armée israéliens, puis les journalistes et même les gens ordinaires, ont tous été recrutés dans une campagne de hasbara sans précédent visant à dépeindre les Palestiniens comme des «animaux humains». – selon les mots du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

Quelques heures après les événements et avant qu’une enquête ne soit menée, Netanyahou parlait de «bébés décapités», prétendument mutilés par la Résistance ; Gallant a affirmé que «des jeunes filles ont été violées violemment» ; même l’ancien grand rabbin militaire, Israel Weiss, a déclaré avoir «vu une femme enceinte avec le ventre déchiré et le bébé coupé».

Même le président israélien, soi-disant «modéré», Isaac Herzog a fait des déclarations ridicules sur la BBC le 12 novembre. Interrogé sur les frappes aériennes israéliennes sur Gaza, Herzog a affirmé que le livre «Mein Kampf», écrit par Adolf Hitler en 1925, avait été trouvé dans «la chambre d’un enfant». dans le nord de Gaza.

Et bien sûr, il y a eu des références répétées aux drapeaux de l’Etat islamique qui, pour une raison quelconque, étaient arborés par les combattants du Hamas lorsqu’ils sont entrés dans le sud d’Israël le 7 octobre, entre autres contes de fées. Le fait que l’Etat islamique soit un ennemi juré du Hamas et que le Mouvement palestinien ait fait tout ce qui était en son pouvoir pour éradiquer toute possibilité pour l’Etat islamique d’étendre ses racines dans la bande de Gaza assiégée semblait sans rapport avec la propagande désarticulée d’Israël.

Comme on pouvait s’y attendre, les médias israéliens, américains et européens ont réitéré l’affirmation d’un lien entre le Hamas et l’EI (ISIS), sans discussion rationnelle ni vérification minimale des faits.

Mais, avec le temps, les mensonges israéliens n’étaient plus capables de résister à la pression de la vérité émanant de Gaza, documentant chaque atrocité et chaque bataille, et obscurcissant toutes les allégations israéliennes forgées.

Le tournant de la série incessante de mensonges israéliens a peut-être été l’attaque contre l’hôpital baptiste Al-Ahli dans la ville de Gaza le 17 octobre. Même si beaucoup ont adopté et défendent encore, malheureusement, le mensonge israélien – selon lequel une roquette de la Résistance est tombée sur l’hôpital – le caractère sanglant de ce massacre, qui a fait des centaines de morts, a été, pour beaucoup, un coup de gong qui les a réveillés.

L’une des nombreuses questions qui ont été soulevées après le massacre de l’hôpital baptiste est la suivante : si Israël était effectivement honnête sur sa version des événements concernant ce qui s’est passé à l’hôpital, pourquoi a-t-il bombardé tous les autres hôpitaux de Gaza et a-t-il continué à le faire pendant des semaines ?

Hasbara israélienne annulée

Il y a des raisons pour lesquelles la propagande israélienne n’est plus en mesure d’influencer efficacement l’opinion publique, même si les grands médias continuent de se ranger du côté d’Israël, y compris lorsque ce dernier commet un génocide.

Premièrement, les Palestiniens et leurs partisans ont réussi à «annuler» Israël en utilisant les médias sociaux qui, pour la première fois, ont submergé les campagnes de propagande organisées, souvent conçues au nom d’Israël dans les grands médias.

Une analyse du contenu en ligne sur les plateformes de médias sociaux populaires a été menée par la plateforme israélienne de marketing d’influence Humanz. L’étude, publiée en novembre, admet que «alors que 7,39 milliards de publications avec des tags pro-israéliens ont été publiées sur Instagram et TikTok le mois dernier, au cours de la même période, 109,61 milliards de publications avec des tags pro-palestiniens ont été publiées sur les plateformes». Cela signifie, selon l’entreprise, que les opinions pro-palestiniennes sont 15 fois plus populaires que les opinions pro-israéliennes.

Deuxièmement, les médias indépendants, palestiniens et autres, ont proposé des alternatives à ceux qui cherchaient une version des événements différente de celle qui se déroule à Gaza.

Un seul journaliste palestinien indépendant à Gaza, Motaz Azaiza, a réussi à acquérir plus de 14 millions de followers sur Instagram en un seul mois grâce à ses reportages sur le terrain.

Troisièmement, «l’attaque surprise» du 7 octobre a privé Israël de l’initiative, non seulement en ce qui concerne la guerre elle-même, mais aussi de la justification de la guerre. En effet, leur guerre génocidaire contre Gaza n’a pas d’objectifs spécifiques, mais n’a pas non plus de campagne médiatique précise pour défendre ou rationaliser ces objectifs non spécifiés. Par conséquent, le discours médiatique israélien semble déconnecté, aléatoire et, parfois même, auto-destructeur.

Et enfin, la brutalité du génocide israélien à Gaza. Si l’on doit juxtaposer les mensonges des médias israéliens aux horribles crimes israéliens commis à Gaza, on ne trouvera aucune logique plausible qui pourrait justifier de manière convaincante les meurtres de masse, les déplacements, la famine et le génocide d’une population sans défense.

Jamais la propagande israélienne n’a échoué de manière aussi stupéfiante et jamais les grands médias n’ont échoué à protéger Israël de la colère mondiale – en fait, de la haine bouillonnante – contre l’horrible régime d’apartheid d’Israël. Les répercussions de tout cela auront très certainement un impact sur la façon dont l’histoire se souviendra de la guerre israélienne contre Gaza, qui a jusqu’à présent tué et blessé des dizaines de milliers de civils innocents.

Une génération entière, sinon plus, a déjà construit une perception d’Israël comme un régime génocidaire et aucun nombre de mensonges futurs, de films hollywoodiens ou de reportages du magazine Maxim ne parviendra jamais à atténuer cette perception.

Plus important encore, cette nouvelle perception est susceptible de contraindre les gens, non seulement à réexaminer leur vision du présent et de l’avenir d’Israël, mais aussi du passé – le fondement même du régime sioniste, lui-même fondé sur rien d’autre que des mensonges.

source : Antiwar via La Cause du Peuple

Guerre Israël et Hamas : Les États-Unis ont oublié l’avertissement de Brzezinski

Source : RzO International - Le 23/11/2023.

par Philippe Rosenthal

Il y a près de 20 ans, le géopoliticien chevronné, Zbigniew Brzezinski, prédisait avec justesse la politique étrangère suicidaire de son pays. Les États-Unis n’ont pas tenu compte de son avertissement. Aujourd’hui, son analyse de la situation en Palestine avec l’État hébreu, la volonté des États-Unis et d’Israël et de leurs alliés de faire la guerre à l’Iran, tout cela est devenue une réalité comme si la prophétie de Zbigniew Brzezinski sortait de terre.  

Il ne se passe pas un jour sans que la machine médiatique mondiale (occidentale) n’affirme la responsabilité des Palestiniens dans les événements actuels au Moyen-Orient. Selon la version officielle de ces médias, le 7 octobre, les Palestiniens ont attaqué Israël – un pays parfaitement paisible – qui, lui, a été contraint de prendre des mesures de représailles dans le cadre de légitime défense. Le récit occidental traite les Palestiniens de terroristes. Les présentateurs des télévisions occidentales insistent sur cette définition. L’AFP refuse, pourtant, d’employer ce qualificatif.  

Zbigniew Brzezinski est arrivé – en avertissant les autorités de son pays – il y a près de 18 ans à la conclusion que les États-Unis prenaient la mauvaise direction. Sa conclusion rejoint la réflexion de l’AFP sur le choix d’employer le mot terroriste pour le Hamas. Les dirigeants des États-Unis n’ont depuis fait qu’aggraver les erreurs qui ont conduit le fameux «poste avancé de l’Occident représentant la démocratie» au Moyen-Orient tout droit au désastre.  

Dans un entretien avec le Financial Times intitulé «Demandez à l’expert : la politique américaine au Moyen-Orient», Zbigniew Brzezinski avertissait sur la ligne à suivre pour éviter une catastrophe. «L’absence d’une résolution juste et mutuellement acceptable du conflit israélo-palestinien est susceptible de produire une situation qui ressemblera, de facto, à l’apartheid : c’est-à-dire deux communautés vivant côte à côte mais séparées par la répression, l’une jouissant de la prospérité et s’emparant des terres du l’autre, et l’autre vivant dans la pauvreté et le dénuement», notait-il avant d’affirmer évoquant l’obligation morale des États-Unis ici : «C’est un résultat qui doit être évité». Puis, l’expert d’origine polonaise sonnait l’alarme sur la volonté de faire la guerre à l’Iran, un discours actuel qui est soutenu par les États-Unis, Israël et ses alliés : «Ce serait un désastre à la fois pour [les États-Unis] et pour Israël que [les États-Unis] et Israël s’impliquent dans un conflit militaire avec l’Iran. Quiconque connaît la dynamique géopolitique de la région du golfe Persique sait qu’une telle guerre aurait des conséquences économiques et politiques dévastatrices pour l’économie mondiale et le système international» ; «Cela isolerait également [les États-Unis] et créerait des circonstances dans lesquelles la prééminence mondiale américaine deviendrait rapidement une chose du passé. Et, cela aurait des conséquences mortelles pour Israël lui-même». Aujourd’hui, ces avertissements sont une réalité. 

Selon Zbigniew Brzezinski, les terroristes ne naissent pas, mais le deviennent – sous l’influence d’événements spécifiques, d’expériences personnelles, d’idées, de phobies, de mythes nationaux, de mémoire historique, de fanatisme religieux et de lavage de cerveau délibéré. Ils le deviennent sous l’influence de l’image télévisée, en particulier de l’indignation qui s’empare des gens lorsqu’ils voient que des étrangers armés jusqu’aux dents, à leur avis, piétinent grossièrement la dignité de leurs coreligionnaires. Dans un entretien au Spiegel, il faisait la remarque suivante : «Pendant la guerre froide, notre politique visait à unir nos amis et à diviser nos ennemis. Malheureusement, nos tactiques actuelles, y compris le langage islamophobe occasionnel, ont tendance à unifier nos ennemis et à aliéner nos amis».  

Un sentiment aigu d’hostilité politique à l’égard des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël encourage non seulement les habitants du Moyen-Orient, mais aussi les habitants de pays aussi éloignés que l’Éthiopie, le Maroc, le Pakistan, l’Indonésie et même les Caraïbes, à rejoindre les rangs de ceux qui sont désignés comme être des terroristes : Le Hamas.

source : Observateur Continental

T. Meyssan : “Sans les USA, Israël disparaîtrait”

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Eric Verhaeghe - Le 22/11/2023.

Meyssan : “Sans les USA, Israël disparaîtrait”

Nous inaugurons aujourd’hui la chronique quinzomadaire de Thierry Meyssan consacrée au Proche-Orient. Dans ce numéro, nous évoquons essentiellement la trêve qui vient d’être conclue à Gaza entre Israéliens et Palestiniens, portant sur un cessez-le-feu et un échange de prisonniers. Plus profondément, la question est de savoir ce que le Hamas peut durablement obtenir dans ce conflit, face à un Etat fortement soutenu par les Etats-Unis. Prochain rendez-vous le 6 décembre 2023 !

Le Courrier inaugure donc sa collaboration régulière avec Thierry Meyssan par une interview consacrée à la trêve entre Israël et le Hamas à Gaza, avec un échange de prisonniers à la clé. Comment interpréter cette soudaine inflexion d’Israël, jusqu’ici opposée à toute forme de cessez-le-feu ?

  • Pour Thierry Meyssan, cette trêve est imposée par les USA, de moins en moins capable de soutenir la confrontation directe à Gaza, notamment au vu de la réaction de l’opinion publique
  • Israël est engagé dans un processus de destruction systématique de Gaza, destinée à faire fuir sans population, sans espoir de retour
  • Les services israéliens n’ont pas caché ce projet, de l’aveu même de la presse israélienne, qui a publié des documents sur ce sujet
  • La situation au Liban-Sud pourrait dégénérer et donner lieu à un conflit très large
  • La puissance américaine reste difficile à détrôner

 Pourquoi les Etats-Unis ont imposé à Netanyahu un cessez-le feu et un échange de prisonniers

Pourquoi les Etats-Unis ont imposé à Netanyahu un cessez-le feu et un échange de prisonniers 

 

Le cessez-le feu à Gaza, qui commencera jeudi à 10h00 (heure de Gaza), n’a été accepté par le gouvernement israélien que sous une forte contrainte américaine. La raison principale de la pression mise par les USA sur Benjamin Netanyahu est le rôle croissant joué par la Chine dans les affaires du Proche-Orient. Au moment où la réprobation des massacres commis par l’armée israélienne à Gaza devenait quasi-universelle, les Etats-Unis constatent l’audience croissante de la Chine dans la région. Et le risque qui pèse sur leur propre influence.

Bande de Gaza 1er novembre 2023. REUTERS/Mohammed Al-Masri TPX IMAGES OF THE DAY

Il est bien évident qu’au-delà du soulagement concernant le retour d’une cinquantaine d’otages (échangés contre 150 Palestiniens), l’accord de cessez-le-feu passe mal dans une partie de la société israélienne. En témoigne un article paru ce mercredi matin dans Yediot Aharonot:

“En réponse à la crainte que l’accord n’arrête complètement la guerre, le public a été informé de l’insistance pour la reprise des combats après seulement quatre jours. Mais il faut probablement l’expliquer à nouveau : L’ennemi est un acteur irrationnel, un tueur étonnamment cruel, et aussi quelqu’un qui connaît les dessous de la société israélienne. Tout comme il a reconnu la crise interne comme une opportunité d’attaque, de même il mobilise la question des enlèvements et des enlèvements pour s’oxygéner et préparer ce qui va arriver. Pour lui, le prix est négligeable : Les habitants de Gaza ne l’intéressent pas, donc certainement pas les enfants et les femmes d’Israël.

D’une manière ou d’une autre, le monstre qui a envoyé des terroristes pour tuer notre fils obtiendra toujours une légitimité grâce à 50 enlèvements et enlèvements sur plus de 200, ce qui l’aidera à obtenir un cessez-le-feu complet. Lors d’une des discussions, un argument intéressant a été entendu : La divulgation du nombre de morts enterrés sous les décombres de Gaza, parallèlement aux photos rendues publiques au monde, amènera les États-Unis à faire pression pour mettre fin à la guerre.

Mais malgré cela, dans les quatre jours convenus, l’élan offensif de Tsahal sera freiné, ce qui permettra à Sinwar de tirer des leçons et d’entamer une série d’améliorations. Un jour représentera un danger pour les forces, et il est hautement souhaitable de douter des anciens généraux et autres « commentateurs » qui négocient l’accord et prétendent qu’« il existe des solutions alternatives ». La vérité est simple : il n’y en a pas.(…)

L’armée israélienne est une armée forte et les combattants qui font un excellent travail sont prêts à payer de leur vie pour atteindre les objectifs de la guerre, notamment le retour des civils chez eux. Mais dans les conditions dans lesquelles cela se déroule actuellement, Israël pourraient rater une occasion historique de changer fondamentalement le problème de Gaza, à la fois en payant avec la vie de combattants et en manquant un meilleur accord. Et le fait qu’il n’y ait personne au sommet de la direction de la campagne qui pense de cette façon ne signifie pas qu’ils “Nous n’avons pas tort : Après tout, ce n’est pas la première fois que cela leur arrive. Dans l’accord Shalit, nous avons libéré plus de 1 000 prisonniers et nous avons probablement commis une erreur historique. [Aujourd’hui] nous mettons en péril notre guerre la plus importante des dernières décennies, et tout cela est signé par une seule personne : Benjamin Netanyahu.

Yediot Aharonot, 22.11.2023

Pour que Benjamin Netanyahu, bouc émissaire à venir de la politique israélienne, soit néanmoins enclin à signer un accord qui le met en porte-à-faux avec les plus durs de sa coalition, il faut qu’il y ait été contraint.

Pourquoi les Etats-Unis ont tordu le bras à Netanyahu

Ce sont les Etats-Unis qui ont forcé le gouvernement israélien. Jusqu’à présent, Washington avait bloqué les demandes de cessez-le-feu humanitaire présentés par les BRICS (Russie, Brésil) au Conseil de sécurité de l’ONU. Et Israël pouvait se permettre d’ignorer la volonté de l’Assemblée Générale des Nations Unies parce que les USA ne le contraignaient pas.

Qu’est-ce qui a changé?

Il y a bien entendu la réalité sur le terrain. Plus les jours passent, moins elle est favorable à Israël. Contrairement aux affirmations de Yediot Aharonot ci-dessus, l’armée israélienne n’est toujours pas parvenue, six semaines après le début du conflit, au coeur de la ville de Gaza. Les embuscades tendues par les mouvements combattants palestiniens ont fait des victimes par dizaines dans les rangs de Tsahal. Ajoutons la pression du Hezbollah au nord, des Houthis au sud, Et ajoutons celles des milices chiites irakiennes sur les bases américaines en Syrie et en Iraq - qui ont fait une cinquantaine de victimes au moins dans les rangs militaires américains, la pression militaire était évidente.

Il y a eu ensuite les pressions internes croissantes aux Etats-Unis. Le parti démocrate risque de se fracturer du fait des polémiques internes sur la légitimité d’un soutien à Netanyahu. Et puis, au Département d’Etat, le malaise interne risquait de devenir public.

Cependant, la raison la plus profonde est l’influence croissante de la Chine sur les affaires du Proche-Orient. On parlait d’un cessez-le-feu dès samedi 18 novembre. Mais Israël continuait à rechigner. La visite à Pékin lundi 20 novembre d’une délégation arabo-musulmane a donné le coup de grâce à l’obstruction du gouvernement Netanyahu.

Au printemps dernier, la Chine avait fait une entrée fracassante sur la scène diplomatique du Proche-Orient, en amenant l’Iran et l’Arabie Saoudite à signer un accord. Un véritable tremblement de terre!

Non moins important : Dès le début de la guerre de Gaza, la Chine a parlé des droits des Palestiniens, avec une insistance inhabituelle. Sur le fond, rien de très nouveau. La Chine insiste sur la nécessité de respecter les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU; et répète qu’il doit y avoir un Etat palestinien pour que la paix soit établie.

Pour Israël, dont le gouvernement actuel ne veut pas des deux Etats, la perspective de voir les Etats-Unis marginalisés dans la région est un cauchemar. Le gouvernement Netanyahu en fait n’avait pas le choix.

La vraie question, désormais, c’est de savoir s’il est possible de reprendre la guerre après le cessez-le-feu. Ce dernier est un piège dans lequel les Israéliens ont dû accepter d’entrer. Il est en train de se refermer.

Comment Netanyahu falsifie l’actualité

Nous pensons être correctement informés en Occident de ce qui se passe à Gaza. Il n’en est rien. Les images que nous voyons sont sélectionnées. Les commentaires que nous entendons ne nous permettent pas de les comprendre. Ils nous induisent volontairement en erreur. Toute opinion dissidente est censurée.

Comme toutes les guerres, celle opposant l’État d’Israël à la population palestinienne fait l’objet d’un combat médiatique. La Résistance palestinienne n’a pas besoin de raconter l’injustice contre laquelle elle se bat : il suffit de regarder pour constater. Elle vise plutôt à magnifier telle ou telle de ses composantes. Israël doit, par contre, convaincre de sa bonne foi, ce qui après trois quarts de siècle de violation du Droit international n’est pas une mince affaire.

AVANT L’ATTAQUE

 

Depuis l’attaque de la Résistance palestinienne, le 7 octobre 2023, Israël déploie donc tous ses services pour nous faire croire  que cette attaque est une opération des jihadistes du Hamas ;
 et qu’il ignorait tout de sa préparation.

Le rôle du Hamas

Or, cette attaque a été conduite par l’ensemble des factions palestiniennes, à l’exception du Fatah [1]. Le Hamas se définissait jusqu’il y a peu comme la « Branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans », ainsi qu’indiqué sur tous ses documents. À ce titre, il a combattu contre les laïques du Fatah de Yasser Arafat et du FPLP de George Habache, puis contre ceux de la République arabe syrienne du président Bachar el-Assad. Tous, à ses yeux, n’étaient que des « ennemis de Dieu ». Le Hamas était financé par Israël et, en Syrie, ses combattants étaient encadrés par des officiers du Mossad et de l’Otan. Cependant, après l’échec de la Confrérie en Égypte et leur défaite en Syrie, le Hamas s’est divisé entre une partie fidèle aux Frères musulmans, conduite par Khaled Mechaal et poursuivant toujours l’instauration d’un Califat mondial, et une autre qui s’est recentrée sur la libération de la Palestine. Cette seconde tendance, à l’initiative de l’Iran, a renoué avec la Syrie jusqu’à ce que son leader, Khalil Hayya, soit reçu, à Damas, par le président Bachar el-Assad. Elle a également renoué avec le Hezbollah libanais, jusqu’à participer, à Beyrouth, à des réunions avec lui et les autres composantes de la Résistance palestinienne.

Le président syrien, Bachar el-Assad, reçoit Khalil Hayya à Damas, le 19 octobre 2022.

 Toutes les composantes de la Résistance palestinienne étaient convenues de mener une opération « coup de poing » pour enlever des civils et des soldats israéliens et les échanger contre les civils et les combattants palestiniens détenus en Israël. La date du 7 octobre a été choisie par le seul Hamas et les autres factions palestiniennes n’ont été informées que quelques heures auparavant. Au demeurant, les combattants du Hamas étaient majoritaires par rapport aux marxistes du FPLP et aux membres de l’Axe de la Résistance (coalisés autour de l’Iran), le Jidad islamique.

 

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a reçu le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, et le chef du Jihad islamique, Ziad el-Nakhala.

Le secret de polichinelle de l’opération du 7 octobre

L’opération coup de poing avait été planifiée lors d’une réunion de coordination en mai à Beyrouth. La presse libanaise s’en était faite l’écho. Cependant, si le principe, les cibles et le mode opératoire avaient été fixés, personne ne savait quand elle aurait lieu.

Les services de Renseignement égyptiens ont été les premiers à sonner l’alerte. Ils soutiennent la Résistance palestinienne, mais combattent le Hamas sans pouvoir discerner entre ses deux tendances. Ils ne s’inquiétaient pas d’une possible réussite de la Résistance palestinienne, mais
des Frères musulmans. Le ministre du Renseignement, Kamal Abbas, a personnellement prévenu ses homologues israéliens [2].

Le colonel Yigal Carmon, directeur du Middle East Media Research Institute (Memri), a personnellement prévenu son ami, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, que quelque chose se préparait. Mais, selon lui, celui-ci ne l’a pas écouté [3].

La Central Intelligence Agency (CIA) a produit deux rapports sur la préparation de cette attaque. Selon le New York Times, le second, daté du 5 octobre, a été envoyé aux autorités israéliennes. Selon le Corriere della Sera, le directeur du Shin Bet (contre-espionnage) a alors convoqué une réunion des directeurs centraux de tous services de sécurité, le 7 à 8h du matin.
Cependant, des responsables israéliens avaient eu le temps de déplacer la rave party exceptionnelle pour qu’elle se tiennent juste à la frontière de Gaza et de donner congé aux forces chargées de la protéger [4]

Aujourd’hui, un grand nombre de familles des otages sont convaincues que Benjamin Netanyahu a laissé faire afin de disposer d’une justification pour l’opération qu’il mène contre la population de Gaza. 

 

APRÈS L’ATTAQUE

 

Depuis le 7 octobre, Israël s’évertue à nous faire croire que :
 - La Résistance palestinienne dans son ensemble n’est qu’une meute de jihadistes ;
 - Les personnes soutenant le Peuple palestinien sont des antisémites ;

Le montage vidéo des FDI

Les Forces de Défense Israéliennes (FDI) ont réalisé un montage vidéo à partir des enregistrements filmés par les assaillants, de ceux de caméras de surveillance et de ceux qu’elles ont réalisées. Ce montage vise à convaincre que la Résistance palestinienne est un ramassis de barbares antisémites. On y voit des scènes insoutenables d’une famille dont le père est assassiné sous les yeux de ses enfants. On y voit un jihadiste qui tente de couper la tête d’un cadavre avec une pelle. Mais, ni viol, ni démembrement. On y voit aussi des corps carbonisés, dont le spectateur pense qu’ils ont été brûlés par les résistants. En réalité, ils ont été les cibles des missiles air-sol de l’armée israélienne venue arrêter les assaillants.

La « directive Hannibal » précise en effet que les soldats doivent tuer les « terroristes » sans se préoccuper des victimes collatérales israéliennes.

Ce montage a été visionné par des députés de la Knesset, puis du Congrès des États-Unis, avant d’être projeté dans les différents parlements des États membres de l’Otan. Seuls le Parlement belge a refusé de voir cette œuvre de propagande, sans expertise extérieure. En outre, ce film a été montré à des journalistes choisis dans les différentes capitales.

Les autorités israéliennes n’ont diffusé au grand public que les 10 minutes ci-dessous. Elles ont assuré ne pas vouloir diffuser l’intégralité du montage au grand public, par respect pour les victimes. Mais en quoi un public restreint serait-il plus respectueux ? En réalité, il s’agit d’empêcher que des spécialistes ne dénoncent sa supercherie en se demandant, victime par victime, qui l’a tuée.

 

Les manifestations contre l’antisémitisme

Pour rallier les opinions publiques occidentales à leur cause et relativiser le massacre qu’il perpètre à Gaza, Israël suscite des manifestations de soutien partout en Occident. Comme il serait impossible d’appeler à soutenir une armée qui pratique un génocide en direct sur les écrans de télévision, le Mossad suggère des manifestations contre l’antisémitisme dont le Hamas a fait preuve.

Sauf que le Hamas est pétri de l’idéologie des Frères musulmans. Il est suprémaciste sunnite. Il a longtemps combattu prioritairement les musulmans chiites et druzes. Il était certes antisémite, mais comme il était contre toutes les autres confessions musulmanes et toutes les autres religions, ni plus, ni moins.

Le Mossad a donc parfois utilisé un autre argument : Les immigrés arabes soutiennent le Hamas et sont donc antisémites. Les États européens devraient prendre des mesures pour protéger leurs populations juives.

La manifestation de Washington a donc dénoncé avant tout la barbarie supposée du Hamas, tandis que la manifestation de Paris a mis en avant la lutte contre l’antisémitisme. Mais aucune des deux n’a fait le plein. Celle de Washington a été boycotté par de nombreuses associations juives. Elle n’a pu réunir que 200 000 personnes, principalement chrétiennes sionistes. Les gens sont plus venus pour entendre le télévangéliste John Hagee que pour voir le président de l’État d’Israël, Isaac Herzog. Celle de Paris était ouverte par les présidents des deux assemblées et tous leurs prédécesseurs, la Première ministre et tous ses prédécesseurs, et le président du Conseil constitutionnel et ses prédécesseurs. Mais il n’y avait derrière eux que quelques dizaines de milliers de personnes.

Deux absents de marque : Les ministres des Affaires étrangères Roland Dumas (également ancien président du Conseil constitutionnel) et Dominique de Villepin (également ancien Premier ministre). Ils se sont illustrés comme des résistants à l’impérialisme, donc aux gouvernements états-uniens et israéliens.

Depuis des décennies, Israël accuse les antisémites de se cacher derrière un antisionisme de façade. Progressivement, il amalgame les deux concepts.

Or, l’antisémitisme européen est une forme de xénophobie qui a débuté sous l’empire romain, s’est poursuivi sous l’Église catholique et s’est prolongé sous le nazisme. Il consiste à accuser successivement tous les juifs collectivement d’insurrection, d’avoir tué le Christ ou dégénérer la race aryenne.

Tandis que l’antisionisme est une opinion politique selon laquelle le nationalisme juif ne doit pas se mettre au service d’un projet colonial. Aujourd’hui, la plupart des juifs états-uniens sont antisionistes, tandis que la majorité des juifs européens sont sionistes.

Le sénateur français Stéphane Le Rudulier (Républicain) vient de déposer une proposition de loi visant à aggraver les peines encourues pour injure, provocation à la haine ou à la violence lorsqu’elles visent l’État d’Israël. Outre que l’on ne voit pas en quoi ces incriminations seraient plus graves dans ce cas que dans les autres, on se souvient, qu’en 1975, le monde fut agité par un débat sur la nature du sionisme. L’Organisation de l’Unité Africaine affirma que « le régime raciste en Palestine occupée et le régime raciste au Zimbabwe et en Afrique du Sud ont une origine impérialiste commune, qu’ils forment un tout et ont la même structure raciste, et qu’ils sont organiquement liés dans leur politique destinée à opprimer la dignité et l’intégrité de l’être d’humain ». Identiquement le Mouvement des pays non-alignés qualifia le sionisme de « menace pour la paix et la sécurité du monde, et a appelé tous les pays à s’opposer à cette idéologie raciste et impérialiste ». Enfin l’Assemblée générale des Nations unies adopta une résolution qualifiant le sionisme de « forme de racisme et de discrimination raciale » [5].

Seule la résolution des Nations unies a été abrogée, en 1991, afin d’aider Israël à appliquer les résolutions de la conférence de Madrid sur la Palestine. Les deux autres textes sont toujours en vigueur et, compte tenu de la non-application par Israël des décisions de Madrid, comme de tous les textes internationaux sur la Palestine, la question du rétablissement de la résolution 3379 a plusieurs fois été posée.

 

LA MISE EN SCÈNE DE L’HÔPITAL AL-SHIFA

 

C’est dans ce contexte que les FDI ont mis en scène la découverte du QG militaire du Hamas, sous le plus grand hôpital de Gaza. Un officier des relations publiques nous a expliqué que des armes avaient été découvertes sur place et, au vu d’une corde attachée à un pied de chaise, qu’un abri souterrain avait hébergé des otages.

Pendant que le public débat de savoir si ces preuves sont convaincantes ou non, il oublie l’histoire de cet hôpital. Il a été construit en 1983 par Israël [6]. Les FDI en possèdent donc tous les plans. Le Mossad y a installé le Hamas dans les sous-sols lorsqu’il luttait contre le Fatah. Par la suite, l’hôpital est devenu le lieu de rendez-vous des responsables du Hamas avec les journalistes étrangers. Mais tout cela n’en fait ni un arsenal, ni un QG militaire.

Au cours de l’épisode actuel de la guerre israélo-palestinienne, les FDI ont accusé le Hamas d’avoir creusé des tunnels sous l’hôpital. Elles ont d’abord décidé de le détruire avec des bombes pénétrantes pour atteindre ses profondeurs. Mais vu les objurgations de l’Organisation mondiale de la Santé, les FDI ont admis que leur objectif ne légitimait pas de raser un hôpital. Ils ont donc rapporté leur ordre d’évacuation et l’ont encerclé. 2 300 personnes, patients, personnels soignants et réfugiés se sont rendus à l’armée israélienne qui les a fouillés sans ménagement.

Ce n’est que deux jours après avoir donné l’assaut que les FDI ont déclaré avoir découvert le quartier général militaire du Hamas sous l’hôpital Al-Shifa. En réalité, les images qu’elles ont diffusées attestent bien qu’un puits, à proximité de l’hôpital, menait à des galeries, mais absolument pas que celles-ci conduisaient à une salle pouvant servir de quartier général.

 

Les tirs, les coupures de courant et la perquisition de l’hôpital ayant provoqué de nombreux décès, les FDI ont apporté une dizaine de couveuses qui ne peuvent pas fonctionner, précisément à cause des coupures de courant, ainsi que l’ont rapporté Reuters et la BBC. Cependant, le Mossad sert à quelque chose puisque la BBC a présenté ses excuses à ses téléspectateurs pour ne pas leur avoir rapporté les dons de couveuses et la présence de traducteurs hébreu-arabe.

 

Israël a prononcé son dernier souffle

Un article du célèbre écrivain sioniste Ari Shavit, dans lequel il dit : 

«Il semble que nous soyons confrontés aux peuples les plus difficiles de l’histoire et qu’il n’y a pas d’autre solution pour eux que de reconnaître leurs droits et de mettre fin à l’occupation».

Shabit a commencé son article en disant :

«Il semble que nous ayons dépassé le point de non-retour, et il est possible qu’Israël ne puisse plus mettre fin à l’occupation, arrêter la colonisation et parvenir à la paix. Il semble qu’il ne soit plus possible de réformer le sionisme, de sauver la démocratie et de diviser les gens dans ce pays».

Il a ajouté :

«Si la situation est telle, alors il n’y a aucun goût à vivre dans ce pays.

Il n’y a aucun goût à écrire dans Haaretz,

Il n’y a aucun goût à lire Haaretz. Et nous devons faire ce que Rogel Alpher a suggéré il y a deux ans, c’est-à-dire quitter le pays… si «l’israélisme» et la judéité ne sont pas un facteur vital d’identité, et si tout «Un citoyen israélien a un passeport étranger», ce n’est pas seulement au sens technique, mais aussi au sens psychologique, c’est fini. Il faut dire au revoir à ses amis et déménager à San Francisco, Berlin ou Paris.

De là, depuis les terres du nouveau nationalisme extrême allemand, ou depuis les terres du nouveau nationalisme extrême américain, il faut regarder calmement et regarder «l’État d’Israël» rendre son dernier souffle.

Nous devons prendre trois pas en arrière et regarder l’État démocratique juif sombrer.

Il se peut «peut-être» que le problème ne soit pas encore réglé.

«Il se peut» que nous n’ayons pas encore dépassé le point de non-retour

«Il est possible» qu’il soit encore possible de mettre fin à l’occupation, d’arrêter la colonisation, de réformer le sionisme, de sauver la démocratie et de diviser le pays».

 L’écrivain poursuit :

«J’ai mis le doigt dans l’œil de Netanyahou, de Lieberman et des néo-nazis, pour les réveiller de leur délire sioniste.

Trump, Kushner, Biden, Barack Obama et Hillary Clinton ne sont pas ceux qui mettront fin à l’occupation.

Ce ne sont pas les Nations unies et l’Union européenne qui arrêteront les colonies.

La seule force au monde capable de sauver Israël de lui-même, ce sont les Israéliens eux-mêmes, en créant un nouveau langage politique qui reconnaît la réalité et le fait que les Palestiniens sont enracinés dans cette terre.

Je vous exhorte à chercher la troisième voie afin de survivre ici et de ne pas mourir».

L’auteur du journal Haaretz confirme :

«Depuis que les «Israéliens» sont arrivés en Palestine, ils se rendent compte qu’ils sont le résultat d’un mensonge créé par le mouvement sioniste, au cours duquel il a utilisé toute la tromperie sur le caractère juif à travers l’histoire.

En exploitant et en exagérant ce que Hitler appelait l’Holocauste, le mouvement a réussi à convaincre le monde que la Palestine est la «Terre promise» et que le prétendu temple est situé sous la mosquée Al-Aqsa. Ainsi, le loup a été transformé en agneau qui a été transformé en agneau. Allaité par l’argent des contribuables américains et européens, jusqu’à devenir un monstre nucléaire.

L’écrivain a demandé l’aide d’archéologues occidentaux et juifs, dont le plus célèbre est «Israel Flintstein» de l’Université de Tel-Aviv, qui a confirmé que «le Temple est aussi un mensonge et un conte de fées qui n’existe pas, et toutes les fouilles ont été prouvées». Il a été prouvé qu’il a complètement disparu il y a des milliers d’années, ce qui a été explicitement affirmé dans un grand nombre de références juives, et de nombreux archéologues occidentaux l’ont confirmé.

La dernière d’entre elles était en 1968 après JC, l’archéologue britannique Dr. Caitlin Kabinos, alors qu’elle était directrice des fouilles à l’École britannique d’archéologie de Jérusalem. Elle a effectué des fouilles à Jérusalem et a été expulsée de Palestine en raison de sa révélation de «Mythes israéliens sur la présence de traces du Temple de Salomon sous la mosquée Al-Aqsa».

Où j’ai décidé qu’il n’y avait aucune trace du Temple de Salomon et j’ai découvert que ce que les Israéliens appellent «le bâtiment des écuries de Salomon» n’a rien à voir avec Salomon ou les écuries, mais plutôt un modèle architectural de palais. Communément construit dans plusieurs régions de Palestine, et ce malgré le fait que «Kathleen Kenyon» est venue de la Société du Fonds d’Exploration de la Palestine, dans le but de clarifier ce qui était dit dans les récits bibliques, car elle a montré une grande activité en Grande-Bretagne dans le milieu du XIXe siècle concernant l’histoire du «Proche-Orient»».

L’écrivain juif a souligné que :

«La malédiction du mensonge est ce qui hante les «Israéliens», et jour après jour, elle les frappe au visage sous la forme d’un couteau dans la main d’un Jérusalémien, Khalili ou Nabulsi, ou avec une pierre ou d’un chauffeur de bus de Jaffa, Haïfa et Acre.

Les «Israéliens» réalisent qu’ils n’ont pas d’avenir en Palestine, ce n’est pas une terre sans peuple comme ils l’ont menti. Voici un autre écrivain qui reconnaît, non pas l’existence du peuple palestinien, mais plutôt sa supériorité sur les «Israéliens», il s’agit de Gideon Levy, le sioniste de gauche, lorsqu’il dit :

Il semble que les Palestiniens aient une nature différente du reste de l’humanité… «Nous avons occupé leur terre et nous avons traité leurs jeunes de prostituées, de prostituées et de drogues, et nous avons dit que quelques années passeraient et qu’ils oublieraient leur patrie et leur terre, et alors leur jeune génération fera exploser l’Intifada de 1987.

Et nous les avons mis en prison.

Nous avons dit : «Nous les élèverons en prison». Des années plus tard, après avoir pensé qu’ils avaient appris la leçon, ils sont revenus vers nous avec un soulèvement armé en 2000 qui a consumé tout ce qui était vert et sec.

Et nous avons dit que nous démolirions leurs maisons

Nous les avons assiégés pendant de nombreuses années, puis ils ont extrait des missiles impossibles à utiliser pour nous attaquer, malgré le siège et les destructions.

Nous avons donc commencé à les planifier avec le mur de séparation

Et les barbelés… et voilà, ils sont venus vers nous depuis le sous-sol et à travers des tunnels, jusqu’à nous infliger de lourdes pertes.

Pendant la dernière guerre

Nous les avons combattus avec notre esprit, puis ils se sont emparés du satellite «israélien» (Amos) ? Ils sèment la terreur dans chaque foyer «israélien» en diffusant des menaces et des menaces, comme cela s’est produit lorsque leurs jeunes ont réussi à prendre le contrôle de la Deuxième chaîne «israélienne»».

En fin de compte, comme le dit l’auteur :

«Il semble que nous soyons confrontés aux peuples les plus difficiles de l’histoire et qu’il n’y a pas d’autre solution pour eux que de reconnaître leurs droits et de mettre fin à l’occupation».

source : Haaretz

envoyé par Mouna Alno-Nakhal

What really happened in Israel on Oct. 7 ? w/Max Blumenthal | The Chris Hedges Report

Le sionisme est à la base une idéologie raciste et génocidaire

par David Miller

Bien qu’ils consacrent beaucoup de temps et de ressources à prétendre qu’ils sont des «démocrates» et non des racistes, les sionistes sont souvent, surtout dans une situation de crise, très clairs sur ce qu’ils croient.

Nous voyons régulièrement des colons dans les rues de la Palestine occupée scander des slogans provocateurs tels que «Que votre village brûle» et «Mort aux Arabes» et appeler également à une seconde Nakba.

Mais la nature raciste et génocidaire du sionisme va jusqu’au sommet.

Ce qui suit est une série de déclarations incendiaires et profondément racistes de la part des sionistes, toutes prononcées après le 7 octobre 2023 et le lancement de l’opération Tempête d’Al-Aqsa par la Résistance palestinienne dirigée par le Hamas.

• «J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura ni électricité, ni nourriture, ni carburant, tout est fermé. Nous combattons les animaux humains».
Yoav Gallant, ministre israélien des Affaires militaires, 9 octobre 2023

• «Israël doit accroître la pression humanitaire sur la bande de Gaza afin qu’à terme des centaines de milliers de Gazaouis affamés et assoiffés franchissent le terminal de Rafah».
Tzachi Levi, Israel National News, 20 octobre 2023

• «Je suis très perplexe face à l’inquiétude constante que le monde manifeste à l’égard du peuple palestinien et à l’égard de ces horribles animaux inhumains qui ont commis les pires atrocités que ce siècle ait connues».
Dan Gillerman, ancien ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, 25 octobre 2023

• «Nous sommes fils de lumière, eux sont fils des ténèbres. Et la lumière prévaudra sur les ténèbres».
Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, 25 octobre 2023

• «Ne laissez pas pierre sur pierre à Gaza. Gaza doit se tourner vers Dresde, oui ! Incendie total, plus d’espoir… Détruisez Gaza maintenant ! Maintenant !»
Moshe Feiglin, chef du parti sioniste Zehut, ancien membre de la Knesset, 26 octobre 2023

• «Si nous avions affaire à des humains, nous enverrions de l’aide humanitaire, mais nous avons affaire à des animaux».
Rabbin Meir Mazuz, octobre 2023

• «C’est toute une nation qui en est responsable. Ce discours selon lequel les civils ne sont pas au courant et ne sont pas impliqués n’est pas vrai. C’est absolument faux».
Le président israélien Isaac Herzog, le 12 octobre 2023

• «Vous devez être très prudents. Laissez-moi vous dire que nous allons terminer cette guerre, nous allons gagner, parce que nous sommes plus forts. Après cela, la Russie en paiera le prix. La Russie paiera le prix. La Russie soutient les ennemis d’Israël. La Russie soutient le peuple nazi qui veut commettre un génocide contre nous. Et la Russie en paiera le prix».
Amir Weitmann, haut responsable du parti Likoud, sur RT, 19 octobre 2023

• «Ce n’est pas Auschwitz, c’est le Hamas ! Nous ne luttons pas contre des humains, nous combattons des monstres ! Israël ne s’arrêtera pas tant que le Hamas ne sera pas détruit ! C’est ce que j’ai dit à la tribune de l’Assemblée générale lorsque j’ai montré des images de civils israéliens brûlés vifs par le Hamas et par les sauvages du Hamas».
Gilad Erdan, ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, 26 octobre 2023

• «Êtes-vous sérieux en train de poser des questions sur les civils palestiniens ? Qu’est-ce qui ne va pas?»
L’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett sur Sky News après avoir été interrogé : «Qu’en est-il des bébés dans les couveuses à Gaza dont le système de survie a été désactivé parce que les Israéliens ont coupé l’électricité», 12 octobre 2023

• «Pour l’instant, un seul objectif : la Nakba ! Une Nakba qui éclipsera la Nakba des 48. Nakba à Gaza et Nakba à tous ceux qui osent s’y joindre».
Ariel Kallner, parti Likoud, membre de la Knesset

• «Soyez triomphant et achevez-les et n’en laissez aucun derrière vous. Effacez leur souvenir. Effacez-les, leurs familles, leurs mères et leurs enfants. Ces animaux ne peuvent plus vivre».
Ezra Yachin, 95 ans, ancien terroriste du gang Stern, est désormais revenu dans les forces d’occupation, octobre 2023.

Ce ne sont là que quelques-unes des déclarations génocidaires que les dirigeants et les pom-pom girls sionistes ont publiées au cours du seul mois dernier.

Beaucoup d’autres peuvent être trouvées en ligne dans divers sujets, collections et vidéos.

L’épidémie de déclarations génocidaires qui a suivi le 7 octobre a choqué le monde et à juste titre. Mais, bien sûr, le sionisme a toujours été une idéologie et un mouvement intrinsèquement raciste et intrinsèquement génocidaire.

Pour établir un «État juif» dans la Palestine historique, les sionistes ont jugé nécessaire de trouver un moyen d’éliminer les indigènes, soit en les tuant, soit en les forçant à partir.

Dans son livre de 1896 «L’État juif», texte fondateur du mouvement raciste sioniste, Theodor Herzl expliquait que le mouvement sioniste devrait faire appel aux puissances impériales européennes pour qu’elles soutiennent la création d’un «État juif» en Palestine.

Pour aider à renforcer le soutien au sionisme parmi les impérialistes européens, Herzl a présenté le sionisme comme une mission civilisatrice, en disant : «Pour l’Europe, nous représenterions une partie de la barrière contre l’Asie ; nous servirions d’avant-poste de la civilisation contre la barbarie».

Lors de son voyage en Palestine en 1898, Herzl déclara que «des opérations de drainage à grande échelle et l’élimination des marécages… pourraient rendre [la Palestine] habitable [pour les Européens]» et que «les Arabes, immunisés contre la fièvre, pourrait être utilisé pour les travaux».

En avril 1905, lors d’un discours à Manchester, en Angleterre, le principal idéologue sioniste Israel Zangwill a déclaré : «[Nous] devons être prêts… à chasser par l’épée les tribus [arabes] ou à nous attaquer au problème d’une importante population étrangère, majoritairement musulmane».1

En réponse à la Commission Peel de 1938, le Conseil de l’Agence juive a créé le Comité de Transfert de Population pour planifier le déplacement forcé des Palestiniens, qui serait effectué, comme ils le disent, «non par la prédication du Sermon sur la Montagne», mais «par des machines, des armes à feu»…2

Plus tard, en 1941, Ben Gourion, leader sioniste travailliste et le 1er Premier ministre de l’entité sioniste, a déclaré : «Il est impossible d’imaginer une évacuation générale [des Palestiniens de la terre] sans une contrainte brutale». (Masalha : 19)

Aujourd’hui, la «contrainte brutale» continue alors que les sionistes tentent d’achever leur travail d’élimination des indigènes, soit en les tuant, soit en les chassant vers le Sinaï ou le Jourdain.

Il ne s’agit pas seulement de «l’extrême droite», il ne s’agit pas seulement des révisionnistes, il ne s’agit pas seulement des centristes, il ne s’agit pas seulement de la tradition sioniste travailliste, il ne s’agit pas seulement des sionistes «socialistes».

Le sionisme est à la base une idéologie raciste et génocidaire. Il faut l’éradiquer.

source : La Cause du Peuple

  1. Masalha, «The Politics of Denial : Israel and the Palestinian Refugee Problem», Pluto Press 2003 :15
  2. Porter et al. (éd.), «Faith in the Millennium», Sheffield Academic Press 2001 : 79

Hamas, terrorisme israélien et baratin, appétit US pour les guerres mondiales etc.

Dialogue avec Israël Shamir - Le 17/11/2023.

Pour la vidéo filmée le 8 novembre, puis mise en ligne par Meta.tv le 15 novembre 2023, nous avions préparé une présentation de l’auteur, suivie d’une série de questions, auxquelles il répond ci-dessous :

Qui est Israël Shamir

«Israël Shamir, vous avez fait une irruption spectaculaire sur le web en 2001, en tant que journaliste israélien lié à la gauche et très habile combattant pour les droits des Palestiniens, alliant une audace inégalée dans la critique de la société israélienne à la mise en lumière d’atrocités dans l’histoire juive depuis l’Antiquité, en passant par le poids du lobby israélien dans la politique états-unienne et dans nos médias. Tout cela est maintenant bien connu, admis par les deux camps et bien relayé, mais vous avez été le pionnier dans ces dénonciations. Nous n’oublierons jamais votre article sur le petit Palestinien qui avait été pris en photo en train de jeter une pierre sur un énorme char israélien, «Ode à Farris Odeh». L’enfant, que vous compariez à un nouveau saint Georges, fut abattu par l’armée israélienne quelques jours plus tard».

En 2023, quand plus personne ne s’y attendait, voilà que l’intifada a repris. Votre liberté de pensée, de très nombreux militants l’ont reprise, vous avez gagné la «bataille du discours», sinon dans les médias officiels, du moins dans l’opinion publique réelle, celle qui s’exprime maintenant comme une riposte quasi instantanée dans la résistance à tous les mensonges de masse qu’on nous inflige, que ce soit sur le covid, les vaccins, l’Ukraine, les bontés de l’État juif etc.

Vous avez quitté Israël, vous êtes réinstallé en Russie, votre pays natal, votre perspective s’est amplifiée, vous êtes en constant dialogue avec les médias russes, et nous vous remercions d’avoir accepté ce rendez-vous avec vos admirateurs français, pour nous aider encore à voir plus loin que d’autres dans l’interprétation des évènements, avec la sagesse que l’âge vous confère. Vos réponses à nos questions sont toujours aussi impressionnantes par leur profondeur, vous ne vous perdez pas dans les détails, vous nous donnez des leçons d’envergure générale, merci !

Réponses d’Israël Shamir à nos questions :

• Qu’est-ce qui a déclenché l’offensive du Hamas ? Les Palestiniens avaient le sentiment que le moment était extrêmement dangereux. La menace se rapprochait, Israël et les États-Unis avaient le projet de faire que les Palestiniens deviennent complètement insignifiants. C’était le contenu ultime des Accords d’Abraham, signés avec l’Arabie saoudite. Si ces accords se concrétisaient, les Palestiniens ne compteraient plus jamais pour rien.

• Autre facteur déclenchant, les assauts répétés contre le Mont du Temple, autrement dit L’esplanade des Mosquées, Al Aqsa. Une grande masse d’israéliens bizarres, avec le soutien de chrétiens sionistes et de juifs américains veulent absolument s’emparer d’Al Aqsa, pour raser les lieux saints de l’islam et bâtir à la place leur troisième temple juif. Or les Palestiniens se considèrent comme les gardiens de la grande mosquée d’Al Aqsa, et ils allaient perdre leur rôle sacré.

• Depuis l’époque des accords d’Oslo en 1993, et de la mort d’Ytzak Rabin [assassiné par un fanatique juif le 4 novembre 1995], et d’Arafat [mort d’une maladie mystérieuse à Clamart le 11 novembre 2004], Jérusalem n’est plus la capitale palestinienne, dont le siège administratif se trouve à Ramallah.

• Que représente le Hamas ? Les habitants avaient voté pour le Hamas en 2006, mais Israël et les États-Unis avaient décidé que seul Mahmoud Abbas devait être à la tête de l’encadrement de toute la Palestine, et cela à vie. Abbas a maintenant 88 ans, les gens le chasseraient s’ils étaient autorisés à voter. De toutes façons, Abbas ne peut pratiquement rien faire. Les troupes israéliennes sont partout, dans les rues de Jénine, de Ramallah, de Naplouse, les soldats arrêtent les gens régulièrement…

• Pourquoi les Palestiniens se sont donc soulevés ? On comprend bien qu’il est pratiquement impossible d’attaquer Israël, ce pays si cruel, dans la mesure où il est entièrement soutenu par les États-Unis. C’était insupportable pour les Palestiniens, et ils n’avaient pas le choix, l’insurrection pouvait éclater n’importe où, parce qu’Israël voulait perpétrer des massacres partout, faire tout leur possible pour chasser les habitants, et réaliser la Nakba 2.

• Le but d’Israël était de créer un corridor depuis l’Inde, en passant par le Golfe persique, et Israël, pour atteindre l’Europe en contournant l’Iran et la Syrie, comme alternative à la route commerciale chinoise «La ceinture et la route» [sur le tracé de l’ancienne route de la soie], un passage «libre», vidé de ses Palestiniens ; car ce corridor devait passer par Gaza.

• Il faut le redire : les Palestiniens n’avaient pas le choix, et dans la mesure où depuis Ramallah il était impossible de faire quoi que ce soit, il fallait que ce soit le Hamas qui prenne l’initiative. Le Hamas est plus «libéral» qu’on ne pourrait le croire, plus ouvert. Ils ont pris le pouvoir à Gaza et réussi à rester populaires. Ils ont essayé de briser le siège du camp de concentration de Gaza, et ils ont réussi. C’est un exploit extraordinaire, et nous devons en être fiers pour longtemps, garder en mémoire la grandeur de cette sortie, une énorme victoire pour les Palestiniens.

• C’est tout à fait habituel pour les juifs de vociférer et de prétendre que leurs ennemis commettent des atrocités. C’est juste de la propagande. Pendant la Première Guerre mondiale, ils prétendaient que les Allemands embrochaient des bébés belges sur leurs baïonnettes avant de les faire frire dans des fours. Maintenant ils disent que les Palestiniens ont capturé des bébés juifs les ont fait cuire au micro-ondes. Difficile à imaginer, dans la mesure où il n’y a plus d’électricité à Gaza. Parmi les horreurs du même genre, on a l’histoire des 40 bébés décapités.

• Il y a des tas d’histoires étranges du même genre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils disaient que les nazis faisaient du savon avec les juifs. C’est un modus operandi standard dans l’histoire juive, un grand classique.

• Ce que les Palestiniens voulaient, c’était libérer les milliers de prisonniers dans les geôles israéliennes. L’idée était de les échanger avec leurs captifs. Mais Israël a décidé de tuer tout le monde, pour ne pas pouvoir négocier ; c’est ce qu’ils appellent la directive Hannibal : si quelqu’un est capturé, les troupes doivent exécuter l’otage, pour n’avoir personne à échanger.

• Les Palestiniens étaient prêts à faire des échanges de prisonniers, mais pour les Israéliens, les habitants de Gaza, qui sont des réfugiés d’autres régions de la Palestine de la deuxième ou la troisième génération doivent être maintenus dans cette enclave, ne doivent jamais en sortir. À la rigueur les chasser, dans un nouvel exode massif, les envoyer en exil en Égypte ou en France, pourquoi pas.

• Le problème c’est que les dirigeants européens sont très pro-israéliens et pro-États-Unis. Ils ont déjà envoyé deux porte-avions et 5000 marines pour combattre en Israël. Mais apparemment l’armée israélienne ne sait plus trop comment se battre, parce que cela fait longtemps qu’ils n’affrontent plus d’ennemis sur le terrain [depuis la victoire du Hezbollah au Liban en 2006].

• Certes, ils ont le soutien des États-Unis qui envoient des troupes, et de l’Europe qui envoie des armes [mais cela ne suffit pas]. Ils ont déjà fait exploser tellement de bombes sur Gara, c’est révoltant, c’est équivalent à deux fois la bombe d’Hiroshima. Difficile de deviner ce qui va suivre…

• Il y a un deuxième aspect, dans la situation. Israël est coincé par le conflit entre Netanyahou et son opposition. Aucun des deux camps n’est particulièrement sympathique, ils sont également horribles.

• Mais il semble bien que les ennemis de Netanyahou voulaient donner un coup de main au Hamas pour ouvrir une brèche dans les défenses du mur qui encercle la bande de Gaza. Hier, le journal Haaretz, le plus lu en Israël, a publié un article en ce sens, et des tas de gens le croient. Il y a là le «Deep State» israélien à l’œuvre, le vrai pouvoir profond, qui veut chasser Netanyahou du pouvoir.

• Au plan intérieur, Netanyahou n’a aucun projet. Quoi qu’il fasse, il va probablement être jugé et condamné, peut-être pour la quantité de Palestiniens qu’il a fait abattre, ou pour toute autre casserole. On ne le regrettera certainement pas, son avenir n’intéresse personne d’autre que lui, mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne va pas se frotter les mains longtemps avec ce qui se passe maintenant.

• C’est une situation dans laquelle le monde entier peut faire quelque chose : aider les Palestiniens, leur sauver la vie, arrêter la machine «Serial Killer» israélienne, même si ce n’est pas évident.

• La Chine et la Russie, ainsi que l’Iran, soutiennent réellement les Palestiniens, mais n’ont pas vraiment envie d’entrer en guerre pour eux. La Russie est trop occupée avec l’Ukraine, elle ne peut pas ouvrir un deuxième front. L’Iran a des problèmes internes à régler, il n’en a pas trop envie non plus.

• Mais il n’est pas impossible que des tas de choses se mettent à changer… Wait and see : observons et patientons.

• Dans les pays arabes, la population est pour les Palestiniens, mais il y a un divorce avec les gouvernements, qui, dans le fond, veulent surtout que tout continue comme avant.

• Israël a offert à l’Égypte une somme invraisemblable, des trillions de dollars, pour qu’elle accueille les Palestiniens. Le président Sissi serait ravi de toucher quelques milliards, mais le problème c’est que le peuple égyptien n’aime pas beaucoup Sissi. S’ils arrivaient en masse en Égypte, les Palestiniens deviendraient le bras armé de l’opposition à Sissi.

• Quoi qu’il en soit, les Palestiniens n’ont aucune envie de s’expatrier en Égypte. Ils sont têtus, ils ont une immense volonté, et ils se battront pour rester chez eux comme leurs ancêtres l’ont toujours fait.

• Le président turc soutient les Palestiniens, et il est en phase avec son peuple, qui se souvient que jadis la Palestine faisait partie de l’empire ottoman. Mais Erdogan n’a pas trop envie d’entrer en guerre pour autant…

• Les seuls qui ont vraiment envie d’entrer en guerre, ce sont les États-Unis, qui ont déjà envoyé, outre les deux porte-avions, un sous-marin nucléaire. Ils ont tiré d’immenses bénéfices de la Première Guerre et la Deuxième Guerre mondiale : ils espèrent bien en faire autant avec la Troisième.

• Les juifs aussi avaient très envie de participer à la guerre contre l’Allemagne, et veulent remettre le couvert.

• Nous n’avons pas beaucoup de choix, nous allons nous retrouver jetés au cœur de la Troisième Guerre mondiale, pour les beaux yeux des États-Unis.

• Pourquoi les Israéliens ne concoctent-ils pas quelques bons attentats ciblés contre les dirigeants du Hamas qui sont à l’abri au Qatar ? Ils font déjà tout ce qu’ils peuvent à Gaza, il y a de nombreux chefs militaires à Gaza. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, quand la France était occupée, Charles de Gaulle s’était installé à Londres, c’est une situation courante, dans les guerres.

• Y a-t-il une véritable opposition aux guerres juives, aux États-Unis ? Là-bas, les gens pensent que les banques ne sont plus aussi puissantes qu’autrefois, ils ont l’impression que le pouvoir juif rétrécit.

• Et en Russie, c’est le cas, effectivement, parce que ces banquiers et autres ont soutenu l’Ukraine contre la Russie, et ont déjà émigré en grand nombre, vers Israël ou les États-Unis. Leur présence s’est donc réduite concrètement en Russie.

• En Europe, c’est comme dans les pays arabes : les gouvernements soutiennent les juifs, et les peuples soutiennent les Palestiniens.

• C’est déjà ce qui se passait au Moyen-Age, les rois étaient toujours en faveur des juifs, les protégeaient. Rappelez-vous où étaient les ghettos, les «juiveries» : à Séville, en Espagne, ou en France, on les trouve toujours tout près des palais royaux. Les juifs sont à nouveau avec le pouvoir et contre le peuple.

• C’est assez difficile de dire si nous allons gagner ou pas…

• Mon message pour les Européens d’origine juive, quoi qu’ils puissent éprouver ou dire en ce moment ? Que c’est le moment de se tourner vers l’Église, d’aller vers la chrétienté.

• La religion juive est si remplie de préjugés, d’auto-adoration des juifs, de déni de l’humanité des autres peuples. Si vous vous considérez juif pour le moment, vous allez pouvoir vous considérer chrétien très vite, et oublier tout ce baratin juif.

• Parce que c’est l’Église qui est le nouvel Israël, vous n’avez plus aucun besoin de l’ancien Israël. Et c’est tout !

• Et si ce n’est pas votre ressenti, mais que vous soutenez le combat des Palestiniens pour leur liberté, cela vous rendra à vous aussi votre liberté.

• Si la France devrait quitter l’UE ? Oui, c’est aussi le bon moment pour réaliser la séparation entre l’Europe et les États-Unis. Ils sont devenus extrêmement infiltrés, imprégnés par l’esprit juif. C’est une bonne idée, de les laisser seuls entre eux, de l’autre côté de l’Océan.

• La France pourrait être bien différente, elle est très aimée au Moyen-Orient et en Russie aussi. C’est bon, de divorcer des États-Unis, et de retrouver une vie meilleure en se repliant sur soi.

• Tout le monde devrait quitter l’Union européenne, une «union» où ce sont des gens non élus, par personne, qui commandent. Et de toutes façons c’est ce qui va se produire, l’UE est en voie de désintégration.

• Je crois toujours autant à la solution à un seul État, où les Palestiniens auront les mêmes droits que les autres, et où tous vivront ensemble et en paix.

• Mais si tout le monde réclame une solution «à deux États», pourquoi pas, c’est ce que veut le président Poutine. De toutes manières, Israël n’en veut pas, d’aucune des deux solutions : ni l’une ni l’autre.

• Un seul État, ce serait le mieux mais il faut savoir distinguer deux plans : ce que nous souhaiterions, et ce qui est de l’ordre du possible. La réalité, c’est l’occupation, c’est ce qui se vit vraiment. Donc un ou deux États, ça n’a pas vraiment d’importance.

• En Israël, il n’y a pas de véritable mouvement pour un seul État, il y a des personnes qui le souhaitent, isolément, et surtout un parti communiste israélien qui veut partager avec les Palestiniens. Mais on assiste à une nouvelle guerre contre les communistes israéliens : 70 communistes ont été arrêtés ces jours-ci.

• Et il y a une nouvelle loi : toute personne qui appelle à la paix encourt jusqu’à un an de prison, même si cela ne se sait que par un post sur facebook.

• Israël est un État terroriste, qui tue, qui arrête sa population, et tout cela repose sur la puissance des États-Unis.

• Oui, j’ai retrouvé un certain espoir… en apparence. Parce que j’ai confiance en Dieu, il va nous trouver une sortie de crise, avec notre aide.

• Les Palestiniens sont là, ils ont beaucoup de morts, mais les Israéliens tuent des Palestiniens tous les jours depuis des années. Les Palestiniens sont plus forts que leur souffrance, rien de nouveau sous le soleil. 

Propos recueillis par Maria Poumier et Meta-tv, voir la vidéo :

source : Entre la Plume et l’Enclume

 Les témoignages du 7 octobre révèlent que l’armée israélienne a bombardé les citoyens israéliens avec des chars et des missiles

Source : The Saker francophone.

 


Par Max Blumenthal – Le 27 octobre 2023 – Source The Grayzone

Les militaires israéliens ont reçu l’ordre de bombarder les maisons israéliennes et même leurs propres bases alors qu’ils étaient submergés par les militants du Hamas le 7 octobre. Combien de citoyens israéliens annoncés comme ayant été “brûlés vifs” ont en fait été tués par des tirs amis ?

Plusieurs nouveaux témoignages d’Israéliens ayant assisté à l’attaque surprise du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre dernier viennent s’ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses que l’armée israélienne a tué ses propres citoyens pendant qu’elle se battait pour neutraliser les tireurs palestiniens.

 

Tuval Escapa, membre de l’équipe de sécurité du kibboutz Be’eri, avait mis en place une ligne téléphonique pour assurer la coordination entre les résidents du kibboutz et l’armée israélienne. Il a déclaré au journal israélien Haaretz que lorsque le désespoir a commencé à s’installer, “les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – y compris le bombardement des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes en même temps que les otages“.

Un rapport distinct publié par Haaretz note que l’armée israélienne a été “contrainte de demander une frappe aérienne” contre ses propres installations à l’intérieur du point de passage d’Erez vers Gaza “afin de repousser les terroristes” qui en avaient pris le contrôle. Cette base était remplie d’officiers et de soldats de l’administration civile israélienne à l’époque.

Ces rapports indiquent que le haut commandement militaire a donné l’ordre d’attaquer des maisons et d’autres zones à l’intérieur d’Israël, même au prix de nombreuses vies israéliennes.

Une Israélienne du nom de Yasmin Porat a confirmé dans une interview accordée à la radio israélienne que l’armée avait “sans aucun doute” tué de nombreux non-combattants israéliens lors des échanges de tirs avec les militants du Hamas le 7 octobre. “Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages“, a-t-elle déclaré en faisant référence aux forces spéciales israéliennes.

Comme l’ont rapporté David Sheen et Ali Abunimah dans Electronic Intifada, Mme Porat a fait état de “tirs croisés très, très nourris” et de tirs de chars israéliens, qui ont fait de nombreuses victimes parmi les Israéliens.

Alors qu’elle était détenu par les hommes armés du Hamas, Porat s’est souvenu : “Ils ne nous ont pas maltraités. Nous avons été traités avec beaucoup d’humanité… Personne ne nous a traités violemment“. Elle a ajouté : “L’objectif était de nous kidnapper pour nous emmener à Gaza, pas de nous assassiner“.

Selon Haaretz, l’armée n’a pu rétablir le contrôle de Be’eri qu’après avoir admis avoir “bombardé” les maisons des Israéliens qui avaient été faits prisonniers. “Le prix à payer a été terrible : au moins 112 habitants de Be’eri ont été tués“, écrit le journal. “D’autres ont été kidnappés. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d’une mère et de son fils ont été découverts dans l’une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore dans les décombres“.

La plupart des bombardements à Be’eri ont été effectués par des équipages de chars israéliens. Comme l’a noté un journaliste de l’agence i24, sponsorisée par le ministère israélien des affaires étrangères, lors d’une visite à Be’eri, “des maisons petites et pittoresques ont été bombardées ou détruites” et “des pelouses bien entretenues ont été déchirées par les chenilles d’un véhicule blindé, peut-être un char d’assaut“.

Les hélicoptères d’attaque Apache ont également joué un rôle important dans la réponse de l’armée israélienne le 7 octobre. Les pilotes ont déclaré aux médias israéliens qu’ils s’étaient précipités sur le champ de bataille sans aucun renseignement, incapables de faire la différence entre les combattants du Hamas et les non-combattants israéliens, et pourtant déterminés à “vider le ventre” de leurs machines de guerre. “Je me retrouve face à un dilemme : je ne sais pas sur quoi tirer, parce qu’ils sont si nombreux“, a déclaré un pilote d’Apache.

Une vidéo filmée par des tireurs du Hamas en uniforme montre clairement qu’ils ont intentionnellement tiré sur de nombreux Israéliens avec des fusils Kalachnikov le 7 octobre. Cependant, le gouvernement israélien ne s’est pas contenté de s’appuyer sur des preuves vidéo vérifiées. Au lieu de cela, il continue d’avancer des allégations discréditées de “bébés décapités” tout en distribuant des photographies de “corps brûlés au-delà de toute reconnaissance” pour insister sur le fait que les militants ont immolé leurs captifs avec sadisme, et même violé certains d’entre eux avant de les brûler vifs.

L’objectif de l’exposition d’atrocités par Tel-Aviv est clair : dépeindre le Hamas comme “pire qu’ISIS” tout en cultivant le soutien au bombardement continu de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, qui a fait plus de 7000 morts, dont au moins 2500 enfants au moment de cette publication. Alors que des centaines d’enfants blessés à Gaza ont été soignés pour ce qu’un chirurgien a décrit comme des “brûlures au quatrième degré” causées par des armes nouvelles, l’attention des médias occidentaux reste focalisée sur les citoyens israéliens prétendument “brûlés vifs” le 7 octobre.

Pourtant, les preuves de plus en plus nombreuses d’ordres de tirs amis donnés par les commandants de l’armée israélienne suggèrent fortement qu’au moins certaines des images les plus choquantes de cadavres israéliens carbonisés, de maisons israéliennes réduites à l’état de ruines et de carcasses de véhicules brûlés présentées aux médias occidentaux étaient en fait l’œuvre d’équipages de chars et de pilotes d’hélicoptères couvrant le territoire israélien d’obus, de tirs de canons et de missiles Hellfire.

En effet, il semble que le 7 octobre, l’armée israélienne ait eu recours aux mêmes tactiques que celles qu’elle a employées contre les civils à Gaza, faisant grimper le nombre de morts parmi ses propres citoyens par l’utilisation indiscriminée d’armes lourdes.

Israël bombarde sa propre base, centre névralgique du siège de Gaza

Le Hamas et le Jihad islamique palestinien (PIJ) ont lancé l’opération “Déluge d’Al-Aqsa” à 6 heures du matin le 7 octobre, submergeant rapidement les bases militaires à partir desquelles Israël maintient le siège de la bande de Gaza. Le Hamas et le Djihad islamique palestinien avaient pour objectif principal la libération des Palestiniens emprisonnés par Israël, y compris les 700 enfants qui passent par ce système chaque année et les 1 264 Palestiniens qui sont actuellement détenus sans inculpation.

L’échange en 2011 de Gilad Shalit, un soldat israélien capturé cinq ans auparavant et libéré en échange de 1027 prisonniers, a clairement inspiré le déluge d’Al-Aqsa. En prenant d’assaut les bases militaires et les kibboutz, les militants palestiniens avaient pour objectif de capturer le plus grand nombre possible de soldats et de civils israéliens et de les ramener vivants à Gaza.

L’assaut fulgurant a immédiatement submergé la division israélienne de Gaza. Des vidéos enregistrées par des caméras GoPro montées sur les casques des combattants palestiniens montrent des soldats israéliens abattus en succession rapide, dont beaucoup sont encore en sous-vêtements et pris au dépourvu. Au moins 340 soldats et officiers de renseignement en activité ont été tués le 7 octobre, ce qui représente près de 50 % des décès israéliens confirmés. Parmi les victimes figuraient des officiers de haut rang comme le colonel Jonathan Steinberg, commandant de la brigade israélienne Nahal. (De nombreux secouristes et civils israéliens armés ont également été tués).

Le point de passage d’Erez abrite une installation militaire et de coordination des activités gouvernementales dans les territoires [occupés] (COGAT) massive qui fonctionne comme le centre névralgique du siège israélien sur Gaza. Lorsqu’il a été pris d’assaut par des combattants palestiniens le 7 octobre, alors que de nombreux bureaucrates de l’armée se trouvaient à l’intérieur, l’armée israélienne a été prise de panique.

Selon Haaretz, le commandant de la division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld, “s’est retranché dans la salle de guerre souterraine de la division avec une poignée de soldats et de soldates, essayant désespérément de sauver et d’organiser le secteur attaquéDe nombreux soldats, dont la plupart n’étaient pas des combattants, ont été tués ou blessés à l’extérieur. La division a été contrainte de demander une attaque aérienne contre la base [du passage d’Erez] elle-même afin de repousser les terroristes“.

Une vidéo publiée par le COGAT israélien dix jours après la bataille – et la frappe aérienne israélienne – montre que le toit de l’installation du point de passage d’Erez a subi de graves dommages structurels.

 

Des hélicoptères Apache israéliens attaquent à l’intérieur d’Israël : “Je me trouve face à un dilemme : sur qui tirer ?

À 10 h 30, selon un compte rendu de l’armée transmis au média israélien Mako, “la plupart des forces [palestiniennes] de la première vague d’invasion avaient déjà quitté la zone pour Gaza“. Mais avec l’effondrement rapide de la division militaire israélienne à Gaza, les pillards, les simples badauds et les guérilleros de bas niveau qui ne sont pas nécessairement sous le commandement du Hamas ont afflué librement en Israël.

À ce stade, les deux escadrons d’hélicoptères Apache d’Israël ne disposaient que de huit hélicoptères dans les airs, “et il n’y avait pratiquement pas de renseignements pour aider à prendre les décisions fatidiques“, a rapporté Mako. Les escadrons n’ont atteint leur pleine capacité qu’à midi.

Alors que la vague d’infiltrations en provenance de Gaza sème le chaos au sol, les pilotes israéliens, déconcertés, déclenchent une frénésie de salves de missiles et de mitrailleuses : Les pilotes d’Apache témoignent qu’ils ont tiré une énorme quantité de munitions, vidé le “ventre de l’hélicoptère en quelques minutes, volé pour se réarmer et repris l’air, encore et encore. Mais cela n’a servi à rien et ils le comprennent“, rapporte Mako.

Les hélicoptères Apache semblent s’être concentrés sur les véhicules qui rentraient à Gaza en provenance du festival de musique électronique Nova et des kibboutz voisins, et ont attaqué des voitures en sachant apparemment que des prisonniers israéliens pouvaient se trouver à l’intérieur. Ils ont également tiré sur des personnes non armées sortant de voitures ou marchant à pied dans les champs à la périphérie de Gaza.

🇮🇱⚔️🇵🇸Israeli AH-64 Apache attaquant les combattants du Hamas avec son canon et ses missiles. pic.twitter.com/flzwHYP7dg

– Heyman_101 (@SU_57R) 9 octobre 2023

Dans une interview accordée au média israélien Mako, un pilote d’Apache s’est penché sur le dilemme tortueux qui consiste à tirer sur les personnes et les voitures qui retournent à Gaza. Il savait que nombre de ces véhicules pouvaient contenir des prisonniers israéliens. Mais il a choisi d’ouvrir le feu malgré tout. “Je choisis des cibles de ce type“, a expliqué le pilote, “en me disant que le risque que je tire également sur des otages est faible“. Il a toutefois admis que son jugement “n’était pas à 100 %“.

Je comprends que nous devions tirer ici et rapidement“, a déclaré le commandant de l’unité Apache, le lieutenant-colonel E., à Mako dans un autre article. “Tirer sur des gens sur notre territoire – c’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé faire“.

Le lieutenant-colonel A., pilote de réserve dans la même unité, décrit un brouillard de confusion : “Je me retrouve dans un dilemme pour savoir sur quoi tirer, parce qu’il y en a tellement“.

Un rapport sur les escadrons d’Apache publié par le journal israélien Yedioth Aharanoth note que “les pilotes ont réalisé qu’il était extrêmement difficile de distinguer, au sein des avant-postes et des colonies occupées, qui était un terroriste et qui était un soldat ou un civil… La cadence de tir contre les milliers de terroristes était énorme au début, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement les cibles“.

Un commandant d’escadron a expliqué à Mako qu’il avait failli attaquer la maison d’une famille israélienne occupée par des militants du Hamas, et qu’il avait fini par tirer à côté avec des obus de canon. “Nos forces n’avaient pas encore eu le temps d’atteindre cette colonie“, se souvient le pilote, “et j’avais déjà épuisé mes missiles, qui sont les armes les plus précises“.

La famille se trouvant à l’intérieur d’un abri anti-bombes fortifié, le pilote “a décidé de tirer au canon à 30 mètres de cette maison, une décision très difficile à prendre. Je tire pour que, s’ils sont là, ils entendent les bombes à l’intérieur de la maison, qu’ils comprennent qu’on sait qu’ils sont là, et dans l’espoir qu’ils quittent cette maison. Je vous dis aussi la vérité, il m’est venu à l’esprit que je tirais sur la maison“.

En fin de compte, les pilotes d’hélicoptères israéliens ont blâmé les tactiques astucieuses du Hamas pour leur incapacité à faire la distinction entre les militants armés et les non-combattants israéliens. “Il s’avère que l’armée du Hamas a délibérément compliqué la tâche des pilotes d’hélicoptères et des opérateurs de drones“, affirme Yedioth Aharanoth.

Selon le journal israélien, “il est apparu clairement que les forces d’invasion avaient été invitées, lors des derniers briefings, à marcher lentement vers les colonies et les avant-postes ou à l’intérieur de ceux-ci, et en aucun cas à courir, afin de faire croire aux pilotes qu’il s’agissait d’Israéliens. Cette tromperie a fonctionné pendant un bon moment, jusqu’à ce que les pilotes d’Apache se rendent compte qu’ils devaient ignorer toutes les restrictions. Ce n’est que vers 9 heures du matin que certains d’entre eux ont commencé à arroser les terroristes avec leurs propres canons, sans l’autorisation de leurs supérieurs.”

C’est ainsi que, sans aucun renseignement ni capacité à faire la distinction entre Palestiniens et Israéliens, les pilotes ont déclenché une furie de tirs de canons et de missiles sur les zones israéliennes situées en contrebas.

L’une des nombreuses maisons du kibboutz Be’eri qui semble avoir été bombardée à l’arme lourde.

L’armée israélienne a “éliminé tout le monde, y compris les otages“, en tirant des obus de chars sur les maisons du kibboutz

Les photos des conséquences des combats dans les kibboutz comme Be’eri – et des bombardements israéliens sur ces communautés – montrent des décombres et des maisons calcinées qui ressemblent aux conséquences des attaques de chars et d’artillerie israéliens à l’intérieur de Gaza. Comme l’a expliqué Tuval Escapa, coordinateur de la sécurité au kibboutz Be’eri, à Haaretz, les commandants de l’armée israélienne avaient ordonné le “bombardement des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes et les otages“.

Yasmin Porat, une participante au festival de musique Nova qui s’est réfugiée dans le kibboutz Be’eri, a déclaré à la radio israélienne que lorsque les forces spéciales israéliennes sont arrivées lors d’une prise d’otages, “elles ont éliminé tout le monde, y compris les otages, parce qu’il y avait des tirs croisés très, très nourris“.

Après des tirs croisés insensés“, a poursuivi Porat, “deux obus de char ont été tirés sur la maison. C’est une petite maison de kibboutz, rien de grand.

Maisons détruites dans le kibboutz Be’eri à la suite des combats du 7 octobre, au cours desquels des chars israéliens ont bombardé des résidences

Une vidéo publiée sur le compte Telegram des “South Responders” israéliens montre les corps d’Israéliens découverts sous les décombres d’une maison détruite par une puissante explosion – vraisemblablement un obus de char. Le quotidien de droite New York Post a publié un article sur un incident similaire concernant le corps d’un garçon retrouvé calciné sous les ruines de sa maison à Be’eri.

Le phénomène des cadavres carbonisés dont les mains et les chevilles avaient été attachées et qui ont été retrouvés en groupes sous les décombres de maisons détruites soulève également des questions sur les tirs de chars “amis“.

Yasmin Porat, l’otage qui a survécu à un affrontement à Be’eri, a décrit comment les militants du Hamas ont attaché les mains de son compagnon derrière son dos. Après qu’un commandant militant s’est rendu, l’utilisant comme bouclier humain pour assurer sa sécurité, elle a vu son partenaire allongé sur le sol, toujours vivant. Elle a déclaré que les forces de sécurité israéliennes l’avaient “sans aucun doute” tué, ainsi que les autres otages, alors qu’elles ouvraient le feu sur les militants restés à l’intérieur, notamment à l’aide d’obus de chars.

Les forces de sécurité israéliennes ont également ouvert le feu sur des Israéliens en fuite qu’elles ont pris pour des tireurs du Hamas. Danielle Rachiel, une habitante d’Ashkelon, a raconté qu’elle avait failli être tuée après s’être échappée du festival de musique Nova lorsqu’il a été attaqué par des militants de Gaza. “Alors que nous atteignions le rond-point [d’un kibboutz], nous avons vu les forces de sécurité israéliennes !” se souvient Rachiel. “Nous avons baissé la tête [parce que] nous savions automatiquement qu’ils se méfieraient de nous, dans une petite voiture déglinguée… qui venait de la même direction que les terroristes. Nos forces ont commencé à nous tirer dessus !

Lorsque nos forces ont tiré sur nous, nos vitres ont volé en éclats“, a-t-elle poursuivi. Ce n’est que lorsqu’ils ont crié en hébreu “Nous sommes des Israéliens !” que les tirs ont cessé et qu’ils ont été mis en sécurité.

Certains Israéliens n’ont pas eu la même chance que Danielle Rachiel. Adi Ohana a été abattu par la police israélienne près de son domicile après avoir été pris pour un guérillero palestinien. “Un homme innocent a été tué de la manière la plus négligente qui soit“, s’est plainte sa nièce. Les médias israéliens regorgent désormais d’informations selon lesquelles l’armée a abattu des Israéliens, alors même qu’ils défendaient leur maison contre des tireurs palestiniens.

Les photos des “atrocités commises par le Hamas“, aujourd’hui disparues, représentaient-elles des combattants du Hamas morts ?

L’une des vidéos les plus horribles de l’après-7 octobre, également publiée sur le compte Telegram de South Responders, montre une voiture remplie de cadavres carbonisés (ci-dessous) à l’entrée du kibboutz Be’eri. Le gouvernement israélien a présenté ces victimes comme des Israéliens victimes de la violence sadique du Hamas. Cependant, la carrosserie en acier fondu et le toit effondré de la voiture, ainsi que les corps complètement carbonisés à l’intérieur, témoignent du tir direct d’un missile Hellfire.

Il est également possible que les occupants masculins de la voiture soient des activistes du Hamas qui ont afflué après la rupture des clôtures. Il est également possible qu’ils soient retournés à Gaza avec des prisonniers israéliens à bord de leur voiture.

L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, semble avoir fait la promotion de photos montrant des combattants du Hamas morts lors de sa tirade du 26 octobre aux Nations unies. Erdan a gesticulé avec colère sur le podium, beuglant que “nous combattons des animaux” avant de sortir un papier affichant un code QR légendé “Scannez pour voir les atrocités du Hamas“.

Lorsque j’ai scanné le code ce jour-là à midi, j’ai trouvé environ 8 images macabres de corps brûlés et de parties de corps noircies. L’une d’entre elles montrait une pile de cadavres d’hommes complètement carbonisés, empilés dans une benne à ordures. Les sauveteurs et les médecins israéliens se seraient-ils débarrassés des cadavres d’Israéliens juifs d’une telle manière ?

Tous les Israéliens tués le 7 octobre semblent avoir été rassemblés dans des sacs mortuaires individuels et transportés dans des morgues. Pendant ce temps, de nombreuses vidéos enregistrées par des Israéliens les montrent en train de souiller les cadavres d’hommes armés du Hamas tués par les forces de sécurité – en les déshabillant, en urinant sur eux et en mutilant leurs corps. Jeter leurs corps dans une benne à ordures semble faire partie de la politique de facto de maltraitance des cadavres.

Un peu plus de douze heures après que l’ambassadeur Erdan a présenté à l’ONU les photos supposées des atrocités commises par le Hamas, le fichier Google Drive ne contenait plus qu’une brève vidéo. Parmi les photos mystérieusement disparues figurait l’image de la benne à ordures remplie de corps brûlés. A-t-elle été supprimée parce qu’elle montrait des combattants du Hamas brûlés par un missile Hellfire, et non des Israéliens “brûlés à mort” par le Hamas ?

L’ambassadeur israélien Gilad Erdan à l’ONU, le 26 octobre. Le QR code qu’il a affiché renvoie actuellement à un message 404.

Des destructions qui rappellent les attaques israéliennes sur Gaza

Certains secouristes arrivés sur les lieux du carnage dans le sud d’Israël après le 7 octobre ont déclaré qu’ils n’avaient jamais vu une telle destruction. Pour ceux qui ont été témoins des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, les images de maisons bombardées et de voitures brûlées devraient être familières.

Lors d’un reportage sur l’assaut israélien de 51 jours sur Gaza en 2014, je suis tombé sur un véhicule détruit dans le centre de la ville de Gaza, appartenant à un jeune chauffeur de taxi nommé Fadel Alawan, qui avait été assassiné par un drone israélien après avoir involontairement déposé un combattant du Hamas blessé dans un hôpital voisin. À l’intérieur de la voiture, on pouvait encore voir les restes de la sandale d’Alawan fondus sur la pédale d’accélérateur.

Dans l’après-midi du 7 octobre, les villages tranquilles et les routes du désert au sud d’Israël étaient carbonisés et bordés de voitures bombardées qui ressemblaient beaucoup à celle d’Alawan. Les combattants du Hamas, légèrement armés, étaient-ils réellement capables d’infliger des destructions d’une telle ampleur ?

 

Le gouvernement israélien diffuse-t-il des photos de victimes de tirs amis ?

Le 23 octobre dernier, le gouvernement israélien a réuni des membres de la presse internationale pour une séance de propagande officieuse. À l’intérieur d’une base militaire fermée, les responsables ont bombardé la presse avec des snuff movies et une collection d’allégations obscures de “scènes poignantes de meurtre, de torture et de décapitation lors de l’assaut du Hamas du 7 octobre“, selon le Times of Israel.

Des centaines de journalistes et de photographes de médias du monde entier ont assisté aujourd’hui à la projection d’un film composé d’images diverses montrant l’étendue des horreurs commises par le Hamas.

Les images proviennent de nombreuses sources, y compris des caméras portées par les… pic.twitter.com/c2HRdI98Lh

– (((Emanuel Miller))) 🌻 (@emanumiller) 23 octobre 2023

Dans le document peut-être le plus troublant présenté par le gouvernement israélien, les journalistes ont eu droit à une vidéo montrant “un cadavre de femme partiellement brûlé, avec une tête mutilée… La robe de la femme morte est remontée jusqu’à la taille et sa culotte a été enlevée“, selon le Times of Israel.

Daniel Amram, le blogueur d’informations privées le plus populaire en Israël, a tweeté la vidéo du cadavre brûlé de la femme, affirmant qu'”elle a été violée et brûlée vive“.

 

En fait, la jeune femme semble avoir été tuée instantanément par une puissante explosion. Elle semble avoir été extraite de la voiture dans laquelle elle se trouvait et qui appartenait peut-être à un ravisseur de Gaza. Le véhicule a été entièrement détruit et se trouvait sur un champ de terre, comme beaucoup d’autres véhicules attaqués par les hélicoptères Apache. Elle était légèrement vêtue, les jambes écartées.

Bien qu’elle ait participé au festival de musique électronique Nova, où de nombreuses femmes étaient vêtues de tenues légères, et que ses membres tordus soient typiques d’un corps qui a été placé dans une voiture après la rigidité cadavérique, les experts et les responsables israéliens ont affirmé qu’elle avait été violée.

Mais les allégations d’agression sexuelle se sont jusqu’à présent révélées sans fondement. Le porte-parole de l’armée israélienne, Mickey Edelstein, a insisté auprès des journalistes lors de la conférence de presse du 23 octobre sur le fait que “nous avons des preuves” de viol, mais lorsqu’on lui a demandé de les fournir, il a déclaré au Times of Israel : “nous ne pouvons pas les partager“.

Cette jeune femme était-elle une nouvelle victime des ordres de tir ami de l’armée israélienne ? Seule une enquête indépendante pourrait déterminer la vérité.

L’armée israélienne tue des captifs israéliens à Gaza et se plaint de leur libération

À Gaza, où quelque 200 citoyens israéliens sont retenus en otage, il n’y a guère de doute quant à l’identité de ceux qui tuent les captifs. Le 26 octobre, la branche armée du Hamas, connue sous le nom de Brigades Al-Qassam, a annoncé qu’Israël avait tué “près de 50 captifs” lors de frappes de missiles.

Si l’armée israélienne avait intentionnellement ciblé des zones où elle savait que les captifs étaient détenus, ses actions auraient été conformes à la directive Hannibal d’Israël. Cette procédure militaire a été mise en place en 1986 à la suite de l’accord Jibril, qui prévoyait l’échange par Israël de 1 150 prisonniers palestiniens contre trois soldats israéliens. À la suite d’une forte réaction politique, l’armée israélienne a rédigé un ordre de mission secret afin d’empêcher de futurs enlèvements. L’opération proposée tire son nom du général carthaginois qui a préféré s’empoisonner plutôt que d’être retenu captif par l’ennemi.

La dernière application confirmée de la directive Hannibal a eu lieu le 1er août 2014 à Rafah, dans la bande de Gaza, lorsque des combattants du Hamas ont capturé un officier israélien, le lieutenant Hadar Goldin, ce qui a incité l’armée à lancer plus de 2 000 bombes, missiles et obus sur la zone, tuant le soldat ainsi que plus de 100 civils palestiniens.

Qu’Israël tue ou non intentionnellement ses citoyens captifs à Gaza, il s’est montré étrangement allergique à leur libération immédiate. Le 22 octobre, après avoir refusé l’offre du Hamas de libérer 50 otages en échange de carburant, Israël a rejeté l’offre du Hamas de libérer Yocheved Lifshitz, une militante israélienne pour la paix âgée de 85 ans, et son amie Nurit Cooper, âgée de 79 ans.

Lorsqu’Israël a accepté leur libération un jour plus tard, une vidéo a montré Yocheved Lifshitz serrant la main d’un militant du Hamas et lui entonnant “Shalom” alors qu’il l’escortait hors de Gaza. Lors d’une conférence de presse tenue ce jour-là, elle a raconté le traitement humain que lui ont réservé ses ravisseurs.

 

Le spectacle de la libération de Lifshitz a été traité comme un désastre de propagande par les doreurs d’image du gouvernement israélien, les fonctionnaires grognant que l’autoriser à parler publiquement était une grave “erreur“.

L’armée israélienne n’a pas été moins mécontente de sa soudaine liberté. Comme le rapporte le Times of Israel, “l’armée craint que de nouvelles libérations d’otages par le Hamas n’amènent les dirigeants politiques à retarder une incursion terrestre, voire à l’interrompre en cours de route“.

Max Blumenthal

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 

 

Israël a menti au sujet du 7 octobre

 

Bien que tout le récit officiel des autorités israéliennes se soit avéré faux, tout «expert» occidental se doit, pour rester audible, de commencer son propos par une condamnation des massacres de civils, incriminant les deux belligérants en les renvoyant dos à dos, et veillant soigneusement à rester dans un flou confortable, tout en sachant parfaitement que le seul massacreur durant cette journée du 7 octobre est l’armée israélienne. La prudence excessive, voir lâche, des propos de ces «experts» et toutes leurs précautions oratoires n’ont d’autres buts que de préserver leur soit-disant crédibilité.

RI

*

par Indrajit Samarajiva - Le 14/11/2023.

Les affirmations d’Israël concernant le 7 octobre sont des mensonges. Tous les bébés décapités, les viols, les tortures et même les civils pris pour cible sont des mensonges. Ce sont les mêmes mensonges que ceux utilisés pour réprimer les rébellions d’esclaves et les mouvements anticoloniaux. Ils traitent les indigènes de sauvages pour mieux les massacrer. Israël a menti pour créer une propagande d’atrocités, et le monde occidental l’a allègrement diffusée. Ensemble, ils ont fait tout ce dont ils accusent le Hamas, et même pire. Chaque accusation est en réalité un aveu.

Ce qui est amusant, c’est que les Israéliens publient la vérité – dans les médias hébraïques et les statistiques gouvernementales. Ce n’est qu’une fois que les médias occidentaux ont publié les titres génocidaires que cela n’a plus d’importance. Le génocide a déjà été déclenché. La vérité éclate au grand jour et figurera dans les livres d’histoire, mais Israël s’en moque. Ils prennent la terre et tuent les gens maintenant, ce qui a toujours été le but de la colonisation.

Le fait est que le déluge d’Al Aqsa perpétré par le Hamas et consorts était une attaque légitime contre une armée d’occupation. Tout le monde est censé les condamner scrupuleusement, mais pour quelle raison ? S’évader d’un camp de concentration et frapper les gardes ? Loin de viser des civils, le déluge d’Al Aqsa a frappé des cibles militaires. Un grand nombre de civils tués l’ont été en fait par Israël, dans sa réaction sauvage et incompétente. Tout cela a été admis par Israël, comme vous le verrez ci-dessous (ou simplement en regardant autour de vous).

Pour dissimuler son incompétence en matière de violence, Israël a diffusé des mensonges éhontés tels que «bébés décapités» et «esclaves violées» à l’intention du public occidental, qui a été conditionné depuis longtemps à haïr les musulmans comme il haïssait les Amérindiens et tous ceux qu’il génocidait auparavant. Mais si l’on consulte la presse israélienne et les rapports du gouvernement, on s’aperçoit qu’il y a des fuites de vérité. Un grand nombre des personnes tuées lors du déluge d’Al Aqsa étaient des militaires, et un grand nombre de civils ont été tués par l’armée israélienne elle-même. Je peux donc m’appuyer presque exclusivement sur des sources israéliennes. Ils ne se soucient pas vraiment de ce que vous savez, ils se soucient des faits sur le terrain. Le génocide a déjà été déclenché et ils étendent déjà leur colonisation de la Palestine, ce qui était le but recherché depuis le début.

Le déluge d’Al Aqsa

1036 noms divulgués par Israël, avec les soldats actifs en surbrillance (via)

Les faits du 7 octobre sont que le Déluge d’Al Aqsa s’est échappé d’un camp de concentration pour attaquer les gardes – les bases militaires qui encerclent la population autochtone de Palestine. Comme vous pouvez le voir sur la liste d’un peu plus de 1000 noms (et non pas les 1400 cités couramment), beaucoup sont des soldats. À moins que «Major» et «Sergent» ne soient des noms israéliens courants. Il s’agit des occupants militaires de la Palestine et des cibles légitimes de la résistance. C’est ce qu’a été le déluge d’Al Aqsa – une frappe légitime de la part d’un peuple opprimé – alors que les colonisateurs tentent de la salir en la présentant comme une mer de sauvages. Il s’agit littéralement des mêmes mensonges que ceux utilisés pour réprimer toutes les rébellions d’esclaves et tous les mouvements anticoloniaux.

«La plupart des Israéliens tués le 7 octobre étaient en âge de servir dans l’armée.
D’après mon dernier décompte, près de 50% d’entre eux étaient des soldats en uniforme
sur la base et/ou activement engagés dans le maintien du siège de Gaza. Cela n’inclut
pas ceux qui portaient des armes en tant que sécurité privée ou qui servaient
en tant que réservistes». Max Blumenthal

Le mensonge colonialiste classique est «ils tuent des bébés», qui était alors, comme aujourd’hui, utilisé pour massacrer en masse les enfants autochtones. Aujourd’hui, cela se fait avec le soutien des médias. Presque tous les tabloïds britanniques ont étalé le mensonge des «40 bébés décapités» en première page, bien qu’il ait été peu étayé à l’époque et qu’il s’agisse d’un mensonge pur et simple a posteriori. Le graphique de Blumenthal (ci-dessus) reprend le décompte des morts établi par Haaretz, un journal israélien, et il n’y a pas du tout 40 bébés morts, et encore moins décapités. La grande majorité des personnes tuées sont en âge de servir dans l’armée, car le déluge d’Al Aqsa était une attaque militaire.

En armant de faux bébés morts, Israël a cependant commencé à tuer de vrais bébés. À une échelle stupéfiante, en les bombardant directement et en les privant de nourriture, d’eau et d’électricité pour les tuer lentement par la famine et la maladie. Au moins 5000 enfants ont été tués à l’heure où nous mettons sous presse, et d’autres sont enterrés ou meurent lentement sous les décombres.

La base de Gaza

Gaza n’est qu’une prison à ciel ouvert, un camp de concentration pour les réfugiés des pogroms précédents. Cette prison est (était) contrôlée depuis un bureau situé près du point de passage d’Erez, que les rebelles ont attaqué. C’est cette «tour de guet» de la prison que le Hamas et ses alliés ont pris d’assaut, surprenant des soldats israéliens incompétents en train de baisser littéralement leur pantalon. Les commandants, incapables de se battre, ont alors lancé une attaque aérienne contre eux-mêmes. Comme le rapporte Grayzone, citant le journal israélien Haaretz :

Selon Haaretz, le commandant de la division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld, «s’est retranché dans la salle de guerre souterraine de la division avec une poignée de soldats et de soldates, essayant désespérément de sauver et d’organiser le secteur attaqué». De nombreux soldats, dont la plupart n’étaient pas des combattants, ont été tués ou blessés à l’extérieur. La division a été contrainte de demander une attaque aérienne contre la base [du point de passage d’Erez] elle-même afin de repousser les terroristes».

Plutôt que de se battre, Israël a eu recours au bombardement aveugle de sa propre base. Le déluge d’Al Aqsa a révélé que l’armée israélienne n’est pas la force bien entraînée et mortelle qu’elle se vante d’être. Il s’agit d’une bande de lâches qui se cachent derrière des écrans d’ordinateur et qui sont complètement dépendants des armes américaines. L’armée israélienne est incapable de se tenir debout et de se battre. Ce sont fondamentalement des lâches, habitués à battre des enfants et à bombarder des immeubles d’habitation. Vous pouvez le constater en voyant les efforts qu’ils ont déployés pour «sauver» leurs propres civils. Ils ne l’ont pas fait. Ils les ont bombardés eux aussi, dans la panique la plus totale. Tuer des civils, c’est vraiment tout ce que l’armée israélienne sait faire.

La Rave

Pour une obscure raison, les Israéliens organisaient une rave près du camp de concentration. Il ne s’agissait pas d’une «fête de la paix», mais de fêtards, ignorant allègrement la misère qui régnait à quelques kilomètres de là. Parce que l’armée israélienne s’est effondrée, les rebelles se sont retrouvés ici et ont pris des otages. Pourquoi ont-ils pris des otages ? En échange des milliers d’otages palestiniens – y compris des enfants – pris et régulièrement violés et maltraités par les Israéliens. En cela, la résistance a sous-estimé l’armée israélienne, qui n’en avait rien à foutre. Ils ont alors bombardé les otages, tout comme ils avaient bombardé les civils le 7 octobre.

Comme le rapporte le journal israélien Yedioth Aharanoth, «les pilotes ont réalisé qu’il était extrêmement difficile de distinguer, dans les avant-postes et les colonies occupées, qui était un terroriste et qui était un soldat ou un civil… La cadence de tir contre les milliers de terroristes a d’abord été énorme, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement les cibles». Comme l’a déclaré l’armée israélienne à son propre média, Mako, «les pilotes d’Apache témoignent qu’ils ont tiré une énorme quantité de munitions, vidé le «ventre de l’hélicoptère» en quelques minutes, volé pour se réarmer et repris l’air, encore et encore. Mais cela n’a servi à rien et ils le comprennent». Le commandant de l’unité Apache, le lieutenant-colonel E., a déclaré à Mako dans un rapport séparé : «Je comprends que nous devions tirer ici et rapidement»«Tirer sur des gens sur notre territoire – c’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé faire»Tout ceci a été publié par Max Blumenthal sur Grayzone, si vous souhaitez lire les détails les plus obscurs plus en détail.

Je vais inclure un autre rapport du média israélien ynet (autotraduit) parce qu’il est révélateur :

«Après que les pilotes eurent constaté qu’il était extrêmement difficile de distinguer, dans les avant-postes et les colonies occupées, les terroristes des soldats et des civils, il a été décidé que la première mission des hélicoptères de combat et des drones Zik armés serait d’arrêter le flux de terroristes et la foule meurtrière qui se déversait sur le territoire israélien par les brèches de la clôture. 28 hélicoptères de combat ont tiré en une journée. Les combats se déroulent avec toutes les munitions qu’ils avaient dans leur soutes. Ce sont des centaines d’obus de canon de 30 mm (l’effet d’une grenade pour chaque obus) ainsi que des missiles Hellfire. La cadence de tir contre les milliers de terroristes a d’abord été fulgurante, et ce n’est qu’à partir d’un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement les cibles».

Il s’avère que l’armée du Hamas a délibérément compliqué la tâche des pilotes d’hélicoptères et des opérateurs de drones : l’enquête a révélé que les forces d’invasion avaient été invitées, lors des derniers briefings, à marcher lentement vers les colonies et les avant-postes ou à l’intérieur de ceux-ci, et à ne courir en aucun cas, afin de faire croire aux pilotes qu’il s’agissait d’Israéliens. Cette tromperie a fonctionné pendant un bon moment, jusqu’à ce que les pilotes d’Apache se rendent compte qu’ils devaient ignorer toutes les restrictions. Ce n’est que vers 9 heures que certains d’entre eux ont commencé à arroser les terroristes avec leurs propres canons, sans l’autorisation de leurs supérieurs.

Cela montre l’ampleur de la puissance de feu qu’Israël a déchaînée, sans beaucoup d’intelligence pour l’accompagner. Ils ont déchargé des hélicoptères Apache au nom génocidaire, puis sont repartis pour recharger et recommencer. Il s’agit de millions de dollars d’explosifs tirés à partir d’hélicoptères d’attaque valant des milliards de dollars. C’est le complexe militaro-industriel américain en action, «choc et stupeur» sur leur propre sol (occupé). L’armée israélienne tente de rejeter la responsabilité de cet échec sur les simples soldats, mais il est évident que les supérieurs devaient autoriser le rechargement et l’engagement des cibles, à moins qu’ils ne soient totalement incompétents. Ils tentent également d’accuser les combattants de la résistance d’être compétents et de ne pas se contenter de courir et de se faire tirer dessus comme de bons «terroristes». En fin de compte, nous savons qui est le véritable terroriste. On peut savoir qui a tiré sur le site. Il suffit de regarder les dégâts :

Il s’agit de toutes les voitures que l’armée israélienne a détruites et ramenées comme trophées pervers. Il s’agit d’une image tirée d’une vidéo, la file de voitures ne cesse de s’allonger. Les militants palestiniens, qui sortent du camp à pied et en camionnettes, n’ont tout simplement pas cette puissance de feu. C’est le travail des missiles Hellfire et des hélicoptères Apache, comme vous le disent les Israéliens. Les Israéliens viennent de tirer sur leurs propres civils, comme des fous furieux.

Ce qui déchire l’Internet en ce moment, c’est quelque chose que Grazyone a rapporté il y a des semaines (ou des années ?). Des hélicoptères israéliens prennent pour cible et tuent des gens sans que l’on sache de qui il s’agit. Vous les avez vus dire qu’ils tiraient sur des voitures, vous avez vu les voitures brûlées, et maintenant vous les voyez en train de le faire. On ne sait pas exactement d’où proviennent ces images, mais elles sont suffisamment claires.

Dernières nouvelles : Israël admet que des hélicoptères Apache ont tiré sur leurs propres civils fuyant le festival de musique Supernova.

L’armée israélienne s’est contentée d’allumer tout ce qui bougeait, ce qui, compte tenu de son retard sur les lieux, correspondait principalement à sa propre population. Ils ont ensuite utilisé leur propre carnage comme excuse pour aller tuer encore plus de civils à Gaza, de la même manière lâche. C’est tout ce que l’armée israélienne sait faire, tuer des civils. Ils sont trop effrayés pour se rendre sur le terrain et affronter les soldats du Hamas, bien plus courageux, dans un combat loyal. Ils préfèrent tuer tout ce qui bouge et s’en servir comme excuse pour poursuivre le génocide. C’est un véritable cercle vicieux. Mentir et mourir, encore et encore.

La tuerie continue

Je pourrais continuer. Sur le bombardement du kibboutz Be’eri, où le chef de la sécurité «a déclaré au journal israélien Haaretz que lorsque le désespoir a commencé à s’installer, «les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – y compris le bombardement des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes en même temps que les otages»Ou encore «une Israélienne du nom de Yasmin Porat a confirmé dans une interview à la radio israélienne que l’armée avait «sans aucun doute» tué de nombreux non-combattants israéliens lors des échanges de tirs avec les militants du Hamas le 7 octobre. «Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages», a-t-elle déclaré en faisant référence aux forces spéciales israéliennesMais comme vous pouvez le constater, je ne fais que citer Grayzone, vous devriez donc lire plus d’informations à ce sujet, ou encore Middle East Eye.

Le fait est que les preuves ne cessent de s’accumuler, mais cela n’a pas d’importance. Le mensonge a fait le tour du monde avant que la vérité ne puisse enfiler son pantalon. Le fait est qu’il n’y a pas eu de décapitation de bébés, mais qu’Israël a fait cela et pire à des milliers de bébés avec des bombes industrielles. Il n’y a pas eu de viols, bien qu’il y ait des cas bien documentés de viols par Israël de prisonniers et d’enfants sous sa garde illégale. Il n’y a pas eu de torture, bien qu’Israël ait détenu et torturé des travailleurs gazaouis, les étiquetant avec des numéros et tuant même au moins deux d’entre eux. Il n’y a pas eu non plus de ciblage de civils par les forces de libération de la Palestine, alors que l’occupation le fait devant le monde entier.

Chaque accusation est un aveu. Et ce n’est pas de l’hypocrisie, c’est de la hiérarchie. C’est ainsi que sont les colonisateurs, et qu’ils l’ont toujours été. Ils veulent que vous croyiez aux mensonges les plus grossiers sur les populations indigènes, afin de pouvoir leur faire subir bien pire. Pourquoi ? Pour tuer les gens et s’emparer des terres. Même chose, jour différent, comme le dit ma thèse historique. Lorsque l’histoire sera écrite, les mensonges d’Israël seront révélés. Mais pour l’instant, nous devons regarder la vérité sanglante qui se trouve devant nous. Le génocide ouvert du peuple palestinien par un État, Israël, qui ne devrait pas et ne peut pas exister du tout.

Israël est un mensonge qui n’est soutenu que par la violence et la propagande américaines massives. Sans les bombes américaines, il s’effondrerait en une semaine et son État ethnique violent, fondé sur la division et la conquête, disparaîtrait. Les juifs, bien sûr, pourraient et devraient vivre comme avant, avec les musulmans et les chrétiens et tous les autres, sans être séparés d’eux. La chute de l’empire américain s’accompagnera de celle d’Israël, mais, malheureusement, elle se fera de manière peu glorieuse.

Un empire mourant est vraiment le plus dangereux, surtout lorsqu’il est doté de l’arme nucléaire et qu’il n’a plus beaucoup de neurones. Le drapeau de l’Empire blanc a toujours été la mort, et maintenant ils n’ont rien d’autre que la mort à offrir, et rien pour quoi vivre. Il suffit de demander aux Palestiniens d’être génocidés, ou à la Terre d’être écocidée. C’est le même phénomène. Il s’agit d’un système pyramidal qui est en train de basculer violemment sous nos yeux. Nous vivons une époque intéressante, comme le dit la malédiction. C’est terrible de voir les mensonges dont ces monstres s’emparent, et de connaître la vérité historique. Comme l’a dit Gramsci, l’ancien monde se meurt et le nouveau lutte pour naître. Le temps des monstres est venu.

source : Indi.ca

Jacques Baud : «Les pays occidentaux ont créé une zone de non droit en Israël»

  1. Le 14/11/2023.

     

Une excellente interview du colonel suisse Jacques Baud qui remet quelques pendules à l’heure. Il commente également les positions de la mal nommée «Communauté internationale» ainsi que le travail des médias belges et français sur la guerre menée par Israël contre Gaza. Ses propos confirment en plusieurs points ceux de Michel Collon.

Dominique Delawarde

*

par Robin Delobel

Ancien agent de renseignement suisse et ancien chef de la doctrine des opérations de la paix des Nations unies, Jacques Baud a un point de vue très critique sur la situation en Palestine. Dans cette interview, il revient sur plusieurs questions qui dominaient l’attention médiatique depuis un mois : les objectifs de l’opération du 7 octobre et la surprise des services de sécurité israéliens. Il commente également les positions de la mal nommée communauté internationale ainsi que le travail des médias belges et français sur la guerre menée par Israël contre Gaza.

Comment analysez-vous le modus operandi du Hamas ?

C’était très difficile de le comprendre au début car on ne voyait pas très bien quel était leur objectif. Aujourd’hui, grâce aux déclarations de Abou Obeïda, le porte-parole du Hamas, nous savons que l’objectif n’était pas de tuer des civils israéliens, comme nos médias s’acharnent à le propager, mais à attaquer la Division de Gaza, responsable de la surveillance et des actions contre Gaza. Il s’agissait également de capturer des militaires afin de les échanger contre les quelque 5300 prisonniers détenus par Israël, dont 120 enfants et 1100 détenus sans charge retenues contre eux.

Ils ne cherchaient certainement pas à gagner du territoire, car s’ils sont capables de prendre un ou des villages, ils n’ont certainement pas les capacités et les ressources pour les tenir sur la durée.

Il est probable qu’ils cherchaient également à faire une action d’éclat, afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation de la population à Gaza qui est tenue en otage depuis 17 ans. Il est également possible que les Palestiniens aient utilisé cette opération pour obtenir l’appui de la communauté musulmane, en regard de ce que les autorités israéliennes préparent pour le mont du Temple. Nous y reviendrons.

Que dire du droit international ?

S’attaquer à des enfants et des personnes âgées n’est évidemment pas conforme au droit international humanitaire (DIH) ou droit de la guerre et il nous faut condamner toutes les violations de ce droit. Nous, les Occidentaux, les condamnons pour les actions du Hamas du 7 octobre 2023, mais nous les oublions – voire les encourageons – pour les 75 ans de non-respect par Israël.

Or, le problème en Palestine est que les Israéliens ne respectent pas le droit international humanitaire et que la communauté internationale n’a jamais pris la moindre mesure pour obliger le gouvernement israélien à le respecter. La communauté internationale – et les pays occidentaux au premier chef – ont ainsi de facto créé une zone de non-droit.

Que voulez-vous dire par là ?

La résolution 45/130 de 1990 de l’Assemblée générale des Nations unies a accordé aux Palestiniens le droit de résister à l’occupation israélienne «y compris par la force armée».     

Ceci n’autorise pas tout, mais autorise les Palestiniens à se battre. On peut les accuser de beaucoup de choses, mais il faut les mettre en perspective. Ainsi, les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza ne se font pas simplement par plaisir, mais interviennent systématiquement comme réponse à une action israélienne (frappe, éliminations, etc.). Le problème vient du fait que les Israéliens ne considèrent pas leurs frappes pour éliminer un cadre du Hamas, par exemple, comme un acte de guerre, même s’ils utilisent une bombe de 500 kg pour le faire et qu’ils détruisent des familles entières.

Vous parlez là d’exemples concrets ?

Oui, le 23 juillet 2002, l’élimination de Salah Shahada avec une bombe de 1000 kg, larguée par un avion F-16 a fait 14 morts (dont plusieurs enfants) et 150 blessés, tandis que l’élimination de cheikh Ahmed Yassine le 22 mars 2004, par une salve de missiles Hellfire, a causé la mort d’une dizaine de civils innocents. Aucun pays occidental n’a protesté contre cette disproportion dont on savait qu’elle allait provoquer d’importants dommages collatéraux.

La réaction extrêmement tranchée des pays occidentaux a l’effet de mettre en évidence notre approche du deux poids deux mesures. Si vous ne réagissez ni aux crimes des Israéliens, ni à ceux du Hamas, vous donnez au moins aux populations arabes (y compris celles qui vivent chez nous) le sentiment d’une certaine impartialité. Si vous ne réagissez aux crimes que d’une seule partie, vous créez automatiquement un sentiment d’injustice. C’est exactement ce qui s’est passé avec Mohammed Merah en 2012, et avec Dominique Bernard à Arras, ainsi qu’avec les innombrables actes antisémites de ces derniers jours. Le cas de Samuel Paty est différent, même si le mode opératoire est identique.

«L’impunité des crimes produit logiquement une injustice et une exaspération»

De plus en plus de commentateurs parlent explicitement de vengeance de l’État israélien …

L’action militaire dans un contexte comme celui de Gaza doit obéir à trois principes fondamentaux du droit international humanitaire :

  • La proportionnalité de la réponse
  • La distinction entre civils et combattants
  • La précaution, qui impose de retenir son tir s’il met en danger des innocents.

Parce que les Occidentaux n’ont jamais respecté ces principes et n’ont jamais incité Israël à les respecter, ils ont d’une part créé un sentiment d’impunité qui laisse penser que tout leur est permis, et d’autre part ils ont accentué un sentiment d’injustice déjà très fort. C’est ce sentiment d’injustice qui alimente la radicalisation islamiste et antisémite.

La capture des otages par le Hamas est probablement un mauvais choix stratégique, car on ne peut justifier un crime par un autre et cela pourrait le priver d’un soutien international. Cela étant dit, il faut comprendre que pour les Palestiniens, le recours au droit international est devenu une illusion, car l’Occident n’a aucun intérêt à le faire respecter. Je rappelle, que depuis 1948, l’ONU a émis quelque 400 résolutions concernant ce conflit et qu’Israël ne respecte pas celles qui lui enjoignent de respecter le droit. Si l’on se met dans leur situation, on constatera qu’il ne reste que la force brutale pour arriver à quelque chose. D’ailleurs leur calcul semble être correct, puisque la communauté internationale semble prête à faire pression sur Israël pour qu’un processus de paix sérieux soit engagé.

Les «débats sémantiques» qui animent les médias semblent refléter un certain parti pris.

Techniquement, ce que nos médias ont décrit relève plus de crimes de guerre que de terrorisme. Chaque conflit a son lot de crimes de guerre et je pense qu’il faut être intraitable sur cette question-là. Mais il faut l’être pour tous les acteurs et pas seulement pour un parti. De plus, il faut également être très très prudent avec ce que disent nos médias.

Ainsi, l’information sur les bébés israéliens décapités et démembrés vient d’une journaliste à qui «un soldat avait dit qu’il croyait qu’il y avait des bébés décapités». Mais comme toujours avec nos médias lorsqu’ils ont l’occasion d’épingler des musulmans, d’une supposition l’information est devenue une certitude. Au point qu’elle a engendré la décision du Parlement suisse de déclarer le Hamas comme mouvement terroriste. Le problème est que les informations n’ont pas pu être confirmées par l’armée israélienne.

Quelles sont les conséquences de ce double standard ?

L’un des principaux facteurs de radicalisation est le sentiment d’injustice. Il ne s’agit pas de l’injustice sociale, car nous sommes dans des cultures qui – au contraire de la nôtre – la voient comme un phénomène inhérent à la vie. En revanche, comme je l’ai évoqué dans mon ouvrage sur la lutte contre le terrorisme djihadiste, le sentiment d’être traité injustement et l’idée que certains soient intrinsèquement supérieurs aux autres est un facteur de radicalisation. C’est ce que les Occidentaux et les Israéliens n’ont jamais réussi à comprendre et à intégrer dans leurs stratégies de contre-terrorisme.

Comme toujours, le fait de condamner avec une grande vigueur les actions de l’une des parties, sans réagir lorsque l’autre commet les mêmes signifie que l’on accepte ces crimes. En clair, nous ne condamnons pas les crimes, mais nous faisons de la politique. Ce ne sont pas des valeurs que nous défendons, mais des politiques.

Quid du droit d’Israël à se défendre ?

Naturellement, Israël a le droit de défendre sa population, mais tout cela ne donne ni à l’un ni à l’autre le droit d’utiliser n’importe quel moyen pour le faire. En 2014, le gouvernement de François Hollande a encouragé le gouvernement israélien à «prendre toutes les mesures pour protéger sa population». On peut concevoir de soutenir le gouvernement israélien à protéger sa population, mais de là à soutenir les mesures qu’il prend, c’est la preuve d’une sottise et d’un cynisme rare ! Cela a conduit aux tristes crimes de Mohammed Merah et explique pourquoi la France a été plus visée par le terrorisme que d’autres pays européens. Tout cela était évitable, si François Hollande et Manuel Valls avaient soutenu Israël avec un peu plus de sensibilité, de compassion et d’intelligence. Trois ingrédients qui semblent manquer à l’ensemble de nos politiciens.

Techniquement, les Palestiniens sont dans la même situation que les Irakiens après l’invasion occidentale ou les Français en 1940 : ils résistent à une occupation. Mais assez curieusement, alors que nous savons que nos interventions sont illégitimes et illégales, nous nous étonnons que les populations visées résistent.

«Résistance» exprime une finalité, alors que «terroriste» exprime une méthode.

Comment jugez-vous le traitement du Hamas dans les médias français et belges ?

Dans les pays francophones, on tend à réagir comme en France : de manière passionnelle. Qu’on le veuille ou non, que l’on accepte ou non nos politiques d’immigrations irresponsables, le fait est qu’une partie de nos populations est de sensibilité musulmane et a de la compassion pour les Palestiniens. On ne peut pas simplement ignorer ce fait. Cela ne signifie pas que l’on doive automatiquement condamner Israël, mais que notre soutien doit s’exprimer avec sensibilité, avec mesure et de la manière la plus impartiale possible.

L’autre jour «La Une» de la RTBF avait organisé une table ronde entre six parlementaires sur la situation à Gaza. À part le représentant du parti d’extrême-gauche (avec lequel j’ai le moins d’atomes crochus) qui s’est exprimé de manière rationnelle et posée, les cinq autres ont eu un langage de fanatiques, totalement dans l’émotion et sans aucune vision sur l’avenir. Dans mon ouvrage sur la lutte contre le terrorisme djihadiste, j’avais déjà décrit l’importance d’un discours mesuré pour éviter des réactions violentes dans nos populations.

L’attaque du 17 octobre contre deux citoyens suédois n’est que la pointe de l’iceberg d’un ressentiment provoqué par le discours extrémiste de nos politiques. Cela n’excuse nullement le crime lui-même, mais cela tend à montrer qu’il n’est pas nécessaire d’importer les conflits chez nous au moyen de déclarations intempestives. On avait déjà vu le même phénomène à l’égard des Russes en France et en Belgique, mais nos gouvernements n’ont à aucun moment dénoncé la violence contre leurs propres citoyens d’origine russe. La guerre est déjà une chose terrible. Mais la détermination de nos politiques à nous y entrainer génère des violences secondaires qui sont totalement inutiles et qui seraient parfaitement évitables.

Les débats ont beaucoup tourné sur la nature «terroriste» de l’attaque du 7 octobre…

Le mot «terroriste» est devenu un anathème. Or, c’est une méthode. Il faut en rester là. L’autre jour, sur Sud Radio, Jean-Jacques Bourdin a placé la politicienne Danièle Obono devant le choix de déclarer si le Hamas est «un mouvement de résistance» ou «un mouvement terroriste ». Mais notre journaliste est connu pour mieux manier la polémique que l’intelligence : sa question est tout simplement malhonnête, car «résistance» exprime une finalité, alors que «terroriste» exprime une méthode. C’est une question que l’on connaît depuis des années lorsqu’on parle de «combattants de la liberté» ou «terroristes ». L’un n’exclut pas l’autre.

Multiplier les polémiques ne fait pas beaucoup avancer vers un processus de paix !

En effet, cela ne sert à rien de multiplier les invectives : il faut trouver des solutions. Les Palestiniens mènent une lutte armée légitime contre une occupation. Il ne nous revient pas de nous engager dans cette lutte, mais nous pourrions agir plus intelligemment contre ses causes, par un dialogue avec Israël. Mais nous ne le faisons pas, en grande partie parce que nous ne cherchons pas à comprendre ce conflit (comme les précédents d’ailleurs).

La violence sur notre sol découle directement de ce manque de volonté d’agir avec intelligence et sensibilité. De nombreuses organisations juives des droits de l’Homme ainsi que de nombreux journalistes juifs avec lesquels je suis en contact tentent de nous pousser à agir pour résoudre le problème, mais nos politiciens les méprisent littéralement. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, mais il ne faut pas pleurnicher ensuite lorsqu’on a des morts chez nous : c’est le résultat d’un choix.

La bande de Gaza est un territoire qui fait grosso modo 36 km par 17. Lorsque les Israéliens l’on rendue aux Palestiniens (comme le droit international les y obligeait), ils ont systématiquement détruit toutes les infrastructures qui auraient permis une activité économique normale. Aujourd’hui, un rapport d’Amnesty International indique que 90-95% de l’eau à Gaza est insalubre.

Ces informations-là sont peu mises en avant, au contraire de celles plus «télévisuelles»plus choquantes.

En Cisjordanie, en 1976, il y avait environ 3 200 Israéliens. Ils sont aujourd’hui près de 600 000. Aucun pays occidental n’a réagi. Si les Palestiniens pouvaient mener une vie normale, ils ne chercheraient sans doute pas à se battre. Il y a donc quelque chose de faux dans l’approche occidentale.

D’autre part, je constate que parmi les politiciens présents sur le plateau de la RTBF, aucun n’a évoqué les violations répétées du droit international humanitaire par Israël. Or, depuis le 7 octobre, en deux semaines seulement, les Israéliens ont tué près de 5 fois plus d’enfants que l’armée russe en 20 mois de guerre Ukraine !

Quant aux crimes dont on accuse les combattants du Hamas, il y en a certainement. Mais au lieu de se lancer dans des accusations sans fondements et qui justifie le refus de négocier avec les Palestiniens, il nous faut déterminer avec précision et justice les responsabilités. Car les témoignages des otages libérés et des rescapés des combats, notamment du kibboutz Be’eri, tendent à montrer que les combattants du Hamas se sont bien comportés avec leurs prisonniers et qu’une grande partie des Israéliens tués l’ont été lors de tirs croisés et souvent par l’armée israélienne elle-même !

Une des valeurs que l’Occident se vante de défendre est le respect du droit. Or, le droit implique que nos médias ne s’arrogent pas le droit de déterminer les culpabilités. Celles-ci doivent être déterminées par des enquêtes internationales, impartiales et neutres. Nous avons déjà vu dans le cas de l’Ukraine que nos médias n’ont contribué qu’à aggraver la situation de l’Ukraine. Ils ne cherchent pas à informer, mais à influencer.

Comment Israël a-t-elle pu se faire surprendre à ce point ?

C’est très dur de répondre mais selon le Times of Israël, les renseignements égyptiens avaient informés plusieurs fois les autorités israéliennes, mais que ces dernières auraient ignoré. Personnellement, je pense qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions mais je pense crédible que les services israéliens aient eu les informations avant et que sans les ignorer, ils ont sous-évalué l’importance du problème. Par ailleurs, toute dépend également de ce que les Égyptiens leur ont dit. S’ils ont simplement averti les Israéliens que «quelque chose de gros» allait se passer, ce n’est pas du renseignement et aucun service de renseignement peut faire quelque chose avec ça. Je ne connais pas la teneur des avertissements faits aux israéliens, mais ils s’attendaient probablement à quelque chose d’une autre nature. Il ne faut pas non plus oublier que le passé du Hamas montre des actions d’un tout autre ordre, comme un camion-bombe ou des tirs de roquettes, mais pas forcément ce mode opératoire. On est toujours plus intelligent après l’événement.

Les services israéliens ont souvent été surpris par leur adversaire.

De plus, avec la contestation et les manifestations autour de sa réforme de la justice, le gouvernement Netanyahou, avait certainement son attention dirigée ailleurs. On peut imaginer qu’il y ait pu avoir un excès de confiance de la part des Israéliens. Ils n’arrivent pas à imaginer que les Arabes puissent faire une opération de grande envergure. Les services israéliens n’ont pas su apprécier la situation en 1973, en 1982, et en 2006 ; ils ont ainsi chaque fois été surpris par leur adversaire.

Les services de renseignement israéliens sont devenus plutôt des services de sécurité. Comme nos services, ils ne sont plus capables d’analyser une situation de manière stratégique. Les derniers tragiques événements en France et en Belgique montrent que nos services ne sont pas mieux. Or, ces drames auraient pu être évités…

Mais cela n’explique pas tout, l’année 2023 a été une année de tensions. Le Qatar a réduit ses contributions aux Palestiniens de la bande de Gaza (y compris le Hamas) conduisant à des troubles sociaux. En Cisjordanie les évictions de Palestiniens par les colons se sont multipliées avec la bénédiction du gouvernement Netanyahou et celle de nos gouvernements. Les conditions de détention des prisonniers palestiniens ont été durcies. Et surtout, les violents affrontements sur l’Esplanade des Mosquées avaient déjà déclenché des signaux d’alarme en Israël.

Il est donc difficilement concevable que l’on ait pu ignorer le scénario d’un événement grave. Cela étant dit, comme nous l’avons vu, il est difficile de savoir quelle forme pouvait prendre un tel événement. Les Israéliens n’ont donc probablement pas été surpris que «cela explose», mais de la manière dont cela s’est manifesté. Nous aurions probablement été surpris de la même manière. D’ailleurs nous l’avons été lors des attentats de 2015-2016, alors que nous savions que le fait d’aller participer à la coalition occidentale en Irak et en Syrie nous exposait au terrorisme…

source : Investig’Action

 

Israël va perdre, et voici pourquoi

par Kevin Barrett - Le 12/11/2023.

Israël va perdre, oui, absolument, et voici pourquoi

Depuis février 2022, les grands médias occidentaux nous disent que la Russie ne peut pas gagner sa guerre en Ukraine. Zelensky, avec le soutien de centaines de milliards de dollars de l’Occident, l’emporterait sûrement. La Russie a toujours subi des pertes insupportables. Poutine est toujours sur le point de tomber raide mort. Une nouvelle livraison d’armes miracles américaines va inverser la tendance. Une victoire ukrainienne écrasante est toujours à portée de main.

(Voir l’interview du colonel Col. Douglas Macgregor : «Israel is losing everywhere. Eventually they will lose support from US !» Israël est en train de perdre partout, ils peuvent même perdre le soutien états-unien).

Parce qu’ils ne pouvaient pas imaginer que l’Ukraine perdrait, les experts occidentaux ne voyaient pas qu’elle était en train de perdre. Ils n’ont pas compris qu’à partir du moment où la majorité mondiale non occidentale refusait d’accepter les sanctions américaines contre la Russie, tout était effectivement terminé. La quasi-totalité de la guerre s’est déroulée dans l’ombre d’une inévitable victoire russe. Ce n’était qu’une question de temps. 

Une situation similaire pourrait-elle prévaloir dans la guerre pour la Palestine ? La majorité mondiale non occidentale s’est fortement retournée contre Israël – encore plus violemment qu’elle ne s’est retournée contre les États-Unis dans leur guerre contre la Russie à travers l’Ukraine. Pourtant, les médias occidentaux continuent de fabriquer et d’habiter une bulle complètement détachée de la réalité morale et stratégique. Ils ne peuvent même pas imaginer qu’Israël ait tort, même si c’est manifestement le cas. Ils ne peuvent pas imaginer le Hamas comme des combattants nobles et chevaleresques, et les Israéliens comme de lâches terroristes tueurs d’enfants, même si c’est évidemment le cas. Ils ne peuvent pas reconnaître que la grande majorité du monde n’est pas d’accord avec eux pour de très bonnes raisons, et non à cause de «l’antisémitisme». Et surtout, ils ne peuvent pas imaginer qu’Israël, malgré (ou à cause) de son attaque génocidaire contre des civils, soit en train de perdre la guerre. 

Tout comme il a fallu lire des sources «pro-russes» (comme le colonel Douglas MacGregor) pour connaître la vérité sur la guerre en Ukraine, il faut se tenir au courant de l’opinion de la majorité mondiale pro-Résistance pour avoir une image précise de la guerre. Pour la Palestine. À cette fin, consultez mon interprétation rapide, assistée par Google, d’un article éclairant publié hier par Al-Jazeera : 

(Voir Hamdani et Talal Mushati pour Al-Jazeera)

Les dirigeants israéliens préparent une population israélienne tendue et frustrée à des surprises imprévues dans leur guerre contre Gaza, en parlant d’une guerre longue, coûteuse et cruelle. Mais les attentes élevées qu’ils ont placées dans leur guerre seront difficiles à réaliser, faute d’un plan militaire ou politique clair. 

Le chef d’état-major israélien Herzi Halevy déclare : «Nous menons une guerre contre un ennemi cruel, et cette guerre a un prix douloureux et lourd», tandis que le ministre de la Défense Benny Gantz résume la difficulté de la guerre terrestre : «Les images provenant des combats au sol font mal et nos larmes coulent lorsque nous voyons nos soldats tomber».

Les dirigeants israéliens ont lancé leur guerre contre Gaza à un moment où ils n’ont la confiance que de 27% de l’opinion publique israélienne, alors qu’environ 51% seulement font confiance à l’armée israélienne. À cela s’ajoute le fardeau de 250 000 personnes cherchant refuge dans la région de Gaza et dans les régions du nord proches du Liban, ainsi que des plus de 240 Israéliens retenus prisonniers par la résistance à Gaza. 

En conséquence, pour Israël, cette guerre n’est pas comme les guerres précédentes. Israël subit déjà d’énormes pertes quotidiennes et une érosion de ses ressources, notamment en soldats, en équipement, en temps, en argent et en légitimité (soutien interne et externe). Le coût continuera d’augmenter à mesure que la guerre se prolongera ou s’étendra. 

Le journal Maariv commente les conditions de la guerre terrestre qui se déroule à la périphérie de Gaza, en disant : «Les forces de résistance sont très loin d’être brisées. Malgré les liquidations et les assassinats, le Hamas parvient dans la plupart des cas à maintenir une méthode de combat organisée, basée principalement sur les combats dans les tunnels, à la sortie des cachettes et avec le lancement de missiles sur nos véhicules blindés».

Deux facteurs primordiaux motivent la féroce guerre israélienne contre Gaza : Le choc de la défaite militaire retentissante et l’échec de la sécurité et du renseignement qui ont résulté du lancement par la résistance palestinienne de l’opération «Tempête Al-Aqsa» le 7 octobre ; et la situation difficile du grand nombre de prisonniers détenus par les Brigades Al-Qassam et d’autres factions palestiniennes. L’action militaire s’articule donc autour de ces deux objectifs. 

Sous l’influence psychologique des événements du «Samedi noir», les Israéliens se sont dirigés directement vers le but ultime de toute guerre, qui est de «détruire l’ennemi». Il s’agissait d’un plafond élevé dont ils savaient probablement, en raison de leur expérience antérieure, qu’il ne pourrait pas être atteint. Cela ne peut se produire qu’à un prix qu’ils ne pourraient pas se permettre de payer. 

Dans ce contexte, le ministre de la Défense Yoav Galant a déclaré : «Il n’y a pas de place pour le Hamas à Gaza. À la fin de notre combat, il n’y aura plus de Hamas». Il s’agit d’un objectif irréaliste, si l’on s’en tient à l’expérience passée et les réalités actuelles sur le terrain. 

En considérant les guerres précédentes, notamment celles de 2008 et 2014, nous constatons que «détruire le Hamas» a toujours été un objectif fondamental et nécessaire… Il n’y a aucune raison de croire que cela sera réalisable cette fois-ci, d’autant plus que le mouvement est désormais beaucoup plus fort et bien plus profondément enraciné dans la bande de Gaza qu’auparavant. Ses défenses militaires et son arsenal ont été renforcés au point d’être difficiles à pénétrer, et en fin de compte, il ne s’agit pas d’un État ou d’une armée régulière qui puisse annoncer sa capitulation, mais d’un mouvement de résistance populaire étendu sur le chemin d’une guerre palestinienne prolongée

La guerre dont Israël ne veut pas 

Si la guerre consiste en des opérations de combat qui nécessitent de mobiliser les ressources et les capacités de l’État pour mener une campagne militaire spécifique afin de mettre en œuvre des objectifs militaires et politiques, allant du déplacement d’un front à l’obtention de succès tactiques et à l’imposition de certaines conditions ou à la mise en œuvre d’une décision, une bataille capable de briser la volonté de «l’ennemi» nécessite alors un leadership convenu qui bénéficie d’un certain degré de consensus. Cela nécessite un appareil militaire entraîné, équipé et au moins minimalement mobilisé psychologiquement pour le combat ; un plan de confrontation approprié ; et un front politique et social interne unifié et cohérent orienté vers cet objectif.

Cela nécessite également une mobilisation économique qui embrasse les circonstances et le déroulement de la guerre, ainsi que de ses surprises, ainsi qu’un front international et régional compréhensif ou solidaire. La victoire est difficile à obtenir si l’une ou l’ensemble de ces conditions est absente, surtout dans le cas de batailles longues qui nécessitent une mobilisation continue. Les résultats sont également liés à la réaction de l’ennemi, à l’étendue de sa force et aux tactiques qu’il choisit. 

Israël était-il prêt ? 

En termes de capacités militaires, Israël semble toujours prêt à faire la guerre sur plusieurs fronts. Mais les capacités militaires techniques et les armes ne suffisent pas pour trancher les guerres, surtout s’il ne s’agit pas du genre de guerres éclair qu’Israël privilégie. Dans la pratique, Israël souffre de défauts significatifs dans presque tous les ingrédients mentionnés ci-dessus pour gagner une guerre. 

Au niveau du leadership : Il n’existe pas en Israël de leader agréé qui jouisse d’un consensus ou du charisme nécessaire. Comme le montrent les sondages, le Premier ministre Benjamin Netanyahou est extrêmement impopulaire. Dans une récente enquête d’opinion publique israélienne menée par le journal israélien Maariv, il a été constaté que seulement 27% des Israéliens soutiennent sa survie politique, et que ses décisions politiques et militaires ne sont pas acceptées mais font l’objet de nombreuses critiques. Le cours de la guerre a également prouvé qu’il est indécis et qu’il ne dispose pas d’un plan d’action militaire ou politique clair et convaincant. 

Netanyahou refuse également d’accepter la responsabilité de l’échec sécuritaire du 7 octobre, qui l’a exposé à de sévères critiques internes. Le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a par exemple averti que les tentatives de Netanyahou d’échapper à ses responsabilités et de faire porter le chapeau aux instances de la sécurité, affaiblissant ainsi l’armée israélienne, revenait à «franchir des lignes rouges». 

Le front intérieur

Le front intérieur semble s’être désintégré. Les Israéliens vivent dans un état de profonde division aux niveaux partisan, populaire et politique. La question des prisonniers détenus par la résistance est particulièrement controversée, compte tenu des dangers d’une guerre terrestre et des pertes importantes qu’elle entraînerait. 

Netanyahou et les membres extrémistes de son gouvernement sont accusés de diviser la société israélienne. Le chef du parti travailliste d’opposition, Merav Michaeli, a accusé le Premier ministre de «combattre l’armée et le peuple d’Israël». La question des prisonniers détenus par la résistance a également suscité des divisions internes, en particulier après que le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, a appelé à bombarder Gaza avec une arme nucléaire, en disant : «Que signifie un otage ? En temps de guerre, on en paye le prix [dans le sang]. Pourquoi la vie des otages est-elle plus précieuse que celle des soldats ? Cela a été considéré par les Israéliens comme «un abandon par le gouvernement de son engagement à rendre les otages». 

Le front militaire

Les événements du «Déluge d’Al-Aqsa», en particulier les six premières heures du 7 octobre, ont démontré que l’armée israélienne souffre de graves déficiences, tout comme ses nombreux services de sécurité. Aujourd’hui, les pertes quotidiennes qu’elle subit au cours de ses opérations terrestres en cours sont un objet de suspicion au sein de la société israélienne, qui comptait sur son armée pour maintenir une aura de sécurité et de stabilité. 

La situation économique

La situation économique israélienne est à son pire niveau, avec des secteurs majeurs tels que le tourisme paralysé, les voyages en net recul et le secteur agricole subissant des dégâts. Avec la mobilisation d’environ 360 000 soldats de réserve, pour la plupart soudainement retirés du marché du travail, et l’évacuation d’environ 250 000 colons, l’économie connaît une grave pénurie de main-d’œuvre dans divers domaines. Israël a récemment annoncé que les trois dernières semaines de guerre avaient coûté environ 7 milliards de dollars, sans tenir compte des dommages directs et indirects. Même si ces dégâts pourraient coûter environ 3 milliards de dollars par mois, les estimations préliminaires montrent que la guerre contre Gaza coûtera au budget israélien 200 milliards de shekels (51 milliards de dollars), soit environ 10% du produit intérieur brut, et comme la guerre se poursuivra sur une longue période, l’économie israélienne pourrait se retrouver bloquée selon les estimations israéliennes. 

Le front diplomatique

Après le 7 octobre dernier, les pays occidentaux historiquement favorables à Israël se sont précipités pour le soutenir, mais ce soutien a rapidement commencé à s’éroder en raison de l’impact des crimes israéliens et des doutes sur la capacité de l’armée israélienne à résoudre le conflit. De nombreux pays ont condamné Israël ou rompu leurs relations diplomatiques avec Israël (Colombie, Bolivie), tandis que d’autres pays ont rappelé leurs ambassadeurs (Chili, Jordanie, Bahreïn, Turquie, Honduras…). La pression populaire mondiale toujours croissante pousse les gouvernements à prendre des mesures de boycott, exposant Israël à un isolement qui a commencé à s’aggraver. 

Le soutien américain à Israël est-il en train de s’éroder ? 

Contrairement au soutien direct du début, l’administration du président Joe Biden a commencé à réévaluer son soutien absolu à Netanyahou, de peur que les choses ne dégénèrent en une guerre régionale plus large. Washington craint les scénarios fous que Netanyahou pourrait élaborer pour tenter de sauver son avenir aux dépens de l’Amérique. 

Au bout d’un mois environ, les Américains ont réalisé que la seule constante du plan israélien était le recours à une force destructrice massive ciblant les civils et les infrastructures de la bande de Gaza. Il semblait que Netanyahou attendait une solution pour se sortir d’une dure situation difficile dans les sables de Gaza – et se berçait de l’illusion d’une reddition de la résistance qui n’allait pas se produire. Ils ont commencé à avoir des doutes sur la gestion israélienne de la guerre et sur ses résultats. 

CNN a indiqué que le président américain Joe Biden et de hauts responsables de l’administration américaine ont averti Israël que le soutien à Israël s’érodait à mesure que la colère mondiale s’intensifie face à l’ampleur des souffrances humaines résultant de ses crimes à Gaza. 

Que se passe-t-il sur le terrain ? 

Au cours d’environ un mois de guerre, il ne semble pas qu’Israël ait réalisé de progrès sérieux sur le terrain. Des déclarations contradictoires indiquent une confusion sur la manière de gérer la bataille et de fixer les objectifs finaux face à une résistance acharnée. Le choc de la bataille mal gérée du 7 octobre et les cicatrices psychologiques qu’elle a laissées sur l’ensemble de l’establishment militaire israélien pèse toujours sur le cours de la guerre. 

Cette atmosphère psychologique plane également sur les soldats, qui réalisent que leur retour des sables de Gaza nécessiterait un miracle. Ils évoquent les expériences de leurs collègues et leurs souvenirs amers de la guerre de 2014 en voyant l’élite de la Brigade Givati se noyer dans les sables de Gaza dans une bataille qui n’en est qu’à ses balbutiements. En effet, l’armée israélienne a avancé de quelques mètres sur des terrains découverts au nord de la bande de Gaza et y a perdu 30 soldats – selon les rapports – ce qui signifie qu’il est possible que des centaines de soldats soient perdus d’avance, si l’armée avançait de quelques kilomètres, au milieu d’un contexte complexe, de réseau de tunnels et de fortifications, de champs de mines, de tireurs d’élite, d’engins explosifs et de combats au corps à corps dans les rues face à la volonté combative illimitée de la résistance. 

Comme Israël n’a pas de plan clair pour la guerre, il s’oriente vers des progrès lents et calculés à l’intérieur de Gaza. Ainsi, atteindre l’objectif final douteux peut prendre longtemps, au prix de pertes insupportables. Entre-temps, d’importantes transformations militaires ou politiques pourraient survenir et ravager l’ensemble du plan. 

Dans ses opérations actuelles, Israël perd jusqu’à 5 soldats chaque jour à la périphérie de Gaza sans une avancée militaire claire et efficace. Nahum Barnea, le journaliste israélien du journal Yedioth Ahronoth, déclare : «Une guerre d’usure à la périphérie de Gaza est la dernière chose que les Israéliens veulent vivre».

Les responsables militaires israéliens se rendent compte qu’il est impossible de libérer les prisonniers militairement, mais ils procèdent néanmoins sous la pression politique, malgré le fait que les familles des prisonniers, ainsi que les pays qui comptent des ressortissants parmi les prisonniers, souhaitent un accord d’échange. Netanyahou estime qu’un tel accord serait une reconnaissance définitive de la défaite sioniste, et une victoire du Hamas et de la résistance palestinienne. 

La cohésion de la résistance et le non-plan israélien 

L’opinion publique israélienne craint que la guerre ne soit perdue sur deux ou plusieurs fronts, en ne parvenant pas à libérer ou à faire relâcher les prisonniers (une soixantaine d’entre eux ont déjà été tués lors de raids israéliens) et en ne démantelant pas les capacités du mouvement Hamas et du Résistance palestinienne. Pire encore, un grand nombre de soldats seront tués, peut-être par centaines. 

Contrairement au non-plan israélien, suite au coup militaire douloureux lancé contre Israël le matin du 7 octobre, le plan du Hamas et de la résistance semble clair : Israël devra arrêter la guerre, procéder à un échange global de prisonniers et lever le siège de Gaza. La résistance mène une guerre d’usure contre l’armée israélienne, lui infligeant des pertes quotidiennes toujours croissantes, et semble préparée à une longue guerre visant à éroder les éléments de la puissance israélienne. Le temps ne joue pas en faveur d’Israël, qui perdra davantage d’argent, d’hommes et de légitimité, sa crise interne s’aggravant et les pressions et les doutes qui l’entourent augmentant, avec la possibilité d’une explosion de la situation au niveau régional. Au contraire, le temps joue en faveur de la résistance palestinienne, qui estime que toutes ces pressions militaires et politiques internes et externes finiront par amener Israël à céder et à accepter ses conditions. Dans ce cas, la guerre se terminerait non seulement par la défaite de Netanyahou, mais aussi par la défaite du gouvernement d’extrême droite et de son programme raciste. La société israélienne rejette de plus en plus la politique de ce gouvernement à tous les niveaux, et la guerre a prouvé qu’elle ne peut pas imposer la reddition au peuple palestinien malgré les drames causés par les crimes israéliens à Gaza, dont les répercussions ont rendu la communauté internationale méfiante et encline à rejeter les récits israéliens. 

La situation difficile de Netanyahou 

La communauté internationale commence à comprendre que la campagne lancée par Benjamin Netanyahou contre Gaza n’est rien d’autre qu’une série d’horribles massacres quotidiens contre des civils, qui n’ont abouti à aucune percée militaire significative. Le pronostic : Israël sera contraint de se soumettre à la défaite sous les pressions internes et externes. Des mouvements sérieux ont déjà commencé au sein de la communauté internationale pour mettre fin à la guerre à la suite de l’horreur des massacres israéliens en cours. Nadav Eyal affirme dans son article du journal Yedioth Ahronoth que l’armée israélienne ne peut se contenter de «l’image de la victoire» dans sa guerre contre Gaza, et que l’ère de la politique de «la tondeuse à gazon» (réduire les menaces à un niveau acceptable) est révolue. Au lieu de cela, Israël a besoin d’une «vraie victoire». Mais cela laisse le Premier ministre Benjamin Netanyahou dans une situation extrêmement pénible. Le principal dilemme concerne Netanyahou lui-même, qui ne veut pas descendre du haut de l’arbre dans lequel il s’est précipité le matin du 7 octobre. Il se rend compte qu’il est fini au plan politique (à cause de l’opération Tempête Al-Aqsa) mais rêve d’une résurrection liée aux résultats de sa campagne à Gaza. Netanyahou et son cabinet de guerre agissent de manière impulsive sous l’influence du choc du 7 octobre, sans plan militaire clair pour la guerre, qui est principalement menée comme une réaction émotionnelle insensée face à la résistance bien préparée à Gaza. Israël n’a pas de plan clair pour libérer ou récupérer les prisonniers, ou pour faire face aux énormes protestations internationales qui ne cessent de s’intensifier, au point que Netanyahou a commencé à s’adresser aux soldats israéliens à Gaza avec des citations de la Bible, leur disant de «se rappeler ce qu’Amalek a fait contre toi». (Amalek représente le comble du mal dans la tradition juive.) Netanyahou a utilisé la référence à Amalek à plusieurs reprises pour motiver l’armée israélienne dans sa guerre contre Gaza.

Netanyahou accumule les pertes sur tous les fronts, essayant d’effacer le «Samedi noir», ignorant que son leadership ne jouit pas d’une acceptation populaire, et faisant semblant de ne pas remarquer l’armée israélienne brisée, l’économie érodée, la réputation internationale fragilisée, le front intérieur désintégré et l’importance militaire quotidienne des pertes, outre la condamnation de ses crimes par les Nations Unies. 

 source : The Unz Review via Entre la Plume et l’Enclume

Gideon Levy, éditorialiste à Haaretz, grand quotidien de gauche en Israël dévoile la psychose nationale

par Gideon Levy - Le 11/11/2023.

La société israélienne s’est enfermée derrière des boucliers, des murs, non seulement physiques mais aussi mentaux.

Je vais simplement énoncer les trois principes (Israël peuple élu, la victimisation des Israéliens, la déshumanisation des Palestiniens) qui nous permettent, à nous Israéliens, de vivre avec cette réalité brutale :

A. La plupart, sinon tous les Israéliens, croient profondément que nous sommes le peuple élu. Et si nous sommes le peuple élu, nous avons le droit de faire ce que nous voulons !

B. Il n’y a jamais eu dans l’Histoire une occupation où l’occupant se présentait comme la victime. Non seulement la victime, mais la seule victime ! Cela permet également à tout Israélien de vivre en paix parce que nous sommes les victimes !

C. Mais le troisième ensemble de valeurs est le plus dangereux. C’est la déshumanisation systémique des Palestiniens, qui nous permet à nous, Israéliens, de vivre en paix avec tout, car s’ils ne sont pas des êtres humains comme nous, alors il n’y a pas vraiment de question de droits de l’homme !

source : Bernard Georges via Bruno Bertez

Youssef Hindi : «Le projet de l’élite israélienne c’est l’épuration ethnique à Gaza comme c’est indiqué dans la Bible hébraïque»

par Le Média en 4-4-2 - Le 10/11/2023.

Le conflit en cours entre Israël et le Hamas a attiré l’attention du monde entier, mais les véritables nuances de cette situation complexe restent souvent cachées. Youssef Hindi, historien géopolitologue et expert du messianisme, a apporté un éclairage inédit sur ce sujet lors d’une interview vidéo exclusive avec Le Média en 4-4-2.

Lors de cette interview, Youssef Hindi aborde en profondeur les relations historiques entre le Hamas et Israël, révélant des liens complexes et parfois méconnus entre les deux entités. Il a également mis en lumière l’implication d’autres acteurs régionaux, y compris des pays du Golfe et de l’Iran. Les déclarations pertinentes de Youssef Hindi ont souligné la nécessité d’une compréhension approfondie de l’histoire et de la rhétorique politique, mettant en évidence les nuances souvent négligées par les médias grand public.

«Ce projet est simple : c’est l’épuration ethnique à Gaza, donc l’expulsion de tous les Gazaouis vers le Sinaï égyptien. Parce que les dirigeants israéliens, du gouvernement actuel même des précédents, considèrent que Gaza appartient aux juifs. Elle fait partie intégrante de la Terre Sainte et la Terre Sainte leur appartient dans son intégralité. Et par conséquent, les autochtones doivent être chassés pour que cette terre revienne aux juifs, comme c’est indiqué dans la Bible hébraïque».

source : Le Média en 4-4-2

Guerre à Gaza : Israël n’atteindra aucun de ses objectifs (ancien responsable du Pentagone)

par Press TV - Le 10/11/2023.

Un ancien responsable du Pentagone a souligné qu’Israël n’atteindrait aucun de ses objectifs dans la guerre à Gaza, affirmant qu’il devrait tirer les leçons de sa défaite face au Hezbollah lors de la guerre de 33 jours en 2006.

Sur fond des inquiétudes concernant les répercussions de l’agression continue du régime d’occupation dans la bande de Gaza, un ancien responsable du département américain de la Défense estime qu’Israël s’est fixé des objectifs extrêmes et irréalistes dans sa guerre à Gaza.

Dans un article publié dans la revue Atlantic, Andrew Axum, ancien vice-secrétaire adjoint à la Défense pour les affaires du Moyen-Orient sous la présidence de Barack Obama, a déclaré qu’Israël échouerait dans la réalisation de ses objectifs dans la guerre à Gaza, tout comme ses efforts en vain dans la guerre contre le Hezbollah en juillet 2006.

«Durant ma jeunesse, j’avais fait des études supérieures au Liban, puis j’y suis retourné pour tenter de mieux comprendre comment le Hezbollah était devenu l’ennemi le plus puissant d’Israël. Mes recherches ont révélé que les points faibles d’Israël sont bien plus que les points forts du Hezbollah», a-t-il raconté.

Axum a poursuivi que les objectifs ambitieux fixés par le cabinet israélien consistait dans de nombreux cas à dissimuler ses échecs internes, ce qui signifie plutôt une victoire pour l’Axe de la Résistance.

Afin d’illustrer ses propos, il a pris l’exemple de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui avait annoncé en 2006 qu’il détruirait le Hezbollah, restituerait les corps de deux prisonniers israéliens et mettrait fin aux tirs de roquettes contre Israël alors que selon la plupart des observateurs, ce dernier n’a réussi à atteindre aucun de ces objectifs et c’était le Hezbollah qui a emporté la bataille haut la main.

«Le Hamas et le Hezbollah ne veulent rien de moins que la destruction d’Israël. Mais ils ne sont pas pressés. Ils croient que le temps joue en leur faveur et que les divisions internes israéliennes feront probablement l’essentiel du travail à leur place», a-t-il souligné.

Faisant référence au discours de la semaine dernière de Nasrallah qui a pris la parole pour la première fois depuis le début du conflit, il a argué que de manière significative, c’est le Hamas qui est devenu vainqueur surtout après qu’Israël a annoncé son intention [maximaliste, NDLR] de l’éliminer la Résistance palestinienne en attaquant Gaza.

Plus loin dans ses propos, il a souligné : «Une guerre à grande échelle avec l’Iran serait hors de question, notamment parce qu’Israël n’a pas la capacité d’en mener une». Selon lui, Israël doit néanmoins trouver un moyen de modifier la stratégie de l’Iran, auquel cas le Hamas et le Hezbollah ne feront que se renforcer.

source : Press TV

La folie de la bombe

par Strategika 51 - Le 09/11/2023.

Dans le tumulte de la guerre en cours au Levant et plus particulièrement avec l’énième bras de fer entre Israël et le gouvernement de la Bande assiégée de Gaza, Amichaï Eliaho, un ministre israélien en charge de «l’Héritage» a proposé d’utiliser la bombe atomique à Gaza. Cette proposition aurait fait sourire dans un autre contexte mais pas dans le contexte d’un bombardement et pilonnage hystérique et obsessionnel par terre, par air et par mer des populations civiles pour les amener à quitter leur territoire, et encore moins en sachant qu’Israël, disposant de l’arme nucléaire depuis les années 60 (un peu grâce à la France), n’a jamais été un État suffisamment responsable et mature pour ne pas l’utiliser. En 1973, Israël avait menacé la Syrie avec l’arme nucléaire et a planté des mines atomiques dans le plateau du Golan.

Voilà où mène un gouvernement formé par des extrémistes fous furieux vivant dans leurs illusions aussi dangereuses que fantasques : Le ministre israélien de l’Héritage issu d’une mouvance extrémiste n’a pas seulement proposé d’utiliser la bombe atomique dans la bande de Gaza mais de déporter sa population en… Irlande ou vers des déserts !

Washington, qui tente, via le clan du secrétaire d’État Antony Blinken, transformé en véritable «Procurateur de Judée», de limiter sinon atténuer les dégâts causés par les actions d’un gouvernement en roue libre pour l’image désastreuse d’Israël dans le monde, tout en essayant de lui donner du temps en refusant un cessez-le-feu, des armes, des munitions et des conseillers militaires pour achever un objectif irréaliste, n’a pas dû apprécier une telle déclaration. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a néanmoins fait semblant de suspendre le ministre mais refusé de le limoger. Le ministre de la Sécurité, l’inénarrable Ithmar Benghvir, véritable apprenti pyromane, se montre intransigeant et refuse tout remplacement de Eliahou. La tonalité est à la guerre totale. Ce ministre est loin d’être le seul à penser ainsi. Un ex-responsable d’une unité des Golani a également appelé le gouvernement israélien à utiliser l’arme nucléaire tactique à Gaza. Amichaï Chikli, ministre israélien de la diaspora, s’est déclaré lui aussi favorable à usage de l’arme nucléaire dans la bande de Gaza. C’est donc un état d’esprit bien ancré au sein d’un gouvernement qualifié comme le plus extrémistes de l’histoire d’Israël depuis sa création en 1948. Des plans dans ce sens auraient même été établis par l’état-major israélien mais refusés par le mentor US. Il s’agit de l’usage de bombes atomiques tactiques d’une puissance comprise entre 5 et 20 kilotonnes. Interrogé sur l’usage de l’arme atomique et à l’évocation du précédent d’Hiroshima, un invité d’un média israélien souligne que les «Japonais eux-mêmes disent que c’était bon pour eux». Si le largage de deux bombes atomiques sur des villes japonaises en août 1945 était bon pour le Japon dans l’esprit de ces extrémistes, il devrait être «bon» pour la bande de Gaza.

La Syrie, pays ravagé par une décennie de guerre et lequel est techniquement en guerre avec Israël depuis la guerre de 1973, a demandé à l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA) de se pencher sérieusement sur le programme militaire nucléaire d’Israël après les menaces d’un ministre israélien d’utiliser la bombe atomique à Gaza. Cet appel pour la forme n’a aucune chance d’être entendu dans un monde où des voix de plus en plus nombreuses ont tenté de banaliser et de normaliser l’usage d’armes nucléaires tactiques lors de la guerre en Ukraine et où des responsables militaires croient dur comme fer qu’il est possible de remporter une victoire après un échange thermonucléaire global tout en s’extasiant sur de nouvelles bombes nucléaires et poursuivant avec un enthousiasme nihiliste la modernisation des arsenaux nucléaires.

En réalité, ce qui ce passe au Moyen-Orient est le résultat d’un échec total en Europe orientale dont l’une des issues étaient de contourner le verrou d’une situation stagnante et figée par la liquidation d’un vieux dossier de la politique internationale : La question palestinienne. Celle-ci est revenue à la faveur de cette guerre atroce au centre de la géostratégie mondiale en dépit d’une liquidation presque actée depuis l’arnaque absolue des Accords d’Oslo de 1991 et le rapprochement d’Israël avec ses alliés du monde arabe. Ce qui change cette fois est que Washington a perdu définitivement tout espoir ou possibilité de se présenter en parrain, intermédiaire ou médiateur d’un processus de paix qui n’a jamais existé et qui n’a été utilisé que pour tromper un adversaire qu’il fallait absolument dégager de la Palestine historique. C’est l’essence même de la politique de colonisation soutenue par tous les gouvernements israéliens successifs.

Le problème est qu’Israël ne peut plus faire la guerre sans l’implication directe et patente les États-Unis d’Amérique dont le système politique à bout de souffle et sans perspectives est pris en otage par une véritable secte dont les intérêts et les objectifs n’ont rien de commun avec ceux du peuple américain. Les présidents John Fitzgerald Kennedy, assassiné le 11 novembre 1963 ; Richard Nixon, diabolisé et poussé à la démission le 9 août 1974 ; Gerald Ford qui échappe de peu à un assassinat et Jimmy Carter en savent quelque chose et jusqu’où peut aller cette mafia pour achever ses illusions, quitte à provoquer un holocauste nucléaire.

source : Strategika 51

Le Grand Schisme – Sera-t-il tranquillement ignoré ?

par Alastair Crooke - Le 09/11/2023.

 

Nous devons reconfigurer notre pensée – sur un plan plus long – pour tenir compte de l’intrusion des dimensions changeantes dans la conscience.

Dominique De Villepin, ancien Premier ministre français, qui s’est illustré en menant l’opposition de la France à la guerre en Irak, a récemment décrit le terme «occidentalisme» (le sentiment qui prévaut actuellement dans une grande partie de l’Europe) comme étant l’idée que «l’Occident, qui a géré pendant cinq siècles les affaires du monde, pourra continuer à le faire tranquillement». Il poursuit :

«Il y a cette idée que, face à ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient, il faut continuer le combat encore plus, vers ce qui pourrait s’apparenter à une guerre de religion ou de civilisation».

«C’est-à-dire s’isoler encore plus sur la scène internationale».

«Ils se sont engagés à fond dans un certain cadre moral et éthique du monde, et face à une situation où le tissu moral de l’Occident a été ouvertement exposé et réfuté, il leur est extrêmement difficile – et peut-être fatalement impossible – de se retirer».

Il en va de même pour Israël (qui est lié à l’Occident par un lien ombilical) : Si Israël imaginait que ses anciens alliés arabes pourraient détourner le regard, alors que l’État juif tente d’anéantir la résistance à Gaza, et s’attendait ensuite à ce que ces alliés aident à mettre en place et à financer un appareil de sécurité à Gaza, il se rendrait coupable d’un vœu pieux.

Et si Washington ou Israël supposent que ce plan «d’après-Gaza» peut se dérouler au moment même où les colons militants de l’autre côté du terrain construisent leur royaume de colonies dans le but exprès de fonder Israël sur la Terre d’Israël (expurgeant ainsi complètement la Palestine), cette notion constituerait également un fantasme, à la fois stratégiquement et moralement incohérent.

Cela ne marchera pas. Israël ne sera pas en mesure de générer les partenaires palestiniens, ni les alliés mondiaux dont il a besoin pour coopérer à un tel projet.

La situation au Moyen-Orient s’est radicalement transformée. Alors que la Palestine était une question de libération nationale, elle est aujourd’hui le symbole d’un réveil civilisationnel plus large – la «fin de siècles d’humiliation régionale».

De même, alors que le sionisme en Israël était en grande partie un projet politique séculier (le Grand Israël), il est aujourd’hui devenu messianique et prophétique.

Le fait est que nous continuons à réfléchir à la question de Gaza à «l’ancienne manière», c’est-à-dire à travers le prisme du rationalisme matériel séculier. Cela conduit à des conclusions telles que «le Hamas est objectivement plus faible que les forces de défense israéliennes», et par conséquent, rationnellement, ces dernières doivent prévaloir comme étant la partie la plus forte.

Selon ce mode de pensée, il n’existe qu’une seule et unique réalité, dont seules les descriptions et les interprétations diffèrent. Pourtant, il y a manifestement plus d’une «réalité», puisque nous progressons collectivement d’une conscience à l’autre. Dans un état de conscience, par exemple, «le Hamas est voué à l’échec», et la discussion porte sur les notions américaines et israéliennes de «ce qui va suivre à Gaza».

Dans un autre état de conscience cependant – de plus en plus répandu dans la région – la «réalité» est que tout compromis négocié «rationnellement» entre deux structures eschatologiques qui s’affrontent est impossible. C’est d’autant plus vrai si le conflit s’intensifie horizontalement, débordant les limites de Gaza.

D’autres «fronts» pourraient s’ouvrir, Gaza étant considérée – que le Hamas soit écrasé ou non – comme l’étincelle révolutionnaire qui allume une transformation dans la conscience du Moyen-Orient et du Sud global (voir la liste des États du Sud global qui coupent désormais leurs liens diplomatiques avec Israël).

L’Occident a toutefois choisi de se retrancher dans un silo qu’il a lui-même créé, comme le montre sa demande d’un message unique selon lequel toute l’Europe «se tient aux côtés d’Israël», son refus de tout cessez-le-feu et son refus de toute limite à l’action d’Israël (sous réserve de la loi).

Un commentateur israélien chevronné écrit que nous sommes en présence d’un cas (Israël) où l’action israélienne n’est pas limitée (sous réserve de la loi) :

«un cas (Israël) où un pays est tellement dévasté, choqué, humilié et naturellement consumé par la rage que le châtiment devient la seule issue. Le moment où un pays se rend compte que sa dissuasion a échoué et que la perception de sa puissance a été si gravement diminuée qu’il est uniquement motivé par la restauration de son image de puissance».

«C’est un point dangereux où les décideurs pensent qu’ils peuvent se passer de l’axiome du théoricien militaire von Clausewitz : «La guerre n’est pas simplement un acte politique mais un véritable instrument politique, une continuation des relations politiques, une réalisation de ces mêmes relations par d’autres moyens»».

L’Europe, sous l’impulsion de Washington, ne fait que méconnaître l’axiome de Clausewitz, en s’associant sans réserve aux opérations militaires d’Israël, avec un risque réel de collusion avec tout ce qui peut s’y passer.

En clair, l’ordre absolu d’établir une distinction sans ambiguïté entre le vrai et le faux et l’unicité de sens en ce qui concerne la question palestinienne, ainsi que l’absence de «messages pro-palestiniens», reflètent une profonde insécurité en Occident – comme si un message unilatéral pouvait être le remède à un choc civilisationnel. Dans le climat actuel, le simple fait d’appeler à un cessez-le-feu peut entraîner la perte d’un emploi.

Au contraire, cette position ne sert qu’à isoler l’Europe de tout rôle sur la scène internationale – sauf celui de menacer l’Iran d’une escalade si le Hezbollah ouvrait un front nord vers Israël.

Ici, nous sommes également confrontés au problème de la «vieille pensée» rationaliste matérielle, qui considère le déploiement de porte-avions et la dispersion de défenses aériennes dans la région comme une manifestation d’une force écrasante et potentielle telle qu’elle constitue une dissuasion, tandis qu’Israël termine de réprimer les irruptions palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie de manière ininterrompue.

Là encore, le mythe de la dissuasion a été supplanté par les tactiques asymétriques de la nouvelle guerre. Les conflits sont devenus géopolitiquement divers, technologiquement plus complexes et multidimensionnels – en particulier avec l’inclusion d’acteurs non étatiques militairement compétents. C’est pourquoi les États-Unis sont si nerveux à l’idée qu’Israël s’engage dans une guerre sur deux fronts.

L’«autre réalité» est que la puissance de feu sans faille n’est pas tout. La gestion d’une escalade contrôlée est la nouvelle dynamique. Les États-Unis peuvent penser (de manière rationnelle sur le plan matériel) qu’ils sont les seuls à pouvoir dominer l’escalade. Mais est-ce le cas dans ce nouveau monde multidimensionnel et asymétrique ?

En outre, l’«autre» état de conscience pourrait interpréter les choses différemment : Le pilonnage de Gaza par Israël peut s’avérer plus long que ne le prévoient les États-Unis, et son issue peut ne pas produire la restauration définitive de la dissuasion israélienne à laquelle la plupart des Israéliens aspirent. D’un point de vue dynamique, l’assaut israélien sur Gaza pourrait plutôt produire une nouvelle métamorphose de la conscience régionale vers la colère et la mobilisation, impulsant une nouvelle dynamique dans la «réalité» géostratégique.

Bien que la dissuasion soit présentée comme un objectif (permettant à Israël de trouver un nouveau paradigme de sécurité pour lui-même), l’escalade militaire n’apportera aucun accord durable permettant de diviser la Palestine mandataire en deux États. Elle ne fera que l’éloigner davantage de cet objectif.

L’agitation actuelle en Palestine pourrait-elle alors, simplement et tranquillement, cesser sous la direction de la Maison-Blanche ?

Considérer la guerre entre Israël et le Hamas comme un événement local serait une autre erreur de la «vieille pensée». Il s’agit désormais d’une guerre pour l’existence palestinienne, entre la vision hébraïque d’Israël et la vision islamique de sa propre renaissance civilisationnelle. Dans cette seconde vision, la blessure palestinienne constitue une lacune qui s’est envenimée depuis 75 ans, du fait de la mauvaise gestion occidentale.

La question palestinienne ne s’effacera pas maintenant – elle ne sera pas résolue par le rétablissement de l’Autorité palestinienne discréditée, ni par de vagues «discussions» sur un État palestinien «un jour». Nous devons reconfigurer notre pensée – sur un plan plus long – pour tenir compte de l’intrusion de dimensions changeantes dans la conscience.

Alastair Crooke

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

La riposte d’Israël aux crimes du Hamas : Le SUICIDE... à terme d’Israël ?

Source : AgoraVox - par Scouffly - Le 04/11/2023.

Aux actes terroristes du Hamas, Israël répond par une guerre qui tue une majorité de civils. A terme, c’est un suicide compte tenu de l’évolution probable des pays qui l’entourent sauf si des hommes exceptionnels inversaient la situation

Terrorisme et crimes de guerre 

Quelle est la définition du terrorisme :

Pas de définition juridique universelle. Prenons celle donnée par Le Robert. Emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique ; les actes de violence attentats, destructions, prise d’otages.
Elle s’applique aux actes du Hamas le 7 octobre.

Et celle des crimes de guerre :

Les conventions de Genève de 1864,1906,1929 et 1949 définissent les crimes de guerre. Elles incluent principalement les cas où une des parties en conflit s'en prend volontairement à des objectifs non militaires, aussi bien humains que matériels. Un objectif non militaire comprend les civils, les prisonniers de guerre et les blessés, a fortiori des villes ne comportant pas de troupes ou d'installations militaires. »

Cette définition s’applique aux crimes commis par Israël envers la population civile.

 

Le nombre de morts

Le 7 octobre le Hamas a tué 1400 personnes et 240 prises d’otages, à la frontière de Gaza ; parmi lesquels des jeunes qui faisaient la fête, des membres d’un kibboutz et 333 soldats.

Depuis la même date, l’armée d’Israël aurait tué d’après le Hamas 9227 civils au 3 novembre dont 3826 enfants, 2405 femmes.  D’après les Etats-Unis, ces chiffres ne distinguent pas les décès de mort naturelle. Rien que dans un camp de réfugiés (site des Nations Unies) 195 morts, 777 blessés et 120 disparus (chiffres des Nations Unies), pour tuer un responsable du Hamas ! Face au point de vue des Etats-Unis le Hamas a publié une liste nominative des tués (Le Monde).

En Cisjordanie au 3 novembre il y eu 130 morts palestiniens d’après l’Autorité palestinienne.

 

Retournement de la population arabe, musulmane et internationale

Ces tueries contre les civils ont retourné les pays arabes contre Israël et nombre de population dans le monde. En Europe, où les gouvernements sont pro-israéliens, des manifestations de plus en plus nombreuse ont lieu contre les massacres de civils, même aux Etats Unis des manifestations sont organisées contre les civils tués dont les enfants. Des juifs américains ont manifesté contres ces tueries.

Plus il y a de morts, civils, hommes, femmes, enfants, plus les rangs du Hamas et des forces de sécurité en Cisjordanie trouveront des renforts. S’imaginer qu’en tuant des responsables du Hamas, Israël sera en sécurité, c’est exactement l’inverse qui va se passer. Très regrettable pour Israël, mais pourrait-on s’attendre à une autre réaction de l’extrême-droite ?

Bref rappel de l’histoire des juifs

C’est l’histoire d’une suite de malheurs. La famine qui avait frappé le pays de Canaan. Esclavage en Egypte et fuite. Le peuple juif s’est remis de la conquête par Nabuchodonosor, massacres des enfants par Hérode. Sans oublier la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains.

Et puis l’inimaginable s’est produit en 39/45 par l’extermination de 6 millions de juifs par les nazis, uniquement parce qu’ils étaient juifs !

 

Riposte insensée qui risque à terme l'anéantissement d'Israël

La vengeance non seulement à Gaza mais aussi en Cisjordanie (la partie la plus importante de l'état palestinien) est incompréhensible. On aurait pu penser qu’Israël aurait tout fait pour sécuriser la Cisjordanie, en arrêtant l’extension des colonies et les agressions des colons ; C’est t’inverse qui se produit !

 

La démarche d'Israël n’est-elle pas suicidaire ?

À ce jour les pays proches d’Israël, plus l’Iran, comptent 428 millions d’habitants sans compter les petits pays (Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Qatar, Oman, Koweït).

En 2040, d'après l'Ined, les pays comme l’Égypte, la Turquie l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite, la Syrie, et le Yémen totaliseront 576 millions d’habitants et Israël 13,2 millions (9,3 à ce jour).

On peut imaginer qu’en 2040 tous ces pays seront plus avancés économiquement, plus forts militairement et probablement plus démocratiques (élections transparentes et liberté d'expression), en un mot : un nouveau printemps arabe.

Un affrontement militaire entre les deux camps opposés, avec le risque d'utilisation de bombe atomique, même avec la protection des USA pourrait entraîner l'anéantissement d'Israël.

 

Les conditions de la paix

Conditions pour arriver à une paix : des dirigeants type Mandela et De Klerk et un Président des USA qui mettrait tout son poids dans la balance. A ce jour Marwan Barghouti (prisonnier à perpétuité) serait un interlocuteur capable d’imposer la paix même au Hamas de Gaza.

Première condition : un Etat palestinien suivant la résolution (N°242) de l’ONU de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.

Seconde condition les colons de Cisjordanie deviennent citoyens palestiniens s’ils le veulent ou retournent en Israël. Il y a quatre catégories de colons : les radicaux, les ultra-orthodoxes, (ils sont non-violents), les colons économiques venus de l’Europe de l’Est, des colons jeunes ou à revenus modestes qui cherchent un logement pas cher et proche de leur travail.

A ce jour les colons représentent 20% de la population palestinienne et les israéliens arabes le même pourcentage. Chacun devrait respecter sa minorité.

Troisième condition : les réfugiés palestiniens (ils sont 5 millions) expulsés en 1949 lors de la création d’Israël ne pourraient pas rentrer en Israël. Ces réfugies en cas d’accord de paix pourraient recevoir une indemnité de la communauté internationale ou rentrer en Palestine.

Cet accord, entre les deux parties devrait être approuvé par les pays environnants (Egypte, Iran, Turquie Syrie, etc.).

Il y a eu un accord dans le passé : les accords d’Oslo.

Les accords d’Oslo et leur échec

En 1993 Yasser Arafat, Itzhak Rabin, premier ministre israélien ont signé un accord négocié dans le secret à Oslo. Et rendu célèbre par l’échange de la poignée de mains entre les deux signataires, devant Bill Clinton, à la Maison Blanche.

Pourquoi ont-ils échoué ?

En 1994 un terroriste israélien tue 29 fidèles palestiniens dans la mosquée d’Abraham à Hébron, en 1995 un jeune juif contre les accords, assassine Itzhak Rabin. En 1996 B. Netanyahou, devient premier ministre, il était contre les accords d’Oslo.

Deux États qui ont tout pour vivre en paix

Israël et Palestine ont tout pour réussir et vivre en paix et être des exemples pour les pays environnants. Deux peuples qui peuvent se comprendre et travailler ensemble. Selon les rapports de la Banque mondiale, les jeunes Palestinien.ne.s de moins de 30 ans sont très bien formé.e.s. Les élèves formés par l’UNRWA (Nations Unies) ont des résultats supérieurs à la moyenne des tests internationaux (*).

ISRAEL A TOUS LES ATOUTS POUR ECHAPER A UNE NOUVELLE MALDEDICTION

 

  • source Swiss palestine network

 

 

Lettre ouverte aux Israéliens par des Israéliens : Nous méritons la vérité sur le 7 octobre

La déclaration suivante a été rédigée par un groupe de citoyens israéliens qui souhaitent garder l’anonymat pour leur sécurité et par crainte de représailles de la part du gouvernement.

Mondoweiss - Le 04/11/2023.

*

En tant qu’Israéliens, nous demandons une commission officielle sur les événements du 7 octobre. Un génocide est perpétré à Gaza au nom des victimes israéliennes et nous ne savons toujours pas qui a été tué, comment il a été tué et qui l’a tué. Nous exigeons des réponses et vous devriez en faire autant.

À nos compatriotes israéliens,

Nous vous lançons un appel depuis le brouillard du génocide. Nous pleurons et nous nous inquiétons pour «les nôtres», ainsi que pour ceux que la plupart d’entre vous ignorent ou considèrent comme des «animaux».

Lorsque les responsables militaires israéliens ont commencé à répandre dans les médias israéliens anglophones des rumeurs sur les «bébés décapités», nous avons été immédiatement frappés. Nous avons compris que la propagande de notre gouvernement ne serait pas la même que lors des précédentes attaques meurtrières contre Gaza.

Alors qu’Israël continue de diffuser des images de supposés «bâtiments du Hamas» dans le camp de concentration de Gaza (qu’est-ce qui ne l’est pas, aux yeux des Israéliens ?) pour excuser ses bombardements, la rhétorique nationale et internationale d’Israël contient désormais quelque chose de beaucoup plus proche de la propagande d’extermination nazie.

Nous savons quel est l’objectif de cette propagande. Plus de 8500 enfants, femmes et hommes palestiniens ont été exterminés – et ce chiffre augmente à l’heure où nous écrivons ces lignes. Beaucoup sont coincés sous les décombres de leurs maisons, mourant lentement. D’autres sont confrontés à la soif, à la famine et aux maladies infectieuses. Dans le même temps, de hauts responsables israéliens, et même notre président, ne cessent de clamer qu’il n’y a «pas de civils innocents» à Gaza.

Ne vous y trompez pas, ce qu’Israël fait actuellement à Gaza hantera les Israéliens pendant des décennies. Il est temps de s’assurer que tous les Israéliens le comprennent. Et cette compréhension doit commencer par une divulgation complète des événements du 7 octobre 2023.

Voici quelques demandes que chaque Israélien devrait faire dès maintenant, même s’il nie le génocide en cours à Gaza. La première est une liste complète de toutes les victimes israéliennes qui ont été identifiées. Il n’existe pas de liste exhaustive sur un site web officiel du gouvernement. La liste publiée par Ha’aretz est partielle. Certains noms attendent d’être «autorisés à être publiés», et nous aimerions savoir ce que cela signifie.

L’absence d’une liste complète, trois semaines après le début de l’opération, conduit à la prochaine demande des citoyens israéliens : La mise en place d’une commission d’enquête officielle. Les échecs massifs des unités de renseignement et de combat, ainsi que l’insistance des Israéliens à transformer Gaza en une prison à ciel ouvert au cours des décennies précédentes, devraient évidemment être abordés par une telle commission. Nous aimerions savoir comment ces échecs ont contribué à la mort de civils le 7 octobre et les jours suivants.

Par ailleurs, selon le porte-parole du Hamas, 50 captifs israéliens ont déjà été tués à la suite de la décision de notre gouvernement de bombarder Gaza. Vous pouvez ou non considérer le porte-parole du Hamas comme une source fiable, mais nous savons que des captifs israéliens, des proches de nombreuses personnes ici présentes, ont été dispersés dans toute la bande de Gaza et qu’Israël ne semble pas connaître leur emplacement précis.

Les citoyens israéliens devraient se demander s’ils soutiennent les bombardements aveugles qui menacent la vie des captifs. Un accord d’échange est sur la table. Nous savons que le Hamas l’a proposé dès le premier jour. La vengeance génocidaire aveugle d’Israël ne tient pas compte du bien-être des prisonniers israéliens.

Et tandis que notre armée extermine des êtres humains à Gaza, les plateformes israéliennes de hasbara (propagande) tournent à plein régime, en particulier à l’étranger. Les restes carbonisés d’êtres chers sont exhibés, sans nom, dans le seul contexte d’appels déshumanisants à l’éradication des détenus du camp de concentration de Gaza. En voyant ces images, destinées à un public occidental et au mépris total des familles des survivants, nous constatons une fois de plus que nous méritons tous des informations précises sur l’identité de ces victimes et sur la manière dont elles sont mortes.

Sans enquête indépendante, nous ne pouvons qu’espérer rassembler des articles sporadiques et des témoignages de survivants. Les théories du complot vont fleurir. Nous voyons déjà des tentatives de nier le fait même que des civils israéliens ont été tués par des combattants du Hamas.

En outre, nous rejetons les tentatives d’Israël de qualifier ses soldats et autres agents de sécurité tombés au combat de victimes du terrorisme équivalentes aux victimes civiles. Si un soldat israélien n’est qu’un civil israélien, un civil israélien n’est qu’un soldat. Nous rejetons cette équation dangereuse.

Enfin, la question de savoir qui a tué certains civils israéliens nous hante. Il ressort de plusieurs rapports que certains ont été tués par l’armée israélienne. Qu’ils aient été pris dans des tirs croisés, ou qu’ils aient été délibérément visés par des chars ou des hélicoptères pour éliminer des combattants du Hamas ou empêcher le Hamas de faire d’autres captifs, nous méritons une réponse.

Nous exigeons des réponses parce qu’un génocide est perpétré à Gaza au nom des victimes israéliennes, même si les familles endeuillées s’opposent fermement à cette atrocité vengeresse. Nous exigeons des réponses et vous devriez en faire autant.

source : Mondoweiss via Mondialisation

Tempête Al-Aqsa n’était pas une opération israélienne sous faux drapeau

par Kevin Barrett - Le 03/11/2023.

Même si je comprends pourquoi certaines personnes pourraient penser que c’était le cas.

L’État islamique (Daech) est, fonctionnellement, un groupe terroriste sous fausse bannière qui ne bénéficie pratiquement d’aucun soutien populaire parmi les musulmans. Alors que le Hamas est un groupe de résistance légitime, et non un groupe terroriste, et qu’il bénéficie d’un très large soutien parmi les musulmans et d’autres personnes dans la région. 

Cat McGuire, ma collègue de False Flag Weekly News, m’a envoyé un e-mail :

«Tant de gens prétendent encore qu’Israël était finalement derrière l’attaque du Hamas afin de pouvoir pulvériser Gaza… Kevin, pouvez-vous s’il vous plaît écrire l’article définitif pour désabuser les gens de l’idée qu’Israël était aux commandes le 7 octobre ? Faites le tri dans les faits. Ce bon article «What Really Happened» ne démystifie pas ce genre de narratif. À mon avis, voici les trois principaux obstacles qui empêchent les gens de comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un faux drapeau :

• Il est clair qu’Israël était au courant de ce qui se préparait.

• Il y a les capacités de sécurité tant vantées d’Israël.

• C’est le Mossad qui a créé le Hamas.

Avant d’aborder ces trois points, qui reposent tous sur des exagérations des capacités d’Israël, j’expliquerai pourquoi le scénario sous fausse bannière a un sens intuitif pour tant de gens, aux États-Unis du moins.

Ayant passé une grande partie des 20 dernières années à expliquer que le 11 septembre et d’autres événements étaient des opérations sous fausses bannières, je suis parfaitement conscient que chaque fois que les médias occidentaux accusent un «groupe terroriste islamique» de la dernière atrocité sanglante, le scepticisme est de mise. Pour ceux qui ont étudié le 11 septembre, il est naturel d’être méfiant lorsqu’un massacre attribué aux «musulmans radicaux» est suivi, comme on pouvait s’y attendre, d’un massacre bien plus important de musulmans – comme cela s’est produit lorsque la mort d’environ 3000 personnes le 11 septembre a déclenché la crise, les invasions, les occupations et le pillage des pays musulmans et le meurtre de millions de musulmans à travers le monde.

Avant le 11 septembre, Bibi Netanyahou et ses amis néoconservateurs sionistes cherchaient un moyen de tromper les États-Unis pour qu’ils organisent un massacre génocidaire multinational au Moyen-Orient. Leur objectif était de changer complètement la situation stratégique de la région en détruisant «sept pays en cinq ans» qui se trouvaient tous être des ennemis d’Israël. Ils ont annoncé leur plan dans le document Clean Break de 1996, puis à nouveau dans l’appel de 2000 en faveur d’un «nouveau Pearl Harbor». Puis, le 11 septembre, ils ont fait exploser le World Trade Center en plein jour et ont utilisé leur pouvoir médiatique pour s’en sortir impunément.

À première vue, l’opération Tempête al-Aqsa semble similaire. Comme l’observe Richard Medhurst :

«Il y a quelques semaines, juste avant que cette guerre à Gaza ne s’enflamme, Netanyahou se rend à l’Assemblée générale des Nations unies ; il brandit une carte et déclare son plan pour un nouveau Moyen-Orient : un couloir économique qui s’étend de l’Inde aux Émirats arabes unis, puis à l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël, et enfin débouche sur tout le continent européen… C’est un rival de la Nouvelle Route de la Soie… Israël se propose tout d’un coup comme une solution aux pénuries de gaz de l’Union européenne…

En 2010, ils avaient mené une étude géologique et découvert ce monstrueux gisement de gaz géant au Moyen-Orient. Il s’appelle le Léviathan et se trouve dans la mer Méditerranée, sur le bassin levantin. Cela signifie que c’est juste au large des côtes de la Palestine, du Liban, de la Syrie… Et donc, quand Netanyahou se présente à l’ONU avec son plan brillant, vous savez, les Israéliens ont pensé, oh, c’est chose faite, ils vont juste avoir l’Arabie Saoudite dans la poche, normaliser les relations et ainsi éteindre une fois pour toutes la question palestinienne».

Ainsi, avant le 11 septembre puis la Tempête Al-Aqsa, Netanyahou se vantait de ses projets visant à refaire radicalement le Moyen-Orient. Mais il y a une énorme différence. Le 11 septembre l’a aidé à réaliser son plan Clean Break, tandis que la Tempête Al-Aqsa a détruit son plan pour un nouveau Moyen-Orient. Les Émiratis, les Saoudiens et les Jordaniens sont désormais exclus du plan mirifique – et pour toujours. Pas de pipeline vers Israël pour le moment ! Et le projet israélien d’exploitation du gaz méditerranéen ne portera pas ses fruits de sitôt puisque la région est dans le chaos.

Certains Américains n’ayant qu’une connaissance superficielle de l’Orient musulman affirment que Bibi a planté un faux drapeau le 7 octobre dernier afin de pouvoir chasser les Palestiniens de Gaza, pour pouvoir exploiter les gisements de gaz au large de la côte de Gaza. Petit problème : il n’avait aucun besoin de les nettoyer ! La marine israélienne ne fait face à aucune menace significative de la part de Gaza. (Il faudra peut-être s’inquiéter du Liban, de la Syrie ou même de la Turquie, mais pas de Gaza.)

En bref, l’opération Déluge d’Al-Aqsa a fait capoter totalement le plan d’Israël (et de Bibi) visant à contourner la question palestinienne et à redessiner la région. Comme l’observe Medhurst, le paradigme post-7 octobre favorise le projet de «Nouvelle Route de la Soie» Russie-Chine-Iran-Turquie-Syrie et a détruit l’alternative préférée des sionistes soutenus par les États-Unis. Il a placé la cause palestinienne sur le devant de la scène et amène la majeure partie du monde à se rallier à son soutien. Ce n’est évidemment pas le résultat souhaité par Netanyahou, ni par qui que ce soit en Israël (ou aux États-Unis d’ailleurs).

Examinons maintenant les trois points soulevés par Cat McGuire.

• Il est clair qu’Israël était au courant de ce qui se préparait

Israël a effectivement reçu des avertissements – de la part de l’Égypte et même du Hamas lui-même – indiquant que quelque chose allait se produire. Mais rien ne prouve qu’ils aient compris que le Hamas était sur le point de mener à bien une opération d’une telle ampleur et avec autant de succès. Ils étaient plus inquiets au sujet de la Cisjordanie, où les musulmans sont en colère contre les profanations croissantes de la mosquée al-Aqsa par les sionistes, et de leur frontière nord avec le Liban et la Syrie. Les sionistes ont toujours considéré le Hezbollah, soutenu par l’Iran et la Syrie, comme la menace la plus sérieuse. Le Hamas était considéré comme un non-facteur. L’armée israélienne s’est donc concentrée sur la Cisjordanie et la frontière nord, et non sur Gaza, censée être sous contrôle.

Et si vous pensez vraiment que la tempête Al-Aqsa s’est déroulée comme Bibi le souhaitait, comment expliquez-vous les 200 prisonniers israéliens ? Le but symbolique de l’opération Tempête Al-Aqsa était de riposter aux profanations sionistes à la Mosquée d’al-Aqsa, mais son objectif opérationnel était de prendre des prisonniers israéliens pour les échanger contre des Palestiniens. Et quiconque pense qu’Israël va un jour se retirer et laisser son peuple être pris en otage est fou. Israël reconnaît la valeur stratégique des otages et fait tout son possible pour s’assurer qu’aucun Israélien ne soit jamais pris en otage. Le 7 octobre, cela comprenait l’utilisation d’obus de chars, de roquettes et d’artillerie lourde pour tuer des centaines de civils israéliens et leurs dizaines de preneurs d’otages potentiels, conformément à la directive Hannibal. En effet, la grande majorité des civils israéliens tués ce jour-là l’ont probablement été par leurs propres militaires, soit à la faveur du «brouillard de guerre», soit pour empêcher qu’ils soient pris en otage.

• Les capacités de sécurité tant vantées d’Israël

Nous avons vu des affirmations selon lesquelles même un insecte ne pourrait pas s’approcher du mur du camp de concentration de Gaza sans qu’Israël ne le sache. Cela était peut-être vrai à l’époque où les signaux de surveillance et de communication circulaient. Mais le Hamas a détruit les tours de téléphonie cellulaire d’Israël avec des drones, aveuglant les défenseurs sionistes et permettant l’évasion du camp de concentration géant qu’est la Bande de Gaza. (Les drones ouvrent la voie à la prochaine ère de guerre et donnent aux outsiders un énorme avantage)

Les gens qui ne pensent pas que le Hamas puisse être aussi compétent, et Israël si incompétent, ont été induits en erreur par la propagande sioniste. Israël essaie de décourager les gens de s’y opposer en prétendant être tout-puissant et omniscient. En fait, mes sources du renseignement américain qui ont des connaissances internes disent que les renseignements israéliens sont bons, mais pas si bons. Leur plus grand atout, ce sont les milliardaires Sayanim aux États-Unis et en Europe. Des gens comme Arnon Milchan et Larry Silverstein et Les Wexner et son protégé Jeffrey Epstein (et avant eux Meyer Lansky) sont parfaits pour voler des armes nucléaires américaines, faire exploser les Tours Jumelles et amasser des saletés sur les dirigeants américains pour les faire chanter. Et les milliardaires juifs sionistes qui possèdent Hollywood et dominent les médias peuvent s’assurer que leurs crimes soient dissimulés et que leur propagande soit claironnée. Mais rien de tout cela ne les aide à garder le contrôle du Hamas.

• C’est le Mossad qui avait créé le Hamas

Il semble parfois que les Israéliens mentent toujours sur tout, mais ce n’est pas tout à fait vrai. L’ouvrage «Rise and Kill First» de Ronan Bergman est peut-être censuré par l’armée israélienne, mais ses récits sur les origines du Hamas et du Hezbollah sont crédibles. Cheikh Yassine, fraîchement sorti de sa prison israélienne, avait créé le Hamas en 1987 et a en effet obtenu un financement modeste de ses anciens ravisseurs, du moins au début. Les Israéliens espéraient que le Hamas diviserait les Palestiniens et affaiblirait l’OLP. Mais le groupe de résistance islamique a rapidement échappé à tout contrôle, et Israël a passé la majeure partie des 30 dernières années à regretter d’avoir laissé Cheikh Yassine sortir de prison. Ils ont fini par l’assassiner, ainsi qu’une longue liste d’autres dirigeants du Hamas.

Mais Israël n’infiltre-t-il pas le Hamas ? Bien sûr, ils essaient de le faire, avec un succès mitigé – tout comme le Hamas infiltre Israël, et tout le monde infiltre tout le monde. Comparé aux États-Unis, Israël réussit plutôt bien à infiltrer les groupes arabes. La moitié des «juifs» d’Israël sont en réalité des Arabes, c’est-à-dire des locuteurs natifs de l’arabe et impossibles à distinguer des Arabes non juifs. Les États-Unis, pour leur part, ont moins de choix parmi leurs agents de langue maternelle et ne font pas confiance à ceux dont ils disposent. Mais même si les faux Arabes du Mossad ont battu ceux de la CIA et ont peut-être eu beaucoup de succès il y a longtemps en infiltrant l’OLP et d’autres groupes palestiniens laïcs, ils ont eu plus de mal à infiltrer des groupes religieux comme le Hamas et le Hezbollah, comme le souligne Bergman dans son «Rise and Kill First» (Ronen Bergman, «Lève-toi et tue le premier», «L’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël», Grasset, 2021).

De plus, il n’y a aucune raison de penser que le Hamas soit particulièrement mauvais en matière de secret opérationnel, et Déluge d’Al-Aqsa était une opération très compartimentée. Elle a été menée par de petites équipes, dont chacune obéissait à des ordres spécifiques, mais ne connaissaient pas la portée de l’attaque. Seules quelques personnes de confiance auraient eu connaissance de la situation dans son ensemble. 

Plausible superficiellement, mais pas plus

Ainsi, malgré sa plausibilité superficielle, l’idée selon laquelle Netanyahou aurait orchestré ou délibérément permis l’opération Déluge d’Al-Aqsa repose sur des comparaisons trompeuses, de vagues impressions et, par-dessus tout, sur une propagande sioniste vaniteuse dont le but est d’exagérer les prouesses d’Israël et d’intimider ses opposants. Et maintenant, cette bulle de propagande a éclaté. Tout comme la victoire du Hezbollah en 2006 a démoralisé Israël et inspiré la Résistance palestinienne, l’opération Déluge d’al-Aqsa a eu le même effet, malgré – et même dans une certaine mesure à cause – des horribles crimes de guerre qu’Israël commet presque à chaque minute. (Ces crimes de guerre risquent de s’avérer contre-productifs à long terme, car ils se sont aliéné la majeure partie du monde et suscitent une ferveur toujours croissante du côté antisioniste pro-palestinien.)

Mais qu’en est-il de la situation politique personnelle de Netanyahou ? Cette crise ne va-t-elle pas le sauver ? La réponse, c’est non : presque certainement pas. Ici, je m’en remets à Ron Unz, qui a récemment publié deux excellentes analyses qui abordent la question du faux drapeau. Vous trouverez ci-dessous les extraits pertinents.

Ron Unz explique pourquoi le scénario du faux drapeau est invraisemblable

Depuis de nombreux mois, le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahou était confronté à d’énormes manifestations publiques de la part de ses opposants politiques acharnés, représentant une division historique dans sa propre société qui frôlait même la guerre civile. Ainsi, selon cette théorie, Netanyahou aurait délibérément permis que cette attaque ait lieu, dans l’espoir de l’utiliser comme son «Pearl Harbor» ou son «11 septembre» pour consolider sa propre position politique, lui fournissant peut-être même une excuse pour expulser les Palestiniens du pays, de Gaza et de la Cisjordanie, atteignant ainsi l’objectif politique des membres les plus extrémistes de sa coalition en élargissant les frontières d’Israël tout en résolvant de manière permanente le «problème palestinien» latent.

Malgré son apparente popularité, la probabilité de ce scénario s’effondre après un examen attentif. Israël a probablement subi la pire défaite en un jour de son histoire nationale, un désastre stratégique. Même au-delà des énormes pertes en vies humaines au sein d’une si petite population, l’énorme succès du Hamas a brisé le mythe puissant de la force militaire israélienne, qui depuis trois générations a été la pierre angulaire de la stratégie de sécurité nationale du pays. Des pertes aussi lourdes suggèrent que Tsahal était devenu un tigre de papier, amplifiant considérablement la leçon de ses revers militaires de 2006 aux mains du Hezbollah au Liban. Si des militants du Hamas, mal armés, ont pu porter un coup aussi grave, tous les adversaires régionaux d’Israël seront se sentiront enhardis, et cela aurait été évident pour tout responsable israélien de la sécurité nationale qui aurait pu envisager un tel pari.

Il convient également de rappeler qu’Israël était sur le point de normaliser ses relations avec l’Arabie saoudite, l’État arabe le plus riche et le plus influent, une perspective qui a désormais complètement disparu. Les dirigeants israéliens poursuivaient cet objectif depuis des décennies et il semble très peu probable que le gouvernement israélien ait sacrifié cette opportunité en permettant délibérément une attaque à grande échelle du Hamas.

Mais supposons que Netanyahou ait été si désespéré politiquement et si irrationnel qu’il ait décidé de permettre une attaque réussie du Hamas en supprimant ses propres défenses de sécurité. Comment aurait-il pu le faire ?

Outre son armée régulière, Israël dispose de trois services de renseignement distincts, le Mossad, le Shin Bet et l’Unité 8200, qui ont tous tendance à être rivaux. Ainsi, comme l’a souligné l’ancien analyste de la CIA Larry Johnson, Netanyahou aurait dû s’assurer que les dirigeants de ces trois organisations étaient enrôlés dans son plan perfide visant à faciliter une attaque réussie du Hamas, tout en s’assurant qu’aucun des officiers de base concernés n’était en désaccord, et aurait divulgué cette histoire ultra-explosive aux médias farouchement anti-Netanyahou. Cela semble impossible.

De plus, comme nous l’avons déjà mentionné, la société israélienne est depuis peu extrêmement divisée, la majeure partie des élites nationales s’étant alignées contre Netanyahou et essayant de le chasser de ses fonctions. Selon les médias, la direction du Mossad était carrément dans le camp anti-Netanyahou et affirmait que des agents du Mossad aidaient même à orchestrer les immenses manifestations publiques exigeant sa démission. S’ils avaient eu le moindre indice selon lequel Netanyahou ouvrirait délibérément le pays à une attaque massive du Hamas, ils auraient sûrement utilisé ce fait pour le démolir.

En outre, Netanyahou dirige un gouvernement de coalition, et nombre de ses principaux ministres le détestent et sont désireux de saper sa réputation. Même ses propres lieutenants pourraient se réjouir de sa chute afin de pouvoir prendre sa place et accéder au pouvoir ; et il est difficile de croire qu’un secret aussi mortel ait pu être gardé dans un tel nid de serpents politiques. Et maintenant que tant de centaines de civils israéliens ont été tués, un seul rescapé indigné pourrait faire traduire en justice Netanyahou et ses compagnons conspirateurs, voire les lyncher. Selon les sources israéliennes de Seymour Hersh, la longue carrière politique de Netanyahou ne saurait survivre aux conséquences du désastre militaire que connaît actuellement son pays.

Les informations selon lesquelles un avertissement égyptien concernant une attaque planifiée du Hamas aurait été ignoré peuvent être ou non un signe de négligence ; peut-être que de nombreux avertissements antérieurs allant dans le même sens se sont toujours révélés être de fausses alertes. Plus graves sont les informations selon lesquelles Netanyahou aurait récemment redéployé deux des trois bataillons israéliens basés à la frontière de Gaza vers la Cisjordanie afin de soutenir les colons juifs dans leurs actions agressives contre les Palestiniens locaux. Mais cela semble davantage être un signe de complaisance et d’incompétence qu’un complot traître.

«La Pravda américaine : Israël, Gaza et les questions plus larges» 23 octobre 2023

«Propagande pro-israélienne : mensonges contre réalité (30 octobre 2023) 

…Je pense que les évènements politiques ultérieurs ont presque éliminé cette possibilité (d’un faux drapeau). Il y a quelques jours, le New York Times décrivait la situation politique en Israël :

Netanyahou apparaît inhabituellement isolé depuis l’attaque du Hamas, au milieu de chiffres en chute libre dans les sondages et d’accusations selon lesquelles son leadership chaotique au cours de l’année écoulée aurait préparé le terrain pour l’échec catastrophique en matière de sécurité du 7 octobre».

Peu de membres de son gouvernement lui ont apporté un soutien sans réserve depuis ce jour, beaucoup affirmant simplement que l’examen des erreurs du gouvernement devrait attendre la fin de la guerre.

«Je le dis de la manière la plus claire possible : il est clair pour moi que Netanyahou et l’ensemble du gouvernement israélien et tous ceux sous la surveillance desquels cela s’est produit portent la responsabilité de ce qui s’est passé», a déclaré un ministre du parti de Netanyahou, Miki Zohar, jeudi sur une station de radio. «Cela est également clair pour Netanyahou. À lui d’en porter également la responsabilité».

Compte tenu de ces critiques publiques de Netanyahou de la part de son propre ministre, tout lanceur d’alerte aurait une motivation politique gigantesque pour se manifester et révéler que le gouvernement avait délibérément permis que l’attaque du Hamas se poursuive. Dans cette atmosphère, il serait totalement impossible de garder secrète ce genre de révélation explosive.

Pendant ce temps, si Netanyahou avait eu la moindre raison de soupçonner que ses nombreux ennemis politiques au sein des services de sécurité avaient délibérément facilité l’attaque du Hamas afin de l’embarrasser, il remuerait ciel et terre pour découvrir ces faits et sauver sa carrière.

Pourtant, rien de tel ne s’est produit. Le bruyant parlement israélien est connu pour ses accusations farfelues et sa rhétorique enflammée, et pourtant je n’ai pas entendu un seul membre de la Knesset formuler de telles affirmations incendiaires.

Un intervenant sur notre site Web a fait valoir un point très similaire concernant les réactions dans le monde arabe :

«Il y a actuellement 465 millions d’Arabes sur la planète, qui parlent la même langue que le Hamas, qui ont leurs propres médias, chaînes et journalistes, certains très profondément engagés en faveur de la Palestine, et d’autres se prosternant devant les sionistes. Il n’y a pas un seul média arabe, journaliste ou même un citoyen au hasard interviewé dans la rue pour exprimer l’opinion insensée selon laquelle l’opération Déluge d’Al Qods du 7 octobre était un faux drapeau»

Les Arabes et les Israéliens sont ceux qui possèdent évidemment la meilleure compréhension de la situation locale et leurs convictions sont souvent très «conspiratrices». Donc, si pratiquement aucun d’entre eux ne suggère cette possibilité, il semble plutôt insensé de la part d’observateurs extérieurs ignorants de le faire.

source : Entre la Plume et l’Enclume

7 octobre en Israël : Ce n’était pas une opération terroriste

par Ben Fofana - Le 03/11/2023.

Une fois de plus, la plupart des commentateurs sont tombés dans le panneau, se laissant prendre par les éléments de langage des sionistes ! En qualifiant l’attaque du Hamas d’opération terroriste, le régime d’apartheid sioniste ne cherche pas seulement à justifier ses crimes odieux sur les populations du ghetto de Gaza. Il s’agit surtout de masquer l’énorme déculottée subie par Tsahal alias l’armée la plus morale du monde.

En effet, l’attaque du 7 octobre dernier a été une opération militaire rondement menée (et aussi une mission suicide il faut le dire) ayant ciblé des casernes et des checkpoints autour de Gaza et dans plusieurs villes israéliennes. Parmi les images filmées par les combattants palestiniens (le web en a été nettoyé depuis), on pouvait voir des corps sans vie de soldats israéliens mais aussi des prisonniers ligotés. Des généraux au nombre de quatre auraient été capturés. Jusqu’ici seul le nom de Nimrod Aloni a été avancé côté palestinien (démenti par Tsahal).

Une défaite militaire terrible

L’assaut lancé par la résistance palestinienne (il n’y avait pas que le Hamas) a été certainement repéré par le système de surveillance israélien. Cependant l’impréparation de Tsahal à un tel scénario, aggravé par la dispersion des troupes en Cisjordanie pour protéger les colons (qui se croient dans le far west) n’ont pas permis à l’armée d’intervenir rapidement. De plus, les attaques elles-mêmes ont été suffisamment dispersées en territoire israélien pour occuper les forces de sécurité.

Bilan côté israélien

Les autorités sionistes ont fait état d’environ 1400 tués. Le journal Haaretz a tenté d’établir une liste de ces personnes dont la vie a été tragiquement emportée en cette journée du 7 octobre. Environ 700 personnes ont été identifiées (on pourrait dire aussi dont la publication des noms a été validée quand on sait la censure militaire implacable qui y a cours actuellement). Près de la moitié est constituée de jeunes militaires et de policiers. En extrapolant, on pourrait dire que la moitié des morts coté israélien est constituée de combattants.

La doctrine Hannibal

C’est une doctrine appliquée par les services de sécurité israéliens qui stipule qu’il vaut mieux des otages (israéliens) morts que vivants entre les mains du Hamas ou de tout autre bande armée palestinienne. Il est important de mentionner cette doctrine car elle permet d’expliquer une bonne partie des circonstances dans lesquelles les civils israéliens ont pu être tués. Divers témoignages d’otages rescapés de cette journée fatidique ont évoqué le fait que les unités israéliennes ont tiré sans distinction sur les combattants palestiniens (preneurs d’otages) et leurs victimes. De sorte que plusieurs civils (nous ne nous avancerons pas à estimer les proportions de telles pertes) ont été fauchés par les balles de leurs propres compatriotes.

Ce n’était pas une opération terroriste…

À notre humble avis, l’objectif des Palestiniens n’était pas de tuer des civils. Il suffit de réfléchir 10 secondes : 2000 à 3000 combattants dont le but serait de tuer le maximum de civils possible. 1400 morts (en supposant que tous les morts étaient des civils, ce qui n’était pas le cas !) et en partant sur la base de 2000 combattants. Cela ferait un ratio de 0,7 mort/combattant. Pas très ambitieux comme opération.

Ce qui est plus plausible, c’est qu’une partie de l’opération a visé des cibles militaires (vu le grand nombre de morts parmi les troupes de Tsahal) et que l’autre objectif était de faire le plus d’otages possibles afin de les échanger contre les près de 8000 Palestiniens (selon le Hamas) dans les prisons israéliennes dont la plupart sont des civils. Et que par application de la doctrine Hannibal, Tsahal a provoqué la mort de plusieurs civils.

Le troisième objectif à notre avis, était de déchaîner la violence de l’état sioniste et faire basculer le soutien international du côté de la cause palestinienne. Ce qui est en passe d’être atteint vu le tapis des bombes qui écrasent la bande (lire le ghetto) de Gaza depuis plus de trois semaines.

Que vont faire les civils israéliens quand les missiles et drones yéménites, du Hamas et des autres factions palestiniennes, du Hezbollah et des autres factions libanaises, sans parler des groupes syriens et irakiens, vont commencer à pleuvoir sur leurs villes ?

 

Russie : Israël n’a pas le droit de se défendre dans le conflit actuel car c’est un État occupant

par Tyler - Le 03/11/2023.

Le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a confirmé le 1er novembre qu’Israël n’a «aucun droit à l’autodéfense» dans sa guerre actuelle contre Gaza et a critiqué le monde occidental pour son «hypocrisie» pour son soutien au génocide des Palestiniens.

«Il est impossible de ne pas mentionner l’hypocrisie des États-Unis et de leurs alliés, qui, dans d’autres situations complètement différentes, appellent au respect du droit humanitaire, mettent en place des commissions d’enquête, imposent des sanctions à ceux qui utilisent la force uniquement en dernier recours pour mettre fin à des années de violence», a déclaré Vassili Nebenzia lors de la session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies sur la Palestine.

«Et aujourd’hui, en voyant la destruction horrifiante à Gaza, qui dépasse de loin tout ce qu’ils critiquent dans d’autres contextes régionaux – les frappes contre des installations civiles, la mort de milliers d’enfants et la souffrance épouvantable des civils au milieu d’un blocus total, ils gardent le silence. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est continuer à parler du prétendu droit à l’autodéfense d’Israël, qui, en tant qu’État d’occupation, ne possède pas, comme l’a confirmé l’avis consultatif de la Cour internationale [de Justice] en 2004», a souligné le responsable russe.

L’avis consultatif de la Cour internationale de Justice de 2004 a décrété qu’Israël, en tant que «puissance occupante», n’avait aucun droit en vertu du droit international à construire un mur de séparation à Jérusalem occupée. Cependant, comme à son habitude, Tel-Aviv a ignoré cette décision.

Malgré les tentatives d’Israël d’ignorer le droit international, de nombreuses organisations de premier plan et instances internationales, notamment le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur le territoire palestinien occupé, l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), l’Union européenne (UE), l’Union africaine (UA), la Cour pénale internationale (CPI), Amnesty International (AI) et Human Rights Watch (HRW), soutiennent toutes que depuis 1967, Israël occupe les territoires palestiniens, y compris Gaza.

Par ailleurs, dans son discours, l’envoyé russe aux Nations unies a souligné que Moscou reconnaît le «droit d’Israël à assurer sa sécurité», mais a ajouté que ce droit «ne pourrait être pleinement garanti que dans le cas d’une résolution équitable du problème palestinien basée sur les résolutions reconnues du Conseil de sécurité des Nations unies».

Nebenzia a également appelé à un «arrêt immédiat des violences» pour «empêcher la crise de s’étendre à toute la région» et a déclaré que les négociateurs devaient être autorisés à parvenir à une «solution diplomatique».

«Il faudra emprunter cette voie tôt ou tard ; la seule question est de savoir combien de personnes innocentes mourront d’ici là», a-t-il noté.

Le mois dernier, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies proposée par le Brésil, exprimant leur «déception» face à l’absence de mention du «droit à l’autodéfense» d’Israël.

Depuis le début de la campagne de nettoyage ethnique d’Israël à Gaza le 7 octobre, environ 8800 Palestiniens ont été tués, dont 3648 enfants et 2290 femmes.

Bien qu’Israël et ses parrains occidentaux prétendent continuellement que l’armée cherche à «limiter» les victimes civiles, des bombes israéliennes ont régulièrement été larguées sur des hôpitaux, des abris humanitaires, des immeubles résidentiels, des écoles, des ambulances et des convois civils.

Jeudi, le bureau des droits de l’homme de l’ONU a déclaré que les attaques de cette semaine contre le camp de réfugiés de Jabalia «pourraient constituer des crimes de guerre».

«Compte tenu du grand nombre de victimes civiles et de l’ampleur de la destruction qui a suivi les frappes aériennes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabalia, nous avons de sérieuses préoccupations selon lesquelles il s’agit d’attaques disproportionnées qui pourraient constituer des crimes de guerre», a déclaré le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme sur les réseaux sociaux.

L’UNICEF a également condamné les actions de l’armée israélienne, qualifiant Gaza de «cimetière pour les enfants».

source : Les Moutons Rebelles

Comment la terre d’Israël fut inventée, selon Shlomo Sand

Comment la terre d’Israël fut inventée ! «Dans la guerre israélo-palestienne, il y a un aspect qu’il ne faut jamais mésestimer. Le sionisme a opéré une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. C’est cette manipulation qui permet l’adhésion majoritaire des juifs (aussi bien en Israël que dans le reste du monde) à un projet colonialiste et militariste qui détruit chaque jour un peu plus la Palestine et généralise l’apartheid».

Pierre Stambul, dans le texte ci-dessous, confirme et abonde les thèses de Shlomo Sand que j’évoquais récemment. Bien entendu, chacun peut partager ou non la totalité des thèses de Shlomo Sand rapportées par Pierre Stambul.

Michel Peyret

*
Un mythe meurtrier, «Dieu a donné cette terre au peuple juif»

par Pierre Stambul

Dans un ouvrage précédent («Comment le peuple juif fut inventé», Fayard, 2008), Shlomo Sand avait réduit à peu de choses deux mythes fondamentaux du sionisme : l’exil et le retour. Non, il n’y a pas eu d’exode massif des juifs lors de la destruction du Temple par les troupes de Titus en 70 ap. J.C.. Les juifs d’aujourd’hui ne sont pas les descendants des Hébreux de l’Antiquité. Ils descendent majoritairement de convertis. L’idée sioniste qu’après des siècles d’exil, ils auraient fait leur retour sur la terre de leurs ancêtres est une fiction.

Cette fois-ci, Shlomo Sand s’attaque à un autre mythe meurtrier. Pour les membres du courant national-religieux, «Dieu a donné cette terre au peuple juif» et au nom de ces conceptions intégristes, les Palestiniens sont des intrus. Mais les sionistes «laïques» partagent cette même conception. Ils ont fait de la Bible un livre de conquête coloniale en affirmant que les juifs ont toujours eu un attachement indéfectible à «la terre d’Israël», ce qui leur donne un droit de propriété exclusif. C’est ce mythe de la terre qu’il passe à la moulinette avec un style agréable et de très nombreuses références historiques et bibliographiques. Bref, c’est un livre absolument indispensable.

Histoires personnelles

Dans «Comment le peuple juif fut inventé», Shlomo Sand avait raconté quelques anecdotes personnelles. Son amitié ancienne avec le poète palestinien Mahmoud Darwish, banni de son propre pays et qui n’aura même pas pu être enterré dans son village d’origine (qui n’existe plus). L’histoire aussi de son beau-père, catalan et rescapé de la guerre d’Espagne qui finit par «atterrir» en Israël.

Là, Shlomo nous livre quelques touches de ses origines. Il est né dans un de ces camps de rescapés juifs du génocide nazi pour lesquels il n’y avait qu’une seule destination possible : Israël. Les Palestiniens ont payé pour un crime européen.

En 1967, Shlomo est soldat dans une armée qui fait la conquête sanglante de Jérusalem-Est. Il décrit la fièvre nationaliste des jeunes qui l’entourent, cette certitude de «revenir sur la terre de leurs ancêtres». Il décrit aussi un crime de guerre gratuit : un vieux Palestinien torturé à mort par cette armée qui se dit morale. Son écriture s’empreigne alors d’une grande émotion.

Shlomo Sand est professeur d’histoire à l’université de Tel-Aviv. Son université, située dans les faubourgs de la ville, a été construite sur un de ces nombreux villages (plusieurs centaines) rayés de la carte avec l’expulsion de la population palestinienne en 1948. Les habitants de ce village n’ont pas combattu et ont espéré jusqu’au bout qu’ils ne seraient pas expulsés. L’État d’Israël pratique un négationnisme total sur la vraie histoire de cette terre et notamment sur les Palestiniens. Shlomo évoque l’action de l’association israélienne anticolonialiste «Zochrot» qui fait revivre la mémoire de ces villages rayés de la carte.

Shlomo a milité dans le mouvement de l’extrême gauche antisioniste Matzpen dans les années 80. Il ne se définit plus comme antisioniste. Pourtant, encore plus que le précédent, son livre démolit avec beaucoup d’efficacité les mythes sionistes.

Il est partisan de deux États vivant côte à côte en Palestine qui seraient des États de tous leurs citoyens. Il écrit pourtant : «En apparence, l’occupation, entrée dans sa cinquième décennie, prépare au plan territorial, la constitution d’un État binational».

Il est contre le droit au retour des réfugiés palestiniens. Il explique à titre de comparaison qu’on ne fera pas revenir les millions d’Allemands originaires des pays de l’Est descendants de ceux qui ont été chassés en 1945. Pourtant, il montre bien comment l’expulsion des Palestiniens de leur pays en 1948 a été criminelle, comment Israël a rendu définitive leur expulsion. Son enquête sur le village détruit pour construire son université (et ses habitants) est précise et sans concession.

Il a espéré avant 1967 que son pays saurait se normaliser et faire une paix juste. Amèrement il écrit : «je ne savais pas que je vivrais la majeure partie de mon existence à l’ombre d’un régime d’apartheid, alors que le monde «civilisé», du fait notamment de sa mauvaise conscience, se sentirait obligé de transiger avec lui, et même de lui apporter son soutien». Le mot «apartheid» est souvent utilisé dans le livre pour qualifier la réalité actuelle.

Une terre habitée par de nombreux peuples et une religion venue de l’étranger

Dans «Comment le peuple juif fut inventé», il y a un chapitre difficile pour un non-spécialiste sur la notion de «peuple». Cette fois-ci, Shlomo examine les notions de patrie, de frontières, du droit du sol et de droit du sang. Chapitre ardu mais dont la conclusion est claire. La prétention des sionistes de retourner dans leur «patrie» au nom d’une histoire réécrite ne repose sur aucune des différentes constructions de patries que l’histoire a connue.

Comment la terre qui est aujourd’hui Israël/Palestine fut appelée dans l’histoire ? Quelle est l’importance de Jérusalem ?

La Bible parle de Canaan et affirme que les Hébreux sont venus de l’étranger. Les deux personnages centraux, Abraham et Moïse seraient venus, l’un de Mésopotamie, l’autre d’Égypte. Ces personnages sont légendaires. Le livre de Josué (qui est une véritable apologie du nettoyage ethnique et du génocide) évoque une terre habitée par de nombreux peuples qui restent toujours là malgré les massacres. Autrement dit la religion juive décrit un peuple venu de l’extérieur ayant une haine terrible pour les autochtones.

Dans la Bible dévoilée, les archéologues israéliens estimaient que la Bible avait été essentiellement écrite dans le royaume de Judée, peu avant la prise de Jérusalem par les Babyloniens (VIIe siècle av. J.C.). Shlomo Sand va plus loin. Il pense que le texte a été écrit par les lettrés qui ont été autorisés par l’empereur perse Cyrus à retourner à Jérusalem, voire plus tard à l’époque hellénistique. Ces lettrés sont entourés de paysans restés majoritairement païens, ce qui explique tout le mal que la Bible dit des autochtones.

Dans le livre des livres, la promesse de la terre pour le peuple élu est toujours soumise à condition. Tout est conditionné par le degré d’intensité de la foi en Dieu. Quand les colons religieux actuels prétendent que «Dieu leur a donné cette terre», ils s’écartent beaucoup de leur texte fondateur. La région d’Israël/Palestine s’est appelée Canaan et la région de Jérusalem la Judée. Cette région avait un peuplement hétérogène et on y parlait des langues diverses. Ce n’est qu’à l’époque des Maccabées (IIe siècle av JC) que la religion s’est répandue dans de nouvelles régions (Samarie, Galilée, Néguev) puis plus loin dans l’empire romain. Il n’y a aucune référence à la «terre promise». Le philosophe juif Philon d’Alexandrie a vécu à l’époque de Jésus-Christ et il est peu probable qu’il ait effectué un quelconque pèlerinage à Jérusalem pourtant toute proche.

Contrairement au mythe enseigné aujourd’hui dans les écoles israéliennes (l’exode de plusieurs de millions de juifs quand les troupes de Titus détruisent le deuxième temple), il y a eu trois grandes révoltes juives aux premier et deuxième siècles après Jésus-Christ qui traduisent un antagonisme fondamental entre polythéistes et monothéistes. Mais aucun exode massif et encore moins un tel nombre. Après la dernière révolte juive (Bar Kokhba, 135 ap. J.C.), la région prend le nom de Palestine et la population va se convertir au christianisme puis cinq siècles plus tard à l’islam. Il n’y a pas de trace du terme «Eretz Israel» (la terre d’Israël) à l’époque.

La religion juive et l’absence d’attachement à la terre

Le premier commandement du Talmud «interdit explicitement aux fidèles juifs de s’organiser pour émigrer dans le foyer saint avant la venue du messie». Seule une dissidence du judaïsme, les karaïtes prêcheront une immigration en Palestine. Malgré (comme les juifs) une grande dispersion dans le monde, les karaïtes seront présents à Jérusalem lors de la prise de la ville par les Croisés et il y a toujours une synagogue karaïte à Jérusalem.

Les lettrés juifs qui visitent la région au Moyen-Âge cherchent surtout leurs coreligionnaires. L’un note d’ailleurs qu’il y a beaucoup plus de juifs à Damas qu’à Jérusalem.

À la base du sionisme, il y a l’alyah, la «montée» en Israël. C’est une manipulation : l’alyah, c’était (dans la Kabbale) «l’ascension mystique de la personne qui se condense dans la formule : ascension de l’âme». Du IVe au XIXe siècle, les chroniques ont répertorié seulement 30 pèlerinages juifs en Palestine alors qu’elles ont répertorié 3500 comptes rendus de pèlerinages chrétiens. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Le pèlerinage est une tradition chrétienne puis musulmane. La prière juive «l’an prochain à Jérusalem» évoque une rédemption prochaine et pas une émigration. «La ville sainte est pour le juif religieux un souvenir qui nourrit la voix et pas un site géographique attractif».

Et si le sionisme était une invention chrétienne ?

On connaît aujourd’hui les mouvements chrétiens sionistes. Ces mouvements évangélistes ont très puissamment aidé la colonisation de la Palestine financièrement et politiquement. Accessoirement, ces Chrétiens sionistes sont attachés à un «juif irréel», pas aux juifs réels. Pour eux, les juifs doivent chasser de la terre sainte Armageddon (= le mal = les Arabes) puis se convertir à la «vraie foi», sinon ils disparaîtront car ce courant est millénariste (et antisémite). Ces Chrétiens sionistes ont identifié la colonisation de nouveaux territoires (Amérique du Nord, Afrique du Sud, Australie) à la conquête de Canaan par Josué.

Déjà Mohamed Taleb était allé plus loin dans l’idée que le sionisme a des origines chrétiennes. Les Chrétiens sionistes, ce sont les «dissidents» du protestantisme (évangélistes, puritains).

Shlomo Sand parle aussi des Anglicans et il accumule des faits sur l’histoire anglaise. Dès le XVIe siècle avec la Réforme, la Bible est traduite. Le monde hébraïque antique, tel qu’il est décrit dans la Bible devient familier. Le «juif irréel» devient sympathique. Après plusieurs siècles d’interdiction de séjour, Cromwell (en 1656) autorise le retour des juifs en Angleterre (des facteurs économiques jouent aussi. Les juifs chassés d’Espagne et réfugiés aux Pays-Bas ont contribué à la prospérité de ce concurrent).

De nombreux personnages publics britanniques évoquent le «retour» des juifs en Palestine (au XIXe siècle, Shaftsbury, Palmerston et bien sûr Disraeli, Premier ministre). Les Britanniques manifestent un intérêt croissant vers la Palestine, pièce essentielle sur la route de l’Inde.

À partir des pogroms de 1881, des millions de juifs de l’empire russe partent vers l’Ouest. Ils iront principalement vers les États-Unis car la Grande-Bretagne ferme ses portes. Premier ministre en 1905, Lord Balfour fait adopter en 1905 une loi très restrictive contre l’immigration, principalement celle des juifs. Il tiendra publiquement des propos antisémites. Le même enverra à Rothschild la fameuse déclaration Balfour en 1917. Il n’y a pas contradiction. Pour Balfour, les juifs sont «inassimilables» s’ils viennent en Europe mais ils deviennent des colons servant les intérêts de l’empire britannique s’ils vont s’installer en Palestine. Pour de nombreuses raisons, dont l’attachement à une lecture familière de la Bible, la déclaration Balfour a fait consensus chez les principaux hommes politiques britanniques.

On a donc eu au début du XXe siècle la rencontre de trois phénomènes politiques qui ont rendu faisable le projet sioniste : une sensibilité chrétienne issue du monde protestant articulée avec une vision coloniale britannique, l’antisémitisme virulent en Europe de l’Est et l’apparition d’un nationalisme juif qui a tout inventé : l’histoire, la terre, la langue.

Le sionisme et la religion juive

On connaît les virulentes critiques contre le sionisme, venues des juifs socialistes qui seront hégémoniques dans le monde juif européen jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. Le Bund, parti ouvrier préconisant «l’autonomie culturelle» des juifs sans territoire spécifique, était farouchement antisioniste. Et les partis ouvriers socialistes ou communistes dans lesquels militaient beaucoup de juifs étaient aussi très critiques.

On connaît moins l’opposition radicale des juifs religieux au sionisme. Le livre de Yacov Rabkin «Au nom de la Torah», l’opposition juive au sionisme apporte de nombreux faits. On a souvent en tête l’attitude actuelle des religieux juifs. Depuis 1967, ils sont devenus majoritairement colonialistes, nationalistes et racistes à l’image d’Ovadia Yossef, fondateur du Shass ou du grand rabbin de la ville de Safed qui interdit de louer à des «Arabes». Il n’en a pas toujours été ainsi et Shlomo Sand rappelle que, pour les religieux, la «terre sainte» n’a jamais été la patrie des juifs. Le judaïsme réformateur était contre le sionisme car il craignait (à juste titre) que cela retarderait la marche vers l’égalité des droits. Les juifs orthodoxes étaient encore plus durs. Citons certains de leurs propos : «reçois la Torah dans le désert, sans pays, sans propriété terrienne», «Les sionistes n’aspirent qu’à secouer le joug de la Bible et des commandements pour n’en conserver que le national, voilà ce que sera leur judaïsme».

Dans le sionisme, la terre remplace la Bible, et la prosternation devant le futur État prend la place de la ferveur envers Dieu.

Quand Theodor Herzl essaiera de rallier au sionisme les rabbins, l’immense majorité d’entre eux protestera et organisera même une résistance aux idées sionistes. Ils publieront à plusieurs en 1900 une brochure : «livre éclairant, pour les honnêtes gens, contre le système sioniste».

Le sionisme n’est pas seulement en contradiction avec les droits fondamentaux (refus du racisme, du colonialisme, des inégalités), il est aussi en contradiction avec la religion. Il a nationalisé le langage juif religieux et transformé la Bible en un livre de conquête coloniale.

Le sionisme et les Arabes

La question de la présence d’Arabes en Palestine au début du mouvement sioniste n’a quasiment jamais été soulevée. Comme la plupart des colonisateurs, les sionistes n’ont pas vu (ou pas voulu voir) le peuple autochtone.

Pourtant, alors que jusqu’en 1922, l’immigration des juifs en Palestine est autorisée, ce pays reste arabe à 90% à cette époque. Et les Palestiniens formeront les 2/3 de la population quand la guerre de 1948 éclate.

Il y a eu chez les sionistes des humanistes qui imaginaient une coexistence pacifique avec les Palestiniens. Citons Ahad Haam ou plus tard Martin Buber. Mais ils ont vite été débordés par les partisans du «transfert», l’expulsion des Palestiniens.

Dans son film «La terre parle arabe», la cinéaste franco-palestinienne Maryse Gargour montre que tous les dirigeants sionistes étaient favorables au «transfert» dès 1930. Ils ne divergeaient que sur la méthode pour y parvenir.

Dès 1930, la plupart des recherches sionistes sur le passé se sont efforcées de situer et de maintenir la terre d’Israël au centre de «l’être juif». Ils sont parvenus à une conclusion insensée : «les Arabes se sont emparés de la terre d’Israël en 634 et ils s’y sont maintenus depuis lors en tant qu’occupants étrangers». Certains propagandistes vont même jusqu’à comparer avec la présence arabe en Espagne qui a duré plus de 7 siècles. En fait, au-delà de tous les textes d’autojustification, la colonisation sioniste n’a connu comme seul frein que les limites du rapport de force. C’est pourquoi le gouvernement israélien actuel qui est soutenu à bout de bras par l’Occident semble pouvoir tout se permettre.

Shlomo Sand analyse plusieurs mythes qui ont accompagné la conquête sioniste : celui du travail, celui des kibboutz qui, au-delà de l’idéal égalitaire, étaient avant tout des instruments de conquête de la terre réservés aux seuls juifs, et celui du syndicat Histadrout, réservé lui aussi aux seuls juifs. Les kibboutz ont systématiquement été installés dans les zones frontalières pour empêcher le retour des «infiltrés» (= les réfugiés palestiniens). Ils sont en déclin aujourd’hui parce qu’on est passé à une nouvelle forme de colonisation.

Depuis 1967

Le mythe de la terre a guidé la politique sioniste. Depuis 1967, il en est le centre.

La colonisation sioniste s’est faite sous l’égide imaginaire, dynamique et mobilisatrice de la «rédemption du sol».

Shlomo Sand est très sévère pour la «gauche sioniste» qui a participé à toutes les conquêtes.

Il y a eu consensus pour le concept de «judaïsation de la terre» qui signifie bien sûr l’expulsion des Palestiniens. Les nationalistes les plus zélés sont venus de la gauche : Moshé Dayan, Yigal Allon.

Shlomo Sand pense que la guerre de 1967 n’était préméditée ni d’un côté, ni de l’autre. J’ai des doutes à partir d’un témoignage familial. Un cousin de mon père, général de l’armée de l’air israélienne, m’a affirmé dès juillet 1967, qu’Israël n’avait pas été menacé, que les projets de bombardements étaient prêts depuis des années et que la colonisation allait commencer.

Dès la fin de cette guerre, les intellectuels israéliens les plus éminents ont signé le «manifeste pour le grand Israël», prélude à la colonisation. 20 ans plus tard et malgré l’Intifada, le principe de l’État «ethno-démocratique» a repris le dessus. Le sionisme est une machine infernale qui ne saura pas s’arrêter d’elle-même.

Pour conclure

Logiquement, Israël se retrouve aujourd’hui gouverné par une coalition d’extrême droite. Le consensus qui a abouti à cela vient en partie d’une histoire totalement réécrite. Comme pour son livre précédent, Shlomo Sand sera sûrement très lu en Israël. Les sionistes l’injurieront. On enverra d’éminents spécialistes pour réfuter des faits pourtant indéniables. Ce livre doit nous aider à démonter les mythes meurtriers. Le jour où la «rupture du front intérieur» sera possible en Israël, ce livre, comme le précédent, aidera les Israéliens à se débarrasser d’une identité falsifiée qui contribue à détruire la société palestinienne mais qui est aussi suicidaire à terme pour les Israéliens.

source : Le Grand Soir

Pourquoi l’offensive israélienne à Gaza pourrait se terminer en catastrophe

Source : Stratpol - Le 23/10/2023.

Israël va bientôt commencer des opérations terrestres contre les militants du Hamas dans la zone urbaine de Gaza et nous ne pouvons craindre que le pire pour les civils palestiniens qui y vivent. La Bataille de Gaza sera sanglante, en réalité il y a eu sept batailles de Gaza entre Israéliens et Palestiniens depuis 2005, donc l’offensive israélienne à venir sera leur huitième tentative pour réprimer la résistance de l’armée palestinienne. Je pense qu’il y a quelques points clés à analyser concernant l’opération d’Israël.

Les épées de fer

Le point le plus important est que du point de vue militaire, cela sera beaucoup plus difficile que nous pourrions le penser et des défis tactiques attendent les Forces de défense israéliennes (FDI) à Gaza. Si le Hamas s’est préparé à défendre Gaza de la même manière qu’il l’a fait pour attaquer Israël, alors l’armée israélienne pourrait rencontrer de sérieux problèmes.

Facteurs pouvant compliquer la mission de l’armée israélienne à Gaza

Un élément qui pourrait compliquer la mission de l’armée israélienne à Gaza est la situation sur son flanc nord contre les forces du Hezbollah (HSB) au Liban. Au fil des années, le HSB a développé une force militaire bien entraînée et bien équipée d’au moins 30 000 combattants lourdement armés et idéologiquement motivés, avec des années d’expérience au combat. Nous pouvons seulement supposer que les Libanais attendent que l’armée israélienne se retrouve embourbée dans la guerre urbaine de Gaza pour lancer leurs propres opérations terrestres quelque part dans le nord, peut-être dans la région des fermes de Sheba et Avivim. Dans ce cas, il sera difficile pour Israël de gérer une guerre sur deux fronts. Pour l’instant, il ne s’agit que d’escarmouches, mais elles pourraient rapidement s’intensifier.

Nous pourrions voir le début d’opérations de formation de la part des Libanais, par exemple le 15 octobre, une base israélienne à la frontière libanaise a été attaquée par des missiles antichars montés sur des camions et des obus de mortier. Peu après, les forces libanaises ont également réussi à cibler l’équipage d’un char Merkava, causant au moins deux morts. Le lendemain, le 16 octobre, ils ont réussi à endommager un autre char Merkava en patrouille. Il y a également des rapports selon lesquels les Libanais ciblent les capteurs et les caméras situés le long de la frontière entre les deux pays. Cela pourrait certainement expliquer l’impasse actuelle de l’armée israélienne et sa réticence à attaquer immédiatement Gaza. Cela étant dit, je pense que la plus grande faiblesse des Forces de défense israéliennes réside dans leur incapacité à accepter des pertes.

Combien de pertes l’IDF est-il prêt à accepter pour atteindre ses objectifs ? Ce phénomène a commencé dans les années 1980, lorsque l’existence de l’État d’Israël n’était plus en danger. Lors de chaque campagne militaire, les opérations terrestres étaient finalement arrêtées après que les troupes israéliennes aient atteint un certain seuil de pertes, ce qui explique également pourquoi elles ont souvent recours à des frappes aériennes. Le premier exemple remonte à l’opération Paix en Galilée en 1982, dans le sud du Liban. Après un succès initial, Israël a fait face à une résistance acharnée de la part de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de ses alliés. Bien que les Israéliens assiègent l’OLP, ils craignent les pertes d’une attaque frontale et de combats de rue. Finalement, l’IDF a commencé à retirer ses forces militaires après avoir subi 654 morts en environ 4 mois. Lorsqu’Israël est passé à la deuxième phase et a envahi à nouveau le sud du Liban en 2006, il a fallu 121 pertes militaires et plus de 1200 blessés en un mois pour que l’armée israélienne abandonne son opération contre le Hezbollah. Nous savons que Israël n’a pas réussi dans sa mission car les rapports sur les résultats sont qualifiés ‘‘d’inconclusifs’’.

La guerre de 2014, lorsque les forces israéliennes (l’IDF) sont entrées dans la bande de Gaza, elles ne devaient pas perdre plus de 1000 soldats tués/blessés et cela était déjà considéré comme beaucoup, mais en 2014, en l’espace de quelques jours, elles ont subi 67 pertes militaires et 469 blessés, soit un bataillon anéanti, et Israël a retiré ses forces en affirmant avoir atteint ses objectifs et avoir veillé à ce que le Hamas ne soit plus une menace. En 2014, la faction palestinienne du Hamas a déployé entre 2500 et 3500 combattants pour défendre Gaza, maintenant la situation est complètement différente, portée et échelle des atrocités récentes ont poussé la population israélienne à demander une offensive qui mettrait fin une fois pour toutes au groupe militant. Selon le ministre israélien de la Défense, Yuav Galant, avec l’opération Iron Swords, Israël se prépare non seulement à une contre-attaque, mais également à une expédition punitive en raison des lourdes pertes qu’il vient de subir, les soldats israéliens sont en colère et ils veulent se venger.

Le Washington Post a écrit : Israël s’enlise dans la nature imprévisible de la guerre urbaine cette fois-ci, les forces de défense d’Israël ne feront pas seulement face à deux à trois mille combattants ennemis, mais ils peuvent s’attendre à ce que les brigades Al Qassam déploient tous leurs 40 000 combattants et la bataille sera brutale car les Palestiniens ont le dos au mur. Le Hamas va se battre jusqu’à la fin pour défendre leur seul bastion dans le monde, pire encore, sans autre alternative que la destruction totale imminente de Gaza, toute la population palestinienne de la bande de Gaza pourrait probablement se ranger derrière le Hamas.

Sur Twitter et dans un article du media Wionnews, il y avait ce post montrant des adolescents palestiniens recevant un entraînement militaire, même s’ils peuvent y être contraints, de toute façon, une fois de plus, nous pouvons nous attendre à ce que chaque homme de plus de 16 ans rejoigne le combat, ce qui signifie 600 000 combattants potentiels, mais réalistement, ils ne se battront pas tous car il n’y a pas assez d’armes pour tout le monde. L’armée israélienne pourrait faire face à jusqu’à 150 000 hommes armés qui ne se battront pas seulement pour protéger le Hamas, le Hezbollah ou autre, mais ils se battront pour protéger leurs foyers et leurs familles. Les forces terrestres de l’IDF représentent environ 126 000 militaires en service actif, mais cela ne semble pas suffisant car elles continuent de retarder l’offensive et il semble que les Israéliens prévoient des pertes importantes puisqu’ils ont déjà demandé des renforts. Ici, selon Reuters, Israël mobilise 300 000 réservistes alors qu’il passe à l’offensive, au total, nous parlons d’environ un demi-million de soldats israéliens, ce qui est énorme pour une population de 7 millions de personnes, et ces unités affluent vers le sud du pays où de plus en plus de véhicules blindés prennent position autour de Gaza. Mais ces réservistes sont-ils prêts au combat ou ont-ils besoin de temps pour être réentrainés ? Est-ce pour cela que les opérations terrestres sont constamment retardées ?

Une autre raison semble être que l’IDF n’a pas suffisamment d’équipement militaire comme des gilets pare-balles, des casques et des genouillères pour tous ses réservistes, une théorie confirmée par The Times of Israel. Les soldats de réserve se plaignent du manque d’équipement ou de sa qualité médiocre, ce qui est compréhensible étant donné qu’il s’agit de la plus grande mobilisation de l’histoire du pays. Certaines personnes en ligne pensent que les unités spéciales israéliennes vont simplement entrer en combat, affronter les méchants et récupérer tous les otages.

L’article de ‘The Times of Israel’ a révélé que le premier jour de l’attaque le 7 octobre, selon certains témoignages, l’armée de l’air israélienne a fait atterrir deux pelotons de ses forces spéciales de l’unité Shalag à Beeri en hélicoptère, mais ils ont apparemment été submergés par les insurgés. Environ 90 insurgés sont entrés à Beeri vers 7 heures du matin le samedi, 2 heures plus tard, le détachement Shalag d’environ 20 soldats est arrivé, mais en peu de temps, la force a été érodée, ce qui est un euphémisme militaire pour dire qu’ils ont tous été tués ou blessés. En visualisant le fait que l’IDF va combattre le Hamas sur son propre territoire et qu’ils ont passé toute leur vie à Gaza, la bataille pourrait ressembler à des positions fortement fortifiées du Moyen-Orient avec des bunkers, des tunnels et des pièges partout.

Les Palestiniens ont passé des années à creuser des tunnels pour se déplacer entre les bâtiments sans être détectés et pour créer de nombreuses positions de combat renforcées avec du béton et de l’acier. Les plus meurtrières se trouvent dans les sous-sols, car elles ne peuvent pas être détruites par des frappes aériennes ou de l’artillerie, mais doivent être détruites par des tirs directs ou prises d’assaut par des soldats d’infanterie. Ce n’est rien de nouveau, les mêmes tactiques étaient utilisées par les insurgés en Irak. Ce qui aggrave les choses, ce sont les vastes réseaux de tunnels qui permettent aux combattants d’apparaître apparemment de nulle part, d’attaquer, puis de se retirer vers les bunkers cachés.

En même temps, les Forces de défense d’Israël sont une armée lourdement blindée, mais tant de choses pourraient mal se passer ici. Nous avons tous vu l’accumulation d’un nombre important de véhicules blindés autour de Gaza, au moins 50 véhicules blindés de tous types, des Merkava 4M aux IFV et APC, tous stationnés juste à l’extérieur de la bande de Gaza. Cependant, comme l’histoire nous l’a montré, la guerre urbaine annule une grande partie de la supériorité technologique et de puissance de feu de l’attaquant. Nous devons nous rappeler que Gaza est l’une des zones urbaines les plus densément peuplées du Moyen-Orient.

Les brigades israéliennes peuvent s’attendre à faire face à de nombreuses armes antichars. Dans certaines vidéos publiées, les véhicules israéliens n’ont même pas atteint la zone urbaine de Gaza qu’ils sont déjà pris pour cible. Dans l’une de leurs dernières vidéos publiées par le Hamas, nous les voyons fabriquer des roquettes artisanales PG29 V Vampire pour leurs RPG 29 massifs, et ils en produisent des dizaines. Ces derniers jours, nous constatons que chaque combattant de leurs unités antichars est fourni avec trois de ces roquettes, et ils nous ont même montré comment ils prévoient de les utiliser. Des images satellites ont révélé leur camp d’entraînement où ils s’entraînent à tendre des embuscades dans des situations réelles. Dans la guerre urbaine, un seul scénario suffit à imaginer que les Palestiniens montreront : Tsahal entrera à Gaza avec un faux sentiment de confiance, puis le Hamas les prendra en embuscade et ouvrira le feu sur eux de tous les côtés.

Quelle tactique pour Israël à l’intérieur de Gaza ?

Pour éviter de tels scénarios, cela signifie que l’infanterie israélienne devra se désengager des véhicules blindés de transport de troupes (IFV) et nettoyer chaque secteur un par un. Cependant, c’est à ce moment-là que toutes les équipes de mortier palestiniennes pourraient intervenir en quelques secondes. Elles pourraient tirer quelques obus sur l’infanterie exposée, puis se replier rapidement et changer rapidement de position. Ce qui est encore pire, ce sont ces positions de mortier souterraines qui, même avec une surveillance accrue par des drones, seront très difficiles à détecter pour les Israéliens. Dans l’ensemble, d’un point de vue tactique, cela signifie beaucoup de combats de maison en maison. Nous pouvons nous attendre à ce que les Palestiniens se positionnent rapidement pour tendre des embuscades aux colonnes en progression, puis se déplacer vers des endroits dissimulés. Ainsi, lorsque les troupes au sol demanderont un appui aérien rapproché, il y a de fortes chances que l’armée de l’air israélienne ou l’artillerie tirent sur des positions vides. Un autre problème que l’on peut imaginer est que chaque fois que les escouades israéliennes parviendront à sécuriser une position, elles devront laisser derrière elles de nombreux soldats d’infanterie pour tenir le terrain. Lors de la bataille de Mossoul en 2016-2017, les commandants irakiens se plaignaient qu’il était difficile de considérer une zone comme libérée, car bien que nous contrôlions la surface, l’ennemi apparaîtrait depuis sous terre.

Au final, on peut s’attendre à ce qu’Israël perde plus de 2500 soldats tués et 14 000 blessés supplémentaires dans cette opération visant à déloger le Hamas de Gaza. Mais il reste une question en suspens : sont-ils prêts à payer ce prix ? Parce que maintenant, ils ont de l’élan (les Forces de défense israéliennes/IDF et le gouvernement de Netanyahu) et je pense que la population israélienne serait prête à accepter de telles pertes. Les Israéliens seront confrontés à de nombreux engins explosifs et à des champs de mines. Si le premier véhicule de la colonne est touché par un engin explosif improvisé (EEI), tous les autres derrière devront également s’arrêter et sans mouvement, toute la colonne deviendra très vulnérable.

La réponse à cela est très compliquée. Israël a besoin de nombreux sapeurs et d’unités du génie. Encore une fois, si nous regardons le passé, cela a été un gros problème pour l’armée irakienne à Mossoul. La progression de leurs colonnes blindées était extrêmement lente. Nous parlons d’éliminer 10 combattants ennemis et de sécuriser un kilomètre carré par jour. Les Palestiniens pourraient très bien combiner des lance-roquettes RPG et des EEI, comme on peut le voir dans cet article de Forbes sur l’avancée de la Brigade Golani dans Gaza en 2014. Le deuxième jour, une équipe de roquettes palestinienne est sortie d’un tunnel et a fait exploser un véhicule blindé de transport de troupes israélien M113 en panne, tuant sept soldats israéliens. On peut également supposer qu’il y avait de nombreux soldats israéliens blessés.

Si l’on considère trois blessés pour un tué dans cette situation, nous avons tout un peloton qui a été décimé après cette embuscade. Les Israéliens ont envoyé des ingénieurs pour nettoyer la zone, récupérer les véhicules endommagés et évacuer les blessés. Pour ce faire, ils disposent de véhicules de combat du génie Puma. Mais comme nous l’avons vu en Ukraine, les armées n’en ont généralement pas suffisamment, comme l’a ajouté Forbes, les pertes israéliennes ont augmenté lorsqu’un combat à courte distance a éclaté autour du convoi des ingénieurs, Et nous n’en avons pas fini, les IDF pourraient également faire face à des munitions volantes, des drones kamikazes. D’après les dernières vidéos du Hamas, il semble qu’ils soient lancés depuis l’intérieur des bâtiments, ce qui signifie qu’ils pourraient cibler les colonnes blindées en progression à l’intérieur de la ville en quelques secondes. Israël aurait besoin d’unités de guerre électronique avançant avec la force principale, car les Palestiniens pourraient mettre en place des embuscades très sophistiquées. Certains véhicules israéliens ont été géolocalisés à seulement 7 km de la frontière avec Gaza et ils sont tous rassemblés en formation de parade.

Maintenant, les Israéliens ont commencé à ajouter des cages de protection sur le dessus de leurs chars, une technologie très rudimentaire apprise du Front de l’Est, qui s’est avérée efficace contre les drones avec ces cages. Mais si nous augmentons le niveau de difficulté, il y a autre chose qui pourrait se produire. Les Palestiniens pourraient réorienter leurs roquettes et, au lieu de les tirer au hasard sur le territoire israélien, ils pourraient les utiliser pour frapper ces formations blindées vulnérables. C’est une menace sérieuse, car dans ce cas, les chars israéliens et leurs équipages seront facilement tués.

Les IDF n’auront pas d’autre choix que de se frayer un chemin à travers Gaza par des bombardements, mais les Israéliens devront également retourner la ville afin de neutraliser tous les tunnels et les cachettes souterraines. Cela pourrait expliquer l’hésitation actuelle de Tsahal. Israël peut remporter cette bataille à 100 %, mais sont-ils prêts à payer le prix ? C’est pourquoi il y a actuellement une forte emphase sur les frappes aériennes et l’artillerie lourde plutôt que sur les engagements terrestres. Ainsi, cela rejoint ce que je vous ai dit dans l’introduction : l’armée israélienne craint énormément les pertes. Pour cette mission, l’armée de l’air israélienne a préparé des centaines de bombes américaines J Glide pour sa flotte de F-16 dans le but de cibler et de détruire les tunnels.

En conclusion, lorsque les véritables combats commenceront, on peut s’attendre à ce qu’ils effectuent beaucoup de tirs de saturation, comme nous l’avons vu sur les réseaux sociaux. Les dernières frappes aériennes ont réduit en ruines des blocs entiers de la ville de Gaza, ce qui rendra très difficile la progression des formations blindées israéliennes lorsque certaines parties de la ville ressembleront à cela. De plus, les bombardements d’artillerie sur des endroits déjà détruits ont des rendements décroissants, tout comme l’ont fait les parachutistes allemands lors de la bataille de Monte Cassino, où ils ont réussi à transformer chaque ruine en forteresse. Malheureusement, ces bombardements ont également entraîné des pertes civiles. La bataille sera particulièrement chaotique en raison de tous les civils qui sont essentiellement assiégés et n’ont nulle part où aller. Gaza compte 2,3 millions d’habitants, dont 45 % ont moins de 18 ans. Jetez un coup d’œil à ce que le Washington Post a écrit : Israël ordonne à un million de Gazaouis d’évacuer, mais l’ONU dit que c’est impossible. C’est pourquoi Israël essaie de déplacer la population civile du nord de la bande de Gaza vers les zones du sud. Idéalement, ils souhaitent que ces personnes évacuent vers l’Égypte, mais les pays arabes savent que si cela se produit, il y a de fortes chances que les Palestiniens ne soient pas autorisés à revenir. Avec toutes ces informations, il est évident que l’intention des forces de défense israéliennes n’est pas seulement risquée pour elles-mêmes, mais aussi dangereuse pour les Palestiniens et l’ensemble de la région, car cela peut entraîner une escalade.

Auteur:
ETOUNDI EKODO II ARNOLD FULLER, est un jeune enseignant d’histoire-géographie et éducation à la citoyenneté du lycée général au Cameroun et par ailleurs étudiant en master Etudes internationales et stratégiques, option Histoire militaire défense et sécurité.

 

Il a osé ! La chutzpah des sionistes est sans limites

par Le Libre Penseur - Le 30/10/2023.

Comme vous pouvez le constater sur la vidéo ci-dessous, la honte et l’indignité caractérise le sionisme.  L’ambassadeur de Tel-Aviv auprès de l’ONU, Gilad Erdan, a osé prendre une pierre et se plaindre que les Palestiniens passaient leur temps à les jeter sur les colons et les militaires !

Il a juste oublié de dire que ces derniers n’hésitaient pas à assassiner les civils palestiniens avec des armes et des bombardements d’une sauvagerie inouïe.

Oser se faire passer pour une victime alors que ce sont eux les colonisateurs avec une force de frappe militaire infiniment supérieure relève de la pathologie mentale incurable. Clairement, ces gens sont fous à lier, il est impossible de discuter avec eux ou de les raisonner.

Le représentant israélien auprès de l’ONU a sorti la pierre et a expliqué au public mondial pourquoi ils tuent des milliers de civils palestiniens : «Voulez-vous savoir pourquoi nous bombardons et tuons des femmes et des enfants ? C’est à cause de la pierre. Ils nous jettent ces pierres tous les jours. Que feriez-vous ?»

source : Le Libre Penseur

VOIR : La signification de "chutzpah".

Seymour Hersh- « Netanyahou est fini », « c’est un mort-vivant ».

Source : Mondialisation.ca - Par Seymour M. Hersh - Le 17/10/2023.

 

Il y a plusieurs dizaines d’années, j’ai passé trois ans à écrire The Samson Option (1991), un exposé sur la politique non déclarée des présidents américains, depuis Dwight Eisenhower, qui consistait à détourner le regard alors qu’Israël entamait le processus de construction d’une bombe atomique. Le bien ou le mal d’Israël, au lendemain de l’Holocauste, n’était pas l’objet du livre.
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Ce que je voulais dire, c’est que ce que faisait l’Amérique était connu dans tout le tiers monde, comme on l’appelait à l’époque, et que notre duplicité faisait de nos inquiétudes concernant la dissémination des armes nucléaires un autre exemple de l’hypocrisie américaine. Depuis lors, d’autres ont entrepris des études beaucoup plus complètes, car certains des documents israéliens et américains les plus confidentiels ont été rendus publics.
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J’ai choisi de ne pas me rendre en Israël pour effectuer mes recherches, de peur d’enfreindre la loi israélienne sur la sécurité nationale. Mais j’ai trouvé des Israéliens vivant à l’étranger qui avaient travaillé sur le projet secret et qui étaient prêts à me parler une fois que j’ai indiqué que j’avais des informations provenant des dossiers des services de renseignement américains. Ceux qui ont travaillé sur ces documents hautement confidentiels sont restés fidèles à Israël, et certains d’entre eux sont devenus mes amis de toujours. Ils sont également restés en contact étroit avec d’anciens collègues restés en Israël.

Voici un compte rendu des événements horribles survenus la semaine dernière en Israël, tel qu’il est perçu par un vétéran de l’appareil de sécurité nationale israélien ayant une connaissance approfondie des événements récents.

La chose la plus importante que je devais comprendre, m’a dit un insider israélien c’est que le Premier ministre Benjamin Netanyahou

« est fini. C’est un mort-vivant. Il ne restera en fonction que jusqu’à ce que les tirs s’arrêtent … peut-être encore un mois ou deux ».

Il a été premier ministre de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021 en tant que chef du parti de droite Likoud, avant de revenir pour un troisième mandat à la fin de l’année 2022. « Bibi a toujours été opposé aux accords d’Oslo de 1993, qui donnaient initialement à l’Autorité palestinienne le contrôle nominal de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Lorsqu’il est revenu au pouvoir en 2009, « Bibi a choisi de soutenir le Hamas » comme alternative à l’Autorité palestinienne, « il leur a donné de l’argent et les a installés à Gaza ».

Un accord a été conclu avec le Qatar, qui a commencé à envoyer des centaines de millions de dollars aux dirigeants du Hamas avec l’approbation d’Israël. Cet insider m’a dit que « Bibi était convaincu qu’il aurait davantage de contrôle sur le Hamas avec l’argent du Qatar » – leur permettant de tirer occasionnellement des roquettes sur le sud d’Israël et d’avoir accès à des emplois à l’intérieur d’Israël – qu’il n’en aurait avec l’Autorité palestinienne. Il a donc pris ce risque.

« Ce qui s’est passé cette semaine », a déclaré l’insider, « est le résultat direct de la doctrine de Bibi selon laquelle on peut créer un Frankenstein et de le contrôler.« 

L’attaque du Hamas était le résultat direct d’une décision prise par Bibi, malgré les protestations des commandants militaires locaux, « d’autoriser un groupe de colons orthodoxes à célébrer Souccot en Cisjordanie ».

Soukkot est une fête annuelle d’automne [fête des récoltes) qui commémore le voyage ancestral des Juifs dans les profondeurs du désert. Il s’agit d’un festival d’une semaine qui est célébré par la construction d’une structure extérieure temporaire connue sous le nom de soukka, dans laquelle tous peuvent partager la nourriture de leurs ancêtres et se mettre viscéralement en contact avec la saison des récoltes.

Cette demande a été formulée à un moment de tension extrême à la suite d’un autre incident survenu en Cisjordanie, au cours duquel des colons juifs, selon l’Associated Press, « se sont ruées dans une ville dangereuse » le 6 octobre et ont tué un jeune homme arabe de 19 ans. La mort du jeune homme, ajoute le rapport de l’AP, « a marqué le dernier épisode en date d’une recrudescence des combats israélo-palestiniens qui, jusqu’à présent, ont tué près de 200 Palestiniens cette année, soit le bilan annuel le plus élevé depuis une vingtaine d’années ».

Les autorités militaires israéliennes locales, avec l’approbation de Netanyahu, ont ordonné à deux des trois bataillons de l’armée, comptant chacun environ 800 soldats, qui protégeaient la frontière avec Gaza, de se concentrer sur la fête de Souccoth.

« Il ne restait donc plus que 800 soldats, m’a dit l‘insider,

« pour assurer la garde des 51 kilomètres de frontière entre la bande de Gaza et le sud d’Israël. Cela signifie que les citoyens israéliens du sud ont été laissés sans présence militaire israélienne pendant dix à douze heures. Ils ont été laissés à eux-mêmes. Et c’est pourquoi Bibi est fini. Cela prendra peut-être quelques mois, mais il est fini ».

L’insider a qualifié l’attaque dans le sud d’Israël de « grand échec militaire dans l’histoire d’Israël » et a souligné que « seuls des soldats ont été tués lors de la guerre de 73 » – l’attaque surprise du Yom Kippour au cours de laquelle Israël a été brièvement envahi par les troupes égyptiennes et syriennes.

« Samedi dernier, vingt-deux colonies du sud ont été contrôlées par le Hamas pendant des heures, et ils sont allés de maison en maison, massacrant femmes et enfants. »

Il y aura une réponse militaire, a déclaré l’insider, notant que 360 000 réservistes ont été appelés.

« La stratégie fait l’objet d’un grand débat. Les forces spéciales de l’armée de l’air et de la marine israéliennes sont prêtes à intervenir, mais Bibi et les dirigeants militaires ont toujours privilégié les services de haute technologie.

L’armée régulière a été utilisée principalement comme agents de sécurité en Cisjordanie… La réalité est que les forces terrestres ne sont pas entraînées au combat. Ne vous méprenez pas : on a confiance dans l’esprit des troupes, mais pas dans leur capacité à réussir dans la « situation spéciale » à laquelle les soldats seraient confrontés lors d’un assaut terrestre » dans les ruines de la ville de Gaza lourdement bombardée. »

Les réservistes suivent actuellement une formation accélérée et une décision pourrait être prise d’ici la fin de la semaine, a déclaré l‘insider. En attendant, les bombardements actuels de cibles civiles – immeubles d’habitation, hôpitaux et mosquées – n’incluent plus une protection symbolique des civils. Lors des attaques précédentes sur la ville de Gaza, l’armée de l’air israélienne larguait souvent une petite bombe sur le toit d’une installation civile à cibler – c’est ce qu’on appelait « un coup sur le toit » – qui devait théoriquement alerter les non-combattants pour qu’ils fuient le bâtiment. Ce n’est pas le cas dans les raids de bombardement actuels, qui ont lieu 24 heures sur 24.

En ce qui concerne une attaque terrestre, l’insider m’a dit qu’une alternative brutale était à l’étude, que l’on pourrait décrire comme l’approche de Leningrad, en référence au célèbre effort allemand pour affamer la ville aujourd’hui connue sous le nom de Saint-Pétersbourg pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le siège nazi a duré près de 900 jours et a fait au moins 800 000 morts, voire beaucoup plus. On sait que les dirigeants du Hamas et une grande partie de ses effectifs « vivent dans la clandestinité », et l’objectif d’Israël est de détruire le plus grand nombre possible de ces effectifs « sans tenter une attaque traditionnelle de maison en maison ».

L’insider a ajouté que certains Israéliens ont été « préoccupés » par les déclarations initiales des dirigeants mondiaux en Allemagne, en France et en Angleterre qui ont avoué, dans un cas par l’intermédiaire d’un assistant, leur soutien total à une réponse immédiate, mais ont ajouté qu’elle devrait être guidée par l’État de droit. Le président Biden a renforcé ce point lors d’une apparition imprévue à une conférence de la Maison Blanche réunissant des dirigeants juifs mercredi, en déclarant qu’il avait récemment dit à Netanyahu : « il est vraiment important qu’Israël, avec toute la colère et la frustration et juste – je ne sais pas comment l’expliquer – qui existe, fonctionne selon les règles de la guerre – les règles de la guerre. Et il y a des règles de la guerre ».

L’option actuellement envisagée, m’a dit l’initié israélien, est de poursuivre l’isolement de la ville de Gaza en termes d’alimentation électrique et de livraison de nourriture et d’autres biens vitaux.

« Le Hamas ne dispose plus que de deux ou trois jours d’eau purifiée et cela, ajouté au manque de nourriture, pourrait suffire à faire sortir tout le Hamas. À un moment donné, a-t-il ajouté, Israël pourrait être en mesure de négocier la libération de certains prisonniers – des femmes et des enfants – en échange de nourriture et d’eau. »

« Le grand débat d’aujourd’hui, a-t-il déclaré, est de savoir s’il faut affamer le Hamas ou tuer 100 000 personnes à Gaza,

« est de savoir s’il faut affamer le Hamas ou tuer jusqu’à 100 000 personnes à Gaza ». L’une des hypothèses israéliennes est que le Hamas, qui a reçu jusqu’à 1,6 milliard de dollars du Qatar depuis 2014, veut être perçu comme un État souverain qui prend soin de son peuple. Il poursuit : « Maintenant que le président Biden dit qu’ils sont un État terroriste, le Hamas peut avoir des raisons de vouloir être perçu comme moins hostile et il pourrait y avoir une chance pour une discussion calme et rationnelle sur les prisonniers – et une libération de certains de ses otages israéliens, en commençant par les femmes et les enfants. »

Les autres prisonniers seront traités comme des prisonniers de guerre, a-t-il ajouté, et leur libération pourrait être négociée, comme cela s’est déjà produit par le passé.

Mais plus nous voyons la brutalité du Hamas à la télévision et plus le Hamas est considéré comme un autre ISIS, plus le temps presse », a ajouté l’initié.

La réalité, a-t-il ajouté, est que le Hamas n’est pas rationnel et est incapable de négocier, et le Qatar n’interviendra pas. Et, à moins d’une intervention internationale ou d’une tierce partie, il pourrait y avoir une invasion terrestre générale avec des morts innombrables dans tous les camps et parmi tous les prisonniers.

La décision d’envahir en force appartient à Israël, et elle n’a pas encore été prise.

Seymour M. Hersh

 

Article original en anglais :

“Netanyahu is Finished”, “He is a Walking Dead Man”. Seymour Hersh

Traduction : Mondialisation.ca

 

 

L’invasion de Gaza n’est pas une réponse à l’attaque du Hamas, c’est un projet de longue date

AGER Source : RzO INTERNATIONAL
  1. Le 28/10/2023.

     

L’État israélien a soutenu le Hamas afin d’avoir un mouvement terroriste fort en Palestine pour diviser le peuple palestinien et justifier sa colonisation des terres palestiniennes, son contrôle et rallier les Israéliens par la peur.

Gaza : Vladimir Poutine échange avec les présidents Netanyahou, Mahmoud Abbas, Bachar al-Assad, Ebrahim Raïssi, et Abdel Fattah al-Sissi

par Le Média en 4-4-2 - Le 17/10/2023.

Selon le journal israélien Haaretz, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a récemment eu un échange avec le président russe, Vladimir Poutine, concernant la situation à Gaza. Ce dernier a assuré à Netanyahou que la Russie est prête à contribuer à mettre fin à la confrontation dans la région et à la résoudre pacifiquement. Cette discussion intervient alors que Poutine a également dialogué avec plusieurs autres dirigeants de la région ce lundi 16 octobre 2023, dont le président syrien Bachar al-Assad, le président iranien Ebrahim Raïssi, le président palestinien Mahmoud Abbas et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

L’escalade du conflit israélo-palestinien et la détérioration de la situation humanitaire à Gaza ont été au cœur des discussions. Le Kremlin a exprimé son inquiétude face à l’éventualité d’une escalade du conflit vers une guerre régionale et a souligné l’urgence d’une aide humanitaire pour soulager les civils touchés.

Poutine a condamné fermement la violence contre les civils et a proposé des mesures pour faciliter l’évacuation des citoyens étrangers de la région. Il a réitéré son soutien à une solution politique pour résoudre la question palestinienne, basée sur des principes internationaux, y compris la création d’un État palestinien indépendant coexistant pacifiquement avec Israël.

Ces développements mettent en évidence le rôle crucial de la Russie dans les négociations de paix au Moyen-Orient et soulignent la nécessité d’une médiation internationale efficace pour parvenir à une résolution durable du conflit. Le président russe, Vladimir Poutine, semble jouer un rôle déterminant dans la situation actuelle au Moyen-Orient. Sa capacité à dialoguer avec divers dirigeants de la région et à proposer des solutions concrètes contraste avec l’approche du président américain Joe Biden, dont les efforts pour résoudre le conflit semblent être entravés par des tensions diplomatiques et une certaine sénilité.

source : Le média en 4-4-2

 

Conflit en Palestine : Seule une solution à deux États selon la Chine

par Mikhail Gamandiy-Egorov - Le 17/10/2023.

Dans les événements en cours en Palestine, la Chine s’active sur le front diplomatique et se tient aux côtés de la paix, de la justice et de la conscience humaine sur la question palestinienne. Les experts chinois considèrent quant à eux que Washington avait la capacité de servir en médiateur pacifique sur ledit dossier, mais ne possède aucune motivation à le faire.

L’envoyé spécial de la Chine pour les questions du Moyen-Orient se rendra prochainement dans les pays concernés de la région, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi. Le tout au moment où le conflit en cours en terre palestinienne ne montre aucun signe d’apaisement.

Wang Yi a par ailleurs déclaré que la République populaire de Chine fournira une aide humanitaire d’urgence à la bande de Gaza et à l’Autorité nationale palestinienne par le biais de canaux onusiens. Le haut représentant chinois a également ajouté que la cause profonde du conflit réside dans l’injustice historique subie par le peuple palestinien et qui n’a pas été réparée jusqu’à ce jour. La Chine estime que ce n’est que lorsque la solution à deux États sera pleinement réalisée qu’il y aura une véritable paix dans la région.

Au cours des derniers jours justement – l’envoyé spécial de la Chine pour les questions du Moyen-Orient, Zhai Jun, a eu une série d’entretiens téléphoniques avec les ministres des Affaires étrangères de Palestine, d’Israël, d’Égypte, d’Arabie saoudite et d’autres pays du Moyen-Orient dans l’objectif de discuter de la situation actuelle, en soulignant que la solution fondamentale au conflit israélo-palestinien selon l’État chinois réside précisément dans la mise en œuvre de la solution à deux États.

De son côté, le représentant permanent de la RPC auprès de l’ONU, Zhang Jun, avait aussi exposé vendredi la position de son pays dans le conflit en cours entre la Palestine et Israël lors d’une session d’urgence au Conseil de sécurité onusien. Il a appelé en ce sens à tout mettre en œuvre pour promouvoir un cessez-le-feu immédiat et empêcher un conflit encore plus grave avec comme conséquence une catastrophe humanitaire d’une plus grande envergure que ce n’est le cas déjà actuellement.

Les experts chinois quant à eux estiment que les États-Unis ont la capacité de servir de médiateur et d’empêcher une nouvelle escalade dans la région, mais manquent de motivation et de volonté pour le faire. Pour Zhu Yongbiao, directeur du Centre d’études sur l’Afghanistan à l’Université de Lanzhou, la paix ou le conflit au Moyen-Orient n’affecte pas vraiment les États-Unis parce que l’importance stratégique de la région a diminué ces dernières années pour Washington en ce qui concerne sa dépendance pour les ressources pétrolières et gazières du Moyen-Orient. Mais que par contre ce qui importe vraiment les USA – c’est de savoir si Israël perdra son influence sur le monde arabe – ce qui pourrait affecter indirectement le contrôle washingtonien sur l’ensemble de la région.

Toujours selon cet expert, si Israël persiste à lancer une attaque terrestre à grande échelle sur Gaza ou même à tenter d’exercer un contrôle militaire sur la région, le conflit pourrait se prolonger et s’intensifier. Et alors que les États-Unis et le Royaume-Uni alimentent le feu – l’exacerbation des tensions pourrait forcer certains pays islamiques à réagir, rendant la situation encore plus complexe et difficile à contrôler.

L’analyse donnée par Zhu Yongbiao est intéressante dans le sens qu’elle met en lumière la contradiction à laquelle fait aujourd’hui face le duo Washington-Tel-Aviv. À savoir soit agir de la manière la plus brutale qui soit vis-à-vis des civils palestiniens et se retrouver face aux conséquences de tels actes au niveau régional et international. Et dans le cas plus particulièrement israélien risquer à terme sa survie pure et simple en qualité d’État, comme Observateur Continental l’avait noté dans le passé. Surtout à l’heure où il est devenu évident que Tel-Aviv n’a aucune possibilité opérationnelle de faire disparaitre une puissance comme l’Iran de la scène régionale et internationale.

Quant à Washington – si bien que ce régime vit largement de chaos à l’échelle planétaire – voir fortement s’affaiblir sa base principale en matière de politique globale en la qualité d’Israël – sera une énorme défaite. Et pas seulement dans le cadre de sa politique au Moyen-Orient, mais bel et bien dans un cadre beaucoup plus général à l’échelle planétaire. Le tout au moment où il est devenu évident qu’un quelconque retour à l’ère de l’injustice unipolaire est tout simplement impossible. Une réalité souvent rappelée par les leaderships russe et chinois.

Une chose est sûre. La vision commune de Moscou et Pékin et d’un certain nombre d’autres États, aussi bien appartenant à la région du Moyen-Orient et bien au-delà, apparait comme la seule solution pour un règlement durable d’une crise qui subsiste depuis maintenant plusieurs dizaines d’années. Et cette solution passe incontestablement par la création en bonne et due forme de l’État palestinien, pleinement indépendant et souverain.

Mikhail Gamandiy-Egorov

source : Observateur Continental

Seymour Hersh révèle le diabolique plan israélien pour éradiquer le Hamas, raser Gaza et nettoyer sa population

par Seymour Hersh - Le 17/10/2023.

Une semaine s’est écoulée depuis les terribles attaques du Hamas contre Israël, et les forces armées israéliennes ont donné une image claire et sans concession de ce qui les attend.

Au cours de la semaine écoulée, des jets israéliens ont bombardé 24 heures sur 24 des cibles non militaires dans la ville de Gaza. Des immeubles d’habitation, des hôpitaux et des mosquées ont été détruits, sans avertissement préalable ni effort pour minimiser les pertes civiles. 

À la fin de la semaine, les avions israéliens ont également largué des tracts indiquant aux habitants de la ville de Gaza et des zones environnantes au nord que ceux qui souhaitaient survivre feraient mieux de commencer à se diriger vers le sud – en marchant si nécessaire – sur une distance de 25 miles ou plus, jusqu’au poste frontière de Rafah menant à l’Égypte. À l’heure où j’écris ces lignes, il n’est pas certain que l’Égypte, en proie à des difficultés financières, autorise le passage d’un million d’immigrants, dont beaucoup sont acquis à la cause du Hamas. À court terme, un initié israélien m’a dit qu’Israël essayait de convaincre le Qatar, qui, à l’instigation de Benjamin Netanyahou, était un soutien financier de longue date du Hamas, de s’associer à l’Égypte pour financer un village de tentes pour le million ou plus de réfugiés qui attendent de passer la frontière. «Ce n’est pas une affaire réglée», m’a dit l’initié israélien. Les responsables israéliens ont averti l’Égypte et le Qatar que sans site d’atterrissage, les réfugiés devront «retourner à Gaza».

L’un des sites possibles, selon l’initié, est une parcelle de terre abandonnée depuis longtemps dans la partie nord de la péninsule du Sinaï, près du passage frontalier de Gaza, qui était le site d’une colonie israélienne connue sous le nom de Yamit lorsque la péninsule a été saisie par Israël après sa victoire lors de la guerre des Six Jours de 1967. La colonie a été évacuée et rasée par Israël avant que le Sinaï ne soit restitué à l’Égypte en 1982. Israël espère que le Qatar et l’Égypte se chargeront de la crise des réfugiés.

Le mépris manifeste d’Israël pour le bien-être des habitants de Gaza, au milieu de la migration forcée de plus d’un million d’êtres humains affamés, a attiré l’attention du monde entier et entraîné une condamnation internationale croissante, dont une grande partie vise Benjamin Netanyahou.

La prochaine étape doit donc intervenir rapidement. Voici ce que l’on m’a dit, au cours des conversations que j’ai eues ces derniers jours avec des responsables d’Israël et d’ailleurs, y compris des responsables avec lesquels j’ai traité en Europe et au Moyen-Orient depuis la guerre du Viêt Nam, au sujet du plan israélien d’élimination du Hamas.

Le principal problème pour les planificateurs de guerre israéliens est la réticence, malgré la mobilisation de plus de 360 000 réservistes, à s’engager dans une bataille de rue porte-à-porte avec le Hamas dans la ville de Gaza. Un vétéran des FDI, qui a servi à un poste élevé, m’a dit que la moitié de l’armée israélienne était engagée depuis plus de dix ans dans la protection du nombre croissant de petites colonies disséminées en Cisjordanie, où elles sont amèrement ressenties par la population palestinienne. «Les planificateurs israéliens ne font pas confiance à leur infanterie», a déclaré l’initié, ni à leur volonté d’aller à la guerre, mais à ce qui pourrait être un manque désastreux d’expérience du combat.

La population civile affamée étant contrainte de partir, le plan opérationnel israélien prévoit que l’armée de l’air détruise les structures restantes dans la ville de Gaza et ailleurs dans le nord. La ville de Gaza n’existera plus. Israël commencera ensuite à larguer des bombes de 5000 livres de fabrication américaine, appelées «bunker busters» ou JDAM, dans les zones rasées où les combattants du Hamas sont connus pour vivre et fabriquer leurs missiles et autres armes sous terre. Une version améliorée de l’arme, connue sous le nom de GBU-43/B, décrite par les médias comme «la mère de toutes les bombes», a été larguée par les États-Unis sur un centre de commandement présumé d’ISIS en Afghanistan en avril 2017.  Une première version de l’arme a été vendue à Israël en 2005, prétendument pour être utilisée contre les installations nucléaires présumées de l’Iran, et la version améliorée et guidée par laser a été autorisée à la vente à Israël par l’administration Obama il y a dix ans. Déjà à l’époque, m’a dit l’initié israélien, Netanyahou et ses conseillers avaient compris que le Hamas était dangereux, comme «un tigre en cage». «Il vous mangera en une minute».

Les planificateurs de guerre israéliens actuels sont convaincus, m’a dit l’initié, que la version améliorée des JDAM avec des ogives plus grandes pénétrerait suffisamment profondément sous terre avant d’exploser – trente à cinquante mètres – avec l’explosion et l’onde sonore qui en résulterait «tuant tout le monde dans un rayon d’un demi-mille».

Le nouveau plan israélien de sortie forcée signifie «qu’au moins les gens ne seraient pas tous tués». Le concept, ajoute-t-il, remonte aux premières années de la guerre du Viêt Nam en Amérique, lorsque l’administration de John F. Kennedy a autorisé le plan stratégique du hameau, qui prévoyait la réinstallation forcée de civils vietnamiens dans des zones contestées vers des logements construits à la hâte dans des zones supposées être contrôlées par les Sud-Vietnamiens. Leurs terres désertées ont ensuite été déclarées zones de feu libre, où tous ceux qui restaient pouvaient être pris pour cible par les troupes américaines.

La destruction systématique des bâtiments restants dans la ville de Gaza commencera dans les jours qui viennent, a déclaré l’initié israélien. Les JDAM, qui détruisent les bunkers, pourraient venir ensuite. Ensuite, selon le scénario des planificateurs, l’infanterie israélienne sera affectée aux opérations de nettoyage : rechercher et tuer les combattants et les travailleurs du Hamas qui ont réussi à survivre aux attaques des JDAM.

À la question de savoir pourquoi les planificateurs israéliens pensaient que le gouvernement égyptien accepterait, même sous la pression de l’administration Biden, d’accueillir plus d’un million de réfugiés de Gaza, l’initié a répondu : «Nous tenons l’Égypte par le bout du nez : Nous tenons l’Égypte par les couilles». Il faisait référence aux récentes inculpations de Robert Menendez, du New Jersey, et de son épouse pour corruption fédérale, en raison de ses relations d’affaires avec de hauts fonctionnaires égyptiens et de la transmission présumée de renseignements sur des personnes travaillant à l’ambassade des États-Unis au Caire. Abdel Fattah al-Sissi est un général à la retraite qui a dirigé les services de renseignements militaires égyptiens de 2010 à 2012.

Tout le monde ne partage pas l’idée que tout se passera bien après les attaques au JDAM, si elles ont lieu. Un ancien responsable des services de renseignement européens qui a servi pendant des années au Moyen-Orient m’a dit : «Les Égyptiens ne veulent pas que le Hamas entre en Égypte, et ils feront le minimum».

Lorsqu’il a été informé du projet israélien d’utiliser le JDAMS, il a déclaré qu’«une ville en ruines est aussi dangereuse qu’à n’importe quel moment». Parler des JDAMS, c’est parler de gens qui ne savent pas quoi faire.

Le Hamas dit : «C’est parti ! Ils n’attendent que cela». L’utilisation des JDAMS «est le fait d’une direction qui a été déstabilisée. Il s’agissait d’une opération soigneusement planifiée et le Hamas savait exactement quelle serait la réaction israélienne. La guerre urbaine est terrible».

Le fonctionnaire a prédit que les bombes à fragmentation israéliennes ne pénétreraient pas assez profondément : le Hamas, a-t-il dit, opérait dans des tunnels construits à 60 mètres sous terre qui seraient capables de résister aux attaques des JDAM.

L’initié israélien a reconnu que les roches et les rochers souterrains limiteraient la capacité des roquettes à pénétrer profondément, mais la surface souterraine de la ville de Gaza est sablonneuse et offrirait peu de résistance, surtout si les JDAM étaient lancés depuis le point le plus élevé possible.

L’initié a également déclaré que la planification actuelle prévoit que l’attaque des JDAMs, si elle est autorisée, aura lieu dès dimanche ou lundi, en fonction de l’efficacité de l’expulsion forcée de la ville de Gaza et du sud, et qu’une invasion terrestre suivra immédiatement.

source : Seymour Hersh via Sam La Touch

L’invasion terrestre de Gaza : Un désastre annoncé

par Gideon Levy - Le 17/10/2023.

Israël est sur le point de lancer une invasion terrestre catastrophique de la bande de Gaza – ou l’aura déjà lancée au moment où cette chronique paraîtra. L’invasion risque de se terminer par un fiasco comme Israël et Gaza n’en ont jamais connu. Les images en provenance de Gaza ces derniers jours pourraient ressembler à une pub. Nous pourrions assister à un massacre de masse.

Un grand nombre de soldats israéliens seraient tués inutilement. Les habitants de Gaza seraient confrontés à une seconde Nakba, dont les premiers signes sont déjà visibles sur le terrain. Personne ne sortirait grandi de ces horreurs.

D’heure en heure, les images de Gaza deviennent de plus en plus terrifiantes. Les médias israéliens, enrôlés dans le combat, trahissent leur rôle et empêchent leur public de voir les scènes. Ils se contentent des discours ennuyeux des généraux.

Mais le fait qu’Israël ne montre pas ce qui se passe à Gaza ne signifie pas que la catastrophe ne s’y déroule pas. Samedi, plus d’un million de personnes, dont la moitié sont des enfants, fuyaient pour sauver leur vie ou restaient dans leurs maisons détruites dans un acte suicidaire.

Les personnes âgées, les femmes, les enfants, les handicapés, les malades ont fui vers le sud, à pied, sur le capot des voitures, à dos d’âne ou sur des motos, avec seulement quelques maigres biens. Les gens se dirigent vers leur destruction, et ils le savent.

Dans l’immense cortège qui se dirige vers le sud, personne ne croit qu’il aura une maison où retourner. Il n’y a personne qui ne se rappelle pas les scènes de la Nakba que la génération précédente de leurs familles a vécues il y a 75 ans. Samedi, Gaza ressemblait au Nagorno-Karabakh.

Où iront les Palestiniens de Gaza ? Où se cacheront-ils ? Où trouveront-ils refuge ? Dans la mer, peut-être. Il n’y a ni électricité, ni eau, ni médicaments, ni Internet.

Cette expulsion est une punition collective de masse qui laisse présager ce qui va suivre. Israël affirme que le nord de la bande de Gaza doit être débarrassé du Hamas et qu’il se dirigera ensuite vers le sud. Deux millions de personnes, ou celles qui sont encore en vie, recevront alors l’ordre de fuir vers le nord pour nettoyer le sud.

La mission sera accomplie. Les forces de défense israéliennes prendront note des nombreux décès qu’elles auront causés et affirmeront que la plupart d’entre eux provenaient du Hamas. Chaque adolescent sera qualifié de membre du Hamas. Plus de 600 enfants palestiniens ont déjà été tués jusqu’à samedi après-midi, avant toute invasion terrestre. Ils n’appartenaient pas au Hamas.

Israël sera victorieux. Gaza sera rasée. Le réseau de tunnels souterrains du Hamas sera détruit. Les animaux humains seront assassinés. La puanteur de la mort qui s’élèvera de la bande de Gaza se mêlera aux scènes de ceux qui meurent de faim et de ceux qui sont au bord de la mort dans les hôpitaux débordés.

Et le monde continuera à soutenir Israël. Israël a été attaqué de façon barbare et n’avait pas d’autre choix. Les otages israéliens risquent de payer le prix de leur vie.

Et le matin se lèvera sur une Gaza en ruines. Et après ? Qui prendra les rênes du gouvernement ? Les représentants de l’Agence juive ? Les collaborateurs de Gaza ? Et qu’en retirera Israël ? Sans parler d’une guerre sur plusieurs fronts qui pourrait également éclater et changer complètement la donne.

Israël se lance dans une opération militaire dangereuse et sans perspective de gain. Il peut demander à son allié à Washington ce qu’ont donné les guerres insensées menées par l’USAmérique pour changer de régimes à travers le monde. Combien de personnes ont été tuées inutilement et qui a pris le pouvoir par l’épée usaméricaine. Mais nous n’avons pas besoin de l’USAmérique ni même de penser à la catastrophe des Palestiniens pour comprendre que nous sommes au seuil d’un désastre historique pour Israël également.

Si cette mission est effectivement menée à bien et qu’Israël met sens dessus-dessous la bande de Gaza sur ses dirigeants et ses habitants, elle sera gravée pendant des générations dans la conscience du monde arabe, du monde musulman et du tiers-monde. Une deuxième Nakba empêcherait des centaines de millions de personnes dans le monde d’accepter Israël. Certains régimes arabes pourraient, dans un premier temps, faire preuve de retenue, mais l’opinion publique de leur pays ne permettrait pas que cette retenue se poursuive.

Le prix à payer le serait par Israël, et il sera plus élevé qu’il ne le pense actuellement. Israël est sur le point de s’engager dans une guerre catastrophique – ou l’a peut-être déjà fait.

source : Haaretz via Tlaxcala

Mener vers la solution finale

par Pepe Escobar - Le 16/10/2023.

La guerre contre la Russie en Ukraine et la «guerre contre le terrorisme» menée par Israël à Gaza ne sont que des fronts parallèles d’une seule et même guerre mondiale à l’évolution effroyable.

«Vous avez volé les vergers de mes ancêtres
Et la terre que je cultivais
Et vous n’avez rien laissé pour nous
Sauf ces pierres…
Si j’ai faim
La chair de l’usurpateur sera ma nourriture
»

– Mahmoud Darwish, poète national palestinien

Il est désormais confirmé que les services de renseignements égyptiens ont averti leurs homologues israéliens trois jours seulement avant le Déluge d’Al-Aqsa que quelque chose de «gros» se préparait du côté du Hamas. Tel-Aviv, son appareil de sécurité de plusieurs milliards de dollars et les FDI, «l’armée la plus puissante du monde», ont choisi de l’ignorer.

Deux vecteurs clés ont ainsi été mis en place.

1. Tel-Aviv obtient son prétexte de «Pearl Harbor» pour mettre en œuvre une «guerre contre le terrorisme» remixée, ainsi qu’une sorte de solution finale au «problème de Gaza» (déjà en vigueur).

2. L’Hégémon change brusquement la narration pour s’éloigner de l’humiliation conjointe, inévitable et cosmique de la Maison-Blanche et de l’OTAN dans les steppes de Novorossiya – une défaite stratégique qui configure l’humiliation précédente en Afghanistan comme un bal masqué à Disneyland.

Le blocus total des «animaux humains» (copyright ministère de la Défense israélien) de Gaza, en fait une population civile de 2,3 millions d’habitants, a été imposé lundi dernier. Pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant, pas de produits de base.

Il s’agit d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanité, qui bouscule les quatre principes fondamentaux du droit des conflits armés (DCA) – le tout dûment applaudi ou, au mieux, complètement ignoré par l’OTAN et les médias dominants contrôlés par les oligarques qui l’accompagnent.

Chrétiens, musulmans, juifs et autres groupes ethniques ont vécu pacifiquement en Palestine pendant des siècles jusqu’à l’imposition du projet raciste sioniste, avec tous les attributs du colonialisme de peuplement, «diviser pour régner».

La Nakba est un vieux souvenir datant d’il y a 75 ans. Nous sommes aujourd’hui bien au-delà de l’apartheid – et nous entrons dans l’exclusion totale et l’expulsion des Palestiniens de leur patrie.

En janvier 2023, le Premier ministre israélien Netanyahou a lui-même souligné que «le peuple juif a un droit exclusif et incontestable sur toutes les régions de la Terre d’Israël».

Aujourd’hui, les forces de défense israéliennes ont envoyé à l’ONU l’ordre d’évacuer complètement tous les habitants du nord de la bande de Gaza, soit 1,1 million de personnes, vers le sud de la bande de Gaza, à proximité de Rafah, le seul point de passage frontalier avec l’Égypte.

Cette déportation massive et forcée de civils serait le prélude à la destruction de tout le nord de Gaza, couplée à l’expulsion et à la confiscation des terres palestiniennes ancestrales – se rapprochant ainsi d’une solution finale sioniste.

Bienvenue à Sociopaths United

Netanyahou, un sociopathe qui a fait ses preuves, ne peut s’en sortir avec des crimes de guerre en série que grâce au soutien total de la Maison-Blanche, du combo «Biden» et du département d’État – sans parler des vassaux inconséquents de l’UE.

Nous venons d’assister à la visite en Israël d’un secrétaire d’État américain – un fonctionnaire au QI faible, dépassé par toutes les questions – qui soutient les châtiments collectifs «en tant que juif également».

Il a déclaré que son grand-père avait «fui les pogroms en Russie» (c’était en 1904). Ensuite, il y a eu le lien direct – nazi – avec «mon beau-père a survécu à Auschwitz, Dachau et Majdanek». Impressionnant, cela fait trois camps de concentration d’affilée. Le secrétaire n’a manifestement pas conscience du fait que l’URSS a libéré ces trois camps.

C’est alors qu’est apparu le lien Russie-Nazis-Hamas. Au moins, tout est clair.

Sur le plan interne, Netanyahou ne peut rester Premier ministre que grâce à ses deux partenaires de coalition ultra-sionistes, racistes et suprémacistes. Il a nommé Itamar Ben-Gvir ministre de la Sécurité nationale et Bezalel Smotrich ministre des Finances, tous deux chargés de facto de la prolifération des colonies à l’échelle industrielle dans toute la Cisjordanie.

Smotrich a déclaré publiquement que «les Palestiniens n’existent pas parce que le peuple palestinien n’existe pas».

Ben-Gvir et Smotrich, en un temps record, sont en passe de doubler la population de colons dans les cantons de Cisjordanie, la faisant passer de 500 000 à un million. Les Palestiniens – qui sont de facto des non-citoyens – sont au nombre de 3,7 millions. Les colonies illégales – qui n’ont pas été officiellement approuvées par Tel-Aviv – font leur apparition un peu partout.

À Gaza, où la pauvreté atteint 60% et où le chômage des jeunes est massif, les agences des Nations unies mettent désespérément en garde contre une catastrophe humanitaire imminente.

Plus d’un million de personnes à Gaza, principalement des femmes et des enfants, dépendent de l’aide alimentaire de l’ONU. Des dizaines de milliers d’enfants fréquentent les écoles de l’UNRWA (l’agence pour les réfugiés palestiniens).

Tel-Aviv est maintenant en train de les tuer – en douceur. Au moins 11 employés de l’UNRWA ont été tués la semaine dernière (dont des enseignants, un médecin et un ingénieur), au moins 30 enfants, ainsi que 5 membres de la Croix-Rouge internationale et du Croissant-Rouge.

Pour couronner le tout, il y a l’angle du Pipelineistan, c’est-à-dire le vol du gaz de Gaza.

Au moins 60% des vastes réserves de gaz découvertes en 2000 le long de la côte entre Gaza et Israël appartiennent légalement à la Palestine.

L’une des principales conséquences de la solution finale appliquée à Gaza est que la souveraineté sur les gisements de gaz a été transférée à Israël, ce qui constitue une nouvelle violation massive du droit international.

La majorité mondiale est la Palestine

Face à l’horrible perspective de voir Israël dépeupler toute la moitié nord de Gaza, en direct à la télévision et sous les acclamations de hordes de zombies de l’OTAN, il n’est pas exagéré d’envisager la possibilité que la Turquie, l’Égypte, la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Liban, le Yémen et les monarchies du Golfe s’unissent, à différents niveaux, pour exercer une pression écrasante contre la mise en œuvre de la solution finale sioniste.

La quasi-totalité du Sud et de la majorité mondiale est aux côtés de la Palestine.

La Turquie n’est pas une nation arabe et a été trop proche idéologiquement du Hamas dans un passé récent. En supposant que le gang actuel de Netanyahou s’engage dans la diplomatie, la meilleure équipe de médiation possible serait formée par l’Arabie saoudite, le Qatar et la diplomatie égyptienne.

L’Inde vient de se poignarder elle-même dans la tête en tant que leader de la majorité mondiale : Ses dirigeants semblent avoir la dent dure face à Israël.

Il y a ensuite les grands souverains : Le partenariat stratégique Russie-Chine.

La Russie et l’Iran sont eux-mêmes liés par un partenariat stratégique, notamment à tous les niveaux militaires de pointe. Le rapprochement irano-saoudien médiatisé et conclu par la Chine a conduit, cette semaine, Mohammed ben Salmane et Ebrahim Raïssi à se téléphoner, pour la toute première fois, pour coordonner leur soutien inébranlable aux droits légitimes du peuple palestinien. Le président syrien Bachar al-Assad vient de se rendre en Chine, où il a été reçu avec tous les honneurs.

La sophistication diplomatique caractéristique de la Chine – qui va bien au-delà du Déluge d’Al-Aqsa – revient à soutenir les droits légitimes des Palestiniens. L’ensemble du monde arabe et des terres d’Islam le ressentent clairement – alors qu’Israël et l’OTAN sont imperméables à toute nuance.

Avec la Russie, nous entrons en territoire heavy metal. En début de semaine, l’ambassadeur d’Israël en Russie, Alexander Ben Zvi, a finalement été reçu, après plusieurs tentatives, par le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov. C’est Israël qui a pratiquement supplié qu’on le rencontre.

Bogdanov est allé droit au but, sans détour : Ben Zvi a été prévenu que le plan des FDI visant à détruire littéralement Gaza, à expulser la population indigène et à pratiquer le nettoyage ethnique de ces «animaux humains» était «lourd des conséquences les plus dévastatrices pour la situation humanitaire dans la région».

Voilà qui avance un scénario tout à fait possible – dont les conséquences peuvent être tout aussi dévastatrices : Moscou, en collaboration avec Ankara, lance une opération de démantèlement du blocus contre Israël.

Ce n’est un secret pour personne – hormis le modus operandi – que Poutine et Erdogan ont discuté d’un éventuel convoi naval humanitaire turc vers Gaza, qui serait protégé d’une attaque israélienne par la marine russe depuis sa base de Tartous en Syrie et par l’armée de l’air russe depuis Hmeimim. Les enjeux atteindraient alors des niveaux imprévus.

Ce qui est déjà clair, c’est que la guerre par procuration de l’Hégémon contre la Russie en Ukraine et la «guerre contre le terrorisme» remixée par Israël à Gaza ne sont que des fronts parallèles d’une seule et même guerre mondiale à l’évolution effroyable.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Une guerre de diversion pour conjurer la scission, la sécession et la dislocation de l’État israélien sioniste

par Khider Mesloub - Le 14/10/2023.

Au risque de surprendre certains lecteurs, de refroidir leurs exaltations chauvinistes et leurs émois d’autocélébration des exploits du Hamas, l’offensive menée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël n’est pas une attaque surprise, mais une opération orchestrée ou, à tout le moins camouflée, par les stratèges de Tel-Aviv, les faucons de l’État sioniste raciste.

D’entrée de jeu, pour parer à toute accusation de conspirationnisme, je précise qu’il s’agit là d’une hypothèse fondée sur l’observation des événements récents. Donc on ne peut parler de théorie du complot.

J’explicite mon analyse. Qu’il soit clair, il s’agit d’une hypothèse et non d’une démonstration de vérité à laquelle le lecteur devrait adhérer. L’objectif de ma contribution est de susciter un débat.

Fondamentalement, dans ce conflit armée entre le Hamas et l’État d’Israël, il n’y aucun intérêt prolétarien. Il s’agit d’une guerre nationaliste bourgeoise et impérialiste. Il n’y a pour nous prolétaires révolutionnaires aucun camp à défendre sinon celui du peuple palestinien. Le Hamas ne représente pas les travailleurs Palestiniens. C’est une organisation islamiste réactionnaire, ennemi du prolétariat et, à plus forte raison, du communisme et du marxisme.

Comme l’écrivent les camarades de Matière et Révolution : «Le peuple palestinien a un ennemi qui est l’État d’Israël mais aussi des ennemis qui sont arabes et même palestiniens. Sa révolte n’est pas représentée au travers des organisations palestiniennes. Le Hamas vient de mener une guerre contre Israël et pas de mener le peuple palestinien dans sa lutte. Il convient de rappeler que, dans le passé, le peuple palestinien a mené une action révolutionnaire, socialement et politiquement, dans toute la région en Palestine et autour, alors que le Hamas, c’est l’extrême droite fasciste, c’est la contre-révolution sociale et politique».

Comme je l’ai souligné dans mes deux articles intitulé «Les juifs sionistes d’Israël sont en train de se suicider nationalement», et «L’exode des juifs israéliens s’explique par des raisons économiques plutôt qu’idéologiques «démocratiques»», publiés cet été, Israël est depuis presque un an au bord de l’implosion. Donc de la dislocation.

Comment ressouder la cohésion nationale des habitants sionistes d’Israël, reconstituer l’unité de ce peuple patchwork en pleine division et sédition, animé par des velléités de désertion de l’armée et d’insubordination militaire, tenté massivement par l’expatriation, endiguer la fronde chronique quasi insurrectionnelle et enrayer l’exode massif, sinon par l’ouverture d’un front de guerre, pour recréer une nouvelle union nationale ?

Pour rappel, depuis des mois chaque week-end des centaines de milliers d’israéliens manifestent contre le projet de réforme judiciaire ubuesque. Parmi eux, des milliers de réservistes de l’armée qui menacent de cesser de servir. Une périlleuse fronde pour l’État sioniste, dans un pays colonialiste où la sécurité est une priorité absolue pour les colons. Or, les réservistes constituent la pièce maîtresse de l’armée sioniste. «Il y a là la crainte d’une contagion, d’une forme d’insubordination silencieuse, et d’une baisse de motivation des troupes. Et ces phénomènes pourraient conduire à un affaiblissement des capacités opérationnelles d’occupation et de répression de Tsahal», notait un politologue israélien terrorisé.

Ne pas perdre de vue que ces derniers mois, comme le souligne Matière et Révolution : «De plus en plus de voix s’élevaient en Israël pour associer le combat pour la démocratie en Israël même avec le combat contre l’apartheid qu’Israël fait régner en Palestine, trouvant également un écho positif chez les palestiniens eux-mêmes et faisant naître un espoir commun aux deux peuples».

Qui peut prêter main forte à cette entreprise de raccommodement national sioniste, sinon le mouvement islamiste arabe, le Hamas, par ses aventureuses opérations militaires asymétriques ?

Le Hamas, créé avec l’aval d’Israël, a toujours servi d’alibi à l’entité sioniste pour justifier la violence des offensives armées israéliennes et consolider l’union sacrée, cimenter le sionisme. Le Hamas, par sa politique de confessionnalisation du conflit colonial palestinien, et par ses opérations militaires asymétriques suicidaires menées aveuglément contre l’une des plus grandes armées du monde, est le meilleur allié de l’entité sioniste.

Historiquement, selon plusieurs rapports des renseignements, sans le patronage d’Israël, le Hamas n’aurait jamais pu s’implanter dans les territoires palestiniens. Son ascension fulgurante (ou défigurante de la cause palestinienne ?), il la doit aux faucons israéliens, qui ont trouvé dans le mouvement islamiste palestinien leur meilleur allié pour neutraliser l’OLP et le FPLP, et pour torpiller la lutte anticolonialiste… l’évacuant vers un cul de sac désespérant. La cause palestinienne est une lutte anticolonialiste transformée en conflit confessionnel entre musulmans et juifs par la volonté religieuse du Hamas, mouvement islamiste bourgeois et réactionnaire.

Ainsi que l’écrit Matière et Révolution : «En creusant le fossé entre les deux peuples, sans qui le Hamas n’existerait plus, le Hamas cherche ainsi à protéger sa petite dictature, sa politique réactionnaire religieuse, et son emprise sur les palestiniens de Gaza dont la jeunesse avait déjà montré l’an passé qu’elle ne le supportait plus. Le Hamas se comporte ainsi en Kapo des camps de réfugiés créés et maintenus par Israël».

De même, comment expliquer que le Hamas, depuis sa création, à Gaza, un territoire enclavé par l’armée israélienne, soumis à un terrible blocus, puisse détenir un impressionnant arsenal d’armement, notamment des milliers de roquettes capables d’atteindre une longue distance, des missiles antichars, anti-aériens, des fusils mitrailleurs, sans subir la moindre rétorsion ? Un armement qui demeure néanmoins rudimentaire comparé à la force de frappe inégalée israélienne. Pour l’occupant colonialiste israélien, le Hamas doit demeurer une simple organisation de nuisance mineure et contingente, un épouvantail pour l’État sioniste. À l’instar des organisations terroristes islamistes (djihadistes) instrumentalisées par les puissances impérialistes occidentales à de multiples fins ; sécuritaires, nationalistes chauvines, de dévoiement de la colère sociale, de dislocation de la cohésion sociale arabe, de destruction de l’union de classe…

Pareillement, comment peut-on croire que les services de sécurité israéliens qui surveillent quasiment tous les dirigeants, hommes politiques et chefs d’entreprises, journalistes et intellectuels de tous les pays, via leurs multiples logiciels espions et agents secrets introduits dans toutes hautes sphères étatiques et économiques, n’ont pas détecté les préparatifs de l’attaque du Hamas, une organisation placée sous haute surveillance par tous les agents de renseignements du monde occidental ?

Comment le pays le plus sécurisé et le plus militarisé du monde a-t-il pu se laisser déborder au point d’être envahi par plusieurs combattants du Hamas ? Selon moi, il ne fait aucun doute que les sionistes ont laissé pénétrer délibérément quelques combattants islamistes pour leur permettre de perpétrer leurs attaques et prendre quelques israéliens en otage, afin de créer une onde de choc parmi la population. Un climat de sidération et de psychose. Tout cela en vue tout à la fois d’étouffer en Israël la révolte sociale séditieuse menée contre le pouvoir sioniste et pour réactiver l’union sacrée colonialiste et fasciste.

Si, comme je le postule, cette opération armée du Hamas a été orchestrée (ou tolérée, ou dissimulée) par les services de sécurité israéliens, au prix du sacrifice de plusieurs centaines de citoyens juifs, pour conjurer le péril de la dislocation d’Israël, cela ne serait pas la première fois dans l’histoire du sionisme criminel.

Au lendemain de la création de l’entité sioniste, pour attirer les juifs du monde entier en Israël, autrement dit favoriser l’émigration, le Mossad a employé tous les moyens. Y compris terroristes. C’est par ces méthodes terroristes que le Mossad a joué un rôle dans l’émigration des juifs vers Israël, notamment des juifs d’Irak vers Israël.

En effet, les services de renseignements extérieurs israéliens ont orchestré plusieurs attentats à Bagdad au début des années 1950 aux fins d’acculer les juifs d’Irak à émigrer vers Israël. En 1950-1951, la communauté juive irakienne est ciblée par de multiples attentats commis par le Mossad, faisant plusieurs morts. Résultat : sur les 135 000 juifs d’Irak, 115 000 personnes émigrent vers Israël. Ces juifs irakiens ou, plutôt, Irakiens de confession juive, étaient établis en Irak depuis plus de 2500 ans. Ils se sentaient irakiens. Ils n’avaient jamais songé à émigrer, encore moins dans un pays artificiellement créé sur la base de la religion. Ils n’avaient (probablement) également jamais été partisans du sionisme, doctrine raciste d’émanation européenne. Les sionistes, par des moyens terroristes, ont transformé ces irakiens en juifs sionistes, par leur émigration forcée en terre de Palestine occupée.

Comme, aujourd’hui, les centaines de milliers d’israéliens qui s’apprêtaient à quitter définitivement le pays, pour signifier probablement leur rupture avec le sionisme, par la providentielle guerre asymétrique ouverte (offerte) par le Hamas, renonceront à partir afin de défendre «la nation fasciste en danger».

Comment le pays le plus sécurisé et militarisé a pu subir une telle intervention armée jusque dans son territoire, non pas par une coalition des armées des pays arabes, mais par le groupe Hamas, un mouvement de résistance islamique ?

Pour information, Israël a construit une énorme clôture le long de la frontière de Gaza afin d’empêcher les infiltrations. Cette clôture est équipée de caméras, de capteurs de haute technologie et d’une technologie d’écoute sensible. Or, selon des images publiées en ligne, la clôture a été complètement détruite en plusieurs endroits et que des véhicules du Hamas l’ont franchie, curieusement, sans encombre.

Selon plusieurs sources, les habitants israéliens des villes situées le long de la frontière, ordinairement emplie de militaires en faction, ont souligné que la présence de Tsahal dans les rues était faible, voire inexistante.

Comment cette organisation confessionnelle, le Hamas, a-t-elle pu lancer un assaut sans précédent contre Israël, tirant des milliers de roquettes et déployant des hommes armés dans plusieurs villes par voie terrestre, maritime et aérienne, tuant des centaines de personnes et capturant des résidents israéliens, durant des heures, s’emparer d’une base militaire, parader librement à bord de véhicules militaires israéliens, dont un char d’assaut, sans rencontrer la moindre résistance militaire de la part des forces armées suréquipées israéliennes ?

Interrogé par les journalistes sur «l’attaque surprise» du Hamas, le porte-parole de l’armée israélienne a refusé tout commentaire sur la manière dont le Hamas avait réussi à surprendre l’armée, à s’infiltrer en Israël. Son silence est éloquent d’aveu de complicité !

En tout cas, s’il y a un protagoniste à se réjouir de cette attaque surprise ou plutôt attaque surprenante, c’est bien le Premier ministre Netanyahou. Il va pouvoir dévoyer la colère, voire la sédition, des Israéliens dirigée contre son pouvoir despotique vers les Palestiniens de Gaza. De transformer la sédition des centaines de milliers d’israéliens contre le système en guerre contre l’ennemi habituel, le Palestinien. Une guerre de longue durée. Une guerre d’extermination menace aujourd’hui le peuple de Gaza.

«Citoyens d’Israël, nous sommes en guerre. Il ne s’agit pas d’une opération, ni d’un round [de combat], mais d’une guerre ! Ce matin, le Hamas a lancé une attaque surprise meurtrière contre l’État d’Israël et ses citoyens», a déclaré Netanyahou. «En parallèle, je procède à une vaste mobilisation des réservistes pour riposter à une échelle et avec une intensité que l’ennemi n’a jamais connue jusqu’à présent. L’ennemi paiera un prix sans précédent», a ajouté Netanyahou.

«J’exhorte la population à suivre à la lettre les directives de l’armée», a-t-il martelé à l’intention de la population. Dans son viseur, les manifestants contre la réforme judiciaire, tentés éventuellement par la désertion, la résistance à la guerre. «En ces jours, il n’y a ni opposition ni coalition en Israël», a martelé Netanyahou.

Son appel à l’union nationale et à la mobilisation armée pour mener la guerre contre les Palestiniens semble avoir été bien entendu.

Aussitôt, comme il fallait s’y attendre de la part des sionistes invétérés, les organisateurs des protestations contre la refonte du système judiciaire ont annoncé l’annulation des manifestations hebdomadaires.

«Nous sommes unis avec les résidents d’Israël et apportons notre soutien total à Tsahal et aux forces de sécurité», ont déclaré les organisateurs des manifestations dans un communiqué.

La classe dirigeante israélienne, la plus machiavélique du monde, a réussi son opération de diversion. D’union nationale.

Comme je l’ai indiqué dans mon article évoqué plus haut, publié cet été, depuis la formation du gouvernement fasciste israélien l’objectif de l’État sioniste est de régler définitivement la «question palestinienne» pour réaliser le grand rêve de la création d’un État purement juif du Jourdain à la mer. Et de quelle manière ? Politiquement, par l’abandon explicite de toute solution «à deux États». Militairement, par la déportation massive, y compris par la perpétration d’un massacre de masse, de la population palestinienne. Qui peut réaliser ce projet d’expansion territoriale et d’expulsion massive des Palestiniens, sinon des partis néo-fascistes et ultrareligieux pétris d’un racisme décomplexé et animés de violence meurtrière désinhibée, actuellement installés au pouvoir.

Et le nettoyage ethnique a commencé. L’État terroriste sioniste vient d’imposer un état de «siège complet» à Gaza.

«Nous imposons un siège complet à Gaza», a déclaré M. Gallant dans une vidéo communiquée par ses services. «Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz, tout est fermé», a-t-il ajouté dans ce message en hébreu.

«Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence», a ajouté M. Gallant. Voilà comment le gouvernement fasciste d’Israël considère la population palestinienne de Gaza, dorénavant condamnée à mourir de faim et de soif. Il s’agit d’une véritable entreprise génocidaire.

Pour rappel, quelque 2,3 millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, un territoire densément peuplé et éprouvé par la pauvreté, sous blocus israélien depuis 2007.

En tout état de cause, par cette attaque sanglante, stupide et suicidaire, menée par le Hamas en territoire occupé israélien, l’entité sioniste pourra désormais se prévaloir de sa légitimité de défendre son pré-carré et réclamé le soutien inconditionnel de «l’opinion internationale»… de la soi-disant «communauté internationale» du capital, pour éradiquer définitivement les Palestiniens de Gaza, procéder à un autre nettoyage ethnique par sa politique criminelle du «Siège complet de Gaza», version génocidaire du Blocus qui frappe déjà l’enclave depuis 2007. Voilà la «solution finale» que le sionisme et ses sponsors mondiaux réservent au peuple de Gaza et aux kapos islamistes qui l’ont si bien servis.

source : Les 7 du Québec

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

Le nouveau front de guerre sera-t-il le dernier ?

par Luciano Lago - Le 13/10/2023.

Le nouveau front de guerre qui s’est ouvert entre Israël et la Palestine pourrait être le dernier, le définitif, qui pourrait inopinément conduire le monde vers une troisième guerre mondiale

On ne voit pas comment les services de renseignement israéliens ont pu être pris par surprise par l’attaque du Hamas et d’autres groupes palestiniens à partir de Gaza. Il n’est pas explicable que les services de renseignement israéliens (ceux qui connaissent même les repaires les plus cachés des dirigeants du Hamas) n’aient pas su que des armes américaines et occidentales en provenance d’Ukraine et d’Afghanistan étaient stockées à Gaza, notamment des missiles et des roquettes antichars, des drones et des radars portables.

D’autre part, il est tout à fait concevable que, dans l’action menée par la résistance palestinienne, il y ait la main d’acteurs extérieurs, qui peuvent être l’Iran et, de manière directe, la Russie, qui ont tous deux des comptes à régler avec le gouvernement de Tel-Aviv.

L’Iran doit se venger de toutes les frappes aériennes menées par Israël contre les forces iraniennes en Syrie au cours des deux dernières années, ainsi que de l’assassinat de scientifiques iraniens et du général Soleimani (qui a été assassiné par les États-Unis sur ordre d’Israël). En contrepartie, l’Iran a fourni des armes, des formations et des technologies de pointe à des groupes palestiniens.

La Russie a un compte ouvert avec Israël pour son aide à l’Ukraine, pour ses raids en Syrie contre des cibles russes et syriennes, pour le rôle d’Israël dans le soutien à l’Azerbaïdjan, l’envoi d’armes et de renseignements dans la guerre contre l’Arménie et la facilitation de la conquête du Haut-Karabakh.

Pour toutes ces situations, on peut imaginer qu’Israël (sur ordre de Netanyahou) a laissé une ouverture non gardée pour permettre l’attaque du Hamas, même s’il n’a pas prévu l’ampleur du massacre de soldats et de civils israéliens qui s’en est suivi (environ un millier de morts et des milliers de blessés).

De son côté, le front nord du Liban risque lui aussi d’exploser, le Hezbollah ayant neutralisé les bases de radars à la frontière et préparant ses forces de missiles à frapper le territoire israélien. Et ce, alors qu’Israël a déjà commencé à bombarder la zone frontalière du Liban.

Ce qui s’est passé, c’est que le gouvernement de Netanyahou a décrété l’état de guerre et se prépare à raser Gaza et, avec l’aide des États-Unis, à mener des représailles contre l’Iran.

Les porte-avions et les groupes de frappe navals américains ne se rendent pas en Méditerranée pour attaquer le Hamas, mais pour frapper l’Iran, probablement les sites pétroliers et industriels de ce pays. Netanyahou essaie depuis longtemps de convaincre Washington d’attaquer l’Iran, il en a maintenant l’occasion et le prétexte.

Israël est prêt à utiliser ses armes nucléaires contre l’Iran. Netanyahou a demandé à Biden et à Blinken de lui laisser les mains libres sur l’Iran et de lui fournir de l’aide.

Selon des sources confidentielles, l’ambassadeur d’Israël à Moscou aurait averti le gouvernement russe que, puisqu’Israël considère l’Iran comme le principal responsable de l’attaque actuelle, Téhéran serait frappé avec des «bombes nucléaires stratégiques».

On ne sait pas quelle sera la réponse de la Russie, qui doit penser à défendre son allié et ses intérêts au Moyen-Orient.

Les forces ukrainiennes attaquées par la Russie

En attendant, l’issue de la guerre en Ukraine semble scellée par la défaite des forces ukrainiennes et de l’OTAN.

La persistance des États-Unis et de leurs satellites européens à mener une guerre par procuration contre la Russie a ouvert une fenêtre d’opportunité pour la résistance palestinienne. Alors que Washington est piégé dans un conflit par procuration qu’il a orchestré sans en mesurer les conséquences, l’offensive inattendue de la résistance sur le territoire israélien met en lumière la fragilité de l’État colonisateur et déstabilise l’axe impérialiste.

Dans le prochain épisode, nous assisterons à l’abandon de l’Ukraine par les États-Unis et au déclenchement probable des hostilités avec l’Iran, un fait qui affectera d’autres pays arabes et islamiques qui se mobiliseront pour défendre Jérusalem et la Palestine. Erdogan a déjà commencé à s’agiter et à exiger le retour d’Israël aux frontières de 1967.

Nous verrons si ces prédictions sont exactes, mais les conséquences seront certainement très négatives pour l’Europe, qui paiera le prix de son ignominie avec les effets des guerres dont elle a été complice, lorsque les prix du pétrole, du gaz et des matières premières monteront en flèche.

source : Contro Informazione vie Euro-Synergies

La géopolitique du Déluge d’Al-Aqsa

par Pepe Escobar - Le 13/10/2023.

L’attention mondiale s’est déplacée de l’Ukraine à la Palestine. Ce nouvel espace de confrontation attisera la concurrence entre les blocs atlantiste et eurasien. Ces combats sont de plus en plus des combats à somme nulle ; comme en Ukraine, un seul pôle peut en sortir renforcé et victorieux.

L’opération Déluge d’Al-Aqsa du Hamas a été méticuleusement planifiée. La date de lancement a été conditionnée par deux facteurs déclencheurs.

Tout d’abord, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a exhibé sa carte du «nouveau Moyen-Orient» lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, carte dans laquelle il a complètement effacé la Palestine et tourné en dérision toutes les résolutions des Nations unies sur le sujet.

Deuxièmement, les provocations en série à la mosquée sacrée d’Al-Aqsa à Jérusalem, avec la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : deux jours avant la fête d’Al-Aqsa, le 5 octobre, au moins 800 colons israéliens ont lancé un assaut autour de la mosquée, frappant les pèlerins, détruisant les magasins palestiniens, le tout sous l’observation des forces de sécurité israéliennes.

Toute personne dotée d’un cerveau en état de marche sait qu’Al-Aqsa est une ligne rouge définitive, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour l’ensemble du monde arabe et musulman.

Et ce n’est pas tout. Les Israéliens ont maintenant invoqué la rhétorique d’un «Pearl Harbor». C’est aussi menaçant que possible. Le premier Pearl Harbor était l’excuse américaine pour entrer dans une guerre mondiale et bombarder le Japon, et ce «Pearl Harbor» pourrait être la justification de Tel-Aviv pour lancer un génocide à Gaza. 

Les secteurs de l’Occident qui applaudissent le nettoyage ethnique à venir – en particulier les sionistes qui se font passer pour des «analystes» et qui affirment haut et fort que les «transferts de population» qui ont commencé en 1948 «doivent être achevés» – pensent qu’avec un armement massif et une couverture médiatique massive, ils peuvent renverser la situation en un rien de temps, anéantir la résistance palestinienne et affaiblir les alliés du Hamas comme le Hezbollah et l’Iran.

Leur projet ukrainien a échoué, laissant non seulement des œufs sur les visages des puissants, mais aussi des économies européennes entières en ruine. Pourtant, lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre : Passez de l’Ukraine, pays allié, à Israël, pays allié, et concentrez-vous sur l’Iran, pays adversaire, plutôt que sur la Russie, pays adversaire. 

Une Asie occidentale pacifique signifie la reconstruction de la Syrie – dans laquelle la Chine est désormais officiellement impliquée ; un redéveloppement actif de l’Irak et du Liban ; l’Iran et l’Arabie saoudite dans le cadre des BRICS 11 ; le partenariat stratégique Russie-Chine pleinement respecté et l’interaction avec tous les acteurs régionaux, dont les principaux alliés des États-Unis dans le golfe Persique.

Incompétence. Stratégie délibérée. Ou les deux

Cela nous amène au coût du lancement de cette nouvelle «guerre contre le terrorisme». La propagande bat son plein. Pour Netanyahou à Tel-Aviv, le Hamas est ISIS. Pour Volodymyr Zelensky à Kiev, le Hamas est la Russie. Le temps d’un week-end d’octobre, la guerre en Ukraine a été complètement oubliée par les grands médias occidentaux. La porte de Brandebourg, la tour Eiffel et le Sénat brésilien sont désormais tous israéliens.

Les services de renseignements égyptiens affirment avoir averti Tel-Aviv d’une attaque imminente du Hamas. Les Israéliens ont choisi de l’ignorer, tout comme ils ont ignoré les exercices d’entraînement du Hamas qu’ils avaient observés les semaines précédentes, forts de leur certitude que les Palestiniens n’auraient jamais l’audace de lancer une opération de libération.

Quoi qu’il en soit, le Déluge d’Al-Aqsa a déjà, irrémédiablement, brisé le mythe populaire de l’invincibilité de Tsahal, du Mossad, du Shin Bet, des chars Merkava, du Dôme de fer et des forces de défense israéliennes.

Alors même qu’il abandonnait les communications électroniques, le Hamas a profité de l’effondrement flagrant des systèmes électroniques israéliens, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, qui surveillent la frontière la plus surveillée de la planète.

Des drones palestiniens bon marché ont touché plusieurs tours de détection, facilité l’avancée d’une infanterie en parapente et ouvert la voie à des équipes d’assaut en tee-shirt et brandissant des AK-47 pour ouvrir des brèches dans le mur et franchir une frontière que même les chats errants n’osaient pas franchir.

Israël s’est inévitablement tourné vers la bande de Gaza, une cage encerclée de 365 kilomètres carrés peuplée de 2,3 millions d’habitants. Les bombardements aveugles de camps de réfugiés, d’écoles, d’immeubles civils, de mosquées et de bidonvilles ont commencé. Les Palestiniens n’ont pas de marine, pas d’armée de l’air, pas d’unités d’artillerie, pas de véhicules de combat blindés et pas d’armée professionnelle. Ils n’ont que peu ou pas d’accès à la surveillance de haute technologie, alors qu’Israël peut consulter les données de l’OTAN s’il le souhaite.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a proclamé «un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agirons en conséquence».

Les Israéliens peuvent s’engager joyeusement dans une punition collective parce que, avec trois vetos garantis du Conseil de sécurité des Nations unies dans leur poche arrière, ils savent qu’ils peuvent s’en tirer à bon compte.

Peu importe que Haaretz, le journal israélien le plus respecté, concède carrément que «le gouvernement israélien est en fait le seul responsable de ce qui s’est passé (le Déluge d’Al-Aqsa) pour avoir nié les droits des Palestiniens».

Les Israéliens ne manquent pas de cohérence. En 2007, Amos Yadlin, alors chef des services de renseignement de la Défense israélienne, a déclaré : «Israël serait heureux que le Hamas prenne le contrôle de Gaza, car les FDI pourraient alors traiter Gaza comme un État hostile».

L’Ukraine achemine des armes vers les Palestiniens

Il y a un an à peine, le comédien en sweat-shirt de Kiev parlait de transformer l’Ukraine en un «grand Israël» et était dûment applaudi par une bande de bots du Conseil de l’Atlantique.

Les choses se sont révélées tout à fait différentes. Comme une source de l’État profond de la vieille école vient de m’en informer :

«Les armes marquées de l’Ukraine finissent dans les mains des Palestiniens. La question est de savoir quel pays paie pour cela. L’Iran vient de conclure un accord avec les États-Unis pour six milliards de dollars et il est peu probable que l’Iran le mette en péril. J’ai une source qui m’a donné le nom du pays, mais je ne peux pas le révéler. Le fait est que des armes ukrainiennes sont acheminées vers la bande de Gaza et qu’elles sont payées, mais pas par l’Iran».

Après son raid stupéfiant du week-end dernier, un Hamas avisé s’est déjà assuré plus de moyens de négociation que les Palestiniens n’en ont eu depuis des décennies. Fait significatif, alors que les pourparlers de paix sont soutenus par la Chine, la Russie, la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Égypte – Tel-Aviv s’y refuse. Netanyahou est obsédé par l’idée de raser Gaza, mais si cela se produit, une guerre régionale plus large est presque inévitable.

Le Hezbollah libanais, allié fidèle de la résistance palestinienne au sein de l’axe de la résistance, préférerait ne pas être entraîné dans une guerre qui pourrait être dévastatrice de son côté de la frontière, mais cela pourrait changer si Israël perpétrait un génocide de facto à Gaza.

Le Hezbollah détient au moins 100 000 missiles balistiques et roquettes, de Katyusha (portée : 40 km) à Fajr-5 (75 km), Khaibar-1 (100 km), Zelzal 2 (210 km), Fateh-110 (300 km) et Scud B-C (500 km). Tel-Aviv sait ce que cela signifie et frémit aux fréquents avertissements du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, selon lesquels la prochaine guerre avec Israël se déroulera à l’intérieur du pays.  

Ce qui nous amène à l’Iran.

Déni géopolitique plausible

La principale conséquence immédiate du Déluge d’Al-Aqsa est que le rêve humide des néoconservateurs de Washington d’une «normalisation» entre Israël et le monde arabe s’évanouira tout simplement si cela se transforme en une longue guerre.

En fait, de larges pans du monde arabe sont déjà en train de normaliser leurs liens avec Téhéran – et pas seulement au sein des BRICS 11 nouvellement élargis.

Dans le mouvement vers un monde multipolaire, représenté par les BRICS 11, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’Union économique eurasiatique (UEE) et l’Initiative Ceinture et Route (BRI) de la Chine, parmi d’autres institutions eurasiatiques et du Sud mondial révolutionnaires, il n’y a tout simplement pas de place pour un État d’apartheid ethnocentrique friand de châtiments collectifs.   

Cette année encore, Israël a été exclu du sommet de l’Union africaine. Une délégation israélienne s’est tout de même présentée et a été éjectée sans ménagement de la grande salle, une image qui est devenue virale. Le mois dernier, lors des sessions plénières des Nations unies, un diplomate israélien isolé a tenté de perturber le discours du président iranien Ebrahim Raïssi. Aucun allié occidental ne s’est tenu à ses côtés et il a lui aussi été expulsé des lieux.

Comme l’a diplomatiquement exprimé le président chinois Xi Jinping en décembre 2022, Pékin «soutient fermement l’établissement d’un État indépendant de Palestine jouissant d’une pleine souveraineté sur la base des frontières de 1967 et ayant Jérusalem-Est pour capitale. La Chine soutient la Palestine pour qu’elle devienne un membre à part entière des Nations unies».

La stratégie de Téhéran est bien plus ambitieuse : offrir des conseils stratégiques aux mouvements de résistance d’Asie occidentale, du Levant au golfe Persique : Hezbollah, Ansarallah, Hashd al-Shaabi, Kataib Hezbollah, Hamas, Jihad islamique palestinien, et d’innombrables autres. C’est comme s’ils faisaient tous partie d’un nouveau grand échiquier supervisé de facto par le grand maître iranien.

Les pièces de l’échiquier ont été soigneusement positionnées par nul autre que feu le commandant de la Force Quds du Corps des gardiens de la révolution islamique, le général Qassem Soleimani, un génie militaire qui n’a pas son pareil. Il a contribué à jeter les bases des succès cumulés des alliés iraniens au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen et en Palestine, ainsi qu’à créer les conditions d’une opération complexe telle que le Déluge d’Al-Aqsa.

Ailleurs dans la région, la volonté atlantiste d’ouvrir des corridors stratégiques à travers les cinq mers – la mer Caspienne, la mer Noire, la mer Rouge, le golfe Persique et la Méditerranée orientale – bat de l’aile.

La Russie et l’Iran sont déjà en train d’anéantir les projets américains dans la mer Caspienne – via le corridor international de transport nord-sud (INSTC) – et dans la mer Noire, qui est en passe de devenir un lac russe. Téhéran suit de très près la stratégie de Moscou en Ukraine, tout en affinant sa propre stratégie sur la manière de débiliter l’Hégémon sans implication directe : c’est ce qu’on appelle le déni géopolitique plausible.

Bye bye le corridor UE-Israël-Arabie saoudite-Inde

L’alliance Russie-Chine-Iran a été diabolisée comme le nouvel «axe du mal» par les néoconservateurs occidentaux. Cette rage infantile trahit une impuissance cosmique. Il s’agit de véritables souverains avec lesquels on ne peut pas jouer, et si on le fait, le prix à payer est impensable.

Un exemple clé : si l’Iran, attaqué par un axe israélo-américain, décidait de bloquer le détroit d’Ormuz, la crise énergétique mondiale monterait en flèche et l’effondrement de l’économie occidentale sous le poids de quadrillions de produits dérivés serait inévitable.

Cela signifie que, dans un avenir immédiat, le rêve américain d’interférer à travers les cinq mers n’est même pas un mirage. Le Déluge d’Al-Aqsa vient également d’enterrer le corridor de transport UE-Israël-Arabie saoudite-Inde, récemment annoncé et qui avait fait l’objet d’un grand battage médiatique.

La Chine est parfaitement consciente de toute cette incandescence qui a lieu une semaine seulement avant son troisième Forum de la Ceinture et la Route à Pékin. L’enjeu, ce sont les corridors de connectivité de la BRI qui comptent – à travers le Heartland, à travers la Russie, plus la Route de la soie maritime et la Route de la soie arctique.

Il y a aussi l’INSTC qui relie la Russie, l’Iran et l’Inde et, par extension, les monarchies du Golfe.

Les répercussions géopolitiques du Déluge d’Al-Aqsa accéléreront les connexions géoéconomiques et logistiques de la Russie, de la Chine et de l’Iran, en contournant l’hégémon et son empire de bases. L’augmentation des échanges commerciaux et la circulation ininterrompue des marchandises sont une question de (bonnes) affaires. Sur un pied d’égalité, dans le respect mutuel – ce n’est pas exactement le scénario du parti de la guerre pour une Asie occidentale déstabilisée. 

Oh, les choses qu’une infanterie en parapente se déplaçant lentement et survolant un mur peut accélérer.

Pepe Escobar

source : The Cradle

traduction Réseau International

Le 11-Septembre du Moyen-Orient

Source : RzO Voltaire - Par Manlio Dinucci- Le 13/10/2023.

La version officielle de l’attaque du Hamas contre Israël est impossible. Selon CNN, le Hamas a pu s’entraîner durant un an et demi dans six installations militaires à Gaza. Cette préparation était l’objet de rumeurs depuis le mois de mai au Liban. Elle a donné lieu à une bataille meurtrière entre factions palestiniennes, en septembre à Saïda. Le 30 septembre, le ministre égyptien du Renseignement, Kamel Abbas, a personnellement téléphoné au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour le mettre en garde. Une société de Sécurité privée israélienne a saisi le Shabak dans les jours suivants. La CIA a également informé le Mossad, le 5 octobre. Il est impossible qu’Israël ait été surpris. En outre, comme le souligne Manlio Dinucci, les procédures routinières de sécurité n’ont pas été appliquées. Et l’armée a mis 5 heures à intervenir. La question est donc, pourquoi Benjamin Netanyahu a laissé mourir 1 300 de ses concitoyens ?

Les combattants du Hamas ont pu s’entraîner à piloter des ULM sans éveiller de soupçons.

Selon la version officielle, l’attaque du Hamas a « pris par surprise » Israël. Mais une série de faits inexplicables ne rend pas crédible la version officielle.

Comment est-il possible que la barrière de Gaza ait été enfoncée au bulldozer sans que personne ne s’en soit aperçu ? La barrière qui entoure Gaza, longue de 64 kilomètres, est formée d’un mur souterrain doté de senseurs, pour empêcher de creuser des tunnels, et d’une enceinte de 6 mètres de haut avec senseurs, radars, caméras et systèmes d’arme automatiques reliés à un centre de commandement, et surveillée par des soldats.

Comment est-il possible qu’en ce même jour se tenait un festival musical, avec des milliers de jeunes, dans le désert à quelques kilomètres de Gaza, dans une zone réputée dangereuse car à portée des roquettes du Hamas, qui plus est sans aucune force de sécurité ?

Comment est-il possible que, quand les militants du Hamas ont attaqué plus de 20 centres d’habitation israéliens, en tuant (selon les chiffres officiels) 1300 personnes, les forces spéciales israéliennes —considérées parmi les meilleures du monde— ne soient pas immédiatement intervenues par hélicoptères, et ne soient intervenues que des forces de police ?

 

Comment est-il possible que le Mossad, considéré comme un des plus efficients services secrets du monde, ne se soit pas rendu compte que le Hamas était en train de préparer l’attaque ?

Les réponses essentielles se trouvent dans un article, publié le 8 octobre par le quotidien israélien The Times of Israel : « Pendant des années, les divers gouvernements conduits par Benjamin Netanyahou ont adopté une politique qui a divisé la Bande de Gaza et la Cisjordanie entre deux pouvoirs différents, mettant à genoux le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas et favorisant le Hamas. Celui-ci a été traité comme un partenaire au détriment de l’Autorité Palestinienne pour empêcher Abbas d’avancer vers la création d’un État Palestinien. Le Hamas a été promu de groupe terroriste à organisation avec laquelle Israël a conduit des négociations via l’Égypte, et à qui il a été permis de recevoir du Qatar, via les points de passage frontaliers de Gaza, des valises contenant des millions de dollars ».

 

Tous ces faits tracent un scénario semblable à celui de l’attaque terroriste à New York et Washington le 11 septembre 2001, lorsque tout le système états-unien de Renseignement et de Défense aurait été « pris par surprise » par l’attaque d’al-Qaëda. Des preuves irréfutables (officiellement ignorées ou liquidées comme « complotisme ») démontrent que ça avait été une opération conduite par des éléments de la CIA (probablement avec la participation aussi d’éléments du Mossad) pour amorcer la « guerre mondiale au terrorisme » avec l’invasion de l’Afghanistan et de l’Iraq et les guerres qui ont suivi. Quelque chose d’analogue est en train de se passer aujourd’hui en Israël, dont tout le système de Renseignement et de Défense aurait été « pris par surprise » par l’attaque du Hamas.

Le but stratégique de l’opération est, d’une part, celui d’exterminer les Palestiniens (jusqu’à présent plus de 1 500 morts dont 500 enfants, et plus de 7 000 blessés) et de s’emparer de leurs territoires (le commandement israélien a ordonné l’évacuation de plus d’un million d’habitants, plus de la moitié de toute la population, de la moitié septentrionale de Gaza). D’autre part le but stratégique de l’opération est d’amorcer, en ciblant l’Iran, une réaction en chaîne de guerres dans un Moyen-Orient où les États-Unis, Israël et les puissances européennes perdent du terrain.

Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo de vendredi 13 octobre 2023 à 21h30 sur la TV italienne Byoblu

 

Les affrontements entre Gaza et Israël sont-ils un «faux drapeau» ?

Ont-ils tout simplement laissé faire ? Leur objectif est-il de «rayer Gaza de la carte» ?

par Philip Giraldi et le professeur Michel Chossudovsky - Le 11/10/2023.

Tôt le samedi 7 octobre 2023, le Hamas a lancé l’opération «Tempête Al-Aqsa», dirigée par le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif. Le même jour, Netanyahou a confirmé un soi-disant «état de préparation à la guerre».

Les opérations militaires sont invariablement planifiées longtemps à l’avance (voir la déclaration de Netanyahou de janvier 2023 ci-dessous). L’opération «Tempête sur Al-Aqsa» était-elle une «attaque surprise» ?

Les services de renseignement américains affirment qu’ils n’étaient pas au courant de l’imminence d’une attaque du Hamas.

«Il faudrait être d’une grande naïveté pour croire le discours des grands médias d’État selon lequel l’invasion du Hamas a été un «échec du renseignement» israélien. Le Mossad est l’une des agences de renseignement les plus puissantes de la planète, si ce n’est la plus puissante».

Netanyahou et son vaste appareil militaire et de renseignement (Mossad et autres) avaient-ils connaissance de l’attaque du Hamas qui a fait d’innombrables victimes israéliennes et palestiniennes ?

Un plan soigneusement formulé pour mener une guerre totale contre les Palestiniens a-t-il été envisagé avant le lancement par le Hamas de l’opération «Tempête Al-Aqsa» ? Il ne s’agit pas d’un échec des services de renseignement israéliens, comme le prétendent les médias. Bien au contraire.

Les preuves et les témoignages suggèrent que le gouvernement Netanyahou avait connaissance des actions du Hamas qui ont entraîné la mort de centaines d’Israéliens et de Palestiniens. Et «ils ont laissé faire» :

«Le Hamas a tiré entre 2 et 5000 roquettes sur Israël et des centaines d’Israéliens sont morts, tandis que des dizaines d’Israéliens ont été capturés en tant que prisonniers de guerre. Lors de la riposte aérienne israélienne qui a suivi, des centaines de Palestiniens ont été tués à Gaza». (Stephen Sahiounie)

«À la suite de l’opération «Tempête sur Al Aqsa» du 7 octobre, le ministre israélien de la défense a qualifié les Palestiniens d’«animaux humains» et s’est engagé à «agir en conséquence», tandis que les avions de combat déclenchaient un bombardement massif de la bande de Gaza, où vivent 2,3 millions de Palestiniens…» (Middle East Eye)

Il ne s’agit pas d’une «attaque surprise»

«J’ai servi dans les forces de défense israéliennes il y a 25 ans, dans les services de renseignement. Il est impossible qu’Israël n’ait pas su ce qui se préparait.

Un chat qui se déplace le long de la clôture déclenche le déploiement de toutes les forces. Et ça ?

Qu’est-il arrivé à «l’armée la plus puissante du monde» ?

Comment se fait-il que les frontières soient restées ouvertes ? Il y a quelque chose de TRÈS MAL ICI, quelque chose de très étrange, cette chaîne d’événements est très inhabituelle et n’est pas typique du système de défense israélien.

Pour moi, cette attaque surprise ressemble à une opération planifiée. Sur tous les fronts.

Si j’étais une théoricienne du complot, je dirais que cela ressemble au travail de l’État profond.

J’ai l’impression que les peuples d’Israël et de Palestine ont été vendus, une fois de plus, aux puissances supérieures». (Efrat Henigson, ancienne agente des services de renseignement des FDI, 7 octobre 2023, italiques ajoutés)

Efrat Henigson

Voir la vidéo en anglais

Ironiquement, les médias (NBC) affirment aujourd’hui que «l’attaque du Hamas porte les marques d’une implication iranienne»

Histoire : La relation entre le Mossad et le Hamas

Quelle est la relation entre le Mossad et le Hamas ? Le Hamas est-il un «agent de renseignement» ? L’histoire est longue.

Le Hamas (Harakat al-Muqawama al-Islamiyya) (Mouvement de résistance islamique) a été fondé en 1987 par le cheikh Ahmed Yassine. Il a été soutenu dès le départ par les services secrets israéliens afin d’affaiblir l’Autorité palestinienne :

«Grâce au Mossad (l’Institut israélien pour le renseignement et les tâches spéciales), le Hamas a pu renforcer sa présence dans les territoires occupés. Pendant ce temps, le mouvement Fatah de libération nationale d’Arafat ainsi que la gauche palestinienne ont été soumis à la répression et à l’intimidation la plus brutale».

N’oublions pas que c’est Israël qui a créé le Hamas. Selon Zeev Sternell, historien à l’Université hébraïque de Jérusalem, «Israël a pensé qu’il s’agissait d’un stratagème intelligent pour pousser les islamistes contre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)». (L’Humanité)

Les liens du Hamas avec le Mossad et les services de renseignement américains ont été confirmés par le représentant républicain du Texas Ron Paul dans une déclaration au Congrès américain : «Le Hamas a été créé par Israël ?»

«Vous savez, le Hamas, si vous regardez l’histoire, vous découvrirez que le Hamas a été encouragé et réellement créé par Israël parce qu’ils voulaient que le Hamas puisse contrecarrer Yasser Arafat…» (Rep. Ron Paul, 2011).

Cette déclaration implique que le Hamas est et reste «un atout pour les services de renseignement», à savoir «un «atout» pour les agences de renseignement.

Voir également le WSJ (24 janvier 2009) «How Israel helped to Spawn Hamas».

Au lieu de tenter de mettre un frein aux islamistes de Gaza dès le début, explique M. Cohen, Israël les a tolérés pendant des années et, dans certains cas, les a encouragés pour faire contrepoids aux nationalistes laïques de l’Organisation de libération de la Palestine et à sa faction dominante, le Fatah de Yasser Arafat. (WSJ)

La «nouvelle étape d’une interminable guerre» de Netanyahou contre la Palestine

L’objectif déclaré de Netanyahou, qui constitue une nouvelle étape dans la guerre qui dure depuis 75 ans (depuis la Nakba, 1948) contre le peuple de Palestine, n’est plus fondé sur l’«apartheid» ou la «séparation». Cette nouvelle étape – qui est également dirigée contre les Israéliens qui veulent la paix – consiste en une «appropriation totale» ainsi qu’en l’exclusion pure et simple du peuple palestinien de sa terre natale :

«Ce sont les lignes de base du gouvernement national que je dirige [Netanyahou] : Le peuple juif a un droit exclusif et incontestable sur toutes les régions de la Terre d’Israël. Le gouvernement encouragera et développera la colonisation dans toutes les parties de la Terre d’Israël – en Galilée, dans le Néguev, dans le Golan, en Judée et en Samarie». (Netanyahou, janvier janvier 2023)

Nous attirons l’attention de nos lecteurs sur l’analyse pertinente du Dr Philip Giraldi, qui souligne la probabilité d’un «Faux drapeau».

Michel Chossudovsky, Global Research, 9 octobre 2023

*

Lisez ci-dessous l’analyse pertinente du Dr Philip Giraldi sur la probabilité d’un «faux drapeau» qui a été publiée sur sa page Facebook.

***

Suis-je le seul à avoir lu un discours prononcé par Netanyahou ou un membre de son cabinet il y a environ une semaine, dans lequel il/ils a/ont fait référence à une «situation de sécurité en développement», ce qui suggère plutôt (à mon avis) qu’ils étaient peut-être au courant de l’évolution de la situation à Gaza et qu’ils ont choisi de laisser les événements se produire afin de pouvoir rayer Gaza de la carte en représailles et, peut-être en s’appuyant sur la promesse des États-Unis de soutenir Israël, d’impliquer ensuite l’Iran et d’attaquer ce pays.

Je n’arrive pas à trouver de lien, mais je me souviens assez bien de ce que j’ai lu, car je pensais à l’époque que cela servirait de prétexte à un nouveau massacre de Palestiniens.

En tant qu’ancien agent du renseignement, il m’est impossible de croire qu’Israël ne disposait pas de nombreux informateurs à l’intérieur de Gaza, ainsi que de dispositifs d’écoute électronique installés tout au long du mur frontalier, qui auraient permis de repérer les mouvements de groupes et de véhicules.

En d’autres termes, tout cela pourrait n’être qu’un tissu de mensonges, comme c’est souvent le cas.

Et comme c’est aussi TOUJOURS le cas, Joe Biden se prépare à envoyer quelques milliards de dollars au misérable petit Israël pour payer sa «défense».

Philip Giraldi

source : Mondialisation

LIRE AUSSI :  Israël : Au commencement était l’arrogance

Deuxième Guerre du Kippour : Ce qu’on sait au lendemain de l’attaque surprise des Palestiniens

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouar Husson - Le 09/10/2023.

Deuxième Guerre du Kippour : ce qu’on sait au lendemain de l’attaque surprise des Palestiniens

“Deuxième Guerre du Kippour” ? Le 6 octobre 1973, voilà exactement cinquante ans, l’armée égyptienne avait effectué une attaque surprise contre Israël. C’était au moment de la fête de Kippour (L’Expiation) : un demi-siècle plus tard, on était un peu plus tard dans le calendrier liturgique juif mais bien encore dans le cycle de trois semaines de fêtes qui va du Nouvel An (Roch HaChanah,16 septembre en 2023) à la fête de “Joie de la Torah” (Chim’hat Torah, ce 8 octobre) en passant par Kippour (25 septembre 2023) et la fête des Cabanes (Soukkot 30 septembre-7 octobre). Les Palestiniens ont en plus attaqué un samedi (Chabbat), jour de repos. L’effet de surprise était garanti, comme en 1973. Ajoutons-y la capacité à passer sous le radar du boucler technologique dont Israël était si fier. L’effet psychologique est terrible. Il va demander à Israël une adaptation rapide dans un environnement où l’État hébreu ne peut plus se payer le luxe d’un refus du compromis et de la négociation : l’influence diplomatique des Américains décline à vue d’œil et les grands États (Égypte, Arabie Saoudite, Iran, Russie, Turquie) aspirent à une stabilisation de la région.

Au lendemain de l’attaque surprise contre Israël, un jour de Chabbat, au dernier jour de la fête de Soukkot, on peut parler sans aucun doute d’un coup terrible porté à l’Etat d’Israël :

Le service de presse du gouvernement israélien a confirmé le 8 octobre qu’au moins 100 Israéliens avaient été capturés par des factions armées palestiniennes.

Dans une infographie publiée sur sa page Facebook, le service de presse a écrit que “plus de 100 personnes ont été enlevées, plus de 2 000 personnes ont été blessées, plus de 600 personnes ont été tuées” lors de l’attaque.

Jusqu’à présent, Israël a refusé de confirmer le nombre de civils ou de militaires retenus en otage dans la bande de Gaza. Selon les médias hébreux, au moins 170 personnes seraient retenues en captivité dans l’enclave palestinienne. Au total, 750 personnes seraient toujours portées disparues depuis le début de l’attaque surprise, le 7 octobre.

Des factions palestiniennes dirigées par le mouvement Hamas ont lancé l’attaque depuis Gaza dans la matinée. L’attaque, dont le nom de code est “Déluge d’Al-Aqsa”, a commencé par un barrage de centaines de roquettes qui ont visé le sud et le centre d’Israël. Plusieurs groupes de combattants palestiniens se sont ensuite infiltrés dans les colonies et les positions militaires voisines depuis la terre, la mer et les airs. (…)

L’attaque palestinienne contre Israël s’est soldée par de lourdes pertes. Selon le dernier bilan des autorités israéliennes, plus de 650 civils et militaires ont été tués. Le ministère de la santé a déclaré qu’au moins 2 156 autres personnes ont été blessées et traitées dans les hôpitaux jusqu’à présent.

Parmi elles, 20 sont dans un état critique, 338 dans un état grave, 421 dans un état modéré, 1 052 dans un état léger, 49 sont traitées pour une anxiété sévère et 167 sont encore en cours d’évaluation par les responsables médicaux.

southfront.org, 8 octobre 2023

Pour l’instant, l’armée israélienne a réagi brutalement mais sans réussir à renverser la situation :

Les frappes de représailles israéliennes ont jusqu’à présent coûté la vie à 370 Palestiniens, dont 20 enfants, selon le ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas, qui précise que plus de 2 200 autres personnes ont été blessées.

Le 8 octobre au soir, l’armée et les forces de sécurité israéliennes luttent toujours pour reprendre le contrôle de la position militaire et des colonies qui ont été capturées par les combattants palestiniens dans les premières heures de l’attaque.

Le cabinet de sécurité israélien a officiellement déclaré le pays en état de guerre et donné son feu vert à des “activités militaires significatives”, ce qui signifie que la bataille actuelle pourrait durer des semaines, voire des mois

southfront.org, 8 octobre 2023

Drones et “facteur humain” ont neutralisé le “Dôme”

Attaques coordonnées de roquettes et de drones. Infiltrations spectaculaires de combattants. En quelques heures, les Palestiniens ont ridiculisé le bouclier technologique très sophistiqué de l’armée occidentale la mieux équipée après l’armée américaine. Donnons simplement une vidéo montrée sur la chaîne Al-Jazeera, qui montre cette infiltration au sol et par les airs :

Et cet autre, qui montre un char israélien détruit par un drone kamikaze – une image qui rappelle celles des chars occidentaux brûlant en Ukraine.

Visiblement, les Palestiniens ont – avec ceux qui les conseillent éventuellement – bien observé ce qui se passe sur le champ de bataille en Ukraine, où les Russes ont l’habitude, désormais, dans leurs bombardements nocturnes, d’utiliser des drones kamikazes, autant sinon plus que des missiles de précision.

Chaos consécutif à l’affaiblissement américain dans la région

Ce qui se passe est très clairement une conséquence de l’affaiblissement américain dans la région.

+ Le déclin américain a commencé le 30 août 2013, lorsque Barack Obama a refusé de bombarder la Syrie. A partir de là, les menaces américaines n’ont plus été prises au sérieux dans la région. Entre 2015 et 2018, c’est la Russie et non les États-Unis qui a détruit Daech. Le piteux retrait américain d’Afghanistan, avec Joe Biden a fait le reste

+ Donald Trump avait redonné de la cohérence à la politique américaine en abandonnant la recherche d’un compromis avec Téhéran et en resserrant les liens avec l’Arabie Saoudite et le monde sunnite. Cette politique a été aussitôt abandonnée par l’équipe Biden. Résultat : plus personne ne fait confiance aux EÉtats-Unis Même Israël cherche des éléments d’alternative au protectorat américain, à commencer par la Russie (d’où le refus israélien de soutenir l’Ukraine).

+ L’Iran apparaît comme le grand vainqueur de la nouvelle donne géopolitique. Donald Trump avait dénoncé l’accord par lequel Téhéran s’engageait à limiter son industrie nucléaire en échange de la levée des sanctions. La guerre d’Ukraine a empêché que soit signé un nouvel accord.

Il se dit beaucoup depuis deux jours que l’Iran est derrière l’attaque du Hamas. Effectivement, l’utilisation des drones est un des sujets sur lequel l’armée iranienne est la plus avancée. Il se dit aussi que l’objectif de l’attaque est de ralentir sinon faire échouer le rapprochement en cours entre l’Arabie Saoudite et Israël.

La douloureuse recherche d’un nouvel équilibre régional

Personne ne peut dire actuellement qu’elle va être l’intensité des combats. Les deux parties qui se font face, en effet, le Hamas et Israël, sont dépendants de soutiens extérieurs.

Entre 2000 et 2020, les Israéliens ont aspiré à déclencher une guerre contre l’Iran. C’est devenu aujourd’hui peu probable dans la mesure où l’Iran, qui sort progressivement des contraintes posées par les sanctions américaines, s’insère dans un jeu diplomatique complexe où pèsent la Russie et la Chine. La Chine vient par exemple de présider à un rapprochement entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.

Évidemment, l’Iran, voyant l’Arabie Saoudite se rapprocher d’Israël, peut se dire qu’il existe une courte fenêtre de tir pour faire monter les enchères et limiter la portée d’un accord, sinon le neutraliser. Là aussi, cependant, le jeu iranien est limité : aussi bien par la Russie qui veille aux intérêts du million de Juifs russophones que compte Israël ; que la Turquie, qui a besoin d’une Méditerranée orientale apaisée.

Reste l’inconnue : la capacité d’Israël à changer de méthode. Pendant quarante ans le bouclier américain a incité les Israéliens à faire le moins de compromis possibles. A présent que le monde entre dans l’ère des jeux diplomatiques complexes et des alliances enchevêtrées, l’État hébreu va devoir changer de méthode. Bennett et Netanyahou avaient commencé, en refusant de prendre parti dans le conflit ukrainien.

Mais quand Israël est concerné directement par un conflit, la disposition au compromis va vraisemblablement s’apprendre dans la douleur.

Premières analyses sur la guerre à Gaza

par Idriss Aberkane avec André Bercoff

Le Hamas vient de lancer la plus grande opération militaire depuis qu’il a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007-2007. Il a brièvement occupé la ville de Sderot à la pointe Est de la bande et fait de très nombreux prisonniers de haut rang dans l’appareil militaire israélien.

(dont le Général Nimrod Aloni, chef du secteur Militaire de Gaza – CORRECTIF les services israéliens viennent de démentir)

Benjamin Netanyahou a déclaré l’état de guerre et la presse israélienne parle déjà de «11 septembre» ou de «Pearl Harbor».

Cette opération intervient très exactement au premier Shabbat des 50 ans jour pour jour du début de la Guerre du Kippour. En cela il est plus que surprenant que le Mossad et le Shabak (le Shin Beth) n’aient apparemment rien vu venir.

L’Iran a immédiatement apporté son soutien officiel et inconditionnel au Hamas. C’est apparemment Téhéran qui est derrière cette opération.

La Fédération de Russie a affirmé sa neutralité (se déclarant «préoccupée» sans condamner le Hamas). Cette position diplomatique était prévisible et anticipée par l’essayiste Alexandre Douguine, penseur proche de Poutine.

Le Bharat (l’Inde) a apporté son soutien diplomatique inconditionnel à Israël, qualifiant l’opération du Hamas de «terroriste».

L’Arabie saoudite a officiellement déclarée par voie diplomatique qu’elle tenait Israël pour responsable de la situation, s’alignant de facto et en apparence sur l’Iran.

C’est ce dernier alignement que plusieurs analystes israéliens (comme le Dr. Eli David) considèrent comme l’objectif politique principal de l’Iran derrière cette opération : alors que Ryadh se rapprochait de Tel-Aviv et normalisait ses relations, la situation oblige la Couronne Saoudienne à prendre une position officiellement anti-israélienne, contre le courant diplomatique qu’elle avait mis en place.

Nous faisons le point avec André Bercoff, qui est né au Liban, parle couramment Arabe, et possède un recul certain sur le conflit.

source : Idriss Aberkane

Radars israéliens détruits dans le Nord. Américains tués, blessés, kidnappés/capturés en Israël. Intentions nucléaires

par Hal Turner - Le 09/10/2023.

À 10 h 51 HAE le dimanche 8 octobre 2023, il est confirmé que trois stations radar israéliennes dans le nord ont été attaquées et détruites. Israël n’a pas de radar pour surveiller le Liban. Il est également confirmé que des Américains ont été tués, blessés et capturés/kidnappés en Israël.

Du jour au lendemain, après ce qui fut le «premier jour» de la lutte entre le Hamas et Israël, un véritable tsunami de propagande a déferlé sur Internet et dans les médias. Le volume de la propagande est extraordinaire. Cela rend très difficile la distinction entre la vérité et la fiction.

Il y a un effort INTENSE pour promouvoir et propager les victimes israéliennes – et ce n’est pas grave, je suppose ; ils sont en fait victimes d’un véritable conflit. Mais il y a aussi un effort absolument sans précédent pour supprimer et censurer tout ce qui concerne les Palestiniens. C’est presque comme si le public était manipulé pour qu’il considère TOUS les Israéliens comme des «victimes» et TOUS les Palestiniens comme des auteurs de violences animales.

Les sources officielles sont très réticentes à fournir des informations Intel aujourd’hui. C’est comme si un couvercle géant s’était refermé sur des informations factuelles ; seul «le récit» officiel est autorisé à sortir.

J’ai dû adapter la manière dont j’obtiens l’information.

Voici ce que je peux confirmer :

Mes anciens collègues de la communauté Intel, issus de mes années de travail avec la Force opérationnelle conjointe contre le terrorisme (JTTF) du FBI, confirment qu’il y a plus d’une semaine, des troupes régulières de l’armée ukrainienne en uniforme, portant un drapeau et une pièce d’identité, ont attaqué les troupes du Wagner PMC… au SOUDAN. Vous savez, l’Afrique !

J’ai également découvert que le Mossad avait saboté/brûlé/fait exploser des usines de drones iraniennes pour empêcher l’Iran d’aider la Russie.

J’ai également découvert que des avions remplis d’armes militaires israéliennes avaient été envoyés à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, quelques jours et semaines avant que l’Azerbaïdjan ne lance une autre attaque militaire contre l’Arménie la semaine dernière, s’emparant de Nagorno-Karaback et forçant 100 000 chrétiens arméniens à fuir pour sauver leur vie.

Ce qui se passe actuellement en Israël est une revanche :

– Récompense de la Russie pour l’aide d’Israël à l’Ukraine.
– Remboursement pour les avions chargés d’armes à destination de Bakou, en Azerbaïdjan, et
– Remboursement à Israël qui a fait exploser des usines de drones iraniennes. 

C’est également une revanche de la part de l’Iran pour toutes les frappes aériennes menées par Israël contre les forces iraniennes en Syrie au cours des deux dernières années. 

Enfin, c’est également une récompense de la part de l’Arménie pour ce qu’Israël a aidé l’Azerbaïdjan à faciliter la saisie du Haut-Karabakh.   

La partie la plus intéressante ? L’Iran a utilisé les 6 milliards de dollars débloqués par l’administration Biden il y a deux semaines pour financer le déclenchement des hostilités aujourd’hui !

J’ai également découvert que cette récompense ne va pas s’arrêter. C’est en fait «la guerre».

De plus, je peux désormais confirmer positivement :

Ce matin, le cabinet de sécurité israélien a invoqué l’article 40A de la «Loi sur les situations d’urgence» – GUERRE.

Donc ce matin, il est absolument «officiel» qu’Israël est en guerre. C’est la première fois que cet article est invoqué en Israël depuis la guerre de 1973.

Israël a décidé d’engager des troupes dans une INVASION TERRESTRE de la bande de Gaza. Porte à porte. De maison en maison.

Cela va être un véritable bain de sang.

*

Je peux aussi positivement confirmer :

L’ambassadeur israélien à Moscou, Alexandre Ben Zvi, a déclaré au gouvernement russe :

«Israël considère Téhéran comme l’un des coupables de l’attaque du Hamas».

Il a ensuite déclaré à la Russie : «C’est ainsi que nous avons tranquillement approché le seuil de l’utilisation réelle des armes nucléaires israéliennes contre l’Iran, et une démonstration de ce que signifie le terme «menace à l’existence de l’État»… de la part de la Russie. «Fondements de la politique d’État dans le domaine de la dissuasion nucléaire».

Je peux maintenant aussi positivement confirmer : 

La bande de Gaza compte quelque 2,3 millions d’habitants. Environ la moitié sont des hommes. Si cette moitié, ou une bonne partie, venait en Israël avec les armes, les Israéliens seraient dépassés. Ainsi, l’ambassadeur à Moscou a déclaré aux Russes qu’Israël envisageait d’utiliser des bombes nucléaires «tactiques» plus petites contre Gaza, au cas où Israël serait envahi. Idem en Cisjordanie.

Enfin, l’ambassadeur d’Israël à Moscou a déclaré au gouvernement russe que, étant donné qu’Israël considère l’Iran comme le principal responsable de l’attaque en cours, Téhéran serait frappé par des «bombes nucléaires stratégiques» bien plus puissantes, tout comme le ferait Téhéran… Damas, Syrie, pour être le point de coordination du Hamas et de l’Iran.

(Biblique : Damas, un tas de ruines ?????)

Ainsi, il y a désormais un débat réel et actif au sein du gouvernement israélien sur l’utilisation potentielle des armes nucléaires.

Si les musulmans commencent à envahir Israël, là où son existence est menacée, alors Israël fait déjà savoir qu’il utilisera l’option Samson et éliminera un grand nombre de personnes.

Massage des troupes du Hezbollah

Le Hezbollah au Liban rassemble déjà des troupes et déplace des lance-roquettes. Le Hezbollah a clairement indiqué hier que si Israël lançait une guerre terrestre dans la bande de Gaza, le Hezbollah attaquerait depuis le nord.

Ce matin, des avions de combat israéliens survolent le ciel du Liban jusqu’à Kersewan, au nord du Liban.

Il y a eu quelques tirs de mortiers sur Israël depuis le Liban, et des tirs d’artillerie correspondants depuis Israël, mais ces incidents ne correspondent même pas à la description d’une escarmouche.

Radar «assommé»

La grande nouvelle ce matin est que TROIS (3) stations radar israéliennes dans le nord ont été attaquées avec succès depuis le Liban et à 10h51 HAE ici dans le fuseau horaire de l’Est des États-Unis, ces trois stations radar sont HORS LIGNE. Pendant une brève période aujourd’hui, Israël n’a eu aucune couverture radar efficace de sa frontière nord. Depuis, ils ont déplacé des radars militaires portables montés sur camion vers de nouvelles positions pour rétablir la couverture.

Les Taliban à Jérusalem ?

Les Taliban afghans ont conclu un accord satisfaisant avec l’Iran, dans lequel l’Iran autorisera les forces armées talibanes à traverser le pays avec l’intention d’entrer en Israël pour s’emparer de Jérusalem. Mais les talibans se sont heurtés à plusieurs obstacles en cours de route.   

L’Irak n’a pas répondu à la demande des talibans d’autorisation de traverser le territoire irakien.

La Jordanie a catégoriquement et explicitement INTERDIT aux Taliban d’entrer dans leur pays.

Ainsi, d’un point de vue politique, les États arabes sont désormais considérés comme des traitres agissant comme un bouclier contre le traitement réservé aux Palestiniens par Israël.

Dans et autour de Gaza 

Le Hamas affirme que ses combattants combattent toujours dans le sud d’Israël, notamment à Ofakim, Sderot, Yad Mordechai, Kfar Azza, Beeri, Yatid et Kissufim. Attention, c’est le territoire israélien.

«Israël évacuera tous les habitants vivant dans les villes proches de la frontière avec Gaza dans les 24 heures».

Israël s’est mis dans une situation difficile avec Gaza au fil des années, ce n’est donc pas si facile.

Gaza a été aménagée comme une prison à ciel ouvert et murée, où les bons détenus peuvent sortir pendant la journée et faire des travaux de conciergerie pour les élus (leurs mots – pas les miens) pour survivre. Puis revenir par les portes à la tombée de la nuit.

En théorie, Israël ne peut pas faire exploser toute une ville fortifiée qu’il a créée et tuer tout le monde, car alors tout le monde crierait au génocide. Mais apparemment, tout le monde est d’accord avec le statu quo dans la configuration des pénitenciers ouverts, pour une raison quelconque.

Donc, l’idée initiale est qu’Israël se contentera de bombarder ici et là et de raser suffisamment de bâtiments pour faire croire à tout le monde qu’il a reçu une récompense et ce sera tout. Il en a toujours été ainsi. Mais personne n’en est aussi sûr cette fois-ci. Cela pourrait finir par être un véritable génocide de Gaza.

L’armée israélienne a ordonné la fermeture de toutes les stations balnéaires proches de la frontière avec le Liban.

Le plus intéressant ce matin jusqu’à présent : Les armes américaines laissées en Afghanistan ont été utilisées pour attaquer Israël.

Un commandant de haut rang des Forces de défense israéliennes (FDI) a déclaré que les armes américaines laissées en Afghanistan par l’administration Biden avaient été retrouvées entre les mains de groupes palestiniens actifs dans la bande de Gaza.

source : Hal Turner Radio Show via La Cause du Peuple

Coup d’éclat stratégique en Palestine

par Bruno Guigue - Le 10/10/2023.

En attaquant Israël avec une audace inouïe, le mouvement national palestinien vient de franchir un cap historique. Les faits sont là, impensables hier et pourtant incontestables aujourd’hui : c’est la première fois que les combattants palestiniens mènent une offensive de cette ampleur en territoire ennemi, et la première fois qu’ils parviennent à capturer des dizaines de ressortissants israéliens.

Jusqu’à présent, l’interminable combat des Palestiniens prenait deux formes. C’était soit l’insurrection populaire, où les manifestants se sacrifiaient sans espoir de vaincre mais pour témoigner de la résistance du peuple palestinien. Soit la stratégie du bastion, la résistance mettant à profit ses modestes capacités balistiques pour défier Israël et faisant le dos rond sous les bombes grâce à la densité urbaine du réduit gazaoui.

Le 7 octobre, de manière spectaculaire, le théâtre des opérations principal a été projeté en territoire israélien. L’initiative stratégique est passée du côté des mouvements armés palestiniens, ce qui constitue en soi un événement de portée historique. Bien sûr, rien n’est acquis, et les forces palestiniennes vont sans doute se replier devant la supériorité matérielle de l’ennemi, l’hypothèse d’un puissant assaut contre Gaza ne pouvant être écartée.

Il n’empêche que la présence de nombreux otages israéliens modifie les données de l’équation militaire. En promettant «la destruction du Hamas», Netanyahou a placé la barre très haut. En réalité, il est condamné à réitérer ce qu’il a déjà fait tant et tant de fois, c’est-à-dire écraser Gaza sous un déluge de bombes. Les pertes civiles palestiniennes seront sans doute énormes, mais on va vite se demander pour quel résultat militaire, et surtout pour quel bénéfice politique.

S’il ordonne une offensive terrestre massive contre le bastion gazaoui, le gouvernement israélien court le risque, en effet, de se retrouver dans une situation pire qu’en 2014. Car il va devoir affronter une résistance aguerrie, galvanisée par son coup d’éclat du 7 octobre, et qui détient pour la première fois la fantastique monnaie d’échange que constituent des dizaines d’otages.

L’humiliation subie par l’armée israélienne se double donc, du côté de la résistance, d’une véritable victoire stratégique. En déplaçant le centre de gravité du conflit sur le sol israélien, le Hamas a fait voler en éclats le mythe sécuritaire cher à Netanyahou tout en ramenant le conflit à sa véritable dimension. Tel-Aviv a beau voir dans le Neguev la propriété inviolable de l’État d’Israël, les mouvements palestiniens, en occupant à leur tour les colonies, viennent de lui rappeler que ce territoire fait partie de la Palestine occupée.

Outre cette victoire stratégique, le deuxième aspect des événements en cours réside dans leur résonance régionale et internationale. De ce point de vue, le coup d’éclat du 7 octobre est comme l’écho lointain, sur un autre théâtre d’opérations, de la guerre perdue d’Israël contre la résistance libanaise.

En 2006, le Hezbollah avait fait la démonstration que les troupes sionistes pouvaient subir la défaite lorsqu’elles passaient à l’attaque sur le sol libanais. De son côté, la résistance palestinienne vient de montrer que ces troupes peuvent subir une correction lorsqu’elles sont en position défensive sur un territoire qu’Israël considère comme le sien parce qu’il l’occupe depuis 1948.

Cumulant leurs effets, ces deux événements ont pulvérisé le mythe de l’invincibilité israélienne. Une fois de plus, Tel Aviv a fait les frais d’une guerre asymétrique entre armée conventionnelle et résistance populaire à laquelle il ne comprend goutte.

Le conflit actuel, naturellement, entre en résonance avec les mutations géopolitiques en cours. L’obstination des États-Unis et de leurs satellites européens à mener une guerre absurde contre la Russie a offert une fenêtre de tir à la résistance palestinienne. Au moment où Washington est empêtré dans un conflit par procuration qu’il a orchestré sans en mesurer les conséquences, l’offensive inattendue de la résistance en territoire israélien souligne la fragilité de l’État-colon et déstabilise l’axe impérialiste.

Les alliés des Palestiniens, de leur côté, leur ont fourni des assurances et procuré des moyens qui ont rendu possible cette initiative spectaculaire. Ce n’est pas un hasard si l’Iran a immédiatement salué l’opération-surprise du 7 octobre. Base arrière de l’Axe de la Résistance, la République islamique est engagée dans un bras de fer de longue durée avec les Occidentaux. Les menaces israéliennes contre son territoire et les bombardements qui frappent la Syrie entretiennent un conflit dont Téhéran pense qu’il mûrira inexorablement, au gré de l’évolution du rapport de forces, jusqu’à la victoire finale.

Or les capacités militaires de l’Iran, notamment ses capacités balistiques, le rendent aujourd’hui capable d’exercer une dissuasion conventionnelle qui inhibe les velléités agressives de l’adversaire. S’il est ridicule d’imputer les initiatives de la résistance arabe à un soi-disant chef d’orchestre iranien, il est évident que le soutien politique et militaire de Téhéran fait partie de l’équation, au même titre que la réconciliation du Hamas avec la Syrie, toujours confrontée, de son côté, à l’agressivité israélienne et au blocus occidental.

«Soutien total», «ferme condamnation», «nous sommes au côté d’Israël» : quand les Occidentaux se mettent à chanter cette chanson à l’unisson, c’est qu’on a touché à la vache sacrée. La sensibilité à géométrie variable de l’homme occidental n’est un mystère pour personne. Ce n’est pas la première fois que l’indignation sélective des pleureuses sur commande est réservée aux victimes israéliennes. De leur côté, les civils palestiniens froidement abattus sont de mesure nulle, simples dommages collatéraux imputables à la défense de «la seule démocratie du Moyen-Orient».

Une fois de plus, l’hypocrisie monumentale du «monde libre» se déverse dans les médias aux ordres, ces relais serviles d’une propagande délétère. Les victimes palestiniennes, en réalité, sont les victimes sans visage de la sauvagerie de l’occupant, mais aussi de cette bassesse occidentale qui couvre le crime colonial des oripeaux de la démocratie.

Mais peu importe. Le mensonge collectif a beau atteindre des niveaux stratosphériques, il n’a aucun effet sur le rapport des forces. Le Sud global n’est pas dupe des artifices d’une rhétorique dont il fait les frais depuis des lustres. Et les Palestiniens n’attendent plus rien des Européens, car ils savent que ce sont des canards sans tête.

Comme tous les mouvements de libération nationale dans l’histoire, la résistance à l’occupant devra compter sur ses propres forces, et l’événement en cours fait la démonstration qu’elle n’en manque pas. D’autant qu’elle pourra aussi compter sur ses alliés, confortés jour après jour par le déclin d’un Occident qui se croyait maître du monde et qui voit s’effriter une domination mortifère, vouée à finir dans les poubelles de l’histoire.

source : Bruno Guigue

Deuxième front, le complexe de la forteresse

par Patrick Reymond - Le 11/10/2023.

Il est bien connu, qu’il n’existe ni de forteresse inviolable, ni de prison dont on ne puisse s’évader.

Mais, pour le défenseur, les murailles donnent un faux sentiment de sécurité. Dans sa prison, et Gaza est une prison, on a du temps, on a même que ça, du temps, à revendre.

Assez de temps pour observer minutieusement les défenseurs ou les gardiens. Jusqu’à ce qu’on trouve le point faible, le mur à attaquer silencieusement et longuement, jusqu’à ce que la surprise fasse son œuvre.

De fait, le problème dans la forteresse, c’est le «complexe de la forteresse». La garnison, trop confiante, devient routinière et finie par s’endormir.

Il n’y a pas de forteresse imprenable. À tel point, qu’un spécialiste, Vauban, les construisaient sans fondations, histoire de pouvoir les démolir très vite.

Lui-même disait qu’elles n’étaient pas imprenables, seulement très difficile à prendre. Et qu’il faudrait longuement les assiéger, laissant le temps à une armée de secours, de la dégager. C’est Lille 1708.

Les deux batailles de forteresses de la seconde guerre mondiale ont été déterminante : Brest-Litovsk, et Bir-Hakeim. Les deux prennent aux assiégeants un nombre totalement disproportionné de ressources, et décident finalement, très tôt, de l’issue de la campagne. Ces ressources consommées, sont irremplaçables.

Les fortifications de Vauban ont donné la paix à la France pour plus d’un siècle. Du moins, les guerres étaient-elles lointaines, en Belgique, en Allemagne, en Italie.

Plus près de nous, les fortifications dans la guerre en Ukraine ont ralenti les Russes, et totalement annulé l’offensive ukrainienne. Liddell Hart, dans sa «Seconde guerre mondiale», parlait de la puissance de la défensive.

Mais la défensive, pour être adéquat, nécessite, selon Bayard, de «bons hommes», qui font, de «bons murs». Là, en plus du relâchement interne, on a vu la bisbille à l’intérieur d’Israël ; «femme qui parle et forteresse qui murmure sont prêtes à se rendre».

Bref, l’idéal pour être surpris par une offensive bien préparée, bien menée, et soigneusement camouflée, même s’il apparait que la laisser se dérouler pouvait être aussi une manière de recréer une union sacrée autour du gouvernement.

Sans aucun doute, les massacres commis par le Hamas sont une faute contre la population de Gaza, qui va le payer cher.

À l’heure actuelle, les assaillants survivants doivent être rare, et autorisation a été donné à Israël de taper très fort sur Gaza, et ailleurs, si besoin.

L’oxydant, en décadence, veut montrer qu’il peut être très méchant et taper fort. Et sans doute, est-ce l’occasion idéale d’abandonner l’Ukraine, totalement.

Israël n’a pas subi le striptease militaire des autres pays oxdentaux, un reste minuscule, de bon sens. Israël va taper fort sur Gaza, peut être jusqu’à la vider de sa population.

Prendre Gaza d’assaut, est possible. Il faudra la raser au canon, et subir de lourdes pertes. Il y aura donc, des pertes très fortes des deux côtés, mais sans doute, les deux parties, finalement, les trouveront très acceptables. Si l’armée d’Iz est inadaptée, elle reste encore très forte. Et la disproportion des forces écrasante. L’intervention du Hezbollah ? On peut penser que le Hezbollah, qui a toujours eu une proposition générale plutôt libano-libanaise ne bougera pas, hors quelques frappes de politesse.

Le seul secours possible de Gaza, c’est la détérioration de la situation en Cisjordanie.

Zelensky, lui, doit se sentir très seul, et dans la situation du papier hygiénique après usage…

source : La Chute

Deuxième guerre du Kippour : Vers un nouveau choc pétrolier ?

Source : Le Courrier des Stratèges - par Erric Veraeghe - Le 09/10/2023.

2è guerre du Kippour : vers un nouveau choc pétrolier ?

 

Automobiles wait in gas station on the first day of oil crisis in Los Angeles, United States, on September 05, 1979. The crisis really bursts on March 27th, 1979 when thirteen members of the OPEC proceed then to an increase of 9 % of the price of the crude oil. This second "oil crisis", which turns out more severe than the first one, spreads out over a period of about three years. The image of the rows of automobiles in wait in front of gas stations remains associated there. (Photo by UPI / AFP)

Depuis plusieurs semaines, l’Arabie Saoudite et la Russie s’entendent pour diminuer la production de pétrole et faire ainsi monter les cours. L’attaque surprise d’Israël par les Palestiniens de Gaza, sous étendard du Hamas, a provoqué une nouvelle hausse du prix du baril ce matin. Les marchés retiennent leur souffle : le conflit va-t-il se généraliser, auquel cas nous assisterons à un nouveau choc pétrolier comme en 1973, dans la foulée de la guerre du Kippour ? L’implication de l’Iran dans l’offensive palestinienne sera déterminante pour la suite. Pour l’Occident, et surtout pour les Occidentaux, confrontés à une inflation galopante, c’est une bien triste nouvelle, annonciatrice de souffrances sociales profondes. La stratégie du chaos menée dans le monde depuis une quinzaine d’année par le Deep State américain entre probablement dans une phase décisive.

La mécanique a déjà été expérimentée en 1973 : un conflit au Moyen-Orient provoque une diminution brutale de l’offre pétrolière venue du Moyen-Orient. Les prix flambent, les réserves se vident, et la crise économique éclate, du fait du renchérissement brutal du prix de l’énergie.

Devons-nous nous préparer à vivre un remake de cette mécanique infernale, après l’attaque palestinienne contre Israël ? La répétition est encore incertaine, mais elle est tout à fait plausible, au vu des informations qui sont diffusées dès aujourd’hui.

Une extension du conflit paraît inévitable

Premier point, il apparaît comme à peu près certain que le conflit qui a commencé samedi matin, au 50è anniversaire de la première guerre du Kippour, va s’étendre très rapidement. En effet, Israël devrait dès demain envahir Gaza pour punir le Hamas et essayer de récupérer ses dizaines d’otages détenus sur ce territoire. Le Hezbollah libanais a annoncé qu’il déclarerait alors la guerre à Israël. Tous les ingrédients sont réunis pour un douloureux pourrissement de la situation.

Surtout, le Wall Street Journal affirme aujourd’hui que les Iraniens seraient à la manœuvre dans cette affaire. Ce sont les Gardiens de la Révolution qui auraient donné le feu vert au Hamas lundi dernier pour lancer les opérations. Ces informations sont toutefois à prendre avec précaution, puisque les services américains ne semblent pas y ajouter foi, et qu’elles sont contestées par les Iraniens eux-mêmes. Le Wall Street Journal affirme que ces allégations proviennent de responsables du Hamas et du Hezbollah, et qu’elles auraient été confirmées par un responsable européen et un conseiller syrien.

Si l’hypothèse d’une implication iranienne se vérifiait, on mesure immédiatement les risques de rétorsion et d’inflammation régionale, voire mondiale, qui existent.

Un conflit avec l’Iran ferait “brûler” le prix du baril

Bien entendu, des représailles israéliennes contre l’Iran (par exemple un bombardement de sites nucléaires), jointes à des actions du Hezbollah et, potentiellement, de la Syrie, contre Israël, provoqueraient une déflagration régionale face à laquelle l’Arabie Saoudite serait très embarrassée. Comment ne pas soutenir le camp arabo-musulman lorsqu’il s’agit de combattre pour Jérusalem ? Comment prendre des risques pour sauver l’Iran, l’ennemi chiite ?

L’entrée en guerre des Palestiniens, dans tous les cas, crée d’ores et déjà une très forte instabilité régionale, et celle-ci devrait s’accroître dans les jours, dans les semaines qui viennent, plaçant l’Occident au bord du gouffre.

Assez logiquement, donc, nous devrions, d’ici à quelques semaines, assister à un choc pétrolier douloureux.

La seule façon d’y échapper serait de circonscrire l’incendie : dissuader les Israéliens d’envahir Gaza, pratiquer une désescalade, donc le prix à payer est évidemment la reconnaissance immédiate d’un État palestinien indépendant. Sans quoi, nous allons manger du pain noir pendant un bon moment.

 

Deuxième guerre du Kippour : Le Hamas veut-il faire ressortir l’affaiblissement des États-Unis ?

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 10/10/2023.

2è guerre du Kippour : le Hamas veut-il faire ressortir l’affaiblissement des États-Unis ? par Alexandre N

Et si le premier objectif du Hamas était de faire voir au monde l’affaiblissement américain ? La deuxième guerre du Kippour est encore mystérieuse à bien des égards. En fin observateur, Alexandre N, qui nous éclaire aussi régulièrement sur la guerre d’Ukraine, a ramassé quelques pièces d’un puzzle complexe, pièces visiblement tombées de la table des journalistes qui pensent avoir déjà l’image complète. Notre ami spécialiste des questions stratégiques s’interroge à la fois sur les origines de ce conflit mais aussi sur les objectifs poursuivis par le Hamas.

Comprendre ce qu’il se passe actuellement au Proche Orient, passe nécessairement par l’analyse stratégique hors des emportements émotionnels et propagandistes qui polluent toute la sphère médiatique.

En l’état des évènements, ceci n’est donc qu’une pré-analyse stratégique visant à établir les premiers tenants et aboutissants d’une situation nécessairement complexe ne serait-ce que par sa survenue brutale.

Elle relève donc de la démarche popperienne qui veut que loin de toute vérité révélée ou définitive, d’une part sans parti pris et d’autre part comme une base temporaire d’interprétation, devant évoluer en fonction de la confirmation ou la réfutation des évènements à venir.

L’affrontement israélo-palestinien qui n’est pas nouveau, s’inscrit irréversiblement dans une montée périodique mais irréversible de violence armée, typique des conflits larvés. Sauf que l’épisode en cours, que certains qualifient déjà d’intifada 3, s’inscrit totalement comme les précédents dans le contexte international du moment. Or précisément c’est bien celui-ci qui constitue désormais un changement radical.

Un degré de préparation inédit

Le premier point remarquable est que Hamas a résolument engagé son action sous les auspices de la guerre dite du Yom Kipour, laquelle rappelons-le a bien brisé le mythe d’invincibilité de Tsahal forgé après les guerres de 1948 et de 67.

Le second point remarquable porte sur le degré de préparation absolument inédit de cette action, ce qui nécessairement préjuge de ses concepteurs – outre qu’elle était prévue de longue main –  qu’ils ont bien envisagé tous les scénarios possibles. Inversement, il met en évidence la surprise manifeste du renseignement israélien qui n’a pas – ou pas voulu pour certains – l’anticiper.   

Le troisième point remarquable est dans la volonté apparemment délibérée du Hamas, au plan de l’exécution et de sa médiatisation, d’une violence paroxystique à des fins volontairement  provocatrices eut égard au degré de préparation supposée. Par conséquent, la bataille se déroulera autant sinon plus sur la scène médiatique internationale que sur le terrain.

Jeudi 5 octobre, plus de 800 Juifs fêtant Soukkot ont pénétré sur l’esplanade des mosquées

Le quatrième point se situe dans l’erreur absolument remarquable des médias occidentaux qui ont tu le fait que le jeudi 5 octobre « Plus de 800 colons israéliens ont pris d’assaut jeudi matin l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem-Est occupée, sous la protection des forces israéliennes ». Or ce fait, une fois les premières poussières retombées, nécessairement fera porter sur Israël l’acte provocateur pour une opinion publique mondiale ultra majoritaire devant l’occidentale.

Un cinquième et dernier point remarquable se situe dans le fait que le Hamas a ou aurait reçu des armes provenant d’Ukraine via le Liban sous prétexte d’achat de céréales. Et c’est bien là où on doit constater que l’Ukraine est déjà la première victime collatérale du conflit en confirmant son jeu tout particulièrement trouble, et dans le cas présent totalement contre-productif pour elle en ce que la  corruption y prime sur les considérations stratégiques. Dans le contexte actuel d’une fatigue du soutien occidental, c’est tout sauf bon …

La première référence  à la guerre du Yom Kipour n’est pas neutre – par delà son impact psychologique voulu – en ce qu’Israël n’a pu en fait s’en sortir que grâce au soutien absolument massif  des Américains, tant diplomatique qu’en matière d’armement. Conséquemment, un des premier but de l’opération du Hamas est bien de tester la réaction américaine dans le cas présent, pour éventuellement  en démontrer sa totale impuissance – en dehors de ses habituelles rodomontades verbales – sur la scène internationale toujours, dont on rappelle qu’elle a déjà deux guerres au feu contre la Russie et la Chine. L’administration US, dont la surprise devant l’évènement est encore plus grande que celle de l’administration israélienne, se retrouve donc prise dans un piège du simple fait que le contexte international lui est aujourd’hui infiniment plus défavorable qu’il ne l’était en 1973.

Un troisième front impossible à tenir pour les Américains ?

D’abord au plan de l’alimentation en armes et munitions, elle ne dispose plus a priori du stock nécessaire, du fait même de son soutien sans limite en la matière au profit de l’Ukraine. Nécessairement ce manque d’anticipation fait que cet armement pourrait dramatiquement manquer à Tsahal pour le cas où celle-ci s’engagerait directement dans un combat urbain à Gaza ( peu probable ).

Mais il y a plus dangereux pour les États Unis qui procède du fait que toute réaction hystérique de leur part – ce qui rappelons-le est devenu leur norme – ne ferait que coaguler une majorité de pays musulmans contre eux, soit potentielle de 1,4 milliards d’individus, lesquels rajouter au 1,4 milliard de Chinois qu’ils menacent commence à faire beaucoup. Nécessairement les US doivent « tout » faire pour stopper le conflit car il est sans issue, mais comment le peuvent-ils alors qu’ils ont perdu tout soutien diplomatique – de la Russie en particulier – et l’Europe ne leur servant alors strictement à rien.

Pour résumer cet aspect, cette attaque du Hamas stratégiquement piège les États Unis dans leur vocation non-dite de « porte-avion fixe » d’Israël ( voir Laurent Guyennot )  en démontrant sinon leur impuissance au moins les vrais limites de sa puissance – surtout celle des néo-cons …  Autrement dit, une part du conflit va s’exporter à l’intérieur même des État-Unis, comme un ferment supplémentaire de division à un moment pré-électoral où ils n’en ont pas vraiment besoin.

Arrêt rapide ou enlisement ?

L’autre référence à la guerre du Yom Kipour  porte sur l’aspect militaire de l’opération égyptienne, typiquement marqué par la surprise, mais bien plus encore par la maskirowka, autrement dit la méthode russe de combat. L’extrapolation de ce facteur nécessite alors la détermination de deux hypothèses également plausibles :

– soit le conflit s’arrête au bout de quelques jours aux termes de négociations absolument serrées, comme ce fut plusieurs fois le cas précédemment, mais cette-fois-ci hors du patronage exclusif des Américains.

– soit au contraire, le conflit tend à s’enliser, auquel cas, sans vouloir « prédire » le vainqueur, un certain nombre de facteurs militaires sont à prendre en compte.

Tout d’abord, il y l’erreur classique qui consiste à postuler la supériorité inéluctable à priori de Tsahal face au Hamas. Hors ce type d’erreur est coutumier aux Occidentaux comme ils viennent encore de le démontrer en Ukraine – pour eux il ne faisait aucun doute que l’armée ukrainienne, entraînée par l’OTAN, allait écraser l’armée russe.

Une première préoccupation va consister à tester in vivo l’homogénéité de la population israélienne face à cette menace nouvelle, dans une société désormais profondément divisée entre ashkénazes et mizrahis au sujet de la Cour Suprême et la révolution colorée larvée qui en découle.

Déjà on annonce – mais c’est à confirmer – le refus de réservistes à rejoindre leurs postes.

Combien de temps le Hamas peut-il maintenir sa capacité de à terroriser la population israélienne ?

Mais la préoccupation principale nécessairement réside dans la préparation du « temps d’après » par le Hamas. Il en découle les probabilités suivantes.

Si on s’en tient aux chiffres médiatiques – toujours suspects -,  le Hamas aurait d’ores et déjà tiré « 5000 missiles » mais plus probablement des roquettes. Or le Hamas impérativement ne peut miser que sur le missile précisément pour espérer surclasser la défense israélienne. Donc forcément il doit disposer des stocks à cet effet, non seulement en terme de quantité ( certains disent 100 000 mais ils n’en savent rien ) mais surtout en terme de qualité, c’est à dire de portée et de précision lui permettant de couvrir l’ensemble du pays.

Nécessairement aussi le Hamas n’a pu que tirer les enseignements les plus probants de la guerre en Ukraine. Auquel cas, on peut s’attendre à l’emploi intensif de drones kamikazes. L’idée du Hamas étant que l’armée de l’air adverse constitue pour lui la menace principale, il serait étonnant qu’il ne se soit pas doter de missiles sol-air suffisamment efficaces pour forcer cette armée de l’air à une salutaire prudence, ne serait-ce que pour diminuer son efficacité et sachant que sera prioritairement  recherchée la destruction d’un aéronef pour le médiatiser à des fins de guerre psy. On peut raisonnablement supposer alors que l’idée générale de l’emploi de cet arsenal présomptif est – comme en Ukraine – de démontrer l’infériorité à tous égards de l’armement occidental ( en particulier le F-35, pour le Merkava et Iron Dom c’est fait ).

Inversement, Tsahal doit nécessairement s’interroger sur cette montée en gamme de son adversaire.

“Propager jusqu’au cœur des États-Unis les premiers et évidents craquements du front ukrainien”

Conséquemment, si on passe au niveau supérieur de la stratégie, s’impose un lien évident avec la guerre en Ukraine, lequel, combiné au fait que le Hamas n’a pas pu se préparer seul à un tel niveau de conflit, nécessairement celui-ci était programmé  de longue date comme une sorte de deuxième front sur les arrières américains.

Ici, en l’absence de faits probants, on laissera à chacun le loisir d’imaginer la chaîne d’alliances soutenant tacitement le Hamas. D’aucuns désignent déjà l’Iran mais ça va bien plus loin. 

En supposant valide l’hypothèse précédente, l’opportunité alors du déclenchement du conflit ne peut être que l’exploitation par la  recherche de l’effet ( stratégie orientale ) qui consiste alors à propager jusqu’au cœur des États Unis les premiers et évidents craquements du front ukrainien ( ceux qui les cherchent encore s’inspireront utilement des articles objectifs de par exemple de   https://www.indianpunchline.com/). Une autre hypothèse est qu’il s’agit d’une juste et indirecte  réaction à la guerre subreptice des corridors que tente de lancer une agence à trois lettres notoirement connue ( voir à ce sujet les trahisons arménienne et pakistanaise ) … En ce sens, la guerre dont il est ici vraiment question est bien plus complexe mondialisée que les médias sont en mesure de l’imaginer.

Les signaux avant-coureurs n’ont pas manqué

À ce stade, il n’est pas utile de poursuivre plus avant ce qui – rappelons-le – ne constitue en l’état qu’un jeu d’hypothèses en attendant la suite. Toutefois on ajoutera que sur la base du principe que le présent éclaire le passé, la survenue de ce nouveau conflit fait immédiatement apparaître une corrélation forte entre de nombreux évènements récents, sur le moment sans lien entre eux, mais rétrospectivement comme des « signaux » convergents.

Un exemple anodin est la récente demande du Qatar pour que le nucléaire israélien soit placé sous le contrôle de l’AIEA comme les autres …

Un autre est la volonté sous-jacente dans la guerre des corridors évoquée supra, de faire du port de Haïfa  le point de passage obligé entre l’Asie et l’Europe …

Un troisième pourrait être de bien analyser plutôt que de diaboliser les discours du président Poutine …

 

Palestine : Une guerre de crimes de guerre commence…

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Eric Verheaghe - Le 09/10/2023

Palestine : une guerre de crimes de guerre commence…

 

En Palestine, une guerre de crimes de guerre commence. De toutes parts, les atrocités aiguisent déjà les haines et les ressentiments. Et chaque partie s’emploie désormais à nourrir l’escalade en promettant le pire. Ce soir, Netanyahou a prononcé un discours très dur, où il annonce un siège complet de Gaza, dont l’approvisionnement en eau est déjà interrompu. De son côté, le Hamas annonce qu’il exécutera les otages en cas de bombardement israélien. La déraison a pris le pouvoir, et les images à venir devraient être difficiles à soutenir. Reste à savoir si ce combat à mort sera exporté en Occident.

Au terme du troisième jour de guerre en Palestine, la situation s’apprête vraisemblablement à dégénérer, comme nous l’avons évoqué dès ce matin en analysant les risques d’un prochain choc pétrolier, consécutif à l’embrasement de la région. D’ici là, le bilan humain est déjà très lourd et étonnamment plus élevé du côté israélien.

Ainsi, 1.008 israéliens seraient morts depuis samedi, 3.000 seraient blessés, dont près de 400 dans un état grave ou critique.

Du côté palestinien, on déplore près de 700 morts et près de 3.000 blessés.

300.000 Israéliens mobilisés

Du côté israélien, le Premier ministre a prononcé un discours très dur ce soir, annonçant qu’il allait changer la donne, et préparant un déluge militaire. La mobilisation concerne 300.000 jeunes désormais. Des troupes se massent le long de la frontière de Gaza, et l’on s’attend au début d’une opération terrestre dès ce mardi matin.

Pour l’armée israélienne, cette intervention directe en sol ennemi ne sera pas la plus simple à réaliser. Cette minuscule bande de terre est extrêmement urbanisée et peuplée. Elle est aussi très bien quadrillée par le Hamas. Les pertes pourraient y être d’autant plus nombreuses que l’armée doit retrouver des otages disséminés sur le territoire, que le Hamas a annoncé vouloir exécuter en cas de bombardement israélien.

Ces techniques du bouclier humain devrait mettre le moral israélien à rude épreuve, et favoriser une vraie volonté de vengeance, porte ouverte à tous les excès.

Même si l’armée israélienne déclare avoir repris le contrôle des villages occupés par les Palestiniens, le Premier Ministre Netanyahou a déclaré ce soir que des combattants du Hamas étaient encore présents sur le sol israélien. On mesure ici la terreur qui règne dans la zone de combats.

Le siège de Gaza s’annonce très dur

Parallèlement, Netanyahou affirme que le siège de Gaza sera complet : sans eau, sans nourriture, sans électricité, sans soins. Le pire est donc à craindre dans une enclave que l’Union Européenne a beaucoup alimenté à une époque, et qu’elle continuera à alimenter, puisque le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg et l’Espagne se sont opposés à l’interruption de l’aide européenne.

D’un point de vue humanitaire, les civils, et spécialement les enfants, paieront donc un tribut extrêmement lourd à la riposte israélienne. Une véritable bataille d’images devrait s’engager, chaque camp mettant en avant les preuves terribles des souffrances endurées. En Israël, le gouvernement demande déjà aux civils de passer 3 jours dans un bunker. Chacun doit préparer ses vivres et sa réserve d’eau en conséquence.

Reste à savoir qui gagnera cette guerre hybride… Si l’on en juge par le succès de certaines manifestations de soutien à la Palestine un peu partout dans le monde, les Israéliens devraient se méfier de l’illusion qu’ils peuvent avoir de bénéficier d’un large soutien en Occident. Cette illusion est abondée par le cartels des médias mainstream ou subventionnés, qui est trompeur.

Extension du conflit ?

Sur le front Nord, le Hezbollah annonce trois morts. Il semblerait que quelques escarmouches aient eu lieu à la frontière. Dans le même temps, la rumeur court que la Syrie masse des troupes sur sa frontière avec Israël. Tant que les troupes israéliennes ne sont pas entrées à Gaza, l’ouverture d’un front nord ne s’impose pas.

En revanche, une fois Gaza envahie (et Bibi semble avoir expliqué à Biden qu’Israël n’avait d’autre choix que d’y aller), le Hezbollah et la Syrie pourraient décider de profiter de la “fixation” des troupes israéliennes au sud, et de leur possible enlisement dans des combats de rue, pour passer à l’offensive au nord.

Changement de paradigme en Palestine

Source : RzO Voltaire - Le 10/10/2023.

Le conflit sanglant qui a débuté en Palestine géographique survient après 75 ans d’injustices toutes aussi meurtrières. Du point de vue du Droit international, les Palestiniens ont le droit et le devoir de résister à l’occupation israélienne, comme les Israéliens ont le droit et le devoir de répondre à l’attaque qu’ils subissent. Il est de la responsabilité de chacun d’aider à résoudre les injustices dont les deux groupes sont victimes, ce qui ne signifie pas soutenir la vengeance cruelle de certains d’entre eux.
Par ailleurs, le soutien que l’on peut apporter aux peuples palestinien et israélien ne doit pas conduire à amnistier leurs dirigeants respectifs pour les crimes qu’ils ont commis, ni les grandes puissances qui les ont manipulés.

Le Proche-Orient est un univers instable dans lequel de nombreux groupes s’affrontent pour survivre. Par simplification, nous considérons en Occident que sa population se compose de juifs, de chrétiens et de musulmans, mais la réalité est beaucoup plus complexe. Chaque religion se compose elle même d’une multitude de confessions. Par exemple, en Europe et au Maghreb, nous sommes conscients que les chrétiens se divisent en Église catholique, Église orthodoxes et Églises protestantes, mais au Moyen-Orient, il y a des dizaines et des dizaines d’Églises différentes. Le même constat est vrai au sein des religions juive et musulmane.

 

Chaque fois qu’une pièce est modifiée sur l’échiquier, l’ensemble des autres groupes doivent se repositionner. C’est pourquoi les alliés d’un jour, seront peut-être les ennemis de demain, tandis que les ennemis d’aujourd’hui étaient nos alliés hier. Au fil des siècles, chacun est devenu à la fois victime et bourreau. Les étrangers qui se rendent au Proche-Orient se reconnaissent a priori dans les personnes ayant la même culture qu’eux, la même confession, cependant ils en ignorent l’histoire et ne sont pas prêts à l’assumer.

Ces préliminaires étant posés, venons-en aux faits.

Le Hamas a attaqué Israël, le 7 octobre 2023 à 06 heures du matin, c’est-à-dire à l’occasion du 50° anniversaire de la « Guerre d’octobre 73 », connue en Occident sous le nom israélien de « guerre du Kippour. » À l’époque, l’Égypte et la Syrie avaient attaqué par surprise Israël pour venir en aide aux Palestiniens. Mais Tel-Aviv, informé par Amman et soutenu par Washington, avait écrasé les armées arabes. Anouar el-Sadate avait trahi les siens, tandis que la Syrie avait perdu le Golan.

L’opération actuelle combine à la fois une pluie de roquettes, destinée à saturer le Dôme de fer, et 22 attaques au sol en territoire israélien. Pour la première fois en Palestine, les tirs de roquettes ont été ciblés sur des centres de commandement israéliens de manière à favoriser les actions des commandos. Ces dernières sont officiellement destinées à prendre des otages de manière à pouvoir négocier leur échange avec les 1256 détenus palestiniens en prison de haute sécurité. Les infiltrations ont eu lieu à la fois par voie terrestre, maritime et aérienne (avec des ULM).

La préparation de cette opération, l’acquisition du Renseignement, la formation d’un millier de commandos et le transfert de l’armement ont demandé des mois, sinon des années de travail. Pourtant, aveuglés par notre conviction de supériorité, nous ne l’avons pas vu. Elle a pourtant été conçue par Mohammad Daif, le chef opérationnel du Hamas, qui avait disparu des radars depuis deux ans et est réapparu aux côtés du du porte-parole du Hamas, « Abou-Obaida ».

Parvenant à détecter les roquettes, mais incapable de les détruire toutes, Israël en a endurées au moins 3000 sur les 7000 tirées. Les réseaux sociaux et les chaînes de télévision arabes ont montré que le Hamas avait pris plusieurs chars et au moins le poste frontière à l’Ouest de la Bande. En outre, il a attaqué une rave party au Kibbutz Re’im où il a violé et massacré au moins 280 participants. Partout, il a enlevé un grand nombre d’otages, dont des généraux. Ses commandos ont pénétré dans plusieurs localités israéliennes, tirant à la mitraillette sur les habitants. On dénombre au moins 900 morts et 2600 blessés graves côté israélien, le double côté palestinien.

 

Il s’agit de la plus importante action palestinienne depuis un demi-siècle.

Ce qui se passe est le fruit de 75 ans d’oppression et de violation du Droit international. Des dizaines de résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies ont été violées par Israël, sans aucune sanction à son égard. Israël est un État hors Droit qui n’a pas hésité à corrompre ou à assassiner la quasi-totalité des dirigeants politiques palestiniens. Il a délibérément empêché le développement économique des Territoires tout en favorisant la création d’un État palestinien distinct qu’il contrôle partiellement.

La frustration et les souffrances accumulées depuis 75 ans se traduisent par des comportements violents et cruels de certains Palestiniens, conscients d’être abandonnés depuis longtemps par la Communauté internationale. Cependant, les temps changent. La majorité des membres des Nations unies, qui a pu constater en Syrie et en Ukraine l’échec militaire des Occidentaux et la victoire de la Russie, ne se contente plus de baisser la tête devant les États-Unis. L’Assemblée générale a réaffirmé, à l’occasion de l’anniversaire de l’auto-proclamation de l’indépendance d’Israël et du massacre et d’expulsion des Palestiniens (la Nakhba), que le Droit international est du côté des Palestiniens, pas des Israéliens. Ce qui n’empêche pas le Hamas de commettre des crimes de guerre.

La situation actuelle est sans issue pour les deux camps. Après trois-quart de siècle de crimes, Israël ne peut plus prétendre à grand-chose. Sa population est désormais divisée. Durant les derniers mois, les « sionistes négationnistes », c’est-à-dire les disciples de l’Ukrainien Vladimir Jabotinsky, favorables au suprémacisme juif, ont pris le pouvoir à Tel-Aviv malgré l’opposition d’une petite majorité de la population et de gigantesques manifestations. Ses jeunes qui aspirent à vivre en paix, refusent de servir dans les armées pour brutaliser des arabes, mais les ont quand même rejointes pour défendre leurs familles qu’ils aiment et leur pays dans lequel ils ne croient pas.

En droit, les Palestiniens ont formé un État, qui a obtenu le statut d’observateur aux Nations unies. À la mort de Yasser Arafat, le chef du Fatah, Mahmoud Abbas, a été élu président. Cependant, à l’issue de la victoire du Hamas aux élections législatives de 2007 et de l’impossibilité de faire accepter aux Occidentaux un gouvernement du Hamas, les Palestiniens se livrèrent une guerre civile. En définitive, la Cisjordanie est gouvernée par le Fatah, le parti laïque créé par Yasser Arafat. Mahmoud Abbas et ses proches sont financés par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. Tandis que la Bande de Gaza est aux mains du Hamas, c’est-à-dire de la branche palestinienne de la Confrérie des Frères musulmans. Elle est gouvernée par des individus qui ne conçoivent pas l’islam comme une spiritualité, mais comme une arme de conquête. Ils sont principalement rémunérés par le Royaume-Uni, le Qatar, Israël, la Türkiye, l’Iran et l’Union européenne. Les deux camps se sont opposés à toute nouvelle élection depuis 16 ans. Leurs dirigeants vivent dans un luxe mafieux qui contraste avec les conditions de vie misérables de leur peuple.

 Lors de sa création, le Hamas était financé par le Royaume-Uni. Il a été soutenu par les services secrets israéliens pour affaiblir le Fatah de Yasser Arafat. Puis Israël l’a combattu et a assassiné son leader religieux, le cheikh Ahmed Yassine. Puis, à nouveau, Israël a utilisé le Hamas pour éliminer cette fois les dirigeants de la Résistance palestinienne marxiste. Ainsi, des combattants du Hamas encadrés par des agents du Mossad et des jihadistes d’Al-Qaeda ont attaqué le camp palestinien de Yarmouk au début de la guerre contre la Syrie [1]. Mais aujourd’hui, à nouveau, le Hamas combat son allié d’hier, Israël.

Mohammad Daif est connu pour être le fondateur des brigades Izz al-Din al-Qassam. Comme tous les Frères musulmans, c’est un suprémaciste islamique. Il se réfère à Izz al-Din al-Qassam (1882-1935), un opposant au mandat français au Liban et au mandat britannique en Palestine. Il n’a donc pas de rapport avec l’ancien mufti de Jérusalem et allié des nazis, Amin al-Husseini, même s’il en partage l’antisémitisme. En 2010, il écrivait : « Les Brigades Izz ad-Din al-Qassam ... sont mieux préparées à continuer sur notre voie exclusive où il n’y a pas d’alternative, et c’est le chemin du djihad et la lutte contre les ennemis de la nation et de l’humanité musulmane... Nous disons à nos ennemis : vous allez sur le chemin de l’extinction (zawal), et la Palestine restera la nôtre, y compris Al Qods (Jérusalem), Al-Aqsa (mosquée), ses villes et villages de la mer (Méditerranée) au fleuve (Jordanie), du nord au sud. Vous n’avez pas droit à ne serait-ce qu’un pouce de celui-ci ». Mohammad Daif n’est pas un militaire, mais un spécialiste des prises d’otages. Son opération est conçue à cette fin, et non pas pour libérer la Palestine.

 Alors que la santé du président Mahmoud Abbas s’affaiblit, le Fatah est divisé en trois factions militaires :

• celle de Fathi Abou al-Ardate, le chef de sécurité nationale

• celle de Mohammad Abdel Hamid Issa (alias « Lino »), commandant du Kifah al-Moussallah (la lutte armée). Elle s’inscrit dans la mouvance de Mohamed Dallan, l’ancien chef du Renseignement palestinien qui assassinat Yasser Arafat. Elle est aujourd’hui soutenue par les Émirats arabes unis.

• celle de Mounir Maqdah, ancien chef militaire du Fatah, qui s’est rapproché du Hamas, du Qatar, de la Türkiye et de l’Iran.

Le mois dernier, des affrontements ont opposé ces trois factions à celles des islamistes du Hamas, ainsi que de Jund el-Cham et de al-Chabab al-Moslem, deux groupes jihadistes qui ont combattus aux côtés de l’Otan et d’Israël contre la République arabe syrienne. De violents combats ont eu lieu au camp d’Aïn el-Héloué (Sidon, Sud Liban). Sur le moment, je les avais interprétés au regard de ceux de Nahr el-Bared (Nord Liban), en 2007 [2], avant de réaliser qu’ils étaient liés à l’agonie de Mahmoud Abbas [3].

Depuis 75 ans, Tel-Aviv a fait tout ce qui était en son pouvoir pour refuser l’égalité entre tous, qu’ils soient juifs ou arabes. Au contraire, depuis l’Appel de Genève, il promeut « la solution à deux États », c’est-à-dire le plan colonial de la dernière chance de Lord William Peel que les Britanniques ne parvinrent pas à imposer, ni sur le terrain, en 1937, ni aux Nations unies, en 1948, mais qui fait pourtant consensus aujourd’hui. Désormais, seuls les marxistes du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) prêchent dans le désert en proposant de créer un État unique dans lequel chaque homme disposerait d’une voix égale [4].

Face à ce qu’il considère comme une invasion palestinienne, mais qui n’est d’un point de vue palestinien, qu’un retour à la maison, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis la victoire. Mais que serait-elle ? Tuer tous les combattants du Hamas ne résoudra pas 75 ans d’injustice. Leurs enfants reprendront leur flambeau comme eux-mêmes ont repris celui de leurs parents.

Pour réaliser son objectif, Benjamin Netanyahu doit d’abord rassembler les Israéliens qu’il a divisés. Prenant exemple sur Golda Meir durant la « guerre des Six jours », il doit faire entrer son opposition au gouvernement. Aussi a-t-il rencontré Yaïr Lapid et le général Benny Gantz. Cependant le premier a posé comme condition que les suprémacistes juifs, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, quittent le gouvernement, c’est-à-dire que le Premier ministre abandonne son projet politique et celui de ses sponsors actuels [5], les strausiens de l’administration Biden [6]

Les dirigeants du Hamas ont appelé les réfugiés palestiniens à l’étranger, tous les arabes et tous les musulmans à s’unir à leur combat. Les réfugiés palestiniens, cela veut dire d’abord la majorité de la population jordanienne et ceux du Liban. Les arabes, cela veut dire le Hezbollah libanais et la Syrie, deux puissances qui ont renoué avec le Hamas au cours des derniers mois. Les musulmans cela veut dire l’Iran et la Türkiye.

Pour le moment seuls le Jihad islamique, c’est-à-dire l’Iran, et les divers groupes de Résistance de la Cisjordanie se sont joints au Hamas.

Sortant de l’ombre, le président Erdogan a appelé, le 8 octobre, à l’application des résolutions du Conseil de Sécurité sur la Palestine

Contrairement à ce que prétend le Wall Street Journal, ce n’est pas l’Iran qui pilote le Hamas. C’est oublier l’accord passé entre Hassan El-Banna, le fondateur des Frères musulmans, et Rouhollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique d’Iran. Les deux groupes se sont partagés le monde musulman et s’interdisent d’intervenir significativement dans la sphère d’influence de l’autre. Téhéran ne cesse d’affirmer bruyamment son soutien aux Palestiniens, mais son action concrète en Palestine se limite au Jihad islamique.

Les dirigeants politiques du Hamas habitent en Türkiye, sous la protection des services secrets. C’est Ankara qui pilote le Hamas et l’opération « Déluge d’Al-Aqsa ». Inaugurant, le dimanche 8 octobre, une église orthodoxe syriaque, le président Recep Tayyip Erdoğan a déclaré, patelin : « L’établissement de la tranquillité, d’une paix durable et de la stabilité dans la région à travers la solution de la question palestinienne conformément au droit international est la priorité absolue sur laquelle nous nous concentrons lors de nos entretiens avec nos homologues (…) Malheureusement, les Palestiniens et les Israéliens, ainsi que l’ensemble de la région, paient le prix du retard dans l’administration de la justice (…) Ajouter de l’huile sur le feu ne profitera à personne, y compris aux civils des deux côtés. La Turquie est prête à faire sa part au mieux de ses capacités pour mettre fin aux combats le plus rapidement possible et atténuer la tension accrue due aux récents incidents ».

 Le choix par Ankara de déclencher cette nouvelle guerre à peine écrasée la République d’Artsakh, en Azerbaïdjan, et alors qu’ils envoient du matériel militaire en Russie en violation des mesures coercitives unilatérales US, laisse entendre que les diplomates turcs n’ont plus peur de Washington qui avait pourtant tenté d’assassiner le président Erdoğan, en 2016. Dès que cette opération sera terminée, une autre suivra contre les Kurdes, en Syrie et en Iraq.

Si le Hezbollah entre en scène, Israël ne parviendra pas seul à repousser l’attaque. Son existence ne pourra se poursuivre qu’avec le soutien militaire des États-Unis. Or, l’opinion publique US ne soutient plus Israël, tandis que le Pentagone n’a plus le pouvoir de le défendre. Ce qui se passe actuellement est une des conséquences de la guerre en Ukraine. Washington ne parvient pas à fabriquer suffisamment de munitions pour ses alliés ukrainiens. Il a même été contraint de prélever dans ses stocks en Israël. Il y a déjà vidé ses arsenaux.

Dans les premières heures du conflit, le Hezbollah a tiré quelques roquettes sur les fermes de Chebaaa, c’est-à-dire sur territoire disputé entre le Liban et Israël. Il a montré ainsi qu’il soutient la Résistance palestinienne selon la rhétorique de « l’unité des fronts ». Mais il n’est pas entré dans la guerre, car il se méfie du Hamas qu’il a combattu en Syrie. Et dont il ne partage pas l’idéologie frériste.

Tous les dirigeants occidentaux ont assuré qu’ils condamnaient les actions terroristes du Hamas et qu’ils soutenaient Israël. Par le passé, ils n’ont rien fait pour résoudre les injustices en Palestine et ces positions de principe attestent qu’ils ne le feront pas plus maintenant. De leur côté, la Russie et la Chine, refusant de prendre parti pour les Palestiniens ou les Israéliens, ont appelé, non pas à l’application des règles occidentales, mais au respect du Droit international.

On se trouve maintenant face à une situation où tous les acteurs ont délibérément saboté à l’avance chaque solution, de sorte qu’il est désormais presque impossible d’éviter que tout cela ne se termine en un bain de sang.

Thierry Meyssan 

Pourquoi le Hamas est le meilleur ennemi d’Israël

Source : Le Courrier des Stratèges- par Eric Veraeghe - Le 10/10/2023.

Pourquoi le Hamas est le meilleur ennemi d’Israël

Les différentes étapes qui ont mené à la situation de guerre ouverte en Israël et en Palestine demeurent encore un mystère. Pourquoi le Hamas a-t-il pu si facilement s’infiltrer sur un sol aussi peuplé, alors même que la situation générale était tendue ? Pourtant, il est beaucoup trop tôt pour apporter des réponses sérieuses à ces questions. Mais il est sûr que les relations si particulières entre Israël et le Hamas ne pourront qu’être interrogées dans les semaines à venir, pour mieux comprendre ce qui s’est passé. En attendant, il n’est pas inutile de rappeler quelles sont les origines du Hamas et de ses relations avec Israël.

Sur le fond, le Hamas est un mouvement “frériste”, donc proche du salafisme égyptien. Initialement, Israël a tout fait pour l’installer à Gaza, car cette présence permettait de contre-balancer la toute puissance du Fatah, bras armé de l’OLP, dans les années 70. Dans la mouvance de la sous-traitance à l’Arabie Saoudite de multiples activités clandestines, les services israéliens et plus largement occidentaux ont pu voir dans le Hamas une opportunité intelligente qui affaiblissait la résistance palestinienne en la divisant.

Le temps a fait son œuvre, et le Hamas a diversifié ses alliances. Un rapprochement avec l’Iran et le Hezbollah ont changé la donne. Désormais, le Hamas est devenu un acteur incontournable de la “résistance palestinienne”, même si cette expression peut être interprétée de multiples façons.

Dans la pratique, quasiment cinquante après sa création, quarante ans après son “installation” de fait par Israël, le Hamas est devenu un obstacle majeur dans la stratégie israélienne.

L’étrange faillite du renseignement israélien…

Souce : Riposte Laïque - Le 09/10/2023.

 

Cet article ne fait que poser la question traditionnelle question : cui bono ? En français : à qui profite le crime ? Sans y répondre vraiment car l’auteur doit avouer que sa boule de cristal est en réparation. Ça tombe mal.

Ces images de femmes et d’enfants massacrés, de sbires du Hamas qui tirent sur des corps inertes baignant dans des mares de sang, de vieilles dames empoignées par les cheveux et traînées au sol aux cris de « Allah akbar », d’adolescentes dénudées et démantibulées, exhibées à l’arrière de pick-up par une soldatesque hilare, tout cela est abject et provoque le haut-le-cœur, et doit nous alerter, nous, Français, sur ce qui pourrait un jour prochain se dérouler dans les rues de nos villes et villages, après la répétition générale que furent les émeutes de fin juin-début juillet derniers.

La presse reste muette sur les raisons de la faillite du renseignement israélien. Ou proposent comme FranceInfo une réponse en trompe-l’œil : « Une passivité qui pourrait en partie être due à la crise politico-institutionnelle que traverse le pays dirigé par Benyamin Nétanyahou. ». On lui objectera que ce n’est pas le gouvernement qui assure le renseignement, mais le Mossad, lequel agit en totale indépendance du pouvoir politique.

Comment se fait-il que le Mossad, l’un des meilleurs services de renseignement au monde, n’ait rien vu venir ? Le Mossad est chargé du renseignement extérieur et des opérations spéciales en dehors des frontières de l’État d’Israël. Il est un des trois grands services de renseignement israélien aux côtés du Shin Beth (renseignement intérieur) et de l’AMAN (renseignement militaire). Le Mossad est officiellement doté d’une unité chargée des assassinats de personnalités gênantes, le Kidon

Selon Wikipédia : « Contrairement aux services de renseignement intérieurs (Shin Beth), les objectifs, la structure et les pouvoirs du Mossad sont exemptés de toutes les lois constitutionnelles de l’État. Son directeur est placé sous l’autorité unique et directe du Premier Ministre en exercice. ». Le Mossad n’a pas la réputation d’être une bande de rigolos. Il a amplement prouvé son efficacité depuis sa création. La France a eu l’occasion de goûter à son savoir-faire lors de l’affaire des vedettes de Cherbourg : en décembre 1969, le Mossad déroba sept vedettes commandées à la France et mises sous embargo par le général de Gaulle. Au nez et à la barbe de nos services de renseignements – certains affirment avec leur complicité, mais c’est une autre histoire… – On dira, oui mais 1969, ça date. Alors avançons dans le temps… Le 27 novembre 2020, le Général Mohsen Fakhrizadeh, l’architecte du programme nucléaire iranien, est assassiné près de Damavand. Le convoi de véhicules l’escortant aurait (conditionnel de circonstance…) été ciblé par une explosion et attaqué par une mitrailleuse lourde télécommandée par satellite. Pas du travail d’amateurs. En mai 2022, Hassan Sayyad Khodaï, Colonel des Gardiens de la Révolution Islamique, est tué par balles en plein jour à Téhéran, juste devant sa maison. Deux exemples récents du savoir-faire de la maison…

Et donc, dans les jours, les semaines, les mois qui ont précédé ce samedi 7 octobre 2023 du calendrier grégorien, le Mossad n’a strictement rien flairé qui pouvait lui faire supputer qu’une opération importante se concoctait ? Une opération qui ne se prépare pas du jour au lendemain sur un coin de table, entre copains, puisqu’on parle de 700 morts côté israélien, de plus 5000 roquettes tirés par le Hamas, de militaires capturés (dont un général), d’une base militaire de l’Etat hébreu prise d’assaut ainsi que des colonies. On est à des années-lumière d’une « simple » intifada.

Si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou cherchait son 11 septembre, il l’a incontestablement trouvé. Dans un message vidéo, il a d’ailleurs immédiatement parler du « début d’une guerre longue et difficile », avertissant que le Hamas paierait « un prix sans précédent ». De son côté, le ministre de la Défense de l’Etat hébreu Yoav Gallant a promis une « réplique terrible », ajoutant : « Le Hamas a fait une grave erreur (…) en déclenchant une guerre contre l’État d’Israël ».

Une « guerre », ce ne sont pas quelques petites opérations de nettoyage par-ci par-là. Ce sont des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, les Ukrainiens et les Russes en savent quelque chose. Une guerre qui pourrait prendre une dimension planétaire puisque, selon le Wall Street Journal, c’est l’Iran qui a armé le Hamas. Sans boule de cristal, on peut imaginer qu’Israël, puissance nucléaire, veuille une fois pour toutes régler son compte à l’Iran, puissance « potentiellement » nucléaire. D’autant plus que le Hezbollah, très officiellement armé et financé par les Gardiens de la Révolution Iranienne, constitue pour Israël un ennemi autrement plus redoutable que le Hamas.

Israël joue sa survie : ne doutons pas que les moyens – y compris nucléaires – qu’il mettra en œuvre dans les jours et les semaines qui viennent soient à la mesure de l’enjeu.

Ce dimanche 8 octobre, le chancelier allemand Olaf Scholz mettait fort lucidement en garde contre « un embrasement aux conséquences incalculables ».

***

Addendum : On parle de « victimes collatérales », on peut aussi parler de « bénéficiaires collatéraux ». Les Etats-Unis se frottent les mains : les BRICS qui se posent comme une alternative au monde libéral occidental dominé par les USA, pourraient imploser : difficile, dorénavant, à l’Inde, dont le gouvernement est viscéralement antimusulman, de cohabiter avec l’Iran – fraîchement accueilli dans le groupe –. Par ailleurs, la perspective d’une guerre totale de l’Etat hébreu contre les milices musulmanes, voire contre un Etat musulman, met un terme au rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite – également nouveau membre des BRICS –, rapprochement que les Etats-Unis voyaient pour cette raison d’un mauvais œil. Certes, l’Iran est chiite et l’Arabie saoudite sunnite, mais les frères ennemis de l’islam savent faire taire leurs différends dès lors qu’il s’agit de combattre les “infidèles”, qu’ils soient juifs ou chrétiens.

Alors, la CIA est dans le coup ? Non… Ça serait énorme.

Henri Dubost

Comment les arabes ont réussi à tromper Israël

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 10/10/2023.

Comment les arabes ont réussi à tromper Israël, par VZ

L’attaque palestinienne contre Israël a semé la confusion dans l’ensemble de la communauté mondiale. Ce faisant, les factions palestiniennes ont remis en cause l’invincibilité de l’armée et la suprématie des renseignements israéliens. Ceux qui étaient auparavant perçus comme des paysans en pantoufles d’osier, capables au mieux de faire sauter un arrêt de bus, ont détruit en quelques heures l’un des mythes sur l’État d’Israël. Comment est-ce devenu possible ?

Cet article initialement publié sur le site vz.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

Les groupes de sabotage arabes ont traversé la frontière de Gaza, la brisant simplement. « Comme un paysan, j’ai détruit toutes ces constructions en fer avec des tracteurs et je les ai démontées avec des tournevis » pourrions-nous dire. Des groupes mobiles en « charrettes » se sont précipités dans les brèches. Bien sûr, il y a eu des percées depuis la mer sur des bateaux à moteur et même des vols « exotiques » en parapente. Mais il s’agit là d’histoires isolées, bien qu’importantes dans le contexte global. Pour l’essentiel, c’était simple : il a suffi d’un tracteur et de la force physique. En réalité, Israël n’a pas du tout gardé la frontière avec Gaza.

A quelques kilomètres de la frontière se trouvaient jusqu’à une douzaine de postes fortifiés et de bases militaires où les réservistes dormaient paisiblement, en raison du sabbat et des jours fériés. L’emplacement et la disposition de ces points et bases fortifiées n’étaient pas un secret. Il n’y avait pas de sécurité extérieure, ni de service de garde.

Très simplement, les Palestiniens ont détruit jusqu’à la moitié des postes « fortifiés » en seulement une heure

Les points de défense israéliens sont une caserne derrière une clôture en plastique avec une tour médiévale sur laquelle se trouve une mitrailleuse. Tout se contrôle automatiquement depuis la caserne, comme sur un navire de guerre. Cela semble technologiquement avancé. Mais un quadricoptère commercial ordinaire lâche une grenade sur une tourelle de mitrailleuse et il n’y a plus aucune défense du point « fortifié ». Les Palestiniens entrent alors dans la caserne et tirent sur les soldats endormis. Et ainsi de suite sur toute la frontière de Gaza. Au total, les Palestiniens ont détruit jusqu’à la moitié des postes « fortifiés » en seulement une heure.

Situées un peu plus profondément, les grandes bases militaires comme Kerem Shalom n’étaient pas du tout gardées. Apparemment, il s’agissait d’une réserve de deuxième niveau. Autrement dit, après avoir reçu une menace du premier niveau, ils auraient dû être alertés. Mais personne n’a eu le temps d’annoncer cette alarme. Les gardes extérieurs ont été assaillis pénétrés par de vieux lance-grenades soviétiques et les soldats se sont fait tuer dans la caserne. 

Les chars Merkava et les véhicules blindés de transport de troupes Namer sont devenus des trophées. Un seul char, en train de vaquer à ses occupations, a été incendié par une grenade également larguée depuis un drone. Oui, les Palestiniens ont eu de la chance : ils ont touché les réservoirs de carburant. Mais ensuite, il s’est avéré que le Merkava ne dispose pas de protection pour ses réservoirs externes et qu’en général, ils ne sont en aucun cas adaptés à la défense contre des drones aussi primitifs. En fait, cela s’explique par le fait que les Israéliens n’ont jamais rencontré quelque chose de semblable, et il ne leur est même jamais venu à l’esprit de protéger leurs chars des drones !

Les kibboutzim et les colonies juives n’étaient pas du tout protégés !

Des groupes de Palestiniens débarqués de bateaux sont entrés dans les centres des grandes villes de la côte. Contrôler une ville ne signifie pas nécessairement la nettoyer. Les assaillants ont incendié le bâtiment de la police à Ashkelon et se sont simplement postés dans le centre-ville, près d’une pizzeria, tirant sur tout le monde autour d’eux. Le nombre de victimes civiles en Israël s’élève déjà à des centaines.

Les kibboutzim et les colonies juives n’étaient pas du tout protégés. Pourtant, c’étaient les colonies les plus fortifiées du monde. Il y avait là des unités d’autodéfense et une réserve d’armes était conservée dans la maison du rabbin. Pourtant, les Arabes ont simplement enlevé les colons au plus profond de Gaza pour créer un fonds d’échange. Des pogroms spontanés ont commencé dans le Néguev et dans les colonies autour de Jérusalem, auxquels la population juive n’était pas non plus préparée.

De multiples vagues de roquettes

Dans le même temps, plusieurs milliers de roquettes provenant de Gaza sont tombées simultanément sur Israël. Il s’est avéré que le système « Iron Dome », qui a été présenté pendant de nombreuses années comme le plus avancé au monde, n’a pas pu y faire face. Les roquettes ont commencé à tomber jusqu’à Haïfa, c’est-à-dire que tout le territoire d’Israël, du sud au nord a donc été sans défense. Certes, ces missiles sont primitifs, mais quand il y en a des milliers, tout système de défense aérienne est inutile. Douze missiles de défense aérienne ne peuvent pas abattre deux mille cibles à la fois.

En conséquence, toute la soi-disant ligne de défense contre Gaza a été tout simplement détruite par les Palestiniens en trois heures, et les tirs se sont propagés profondément en territoire israélien. Ensuite, certains des dirigeants arabes sont retournés à Gaza avec des trophées et des prisonniers, et les plus tenaces se sont retranchés dans plusieurs colonies à des points prédéterminés tels que des commissariats de police locaux et des bases militaires.

Un plan préparé au moins depuis six mois

Ce qui s’est produit à première vue peut ressembler à une opération paysanne chaotique du type «raid». Les Arabes connaissaient les objectifs à l’avance, disposaient de routes avancées et les groupes coordonnaient leurs actions. Ils connaissaient les fréquences de communication et les mots de passe de sécurité. Tout cela signifie que l’élaboration du plan et la reconnaissance de la zone ont pris au moins six mois.

Le MOSSAD et le Shin Bet (ou Shin Bet, le contre-espionnage israélien) considèrent que l’un de leurs objectifs prioritaires est de contrôler l’acquisition par le Hamas d’armes et de matériels pour la production de missiles. Et les frappes préventives sur Gaza sont menées principalement contre des sites de production de missiles et des entrepôts. Alors, comment se fait-il que le Hamas ait pu lancer plusieurs milliers de roquettes sur Israël en deux rafales en une seule journée ?

L’échec du Mossad et du Shin Bet

Des centaines de personnes ont participé à la préparation de l’attaque. De ceux qui achetaient des armes aux commandants de « charrettes » individuelles qui recevaient des « feuilles de route ». Plus l’opération est grande, plus les gens la connaissent. Or, le MOSSAD et le Shin Bet ne le savaient pas ! Sans aucun doute, nous sommes confrontés à un échec du contre-espionnage israélien. Lorsque cela s’est produit il y a 50 ans, les dirigeants du renseignement ont ensuite démissionné, y compris le légendaire Isser Harel, mais il était trop tard.

Qu’auraient dû faire les services de renseignement et l’armée israélienne ? Les renseignements humains auraient dû remarquer l’activité exceptionnellement élevée des groupes palestiniens il y a plusieurs mois. Les systèmes de renseignement électronique et de guerre électronique étaient censés révéler une activité de négociation inhabituelle et l’émergence de nouveaux mots de code. Les règles de garde devaient être respectées, malgré le sabbat et les danses de Yom Kippour. La sécurité extérieure de l’emplacement temporaire de l’unité est nécessairement assurée le long du périmètre. Dans un pays disposant de ressources financières illimitées et d’un accès à la technologie moderne, il aurait dû y avoir un système de surveillance externe à l’étranger.

Une attaque qui a dramatiquement révélé les failles sécuritaires d’Israël

Ainsi, Israël a subi des pertes bien plus importantes que de simples pertes tragiques en termes de main-d’œuvre et d’équipement. L’attaque palestinienne a détruit les idées sur la manière dont les forces de sécurité israéliennes fonctionnent et sur leurs capacités. Il s’est avéré que les forces de sécurité israéliennes se reposaient sur les lauriers des victoires des générations passées. Le renseignement et le contre-espionnage se sont montrés inefficaces, et l’armée israélienne a dormi face aux changements de tactiques de combat qui se produisent actuellement dans les conflits actuels.

Israël a raté un coup sensible, comparable uniquement à la guerre du Yom Kippour, dont le demi-siècle anniversaire était chronométré. Le chaos a régné à Tel-Aviv pendant plusieurs heures. Le commandement de Tsahal était dans le coma. Jusqu’à présent, il n’a pas donné de réponse claire sur la façon dont tout cela a pu se produire. Bien évidemment, des déclarations politiques bruyantes ont déjà été faites, et il est déjà clair que la réponse d’Israël sera cruelle et démonstrative, et ce dans un avenir proche. Cependant, la première frappe a déjà été manquée, et pourtant elle a été préparée au nez et à la barbe des renseignements et du contre-espionnage israéliens.

Les risques d’envahir Gaza au sol

A l’heure actuelle, le commandement israélien prend une décision difficile : Envahir Gaza au sol ou se limiter à des tirs de roquettes aériens. Netanyahu indique clairement qu’il est prêt à effacer Gaza de la surface de la terre, ce qui signifie automatiquement un bain de sang, y compris parmi la population civile. D’un point de vue politique, Israël ne peut se limiter à riposter par des tirs de roquettes sur Gaza et à démontrer sa puissance de feu en redéployant des brigades blindées d’élite comme les Golani au sud. En nettoyant les colonies des groupes arabes, le MOSSAD découvrira des sous-sols entiers et des fossés remplis de corps de soldats israéliens.

Les Israéliens n’ont pas subi de telles pertes depuis de nombreuses décennies. Il s’agit d’un sujet très sensible, et en réponse, vous ne pouvez tout simplement pas tirer et dire ensuite « nous avons gagné ». Par conséquent, la réponse d’Israël doit être beaucoup plus puissante et convaincante qu’elle ne l’a été lors des précédentes aggravations du conflit israélo-arabe.

Ces événements peuvent reformater toute la structure militaro-politique du Moyen-Orient

Il est clair qu’Israël est technologiquement plus fort. S’il fait preuve de cohérence, tôt ou tard un niveau de destruction à Gaza sera atteint que Tel Aviv pourra qualifier de victoire. Mais les Arabes ont déjà fait l’essentiel : Ils ont détruit les mythes autour du système de défense israélien, et cette victoire morale est bien plus importante que la contre-attaque purement militaire que l’État juif organise désormais contre eux.

En outre, les événements de ces jours peuvent reformater toute la structure militaro-politique du Moyen-Orient, conduisant à l’émergence de nouvelles alliances et de nouvelles lignes de front. Comparé à tous les autres événements mondiaux, c’est peut-être la pire chose qui puisse arriver.

L’Égypte affirme avoir prévenu Israël d’une attaque imminente

 

Source : The Saker francophone - Par Moon of Alabama − Le 9 octobre 2023

 

 

Cela va-t-il enfin mettre fin au règne de Netanyahou ?

L’Égypte affirme qu’Israël n’a pas tenu compte des avertissements concernant la planification par le Hamas d’une offensive majeure – Yedioth Ahranoth – Oct 9 2023

 

L’Égypte a prévenu Israël d’une attaque imminente du Hamas dix jours avant que les terroristes ne franchissent la frontière et ne prennent le contrôle de bases militaires et de communautés, tuant plus de 700 personnes et en faisant 150 prisonniers, dont des femmes et des enfants.
“Nous les avons prévenus qu’une explosion de la situation allait se produire, très bientôt, et qu’elle serait importante. Mais ils ont sous-estimé ces avertissements”, a déclaré à l’Associated Press le responsable, qui a parlé sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à discuter avec les médias du contenu des discussions sensibles des services de renseignement.

Le fonctionnaire égyptien a déclaré que les Israéliens étaient concentrés sur la tension en Cisjordanie et ne considéraient pas le groupe terroriste au pouvoir à Gaza comme une menace, malgré les avertissements répétés que les Égyptiens pensent ne pas avoir été pris au sérieux.

On peut l’espérer. Mais l’histoire sera certainement démentie. Et en raison de la guerre, Bibi pourrait encore conserver son siège.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

«Le grand déménagement» :

 

En Israël, la remigration des colons sionistes a déjà commencé

Source : RzO International .
  1. Le 10/09/2023.

     

Il y a quelques années, une blague circulait dans les bars de Tel-Aviv : «Un juif israélien optimiste apprend l’arabe, un juif israélien pessimiste apprend l’anglais, un juif israélien réaliste apprend à nager». Il semble que ce que les Palestiniens ou les Arabes n’ont pas réussi à faire (s’ils en ont jamais eu l’intention), Netanyahou et ses acolytes du gouvernement sont en train de le provoquer : Une vague de sauve-qui-peut a éclaté parmi les juifs israéliens.

En effet, des centaines et des milliers d’Israéliens de toutes conditions socio-économiques et de tous âges se précipitent pour trouver une alternative à la vie dans l’État juif. C’est ainsi qu’une nouvelle activité, que l’on pourrait appeler «Relocation industry» (industrie du transfert), a vu le jour.

L’article d’Hilo Glazer traduit ci-dessous parle du projet Baita, lancé dans la Valsesia, en province de Vercelli, Valsesia, et d’autres projets, y compris des plans ambitieux pour créer des «villes israéliennes» en Europe, de Chypre et de Grèce au Portugal, et ailleurs. L’un d’eux parle même de créer une «communauté de peuplement», qui ne manque pas d’évoquer les colonies en Cisjordanie. On peut légitimement se demander si ces projets peuvent constituer un dépassement définitif du sionisme et du tribalisme ou s’ils ne feront que créer des «petits Israël» répandus en confettis à travers le monde.

Fausto Giudice

*
Dans les Préalpes italiennes, des Israéliens créent une communauté d’expatriés. Des initiatives similaires fleurissent, du Portugal à la Grèce

par Hilo Glazer

À la suite du coup d’État judiciaire, les discussions israéliennes sur l’installation à l’étranger ne se limitent plus aux groupes de réseaux sociaux. Dans une vallée verdoyante du nord-ouest de l’Italie, les idées d’émigration collective se concrétisent sur le terrain, et des initiatives similaires prennent également forme ailleurs.

La ville de Varallo Sesia, dans la province de Vercelli, où un couple d’Israéliens a payé 57 000 euros pour une maison spacieuse sur un grand terrain, plus 10 000 euros pour des travaux de rénovation. «L’environnement ici est un rêve que les mots ne peuvent décrire» disent-ils. Photo Vanessa Vettorello.

«Alors que le nombre d’heures de lumière dans la démocratie de leur pays ne cesse de diminuer, de plus en plus d’Israéliens arrivent dans la vallée montagneuse à la recherche d’un nouveau départ. Parmi eux, il y a des jeunes avec des tout petits en porte-bébé, d’autres avec des enfants en âge d’aller à l’école, et il y a les personnes grisonnantes ou dégarnies comme moi. Un enseignant, un entrepreneur technologique, un psychologue, un toiletteur pour chiens, un entraîneur de basket-ball. Certains disent qu’ils ne font qu’explorer, ayant encore honte d’admettre qu’ils envisagent sérieusement l’option. D’autres semblent déterminés et motivés – ils cherchent à savoir comment obtenir un permis de séjour, combien coûte une maison, comment ouvrir un compte en banque et transférer leurs fonds de prévoyance tant que c’est encore possible. Sous tout cela se cache une couche de douleur, la douleur de bons Israéliens qui ont cru qu’après 2000 ans, ils pouvaient se reposer sur leurs lauriers, mais qui reprennent à présent le bâton du juif errant».

L’auteur de ces lignes est Lavi Segal, et la zone montagneuse qu’il décrit se trouve dans la vallée de la Sesia (Valsesia), dans la région du Piémont, province de Vercelli, au nord-ouest de l’Italie, au pied des Alpes. Segal, propriétaire d’une entreprise de tourisme en Galilée, partage ses expériences avec les membres d’un groupe Facebook appelé Baita, qui offre des informations aux Israéliens cherchant à immigrer et à créer leur propre communauté dans la Valsesia, dont de nombreux habitants ont quitté la région au cours des dernières décennies. Le nom du groupe est un amalgame de Bait (qui signifie «maison» en hébreu) et d’Ita (Italie). En italien, Baita signifie «chalet de montagne». Et il ne s’agit pas de n’importe quelle montagne : la Valsesia est connue comme «la vallée la plus verte d’Italie». Selon Segal, il s’agit d’un cas de publicité véridique.

«Avec tout le respect que je dois à ceux qui parlent de la «belle terre d’Israël»», dit-il dans un entretien téléphonique avec Haaretz, «Israël est peut-être beau comparé à la Syrie ou à l’Arabie saoudite [sic], mais l’Europe et les Alpes sont un monde différent. Les paysages sont à couper le souffle, le climat est merveilleux et tous les problèmes bien connus d’Israël – guerres, saleté, surpopulation, coût de la vie – n’existent tout simplement pas ici».

Segal vit en Valsesia avec sa femme, Nirit, depuis deux mois ; tous deux sont âgés d’une soixantaine d’années. «Nous sommes en train de nous familiariser avec la région et de l’explorer», explique-t-il. «Nous avons loué une maison ici et, de temps en temps, nous discutons avec des agents immobiliers de la possibilité d’en acheter une. Pour l’instant, nous ne parlons pas de déracinement permanent, même si cela pourrait se produire si la vie en Israël devenait intolérable. Pour l’instant, nous cherchons un endroit où nous pourrons partager notre temps entre Israël et l’étranger. Israël nous est très cher : Lorsque nous sommes là-bas, nous participons activement aux manifestations» contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement.

Nirit, qui organise des retraites artistiques, est partagée : «C’est un endroit de rêve pour la création artistique, mais je suis très attachée à Israël et, comme beaucoup de gens dans mon entourage, je le ressens particulièrement aujourd’hui. J’appréhende les implications de la vague de migration pour le mouvement de protestation».

Pour l’instant, elle a décidé de ne pas prendre de décision, admet-elle. «Je veux tenir le bâton par les deux bouts. Participer à la protestation, mais aussi rester ici pendant de longues périodes. Passer de l’un à l’autre. Nous avons été accueillis chaleureusement ici. Malgré les difficultés linguistiques, nous avons développé des liens agréables et naturels avec les gens. C’est bizarre, mais je commence à m’attacher».

Lavi attribue moins d’importance aux bouleversements politiques dans son pays d’origine lorsqu’il s’agit de prendre la décision d’étudier d’autres options. «Je n’ai pas eu besoin d’être témoin des événements actuels pour comprendre qu’Israël s’engage dans une voie qui n’est pas la bonne», déclare-t-il.

Le chemin des Segal, qui ont trois enfants adultes, pour s’installer dans la vallée est pavé, principalement grâce au passeport lituanien de Lavi. «Grâce à lui, nous pouvons rester indéfiniment dans les frontières de l’Union européenne, et les enfants peuvent étudier et travailler. Qui aurait pensé qu’après tout ce qui est arrivé à notre peuple et à ma famille sur le sol lituanien, un passeport lituanien nous permettrait de circuler librement ?»

En attendant, ils vivent dans une ville tranquille située à 650 mètres au-dessus du niveau de la mer.

– L’air est-il raréfié ?

Lavi : «Non, il est simplement propre».

– Et ce n’est pas ennuyeux ?

«J’en ai assez de faire dans la vie, maintenant je suis dans une phase d’être. Je descends à la rivière et je nage dans l’eau glacée, nous faisons des randonnées. Et je peux aussi m’asseoir sur un banc face aux montagnes, écouter les cloches de l’église, et en ce qui me concerne, c’est ce qui fait ma journée».

Lavi et Nirit Segal. Photo Vanessa Vettorello
***

Contrairement à la famille Segal, qui a un pied dans chaque endroit, les Golan ont déjà pris racine en Valsesia. Maayan Golan, ergothérapeute, et son mari Ram, entrepreneur agricole, âgés d’une cinquantaine d’années, ont été les premiers Israéliens à acheter une maison dans cette ville située environ une demi-heure du centre-ville, grâce aux informations et au soutien fournis par Baita.

L’idée a commencé à germer il y a un an. «Nous avons fait un long voyage en voiture à travers l’Europe et nous avons soudain découvert à quel point il était agréable de se déplacer librement sur le continent, sans aucune limite», explique Maayan. «Nous avons décidé que c’était ainsi que nous voulions vivre».

– Pourquoi avez-vous choisi de vous installer spécifiquement en Valsesia ?

«C’est la combinaison d’une forte attirance pour les paysages et de coûts relativement bon marché, voire très bon marché par rapport à Israël. En Israël, nous n’avions pas la possibilité d’acheter une maison comme celle que nous avons ici».

– Est-ce une raison suffisante pour émigrer ?

«Il y a de nombreuses raisons, mais la principale est d’ordre économique. En Israël, nous étions en location et c’est également très cher».

– La situation politique en Israël a-t-elle également joué un rôle ?

«Vous savez, il y a un an, nous avons quitté un pays qui fonctionnait. Mais oui, de notre point de vue, ce qui se passe maintenant ne fait que renforcer le sentiment que nous avons fait le bon choix. Permettez-moi de m’exprimer ainsi : lorsque nous avons commencé à voyager, nous n’imaginions pas que nous allions quitter Israël. Nous sommes une famille profondément enracinée pour laquelle l’expression «je n’ai pas d’autre pays» n’est certainement pas un cliché. Mais quand nous sommes arrivés en Europe, nous avons vu qu’il y avait plus de possibilités».

– Parmi toutes les possibilités, vous avez précisément choisi un pays dont la première ministre, Giorgia Meloni, est issue d’un parti aux racines fascistes, hostile à l’opinion publique libérale.

«Cela peut paraître stupide, mais ce n’est pas le cas pour nous : en Israël, nous sommes attirés par ce qui se passe. Ici, si quelque chose ne nous plaît pas, nous pouvons partir sans sentiments. En Italie, le désespoir devient plus confortable», comme l’a dit un jour le dramaturge Hanoch Levin.

Le couple possède une ferme au Moshav Ein Yahav, dans le désert de l’Arava, qu’il loue pour financer son séjour en Italie. La nostalgie de leurs quatre enfants est la seule chose qui pèse sur leur aventure. Néanmoins, deux d’entre eux effectuent un voyage post-armée, un autre est étudiant à l’université et le plus jeune effectue une année de service volontaire. Le mois prochain, ses parents retourneront en Israël pour l’accompagner lorsqu’il commencera son service militaire, après quoi ils prévoient de retourner en Italie.

– Il existe plusieurs communautés d’Israéliens dans le monde : à Berlin, au Portugal… Pourquoi ne pas rejoindre l’une d’entre elles ?

«Nous ne voulions pas faire cela. Nous avons vécu toute notre vie dans un environnement communautaire : dans un moshav ou un village. Nous en avons eu assez. L’un des avantages de Baita est qu’il n’y a pas d’engagement de ce type. Vous achetez une maison dans la vallée, et maintenant c’est à vous de décider comment vous allez vous impliquer. Nous ne voulons pas être isolés, avec seulement des Italiens autour de nous. Il sera agréable de passer du temps et de voyager avec des amis israéliens, mais nous ne ressentons pas nécessairement le besoin de nous impliquer dans la vie de la communauté».

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Deux autres familles israéliennes ont déjà acheté des maisons en Valsesia, et une dizaine d’autres sont à différents stades de l’organisation de leur déménagement. Mais il ne s’agit là que des pionniers : environ 800 personnes se sont inscrites comme membres de l’organisation à but non lucratif Progetto Baita, qui gère la page Facebook Baita, et deux de ses délégations ont déjà visité la région. Une troisième délégation de 35 personnes s’y rendra dans les prochaines semaines et, en raison de la demande, un quatrième groupe s’y rendra en octobre. En juillet, un rassemblement organisé par l’association en Israël avait attiré une centaine de personnes.

L’esprit moteur de cette initiative est Ugo Luzzati, 61 ans, un Israélien né et ayant passé sa jeunesse en Italie, qui prévoit de s’installer dans la vallée l’année prochaine. Tout a commencé en 2019, dit-il, lorsqu’il a acheté une maison en Valsesia pour y passer des vacances, à l’instigation de sa (désormais ex-) femme. En discutant avec des habitants, il a découvert que la région, dont la population s’est appauvrie, a besoin de sang neuf. En octobre dernier, Luzzati a lancé un appel sur Facebook pour que des personnes se joignent à lui et s’est rapidement retrouvé à enquêter sur les subtilités de la vie en Valsesia, à vérifier les possibilités d’emploi pour les étrangers sur place et à fournir des informations sur les politiques d’immigration de l’Italie. Il a rapidement rassemblé un premier groupe de personnes intéressées.

«À l’époque, je ne pensais pas à une entreprise destinée aux personnes touchées par le coup d’État [judiciaire du gouvernement], qui n’avait en fait pas encore commencé, du moins pas officiellement», explique Luzzati.

«Je voulais proposer une alternative aux Israéliens qui en avaient assez de la surpopulation et souhaitaient se rapprocher de la nature. Entre-temps, il s’est avéré que je m’étais donné pour mission d’aider les bons Israéliens à se rendre ailleurs, parce que je vois qu’en Israël, les choses se gâtent».

Au départ, Luzzati s’est impliqué dans l’initiative en tant que bénévole. Mais lorsqu’il s’est rendu compte qu’il passait le plus clair de son temps à aider les Israéliens qui envisageaient de s’installer dans la région, il a conclu un accord avec un agent immobilier italien local, en vertu duquel il reçoit une commission pour chaque affaire conclue. Cet accord lui permet, dit-il, de superviser tous les aspects de son projet. À son crédit, on peut dire qu’il est effectivement dévoué à sa mission, et pas seulement à ses aspects immobiliers.

Une autre de ses fonctions : Luzzati fait office de mini-agence pour l’emploi. Les Israéliens désireux de s’installer dans ce coin du Piémont lui envoient leur curriculum vitae et il les met en contact avec des lieux de travail potentiels. Il diffuse également des informations sur les visas de résidence et organise même des cours d’italien. Pour officialiser toutes ses activités, il a créé l’association Progetto Baita.

Ugo Luzzati. Photo Rami Shllush

Son projet est également ouvert aux Israéliens qui n’ont pas de passeport européen : certains ont cherché à rencontrer Luzzati, l’incitant à se renseigner, par exemple, sur la manière dont ils peuvent obtenir le statut de résident en Italie (apparemment, en possédant un visa de nomade numérique, en ayant un contrat avec un employeur italien ou en investissant dans l’immobilier local tout en apportant la preuve d’une source de revenus continue et stable).

Entre-temps, Luzzati fait en sorte que la prochaine délégation de Progetto Baita rencontre un représentant de la Questura (préfecture de police), qui s’occupe des permis de séjour. Au cours des visites précédentes, il a commencé à cultiver des liens avec les responsables locaux, municipaux et régionaux. Le dialogue avec eux a abouti à un engagement écrit de la communauté de communes de la vallée, plaçant le projet sous son patronage et déclarant qu’elle «accueille donc «à bras ouverts» les membres de l’association Baita, avec l’espoir de les compter bientôt parmi ses habitants».1

En effet, la vallée a besoin d’un coup de fouet. Le peuplement de la Valsesia a atteint son apogée au début du XXe siècle, lorsque la population s’élevait à 22 000 habitants. Aujourd’hui, il y a moins de 10 000 habitants ; la population vieillit et, selon les estimations, il y a environ 1000 maisons qui ont été abandonnées lorsque les gens ont quitté les zones rurales au profit de la vie urbaine.

Luzzati explique que pour la population locale, la revitalisation de la zone est un véritable besoin existentiel et n’est pas uniquement motivée par la nostalgie d’un passé splendide : «Soudain, dans un des villages, un magasin ferme ses portes parce qu’il n’y a plus de justification raisonnable à son maintien, et les habitants restants ne peuvent plus acheter de pain. Un électricien part à la retraite, il faut maintenant trouver un autre technicien».

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Luzzati est né et a grandi à Gênes ; il a émigré en Israël à l’âge de 23 ans et a gagné sa vie en tant que peintre, argenteur et peintre d’enseignes. Lui et sa famille – il a cinq enfants – se sont installés en Galilée et, bien qu’il ait eu l’impression de s’être bien intégré en Israël, il s’est toujours senti déchiré.

«Dès que j’ai pu lire les infos en hébreu, je me suis demandé combien de temps je pourrais rester dans un pays qui glissait vers des directions nationalistes, intensifiait l’occupation et piétinait les droits des plus faibles et des plus opprimés», explique-t-il, admettant que l’idée de repartir «a toujours été présente, mais j’étais occupé à gagner ma vie, à élever mes enfants, à fonder un foyer. J’y ai consacré toute mon énergie. Nous avons élevé nos enfants dans le respect des idéaux sionistes, car nous croyions en l’État. Nous nous sommes tous portés volontaires pour une année de service communautaire [dans le cadre d’un programme national de volontariat pour les diplômés du secondaire] et nous avons servi dans les Forces de défense israéliennes».

Luzzati cite le début du mois de novembre 2022, lorsque les résultats des élections ont été publiés, comme un moment décisif dans l’histoire de Baita : «Ce jour-là, j’ai reçu un torrent de demandes de renseignements de la part de personnes qui voulaient quitter le pays». En même temps, il n’est pas à l’aise avec l’idée que son entreprise soit associée à la création d’une ville de refuge pour de prétendus exilés politiques, et il souligne que ses opinions sur la situation actuelle en Israël n’engagent que lui.

«J’ai grandi avec les légendes de la Brigade juive [de l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale], l’émerveillement devant les réalisations des kibboutzim, le miracle qu’était la création de l’État d’Israël et ses valeurs de solidarité. Tout cela est en train de disparaître».

– L’avenir de l’Italie est également plus sombre que jamais. Vous organisez l’immigration dans un pays dirigé par une femme d’extrême droite qui mène des politiques clairement antilibérales.

«Tout d’abord, il n’y a pas une Italie, mais plusieurs. Chaque région géographique possède ses propres attributs culturels. La Valsesia se caractérise par une attitude très sympathique à l’égard des étrangers. Au fil des ans, de petits groupes d’Africains – du Maroc, par exemple – s’y sont installés, ainsi que, récemment, des réfugiés d’Ukraine. Les habitants ont créé pour eux des associations à but non lucratif et des écoles où l’on enseigne l’italien. Mais l’essentiel est qu’en Italie, il existe d’innombrables freins et contrepoids : deux chambres du parlement, une cour suprême et un président, chacun d’entre eux ayant le pouvoir d’annuler les lois. En outre, l’Italie dispose d’une constitution solide et, avec la Communauté européenne, elle est signataire de conventions qui protègent les droits des minorités».

– Oui, mais Meloni est déjà le fer de lance d’une approche contrariante vis-à-vis de l’Union européenne [oui, enfin, pendant sa campagne électorale, NdT].

«Les Italiens sont une nation qui aime parler, la comédie est un mode de vie pour eux. Mais quitter l’Europe ? Pour quelle raison ? Personne n’est idiot à ce point. L’Italie voit comment l’économie s’est effondrée dans des pays comme la Hongrie et la Pologne, qui se sont écartés des valeurs de l’UE. Le public italien n’adhérera jamais aux sentiments nationalistes exacerbés d’un politicien».

– Vous parlez de mécanismes constitutionnels et de culture, mais la réalité italienne est déjà en train de changer. Sous la nouvelle administration, par exemple, l’enregistrement des femmes lesbiennes en tant que mères est en train d’être stoppé. Meloni ne vous inquiète pas ?

«Je la considère comme un phénomène passager. Les mécanismes démocratiques [dans le pays] ne sont pas quelque chose d’abstrait, mais constituent une barrière qui empêche l’extrême droite de concrétiser les slogans qu’elle vend à l’opinion publique. L’Italie est un pays qui sanctifie la bureaucratie. Le caractère italien consiste à bien s’habiller, à bien manger et à rendre la vie facile. Personne ne veut vraiment mettre cela en danger».

Varallo Sesia. Photo Vanessa Vettorello
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Lors de la récente réunion de Progetto Baita en Israël, la plupart des participants étaient des couples âgés de 40 à 60 ans. Les plus jeunes se sont intéressés aux sujets liés à l’éducation (niveau scolaire des écoles, taille des classes, transports scolaires), tandis que les plus âgés se sont intéressés aux services de santé locaux. «À ce rythme, on va y rencontrer tous les médecins d’Israël», a plaisanté l’un d’entre eux, faisant référence aux rapports sur une vague de médecins envisageant la possibilité de s’installer à l’étranger. L’auditoire a réagi par un rire ironique.

Mais la réaction la plus vive a éclaté lorsque les participants ont appris que l’initiative italienne serait bientôt rendue publique sous la forme d’un article dans l’édition en hébreu de Haaretz (paru dans la section hebdomadaire le 25 août). Les participants s’y sont opposés pour diverses raisons, notamment parce qu’ils craignaient qu’après l’avoir lu, les fonctionnaires du Trésor ou des banques ne renforcent les restrictions sur les transferts d’argent hors d’Israël.

Luzzati lui-même a une autre explication à la crainte des candidats à l’émigration d’être exposés : «La culture israélienne nous soumet à des abus émotionnels et mentaux. Dans aucun autre pays au monde, lorsque les gens cherchent un avenir meilleur ailleurs, on ne leur fait sentir qu’ils font quelque chose de mal. Les gens ont peur, ils ne veulent pas être exposés, afin que leurs amis ne découvrent pas qu’ils envisagent la yerida [émigration ; littéralement «descendre» en hébreu] du pays».

En fait, même parmi les quatre familles qui ont déjà franchi le pas et se sont installées en Valsesia, il y en a qui ne veulent pas que leur vrai nom soit mentionné. C’est le cas de «Hagit» et «Dan», âgés respectivement de 50 et 60 ans, qui se sont installés dans la vallée au mois d’août avec leur fils, qui entre en seconde. Ils se sont installés à Varallo, une ville qui, avec ses 6500 habitants, est la plus densément peuplée de la région. Pour une maison spacieuse sur ce qu’ils appellent un grand terrain, ils ont payé 57 000 euros, auxquels se sont ajoutés 10 000 euros pour les travaux de rénovation. L’argent qu’ils tirent de la location de leur maison en Israël leur permettra de vivre confortablement, disent-ils, jusqu’à ce qu’ils s’acclimatent à l’Italie en termes d’emploi.

«L’environnement ici est un rêve que les mots ne peuvent décrire», dit Hagit. «C’est tout simplement le paradis. Outre des espaces infinis, tout ce qui se trouve à Varallo est accessible et proche. Il y a des supermarchés, des magasins, un centre communautaire, des écoles et même un cinéma».

Hagit décrit le rêve actuel, mais Dan, qui se joint à la conversation, évoque un rêve qui s’est brisé.

«Nous n’aurions pas quitté Israël si nous n’avions pas réalisé que c’est chose faite», dit-il. «Cela m’a frappé lors de l’opération Bordure protectrice [contre la bande de Gaza], en 2014. Le dégoût face au massacre qui y a été perpétré, le fait que toute l’arène politique se soit prosternée devant [le Premier ministre Benjamin] Netanyahou, et pour couronner le tout, les dizaines de soldats qui ont été tués là-bas. J’ai toujours été actif dans la promotion des initiatives de paix, mais c’est lors de cette opération que j’ai compris qu’il n’y avait aucune chance. Le fait est qu’à l’époque, nos enfants les plus âgés étaient encore jeunes – 13 et 14 ans. Aujourd’hui, ils ont déjà quitté l’armée. Tous nos espoirs et nos rêves pour eux ont toujours découlé d’un lien profond avec cette terre. Aujourd’hui, je pense que c’est ma dernière chance de leur transmettre un autre rêve».

– En ce sens, les bouleversements judiciaires engagés par le gouvernement vous ont-ils permis de franchir plus facilement le pas ?

«Au contraire. En termes de conscience, c’est beaucoup plus difficile. J’ai été totalement actif dans les manifestations, en tant que membre du bloc anti-occupation. C’est un endroit où j’ai encore des partenaires pour la cause, mais parmi le grand public israélien, je me sens comme un étranger. Il est encourageant de voir l’unité de nombreuses manifestations, mais cela n’aboutit pas à une idéologie alternative. À la base de la base, il n’y a pas d’espoir. Partir alors qu’Israël saigne, c’est se briser le cœur. C’est admettre en fait que nous avons échoué».

Hagit : «Mon grand-père et ma grand-mère étaient actifs dans les colonies Tour et Muraille [établies par les colons juifs dans la Palestine mandataire]. Ils ont fui la Pologne et l’Autriche pour fonder le kibboutz Hanita. Il est tout simplement incompréhensible qu’avec ce passeport [étranger], je m’enfuie maintenant vers l’Europe».

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Oded (nom fictif), 58 ans, originaire du nord d’Israël, prévoit de s’installer en Valsesia l’année prochaine avec sa compagne et leur fils de 15 ans. Le couple, qui gère sa propre entreprise, vit actuellement dans ce que l’on appelle une «communauté d’observation» (des lieux typiquement pittoresques situés dans les collines de Galilée). «Nous cherchions quelque chose de similaire, avec la nature et le paysage, et en Italie nous avons trouvé quelque chose de 1000 fois plus pastoral et beau», dit-il.

Mais ce n’est pas l’attrait des étendues verdoyantes du Piémont qui a motivé la décision du couple.

«Nous avons décidé de partir parce qu’à notre avis, le pays est engagé dans un processus accéléré de détérioration économique et sociale, et lorsque ce processus se mêle à une crise sécuritaire, ce n’est pas une situation dans laquelle nous voulons nous trouver. La tentative de transformer le pays en dictature, même si elle est contenue temporairement, aura un prix élevé», dit Oded, ajoutant qu’il parle en connaissance de cause, ayant grandi dans la Roumanie de Ceausescu.

«Je connais les dommages qu’un gouvernement dictatorial cause au fonctionnement de l’État et je sais surtout à quel point il est difficile de renverser un tel gouvernement», poursuit-il. «Une fois installé, il se propage comme une tumeur, car beaucoup de gens ont un intérêt direct à le préserver. C’est un véritable cas d’école de ce qui se passe actuellement en Israël : des personnes inadaptées occupent des postes de haut niveau sur la base de la loyauté, en offrant une sorte de récompense à des amis situés à des échelons inférieurs, et ainsi de suite. Au fil du temps, une pyramide assez stable se construit».

L’Italie n’était pas le premier pays envisagé par Oded et sa femme. «Nous avons d’abord pensé à Chypre et nous y sommes même allés pour étudier quelques options. Mais après avoir visité la vallée, il nous a semblé évident que c’était l’endroit idéal», se souvient-il. «Le climat est agréable, le niveau des soins de santé est élevé, et Israël et l’Italie sont signataires de toutes sortes de conventions et d’accords fiscaux qui nous permettront de gérer plus facilement notre entreprise à distance».

Rassa, Photo Vanessa Vettorello

Le fait qu’Oded parle roumain n’a pas non plus desservi : «L’italien et le roumain sont vraiment des langues sœurs, et l’italien en général est une langue assez facile. Ma femme s’y est beaucoup immergée ; elle apprend l’italien tous les jours et y prend beaucoup de plaisir».

Le couple inscrit son fils dans un lycée de Varallo, où les cours sont dispensés en italien. «Je ne sais pas dans quelle mesure il comprend ce que nous faisons», dit Oded, «mais c’est un type fort».

La famille a entamé les dernières négociations en vue d’acheter une maison dans la vallée. Leur enthousiasme est toutefois teinté de tristesse.

«C’est un point de rupture pour nous», dit-il. «Nous sommes tous deux patriotes, et nous avons beaucoup pleuré ces derniers temps, mais nous comprenons qu’Israël n’est plus un endroit sûr pour vivre, que le pays a changé. Lorsque nous avons commencé à nous intéresser aux groupes d’émigration [sur les médias sociaux], nous avons vu le nombre de personnes qui envisageaient de quitter le pays – et ce sont précisément ces personnes qui le maintiennent en vie. Même si la législation est stoppée et que nous gagnons la bataille des points, l’avenir d’Israël est loin d’être rose».

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Ceux qui s’installent en Valsesia se familiarisent avec le cycle des saisons, où l’hiver est enneigé, le printemps est une profusion de couleurs, l’été est habillé de vert et l’automne est une couverture de feuilles mortes au sol. C’est un endroit où les sites de rafting et de kayak jouxtent les cours d’école, où le chef du conseil local est aussi l’épicier du village, où un marché fermier ambulant se tient une fois par semaine, et parfois aussi des marchés aux puces. Les petits ruisseaux se faufilent dans les arrière-cours des maisons. Les amateurs de ski ont le choix entre les stations voisines d’Italie, de Suisse et de France. La violence, la criminalité et les embouteillages sont des concepts presque abstraits. Pourtant, cette vallée alpine en partie vide, que les nouveaux résidents israéliens décrivent comme un paradis sur terre, est considérée par les habitants comme une zone défavorisée.

Davide Filié, un habitant de la Valsesia, aide à l’intégration des Israéliens.

«Quand j’étais enfant, il y avait plusieurs écoles ici et elles étaient toutes pleines», raconte-t-il. «Au fil des ans, les familles ont commencé à partir, notamment vers Milan et Turin. Certaines d’entre elles ont gardé leur maison ici et l’utilisent pour les vacances d’été. Il ne reste plus que 13 personnes dans le village où j’ai grandi, et il y a d’autres villages qui sont presque inexistants aujourd’hui».

Filié, qui dit aimer les langues, s’est efforcé ces derniers temps d’apprendre l’hébreu, afin de pouvoir communiquer avec les nouveaux arrivants potentiels. Selon lui, la possibilité que des Israéliens viennent renforcer la population locale en déclin est «trop belle pour être vraie».

Mais Luzzati y croit fermement. «La vérité, c’est que nous construisons aussi une communauté là-bas», a-t-il déclaré lors de la réunion en Israël.

«Je suis prudent dans l’utilisation de ce mot, car je sais qu’il y a beaucoup de personnes en Israël qui ont été blessées par le communautarisme. Il est important que vous sachiez qu’il n’y a rien de contraignant dans ce lien : nous aiderons tous ceux qui veulent aller là-bas, sans condition. Mais en fin de compte, l’objectif est de se rassembler. Dès que nous aurons réuni une masse critique de personnes parlant la même langue, les choses se feront d’elles-mêmes. Peut-être créerons-nous un club, un centre communautaire. Les bâtiments disponibles ne manquent pas. Il est clair pour moi qu’une communauté va se créer, je le sens dans mon âme. En fin de compte, c’est l’objectif global».

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Baita est l’une des initiatives israéliennes les plus actives en matière d’émigration collective, en termes pratiques, mais il existe également des groupes similaires. Ces dernières semaines, un certain nombre de groupes visant une émigration vers divers pays – du Portugal et de l’Espagne à la Nouvelle-Zélande – ont été créés sur WhatsApp.

Dans la plupart des cas, ces groupes s’efforcent avant tout de mettre des informations à disposition. Les conversations portent aussi bien sur des questions de base telles que les visas et la fiscalité que sur des questions spécifiques concernant le transport d’animaux de compagnie ou des conseils sur les déménageurs. De temps en temps, les administrateurs de ces groupes organisent des réunions Zoom avec des avocats ou des agents immobiliers du pays cible, et parfois aussi avec des Israéliens qui y vivent déjà.

Ces groupes ne prétendent pas établir un système organisé d’émigration ; leur objectif est de donner un coup de pouce aux personnes et aux familles qui veulent changer d’air. Parmi eux, les médecins figurent en bonne place : plus de 3000 sur les 8699 médecins du pays se sont engagés dans des groupes désignés de relocalisation, créés après que la Knesset a supprimé la norme dite du «caractère raisonnable» pour les décisions de justice. L’échange d’informations dans les groupes Facebook traitant de la relocalisation est également plus intense que jamais. Par exemple, les administrateurs du groupe «Israéliens à Copenhague» ont indiqué qu’au cours des seules dernières semaines, quelque 1000 personnes ont demandé à en faire partie.

«Relocalisation d’Israël à l’étranger», un groupe privé sur Facebook, est également au sommet de son activité. L’un de ses administrateurs, Or Yochanan, un Israélien qui vit à Austin, au Texas, explique que jusqu’en novembre dernier, le groupe comptait environ 8000 membres qui s’étaient progressivement joints à lui au cours de ses sept années d’activité. Ces derniers mois, le nombre de membres a grimpé à 27 000.

«Ce qu’on voit est sans précédent», dit Yochanan. «Nous connaissons actuellement une croissance organique de 500 membres par jour. J’ai déjà vu toutes sortes de pics en période de tensions liées à la sécurité, mais en général, cela s’estompe. Cette fois-ci, le niveau d’implication des nouveaux membres est incroyable».

– Avez-vous l’impression que les gens sont intérieurement mûrs pour déménager ?

«Presque tous ceux à qui nous parlons en sont à une étape ou à une autre : clarifications, entretiens, procédures de citoyenneté et de visa. Ceux qui se moquent des personnes qui expriment leur désir de partir, qui considèrent qu’il s’agit d’une nouvelle «vague», ne comprennent pas à quel point elles sont déterminées et à quel point la crise est profonde. J’ai moi-même complètement émigré, mais je ne fais absolument pas partie de ceux qui souhaitent un départ massif ou une approche consistant à «laisser brûler le pays». Cela me rend très triste».

Rassa. Photo Vanessa Vettorello
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New Israeli Village est un groupe qui se situe à la frontière entre le soutien à ceux qui se débattent avec l’idée de partir et le plaidoyer plus actif en faveur de l’émigration collective. Son groupe WhatsApp a été créé peu après que le ministre de la justice Yariv Levin a présenté son projet de «réforme» de l’ensemble de l’appareil judiciaire du pays ; le nombre de membres a augmenté de manière directement proportionnelle à l’avancement de la législation. Les objectifs du groupe : «Créer une ville d’Israéliens de premier plan, dans un autre pays. Créer une communauté de quelques milliers d’Israéliens exerçant des professions très demandées, qui s’uniront pour obtenir collectivement des visas d’immigration, acheter un terrain particulièrement grand et bien situé, obtenir des permis de construire. Dès le départ, la ville comprendra un hôpital de haut niveau, des entreprises de haute technologie, des centres commerciaux et même des centres culturels juifs-israéliens. Dans la communauté, nous nous occuperons également des personnes âgées, de celles qui ont des besoins particuliers et des problèmes médicaux complexes, qui, dans le processus [habituel] d’émigration des individus, seraient laissées pour compte».

Le groupe a été créé par Efrat, professeure de cinéma, dont le nom a également été modifié à sa demande. Au début, dit-elle, «c’était à moitié sérieux et à moitié un groupe de protestation». Cependant, au fil du temps, ce qui avait commencé comme un exercice conceptuel est devenu une initiative concrète. Même les gouvernements étrangers ont pris note du groupe qui émergeait en Israël – avec son mélange de médecins, d’ingénieurs et d’autres professions attrayantes qui cherchent un moyen de quitter le pays.

«Nous avons eu une conversation Zoom avec un ministre portugais, ainsi qu’avec un membre du gouvernement chypriote», raconte Efrat. «Même le gouvernement de Zanzibar nous a contactés par l’intermédiaire d’un Israélien qui vit là-bas. Ils nous ont fait une offre incroyable : une zone en bord de mer, des infrastructures adéquates. En vérité, j’ai été stupéfaite, mais les membres du groupe étaient moins enthousiastes à l’idée de s’installer dans un pays non démocratique du tiers-monde. La majorité d’entre eux préfèrent les pays anglophones : les États-Unis, l’Angleterre, le Canada».

Le Nouveau Village Israélien compte actuellement environ 1000 membres. Récemment, un sous-groupe appelé New Israeli Village Canada, qui compte quelque 600 membres, s’en est séparé et se concentre sur deux destinations possibles : Vancouver et Toronto.

Une autre initiative visant à établir une colonie israélienne à l’étranger, menée dans l’espace entre Facebook (où il s’agit d’un groupe privé) et Zoom, est New Israel – Israeli State, Democratic-Liberal (Nouvel Israël – État israélien, démocratique et libéral). Ce groupe, créé l’année dernière et comptant aujourd’hui environ 2 000 membres, est dirigé par un entrepreneur en haute technologie nommé Yonatan Sela. Il raconte que lui et son partenaire ont lancé l’initiative à la suite de l’adoption de la loi annulant le critère de «raisonnabilité». «Pendant des années, nous avons parlé du sujet et l’avons exploré, et maintenant nous pensons que le moment est venu de passer à l’étape de l’action», dit-il.

Leur idée est d’organiser un achat massif de terres dans un pays qui a un intérêt économique, scientifique et même sécuritaire à absorber le capital humain d’Israël. Lors d’une réunion Zoom qui s’est tenue à la mi-août, Sela a indiqué que le Nouvel Israël (en hébreu, les mots sont traduits en translittération) aspire à trouver une propriété d’une superficie totale d’environ 60 kilomètres carrés, soit à peu près la taille de la ville de Rishon Letzion, au sud de Tel-Aviv : «Une zone de cette taille sera en mesure de constituer une infrastructure pour une communauté de peuplement, non seulement pour un noyau initial, mais aussi pour ceux qui la rejoindront [par la suite]».

Sela a souligné que la nouvelle communauté serait organisée sur la base d’une identité israélienne, et non juive. «L’israélianité est une nation distincte depuis longtemps. Tous les Israéliens seront invités à y venir, y compris les Arabes», déclare-t-il, ajoutant : «Nous n’en sommes pas encore là, mais Chypre semble être une bonne option».

Israël 2.0 est un nouveau groupe Facebook qui vise à aider les membres du camp libéral israélien à s’installer, dans ce cas, aux USA. «L’intention est de construire une nouvelle ville à partir de zéro et de bâtir des infrastructures dans les domaines de l’éducation, de l’industrie, de la technologie, de la santé, du droit, de la culture et des institutions dans l’esprit de notre vision – celle d’un Israël démocratique et libéral», explique Gil Levy, qui vient de l’industrie de la haute technologie et qui est l’un des chefs de file de cette initiative. «Nous aspirons à y vivre en tant qu’Israéliens avec la culture unique qui a été créée ici, pour maintenir un bel et bon Israël au sein de la société américaine».

– Comment l’idée est-elle née ?

«Cela se joue sur les médias sociaux, en partant du principe que même si nous gagnons la bataille du coup d’État, la grande campagne a déjà été décidée. Nous avons pensé qu’au lieu de migrants individuels, nous irions dans une direction différente. Nous parlons d’un groupe hétérogène qui émigrera en plusieurs étapes».

Selon Levy, un groupe de base actif est à la tête de cette entreprise. Récemment, ils ont fini de formuler leur propre manifeste du nouvel Israël et ont commencé à mettre en place des équipes de travail axées sur les domaines qui intéressent les candidats à l’émigration, tels que la technologie, l’éducation, la médecine, le monde universitaire, etc. Ils ont l’intention de contacter des membres du Sénat américain, ajoute-t-il : «L’idée est d’obtenir un permis d’immigration massive d’Israël vers les USA. Nous commençons à y travailler. Noé n’a pas commencé à construire son arche lorsque les premières gouttes du déluge sont tombées. Il s’était préparé à l’avance».

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Après le lancement de la «révolution judiciaire» au début de l’année, deux initiatives ont vu le jour pour les personnes issues de l’industrie high-tech israélienne qui envisagent de s’installer ailleurs. En mars, Yosi Taguri, directeur des opérations israéliennes pour ZipRecruiter, un chasseur de têtes basé aux USA, a annoncé le lancement de l’Arche de Noé 2.0. Il a présenté ses membres comme «un groupe de personnes qui partagent un ensemble de valeurs communes et veulent vivre ensemble pour construire un avenir meilleur». Taguri a refusé de parler à Haaretz de l’état d’avancement de l’initiative. «Nous n’en parlons pas ; la protestation [contre la réforme judiciaire] est la chose la plus importante dans laquelle investir en ce moment», a-t-il déclaré.

Une deuxième initiative, lancée en mars en grande pompe mais qui semble aujourd’hui s’être évanouie, s’appelle le Plan B : un groupe d’éminents travailleurs de la haute technologie a annoncé qu’il était en train de négocier avec des pays européens l’établissement d’un «nouveau foyer pour la nation des startups». TheMarker, le magazine économique de Haaretz, a rapporté que des représentants du groupe étaient en effet en train de discuter avec de hauts responsables politiques en Grèce et avaient également lancé des appels à Chypre et au Portugal dans le but de créer un programme d’émigration attractif pour les travailleurs israéliens du secteur de la technologie. Le groupe Plan B a décrit son projet comme étant en cours de planification à «un niveau officiel de l’État» et comme «quelque chose de grand et de stratégique». Lors de réunions à huis clos, ses dirigeants ont indiqué qu’ils avaient établi une liaison directe avec le ministre grec des Affaires étrangères.

L’un de ces dirigeants est Ori Hadomi, PDG depuis 2003 de Mazor Robotics, une entreprise de matériel chirurgical qui a été vendue pour 1,6 milliard de dollars à l’entreprise US Medtronic en 2018. «La Grèce est un pays qui réclame un développement économique», dit-il, «et il y a ici des milliers d’employés de haute technologie qui cherchent des alternatives avant de s’éparpiller dans le monde entier. Ce dialogue va comme un gant au gouvernement grec».

Néanmoins, Hadomi et ses associés ont préféré prendre du recul. «Dans le dialogue avec eux, qui était intime et s’est déroulé au plus haut niveau, j’ai dit que nous n’avions pas l’intention de participer à l’expulsion d’Israéliens d’Israël. Nous leur avons renvoyé la balle [aux Grecs] et les avons encouragés à participer activement à l’élaboration d’offres attrayantes pour les émigrants potentiels. De notre côté, je ne connais aucun groupe organisé qui travaille avec eux en ce moment pour faire avancer l’idée. Je ne serai pas celui qui fera naviguer les bateaux d’Israël vers la Grèce – le vent qui souffle les propulse de lui-même».

source : Haaretz via Tlaxcala

Que se passe-t-il en Israël ?

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 25/07/2023.

Que se passe-t-il en Israël ?

 

Par Avi Morris– Les médias diffusent les images des manifestations impressionnantes qui se déroulent en Israël. Est-ce vraiment en faveur de la démocratie ?


La situation est assurément plus compliquée. Et pour mieux la comprendre, essayons d’esquisser une analyse comparée avec la situation politique française.

Retour sur les élections de novembre 2022

Le présent gouvernement a été constitué par Benjamin Netanyahou après des élections dans un système fortement marqué par les règles de la proportionnalité. Le système politique israélien repose en effet sur la proportionnelle pour deux raisons :

  • Israël est un pays composé de nombreuses communautés – c’est le meilleur moyen politique pour chacun de s’exprimer ;
  • Le système politique implique la négociation entre les différentes composantes de la société israélienne.

Autrement dit, sans négociation pas de gouvernement. Nous rappellerons que Netanyahou revient au pouvoir en 2007 alors même que son parti ne disposait pas du nombre de sièges le plus élevé à la Knesset. A l’époque, c’est le parti de Tsipi Livni, parti à l’origine du désengagement qui est majoritaire. Seul problème, en refusant de négocier, elle a ouvert la porte à Netanyahou. Depuis, cette porte a du mal à se refermer.

Le gouvernement précédent avait réussi afin de se débarrasser de Netanyahou à faire la jonction délirante entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite. Le résultat ne s’est pas fait attendre et a permis à Netanyahou de retrouver le pouvoir.

Lors des négociations particulièrement longues qui ont précédé la constitution du gouvernement actuel, les partis de l’opposition ont refusé par principe de participer à une coalition dirigée par Netanyahou. Ils ont indirectement favorisé la participation du parti d’extrême-droite à la coalition. En même temps, nous rappellerons que parmi ces membres de ce parti, certains étaient les compagnons de route de Naftali Bennett, le Premier ministre précédent. Bref, dénoncer l’extrême-droite au pouvoir parce qu’il y Ben Gvir et Netanyahou, c’est ne rien comprendre au fait qu’un système proportionnel implique des négociations avec toutes les composantes politiques. Il est un peu facile pour l’opposition actuelle incarnée par Lapid et Gantz de jouer les vierges effarouchées alors qu’elles ont soutenu un Premier ministre – Bennett – dont l’argument de campagne principal était : il faut renverser la Cour suprême !!!

Sur les manifestations en cours

Ce qui se passe en Israël illustre parfaitement le poids que les juges suprêmes ont pris dans les démocraties contemporaines. La France n’échappe bien évidemment pas à ce mouvement. Il suffit de se souvenir des manifestations devant le Conseil constitutionnel lors de l’adoption du passe sanitaire. Une partie des critiques adressées aux juges israéliens n’est pas très différente de celles que l’on entend en France. Les juges constitueraient une caste déconnectée des préoccupations populaires. Il est facile de soutenir à distance des manifestations sous prétexte qu’elles seraient contre l’extrême-droite en Israël et ne rien faire face aux décisions attentatoires aux libertés qui constituent à présent le socle de la jurisprudence française. Heureusement, il y a des députés qui nous informent sur la difficulté de mettre un micro-cravate.

Les gens manifestent-ils pour la démocratie ? Là encore un peu de nuances.

  • Celles et ceux qui manifestent n’ont pas bronché quand le gouvernement israélien a validé les pires mesures attentatoires aux libertés durant le Covid – utilisation de moyens militaires pour traquer les « malades » ; restrictions et contrôle des voyages à l’étranger avec demande d’autorisation par exemple.
  • Yuval Harrari qui se répand dans les médias pour critiquer le gouvernement actuel a soutenu toutes les restrictions antérieures.
  • Les médecins qui s’opposent à la réforme n’étaient pas contre le refus de soin aux personnes non-vaccinées ;
  • Lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahou a limogé le ministre de la Défense Yoav Gallant en raison de son opposition à la réforme, il y a eu une manifestation spontanée pour le soutenir. Pour l’anecdote, Yoav Gallant est l’un des ministres les plus radicaux nommés à ce poste. Il avait d’ailleurs été écarté du poste de chef d’état-major précisément en raison de ses positions radicales. Sans commentaire.

Sur la réforme

A partir du moment où les juges prennent un poids considérable dans la vie politique, il est logique que des changements de règles soient débattus politiquement et puissent donner lieu à des manifestations. Mais là encore, plutôt que d’approuver les manifestations en Israël, nous préférerions que les politiques en France organisent des manifestations quand, par exemple, sont nommés au Conseil constitutionnel de véritables pantins.

Dans le cas israélien, le gouvernement est issu d’un vote massif à la proportionnelle. La question de sa légitimité, contrairement au gouvernement actuel en France, ne se pose pas.

Est-ce pour autant qu’il est en droit de modifier un équilibre institutionnel ? La réponse est loin d’être évidente pour les raisons suivantes :

  • Il n’y a pas de Constitution en Israël – difficile de reprocher aux juges d’avoir outrepassé leurs prérogatives à partir du moment où les conflits d’interprétation sur un texte impliquent une réponse.
  • Il est reproché aux juges d’imposer une idéologie qui contredit ce que souhaite le peuple notamment sur les questions religieuses, mais pas uniquement – il est symptomatique des démocraties que les textes qui portent sur la politique migratoire focalisent bien souvent les tensions politiques qui traversent la société.
  • Comme toute Cour suprême, il est possible d’argumenter dans un sens comme dans l’autre : Aharon Barack, juge qui fait l’objet de toutes les attaques et qui pourrait toutes choses étant égales par ailleurs être comparé à Robert Badinter, est malheureusement resté bien silencieux pendant la période Covid. Sans compter que l’existence de nombreuses voies de recours n’ont ni empêché que les constructions dénoncées par certains comme illégales se poursuivent ni facilité les recours contre les policiers ou militaires accusés de violences.

Mais la France pourrait connaître rapidement le même type de discussions et de manifestations si, comme l’avait annoncé le président du Conseil constitutionnel actuel, il s’opposerait à certaines propositions de référendum dans l’hypothèse d’une victoire en France de la droite nationale.

Risque de mesures d’extrême-droite en Israël ?

Là encore, un peu de nuances. Pour l’heure,

  • Aucun texte attentatoire aux libertés n’a été voté et la réforme n’est pas encore passée ;
  • Le représentant du parti Noam foncièrement anti LGBT, – parti classé à l’extrême-droite membre de la coalition, avait été nommé pour rééquilibrer les programmes scolaires afin qu’ils accordent davantage de place à l’héritage religieux. Il a démissionné quand il s’est rendu compte qu’il ne disposait d’aucune marge de manœuvre pour agir ;
  • L’épouvantail Ben Gvir a été tenu à l’écart de toutes les décisions politiques importantes en matière sécuritaire. Il peut toujours menacer de démissionner ; les derniers sondages montrent que son parti n’obtiendrait que 5 sièges sur les 14 dont il dispose actuellement. Son acolyte Smotrich, ex-associé de l’ancien premier ministre Bennett, cherche par tous les moyens à éviter le retour aux urnes et préfère un peu comme le R.N. en France gérer son fonds de commerce.

Un retour aux urnes ou l’émergence d’une nouvelle majorité permettrait-elle de revenir sur la réforme actuelle ? Ce n’est pas si simple que cela.

  • Le Likoud, le parti de Netanyahou, pourrait remporter une nouvelle fois les élections ;
  • Au sein des autres partis d’opposition, un certain nombre approuvent sans le dire la réforme actuelle – c’est le cas de Gideon Saar, ancien du Likoud, d’Avigdor Lieberman autre parti d’extrême droite, mais membre de l’ancienne coalition, voire de Yair Lapid qui tenaient les mêmes propos que le ministre de la justice actuel sur le poids trop important des juges dans la vie politique israélienne ;
  • Benny Gantz qui contrairement à ses collègues militaires joue le jeu de la démocratie a annoncé qu’il reviendrait sur la réforme si son parti obtenait la majorité – mais là encore, il ne pourrait gouverner qu’en créant une coalition notamment avec les partis religieux qui eux s’opposeront à ce projet.

C’est en cela que la situation actuelle marque un choix de société, car une fois le texte adopté, il sera difficile de revenir dessus. Il est en outre critiquable de modifier les règles de fonctionnement de la Cour suprême pour se donner la possibilité de nommer des personnes accusées et condamnées pour corruption. C’est sûr que ce point peut paraître anecdotique en France quand on voit le nombre de personnes mises en examen, voire condamnées qui tournent dans le gouvernement actuel. Si seulement celles et ceux qui soutiennent les manifestations en Israël pouvaient créer de tels rassemblements en France pour dénoncer les pratiques politiques françaises !!!

Voir en prime l’Union européenne donner des leçons de démocratie avec un Parlement marqué par des affaires de corruption et un fonctionnement opaque, c’est quand même un summum de la bêtise de l’alignement sur les positions américaines.

Comment analyser les manifestations actuelles

Nous avons montré d’une part qu’il y a un vrai problème démocratique, mais que d’autre part, il est extrêmement difficile d’accorder du crédit à l’argument que celles et ceux qui manifestent le font au nom de la défense de la démocratie et des droits fondamentaux. Nous ne doutons pas que certaines et certains soient de bonne foi. Mais là encore, ne soyons pas naïfs.

Ces manifestations coûtent extrêmement cher à organiser. Quand les partis de droite ont essayé d’organiser une contre-manifestation, le coût s’est élevé à 6 millions de shekels, soit 1,5 million d’euros. Ils n’ont pas réitéré l’opération. Or, dans le cas actuel, ce sont plusieurs dizaines de millions qui ont été dépensés depuis maintenant près de 6 mois !

A été évoquée la piste d’un financement américain. Une vidéo a fuité sur les réseaux sociaux dans laquelle l’ancien premier ministre Ehud Barak parle clairement de manœuvres de prise de pouvoir.

Il suffit d’assister aux campagnes de publicité, mais également de regarder les affiches écrites en …anglais pour constater de nombreuses ressemblances avec la révolution Orange en Ukraine. Pourquoi les Américains financeraient une telle campagne ? Tout simplement parce qu’Israël ne s’est pas aligné sur la politique américaine contre la Russie ? L’hypothèse n’est pas très différente de celle formulée par Eric Verhaeghe sur les émeutes en France par rapport aux velléités de Macron d’exprimer une opinion différente.

Pour l’heure se répand l’idée que l’ensemble est financé par des sociétés high tech israéliennes. Petit problème : au nom de quoi ces dépenses seraient-elles conformes à l’intérêt de l’entreprise ? Imaginons que des sociétés préfèrent dépenser leur argent et réduire leurs charges en fonction de leurs choix politiques. Ce serait la fin de l’impôt et du financement des services publics. Difficile de croire que ces sociétés échapperont à une rectification fiscale. La difficulté de tracer l’origine du financement devrait soulever de nombreuses questions.

Des militaires appellent expressément à l’insubordination. Nous rappellerons que lors de l’avant-dernière campagne électorale, le parti de Yair Lapid avait parmi ses membres 4 anciens chefs d’état-major dont Benny Gantz. Ce dernier a préféré s’écarter de Lapid ; ses anciens associés se répandent à diffuser des appels à l’insubordination. De là à dire que nous serions en présence d’un coup d’État, il n’y a qu’un pas. Benny Gantz est également le ministre qui a refusé que la politique israélienne s’aligne sur celle des Américains en Ukraine, contrairement à ce que souhaitait Lapid, homme politique dont les positions s’alignent sur celle de Yuval Harrari. En somme, ceux qui soutiennent de l’étranger ces manifestations seraient ainsi les soutiens d’un coup d’Etat militaire. C’est magnifique ce que recouvre à notre époque la lutte contre l’extrême-droite.

Il est difficile de prédire comment cela peut se terminer. Le cas israélien illustre peut-être ce qui se passe quand une démocratie s’éloigne des positions américaines.

Pendant ce temps, la Banque centrale israélienne annonce la future monnaie digitale et indique bien que l’enjeu est de contrôler les micro-paiements. Israël aimerait bien comme pour le Covid faire office de test grandeur nature. Ce n’est pas Yuval Harrari qui dira le contraire.

 

Colonisation israélienne sous stéroïdes, l’UE et la Belgique jouent leur crédibilité

 

par Nathalie Jeanne d’Othée - Le 06/07/2023.

Depuis la fin 2022, des colons extrémistes sont au pouvoir en Israël. Les impacts du nouveau gouvernement israélien sur la situation en Palestine occupée sont délétères. Le régime d’apartheid israélien que subit la population palestinienne s’est encore renforcé. Pourtant, face à la détérioration galopante de la situation, l’UE est paralysée. Les avancées minimes réalisées par la Belgique et l’UE en matière de différenciation sont très loin de suffire. L’UE et la Belgique doivent évoluer vers plus de cohérence, sous peine de perdre leur crédibilité sur la scène internationale.

Le 26 juin, l’organisation israélienne Peace Now établissait le nombre de nouveaux logements approuvés par le gouvernement israélien dans les colonies depuis le début 2023 : 13 000 logements, en seulement six mois ! En comparaison, 4427 nouveaux logements avaient été approuvés sur toute l’année 2022. Et le chiffre record est celui de 12 159 nouveaux logements en un an, en 2020.

Doit-on encore le rappeler ? Le transfert par une puissance occupante de sa propre population dans le territoire qu’elle occupe est une violation grave du droit international (art. 49 de la IVe Convention de Genève) et constitue un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (art. 8 b, viii).

L’Annexion, un constat limpide

Le nouveau gouvernement Netanyahou n’a jamais caché son ambition, écrite noir sur blanc dans son accord de coalition : «Le gouvernement encouragera et développera l’expansion de la présence juive dans toutes les parties de la Terre d’Israël – en Galilée, dans le Néguev, dans le Golan et en Judée et Samarie».

La mise en application n’a pas tardé. La colonisation israélienne en Cisjordanie avance, par la construction de nouveaux logements dans les colonies ou de nouveaux avant-postes de colonies, par la légalisation d’avant-postes existants, par la remise en cause du gel d’autres avant-postes, par l’annonce d’extension des colonies existantes, par la construction de nouvelles routes pour les colons ou encore par la mise en place de colonies pastorales, qui permettent de rapidement accaparer de larges territoires.

Mètre carré par mètre carré, dunum par dunum, Israël annexe le territoire palestinien occupé, et cela à une vitesse inégalée

Cette colonisation s’accompagne d’un déchaînement de la violence de la part des colons. Le 26 février, une attaque coordonnée de colons s’est ainsi abattue sur le village palestinien de Huwara, dans le sud de Naplouse. Même en Israël, les observateurs n’ont pas hésité à parler de pogrom. Si le pogrom de Huwara a attiré les médias par son ampleur, des violences similaires touchent quotidiennement les communautés palestiniennes vivant à proximité de colonies. Les colons ont pour habitude d’appliquer une politique du «prix à payer», redoublant de violence lorsque les intérêts des colons sont touchés, que ce soit par une attaque palestinienne ou une décision du gouvernement israélien. Une vague de violences de colons a ainsi déferlé sur toute la Cisjordanie suite à l’assassinat de quatre colons israéliens par deux assaillants palestiniens près de la colonie d’Elie. Mais contrairement à ce que peuvent laisser penser certaines communications du gouvernement israélien ou de l’armée israélienne, les colons violents sont protégés voire aidés par l’armée. C’est cela que tente de souligner l’organisation israélienne de défense des droits humains B’tselem lorsqu’elle déclare que «la violence des colons est une violence d’État».

Le 18 juin dernier, le gouvernement israélien a par ailleurs décidé de confier au ministre des Finances, Bezalel Smotrich, la compétence de planification des nouvelles colonies. Outre le fait de confier la tâche à un colon notoirement reconnu comme extrémiste, cette décision réduit aussi le nombre d’étapes du processus d’approbation de nouveaux projets de six à deux étapes, et ne fait intervenir qu’une seule instance administrative en dehors du ministre lui-même. Plus aucune autre instance politique, administrative ou militaire n’y intervient plus. La communauté internationale perd par conséquent la possibilité d’exercer des pressions contre de nouveaux projets de construction. D’autant plus que l’information sur la mise en œuvre de nouveaux projets ne lui parvient généralement qu’une fois la première étape passée. À noter que depuis le 23 février, Bezalel Smotrich était déjà en charge de l’administration civile de la Cisjordanie, faisant de lui le gouverneur de la «Judée et Samarie», pour reprendre le nom donné en Israël à la Cisjordanie. À ce titre, il contrôle le (non)-développement des communautés palestiniennes en zone C, la partie de la Cisjordanie entièrement sous contrôle israélien (62% du territoire). Un ministère civil régit donc l’ensemble des aspects de la vie en Cisjordanie, ce qui équivaut à une annexion de jure du territoire.

De jure et de facto, Israël annexe donc bien le territoire palestinien occupé. Et cela en toute impunité

L’impunité dont bénéficie Israël nourrit le désespoir côté palestinien, et renforce la résistance armée palestinienne, particulièrement active à Jénine et Naplouse. Cette résurgence de la résistance armée entraîne des incursions régulières de l’armée israélienne dans les villes palestiniennes, causant de nombreuses victimes palestiniennes. Mi-mai, le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires comptait déjà 147 décès de Palestiniens, Cisjordanie et bande de Gaza comprises. Les attaques israéliennes sont de plus en plus violentes et meurtrières, désormais accompagnées de frappes aériennes, comme en témoigne encore les attaques subies par la ville de Jénine fin juin et début juillet. Et un récent sondage d’opinion palestinien montre que ces escalades de la violence entraînent un soutien renforcé aux groupes armés palestiniens et une érosion supplémentaire du soutien à une solution à deux États.

Faiblesse de l’UE

Face à l’intensification vertigineuse de la colonisation israélienne, qui équivaut à une annexion de facto du territoire palestinien occupé, il est consternant de constater l’inefficacité des multiples déclarations du Service européen d’action extérieure (SEAE), la diplomatie de l’Union européenne.

L’UE «réaffirme sa position selon laquelle les colonies sont illégales au regard du droit international et qu’elle ne reconnaîtra aucune modification des frontières de 1967 autre que celles convenues par les parties. L’UE renouvelle son appel aux autorités israéliennes pour qu’elles mettent un terme à la construction des colonies et qu’elles reviennent d’urgence sur ces dernières décisions». (13 février 2023)

«Les colonies sont illégales au regard du droit international. Israël doit mettre fin à l’expansion des colonies, prévenir la violence des colons et veiller à ce que les auteurs de ces actes soient tenus pour responsables». (8 mars 2023)

«L’UE considère que les colonies sont illégales au regard du droit international. Elles constituent un obstacle majeur à la paix et menacent la viabilité de la solution des deux États». (21 mars 2023)

«Les colonies sont illégales au regard du droit international et compromettent la viabilité de la solution des deux États. Ces actions unilatérales vont à l’encontre des efforts visant à réduire les tensions sur le terrain». (24 mai 2023)

«Conformément à sa forte opposition de longue date à la politique de colonisation d’Israël, l’Union européenne est préoccupée par les projets annoncés par Israël de faire avancer la planification de plus de 4000 unités de colonisation en Cisjordanie occupée à la fin du mois de juin. L’UE demande à Israël de ne pas aller de l’avant. Les colonies sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix et menacent la viabilité de la solution des deux États. L’Union européenne est également préoccupée par les modifications adoptées le 18 juin par le gouvernement israélien en ce qui concerne le processus de planification et d’administration des colonies, qui accélérera la planification et l’approbation des colonies». (19 juin 2023)

«L’UE est profondément préoccupée par l’escalade de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens occupés et par la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement. Nous demandons instamment à toutes les parties d’œuvrer à la désescalade et de mettre fin au cycle de la violence». (21 juin 2023)

Si elle n’assortit pas ses prises de positions de mesures concrètes, l’Union européenne sera condamnée à répéter de plus en plus souvent cette même litanie, au risque d’y perdre toute crédibilité. En comparaison, les positions de l’UE face à l’annexion illégale de parties de l’Ukraine par la Russie ont directement été assorties de sanctions. Les voix sont par conséquent de plus en plus nombreuses à dénoncer une logique de double standard qui décrédibilise tout le discours européen sur le respect du droit international et des droits humains et amène de plus en plus de pays du Sud à tourner le dos à l’UE.

(Très) petites avancées

Récemment, plusieurs avancées peuvent être soulignées au niveau de l’UE, même si elles restent minimes. Premièrement, la Commission européenne a introduit de nouvelles règles pour les importateurs. Ces derniers doivent désormais apposer un code («Y864») sur leurs déclarations en douane pour les biens provenant d’Israël, certifiant ainsi que ces biens ne proviennent pas des colonies. Selon la Commission européenne, cette mesure facilitera les contrôles douaniers et donc l’exclusion des produits des colonies du tarif préférentiel octroyé en vertu de l’Accord d’Association UE-Israël. Elle pourra par conséquent permettre d’améliorer l’application de l’étiquetage d’origine des produits des colonies. Elle facilitera également la récolte de statistiques sur le volume du commerce existant entre l’UE et les colonies israéliennes. Mais attention de ne pas y voir une panacée. Il est en effet indispensable que cette mesure soit accompagnée de contrôles douaniers renforcés pour être efficace.

C’est ce que s’emploient à faire les douanes belges. Le gouvernement belge s’est en effet engagé à renforcer sa politique de différenciation vis-à-vis des colonies israéliennes, c’est-à-dire leur exclusion de toutes les relations bilatérales que la Belgique entretient avec Israël. En octobre 2021, un accord a été trouvé entre les partenaires de majorité pour ainsi avancer dans plusieurs domaines, dont un renforcement des contrôles douaniers pour les biens en provenance d’Israël.

Autre avancée récente, le Haut-Commissariat a enfin publié fin juin une mise à jour de la base de données des Nations unies des entreprises impliquées dans la colonisation israélienne. Cette mise à jour a lieu avec deux ans et demi de retard, étant donné qu’elle doit normalement avoir lieu annuellement. Malheureusement, la mise à jour n’a fait que retirer 15 entreprises de la liste initiale des 112 (publiée en février 2020). Le Haut-Commissariat n’a en effet pas engagé de travail d’investigation supplémentaire, faute selon lui de ressources structurelles allouées à ce travail dans son budget. La mission palestinienne à Genève a donc soumis une brève résolution technique au Conseil des droits de l’homme des Nations unies afin que des ressources spécifiques soient allouées au Haut-Commissariat pour qu’il procède à l’avenir à une mise à jour annuelle de la base de données. Cette résolution sera soumise au vote lors de la session en cours du Conseil des droits de l’homme. S’étant engagée à soutenir politiquement et financièrement la mise à jour de la base de données, la Belgique devrait vraisemblablement voter en faveur de cette résolution. Espérons qu’elle encouragera aussi les autres États européens membres du Conseil des droits de l’homme à la soutenir.

Cohérence et interdiction du commerce avec les colonies

Outre ces quelques avancées, l’UE et la Belgique doivent se poser la question de la cohérence et de leur propre implication dans l’entreprise de colonisation israélienne. L’UE continue en effet d’autoriser le commerce avec les colonies israéliennes. Ce commerce continue donc à contribuer à la viabilité de l’entreprise coloniale israélienne. L’exclusion du tarif préférentiel et l’étiquetage des produits ne suffisent pas, l’UE et la Belgique doivent interdire le commerce avec les colonies israéliennes.

C’est ce que demandent plus de 277 000 citoyens et citoyennes européens, dont 20 000 Belges, qui ont signé une pétition pour l’interdiction du commerce avec les colonies illégalement installées dans les territoires occupés, partout dans le monde.

Ce résultat et l’importance de la problématique ont poussé la commission du Parlement européen pour les pétitions (PETI) à demander que la Commission européenne donne une réponse officielle à cette pétition. La commission PETI a également demandé que cette pétition soit discutée au sein de la commission du Parlement européen sur le commerce international (INTA). Cette dernière a dès lors décidé d’inviter la Commission européenne à un prochain échange de vues sur le sujet.

Les discussions devront prendre en compte le vote, le 27 juin 2023, par la commission des affaires étrangères (AFET) d’un texte sur les relations de l’UE avec l’Autorité palestinienne, qui dans ses recommandations «exige l’adoption d’une législation européenne interdisant le commerce avec les colonies dans le territoire palestinien occupé, dans le respect du droit humanitaire international».

Ces développements vont dans le bon sens, mais beaucoup trop lentement. Comme le relève l’édito du Financial Times du 27 juin, la colonisation israélienne connaît une accélération fulgurante. La réponse européenne doit être beaucoup plus ferme et décisive. Et l’interdiction du commerce avec les colonies est un minimum.

Par ailleurs, la Belgique ne peut jouer l’attentisme sur le sujet. Tant que l’Union européenne ne fait rien, les États membres ont l’obligation d’agir pour mettre fin au commerce avec les colonies. La responsabilité est à ce titre dans les mains du parlement et du gouvernement belges pour mettre cette mesure en œuvre.

source : CNCD.belge


Les frappes de missiles qui ont tué la dissuasion israélienne.

Par notre correspondant en Palestine – Le 18 avril 2023 –  Source The Cradle

Israël est actuellement confronté à un défi unique et redoutable : Une force irrégulière multi-frontale qui représente une menace plus grande pour l’État que les armées arabes traditionnelles du passé. Cette force irrégulière se distingue par l’introduction de la guerre des missiles et d’un front véritablement uni, qui ont modifié les règles d’engagement et contraint l’État d’occupation à s’adapter en toute hâte.

Contrairement aux adversaires israéliens précédents, cette force irrégulière est composée de divers acteurs étatiques et non étatiques qui opèrent sur plusieurs fronts. Leurs tactiques et stratégies non conventionnelles, notamment la guérilla et la guerre asymétrique, créent un environnement de combat complexe et imprévisible pour Israël.

 

Pluie de missiles en avril

Cette situation a été illustrée au cours de la première semaine d’avril 2023, lorsque la Résistance a tiré des missiles sur Israël à partir de trois fronts territoriaux distincts. La tournure inattendue des événements a pris les politiciens israéliens au dépourvu, les obligeant à revenir sur leurs provocations dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem et à geler temporairement la circulation des extrémistes juifs dans l’enceinte musulmane.

Le premier effet des missiles de la résistance a été la décision israélienne, prise le 12 avril, d’empêcher les Juifs d’entrer dans la mosquée Al-Aqsa jusqu’à la fin du mois islamique du Ramadan. Cette décision n’était pas fondée sur les tensions dans les territoires palestiniens occupés ou sur les crises internes d’Israël sous le gouvernement d’extrême droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il s’agit plutôt d’une réponse à l’érosion de la dissuasion israélienne qui s’est effondrée sous la force des missiles de la résistance.

La Résistance ouvre de nouveaux fronts

La décision d’apaiser les tensions dans la mosquée Al-Aqsa est une reconnaissance par Israël du fait que la résistance a pris le dessus en coordonnant ses assauts sur plusieurs fronts : tirs de roquettes depuis Gaza, attaques de missiles depuis le Liban, ciblage de sites israéliens dans le Golan occupé depuis la Syrie.

Dans la bande de Gaza, les factions de la résistance ont tiré de nombreuses roquettes sur les colonies juives autour de Gaza, démontrant ainsi leur capacité et leur volonté de frapper profondément le territoire israélien.

Au Liban, trois salves d’environ 30 missiles ont été tirées sur des colonies de Galilée occupée, blessant trois colons. Il s’agit du plus grand nombre de missiles lancés depuis le Liban depuis la guerre de juillet 2006.

Depuis la Syrie, deux salves de missiles ont été tirées sur des sites israéliens dans le Golan occupé. Si la première salve n’a touché aucune cible, la seconde a visé des sites et des colonies, entraînant l’activation du système de défense Dôme de fer par l’armée israélienne.

Les choses ont pris une tournure inattendue lorsque le front du Sinaï est entré dans la mêlée, avec des informations selon lesquelles l’armée égyptienne aurait « contrecarré » un tir de missiles en direction du port d’Eilat, dans le sud d’Israël. Une source au sein de l’Axe de la Résistance a déclaré à The Cradle que « la Résistance était, sans aucun doute, responsable du déplacement du front du Sinaï pour envoyer un message à l’ennemi qu’il ne devrait pas se sentir non plus en sécurité à la frontière avec l’Égypte« .

L’incident du Sinaï a fait l’objet d’un black-out médiatique notable, car il n’était « pas dans l’intérêt d’Israël de révéler ce qui s’est passé dans le Sinaï en raison de nombreuses considérations internes« , et, ajoute la source, il n’était pas non plus dans l’intérêt de l’Égypte de reconnaître ses propres lacunes en matière de sécurité.

Éviter la colère du Hezbollah

La tentative d’Israël de rendre le Hamas responsable des tirs de roquettes en provenance du Liban – tout en évitant de mentionner un rôle potentiel du Hezbollah – a été perçue comme un effort pour éviter une confrontation avec le groupe de résistance libanais et pour limiter sa réponse au HamasContredisant le récit militaire officiel, Netanyahou a affirmé qu’Israël avait riposté contre des cibles du Hezbollah au Liban, alors que les médias hébreux ont rapporté que les responsables militaires avaient spécifiquement déconseillé de frapper les positions du Hezbollah, car cela risquait d’aggraver le conflit.

La réponse de Tel Aviv aux tirs de roquettes s’est limitée à des frappes sporadiques, ce qui indique clairement qu’Israël tente de sauver la face sans aggraver la situation. Cela a eu des conséquences immédiates : Israël a été contraint d’accepter les équations imposées par la résistance et n’est plus en mesure de risquer une escalade potentielle qui pourrait conduire à une guerre totale sur plusieurs fronts.

Diminution de la force de dissuasion d’Israël

L’ancien chef de la division du renseignement militaire israélien, Amos Yadlin, a soulevé des questions importantes dans une série de tweets le 9 avril. Il a mis en évidence trois considérations essentielles pour les décideurs israéliens dans la situation sécuritaire actuelle :

Premièrement, Yadlin s’est demandé si l’événement sécuritaire se limitait à une seule organisation ou s’il impliquait « l’ensemble de l’axe radical« , y compris l’Iran, le Hezbollah et le Hamas.

Deuxièmement, il a demandé si la dissuasion israélienne s’était érodée au point de nécessiter une action pour la restaurer, ou si la politique actuelle d’endiguement était suffisante.

Enfin, Yadlin a insisté sur la nécessité d’élaborer une stratégie susceptible de rétablir la dissuasion sans entraîner une escalade dans un conflit à part entière, en particulier dans le nord du pays. Comme beaucoup d’autres personnalités politiques et militaires israéliennes au cours du mois dernier, Yadlin a également souligné que l’érosion de la dissuasion israélienne peut avoir été influencée par des facteurs tels que les divisions internes, les relations tendues avec les États-Unis et les craintes de guerre.

Réécrire les règles

Les récents tirs de roquettes sur plusieurs fronts par la résistance n’étaient pas une coïncidence, mais une action soigneusement planifiée avec des messages clairs à l’intention de l’ennemi. L’activation des fronts au Liban et en Syrie est une initiative conjointe de la résistance visant à modifier les « règles d’engagement » et à saper les capacités de dissuasion israéliennes.

Ce faisant, la résistance a exploité les nombreuses vulnérabilités actuelles d’Israël : une crise interne généralisée, des relations américano-israéliennes tendues et la préoccupation de son armée en Cisjordanie.

Selon la source de l’axe de la résistance, « le message que l’axe de la résistance voulait transmettre à l’ennemi est que dans toute guerre à venir, plus d’un front sera ouvert avec l’ennemi dans le cadre du nouveau paradigme de « l’unité des fronts »« . La source a souligné que la décision à cet égard est entre les mains du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

L’analyste politique palestinien Hassan Lafi explique à The Cradle l’objectif des frappes conjointes de la résistance et pourquoi il fallait le faire :

« L’une de ces [nouvelles] règles est que Jérusalem n’est pas seulement pour les Palestiniens, mais pour la nation islamique et arabe« , cite Nasrallah après la bataille de Sayf al-Quds en 2021, lorsqu’il a déclaré : « violer les lignes rouges, c’est-à-dire Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa, signifie le déclenchement d’une guerre régionale. »

L’unité des fronts

Lafi a souligné que les tirs de roquettes sur plusieurs fronts démontrent « la sincérité et le sérieux » de l’axe de la résistance dans l’imposition de cette équation. Il a fait remarquer que « l’unité des fronts » est devenue une approche pratique qui « a semé la confusion dans l’occupation et sapé la force de dissuasion israélienne« .

Comme l’explique Yasser al-Masri, un responsable du mouvement palestinien Fatah, à The Cradle :

« L’unité des fronts est une idée effrayante pour Israël. Les tirs de roquettes depuis le Liban sans qu’aucune partie n’en revendique la responsabilité, ainsi que depuis le plateau du Golan, ont terrifié et désorienté Israël. Nous l’avons vu dans la décision de Netanyahou d’empêcher les incursions des colons dans Al-Aqsa pendant le mois de Ramadan. »

Malgré les rumeurs croissantes sur la possibilité qu’Israël – avec le soutien des États-Unis – se prépare à une frappe majeure contre l’Axe de la Résistance ou à cibler l’un de ses fronts, Lafi a exclu la probabilité d’une guerre déclenchée par Israël ou les États-Unis qui pourrait échapper à tout contrôle, en particulier à cause de l’attention militaire que Washington porte ailleurs : « La dernière chose que veulent les Américains, c’est une nouvelle guerre en plus de la guerre en Ukraine. »

De même, les divergences croissantes entre Tel-Aviv et Washington « signifient qu’Israël n’est pas en mesure de se lancer dans une bataille ouverte avec l’ensemble de l’axe de la résistance sans le feu vert américain« , prévient-il.

Le front de Cisjordanie

Lafi souligne que deux facteurs clés incitent Israël à envisager avec prudence l’option de lancer une guerre contre la vulnérable bande de Gaza, son traditionnel bouc émissaire. Premièrement, Tel-Aviv ne sait pas si les forces de résistance de la région permettront à Israël d’isoler et de cibler un seul front.

Deuxièmement, le renouveau de la résistance en Cisjordanie, qui n’est plus neutre comme elle l’a été par le passé. Si Israël devait mener une guerre ouverte contre Gaza, rien ne garantit qu’il n’y aurait pas de répercussions en Cisjordanie, où des opérations commando sont lancées quotidiennement par de jeunes Palestiniens.

Si la Cisjordanie constitue un deuxième front évident pour Israël, elle représente également une faiblesse importante pour Tel-Aviv, dont l’armée déploie déjà plus de 50 % de ses forces de combat dans la seule Cisjordanie. Ces chiffres n’ont fait qu’augmenter au cours des cinq derniers mois d’affrontements, certaines sources affirmant que plus des deux tiers de l’armée israélienne sont désormais déployés dans cette région.

En substance, cela signifie que l’armée israélienne est actuellement incapable d’ouvrir un autre front.

Les craintes des Israéliens deviennent réalité

Avril 2023 ressemble beaucoup à avril 2002, pendant la seconde Intifada, lorsque l’armée israélienne se concentrait sur l’étouffement du soulèvement en Cisjordanie, tentant de consolider de nouvelles équations et de transformer la cause palestinienne en une affaire interne à l’État hébreu.

Durant cette période, la résistance libanaise a mené une série de frappes sur la frontière nord afin de détourner l’attention de l’ennemi de la Cisjordanie et d’ouvrir un second front pour épuiser ses forces. Cependant, le Premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon, n’a pas mordu à l’hameçon tendu par la résistance libanaise.

De même, Zohar Balti, ancien chef du comité de sécurité politique du ministère israélien de la défense, ancien chef de la direction des renseignements du Mossad et ancien adjoint du département de recherche des renseignements militaires israéliens, a exhorté les dirigeants israéliens à « ne pas se laisser entraîner dans l’embuscade stratégique que Nasrallah nous a tendue« .

« L’opération au Liban ira à l’encontre de nos intérêts et de ceux de l’administration américaine. Avant de prendre toute mesure préventive au Liban, Israël doit parvenir à une coordination opérationnelle avec les États-Unis« , déclare M. Balti.

Mais les tensions persistantes en Cisjordanie ont une fois de plus permis à l’axe de la résistance d’exploiter l’érosion de la dissuasion israélienne et d’établir de nouvelles sources de confrontation sur plusieurs fronts à la fois.

Cette fois-ci, les missiles provenaient de trois fronts. Ce qui effraie le plus Tel Aviv, c’est son incapacité à répondre de manière « disproportionnée » à ces attaques – et les personnes que cela peut enhardir. Les Israéliens craignent non seulement que l’axe de la résistance détermine désormais les règles d’engagement, mais aussi qu’à l’avenir, cette réponse inclue des missiles et des drones venant de plus loin, d’Irak et du Yémen.

Notre correspondant en Palestine

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Israël contraint de modifier drastiquement ses choix stratégiques

Source : Le courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 28/04/2023.

 

Synthèse géopolitique n°10: Israël contraint de modifier drastiquement ses choix stratégiques

BRENNUS – C’est l’un des tournants les plus spectaculaires provoqués par la guerre d’Ukraine. L’Etat d’Israël, traditionnellement un pilier du dispositif international des Etats-Unis, est en train de chercher une autre organisation de sa sécurité nationale.

Une des conséquences les plus visibles de la guerre en Ukraine, c’est la modification rapide de l’environnement géopolitique d’Israël.

La politique erratique d’Obama et Biden a brouillé les repères de l’Etat hébreu

Depuis la présidence de Barack Obama (2008-2016), les cadres traditionnels de cette dernière étaient ébranlés. En effet, le président américain de l’époque avait pris deux décisions qui ne correspondaient pas aux vues israéliennes :

+ il avait décidé un rapprochement avec l’Iran.

+ il n’avait pas déclenché les frappes sur la Syrie qui auraient pu faire tomber le régime d’Assad en 2013. Et la Syrie a été définitivement stabilisée par l’intervention russe contre Daech à partir de 2015.

Avec Donald Trump, la politique des Etats-Unis revint dans le cadre dessiné par Richard Nixon. (1) Dégager les USA de guerres interminables. (2) Affirmer un soutien sans ambiguïté aux revendications israéliennes depuis la guerre des six jours (reconnaître Jérusalem comme capitale). (3) Organiser la paix entre Israël et les pays du Golfe – plus largement les Etats-Unis de Trump reviennent à « l’alliance sunnite » contre le chiisme iranien.

Joe Biden avait été le vice-président de Barack Obama. Il est donc en partie revenu à la politique qu’il avait connue. Mais, en fait, c’est la guerre en Ukraine qui change définitivement les repères traditionnels.

+ d’une part, l’Iran sort renforcé de l’affrontement entre la Russie et le monde occidental. Le déclenchement de la guerre a fait s’enliser la relance de l’accord sur le nucléaire iranien. Surtout, les liens entre la Russie et l’Iran se sont renforcés, avec une coopération à la fois économique et militaire.   

+ les pays du Golfe sont en train de prendre leurs distances avec les Etats-Unis. En particulier l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis envisagent de faire une partie de leurs transactions commerciales dans d’autres monnaies que le dollar. Et on commence à évoquer une candidature aux BRICS d’un certain nombre de pays arabes.

Les Etats-Unis voudraient forcer Israël à lâcher la Russie

Comme ils l’ont fait avec tous leurs alliés, les Etats-Unis ont mis sous pression l’Etat d’Israël pour qu’il prenne position contre la Russie et livre des armes à l’Ukraine. En réalité, Israël cherche à maintenir à tout prix une position de neutralité. A cela deux raisons :

+ premièrement, le poids des citoyens israéliens d’origine russe est important : Près d’un million sur les 8 millions de l’Etat d’Israël. Aucun candidat au poste de Premier ministre en Israël ne peut aller contre ce bloc.

+ deuxièmement, Israël voit plus d’avantages que d’inconvénients à l’entrée de la Russie dans le jeu complexe du Proche-Orient. La Russie peut parler avec tous les Etats de la région, ce qui n’est pas le cas d’Israël – et permet à cette dernière de faire passer des messages par l’intermédiaire de la diplomatie russe.

Fondamentaux de la géopolitique d’Israël

Pour bien comprendre la mutation des positions géopolitiques d’Israël, il faut avoir en tête les points suivants :

+ Israël ne dépend plus, économiquement parlant, des USA. Le dynamisme de la start-up nation en fait l’une des plus belles réussites de la troisième révolution industrielle.

+ Même si cela n’a jamais été officialisé, Israël possède l’arme atomique.

+ les accords de réconciliation et de paix signés durant l’ère Trump (en particulier les accords d’Abraham avec les Emirats Arabes Unis et Bahrein) ont survécu au départ de la Maison Blanche du 45è président des Etats-Unis.

Instabilité de l’environnement proche…

Une fois que l’on a repéré ces éléments de stabilité, force est de constater que les vingt dernières années ont créé une situation d’instabilité chronique dans l’environnement proche. On en a eu encore une preuve dans la première semaine d’avril, lorsque l’Etat d’Israël a dû faire face à une attaques de missiles coordonnée. Selon The Cradle, il s’agit de :

« tirs de roquettes depuis Gaza, attaques de missiles depuis le Liban, ciblage de sites israéliens dans le Golan (…)  depuis la Syrie.

Dans la bande de Gaza, les factions (…) ont tiré de nombreuses roquettes sur les colonies juives autour de Gaza, démontrant ainsi leur capacité et leur volonté de frapper profondément le territoire israélien.

Au Liban, trois salves d’environ 30 missiles ont été tirées sur des colonies de Galilée occupée, blessant trois colons. Il s’agit du plus grand nombre de missiles lancés depuis le Liban depuis la guerre de juillet 2006.

Depuis la Syrie, deux salves de missiles ont été tirées sur des sites israéliens dans le Golan (…). Si la première salve n’a touché aucune cible, la seconde a visé des sites et des colonies, entraînant l’activation du système de défense Dôme de fer par l’armée israélienne.

 Les choses ont pris une tournure inattendue lorsque le front du Sinaï est entré dans la mêlée, avec des informations selon lesquelles l’armée égyptienne aurait « contrecarré » un tir de missiles en direction du port d’Eilat, dans le sud d’Israël. Une source au sein de l’Axe de la Résistance a déclaré à The Cradle que « la Résistance était, sans aucun doute, responsable du déplacement du front du Sinaï pour envoyer un message à l’ennemi qu’il ne devrait pas se sentir non plus en sécurité à la frontière avec l’Égypte«».

…et nécessité de définir un nouvel ordre de sécurité régional

La question première pour Israël est de savoir quelle attitude générale adopter. Pendant des décennies, le bouclier américain a permis d’avoir une attitude (1) de guerre froide avec la Syrie, (2) de confrontation permanente avec les milices agissant depuis l’environnement proche et (3) d’intransigeance complète face à l’Iran. Une telle attitude n’est plus tenable : La nouvelle constellation géopolitique pousserait à une négociation pour un nouvel ordre régionale, fondé sur un équilibre des puissances modifié par le retrait partiel des USA et l’arrivée de la Russie dans le jeu proche-oriental.

Cependant le passage d’une situation de guerre froide à celle de construction d’une organisation de la sécurité proche-oriental (qui devra inclure la Turquie) prendra à première vue du temps. D’abord parce que les Etats-Unis auront la tentation de maintenir une forme de contrôle sur Tel-Aviv – il se dit que les manifestations hostiles à la réforme de la justice par Netanyahou ont été regardées d’un très bon œil à la Maison-Blanche. Ensuite dans la mesure où la confrontation permanente est ancrée dans les réflexes de tous les acteurs de la région. Pour autant, la réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran sous l’égide de la Chine donnent à penser que nous ne sommes pas au bout de nos surprises

Malaise en Israël alors que les États-Unis épuisent leurs réserves pour alimenter la guerre en Ukraine

par The Cradle - Le 30/04/2023.

Des responsables israéliens se sont inquiétés de la diminution des stocks de munitions américaines entreposées dans le pays, car ces derniers mois, Washington a discrètement expédié l’armement vers l’Ukraine via le port d’Ashdod.

« Il s’agit des stocks de réserve d’Israël pour les temps de guerre… Le mouvement a eu une plus grande implication à la lumière des menaces qui pèsent sur Israël sur plusieurs théâtres », a déclaré un ancien ministre anonyme à Israel Hayom.

« L’équipement américain stocké en Israël a été remis aux forces armées américaines, conformément à une demande américaine », a déclaré l’armée israélienne en réponse à une question posée par le média.

Un responsable américain a également confirmé qu’« on ne sait toujours pas quand les réserves seront réapprovisionnées », alors que la machine de guerre américaine est passée de l’alimentation du conflit en Asie occidentale à de nouveaux fronts en Ukraine et à Taïwan.

Alors que Kiev se prépare à une offensive de printemps cruciale contre l’armée russe, les États occidentaux se démènent pour fournir à la nation européenne un arsenal suffisant pour renverser le cours de la guerre, car les troupes ukrainiennes utiliseraient 90 000 obus d’artillerie par mois, soit deux fois plus que la production des États-Unis et de l’Europe réunis.

Des informations selon lesquelles l’armée américaine aurait puisé dans ses stocks de réserve en Israël ont fait surface pour la première fois en janvier.

« Le 17 janvier, le New York Times a révélé que le Pentagone avait puisé dans un vaste stock peu connu de munitions américaines en Israël pour répondre aux besoins urgents de l’Ukraine en matière d’obus d’artillerie. »

« Tel-Aviv aurait accepté d’autoriser les livraisons à condition que le Pentagone reconstitue le stock, Washington s’étant engagé au début de l’année à « expédier immédiatement des munitions en cas d’urgence grave ».

Selon Israel Hayom, « l’accord implicite » entre Tel-Aviv et Washington était que les munitions stockées dans les installations militaires américaines « seraient réservées à Israël en cas d’urgence si l’État juif devait faire face à une attaque majeure de l’ampleur de celle de la guerre du Kippour de 1973. »

Le malaise dans l’État de l’apartheid s’est également accentué en raison de la froideur du président Joe Biden à l’égard du premier ministre Benjamin Netanyahou et du rapprochement en cours entre l’Iran et plusieurs États arabes sous les auspices de la Chine.

source : The Cradle via L’Échelle de Jacob

Israël-Palestine : De la colonisation à l’apartheid, en ligne droite

par Alain Gresh - Le 03/05/2023.

L’annonce du débat du 4 mai 2023 à l’Assemblée nationale française autour d’une résolution condamnant « l’institutionalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid consécutif à sa politique coloniale » a suscité protestations outragées, rugissements d’indignation et accusations prévisibles d’antisémitisme. Ces réactions s’expliquent souvent par un aveuglement sur la réalité coloniale du sionisme.

Apartheid ? Comment osez-vous ? Jusqu’au président de la République française Emmanuel Macron qui gronde contre l’utilisation « à mauvais escient de termes historiquement chargés et infamants pour décrire l’État d’Israël ». Le Parlement israélien n’a pas ces pudeurs de nombre de responsables politiques français quand il entérine publiquement cet état d’apartheid en adoptant une loi fondamentale à valeur constitutionnelle, le 19 juillet 2018, intitulée « Israël en tant qu’État-nation du peuple juif », dont l’article 1 proclame haut et fort : « L’exercice du droit à l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est réservé au peuple juif », droit refusé aux Palestiniens citoyens du même État, mais accordé à un juif installé en Argentine ou en Ukraine. Et le nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou a gravé dans son programme que le peuple juif a « un droit inaliénable et exclusif sur toutes les parties de la Terre d’Israël » et va développer la colonisation en « Galilée, dans le Néguev, dans le Golan et en Judée Samarie ».

S’il est si déstabilisant pour certains d’accepter cette réalité d’apartheid pointée par beaucoup d’organisations de défense des droits humains, c’est parce qu’elle remet en cause nombre de mythes sur le sionisme et l’État d’Israël dans lequel des personnes de bonne foi voient une sorte de miracle, de « renaissance du peuple juif sur la terre de ses ancêtres », une juste réparation de l’Holocauste. Autant d’éléments qui ont contribué à absoudre le mouvement sioniste de son péché originel : sa dimension coloniale.

« Une terre vide »

À partir des « grandes découvertes », au XVe siècle se développe un grand mouvement de conquête par l’Europe des autres continents, qui entre dans l’histoire sous le nom de « colonialisme ». Dans son livre « Terra nullius »1, le journaliste suédois Sven Lindqvist précisait la définition de ces « terres vides » que l’on pouvait conquérir :

« Au Moyen-Âge, c’est la terre qui n’appartient à aucun souverain chrétien. Plus tard, c’est celle qu’aucun pays européen n’a encore revendiquée, la terre qui revient de droit au premier pays européen à l’envahir. Une terre vide. Une terre déserte. »

Le colonialisme se déploya en deux versions : dans la majorité des cas, les pays conquis furent dirigés par quelques milliers d’administrateurs et soldats de la métropole ; en revanche, le « colonialisme de peuplement » s’accompagna de l’installation massive d’Européens – comme en Amérique du Nord, Afrique australe, Algérie, Nouvelle-Zélande, Australie et, dernier exemple en date, en Palestine (mais dans un contexte historique différent, celui du XXe siècle et du début des grands mouvements anticoloniaux) – et d’un bouleversement démographique.

Cette migration était facilitée par le sentiment de supériorité qui dominait chez les colons, comme le rappelait l’orientaliste Maxime Rodinson dans un célèbre texte de 1967 intitulé « Israël, fait colonial ? »2 :

« La suprématie européenne avait implanté, jusque dans la conscience des plus défavorisés de ceux qui y participaient [à l’entreprise coloniale], l’idée que, en dehors de l’Europe, tout territoire était susceptible d’être occupé par un élément européen. […] Il s’agit de trouver un territoire vide, vide non pas forcément par l’absence réelle d’habitants, mais une sorte de vide culturel. En dehors des frontières de la civilisation. »

Cette arrogance, même quand elle ne donnait pas lieu à des massacres (ce qui était rare), justifiait toutes les discriminations à l’égard des autochtones et ancrait, dans la vie comme dans la loi, une « séparation » entre les nouveaux arrivants et les « indigènes », une domination des premiers sur les seconds, un apartheid de fait bien avant la popularisation du terme. Tout le système reposait sur des droits distincts, individuels et collectifs, entre colons et « indigènes », ces derniers fragmentés selon une multitude de statuts : « évolués », métis, mulâtres, sang-mêlé, etc.

Un mouvement né en Europe

Le sionisme, s’indignent ses défenseurs, n’a rien à voir avec une entreprise coloniale. Né au XIXe siècle, il se présente comme un mouvement de libération similaire à celui des peuples opprimés vivant dans les grands empires multinationaux, ottoman, tsariste ou austro-hongrois – des Serbes aux Slovaques, des Polonais aux Croates. Comme eux, il réclamait la création pour les juifs d’un État ; mais, contrairement à eux, il voulait le bâtir non pas là où habitaient la majorité des juifs, mais en Palestine3, où leur nombre était limité. Il invoquait les liens historiques et religieux avec cette terre, au nom de la Bible, un texte sacré datant de quelques milliers d’années et qui était censé constituer une sorte de titre de propriété. Ironie de l’histoire, la plupart des fondateurs du mouvement étaient athées.

Des récits mythologiques peuvent-ils justifier une revendication territoriale ? Un texte comme la Bible dont il a été démontré qu’il n’a que peu de rapport avec des événements réels, bien qu’il soit enseigné une heure par jour dans les cours d’histoire (je dis bien d’histoire) de toutes les écoles israéliennes, peut-il constituer un acte de propriété ?

Pourtant, nombre d’Occidentaux qui s’affirment laïcs et rejettent toute prescription au nom de textes divins ou de droits immémoriaux acceptent ces arguments. Récemment encore, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué « le peuple juif qui a pu finalement bâtir son foyer sur la Terre promise ». Promise par Dieu ? Si on appliquait ces principes ailleurs, on déboucherait sur mille ans de guerres, comme l’illustre la proclamation par Moscou que l’Ukraine n’est rien d’autre que la « petite Russie » ou celle de la Serbie que le Kosovo est le berceau de son peuple. Et pourquoi la France ne réclamerait-elle pas Aix-la-Chapelle, capitale de l’empire de Charlemagne, « roi des Francs » ? Il ne s’agit pas de nier les liens religieux des juifs avec la Terre sainte ; durant les siècles de domination ottomane, et sauf raisons liées aux guerres, ils ont pu s’y rendre en pèlerinage, se faire enterrer à Jérusalem dans l’espoir d’être les premiers à connaître la résurrection à l’avènement du Messie. Il ne viendrait à l’idée de personne de louer l’installation des « pères pèlerins » en Amérique au nom de leur droit à y construire « la Cité de Dieu » – sauf, bien sûr, les fondamentalistes chrétiens – ni la conquête de l’Afrique australe par des Afrikaners au prétexte qu’ils étaient « le peuple élu ».

Un socialisme de la conquête

Trois autres arguments ont été avancés par le mouvement sioniste pour nier sa dimension coloniale, même si certains sont tombés en désuétude : son caractère socialiste, sa dimension anti-impérialiste, et l’absence d’une métropole dont seraient issus les colons.

On l’a oublié, mais il fut un temps où Israël se réclamait du socialisme. Nombre de ceux qui, dans les années 1920 et 1930 firent leur alya (installation en Palestine) étaient animés par des convictions collectivistes. Cependant, l’historien israélien Zeev Sternhell4 notamment a démontré que les structures agricoles ne s’inscrivaient nullement dans un projet égalitaire. La mise en place, d’un côté, du moshav (coopérative de fermes individuelles) et, de l’autre, du kibboutz collectiviste visait prioritairement à liquider l’agriculture privée juive, qui rechignait à se débarrasser de la main-d’œuvre arabe, moins chère et plus productive que les colons fraîchement débarqués de Russie. Et surtout, le kibboutz, très militarisé – « une main sur la charrue, l’autre sur le glaive » -, visait le maillage sécuritaire du territoire, premier pas vers sa conquête. En 1944, le succès était indéniable : sur les 250 colonies juives, on comptait une centaine de moshav et plus de 110 kibboutz ; ne subsistaient plus qu’une quarantaine de propriétés gérées par des juifs à titre privé – ces derniers interdits d’aide par l’Agence juive. Si le kibboutz a été un très bon produit d’exportation pour vendre un « Israël socialiste » – dans les années 1960 encore des dizaines de milliers de jeunes Occidentaux y firent l’expérience de la vie collective -, il n’en reste plus que des décombres, qui ne peuvent dissimuler le caractère profondément inégalitaire d’Israël.

Se séparer de la métropole ?

Dans les années 1940, certains groupes sionistes s’opposèrent, y compris par un terrorisme sanguinaire (ce que leurs héritiers n’aiment pas se rappeler) à la présence britannique, mais cela faisait-il du sionisme un mouvement anti-impérialiste ? Sans le soutien résolu de Londres, la puissance impérialiste dominante pendant la première moitié du XIXe siècle, jamais le yichouv (la communauté juive en Palestine) n’aurait pu se transformer en une entité politique, économique et militaire autosuffisante dès les années 1930. D’autre part, l’opposition à Londres entre 1944 et 1948 ressemble fort à des phénomènes récurrents auquel on a assisté dans les années 1950 en Algérie ou dans l’ex-Rhodésie, quand les colons se sont opposés à un moment donné à la métropole. L’Organisation action secrète (OAS) devrait-elle recevoir un brevet anti-impérialiste pour s’être insurgée contre la France ? Il est vrai que le mouvement sioniste a pu l’emporter en 1947-1949 grâce à l’aide politique et militaire de l’URSS, mais il est ironique de voir que ceux qui présentent Joseph Staline comme un tyran sanguinaire utilisent la realpolitik de l’URSS pour bouter les Britanniques hors du Proche-Orient comme un brevet de « progressisme » pour le sionisme.

Quant au fait qu’il n’existerait pas de métropole pour les juifs comme il en existait pour les « pieds-noirs » avec la France, c’est oublier que la situation était similaire pour les pionniers en Amérique ou en Afrique australe, qui venaient d’une multitude de pays européens. On pourrait désigner, dans tous ces cas, l’Europe comme « métropole globale ».

Au cœur de la stratégie, la séparation des populations

Cette nature coloniale du mouvement sioniste a nourri sur le terrain une stratégie fondée, comme en Afrique australe ou en Algérie, sur la séparation entre colons et autochtones. Certes, celle-ci a pris des formes différentes selon les contextes géographiques, historiques et politiques, mais elle a partout signifié des droits supérieurs pour les premiers. Ainsi, en Palestine, « la déclaration Balfour » (1917) traçait une ligne de partage entre les juifs qui se voyaient offrir « un foyer national » et les autres collectivités (musulmans et chrétiens) qui ne pouvaient réclamer que des droits civils et religieux.

Sur le terrain, sous l’aile protectrice de Londres, le mouvement sioniste entama ce qu’il appelait « la conquête de la terre » (débarrassée de ses paysans arabes) et « la conquête du travail » qui impliquait le refus du travail en commun d’ouvriers juifs et arabes. Ce « développement séparé » du yichouv renforcé par l’immigration massive de juifs fuyant les persécutions nazies devait aboutir à la création d’institutions, d’une armée et d’une économie totalement séparées.

Contrairement à d’autres entreprises de colonialisme de peuplement (Algérie, Afrique du Sud), l’objectif du sionisme était de créer un État national pour les colons et donc de se débarrasser de la population autochtone. Cette ambition fut partiellement atteinte avec l’expulsion de 600 à 700 000 Palestiniens en 1947-1949 et la création d’une citoyenneté juive qui n’incluait pas les autochtones5. Ceux qui étaient restés (150 000 environ) furent soumis jusqu’en 1966 à un régime militaire et une entreprise de colonisation intérieure – notamment la confiscation des terres -, avec la volonté de « judaïser la Galilée ».

La conquête de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza en juin 1967 posa un défi nouveau aux autorités israéliennes, en changeant le rapport des forces démographiques : désormais, sur le territoire historique de la Palestine vivent plus ou moins autant de juifs que de Palestiniens. Pour résoudre ce dilemme tant que les conditions d’une nouvelle Nakba ne sont pas réalisées, pour consolider l’« État juif », le sionisme se doit de légaliser un système d’apartheid, ethnocratique, qui pousse à l’affirmation sans aucun complexe d’un suprémacisme juif et institue une « séparation » avec les Palestiniens, aboutissement de plus d’un siècle de colonisation. C’est cette évidence que les opposants à la résolution du 4 mai refusent de reconnaître. On ne peut que leur conseiller de méditer ces paroles de Pantagruel dans « Le Tiers-Livre » de François Rabelais :

« Si les signes vous fâchent
Ô combien vous fâcheront les choses signifiées.
 »

source : Orient XXI

Netanyahou peut-il « lâcher » le punching-ball syrien en période de crise intérieure ?

Source : The Saker francophone - Alastair Crooke - Le 08/04/2023.

La Syrie est-elle vraiment entrée dans la dernière ligne droite ? Certainement. La question est toutefois de savoir si la Syrie progressera graduellement à travers les virages et les échelles de la fin de la partie, ou si elle redeviendra le théâtre d’un conflit lorsque des « incidents » éclateront et qu' »Israël » lancera des attaques aériennes répétées.


Par Alastair Crooke – Le 8 avril 2023 – Source Al Mayadeen

crooke alastairDans l’enchevêtrement sanglant de la politique américaine déclenchée par l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995 et l’accession de Benjamin Netanyahou au poste de premier ministre dans la foulée, la Syrie était avant tout la « tête » de ce conflit vicieux et semble aujourd’hui destinée à en être la « fin » , à mesure que le lien entre la Russie et la Chine met à mal la stratégie « diviser pour mieux régner » mise en œuvre à l’époque de l’hégémonie américaine.

La catastrophe a commencé dans la région lorsqu’un groupe de néo-conservateurs américains – qui occuperont plus tard de hautes fonctions dans l’administration Bush – a rédigé en 1996 un document politique intitulé « Une rupture nette » , destiné à guider le nouveau gouvernement intransigeant de Netanyahou en « Israël » .

Comme l’a écrit Dan Sanchez, « la rupture nette a été pour Israël (et finalement pour les États-Unis) ce que le discours Sang et Fer d’Otto von Bismarck de 1862 a été pour l’Allemagne – alors qu’il mettait l’Empire allemand sur un sentier de guerre qui allait finalement embraser l’Europe[Ce que] l’on oublie souvent, c’est que le document proposait un changement de régime en Irak, principalement comme « moyen » d’affaiblir, de contenir et même de faire reculer la Syrie » . En d’autres termes, la Syrie a toujours été une cible privilégiée.

Et renverser Saddam Hussein en Irak, en d’autres termes, n’était qu’un tremplin pour « mettre la main » sur la Syrie. Comme l’a dit Pat Buchanan : « Dans la stratégie Perle-Feith-Wurmser, l’ennemi d’Israël reste la Syrie, mais le chemin de Damas passe par Bagdad » .

La Rupture nette préconisait essentiellement que les États-Unis changent le régime des États régionaux baasistes socialistes laïques (considérés par les auteurs du document comme des mandataires de la Russie) et qu’ils s’allient à l’islamisme et aux « monarques et émirs » .

Aujourd’hui, les « monarques et émirs » sont fermement ancrés dans l’axe eurasien en pleine ascension. La nouvelle architecture de sécurité émergente, autour de laquelle tourne tout le reste, est l’accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran, conclu sous la médiation de la Chine.

La simple logique d’un rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran rend manifestement superflu l’espace de combat syrien actuel, défini pendant une décennie comme opposant les forces sunnites radicales aux chiites syriens, alliés de l’Iran. Cela n’a plus de sens dans le sillage de l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Les États du Golfe, dont l’Arabie saoudite, s’empressent donc de rétablir leurs relations avec Damas. La Turquie, qui prend également ses distances avec Washington, cherche elle aussi une formule lui permettant de se retirer de Syrie. Pour conclure l’accord, le président Erdogan souhaite une rencontre rapide avec le président Assad (avant les élections turques de mai), sous les auspices de Moscou. Tandis qu’à Damas, on préfère attendre de voir les « reçus » des élections turques avant d’entamer une réconciliation directe avec Erdogan. Pour l’instant, le retrait de la Turquie est gelé.

Paradoxalement, le président Assad est aujourd’hui devenu une sorte d’icône d’une politique arabe nouvellement affirmée : les États du CCG se présentent comme un « centre de pouvoir » mondial latent, sur le point de devenir le réseau transactionnel qui consolidera le cadre de transit eurasien, le corridor nord-sud vers le Golfe et l’Asie, et le réseau ferroviaire africain à grande vitesse.

Le corridor de la Nouvelle route de la soie passe bien sûr par la Syrie. (Il traverse également l’Iran, le corridor Nord-Sud coupant l’Iran en deux verticalement). C’est la logique qui sous-tend la vision de la mise en réseau du « centre de pouvoir » émergeant du CCG.

Alors, la Syrie est-elle vraiment entrée dans la dernière ligne droite ? Certainement. La question est toutefois de savoir si la Syrie progressera graduellement à travers les virages et les échelles de la fin de la partie, ou si elle redeviendra le théâtre d’un conflit lorsque des « incidents » éclateront – avec « Israël » menant des attaques aériennes répétées contre des infrastructures iraniennes (présumées).

L’Iran a vigoureusement mis en garde les États-Unis contre toute attaque de bases en Syrie établies « à l’invitation » de Damas, après qu’une attaque de représailles des F-15 américains contre des bases de milices a tué dix-neuf personnes la semaine dernière. Cette dernière répondait à des tirs de roquettes visant la base américaine du champ pétrolifère d’Al-Omar à Deir Ezzor. Pour la première fois, les attaques des milices ont entraîné la mort d’un « contractant » américain et blessé cinq soldats américains, selon les chiffres officiels américains.

Le nombre réel de victimes pourrait bien être plus élevé, car les États-Unis affirment qu’un certain nombre de leurs militaires auraient souffert de problèmes de santé mentale à la suite des attaques à la roquette. Le point le plus important, cependant, est que les drones iraniens ont réussi à pénétrer les systèmes de défense aérienne entourant les bases américaines.

Comme on pouvait s’y attendre, au moment même où Assad est progressivement réintégré dans le giron arabe, un groupe de près de 40 « experts » américains sur la Syrie et d’anciens fonctionnaires américains se sont levés pour demander à l’administration Biden de s’opposer vigoureusement à la normalisation de la Syrie par les États arabes. La lettre affirme que les États-Unis devraient maintenir leur empreinte militaire dans le nord-est de la Syrie, en partenariat avec les Forces démocratiques syriennes (FDS).

En clair, l’attaque des milices contre la base d’al-Omar n’était pas un « coup de tonnerre », mais a apparemment résulté d’une coordination informelle entre la Russie et l’Iran visant à expulser entièrement la présence américaine de Syrie. Un commentateur iranien de haut niveau en matière de politique étrangère a fait remarquer sur Twitter : « Le régime américain devrait réfléchir très attentivement à sa prochaine action. Ne pas tenir compte de la détermination de la résistance contre l’occupation illégale des États-Unis sera extrêmement coûteux » .

Alors que les Russes, d’une part, signalent leur mécontentement face à l’occupation américaine à Al-Tanf (par des survols réguliers de chasseurs aérospatiaux russes), la partie iranienne semble être chargée de faire pression sur la présence américaine dans les deux gouvernorats d’Al-Hasakah et de Deir Ezzor, dans le nord-est de la Syrie.

Joe Biden a indiqué que les États-Unis ne voulaient pas d’une guerre contre l’Iran. Et « Israël » n’a pas la capacité de mener une guerre contre l’Iran, sans le soutien total des États-Unis. Toutefois, Netanyahou, qui traverse une crise majeure dans son pays, pourrait se réjouir d’une « guerre » non déclarée, de faible intensité avec des successions d’attaques et de représailles contre l’Iran, afin de détourner l’attention de ces difficultés. L’équipe Biden observera la situation avec inquiétude.

Alastair Crooke

Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Il ne reste que deux options pour Israël : Une nouvelle Nakba ou un État pour deux peuples

 

par Gideon Levy - Le 29/05/2023.

L’une des plus grandes réussites de Benjamin Netanyahou est d’avoir définitivement balayé de la table la solution des deux États. En outre, au cours de ses années au poste de Premier ministre, il est parvenu à faire disparaître l’ensemble de la question palestinienne de l’agenda public.

En Israël et à l’étranger, plus personne ne s’y intéresse, si ce n’est pour la forme, du moins pour l’instant. Aux yeux de la droite, il s’agit d’une formidable réussite. Aux yeux de toute autre personne, il s’agit d’une évolution désastreuse, l’indifférence à son égard étant encore plus désastreuse.

Netanyahou ne nous laisse que deux solutions à long terme, et pas plus : une seconde Nakba ou un État démocratique entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Toute autre solution est insoutenable et n’est qu’une illusion, comme toutes celles qui l’ont précédée, destinée à gagner du temps pour consolider l’occupation. Non pas qu’il y ait beaucoup plus à consolider : l’occupation est profonde, consolidée, forte et irréversible. Mais si l’on peut la consolider encore plus, pourquoi pas ? Le retrait de la question de l’ordre du jour permettra de déclarer officiellement la mort de la solution à deux États, des décennies après qu’elle est morte de facto.

Netanyahou souhaitait supprimer tout débat sur l’existence de deux États, et il y est parvenu sans difficulté. Il n’est pas étonnant que les deux parties sachent parfaitement qu’aucune solution sérieuse et globale n’a été proposée depuis que les premiers colons ont occupé le Park Hotel à Hébron en 1968. En tout état de cause, il n’y a pas de place entre le Jourdain et la Méditerranée pour deux véritables États-nations, dotés de tous les attributs d’un État indépendant, y compris d’une armée. Il y a tout au plus de la place, dans les bons jours, pour une superpuissance régionale juive et un État palestinien fantoche. Il faut respecter les personnes qui se battent encore pour deux États dans leurs prévisions, leurs plans, leurs tableaux et leurs cartes, mais aucune base de données ne peut changer le fait flagrant qu’aucun véritable État palestinien ne sera établi ici. Sans lui, il n’y a pas de solution à deux États.

En tuant cette solution, Netanyahou ne nous laisse que deux solutions possibles. La grande majorité des Israéliens, y compris Netanyahou lui-même, comptent sur la perpétuation de l’apartheid pour l’éternité. Ostensiblement, cela semble être le scénario le plus raisonnable. Mais la montée en puissance de la droite israélienne et l’esprit de résistance des Palestiniens, qui ne s’est pas complètement dissipé, ne permettront pas que cette situation perdure éternellement. L’apartheid est une solution provisoire, peut-être à long terme – il est en place depuis plus de 50 ans et peut persister pendant encore 50 ans – mais sa fin viendra. Comment cela se passera-t-il ? Il n’y a que deux scénarios possibles. L’un est privilégié par l’extrême droite et, malheureusement, peut-être par la quasi-totalité des Israéliens : une seconde Nakba. Si les choses se précipitent et qu’Israël doit choisir entre un État démocratique pour deux peuples et une expulsion massive de Palestiniens afin de maintenir l’existence d’un État juif, le choix sera clair pour la quasi-totalité des juifs israéliens. À partir du moment où la solution de deux États a été écartée, ils n’ont plus eu d’autre choix.

C’est une bonne chose que la solution des deux États ait été retirée de l’ordre du jour, étant donné que l’implication stérile actuelle dans ce domaine n’a fait que causer des dégâts. Il s’agissait d’une solution prête à l’emploi, nous l’adopterons donc au moment opportun. Cela a consolé le monde et les camps de gauche et du centre en Israël, tout en ignorant les centaines de milliers de colons violents qui exercent un pouvoir politique important et qui ont donné le coup de grâce à cette solution il y a longtemps. Dans une Cisjordanie dépourvue de juifs, cette solution avait quelques chances ténues, mais pas dans une région où les colons règnent en maîtres. Le problème, c’est que les cinq millions de Palestiniens qui vivent entre le Jourdain et la Méditerranée ne vont nulle part entre-temps.

Le jour viendra, même si ce n’est que dans un avenir lointain, où l’on nous braquera un pistolet sur la tempe : une deuxième Nakba, avec l’expulsion des Arabes israéliens [Palestiniens de 1948], ou un seul État démocratique, avec un premier ministre ou un ministre de la Défense palestinien, une armée commune, deux drapeaux, deux hymnes et deux langues. Il n’y a pas d’autre solution que celles-ci. Laquelle choisirez-vous ?

source : Haaretz via Tlaxcala

La Russie renforce ses liens avec la Palestine et s’éloigne d’Israël

 
Vladimir Poutine s’entretient avec Mahmoud Abbas

par Le Média en 4-4-2 - Le 04/07/2023.

Le président russe Vladimir Poutine a eu une conversation téléphonique avec le président de l’État de Palestine Mahmoud Abbas, à l’initiative de ce dernier. Au cours de cet entretien, le dirigeant palestinien a exprimé son plein soutien aux actions des dirigeants russes pour protéger l’ordre constitutionnel et l’État de droit, prises lors des événements du 24 juin.

Les deux parties ont exprimé leur volonté de poursuivre le développement progressif des relations russo-palestiniennes traditionnellement amicales. La Russie a réaffirmé sa position de principe en faveur d’une solution juste et durable au conflit palestino-israélien sur la base juridique internationale existante.

Poutine a réaffirmé le «soutien indéfectible de la Russie au peuple palestinien dans la réalisation de ses aspirations à la liberté et à l’indépendance, avec l’établissement d’un État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale».

Le président russe a également félicité Mahmoud Abbas et tous les Palestiniens pour l’Aïd al-Adha. Il a été convenu de poursuivre les contacts entre les deux parties.

Quand la Russie rappelle Israël à l’ordre

Rappelons que depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, Israël a cherché à rester neutre dans ce conflit, ne fournissant pas d’armes à Kiev malgré les demandes répétées du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Cependant, Netanyahu avait déclaré que son pays envisageait une aide militaire pour l’Ukraine. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait déclaré :

«S’agissant des livraisons d’armes (à l’Ukraine), on ne classe pas les pays selon la géographie. Nous disons que tous les pays qui livrent des armes doivent comprendre que nous considèrerons (ces armes) comme des cibles légitimes pour les forces armées russes».

La récente décision de la Russie de fournir à l’Iran des missiles hypersoniques avancés a pris les États-Unis et Israël par surprise, bouleversant l’équilibre régional. Cette action audacieuse de la part de la Russie montre clairement que le président Poutine ne plaisante pas et qu’il est prêt à confronter l’Occident et Israël avec des armes de gros calibre.

Alors que les relations entre Israël et la Russie se dégradent, les liens entre la Russie et la Palestine se renforcent.

source : Le Média en 4-4-2

De Washington à Pékin et Moscou : La quête de pertinence mondiale de Netanyahou

Source : RzO International.

 

par M.K Bhadrakumar - Le 04/07/2023.

En tant que projet colonial atlantiste, l’État d’Israël se demande aujourd’hui comment s’engager dans l’Orient multipolaire sans perdre son soutien occidental inconditionnel.

La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a lâché deux bombes dans le circuit diplomatique qui ont attiré l’attention sur les changements potentiels dans les relations de son pays avec les trois superpuissances – les États-Unis, la Chine et la Russie – et, peut-être, sur une nouvelle dimension majeure de la transformation actuellement en cours dans la politique régionale de l’Asie occidentale à la suite du rapprochement saoudo-iranien négocié par Pékin.

Lundi dernier, les médias israéliens ont rapporté que Netanyahou avait reçu une invitation du président chinois Xi Jinping à effectuer une visite d’État en Chine. Le lendemain, le bureau du Premier ministre a confirmé la nouvelle et révélé que Netanyahou avait également informé une délégation du Congrès américain en visite à Pékin qu’il s’y rendrait.

Le Times of Israel a ensuite cité des sources du bureau de Netanyahou qui estimaient que le voyage, initialement prévu en juillet, aurait probablement lieu en octobre, après les grandes vacances juives.

À première vue, Netanyahou prend une douce revanche sur l’administration du président américain Joe Biden, qui a repoussé à plusieurs reprises ses demandes d’invitation à la Maison-Blanche, ce que tout nouveau Premier ministre israélien considère comme sa prérogative au moment d’entrer dans ses nouvelles fonctions. La proximité avec la Maison-Blanche donne de l’assurance au Premier ministre israélien en exercice, ce que Biden savait très bien lorsqu’il a décidé de garder Netanyahou dans la niche du chien.

Probablement, Biden n’a pas appris de l’erreur qu’il a commise avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans des circonstances quelque peu comparables – pour laquelle il a finalement payé un lourd tribut. Six mois se sont écoulés depuis que Netanyahou est redevenu Premier ministre d’Israël en décembre dernier, mais Biden n’a toujours pas bougé.

Au lieu de cela, la Maison-Blanche a invité le président israélien Isaac Herzog à se rendre aux États-Unis en juillet, et ce dernier s’est vu accorder le grand honneur de s’adresser à une session conjointe du Congrès. Les médias israéliens ne cessent de spéculer sur «l’impatience croissante» de Netanyahou à l’égard de Washington.

Le dilemme d’Israël : Les États-Unis contre la Chine

Le conflit d’ego entre Biden et Netanyahou remonte à la présidence Obama, lorsque ce dernier a cavalièrement contourné la Maison-Blanche et s’est inséré dans la politique américaine. Il se peut que Biden soit particulièrement irrité par le comportement autoritaire de Netanyahou lors des négociations sur l’accord nucléaire des États-Unis avec l’Iran au cours de la période 2014-2015. En retour, l’administration Biden a critiqué ouvertement les politiques israéliennes, censurant les récentes mesures controversées de Netanyahou sur la réforme judiciaire et l’obligeant à se rétracter.

Néanmoins, la décision audacieuse de Netanyahou d’entreprendre ce qui sera sa cinquième visite officielle en Chine à un moment où Washington accroît les tensions avec Pékin n’en est pas moins audacieuse. Il existe un consensus bipartisan aux États-Unis sur la politique chinoise et, par conséquent, bien que Netanyahou cherche peut-être à attirer l’attention de Biden, sa visite en Chine pourrait également le mettre en porte-à-faux avec les républicains qui adoptent une position plus dure à l’égard de Pékin.

En fin de compte, Israël reçoit chaque année des milliards d’euros d’aide militaire des États-Unis, dépend fortement du veto américain au Conseil de sécurité des Nations unies, est largement tributaire des garanties financières américaines et obtient les systèmes d’armement américains les plus avancés à des conditions préférentielles.

Malgré tout, Israël et la Chine entretiennent des relations plus chaleureuses et s’intéressent davantage aux innovations israéliennes, notamment dans les domaines de la technologie médicale, de la robotique, de la technologie alimentaire et de l’intelligence artificielle. Les principales préoccupations de Washington concernent les technologies susceptibles d’avoir des applications civiles et militaires, qui doivent être refusées à la Chine. Mais il faut faire confiance à l’agilité diplomatique de Netanyahou pour ne pas devenir un pion dans la guerre froide entre les États-Unis et la Chine.

Les positions de Tel-Aviv sur l’Ukraine, l’Iran et la Russie

La deuxième bombe lâchée par Netanyahou est son rejet catégorique de tout soutien militaire israélien à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie. En clair, il a rejeté les demandes des États-Unis, et ce à un moment où la guerre par procuration menée par les États-Unis est à son apogée. Dans une interview accordée au Wall Street Journal jeudi, Netanyahou a affirmé qu’Israël craignait que tout système de défense antiaérienne Dôme de fer fourni à Kiev ne finisse entre les mains de l’Iran.

Netanyahou a déclaré qu’Israël s’était abstenu jusqu’à présent de se joindre aux efforts occidentaux visant à armer Kiev parce que sa situation est radicalement différente de celle des autres bailleurs de fonds de l’Ukraine. D’une part, Israël a besoin d’une «liberté d’action» en Syrie, une région où la Russie a une forte présence militaire. D’autre part, si des armes israéliennes étaient capturées sur le champ de bataille en Ukraine, la Russie pourrait toujours les transférer à l’Iran.

«Nous sommes préoccupés (…) par la possibilité que les systèmes que nous donnerons à l’Ukraine tombent entre les mains de l’Iran et puissent faire l’objet d’une rétro-ingénierie» et être utilisés contre Israël, a déclaré Netanyahou. «Si ce système («Dôme de fer») devait tomber entre les mains de l’Iran, des millions d’Israéliens se retrouveraient sans défense et en danger».

En d’autres termes, si Israël condamne l’opération militaire russe en Ukraine, il a également pris ses distances avec les sanctions occidentales imposées à Moscou – et adopte désormais une position véritablement neutre en refusant d’armer l’Ukraine contre la Russie. Cela devrait plaire au Kremlin au plus haut point. Il est concevable que Netanyahou planifie également une visite à Moscou, afin de raviver ses relations personnelles avec Vladimir Poutine.

Le réalignement stratégique d’Israël

Israël s’écarte de son modèle de comportement, qui veut que, puisque Téhéran et Moscou se sont stratégiquement alignés, Netanyahou devrait riposter. Mais il semble renoncer à cet état d’esprit à somme nulle et espère plutôt engager un dialogue constructif avec la Russie. Bien entendu, Moscou a également fait savoir à Netanyahou, ces derniers temps, qu’elle souhaitait raviver la verve des relations russo-israéliennes, autrefois solides. Il ne fait aucun doute que Moscou observe attentivement la détérioration constante des relations américano-israéliennes sous l’administration Biden.

Moscou a gardé l’esprit ouvert à l’égard de l’initiative chinoise visant à négocier la paix entre Israël et les Palestiniens. Il est concevable que les Russes encouragent l’initiative chinoise, qui est tout à fait en phase avec les idées qu’ils défendent depuis longtemps en matière de sécurité collective dans la région de l’Asie occidentale. En effet, Moscou a entretenu des liens étroits avec les différents centres de pouvoir palestiniens, notamment avec le principal groupe de résistance, le Hamas.

Le repositionnement d’Israël par Netanyahou intervient alors que des informations font état d’une reprise des pourparlers entre l’Iran et les pays occidentaux. Selon un rapport de CNN publié mercredi, Téhéran mène désormais des discussions simultanées avec les États-Unis et l’Union européenne (UE). Pour l’Iran, l’essentiel est que son infrastructure nucléaire reste «intacte», mais en deçà de ce seuil, un assouplissement des sanctions occidentales contre Téhéran n’est pas à exclure.

Un point intéressant soulevé par CNN dans ce contexte est que, contrairement au passé, les États arabes du golfe Persique se sont réconciliés avec l’Iran, sont désireux de réduire les tensions dans la région et «facilitent activement» les pourparlers entre Téhéran et l’Occident. «Israël reste donc le seul État à s’opposer vocalement à la reprise des négociations (sur le nucléaire iranien)», commente CNN.

S’adapter à la diminution de l’influence des États-Unis

Israël ressent également la pression de l’isolement en raison des critiques de plus en plus virulentes de l’administration Biden à l’égard de sa politique de colonisation. Au début du mois, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a qualifié les colonies d’«obstacle à l’horizon d’espoir que nous recherchons», dans un discours prononcé devant le groupe de pression pro-israélien AIPAC. Dans une déclaration commune très ferme, les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, d’Australie et du Canada ont condamné vendredi l’expansion continue des colonies israéliennes, qu’ils ont qualifiée d’«obstacle à la paix» et d’«impact négatif sur les efforts déployés pour parvenir à une solution négociée à deux États».

Surtout, Netanyahou peut très bien constater que l’administration Biden n’a plus l’influence nécessaire pour aider à l’intégration d’Israël dans son voisinage arabe. Les accords d’Abraham sont dans l’impasse. Israël serait également parvenu à la conclusion que les États-Unis et l’OTAN sont confrontés à une défaite en Ukraine, qui aura de graves répercussions sur la politique de l’Asie occidentale, où les États de la région quittent déjà l’orbite de Washington et renforcent leurs liens avec la Russie et la Chine.

En fait, les pays du Golfe qui ont exprimé leur soutien au président russe Vladimir Poutine au sujet de la récente révolte intérieure ratée du groupe Wagner, comprenaient les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Iran et Bahreïn. (Le Premier ministre indien Narendra Modi a téléphoné à Poutine hier.) En comparaison, Netanyahou est bloqué dans les limbes.

Il ne sera pas surprenant que Netanyahou, politicien opportuniste accompli, veuille également être du côté gagnant de l’histoire. Les modèles historiographiques d’Israël – la synthèse de détails sélectifs dans ses récits – sont devenus désespérément obsolètes et doivent évoluer avec l’histoire.

M.K. Bhadrakumar

source : The Cradle

traduction Réseau International

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