Pourquoi provoquer Pékin ?


Par Moon of Alabama – Le 28 juillet 2022

Yves Smith est consterné par le fait que les États-Unis soit en train de provoquer la Chine :

Les néoconservateurs semblent surtout incapables de comprendre que les jours de l’hégémonie américaine sont terminés. Il est ahurissant de constater qu’ils ne se contentent pas de faire de la simple provocation, mais qu’ils endommagent considérablement leurs relations avec la Chine par le biais de la visite toujours prévue de Pelosi à Taïwan, en août. Comme nous l’expliquerons, la Chine est parfaitement consciente du fait que Pelosi est le numéro deux, après Harris, si quelque chose devait arriver à Biden, de plus en plus distrait. Et ils ne croient pas une seconde que Pelosi opère sans l’approbation explicite de l’administration.

 Notez qu’il est tout à fait possible que Pelosi ait relancé son projet de voyage à Taïwan (rappelez-vous qu’elle l’avait remis à plus tard après avoir contracté le Covid) de son propre chef. Le Pentagone lui aurait juste permis de sauver la face en disant qu’il ne le recommandait pas.

La Chine, qui a l’habitude de récriminer lorsqu’elle est contrariée par ce qu’elle perçoit comme des transgressions étrangères, a réussi à trouver de nouveaux registres pour ses objections à la visite proposée par Pelosi.

 

Pelosi n’est pas seulement la numéro « deux » du gouvernement étasunien, mais elle est hostile au gouvernement chinois depuis plus de 30 ans. En 1991, elle et deux autres membres du Congrès ont fait un coup d’éclat sur la place Tiananmen où, deux ans auparavant, des manifestations avaient eu lieu.

La manifestation qui avait duré plusieurs jours sur la place s’était terminée pacifiquement. Mais à en dehors de la place, des émeutes sanglantes ont eu lieu pendant plusieurs jours et nuits, au cours desquelles des centaines de soldats et d’émeutiers ont été tués.

La manifestation et les émeutes étaient une tentative de révolution de couleur à l’instigation des États-Unis. Le père du concept de révolution de couleur, Gene Sharp, était personnellement présent à Pékin et conseillait les leaders de la manifestation. Après l’échec de la tentative, la CIA a organisé la fuite de centaines de leaders et de participants à la manifestation vers Hong Kong, où ils ont constitué la base de la tentative de révolution de couleur de 2020. Un grand nombre de ces « activistes » ont maintenant déménagé à Taïwan.

En 1991, Pelosi et deux membres du Congrès ont déployé une bannière sur Tiananmen devant les médias internationaux, où était écrit : « À ceux qui sont morts pour la démocratie en Chine. » La police est immédiatement intervenue et a mis fin au coup d’éclat.

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Le coup d’éclat a eu un écho positif dans les médias américains (remarque : le titre de la vidéo indique que nous sommes en 1989, mais le présentateur dit que c’est deux ans plus tard).

Mme Pelosi pense peut-être qu’elle peut recréer un autre écho médiatique positif en se rendant à Taïwan.

Mais la Chine de 2022 n’est plus la Chine de 1991. Elle est désormais la plus grande économie du monde et sa force militaire rivalise avec celle des États-Unis. Elle ne tolère plus les provocations et les alibis de style « droits de l’homme ». Elle sait reconnaître une provocation américaine quand elle en voit une.

Dans les années 50 et 60, les États-Unis ont financé le terrorisme au Tibet. En 1989, ils ont encadré et financé une tentative de révolution de couleur sanglante à Pékin. Dans les années 1990, ils ont amené le terrorisme islamiste au Xinjiang. Au cours de ce siècle, les États-Unis ont été à l’origine de plusieurs périodes d’émeutes à Hong Kong.

Mais notez une tendance. Le Tibet est désormais une province paisible de la Chine, Pékin se porte bien et le peuple chinois est satisfait de son gouvernement. Le Xinjiang est maintenant la région touristique la plus visitée du monde et Hong Kong est sous le contrôle total de la Chine.

Les États-Unis tentent de pousser Taïwan à déclarer son indépendance et d’entraîner la Chine dans une réaction militaire. Ils devraient prendre note du fait que leurs autres tentatives pour provoquer la Chine ne se sont pas bien terminées pour eux.

Selon Yves, la Chine est prête à réagir si le coup d’éclat prévu par Pelosi a lieu :

Si l’on se fie au niveau de colère des Chinois, le fait que des avions de chasse chinois empêchent Pelosi d’atterrir à Taïwan est la réponse la plus modérée possible. Si cela devait se produire et que l’avion était escorté pour atterrir en Chine continentale, je pourrais voir les Chinois remuer le couteau dans la plaie en ne laissant descendre personne de l’avion.

 La Chine réfléchit à la manière d’utiliser la visite de Pelosi pour établir des précédents bien plus importants. Dans le clip du Global Times ci-dessus, Hu a évoqué la possibilité de déclarer une zone d’exclusion aérienne ou de faire voler des jets de l’armée chinoise autour de l’avion de Pelosi dans l’espace aérien de Taïwan. Comme l’a noté le Global Times : « Cela créerait un grand précédent pour que l’armée chinoise patrouille au-dessus de l’île, ce qui serait bien plus significatif que la visite de Pelosi. »

 Comme pour la provocation contre la Russie, les États-Unis sont peut-être sur le point d’obtenir ce qu’ils cherchaient avec Taïwan et de découvrir que les résultats ne sont pas à leur avantage. Et en tant qu’Américain, il est déprimant de voir tant d’incompétence et d’arrogance affichées.

Mais il y a encore plus d’incompétence et d’arrogance dans le panier. Pelosi a maintenant demandé à d’autres législateurs de se joindre à elle pour ce voyage :

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (D-CA), a invité d’autres membres du Congrès à se joindre à elle lors d’une visite à Taïwan le mois prochain, signalant qu’elle a toujours l’intention de faire ce voyage malgré le fait que l’armée américaine pense qu’elle risque de provoquer la Chine.

 Le représentant Michael McFaul (R-TX), principal républicain de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a déclaré mercredi que Mme Pelosi l’avait invité, ainsi que le représentant Gregory Meeks (D-NY), qui préside cette commission.

 McFaul a déclaré qu’il ne pouvait pas se rendre à Taïwan en raison d’un engagement antérieur, mais a exprimé son soutien au voyage. « Tout membre qui veut y aller devrait le faire. Cela opposerait une dissuasion politique au président Xi« , a-t-il déclaré. « Mais elle devrait aussi faire attention aux militaires si cela risque de provoquer un retour de flamme et une escalade des événements« .

Le Pentagone avait averti que ce voyage pourrait être synonyme de graves problèmes, mais il augmente désormais ce potentiel de problèmes en déployant davantage de forces dans la région :

Des responsables ont déclaré à l’Associated Press que si Pelosi se rendait à Taïwan – ce qui reste une incertitude – l’armée augmenterait ses mouvements de forces et de moyens dans la région indo-pacifique. Ils ont refusé de donner des détails, mais ont déclaré que des avions de chasse, des navires, des moyens de surveillance et d’autres systèmes militaires seraient probablement utilisés pour fournir des anneaux de protection qui se chevaucheraient pendant le vol de Mme Pelosi vers Taïwan et pendant tout le temps passé sur place.

C’est en effet la chose la plus stupide que le Pentagone puisse faire. Plus de forces dans la région, c’est plus de risques de dérapage. Si une seule chose tourne mal, tout pourrait dégénérer en une guerre sanglante :

Le plus grand risque pendant le voyage de Mme Pelosi est une démonstration de force chinoise « qui tourne mal, ou un type d’accident qui résulte d’une démonstration d’action provocatrice« , a déclaré Mark Cozad, directeur associé intérimaire du Centre de politique de sécurité internationale et de défense de la Rand Corp. « Il pourrait donc s’agir d’une collision aérienne. Il pourrait s’agir d’une sorte de test de missile et, encore une fois, lorsque vous faites ce genre de choses, vous savez, il y a toujours la possibilité que quelque chose tourne mal. »

« Il est très possible que … nos tentatives de dissuasion envoient en fait un signal bien différent de celui que nous avons l’intention d’envoyer« , a déclaré Cozad. « Et on entre alors dans une sorte de spirale d’escalade, où nos tentatives de dissuasion sont en fait perçues comme de plus en plus provocantes et vice versa. Et cela peut être une dynamique très dangereuse« .

Hier, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a clairement indiqué que la Chine ne reculerait pas :

AFP : Un responsable américain a déclaré que si Pelosi se rendait à Taïwan, l’armée augmenterait ses mouvements de forces dans la région Asie-Pacifique, notamment les avions de chasse. Quel est votre commentaire ?

Zhao Lijian : Peut-être avez-vous loupé nos briefings de ces derniers jours. Nous avons clairement indiqué à plusieurs reprises notre ferme opposition à la visite potentielle du président Pelosi à Taïwan. Si la partie américaine insiste pour effectuer cette visite et défie la ligne rouge de la Chine, elle sera confrontée à des contre-mesures résolues. Les États-Unis devront assumer toutes les conséquences qui en découleront.

Le président Joe Biden s’est abstenu d’empêcher les plans de voyage de Pelosi. Aujourd’hui, il est censé appeler le président Xi. Les Chinois n’ont pas confirmé cet appel, qui pourrait donc ne pas avoir lieu. Joe Biden va-t-il demander que Mme Pelosi soit autorisée à se rendre à Taïwan ? S’il le fait, il recevra certainement une réponse assez dure.

Taïwan fait partie de la Chine. C’est d’ailleurs aussi la position officielle du gouvernement de Taipei. Mais vu de Pékin, ce gouvernement n’est que celui d’une province chinoise et n’est pas autorisé à avoir une politique étrangère indépendante. Toute tentative de changer cela se heurtera à une forte résistance de Pékin, si nécessaire par la force.

Le gouvernement américain assiste actuellement au démantèlement systématique de sa force proxy en Ukraine, par la Russie, qui est destinée à gagner cette guerre. Il n’y a rien que les États-Unis puissent faire à ce sujet. Tout conflit autour de Taïwan aurait une issue similaire.

Washington peut penser que ce serait une excellente occasion d’isoler la Chine.

Mais isoler de qui ? Ce sont les États-Unis et leurs alliés qui en souffriraient le plus, tandis que le reste du monde, beaucoup plus important, continuerait simplement à travailler avec la Chine, comme il le fait actuellement avec la Russie.

Mais avec l’incompétence et l’arrogance qui règnent à Washington (et à Bruxelles), on ne peut exclure que ce soit exactement leur plan.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Taïwan est une distraction - Le 29/07/2022.

Par Amarynth – Source The Saker Blog

L’actuelle guerre des mots concernant la visite annoncée de Nancy Pelosi à Taïwan atteint un seuil dangereux et menace de déborder sur une action militaire.

La Chine considère cette approche belliqueuse comme une menace pour sa politique déclarée d’un pays, deux systèmes, ainsi que pour le consensus de 1992. Les deux côtés du détroit de Taïwan sont parvenus en 1992 à un consensus selon lequel « les deux parties appartiennent à une seule Chine et travailleront ensemble à la réunification nationale ». Ce consensus définit la nature fondamentale de la relation entre les deux rives du détroit et jette les bases politiques de son développement.

 

Taïwan est utilisé comme un casus belli (un acte ou un événement qui provoque ou est utilisé pour justifier une guerre) de la même manière que l’Ukraine a été utilisée et est actuellement utilisée. Une guerre médiatique, une propagande énorme, voire brutale, à l’égard de leurs propres citoyens pour dépeindre l’ennemi comme le mal afin de justifier leurs propres actions, des accusations continuelles en utilisant la plate-forme des droits de l’homme ! Nous assistons à des accusations fantaisistes selon lesquelles les équipements Huawei installés au sommet de poteaux espionnent les États-Unis, la Chine infiltre l’administration fédérale américaine et, selon des déclarations et des documents professionnels, la Chine est le deuxième plus grand ennemi des États-Unis. Les dernières en date sont les menaces de tenter d’imposer des sanctions sur les fournitures de pétrole russe à la Chine.

La trajectoire est exactement la même vers la Chine, en utilisant Taïwan comme point sensible, que celle que nous avons observée pendant la période précédant l’OMS russe avec l’Ukraine comme point sensible. Il s’agit d’une :

provocation flagrante et intentionnelle et un déni total du droit international

Un autre point de convergence est que, tout en professant leur « soutien à Taïwan » (comme pour l’Ukraine), ils lui font en réalité du tort (comme pour l’Ukraine).

Voici un bref historique du dangereux brouhaha actuel :

  • Nanci Pelosi a annoncé une visite à Taïwan en avril, et la Chine a dit NON ! Pelosi a attrapé le Covid.
  • En mai, juin et juillet, les États-Unis ont annoncé une cinquième vente d’armes à Taïwan et la Chine a fortement insisté auprès des États-Unis pour qu’ils l’annulent. Il y a également eu un flot continu de dignitaires et d’ex-dignitaires américains, tels que Pompeo, visitant Taïwan à titre professionnel.
  • Pelosi a annoncé une nouvelle visite à Taïwan en août,

Les Chinois ne se contentent pas de dire non, ils ont confié cette affaire à leurs militaires. Alors que c’est le porte-parole du ministère des affaires étrangères qui commentait, c’est maintenant le porte-parole de l’armée chinoise qui commente.

Notre armée ne restera pas les bras croisés si la présidente de la Chambre des représentants américaine Pelosi se rend à Taïwan, elle prendra des mesures décisives pour limiter l’ingérence étrangère – Ministère chinois de la Défense

 La question de Taïwan est le plus important des intérêts fondamentaux de la Chine. La sauvegarde de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale est une responsabilité qui incombe à chaque Chinois, et personne, aucune force ni aucun pays, ne devrait rêver de séparer Taïwan de la Chine – Wang Yi, secrétaire général et ministre des finances chinois. 

  • Aux dernières nouvelles, le président américain Biden et le président chinois Xi Jinping tiendront des discussions bilatérales aujourd’hui dans le cadre de cette crise, car les Chinois considèrent qu’il s’agit d’une attaque directe contre le principe « Un pays, deux systèmes », ainsi que le consensus de 1992 entre la Chine et Taïwan.

Si Pelosi tente de se rendre à Taïwan, les Chinois répondront militairement.

Invité à commenter un récent rapport du Financial Times qui suggérait que Pékin répondrait militairement si la présidente de la Chambre des représentants se rendait à Taïwan, le gouvernement chinois a confirmé que le contenu était vrai.

« Nous sommes sérieusement préparés », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Zhao Lijian, à propos de l’article.

 « Si la partie américaine est déterminée à suivre sa propre voie, la Chine prendra des mesures fortes pour y répondre et la contrecarrer résolument. Les États-Unis devraient être tenus responsables de toute conséquence grave », a ajouté le fonctionnaire.

Nous ne savons pas quel type de réponse militaire, mais pour le moment, le porte-avions américain USS Ronald Reagan et son groupe d’attaque, comprenant un destroyer à missiles guidés et un croiseur à missiles guidés, ont quitté Singapour lundi en direction du nord-est de la mer de Chine méridionale, selon les informations de suivi des navires fournies par le groupe de réflexion basé à Pékin, l’Initiative de sondage stratégique en mer de Chine méridionale. L’armée américaine n’a pas révélé sa destination finale, mais l’itinéraire choisi amènerait le groupe de porte-avions jusqu’au détroit de Taïwan s’il continue dans la même direction.

L’administration américaine craint que la Chine n’instaure une zone d’exclusion aérienne au-dessus de Taïwan avant une éventuelle visite de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi sur l’île, afin de perturber les plans de la partie américaine – CNN

Ces provocations constituent une menace pour le monde entier, tout comme les provocations envers la Russie. Pourtant, les États-Unis et leurs acolytes n’ont pas réussi à renverser Hong Kong, ils n’ont pas réussi à créer un désastre économique au Xinjiang pour déstabiliser ce carrefour de la Nouvelle Route de la Soie, et ils ont échoué dans la région autonome du Tibet qui est maintenant une région prospère, sans pauvreté abjecte ni esclavage de serfs, et avec des mœurs religieuses et sociales protégées, ils ont échoué avec la guerre commerciale de Trump, et ils échoueront à Taïwan. Ils échouent en Amérique latine, ils échouent même au Panama pour sauvegarder leur « monde libre » démocratique néolibéral.

Alors qu’ils échouent partout, ils vivent dans une réalité virtuelle et croient le plus sérieusement du monde que le monde leur appartient.

« La Chine ne permettra pas de « prêches moralisateurs » ou d’intimidation de la part de forces étrangères, et quiconque essaiera « se retrouvera sur une trajectoire de collision avec un mur d’acier forgé par 1,4 milliard de personnes« . Xi Jinping.

Taïwan est une distraction et une tentative tardive et désespérée, mais dangereuse, d’obtenir une pertinence permanente de la part des États-Unis.

Caitlin Johnstone a résumé leur dilemme :

« Russie : Ne franchissez pas nos lignes rouges en Ukraine ou nous agirons. Les politiciens américains : Ils bluffent. Franchissez ces lignes rouges.

 -> La Russie envahit

 La Chine : Ne franchissez pas nos lignes rouges à Taïwan ou nous agirons. Les politiciens américains : Ils bluffent. Franchissez ces lignes rouges.

 -> …

Nous attendons de voir le résultat et il s’agira de la réunification nationale de la Chine avec sa province récalcitrante aux conditions de la Chine, et non aux conditions imposées. Gardez à l’esprit que Taïwan n’est pas actuellement un candidat à l’indépendance. Le gouvernement actuel n’ose pas demander un référendum, car 75 % environ des Taïwanais voteront pour rester avec la Chine continentale.

Le China Daily rapporte : Pour la réunification nationale, nous sommes prêts à faire la guerre.

Voici quelques faits historiques réels, par Nathan Rich :

Enfin, la Russie et la Chine vont coordonner leurs actions. Aujourd’hui en Ouzbékistan :

Amarynth

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

La Chine donne les mêmes avertissements de « ligne rouge » à propos de Taïwan que la Russie a donné à propos de l’Ukraine - Le 30/07/2022.

par Caitlin Johnstone.

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a continué à mettre de l’huile sur le feu de politique étrangère que représente sa visite prévue à Taïwan le mois prochain, et aurait maintenant encouragé d’autres membres du Congrès à l’accompagner.

« La présidente du Congrès, Nancy Pelosi, a invité un petit groupe de législateurs à son voyage officiel à Taïwan, notamment les principaux démocrates et républicains de la Commission des affaires étrangères de la Chambre », rapporte NBC News.

Ce voyage, que Pékin perçoit comme une transgression flagrante de la politique de longue date de Washington en faveur d’une seule Chine, est déjà si incendiaire que le Pentagone envisage maintenant d’envoyer des avions de chasse et d’autres machines de guerre pour protéger l’avion de Pelosi en cas d’attaque par l’armée chinoise.

 

Alors qu’il mène déjà une guerre contre la Russie, l’empire américain
tente aussi de déclencher une guerre avec la Chine :
L’armée américaine envisage d’envoyer des avions de combat pour accompagner
une haute responsable américaine lors de sa rencontre avec des sécessionnistes
de la province chinoise de Taïwan, qui sont équipés d’armes américaines.

L’AP rapporte :

« Si les responsables américains affirment ne pas craindre que Pékin attaque l’avion de la présidente de la Chambre des représentants, ils sont conscients qu’un incident, un faux pas ou un malentendu pourrait mettre sa sécurité en danger. Le Pentagone élabore donc des plans pour parer à toute éventualité. …

Des responsables ont déclaré à l’Associated Press que si Mme Pelosi se rendait à Taïwan – ce qui reste une incertitude – l’armée augmenterait ses mouvements de forces et de moyens dans la région indo-pacifique. Ils ont refusé de donner des détails, mais ont déclaré que des avions de chasse, des navires, des moyens de surveillance et d’autres systèmes militaires seraient probablement utilisés pour fournir des anneaux de protection qui se chevaucheraient pendant le vol de Mme Pelosi vers Taïwan et tout le temps passé sur place. »

Ce risque serait à lui seul une raison suffisante pour annuler le voyage, mais le fait que le gouvernement chinois ait commencé à mettre en garde contre ce voyage en utilisant le même langage de « ligne rouge » que celui utilisé par la Russie avant son invasion de l’Ukraine ajoute à l’inquiétude.

« Nous avons, à plusieurs reprises, clairement exprimé notre ferme opposition à la visite potentielle de la présidente Pelosi à Taïwan. Si la partie américaine insiste pour effectuer cette visite et défie la ligne rouge de la Chine, elle sera confrontée à des contre-mesures résolues », a déclaré mercredi Zhao Lijiang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Les États-Unis doivent assumer l’entière responsabilité de toute conséquence grave qui en découlerait ».

La Chine utilise le même langage depuis que la nouvelle du voyage prévu de Mme Pelosi a été annoncée, le média d’État chinois Global Times déclarant la semaine dernière que « visiter Taïwan est définitivement une ligne rouge que Mme Pelosi ne doit jamais franchir ».

Au cours de la période précédant l’invasion de l’Ukraine, la Russie a émis des avertissements similaires en utilisant la même phrase. Poutine a averti à maintes reprises que l’Occident prenait trop à la légère les « lignes rouges » de Moscou sur la neutralité ukrainienne, et Washington a effrontément rejeté ces avertissements tout en continuant à laisser planer la possibilité d’une future adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

« Je n’accepte les lignes rouges de personne », a déclaré le président Biden à la presse en décembre de l’année dernière lorsqu’il a été interrogé sur ces avertissements.

Quelques semaines plus tard, Poutine a mis sa menace à exécution, lançant une guerre horrible qui a tué des milliers de personnes et qui aurait pu être facilement évitée avec quelques concessions peu coûteuses.

« C’est cette ligne rouge dont j’ai parlé à de multiples reprises », a déclaré Poutine. « Ils l’ont franchie ».

Cela en valait-il la peine ?

Bien sûr que non.

Ne pas tirer les leçons de l’histoire est une chose, ne pas tirer même les leçons des cinq derniers mois en est une autre. Pelosi et les organisateurs de son voyage devraient annuler ces plans immédiatement, car les dangers auxquels on s’expose ici ne valent pas la victoire morale de pouvoir dire que la Chine ne vous a pas fait faire un écart dans le « jeu de poulet » le plus stupide qui ait jamais été joué.

Et c’est exactement ce qui se passe ici. Les avertissements de la Chine concernant la « ligne rouge » indiquent clairement que l’atterrissage de Pelosi à Taïwan ne fera au mieux que renforcer la politique de la corde raide entre les deux nations, tandis que les républicains poussent agressivement l’idée que si le voyage n’a pas lieu, cela signifiera que « la Chine communiste est en train de gagner ». La pression politique est du côté de l’escalade, avec même des démocrates progressistes soutenant la démarche de Pelosi et des appels à la désescalade et à la détente de plus en plus relégués sur la touche.

Nous ne devrions pas avoir à faire face à cela. Nous ne devrions pas voir un nouveau pays s’ajouter aux points de tension potentiels de l’armaggedon nucléaire juste parce qu’une octogénaire au Congrès est trop vieille pour se soucier du fait que son avion soit abattu. Nous ne devrions pas risquer un autre conflit mortel qui ne profitera à aucune personne ordinaire pour ce qui n’est rien d’autre qu’un étalage égotique mesquin.

 

Si Pelosi ne se rend pas à Taïwan, la Chine communiste gagne.

Nous ne devrions pas avoir à espérer que les personnes les plus puissantes du monde ne prennent pas des risques idiots qui pourraient nous nuire à tous ou même finir par nous tuer. Nous ne devrions pas avoir de systèmes en place qui permettent aux pires choses imaginables de se produire si les tyrans qui nous gouvernent ne prennent pas la décision la plus sage un jour donné.

Notre avenir ne devrait pas dépendre des meilleurs anges des pires monstres. Ceux qui ont le pouvoir en ont beaucoup trop, et les gens ordinaires de ce monde n’en ont pas assez.

source : Caitline Johnstone

traduction Réseau International

La Chine abattra l’avion avec la présidente de la Chambre des représentants si elle se pose à Taïwan - Le 31/07/2022.

C’est parti ! Taïwan a fait décoller des avions de chasse de la base aérienne de Chiayi, et la Chine déplace des MLRS PHL-16 vers une province située à seulement 180 km de Taïwan…

 


source : Echelle de Jacob

Chine : À quel jeu jouent les États-Unis ?

La Chine déplace un grand nombre de troupes dans le détroit de Taïwan et avertit les États-Unis de ne pas « jouer avec le feu ».

L’ambassadeur adjoint de la Chine aux Nations unies a déclaré que « personne ne devrait sous-estimer la détermination et la capacité de plus de 1,4 milliard de Chinois à défendre leur souveraineté nationale et leur intégrité territoriale ».

La partie chinoise a également accusé les États-Unis de mener une politique de deux poids deux mesures et de contester la souveraineté de Pékin sur Taïwan.

Les images ont émergé d’un redéploiement massif d’équipements militaires dans la province de Fujian vers la côte du détroit de Taïwan, où l’APL effectue un exercice non programmé avec des lancements massifs de MLRS en direction de Taïwan.

source : Veille Stratégique

Nancy a bravé le dragon chinois mais a-t-elle gagné ?

Par The Saker – Le 2 août 2022 – Source The Saker’s Blog

Il semble donc que Pelosi ait atterri à Taïwan. C’est une ÉNORME victoire pour les invincibles États-Unis ; la Chine, avec toutes ses menaces creuses, a maintenant perdu la face. C’est ainsi que sont ces méchants communistes, ils ne comprennent que le langage de la force, et lorsqu’ils sont confrontés aux forces unies de la démocratie, ils cèdent.

N’est-ce pas ?

Pas vrai ?!

Et bien……

 

Oui, si votre expertise en matière de relations internationales, de questions militaires et de Chine (ou de Russie) provient de la lecture des livres de Tom Clancy, alors oui.

Mais il y a une autre façon de voir les choses :

Premièrement, en termes objectifs, cette visite est une pure provocation sans le moindre avantage pratique. Pelosi est autant une vieille sorcière lisant son téléprompteur que le président Brandon [Biden, NdT]. Quelles que soient les sujets importants dont les États-Unis et Taïwan devaient discuter, ils auraient pu le faire soit à distance, soit en organisant une réunion entre des personnes capables de réfléchir.

Deuxièmement, tout comme la Russie à de nombreuses reprises dans le passé, les Chinois ont tracé une ligne rouge et ont laissé les États-Unis la franchir. La civilisation narcissique qu’est l’Occident n’y a vu qu’un signe de « faiblesse » , d' « indécision » ou même de « naïveté » .

Ce à quoi ces gens ne pensent même pas, c’est à ceci : Comment pensez-vous que la plupart des Chinois vont réagir à la fois à la visite et à l’absence de réaction chinoise (jusqu’à présent !)? Ils vont se mettre en colère et exprimer leurs frustrations.

Maintenant, voyez cela du point de vue du gouvernement chinois : Au lieu de dépenser des milliards en propagande anti-américaine, ils laissent les États-Unis humilier la Chine et renforcent la détermination de la population chinoise pour le jour où la véritable confrontation aura lieu.

Note de l’auteur

Il existe un lien direct entre des années de protestations plutôt faibles et essentiellement verbales de la part du Kremlin et l’apparition « soudaine » de l’ultimatum russe à l’Occident suivi de l’Opération Spéciale : le Kremlin a littéralement « cuisiné » sa propre opinion publique au point qu’elle *exigeait* une action forte. Loin d’aliéner ou d’effrayer la plupart des Russes, l’OMS a été un énorme soulagement pour eux : « nous mettons ENFIN la main au fourneau et prenons des mesures concrètes ». Cela n’aurait pas été possible avant 2018. Ceux qui, en Occident, ont vu « l’indécision » de Poutine ne comprennent tout simplement pas la mentalité russe, pas plus qu’ils ne comprennent celle de la Chine.

En termes simples : Vous ne pouvez pas vous préparer à la guerre sans y préparer votre propre population !

C’est ce que Tom Clancy fait aux cerveaux de ceux qui le lisent).

Troisièmement, laissez-moi vous poser une question simple :

Qui a décidé du moment de la visite de Pelosi à Taïwan ?

La réponse est évidente, ce sont les dirigeants des États-Unis. Et vous pouvez parier qu’ils avaient tout prévu pour que cette visite se déroule dans les meilleures circonstances possibles.

Or, un principe de base de la guerre est de ne PAS laisser l’ennemi choisir le moment et le lieu de la bataille. Oui, oui, oui, dans la culture occidentale, tout « affront » (réel ou perçu) exige une réaction immédiate. Mais les Chinois font cela depuis des millénaires, pas seulement depuis 200 ans, et ils savent mieux et vous pouvez être sûrs que ce sont EUX, et non les États-Unis, qui choisiront le moment, le lieu et le mode de riposte.

En résumé, les narcissiques qui dirigent les États-Unis peuvent se réjouir de la façon dont ils ont montré aux « cocos chinois » qui sont les patrons. Tout comme ils l’ont fait avec la Russie entre 1991 et 2021. Et ensuite, quand les Russes ont décidé d’agir, l’oncle Shmuel a été pris totalement au dépourvu et n’a pas su comment traiter avec cette menace soudaine et directe.

Dernier point mais non le moindre. Ce genre d’arrogance impériale n’a pas seulement un impact sur la population chinoise, déjà passablement en colère, mais elle rend également furieuse toute la zone B, créant ainsi les conditions de nouvelles défaites pour les États-Unis en Asie, en Afrique, dans le sous-continent indien, en Asie centrale et en Amérique latine.

La plupart des Américains n’ont absolument aucune idée à quel point leur arrogance condescendante, leur agitation constante du drapeau, leurs discours sur leur mission messianique pour l’humanité et leur narcissisme général sont offensants pour le reste de la planète. Mais lorsque vous regardez objectivement la liste interminable des échecs des États-Unis à peu près partout sur la planète, vous pouvez dire qu’il y a quelque chose de profond qui se passe ici. Pour une bonne raison, le « Yankees go home » semble être très contagieux.

Je pense que Nancy Pelosi mérite notre profonde gratitude.  Elle devrait recevoir au moins deux médailles :

  • Une du Parti Communiste chinois, en remerciement de ses efforts incessants pour rallier le peuple chinois autour de son gouvernement et,
  • Une de la Russie, pour ses efforts incessants en vue de solidifier l’alliance russo-chinoise.

En vérité, avec Bliken et Pelosi, les intérêts de sécurité nationale chinois et russes sont entre de bonnes mains 🙂

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

L’après 2 août 2022

par Strategika 51 - Le 03/08/2022.

Trente-deux ans, jour pour jour, après l’invasion du Koweït par l’Irak, dans laquelle Washington a joué un rôle majeur, la visite de Nancy Pelosi à Taïwan marque la détermination de l’État profond US à déclencher un conflit global pour contenir l’émergence de la Chine.

Il se pourrait que les décideurs chinois aient sous-estimé la détermination de Washington à aller à la confrontation.

Selon une déclaration du Ministère chinois des Affaires étrangères, la réponse à la visite de Nancy Pelosi à Taïwan pourrait prendre la forme de « mesures nécessaires à la protection de la souveraineté et l’intégrité nationales de la Chine ». Le même communiqué ajoute que les États-Unis et Taipei seront responsables des conséquences [de telles mesures ndlr].

Difficile d’y voir clair.

La Chine a annoncé une série d’exercices militaires autour de Taïwan s’étalant du 04 au 07 août 2022 selon les coordonnés suivantes :

Première région :
25°15’26” N X 120°29’20” E, 24°50’30” N X 120°05’45” E, 25°04’32” N X 119°51’22” E, 25°28’12” N X 120°14’30” E.

Seconde région :
26°07′00″ N X 121°57′00″ E, 25°30′00″ N X 121°57′00″ E, 25°30′00″ N X 121°28′00″ E, 26°07′00″ N X 121°28′00″ E.

Troisième district :
25°34′00″ N X 122°50′00″ E, 25°03′00″ N X 122°50′00″ E, 25°03′00″ N X 122°11′00″ E, 25°34′00″ N X 122°11′00″ E.

Quatrième région :
22°56′00″ N X 122°40′00″ E, 23°38′00″ N X 122°51′00″ E, 23°38′00″ N X 123°23′00″ E, 22°56′00″ N X 123°09′00″ E.

Cinquième district :
21°14′00″ N X 121°33′00″ E, 21°33′00″ N X 121°18′00″ E, 21°07′00″ N X 120°43′00″ E, 20°48′00″ N X 120°59′00″ E.

Sixième district :
22°43′00″ N X 119°14′00″ E, 22°10′00″ N X 119°06′00″ E, 21°33′00″ N X 120°29′00″ E, 22°09′00″ N X 120°32′00″ E.

Sur une carte cela donne ceci :

En espérant que ces exercices militaires ne cachent pas une opération militaire en bonne et due forme, il n’en demeure pas moins que la configuration des six zones autour de Taïwan est susceptible de provoquer des incidents.

Les autorités chinoises pourraient avoir restreint l’usage puis désactivé des sites de réseaux sociaux chinois dont le site de micro blogging Sina Weibo afin d’éviter un débordement inévitable des internautes chinois sur une question hautement sensible d’autant plus que la visite de Pelosi à Taïwan est clairement perçue comme une humiliation publique de la Chine.

Si les manœuvres militaires chinoises ne se transforment pas en une opération spéciale le 04 août 2022, la réaction de la Chine à cette humiliation publique pourrait se manifester en Ukraine, c’est-à-dire là où ça peut faire mal à l’État profond US. Cela implique une plus grande coopération militaire de la Chine avec la Russie et cela pourrait aboutir à la création d’une alliance formelle et non plus informelle et timide comme on a constaté jusqu’au 02 août 2022.

Ce que l’on retient est que Washington est prêt à mener une guerre avec la Chine. Cela veut dire que soit les États-Unis disposent d’armes secrètes capables de changer la donne en cas de confrontation globale ou soit que l’État profond est suicidaire. Dans les deux cas, la casse généralisée est assurée.

source : Strategika 51

Jouer au pyromane face à la Chine…ou le déclin de la pensée stratégique ?

Jouer au pyromane face à un pays comme la Chine, manufacture du monde et seconde économie mondiale marque le degré d’enfermement de certaines élites dans des concepts tels que le piège de Thuycidide ou encore l’incapacité de ces élites à concevoir le monde en dehors d’un prisme dualiste et dichotomique caractérisé par la rivalité et la compétition.

La provocation-forcée il est vrai, semble avoir fonctionné avec la Russie mais risque de ne pas avoir les mêmes résultats avec la Chine. Il s’agit de deux cultures et tempéraments radicalement differents.

L’État profond qui a pris en otage le pouvoir dans ce que l’on appelle à titre provisoire l’Occident collectif (notion erronée d’un point de vue de la définition mais acceptée comme outil de travail à titre temporaire) semble avoir perdu tous sens des réalités et s’élance dans une fuite en avant vers le chaos.

La situation réelle de l’économie mondiale est-elle à ce point désespérée pour que des gens normaux et responsables envisagent une confrontation mondiale qui risque de réduire à la famine et à la misère plus de quatre milliards d’êtres humains ?

Mais qu’attendre de gens qui affirment dans les médias que la population mondiale doit être limitée à trois milliards de personnes au maximum ?

Ces personnes sont bonnes à enfermer dans un asile d’aliénés mentaux. Ils détiennent pourtant le pouvoir et même la capacité de déclencher des conflits dans un contexte de déclin affirmé de la pensée stratégique. Le résultat sera invariable: une catastrophe mondiale cachée sous l’euphémisme d’une guerre mondiale hybride d’intensité intermédiaire et croissante.

Indubitablement, ils sont devenus fous.

Les injections anti-C19 sont non seulement susceptible de provoquer des syndromes apparentés à la démence mais semblent affecter durablement les capacités cognitives de l’humain. C’est la chronique des années enragées (2020-2030)…

source : Strategica 51

Par nature, la politique américaine perturbe l’ordre international

...par Bruno Guigue - Le 06/08/2022.

La tension monte entre la Chine et les États-Unis après la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taïwan. Ce ne serait pas la première fois que les États-Unis provoquent une tension loin de leur territoire.

Quels sont les vrais objectifs des États-Unis de cette visite ?

Le décryptage avec Bruno Guigue, professeur à l’Université de La Réunion et chercheur en philosophie politique.

Les missiles de Xi ratatinent l’US Air Force

Le 14/08/2022.
Sur fond de l’escalade des tensions entre Washington et Pékin sur Taïwan, un expert américain des questions militaires a déclaré que les Chinois sont en mesure de détruire 900 chasseurs US en peu de temps.

Alors que la Chine menait de vastes exercices militaires au large de Taïwan la semaine dernière, un groupe d’experts américains de la défense à Washington s’est concentré sur sa propre simulation d’une éventuelle – mais pour l’instant tout à fait hypothétique – guerre américano-chinoise sur l’île.

« Le jeu de simulation non officiel se déroule au cinquième étage d’un immeuble de bureaux non loin de la Maison Blanche, et il postule une réponse militaire américaine à une invasion chinoise en 2026. Même si les participants apportent une perspective américaine, ils trouvent qu’une victoire américano-taïwanaise, s’il y en a une, pourrait avoir un coût énorme », selon un article de Bloomberg.

Mark Cancian, conseiller principal au Centre d’études stratégiques et internationales, où se déroulent les jeux de guerre indique que « le coût sera très élevé pour l’infrastructure et l’économie taïwanaises et pour les forces américaines dans le Pacifique. »

L’hypothèse pas nécessairement utilisée dans la plupart des scénarios : la Chine envahit Taïwan pour forcer l’unification avec l’île autonome, et les États-Unis décident d’intervenir lourdement avec leur armée. Également supposé mais loin d’être certain : le Japon accorde des droits étendus pour utiliser les bases américaines situées sur son territoire, tout en s’arrêtant d’intervenir directement à moins que le territoire japonais ne soit attaqué. Les armes nucléaires ne sont pas utilisées dans les scénarios, et les armes disponibles sont basées sur les capacités que les nations ont démontrées ou ont des plans concrets de déploiement d’ici 2026.

Dans 18 des 22 tours du jeu joués jusqu’à présent, les missiles chinois coulent une grande partie de la flotte de surface américaine et japonaise et détruisent « des centaines d’avions au sol », selon Cancian, un ancien analyste du budget de la défense de la Maison Blanche et Marine américain à la retraite. « Cependant, les contre-attaques aériennes et navales alliées martèlent la flotte amphibie et de surface chinoise exposée, coulant finalement environ 150 navires. »

« La raison des pertes élevées des États-Unis est que les États-Unis ne peuvent pas mener une campagne systématique pour abattre les défenses chinoises avant de se rapprocher », a-t-il déclaré. « Les États-Unis doivent envoyer des forces pour attaquer la flotte chinoise, en particulier les navires amphibies, avant d’établir une supériorité aérienne ou maritime », a-t-il ajouté. « Pour avoir une idée de l’ampleur des pertes, lors de notre dernière itération de jeu, les États-Unis ont perdu plus de 900 avions de combat/d’attaque au cours d’un conflit de quatre semaines. C’est environ la moitié de l’inventaire de la marine et de l’armée de l’air. »

La force de missiles chinoise « est dévastatrice tant que l’inventaire dure », de sorte que les sous-marins et les bombardiers américains équipés de missiles à longue portée « sont particulièrement importants », a-t-il déclaré. « Pour les Taïwanais, les missiles antinavires sont importants, les navires de surface et les avions le sont moins. » Les navires de surface « ont du mal à survivre tant que les Chinois disposent de missiles à longue portée », a déclaré Cancian.

Les capacités de défense de Taïwan sont une partie particulièrement importante des calculs, car ses forces seraient responsables d’émousser et de contenir les débarquements chinois du sud – un scénario joué dans la simulation.

« Les missiles antinavires – des Harpoon de fabrication américaine et des armes de fabrication taïwanaise – joueraient un rôle important dans la destruction précoce de la force de débarquement amphibie chinoise, tandis que la marine taïwanaise et la moitié de ses forces aériennes seraient détruites dans les premiers jours du conflit, selon la modélisation jusqu’à présent », conclut l’article.

source : Press TV

Confrontation sino-américaine : La France prise au piège de Thucydide ?

...par Frédéric Lassez - Le 15/08/2022.

 

Source : Bd. Voltaire.

 

C’était il y a quatre ans, en août 2018, Emmanuel Macron prenait la parole à la Conférence des ambassadeurs et, comme à son habitude, dessinait des perspectives grandioses à l’horizon à grand renfort de phrases creuses et de formules pompeuses dont il a le secret. La France, « chantre d’un multilatéralisme fort »« puissance médiatrice », allait initier avec ses partenaires le chantier de la refondation de « l’architecture européenne de défense et de sécurité » car l’Europe ne pouvait plus « remettre sa sécurité aux seuls États-Unis ». Il fallait tirer toutes les conséquences de la fin de la guerre froide, revisiter « les équilibres » et les « automatismes » des alliances, ouvrir de nouvelles perspectives grâce à une « souveraineté européenne » affirmée. Le Président ajoutait que cette réflexion devait associer la Russie. Il fallait également « construire une nouvelle relation à l’Asie » qui allait se bâtir « autour de notre dialogue essentiel et fructueux avec la Chine ».

Quatre ans plus tard, l’horizon s’est finalement obscurci et les ambitions macroniennes sont restées lettre morte.
La France et l’Europe payent le prix de leur incapacité à faire entendre une voix singulière. En faisant le choix de l’alignement sur les États-Unis, les Européens se retrouvent aujourd'hui démunis et instrumentalisés au milieu d’une gigantesque partie d’échecs géopolitique qui oppose les Américains à des géants longtemps endormis qui se sont éveillés et rêvent à nouveau de grandeur et de puissance.

Graham Allison, dans son célèbre essai Vers la guerre. L’Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ?, sorti aux États-Unis en 2017, s’inspirait de l’historien grec et de la guerre du Péloponnèse pour décrire les risques de confrontation provoqués par la rivalité entre une puissance ascendante et une puissance déclinante : « C'est la montée d'Athènes et la peur que cela a instillé à Sparte qui ont rendu la guerre inévitable », constatait Thucydide.

Dans un article paru le 5 août dernier dans Le Figaro, le chercheur Hugues Eudeline soulignait les parallèles entre la crise ukrainienne et celle de Taïwan. « La Chine, comme la Russie, manque d'espace stratégique », constatait-il, ajoutant que chacune cherchait « à se doter d'un espace vital territorial et maritime pour éviter tout contact direct ave [ses] adversaires. » Or, l’une comme l’autre se considèrent victimes d’un ordre ancien et injuste, dominé par les États-Unis, qui vise, à travers une stratégie d’encerclement, à contenir leurs ambitions retrouvées.

Plusieurs questions se posent alors : le piège de Thucydide s’est-il déjà refermé, la confrontation militaire avec la Chine n’étant plus qu’une question de temps ? Quel rôle joue la France et, plus largement l’Europe, dans cette « montée aux extrêmes » ? Les Européens ont-ils retenu les leçons du conflit ukrainien et de leur incapacité à redéfinir avec la Russie une nouvelle architecture de sécurité ?

En juin 2021, Emmanuel Macron affirmait, là encore au nom de la « souveraineté européenne »son refus d’un alignement automatique sur les positions américaines. Ce qui impliquait l’« indépendance quand il s’agit de notre stratégie à l’égard de la Chine ». Des déclarations démenties un an plus tard, lors du dernier sommet de l’OTAN à Madrid en juin dernier, qui consacrait une nouvelle doctrine stratégique évoquant pour la première fois la Chine et la présentant comme une menace directe à la sécurité de l’Alliance. La présence à un sommet de l’OTAN de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la République de Corée témoignait parallèlement de la volonté américaine de souder ses partenariats transatlantiques et transpacifiques dans la perspective d’une prochaine confrontation avec la Chine.

La récente audition devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale du chef d'état-major de la Marine nationale ne fait malheureusement que confirmer l’alignement de la France sur les objectifs américains. « Nous devons préparer la capacité à combattre ensemble. Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition », déclarait-il le 27 juillet. Le « dialogue fructueux avec la Chine », évoqué par Macron en 2018, est donc passé aux oubliettes. Sonnez tambours et trompettes car « les temps qui sont devant nous vont être durs » et « il est donc temps de se battre comme des diables », affirmait l’amiral.

Faut-il cependant consentir à ce que le piège de Thucydide se referme inéluctablement sur la France et sur l’Europe ?

 

Après Poutine et l’Ukraine, Xi Jinping et Taïwan ?

Source : Bd. Voltaire.

...par Renaud de Bourleuf - Le 18/08/2022.

 

Les manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan s’intensifient depuis quelques jours. « Le 15 août, le Théâtre oriental de l'Armée populaire de libération chinoise a organisé une patrouille de préparation au combat interarmées multi-services et des exercices de combat dans la mer et l'espace aérien autour de Taïwan », déclare ainsi l’armée de la République populaire de Chine, dans un communiqué.

Il est dès lors légitime de se demander si l'on observe actuellement une situation semblable à celle de janvier-février 2022, lors des derniers jours précédant l’intervention russe en Ukraine. Les comparaisons à ce sujet ne manquent pas. Qu’en est-il vraiment ?

Premièrement, posons-nous la question de savoir si la Chine est vraiment prête à attaquer Taïwan ?

La République populaire de Chine n’est pas un pays belliqueux comme les États-Unis et la Russie. Même pendant une période de dictature particulièrement meurtrière, très peu de conflits armés ont été menés à l’extérieur du pays… si ce n’est contre Taïwan. Mais excepté la campagne de l’île de Dongshan qui, en 1953, mit fin à la contre-attaque des nationalistes sur la Chine continentale et quelques victoires ponctuelles telles que la bataille des îles Yijiangshan (1955) ou la bataille de l’archipel des Tachen (1955) qui permirent à la République populaire de Chine d’élargir son territoire, les conflits se sont généralement terminés par un statu quo. Il n’y a jamais vraiment eu de vainqueur : la République de Chine communément appelée « Taïwan » est restée indépendante et s’est même développée au point de devenir une puissance économique d’importance mondiale.

Aujourd’hui, la République populaire de Chine (RPC) dispose d’une armée de 2.183.000 hommes mais ne peut guère sous-estimer Taïwan qui, forte d’une armée de 293.000 actifs et 942.000 réservistes (plus du double de l’armée française), dispose d’un matériel de plus en plus sophistiqué : on estime le nombre de chars que l’armée de la RPC pourrait débarquer à un tiers du nombre de chars dont dispose Taïwan ; en outre, il serait aisé pour Taïwan d’affaiblir la Marine chinoise par des mines, des torpilles et des missiles. Il faut aussi rajouter que, si la RPC s’est dotée au cours des dernières années de nouveaux équipements militaires, elle a encore du retard à rattraper, notamment en ce qui concerne les moteurs d’aéronefs, les grands bombardiers stratégiques et les porte-avions avancés. Enfin, les Chinois, observant l’enlisement des Russes, pourtant initialement très sûrs d’eux en Ukraine, pourraient raisonnablement craindre un scénario similaire en cas d’invasion de Taïwan.

Il convient aussi de se demander si la République populaire de Chine osera déstabiliser un pays produisant 60 % des puces électroniques dans le monde (les États-Unis n’en produisent aujourd’hui que 12 % et l’Europe 10 %). En effet, son industrie dépend des importations de puces venant de Taïwan : Des tentatives de développer une production en Chine se sont avérées insuffisantes. Selon le think tank « Asia Centre », les sanctions prises par la RPC sur l’économie taïwanaise sont très faibles, ne concernent que l’agroalimentaire et ne touchent pas l’industrie des puces « car l’industrie chinoise dépend des importations taiwanaises ». Ajoutons à cela que le dirigeant de l’entreprise Taiwan Semiconductor Manufacturing Company a averti qu’une invasion chinoise « rendrait les usines non opérationnelles ». En d’autres termes, c’est toute la production de puces qui serait paralysée. Les conséquences s’en ressentiraient dans le monde entier, à commencer par la Chine.

Les Chinois vont-ils prendre le risque ?

Les Américains seront-ils aussi "raisonnables" que les Chinois ?

Personnellement, j'en doute.

JMR

 

 

La Chine peut nous mettre plus bas que terre

Source : TV Libertés  - Le 11/07/2023.

Philippe Béchade est rédacteur en chef de La Chronique Agora et La Lettre des Affranchis aux Publications Agora, et président du think tank Les Econoclastes.

La Chine a déclaré une guerre des minerais

 

par Evgeny Fedorov - Le 25/07/2023.

Moins de gallium et germanium

À partir du 1er août, tous les composés de gallium et de germanium, ainsi que les éléments sous leur forme pure, subiront une approbation supplémentaire avant d’être exportés de Chine. Cela a été annoncé par le ministère local du Commerce au tout début du mois de juillet.

En fait, cela signifie qu’à partir de maintenant, la vente de ces biens ne sera plus soumise aux exigences du marché – désormais, le Parti communiste chinois décidera à qui vendre les minerais rares et à qui non.

Sur le gallium et le germanium, le monde a vraiment convergé comme un coin.

Commençons par le gallium, dont le minéral principal est le nitrure de gallium (GaN), qui est largement utilisé à la fois dans les LED banales et les lasers et transistors à semi-conducteurs avancés.

C’est un semi-conducteur beaucoup plus recherché que le silicium – il conduit les électrons mille fois plus efficacement. Les fabricants d’électronique de puissance, ainsi que les développeurs de localisateurs basés sur un réseau phasé actif, placent de grands espoirs dans le nitrure de gallium. Les Européens, notamment, de la division défense d’Airbus Defence and Space, ne pourront plus se passer de GaN.

Dans l’industrie spatiale, le nitrure de gallium est avantageux pour sa résistance aux rayonnements ionisants. Non moins prometteur pour la microélectronique est l’arséniure de gallium-indium, avec lequel des laboratoires de premier plan ont expérimenté au cours de la dernière décennie. En février de l’année dernière, Taïwan a organisé la production de puces à base de ce composé. Le fournisseur de matières premières est bien sûr basé en Chine.

Le germanium de terre rare, bien qu’il ait été remplacé par le silicium dans la production de semi-conducteurs, est toujours d’une importance considérable dans l’industrie. Par exemple, toutes les optiques des caméras thermiques sont en verre au germanium. Les Allemands rêvent d’augmenter la production de Leopard pour l’Ukraine – ils devront maintenant demander la permission à la Chine pour cela.

De même, les Américains devront négocier, sinon il y aura de gros problèmes avec le Javelin et autres jouets à la mode.

Le germanium est largement utilisé dans les fibres optiques et les diodes à semi-conducteurs. Les panneaux solaires sont très difficiles à imaginer sans germanium, et le contrôle de la Chine sur l’exportation de cet élément va sérieusement compliquer la «transition verte» des pays occidentaux.

La plupart des habitants n’ont pas du tout entendu parler de l’existence du gallium et du germanium, mais néanmoins, les éléments discrets du tableau périodique de Mendeleev ont provoqué un bruissement considérable en Occident. C’est juste que la Chine a une «participation majoritaire» dans les métaux des terres rares – 80% de tous les stocks de gallium et 60% de germanium. Dans le même temps, la Chine couvre les besoins mondiaux en germanium à 60% et en gallium – à 90%!

Il est impossible d’imaginer une optique d’imagerie thermique sans germanium

Théoriquement, les éléments de terres rares peuvent être extraits presque partout, mais cela coûtera très cher. La Chine a de la chance dans ce cas. Le gallium accompagne le minerai de bauxite et peut être libéré lors de la production d’aluminium. Le germanium peut être trouvé dans le charbon. À l’état de traces, bien sûr, mais avec de gros volumes de consommation de charbon, la production de germanium devient tout à fait rentable. La Chine et l’aluminium fondent beaucoup, et dans l’utilisation du charbon dans les leaders mondiaux. La plupart et le meilleur de tous dans le monde, cela est obtenu par la société chinoise Chinalco.

L’Europe et les États-Unis à un moment donné ne voulaient pas se salir les mains et ont enterré leurs propres capacités d’extraction et de traitement des métaux de terres rares. En Europe, «l’énergie verte» règne désormais en maître, et il n’est plus question d’extraction de gallium et de germanium. Trop sale et énergivore.

Aux États-Unis, ils ne sont pas si respectueux de l’environnement, mais même eux avaient peur de la production de germanium. Il existe de nombreuses réserves de ce métal dans le pays, mais il est principalement associé aux minerais de zinc et est également rejeté comme sous-produit lors de la fusion du plomb. Mais c’est très sale et cher.

En conséquence, en 1984, les Américains ont arrêté la production de germanium. Et en Chine, au contraire, la production de germanium à partir de minerais de plomb et de zinc ne fait qu’augmenter.

Règles de la Chine

À l’échelle mondiale, la production de métaux rares est négligeable. L’an dernier, la Chine a produit, y compris pour ses besoins domestiques, environ 180 tonnes de germanium et 606 tonnes de gallium. Le bénéfice de l’exportation de produits dans le contexte du chiffre d’affaires commercial chinois est totalement insignifiant – seulement 100 millions de dollars pour 2022. Dans le même temps, la Chine fait pression sur l’industrie mondiale de la haute technologie de 600 milliards de dollars.

Si Xi Jinping limite vraiment l’approvisionnement en matières premières des pays clés, alors littéralement tout le monde se sentira mal. Les producteurs du Japon, des États-Unis, de l’Union européenne, de la Corée du Sud et, bien sûr, de Taïwan devront soit augmenter fortement les prix des produits, soit modifier le cycle de production pour un cycle moins progressif, soit s’arrêter complètement. Rappelons qu’il s’agit de lignes de production pour l’optique infrarouge, les communications par fibre optique, les cellules solaires et en partie les semi-conducteurs.

Des voix fortes de l’Occident se précipitent sur le terme «stratégie de goulot d’étranglement» et la «guerre des minéraux» prétendument déclarée par la Chine. Conformément à la première stratégie, le joueur bloque le flux de matières premières, dont on a peu besoin et qui ne sont pas très chères, mais peu de gens les produisent, et donc en pénurie constante.

Par exemple, il y a peu d’endroits où la Russie peut jouer la stratégie du goulot d’étranglement. Nous avons beaucoup de pétrole et de gaz, mais il y a aussi de nombreux producteurs de pétrole sur la planète. Était l’histoire avec du saphir artificiel, dont 80% dans le monde provient de Russie. Le minéral est utilisé comme substrat pour les semi-conducteurs à base de nitrure de gallium et de silicium. Le verre saphir russe se trouve dans les montres et les smartphones coûteux. Jusqu’à présent, rien n’a été entendu sur l’interdiction et le contrôle de l’exportation de saphir – au contraire, l’année dernière, le «monocristal» national a considérablement augmenté ses ventes à l’étranger. Principalement vers la Chine, mais une croissance est enregistrée pour l’Europe et Taïwan.

Théoriquement, les saphirs de Russie peuvent être qualifiés de «goulot d’étranglement» de la microélectronique mondiale, mais le remplacement de sa production est incomparablement plus facile que la production de germanium et de gallium de Chine. De plus, si la Russie ferme l’exportation de saphirs, il n’y aura tout simplement nulle part où le vendre – il n’y a pas tellement de consommateurs de cristaux synthétiques dans le pays. On ne peut pas en dire autant de la République populaire de Chine.

Les États-Unis ont calculé qu’il faudrait environ 20 milliards de dollars et jusqu’à dix ans pour devenir indépendants des terres rares fabriquées en Chine. Dans le même temps, il convient de rappeler les avantages concurrentiels des produits de haute technologie de l’Empire du Milieu – pour eux-mêmes, ils n’arrêteront pas d’extraire du gallium et du germanium. Sur un cercle, «l’Occident éclairé» avec une poignée de vassaux orientaux perdra jusqu’à plusieurs billions de dollars. Dans les prévisions les plus pessimistes, bien sûr.

La «guerre des minéraux» chinoise n’est pas née de nulle part.

Les États-Unis et leurs alliés restreignent méthodiquement l’accès de l’industrie du pays aux hautes technologies. En particulier, le Japon a récemment interdit l’exportation de 23 postes de produits de haute technologie à la fois. Ils ont principalement limité la vente à la Chine d’équipements pour la production de microcircuits – machines de lithographie, de gravure, de dépôt et de nettoyage. Depuis des décennies, les Américains interdisent à l’ASML néerlandaise de vendre ses photolithographies de pointe à la Chine. Comme le Nikon japonais.

Les Chinois essaient de se débrouiller seuls – ils ont récemment maîtrisé les processus techniques de 65 nm ou moins. Mais à Taïwan, par exemple, TSMC travaille déjà avec des technologies 1 nm, bien qu’en mode expérimental.

La réponse de la Chine avec le gallium et le germanium semble tout à fait justifiée dans cette histoire. S’appuyant sur leur avantage technologique, les acteurs occidentaux seront contraints de chercher des solutions «sales» et coûteuses au problème. Pas d’autre chemin. Ou négocier avec la Chine.

En cas de déploiement d’une exploitation minière à grande échelle de métaux de terres rares en Occident, la Chine pourrait soudainement débloquer les exportations. Les prix de rareté vont s’effondrer, et avec eux les investissements de plusieurs milliards de dollars dans la production. En même temps, cela ne coûtera rien aux Chinois – 100 millions de dollars de pertes pour le panier d’exportation, c’est minime.

Il est important de comprendre que les métaux des terres rares sont désormais d’une importance cruciale non seulement pour le secteur civil de l’économie mondiale, mais également pour le complexe militaro-industriel, qui tente de se développer sur la crise ukrainienne. Le voyage d’atelier de Pékin (s’il a lieu, bien sûr) dans cette industrie sera particulièrement sensible. Y compris pour la Russie – une partie considérable des métaux de terres rares en provenance de Chine transite vers l’Europe via le territoire de notre pays.

La première étape de la «guerre des minéraux» de Pékin a été lancée – la réponse des consommateurs vient ensuite.
La situation est intéressante car les deux parties au conflit ont de nombreux leviers d’influence l’une sur l’autre. L’essentiel est le choix des moyens et du temps.

source : Top War

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