Je vous retransmets cet article d'un journaliste israélien membre de la direction du quotidien Haaretz.
Il vaut la peine d'être lu car son auteur Gideon Levy dit tout haut ce que la conscience internationale devrait clamer avec force sans se lasser.
Pour moi, ce journaliste israélien mérite pleinement le titre de "JUSTE PARMI LES NATIONS DES TEMPS MODERNES".
A diffuser sans modération.
DD
Allez donc à Gaza, plutôt qu’à Tel Aviv !
Par Gideon Levy - 24 janvier 2020 Haaretz (Chronique de Palestine)
>
On n’y trouve pas d’holocauste, seulement l’apartheid. Pas d’anéantissement, mais le traitement brutal et systématique de toute une nation.
>
Ce n’est pas Auschwitz, mais c’est Gaza.
Dans sa campagne de bombardements en décembre 2008 et janvier 2009, Israël a massacré plus de 500 enfants dans la bande de Gaza - Photo
: Archives
> > Il est très important de se souvenir du passé; il est tout aussi important de
connaître le présent sans fermer les yeux.
> > Les dizaines d’hommes d’État arrivés en Israël mercredi peuvent se souvenir
du passé, mais ils brouillent le présent. Dans leur silence, dans leur mépris de la réalité en se mettant inconditionnellement en file aux côtés d’Israël, ils
ne trahissent pas seulement leurs fonctions, mais ils trahissent également la mémoire du passé au nom duquel ils sont venus ici.
> > Être les invités d’Israël sans mentionner ses crimes; commémorer l’Holocauste
tout en ignorant ses leçons; visiter Jérusalem sans se rendre dans le ghetto de Gaza le jour du souvenir international de l’Holocauste… Comment imaginer plus
grande hypocrisie.
> > Il est positif que des rois, des présidents et autres notables se soient
déplacés en l’honneur de ce jour du souvenir. Il est déplorable qu’ils ignorent ce que les victimes de l’Holocauste infligent à une autre nation.
> > La ville d’Erevan ne sera jamais témoin d’un rassemblement aussi
impressionnant pour commémorer l’holocauste arménien. Les dirigeants mondiaux ne viendront jamais à Kigali pour marquer le génocide qui s’est produit au
Rwanda.
> > L’Holocauste était en effet le plus grand crime contre l’humanité jamais
commis, mais ce n’était pas le seul. Et les Juifs et l’État d’Israël savent bien comment sacraliser sa mémoire et l’instrumentaliser à leurs propres
fins.
> > En cette Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, les
dirigeants mondiaux sont les invités d’un Premier ministre israélien qui, à la veille de leur visite, a appelé à des sanctions – croyez-le ou non – contre la
Cour pénale internationale de La Haye, héritage pourtant des tribunaux créés pour juger les crimes de la Seconde Guerre mondiale.
> > En ce jour de commémoration, les dirigeants de la planète rendent visite à un
Premier ministre qui essaie de les exciter contre le tribunal de La Haye. Il est difficile de penser à une exploitation plus choquante de l’Holocauste, il est
difficile de concevoir une plus grande trahison de sa mémoire que la tentative de saper le tribunal de La Haye uniquement parce qu’il souhaite remplir son rôle
et enquêter sur Jérusalem.
> > Les invités garderont également leur silence sur cette question. Certains
d’entre eux peuvent être convaincus que le problème est à La Haye, pas en Israël. Des sanctions contre le tribunal plutôt que contre l’État occupant
!
> > Sans l’Holocauste, les Palestiniens n’auraient pas perdu leurs terres et ne
seraient pas emprisonnés aujourd’hui dans un gigantesque camp de concentration à Gaza ou condamnés à vivre sous une occupation militaire brutale en
Cisjordanie.
> > Évidemment, il ne faut jamais oublier l’Holocauste. Il ne faut pas non plus
estomper le fait qu’il était dirigé contre le peuple juif. Mais précisément pour cette raison même, il ne faut pas ignorer la conduite de ses victimes envers
les victimes indirectes de l’Holocauste des Juifs, le peuple palestinien.
> > Lorsqu’aujourd’hui ils récitent ad nauseam « plus jamais ça
», il faut honnêtement tourner son regard au sud et à l’est, à seulement quelques kilomètres de la salle commémorative de Yad Vashem. On n’y trouve pas
d’holocauste, seulement l’apartheid. Pas d’anéantissement, mais le traitement brutal et systématique de toute une nation. Ce n’est pas Auschwitz, mais c’est
Gaza.
> > Comment est-il possible d’ignorer cela lors de la Journée internationale du
souvenir de l’Holocauste ?
> > Il est difficile de croire que cela ne soit même pas venu à l’esprit d’un
seul des dirigeants venus en Israël, de se rendre à Gaza après la cérémonie. Si l’un d’eux avait eu le courage de le faire, il aurait honoré la mémoire de
l’Holocauste tout autant qu’en visitant Yad Vashem.
> > Il n’y a pas beaucoup d’endroits dans le monde où les mots « plus jamais ça »
devraient résonner autant que dans les limites de cet immense ghetto, créé par l’État des survivants de l’Holocauste. Ne pas aller à Gaza et voir ce qui se
passe là-bas ? Ne pas vous identifier au sort de deux millions d’êtres humains enfermés dans un camp de concentration depuis 14 ans, à une heure de route de
Jérusalem ? Comment est-ce possible ? Ne pas crier « plus jamais » à Gaza ? Comment ne le peuvent-ils pas ?
> > Quelques dirigeants ont apparemment équilibré leur visite ici avec une visite
brève et cérémonielle à Ramallah, y compris une séance photo avec Mahmoud Abbas, qui est également la cible des protestations d’Israël.
> > Ce type de visite n’a aucune signification. Ramallah ne détermine pas le sort
du peuple palestinien. Son sort est fixé dans l’enceinte du gouvernement à Jérusalem et dans l’enceinte de l’establishment de la défense à Tel
Aviv.
> > Il fallait venir en Israël aujourd’hui pour rappeler au monde l’Holocauste,
mais aussi le silence. Contre ce silence, il faut aussi crier : Plus jamais !
> > L’Holocauste ne se répétera peut-être jamais, mais le silence honteux
continue, y compris en ce jour de commémoration à Jérusalem.
* Gidéon Lévy : Né en 1955, à Tel-Aviv, est journaliste israélien et
membre de la direction du quotidien Ha’aretz. Il vit dans les territoires palestiniens sous occupation.
Un article court et intéressant de Richard Labévière - Le 28/01/2020.
Re-bonjour,
Dans l'excellente revue électronique dont il est rédacteur en chef( https://prochetmoyen-orient.ch ),Richard
Labévière nous propose un article court et argumenté sous le titre ; JERUSALEM : N’EST PAS CHIRAC QUI VEUT !
Cet article fait écho à celui que je vous ai adressé ce matin signé Gideon Levy. Il a fait l'objet du commentaire suivant signé Roger Akl.
"La croissance constante des rituels au sujet des victimes (juives seules mentionnées) de la période nazie atteint
l'excès.
Ce qui se produit du fait d'Israël sur des êtres humains palestiniens n'est jamais présenté aux émotions du grand public: pas le
moindre visage des victimes sur nos écrans !"
Le refus des manipulations est actuellement très prégnant dans notre pays, et un tel contraste de mise en scène nous donne facilement la
sensation d'être manipulés.
N'y aura-t-il pas l'effet regrettable d'une large réaction des opinions européennes, surtout si les accusations de crime de guerre et de crime
contre l'Humanité sont prononcées par la procureure de la CPI à l'encontre de la gouvernance israélienne, comme cela semble se dessiner ?"
Je pense, comme Roger Akl, Richard Labévière, Gideon Levy et beaucoup d'autres que la surexploitation médiatique de la Shoa à des fins politiciennes est
contre-productive pour ce qui est de la lutte contre l'antisémitisme.
Cette surexploitation, avec la complicité active de certains chefs d'état occidentaux et celle des médias mainstream, pourrait bien se retourner contre ses
auteurs....
Il est vrai, s'agissant de la France, que l'on comprend mieux en relisant l'article que j'avais rédigé le 8 mars 2019 sur le même sujet:
« Keep cool… you know the rules… » avant un « so » frenchie accent qui tranche singulièrement avec son
anglais habituel plus proche de Davos que de celui des docks de la Tamise ! Le Président Macron nous l’a joué mauvais remake de Jacques Chirac, lorsque ce dernier interpellait
vivement les flics israéliens qui l’empêchaient de serrer les mains des Palestiniens de Jérusalem-Est en 1996.
Sans jurer que la réaction d’Emmanuel Macron ait été soigneusement fabriquée, les services de l’Elysée ne pouvaient pourtant ignorer que l’intrusion des flics
israéliens dans le protocole des visites françaises en terre palestinienne est un classique du genre. L’auteur de ces lignes en a vécu quelques-unes.
En novembre 1997, la sécurité israélienne perd volontairement, sur une petite route de campagne, le cortège officiel d’Hubert Védrine qui se rend à Ramallah pour y
rencontrer Yasser Arafat. Trois heures de retard sur le programme ! En mai 2003, les mêmes flics veulent entrer de force dans le consulat général de France, avant le ministre Dominique de
Villepin. Des coups de poing sont échangés avec les gendarmes français des voyages officiels.
A chaque visite ministérielle ou présidentielle française, ces incidents se répètent, de même que les humiliations quotidiennes des Palestiniens
aux check-points de l’armée israélienne : nous y avons vu des femmes accoucher dans des taxis, des agriculteurs de Bethléem se rendant au marché de Jérusalem devoir présenter tomate par
tomate, poireau par poireau de leur cargaison aux vigiles qui font durer l’exercice jusqu’à l’heure où le marché fermera ses portes.
SAINTE ANNE, C’EST LA FRANCE !
Pourquoi les flics israéliens se comportent-ils de cette façon ? Parce qu’ils en ont reçu l’ordre ! Parce qu’ils doivent montrer qu’ils font ce qu’ils
veulent dans les territoires palestiniens occupés, annexés ou en passe de l’être. Ils doivent impérativement montrer qu’ils n’ont à respecter, ni les règles du savoir-vivre diplomatique, ni les
accords de siège, ni toutes autres règles internationales, parce qu’ils prétendent être ici chez eux, sans avoir à rendre de compte à quiconque, comme si l’Histoire les exonérait de toute espèce
de légalité internationale. Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, plus de 470 résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de la Commission des droits de l’homme des
Nations unies sur la question palestinienne ont été adoptées et aussitôt rejetées par le régime de Netanyahou !
Le dernier incident de l’église Sainte Anne de Jérusalem n’est pas non plus le premier, parce qu’à Jérusalem : Sainte Anne, c’est la France ! Située dans
la vieille ville de Jérusalem-Est, l’église fait partie du domaine national français en Terre Sainte, tout comme le Tombeau des Rois, l’église du Pater Noster sur
le mont des Oliviers et l’abbaye Sainte-Marie de la Résurrection d’Abu Gosh. Elle est administrée par les Pères blancs. De style roman, elle a été construite par
les croisés en 1140 et a tout de suite été dédiée à Sainte Anne. En 1192, après la conquête de Jérusalem par Saladin, l’église est transformée en école de droit coranique, puis
tombe en ruines au cours des siècles. En 1856, après la guerre de Crimée, la France reçoit l’église du Sultan Abdülmecid 1er en remerciement de son aide à la Turquie.
Sainte Anne est alors restaurée et l’État français la confie en 1877 à Monseigneur Lavigerie et à sa Société des missionnaires d’Afrique. Entre 1882 et juin 1967, le lieu
abrite le grand séminaire pour la formation des prêtres grecs-catholiques.
Actuellement, le site est toujours administré par les Pères blancs. Ayant beaucoup de projets en Afrique, leur travail à Jérusalem consiste essentiellement à la
formation de séminaristes, mais aussi à l’accueil de nombreux pèlerins (qu’ils soient catholiques, protestants, anglicans ou orthodoxes).
Un accueil relativement difficile, du fait de la petite taille du site confronté à l’incessant harcèlement administratif israélien cherchant à décourager pèlerins
et visiteurs. Ainsi, Sainte Anne de Jérusalem est la cible régulière de l’occupation israélienne parce qu’elle accueille une ONG chargée des rapports écrits sur les comportements
des Israéliens et des Palestiniens lors des passages de check-points. Le nom de cette ONG est Ecumenical Accompaniment Programme in Palestine and
Israel (EAPPI).
CHIRAC, UNE CERTAINE IDEE DE LA DIPLOMATIE FRANCAISE
Dans cette ruelle toute proche du Saint Sépulcre, dans la vieille ville de Jérusalem, tous les anciens se souviennent de la scène. « On voulait serrer la main du
Président Chirac, mais les agents de sécurité israéliens nous repoussaient », raconte Amjad, un vendeur ambulant. Alors votre président s’est énervé et il a dit : « c’est de la
provocation ! Vous voulez que je reprenne mon avion et que je retourne en France, c’est ça ? ».
C’était le 22 octobre 1996, le désormais fameux « You want me to take my plane and to go back to France ? » entrait dans l’Histoire. Yasser Arafat
ne tarira jamais d’éloges sur le « docteur Chirac », venu le voir sur son lit de mort à Paris en novembre 2004. Les Palestiniens n’ont jamais oublié. A l’occasion du départ de Jacques Chirac de
l’Elysée, en 2007, la municipalité de Ramallah a inauguré une rue Jack-Chirac. Un homme d’affaires palestinien, Khaled Musleih vivant à Jérusalem-Est, non loin du lieu de l’incident,
rappelle : « pour nous, Chirac n’était pas seulement celui qui a osé défier les Israéliens, c’est aussi l’homme qui refusa de faire la guerre en Irak en 2003 ou de faire pression sur
Yasser Arafat comme l’exigeaient les Américains. Une indépendance rare chez les grands de ce monde ».
Avant sa visite, Jacques Chirac avait pu arracher un cessez-le-feu aux Israéliens qui pilonnent régulièrement les Territoires palestiniens occupés. A sa demande, la
diplomatie française participait activement aux différentes tentatives de relance des négociations entre les deux parties. A cette époque, notre pays avait encore une diplomatie digne de ce nom,
qui comptait aux Proche et Moyen-Orient.
Devant Sainte Anne de Jérusalem, la dernière protestation polie d’Emmanuel Macron est intervenue dans un tout autre contexte géopolitique. Face au conflit
israélo-palestinien qui fait toujours rage, la besace diplomatique française est aujourd’hui vide, désespérément vide ! Non seulement Paris n’a rien – strictement rien – à proposer sur ce
dossier historique, mais ce qui est beaucoup plus préoccupant est de voir notre diplomatie s’aligner sur les orientations décidées à Washington et Tel-Aviv, sinon s’applaventrir devant
celles-ci !
Traditionnellement, après chaque bombardement israélien de Gaza ou de Cisjordanie, le Quai d’Orsay se fendait toujours d’un communiqué officiel, condamnant, à tout
le moins, « la violence d’où qu’elle vienne », selon une formule usitée et consacrée par les porte-paroles successifs du Département depuis des décennies. Aujourd’hui,
plus rien de tel, pas même le service minimum, comme si la question palestinienne était sortie des écrans radar de notre diplomatie.
AUJOURD’HUI OU EST LA FRANCE ?
La mise en retrait substantielle de la diplomatie française aux Proche et Moyen-Orient peut être datée de mars 2012, lorsqu’Alain Juppé décide de fermer l’ambassade
de France à Damas. Alors que la crise syrienne fait rage depuis une année, c’est justement dans de telles circonstances que nos diplomates et services spéciaux auraient dû donner leur pleine
mesure. La France, qui pouvait s’appuyer en Syrie sur un passé et une mémoire, aurait pu s’imposer comme médiateur possible. Au lieu de cela, Paris décidait de rejoindre la ligne
américano-israélienne : faire en Syrie ce qui avait été fait en Irak, « changer le régime » et renverser le « boucher Bachar al-Assad », le seul boucher de la région,
c’est bien connu !
Partant de là, les pays de la région – qui restaient pourtant très attachés à la troisième voie française – s’adresseront directement à Washington, Tel-Aviv,
Moscou, sinon Pékin. Si, à partir de mars 2012, la descente aux enfers s’est accélérée, on ne peut pas ne pas rappeler qu’elle a commencé avec un Chirac finissant, en juin 2003 au G-8 d’Evian.
George W. Bush – qui fait payer à la France son « non » à l’invasion anglo-américaine de l’Irak de toutes les manières possibles – boude ostensiblement le sommet. Symboliquement, le
président américain passe la nuit à Genève et fait une brève incursion dans la ville d’eau savoyarde, moins d’une vingtaine de minutes – montre en main -, sans tenir sa traditionnelle conférence
de presse, pour bien souligner son hostilité à cette réunion internationale sur sol français…
L’auteur de ces lignes assiste à la scène : sous l’hélicoptère d’Air–Force-One qui s’élève dans le ciel lémanique pour ramener George W.
Bush à Genève, Jacques Chirac se tourne vers ses collaborateurs présents – Jean-David Lévitte (ambassadeur de France à Washington), Maurice Gourdault-Montagne (sherpa/conseiller diplomatique) et
Stanislas de Laboulaye (conseiller politique) – en s’exclamant : « il va falloir trouver quelque chose pour calmer ce connard que je vais devoir me refarcir dans une semaine sur les
plages du Débarquement… ». En effet, le 6 juin 2003 débutait sur les plages de Normandie, la 49ème commémoration du Jour-J en présence notamment des deux
présidents français et américain1.
Après cet épisode très chiraquien, Jean David Lévitte proposera trois choses : 1) consolider les forces françaises anti-terroristes aux côtés des Américains en
Afghanistan ; 2) exfiltrer d’Haïti le très anti-américain père Aristide vers un pays africain ; 3) à partir du Liban, lancer une initiative diplomatique forte destinée à aider
Washington qui commençait à s’enliser en Irak. Ce sera le début de la rédaction franco-américaine de la résolution 1559 du conseil de sécurité des Nations unies. Cette résolution tirera un trait
sur quarante années de diplomatie gaulliste, sinon gaullienne aux Proche et Moyen-Orient.
En 2008, Nicolas Sarkozy achèvera la besogne en faisant revenir la France dans le commandement intégré de l’OTAN. François Hollande confirmera la tendance et le
tropisme d’une diplomatie alignée sur les options de Washington et de Tel-Aviv. Recevant le premier ministre Benjamin Netanyahou après les attentats terroristes de Montauban, il tient dans cette
ville une conférence de presse commune avec l’homme de Tel-Aviv qui engage les Juifs de France – victimes de l’antisémitisme – à émigrer en Israël… A ses côtés, François Hollande – président de
notre pays – ne pipe mot, laissant le criminel de guerre Netanyahou trainer la France dans la boue ! Honte, quelle honte !
ETAT D’APARTHEID
Une honte similaire devrait agiter quelque peu Emanuel Macron, qui va faire des ronds de jambe devant le même Benjamin Netanyahou, en posture difficile avec la
justice de son pays, pris la main dans le pot de confiture de corruptions aggravées. Mais le plus scandaleux est d’assister à une instrumentalisation lamentable de la
75ème commémoration de la fermeture des camps d’Auschwitz-Birkenau, de Gross-Rosen, de Buchenwald, d’Ohrdruf et de Dora-Mittelbau pour accuser les « tyrans de Téhéran »
d’être les plus antisémites de la terre. Comme ses flics, Netanyahou n’en reste pas là et dépasse toutes les bornes pour faire l’apologie de son « Etat juif ».
Proclamé comme tel – « Etat juif » – par Benjamin Netanyahou lui-même et la Knesset2, voilà une régression politique qui devrait être condamnée par la terre entière ! Depuis le traité de Westphalie (24 octobre 1648), qui mit fin à trente ans
d’une guerre religieuse particulièrement meurtrière, on pouvait penser qu’une laïcisation des relations internationales était, si ce n’est définitivement acquise, du moins constituait un progrès
irréversible. Erreur : en 1947, les Britanniques quittent l’Inde en favorisant la création du Pakistan – « le pays des purs » -, fondé sur les textes sacrés musulmans.
Avec son « Etat-juif », Netanyahou remet le couvert, instaurant une citoyenneté à deux vitesses, fondée sur une distinction religieuse : seuls les
« Juifs » seront des citoyens de plein droit, quant aux autres ils devront se soumettre… Autant dire, qu’on est en pleine réhabilitation d’un système d’Apartheid que la communauté
internationale a mis des décennies à vaincre en Afrique du Sud… Cette invention théocratique viole, non seulement le droit international, mais aussi l’histoire et les principes mêmes des
fondateurs de l’Etat d’Israël de 1948.
En définitive, la commémoration de la fermeture des Camps de la mort aurait dû se faire en Allemagne et en Europe, sur les lieux mêmes de cette industrie de
l’extermination. Car se sont bien les Nazis et leurs complices européens qui furent les protagonistes de cette horreur, non les Palestiniens et autres Arabes… Ce détournement de mémoire a, aussi
un autre objectif : imposer l’idée que Jérusalem puisse être – un jour – la capitale d’Israël. Conformément aux résolutions 242 et suivantes des Nations unies, Jérusalem demeure un
territoire occupé par une armée étrangère depuis juin 1967 et ne saurait être l’improbable capitale d’un Etat colonial ! De plus, plusieurs résolutions du conseil de sécurité consacrent le
statu international de Jérusalem, siège universel des trois religions du Livre. Que cela plaise ou non au criminel de guerre Benjamin Netanyahou, le droit international n’est pas encore
complètement aboli !
Bref, en marge des éructations idéologiques de Netanyahou, en marge de cérémonies officielles détournées, la soldatesque israélienne continue à tuer quotidiennement
femmes et enfants dans les Territoires occupés palestiniens, à annexer de nouvelles terres et à déporter des populations… Pour quelle raison, le régime de Netanyahou peut-il imposer de telles
indignités à la face du monde, sans encourir la moindre des sanctions ?
En réfléchissant à cette question, bonne lecture et à la semaine prochaine.
Article proposé par le Col. Maurice Beaune - le 29/01/2020.
Ci joint, les versions anglaise et française d'un article présentant le "Plan du siècle" de Donald Trump pour Israël et la Palestine.
Plus que des solutions, il porte en germe la poursuite et le renforcement de la colonisation et donc l'asphyxie (= l'anéantissement à terme) de la Palestine,
totalement enclavée et constellée d'implantations israéliennes, sans aucune frontière commune ni avec la Jordanie, ni avec l'Égypte, et avec comme seules ouvertures sur le monde les ports
d'Ashdod et Haïfa, totalement aux mains de l'État Juif...
Curieuse façon de faire avancer le "Processus de Paix", de reconnaître réciproquement au peuple palestinien le droit d'exister dignement avec une souveraineté
pleine et entière, d'éradiquer le terrorisme international et de répondre efficacement à la prétendue volonté d'anéantissement d'Israël, état persécuté comme chacun sait...
Un camouflet au peuple palestinien ! L'humiliation continue.... La Paix s'éloigne....
Amitiés.
Télécharger les documents :
"Affaire conclue : Comment la Palestine a été liquidée par le processus de paix".