Quid en cas d’effondrement du régime ?

...par Martin Moisan - Le 30/03/2020.

Source : https://ripostelaique.com/quid-en-cas-deffondrement-du-regime.html

Je rebondis sur un article de prospective de Startediplo dont on espère qu’il n’aura pas été prémonitoire.

Que nous dit Stratediplo ?

  • Que ce pouvoir, comme tous ceux qui l’ont précédé depuis 230 ans, s’évaporera lorsque la crise se durcira en catastrophe majeure
  • Qu’à une exception près, celle de la IIIe République au moment de la Première Guerre mondiale, tous les gouvernements ont toujours fui en abandonnant le pays dans le chaos
  • Que ce pouvoir a déjà fourni des cas de désertion devant la difficulté : Collomb, Buzyn, dans un autre registre, Griveaux
  • Que donc, comme les autres avant lui, il est potentiellement candidat à l’évaporation en bloc lorsque les choses vont sérieusement se compliquer
  • Qu’il y a de très fortes chances que l’immature capricieux qui se trouve à la tête de l’État ne rentre pas de congés à la rentrée
  • Qu’il en résultera un effondrement de régime
  • Qu’une fois le pouvoir évaporé, tous les relais intermédiaires de l’État central cesseront de fonctionner. À commencer par les préfectures qui se retrouveront sans ordres venus du pouvoir politique
  • Qu’il en résultera une vacance de l’État central et de tous les relais de pouvoir
  • Que le seul échelon de décision et de pouvoir qui subsistera sera celui des maires et des mairies. 

Point de vue personnel à ce stade. Compte tenu de l’avancement des choses à ce jour, je considère que cet enchaînement est le plus hautement probable et qu’il serait totalement irresponsable de ne pas l’envisager. Le mois d’avril pourrait être une étape charnière. Si le pouvoir ne parvient pas à sustenter la partie de la population qui va se retrouver sans ressources, si l’argent ne parvient pas très vite sur les comptes, si le nombre de morts dépasse les 10 000 ; alors, la situation va très sérieusement dégénérer et devenir incontrôlable, conduisant au chaos et à la fuite des élites.

Quid de l’état de siège et du recours à l’armée ? Stratediplo ne l’évoque pas ; point de vue que je partage, car le sujet est sans objet. L’armée est occupée au Mali et ce qu’il en reste sur le territoire national tiendrait largement dans le stade de foot d’une ville moyenne ; donc potentiellement insuffisant, même en cas de rapatriement immédiat des contingents engagés au Sahel. L’armée se trouve exactement dans le même état que le système de santé, incapable de faire face car totalement démunie face à un engagement demandant de la masse. 

Pas de chef de guerre capable d’assumer la charge. Surtout, on ne voit pas à l’état- major de personnalité à même d’assumer la charge de l’état de siège. Les militaires sont conditionnés à dépendre du politique. Une fois l’échelon politique disparu, ils vont se retrouver désemparés, incapables de mettre un pied devant l’autre. L’hypothèse des pleins pouvoirs transmis à l’armée dans les règles institutionnelles est sans objet. Sauf découverte inattendue, on ne voit pas de chef de guerre présentant les qualités de caractère et d’homme d’État lui permettant d’assumer les pleins pouvoir lors d’une crise majeure. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas sélectionnés ni façonnés à cet effet et que ceux qui auraient pu l’être ont été écartés au fur et à mesure de la sélection vers le haut.

La thèse des nationaliste révolutionnaires. C’est celle de l’effondrement de régime et de la vacance du pouvoir, ouvrant la voix au surgissement d’une organisation préparée à la reprise du pouvoir à l’occasion d’un évènement historique favorable. Cette thèse n’a trouvé aucun écho dans nos milieux qui ne s’y sont pas préparés, et il est définitivement trop tard pour l’envisager. Surtout, ce ne sont pas les faibles tentatives mal menées qu’on a pu voir qui y pourvoiront. Trop de légalisme, trop d’entre-soi, pas assez de détermination, aucune méthode ni formation révolutionnaire. Surtout, aucune imagination. La seule tentative connue s’est traduite par un piétinement et une publicité empreinte de légalisme qui ont définitivement ruiné l’idée.

Absence totale de solution de recours dans nos milieux. Pas d’organisation prête, pas de capacités militantes, pas même d’unité ou de vision stratégique commune, nos milieux sont à la ramasse. Il faut signaler ici que nos forces se sont concentrées et stérilisées dans l’électoralisme dont on voit ce à quoi il a servi. 

L’hypothèse de l’homme providentiel. Elle n’est pas totalement exclue. Il s’est en effet souvent trouvé, dans l’Histoire, des personnages surgis du néant pour sauver leur pays. Ne pas trop y compter en l’état de dévirilisation des hommes de ce pays, d’effondrement des mentalités et de perte générale des valeurs.

Chacun pour soi. Compte tenu de cet état des lieux et de ce qu’il serait irresponsable de ne pas anticiper, fût-ce à titre individuel, il y a tout lieu de penser que le chacun pour soi sera la règle.

Les mairies, ultimes points d’organisation et de résilience au plan local. Dans ces circonstances, si le chaos survient, les mairies seront le seul point efficace d’organisation et de résilience de proximité. Dans les campagnes sûrement, dans les villes, ce sera nettement plus compliqué.

Il appartiendra aux plus diligents de se susciter entre eux et de s’entendre afin de venir au renfort du pouvoir municipal pour tenter d’organiser les populations locales dans les domaines vivier, sanitaire et sécuritaire.

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Martin Moisan

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