Quel sang, quel argent ?

...par  Consortium News, William J. Astore, 21-03-2019

Les hauts généraux américains ne trouvent aucune issue à une guerre sans fin, écrit William J. Astore pour TomDispatch.

« Veni, Vidi, Vici », s’est vanté Jules César, l’un des plus grands capitaines de guerre de l’histoire. « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ».

La secrétaire d’État de l’époque, Hillary Clinton, s’est fait l’écho de cette célèbre phrase, résumant l’intervention militaire de l’administration Obama en Libye en 2011 – avec une légère modification. « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort », a-t-elle déclaré en riant à propos du meurtre de Mouammar Kadhafi, le dirigeant autocratique de ce pays. Notez cependant ce qu’elle a omis : le mot « vici » ou victoire. Et comme, ce faisant, elle avait raison, puisque au cours de ce siècle, les invasions, les occupations et les interventions de Washington en Afghanistan, en Irak, en Libye et ailleurs n’ont jamais produit quoi que ce soit qui ressemble, même de façon vague, à une seule victoire décisive et durable.

« L’échec n’est pas une option » était en 1995 la phrase choc emblématique du film sur le sauvetage dramatique de l’équipage d’Apollo 13 lors de la mission vers la lune en 1970, mais si un tel film devait être réalisé sur les guerres américaines et leurs résultats moins que vici-esques [triomphants NdT] aujourd’hui, il faudrait corriger cette phrase à la Clintonienne en disant « Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons échoué ».

Les guerres sont des entreprises hasardeuses, destructrices et imprévisibles, il serait donc peu surprenant que les chefs militaires et civils américains échouent parfois dans leurs interminables efforts martiaux, et ce en dépit de la supériorité écrasante de la puissance de feu de la « plus grande force militaire du monde ». Et cependant, la question est là : Pourquoi toutes les guerres américaines de ce siècle ont-elles complètement foiré et que diable ces dirigeants ont-ils appris de ces échecs récurrents ?

Les preuves dont nous disposons prouvent que, au moins pour nos hauts dirigeants militaires, la réponse serait : rien du tout.

Commençons par le général David Petraeus, celui qui a connu la gloire lors de « la flambée » de la guerre en Irak. Bien sûr, il tombera brièvement en disgrâce en 2012, alors que directeur de la CIA, il partage de façon tout à fait inacceptable des informations hautement confidentielles avec sa biographe avec laquelle il entretient une liaison. En 2007, en Irak, le « Roi David » (comme on le nommait à l’époque) était considéré comme un exemple parmi les meilleurs et les plus brillants en Amérique. Érudit-soldat titulaire d’un doctorat de Princeton, le général « insurgé » avait la recette parfaite – une résurgence des techniques de contre-insurrection de l’époque du Vietnam – pour stabiliser l’Irak envahi et occupé. Il a été l’homme qui a su arracher la victoire alors que les mâchoires se refermaient sur une défaite imminente. (On parle là d’une fable peu digne d’Ésope !)

Petraeus procédant à l’évaluation d’un soldat de l’armée nationale afghane au camp Dwyer, dans le sud de la province de Helmand, en mai 2011. (Sergent Jesse Stence)

Bien qu’il ait pris sa retraite de l’armée en 2011, Petraeus reste en quelque sorte un pionnier en matière de pensée conventionnelle en ce qui concerne les guerres américaines menées par le Pentagone, ainsi qu’au sein du Washington Beltway [idiome américain utilisé pour décrire des questions qui sont, ou qui semblent être, importantes principalement pour les fonctionnaires du gouvernement fédéral américain, les lobbyistes …NdT]. Et malgré le bourbier en Afghanistan (qu’il a largement contribué à approfondir), malgré les destructions généralisées en Irak (dont il aurait une part de responsabilité), malgré le chaos en Libye, il continue sans relâche à promouvoir l’idée qu’il est nécessaire de poursuivre à jamais une guerre « durable » contre le terrorisme mondial ; en d’autres termes, toujours plus, et sans rien changer.

Dans une entrevue récente, voici comment il l’exprime :

« Ma conviction est que la lutte contre les extrémistes islamistes est une lutte dont nous n’allons probablement pas voir la fin au cours de notre vie. Je pense qu’il s’agit d’un combat qui durera une génération, qui donc exige un engagement de chaque instant. Mais bien sûr, il n’est possible de le soutenir que si le coût en termes de dépense de sang et de dépense financière est soutenable. »

Son commentaire fait penser à une blague datant de la Seconde Guerre mondiale concernant le général George S. Patton, aussi connu sous le nom de « old blood and guts » [vieux sang et tripes NdT]. Certains de ses hommes de troupe répondait à ce surnom en disant oui, c’est bien ses tripes, mais c’est notre sang. Quand des hommes comme Petraeus jugent de la soutenabilité supposée de leurs guerres en termes de sang et d’argent, la première question devrait être : Le sang de qui, l’argent de qui ?

En ce qui concerne la guerre afghane de Washington, qui est dans sa 18e année et qui ressemble de plus en plus à une défaite dévastatrice, Petraeus admet que les forces américaines « n’ont jamais eu de stratégie de sortie ». Ce qu’ils avaient cependant, dit-il, « c’était une stratégie pour nous permettre de continuer à atteindre nos objectifs… avec la réduction des dépenses en terme de sang et d’argent ».

Considérons cette formulation comme une version renversée du fameux « décompte des corps » de la guerre du Vietnam. Au lieu de tenter de maximiser le nombre de morts de l’ennemi, comme le général William Westmoreland a tenté de le faire de 1965 à 1968, Petraeus suggère que les États-Unis devraient réduire au maximum le nombre de morts américains (ce qui se traduit par une publicité minimale chez nous), tout en minimisant l’« argent » dépensé. En gardant les dollars américains et les sacs mortuaires à un bas niveau (que les Afghans soient damnés), la guerre, insiste-t-il, peut être poursuivie non seulement pendant encore quelques années, mais pour les générations futures. (Il cite les engagements de troupes de l’OTAN et la Corée du Sud dans les années 70 comme modèles raisonnables).

Parlons d’un manque de stratégie de sortie ! Et il parle aussi d’une insurrection afghane persistante de « dimension industrielle » sans noter que les actions militaires américaines, y compris les frappes de drones et le recours croissant à la puissance aérienne, font de plus en plus de morts parmi les civils, ce qui ne fait qu’alimenter cette même insurrection. Pour lui, l’Afghanistan n’est rien de plus qu’une « plate-forme » pour les opérations régionales de contre terrorisme et il faut donc tout faire pour éviter la plus grande des horreurs : le retrait précipité des troupes américaines.

En fait, il suggère que si les forces irakiennes formées et équipées par les Américains se sont effondrées en 2014, lorsqu’elles ont été attaquées par des groupes relativement restreints de militants de Daech, plus précisément, la faute en revient aux troupes américaines retirées trop rapidement. Il ne fait aucun doute qu’il se passera la même chose si le président Trump réitère cette « erreur » en Afghanistan. (Les piètres résultats des forces entraînées par les États-Unis ne révèlent jamais, bien sûr, la preuve d’une faillite de Washington, mais sont bien la manifestation de la nécessité de « garder le cap »).

La critique de Petraeus est, en fait, une version subtile du mythe du poignard dans le dos. Sa conviction profonde : l’armée américaine est toujours sur le point de réussir, que ce soit au Vietnam en 1971, en Irak en 2011 ou en Afghanistan en 2019, si seulement des commandants en chef indécis ne tiraient pas le tapis sous les pieds de l’armée américaine.

Bien sûr, tout cela n’a aucun sens. Commandée par nul autre que le général David Petraeus, l’offensive afghane de 2009-2010 s’est révélée être un échec lamentable, comme l’a été, en fin de compte, sa campagne irakienne de 2007. Les efforts déployés par les États-Unis pour former des forces autochtones fiables (où que ce soit dans le Grand Moyen-Orient et l’Afrique en proie à des conflits) n’ont pas non plus été couronnés de succès. Pourtant, la réponse de Petraeus est toujours la même : plus de troupes et de conseillers américains, plus d’entraînement, de bombardements et de meurtres, le tout à répéter à des niveaux ” durables ” pour les générations à venir.

Selon lui, l’alternative est trop terrible pour être envisagée :

« On doit faire quelque chose contre [l’extrémisme islamique], sinon ils vont cracher de la violence, de l’extrémisme, de l’instabilité et un tsunami de réfugiés non seulement dans les pays voisins, mais… chez nos alliés d’Europe occidentale, sapant leur situation politique intérieure. »

Il ne fait ici aucune mention de la façon dont les invasions américaines en Afghanistan et en Irak ont propagé la destruction et, en fin de compte, un « tsunami de réfugiés » dans la région. Aucune mention non plus de la façon dont les interventions et les bombardements américains en Libye, en Syrie, en Somalie et ailleurs contribuent à « vomir » de la violence et à générer une série d’États en faillite.

Des réfugiés Irakiens dans un établissement jordanien, février 2012. (ECHO/D.Cavini via Flickr)

Et étonnamment, en dépit d’un vrai manque de périodes « vici », les médias américains continuent de considérer le Roi David comme l’homme à qui demander conseil sur la façon de mener et de gagner les guerres qu’il a tant contribué à perdre. Et au cas où vous voudriez commencer quand même à vous inquiéter un peu, il offre maintenant des conseils sur des sujets encore plus dangereux. Il a commencé à commenter la nouvelle « guerre froide » qui a maintenant le vent en poupe à Washington, une ère à venir – comme il le dit – de « nouvelles rivalités entre grandes puissances » avec la Chine et la Russie, une ère, en fait, de « guerre multi-sectorielle » qui pourrait se révéler beaucoup plus difficile que « la capacité asymétrique des terroristes, extrémistes et insurgés que nous avons combattus en Irak et en Syrie, en Afghanistan ou ailleurs, surtout depuis le 11 septembre ».

Pour Petraeus, même si c’est demain que le terrorisme islamique disparaissait et non dans plusieurs générations, l’armée américaine serait toujours engagée dans la surenchère de la menace de la Chine et de la Russie. J’entends déjà les caisses du Pentagone se déchaîner pour sortir du cash !

Et en fin de compte, voici ce qui est le plus frappant dans les leçons de guerre que donne Petraeus : dans sa vision de l’avenir, aucune notion de paix. Au lieu de cela, que ce soit par le biais du terrorisme islamique ou de la rivalité entre grandes puissances rivales, l’Amérique fait face à des menaces insurmontables dans un avenir à long terme. Faisons lui crédit d’une chose : si elle est adoptée, sa vision pourrait garantir la pérennité d’un financement de l’État en matière de sécurité nationale étant donné ce qui est attendu de stupéfiant dans les générations à venir, au moins jusqu’à ce que l’argent soit épuisé et que l’empire américain s’effondre.

Deux généraux éminents tirent des leçons de la guerre en Irak

David Petraeus reste le général américain le plus connu de ce siècle. Sa pensée, cependant, est tout sauf unique. Prenons deux autres généraux de haut rang de l’armée américaine, Mark Milley et Ray Odierno, qui ont tous deux contribué récemment à la rédaction de l’histoire officielle de la guerre en Irak et qui nous disent ce que nous devons savoir sur la pensée actuelle au Pentagone.

Publié en janvier dernier, le récit de l’opération Liberté pour l’Irak dans l’histoire de l’Armée est détaillé et controversé. Achevé en juin 2016, sa publication en a été repoussée en raison de désaccords internes. Comme l’a dit le Wall Street Journal en octobre 2018 : « Les hauts gradés se sont inquiétés de l’impact que les critiques émises dans l’étude pourrait avoir sur la réputation des officiers en vue et sur le soutien du Congrès à l’institution ». Ces inquiétudes étant apparemment apaisées, l’étude est maintenant disponible sur le site Web du Collège de guerre de l’Armée.

La guerre en Irak a vu le renversement de l’autocrate (et ancien allié américain) Saddam Hussein, une déclaration rapide de « mission accomplie » par le président George W. Bush, et la chute de ce pays dans l’occupation, l’insurrection, la guerre civile et le chaos. Qu’est-ce que l’armée aurait dû apprendre de tout cela ? Le général Milley, maintenant chef d’état-major de l’Armée et candidat pressenti par le président Trump pour le poste de commandant des chefs d’état-major interarmées, est très clair sur les enseignements à tirer :

« L’OLI [Opération Liberté pour l’Irak] est un rappel sans équivoque : les avantages technologiques et les bombes guidées planantes ne peuvent pas à eux seuls emporter la décision ; la promesse de guerres courtes est souvent trompeuse ; les objectifs, les moyens et les méthodes doivent se trouver à l’équilibre ; notre armée doit comprendre le type de guerre dans laquelle nous sommes engagés afin d’éventuellement s’adapter ; les décisions en temps de guerre sont prises sur le terrain dans la boue et la poussière ; et des facteurs intemporels comme le rôle des hommes et du hasard, la détermination de l’ennemi, tout cela influence l’issue d’une guerre. »

En fait, il ne s’agit pas ici de leçons. Ce sont des fadaises militaires. Ce n’est pas toujours le côté qui a les meilleures armes qui gagne. Les guerres de courte durée peuvent se transformer en guerres longues. L’ennemi a son mot à dire sur la façon dont la guerre est menée. Ce qui manque à ces gens là, c’est le sens de la responsabilité de l’armée dans la mauvaise gestion spectaculaire de la guerre en Irak. En d’autres termes, mission accomplie pour le général Milley.

Le général Odierno, qui a fait faire cette étude et a servi en Irak pendant 55 mois, fait couler plus d’encre encore en prétendant, comme Milley, que l’armée a appris de ses erreurs et s’est adaptée, devenant encore plus réactive et meurtrière. Voici mon résumé de ses « leçons » :

  • Une technologie de pointe ne garantit pas la victoire. Le savoir-faire et l’art de la guerre demeurent essentiels.
  • Pour être vainqueurs dans une guerre d’occupation, les soldats ont besoin de connaître l’environnement, y compris « les conséquences politiques et sociales locales de nos actions… Lorsque les conditions sur le terrain changent, nous devons être prêts à réexaminer les hypothèses qui sous-tendent notre stratégie et nos plans et à changer de cap si nécessaire, peu importe la dure réalité », tout en formant de meilleurs « leaders stratégiques ».
  • L’armée doit être encore renforcée parce que la « puissance terrestre » est vitale et que les troupes américaines ont été « débordées lors des engagements en Irak et en Afghanistan, et que la décision de limiter nos effectifs sur les deux théâtres a eu de graves conséquences opérationnelles ».
  • La guerre d’Irak a mis en lumière une armée dotée d’une capacité « étonnante » à « apprendre et à s’adapter au milieu d’une guerre que les États-Unis étaient sur le point de perdre ».

Chars américains patrouillant à Bagdad, 14 avril 2003. (U.S. Marine Corps, via Wikimedia.)

L’essentiel de ce qu’il faut retenir des « leçons » d’Odierno : l’armée a appris, s’est adaptée et a triomphé. Elle mérite donc les remerciements de l’Amérique et encore plus de moyens, y compris l’argent et les ressources nécessaires pour poursuivre les guerres futures avec encore plus de succès. Il y aurait cependant une autre façon de comprendre ses leçons : que l’armée a surévalué la technologie, que les compétences au combat ont fait défaut, que les efforts pour travailler avec les alliés et les forces irakiennes ont régulièrement échoué, que les dirigeants de l’armée ont manqué des compétences nécessaires pour gagner, et qu’en premier lieu ça a été une pure folie que de se lancer dans une guerre mondiale contre le terrorisme.

En ce qui concerne ces défaillances, ni Milley ni Odierno n’ont quoi que ce soit de pertinent à dire, car ils se concentrent uniquement sur la façon d’assurer le rôle prépondérant de l’armée dans les futures versions de ces guerres. En bref, leur critique timide, ne fait pas grand-chose pour prévenir de futures catastrophes. Tout comme les réflexions de Petraeus, ils ne peuvent envisager de mettre un point final au processus – pas de victoire à célébrer, pas de retour vers une Amérique qui serait « un pays normal dans une époque normale ». Dans la vision de leur avenir (et donc du nôtre), il n’y a que la guerre et de plus en plus de guerre.

Le pays inconnu

Quand on parle de ces guerres futures – c’est-à-dire, de plus encore de la même chose – cela m’a rappelé le sixième film de Star Trek« Le Pays Inconnu ». Dans cet opéra spatial, créé en 1991 alors que l’Union soviétique implosait, la paix règne enfin entre la Fédération quasi-démocratique (pensez : les USA) et l’Empire belliciste Klingon (pensez : l’URSS). Même l’implacable guerrier-capitaine de la Fédération, James T. Kirk, apprend en rechignant à enterrer le phaser avec les « bâtards » Klingons qui ont tué son fils.

À l’époque, j’étais un jeune capitaine de l’armée de l’air américaine et, avec la fin vraisemblable de la guerre froide, mes collègues et moi avons osé parler, sinon de paix éternelle, du moins de « paix » comme étant notre pays inconnu à nous – et pas seulement celui de Star Trek. Nous étions nombreux à l’époque, même nous, militaires, qui attendions avec impatience ce que l’on appelait alors les « bienfaits de la paix ».

Mais cette terre inconnue, que les Américains ont ensuite aperçue si brièvement, reste encore inexplorée à ce jour. La raison en est assez simple. Comme l’écrit Andrew Bacevich dans son livre « Abus de confiance », « Pour le Pentagone [en 1991], la paix représentait une menace concrète et imminente » – ce qui signifie qu’il fallait trouver de nouvelles menaces, des « États voyous » de toutes sortes. Et c’est ça qu’on a fait, on les a trouvés.

Voilà pourquoi il n’est pas surprenant que les généraux américains aient tiré si peu de leçons valables de leurs pertes du XXIe siècle. Ils continuent de penser qu’une « guerre infinie » est nécessaire et il leur est impossible de comprendre en quoi une guerre sans fin et un état de guerre en perpétuel développement à Washington sont les ennemis de la démocratie.

La question n’est pas de savoir pourquoi ils pensent ainsi. La question est de savoir pourquoi tant d’Américains partagent leur vision. L’avenir c’est maintenant. N’est-il pas temps pour les États-Unis de chercher à envahir et à occuper une toute autre « terre » : un pays inconnu – un avenir – dont la paix serait le maître mot ?

Lieutenant colonel à la retraite (USAF) et professeur d’histoire, William J. Astore écrit régulièrement pour TomDispatch. Son blog personnel est « Bracing Views ».

Source : Consortium News, William J. Astore, 21-03-2019

 

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

Source : https://www.les-crises.fr/quel-sang-quel-argent/

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