Les candidats finalistes de la primaire de la droite et du centre et la défense nationale

par le Gal. François Chauvancy - le 21/11/2016.



La droite et le centre ont choisi deux candidat, François Fillon et Alain Juppé dont l’un sera très vraisemblablement le futur président de la République et bien sûr le chef de nos armées. Il est indéniable que les trois débats de la Primaire ont largement contribué à se faire une idée précise des candidats et à ce nouveau choc démocratique.

Plus précisément, suite au dernier débat du 17 novembre, je constate que les questions de défense et de sécurité ont été extrêmement présentes avec une fixation sur les forces spéciales, panacée de l’engagement militaire r le politique. Dans tous les cas, l’intérêt pour la défense et la sécurité change un peu des élections passées. Pour autant, y-aura-t-il vraiment un changement par rapport aux promesses électorales des autres élections présidentielles ? Nous verrons.

Je réagirai cependant en premier lieu aux commentaires de la classe médiatique sur cette soirée politique. Le débat était paraît-il bien terne. Il est vrai que les journalistes présents recherchaient à mettre en valeur l’affrontement verbal sinon la polémique entre les prétendants à la Primaire. Faut-il rappeler à la classe médiatique que l’objet de ce débat était l’explication aux citoyens des programmes respectifs par les 7 candidats et non de les expliquer aux journalistes qui ont oublié leur rôle de médiateurs ? Nous avons eu des journalistes sur le plateau et dans la presse du lendemain qui étaient dans la prétention d’être les faiseurs de roi, comme s’ils n’avaient rien compris à ce qui venait d’arriver aux Etats-Unis. Des faits ?

(Ré) écoutez les commentaires du lendemain des journalistes de France-info pour lesquels aucune des propositions des candidats n’était possible ou vraie, ou les propositions étaient présentées d’une manière biaisée, du moins selon ma compréhension des propos.

Dans « Primaire, la page blanche », Valeurs actuelles du 17 novembre 2016 rappelle ce chiffre : « En 2012, 100% des élèves du CFJ (centre de formation des journalistes) et 87% de ceux de l’ESJ Lille (l’Ecole supérieur de journalisme) reconnaissaient avoir voté pour un candidat de gauche ». Comment le citoyen peut-il avoir dans ce contexte une perception équilibrée d’une situation politique, d’un candidat ? Comment peut-il avoir confiance dans les médias, paraît-il « chiens de garde de la démocratie » ou « quatrième pouvoir » ? Comment ne pas se tourner vers d’autres sources d’information peut-être moins fiables ? Comment ne pas douter de cette profession si proche aussi du monde politique et finalement de certaines formes de compromission ?

Un autre article de Valeurs actuelles du 17 novembre 2016, « La Bérézina des journalistes », montre cet aveuglement idéologique des journalistes américains et français sur l’inévitable victoire d’Hillary Clinton, sans oublier la faillite des sondeurs aux Etats-Unis avec 322 sondages en octobre 2016 la donnant victorieuse. L’effet « Trump » n’a pas fini d’être étudié. La victoire de François Fillon du premier tour en est encore un exemple.

Enfin, un dernier cas concret. J’ai eu l’opportunité d’organiser il y a quelques mois un diner avec pour intervenant François Fillon au profit d’une association. J’avais une vision plutôt neutre, avec quelques réticences sur cet homme politique notamment par l’image diffusée à travers les médias. J’avais positivement changé à la fin du dîner après un contact chaleureux, posé et bien sûr des échanges bien intéressants.

En outre, pilote amateur de course automobile, donc du risque calculé pratiqué avec sang-froid, n’est-ce pas mieux par exemple qu’un conducteur de scooter même à Paris ? Enfin, ce qui s’est passé ce dimanche 20 novembre, outre la gifle aux analystes et pronostiqueurs de tout bord, n’est-ce pas aussi le même démenti qu’avec les élections américaines, un rejet des prescripteurs d’opinion ? C’est aussi le rejet d’une certaine classe politique, aux affaires passées ou actuelles, au manque de loyauté parfois.

Une seconde remarque serait ces électeurs de gauche votant à la Primaire de la droite et du centre. Ayant signé la charte de cette primaire de droite, ces électeurs de gauche ont-ils une éthique ? Tout un message pour ceux qui auraient confiance dans la gauche et dans ses appels fréquents à la vertu…

En dernière remarque, je reviendrai aux propositions des candidats à la Primaire de la droite et du centre, je vous invite à lire la dernière publication de la Revue de la défense nationale (Cf. Revue Défense Nationale de Novembre 2016) sur les programmes des sept candidats. En quelques pages, sans entrer dans les détails, chacun pourra avoir une perception des programmes des deux vainqueurs du premier tour de la Primaire pour faire le bon choix au second tour.

Je constate cependant que les programmes sont peu différenciés. Cela semble normal car « Les Républicains » avait organisé une « journée défense » le 15 mai 2016 (cf. mon billet « De la droite, de la défense nationale et de la liberté d’expression des généraux ). Cependant l’article signé « François Fillon » est construit, précis. Ainsi, il faut redonner à nos forces l’entraînement qui leur fait défaut depuis deux ans, un budget qui croit avec cet objectif, hors pensions à 39 milliards à la fin du mandat pour Alain Juppé et 44 milliards pour François Fillon pour les deux candidats atteindre à terme 2% du PIB dédié à la défense, certes pas de second porte-avions, peut-être des effectifs supplémentaires pour François Fillon.

Cependant François Fillon table sur 1,9% du PIB avec pensions en fin de mandat. Or, le gouvernement actuel prévoit à partir de 2017 déjà une stabilisation de l’effort de défense à environ 1,8 % du PIB pensions comprises. Il sera intéressant de faire préciser l’effort de défense car je n’ai pas le sentiment que nous nous y retrouvions.

Cependant les deux prétendants prônent tous les deux une meilleure condition militaire. Cela comprend donc les libertés individuelles et sur ce dernier point, quel est l’ancien Premier ministre qui déniait récemment la liberté d’expression aux généraux ? Une différence importante sans aucun doute entre Alain Juppé et François Fillon, qui mérite que l’on s’y attache en tant qu’électeurs de la communauté de défense.

La seule question serait la réelle sanctuarisation des effectifs et du budget si la menace faiblit, malgré les engagements que la défense ne soit pas une variable d’ajustement. Peut-on encore faire confiance après toutes ces années, il faut bien le dire, de trahisons renouvelées envers le monde de la défense ? Néanmoins François Fillon a été longtemps à la commission de la défense nationale y compris comme président. Un point sans aucun doute positif pour un futur chef des armées.

 


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