V. Poutine devant le parlement russe


A écouter dans son intégralité, se faire sa propre opinion...en particulier la deuxième partie que traite de défense... et surtout pour s'affranchir des commentaires édulcorés, voire déformés de nos médias "main stream"...

JMR



Analyse du Gal. D. Delawarde

Le 10/03/2018.

 

Bonjour,

 

Pour ceux qui sont intéressés par le point de vue Russe, j'adresse ci après un document permettant de se faire une idée plus précise, à partir du discours de Poutine et des vidéos présentées le 1er mars 2018, des intentions affichées de Poutine et de l'évolution de l'équilibre des forces entre l'OTAN et la Russie.

 

Ce document est commenté et complète le document adressé la semaine dernière sur le bras de fer BRICS-OCS contre "Coalition occidentale".

 

Bonne lecture pour les courageux.

A +

DD


10 mars 2018

Commentaires sur le discours de Poutine

général (CR) Dominique DELAWARDE

Pièces jointes : Traduction française de la version intégrale du discours avec liens vers les 7 très courtes vidéos 

 présentées.

Deux Vidéos du discours avec traduction simultanée en français ou en anglais au choix de la personne intéressée.

 

Abondamment commenté et interprété par les médias du monde entier, avec parfois les

exagérations et les caricatures dont ces derniers sont coutumiers, le dernier discours de Poutine

méritait une attention particulière.

 

Méfiant de nature mais aussi par déformation professionnelle, j'ai cherché à me rendre

compte par moi même de ce qu'il en était. Voici les conclusions que j'en ai tirées.

 

Survenant à moins de trois semaines des élections présidentielles russes, ce discours aura

clairement un impact électoral. Poutine, qui s'en défend, a certainement pensé à cet impact en le

rédigeant. Assuré d'une réélection au premier tour dans un fauteuil, faute d'adversaire crédible,

Poutine confortera son score et montrera à ceux qui le dénigre au quotidien qu'il a, lui, le soutien

très majoritaire de son peuple, ce qui est très loin d'être le cas pour les présidents des grands pays occidentaux, Trump, Merkel, May, Macron, tous plutôt mal élus.

 

Ce discours, un peu long (de près de deux heures), est à la fois un discours bilan et un

discours programme. Au pouvoir depuis 17 ans, (13 ans comme président et 4 comme premier

ministre), Poutine fait valoir son action dans le redressement du pays et trace les perspectives

d'avenir.

Les trois quarts du discours sont consacrés aux questions économiques et sociales concernant le développement de la Russie. Cette part très importante du discours ne semble pas avoir intéressé les médias autres que russes.

 

Le dernier quart du discours traite des relations internationales et des questions de

défense. La longévité de Poutine au pouvoir lui donne une expérience des relations internationales autrement plus solide que celle «des présidents de passage» qui dirigent les grands pays du clan occidental. Il sait de quoi il parle. Cette partie du discours est la plus commentée par les médias occidentaux. Poutine y explique avec clarté, calme et détermination, ce qui l'a conduit à développer l'effort de redressement de la défense russe, pour rétablir une parité stratégique, garante de la paix mondiale. Selon lui, le monde unipolaire «occidental», et ses ingérences incessantes et intéressées dans les affaires du monde avec les déstabilisations, le chaos et les guerres qui en résultent, constitue une menace tant pour la Russie que pour la paix du monde.

 

Poutine a donc fait étalage des nouveaux armements russes, vidéos à l'appui, avec plusieurs

percées technologiques très importantes susceptibles de lui donner l'avantage en cas de conflit et il a donné les conditions très précises et très restrictives d'utilisation du nucléaire par les russes en cas d'attaque nucléaire dirigée contre la Russie ou l'un de ses alliés.

.

Poutine m'a paru déterminé, froid et crédible sur la dernière partie de son discours. Il a

privilégié la pédagogie et l'explication et n'a jamais fait preuve d'agressivité. Il a même tendu la

main à ses «partenaires occidentaux» à plusieurs reprises.

 

On a senti toutefois que Poutine sifflait la fin de la récréation «occidentale» que ce soit au

Proche orient, en Ukraine ou en mer de Chine. «Personne n'a voulu nous écouter jusqu'à présent,

maintenant vous allez (devoir) nous écouter»......

 

Évidemment les commentateurs occidentaux ont crié au bluff (pour certains seulement) ou

ont qualifié le discours d'agressif, ce qu'il n'est pas. Les milieux politiques et militaires semblent

toutefois avoir tenu compte de l'avertissement russe. Alors qu'ils se préparaient à bombarder Damas sous le faux prétexte habituel et éculé d'une attaque chimique imputée à «l'affreux régime de Bachar el Assad» pour sauver leurs alliés «terroristes modérés» en voie d'éradication dans la Goutha orientale, les occidentaux semblent désormais prendre le temps de la réflexion......

 

Vous trouverez ci après la traduction en français de l'intégralité du discours de Poutine. Le

lecteur pressé, mais intéressé par les relations internationales et la défense lira directement les pages 20 à 28 et regardera les vidéos dont les liens sont donnés au fil du texte.

 

Le lecteur très très pressé se contera de lire les pages 27 et 28.

 

Bonne lecture.

 

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Discours de Poutine du 1er mars 2018 (tr
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Commentaire du Gal. D. Delawarde

Le 07/03/2018.

Je pense personnellement qu'il y a une part de bluff dans ces déclarations > solennelles de Poutine qui font penser au bluff de la guerre des étoile de > 1983.

Mais Poutine étant l'homme qu'il est, déterminé et impénétrable, personne  ne se peut se permettre de ne pas le prendre au sérieux.

 Manifestement, le coup a porté. Les Forces américaines qui s'apprêtaient à bombarder les Forces syriennes de Bachar pour la Goutha orientale (sous faux prétexte évidemment) semblent curieusement bien silencieuses depuis la déclaration de Poutine.

 Je doute que les US risquent la brillante aviation de la coalition occidentale dans la région de Damas dans les jours prochains. Quant à une attaque par missiles à l'Ouest de l'Euphrate, j'en doute aussi. Si un nombre trop

important d'entre eux venaient à être abattus, les USA dévoileraient la faiblesse de leurs forces armées.

 

Ce qui semble avoir échappé à bon nombre d'entre nous, c'est la réaction chinoise.

L’électrochoc russe a été suivi, moins de deux jours plus tard, par une véritable foudre chinoise: sans aucun discours, les dirigeants chinois ont laissé fuiter dans le domaine public deux allusions surprenantes quant aux

projets immédiats de la Chine en matière de défense :

 - Pékin a entamé la conception non pas de quatre mais de dizaines de porte-avions (l’information circulant dans certains milieux du parti communiste chinois parle de fonds alloués pour la construction de 24 unités ! ???)

- En outre, pour Pékin, le développement des capacités de lutte antisatellite et de guerre électronique a atteint un tel niveau que les Chinois estiment  "avoir la capacité d’envoyer la moitié du globe de l’âge numérique à l’âge de pierre sans avoir à déclencher le moindre conflit".

- Le fait que la Chine et la Russie aient ressenti le besoin de « répondre »  démontre à quel point ils se sont non seulement sentis menacés par la  nouvelle posture nucléaire US mais probablement qu'ils ont eu des

 informations détaillées sur des préparatifs de guerre visant leurs grandes villes et infrastructures.

 

 Les jours prochains vont être intéressants à suivre.

 Un convoi humanitaire est sensé pénétrer dans la Goutha orientale aujourd'hui. Gageons qu'il sera bombardé et que les Forces syriennes seront  accusées de cette horrible forfait (comme d'habitude).

Ce qui est bien avec les occidentaux c'est qu'il ne savent pas renouveler leurs Scénarii et leurs mensonges.

 

> La Goutha était, hier soir, libérée à 40%. voir la carte :

> https://southfront.org/wp-content/uploads/2018/03/001-3.jpg?x17560

>Les choses sérieuses vont commencer avec la reconquête des zones urbanisées de cette Goutha. Quelques jours difficiles pour les forces syriennes et leurs alliés, mais peut être une reddition surprise dans les tout prochains jours si les civils piégés s'insurgent contre les terroristes.

 

 Wait and See.

 

> DD>


PS: ce qui m'a paru intéressant, ce sont les réactions sur les forums en  réponse à 2 articles du Figaro. Les articles ne présentent aucun intérêt car biaisés, mais les réactions des internautes montrent que les lecteurs

du > Figaro ne croient plus un seul instant aux beaux articles bien ficelés qu'on leur sert sur la Syrie.

 

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/03/04/97001-20180304FILWWW00098-ghouta-macron-demande-a-rohani-de-faire-pression-sur-damas.php

http://www.lefigaro.fr/international/2018/03/04/01003-20180304ARTFIG00096-offensive-terrestre-fuite-de-civils-ou-crise-diplomatique-le-point-sur-la-bataille-de-la-ghouta-orientale-en-syrie.php


Vers un nouvel ordre mondial

...par Jean-Luc Baslé - le 05/03/2018.

Dans les quinze dernières minutes de son discours du 1er mars 2018, Vladimir Poutine a fait des révélations fracassantes sur les nouvelles armes russes. Il a mentionné, entre autres, un missile volant à 20 Mach, soit 24.500 kilomètres par heure, grâce à une enveloppe plasma. Ce missile et plusieurs autres rendraient le système de défense des Etats-Unis obsolète. L’annonce est si extraordinaire qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’il bluffe. Peut-être, mais ce n’est pas dans son caractère, et il serait très irresponsable de bluffer sur un tel sujet. Qu’adviendrait-il de la Russie une fois le bluff découvert ? Se peut-il alors qu’il soit abusé par ses généraux ? C’est possible, mais peu probable. Qui souhaite avoir affaire à un Poutine furieux ? La raison nous incite donc à prendre ses affirmations pour argent comptant. La chose est trop sérieuse pour être prise à la légère.

 

 

Avec cette annonce, Vladimir Poutine met à bas l’ordre mondial que les néoconservateurs s’ingénient à créer depuis la chute de l’Union soviétique en décembre 1991 – rêve qu’ils avaient pratiquement réalisé sous Boris Eltsine mais qui s’évanouit avec l’arrivée de… Vladimir Poutine. On comprend donc la haine qu’ils manifestent à son égard. Hillary Clinton l’a comparé à Hitler, une affirmation parfaitement stupide que des têtes froides –Kissinger et Brezinski – ont d’ailleurs dénoncé. Le Pentagone a basé sa politique de défense sur la suprématie nucléaire avec le programme de Barack Obama de mille milliards de dollars sur trente ans pour moderniser la force de frappe nucléaire américaine. La  publication de la « Nuclear Posture Review » en février confirme ce choix délibéré. Il s’agit dans l’esprit des néoconservateurs d’amener Vladimir Poutine à plier devant la supériorité nucléaire américaine – une forme de chantage dont ils sont coutumiers.

 

Las. Ils n’avaient pas prévu qu’une nation dont le produit intérieur brut est inférieur à celui de l’Italie pourrait accomplir les prodiges annoncés le 1er mars. Peut-être auraient-ils dû prêter une plus grande attention aux propos du leader russe. A plusieurs reprises, il avait insisté sur l’importance que revêt la parité nucléaire garante à ses yeux de la paix mondiale. Ne pouvant se battre sur ce terrain en raison de ses ressources limitées, il en a choisi un autre – les missiles – où la Russie dispose d’un avantage comparatif, comme le démontra au grand étonnement du monde entier le vol de Spoutnik en octobre 1957. Une écoute attentive des propos de Vladimir Poutine aurait aussi appris à ses adversaires qu’il ne faut pas vivre dans le passé, comme il le dit à plusieurs reprises lors de ses entretiens avec Oliver Stone. Le passé c’est le nucléaire, l’avenir les missiles hypersoniques.

 

En dépit de cette supériorité stratégique, Vladimir Poutine déclare que la Russie n’a aucune ambition territoriale et n’utilisera ses nouvelles armes qu’en cas d’attaque. Toute attaque nucléaire sur notre territoire ou celui de nos alliés sera suivie d’une riposte immédiate et totale. Il invite ses partenaires américain et européen à travailler de concert à la résolution des défis auxquels le monde est confronté. Il ne peut s’empêcher de rappeler que par le passé personne ne l’a écouté mais qu’à l’avenir, la Russie devra être entendue, et les choses devraient changer. Elles devraient changer en effet avec l’émergence d’un nouvel ordre mondial, à moins que les néoconservateurs choisissent d’ignorer ses propos et s’en tiennent à la doctrine hégémonique définie par Paul Wolfowitz en 1992, et réaffirmée par William Kristol et Robert Kagan en 1997. Dans ce cas, il est permis de s’interroger sur l’avenir du monde...

Jean-Luc Baslé
Ancien directeur de Citigroup à New-York
Auteur de " L' euro survivra-t-il ? "

 

Source : https://www.iveris.eu/list/notes_danalyse/315-vers_un_nouvel_ordre_mondial

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