SITUATION GENERALE (II)

Le cœur de l’Eurasie s’élève pour défier l’Occident

 

par Pepe Escobar - Le 28/05/2023.

Le président Xi Jinping a déclaré au président Poutine, à la fin de leur sommet en mars dernier à Moscou, que nous sommes maintenant confrontés à «de grands changements jamais vus depuis un siècle», ce qui s’applique directement au nouvel esprit qui règne dans le Heartland.

Le sommet Chine-Asie centrale qui s’est tenu la semaine dernière à Xian, l’ancienne capitale impériale, a été l’occasion pour Xi de consolider l’expansion de l’initiative Ceinture et Route, qui part de l’ouest de la Chine, dans le Xinjiang, pour rejoindre ses voisins occidentaux, puis l’Iran, la Turquie et l’Europe de l’Est.

À Xian, Xi a particulièrement insisté sur les aspects complémentaires entre la BRI et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), montrant une fois de plus que les cinq «stans» d’Asie centrale, agissant ensemble, devraient contrecarrer la proverbiale ingérence extérieure via «le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme».

Le message était clair : ces stratégies de guerre hybride sont toutes intégrées à la tentative de l’hégémon de continuer à encourager les révolutions de couleur en série. Les tenants de «l’ordre international fondé sur des règles», a laissé entendre Xi, ne reculeront devant rien pour empêcher la poursuite de l’intégration du Heartland.

En fait, les suspects habituels affirment déjà que l’Asie centrale est en train de tomber dans un piège potentiel, entièrement capturée par Pékin. Pourtant, c’est quelque chose que la «diplomatie multi-vectorielle» du Kazakhstan, inventée depuis les années Nazarbayev, ne permettrait jamais.

Ce que Pékin développe, au contraire, c’est une approche intégrée par le biais d’un secrétariat C+C5 doté de pas moins de 19 canaux de communication distincts.

Le cœur du problème est de stimuler la connectivité du Heartland par le biais du corridor central de la BRI.

Et cela inclut, de manière cruciale, le transfert de technologie. À l’heure actuelle, il existe des dizaines de programmes de transfert industriel avec le Kazakhstan, une douzaine en Ouzbékistan et plusieurs en discussion avec le Kirghizistan et le Tadjikistan. Ces programmes sont vantés par Pékin comme faisant partie des «Routes de la soie harmonieuses».

Xi lui-même, en tant que pèlerin post-moderne, a détaillé la connectivité dans son discours d’ouverture à Xian : «L’autoroute Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan qui traverse les monts Tian Shan, la voie express Chine-Tadjikistan qui défie le plateau du Pamir, l’oléoduc Chine-Kazakhstan et le gazoduc Chine-Asie centrale qui traversent le vaste désert, sont la route de la soie d’aujourd’hui.»

La renaissance de la «ceinture» du Heartland

La Chine de Xi reflète une fois de plus les leçons de l’histoire. Ce qui se passe actuellement nous ramène à la première moitié du premier millénaire avant notre ère, lorsque l’empire perse achéménide s’est imposé comme le plus vaste à ce jour, s’étendant de l’Inde à l’est et de l’Asie centrale au nord-est à la Grèce à l’ouest et à l’Égypte au sud-ouest.

Pour la première fois dans l’histoire, des territoires couvrant l’Asie, l’Afrique et l’Europe ont été réunis, ce qui a entraîné un essor du commerce, de la culture et des interactions ethniques (ce que la BRI définit aujourd’hui comme des «échanges entre les peuples»).

C’est ainsi que le monde hellénistique est entré en contact avec l’Inde et l’Asie centrale, en établissant les premières colonies grecques en Bactriane (dans l’actuel Afghanistan).

De la fin du premier millénaire avant J.-C. jusqu’au premier millénaire après J.-C., une immense zone allant du Pacifique à l’Atlantique – englobant l’empire chinois Han, le royaume Kushan, les Parthes et l’empire romain, entre autres – a formé «une ceinture continue de civilisations, d’États et de cultures», comme l’a défini le professeur Edvard Rtveladze de l’Académie des sciences de l’Ouzbékistan.

C’est, en résumé, le cœur du concept chinois de «ceinture» et de «route» : la «ceinture» fait référence au Heartland, la «route» à la route de la soie maritime.

Il y a un peu moins de 2000 ans, c’était la première fois dans l’histoire de l’humanité que les frontières de plusieurs États et royaumes étaient immédiatement adjacentes les unes aux autres sur pas moins de 11 400 km, d’est en ouest. Il n’est donc pas étonnant que la légendaire route de la soie – en fait un labyrinthe de routes -, la première voie de communication transcontinentale, ait vu le jour à cette époque.

C’était la conséquence directe d’une série de tourbillons politiques, économiques et culturels impliquant les peuples d’Eurasie. L’histoire, à l’heure de l’accélération du XXIe siècle, retrace aujourd’hui ces étapes.

La géographie, après tout, c’est le destin. L’Asie centrale a été traversée par d’innombrables migrations de peuples proche-orientaux, indo-européens, indo-iraniens et turcs ; elle a été le foyer d’interactions interculturelles importantes (cultures iranienne, indienne, turque, chinoise, hellénistique) ; et elle a été traversée par pratiquement toutes les grandes religions (bouddhisme, zoroastrisme, manichéisme, christianisme, islam).

L’Organisation des États turcs, dirigée par la Turquie, s’emploie même à reconstruire les accents identitaires turcs du Heartland – un vecteur qui se développera parallèlement à l’influence de la Chine et de la Russie.

Ce partenariat pour la grande Eurasie

La Russie évolue sur sa propre voie. Lors d’une récente session du club Valdai, un débat important a eu lieu sur le Grand partenariat eurasien en ce qui concerne l’interaction entre la Russie et le Heartland et les voisins que sont la Chine, l’Inde et l’Iran.

Moscou considère le concept de Grand partenariat eurasien comme le cadre essentiel pour parvenir à la «cohésion politique» tant souhaitée dans l’espace post-soviétique – sous l’impératif de l’indivisibilité de la sécurité régionale.

Cela signifie, une fois de plus, que l’on accorde une attention maximale aux tentatives en série de provoquer des révolutions de couleur à travers le Heartland.

Tout comme à Pékin, Moscou ne se fait pas d’illusions sur le fait que l’Occident collectif n’hésitera pas à enrégimenter l’Asie centrale dans le cadre de la campagne russophobe. Depuis plus d’un an, Washington s’adresse déjà au Heartland sous la forme de menaces de sanctions secondaires et d’ultimatums grossiers.

L’Asie centrale n’a donc d’importance que dans le cadre de la guerre hybride en cours – et d’une autre manière – contre le partenariat stratégique Russie-Chine. Pas de fabuleuses perspectives de commerce et de connectivité dans le cadre des nouvelles routes de la soie, pas de partenariat de la Grande Eurasie, pas d’accords de sécurité dans le cadre de l’OTSC, pas de mécanisme de coopération économique comme l’Union économique eurasiatique (EAEU).

Soit vous êtes un «partenaire» dans la démence des sanctions et/ou un front secondaire dans la guerre contre la Russie, soit il y aura un prix à payer.

Le «prix», fixé par les proverbiaux psychopathes néocons straussiens actuellement en charge de la politique étrangère des États-Unis, est toujours le même : une guerre par procuration via la terreur, qui sera fournie par l’État islamique au Khorassan, dont les cellules noires sont prêtes à être réveillées dans certains arrière-bois de l’Afghanistan et de la vallée de Ferghana.

Moscou est tout à fait consciente de l’importance des enjeux. Par exemple, depuis un an et demi, presque chaque mois, une délégation russe arrive au Tadjikistan pour mettre en œuvre, dans la pratique, le «pivot vers l’Est», en développant des projets dans les domaines de l’agriculture, des soins de santé, de l’éducation, de la science et du tourisme.

L’Asie centrale devrait jouer un rôle de premier plan dans l’expansion des BRICS+, ce que soutiennent les deux leaders des BRICS, la Russie et la Chine. L’idée d’un BRICS + Asie centrale est sérieusement évoquée de Tachkent à Almaty.

Cela impliquerait d’établir un continuum stratégique entre la Russie et la Chine, l’Asie centrale, l’Asie du Sud, l’Asie de l’Ouest, l’Afrique et l’Amérique latine, couvrant la logistique de la connectivité, le commerce, l’énergie, la production manufacturière, l’investissement, les percées technologiques et l’interaction culturelle.

Pékin et Moscou, chacun à sa manière et avec ses propres formulations, sont déjà en train de mettre en place le cadre nécessaire à la viabilité de cet ambitieux projet géoéconomique : le Heartland reprend du service en tant que protagoniste au premier plan de l’Histoire, tout comme les royaumes, les marchands et les pèlerins d’il y a près de 2000 ans.

Pepe Escobar

source : Sputnik News

traduction Réseau International

La ligne de démarcation Est-Ouest et l’agitation de l’axe occidental

par Mikhail Gamandiy-Egorov - Le 27/05/2023.

Face aux initiatives des principales puissances non-occidentales et d’autres nations du Sud global – les régimes occidentaux et kiévien tentent par tous les moyens de faire entendre leur voix. Une voix qui a de plus en plus de mal à être entendue de manière sérieuse par la majorité planétaire, sachant que l’axe otanesque a tout fait sauf rechercher une solution pacifique jusqu’à présent dans le dossier ukrainien.

Les peurs washingtoniennes et occidentales quant au fait qu’une large partie du monde prennent position en faveur des initiatives de paix de la République populaire de Chine et d’autres nations des BRICS semblent se confirmer plus que jamais. À l’heure où la majorité planétaire s’est définitivement rendu compte que c’est précisément le bloc des nostalgiques de l’unipolarité qui refuse obstinément la paix, tout en cherchant à chaque fois l’escalade face aux partisans de l’ère multipolaire contemporaine.

Evidemment et à cet effet, l’establishment otanesque mobilise inlassablement son représentant sous tutelle, à savoir Kiev. Les récents contacts des représentants du régime kiévien, notamment en direction des pays africains et arabes ne font d’ailleurs que confirmer cette thèse. Fait d’ailleurs assez comique, mais tellement typique pour ce régime – l’utilisation d’un ton condescendant de la part d’un régime fantoche, calqué sur celui de ses maîtres occidentaux, vis-à-vis des pays concernés. Pour autant – aucune illusion à avoir, car pratiquement personne n’est aujourd’hui dupe parmi les pays concernés par cette mobilisation de l’axe otano-kiévien.

Les raisons pour de telles démarches sont quant à elles une fois de plus parfaitement compréhensibles et prévisibles. Face à l’incapacité de réaliser le scénario tellement promu par l’Occident d’infliger une défaite stratégique à la Russie, chaque jour qui passe les nations non-occidentales du monde – en d’autres termes la seule et véritable communauté internationale car représentant l’écrasante majorité de l’humanité – prennent de plus en plus position en faveur d’une ligne de démarcation entre l’OTAN et Moscou, représentant un véritable dilemme pour l’Occident.

En effet et comme Observateur Continental l’avait plusieurs fois soulevé – cette ligne de démarcation, même dans l’état actuel des choses – représente un aveu d’une défaite du bloc otanesque. Peut-être pas une défaite complète, mais une défaite néanmoins. Et cela sans même aborder de nouveau le sujet que cette ligne de démarcation puisse continuer à être étendue vers l’Ouest dans le cadre de l’opération militaire spéciale russe, et ainsi se retrouver encore plus près des frontières des régimes atlantistes. De même que personne ne peut aujourd’hui garantir, malgré tout le contrôle occidental sur l’Ukraine contemporaine, combien de temps pourra tenir le régime kiévien dans cette perspective.

Evidemment, l’option qui semble pouvoir arranger les Occidentaux, y compris via les déclarations du régime kiévien, représente un secret de polichinelle. À savoir que la Russie se retire de tous les territoires libérés depuis le commencement de l’opération militaire spéciale – pour énième rappel après les multiples violations et non-respect des Accords de Minsk par Kiev et dont les régimes français et allemand se portaient en passant comme co-garants, et en retour entrevoir une possible reconnaissance occidentalo-kiévienne de la Crimée comme partie intégrante de la Fédération de Russie.

Sauf que cette option est évidemment inacceptable pour Moscou. Le cas de la Crimée est résolu depuis 2014. Pour rappel en passant sans qu’il y ait eu une seule victime dans le processus de réintégration de la péninsule à la Russie et à travers un référendum qui avait largement confirmé la volonté de l’écrasante majorité du peuple multiethnique de Crimée. Et dans le cas précis du Donbass et des autres territoires majoritairement russophones, l’Etat russe ne se permettra pas de trahir les populations concernées et les laisser à l’abandon face à un génocide que les otano-kiéviens n’hésiteront pas à mettre en œuvre, dans le cadre d’une épuration ethnique. Une épuration ethnique que les représentants du régime kiévien assument ouvertement dans leurs déclarations, avec la «bénédiction» des parrains bien évidemment.

Dans cette perspective, le dilemme de l’Occident se retrouve d’autant plus renforcé. À savoir que la poursuite de la guerre par procuration, et désormais avec la montée des enchères une guerre quasi-directe entre l’OTAN et la Russie, place cet axe occidental non plus seulement devant une condamnation de l’écrasante majorité mondiale, mais également face à la réalité de voir d’autres territoires de la Novorossia (Nouvelle Russie) à être libérés par les Forces armées russes. Et le tout avec une perspective très incertaine quant à l’avenir du régime kiévien, envers lequel d’énormes investissements de l’Occident politique avaient été placés, dans l’espoir justement d’infliger une défaite non seulement à la Russie, mais à tout le monde multipolaire. Sans succès jusqu’à présent.

Mikhail Gamandiy-Egorov

source : Observateur Continental

Comment Moscou et Pékin se préparent à affronter les USA

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 26/05/2023.

La Russie coopérera avec la Chine dans la production de micropuces, par Topcor

On connait peu en Europe Mikhaïl Vladimirovitch Michoustine qui préside le gouvernement de la fédération de Russie depuis janvier 2020 (Premier ministre). L’homme, âgé de 57 ans, est un ingénieur, entrepreneur, économiste et homme d’État russe. Il n’a pas la notoriété de Dmitri Medvedev lorsque ce dernier occupait la même fonction. Il ne figurait pas non plus dans le cercle rapproché de Poutine lorsqu’il a été choisi par ce dernier. C’est en fait un bon gestionnaire qui a démontré son savoir faire et son efficacité lorsqu’il était à la tête du Service fédéral des impôts. Participant au Forum économique de Shangaï, Michoustine a rencontré ce mercredi le président Xi Jipping. Ce dernier a rappelé son « ferme soutien » à la Russie en matière d’« intérêts fondamentaux» et a appelé à « renforcer » la coopération économique avec Moscou. Mais derrière ces paroles, n’y-a-t-il pas de projets plus concrets ?

Cet article publié en russe par le site tsargrad.tv n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

Les dirigeants de la Russie et de la Chine ont prouvé qu’ils ne se payaient pas de mots. Ils le démontrent encore une fois, en préparant activement leurs pays à combattre l’Occident, conduit par des États-Unis, qui tente de prendre leur place au soleil.

L’événement le plus important de ce cheminement se produit en ce moment même, sous nos yeux.

Ce n’est un secret pour personne que, dans les cercles dirigeants de la Russie et de la Chine, les partisans d’un rapprochement avec l’Occident occupaient – jusqu’à récemment – des positions assez fortes, s’efforçant de saboter discrètement le rapprochement entre les deux pays et d’entraver la coopération commerciale et économique. Mais la ferme volonté des dirigeants des deux États – le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping – ont permis de développer les relations à un bon rythme.

Les deux pays font face à un Occident qui a déclaré la guerre à la Russie en Ukraine, et à des États-Unis qui poursuivent vigoureusement une politique d’encerclement et l’isolement de la Chine dans le monde. Ils le font en persuadant leurs vassaux de suivre leurs manœuvres, et en jouant de provocations pour susciter un conflit avec Taïwan. Par conséquent, Moscou et Pékin n’ont pas d’autres choix que d’améliorer fortement et qualitativement leur plan mondial et dans tous les domaines.

Pourquoi est-ce absolument nécessaire ?

Le but principal est de sortir vainqueur de la confrontation avec l’Occident. L’« opération spéciale » a conduit au renforcement de l’aile patriotique au sein de la direction de la Russie. Ainsi, des changements positifs ont commencé dans le pays, y compris dans l’esprit de l’élite, dont la partie la plus sensée s’est séparé des illusions que présentait la voie occidentale. De son côté Xi Jinping, lors d’un récent congrès du parti, a retiré les partisans de « Chimerica » de la haute direction de son pays. Poutine et Xi – que le monde non-occidental en quête de souveraineté regarde avec espoir – ont été grandement « aidés » en cela par les Américains et les Britanniques.

Après la visite « historique » de Xi Jinping à Moscou en mars dernier, il est devenu nécessaire, en conséquence, de remplir de contenu économique la « nouvelle réalité ».

Lorsque la confrontation avec l’Occident s’intensifiera, la Russie et la Chine devront faire face à de grandes difficultés s’ils n’agissent pas dans le cadre d’un front uni contre leurs ennemis et si – dans les sphères économiques et financières – ils ne sont pas prêts pour la lutte la plus dure. En outre, la Chine, malgré sa puissance économique, aura plus de mal à survivre dans les années à venir que la Russie pour la raison suivante : il est plus difficile de nourrir un milliard et demi d’habitants que dix fois moins.

Aussi, pour se préparer à ces temps difficiles qui sont à venir, le Premier ministre russe, Mikhail Michoustine, est-il venu en Chine avec une énorme délégation de responsables gouvernementaux et de chefs d’entreprises nationales. C’est à la demande de Xi Jinping (adressée à Poutine), que le Premier ministre russe a été envoyé en urgence, afin d’établir des liens étroits avec le nouveau Premier ministre du Conseil d’État de la République populaire de Chine, Li Qiang. Et ce 24 mai à Pékin, Xi Jinping a lui-même reçu Mikhail Michoustine.

Une forte délégation russe

Michoustine a commencé son séjour en Chine par une visite dans la capitale économique, Shanghai. Il s’y est exprimé lors du forum d’affaires russo-chinois qui a réuni plus de 1.200 participants venus de Russie....

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Les sept grandes orientations « cibles » de Michoustine

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Les Chinois sont d’accord avec ces orientations

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Plusieurs accords d’importance ont été signés

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N’est-ce pas que la pointe de l’iceberg ?

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La rencontre avec Xi Jinping s’est très bien passée

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La Russie ne deviendra jamais chinoise

 

 

La réunion du G7 s’est considérablement rapprochée du désastre.

 

par Marcelo Ramirez - Le 26/05/2023.

 

La réunion du G7 s’est considérablement rapprochée du désastre avec l’approbation d’une nouvelle proposition visant à donner à Zelensky des avions américains F-16.

Les F-16 sont des avions de quatrième génération que les États-Unis fabriquent depuis des décennies et vendent à leurs alliés. Ils sont coûteux et représentent un bond en avant dans les capacités de Kiev à attaquer la Russie.

Il est étrange que cette option, maintes fois rejetée par les États-Unis, soit aujourd’hui présentée comme une alternative susceptible de changer le cours de la guerre. Après le rôle d’avant et d’après du Javelin, du Switch Blade, du Himars et des chars Leopard II, c’est enfin au tour du F-16, la dernière étape avant le F-35.

Les F-16 nécessitent un long entraînement pour les pilotes sélectionnés, ce qui signifie du temps, des ressources et, surtout, de donner un préavis pour les Russes. Les spécialistes militaires préviennent qu’en réalité, ces avions seront des proies faciles pour les systèmes antiaériens russes avancés, dont le S-400, qui peuvent les « voir » et les abattre avant qu’ils ne puissent agir.

De plus, le F-16 est conçu pour un théâtre d’opérations où il existe des bases opérationnelles, des pistes d’atterrissage et des chaînes logistiques de maintenance adéquates. L’Ukraine ne dispose pas de ces infrastructures, qui ont été pulvérisées par la Russie il y a plusieurs années.

Les possibilités sont réduites à des opérations à partir de bases polonaises ou voisines, ce qui serait une situation très risquée, contre laquelle Moscou a sérieusement mis en garde. Poutine est poussé dans ses derniers retranchements avec des armes plus offensives et plus dangereuses qui sont produites en dehors de la zone de conflit. Jusqu’à présent, la Russie s’est contentée de créer un système de destruction des équipements et des hommes qui les utilisent.

Les actions russes consistent à inviter les forces ukrainiennes au combat dans des situations complexes, poussées par la nécessité de présenter de bonnes nouvelles selon les besoins de la propagande occidentale.

La chute de Bakhmout, Artemovsk pour les Russes, a exacerbé la situation. Après des mois de propagande où les Ukrainiens eux-mêmes soulignaient l’importance stratégique de cette ville et d’envoi inconsidéré d’armes et d’hommes se fixant la tâche impossible de résister aux musiciens de Wagner, la défaite imminente a rendu la chose plus explicite.

Finalement, ce qui était prévisible, mais non moins acceptable pour les dirigeants occidentaux, se produisit.

La seule réponse possible serait la négociation en acceptant non seulement les territoires conquis par la Russie, mais en mettant sur la table les exigences de Poutine, un retour aux frontières de l’OTAN d’avant 1997.

Il y a un peu plus d’un an, il semblait inconcevable que Poutine exige la neutralité de l’Europe de l’Est comme zone de sécurité non négociable, mais aujourd’hui, nous constatons que non seulement cette exigence est réalisable, mais qu’elle est bien plus importante et qu’elle envisage une redéfinition des bases de la puissance mondiale.

La Russie, comme la Chine, demande que son importance soit reflétée dans des organisations internationales équitables et non plus dépendantes de l’humeur atlantiste.

Face à cette réalité, deux positions de base se dessinent en Occident, l’une de désescalade par la recherche d’un processus de paix, l’autre d’escalade vers la confrontation nucléaire, au moins en Europe.

La visite de Zelensky au Vatican a fini par refléter ces divergences, avec une attitude visiblement discourtoise à l’égard du pape François. Cette rebuffade, indigne d’un dirigeant mondial de l’importance qu’il perçoit, est frappante.

Même si les propositions de paix du pape ne sont pas prises en considération, la courtoisie diplomatique indique que la possibilité de négocier sera formellement acceptée, même s’il n’y a aucune intention de le faire. Non seulement cela ne s’est pas produit, mais Zelensky, de manière tout à fait inutile et flagrante, a snobé le chef de la foi majoritaire dans le monde, à savoir la foi catholique. Il est également assez étrange que le Vatican n’ait pas prévu et convenu de quelques mesures minimales avec la délégation ukrainienne.

La tenue vestimentaire, les déclarations susmentionnées et le symbolisme, y compris les gestes, du comédien devenu chef du monde libre sont difficiles à justifier.

Les raisons de ce comportement peuvent rester incertaines, mais il est clair qu’il existe une division croissante sur le front occidental. Les États-Unis ont autour d’eux un cercle d’alliés proches – des subalternes qui ont bénéficié de soutiens économiques qui leur ont permis d’avoir un meilleur niveau de vie pour leurs sociétés que les autres, et qui suivent les ordres de Washington à la lettre.

Ce cercle est encore relativement solide, même s’il présente quelques fissures dues aux résultats décevants de la stratégie actuelle.

Une autre sphère de nations, autrefois liée au monde anglo-saxon, commence à s’en détacher et à prendre un air d’indépendance. L’Arabie saoudite, pilier du pétrodollar, a ignoré les exigences occidentales et fait preuve d’une indépendance frappante.

L’Inde, considérée comme un allié potentiel de l’AUKUS, a montré de nombreux signes d’indépendance, tout comme les nations de l’ANASE pour la plupart.

Les mauvaises nouvelles continuent pour l’Occident, car Erdoğan, qui est devenu un cauchemar pour ses anciens alliés, était présenté comme un dirigeant dont le pouvoir prendrait fin après les élections. Les sondages, une fois de plus, ont dit à l’Occident ce qu’il voulait entendre et ont affirmé que le dirigeant turc perdrait les élections de 10 points.

Les espoirs occidentaux s’amenuisent, car il lui manque un demi-point au premier tour pour remporter la victoire. À tel point que des rumeurs font état d’un nouveau printemps turc, cette fois pour tenter de l’évincer du pouvoir.

Si le coup d’État de la CIA avec le religieux Guillen n’avait pas réussi à l’époque, celui-ci a beaucoup moins de chances. Non seulement parce qu’Erdoğan s’est déjà nettoyé des éléments putschistes, mais aussi parce que l’environnement géopolitique est différent. La puissance atlantiste se dilue et l’axe sino-russe consolide sa puissance.

Comment changer l’équation ? Le déclin de l’Occident s’est opéré sur le plan civil, mais la question militaire s’y est ajoutée. Non seulement Bakhmout tombe, mais on constate que si les F-16 restent une promesse et que les chars occidentaux arrivent au compte-gouttes et avec des modèles de second rang, il n’en va pas de même pour les systèmes antiaériens.

Chaque pays occidental a envoyé ce qu’il avait de mieux, mais rien n’entame l’arsenal russe. Les anciens systèmes soviétiques s’avèrent plus efficaces que les systèmes occidentaux les plus récents et les plus coûteux.

Les États-Unis ont joué le rôle le plus difficile

Les États-Unis ont joué la carte de la fermeté, en mettant en place le système norvégien de missiles surface-air avancés (NASAMS), censé protéger Washington et la Maison-Blanche.

Ce système a connu le même sort que le Patriot PAC-3, le dernier né de la défense antiaérienne américaine, qui a fait l’objet d’une énorme publicité.

Lors du premier tir croisé connu avec les systèmes russes, l’Ukraine a perdu le premier complexe. Il n’est pas encore possible de savoir s’il s’agit d’une perte totale ou partielle, étant donné qu’il y a plusieurs modules. 30 tirs à raison de 5 millions de dollars par unité en quelques minutes ont montré clairement qu’un tel coût est impossible à supporter.

Ajoutez à cela qu’aucun d’entre eux n’a réussi à détruire le missile hypersonique Kinjal, et qu’au cours du processus, plusieurs modules de lancement, des radars et peut-être le module de contrôle central ont été détruits, et la plaisanterie est de mise pour l’Occident.

Il existe un deuxième système que la Russie a l’intention de trouver pour détruire et mettre fin à l’aventure des Patriot ukrainiens.

Si le coup porté au portefeuille a été plus que considérable, le problème le plus important est celui du prestige. La crème de la technologie américaine a été vaincue sans effort par la Russie en une seule opération combinant plusieurs actions.

Le prestige des États-Unis a été détruit et cela a confirmé ce que nous savions déjà : les systèmes Patriot ne sont pas efficaces, les Saoudiens le savent, comme ils l’ont découvert lors de leur confrontation avec les Yéménites.

Est-il judicieux de dépenser des milliards pour des systèmes qui sont bien inférieurs aux systèmes russes moins chers ?

Ces doutes grandissent et brisent la confiance, et frappent l’industrie militaire, incidemment, dans sa crédibilité. Les Britanniques tentent d’apporter leur aide avec leurs Shadow Storm, des missiles furtifs qui promettaient d’ébranler la Russie et qui, trois jours après l’annonce de leur mise en service, ont commencé à être abattus.

Comme pour les HIMARS, il semble que la guerre électronique russe n’était pas seulement de la propagande et qu’elle est très efficace, confondant les cibles, générant de faux missiles, changeant les coordonnées et toute une série d’autres actions qui ont toutes une finalité : mettre hors d’état de nuire les coûteux systèmes occidentaux.

Uranium appauvri qui a déjà contaminé des terres que la Russie considère comme siennes, missiles à longue portée, chasseurs de quatrième génération, l’Occident avance pas à pas, l’escalade ne s’arrête pas et rien ne fonctionne. La guerre militaire, comme la guerre économique, semble avoir son destin scellé ; il semble seulement qu’un tour de roue décisif puisse changer le cours qui est la défaite de l’Occident.

C’est précisément le débat dans l’atlantisme, du moins là où les décisions sont prises : escalade vers la guerre nucléaire ou résignation au fait que le monde sera multipolaire et renégociation des conditions ? Ce n’est rien d’autre qu’une capitulation qu’il faudra présenter comme une victoire, mais qui n’est pas crédible.

Il n’y a pas d’alternative, les routes sont fermées et mènent toutes à l’une des deux possibilités. Les sociétés occidentales, absentes et intoxiquées par la propagande, doivent réagir pendant qu’il est encore temps. Et ce temps est compté.

Le jeu s’accélère, la Russie semble de plus en plus solide et l’Occident se divise entre négociateurs et kamikazes.

De la querelle interne à l’Occident naîtra le résultat final, et nous saurons s’il y aura ou non la guerre. Nous ne le saurons pas vraiment, elle se produira, si elle a lieu, dans quelques heures. Lorsque nous en prendrons conscience, elle sera probablement terminée et nous saurons seulement qui sera le vainqueur, s’il y en a un.

source : Noticias Holisticas via Euro-Synergies

Bakhmout devient Artiomovsk, escalade OTAN : F-16, Leopards, missiles, sanctions.

 

par Bertrand Scholler - Le 26/05/2023.

 

Alors que les forces de Wagner, bénéficiant du soutien logistique et stratégique des forces Russes, ont pris entièrement Bakhmut après 224 jours de Combats.

Le transfert de la ville aux forces régulières est en cours, et les mercenaires vont se regrouper et se reposer, mais aussi prendre en main leurs nouveaux équipements, comme l’a indiqué Evgueni Prigojine.

Cette victoire est d’importance, sur un plan stratégique militaire, car la ville était le verrou pour réunir sous la même bannière tout le Donbass, mais également pour envisager d’accentuer la prise de territoires en Ukraine par les forces Russes.

Sur le plan médiatique, il y a 4 mois, devant le Congrès Américain, Zelensky avait insisté sur l’importance capitale de cette ville de Bakhmout (maintenant Artiomovsk) et le rôle qu’elle devait jouer pour fixer les forces Russes, les épuiser, puis reconquérir l’ensemble du Donbass et la Crimée.

Malgré l’aide considérable dont a bénéficié le régime de Kiev suite à cette visite à Washington, la ville de toutes les convoitises n’est pas restée sous son contrôle. Les pertes considérables qui a subie l’armée ukrainienne ne semblent pas avoir porté le moindre fruit. Les experts parlent de plus de 50 000 soldats Ukr sacrifiés pour cette seule bataille, et un nombre encore plus considérable de blessés. Mais ils sacrifieront jusqu’au dernier Ukrainien et après ?

En outre, même si la bataille a été longue, ce qui aurait pu donner du temps à Kiev et ses soutiens pour préparer une opération d’envergure, capable de justifier les « investissements » sans limites déversés sur l’Ukraine depuis 2014 (et encore plus depuis 2022 puisque ce pays ne survit que grâce à cette aide, vitale pour le peuple et l’armée), en montrant des faiblesses côté Russe, seul le front l’asiatique est assailli.

Ainsi, sur le champ de bataille, rien ne se passe, aucun signe de contre attaque ne semble réaliste dans un avenir proche sur le front Ukrainien de la part du régime de Kiev. Au contraire, avec la destruction des armes fournis par l’OTAN lors des frappes de missiles Russes (cf système Patriot complet don’t base radar, et de nombreux missiles et camions pour les lancer, mais aussi des stocks de missiles anglais et des munitions pour les chars et l’artillerie) mais aussi la perte du chef d’état-major de l’armée Ukrainienne (général Zaloujny) qui a été si grièvement blessé, qu’il ne devrait pas revenir à son poste, selon toutes les sources informées. Zelenski est donc de plus en plus seul, à part l’OTAN, dont des officiers doivent être omniprésents, dans l’ombre, pour piloter l’armée de Kiev ? Rien n’est rationnel… tout est complètement surréaliste.

À l’inverse, la Russie démontre chaque jour plus sur le terrain militaire, diplomatique et économique que sa force se consolide et ses partenariats avec la Chine et ses voisins, mais également l’Afrique et l’Iran se renforcent, avec des perspectives ambitieuses. La Russie n’est pas isolée, elle est vu par ceux qui regardent la situation du terrain, comme une puissance qui ne fait pas que résister à une guerre hybride des USA et de leurs alliés par Ukraine et sanctions interposées, la Russie gagne … et en face la situation est de plus en plus chaotique et révèle chaque jour de nouvelles fragilités.

L’empire américain et OTAN, auréolé de sa puissance médiatique, financière, diplomatique et militaire … se lézarde et perd de sa splendeur qui semble de plus en plus artificielle et fragile.

Néanmoins, afin de minimiser cette catastrophe militaire et cette humiliation médiatique, il y a une multiplication des opérations d’annonces (F-16, milliards d’aides, nouvelles sanctions, m’élances a d’éventuels alliés, tournée médiatique de Zelensky, pressions diplomatiques des membres du G7…) mais aussi des actes de sabotages ou de terrorisme d’État (incursion de Belgorod, attaque de drones en mer du Nord ciblant les navires dédiés à la protections des gazoducs Turcs, drones sur le Kremlin …)

Face à une catastrophe certaine sur le terrain militaire en Ukraine, une crise économique majeure en Europe, où un à un les pays entrent en récession, une diplomatie incapable d’inverser en profondeur la spirale de la défaite, mais également un désastre sur le plan intérieur avec la multiplication des affaires, l’inflation qui reste forte, la dettes abyssale et les taux d’intérêt qui montent à des niveaux qui déstabilisent toute l’économie, en particulier l’immobilier … que fera l’ogre américain.

C’est une véritable inquiétude ! Il est de plus en plus probable qu’ils n’ont pas hésité à tuer JFK, à planifier et réaliser le 11/09, à financer et armer de nombreux réseaux terroristes, à saboter NS1&2, à provoquer sans cesse plus la Russie par leurs actes belliqueux …

pourraient ils recommencer un Hiroshima (lieu du dernier G7) et Nagasaki ? Ou alors … les Biolabs militarisés, de nouvelles armes, l’IA, le chaos internet, la famine, … il est certain que des surprises arrivent qui ne seront pas agréables pour le Monde.

Aventures en OTANistan : Des étincelles à Ibiza, un Bilderberg verrouillé à Lisbonne

 

par Pepe Escobar - Le 22/05/2023.

 

Le « leadership » du G7 étant embourbé dans un marécage poisseux de superficialité intellectuelle, il était prévisible que le seul ordre du jour au Japon colonisé soit l’imposition de nouvelles sanctions à la Russie.

Commençons par une représentation graphique de la situation réelle du Nord et du Sud mondial.

1. Xian, ancienne capitale impériale et plaque tournante des anciennes routes de la soie : Xi Jinping accueille le sommet Chine-Asie centrale, auquel participent tous les « stans » du Heartland (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Turkménistan).

La déclaration finale met l’accent sur la coopération économique et sur une « position résolue » contre les révolutions de couleur concoctées par les hégémons. Cette déclaration développe ce que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l’initiative Ceinture et Route (BRI) sont déjà en train de mettre en œuvre. En pratique, le sommet scelle le fait que le partenariat stratégique Russie-Chine protégera le Heartland.

2. Kazan : le forum Russie-Monde islamique réunit non seulement des chefs religieux, mais aussi des hommes d’affaires de premier plan de pas moins de 85 nations. La Russie multipolaire évolue parallèlement au sommet de la Ligue arabe à Djeddah, qui a accueilli la Syrie au sein de la « famille arabe ». Les nations arabes se sont engagées à l’unanimité à mettre un terme définitif à « l’ingérence étrangère. »

3. Hiroshima : le G7 en perte de vitesse, devenu G9 (avec l’ajout de deux bureaucrates non élus de l’UE), impose un ordre du jour unique : plus de sanctions contre la Russie, plus d’armes pour le trou noir en Ukraine et plus de leçons à la Chine.

4. Lisbonne : la réunion annuelle du Bilderberg – une fête de l’OTAN et de l’atlantisme – se déroule dans un hôtel pas si secret et complètement verrouillé. Le principal point à l’ordre du jour est la guerre – hybride et autre – contre les « RIC » des BRICS (Russie, Inde, Chine).

J’aurais pu être à Xian, ou plus probablement à Kazan. Au lieu de cela, honorant un engagement antérieur, j’étais à Ibiza, puis j’ai abandonné l’idée de prendre l’avion pour Lisbonne, considérant que c’était une perte de temps. Permettez-moi de vous en donner la raison : appelez cela une petite histoire des Baléares, qui rompt l’engagement de marque selon lequel ce qui se passe à Ibiza, dans une ambiance swing et transpirante, reste à Ibiza.

J’étais invité à une réunion d’affaires de haut niveau – essentiellement espagnole, mais aussi portugaise, allemande, britannique et scandinave : des cadres de très haut niveau – dans les domaines de l’immobilier, de la gestion d’actifs et de la banque d’investissement. Notre table ronde était intitulée « Les changements géopolitiques mondiaux et leurs conséquences ». Avant le panel, les participants ont été invités à voter sur ce qui les préoccupait le plus quant à l’avenir de leur entreprise. Le premier était l’inflation et les taux d’intérêt. Le deuxième était la géopolitique. Cela laissait présager un débat très animé.

Quand une hagiographe de l’UE pète les plombs

J’étais loin de me douter – et l’auditoire aussi – que le débat allait devenir très animé. Le premier exposé a été présenté par la directrice d’un « Centre de politique européenne » à Copenhague. Elle se présente comme un professeur de sciences politiques et est conseillère du jardinier en chef de l’UE, Borrell.

J’ai adopté une attitude de chat de Cheshire après le tsunami de clichés sur les « valeurs européennes » et les méchants Russes, ainsi que sur le fait qu’elle était « effrayée » par l’avenir de l’Europe. Un soulagement au moins immédiat a été apporté par l’impeccable diplomate Lanxin Xiang, un personnage adorable, toujours avec un sourire joyeux sur le visage, et l’un des rares experts de premier plan sur la Chine qui sait réellement de quoi il parle, dans un anglais fluide.

Lanxin Xiang est, entre autres, professeur émérite à l’Institut universitaire de hautes études internationales et du développement à Genève, directeur de l’Institut de politique de sécurité à l’Institut national chinois pour les échanges internationaux SCO et directeur exécutif de la Fondation de Washington pour les études européennes. Voici un article que j’ai écrit sur lui et son travail, publié en octobre 2020.

Le professeur Xiang a présenté un exposé magistral sur l’obsession américaine de fabriquer un « problème taïwanais » et sur la manière dont l’Europe, déjà accablée par la guerre par procuration des États-Unis contre la Russie, doit être très prudente lorsqu’il s’agit de faire la leçon à la Chine.

Lorsque mon tour est venu, j’ai attaqué à la jugulaire, rejetant toutes les platitudes des communiqués de presse de l’UE comme des absurdités absolues, et soulignant que l’Europe est déjà dévorée vivante par les proverbiaux « intérêts américains ». Aussi brièvement que possible, j’ai expliqué tout le contexte géopolitique de la guerre en Ukraine.

Tout cela a été présenté à des hommes d’affaires de haut niveau qui consomment The Economist, le Financial Times et Bloomberg comme principales sources d’information. Leur réaction en dirait long.

Comme on pouvait s’y attendre, la bureaucrate payée par l’UE a complètement paniqué et, hurlant d’indignation, a suivi le scénario préétabli, menaçant d’abandonner la scène et m’accusant d’être « payé par le Kremlin ». Je lui ai demandé, de but en blanc, de « me contredire, avec des faits ». Aucun fait n’a été fourni. Juste de la peur et de l’ahurissement, mêlés à une certaine culture de l’annulation.

Le modérateur très expérimenté, Struan Robertson, de la Bank of America Merrill Lynch, a eu le grand mérite de maintenir le calme, de donner plus de temps à Lanxin Xiang pour expliquer la mentalité chinoise et d’ouvrir la voie à une série de très bonnes questions.

En fin de compte, le public a adoré. Beaucoup sont venus me remercier personnellement pour les informations auxquelles ils n’auront jamais accès dans El PaisLe Monde ou The Economist. Une minorité dans la salle était tout simplement abasourdie – mais notre débat a dû au moins les faire réfléchir à beaucoup d’idées préconçues.

C’est tout le mérite des principaux organisateurs, Jose Maria Pons et la responsable du programme Cristina Garcia-Peri, d’avoir organisé un tel débat dans la fabuleuse Ibiza, en Espagne, territoire de prédilection de l’OTAN. Dans la situation actuelle, cela serait absolument impossible en France ou en Allemagne, sans parler de la Scandinavie ou de ces Baltes déments.

Il n’y a aucun moyen de contrecarrer les récits fabriqués par les valets et les bureaucrates payés par l’UE, si ce n’est en les ridiculisant – en face. Ils deviennent livides et parviennent à peine à bégayer lorsque leurs mensonges sont dévoilés. Par exemple, l’une des questions posées par un homme d’affaires allemand de premier plan a énuméré une litanie de faits sombres concernant la « démocratie » ukrainienne, qui sont absolument oubliés par l’eurocratie.

Le G-moins-que-zéro s’affole

Ce qui s’est passé à Ibiza concorde avec ce qui s’est passé à Hiroshima, bombardée par les États-Unis – les hégémons ne s’excusent pas – et dans l’hôtel verrouillé de Lisbonne.

Les « dirigeants » du G7 étant embourbés dans un marécage poisseux de superficialité intellectuelle, il était prévisible que le seul ordre du jour au Japon colonisé était de renforcer les sanctions contre la Russie – imposées à des pays tiers et à des entreprises des secteurs énergétique et militaro-industriel -, de fournir davantage d’armes au trou noir ukrainien et d’imposer à la Chine une nouvelle obsession ridicule et contre-productive, celle de « l’endiguement » en raison d’une prétendue « coercition économique. »

D’ailleurs, lors des séances de photos, ce n’est pas un G7 en perte de vitesse qui apparaît, mais un G9 belliciste, artificiellement augmenté par ce couple pathétique d’eurocrates non élus, Charles Michel et Pustula von der Lugen.

En ce qui concerne la véritable majorité mondiale – ou le Sud mondial -, cela ressemble davantage à un G moins que zéro. Plus les guerres de sanctions illégales et insensées sont « étendues », plus la majorité absolue du Sud mondial s’éloigne de l’Occident collectif, diplomatiquement, géopolitiquement et géoéconomiquement.

C’est pourquoi l’ordre du jour principal du Bilderberg à l’hôtel détourné de Lisbonne était de réorganiser la coordination OTAN/Atlantisme dans une guerre – hybride et autre – contre la force motrice des BRICS, les RIC (Russie, Inde, Chine).

Il y avait d’autres sujets au menu – de l’IA à la crise bancaire aiguë, de la « transition énergétique » aux « défis fiscaux », sans oublier le proverbial « leadership américain. »

Mais lorsque vous réunissez dans la même pièce des gens comme Stoltenberg de l’OTAN, le directeur des renseignements américains Avril Haines, le directeur principal de la planification stratégique au Conseil de sécurité nationale Thomas Wright, le président de Goldman Sachs John Waldron, le jardinier en chef Borrell (dont le larbin était à Ibiza), le vice-président de Brookfield Asset Management, Mark Carney (l’un de leurs cadres également à Ibiza), le commandant suprême des forces alliées en Europe, Christopher Cavoli, et la vice-Première ministre canadienne Chrystia Freeland, parmi d’autres valets atlantistes, le scénario s’impose de lui-même :

C’est la guerre contre le monde multipolaire.

Au moins, nous pourrons danser à Ibiza.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Seymour Hersh : Les Européens veulent la paix en Ukraine, pas Biden.

Source : RzO International. - Le 19/05/2023.
 

Selon les sources du journaliste d’investigation de renommée mondiale Seymour Hersh, la poursuite de la guerre en Ukraine est avant tout un projet du président américain Joe Biden, qui n’est toutefois qu’incomplètement informé par son appareil. Ne manquez pas cette occasion et procurez-vous notre DVD sur les dessous de la politique mondiale et l’influence globale dévastatrice de la politique américaine : Sur Nord Stream, Ramstein et Seymour Hersh.1

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par Thomas Röper

Le nouvel article de Seymour Hersh sur ce que lui ont dit ses sources au sein des services de renseignement américains n’est pas très long, mais il est d’autant plus révélateur. Il semble que les objectifs poursuivis en coulisses soient très différents de ceux annoncés par les hommes politiques européens devant les caméras. L’Europe serait lasse de la guerre et souhaiterait que celle-ci prenne fin, tandis que Biden – qui serait donc informé de manière erronée et incomplète – ne le souhaiterait pas. Le sort personnel de Volodymyr Zelensky semble également être un point de désaccord important.

J’ai traduit le nouvel article de Hersh dans son intégralité.

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La question des réfugiés ukrainiens

Les voisins de l’Ukraine poussent Zelensky à faire la paix, alors que des millions de personnes déplacées affluent en Europe.

Samedi dernier, le Washington Post a publié un exposé de documents secrets des services de renseignement américains montrant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, derrière le dos de la Maison-Blanche et de Biden, a fait pression en début d’année pour qu’une série élargie de frappes de missiles sur la Russie soit exécutée. Les documents faisaient partie d’un vaste ensemble de documents classifiés mis en ligne par un membre de l’armée de l’air, aujourd’hui emprisonné.

Réfugiés ukrainiens à Bruxelles
Massacre comme à Verdun

Un haut responsable de l’administration Biden, à qui le Washington Post a demandé de commenter les informations de renseignement nouvellement révélées, a déclaré que Zelensky n’avait jamais violé sa promesse de ne jamais utiliser d’armes américaines pour attaquer des zones à l’intérieur de la Russie. Selon la Maison-Blanche, Zelensky ne peut pas se tromper.

Le souhait de Zelensky de porter la guerre en Russie n’est peut-être pas clair pour le président et les conseillers de haut niveau en politique étrangère à la Maison-Blanche, mais il l’est pour ceux qui, au sein de la communauté américaine du renseignement, ont eu du mal à faire entendre leurs informations et leurs évaluations dans le bureau ovale. Pendant ce temps, le massacre se poursuit dans la ville de Bakhmout. Il ressemble, par son idiotie, mais pas par le nombre de victimes, aux massacres de Verdun et de la Somme pendant la Première Guerre mondiale.

Les hommes responsables de la guerre actuelle à Moscou, Kiev et Washington n’ont même pas montré d’intérêt pour des pourparlers de cessez-le-feu temporaires qui pourraient servir de prélude à quelque chose de durable. Actuellement, on ne parle que de la possibilité d’une offensive à la fin du printemps ou en été par l’une des deux parties.

Même les Européens de l’Est veulent la paix

Cependant, comme certains agents de renseignement américains le savent et l’ont rapporté secrètement, quelque chose d’autre est en préparation à l’instigation de représentants gouvernementaux à différents niveaux en Pologne, Hongrie, Lituanie, Estonie, Tchécoslovaquie et Lettonie. Ces pays sont tous des alliés de l’Ukraine et des ennemis déclarés de Vladimir Poutine.

Ce groupe est mené par la Pologne, dont les dirigeants ne craignent plus l’armée russe, car leur présence en Ukraine a fait oublier l’éclat de leur succès à Stalingrad pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a silencieusement poussé Zelensky à trouver un moyen de mettre fin à la guerre – en démissionnant s’il le faut – et d’entreprendre la reconstruction de son pays. Zelensky ne se laisse pas démonter, comme le montrent les messages interceptés et d’autres données connues de la CIA, mais il commence à perdre le soutien particulier de ses voisins.

L’un des moteurs des discussions européennes silencieuses avec Zelensky sont les plus de cinq millions d’Ukrainiens qui ont fui la guerre et franchi les frontières du pays pour s’enregistrer dans les pays voisins dans le cadre d’un accord de protection temporaire de l’UE, qui comprend des droits de séjour, l’accès au marché du travail, au logement, à l’aide sociale et aux soins médicaux.

Les pays d’accueil européens se lassent

Selon une évaluation publiée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, cette estimation ne comprend pas environ trois millions de réfugiés ukrainiens qui ont fui la zone de guerre sans visa pour se rendre dans l’un des 27 pays européens qui ont aboli les contrôles aux frontières entre eux dans le cadre de l’accord de Schengen. Bien que l’Ukraine ne fasse pas partie de l’UE, elle bénéficie désormais de tous les avantages du pacte de Schengen. Certains États épuisés par 15 mois de guerre ont réintroduit certaines formes de contrôle aux frontières, mais la crise régionale des réfugiés ne sera pas résolue tant qu’il n’y aura pas d’accord de paix formel.

Le CDH rapporte que la libre circulation des Ukrainiens vers les pays baltes et les pays de l’UE en Europe occidentale « rend particulièrement difficile de déterminer avec précision combien d’Ukrainiens ont atteint l’UE au cours des derniers mois et où ils se trouvent actuellement ». Selon le rapport, la « grande majorité » des réfugiés ukrainiens sont des femmes et des enfants, et un tiers d’entre eux ont moins de 18 ans. 73% des réfugiés en âge de travailler sont des femmes, dont beaucoup ont des enfants.

Une analyse du problème des réfugiés européens réalisée en février par le Council on Foreign Relations a révélé que des « dizaines de milliards de dollars » d’aide humanitaire avaient été versés aux pays voisins de l’Ukraine pendant la première année de la guerre. « Alors que le conflit entre dans sa deuxième année et qu’aucune fin n’est en vue », indique le rapport, « les experts s’inquiètent de la lassitude des pays d’accueil. »

Il y a quelques semaines, j’ai appris que les services de renseignement américains savaient que certains officiels d’Europe occidentale et des pays baltes souhaitaient la fin de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ils en sont arrivés à la conclusion qu’il est temps pour Zelensky de « faire demi-tour » et de rechercher un accord. Un fonctionnaire américain bien informé m’a dit que certains dirigeants hongrois et polonais faisaient partie de ceux qui souhaitaient que l’Ukraine s’engage dans des discussions sérieuses avec Moscou.

« La Hongrie est un acteur important dans cette affaire, tout comme la Pologne et l’Allemagne, et ils travaillent à faire céder Zelensky », a déclaré le responsable américain. Les dirigeants européens ont clairement indiqué que « Zelensky peut garder ce qu’il a » – une villa en Italie et des parts dans des comptes bancaires offshore – « s’il élabore un accord de paix, même s’il doit être payé pour cela, si c’est le seul moyen d’obtenir un accord. »

Zelensky : pas d’exil doré en Italie

Jusqu’à présent, selon le fonctionnaire, Zelensky a refusé de tels conseils et a ignoré les offres de sommes d’argent importantes destinées à faciliter sa retraite dans une propriété qu’il possède en Italie. Il n’y a aucun soutien au sein de l’administration Biden pour un accord impliquant le départ de Zelensky, et les dirigeants en France et en Angleterre sont « trop engagés » envers Biden pour envisager un tel scénario.

Zelensky en veut plus

Il y a une réalité que certains éléments de la communauté du renseignement américain ne peuvent pas ignorer, a déclaré le fonctionnaire, même si la Maison-Blanche l’ignore : « L’Ukraine est à court d’argent, et on sait que les quatre prochains mois seront critiques. Et les Européens de l’Est parlent d’un accord ». Le problème pour eux, selon le fonctionnaire, « est de savoir comment faire en sorte que les États-Unis cessent de soutenir Zelensky ». Le soutien de la Maison-Blanche va au-delà des besoins de la guerre : « Nous payons tous les fonds de pension pour l’Ukraine. »

Et Zelensky en veut plus, dit le fonctionnaire. « Zelensky nous dit que si vous voulez gagner la guerre, vous devez me donner plus d’argent et plus de matériel. Il nous dit : « Je dois payer les généraux ». Il nous dit – s’il est évincé de son poste – « il ira au plus offrant. Il préfère aller en Italie plutôt que de rester et d’être éventuellement tué par ses propres hommes. »

« Mais comme d’habitude », poursuit le fonctionnaire, « les services de renseignement ne sont pas au courant de la réalité du président et de ses conseillers en politique étrangère à la Maison-Blanche », en ce qui concerne le débat européen sur la manière de mettre fin à la guerre. « Nous formons toujours les Ukrainiens à piloter nos F-16, qui sont abattus par la Russie dès qu’ils entrent dans la zone de guerre. La presse mainstream se consacre à Biden et à la guerre, et Biden continue de parler du grand Satan à Moscou alors que l’économie russe se porte bien. Poutine peut rester là où il est » – au pouvoir – « bien qu’il n’ait pas réussi à rayer l’Ukraine de la carte en tant qu’État indépendant. Et il pensait gagner la guerre avec une seule division aéroportée » – une allusion sardonique à la tentative ratée de la Russie, dans les premiers jours de la guerre, de s’emparer d’un aéroport important en faisant sauter une force d’attaque, constituée de parachutistes.

Biden ne reçoit pas d’informations importantes

« Le problème de l’Europe », selon ce responsable, en vue d’un règlement rapide de la guerre, « c’est que la Maison-Blanche veut que Zelensky survive, alors qu’il y en a d’autres » – en Russie et dans certaines capitales européennes – « qui disent que Zelensky doit partir, quoi qu’il arrive. »

Il n’est pas clair si cette compréhension est parvenue jusqu’au bureau ovale. On m’a dit que certaines des meilleures informations de renseignement sur la guerre n’atteignent pas le président, sans que cela soit la faute de ceux qui produisent des évaluations souvent contraires. Biden s’appuierait sur des briefings et d’autres documents produits par Avril Haines (photo), la directrice du renseignement national, depuis l’entrée en fonction de l’administration Biden. Elle a passé une grande partie de sa carrière au service du secrétaire d’État Anthony Blinken, dont les relations et l’accord avec Biden sur les questions concernant la Russie et la Chine remontent à plusieurs décennies.

Le seul salut pour certains dans la communauté du renseignement, m’a-t-on dit, a été le directeur de la CIA, William Burns (photo). Burns a été ambassadeur en Russie et secrétaire d’État adjoint et est considéré comme quelqu’un qui s’est opposé à certaines des folies de la Maison-Blanche en matière de politique étrangère. « Il ne veut pas être un rat sur un navire en perdition », m’a dit le fonctionnaire.D’autre part, on m’a dit que ceux qui, à la CIA, préparent le President’s DailyBrief ne savent pas que Joe Biden est un lecteur régulier de leur synthèse du renseignement. Le document fait généralement trois pages. Il y a des décennies, on m’a dit – par quelqu’un qui m’a demandé à l’époque de ne pas écrire sur le sujet – que Ronald Reagan lisait rarement la President’s DailyBrief, jusqu’à ce que Colin Powell, qui était alors à la Maison-Blanche, commence à la lire sur un magnétoscope. La bande a ensuite été lue au président. On ne sait pas qui, le cas échéant, aurait pu prendre l’initiative en tant que le « Colin Powell » de Biden.

source : Compact via Euro-Synergies

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