La perspective d’une entrée dans Gaza des troupes israéliennes semble se rapprocher. Si elle se conforme, cela signifie que le Premier ministre israélien aura voulu imposer sa volonté à ses
alliés et à ses ennemis. Pendant ce temps Vladimir Zelensky constate que les puissances occidentales ne s’intéressent plus à l’Ukraine. La Russie se prépare à toutes les éventualités depuis la
Mer Noire.
9h00: Déluge de feu sur Gaza cette nuit et ce matin
+ La bande de Gaza a été lourdement bombardée cette nuit et ce matin.
+ Il y a eu de violents affrontements dans le camp de réfugiés de Nour Shams cette nuit et ce matin.
+ Les affrontement à la frontière libanaise se poursuivent. Déclaration du porte parole de Tsahal : «un certain nombre de missiles antichar ont été détectés […]
dans la zones de Manara, Malkiya et Metula, Tsahal répond par des tirs d’artillerie»
+ Joe Biden annonce que l’aide humanitaire devrait rentrer dans Gaza vendredi (Al Arabiya)
+ L’armée de l’air israélienne aurait attaqué le sud de la Syrie. Tsahal déclare détruit un convoi militaire du Hezbollah (Al Jazeera)
10h00 Josh Paul, haut fonctionnaire du département d’État américain en charge des achats d’armes démissionne.
+ Josh Paul a affirmé aux journalistes du Huffington
Post qu’il est lassé de ne pas pouvoir obtenir une politique plus humaine au sein du gouvernement américain, notamment en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien
+ «J’ai eu mon quota de débats, de discussions et d’efforts pour modifier les politiques sur les ventes d’armes controversées. Comme je ne pouvais rien changer,
j’ai démissionné»
+Josh Paul s’est dit choqué par la politique de Biden dans le conflit Israël-Gaza et affirme ne pas être le seul dans l’appareil d’État américain : «J’ai été
surpris par le nombre de personnes qui m’ont dit : “Nous comprenons tout à fait votre point de vue, nous ressentons la même chose et nous comprenons”»
Le fonctionnaire a déclaré qu’il a dû faire de nombreux compris avec ses principes et sa morale personnelle mais qu’il l’acceptait parce que «le mal» qu’il pouvait
faire «pouvait être compensé par le bien» qu’il pouvait faire. Mais avec la fourniture inconditionnelle d’armes à Israël, J. Paul est arrivé «au bout de ce compromis»
+ «je crois au plus profond de mon âme que la réponse d’Israël, et le soutien américain à cette réponse et au statu quo de l’occupation, ne feront
qu’accroître et aggraver les souffrances des Israéliens et des Palestiniens»
Kiev essaie de provoquer un accident nucléaire à la centrale d’Energodar
Depuis le début du conflit en Ukraine, les forces de Kiev n’ont cessé de bombarder la centrale nucléaire de Zaporozhye (ZNPP), créant un risque constant de fuite nucléaire et de catastrophe
sanitaire. Moscou dénonce ce fait depuis longtemps, y compris auprès des Nations unies et d’autres organisations internationales, mais l’Ukraine a apparemment une sorte de “carte blanche”
pour commettre ce type de crime.
L’intensité des bombardements ukrainiens à Zaporozhye a augmenté. Non seulement le ZNPP continue d’être régulièrement attaqué, mais aussi les zones résidentielles de la ville, entraînant la
mort d’innocents. Par exemple, le 18 octobre, la mort de dix civils a été signalée lors de ces frappes dans la région. En fait, les missiles ont principalement touché des bâtiments civils,
sans aucune cible militaire dans la région.
Infobrics,
19.10.2023
16h00 : Déclaration du Premier ministre britannique en Israël
+«Durant ces dernières semaines, ce pays a connu ce qu’aucun pays, aucun peuple, ne devrait endurer, encore moins Israel»
+ «Je veux partager les condoléances sincères du peuple britannique et insister sur le fait que nous soutenons absolument le droit qu’a Israel de se défendre,
dans le respect des lois internationales.»
+ «Je sais que vous prenez toutes les précautions possibles pour éviter de blesser des civils, contrairement aux terroristes du Hamas qui les mettent en
danger.»
17h00 : la situation dégénère à la frontière entre le Liban et Israel
+ Le Hamas annonce être l’auteur du tir de 30 missiles depuis le sud du Liban en direction de la Galilée occidentale (Nahariya – Shlomi)
+ Les positions de l’armée israélienne sont prises pour cibles par des tirs de mortiers
+ D’importantes frappes aériennes israéliennes ont lieu sur plusieurs villages du Sud-Liban
+ Un bombardement en provenance du territoire libanais a visé un immeuble de 9 étages dans la ville israélienne de Kiryat Shmona (média israélien)
+ Le ministère allemand des affaires étrangères appelle les citoyens allemands à quitter le Liban (idem pour l’Arabie Saoudite, les USA, le Royaume-Uni et
l’Australie)
+ Un engin explosif artisanal a explosé dans le camp de réfugiés palestinien de Nur Shams, blessant plusieurs soldats de Tsahal (médias israéliens)
+ Des bombardements aériens sur Gaza ont fait de nombreuses victimes cette après-midi
19h00 : l’armée israélienne a eu le feu vert pour envahir Gaza (ABC News)
+ Cet après-midi Yoav Gallant (ministre de la Défense) avait déclaré aux troupes stationnées à proximité de Gaza : «Vous voyez actuellement Gaza de loin, bientôt
vous la verrez de l’intérieur. L’ordre viendra»
+ Israël retire tous ses diplomates de Turquie pour des raisons de sécurité.
+ Le département d’État américain a lancé une alerte aux voyages dans le monde entier et Israël a fermé plusieurs ambassades au Moyen-Orient.
L’arme hypersonique russe pour dissuader les Américains en Méditerranée orientale
Une analyse perspicace de Drago Bosnic :
Washington pourrait très bien profiter du conflit entre Israël et Gaza pour attaquer la Syrie ou, à tout le moins, les forces iraniennes et pro-iraniennes dans la région, ce qui pourrait
profondément déstabiliser Damas. Moscou est attaché à la préservation de la Syrie, non seulement en raison de ses installations militaires stratégiquement importantes, mais aussi parce que
l’OTAN transformerait inévitablement ce malheureux pays en un nouveau foyer mondial de terrorisme si le président Bachar el-Assad était renversé. Il convient de noter que la Turquie est
également très impliquée dans cette affaire, malgré sa récente rhétorique condamnant les actions israéliennes à Gaza. Et tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan ne cesse de s’en
prendre au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les deux pays entretiennent toujours des relations étroites en coulisses. Si Ankara avait à l’esprit les intérêts des Palestiniens,
elle ne coordonnerait pas l’escalade des groupes terroristes qu’elle soutient en Syrie.
Quant à l’armée russe, son déploiement de MiG-31 armés de missiles hypersoniques à lancement aérien “Kinjal” est un excellent exemple de la manière dont une force de très petite taille peut
fournir un avantage asymétrique massif par rapport à des forces américaines beaucoup plus importantes. La vitesse fulgurante du missile, qui peut atteindre Mach 12 (voire plus), constitue un
obstacle pratiquement insurmontable pour tout système de défense antiaérienne ou antimissile.
Southfront.org,
19.10.2023
Le ballet de la neutralité russe sur Israël-Palestine
Alors que certains poids lourds
russes font pression pour qu’Israël soit à nouveau considéré comme un État hostile, il est peu probable que le Kremlin change d’avis. Au contraire, Moscou restera «neutre» pour
maximiser son influence en Asie occidentale, tout en se rapprochant des mondes arabe et musulman.
Est-il possible que le philo-sémite président russe Vladimir Poutine soit en train de réévaluer, lentement mais sûrement, son évaluation géopolitique
d’Israël ? C’est un euphémisme de dire que c’est l’énigme principale dans les couloirs du pouvoir à Moscou.
Il n’y a pas de signes extérieurs d’un tel changement sismique, du moins en ce qui concerne la position officiellement «neutre» de la Russie sur
l’insoluble drame israélo-palestinien.
À l’exception d’une déclaration
étonnante faite vendredi dernier lors du sommet de la Communauté des États indépendants (CEI) à Bichkek, lorsque Poutine a fustigé les «méthodes
cruelles» employées par Israël pour bloquer la bande de Gaza et les a comparées au «siège de
Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale».
«C’est
inacceptable», a déclaré le président russe, et il a averti que lorsque les 2,2 millions de civils de Gaza «doivent souffrir,
y compris les femmes et les enfants, il est difficile pour quiconque d’être d’accord avec cela».
Les commentaires de Poutine sont peut-être un indice des changements en cours dans les relations frustrantes et opaques entre la Russie et Israël.
L’article
très important publié vendredi dernier sur Vzglyad, un
site web de stratégie de sécurité proche du Kremlin, intitulé diplomatiquement «Pourquoi la
Russie reste neutre dans le conflit au Moyen-Orient», vient juste après.
Il est essentiel de noter qu’il y a seulement six mois, les rédacteurs de Vzglyad,
reflétant un quasi-consensus au sein de la communauté russe du renseignement, appelaient Moscou à déplacer son poids politique considérable pour soutenir la question numéro un pour
les mondes arabe et islamique.
L’article reprend les points essentiels exprimés par Poutine à Bichkek : il n’y a pas d’alternative aux négociations ; Tel-Aviv a été victime d’une
attaque brutale et a le droit de se défendre ; un véritable règlement n’est possible que par le biais d’un État palestinien indépendant dont la capitale serait située à
Jérusalem-Est.
Le président russe est favorable à la solution originale des Nations unies, à savoir «deux États», et estime qu’un État palestinien devrait être créé
«par
des moyens pacifiques». Toutefois, bien que le conflit soit «le résultat
direct de l’échec
de la politique des États-Unis au Moyen-Orient», Poutine rejette les plans de Tel-Aviv visant à lancer une opération terrestre dans la bande de Gaza.
Cette réserve n’est certainement pas la preuve que Poutine s’est rallié à un quasi-consensus au sein de l’état-major général, des siloviki de
plusieurs agences de renseignement et de son ministère de la défense : Ils considèrent qu’Israël pourrait être un ennemi de facto de la Fédération de Russie, allié à l’Ukraine, aux
États-Unis et à l’OTAN.
Suivre l’argent
Tel-Aviv a été extrêmement prudent pour ne pas contrarier frontalement la Russie en Ukraine, ce qui pourrait être une conséquence directe des relations
notoirement cordiales entre Poutine et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Cependant, l’évolution des relations de Moscou avec les États arabes, en particulier avec l’Arabie saoudite, partenaire de l’OPEP+, qui a contribué à
contrecarrer les efforts occidentaux pour contrôler les prix du pétrole, est bien plus importante qu’Israël sur l’échiquier géopolitique.
Le partenariat stratégique avec l’Iran, qui a porté ses fruits en Syrie et dans le Caucase et qui contribue à contenir l’expansionnisme américain, joue
également un rôle essentiel dans l’élaboration de la politique régionale de la Russie. Enfin, le va-et-vient complexe et à plusieurs niveaux de Moscou avec Ankara est crucial pour les
ambitions économiques et géopolitiques de la Russie en Eurasie.
Les trois puissances d’Asie occidentale sont des États à majorité musulmane, des affiliations importantes pour une Russie multipolaire qui abrite sa
propre population musulmane importante.
Et pour ces trois acteurs régionaux, sans distinction, la punition collective actuelle de Gaza transgresse toute ligne rouge possible.
Israël n’est plus non plus très important dans les considérations financières de Moscou. Depuis les années 1990, d’immenses quantités de fonds russes
ont transité vers Israël, mais aujourd’hui, une partie substantielle retourne directement en Russie.
Le cas notoire du milliardaire Mikhail Friedman illustre bien cette nouvelle réalité. L’oligarque a quitté son domicile au Royaume-Uni pour s’installer
en Israël une semaine avant le lancement du déluge Al-Aqsa, ce qui l’a poussé à saisir son passeport russe et à se rendre à Moscou pour se mettre à l’abri.
Friedman, qui dirige le groupe Alfa avec des intérêts majeurs dans les télécommunications, la banque, le commerce de détail et l’assurance, et qui est
un riche survivant de la crise financière de 1998, est soupçonné par les Russes d’avoir «contribué» à hauteur de 150 millions de dollars au régime ennemi de Kiev.
La réaction du président de la Douma, Vyacheslav Volodin, n’aurait pu être plus vive, ni moins préoccupée par les sentiments d’Israël en la matière
:
«Tous ceux qui ont
quitté le pays et se sont livrés à des actes répréhensibles, célébrant des tirs sur le territoire russe et souhaitant la victoire du régime nazi de Kiev, doivent savoir qu’ils ne sont
pas les bienvenus ici et que s’ils reviennent, Magadan (un port de transit notoire vers le goulag à l’époque de Staline) les attend».
La russophobie rencontre la
punition collective
Alors que l’Occident collectif a recouru à un «Nous sommes tous des Israéliens maintenant» monomaniaque, la stratégie du Kremlin consiste à se
positionner visiblement comme le médiateur de choix dans ce conflit – non seulement pour les mondes arabe et musulman, mais aussi pour le Sud mondial et la majorité mondiale.
Tel était l’objectif du projet
de résolution russe présenté cette semaine au Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelait à un cessez-le-feu à Gaza et qui, comme on pouvait s’y attendre, a été
rejeté par les suspects habituels.
Trois membres permanents du Conseil de sécurité – les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ainsi que leur néo-colonie, le Japon – ont voté contre.
Pour le reste du monde, cela ressemblait exactement à ce que c’était : une russophobie occidentale irrationnelle et des États marionnettes des États-Unis validant le bombardement
génocidaire d’Israël sur la population civile de Gaza.
Officieusement, les analystes du renseignement soulignent que l’état-major russe, l’appareil de renseignement et le ministère de la défense semblent
s’aligner organiquement sur les sentiments mondiaux à l’égard des agressions excessives d’Israël.
Le problème est que les critiques officielles et publiques de la Russie à l’égard de l’incitation à la violence en série et psychotique de Netanyahou,
ainsi que de son ministre de la sécurité nationale de droite, Itamar Ben-Gvir, et de son ministre des finances, Bezalel Smotrich, ont été inexistantes.
Les initiés moscovites insistent sur le fait que la position «neutre» officielle du Kremlin est en conflit frontal avec ses agences de défense et de
sécurité – en particulier le GRU et le SVR – qui n’oublieront jamais qu’Israël a été directement impliqué dans l’assassinat de Russes en Syrie.
Ce point de vue s’est renforcé depuis septembre 2018, lorsque l’armée de l’air israélienne a utilisé un avion de reconnaissance électronique
Iliouchine-20M comme couverture contre les missiles syriens, ce qui a entraîné son abattage et la mort des 15 Russes qui se trouvaient à bord.
Ce silence dans les couloirs du pouvoir se reflète dans le silence de la sphère publique. Il n’y a pas eu de débat à la Douma sur la position russe
concernant Israël et la Palestine. Et aucun débat n’a eu lieu au Conseil de sécurité depuis le début du mois d’octobre.
Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a toutefois fait une allusion subtile en soulignant que la «coexistence
pacifique» avait une «dimension
religieuse» et nécessitait une «paix juste».
Cela ne correspond pas exactement au nettoyage ethnique annoncé des «animaux
humains» (copyright ministère de la défense israélien) à Gaza.
Dans certains couloirs proches du pouvoir, une rumeur alarmante fait état d’un jeu d’ombres complexe entre Moscou et Washington, dans lequel les
Américains s’occuperaient d’Israël en échange des Russes qui s’occuperaient de l’Ukraine.
Bien que cela scellerait le processus déjà en cours de l’Occident de jeter sous le bus l’acteur en sweat-shirt de Kiev, il est très peu probable que le
Kremlin fasse confiance à un accord américain, et certainement pas à un accord qui marginaliserait l’influence russe dans la région stratégique de l’Asie occidentale.
La solution à deux États est
morte
Le ballet de la «neutralité» russe se poursuit. Moscou fait comprendre à Tel-Aviv que, même dans le cadre de son partenariat stratégique avec l’Iran,
les armes susceptibles de menacer Israël – c’est-à-dire de finir dans les mains du Hezbollah et du Hamas – ne seront pas exportées. La contrepartie de cet arrangement serait qu’Israël
ne vende pas non plus à Kiev d’armes susceptibles de menacer la Russie.
Mais contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, la Russie ne désignera pas le Hamas comme une organisation terroriste. Le porte-parole du Kremlin,
Dmitri Peskov, a été très direct sur cette question : Moscou maintient ses contacts avec les deux parties ; sa «priorité numéro un» est «l’intérêt des
citoyens (russes) du pays qui vivent à la fois en Palestine et en Israël» ; et la Russie restera «une partie qui a
le potentiel de participer aux processus de règlement».
La neutralité, bien sûr, peut aboutir à une impasse. Pour les États arabes et musulmans activement courtisés par le Kremlin, le démantèlement du
colonialisme sioniste devrait être la «priorité numéro un».
Cela implique que la solution à deux États est, à toutes fins pratiques, complètement morte et enterrée. Pourtant, rien n’indique que quiconque, et
surtout pas Moscou, soit prêt à l’admettre.
GUERRE D’UKRAINE – JOUR 595/ GUERRE DE GAZA JOUR 11 – Dans cette période de très fortes tensions, où une guerre régionale au Proche-Orient n’est pas à exclure, le Courrier des Stratèges vous
proposera des analyses quotidiennes des événements qui marquent aussi bien la Deuxième guerre de Kippour que la guerre d’Ukraine.
Si la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis avaient voté le projet de résolution russe au Conseil de sécurité de l’ONU, aurait-on évité le drame de l’hôpital Al-Ahli ?
L’escalade en Palestine semble inévitable. Sous la pression des secteurs pro-guerre de leurs pays, les délégations occidentales au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) ont rejeté une
importante résolution proposée par la Fédération de Russie, qui aurait pu garantir un cessez-le-feu partiel dans le conflit. En raison de cette désapprobation, la guerre s’est rapidement
aggravée et, le lendemain de la décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies, un hôpital a été bombardé à Gaza, ce qui a provoqué une grave crise humanitaire.
Le texte russe établit des conditions minimales pour arrêter le conflit et parvenir à une solution humanitaire. La violence contre les civils a été absolument condamnée, avec des critiques de
part et d’autre. En outre, un cessez-le-feu humanitaire a été demandé pour permettre des mesures de soutien aux civils touchés par le conflit. La Chine, les Émirats arabes unis et le
Mozambique ont soutenu la proposition de Moscou. (…)
.
Le 17 octobre, une attaque massive a été lancée contre Al Ahli Arab, un hôpital chrétien de Gaza, tuant des centaines de civils, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées. On
s’attendait à ce qu’Israël accuse les Palestiniens d’avoir mené l’attaque, mais les preuves suggèrent que Tel-Aviv est à blâmer. Certains rapports indiquent même que le missile utilisé était
un JDAM fourni par les États-Unis.
Toutefois, quel que soit l’auteur de l’attaque, l’essentiel est que celle-ci aurait pu être évitée si, la veille, les pays occidentaux n’avaient pas boycotté la proposition russe de
cessez-le-feu humanitaire. Pour entériner leur soutien inconditionnel à Israël, les puissances occidentales ont accepté la possibilité d’une escalade et voient aujourd’hui les conséquences de
leurs actions irresponsables
infobrics
18 octobre 2023
Même si le Hamas était responsable de la destruction de l’hôpital, Israël a perdu la bataille de la communication
Il est difficile de trancher définitivement, dans l’état actuel des informations, sur l’origine de la destruction de l’hôpital chrétien de Gaza. Du côté israélien
et américain on avait d’abord assumé la frappe. Puis on s’est rétracté. En témoigne la même une du New York Times hier soir 17 octobre :
Southfront.org résume la situation de l’opinion mondiale :
Malgré les tentatives d’Israël d’accuser le Hamas d’avoir attaqué ses propres civils, l’attaque sanglante contre l’hôpital a suscité de vives réactions dans le monde entier.
Israël a été accusé par l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, Cuba, l’Irak, la Turquie, le Venezuela et la Commission de l’Union africaine. L’Union européenne, la France, les Pays-Bas, l’Espagne,
la Grande-Bretagne et le Japon ont condamné l’attaque, mais n’ont blâmé aucune partie, appelant à une enquête plus approfondie
southfront.org
L’avertissement de Vladimir Poutine aux États-Unis
Le chef de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a qualifié l’attaque de “massacre militaire”. En réponse, il a refusé de participer au sommet quadrilatéral
d’Amman, où le président américain devait arriver et rencontrer Palestiniens, Egyptiens et Jordaniens. Le service de presse du roi de Jordanie a annoncé l’annulation du sommet quadrilatéral
d’Amman. Les dirigeants de la Jordanie, des États-Unis, de l’Égypte et de la Palestine devraient discuter de “l’ouverture de corridors humanitaires”.
La Syrie a accusé l’Occident d’être complice des crimes commis par Israël contre les Palestiniens dans le bombardement de l’hôpital. Le président iranien a qualifié
l’incident de “crime de guerre”, menaçant Washington et Tel-Aviv de réagir. En Iran, les manifestants ont demandé que la guerre soit déclarée à Israël. Des milliers de civils se sont rassemblés
sur la place de Palestine avec des slogans tels que “Mort à l’Amérique”.
M. Erdogan a qualifié les frappes israéliennes sur l’hôpital d’atrocité sans précédent et a appelé la communauté internationale à prendre des mesures. Pendant ce
temps, en Turquie, des affrontements ont éclaté entre les manifestants et les policiers dans différentes villes. La police a utilisé des canons à eau pour arrêter la foule qui s’est dirigée vers
le consulat d’Israël à Istanbul. Les Turcs ont aussi tenté de pénétrer dans la base militaire américaine de Kyurechik, à Malatya.
Aujourd’hui 18 octobre, les bombardements israéliens de Gaza se sont intensifiés. Et les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah se sont
intensifiés.
Au vu de toutes ces tensions, Vladimir Poutine a fait une déclaration fondamentale à l’issue de son voyage en Chine :
Le président russe sait qu’en cas de conflit régional, les États-Unis pourraient avoir la tentation d’impliquer la Syrie et de prendre leur revanche pour – enfin –
faire tomber Assad. Ce serait annuler tous les fruits de l’intervention russe dans la guerre de Syrie depuis 2015.
Mais la portée est plus large : Les Russes rappellent, par la bouche de Poutine, qu’il existe désormais un niveau de dissuasion pré-nucléaire.
Jusqu’où la Russie est-elle résolue à s’impliquer ? Les Occidentaux, en particulier les États-Unis sont-ils réceptifs au langage de la dissuasion ?
La Russie et la Chine sont-elle en mesure de convaincre diplomatiquement les États-Unis ?
Hier, nous insistions avec M.K. Bhadrakumar sur l’activité diplomatique de la Chine pour se concerter avec les pays arabes et l’Iran :
Il suffit de dire qu’une stratégie coordonnée entre l’Arabie saoudite et l’Iran, soutenue par la Chine, fait pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu et une désescalade. Le
soutien de l’ONU isole encore davantage Israël. (…)
À l’avenir, l’axe Arabie-Iran-Chine soulèvera la question de la situation critique de Gaza au Conseil de sécurité de l’ONU, à moins qu’Israël ne se rétracte.
Indian
Punchline, 16.10.2023
M.K. Bhadrakumar écrivait cela avant le bombardement de l’hôpital chrétien de Gaza. Mais l’événement a-t-il fondamentalement modifié – au-delà de l’émotion légitime
qu’il suscite – le rapport de forces ?
L’occasion pour l’un des meilleurs spécialistes des relations internationales, le journaliste Pepe Escobar, de faire un point sur la position fondamentale de la
Russie face à la Deuxième Guerre de Kippour:
La stratégie du Kremlin consiste à se positionner visiblement comme le médiateur de choix dans ce conflit, non seulement pour les mondes arabe et musulman, mais aussi pour le Sud et la
majorité mondiale.
Tel était l’objectif du projet de résolution russe présenté cette semaine au Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelait à un cessez-le-feu à Gaza et qui, comme on pouvait s’y
attendre, a été rejeté par les suspects habituels. (…)
Les analystes du renseignement soulignent que l’état-major russe, l’appareil de renseignement et le ministère de la défense semblent s’aligner organiquement sur les sentiments mondiaux à
l’égard des agressions excessives d’Israël. (…)
Les initiés de Moscou insistent sur le fait que la position “neutre” officielle du Kremlin se heurte frontalement à ses agences de défense et de sécurité – en particulier le GRU et le SVR –
qui n’oublieront jamais qu’Israël a été directement impliqué dans le meurtre de Russes en Syrie.
Ce point de vue s’est renforcé depuis septembre 2018, lorsque l’armée de l’air israélienne a utilisé un avion de reconnaissance électronique Iliouchine-20M comme couverture contre les
missiles syriens, ce qui a entraîné son abattage et la mort des 15 Russes à bord.
Ce silence dans les couloirs du pouvoir se reflète dans le silence de la sphère publique. Il n’y a pas eu de débat à la Douma sur la position russe concernant Israël et la Palestine. Et aucun
débat n’a eu lieu au Conseil de sécurité depuis le début du mois d’octobre.
Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a toutefois fait une allusion subtile en soulignant que la “coexistence pacifique” avait une “dimension religieuse” et nécessitait une
“paix juste”. Cela ne correspond pas exactement au nettoyage ethnique annoncé des “animaux humains” (copyright ministère de la défense israélien) à Gaza.
Dans certains couloirs proches du pouvoir, une rumeur alarmante fait état d’un jeu d’ombres complexe entre Moscou et Washington, dans lequel les Américains traiteraient avec Israël en échange
du traitement de l’Ukraine par les Russes.
Bien que cela scellerait le processus déjà en cours de l’Occident de jeter sous le bus l’acteur en sweat-shirt de Kiev, il est très peu probable que le Kremlin fasse confiance à un accord
américain, et certainement pas à un accord qui marginaliserait l’influence russe dans la région stratégique de l’Asie occidentale.
The
Cradle, 18.10.2023
Guerre d’Ukraine: jour 595 du conflit
L’idée d’un voyage de Vladimir Zelenski en Israël a été définitivement
abandonnée sur refus du gouvernement israélien. Il ne reste plus au gouvernement ukrainien qu’à tenter une reprise de la contre-offensive, comme depuis dimanche 15 octobre
sur Zaporojie ; ou à
tenter des envois de drones et de missiles sur le
territoire russe.
Bien évidemment, outre l’effet de dissuasion en Méditerranée dont nous parlions plus haut des patrouilles de MIG31 porteurs de Kinjal en Mer Noire, ces derniers
vont rendre plus difficile les reconnaissances des avions de l’OTAN qui survolent la Mer Noire pour effectuer des repérages avant de guider les tirs ukrainiens en Crimée ou sur le reste de la
Russie :
Dans la nuit du 18 octobre, l’armée ukrainienne a tenté une nouvelle attaque massive de drones sur les arrières de la Russie. Le ministère russe de la défense a indiqué que cette nuit, 28
drones ukrainiens ont été interceptés et détruits par les systèmes de défense aérienne en service au-dessus du territoire des régions de Belgorod, de Koursk et de la mer Noire. Le nombre
exact de cibles interceptées au-dessus de chaque région n’a pas été révélé.
Selon des sources locales, au moins trois drones ukrainiens ont été abattus près de la côte occidentale de la péninsule de Crimée. Deux drones auraient été détruits à 50-80 km à l’ouest de
Saki par des chasseurs russes MiG-29, et un autre aurait été abattu au-dessus de Yevpatoria par le calcul du système de défense aérienne S-300 de la 31e armée de l’air et des divisions de
défense aérienne russes.
Dans la soirée du 17 octobre, l’armée ukrainienne a également tenté d’attaquer la péninsule à l’aide de bateaux sans équipage, mais en vain. L’aviation navale de la flotte russe de la mer
Noire a découvert et détruit deux bateaux sans pilote ukrainiens qui menaient des opérations de reconnaissance dans cette zone à l’ouest du cap Tarkhankut.
Toutes les opérations ukrainiennes dans la région ne sont possibles que grâce au soutien de l’OTAN. De nombreux avions occidentaux ont été repérés dans les régions de la mer Noire à la veille
des attaques. Deux hélicoptères militaires américains et un navire de guerre de la marine turque patrouillaient le long de la côte occidentale de la mer Noire, tandis que l’appareil américain
RQ-4B Phoenix volait près du kraï russe de Krasnodar et au sud de la Crimée, et que l’appareil américain MQ-9A Reaper était repéré près de la côte roumaine.
Southfront.org,
18.10.2023
Bien entendu, les risques d’incidents entre avions russes et américains vont augmenter. En Mer Noire comme en Méditerranée, le risque d’un conflit majeur
existe.
Husson fait le point sur l’Ukraine et la Palestine
Avec le lancement d’une vaste opération armée en Israël, le Hamas bouleverse l’actualité internationale et ajoute à la guerre en Ukraine un nouveau conflit qui “tord” l’ordre international tel
qu’il tenait il y a encore quelques jours. Fidèle à ses points hebdomadaires sur la situation ukrainienne, Edouard Husson élargit donc son périmètre à la situation en Israël et en Palestine.
Voici le début d’une nouvelle série.
Voici donc le premier rendez-vous de guerre avec Edouard Husson depuis les attaques du
Hamas ce week-end en territoire israélien.
Nous avons parlé, depuis quatre jours, de la guerre atroce qui est menée par les deux parties. Nous avons posé la question, au Courrier des Stratèges, d’un emballement débouchant sur un conflit
majeur. Mais il ne faut pas exclure un autre scénario. Celui d’une spirale suicidaire mais purement occidentale, que le reste du monde laisserait faire, pour mettre définitivement hors jeu ceux
qui empêchent la paix et la prospérité du monde. Après tout, le reste du monde pourrait se contenter de regarder Israël s’engager dans une guerre sans fin contre le terrorisme; l’Union Européenne
démontrer définitivement son double standard moral; et les Etats-Unis livrer leur dernier combat impérial, en épuisant définitivement leurs stocks d’armes….En tout cas, depuis quatre jours,
Turquie, Russie, Iran, Arabie Saoudite, Egypte, Chine font preuve d’une retenue étonnante….
Depuis quatre jours, on voit Vladimir Zelenski se débattre comme un beau diable pour essayer de reculer l’inéluctable : La nouvelle guerre du Kippour va accélérer
la fin de la guerre d’Ukraine.
La cruelle réalité apparaît : S’ils veulent soutenir en quoi que ce soit Israël, les Etats-Unis et leurs alliés doivent lâcher l’Ukraine. Après les rodomontades de
l’été 2022 dans le détroit de Taïwan, voici la vérité des prix : Non seulement les Etats-Unis ne peuvent mener qu’une “guerre par procuration ” à la fois ; mais ils portent malheur à tous
leurs alliés.
A voir l’absence d’engrenage vers un conflit élargi, on commence à comprendre que le reste des parties prenantes dans la région mettent Israël devant ses
responsabilités :
Soit l’Etat hébreu rentre dans le jeu complexe mais gratifiant d’une diplomatie d’équilibre, qui à terme procurerait une paix durable à la région;
Soit le gouvernement Netanyahou – éventuellement élargi – s’enfonce dans l’illusion d’une “guerre pour éradiquer le terrorisme”, avec le soutien des USA et de
l’Union Européenne.
Dans dernier cas, malheureusement le plus probable, prenons le pari que le reste du monde regardera sans éprouver aucune pitié, le piège se refermer sur ceux qui y
auront sauté volontairement.
La guerre d’Ukraine pourrait finir plus vite que prévu
Vladimir Zelenski essaie touts les arguments, tant il a conscience que son heure est passée dans la monde occidental. Il a même proposé, ce mercredi 11 octobre, de
faire une visite en Israël pour marquer son soutien. Lui qui, il y a quelques jours encore, protestait bruyamment parce qu’Israël ne le soutenait pas dans la guerre d’Ukraine.
Au Congrès, le gouvernement Biden a essayé de pousser l’idée qu’il faudrait voter un double paquet d’aide, à la fois à l’Ukraine et à Israël. Mais les Républicains
ne marchent pas dans la manoeuvre.
Nous y reviendrons demain dans notre compte-rendu hebdomadaire du conflit ukrainien : L’armée russe est en train d’intensifier ses frappes d’artillerie et de
commencer à prendre en tenailles l’armée ukrainienne dans la région de Donetsk. Certains analystes sont étonnés de la puissance de feu soudain déployée par les Russes et y voient le prélude à une
nouvelle « contre-offensive », russe cette fois.
On sent l’armée ukrainienne sur un point de rupture depuis plusieurs semaines. Il ne serait pas étonnant que le tarissement de l’aide financière et militaire
occidentale précipitât le dénouement.
Les Etats-Unis portent malheur à leurs alliés
Pour défendre Israël, les Etats-Unis n’auront aucun scrupule à lâcher l’Ukraine. Comme ils n’avaient eu aucun problème à abandonner l’Afghanistan avant de
s’investir en Ukraine. Et l’on fera remarquer à juste titre que par la même occasion, les USA cessent de donner la priorité à Taïwan, qu’ils ont impliquée dans une tension croissante avec la
Chine depuis l’été 2022.
C’est une constante depuis toujours : Les Etats-Unis sont venus soutenir la France et la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale, avant de les laisser
seules pour mettre en oeuvre la paix de Versailles. Ils ont promis monts et merveilles à l’Europe de l’Est, avant de l’abandonner quarante ans dans les mains soviétiques. Les USA ont lâché le
Sud-Vietnam, abandonné le Cambodge aux Khmers Rouges et le Laos à une autre guérilla communiste. Plus récemment, ils ont montré qu’ils étaient disposés à détruire l’économie de l’Union Européenne
plutôt que de passer un compromis avec la Russie etc….
A présent, le gouvernement de Joe Biden fait savoir qu’il défendra dans tous les cas Israël. Les Etats-Unis peuvent le faire en abandonnant les autres fronts. Et la
question se pose de savoir s’ils soutiendront vraiment Israël en cas de difficultés croissantes.
On erntend les déclarations se multiplier du côté israélien, sur la nécessité d’exterminer les terroristes et de garantir durablement la sécurité d’Israël. mais que
se passera-t-il si l’armée israélienne s’enfonce dans une guerre apparemment sans fin avec une guérilla urbaine efficace ? Pourquoi les USA ne
lâcheraient-ils pas Israël comme ils lâchent tous leurs « plus fidèles alliés » depuis des décennies ? A chaque fois après les avoir entraînés dans un désastre.
Les puissances immobiles
Je suis pour ma part frappé de voir, depuis samedi, l’extrême retenue de la plupart des pays sauf les USA et les membres de l’Union Européenne.
On entend Erdogan se moquer des Israéliens en se demandant si Tel Aviv est à la tête d’un Etat (responsable) ou d’une « organisation » (incontrôlable ?).
Vladimir Poutine répète qu’il n’y a qu’un chemin pour la paix, le respect des résolutions de l’ONU, en particulier la création d’un Etat palestinien. L’Egypte se contente de
faire savoir qu’elle avait prévenu Netanyahou d’une attaque imminente. La Chine se tient sur la réserve. Quant à l’Iran, son allié libanais le Hezbollah n’est pas encore allé au-delà d’une menace
d’intervention.
Tout se passe comme si le reste du monde voulait indiquer à Israël qu’il y a deux chemins possibles :
Soit l’acceptation du compromis et d’un équilibre des forces complexe, qui inclura forcément des pilules amères : L’acceptation de la coexistence avec la Syrie,
avec l’Iran; et celle d’un Etat palestinien souverain.
Soit la tentative illusoire d’une « éradication du terrorisme », qui sera la réplique en petit de ce que les Américains ont manqué, à grande échelle, en
Mésopotamie et en Afghanistan.
Au moment où nous en parlons, malheureusement, Israël semble choisir cette seconde voie, tant les déclarations belliqueuses se sont multipliées aujourd’hui 11
octobre.
Plus efficace que vitrifier l’Occident : Le laisser aller au bout de sa spirale suicidaire ?
L’attitude du reste du monde fait penser à l’attitude russe dans la guerre d’Ukraine. Peu bouger, attendre que l’adversaire gaspille inutilement ses ressources. Le
laisser se déconsidérer à la face du monde.
Au fond, si les Israéliens veulent mener une guerre, sur le territoire de Gaza, dont le monde entier – sauf le reste de l’Occident – réprouvera les brutalités. Cela
accélère la chute de l’Occident et permettra l’inauguration d’une période de paix et de prospérité.
Les pays de l’Union Européenne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, ne se rendent même pas compte qu’ils vont étaler, une fois de plus, leur mépris de
l’universalité éthique. Quand les Russes bombardent en Ukraine, c’est, sans examen, un crime de guerre. Quand ce sont les Israéliens qui larguent des bombes à Gaza , c’est de la légitime
défense.
En Ukraine, il se dit qu’au moins 300 000 soldats ukrainiens sont morts au combat. Dans le cas de Gaza, combien faudra-t-il de morts israéliens et palestiniens pour
que l’Occident cesse son jeu mortifère ?
On conçoit bien l’intérêt de la Russie ou de l’Iran à procéder ainsi :
Soit les Etats occidentaux se mettent au diapason du monde;
Soit on fera sans eux. C’est moins destructeur mais plus efficace que de lâcher ds bombes sur un adversaire: le laisser se déconsidérer; que plus personne ne puisse
le prendre au sérieux.
S’il le faut, le reste du monde assistera sans aucune pitié à la chute finale de l’Occident.
Si le prix à payer pour la paix du monde, c’est de voir l’Occident succomber au nouveau choc pétrolier qu’il aura lui-même provoqué; voir l’Union Européenne et les
Etats-Unis s’enfoncer dans une crise économique, financière, stratégique, dont ils seront les premiers responsables, le jeu peut en valoir la chandelle, du point de vue de la Russie, de la Chine
et de leurs alliés.
Sans oublier, la garantie à la paix mondiale que procurerait un Occident ayant épuisé tous ses stocks d’armes.
Essai d’information sur le Moyen-Orient. Une tentative audacieuse de Simplicius
L’irruption en Israël a surpris beaucoup d’entre nous. Mais dans une certaine mesure, il s’agissait d’une escalade attendue depuis longtemps,
destinée à amorcer le dénouement du conflit ukrainien, en y atténuant la chaleur.
Il existe de nombreux récits qui circulent sur tout ce qui semble «anormal» à propos de l’attaque du Hamas, donc je ne raconterai pas chaque point ici
car la plupart d’entre vous les ont probablement lus à plusieurs endroits ; des choses comme la brèche très invraisemblable dans les portes et les défenses de haute technologie
d’Israël, les échecs sans précédent du Mossad et du Shin Bet, l’invocation étrangement scénarisée de «Pearl Harbor» par Netanyahou, ce qui est très révélateur si l’on considère que
Pearl Harbor était également une attaque sous faux drapeau avec le le but d’amener les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale.
Rappelons que le Hamas a été créé en partie ou entièrement par
Israël– un fait avoué par plusieurs hauts responsables israéliens – pour faire contrepoids à l’OLP, le groupe politique dominant à l’époque.
Il n’est donc pas exclu qu’un groupe créé par Israël et les services de renseignement occidentaux puisse potentiellement encore être sous leur contrôle
ou au moins infiltré au point d’être «orienté» vers la création de certains faux drapeaux nécessaires qui pourraient profiter à Israël dans son ensemble.
Ceci est étayé par de nouvelles preuves qui auraient été révélées selon lesquelles le Hamas utilisait des armes fournies par l’Ukraine, ce qui
indiquerait un pipeline d’armes de renseignement occidental assez standard à la manière des Contras, et al.
L’axe principal selon lequel j’opère est que presque aucun événement mondial ne se produit par pur hasard, en particulier lorsqu’il se produit dans
une sphère géopolitique connexe
donnée. Et le Moyen-Orient est certainement lié, à bien des égards, à la Russie, à la guerre en Ukraine et à la multipolarité en général.
Passons en revue certaines des raisons potentielles qui pourraient être responsables du déclenchement d’un tel conflit, maintenant comme
jamais.
En corollaire au principe général selon lequel rien n’arrive par hasard dans le monde politique des grandes puissances, nous devons rappeler que tout ce
qui arrive est généralement lié à, ou se produit comme un sous-produit – direct ou indirect – de la grande puissance ou du dirigeant. De la superpuissance en charge ; très peu de
choses peuvent se produire sous leur responsabilité sans leur accord.
Alors, quelles raisons les
États-Unis pourraient-ils avoir pour enflammer le Moyen-Orient ?
Nous savons que des progrès majeurs ont été réalisés récemment vers la multipolarité et vers la fracture de l’empire mondial atlantiste. En
parallèle, Israël s’acheminait vers une sérieuse normalisation avec l’Arabie saoudite, normalisation qui est maintenant décrite par les initiés comme étant «suspendue pour
une durée indéterminée» parce que l’Arabie saoudite exigeait de la part d’Israël diverses concessions envers les Palestiniens – ce qui est désormais une question morte.
À bien des égards, ces réconciliations, rapprochements, normalisations, etc., constituent des évolutions dangereuses pour l’Hégémon. La guerre et
les conflits sont les outils les plus efficaces pour contrôler les événements et créer des conditions favorables à la domination, permettant de créer des divisions, d’affaiblir des
pays intransigeants, d’évincer leurs dirigeants, etc.
Il faut d’abord rappeler que Benjamin Netanyahou lui-même était confronté à une impopularité croissante dans son pays, avec des rumeurs suggérant depuis
longtemps que même le Mossad aidait à organiser des manifestations contre lui
(révélé par les fuites du Pentagone au début de cette année).
Passons en revue certaines des raisons potentielles qui pourraient être responsables du déclenchement d’un tel conflit, maintenant comme
jamais.
Dans ce cas, nous faisons référence aux États-Unis, le principal hégémon du monde. Cependant, les États-Unis ne sont plus les seuls grands acteurs
du bloc, et nous allons donc examiner les raisons possibles que les deux parties pourraient avoir pour déclencher cette flambée.
Alors, quelles raisons les États-Unis pourraient-ils avoir pour enflammer le Moyen-Orient ?
L’une des méthodes les plus couramment utilisées par un leader «homme fort» pour affirmer sa force, regagner du soutien et consolider son pouvoir
consiste à fomenter un certain type de conflit qui peut être utilisé pour créer des restrictions «d’urgence» sur les opposants, la suppression du discours politique. , etc. Il s’agit
évidemment d’une tactique largement utilisée – plus récemment par Zelensky – et qui ne nécessite pas beaucoup d’explications.
On peut facilement imaginer comment un Netanyahou en difficulté chercherait à attiser un conflit pour réorienter son patriotisme et se couvrir de
«gloire» en détruisant le Hamas une fois pour toutes, ce qui garantirait son pouvoir et son héritage pour toujours.
En extrapolant cela, il aurait pu y avoir une convergence d’incitations mutuellement bénéfiques. Connaissant la situation de Netanyahou, les
États-Unis et le Royaume-Uni ont peut-être décidé de conclure un accord mutuel selon lequel plusieurs oiseaux feraient d’une pierre deux coups. Netanyahou obtient la
consolidation de son pouvoir et sa gloire, tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni peuvent potentiellement mener une guerre pour affaiblir l’Iran, désormais imparablement
ascendant.
Cela nous amène à la prochaine grande motivation. L’une des principales raisons de cette flambée soudaine pourrait être de déclencher une
conflagration beaucoup plus importante afin d’affaiblir fatalement l’Iran, qui a récemment acquis une puissance géopolitique démesurée. Il ne s’agit pas là de simples
spéculations, mais l’Occident y fait maintenant ouvertement allusion de diverses manières.
Tout d’abord, la nouvelle bombe selon laquelle «l’Iran a aidé à
planifier» cette attaque du Hamas.
Si vous vous en souvenez bien, l’Occident s’est efforcé de couper les ailes de l’Iran au cours de l’année écoulée comme jamais auparavant. Cela est
dû au fait que l’Iran est devenu de plus en plus dominante au Moyen-Orient, en particulier après tous les rapprochements qui ont eu lieu, et en raison de la manière dont l’Iran a joué
un rôle général dans les diverses guerres énergétiques, géopolitiquement – en aidant la Russie en Ukraine, etc. Son pouvoir a énormément augmenté et il est devenu une menace bien trop
importante.
En outre, rappelons-le, le théâtre syrien a lentement commencé à s’activer ces derniers temps, en partie à cause de la guerre en Ukraine, en tant que
vecteur américain pour affaiblir et diviser les efforts russes. Mais aussi parce que l’Iran a également progressé dans ce domaine, les frappes israéliennes étant moins efficaces
et moins fréquentes, tandis que les troupes et les bases américaines subissent de plus en plus d’attaques de la part de mandataires iraniens.
Assad, quant à lui, a également gagné en force, parcourant le monde entier et concluant de nouveaux accords. Il a rencontré le ministre saoudien
pour la première fois depuis 2011, s’est rendu en Chine pour la première fois depuis 2004, et bien d’autres exploits similaires.
Vu sous cet angle holistique, nous pouvons en déduire que l’hégémonie américaine pourrait vouloir entraîner le Moyen-Orient dans un vaste conflit
afin d’affaiblir ses adversaires de plus en plus forts. Officiellement, ils se présentent comme des artisans de la paix, «aveuglés» par les développements et cherchant à
freiner toute escalade
En fait, les États-Unis viennent d’annoncer l’envoi du groupement tactique du porte-avions USS Gerald R. Ford dans la région de la Méditerranée
orientale. Vous n’envoyez pas autant de puissance de feu si vous voulez faire la paix et désamorcer la situation. Sans oublier que des avions cargo militaires américains C17
ont déjà atterri en Israël, transportant probablement de nouvelles armes.
Il est très facile de voir comment ils pourraient, par exemple, lier l’implication de l’Iran dans les attaques du Hamas à une «menace iranienne
croissante» perçue en Syrie, et inclure cela dans une future offensive plus large où des escadrons conjoints israélo-américains pourraient bombarder et affaiblir les forces de
Assad, les infrastructures, etc., pour maintenir la Syrie sous contrôle. Martyanov en parle en détail dans
sa nouvelle vidéo, y compris les perspectives militaires spécifiques d’une telle tentative d’attaque contre l’Iran.
Mais bien sûr, selon les menaces de Lindsey Graham ci-dessus, cela pourrait aller beaucoup plus loin. Ils pourraient planifier une guerre entière
pour paralyser l’Iran, au moins ses raffineries de pétrole, ce qui paralyserait l’économie iranienne et affaiblirait son influence.
Le révélateur
mort est la rhétorique israélienne du «Pearl Harbor». Tout le monde sait ce que cela signifie. Le projet Ukraine est mort. Les Maîtres de l’Univers ont donc besoin
d’une nouvelle guerre («contre le terrorisme») pour mettre le feu à l’Asie occidentale.
Une Asie
occidentale pacifique signifie la reconstruction de la Syrie, le redéveloppement de l’Irak et du Liban, de l’Iran et de l’Arabie saoudite dans le cadre des BRICS 11, le
partenariat stratégique Russie-Chine respecté et engagé dans toute l’Asie occidentale.
La route
maritime du Nord est déjà en vigueur, mettant directement en péril le canal de Suez. L’un des thèmes clés discutés à Valdai au plus haut niveau était la
dédollarisation. Tout ce qui précède est un anathème pour les suspects habituels.
Le Mossad et
Tsahal pris par surprise relèvent d’un fantasme enfantin. Ils savaient que ça allait arriver. La question est maintenant de savoir si le Hezbollah viendra en
ville».
Les projets qu’il évoque, l’effondrement complet du système dominé par l’Occident, constituent un point charnière clé. Familiarisez-vous à nouveau
avec mon article
sur le Heartland et pourquoi ce «passage intermédiaire» à travers l’Iran est absolument essentiel pour que l’Hégémon puisse conquérir le monde.
Maintenant que l’Occident est au bord du gouffre, il se peut qu’il fasse tout son possible pour tenter de neutraliser l’Iran une fois pour toutes,
ce qui aurait un effet domino sur l’ensemble de la région. La défaite de l’Iran signifierait la chute de la Syrie, ce qui signifierait le retrait de la Russie et la fermeture
de ses bases, ce qui signifierait que toute projection de puissance russe dans cette région serait annulée, en particulier maintenant que les routes du nord seront entièrement
dominées par l’OTAN, avec l’adhésion de la Finlande et potentiellement de la Suède.
En fin de compte, cela servirait un objectif beaucoup plus vaste : il y a toujours des conceptions dans les conceptions.
Le grand projet ultime tourne autour de la guerre en Ukraine, qui elle-même tourne autour du futur conflit sino-taiwanais.
Il pourrait y avoir diverses raisons pour déclencher ce conflit maintenant, vis-à-vis de l’Ukraine. L’une des principales choses qui me vient à
l’esprit est de créer un écran de fumée massif pour détourner la couverture du conflit ukrainien pendant que l’administration Biden met discrètement en œuvre son plan – dont nous
avons longuement discuté dans le dernier rapport – visant à mettre Zelensky sur la glace et à geler la guerre.
Plusieurs articles récents ont montré à quel point l’Ukraine a reçu peu de couverture médiatique ces derniers temps, des graphiques montrant le
lent déclin, en particulier depuis que les réalités de l’offensive ratée se sont installées. Aujourd’hui, ce sujet est voué à disparaître complètement du cycle de l’information,
remplacé par le conflit israélien croissant. Et
des cris d’indignation sans fin face aux atrocités commises – vous connaissez les mêmes que celles perpétrées quotidiennement par les AFU dans le Donbass, qui, d’une manière ou d’une
autre, ne parviennent pas à attirer la même attention médiatique.
Quelqu’un m’a récemment demandé — j’oublie si c’était dans la section des commentaires ou dans l’un des sacs postaux — comment j’imagine
qu’ils pourront balayer le conflit ukrainien sous le tapis à l’avenir. J’ai donné plusieurs méthodes potentielles, dont l’une était qu’elles pouvaient déclencher un autre nouveau
point chaud mondial pour détourner l’attention. J’ai même donné quelques exemples, comme pousser la situation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans quelque chose de plus grand,
intensifier les hostilités entre la Serbie et le Kosovo, qui couvent depuis un certain temps déjà ; mais c’est celui-là que je n’avais certes pas prévu.
À bien des égards, c’est le plus brillant de tous. Parce que rien ne justifie l’indignation des médias comme les attaques contre Israël, du moins
ce qui semble etre des attaques. Les médias ne se soucient pas des Arméniens assassinés, ni de tout autre pays d’ailleurs. Donc, si votre objectif principal est de créer le
plus grand écran de fumée médiatique pour détourner complètement l’attention de l’Ukraine, alors c’est celui-là.
Mais je sais à quoi tu penses. Israël pourrait faire un travail de nettoyage «rapide» sur le Hamas et en finir avec cela, en ramenant toute
l’attention sur l’Ukraine.
C’est pourquoi, pour que cette théorie fonctionne, il faudrait probablement qu’elle déclenche un conflit plus large, impliquant peut-être
l’Iran. Les États-Unis pourraient alors même avoir une excuse pour se débarrasser de l’Ukraine, une excuse qui serait en fait acceptée par les membres du Congrès pro-ukrainiens
les plus enragés. Par exemple : «Nous avons dû
envoyer tout notre argent pour aider à sauver Israël». Il est certain que
personne au Congrès, propriété américano-israélienne, ne s’inquiéterait ou ne s’inquiéterait du fait que les États-Unis dépensent plutôt leurs fonds réservés à l’Ukraine sur
Israël.
Cela pourrait donner à l’administration Biden une excuse valable et défendable pour se débarrasser de l’Ukraine. Gardez à l’esprit que je ne
soutiens pas encore pleinement cette théorie comme motivation principale du conflit actuel, mais je la présente comme une théorie potentielle. Moi-même, je ne suis pas encore
totalement décidé, car je suis toujours en train de rassembler des données et j’attends que d’autres événements se produisent pour nous fournir des indices.
Les médias nous conditionnent déjà à la réalité selon laquelle les États-Unis devront utiliser leurs stocks de munitions précieusement épuisés pour
Israël, en donnant la priorité à leur premier bien-aimé plutôt qu’à leur deuxième nouvellement baptisé. Vous pouvez facilement imaginer l’excuse qui en résulterait à l’avenir :
«Nous
avions des besoins plus pressants, nous ne pouvions donc plus financer/approvisionner l’Ukraine !»
L’absolution sera accordée parce que tout le monde au sein de l’establishment américain comprend le caractère sacré et inviolable d’Israël. Comment
peut-on reprocher à quelqu’un de donner la priorité à Israël plutôt qu’à l’Ukraine ? C’est tout simplement impensable aux États-Unis.
Vous souvenez-vous que nous venions de discuter dans mon tout
dernier article de la possibilité que les États-Unis se débarrassent de l’Ukraine, les laissant sans financement supplémentaire, à la lumière du récent remaniement de la
Chambre des représentants ?
Cette nouvelle annonce selon laquelle Biden s’apprête à tenter de faire un don sans précédent de 100 milliards de dollars à l’Ukraine est très
intéressante car elle sent la récompense finale, ou l’envoi. C’est presque comme essayer de «se laver les mains» du conflit avec une dernière tranche de bonne
conscience.
La plupart des commentateurs s’accordent cependant sur le fait qu’il s’agirait simplement d’un coup performatif et n’aurait aucune chance d’être adopté,
mais c’est peut-être une façon pour Biden de se laver les mains afin de créer l’impression qu’il «a fait tout ce
qu’il pouvait», pour pouvoir plus tard ayez cela dans le cadre de sa défense lorsque l’Ukraine tombera inévitablement et qu’il sera confronté à des critiques mettant fin à sa
carrière. Il peut dire :
«Vous voyez, j’ai
fait de mon mieux pour les sauver, j’ai promis 100 milliards de dollars mais ces républicains gâteurs m’ont bloqué».
Alors, cela pourrait-il être le début de quelque chose de grand destiné à effacer l’ardoise de l’Ukraine et peut-être même conduire à un autre
«événement» qui changerait le monde et permettrait à l’establishment d’annuler/voler les élections de 2024
Rappelons que le grand faux drapeau du Covid a également commencé vers la période de novembre de l’année, juste avant le cycle électoral, c’est-à-dire
fin 2019.
Enfin, certaines rumeurs effrayantes semblent suggérer que les néoconservateurs pourraient tout mettre en
œuvre et exécuter une nouvelle série de fausses bannières à la manière du 11 septembre aux
États-Unis pour amener l’Amérique entièrement dans une guerre contre l’Iran
Ce n’est pas invraisemblable ; Les néoconservateurs ont peut-être fait leurs propres calculs pour conclure que s’ils n’éliminent pas l’Iran
maintenant, les États-Unis sont condamnés. Cela pourrait être le début d’une conflagration géante qui satisferait certaines des pires prophéties pour 2024, à savoir l’absence
d’élections et un nouvel événement mondial du Cygne noir semblable au Covid du dernier cycle électoral.
Mais passons maintenant à l’autre possibilité principale.
Et si, au contraire, tout cet événement était une orchestration de l’Iran ou du bloc dirigé par la Russie ?
Il y a certainement une multitude de raisons pour lesquelles cela pourrait être le cas, la moindre d’entre elles étant le fait que l’Iran reconnaît que
les États-Unis (et l’Occident) sont désormais au plus bas parce qu’ils se sont désarmés au profit de l’Ukraine.
Nous avons déjà vu ces derniers temps l’inquiétude urgente des membres du Congrès selon laquelle les États-Unis ne disposent pas de suffisamment d’armes
pour Taïwan et doivent à l’avenir choisir entre l’Ukraine et la Chine. Aujourd’hui, l’Iran aurait pu choisir d’ouvrir un nouveau front majeur à un moment critique, alors que les
États-Unis sont tiraillés entre leurs diverses exigences géopolitiques.
Un autre aspect qui pourrait indiquer cela est l’apparent excès de confiance affiché par le Hamas. La plupart des commentateurs ne parviennent pas
à comprendre pourquoi le Hamas semble agir avec autant de présomption alors que – sur le papier – l’armée israélienne les domine largement. Je fais référence, par exemple, au
fait que le Hamas aurait rejeté tout cessez-le-feu parce qu’il avait l’intention d’«aller jusqu’au
bout».
Au moment où nous parlons, les derniers rapports affirment que plus de 100 000 soldats israéliens se dirigent vers Gaza :
Il semble inconcevable que le Hamas puisse lancer une telle opération sans contingence, surtout si l’Iran aidait à la planifier. Nous savons que le
Hezbollah a déjà déclaré qu’il interviendrait si l’armée israélienne entrait à Gaza.
Il est intéressant de noter que Erdogan a également lancé un avertissement direct aux États-Unis :
Rappelons qu’il y a seulement quelques jours, les États-Unis ont abattu un drone turc très coûteux et haut de gamme au-dessus de la Syrie, alors que ce
drone aurait failli bombarder les forces américaines. De tels développements semblent témoigner d’un vaste conflit couvant.
Beaucoup pensent désormais qu’Israël est sur le point de tomber dans un «piège» tendu par l’Iran – par lequel il entrerait à Gaza et demanderait au
Hezbollah d’ouvrir un deuxième front. Le Hamas aurait déjà détruit une grande partie du Dôme de Fer d’Israël avec ses propres «fusées-bouteilles» bon marché, et aurait ainsi
ouvert la voie au Hezbollah pour démolir Israël avec une véritable puissance de feu fournie par l’Iran sous la forme de SRBM lourds et de drones, etc.
Le plan pourrait alors être secrètement soutenu par l’ensemble du bloc russe, sachant qu’un conflit d’une telle ampleur pourrait grandement bénéficier à
la Russie et même à la Chine de diverses manières.
La première et la plus évidente est que cela détournerait toute l’attention des États-Unis de l’Ukraine, les obligeant à se concentrer sur la lutte
contre l’Iran et ses puissances régionales, ce qui permettrait à la Russie d’en finir rapidement avec une Ukraine abandonnée.
Deuxièmement, et pour répondre au premier point ci-dessus, tout conflit de ce type ferait exploser les prix du pétrole, qui sont déjà estimés à 150
dollars le baril à l’avenir. Cela conduirait la Russie à faire exploser les bénéfices déjà exorbitants des combustibles fossiles, non seulement stabilisant sa propre économie,
mais contribuant également à financer la guerre en Ukraine.
La Chine pourrait bien sûr bénéficier de la même manière si l’attention des États-Unis était détournée ailleurs, lui donnant ainsi une marge de manœuvre
pour continuer à construire et à consolider sa propre force régionale tout en épuisant les États-Unis et en les empêchant ainsi de financer/approvisionner Taiwan à des degrés
substantiels.
Beaucoup semblent confus à ce sujet, alors permettez-moi de clarifier :
Le conflit actuel en Palestine est géopolitique et reflète la consolidation de l’un des principaux pôles du monde. Il s’agit de la deuxième
étape de la formation du monde multipolaire, après le SMO russe en février 2022.
Beaucoup de gens ont tendance à se concentrer exclusivement sur le Hamas et sur l’évolution de la situation – comme si cela reflétait le même plan
temporel que la stratégie employée. Ne fais pas d’erreur. Il s’agit d’une opération interarmes sans précédent et rien au XXIe siècle ne s’en rapproche dans l’histoire du
conflit.
Le fait que cela ait surpris les Israéliens devrait vous en dire assez. Si cela a surpris le Mossad (l’une des agences de renseignement les
plus puissantes au monde), qu’est-ce qui vous fait penser que l’un de ces idiots d’arnaqueurs de droite sait ce qui va encore arriver ? Il ne s’agissait pas d’une attaque
aléatoire de la part du Hamas.
Tout cela a été planifié, en pleine coordination avec l’Axe de la Résistance – et nous ne sommes même pas près d’en mesurer toute la portée et
l’ampleur. Tous les résultats possibles ont été pris en considération. N’oubliez pas qu’à chaque fois que vous entendez les sionistes parler des «grands projets» que
l’entité a en réserve pour raser Gaza. Ils l’ont fait plusieurs fois, mais ça n’a jamais marché.
Le Hamas en est ressorti plus fort que jamais. Et ils s’attendent également à tout ce que l’entité sioniste leur réserve. Parce qu’il ne
s’agit pas seulement du Hamas. Il s’agit de tout l’Axe de la Résistance, centré en Iran. L’Iran est l’une des civilisations les plus anciennes, les plus grandes et les
plus sophistiquées du monde. Elle est et a toujours été un pôle civilisationnel organique dans la région.
Avant l’ère moderne, les deux seules puissances de la région étaient les Ottomans et les Perses Safavides, qui se disputaient la
région. Derrière cette opération se cachent la ruse, le génie stratégique et le matérialisme eschatologique du CGRI. Et par ce dernier point, je veux dire qu’ils ont
combiné ce qui est une profonde vision spirituelle universelle-régionale avec le pragmatisme, le réalisme et le côté terreux de la technologie moderne et des techniques de guerre
irrégulière hyper-clausewitziennes.
Cette guerre n’a pas un seul lieu ni même une seule chronologie. L’échelle à laquelle cela se produit n’est pas immédiatement perceptible à la
fois dans l’espace ET dans le temps. Ce sont les secousses ressenties par la résurrection de certains des empires les plus anciens, les plus splendides et les plus sublimes
du monde.
Il s’agit de l’opération militaire spéciale des civilisations du Moyen-Orient. De même, il ne s’agit pas uniquement d’Israël. C’est le
dernier avant-poste du Nouvel Ordre Mondial dans la région. Israël était l’Ukraine du Moyen-Orient – une vaine et artificielle forteresse de la modernité occidentale créée
pour supprimer les puissances réelles (et endormies depuis longtemps) indigènes de la région. Il s’agit d’une révolution régionale qui pourrait déboucher sur une guerre
mondiale.
La Russie a réveillé d’anciennes puissances à travers le monde. C’est la fin de «l’ordre fondé sur des règles» occidental.
Ce qui précède peut-être un peu larmoyant et trop optimiste – je ne l’approuve pas nécessairement, du moins pas encore. Cela pourrait très bien
être vrai.
L’une des autres raisons est qu’il y a eu récemment beaucoup trop de soulèvements «fortuits» contre l’ordre occidental. Rappelez-vous combien de
fois nous avons discuté ici du rôle asymétrique potentiel de la Russie dans les différentes libérations africaines en cours sur le continent. Pensez-vous que c’est un accident
qui a conduit à des choses comme ça ?
On m’a demandé à plusieurs reprises, lors de courriers, de commentaires, etc., ce que la Russie envisageait de faire pour contrebalancer la guerre
hybride constante des États-Unis dans le conflit ukrainien. Il y a certainement de nombreux «événements mystérieux» qui se produisent partout dans le monde et qui pourraient
répondre à cette question.
C’est pourquoi je ne serais pas surpris si la confrontation actuelle est liée à la guerre mondiale hybride de l’Est contre l’Ouest, ou du Sud global
contre les atlantistes.
Rappelez-vous que les grandes civilisations anciennes pensent et planifient des stratégies à long terme. Se pourrait-il en fait qu’il s’agisse
d’une attaque coordonnée et soigneusement planifiée en trois volets – dont la première étape serait la Russie éliminant l’Ukraine, puis l’Iran éliminant Israël, pour finir par le coup
de grâce de la Chine éliminant Taïwan ?
C’est certainement une notion très ambitieuse. Mais cela correspond à ce que d’autres prédisaient depuis un certain temps, comme Jirinovski ici il
y a plusieurs années :
Une autre raison potentielle pour laquelle le cartel bancaire qui dirige l’Occident a besoin d’une guerre majeure pour vider le système :
Même par rapport aux normes de la dernière décennie, qui était tout simplement sans précédent en termes de quantité d’argent imprimé par la Réserve
fédérale, la semaine dernière a été témoin d’une autre série d’impressions hallucinante.
Avec toute la dédollarisation en cours, cela ne peut que signifier que le système financier occidental n’a jamais été dans un état aussi
précaire. Le cartel a besoin d’un conflit mondial majeur pour pouvoir débusquer le système, effacer ses comptes et recommencer l’escroquerie usure-fiat à partir d’une table
rase.
Mais nous devrons voir comment ce conflit se déroulera au cours des deux prochaines semaines afin de véritablement juger s’il s’agit d’un plan directeur
iranien en 5D, ou simplement d’un stratagème bon marché pour Netanyahu pour consolider son pouvoir et inscrire son héritage en tant que leader israélien historique qui a écrasé le
Hamas une fois pour toutes, effaçant d’un seul coup tous ses méfaits et sa corruption.
Et maintenant, tout le monde a déjà oublié ce qu’est l’Ukraine. Jirinovski avait tout prédit il y a longtemps : «Ce furent les
dernières élections que vous avez eues [en Ukraine]. Il n’y aura pas d’élections en 2024 car il n’y aura pas de pays appelé Ukraine. Vous ne tenez pas compte de la situation au
Moyen-Orient. De tels événements s’y dérouleront et tout le monde oubliera complètement ce qu’est l’Ukraine. Il s’agit de la Troisième Guerre mondiale. Et l’Iran n’est ni le Vietnam,
ni la Corée, ni le Kosovo. Les événements les plus terribles se produiront ici !»
Les décisions prises aujourd’hui par les États-Unis et la Russie auront une importance capitale pour la paix, la sécurité et le bien-être du monde entier.
Quatre événements ont brisé les espoirs des néoconservateurs d’un élargissement de l’OTAN vers l’Est, vers l’Ukraine, la Géorgie et au-delà.
Le premier est simple.
L’Ukraine a été dévastée sur le champ de bataille, avec des pertes tragiques et épouvantables. La Russie est en train de gagner la guerre d’usure, un résultat qui était
prévisible dès le départ mais que les néoconservateurs et les grands médias nient encore aujourd’hui.
Le deuxième est
l’effondrement du soutien en Europe à la stratégie néoconservatrice américaine. La Pologne ne parle plus avec l’Ukraine. La Hongrie s’oppose depuis longtemps aux néoconservateurs. La Slovaquie a
élu un gouvernement anti-néoconservateur. Les dirigeants européens (Macron, Meloni, Sanchez, Scholz, Sunak et d’autres) ont
des taux de désapprobation bien supérieurs à ceux d’approbation.
Le troisième est
la réduction du soutien financier américain à l’Ukraine. La base du Parti républicain, plusieurs candidats républicains à la présidentielle et un nombre croissant de membres républicains du
Congrès s’opposent à une augmentation des dépenses en faveur de l’Ukraine. Dans le projet de loi provisoire destiné à maintenir le gouvernement en marche, les Républicains ont supprimé tout
nouveau soutien financier à l’Ukraine. La Maison Blanche a réclamé une nouvelle législation sur l’aide, mais cela sera un combat difficile.
Le quatrième, et
le plus urgent du point de vue de l’Ukraine, est la probabilité d’une offensive russe. Les victimes ukrainiennes se comptent par centaines de milliers et l’Ukraine a brûlé son artillerie, ses
défenses aériennes, ses chars et autres armes lourdes. La Russie suivra probablement avec une offensive massive.
Les néoconservateurs ont créé de véritables désastres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye et maintenant en Ukraine. Le système politique
américain n’a pas encore demandé de comptes aux néoconservateurs, dans la mesure où la politique étrangère est menée jusqu’à présent avec peu de contrôle du public ou du Congrès. Les grands
médias se sont rangés du côté des slogans des néoconservateurs.
L’Ukraine risque un effondrement économique, démographique et militaire.
Que devrait faire le gouvernement américain pour faire face à ce désastre potentiel ?
De toute urgence, il faudrait changer de cap.
La Grande-Bretagne conseille aux États-Unis d’intensifier leurs efforts, alors qu’elle est coincée dans ses rêveries impériales du XIXe siècle. Les néoconservateurs
américains sont coincés dans la bravade impériale. Il est urgent que les têtes froides prévalent.
Le président Joe Biden devrait immédiatement informer le président Vladimir Poutine que les États-Unis mettront fin à l’élargissement de l’OTAN vers l’est si les
États-Unis et la Russie parviennent à un nouvel accord sur les modalités de sécurité. En mettant fin à l’expansion de l’OTAN, les États-Unis peuvent encore sauver l’Ukraine des débâcles
politiques des 30 dernières années.
Biden devrait accepter de négocier un arrangement de sécurité semblable, sans toutefois préciser les détails, aux propositions
du président Poutine du 17 décembre 2021 . Biden a bêtement refusé de négocier avec Poutine en décembre 2021. Il est temps de négocier maintenant.
Il y a quatre points clés dans un accord.
Premièrement, dans
le cadre d’un accord global, Biden devrait convenir que l’OTAN ne s’élargira pas vers l’est, mais ne renversera pas l’élargissement passé de l’OTAN. L’OTAN ne tolérerait bien entendu pas les
empiétements russes dans les États membres existants de l’OTAN. La Russie et les États-Unis s’engageront à éviter toute provocation à proximité des frontières russes, notamment le placement de
missiles provocateurs, les exercices militaires, etc.
Deuxièmement, le nouvel
accord de sécurité entre les États-Unis et la Russie devrait couvrir les armes nucléaires. Le retrait unilatéral des États-Unis du Traité sur les missiles anti-balistiques en 2002, suivi du
déploiement de missiles Aegis en Pologne et en Roumanie, ont gravement attisé les tensions, qui ont été encore exacerbées par le retrait des États-Unis de l’accord sur les forces nucléaires
intermédiaires (INF) en 2019 et La suspension par la Russie du traité New Start en 2023. Les dirigeants russes ont pointé à plusieurs reprises les missiles américains près de la Russie, non
limités par le traité ABM abandonné, comme une grave menace pour la sécurité nationale de la Russie.
Troisièmement, la
Russie et l’Ukraine s’entendraient sur de nouvelles frontières, dans lesquelles la Crimée à majorité ethnique russe et les districts à forte population russe de l’est de l’Ukraine continueraient
de faire partie de la Russie. Les changements de frontière s’accompagneraient de garanties de sécurité pour l’Ukraine, soutenues à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres
États comme l’Allemagne, la Turquie et l’Inde.
Quatrièmement, dans le
cadre d’un règlement, les États-Unis, la Russie et l’UE rétabliraient les relations commerciales, financières, culturelles et touristiques. Il est certainement temps d’entendre à nouveau
Rachmaninov et Tchaïkovski dans les salles de concert américaines et européennes.
Les changements de frontière sont un dernier recours et ne devraient être effectués que sous les auspices du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils ne doivent jamais
être une invitation à de nouvelles revendications territoriales, comme celles de la Russie à l’égard des Russes de souche dans d’autres pays. Pourtant, les frontières changent, et les États-Unis
ont récemment soutenu deux modifications frontalières.
L’OTAN a bombardé la Serbie pendant 78 jours jusqu’à ce qu’elle abandonne la région du Kosovo à majorité albanaise. En 2008, les États-Unis ont reconnu le Kosovo
comme nation souveraine. Les États-Unis ont également soutenu l’insurrection du Soudan du Sud visant à se séparer du Soudan.
Si la Russie, l’Ukraine ou les États-Unis violaient par la suite le nouvel accord, ils défieraient le reste du monde. Comme l’a observé JFK, « même avec les nations
les plus hostiles on peut compter sur elles pour accepter et respecter les obligations conventionnelles, et uniquement celles qui sont dans leur propre intérêt ».
Les néoconservateurs américains sont largement tenus pour responsables de l’atteinte aux frontières de l’Ukraine en 1991. La Russie n’a revendiqué la Crimée
qu’après le renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovitch en 2014, soutenu par les États-Unis. La Russie n’a pas non plus annexé le Donbass après 2014, appelant plutôt l’Ukraine à
honorer l’accord de Minsk II soutenu par l’ONU, basé sur l’autonomie du Donbass. Les néoconservateurs ont préféré armer l’Ukraine pour reprendre le Donbass par la force plutôt que d’accorder
l’autonomie au Donbass.
La clé à long terme de la paix en Europe est la sécurité collective, comme le réclame l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE).
Selon les
accords de l’OSCE , les États membres de l’OSCE « ne renforceront pas leur sécurité aux dépens de celle des autres États ».
L’unilatéralisme néoconservateur a miné la sécurité collective de l’Europe en poussant à l’élargissement de l’OTAN sans égard aux tiers, notamment à la Russie.
L’Europe – y compris l’UE, la Russie et l’Ukraine – a besoin de plus d’OSCE et de moins d’unilatéralisme néoconservateur comme clé d’une paix durable en Europe.
Guerre d’Ukraine : Les États-Unis et l’Occident sont en train de dégriser
Jour 576 -Le New York Times a dressé un bilan impartial des derniers neuf mois de guerre: il apparaît que, dans la guerre d’attrition qui se livre, les Russes ont gagné plus de terrain que les
Ukrainiens depuis janvier 2023. Cette semaine, Seymour Hersh a publié de nouvelles informations sur le sabotage de Nordstream, effectué il y a un an, véritable acte de guerre des
États-Unis…contre l’Allemagne, comme l’explique le grand journaliste américain. Enfin, nous revenons sur l’ovation au Waffen SS Hunka au Parlement canadien. Cynthia Chung explique qu’il s’est agi
de tout sauf d’une gaffe malencontreuse.
Les Russes ont conquis plus de territoire que les Ukrainiens depuis janvier 2023
Les forces russes ont gagné plus de territoire en Ukraine cette année que la partie ukrainienne, malgré la contre-offensive ukrainienne lancée en juin, a rapporté le New York
Times jeudi 28 septembre.
Malgré neuf mois de combats acharnés en Ukraine, seulement 500 miles carrés de territoire ont changé de mains cette année. La Russie a gagné 331 miles carrés et l’Ukraine 143, soit une
différence de 188 miles carrés, ce qui représente le gain net de territoire de la Russie depuis le début de l’année.
La plupart des combats du premier semestre se sont concentrés autour de la ville de Bakhmut, dans le Donbass, que la Russie a entièrement capturée en mai après une bataille brutale qui a
débuté en août 2022. La contre-offensive de l’Ukraine s’est concentrée sur le sud, mais les combats se sont poursuivis près de Bakhmut et sur l’ensemble du front oriental.
New
York Times, 28 septembre 2023
Le New Yor Times cite Marina Miron, chercheur postdoctorale au King’s College de Londres, qui déclare que la Russie semble se satisfaire de conserver le territoire qu’elle contrôle actuellement
plutôt que de chercher à obtenir des gains rapides.
“Elle ne perd rien à ne pas aller de l’avant”, explique le chercheur. “Toute
la stratégie en Ukraine consiste pour les Russes à laisser les Ukrainiens se heurter à ces défenses, à en tuer autant que possible et à détruire autant d’équipements occidentaux que
possible“.
Seymour Hersh publie un nouveau texte un an après l’attaque américaine contre Nordstream
Seymour Hersh est, avec John
Helmer et Moon of Alabama, un des
analystes qui a donné des informations fiables sur la responsabilité directe du gouvernement américain dans le sabotage de Nordstream fin septembre 2022. Huit mois après son premier article et un
an après les faits, il donne d’amples détails sur les
motivations du gouvernement américain. Nous en traduisons plusieurs extraits :
“Il y avait une faille – un manque de compréhension entre ceux qui ont mené la mission et le président Biden, quant aux raisons pour lesquelles il a ordonné la destruction des oléoducs au
moment où il l’a fait. Mon rapport initial de 5 200 mots, publié au début du mois de février, se terminait de manière énigmatique par la citation d’un fonctionnaire au courant de la mission
qui m’avait dit : “C’était une belle histoire de couverture”. Le fonctionnaire a ajouté : “Le seul défaut était la décision de le faire”. (…)
Je suis maintenant en mesure d’écrire sur la faille inexpliquée citée par le fonctionnaire anonyme. (…)
Revenons aux gazoducs Nord Stream : Il est important de comprendre qu’aucun gaz russe ne circulait vers l’Allemagne via les gazoducs Nord Stream lorsque Joe Biden a ordonné leur destruction
le 26 septembre dernier. Nord Stream 1 fournissait de grandes quantités de gaz naturel à bas prix à l’Allemagne depuis 2011 et contribuait à renforcer le statut de l’Allemagne en tant que
colosse industriel et manufacturier. Mais il a été fermé par Poutine à la fin du mois d’août 2022, alors que la guerre en Ukraine était, au mieux, dans une impasse. Nord Stream 2 a été achevé
en septembre 2021, mais le gouvernement allemand dirigé par le chancelier Olaf Scholz l’a empêché de livrer du gaz deux jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Étant donné les vastes réserves de gaz naturel et de pétrole de la Russie, les présidents américains, depuis John F. Kennedy, ont été attentifs à l’utilisation potentielle de ces ressources
naturelles à des fins politiques. Ce point de vue reste dominant chez Joe Biden et ses conseillers en politique étrangère, le secrétaire d’État Antony Blinken, le conseiller à la sécurité
nationale Jake Sullivan et Victoria Nuland, aujourd’hui adjointe intérimaire de M. Blinken.
Jake Sullivan a convoqué une série de réunions de haut niveau sur la sécurité nationale à la fin de l’année 2021, alors que la Russie renforçait ses forces le long de la frontière ukrainienne
et qu’une invasion était considérée comme presque inévitable. Le groupe, qui comprenait des représentants de la CIA, a été invité à formuler une proposition d’action susceptible de dissuader
Poutine. La mission de destruction des oléoducs est motivée par la volonté de la Maison Blanche de soutenir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L’objectif de Sullivan semblait clair.
“La politique de la Maison-Blanche consistait à dissuader la Russie d’attaquer”, m’a dit le fonctionnaire. “Le défi qu’elle a lancé à la communauté du renseignement était de trouver un moyen
suffisamment puissant pour y parvenir et d’affirmer avec force la capacité des États-Unis.
Je sais maintenant ce que j’ignorais à l’époque : la véritable raison pour laquelle l’administration Biden “a évoqué la suppression du gazoduc Nord Stream”. Le fonctionnaire m’a récemment
expliqué qu’à l’époque, la Russie fournissait du gaz et du pétrole dans le monde entier via plus d’une douzaine de gazoducs, mais que les gazoducs Nord Stream 1 et 2 partaient directement de
la Russie pour rejoindre l’Allemagne en passant par la mer Baltique. “L’administration a mis Nord Stream sur la table parce que c’était le seul auquel nous pouvions accéder et qu’il serait
totalement dénié”, a déclaré le fonctionnaire. “Nous avons résolu le problème en quelques semaines, début janvier, et en avons informé la Maison Blanche. Nous avons supposé que le président
utiliserait la menace contre Nord Stream comme moyen de dissuasion pour éviter la guerre”.
Le groupe de planification secret de l’agence n’a pas été surpris lorsque, le 27 janvier 2022, Mme Nuland, alors sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, assurée et confiante, a averti
Poutine de manière stridente que s’il envahissait l’Ukraine, comme il en avait manifestement l’intention, “d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant”. Cette phrase a
suscité une grande attention, mais pas les mots qui l’ont précédée. La transcription officielle du département d’État montre qu’elle a fait précédé sa menace en disant qu’en ce qui concerne
le gazoduc, “nous continuons d’avoir des contacts très forts et très étroits avec le gouvernement ukrainien” : “Nous continuons à avoir des conversations très fortes et très claires avec nos
alliés allemands”.
Interrogée par un journaliste qui lui demandait comment elle pouvait affirmer avec certitude que les Allemands seraient d’accord “parce que ce que les Allemands ont dit publiquement ne
correspond pas à ce que vous dites”, Mme Nuland a répondu par un étonnant double langage : “Je dirais qu’il faut revenir en arrière et lire le document que nous avons signé en juillet [2021]
et qui indique très clairement les conséquences pour le gazoduc en cas de nouvelle agression de l’Ukraine par la Russie. Mais cet accord, qui a été présenté aux journalistes, n’a pas précisé
les menaces ou les conséquences, selon les rapports du Times, du Washington Post et de Reuters. Au moment de l’accord, le 21 juillet 2021, M. Biden a déclaré à la presse que l’oléoduc étant
achevé à 99 %, “l’idée que quoi que ce soit puisse être dit ou fait pour l’arrêter n’était pas possible”. À l’époque, les républicains, menés par le sénateur Ted Cruz du Texas, ont décrit la
décision de M. Biden d’autoriser l’acheminement du gaz russe comme une “victoire géopolitique générationnelle” pour Poutine et une “catastrophe” pour les États-Unis et leurs alliés.
Mais deux semaines après la déclaration de Nuland, le 7 février 2022, lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche avec Scholz en visite, Biden a indiqué qu’il avait changé
d’avis et qu’il se joignait à Nuland et à d’autres conseillers en politique étrangère tout aussi faucons pour parler de l’arrêt de la construction de l’oléoduc. “Si la Russie envahit – ce qui
signifie que des chars et des troupes franchissent à nouveau – la frontière de l’Ukraine, a-t-il déclaré, il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin”. Interrogé sur la manière
dont il pourrait le faire puisque le gazoduc est sous le contrôle de l’Allemagne, il a répondu : “Nous le ferons, je vous le promets : “Nous le ferons, je vous le promets, nous pourrons le
faire”.
M. Scholz, interrogé sur la même question, a déclaré : “Nous agissons ensemble : “Nous agissons ensemble. Nous sommes absolument unis et nous ne prendrons pas de mesures différentes. Nous
prendrons les mêmes mesures, et elles seront très très dures pour la Russie, et elle devrait le comprendre.” Certains membres de l’équipe de la CIA considéraient alors, et considèrent
aujourd’hui, que le dirigeant allemand était parfaitement au courant de la planification secrète en cours pour détruire les oléoducs.
À ce stade, l’équipe de la CIA avait établi les contacts nécessaires en Norvège, dont la marine et les forces spéciales partagent depuis longtemps des missions de couverture avec l’agence.
Les marins norvégiens et les bateaux de patrouille de classe Nasty ont aidé à faire entrer clandestinement des agents de sabotage américains au Nord-Vietnam au début des années 1960, lorsque
les États-Unis, sous les administrations Kennedy et Johnson, menaient une guerre américaine non déclarée dans ce pays. Avec l’aide de la Norvège, la CIA a fait son travail et a trouvé un
moyen de faire ce que la Maison Blanche de Biden voulait faire aux oléoducs.
À l’époque, le défi lancé à la communauté du renseignement était d’élaborer un plan suffisamment énergique pour dissuader Poutine d’attaquer l’Ukraine. Le fonctionnaire m’a dit : “Nous
l’avons fait : “Nous avons réussi. Nous avons trouvé un moyen de dissuasion extraordinaire en raison de son impact économique sur la Russie. Et Poutine a agi en dépit de la menace”. Il a
fallu des mois de recherche et de pratique dans les eaux tumultueuses de la mer Baltique aux deux plongeurs experts de la marine américaine recrutés pour cette mission avant qu’elle ne soit
jugée concluante. Les superbes marins norvégiens ont trouvé l’endroit idéal pour poser les bombes destinées à faire sauter les pipelines. Les hauts fonctionnaires suédois et danois, qui
continuent d’affirmer qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait dans leurs eaux territoriales communes, ont fermé les yeux sur les activités des agents américains et norvégiens.
L’équipe américaine de plongeurs et de personnel de soutien à bord du navire-mère de la mission – un dragueur de mines norvégien – serait difficile à cacher pendant que les plongeurs feraient
leur travail. L’équipe n’a appris qu’après le bombardement que Nord Stream 2 avait été fermé avec 750 miles de gaz naturel à l’intérieur.
Ce que je ne savais pas à l’époque, mais que j’ai appris récemment, c’est qu’après l’extraordinaire menace publique de Biden de faire exploser Nord Stream 2, avec Scholz à ses côtés, le
groupe de planification de la CIA a été informé par la Maison Blanche qu’il n’y aurait pas d’attaque immédiate contre les deux gazoducs, mais que le groupe devait s’organiser pour poser les
bombes nécessaires et être prêt à les déclencher “à la demande” – après le début de la guerre. “C’est à ce moment-là que nous avons compris que l’attaque des oléoducs n’était pas dissuasive,
car au fur et à mesure que la guerre avançait, nous n’en avons jamais reçu l’ordre”, a déclaré le petit groupe de planification qui travaillait à Oslo avec la marine royale norvégienne et les
services spéciaux sur le projet.
Après l’ordre de Biden de déclencher les explosifs placés sur les oléoducs, il a suffi d’un court vol avec un chasseur norvégien et du largage d’un sonar de série modifié au bon endroit dans
la mer Baltique pour que l’opération soit menée à bien. À ce moment-là, le groupe de la CIA avait été dissous depuis longtemps. C’est aussi à ce moment-là que le fonctionnaire m’a dit : “Nous
avons compris que la destruction des deux pipelines russes n’était pas liée à la guerre en Ukraine – Poutine était en train d’annexer les quatre oblasts ukrainiens qu’il voulait – mais
qu’elle faisait partie d’un programme politique néocon pour empêcher Scholz et l’Allemagne, avec l’hiver qui approchait et les pipelines fermés, de se dégonfler et d’ouvrir le Nord Stream 2,
qui avait été fermé. “La crainte de la Maison Blanche était que Poutine mette l’Allemagne sous sa coupe et qu’il s’attaque ensuite à la Pologne.(…)
L’administration Biden a fait sauter les oléoducs, mais cette action n’avait pas grand-chose à voir avec la victoire ou l’arrêt de la guerre en Ukraine. Elle résulte de la crainte de la
Maison Blanche de voir l’Allemagne hésiter et se détourner du gaz russe, et de voir l’Allemagne, puis l’OTAN, pour des raisons économiques, tomber sous l’emprise de la Russie et de ses
ressources naturelles étendues et peu coûteuses. C’est ainsi qu’est née la crainte ultime : que l’Amérique perde sa primauté de longue date en Europe occidentale.
seymourhershsubstack.com
Cynthia Chung : L’hommage du Parlement canadien à Iaroslav Hunka était tout sauf un “malheureux incident”
Cynthia Chung, présidente de la Fondation “Rising Tide” et auteur d’un ouvrage de première qualité sur les survivances du fascisme après la Seconde Guerre mondiale, a commenté sur son blog
l’hommage rendu à l’ancien Waffen SS Iaroslav Hunka. Selon elle, il s’agit de tout sauf d’un raté malencontreux :
Encore un scandale “très embarrassant” pour le gouvernement canadien, impliquant cette fois un nazi ukrainien de 98 ans qui a été ovationné au Parlement canadien lors du discours du président
ukrainien Zelensky vendredi dernier, le 22 septembre 2023. Hmmm, coïncidence ?
Selon les responsables des relations publiques, tout cela est dû au président de la Chambre des communes, Anthony Rota, qui avait invité Yaroslav Hunka à assister au discours du président
ukrainien Zelensky devant le Parlement canadien. On nous dit donc que le gouvernement Trudeau et Zelensky ne sont que les spectateurs innocents de cette malencontreuse bévue due à
l’inadvertance d’un seul homme.
Plus étrange encore, le discours de Rota lors de la comparution de Zelensky devant le Parlement s’est déroulé comme suit :
“Nous avons ici dans cette salle aujourd’hui un vétéran ukrainien canadien de la Seconde Guerre mondiale, qui a combattu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes… (il écarquille les
yeux et fait une pause) et qui continue à soutenir les troupes aujourd’hui, même à l’âge de 98 ans (applaudissements et standing ovation).
Vous pouvez visionner la vidéo du discours de Rota ici. M. Rota a depuis démissionné de son poste de président de la Chambre des communes, acceptant l’entière responsabilité de cet incident
“profondément embarrassant”.
Dans ses “excuses”, M. Trudeau a déclaré :
“Il sera très important que nous nous opposions tous à la propagande russe, à la désinformation russe, et que nous continuions à soutenir fermement et sans équivoque l’Ukraine, comme nous
l’avons fait la semaine dernière en annonçant de nouvelles mesures pour soutenir l’Ukraine dans la guerre illégale que mène la Russie contre elle.
Apparemment, Trudeau s’excuse en disant que tout cela est de la faute de la Russie ?!?
Cependant, si nous devons croire qu’il s’agit simplement d’une erreur de Rota, pourquoi M. Hunka, qui a servi dans la 14e division de grenadiers de la Waffen-SS, une unité volontaire composée
principalement d’Ukrainiens ethniques sous le commandement nazi, a-t-il été présenté par le président de la Chambre des communes comme un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui a combattu
les Russes ? Un point sur lequel même M. Rota a semblé perplexe après avoir lu ces lignes à haute voix… manifestement, ce n’est pas lui qui a rédigé son discours.
Oui, si vous étiez Ukrainien et que vous combattiez les Russes pendant la Seconde Guerre mondiale, cela signifiait que vous étiez directement aligné sur les nazis. Pour être clair, la
division de grenadiers de la Waffen-SS à laquelle M. Hunka a participé n’a pas seulement tué des Russes, mais aussi des civils polonais et juifs.(…)
Cependant, ce n’est pas la seule gaffe que le gouvernement canadien a commise récemment et dont il a rendu les “ze Russians” responsables.
Le 27 février 2022, la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland a tenu une écharpe portant le slogan “Slava Ukraini”, qui signifie “Gloire à l’Ukraine”, avec les couleurs “Sang et
terre” de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) (qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et massacré des Juifs et des Polonais).
Elle a ensuite publié cette photo sur son compte Twitter (qu’elle a remplacée quelques heures plus tard par une photo d’elle sans l’écharpe “sang et terre”) et a accusé ses détracteurs de
“puer la désinformation russe”.
Selon l’attaché de presse de Mme Freeland, il s’agissait là d’un autre cas de “diffamation classique par le KGB […] accusant les Ukrainiens et les Canadiens d’origine ukrainienne d’être des
extrémistes de droite, des fascistes ou des nazis”, ce qui est une déclaration déroutante à plusieurs niveaux.
On ne voit pas très bien en quoi il s’agit d’un cas de “désinformation russe”, puisque la photo est bel et bien authentique, ce que Mme Freeland n’a pas nié. De plus, elle tenait bien un
emblème “Blood and Soil” (sang et sol), d’origine nazie, à la vue de tous. Enfin, on se demande pourquoi le gouvernement canadien semble ignorer que le KGB n’existe plus. Pense-t-il également
que l’Union soviétique existe toujours ?
Le fait que le grand-père de Mme Freeland ait été le rédacteur en chef d’un journal nazi pendant la Seconde Guerre mondiale en Galicie n’est pas sans rapport avec tout cela, et Mme Freeland
en est consciente et ne s’en excuse apparemment pas. Chaque fois qu’elle est interrogée à ce sujet, elle ne nie rien, mais se contente d’imputer la responsabilité d’une telle enquête à la
désinformation russe dans le but de “déstabiliser les démocraties occidentales”.
Il est intéressant de noter que c’est le journal canadien “The Globe and Mail” qui a rapporté cette histoire, intitulée “Freeland knew her grandfather was editor of Nazi newspaper” (Freeland
savait que son grand-père était rédacteur en chef d’un journal nazi), et qu’il ne s’agit donc pas d’une publication russe, à ma connaissance. Et sur qui se fondent ces informations ? Sur
personne d’autre que l’oncle de Mme Freeland, John-Paul Himka, qui était à l’époque professeur émérite à l’université d’Alberta.
Selon le Globe and Mail, Mme Freeland savait depuis plus de vingt ans que son grand-père, Michael Chomiak, était le rédacteur en chef d’un journal nazi qui vilipendait les Juifs et soutenait
la cause nazie.(…)
Mais ce n’est pas tout, il y a aussi la conduite douteuse des militaires canadiens qui ont été surpris en train d’entraîner des nazis ukrainiens d’aujourd’hui.
Oui, il existe aujourd’hui des nazis ukrainiens. Même le “Conseil atlantique”, une publication pro-OTAN, a écrit un article intitulé “L’Ukraine a un vrai problème avec la violence d’extrême
droite (et non, RT n’a pas écrit ce titre)”.
Les nazis ukrainiens ont reçu un entraînement continu de la CIA, du SAS britannique ainsi que d’autres pays de l’OTAN comme le Canada depuis au moins 2014, et ce jusqu’à aujourd’hui, comme
l’ont confirmé The Times, Ottawa Citizen, CTV News et Radio Canada.
Le gouvernement canadien a tenté de nier toute connaissance de l’entraînement de militants nazis en Ukraine et a affirmé qu’il n’était pas responsable de la vérification des personnes qu’il
entraînait, puisque cette responsabilité incombait au gouvernement ukrainien. Toutefois, ces affirmations d’ignorance se sont évanouies lorsque les nazis ukrainiens qu’ils entraînaient ont
publié des photos sur leurs comptes de médias sociaux, montrant leurs badges nazis les identifiant comme tels lors de ces séances d’entraînement avec les forces canadiennes et américaines, au
vu et au su de tout le monde.(…)
Max Blumenthal a récemment publié sur Twitter une émission spéciale de 60 minutes datant de 1997 et exposant la politique d’après-guerre d’Ottawa consistant à accueillir des vétérans SS
nazis.
Andriy Biletsky, premier commandant du bataillon Azov et plus tard parlementaire du Corps national, a dirigé l’organisation paramilitaire nazie “Patriote d’Ukraine” et a déclaré en 2010 que
la nation ukrainienne avait pour mission de “mener les races blanches du monde dans une croisade finale […] contre les Untermenschen [sous-hommes] dirigés par les Sémites”.
Pour ceux qui insistent particulièrement sur le fait que les nazis ne font pas “officiellement” partie de l’armée ukrainienne, sachez que le bataillon Azov fait partie de la Garde nationale
ukrainienne et qu’il fait donc officiellement partie de l’armée ukrainienne.
En 2019, le Soufan Center, qui suit les groupes terroristes et extrémistes dans le monde entier, a lancé un avertissement :
“Le Bataillon Azov apparaît comme un nœud critique dans le réseau transnational de l’extrême droite violente… [Son] approche agressive de la mise en réseau sert l’un des objectifs primordiaux
du Bataillon Azov, à savoir transformer les zones sous son contrôle en Ukraine en la principale plaque tournante de la suprématie blanche transnationale.”
Le Soufan Center a décrit comment le “réseau agressif” du Bataillon Azov s’étend dans le monde entier pour recruter des combattants et répandre son idéologie de suprématie blanche. Les
combattants étrangers qui s’entraînent et combattent avec le Bataillon Azov retournent ensuite dans leur propre pays pour appliquer ce qu’ils ont appris et recruter d’autres personnes.
En 2014, Newsweek a publié un article intitulé “Ukrainian Nationalist Volunteers Committing ‘ISIS-Style’ War Crimes” (Volontaires nationalistes ukrainiens commettant des crimes de guerre à la
manière d’ISIS). Est-ce une indication de la façon dont les Azov et ISIS ont reçu leur financement et leur formation des mêmes sources ? Hmmm.
L’un des conseillers du président Zelensky, Oleksiy Arestovych (qui a démissionné en janvier 2023), a déclaré dans de nombreuses interviews son admiration ouverte pour les tactiques et
l’approche d’ISIS/ISIL en matière d’affaires et de gouvernance. Double hmmm….
En fait, ces officiers militaires canadiens et américains qui ont formé des nazis ukrainiens l’ont fait sous la rubrique de l’OTAN, qui a également fait d’étranges “gaffes” publiques sur le
sujet des nazis.
Étrangement, l’OTAN a publié sur son fil Twitter, à l’occasion de la Journée de la femme en mai 2022, le portrait d’une femme soldat ukrainienne qui portait justement le symbole nazi du
Soleil noir sur son uniforme.
L’OTAN a également fait la promotion d’un court-métrage en l’honneur des collaborateurs nazis de la Baltique appelés les “Frères de la forêt”. Le film de l’OTAN présente les “Frères de la
forêt”, d’anciens combattants de la Waffen SS qui ont volontairement collaboré avec les nazis, comme des héros anticommunistes.
Une autre erreur ? (…)
On est en train de nous préparer à une guerre en Ukraine pouvant durer jusque dans les années 30
Les responsables
occidentaux et les experts médiatiques reconnaissent maintenant directement que la “contre-offensive de printemps” tant
vantée par l’Ukraine a été un échec catastrophique, mais au lieu d’y voir une raison de reconsidérer le consensus politique dominant sur cette guerre, ils disent au contraire à tout le
monde que l’échec de la contre-offensive signifie que nous devons continuer l’effusion de sang et la politique de la corde raide nucléaire pour les années à venir.
Dans un article récent
intitulé “Les USA et leurs alliés s’attendent à ce que la guerre en Ukraine dure plusieurs années“, Bloomberg rapporte que la structure de pouvoir centralisée
des États-Unis s’attend à soutenir son conflit par procuration contre la Russie pendant très longtemps, potentiellement jusque dans les années 2030.
Bloomberg rapporte :
Les États-Unis et leurs alliés du Groupe des Sept s’attendent désormais à ce que la guerre en Ukraine se prolonge pendant des années et intègrent cette
possibilité dans leur planification militaire et financière.
Un haut fonctionnaire d’un pays européen du G7 a déclaré que la guerre pourrait durer encore six ou sept ans et que les alliés doivent prévoir des moyens
financiers pour continuer à soutenir Kiev pendant un conflit aussi long.
C’est beaucoup plus long que ce que de nombreux responsables avaient prévu au début de l’année, mais la lenteur des progrès de la contre-offensive ukrainienne
au cours des derniers mois a tempéré les attentes.
Dans une récente interview accordée
à CNN, le président sortant de l’état-major
interarmées, Mark Milley, a déclaré que la réalisation de l’objectif officiel de Kiev, à savoir la reconquête de l’ensemble du territoire ukrainien, allait nécessiter “des efforts très importants sur une période de temps
considérable“.
“Je peux vous dire qu’il
faudra beaucoup de temps pour éjecter militairement les quelque 200 000 soldats russes de l’Ukraine occupée par la Russie“, a ajouté M. Milley. “La barre est très haute. Il faudra beaucoup de temps pour y
parvenir“.
Dans une récente interview accordée au journal allemand Berliner Morgenpost, le secrétaire général de l’OTAN, Jens
Stoltenberg, a également insisté sur le fait que cette guerre allait durer très longtemps.
“La plupart des guerres
durent plus longtemps que prévu lorsqu’elles commencent. Nous devons donc nous préparer à une longue guerre en Ukraine“, a déclaré Stoltenberg.
“Nous souhaitons tous une
paix rapide“, a ajouté Stoltenberg. “Mais en même
temps, nous devons être conscients de la situation : Si le président Zelensky et les Ukrainiens abandonnent le combat, leur pays n’existera plus. Si le président Poutine et la Russie déposaient
leurs armes, nous aurions la paix. Le moyen le plus simple de mettre fin à cette guerre serait que Poutine retire ses troupes“.
Les dirigeants de l’empire et leurs apologistes ne cessent de répéter que le seul obstacle à la paix en Ukraine est le refus de la Russie de partir. Cette
affirmation ne tient évidemment pas compte des nombreuses agressions occidentales largement documentées qui
ont provoqué l’invasion de la Russie, un fait que Stoltenberg lui-même a
admis au début du mois.
Exiger que la Russie mette fin à ses agressions sans que l’Occident n’accepte de mettre fin à ses propres agressions qui ont conduit à ce conflit, c’est simplement
exiger que la Russie se couche et se soumette à la domination de l’empire occidental. Ce n’est pas un appel à la paix, c’est un appel à la victoire totale de Washington et de ses alliés.
Stoltenberg a renforcé son argument selon lequel cette guerre durera des années en affirmant que l’Ukraine deviendra membre de l’OTAN à la fin de la guerre, ce qui
revient à dire à Moscou que si l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN lui paraît toujours inacceptable, elle doit soit annexer entièrement l’Ukraine à la Fédération de Russie, soit continuer à faire la
guerre pour l’éternité.
“L’Ukraine deviendra membre
de l’OTAN – tous les alliés l’ont dit clairement“, a déclaré Stoltenberg, ajoutant que l’Ukraine aura besoin de la protection de l’OTAN à la fin de la guerre, faute de quoi “l’histoire pourrait se répéter“.
Les médias occidentaux transmettent le même message. Le célèbre torchon de propagande de l’empire The Economist a publié un nouvel
article intitulé “L’Ukraine est confrontée à une
longue guerre. Un changement de cap s’impose“, où l’on voit un drapeau ukrainien sur lequel sont inscrits les mots “TIME FOR A RETHINK” [Il est temps de réenvisager les choses]. Si
vous ne saviez rien de The Economist, vous
pourriez penser à première vue qu’il s’agit d’un article visant à repenser l’approche consistant à soutenir un conflit par procuration sans fin – surtout après que les premiers paragraphes
reconnaissent que “le plan ne fonctionne pas” et que
“l’Ukraine a libéré moins de 0,25 % du territoire que la
Russie occupait en juin“.
Vous auriez tort. Ce que The Economist veut dire, c’est que nous devrions cesser de
penser qu’il s’agit d’une guerre qui peut être gagnée en temps voulu, mais plutôt d’une guerre qui se poursuivra dans un avenir prévisible :
L’Ukraine et ses partisans occidentaux commencent à réaliser qu’il s’agira d’une guerre d’usure. Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu à Washington cette
semaine pour des entretiens. “Je
dois être prêt pour une longue guerre“, a-t-il déclaré à The Economist. Malheureusement,
l’Ukraine n’est pas encore prête, pas plus que ses partenaires occidentaux. Tous deux sont encore obnubilés par la contre-offensive. Ils doivent repenser la stratégie militaire de l’Ukraine
et la manière dont son économie est gérée. Au lieu de chercher à “gagner” puis à reconstruire,
l’objectif devrait être de s’assurer que l’Ukraine a la capacité de mener une longue guerre – et de prospérer malgré cela.
Ainsi, les gestionnaires de l’empire occidental et les médias qui fixent l’ordre du jour font savoir aussi clairement que possible que l’empire centralisé des
États-Unis se retrouve dans une nouvelle guerre sans fin, une autre “guerre d’usure” caractérisée par des destructions et des
souffrances insondables sans stratégie de sortie, qui verse une fois de plus de vastes
fortunes dans les coffres du complexe militaro-industriel. La seule différence est que cette fois-ci, la menace d’un anéantissement nucléaire vient s’y ajouter.
Tout cela pour quoi ? Pour faire avancer l’objectif de l’empire américain, à savoir la domination totale de la planète, un statu quo qu’il ne peut maintenir qu’en
brandissant les armes de l’Armageddon contre ses ennemis avec une hostilité croissante, année après année.
En ce qui concerne la guerre en Ukraine, il est certainement temps de repenser les choses, mais pas par les mêmes monstres qui nous ont entraînés dans cette horreur
au départ.
Caitlin
Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Serguey Karaganov : Comment prévenir une troisième guerre mondiale
Mi-juin j’ai publié un article intitulé «L’utilisation
des armes nucléaires peut sauver l’humanité d’une catastrophe mondiale» dans le magazine Profil.
Il a été publié presque simultanément en russe et en anglais sur le site Internet de la revue Russia
in Global Affairs.1.
Il a été largement réimprimé dans le monde entier, déclenchant un tsunami de réponses, d’objections et de débats, des dizaines de milliers de réactions. Les mots
de soutien ne manquaient pas non plus.
J’ai accueilli les critiques de certains de mes compatriotes avec sérénité et avec une bonne dose d’humour. Avec joie et intérêt, j’ai accueilli les retours de mes
adversaires. En tant que patriote de la Russie et citoyen responsable de l’humanité, ainsi qu’érudit international, j’ai ressenti un sentiment de satisfaction en
réalisant que j’accomplissais avec succès mon devoir moral et professionnel.
Toutefois, le travail ne fait que commencer.
Début de la discussion
L’un des objectifs intermédiaires de cet article – qui est de relancer le débat sur le rôle de la dissuasion nucléaire dans la prévention d’une guerre
thermonucléaire majeure, et d’une guerre majeure en général – a été partiellement atteint. La communauté stratégique professionnelle et le public réfléchi en
général ont commencé à s’éloigner du sommeil léthargique du «parasitisme
stratégique». Cette léthargie a été provoquée par trois quarts de siècle sans guerre majeure, qui a conduit – principalement en Occident, mais même ici en
Russie – à une habitude de paix, à l’assurance que tout restera tel quel et à un sentiment émoussé d’auto-préservation parmi une partie importante des élites
mondiales. S’opposer activement à la menace d’une guerre majeure, qui dégénérerait presque inévitablement en un Armageddon nucléaire, commence à paraître gênant et
dépassé.
J’évoquerai plus tard une autre raison justifiant le besoin urgent de renforcer la dissuasion nucléaire, à savoir le développement d’une nouvelle phase de la
course aux armements, potentiellement beaucoup plus coûteuse et dangereuse que celle que nous avons connue au cours des années de la précédente guerre
froide.
Je maintiens chaque mot écrit dans l’article de juin. Je renforcerai certains arguments et en introduirai de nouveaux que je n’ai pas évoqués la dernière fois en
faveur d’une politique d’intensification de la dissuasion/intimidation nucléaire et de dégrisement de l’adversaire. Mais d’abord, je répondrai aux
critiques.
Répondre à tous, notamment à certaines voix russes, serait déplacé. Ils ne méritent pas qu’on s’y attarde, en particulier au tollé insinuant que moi-même et ceux
qui sont d’accord avec moi appelions à l’utilisation des armes nucléaires.
La dissuasion, l’intimidation et la réflexion nucléaires actives que je propose visent précisément à empêcher un conflit thermonucléaire mondial, et de préférence
toute utilisation d’armes nucléaires.
Dans mon cœur, je comprends en partie les critiques émanant de ceux qui disent que cela ne peut pas exister, car c’est trop terrible à envisager. Mais mon esprit
le rejette. Les pacifistes, y compris les pacifistes nucléaires, ne peuvent vivre confortablement, s’asseoir et discuter dans les cafés que parce que les guerriers
se battent pour eux et meurent. Tout comme nos soldats et nos officiers le font actuellement sur les champs de bataille en Ukraine.
Je connais bien la théorie selon laquelle les armes nucléaires, si elles étaient utilisées, conduiraient inévitablement à une escalade mondiale et à la disparition
de la civilisation humaine. Une telle possibilité existe et ne doit en aucun cas être sous-estimée. Cependant, sans renforcer la dissuasion nucléaire et sans
restaurer la peur d’une guerre nucléaire, y compris une menace crédible d’un recours limité aux armes nucléaires, une guerre mondiale, compte tenu de la
trajectoire des évolutions mondiales, est pratiquement inévitable.
Pourtant, l’escalade automatique d’un usage limité d’armes nucléaires vers un conflit thermonucléaire mondial est un mythe. Cela contredit certainement les projets
réels d’utilisation des armes nucléaires, ainsi que les doctrines officielles. Dans le passé, ce mythe était très utile. Comme d’autres experts, j’ai consciemment
participé à sa création pendant la guerre froide. Gonfler ces idées visait à empêcher toute guerre majeure entre États nucléaires, même si cela semble contredire
la logique des doctrines actuelles sur l’utilisation des armes nucléaires. Mais cette fonction cruciale de la dissuasion nucléaire – empêcher toute guerre majeure,
notamment contre les grandes puissances nucléaires – n’a pas fonctionné. L’Occident en a effectivement déclenché une.
La réaction des fonctionnaires, des semi-officiels et des experts aux États-Unis a été presque effroyable. Ils ont continué à minimiser grossièrement la
probabilité que la Russie recoure à l’arme nucléaire. Ils n’arrêtent pas de dire : «Non,
ils ne les utiliseront pas». «Leur
[notre – SK] doctrine ne prévoit pas l’utilisation d’armes nucléaires, sauf en réponse à une attaque contre le territoire de la Fédération de Russie ou de ses
alliés ou lorsque l’existence même de l’État est menacée». Et une telle situation ne semble pas exister. Notre doctrine nucléaire frivole, quoique hélas pas
irresponsable, qui a été écrite à une époque différente en accord avec les théories stratégiques dominantes (venant généralement de l’Occident) et apparemment
motivée par un désir persistant du passé de plaire aux autres, est utilisée comme prétexte pour mener une guerre sans fin contre la Russie jusqu’au dernier
Ukrainien. Les déclarations du président, indiquant la possibilité d’utiliser des armes nucléaires, sont soit réduites au silence, soit ridiculisées et présentées
comme creuses. Il est absolument clair que des efforts sont en cours pour dénucléariser politiquement et psychologiquement la Russie et pour la priver
virtuellement de ses armes nucléaires, puisqu’ils n’y sont pas parvenus physiquement. Les Occidentaux tentent de faire en sorte que leur avantage économique latent
rapporte des dividendes politiques, d’épuiser la Russie et de provoquer une scission interne. Je ne prétends pas être au même niveau que le président, mais même
mon modeste article a été qualifié de propagande. Il ne l’est pas. Il est une invitation à la réflexion.
La minimisation de la menace d’une guerre nucléaire pour justifier des politiques imprudentes et imposer la défaite à la Russie a atteint des proportions absurdes.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken occupant la quatrième place dans la liste de succession présidentielle en cas de décès ou d’incapacité du président à
exercer ses fonctions déclarait le 30 juillet : «La
menace potentielle d’une guerre nucléaire n’est pas plus dangereuse que le problème existentiel du changement climatique et il n’y a pas de hiérarchie à cet
égard». J’étais abasourdi. Mais cela ne s’arrête pas là. S’exprimant au Vietnam le 10 septembre, le président Biden a déclaré : «La
seule menace existentielle à laquelle l’humanité est confrontée, encore plus effrayante qu’une guerre nucléaire, est un réchauffement climatique dépassant 1,5
degré dans les 20 à 10 années à venir… Il n’y a aucun moyen de revenir en arrière».2
En tant qu’habitant de la Terre je suis également préoccupé par le changement climatique. L’humanité devra péniblement s’y adapter. Mais quand ce changement est
considéré comme pire qu’une catastrophe nucléaire qui détruirait des centaines de millions de vies et porterait atteinte à l’habitat de toute notre espèce, vous
comprenez que nous avons affaire aux … dangereux. Je m’abstiendrai d’utiliser le terme le plus approprié. Après tout, nous parlons des dirigeants d’une grande
puissance nucléaire. La peur des armes nucléaires, ou d’une guerre nucléaire en général, doit être rétablie sans plus attendre.
De telles déclarations renforcent fortement mes arguments sur le besoin d’un réveil brutal des élites occidentales en rapide détérioration. Le «parasitisme
nucléaire» et le déclin du sentiment d’auto-préservation sont clairement visibles dans ce que font et disent les Occidentaux à propos de la centrale nucléaire
de Zaporijia. La junte de Kiev le bombarde et nous repoussons les attaques, mais nous ne voyons aucune protestation, sans parler de celles de masse. Ils espèrent
que si l’une de ces attaques réussit, de petites fuites et quelques victimes s’ensuivront, mais ils pourront à nouveau blâmer la Russie ; le monde ne s’effondrera
pas et ils pourront poursuivre leurs politiques insensées. Ils ne craignent plus les radiations, même si celles-ci constituent la conséquence la plus redoutée des
armes nucléaires dans la conscience publique.
Un sondage mené en mars par le Pew Research Center, jouissant d’une réputation solide, a montré que les Américains considéraient comme les principales menaces les
cyberattaques, les fausses nouvelles, la Chine et la Russie en général, les problèmes économiques mondiaux, les maladies infectieuses, le changement climatique et
seulement ensuite la guerre nucléaire.3
En minimisant la menace nucléaire, l’État profond américain se donne carte blanche pour mener une politique étrangère agressive et manifestement
imprudente.
L’objectif non dissimulé des Étatsuniens et des autres Occidentaux de nous arranger notre propre «guerre
du Vietnam» ou «l’Afghanistan
au carré» est compréhensible. Les Ukrainiens n’ont aucune valeur à leurs yeux et ils sont désireux de dégrader, ou mieux encore, de désintégrer la Russie pour
ensuite arrêter, voire inverser la marche victorieuse de la Chine. Ce qui reste flou, c’est la fureur de nos stratèges de salon qui insistent sur le fait que toute
menace d’utilisation d’armes nucléaires est inacceptable. Envisagent-ils de se battre «jusqu’au
dernier soldat russe», en éliminant sans cesse les meilleurs hommes, les plus courageux, les plus énergiques et les plus patriotes d’entre nous ?
J’admets que les fervents critiques de la dissuasion active ou de toute menace d’utilisation d’armes nucléaires contre des pays poursuivant des politiques hostiles
à l’égard de la Russie peuvent inclure des défaitistes qui n’ont pas encore fui la Russie mais qui détestent néanmoins le pays et son gouvernement. Cependant, je
refuse de comprendre la logique, ou l’absence de logique, chez d’autres collègues que je ne souhaite pas soupçonner de cette façon de penser.
Je comprends la volonté de nos dirigeants de ne pas trop alarmer l’opinion publique. Mais cette attitude détendue n’échappe pas à l’adversaire qui refuse de croire
nos déclarations selon lesquelles une guerre avec l’Occident en Ukraine est existentielle pour nous, ni notre détermination à gagner, y compris, dans le pire des
cas, en recourant aux mesures les plus sévères. En agissant ainsi, nous faisons involontairement le jeu de ceux qui espèrent infliger une défaite stratégique à la
Russie, sapant ainsi la crédibilité de la dissuasion nucléaire et, à terme, augmentant la probabilité de sombrer dans une Troisième Guerre mondiale à grande
échelle.
Il est nécessaire de faire comprendre à nos partenaires et, bien sûr, à nos adversaires, notre détermination à «répondre
au maximum» à la poursuite et à l’escalade de leurs actions agressives. (Pas un seul drone, malgré la diabolisation de la RPDC, n’a jamais frappé Pyongyang
car ses adversaires n’ont aucun doute sur sa détermination à répondre violemment, et pas nécessairement avec des armes nucléaires).
Course aux armements
L’une des fonctions les plus importantes de la dissuasion nucléaire est d’économiser des ressources sur des armes conventionnelles en masse, beaucoup plus
coûteuses. C’est exactement ce qu’ont fait les pays occidentaux lors de la précédente guerre froide, lorsque la menace, quoique bluffante (mais c’est une autre
question), d’utiliser l’arme nucléaire en cas de marche victorieuse des forces soviétiques vers la Manche leur a permis de sauver sur les forces conventionnelles.
Cela faisait partie intégrante de la politique militaire de l’OTAN. Les dirigeants et généraux soviétiques, influencés par le syndrome du 22 juin 1941, mais aussi
par l’absence de toute pression venant d’en bas pour réduire leurs dépenses extravagantes en armement, ne partageaient pas cette logique. Ils se sont engagés dans
une course aux armements nucléaires et conventionnels et ont maintenu une armée gigantesque. Comme nous le savons, l’Union soviétique possédait plus de chars en
service que le reste du monde réuni et plus de têtes nucléaires que les États-Unis. Cette course aux armements parallèle, couplée à l’érosion de l’idée alors
nationale d’internationalisme communiste et aux inefficacités de l’agriculture, a brisé le pays. Voulons-nous une répétition ?
Je suis conscient du fait que les généraux et maréchaux d’infanterie soviétiques, ainsi qu’un certain nombre de dirigeants de l’industrie de défense, détestaient
les armes nucléaires. Et pas seulement pour des raisons pacifistes. Cela rendait inutile le maintien d’une armée gigantesque et les commandes de quantités
astronomiques d’armes conventionnelles. Lors d’exercices simulant l’utilisation d’armes nucléaires, tous les plans militaires s’effondraient et les demandes de
nouvelles armes et d’allocations manquaient de crédibilité.
Avons-nous oublié cette leçon ? La reconstruction des forces conventionnelles, honteusement négligées depuis la fin des années 80, est nécessaire. De toute
évidence, tout en menant des opérations militaires visant à repousser l’Occident et à dénazifier et démilitariser l’Ukraine, nous devons continuer à développer
notre production militaire.
Il est également clair qu’il n’est pas possible, voire même pas nécessaire, de mettre fin rapidement à l’opération militaire spéciale. Il faut du temps pour
achever de nationaliser l’élite, la débarrasser ainsi que les esprits des compradores occidentalo-centrés et occidentalisants de leur façon particulière de penser,
et restructurer l’économie et le pays pour un développement réussi au milieu du tremblement de terre géopolitique et géo-économique qui en résultera, qui égalera
probablement une ou deux décennies.
La poursuite de l’opération militaire est également nécessaire pour tenter de forcer l’Occident à reprendre ses esprits, à reculer et à retirer son soutien à la
junte de Kiev, à accepter l’action de dénazifier et de démilitariser complètement l’entité étatique qui pourrait rester à l’intérieur des frontières ukrainiennes.
Si l’Occident refuse, il nous faudra du temps pour convaincre notre société et nos partenaires internationaux de l’absence d’alternative à la dissuasion nucléaire
active, voire à son recours.
Ce temps doit également être mis à profit pour convaincre tout le monde de la vérité qui est évidente pour moi : L’absence d’alternative au recours croissant à la
dissuasion active pour éviter de sombrer dans une troisième guerre mondiale et pour enfin libérer les pays et les peuples des restes du «joug
occidental».
Même une défaite partielle ou un simple échec de la Russie contribuera à intensifier la position agressive de l’Occident. Nous devons rappeler comment il s’est
déchaîné et a lancé une série d’actes d’agression après que la fonction de retenue de la dissuasion de l’Union soviétique/Russie ait échoué.
L’opération militaire spéciale a lancé le processus de transformation de la société en nation, de développement de sa nouvelle/ancienne identité et de renforcement
des valeurs traditionnelles telles que le collectivisme ou l’unité nationale. Cela a également renforcé des caractéristiques merveilleuses de notre peuple telles
que l’internationalisme, l’absence de racisme et l’ouverture culturelle. Les gens voient de première main comment des ressortissants russes de différentes origines
ethniques – Russes russes, Tatars russes, Bouriates russes, Daghestanais russes, Tchétchènes russes, Yakoutes russes, etc. – se battent ensemble. Cela crée les
bases du renouvellement des élites stagnantes avec de nouvelles élites qui ont prouvé leur dévouement à la Patrie, à savoir des guerriers et des volontaires civils
qui aident le front.
Nous terminons notre voyage de plus de 300 ans vers l’Occident, qui a apporté de nombreux avantages mais qui a depuis longtemps perdu son utilité et est même
devenu préjudiciable, compte tenu de la tendance à la décadence morale et à la stagnation économique en Occident. Le développement accéléré de l’industrie de
défense a amorcé une nouvelle phase de renouvellement technologique. C’est la seule voie à suivre pour notre pays, historiquement construit autour de la défense.
L’expérience occidentale, où une part importante des innovations provient du secteur civil, ne peut pas être reproduite en Russie.
Le retour tant attendu à une véritable méritocratie en tant que priorité nationale a commencé. Ce concept a été mis de côté, voire détruit, par l’échec des
politiques et des philosophies qui sous-tendaient les réformes lancées à la fin des années 1980, lorsqu’il était ouvertement affirmé que «l’argent
vainquait le mal». Cette méritocratie inclut les ingénieurs, les militaires, les scientifiques (en particulier les spécialistes des sciences naturelles), les
éducateurs, les travailleurs qualifiés, les médecins et les philanthropes d’affaires qui voient les affaires non seulement comme une voie vers l’enrichissement
personnel, mais aussi comme un service rendu à la société et au pays.
Le processus de formation d’un nouveau type de responsables gouvernementaux a commencé, où le service proactif à la cause, au pays et à la plus haute autorité est
primordial, et la richesse individuelle est secondaire. Ceci est renforcé par la lutte intensifiée contre la corruption, qui est particulièrement inacceptable en
temps de guerre. Espérons que cela mènera également à une bataille contre la philosophie du consumérisme, en particulier contre la surconsommation flagrante.
Exiger des responsables gouvernementaux qu’ils n’utilisent que des voitures de fabrication russe est une décision attendue depuis longtemps, mais mieux vaut tard
que jamais.
Les Occidentaux et les experts qui adoptent leur point de vue, ainsi que tous ceux qui vivent encore au siècle dernier, ont tendance à se concentrer presque
exclusivement sur la composante nucléaire lorsqu’il s’agit de course aux armements. Cependant, d’un point de vue sociétal, en termes de préservation des
populations, de stabilité et de développement sociétal, une course aux armes non nucléaires pourrait s’avérer bien plus dangereuse. Une telle course se déroule
dans le monde entier. À moyen terme, des conflits armés prolongés et une course aux armements conventionnels pourraient être moins avantageux pour un pays au
potentiel économique et démographique relativement limité. Même si le temps joue actuellement en notre faveur, les États-Unis et leurs alliés disposent
d’importantes réserves pour accroître leur production de défense. Si un conflit sans fin s’ensuit, le temps commencera à jouer contre nous.
En outre, il est essentiel de conserver nos meilleurs hommes, ceux qui se battent et sacrifient leurs vies pour la Patrie. Sinon, il n’y aura personne pour
reconstituer la classe dirigeante et la force génétique de la nation s’affaiblira. Ceci est particulièrement important compte tenu des souffrances endurées par la
Russie au cours du XXe siècle.
Supposer que l’Occident, compte tenu de sa crise profonde à plusieurs niveaux et de son système politique démocratique relativement plus vulnérable, sera le
premier à faiblir dans une course aux armements n’est pas une bonne stratégie.
De plus, à long terme, une course aux armements conventionnels pourrait s’avérer plus favorable aux pays dotés d’un potentiel économique et démographique supérieur
au nôtre. Cela renforce l’argument en faveur du renforcement du rôle de la dissuasion nucléaire dans la stratégie nationale et dans les relations internationales
en général. De plus, une telle course détournerait non seulement notre pays mais l’humanité toute entière de la résolution des problèmes mondiaux tels que le
changement climatique, les pénuries alimentaires et énergétiques et les inévitables nouvelles épidémies.
Pour rappel, rendre la victoire impossible dans une guerre conventionnelle et, par conséquent, bloquer une course aux armements non nucléaires figurait parmi les
fonctions les plus critiques de la dissuasion nucléaire.
Dans le cas où les actions militaires se prolongent, même si nous remportons la victoire en Ukraine et restituons les territoires traditionnellement russes,
achevons la dénazification et la démilitarisation des territoires ukrainiens restants et faisons en sorte que l’Occident se retire et cesse d’inciter à la guerre,
cette victoire, comme je l’ai mentionné dans mon article précédent, pourrait s’avérer être à la Pyrrhus. Nous serions épuisés, affaiblis et incapables de défendre
avec succès nos positions et nos intérêts à l’avenir, du moins dans un monde hautement compétitif. En outre, nous serions chargés de la tâche de restaurer non
seulement les territoires traditionnellement russes mais aussi, au moins partiellement, les territoires démilitarisés et dénazifiés. Cela continuerait à nous
détourner des régions les plus prometteuses de notre pays, comme l’Oural et la Sibérie, et à concentrer notre attention sur les régions occidentales sans
avenir.
Nous avons gagné la dernière Grande Guerre patriotique au prix d’un coût et d’efforts énormes, mais nous n’avons pas pu capitaliser pleinement cette victoire et
avons largement perdu la paix. Il est désormais essentiel de gagner à la fois la guerre et la paix.
Menaces principales
Pointons maintenant notre attention vers le défi principal. La crise qui entoure l’Ukraine est le symptôme d’une maladie bien plus dangereuse qui frappe le système
mondial. Depuis de nombreuses années déjà, j’écris sur la menace croissante de la troisième – et peut-être la dernière pour la civilisation humaine – guerre
mondiale. La menace s’accroît même sans la crise ukrainienne, qui l’a aggravée et rapprochée.
Les principales sources de cette menace résident dans la crise morale, politique, intellectuelle, sociale et économique à plusieurs niveaux qui frappe la majeure
partie de l’Occident collectif, qui a imposé ses intérêts et ses règles au monde au cours des cinq derniers siècles.
Un réalignement massif de la puissance mondiale, d’une intensité et d’une rapidité sans précédent, est en cours. L’Occident est engagé dans une bataille finale
désespérée pour préserver sa domination qui lui a permis d’exploiter le reste de l’humanité et de supprimer d’autres civilisations.
Un changement sismique est en train de se produire dans la géopolitique, la géostratégie et la géoéconomie mondiales, et il prend de l’ampleur. De nouveaux
continents se lèvent et les problèmes mondiaux s’aggravent.
Les troubles continueront pendant longtemps, si et quand il sera possible d’arrêter la résistance agressive de l’Occident et de lui faire commencer à s’attaquer à
ses problèmes intérieurs sans recourir à l’agression extérieure pour faire diversion.
L’émergence de nouvelles sources de frictions et de conflits est inévitable. Nous devons d’ores et déjà ériger une barrière psychologo-politique pour empêcher
qu’ils ne dégénèrent en conflits militaires, et rétablir la peur d’une guerre nucléaire qui a sauvé le monde pendant la guerre froide. La
structure de rivalité dans un monde multipolaire, qui sera également un monde nucléaire multipolaire, sera bien plus complexe. Nous devons intégrer des mécanismes
de sécurité dans ces systèmes, le principal étant la peur d’un Armageddon nucléaire, qui peut dissuader et civiliser les élites.
Sans le vouloir, nous laissons la situation mondiale se détériorer dans la pire direction possible. En Ukraine, nous avons finalement tenu tête aux États-Unis et à
l’Occident, mais nous leur avons jusqu’à présent laissé prendre l’initiative en matière d’escalade. Ils élargissent et approfondissent continuellement leur
agression en fournissant des armes de plus en plus meurtrières et à portée de plus en plus longue. Nous leur permettons de se convaincre que l’escalade peut rester
impunie. Ce sont eux les agresseurs, mais sans leur imposer de limites fermes, nous les laissons faire.
Pendant un quart de siècle, soit par impuissance, soit par espoir illusoire de parvenir à un accord, nous n’avons pas fixé de limites fermes à l’expansion de
l’OTAN, ce qui a inévitablement conduit à la guer