INSÉCURITÉ

Le grand aveuglement du quinquennat Macron ?

...Avec Guillaume Jeanson, Gérald Pandelon - Le 08/01/2020.


 

 

 

Atlantico.fr : Ces derniers temps la violence semble exploser en France. Lors de la Saint-Sylvestre, par exemple, les traditionnelles émeutes du Nouvel an n'ont pas duré une nuit mais plusieurs jours. Si l'on en croit les chiffres entre le quinquennat de François Hollande et celui d'Emmanuel Macron, les actes de violences (en région parisienne mais hors de Paris) ont également augmenté. Comment expliquer cette montée de violence ? 

 

Guillaume Jeanson : Vous évoquez la Saint-Sylvestre et les derniers chiffres qui viennent de fuiter dans la presse sont à cet égard édifiants. 1.457 véhicules auraient été incendiés sur tout le territoire pendant la nuit, soit 13% de plus que l’année précédente qui en comptait déjà 1.290, un précédent record. Contre, rappelons-le 1.031 en janvier 2018 et 804 en janvier 2016. Bien que le gouvernement s’évertue à garder le silence sur ces chiffres pour ne pas attiser des rivalités criminogènes renforçant ce phénomène, les réseaux sociaux se chargent hélas d’entretenir cette émulation. 

Ces chiffres sont un premier indice parmi d’autres de la montée inexorable de la violence dans notre pays. Même si depuis le fameux rapport de la commission présidée par Alain Peyrefitte, alors garde des Sceaux, publié en 1977 et intitulé Réponses à la violence, qui avançait le constat d’une « soudaine montée de la violence en France », cette question donne lieu à d’âpres débats publics. Sans prétendre ici à l’exhaustivité, relevons à tout le moins que depuis deux ans, nombreux sont ceux à s’inquiéter de la hausse des violences gratuites ainsi que du grand retour des homicides. Nombreux sont ceux à pointer la hausse de la violence non seulement sur les forces de l’ordre, mais aussi sur les pompiers, les médecins et le personnel scolaire… 

 

 

 

Le débat de la montée de la violence qui s’appuie le plus souvent sur des analyses de tendances de chiffres continue toutefois de faire l’objet de vives controverses et certains sociologues préfèrent encore écrire - en comparant les ordres de grandeur des homicides sur ces dernières décennies avec ceux qui prévalaient au pic des vengeances privées de la fin du moyen-âge -qu’« il est à peu près certain que nous vivons l’époque la moins dangereuse de notre histoire. » Une autre critique récurrente de ces analystes tient au fait que les statistiques (du moins surtout celles qui suivent une évolution inverse à leur discours) ne peuvent pas, selon eux, être considérées comme une mesure exacte de la délinquance. Une question dont il ne faut pas pour autant nier la complexité, tant ces statistiques doivent être appréhendés avec prudence, être complétées et étayées. Il suffit pour illustrer ce propos d’évoquer par exemple la différence entre les chiffres des autorités et ceux révélés directement par les victimes via les enquêtes de victimation, pour comprendre qu’il s’agit également là d’indices de l’activité des forces de l’ordre, du degré de la confiance de la population envers sa police, que ces chiffres sont eux-mêmes fonction des taux de dépôt de plaintes qui dépendent eux-mêmes en partie des taux d’élucidations eux-mêmes vriables suivant le type d’affaires, etc… autant d’éléments dont l’analyse est importante mais qu’on préfère bizarrement mettre aujourd’hui en péril en supprimant l’ONDRP (l’observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale) en préparant de ce fait des « ruptures statistiques » qui compliqueront l’analyse rigoureuse de l’évolution de la délinquance entre la période actuelle et les années à venir. A qui cela profitera-t-il ? 

 

La question vraiment importante pour juger des politiques publiques à l’œuvre et des tendances qui affectent la vie des citoyens est de toute façon moins celle de savoir si la violence est « croissante », que celle de savoir si elle s’est accrue à l’échelle d’une vie humaine. Or à cet égard l’évolution est palpable et les comportements dits d’ « évitements » se sont d’ailleurs généralisés en réaction à celle-ci. La hausse des violences gratuites traduit une hausse des tensions inquiétantes dans la société, elle-même entretenue par un sentiment d’impunité qu’explique les défaillances répétées d’un système d’exécution des peines à la dérive depuis de trop nombreuses années. La hausse des homicides tient, quant à elle, plus spécifiquement à l’aggravation des prises de contrôles violentes des points de deal. Elle est donc directement liée à la prolifération inquiétante des trafics de stupéfiants qui surfe sur une politique publique hypocrite en matière de drogues. Une politique qui, en continuant notamment d’ouvrir des salles de shoot, renvoie des messages contradictoires quant à sa position réelle sur l’usage illicite de produits stupéfiants. Un usage qui fait encourir en théorie une peine de prison mais dont les débats préalables à la mise en place d’une amende forfaitaire ont mis en lumière qu’il n’était sanctionné en pratique le plus souvent que par de simples rappels à la loi…  

 

Gérald Pandelon : Je crois que les causes de cette violence sont assez bien connues et acceptées d'ailleurs par la plupart des acteurs politiques, fussent-ils même d'extrême-gauche, ces derniers ayant pourtant systématiquement préféré ces dernières années l'excuse absolutoire ("c'est la faute de la société"), à la reconnaissance objective et honnête de deux autres principes, celui, d'une part, de réalité, d'autre part, de responsabilité individuelle. En effet, pourquoi ne jamais reconnaître que certains français, nés dans des familles pauvres, ayant donc connu une vie, sur un plan matériel, compliqué, n'ont toutefois jamais versés dans la violence ? C'est bien que l'augmentation de la violence a une autre étiologie, ou, pour le dire plus simplement, d'autres causes. J'en vois, pour ma part, plusieurs. D'abord, la démission de certains parents dans le processus éducatif de leurs enfants ; les anciens soixante-huitard, sous couvert de laxisme et de "pédagogisme", ayant renoncé à inscrire également l'éducation sous le signe d'une certaine autorité ; d'ailleurs, existe-t-il vraiment un père sans "re-pères" ? Une renonciation redoublée par celle de l'école de la République, laquelle, sous couvert de bienveillance inconditionnelle, se refusait à imposer des limites, fussent-elles salutaires, à ses élèves.

 

 

 

Cette démission des pairs a généré une montée des incivilités d'autant plus importante qu'elle bénéficiait de l'alibi de l'impunité, celle des parents d'abord, celle de la justice, ensuite, pour laquelle, en droit pénal des mineurs notamment, se multipliait ce que je qualifierais de "peines fondantes", savoir sans sens, sans portée, symbolique ou non, des "non-peines", au fond, reléguant à des "admonestations" ou à des "remises à parents", ce qui aurait dû relever de sanctions lourdes, car véritablement adaptées. Ce laisser-aller généralisé a largement débouché sur l’émergence d’une société au sein de laquelle le culte de « l’enfant roi » et la tyrannie de l’individualisme outrancier ont progressivement effacé le sens du respect que l’on se doit, tout comme accessoirement on doit aux autres. Une identité, au fond, se construisant résolument en marge de l'altérité ; ou encore, une construction personnelle a-citoyenne au cœur de la cité. C'est ainsi que l'individu, livré à son moi, se retrouve incapable de résister à la moindre tentation et de tracer une ligne claire entre « le bien » et « le mal »; d'ailleurs, ce relativisme généralisé des valeurs dont parlait déjà au XIXème siècle le philosophe allemand Nietzsche dans sa généalogie de la morale et, bien avant lui, les sophistes grecs, a contribué à l'émergence d'une génération spontanée de délinquants, incapables de se maîtriser et n’ayant aucune empathie pour l’autre, par conséquent aucune conscience du bien commun et de l’intérêt général. Pire encore, la violence a muté, elle est devenue protéiforme, car gratuite, parfois même guidée par le simple plaisir procuré à une victime, qu'elle qu'elle soit, choisie au hasard, sans motifs, comme un pur acte gratuit au sens où l'entendaient Sartre et Camus. Autre cause de cette montée de la délinquance dont il est devenu particulièrement politiquement incorrect d'en reconnaître le bien-fondé, pourtant largement admis par une majorité écrasante de la population, mais toujours interdit curieusement au sein des médias : l'immigration incontrôlée ; mais plus précisément encore, les problèmes qui en découlent malgré ce que peuvent en dire les spécialistes en chambre de l’aveuglement généralisé de la gauche béate. La réalité, pourtant, dont voudraient se défaire des personnes résolument aveugles et sourdes, c'est que de Paris à Marseille, de Lille à Perpignan, de Toulouse à Nice, les adolescents éduqués dans les familles du Sahel sont trois à quatre fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents élevés dans des familles autochtones ; et ceux qui sont élevés dans des familles maghrébines ; deux fois plus. 

 

Autre élément jamais pris en considération par les spécialistes en chambre de l'aveuglement généralisé, ce sont parfois même, et de plus en plus, des immigrés extra-communautaires, de confession musulmane, qui se plaignent du comportement de leurs coreligionnaires qui ne souhaitent pas s'intégrer et qui, contrairement à eux, ont préféré semer le désordre dans le pays que de travailler honnêtement et s'intégrer. Autrement dit, il ne s'agit en aucun cas, (mais faut-il le répéter systématiquement ?), de considérer que ce seraient les immigrés dans leur totalité qui seraient responsables de la hausse de la délinquance car cette hypothèse serait erronée mais de reconnaître toutefois, cet élément ne devant souffrir aucune contestation, que la plupart néanmoins des délinquants sont issus de l'immigration extra-européenne, ce qui est fort différent.  Bien davantage, c'est parce l'on admet pas l'évidence que l'on crée un tabou chez une partie croissante de la population française qui ne comprend toujours pas pourquoi et au nom de quoi il faudrait au pays des Lumières et de la sauvegarde des libertés se résoudre à nier les évidences ou, lorsqu'il s'agit du lien évident entre immigration et délinquance, s'interdire de devoir le reconnaître de façon objective sans encourir les foudres de la justice pénale. Le législateur, puis le juge, en arrivent à créer une frustration chez l'électeur qui, bien souvent, pour se venger, sera tenté de voter pour ceux qui, tout simplement, disent la vérité des chiffres tout comme d'ailleurs la vérité vécue. Mais comment les en blâmer ? Puisqu'ils ont raison... 

 

Face à ces actes (voitures incendiées, mobilier urbain cassé, pillage de commerces...) la réponse du gouvernement semble inexistante. Par exemple, aucune arrestation n'a été annoncée depuis le 31 décembre. Comment expliquer l'absence d'interpellation ? 

 

Guillaume Jeanson : La réponse n’est pas inexistante, elle est insuffisante. Pour la simple nuit du nouvel an, vos collègues du Parisien ont affiché le nombre de 400 interpellations en France. Lorsqu’on égrène les compte-rendus de presse locale, on apprend par exemple qu’un homme a été condamné à un an de prison, dont sept mois ferme, pour avoir agressé un des pompiers qui venaient le secourir pendant la nuit du réveillon dans le secteur de Châteaubriant, etc…

 

Le problème tient sans doute au fait que dans certains secteurs et notamment à Strasbourg, les forces de l’ordre ont pu être elles-mêmes acculées et dépassées tellement ce phénomène prend désormais de l’ampleur. Dans le Val-de-Marne, le commissariat de Vitry-sur-Seine a par exemple été la cible d’une attaque de tirs de mortiers. Les fonctionnaires qui se trouvaient dans le bâtiment ont dû demander des renforts et ont eu recours à des lanceurs de balles de défense sans parvenir pour autant à arrêter les agresseurs…Ces derniers jours, le pouvoir a été vivement interpellé par certains élus locaux. Roland Ries, le maire de Strasbourg, a notamment demandé au préfet du Bas-Rhin la tenue d’une "réunion d’urgence" en présence du procureur. Mais à Strasbourg comme probablement ailleurs, la surreprésentation des mineurs a été observée. Ce qui pose, en miroir, une nouvelle fois l’épineuse question de l’inadaptation de leur prise en charge judiciaire. L’ordonnance de réforme de la justice des mineurs publiée à l’automne qui pose notamment désormais le principe de l’irresponsabilité pénale sous le seuil de 13 ans permettra-t-elle d’apporter enfin une réponse satisfaisante pour endiguer ce phénomène ? Il est permis d’en douter.

 

 

 

Gérald Pandelon : Les gouvernements successifs ont souhaité depuis 40 ans acheter la paix sociale. Prenons le problème des cités ou "quartiers de non-droit", QSD  selon l'acronyme politiquement correct. Dans ces territoires oubliés de la République, ce qui se prépare est tout simplement une guerre, une guerre qui ne dit pas son nom car il est même devenu incorrect sur un plan politique d’en envisager ne serait-ce que l’hypothèse. Le maître-mot devant être le silence, un silence assourdissant, pourtant. Certes, depuis des années, cette guerre est larvée, mais elle va se déclarer. Oui, une guerre. Et je n’exagère pas, loin s’en faut... J’entends déjà les spécialistes en questions internationales et en matière de défense m’expliquer savamment qu’une guerre ne peut concerner que deux Etats belligérants, me rappelant, au besoin, que seul ce type de conflits peut être défini comme une guerre, ce à quoi je pourrais rétorquer qu’il existe également des conflits armés non internationaux, qui peuvent opposer des forces gouvernementales à des groupes armés non internationaux, voire des groupes armés entre eux. Il suffit de pénétrer au cœur de ces quartiers abandonnés, pas uniquement en Île-de-France, mais également dans le Sud, notamment à Marseille, à la Castellane, à la Busserine ou aux Lauriers pour s'en convaincre. Au sein de ces cités, tous les caïds sont déjà prêts pour un affrontement armé, ils se considèrent même infiniment plus armés et dotés que nos propres forces de l’ordre ; d’ailleurs, non seulement ils ne craignent pas l’affrontement mais certains m’ont même confié qu’ils en attendaient impatiemment le déclenchement ; pour bien démontrer « (…) qui est le patron désormais ». 

 

Car du côté des guérilleros des cités, tout est déjà prêt, tout. Qu’il s’agisse de la logistique, des voitures, des armes, des équipes organisées, des réseaux à utiliser si cela devient « trop chaud ». En revanche, nos forces de l’ordre ne le sont pas ; elles seront donc dépassées, elles le savent car rien n’est prévu pour y faire face ; d’ailleurs, s’il est difficile de venir à bout de quelques casseurs dans une manifestation pacifique dite des « gilets jaunes », comment l’emporter face à des centaines de milliers de voyous, surarmés et particulièrement déterminés à en découdre ? La guerre qui s’annonce est, en réalité, déjà asymétrique. Autrement dit, celle qui s’annonce, sans aucun doute possible, est déjà perdue. Nos acteurs politiques le savent pertinemment mais n’ont aucun intérêt à l’expliquer, nos policiers en ont pleinement conscience également pour y être confrontés au quotidien ; les avocats pénalistes n’en ignorent rien car ils en reçoivent parfois la confidence de certains clients, mais également les éducateurs spécialisés, les magistrats, les citoyens qui survivent honnêtement dans ces cités.

Pourtant, ce secret de Polichinelle repose sur le silence, le secret, le non-dit, qui doit être de mise, une communication interdite sur le sujet, pourtant à mi-chemin entre irresponsabilité politique et résignation, entre politique de l’intérêt (« autant les laisser dans leurs quartiers faire leurs trafics, au moins ils ne foutent pas la pagaille dans nos centres- villes »), et peur (« si ça explose, ils vont nous bouffer »). Autrement dit, nos politiques, tous bords confondus, ont décidé d’acheter la paix sociale (mais pour combien de temps ?) en fermant les yeux sur ce qui vient, irrémédiablement, tôt ou tard, à savoir une guerre entre les cités et les autorités. Et lorsque certains hommes d’Etat, de vrais, comme M. Gérard Collomb, brisent l’omerta sur le sujet, rompent le non-dit, font en d’autres termes preuve de réalisme, et bien curieusement ils quittent aussitôt après le gouvernement. Laissons, en effet, la parole à cet ancien ministre de l’intérieur : « C’est plutôt la loi du plus fort qui s’impose, des narcotrafiquants, des islamistes radicaux. » (Phrase prononcée dans la cour de l’hôtel de Beauvau, le 3 octobre 2018). 

 

Au vue de l'accroissement de ces actes violents, comment expliquer le silence radio du gouvernement ? Pourquoi cet aveuglement ? 

 

Guillaume Jeanson : Le gouvernement qui semble englué dans d’autres dossiers sociaux explosifs semble avoir renoncé de faire de cet accroissement une priorité de son quinquennat. On peine en effet à suivre l’évolution concrète des promesses effectuées par Gérard Collomb lors de son arrivée au ministère de l’intérieur et, alors qu’une partie importante du problème sécuritaire tient aux défaillances d’exécution des peines, elles-mêmes tributaires du manque de places en prison, le gouvernement n’a pas non plus tenu sur ce dernier sujet ses promesses. Comment s’étonner encore du fait que, derrière les conséquences graves que tout ceci ne manquera pas d’avoir sur l’état de la sécurité du pays, il soit devenu un poncif de dire que la confiance en la parole publique s’érode chaque jour davantage ?

La réalité est que, depuis des décennies, les pouvoir publics refusent de prendre la mesure de l’aggravation de ces phénomènes. Petit rappel historique pour en témoigner, s’il en était encore besoin : Le premier cas identifié de violences urbaines a eu lieu à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon, à la fin de l’été 1979. Le 15 septembre 1979, les policiers étaient en effet venus dans le quartier de la Grappinière pour arrêter un jeune voleur de voitures, sous le coup d'un arrêté d’expulsion et l’arrestation avait dégénéré en émeute ce qui avait alors conduit à un affrontement entre jeunes du quartier et forces de l’ordre ainsi qu’à des incendies des voitures. En 1991, la direction générale des renseignements généraux (DCRG) a conçu un outil statistique dont la vocation était de mesurer l’évolution des violences urbaines. La commissaire Lucienne Bui-Trong, chef de la section « Ville et banlieue » à la DCRG, avait alors construit une échelle de la violence en fonction de la gravité des faits constatés. Son dispositif comprenait huit niveaux de violences et devait permettre de « dresser un tableau objectif de l’insécurité dans les quartiers, d’apprécier les potentialités d’explosion, et d’orienter les efforts et les initiatives sur le terrain. » Le premier niveau de l’échelle Bui-Trong est celui du « vandalisme sans connotation anti-institutionnelle » : « razzias dans les commerces, rodéos de voitures volées puis incendiées », etc. Le huitième niveau est celui des émeutes : « saccages et pillages, agressions de particuliers, affrontements avec les forces de l’ordre, guérilla. » Entre le premier et le huitième niveau, une montée progressive des violences contre les policiers, et plus généralement contre les institutions publiques et leurs représentants. La situation troublée que traverse notre pays actuellement devrait permettre de penser que nous ne sommes plus très éloignés du descriptif du huitième niveau… Malheureusement cet instrument de mesure novateur a été abandonné dès 1999, essentiellement pour des questions de rivalités internes entre les renseignements généraux et la sécurité publique. Mais aussi, et plus grave encore, comme l’écrivent Christophe Soullez et Alain Bauer, « par la volonté des responsables politiques qui ne voyaient pas d’un très bon œil la température monter annuellement. Ils préfèreront alors casser le thermomètre. ».

  

A vos confrères de Libération, la commissaire Lucienne Bui-Trong précisait d’ailleurs en 2006 que « L'enquête de 1991 avait permis de repérer 105 quartiers touchés par la violence, parmi lesquels 40 connaissaient, de manière relativement banalisée, des violences visant la personne des policiers. En octobre 2000, on dénombrait 909 points chauds ayant connu la violence urbaine au cours des mois précédents, parmi lesquels 161 connaissaient des violences antipolicières. Ces points chauds étaient répartis dans 486 villes.» La suite de l’embrasement, tout le monde la connaît. Que faut-il donc encore ajouter ?

Gérald Pandelon : Encore une fois par la recherche de la paix sociale mais pas uniquement, par lâcheté personnelle et impuissance collective de l'échiquier politique. D'ailleurs, même si des solutions efficaces mais impopulaires étaient avancées, elles seraient refusées par nos politiques qui, disons-le clairement, se foutent royalement des cités, sauf au moment d'échéances électorales... Pourtant, certains spécialistes de la question évoquent de façon euphémisée un état pré-insurrectionnel. Non, il ne s’agit ni d’insurrection, ni de révolte ni de révolution, il s’agit d’un futur conflit armé, une sorte de guerre civile entre les forces de l’ordre et celles d’un « désordre organisé », celui du narcobanditisme des cités. D’ailleurs, ceux qui estiment que mes propos sont exagérés sont curieusement les mêmes qui n’ont aucun intérêt à ce que la vérité éclate, ce sont des hommes politiques de premier plan, des maires de grandes villes. Et comble de l’hypocrisie, ces mêmes décideurs nationaux ou locaux me disent en privé : « Maître, vous avez raison, vous êtes même en-dessous de la vérité, c’est foutu, c’en est foutu de la France ». 

 

Autrement dit à l’hypocrisie et à l’impuissance généralisée se rajoutent la lâcheté. Comme indiqué, je puis vous affirmer que la plupart de nos édiles sont parfaitement informés de la situation catastrophique de nos cités, gangrenées par une criminalité sans foi ni loi, mais que pour des motifs purement liés à leurs carrières et prébendes, ils doivent fermer les yeux ; pire encore, révoquer en doute publiquement (« est-ce bien la réalité ? » répètent-ils à l’envi) l'importance du phénomène, rejetant avec leur dernière énergie, la réalité. Pourtant, ceux des acteurs de terrain les plus réalistes, qu’ils soient éducateurs sociaux, journalistes spécialisés dans les faits divers et autres auxiliaires de justice témoignent souvent d'une situation objectivement catastrophique. En d’autres termes, le phénomène du narcobanditisme rend notre personnel politique, à parts rares exceptions, schizophrénique ; ils connaissent la vérité mais ont interdiction absolue de la révéler sous peine d’être disqualifié dans la sphère politique par ceux-là mêmes qui pensent exactement la même chose qu’eux mais en privé… Il n’y a pourtant pas pire que le mensonge à soi… 

  

Source : https://www.atlantico.fr/decryptage/3585777/insecurite--le-grand-aveuglement-du-quinquennat-d-emmanuel-macron--nouvel-an-vehicules-incendies-vols-delinquance-securite-police-paris-ile-de-france-saint-sylvestre-chiffres-donnees-guillaume-jeanson-gerald-pandelon

 


Tir à balles réelles des policiers : E. Zemmour a-t-il raison ?

...par Edouard Chanot - Le 11/01/2020.

Pour ne pas être débordée «par les caïds et les voyous», la police doit riposter proportionnellement et à balles réelles si nécessaire, affirme Éric Zemmour. Doit-on craindre une escalade des bavures policières et de la violence en France? Entretien avec l’avocat Guillaume Jeanson, porte-parole de l’Institut Pour la Justice.

Dans les quartiers sensibles, comment la police peut-elle agir quand elle est prise à partie? Alors que la tension monte en France et que n’importe quelle étincelle semble pouvoir mettre le feu aux poudres, le débat est crucial. Alors où placer le curseur entre violence illégitime et violence légitime? L’avocat Guillaume Jeanson, porte-parole de l’Institut Pour la Justice, nous répond.

 

Sputnik France : Y-a-t-il vraiment une spécificité française en matière d’usage des armes, qui rend les forces de l'ordre de notre pays moins violentes que d'autres, comme l’a affirmé Éric Zemmour?

Guillaume Jeanson: «Il est difficile de répondre précisément à cette question, tant les comparaisons raisonnables apparaissent ici délicates. Une comparaison avec les États-Unis paraît même presque dépourvue de sens, étant donné que les armes à feu sont beaucoup plus répandues là-bas, et que par conséquent les criminels sont beaucoup plus souvent armés. Dans ces circonstances, il est évident que les policiers américains doivent faire beaucoup plus souvent usage de leurs armes que chez nous. Qui plus est, il y a forcément des différences importantes selon les États.» 

Forces de l'ordre de Paris
© AP PHOTO / THIBAULT CAMUS
«Ce n’est pas la police qui est de plus en plus violente, mais la société. [Dans les quartiers sensible, ndlr] Ce ne sont pas des manifestations, ce sont des émeutes. Le progrès, ce n’est pas l’ordre des voyous», a déclaré Eric Zemmour pour justifier la riposte à balles réelles par la police.

Sputnik France: Alors, restons en Europe: qu'en est-il par exemple en Grande-Bretagne, pays dont les forces de l’ordre ont pendant longtemps patrouillé sans armes à feu?

Guillaume Jeanson: «En ce qui concerne la Grande Bretagne, la très grande majorité des policiers continuent à ne pas porter d’arme à feu, même si leur nombre a augmenté suite aux attentats islamiques. Seulement 10 % environ des forces de police seraient entraînées à l'utilisation d'armes à feu. Ceux qui sont armés demeurent donc très largement minoritaires. En revanche, en Irlande du Nord, ils sont à l’inverse tous armés. Font-ils alors plus souvent usage de leurs armes que les policiers français dans des situations comparables ? Outre le fait qu’on peine à trouver des situations vraiment comparables, cela parait très difficile à établir d’un point de vue statistique sur le principe, et je ne dispose en tout cas pas pour ma part de chiffres sur ce point.» 

Sputnik France: En France, l'usage des armes à feu est encadré strictement, même s'il a été assoupli à la suite de l'attaque de Viry-Châtillon en 2016. Il doit répondre à une absolue nécessité et à une stricte proportionnalité. Le cadre légal est il aujourd’hui adapté? Les policiers sont armés, mais la loi les désarme-t-elle?

 

Guillaume Jeanson: «Outre le cadre juridique classique de la légitime défense que l’on retrouve dans le code pénal, le dispositif avait -avant même Viry-Châtillon-  déjà été complété par la loi du 3 juin 2016 pour renforcer la lutte contre le crime organisé et le terrorisme. Une loi qui est notamment venue autoriser le policier ou le militaire à utiliser son arme pour "empêcher la réitération, dans un temps rapproché, d'un ou plusieurs meurtres ou tentatives de meurtre venant d'être commis".

 

Mais vous avez raison, en 2017, c’est-à-dire quelques mois après cette terrible attaque au cocktail molotov de Viry-Châtillon sur des policiers, le parlement a voté un nouveau texte pour aligner les régimes juridiques applicables aux policiers et aux gendarmes. Il existait en effet une différence de taille entre ces derniers, puisque seuls les gendarmes pouvaient par exemple faire feu lorsqu'ils étaient agressés ou menacés par des individus armés, pour "défendre" une zone qu'ils occupaient, si des sommations répétées restaient sans effet, ou pour immobiliser des véhicules.

«Sous condition qu'ils agissent en cas d'absolue nécessité et de manière proportionnée dans l'exercice de leurs fonctions, qu'ils portent un uniforme ou un brassard, les policiers sont autorisés à utiliser leurs armes.»

Le nouveau texte inséré dans le code de la sécurité intérieure offre désormais aux policiers un cadre commun à celui des gendarmes et des douaniers. Sous condition qu'ils agissent en cas d'absolue nécessité et de manière proportionnée dans l'exercice de leurs fonctions, qu'ils portent un uniforme ou un brassard, les policiers sont autorisés à utiliser leurs armes dans cinq situations. Afin de s’assurer du bon déroulement et de la bonne compréhension par les policiers de l’entrée en vigueur de ces nouvelles règles d’usage des armes, 124.000 agents, relevant tant de la sécurité publique, de la police aux frontières que des CRS, ont pu bénéficier de quatorze «simulations chocs et pédagogiques.»

Sputnik France: Les contrôles de l’usage des armes à feu et des bavures potentielles par les autorités sont-ils suffisants, ou au contraire trop sévères?

Guillaume Jeanson: «L’usage de l’arme par la police fait systématiquement l’objet d’un examen rigoureux en France suivant l’ensemble de ces critères juridiques en vigueur. A chaque fois qu’un policier utilise son arme, cela donne lieu automatiquement à une ouverture d’enquête par l’IGPN. La lourdeur des contrôles de l’institution et la rigueur, parfois extrême, de l’interprétation des critères de légitime défense conduisent de nombreux professionnels à dénoncer le sentiment d’inhibition qui entrave aujourd’hui bon nombre de fonctionnaires de police quant à l’utilisation de leurs armes. L’ancien préfet Michel Auboin met en cause «une question de doctrine» : «les policiers de la BAC, qui y risquent leur vie chaque soir, craignent la sanction plus que la blessure, à cause d’une interpellation qui aurait mal tournée. La peur de la bavure les accompagne en permanence

C’est donc sans doute moins les textes qui désarment que la manière de les appliquer. Ce qui invite alors, en miroir, à vouloir corriger certains de ces textes pour inciter à faire évoluer la manière de les interpréter. Ainsi en va-t-il par exemple de cette revendication portée depuis longtemps par l’IPJ, et récemment aussi par le député Joachim Son Forget de prendre en considération, à l’instar du droit pénal suisse, l’état émotionnel de la personne agressée dès lors qu’on apprécie la proportionnalité de sa riposte.»

Sputnik France: Donc légalement, la police serait dans son droit. Mais que dire en pratique? Doit-on, comme Zemmour, craindre la création d’enclaves et exiger la riposte des forces de l’ordre, ou craindre au contraire qu’un tir ne mette le feu aux poudres, ce qu'il manque pour une escalade définitive de la violence?

Guillaume Jeanson: «Zemmour n’est pas le seul à craindre la création d’enclaves. Les pouvoirs publics n’ont-ils pas évoqués eux-mêmes ces «quartiers de reconquêtes républicaine» comme pièce du dispositif de leur fameuse «police de sécurité du quotidien» ? Sauf à ce que les mots soient dépourvus de sens, le constat du phénomène inquiétant de sécession, d’abord dénoncé par une poignée d’enseignants courageux, puis, ces toutes dernières années, par un président de la république «qui ne devrait pas dire ça», et un ministre de l’intérieur du présent quinquennat, transcende enfin à peu près désormais les clivages politiques. Si l’on s’accorde sur le constat, les modes d’actions à entreprendre divisent en revanche toujours autant. La situation s’est en outre tellement dégradée en certains endroits que la crainte qu’un tir mette, comme vous le dites, «le feu aux poudres» n’a plus rien de théorique.

«Zemmour n'est pas le seul à craindre la création d'enclaves. Le constat (...) transcende enfin à peu près désormais les clivages politiques.»

Cette crainte est donc double. Elle est d’abord que la situation devienne véritablement en elle-même incontrôlable et génère de nombreuses victimes. Elle est ensuite, que la situation se révèle coûteuse pour la carrière du responsable politique qui servira de fusible. Nul besoin de s’étendre sur ce fameux «syndrome Malik Oussekine», qui conduit le politique à exercer des pressions sur la hiérarchie policière pour donner des ordres officieux aux hommes du rang de bien souvent laisser faire. Ce qui aggrave la perte de crédibilité des forces de l’ordre, renforce le sentiment d’impunité des délinquants et accélère d’autant la dégradation de la situation. Parmi de nombreux ouvrages ayant dénoncé ces dernières années ce phénomène, celui de votre confrère Frédéric Ploquin La peur a changé de camp (Albin Michel, 2018) est à cet égard sans doute l’un des plus édifiants. Le journaliste y évoque en effet «une impunité nourrie par les lendemains d’émeutes, de poubelles brûlées ou de guet-apens, quand les chefs freinent des quatre fers et retiennent les troupes avec l’espoir que le feu s’éteigne tout seul.»

 

Plus explicite encore, il poursuit: «comme au lendemain de l’affaire Théo, quand ils ont préféré voir les policiers à la cafétéria du commissariat plutôt que de risquer l’affrontement. Sans préjuger de l’issue judiciaire du dossier, la stratégie aura consisté à être le moins visible possible dans l’espoir d’éviter l’embrasement. «Il ne faut pas les énerver», a dit un chef plus cash que les autres. «Enerver qui?» a osé un gardien qui n’a reçu en réponse qu’un silence embarrassé, mais a obtempéré: ce soir-là, il a regardé les poubelles brûler à la télévision. Avec une petite gêne, celle du type qui se sent flic et qui voudrait bien l’être. Qui se trouve un peu ridicule à faire le café au poste avec sa tenue sur le dos en espérant recevoir à un moment l’ordre de sortir pour «arrêter les méchants», en rêvant au jour où son savoir-faire, son vécu, ses intuitions seront pris en considération.»

 

Sputnik France: dans les quartiers criminogènes, les policiers subissent des lancers de cocktails molotov et des tirs de mortiers d'artifice. Une gendarmerie a été attaquée il y a quelques jours. Doit-on craindre un usage d'armes lourdes à court ou moyen-terme? 

Guillaume Jeanson: «Depuis la chute du mur et les conflits des Balkans, il n’est un mystère pour personne que les armes de guerre prolifèrent dans certaines zones. La hausse des homicides, elle-même souvent liée à la montée des règlements de compte sanglants sur fond de guerre de « points deal » ces derniers mois, devrait assez logiquement entrainer une course à l’armement qui pourrait encore accroître la disponibilité d’armes de plus en plus lourdes dans ces enclaves. On le voit, plus les autorités tardent à agir efficacement, plus le problème sera difficile à résoudre.

Il faut évidemment que la police parvienne dans ces zones à rétablir l’ordre de la loi. Or, plus elle perd du terrain, plus cette entreprise est difficile. Aujourd’hui, la tâche est déjà ardue et le politique et la hiérarchie policière feraient bien d’épauler les hommes de terrain pour y parvenir. On a pourtant le sentiment qu’ils font tout l’inverse, qu’ils donnent des ordres de ne pas agir quand il le faudrait et qu’à la première orchestration médiatique – tout le monde se souvient de l’affaire Théo – ils n’hésitent pas à abandonner ces hommes à la vindicte publique. Bien sûr, comme toute appréciation générale, ce tableau manque certainement de nuances, mais il est inquiétant de mesurer combien cette perception est aujourd’hui répandue.

«Non, la riposte systématique à balles réelles n’est sans doute pas à privilégier, mais il existe bien des situations où une telle riposte devrait s’imposer.»

Le problème ici tient donc à la fois à une question de courage du politique et des institutions et à une question de discernement. Non, la riposte systématique à balles réelles n’est sans doute pas à privilégier, mais – compte tenu de la dangerosité à laquelle sont aujourd’hui parfois exposés les forces de l’ordre,– il existe bien des situations où, dans le respect des critères fixés par la loi, une telle riposte devrait s’imposer et faire l’objet d’un soutien de la part de la hiérarchie policière et du politique. A défaut, la situation continuera de dégénérer.»

 

Sputnik France: Sujet connexe: les tensions dans les quartiers dits «sensibles» ne sont pas les seules. Les bavures semblent se multiplier face aux gilets jaunes, avec ou sans flashball. Les non lieux doivent-ils nous inquiéter ? 

Guillaume Jeanson: «Ce sujet n’est au contraire pas si connexe que cela. Non seulement parce que la police perd autant en crédit en désertant qu’en agissant illégalement, mais aussi parce que les bavures éloignent la population de sa police. Or, une police sans contact avec sa population perd considérablement son efficacité et ses moyens d’actions. Sans parler du fait même qu’elle manque à l’une de ses missions prévues par l’article R. 434-2 Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale: celle d’être justement «au service de la population». La justice doit donc se montrer aussi inflexible envers ceux qui défient la police qu’envers la police elle-même dès lors qu’elle n’agit plus dans le cadre de la loi. A cet égard, si en 2018 l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a enregistré une hausse de 8,8% des saisines judiciaires et de 5,1% des saisines administratives, la justice a pour sa part saisi l’IGPN de 1.180 enquêtes.

«La justice doit donc se montrer aussi inflexible envers ceux qui défient la police qu’envers la police elle-même dès lors qu’elle n’agit plus dans le cadre de la loi.»

Vous évoquez les flashballs et les gilets jaunes. Cet exemple me paraît significatif de ce que j’exprimais au sujet de la responsabilité du politique dans cette fracture qui pointe entre police et population. Il a en effet été mis en exergue ces derniers mois que de nombreux cas de bavures aux flashballs étaient principalement imputables à des unités de police chargées par les autorités d’exercer des missions pour lesquelles elles n’avaient été ni formées ni entrainées. Quand on connaît les conséquences dramatiques que cela a eu pour certains manifestants, on ne peut faire l’impasse sur la responsabilité de ceux qui ont décidé d’employer ces unités-là à de telles missions. Ont-ils seulement été inquiétés?»

Source : https://fr.sputniknews.com/opinion/202001111042819228-tirs-a-balles-reelles-des-policiers-zemmour-a-t-il-raison/



150 quartiers sont "tenus" par les islamistes

selon un document classé secret-défense

Source : https://www.valeursactuelles.com/societe/150-quartiers-sont-tenus-par-les-islamistes-selon-un-document-classe-secret-defense-115151 - le 19/01/2020.

 
Image d'illustration. Photo © BUFKENS Cedric/SIPA

La DGSI vient d’établir une cartographie de ces territoires conquis de l’islamisme, à la demande de Christophe Castaner, formulée après l’attentat de Villejuif. Un sujet extrêmement sensible pour l’exécutif, qui ne veut pas stigmatiser la communauté musulmane.

Conséquence ou pas du bel accueil médiatique fait au livre du politologue Bernard Rougier, Les territoires conquis de l’islamisme, l’exécutif semble déterminé à lutter tant bien que mal contre les dérives communautaires, mais craint d’être accusé de stigmatiser les musulmans. Ainsi, le 5 janvier, après l’attentat de Villejuif, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a envoyé un télégramme aux préfets leur demandant de réunir les GED, à savoir les groupes d’évaluation départementaux. Cette énième réunion aura au moins accouché d’un chiffre, relayé par Le JDD : 150, soit le nombre de quartiers sous l’emprise de l’islam radical. Des territoires perdus de la République cartographiés par la DGSI.

« Situation alarmante », « proportions inquiétantes », « microterritoires » salafisés… 

Le document, classé secret-défense, est extrêmement sensible et n’a été divulgué qu’à un seul ministre, celui de l’Intérieur. Les autres ministères concernés par la lutte contre le communautarisme, et qui se sont réunis pour évoquer le sujet les 5 et 16 décembre, à savoir la Justice, l’Éducation nationale, la Santé, les Collectivités locales ou encore la Jeunesse, n’ont pas de droit de regard. « Les ministres sont sous la pression de Macron, qui leur a demandé de faire des propositions fortes », fait remarquer un connaisseur du dossier au JDD. Le 27 novembre dernier, déjà, Christophe Castaner avait adressé aux préfets une circulaire faisant de « la lutte contre l’islamisme et le repli communautaire » un « nouvel axe de [leur] action ». 

SUR LE MÊME SUJET
 

Mais outre les banlieues de Paris, Lyon et Marseille, qu’on sait touchées par le phénomène, plusieurs cités du département du Nord sont dans le viseur des renseignements intérieurs. À Maubeuge, par exemple, l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) a obtenu 40% des voix dans un bureau de vote. Une « situation alarmante » semblable à celle de l’agglomération de Denin ou encore Roubaix, où « bien qu’historique, la situation prend des proportions inquiétantes », explique un préfet cité par Le JDD. Parmi ces territoires « tenus » par l’islam salafiste, figurent des zones moins attendues, comme en Haute-Savoie ou dans l’Ain, à Annemasse, Bourg-en-Bresse, Oyonnax ou encore Bourgoin-Jallieu. Enfin, plus surprenant encore, la DGSI constate « l’apparition de microterritoires qui se salafisent dans des zones improbables », telles que Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir.



Un millier de pompiers dans la rue : « On est face à la haine, ils veulent tuer du pompier »

...par José Meidinger - le 19/01/2020

Source : https://www.bvoltaire.fr/un-millier-de-pompiers-dans-la-rue-on-est-face-a-la-haine-ils-veulent-tuer-du-pompier/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=7f6281a2c2-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-7f6281a2c2-31040957&mc_cid=7f6281a2c2&mc_eid=c2875309d7


Les médias, toutes chaînes d’information confondues, n’en ont guère rendu compte… Ils étaient pourtant près d’un millier de pompiers à manifester dans les rues de , ce vendredi, pour dénoncer les violences qui les prennent quotidiennement pour cible. Un cortège composé de sapeurs-pompiers volontaires et professionnels du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, mais aussi des départements voisins du Grand Est, Vosges et de Moselle. Les pompiers en tête de cortège portaient un cercueil pour rappeler leur crainte qu’un ou une des leurs ne meure au cours d’une intervention émaillée de violences, comme ce fut le cas dans la nuit du Nouvel An.

C’est la première fois, de mémoire de journaliste, que les hommes du feu descendaient ainsi dans la rue pour dénoncer la généralisation des violences les ciblant. « J’ai connu 11 soirs de Nouvel An, et celui qu’on vient d’avoir, c’était le pire », témoigne Michael, sapeur-pompier volontaire, sur France 3 Grand Est. « Si ça continue, il y a aura un mort. Ils attendent ça pour réagir… Nous ne sommes pas là pour nous faire agresser. Il faudrait plus de fermeté de la part de la Justice face à ces agissements. Car on ne fait plus face à des agressions, mais à de la haine : il s’agit de tuer du pompier. »

Un témoignage que corrobore, toujours sur France 3, un collègue de Michael, David, 46 ans, lieutenant sapeur-pompier professionnel : « Les pompiers sont conscients des risques inhérents à ce métier. Ils l’acceptent. Mais les agressions ne sont pas censées faire partie de ces risques… Aujourd’hui, je ne peux plus dire à mes équipes que tout ira bien, qu’il n’y aura pas d’incident. »

Marie, sapeur-pompier volontaire, en est consciente : « On se fait caillasser. On se fait même agresser au couteau par des victimes qu’on vient sauver. Ce n’est pas normal. »

Henri, 65 ans, adjudant sapeur-pompier professionnel retraité, dénonce le laxisme de la Justice : « Il faudrait que quelqu’un qui agresse ne soit pas remis en liberté le lendemain de son agression. C’est une tentative de meurtre. C’est même prémédité ! »

 

José Meidinger

Journaliste, Ancien grand reporter à France 3 Alsace.


Armes détenues légalement par des Français : Renforcement de la surveillance de l’État

Par Julien Michel - Le 20/01/2020

Le ministère de l’Intérieur, affolé à l’idée d’un possible déclenchement d’hostilités incontrôlables sur le territoire français, remet complètement à plat son fichier des armes civiles, et serre violemment la vis.

Désormais, chaque arme sera immatriculée à vie dans le fichier du Système d’Information sur les Armes.

Les autorités espèrent que cette refonte permettra de recenser des armes qui, jusqu’ici, étaient passées entre les mailles du filet. Ainsi, bon nombre de fusils de chasse ne sont pas pris en compte. Avant 2011, ils pouvaient être achetés librement, leur détention n’étant pas soumise à déclaration. Il faut ajouter le matériel de la Seconde Guerre mondiale allant du Colt 45 au pistolet-mitrailleur Sten, conservés comme souvenir familial ou historique.

Selon Small Arms Survey (2007), projet de recherche mené au sein de l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève, cité par nos confères du Parisien, la France est le deuxième pays le plus armé de l’Union européenne (32 pour 100 personnes) derrière la Finlande si l’on tient compte des armes non déclarées.

Source : https://lalettrepatriote.com/armes-detenues-legalement-par-des-francais-renforcement-de-la-surveillance-de-letat/


Macron prône un plan « civilité » pour lutter contre le communautarisme !

...par Philippe Franceschi - Le 21/01/2020.

 

 a, paraît-il, pris conscience depuis peu que le combat contre le communautarisme constituait « une lutte essentielle ». Il cherche, maintenant, activement un dispositif pour contrer ce phénomène, nous dit le JDD du 18 janvier, tout en hésitant sur les mesures à prendre, tellement il est convaincu. Dans sa confusion, il faut s’attendre à une boîte à outils, telle celle de François Hollande pour lutter contre le chômage en 2013 ; on connaît la suite… Le gouvernement va proposer un plan pour favoriser la « civilité » et l’ordre public, mais nous n’aurons donc pas le discours refondateur de la laïcité tant attendu du président de la République.

Les confusions d’Emmanuel Macron sur la laïcité et l’islam

Les Français ont parfaitement conscience que c’est la religion musulmane qui pose problème… et ils ne le veulent plus. Emmanuel Macron se trompe de cible. Le cœur du sujet, c’est évidemment le respect de la laïcité dont il est grand temps de définir les contours par une séparation de la sphère publique et de la sphère privée, et non pas simplement un devoir de neutralité dans les services publics, comme l’affirme notre Président. Dans son discours d’octobre 2019 à La Réunion, il a précisé que « Le port du voile dans l’espace public n’est pas l’affaire de l’État », alors que le 4 octobre 2018, dans une interview télévisée, il déclarait le contraire, que le voile « n’était pas conforme à la laïcité », ne respectant pas l’égalité des sexes. C’est dire la constance de ses convictions ! Dans une interview sur RTL du 28 octobre 2019, il déclarait aussi que la radicalisation, le communautarisme et les rapports entre l’islam et la République sont trois sujets distincts qu’il ne faut en aucun cas confondre sous peine d’ajouter de la tension ambiante ou encore que « le communautarisme, ça n’est pas le terrorisme ». Là aussi, et au contraire, évidemment que ces trois notions sont intimement liées. Les terroristes djihadistes ou endogènes viennent bien de ces milieux communautaristes dans lesquels ils se sont radicalisés. J’affirme donc, au contraire, que ces sujets sont adossés à la question de la laïcité et que cela regarde donc bien les rapports de l’État avec l’islam, au moins sur le plan de la sécurité. Et ce n’est pas le dernier livre de l’universitaire Bernard Rougier, Les Territoires conquis de l’islamisme, qui va nous rassurer.

La « civilité » pour effacer la laïcité

Alors, pour fuir le vrai débat, Emmanuel Macron préfère effacer le mot et évoquer la « civilité » plutôt que la laïcité ! Une fois de plus, la pratique de l’évitement. Selon lui, la « civilité » et « l’ordre public » constituent d’autres fondements sur lesquels il est possible de s’appuyer pour repousser certaines revendications ou combattre le communautarisme. La civilité, si l’on en croit les spécialistes du vivre ensemble, concerne la capacité à construire des relations avec autrui et l’interdiction et la sanction des pratiques qui séparent les gens. On croit rêver…. Une usine à gaz. Le Président évoque, à cet égard, la défense de l’égalité entre les hommes et les femmes ou le respect des lois de la République ! Interviewée sur CNews, le dimanche 19 janvier, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, précisait qu’il y a déjà des lois existantes permettant de mettre fin, par exemple, à la déscolarisation d’une frange de la jeunesse française. Mais qu’attend-on, alors, pour les faire respecter fermement ? Ce nouveau plan gouvernemental sera-t-il de faire appliquer des lois existantes ? On attend avec impatience la fermeté macronienne. Les mesures préventives, comme l’augmentation des fonctionnaires dans les zones sensibles ou encore le soutien à la pléthore d’associations, ne suffiront pas.

Qu’attendez-vous, Monsieur le Président, pour engager la reconquête républicaine des quartiers gangrenés par le fondamentalisme islamiste, alourdir les peines pour faits de terrorisme, isoler les condamnés, fermer toutes les mosquées radicales, expulser les 3.300 étrangers fichés au fichier FSPRT, etc. ? Cela ne se fera pas sans violence, compte tenu du climat ambiant dans les rapports sociaux, mais le peuple français y est prêt, j’en suis sûr.

 

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/macron-prone-un-plan-civilite-pour-lutter-contre-le-communautarisme/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=77d72ea68e-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-77d72ea68e-31040957&mc_cid=77d72ea68e&mc_eid=c2875309d7


La législation sur les armes à feu rate sa cible !

...par Foulques Farret d'Astiès - Le 22/01/2020.

 

L’information est sortie tout discrètement : Le service central des armes du ministère de l’Intérieur, créé en 2017, achève son œuvre en décrétant le fichage de manière toujours plus contraignante des armes à feu achetées légalement.

 

La France et l’Union européenne ont cherché, ces dernières années, à rendre de plus en plus difficile l’acquisition légale d’une arme à feu et à en assurer un suivi rigoureux. Récemment, on a connu le bouleversement des catégories, l’interdiction de vente entre particuliers et des restrictions concernant l’usage des fusils à pompe. Mais rassurez-vous, ces mesures privatives de liberté sont prises au nom du bien commun et de notre sécurité !

 

Comprenez… il est trop facile d’acquérir par la voie légale une arme à feu. Par les temps qui courent, avec le terrorisme, le climat de haine entretenu par les fascistes… Il est vraiment plus raisonnable de limiter au maximum la circulation des armes. Et puis, qui les achète, ces armes ? Les détenteurs d’une licence de tir sportif, qui prennent le tir pour un loisir, quelle idée. Et surtout les chasseurs ! Ces campagnards sanguinaires qui se complaisent dans l’assassinat de pauvres animaux innocents.

 

Non, décidément, nos gouvernants sont sages, l’Union européenne est bien inspirée, toutes ces mesures à l’encontre des fous de la gâchette sont positives. D’ailleurs, les gens qui pensent bien ne devraient pas détenir d’armes ! Nous sommes dans le pays des droits de l’homme, du vivre ensemble. Laissons les armes aux méchants lobbys américains responsables de tant de malheurs.

 

C’est tellement mignon, Boboland. Ils nous convaincraient presque !

 

Seulement… Si l’acquisition d’armes à feu est de plus en plus difficile, cela n’a pas empêché l’augmentation générale de la délinquance et un bond de 8,5 % des meurtres sur notre territoire, en 2019. D’ailleurs, selon des estimations, entre 10  (source le Huffpost du 13/11/2015) et 15 millions d’armes (source RTL du 25/04/2018) seraient en circulation en France, pour seulement 4 millions détenues légalement. Car pendant qu’on tord le cou au commerce honnête, le trafic d’armes qui sévit dans les banlieues fonctionne à merveille et n’est pas inquiété. Dans certains quartiers abandonnés par les pouvoirs public, des armes de guerre se vendent pour quelques centaines d’euros. Elles servent aux trafiquants de drogue, aux braqueurs. Kalachnikov et pistolets se retrouvent dans des règlements de comptes de plus en plus fréquents entre bandes rivales et ces dernières années ont permis aux terroristes islamistes de faire couler le sang français.

 

Nos dirigeants se trompent. La cible est mauvaise. Rares sont les infractions qui impliquent le vieux 12 du grand père ou le 9 mm du tireur sportif. Nombreux sont les crimes commis avec des armes de guerre circulant sans contraintes dans les cités. Désarmer les Français et laisser le commerce illégal des armes s’épanouir est un crime.


L’insécurité est-elle un sentiment?

Par Laurent Lemasson - le 02/02/2020.

Le débat sur l’insécurité n’a jamais cessé en France depuis la fin des années 1970. Il oppose ceux qui affirment que l’insécurité ne cesse de progresser depuis un demi-siècle et ceux qui affirment que cette progression est largement fantasmée. Dans ce débat, la notion de « sentiment d’insécurité » est devenue un enjeu essentiel.

 

Pour les premiers, parler de sentiment d’insécurité revient à nier la réalité de cette dégradation, « sentiment » étant pris comme synonyme d’« imaginaire ». Ils rejettent donc énergiquement l’expression « sentiment d’insécurité ».

 

Les seconds admettent que l’opinion publique est préoccupée par l’insécurité mais mettent toute leur énergie à montrer que cette préoccupation n’a pas de vraies raisons d’être. Ils insistent sur le fait qu’il faut soigneusement distinguer insécurité (objective) et sentiment d’insécurité (subjectif).

Cet usage polémique du terme « sentiment » a eu pour conséquence de tronquer le débat. En effet, la dispute autour du « sentiment d’insécurité » signifie qu’il existe un point d’accord entre les deux camps : tous les deux considèrent que les statistiques de la délinquance sont le juge de paix en la matière de sécurité.

Or si les statistiques de la délinquance sont certes importantes, elles n’épuisent pas le sujet et peuvent même nous égarer si elles nous font oublier que certains des aspects les plus importants du phénomène ne se laissent pas appréhender par les statistiques. La notion de sentiment d’insécurité mérite d’être réhabilitée pour rendre pleinement justice à la question de l’insécurité.

 

Laurent Lemasson 

Docteur en droit public et science politique, responsable des publications à l’Institut pour la Justice

 

Source : https://www.institutpourlajustice.org/publications/etudes/linsecurite-est-elle-un-sentiment/

 

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Communiqué de presse du Ministère de l'Intérieur - Janvier 2019
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Sentiment d’insécurité : Les Français ont-ils raison d’avoir peur ? Réponse de l’IPJ

Le sentiment d’insécurité augmente, lit-on dans les sondages. Une inquiétude, donc trop subjective pour être prise au sérieux? L’Institut Pour la Justice publie un rapport pour dépasser ce débat. Plus de doute: les statistiques sur le temps long reflètent bel et bien l’accroissement des violences en France.

Ils se promenaient le soir, quai Claude Bernard à Lyon. Ils ont soudain été entourés d’une dizaine de jeunes individus. Le ton est monté et la bagarre a éclaté. Tout ça pour des téléphones portables. La police municipale a repéré l’altercation sur son système de vidéosurveillance et une équipe de la police municipale s’est dépêchée sur place, à temps pour procéder à l’interpellation de sept mineurs, âgés de 16 à 17 ans. Heureusement, les petites frappes n’ont cette fois blessé personne. Mais pour ces promeneurs, l’insécurité sera désormais davantage qu’un sentiment.

© AFP 2019 FRANCOIS GUILLOT
Les sondages relèvent immanquablement le «sentiment d’insécurité». Ainsi 64% des Français confiaient l’éprouver en octobre 2018 (baromètre Odoxa-Fiducial), ou encore 63% des Parisiens, le soir dans le métro (Ifop, janvier 2019).

«Le sentiment d’insécurité»: une expression qui aurait «tronqué le débat» sur la sécurité, selon l’Institut Pour la Justice (IPJ). À trop se focaliser sur ce sentiment, forcément subjectif, les médias comme les opposants au «tout sécuritaire» ont de facto retardé la prise de conscience de la montée des violences en France. Car il est aisé d’évacuer des craintes, jugées non fondées ou fantasmagoriques. L'IPJ a voulu mettre un terme à l'incertitude, dans un rapport sur le sujet publié le 4 février et signé par Laurent Lemasson, Docteur en droit public et science politique, responsable des publications à l’institut.

+79% de tentatives d'homicides en une décennie

Bien sûr, tous les voyants sont au rouge dans le dernier rapport Interstats/ministère de l’Intérieur, publié au début du mois de janvier. En 2019, 30 faits de coups et blessures ont eu lieu chaque heure en France. Soit 714 par jour et, en tout, 260.500 pour l’année 2019. Une hausse de 8% depuis l’année précédente et une multiplication par cinq depuis 2010. Et à cela faut-il ajouter une hausse de 9% des homicides: il en advient trois par jour, soit 970 par an. Ou encore près de 63 viols par jour, soit 22.900 par an. Une augmentation de 19 points. Mais cette explosion pourrait n’être que circonstancielle.

 

Certains minimisent l’insécurité. Il est certain, les statistiques sont sujettes à caution. Ainsi le sociologue Laurent Mucchielli, longuement critiqué par l’IPJ, estime-t-il dans ses ouvrages récents que nous «vivons l’époque la moins dangereuse de notre histoire». Comparant le taux d’homicide contemporain avec celui du Moyen-Âge, et considérant que chaque génération estime que son époque est pire que la précédente, il relativise l’insécurité et surtout l’utilisation des peurs à des fins politiques. Dans la période récente, Mucchielli fait remarquer que les homicides ont augmenté dans les années 70 et 80 avant de baisser à partir du milieu de la décennie 90. Il serait donc bien inutile donc de s’affoler.

 

L’Institut Pour la Justice (IPJ) a tenté de saisir le problème par les cornes. Non seulement le «sentiment d’insécurité» est légitime, il serait de surcroît avéré. Bien sûr, les statistiques en la matière sont pour le moins instables. Elles varient, elles sont soumises à la définition des crimes et des délits, mais aussi aux instructions données aux forces de l’ordre et à l’institution judiciaire. Ainsi, l’augmentation des crimes et délits enregistrés peut dès lors simplement refléter une action plus intense de la police. Et donc être interprétés par certains comme le reflet d’une société répressive.

 

Pourtant, les statistiques du taux de criminalité en disent long sur la violence qui s’est progressivement installée en France depuis plus d’un demi-siècle, selon les chiffres du Service Central d'Etude de la Délinquance (S.C.E.D.) de la Police judiciaire:

 

«Entre 1964 et 1984, le taux de criminalité passe de 13,54 pour 1000 habitants à 67,14 pour mille. Depuis, ce taux fluctue tout en restant à un niveau très élevé par rapport à ce qu’il était il y a une soixantaine d’années, aux alentours de 60 pour mille. Il y a donc une dégradation très nette, suivie d’une sorte de plateau, qui peut en effet donner l’impression trompeuse que “les choses ne sont pas pires qu’avant.”»

Les chiffres des homicides sont un indice relativement fiable et l’un des rares à être disponibles. «En 2010, le nombre d’homicides recensés était de 795, en 2018 il était de 845, soit une hausse de 6,29%», fait remarquer l’IPJ. La mesure des homicides est toutefois tronquée par l’efficacité des secours: forcément, il existe moins de victimes d’homicides si celles-ci sont sauvées par les médecins. Il convient dès lors de prendre en compte les tentatives d’homicide. Et là, l’augmentation se révèle encore plus spectaculaire:

«Nous sommes passés de 1.767 homicides et tentatives d’homicide en 2009 à 3.168 en 2018, soit une augmentation de plus de 79%...»

Dès lors, malgré toutes les évolutions possibles, «la hausse est trop forte, trop longue et trop durable pour pouvoir être considérée comme un artefact». D’autant plus que ce phénomène a aussi été remarqué à partir des années 60 dans d’autres pays et d’autres métropoles occidentales, comme Amsterdam, Dublin, Helsinki, etc.

Tout commence par une vitre brisée

Le sentiment d’insécurité traduit dès lors «une perception correcte de la réalité». Distinct de l’insécurité avérée, bien sûr, ce sentiment naît par exemple quand les murs d’un quartier se couvrent de graffitis et que les «incivilités» se multiplient. Il empêche la tranquillité d’esprit des riverains paisibles.

Laurent Lemasson rappelle qu’il «existe un lien entre le désordre dans les espaces publics et la délinquance», puisque «les entorses aux règles de la civilité se multiplient inévitablement si personne n’intervient les premières fois où elles se produisent.» Le désordre s’avère être une véritable incitation à la délinquance: le moindre délit est un signal aux délinquants et criminels, un signe que la police n’ouvre pas l’œil:

«Un quartier dans lequel de petits actes de vandalisme peuvent se commettre en toute impunité risque fort de devenir rapidement un incubateur pour des activités criminelles plus sérieuses et, en définitive, pour la violence.»
© AFP 2019 PATRICK HERTZOG
62% des Français affirment avoir été victimes d’un vol ou d’une agression, et ce sont bien plus souvent les victimes qui s’équipent d’un système de protection (baromètre sécurité des Français Odoxa/Fiducial, décembre 2017).

En somme, Laurent Lemasson rétablit les liens de cause à effet entre le sentiment d’insécurité, le désordre, et les zones de non-droit. La «vitre brisée» est une théorie née aux États-Unis en 1982, des professeurs James Q. Wilson et George L. Kelling. Mais une théorie aux implications bien réelles: le désordre génère petit à petit un phénomène d’évitement des zones où le désordre se fait sentir. Les citoyens honnêtes les quittent, ce qui augmente mathématiquement la proportion d'individus aux principes moins affirmés. Un mécanisme qui s’observe aussi dans les établissements scolaires, où les intimidations des petits caïds s’installent au gré de la passivité ou du désarroi des enseignants. Pire encore: un mécanisme analogue à l’évitement par les policiers des quartiers susceptibles de s’enflammer.

L'IPJ propose trois axes de réformes

Et l’institut d’appeler à une révolution qui s’étend de la police au système judiciaire pour rétablir une confiance aujourd’hui rompue. S’appuyant sur les chiffres de 2019, l’IPJ fait observer que seulement 6,9% des affaires sont portées à la connaissance de la justice, parmi lesquelles seules 24,7% font l’objet d’une sanction non symbolique. De quoi en déduire que «le système pénal est totalement engorgé et que tous les efforts sont faits pour n’envoyer en prison qu’en toute dernière extrémité

 

Le constat de l'IPJ est terrible. La justice créerait donc l’insécurité:

 

«Le système pénal français a cessé d’être moral depuis longtemps. Le fonctionnement ordinaire de la justice n’est plus guère rétributif ni compréhensible ni prévisible par l’homme de la rue, ou s’il est prévisible, c’est dans un sens négatif: les délinquants sont rarement attrapés, rarement condamnés, et dans les rares cas où ils font de la prison, ils en sortent presque toujours bien avant la fin théorique de leur peine.»

Dès lors, faire reculer le sentiment d’insécurité que ressentent les Français passe par le recul de l’insécurité elle-même. L’IPJ conclut son rapport en demandant une police qui prévient le crime «plutôt qu’à réprimer après-coup», une fin des zones dites «de non-droit» –qui augmentent au fil des années– et des émeutes; et un système pénal «rétributif, prévisible et compréhensible par les justiciables ordinaires».

 

Source : https://fr.sputniknews.com/opinion/202002051043009194-sentiment-dinsecurite-les-francais-ont-ils-raison-davoir-peur/

 

Homicides, violences aux personnes : ces chiffres qui inquiètent


C’est une information révélée par nos confrères du FigaroExtrait :

Les synthèses journalières qui tombent sur les bureaux des ministres, place Beauvau, regorgent d’incidents dont les protagonistes, de tous âges et de tous milieux, agressent ou se font justice à coups d’objets tranchants, au cutter, à la hache, à la machette. 

«Il y a eu beaucoup de bagarres dans les campements de migrants, entre Afghans, Érythréens et Somaliens notamment, qui se terminaient à coups de lames, dans le nord de Paris. Le démantèlement de ces points de fixation a été salutaire», se félicite un hiérarque policier parisien.

Se disant «conscient de la radicalisation des comportements», ce haut fonctionnaire ajoute sobrement: «Les gens ont des gestes définitifs.»

Premiers au contact avec cette réalité hyper-violente, les maires ne cessent de sonner l’alarme. Sans réel résultat.

Lors d’une audition au Sénat, en octobre 2019, des élus invités à s’exprimer avaient mis l’accent sur une série d’incidents très révélateurs, à leurs yeux, du contexte de violence qui entoure désormais l’exercice de leur mandat, relatant 14 attaques au couteau, à la hache ou à la machette, mais aussi 105 coups, 7 gifles, 32 attaques avec une voiture ou un scooter, 21 pneus crevés, 12 voitures brûlées…

Pour ce qui est des drames qui conduisent à une mort violente au sein du couple (125 affaires en 2017), les criminologues ont pu évaluer que des armes blanches avaient été utilisées dans 34 % des cas. Les auteurs avaient sinon recours à des armes à feu (28 %), à des armes par destination (10 %) ou à d’autres moyens, comme la strangulation ou les coups assénés.

En toile de fond, il y a l’augmentation générale des violences qui ont plus que doublé depuis 2001, que ce soit entre les personnes (autour de 300.000 faits par an aujourd’hui) ou contre les dépositaires de l’autorité (plus de 38.000 infractions déclarées en 2019)

Source : 

https://mail.google.com/mail/u/0/?tab=rm&ogbl#inbox/WhctKJVjWnphFrLVznQMTlNjwxVmGhHzszTFgtdzbbGtptpKsrPGGKKQlZSXhGHvCTNmTKL

Sécurité intérieure et menace terroriste…

Conférence du Général Bertrand Soubelet

Le 3 février 2020, l’Institut pour la Justice a convié le Général Bertrand Soubelet, auteur du livre "Tout ce qu'il ne faut pas dire", pour faire le point sur la sécurité intérieure et la menace terroriste.

https://www.institutpourlajustice.org/evenements/securite-interieure-et-menace-terroriste-conference-du-general-bertrand-soubelet/


Zones de non-droit : « La menace d’embrasement est encore plus forte »

 

...par Michel Aubouin - le 02/03/2020.

 

Ancien préfet et Directeur pour l’intégration, Michel Aubouin a travaillé au cœur de l’Etat.

Pendant 40 ans, il a vu petit à petit des quartiers entiers rompre avec la République.

Près de 10 % de la population française vit aujourd’hui dans de telles enclaves.

Notre invité a quitté ses fonctions pour dénoncer cette situation. L’équilibre national est au bord de la rupture, dit-il. Un entretien choc.

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