Le huitième soir

Proposé par Roger Neusius - le 08/02/2020.

J’ai terminé le livre « Le huitième soir »… (Voir  ICI  )

« On dit que la terre est une promesse de vie. Je sais maintenant combien elle peut avoir un goût de mort quand elle vous envahit la bouche. »

C'est un roman. Alors l'idée m'est venue d'écrire un mot à quelqu'un qui a vécu ces évènements.
Un mot comme une bouteille à la mer que personne ne ramassera…

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En regardant des images d’Afghanistan hier, j’ai vu des casques et des visages.
Je n’ai pas voulu regarder celles de 2008.
Aujourd’hui sur l’écran j’ai vu les visages de ceux du Mali, du Sahel…
Ils font eux aussi la guerre…

Je n’ai pas fait la guerre. Nous sommes quelques-uns…
Alors, à tous ceux qui ne l’ont pas faite, qui en parlent sans savoir, sachez…
Sachez qu’avec des mots on peut savoir.
On peut savoir un peu, un tout petit peu…
Mais ce ne sont que des mots… Et il faut savoir les lire.
Vous pouvez sourire vous les « anciens », vous qui l’avez faite.
Nous on n’a que des mots. Nous qui ne l’avons pas faite.
La guerre…

Et puis, il y a guerre et… guerre.
De laquelle parlez-vous ? De laquelle parlons-nous ?
De la grande que tout le monde a oubliée…
De celle « Nach Berlin » ?
De celle qui n’en n’était pas, avant qu’on finisse par lui donner un nom qui n’est plus de chez nous ?
Des autres pour lesquelles on ne sait plus très bien pourquoi on y est allé ?
Guerres de Paix…
Guerres sans ennemi…

Pourquoi souriez-vous mon Colonel ?
L’odeur des jonques, de la terre…
Une corolle sur un barbelé… Lucioles dans la nuit…
Votre guerre…
Celle au parfum d’opium…
L’oubliée aux yeux bridés…
Vous savez une histoire.
Oui, parlez-nous  mon colonel.
Vous savez son histoire.
Parlez-nous de l’oubliée…
Celle qui est restée près de vous.

Mon Colonel… ( Libres propos) 2020-013
(Extrait du livre "Le huitième soir")
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