Elections russes.

COMMUNIQUE
DE PRESSE
de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Le 20 Mars 2018

 

 
A/S : Election présidentielle russe : 18 mars 2018 / Mission d’observation

 

A l’invitation du Président de la Douma Viatcheslav Volodine et du Dialogue franco-russe, j’ai effectué avec 26 députés et sénateurs et ex-députés et sénateurs une mission d’observation de l’élection présidentielle russe du 18 mars 2018.

 

Les 26 observateurs ont effectué leur mission dans plusieurs villes : Moscou, Saint-Pétersbourg, Kaluga, et la Crimée où je me suis rendu avec Eric Doligé, ex- sénateur LR, et Jérôme Lambert, député PS.

 

L’élection présidentielle a été précédée de l’affaire de l’empoisonnement de l’ex espion russe en Angleterre dans laquelle Moscou est directement accusé par Londres de cet assassinat, ce qui a provoqué une réelle tension entre la Russie et les Occidentaux.

 

Fallait-il pour autant renoncer à la mission d’observation ? Non, je ne le crois pas. Les relations franco-russes doivent s’inscrire dans la durée, au-delà des avatars, voire des turpitudes des règlements de comptes...

 

En Crimée, nous avons effectué la visite de 7 bureaux de vote, 2 à Yalta et 5 à Simferopol même et dans sa banlieue.

 

Chaque bureau de vote, soit une école, soit une salle des fêtes, avait entre 2000 et 2800 électeurs inscrits. Devant chaque bureau, on relève la présence de vendeurs des quatre-saisons mais aussi de jeunes adolescents qui chantent dans une sorte de karaoké, le tout dans une ambiance festive qui tranche avec l’austérité de nos élections.

 

Le processus de vote est remarquablement organisé grâce à un nombre de volontaires qui traduit une mobilisation populaire.

 

La liste électorale est scindée en 4 ou 5 segments par ordre alphabétique.

 

L’électeur donne son identité, signe à son nom sur la liste électorale, reçoit le bulletin de vote où figurent les 8 candidats. Il peut dès lors cocher en face du candidat de son choix.

 

En Crimée, les bulletins sont trilingues, le russe, l’ ukrainien et la langue tatar.

 

En règle générale, 4 isoloirs aux armes de la Russie sont disposés dans la salle, avec 2 ou 3 urnes scellées. Certaines urnes sont translucides et laissent voir le choix du vote si l’électeur n’a pas plié son bulletin qui est une longue feuille. Moins de 10% des bulletins de vote non pliés laissent apparaitre le choix de l'électeur.

 

Dans plusieurs bureaux, nous avons pu ainsi voir les votes pour Poutine mais aussi pour Ksenia Sobtchak (36 ans), la seule femme candidate, et pour Pavel Groudinine, le candidat communiste.

 

L’absence d’enveloppes pour le bulletin interpelle l’observateur car il y a un risque de non confidentialité du vote, même si faire connaître son choix serait une tradition. De plus, de très nombreux bulletins sont pliés par l’électeur, préservant la confidentialité. Et les bulletins non pliés , s’ils tombent dans l’urne du côté imprimé, sont rapidement recouverts par d’autres.

 

Cela reste un point qui néanmoins interpelle.

 

Nous avons visité 2 bureaux de vote avec des urnes électroniques non transparentes, et qui ne sont pas en réseau; le bulletin feuille est rentré dans la machine face cachée, la confidentialité du vote est là préservée.

 

L’opération du vote s’effectue en deux minutes, sans attente, il n’y a aucune file d’attente.

 

A 14 heures, on enregistrait dans les bureaux visités une participation supérieure à 50% des inscrits. En règle générale, c’est le tout venant de la population, les familles se déplacent avec les enfants, voire les grands-parents.

 

De ce que nous avons constaté en Crimée et de ce que nos collègues ont pu aussi voir dans d’autres villes, il n’y a eu ni contrainte pour forcer les Russes à voter, ni de fraudes. A ce titre, la diffusion en France d’une vidéo où l’on voit certaines personnes bourrer l’urne sans que l’on sache qui agit laisse perplexe : s’agit-il d’un bourrage en faveur d’un candidat ou d’une provocation préméditée pour être largement diffusée ?

 

Accuser Poutine d’avoir instauré une dictature et d’être lui-même un dictateur est loin de la réalité ! V. Poutine est certainement un homme à poigne qui a restauré l’Etat et ainsi a gagné la confiance de ses concitoyens. Un dictateur qui tolère 7 candidats contre lui est encore bien loin des pratiques soviétiques, ne l’oublions pas.

 

Nous devons alors nous poser une question.

 

Est-il vrai, comme il nous est revenu de journalistes eux-mêmes, que les rédactions des médias français ont ordonné à leurs journalistes qui couvraient l’élection de ne faire état que des critiques contre Poutine et de parler de fraudes ?

 

Il ne suffit pas de monter en épingle Alexei Navalny qui a été écarté par la commission électorale de l’élection et est devenu la coqueluche des médias occidentaux pour condamner le processus électoral russe.

 

Les médias occidentaux oublient d’ailleurs trop facilement qu’Alexeï Navalny est un extrémiste nationaliste qui tient des propos racistes ; de cela, on ne parle pas...

 

La Russie n’est sans doute pas un modèle de démocratie mais le sommes-nous ?

 

Donner des leçons au monde entier et à la Russie en particulier n’est ni favoriser la nécessaire coopération avec ce pays qui est incontournable pour l’équilibre européen ni défendre nos intérêts diplomatiques, économiques et culturels.

 

Cela doit nous conduire à réexaminer notre politique à l’égard de Moscou. Il ne s’agit pas d’embrasser Poutine sur la bouche, comme le soulignait le général de Gaulle, « les Etats n’ont pas d’amis ».

 

Nous devons être réalistes et regarder les choses en face, sans coller aux positions américaines et aux ultras Européens qui n’ont pas les mêmes intérêts que nous et poursuivent une politique parfois hostile à l’égard de la Russie.

 

Dans ces conditions, notre position de non reconnaissance du retour à la Russie de la Crimée est un non-sens.

 

C’est mettre notre politique dans une impasse pour longtemps ; la Crimée est russophone à 96 %, la Russie ne la lâchera plus pour des raisons historiques, sociologiques et géostratégiques. ; comme le déclarait à juste titre -pour une fois- Laurent Fabius, nous ne ferons pas la guerre pour la Crimée !

 

Dans ces conditions, reconnaissons cette réalité et négocions avec Moscou : la Crimée est russe, mais en contrepartie, vous devez, vous Russes, reconnaître la frontière ukrainienne avec la Russie dans le Donbass et Kiev doit pour sa part accorder l’autonomie à cette région dans un Etat fédéral ukrainien.

 

A défaut, en campant sur des positions irréalistes, nous reconstruisons un rideau de fer avec Moscou, néfaste pour la Russie mais aussi pour la France et tous les pays d’Europe.

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Commentaires: 1
  • #1

    Arthur Gohin (lundi, 23 juillet 2018 10:57)

    Non la Crimée n'est pas russophone à 96% , de loin, mais elle a voté à plus de 96% pour le retour à la Russie, et c'est ce qui est le plus important.
    Par contre Jacques Myard ordonne aux russes de reconnaître le Dombass comme partie de l'Ukraine, c'est une farce. D'abord c'est aux dombassiens de décider et non à un quelconque politicien français. Ensuite, de même que la Crimée, le Dombass a été annexé à l'Ukraine de façon arbitraire par le gouvernement soviétique; or il est beaucoup plus russophone que la Crimée.
    Où est la cohérence de Maillard ?
    Le Dombass a déjà voté pour l'indépendance avec une large majorité. Vu que le gouvernement ukrainien a depuis persévéré dans le crime et la crapulerie, il est évident qu'un référendum au Dombass le ratacherait à la Russie. Sans elle il ne pourrait guère résister à une invasion ukraino-occidentale.
    Si ce référendum salutaire pour toute la région n'a pas encore eu lieu, c'est parce que les politiciens occidentaux sont soumis au gouvernement américain. Ceci dans l'intérêt d'aucun peuple.