Source : B. Lugan.blog - Le 07/05/2023.
Madame Rama Yade, ancien ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a pris la défense du rappeur « maître Gims » qui, lors d’un entretien de nature surréaliste publié le 22 mars dernier sur Youtube, expliquait doctement que les anciens Egyptiens qui, selon lui étaient naturellement noirs de peau, connaissaient entre autres l’électricité : « Les pyramides (…) au sommet il y a de l’or. L’or, c’est le meilleur conducteur pour l’électricité. C’était des foutues antennes, les gens avaient l’électricité […]. Les Égyptiens, la science, qu’ils avaient, dépasse l’entendement et les historiens le savent. ».
Dans sa défense du « rappeur-historien », Madame Rama Yade développe un argumentaire « encyclopédique » embrassant les millénaires allant du
néolithique à l’Antiquité pour asséner sa vérité qui est que l’Afrique -lire les Noirs-, a détenu au début de l’humanité « le leadership » sur le reste des continents, en particulier
sur l’Europe- lire les Blancs ».
Or, en dépit de ses immenses talents, Madame Rama Yade n’a pas inventé l’affirmation de la supériorité ontologique de la « négritude » actuellement mise en avant par l’afrocentrisme et le « décolonialisme »,. Cette idéologie racialo-revancharde repose en effet sur les postulats énoncés par Cheikh Anta Diop dans les années « 1950-1960 ». Autodidacte-compilateur ce dernier soutenait ainsi que l’histoire est une falsification des Blancs destinée à occulter le legs « nègre » au capital de l’humanité. Pour Cheikh Anta Diop, les Noirs ont en effet tout inventé, le premier homme était un Noir et l’ancienne Egypte était « nègre ». Or, par racisme, parce qu’ils ne pouvaient admettre de tout devoir aux Noirs, les Blancs ont caché que la culture grecque est « nègre » et que, par conséquent, la civilisation européenne dont elle découle est un héritage, un legs « nègre ».
Pour Cheikh Anta Diop :
« Le Nègre ignore que ses ancêtres (…) sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation ; que ce sont eux qui ont créé les Arts, la religion, (en particulier le monothéisme), la littérature, les premiers systèmes philosophiques, l’écriture, les sciences exactes (physique, mathématiques, mécanique, astronomie, calendrier…), la médecine, l’architecture, l’agriculture, etc., à une époque où le reste de la Terre (Asie, Europe : Grèce, Rome…) était plongé dans la barbarie » .
Sans entrer dans une polémique stérile au sujet des fantasmes et des contre-vérités frisant le surréalisme contenus dans les lignes qui précèdent, disons simplement, pour nous en tenir à la seule agriculture, que vers – 5000 av.J.C., des Flandres au Danube se constitua une civilisation paysanne européenne utilisant la traction animale, tandis-que l’Afrique sud-saharienne, l’Afrique noire, n’a, quant à elle, découvert cette dernière, ainsi d’ailleurs que la roue, la poulie et la culture attelée… qu’avec la conquête arabe puis la colonisation, soit presque 6000 ans plus tard… Quant aux trois-quarts des plantes alimentaires consommées aujourd’hui au sud du Sahara (maïs, haricots, manioc, patates douces, bananes, etc…), elles sont d’origine américaine ou asiatique et elles y ont été introduites à partir du XVI° siècle par les colonisateurs portugais…
Or, nous devons bien avoir à l’esprit qu’avec l’afrocentrisme et ses dérivés, nous ne sommes pas face à de simples élucubrations, mais en présence d’une idéologie abreuvée au mythe d’une « nation africaine » dont l’histoire grandiose aurait été occultée à la suite d’un complot raciste de la science historique occidentale. Ses postulats farfelus sont devenus vérités à l’ère du wokisme et ils prospèrent dans la négation du réel. Pour oublier l’enfer de leur histoire, les afrocentristes s’inventent ainsi un passé paradisiaque, enfouissant leurs frustrations dans le refuge de l’imaginaire tout en proposant une compensation-revanche par l’invention d’une suprématie passée.
L’afrocentrisme, ce transfert psychanalytique valorisant ne doit pas être seulement dénoncé, il doit en effet être solidement et scientifiquement réfuté car il s’attaque à la racine même de notre civilisation. C’est pourquoi les numéros de juin et de juillet de l’Afrique Réelle contiendront deux importants dossiers qui lui seront consacrés (Pour vous abonner, cliquer ici).
Dans l’immédiat, on se reportera à mon livre « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance » qui remet totalement en question le corpus sur lequel prospère cette idéologie.
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Source : Le Courrier des Stratèges - Bernard Lugan - Le 24/03/2023.
Bernard Lugan, bien connu des Africanistes, publie en permanence un foisonnement de livres. La sortie de On savait vivre aux colonies, aux éditions de la Nouvelle Librairie, nous a donné l’occasion d’aborder la question de la dévastation de l’influence française en Afrique, à travers l’exemple de l’Afrique des Grands Lacs. Entre la politique destructrice menée par Sarkoy, puis par Macron, c’est tout une vision française du monde qui se fâne et s’évanouit…
Comme le souligne et le documente avec rigueur Bernard Lugan, la politique africaine de Macron est essentiellement dictée par une incompréhension de ce qu’est le continent africain, et pa l’obsession de plaire au bloc anglo-saxon, au risque de prendre à rebrousse-poil, à la manière des saltimbanques, les amis africains de la France. L’alliance avec les Etats-Unis vaut-elle un abandon de notre présence en Afrique ?
Mais qui sont donc les « cerveaux à nœuds » qui conseillent Emmanuel Macron sur les questions africaines ? La question se pose en effet après l’incroyable incident diplomatique de Kinshasa et l’humiliation subie lors de la pantalonnade de la « marmite »
Contrairement à la doxa médiatique, je ne ferai pas au président de la République le reproche de ses déplacements au Gabon et au Congo Brazzaville. Il était en effet urgent de faire un geste en direction de deux pays amis dont les liens traditionnels avec la France se distendent au fur et à mesure du harcèlement judiciaire que certaines ONG mènent contre leurs dirigeants et leurs familles. Au nom du principe des poursuites contre les « Biens mal acquis », c’est en effet à une véritable entreprise de trahison des intérêts politiques français que se livrent ces ONG dont les financements mériteraient d’être scrutés de plus près…
C’est au sujet du déplacement en RDC que se pose la question de savoir si les conseillers de l’Elysée ont une connaissance de la situation locale. En effet, pourquoi ont-ils organisé cette rencontre avec la « jeunesse » qui s’est transformée en humiliation pour la France avec l’épisode de la « marmite » ? C’est bien leur incompétence qui a provoqué l’incident diplomatique lié à la ferme mais bien peu diplomatique réponse que le président Macron a été contraint de faire au président Félix Tshisekedi qui venait d’accuser la France.
Or, si ce voyage avait été préparé par des « professionnels », et non par des incapables totalement ignorants du contexte régional et local, ces incidents ne se seraient pas produits. En effet :
1) Depuis 1996, directement ou à travers des groupes armés comme le M23, le Rwanda de Paul Kagamé occupe une partie de la RDC, y pille ses richesses et y provoque d’atroces massacres.
2) Au nom du génocide de 1994, le Rwanda s’estime au-dessus des lois internationales.
3) Or, l’opinion africaine, et notamment celle de la RDC, sait que ce génocide a été provoqué par l’assassinat du président hutu Habyarimana le 6 avril 1994.
4) Cette même opinion africaine considère que le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), ainsi que la justice française, ont établi que ce n’étaient pas les Hutu qui avaient commis cet attentat (voir mon livre Rwanda, un génocide enquestions).
5) L’opinion publique congolaise est donc à vif contre le Rwanda.
6) Or, depuis Nicolas Sarkozy, la France a commencé par se coucher sans réagir sous les insultes et les accusations proférées contre elle par le régime de Kigali. Quant à la justice française enquêtant sur l’attentat du 6 avril 1994, elle a rendu des conclusions « insolites » (voir mon livre Rwanda un génocide en questions, ainsi que mon communiqué en date du 15 février 2019 intitulé « Un non-lieu valant accusation).
7) Plus encore, toute honte bue, la France n’a cessé de courtiser le régime de Kigali qui n’avait pourtant cessé de la vilipender et qui, provocation ultime a effacé le français au profit de l’anglais. Or, cela n’a pas empêché le président Macron de faire nommer à la tête de l’Organisation de la Francophonie, une des plus proches du président Kagamé…. A telle enseigne que pour les Congolais, de reniement en reniement et de lâcheté en lâcheté, la France est quasiment considérée comme l’alliée du Rwanda…
Et c’est donc dans un pays dont l’opinion est à cran contre le Rwanda et contre tous ceux qui sont, à tort ou à raison, accusés de soutenir ou de fermer les yeux sur ses agissements, que le président Macron pensait naïvement pouvoir exercer la magie du verbe et effectuer un voyage apaisé…
Conclusion :
Nous le savions déjà, mais la preuve en est une fois de plus donnée, la France n’a plus de politique africaine. Et dans le cas de la RDC, il est inutile de chercher la main cachée de la Russie…
Après le naufrage du voyage présidentiel en RDC, après les gifles reçues en RCA, au Mali et au Burkina Faso, après les graves erreurs politiques faites au Maroc et en Algérie, il est temps que les « petits marquis » qui font la « politique » africaine de la France aillent enfin découvrir le terrain…
Source : Le blog officiel de B. Lugan - Le 03/01/2023.
Source : "Minurne Résistance" - par Eric De Verdelhan - Le 25/12/2022.
200 000 Tirailleurs dits « sénégalais » ont combattu aux côtés des poilus pendant la Grande Guerre. 30 000 sont morts sur les champs de bataille…
Dans « Tirailleurs », le réalisateur Mathieu Vadepied raconte le destin tragique de deux d’entre eux : un père, Bakary Diallo incarné par Omar Sy, et son fils Thierno, joué par Alassane Diong…
Le film « Indigènes » de Rachid Bouchareb, présenté à Cannes en 2006, sur des Tirailleurs algériens pendant la Seconde Guerre mondiale avait marqué tous les esprits. Il aura fallu attendre 15 ans de plus pour que l’histoire de Tirailleurs dits sénégalais pendant la Première Guerre mondiale soit à son tour racontée… (Extrait d’un article du « Huffpost »).
Tous les ans, depuis une trentaine d’années, le Festival de Cannes se croit obligé de nous infliger un message « politiquement correct » en faveur des minorités : féministes, racialistes, wokes, indigénistes, LGBT, migrants, etc… et nous avons le devoir de nous extasier et de nous auto-flageller.
En 2006, le film « Indigènes » (1) faisait croire aux imbéciles que la France avait utilisé des Maghrébins comme « chair à canon » durant la Seconde Guerre Mondiale.
Cette année, le film « Tirailleurs », de Mathieu Vadepied, nous parle des Tirailleurs sénégalais utilisés comme « chair à canon » (encore !) par ces salauds de Français durant la Première Guerre Mondiale. Le film sortira en salle le 4 janvier 2023 et tous les médias bienpensants – soit plus de 90% d’entre eux – se croient obligés de nous en faire la retape et d’interroger l’acteur principal, Omar Sy, l’exilé fiscal, qui doit pourtant tout à la France mais qui a toujours une vacherie à dire sur le pays qui l’a vu naître.
Notons au passage que, pour fuir cette France odieusement raciste, il aurait pu s’expatrier au Sénégal, patrie de son père, ou en Mauritanie, patrie de sa mère, mais il a préféré une vie de nabab
aux USA, le pays de Martin Luther King et de Gorges Floyd. Il y a chez ces gens-là une part de masochisme qui m’étonne, mais je suppose qu’à Los Angeles, au milieu du Gotha gauchissant des
milliardaires du show-biz, on ne souffre pas trop de racisme.
En France, Omar Sy s’est vu proposer des rôles « de Blanc » comme le docteur Knock ou Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur. Il ne manque plus à son répertoire qu’Astérix le Gaulois ou Blanche-Neige, mais Astérix sent le souffre puisqu’il défend son pays contre l’envahisseur romain ; quant à Blanche-Neige, dont le patronyme frise la provocation, elle exploite de manière honteuse sept « personnes à taille réduite » (qu’on ose traiter de « nains »).
Nous devrions boycotter les films mensongers qui insultent notre histoire, mais, depuis des années, la France est entrée en repentance. Elle culpabilise sur son passé colonial. Des tas de Bobos iront voir « Tirailleurs » et en ressortiront émus, scandalisés, honteux, péteux et en maudissant leurs géniteurs d’avoir osé faire – ou laisser faire – de telles ignominies. En 2006, lors de la sortie du film « Indigènes », Jacques Chirac avait fait semblant de découvrir que l’Armée d’Afrique, qui a libéré la France, était constituée d’Africains, du Maghreb ou d’Afrique Noire. On croît rêver !
Ainsi donc, durant nos guerres, nous aurions utilisé nos troupes indigènes comme « chair à canon ».C’est inexact, mensonger, ou, pour le moins, très exagéré !
À l’époque coloniale, nos forces étaient réparties en trois ensembles : l’Armée métropolitaine, les troupes coloniales et l’Armée d’Afrique qui dépendaient d’un seul état-major général.
Dans la terminologie militaire, les troupes coloniales désignaient les troupes « indigènes », hors Afrique du Nord, et métropolitaines : Les anciennes formations de Marine (« Marsouins » pour l’infanterie et « Bigors » pour l’artillerie), qui fusionnent, en 1900, pour former l’« Armée coloniale » (ou « la Coloniale »). Ces troupes se distinguent donc des troupes d’Afrique du Nord « indigènes » (Tirailleurs, Spahis) et européennes (Zouaves, Chasseurs d’Afrique, Légion Etrangère), qui forment l’Armée d’Afrique (19ème Corps d’Armée) et provenaient essentiellement d’Algérie.
Certains régiments, mixtes, regroupaient des Chrétiens, des Juifs et des Musulmans, comme les unités de Zouaves ou de Tirailleurs. On estime que l’Empire a fourni, en quatre années de guerre, entre 550 000 et 600 000 « indigènes » à la mère-patrie, dont 450 000 vinrent combattre en Europe.
270 000 mobilisés, dont 190 000 combattants, étaient des Maghrébins, 180 000 mobilisés, dont 134 000 combattants, étaient des « Sénégalais » (2). Les autres venaient de tout notre Empire : Madagascar, Indochine, Océanie et Somalie.
Les « indigènes » ont représenté 7% des 8 410 000 mobilisés de l’armée française, affectés majoritairement dans les régiments de Tirailleurs. La proportion de Français au sein des régiments de Tirailleurs nord-africains était d’environ 20 %. Un peu moins dans les bataillons de Sénégalais.
En 1918, à la fin de la Grande Guerre, notre armée disposait de cent divisions dont six divisions composées de troupes de l’Armée d’Afrique et sept divisions composées de troupes de l’Armée coloniale. La moitié des effectifs de ces treize divisions étant d’origine métropolitaine.
Si ces effectifs peuvent sembler relativement faibles, les troupes « indigènes » comptent à leur actif bon nombre de faits d’armes glorieux et leur rôle ne saurait être sous-estimé (3). Leur apport a été très important dans les semaines décisives de septembre 1914, lors de la bataille de la Marne. Si quelques cas de panique furent signalés lors des premières semaines de combats, par la suite, ces unités indigènes se montreront à l’égale des meilleures.
Durant la Grande Guerre, le nombre de tués de nos troupes « indigènes » est estimé à plus de 70 000 (dont 36 000 Maghrébins et 30 000 « Sénégalais »).
Sur 450 000 combattants engagés, le taux de pertes a été de 19% chez les Maghrébins et de 23% chez les Sénégalais. Ces chiffres sont à rapprocher du 1,5 million de tués de la Grande Guerre.
Les monuments aux morts des villes et villages français sont là pour nous rappeler que la grande boucherie de 14-18 aura été, hélas, assez « égalitaire » : Les combattants de notre Empire y ont eu leur part…comme les autres, ni plus ni moins, et à ce titre, ils méritent le même hommage que les « poilus » métropolitains : Le paysan breton ou auvergnat – vêtu d’un pantalon garance au début du conflit – qui montait à l’assaut à la baïonnette devant les mitrailleuses allemandes, servait lui aussi de « chair à canon » et le fait qu’il soit blanc de peau ne minimise en rien son sacrifice.
Au sujet du film « Tirailleurs », un journaliste a déclaré que c’était « un devoir de parler des Bataillons d’Afrique », ce qui prouve, une fois de plus, que ces plumitifs ne connaissent rien à notre histoire : Les « Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique » (BILA), plus connus sous les surnoms de « Bat’ d’Af’ », étaient des unités qui relevaient, effectivement, de l’Armée d’Afrique.
L’Infanterie Légère d’Afrique a été créée en 1832 pour recycler les soldats condamnés par la justice militaire. Cantonnées en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc), « à Biribi », nom générique pour désigner leur casernement, ces unités constituaient l’instrument répressif de l’armée française : Destinées à mater les fortes têtes, elles furent conçues pour « redresser ceux qui ont failli ».
Les « Joyeux », selon la tradition, arboraient le tatouage « Marche ou Crève ». C’est à cela qu’ils étaient respectés, voire craints, dans le milieu. Autre particularité des « Bat’d’Af » : La pratique de l’homosexualité dans les rangs (héritée des passages en prison). Les Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique formaient corps. Leurs soldats relevaient de… 54 catégories judiciaires différentes, allant du petit délit à la tentative de meurtre. Certaines sections comptaient essentiellement des proxénètes.
En 1914, à la déclaration de la guerre, les effectifs restent en garnison en Afrique du Nord afin d’y assurer le maintien de l’ordre. On a formé pour la durée de la guerre, et par prélèvement dans les cinq BILA, trois Bataillons de Marche d’Infanterie Légère d’Afrique (BMILA), qui ont été engagés en métropole où ils se sont distingués : les 1er, 2e et 3e BMILA. Les journalistes en mal de copie à sensation confondent souvent les « Bat’d’Af » avec la Légion, ce qui est, à mon (humble) avis, une insulte à notre Légion Etrangère. Le chant de marche des « Bat’d’Af » – « Le bataillonnaire »(4) – a été modifié et repris par les régiments parachutistes (5).
Si nos journalistes confondent nos valeureux Tirailleurs sénégalais avec les voyous et les maquereaux des « Bat’ d’Af’ », des unités très majoritairement constituées de repris de justice blancs, ils risquent de se voir trainer devant les tribunaux par les associations antiracistes : Quand on ne sait rien, il vaudrait mieux la fermer !
Pour ma part, j’en ai marre des jérémiades victimaires de nos anciens colonisés. L’attitude irresponsable d’Emmanuel Macron, qui bat sa coulpe – au nom de la France – sur les méfaits de la colonisation, ne fait s’attiser, que renforcer, la haine des allogènes à notre égard.
C’est insupportable car totalement injustifié. Comprenez que je ne défends pas le « temps béni des colonies » mais j’affirme que l’œuvre française, en Afrique ou en Asie, a été grande, souvent héroïque et désintéressée.
Si nous devons faire repentance, faisons-la à bon escient, à l’égard des troupes – régulières ou supplétives – vietnamiennes, que nous avons abandonnées à la cruauté du Vietminh communiste ; à l’égard des Harkis fidèles à la France, que nous avons livrés désarmés aux égorgeurs du FLN. Mais ce n’est pas le peuple français qui est responsable de ces horreurs mais les dirigeants du pays qui, en Indochine, ont laissé massacrer la garnison de Diên-Biên-Phu pour hâter la signature des accords de Genève, et, en Algérie, ont tout bradé pour signer les accords d’Evian.
Je lisais récemment un article du « Monde » dans lequel Paap Seen, éditorialiste sénégalais et auteur de « Politisez-vous ! » (6) distillait son venin antifrançais et déclarait, entre autres :
« Je suis… le produit de la défaite historique de l’Afrique face à la France. La colonisation est une blessure profonde…Aujourd’hui encore, l’ancien colonisateur continue de faire preuve d’arrogance à l’égard des Africains… Par ailleurs, le traitement discriminatoire que l’État français inflige aux afro-descendants dans les banlieues françaises est perçu comme une autre forme d’humiliation… ».
La dialectique antifrançaise est toujours la même, mais pourquoi la supportons-nous ? Pourquoi acceptons-nous en permanence de battre notre coulpe.
Et, quand le show-biz et le cinéma s’en mêlent, de qui se moque-t-on ?
Les acteurs les mieux payés – donc les plus riches – du cinéma français sont : Dany Boon, Farid Hamidou à l’état-civil ; Kad Mérad né Kaddour Mérad ; Roschdy Zem ; Jamel Debouzze, Omar Sy et quelques autres. Ne parlons pas des chanteurs, les millionnaires du rap, qui sont, tous ou presque, d’origine maghrébine ou africaine. Et oublions les spots publicitaires qui font toujours la part belle à un allogène basané.
Ces gens-là ont-ils plus de talent que les acteurs, comédiens, ou chanteurs blancs ? Non, mais ils appartiennent à une minorité qui sait parfaitement exploiter notre culpabilité de colonialiste. Ils viennent régulièrement dans les médias pour baver sur la France à laquelle ils doivent leur richesse.
Et bien, pour une fois, je m’autorise une citation en Anglais « love it or leave it ! » :
La France, aimez-là ou quittez-là ! Je suis résolument contre la double (ou triple) nationalité, contre le « Jus Solis », et contre le « regroupement familial ».
Être français, à mes yeux, ce n’est pas un droit ; ce n’est pas non plus une question de race, de couleur de peau ou de religion ; c’est d’abord et avant tout une question d’amour, d’attachement viscéral à sa terre ; c’est l’adhésion à des valeurs et à une histoire communes. Soyons fiers de notre passé même si tout n’a pas été idyllique !
Éric de Verdelhan
25 décembre 2022
Source :
Bd. Voltaire - par Verlaine
Djeni - Bloggeur- Le 04/01/2023.
Non, Monsieur Omar Sy, vous n'êtes pas victime de racisme, vous n'êtes pas attaqué pour votre couleur de peau, vous n'êtes pas le « souffre-douleur » de l'extrême-droite. Vous vous trompez en brandissant ici la sempiternelle complainte victimaire qui n'a aucun sens dans ce débat.
Dans l'interview que vous avez donnée au Parisien ce dimanche 1er janvier, vous affirmez « Quand c’est en Afrique, vous êtes moins atteints ? ». Vous échangiez alors avec les journalistes sur l'actuel conflit en Ukraine. Je ne vais point ici vous reprocher vos choix puisque vous êtes libre de soutenir qui vous voulez dans cette guerre. Mais là où le bât blesse, c'est que dans cette phrase, le « vous » utilisé s'adressant aux Français, Le Parisien étant un journal français dont les lecteurs sont essentiellement français et plus globalement le lectorat, francophone, avec ce « vous », vous ne subodorez pas mais mettez en accusation la France (je ne vais pas me permettre de dire les Blancs, de peur de m'attirer les foudres de la sphère du Wokistan). Comment pouvez-vous tenir ces propos quand on sait que la France a toujours été présente pour l'Afrique. Combien d'OPEX ces dernières années en Côte d'Ivoire, au Niger, au Mali, en Centrafrique, etc. ?
Depuis le début de la crise dans l'Est de la République Démocratique du Congo, nous sommes nombreux à supplier la France de faire pression sur le Rwanda afin qu'il arrête son soutien aux rebelles de M23 en conflit contre les forces armées régulières du pays. Appel entendu par le président Emmanuel Macron qui a clairement pris position, interpellant Paul Kagamé, le chef de l'Etat rwandais à cesser ce soutien.
On ne peut donc pas ici faire de reproches à la France, d'autant que dans le cadre de ces OPEX, des soldats de notre pays sont morts pour des causes souvent éloignées des problématiques prioritaires des Français. Ayez au moins la décence de reconnaître que votre sortie est, pour le moins, maladroite.
Ce qui est malheureux dans cette polémique c'est que vous êtes en pleine promotion pour un film évoquant un sujet très intéressant et que, à titre personnel, je me suis permis de relayer sur les réseaux sociaux la mobilisation pour aller voir Tirailleurs. Ce moment d'histoire sera donc pollué par vos propos.
Monsieur Omar Sy, vous n'êtes pas le « souffre-douleur » de l'extrême-droite. En vous muant en récidiviste dans l'exploitation des polémiques anti-France, anti-Blanc, anti-police, vous êtes devenu l'avocat des maux qui font tant souffrir la cohésion nationale, défenseur des déboulonneurs, des indigénistes, des racialistes, de tous ces concepts "woke" importés des USA.
J'ai, un temps, apprécié vos talents d'humoriste à l'époque sur Canal+, époustouflé par votre performance dans Intouchables mais aujourd'hui je regrette que vous ne vous contentiez pas de vous en tenir à votre rôle d'acteur.
L'Afrique Réelle :
Vous publiez un livre dans lequel vous expliquez que la conséquence de la colonisation d’hier est la colonisation à rebours que subit aujourd’hui la France au point, dites-vous d’en faire désormais la « colonie de ses colonies ». L’actuel « grand remplacement » est-il donc une conséquence de la colonisation ?
Bernard Lugan :
Clairement oui et pour deux raisons :
1) La première est que ce sont essentiellement nos anciens « sujets » coloniaux qui déferlent sur la France, leur ancienne métropole. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il y eut ainsi au maximum, 1,5 million de Français installés dans tout l’Empire, dont plus des deux tiers dans la seule Algérie. Or, aujourd’hui, les populations originaires de l’ancien Empire vivant en France, comptent plus de dix millions de personnes, naturalisés compris, soit dix fois plus qu’il n’y eut de « colons » dans tout l’Empire français. Quant aux Algériens qui, depuis les « Accords d’Evian », bénéficient de facilités d’entrée en France, 80% d’entre eux ont des parents en Europe, très essentiellement en France où existe le regroupement familial. Autant dire que le mouvement de colonisation à rebours n’est pas prêt de s’arrêter et cela d’autant plus que nombreux sont ces néo-colons qui installent leur mode de vie sur des fractions de plus en plus importantes du territoire français. Peut-on donc parler d’autre chose que de colonisation à rebours et de France devenue la colonie de ses anciennes colonies ?
2) La seconde raison, et là est le cœur du problème, est que l’idéologie dominante justifie cette colonisation d’aujourd’hui par le prétendu « pillage colonial » que nous aurions opéré en Afrique hier. C’est au nom de ce postulat culpabilisateur que l’actuel changement de peuple nous est imposé dans une ultime volonté d’expiation de «crimes » coloniaux imaginaires.
Voilà pourquoi, remettre à l’endroit l’histoire de la colonisation était donc une impérieuse nécessité car, avec la traite des Noirs, la colonisation constitue le deuxième grand pilier de l’acte d’accusation dressé contre l’Homme Blanc. Un acte d’accusation qui permet aux terroristes de la pensée de tenter de nous mettre en état de soumission. Mon livre est donc un outil de combat destiné à donner aux Résistants les arguments permettant de réfuter la colossale et mortifère entreprise de déconstruction historique que nous subissons aujourd’hui.
L'Afrique Réelle :
Votre livre est ancré sur deux grands points. Dans le premier vous démontrez, chiffres détaillés à l’appui, que la France ne s’est pas enrichie en Afrique, et que tout au contraire, elle s’y est ruinée. Dans le second vous expliquez le substrat idéologique hérité des « principes de 1789 » au nom desquels la gauche républicaine a lancé la France dans l’impasse de la colonisation. Commençons par la doxa qui soutient que la colonisation française fut une bonne affaire pour la France et qu’elle fut provoquée par les surplus de capitaux auxquels il fallait trouver des débouchés.
Bernard Lugan :
Il s’agit là d’un énorme mensonge car la France n’a pas placé ses surplus de capitaux dans ses colonies. Avant 1914, les colonies françaises dans leur ensemble, Indochine, Algérie et Antilles comprises, n’attiraient en effet pas le capital privé français puisque les investissements privés y étaient grosso modo équivalents en volume à ceux réalisés dans le seul empire ottoman. Plus généralement, et contrairement à ce que veulent faire croire les « décoloniaux », et également contrairement à ce que postulait Jules Ferry, ne furent pas des raisons économiques qui poussèrent la France à la conquête d’une Afrique inconnue dont, par définition, tous ignoraient si elle recelait des richesses. Ce ne fut pas non plus pour y trouver des débouchés à son industrie car ces derniers n’existaient pas… Ce fut pour des raisons conjoncturelles politiques ou stratégiques, mais également idéologiques.
L'Afrique Réelle :
Restons si vous le voulez bien, sur le postulat de l’enrichissement de la France par la colonisation.
Bernard Lugan :
Vous avez raison de parler de ce postulat qui sous-entend que l’industrialisation et la richesse française reposeraient sur l’exploitation et le pillage de l’Afrique. Un peu de logique s’impose car, si la richesse était mesurée à l’échelle des possessions impériales, le Portugal aurait dû être une grande puissance industrielle mondiale. De même, la révolution industrielle française aurait dû se faire dans les régions des grands ports coloniaux, c'est-à-dire à Nantes, à Bordeaux ou à La Rochelle, et non en Lorraine. De plus, dans la décennie 1960, les pays les plus riches et les plus développés étaient ceux qui n’avaient jamais eu de colonies, comme les Etats-Unis d’Amérique, la Suède et la Suisse ou ceux qui les avaient perdues comme la Hollande ou l’Allemagne.
En revanche, la Grande-Bretagne et la France qui étaient avec le Portugal, les principales puissances coloniales étaient à la traîne car les capitaux dépensés outre-mer n’avaient pas permis la modernisation et la mutation des industries métropolitaines. Le miracle est que la France ait tout de même réussi à atteindre son niveau de richesse malgré son boulet économique impérial…
Je pose une autre question de bon sens : puisque la doxa soutient que la France tirait sa prospérité de son Empire africain, pourquoi son économie ne s’est-elle donc pas effondrée avec la décolonisation ? Et pourquoi, tout au contraire a-t-elle bénéficié de cette rupture ? En effet dans la décennie qui suivit les indépendances, jamais la croissance du capitalisme français n’a été aussi vigoureuse, ses transformations structurelles aussi rapides et le développement des infrastructures françaises aussi impressionnant. Soulagée du boulet économique et financier colonial, la France a pu enfin investir dans les infrastructures nées durant les décennies « glorieuses » des années 1960-1990.
L'Afrique Réelle :
Chiffres à l’appui, vous montrez qu’effectivement, la France n’a pas pillé l’Afrique, mais qu’elle s’y est tout au contraire ruinée. Pour la clarté de votre démonstration, vous avez d’ailleurs converti en euros les sommes colossales englouties par elle et à fonds perdus dans ses colonies, ce qui permet immédiatement de mesurer la saignée subie par la France et qui réduit à néant le postulat du « pillage colonial ».
Bernard Lugan :
Pour les listes de chiffres, et elles sont effectivement parlantes, je préfère renvoyer à mon livre. Quelques exemples cependant. Après 1945, et alors que la décolonisation était en marche, la France qui sortait ruinée du conflit et qui avait toutes ses infrastructures à reconstruire, notamment 7000 ponts sur 9000, 150 gares principales, 80% de son réseau de navigation fluviale, son réseau ferré, ses usines, 50% de son parc automobile etc., lança dans son Empire et donc à fonds perdus pour elle, une fantastique politique altruiste de développement et de mise en valeur. Ces gigantesques programmes de grands travaux qui se firent aux dépens de la métropole, permirent de construire en Afrique 220 hôpitaux dans lesquels soins et médicaments étaient gratuits, 50.000 kilomètres de routes bitumées, 18.000 kilomètres de voies ferrées, 63 ports, 196 aérodromes, des centaines de barrages, de ponts, de centrales électriques, des milliers d’écoles, de dispensaires, de maternités, de conduites d’eau, de fermes modèles, de bâtiments divers, etc. Cela coûta à la France 22% de toutes ses dépenses sur fonds publics et fut payé par les impôts et l’épargne des Français. Et l’on ose nous parler de « pillage colonial » !!!
Deux autres exemples, en 1952, soit en pleine période de préparation de la décolonisation, la totalité des dépenses de la France dans son Outre-Mer, représentait 1/5e du budget français, un pourcentage colossal et suicidaire pour une économie alors en phase de reconstruction. Durant la décennie 1946-1956, pour la seule création d’infrastructures, l’Etat français a investi l’équivalent de 120,42 milliards d’euros dans ses colonies, et pour la seule année 1958, soit à peine deux ans avant les indépendances, le total de toutes les dépenses outre-mer coûtèrent à la France l’équivalent de 323 milliards d’euros.
L'Afrique Réelle :
Vous écrivez, et cela semble à première vue paradoxal, que les colonies qui ruinaient la France n’avaient que peu d’intérêt économique pour elle, et, contrairement à la doxa qui postule que la France s’y fournissait en matières stratégiques, vous montrez que tel n’était pas le cas.
Bernard Lugan :
Stratégiques le riz, le sucre, l’huile d’olive, les arachides, le coton et les bananes qui constituaient près de 70% des importations impériales françaises ? Stratégique le vin algérien qui constituait 25% de toutes ses importations impériales ? Tout au contraire, les matières premières minières impériales, phosphates du Maroc compris, ne représentaient que 5,6% des importations coloniales françaises en 1910, et 4,8% en 1958.
L'Afrique Réelle :
Vous démontrez, autre paradoxe, qu’en plus, les productions impériales qui n’étaient en rien stratégiques, et que la France aurait pu acheter sur le marché international sans avoir à supporter le poids de la mise en valeur de son l’Empire, lui étaient vendues par ses propres colonies plus cher que sur le marché international. Un comble !
Bernard Lugan :
Dans mon livre, je pulvérise effectivement l’idée selon laquelle l’empire africain était pour la France un fournisseur à bon compte. En effet, « bonne fille », la France lui a toujours acheté ses productions environ 25% au-dessus des cours mondiaux. Et comme, en plus, en amont, elle avait subventionné les dites productions, la perte fut donc double pour la France comme Jacques Marseille et Daniel Lefeuvre l’ont bien montré. Quelques exemples : le litre de vin algérien était payé 35 francs alors que, à qualité égale, le vin grec, espagnol ou portugais valait 19 francs. Le cacao de Côte d’Ivoire était payé 220 francs les 100 kilos quand le cours mondial était de 180 francs. Pour les arachides du Sénégal, les agrumes et les bananes en général, le prix colonial français était de 15 à 20% supérieur aux cours mondiaux. En 1930 le prix du quintal de blé métropolitain était de 93 francs quand celui proposé par l’Algérie variait entre 120 et 140 f, soit 30 à 50% de plus.
Tout cela entraîna un surcoût pour le budget français. Pour les seules années 1954 à 1956, ce surcoût s’est élevé à plus de 50 milliards de FF, soit 81 milliards d’euros. De plus, à cette somme exorbitante, il faut encore ajouter le soutien des cours des productions coloniales qui coûta à la France 60 milliards par an pour les seules années 1956 à 1960, soit 97 milliards d’euros annuellement, l’équivalent du montant de l’impôt sur le revenu des personnes physiques françaises pour l’année 2021 !!!
Même la main d’œuvre industrielle était plus chère dans l’empire que celle de la métropole. Ainsi, en Algérie, selon un rapport de Saint-Gobain daté de 1949 par comparaison avec une usine métropolitaine située en province, l’ensemble des dépenses, salaires et accessoires était de 37% plus élevée en Algérie.
Dans ces conditions, économiquement parlant, cela valait-il donc la peine de conserver un empire qui vendait à sa métropole des productions non rares et plus cher que ce qu’elle aurait pu acheter sur le marché international ? Nous sommes toujours très loin du prétendu « pilage colonial »…
L'Afrique Réelle :
Encore plus grave, l’Empire a, selon vous, prolongé artificiellement la survie de secteurs économiques condamnés, freinant ainsi la nécessaire modernisation de pans entiers de son économie.
Bernard Lugan :
Dans les années 1980, Jacques Marseille a brillamment démontré que le débouché colonial fut essentiel à la survie d’industries condamnées. Ainsi, de 1900 à 1958, les fabriques françaises de bougies et de chapeaux de paille réalisèrent plus de 80% de leurs exportations dans l’Empire. Dans ce cas, oui, l’Empire fut rentable pour certains privés qui s’enrichirent quand la France se ruinait...
En revanche, pour les industries « motrices » comme l’industrie des métaux, les industries chimiques et électriques etc., le marché colonial ne jouait au maximum et encore, qu’un rôle d’appoint. Pour elles c’étaient les marchés des pays industriels qui leur offraient leurs débouchés. De plus, les colonies défavorisaient les industries françaises de pointe qui étaient pénalisées à l’exportation par les pays qui se heurtaient au protectionnisme impérial français. L’Empire permit donc le « sauvetage des canards boiteux », des secteurs condamnés de l’évolution économique, mais il pénalisa les secteurs d’avenir. Loin de les piller, la France était donc prise au piège de ses colonies.
L'Afrique Réelle :
Que répondre aux incessantes jérémiades algériennes accusant la France d’avoir pillé le pays ?
Bernard Lugan :
Ces doléances algériennes relèvent de la provocation car la « Chère Algérie » fut un véritable « tonneau des Danaïdes », un insupportable fardeau pour la métropole comme l’a si brillamment démontré le regretté Daniel Lefeuvre. Tout ce qui existait en Algérie au moment de l’indépendance y avait en effet été construit par la France, et à partir du néant. A savoir des centaines d’ouvrages d’art, des voies ferrées, des barrages, des usines, des routes, des ports, des aéroports, des écoles, des hôpitaux, des bâtiments divers. La liste est immense et je renvoie au chapitre X intitulé « La France a-t-elle pillé l’Algérie » de mon livre « Algérie l’histoire à l’endroit ».
Là encore je ne prendrai que quelques exemples. En 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait à elle seule 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce !
Une saignée permanente qui contraignit à faire des choix budgétaires douloureux, car, afin d’aider encore davantage l’Algérie, il fallut faire patienter la Corrèze et le Cantal. Le sacrifice des Français de France fut alors double puisque leurs impôts augmentaient tandis que les engagements de l’Etat dans les domaines routiers, hospitaliers, énergétiques, etc., étaient amputés ou retardés.
Durant les neuf premiers mois de 1959, les crédits d’investissement en Algérie atteignirent 103,7 milliards de FF, soit 166 milliards d’euros, là encore, financés par le Trésor français. Le plus incompréhensible est que les dirigeants français acceptent de laisser insulter et calomnier notre pays par les affairistes qui ont fait main-basse sur l’Algérie, alors qu’il suffirait de publier le montant des sommes colossales qui y furent englouties jusqu’en 1962, ainsi que la liste de tout ce que les architectes et ingénieurs français y ont construit pour les réduire les aboyeurs au silence…
L'Afrique Réelle :
En définitive Jules Ferry s’est donc trompé ?
Bernard Lugan :
Oui, et en plus, il a trompé la France et les Français car, dès avant 1914, il était clairement apparu que l’entreprise coloniale n’était pas source de profits comme il l’avait promis. Sauf dans le cas de certains secteurs marginaux comme je l’ai montré avec les bougies et les chapeaux de paille. Aussi, comme les capitalistes privés considéraient l’empire africain comme une affaire économique sans réel intérêt et qu’ils s’en désintéressaient, ils refusèrent donc d’y investir. A travers les impôts des Français, l’Etat fut alors contraint de se substituer à eux. Pour la France l’addition fut lourde car, dans la conception de Jules Ferry, la mise en valeur et la création des infrastructures nécessaires auraient dû être confiées au capitalisme, donc relever du secteur privé.
Ces investissements ne se faisant pas et les territoires n’ayant pas de ressources propres suffisantes, leurs budgets durent donc être constamment alimentés par des emprunts émis en métropole afin que puissent être entrepris en Afrique les travaux d’infrastructure lourde comme les ports, les ponts, les routes, les hôpitaux etc. La mise en valeur de l’Empire africain fut donc totalement supportée par l’épargne des Français et les sommes considérables qui y furent investies, retirées du capital disponible métropolitain afin de financer outre-mer des infrastructures pourtant nécessaires en France. Une fois encore, nous voilà loin du prétendu « pillage colonial »…
L'Afrique Réelle :
Chez Jules Ferry, et vous développez ce point essentiel, il y eut également une attitude idéologique.
Bernard Lugan :
Oui, car l’impérialisme de Jules Ferry reposait sur deux pieds, l’économie et la philosophie, comme il l’exposa très clairement le 28 juillet 1885, devant les députés en définissant sa doctrine coloniale. Pour lui, l’Empire devait certes offrir un débouché économique et commercial à la France, mais, et peut-être plus encore, la France « patrie des Lumières » se devait de faire connaître aux peuples qui l’ignoraient encore le message universaliste et émancipateur dont elle était porteuse. Toujours dans son célèbre discours du 28 juillet 1885, Jules Ferry ne craignit ainsi pas de déclarer :
« Il faut dire ouvertement qu’en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ; mais parce qu’il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
Or, il faut bien voir qu’à l’exception de Clemenceau et de ses amis, la gauche française partageait la même idée. Ainsi, Albert Bayet, président de la Ligue des droits de l’Homme et dignitaire franc-maçon déclara en 1931, lors du congrès du mouvement qui se tint à Vichy, que la colonisation française était légitime puisqu’elle était porteuse du message des « grands ancêtres de 1789 ». Dans ces conditions, selon lui :
« Faire connaître aux peuples les droits de l’homme, ce n’est pas une besogne d’impérialisme, c’est une tâche de fraternité ».
Coloniser était donc un devoir révolutionnaire, et Albert Bayet ajouta :
« La France moderne, fille de la Renaissance, héritière du XVIIIe siècle et de la Révolution, représente dans le monde un idéal qui a sa valeur propre et qu’elle peut et doit répandre dans l’univers (…) Le pays qui a proclamé les droits de l’homme a, de par son passé, la mission de répandre où il peut les idées qui ont fait sa propre grandeur ».
L'Afrique Réelle :
Le paradoxe que vous soulignez est que la droite catholique et monarchiste se soit ralliée à cet idéal révolutionnaire et maçonnique qu’elle combattait pourtant depuis 1789…
Bernard Lugan :
Totalement lobotomisée philosophiquement et ayant perdu ses repères doctrinaux, par patriotisme mal compris, et au nom de l’évangélisation des païens, la droite nationaliste et catholique se rallia comme un seul homme à la doctrine coloniale universaliste et révolutionnaire définie par Jules Ferry, donc effectivement aux principes qu’elle combattait depuis 1789. Le responsable de cette capitulation intellectuelle fut le cardinal Lavigerie qui lança la « croisade anti-esclavagiste » et qui, en 1890, par le « toast d’Alger », demanda le ralliement des catholiques à la République. J’explique cela en détail dans mon livre.
L'Afrique Réelle :
Il y eut tout de même des exceptions à droite.
Bernard Lugan :
Oui, mais essentiellement au sein de la droite légitimiste. Puis, plus tard, Charles Maurras fut le premier à percevoir que la colonisation risquait de provoquer un choc démographique en retour en raison de ses principes universalistes, assimilateurs ou intégrationnistes hérités des idées de 1789. Il exprima cette crainte dans un article de haute élévation intellectuelle intitulé « Qui colonise qui ? » publié dans l’Action française, le 13 juillet 1926, à propos de l’inauguration de la mosquée de Paris.
L'Afrique Réelle :
Résultat de la colonisation, la France est donc devenue la « Colonie de ses colonies ». Comment a-t-on pu en arriver là ?
Bernard Lugan :
Plusieurs raisons expliquent cette catastrophe cataclysmique unique dans l’histoire de l’humanité et qui met en grave péril existentiel nos sociétés européennes. D’abord, en amont, l’échec des pays décolonisés, puis l’avidité de certains industriels qui importèrent de la main-d’œuvre à bon marché. Ensuite, la décision criminelle de Giscard-Chirac d’autoriser le regroupement familial, ce qui fit d’une immigration temporaire de travail, une immigration de peuplement. Et enfin le terrorisme « anti-raciste » qui encouragea l’immigration tout en interdisant juridiquement aux Français de s’y opposer, la gauche pensant trouver dans les migrants un électorat de substitution….
L'Afrique Réelle :
Voyez-vous une solution à ce naufrage ?
Bernard Lugan :
En dehors de la remigration volontaire ou forcée, il n’en existe pas car tout le reste n’est que posture ou illusion. Ceux qui sont au pouvoir depuis des décennies, ainsi que les courants « patriotes » proposent en effet pour résoudre l’insoluble problème du « grand remplacement », les mêmes recettes d’assimilation-intégration qui furent inapplicables dans l’Empire, et les mêmes inutiles impératifs économiques du toujours plus de subventions. Le démographe Jacques Dupâquier a balayé cette utopie quand il écrivait en 2006, et depuis le phénomène s’est encore accéléré, qu’ « il ne faut pas s’imaginer que l’intégration se fera toute seule, bien gentiment ».
Or, ce qui a échoué hier en Afrique échouera demain dans les banlieues et dans tous les territoires métropolitains qui connaissent une colonisation de peuplement. Avec en plus, une différence de taille : pour régler le problème, il ne sera pas possible, comme l’avait fait le général de Gaulle, d’y procéder par amputation territoriale. L’avenir s’annonce donc lourd d’orages et les générations européennes futures devront choisir entre trois options, à savoir la soumission progressive, la partition territoriale donc l’exil intérieur, et la Reconquête.
Mais rien ne pourra être entrepris sans un préalable qui est l’élimination de l’idéologie culpabilisatrice reposant sur le mythe incapacitant du « pillage colonial ». Puisse ce livre contribuer à cette purge salvatrice.
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Source : L'Afrique réelle.
Source : B. Lugan Blog