Le 1er septembre, nous avons commémoré le début de la Seconde
Guerre mondiale il y a 85 ans, avec l’attaque de la Pologne par l’Allemagne nazie. Cette guerre est devenue la guerre la plus cruelle et la plus sanglante de l’histoire moderne, qui a coûté
la vie à environ 75 millions de personnes et causé d’incommensurables souffrances et des destructions inimaginables. Comme la Première Guerre mondiale, cette guerre a également commencé sur
le sol européen et s’est progressivement étendue au monde entier. On pourrait espérer que nous, Européens – et en particulier Allemands –, appliquions dans ce contexte une politique de paix
stricte, conforme à la Charte des Nations Unies, établie après les deux guerres mondiales, par sens des responsabilités qui en découlent. Malheureusement, ce n’est pas le cas
!
Une autre guerre fait actuellement rage sur le sol européen – en Ukraine. Il s’agit de loin de la guerre la plus dangereuse depuis les deux guerres mondiales,
et elle pourrait elle aussi dégénérer en guerre mondiale, voire en guerre nucléaire. Les conséquences pour l’humanité pourraient être encore plus dévastatrices. Et pourtant, l’UE continue de
se concentrer exclusivement sur une « solution » militaire à la guerre en Ukraine,
sans tenir compte de tous les dangers que cela représente non seulement pour les Ukrainiens, mais aussi pour nous, les Européens, et pour l’humanité. C’est une politique qui risque d’isoler
l’UE sur la scène internationale.
L’UE se concentre exclusivement sur la guerre
Une résolution « en
soutien à l’Ukraine » adoptée par une large majorité au Parlement européen en juillet de cette année expose l’orientation intransigeante de l’UE vers une poursuite de la guerre. À
certains égards, cette résolution se lit même comme un appel à une « guerre totale ». Compte tenu de la détérioration
de la situation militaire en Ukraine, toutes les ressources doivent être mobilisées une fois de plus pour permettre à l’Ukraine de remporter une victoire militaire sur la Russie.
Cette résolution exige que tous les États membres de l’UE apportent un soutien « indéfectible » à l’Ukraine jusqu’à ce que la victoire
sur la Russie soit obtenue. En conséquence, tous les États membres de l’UE et de l’OTAN sont appelés à mettre à la disposition de l’Ukraine 0,25 % de leur PIB respectif à des fins militaires.
Selon un calcul du groupe conservateur PPE, cela représenterait 127 milliards d’euros par an, soit plus du double du budget de la défense allemand de cette année et bien plus que l’aide
militaire accordée jusqu’à présent à l’Ukraine. L’utilisation d’armes occidentales contre des cibles militaires sur le territoire russe est expressément encouragée et la voie de l’adhésion de
l’Ukraine à l’OTAN est décrite comme « irréversible ». La résolution appelle également à la
création d’un tribunal international spécial pour les crimes de guerre russes et à la confiscation de tous les avoirs russes gelés.
Par contre, il n’y a pas une seule référence à des négociations ou à d’autres efforts diplomatiques dans cette résolution de trois pages et demie. Les
pourparlers ne devraient avoir lieu que si la Russie capitule et se retire sans condition de tous les territoires occupés. Dans ce contexte, la résolution critique vivement les efforts du
Premier ministre hongrois Orban pour négocier des pourparlers entre l’Ukraine et la Russie.
En juin dernier, le Conseil européen a nommé l’ancienne Première ministre estonienne, Kaja Kallas, au poste de Haute représentante de l’Union européenne pour
les affaires étrangères et la politique de sécurité. L’UE confie ainsi cette importante fonction diplomatique à l’une des personnalités politiques les plus extrêmes et les plus controversées
en Europe, qui s’oppose à la Russie. Il y a peu de temps encore, elle avait déclaré que la division de la Russie en plusieurs petits États « ne serait pas une mauvaise chose » et avait appelé ceux
qui soutiennent l’Ukraine à ne pas se laisser intimider par la capacité nucléaire de la Russie. On attend maintenant d’elle qu’elle promeuve – diplomatiquement – les objectifs de guerre
préconisés dans la résolution.
L’UE peut-elle se permettre une telle politique ou ne succombe-t-elle pas ici à une dangereuse arrogance ?
L’UE perd le contact avec la réalité
Le problème fondamental de cette résolution du Parlement européen sur l’Ukraine est que l’UE n’a ni le pouvoir ni l’influence nécessaires pour
faire respecter ne serait-ce qu’un seul des objectifs de guerre qu’elle contient. Son appel à une poursuite intransigeante de la guerre jusqu’à ce que l’Ukraine remporte une victoire
militaire sur la Russie intervient à un moment où l’Ukraine n’est plus en mesure de gagner cette guerre par des moyens militaires. Les analystes politiques aux États-Unis avertissent depuis
un certain temps que l’Ukraine pourrait s’effondrer militairement et politiquement si la guerre continue. Cette résolution est donc très éloignée de la réalité. La politique reste l’art du
possible et l’UE ne peut y échapper.
Pour obtenir un renversement de situation, l’UE et ses États membres devraient intervenir militairement à grande échelle dans la guerre en Ukraine. Cependant,
ils n’ont ni les ressources militaires ni la volonté politique de le faire. Si jamais cela devait se produire, cela ne pourrait se faire que par une étroite coopération militaire entre la
France et l’Allemagne. Les divergences politiques entre les deux pays sont déjà considérables et une telle opération militaire franco-allemande risquée, en confrontation directe avec la
Russie, dotée de l’arme nucléaire, semble donc heureusement hors de question. Bien entendu, les deux pays sont en mesure d’intensifier la guerre en Ukraine en livrant des missiles Taurus ou
en déployant des forces occidentales. Mais cela ne contribuerait pas à la victoire de l’Ukraine et ne ferait que risquer de détruire toute l’Europe en cas de réaction nucléaire. Il n’existe aucune option militaire envisageable pour les Européens.
Une telle action militaire ne serait pas non plus soutenue par la population européenne. En effet, alors que le Parlement européen vient de s’engager en faveur
d’une politique de guerre, l’opinion publique de tous les États européens s’oppose à de nouvelles livraisons d’armes et se prononce en faveur de
solutions négociées.
Même en Ukraine, la lassitude de la guerre s’est répandue et on signale de plus en plus de déserteurs ukrainiens. Les diplomates occidentaux mettent également
en garde contre le fait que 10 millions d’Ukrainiens supplémentaires pourraient quitter le pays. Au cours de cette guerre, l’Ukraine s’est dépeuplée de manière drastique, ne laissant derrière
elle que des personnes âgées et pauvres. Mais aucune guerre ne peut être gagnée de cette manière, même avec les 127 milliards d’euros d’aide militaire annuelle réclamés par le Parlement
européen.
De plus, des responsables politiques ukrainiens et même le président Zelensky laissent entendre que cette guerre ne peut plus durer longtemps et qu’une solution
négociée est nécessaire. L’attaque des unités militaires ukrainiennes sur le territoire russe il y a quelques jours ne changera rien à cela, malgré sa valeur de communication dans la presse
occidentale.
Quel est donc l’objectif de l’UE avec une telle résolution de guerre ?
L’UE s’isole en politique étrangère
Avec la résolution sur l’Ukraine et la nomination de Kallas au poste de chef de la diplomatie de l’UE, l’Union européenne semble désormais remplacer les
États-Unis en tant que bloc pro-guerre dominant dans la guerre en Ukraine. Cependant, cela va encore plus isoler l’UE en termes de politique étrangère.
Sous la présidence de Biden, les États-Unis avaient déjà commencé à se retirer de la guerre en Ukraine et à en rejeter de plus en plus la responsabilité sur
nous, les Européens. Les décisions prises lors du sommet de l’OTAN à Washington et la création du nouveau centre de coordination pour le soutien militaire à l’Ukraine à Wiesbaden en sont des
signes (tout comme le déploiement prévu de missiles à moyenne portée en Allemagne). Si le duo Trump-Vance remportait l’élection présidentielle américaine de novembre, nous savons déjà qu’il
parviendrait à un accord avec Poutine, sans tenir compte des Européens, pour mettre fin à cette guerre. Mais même avec une présidence Harris-Walz, les États-Unis se
concentreront de plus en plus sur les problèmes internes et auront moins intérêt à poursuivre la guerre en Ukraine, notamment pour pouvoir se concentrer davantage sur le conflit au
Moyen-Orient et leur confrontation avec la Chine. Les États-Unis essaieront surtout de répercuter les coûts énormes de cette guerre – et la paix pourrait devenir encore plus
chère – sur l’Europe.
En outre, la cohésion européenne nécessaire pour une confrontation avec la Russie se fissure de plus en plus, ce qui rend de plus en plus impossible une
politique étrangère commune sur la question de la guerre en Ukraine. La raison en est non seulement la position divergente de la Hongrie, de la Slovaquie et, dans une certaine mesure, de
l’Italie, mais aussi le fait que les partis politiques favorables à une paix négociée gagnent de plus en plus en popularité dans de nombreux pays de l’UE. Après les élections présidentielles
aux États-Unis, cette tendance en faveur d’une résolution pacifique du conflit pourrait se renforcer encore. En arrière-plan, la méfiance généralisée à l’égard du leadership militaire et
politique croissant de l’Allemagne pourrait également jouer un rôle ici.
Mais le plus grand défi de politique étrangère pour la politique de guerre de l’UE vient de loin du Sud global. Cela se manifeste le plus
fortement dans le développement rapide des pays BRICS+, qui, avec 45% de la population mondiale et 37 % de la production économique mondiale, devancent déjà de loin l’UE, qui représente 5,5 %
de la population mondiale et 14,5 % de la production économique mondiale. Trente autres pays souhaitent désormais devenir membres des BRICS+, dont la Turquie, membre de l’OTAN. Les pays
BRICS+ ne partagent pas la position belliciste de l’UE et voient plutôt leurs intérêts de sécurité menacés par les tentatives occidentales d’étendre l’OTAN à l’Ukraine et à la mer
Noire. Ils sont donc tous favorables à une solution négociée.Il est d’une grande importance symbolique que le prochain sommet des pays BRICS+ se tienne sous la
présidence russe à Kazan, en Russie, en octobre de cette année.
À Kazan, nous pourrions assister à un véritable tournant historique, un tournant que l’UE, dans sa propre arrogance, ignore largement. Malgré tous les fantasmes
de grande puissance de la présidente de la Commission, von der Leyen, il devrait être clair pour nous que l’Europe n’est plus depuis longtemps le centre du monde et que nous sommes en
retard sur le plan démographique, économique et dans une certaine mesure technologique. Aucune militarisation de l’UE n’y changera rien. Une politique étrangère plus pacifique serait
une meilleure option. Mais Mme Kallas, avec sa position antirusse et belliciste extrême, est probablement le choix le moins favorable à une telle approche.
L’UE ne fait que se nuire à elle-même
En décidant de continuer à se concentrer exclusivement sur la guerre, et cette politique ayant été confirmée par le Parlement européen, l’Union européenne a
considérablement réduit sa marge de manœuvre politique et s’est mise, géopolitiquement, à la marge. Par conséquent, bien que la guerre en Ukraine soit d’une importance existentielle pour
l’avenir de l’Europe dans son ensemble, l’UE ne jouera probablement aucun rôle dans la résolution de ce conflit. En conséquence, l’UE perdra également son influence sur ce que pourrait être
un futur accord de paix en Europe. Quelle que soit la façon dont on évalue la question de la responsabilité dans la guerre en Ukraine, il s’agit d’une stupidité politique indescriptible qui aura des
conséquences désastreuses non seulement pour la population ukrainienne, mais aussi pour les citoyens de l’UE.
Le fait que, deux ans et demi après l’une des guerres les plus brutales sur le sol européen et des centaines de milliers de morts, l’Union européenne ne soit
toujours pas en mesure de s’émanciper des États-Unis et de formuler une politique de paix alternative indépendante pour l’Europe détruira complètement l’idée européenne, qui est basée sur
la paix en Europe. L’Union européenne pourrait bien se désintégrer à cause de sa politique
militariste à l’égard de l’Ukraine.
Michael von der
Schulenburg et Ruth Firmenich
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Les manœuvres éhontées de l’Europe pour sauver le régime de Netanyahou
Alors que l’Iran prépare soigneusement sa réponse à l’assassinat provocateur du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, les dirigeants européens font de leur mieux pour sauver le
régime criminel de Netanyahou et lui donner le droit de poursuivre ses activités terroristes. Quelques jours après l’assassinat de Haniyeh à Téhéran, alors qu’ils assistaient à
l’investiture du nouveau président iranien, plusieurs dirigeants européens se sont adressés à Pezeshkian, l’appelant à désamorcer la situation et à refuser de riposter contre
Israël.
Le fait que certains de ces dirigeants n’aient pas été en contact avec l’actuel président iranien depuis deux ou trois ans souligne la gravité de la
situation. Ce qui est frappant, c’est l’hypocrisie et l’arrogance des dirigeants européens qui n’ont pas condamné Israël, n’ont pris aucune mesure à son encontre, n’ont imposé aucune
sanction, mais ont appelé la victime, l’Iran, à accepter cet état de fait et à s’attendre à de nouveaux actes criminels de la part d’Israël. Et personne au monde ne doute qu’il y aura
de tels crimes.
Détails du plan
européen et réponse de l’Iran
Le monde a été littéralement abasourdi par ce qui a été proposé par les soi-disant dirigeants démocratiques de l’Europe, qui ont donné la priorité à
l’importance de la retenue pour la victime plutôt que pour l’agresseur. Macron a pathétiquement exhorté Pezeshkian à «tout faire pour
éviter une nouvelle escalade militaire qui ne serait dans l’intérêt de personne, y compris de l’Iran, et qui causerait des dommages durables à la stabilité régionale». Starmer a
sévèrement mis en garde contre le «risque sérieux
d’erreur de calcul» et a souligné que «le moment est
venu de réfléchir calmement et attentivement». Scholz s’est fait l’écho de ces sentiments en déclarant au président iranien que «la spirale de la
violence au Moyen-Orient doit être brisée maintenant». Cela soulève la question suivante : combien de victimes Israël doit-il tuer pour que la paix et la tranquillité règnent au
Moyen-Orient, selon les Européens hypocrites ?
En réponse, l’Iran a souligné son droit à se défendre contre l’agression israélienne, rejetant les appels à la retenue comme «dépourvus de
logique politique» et contraires aux principes du droit international. Pezeshkian a critiqué le silence occidental face aux «crimes inhumains
sans précédent» commis à Gaza. Tout en précisant que l’escalade en cours dans la région n’interférerait pas avec l’agenda domestique de son administration, il a également évoqué
la possibilité de renouveler l’accord nucléaire de 2015 au cours de ses appels téléphoniques. Le fait qu’il ait même évoqué les pourparlers nucléaires et la possibilité de reprendre
les négociations entre l’Iran et les puissances internationales souligne l’environnement géopolitique complexe dans lequel Téhéran décide de la manière de venger l’assassinat de
Haniyeh par Israël.
L’Iran et le Hezbollah ont indiqué que des représailles contre Israël étaient inévitables en réponse à l’assassinat de Haniyeh à Téhéran et du haut
commandant militaire du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth. Toutefois, le moment et la nature de la riposte font encore l’objet de débats. Même une réponse militaire symbolique à
l’intérieur d’Israël n’est peut-être pas nécessaire si l’Iran estime qu’il peut faire mieux avec une stratégie de dissuasion. Dans un discours prononcé la semaine dernière lors d’une
cérémonie à la mémoire de Shukru, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a laissé entendre que l’Iran n’avait pas besoin de s’engager dans une bataille prolongée,
suggérant que la réponse serait «lente, délibérée
et courageuse, et non émotionnelle». Il a même plaisanté sur le fait que les alliés régionaux de l’Iran disent souvent que «Téhéran tranche
la gorge de l’ennemi avec du coton», une métaphore de la vengeance lente mais inévitable.
Ce
que les dirigeants iraniens peuvent faire
Un homme politique réformateur iranien (dont le nom n’a pas été divulgué) proche du nouveau président iranien a déclaré à l’hebdomadaire Al-Ahram que
l’absence de réaction de l’Iran jusqu’à présent n’était pas un signe de faiblesse. Il s’agit, selon lui, d’un calcul stratégique visant à empêcher le Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahou d’entraîner l’ensemble de la région dans une guerre ouverte. «Le président
Pezeshkian a fait part de son point de vue aux hauts responsables des Gardiens de la révolution iraniens et au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, en disant que Téhéran devrait
être patient et réfléchir soigneusement à sa réponse avant d’agir», a déclaré l’homme politique. «Lors de ses
discussions avec les dirigeants européens, Pezeshkian a établi le droit légitime de l’Iran à riposter conformément aux normes internationales, ce qui était crucial pour Téhéran»,
a-t-il ajouté, tout en notant que l’établissement du droit légitime de l’Iran à riposter était distinct de sa réponse effective et de son calendrier. «Téhéran n’est pas
intéressé par une simple réponse symbolique, mais plutôt par la fin de la guerre à Gaza, qui est la cause première de la crise régionale actuelle», a-t-il déclaré.
Après de nombreux efforts diplomatiques régionaux et européens, Téhéran semble enclin à retarder toute réponse potentielle en faveur de la négociation
d’un cessez-le-feu à Gaza.
Selon des sources diplomatiques iraniennes, si un accord de cessez-le-feu semble réalisable dans les prochains jours, il est peu probable que Téhéran
prenne des mesures susceptibles de compromettre la trêve ou d’empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza. La mission iranienne auprès des Nations unies à
New York a également déclaré : «Nous espérons que
notre réponse sera opportune et mise en œuvre de manière à ne pas compromettre l’éventuel cessez-le-feu».
Selon Reuters,
citant deux sources, l’Iran envisage d’envoyer un représentant aux pourparlers sur le cessez-le-feu, ce qui serait la première participation de ce type depuis le début du conflit à
Gaza. Si les représentants n’assisteront peut-être pas directement aux réunions, ils devraient participer aux discussions en coulisses afin de soutenir la partie arabe dans les
négociations en cours.
La réponse tardive de l’Iran à Israël a également suscité des critiques parmi les Arabes. Nombreux sont ceux qui, à Gaza et dans la région, appellent
Téhéran à riposter durement à Israël, espérant ainsi faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il reconsidère ses opérations militaires en cours à Gaza. Les médias sociaux
arabes regorgent d’appels à Téhéran pour qu’il s’en tienne à son principe de dissuasion à l’égard d’Israël.
Mais les calculs stratégiques de l’Iran en tant qu’État diffèrent considérablement de ceux du Hamas en tant qu’organisation, et cette différence est
probablement due à leurs objectifs stratégiques et à leurs intérêts régionaux différents. Le Hamas, en tant que groupe paramilitaire palestinien axé sur la lutte contre Israël, se
préoccupe avant tout de l’impact immédiat sur ses capacités opérationnelles, sa cohésion interne et sa position parmi les Palestiniens. Il ripostera de manière à maintenir ou à
renforcer sa base de soutien et à faire preuve de résilience.
L’Iran, en tant qu’acteur étatique aux ambitions régionales plus larges, réfléchira à la manière de réagir dans le contexte de sa rivalité stratégique
avec Israël et de son désir d’étendre son pouvoir et son influence à l’ensemble du Moyen-Orient. La réponse de Téhéran pourrait être plus calculée, cherchant potentiellement à
exploiter la situation pour atteindre ses objectifs géopolitiques, peut-être en coordonnant une réponse plus large par le biais de son réseau de mandataires régionaux, plutôt qu’en se
concentrant uniquement sur des représailles immédiates. La différence entre ces calculs reflète l’intérêt localisé du Hamas par rapport aux considérations stratégiques plus larges de
l’Iran.
De telles divergences entre l’Iran et le Hamas ne sont pas nouvelles. La relation entre l’État chiite et le mouvement de résistance palestinien sunnite
est complexe et a connu de nombreux rebondissements au fil des ans. Il s’agit d’un mariage de convenance dicté par des intérêts politiques communs. Contrairement au Hezbollah au
Liban, qui est étroitement allié à l’Iran tant sur le plan religieux qu’idéologique, la relation entre l’Iran, le Hamas et le Jihad islamique en Palestine est principalement régie par
une hostilité commune à l’hégémonie israélo-américaine dans la région.
L’alliance entre l’Iran et le Hamas est apparue à la fin des années 1980 et au début des années 1990, lorsque l’Iran a cherché à étendre son influence
dans le monde arabe après la révolution islamique de 1979. Bien que le Hamas soit un mouvement islamiste sunnite et que l’Iran soit majoritairement chiite en termes de religion, leur
inimitié commune envers les États-Unis et Israël a conduit à une alliance naturelle. Téhéran a commencé à fournir au Hamas une aide financière, un entraînement militaire et des armes,
aidant le groupe à s’imposer comme un acteur important dans les territoires palestiniens, en particulier après la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de
2006.
La réaction de Téhéran à l’assassinat de Haniyeh dépendra de nombreux facteurs, les intérêts nationaux de l’Iran étant primordiaux. De nombreux Iraniens
s’interrogent sur les raisons de risquer la stabilité de leur pays dans un conflit avec les États-Unis et Israël qui, selon eux, n’affecte pas directement l’Iran. Ils soulignent le
fait que l’Iran est déjà confronté à des conséquences importantes en raison de la guerre en cours entre le Hamas et Israël, d’autant plus que le Hamas n’a pas informé l’Iran de son
intention d’attaquer Israël le 7 octobre de l’année dernière. Ce point de vue est renforcé par une forte approche «l’Iran d’abord» qui donne la priorité aux intérêts nationaux. Ces
considérations influenceront grandement la réponse de Téhéran, en particulier sous le nouveau président du pays, qui a promis d’écouter la volonté du peuple iranien et d’éviter les
actions imprévues ou risquées à l’étranger.
Dès 2021, l’Union Européenne lançait des fonds et des investissements (fondés sur la dette) destinés à compenser les manques à gagner des absurdes confinements généralisés en Europe, et à
relancer l’activité après l’épisode toxique et coûteux des passes sanitaires. Dans cette nébuleuse opaque lancée par la caste, surgit notamment le Plan de Relance et de Résilience, supposé
apporter 40 milliards de fonds frais à la France d’ici à 2026. Mais ces fonds, apportés par de l’endettement, servent-ils à “relancer” l’économie, ou bien à servir les copains ? Les données
fournies par le gouvernement français sur le sujet posent de vraies questions.
Tous les amateurs de littérature administrative se réjouiront de cette vulgate opaque où, pour justifier un emprunt européen, les Etats-membres y sont allées de
leurs besoins individuels pour justifier une gabegie collective. Dans le cas de la France, le gouvernement prétend que les 40 milliards d’argent frais que nous sommes supposés retirer de cet
emprunt serviront à financer l’écologie et la cohésion sociale, termes creux et vagues qui incluent tout et n’importe quoi.
Rappelons que le plan national de relance et de résilience, supposé relancer l’économie après le traumatisme du COVID, est versé en tranches annuelles jusqu’ne 2027, c’est-à-dire jusqu’aux
élections présidentielles françaises. Nous avons, ce matin, montré comment ces versements progressifs servaient à cacher la misèse.
Reste que les destinataires finaux de ces aides (fondées sur du Ponzi, c’est-à-dire sur de l’emprunt qui ne sera jamais remboursé), relèvent un peu du mystère. La France prétend s’acquitter de
ses obligations européennes de transparence en les listant suivant le tableau qu’on trouvera ici.
Dans cette liste, on trouve un pêle-mêle dont voici un extrait (les 50 plus gros bénéficiaires les plus incongrus) :
Pourquoi l’Agence Nationale de l’Habitat perçoit-elle 1,5 milliards € de fonds européens ? Pourquoi Pôle Emploi perçoit-il près de 274 millions € ? Pourquoi l’UGAP,
qui fournit les administrations en matériel de bureau, perçoit-elle plus de 200 millions € ? Pourquoi l’Agence publique pour l’immobilier de la justice perçoit-elle près de 19 millions € ?
Toutes ces questions sont ouvertes ! Mais à y regarder de près, je suis convaincu que l’administration française n’a pas laissé passer sa chance pour récupérer les
fonds qui passaient au bon moment, sans forcément savoir pourquoi.
Le bouclier antimissile européen ne protégera pas en cas de conflit militaire majeur
En Europe, le
déploiement du programme de défense – le projet de bouclier antimissile européen (ESSI), qui profitera des technologies américaines et israéliennes, lancé en septembre 2022 à
l’initiative et sous les auspices de l’Allemagne, prend de l’ampleur.
Le 16 juillet, la Suisse a
présenté une demande de participation à ce projet militaire. La Belgique, la Bulgarie, l’Estonie, la Finlande, le Royaume-Uni, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la
Norvège, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie participent déjà au programme ESSI. France
Info soulignait : «il
n’aura aucun équipement de fabrication française».
Toutefois, les principaux membres de l’OTAN, dont la France, l’Italie, la Pologne, l’Espagne et la Turquie, se sont abstenus de rejoindre
l’ESSI.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a proposé de lancer l’ESSI en août 2022, agissant en vue de la création d’une structure de défense intégrée utilisant
les systèmes allemands IRIS-T, les Patriot américians et les systèmes israéliens Arrow-3, situés dans toute l’Europe, avec une répartition des coûts entre les participants.
Berlin refuse fondamentalement d’inclure dans la configuration du système de défense aérienne/ABQ créé dans le cadre de l’ESSI, les complexes
franco-italiens SAMP/T pour maintenir un rôle clé dans la construction du système de défense aérienne/système de défense UE.
En novembre 2022, le président français, Emmanuel Macron, a exprimé son
mécontentement à l’égard d’une telle discrimination, soulignant que la défense aérienne ne devait pas se limiter à la promotion des différentes industries au détriment de
l’autonomie européenne. En outre, le Délégué général pour l’armement du gouvernement de la Ve République, Emmanuel Chiva, a
critiqué l’initiative allemande, affirmant que les systèmes actuellement soutenus par l’ESSI ne répondaient pas aux besoins opérationnels car ils n’ont pas l’interconnexion
nécessaire pour une défense intégrée.
En avril 2024, le ministre des Armées français, lors d’une réunion avec son homologue italien Guido Crosetto à la base aérienne de Solenzara en
Corse-du-Sud, il a appelé à une compréhension approfondie de l’intégration du système SAMP/T de nouvelle génération dans la stratégie européenne, fait
savoirArmy
Recognition, notant que ce système serait une réalisation technologique significative, notamment en termes de capacité à intercepter des missiles hypersoniques.
Le renforcement de la coopération franco-italienne autour du système pourrait finalement redéfinir
les contours de la défense aérienne à travers le continent européen, offrant une alternative viable aux systèmes traditionnellement dominés par États-Unis, tout en renforçant
l’autonomie stratégique de l’Europe dans le domaine le plus important pour sa sécurité collective.
Cette perspective ne convient en rien aux États-Unis, qui cherchent à consolider le statut de Berlin en tant que leader continental dans le secteur de
la défense et à augmenter les revenus du complexe militaro-industriel allemand aux dépens des autres pays de l’UE.
Dans les années à venir, les Allemands prévoient de devenir le principal fournisseur de missiles guidés antiaériens pour le système Patriot de la
défense aérienne en service avec l’Union européenne.
En janvier 2024, l’agence des achats militaires de l’OTAN a
signé un contrat avec la COMLOG (une entreprise commune de la société allemande MBDA Deutschland GmbH et de la société américaine Raytheon Procurement Company, Inc), et
un autre pour l’achat de plus de 1000 missiles de ce type.
Sous prétexte de mettre au point un système analogue efficace du complexe israélien comme le Dôme de fer sur la base des technologies de son propre
système IRIS-T, Berlin prévoit de lever des fonds auprès des pays participant à l’initiative et des investissements propres minimaux pour élargir le profil des compétences et des
capacités de production de son propre complexe militaro-industriel.
En avril 2024, le chef du plus grand entrepreneur militaire allemand, Rheinmetall, Armin Papperger, a exhorté les pays de l’UE à abandonner leurs
ambitions nationales et à faire des groupes de défense plus grands et plus spécialisés pour
concurrencer les entreprises américaines comme cela a été rapporté par le Financial
Times.
Après le début du conflit militaire en 2022 en Ukraine, la valeur des actions de Rheinmetall a augmenté plus de cinq fois et la société s’attend à ce
que d’ici la fin de 2024, le volume des ordres des pays membres de l’OTAN et de leurs alliés soit de 60 milliards d’euros.
Rheinmetall a ravivé ses ambitions de consolider davantage l’industrie de la défense de la région. L’année dernière, la société a achevé l’acquisition
de son concurrent espagnol Expal pour 1,2 milliard d’euros, ce qui a renforcé sa position de leader dans la chaîne d’approvisionnement en munitions. Le 18 mars, elle a accepté
d’acheter Reeq, un fabricant néerlandais de véhicules terrestres sans pilote utilisés dans les opérations de combat, pour un montant non divulgué.
Papperger a également exhorté les pays de l’UE à créer un système analogue au système de défense israélien Dôme de fer sur la base du complexe IRIS-T
allemand. Alors que d’autres entrepreneurs allemands de la défense se plaignent de l’absence d’ordres d’État, Papperger a déclaré que Rheinmetall a réussi à augmenter rapidement la
capacité – l’année prochaine, la compagnie produira 700 000 obus d’artillerie par rapport aux 70 000 de l’année précédente, en 2022 – grâce à des investissements dans de nouvelles
lignes de production. Le succès de Rheinmetall est très simple. Ce n’est pas une entreprise allemande, c’est une entreprise
américaine.
Pour cette raison, la compagnie Rheinmetall vise à «soutenir la stratégie de défense nationale des États-Unis, comme le
souligne la direction prise par l’Allemagne, et cela ne correspond pas aux intentions de Paris et de Berlin de créer leur propre armée et un complexe militaro-industriel
unifié.
Toutefois, selon la Securities and Exchange Commission des États-Unis, plus de 280 actionnaires du groupe sont enregistrés aux États-Unis. Les plus
importants d’entre eux sont les fonds d’investissement et les sociétés BlackRock , Wellington, Fidelity, Harris Associates, John Hancock, Capital Group, Vanguard, EuroPacific
Growth Fund… Comme la plupart des petits actionnaires, ils sont enregistrés aux États-Unis. Ainsi, Rheinmetall, n’est pas une société allemande.
Le plus grand nombre d’entreprises et de branches étrangères sont situées aux États-Unis. Il convient de noter que la tendance à un transfert plus actif
de la capacité du fabricant d’armes a été identifiée en 2005 dans le contexte des interventions militaires de Washington en Afghanistan et en Irak.
Le désir des investisseurs américains de Rheinmetall de tirer des dividendes des initiatives militaires a mis fin à la volonté de l’Europe d’obtenir une
plus grande autonomie tangible de la part de Washington, y compris dans l’industrie de la défense. Pendant ce temps, les revenus records perçus par la défense allemande concernent
Rheinmetall dans le contexte du conflit en Ukraine, vont vers les investisseurs et les actionnaires américains. Avec le
changement d’époques et le conflit en Europe, une nouvelle préoccupation est venue pour Rheinmetall : Un bénéfice record, un volume record de commandes.
Pendant ce temps, l’analyste militaire turc Rifat Ongel estime que
le projet ESSI ne sera pas en mesure de protéger l’Europe en cas de conflit militaire majeur.
«Si le lancement
et le succès d’une telle initiative comme l’ESSI serait très souhaitable pour la sécurité européenne, le tableau actuel suggère que ce ne sera pas facile. Même en cas de succès,
l’ESSI n’élimine qu’une petite partie des vulnérabilités de la défense de l’Europe. Les effets négatifs des réductions rapides des budgets de la défense et de la réduction à grande
échelle des forces armées dans la période de l’après-guerre froide sont loin d’être inversés», a-t-il écrit.
Les villes qui seront couvertes par la défense antimissile sont
classées, selon le portail américain Defense.info dans
une note faisant la publicité du programme ESSI.
Les États-Unis et les entreprises de défense allemandes, qui sont sous leur contrôle, ne se soucient pas de la sécurité de l’Europe.
Les États-Unis sont en train de soumettre l’industrie de la défense de l’UE, tout en s’enrichissant avec le soutien de l’Ukraine et en faisant
de l’Europe leur colonie industrielle.
En renonçant à la souveraineté sur l’élaboration de la politique militaire, que certains membres de l’UE ont fièrement protégée jusqu’à présent, tous les autres aspects de la
fédéralisation se mettraient rapidement en place peu de temps après et enracineraient l’hégémonie allemande sur l’Europe sous tutelle américaine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vient d’annoncer
qu’«il est maintenant
temps de construire une véritable union de défense», ce qui, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, représente un changement marqué dans les priorités
qui recoupera les intérêts de l’OTAN. La
transformation prévue de l’UE en une union militaire est vendue au public comme une réponse au conflit
ukrainien prolongé, mais il s’agit en réalité d’un jeu de pouvoir fédéraliste conçu pour enraciner à jamais l’hégémonie allemande sur le bloc européen sous tutelle
américaine.
Ce pays cherche à fédéraliser l’UE depuis des années déjà, et malgré quelques succès notables pour amener les États membres à céder des parties
importantes de leur souveraineté à Bruxelles, cela n’a jusqu’à présent pas donné les résultats escomptés. Ce plan pourrait également devenir plus difficile à mettre en œuvre alors que
deux nouveaux groupes ont émergé au Parlement européen depuis les dernières élections : l’«Europe des nations souveraines» dirigée par l’AfD et les «Patriotes
pour l’Europe» dirigés par la Hongrie, tous deux farouchement opposés à la fédéralisation.
La seule façon possible de faire passer ce programme face à une telle opposition croissante est de redoubler d’efforts sur la peur de la
Russie dans l’espoir que les élites libérales-mondialistes au
pouvoir dans les États membres accepteront de se fédéraliser sous prétexte de se défendre contre une invasion prétendument
imminente. Ce n’est pas directement dit, mais le sous-texte est qu’on ne pouvait pas compter sur le dirigeant américain de l’OTAN pour défendre ses alliés dans ce cas, bien qu’il ait
réaffirmé à plusieurs reprises son engagement envers les obligations de défense mutuelle de l’article 5.
Les craintes mentionnées ci-dessus ne peuvent pas être exprimées à haute voix puisque l’expression antérieure de ces préoccupations a été précédemment
dénigrée par les médias grand public comme une soi-disant «propagande russe», mais elles pourraient devenir plus fortement sous-entendues à l’approche des prochaines élections
présidentielles aux États-Unis. Le plan de Trump pour l’OTAN, sur lequel les lecteurs peuvent en savoir plus en détail ici,
appelle à contraindre les membres à augmenter leurs dépenses de défense et à assumer davantage de responsabilités pour leurs intérêts de sécurité immédiats vis-à-vis de la
Russie.
L’analyse hyperliée qui précède soutient qu’elle est déjà partiellement mise en œuvre par l’administration Biden, comme le prouve le concept de
«forteresseEurope»
de l’Allemagne, qui revient à devenir la puissance militaire du continent avec le soutien total des États-Unis afin de faciliter le «pivot (retour) vers l’Asie» de l’Amérique. Le
«Schengen
militaire» de fin janvier, la «ligne
de défense de l’UE» du mois dernier et l’accord de ce mois-ci d’assumer
une partie de la responsabilité de la sécurité des frontières de la Pologne sont les développements les plus significatifs jusqu’à présent.
La prochaine étape consiste à consolider les gains militaro-stratégiques de l’Allemagne au cours des six derniers mois grâce à l’appel de von der Leyen
à une union militaire, qui verrait Bruxelles, contrôlée par l’Allemagne, organiser les besoins militaro-industriels du bloc à travers ses 27 membres, les rapprochant ainsi d’une
fédéralisation de facto. En renonçant à la souveraineté sur l’élaboration des politiques militaires, que certains d’entre eux ont fièrement protégée jusqu’à présent, tous les autres
aspects de la fédéralisation se mettraient rapidement en place peu de temps après.
C’est pourquoi il incombe aux deux nouveaux groupes conservateurs-nationalistes du Parlement européen de faire tout leur possible au sein de cet organe
et dans les pays d’origine de leurs membres pour empêcher leurs élites libérales-mondialistes au pouvoir d’accepter les plans d’union militaire de von der Leyen. L’avenir de leurs
pays est en jeu et soit ils conserveront une partie de leur souveraineté, aussi imparfaite et partielle soit-elle actuellement, soit ils perdront tout et finiront comme un État
indescriptible dans une fédération européenne dirigée par l’Allemagne.
CNN a rapporté les projets d’un certain nombre de pays européens d’introduire le service militaire obligatoire.
Les experts US
cherchent à savoir «comment mobiliser des millions de
personnes pour qu’elles soient potentiellement jetées dans le «hachoir à viande d’une guerre».
De nombreux
États européens envisagent, ainsi, selon le média US, d’introduire la conscription obligatoire pour le service militaire. En France, le SNU sert ses
objectifs.
Préparation des pays européens pour un conflit avec la Russie
Les pays européens mettent en place le service militaire obligatoire. Selon les animateurs de la chaîne US, les nouvelles pratiques de conscription
militaire dans les pays européens sont associées à la préparation d’un conflit avec la Russie. «L’Europe se
tourne vers la conscription alors que la menace d’une guerre plus large avec la Russie augmente», titreCNN.
«Les responsables
politiques des pays européens étaient sceptiques quant au retour d’une guerre majeure en Europe», souligne la chaîne de télévision d’information en continu américaine.
Mais, plus de deux ans plus tard après le début du conflit en Ukraine – un conflit qui a réellement débuté le 21 novembre 2013 avec la mise en place du coup d’État à Kiev avec
l’Euromaïdan par l’Occident, un autre changement – autrefois impensable – est en cours en matière de conscription. «Plusieurs pays
européens ont réintroduit ou étendu le service militaire obligatoire face à la menace croissante de Moscou, dans le cadre d’une série de politiques visant à renforcer les défenses qui
sont susceptibles d’être encore renforcées», persiste CNN.
«Nous réalisons
que nous devrons peut-être ajuster la façon dont nous nous mobilisons pour la guerre et ajuster la façon dont nous produisons des équipements militaires et dont nous recrutons et
formons le personnel», a déclaré au média US Robert Hamilton, directeur de la recherche sur l’Eurasie de l’Institut de recherche en politique étrangère qui a servi comme officier
de l’armée américaine pendant 30 ans. «Il est
tragiquement vrai que nous sommes ici, en 2024, et que nous sommes aux prises avec la question de savoir comment mobiliser des millions de personnes pour qu’elles soient
potentiellement jetées dans le hachoir à viande d’une guerre, mais c’est là que la Russie nous a mis», a-t-il déclaré relate encore CNN.
Le général Wesley Clark, qui a dirigé les forces de l’OTAN pendant la guerre du Kosovo, a, également, martelé : «Nous avons, donc,
maintenant une guerre en Europe que nous n’aurions jamais pensé revoir». «Il n’est pas
clair s’il s’agit d’une nouvelle guerre froide ou d’une guerre chaude», a-t-il poursuivi. «Mais, c’est un
avertissement très imminent à l’OTAN que nous devons reconstruire nos défenses», a-t-il conclu.
«Le retour de la
conscription souligne une nouvelle réalité», stipule, donc, CNN, rappelant
qu’«un
certain nombre de pays européens ont mis fin à la conscription obligatoire après la fin de la guerre froide, mais que plusieurs pays – notamment en Scandinavie et dans les pays baltes
– l’ont réintroduite ces dernières années». La Lettonie est la dernière en date à mettre en œuvre la conscription. Le service militaire obligatoire a été réintroduit le 1er
janvier de cette année, après avoir été aboli en 2006. Les citoyens de sexe masculin seront convoqués dans les 12 mois suivant l’âge de 18 ans ou l’obtention de leur diplôme pour ceux
qui sont encore dans le système éducatif. La conscription en Norvège est obligatoire et, en 2015, le pays est devenu le premier membre de l’alliance défensive de l’OTAN à
enrôler les hommes et les femmes sur un pied d’égalité.
«Des débats sur la
conscription ont également eu lieu dans d’autres pays européens qui ne l’exigent pas actuellement. Au Royaume-Uni, les conservateurs ont lancé l’idée du service militaire lors de leur
malheureuse campagne électorale. Mais la transformation la plus surprenante est peut-être en cours en Allemagne, qui depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a une aversion pour la
militarisation», observe CNN. Depuis
la guerre froide, ce qui est une première, l’Allemagne a mis à jour cette année son plan en cas d’éclatement d’un conflit en Europe, et le ministre allemand de la Défense, Boris
Pistorius, qui voit l’Allemagne aux côtés d’Israël, a présenté en juin une proposition pour un nouveau service militaire volontaire. «Nous devons être
prêts pour la guerre d’ici 2029» ; «L’Allemagne doit
s’habituer à l’idée d’une guerre en Europe», a-t-il
déclaré. «Dans trois,
quatre ou cinq ans, la Bundeswehr aura un visage différent», a-t-il annoncé.
Mise en place du service militaire obligatoire en 2026 en France
Afin de rétablir le service militaire obligatoire, la France d’Emmanuel Macron a – de fait – lancé le SNU même si, selon les communications officielles
du début, «le SNU ne
constitue cependant pas une réinvention du service militaire, suspendu par une loi de 1997». Le SNU a été – dans un premier temps – concrétisé en 2020 après une phase
d’expérimentation en 2019, mais seulement sur la base du volontariat. D’ailleurs, «dans sa
déclaration de politique générale, le Premier ministre [français Gabriel Attal] a annoncé la généralisation du service national universel (SNU) à tous les jeunes en
2026», rappelleVie
publique. Un «service national
de durée courte, obligatoire et universel», «véritable projet
républicain, qui doit permettre à notre démocratie d’être plus unie et d’accroître la résilience de notre société», «c’est ainsi que
Emmanuel Macron présentait, pendant la campagne présidentielle de 2017, le projet de service national universel», se remémore le site animé par une équipe de rédacteurs
passionnés par les questions citoyennes et spécialisés dans les politiques publiques. «Le SNU, [est,
donc,] un retour au devoir civique obligatoire [en France]», conclut Vie
publique.
«Nous constatons
que le débat [pour envoyer de jeunes Européens dans le «hachoir à viande»] fait désormais rage. Et c’est la première étape», a déclaré à CNN Sean
Monaghan, chercheur invité au sein du programme Europe, Russie et Eurasie du Centre d’études stratégiques et internationales. «Cela ne se fait
pas du jour au lendemain, c’est un grand changement mental», poursuit-il.
«L’alliance de
l’OTAN a révisé sa stratégie et renforcé ses capacités au cours de la dernière décennie en réponse à la menace croissante de Moscou», conclut CNN.
Une série de crises (géopolitique, énergétique, inflationniste, pandémique) a mis en évidence des problèmes de longue date dans le paysage industriel de l’Union européenne. Ceux-ci
ont commencé bien avant l’aggravation du conflit ukrainien en 2022. Les difficultés actuelles ne sont que partiellement liées directement à la perte des investissements étrangers
directs au profit de l’économie américaine, à l’importation croissante de véhicules électriques en provenance de Chine et à la hausse des prix de l’énergie après l’arrêt quasi total
des importations de gaz naturel par pipeline en provenance directe de Russie.
La diminution du poids économique de l’espace politico-économique de l’UE a débuté au milieu des années 2000. Il y a 20 ans (en 2004), l’industrie
américaine était en
retard par rapport à l’industrie européenne dans la production mondiale : 22,2% contre 25,4%. L’année 2022 a été cruciale pour l’économie de l’UE. À cette époque, le secteur
manufacturier s’est contracté de plus de 10 points de pourcentage, passant de 25,4% à 15,2% de la production mondiale.
En 2023, les proportions de la production manufacturière mondiale sont
restées les mêmes : 28,4% pour la Chine, 26,6% pour les États-Unis, 5,8% pour l’Allemagne, 2,3% pour l’Italie, 1,9% pour la France et 1,8% pour le Royaume-Uni.
Actuellement, la politique économique de l’UE est confrontée à un trilemme : Redoubler d’efforts pour aider les secteurs touchés à devenir «verts»,
relocaliser les productions énergivores hors de l’Union ou concilier les intérêts des secteurs traditionnels et nouveaux par la redistribution des subventions. L’accentuation de ces
inégalités risque de déstabiliser le pilier économique clé de l’UE, son marché intérieur unique.
Aujourd’hui, on se souvient de plus en plus des avertissements alarmants formulés dans la Déclaration
d’Anvers sur l’Accord industriel européen du 21 février 2024. Plus de 840 entreprises et 350 associations qui l’ont signée exhortent vivement les autorités de l’UE à adopter
une politique industrielle de soutien qui puisse rendre à nouveau l’industrie européenne compétitive et attractive pour les investissements.
À l’heure actuelle, la réalité est différente. Certaines entreprises industrielles européennes prévoient de délocaliser leurs capacités de production
dans des régions où les coûts de l’électricité sont plus bas. Ainsi, le déclin de l’industrie dans l’UE est bel et bien réel. La préoccupation croissante des gouvernements des pays
d’Europe occidentale quant au fait que la désindustrialisation pourrait entraîner une récession économique, une réduction de l’autonomie stratégique économique, un retard dans la
course aux nouvelles technologies et, par conséquent, une diminution de l’influence de l’UE, est le résultat d’une réaction tardive aux changements fondamentaux dans la concurrence
géoéconomique mondiale. Les représentants de la Commission européenne indiquent que
les statistiques industrielles de l’UE ne montrent pas un déclin significatif de l’activité industrielle en 2021-2022. Cependant, en 11 mois (d’avril 2023 à avril 2024), la production
industrielle de l’UE a diminué.
Dans la compétition pour les investissements étrangers directs, l’Union européenne perd face aux États-Unis. Depuis le troisième trimestre de 2022, les
flux entrants sont devenus négatifs pour la première fois depuis 2020, atteignant un niveau 2,5 fois supérieur à celui de la période de pandémie (un reflux de 65,1 milliards d’euros
contre 26,3 milliards d’euros). Au quatrième trimestre 2022, la fuite des capitaux a encore été multipliée par 3,3 fois pour atteindre 216,5 milliards d’euros.
Malgré ces tendances de désindustrialisation, l’UE reste un acteur notable dans les technologies avancées : Les technologies quantiques (22% du volume
mondial) et de navigation (20%), les biotechnologies et la robotique (18% chacune). En 2022, 194 entreprises dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont
été créées dans l’UE, devançant la Chine (160), le Royaume-Uni (99) et l’Inde (57).
Ainsi, la désindustrialisation dans l’UE va de pair avec le développement de nouvelles technologies. La crainte de la fuite industrielle est souvent
exagérée afin de parvenir à un consensus européen sur l’octroi de subventions importantes pour les industries énergivores, le financement du complexe militaro-industriel et des
technologies civiles avancées associées, ainsi que pour garantir un soutien vital de la part des gouvernements relativement libéraux (principalement l’Allemagne) qui souhaitent éviter
une guerre commerciale totale avec les États-Unis.
Malgré la menace de désindustrialisation de l’UE, qui fait déjà partie de la réalité économique, il y a des raisons de croire que cette menace soit
quelque peu exagérée et que la situation réelle soit plus complexe.
Depuis le début de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, l’Europe ne semble toujours pas avoir saisi son rôle dans le conflit. En
adhérant de manière irrationnelle à toutes les mesures imposées par les États-Unis, telles que les sanctions unilatérales et les livraisons d’armes illimitées au régime de Kiev, l’UE
semble de plus en plus proche d’un véritable effondrement, compte tenu des difficultés sociales et des risques majeurs en matière de sécurité. En fin de compte, le bloc européen, tout
comme l’Ukraine, n’est qu’un mandataire de plus dans cette guerre.
Pour des raisons évidentes, l’Europe a toujours été dépendante de bonnes relations avec la Russie pour maintenir son bien-être économique et social et
l’équilibre de son architecture de sécurité régionale. Cependant, les pays européens semblent avoir oublié les principes de base de la géopolitique, pariant sur une vaine tentative
d’«isoler» la Russie par des sanctions irresponsables qui ne font que nuire à l’Europe elle-même – sans générer d’impact sur l’économie russe.
Sans le gaz russe, l’Europe s’est rapidement désindustrialisée, aggravant les conditions de pauvreté, de chômage et d’inflation. Dans une telle
conjoncture, la solution la plus rationnelle consisterait à renoncer aux dépenses inutiles et à investir massivement dans des projets de relance économique, mais, apparemment, la
rationalité n’est pas au cœur de l’attitude des Européens. Au lieu d’agir stratégiquement en quête du meilleur pour leurs peuples, les décideurs européens se sont engagés dans une
politique de livraison systématique d’armes au régime néo-nazi ukrainien, dépensant des milliards d’euros pour la fabrication et l’exportation d’armes pour la guerre contre la
Russie.
C’est pourquoi, lors des dernières élections européennes, les électeurs ont réagi en votant massivement pour des politiciens et des partis de droite,
tentant de trouver une alternative à la folie russophobe impopulaire des régimes libéraux. En représailles à la volonté populaire, les gouvernements libéraux commencent déjà à prendre
des mesures autoritaires, comme le président Emmanuel Macron, qui a décidé de dissoudre l’Assemblée et d’appeler à de nouvelles élections. Il est possible que de nombreuses autres
mesures dictatoriales de ce type soient prises dans un avenir proche, au risque d’aggraver encore la grave crise de légitimité des pays membres de l’UE.
Pour ne rien arranger, certains de ces gouvernements européens envisagent même d’aller plus loin dans leur soutien à l’Ukraine, des négociations
avancées portant sur l’envoi de troupes sur le terrain. Apparemment, les nations européennes n’ont plus peur d’une extension de la guerre en un conflit nucléaire mondial, au cours
duquel elles seraient des cibles faciles pour les puissantes armes stratégiques russes.
Parallèlement, aux États-Unis, le scénario électoral est très instable. Donald Trump promet de mettre fin à la guerre, mais l’establishment libéral veut
l’empêcher de se présenter. Biden promet de poursuivre le conflit avec la Russie, une ligne de conduite que suivra certainement le candidat républicain qui remplacera Trump.
Toutefois, tant la politique intérieure que le contexte international demeurent extrêmement complexes pour Washington. Devant faire face à une atmosphère de pré-guerre civile, un
clivage social, un séparatisme texan et une migration de masse, en plus d’une grave crise économique, les États-Unis ont de nombreuses priorités nationales qui font de l’Ukraine un
pays qui perd progressivement tout intérêt.
En outre, au Moyen-Orient, Israël se trouve dans une situation délicate. Après avoir échoué à atteindre ses objectifs à Gaza – malgré le génocide -,
Tel-Aviv voit maintenant un nouveau front émerger au nord, où le Hezbollah frappe des cibles de plus en plus éloignées, menaçant ainsi l’existence même d’Israël en tant qu’État. Pour
assurer sa survie, le projet sioniste aura besoin d’un soutien militaire massif de la part des États-Unis. C’est pourquoi il est inévitable que la quantité d’armes, d’équipements, de
fonds et de mercenaires envoyés pour soutenir l’Ukraine diminuent de manière significative.
En fait, quel que soit le vainqueur des élections américaines, le fardeau du soutien à Kiev sera inévitablement transféré aux «partenaires»
européens des États-Unis. Washington contraindra ses «alliés» à envoyer toujours plus d’armes au régime de Kiev, allégeant ainsi les charges qui pèsent sur l’industrie
américaine de la défense, pour que le soutien à Israël reste viable. C’est la seule façon pour les États-Unis de maintenir leur politique de soutien inconditionnel à l’État
sioniste.
Il est évident que l’Europe ne dispose pas des moyens nécessaires pour financer seule une guerre contre la Russie. Mais l’UE se place volontairement dans une posture de soumission stratégique à l’OTAN, obéissant à tous les ordres venant des États-Unis. Il
en résulte une aggravation sans précédent de la crise sociale et économique actuelle, se traduisant par l’effondrement collectif des pays européens. Dans le pire des cas, la situation
pourrait déborder du cadre économique et entraîner une implication militaire directe de l’Europe dans le conflit, car les bases de l’OTAN dans l’UE sont généralement utilisées pour
des attaques en profondeur contre la Fédération de Russie, créant ainsi un casus
belli et légitimant toute riposte de la part de Moscou si la patience russe venait à se tarir.
Depuis des décennies, les experts affirment que la Troisième Guerre mondiale entraînerait la fin du monde, une éventualité assurément plausible si
l’actuel conflit par procuration entre dans une phase ouverte.
Mais, indépendamment de ce qu’il adviendra du «monde», l’Europe est sans doute déjà à deux doigts d’une fin
tragique.
Source : Réseau Voltaire - par Thierry Meyssan
- Le 21/05/2024.
L’Union européenne présente l’élection des eurodéputés et celle du président de la
Commission comme des manifestations de son caractère démocratique. Pourtant tout ceci n’est qu’un théâtre d’ombres. L’essentiel a déjà été discuté ailleurs, sans que nul n’en entende parler.
Cette mise en scène devrait suffire à faire accroire que la pièce, déjà écrite, surgit soudainement de la volonté populaire.
Alors que l’Union européenne s’apprête à se transformer en un État unique, son évolution politique prend un pas autoritaire.
L'ÉLECTION DES EURODÉPUTÉS ET DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EST DÉJÀ ÉCRITE
L’élection des eurodéputés s’annonce délibérément confuse. Il n’existe toujours pas de partis politiques à l’échelle européenne, bien que l’on en parle depuis
cinquante ans et qu’on les ait inscrits dans les traités, mais uniquement des coalitions européennes de partis nationaux, ce qui n’est pas du tout la même chose. Ces coalitions présentent chacune
un Spitzenkandidat, littéralement une « tête de liste », qui ne sont pas candidats au Parlement et ne figurent sur aucune de leurs listes
nationales. Cinq d’entre eux débattrons en eurovision de leur projet pour présider la Commission européenne. Il s’agit de :
• Walter Baier, Gauche européenne ; • Sandro Gozi, Renouveler l’Europe maintenant ; • Ursula von der Leyen, Parti populaire européen ; • Terry Reintke, Verts européens ; • Nicolas Schmit, Parti socialiste européen.
Le groupe « Identité et démocratie » n’a pas été invité à ce show. Car les cinq groupes précédents ont une conception particulière de la
démocratie. Ils considèrent qu’Identité et démocratie ne joue pas le même jeu qu’eux et donc, refusent de débattre avec lui.
Ce débat n’aura pas lieu en studio, mais dans l’hémicycle du Parlement ; un décor qui en impose. La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a profité de ce
que les élus sont en campagne électorale pour accorder ce décor aux producteurs, sans prévenir les parlementaires. Beaucoup auraient eu leur mot à dire.
Il aura lieu en langue anglaise. C’est une autre subtilité de l’Union : Chaque État membre a le droit de demander que tous les documents officiels soient
traduits dans une langue de son choix. L’Union dispose donc de 23 langues officielles pour 27 États membres, soit 552 combinaisons linguistiques possibles. Mais aucun État n’a demandé que
l’anglais soit une des langues de l’Union. Malte, par exemple, qui a fait de l’anglais l’une de ses deux langues officielles, a préféré que ce soit le maltais qui soit utilisé à Bruxelles.
Pourtant, l’anglais est devenu, de facto, la 24° langue de l’Union et la seule commune à tous. Cela n’a évidemment aucun rapport avec le fait que
l’UE soit, non pas un projet européen, mais un projet anglo-saxon.
Au demeurant, cet étrange débat importe peu puisque chacun sait que le président de la Commission sera probablement choisi en dehors de ce cénacle : ce devrait
être le banquier Mario Draghi [1]. Ce n’est pas impossible puisqu’en 2019, Ursula
von der Leyen n’a pas participé à ce débat et est pourtant devenue présidente de la Commission.
Comprenez bien : certes Mario Draghi a 76 ans, mais c’est l’ancien gouverneur de la Banque centrale européenne. Dans cette fonction, il a tout fait pour que
l’euro devienne irréversible. Il est parvenu, « Whatever it takes » (en anglais dans le texte), à le sauver de la crise de la dette souveraine des années 2010. Il n’a résolu aucun
problème et a aggravé le gouffre qui sépare les économies des États-membres. D’un point de vue des États-membres, c’est donc un incapable, mais pas de celui des banquiers d’affaire ; une
caste qui a toujours été la sienne (il fut le numéro 2 de Goldman Sachs pour l’Europe).
La confirmation de l’enquête belge (Bruxelles), allemande (Mönchengladbach) et européenne pour corruption visant Ursula von der Leyen ne laisse plus la place au
doute [2]. Il devient urgent pour les Institutions de se débarrasser d’elle. De même, les parlementaires pris la main dans le sac ont été discrètement mis sur la touche,
dont la vice-présidente Eva Kaili. Il faut donner l’impression que l’administration de l’Union est honnête et qu’elle est au service des « citoyens » (sic) ; impression, car dans
la réalité, il n’y a ni peuple européen, ni citoyens, comme l’atteste l’absence de partis européens.
LES CHOIX DE L’UE SONT DÉJÀ FAITS
L’Union, qui est une structure politique allant bien au-delà du « marché commun » initial, doit faire face à plusieurs défis
extérieurs : Elle a signé plusieurs accords de libre-échange avec des États ou des blocs qui ne respectent pas ses règles internes. L’équilibre de la concurrence, qui
était établi via un système complexe de subventions, n’est donc plus assuré, vu qu’il n’existe aucun système financier comparable à l’échelle globale [3]. À défaut de lier le fait de commercer avec un tiers à son respect des règles internes de l’Union, elle l’a lié à son respect des Droits de l’homme. Or deux de
ses partenaires commerciaux posent de très graves problèmes, sans que l’UE réagisse.
• Israël ne respecte aucune des résolutions des Nations unies le concernant depuis 76 ans. En outre, il vient de débuter un nettoyage ethnique de
la Palestine, massacrant environ 50 000 civils et en blessant environ 100 000 autres. • L’Ukraine, dont la constitution est explicitement raciste, a opéré deux coups d’État successifs (2004 et 2014). Elle a depuis élu son président,
mais le mandat de celui-ci prend fin aujourd’hui, 21 mai 2024. Aucune élection n’a été convoquée et onze partis politiques d’opposition ont été interdits.
Au cours des dernières semaines, l’UE n’a pas avancé d’un iota face aux accords de libre-échange qu’elle a signé en violation de ses règles internes. À ses yeux, il
suffit d’attendre pour que le problème disparaisse : d’ici quelques années, les secteurs agricoles touchés auront disparus.
Par contre, elle a annoncé soutenir une solution pour la Palestine, mais poursuit par ailleurs son aide au régime non-démocratique de Volodymyr Zelensky.
• Sur le premier point, l’UE semble impatiente de reconnaître la Palestine comme membre de plein droit aux Nations unies. Elle précise qu’elle ne soutient pas le
plan de l’envoyé spécial de l’Onu, le comte Folke Bernadotte (assassiné en 1949), mais qu’elle se réfère au plan de la Commission coloniale présidée par William Peel : il devrait y avoir
deux États distincts et surtout pas un État binational où les juifs et les arabes seraient égaux en droit.
• Concernant l’Ukraine, l’UE persiste à ignorer les accords de Minsk, avalisés par la résolution 2202 du Conseil de sécurité de l’Onu, et la responsabilité de
protéger qui en découle. Aussi, non seulement ne félicite-t-elle pas la Russie pour avoir mis fin au massacre des russophones du Donbass, mais elle persiste à l’accuser d’avoir envahi son
voisin.
En matière de Défense et de Politique étrangère, les positions de l’UE sont exactement celles du G7, auquel elle participe. Il n’y a aucun cas
où elle en diffère, ou même simplement où elle émette une nuance. L’UE se dote donc actuellement d’une industrie de fabrication d’armes et coordonne chaque pays de sorte qu’elle approvisionne
en continu le gouvernement de Kiev. Jusqu’en 2022 (opération spéciale de l’armée russe en Ukraine), l’UE ne se mêlait pas des questions de Défense. En effet, les Traités européens stipulent
que ce n’est pas de son ressort. La Défense du territoire de l’Union ne dépend pas de ses États-membres, mais de l’Otan, qu’ils en soient membres ou pas.
Cependant, de manière permanente, l’Alliance atlantique définissait des normes d’inter-opérabilités entre ses membres qu’elle transmettait à la Commission
européenne, laquelle les faisait adopter par le Parlement. Elles étaient alors retranscrites en droit national par chacun des 27 États-membres. Ces normes allaient de la composition du
chocolat (il y a une barre de chocolat dans la ration des soldats de l’Alliance) à la largeur des grands axes de circulation (afin de pouvoir les emprunter avec des chars
états-uniens).
La Commission n’a pas eu de difficulté à s’emparer des questions d’armement. Elle l’avait déjà fait pour les médicaments durant l’épidémie de Covid. Notez bien
que la généralisation de ces médicaments n’a pas fait la preuve de son utilité face à la Covid-19. Là n’est pas le problème. Il ne s’agissait pas d’une épidémie dévastatrice, mais d’un
prétexte à un exercice de mobilisation dans lequel chaque puissance a montré ce qu’elle pouvait obtenir. De ce point de vue, la Commission a prouvé qu’elle pouvait s’emparer d’un thème qui
n’était pas de son ressort et qu’elle pouvait même conclure des contrats gigantesques au nom de ses membres sans leur dévoiler le secret de ses négociations.
Lorsque l’UE sera devenue un État unique, la Commission devrait faire preuve de la même habileté et plus encore, puisque son action ne sera plus entravée par
les 27 États-membres. Ils auront disparu. Après cette fusion, le banquier Mario Draghi devrait réaliser des « économies d’échelle ». Par exemple : il est inutile de gaspiller
en ambassades pour chaque État-membre, un seul réseau suffit pour l’État-unique. Tant qu’à faire, les privilèges des uns seront mis au service de tous. Par exemple, le siège permanent des
Français au Conseil de sécurité des Nations unies reviendra à l’Union. Ou encore, la Bombe atomique française sera remise à la Défense de l’Union. Les États neutres, tel que l’Autriche,
auront de toute manière disparus.
Ce qui est vrai en matière politique l’est aussi en matière économique. Mario Draghi préconise depuis longtemps déjà une réorganisation de l’économie de l’UE
selon le modèle soviétique : à chaque région sa spécificité. C’est d’ailleurs en misant sur cette évolution que l’UE a conclu les accords de libre-échange auquel je faisais référence au
début de cet article. Si l’élevage restera une particularité de la Pologne, les Pays-Bas ont pris de l’avance en mettant au chômage autoritairement leurs paysans et la France ne devra plus
tarder à consacrer ses talents à d’autres tâches.
L’ÉLIMINATION DES OBSTACLES
Le véritable obstacle à la création d’un État-unique ne peut venir que des États-membres refusant de disparaître. Il réside dans le Conseil des chefs d’États et
de gouvernements.
Deux points de vue diamétralement opposés et inconciliable se font face. Les deux extrêmes étant dans l’ancienne Tchécoslovaquie : la Tchéquie est
gouvernée depuis un peu plus d’un an par le général Petr Pavel, ancien président du Comité militaire de l’Otan. Son programme est celui du G7 (affirmation d’un monde régi par des
règles [4], endiguement de la Russie, soutien aux
nationalistes intégraux ukrainiens, préparation de l’affrontement avec la Chine). Au contraire, la Slovaquie est gouvernée depuis six mois par Robert Fico. L’alliance sur laquelle il s’appuie
comprend certes quelques nostalgiques du père Jozef Tiso qui établit, sous la protection des nazis, un régime national-catholique durant la Seconde Guerre mondiale. Plus sérieusement, elle
est fondée sur les partisans de l’indépendance vis-à-vis de l’URSS qui ne se reconnaissait pas dans la figure de Václav Havel, l’agent de la CIA qui prit le pouvoir à l’occasion d’une
révolution colorée, la « révolution de velours ». Ancien communiste, Robert Fico distingue la Russie de l’URSS. Il défend un monde organisé autour du Droit international (et non pas
des « règles » du G7). Il a pris position pour la résolution 2202 du Conseil de sécurité et par conséquent a approuvé l’intervention de la Russie en Ukraine. Il est le seul et
unique dirigeant de l’Union a avoir tenu cette position (la Hongrie de Viktor Orbán évite d’aborder ce sujet).
Il y a quelques jours, le problème a été réglé : Le 15 mai 2024 un individu a tiré cinq coups de feu à bout portant sur lui. Robert Fico a
immédiatement été évacué (photo). Il a déjà été opéré deux fois et ses jours ne sont plus en danger. Le débat qu’il animait au sein du Conseil est interrompu. Il ne devrait pas
reprendre.
L’Histoire de l’UE est déjà écrite. Ce qui est merveilleux avec ce projet, c’est qu’au fur et à mesure qu’il s’accomplit, on découvre pourquoi Bruxelles a
imposé des règles et des faits qui n’avaient aucun sens lorsqu’ils ont été arrêtés, mais en prennent un désormais.
Le grotesque débat des Spitzenkandidaten, en anglais et dans un décor grandiose, mais sans enjeu, aura joué son
rôle : Occuper les foules pendant que les gens qui comptent décident de leur avenir dans l’ombre. Ceux qui s’opposent au projet d’État unique seront éliminés.
Les populations issues de
l’immigration ne sont pas intéressées par l’uniforme militaire pour mener les guerres de l’Occident, ni les autres jeunes de ces pays. La plupart des migrants soutiennent la
Russie. Les appels lancés par les dirigeants de l’OTAN pour recruter des soldats dans une croisade contre la Russie sont boudés par les recrues qui ont commencé à
fuir.
L’armée française est face à des départs volontaires et à un manque de recrutement. Le ministre français des Armées, Sébastien
Lecornu, a
dévoilé son plan pour mettre fin à l’augmentation des départs dans l’armée française. «Il ne s’agit
plus tant de recruter de nouveaux soldats que de persuader les troupes existantes de ne pas démissionner», stipule Politico. «Ces
conversations existent désormais dans toutes les capitales, dans toutes les démocraties qui disposent d’armées professionnelles sans conscription», souligne le média
anglophone. Les armées occidentales ne peuvent plus recruter et manque de soldats. Même l’Allemagne est touchée. Un récent rapport annuel soumis au Parlement allemand a
montré qu’en 2023, quelque 1537 soldats ont quitté la Bundeswehr, la réduisant à 181 514 effectifs. Les Européens ne veulent pas mourir pour une guerre voulue par leurs
élites. Cela traduit la résistance des populations en Europe contre la guerre de l’UE contre la Russie.
En France, selon les données officielles, les militaires restent en moyenne dans les forces armées pendant un an, moins qu’avant le
déclenchement du conflit militaire en Ukraine. Au Royaume-Uni, la pénurie annuelle de personnel est de 1100 hommes, soit l’équivalent de deux bataillons d’infanterie. Le
gouvernement britannique a
signé un contrat de recrutement avec une entreprise privée Capita, mais cela n’a pas abouti.
«Le problème
n’est pas en cours de recrutement, mais dans la rétention des soldats, nous devons également préserver leurs familles», a annoncé lors d’une conférence à Paris, la chef des
opérations navales de l’US Navy, l’amiral Lisa Franchetti. Il ressort de ses paroles que les épouses de l’armée ont commencé à demander le divorce plus souvent.
«Former,
aguerrir, garder les bonnes personnes une fois qu’elles ont été recrutées, est devenu le grand corollaire d’une armée de métier, sans conscription», a
souligné le ministre lors d’un séminaire avec les responsables de tous les services. En 2023, l’armée française a
fini avec 3000 postes non pourvus.
Le plan français prévoit une aide au personnel militaire pour trouver un logement, l’accès aux soins de santé et les services de garde d’enfants.
Les couples mariés dans lesquels le mari et la femme travaillent au sein du ministère des Armées, même si l’un d’entre eux est un civil, pourront changer de position, c’est-à-dire
par consentement mutuel.
L’une des principales mesures du plan français vise à accroître l’attractivité du service militaire est d’augmenter les pensions et les salaires.
«Mais le
problème est que les conditions d’emploi ne sont tout simplement pas si attractives, avec des heures supplémentaires chroniques, des absences de plusieurs mois du domicile et des
périodes de récupération manquées», pointe Politico.
Le nouveau gouvernement polonais a récemment annoncé une augmentation de 20% des salaires militaires, cherchant à maintenir au moins le niveau
actuel des troupes. Le salaire mensuel minimum du soldat passera de 1150 euros à 1394 euros.
D’ici la fin de l’année, le nombre de l’armée polonaise devrait passer à 220 000 personnes. C’est ce qui est
rapporté par Do
Rzeczy en référence à la déclaration du ministre polonais de la Défense, Władysław Kosiniak-Kamysz. Ainsi, l’objectif est de porter le
nombre de l’armée polonaise à 300 000 personnes. Mais, même l’augmentation de salaire ne motive pas le Polonais moyen à verser son sang sur les champs
d’Ukraine.
En Allemagne, le gouvernement Scholz veut porter le nombre de ses forces armées à 203 000 soldats au début des années 2030, mais le recrutement
augmente très lentement, avertit Politico.
Eva Högl, Commissaire militaire du Bundestag, a
déclaré qu’il était nécessaire de rétablir la conscription au service militaire, et qu’il est préférable d’attirer davantage de femmes dans l’armée. La législation de
l’année dernière vise à rendre les conditions militaires plus attrayantes pour les femmes, notamment en ce qui concerne l’augmentation du soutien aux enfants.
Au Danemark, la population est tellement motivée pour servir dans l’armée que le gouvernement a décidé d’étendre le service militaire obligatoire
aux femmes et d’augmenter son service de 4 à 11 mois.
Le Royaume-Uni a également admis récemment qu’elle éprouvait des difficultés à trouver des recrues. Le UK Defense
Journal fait
savoir que l’armée britannique n’a pas atteint ses objectifs de recrutement chaque année depuis 2010. Selon une récente enquête YouGov, 38% des Britanniques de moins de
40 ans disent qu’ils
refuseront de servir dans les forces armées en cas de nouvelle guerre mondiale, et 30% disent qu’ils ne serviront pas, même si leur pays est menacé d’une invasion
imminente.
«Le problème
est commun à tous les pays européens, y compris la France, l’Italie et l’Espagne», a
déclaré à Euronews Vincenzo
Bove, professeur de sciences politiques à l’Université de Warwick au Royaume-Uni. «Je ne pense
pas qu’un seul pays soit épargné par cette situation». Selon l’expert, ces difficultés pour recruter du personnel ont commencé, il y a dix ans au Royaume-Uni et vingt-ans aux
États-Unis. Selon Vincenzo Bove, la distance idéologique entre la société dans son ensemble et les forces armées s’est creusée ces dernières années.
L’expert a mentionné de récents sondages qui montrent que la jeunesse de l’Union européenne est massivement contre les guerres, contre
l’augmentation des dépenses militaires et contre les opérations militaires à l’étranger. Ils sont aussi plus individualistes et moins patriotiques qu’il y a dix ans. Et, la
population en Europe vieillit et diminue. Les armées de l’OTAN ont également diminué pour s’adapter à ces changements : les armées britanniques, italiennes et françaises sont
désormais près de la moitié de ce qu’elles étaient il y a 10 ou 20 ans.
Les plans des élites en Europe visant à briser la Russie militairement se heurtent à leur impossibilité de pouvoir reconstruire leurs armées.
«Je voudrais
féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire écrasante aux élections qui commencent aujourd’hui», a déclaré hier
Charles Michel, le chef du Conseil européen. Il aurait pu s’arrêter là, cela aurait eu l’air plutôt digne. L’un des hauts représentants de l’union supranationale de la
quasi-totalité de l’Europe fait un geste noble d’éthique politique à l’égard de l’une des figures les plus influentes de la politique mondiale contemporaine. Mais non, c’est le
sort des grands. Pour les pygmées politiques comme Michel, il y a un autre rôle. Le rôle d’un chien qui aboie sur la caravane.
Dans sa déclaration, Michel a rappelé le proverbe selon lequel il n’y aurait «Pas
d’opposition. Pas de liberté. Pas de choix» dans les élections russes. Bien sûr, il sait mieux que quiconque, puisqu’il a été choisi par le club des chefs d’État et de
gouvernement, c’est-à-dire pas par les résidents des États européens. Ainsi, si quelqu’un s’interroge sur la base juridique, l’esprit et la légitimité des élections en Russie, il
est nécessaire de comprendre leurs traditions historiques et les spécificités liées à la géographie et à la géopolitique du pays.
Comme il a été dit récemment dans un dialogue très important, nous ne sommes pas dans un talk-show ici, nous sommes engagés dans une conversation
sérieuse.
Tout d’abord, même à l’époque de l’ancienne Rus, il existait une tradition d’élection des dirigeants. Avant même la formation de la Russie
kiévienne, les tribus russes invitaient les Varangiens à gouverner. La pratique consistant à inviter un prince à l’assemblée populaire existait également dans les anciennes villes
de Novgorod et de Pskov.
Plus tard, en Russie, les tsars ont également été élus. Le premier tsar russe, selon le titre officiel, Ivan Vassilievitch le Terrible, quitterait
Moscou pour Alexandrov et y attendrait que le peuple vienne lui demander de revenir dans le royaume.
Plus tard, ce n’est qu’en réponse aux demandes des sujets potentiels que Boris Godounov et Mikhaïl Romanov sont montés sur le trône. Même la
véritable intronisation de Pierre le Grand s’est déroulée dans des conditions qui rappellent une campagne électorale – dans une lutte concurrentielle active avec la souveraine en
place, la tsaréva Sophia Alekseyevna.
Le phénomène de la monarchie élective a joué son rôle même après la révolution de 1905. L’une des raisons de l’arrêt de la transition vers une
monarchie constitutionnelle était précisément la contradiction entre le pouvoir suprême de l’empereur et le pouvoir exécutif suprême du chef du gouvernement.
Deuxièmement, historiquement, en Russie, le statut de chef d’État a toujours imposé à l’élu des obligations absolument particulières en matière de
communication avec les sujets.
Même à l’époque de la Russie kiévienne, les princes de la dynastie des Ruriks entretenaient des relations très particulières avec le peuple. Même
dans les cas où les mécanismes de la démocratie vétérotestamentaire ne fonctionnaient pas, les princes ne restaient pas dans les villes où ils n’étaient pas acceptés. Ils
partaient sans attendre la rébellion.
En fin de compte, le chef de l’État russe se sent davantage obligé d’écouter l’opinion du peuple. Il est plus qu’un simple fonctionnaire
démocratiquement élu. C’est particulièrement évident aujourd’hui.
D’une manière générale, la démocratie russe n’est pas un phénomène très rationnel. Si les fondements initiaux d’une telle structure d’État en Russie
sont compréhensibles, la nature ultérieure des relations entre le chef de l’État et le peuple semble quelque peu mystique.
La démocratie occidentale est plus rationnelle et raisonnée. Elle repose sur la procédure.
Malheureusement, le simple respect de la procédure démocratique n’est pas toujours synonyme de démocratie au sens propre. Hitler, par exemple, est
arrivé au pouvoir en suivant la procédure démocratique. Mais pas par le biais d’élections. Il a perdu les élections mais a été nommé chancelier par le président du Reich, Paul von
Hindenburg, en échange de l’arrêt de la campagne accusant la famille du président de corruption.
Le respect de la procédure n’empêche pas les hommes politiques démocratiquement élus de mépriser ouvertement les intérêts et les demandes de leurs
électeurs dans le monde entier.
Les électeurs ukrainiens, par exemple, votent depuis trois décennies en faveur d’un rapprochement avec la Russie, mais tous les présidents sans
exception les ont conduits vers l’Occident. Et ce n’est pas parce que la démocratie ukrainienne est en quelque sorte défectueuse. Au contraire, lorsque l’Ukraine a essayé de
suivre la procédure, l’Occident l’a désapprouvée, mais lorsque l’Ukraine a jeté la procédure à l’eau, l’Occident l’a applaudie avec enthousiasme. Ce fut le cas en 2004 lorsque
Viktor Iouchtchenko a été élu président au troisième tour, ce qui n’était pas prévu par la législation. Ce fut le cas en 2014, lorsque l’Occident a tout simplement organisé et
financé un coup d’État, amenant des néonazis au pouvoir à Kiev. C’est le cas aujourd’hui – parce que le refus de Zelensky d’organiser des élections le rend absolument
illégitime.
Aujourd’hui, les Britanniques ne cessent d’exiger que le gouvernement se concentre davantage sur leurs affaires que sur l’aide militaire à
l’Ukraine. Mais chaque nouveau Premier ministre commence par jurer de ne penser qu’à l’Ukraine jour et nuit, sans jamais penser aux Britanniques.
Quelle conclusion peut-on en tirer ?
La Russie est sans aucun doute un pays démocratique. D’ailleurs, à l’heure actuelle, en termes de démocratie, elle dépasse de loin les pays
occidentaux, dont les élites semblent irrémédiablement détachées de leurs peuples et du bon sens. Oui, cette démocratie est différente, elle n’est pas conforme aux manuels
occidentaux. Mais demandez aux gens dans la rue ce qui les intéresse le plus, le design ou la substance. La réponse est évidente.
Dans n’importe quel pays européen, surtout aujourd’hui, on peut se demander s’il vaut mieux que le président actuel remporte à nouveau les élections
et reçoive un mandat pour gouverner à nouveau le pays, ou qu’il élise une autre personnalité temporaire qui ne se sent pas responsable du pays et qui n’a pas les ressources
politiques nécessaires pour mettre en œuvre son propre programme. La question semble à nouveau rhétorique. Les actions réelles et la reconnaissance authentique des personnes
parlent d’elles-mêmes mieux que n’importe quel mot sur les médias sociaux.
La nouvelle loi sur les réquisitions et l’imposition de l’uniforme à l’école s’intègre dans un projet de construction d’une UE toute-puissante et
totalitaire, selon l’avocate Virginie de Araujo-Recchia et la psychologue Ariane Bilheran.
Elles y voient une continuité de l’idéologie nazie, où les populations vivront dans une terreur permanente.
Bien que leur analyse puisse sembler exagérée, elles étayent leur propos d’indices concordants et de parallèles avec le passé plutôt inquiétants.
Pour elles, seules une prise de conscience générale et une résistance pacifique, telles qu’elles ont pu être observées lors des sittings contre la
guerre du Vietnam, pourront nous sortir de cette dynamique.
*
Transcription résumée et adaptée
d’un entretien d’Ariane Bilheran et Me Virginie de Araujo-Recchia par le média Tocsin
Me Virginie de Araujo-Recchia, avocate au barreau de Paris et Ariane Bilheran, philosophe, psychologue clinicienne, docteure en psychopathologie, ont
été reçues le 28 février dernier par la journaliste Clémence Houdiakova dans son émission La
Matinale de Tocsin
Média. Elles y décryptent les tenants et aboutissants de la nouvelle loi de programmation militaire, passée relativement inaperçue en France et qui, selon les invitées,
serait particulièrement importante pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Des propos va-t-en guerre de nombreuses personnalités, de la création d’une menace, d’une paranoïa, en
passant par l’éducation sexuelle dès 2 ans, tout est lié pour créer une société totalitaire, selon les intervenantes.
Le général Macron
En introduction, la journaliste rappelle que cette loi est à mettre en perspective avec les prises de parole récentes d’Emmanuel Macron annonçant qu’il
pourrait envoyer des hommes sur le front ukrainien :
«Sur la première
question, tout a été évoqué ce soir de manière très libre et directe. Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol.
Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre.
Je le dis ici
avec à la fois détermination, mais aussi avec l’humilité collective que nous devons avoir quand on regarde les deux années qui viennent de s’écouler. Beaucoup de gens qui disent
jamais aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée, jamais ceci».1
Les marques du
totalitarisme
Pour Ariane Bilheran, ce discours d’Emmanuel Macron revêt un «caractère inédit
sur le plan juridique dans l’histoire».
Selon elle, on y retrouve également des caractéristiques du problème totalitaire classique, dont une novlangue, notamment avec l’emploi du mot
résilience en lien avec la guerre.
Clémence Houdiakova rappelle que «Bernard Kouchner
a expliqué qu’il était favorable à l’envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien. En précisant que ce n’est pas facile à dire et que ça va coûter des sacrifices». Pour elle,
il s’agit également d’un signe de la volonté de faire entrer la population dans la résilience, avec un vocabulaire précis.
Selon Ariane Bilheran, le texte de cette loi militaire prévoit une sorte de situation de guerre totale et permanente sur «simple caprice du
prince».
À la moindre perception de «menace
potentielle», le chef d’État pourrait déclencher n’importe quel type d’opération, dont lever une armée et déclencher une guerre. Or le terme «menace» n’est pas défini.
On sait que les systèmes totalitaires fonctionnent à l’état d’exception ou à l’état d’urgence. Le régime nazi fut un état d’exception qui a duré dix
ans.
Dans ce discours, il y a un terme qu’il faut absolument entendre dans la novlangue totalitaire : le terme «dynamique». Ce terme «dynamique» vient du
grec et signifie le mouvement. Donc la guerre dynamique, c’est la guerre permanente, sous état de menace permanente, avec de fortes implications au niveau juridique.
La journaliste conclut ainsi cette première intervention d’Ariane Bilheran :
«Cet état de
menace permanent reste flou, avec une menace qui n’arrive jamais. Comme dans le roman«Le
Désert des Tartares».Une
attente qui peut créer des «hallucinations»».
Un nouveau mécanisme de
réquisition à l’initiative du président
Me Virginie de Araujo-Recchia explique ensuite que l’article 47 de la loi du 1er août 2023 sur la loi de programmation militaire est un remaniement du
régime juridique des réquisitions.
Il décrit les mécanismes dont dispose l’État pour obtenir, à défaut de tout autre moyen à sa disposition, la fourniture d’un bien ou l’exécution d’une
prestation de service par une personne physique ou morale, lorsque celles-ci ne peuvent être obtenues au moyen d’une négociation amiable ni par voie contractuelle.
Historiquement, le régime juridique de réquisition existe depuis 1877. Il a été étendu à la réquisition de personnes à partir de 1959.
Or, l’avis du Conseil d’État rendu en mars 2023 sur la base du projet de loi est bien clair : un nouveau mécanisme a été ajouté. Il s’agit des
réquisitions à l’initiative du président de la République.
Ce nouveau cas concerne les «menaces» de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’État en matière de défense. Ce qui est
problématique selon l’avocate, c’est que cette menace n’a pas besoin d’être immédiate et réelle, il suffit qu’elle soit seulement «prévisible», selon la lecture de la situation faite
par le chef d’État.
Lors de la crise sanitaire, le principe de proportionnalité n’a pas été respecté, ni les critères pour mettre en place l’état d’urgence. Le Conseil
d’État a avoué dans un rapport en 2021 sur l’état d’urgence, sur la crise, qu’il est très difficile pour eux de jouer leur rôle de contrôle et d’avoir une influence dans un cadre
politique, lorsqu’on est dans le cadre de déclarations faites par le président de la République.
Prison et amendes salées en cas de
refus d’obtempérer
De lourdes sanctions ont été introduites par le gouvernement de Mme Borne en lien avec ces nouveaux mécanismes de réquisition, alors qu’en général, le
code de la défense n’est pas modifié.
Le simple fait de refuser de déférer à une demande de recensement des personnes, des biens et des services ou qu’on refuse de répondre à une convocation
pour des essais ou des exercices, c’est potentiellement un an de prison et 15 000 € d’amende.
Et si on refuse d’être réquisitionné, si on refuse d’aller au front, c’est cinq ans de prison et 500 000 € d’amende. C’est loin d’être anodin selon
l’avocate.
Le patrimoine des Français, leur vie et aussi les entreprises sont donc à la merci de réquisitions en cas de menace actuelle ou prévisible à la seule
initiative du président de la République, sans véritable garde-fous puisque que cette loi est largement passée au parlement.
«La pire loi de la cinquième
République»
Pour Virginie de Araujo-Recchia, il s’agit de la «pire loi qui
existe sous la cinquième République», parce qu’elle concrétise «l’emprise du
régime totalitaire sur les corps et sur les biens».
La question du réarmement et de «régénération» de la France est également un sujet récurrent dans les propos d’Emmanuel Macron et de Gabriel
Attal.
L’avocate évoque aussi la généralisation de l’uniforme à l’école en 2026, qui entre selon elle dans ce projet de résilience à une menace militaire
permanente. L’uniforme est pour elle assurément «un début
d’embrigadement des enfants».
Plusieurs rapports parlementaires parlent du fait que «les Français sont
trop confortables et qu’il faudrait prendre l’exemple sur les Ukrainiens». On parle également de mettre à disposition des casernes pour les civils pour qu’ils puissent
s’entraîner.
De 14 à 74 ans, hommes et femmes,
en France et à l’étranger
Ces mesures de réquisition concernent les 14 à 74 ans et n’excluent pas les femmes enceintes ni les personnes handicapées, explique Virginie de
Araujo-Recchia :
«Les femmes sont
invitées fortement à rejoindre l’armée. Ce qui est inédit, c’est que la quasi intégralité de la population peut être envoyée au front sur la base de ses capacités physiques ou
psychologiques. C’est également indiqué dans les rapports, ce qui est extrêmement grave».
Les personnes de nationalité française qui résident à l’étranger sont aussi concernées et peuvent être privées de 500 000 € de leur patrimoine en
France.
L’UE engloutit-elle la
souveraineté de ses États-membres ?
Ceci s’inscrit selon l’avocate dans un projet de faire de l’Europe un seul État, comme l’a souhaité publiquement M. Draghi ou encore Mme Borne avec son
affirmation «la patrie, c’est
l’Europe».
En parallèle, et la loi en question l’évoque, des accords internationaux sont mis en place entre l’OTAN et l’Union européenne ou comme cet accord de
coopération en matière de sécurité entre la France et l’Ukraine signé par Macron. À chacun de ces accords, le risque d’être entraîné dans la guerre augmente. Et on comprend bien que
les frontières à protéger ne sont plus celles de la France mais bien les frontières de l’Europe.
De plus, les traités de l’Union européenne sont actuellement dans un processus de réforme où il est question de transférer à la Commission européenne la
gestion de la politique étrangère, de la défense, la santé et de l’éducation, y compris l’éducation sexuelle.
Heureusement, certains États de l’Union européenne s’y opposent mais le Parlement français lui a accepté ce transfert de compétences et donc de
souveraineté.
C’est extrêmement dangereux selon Virginie de Araujo-Recchia car des décisions très importantes seraient prises par des gens qui ne sont pas élus. De
plus, les décisions ne seraient plus prises à l’unanimité au sein du Conseil de l’Union européenne, mais à la majorité.
Le spectre des réquisitions n’est
pas clair
L’avocate ajoute que dans les rapports, on peut lire que la «défense» n’est pas uniquement militaire mais englobe entre autres l’écologie, la
cybernétique et la désinformation :
«Jusqu’où irons
nous dans les réquisitions si on nous dit que pour pouvoir reloger ceux qui ont souffert de catastrophes écologiques, eh bien il faudra que vous concédiez une partie de votre domicile
? On ne sait pas».
Vers un totalitarisme total
?
Avant de redonner la parole à Ariane Bilheran, Clémence Houdiakova précise que les deux intervenants invités la veille pour analyser les déclarations de
Macron sur l’Ukraine expliquaient que «c’était peut-être
aussi une façon de faire diversion sur ses difficultés en France et donc dans cette diversion aussi, animer un ennemi qu’on connaît» :
On connaît bien la méthode. Un ennemi extérieur permettrait aussi d’éliminer les ennemis intérieurs.
Pour Ariane Bilheran, «c’est simplement
une question chronologique» :
«Les opposants
vont être éliminés pour pouvoir ensuite avoir les mains libres pour des projets guerriers».
La Docteur en psychopathologie abonde dans le sens de Me de Araujo-Recchia concernant cette loi : pour elle aussi, il s’agit bien d’un document
fourre-tout, «qui mélange des
questions de démographie, de santé, de climat et de tout un tas de choses qui, à priori, ne menacent pas directement la sécurité nationale».
Le but serait de transformer le dicton traditionnel «si tu veux la paix, prépare la guerre» en «si tu veux la paix, fais la guerre permanente».
Cet état d’esprit est tout-à-fait en lien avec le système totalitaire, ajoute-t-elle, se targuant d’avoir prédit ce qui se passe en 2020 déjà :
«En 2020, je vous
ai expliqué que toute cette affaire nous mènera à la guerre. Tous les systèmes totalitaires finissent en guerre parce lorsqu’une psychose paranoïaque est déclenchée, elle entraîne
vers une destruction totale, qui sert notamment à couvrir les crimes des gouvernants».
Elle fait directement référence aux questions de la crise Covid et aux graves questions en suspens. Pour Ariane Bilheran, il s’agit d’une fuite en avant
par la domination totale pour éviter de devoir répondre à la population.
«Le citoyen est
devenu un ennemi de cet état et il est devenu un ennemi de ce système. Et comme tout système totalitaire, il est requis qu’il se sacrifie complètement à une idéologie qui est une
idéologie de destruction et de domination totale». (Ariane Bilheran)
De plus, rappelle-t-elle, l’ambition totalitaire inclut une expansion géographique :
«Le projet
européen aujourd’hui est de cette nature, c’est-à-dire qu’on va faire la guerre un peu partout pour pouvoir promouvoir une idéologie, avec l’ambition de la déployer au niveau
mondial».
La standardisation sexuelle des
enfants aussi est de nature totalitaire
Ariane Bilheran revient ensuite sur ses recherches depuis 2017 sur la standardisation sexuelle des enfants par l’OMS :
«Seuls deux autres
régimes politiques dans l’Histoire ont mis en place une éducation sexuelle de cet ordre : le régime nazi, à partir de 1935 – un ouvrage de Hans Peter Bleuel qui s’intitule
«Sex
and Society in Native Germany» évoque cette
affaire – et puis aussi la Sparte antique, partant de la nécessité de traumatiser sexuellement les enfants pour créer des guerriers».
Pour la psychologue, on fait donc face à un endoctrinement barbare, de nature traumatique, qui se retrouve dans les témoignages absolument effroyables
d’enfants ayant assisté à ces séances.2
«Le totalitarisme
prolifère sur notre paresse à ne pas lire ces textes où tout est absolument écrit».
En France, l’éducation sexuelle commence à l’âge de deux ans en maternelle, avec un dialogue avec l’enfant. «Mais quel enfant
de deux ans est capable de parler de sexualité ?» se demande la psychologue.
«Puis à l’école
primaire, un nombre épouvantable de sanctions sont prévues si votre enfant ne participe pas», poursuit-elle.
Clémence Houdiakova cite un témoignage d’une grand-mère qui a constaté en venant le récupérer à l’école maternelle que son petit-fils était très
perturbé :
«Son petit-fils
lui a dit qu’à l’école, il avait fait un moulage en classe d’un zizi de fille avec le «clito truc»».
Me de Araujo-Recchia constate que l’enfant est une cible du régime, spécialement depuis le second mandat d’Emmanuel Macron.
«Les réformes à l’OMS font partie
de ce même projet»
Pour l’avocate parisienne, le traité pandémique et le concept d’UNE Santé (ONE Health) de l’OMS relèvent aussi du «délire
mondialiste totalitariste».
Le but recherché est de centraliser les prises de décisions en matière de santé au niveau de l’OMS et au niveau de l’Union européenne, brisant ce qui
était alors de la compétence uniquement des États jusqu’à aujourd’hui, impliquant donc une absorption de souveraineté au niveau régional et des États par le biais de ces
traités.
Semer la peur pour faire oublier
le contrôle social
D’autres pays conditionnent leur population à cet état de peur permanente, poursuit l’avocate :
«On a vu un
général au Royaume-Uni indiquer à la population qu’il fallait qu’elle se prépare ou en Allemagne de la même façon, en Suède ils en sont déjà à prévoir les tentes et les lampes torches
et ils sont en panique.
Ces éléments
alimenteraient une peur afin de faire oublier le contrôle social qui est en train d’être mis en place par l’identité numérique et la monnaie numérique».
De plus, relève la femme de loi, les fonds publics sont «siphonnés»
pour être envoyés en Ukraine où ils sont gérés par BlackRock.3
Macron aurait bafoué la
Constitution
L’avocate cite le sénateur Alain Houpert qui s’est demandé au
Conseil d’État sur quelles bases Emmanuel Macron a-t-il pu signer seul un accord de coopération sécuritaire avec l’Ukraine pour 3 milliards d’euros, alors que la Constitution
française prévoit dans son article 53 que dans un tel cas de figure, les représentants du peuple soient appelés à se prononcer ?
L’élu a soulevé un autre point très intéressant : l’article 20 du Pacte
international des droits civils et politiques impose une «interdiction de
toute propagande en faveur de la guerre», poursuit-elle.
Ils sont dans l’illégalité à tous les points de vue, que ce soit au niveau national par rapport à toutes les lois de protection de la dignité humaine,
du droit à la vie, en matière de liberté d’expression ou liberté d’opinion. Me de Araujo-Recchia
Vers un communisme bolchévique
teinté de nazisme ?
Dans un entretien de campagne donné au Parisien en
2017, il avait affirmé être
«maoïste». Me de Araujo-Recchia rappelle que le régime sous Mao, c’était près de 100 millions de morts.
Elle estime qu’on n’a pas affaire à une forme de fascisme, «mais bien à du
nazisme et du communisme bolchévique, où il n’y a aucun problème à sacrifier des gens».
Un psychiatre avait analysé la personnalité de notre président et avait conclu qu’il n’y a pas de morale chez lui et donc qu’il pourra envoyer les gens
au sacrifice sans problème. Me de Araujo-Recchia
«Il faut considérer les intérêts
des puissants»
Pour Ariane Bilheran, «il faut
considérer le gouvernement français comme un PDG ou un DRH d’une entreprise, mais dont les actionnaires sont derrière et décident».
Elle pense à une grande partie de «cette dite élite
mondiale, donc on a effectivement des figures connues comme Bill Gates qui s’occupe de la santé ou encore la figure de Rockefeller qui injecte des fonds un peu partout».
Du point de vue décisionnaire, poursuit-elle, ils appliquent un programme similaire à celui des autres gouvernements depuis 2020, avec en filigrane des
cabinets de conseil comme McKinsey.
Ce programme établit une feuille de route globale qui met en place l’idéologie des tous-puissants, considérant qu’il y a trop de monde sur la planète et
qu’il faut mettre en place un gouvernement mondial.
Dépopulation et contrôle : Vers la
guerre
La psychologue rappelle que «la guerre, outre
la dépopulation, entraîne une possibilité de contrôler les masses qui est extraordinaire parce qu’on met des individus dans un état de souffrance extrême, dans une désorganisation,
dans un chaos qui est savamment mis en place et de façon très intentionnelle».
Elle explique aussi que la perversion est un «adjuvant de la
paranoïa du totalitarisme» :
«Il y a des gens
dont l’intérêt est très clair : ils s’enrichissent au travers des guerres, du trafic d’armes, d’enfants, d’organes. Grâce à la désorganisation et au chaos qui est créé. Il y a des
industriels et des capitalistes sans état d’âme».
Les eugénistes aux commandes
?
Me de Araujo-Recchia confirme que dans les financements d’organisations comme l’OMS, on retrouve des flux de personnes qui ont une histoire ou des
parents eugénistes :
«C’est le cas de
Bill Gates, son père est eugéniste. Les lobbies comme le planning familial international, c’est Margaret Sanger, eugéniste liée au Ku Klux Klan, au mouvement nazi. À chaque fois qu’on
va creuser, on a Warren Buffet, Bill Gates, Rockefeller, Rothschild, on a toujours tous les mêmes en fait, qui reviennent à chaque fois que vous allez faire remonter les
financements».
Selon l’avocate, même ce que l’on appelle l’État profond – soit des parties de l’administration américaine, de la CIA ou du FBI, hors de tout contrôle
démocratique – «est lui-même
relié à Rockefeller de toute façon».
Me de Araujo-Recchia cite l’opération Paperclip,
qui a permis de récupérer 1500 scientifiques nazis (chiffre officiel), dont certains médecins impliqués dans des expérimentations sur des humains dans des camps de concentration, dont
des enfants qui venaient de naître.
L’avocate n’est pas surprise que des programmes tels que le tristement célèbre MK
Ultra, sur la manipulation mentale et la torture, aient pu exister suite à ce genre de recrutements.
La libération sexuelle orchestrée
par des abuseurs
Ou encore qu’un Alfred Kinsey ait pu dans la foulée, financé par les Rockefeller, mener ses recherches très
controversées sur la sexualité des enfants, qui servent encore aujourd’hui de référence aux experts de l’OMS en charge de l’éducation sexuelle, pour affirmer que dès sa naissance, un
bébé a une vie sexuelle qui doit être accompagnée à la crèche puis à l’école.
Kinsey a, entre autres pervers, admiré et encouragé un nazi blanchi, Fritz
von Balluseck, à documenter les
abus qu’il a fait subir à des centaines d’enfants, de 1936 à 1956, pour les inclure dans ses «rapports» scientifiques.
Commandant dans un petit village occupé polonais de 1942 à 1944, Balluseck était réputé pour faire choisir les enfants entre «lui et le four à
gaz», pouvait-on lire dans l’édition du 19 mai 1957 du journal allemand Der
Morgenpost, reprise dans un documentaire de
1998 sur Kinsey de Yorkshire
Television.
Ariane Bilheran affirme que c’est Rockefeller qui aurait fait se rencontrer Balluseck et Kinsey, dont les travaux sur la sexualité ont ensuite contribué
à la libération sexuelle du siècle passé.
L’idéologie de la race supérieure
a persisté
La philosophe poursuit en citant le documentaire «Plus jamais ça,
c’est maintenant et mondial» de Vera
Sharav, rescapée d’un camp de la mort : la même idéologie opère aujourd’hui, «qui veut qu’il y
ait des surhommes, des sous-hommes, des citoyens qui ont des droits et ceux qui n’en ont pas, avec une obligation sur les corps, des expérimentations à travers la médecine»
:
«Le seul intérêt
de dire ça, c’est de démontrer que nous sommes dans une filiation historique et que cette continuité a permis d’asseoir des moyens beaucoup plus importants et colossaux de déploiement
de cette idéologie qui a cette ambition de domination planétaire.
Et c’est ce que
nous avait dit Hannah
Arendt en 1945, ne croyez pas que le nazisme est mort. Il a une ambition de domination planétaire, il a simplement sacrifié l’Allemagne et nous avons été prévenus. Et je
crois que c’est important de le souligner».
Ariane Bilheran explique que derrière l’idéologie de la séparation entre les utiles et les inutiles, les inutiles a minima servent de doux esclaves à un
capitalisme sauvage et a maxima, ils sont trop inutiles et on les élimine. Et c’est là où nous sommes selon moi.
Le retour de
l’euthanasie
Pour Me de Araujo-Recchia, la loi sur la fin de vie remet sur la table la question de l’euthanasie, qui été aussi présente sous régime nazi.
Des discussions sont en cours au Canada jusqu’en 2027 pour que des personnes – adultes ou mineurs de 14 à 17 ans – dont le seul problème médical invoqué
est une maladie mentale, puissent avoir recours à l’aide médicale pour mourir, peut-on lire sur le site du
gouvernement.
Selon l’avocate, «au bout d’un
moment, il y a vraiment des questions à se poser puisque rien n’est fait pour la vie et tout est fait pour y mettre fin».
Comment faire pour reprendre nos
droits ?
Pour Ariane Bilheran, c’est comme «si nous avions à
la tête de l’État un enfant en bas âge qui n’a aucune limite et qui est dans une forme de tyrannie» :
«L’absence de
limite est caractéristique de la psychose maniaque. C’est pour ça que d’ailleurs, il y a une sorte de corps à corps qui est recherché dans l’affrontement, dans la guerre, dans la
violence, et il est impératif que des limites soient rencontrées».
Or, poursuit-elle, «la tyrannie ne
prolifère que sur le territoire qu’on lui laisse» et il est essentiel de maintenir une opposition et de la faire croître.
Dans l’éventualité où cette opposition disparaîtrait, «c’est là que nous
allons découvrir le vrai visage de ce système totalitaire que pour l’instant nous n’avons pas vu», assure la psychologue.
Elle plaide pour une prise de conscience de l’entièreté de la population, en évitant la violence car selon elle, «tous les passages
à l’acte violent vont être évidemment utilisés contre le peuple».
Elle mentionne en exemple «tous ces immenses
sittings qu’il y avait eu aux États-Unis pour l’arrêt de la guerre du Vietnam», de l’ordre d’une désobéissance civile pacifique à large échelle.
Pour Virginie de Araujo-Recchia, «la population
devrait s’emparer des affaires politiques de la cité une bonne fois pour toutes et qu’elle nourrisse, et c’est vraiment fondamental, son libre arbitre pour rendre les fins propres,
pour les choix à venir et surtout ne pas laisser de terrain car on en a trop laissé et on ne le récupère pas».
Elle appelle les gens à ne pas aller plus loin dans le laxisme et la passivité, «parce que de
toute façon, on sera utilisé d’une autre manière», pour que la population puisse se réapproprier l’agora.
Andrew Latham,
professeur de relations internationales, a estimé dans un article récent que l’idée d’une victoire totale de l’Ukraine était illusoire.
Malheureusement,
certaines personnes, principalement en Europe, s’en tiennent encore à cette idée délirante :
Dans les revues professionnelles, sur les sites web influents et dans l’ensemble des médias, les observateurs, les analystes et les experts continuent de nous informer que, oui, il existe un moyen pour l’Ukraine de l’emporter sur la Russie et d’expulser
cette dernière de l’ensemble de son territoire, y compris de la Crimée.
…
[C’est absurde.]
…
En bref, la Russie est en train de gagner la guerre et rien ne permet de penser que les évolutions politiques, économiques, tactiques ou technologiques
prévisibles sont susceptibles de modifier cette réalité fondamentale. Alors pourquoi entendons-nous parler d’un triomphe ultime de l’Ukraine sur le champ de bataille, alors que toutes les
preuves le contredisent de manière dévastatrice ?
En appliquant le rasoir d’Occam – le principe selon lequel “toutes choses étant égales par ailleurs,
les explications les plus simples sont généralement meilleures que les plus complexes” – je dirais que la croyance délirante selon laquelle il existe une voie vers la victoire
totale de l’Ukraine repose moins sur l’évolution des réalités militaires ou géopolitiques que sur une simple dynamique psychologique, que l’on peut résumer par le concept d'”escalade de
l’engagement“.
Selon ce concept, les individus ou les groupes ont parfois tendance à persister dans une argumentation défaillante, même si celle-ci devient de plus en plus
indéfendable à la lumière des faits. Ce comportement se caractérise surtout par une adhésion à des engagements antérieurs – des coûts irrécupérables, comme diraient les économistes –
indépendamment de leur plausibilité et de leur rationalité actuelles. Il s’agit d’un dysfonctionnement psychologique.
Le gouvernement allemand du chancelier Scholz est l’un des groupes qui s’en tient à l’argument de la victoire. Il est pourtant impossible que l’Ukraine gagne ou
que la Russie perde cette guerre et tout prix supplémentaire payé pour tenter de d’invalider cela est tout simplement gaspillé.
Depuis le début de la guerre, la réaction de l’UE et de l’Allemagne ne va pas dans la bonne direction.
La décision folle de l’Allemagne d’augmenter ses dépenses de défense de 120 milliards de dollars (contre environ 40 milliards par an) créera en quelques
années un fort déséquilibre militaire en Europe, car l’Allemagne dominera alors tous ses voisins. Cette situation est inutile et historiquement très dangereuse. La tactique d’évitement
des relations économiques avec la Russie et la Chine signifie que l’Allemagne et son nouveau chancelier Olaf Scholz sont tombés dans le piège du plan américain visant à créer une nouvelle
guerre froide. L’économie allemande en sera l’une des victimes.
Le 4 février, la Russie et la Chine ont déclaré un monde multipolaire dans lequel elles constituent deux pôles partenaires qui s’opposeront au pôle américain. L’avancée de la Russie en Ukraine en est la
preuve.
Elle montre également que les États-Unis ne sont pas disposés à renoncer à leurs pulsions suprémacistes sans se battre. Mais alors que les États-Unis ont
dépensé leur argent au cours des 20 dernières années pour semer la pagaille au Moyen-Orient, la Russie et la Chine ont mis à profit ce temps pour se préparer à un grand conflit.
Ils ont consacré plus de temps de réflexion à cette question que les États-Unis.
Les Européens auraient dû le reconnaître au lieu d’aider les États-Unis à maintenir leur image de puissance unipolaire.
Il faudra un certain temps pour que les nouvelles réalités économiques s’installent. Elles modifieront probablement la vision actuelle des véritables
intérêts stratégiques de l’Europe.
Malheureusement, ce changement d’avis prend beaucoup plus de temps que je ne l’espérais.
L’escalade de l’engagement a jusqu’à présent bloqué tout changement. Au lieu de changer de voie, l’UE semble vouloir s’enfoncer davantage dans le
bourbier.
En mai 2022, j’ai décrit la réaction immédiate à la guerre comme une sorte d’hystérie :
La réponse de l’Europe à la guerre par procuration menée par les États-Unis contre la Russie est fondée sur une moralisation hystérique, ou peut-être une
hystérie moralisatrice, alimentée par les médias. Elle n’est et n’est ni rationnelle ni réaliste.
Les “dirigeants” européens ont décidé
que rien d’autre que le suicide économique de l’Europe n’était suffisant pour montrer à la Russie que Bruxelles était sérieusement fâchée. Les gouvernements nationaux imbéciles, y compris
le gouvernement allemand, ont suivi ce programme. S’ils maintiennent le cap, le résultat sera une désindustrialisation complète de l’Europe occidentale.
J’avais espéré que des têtes plus saines prendraient le dessus sur cette évolution. Malheureusement, ce n’est pas (encore ?) le cas. L’Europe semble plutôt
dériver vers encore plus de folie.
Douze séries de sanctions contre la Russie n’ont fait de mal à personne d’autre qu’à l’économie européenne. Pourquoi alors lancer une treizième série de
sanctions ?
On ne pense pas aux réactions rationnelles que la Russie pourrait adopter si une telle absurdité l’emportait. Que se passerait-il si, en réponse, elle portait
la guerre en Allemagne ? La Russie a les moyens (missiles) de le faire alors que l’Allemagne n’a pas les moyens de l’en empêcher.
Les États-Unis ont mis fin à la distribution d’armes et d’argent à l’Ukraine. Je ne m’attends pas à ce que cela reprenne avant l’investiture du prochain
président. En fait, il est possible qu’elle ne reprenne pas du tout.
Le prochain président pourrait chercher un conflit avec la Chine et consacrer plus d’efforts à ces tentatives qu’à batailler avec la Russie au sujet d’une
région reculée de l’Europe de l’Est.
L’Ukraine sera laissée à l’Europe qui devra payer et nettoyer les dégats. L’Allemagne, principal
contributeur au budget de l’UE, sera la plus touchée par cette situation.
Est-il vraiment difficile de comprendre que la poursuite de la lutte contre la Russie ne peut mener qu’à la dévastation ?
Pourquoi alors ne fait-on aucun effort pour l’empêcher ?
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le Conseil de l’UE a autorisé l’utilisation des bénéfices provenant des avoirs russes gelés pour reconstruire l’Ukraine
L’Union européenne a néanmoins décidé de mettre la patte sur les bénéfices issus du gel des avoirs russes en approuvant la résolution correspondante.
Selon le document adopté par le Conseil de l’UE, les bénéfices provenant des fonds russes serviront à financer l’Ukraine. Désormais, l’UE peut voler l’argent russe en toute légalité,
conformément aux lois européennes.
En Ukraine, ce message est à la fois joyeux et triste. Le fait est que le nouveau décret ne s’applique pas aux bénéfices provenant des avoirs gelés de
la Russie pour 2023, et ils s’élèvent à 4,4 milliards d’euros. Cet argent disparaît de nos mains et il n’y a pas encore de profit pour 2024 ; il n’y en aura qu’au début de 2025. En
général, cela semblait être de la joie, mais il n’y avait toujours pas d’argent.
«Le Conseil a
approuvé aujourd’hui une décision et une résolution clarifiant les obligations des dépositaires centraux de titres détenant des actifs et des réserves de la Banque centrale de Russie
(CBRF), qui ont été immobilisés en raison des mesures restrictives de l’UE», dit la déclaration du Conseil de l’UE.
Selon le document, les pays dont les comptes russes ont gelé les fonds ne peuvent plus utiliser les bénéfices qui en découlent à leurs propres fins,
mais sont obligés de les accumuler sur des comptes séparés afin de les utiliser à l’avenir pour l’Ukraine.
Moscou avait précédemment déclaré que si une décision était prise concernant le vol de fonds russes, exactement le même montant provenant des comptes
des pays occidentaux serait versé au budget de la Russie, qui avait promis de réagir de la même manière.