L’ « ordre » du G7 est celui de l’Otan

...par Manlio Dinucci - le 30/05/2017.

 

Géographe et géopolitologue.

 

Derniers ouvrages publiés : Laboratorio di geografia, Zanichelli 2014 ; Diario di viaggio (en trois tomes), Zanichelli 2017 ; L’arte della guerra / Annali della strategia Usa/Nato 1990-2016, Zambon 2016.


Le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein. Cette semaine, alors que Thierry Meyssan souligne les acquis de Donald Trump aux sommets de l’Otan et du G7, Manlio Dinucci revient sur ses échecs. Le système est ainsi fait —non pas au plan statutaire, mais au regard de ses hommes— qu’il résiste à tout changement et s’entête à la guerre.

 

Source : http://www.voltairenet.org/article196531.html


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« Un ordre international basé sur les règles, qui promeuve la paix entre les nations, sauvegarde la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États et assure la protection des droits humains » : c’est ce que disent vouloir les leaders du G7 qui s’est déroulé à Taormina, à côté de la base de Sigonella, centre stratégique en Méditerranée pour les guerres et opérations couvertes USA/Otan : guerres qui ont démoli l’État libyen et essayé de faire la même chose en Syrie, accroissant le tragique exode de migrants, dont le G7 se dit préoccupé par leurs droits humains.

 

Les déclarations reproduisent celles du Sommet de l’Otan à Bruxelles : le G7 est formé des six plus grands pays de l’Otan plus le Japon, principal allié des USA et de l’Otan en Asie. Les divergences économiques et politiques ne manquent pas, camouflées par des positions divergentes sur le climat et les migrants. Au Sommet de l’Otan Donald Trump a irrité Angela Merkel et d’autres, en rappelant que « les USA dépensent pour la défense plus que tous les autres pays de l’Otan réunis ». Il a demandé sur un ton péremptoire que tous les alliés maintiennent leur engagement, pris en 2014 avec le président Barack Obama, de destiner au militaire au moins 2 % de leur PIB. Jusqu’à présent, outre les USA, seulement la Grèce, l’Estonie, la Grande-Bretagne et la Pologne ont dépassé ce seuil. L’Italie, calcule le Sipri, dépense pour le militaire 1,55 % du PIB, soit environ 70 millions d’euros par jour. En montant au niveau de la Grèce (2,36 %, malgré la crise économique), elle dépenserait plus de 100 millions par jour ; en montant à celui des USA (3,61 %), elle dépenserait plus de 160 millions d’euros par jour. Les 2 %, insiste Trump, sont désormais insuffisants pour les engagements croissants de l’Alliance. Le Sommet de Bruxelles a annoncé que l’Otan entre dans la « Coalition globale pour battre Daesh » (sous commandement états-unien comme l’Otan), dont sont déjà membres les 28 pays de l’Alliance.

 

L’Otan fournira des avions radar Awacs et des forces spéciales pour des opérations qui, avec la motivation de combattre Daesh (en réalité fonctionnel à la stratégie des USA et de l’Otan depuis la fin de l’URSS de démolitions des États), visent à pénétrer en Syrie pour en démembrer le territoire et encercler l’Iran.

Le Sommet a aussi annoncé une augmentation des troupes de l’ Otan en Afghanistan, se montant aujourd’hui à 13 000 soldats.

 

En Europe l’Otan continue son expansion à l’Est. Déjà invité au Sommet, le Monténégro entre comme 29ème membre : malgré ses petites dimensions, il est important par sa position géostratégique et par ses bunkers, dans lesquels l’Otan déploiera d’énormes quantités d’armes, probablement aussi nucléaires, et de chasseurs-bombardiers.

 

L’Otan —a déclaré au Sommet le secrétaire général Jens Stoltenberg— « doit réagir », parce qu’il a face à lui une « Russie qui emploie la force militaire pour changer les frontières en Europe avec ses actions agressives contre l’Ukraine, en annexant illégalement la Crimée et en continuant à déstabiliser l’Ukraine orientale ». Doublant Trump même, qui a parlé d’une façon générale de « menaces provenant de la Russie aux frontières orientales de l’Otan », le Sommet a relancé l’accusation contre la Russie de vouloir changer les frontières de l’Europe avec un usage agressif de la force militaire. Accusation qui renouvelle celle de la vieille Guerre froide, en projetant le scénario des chars d’assaut russes qui envahissent l’Europe.

 

La promesse électorale de Trump de vouloir ouvrir une négociation avec Moscou se brise sur le mur, invisible mais puissant, de ces cercles dominants états-uniens et européens qui, misant sur une nouvelle Guerre froide, bloquent toute tractation avec Moscou en menaçant Trump de destitution sous l’accusation de connivence avec l’ennemi.

 

L’ombre d’Hillary Clinton vaincue, venant s’asseoir comme invité de pierre aux Sommets de l’Otan et du G7, persécute Trump.

 

Manlio Dinucci

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