Un nouvel exemple caractérisé de censure et d’exigence de repentance :

L'affaire "Julie d'Andurain"...

ou comment les officines du général Kagamé et leurs relais médiatiques font pression sur la France

...par Bernard Lugan - Le 16/11/2020.

 

C’est une « édifiante » histoire que je vais exposer ici et qui mérite d’être connue par le public le plus large ; d’abord par les naïfs qui croient encore que nous vivons dans un pays de liberté.

 

Le 5 avril 2019, cédant une nouvelle fois à son tropisme de la repentance, le président Macron décida la création d’une « Commission chargée de mener un travail de fond centré sur l'étude de toutes les archives françaises concernant le Rwanda entre 1990 et 1994 (afin) d'analyser le rôle et l'engagement de la France durant cette période. »

 

 Première remarque, tout a déjà été dit et écrit sur le sujet, notamment à travers le Rapport d’information de la commission d’enquête parlementaire présidée par M. Paul Quilès publié au mois de décembre 1998. Mais aussi à travers mes expertises devant le TPIR 10 ans d’expertise et mon livre Rwanda, "Un génocide en questions".

 

La seconde remarque pose un sérieux problème de crédibilité car aucun des membres de la dite commission n’a travaillé sur le Rwanda, ni même sur l’Afrique des Grands Lacs ou encore sur l’Afrique en général… Quant aux deux seuls spécialistes français, experts durant des années auprès du TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda), à savoir André Guichaoua pour l’Accusation et Bernard Lugan pour la Défense, tous deux ont été écartés d’emblée de cette insolite commission… En revanche, y siègent une archiviste paléographe, deux professeurs de droit public, un spécialiste du génocide des Arméniens, une spécialiste des « femmes et du genre » ( ?), un conseiller d’Etat, deux spécialistes de la Shoah, une « spécialiste du général de Gaulle » (?), un spécialiste « des organisations (?) », un professeur certifié du secondaire spécialiste des « archives secrètes », une doctorante (traduction une étudiante qui n’a pas soutenu de thèse) spécialiste des « ressources images, photos et vidéos » et Julie d’Andurain, spécialiste d’histoire militaire contemporaine.

 

A cette « liste à la Prévert », manque le président de la commission, à savoir le professeur Vincent Duclerc, dont la thèse porte sur « L’engagement des savants dans l’affaire Dreyfus », et le mémoire d’habilitation sur « L’histoire des engagements démocratiques depuis le XIXe siècle »… Une double garantie de compétence scientifique pour appréhender la complexité des questions ethno-politiques du Rwanda…

Comment en effet oser prétendre analyser les archives françaises consacrées à ce pays sans en connaître l’environnement, la complexe histoire, les rapports entre les hommes de la houe et de la glèbe et ceux de la vache et de la lance ? Toutes choses totalement inconnues des membres de cette insolite commission. Le Père Ubu en rirait de bon cœur…

 

Or, au sein de cette commission à la « crédibilité » pour le moins « problématique », Julie d’Andurain se trouva victime d’un montage digne des pires procès de Moscou, avec, dans le rôle des dénonciateurs et du procureur, comme à l’habitude en pareil cas, ses « chers collègues ».

Une « affaire » montée de toutes pièces par le tandem Canard Enchaîné - Mediapart  alimenté en sous-main par les « compagnons de route » du général Kagamé et autres « amis démocrates des dictateurs ».

 

En toute modération, objectivité et retenue, Mediapart titra ainsi le 13 novembre 2020 « Une historienne décrédibilise la commission sur le rôle de la France au Rwanda (…) et suscite l’indignation ». Puis les accusations de « négationnisme » furent lancées ici et là.*

Quel crime avait donc commis Julie d’Andurain ? Pourquoi ce lynchage ? Tout simplement parce que, ayant été enseignante à l’Ecole militaire entre 2010 et 2017, elle était accusée de ne pas avoir une vision « objective » de la question du Rwanda…Et cela, naturellement à la différence des autres membres de l’insolite commission qui, eux, tels des agneaux venant de naître sont d’une totale objectivité en la matière, alors que plusieurs d’entre eux ont soit signé des pétitions ou bien manifesté publiquement leur adhésion à la thèse de la culpabilité de la France… Il faut dire que la malheureuse Julie d’Andurain avait osé soutenir que les détracteurs de l’armée française sont des civils qui ne comprennent pas les contraintes opérationnelles. Pourtant, rien de plus exact et constaté par tous les hommes de terrain.

Mais voilà qui a suffi à la meute lancée à ses trousses pour  la qualifier d’historienne « négationniste », sous-entendu, à ranger dans la catégorie de ceux qui réhabilitent le IIIe Reich, nient l’existence des camps de concentration et de la Shoah… Une véritable mise à mort scientifique dont Julie d’Andurain aura du mal à se  relever.

 

Mais surtout, et là est la clé de l’affaire, Survie avait relevé des « biais » dans le rapport mi-mandat publié par l’insolite « commission Duclerc ». Et, dans la plus pure méthode stalinienne, de demander : « Étaient-ils dus à Julie d’Andurain ? » Cette aimable question était suivie d’un chantage : « On peut espérer (maintenant que Julie d’Andurain a été exclue de la commission mon ajout) une vision plus nuancée, plus indépendante ». Traduction : Survie, donc le général Kagamé, attend une conclusion du rapport reprenant les thèses de Kigali à travers des « résultats qui pourront aider les décideurs politiques à procéder à la reconnaissance officielle par la France de son rôle précis dans le génocide des Tutsi ».

 

L’impudence de Survie, officine porte-voix du régime de Kigali est donc sans limites. Pourquoi d’ailleurs en aurait-elle alors qu’elle est totalement immergée dans les cercles du pouvoir politique et médiatique français ?

 

Quant à Vincent Duclerc, drapé dans la toge immaculée de l’« impartialité », il ne pouvait pas ne pas réagir. Aussi, au nom de cette sacro-sainte « impartialité » dont il ne cesse de se réclamer, accepta-t-il la « mise en retrait », - hypocrite synonyme de démission-, de Julie d’Andurain obtenue à travers d’ « amicales » pressions.

 

Or, le moins que l’on puisse dire de l’« impartialité »  de Vincent Duclerc dans la question qui est au cœur des travaux de l’insolite commission qu’il préside, est qu’elle est « discutable ».

En effet, à de nombreuses reprises, et parfois même ès-qualités, comme cela sera publié, avec détails et références, dans le numéro du mois de décembre 2020 de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront le 1er décembre, il a en effet montré qu’il est partisan de la thèse de la « culpabilité de la France »… ce qui annonce clairement la couleur des conclusions de la commission dont il est le président.

 

Dans les hautes terres du Forez, l’on a coutume de dire de qui veut monter au mât de cocagne « qu’il doit avoir le fond du froc propre »... Or, visiblement le « cher collègue » Vincent Duclerc a oublié de faire passer le sien à la lessiveuse…

 

Rendez-vous donc à la prochaine parution de l’Afrique Réelle pour plus de détails…

 

Source : Afrique réelle 

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