« Manœuvre agressive » russe : Moscou propose la paix
...par Manlio Dinucci. - Le 21/12/2021.
La Fédération russe a remis aux États-Unis d’Amérique, le 15 décembre, le projet d’un Traité et d’un Accord pour désamorcer la croissante tension entre les
deux parties. Les deux documents ont été rendus publics, le 17 décembre, par le ministère des Affaires étrangères russe. Le projet de traité prévoit, à l’Article 1, que chacune des deux
parties « n’entreprenne pas
d’actions qui aient une incidence sur la sécurité de l’autre partie », et, à l’Article 2, qu’elle « cherchera à garantir
que toutes les organisations internationales et alliances militaires auxquelles elle participe adhérent aux principes de la Charte des Nations unies ».
À l’Article 3 les deux parties s’engagent à « ne pas utiliser les
territoires d’autres États dans le but de préparer ou effectuer une attaque armée contre l’autre partie ». L’Article 4 prévoit, donc, que « les États-Unis
n’établiront pas de bases militaires dans le territoire des États de l’ex-URSS qui ne sont pas membres de l’OTAN », et « éviteront l’adhésion
d’États de l’ex-URSS à l’OTAN, en empêchant une ultérieure expansion à l’Est ». Dans l’Article 5 « les parties
s’abstiennent de déployer leurs forces armées et leurs armements, y compris dans le cadre d’alliances militaires, dans les aires où ce déploiement peut être perçu par l’autre partie comme
une menace à sa propre sécurité nationale ». Ainsi « elles s’abstiennent
de faire voler des bombardiers équipés avec des armements nucléaires ou non nucléaires et de déployer des navires de guerre dans les aires, hors de l’espace aérien et des eaux
territoriales nationaux, d’où ils puissent attaquer des objectifs dans le territoire de l’autre partie ».
À l’Article 6 les deux parties s’engagent à « ne pas utiliser de
missiles terrestres à portée intermédiaire ou courte en dehors de leurs territoires nationaux, ni dans les zones de leurs territoires d’où de telles armes puissent attaquer des objectifs
sur le territoire de l’autre partie ». L’Article 7, enfin, prévoit que « les deux parties
s’abstiendront de déployer des armes nucléaires hors de leurs territoires nationaux et ramèneront dans leurs territoires les armes déjà déployées en dehors » et
qu’« elles n’entraîneront
pas de personnel militaire et civil de pays non nucléaires à l’utilisation d’armes nucléaires, ni ne conduiront de manoeuvres qui prévoit l’usage d’armes nucléaires ».
Le projet d’Accord stipule les procédures de fonctionnement du Traité, fondées sur l’engagement que les deux parties « résoudront toutes les
controverses dans leurs relations par des moyens pacifiques » et « utiliseront les
mécanismes des consultations et informations bilatérales, y compris des lignes téléphoniques directes pour des contacts d’urgence ». Le ministère des Affaires étrangères russe
communique que la partie étasunienne a reçu des explications détaillées sur la logique de l’approche russe et espère que, dans un avenir proche, les États-Unis entament de sérieux
entretiens avec la Russie sur cette question critique.
Pour le moment la partie étasunienne se tait. Mais se fait entendre la Voix de l’Amérique, mégaphone multimédia de Washington qui parle dans plus de 40
langues à des centaines de millions de personnes dans le monde entier : elle dit que « de nombreux experts
sont préoccupés par cette manoeuvre de la Russie, qui veut exploiter l’échec de la négociation comme prétexte pour envahir l’Ukraine ». Se tait pour le moment l’OTAN, dans
l’attente des ordres de Washington. Se tait l’Italie qui, bien que n’étant pas destinataire directe de la proposition russe, est en cause : parmi les armes nucléaires que les USA
déploient hors de leur propre territoire il y a les bombes B-61 installées à Ghedi et Aviano, sous peu remplacées par les plus mortelles B61-12, à l’usage desquelles est entraîné notre
personnel militaire bien que l’Italie soit officiellement un pays non nucléaire. Et les USA se préparent à installer en Italie, aussi, des nouveaux missiles nucléaires à portée
intermédiaire.
Pendant que les médias se couchent dans une quasi totale chape de silence sur la proposition russe, les groupes parlementaires l’ignorent comme si elle
n’avait rien à voir avec l’Italie, exposée à des dangers croissants en tant que base avancée des forces nucléaires USA contre la Russie. Qu’ils trouvent au moins le temps de lire en
quelques minutes le projet que la Russie a remis aux USA pour ouvrir les tractations, et qu’ils aient le courage politique d’exprimer publiquement leur jugement. S’il est négatif, qu’ils
expliquent pourquoi il est en opposition avec notre Constitution1 et
notre sécurité.
Pour comprendre ce qui vient de
se passer[La proposition
d’accord faite par la Russie sur l’OTAN et la sécurité européenne, NdT], nous devons examiner deux choses : la façon dont la Russie a choisi de communiquer ses exigences, puis le
contenu des exigences elles-mêmes. Toutefois, avant de le faire, je tiens à recommander deux autres points de vue, tous deux très utiles, à mon avis :
Je vous recommande de les lire avant de poursuivre. Ceci étant dit, examinons plus en détail ce qui s’est passé.
Premièrement, il s’agit clairement d’un ultimatum. Deuxièmement, il s’agit d’un ultimatum exposé publiquement.
Ce deuxième point est absolument crucial, car il marque, à tout le moins, une rupture totale avec la pratique diplomatique russe (et soviétique)
normale.
Il est également assez évident que la forme et le fond de cet ultimatum seraient inacceptables pour les États-Unis et les colonies américaines en
Europe.
Ce qui soulève la question suivante : qu’est-ce que les Russes essaient d’obtenir ici ?
Certains diront que les Russes (ou Poutine personnellement) sont tout bonnement stupides et qu’ils sont trop arrogants pour se rendre compte que leur
ultimatum ne serait jamais accepté. Eh bien, si les États-Unis (la seule partie de l’« Occident » qui
compte parce qu’elle a un pouvoir réel) ignorent cet ultimatum et continuent gaiement sur la voie qu’ils suivent depuis au moins Bill Clinton, et que les Russes (ou Poutine
personnellement) ne font rien, alors ceux qui pensent que les Russes sont stupides auront raison.
Voyons maintenant ce qui pourrait se passer.
La première chose que nous devons comprendre est que la Russie détient l’avantage au plan militaire (lisez Martyanov pour plus de détails, je ne vais pas me
fatiguer à tout répéter ici). Examinons donc rapidement le pire des cas : « Biden » ignore
la Russie et celle-ci réplique en déployant des systèmes d’armes, y compris des armes hypersoniques qui menaceront les USA, non seulement en Russie, mais aussi en Biélorussie, dans
l’Arctique et au milieu de l’Atlantique. Les États-Unis auront alors le même sentiment que Moscou : ils seront à cinq minutes de l’anéantissement. Est-ce que cela sera bon
pour « Biden » ?
Imaginons que « Biden » décide
de jouer les durs et crée une sorte d’incident qui obligerait les Russes à couler un navire de l’US Navy ou à abattre un avion de l’US Air Force. Cela signifierait la guerre. Dans ce
cas, « Biden » aurait
deux options : maintenir la guerre en dessous du seuil nucléaire et perdre cette guerre (l’infrastructure militaire de l’OTAN sera détruite) ou se lancer dans le nucléaire et risquer un
holocauste nucléaire. L’une ou l’autre de ces options sera-t-elle bonne pour « Biden » ?
Supposons maintenant que « Biden » accepte
de négocier avec la Russie (tout en maintenant, bien sûr, toutes les histoires de « consultation
avec les partenaires et les alliés ») et que les deux parties parviennent à un accord. Comment cet accord se manifesterait-il ? Eh bien, c’est assez évident. L’OTAN devra
renoncer à son expansion tandis que la Russie devra fournir des garanties vérifiables qu’elle n’attaquera aucun pays de l’OTAN. Je sais, je passe sur un milliard de détails dans lesquels,
comme le dit l’expression, se cache le diable, mais pour nos besoins, cela suffit. Alors, à nouveau, je pose la même question que ci-dessus : est-ce que ce serait un bon résultat
pour « Biden » ?
Nous devons examiner cette possibilité
plus en profondeur :
Tout d’abord, certains des vassaux américains de l’UE seraient furieux et feraient deux choses : protester verbalement aussi fort que possible et s’engager
dans toute action qu’ils pourraient imaginer pour forcer la situation et créer une crise. Et non, cela ne serait pas du tout bon pour « Biden ».
Mais, considérez ceci : premièrement, « Biden » peut
dire aux vassaux de l’UE de se taire et de bien se comporter. Mais plus important encore, cette « mauvaise
option » semblera « moins
mauvaise » à « Biden » que
l’une des deux options mentionnées ci-dessus (placer l’ensemble des États-Unis à 5 minutes de la destruction ou faire face à une guerre totale).
Vous vous souvenez que j’ai dit que la Russie détenait l’avantage au plan militaire ?
La Russie a également des avantages aux niveaux politiques et économiques beaucoup plus grands que les États-Unis, qui n’ont presque rien. Politiquement, la
Russie est désormais « plus
qu’un allié« de la Chine, elle est un partenaire proche de l’Inde (à la fureur de la Maison Blanche) et politiquement, elle est beaucoup moins isolée que les
États-Unis ! Même la carte ci-dessous ne donne pas la pleine mesure de la situation. Pourquoi ?
Parce que la plus grande partie de la « communauté
internationale » qui « soutient » les
(ou plutôt obéit aux) États-Unis est l’UE, qui elle-même est en crise terminale à trop de niveaux pour être comptée ici !
Comparez les zones rouges et grises sur la carte, et posez-vous ces questions : quelle zone a l’armée la plus puissante ? Quelle zone a le plus de
ressources naturelles et humaines ? quelle zone a les routes commerciales les plus prometteuses ? Quelle zone a un PIB réel, par opposition à un PIB purement « FIRE » ?
Quelle zone est littéralement en train de mourir spirituellement sous l’idéologie transnationale « Woke » et
quelle zone a conservé la volonté et la capacité de se battre pour ses valeurs spirituelles, culturelles et civilisationnelles ? Enfin, quelle zone a une vision viable de l’avenir
?
Je pourrais continuer à poser beaucoup d’autres questions de ce genre, mais je pense que vous voyez où je veux en venir : les États-Unis ne perdent pas
seulement militairement, mais aussi sur tous les fronts !
Question suivante : de quoi les États-Unis ont-ils le plus besoin ?
Eh bien, il y a beaucoup de choses dont les États-Unis ont besoin, mais je n’en retiendrai qu’une : le temps. Pourquoi ? Parce que la vérité est que les
États-Unis n’ont plus que deux options : un retrait de l’Europe « à la
Kaboul » ou un « réarrangement » ordonné
et négocié du système européen de sécurité collective (que, ne l’oublions pas, les États-Unis ont bousillé tout seuls, un véritable désastre dont ils sont maintenant totalement
responsables).
[Aparté : la sécurité
unilatérale n’existe pas. Toute véritable sécurité est toujours collective. Ce truisme est pourtant une hérésie politique dangereuse en Occident, pour laquelle les gens sont brûlés sur un
bûcher (au sens figuré). L’unilatéralisme n’est qu’un déclencheur d’insécurité et, finalement, de guerre].
S’il n’y a pas de guerre, l’OTAN survivra, du moins politiquement. S’il n’y a pas de guerre, « Biden » pourra
dire que la position « ferme et
unie » de l’Occident a forcé la Russie à faire des concessions : rappelez-vous comment la crise des missiles de Cuba a été présentée par les États-Unis comme une victoire
américaine alors qu’en fait, elle a forcé les États-Unis à retirer leurs missiles de Turquie ? Plusieurs décennies se sont écoulées depuis la crise des missiles de Cuba, mais quelque 99 %
de la population des États-Unis et de l’UE croit sincèrement que les États-Unis ont « gagné » !
La machine de propagande anglo-sioniste peut facilement répéter cela une fois de plus. À l’exception d’un « petit » problème
: cette fois-ci, la Russie a présenté son ultimatum en premier et l’a fait très publiquement.
Pourquoi les Russes ont-ils choisi cette méthode ?
Eh bien, je ne sais pas, je ne peux pas lire dans les pensées du Kremlin, mais je pense que la Russie veut bien plus qu’un simple « match
nul » (ce qu’était la crise des missiles de Cuba). La Russie veut une victoire totale, qu’elle définirait comme une « défaite de
l’OTAN », au moins en Europe. Pourquoi ?
Examinons maintenant les options de la
Russie :
Ne rien faire ou « plus de la
même chose » : cela signifie une reddition totale à l’Occident, suivie d’une partition de la Russie et d’une attaque américaine contre la Chine. Dire que cela est
inacceptable pour la Russie est un truisme.
Diminuer progressivement les exigences de l’ultimatum : c’est une question plus intéressante et il s’agit à nouveau d’un cas où « le diable se
cache dans les détails ». Par exemple, l’existence de l’OTAN ne signifie rien en soi pour la Russie. Idem pour l’UE, d’ailleurs. Ce ne sont en réalité que des prétextes sans
intérêt pour des politiciens sans avenir et des pays sans agence. La plus grande erreur commise par l’UE et l’OTAN a été sa « glorieuse » expansion
vers l’Est, pour découvrir que tout ce qu’elle a accompli a été d’affaiblir irrémédiablement l’UE et l’OTAN, car les nouveaux arrivants sont, comment le dire poliment, complètement
stupides, corrompus et infantiles. Lorsque j’écoute les politiciens de l’UE et de l’OTAN, je pense à un jardin d’enfants sous crack ou à quelque chose d’aussi insensé (voir
ici pour un exemple parfait).
Une option pour la Russie serait donc de « revoir de
manière créative » les termes de son ultimatum et d’en conserver la substance tout en abandonnant le ton hostile et en accordant à l’Occident quelques « concessions » symboliques.
S’agirait-il d’une bonne option pour Poutine ? Eh bien, tout dépendra de ce que l’on appelle le « diable dans
les détails ». Si, à la fin du processus, l’OTAN est défaite, alors oui. Si l’OTAN reste aussi agressivement hostile qu’elle l’est aujourd’hui, alors non.
D’où la question suivante : que fera
la Russie dans un tel cas ?
Ici, nous devons au moins envisager une option : une reconnaissance russe de la LDNR justifiée par le rejet total (de facto et de jure) par Kiev des accords
de Minsk et les provocations et attaques ukronazies constantes contre la LDNR : rappelez-vous deux choses que Poutine a dites récemment. Il a parlé de « républiques
non encore reconnues » et il a parlé de « génocide ».
Bien sûr, les Ukronazis devraient attaquer (même au moins symboliquement), ce qui permettrait à la Russie d’agir militairement contre l’Ukraine, de libérer
la LDNR et de déployer des forces russes à l’intérieur de ces républiques, avec le soutien total du Belarus, bien sûr, et peut-être même de la Chine (politiquement). Remarquez que je n’ai
pas parlé d’« invasion ».
Imaginons que la Russie utilise ses systèmes d’armes à distance pour défaire les Ukies, libérer la LDNR, puis se tourne vers le reste de l’Europe avec un « sourire » suggérant
fortement ce qui suit : « lequel d’entre
vous veut être le prochain ? ». Cela entraînerait une panique totale en Europe, notamment à Mons, Bruxelles et Varsovie.
Et voici la beauté de cette option : La Russie peut facilement frapper Mons et Bruxelles (ou Varsovie) avec des armes conventionnelles et laisser la plus
grande partie de ces villes en parfait état. Et si l’UE/OTAN décide de riposter, alors la Russie mènera une guerre à grande échelle contre l’UE/OTAN et elle la gagnera.
Qu’en est-il de l’administration « Biden » dans
un tel scénario ? Le Pentagone sait ce que les missiles russes peuvent lui faire, ainsi qu’à tout autre objectif militaire sur le territoire continental des États-Unis. Je doute fort que
l’État profond américain soit prêt à commettre un suicide collectif juste pour essayer de (et échouer à !) protéger l’UE. De toute façon les Russes n’ont aucune intention ou capacité
d’envahir l’UE, alors pourquoi détruire les États-Unis pour une menace qui n’existe même pas !
Est-ce que « Biden » veut
entrer dans l’histoire comme « le Président
qui a perdu l’Europe » ?
Est-ce que « le président
qui a déclenché un holocauste nucléaire » serait plus parlant ?
En rendant publiques ses exigences, la Russie a donc (pour la première fois et enfin !!) également envoyé un message aux peuples de l’Ouest. Ce message peut
se résumer ainsi : nous ne voulons pas la guerre mais, si vous insistez, nous nous y engagerons.
Et, pour la première fois depuis 1991, la Russie dispose des moyens concrets pour atteindre ces objectifs.
Voilà, je crois que nous avons
compris.
Maintenant, nous devons également nous attaquer au gros morceau : le parti de la guerre américain et, plus encore, les infantiles de l’UE sous crack. Pour
eux, défaire l’OTAN serait tout à fait inacceptable… ou pas ?
Le parti de la guerre américain est juste cela, américain. Et si certaines têtes qui parlent dans la boite qui rend idiot ressemblent à de
véritables « faucons »,
les professionnels de l’armée américaine connaissent, eux, la vérité. Non seulement cela, mais l’« aile
intelligente » du parti de la guerre comprend que les États-Unis ont désespérément besoin de temps et d’un retrait ordonné, même si ce n’est que temporaire ! Leur jeu est,
comme je l’ai dit à plusieurs reprises, un jeu que j’appelle la « barbichette
nucléaire » mais, surtout, un jeu qui ne doit pas déclencher une guerre nucléaire réelle dont ils n’ont pas besoin du tout (ne serait-ce que parce qu’ils mourraient
probablement eux-mêmes).
Il reste donc les infantiles de l’UE sous crack. Je vais dire quelque chose de terrible, et je me sens vraiment mal d’écrire cela, mais je ne vois qu’une
seule méthode pour ramener les Européens à la réalité : La Russie doit les vaincre militairement, une fois de plus, comme elle l’a fait maintes et maintes fois dans son histoire. D’une
manière ou d’une autre, les mégalomanes narcissiques qui administrent actuellement le continent européen au nom des États-Unis ne connaissent pas l’histoire et ne refréneront pas leur
profond sentiment de supériorité raciale sur les hordes asiatiques russes sous-humaines. Ces prétendus Kulturtraegers modernes
et autres Herrenvolk détestent
toujours la Russie pour avoir vaincu Hitler, Napoléon et tous les autres, et pour eux, leur phobie (dans le sens de la haine et de la peur) de tout ce qui est russe fait maintenant partie
de leur identité, quelque chose de sacré pour eux et au diable ceux qui pensent autrement !
Voici ce qu’il a fallu faire la
dernière fois
Le seul moyen efficace de ramener la « Race Maitresse
européenne » à la réalité est bien connu (voir photo i contre).
Je dirais qu’un tel résultat va directement à l’encontre des intérêts des États-Unis et de la Russie. Et, plus évidemment, elle va totalement à l’encontre
des intérêts des peuples d’Europe.
Mais si ces derniers ne font rien pour empêcher une telle issue, alors c’est aux États-Unis et à la Russie de l’empêcher.
Et si les États-Unis ne l’empêchent pas, alors la Russie le fera.
Quant à l’idée que des boycotts, des sanctions (même depuis l’enfer !) ou l’annulation du NordStream 2 arrêteront les Russes, elle est vraiment plus que
ridicule. La dernière fois, la Russie a perdu 27 millions de personnes et a reconstruit son économie en une décennie.
Conclusion
Ce n’est donc pas un bluff russe mais un véritable ultimatum. En fait, il est si réel qu’il a été rendu public pour deux raisons, je crois : d’abord, bien
sûr, pour tenter de réveiller les peuples occidentaux et, ensuite, pour « délier les
mains » moralement de la Russie en cas de guerre totale.
Les analystes occidentaux supposent toujours que les gestes publics leur sont en quelque sorte exclusivement destinés. Ils ont tort. Cet ultimatum s’adresse
également au peuple russe et aux forces armées russes et leur dit ceci : « Peuple de
Russie, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour éviter cela, nous avons plaidé et supplié pendant des décennies, et nous avons reculé sur de nombreux fronts, mais malgré cela,
l’Occident continue de faire pression. Nous ne permettrons jamais qu’un 22 juin se reproduise. Préparez-vous à la guerre ».
Je terminerai par trois citations de Poutine lui-même :
« En tant que citoyen de Russie et chef de l’État russe, je dois me demander : Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie
? »
« Il y a cinquante ans, les rues de Leningrad m’ont appris une chose : si un combat est inévitable, il faut frapper le
premier. »
« Tout agresseur doit savoir que rendre les coups sera inévitable et qu’il sera détruit. Et puisque nous serons les victimes de son
agression, nous irons au paradis en tant que martyrs. Eux, ils tomberont simplement raide morts, ils n’auront même pas le temps de se repentir ».
La Russie définit les lignes rouges. Cela risque de sentir mauvais dans pas longtemps
...Le 21/12/2021.
La Russie a lancé un ultimatum aux États-Unis et à l’OTAN : la fin est proche. Nous attendons.
Le phénomène est sans précédent. Je ne me souviens pas de cas où de telles négociations ont été transférées à nos côtés sur le plan public avec la
promulgation d’une liste d’exigences officielles.
C’était une conséquence du fait que les dernières négociations entre Poutine et Biden ont abouti à une impasse : les États-Unis refusent de donner des
garanties dans notre zone d’intérêts, mais menacent d’appliquer des sanctions si la Russie défend ses intérêts. La liste des prochaines sanctions financières et économiques nous a
également été présentée.
La Russie est obligée d’entamer une conversation différente.
Désormais, les lignes très rouges que les États-Unis et leurs satellites ne devraient pas franchir sont marquées publiquement. De plus, les lignes rouges
sont tracées de telle manière qu’il est clair qu’elles ont déjà été franchies. Soit ils battent en retraite volontairement, soit nous devons les forcer à battre en retraite par la
force.
Il ne s’agit pas seulement du fait que l’Ukraine et la Géorgie ne devraient pas rejoindre l’OTAN. Le fait est que les États-Unis et l’OTAN doivent fermer
toutes leurs installations dans l’espace post-soviétique, y compris les États baltes, doivent arrêter la coopération militaire avec les pays de l’espace post-soviétique. C’est-à-dire
qu’il ne s’agit pas seulement de ne pas avoir d’adhésion formelle à l’OTAN pour l’Ukraine et la Géorgie, mais de mettre fin à toute coopération militaire, même en termes de traités
bilatéraux. Il a été annoncé que toute l’infrastructure des partenaires occidentaux devrait être ramenée à l’état de 1997.
De plus, il est indiqué que :
Faire traîner et conclure les négociations est impossible. Les délais sont serrés. Littéralement un mois.
Les exigences répertoriées ne sont pas un menu à partir duquel vous pouvez sélectionner des éléments individuels, mais un document complet.
Oui, ces exigences peuvent sembler absolument inacceptables pour les États-Unis, mais ce que les États-Unis et leurs alliés ont déjà fait et continuent
de faire dans l’espace post-soviétique est inacceptable pour nous.
S’il n’y a pas de réponse adéquate, la situation se transformera en un régime de confrontation et une réponse militaire. (Déclaration du sous-ministre
Sergueï Ryabkov le 13 décembre).
Permettez-moi de souligner que les déclarations concernant une réponse militaire ne sont pas faites par l’État-Major, mais par le ministère des Affaires
étrangères. Cela n’est jamais arrivé auparavant.
Comme l’écrit un de mes collègues, il y a un combat au sommet des États-Unis : une partie du cerveau de Biden est en guerre avec l’autre, et la troisième,
dans certains afiga, essaie de comprendre ce qui se passe. En même temps, il y a un moment « et si Poutine
plaisantait ? Et s’il ne s’agissait que d’une manœuvre, et non d’un demi-tour au-dessus de l’Atlantique ? »
De plus, la déclaration est faite de telle manière que les États-Unis ne peuvent pas l’accepter ou seront contraints de prendre nos mesures militaires pour
mettre en œuvre ces exigences dans les faits.
Les enjeux sont également importants au niveau national. Un tel niveau d’exigences a été déclaré que si le Kremlin refusait soudainement de les mettre en
œuvre, cela causerait d’énormes dommages à la légitimité du pouvoir en Russie. Ce sont des lignes rouges pour les libéraux systémiques au pouvoir et ainsi de suite.
La patience de la Russie est épuisée.
Les États-Unis ne peuvent pas répondre volontairement à nos exigences. D’autant plus dans le contexte d’un consensus anti-russe bipartite, alors que seul le
commentateur politique de Foxnews Tucker
Carlson est favorable à une véritable coopération. Mais il n’est pas le président.
La Russie met donc les États-Unis et ses satellites dans le même zugzwang. Soit ils cèdent immédiatement politiquement, soit nous poussons la solution par
la force. Dans le même temps, même dans la première version, la Russie ne s’engage pas à préserver l’Ukraine.
Le dénouement est proche. Nous attendons.
D’après les dernières déclarations : le ministère russe des Affaires étrangères : Moscou part de l’hypothèse que l’OTAN ne pourra pas écarter les garanties
de sécurité proposées en Europe, mais si les propositions sont rejetées, la Russie passera également à un régime de contre-menace.
L’OTAN rejette le principe de toute négociation avec la Russie, le temps de la diplomatie prend fin
...par Karine Bechet-Golovko - Le 21/12/2021.
Alors que les États-Unis avaient un certain temps envisagé une conférence OTAN-Russie, que Peskov déclare sur tous les tons que les rapports entre Biden et
Poutine sont respectueux et qu’ils envisagent une rencontre en réel, Stoltenberg rejette cette conférence et Biden oublie ses déclarations passées. Toute négociation concernant un
non-élargissement de l’OTAN vers l’Est est catégoriquement exclue, l’on voit à quel point la conversation Poutine-Biden a été fructueuse. Comme le déclare Stoltenberg, « Comment voulez-vous
négocier quoi que ce soit dans ce contexte ? ». Le « contexte » est celui de la fameuse « agression russe en Ukraine ». Manifestement, l’OTAN attend la
reddition de la Russie pour entamer des « négociations ». L’on ne peut pas faire de la diplomatie, quand votre interlocuteur refuse le dialogue.
L’impasse des relations entre l’OTAN et la Russie n’a rien de surprenant. Le rapport des forces consécutif à la Seconde Guerre mondiale a changé, la Russie
n’est pas l’URSS et elle a du mal à défendre son héritage, incompatible avec le cours décidé de l’intégration dans la globalisation économique. Les répétions successives rappelant que la
Russie ne veut pas intervenir en Ukraine sont interprétées en Occident comme de la faiblesse et non pas de la sagesse ; le suivisme russe dans la furie covidienne affaiblit le pouvoir à
l’intérieur du pays. Dans ce contexte, les tenailles peuvent être resserrées sur le pays, ce qui se passe actuellement, notamment en utilisant l’Ukraine.
Assez étrangement, alors que la Russie n’est objectivement pas en position de pouvoir imposer ses « lignes rouges », par ailleurs manquant de
clarté, Poutine a insisté et finalement proposé un accord à Biden concernant l’OTAN, dans lequel celui-ci devait volontairement, de bonne volonté, restreindre sa puissance et accepter,
sans très bien savoir pourquoi, de ne pas se développer à l’Est, vers la Géorgie et l’Ukraine. Autrement dit, alors que la tension est extrême en ce moment, la Russie proposait à l’OTAN
une pause, un certain équilibre. Le temps passe et
manifestement certains oublient ce qui a précédé Yalta et qui l’a rendu possible.
Comme si l’OTAN et le monde globaliste avaient intérêt à s’arrêter dans leur conquête, comme s’ils le pouvaient encore, même si certaines voix restent
dubitatives, face à cette fuite en avant de l’autoritarisme globaliste.
Dans une interview donné au journal français le JDD,
la France étant la fille aînée de l’Atlantisme, Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, oppose une fin de non-recevoir sans appel à la Russie : alors que la Russie amasse des forces
armées aux frontières ukrainiennes, organiser une conférence OTAN – Russie, alors que les diplomates russes n’ont plus mis les pieds à l’OTAN depuis des années, serait un pas en arrière,
inacceptable dans « ce contexte ».
Le contexte, très concrètement, concerne le soutien russe aux populations du Donbass et le rattachement de la Crimée. Mais cela n’empêche pas la Russie
de devoir être plus transparente dans les mouvements de déplacement de ses troupes sur son territoire, dans l’organisation de manœuvres militaires … L’OTAN accepte donc
toutes les concessions que la Russie est prête à prendre pour « améliorer » les relations, mais refuse de prendre le moindre engagement.
L’on peut également interpréter ces déclarations comme un appel de la Russie à accepter la reddition, puisque la restauration de relations
« normalisées » avec l’OTAN, in
fine, n’aura lieu qu’à cette seule condition. L’OTAN n’acceptant que la soumission, c’est sa vision de la normalité. Concrètement, en filigrane, l’on comprend qu’il s’agit d’un
abandon par la Russie des populations du Donbass, d’un abandon de la Crimée. Avant que d’autres exigences ne voient le jour.
Ce jusqu’au boutisme de l’OTAN, soutenu par Biden, n’est pas du goût de tous. Par exemple, le ministre britannique de la Défense a
déclaré sa très forte réticence à l’envoi de forces militaires en Ukraine, dans le cas d’une agression russe, puisque l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN. Selon lui, il ne faut pas se
bercer d’illusions :
« C’est un fait qu’elle
n’est pas membre de l’OTAN, il est donc très improbable que quiconque envoie des troupes en Ukraine pour défier la Russie… Nous ne devrions pas faire croire aux gens que nous le
ferions ».
Il est urgent pour la stabilité du continent européen, que la Russie ait un discours beaucoup plus ferme et suspende sa recherche de contact, cette course
inutile aux négociations, qui ne mènent à rien pour l’instant.
Si la fermeté n’est pas l’agressivité, elle doit en revanche permettre de restaurer le respect qui s’impose entre États et qui fait grandement défaut aujourd’hui.
Hier encore, le ministère
russe des Affaires étrangères a publié deux documents que les gens s’efforcent d’interpréter depuis lors, sans grand résultat. Je voudrais proposer ma propre explication de la signification de
ces documents, qui sera probablement très différente de la plupart des autres explications que vous êtes susceptibles d’entendre. Le temps nous dira à quel point elles sont proches de la vérité ;
pour l’instant, je suis heureux de simplement ajouter à l’éventail d’idées disponibles.
Les deux documents décrivent en détail ce que Washington doit faire pour éviter les conséquences de la rupture de l’accord verbal conclu avec Mikhaïl Gorbatchev de
ne pas étendre l’OTAN à l’est vers les frontières de la Russie – en fait, de geler les forces de l’OTAN là où elles étaient en 1997, avant que l’OTAN ne s’étende plus à l’est. Les documents
abordent également d’autres aspects de la désescalade, tels que le retrait de toutes les armes nucléaires américaines de territoires étrangers et le confinement des forces américaines dans des
eaux et un espace aérien à partir desquels elles ne peuvent pas menacer le territoire de la Russie.
L’une des explications, exprimée le plus récemment à Washington et ailleurs, est que ces documents sont un gambit de négociation (et non un ultimatum), à discuter
en privé (pour éviter que les États-Unis ne perdent complètement la face) et en consultation avec les membres et partenaires de l’OTAN, plus, peut-être, l’Union européenne, le Conseil de
l’Europe, l’OSCE, Amnesty International et Greenpeace (pour éviter que leur inutilité combinée ne soit évidente pour tous). Je suis d’accord sur le fait qu’il n’y a pas grand-chose à gagner de
discussions publiques ; après tout, Moscou a déjà obtenu le puissant effet induit par la publication de ces documents et en forçant Washington à en accuser réception et à consentir à
des « négociations ».
Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit à négocier : ces documents ne sont pas destinés à servir de point de départ à des négociations ; ils sont une
invitation pour Washington à reconnaître et à réparer ses transgressions. Washington a rompu l’accord qu’il avait conclu avec Moscou de ne pas s’étendre à l’Est. Elle a pu le faire parce que,
dans les années qui ont suivi l’éclatement de l’URSS, Moscou était trop faible pour résister et était dirigée par des personnes qui pensaient qu’il était possible pour la Russie de s’intégrer à
l’Occident, peut-être même de rejoindre l’OTAN. Mais cette époque est révolue depuis un certain temps et l’Occident collectif doit maintenant remettre ses orteils collectifs derrière la ligne
rouge – volontairement ou non – et c’est la seule chose qui reste à déterminer. C’est le seul choix à faire : se retirer volontairement et faire amende honorable ou refuser et être puni.
Je ne suis pas non plus d’accord pour dire que ce choix – faire amende honorable ou accepter d’être puni – a quelque chose à voir avec l’UE, l’OTAN ou les
différents « membres » ou « partenaires ». Moscou n’a aucune relation avec
l’OTAN, qu’elle considère comme un simple morceau de papier qui confère à Washington une autorité juridique plutôt douteuse pour déployer ses forces militaires dans des pays du monde entier.
Moscou a une certaine représentation diplomatique vestigiale auprès de l’UE, mais ne la considère pas comme importante et se concentre sur les relations bilatérales avec les membres de l’UE.
Quant à ses voisins d’Europe de l’Est, l’Ukraine est, du point de vue de Moscou, une colonie américaine et donc une préoccupation entièrement américaine, la Pologne peut aller se partitionner à
nouveau (ou pas) et, en ce qui concerne ces minuscules mais politiquement gênants petits États d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, nous sommes désolés, mais l’armée russe est équipée de
jumelles, pas de microscopes.
Le choix, en réalité, consiste à faire face à un risque croissant d’échange nucléaire entre deux superpuissances nucléaires – l’une dont la force diminue rapidement
et l’autre qui ne cesse de se renforcer – et à réduire ce risque autant que possible. Seules les deux superpuissances nucléaires doivent parvenir à un accord ; tous les autres doivent simplement
faire ce qu’elles disent afin que personne ne soit blessé. Dans le cas des Européens, ils devraient être tout à fait intéressés à le faire (s’ils savent encore ce qui est bon pour eux), car
l’expansion de l’OTAN vers l’Est leur a laissé d’énormes panneaux de cibles nucléaires peints partout sur le corps, qu’ils feraient bien d’essayer de faire disparaître. En outre, l’empiétement de
l’OTAN sur les frontières de la Russie a accru le risque d’une confrontation nucléaire accidentelle : tous ces bombardiers, navires et sous-marins dotés d’armes nucléaires pourraient faire un
faux pas quelque part et alors, boum, plus d’Europe.
Vous pourriez penser que ces bombardiers, navires et sous-marins doivent traîner aux frontières de la Russie afin de la « contenir », mais c’est faux. La Russie réussit assez
bien à se contenir elle-même, et les petits différends territoriaux qui risquent de surgir ici et là périodiquement ne seront certainement pas résolus en augmentant le risque de guerre nucléaire.
La Fédération de Russie a des frontières terrestres avec plus d’une douzaine de pays, dont la plupart ont des citoyens russes vivant des deux côtés, ce qui rend les différends territoriaux
inévitables, mais aucun d’entre eux ne vaudra la peine de faire exploser la planète.
On pourrait penser que les forces de l’OTAN doivent se montrer actives et dangereuses pour justifier leur existence et leurs budgets de défense ridiculement
gonflés. De plus, si elles n’ont pas l’occasion de se montrer menaçantes à l’égard de la Russie, elles pourraient se décourager et se contenter de boire, de se droguer et d’avoir des relations
sexuelles homosexuelles, ce qui serait mauvais pour le moral. (Et alors, quel mal y a-t-il à un peu de sexe homosexuel entre militaires consentants qui ne sont pas en service et dont
l’orientation sexuelle est ambiguë ?) Je pense qu’il s’agit là de préoccupations plutôt mineures, voire insignifiantes, si l’on considère que le risque d’une conflagration planétaire se
trouve de l’autre côté de la balance.
Vous pourriez également penser que l’expansion de Washington vers l’est n’est pas un crime parce que, voyez-vous, Gorbatchev n’a pas réussi à faire engager par
écrit sa promesse de ne pas s’étendre vers l’est. Eh bien, laissez-moi vous offrir un petit aperçu des rouages de la civilisation russe. Si vous concluez un accord verbal avec les Russes, que
vous le rompez, et que vous les narguez ensuite en disant « Mais vous ne l’avez pas obtenu par écrit ! », vous
venez d’aggraver considérablement le problème pour vous-même. Nous commettons tous des erreurs et devons parfois rompre nos promesses. Dans ce cas, la conduite à tenir est d’être contrit, de
s’excuser sincèrement et de proposer de faire amende honorable. Si, au contraire, vous prétendez que la promesse est nulle et non avenue parce qu’un certain morceau de papier est introuvable,
vous avez ajouté à votre conduite déshonorante un mépris délibéré et vous vous êtes désigné pour une punition exemplaire. Cette punition peut être lente à venir, prenant des décennies, peut-être
même des siècles, mais vous pouvez être sûr que vous serez puni un jour.
Il fut un temps où Moscou était faible et Washington fort, mais aujourd’hui la balance penche en faveur de Moscou et le temps du châtiment de Washington est enfin
arrivé. La seule question qui reste est de savoir quelle forme prendra cette punition. Celle proposée par Moscou prend la forme d’une soumission à une humiliation publique : Washington signe les
garanties de sécurité rédigées à Moscou, se traîne jusqu’à sa niche et se couche tranquillement comme un bon chien qui se lèche les couilles pour se consoler. Et c’est l’alternative la plus
agréable, une sorte de gagnant-gagnant, offerte de bonne foi.
L’alternative moins agréable serait, je ne peux m’empêcher de l’imaginer, beaucoup moins agréable, très déroutante et assez dangereuse. Pensez aux Poséidons – des
torpilles nucléaires indétectables – croisant sans cesse par des milliers de pieds de fond au large du plateau continental le long des côtes américaines, prêtes à les submerger de tsunamis tout à
fait accidentels et parfaitement niables, leurs tintements sporadiques faisant que les chefs d’état-major interarmées salissent leurs couches à chaque fois. Pensez aux avions, aux navires et aux
sous-marins de l’OTAN qui disparaissent discrètement sans raison valable, leurs équipages étant ensuite retrouvés sur une plage lointaine, totalement ivres et portant des slips de bain aux
couleurs du drapeau russe. Pensez à des engins hypersoniques faisant périodiquement des zigzags en orbite basse au-dessus du continent américain, ce qui fait que toutes les chaînes de télévision
câblées diffusent Russia Today et que les têtes parlantes de CNN explosent de fureur impuissante.
Je pense que, dans leur propre intérêt éclairé, les Américains bien-pensants, indépendamment de leur appartenance ou non à un parti, demanderaient alors à leurs
représentants élus d’arrêter de créer des problèmes et de signer ces satanées garanties de sécurité ! Mais ce n’est que mon opinion personnelle.
« Nous avons besoin de
garanties juridiquement contraignantes à long terme, même si nous savons qu’on ne peut pas leur faire confiance, car les États-Unis se retirent fréquemment des traités qui deviennent
inintéressants pour eux. Mais c’est déjà quelque chose, et pas seulement des assurances verbales ».
Et c’est ainsi que les relations entre la Russie et les États-Unis arrivent au point de rupture définitif – après une interminable série d’alertes rouges
polies en provenance de Moscou.
Poutine a dû une fois de plus préciser que la Russie recherche une « sécurité indivisible
et équitable » – un principe établi depuis Helsinki en 1975 – alors même qu’il ne voit plus les États-Unis comme un « partenaire » fiable, cette subtilité diplomatique
si avilie par l’Empire depuis la fin de l’URSS.
Le passage « se retirent
fréquemment des traités » peut facilement se référer à Washington en 2002 sous Bush Jr. se retirant du traité ABM signé entre les États-Unis et l’URSS en 1972. On pourrait aussi
parler des États-Unis sous Trump qui détruisent le JCPOA signé avec l’Iran et garanti par l’ONU. Les précédents abondent.
Poutine a une fois de plus exercé la patience taoïste si caractéristique du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov : expliquer l’évidence non
seulement à un public russe mais aussi mondial. Les pays du Sud peuvent facilement comprendre cette référence : « Lorsque le droit
international et la Charte des Nations unies interfèrent, ils [les États-Unis] déclarent tout cela
obsolète et inutile ».
Plus tôt, le vice-ministre des Affaires étrangères, Alexander Grushko, avait fait preuve d’une assurance peu commune – ne
laissant rien à l’imagination :
« Nous voulons
simplement dire clairement que nous sommes prêts à discuter du passage d’un scénario militaire ou militaro-technique à un processus politique qui renforcera la sécurité de tous les pays
de la zone de l’OCSE, de l’Euro-Atlantique et de l’Eurasie. Si cela ne fonctionne pas, nous leur avons signalé [à l’OTAN] que nous passerons
également à la création de contre-menaces, mais il sera alors trop tard pour nous demander pourquoi nous avons pris ces décisions et pourquoi nous avons déployé ces
systèmes ».
Au final, les Européens sont donc confrontés à « la perspective de
transformer le continent en un champ de confrontation militaire ». Ce sera la conséquence inévitable d’une « décision » de l’OTAN décidée en fait à Washington.
Soit dit en passant, toute éventuelle « contre-menace » future sera coordonnée entre la Russie et la Chine.
M. Zircon est en ligne,
Monsieur
Tout être vivant, des rives atlantiques aux steppes eurasiennes, connaît désormais le contenu des projets d’accords russes sur les garanties de sécurité
présentés aux Américains, tels que détaillés par
le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
Parmi les principales dispositions figurent l’interdiction de toute nouvelle expansion de l’OTAN, l’interdiction de l’admission de l’Ukraine, l’interdiction
des manigances de l’OTAN en Ukraine, en Europe de l’Est, en Transcaucasie et en Asie centrale, l’interdiction pour la Russie et l’OTAN de déployer des missiles à portée intermédiaire et à
courte portée dans des zones d’où elles peuvent frapper le territoire de l’autre partie, la mise en place de lignes directes et la participation active du Conseil OTAN-Russie à la
résolution des différends.
Le ministère russe des Affaires étrangères a longuement répété que les Américains avaient reçu « des explications
détaillées sur la logique de l’approche russe », la balle est donc dans le camp de Washington.
Le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a d’abord semblé donner le coup d’envoi, lorsqu’il a admis, officiellement, que Poutine ne voulait
peut-être pas « envahir » l’Ukraine.
Ensuite, il y a eu des rumeurs selon lesquelles les Américains reviendraient à Moscou cette semaine avec leurs propres « propositions de
sécurité concrètes », après avoir de facto écrit le scénario pour leurs subordonnés de l’OTAN, invariablement relayé de manière spectaculairement médiocre par le secrétaire
général Jens Stoltenberg.
Le récit de l’Ukraine n’a pas changé d’un pouce : Des « mesures sévères » – de nature économique et financière – sont prévues si la Russie se
livre à une « nouvelle agression » en Ukraine.
Moscou n’a pas été dupe. Riabkov a dû préciser, une fois de plus, que les propositions russes étaient sur une base bilatérale. Traduction : nous ne parlons
qu’à ceux qui ont le pouvoir de décision, pas à des sous-fifres. L’implication d’autres pays, a dit Riabkov, « les videra de leur
sens ».
Dès le début, la réponse de
l’OTAN a été prévisible et évidente : La Russie mène un renforcement militaire « substantiel, non
provoqué et injustifié » le long de sa frontière avec l’Ukraine et fait de « fausses … allégations
de provocations ukrainiennes et de l’OTAN ».
Cela prouve une fois de plus que c’est une perte de temps monumentale de discuter avec des chihuahuas jappeurs de la variété Stoltenberg, pour qui
« l’expansion de l’OTAN
se poursuivra, que la Russie le veuille ou non ».
En fait, que les fonctionnaires des États-Unis et de l’OTAN le veuillent ou non, ce qui se passe réellement dans le domaine de la realpolitk, c’est que la
Russie dicte de nouvelles conditions depuis une position de force. En bref, vous pouvez apprendre les nouvelles règles du jeu de manière pacifique, notamment par le biais d’un dialogue
civilisé, ou vous l’apprendrez à la dure en dialoguant avec M. Iskandr, M. Kalibr, M. Kinjal et M. Zircon.
L’inestimable Andrei Martyanov a analysé en profondeur, depuis des années, tous les détails de la domination militaire écrasante de la Russie, hypersonique
et autre, dans l’espace européen – ainsi que les conséquences désastreuses si les larbins des États-Unis et de l’OTAN « décident qu’ils
veulent continuer à jouer les idiots ».
Martyanov a également noté que
la Russie « comprend la scission
avec l’Occident et est prête à assumer toutes les conséquences, notamment, déjà en restreignant et en baissant le niveau du commerce et en réduisant l’approvisionnement en hydrocarbures
de l’UE.».
C’est là que tout le ballet autour des garanties de sécurité se croise avec l’angle crucial du Pipelineistan.
Pour résumer : exit Nord Stream 2, place à Force de Sibérie 2.
Voyons donc pourquoi la catastrophe énergétique qui se profile dans l’UE ne fait perdre le sommeil à personne en Russie.
Danser dans la nuit
sibérienne
L’une des principales conclusions de la vidéoconférence
stratégique Poutine-Xi de la semaine dernière était l’avenir immédiat de Force de Sibérie 2, qui traversera la Mongolie pour livrer jusqu’à 50 milliards de mètres cubes de gaz
naturel par an à la Chine.
Ce n’est donc pas un hasard si Poutine a reçu le président mongol Ukhnaagiin Khurelsukh au Kremlin, le lendemain de son entretien avec Xi, pour discuter de
Force de Sibérie 2. Les paramètres clés du gazoduc ont déjà été fixés, une étude de faisabilité sera achevée au début de 2022 et l’accord – à l’exception des ajustements de prix de
dernière minute – est pratiquement conclu.
Force de Sibérie 2 fait suite à Force de Sibérie 1, long de 2200 km, lancé en 2019, qui relie la Sibérie orientale au nord de la Chine et qui est au cœur
d’un accord de 400 milliards de dollars conclu entre Gazprom et la société chinoise CNPC. La pleine capacité de Force de Sibérie 1 sera atteinte en 2025, lorsqu’il fournira 38 milliards
de mètres cubes de gaz par an.
Force de Sibérie 2, une opération beaucoup plus importante, a été planifiée il y a des années, mais il a été difficile de trouver un consensus sur le tracé
final. Gazprom le voulait de la Sibérie occidentale au Xinjiang en passant par les montagnes de l’Altaï. Les Chinois voulaient un transit via la Mongolie, directement en Chine centrale.
Les Chinois ont fini par l’emporter. Le tracé final à travers la Mongolie a été décidé il y a seulement deux mois. La construction devrait commencer en 2024.
Il s’agit d’un énorme changement de donne géoéconomique, totalement en phase avec le partenariat stratégique de plus en plus sophistiqué entre la Russie et
la Chine. Mais il est également extrêmement important sur le plan géopolitique (rappelez-vous Xi : la Chine soutient les « intérêts fondamentaux » de la Russie).
Le gaz destiné à Force de Sibérie 2 proviendra des mêmes champs qui approvisionnent actuellement le marché de l’UE. Quelles que soient les concoctions
démentes que la Commission européenne – et le nouveau gouvernement allemand – peuvent appliquer pour bloquer l’exploitation de Nord Stream 2, le principal objectif de Gazprom sera la
Chine.
Peu importe pour Gazprom que la Chine, en tant que client dans un avenir proche, ne remplace pas entièrement l’ensemble du marché européen. Ce qui compte,
c’est le flux d’affaires régulier et l’absence de politicaillerie infantile. Pour la Chine, ce qui compte, c’est un approvisionnement terrestre supplémentaire et garanti qui renforce sa
stratégie d’« évasion de Malacca » : la possibilité, en cas de Guerre froide 2.0, que la marine américaine finisse par bloquer le transport maritime de sources d’énergie vers la
Chine via l’Asie du Sud-Est.
Bien entendu, Pékin n’en fait qu’à sa tête lorsqu’il s’agit d’acheter du gaz naturel russe. Les Chinois détiennent une participation de 30% dans le projet
Yamal de Novatek, d’une valeur de 27 milliards de dollars, et une participation de 20% dans le projet Arctique, d’une valeur de 21 milliards de dollars.
Bienvenue donc en 2022 et dans le Nouveau Grand Jeu de la realpolitik aux enjeux élevés.
Les élites américaines étaient terrifiées à l’idée de jouer la Russie contre la Chine, car elles craignaient que cela ne conduise l’Allemagne à s’allier
avec la Russie et la Chine – laissant l’Empire du Chaos sur le carreau.
Et cela conduit au « mystère » à l’intérieur de l’énigme de toute cette histoire ukrainienne : l’utiliser pour forcer l’UE à s’éloigner des
ressources naturelles russes.
La Russie est en train de tout chambouler. En tant que superpuissance énergétique, au lieu d’une UE corrodée de l’intérieur et dominée par l’OTAN, la Russie
se concentrera principalement sur ses clients asiatiques.
Parallèlement, la superpuissance militaire russe, qui en a assez des brimades des États-Unis et de l’OTAN, dicte désormais les termes d’un nouvel
arrangement. Lavrov a confirmé que le premier cycle de discussions entre la Russie et les États-Unis sur les garanties de sécurité se tiendra au début de 2022.
S’agit-il d’ultimatums ? Pas vraiment. Il semble que Riabkov, avec un didactisme notable,
devra continuer à l’expliquer encore et encore : « Nous ne parlons pas
dans le langage des ultimatums avec qui que ce soit. Nous avons une attitude responsable vis-à-vis de notre propre sécurité et de celle des autres. Le fait n’est pas que nous ayons lancé
un ultimatum, pas du tout, mais que la gravité de notre avertissement ne doit pas être sous-estimée ».
Vendredi, les États-Unis n’ont fourni aucune réponse à la Russie. En
soi, ce n’est pas très surprenant, les niveaux de luttes intestines au sein des élites dirigeantes américaines ayant rendu impossible de se mettre d’accord sur une réponse dans un délai aussi
court, surtout pendant les diverses célébrations de fin d’année en Occident.
Quant aux Russes, ils
s’en accommodent, puisque leur propre délai était fixé à la mi-janvier. Donc, à l’heure actuelle, rien de significatif n’a changé. Ce que nous observons, c’est un grand nombre de
déclarations de la part de n’importe qui et tout le monde, la plupart de ces déclarations n’ont que peu ou pas de sens et elles se contredisent généralement toutes entre elles. Nous ne devrions
pas trop nous laisser entraîner par le « il a dit
ceci, elle a dit cela », car il s’agit littéralement de paroles en l’air.
En termes d’actions, là encore, nous assistons à des développements contradictoires : Certaines sources rapportent que l’OTAN se prépare à une guerre majeure tandis
que d’autres rapportent que les Américains et les Britanniques préparent une évacuation d’urgence.
Il semble qu’une rencontre entre Poutine et Biden soit en préparation, selon les mêmes sources, après la Nativité orthodoxe, donc aux alentours ou peu après le 8
janvier. Si c’est le cas, je m’en réjouis.
Par ailleurs, Stoltenberg a déclaré qu’il y aurait une réunion entre l’OTAN et la Russie le 12 janvier. Mais Stoltenberg est un clown impuissant dont les émissions
verbales ne signifient rien. Il rejetait totalement toute négociation avec la Russie il y a à peine une semaine, et maintenant il propose de négocier…
J’ai passé les 3 derniers jours à lire des opinions sur le net russe, à écouter des talk-shows et à regarder divers officiels et personnalités exprimer leur opinion
et je veux partager ma conclusion avec vous : Il y a des signes absolument accablants que les Russes ne bluffent PAS, qu’ils pensent vraiment chaque mot qu’ils ont prononcé. On
entend même de plus en plus de voix dire qu’il vaudrait mieux pour la Russie que l’Occident rejette d’emblée toutes les demandes russes. Nombreux sont ceux qui espèrent clairement que l’Occident
essaiera de le faire, car cela permettrait de délier complètement les mains de la Russie (ou, si vous préférez, ses griffes d’ours).
La plupart des responsables militaires semblent croire qu’une guerre à grande échelle contre l’OTAN n’aura pas lieu, mais qu’une sorte de conflit avec
l’Ukraine est désormais inévitable. J’ai tendance à être d’accord avec eux.
De nombreux observateurs semblent également en avoir vraiment assez. Marre des constantes effusions de sang en LDNR, marre de la présence permanente
de « conseillers » militaires
occidentaux en Ukraine, marre des déclarations grandiloquentes et pompeuses des responsables de l’UE/OTAN, que les Russes ne prennent même pas au sérieux. Tout cela est devenu un énorme abcès
dans l’esprit de nombreux Russes et un nombre croissant d’entre eux veulent maintenant que cet abcès soit percé, désinfecté et guéri. Personne n’est prêt à accepter « encore plus de la même chose ».
Mais si je suis certain que les Russes ne bluffent pas, je ne suis pas du tout sûr que les décideurs occidentaux en aient
conscience. À en juger par les inepties débitées par les responsables occidentaux et les médias anglo-sionistes, je dirais que non, la plupart du temps, ils ne le savent pas
(il y a quelques exceptions notables, comme
celle-ci).
Je dirais donc qu’il y a encore des nuages à l’horizon.
Mais le fait que les États-Unis et la Russie semblent se préparer à une sorte de sommet est certainement un bon signe, car cela montre qu’il existe encore une
chance pour les deux parties de conclure un accord en évitant le pire (si les Américains ne voulaient une rencontre que pour proférer de nouvelles menaces ou rejeter les demandes russes, aucune
des deux parties ne prendrait la peine d’organiser une réunion).
Le plus grand risque aujourd’hui est que les Américains tentent de s’en sortir par la négociation et laissent le temps passer sans jamais donner de réponse claire
aux Russes. Le vice-ministre des affaires étrangères Riabkov a déclaré à ce sujet : « Nous n’avons pas besoin de négociations, nous avons
besoin de garanties de sécurité, et très vite ». Les Russes ne lanceront pas d’action unilatérale tant qu’ils ne seront pas convaincus que l’Occident n’est pas disposé à se
restreindre et à offrir des garanties de sécurité juridiquement contraignantes et vérifiables. Le revers de la médaille est que si l’Occident n’est pas disposé à se restreindre et refuse d’offrir
des garanties de sécurité juridiquement contraignantes et vérifiables, alors les Russes seront libres de prendre des mesures unilatérales. En d’autres termes, les Russes disent
ceci : « écoutez, nous obtiendrons ce que nous
voulons, d’une manière ou d’une autre, que nous le fassions par le biais d’une négociation bilatérale/multilatérale ou unilatéralement, cela dépend de vous. Pour nous, l’un ou l’autre moyen nous
convient, et nous atteindrons notre objectif dans n’importe quel scénario ». Le message clé ici est le suivant : il n’y a rien que vous, l’Occident collectif ou les États-Unis, puissiez
faire pour empêcher ce résultat.
J’en conclus que l’ultimatum russe était en réalité le tout dernier effort de la Russie pour régler le problème de manière diplomatique. Si cet effort échoue, l’Occident doit se préparer à de nombreuses actions unilatérales de la part de la Russie.
Comme on dit en Russie, « ceux qui n’écoutent pas Lavrov auront affaire à
Shoigu ». Lavrov lui-même semble être d’accord.
Nous le saurons bientôt.
Andrei
PS : entre-temps, les autorités de la LDNR ont identifié les substances chimiques que les américains ont amenées dans les villes
de Mariupol, Krasnyi Liman et Avdeevka : toxine botulique et dibenzoxazépine. Ces armes chimiques ont été amenées des États-Unis par des avions sous contrat de l’USAF et sont maintenant
entre les mains de 120 mercenaires américains.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Les nuages qui s'amoncellent sur l'Ukraine vont-ils se dissiper ?
...par Jean-Luc Baslé - Décembre 2021.
Le 17 décembre, la Russie a remis aux Occidentaux deux projets de traité dont l’objet est la création d’une architecture européenne de sécurité. Les médias n’y ont
guère prêté attention – à tort, semble-t-il, car il ne s’agit pas de « souhaits » mais d’« exigences » russes ce que reconnaît volontiers le New York Times dans
l’article que le journal lui a consacré[1], tout en minimisant la portée et le bien-fondé de cette démarche. Elle fait suite aux récents évènements en Ukraine où la tension est montée d’un cran.
Les relations internationales étant également tendues au Moyen Orient et en Asie, il est souhaitable qu’un accord intervienne entre les deux parties d’autant que la situation économique étant ce
qu’elle est, une récession mondiale ne peut être exclue. La concomitance de ces deux évènements – tension russo-américaine et récession– ne peut qu’aggraver une situation internationale instable
avec les conséquences que l’on peut imaginer.
Que dit le premier traité, celui destiné aux Etats-Unis (le second s’adresse à l’OTAN) ? Que les Etats-Unis doivent renoncer à intégrer des nations de
l’ancienne Union soviétique dans l’Alliance atlantique, à disposer de bases militaires dans ces mêmes nations, à faire voler des bombardiers, équipés ou non d’armes nucléaires près des frontières
russes, etc. En un mot, ils visent à arrêter la marche vers l’est de l’OTAN.
Pourquoi ce ton ferme que certains assimilent à un ultimatum, et pourquoi maintenant ? Dans un excellent article[2], Gilbert Doctorow en donne deux raisons. La
première concerne l’avantage tactique de la Russie en Europe et stratégique à l’égard des Etats-Unis. La chose est désormais entendue : Washington fournit et fournira des armes à l’Ukraine mais
n’interviendra pas militairement. En mars 2018 dans un long discours, Vladimir Poutine a annoncé de nouvelles armes stratégiques révolutionnaires. Quelques esprits éclairés ont incité les
dirigeants occidentaux à prêter attention à ses propos, mais l’incrédulité a prévalu. Or, il apparaît qu’aujourd’hui ces armes équipent les forces russes. La seconde raison est l’entente avec le
voisin chinois qui prend des allures d’alliance – Vladimir Poutine a fait savoir qu’en cas de conflit en mer de Chine, les Russes seraient du côté des Chinois et Xi Jinping a déclaré que dans un
conflit ukrainien, il serait du côté des Russes. A ces deux raisons s’en ajoute une troisième : l’humiliant retrait de Kaboul qui n’est pas sans rappeler celui, tout aussi humiliant, de
Saïgon en 1972, et confirme l’affaiblissement de l’Empire. En résumé, les Etats-Unis sont responsables de la situation dans laquelle ils sont aujourd’hui, à preuve la crise ukrainienne.
Au printemps 2014, la révolution Maïdan fait passer l’Ukraine dans le camp occidental. Ce coup d’état qui est la première révolution orange, ne sera pas plus réussi
que les suivants. L’Ukraine est une nation fondamentalement liée à la Russie. La séparer de l’âme sœur la condamnait. La situation économique est catastrophique en dépit d’un prêt de 5 milliards
de dollars accordé par le Fonds monétaire international en 2000 en contravention de ses propres règles auquel il faut ajouter un second prêt de 750 millions de dollars récemment consenti
pour éviter que le pays ne fasse banqueroute. Son président, Vladimir Zelensky, n’a jamais donné suite aux accords de Minsk – accords sanctionnés par un vote du Conseil de sécurité – qui
prévoient que Kiev négocie directement avec les républiques du Donbass (Donetsk et Louhansk) pour sortir du conflit qui les oppose. La situation se dégradant et ne sachant plus comment en sortir,
les Américains ont essayé de repasser l’affaire aux Russes. Ce fut l’objet du voyage de William Burns, directeur de la CIA et ancien ambassadeur à Moscou, en novembre dernier. En dépit de ses
requêtes répétées, Vladimir Poutine refusa de le recevoir, acceptant seulement de lui parler au téléphone pour lui rappeler que les accords de Minsk était une affaire ukrainienne dans laquelle la
Russie n’avait pas à intervenir. Il est évident que les Russes ne feront rien pour sortir les Américains d’une situation qu’ils ont eux-mêmes créée. Si cela ne suffisait pas, le coup d’état
américain en Ukraine dont s’enorgueillit la sous-secrétaire d’état Victoria Nuland, eut pour effet imprévu la mainmise de la Russie sur la Crimée. Fatigués de ces interférences dans leur sphère
d’influence, les Russes ont décidé d’agir.
Que vont faire les Etats-Unis ? Certains beaux esprits qui leur conseillent de gagner du temps en offrant un hochet aux Russes[3], ont prêté peu d’attention au
discours de Vladimir Poutine du 21 décembre[4] dans lequel il déclare : « Nous espérons une réponse claire et exhaustive à nos propositions. Quelques signaux nous permettent
de l’espérer. Cependant, il est possible qu’ils tentent de diluer nos propositions dans une avalanche de mots ou de prendre avantage de cette pause pour poursuivre leurs propres intérêts. Soyons
clairs : nous le savons mais cela se révélera contreproductif. Nous souhaitons des discussions constructives et significatives dans un calendrier prédéfini afin d’atteindre des résultats
concrets dans l’intérêt de tous. »
Que feront les Russes si les Américains ne répondent pas ou répondent évasivement à leurs propositions ? Personne ne le sait. Mais en tant que joueurs d’échec,
les Russes s’y sont préparés. Patrick Armstrong, ancien ambassadeur canadien à Moscou, offre une palette de réponses possibles[5], parmi lesquelles on relève celles-ci :
– stationner des missiles nucléaires à moyenne portée à Kaliningrad.
– organiser une expédition navale sino-russe dans le golfe du Mexique au titre de la liberté de navigation.
– fermer son espace aérien aux compagnies aériennes occidentales.
– exiger que toute importation russe soit payée en rouble.
– abandonner Nord Stream II – une décision pénalisante pour l’industrie allemande qui en a grand besoin suite à la décision d’Angela Merkel d’arrêter les centrales
nucléaires.
– etc.
Si une (ou plusieurs) de ces initiatives était adoptée, les Américains imposeraient de nouvelles sanctions. La plus emblématique serait l’expulsion de la Russie du
système SWIFT – un réseau d’institutions financières qui permet d’envoyer et de recevoir des informations sur les transactions financières dans un environnement sécurisé, standardisé et fiable.
Les Russes s’y sont préparés, en conjonction avec les Chinois. Cette mesure ne serait donc pas aussi pénalisante qu’elle l’aurait été il y a quelques années. Par ailleurs, n’oublions pas que
certaines sanctions se sont révélées très couteuses ou dommageables pour l’économie européenne.
Avant de conclure, arrêtons-nous un instant sur la situation économique. La pandémie et les chaos qu’elle a provoqués dans les chaînes d’approvisionnement ainsi que
les plans de soutien à l’économie ont ravivé une inflation qui s’était assagie ces dernières années. Elle a littéralement bondi ces derniers mois, passant de 1,2% en 2020 à 6,8% en novembre 2021
aux Etats-Unis, de 1,6% à 5,1% au Royaume-Uni, de 0,5% à 4,9% en zone euro et de 0,3% à 9,0% au Japon. L’inflation va-t-elle persister, voire croître ? Nul ne le sait. Mais si les prix
continuent de monter, les banques centrales n’auront d’autre choix que de relever leurs taux directeurs. C’est le cas de la Banque d’Angleterre, de la Banque centrale de Russie, de Norvège, du
Mexique, du Chili, du Pérou, du Brésil, de l’Afrique du Sud, etc. La Réserve fédérale, la Banque centrale européenne et la Banque du Japon n’ont pas relevé le leur mais accélèrent leur sortie de
l’assouplissement quantitatif (politique monétaire de soutien à l’économie). Une remontée généralisée des taux d’intérêt provoquerait une récession mondiale qui se traduirait par une augmentation
du chômage et des troubles sociaux. Ces situations instables ont parfois une incidence sur les relations internationales – les gouvernements cherchant un exutoire à leurs problèmes internes. Aux
Etats-Unis, la chute de popularité de Joe Biden pourrait le conduire à adopter une politique intransigeante à l’égard de la Russie pour ne pas paraître « faible » aux yeux des
électeurs, accusation déjà proférée dans les rangs républicains.
Lors de sa conférence de presse du 23 décembre[6], Vladimir Poutine a fait savoir que que des négociations auront lieu à Genèvre en janvier, laissant entendre qu’il
avait été entendu. Un accord sur ses propositions sonnerait le glas des prétentions hégémoniques néoconservatrices. Joe Biden qui fut longtemps président du comité des Affaires étrangères du
Sénat le sait. Alors qu’il sera confronté à une situation économique difficile, sera-t-il en mesure de résister aux pressions qui s’exerceront sur lui pour éviter l’instauration d’un nouvel ordre
mondial multipolaire ?
La Russie veut contraindre les USA à respecter la Charte des Nations unies
...par Thierry Meyssan - Le 04/01/2022.
Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire.
Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump (2017).
La Russie et la Chine viennent de demander par écrit aux Etats-Unis de respecter la Charte
des Nations Unies et la parole qu’ils ont donné. Cette démarche, dénuée de toute agressivité, remet en question non seulement les fonctionnements de l’Onu, de l’Otan et de l’Union européenne,
mais presque toutes les avancées US depuis la dissolution de l’URSS. Elle est évidemment inacceptable pour Washington. Mais l’hyper-puissance US n’est plus ce qu’elle était. Elle va devoir
amorcer son retrait.
Le monde actuel est dirigé par les États-Unis d’Amérique et l’Otan qui se présentent comme les seules puissances globales alors que la Fédération de Russie et
la République populaire de Chine sont plus puissants qu’eux, aussi bien sur le plan économique que sur le plan militaire.
Le 17 décembre 2021, Moscou a rendu public un brouillon de Traité bilatéral avec Washington apportant des garanties à la paix [1], ainsi qu’un brouillon d’accord pour le mettre en
œuvre [2]. Ces documents ne sont pas dirigés contre les États-Unis,
ils visent uniquement à leur faire appliquer la Charte des Nations Unies et à respecter leur propres engagements.
Le 23 décembre, lors de la conférence de presse annuelle du président Poutine, une question de la journaliste Diana Magnay de Sky News a donné lieu à une algarade. Vladimir Poutine lui a répondu sèchement que les remarques de la Russie sur le comportement US dataient de 1990 et
que Washington non seulement n’en tenait pas compte, mais persistait à aller de l’avant. Désormais, les armes de l’Otan étaient sur le point d’être déployées en Ukraine ce qui constituerait
un fait inacceptable pour Moscou [3]. Jamais un dirigeant russe ne s’était exprimé ainsi. Il faut
bien comprendre qu’installer des missiles à quatre minutes de vol de Moscou pose une menace extrême et constitue une cause de guerre.
Le 30 décembre, une conversation téléphonique a été organisée entre les présidents Biden et Poutine. La partie états-unienne a émis des propositions pour
résoudre la question ukrainienne, tandis que la partie russe a ramené la discussion sur les violations US de la Charte des Nations unies et de la parole donnée.
Les États-Unis envisagent de montrer leur bonne foi en n’accueillant pas l’Ukraine au sein de l’Otan. C’est une manière de voir qui ne répond que marginalement
à la question posée et qui n’est susceptible de prévenir la guerre qu’accompagnée de mesures de retrait.
À l’évidence, nous entrons dans une période d’affrontement extrême qui durera plusieurs années et pourra à tout instant dégénérer en Guerre Mondiale.
Dans cet article, nous allons examiner ce conflit dont on ignore tout en Occident.
1- L’EXTENSION DE L’OTAN AUX FRONTIÈRES DE LA RUSSIE
Durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont délibérément fait peser l’effort maximum sur l’Union soviétique. Entre 22 et 27 millions de
Soviétiques sont morts (soit 13 à 16 % de la population) contre 418 000 États-uniens (soit 0,32 % de la population). Lorsque cette boucherie s’est terminée, les États-Unis
ont constitué une alliance militaire en Europe occidentale, l’Otan, à laquelle l’URSS a répondu en créant le Pacte de Varsovie. Rapidement, l’Otan s’est révélée être une fédération violant le
principe de souveraineté des États énoncé par l’article 2 de la Charte des Nations unies [4], ce que des pays du Tiers-Monde dénoncèrent en 1955 lors de
la Conférence de Bandoung [5]. En définitive, l’URSS viola également la Charte des Nations
unies en adoptant la Doctrine Brejnev en 1968 et en l’imposant aux membres du Pacte de Varsovie. Lorsque l’URSS fut dissoute et que certains de ses anciens membres créèrent une nouvelle
alliance militaire, le Traité de Sécurité collective, ils choisirent d’en faire une confédération dans le respect de la Charte des Nations unies.
Pour être clair sur ce que signifient fédération et confédération, prenons un exemple : durant la guerre de Sécession, les Nordistes formaient une
fédération car les décisions de leur gouvernement s’imposaient à tous ses États membres. Au contraire, les Sudistes formaient une confédération car chaque État membre restait
souverain.
L’Otan étant une organisation fédérale, Washington et Londres qui la dirigent sont intervenus dans la totalité des États membres. L’Alliance atlantique a
organisé des opérations terroristes en Italie allant jusqu’à assassiner le président du Conseil Aldo Moro (opération Gladio). Elle a organisé un coup d’État en Grèce pour renverser le régime
démocratique ou financé l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS) qui perpétra une quarantaine de tentatives d’assassinat du président Charles De Gaulle [6].
Lorsque le Mur de Berlin et le Rideau de Fer tombèrent, en 1989, les Allemands souhaitèrent réunifier leur nation en un seul pays. Cependant cela signifiait
l’extension de l’Otan au territoire de la République démocratique allemande. Dans un premier temps, les Soviétiques s’y opposèrent. On envisagea alors une réunification avec neutralisation du
territoire de la RDA. En définitive le Premier secrétaire, Mikhaïl Gorbatchev, accepta l’extension de l’Otan par la réunification des deux Allemagnes à la condition que l’Alliance ne cherche
pas à s’étendre à l’Est.
Le chancelier ouest-allemand, Helmut Kohl, son ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, et le président français, François Mitterrand,
soutinrent ensemble la position russe : l’Otan devait s’engager à ne plus s’élargir à l’Est. Le président états-unien, George H. Bush Sr, et son secrétaire d’État, James Baker,
multiplièrent les déclarations publiques et les engagements en ce sens devant tous leurs interlocuteurs [7].
Dès que l’URSS fut dissoute, trois pays neutres adhérèrent à l’Union européenne, l’Autriche, la Finlande et la Suède. Or, l’UE et l’Otan sont une seule et même
entité, l’une civile et l’autre militaire, toutes deux basées à Bruxelles. Selon le Traité sur l’Union européenne modifié par le Traité de Lisbonne (article 42, paragraphe 7), c’est l’Otan
qui assure la défense de l’Union européenne que ses membres soient aussi membres de l’Otan ou non. De facto, ces pays neutres ne le sont plus
vraiment depuis leur adhésion à l’Union européenne.
En 1993, le Conseil européen de Copenhague annonça que les pays d’Europe centrale et orientale pourraient adhérer à l’Union européenne. Dès lors le processus
d’adhésion à l’Otan des anciens membres du Bloc soviétique se déroula sans encombre, hormis les traditionnelles remarques russes.
Mais au cours des années 90, la Russie n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ses richesses furent pillées par 90 personnes, que l’on nomma les
« oligarques ». Le niveau de vie s’effondra et l’espèrance de vie des Russes s’abaissa brusquement de 20 ans. Dans ce contexte, personne ne prêta l’oreille à ce que disait
Moscou.
En 1997, le sommet de l’Otan de Madrid appela les anciens pays du Bloc soviétique à rejoindre le Traité de l’Atlantique Nord. Après l’Allemagne de l’Est (1990),
mais les cinq fois suivantes en violation de la parole donnée, ce furent en 1999 la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ; puis en 2004 la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la
Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ; en 2009, l’Albanie et la Croatie ; en 2017 le Monténégro ; et encore en 2020, la Macédoine du Nord.
L’Ukraine et la Géorgie pourraient adhérer prochainement à l’Otan, tandis que la Suède et la Finlande pourraient abandonner leur neutralité théorique et
rejoindre ouvertement l’Alliance atlantique.
Ce qui était inacceptable en 1990 l’est encore aujourd’hui. Il n’est pas concevable que des missiles de l’Otan soient à quelques minutes de vol de Moscou. La
même situation s’était présentée en 1962. Les États-Unis avaient déployé des missiles à la frontière de l’URSS, en Turquie. En riposte, les Soviétiques avaient installé des missiles à la
frontière états-unienne à Cuba. Le président US, John Kennedy, découvrit in extremis l’engrenage dans lequel le Pentagone avait placé les
États-Unis. Il parvint à clarifier la situation grâce à son ambassadeur aux Nations unies. Le président du Comité des chefs d’état-major US de l’époque, le général Lyman Lemnitzer, était
violemment anti-soviétique et entendait provoquer une guerre nucléaire. Heureusement son successeur actuel, le général Mark Milley, est beaucoup plus sage et entretient des relations
courtoises avec ses homologues russes.
2- LES VIOLS DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES
La Charte des Nations unies a été négociée par 50 États, en 1945, lors de la Conférence de San Francisco, avant même que les troupes soviétiques ne prennent
Berlin et ne provoquent la capitulation du Reich nazi. Elle a été adoptée à l’unanimité. Depuis 147 autres États l’ont signée, soit aujourd’hui un total de signataires de 197 États.
La proposition russe du 17 décembre 2021 d’un Traité bilatéral USA-Russie pour sauvegarder la paix dispose en son article 2 que : « Les Parties
veillent à ce que toutes les organisations internationales, alliances militaires et coalitions auxquelles participe au moins une des Parties adhèrent aux principes contenus dans la Charte des
Nations Unies ». Pour les raisons que nous avons exposées plus haut, cela implique la transformation de l’Otan ou sa dissolution.
La même proposition dispose en son article 4 que les États anciennement membres de l’Union soviétique ne peuvent adhérer à l’Otan. Cela implique que l’Estonie,
la Lettonie et la Lituanie en sortent et que ni l’Ukraine, ni la Géorgie n’y entrent.
La proposition russe dispose en son article 7 l’interdiction de déployer des armes nucléaires en dehors de ses frontières. Cela implique le retrait immédiat des
bombes atomiques illégalement stockées par exemple en Italie et en Allemagne en violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968.
En outre le respect de la Charte des Nations unies oblige à revenir au fonctionnement originel de l’Onu et à abandonner les pratiques illégales que cette
organisation manigance depuis la dissolution de l’Union soviétique.
Insensiblement, l’Onu non seulement ne remplit plus ses objectifs statutaires, mais se transforme en agence d’application des décisions états-uniennes. À titre
d’exemple, les Casques bleus, qui jadis étaient des « forces d’interposition » sont devenus depuis la dissolution de l’URSS des « forces de maintien de la paix ».
Désormais ils ne se contentent plus d’intervenir lorsque deux Parties se font la guerre et parviennent à conclure un cessez-le-feu. Ils s’interposaient alors entre les uns et les autres, avec
leur accord explicite, et veillaient au respect de leurs engagements. Aujourd’hui, ils n’ont que faire de l’accord des protagonistes, ni même de l’existence d’un accord entre eux. En
pratique, durant la vingtaine d’années d’effondrement de la Russie, le Conseil de Sécurité avalisait une décision des États-Unis. Dans les faits, les Casques bleus étaient donc principalement
au service du Pentagone.
L’exemple le plus criant est l’affaire libyenne. Les États-Unis ont organisé et financé de faux témoignages devant le Conseil des Droits de l’homme de l’Onu à
Genève selon lesquels Mouamar Kadhafi bombardait son propre peuple [8]. Ces dépositions ayant été transmises au Conseil de
Sécurité. Washington a obtenu une résolution permettant à l’Otan d’intervenir afin de « protéger la population » libyenne de son « dictateur ». Une fois sur place, l’Otan
a interdit aux chefs d’États africains de venir vérifier sur place ce qui se passait, menaçant de les tuer tous. Puis elle a bombardé la Libye tuant environ 120 000 des personnes
qu’elle était prétendument venue « protéger ». Enfin, elle a scindé le pays en trois et a installé des terroristes au pouvoir à Tripoli [9].
Dans le cas de la Syrie, une étape supplémentaire a été franchie. L’Onu, qui avait chargé la Ligue arabe de mener une enquête sur place pour vérifier les
informations qui faisaient état d’une guerre civile, n’a pas posé de questions lorsque cette mission a été interrompue sans explications. C’est que les experts des vingt et un pays arabes
avaient constaté dans un rapport préliminaire que les informations US étaient fausses [10]. Puis, les États-Unis ont nommé comme adjoint du
secrétaire général Ban ki-Moon l’adjoint de la secrétaire d’État Hillary Clinton chargé du Moyen-Orient élargi, Jeffrey Feltman, qui a coordonné d’un point de vue économique, politique et
militaire les opérations des Alliés dans cette guerre [11]. Des années plus tard, alors que ce Monsieur était parti
depuis longtemps commettre d’autres crimes sous d’autres cieux, ses directives pour affamer la Syrie s’imposent toujours aux agences de l’Onu [12].
Ce qui nous conduit à aborder la question des agences de l’Onu. Nombre d’entre elles servent de couverture aux agissements des États-Unis. Par exemple, en cette
période d’épidémie de Covid-19, chacun a remarqué que les cotisations des États membres à cette agence représentent moins de 20 % de son budget, tandis que les dons de la seule Bill and
Melinda Gates Foundation en représentent à eux seuls 10 %. Dans les faits, certaines actions de l’OMS sont fortement influencées par des intérêts privés. Ou encore, le représentant
permanent de la Russie au Conseil de sécurité, Vitali Tchourkine, a révélé qu’en 2012, le Haut-Commissariat pour les Réfugiés avait transporté par bateau de Libye vers la Turquie des
centaines de jihadistes armés pour qu’ils forment la prétendue Armée syrienne libre.
Ce n’est pas tout. Le Conseil de sécurité a voté quantité de sanctions contre des États durant la période d’effacement de la Russie. De nombreux
hauts-fonctionnaires de l’Onu constatent sur le terrain que ces sanctions provoquent des famines et tuent des populations civiles. Mais elles ont été votées et ne peuvent être levées que par
un vote auquel les USA s’opposent. Ces prétendues « sanctions » ne sont pas des peines prononcées à la suite d’un jugement, mais des armes contre des peuples maniées au nom des
Nations unies.
Comme Washington ne parvient plus à en faire adopter, il en décrète unilatéralement et contraint l’Union européenne, sa vassale, à les appliquer. Ainsi les
Européens de l’Union assassinent des populations civiles, cette fois au nom de la « démocratie ».
3- LA STRATÉGIE RUSSO-CHINOISE
En Occident, on annonce ce qui devrait avoir lieu afin de s’attribuer la paternité de l’évènement. Souvent on ne fait rien pour qu’il advienne, on l’attend en
s’en félicitant à l’avance. C’est ce que l’on appelle un « effet d’annonce ». Au contraire, en Russie et en Chine où l’on parle moins, on n’annonce que ce que l’on est sûr
d’accomplir. Généralement d’ailleurs, les annonces sont des révélations de ce qui vient d’être fait.
Lorsque le président Poutine annonce qu’il va remettre les États-Unis à leur place, ce n’est pas négociable. La Russie sait que le président Joe Biden ne peut
pas se retirer. Elle entend l’y contraindre, peut-être lentement, mais surement. Comme un joueur d’échecs, Moscou a anticipé les coups suivants. Il lui suffit de montrer sa force et
éventuellement de frapper à la marge. Par exemple, l’armée russe pourrait faire une démonstration de ses missiles hypersoniques de manière à ce que chacun puisse constater qu’elle peut
détruire n’importe quelle cible dans le monde. Ou encore, elle pourrait frapper les forces armées US sur un territoire qu’elles occupent illégalement.
Le 15 décembre 2021, Moscou et Beijing ont mis en scène leur alliance militaire. C’était deux jours avant la publication du brouillon de traité avec les
États-Unis. Les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping se sont parlés en visio-conférence pour appuyer la proposition russe. La Chine a officiellement insisté sur la légitimité de cette
exigence. S’il existe de nombreuses divergences sino-russes, voire même des points de conflit comme la Sibérie orientale, Moscou et Beijing sont condamnés à se soutenir mutuellement. Les deux
pays ont subi les assauts des Occidentaux dans un passé pas si lointain. Ils ont expérimenté l’hypocrisie de ces partenaires et savent qu’ils ont besoin l’un de l’autre pour leur
résister.
Au cours des dernières années, la Russie a acquis la maîtrise d’armes nouvelles. En 2014, elle a montré qu’elle pouvait neutraliser les communications et les
commandes d’un destroyer états-unien, l’USS Donald Cook, équipé d’un système Aegis le reliant à tous les lanceurs de missiles US [13], voire d’un porte-avion comme l’USS Ronald Reagan [14]. Par la suite, elle a montré au Levant qu’elle pouvait
étendre l’espace où elle neutralise toutes les communications et commandes de l’Otan sur un rayon de 300 kilomètres [15]. Actuellement, la Russie dispose d’une supériorité dans
les conflits conventionnels.
La technique française des armes hypersoniques, longtemps inexploitée par l’Otan, a été perfectionnée par les Soviétiques, puis par les Russes [16]. C’est aujourd’hui l’arme décisive capable de frapper
nucléairement n’importe quelle cible n’importe où sur Terre. Un lanceur traverse l’atmosphère, prend de la vitesse en tournant autour de la Terre, puis fonce sur sa cible en rentrant dans
l’atmosphère. Sa vitesse est telle que nul ne peut l’intercepter. Cette arme rend le « bouclier anti-missiles » de l’Otan obsolète [17]. Actuellement, la Russie dispose d’une supériorité dans
les conflits nucléaires [18].
Une version intermédiaire en a été fournie par Moscou à Beijing et probablement à Pyongyang. Le président adjoint du Comité des chefs d’état-major US, l’amiral
Christopher Grady, a reconnu l’avance technologique russe et annoncé que les États-Unis travaillent d’arrache-pied pour rattraper leur retard. Même si le président Donald Trump a relancé la
recherche militaire, il faudra de nombreuses années au Pentagone pour cela.
La guerre de Syrie a été l’occasion pour Moscou de tester une très grande quantité d’armes nouvelles dont certaines se sont avérées bien supérieures aux
occidentales. Dans le même temps, l’échec du gigantesque programme du F-35, incapable de remplir tous ses engagements, atteste que la recherche militaire US est en panne. Cet avion multi-rôle
est largement vendu aux Alliés, mais abandonné par l’US Air Force qui se replie sur la réédition de vieux F-16.
En outre, la Chine a développé une technique efficace de destruction de satellite qu’elle semble avoir partagé avec la Russie. La destruction d’un vieux
satellite soviétique, le 15 novembre 2021, non loin de la station spatiale internationale a suscité une vive émotion au sein de l’Otan. Désormais la Chine et la Russie pourraient rendre
l’ensemble des armées de l’Otan sourdes et aveugles en quelques heures.
Washington poursuit le plan de la RAND au Kazakhstan, puis en Transnistrie
...par Thierry Meyssan - Le 11/01/2022.
Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire.
Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump (2017).
Les événements qui se déroulent depuis une semaine au Kazakhstan sont le cinquième volet
d’un plan de la RAND Corporation, dont le sixième se déroulera prochainement en Transnistrie. Les quatre épisodes précédents ont eu lieu ces deux dernières années en Ukraine, en Syrie, en
Biélorussie et au Nagorno-Karabagh. Il s’agit d’affaiblir la Russie en l’obligeant à se sur-déployer militairement.
Le président états-unien, Joe Biden, a répondu à la proposition de la Russie d’un Traité garantissant la paix sur la base du respect scrupuleux de la Charte des
Nations unies et de la parole donnée [1], lors d’une conversation téléphonique avec son homologue
russe, Vladimir Poutine, le 30 décembre 2021. Sans surprise, il n’a pas répondu au fond de la requête russe, se contentant d’évoquer un possible arrêt des opérations US en Ukraine.
Simultanément, le Conseil national de Sécurité des USA a déclenché plusieurs actions contre la Russie. Il ne s’agit pas de renverser des gouvernements ou de
lancer de nouvelles guerres, mais d’obliger Moscou à intervenir hors de ses frontières de manière à l’épuiser. La Fédération de Russie dispose en effet déjà d’un gigantesque territoire
qu’elle ne parvient pas à exploiter avec une population de seulement 150 millions d’habitants.
En mai 2019, la Rand Corporation, le think-tank du complexe militaro-industriel US, avait énuméré six options en la matière [2] : 1. Armer l’Ukraine ; 2. Augmenter le soutien aux jihadistes en Syrie ; 3. Promouvoir un changement de régime en Biélorussie ; 4. Exploiter les tensions dans le Sud du Caucase ; 5. Réduire l’influence russe en Asie centrale ; 6. Rivaliser avec la présence russe en Transnistrie.
La sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques, Victoria Nuland, s’est rendue à Moscou du 11 au 13 octobre 2021 pour rencontrer le gouvernement russe.
Celui-ci a exceptionnellement levé pour l’occasion l’interdiction qui lui était faite de voyager en Russie [3]. En effet, Madame Nuland n’est pas une fonctionnaire
comme les autres. C’est une personnalité de l’État profond US participant à toutes les administrations, qu’elles soient républicaines ou démocrates, à l’exception de l’administration
jacksonienne du président Donald Trump. C’est elle qui, en 2001, battit le rappel des Alliés pour se battre en Afghanistan malgré l’opposition du président français Jacques Chirac et du
chancelier allemand Gerhard Schröder. C’est elle qui sauva Israël à la fin de la guerre de 2006 contre le Liban, organisant un cessez-le-feu unilatéral de manière à lui éviter l’humiliation
d’une défaite militaire. Et c’est encore elle qui organisa la révolution colorée du Maidan, en 2014, pour renverser le président ukrainien Viktor Ianoukovytch et le remplacer notamment par
des nazis. On avait alors pu constater le mépris dans lequel elle tient les Européens, provoquant un malaise à Bruxelles et les sanctions de Moscou.
Madame Nuland appartient à une illustre famille néoconservatrice. Son mari n’est autre que Robert Kagan, l’un des fondateurs du Projet pour un nouveau siècle
américain (Project for a New American Century - PNAC) qui collecta les fonds pour l’accession de George W. Bush (le fils) à la Maison-Blanche et
souhaita « un nouveau Pearl Harbor » que les attentats du 11-Septembre réalisèrent. Son beau-frère, Frederick Kagan, est un des piliers de l’Institut américain de l’entreprise
(American Enterprise Institute). Il fut l’inspirateur de la politique US d’occupation de l’Afghanistan et de l’Iraq. Sa belle-sœur, Kimberly Kagan,
est la présidente de l’Institut pour l’étude de la guerre (Institute for the Study of War). Elle joua un rôle de premier plan dans toutes les guerres
du « Moyen-Orient élargi », notamment dans la politique des renforts (the surge) en Iraq.
Victoria Nuland avait expliqué sa manière de traiter avec la Russie dans un article provoquant de Foreign
Affairs en juillet 2020, « Épingler Poutine » [4]. L’autrice néoconservatrice travaillait alors pour
l’ancienne secrétaire d’État démocrate, Madeleine Albright, et exposait ce que le prochain président devrait faire vis-à-vis de Moscou. Après avoir présenté une Russie en ruines et un Poutine
aux abois, elle proposait de négocier un nouveau Traité START, de combattre l’usage que les Russes font de l’Internet, de soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’UE (puis à l’Otan), et
l’opposition armée en Syrie. Elle imaginait des investissements US en Russie pour moderniser ce pauvre pays en échange d’un alignement politique de celle-ci sur les « démocraties
occidentales ». Le Kremlin, qui ne reconnaît rien du constat qu’elle dresse, l’a pourtant reçue comme il avait accepté la tenue du sommet Biden-Poutine à Genève après que le président
états-unien eut insulté à la télévision son homologue russe.
Rien n’a filtré de ces réunions à huis-clos. Mais il est hautement probable que Madame Nuland a menacé une fois de plus la Russie, car c’est ce qu’elle fait
sans interruption depuis vingt ans. En tous cas, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a confirmé qu’elle n’était pas prête à soutenir l’application de l’accord de Minsk
pour résoudre la crise ukrainienne.
Sitôt son déplacement fini à Moscou, Victoria Nuland s’est rendue à Beyrouth rencontrer le nouveau gouvernement de Najib Mikati, puis à Londres pour sonner le
tocsin. Elle y a annoncé que Moscou massait des troupes à la frontière ukrainienne et s’apprêtait à envahir le pays.
Trois semaines plus tard, le directeur de la CIA, William Burns, se précipitait à Moscou pour réparer ce que Victoria Nuland avait brisé. Il s’efforçait d’être
conciliant et était reçu par le président Poutine en personne.
Cependant, Washington vient de cesser de souffler le froid et le chaud. Après avoir (1) armé l’Ukraine, (2) soutenu les jihadistes en Syrie, (3) tenté un
changement de régime en Biélorussie [5], (4) exploité les tensions au Sud-Caucase avec l’attaque
azerbaïdjanaise contre l’Arménie [6], Washington (5) tente de réduire l’influence de Moscou au
Kazakstan et devrait prochainement (6) rivaliser avec la Russie en Transnistrie. Bref, il poursuit le plan de la Rand Corporation.
KAZAKHSTAN
Dans la culture d’Asie centrale, le chef est une sorte de Kubilai Khan et sa famille, à la fois des sujets et des privilégiés. Le Kazakhstan ne forme une nation
que depuis quelques années. Il le doit au président Nursultan Nazerbayev qui a su fédérer différentes tribus. Son successeur, le président Kassym-Jomart Tokayev a démocratisé le pays, mais
les comportements sont toujours influencés par la culture turco-mongole.
Le 2 janvier 2022, des manifestations contre la hausse du prix du gaz de 13 % ont tourné à l’émeute. Des groupes coordonnés ont attaqué les bâtiments
publics et souvent des commerces locaux. Des snipers ont tiré depuis les toits, à la fois sur des manifestants et sur des policiers. Des armureries militaires ont été attaquées. Le butin a
été distribué au sein des groupes d’assaillants. Le phénomène s’est reproduit un peu partout dans le pays. La prison de Taldykorgan, où des islamistes sont détenus prisonniers, a également
été attaquée.
L’opération est conduite par des jihadistes ayant combattu en Syrie et par d’anciens collaborateurs afghans de la CIA. Les groupes qu’ils dirigent sont
constitués par des islamistes kazakhs.
Le président Kassym-Jomart Tokayev a reconnu la légitimité des manifestations et réprimé les attaques terroristes. Il a proclamé l’état de siège et fait arrêter
le président du Conseil de sécurité, Karim Masimov, un ancien banquier qui fut deux fois Premier ministre et chef de l’administration présidentielle. Il est actuellement inculpé de haute
trahison. Puis, Tokayev a nommé son successeur et réuni le Conseil de sécurité.
Les rapports de son administration ont évalué à environ 20 000 le nombre des insurgés, incluant à la fois les jihadistes et émeutiers étrangers et les
islamistes kazakhs. Le pays entretenait depuis de longues années, bien avant le plan Kushner de normalisation, des relations cordiales avec Israël. Si l’ancien président Nazerbayev avait tenu
des positions anti-religieuses durant l’époque soviétique, il s’est converti par la suite et a accompli le pèlerinage de La Mecque. Les Églises ont été autorisées, sous réserve
d’enregistrement. Un sommet inter-religieux, comparable à celui que le Vatican organise a Assise, a lieu chaque année.
Le Kazakhstan distingue les religions, quelles qu’elles soient, de l’Islam politique qui, lui, est interdit. Cependant, la Confrérie des Frères musulmans et le
Hizb ut-Tahrir (Parti de la libération) se sont développés dans toute l’Asie centrale avec l’aide du MI6 britannique. C’est d’ailleurs pour combattre ce séparatisme que l’Organisation de
Coopération de Shanghai a été créée.
Le Conseil de sécurité a transmis au Kremlin les éléments dont il dispose déjà sur le complot dont le pays est victime. Il a requis l’aide de l’Organisation du
Traité de Sécurité Collective (OSTC) pour combattre les jihadistes. Le président Tokayev a donné sans attendre l’ordre à ses forces de sécurité de tirer sans sommation et de tuer les
jihadistes qu’elles trouveraient [7].
L’OTSC a répondu immédiatement déployé 2 500 soldats, des Arméniens, des Biélorusses, des Russes et des Tadjiks, sous les ordres du général Andrei
Serdyukov, commandant en chef des parachutistes de la Fédération de Russie. La Chine populaire a annoncée être prête à venir en aide, si de besoin.
La Turquie a apporté son soutien au président Tokayev, signifiant ainsi qu’elle n’était pas impliquée dans le complot islamiste. L’Afghanistan a fait de même,
ce qui est moins surprenant dans la mesure où d’une part les Talibans sont des Deobandis et, d’autre part, que les Afghans qui participent à l’attaque jihadistes sont d’anciens collaborateurs
de la CIA qui ont fui le pays [8].
Rapidement on apprenait que la National Endowment for Democracy [9], dont Victoria Nuland est une ancienne
administratrice, avait dispensé des millions de dollars depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche pour « étendre la démocratie » au Kazakhstan.
Par le passé, l’ancien ministre de l’Énergie, l’oligarque Mukhtar Ablyazov, avait créé un parti d’opposition (non-reconnu), le Choix démocratique du Kazakhstan
(QDT), avec le gendre du président Nzerbayev, Rakhat Aliyev. Ensemble, ils avaient tenté de le renverser avec l’aide de George Soros. Aliyev est mort en 2015 en prison en Autriche tandis
qu’Ablyazov s’est exilé au Royaume-Uni, puis en France. Plusieurs fois arrêté dans l’Union européenne pour meurtre en Russie, il n’a jamais été extradé. Il a obtenu l’asile politique en
France et réside à Paris depuis plus d’un an. Dès le premier jour d’émeute, il a lancé un appel pour renverser le régime, c’est-à-dire non seulement le président Kassym-Jomart Tokayev, mais
aussi l’ancien président Noursoultan Nazarbaïev, aujourd’hui officiellement retraité mais qui est toujours très influent.
Selon certaines sources non-confirmées, Mukhtar Ablyazov serait en lien avec le neveu du président Nazerbayev, Samat Abish, un ancien directeur-adjoint des
services secrets. Celui-ci aurait été arrêté le 7 janvier pour haute-trahison. On le sait militant de l’islam politique comme son père qui a construit une gigantesque mosquée à Almaty.
L’ancien président Nursultan Nazerbayev (81 ans) est revenu dans la capitale. Si son état de santé le lui permet, il pourrait reprendre les choses en main,
notamment avec l’aide de sa fille, Dariga Nazarbayeva.
TRANSNISTRIE
Selon le plan de la RAND, après le Kazakhstan, le tour de la Transnistrie viendra.
Les États-Unis ont mobilisé l’Union européenne pour opérer un blocus économique de cet État non reconnu, dont la population s’est séparée par référendum de la
Moldavie lors de la dissolution de l’URSS. Les fonctionnaires de la Mission d’assistance de l’Union européenne aux frontières de la Moldavie et de l’Ukraine (European Union Border Assistance
Mission to Moldova and Ukraine - EUBAM), sous la direction de Stefano Sannino (l’ancien représentant de OSCE en Serbie), encadrent les douanes moldaves et ukrainiennes (qui ne sont pas
membres de l’UE) pour procéder depuis le 1er janvier 2022 au blocus de ce pays. La Russie sera contrainte d’aménager l’ancienne base spatiale soviétique et de créer un pont aérien pour
nourrir les 500 000 habitants de cette enclave.
Les citoyens de l’Union européenne l’ont oublié, mais en 1992 les États-Unis avaient vainement tenté d’écraser militairement la Transnistrie (aujourd’hui
République moldave du Dniestr) en utilisant une armée recrutée dans les prisons roumaines [10]. Le courage de cette population fidèle au
modèle des Soviets, et particulièrement de ses femmes, fit capoter le projet de la CIA.
Signalons au passage que si la population de Transnistrie parle le Russie, trois villages continuent à parler le français. Il sont habités par des descendants
des grognards de Napoléon qui s’y marièrent et s’y implantèrent lors de la campagne de Russie.
En conclusion, si la réponse de Washington à la proposition de Traité de Moscou pour garantir la paix était officiellement un arrêt de sa progression vers
l’Est, elle est officieusement qu’il a toujours la capacité de nuire.
Le Kremlin a exprimé son inquiétude quant à la sécurité de la Russie alors qu’elle est entourée de bases américaines et il a clairement indiqué que Washington
devait répondre à l’inquiétude de la Russie. Mais Washington le fera-t-il ? En fait, Washington peut-il le faire ?
Les États-Unis sont dirigés par des groupes d’intérêt financiers, l’État profond et des mensonges. Les mensonges touchent tout le monde, non seulement le peuple
mais aussi l’État profond et les intérêts financiers qui tirent les ficelles des politiciens. Par conséquent, les États-Unis ne peuvent avoir aucune politique sensée, intérieure ou
extérieure.
La politique intérieure actuelle consiste à diaboliser la majorité de la population blanche en la traitant de « racistes » et de « terroristes
intérieurs ». La politique étrangère consiste à utiliser les menaces et la coercition pour créer un maximum d’ennemis au nom du budget et du pouvoir, du complexe militaro-sécuritaire.
Le ministère américain de la propagande est si efficace que l’État profond en est venu à croire ses propres mensonges. Anne Applebaum, qui joue la musique de l’État
profond pour des oreilles patriotiques dans « The Atlantic », en est un bon exemple.
« Les sirènes sonnent,
affirme la « presstituée » Applebaum, en raison du comportement
public des diplomates et des responsables russes, y compris le président Vladimir Poutine, qui ont passé les deux dernières semaines à accuser les États-Unis et leurs alliés d’une agression
inexistante ». Pour Applebaum, renverser un gouvernement ukrainien démocratiquement élu et vivant en paix avec la Russie, armer un gouvernement néonazi de
remplacement mis en place par Washington, et faire de l’ennemi de la Russie créé par Washington un membre de l’OTAN afin que les États-Unis puissent avoir des missiles nucléaires à la frontière
de la Russie, n’est pas une agression américaine.
Selon Applebaum, ou n’importe quel fonctionnaire de l’État profond qui a écrit l’article pour elle, tout cela n’est qu’un fantasme de Poutine. La vraie vérité,
selon Applebaum, est que « le seul agresseur dans la
région est la Russie ». La ligne de l’État profond, exprimée par Applebaum, veut que Poutine ait l’intention de « détruire nos
alliances », de « saper toutes les
démocraties », de « briser l’OTAN. Détruire
l’Union européenne, supprimer l’influence américaine en Europe et partout ailleurs, pour toujours ».
Ouf ! Quel programme ! Je suis raisonnablement bien informé, et je n’ai jamais entendu Poutine dire un mot dans ce sens. Tout ce que Poutine a dit, c’est que
« l’Occident
nous fait sentir menacés, et nous aimerions que vous cessiez ».
L’article de Applebaum est un condensé des mensonges qui constitue le fondement de la politique étrangère américaine. Ces mensonges représentent l’état d’esprit de
l’establishment du département d’État, une collection de russophobes se vautrant dans l’hubris de «l’exceptionnalisme américain ». Le but de l’article d’Applebaum est d’empêcher la Maison Blanche
de considérer la demande de Poutine, et de respecter les préoccupations sécuritaires de la Russie.
Alors, quelles seront les conséquences ? Biden n’est que partiellement présent. Il n’est pas réellement acteur. La situation le dépasse. Qui va suggérer à Biden la
réponse qu’il fera à Poutine le 10 janvier ?
Compte tenu de l’influence néoconservatrice sioniste sur la politique étrangère américaine – la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland, par exemple – Biden sera
chargé de convaincre Poutine que nous l’entendons et que nous continuerons, indéfiniment, à réfléchir à la question.
Si Poutine, qui a besoin de présenter la réunion comme un « succès », accepte que Washington élude la question, les Etats-Unis gagneront du temps pour
trouver d’autres moyens que le Kazakhstan pour causer des problèmes frontaliers à la Russie.
Si Poutine et le Kremlin, malgré les intégrationnistes atlantistes pro-occidentaux des médias russes, des universités et du gouvernement lui-même, voient clair dans
cette ruse, ils concluront que l’intention de Washington n’est que d’aggraver les problèmes de sécurité de la Russie.
Si Poutine et Lavrov concluent que la négociation est inutile face à l’Occident, il est possible que le Kremlin se tourne vers sa supériorité militaire et que les
bases américaines en Ukraine, en Pologne et en Roumanie soient menacées.
Si Israël peut supprimer les installations qu’il juge menaçantes en Irak, en Syrie et au Liban, la Russie peut supprimer les installations qu’elle juge menaçantes
en Ukraine, en Roumanie et en Pologne, et partout ailleurs. Les Russes ont autant le droit à la sécurité que les Israéliens. L’article d’Applebaum met en évidence l’attitude dure et irréaliste du
complexe militaro sécuritaire américain à l’égard des préoccupations de sécurité de la Russie.
Les discussions que la Russie et l’Occident ont eues lors de la réunion du Conseil Russie-OTAN ce mercredi, premier événement de ce type depuis 2019,
ont été utiles et directes. Elles n’ont débouché sur aucun accord, mais ont permis aux parties de comprendre la position de l’autre et de se rendre compte que la Russie et l’OTAN ont
toujours des conceptions différentes sur les questions fondamentales. La Russie attend des États-Unis et des autres pays de l’OTAN qu’ils donnent une réponse écrite aux initiatives de
Moscou en matière de sécurité, et décidera s’il est raisonnable de poursuivre les pourparlers ou de passer à d’autres mesures pour assurer la sécurité nationale.
Réponse aux
propositions
Alexandre Grushko a souligné que la Russie avait clarifié toutes ses préoccupations lors de la réunion et a appelé l’autre partie à mettre ses
propositions sur papier. Le diplomate russe a ajouté qu’il était raisonnable d’attendre des membres de l’OTAN qu’ils le fassent dans un avenir proche, mais qu’il était trop tôt pour
parler de contacts ultérieurs.
Présence
diplomatique
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a noté que Moscou envisagerait de rétablir sa mission permanente auprès de l’OTAN, à condition que
l’alliance change de politique et abandonne ses tentatives de faire monter les tensions. Il a également souligné que la Russie ne permettrait à personne de prendre des décisions
concernant sa présence diplomatique.
Désescalade en
Ukraine
Alexandre Grushko a déclaré que, lors de la réunion de quatre heures, les discussions sur la question ukrainienne avaient duré une heure et demie. Il a
également déclaré que la désescalade dans le pays était possible sur la base des accords de Minsk. Toutefois, il a insisté sur la nécessité de faire en sorte que Kiev s’acquitte
pleinement des obligations qui lui incombent en vertu de ces accords. Le diplomate russe a ajouté qu’une fois que ce sera fait, « il n’y aurait
aucune menace pour la sécurité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Selon lui, si l’OTAN est réellement intéressée par la désescalade, elle devrait cesser de fournir
toute forme d’assistance militaire à l’Ukraine, en particulier des armes, et retirer ses inspecteurs, ses instructeurs, ses officiers et ses soldats.
Instruments politiques et
militaires
Alexandre Grushko a également expliqué aux journalistes que Moscou ne pouvait pas accepter l’approche de l’OTAN concernant le principe de la sécurité
indivisible, car l’alliance le considère uniquement « comme la sécurité
indivisible des États membres de l’OTAN ». Il a souligné qu’ignorer les intérêts des autres pays et tenter de construire un système de sécurité « contre la
Russie » et sans la Russie ne mènerait à rien. En outre, selon lui, la Russie utilisera tous les outils dont elle dispose pour assurer sa sécurité, y compris les outils
politiques et militaires. Le vice-ministre des Affaires étrangères a souligné que la Russie répondrait à la politique de dissuasion de l’OTAN par une politique de contre-dissuasion,
et à l’intimidation, par une contre-intimidation. « S’il s’agit de
chercher des vulnérabilités dans le système de défense de la Russie, nous chercherons les vulnérabilités dans celle de l’OTAN. Ce n’est pas notre choix, mais si nous ne parvenons pas
à renverser le dangereux cours actuel des événements, il n’y aura pas d’autre option. Il serait préférable de surmonter la crise en trouvant un équilibre raisonnable des
intérêts ».
L’expansion comme
menace
Alexandre Grushko a noté que l’une des principales exigences de la Russie était que l’OTAN mette un terme à son expansion vers l’est, notamment vers les
anciens pays soviétiques. Selon lui, l’élément essentiel de l’ordre du jour était la nécessité pour l’OTAN de donner des garanties juridiques qu’elle ne s’étendrait pas à
l’est.
Remarques du ministère de la
Défense
Le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomin, parlant au nom du ministère russe de la Défense déclaré que « les relations
entre la Russie et l’OTAN ont atteint un niveau extrêmement préoccupant, dans un contexte d’instabilité mondiale, de menace terroriste, de course aux armements imminente et de
délabrement de l’architecture de sécurité européenne. La Russie a souligné lors de la réunion qu’elle avait demandé à plusieurs reprises à l’alliance de prendre des mesures pour
apaiser les tensions, mais l’OTAN n’a pas répondu, ce qui a créé des conditions propices aux incidents et aux conflits ».
Des problèmes à
résoudre
Le ministère russe de la Défense a déclaré que dans une telle situation, le président russe Vladimir Poutine avait pris la décision d’envoyer aux
États-Unis et à l’OTAN les projets d’accords de Moscou sur les garanties de sécurité juridiquement contraignantes. Le ministère a énuméré les principaux problèmes à résoudre. Tout
d’abord la nécessité pour l’OTAN de garantir qu’elle ne s’étendra pas à l’est. Deuxièmement, le non déploiement de missiles américains à portée intermédiaire et à courte portée en
Europe, car une telle mesure pourrait aggraver considérablement la situation sécuritaire sur le continent. Troisièmement, la diminution des activités militaires en Europe et la
diminution des forces dites de déploiement avancé.
De son côté, l’ambassadeur de Russie aux États-Unis, Anatoli Antonov a expliqué, répondant à la question d’un journaliste : « Nous pensons que
les appels lancés au Capitole en faveur de l’introduction de restrictions antirusses « paralysantes », ainsi que de sanctions personnelles contre les hauts dirigeants de la Fédération
de Russie, sont des provocations désespérées. Nous ne nous laisserons pas intimider par ces restrictions. Ces appels cachent une tentative d’influencer la Russie dans le contexte des
négociations en cours sur la sécurité européenne. Nous les considérons comme la preuve de l’incapacité des États-Unis à défendre leur point de vue à la table des négociations de façon
rationnelle ».
Quant à la représentante américaine aux négociations (Genève et Bruxelles), Wendy Sherman a déclaré que c’était à la Russie de choisir entre
« désescalade et
confrontation ».
La crise ukrainienne a conduit à des
négociations entre la Russie et l’Occident. Les États-Unis, l’OTAN et l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sont la démonstration d’un grand jeu entre les
parties. Il semble que Moscou et Washington soient parvenus à un certain consensus pour « refroidir » la situation en Ukraine, ce qui a semé une certaine confusion pour l’Alliance de
l’Atlantique Nord qui est confrontée à une triste réalité.
L’expert chinois Cui Hongjian écrit que Washington pourrait sacrifier l’OTAN comme pièce d’échec dans un grand jeu contre la Russie.
L’expert chinois note que l’administration de Joe Biden a fait un geste pour assurer la sécurité de l’Europe. Côté russe, les États-Unis s’engagent dans un
dialogue de stabilité stratégique bilatéral pour établir des règles du jeu sûres entre les deux pays. Dans le même temps, les Etats-Unis encouragent l’OTAN et l’Ukraine à coopérer
étroitement, notamment dans la région de la mer Noire (c’est-à-dire sur le flanc oriental de l’alliance) afin de renforcer l’offensive stratégique contre la Russie.
« La solution au
problème ukrainien sous la direction de Washington est d’utiliser l’OTAN pour lancer une offensive contre la Russie. Cela diffère sensiblement de l’approche européenne qui se concentre
davantage sur les négociations diplomatiques et l’échange d’intérêts. Par conséquent, la situation en Ukraine évoluera rapidement vers une confrontation militaire », déclare Cui
Hongjian dans son article publié dans le Global Times.
Selon lui, l’objectif de l’OTAN est de prouver qu’elle peut encore jouer un certain rôle dans les relations entre l’Europe et la Russie et dans le domaine de la sécurité européenne.
Cependant, après avoir obtenu des résultats politiques limités lors de la réunion du Conseil OTAN-Russie à Bruxelles le 12 janvier 2022, l’alliance a fait face à une triste réalité.
L’expert chinois se demande si « la valeur de l’OTAN
pour les États-Unis diminuera de manière significative après que la Russie et les États-Unis aient atteint un consensus dans leurs pourparlers pour réduire le degré de tension en Ukraine
? »
Cui Hongjian attire l’attention sur le fait que les États-Unis et l’alliance considèrent l’Ukraine comme un partenaire, mais ne lui ont pas accordé
l’adhésion à l’OTAN. Ainsi, ils veulent prendre le dessus dans leur jeu avec la Russie. Ils pourraient, non seulement, aggraver la situation dans la région en fournissant à l’Ukraine du
matériel militaire et en menant des exercices militaires conjoints, mais aussi utiliser la thèse selon laquelle « l’Ukraine n’est pas
membre de l’OTAN » comme excuse pour éviter une confrontation ouverte avec la Russie. À ce propos, Observateur
Continentalsignalait le
12 janvier 2022, citant CNN, que les
États-Unis fournissent discrètement de l’argent et des armes à l’Ukraine.
« Mais la Russie a déjà
compris l’emploi de telles astuces des États-Unis et de l’OTAN », rapporte l’analyste chinois. « Par conséquent,
Moscou exige que l’OTAN clarifie ses relations avec l’Ukraine au milieu de l’escalade de la confrontation militaire afin d’éviter des coûts stratégiques. Si l’OTAN ne parvient pas à
arrêter cette série de contre-attaques stratégiques et diplomatiques de la Russie, tous les « gains » qu’elle a réalisés en resserrant l’espace russe sur ses flancs est et ouest
s’éteindront », rajoute-t-il.
En résumé, Cui Hongjian estime que pour résoudre le problème ukrainien, l’Europe doit forcer les parties concernées à restaurer la confiance dans le format
Normandie. Quant aux relations avec la Russie, il faut favoriser la désescalade par le dialogue, comme la France et l’Allemagne le proposent et développer les relations bilatérales vers
un état de stabilité. En ce qui concerne sa propre sécurité, l’alliance doit influencer et restreindre les États-Unis à travers le mécanisme bilatéral États-Unis-Europe et les principes
généraux de l’OTAN, et ne « pas devenir une pièce
d’échecs que Washington sacrifiera dans le grand jeu », conclut l’expert chinois.
Observateur
Continental rappelle que la réunion du Conseil OTAN-Russie tenue le 12 janvier 2022 était la deuxième étape des consultations entre Moscou et les États occidentaux sur les
propositions russes sur la sécurité en Europe et que rien
n’a pu avancer pour résoudre le conflit entre l’OTAN et la Russie. La première réunion, qui comprenait des négociations entre les représentants des États-Unis et la Fédération de
Russie, s’est tenue à Genève le 10 janvier 2022 et la troisième aura lieu à Vienne le 13 janvier 2022 dans le cadre de l’OSCE.
Washington n’examinera pas les propositions
russes relatives au non-élargissement de l’OTAN et n’a même pas l’intention de discuter de cette idée. Voilà pour le « dialogue ».
C’était la première réunion de haut niveau entre la Russie et l’OTAN depuis 2019 – venant immédiatement après le non sequitur du dialogue de non-dialogue entre les
États-Unis et la Russie sur la « garantie de sécurité » plus tôt dans la semaine à Genève.
Que s’est-il donc passé à Bruxelles ? Essentiellement un autre dialogue de non-dialogue, accompagné d’une préface kafkaïenne de l’OTAN : nous sommes prêts à
dialoguer, mais les propositions du Kremlin sont inacceptables.
Il s’agissait d’un coup de bluff de l’envoyée américaine à l’OTAN, Julianne Smith, qui a blâmé de manière préventive la Russie pour les actions qui ont
« accéléré ce
désastre ».
À l’heure actuelle, tous les êtres sensibles d’Eurasie et de sa péninsule européenne devraient connaître les deux principales exigences rationnelles de la Russie :
pas de nouvelle expansion de l’OTAN et pas de systèmes de missiles stationnés près de ses frontières.
Passons maintenant à la machine à faire tourner les têtes. Les platitudes du
secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ont été, comme on pouvait s’y attendre, fidèles à sa spectaculaire médiocrité. À propos du dialogue déjà anticipé, il a déclaré qu’il était
« important
d’entamer un dialogue ».
La Russie, a-t-il dit, « a exhorté l’OTAN à refuser
d’admettre l’Ukraine ; l’alliance a répondu en refusant de faire des compromis sur l’élargissement ». Pourtant, l’OTAN « se félicite des consultations
bilatérales » sur les garanties de sécurité.
L’OTAN a également proposé une série de vastes consultations sur la sécurité, et « la Russie n’a pas encore
accepté, mais ne les a pas exclues non plus ».
Rien d’étonnant à cela : les Russes avaient déjà noté, avant même que cela ne se produise, qu’il ne s’agit que de tactiques dilatoires.
Les pays du Sud seront soulagés d’apprendre que Stoltenberg a défendu les blitzkriegs militaires de l’OTAN au Kosovo et en Libye : après tout, « elles relevaient de mandats
de l’ONU ». Elles étaient donc bénignes. Pas un mot sur les performances spectaculaires de l’OTAN en Afghanistan.
Et puis, la conclusion tant attendue : L’OTAN s’inquiète de la présence de troupes russes « à la frontière avec
l’Ukraine » – en réalité à une distance de 130 à 180 km, à l’intérieur du territoire russe européen. Et l’alliance considère comme « faux » que
l’expansion est « un acte agressif ».
Pourquoi ? Parce que « cela répand la démocratie ».
Bombarde-moi jusqu’à la démocratie,
bébé
Voici donc l’évangile de l’OTAN en un mot. Maintenant, comparez-le avec les mots qui donnent à réfléchir du vice-ministre russe des Affaires
étrangères, Alexander
Grushko.
Grushko a soigneusement expliqué comment « l’OTAN est déterminée à
contenir la Russie. Les États-Unis et leurs alliés tentent d’obtenir la supériorité dans tous les domaines et sur tous les théâtres d’opérations militaires possibles ». Il s’agissait
d’une référence voilée à la domination sur tout le spectre, qui, depuis 2002, reste l’évangile américain.
Grushko a également fait référence aux « tactiques d’endiguement de
l’époque de la Guerre froide », et a déclaré que « toute
coopération [avec la Russie] a été interrompue »
– par l’OTAN. Pourtant, « la Russie a indiqué
honnêtement et directement à l’OTAN qu’une nouvelle détérioration de la situation pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la sécurité européenne ».
La conclusion est sans appel : « La Fédération de Russie et
l’OTAN n’ont pas du tout un programme positif unifié ».
Pratiquement toutes les factions russophobes de la machine bipartisane Guerre Inc. à Washington ne peuvent accepter qu’aucune force ne soit stationnée dans les
États européens qui n’étaient pas membres de l’OTAN en 1997 et que les membres actuels de l’OTAN ne tentent aucune intervention militaire en Ukraine ainsi que dans d’autres États d’Europe
orientale, de Transcaucasie et d’Asie centrale.
Lundi à Genève, le vice-ministre des Affaires étrangères, Riabkov, avait déjà souligné, une fois de plus, que la ligne rouge de la Russie est inamovible :
« Pour nous,
il est absolument obligatoire de veiller à ce que l’Ukraine ne devienne jamais, jamais, jamais membre de l’OTAN ».
Des sources diplomatiques ont confirmé qu’à Genève, Riabkov et son équipe ont dû, à toutes fins utiles, agir comme des enseignants dans un jardin d’enfants, en
veillant à ce qu’il n’y ait « aucun
malentendu ».
Comparez maintenant avec Ned Price, du département d’État américain, qui s’est exprimé après ces huit heures exténuantes partagées entre Riabkov et la secrétaire
d’État adjointe Wendy Sherman : Washington n’examinera pas les propositions russes relatives à la non-élargissement de l’OTAN et n’a même pas l’intention de discuter de cette idée.
Voilà pour le « dialogue ».
Riabkov a confirmé qu’il n’y avait pas eu de progrès. Revenant sur son didactisme, il a dû souligner : « Nous demandons aux États-Unis
de faire preuve d’un maximum de responsabilité en ce moment. Les risques liés à une éventuelle augmentation de la confrontation ne doivent pas être sous-estimés ».
Dire, selon les mots de Riabkov, que des efforts « significatifs » ont été déployés par la Russie pour persuader les Américains que « jouer avec le feu »
n’est pas dans leur intérêt est l’euphémisme du jeune siècle.
Laissez-moi vous sanctionner jusqu’à
l’oubli
Un bref rappel est essentiel pour comprendre comment les choses ont pu dérailler aussi rapidement.
La stratégie pas vraiment secrète de l’OTAN a consisté, depuis le début, à faire pression sur Moscou pour qu’elle négocie directement avec Kiev sur le Donbass, même
si la Russie n’est pas mentionnée dans les accords de Minsk.
Alors que Moscou était contraint de prendre part à la confrontation entre l’Ukraine et le Donbass, elle a à peine transpiré en écrasant un coup d’État et une
révolution de couleur en Biélorussie. Ensuite, les Russes ont rassemblé en un rien de temps une force de frappe impressionnante – avec l’infrastructure militaire correspondante – sur le
territoire de la Russie européenne, afin de réagir de manière fulgurante en cas de blitzkrieg ukrainien dans le Donbass.
Il n’est pas étonnant que l’OTAN, alarmée, ait dû faire quelque chose à propos de l’idée de combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien appauvri. Ils ont
peut-être au moins compris que l’Ukraine serait complètement détruite.
La beauté de la chose, c’est la façon dont Moscou a retourné la situation avec un nouveau mouvement de jiu-jitsu géopolitique. La démence de l’Ukraine, encouragée
par l’OTAN et accompagnée de promesses vides de devenir membre, a permis à la Russie d’exiger la fin de l’expansion de l’OTAN et le retrait de toutes les infrastructures militaires d’Europe de
l’Est.
Il était évident que Riabkov, dans ses entretiens avec Sherman, refuserait toute suggestion selon laquelle la Russie devrait démanteler l’infrastructure logistique
mise en place sur son propre territoire en Russie européenne. À toutes fins utiles, Riabkov a réduit Sherman en miettes. Il n’est resté que de douces menaces de sanctions supplémentaires.
Il n’en reste pas moins que ce sera une tâche sisyphéenne de convaincre l’Empire et ses satrapies de l’OTAN de ne pas organiser une sorte d’aventure militaire en
Ukraine. C’est l’essentiel de ce que Riabkov et Grushko ont dit et répété à Genève et à Bruxelles. Ils ont également dû souligner l’évidence : si de nouvelles sanctions sont imposées à la Russie,
il y aura de graves répercussions, notamment en Europe.
Mais comment est-il humainement possible pour des professionnels chevronnés comme Riabkov et Grushko d’argumenter, de manière rationnelle, avec une bande d’aveugles
amateurs comme Blinken, Sullivan, Nuland et Sherman ?
De sérieuses spéculations ont été faites sur le délai dans lequel la Russie ne prendra même plus la peine d’écouter le « babillage »
américain (copyright Maria Zakharova). Ce pourrait être vers 2027, voire 2025.
Ce qui se passe ensuite, c’est que la prolongation de cinq ans du nouveau traité START expire en février 2026. Alors il n’y aura plus de plafond pour les armes
nucléaires stratégiques. Le gazoduc Force de Sibérie 2 vers la Chine rendra Gazprom encore moins dépendant du marché européen. Le système financier combiné Russie-Chine deviendra presque
imperméable aux sanctions américaines. Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine permettra de partager des technologies militaires encore plus importantes.
Tout cela est bien plus important que le sale secret qui n’est pas un secret dans le kabuki actuel des « garanties de sécurité » : la nation
exceptionnaliste et « indispensable » est congénitalement incapable de renoncer à l’expansion éternelle de l’OTAN vers l’espace.
Dans le même temps, les Russes sont très conscients d’une vérité assez prosaïque : les États-Unis ne se battront pas pour l’Ukraine.
Alors bienvenue dans l’Irrationalisme Instagrammé. Que se passera-t-il ensuite ? Très probablement une provocation,
avec la possibilité, par exemple, d’une opération chimique secrète à imputer à la Russie, suivie de – quoi d’autre – davantage de sanctions.
Le paquet est prêt. Il se présente sous la forme d’un projet de loi déposé par des sénateurs démocrates et soutenu par la Maison Blanche, qui prévoit d’infliger des
« coûts sévères » à l’économie russe au cas où Moscou répondrait enfin à leurs prières et « envahirait » l’Ukraine.
Les sanctions toucheraient directement le président Poutine, le premier ministre Mishustin, le ministre des Affaires étrangères Lavrov, le chef d’État-Major général
des forces armées, le général Gerasimov, et « les commandants de diverses
branches des forces armées, notamment l’armée de l’air et la marine ».
Parmi les banques et institutions financières visées figurent la Sberbank, la VTB, la Gazprombank, la Moscow Credit Bank, l’Alfa-Bank, l’Otkritie Bank, la PSB, la
Sovcombank, la Transcapitalbank et le Fonds russe d’investissement direct. Ils seraient tous coupés de SWIFT.
Si ce projet de loi ressemble à une déclaration de guerre, c’est parce que c’en est une. Appelez cela la version américaine du « dialogue ».
Alors que se termine dans un vide attendu la « semaine diplomatique » initiée par la Russie pour tenter de trouver une sortie de crise politique avec les États-Unis
et les organes de gouvernance globale, qui lui sont affiliés, le Sénat américain, soutenu par la Maison Blanche prépare un nouveau paquet de sanctions, équivalent à une rupture des relations
entre les pays, conséquence à laquelle doivent s’attendre les États-Unis si le texte est validé. En effet, comment discuter avec un pays qui décide de sanctionner un Président, un Premier
ministre, des ministres, etc. ? La diplomatie, pour être efficace exige de la culte politique, ce dont manifestement les élites globalistes sont dépourvues. Dans ce cas, il ne reste que le
rapport de force – ou la reddition.
Cette « semaine diplomatique » n’a permis qu’une seule chose : ôter tout doute quant à l’incapacité et à l’absence de volonté des États-Unis, et des
structures qui leur sont affiliées, de parvenir à un équilibre géopolitique, reconnaissant à la Russie, comme tout pays souverain, le droit d’avoir des intérêts propres et de les prendre en
compte.
En proposant l’intégration de nouveaux pays dans l’OTAN, comme la Finlande et la Suède, V. Nuland provoque
la Russie, cherchant à ridiculiser ses tentatives de sortie de crise, cherchant à la rabaisser en lui niant le droit d’avoir des exigences internationales – n’ayant pas les moyens de les faire
respecter. Elle oppose le rapport de force brute à la diplomatie, elle nie la diplomatie. Cela se passe, alors qu’elle fait pression, avec la Maison Blanche, pour que des sanctions sans précédent
soient adoptées contre les dirigeants russes, les grandes banques, etc. Sans oublier les déclarations officielles américaines concernant le refus de retirer ou réduire les forces militaires
américaines en Pologne ou dans les pays Baltes ; ne parlons même pas de l’Ukraine ou du lancement de grandes manoeuvre en Norvège par l’OTAN à la fin de ces « négociations ».
Cette semaine, avec une violence inouïe, les Etats-Unis ont voulu pulvériser la tentative russe de reprendre la main sur l’ordre du jour international, lui déniant
ainsi le droit de se permettre ce genre d’initiative. Sur le fond, la réponse apportée aux propositions russes d’équilibre des forces est claire : nous n’avons aucune raison de
limiter nos forces puisque nous ne reconnaissons pas votre force, donc nous ne le ferons pas, nous lutterons jusqu’à la victoire totale, jusqu’à ce que le monde soit enfin complètement global –
c’est-à-dire nôtre.
Mais pour cela, les États-Unis ne sont pas prêts à une guerre traditionnelle, qu’ils remplacent par l’instrumentalisation des pays tiers et des conflits aux
frontières russes, par l’imposition du calendrier covidien qui permet de déstabiliser les économies et les sociétés tout en fracturant la légitimité des pouvoirs nationaux et enfin par les
sanctions. Mais c’est quand même une guerre :
« Menendez a déclaré que la
législation envoie un message clair à la Russie : “Poutine n’a pas besoin de faire s’effondrer toute son économie ni de sacrifier la vie de son propre peuple dans une tentative futile de réécrire
la carte de l’Europe” ».
Le Sénat américains, sous l’impulsion des Démocrates, met en place un paquet de santions inédites selon le Washington
Post :
«Le projet de loi, obtenu par
le Washington Post avant sa publication, imposerait des sanctions radicales aux hauts responsables militaires et gouvernementaux russes, y compris Poutine et d’autres dirigeants, ainsi qu’aux
principales institutions bancaires, si Moscou s’engage dans des hostilités contre l’Ukraine. Elle viserait également les entreprises russes qui proposent des systèmes de messagerie sécurisée tels
que SWIFT, que les banques utilisent pour échanger des informations essentielles avec d’autres institutions financières ».
Concrètement,
en cas d’invasion de l’Ukraine, mais aussi d’une escalade militaire significative dirigée vers une tentative de renversement du régime ou d’atteinte à l’intégrité territoriale, le Président
américain pourra activer les sanctions suivantes :
il sera possible de bloquer les biens
accessibles au pouvoir américain et d’interdire l’accès au territoire américain du Président russe, du Premier ministre, du ministre des Affaires étrangères, du ministre de la Défense, du
chef de l’État-Major russe et d’autres officiers supérieurs du commandement ;
trois banques au moins tomberont sous sanction parmi Saberbank, VTB, Gazprombank, VEB RF, RFPI, Banque de crédit de Moscou, Alfa-Bank, Credit agricole russe,
Bank Otkrytie, Promsviazbank, Sovkombank, Transkapitalbank ;
les Américains n’auront pas le droit de réaliser des opérations financières avec la dette publique russe et les titres de créance des entreprises publiques
russes ;
il sera établi une liste de sanctions contre les personnes physiques et morales exerçant dans le domaine du pétrole, du gaz et du charbon, de l’extraction et de
la transformation des minéraux et d’autres industries ;
toutes les possibilités d’empêcher la mise en service de Nord Stream 2 seront envisagées.
Par ailleurs, un chapitre spécial du projet de loi est consacré à l’augmentation de l’aide militaire apportée à l’Ukraine et en Europe à la « lutte contre la
Russie ». Ceci souligne l’absurdité des déclarations à la mode affirmant que les USA se retirent d’Europe, que leurs intérêts stratégiques sont redirigés vers l’Orient, que l’Europe n’est
plus à l’heure du jour.
Le Kremlin a
déclaré que si un tel texte est adopté, cela sera équivalent à une rupture des relations entre les pays. La Russie, à diverses occasions ces derniers temps, et les occasions n’ont
pas manqué, a réitéré ce type de déclarations : nous allons arrêter de discuter pour discuter, nous allons prendre d’autres types de mesures, nous allons rompre les relations si ceci ou si cela.
Le fameux « si » s’est concrétisé, que ce texte soit adopté ou non, puisque les propositions de normalisation des relations adressées par la Russie se sont vues opposer une fin de
non-recevoir.
Et il n’y a aucune raison
pour laquelle les États-Unis devraient faire marche arrière : c’est leur projet globaliste qui est en jeu, c’est leur vision d’un monde dont il sont le seul et unique centre de pouvoir qui se
décide. La Russie, comme pays même relativement souverain, n’y a pas sa place. Et la Russie, comme pays, ne peut pas exister autrement que sur le mode de la souveraineté, sinon elle
implose.
Le temps est venu de montrer si ces déclarations des élites russes dirigeantes ne sont que de la communication pour toujours reporter le moment de la décision,
espérant qu’un Deus ex
Machina descende de Youtube pour sauver la situation, ou s’ils ont la carrure adaptée à un pays qui mérite d’être une contre-puissance dans cette folie globaliste destructrice. Leur
marge de manoeuvre est extrêmement réduite, s’ils veulent non pas eux personnellement être pris au sérieux (ce qui est à peine secondaire dans ce jeu), mais s’ils veulent que la Russie, comme
joueur international et comme pilier civilisationnel, ait sa place.
À la fin des années 1990,
le complexe militaro-industriel-médiatique américain a fait pression sur l’administration Clinton pour étendre l’OTAN. Le seul but était de gagner plus de clients pour les armes américaines. La
Russie a protesté. Elle avait proposé de s’intégrer dans une nouvelle architecture de sécurité européenne, sur un pied d’égalité avec les États-Unis. Mais ces derniers voulaient que la Russie se
soumette à leurs caprices.
Depuis lors, l’OTAN a été
élargie cinq fois et s’est rapprochée de plus en plus de la frontière russe. Laisser la Russie, un grand pays doté de nombreuses ressources, en dehors de la structure de sécurité de l’Europe
garantissait qu’elle tenterait de sortir des misérables années 1990 et de retrouver son ancienne puissance.
En 2014, les États-Unis ont parrainé un coup d’État contre le gouvernement démocratiquement élu en Ukraine, voisin et parent de la Russie, et y ont installé leurs
proxys. Pour empêcher une éventuelle intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, la Russie a organisé un soulèvement contre le coup d’État dans l’est de l’Ukraine. Tant que l’Ukraine connaît un conflit
interne, elle ne peut pas rejoindre l’OTAN.
En 2018, l’administration Trump s’est retirée du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire qui avait été créé sous les présidents Gorbatchev et Reagan
pour éliminer les missiles nucléaires en Europe. Maintenant, les États-Unis font des plans pour stationner de nouveaux missiles nucléaires en Europe, ce que la Russie considère comme une menace.
Cela nécessite donc une réponse de sa part.
Entre-temps, les États-Unis et d’autres États de l’OTAN ont déployé d’importantes unités de « formation » en Ukraine et continuent d’y
envoyer des armes. Il s’agit d’une intégration furtive de l’Ukraine dans les structures de l’OTAN, sans les garanties formelles.
Fin 2021, les États-Unis ont commencé à faire grand cas de prétendues concentrations militaires russes à leur frontière occidentale, accompagné d’allégations sans
fondement selon lesquelles la Russie menace d’envahir l’Ukraine qui supplie d’entrer dans l’OTAN. Le but étant de justifier une nouvelle extension de l’OTAN et davantage de déploiements de l’OTAN
près de la Russie.
La Russie en a assez de ces absurdités. Elle a donc décidé de faire pression sur les États-Unis pour obtenir une nouvelle architecture de sécurité en Europe qui ne
menacerait pas la Russie. Les rumeurs concernant l’action de la Russie en Ukraine ont contribué à pousser le président Joe Biden à accepter des pourparlers.
Après que la Russie eut détaillé ses exigences en matière de sécurité à l’égard des États-Unis et de l’OTAN, une série de pourparlers ont été organisés.
J’avais prévenu que ces discussions ne seraient probablement pas fructueuses, car les États-Unis n’avaient montré aucun signe de volonté de répondre aux principales demandes russes. Comme prévu, les discussions de lundi avec les États-Unis ont échoué. Les États-Unis ont fait quelques
remarques indiquant qu’ils aimeraient négocier certaines questions secondaires, mais pas sur le cœur de la demande russe de mettre fin à l’extension de l’OTAN et d’arrêter les nouveaux
déploiements de missiles.
Les discussions de mercredi avec l’OTAN ont eu des résultats similaires à ceux des discussions d’aujourd’hui avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE).
Comme la Russie l’avait annoncé précédemment, elle n’envisagera pas de nouveaux pourparlers car il n’y a plus rien à en attendre :
Le
vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov, a déclaré qu’il ne voyait « aucune raison » de poursuivre les discussions, ce qui
porte un coup aux efforts visant à apaiser les tensions. Ses commentaires sont intervenus alors que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe s’est réunie à Vienne dans le
cadre de la dernière tentative visant à éviter une crise européenne majeure alors que la Russie déploie des troupes à la frontière de l’Ukraine.
S’exprimant sur
la télévision russe, M. Ryabkov a déclaré que les États-Unis et leurs alliés ont rejeté les principales demandes de la Russie – notamment son appel à la fin de la politique de la porte
ouverte de l’OTAN pour les nouveaux membres – en proposant de négocier uniquement sur des sujets d’intérêt secondaire pour Moscou.
« Il y a, dans une certaine mesure, une impasse ou une différence d’approche », a-t-il déclaré. Sans un signe de
flexibilité de la part des États-Unis, « je ne vois pas de raisons de s’asseoir dans les prochains jours, de se réunir à nouveau et de recommencer les mêmes
discussions. »
D’autres responsables du gouvernement russe ont formulé des remarques similaires :
Le
ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a qualifié la position occidentale d' »arrogante, inflexible et intransigeante », a déclaré que le président Vladimir Poutine
déciderait de la suite des événements après avoir reçu les réponses écrites aux demandes de Moscou la semaine prochaine. …
En plus de
qualifier les pourparlers d’infructueux, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a mis l’accent jeudi sur un projet de loi annoncé la veille par des sénateurs démocrates américains, qui
prévoit de nouvelles sanctions sévères contre les Russes, y compris Poutine, en cas d’action militaire contre l’Ukraine.
Peskov l’a qualifié
d’« extrêmement négatif, surtout dans le contexte de la série de négociations en cours, certes infructueuses, mais des négociations quand même. » Sanctionner un chef
d’État « est une mesure scandaleuse qui est comparable à la rupture des relations », a-t-il déclaré.
Peskov a également accusé les États-Unis et
l’OTAN d’aggraver le conflit par des efforts visant à « inciter » de nouveaux pays à rejoindre
l’OTAN.
Les dernières remarques de M. Peskov ont trait aux bruits récents de la Finlande et de la Suède selon lesquels ces pays pourraient envisager de rejoindre
l’OTAN.
Les États-Unis avaient promis d’envoyer une réponse écrite aux demandes de la Russie d’ici la semaine prochaine. L’OTAN a également déclaré qu’elle enverrait une
lettre dans un délai d’une semaine. Si ces lettres ne contiennent pas de concessions substantielles pour la Russie, elle devra agir.
L’article du Washington
Post cité ci-dessus est intitulé « La
Russie accentue sa pression sur l’Europe et déclare qu’il n’y a pas lieu de poursuivre les discussions sur la sécurité dans un contexte de tensions accrues ». Le Post tente de présenter ces questions comme un problème
entre la Russie, l’Europe et l’OTAN.
Or, la Russie ne discute même pas avec l’Europe, qui n’est plus pertinente. Les demandes de sécurité sont adressées aux États-Unis et les problèmes ne peuvent être résolus que par la Maison
Blanche.
La Russie a parlé de « mesures militaro-techniques » qu’elle devrait
prendre en cas d’échec des négociations.
Elle a maintenant commencé à faire allusion à certaines de ces possibilités :
Jeudi, la Russie
a fortement augmenté les enjeux de son différend avec l’Occident au sujet de l’Ukraine, un haut diplomate refusant d’exclure un déploiement militaire russe à Cuba et au Venezuela si les
tensions avec les États-Unis s’aggravaient.
Le
vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, qui a dirigé la délégation russe lors des pourparlers de lundi avec les États-Unis à Genève, a déclaré dans des remarques télévisées
qu’il ne voulait « ni confirmer ni exclure » la possibilité que la Russie envoie des
moyens militaires à Cuba et au Venezuela si les pourparlers échouent et que la pression des États-Unis sur la Russie augmente.
La Russie n’a pas besoin de stationner des missiles à Cuba, mais elle pourrait demander l’accès de sa marine à un ou plusieurs ports décents dans la zone :
Tout en
exprimant son inquiétude quant à la possibilité que l’OTAN utilise le territoire ukrainien pour déployer des missiles capables d’atteindre Moscou en cinq minutes seulement, M. Poutine a fait
remarquer que les navires de guerre russes armés du dernier missile de croisière hypersonique Zircon donneraient à la Russie une capacité similaire s’ils étaient déployés dans des eaux
neutres.
Le timing est intéressant. À partir d’aujourd’hui, les missiles Zircon ont été officiellement acceptés par les services militaires russes. Actuellement, cinq navires de la marine russe sont configurés pour transporter ces nouvelles armes hypersoniques
et beaucoup d’autres sont à venir :
À
ce stade, les porteurs de Zirkon sont les FFG pr. 22350 (classe Amiral Gorshkov), les corvettes pr. 20385 et les navires modernisés pr. 1155 FFGs, classe Udaloy (voir Marshal Shaposhnikov).
Au total, on peut déjà voir au moins 5 lanceurs de missiles Zircon à flot dans la flotte de surface russe, leur nombre passant à 11 vers le milieu des années 2020, date à laquelle les
lanceurs de missiles Zircon en version sous-marine viendront également s’ajouter au nombre de lanceurs. Bienvenue dans la nouvelle ère de la guerre navale. Je suppose que certains des
Karakurts (pr. 22800) et pr. 21631 de la classe Buyan seront également capables de transporter des Zircons ou sa version « plus petite » Zircon Lite, d’une portée de 500
kilomètres. Et, bien sûr, une fois achevé, le croiseur de combat nucléaire Admiral Nakhimov transportera un tas de Zircon. Nous ne pouvons que deviner combien, puisque parmi les 174 VLS du
Nakhimov, 80 seront chargés de missiles anti-surface.
Nous attendons le nouveau discours de
Vladimir Poutine devant l’Assemblée fédérale assez rapidement (il était prévu, selon Peskov, « au début de 2022 »), et nous verrons donc de quelles autres
choses Poutine parlera.
Ce discours sera aussi intéressant que celui de 2018 (vidéo) au cours duquel Poutine a annoncé un certain nombre de nouveaux systèmes d’armes que les États-Unis n’ont aucun moyen de contrer. Attendez-vous à ce qu’il y en ait
davantage.
La Russie pourrait également déployer de nouvelles armes visant l’Europe :
La Russie a
déclaré lundi qu’elle pourrait être contrainte de déployer des missiles nucléaires à portée intermédiaire en Europe en réponse à ce qu’elle considère comme des plans de l’OTAN pour faire de
même.
L’avertissement
du vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, soulève le risque d’une nouvelle accumulation d’armes sur le continent, alors que les tensions Est-Ouest sont au plus haut depuis la
fin de la guerre froide, il y a trente ans.
Ryabkov a
déclaré que la Russie serait contrainte d’agir si l’Occident refusait de se joindre à elle pour un moratoire sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI) en Europe, qui fait partie
d’un ensemble de garanties de sécurité que la Russie cherche à obtenir pour désamorcer la crise en Ukraine.
L’absence de
progrès vers une solution politique et diplomatique conduirait la Russie à répondre de manière militaire, avec des technologies militaires, a déclaré M. Ryabkov à l’agence de presse russe
RIA.
« C’est-à-dire qu’il y aura une confrontation, ce sera le prochain round », a-t-il dit, en faisant référence au
déploiement potentiel des missiles par la Russie.
Les armes
nucléaires de portée intermédiaire – celles qui ont une portée de 500 à 5 500 km (310 à 3 400 miles) – ont été interdites en Europe en vertu d’un traité conclu en 1987 entre le dirigeant
soviétique de l’époque, Mikhaïl Gorbatchev, et le président américain, Ronald Reagan, dans ce qui a été salué à l’époque comme un apaisement ma