La Covidissidence :

Seule une idéologie produit de la dissidence

...par Karine Bechet-Golovko - Le 12/01/2020.

Avec le Covid, le concept de dissidence a été remis à la mode. Sont qualifiés de dissident, tous ceux qui remettent en cause les objets et les moyens du culte : le masque, le vaccin, les mesures liberticides en général. Pour être qualifié de dissident aujourd’hui, il n’est pas nécessaire de remettre en cause l’existence d’un énième virus, mais de vouloir une approche rationnelle de la manière dont la situation est gérée. Or, il s’agit d’un virus, quel est le rapport avec la dissidence, dont les médias et les politiques nous abreuvent ? Le libéralisme avait créé ses dissidents, le communisme avait les siens. Ce sont des idéologies, c’est normal, car voulant créer une vision totalisante du monde, elles ne peuvent laisser de place à l’alternative, voire au doute. Mais le Covid, un virus ? À moins que le coronavirus ne soit que le moteur du globalisme, qui ne se discute pas et dont les vertus ne peuvent être mises en cause. Le Covid évite la discussion et force la marche globale, qui avait de plus en plus de mal à convaincre. D’où la possibilité d’une dissidence, la Covidissidence, puisque la question n’est plus fondamentalement sanitaire.

Le communisme avait ses dissidents, bien connus et médiatisés en Occident libéral, qui remettaient en cause le bien-fondé et le caractère exclusif du communisme ; le libéralisme a produit ses dissidents, bien connus aux États-Unis notamment avec le maccarthysme, dissidents qui eux aussi remettaient en cause le bien-fondé et le caractère exclusif, cette fois-ci, du libéralisme. De part et d’autre, ils furent pourchassés et sanctionnés, retirés de la société comme des éléments malades. Et il est impossible de ne pas faire le parallèle avec les recommandations du gouvernement français pour le repas de Noël, conseillant de considérer les invités remontés contre le Covid, comme des êtres à plaindre, qu’il faut traiter avec douceur, car psychologiquement déstabilisés. Bref, un être sain d’esprit ne peut porter de critique à ce sujet.

Avec la chute de l’URSS et l’effondrement de l’idéologie communiste, le libéralisme s’est retrouvé triomphant, sans concurrence, en route vers le globalisme. La « fin des idéologies » a été décrétée, car l’idéologie libérale restait seule en course et elle ne pouvait a priori avoir les traits d’une idéologie : elle était et aucune alternative n’était acceptable. Elle est ainsi devenue globale. Et elle a perdu le charme social et étatique dont elle se couvrait pour faire concurrence au communisme, un charme qui coûtait cher. Nous voyons aujourd’hui le résultat : la paix sociale achetée à coup d’aides ponctuelles, pour tenter de cacher un changement radical d’organisation sociale et un démembrement de l’État. Avant que ces aides, elles aussi disparaissent, inutiles pour une société écrasée et que l’Etat ne soit définitivement qu’une structure d’implantation de décisions prises ailleurs. En principe, nous n’en sommes pas loin.

Toujours est-il que sans idéologie, l’on pensait être également débarrassé des dissidents. Or, les voici de retour. Et en force. À la Une des médias, au détour des toutes les virgules des discours politiques. Ils sont revenus avec le Covid. Surprenant, comment un virus peut-il produire de la dissidence ? Un virus doit être soigné, les gens doivent être heureux et reconnaissants d’être soignés, protégés, contre un danger. Au lieu de voir grandir la reconnaissance, nous voyons grandir le mécontentement, dénommé dans le discours public de « dissidence ».

Les dissidents ne sont pas seulement ceux qui remettent en cause l’existence du coronavirus. Pour entrer dans la catégorie, il suffit de s’interroger sur le bien-fondé des mesures liberticides politico-juridiques adoptées à l’occasion du coronavirus et de ne pas les suivre. Le discours public cible des personnes instables, voire asociales, ceux qui ne respectent pas les règles sont soumis à des amendes, aucune action en justice n’a permis de changer fondamentalement le cours des choses. Les Covidissidents sont stigmatisés dans la société, la soumission au masque conditionne l’accès aux transports, aux magasins, voire à la voie publique ; la tentation est forte de les compartimenter avec une politique ségrégationniste de la vaccination rendue socialement obligatoire. Ils sont réprimés avec les moyens d’un État affaibli, qui ne peut se permettre de se montrer trop répressif, au risque de démontrer ainsi son incapacité à convaincre, le rejet de ce « nouveau monde » fantasmé.

Et beaucoup de questions, en effet, se posent. Car un certain nombre des éléments fondateurs de ce « nouveau monde », dont on nous parle aussi, ne purent être implantés massivement avant le coronavirus. Le télétravail existait, l’enseignement à distance aussi, parfois les écoles étaient fermées lors d’une poussée de grippe, des villes mêmes furent fermées contre la peste, l’on pouvait se faire apporter à domicile de la nourriture, etc. Mais la quantité de ces évolutions sociales était trop faible pour produire un changement de qualité de la société.

Il a fallu un détonateur. Le Covid est arrivé, ça aurait pu être un autre virus, peu importe, et le fondement a été créé pour formellement justifier le forçage de ces éléments, à une quantité telle qu’ils doivent (enfin) permettre de changer de société, d’arriver vers ce « nouveau monde », qui n’a conceptuellement rien de nouveau, puisqu’il a déjà été décrit dans la littérature SF des années 50, mais qui ne cesse de ne pouvoir accoucher de rien, sauf d’un nouveau régime totalitaire.

Et comme nous sommes sortis de la dimension sanitaire de cet énième virus, pour entrer dans un processus de réalisation d’une vision globalisante d’une société et d’un individu adapté à cette nouvelle société, nous sommes alors entrés dans la dimension idéologique. Puisque l’idéologie est la conception totalisante d’un monde et d’un homme. Il n’y a donc pas de place pour l’alternative. Et l’on retrouve alors les dissidents, les Covidissidents, qui sont l’autre côté de la médaille globaliste de l’Homo Covidicus. Comme à l’époque, les communistes et les libéraux se répondaient les uns les autres.

Mais à la différence de cette époque, l’idéologie globaliste, qui s’est développée sur les oripeaux du libéralisme, n’a pas de pendant : à ce jour, aucune force n’a encore été capable de conceptualiser une vision du monde concurrente face au globalisme, ce qui met les Covidissidents en situation difficile, qui ne peuvent compter sur le soutien d’une autre force. Il reste à la créer. C’est le seul moyen de sortir de la situation et de retrouver notre liberté, autant que notre humanité.

Karine Bechet-Golovko

Sources :

-  http://russiepolitics.blogspot.com

- Réseau International

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