UKRAINE

Ukraine, l’histoire complète

Source : RzO International - Le 21/01/2024.

par l’ambassadeur Chas Freeman

L’ancien ambassadeur des États-Unis Chas Freeman explique avec expertise toute l’histoire, les causes et les effets de la guerre en Ukraine, brisant le récit commun sur une guerre «non provoquée». La guerre en Ukraine était tout à fait évitable, mais les néoconservateurs américains ont choisi de pousser Kiev dans l’abîme pour mener une guerre par procuration sanglante au nom de leurs fantasmes de domination mondiale mégalomaniaques.

Quelles conséquences cela implique-t-il pour l’Ukraine, la Russie et l’Europe dans les années à venir ?

Écoutez l’ambassadeur donner un aperçu succinct des leçons tirées de la guerre par procuration en Ukraine.

 

La stratégie terroriste en Ukraine, un héritage matriciel

Source : Stratpol.

L’Histoire est riche en assassinats politiques, donc à vocation stratégique :

L’assassinat de Jules César aux Ides de mars 44 av. JC a correspondu avec une évolution politique et géopolitique majeure. La mort de Caligula (41 apr. JC) a mis en exergue l’immixtion croissante des Prétoriens dans les jeux de pouvoir. La fameuse « crise du IIIéme siècle » a connu ce que l’on qualifie d’Anarchie militaire, dans le contexte d’un empire romain fragilisé, jusqu’à la reprise en main par Dioclétien.

La mort de 14 basileus à Byzance (étant exclus l’Empire de Trébizonde et les despotats d’Epire, de Morée et de Thessalie) de 737 à 1453, illustre la persistance du meurtre politique.

L’Antiquité voit différents penseurs envisager le sujet du tyrannicide, d’un point de vue philosophico-moral (Platon, Aristote…), politique (Platon, Aristote, Plutarque…), juridique (Cicéron, Sénèque…) et religieux. D’Aristote à Augustin d’Hippone, en passant par Cicéron (définition du jus ad bellum, importance chez les Latins du respect des normes du jus gentium pour déclarer une guerre), une réflexion continue a conduit à l’émergence d’une notion de « guerre juste » (Deus auctore), différente de la guerre sainte[1]. Pour le Christianisme, le sujet est fondamental, car il met en jeu le respect du sixième commandement, les enseignements christiques sur l’amour de l’ennemi et la non-violence absolue. Au-delà de l’implication personnelle, morale et religieuse, cela a un fort impact politique et social dans le cadre du fonctionnement des armées et de la justice pénale interne. Afin de faciliter l’acceptation de la religion chrétienne, différent écrits en atténuent son caractère subversif. La « Cité de Dieu » de Saint Augustin, en affirmant que les Chrétiens devaient obéir à l’autorité séculière, établit une interprétation de compromis justifiant une certaine forme d’homicide « légitime ». Dans le contexte de la querelle des Investitures du XIIéme siècle[2], Gratien revient sur cette vision en la « canonisant », ce qui permettra son développement par Saint Thomas d’Aquin. La vision thomiste corroborait la casuistique de Jean de Salisbury[3], qui, en 1159, a également légitimé le tyrannicide, dans des conditions précises héritées de la tradition judaïque, le sixième commandement [4] « tu ne commettras pas de meurtre » connaissant des exceptions légitimes.

Le sujet a connu un regain d’intérêt dans le cadre de la guerre de Cent ans, après l’assassinat de Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI (23 novembre 1407) sur ordre de Jean de Bourgogne. Le débat sur le régicide légitimé par la faillite du Monarque est relancé par les guerres de religion opposant Catholiques et Réformés (meurtres d’Henri III et de Henri IV). D’Abraham Lincoln à Paul Doumer ou Anouar el Sadate, en passant par Robert F. Kennedy, l’assassinat politique de dirigeants est resté une constante historique.

La géopolitique du meurtre a été développée par les Nizarites (schismatiques Chiites ismaéliens) ; en infériorité militaire et numérique, cette secte s’imposa aux dirigeants Musulmans (Perses, Arabes, Turcs Seldjoukides…) en tenant une série de forteresses escarpées et en instituant l’assassinat ciblé. Leurs Fedayins étaient capables de s‘infiltrer puis de frapper des cibles politiques. Commandités par le « Vieux de la Montagne » (Chayr al-Jabal), ils tuèrent des responsables aussi bien musulmans que chrétiens ; Saladin lui-même échappa de peu à un attentat, Louis IX (Saint Louis) aurait réussi à obtenir l’amitié de la Secte (selon une histoire hagiographique franque) et Conrad de Montferrat tomba sous leurs coups. Marco Polo a fait beaucoup pour la légende des Assassins, écrivant après la prise de leur bastion d’Alamut par les Mongols en 1255-1256. Assassinat ciblé et terrorisme aveugle ont souvent été de pair dans l’Histoire par la suite. On n’oubliera pas que la première guerre mondiale a été initiée par un double assassinat à Sarajevo.

Le terrorisme émerge au XIXéme siècle en Europe ; sous le Consulat puis l’Empire, la Monarchie de Juillet et le second Empire en France[5]. En Russie impériale, les Libéraux radicaux (Zemlia i VoliaNarodnaïa Volia), Nihilistes et Anarchistes théorisent ce mode de bouleversement de l’ordre social par l’action violente[6]. Toujours en Russie, l’action individuelle est remplacée par une politique coordonnée de guerre à l’ordre politique, inspirée par Netchaiev, qui culmine avec la mort du tsar Alexandre II (pourtant « Tsar libérateur » pour avoir aboli le servage). A l’orée du XXéme siècle, le terrorisme perd son caractère discriminé sur des personnalités ; la stratégie de déstabilisation de la société intègre désormais le terrorisme aveugle.

Les racines du terrorisme ukrainien

Après cette contextualisation, on peut rappeler que la matrice nationaliste ukrainienne est liée au terrorisme, dans une stratégie de faible au fort, pour s’imposer à des empires (Empire russe, Empire Austro-hongrois, Alliance polono-lithuanienne[7]). Ainsi, le Feld Marschall Hermann von Eichhorn, chef des forces allemandes en Ukraine fut assassiné le 30 juillet 1918 à Kiev par un socialiste révolutionnaire ukrainien, et le Général d’Armée soviétique Vatoutine le 16 février 1944, dans une embuscade de l’armée insurrectionnelle ukrainienne. On mentionnera que Stepan Bandera s’est d’abord illustré par des assassinats de responsables Polonais et que les militants nationalistes ukrainiens ont adopté le terrorisme de masse, comme auxiliaires du IIIéme Reich.

Plus la situation militaire se détériorera, plus il est prévisible que ce tropisme trouvera à s’exercer de manière accrue dans le cadre de la Guerre entre Kiev et Moscou. L’influence anglo-saxonne y trouve en effet un terrain propice à ses propres tendances :

Dans une situation critique, le Royaume-Uni étant virtuellement privé d’armée après le rembarquement de Dunkerque (3 juin 1940), Winston Churchill autorise le 21 juillet 1940 la création du SOE (Special Operation Executive). Son mot d’ordre est « Set Europe ablaze !» (Mettez l’Europe à feu). L’activité du SOE se traduisit par l’appui, voire la création de nombreux réseaux en Europe occupée, permettant à la résistance de se développer. Cette mission « noble » est bien connue. L’action directe contre le potentiel militaire ennemi se doublait cependant d’un volet plus sombre[8], dans le cadre de l’élimination des forces de collaboration dans les pays occupés. L’action subversive mettait en jeu « l’armée des ombres »[9] dans le cadre d’une guerre civile qui n’a jamais été vraiment reconnue[10]. L’objectif de destruction de l’organisation politico-administrative des pays occupés, coexistait avec celui d’anéantissement de toute activité économique, de production ou de propagande, favorable à l’Axe. Ainsi, en France, dans la zone dite « libre », la police fut réorganisée et devint nationale, dotée de GMR (groupes mobiles de Réserve, loi du 7 juillet 1941) afin de mieux lutter contre les mouvements de Résistance sur le terrain. La franc-garde de la Milice fut finalement armée en novembre 1943, suite à l’augmentation du nombre d’assassinats de leurs membres, parfois incluant leur famille[11]. Le SOE mit sur pied l’élimination du SS-Obergruppenführer Heydrich, Chef du RHSA et vice-gouverneur de Bohème, le 27 mai 1942, par deux ex-soldats Tchécoslovaques. Cela allait conduire à l’anéantissement du village proche de Lidice et à la véritable naissance d‘une résistance tchèque, jusque lors incertaine, mais amorcée par les représailles (cycle provocation-répression-mobilisation). Ce type d’opérations, en faveur chez les Anglo-saxons, n’était pas souhaité par les autorités européennes en exil[12], à cause de leurs conséquences sur les populations. Avant le lancement du débarquement (D-Day) le général anglais Morgan, membre du SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force) propose une liste de dignitaires allemands à assassiner pour faciliter Overlord. Foreign Office et Special Intelligence Service doutent de la possibilité de frapper les hauts gradés ennemis ; concernant les personnalités politiques, ils suggèrent de déléguer aux Français la désignation des cibles et leur exécution. Le projet ne sera finalement pas suivi. Il en ira bien autrement pendant « les troubles » en Ulster, où les exécutions extra-judiciaires de l’appareil sécuritaire britannique ont répondu au terrorisme de l’IRA et des provos ; la route avait d’ailleurs été ouverte en Irlande de 1919 à 1922 par le recours aux Black and tans et à leurs méthodes répressives.

Confrontés à la guerre révolutionnaire en Corée[13], les USA avaient commencé à travailler sur des projets qui ont atteint un point culminant lors de leur guerre au Viet-Nam[14]. A cette occasion ils ont bénéficié des développements de l’armée française, qui après son combat contre-révolutionnaire en Indochine avait mis au point un corpus doctrinal et technique antisubversif très efficace, pendant la guerre d’Algérie : Il relevait que dans une guerre révolutionnaire/subversive, le combat contre l’appareil militaire de l’ennemi devait impérativement s’accompagner d’une lutte contre son organisation politico-administrative (OPA). L’enjeu étant la population civile, il convenait donc à la fois de la rassurer/attirer (Plan de Constantine et action des SAS en AFN, winning heart and mind au Viet-Nam) et d’empêcher l’OPA adverse d’en prendre le contrôle. Le projet Phoenix fut initié en 1967 par la CIA, qui le transmit en 1969 au Civil Operations and Revolutionary Development Support. L’opération dura jusqu’en 1972. Il s’agissait d’un ensemble de programmes visant à repérer et détruire l’infrastructure politique du Viet Cong au Sud Viet-Nam, partant du principe que le Nord avait infiltré la population du Sud (“a set of programs that sought to attack and destroy the political infrastructure of the Viet Cong”). Le mode opératoire reposait sur l’infiltration, l’assassinat, la torture, la capture, le contre-terrorisme et l’interrogatoire. Sale guerre par excellence, le programme fut techniquement très efficace de l’aveu même des responsables communistes. 26.369 individus furent tués au Sud Viêt-Nam (certaines sources énoncent 40.000) dont 13% par des opérateurs Phoenix (assassination teams, hunters killers, 2 américains associés à deux locaux), hors forces armées.

Cette expérience fut mise à profit pour l’opération Condor, une campagne de répression politique de la contestation de gauche en Amérique latine, à partir de 1968, agréée formellement en 1975 jusqu’à la fin de la présidence Reagan. Elle reposait sur des coups-d’état soutenus par la CIA, des assassinats ciblés, de la terreur de masse pour contrôler les Etats du « cône Sud » de l’Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay, Uruguay, Pérou). Condor se voulait un partenariat des services de renseignement et de sécurité des pays sud-américains pour lutter contre le terrorisme et la subversion (« a cooperative effort by the intelligence/security services of several South American countries to combat terrorism and subversion ») animé et supporté par les USA, coordonné par les officiers formés à l’école des Amériques avec un apport français.  Les conséquences ont été massives (changements de régime, luttes insurrectionnelles…). Concernant les assassinats, il est difficile de quantifier des actions clandestines, mais on les estime à un minimum de 60.000, outre les disparus.

Après la chute de Saddam Hussein en 2003 et son exécution en 2006, les prisonniers Baassistes et les militants islamistes, notamment au camp Bucca, se sont agrégés pour former ce qui deviendra l’Etat islamique (ISIS). D’après différentes sources, dont des ministres iraniens, Daech fut le résultat d’une association du MI6, de la CIA et de l’argent des monarchies du Golfe : Sur une base antérieure wahabite (donc sunnite, une minorité en Irak) de militants d’Al Qaeda, cette organisation réunit des criminels de droit commun comme Abu Musab Al-Zarkaoui, des doctrinaires comme Abu Ali Al-Anbari et d’anciens militaires de Saddam Hussein[15]. Leur mode opératoire semble nourri de l’expérience anglo-saxonne et l’hypothèse d’une formation initiale par ces derniers est probable ; Comme en Afghanistan dans les années 1980, l’idée d’instrumentaliser les Islamistes semble avoir séduit Washington, assisté de Londres, avec les mêmes résultats d’arroseur arrosé[16]. On remarquera qu’en Ukraine, certaines méthodes de l’EI ont été employées, à la fois en termes de terrorisme pour le contrôle des populations, mais aussi de tactique (notamment lors de l’offensive réussie du printemps 2022, avec l’emploi d’infiltrations par véhicules légers. L’EI a aussi été pionnier dans l’emploi de drones militarisés).

L’OTAN (la CIA) avait prévu, en cas d’invasion de l’Europe par l’URSS, de créer des réseaux clandestins formés et équipés pour mener une active guerre clandestine. Assassinats de responsables[17], destruction d’infrastructures, harcèlements de troupes, convois et sites militaires, devaient être exécutés par ces « stay behind » (littéralement « restés en arrière »), dans la tradition des commandos et du SOE de la 2éme GM. Les réseaux S/B ont été mêlés à des affaires de droit commun et de politique intérieure dans différents pays (Belgique, Italie en lien avec la loge P2…) en marge de la lutte contre le terrorisme de gauche des années 70 et 80. Le concept a été développé en profondeur en Ukraine avec l’aide des services Anglo-saxons[18] et des campagnes d’assassinats ont été montées dans les zones récupérées par la Russie.

Depuis avril, avec une accélération en mai 2023, de nombreuses attaques sont enregistrées en Crimée et sur le territoire même de la Fédération de Russie ; il s’agit de sabotages de basse intensité (incendies de locaux, de centrales électriques ferroviaires, incendies géants de forêts) « uberisées » à des citoyens russes recrutés par Internet (souvent des adulescents urbains sans repères), d’action classiques (sabotages de voie ferrées prés de Koursk) et d’action de drones (attaques d’avions sur aéroports, de stocks de carburants dans les raffineries, de cibles symboliques comme le Kremlin…), de plus en plus nombreuses, et jusqu’à Moscou. Ces actions s’ajoutent à des opérations homo (assassinat ciblé) contre des responsables administratifs ou des intellectuels et influenceurs d’opinion. Alors que les médias occidentaux, en tous cas français, se « disaient Charlie », ils ne s’indignent pas de l’assassinat à Moscou de la philosophe et journaliste Daria Douguina, à St Petersburg du blogueur et journaliste Maxime Fomine (alias Vladen Tatarsky), ou de la tentative contre l’auteur Zakar Prilepine, à Nijni Novgorod. Cela éclaire les propos du chef du Renseignement militaire ukrainien, Budanov, qui déclare sans fard « nous tuerons des Russes partout dans le Monde ».

Dans le même temps des tentatives d’infiltration en Russie dans la région de Briansk ont donné lieu à au moins six accrochages avec les forces de sécurité russes, à la mort d’un civil et à des blessures d’enfants par balle. L’actuel commandant en second d’Azov, Bogdan Krotevich, envisage de copier une tactique de la guerre de Tchétchénie en s’emparant de petites villes russes pour les utiliser comme levier dans la restitution de territoires ukrainiens occupés. Cela fait allusion aux prises d’otages massives (PrOM). Les PrOM se distinguent des tueries de masse (TDM) et des prises d‘otages « classiques » (d’aéronef, de bâtiment…). La plus célèbre et massive est celle de La Mecque en novembre 1979, avec plus de 5000 otages et l’intervention du GIGN en appui technique. A Kolwezi la même année, des rebelles s’emparent de la cité minière et le 2eme REP saute pour sauver des milliers d’otages européens.  En 1979 encore, les membres de l’ambassade US en Iran sont pris en otages par les gardiens de la Révolution qui vient de chasser le Shah. En décembre 1997, Tupac Amaru prend en otage 700 diplomates dans l’ambassade japonaise au Pérou. En janvier 2013, 800 personnes ont retenues par AQMI sur le site gazier algérien d’In Amenas.

Les actions auxquelles se référent le bataillon Azov sont celles des deux guerres de Tchétchénie : En juin 1995, Chamil Bassaiev s’emparait de l’hôpital de Budennovsk ; en janvier 1996, 3000 personnes étaient prises en otage dans la ville de Kizlyar. En 2002, 912 spectateurs sont pris en otages dans le théâtre de la Dobrouvka à Moscou pendant le spectacle pour enfants Ost Nord. En 2004, un millier d’adultes et d’enfants sont pris en otages dans l’école de Beslan, en Ossétie.

La caractéristique des PrOM est qu’elles nécessitent une infrastructure, un nombre important d’opérateurs (de 10 à 60), des moyens militaires (armes automatiques, explosifs, mines…), une planification importante (définition de la cible, dossier d’objectif, moyens d’infiltration et éventuellement d’exfiltration) et sont destinées à permettre des prises de gage dans le but de négociations de haut niveau. Elles s’avèrent généralement très létales pour les personnes retenues et constituent un cas complexe et difficile pour les forces de sécurité, non seulement pour l’intervention proprement dite (ce cadre excède les techniques de police, mais limite les méthodes militaires), mais aussi pour l’après (notamment traitement des blessé et médiatique).

Les bataillons idéologiques comme Azov, Kraken, Aidar, se prêtent bien à ce type d’action, car leur personnel extrémiste n’a cure du sort des civils, comme cela a déjà été démontré par les faits. Leur formation militaire d’infanterie légère et de commandos est bien adaptée à ce type d’engagement. Leur équipement lourd (chars, blindés, artillerie) outrepasse le cadre, mais leur armement léger est approprié pour contrer les forces de sécurité locales. Enfin, leur subordination politique correspond tout à fait à la perspective des négociations territoriales envisagées.

L’analyse à chaud à la mi-mai 2023 laisse donc craindre une recrudescence terroriste ukrainienne et le recours à cette stratégie, au fur et à mesure que la situation militaire se dégradera. Un pas supplémentaire a été franchi verbalement par le conseiller du président Zelinsky, Podolyak, lorsqu’il a déclaré début mai 2023, en réponse à J. BORRELL qui avait affirmé que sans l’aide occidentale l’Ukraine se rendrait en quelques jours, « que si l’Europe cessait d’approvisionner l’Ukraine en armes cela créerait des affrontements de haute intensité et la multiplication des actes terroristes en Europe ». Chantage ?

 

Olivier CHAMBRIN


Notes:

[1] A comparer avec la Bhagavad-Gita, puis ensuite, naturellement, le Coran

[2] A partir du XIe siècle, la réforme grégorienne donne aux papes le droit de destituer les rois défaillants

[3] Expert de l’œuvre de Cicéron et ami de Thomas Beckett, donc intéressé par l’assassinat politique

[4] Ou cinquième, selon les textes.

[5] Attentat contre Napoléon 1er, assassinat du Duc de Berry, attentats contre Louis-Philippe

[6] L’Empereur d’Allemagne sera blessé et le roi d’Italie tué en 1878, le président français tué en 1894, l’impératrice d’Autriche tuée en 1894

[7] Il n’y a pas eu à proprement parler de lutte contre la Sublime porte, ce combat ayant été pris à son compte par Moscou, ainsi que la lutte contre les Tatars de Crimée

[8] Il n’y a naturellement aucune intention apologétique dans cet article qui expose factuellement des réalités historiques qui ne remettent nullement en cause le souvenir des actions du IIIéme Reich et de ses séides contre les populations civiles.

[9] Selon le roman de J. Kessel et le film éponyme de J.P. Melville

[10] Toute la stratégie du général de Gaulle en 1944 a consisté justement à « vendre » une Nation française toute entière résistante, l’Etat Français de Vichy n’étant pas considéré comme légitime et représentatif, alors qu’une place importante était accordée au Parti Communiste Français

[11] Les mémoires de D. Ponchardier (frère du chef du commando SAS B portant son nom), gaulliste historique, et auteur des romans policiers du « Gorille » sont édifiantes à cet égard

[12] C’est notamment le cas des Gaullistes qui préféraient confier la lutte à des noyaux professionnalisés

[13] On se rappelle du fameux film de 1962 « The Mandchourian candidate »

[14] Le projet de la CIA MK ULTRA (puis MK Search) fonctionnera de 1953 à 1972, avec pour objectif de mettre au point des techniques fiables de manipulation, contrôle et conditionnement des esprits. Le sujet était étudié depuis les années1920 et le développement de la publicité et de la psychologie, notamment par E. Bernays, gendre de S. Freud et concepteur fécond de la « propagande commerciale « (devenue publicité) et animateur de l’industrie du spectacle en marge du comité Creel.

[15] Déclaration du MAE iranien 2015, v. Hassan hassan, The Atlantic 7 janvier 2019,  C’est la thèse défendue par D. Trump.

[16] Cette action est bien documentée pour l’aide aux islamistes contre Damas « operation sycomore timber » de la CIA sous Petraeus

[17] Pas de jugement moral ici, les Spetnatz avaient exactement le même rôle, mais dans un cadre offensif

[18] L’auteur de ces lignes en a personnellement discuté avec des team leaders du FBI revenant d’Ukraine

Guerre en Ukraine - Le rôle des gangs maffieux

Le zoom de Thioerry Marignac - Le 14/04/2023.

Une image qui vaut mille mots

Par Moon of Alabama − Le 25 novembre 2022

Photo satellite de l’Ukraine prise dans la soirée du 24 novembre 2022 :

Zelensky a obtenu des résultats remarquables dans la destruction de l’Ukraine

 

Des faits et des chiffres : On sait à quel point les USA ont la capacité à soutenir des tyrans, à quel point la propagande occidentale invente des « monstres » quand on leur résiste, quitte à transformer la créature que l’on a placé au pouvoir en diable sanguinaire quand cela vous arrange, mais avoir fait de Zelensky un héros défendant son peuple est sans doute l’escroquerie la plus manifeste. La réalité de l’Ukraine comme celle de tous les pays que l’occident envahit parce qu’il s’agit bien de cela, du pillage d’une nation pour la transformer en base de fait de l’OTAN contre la Russie, et ceci avec la destruction systématique du pays décrite ici avec des faits et des chiffres. Que les USA agissent ainsi mais que Macron, sans la moindre contestation, avec jusqu’ici l’appui de toutes les forces politiques puisse impliquer la France, en jouant sur la censure et la complicité des appareils de désinformation est de l’ordre de l’ignominie face au peuple ukrainien.

Danielle Bleitrach

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par Aliona Zadorozhnaya

Au terme de l’année 2022, Volodymyr Zelenski a obtenu des résultats exceptionnels mais, à bien des égards, tragiques. Il a réussi à ramener la population ukrainienne au niveau d’il y a un siècle, à asservir le pays à l’Occident et à priver ses citoyens des biens de base de la civilisation. Quels autres « succès » le dossier de Zelensky peut-il afficher ?

Une chute catastrophique du taux de natalité est prévue en Ukraine en 2023. Ella Libanova, directrice de l’Institut de démographie et d’études sociales de Ptukha et académicienne de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine, a fait cette déclaration. Selon elle, d’ici 2030, la population diminuera pour atteindre 35 millions de personnes, un processus qui a commencé en 1994. Libanova affirme que l’Ukraine compte aujourd’hui 34 à 35 millions d’habitants.

Ces chiffres sont toutefois sujets à caution. Le nombre de réfugiés arrivés en Russie depuis le Donbass et l’Ukraine a déjà dépassé les cinq millions. Au cours de l’été, selon l’ONU, environ 6,3 millions de citoyens ukrainiens ont fui le pays dans tous les pays européens. Les experts sont convaincus que Libanova exagère les chiffres – et qu’il y a déjà beaucoup moins de personnes vivant en Ukraine aujourd’hui qu’elle ne le dit.

« Même avant le SVO, il était difficile de comprendre combien de personnes vivent réellement en Ukraine. Officiellement, les chiffres étaient censés être d’environ 40 millions de personnes, mais en fait, il y avait environ 33 millions de personnes, voire moins », a déclaré l’économiste Ivan Lizan au journal VZGLYAD. « De 2016 à 2019, les Ukrainiens ont été en tête pour les permis de résidence primaire en Pologne. Chaque année, jusqu’à 500 000 personnes « s’en allaient » de cette manière. Il ne faut pas non plus oublier qu’un grand nombre de réfugiés se sont récemment installés en Europe », souligne l’expert.

« Ainsi, il reste au mieux 25 à 27 millions de personnes en Ukraine, ce qui est comparable à la taille de la population dans les années 1920. Ce sont surtout les hommes qui restent dans le pays parce qu’il leur est tout simplement interdit d’aller à l’étranger », souligne notre interlocuteur.

« Je suis sûr qu’en 2023, ces tendances vont se poursuivre. Nous assisterons également à une migration interne. Dans les régions près du front, lorsque la situation devient tendue, les gens s’enfuient. Par exemple, des résidents locaux ont fui vers Dnipropetrovsk depuis la partie du Donbass contrôlée par Kiev », a déclaré l’économiste.

« La situation sur le marché du travail est également terrible. Les travailleurs du budget [fonctionnaires] reçoivent pour la plupart des salaires de misère. Les enseignants, qui sont contraints de se déplacer dans d’autres régions d’Ukraine en raison de la proximité des hostilités, n’ont assez d’argent que pour payer le loyer », a déclaré M. Lizan.

« La chose la plus lucrative est d’aller se battre. L’AFU verse 100 000 hryvnia (2500 €) à ceux qui prennent part aux batailles, et 30 000 hryvnia (770 €) à ceux qui ne participent pas aux combats actifs. Ceux qui reviennent du front s’enivrent et gaspillent leur argent. C’est arrivé au point qu’ils vont dans les magasins d’électroménager et, sans regarder le prix, demandent qu’on leur livre le téléviseur le plus cher », a déclaré l’expert.

« Certains gagnent également de l’argent en pillant. Il existe en Ukraine un bureau de poste non étatique qui s’est intégré au système logistique de l’AFU – il s’agit de Nova Posta. Et maintenant, ses camions livrent des munitions, des provisions et d’autres choses à la ligne de front, et de là, ils enlèvent et vendent tous les biens pillés. C’était également le cas pendant le soi-disant ATO [Opération Anti-Terroriste, de 2014 à fév 2022] », a souligné l’interlocuteur. « Ce n’est pas facile non plus pour les paysans. Au printemps, les anciens kolkhoziens recevaient leurs rations en céréales plutôt qu’en argent, alors que les années précédentes, les gens pouvaient faire leur propre choix », a noté M. Lizan.

« En 2022, au moins huit millions de personnes ont quitté l’Ukraine. Si l’on compte les territoires perdus, il ne reste pas plus de 18 à 20 millions de personnes dans le pays. Et en raison des restrictions sévères imposées aux hommes qui quittent l’État, ce sont surtout les femmes et les enfants qui quittent le pays », a ajouté Larissa Shesler, militante des droits de l’homme.

« La plupart des villes n’ont pas d’écoles en état de marche, officiellement, elles fonctionnent à distance. Les établissements, même les plus grands, ressemblent à des fantômes. À Nikolayev, Odessa, Zaporojié, moins de la moitié des appartements sont occupés dans les immeubles, ceux qui restent sont surtout des personnes âgées ou très pauvres qui n’ont pas d’argent et aucune chance de s’installer dans un autre pays », décrit notre interlocuteur.

« Et 2023 n’offre aucun espoir d’améliorer la situation. La plupart des réfugiés en Europe comprennent qu’ils ne retourneront pas en Ukraine. La baisse de la natalité est catastrophique, et l’année prochaine sera encore plus difficile en raison des effets cumulés », souligne le politologue.

« Parmi ceux qui sont restés, beaucoup ont perdu leurs revenus. Les experts occidentaux et les autorités ukrainiennes estiment le chômage à 30% de la population active. Mais il y a quelques mois, le gouverneur de Nikolaiv parlait de 80% des habitants de la ville qui avaient perdu leur emploi. Et cela a plus de chances d’être vrai », poursuit l’expert. « Ceux qui ont un emploi ont également des difficultés. La grande majorité de la population salariée reçoit environ 14 000 hryvnias, ce qui équivaut à 360 euros. Cependant, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 40 à 80%, de sorte que les gens sont à la limite de la survie », a souligné Larissa Shesler.

L’ensemble de l’économie ukrainienne souffre sur fond d’exode des populations et de chômage. Malgré les énormes injections d’argent en provenance de l’Occident, les usines ferment, la production de minerais diminue et les récoltes sont en baisse. Les analystes politiques ont prédit que l’Ukraine se transformera en un pays du tiers monde dès le mois d’août dernier. À l’époque, il a été souligné que l’État pouvait être privé de son potentiel agraire. Et maintenant, les prévisions se confirment dans la pratique.

Même les oligarques ukrainiens, qui ne font que s’enrichir dans les périodes difficiles, sont en train de perdre leur fortune. Par exemple, le capital total des citoyens ukrainiens les plus riches a chuté de plus de 20 milliards de dollars par rapport au début du mois de février 2022, comme l’a souligné Forbes Ukraine.

La dette publique augmente également (plus de 100 milliards de dollars). « Il n’existe tout simplement pas d’estimations adéquates sur le niveau de déclin de l’économie ukrainienne ; il n’y a qu’une gamme de données estimées. Avant les frappes russes de l’automne sur le secteur de l’électricité, les autorités ukrainiennes parlaient d’une chute de 30 à 40% du PIB. Le chiffre du PIB pour 2021 était de 198 milliards de dollars », a déclaré l’économiste Ivan Lizan au journal VZGLYAD.

« Lorsque nous avons commencé à frapper les installations énergétiques à grande échelle afin de détruire les capacités logistiques de l’ennemi, les estimations ont été ajustées. Kiev a déclaré à l’époque que si les frappes se poursuivaient, le PIB serait réduit de 50%. Les frappes ont continué », ajoute l’interlocuteur. « Mais déjà en décembre, le Premier ministre Shmyhal a déclaré que la chute, bien que réelle, variait autour de 35%. Je ne crois pas à cette affirmation et je suis d’avis que le PIB aura diminué de 50% à la fin de l’année. Cela représente environ 100 milliards de dollars », estime l’expert. « De plus, le conseiller économique de M. Zelensky, Rostyslav Shurma, a déclaré qu’au quatrième trimestre, la production industrielle a chuté de 50 à 90%, selon les régions. En même temps, il y a une tendance selon laquelle les régions les plus proches de la ligne de front se sont affaissées le plus sévèrement », poursuit l’économiste.

« Pour l’Ukraine, la perte de la moitié de son PIB est encore plus dommageable qu’en 2014-2015. Le pays ne peut avoir une économie normale sans un secteur électrique normal. Tout est lié à l’électricité d’une manière ou d’une autre. Par exemple, le maïs peut être récolté dans les champs avant le gel et la première neige. Mais il faut ensuite le sécher, et sans électricité, c’est presque impossible. Par conséquent, la récolte de maïs a diminué de 30%, et le rendement global a chuté de 40% », explique l’expert.

« En conséquence, s’il n’y avait pas eu le soutien de l’Occident, l’Ukraine aurait déjà commencé à s’effondrer. Mais l’OTAN a réussi à la maintenir à flot. C’est une histoire qui ne concerne pas le développement de l’État mais la stabilisation du système financier – on donne de l’argent pour qu’il y en ait assez pour la guerre », dit l’interlocuteur. « Les emprunts sont une autre histoire – ils ont lieu à l’intérieur du pays, car personne n’a besoin des obligations sur le marché étranger. En fait, cette année, l’Ukraine a fait défaut pour la deuxième fois en huit ans. Aujourd’hui, les créanciers extérieurs ont peur de la dette ukrainienne », explique l’économiste.

« Les perspectives de baisse du PIB de l’Ukraine s’aggravent de jour en jour. Au cours du mois dernier, la situation critique du secteur de l’électricité a entraîné une baisse de la production allant jusqu’à 80% dans de nombreuses industries. La métallurgie s’est pratiquement arrêtée, les entreprises d’extraction et de traitement du minerai ont fortement réduit leur production », précise Larisa Shesler.

« Pour l’instant, seules les petites entreprises et les commerces fonctionnent avec des générateurs, et les institutions bancaires et municipales fonctionnent de manière limitée. La situation est compliquée par le fait qu’il n’existe pas encore de solutions à la crise énergétique », note notre interlocuteur.

« À titre préliminaire, la baisse du PIB annuel en novembre a atteint 40%. La situation s’est aggravée en décembre. Mais aucun chiffre ne peut refléter le processus réel de désindustrialisation rapide de l’Ukraine. Presque toutes les grandes usines ont été fermées, la construction et l’extraction de minéraux ont été arrêtées », énumère l’expert.

« Aujourd’hui, l’Ukraine perd tout ce qui a été créé sur son territoire depuis des décennies. Il est effrayant d’imaginer combien il en coûtera pour réanimer les réseaux électriques et les centrales thermiques. Il est évident que ni l’Europe ni les États-Unis ne vont préserver l’Ukraine en tant que pays industriel, même en tant que fournisseur de produits semi-finis métallurgiques ou exportateur d’électricité provenant de centrales nucléaires », spécule Mme Shesler.

« Ils veulent laisser l’Ukraine comme un territoire inondé de paramilitaires luttant contre la Russie avec des terres agricoles pour cultiver des tournesols bon marché » souligne-t-elle. « Cette année, l’Ukraine a reçu d’énormes sommes d’argent en prêts et en tranches, sans précédent auparavant. Et absolument personne ne s’attend à un remboursement intégral de ce montant. De cette manière, l’État se retrouve en pleine dépendance économique vis-à-vis des pays occidentaux », a déclaré la politologue.

« Dans le même temps, le mémorandum récemment adopté et signé par le ministère ukrainien de l’économie et le FMI stipule le refus de l’indexation des prestations sociales, le refus du système d’imposition simplifié, le resserrement de la politique fiscale et la réduction du nombre d’employés et de leurs salaires », a déclaré l’interviewé.

Ivan Lisan, parlant de l’avenir de l’Ukraine, s’est dit confiant qu’« en 2023, elle ne fera que rétrécir, y compris sur le plan territorial ». « À bien des égards, ce qui se passe actuellement en Ukraine ressemble à la situation de 2014, mais en miroir inversé. À l’époque, Petro Poroshenko a essayé d’annuler l’économie du Donbass. Et maintenant, Volodymyr Zelenski fait la même chose sur toute l’Ukraine dans les territoires qui lui restent à cause de ses erreurs politiques », a conclu Lisan.

traduction Marianne Dunlop pour Histoire et Société

La dernière croisade 1/2


Par Dmitry Orlov – Le 21 décembre 2022 – Source Club Orlov + the Saker francophone.

Orlov

Il existe une divergence d’opinion marquée sur la manière de caractériser l’action militaire qui se déroule actuellement dans ce qui reste de l’ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine : s’agit-il d’une opération militaire spéciale russe visant à démilitariser et à dénazifier l’ancienne Ukraine, ou d’une invasion russe non provoquée menant à la troisième guerre mondiale, à un échange nucléaire et à la fin du monde tel que nous le connaissons (TEOTWAKI pour faire court) ? C’est peut-être un peu de tout cela, ou peut-être rien de tout cela…

 

Et la Russie gagne-t-elle ou l’Ukraine perd-elle ? D’un côté, la Russie vient d’étendre officiellement son territoire souverain d’une centaine de milliers de kilomètres carrés et de quelques millions de citoyens, et elle s’est lancée dans une vaste campagne de construction, remettant en état ses nouveaux territoires, qui sont un peu délabrés après des décennies de négligence soviétique et post-soviétique, suivies de neuf années de bombardements ukrainiens. Cela indiquerait que la Russie est en train de gagner.

D’autre part, les États-Unis viennent de promettre de donner aux Ukrainiens des batteries de défense aérienne Patriot (ou non, les détails varient). S’agit-il des mêmes batteries Patriot qui ont connu un échec si embarrassant au-dessus de l’Arabie saoudite lorsqu’elles n’ont pas pu abattre les anciens missiles SCUD soviétiques tirés par les Yéménites ? Et s’agit-il des mêmes batteries Patriot dont les opérateurs, en Pologne, n’ont récemment pas vu les missiles ukrainiens en approche (qui étaient également de vénérables missiles soviétiques) et n’ont appris leur existence que plus tard par les médias ? Peu importe ! Elles coûtent 1 milliard de dollars par lanceur et 3 millions de dollars par fusée, donc elles doivent être bonnes pour Raytheon, et ce qui est bon pour Raytheon est bon pour l’Amérique, ou quelque chose comme ça. Et alors, si elles n’ont aucune chance contre les armes russes de pointe ? Ne soyez donc pas négatif !

Alors que les arguments fusent de part et d’autre, Henry Kissinger, le vétéran chevronné de la géopolitique occidentale, sort la tête de l’œuf de dinosaure dans lequel il se cache depuis 70 millions d’années et estime que le conflit ukrainien doit être réglé à la table des négociations. Peu importe que tout ce qu’il a proposé soit du pur charabia et un échec ; ce qui est important, c’est que pour qu’il émette cette opinion à ce moment précis, ses poils de nez géopolitiques délicatement frémissants doivent lui avoir dit que les États-Unis ne vont pas l’emporter dans ce conflit, quoi qu’il arrive, et qu’il est donc temps pour eux d’arrêter de se battre et de commencer à discuter. Il est clair que personne, et surtout pas le régime ukrainien, ne s’est soucié de savoir si l’Ukraine elle-même allait réussir ou échouer – elle était vouée à l’échec depuis au moins la révolution orange de 2004 ou, plutôt, à être sacrifiée sur l’autel de l’hégémonie américaine en étant jetée dans la mâchoire de la Russie.

Si nous ignorons tout ce qu’il convient d’ignorer dans les paroles de sagesse infinie de Kissinger, tout ce qui reste est que le conflit ukrainien « doit être conclu » et qu’il doit être conclu « à la table des négociations ». Mais il s’avère que ces deux pépites de la pensée profonde sont également très discutables. Premièrement, pourquoi la Russie se précipiterait-elle pour conclure le conflit ? Elle a établi un modèle d’attente favorable et une domination de l’escalade selon tous les paramètres possibles : militaires, économiques, politiques et culturels. Deuxièmement, avec qui la Russie peut-elle négocier ? Les mêmes personnes qui avaient promis que l’OTAN ne s’étendrait pas d’un pouce à l’Est si la Russie autorisait la réunification de l’Allemagne ? Eh bien, faites-le, et ensuite nous parlerons !

Sur le plan militaire, la Russie a établi des frontières défendables dans l’ancienne Ukraine et avance lentement vers les frontières de ce qu’elle considère désormais comme son propre territoire souverain. Elle a établi des voies d’approvisionnement pour les hommes et les armes qui peuvent lui permettre de soutenir simultanément plusieurs conflits de la taille de l’Ukraine pratiquement à l’infini. Elle peut infliger des dommages précis à l’approvisionnement énergétique et aux autres infrastructures de l’Ukraine à volonté et sans risque pour elle-même, réduisant progressivement la capacité de l’Ukraine à soutenir toute sorte de campagne militaire et menant finalement à une démilitarisation complète (pas d’industrie – pas de potentiel de guerre) et à la dénazification (tous les nazis sont morts ou se sont enfuis en Europe ou en Amérique). Entre-temps, la capacité et la volonté de l’Occident de continuer à fournir des armes à l’armée ukrainienne (dont les deux tiers disparaissent en cours de route à cause de la corruption) s’amenuisent. Et puis il y a les nouveaux jouets de la Russie : la dernière génération de ses armes stratégiques, contre lesquelles les États-Unis n’ont pas de contre-mesures, commence à être déployée, et si la doctrine russe de non première frappe nucléaire reste en place, il est entendu qu’elle pourrait être revue si la situation le justifie : « Les enfants, soyez sages ! »

Sur le plan économique, l’économie russe a été touchée à hauteur de 2,5 % au cours de l’année 2022, mais la majeure partie de cette perte s’est produite au cours des deux premiers trimestres, avec une reprise régulière par la suite. Bon nombre de ses concurrents internationaux s’étant impoliment excusés en raison des sanctions, l’industrie nationale russe, de l’automobile à l’espace aérien en passant par la construction navale, est appelée à s’épanouir. Les exportations d’énergie, qui sont très importantes pour remplir les coffres fédéraux, ont été réorientées des nations hostiles de l’UE et du G7 vers les nations amies d’Asie du Sud-Est et d’ailleurs. Les volumes d’exportation sont restés stables, mais les recettes ont augmenté en raison de la hausse des prix, ce qui permet à la Russie de maintenir un ratio dette/PIB très faible et un excédent commercial sain, et d’investir massivement dans des projets d’infrastructure sans s’endetter. Alors que la planète se dirige vers la prochaine ère glaciaire (il est trop tôt pour dire s’il s’agira d’une mini ère glaciaire d’un siècle ou d’une véritable ère glaciaire d’une centaine de milliers d’années), la Russie devrait bénéficier grandement de ses énormes réserves d’hydrocarbures et de son industrie nucléaire saine.

Sur le plan politique, la Russie est enfin en mesure de se débarrasser de la gueule de bois due à la lassitude soviétique tardive, de la dissipation et de la corruption des années 1990 et de l’abandon consumériste des années 2000, et de revenir à son communautarisme normal, à savoir un pour tous et tous pour un. Elle redécouvre rapidement son histoire millénaire de défense héroïque de la patrie sur le champ de bataille. Les démons de l’émasculation et du féminisme sont exorcisés ; les hommes sont à nouveau des guerriers et les femmes des gardiennes du foyer familial. Pour les hommes, il y a deux options honorables – la victoire et la mort, toutes deux héroïques – et plusieurs options déshonorantes : la lâcheté, la trahison… Le caractère national de la Russie est déterminé par la nature de la Russie : le paysage vaste et inhospitalier, la frontière immense et vulnérable, la multitude de tribus, distinctes mais combinées de manière fractale – mais ce qui la maintient en bon état de marche est un accès périodique de guerre. Normalement, un hégémon mondial en puissance, qu’il s’agisse du pape Urbain II, de Gengis Khan, d’Hitler, de Napoléon ou (ne riez pas !) de Joe Biden, se bat contre la Russie, parfois en dernier recours.

Sur le plan social, depuis la révolution russe de 1917 (et bien avant, à Saint-Pétersbourg, à Moscou et dans plusieurs grandes villes de province), la Russie penche vers l’Ouest. La Russie a été le premier pays à introduire l’égalité des droits pour les femmes et les minorités. Au cours du XXe siècle, la Russie a libéralisé les lois sur le divorce et le remariage et a fini par décriminaliser l’homosexualité et l’avortement. En cours de route, la Russie a adopté de nombreuses tendances modernistes et post-modernistes, allant parfois trop loin, trop vite, puis reculant d’horreur. Et, peut-être le pire de tout, la Russie a été infectée par l’idéologie occidentale la plus pernicieuse, le marxisme. Marx a formulé une critique valable du capitalisme tel qu’il existait à l’époque, mais au-delà de cela, sa théorisation est peut-être l’exemple le plus flagrant d’échec intellectuel à grande échelle qui ait jamais existé.

Pendant ce temps, en Occident, la tendance vers les droits individuels est allée jusqu’à l’extrême, non seulement en tolérant mais en approuvant et en célébrant l’homosexualité et d’autres types de comportements sexuels aberrants (non reproductifs), et en insistant désormais sur la castration chimique et chirurgicale des enfants. Un courant transhumaniste distinct mais connexe cherche à effacer la frontière entre l’homme et la machine. L’Occident s’oriente également vers la légalisation de la pédophilie ; l’euthanasie est déjà légale dans de nombreux pays et activement promue comme solution à la pauvreté des personnes âgées au Canada. Il ne reste plus qu’à légaliser le cannibalisme et les sacrifices humains. Ce qui a été perdu parmi tous ces droits individuels, c’est le droit des communautés à faire entendre raison à ces individus.

En un sens, la légalisation du cannibalisme ferait une différence en degré, pas en nature. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont enfermé des enfants russes dans des camps de concentration et les ont saignés à mort pour fournir des transfusions aux soldats allemands blessés. Aujourd’hui encore, des gériatres privilégiés aux États-Unis et en Grande-Bretagne vivent jusqu’à un âge obscène grâce à des transfusions secrètes de sang d’enfants. Et le flux constant et abondant de soldats ukrainiens mortellement blessés fournit une ressource abondante d’organes de donneurs aux cliniques d’Europe et d’Israël. Ce genre de pratiques fait partie intégrante de l’humanisme occidental.

Au fur et à mesure que ces développements sont devenus plus extrêmes, les demandes d’acceptation universelle de ces « valeurs occidentales » sont devenues plus stridentes et accablantes – et de plus en plus offensantes pour les 85% de la population mondiale, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Occident, qui sont socialement conservateurs. Dans une grande partie du monde, les relations sexuelles avant et hors mariage sont des crimes et les enfants nés hors mariage sont encore appelés « bâtards », le mariage est encore « jusqu’à ce que la mort nous sépare », le respect de ses aînés est inconditionnel et « la mort avant le déshonneur » est la loi non écrite. Ce sont tous des universaux évolués de la culture humaine, et tout écart par rapport à ces principes est temporaire et entraîne une extinction biologique. Cette leçon a été formalisée dans Romains 6:32 : « Car le salaire du péché, c’est la mort. » Mais la mort est parfois lente à venir et les gens ont tendance à s’impatienter en attendant que la peinture de l’écriture sur le mur sèche et à prendre les choses en main.

C’est là que la Russie joue un rôle clé : elle a jeté le gant à l’Occident collectif, lui disant en substance qu’il peut devenir aussi dégénéré qu’il le souhaite, mais qu’il n’a pas le droit d’imposer ses nouvelles règles étranges et tordues à quiconque. Dans ce processus, la Russie est devenue le champion et le défenseur mondial de la société et de la culture conservatrices. Certains autres pays, en particulier les pays islamiques, se sont montrés tout aussi inflexibles ; par exemple, l’Indonésie vient de criminaliser l’adultère : n’allez pas à Bali sans être légalement marié à votre conjoint de sexe opposé ou vous risquez d’être enfermé ! Mais l’approche islamique manque d’universalité, car elle se fonde sur ce qui est défini comme « haram » au sein de l’Islam, alors que la Russie revendique une souveraineté universelle et une liberté vis-à-vis de l’oppression culturelle occidentale.

Il est clair qu’il ne s’agit pas d’un conflit à propos de l’Ukraine, qui n’est que le dernier coup d’un jeu beaucoup plus vaste. Il a certainement commencé bien avant le 22 février 2022, lorsque la Russie a annoncé le début de son opération spéciale de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine. Il n’a pas non plus commencé le 22 février 2014, lorsque le président ukrainien Ianoukovitch a été contraint de fuir l’Ukraine pour se réfugier en Russie à la suite d’un coup d’État violent et illégal, fomenté et encouragé par le département d’État américain. À ce moment-là, comme Victoria Nuland s’en est vantée à l’époque, les États-Unis avaient déjà dépensé 5 milliards de dollars pour déstabiliser politiquement l’Ukraine et en faire un pays anti-Russie. Il est impossible de préciser la date, mais le processus a peut-être commencé dès 1945, lorsque les nazis ukrainiens, avec d’autres nazis, ont été emmenés et ont trouvé refuge et soutien aux États-Unis et au Canada.

On peut affirmer que le conflit entre la Russie et l’Occident remonte à plus loin que l’on puisse voir dans l’histoire, avec des interruptions mineures. Il y a eu un bref interbellum entre le jour de la Victoire, le 9 mai 1945, et le discours de Winston Churchill sur le « rideau de fer », le 5 mars 1946 – moins d’un an ! Un autre interbellum, plus long, a existé après la dissolution (illégale) de l’Union soviétique par Eltsine et ses sbires à Belovezhskaya Pushcha le 8 décembre 1991 (le président George Bush senior ayant été le premier à être informé de ce fait par un appel téléphonique d’Eltsine) et le début de la guerre mondiale contre le terrorisme, commencée en grande pompe le 11 septembre 2001 par la destruction de trois gratte-ciel new-yorkais lourdement sur-assurés à l’aide de deux Boeing.

On ne sait pas non plus jusqu’à quel point il faut se projeter dans l’avenir pour comprendre comment la phase actuelle du conflit pourrait se terminer. Il est certain que la suggestion de Kissinger selon laquelle le conflit peut être simplement négocié n’est rien d’autre qu’un leurre, surtout après la révélation par l’ancienne Bundeskanzlerin Angela Merkel que les accords de Minsk entre Kiev et Donetsk/Lugansk n’étaient qu’un stratagème pour donner à Kiev le temps de se regrouper et de se réarmer afin d’être mieux à même d’attaquer Donetsk et Lugansk. Pourquoi la Russie souhaiterait-elle négocier si l’objectif déclaré de la négociation est une tactique de retardement – et une tactique qui a échoué, puisque les Russes ont vu clair dans cette ruse et ont utilisé les huit années écoulées pour… se regrouper et se réarmer afin de mieux démilitariser et dénazifier l’Ukraine le moment venu.

Il est clair que le délai en question devrait s’étendre bien au-delà du moment où l’Ukraine orientale fera à nouveau partie de la Russie (enfin, c’est déjà le cas pour une bonne partie !) tandis que le reste sera transformé en une terre désolée inoffensive, largement dépeuplée, parsemée de cadavres pourris de mercenaires polonais et patrouillée par des robots de combat russes. Il se passe quelque chose de plus important : les États-Unis ont faim et doivent manger quelqu’un tout de suite, sinon leur château de cartes financier va s’effondrer.

Les États-Unis sont constitutionnellement incapables de vivre selon leurs moyens, mais comme la pompe à richesse des pétrodollars ne fonctionne plus et qu’une grande partie du reste du monde a déjà été saignée à blanc par un capitalisme vampirique, que leur reste-t-il à manger ? L’Union européenne, bien sûr ! La base de la prospérité européenne a été l’approvisionnement régulier en énergie relativement bon marché en provenance de Russie, et en le coupant, les États-Unis ont rendu l’économie européenne non fonctionnelle et prête à être pillée à loisir. Maintenant, la Russie devrait-elle vouloir interférer avec ce processus ? Bien sûr que non ! Si l’Occident collectif souhaite ronger ses propres membres, pourquoi cela poserait-il un problème à la Russie ? « N’interrompez jamais votre ennemi lorsqu’il fait une erreur, ce sont de mauvaises manières », disait Napoléon à la bataille de Waterloo.

Si l’on remonte assez loin dans le temps, on constate que la toute première Drang nach Osten a été déclenchée par le pape Urbain II le 27 novembre 1095, ouvrant la voie aux croisades en appelant tous les chrétiens d’Europe à la guerre contre les musulmans afin de reconquérir la Terre sainte, au cri de « Deus vult ! » ou « Dieu le veut ! ». C’était à peu près une façon pompeuse pour lui de dire « J’ai faim ! Apportez-moi quelqu’un à manger ! » Bien sûr, en 1147, les Allemands ont attaqué les Slaves, qui étaient loin de la Terre sainte mais qui devaient sembler savoureux à l’époque, et ils ont continué à les attaquer pendant plus de deux siècles !

Les Suédois ont continué jusqu’à ce que Pierre le Grand les batte à Poltava (qui se trouve aujourd’hui en Ukraine) le 27 juin 1709. Ils ont été tranquilles comme des souris au cours des trois derniers siècles, mais maintenant ils font du bruit pour rejoindre l’OTAN (l’actuelle alliance des croisés) et il est peut-être temps de les renvoyer en 1709 à l’aide de quelques fusées, en les débarrassant d’extravagances telles que l’électricité, le chauffage central, l’eau courante et le transport automobile. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les Suédois ont encore le temps de se décider. Il en va de même pour les Finlandais qui, au fil des siècles, ont été conditionnés à faire tout ce que les Suédois leur disent de faire, mais lentement.

Cela fait six siècles de croisades, par intermittence ! Il y a des monastères en Russie qui ont été pillés et réduits en cendres par ces « chrétiens » déchaînés quatre ou cinq fois. Et puis Napoléon a attaqué une centaine d’années plus tard, et Hitler un peu plus d’un siècle après… et maintenant ceci… Mais nous n’avons pas besoin de regarder si loin dans le passé pour prédire avec une certitude raisonnable que ce quasi-millénaire de croisades occidentales touche à sa fin. Pour ce faire, il suffit de remonter jusqu’au 11 septembre 2001 et au lancement de la guerre mondiale contre le terrorisme. À ce jour, tous les stratagèmes et toutes les manœuvres que les États-Unis ont essayés dans cette guerre ont échoué, l’Ukraine étant leur dernier rempart. Ces échecs sont très peu connus ou compris en Occident, où les médias de masse sont experts dans l’art de cacher tout ce qui ne correspond pas au récit gagnant.

La semaine prochaine, nous passerons en revue les développements des dix dernières années. Ce n’est qu’un clin d’œil dans le balayage de l’histoire, mais parfois l’effondrement se produit assez soudainement, et nous devrions nous sentir privilégiés d’être les témoins d’une série d’événements aussi importants.

Partie 2

Dmitry Orlov

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.

Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

La dernière croisade 2/2


Par Dmitry Orlov – Le 30 décembre 2022 – Source Club Orlov + The Saker francophone.

Nous sommes, pour la plupart d’entre nous sans le savoir, les témoins d’un événement capital : la fin de la Drang nach Osten qui a duré mille ans – la marche implacable vers l’Est du cadavre réanimé de l’Empire romain d’Occident, avec le pape comme tête symbolique et le Vatican comme capitale symbolique – connue sous le nom de Croisades. Parmi celles-ci, les croisades du Sud sont beaucoup plus connues en Occident, tandis que les croisades du Nord, lancées en 1147, le sont beaucoup moins. Mais ce sont elles qui ont duré le plus longtemps – jusqu’au 22 février 2022 – parce que, contrairement à la Chine, à l’Inde et à presque tous les autres pays non occidentaux, la Russie ne s’est jamais rendue à personne.

 

Partie 1

Le gant a été jeté en 1252, lorsqu’Alexandre Nevsky a accepté un document officiel, appelé yarlyk, du Khan Batyj de la Horde d’Or (qui fait partie de l’Empire mongol), l’autorisant à régner en tant que Grand Prince de Kiev (et donc à régner sur toute la Russie), plutôt que de demander la bénédiction du Pape à Rome, comme l’exigeaient tous les rois occidentaux. Pour ces potentats occidentaux, leur prétention à être ordonnés par Dieu reposait sur l’approbation de son siège au Vatican ; pour les Russes, le pape n’était qu’un usurpateur hérétique. La distinction religieuse a joué avec le temps, mais l’idée qu’il existe un club exclusif de nations occidentales qui méritent d’exercer leur autorité sur le reste du monde est restée jusqu’à aujourd’hui.

Il s’ensuivit une série d’attaques contre la Russie s’étalant sur plusieurs siècles, toutes découlant du même principe simple : ce que l’Occident ne peut contrôler doit être détruit. Les Allemands et les Suédois ont continué à l’attaquer jusqu’en 1709. Puis les Français ont attaqué à nouveau en 1812 ; et ensuite les Allemands en 1941. Les Américains étaient prêts à attaquer en mars 2022, par l’intermédiaire de leurs mandataires ukrainiens et de l’OTAN, mais ils ont été devancés par l’opération militaire spéciale de la Russie. Ainsi, la dernière croisade a été avortée et de nouvelles tentatives semblent peu probables, car, à ce stade, il n’est pas question de détruire ce que l’Occident ne peut pas contrôler, et pas seulement la Russie, mais aussi une grande partie du reste du monde. Même la petite Corée du Nord peut tenir tête à l’Occident collectif et lui faire un doigt d’honneur. Le spectacle des mille ans est presque terminé.

Au cours des siècles précédents, chaque fois que la Russie expulsait un croisé de plus, d’autres nations occidentales prenaient la tête et tentaient de marcher sur Moscou : c’étaient les Allemands (en tant que chevaliers teutoniques, puis les Suédois, les Polonais, puis encore d’autres Suédois, puis les Français sous Napoléon, puis les Allemands sous Hitler, et maintenant les Américains (déguisés en Ukrainiens malchanceux et désemparés) sous Biden. (Oui, le dernier acte de ce drame est sans aucun doute une farce.) Mais qui pourrait bien devenir le prochain croisé du jour ? Personne ! Il n’y a plus personne en Occident pour poursuivre le projet.

Il existe une curieuse corrélation à 100% entre les langues étrangères que les Russes choisissent d’étudier et les capitales occidentales qu’ils viennent ensuite occuper. Les Russes ont étudié le français et la cavalerie russe est entrée dans Paris ; ils ont étudié l’allemand et les chars russes sont entrés dans Berlin. Et maintenant, les Russes étudient tous l’anglais, dès la deuxième année. Nous devrions donc nous attendre à des feux d’artifice russes au-dessus de Washington (Londres n’est plus capable que de quelques petits coups bas). Cette corrélation est juste quelque chose à surveiller dans le futur.

Mais nous sommes déjà en mesure de revoir l’histoire de cette dernière et ultime croisade, qui touche actuellement à sa fin. Pour ce faire, nous devons rembobiner jusqu’en 1998, il y a 24 ans. L’économie russe était en ruine, la première guerre tchétchène était pour l’essentiel perdue et l’Occident était occupé à piller ce qui restait de l’économie soviétique. Les sentiments séparatistes étaient légion et le pays aurait pu s’effondrer à tout moment, réalisant ainsi le vieux rêve occidental de rayer la Russie de la carte politique. Mais l’Occident ne pouvait pas attendre et a décidé de donner un coup de grâce à la Russie en déclenchant la deuxième guerre de Tchétchénie.

Et là, quelque chose a mal tourné : au lieu de l’ivrogne président Eltsine, Poutine est arrivé au pouvoir et a en fait gagné la deuxième guerre de Tchétchénie. L’apparition de Poutine sur la scène mondiale a été une surprise totale pour l’État profond occidental, qui a alors réalisé qu’il avait besoin d’un tout nouveau plan pour détruire la Russie à coup sûr cette fois : un nouveau Drang nach Osten mondialiste. L’objectif principal de ce nouvel assaut était la poursuite de la domination complète du monde entier par les États-Unis, assurée par le démembrement, l’engloutissement et la dévoration de leur principal adversaire géopolitique, la Russie. La Russie devait être attaquée simultanément à l’ouest (via l’Ukraine), au sud (via le Caucase) et à l’est (via l’Afghanistan et l’Asie centrale). Le commerce du pétrole et du gaz naturel de la Russie devait être perturbé, ses liens économiques avec l’économie mondiale rompus et sa politique perturbée par des manifestations internes.

Le 11 septembre 2001, le nouveau plan était prêt et lancé en grande pompe par la destruction de trois gratte-ciel new-yorkais à l’aide de deux avions de ligne Boeing – une sorte de miracle des pains et des poissons des temps modernes qui a nettement désavantagé ceux qui étaient gênés par un peu trop d’arithmétique. Cela a donné carte blanche aux États-Unis pour suspendre les libertés civiles dans le pays et pour insérer leurs forces n’importe où à l’étranger dans le cadre de leur guerre globale contre le terrorisme, qui était, étant donné la nature artificielle de l’événement du 11 septembre, une imposture sur une autre imposture.

La première étape a consisté à préparer une incursion en Asie centrale en envahissant l’Afghanistan en 2001. Cet effort s’est notoirement mal passé. Deux tentatives de coup d’État ont échoué, l’une au Turkménistan en 2002 et l’autre au Kirghizstan en 2005, toutes deux déjouées par les services spéciaux russes. Les Américains se sont attardés en Afghanistan pendant une vingtaine d’années, après avoir été détournés par le commerce de l’héroïne, mais lorsque les toxicomanes américains ont commencé à se tourner vers le fentanyl fabriqué en Chine, beaucoup plus économique, il n’y avait plus de raison de poursuivre le commerce de l’héroïne afghane. Le dernier cadeau d’adieu a été la tentative de coup d’État au Kazakhstan en janvier 2022, qui a été réprimée par les troupes russes invitées par le président du Kazakhstan. Ainsi s’est achevé l’effort de destruction de la Russie via l’Asie centrale.

La deuxième étape consistait à préparer une incursion terroriste via le Caucase. Le gouvernement de Géorgie a été renversé en 2003 et les États-Unis, avec l’aide d’Israël, ont commencé à former l’armée géorgienne. Un effort a été fait pour organiser un nouveau cycle de la manie séparatiste tchétchène, avec une infusion de fondamentalistes islamiques via la vallée de Pankisi en Géorgie. Cela aurait pu poser un problème à la Russie – ou non, nous ne le saurons jamais avec certitude, car le 8 août 2008, le président géorgien Saakashvili, psychologiquement instable, a sauté le pas et a commencé à bombarder les soldats de la paix russes en Ossétie du Sud. Cette région a été arbitrairement intégrée à la République socialiste soviétique de Géorgie par les bolcheviks et s’est retrouvée bloquée après la désintégration de l’Union soviétique, à l’instar de ce qui est arrivé au Donbass en Ukraine. La Russie a réagi en expulsant l’armée géorgienne de la région et en la désorganisant en grande partie. Ce que Saakashvili a fait, en substance, c’est échanger une défaite tactique géorgienne contre une victoire stratégique russe. Depuis, la Géorgie est restée sans défense, ce qui a mis le plan d’incursion par le sud dans les limbes.

La troisième étape a été de loin la plus réussie. La révolution orange de Kiev en 2004 a été suivie de diverses autres révolutions et coups d’État, pour culminer avec la violente révolution du Maidan au printemps 2014. Inspirés par les chimères russophobes de Zbigniew Brzezinski, les États-Unis ont placé de grands espoirs dans l’Ukraine et ont adopté une approche sans concession pour en faire une sorte d’anti-Russie. Cet effort a jusqu’à présent permis à la Russie de s’étendre à cinq nouvelles régions (Crimée, Donetsk, Lugansk, Zaporozhye et Kherson), tout en transformant l’Ukraine en un parasite de classe mondiale, inondant l’Europe de huit millions de migrants et aspirant cent milliards de dollars d’aide (utilisés pour garnir les poches de nombreux oligarques) et d’armes (qui sont soit détruites sur le front oriental, soit utilisées pour inonder le marché noir international). L’Ukraine est désormais un État zombie en faillite, dont l’économie a été divisée par deux, les infrastructures détruites, la société détruite et le gouvernement de loin le plus corrompu de la planète. Bien que cette partie du plan visant à détruire la Russie ait gagné le plus de terrain, ses chances de permettre aux États-Unis de démembrer, engloutir et dévorer la Russie sont toujours nulles.

Entre-temps, une mauvaise récolte en Russie en 2010 a fourni ce qui aurait pu être une manne stratégique majeure dans ce qui est devenu le Printemps arabe. La hausse des prix des céréales dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient, qui subsistaient en grande partie grâce aux importations de céréales russes, y a provoqué une grande misère. En conséquence, des bouleversements sociaux, aboutissant parfois au renversement du gouvernement et à la guerre civile, se sont produits à Tunis, en Égypte, au Yémen, en Libye, en Syrie, à Bahreïn, à Alger, en Irak, en Jordanie, au Maroc, à Oman, au Koweït, en Mauritanie, en Arabie saoudite, au Soudan, à Djibouti et au Sahara occidental.

Cette situation a permis aux États-Unis d’élaborer un tout nouveau plan pour attaquer la Russie par le sud en jouant une fois de plus la carte du radicalisme islamique. Cette carte avait échoué de façon spectaculaire en Afghanistan et en Tchétchénie, alors, selon la logique typique du gouvernement américain, pourquoi ne pas l’utiliser à nouveau ? Les jeunes islamistes radicalisés de ces divers pays en détresse ont été organisés en ISIS, alias le Califat ou État islamique, qui a ensuite été implanté en Irak, en Syrie et en Libye, avec des armes, un entraînement et un soutien médiatique généreux, avec des vidéos de propagande de style hollywoodien montrant des décapitations d’infidèles portant les traditionnelles combinaisons orange américaines. L’exécution n’était pas sans éléments comiques : à un moment donné, le Pentagone ISIS et le Département d’État ISIS sont entrés en guerre l’un contre l’autre, dans ce qui a dû être le premier cas au monde de terrorisme interinstitutionnel.

La Syrie est devenue le principal point de mire. Le plan consistait à établir État islamique en Syrie, puis à l’étendre à la Turquie en orchestrant un renversement de gouvernement dans ce pays. Il serait alors, en théorie, facile de l’étendre plus au nord dans les régions musulmanes turcophones de Russie. La Russie a neutralisé ce plan en deux étapes. Premièrement, en 2015, elle a introduit ses forces en Syrie et a procédé au bombardement d’ISIS, permettant ainsi au gouvernement syrien de rétablir son autorité sur une grande partie du pays. Deuxièmement, en 2016, elle a empêché un renversement du gouvernement turc organisé par les États-Unis et l’assassinat du président turc Erdoǧan en le prévenant de cette action imminente. Erdoǧan en a alors profité pour faire le grand ménage, purgeant le gouvernement et la société turcs de l’influence américaine, tout en renforçant ses liens avec Poutine, à qui il doit désormais la vie. Un geste important à cet égard a été l’achat par la Turquie du système moderne de défense aérienne russe S-400 – malgré le fait que cela ait fait cracher du sang aux Washingtoniens. Pour punir la Turquie d’une telle désobéissance (les membres de l’OTAN ne sont censés acheter que des armes fabriquées aux États-Unis), les Washingtoniens ont retiré la Turquie de son programme d’avions de chasse F-35 truffé de bogues, trop cher et stratégiquement inutile.

Ce gouffre politique a récemment été creusé par l’effort de l’OTAN pour absorber la Suède et la Finlande, juste pour prouver que l’OTAN peut s’étendre où bon lui semble. Ce faisant, l’OTAN violait les termes du traité de Paris de 1947, en vertu duquel la Finlande doit rester militairement neutre, et remettait automatiquement la Finlande en état de guerre contre la Russie, ce qui donnerait à cette dernière non seulement une raison d’attaquer la Finlande à volonté, mais aussi une excuse légale pour le faire, mais qui, à Washington, a le temps de se pencher sur de tels détails ? Cependant, ce plan a rencontré un obstacle lorsque la Turquie a refusé de ratifier cette expansion car, voyez-vous, la Suède donne asile aux terroristes kurdes, et la Finlande ne se joindra pas à elle si la Suède ne le peut pas. En guise de touche finale, Erdoǧan (commandant de la deuxième plus grande armée de l’OTAN) et le président Assad de Syrie (visé par un renversement et une mort violente par toutes les administrations américaines depuis Clinton) ont décidé de passer du statut d’ennemis à celui de coopérateurs. Leurs ministres de la défense respectifs viennent de tenir une réunion fructueuse, à Moscou bien sûr.

Les autres efforts de l’Amérique pour déstabiliser et affaiblir la Russie en semant le trouble dans le Caucase ont également échoué. En Arménie, une révolution de couleur orchestrée par les États-Unis a permis d’installer à la tête du pays Nikol Pashinyan, formé par Soros. Mais il s’est ensuite produit quelques événements qui ont largement annulé ce gain politique. Le garant de la souveraineté arménienne est la Russie ; sans son soutien, ce petit pays faible et enclavé qu’est l’Arménie serait avalé par la Turquie et l’Azerbaïdjan, qui se fondraient alors joyeusement dans une « turcophonie » turcophone et rejoueraient peut-être le génocide arménien.

Pour créer un moment propice à l’apprentissage de ce fait, l’Azerbaïdjan a englouti en 2020 le Haut-Karabakh, une province disputée par l’Arménie et l’Azerbaïdjan mais occupée par l’Arménie depuis peu après la dissolution de l’URSS. Pour mettre fin aux combats et protéger la population arménienne de cette région, la Russie a dû introduire ses casques bleus. Un fait important concernant le Nagorny-Karabakh est qu’il s’agit d’un territoire impérial russe : La Russie l’a obtenu de la Perse par le traité de Gulistan en 1813 et il a été peuplé par des Arméniens, des Azéris et des Russes depuis lors, le russe étant la langue véhiculaire. Ainsi, la situation actuelle, avec des troupes russes qui maintiennent la paix, peut être considérée comme un retour partiel à la norme.

Un autre fait important concernant le Haut-Karabakh est qu’il offre un corridor terrestre de la Russie à l’Iran, via l’Azerbaïdjan, ajoutant une autre route, plus courte, de Moscou à l’Iran, et de là à la mer d’Oman et à l’océan Indien (en plus de la route plus longue qui traverse le Kazakhstan et le Turkménistan). Ce corridor nord-sud offre à la Russie un accès au commerce mondial qui contourne aisément tous les principaux points d’étranglement contrôlés par l’Occident : le Kattegat à l’embouchure de la mer Baltique, le Bosphore et les Dardanelles entre la mer Noire et la Méditerranée, le détroit de Gibraltar à l’embouchure de la Méditerranée et le canal de Suez.

Mais Erevan, la capitale de l’Arménie, abrite la plus grande ambassade américaine de toute la région, et les Américains ne voulaient pas abandonner comme ça. Ils ont donc envoyé Nancy Pelosy, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, y faire une visite rapide à la fin de ses divers autres voyages inutiles. Bien sûr, quelques jours plus tard, il y a eu une mini-manifestation à Erevan, avec des gens brandissant des drapeaux américains et demandant que l’Arménie rompe avec la Russie. Mettre Nancy dans un fusil et le tirer en direction du Kremlin aurait été tout aussi efficace.

En parlant de points d’étranglement contrôlés par l’Occident, un autre point majeur est le détroit de Malacca qui relie l’océan Indien, via la mer d’Andaman, à la mer de Chine, et par lequel passe une grande partie du commerce de la Chine avec le monde et une grande partie du pétrole qui alimente l’économie chinoise. Non contents de s’acharner misérablement sur la Russie, les États-Unis ont également déployé divers efforts pour créer des problèmes à la Chine en créant des tensions entre celle-ci et ses voisins du sud. À cette fin, ils ont tenté de dépeindre la Chine comme une menace pour eux et ont organisé des exercices de « liberté de navigation » près des îles Spratley, que la Chine a revendiquées et transformées en formidables forteresses. Tous ces efforts ont été réduits à néant par une victoire stratégique conjointe russo-chinoise au Myanmar en 2021.

L’histoire du Myanmar est longue et tordue, mais en résumé, avec le soutien de la Chine et de la Russie, Aung San Suu Kyi (titulaire d’un passeport britannique, lauréate du prix Nobel de la paix, plante occidentale) a été chassée du pouvoir et remplacée par Min Aung Hlaing, commandant des forces armées, le tout dans le strict respect des termes de la constitution de 2008, selon laquelle l’armée en est le garant. Grâce à cette action plutôt limitée, un autre corridor de transport nord-sud a été débloqué. Celui-ci passe par le Myanmar et relie directement la Chine à l’océan Indien, en contournant le point d’étranglement que constitue le détroit de Malacca. Ainsi, les échecs flagrants de la politique étrangère américaine ne se limitent en aucun cas à ses efforts pour contenir et affaiblir la Russie ; ses efforts pour contenir et affaiblir la Chine ne sont pas moins spectaculaires. Mais je m’écarte du sujet.

Pour en revenir au sujet de la dernière croisade, toutes les autres possibilités de perturber la Russie ayant été écartées, il ne reste plus que la possibilité traditionnelle de croisade : le front occidental de la Russie. Sur ce front, la Russie réussit à démilitariser l’OTAN (après avoir déjà largement démilitarisé l’Ukraine en détruisant son armée et son armement de l’ère soviétique) et à dénazifier l’Ukraine en tuant des dizaines de nazis ukrainiens (et quelques mercenaires étrangers). Le ratio de tués entre les forces russes et ukrainiennes est maintenant proche de 1:30 en faveur des Russes : un tir au pigeon.

Les Russes ont récemment compris comment abattre de manière fiable les roquettes fournies par l’OTAN et comment faire passer leurs roquettes à travers les systèmes de défense aérienne de l’OTAN. Le plus intéressant, c’est que les Russes savent maintenant aussi comment mettre hors d’état de nuire les systèmes de défense aérienne de l’OTAN en lançant d’abord un leurre à vol lent dans leur voisinage, en repérant leur emplacement lorsqu’ils l’abattent, et enfin en les éliminant par une frappe de précision avec un engin qu’ils ne peuvent pas intercepter – quelque chose d’hypersonique, peut-être. Une fois que l’Ukraine sera débarrassée de tous ses systèmes de défense aérienne, la Russie aura enfin le champ libre pour utiliser son armée de l’air et bombarder avec précision l’armée ukrainienne pour la faire disparaître complètement, comme elle l’a fait avec ISIS en Syrie.

Personne ne sait exactement combien de temps tout cela va prendre ; comme je l’ai décrit dans un article précédent, les Russes ne sont pas trop pressés. Mais nous pouvons être sûrs que les establishments américains de politique étrangère et de défense travaillent dur sur un autre plan ou deux. Le plus évident (et le plus stupide) est de presser la Pologne de servir une fois l’Ukraine terminée. À cette fin, la Pologne vient d’annoncer son intention de doubler la taille de ses forces armées pour atteindre un quart de million d’hommes – parce que le maître leur a dit de le faire, leurs dirigeants se sont inclinés.

Il y a juste trois problèmes avec ce plan. Premièrement, les Polonais ont tous des passeports de l’UE et ont la possibilité de courir vers la frontière la plus proche pour éviter d’être enrôlés. Deuxièmement, même si les Polonais ont subi un lavage de cerveau presque aussi important que les Ukrainiens en ce qui concerne la haine de la Russie, l’économie polonaise se porte plutôt bien, surtout par rapport au reste de l’Europe, et ils ne sont pas assez désespérés pour jeter tous leurs jeunes hommes contre l’armée russe. Troisièmement, il faut de l’énergie pour attaquer quelque chose d’aussi grand que la Russie, mais l’Occident collectif est déjà en proie à la famine en énergie, qui ne fera que s’aggraver avec le temps. J’écrirai prochainement sur la famine énergétique à venir.

Il est difficile de faire des prédictions, mais je suis convaincu qu’il n’y aura plus de Dränge nach Osten, de Marches futiles sur Moscou, de Croisades du Nord ou d’autres efforts occidentaux pour s’attaquer sérieusement à la Russie. Après tout, plus les Occidentaux essaieront d’embêter la Russie, plus ils auront froids et deviendront affamés. Mais quand pourront-ils le réaliser ?

Dmitry Orlov

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.

Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Volodymyr Zelensky et l’ethnopolitique

...par Thierry Meyssan - Le 13/12/2022.

Source : RzO Voltaire.

 

Le président Zelensky vient d’être désigné par la revue Time « homme politique de l’année 2022 ». C’est ne pas avoir réalisé son coup de force de juillet, à la faveur de la guerre.

Il a fait interdire tous les partis politiques qui s’opposaient à lui ; Assassiner les personnalités qui lui résistaient ; Contrôler tous les médias, écrits, audiovisuels et internet ; Interdire la langue russe ; Détruire 100 millions de livres ; Confisquer de nombreux biens des oligarques, y compris de celui qui l’a personnellement financé ; Nationaliser les biens des investisseurs et sociétés russes ; et enfin interdit l’Église orthodoxe.
Ce faisant, il se conforme à l’objectif énoncé en 1996 dans la Constitution (art. 16) par les « nationalistes intégraux » : « préserver le patrimoine génétique du peuple ukrainien » (sic). C’est l’ethnopolitique, c’est-à-dire une politique reconnaissant les droits des individus, mais fondée sur l’ethnie ukrainienne.

 

 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été désigné par Time Magazine comme la « Personne de l’année 2022 » ; un choix évident, selon la rédaction de l’hebdomadaire. En effet, il incarne un courage contagieux qui a permis à son peuple de résister à l’invasion russe.

Pourtant, dans son pays, le pouvoir est progressivement passé, depuis le 25 juillet, de ses mains à celles de son vice-président au Conseil national de Sécurité et de Défense, Oleksiy Danilov. Zelensky se concentrant sur sa fonction de porte-parole du régime, il laisse Danilov préparer les décrets qu’il signe. Les deux hommes ont instauré ensemble un régime de terreur.

Le 17 et le 25 juillet, trois membres du Conseil ont été limogés pour de nombreux faits de trahison rapportés par les fonctionnaires sous leurs ordres :
 le diplomate Ruslan Demchenko,
 l’ami d’enfance de Zelensky et du chef du service de sécurité, le SBU, Ivan Bakanov,
 et l’ancienne conseillère juridique de Zelensky et procureure générale d’Ukraine, Irina Venediktova.

Parlant de ces jours cruciaux, Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine avant la guerre, a déclaré que Zelensky s’était emparé du pouvoir, de tous les pouvoirs, sous couvert de réforme.

Le 26 août sur la chaîne NTA, Oleksiy Danilov a révélé que le Conseil de sécurité et de Défense avait adopté un plan de défense du pays en novembre 2021, c’est-à-dire quatre mois avant l’intervention militaire russe. Ce document était préparé depuis que Zelensky avait rejeté le plan d’un Minsk-3 proposé par Paris, les 8 et 9 décembre 2019. « C’est un énorme document fondamental qui énonce les activités de tous les corps sans exception : qui et comment doit agir dans une situation de loi martiale » a-t-il précisé, le 7 septembre à Left Bank.

 

ASSASSINER LES OPPOSANTS POLITIQUES

 

Les assassinats politiques sont en général le fait des « nationalistes intégraux » et non pas des organes gouvernementaux. À tout moment, ils peuvent enlever et faire disparaître, voire exécuter directement dans la rue aux yeux de tous, les opposants politiques. Les victimes sont d’abord des journalistes et des élus. Il ne s’agit pas d’un fonctionnement nouveau puisque ces meurtres ont rythmé la guerre civile depuis 2014.

On pense au député Oleg Kalachnikov, assassiné de onze balles dans la tête sur le seuil de sa maison, en 2015. La police n’a jamais établi ni qui avait effectué l’assassinat, ni qui l’avait commandité.

 

Cependant, dans certains cas, ils sont le fait du SBU (service de sécurité). Ainsi, l’exécution du négociateur officiel, Denis Kireev, de retour de Kiev où il avait participé aux contacts sans lendemain avec la Russie. Il a été tué en pleine rue, le 6 mars 2022, parce que lors des négociations, il avait osé évoquer les liens historiques entre Kiev et Moscou.

Les dirigeants politiques n’assument pas publiquement ces actes, mais les encouragent. Il affirment que le pays doit être « épuré ». Il ne s’agit pas de tuer les agents de la Fédération de Russie, mais tout porteur de la culture russe ou toute personne qui admet la valeur de cette culture.

Le maire de Kiev, le champion de boxe Vitali Klitschko, a chargé le groupe néo-nazi C-14 de débusquer et de tuer les « saboteurs » parmi les Ukrainiens d’origine slave.

Des procédures pénales ont été ouvertes contre d’anciens hauts responsables de l’État comme le député Yevhen Murayev, l’ex-ministre des Affaires intérieures Arsen Avakov, l’ancien Premier ministre Arseni Iatseniouk, l’ex-secrétaire du Conseil de la sécurité nationale et de la défense Oleksandr Turchynov ou encore contre l’ancien président Petro Porochenko.

 

Le SBU arrête désormais de nombreux civils qu’il accuse d’avoir collaboré avec les Russes.

 

INTERDIRE LA LANGUE RUSSE

 

Alors que, selon les Accords de Minsk II (art. 11, note explicative [1]) du 12 février 2015, les régions du Donbass devaient pouvoir déterminer elles-mêmes leur langue officielle, Oleksiy Danilov a déclaré, le 1er septembre 2022 : « Ce sont eux [les habitants du Donbass] qui doivent trouver une langue commune avec nous, pas nous avec eux. Nous avons des frontières, et si quelqu’un n’est pas satisfait des lois et des règles qui s’appliquent sur le territoire de notre pays, nous ne retenons personne ».

Le 21 octobre, il s’est fait plus précis : « La langue russe devrait disparaître complètement de notre territoire en tant qu’élément de propagande hostile et de lavage de cerveau pour notre population »

CONTRÔLER DES MÉDIAS

 

Oleksiy Danilov, a déclaré le 20 juillet, en pleine crise du Conseil de Sécurité et de Défense, que de nombreuses personnes que l’on avait l’habitude de voir à la télévision avant « l’agression russe », n’y apparaissent plus. « On ne sait pas où elles sont passées. Le SBU fera des déclarations fortes à leur sujet ». Il les a accusées de rendre compte du point de vue russe : « Implanter ces récits russes ici est une chose très, très dangereuse. Apparemment, nous devrions comprendre ce qu’ils sont. Regardez : nous n’avons pas besoin d’eux. Laissez-les nous quitter, laissez-les aller dans leurs marécages et croasser dans leur langue russe ».

Le Conseil de Sécurité et de Défense avait déjà placé tous les médias écrits et audiovisuels sous sa surveillance. Il avait en outre interdit une centaine de chaînes Telegram qu’il avait qualifiées de « pro-russes ».

DÉTRUIRE 100 MILLIONS DE LIVRES RUSSES

 

L’Institut du livre ukrainien, qui supervise toutes les bibliothèques publiques, a été chargé, le 19 mai, c’est-à-dire avant la crise du Conseil de Sécurité et de Défense, de détruire 100 millions d’ouvrages [2].

Il s’agissait de détruire tous les livres d’auteurs russes ou imprimés en langue russe ou encore imprimés en Russie. Dans la pratique, une commission a été désignée au sein de la Verkhovna Rada pour s’assurer de la mise en œuvre de cette épuration intellectuelle. Il s’est avéré que l’immense majorité des livres des bibliothèques étaient des ouvrages pratiques de cuisine, de couture, etc. Ils ont attendu un peu avant de passer au pilon, la priorité étant donnée aux auteurs maléfiques comme Alexandre Pouchkine et Léon Tolstoï.

 

INTERDIRE DES PARTIS POLITIQUES

 

Les 12 partis politiques d’opposition ont été interdits, un à un. Le dernier en date a été sanctionné le 22 octobre [3]. Leurs élus ont été démis de leurs fonctions.

Seul l’oblast de Transcarpathie (proche de la Hongrie) refuse de démettre les élus locaux issus des partis politiques interdits.

 

CONFISQUER LES BIENS DES OPPOSANTS ET DES RUSSES

 

 

Depuis fin février, l’Agence ukrainienne de recherche et de gestion des avoirs (ARMA), l’organe de la lutte anti-corruption voulu par l’Union européenne, a saisi des biens d’une valeur de plus de 1,5 milliard de hryvnias, soit 41 millions de dollars.

Les oligarques propriétaires de médias ont tous été contraints, un à un, de céder ceux dont ils disposaient. Il s’agit d’un plan général censé libérer le pays de leur influence. Ils conservent cependant le droit de détenir d’autres types de sociétés.

Selon la loi ukrainienne de 2021, les oligarques sont les 86 citoyens possédant au moins 80 millions de dollars, participant à la vie politique et exerçant une grande influence sur les médias. Selon Oleksiy Danilov, il ne devrait plus y avoir d’oligarque à la fin de la guerre.

 

Le Conseil de Sécurité et de Défense a décidé, le 7 novembre, de nationaliser des usines appartenant aux oligarques, y compris à Igor Kolomoisky, le financier de Volodymyr Zelensky. Elles ont été placées sous administration du ministère de la Défense et devraient être « restituées au peuple ukrainien » à la fin de la loi martiale.
Cette décision s’applique, entre autres, au constructeur ukrainien de moteurs d’avions Motor Sich qui était en conflit avec des investisseurs chinois devant une Cour d’arbitrage à La Haye (affaire Beijing Skyrizon). La Chine, qui réclame 4,5 milliards de dollars à qualifié la nationalisation de « vol ». Selon Beijing : « Depuis 2020, le gouvernement ukrainien a continuellement créé des problèmes, blâmé, réprimé et persécuté les investisseurs chinois sans raison, et a même imposé des sanctions économiques spéciales sans raison, dans l’intention de nationaliser Motor Sich PJSC par des moyens illégaux et de piller sans vergogne les actifs chinois à l’étranger ».

Le Conseil de Sécurité et de Défense a saisi, le 20 octobre, les biens de 4 000 sociétés et individus russes dans le pays.
Cette décision s’applique aussi à des personnalités ukrainiennes qui s’étaient installées en Russie avant la guerre comme les chanteurs Taisiya Povaliy, Ani Lorak, Anna Sedokova et la présentatrice de télévision Regina Todorenko.

 

INTERDIRE L’ÉGLISE ORTHODOXE

 

Le Conseil de Sécurité nationale et de Défense ukrainien a décidé, le 1er décembre 2022, d’« interdire aux organisations religieuses affiliées à des centres d’influence de la Fédération de Russie d’opérer en Ukraine », a annoncé le président Zelensky en signant le décret 820/2022 [4]].

Le « Service d’État pour l’ethnopolitique et la liberté de conscience » a été chargée de saisir les
bâtiments de l’Église orthodoxe relevant du patriarcat de Moscou.

Il y a deux semaine, le service de sécurité ukrainien (SBU) a violemment perquisitionné un monastère, accusant des popes d’avoir osé décrire la Russie comme la « Mère patrie ».

Le président Zelensky estime respecter les normes occidentales des Droits de l’homme. En effet, la Cour européenne des Droits de l’homme ne pourra plus enregistrer de plainte provenant de Russie puisque Moscou a quitté le Conseil de l’Europe.

 

COUPER TOUTES LES RELATIONS AVEC LA RUSSIE

 

 

Le 4 octobre, le président Zelensky a signé un décret interdisant toute nouvelle négociation avec la Russie.

Le 1er décembre, Oleksiy Danilov a appelé à « la destruction de la Russie ». Il a précisé son propos ainsi : « Ils ont juste besoin d’être détruits pour qu’ils cessent d’exister en tant que pays, à l’intérieur des frontières dans lesquelles ils existent maintenant... Ce ne sont que des barbares. Et quand vous dites que vous devez vous asseoir à la même table que ces barbares et parler avec eux, je considère que c’est indigne de notre peuple »

 

Non, ce n’est pas Poutine qui a commencé la guerre en Ukraine

par Mike Whitney - Le 07/12/2022.

« L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est la plus brillante de toutes les lignes rouges pour l’élite russe (et pas seulement pour Poutine). En plus de deux ans et demi de conversations avec des acteurs russes clés, des traîne-savates des recoins sombres du Kremlin aux critiques libéraux les plus acérés de Poutine, je n’ai encore trouvé personne qui considère l’Ukraine dans l’OTAN comme autre chose qu’un défi direct aux intérêts russes. » (William Burns, ambassadeur américain à Moscou, écrivant à la secrétaire d’État Condoleezza Rice, 2008.)

« Il n’y a rien d’inévitable dans le « monde multipolaire ». Son émergence dépend entièrement d’une guerre qui ne fait que commencer et dont l’issue est encore inconnue. » Extrait du texte

Selon une enquête menée par le Pew Research Center : « Environ la moitié des Américains… se disent extrêmement (24%) ou très (26%) préoccupés par la possibilité que le soutien des États-Unis et de l’OTAN à l’Ukraine conduise à une guerre des États-Unis avec la Russie »1.

Il s’agit d’un pourcentage plus faible que ce à quoi on pourrait s’attendre étant donné le risque d’une escalade inattendue qui pourrait déclencher une guerre nucléaire. Malgré tout, c’est ce que nous disent les données et les données ne mentent pas.

Mais voici la partie intéressante : Même si la moitié du pays s’inquiète d’une conflagration directe avec la Russie, ils soutiennent encore massivement les autres mesures prises par Biden pour punir la Russie de sa prétendue « agression ». Voici d’autres extraits de l’enquête :

« Un large soutien dans les deux partis pour les actions américaines en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Des majorités considérables de républicains (73%) et de démocrates (80%) disent approuver l’imposition de sanctions économiques strictes à la Russie par les États-Unis. Des proportions similaires disent approuver l’envoi d’équipements militaires et d’armes à l’Ukraine.

Environ sept démocrates sur dix et six républicains sur dix disent également approuver le stationnement d’un grand nombre de militaires américains dans les pays de l’OTAN proches de l’Ukraine »[1].

Qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi les Américains soutiennent-ils massivement des sanctions onéreuses, des déploiements de troupes supplémentaires et la fourniture sans fin d’armes létales alors que, dans le même temps, ils reconnaissent être « extrêmement » ou « très » préoccupés par la possibilité « d’une guerre des États-Unis avec la Russie ? » Ne réalisent-ils pas que ces attaques hybrides contre la Russie sont une forme de guerre qui finira par conduire à un affrontement militaire direct entre Washington et Moscou ?

Et pourquoi les Américains soutiennent-ils de toute façon ces mesures draconiennes ? Ne savent-ils pas que Poutine a prévenu que l’expansion de l’OTAN en Ukraine obligerait la Russie à répondre militairement ? Ne savent-ils pas que nombre de nos plus brillants experts en politique étrangère ont mis en garde contre l’expansion de l’OTAN en Ukraine ? Ne savent-ils pas que la Russie a averti à plusieurs reprises que l’expansion de l’OTAN pourrait conduire à la guerre ? Ne savent-ils pas que le président démocratiquement élu de l’Ukraine a été renversé par un coup d’État soutenu par la CIA en 2014 et remplacé par un larbin de Washington ?

 

 

 

Ne savent-ils pas que depuis 2015, la CIA a formé des paramilitaires et des extrémistes ukrainiens d’extrême droite (néonazis) pour mener une insurrection contre les forces russes qui allaient être attirées de l’autre côté de la frontière dans le but de créer un bourbier « de type Afghanistan » ?

Ne savent-ils pas que Washington a prévu d’utiliser l’Ukraine comme un bélier contre la Russie afin d’étendre ses bases militaires en Asie centrale (pour encercler la Chine) depuis au moins 8 ans ? Ne savent-ils pas que l’armée ukrainienne a bombardé des zones résidentielles dans la région habitée par des Russes ethniques pendant 8 ans avant que Poutine ne soit obligé d’envoyer ses troupes ?

Ne savent-ils pas que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a admis que la guerre a commencé il y a 8 ans, lorsque le gouvernement légitime a été renversé ? (Il a déclaré à Fareed Zakaria de CNN : « J’ai fait remarquer que la guerre en Ukraine dure depuis 8 ans. Ce n’est pas juste une opération militaire spéciale ») Ne savent-ils pas que – si Zelensky avait maintenu le statu quo et que l’Ukraine était restée un pays « neutre » – la guerre n’aurait jamais commencé ? Ne savent-ils pas que notre propre directeur de la CIA a qualifié l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN de « plus rouge des lignes rouges » pour la Russie ? Ne savent-ils pas que l’expansion de l’OTAN vers l’est est, et a toujours été, une menace matérielle pour la sécurité nationale de la Russie ? Les mères et les enfants russes ne méritent-ils pas la même sécurité que les mères et les enfants américains ou devons-nous insister pour qu’ils vivent avec les troupes de combat, les chars et les missiles nucléaires de Washington pointés sur eux de l’autre côté de la frontière ? N’ont-ils pas le droit de vivre leur vie sans le pistolet de l’OTAN pointé sur leur tête ou la dague de Washington mise sur leur gorge ? Ceci est tiré d’un article de antiwar.com :

« L’OTAN sait depuis longtemps que les dirigeants russes depuis la fin de la guerre froide – et pas seulement Poutine – perçoivent l’expansion de l’OTAN vers l’est, et en particulier vers l’Ukraine, comme une menace. En réponse à la déclaration de l’OTAN lors du sommet de Bucarest en 2008, les dirigeants russes ont clairement indiqué qu’ils considéraient cette promesse comme une menace existentielle. Poutine a averti que l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN constituait « une menace directe » pour la sécurité de la Russie.

Comment la Russie pourrait-elle ne pas considérer l’OTAN comme une menace ? … Comment la Russie pourrait-elle percevoir comme autre chose qu’hostile une alliance qui s’est déplacée jusqu’à ses frontières, a absorbé ses voisins, mais l’a exclusivement exclue ? Robert Gates a observé qu’elle « ignorait imprudemment ce que les Russes considéraient comme leurs propres intérêts nationaux vitaux ».

Lors d’une conférence de presse tenue en février 2022, Poutine a déclaré : « Nous voyons aujourd’hui où se trouve l’OTAN : en Pologne, en Roumanie et dans les États baltes. (…) Aujourd’hui, des lanceurs de missiles antibalistiques sont déployés en Roumanie et sont en train d’être mis en place en Pologne. Ils y seront probablement bientôt s’ils ne sont pas encore construits. Ce sont des lanceurs MK-41 qui peuvent lancer des Tomahawks. En d’autres termes, il ne s’agit plus seulement de contre-missiles, et ces armes d’assaut peuvent couvrir des milliers de kilomètres de notre territoire. N’est-ce pas une menace pour nous ? »

Quelques semaines auparavant, Poutine s’était également plaint du fait que « des éléments du système de défense global américain sont déployés près de la Russie ». Il a de nouveau parlé des lanceurs MK-41 en Roumanie et, bientôt, en Pologne. À l’époque, il avait ajouté que « si cette infrastructure continue de progresser et si les systèmes de missiles des États-Unis et de l’OTAN sont déployés en Ukraine, leur temps de vol vers Moscou ne sera plus que de 7 à 10 minutes, voire de 5 minutes pour les systèmes hypersoniques. C’est un énorme défi pour nous, pour notre sécurité »2.

Comment se fait-il que le peuple américain ne sache pas ces choses ? Comment se fait-il que la grande majorité d’entre eux pensent que « Poutine a commencé la guerre » ou que la guerre a commencé le 24 février lorsque les chars russes ont franchi la frontière de l’Ukraine ? Comment la majorité de la population d’un pays démocratique qui est (ostensiblement) attaché à la liberté d’expression et à la liberté de la presse peut-elle être si tragiquement désinformée, soumise à la propagande et endoctrinée ? 

Est-ce bien cela ? Les Américains sont-ils vraiment les moutons les plus faibles d’esprit et les plus endoctrinés de la planète ? Ceci est tiré de The American Conservative :

« Dès le début de la guerre en Ukraine, les médias, les politiciens et toutes les ONG contrôlées à travers l’Amérique et l’Europe de l’Ouest ont été unanimes à affirmer que l’action militaire russe dans l’est de l’Ukraine était non provoquée et injustifiée – un acte d’agression qui ne pouvait être toléré.

Il y avait un problème avec ce blitz de propagande : il était totalement faux. L’État profond – les élites gouvernementales, les services de renseignement et l’establishment militaire – a passé des décennies à menacer et à provoquer la Russie en poussant l’OTAN contre sa frontière.

Il n’est pas nécessaire d’aimer la Russie pour s’en rendre compte, et vous pouvez détester Vladimir Poutine jusqu’à la fin des temps. Le problème fondamental reste le même : les Russes considèrent la présence de l’OTAN à leur frontière comme un acte d’agression et une menace pour leur sécurité nationale, et nous le savons depuis des décennies.

Le bilan est clair et inattaquable »3.

Donc, non, la guerre en Ukraine n’a PAS commencé le 24 février. Et, non, le « méchant » Poutine n’a PAS commencé la guerre. Ce que les preuves montrent, c’est que ce conflit ukrainien est une autre confection sanglante qui a été imaginée il y a longtemps dans les groupes de réflexion des élites et les cachettes des néoconservateurs, où l’intégration économique de la Russie à l’Europe (et l’émergence éventuelle d’une zone de libre-échange de Lisbonne à Vladivostok) était considérée comme un « danger réel et actuel » pour la soif vorace de pouvoir mondial de Washington. Ces mêmes élites ont choisi l’Ukraine comme rampe de lancement de leur guerre contre la Russie, malgré le fait que l’Ukraine serait finalement désintégrée dans le cadre d’un règlement final imposé par Moscou et malgré le fait que toute l’Europe serait plongée dans un nouvel âge des ténèbres de pénurie énergétique et alimentaire, de désindustrialisation généralisée et de misère du tiers-monde. Jetez un coup d’œil à cette citation du géant de la politique étrangère George Kennan, auteur de la stratégie américaine d’« endiguement » utilisée pendant la guerre froide. Voici ce qu’il a déclaré au New York Times en 1998 :

« Je pense que les Russes vont progressivement réagir de manière assez négative et que cela affectera leur politique. Je pense que c’est une erreur tragique. Il n’y avait aucune raison pour cela. Personne ne menaçait personne d’autre. Cette expansion ferait se retourner dans leur tombe les pères fondateurs de ce pays. Nous avons signé pour protéger toute une série de pays, alors que nous n’avons ni les ressources ni l’intention de le faire de manière sérieuse. [L’expansion de l’OTAN] n’a été qu’une action légère de la part d’un Sénat qui ne s’intéresse pas vraiment aux affaires étrangères »[3].

Vous êtes-vous demandé pourquoi des analystes de politique étrangère respectés comme George Kennan, l’ancien secrétaire d’État à la Défense William Perry, l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger et l’ancien ambassadeur en Union soviétique Jack F. Matlock Jr. s’opposent tous à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi un mandarin de la politique étrangère comme John Mearsheimer mettrait sa réputation en jeu pour informer les gens que si la politique persiste, l’Ukraine sera anéantie et que les États-Unis finiront probablement dans une guerre nucléaire avec la Russie ? Voici ce que dit Mearsheimer :

« L’Occident conduit l’Ukraine sur le chemin des primevères et le résultat final est que l’Ukraine va être anéantie… Ce que nous faisons, c’est encourager les Ukrainiens à jouer les durs avec les Russes. Nous encourageons les Ukrainiens à penser qu’ils finiront par faire partie de l’Occident parce que nous finirons par vaincre les Russes. (…) Et, bien sûr, les Ukrainiens jouent le jeu, et les Ukrainiens ne sont presque pas disposés à faire des compromis avec les Russes et, au lieu de cela, ils veulent poursuivre une politique dure. Eh bien, comme je vous l’ai déjà dit, s’ils font cela, le résultat final est que leur pays va être détruit. Et ce que nous faisons, en fait, c’est encourager ce résultat »4.

 

 

 

Les États-Unis induisent délibérément l’Ukraine en erreur afin de pouvoir utiliser son territoire pour poursuivre leur guerre contre la Russie. Il s’agit d’une manipulation cynique qui équivaut à un génocide. Les États-Unis n’ont aucun intérêt vital en matière de sécurité nationale en Ukraine et ne se soucient pas que ses villes et ses habitants soient réduits à néant. Ce qui importe à Washington, c’est de porter un coup à la Russie, de la séduire dans un conflit qui l’amènera à « se surpasser militairement ou économiquement » (Rand), la rendant ainsi incapable de projeter sa puissance au-delà de ses frontières. C’est l’objectif, et cela l’a toujours été, « affaiblir la Russie ». Tout cela n’a rien à voir avec l’Ukraine ou le peuple ukrainien. C’est une question de pouvoir, de pouvoir géopolitique pur et dur.

En résumé : Les élites de la politique étrangère et leurs alliés mondialistes ont décidé que la seule façon d’arrêter le déclin économique accéléré des États-Unis et de préserver le rôle de la nation en tant que superpuissance prééminente du monde, est de recourir à la force militaire. Il est clair que cette décision a déjà été prise. Ce que nous voyons en Ukraine (et bientôt à Taiwan) est une preuve supplémentaire que les faucons américains ne vont pas abandonner leur position exaltée dans le monde sans se battre. Ils utiliseront toutes les armes de leur arsenal pour maintenir leur emprise sur le pouvoir. Cela nous indique que la transition vers l’abandon du « système fondé sur des règles » ne sera ni rapide ni sans effusion de sang. Et – malgré les prédictions optimistes du contraire – il n’y a rien d’inévitable dans le « monde multipolaire ». Son émergence dépend entièrement d’une guerre qui ne fait que commencer et dont l’issue est encore inconnue.

source : The Unz Review

traduction Réseau International

  1. « Les préoccupations des Américains concernant la guerre en Ukraine : Conflit plus large, affrontement possible entre les États-Unis et la Russie », Pew Research Center
  2. « La promesse provocatrice de Stoltenberg sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN », Ted Snider, antiwar.com
  3. « Blâmer l’Etat profond pour le carnage en Ukraine », George D O’Neill jr, The American Conservative
  4. John Mearsheimer, « L’Occident conduit l’Ukraine sur le chemin des primevères », You Tube, 1:32

Nos pays défendent-ils réellement les Ukrainiens ?

par Martin Maréchal et Grégory Mauzé - Le 11/11/2022..

Les gouvernements européens et nord-américains semblent n’avoir pour seule boussole que le soutien militaire aveugle à Kiev, la voie diplomatique étant jugée hors de propos face à la barbarie de l’envahisseur russe. N’est-il pas cependant temps de jouer un rôle plus constructif ?

Comme on pouvait s’y attendre, le retour d’un conflit armé d’ampleur en Europe a contribué à un renforcement sans précédent des mentalités guerrières sur le Vieux Continent. Nouveau concept stratégique à l’OTAN plus interventionniste que jamais ; hausses spectaculaires des budgets militaires ; discrédit, aussi, des voix favorables à une désescalade, dont la naïveté supposée envers Vladimir Poutine l’aurait encouragé à commettre l’irréparable.

Huit mois plus tard, les succès militaires engrangés par les forces ukrainiennes et les difficultés de l’armée russe valident-ils pour autant le choix des fournitures d’armes massives à Kiev ? C’est en tout cas l’argument que brandissent les partisans de cette stratégie pour porter l’estocade au mouvement pour la paix. Celui-ci, accusé d’angélisme ou d’aveuglement face à l’impérialisme russe, aurait « trahi » les Ukrainiens en contestant la logique de guerre sans fin. Dans un manichéisme étonnant, il n’existerait donc aucun espace d’intervention entre le soutien militaire inconditionnel aux Ukrainiens et leur abandon.

Aussi caricaturale soit-elle, cette alternative s’est imposée dans le débat public, au point de pousser à l’autocensure certains opposants à la surenchère guerrière mus par la conviction que la désescalade est la seule voie pérenne pour la paix. Et pour la justice.

Respecter la volonté des Ukrainiens ?

Philosophiquement défendables, les positions martiales prétendument motivées par le souci de porter assistance à un peuple agressé éludent en réalité des paramètres essentiels à la compréhension du conflit. De fait, l’idée que le bellicisme du maître du Kremlin ne laisserait place à aucun autre chemin que celui tracé par les faucons ne résiste pas à l’analyse. Selon la revue Foreign Affairs, début avril, la Russie et l’Ukraine étaient proches d’un accord. Moscou se serait retiré des territoires occupés avant le 24 février, quand Kiev promettait de ne pas demander son adhésion à l’OTAN tout en recevant des garanties sécuritaires d’autres pays. Ce dialogue aurait été torpillé par Boris Johnson, venu en personne à Kiev pour sommer Volodymyr Zelensky de poursuivre le combat. Si l’on ne peut préjuger du résultat de ces négociations, l’implication du Premier ministre britannique fait écho à la faible inclination de certains Occidentaux pour une cessation rapide des hostilités. « Pour certains membres de l’OTAN, il vaut mieux que les Ukrainiens continuent à se battre et à mourir, plutôt que de parvenir à une paix qui arrive trop tôt ou à un coût trop élevé pour Kiev et le reste de l’Europe », analysait ainsi le Washington Post à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles le 5 avril.

Dans la même disposition d’esprit, la présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen s’est opposée le 22 septembre dernier aux appels aux cessez-le-feu : « Il y a beaucoup en jeu, pas seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’Europe, pour la communauté internationale et pour l’ordre mondial ». Le Parlement européen lui emboîtait le pas le 5 octobre en rejetant largement un amendement qui demandait à l’UE d’œuvrer à la fin des hostilités.

Ces faits obligent à constater qu’une partie du camp occidental ne cherche pas prioritairement à protéger ou soutenir les populations attaquées, mais à affaiblir la Russie dans une guerre par procuration. Le Pentagone, premier pourvoyeur d’armes à Kiev, a ainsi expliqué en avril dernier qu’un de ses objectifs était de voir Moscou « consumer » son stock militaire. En d’autres termes : « faire de l’Ukraine un nouvel Afghanistan pour la Russie », selon les mots de Hilary Clinton.

Pompier pyromane

Cette faible appétence pour une désescalade ne se comprend donc ni par la seule peur qu’inspire l’expansionnisme russe, ni par quelque disposition chevaleresque envers un peuple agressé – dont, du reste, n’ont guère bénéficié d’autres peuples victimes d’agressions tout aussi illégales. Elle rappelle et souligne ce qui devient malheureusement indicible et inaudible aujourd’hui : les responsabilités écrasantes du camp euro-atlantique dans la situation qui a provoqué le conflit. Depuis la fin de la guerre froide en effet, les membres de l’OTAN, au premier rang desquels les États-Unis, ont organisé et perpétué la conflictualité avec la Russie au lieu de profiter de la dissolution de l’URSS pour établir avec elle des relations de bon voisinage.

On pourrait encore objecter ici à juste raison que seules les populations concernées sont en droit de choisir leurs alliances géostratégiques. Sauf que tout a été fait pour réduire l’alternative proposée aux Ukrainiens à choisir entre deux blocs, antagonistes, porteurs de deux formes de subordination : le modèle néolibéral d’une part ; le capitalisme autoritaire et oligarchique de l’autre. Épinglons à cet égard la nature de l’Accord d’association UE-Ukraine, au cœur des événements de Maidan marquant les débuts du conflit russo-ukrainien en 2014. Présenté comme « le choix des valeurs occidentales », l’accord visait surtout à constituer une réserve de main-d’œuvre bon marché pour les entreprises européennes. Son article 291 précise notamment que «  les normes en matière de travail ne devraient pas être utilisées à des fins protectionnistes. »

Des solutions de long terme existent pourtant pour espérer éviter l’inféodation de l’Ukraine à l’un ou à l’autre de ses voisins. En 2005 par exemple, une proposition de statut de neutralité du pays était formulée par la France. Elle sera balayée par Washington, déterminée à faire progresser son influence aux frontières de la Russie. Aujourd’hui, les Occidentaux ont beau jeu de prétendre éteindre un incendie, qu’ils ont contribué à allumer, en continuant à l’alimenter.

L’indispensable retour à la diplomatie

Si la résistance des Ukrainiens est remarquable et évidemment légitime face à l’agression dont ils sont victimes, rien ne dit que la poursuite de la guerre puisse aboutir à la victoire totale espérée. Dès lors, persévérer dans la seule stratégie d’une fourniture d’armes toujours plus massive sans s’employer à rétablir un dialogue Est-Ouest relève soit du pari fou, soit d’une instrumentalisation des plus cyniques d’un peuple en lutte, ce qui ne serait pas une première historique. Réduire les tensions régionales de manière à défendre authentiquement et de manière pérenne la souveraineté de l’Ukraine implique, pour notre « camp » géopolitique, de renoncer aux velléités de domination. Un impératif qui, au vu des risques que ferait courir pour l’intérêt général humain le passage à une guerre ouverte entre puissances nucléaires, ne concerne pas que les seuls Ukrainiens.

source : CNAPD

Guerre d’Ukraine – Point au jour 253

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 03/11/2022.

Les Américains avouent qu’ils ont des troupes présentes en Ukraine: escalade ou prélude à une négociation avec la Russie?

(1) La Bataille d'Ukraine (2) Les pourcentages du budget militaires des membres de l'UE redirigés vers l'Ukraine. (3)La Russie rappelle leur devoir aux trois membres occidentaux du club des puissances nucléaires. (4) M.K. Bhadrakumar décrypte le basculement géopolitique

Bataille d’Ukraine

samedi 29 octobre:

Attaque de drones sur la flotte russe à Sébastopol

Le 29 octobre au matin, la ville de Sébastopol en Crimée a subi une attaque majeure de drones ukrainiens, britanniques et américains. Il s’agit de la plus importante attaque contre la ville depuis le début des opérations militaires russes en Ukraine. Il s’agit de la première attaque coordonnée sur la Crimée par un essaim de drones – selon la technique employée depuis plusieurs semaines par les Russes. .

L’attaque a commencé vers 4h30 du matin, heure locale. Les systèmes de défense aérienne de Sébastopol ont repoussé les attaques de drones pendant plusieurs heures. Les navires de la flotte de la mer Noire ont repoussé à trois reprises les attaques des drones ennemis et les défenses aériennes côtières ont repoussé deux autres attaques au large de la ville. Les forces armées ukrainiennes ont tenté de frapper le terminal de carburant russe à Sébastopol. Dans le même temps, l’essaim de drones a visé la flotte russe de la mer Noire.

Toutes les cibles aériennes ont été détruites. 4 USV ont été détruits sur la rade extérieure de Sébastopol, 3 autres véhicules ont été détruits sur la rade intérieure. Des drones sous-marins ont également été impliqués dans l’attaque. Ils ont, selon les observations, causé des dégâts

Le ministère de la Défense russe a confirmé que le dragueur de mines Ivan Golubets et le barrage de filets dans la baie de Yuzhnaya ont subi des dommages – mais plus importants que ce que veulent bien reconnaître les officiels russes.

Selon les médias ukrainiens, 4 navires ont subi des dommages divers, dont le navire amiral de la flotte – la frégate Admiral Makarov.  La coque du dragueur de mines Ivan Golubets a été percée, mais il est à flot. Outre les dommages causés par les éclats d’obus à la coque de la frégate Admiral Makarov, son système radar a été désactivé.

Le ministère russe de la Défense a affirmé que la préparation de cette attaque a été coordonnée par des spécialistes britanniques déployés dans la ville d’Otchakov, dans la région de Mykolaiv en Ukraine. C’est pourquoi, les centres de commandement d’Otchakov ont été la cible, le 30 octobre de drones russes. 

Les accusations russes vont très loin: 

“La préparation de l’acte terroriste à Sébastopol et l’entraînement des militaires du 73e centre spécial ukrainien pour les opérations navales ont été réalisés sous la direction de spécialistes britanniques.”, affirment-ils. “Les spécialistes de la marine britannique qui préparaient les forces armées ukrainiennes à l’attaque terroriste de Sébastopol sont impliqués dans la mise à mal des gazoducs Nord Stream”, a ajouté  le ministère russe de la Défense.

Les militaires russes ont rappelé que les navires de la flotte de la mer Noire qui ont fait l’objet de l’attaque participent à la sécurisation du corridor utilisé pour l’exportation des céréales ukrainiennes.  C’est pourquoi la Russie a suspendu, dès le 30 octobre, sa participation à l’accord sur l’exportation de céréales. 

 

Attaque russe dans la région d’Ougledar

Le 29 octobre, les forces russes ont repris leurs opérations offensives actives en direction de la ville d’Ougledar, dans la partie occidentale de la République populaire de Donetsk. Les forces qui avancent ont déjà engagé les troupes pro-Kiev autour du village de Pavlovka (Pavlivka) et au sud-est d’Ougledar même.

Selon Southfront.org

Ainsi, il y a au moins deux directions sur lesquelles les forces russes mènent actuellement les opérations offensives. La première est Bahmout/ Artiomovsk et Opitnoïee au nord de Gorlovka et la seconde est Ougledar. Toutes deux se trouvent dans la région du Donbass. Dans le même temps, les forces russes dans le secteur sud (Kherson et Zaporojiie) se concentrent principalement sur la défense active.

L’augmentation des sections de la ligne de front sur lesquelles les Russes mènent des opérations offensives peut indiquer que Moscou a décidé que le temps de reprendre l’initiative sur le champ de bataille était venu”.

Destruction des volontaires étrangers basés dans l’usine d’aluminium de Zaporojie

Le 29 octobre, une puissante explosion a retenti dans la ville de Zaporozhie qui est actuellement sous le contrôle des forces armées ukrainiennes. Les faubourgs de la ville ont été touchés par des missiles russes.

Peu après l’explosion, les médias ukrainiens ont rapporté qu’une installation d’infrastructure critique avait été détruite.

Selon Vladimir Rogov, membre du Conseil principal de l’administration de la région de Zaporozhye, les missiles ont frappé l’usine d’aluminium de Zaporozhye, où se trouvait la base de la “Légion étrangère”.

Un groupe de militants tchétchènes qui combattaient aux côtés du régime de Kiev a été détruit à la suite de la frappe. Il y a également beaucoup de citoyens de Pologne et de Géorgie parmi les mercenaires de la région de Zaporozhye. À en juger par la puissance des explosions et la colonne de fumée, l’installation a été fortement endommagée.

30 octobre 2022

 

+Le 30 octobre, une autre attaque de sabotage a touché une installation militaire dans la Fédération de Russie. Trois explosions ont retenti sur l’héliport d’un aérodrome dans la région de Pskov. L’attaque a eu lieu à l’aérodrome militaire de Veretye, à 600 km de la frontière ukrainienne.

Des saboteurs ukrainiens ont fait exploser des hélicoptères russes sur l’héliport situé près de la frontière russo-latvienne, dans le district d’Ostrovsky.

Le 30 octobre, l’armée russe a déjoué une tentative des Forces armées ukrainiennes de faire débarquer un groupe de sabotage et de reconnaissance près de la centrale nucléaire de Zaporojie.

“Un hors-bord des forces armées ukrainiennes a été détruit lors d’une tentative de débarquement d’un groupe de sabotage et de reconnaissance ukrainien dans la ville d’Energodar, dans la région de Zaporojie”, a déclaré le lgénéral Konachenkov.

Selon le porte-parole du Ministère de la Défense russe, l’armée ukrainienne a bombardé Energodar et les territoires adjacents à la centrale nucléaire de Zaporojie trois fois au cours des 24 heures qui ont précédé le débarquement manqué, avec un total de 10 obus. 

“Malgré la présence de représentants de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporozhye, le régime de Kiev poursuit ses provocations afin de créer une menace de catastrophe artificielle”, a déclaré le porte-parole. 

+Les troupes russes sont entrées dans la ville d’Artemiovsk (Bakhmout). Les combats se poursuivent dans les faubourgs de la ville. L’armée kiévienne a abandonné une partie importante de la ville. “Infrastructures civiles détruites, magasins pillés, bâtiments endommagés – voilà à quoi ressemble la ville d’Artemiovsk aujourd’hui“.

30-31 octobre 2022: Frappes russes en riposte aux attaques sur Sébastopol

Le 30 octobre, le centre d’entraînement ukrainien d’Otchakov, d’où a été coordonnée l’attaque sur Sébastopol, a été touché par des missiles russes. Les services d’urgence ukrainiens ont signalé deux incendies dans la ville après le tir de missile russe, mais comme d’habitude, ils sont restés muets sur les dommages causés à leurs installations militaires. Selon diverses sources, des entrepôts, des bâtiments du quartier général et des casernes avec du personnel ont été détruits.

Dans la matinée du 31 octobre, les autorités ukrainiennes ont confirmé les dommages causés aux installations d’infrastructure énergétique dans les régions de Kiev, Dniepropetrovsk, Tcherkassy, Vinnitsa, Poltava, Lvov, Kharkov et Zaporojie. Une partie des lignes de chemin de fer en Ukraine reste privée d’électricité. On observe également les plus importantes pertes d’approvisionnement en énergie dans tout le pays depuis le début de l’opération militaire russe.

Lu sur Southfront.org le lendemain des frappes russes: 

“Des fusillades actives sont signalées dans la capitale ukrainienne de Kiev, qui a été plongée dans l’obscurité à la suite des frappes russes sur les infrastructures énergétiques.

Depuis février 2022, divers gangs sont devenus actifs à Kiev, certains dévalisant les habitants, d’autres les banques et les magasins. Le précédent pic d’activité des gangs criminels remontait à mars-avril 2022. À cette époque, l’armée russe était proche de Kiev, provoquant la panique chez certains citoyens et l’espoir d’un pillage au milieu du chaos pour d’autres.

Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. La situation est aggravée par l’appauvrissement de la population, un sentiment de désespoir et l’attente d’un temps glacial dans une ville désénergisée.”

+Une équipe anonyme de pirates informatiques “Joker DPR” a affirmé avoir piraté tous les programmes militaires de commande et de contrôle utilisés par les Forces armées ukrainiennes (AFU) avec des bases de données sur la localisation des armées ukrainienne et russe. Parmi eux, il y a le célèbre programme militaire Delta de fabrication américaine, qui est activement utilisé par les AFU.

+ Il se confirme que l’armée kiévienne utilise le corridor de livraison du blé joignant Odessa à la Turquie pour faire passer d’autres cargaisons. “Dans le cas de la caravane du 31 octobre, il y a le navire suspect “Ocean Legend”. Ce navire s’est d’abord dirigé vers la caravane, puis a fait demi-tour et a rejoint les navires de la caravane, avant de naviguer vers l’ouest. Il est probable que ce navire ait pris à son bord une cargaison transportée secrètement depuis le territoire de l’Ukraine.
Autre bizarrerie, dans la section du site web de l’ONU consacrée à l’Initiative pour les céréales de la mer Noire, la liste convenue des navires impliqués dans le transport des céréales a disparu” pendant 24h –

Points sur la ligne de front les 1er et 2 novembre

La situation reste inchangée sur de nombreux fronts de l’Ukraine. Au milieu des duels d’artillerie lourde, les unités ukrainiennes tentent d’avancer par petits groupes, tandis que les forces russes repoussent les attaques.

Dans la région de Kharkov, les unités ukrainiennes ont poursuivi leurs tentatives de percée vers Makeyevka et Chervonopopovka, mais ont subi de lourdes pertes d’environ 170 militaires. Les forces russes ont également frappé des unités ukrainiennes et des groupes de mercenaires étrangers dans la région de Kupyansk. Les pertes s’élèvent à plus de 110 militants.

Dans la région de Kherson, les duels d’artillerie se poursuivent. Les militaires ukrainiens attaquent avec de petites forces allant jusqu’à une compagnie, soit entre 80 et 250 hommes par attaque. Les lignes de front nord, où les Ukrainiens tentent de progresser vers Berislav, restent le principal champ de bataille de la région. Le 1er novembre, le chef adjoint du gouverneur de la région de Kherson a affirmé que l’Ukraine avait perdu environ 70 militaires lors de la récente tentative d’offensive dans la région. Les attaques ukrainiennes sur les lignes de front occidentales de la région ont également échoué.

Pendant ce temps, l’évacuation des civils vers la rive orientale du Dniepr se poursuit. La zone d’évacuation a été étendue à 15 km à partir de la rive orientale. Les habitants quittent un certain nombre de villes situées sur la rive orientale, notamment Kakhovka, Novaya Kakhovka et Golaya Pristan. La décision a été prise en raison du risque d’attaques ukrainiennes sur le barrage de Kakhovskaya et du danger d’inondation des zones côtières. L’évacuation permettra également aux militaires russes de créer une défense en couches le long du fleuve. Jusqu’à présent, les militaires russes n’ont pas quitté leurs positions sur les lignes de front. Les Ukrainiens ont déjà tenté une offensive de grande envergure immédiatement après l’annonce de l’évacuation, mais ont subi de lourdes pertes. Ils agissent maintenant avec plus de prudence et ne se précipitent pas pour attaquer malgré les signaux russes sur leur prétendue retraite à travers le fleuve Dniepr.

Pendant ce temps, les troupes russes sont passées à l’offensive dans le Donbas. Dans la banlieue ouest de Donetsk, les forces dirigées par la Russie chassent les unités ukrainiennes de Maryinka. Elles ont progressé dans la périphérie nord et ont pris le contrôle de l’école locale n° 3, et progressent également dans la zone de l’avenue Druzhby, au centre de la colonie.

Au sud, les militaires russes ont lancé un assaut sur Novomikhailovka et pourraient bientôt couper la route menant à Ougledar. Dans le même temps, les forces russes s’approchent d’Ougledar par la périphérie sud. Plus de la moitié du village de Pavlovka est sous contrôle russe, y compris le passage de la rivière Kashlagach. Sous le feu de l’artillerie ukrainienne en provenance d’Ougedar, les Russes poursuivent l’opération de ratissage dans le village.

Dans le cas d’une nouvelle avancée des forces russes, le groupement ukrainien d’Ugledar risque d’être encerclé et coupé de ses lignes d’approvisionnement. Dans ce cas, ils seront contraints de se battre dans les rues de la ville assiégée ou forcés de fuir à travers le pays pour échapper à l’artillerie russe.

Sur le nord du front: L’armée russe a attaqué les positions de l’armée ukrainienne  à Makiivka elle a repoussé les attaques kiéviennes près d’Orlyanka, de Kuzemovka  et de Chervonopopovka ;
Les affrontements entre l’armée russe et l’armée ukrainienne se poursuivent près de Debrova.

 

2 novembre 2022: la Russie obtient des assurances par l’intermédiaire de la Turquie sur le “corridor du blé”. 

Le 2 novembre, la Russie a repris sa participation à l’accord sur les céréales après que Kiev a fourni des garanties de ne pas utiliser le corridor de sécurité de la mer Noire à des fins militaires.

Lors d’une réunion avec les membres permanents du Conseil de sécurité, le président russe Vladimir Poutine a confirmé que Kiev garantissait la sécurité des navires participant à l’exportation de céréales. Le président russe a donné instruction au ministère de la défense de reprendre sa participation à l’accord sur les céréales. Dans le même temps, il a prévenu que si l’Ukraine violait les garanties de sécurité, Moscou pourrait se retirer de l’accord.

La Russie a suspendu sa participation à l’accord après que l’Ukraine et l’OTAN ont utilisé le corridor céréalier pour attaquer la flotte de la mer Noire. La partie russe a exigé du régime de Kiev qu’il garantisse que les couloirs ne seront pas utilisés à des fins militaires.

Selon le président russe, la Turquie a fourni aux militaires russes des données selon lesquelles “de telles assurances ont été données par l’Ukraine.”

“Ainsi, si nous nous retirons de cet accord à l’avenir en cas de violation par l’Ukraine de ses obligations, nous livrerons gratuitement aux pays les plus pauvres la totalité du volume qui a été livré depuis le territoire de l’Ukraine”, a assuré Poutine.

Poutine a affirmé que même en cas de retrait de cet accord, la Russie continuera à fournir des céréales aux pays les plus pauvres du monde. Le président russe a de nouveau critiqué la mise en œuvre de l’accord ukrainien sur les céréales, car la quasi-totalité des céréales ukrainiennes est envoyée vers l’UE. Seuls 4 % des céréales ukrainiennes ont été transportés vers les pays les plus pauvres, et l’ensemble de l’accord vise à garantir les intérêts de l’UE.

Il faut dire que les Européens veulent se rembourser des armes qu’ils livrent à l’Ukraine. 

Les pourcentages du budget militaire des membres de l'UE redirigés vers l'Ukraine

+ En septembre, l’Ukraine parlait de livrer de l’électricité à l’Union Européenne. Maintenant, c’est l’Union Européenne qui annonce 25,5 millions d’euros à l’Ukraine pour la réparation de ses infrastructures électriques. 

Selon la dernière enquête de l’Institut ifo, les attentes des entreprises de l’industrie automobile allemande se sont assombries en octobre. Le chiffre s’est effondré à moins 35,3 points en octobre, contre moins 6,3 points auparavant. “Les inquiétudes concernant un effondrement de la demande s’emparent désormais des constructeurs automobiles et de leurs fournisseurs”, explique Oliver Falck, directeur du Centre ifo pour l’organisation industrielle et les nouvelles technologies. Ainsi, les commandes des constructeurs (moins 26,2 points) et la demande (moins 38,1 points) sont toutes deux inférieures à celles de septembre. Dans l’ensemble de l’industrie, l’évaluation de la situation actuelle a baissé – mais seulement de moins 5,1 points à moins 5,7 points

La Russie rappelle leurs devoirs aux trois membres occidentaux du club des puissances nucléaires

Après que le Pentagone a fait savoir que les Etats-Unis pourraient utiliser des armes nucléaires même sans attaque nucléaire adverse, Moscou a publié le communiqué suivant

“En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et l’une des puissances nucléaires, conformément au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Fédération de Russie a une responsabilité particulière dans les questions liées au renforcement de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique.

Dans la mise en œuvre de sa politique de dissuasion nucléaire, la Russie est guidée de manière stricte et cohérente par le principe selon lequel une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. Les approches doctrinales russes dans ce domaine sont définies avec la plus grande précision, poursuivent uniquement des objectifs défensifs et n’admettent pas d’interprétation expansive. Ces approches permettent à la Russie de recourir hypothétiquement aux armes nucléaires exclusivement en réponse à une agression impliquant l’utilisation d’armes de destruction massive ou à une agression avec utilisation d’armes conventionnelles lorsque l’existence même de l’État est menacée.

La Russie part du principe que les arrangements et les accords existants restent pertinents dans le domaine de la réduction et de la limitation des armes nucléaires, ainsi que de la réduction des risques stratégiques et de la menace d’incidents et de conflits internationaux susceptibles d’escalader au niveau nucléaire. Nous réaffirmons pleinement notre engagement à l’égard de la déclaration conjointe des dirigeants des cinq États dotés d’armes nucléaires sur la prévention de la guerre nucléaire et la lutte contre la course aux armements du 3 janvier 2022. Nous sommes fermement convaincus que dans la situation compliquée et turbulente actuelle, causée par des actions irresponsables et impudentes visant à porter atteinte à notre sécurité nationale, la tâche la plus immédiate est d’éviter tout affrontement militaire entre puissances nucléaires.

Nous demandons instamment aux autres États des “cinq nucléaires” de démontrer dans la pratique leur volonté de travailler à la résolution de cette tâche prioritaire et de renoncer aux dangereuses tentatives d’empiéter sur les intérêts vitaux des uns et des autres tout en se tenant en équilibre au bord d’un conflit armé direct et en encourageant les provocations avec des armes de destruction massive, qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques.

La Russie continue de plaider en faveur d’une architecture de sécurité internationale remaniée et plus solide, fondée sur la prévisibilité et la stabilité stratégique mondiale, ainsi que sur les principes d’égalité des droits, de sécurité indivisible et de prise en compte mutuelle des intérêts fondamentaux des parties“.

Le basculement géopolitique décrypté par M.K.Bhadrakumar

(1) L’affrontement sino-américain sur Taïwan est-il inéluctable? 

Le point fort du récent 20e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) a été la réélection de Xi Jinping au poste de secrétaire général pour un nouveau mandat de cinq ans. La tradition établie par Deng Xiaoping dans l’ère post-Mao Zedong a été mise de côté. Cela n’était pas inattendu et a été largement interprété comme une consolidation du pouvoir politique par le dirigeant en place. C’est en partie le cas, mais pas entièrement. Ses conséquences sont de grande envergure.

Fondamentalement, le PCC a fait le tour de ses wagons pour relever les défis sans précédent de l’environnement extérieur de la Chine. La composition du Comité permanent du Politburo (CPP) du Comité central du PCC le montre bien. Le Comité permanent du Politburo est composé de personnes que Xi connaît et avec lesquelles il travaille depuis des années et qu’il considère comme fiables et dignes de confiance. Il n’y a aucune ambiguïté possible entre Xi et eux. Li Qiang, qui occupe la deuxième place au sein du Comité permanent du Politburo et qui devrait être élu prochain Premier ministre chinois, est connu pour avoir travaillé directement sous les ordres de Xi dès 2004.

En outre, il est tout à fait possible que Xi reste au pouvoir même au-delà de son mandat actuel, qui se termine en 2027. Les adversaires de la Chine – principalement les États-Unis – pourraient tout aussi bien admettre que l’exploitation des clivages et des rivalités entre factions restera une utopie.

L’importance de ce type de mobilisation de l’unité du parti dans le contexte actuel ne peut être sous-estimée. Selon l’agence de presse Xinhua, Xi a joué un rôle direct dans la sélection des candidats au nouveau Comité central du PCC, l’organe crucial de tout parti communiste, qui est l’autorité décisionnelle ultime entre les congrès et sert de médiateur une fois que le processus de centralisme démocratique a abouti à une position convenue.

Il ne fait aucun doute que Pékin se prépare à riposter aux États-Unis avec une vigueur renouvelée. Les nouveaux dirigeants n’hésiteront pas à recourir à la confrontation si les États-Unis bafouent les intérêts fondamentaux de la Chine. La spirale de l’hostilité s’intensifiera à mesure que la Chine sentira que les États-Unis se préparent à un conflit. Dans un commentaire éditorial, le quotidien du PCC Global Times a noté que “la source de cette “hostilité” vient des États-Unis, et la réponse et les contre-mesures de la Chine sont, par nature, une défense légitime. Les diverses actions de Washington contre Pékin sont comme couper intentionnellement devant la voiture d’autrui sur l’autoroute.”

Le rapport au Congrès du Parti a souligné que la Chine s’oppose inébranlablement à “l’hégémonisme et à la politique de puissance sous toutes leurs formes”, ainsi qu’à “l’unilatéralisme, au protectionnisme et à l’intimidation sous toutes ses formes”. Le pays s’oppose également à “la mentalité de la guerre froide, à l’ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et à la politique du deux poids, deux mesures.” Bien qu’aucun pays n’ait été spécifiquement mentionné dans ce contexte, la référence est indubitablement aux États-Unis. La Chine ne se laissera plus apaiser par des paroles creuses et formalistes.

Il est clair que la dernière stratégie de sécurité nationale publiée par la Maison Blanche ne fera qu’attiser davantage l’hostilité en désignant la Chine comme le seul rival mondial de Washington qui nourrit l’intention de remodeler l’ordre international et dispose d’une puissance économique, diplomatique, militaire et technologique croissante pour atteindre cet objectif.

Xi a répondu lorsqu’il a envoyé, le 26 octobre, un message de félicitations au dîner de gala annuel du Comité national des relations entre les États-Unis et la Chine. Xi a déclaré que “le monde actuel n’est ni tranquille ni stable. La Chine et les États-Unis sont deux pays importants. Une communication et une coopération plus étroites entre les deux pays contribueront à apporter une plus grande stabilité et une plus grande certitude au monde, et à promouvoir la paix et le développement dans le monde. La Chine est prête à travailler avec les États-Unis pour trouver le bon moyen de s’entendre dans la nouvelle ère sur la base du respect mutuel, de la coexistence pacifique et de la coopération gagnant-gagnant, ce qui profitera non seulement aux deux pays mais aussi au monde entier.

En réalité, la trajectoire de la politique américaine à l’égard de la Chine est actuellement fondée sur la tentative d’empêcher la Chine d’avoir accès à la dernière génération de semi-conducteurs et de rattraper les technologies de défense américaines. Mais il est non seulement futile mais aussi naïf de penser qu’une technologie peut rester la chasse gardée d’un pays pendant un certain temps, ou que l’avance technologique d’un pays dans un secteur particulier de l’économie peut être garantie par des restrictions à l’exportation. Certes, les Chinois trouveront toujours un moyen.

Il en va de même pour le changement climatique. L’envoyé du président Biden pour le climat, John Kerry, a récemment reconnu qu’il ne peut y avoir de programme mondial efficace en matière de changement climatique sans la coopération active de la Chine. Mais il a ensuite proposé l’idée plutôt pittoresque de maintenir l’agenda du changement climatique dans une bulle séparée des préoccupations géopolitiques, comme il l’a dit. Cela ne passera pas.

Le Global Times a écrit : “Kerry est peut-être sincère dans son désir de reprendre la coopération sino-américaine dans le domaine du changement climatique, mais il devrait probablement commencer par persuader le gouvernement américain de lever les obstacles, par exemple en levant les sanctions sur l’industrie photovoltaïque du Xinjiang et en cessant la répression déraisonnable contre la Chine dans le domaine des puces.”

Le fait est que Xi n’a jamais essayé de déclencher une nouvelle guerre froide. Il n’a pas non plus provoqué la confrontation actuelle. La Chine ne cherche pas non plus à prendre le leadership mondial, mais se concentre sur son développement et ses aspirations nationales, à savoir devenir une société prospère sans ingérence extérieure. Ce sont les États-Unis qui veulent exercer une hégémonie mondiale, alors que la Chine n’a ni l’expérience ni le désir d’imposer sa volonté.

La balle est dans le camp de Washington, mais il ne faut pas s’attendre à des changements significatifs à court terme. Le Congrès du Parti a transmis un signal sans équivoque selon lequel la Chine ne fera aucun compromis sur l’intégration de Taïwan. Xi a parlé d’une réunification pacifique, mais n’a pas exclu le recours à la force, le cas échéant.

Xi a déclaré : “Nous continuerons à œuvrer pour une réunification pacifique avec la plus grande sincérité et les plus grands efforts, mais nous ne promettrons jamais de renoncer à l’usage de la force, et nous nous réservons la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires. Ces mesures visent uniquement l’ingérence de forces extérieures et les quelques séparatistes qui cherchent à obtenir l'”indépendance de Taïwan” et leurs activités séparatistes.”

La décision d’inscrire dans la constitution du PCC l’engagement de rechercher une réunification de la Chine tout en contenant ceux qui proclament l’indépendance de Taïwan doit être prise très au sérieux. La pression monte sur Pékin. On pensait auparavant qu’avec le temps, les circonstances propices à une réunification pacifique ne feraient que se renforcer à mesure que la Chine s’élèverait. Cette estimation ne tient plus, grâce à la stratégie de l’administration Biden qui consiste à brouiller les pistes sans relâche. Le fond du problème est que toute hésitation perçue de la part de Pékin à prendre des mesures décisives ne peut que renforcer les forces qui soutiennent l’indépendance de Taïwan. Le temps presse pour Pékin.

C’est pourquoi, les élections taïwanaises de 2024 seront un point d’inflexion. Pékin ne peut pas se permettre de vivre avec un autre mandat du Parti démocratique progressiste au pouvoir à Taipei. Pour les États-Unis aussi, d’autre part, le temps presse car la Chine ne fera que poser des défis plus importants sur le plan économique, militaire et idéologique avec le temps.

Là où l’Ukraine et Taïwan se ressemblent, c’est que ni la Russie ni la Chine ne pourront rattraper les États-Unis dans un groupe de pairs. Les autres pays – qu’il s’agisse de l’Allemagne, de l’Inde ou de l’Iran – doivent également se méfier du fait qu’il existe des limites au-delà desquelles ils ne peuvent aspirer à s’élever sous peine d’être réduits à néant.

Si pour la Chine, un environnement extérieur pacifique est une nécessité impérative pour sa transformation en société prospère, pour les États-Unis, c’est la dernière occasion de la ralentir. Taïwan, l’interruption de l’approvisionnement en puces, etc. font partie de la même boîte à outils, avec pour objectif unique d’affaiblir la Chine et de retarder sa progression. Ce n’est pas différent, quintessentiellement, de l’Ukraine ou des gazoducs Nord Stream.

Le Congrès du Parti a montré que le PCC est très conscient de cette interaction. La consolidation de la direction doit être comprise correctement plutôt que d’être considérée comme un agrandissement.

 

(2) Le Royaume Uni a remplacé DuponD par DuponT? 

L’investiture de Rishi Sunak en tant que Premier ministre britannique s’est avérée être une expérience cathartique pour les élites indiennes, spontanée dans sa libération émotionnelle et son nettoyage spirituel. Mais les Indiens ont souvent tendance à exagérer lorsqu’il s’agit de la diaspora en Occident.

Le Premier ministre Narendra Modi est allé jusqu’à décrire Sunak comme un pont entre l’Inde et le Royaume-Uni. Des pensées aussi nobles conduisent inévitablement à des notions exagérées. Bien qu’hindou, Sunak restera un Britannique qui lit la Bhagavad Gita, et un politicien britannique qui ne prendra ses décisions qu’au nom de l’establishment britannique.

Du point de vue indien, une attitude prudente et une approche pragmatique s’imposent, car l’identité et l’idéologie sont devenues les principaux moteurs de la politique britannique, et des contradictions ne manqueront pas de surgir à ce sujet.

Un autre leader non élu

M. Sunak appartient à la même race de politiciens que les Italiens Mario Monti et Mario Draghi – le dirigeant technocratique ou le banquier central typique. Il est Premier ministre par nomination : il n’a pas été élu lors d’une élection générale, ni même par son propre parti ou le Parlement. Le parti conservateur a évité un vote des membres en fixant un seuil de vote au premier tour artificiellement élevé.

En termes politiques, ainsi que selon les normes d’une transition démocratique, sa nomination équivaut à priver les électeurs conservateurs de leur droit de vote par le biais d’un montage électoral qui a permis à Sunak d’atteindre Downing Street.

Bien sûr, cela a fonctionné, comme en d’autres occasions dans l’histoire moderne de la Grande-Bretagne. Mais la majorité désespérée des Britanniques réclame maintenant un véritable vote sur qui dirige le pays.

Un sondage YouGov de la semaine dernière a révélé que 56 % des Britanniques pensent que Sunak devrait convoquer des élections anticipées. Mais les députés de son parti cherchent à éviter les élections, compte tenu de leur faible cote de popularité dans les sondages, et ce carrousel tordu pourrait bien l’aider à tourner en rond jusqu’à la date limite de janvier 2025 pour les prochaines élections générales.

Un autre premier ministre éphémère ?

Cependant, la politique est imprévisible. Une dissidence interne n’est pas à exclure, principalement de la part des députés qui soutiennent l’ancien Premier ministre Boris Johnson. Les Indiens qui romancent la culture politique britannique en la présentant comme un modèle de libéralisme ne se rendent pas compte que la fraude peut aussi passer pour des “valeurs démocratiques” en Grande-Bretagne.

La possibilité d’élections anticipées au Royaume-Uni est en fait très élevée, surtout si Sunak ne parvient pas à résoudre la crise économique du pays dans les six prochains mois environ.

De puissants groupes d’intérêt ont choisi cet ardent mondialiste de droite pour diriger la Grande-Bretagne dans des eaux agitées, convaincus que ce jeune politicien immensément riche est aussi l’un des leurs et peut servir leurs intérêts.

En effet, Sunak est calme et professionnel, et n’essaiera pas de mettre en œuvre des mesures radicales ou déstabilisantes. Mais il y a toujours un filet de sécurité en cas d’échec de Sunak, puisque le premier ministre fantôme – le leader du parti travailliste Sir Keir Starmer – se fera un plaisir de servir leurs intérêts de classe avec le même dévouement. La conspiration visant à évincer Jeremy Corbyn de la direction du Parti travailliste est maintenant bien mise en perspective.

Le problème aujourd’hui de la Grande-Bretagne est qu’un Brexit réussi nécessiterait un changement de son modèle économique. Mais Boris Johnson n’en avait pas, et Liz Truss n’a pas réussi à séquencer son plan correctement.

Nous ne savons pas si Sunak a un plan. Il est clair que le Brexit n’est pas viable. Quelqu’un doit prendre le taureau par les cornes pour que le Royaume-Uni puisse réintégrer le marché unique et l’union douanière de l’UE sans avoir à revenir sur le Brexit. Cela implique de renégocier l’accord de commerce et de coopération (TCA) et de créer une union douanière avec l’UE. Peut-être faudra-t-il attendre que Sir Keir devienne Premier ministre.

Une politique étrangère ininterrompue

Pendant ce temps, l’Ukraine est comme un albatros autour du cou de la Grande-Bretagne. Les sanctions contre la Russie ont eu un effet boomerang sur l’économie britannique, et la reprise ne commencera vraiment qu’avec la normalisation des liens avec la Russie – qui, à son tour, doit commencer avec l’Ukraine.

Mais tout porte à croire, y compris l’attaque de drones sur Simferopol, en Crimée, samedi dernier, que les services de renseignement britanniques sont aux commandes des opérations secrètes contre la Russie. Moscou a affirmé que les mêmes agents britanniques de la Royal Navy basés en Turquie étaient à l’origine du sabotage des pipelines Nord Stream.

Par conséquent, la décision de Sunak de réintégrer Ben Wallace et James Cleverly – tous deux anciens militaires – aux postes de ministre de la défense et des affaires étrangères respectivement, n’est pas de bon augure, car elle signale une continuité dans l’approche britannique des affaires mondiales.

Ni l’un ni l’autre n’a soutenu Sunak dans sa candidature à la présidence, mais ils jouissent de la confiance de Washington, et Wallace a également des contacts personnels dans les cercles de l’OTAN.

Il est révélateur que le premier appel de Sunak avec un dirigeant étranger ait été avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy la semaine dernière. Il l’aurait informé que le soutien de la Grande-Bretagne resterait “plus fort que jamais sous sa direction”, selon un communiqué de Downing Street.

Pragmatique dans l’âme ?

Plus tôt dans l’année, il a été dit que M. Sunak pensait qu’un accord devrait un jour être conclu avec le président russe Vladimir Poutine. M. Sunak, qui s’est fait les dents en tant que gestionnaire de fonds spéculatifs à la City de Londres avant d’entamer une carrière de sept ans en politique, doit bien connaître les forces et la résilience de l’économie russe.

De même, lorsqu’il était chancelier de l’Échiquier, M. Sunak a continué à plaider en faveur d’une relation “mature et équilibrée” avec la Chine et a cherché à améliorer les liens commerciaux, ressuscitant le dialogue économique et financier entre la Chine et le Royaume-Uni. À cet égard, les experts chinois font preuve d’un optimisme prudent quant à l’état d’esprit du Trésorier Sunak en matière de politique étrangère.

Mais, ne vous y trompez pas, la politique étrangère de Sunak adhérera aux diktats de Washington, conformément à l’idéologie néoconservatrice. On peut toutefois se demander quel est le poids de cette “relation spéciale” aujourd’hui – dans les affaires mondiales, du moins.

Le paradoxe est que le déclin national de la Grande-Bretagne entraîne une polarisation politique et un conflit d’identité croissants. Cela engendre une instabilité politique, qui reflète à son tour les contradictions structurelles endogènes globales du capitalisme.

Les politiciens de l’élite dirigeante restent obsédés par l’idée séduisante d’une “Grande-Bretagne globale” sur laquelle le soleil ne se couchera jamais, et n’ont pas encore déterminé avec réalisme et calme la place de leur pays dans le monde moderne. Ainsi, en tant que premier ministre intérimaire, Sunak sera embourbé dans des problèmes domestiques pour sa survie, mais il dispose de peu de capital politique pour les résoudre.

 

(3) Les perspectives pour Lula

L’ancien président du Brésil Luiz Inácio Lula da Silva, plus connu sous le nom de Lula, a remporté l’élection présidentielle du pays avec une marge incroyablement étroite de 50,90 % des voix contre 49,10 % pour son rival de droite et président sortant Jair Bolsonaro.

Lorsque Lula a quitté la présidence en 2010, il bénéficiait de l’approbation de 80 % du peuple brésilien. Comment Lula en est venu à perdre son carisma est une histoire compliquée. Il l’attribue entièrement à la réalité du terrain, à savoir qu’il ne se battait pas contre un individu mais contre l’appareil d’État brésilien. Il est clair que la base de soutien la plus solide de Lula – plus des deux tiers des voix – parmi les électeurs pauvres et ruraux du nord-est du Brésil a tenu bon.

Lula est tout sauf un homme unidimensionnel. Peu de gens savent qu’il a été le premier dirigeant latino-américain à être invité à Camp David – par nul autre que le président George W. Bush en 2007. Bush a déclaré : “Vous venez en ami, nous vous accueillons en ami, et nos discussions ont été très amicales.”

En mars 2009, après avoir reçu Lula dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le président Barack Obama, successeur de Bush, a déclaré qu’il était “un grand admirateur du Brésil et un grand admirateur du leadership progressiste et tourné vers l’avenir dont le président Lula a fait preuve dans toute l’Amérique latine et dans le monde entier.”

Les accolades étaient invraisemblablement similaires. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles la victoire de Lula compte beaucoup pour les États-Unis – le commerce, la démocratie, Donald Trump et le changement climatique. La nouvelle position plus verte de Lula plaît aux États-Unis. La forêt amazonienne pourrait cesser de brûler. Washington a également été enthousiasmé par les politiques économiques de Lula, favorables aux entreprises.

Lula pourrait être l’ami des gens de droite tout en étant un leader progressiste emblématique. Son magnétisme attire des esprits divers. Le successeur immédiat de Lula à la présidence, qui a fait partie d’un mouvement révolutionnaire clandestin à une époque, Dilma Rousseff, l’attribue à son “évaluation rationnelle et à son intelligence émotionnelle” – l’arme secrète d’un politicien doué pour se connecter aux esprits humains à travers un vaste espace politique.

Les échanges commerciaux entre les États-Unis et le Brésil sont records – avions, pétrole, fer et acier – et ils fabriquent également des produits de base similaires. Le Brésil est le premier producteur de soja et d’oranges, suivi par les États-Unis, tandis que les Américains sont en tête pour la production de maïs, de bœuf, de dinde et de poulet, le Brésil étant juste derrière. En période de récession, il y aura une concurrence pour les parts de marché.

Le meilleur article que j’ai lu sur Lula au fil des ans est un essai incisif datant de 2011 du professeur et auteur Perry Anderson (qui siège au comité de rédaction de New Left Review, aux côtés de Tariq Ali) dans la London Review of Books. Dans cet essai de 22 000 mots intitulé Lula’s Brazil, Perry Anderson a navigué avec habileté entre les facettes très contrastées et pourtant mutuellement complémentaires des deux mandats complets de Lula en tant que président, de 2003 à 2010.

Le vaste arrière-pays de corruption derrière la conquête du pouvoir par Lula lors de son premier mandat a failli lui coûter un second mandat en 2006. Mais Lula avait deux atouts en réserve. Premièrement, ses politiques économiques néolibérales ont conduit à une croissance économique soutenue et, deuxièmement, avec la reprise des affaires et de l’emploi, non seulement l’humeur du pays a changé, mais les coffres du gouvernement se sont remplis de recettes plus importantes.

En bref, bien que Lula se soit engagé à aider les pauvres, il s’est rendu compte assez tôt au pouvoir qu’il serait nécessaire d’accommoder les riches et les puissants, et ce n’est qu’avec des revenus plus importants qu’il a pu lancer le programme qui lui est désormais indissociablement associé, la Bolsa Família, un transfert mensuel d’argent liquide aux mères des couches de revenus les plus faibles, contre la preuve qu’elles envoient leurs enfants à l’école et qu’elles se font examiner.

Ces transferts ont touché plus de 12 millions de ménages, soit un quart de la population, signe que Lula se souciait du sort des miséreux ou des opprimés, en tant que citoyens ayant des droits sociaux. “L’identification populaire de Lula à ce changement est devenue son atout politique le plus inébranlable”, écrit Anderson.

Une succession d’augmentations du salaire minimum a suivi. Ces transferts conditionnels en espèces, la hausse du salaire minimum et l’accès inédit au crédit ont déclenché la consommation populaire, entraînant une expansion du marché intérieur qui a finalement commencé à créer davantage d’emplois.

Pour citer Anderson, “la combinaison d’une croissance économique plus rapide et de transferts sociaux plus larges a permis la plus grande réduction de la pauvreté de l’histoire du Brésil. Selon certaines estimations, le nombre de pauvres est passé d’environ 50 à 30 millions en l’espace de six ans, et le nombre d’indigents de 50 %.” Depuis 2005, les dépenses publiques en matière d’éducation ont triplé et l’espoir d’un mieux-être a connu un grand succès populaire.

Les lauriers étrangers de Lula ne sont pas moins impressionnants. Lula s’est bien gardé d’affronter Washington, mais il a accordé une plus grande priorité à la solidarité régionale, en promouvant le Mercosur avec ses voisins du sud, et en refusant de bousculer Cuba et le Venezuela au nord. Lula a reconnu la Palestine comme un État et s’est opposé aux sanctions contre l’Iran. Il ne fait aucun doute que le poids croissant du Brésil en tant que puissance économique et sa propre aura en tant que dirigeant le plus populaire de l’époque ont permis à Lula de réussir. La nouvelle position qu’il a gagnée pour le Brésil s’est concrétisée par la formation du quartet BRIC en 2009, qui était pratiquement une déclaration d’indépendance diplomatique vis-à-vis de l’Occident.

Ces paradoxes se reflètent aujourd’hui dans les messages élogieux qui affluent de l’Occident collectif, de Moscou et de Pékin, pour souhaiter le succès de Lula. Le message de salutation du président chinois Xi Jinping souligne à quel point le Brésil est devenu un terrain de jeu à enjeux élevés en géopolitique. En effet, l’ascension de la Chine en tant que contre-pouvoir économique au Brésil est une réalité incontournable. En 2021, la Chine était le premier investisseur au Brésil.

L’Amérique latine se dirige vers la gauche. Dans l’ensemble, ce groupe est extrêmement hétérogène, il diffère en matière de politique économique et d’engagement envers les principes démocratiques, mais il est uni dans sa résistance à l’hégémonie américaine. Les solidarités qui en découlent entre les gouvernements de gauche bercent le Brésil de Lula dans un environnement hospitalier. À son tour, Lula étendra un manteau d’amitié protectrice aux régimes – Bolivie, Venezuela, Équateur – plus radicaux que le sien, tout en exerçant sur eux une influence modératrice.

Certes, Lula apporte du sérieux à l’agenda des BRICS. La démocratisation de l’ordre politique et économique international lui tient à cœur. Il est le seul dirigeant des BRICS capable de galvaniser le groupement en tant que “contrepoint” du G7 dans la politique internationale.

Cependant, la politique mondiale a changé de manière phénoménale au cours des 12 dernières années. Les BRICS eux-mêmes sont à l’aube d’un changement. Au cours de ses deux mandats présidentiels, le contexte international était favorable au Brésil, car Washington a perdu sa concentration en tant que suzerain continental dans l’hémisphère et la guerre contre le terrorisme est devenue la ligne de front de la stratégie mondiale américaine.

Mais dans les nouvelles conditions de la guerre froide, les mécanismes traditionnels d’hégémonie de Washington reviendront presque certainement en Amérique latine sous une forme ou une autre, d’autant plus que le président Biden va devoir prendre des décisions difficiles sur l’Ukraine, avec un effondrement majeur du projet de l’OTAN vers l’est à venir.

C’est là que la marge de Lula à l’élection présidentielle est d’une minceur inquiétante dans une économie politique caractérisée par un taux de chômage élevé et persistant, une inflation élevée, une inégalité de richesse stupéfiante et une polarisation extrême. Washington est très doué pour exploiter de telles contradictions.

Toutefois, le seul facteur susceptible de freiner l’administration Biden serait la situation générale de l’hémisphère, à savoir qu’il n’y a pas la moindre nuance aujourd’hui dans la carte de la gauche et de la droite en Amérique latine.

L’appel de Biden à Lula lundi est un geste extraordinaire qui souligne la grande importance du Brésil dans la stratégie régionale des États-Unis et dans la politique intérieure, où les électeurs latinos ont une grande importance, et qui affirme le vif intérêt pour une relation de coopération avec l’imposant et charismatique dirigeant brésilien. Biden doit être ravi d’avoir Lula à ses côtés alors qu’il se prépare à combattre le Trumpisme.

 

(4) L’aveu américain sur la présence de troupes états-uniennes en Ukraine

Très innocemment, l’administration Biden a “sensibilisé” l’opinion mondiale au fait que des troupes américaines sont effectivement présentes sur le sol ukrainien, dans le voisinage immédiat de la Russie. Washington a fait un “atterrissage en douceur”, un haut responsable du Pentagone, sous couvert d’anonymat, ayant fait cette révélation à l’Associated Press et au Washington Post.

Le responsable a expliqué ingénument que les troupes américaines “ont récemment commencé à effectuer des inspections sur place pour s’assurer” que l’Ukraine “comptabilise correctement” les armes occidentales qu’elle a reçues. Il a affirmé que cela faisait partie d’une campagne américaine plus large, annoncée la semaine dernière par le département d’État, “destinée à s’assurer que les armes fournies à l’Ukraine ne finissent pas dans les mains des troupes russes, de leurs mandataires ou d’autres groupes extrémistes”.

En fait, le président Biden ne tient pas sa promesse de ne pas envoyer de troupes en Ukraine, quelles que soient les circonstances. Il existe toujours un risque réel que l’équipe d’Américains en tournée en Ukraine subisse le feu des forces russes. En fait, le déploiement américain intervient dans un contexte d’intenses attaques de missiles et de drones russes sur les infrastructures critiques de l’Ukraine.

En clair, consciemment ou non, les États-Unis montent dans l’échelle de l’escalade. Jusqu’à présent, l’intervention américaine a consisté à déployer des conseillers militaires auprès du commandement militaire ukrainien, à fournir des renseignements en temps réel, à planifier et à exécuter des opérations contre les forces russes et à laisser des mercenaires américains se charger des combats, sans compter la fourniture régulière d’armes d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

La différence qualitative réside désormais dans le fait que la guerre par procuration pourrait se transformer en une guerre chaude entre l’OTAN et la Russie. Le ministre russe de la Défense, Sergey Shoigu, a déclaré aujourd’hui, lors d’une réunion conjointe des ministères de la Défense russe et biélorusse, que le nombre de forces de l’OTAN en Europe centrale et orientale avait été multiplié par deux et demi depuis février et qu’il pourrait encore augmenter dans un avenir proche.

M. Shoigu a souligné que Moscou comprend parfaitement que l’Occident poursuit une stratégie concertée visant à détruire l’économie et le potentiel militaire de la Russie, rendant impossible pour le pays de mener une politique étrangère indépendante.

Il a souligné que le nouveau concept stratégique de l’OTAN suggérait de passer de l’endiguement de la Russie “par une présence avancée” à la création “d’un système complet de défense collective sur le flanc oriental”, les membres non régionaux du bloc déployant des troupes dans les pays baltes, en Europe centrale et orientale, et de nouveaux groupes tactiques de bataillons multinationaux étant formés en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie.

Ce n’est peut-être pas une coïncidence si Washington a reconnu la présence de son personnel militaire en Ukraine à un moment où les Russes ont allégué la participation des services de renseignement britanniques dans le récent acte de sabotage des pipelines Nord Stream et les frappes de drones de samedi sur la base de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol.

Il existe des zones d’ombre, historiquement parlant, dans la soi-disant “relation spéciale” entre les États-Unis et le Royaume-Uni. La chronique de cette relation est remplie de cas où la queue a remué le chien à des moments critiques. Il est intéressant de noter qu’en ce qui concerne l’attaque de Sébastopol, Moscou pointe davantage du doigt les agents du MI6 que Kiev. (ici et ici)

Le calcul US-UK était à l’origine d’embourber les Russes dans un bourbier en Ukraine et de susciter une insurrection en Russie contre la “guerre de Poutine”. Mais cela a échoué. Les États-Unis constatent que plus de 300 000 anciens militaires russes entraînés sont déployés en Ukraine pour lancer une offensive majeure visant à mettre fin à la guerre dans les 3 ou 4 mois à venir.

En d’autres termes, le toit est en train de s’effondrer sur l’ensemble de l’édifice de mensonges et de propagande trompeuse qui constituait le récit occidental sur l’Ukraine. La défaite en Ukraine pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’image et la crédibilité des Etats-Unis en tant que superpuissance, non seulement en Europe mais aussi sur la scène mondiale, saper leur leadership sur l’alliance transatlantique et même mettre l’OTAN hors d’état de nuire.

Curieusement, cependant, Washington ne peut pas ignorer que, même à ce stade, Moscou pousse Kiev à reprendre le processus de négociation. En effet, dans un développement significatif mardi, l’Ukraine a donné des garanties écrites au centre de coordination conjoint d’Istanbul (comprenant la Turquie, la Russie et l’ONU) que le corridor humanitaire et les ports ukrainiens désignés pour l’exportation de produits agricoles pour les opérations militaires ne seront pas utilisés dorénavant contre la Fédération de Russie. Kiev a assuré que “le couloir humanitaire maritime ne sera utilisé que conformément aux dispositions de l’initiative de la mer Noire et du règlement connexe du CCM.”

Rétrospectivement, l’administration Biden a commis une terrible erreur en estimant que la guerre conduirait à un changement de régime en Russie après un effondrement de l’économie russe sous le poids des sanctions occidentales. Au contraire, même le FMI admet que l’économie russe s’est stabilisée.

L’économie russe devrait enregistrer une croissance d’ici l’année prochaine. La comparaison avec les économies occidentales qui s’enfoncent dans une forte inflation et une récession est bien trop flagrante pour être ignorée par le public mondial.

Il suffit de dire que les États-Unis et leurs alliés sont à court de sanctions pour frapper la Russie. Les dirigeants russes, quant à eux, consolident leur position en poursuivant le passage à un ordre mondial multipolaire qui remet en question la domination mondiale centenaire des États-Unis.

Fondamentalement, c’est le système capitaliste lui-même qui est responsable de cette crise. Nous subissons actuellement l’effet de la crise la plus longue et la plus profonde que le système ait connue depuis la redivision du monde qui a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Les puissances impérialistes se préparent à nouveau à la guerre pour rediviser le monde dans l’espoir de sortir de leur crise, tout comme elles s’y étaient préparées avant la Seconde Guerre mondiale.

La grande question est de savoir quelle sera la réponse de la Russie. Il est pratiquement certain que Moscou n’a pas été pris par surprise par la révélation à Washington de la présence de troupes américaines en Ukraine. Il est très improbable que la Russie ait recours à une réaction instinctive.

La soi-disant “contre-offensive” de l’Ukraine s’est essoufflée. Elle n’a permis aucun gain territorial ni aucune percée significative. Mais les militaires ukrainiens ont subi de lourdes pertes par milliers et d’énormes pertes en matériel militaire. La Russie a pris le dessus et elle en est consciente. Tout au long de la ligne de front, il devient évident que les forces russes prennent progressivement l’initiative.

Ni les États-Unis ni leurs alliés de l’OTAN ne sont en mesure de mener une guerre continentale. Par conséquent, il incombera entièrement aux troupes américaines qui se déplacent dans les steppes ukrainiennes et qui vérifient l’armement de fabrication américaine d’éviter les problèmes et de rester unies corps et âme. Qui sait, le Pentagone pourrait même décider de mettre au point un mécanisme de “déconfliction” avec Moscou, comme en Syrie !

Cela dit, sérieusement, du point de vue russe, la vérification de l’armement américain sur le sol ukrainien n’est peut-être pas en soi une mauvaise chose. Il existe un réel danger que les armes fournies par les États-Unis atteignent l’Europe et transforment ce beau jardin entretenu en une jungle (comme l’Ukraine ou l’Amérique) – pour reprendre la métaphore étonnante utilisée récemment par Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE.

 

Mensonges, mensonges, mensonges


Par Batiushka – Le 13 octobre 2022 – Source The Saker Blog + The Saker Francpphone.

Introduction : Tous des narcissiques

L’une des formes les plus paresseuses mais les plus efficaces de mensonge (propagande/spin) ne consiste pas simplement à dire le contraire de la vérité, mais plutôt à mentir en attribuant à votre ennemi vos propres faiblesses. De cette façon, vous n’avez pas besoin d’inventer quoi que ce soit, vous faites simplement une projection. Par exemple, le régime de Kiev, qui avait à l’époque perdu 60 000 hommes de ses forces armées, tués au combat, a prétendu que ce sont les Russes qui avaient perdu 60 000 hommes de leurs forces armées, alors que le chiffre réel était de 6 000 1. C’est ce que font les enfants : « Ce n’est pas moi, c’est lui ». Il s’agit en fait d’une forme de projection psychologique, utilisé par tous les narcissiques et les provocateurs : « C’est toi qui es malade, pas moi ». Et elle est caractéristique de la mentalité occidentale narcissique (« l’Occident est le meilleur »).

 

Ainsi, en 1854, le commodore Perry a forcé le Japon, par la menace militaire, à « commercer avec » les États-Unis, afin de « le sortir de son isolement », ce qui a conduit à Hiroshima et Nagasaki. Ceux qui vivaient dans ces deux villes ont alors beaucoup regretté leur manque d’isolement. Et les États-Unis ? Ils étaient eux-mêmes toujours dans un état d’isolement culturel, n’ayant rien appris de la culture japonaise séculaire, mais imposant au contraire leur propre anti-culture à tous et à chacun. Ou alors, il y avait ce criminel de guerre, le général Curtis LeMay, qui se vantait de pouvoir « bombarder jusqu’à ramener un pays à l’âge de pierre » afin d’apporter la liberté et la démocratie, alors qu’en fait son cerveau était à l’âge de pierre et qu’il n’avait aucune idée de ce que sont la liberté et la démocratie. Ou encore l’affirmation selon laquelle la Russie est corrompue par les oligarques, alors qu’en réalité les oligarques « russes » (la plupart sont juifs) sont des créations purement occidentales des années 1990, qui suivent le modèle du seul système que le monde occidental ait jamais pratiqué – le féodalisme, avec son servage économique 2. Que sont Musk, Bezos, Gates et Buffett, s’ils ne sont pas des oligarques/magnats féodaux ?

Cette technique a été clairement exposée dans les affaires Litvinenko de 2006 et Skripal de 2018 au Royaume-Uni. Dans le premier cas, un traître russe et espion britannique a été assassiné par du polonium. Maintenant, si vous vouliez assassiner quelqu’un (qui ne présentait aucune menace pour vous) sans vous incriminer, ne préféreriez-vous pas simplement employer un tueur à gages qui ne laisserait aucune trace ? Ce serait beaucoup moins cher. Il est intéressant de noter que le polonium est une substance radioactive très rare, mais que les services secrets britanniques y ont accès. Dans l’affaire des Skripals à Salisbury, il s’agissait d’un espion britannique à la retraite, qui semblait vouloir se repentir de sa trahison (il avait déjà purgé sa peine dans une prison russe), et qui a été empoisonné avec une substance disponible dans seulement trois endroits dans le monde, dont l’un se trouve à douze kilomètres de son domicile, dans l’un des établissements d’armes chimiques les plus redoutables au monde. Son meurtre a été bâclé, et Skripal et sa fille ont ensuite été enlevés et ont « disparu » (en Nouvelle-Zélande ?), bien qu’une femme innocente soit morte du poison. Lorsque des questions ont été posées sur certains aspects très étranges de l’affaire, les médias britanniques ont reçu un « DSMA-Notice » qui les a censurés et leur a interdit d’en parler davantage.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples de ce transfert psychologique, tirés de l’actuelle guerre contre la Russie (GCR) menée par l’élite occidentale dans ce qu’on appelle encore pour l’instant « l’Ukraine » :

Mensonges

1. Il s’agit d’une guerre pour la liberté de l’Ukraine souveraine et démocratique.

Maintenant, tout le monde sait que l’Ukraine est dirigée par la détestée SBU, ou police secrète, qui menace d’examiner chaque e-mail, Viber, Whatsapp ou message Telegram pour toute preuve que vous pourriez ne pas soutenir le régime de Kiev, qui a renversé le précédent démocratiquement élu en 2014 et a génocidé une partie de sa population. (D’ailleurs, si vous ne soutenez pas les néonazis de Kiev, attendez-vous à être waterboardé – après tout, le SBU est formé par la CIA). L’Ukraine – un pays souverain ? C’est en fait un vassal des États-Unis, un État-client colonial, qui n’a aucune souveraineté et qui est dirigé par des oligarques juifs (Porochenko, Kolomoisky, etc.) et américains (Hunter Biden et Monsanto).

2. Les Ukrainiens sont contre la Russie.

Certains le sont. D’autres ne le sont pas et ils accueillent l’aide logistique russe comme une libération. Le conflit en Ukraine oppose essentiellement les Ukrainiens soutenus par les États-Unis et ceux soutenus par la Russie. Ce n’est pas surprenant quand on sait que l’Ukraine est un État purement artificiel, construit par de monstrueux dictateurs marxistes non russes, Lénine en 1922, Staline en 1939 et Khrouchtchev en 1954. Il est intéressant de voir comment le « monde libre » soutient pleinement les décisions tyranniques des dictateurs communistes…..

3. La guerre en Ukraine a commencé en 2022.

Elle a commencé en 2014 avec le coup d’État qui a coûté 5 milliards de dollars au contribuable américain. Lisez un peu l’Histoire.

4. Le rouble sera en ruine.

Prétendu par Biden en février dernier, le contraire est vite devenu vrai. Ce sont déjà l’euro et la livre sterling qui sont des décombres.

5. L’économie russe sera en lambeaux.

Affirmé par Biden en février dernier, le contraire s’est vite avéré vrai. Ce sont les économies occidentales qui sont en lambeaux.

6. La Russie est en faillite

Affirmé par Biden en février dernier, le contraire est vite devenu vrai. Ce sont les économies occidentales qui sont en faillite et surtout l’économie ukrainienne, qui dépend d’une transfusion qui coûte 1,5 milliard de dollars par mois au contribuable américain. Selon l’édition d’aujourd’hui du magazine des Rothschild « The Economist », l’économie russe ne s’est jamais aussi bien portée.

7. Poutine est en train de mourir d’un cancer et n’a plus que quelques semaines à vivre.

Déclaré en février dernier, il semble s’être miraculeusement rétabli depuis ! Alors que Biden n’a manifestement pas toujours la tête froide…..

8. Poutine est un malade mental.

Est-ce la raison pour laquelle il peut faire des discours de haut niveau avec des pouvoirs d’analyse et une profondeur de logique totalement absents chez les politiciens occidentaux ? Biden, Johnson, Truss, Zelensky ? C’est ici qu’il faut chercher la maladie mentale.

9. Les forces armées russes sont à court de carburant.

C’est ce qu’on a affirmé en avril dernier pour les forces armées du pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. En revanche, les forces de Kiev manquent clairement de carburant.

10. Les Russes sont à court de munitions.

Prétendu en avril dernier, ils n’ont pas du tout de pénurie. Après tout, ils ont une industrie de l’armement énorme et indépendante, avec des armes si technologiquement avancées qu’elles n’existent nulle part ailleurs dans le monde. (Après tout, 80 % de la station spatiale internationale est de fabrication russe). D’autre part, Kiev s’est retrouvé à court de munitions juste à ce moment-là et maintenant les pays fournisseurs de l’OTAN sont également à court.

11. Les réfugiés ukrainiens fuient la guerre pour l’Europe.

Oui, ils le font. Plus de 2 000 000 ont fui le génocide du régime de Kiev dans l’est de l’Ukraine et la Russie compte plus de réfugiés ukrainiens que tout autre pays européen (oui, la Russie est un pays européen). Je connais personnellement certains d’entre eux. En Europe occidentale, nous avons également beaucoup de réfugiés ukrainiens. Mais à de rares exceptions près, ils n’avaient jusqu’à présent aucune raison de fuir les zones de non guerre où ils vivaient, à part le grand nombre de jeunes hommes fuyant la conscription dans l’armée de Kiev (des pots-de-vin allant jusqu’à 5 000 dollars étaient versés aux gardes-frontières ukrainiens pour sortir en mars dernier ; je connais des cas). La plupart d’entre eux, ici à Paris, sont des médecins, des dentistes, des décorateurs d’intérieur et d’autres professions libérales, de la classe moyenne et supérieure, et possèdent des voitures allemandes de bien meilleure qualité que celles de l’Européen occidental moyen. Ils ont tout simplement quitté l’Ukraine (où dans 95% du pays aucune guerre n’était apparente jusqu’à il y a quelques jours) pour obtenir des permis de séjour dans les pays d’Europe occidentale. En effet, 4 000 000 d’entre eux sont retournés en Ukraine depuis le mois de mai, lorsqu’ils ont réalisé que les rues d’Europe occidentale ne sont pas pavées d’or et qu’ici, il faut travailler pour vivre.

12. Les Russes commettent des atrocités

Selon les médias contrôlés par l’État à Kiev, les Russes aiment gaspiller leurs missiles sur des immeubles d’habitation civils et des édifices culturels, comme la Philharmonie de Kiev. Ils aiment aussi assassiner des civils, en particulier des bébés (mais pas cette fois en Belgique ou au Koweït, seulement en Ukraine) et ils visent particulièrement les hôpitaux et les écoles primaires. Comme l’a montré le tournage à Bucarest, les Russes assassinent généralement les gens trois jours après qu’ils ont quitté la région (par hypnose à distance ?) et disposent les corps de leurs propres partisans dans les morgues locales, face contre terre, à intervalles réguliers le long des routes. C’est une aide précieuse pour le tournage.

13. Les Russes ont tué des millions de civils.

Où sont les corps ? En revanche, les tombes des 14 000, dont 400 enfants, assassinés par Kiev depuis 2014, sont visibles par tous dans le Donbass.

14. Les Russes ont perdu des centaines de milliers de soldats.

Comme moins de 100 000 ont été utilisés, ce serait plutôt difficile, à moins que les Russes aient une technique pour ressusciter les morts plusieurs fois. Si cela était vrai, il y aurait un tollé en Russie devant de telles pertes. D’un autre côté, les pertes ukrainiennes….

15. Les Russes ont si peu de soldats qu’ils en recrutent de nouveaux dans les prisons.

Le fait est que l’armée russe, avec 1 000 000 de soldats et 2 000 000 de réservistes, est l’une des plus importantes au monde. Quant au recrutement dans les prisons, c’est la technique du gouvernement français. Tout meurtrier condamné en France se voit offrir un choix : Aller en prison ou bien s’engager dans la Légion (la Légion étrangère).

16. La Russie se prépare à déclencher une guerre nucléaire.

La seule menace nucléaire faite jusqu’à présent a été celle des Britanniques de Truss. Cependant, comme l’armement nucléaire britannique dépend des USA, elle ne pourra pas l’utiliser sans la permission des USA. Et les USA sont effrayés.

17. L’opération de Poutine est condamnée.

Affirmée par des journalistes occidentaux en septembre 2022, cette affirmation n’a toujours pas été justifiée. En revanche, l’opération ukrainienne…

18. Les Russes ont fait sauter leurs propres pipelines Nordstream.

Évidemment : Les Russes sont tellement logiques qu’ils font toujours exploser leurs propres pipelines, surtout quand Biden a annoncé qu’il ferait quelque chose comme ça, que l’ancien ministre des Affaires étrangères polonais a remercié les USA pour l’avoir fait, et que les pipelines sont dans les eaux contrôlées par l’OTAN, infestées de sous-marins, de drones sous-marins et de plongeurs de l’OTAN, et que les pipelines ne sont pas utilisés de toute façon à cause des sanctions illégales.

Conclusion : Le féodalisme mental et spirituel

Je suis sûr que les lecteurs peuvent trouver une foule d’autres exemples, fruits de l’écriture créative des médias occidentaux contrôlés par l’État. Nous avons mentionné plus haut le servage économique, résultat du féodalisme, qui n’était rien d’autre qu’un racket de protection dirigé depuis des châteaux (bizarrement devenus aujourd’hui des sites touristiques), entourés de leurs villages concentrationnaires. En effet, la mafia italienne n’est qu’un vestige tardif du féodalisme sicilien introduit par les Normands, qui, comme sa forme ultérieure de capitalisme, n’a jamais su faire la différence entre prix et valeur. Cependant, pire que le servage économique, il y a le servage mental et spirituel. Et c’est le fruit du système institutionnalisé de mensonges, appelé les médias occidentaux contrôlés par l’État.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Notes

  1. Cette multiplication miraculeuse me rappelle un évêque ukrainien Uniat (grec catholique) que j’ai rencontré il y a de nombreuses années. Lorsque je lui ai demandé combien il y avait de gréco-catholiques ukrainiens, il m’a répondu : « 700 000, mais au Vatican, nous leur disons toujours 7 000 000. Si vous ne multipliez pas les chiffres réels par dix, ils ne vous prendront pas au sérieux »↩
  2. Pour les universitaires, en ce qui concerne l’histoire du développement de la féodalité autour du XIe siècle, les historiens français sont les meilleurs, naturellement, étant donné que la féodalité y a commencé. Voir, par exemple La Société Féodale, Marc Bloch ; L’An Mil, Georges Duby ; L’An Mil, Henri Focillon ; L’Europe est-elle nee au Moyen Age, Jacques Le Goff ; Le Pape Léon IX et la Réforme de l’Eglise 1002-1054, Charles Munier ; Les Grandeurs de l’An Mille, Pierre Riche. En anglais, outre les études de Richard Southern, vous disposez d’une traduction du français avec The Feudal Transformation 900-1200, Poly et Bournazel ; et d’ouvrages originaux, par exemple : The Making of Europe : Conquête, colonisation et changement culturel, 950-1350, Robert Bartlett ; The First European Revolution 970-1215 ; R.I. Moore ; The Formation of a Persecuting Society : Authority and Deviance in Western Europe 950-1250, R.I. Moore. En allemand, outre les études plus anciennes de Tellenbach, vous avez surtout Am Vorabend der ersten europaeischen Revolution de Karl Leyser. Das 11 Jahrhundert als Umbruchzeit et sa conférence en anglais The Ascent of Latin Europe ↩

L’Ukraine. Un proxy de la CIA depuis 75 ans

Sources : The Saker Francophone  + CovertAction Magazine

...par Gérard Sussman - Le 12/09/2022.

Armée insurrectionnelle ukrainienne. [Source : militaryhistorynow.com]

Il faut être un artiste pour se frayer un chemin dans le marasme de la propagande afin d’éduquer les grands médias américains (MSM) sur la crise russo-ukrainienne et le rôle des États-Unis dans l’instigation de ce conflit à des fins néfastes.

 

Les MSM ont construit un récit sans nuances sur « la guerre de Poutine » qui n’est fait que pour masquer l’expansion impérialiste de l’Amérique en Europe de l’Est. Il s’agit d’une tentative tout à fait orwellienne de projeter sur la Russie ce que les États-Unis et leur principal allié impérial, le Royaume-Uni (qu’un journaliste britannique a qualifié de « remorqueur de l’Amérique »), n’ont cessé de faire depuis 1945, voire depuis des siècles.

 

Si l’on regarde en arrière, les États-Unis, sous Truman, ont commencé la politique consistant à transformer les ennemis (Allemagne, Japon) en amis et les amis (l’importante alliance avec l’URSS pendant la guerre) en ennemis. La CIA, créée en 1947, a été le principal instrument clandestin de cette politique, travaillant en étroite collaboration avec l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), une organisation néo-nazie, pour mener des actions de sabotage, de division et de déstabilisation de l’État soviétique.

 

Logo de l’OUN [Source : wikimedia.org]

L’OUN, en particulier la faction dirigée par l’allié des allemands, Stepan Bandera, et son commandant en second, Yaroslav Stetsko, l’OUN-B, était une organisation violemment antisémite, anticommuniste et antirusse, qui a collaboré avec l’occupation nazie et participé activement au massacre de millions de Polonais, de Juifs ukrainiens et de communistes ethniquement russes et ukrainiens dans la région. Néanmoins, le Washington Post a traité Stetsko de héros national, de « patriote solitaire« .

 

 

Yaroslav Stetsko avec le vice-président de l’époque, George H.W. Bush. [Source : fpif.org]

L’alliance entre l’OUN et l’Allemagne en 1941 est soutenue par les dirigeants des églises orthodoxe ukrainienne et grecque catholique ukrainienne. L’archevêque de cette dernière, Andrey Sheptytsky, rédige une lettre pastorale qui déclare : « Nous saluons l’armée allemande victorieuse en tant que libératrice de l’ennemi. Nous rendons nos hommages obéissants au gouvernement qui a été érigé. Nous reconnaissons M. Yaroslav Stetsko comme chef d’État … de l’Ukraine. »

 

À l’occasion de l’invasion allemande de l’Union soviétique, l’OUN a posé des affiches dans la ville de Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine, sur lesquelles on pouvait lire : « Ne jetez pas vos armes maintenant. Prenez-les dans vos mains. Détruisez l’ennemi….Peuple ! Sachez ! Moscou, la Pologne, les Hongrois, les Juifs sont vos ennemis. Détruisez-les !… Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros ! Gloire au leader ! [Bandera] »

Il est à noter que cet appel au nettoyage ethnique ne provenait pas des Allemands qui occupaient alors l’Ukraine, mais des propagandistes fascistes et néonazis, les mêmes qui mènent aujourd’hui une guerre contre la région du Donbass et présentent leurs ancêtres comme des héros pour avoir défendu le nationalisme ukrainien contre les Soviétiques et l’Allemagne. Le Pentagone a réussi à faire pression sur le Congrès pour qu’il lève les restrictions sur la formation et l’assistance militaire aux groupes, tels que le bataillon Azov, qui sont basés sur l’idéologie fasciste ou néonazie.

 

Combattants du bataillon Azov avec le drapeau de l’OTAN à gauche et le drapeau nazi à droite. [Source : wsws.org]

Comme par le passé, la politique étrangère américaine est prête à accueillir de tels extrémistes au sein de son cercle d’alliés. Le 16 décembre 2021, un projet de résolution de l’Assemblée générale de l’ONU a été intitulé « Combattre la glorification du nazisme, du néonazisme et des autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. »

 

Elle a été adoptée par un vote enregistré de 130 voix pour (principalement le tiers monde, qui constitue la grande majorité de la population mondiale), 51 abstentions (principalement l’UE, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada) et deux oppositions, les deux étant l’Ukraine et les États-Unis. Les pays d’Europe occidentale qu’Hitler a conquis et occupé ne condamnent donc pas les manifestations actuelles du nazisme et du fascisme.

Harry Truman, sénateur tristement célèbre, a déclaré en 1940, en réponse à l’opération Barbarossa, que « si nous voyons que l’Allemagne est en train de gagner, nous devrions aider la Russie et si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l’Allemagne et ainsi les laisser s’entretuer autant que possible« . Cela montre le peu de considération qu’il avait pour le peuple russe et les autres peuples soviétiques – ce qui est devenu plus évident lorsqu’il est devenu président.

Pendant son mandat à la Maison Blanche, les États-Unis ont aidé à reconstruire la capacité industrielle de l’Europe occidentale (en grande partie pour empêcher les communistes et les socialistes de gagner les élections), mais il a également lancé une guerre contre la Corée du Nord, détruisant pratiquement toutes les structures du pays par des bombardements, y compris des armes incendiaires et au napalm.

Il a lancé la guerre froide, augmenté massivement le budget militaire, organisé l’OTAN et utilisé des armes atomiques sur des populations civiles à Hiroshima et Nagasaki, en grande partie pour empêcher les Soviétiques alliés de gagner des territoires au Japon dans les derniers jours de la guerre.

L’initiative la plus destructrice de Truman fut peut-être la création de la CIA, un monstre qui, selon lui-même, était devenu incontrôlable, déclarant à un ami : « Je n’aurais jamais accepté la création de la Central Intelligence Agency en 47, si j’avais su qu’elle deviendrait la Gestapo américaine« , bien qu’en tant que président, il ait soutenu ses activités clandestines en Europe de l’Est.

La cible immédiate fut l’Ukraine soviétique, que la CIA espérait, grâce à ses projets clandestins, « faire éclater » avec des saboteurs derrière les lignes ennemies.

 

Le président Harry S. Truman signant la création de la CIA. [Source : historydaily.org]

Sa mission est un transfert de l’agence d’action secrète de la Seconde Guerre mondiale, l’OSS, qui avait travaillé avec des groupes de partisans résistant à l’occupation nazie. En Ukraine, les États-Unis ont tout simplement retourné l’ennemi en soutenant les organisations insurgées nazies qui luttaient contre l’Union soviétique, le pays qui venait de sauver l’Europe du fléau du Troisième Reich d’Hitler.

 

Le plan de la CIA, qui s’inscrivait dans le cadre de ses opérations « stay behind » en Europe centrale et orientale, consistait à parachuter des groupes d’ultra-nationalistes ukrainiens, en particulier l’OUN-B, ce qui impliquait la contrebande d’armes, l’utilisation de transmissions de communication secrètes, des espions, des commandos, du banditisme, des assassins et du sabotage.

Un historique secret déclassifié de la CIA montre que l’Agence a refusé d’extrader le criminel de guerre de l’OUN, Bandera, vers les Soviétiques afin de préserver le mouvement clandestin et ses efforts de déstabilisation en Ukraine.

 

Stepan Bandera [Source : wikipedia.org]

Au lieu de cela, deux branches de la CIA, l’Office of Policy Coordination (OPC) pour les opérations secrètes et l’Office of Special Operations (OSO) pour les projets clandestins pour lesquels le gouvernement américain fournissait une couverture, ont protégé l’OUN et ont travaillé en étroite collaboration avec l’Armée insurrectionnelle d’Ukraine (UPA) antisoviétique « pour des activités de guerre psychologique dirigées contre des cibles polonaises, tchécoslovaques et roumaines à la frontière de l’Ukraine« .

 

L’OPC et l’OSO « conviennent que l’organisation ukrainienne [Conseil suprême de libération de l’Ukraine], l’organe directeur de l’OUN, offre des possibilités inhabituelles de pénétrer en URSS et d’aider au développement de mouvements clandestins derrière le rideau de fer« .

L’opération de la CIA portait le nom de code PBCRUET-AERODYNAMIC, basé sur un document top secret daté du 17 juin 1950.

L’Armée insurrectionnelle ukrainienne – L’un des mouvements de résistance les plus étranges de la Seconde Guerre mondiale – MilitaryHistoryNow.com

L’OUN

Le congrès du parti OUN d’août 1939 appelle à la création d’un État « ethniquement uniforme« , un concept qui s’intensifie après 1941 avec l’engagement d’une « opération de purification contre tous les ennemis de la race« . Les Juifs d’Ukraine, au nombre d’environ 1,5 million, ont été pratiquement anéantis par les Allemands, aidés par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne de l’OUN, la police ukrainienne et les citoyens ukrainiens ordinaires. L’OUN était composée d’une série de fascistes, de nazis et d’autres éléments extrêmes ukrainiens, mais elle comprenait également des gardes slovaques Hlinka, des SS ukrainiens de la 14e division des Grenadiers Waffen-SS (Galicie) et des SS allemands mercenaires.

Le massacre des Polonais (estimé entre 100 000 et 200 000 tués) s’intensifie en 1943, avec la participation active de l’UPA. L’OUN-UPA collabore également avec les Allemands pour exterminer des milliers de Russes ukrainiens. Son « premier ministre » autoproclamé, Yaroslav Stetsko, décrivait les Russes comme une race barbare, non européenne, descendant des Mongols et des Huns.

Après la guerre, les États-Unis n’ont vu aucun problème à travailler en étroite collaboration avec Stetsko qui, dans sa propre biographie (1941), écrivait : « Je considère que le marxisme est un produit de l’esprit juif, qui a été appliqué dans la prison des peuples moscovites par le peuple moscovite-asiatique avec l’aide des Juifs. Moscou et la juiverie sont les plus grands ennemis de l’Ukraine et les porteurs des idées internationales bolcheviques corrompues…. Je soutiens donc la destruction des juifs et propose d’amener en Ukraine les méthodes allemandes d’extermination de la juiverie, en interdisant leur assimilation…. »

 

[Source : twitter.com]

Ni sa folie, ni les camps de la mort nazis, ni les trois millions de prisonniers de guerre russes morts dans les camps de concentration, ni la barbarie totale des invasions allemandes et alliées n’ont changé le cours de la pensée officielle américaine sur la façon dont les nazis et les fascistes de haut rang pouvaient être utiles à la guerre de l’Amérique contre le socialisme soviétique. Stetsko a reçu un large accueil à Washington, où il a été fêté par Ronald Reagan et George H.W. Bush en tant que dirigeant estimé du Bloc des nations anti-bolcheviques, qui était à l’origine une formation nazie allemande (noté par Stephen Dorril), et délégué permanent de l’ABN à la Ligue anticommuniste mondiale.

 

Retour en arrière

 

Mykola Lebed [Source : encyclopediaofukraine.com]

Au début des années 1950, après avoir parachuté 85 agents en Ukraine, dont les trois quarts ont été capturés, la CIA admet que le projet est un échec cuisant. Cela n’a pas empêché les guerriers de la guerre froide d’utiliser des mercenaires pour changer le régime dans d’autres pays, notamment lors de l’échec de la baie des Cochons dix ans plus tard. Le mouvement insurrectionnel ukrainien ayant été écrasé, de nombreux Banderistes, dont Mykola Lebed, l’un des fondateurs de l’OUN et un lieutenant de Bandera formé par la Gestapo aux méthodes de torture impitoyables, sont devenus des émigrés.

 

Lebed, qui avait été ministre des affaires étrangères de l’organisation et chef de sa célèbre police secrète, était décrit par l’armée américaine comme un « sadique bien connu et un collaborateur des Allemands« . Après la guerre, il a émigré à Munich, où il a joué un rôle important dans la nouvelle Radio Free Europe, l’organe de propagande financé par les États-Unis qui émettait vers l’Europe de l’Est et qui était secrètement géré par la CIA. RFE a été rejointe par Radio Liberty (également gérée par la CIA et dirigée vers l’Union soviétique) et la Voix de l’Amérique pour diffuser non seulement de la propagande mais aussi pour relayer des messages codés unidirectionnels aux saboteurs « restés à l’arrière« .

 

Pendant la guerre, Lebed aurait été un bon élève et le favori de la Gestapo allemande. Par la suite, relocalisé à Munich, Lebed a bénéficié du patronage (tout comme Bandera) de l’officier de renseignement nazi, Reinhard Gehlen, qui avait lui-même des relations opérationnelles étroites avec la CIA.

 

 

Reinhard Gehlen [Source : ww2db.com]

Gehlen est ensuite devenu le chef des services secrets ouest-allemands, employant les nazis avec lesquels il avait travaillé pendant la guerre et aidant la CIA en partageant des informations sur l’Europe de l’Est. Lorsque Lebed s’est brouillé avec l’OUN-B en Allemagne après la guerre, la CIA l’a fait passer clandestinement aux États-Unis, ainsi que de nombreux autres ultranationalistes ukrainiens.

 

Avec l’aval du directeur de la CIA, Allen Dulles, Lebed a travaillé à New York (et a vécu dans le riche comté de Westchester) sous un faux nom en tant qu’agent de renseignement antisoviétique et a obtenu la citoyenneté. Les Ukrainiens d’extrême droite d’hier et d’aujourd’hui sont depuis longtemps les instruments d’une politique de guerre froide. « Les anciens membres de l’underground ukrainien qui se trouvent actuellement aux États-Unis« , écrit la CIA dans un document top secret de 1950, « seront exploités dans toute la mesure du possible. »

 

Allen Dulles [Source : wikipedia.org]

Au début de la guerre froide, des centaines, voire des milliers de nazis, y compris des criminels de guerre comme l’officier SS Otto von Bolschwing (l’un des principaux organisateurs de la Solution finale et un adjoint d’Adolf Eichmann), ont été amenés aux États-Unis depuis l’Allemagne, l’Ukraine, les Balkans, les États baltes et la Biélorussie.

 

 

Adolf Heusinger [Source: wikipedia.org]

Parmi eux se trouvait également Adolf Heusinger, « l’un des nombreux hauts responsables nazis et fascistes qui avaient été intégrés dans les réseaux militaires et de renseignement américains. » Heusinger avait été le chef d’état-major général de l’armée d’Hitler et, de 1961 à 1964, il a été nommé président du Comité militaire de l’OTAN, tant la transition entre le statut de nazi de haut rang et celui de commandant militaire du « monde libre » était fluide.

 

 

Otto von Bolschwing [Source: wikipedia.org]

Pendant ce temps, la demande de Bandera pour un contrôle total de l’OUN entraîne des frictions au sein de la direction fasciste basée en Allemagne. En 1950, les États-Unis et le Royaume-Uni planifient des opérations conjointes en Ukraine, mais la CIA décide alors de travailler plus étroitement avec le ZP/UHVR (représentation étrangère du Conseil suprême de libération ukrainien, l’organisation qui chapeaute toutes les formations nationalistes de droite), tandis que le MI6 britannique fait de Bandera son principal contact parmi les Ukrainiens.

 

Lorsque Bandera est assassiné en 1959 après que les États-Unis ont refusé de l’extrader vers l’Union soviétique pour crimes de guerre, Stetsko prend la tête de l’OUN.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis pensent avoir enfin la Russie à portée de main. Sous le règne autocratique de Boris Eltsine, qui carbure à la vodka, les États-Unis ont été invités à guider un programme néolibéral de « thérapie de choc« , qui a entraîné la destruction complète de l’économie russe.

 

[Source : medium.com]

Le capitalisme à l’américaine a engendré une grave dépression accompagnée d’un chômage massif, d’une baisse des salaires, d’une perte des pensions, d’une prise de contrôle par les oligarques d’anciennes industries d’État, d’une augmentation des inégalités et de la pauvreté, d’une hausse de l’alcoolisme et d’un déclin significatif de l’espérance de vie.

 

Bien qu’Eltsine ait opposé une certaine résistance, l’administration Clinton a réussi à étendre l’OTAN à la Pologne, à la République tchèque et à la Hongrie, en violation des accords conclus entre George H.W. Bush et Mikhaïl Gorbatchev sur le fait de ne pas étendre l’organisation militaire « d’un pouce » vers l’est. Cette fausse promesse était censée être une concession aux Soviétiques pour ne pas bloquer la réunification de l’Allemagne et son adhésion à l’OTAN.

 

[Source : vhlf.org]

C’est ainsi qu’a commencé la progression constante de l’élargissement de l’OTAN, qui a certifié à l’Ukraine son statut de futur membre et membre associé de facto, et qui a apporté des livraisons d’armes, des formations en armement et des exercices militaires coordonnés avec l’armée ukrainienne en prévision d’une guerre avec la Russie – ainsi que des comptes bancaires pour les politiciens ukrainiens coopérants.

 

Vladimir Poutine s’est révélé être un leader russe de loin supérieur, en redressant l’économie, en mettant au pas de nombreux oligarques et en restaurant la confiance dans l’État russe. En Ukraine, les États-Unis ont vu dans l’élection présidentielle de 2004 une occasion d’arracher l’Ukraine à l’influence de la Russie.

Outre les visites de hauts fonctionnaires dans le pays, les États-Unis sont intervenus en utilisant plusieurs autres canaux, notamment les organisations de changement de régime, le National Endowment for Democracy, l’USAID, Freedom House, l’Open Society Institute de George Soros (aujourd’hui Fondations) et l’omniprésente CIA, pour bloquer l’élection de Viktor Ianoukovitch, favorable à la Russie, et installer à la présidence un néolibéral pro-américain, Viktor Iouchtchenko.

Avec l’aide des États-Unis, Iouchtchenko l’a emporté mais a échoué lamentablement en tant que président. L’alarme incendie s’est de nouveau déclenchée pour les États-Unis en 2010, lorsque Ianoukovitch a été élu président. À ce moment-là, Iouchtchenko était totalement discrédité en tant que dirigeant, n’ayant obtenu que 5,5 % des voix au premier tour, ce qui l’a éliminé.

Les manifestations antigouvernementales de 2013-2014, qui avaient commencé pacifiquement sur la (place) Maïdan de Kiev, ont été énergisées par les visites dans les rues de la sous-secrétaire d’État américaine et spécialiste du changement de régime, Victoria Nuland, qui a rencontré à plusieurs reprises des putschistes. Elle a été rejointe par les sénateurs John McCain (R-AZ) et Chris Murphy (D-CT), qui sont montés sur une estrade sur la place avec le leader néonazi Oleh Tyahnybok pour offrir le soutien des États-Unis, vraisemblablement sans autorisation officielle, au renversement illégal de Ianoukovitch.

Les sénateurs McCain et Murphy participent à une manifestation antigouvernementale massive en Ukraine et menacent de sanctions | Fox News

Cette fois, la CIA s’est plus pleinement impliquée pour se débarrasser du président proche de la Russie et a très probablement aidé à préparer les milices d’extrême droite qui ont pris part aux tirs de sniper et aux massacres de policiers et de manifestants sur la place Maïdan, ce qui a forcé Ianoukovitch à fuir. Le New York Times a faussement attribué les fusillades à son gouvernement. Cela a déclenché une résistance à ce coup d’État dans la région fortement russophone du Donbass, qui a été à son tour accueillie par un assaut du gouvernement putschiste de Kiev et la mort, jusqu’en 2022, de 14 000 soldats et civils.

 

Petro Porochenko, qui était un informateur à l’ambassade des États-Unis à Kiev avant que les États-Unis ne le parrainent pour qu’il devienne président de l’Ukraine. [Source : ndtv.com]

Dans des entretiens avec des journalistes européens en juin 2022, Petro Porochenko, qui était un informateur régulier à l’ambassade des États-Unis à Kiev avant d’être parrainé par les États-Unis pour devenir président en 2014, a déclaré que, pendant son mandat, il a signé les accords de Minsk avec la Russie, la France et l’Allemagne et a accepté un cessez-le-feu simplement comme stratagème pour gagner du temps dans la construction de l’armée et la préparation de la guerre. « Notre objectif, » a-t-il expliqué, « était d’abord de mettre fin à la menace, ou au moins de retarder la guerre, afin de nous assurer huit ans pour rétablir la croissance économique et créer des forces armées puissantes. »

 

La guerre de propagande

Le président Biden et d’autres responsables publics ont utilisé à plusieurs reprises l’expression « attaque non provoquée » pour caractériser les motivations de la Russie comme n’étant rien de plus qu’une agression territoriale. Ces affirmations sont faites sans preuves crédibles, comme si l’invocation du nom de Poutine suffisait à établir toute déclaration le concernant ou concernant l’État russe comme une preuve en elle-même.

Le problème, comme l’ont noté de nombreux observateurs, est que les grands médias ne sont guère plus qu’un outil de transmission et d’amplification graphique national et international de l’État et du consensus de la classe dirigeante. Ce n’est évidemment pas nouveau, puisqu’on a découvert que plus de 400 journalistes des médias grand public ont servi d’yeux et d’oreilles à la CIA pendant une grande partie de la guerre froide, comme l’a rapporté le journaliste du Watergate, Carl Bernstein. Il existe des preuves qu’au moins certains journalistes continuent d’agir comme des messagers pour l’Agence.

Ces initiés du Beltway de Washington ont du mal à comprendre ce qui constitue une provocation. L’expansion des forces hostiles des États-Unis et de l’OTAN et les exercices militaires menés jusqu’aux portes de la Russie, y compris le projet d’ajouter l’Ukraine et la Géorgie à la liste des membres, sont clairement des provocations. Et si la mémoire de Biden est un tant soit peu intacte, il se rappellera comment l’administration Kennedy a traité la présence d’une seule base militaire soviétique dans l’hémisphère occidental (à Cuba) comme une menace pour la sécurité des États-Unis. Dans ce cas, les Soviétiques ont eu le bon sens de faire marche arrière.

Le coup d’État du Maïdan en 2014, dont même le président fantoche des États-Unis, Porochenko, a admis qu’il était anticonstitutionnel (c’est-à-dire illégal), ainsi que l’interdiction de la langue russe qui s’en est suivie et l’appel à un nettoyage ethnique général dans les institutions publiques et les médias par son gouvernement, étaient des provocations. Il en est de même des assauts militaires contre la région du Donbass, instigués par le bataillon néonazi Azov, armé et entraîné par les États-Unis, à partir de 2015. Juste avant l’invasion russe du début d’année, Kiev avait installé une concentration massive de troupes à la frontière avec les oblasts séparatistes, Donetsk et Louhansk.

La sécession du Kosovo, après 78 jours de bombardements américains sur la Serbie, alliée de la Russie, a bénéficié du plein soutien de Washington et, pour les Russes, a servi de précédent au démembrement de la Crimée. Avant l’invasion russe, Volodymyr Zelensky a lancé des purges autoritaires contre les partis d’opposition accusés de donner la parole aux Ukrainiens russophones. Porochenko et Zelensky ont refusé de respecter les accords de Minsk. Il s’agissait là aussi de provocations.

 

[Source : wikipedia.org]

En effet, les 75 ans d’histoire des efforts des États-Unis pour détruire la souveraineté des États soviétiques et russes sont une provocation sans fin. L’agression des États-Unis et de l’OTAN contre les alliés russes en Syrie et en Serbie (et contre la Chine), les « révolutions de couleur » en Biélorussie, en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et ailleurs dans l’ancienne région soviétique, ainsi que la liste croissante des sanctions contre la Russie sont d’autres formes d’agression. L’amnésie des médias grand public dans cette histoire récente serait difficile à comprendre si l’on ne comprenait pas qu’ils servent en fait de porte-voix de la propagande d’État, ce que Louis Althusser appelait les appareils idéologiques d’État.

 

Comme l’a exprimé Noam Chomsky : « Il est assez intéressant de constater que, dans le discours américain, il est presque obligatoire de désigner l’invasion par l’expression « invasion non provoquée de l’UkraineCherchez sur Google, vous trouverez des centaines de milliers de réponses. Bien sûr, elle a été provoquée. Sinon, ils n’y feraient pas référence tout le temps comme à une invasion non provoquée. » Si Chomsky n’est pas assez convaincant, peut-être les bellicistes des États-Unis et de l’OTAN pourraient-ils écouter le pape François, certainement pas russophile, qui a constaté que l’invasion est le résultat « des aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie….Je ne peux pas dire si elle a été provoquée, mais peut-être, oui« .

Le déluge de propagande médiatique contre la Russie et la censure des voix qui remettent en question l’histoire officielle concernant le coup d’État de 2014 et le conflit Russie-Ukraine montrent que la démocratie américaine est un modèle qui n’est pas digne d’être imité. Il n’existe que peu d’États autoritaires, voire aucun, où la suppression des informations est d’une telle ampleur et aussi institutionnellement ancrée qu’aux États-Unis.

J’ai déjà évoqué ailleurs la présence massive d’anciens responsables de l’armée et des services de renseignement liés aux industries de la défense sur les chaînes d’information du câble et de la télévision en tant qu' »analystes experts« , ainsi que l’utilisation de l’idéologie de la suprématie blanche par les journalistes des médias grand public pour dépeindre les Ukrainiens déplacés comme un groupe spécial de « victimes dignes de ce nom« .

Un élément central des reportages médiatiques et de la culture des célébrités a été la représentation de Zelensky comme un « héros« , défendant de manière désintéressée l’Ukraine contre la tyrannie. L’image du héros en Amérique est un vieux trope issu d’une longue lignée d’exemples militaires plus grands que nature, comme les personnages de John Wayne pendant la Seconde Guerre mondiale, la transformation du criminel de guerre au Vietnam, John McCain, en « héros de guerre« , la poule mouillée qu’était Ronald Reagan en faucon, Rambo, le tueur d’Indiens Daniel Boone, et tant d’autres.

 

Un président en état de siège ? Les Zelensky en couverture du magazine Vogue. [Source : vogue.com]

La propagande est désormais ouvertement une partie importante de l’arsenal de guerre des États-Unis, et le gouvernement ne fait pas grand-chose pour cacher ce fait. Outre les livraisons massives d’armes que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN fournissent aux Ukrainiens pour tuer des Russes nationaux et étrangers, environ 150 sociétés de relations publiques américaines et internationales, selon PRWeek, y compris une société britannique ayant des liens étroits avec le parti conservateur au pouvoir, ont proposé de fournir à l’Ukraine des outils de propagande – des armes de tromperie massive.

 

Dans le même temps, il n’y a eu pratiquement aucun reportage sur le bilan peu reluisant de Zelensky en matière de corruption, un problème endémique pour l’Ukraine, qui est classée par Transparency International, une organisation financée par les États-Unis, le Royaume-Uni et les entreprises, comme le pays le plus corrompu d’Europe. Outre le fait qu’il n’a pas réussi à faire tomber les oligarques qui dirigent le pays (50 d’entre eux détiennent 45 % de la richesse du pays), y compris son propre patron, le milliardaire ukrainien, israélien et chypriote Igor Kholomoisky, corrompu et sanctionné par les États-Unis, Zelensky lui-même a été démasqué dans les « Pandora Papers » comme étant un voleur, avec des millions de dollars cachés sur des comptes offshore dans les îles Vierges britanniques et dans des propriétés à Londres. En raison de la censure de l’ensemble de l’opposition politique, médiatique et intellectuelle, il est difficile pour les Ukrainiens d’avoir vent de ses machinations financières peu héroïques.

Si l’on expose ces réalités dans les médias sociaux américains et britanniques ou dans des livres et des revues, on se fait qualifier de « bot » russe ou d' »idiot utile de Poutine« . L’idiot utile le plus authentique est peut-être le Rambo du Russiagate Adam Schiff, Démocrate de Californie et président du House Permanent Select Committee on Intelligence, qui, à l’occasion des audiences de destitution de Trump en janvier 2020, a déclaré : « Nous combattons la Russie là-bas pour ne pas avoir à les combattre ici. »

C’est ce qui passe pour de l’intelligence au Congrès.

Conclusion

Il faut prendre au sérieux la perspicacité du théoricien politique allemand Carl Schmitt, qui a soutenu que les États-nations puissants ont besoin d’avoir des ennemis pour définir qui ils sont, et que leurs « actions et motifs politiques peuvent être réduits à la distinction entre ami et ennemi« . Pour Schmitt, l' »ennemi » n’a pas besoin d’être considéré comme mauvais, mais pour les États-Unis, l’ennemi est toujours lié à des notions religieuses d’immoralité.

Schmitt a fini par mettre son intelligence au service du Troisième Reich, mais les États-Unis eux-mêmes ont confirmé par leurs premières actions de « stay behind » en Ukraine et dans d’autres parties de l’Europe qu’ils étaient prêts à adopter certaines des mêmes tactiques, sinon l’idéologie, de leurs recrues nazies.

Faire de l’Union soviétique, puis de la Russie, un ennemi a au moins trois utilités : créer une menace nationale pour détourner l’attention du public des inégalités massives au sein de l’économie capitaliste ; justifier la construction d’un État et d’un empire de sécurité nationale (policier, impérialiste), construit sur un complexe militaro-industriel-médiatique, avec un niveau extraordinaire de dépenses militaires comme protection contre la dépression économique ; et organiser un vaste complexe de propagande sur le modèle de l’Office of War Information de la Seconde Guerre mondiale pour maintenir la légitimité de l’État en tant que force morale dans un monde menacé par des dirigeants maléfiques qui cherchent à priver les Américains de leur liberté.

En réalité, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui dépouillent le pays de ses fameuses « quatre libertés » et qui privent les autres pays, en particulier ceux du tiers monde, de leurs voies indépendantes vers le développement et la liberté.

L’argument principal de l’anti-impérialisme n’est pas de défendre la guerre en Ukraine mais d’examiner plus profondément ses causes. Les États-Unis sont depuis longtemps une société hautement militarisée et n’ont pas été guerre que pendant 15 ans de leur existence.

Et quand les États-Unis n’envahissent pas directement (84 pays à ce jour), ils parrainent des invasions et des coups d’État contre des pays qui vont à l’encontre de leurs intérêts stratégiques (Chili, Nicaragua, Indonésie, Yémen, Brésil, Argentine, Angola, Venezuela, R. D. Congo, Gaza, Grèce, Équateur, Ghana et bien d’autres).

 

Carte des pays dans lesquels les États-Unis ont combattu ou qu’ils ont occupés. Les frappes aériennes et les opérations des forces spéciales n’y sont pas inclues. [Source : reddit.com]

La crise ukrainienne est également une guerre sponsorisée, car l’assaut de Kiev sur la région du Donbass était en fin de compte dans l’intérêt des États-Unis, car ses ressources, y compris une « industrie du charbon hautement développée, une industrie métallurgique ferreuse, la construction de machines, l’industrie chimique et l’industrie de la construction, d’énormes ressources énergétiques, une agriculture diversifiée et un réseau de transport dense » sont convoitées par la finance et le capital transnationaux.

 

Au-delà de l’Ukraine se trouve le vaste territoire de la Russie et son incalculable richesse en énergie, en minéraux stratégiques et en autres ressources qui interpellent un système capitaliste d’entreprise expansionniste et militariste mondial comme celui des États-Unis. Il existe certainement des moyens de sortir de la crise actuelle en Ukraine, mais ils nécessitent la neutralisation du pays et sa conversion en un État démilitarisé qui, avec l’alliance des États-Unis, respecte et applique les droits et l’égalité de sa population d’origine russe.

L’Occident doit également reconnaître, dans une certaine mesure, les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité, qui ont été compromis par la horde des forces de l’OTAN bien trop proche de ses frontières. Le concept de sécurité de l’État est inscrit dans la Charte des Nations unies, et pour éviter une catastrophe encore plus grande, il faut que les États-Unis agissent en conformité avec le dictat de l’ONU pour la paix et suppriment leurs obstacles à un règlement négocié, qui est dans l’intérêt à long terme de l’Ukraine, de la Russie et du reste du monde.

Gerald Sussman [un étasunien] est professeur de relations internationales et auteur de nombreux ouvrages, dont Branding Democracy : U.S. Regime Change in Post-Soviet Eastern Europe (2010).

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

 

La France va former 2.000 soldats ukrainiens : La guerre « et en même temps » la paix

Source : Bd. Voltaire.

...par Arnaud Florac - Le 17/10/2022.

A la suite de la réunion des ministres des Affaires Etrangères de l'Union européenne, on apprenait que 15.000 soldats ukrainiens allaient être formés dans les mois à venir par les 27 pays membres. Evidemment, la France est bonne fille et prendra une large part dans cette formation : comment en serait-il autrement ? Nos soldats vont donc bientôt recevoir la mission officielle de former 2.000 de ces Ukrainiens, à quoi s'ajoute la livraison, annoncée par le président de la république, de nouveaux équipements militaires de pointe. N'ayant pas d'équipements en double, nous faisons donc - en tout cas nos gouvernants - le choix de dégarnir le front intérieur pour soutenir l' de Volodymyr Zelensky. Bien que le ministre Lecornu se veuille rassurant, puisque, selon lui, les systèmes que nous donnons auront vocation à être remplacés par d'autres, on ne peut s'empêcher de penser que ce remplacement n'interviendra pas immédiatement.

Pour ce qui est de la formation, le  détaille complaisamment le programme prévu pour nos amis ukrainiens. Il s'agira d'une instruction à trois volets : formation généraliste du combattant ; formation spécifique sur des points particuliers à la demande des Ukrainiens, comme la logistique par exemple ; enfin, une formation technique sur les nouveaux matériels français que les troupes de Kiev devront faire fonctionner. Former 2.000 combattants, ce n'est tout de même pas rien, et on ne sait pas exactement comment  la négociation a été menée. La France obtiendra-t-elle de son suzerain américain une petite rallonge ? Quelques centimètres d'aisance sur sa laisse ?

Le problème n'est pas tant la générosité de la France que son inconséquence. En choisissant de soutenir aussi ouvertement l'Ukraine, la France ne peut pas, contrairement à ce que dit Emmanuel Macron, être considérée comme un pays qui privilégie la négociation. C'est tout le problème de la fameuse ambiguïté macronienne. On ne peut pas faire la guerre "et en même temps" vouloir la paix. On ne peut pas dire que les choses doivent se terminer à la table des négociations, tout en équipant et en formant l'une des deux parties en présence.

Ou alors, il y aurait bien une hypothèse : Emmanuel  est le premier président quantique. Tant que le regard de l'observateur ne l'a pas forcé à se positionner, il est à la fois pour et contre. On peut calculer sa vitesse ou sa position, mais pas les deux à la fois. Ce n'est pas un homme, c'est un chat, comme celui de Schrödinger. Ce n'est pas excessivement rassurant. Il ne peut pas prétendre calmer le jeu et se prononcer d'une manière aussi flagrante en faveur des Ukrainiens. C'est peut-ê.ans le n'importe quoi qu'il est le meilleur, reconnaissons-le.

 Eltchaninoff, à qui l'on doit un remarquable Dans la tête de Vladimir Poutine (Ed. Solin), déjà cité dans ces colonnes, disait du président russe qu'il était une "nature large", comme Ivan dans les Frères Karamazov, capable de croire sincèrement une chose et son contraire. Dans le cas de Poutine, de vénérer le communisme et d'avoir la nostalgie de l'Empire. Cela ferait au moins un point de convergence apparent entre Emmanuel  et son homologue.

 

 

Ukraine : Les États-Unis nous entraînent dans le piège de Thucydide - Le 16/10/2022.

 

Président de l’association Ouest-Est, Nikola Mirkovic est l’auteur de « L’Amérique Empire ». Invité de TVL, il insiste sur le fait que, dans la guerre russo-ukrainienne ou vis à vis de la Chine, les États-Unis entraînent toute l’Europe dans le piège de Thucydide, c’est à dire un moment où une puissance dominante entre en guerre avec une puissance émergente en raison de la peur suscitée par sa montée en puissance. Comment en est-on arrivé là ? Nikola Mirkovic apporte d’importants éléments de réponse.

Il évoque le déroulement des midterms et les enjeux des prochaines élections de mi-mandat aux États-Unis. Nikola Mirkovic indique que le contexte d’embrasement général va peser lourdement sur ce scrutin qui renouvelle la Chambre des représentants et plus d’un tiers du Sénat.

L’Ukraine, l’OTAN et l’Europe nous coûtent un « pognon de dingue » - Le 16/10/2022.

 

par Geopolintel.

L’abondance c’est fini, Macron le dit, et c’est pour cette raison qu’il faut évaluer ce que coûte cette politique européenne, parce que nous sommes en guerre.

Notre balance commerciale est déficitaire de 100 milliards, et la France dépense à « tout vent » notre budget.

Nous allons voir ce que coûtent ces dépenses que nous n’avons pas votées et qui nuisent à notre économie qui est détruite par le président Emmanuel Macron.

Contribution de la France au budget de l’Union européenne

L’article 53 de loi de finances pour 2022 fixe à 26,3 milliards d’euros la contribution de la France au budget de l’Union européenne pour 2022.

D’où le financement provient-il ?

Pour 2022, l’article 18 du projet de loi de finances évalue le montant du prélèvement sur recettes au profit de l’Union européenne à 26,4 milliards d’euros, soit une baisse de 800 millions d’euros par rapport au montant inscrit en loi de finances initiale pour 2021, et une baisse de 85 millions d’euros environ par rapport aux dernières prévisions d’exécution pour 2021. Les droits de douane bruts versés par la France en 2022 sont estimés à 2354 millions d’euros. Conformément à la décision « ressources propres » du 14 décembre 2020, les droits de douane nets correspondent aux droits de douane bruts auxquels sont retranchés 25% au titre des frais d’assiette et de perception. Ainsi, les droits de douane nets versés par la France sont évalués à 1766 millions d’euros, ce qui porterait la contribution française à 28,2 milliards d’euros environ.

Si la France était en 2020 le troisième contributeur net au budget de l’Union européenne, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni, elle continue d’être l’un des principaux bénéficiaires en volume des dépenses de l’Union européenne. En 2020, les dépenses réalisées en France se sont élevées à 15,8 milliards d’euros, soit près de 11% des dépenses totales de l’Union européenne, en hausse de 5,4% par rapport à 2019. 60% des dépenses européennes réalisées en France concernent la politique agricole commune (PAC), pour un montant de 9,6 milliards d’euros.

La contribution de la France au budget de l’Union européenne n’en finit pas de croître. Elle était de 18,1 milliards d’euros en 2017 dont 1,8 milliard de ressources propres et 16,4 milliards d’euros de PSR UE (prélèvement sur recettes de l’Union européenne) – elle devrait atteindre en 2021, 28,8 milliards d’euros et même 31,5 milliards d’euros en 2027, soit une variation de +13,4 milliards d’euros en 11 ans et +73,7%. C’est ce que prévoit la loi d’approbation de la décision relative aux ressources propres de l’Union (DRP 2021-2027). Il s’agit d’une hausse historique. (source IFRAP)

Contribution de la France au budget de l’OTAN
Financement direct : les trois budgets communs de l’OTAN

Les membres de l’OTAN financent l’organisation via trois budgets communs.

Le plus important est le budget militaire de fonctionnement, avec 1,43 milliards d’euros en 2019. Il est suivi du programme d’investissement au service de la sécurité, un fonds de 700 millions d’euros. Enfin, le budget civil atteint 236,8 millions d’euros. Le budget commun total pour 2019 s’élève donc à 2,369 milliards d’euros.

La quote-part des membres de l’OTAN est calculée selon une formule prenant en compte le revenu national brut (RNB) des États. Elle est fixée pour deux ans. Pour 2018 et 2019, les principaux contributeurs de l’UE sont l’Allemagne avec une participation à hauteur de 15% du budget commun, la France (11%), le Royaume-Uni (10%), l’Italie (8%) et l’Espagne (6%). Les autres États membres ont tous une quote-part inférieure à 5% du budget, voire à 1% le plus souvent.

Les États-Unis ont la contribution la plus importante : 22%.

Financement indirect : les dépenses de défense

En 2006, les alliés au sein de l’OTAN ont fixé la « règle des 2% », ce qui signifie que chaque État doit consacrer au moins 2% de son PIB à ses propres dépenses de défense chaque année.

En 2018, seuls trois États de l’UE sur les vingt-deux que comporte l’Alliance atlantique dans l’Union respectaient cette règle : la Grèce (2,39%), l’Estonie (2,06%) et la France (2,29%). (soit une cinquantaine de milliards d’euros)

Contribution de la France à l’Ukraine

Les pays qui soutiennent l’Ukraine ont versé au moins 84,2 milliards d’euros d’aide militaire, financière ou humanitaire, selon les dernières données publiées le 11 octobre 2022 par l’Institut Kiel pour l’économie mondiale.

En juillet 2022, la France a porté son aide globale à l’Ukraine à 2 milliards de dollars.

« Nous devons être prêts à assumer cet effort dans la durée, dans le contexte d’un conflit qui, malheureusement, risque de se poursuivre et dont nous n’avons pas encore vu toutes les conséquences dramatiques ». (Emmanuel Macron)

La France a envoyé 18 canons Caesar en Ukraine alors que le stock de l’armée de Terre est de 56. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé le déblocage d’un budget de 85 millions d’euros pour les remplacer.

George Soros et sa fondation Stand Up for Ukraine vont capter 9 milliards d’euros

La campagne et la conférence mondiale des donateurs « Agir pour l’Ukraine » (Stand Up for Ukraine) ont permis de lever 9,1 milliards d’euros (12,4 milliards de dollars) pour les personnes fuyant l’invasion russe, en Ukraine et à l’étranger, dont 1 milliard d’euros de la part de la Commission européenne.

En outre, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a annoncé un prêt supplémentaire de 1 milliard d’euros pour couvrir les besoins des personnes déplacées du fait de l’invasion.

Sur ces 10,1 milliards d’euros, 1,8 milliard d’euros sont destinés aux personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine et 8,3 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés dans les États membres de l’UE et les pays voisins, comme la Moldova.

La promesse de dons de 9,1 milliards d’euros est ventilée comme suit :

• 4,1 milliards d’euros sont des contributions financières et des dons en nature en faveur des personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine et des réfugiés, promis par des gouvernements, des entreprises et des particuliers du monde entier.

• 5 milliards d’euros sont des prêts et des subventions accordés par des institutions financières publiques européennes (la Banque européenne d’investissement et la Banque de développement du Conseil de l’Europe).

Les contributions que les gouvernements s’engagent à verser en faveur des personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine passeront désormais en grande partie par les autorités ukrainiennes aux niveaux central et local. Quant aux dons du secteur privé et des particuliers en faveur des personnes déplacées à l’intérieur du pays, ils seront principalement acheminés par l’intermédiaire d’organismes des Nations unies.

Déficit de la France

Le déficit public de la France atteindrait 5,5% du PIB en 2022 après 6,4% en 2021, selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

À la fin du premier trimestre 2022, la dette publique s’établit à 2901,8 Md

Dette trimestrielle de Maastricht des administrations publiques (APU) – premier trimestre 2022

À la fin du premier trimestre 2022, la dette publique au sens de Maastricht s’établit à 2 901,8 Md€, soit 114,5% du PIB. Après la baisse du quatrième trimestre 2021 (–19,8 Md€), la forte augmentation de la dette publique ce trimestre (+88,8 Md€) alimente pour une large part la trésorerie des administrations publiques (+52,1 Md€), principalement celles de l’État et des administrations de sécurité sociale (Asso). De ce fait, la dette nette des administrations publiques augmente moins fortement (+37,6 Md€) et s’établit à 101,1% du PIB.

source : Géopolintel

ARRETEZ LE MASSACRE !

Source : Le courrier des Stratèges - par François Martin - Le 13 octobre 2022

 

Dans cette guerre d'Ukraine, la propagande, la désinformation, les passions et les raisonnements géopolitiques ont libre cours, mais personne ne semble se rendre compte qu'au milieu de tout cela, ce sont des êtres humains qui sont détruits et qui meurent en masse. Une véritable boucherie, oubliée de tous

 

 

Lors d’une émission télévisée, l’un des journalistes rétorque à Jean-Frédéric Poisson, Président du parti VIA : « Heureusement que l’Ukraine a des armes pour défendre nos valeurs ! » (1). En fait, la phrase est incomplète. Elle aurait dû être : « Heureusement que l’Ukraine a des armes, et que ses soldats, des garçons de 16 ans, des filles de 18 ans, des personnes âgées de 70 ans, se font massacrer pour défendre nos valeurs ». Et de fait, c’est actuellement la situation, et c’est l’état de la conscription en Ukraine. Par ailleurs, les analystes sont aujourd’hui d’accord pour dire que jusqu’ici, plus de 60.000 soldats ukrainiens ont perdu la vie dans ce conflit (2), ce qui veut dire qu’il y a au minimum 2 à 3 fois plus de blessés. Cela fait, pour 7 mois de guerre, entre 180.000 et 240.000 morts ou blessés, du côté des militaires ukrainiens. C’est une effroyable boucherie !

 

Cela tient à la forme du conflit. En effet, depuis 2014, l’Ukraine s’est organisée sous une forme défensive, le long d’une immense « Ligne Maginot », afin d’obliger les russes à s’y écraser, mais ceux-ci ne sont pas tombés dans le piège, et ont fait de même, en s’organisant aussi en défensive, comme pendant la guerre de 14 (3). Pourtant, pour justifier le fait qu’il a des succès, véritables ou supposés (4), le gouvernement de Kiev n’a eu de cesse soit de faire sortir ses soldats de leurs positions protégées et d’attaquer (ce à quoi les russes ont répondu surtout par l’artillerie, en tuant et en blessant beaucoup), soit même de les obliger à rester sur place sans jamais reculer, comme à Marioupol. Dans les deux cas, une « surconsommation » de son « matériel humain » et de ses armes, alors même que les russes, de leur côté, sont excessivement économes de leurs hommes (5). Le résultat de ce gâchis humain ukrainien, que le régime justifie par son impératif de demander toujours plus de crédits et d’armes (6), c’est que ses forces d’élites ont été très amoindries, et que la guerre est faite aujourd’hui en grandepartie par la « chair à canon » de la conscription et par des mercenaires étrangers, polonais pour une bonne part.

 

Dans la  deuxième partie de cette guerre, depuis les attaques contre Izioum, Liman et Kherson, la doctrine ukrainienne a changé. L’OTAN a pris la main, avec beaucoup plus d’actions rapides en terrain découvert, mais ceci ne fait qu’accélérer les pertes ukrainiennes en soldats et en matériel, même lorsqu’ils gagnent du terrain. Et le changement de format du conflit (7), désormais bloc contre bloc, mais qui restera circonscrit au territoire ukrainien, sans doute, par effet de prudence des deux grands belligérants, va désormais broyer ce pays, dont l’essentiel était jusqu’ici épargné, et augmenter encore les dommages humains. C’est ce que montrent déjà les tout récents bombardements russes (8).

 

Et les hommes, dans tout cela ? Il est avéré que cette guerre devient de plus en plus, pour les pauvres conscrits ukrainiens d’abord, qui sont placés en première ligne, sans formation et parfois même sans armes, une véritable horreur. Or qui s’en préoccupe ? Nos journalistes ne cessent de justifier l’envoi de toujours plus d’armes et d’argent « pour défendre nos valeurs ». Et l’humanité, qu’en fait-on ?

 

Dans la plupart des conflits, jusqu’ici, dès que les armes ont parlé, des voix se sont exprimées pour demander des cessez-le-feu, globaux ou partiels, des couloirs humanitaires pour évacuer les blessés, des matériels, des hôpitaux de campagne et des médecins pour les soigner, de quelque bord qu’ils soient. Ces « belles voix », où sont-elles ? Ces chaînes humanitaires, où sont-elles ? On sait qu’aujourd’hui, les ukrainiens, par manque de logistique, trop souvent, n’évacuent pas leurs blessés. Ils restent sur le front jusqu’à ce qu’ils meurent, faute de soins. Dans les villes, à Odessa, à Dnipro, à Kharkiv, à Kiev même, les hôpitaux sont totalement débordés, et on n’imagine même pas dans quelles conditions ces malheureux sont soignés. Quels journalistes s’en émeuvent ? Quels reportages le montrent ? Pire même que de l’abandon, c’est du déni et du calcul : il ne faut surtout pas en parler, pour ne pas donner l’impression que l’Ukraine est affaiblie. Ces malheureux sont donc les victimes d’un « trou noir » politico-médiatique bien entretenu par ceux-là même, les presses occidentales, qui se prétendent « humanistes ». Alors, pour compenser, on interroge à qui mieux mieux les civils, et on les choisit soigneusement pour qu’ils disent qu’ils détestent les russes. Et sur le front, chacun y va de son commentaire belliqueux. Mais qu’en est-il des souffrances de tous ces blessés ? Et pourquoi acceptons-nous ce déni ?

 

 Tout se passse comme si chacun avait pris parti dans cette bataille, en oubliant l’essentiel : l’humanité. Il y a dans ce conflit, de notre part, responsables politiques, analystes, journalistes et observateurs, un flagrant défaut d’humanité.

 

 Or on sait que sauf à ce que, cet hiver, une contre-attaque russe ne vienne y mettre un terme définitif, cette guerre sera longue. Ce sera le cas parce que, des deux belligérants que sont les USA et la Russie, aucun n’a intérêt à l’arrêter. Les russes parce qu’ils ne peuvent pas, les américains parce qu’ils ne veulent pas.

 

 

Les russes ne peuvent pas accepter de perdre parce qu’ils risquent tout. En effet, dans le cas d’une vraie défaite, les américains, les ukrainiens, et aussi les européens imbéciles exigeraient le retour au statu quo ante géographique qui prévalait avant 2014 : abandon du Donbass, et certainement de la Crimée. A la clef, une reprise de la politique de dérussification massive qui a eu cours après le Maïdan (9), une militarisation, une Otanisation et même une nucléarisation de l’Ukraine (10). Comme l’a expliqué Poutine aux russes dès le début du conflit, cela reviendrait à un « pistolet sur la tempe » de son pays. En fait, ce serait la fin de la Russie, avec toutes les répercussions géopolitiques effroyables que cela pourrait entraîner. Ceux qui disent qu’il faut « imposer à Poutine une défaite pour l’obliger à négocier » se trompent complètement de diagnostic. De la part des russes, c’est un scénario impossible. Comme l’a dit le grand géopoliticien américain John Mearsheimer, comme pour les américains à Cuba (11), ce conflit est pour eux existentiel. Ils ne peuvent faire autrement que d’aller jusqu’au bout. Donc dans un tel scénario, dans un premier temps, l’Ukraine toute entière sera transformée en champ de ruine. Ensuite, perdus pour perdus, ce sera le cataclysme nucléaire pour tous.

 

De leur côté, les américains ne veulent pas accepter d’arrêter parce qu’ils ne risquent rien. En effet, à part une blessure d’amour-propre, et un arrêt, durable ou momentané, de leur politique expansionniste s’ils perdent cette guerre militaire (12), pour l’instant, ils n’ont que des avantages à la situation actuelle. Ils n’ont pas de troupes sur place, à part des conseillers bien protégés. Ils ont brisé, et pour longtemps, les velléités européennes de s’ouvrir à l’est (13). Ils sont les maîtres du réarmement de l’Europe, à qui ils livrent et livreront des milliards de matériels. Demain, ils seront nos fournisseurs exclusifs d’énergie et de matière premières. Surtout, ils ont considérablement renforcé leur pouvoir politique sur l’Europe qui, d’allié plus ou moins docile qu’elle était auparavant (14), est devenu un « zombie », un mort-vivant politique. Pourquoi s’interrompre, avec un tel bilan ? Tout au plus, sur un plan géopolitique, accélèrent-ils, en ce moment, la multipolarisation du monde et le désir des BRICS et des émergents de faire leur propre chemin plus indépendant. Mais là aussi, si jamais ces pays tiers y parviennent, la route sera longue, et la puissance américaine est telle qu’ils trouveront certainement les moyens d’avoir leur place dans ce nouveau monde, après nous avoir ruinés et empêchés d’y trouver la nôtre.

 

  Il n’y a donc pas de solution militaire possible à ce conflit (15), mais seulement une solution politique. Et  pour nous, européens, qu’un devoir, et qu’une seule voie de sortie :

  

 

Le devoir, c’est l’humanité. Nous devons exiger qu’au moins, les plus malheureux, et d’abord les soldats blessés, soient enfin pris en compte et pris en charge. Nous devons exiger un cessez-le-feu, et l’arrêt des livraisons d’armes. C’est une obligation absolue. La voie de sortie, c’est d’exiger que les belligérants, les américains, les ukrainiens, les russes et aussi nous-mêmes, les européens, se parlent. Il faut  arrêter les surenchères (16), les tricheries (17), les paroles blessantes (18) et les provocations humiliantes (19). Il faut  retourner à la table des négociations. Il doit y avoir ensuite une grande Conférence de la Paix à l’ONU, dont l’objectif (enfin !) doit être la sécurité en Europe (toute l’Europe !), et donc les garanties données aux russes dans ce sens, qu’ils attendent depuis 30 ans.

  

Ce programme est simple, et sera compréhensible, aujourd’hui, par toutes les opinions publiques, et les européennes d’abord, parce que, après la sidération initiale, les conséquences de la guerre commencent à être mieux perçues (20). De plus, il est conforme à la vocation chrétienne et pacifique de l’Europe, et aussi au destin de la France. Il n’y a pas d’autre sortie politique pour l’Europe. Elle sera broyée si elle continue à s’enfoncer comme elle le fait.

 

Si l’on ne s’engage pas à fond dans cette voie, la suite est inéluctable : C’est la mort de l’Europe d’abord, puis celle de l’humanité toute entière, à court ou moyen terme, qui nous attend.

 

Ce message politique de bon sens pourra-t-il être entendu ? (21)

 

François Martin

 

 

 

  • https://www.youtube.com/watch?v=6EsM1AP7fPk
  • Il y a par contre, de l’avis des spécialistes, en comparaison, très peu de morts civils. L’ONU cite le chiffre de 6000.
  • https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/09/20/les-etats-unis-et-lotan-commettent-lerreur-capitale-dans-une-guerre-sous-estimer-leur-ennemi-par-francois-martin/
  • Parce qu’à la différence des russes, l’Ukraine mène avant tout une guerre médiatique, avant d’être militaire.
  • C’est l’une des raisons pour lesquelles ils préfèrent reculer, puis réduire les attaquants à coups de bombes, ce qui entraîne des revers tactiques, le plus souvent calculés. Ainsi, on médiatise à outrance les « succès » ukrainiens, mais pas, ensuite, les reconquêtes russes…
  • Alors que l’on sait que seules 40% de ces armes parviennent au front. Près de 60% sont détruites en cours de route ou détournées. L’énorme affaire mafieuse qu’est ce conflit, une autre excellente raison de cette surenchère, dont on ne parle guère. Ukraine : il y a aussi une guerre économique, par François Martin – Le Courrier des Stratèges (lecourrierdesstrateges.fr)
  • https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/10/10/la-guerre-dukraine-est-elle-en-train-de-devenir-une-guerre-mondiale-par-francois-martin/
  • Ils ont un double objet : a) comme il n’y a plus d’espace de négociation, les russes n’ont plus besoin de ménager l’Ukraine, mais doivent, au contraire, la tenir à distance, militairement, mais aussi politiquement. b) les russes préparent ainsi leur offensive d’hiver, en détruisant, dans la profondeur, toute l’infrastructure et les chaînes de logistique et de commandement ennemies. D’une logique militaro-diplomatique « à l’ancienne », nous sommes passés à une véritable logique militaire d’anéantissement « moderne ».
  • Et une « punition » sans pitié des territoires russifiés, à laquelle nos « belles âmes » et l’ONU tourneraient le dos, comme elles l’ont fait entre 2014 et 2022…
  • Que Zelensky avait demandée, en Février 2022, accélérant ainsi, certainement, le déclenchement de la guerre.
  • L’Ukraine, ce n’est pas les Sudètes, c’est Cuba – SMART READING PRESS (srp-presse.fr)
  • Après les précédentes, Vietnam, Afghanistan, Irak, qui ne les ont pas abattus.
  • L’une des raisons principales du sabotage des gazoducs.
  • La France de De Gaulle, puis l’Allemagne de Schröder et Merkel.
  • Sauf, encore une fois, à ce qu’une contre-attaque russe cet hiver ne règle l’affaire définitivement. C’est ce qui semble se préparer en ce moment au vu des rassemblements de troupes et de matériel.
  • Comme la destructions des gazoducs
  • Comme le refus des occidentaux de mettre en œuvre leur partie des accords d’Istanbul sur le blé
  • Comme les phrases récurrentes de Van Der Leyen
  • Comme les tracasseries administratives vis-à-vis des touristes russes, ou même des diplomates russes qui veulent se rendre à l’ONU !
  • Il n’est que de voir les manifestations qui ont lieu en ce moment en Allemagne, et dans la plupart des pays d’Europe centrale. Cette prise de conscience progresse, et elle parviendra rapidement chez nous.

Regardez les cadavres s’empiler en Ukraine

Source : Insolentiae.

Du côté Ukrainien, c’est 100 000 morts chez les militaires qui sont désormais des simples citoyens devenus soldats de 18 à 60 ans, enrôlés dans une guerre qui les dépasse.

Il n’y a pas de petite guerre en Europe.

Comme à chaque fois, le spectacle est le même. Les femmes pleurent sur les tombes fraîchement creusées, d’un mari, d’un amoureux, d’un fils, d’un neveu, d’un frère.

Que vous soyez ukrainien, que vous soyez russe, la peine insondable est la même.

Regardez ces monticules de terre qui abritent des morts.

 

La guerre n’est jamais souhaitable, jamais belle.

Que tous les va-t’en guerre regardent le massacre en plein cœur de l’Europe.

Aujourd’hui nous envoyons au sacrifice de jeunes russes et de jeunes ukrainiens.

Paul Valéry disait que « la guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas ».

Regardez ces tombes.

Il n’y a jamais de petite guerre en Europe et nous sommes en train de creuser les nôtres.

Charles SANNAT

« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

L’Apocalypse finalement ?

par Batiushka - Le 13/10/2022

De toute évidence, la seule chose certaine en Ukraine, c’est que l’agression occidentale est « pilotée » de manière centralisée depuis le Pentagone et Bruxelles. Les contre-attaques actuelles des forces de Kiev guidées par l’OTAN, dirigées par des mercenaires occidentaux et armées par l’Occident autour de Kharkiv, Kherson et ailleurs dans l’est de l’Ukraine contre les Alliés, les nouvelles attaques de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, les nouveaux exercices des forces spéciales dans le sud de la Moldavie, la nouvelle menace de guerre contre la Russie de la part de la Géorgie « par référendum », la nouvelle déloyauté du dirigeant kazakh à l’égard de la Russie, les nouvelles frictions à la frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizistan le 14 septembre, les attaques constantes contre la Russie et les Russes dans les États baltes et toutes les paroles et actions ultra-agressives des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne à l’égard de la Russie ne sont pas le fruit du hasard. Ils ont conduit certains à prédire une troisième guerre mondiale imminente et un holocauste nucléaire.

En Ukraine, la guerre a été intensifiée par l’Occident. Depuis mars, tout le monde a bien compris qu’il ne s’agit pas d’une guerre entre la Russie et l’Ukraine, mais d’une guerre par procuration entre la Russie et l’Occident. L’Ukraine est simplement le champ de bataille et l’excuse pour l’agression occidentale. En effet, maintenant que la plupart de l’élite de l’armée de Kiev est morte, handicapée ou capturée, ce sont les mercenaires occidentaux et les forces spéciales de l’OTAN, en uniforme ukrainien, qui se battent.

Chaque fois que l’agressivité de l’Occident s’intensifie, la Russie fait de même. La menace des États-Unis de fournir des missiles balistiques ATACMS d’une portée de 300 km ne fera qu’aggraver le conflit. La Russie, qui a fait preuve d’une remarquable retenue jusqu’à présent, a été obligée pour la première fois d’attaquer certaines infrastructures générales, des centrales électriques, des lignes ferroviaires, des routes. Bientôt, l’Ukraine centrale et occidentale, jusqu’ici essentiellement intacte et pacifique, hormis la destruction de quelques installations militaires, pourrait être prise pour cible. Peut-être que les satellites espions américains au-dessus de l’Ukraine seront également visés. Les États-Unis l’auront provoqué eux-mêmes.

Est-ce là ce que veut l’Occident ?

Le fait est que la plupart des pays du monde soutiennent la Russie, notamment la Chine. L’Occident pensait-il vraiment, lorsqu’il a forcé la Russie à libérer l’Ukraine russe du génocide le 24 février, que le gouvernement russe n’avait pas prévu tous les scénarios d’attaque occidentaux ? Ils ont eu huit ans pour se préparer et s’attendaient à tout cela. Le 14 septembre, la porte-parole du gouvernement russe, Maria Zakharova, a souligné sur Radio Sputnik que :

« Rendre les pays occidentaux totalement dépendants, les forcer à continuer d’apporter une aide aussi importante au régime de Kiev, c’est les brûler par le feu… Imaginez, on propose de faire cela à des États qui réfléchissent actuellement à la manière dont ils pourront survivre à l’hiver… parce que… les professeurs de Washington ont dit à l’Union européenne comment vivre et quoi faire. Et maintenant, les pays développés sont en même temps tombés au niveau des pays sous-développés qui ne savent pas comment se chauffer. »

La possibilité que le conflit en Ukraine puisse devenir nucléaire n’a été évoquée que par des journalistes occidentaux et dès mars 2022. En quête de sensationnalisme, les mercenaires-journalistes se devaient de le dire. Or, la Russie n’a jamais eu l’intention d’utiliser l’arme nucléaire, si l’Occident insiste…, comme l’a dit le président Poutine il y a quelques semaines (je donne une traduction libre) : « Vous n’avez encore rien vu ». (littéralement : « Nous n’avons toujours pas commencé »). Allez-y, poussez l’ours un peu plus loin, mais à vos risques et périls.

L’Occident ne comprend toujours pas que ce conflit est une guerre existentielle pour la Russie. La Crimée, le Donbass et le reste de l’Ukraine orientale font partie intégrante de la Russie. Elle ne les abandonnera jamais, tout comme les États-Unis n’abandonneraient pas la Californie, la Virginie ou la Floride. Et ils ne permettront à aucune région d’Ukraine de constituer une menace militaire, nucléaire ou biologique pour la Russie, simplement parce que des membres du régime américain installé de force à Kiev ont été payés pour accepter cela. Les États-Unis le permettraient-ils au Canada ou au Mexique ? La Russie ne va pas céder à cause de quelques mercenaires et armes de l’OTAN. Si l’Occident tente d’effacer la Russie de la surface de la Terre, la Russie fera de même à l’égard de l’Occident. Et elle a des partisans dans le monde entier. Attendez que la Chine reprenne Taïwan, comme elle s’apprête à le faire.

Même ceux qui vivent sur la planète Fantasy, également appelée planète Neocon, doivent le voir. La Russie donnera autant qu’elle recevra, et même plus, puisqu’elle en a les moyens.

La raison ou la folie l’emportera-t-elle ? J’espère la raison, mais je crains la folie. La stupidité humaine est sans limite.

source : The Saker

traduction Hervé, relu par Wayan, pour Le Saker Francophone

L’opération russe en Ukraine est-elle parfaitement légale selon la charte des Nations unies ?

Poutine s’est adressé au secrétaire des Nations unies, António Guterres pour signaler que la Charte des Nations unies donne à la Russie en tant que successeur légal du vainqueur de la Seconde Guerre mondiale le droit de son intervention. En effet l’article 106 et 107 de la Charte des Nations unies lui donnent le droit de prendre toutes les mesures y compris militaires contre l’Allemagne, la Hongrie, l’Autriche, la Roumanie, la Bulgarie, la Finlande, la Croatie, la Slovénie, la République tchèque, la Lettone, l’Estonie, la Lituanie et l’Ukraine pour des tentatives de renaissance du nazisme. Voici la démonstration.

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a été surpris d’apprendre de Poutine qu’un article de la Charte des Nations unies autorise une opération spéciale russe en Ukraine. LA RUSSIE A LE DROIT DE PUNIR LES NAZIS PARTOUT (selon la Charte des Nations unies). Le tribunal de Nuremberg a condamné à la responsabilité pénale tous ceux qui ont combattu les Nations unies et commis un génocide. Le plus grand génocide a été commis contre le peuple soviétique.

Les articles 106 et 107 de la Charte des Nations unies donnent aux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, à savoir l’URSS, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine, le droit de prendre des mesures à l’encontre des pays qui les ont combattus afin d’empêcher toute action visant à réviser les résultats de la Seconde Guerre mondiale. En particulier, le recours à la force militaire contre ces pays est autorisé. Pour cela, il suffit de NOTIFIER les trois autres pays gagnants, mais pas d’obtenir leur approbation. La Russie, étant le successeur LÉGAL de l’URSS, peut également recourir à la force contre les États qui souhaitent réviser le système Yalta-Potsdam en Europe. La Russie peut mettre fin aux tentatives de renaissance du nazisme en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie, en Autriche, en Bulgarie, en Finlande, en Croatie, en Slovénie et en République tchèque, qui, pendant la guerre, a joué le rôle de protectorat de la Bohême et de la Moravie.

Charte des Nations unies, chapitre XVII (17) : Dispositions de sécurité transitoires

Article 106 : En attendant l’entrée en vigueur des accords spéciaux visés à l’article 43* qui, de l’avis du Conseil de sécurité, lui permettent de commencer à exercer ses responsabilités en vertu de l’article 42*, les parties à la déclaration des quatre nations, signée à Moscou le 30 octobre 1943, et la France, conformément aux dispositions du paragraphe 5 de ladite déclaration, se consulteront et, selon que de besoin, avec d’autres Membres de l’Organisation des Nations unies en vue d’une action commune au nom de l’Organisation qui pourra être nécessaire dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales.

Article 107 : Rien dans la présente Charte n’invalide ou n’empêche une action, à l’égard d’un État qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, a été l’ennemi d’un signataire de la présente Charte, prise ou autorisée à la suite de cette guerre par les gouvernements responsables de telles actions.

*Article 41 : Le Conseil de sécurité peut décider quelles mesures n’impliquant pas l’emploi de la force armée doivent être employées pour donner effet à ses décisions, et il peut demander aux Membres de l’Organisation des Nations unies d’appliquer ces mesures. Celles-ci peuvent comprendre l’interruption totale ou partielle des relations économiques et des voies de communication ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques, radio et autres, ainsi que la rupture des relations diplomatiques.

Article 42 : Au cas où le Conseil de sécurité estimerait que les mesures prévues à l’article 41* seraient insuffisantes ou se sont révélées insuffisantes, il peut prendre, par des forces aériennes, maritimes ou terrestres, les actions nécessaires au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. Une telle action peut comprendre des manifestations, un blocus et d’autres opérations aériennes, maritimes ou terrestres des membres des Nations unies.

Article 43 : Tous les Membres de l’Organisation des Nations unies, afin de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales, s’engagent à mettre à la disposition du Conseil de sécurité, sur sa demande et conformément à un ou plusieurs accords spéciaux, des forces armées, une assistance et des facilités, y compris les droits de passage, nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cet accord ou ces accords régiront le nombre et les types de forces, leur degré de préparation et leur emplacement général, ainsi que la nature des installations et de l’assistance à fournir. L’accord ou les accords sont négociés dans les meilleurs délais à l’initiative du Conseil de sécurité. Ils sont conclus entre le Conseil de sécurité et les Membres ou entre le Conseil de sécurité et des groupes de Membres et sont soumis à ratification par les États signataires conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.

• Chapitre 17 : https://www.un.org/chapter-17
• Chapitre 7 : https://www.un.org/chapter-7

source : Histoire et Société

Zelensky appelle à une attaque nucléaire de l’OTAN contre la Russie - Le 07/10/2022.

par Boris Guennadevitch Karpov.

 

Zelensky appelle, dans cette vidéo, très clairement a une attaque nucléaire de la Russie par l’OTAN. Son raisonnement est on ne peut simplet : Une attaque nucléaire de la Russie empêchera Moscou d’en déclencher une !

On voit le niveau non seulement de débilité (une attaque nucléaire n’empêchera absolument pas une réponse nucleaire Russe), mais Zelensky montre ici son vrai visage de fou criminel. Je ne m’étends pas sur sa quasi-hystérie, visible, lors de son discours, mais le contenu ne laisse aucun doute : Il est complètement fou.

Suite à ce discours le ministère des Affaires étrangères de Russie a déclaré : « Le personnage fantoche et déséquilibré, Zelensky, bourré d’armes, s’est transformé en un monstre dont les mains peuvent detruire la planète ».

On note également que la Pologne a aujourd’hui annoncé être prête à déployer des armes nucleaires sur son territoire. Le président de Biélorussie, Loukachenko, a déclaré aujourd’hui « nous sommes potentiellement confrontés à une attaque avec des armes nucléaires tactiques et des mesures doivent être prises ». Par ailleurs le ministère de la Défense de Biélorussie a indiqué aujourd’hui avoir constaté le positionnement de plusieurs groupes de combat de l’OTAN à ses frontières.

Il est parfaitement clair que ces pantins polonais, ukrainiens etc, parlent avec l’aval de leurs sponsors américains et de leurs roquets européens, français en tête. Pour gagner le titre de « clown en chef », Macron a aujourd’hui d’ailleurs appellé à former un « club anti Poutine » !

 

 

 

Vladimir Poutine a, à deux reprises, reporté une « déclaration aux Peuple Russe », qui devait initialement avoir lieu avant-hier, puis hier. D’importantes décisions sont en train d’être prises, incluant très vraisemblablement des changements de responsables, qui changeront radicalement la situation sur le terrain.

Sur le terrain justement, après une contre offensive qui selon les dires de l’Ukraine elle-même a fait près de 8000 morts dans leurs rangs, les forces Russes et en particulier les groupes Wagner reprennent l’avantage et repoussent à nouveau les ukrainiens. Aucun changement majeur n’est attendu dans les jours à venir, hormi donc la déclaration de Vladimir Poutine une fois que les décisions seront prêtes à être prises.

Je reçois beaucoup de messages, beaucoup de lecteurs s’inquiètent d’une apparente « indécision » du Kremlin. Pour être bref, d’abord seul le Kremlin a tous les éléments pour juger de la stratégie et des tactiques à employer, ensuite notre Commandement a pour souci principal de sauvegarder les vies de nos soldats. Mais que personne n’ait aucun doute : Même si chez nous aussi au sein des « structures de force » certains « bouillonnent », nous sommes parfaitement confiants : Poutine sait ce qu’il fait, et fait ce qu’il faut pour que nous atteignons nos buts.

N’oublions pas que la situation a été très clairement définie par Vladimir Poutine à plusieurs reprises : Nous ne sommes pas en guerre contre l’Ukraine mais contre le monde occidental et le système qu’il prétend vouloir nous imposer. Et nous n’avons d’autre possibilité que de gagner. Et nous gagnerons.

Et pour être fidèle à moi-même (!) je me répète encore une fois : Renversez vos gouvernements, par quelque méthode que ce soit, car ils  vous entrainent dans un gouffre insondable ! Vous pouvez les arrêter et empêcher une catastrophe mondiale !

source : Rusreinfo

Point sur la situation Ukrainienne par Jacques Baud- le 27/09/2022.

Ukraine : Le but du jeu

par Patrick Reymond - Le 27/09/2022.

Dans une guerre, c’est d’écrabouiller l’ennemi. Jusque là tout le monde suit ???

Ensuite, c’est de le faire à moindre coût. En personnel et en argent. Sauf pour les USA, où l’argent dépensé doit être maximalisé.

Il faut bien payer les putes élus.

Raison pour laquelle l’emploi par la Russie de drones iraniens valant 4 sous, n’est pas idiot. Là aussi, l’opposé de l’américain pour qui une arme pas chère n’est pas une arme.

Problème occidental, on veut faire la guerre, mais si on fait semblant d’avoir des armées, on ne peut pas faire semblant d’avoir des usines. Or, les usines, notamment d’armements, ont été transformées en lofts, ateliers d’artistes et autre branlecouilleries comme aurait dit je sais pas qui…

Aujourd’hui on fait grand cas des désertions en Russie. Comme d’habitude, on ne doit faire aucune confiance aux médias occidentaux, capables de faire passer une souris pour un éléphant. Il faudrait connaitre le chiffre réel de l’insoumission.

Aux USA, le problème a été résolu, 80% de la population est trop conne ou trop grosse pour être enrôlée.

J’avais parlé de destruction contrôlée de l’économie mondiale pour le Covid. Aujourd’hui, c’est l’empire qui détruit l’Europe, pour permettre aux USA de vivre encore un peu de temps.

À Izioum, le charnier était, en fait, un cimetière. Bien sûr, on risque d’y trouver quelques cadavres.

Les élections italiennes sont arrivées trop tôt. Quelques mois plus tard, le résultat aurait été encore plus éclatant.

source : La Chute

Voici pourquoi le référendum en Ukraine est une affaire importante - Le 27/09/2022.

par M.K. Bhadrakumar.

Le référendum qui se déroule du 23 au 27 septembre dans le Donbass et les régions méridionales de Kherson et de Zaporijia en Ukraine sur leur adhésion à la Fédération de Russie est, à première vue, l’exercice de son droit à l’autodétermination tenu par la population autochtone qui a rejeté le résultat du changement de régime soutenu par l’Occident à Kiev, en 2014, et l’ascension des forces nationalistes extrêmes à tendance néonazie dans la structure du pouvoir.

Mais il a aussi d’autres dimensions. Selon toute probabilité, le référendum optera massivement pour l’adhésion à la Fédération de Russie. Dans le Donbass, la question est simple : « Êtes-vous favorable à l’entrée de la RPD dans la Fédération de Russie en tant que sujet de la Fédération de Russie ? ». Pour Kherson et les Cosaques de Zaporijia, le référendum constate trois décisions séquentielles : la sécession de ces territoires de l’Ukraine ; la formation d’un État indépendant ; et son entrée dans la Fédération de Russie en tant que sujet.

En 2014, toutes les procédures légales pour l’admission de la Crimée et de Sébastopol dans la Fédération de Russie ont été achevées en quatre jours. On peut s’attendre à un processus expéditif cette fois-ci également. Il existe un soutien massif en Russie en faveur de la réunification avec les populations russes ethniques des régions orientales et méridionales de l’Ukraine qui ont subi de graves persécutions au cours des huit dernières années, y compris des violences brutales, aux mains d’éléments nationalistes ukrainiens extrémistes qui contrôlent l’appareil d’État. Il s’agit d’une question très sensible pour le peuple russe.

Dans l’ère de l’après-guerre froide, le génie de l’autodétermination a été libéré pour la première fois de sa bouteille par l’Occident, lors du démembrement de l’ex-Yougoslavie. Bien que les États-Unis aient orchestré la sécession entre le Kosovo et la Serbie dès 1999-2008, l’entité n’a toujours pas été reconnue par les Nations unies. La Serbie rejette la sécession malgré une pression occidentale soutenue.

Cela dit, le précédent du Kosovo n’empêchera pas les puissances occidentales de condamner l’adhésion de régions d’Ukraine à la Fédération de Russie.

La vraie question aujourd’hui est celle du calcul russe. Le président Vladimir Poutine a certainement tenu compte du fait que l’adhésion des « régions russes » de l’est et du sud de l’Ukraine est une décision immensément populaire dans l’opinion intérieure. Il n’a jamais caché qu’il était extrêmement sensible aux espoirs et aux aspirations de sa nation. Les commentaires les plus révélateurs (et faisant autorité) sur ce sujet sont venus de l’ancien président Dmitri Medvedev.

Medvedev a écrit dans son canal Telegram : « Les référendums dans le Donbass sont d’une grande importance non seulement pour la protection systémique des habitants de la LNR, de la DNR (Donbass) et des autres territoires libérés, mais aussi pour le rétablissement de la justice historique ».

De l’avis de Medvedev, ces plébiscites « changent complètement le vecteur du développement de la Russie depuis des décennies ». Il ajoute : « Et pas seulement notre pays. Car après qu’ils (les référendums) auront eu lieu et que les nouveaux territoires auront été acceptés par la Russie, la transformation géopolitique du monde deviendra irréversible ».

Plus important encore, Medvedev prévient : « Un empiétement sur le territoire de la Russie est un crime, cela vous autorise donc à utiliser toutes les forces d’autodéfense ».

En outre, dit-il, une fois le processus d’annexion des nouveaux territoires achevé, « pas un seul futur dirigeant de la Russie, pas un seul fonctionnaire ne pourra revenir sur ces décisions. C’est pourquoi ces référendums sont si redoutés à Kiev et en Occident. C’est pourquoi ils doivent être menés à bien ».

Ce qui en ressort, c’est que la Russie a abandonné tout espoir d’un règlement négocié. Moscou était initialement optimiste quant à la volonté de Kiev de négocier, mais l’expérience a montré que le président Zelensky n’était pas un agent libre. Le tandem américano-britannique a sapé l’accord négocié par les responsables russes et ukrainiens à Istanbul en avril, sous la médiation de la Turquie. L’administration Biden tient le chronomètre de cette guerre par procuration. Et le calendrier de Washington est lié à l’affaiblissement et à la destruction de l’État russe, qui est l’objectif ultime des États-Unis. N’oublions pas que Joe Biden a joué un rôle déterminant dans l’installation du nouveau régime à Kiev en 2014 et dans la transformation de l’Ukraine en un État anti-russe.

Il est donc clair que le référendum de mercredi est le seul plan d’action disponible pour la Russie dans ces circonstances car Kiev maintient une position maximaliste, sous la direction des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Pologne.

L’adhésion du Donbass, de Kherson et de Zaporijia crée une nouvelle réalité politique et la mobilisation partielle de la Russie sur une voie parallèle est destinée à lui fournir une assise militaire. L’adhésion signifie un changement de paradigme dans la mesure où toute nouvelle attaque contre ces régions peut être interprétée par Moscou comme une attaque contre l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Russie.

Il est certain que les attaques gratuites de Kiev contre les civils et les infrastructures civiles du Donbass, de Kherson et de Zaporijia déclencheront une réaction russe. Toute attaque sera considérée comme une agression et Moscou se réserve le droit de répondre « de manière adéquate ». Le fait que le déploiement russe dans ces territoires sera considérablement accru et amélioré signale la volonté d’utiliser la force.

Parallèlement, les opérations militaires spéciales de la Russie se poursuivront jusqu’à ce que les objectifs fixés soient pleinement atteints. Cela signifie qu’un nombre encore plus grand de territoires pourrait passer sous le contrôle de la Russie, créant des faits toujours plus nouveaux sur le terrain, alors que la voie du dialogue s’est éteinte. Et, bien sûr, tout cela se déroulera à un moment où l’Europe sombre dans la récession, les sanctions contre la Russie ayant un effet boomerang. Il est improbable que les citoyens européens soutiennent leurs gouvernements pour entrer en guerre avec la Russie au sujet de l’Ukraine. Kiev et ses mentors à Washington et à Londres doivent prendre tout cela très au sérieux.

Le porte-parole du Pentagone, Patrick Ryder, a réagi comme suit : « Personne ne prendra au sérieux de tels référendums bidons, et les États-Unis ne reconnaîtront certainement pas leurs résultats. Comment cela affectera-t-il notre soutien et celui de la communauté internationale à l’Ukraine ? Cela ne l’affectera en rien, nous continuerons à travailler avec l’Ukraine et nos partenaires internationaux pour leur fournir l’aide nécessaire à la protection de leur territoire. »

C’est une déclaration suffisamment évasive couchée dans des mots courageux. Ni le Pentagone ni le commandement militaire russe ne se risqueront à la politique de la corde raide. Il est probable que l’adhésion des nouveaux territoires à la Fédération de Russie ne sera pas contestée militairement par les États-Unis ou l’OTAN.

Cela dit, la Russie est de toute façon en guerre contre l’OTAN, comme l’a déclaré le ministre de la défense Sergueï Choïgu, pas tant en termes de fournitures d’armes américaines, que «nous trouvons des moyens de contrer », qu’avec les systèmes occidentaux existants – systèmes de communication, systèmes de traitement de l’information, systèmes de reconnaissance et systèmes de renseignement par satellite.

Le fait est que l’adhésion des régions du Donbass, de Kherson et de Zaporijia à la Fédération de Russie est une mesure irrévocable qui ne peut être et ne sera pas annulée tant que la Fédération de Russie restera un État indépendant, comme l’a souligné M. Medvedev. Les États-Unis – ainsi que « l’Occident collectif » et l’OTAN – le savent. En clair, l’algorithme de guerre par procuration de l’OTAN est obsolète et devient une pièce de musée.

L’analogie de la CIA avec le djihad afghan des années 1980 n’est plus valable, si tant est qu’elle l’ait jamais été. En effet, la Russie a évité un « bourbier » en Ukraine et est en passe de retourner la situation contre l’OTAN.

Dans son discours national de mercredi, Poutine a déclaré : « En cas de menace contre l’intégrité territoriale de notre pays et pour défendre la Russie et notre peuple, nous utiliserons certainement tous les systèmes d’armes à notre disposition. Ce n’est pas du bluff ». Poutine a également déclaré que la Russie disposait d’une capacité de frappe nucléaire supérieure.

Pour être doublement sûr que le message est bien passé, Moscou a levé le voile aujourd’hui sur son tout dernier missile, le Sarmat. Les résultats du référendum doivent être déterminés au plus tard 5 jours après le dernier jour de vote (27 septembre), et la question de l’adhésion à la Russie est considérée comme approuvée si plus de 50% des participants au plébiscite votent en sa faveur. Il est important de noter que la Douma d’État russe doit tenir des sessions plénières à Moscou les 27 et 28 septembre.

M.K. Bhadrakumar

source : Indian Punchline

traduction Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone

illustration : Le tout dernier missile russe, le Sarmat, équipé d’ogives manœuvrantes

Les régions du Donbass, de Kherson et de Zaporijia ont voté massivement pour leur intégration à la fédération de Russie

par Christelle Néant - Le 28/09/2022.

Le 27 septembre 2022, après cinq jours de scrutin, les régions du Donbass (RPD et RPL – Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk), de Kherson et de Zaporijia, ont voté à une écrasante majorité pour leur intégration à la fédération de Russie.

Après quatre jours de scrutin « à domicile », les habitants de Donetsk, de Makeyevka et de Gorlovka ont pu voter de manière plus traditionnelle, dans des bureaux de vote, lors du dernier jour du référendum d’intégration à la fédération de Russie.

Les personnes qui travaillaient pendant les quatre jours de vote à domicile, ou qui n’ont pas pu entendre passer les unités de vote mobile, se sont rendues aujourd’hui dans les bureaux de vote proches de chez eux, malgré les bombardements qui se faisaient entendre partout.

Toutes les personnes que j’ai interrogées m’ont déclarée avoir voté pour l’intégration de la RPD au sein de la fédération de Russie, et ont infirmé les déclarations des médias ukrainiens et occidentaux sur le fait que les gens seraient obligés de voter avec un fusil mitrailleur sur la tempe. Beaucoup de gens m’ont même demandé si j’étais sérieuse lorsque je leur posais cette question, tant ces élucubrations semblent totalement délirantes aux habitants de la RPD.

Voir le reportage filmé sur place :

 

Les observateurs internationaux venus pour surveiller le scrutin n’ont vu aucune violation d’aucune sorte et estiment que le vote est légitime. Purnima Anand, observatrice de l’Inde, présidente du Forum international des BRICS, a parlé de ses impressions sur ce qu’elle a vu en RPD.

 

« Dans les médias occidentaux, on nous dit que les gens sont forcés de voter sous la menace des armes. Nous sommes ici aujourd’hui et nous pouvons voir par nous-mêmes que les gens, des familles entières avec le sourire aux lèvres, viennent exercer leur droit inaliénable de voter pour rejoindre la Russie. Les gens sont heureux, l’espoir brille dans leurs yeux d’un avenir pacifique, tant attendu, au sein de la Russie. Et nous comprenons, pour notre part, qu’après ce référendum, le monde deviendra tout nouveau, car une nouvelle histoire est en train de s’écrire dans le Donbass, » a-t-elle déclaré.

Après la fermetures des derniers bureaux de vote, le décompte des voix a commencé, et s’est terminé à presque minuit pour la RPD.

Les résultats après dépouillement de tous les bulletins sont les suivants :

  • RPD : Taux de participation 97,51%, et 99,23% ont voté pour l’intégration de la République à la fédération de Russie.
  • RPL : Taux de participation 92,6%, et 98,42% ont voté pour l’intégration de la République à la fédération de Russie.
  • Région de Kherson : Taux de participation 76,86%, et 87,05% ont voté pour l’intégration de la région à la fédération de Russie.
  • Région de Zaporijia : Taux de participation 85,4%, et 93,11% ont voté pour l’intégration de la région à la fédération de Russie.

Ces chiffres sont sans appel, et normalement demain les deux républiques populaires et les deux régions, enverront un appel officiel à la fédération de Russie lui demandant de reconnaître le résultat du référendum d’intégration. Le seul suspense est de savoir combien de temps il faudra aux différents organes législatifs russes pour entériner la décision, et rendre officielle l’intégration de la RPD, de la RPL, et des régions de Kherson et de Zaporojié au sein de la fédération de Russie.

Christelle Néant

source : Donbass Insider

Adhésion à la Russie : 93% pour le « oui » dans la région de Zaporijia, 87% dans celle de Kherson

Dans les régions de Zaporijia et de Kherson, 93,11% et 87,05% des participants au référendum sur l’adhésion à la Russie ont voté en sa faveur, ont annoncé les autorités locales.

Le rattachement de la région de Zaporijia à la Fédération de Russie a été soutenu par 93,11% des participants au référendum organisé dans la partie de la région contrôlée par l’armée russe, selon les résultats après décompte des 100% des voix.

Les autorités chargées de l’organisation du scrutin n’ont constaté aucune grave violation lors de son déroulement.

Sur les territoires contrôlés par les forces russes dans la région de Kherson, le « oui » l’a emporté avec un peu plus de 87%.

Républiques du Donbass : 98,42% pour le rattachement à la Russie en RPL, 99,23% en RPD

Dans la République populaire de Lougansk, 98,42% des électeurs ont voté pour leur rattachement à la Russie, alors que dans la République de Donetsk, ce chiffre a atteint 99,23% ont fait savoir les autorités locales.

Des participants au référendum sur le rattachement de la République populaire de Lougansk à la Russie ont voté en sa faveur : 98,42% des électeurs ont dit « oui », d’après les résultats suite au décompte de 100% des voix.

Le chef de la République populaire de Lougansk Leonid Passetchnik a déclaré que le 28 septembre il allait préparer un document à l’intention du Président russe Vladimir Poutine lui demandant d’envisager que ce territoire intègre la Russie en tant que sujet de la Fédération.

Plus tard, la République voisine de Donetsk a annoncé que 99,23% de ses électeurs avaient soutenu l’adhésion à la Russie.

source : Sputnik News

Mardi 27/09/2022 : Quelques images....

....sous la contrainte des armes russes à Kherson hier :

 

Source : Le blog d'Y. Daoudal.

 

Et encore la queue aujourd'hui devant un des bureaux de vote (toujours sous la menace) :

Fin des referendums d’annexion des quatre régions ukrainiennes avec oui

par Faouzi Oki - Le 28/09/2022

Le vote dans le cadre des référendums d’annexion par la Russie s’est terminé hier. Et les premiers résultats préliminaires ont déjà été annoncés dans les quatre régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijia, dans lesquels se passent ces Référendums. La commission électorale de Russie a indiqué que le Oui l’emportait pour l’instant en grande majorité, annonce l’agence Russe. Elle a précisé que le vote en faveur d’une annexion à la Russie a obtenu entre 97% et 98% des suffrages. Mais le dépouillement n’est pas encore terminé, seuls 20% à 27% des bulletins de vote ont été ouverts. Néanmoins, « il est déjà clair que la majorité écrasante des gens ont soutenu la sortie de l’Ukraine et l’union avec la Russie », selon le chef de l’administration d’occupation de Kherson, Vladimir Saldo.

Kiev a réagi à ces référendums d’annexion, à travers la voix du chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue française Catherine Colonna sur la possible annexion imminente de quatre régions ukrainiennes par la Russie en déclarant : « Cela ne changera rien à notre politique, à notre diplomatie et à nos actions sur le terrain militaire », a confirmé Dmytro Kouleba.

L’Union européenne (UE) a déclaré qu’elle jugeait de toute façon ces référendums d’annexion par la Russie illégaux faisant part de son souhait de sanctionner les organisateurs des votes, a affirmé Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d’un point presse quotidien à Bruxelles. En effet ; les quatre régions ukrainiennes sont en passe d’être annexées par la Russie. L’organisation des référendums d’annexion dans ces territoires s’est achevée ce mardi 27 septembre. Les taux de participation auraient dépassé le niveau de participation nécessaire à leur validation dans les régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijia, selon les agences de presse russes. Leur rattachement à la Russie pourrait être proclamé dès la fin de la semaine.

Selon les agences de presse russes, Vladimir Poutine, qui devrait prendre la parole ce vendredi, pourrait annoncer le même jour le rattachement à la Russie des régions concernées. Ces référendums mis en place par Moscou dans ces régions sont qualifiés de fictifs par les pays du G7 qui ont promis de ne pas reconnaître leurs résultats. De son côté, Washington a promis une réplique sévère par la voie de sanctions économiques supplémentaires, a-t-on rapporté de mêmes sources. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que les dates d’adhésion seraient annoncées en temps voulu.

Comme pour la Crimée en 2014, les demandes d’adhésion passeront par le parlement russe où elles devraient être approuvées à l’unanimité. La volonté d’annexion de ces quatre zones constitue pour la Russie une tentative de reprendre la main après ses défaites militaires. La tenue de ces scrutins qui font l’objet de préparatifs depuis plusieurs mois a en effet été annoncée dans l’urgence la semaine dernière et assortie d’une menace de recours à l’arme nucléaire.

Faouzi Oki0

Les référendums en Ukraine annoncent la fin de l’Opération militaire spéciale et le début d’une guerre ouverte - Le 25/09/2022

De l’Opération militaire spéciale à une déclaration de guerre de la Russie à l’Ukraine : signification des référendums dans les provinces du Donbass, de Kherson et de Zaporozhie

Par Gilbert Doctorow

Source : gilbertdoctorow.com

Traduction : lecridespeuples.fr

Le discours télévisé prononcé hier matin par Vladimir Poutine et les remarques ultérieures de son ministre de la défense, M. Shoigu, annonçant la mobilisation partielle des réserves de l’armée russe pour ajouter un total de 300 000 hommes à la campagne militaire en Ukraine, ont été largement rapportés dans la presse occidentale. Les projets d’organiser des référendums sur l’adhésion à la Fédération de Russie dans les républiques du Donbass ce week-end, ainsi que dans les oblasts de Kherson et de Zaporozhie dans un avenir très proche, ont également été rapportés par la presse occidentale. Cependant, comme c’est très souvent le cas, la relation entre ces deux événements n’a pas été vue ou, si elle a été vue, elle n’a pas été partagée avec le grand public. Étant donné que cette corrélation a précisément été mise en évidence ces deux derniers jours dans les talk-shows de la télévision d’État russe, je profite de l’occasion pour présenter à mes lecteurs les faits essentiels concernant la tournure que prendra le conflit actuel en Ukraine, ainsi qu’une vision actualisée du moment où il se terminera et des résultats obtenus.

L’idée même de référendums dans le Donbass a été ridiculisée par les grands médias aux États-Unis et en Europe. Ils sont dénoncés comme des « simulacres » et on nous dit que les résultats ne seront pas reconnus. En fait, le Kremlin ne se soucie pas du tout de savoir si les résultats sont reconnus comme valides en Occident. Leur logique est ailleurs. Quant à l’opinion publique russe, la seule remarque critique concernant les référendums porte sur le moment choisi, certains patriotes affirmant même ouvertement qu’il est trop tôt pour organiser le vote, étant donné que la République populaire de Donetsk et les oblasts de Zaporozhie et de Kherson n’ont pas encore été entièrement « libérés ». Là encore, la logique de ces votes est ailleurs.

 

 

 

Il est acquis que les républiques du Donbass et les autres territoires de l’Ukraine aujourd’hui sous occupation russe voteront pour rejoindre la Fédération de Russie. Dans le cas de Donetsk et de Lougansk, ce n’est que sous la pression de Moscou que leurs référendums de 2014 avaient visé à déclarer leur souveraineté et non à faire partie de la Russie. Une telle annexion ou fusion n’avait pas été bien accueillie par le Kremlin à l’époque, car la Russie n’était pas prête à faire face à l’attaque économique, politique et militaire massive attendue de l’Occident qui aurait suivi. Aujourd’hui, Moscou est plus que prête : elle a en effet très bien survécu à toutes les sanctions économiques imposées par l’Occident avant même le 24 février, ainsi qu’à l’approvisionnement sans cesse croissant de l’Ukraine en matériel militaire et en « conseillers » des pays de l’OTAN.

Le vote sur l’adhésion à la Russie atteindra probablement 90 % ou plus. Ce qui suivra immédiatement du côté russe est également parfaitement clair : dans les heures qui suivront la proclamation des résultats du référendum, la Douma d’État russe adoptera un projet de loi sur la « réunification » de ces territoires avec la Russie et, en l’espace d’un jour environ, il sera approuvé par la chambre haute du Parlement et, immédiatement après, il sera promulgué par le Président Poutine.

Au-delà de son service en tant qu’agent de renseignement du KGB, qui est tout ce dont les « spécialistes de la Russie » occidentaux parlent sans cesse dans leurs articles et leurs livres, rappelons également que Vladimir Poutine est diplômé en droit. En tant que Président, il a systématiquement respecté le droit national et international. Il continuera à le faire maintenant. Contrairement à son prédécesseur, Boris Eltsine, Vladimir Poutine n’a pas gouverné par décret présidentiel ; il a gouverné par des lois promulguées par un parlement bicaméral constitué de plusieurs partis. Il a gouverné dans le respect du droit international promulgué par les Nations unies. Le droit de l’ONU parle du caractère sacré de l’intégrité territoriale des États membres ; mais le droit de l’ONU parle aussi du caractère sacré de l’autodétermination des peuples.

 

 

 

Que résultera-t-il de la fusion formelle de ces territoires avec la Russie ? C’est également parfaitement clair. En tant que parties intégrantes de la Russie, toute attaque contre eux, et il y aura certainement de telles attaques venant des forces armées ukrainiennes, sera un casus belli. Mais même avant cela, les référendums ont été précédés par l’annonce de la mobilisation, qui indique directement ce que la Russie fera par la suite si l’évolution du champ de bataille l’exige. Les phases progressives de la mobilisation seront justifiées auprès du public russe comme étant nécessaires pour défendre les frontières de la Fédération de Russie contre une attaque de l’OTAN.

La fusion des territoires ukrainiens occupés par la Russie avec la Fédération de Russie marquera la fin de l’Opération militaire spéciale (OMS). Une Opération militaire spéciale n’est pas quelque chose que l’on mène sur son propre territoire, comme l’ont fait remarquer les intervenants de l’émission télévisée Une soirée avec Vladimir Solovyov il y a quelques jours. Elle marque le début d’une guerre ouverte contre l’Ukraine avec pour objectif la capitulation inconditionnelle de l’ennemi. Cela impliquera probablement la neutralisation des dirigeants civils et militaires et, très probablement, le démembrement de l’Ukraine. Après tout, le Kremlin a prévenu il y a plus d’un an que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, imposée par les États-Unis, entraînerait la perte de son statut d’État. Toutefois, ces objectifs particuliers n’ont pas été déclarés jusqu’à présent ; l’Opération militaire spéciale portait sur la défense du Donbass contre le génocide et sur la dé-nazification de l’Ukraine, elle-même un concept plutôt vague.

Voir ‘Nous ne mobilisons que 1% de nos forces’ : Interview complète de Sergueï Choïgou, ministre de la défense russe

L’ajout de 300 000 hommes en armes supplémentaires à la force déployée par la Russie en Ukraine représente un quasi-doublement et permettra certainement de remédier à la pénurie d’infanterie qui a limité la capacité de la Russie à « conquérir » l’Ukraine. C’est précisément le manque de bottes sur le terrain qui explique le retrait douloureux et embarrassant de la Russie de la région de Kharkov au cours des deux dernières semaines. Elle n’a pas pu résister à la concentration massive de forces ukrainiennes contre sa propre emprise, à peine gardée, sur la région. La valeur stratégique de la victoire ukrainienne est discutable, mais elle a grandement amélioré leur moral, ce qui est un facteur majeur dans l’issue de toute guerre. Le Kremlin ne pouvait l’ignorer.

Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à Samarcande la semaine dernière à l’issue de la réunion annuelle des chefs d’État de l’Organisation de coopération de Shanghai, on a demandé à Vladimir Poutine pourquoi il avait fait preuve de tant de retenue face à la contre-offensive ukrainienne. Il a répondu que les attaques russes contre les centrales électriques ukrainiennes, qui ont suivi la perte du territoire de Kharkov, n’étaient que des « coups de semonce » et que des actions beaucoup plus « percutantes » étaient à venir. En conséquence, alors que la Russie passe de l’Opération militaire spéciale à la guerre ouverte, nous pouvons nous attendre à une destruction massive des infrastructures civiles et militaires ukrainiennes afin de bloquer totalement tout mouvement d’armes fournies par l’Occident depuis les points de livraison de la région de Lvov et d’autres frontières jusqu’aux lignes de front. Nous pouvons éventuellement nous attendre à des bombardements et à la destruction des centres de décision de l’Ukraine à Kiev.

 

 

 

Quant à une nouvelle intervention occidentale, les médias occidentaux ont repris la menace nucléaire à peine voilée du Président Poutine à l’égard des co-belligérants potentiels. La Russie a explicitement déclaré que toute agression contre sa propre sécurité et son intégrité territoriale, telle que celle évoquée par les généraux à la retraite aux États-Unis s’exprimant à la télévision nationale ces dernières semaines au sujet de l’éclatement de la Russie, sera suivie d’une réponse nucléaire. Lorsque la menace nucléaire de la Russie est dirigée vers Washington, comme c’est maintenant le cas, plutôt que vers Kiev ou Bruxelles, comme on le supposait jusqu’à présent, il est peu probable que les décideurs politiques du Capitole restent longtemps cavaliers face aux capacités militaires russes et poursuivent l’escalade.

À la lumière de tous ces développements, je suis contraint de revoir mon appréciation de ce qui s’est passé à la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai. Les médias occidentaux ont concentré toute leur attention sur une seule question : les frictions supposées entre la Russie et ses principaux amis mondiaux, l’Inde et la Chine, au sujet de sa guerre en Ukraine. Cela me paraissait très exagéré. Aujourd’hui, cela semble être une absurdité totale. Il est inconcevable que Poutine n’ait pas discuté avec Xi et Modi de ce qu’il s’apprête à faire en Ukraine. Si la Russie fournit désormais à son effort de guerre une part bien plus importante de son potentiel militaire, il est tout à fait raisonnable de s’attendre à ce que la guerre se termine par une victoire russe d’ici le 31 décembre de cette année, comme le Kremlin semble s’y être engagé auprès de ses fidèles partisans.

 

 

 

Au-delà de la perte éventuelle du statut d’État de l’Ukraine, une victoire russe signifiera plus qu’un nez sanglant comme en Afghanistan pour Washington. Elle révélera la faible valeur du parapluie militaire américain pour les États membres de l’UE et conduira nécessairement à une réévaluation de l’architecture de sécurité de l’Europe, ce que les Russes réclamaient avant le lancement de leur incursion en Ukraine en février.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

 

Ne nous racontez pas d’histoire, c’est la guerre et elle n’a rien à voir avec la démocratie

Source : RzO International - Le 20/09/2022.
Zelensky est photographié en train de porter un coupe-vent avec un insigne nazi, durant une cérémonie officielle à Izyum, après la reprise de cette ville par les forces ukrainiennes ; plusieurs de ses gardes du corps le portaient aussi. Voici un article publié par le parti communiste du Canada qui fait la démonstration de ce que ne craignent pas d’arborer ceux dont nous faisons les héros de la démocratie et au nom desquels nos gouvernants sont prêts sur ordre des États-Unis à nous envoyer en guerre pour simplement prétendre être les maitres de la planète : USA über alles !!! (des preuves non niables)Danielle Bleitrach
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La plupart des grands médias occidentaux ont considérablement minimisé la présence de forces néonazies dans les rangs de l’armée ukrainienne, tout cela pour la rendre plus « honorable » aux yeux de larges sections de l’opinion publique internationale et pour plus facilement faire aussi passer les dizaines de milliards de dollars d’aide militaire envoyés à Kiev et qui se poursuivent toujours. Même devant l’évidence, ils préféraient fermer les yeux. Sauf que cette fois-ci, vouloir encore fermer les yeux relèverait de l’indécence crasse.

Ci-joint des photos récemment prises et montrant le président Zelensky portant lui-même un coupe-vent qui arborait, sur sa manche à droite, un signe nazi très distinctif, soit la tête de mort que portait tous les membres des SS, durant la Seconde Guerre mondiale, notamment ceux qui assuraient la garde des camps de la mort. Et cette fois, aucune erreur ne serait possible, puisque ces photos viendraient en fait du compte Instagram du président Zelensky lui-même. Toujours sur ces photos, plusieurs de ces gardes du corps portaient aussi le même insigne. Plus de détails ci-joint.

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Toutes ces photos, que nous reproduisons à notre tour plus bas, de manière à ce qu’il ne puisse y avoir de confusion possible – nous reproduisons aussi, à cette fin, une capture d’écran du compte Instagram du président, tel qu’il était encore accessible encore le lendemain de la prise des photos, soit le 15 septembre -, furent prises et mises ensuite en ligne le 14 septembre, alors que Zelensky participait à une série de cérémonies censées marquées la reprise récente, par l’armée ukrainienne, de la ville d’Izioum, située à l’Ouest de la République populaire de Lougansk, et qu’il « serrait » également la main de quelques personnes, tout cela pour faire aussi une série de séances photos qui pourraient ensuite être largement diffusées.

Personne ne pourra donc en même temps dire que ces photos seraient en fait le résultat d’une propagande issue des services secrets russes, ou quelque chose du même genre.

Ces photos firent effectivement le tour du monde dans les heures qui suivirent, mais presque personne ne se sera en même temps soucié vraiment, semble-t-il, de ce fameux insigne, bien qu’on pouvait assez clairement le voir sur de nombreuses photos. À croire qu’il y en a qui devraient faire ajuster leurs lunettes ou les changer carrément, parce qu’autrement, il faudra conclure qu’ils seraient carrément de mauvaise foi dans leur propre jugement.

Il serait certainement intéressant de savoir les raisons qui poussèrent finalement autant Radio-Canada que le réseau TVA à reproduire le soir même ces images, sans en même temps jamais faire, bien évidemment, référence à la présence de ces insignes, et tout en s’arrangeant aussi pour que ceux-ci ne soient en même temps jamais mis en évidence aussi.

Nous, pour notre part, pensions important de ne rien cacher. Voici donc ces fameuses photos. On se rappellera en même temps, toujours en lien avec la tenue de ces mêmes cérémonies, qui se voulaient protocolaires – Zelensky passa notamment un certain à remettre des médailles à un certain nombre de soldats -, que les forces russes avaient de leur propre chef évacué toute la région autour d’Izioum, bien avant que l’armée ukrainienne n’y fasse finalement son entrée à nouveau. Enfin …

À noter : un peu plus de 48 heures plus tard, après leur mise en ligne, soit plus tôt ce matin, le 17 septembre, les photos incriminantes étaient finalement retirées du compte Instagram du président Zelensky. Ni vues, ni connues ; heureusement, en même temps que certains médias, incluant nous-mêmes, auront, pendant ce temps, au moins noté leur mise en ligne initiale, ainsi que sauvegardé le tout.

***

Sur la première de ces photos, l’insigne SS est peut-être un peu plus difficile à discerner, parce que nous avons en même temps dû agrandir cette photo…

… mais sur la photo subséquente, l’insigne SS est à nouveau assez clairement visible sur le bras droit de Zelensky, pendant qu’il parlait à cette femme :

Sur la prochaine photo, regardez le soldat, se tenant en arrière de Zelensky, sur sa droite ; lui aussi a la même tête de mort ; l’insigne est, cette fois, sur le devant de son uniforme, au niveau de sa poitrine :

Sur cette dernière photo, le même insigne apparaît cette fois dans le dos de cet autre soldat, derrière Zelensky toujours; en fait, cet insigne ferait alors partie de la veste pare-balle du soldat.

Tel que promis, voici également reproduit ci-bas une capture d’écran du fameux « posting mis en ligne le 14 septembre sur le compte Instagram du président Zelensky et où plusieurs des photos plus haut étaient pour la première fois reproduites ; les autres font partie d’un autre » posting, mis en ligne tout de suite après :

Cet insigne SS que portait Zelensky, ce jour-là, de même que plusieurs de ses propres gardes du corps, est une tête de mort et tous les soldats SS, chargés de garder les différents camps de la mort, durant la Seconde Guerre mondiale, le portait fièrement sur leur casquette militaire. On appelle cet insigne le « Totenkopf ».

Toujours durant la Seconde Guerre mondiale, les SS avaient également une division de panzers, surnommée les « Totenkopf » et les membres de cette division portaient tout autant cette tête de mort sur leur uniforme.

source : Histoire et Société

"Les Américains nous veulent obéissants et faibles politiquement"

....par Eric Denécé - Le 12/09/2022.

Source : France soir.

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Eric Denecé

Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, sur notre plateau vendredi 9 septembre.

 

 

Pour cet "Entretien essentiel", nous recevons à nouveau Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, dans le cadre d’un point sur le conflit en Ukraine. Dissensions entre pays d’Europe de l’Est appartenant à l’ex-URSS, absence de traçabilité des fonds occidentaux versés aux Ukrainiens, corruption et trafics de l’armement offert à l’Ukraine dans le monde, Eric Denecé revient également sur les ambitions américaines dans une Europe réotanisée. Déplorant l’absence de connaissances en histoire qui empêche les populations de prendre un recul analytique par rapport au « discours officiel des médias » dans cette « guerre de l'information », le spécialiste du renseignement décortique également l’influence des fact-checkeurs dans le traitement de l’information.

 

 

Quand France 2 essaye de faire une réédition de Aliocha et se retrouve avec celle des jeunesses hitlériennes

par Christelle Néant - Le 04/09/2022.

Après un reportage où le journaliste a confondu une cheminée métallique avec un missile russe, France 2 se vautre de nouveau, avec une vidéo qui cherche à montrer des enfants ukrainiens patriotes, mais qui montre en réalité une réédition sauce Kiev des jeunesses hitlériennes.

En mars 2022, un petit garçon russe patriote de huit ans se fait remarquer dans la région de Belgorod : Aliocha (Alexeï). Chaque jour le garçon attend les convois militaires russes et les salue pour les soutenir.

 

Cette histoire a fait le tour de la Russie, et Aliocha est devenu une star, qui a même désormais un chocolat qui porte son nom.

 

Est-ce pour concurrencer cette histoire et montrer qu’en Ukraine aussi les enfants soutiennent les soldats que France 2 a décidé de filmer ce reportage à Kharkov ? Quoi qu’il en soit, le résultat non seulement ne fut pas à la hauteur de l’original, mais il fut même désastreux.

 

Il faut croire que chez France 2 le montage des vidéos est confié à un stagiaire. En effet à 5 secondes dans la vidéo publiée par Maryse Burgot, on voit clairement en arrière plan deux fillettes faire un salut nazi au passage d’un convoi ukrainien.

France 2 a beau se défendre en prétendant que ce n’est pas vrai, que les fillettes ne font que saluer le convoi, et que d’ailleurs ils ont les rushs pour le prouver, le fait est que les deux filles ne bougent pas du tout le bras comme on le fait quand on salue, et que les rushs n’ont pas été publiés par France 2. Quand on a des preuves il ne suffit pas d’affirmer qu’on les a, il faut les montrer.

 

Quand on regarde la vidéo de Aliocha on le voit secouer le bras pour saluer les soldats russes, or sur la vidéo de France 2 on ne voit aucun mouvement, c’est bien un salut nazi que font les fillettes. De plus, sur la vidéo on voit que le petit Maxime que France 2 essaye de faire passer pour l’équivalent ukrainien d’Aliocha porte des chevrons, dont un, le rouge et noir avec l’inscription « Kharkiv », est le même que celui porté par un membre du bataillon Kraken (il n’y a que les couleurs qui changent) interviewé par la chaîne ukrainienne 24 Kanal.

Or ce bataillon a été fondé par des anciens du régiment néo-nazi… Azov ! Oups.

À 1 min 13, on voit que Maxime porte en bas un chevron rouge et noir avec un personnage ressemblant à un cosaque. Or, ces couleurs sont typiques du bataillon néo-nazi Secteur Droit et certaines de ses unités portent sur leur blason un personnage cosaque.

Et si on rajoute à ça qu’à 1 min 28 on voit clairement le drapeau rouge et noir de ce même bataillon néo-nazi Secteur Droit (drapeau emprunté à l’OUN, organisation ukrainienne qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale) sur le « point de passage » où sont installés les enfants, il est clair que ces enfants ont été endoctrinés par des groupuscules néo-nazis (voire ont des parents qui le sont).

Je rappelle qu’en Ukraine, des groupes néo-nazis comme Azov peuvent organiser des camps d’été et autres activités d’endoctrinement pour les enfants, le tout soutenu financièrement par le ministère ukrainien de la Jeunesse et des sports !

En clair, France 2 en tentant de faire une réédition à l’ukrainienne du jeune patriote russe Aliocha nous en a offert une des jeunesses hitlériennes sauce Kiev, avec salut nazi, chevron d’une unité qualifiée à minima d’ultra-nationaliste, et drapeau d’une unité néo-nazie. Et il ne suffira pas de dire que ce n’est pas vrai pour masquer la réalité…

Et pour ce qui est des enfances brisées par la guerre j’attends les journalistes de France 2 ici dans le Donbass, pour interroger les enfants qui vivent la guerre et les bombardements de l’armée ukrainienne depuis huit ans (et pas six mois), voire qui pour certains n’ont connu que ça. Ils pourront aussi se rendre dans l’allée des anges à Donetsk et à Lougansk, lire les noms des enfants tués par l’armée ukrainienne depuis 2014.

Christelle Néant

source : Donbass Insider

Le rêve inachevé d’Alexandre Zakhartchenko

par Christelle Néant - Le 01/09/2022.

Le 31 août 2018, le Chef de la République populaire de Donetsk (RPD), Alexandre Zakhartchenko, était assassiné lors d’un attentat terroriste mené par les autorités ukrainiennes. Il rêvait d’un Donbass libéré rejoignant la fédération de Russie. Malgré son assassinat, le rêve inachevé d’Alexandre Zakhartchenko est en train de se réaliser. Malheureusement il ne sera pas là pour le voir.

L’assassinat de Daria Douguine mené par Kiev n’est que le dernier en date de la longue liste d’attentats terroristes organisés par l’Ukraine contre ceux qui la gêne. Avant elle il y a eu les commandants Motorola et Guivi, et surtout le chef de la RPD, Alexandre Zakhartchenko.

Aujourd’hui 31 août 2022, la République a commémoré la mémoire du premier chef de la RPD, lors de deux cérémonies dans l’allée des héros, et à l’endroit où il a été assassiné, sur le boulevard Pouchkine de Donetsk.

Cette année ces commémorations laissent un goût encore plus amer que les années précédentes, car en plus de pleurer la mort de celui que tout le monde surnommait « Batia » (papa), beaucoup se souviennent que le rêve d’Alexandre Zakhartchenko était de voir non seulement le Donbass être totalement libéré, et de le voir intégrer la fédération de Russie, mais aussi de sauver d’autres régions d’Ukraine. Et alors que ce rêve est en train d’être réalisé, Alexandre Zakhartchenko n’est plus là pour le voir.

Tous ceux qui connaissaient Alexandre Zakhartchenko souffrent de voir qu’il n’aura pas vécu assez longtemps pour voir son rêve d’un Donbass russe et libre devenir réalité. Lorsque je visite des zones libérées, comme Marioupol, il m’arrive de penser « Sacha, si seulement tu pouvais voir tout ça, voir ton rêve, tout ce pour quoi tu t’es battu se réaliser. Si seulement tu pouvais déambuler dans ces rues pour dire aux habitants à quel point nous ne les avons pas oubliés durant ces huit longues années… ».

Alexandre Zakhartchenko avait même appelé à la création d’un nouvel état en juillet 2017 pour remplacer l’Ukraine : la Malorussie. Un état fédéral, dont le nom vient directement de l’Histoire commune de l’Ukraine et de la Russie et dont pourraient faire partie les régions ukrainiennes qui le souhaitent. À l’époque personne n’avait pris cette idée au sérieux, et pourtant, c’est bien la reconstitution – d’une partie en tout cas – de la Malorussie historique qui se dessine actuellement à chaque avancée des forces alliées dans le Donbass et dans les autres régions d’Ukraine.

Avec le recul, je me rends compte à quel point Alexandre Zakhartchenko avait bien anticipé les choses. Si son projet de Malorussie avait été accepté, la situation de guerre totale et d’effondrement dans laquelle se trouve maintenant l’Ukraine aurait pu être évitée. Pour avoir refusé cette sortie par le haut, Kiev perd de plus en plus de territoires qui souhaitent désormais réintégrer la Russie.

D’où les bombardements de terreur et les attentats terroristes menés par les autorités ukrainiennes pour essayer d’effrayer la population et la pousser à ne pas aller voter lors du prochain référendum. Sauf qu’on n’appâte pas les mouches avec du vinaigre, et que chaque acte terroriste de Kiev ne fait qu’augmenter la proportion d’habitants, de ce qui fut la Malorussie, qui veulent retourner au sein de la mère Patrie : la Russie.

Au final le rêve d’Alexandre Zakhartchenko ne restera pas inachevé. Sa réalisation se fait dans les larmes et le sang versés à chaque bataille, lors de chaque combat ou bombardement, mais il prend forme, petit à petit. Et qui sait, un jour peut-être, la Malorussie au complet retournera au sein de la Russie, qu’elle a quittée il y a 105 ans, à cause des aléas de l’Histoire

Christelle Néant

source : Donbass Insider

Le rapport d'Amnesty International

Le 04/08/2022.

 

Ukraine. Les tactiques de combats ukrainiennes mettent en danger la population civile

 

  • Des bases militaires sont installées dans des zones résidentielles, notamment dans des écoles et des hôpitaux
  • Des attaques sont lancées depuis des secteurs habités par des civil·e·s
  • Ces violations ne justifient cependant pas les attaques menées sans discrimination par les forces russes, qui ont fait de nombreux morts et blessés parmi la population civile

Les forces ukrainiennes mettent en danger la population civile en établissant des bases et en utilisant des systèmes d’armement dans des zones résidentielles habitées, notamment des écoles et des hôpitaux, lors des opérations visant à repousser l’invasion russe qui a débuté en février, a déclaré Amnesty International le 4 août.

Ces tactiques de combat violent le droit international humanitaire et mettent gravement en danger la population civile, car elles transforment des biens de caractère civil en cibles militaires. Les frappes russes qui en ont résulté dans des zones habitées ont tué des civil·e·s et détruit des infrastructures civiles.

« Nous avons réuni des informations sur de nombreux cas où les forces ukrainiennes ont mis en danger des civil·e·s et violé les lois de la guerre en opérant dans des zones habitées, a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

« Le fait de se trouver dans une position défensive n’exempte pas l’armée ukrainienne de l’obligation de respecter le droit international humanitaire. »

Toutes les attaques russes sur lesquelles Amnesty International a rassemblé des informations n’ont cependant pas été menées dans des circonstances semblables. En effet, Amnesty International a dans d’autres cas conclu que la Russie avait commis des crimes de guerre, notamment dans certains secteurs de la ville de Kharkiv, sans avoir trouvé d’éléments prouvant que les forces ukrainiennes s’étaient installées dans les zones civiles visées de façon illégale par l’armée russe.

Entre avril et juillet, une équipe de recherche d’Amnesty International a pendant plusieurs semaines enquêté sur les frappes russes dans les régions de Kharkiv, du Donbas et de Mykolaïv. L’organisation a inspecté les sites de frappes, interrogé des victimes, des témoins et des proches de victimes des attaques, et recouru à la télédétection et analysé des armes.

Lors de toutes ces investigations, les chercheurs ont trouvé des éléments prouvant que les forces ukrainiennes ont lancé des attaques depuis des zones résidentielles peuplées et qu’elles se sont aussi basées dans des bâtiments civils dans 19 villes et villages de ces régions. Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises d’Amnesty International a analysé des images satellites afin de vérifier les informations recueillies sur le terrain.

La plupart des zones résidentielles où les soldats s’étaient installés se trouvaient à des kilomètres de la ligne de front. Ils auraient pourtant eu la possibilité de s’installer dans d’autres lieux qui n’auraient pas mis en danger la population civile, comme des bases militaires ou des zones densément boisées des environs, ou d’autres structures encore situées loin des zones résidentielles. Dans les cas sur lesquels Amnesty International a réuni des informations, à la connaissance de l’organisation, quand l’armée ukrainienne s’est installée dans des structures civiles dans des zones résidentielles, elle n’a ni demandé aux civil·e·s d’évacuer les bâtiments environnants, ni aidé les civil·e·s à les évacuer, s’abstenant ainsi de prendre toutes les précautions possibles pour protéger la population civile.

Attaques lancées depuis des zones civiles habitées

Des victimes et des témoins des frappes russes dans les régions du Donbas, de Kharkiv et de Mykolaïv ont dit aux chercheurs d’Amnesty International que l’armée ukrainienne menait des opérations près de leurs habitations au moment des attaques, ce qui exposait ces quartiers à des frappes de représailles des forces russes. Les chercheurs d’Amnesty International ont été témoins de ce comportement dans de nombreux endroits.

Le droit international humanitaire prévoit que toutes les parties à un conflit doivent éviter de positionner, dans toute la mesure du possible, des objectifs militaires dans des zones densément habitées ou près de ces zones. D’autres obligations existent visant à protéger les civil·e·s des conséquences des attaques, comme l’obligation d’éloigner les civil·e·s du voisinage d’objectifs militaires et l’obligation d’alerter efficacement sur des attaques qui risquent de nuire à la population civile.

La mère d’un homme de 50 ans tué le 10 juin lors d’une attaque à la roquette dans un village au sud de Mykolaïv a dit à Amnesty International : « Les militaires s’étaient installés dans une maison à côté de la nôtre et mon fils allait souvent voir les soldats pour leur prendre de la nourriture. Je l’ai supplié plusieurs fois de rester à distance de cet endroit, parce que j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose. Cet après-midi-là, au moment de la frappe, mon fils se trouvait dans la cour de notre maison et moi j’étais à l’intérieur de la maison. Il a été tué sur le coup. Son corps a été déchiqueté. Notre maison a été en partie détruite. » Les chercheurs d’Amnesty International ont trouvé de l’équipement et des uniformes militaires dans la maison d’à côté.

Mykola, qui habite dans une tour dans les environs de Lyssytchansk (Donbas) ayant subi plusieurs frappes russes qui ont tué au moins un vieil homme, a dit à Amnesty International : « Je ne comprends pas pourquoi notre armée tire depuis les villes et non depuis la campagne. » Un autre habitant, un homme de 50 ans, a dit : « Il y a vraiment une activité militaire dans le quartier. Quand il y a des tirs depuis ce secteur, on entend ensuite des tirs qui cette fois visent ce secteur. Les chercheurs d’Amnesty International ont vu des soldats utiliser un immeuble d’habitation situé à une vingtaine de mètres de l’entrée d’un abri souterrain utilisé par les habitants, où le vieil homme a été tué.

Dans une ville du Donbas, le 6 mai, les forces russes ont utilisé des armes à sous-munitions, largement interdites et qui frappent sans discernement, contre une localité constituée principalement de maisons d’un ou deux étages, depuis laquelle les forces ukrainiennes procédaient à des tirs d’artillerie. Des éclats d’obus ont endommagé les murs de la maison où vivent Anna, qui a 70 ans, son fils et sa mère de 95 ans.

Anna a expliqué : « Les éclats d’obus ont volé à travers les portes. J’étais dans la maison. L’artillerie ukrainienne se trouvait près de mon champ […] Il y avait des soldats derrière le champ, derrière la maison […] Je les ai vus entrer et sortir […] depuis le début de la guerre […] Ma mère est […] paralysée je ne pouvais donc pas m’enfuir. »

Début juillet, un paysan a été blessé quand les forces russes ont visé un hangar agricole, dans le secteur de Mykolaïv. Quelques heures après cette frappe, les chercheurs d’Amnesty International ont été témoins de la présence de personnel et de véhicules militaires ukrainiens dans les environs du hangar agricole, et d’autres témoins ont confirmé que les militaires avaient utilisé la grange située de l’autre côté de la route par rapport à une ferme où des civil·e·s habitaient et travaillaient.

Alors que les chercheurs d’Amnesty International examinaient les dégâts subis par des immeubles d’habitation et des bâtiments publics voisins, à Kharkiv et dans des villages du Donbas et de l’est de Mykolaïv, ils ont entendu des coups de feu venant de positions militaires ukrainiennes à proximité.

À Bakhmout, plusieurs habitants ont dit à Amnesty International que l’armée ukrainienne avait utilisé un bâtiment situé à 20 mètres à peine d’une tour d’habitation, de l’autre côté de la rue. Le 18 mai, un missile russe a touché la façade de cet immeuble, détruisant partiellement cinq appartements et causant des dégâts à des bâtiments voisins. Kateryna, une habitante qui a vécu cette attaque, a dit : « Je n’ai pas compris ce qui se passait. [Il a eu] des vitres brisées et beaucoup de poussière chez moi […] J’étais restée là parce que ma mère ne voulait pas partir. Elle a des problèmes de santé. »

Trois habitants ont dit à Amnesty International qu’avant cette frappe, les forces ukrainiennes avaient utilisé un bâtiment situé de l’autre côté de la rue par rapport à l’immeuble touché, et que deux camions militaires étaient garés en face d’une autre maison qui a subi des dégâts quand le missile a frappé. Les chercheurs d’Amnesty International ont trouvé des signes d’une présence militaire à l’intérieur et à l’extérieur de ce bâtiment, notamment des sacs de sable et des bâches de plastique noir recouvrant les vitres, ainsi que des équipements de premiers secours neufs fabriqués aux États-Unis.

« Nous n’avons pas notre mot à dire par rapport à ce que fait l’armée, mais c’est nous qui en payons le prix », a dit à Amnesty International un habitant dont la maison a également subi des dégâts à cause de cette frappe.

Des bases militaires dans des hôpitaux

Les chercheurs d’Amnesty International ont été témoins de l’utilisation d’hôpitaux comme bases militaires de facto par les forces ukrainiennes dans cinq localités. Dans deux villes, des dizaines de soldats se reposaient, s’affairaient et prenaient leurs repas dans des hôpitaux. Dans une autre ville, des soldats procédaient à des tirs depuis des positions situées près d’un hôpital.

Le 28 avril, une frappe aérienne russe a blessé deux employés d’un laboratoire médical dans la banlieue de Kharkiv après que les forces ukrainiennes eurent installé une base dans ce complexe.

L’utilisation d’hôpitaux à des fins militaires constitue une violation évidente du droit international humanitaire.

Des bases militaires dans des écoles

L’armée ukrainienne installe régulièrement des bases dans des écoles dans les villes et villages du Donbas et de la région de Mykolaïv. Des écoles ont été temporairement fermées pour les élèves depuis le début du conflit, mais dans la plupart des cas, ces bâtiments se trouvaient à proximité de zones habitées par des civil·e·s.

Dans 22 des 29 écoles qu’ils ont visitées, les chercheurs d’Amnesty International ont constaté que des soldats utilisaient ces bâtiments ou y ont trouvé des éléments prouvant une activité militaire passée ou présente – notamment des treillis militaires, des munitions abandonnées, des sachets de rations militaires et des véhicules militaires.

Les forces russes ont frappé un grand nombre des écoles utilisées par les forces ukrainiennes. Dans au moins trois villes, à la suite de bombardements russes sur des écoles, les soldats ukrainiens se sont installés dans d’autres écoles des environs, exposant ainsi les quartiers environnants au risque de subir de semblables attaques.

Dans une ville à l’est d’Odessa, Amnesty International a constaté que les soldats ukrainiens avaient très largement pour habitude d’utiliser des espaces civils pour leur hébergement et pour d’autres usages : ils ont ainsi placé des véhicules blindés sous des arbres dans des quartiers uniquement résidentiels, et utilisé deux écoles situées dans des secteurs résidentiels densément peuplés. Les frappes russes près de ces écoles ont tué et blessé plusieurs civil·e·s entre avril et fin juin, notamment un enfant et une femme âgée qui ont été tués chez eux par une attaque à la roquette le 28 juin.

À Bakhmout, les forces ukrainiennes utilisaient comme base militaire le bâtiment d’une université quand une frappe russe l’a atteint le 21 mai ; sept soldats auraient été tués. L’université se trouve à côté d’une tour d’habitation qui a subi des dégâts lors de cette frappe, de même que d’autres immeubles d’habitation civils situés à une cinquantaine de mètres de là. Les chercheurs d’Amnesty International ont trouvé les restes d’un véhicule militaire dans la cour du bâtiment universitaire bombardé.

Le droit international humanitaire n’interdit pas spécifiquement aux parties à un conflit de se baser dans des écoles en dehors des périodes scolaires. Cependant, les militaires ont l’obligation d’éviter d’utiliser les écoles situées à proximité de maisons ou d’immeubles d’habitation remplis de civil·e·s, car cela mettrait leur vie en danger, sauf en cas de nécessité militaire absolue. Le cas échéant, les militaires doivent alors avertir les civil·e·s et, si nécessaire, les aider à évacuer les lieux. Cela ne s’est manifestement pas passé comme cela dans les cas examinés par Amnesty International.

Les conflits armés nuisent considérablement à l’exercice du droit à l’éducation pour les enfants, et l’utilisation d’établissements d’enseignement à des fins militaires peut entraîner des destructions qui privent encore les enfants de ce droit après la guerre. L’Ukraine fait partie des 114 pays qui ont approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, un accord sur la protection de l’éducation lors des conflits armés qui permet aux parties d’utiliser les écoles abandonnées ou évacuées que s’il n’existe pas d’autre solution viable.

Attaques menées sans discrimination par les forces russes

Un grand nombre des frappes russes sur lesquelles Amnesty International a réuni des informations ces derniers mois ont été menées avec des armes frappant sans discrimination, notamment des armes à sous-munitions interdites, ou avec d’autres armes explosives à large champ d’action. D’autres frappes ont été menées au moyen d’armes guidées avec des niveaux de précision variables ; dans certains cas, ces armes ont été suffisamment précises pour toucher des cibles bien définies.

La pratique de l’armée ukrainienne qui consiste à placer des objectifs militaires dans des zones habitées ne justifie en aucun cas les attaques menées sans discernement par les forces russes. Toutes les parties à un conflit doivent en toutes circonstances faire la distinction entre les objectifs militaires et les biens de caractère civil et prendre toutes les précautions possibles, y compris en ce qui concerne le choix des armes, pour réduire le plus possible les préjudices subis par la population civile. Les attaques menées sans discrimination qui tuent ou blessent des civil·e·s ou endommagent des biens de caractère civil constituent des crimes de guerre.

« Le gouvernement ukrainien doit immédiatement prendre les mesures nécessaires pour placer ses forces loin des zones habitées, et pour évacuer les civil·e·s dans les zones où l’armée mène des opérations. Les militaires ne doivent en aucun cas utiliser des hôpitaux pour faire la guerre et ils ne doivent utiliser des écoles ou des immeubles d’habitation civils qu’en dernier ressort, en l’absence de toute autre solution viable », a déclaré Agnès Callamard.

Amnesty International a contacté le ministère de la Défense ukrainien en lui indiquant les conclusions de ses recherches le 29 juillet 2022. Au moment de la publication, Amnesty n’avait reçu aucune réponse.

Voici comment l’Ukraine aura perdu ses richesses

Source : The Saker francophone.

Par Moon of Alabama – Le 10 août 2022

Le 24 février, le jour où les troupes russes ont franchi les frontières de l’Ukraine, j’ai écrit sur l’état final potentiel de l’opération :

 

En regardant cette carte, je pense que l’état final le plus avantageux pour la Russie serait la création d’un nouveau pays indépendant, appelé Novorussiya, sur les terres situées à l’est du Dniepr et au sud le long de la côte, terres qui détiennent une population majoritairement russe et qui, en 1922, avaient été rattachées à l’Ukraine par Lénine. Cet État serait politiquement, culturellement et militairement aligné sur la Russie.

Cela éliminerait l’accès de l’Ukraine à la mer Noire et créerait un pont terrestre vers la Transnistrie, séparée de la Moldavie, qui est sous la protection de la Russie.

Le reste de l’Ukraine serait un État confiné, essentiellement agricole, désarmé et trop pauvre pour devenir rapidement une nouvelle menace pour la Russie. Sur le plan politique, elle serait dominée par les fascistes de Galicie, ce qui deviendra alors un problème majeur pour l’Union européenne.

Le 19 mars, j’ai réexaminé le sujet et ajouté Kryvyi Rih (Kriwoi Rog en russe), la partie jaune de la carte, à la liste :

La Novorossiya comprend en gros les zones roses et jaunes de la carte ci-dessus. Elle comprend également les précieuses mines de fer et les usines de Kryvyi Rih développées par les Soviétiques à l’ouest du Dniepr.

Je tiens tout particulièrement à souligner que j’ai parlé d’un « État essentiellement agricole, désarmé et trop pauvre pour constituer de sitôt une nouvelle menace pour la Russie« .

J’ai pu dire cela parce que presque toutes les ressources et industries de l’Ukraine se trouvent dans le sud et l’est. Si la Russie les prend ou crée un nouvel État nommé Novorossiya, le « reste de l’Ukraine » sera en grande partie désindustrialisé. Il convient également de noter que le sud et l’est englobent la plupart des fameuses zones de terre noire, qui consistent en une couche d’humus d’un demi-mètre de profondeur permettant d’obtenir de bons résultats agricoles sans utiliser beaucoup d’engrais.

Une grande partie des industries de l’acier et des machines lourdes dans le sud et l’est ont été négligées au cours des 30 dernières années sous la domination ukrainienne ou ont été détruites pendant les guerres qui font rage depuis 2014. Il faudra de très gros investissements pour les relancer, mais les bénéfices potentiels seront importants.

Près d’une demi-année après mon article, le Washington Post, avec l’aide de quelques Canadiens, rattrape son retard sur le sujet :

Dans la guerre d’Ukraine, une bataille pour les richesses minérales et énergétiques du pays

 Après près de six mois de combats, la guerre bâclée de Moscou lui a apporté au moins un grand profit : un contrôle accru sur certaines des terres les plus riches en minéraux d’Europe. L’Ukraine abrite certaines des plus grandes réserves de titane et de minerai de fer du monde, des gisements de lithium inexploités, ainsi que d’énormes dépôts de charbon. Collectivement, ils valent des dizaines de milliers de milliards de dollars.

 La part du lion de ces gisements de charbon, qui ont alimenté pendant des décennies l’industrie sidérurgique ukrainienne, est concentrée dans l’est du pays, où Moscou a fait le plus de percées. Selon une analyse réalisée pour le Washington Post par la société canadienne SecDev, spécialisée dans les risques géopolitiques, ces gisements sont passés aux mains des Russes, tout comme d’autres gisements énergétiques et minéraux de grande valeur, utilisés dans des domaines aussi variés que les pièces d’avion ou les smartphones. …

 « Le pire scénario est que l’Ukraine perde des terres, n’ait plus une économie de matières premières forte et devienne davantage comme l’un des États baltes, une nation incapable de soutenir son économie industrielle« , a déclaré Stanislav Zinchenko, directeur général de GMK, un groupe de réflexion économique basé à Kiev. « C’est ce que veut la Russie. Nous affaiblir. » …

 Pourtant, l’analyse de SecDev indique qu’au moins 12 400 miliards de dollars de gisements énergétiques, de métaux et de minéraux ukrainiens sont désormais sous contrôle russe. Ce chiffre représente près de la moitié de la valeur en dollars des 2 209 gisements examinés par l’entreprise. Outre 63 % des gisements de charbon du pays, Moscou s’est emparé de 11 % de ses gisements de pétrole, de 20 % de ses gisements de gaz naturel, de 42 % de ses métaux et de 33 % de ses gisements de terres rares et d’autres minéraux critiques, dont le lithium.

Je pense que la part de gaz naturel que détient déjà la Russie est plus élevée, car il existe plusieurs gisements de gaz sous-marins autour de la Crimée et au large de la côte orientale.

Si les forces russes prennent également Kryvyi Rih et Dnipro, elles contrôleront environ 75 à 80 % du PIB de l’Ukraine d’avant-guerre.

L’effort de guerre de la Russie est actuellement financé par l’« Occident », qui le paie par le biais des prix records de l’énergie créés par ses propres sanctions contre la Russie.

Comme le rapportait hier l’agence russe Interfax (traduction automatique) :

Le solde positif du compte courant de la balance des paiements de la Fédération de Russie de janvier à juillet 2022 s’est élevé à 166,6 milliards de dollars, soit 3,3 fois plus qu’au cours de la même période en 2021 (50,1 milliards de dollars). Ces informations figurent dans l’évaluation de la balance des paiements de la Fédération de Russie, publiée sur le site Internet de la Banque de Russie. …

 Selon le scénario de base des prévisions de la Banque centrale pour 2022, mis à jour en juillet, avec un prix annuel moyen du pétrole de 80 dollars le baril, l’excédent de la balance courante devrait être de 243 milliards de dollars, le solde positif du commerce extérieur de biens et de services – 277 milliards de dollars, et le solde négatif des revenus primaires et secondaires – 33 milliards de dollars.

Si l’« Occident » veut vraiment priver la Russie d’argent, il doit immédiatement lever les sanctions et recommencer à importer du pétrole, du gaz et du charbon de Russie à des prix alors beaucoup plus bas.

La Russie ne manquera pas d’argent pour financer la reconstruction des grandes industries de Novorossiya. Une fois cela fait, ces régions seront manifestement capables de subvenir à leurs besoins et de garantir un niveau de vie élevé. Elles auront également assez d’argent pour se défendre militairement contre tout ce que le pauvre reste d’Ukraine sera capable de financer.

Fin mars, après des négociations entre la Russie et l’Ukraine en Turquie, un accord sur un cessez-le-feu et sur la fin de la guerre a presque été conclu. Joe Biden a alors chargé Boris Johnson de dire à Zelensky de poursuivre la guerre. Sinon, l’« Ouest » cesserait de le payer. Zelensky a fait ce qu’on lui a dit de faire et a cessé toute négociation avec la Russie.

Un accord avec la Russie à ce moment-là aurait permis à l’Ukraine de rester un seul État, avec seulement des pertes mineures dans le Donbass. Mais la décision de poursuivre cette guerre sans espoir a également mis fin à toutes les chances de l’Ukraine de conserver ses richesses.

Elle finira pauvre et impuissante tandis que ses voisins « occidentaux » s’en régaleront.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

L’Ukraine et la fin de l’histoire


Par Batiushka – Le 26 avril 2022 – Source The Saker Blog

 

Le conflit actuel en Ukraine ne concerne manifestement pas vraiment l’Ukraine – cet ensemble artificiel de territoires n’est qu’un champ de bataille tragique entre l’Occident et le Reste. Le conflit concerne la violence organisée et l’extraordinaire arrogance de l’Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et de l’OTAN, contre le reste du monde, en particulier la Russie, soutenue par la Chine, l’Inde et tous les autres peuples. Par conséquent, la victoire russe à venir dans l’opération spéciale en Ukraine signifie essentiellement la fin de la domination de l’Occident sur la planète, qui dure depuis 500 ans. C’est pourquoi le petit monde occidental, qui représente environ 15 % de la planète, est si virulent dans son opposition au peuple russe.

 

La victoire russe ébranlera les restes de la foi illusoire dans la supériorité mythique de l’Occident et surtout dans les États-Unis, dont la peur a longtemps découragé la résistance du « Reste » à l’Occident. Ni l’Iran, ni même la Chine n’ont pris le risque de défier les États-Unis – la Russie l’a fait. L’Ukraine est le Titanic « insubmersible » des États-Unis et la Russie l’iceberg qui coule l’orgueil démesuré des États-Unis. Lorsque le monde verra la victoire russe, quatre continents au moins, l’Europe et la Chine asiatique, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite, ainsi que l’Amérique latine et l’Afrique, voteront pour se libérer de l’empire américain. C’est la fin de la domination occidentale, « la fin de l’histoire » des occidentaux ethnocentriques comme Francis Fukuyama. Pour la Russie et l’Europe elles-mêmes, nous prévoyons cinq conséquences principales. Il s’agit de :

1. Le retrait américain de l’Europe

La victoire russe entraînera une réduction importante, voire un retrait, des forces américaines qui occupent l’Europe occidentale depuis 1945 (le Royaume-Uni depuis 1942) et l’Europe centrale et orientale depuis 1991. Aux États-Unis, les sentiments isolationnistes sont déjà forts après les humiliantes déroutes américaines en Irak et en Afghanistan et les violentes divisions internes des États-Unis ne feront que se renforcer. Les États-Unis se replieront sur leur île divisée. L’unité transatlantique s’effondrera. L’Europe occidentale pourra alors enfin sortir de son isolement à l’extrémité de la péninsule occidentale du continent eurasien et rejoindre le courant principal d’une Eurasie libérée, dirigée par la Fédération de Russie.

2. La fin de l’UE

L’UE était un concept américain à tous égards, destiné à devenir un USE, un États-Unis d’Europe. Il existe déjà un grand nombre de tensions en son sein. Le Brexit, résultat du patriotisme anglais, c’est-à-dire anti-britannique et anti-establishment, a eu lieu. Les autres tensions exigeront des solutions après la victoire russe. Après cette victoire, la marge de manœuvre pour toute nouvelle expansion de l’UE et la colonisation économique de l’Europe centrale et orientale, y compris dans les Balkans occidentaux, prendra fin. La fin de la nouvelle colonisation après la perte de l’Ukraine, riche en ressources naturelles, minera les restes d’une UE déjà divisée. L’Ukraine était un État tampon et un centre de ressources pour l’UE coloniale. Sa libération signifie une proximité directe de l’UE avec la Russie et la restauration de l’influence russe. Avec la victoire russe, l’Europe occidentale devra conclure des accords stratégiques avec Moscou sur la sécurité européenne, cette fois sans l’ingérence des États-Unis.

3. Le renouveau de la Russie impériale

Les milliards dépensés pour soudoyer des élites fantoches pro-occidentales et traîtresses dans les anciennes républiques soviétiques comme les États baltes, la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie, le Kazakhstan et les quatre autres « stans » d’Asie centrale auront été gaspillés. Le mythe de la supériorité occidentale sur lequel ces élites ont été créées cédera la place à la réalité. Cela mettra fin à leurs possibilités de gagner des dollars et de faire carrière grâce à la russophobie en louant des territoires nationaux pour y installer des bases américaines, des installations de torture de la CIA ou des biolaboratoires de guerre bactériologique pour créer des maladies ciblant les races. La Géorgie a été la première à le comprendre au début de 2022, en refusant de s’associer aux sanctions anti-russes. En Moldavie, l’échéance approche, alors que les troupes russes se préparent à libérer Odessa et à percer un corridor terrestre pour unir la Transnistrie à la Russie.

4. Les valeurs russes pour remodeler l’Europe centrale et orientale

Le renforcement des identités d’Europe centrale et orientale dans des États-nations comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne conduira à leur rapprochement avec la Russie. La victoire de la Russie se traduira par une augmentation de la sympathie à son égard dans un certain nombre d’États-nations d’Europe centrale et orientale, non seulement en Serbie, au Monténégro, en Macédoine du Nord et en Hongrie, en Slovaquie et en Pologne, mais aussi dans les États baltes, en Autriche, dans les Pays tchèques, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce et dans la partie méditerranéenne de Chypre. Une fois que leurs élites vénales, anti-patriotiques et nommées par les États-Unis seront tombées, les valeurs russes reviendront dans ces pays comme une force influente.

5. Les valeurs russes vont remodeler l’Europe occidentale

L’UE, fondée dès l’effondrement de l’URSS, était dès le départ une construction artificielle, bâtie sur le rejet du patriotisme en faveur d’une identité européenne supranationale inexistante. Le patriotisme est une menace existentielle pour Bruxelles. C’est en partie pour cette raison qu’à l’époque du Marché commun, De Gaulle, qui voulait une confédération de patries, a été renversé par un changement de régime américain, en 1968. Puis en 2016, les patriotes ont voté pour le Brexit contre l’élite de l’establishment et le président démocrate Obama. L’UE a toujours eu pour objectif le rejet des identités nationales en faveur de valeurs post-chrétiennes, voire anti-chrétiennes, anti-nationales et anti-familiales, l’immigration massive d’esclaves rémunérés, l’imposition de l’agenda LGBT, la restriction des libertés pour les opinions anti-UE, etc. Ce ne sont pas des valeurs russes.

Conclusion : Dénazification mondiale

Tout comme en 1814 les troupes russes ont libéré Paris et en 1945 Berlin, dans les années 2020, Bruxelles sera libérée, ou plutôt s’effondrera, sous la pression des valeurs russes. Nous parlons de la désintégration de l’Union européenne créée par les États-Unis, mais aussi des bases américaines en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique orientale. Nous verrons l’émergence de centres nationaux, de l’Écosse à Chypre, de la Catalogne à la Mongolie, de la Slovaquie à l’Asie centrale. La bulle d’orgueil de l’Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, est en train d’éclater avec la libération et la dénazification de l’Ukraine par la Russie. Afin de préserver son identité de nation impériale, de protéger l’intégrité de la foi orthodoxe et de garantir la paix de l’ensemble du monde multipolaire, la Russie étendra ce processus de dénazification à tous.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Une journaliste allemande risque trois ans de prison pour ses reportages dans le Donbass

Par Steve Sweeney

Source : Morning Star, 27 juin 2022

Traduction : lecridespeuples.fr

La journaliste allemande Alina Lipp a déclaré qu’elle risquait trois ans de prison dans son pays d’origine pour ses reportages dans la région orientale du Donbass, en Ukraine.

Les accusations portées contre elle sont liées à la couverture de sa chaîne Telegram News from Russia, sur laquelle elle partage des informations en allemand et en russe avec ses 175 000 abonnés.

Dans une interview accordée au site Readonka World, elle a expliqué qu’elle faisait l’objet de poursuites pénales de la part du gouvernement fédéral allemand après avoir reçu une lettre du bureau du procureur.

Elle est accusée par les autorités allemandes de soutenir l’invasion russe de l’Ukraine et risque trois ans de prison en vertu de l’article 140 de la constitution ou une amende.

 

« La lettre dit que, par exemple, je dis dans ma chaîne Telegram que la population du Donbass soutient le fait que la Russie a lancé une opération spéciale.

J’ai également dit que depuis plusieurs années, les Ukrainiens tuent des civils dans le Donbass, et que c’est un génocide.

Et il s’avère que c’est un crime pour l’Allemagne, alors ils ont prélevé 1 600 euros sur mon compte bancaire et ne m’en ont même pas informée », a déclaré Mme Lipp.

Les autorités allemandes ont également fermé le compte bancaire de son père sans avertissement, a-t-elle affirmé.

Mme Lipp est une ancienne politicienne du Parti vert qui vit depuis six mois dans la région orientale du Donbass, en Ukraine.

Elle dit se contenter de filmer ce qu’elle voit et ne pas diffuser de « fausses informations ».

Malgré les accusations portées contre elle, elle prévoit de continuer à faire des reportages depuis Donetsk, qui, affirme-t-elle, est pilonné quotidiennement par les forces armées ukrainiennes.

Les reportages en Ukraine font l’objet de restrictions très strictes et ceux qui s’écartent de la ligne de Kiev courent de sérieux risques pour leur sécurité.

La journaliste canadienne Eva Bartlett, qui a également effectué des reportages dans la région du Donbass, affirme avoir été placée sur une liste d’exclusion gouvernementale.

En 2014, le photojournaliste italien Andrea Rocchelli a été abattu par des soldats ukrainiens dans l’est du pays.

Sa photographie a ensuite été retrouvée dans les bureaux du Centre Myrotvorets avec le mot « liquidé » écrit dessus.

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Julian Assange, Alina Lipp, et Anne-Laure Bonnel : quand la vérité devient un crime en Occident

Julian Assange, Alina Lipp et Anne-laure Bonnel, sont trois journalistes qui payent le prix fort pour avoir dit la vérité en Occident : tentative de les asphyxier financièrement, puis censure, menace d’emprisonnement ou emprisonnement tout court, et même torture physique et psychologique dans le cas d’Assange. Ces trois cas illustrent parfaitement la réalité de la « démocratie » en Occident.

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Le cas de Julian Assange, dont l’extradition vient d’être validée par les autorités britanniques, est le plus médiatisé, et le plus révélateur de ce qui peut attendre un journaliste occidental qui ose dire la vérité.

En 2006, Julian Assange fonde Wikileaks, une organisation non gouvernementale et à but non-lucratif, qui publie sur son site des documents classifiés, fournis par des lanceurs d’alertes. Le site a publié depuis des millions de documents concernant des violations des droits de l’homme, des scandales de corruption et surtout des crimes de guerre.

En 2010, alors que site s’apprête à publier des documents sur la guerre en Irak, Julian Assange voit sa demande de permis de travail et de résidence être refusée par la Suède. Pays qu’il avait choisi car la législation sur la protection des sources journalistiques y est très stricte. Mais révéler les crimes de guerre des États-Unis en Irak et en Afghanistan c’est s’attirer les foudres de Washington et du complexe militaro-industriel américain. C’est là que la descente aux enfers va commencer pour Julian Assange.

En 2011 commence la tentative d’asphyxie financière du site Wikileaks. Visa, Mastercard, Bank of America, PayPal et Western Union organisent un blocus financier de Wikileaks, réduisant les revenus de l’organisation de 95 %, qui se tournera alors vers les crypto-monnaies pour échapper à l’asphyxie financière.

À partir de 2012, la censure par attaques informatiques massives contre le site est lancée. Le but est de tenter d’empêcher les gens d’accéder aux millions de documents publiés sur le site. Pour information, c’est Wikileaks qui aidera Edward Snowden à sortir de Hong Kong et à obtenir l’asile politique en Russie.

En parallèle, de 2010 à 2012, Julian Assange est placé sous liberté surveillée au Royaume-Uni suite à une accusation de délit sexuel faite en Suède en 2010. Assange dénonce une accusation bidon, dont le seul but est de l’envoyer en Suède d’où il pourra être extradé vers les États-Unis. Suite au refus de la Cour suprême du Royaume-Uni de rejeter la demande d’extradition vers la Suède, Julian Assange se réfugie le 19 juin 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vivra reclus pendant sept ans, sous surveillance de Scotland Yard et de la CIA.

CIA qui envisagera d’ailleurs en 2017 de faire assassiner purement et simplement Julian Assange dans l’ambassade équatorienne. Mais devant le risque de scandale international que cela susciterait, la CIA y renonce, et opte pour un plan plus discret et plus pervers.

Le 11 avril 2019, Julian Assange perd sa nationalité équatorienne obtenue deux ans plus tôt, ainsi que son droit d’asile dans l’ambassade équatorienne, d’où il est sorti de force par des policiers britanniques. Il est alors envoyé en prison, à Belmarsh, et l’affaire de « délit sexuel » est clôturée par la Suède faute de preuves quelques mois après son arrestation, prouvant s’il en était besoin que cette affaire n’était qu’un prétexte.

Pendant trois ans, Julian Assange et ses avocats se sont battus pour empêcher son extradition vers les États-Unis, où il risque jusqu’à 175 ans de prison ! En vain. Et pendant tout ce temps, Julian Assange a été soumis à des conditions de détention qui tiennent de la torture : isolement total, cellule insuffisamment chauffée en hiver, défaut de soins. L’état de Julian Assange se dégrade rapidement dans ces conditions, et plusieurs experts et médecins s’indignent et qualifient ce qui lui est infligé dans la prison de Belmarsh de torture.

S’il est envoyé aux États-Unis, Julian Assange pourrait être envoyé à Guantanamo, ou ailleurs et torturé comme bon nombre d’autres prisonniers. Son cas doit servir d’exemple pour décourager tout autre journaliste occidental de révéler certaines vérités qui dérangent.

Et on voit que le cas Assange pourrait bientôt ne plus être une exception. En effet, deux journalistes indépendantes, l’Allemande Alina Lipp, et la Française Anne-Laure Bonnel, qui ont dit ouvertement ce qui se passe dans le Donbass, voient à leur tour la machine de censure occidentale s’activer contre elles.

Alina Lipp, qui est restée six mois dans le Donbass en 2022, et dit la vérité sur les crimes de guerre de l’armée ukrainienne, entre autre à Marioupol, fait désormais face à la censure.

Voir son interview en deux parties (1 et 2), en anglais sur Telegram.

Après être venue une première fois en 2021, elle est choquée par les crimes de guerre de l’armée ukrainienne contre les civils du Donbass. Elle revient donc début 2022, et reste six mois sur place. Elle raconte ouvertement et rapporte les crimes de guerre des soldats ukrainiens contre les civils de Marioupol par exemple.

Une vérité qui dérange à Berlin. Alors le compte PayPal d’Alina Lipp est bloqué. Puis son compte bancaire, ainsi que celui de son père sont clôturés, et l’État Allemand prélève sans aucune justification environ 1 600 euros qui se trouvaient encore sur son compte. Comme dans le cas Assange, la technique de l’asphyxie financière est utilisée pour faire taire les voix dissidentes. Puis vient la censure, avec la fermeture de son compte YouTube, où elle publiait ses reportages.

Et comme dans le cas de Julian Assange, très vite la justice est venue menacer Alina Lipp. Une affaire criminelle a été ouverte contre la journaliste pour soutien envers des crimes. Parce qu’elle a osé dire que ce que fait l’Ukraine dans le Donbass est un génocide, qu’elle comprend pourquoi la Russie est intervenue, pourquoi elle a lancé son opération militaire spéciale, et que les gens qu’elle connaît à Donetsk sont heureux que Moscou intervienne. Juste à cause de ça, pour avoir donné son opinion et dit la vérité, Alina Lipp risque jusqu’à trois ans de prison !

Vous pouvez télécharger le document en PDF ici :

Encore plus délirant, à la fin du document d’accusation, il est écrit qu’Alina Lipp ne sera pas invitée à une audition (pour se défendre) car cela perturberait le processus d’enquête (sic) ! Sans surprise, Alina Lipp ne rentrera pas en Allemagne, afin de ne pas subir le même sort que Julian Assange.

Et si certains croient que ce qui arrive à Alina Lipp ne pourrait pas arriver en France, qu’ils se penchent sur ce qui arrive à Anne-Laure Bonnel. Cette journaliste française indépendante venue dans le Donbass en 2015 et en 2022, qui elle aussi a parlé ouvertement des crimes de guerre de l’armée ukrainienne dans le Donbass.

Sans surprise elle s’est retrouvée aux côtés d’Alina Lipp et de moi-même dans « l’article » du torchon Le Monde sur les « dangereux influenceurs pro-russes ». En réalité cet article n’est qu’un parmi d’autres d’une attaque coordonnée de l’ISD, une énième organisation prétendant lutter contre la désinformation, dans plusieurs pays occidentaux, mais qui sert en réalité à justifier la censure. Les accusations portées contre les « influenceurs pro-russes » par l’ISD ont en effet été reprises par plusieurs médias, en France, en Allemagne, aux États-Unis, et sûrement ailleurs (je n’ai pas les moyens de vérifier toute la presse mondiale).

Anne-Laure Bonnel a aussi été attaquée directement et personnellement par plusieurs médias français qui l’ont purement et simplement dénigrée, voire diffamée. Et comme dans le cas de Julian Assange, ou celui d’Alina Lipp, les autorités utilisent l’asphyxie financière pour tenter de la faire taire.

 

 

 

Comme dans le cas d’Alina Lipp, le compte bancaire d’Anne-Laure Bonnel a été temporairement bloqué par sa banque, la Société Générale, et son contrat auprès de l’université de la Sorbonne n’a pas été reconduit.

Une méthode qui a aussi été utilisée contre Donbass Insider, qui a vu son compte Patreon, et son compte Tipeee bloqués (via le fournisseur de paiement pour Tipeee) pour les mêmes raisons : tenter de nous faire taire.

Si pour l’instant Alina Lipp et Anne-Laure Bonnel ne sont pas encore dans la situation terrible dans laquelle se trouve Julian Assange, son cas doit faire comprendre à tous que les pays occidentaux n’ont de démocratie que le nom, et que ce qui arrive aujourd’hui à ce journaliste pourrait bien leur arriver un jour prochain, s’il leur arrivait par malheur de dire une vérité qui dérange. C’est pour cela qu’il faut se battre pour empêcher qu’Assange soit extradé vers les États-Unis. Pour empêcher que dire la vérité ne soit considéré comme un crime !

Car comme l’a si bien dit Martin Niemöller :

« Ils sont d’abord venus chercher les socialistes, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas socialiste
Puis ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas syndicaliste
Puis ils sont venus chercher les Juifs, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas juif
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre. »

Aujourd’hui ils viennent chercher Julian Assange, Alina Lipp, Anne-Laure Bonnel, ou moi-même. Mais un jour c’est vous qu’ils viendront chercher. Alors, agissez maintenant ! Exigez que l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis soit annulée ! Faites savoir que vous ne voulez pas d’une société où la vérité est un crime !

Christelle Néant

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

 

Ukraine : L’échec d’une prophétie

Source : Bd. Voltaire.

 

Le traitement politique et médiatique de l’évolution de la guerre en Ukraine offre, de nos jours, un parfait exemple de dissonance cognitive. Plusieurs mois après le début du conflit, nous pouvons, en effet, faire ce constat : La prophétie des Occidentaux ne s’est pas réalisée. Ils y croyaient pourtant dur comme fer. Dissonance cognitive ?

Au départ, il s’agit d’une histoire d’extraterrestres. Dans les années 1950, une Américaine, Marian Keech, prétend communiquer, grâce à l’écriture automatique, avec les créatures d’une autre planète. Leur message n’est pas réjouissant : un déluge frappera les États-Unis le 21 décembre 1954, première étape de la fin du monde. Marian, qui a réuni autour d’elle une petite communauté, révèle à l’humanité la terrible nouvelle dans un article publié par la presse locale. À sa lecture, Léon Festinger (1919-1989), psychosociologue américain et professeur d’université, se dit qu’il y a là l’occasion de mener une intéressante étude basée sur le questionnement suivant : que se passe-t-il lorsque la réalité vient contrecarrer nos croyances profondes ? Comment réagissons-nous ?

C’est toute la question de la « dissonance cognitive », concept rendu célèbre par le livre qu’il tirera de ses observations au sein de la secte et qu’il intitulera L’Échec d’une prophétie.

Premier constat : La dissonance est source de tensions internes et c’est pourquoi nous nous efforçons de réduire les contradictions entre notre système de représentation et les informations qui viennent le contredire. Deuxième constat : bien souvent, plutôt que de remettre en question nos croyances, nous développons différentes stratégies pour les protéger et échapper aux conséquences psychiques de leur perte. Ce qui explique que, pour diminuer la dissonance, nous allons rejeter des informations factuelles, les manipuler ou les euphémiser.

Dans le cas de la petite communauté de Marian, face à la non-réalisation de leurs attentes, les membres du groupe ont prétendu que les extraterrestres avaient donné une seconde chance aux humains. Malgré l’échec de la prophétie, la secte a alors connu un regain de ferveur et vu le nombre de ses adeptes considérablement augmenter.

Revenons à l'Ukraine. Souvenons-nous de Bruno Le Maire et de ses prédictions apocalyptiques concernant la Russie : une « guerre économique et financière totale » allait provoquer « l’effondrement de l’économie russe ». Sur le plan militaire, on moquait la stratégie de Poutine, dont les jours étaient comptés, et son armée, saignée et en déroute. C’est pourtant une tout autre réalité qui s’impose à nous aujourd’hui.

Loin de se démobiliser, l’armée russe avance à l’est, lentement mais sûrement, face à une armée ukrainienne affaiblie et insuffisamment équipée. Le 3 juillet dernier, franceinfo publiait le témoignage de la journaliste et envoyée spéciale Agnès Vahramian qui faisait le constat de « la déroute des troupes ukrainiennes dans le Donbass ». Sur le terrain des sanctions, ce n’est pas l’économie russe mais la nôtre qui menace de s’effondrer.  record, risques de récession, explosion du coût des matières premières : rien ne se passe comme prévu.

Dans Le Figaro du 11 juillet dernier, le ministre en charge du dossier énergétique, Agnès Pannier-Runacher, expliquait doctement qu’il fallait, face aux risques de rupture d’approvisionnement en gaz, se préparer au « scénario du pire ». À quoi il faut ajouter les risques de famine mondiale et de mouvements migratoires incontrôlables.

Face à cette réalité, les dirigeants occidentaux remettent-ils en cause leur système de représentation ? Réajustent-ils leurs stratégies militaires et économiques en conséquence ?

Pas du tout, bien au contraire. Fin juin, au sommet de l’ à Madrid, Emmanuel Macron annonçait renforcer l’aide militaire à l’Ukraine car il était, d’après lui, impératif de livrer aux Ukrainiens les armes et les munitions nécessaires « à la reprise des territoires ». Peu importait la réalité du rapport de force sur le terrain. Quant aux conséquences des sanctions qui nous promettent une crise économique et sociale inédite, c’est la logique du « quoi qu’il en coûte » qui devait prévaloir selon lui.

Malgré l’échec de la prophétie, impossible donc de renoncer aux croyances qui ont conduit jusque-là. Pour reprendre les paroles d’un des membres de la secte étudiée par Festinger, « j’ai brûlé tous les ponts, alors je ne peux pas me permettre de douter : je dois croire, il n’y a pas d’autre vérité ».

Alain Juillet : Comment en sommes-nous arrivés là ? - Le 13/07/2022.

Dirigeant d’entreprises, diplômé de l’Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieure, Alain Juillet a été Haut Responsable à l’intelligence économique auprès du Premier ministre (SGDSN).

Colonel de réserve parachutiste et ancien auditeur de l’Institut des Hautes Études à la Défense Nationale, Alain Juillet est nommé en 2002 Directeur du renseignement à la DGSE. Il intervient à plusieurs reprises à l’ENA et l’ENM comme conférencier.

Penser la guerre sous l’angle du 24 février 2022 n’a que peu sens. Pour comprendre ce qui se joue en Ukraine, il est nécessaire de se pencher sur son passé et sur les enjeux géopolitiques. Chaque semaine, un expert répondra à trois questions dont l’objectif est de nous faire réfléchir pour nous rendre capables de penser l’actualité sans aucune influence.

C’est vous le changement !

Le triomphalisme occidental a obscurci la pensée rationnelle - Le 14/07/2022.

Source : RzO Interantional.

par M.K. Bhadrakumar.

Le récit Occidental délirant résulte d’un échec colossal du Renseignement quant à la stratégie militaire et quant aux intentions politiques russes.

Le récit occidental, accompagné d’une censure des médias qui n’avait pas de précédent même au plus fort de la guerre froide, a effacé ou bloqué les rapports objectifs sur les évènements. Il s’est accompagné d’une guerre de l’information implacable. Cela a créé une impression accablante dès le début du conflit ukrainien que la Russie était condamnée à échouer dans ses opérations militaires spéciales.

Les spéculations allaient bon train sur le fait qu’il y aurait, inévitablement, un changement de régime en Russie alors que la désaffection populaire allait se répercuter de manière explosive contre les dirigeants face à l’engagement du pays dans une guerre délétère qui détruit la vie des gens et ruine l’économie.

Pareil récit Occidental délirant résulte d’un échec colossal des services de renseignement en Occident quant à la stratégie militaire et quant aux intentions politiques russes.

En mars, lorsque les forces russes se sont retirées de Kiev et des régions du nord dans une manœuvre habile, le président américain Joe Biden a effectué un tour d’honneur en Pologne et a proclamé la chute du président russe Vladimir Poutine.

Cependant, dans la réalité, le conflit avait atteint un point de basculement, mais c’était d’une manière tout à fait différente de ce a quoi s’attendaient les Occidentaux. Que la Russie ne pouvait pas se permettre de perdre la guerre ou que sa capacité pour soutenir une longue guerre n’ont jamais fait de doute ne leur est pas venu à l’esprit. Il s’agit d’une confrontation existentielle pour la Russie, alors que, pour les États-Unis et l’OTAN, il ne s’agit que de la fin d’un complot militaire planifié et exécuté depuis 2014 pour affaiblir la Russie. Ceci a été a récemment admis franchement par le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg.

Un pays peut survivre à des revers géopolitiques et continuer à progresser, comme l’a fait la Fédération de Russie. Mais une défaite face à Napoléon ou Hitler aurait signifié un cours différent de l’histoire pour la Russie. C’est le nœud du problème dans le conflit ukrainien, d’un point de vue historique. La Russie mène un combat existentiel comme elle en a mené dans le passé.

Le triomphalisme du récit occidental a obscurci toute pensée rationnelle. En réalité, le choix rationnel des États-Unis aurait était de mettre fin au conflit, lorsque les délégations de l’Ukraine et de la Russie se sont rencontrées à Istanbul et ont élaboré un accord (en fait paraphé), qui répondait aux attentes de Moscou à ce moment-là ; accord stipulant à la base la démilitarisation de l’Ukraine, le statut neutre et la reconnaissance des deux républiques séparatistes du Donbass aux frontières administratives dominantes et la reconnaissance de la Crimée comme partie intégrante de la Russie.

Cela aurait été un règlement avec lequel Washington aurait pu vivre, mais au lieu de cela, enivré par les pensées grisantes d’infliger une défaite écrasante à la Russie et de forcer un changement de régime au Kremlin, l’administration Biden a freiné le régime fantoche à Kiev et a sabordé le Pacte d’Istanbul.

Le conflit passa alors à l’étape suivante, qui conduisit à la victoire russe à Marioupol et au contrôle de la mer d’Azov ; et, le lancement de l’offensive pour repousser les forces ukrainiennes jusqu’aux limites administratives du Donbass, telles qu’elles existaient avant le coup d’État de Kiev en 2014.

Avec les dernières victoires dans l’agglomération de Severodonetsk-Lysychansk et l’imminente attaque contre Slaviansk et Kramatorsk, la dernière ligne défensive des forces ukrainiennes dans toute la région dans les semaines à venir, un nouveau point de bascule se dessine.

Le conflit menace d’entacher la crédibilité de l’administration Biden et la réputation de l’OTAN.

Logiquement, Washington devrait saisir ce point de basculement et modifier toute sa stratégie. Mais il est hautement improbable qu’il le fasse.

Premièrement l’administration Biden craint que la situation qui se dessine expose les limites de la puissance américaine devant l’audience mondiale ; qu’une Russie renaissante redouble de prestige sur le plan géopolitique, et que la marée en faveur d’un monde multipolaire devienne irréversible. Tout cela dans un contexte d’inexorable montée de la Chine en tant que superpuissance numéro un.

Deuxièmement, des fissures sont apparues dans l’alliance occidentale alors que la fatigue de la guerre s’installe, que les économies européennes entrent en récession, grâce au contrecoup des sanctions contre la Russie, alors que, d’autre part, la Russie s’installe dans une « nouvelle normalité ». Cela aura de sérieuses implications futures pour le leadership transatlantique des États-Unis et aura un impact sur la politique européenne.

Troisièmement, il y a un risque élevé que le sol sous les pieds anglo-américains en Ukraine se dérobe brutalement. En plus des termes du défunt pacte d’Istanbul, la Russie peut maintenat exiger non seulement la reconnaissance des limites administratives du Donbass en 2014 mais aussi un corridor terrestre inattaquable reliant la Crimée à l’arrière-pays russe par l’intégration d’une large bande au nord de la Crimée, incluant Kherson et peut-être Zoporozhia.

La Russie exigerait également l’abrogation des sanctions occidentales.

De toute évidence, le régime de Kiev s’effondrerait s’il acceptait de telles conditions de reddition. D’un autre côté, tout l’agenda derrière le coup d’État de la CIA en 2014 en Ukraine s’effondrerait également.

Pour Biden, qui était intimement associé au coup d’État de 2014 en tant qu’homme de main du président Obama dans le cloaque de la politique ukrainienne, cela causerait une grande détresse politique et annulerait même sa candidature à la réélection en 2024. Il suffirait que les démons du grenier montent les escaliers, en particulier que tout soit mis au grand jour sur l’entreprise de plusieurs millions de dollars de son fils avec des laboratoires biologiques en Ukraine.

Biden semble également enclin à laisser passer le point de basculement qui se dessine et à poursuivre la trajectoire actuelle. C’est ce à quoi s’attendent les divers groupes d’intérêts et profiteurs de guerre aux États-Unis et au sein du régime ukrainien.

Pour être sûr, les incitations à continuer sont nombreuses et juteuses lorsqu’un système d’artillerie occidental avancé coûtant des millions est proposé sur le marché noir ukrainien pour 120 000 $ ! Incapable de saisir celui ci, la communauté mondiale devra peut-être attendre le prochain point de basculement, à l’automne.

M.K. Bhadrakumar

source : The Tribune

via Bruno Bertez

Piège mortel pour les États-Unis

Le New York Times citant des officiels américains a rapporté que les alliés américains et européens ne seront pas en mesure de maintenir le niveau actuel de soutien à Kiev pour une période prolongée. Bien que le président Biden ait promis de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », personne ne s’attend à ce que l’Ukraine reçoive des milliards de dollars supplémentaires lorsque le programme d’aide actuellement autorisé de 54 milliards de dollars en assistance militaire et autre sera épuisé au deuxième trimestre de 2023.
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La tactique des opérations militaires sans répit en Ukraine déconcerte encore les meilleurs analystes du Pentagone, et seuls quelques-uns ont commencé à deviner que l’objectif principal de l’opération n’est pas du tout la reddition de Kiev.

La chute du régime de Kiev est sans aucun doute prévue dans les plans de l’opération militaire spéciale, mais pas du tout comme l’aboutissement des actions de la Russie, mais seulement comme une étape intermédiaire. La guerre se déroule en réalité à un niveau bien plus élevé.

Les politiciens et les généraux américains croient fermement que les États-Unis utilisent l’Ukraine comme une arme pour épuiser la Russie. En fait, tout est exactement le contraire – les Anglo-Saxons ont été attirés sur ce champ de bataille afin de mettre un terme à leur hégémonie douteuse et extrêmement sale.

Certains à Washington ont commencé à se douter de quelque chose, mais il était déjà trop tard, car le piège mortel pour les États-Unis s’était refermé, et les Américains eux-mêmes ont fait le maximum pour y contribuer.

La principale ruse de l’opération spéciale de la Fédération de Russie a été révélée par le politicien et journaliste ukrainien Dmitry Vasilets, qui a noté qu’en avançant sans hâte, les forces alliées (russes) mettent en œuvre de manière très efficace le processus de démilitarisation non seulement de l’Ukraine, mais aussi de tout l’Occident collectif. Il a déclaré :

« L’armée russe a pris une pause tactique pour se regrouper avant l’attaque de Slavyansk. Même à l’Ouest, beaucoup ont déjà conclu que l’on était bien loin d’une guerre traditionnelle. En fait, l’armée russe pourrait depuis longtemps détruire tous les ponts traversant le Dniepr et arrêter le transfert de matériel et de personnel des forces armées ukrainiennes vers le Donbass ».

« Nous constatons une lente progression dans le Donbass et près de Kharkov, ce qui est dû au fait que l’armée économise ses forces autant que possible, donnant même à l’ennemi le temps et l’opportunité de faire monter des réserves et détruisant ainsi tout le potentiel militaire des Forces armées d’Ukraine ».

« Il est déjà clair que la Russie planifie une guerre à long terme avec l’Occident en Ukraine. La majeure partie du territoire de l’Ukraine est en train de devenir un joug financier pour l’Europe et les États-Unis. Comme on dit, la politique est une économie concentrée, et la guerre est une économie encore plus concentrée. L’Occident est tombé dans un piège mortel ».

« Pendant de nombreuses années, les « partenaires » de Kiev ont exporté toutes ses ressources hors du pays, mais aujourd’hui, ils sont seulement obligés d’injecter d’énormes quantités d’argent sans rien recevoir en retour. C’est un piège mortel pour les États-Unis et leurs satellites ».

« Très probablement, c’est la raison pour laquelle la Russie opère en Ukraine avec un contingent limité et ne précipite pas du tout les choses », a expliqué Vassilets.

Le journaliste a noté qu’il ne faut pas croire aux contes de fées sur les ressources illimitées des États-Unis, qui, disent-ils, peuvent couvrir tous les coûts en faisant tourner la presse à imprimer à plein régime.

La guerre des sanctions nuit à l’économie américaine. Dans le même temps, les États-Unis doivent soutenir pleinement l’Ukraine, allant jusqu’à payer les salaires de l’ensemble de l’appareil d’État, et bientôt, ils devront également soutenir l’économie en déclin de l’Union européenne afin de maintenir sous contrôle la coalition anti-russe déjà chancelante.

Les Américains ne sortiront tout simplement pas d’une longue guerre dans de telles conditions, mais, en théorie, ils ne peuvent pas non plus battre en retraite, du moins sans pertes géopolitiques sérieuses. Le piège s’est vraiment refermé et en Ukraine, ils (les Russes) broient maintenant non seulement les forces armées ukrainiennes, mais aussi tout l’Occident collectif.

source : The Greanville Post

traduction Avic pour Réseau International

Ukraine : Le temps des mauvais généraux

De toutes les citations de Charles de Gaulle, celle que je préfère sont les quatre phrases qui ouvrent son discours du Caire le 18 juin 1941 pour le premier anniversaire de son appel. Il y écrivait l’Histoire de façon irréfutable. En décrivant l’effondrement de 1940 et le coup d’État réalisé par Pétain et Laval pour capituler et assassiner la République.

« Le 17 juin 1940 disparaissait à Bordeaux le dernier gouvernement régulier de la France. L’équipe mixte du défaitisme et de la trahison s’emparait du pouvoir dans un pronunciamento de panique. Une clique de politiciens tarés, d’affairistes sans honneur, de fonctionnaires arrivistes et de mauvais généraux se ruait à l’usurpation en même temps qu’à la servitude. Un vieillard de 84 ans, triste enveloppe d’une gloire passée, était hissé sur le pavois de la défaite pour endosser la capitulation et tromper le peuple stupéfait. »

Dans la composition de l’équipe mixte du défaitisme et de la trahison, chacun en prenait pour son grade. Il ne manquait personne, et malheureusement, leurs héritiers sont encore aujourd’hui au pouvoir. Des politiciens tarés, il n’en manque pas au premier rang d’entre eux, l’actuel Président de la République, les affairistes sans honneur sont là avec nos oligarques, et quant aux fonctionnaires arrivistes Alexis Kohler et Jean-Pierre Jouyet constituent les emblèmes de la cohorte.

Quid des mauvais généraux ? La guerre en Ukraine nous a offert dans les médias un impressionnant spectacle de nullité professionnelle et morale. Absolument pas gêné de raconter n’importe quoi, les militants de la cause des États-Unis côtoyant les incompétents, et à l’aide parfois d’un véritable racisme anti russe, les galonnés nous ont servi tous les narratifs ineptes sur la « débandade » russe.

C’est aujourd’hui le général Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue de la Défense nationale, qui nous en donne un bel exemple. Il a commis dans Atlantico, une interview à la gloire de la doctrine militaire allemande et américaine mise en œuvre avec les succès que l’on connaît. Pour lui, les « formidables exploits » des ukrainiens seraient dus à l’adoption de cette doctrine. Les Russes étant eux de gros abrutis qui ne gagnent que par la loi du nombre.

Une fois de plus, nous avons demandé à Sylvain Ferreira notre historien militaire préféré de s’y coller. Il reprend méthodiquement les éléments théoriques indispensables qui permettent de comprendre ce qui se passe. Et de voir que certains de nos cadres militaires ont une bonne demi-douzaine de guerre de retard. Régis de Castelnau

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Les errements doctrinaux des experts militaires occidentaux

par Sylvain Ferreira.

Après plus de cent jours de guerre en Ukraine, certains experts militaires occidentaux sombrent de plus en plus intellectuellement pour tenter de minimiser l’ampleur de la victoire russe qui se dessine lentement mais sûrement. Après avoir annoncé tour à tour l’effondrement de la logistique russe (munitions, missiles, transports, nourriture) puis celui du moral des combattants, voilà qu’ils reviennent à la charge. Cette fois, leurs attaques se placent sur le plan doctrinal avec, notamment, l’interview du général Pellistrandi publiée par Atlantico interview dans laquelle il tente de discréter l’armée russe et sa doctrine.

La fascination pour l’héritage militaire germano-prussien

Depuis la fin de la guerre franco-prussienne en 1871 et jusqu’à la fin des années 70, les états-majors occidentaux ont éprouvé une fascination, souvent malsaine, à l’égard de la doctrine militaire prussienne et de ses évolutions jusqu’en 1945. Ce phénomène prend racine lors de l’examen des causes de la défaite française jusqu’au tournant du XXe siècle. Les historiens comme les militaires de l’époque mettent en avant le rôle du grand état-major prussien, première structure professionnelle permanente de ce type dans l’histoire, dans la planification et l’exécution des opérations contre l’armée française impériale, puis républicaine. Pour certains esprits simplistes et réducteurs, sa supériorité intellectuelle, amplifié par la présence du général Moltke « l’ancien » à sa tête, est la cause principale de la victoire de la coalition emmenée par la Prusse. Surtout, les généraux allemands se sont appuyés sur un concept original de l’exercice commandement : l’Auftragstaktik. Ce concept préconise de fixer une mission à une unité mais de laisser au chef de cette unité le soin d’adapter les moyens de la remplir sans que le niveau de commandement supérieur n’interfère dans ce processus. La souplesse et la décentralisation de la chaîne de commandement sont les clefs de cette doctrine. Si à l’échelle tactique, cette approche est redoutable entre les mains d’un corps d’officiers professionnels secondés par des sous-officiers aguerris, au niveau stratégique, elle peut provoquer des catastrophes. La fascination pour ce modèle va toutefois perdurer jusqu’en 1914, en gommant ou en minimisant les lacunes réelles et sérieuses des armées allemandes au cours de la guerre de 1870, à commencer par la surprise stratégique créée par la IIIe République lorsqu’elle décide, au lendemain de la défaite de Sedan, de poursuivre la guerre à outrance.

Dès le début de la Grande Guerre, le sentiment de supériorité de l’armée impériale allemande, tant en son sein que vu par ses adversaires, joue encore un rôle déterminant dans l’appréciation des opérations sur la Marne et l’ampleur de la victoire française, jugée miraculeuse par les vainqueurs, alors qu’elle relève pourtant d’un réel ascendant (momentané) de l’état-major dirigé par Joffre sur celui dirigé par Moltke « le jeune »1. Malgré cette victoire indéniable, les conceptions doctrinales allemandes continuent de fasciner jusqu’à la fin du conflit et ce malgré l’émergence à la fois d’une vraie doctrine tactique efficace et généralisée au sein des armées françaises mais aussi des prémices de l’art opératif dans l’armée tsariste lors de l’offensive Broussilov en juin – juillet 19162. Pire, malgré l’échec manifeste de l’armée allemande lors de ses offensives de 1918 et son incapacité à se doter d’une arme blindée à l’instar de la France et de la Grande-Bretagne, la cote de la doctrine allemande, désormais essentiellement attribuée de l’émergence du couple Stosstruppen – troupes d’assaut – et barrage d’artillerie intense mais courts, continue de fasciner, à tort, les états-majors occidentaux3.

Si la période de l’entre-deux-guerre marque une pause dans ce phénomène, le choc de mai – juin 1940 et l’invention du mythe de la guerre éclair4 – Blitzkrieg – relance le processus de fascination à un point encore jamais atteint. Les victoires remportées ensuite par les Allemands contre l’Armée rouge de 1941 à 1943 et l’ampleur du territoire soviétique tombé sous la coupe terrifiante de la Wehrmacht accentue encore la fascination des Occidentaux qui partagent souvent le même anti-communisme que leurs homologues allemands. Mais à aucun moment ceux-ci ne perçoivent que les généraux allemands s’appuient toujours sur une maîtrise magistrale de la tactique, articulée cette fois autour du triptyque chars – avions – transmissions, mais sur des conceptions pour le moins hasardeuses sur le plan stratégique et qu’ils ignorent tout bonnement l’art opératif. Ce dernier étant pourtant, le pilier doctrinal de la victoire de l’Armée rouge sur cette même Wehrmacht à partir de l’opération Uranus en novembre 1942 (encerclement de la sixième armée à Stalingrad) jusqu’à la prise de Berlin en 19455.

Avec la destruction de la Wehrmacht et la défaite sans appel de l’Allemagne, on aurait pu croire que la fascination des Occidentaux allait enfin disparaître. Mais, contrairement à l’adage qui veut que ce soit les vainqueurs qui écrivent l’histoire, la guerre Froide va rompre avec cette tradition et permettre à la doctrine allemande de survivre à la ruine de l’Allemagne. En effet, face à la menace soviétique, les Anglo-américains vont donner une chance inespérée aux généraux de la Wehrmacht tombés entre leurs mains d’écrire leurs mémoires de la guerre sur le front de l’Est pour comprendre comment vaincre l’armée soviétique en cas d’invasion de l’Europe occidentale. Trop heureux de pouvoir s’exprimer, et surtout de se dédouaner de leurs erreurs et de leur collusion avec le nazisme, les Guderian, Manstein et autres Gehlen vont se jeter sur l’occasion pour clamer qu’ils ont été victimes du seul nombre – le rouleau compresseur russe – et des erreurs stratégiques commises par le seul Adolf Hitler. La doctrine développée par la Wehrmacht sort indemne de ce retournement inattendu de l’histoire ! Ainsi, dès les années 50, les différentes armées de l’OTAN – l’US Army en tête – adoptent-elles une doctrine basée essentiellement sur les conclusions des vaincus. L’accent est donc mis sur la maîtrise tactique et sur des équipements de pointe pour la mettre en œuvre.

Une parenthèse de 20 ans

À la fin des années 70 à la suite du traumatisme de la défaite américaine au Vietnam, un officier américain, le colonel David M. Glantz, commence à étudier en détail l’Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale et met peu à peu en lumière la faiblesse de l’approche allemande par rapport à l’art opératif soviétique. Avec la fin de la guerre Froide, ses conclusions commencent à se répandre peu à peu au sein des armées occidentales qui réalisent, bon an mal an que les généraux de la Wehrmacht les ont abusés et que, si la maîtrise tactique des Allemands restent indéniable, leur focalisation sur ce seul aspect de la direction des opérations est la principale cause de leur retentissante défaite face à l’Armée rouge. Toutefois, étant donné la réduction des effectifs des armées occidentales et la disparition momentanée des risques de conflits de haute intensité entre armées de niveau comparable, la tactique va de nouveau s’imposer sous l’impulsion américaine comme l’alpha et l’omega de la pensée militaire en s’appuyant, avec quelques améliorations liées notamment à la numérisation du champ de bataille, sur les fondamentaux hérités de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, pour entériner cette américanisation doctrinale, le terme d’Auftragstaktik est remplacé par celui de Mission Command qui recouvre peu ou prou la même réalité6. Mais depuis le début du siècle, sur le terrain, l’efficacité de cette approche n’a été vérifiée qu’au cours de conflits asymétriques : en Afghanistan, en Irak ou encore au Mali. Elle n’a jamais pu faire ses preuves dans un conflit de haute intensité entre deux armées conventionnelles. Il est donc très présompteux de l’ériger comme référence de supériorité sur le plan doctrinal.

Le basculement

Jusqu’en 2014, personne ne remet pas en cause la supériorité et la singularité de l’art opératif soviétique en Occident, mais le coup d’état du Maïdan en Ukraine va marquer le début d’un revirement progressif à ce sujet de la part de certains historiens et de nombreux officiers occidentaux, trop heureux de pouvoir revenir à leur antienne anti-russe des années 80. Le 24 février dernier, l’offensive russe en Ukraine a brisé chez certains les dernières limites de la retenue et de la décence sur ce point. Ainsi, Pellistrandi a-t-il cru pouvoir resservir à un public non initié, les mêmes conclusions que Guderian et Manstein pour justifier les échecs TACTIQUES russes en Ukraine, en déclarant que la « seule supériorité (NDA : des russes) est dans la masse, dans la quantité et non dans l’habilité tactique ». Pellistrandi oublie qu’aucune habilité tactique n’a jamais permis à un état moderne de gagner une guerre et pour cause. À l’instar des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, les Ukrainiens forts de cette approche de commandement décentralisé et souple enseignée par les instructeurs otanesques depuis 2014, ont su effectivement porter des coups spectaculaires aux Russes mais, comme 1944-45, aucun de ses succès n’a permis de peser sur le déroulement opérationnel de l’offensive russe. Aucune marge de manoeuvre, autre que tactique, n’a été obtenue suite à un seul de ces succès, preuve que cette supériorité n’a qu’un impact limité à moyen terme et aucun à long terme. Comme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Russes conservent seuls l’initiative opérationnelle et donc stratégique. Leur repli en ordre et sans quasiment aucune perte des secteurs de Kiev, de Tchernihiv et Soumy fin mars début avril en est une preuve magistrale. La souplesse opérative russe prouve, une fois encore, sa supériorité sur l’ascendant tactique immédiat qui fascine tant les Occidentaux.

Par ailleurs, dans le cas de la guerre en Ukraine, sur le plan tactique, Pellistrandi, et d’autres, oublient vite que les Russes et leurs alliés sont à l’offensive dans un rapport numérique défavorable. Qu’ils opèrent avec une retenue considérable soulignée par tous les observateurs américains comme Scott Ritter ou le colonel (R.) MacGregor en limitant les destructions d’infrastructures. Cela représente un obstacle supplémentaire à la mise en œuvre de tactiques décentralisées sur le modèle occidental car l’emploi des missions d’appui-feu ne peut pas se faire systématiquement sans l’accord hiérarchique. Nous pourrons par exemple bientôt comparer l’approche russe à Marioupol par rapport à celle des Occidentaux lors de la bataille de Mossoul (octobre 2016 – juillet 2017) pour en prendre pleinement la mesure. On réalisera probablement que la prise du port de la mer d’Azov a été obtenue après moins de trois mois de combats et que les Russes et leurs alliés y sont parvenus avec un ratio de 1:2 en termes d’effectifs, ce qui est tout simplement unique dans l’histoire de la guerre urbaine moderne. Le niveau de destructions des infrastructures semble d’emblée bien moins important que celui constaté à Mossoul à l’été 2017. De plus, la supériorité tactique ukrainienne, tant vantée par Pellistrandi et ses semblables, montre toutes ses limites depuis que les Russes opèrent dans des secteurs où une grande partie des civils a fui. La supériorité de l’artillerie, arme au rôle central dans l’armée russe depuis le XVIIIe siècle, peut alors se manifester pleinement pour porter des coups dévastateurs aux groupements tactiques ukrainiens. Enfin, Pellistrandi ne dit pas un mot de ce que les experts américains n’hésitent plus à souligner au sujet de la corruption de l’armée ukrainienne7 qui entrave son efficacité opérationnelle à tous les niveaux. Des équipements occidentaux dont des Javelin sont, par exemple, revendus par certains officiers sur le darknet au lieu d’être acheminés sur la ligne de front. De même, plusieurs unités se plaignent d’avoir été purement et simplement abandonnées par leur hiérarchie. En termes de supériorité tactique, on a vu mieux.

Comme la Wehrmacht en 1945, l’armée ukrainienne a pu faire illusion dans certains cercles pendant quelques semaines au prix du sacrifice courageux et indéniable de ses meilleurs fils, mais il est criminel pour le peuple ukrainien de croire que cela suffira pour prendre l’ascendant sur l’armée russe qui, malgré ses difficultés tactiques, a toujours une longueur d’avance sur les Occidentaux grâce à l’art opératif.

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source : Vu du Droit

 

  1. Ferreira, Sylvain, « La Marne : une victoire opérationnelle », Lemme Edit, 2017
  2. https://sam2g.fr/4-5-juin-1916-debut-de-loffensive-broussilov et https://sam2g.fr/offensive-broussilov-exploitation-manquee et https://sam2g.fr/mag-11-ligne
  3. Ferreira, Sylvain, « L’inévitable défaite allemande », Lemme Edit, 2018
  4. Frieser, Heinz, « Le mythe de la guerre-éclair, La campagne de l’Ouest de 1940 », Belin, 2003
  5. https://www.vududroit.com/2022/03/ukraine-comprendre-laspect-militaire
  6. Shamir, Eitan, « Transforming Command, the pursuit of mission command in the US, British and Israeli Armies », Stanford Security Studies, Stanford, 2011
  7. https://www.youtube.com/watch?v=4IEuCJI6coA

Ukraine : « L’étrange défaite », le retour

par Régis de Castelnau - Le 

À l’été 40, après l’effondrement français de mai-juin, l’historien Marc Bloch rédigea un ouvrage saisissant intitulé : « L’étrange défaite ». Dans ce qui se voulait la déposition d’un vaincu devant le tribunal de l’Histoire, il analysait les ressorts de la défaite militaire et de l’effondrement brutal de l’État et des institutions de la IIIe République à la suite de l’offensive allemande. Si la société française tout entière en prenait pour son grade, les cibles principales étaient l’État et l’armée. Il pointait en particulier « l’absurdité de notre propagande officielle, son irritant et grossier optimisme, sa timidité et l’impuissance du gouvernement à définir honnêtement ses buts de guerre ». Et l’art inimitable de la défausse qui caractérisait la caste : « Nous venons de subir une incroyable défaite. À qui la faute ? Au régime parlementaire, à la troupe, aux Anglais, à la cinquième colonne, répondent nos généraux. À tout le monde, en somme, sauf à eux. »

La guerre en Ukraine agit comme une démonstration de la permanence de ces tares au sein des élites de notre pays.

Le déclenchement de la guerre

Si c’est bien la Russie de Vladimir Poutine qui a lancé son offensive, la responsabilité de notre pays dans le déclenchement de la guerre est très lourde. Malgré les gesticulations de Emmanuel Macron, la France a été incapable d’accomplir son devoir, et ce en commettant un parjure. Oui parce qu’après le coup d’État téléguidé par l’OTAN en 2014 à Kiev, et le début d’une guerre civile marquée par des violences considérables à l’encontre de la population russophone du Donbass, nous avons été un acteur diplomatique pour tenter de trouver une solution. D’abord avec François Hollande puis Emmanuel Macron, notre pays a été un des acteurs de l’adoption « des accords de Minsk ». Signés par le gouvernement ukrainien, la Russie mais aussi la France et l’Allemagne, nous en étions les garants. Violant notre parole nos dirigeants n’ont strictement rien fait pour imposer leur application par l’Ukraine. Qui par son refus violait lourdement ses obligations internationales. Rappelons que Volodimir zelensky avait été élu sur la promesse de les mettre en œuvre. Avant de revenir sur ses engagements sous la pression des forces néonazies implantées dans l’appareil d’État. Prétendre que leur application et leur respect n’auraient rien changé est une blague. Cette défaillance nous retirait toute légitimité diplomatique pour être ne serait-ce qu’écoutés par la partie russe. Surtout que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, évident casus-belli géostratégique, était soutenue par la sombre nullité qui nous servait de ministre des Affaires étrangères, au nom de la souveraineté de Kiev ! Comme l’indique la citation attribuée à Montesquieu :

« Les responsables des guerres sont moins ceux qui les ont déclenchés que ceux qui les ont rendues inévitables ».

Absurdité de la propagande

Marc Bloch dénonçait l’absurdité de la propagande officielle du gouvernement de 40 et son irritant et grossier optimisme.

Que dire de celle de Emmanuel Macron ? Peut-être histoire de donner des gages de loyauté au maître de l’Occident, il affirmait le 24 mars au sommet de l’OTAN : « L’économie russe est en cessation de paiement, (…) son isolement est croissant ». On sait ce qu’il en est de ces affirmations. Tout d’abord l’économie russe ne se porte pas si mal, et elle profite plutôt du régime des sanctions comme le démontre ses comptes. Donc pour l’instant la cessation de paiement, ce n’est même pas en rêve. Quant à l’isolement c’est également prendre ses désirs pour des réalités. Les pays qui n’ont pas condamné la Russie pour l’invasion de l’Ukraine représentent 82% de la population mondiale… Un peu de sérieux ne serait pas de trop.

Que dire de celle de Bruno Lemaire ne voyant aucun inconvénient à passer pour un imbécile en annonçant triomphalement : « Les sanctions sont d’une efficacité redoutable. Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe. » ? Cela n’a pas gêné Emmanuel Macron qui, après sa réélection, a prestement reconduit un ministre de l’économie aussi clairement ridicule.

Que dire de celle de la presse système avec son incroyable défaillance, quand 90% des journalistes oubliant leur déontologie professionnelle et la charte de Munich, se transforment en militants acharnés du récit médiatique d’une défaite militaire russe ? Récit concocté par les officines opaques entourant Zelensky, le bateleur de Kiev, et n’ayant rien à voir avec ce qui se passe réellement sur le terrain. Le mensonge éhonté mis au service d’une guerre de la communication, pour l’utilisation duquel Zelensky quant à lui, a l’excuse de le faire pour ce qu’il pense être les intérêts de son pays. BHL, menteur professionnel, a celle de l’avoir toujours fait. On retiendra en particulier, l’exemple de la volonté furieuse de minimiser la présence et l’influences néonazies en Ukraine, et ce contre des évidences admises en Occident il y a encore quelques mois. Disparus les emblèmes nazis, les retraites aux flambeaux, les grands portraits de génocidaires dans les rues, les rapports des organisations internationales de défense des droits de l’homme, les rapports parlementaires français et américains, les vidéos des exactions etc. etc. Non le danger fasciste, il était en France avec la présence de Marine Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle.

Que dire de celle des experts de plateaux télévisés, de la presse et des réseaux aux compétences parfois limitées et dépourvus de la moindre parcelle de bonne foi ? Ils se partagent en deux catégories qui peuvent d’ailleurs fusionner dans certains cas : ceux à qui leur nullité permet de raconter n’importe quoi, sans avoir mauvaise conscience. Ceux qui savent très bien que leurs fariboles ne tiennent pas debout, mais se considèrent en mission. Soit pour des motifs de carrière, soit au service d’intérêts étrangers. On citera le général d’aviation Clermont éructant son racisme anti-russe pour proférer des énormités. Le général Yakovlev dont la carrière au sein de l’OTAN fournit peut-être une explication. Jusqu’au chef d’état-major de l’armée Française oublieux de son statut, et affichant des camaraderies politiques incongrues sur les réseaux sociaux. On pense aussi au colonel en retraite Michel Goya qu’on avait connu mieux inspiré. Tout content d’avoir été adoubé par la presse atlantiste, il a renié ses analyses sur l’armée russe en Syrie au profit d’une reprise quasi littérale de la production des pires sites néoconservateurs américains.

Le début de la fin de la mondialisation occidentale

Nous avons dit dans ces colonnes que l’invasion russe du 24 février dernier marquait le début d’un affrontement géostratégique qui dépasse le théâtre ukrainien. Et qui enclenche peut-être le processus de la fin de la globalisation comme forme contemporaine de la domination de l’Occident. Par incapacité à résister aux pressions américaines, par pusillanimité face à l’Allemagne force dominante économique et bientôt militaire de l’UE, nous sommes du mauvais côté de la barricade. Nous avons accepté le coup d’État de Ursula von der Leyen présidente de la Commission européenne s’arrogeant des pouvoirs dont elle ne devrait pas légalement disposer. Nous avons souscrit avec zèle à toutes les sanctions suicidaires mise en place par l’Europe contre la Russie et dont il ne fallait pas être grand clerc pour savoir qu’elles allaient avoir un effet boomerang terrible. Ou au moins écouter un Charles Gave rigolard décrivant dès l’annonce des premières sanctions, ce qui allait nous arriver. Concernant l’aspect militaire, le narratif d’une défaite de Moscou sur le terrain est en train de s’effondrer. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la presse occidentale, à la remorque du New York Times et du Washington Post, multiplie les virages sur l’aile sur ce point. Mais chez nous le récit désormais inepte de la débandade russe, fait encore de la résistance.

Histoire d’enfoncer le clou, on invitera à la lecture attentive d’un article publié sur le site du journal britannique « The Guardian » le 2 juin dernier, signé par Larry Elliott, rédacteur en chef économie du quotidien et intitulé : « La Russie est en train de gagner la guerre économique – et Poutine n’est pas près de retirer ses troupes ». Ah bon ? Emmanuel Macron, Bruno Lemaire et BFM se seraient donc trompé ? Ou nous auraient menti ?

Le diagnostic de Larry Elliott est sans appel quoique formulé à l’aide de l’art très britannique de l’euphémisme : « La défaite complète de Poutine sur le champ de bataille est une façon dont la guerre pourrait se terminer, bien qu’en l’état actuel des choses, cela ne semble pas si probable… Le potentiel de graves dommages collatéraux de la guerre économique est évident : baisse du niveau de vie dans les pays développés ; la famine, les émeutes de la faim et une crise de la dette dans les pays en développement. » Bigre, si l’on comprend bien, la défaite militaire de la Russie est improbable, et en attendant l’Europe est singulièrement dans la mélasse, terme choisi pour rester poli.

Avec « l’étrange défaite », « l’équipe mixte » est de retour

Marc Bloch avait témoigné de l’insuffisance de ces élites qui sombrèrent en mai, juin et juillet 1940. Il avait considéré la défaite et la débâcle françaises comme de la responsabilité du gouvernement et du commandement influencés par les élites militaires, économiques et sociales.

Les dirigeants français d’aujourd’hui, mandataires du bloc élitaire, sont-ils à la hauteur du défi lancé à notre pays par cet événement méta historique ? La réponse est évidemment négative. Sinon, nous n’en serions pas là. Emmanuel Macron qui a tous les culots vient d’annoncer la création d’un Conseil National de la Refondation, par référence au Conseil National de la Résistance (CNR) dont le programme a permis l’instauration de l’État-providence à la française. Pour poursuivre sa destruction le président de la République, qu’on imagine jubilant du bon tour, n’hésite pas à en confier la mission à un organisme de même acronyme. Il se justifie en disant : « nous vivons un temps comparable. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèles, et puis la guerre est là en Ukraine ». Le problème Monsieur le président, c’est que cette guerre, nous sommes en train de la perdre et qu’avec vos amis vous serez responsable de la défaite.

Nous proposerons pour conclure, de solliciter un autre témoin majeur de l’effondrement de 40 en la personne de Charles de Gaulle. Qui prononça le 18 juin 1941 au Caire, un discours pour le premier anniversaire de son appel. Dans le début duquel, il écrivait l‘Histoire en quatre phrases fulgurantes :

« Le 17 juin 1940 disparaissait à Bordeaux le dernier gouvernement régulier de la France. L’équipe mixte du défaitisme et de la trahison s’emparait du pouvoir dans un pronunciamento de panique. Une clique de politiciens tarés, d’affairistes sans honneur, de fonctionnaires arrivistes et de mauvais généraux se ruait à l’usurpation en même temps qu’à la servitude. Un vieillard de 84 ans, triste enveloppe d’une gloire passée, était hissé sur le pavois de la défaite pour endosser la capitulation et tromper le peuple stupéfait. »

Malheureusement, politiciens tarés, affairistes sans honneur, fonctionnaires arrivistes et mauvais généraux, ils sont tous là. L’équipe mixte est de retour. Elle est au pouvoir et il faut rappeler que la confiance lui a été largement renouvelée le 24 avril dernier.

Nous allons vers des temps difficiles.

source : Vu du Droit

 

OTAN contre Russie : La suite des événements


Par Pepe Escobar – Le 24 mai 2022 – Source thesaker.is

À Davos et au-delà, le récit optimiste de l’OTAN joue comme un disque rayé, tandis que sur le terrain, la Russie empile des victoires qui pourraient couler l’ordre atlantique.

Trois mois après le début de l’opération Z de la Russie en Ukraine, la bataille de l’Ouest (12 %) contre le reste du monde (88 %) continue de se métastaser. Pourtant, le récit – curieusement – reste le même.

 

Lundi, depuis Davos, le président exécutif du Forum économique mondial, Klaus Schwab, a présenté le comédien et président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de la dernière étape de sa tournée de sollicitation d’armes, en lui rendant un vibrant hommage. Herr Schwab a souligné qu’un acteur se faisant passer pour un président qui défend les néonazis est soutenu par « toute l’Europe et l’ordre international ».

Il veut dire, bien sûr, tout le monde sauf les 88 % de la planète qui souscrivent à l’État de droit – au lieu de la fausse construction que l’Occident appelle un « ordre international fondé sur des règles ».

Dans le monde réel, la Russie a lentement mais sûrement réécrit l’art de la guerre hybride. Pourtant, dans le carnaval des opérations psychologiques de l’OTAN, de l’infiltration cognitive agressive et de la flagornerie des médias, on parle beaucoup de la nouvelle « aide » américaine de 40 milliards de dollars à l’Ukraine, jugée capable de changer la donne dans la guerre.

Cette histoire de « changement de jeu » est une courtoisie des mêmes personnes qui ont dépensé des milliers de milliards de dollars pour sécuriser l’Afghanistan et l’Irak. Et nous avons vu comment cela s’est passé.

L’Ukraine est le Saint Graal de la corruption internationale. Ces 40 milliards de dollars ne peuvent changer la donne que pour deux catégories de personnes : Premièrement, le complexe militaro-industriel américain, et deuxièmement, une bande d’oligarques ukrainiens et d’ONG néo-cons, qui s’accapareront le marché noir des armes et de l’aide humanitaire, puis blanchiront les profits dans les îles Caïmans.

Une ventilation rapide des 40 milliards de dollars révèle que 8,7 milliards de dollars serviront à reconstituer le stock d’armes américain (et ne seront donc pas du tout destinés à l’Ukraine) ; 3,9 milliards de dollars pour l’USEUCOM (le « bureau » qui dicte les tactiques militaires à Kiev) ; 5 milliards de dollars pour une « chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale » floue et non spécifiée ; 6 milliards de dollars pour les armes et la « formation » à l’Ukraine ; 9 milliards de dollars en « assistance économique » (qui disparaîtront dans certaines poches) ; et 0,9 milliard de dollars pour les réfugiés.

Les agences de notation américaines ont classé Kiev dans la catégorie des entités ne pouvant pas rembourser leurs prêts, de sorte que les grands fonds d’investissement américains abandonnent l’Ukraine, laissant l’Union européenne (UE) et ses États membres comme seule option pour le pays.

Peu de ces pays, à l’exception d’entités russophobes telles que la Pologne, peuvent justifier auprès de leurs propres populations l’envoi d’énormes sommes d’aide directe à un État en faillite. Il incombera donc à la machine européenne basée à Bruxelles d’en faire juste assez pour maintenir l’Ukraine dans un coma économique, indépendamment de toute contribution des États membres et des institutions.

Ces « prêts » de l’UE – essentiellement sous forme de livraisons d’armes – peuvent toujours être remboursés par les exportations de blé de Kiev. C’est ce qui se passe déjà à petite échelle via le port de Constanta, en Roumanie, où le blé ukrainien arrive par barges sur le Danube et est chargé chaque jour dans des dizaines de cargos. Ou encore, via des convois de camions roulant pour le racket « armes contre blé ». Cependant, le blé ukrainien continuera à nourrir les riches occidentaux, pas les Ukrainiens appauvris.

De plus, attendez-vous à ce que l’OTAN invente cet été un autre stratagème monstrueux pour défendre son droit divin (non légal) d’entrer dans la mer Noire avec des navires de guerre pour escorter les navires ukrainiens transportant du blé. Les médias pro-OTAN diront que l’Occident est « sauvé » de la crise alimentaire mondiale, qui est directement causée par les trains de sanctions occidentaux hystériques et en série.

La Pologne opte pour une annexion douce

L’OTAN augmente en effet massivement son « soutien » à l’Ukraine via la frontière occidentale avec la Pologne. Cela est en phase avec les deux grands objectifs de Washington : Premièrement, une « longue guerre », de type insurrectionnel, comme en Afghanistan dans les années 1980, où les djihadistes sont remplacés par des mercenaires et des néonazis. Deuxièmement, les sanctions instrumentalisées pour « affaiblir » la Russie, militairement et économiquement.

Les autres objectifs restent inchangés, mais sont subordonnés aux deux principaux : s’assurer que les Démocrates soient réélus lors des élections de mi-mandat (ce qui ne va pas se produire) ; irriguer le complexe miltaro-industriel avec des fonds qui sont recyclés sous forme de pots-de-vin (ce qui se produit déjà) ; et maintenir l’hégémonie du dollar américain par tous les moyens (délicat : le monde multipolaire est en train de s’organiser).

L’un des principaux objectifs atteints avec une facilité déconcertante est la destruction de l’économie allemande, et par conséquent de l’économie de l’UE, une grande partie des entreprises survivantes étant finalement vendues à des intérêts américains.

Prenez, par exemple, Milan Nedeljkovic, membre du conseil d’administration de BMW, qui a déclaré à Reuters que « notre industrie représente environ 37 % de la consommation de gaz naturel en Allemagne », qui sombrera sans l’approvisionnement en gaz russe.

Le plan de Washington est de maintenir la nouvelle « longue guerre » à un niveau pas trop incandescent – pensez à la Syrie dans les années 2010 – alimentée par des rangées de mercenaires, et comportant des escalades périodiques de l’OTAN par n’importe qui, de la Pologne et des nains baltes à l’Allemagne.

La semaine dernière, ce pitoyable eurocrate qui se fait passer pour le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a vendu la mèche lors de la présentation de la prochaine réunion du Conseil des affaires étrangères de l’UE.

Borrell a admis que « le conflit sera long » et que « la priorité des États membres de l’UE » en Ukraine « consiste à fournir des armes lourdes. »

Puis le président polonais Andrzej Duda a rencontré Zelensky à Kiev. La série d’accords signés par les deux hommes indique que Varsovie entend profiter largement de la guerre pour renforcer son influence politico-militaire, économique et culturelle en Ukraine occidentale. Les ressortissants polonais seront autorisés à être élus dans les organes gouvernementaux ukrainiens et pourront même prétendre à devenir juges constitutionnels.

En pratique, cela signifie que Kiev transfère la gestion de l’État ukrainien en faillite à la Pologne. Varsovie n’aura même pas à envoyer de troupes. Appelez cela une annexion douce.

Le rouleau compresseur en marche

En l’état actuel, la situation sur le champ de bataille peut être examinée sur cette carte. Les communications interceptées du commandement ukrainien révèlent leur objectif de construire une défense en couches de Poltava à Dniepropetrovsk, Zaporozhia, Krivoy Rog et Nikolaev – qui se trouve être un bouclier pour Odessa, déjà fortifiée. Rien de tout cela ne garantit le succès contre l’assaut russe qui s’annonce.

Il est toujours important de se rappeler que l’opération Z a débuté le 24 février avec environ 150 000 combattants – et certainement pas les forces d’élite de la Russie. Et pourtant, ils ont libéré Marioupol et détruit le bataillon d’élite néo-nazi Azov en l’espace de cinquante jours seulement, nettoyant une ville de 400 000 habitants avec un minimum de pertes.

Tout en menant une véritable guerre sur le terrain – pas ces bombardements américains aveugles depuis les airs – dans un pays immense contre une armée nombreuse, et en faisant face à de multiples défis techniques, financiers et logistiques, les Russes ont également réussi à libérer Kherson, Zaporizhia [L’auteur s’emballe un peu pour cette dernière ville, NdT] et la quasi-totalité de la zone des « bébés jumeaux », les républiques populaires de Donetsk et Luhansk.

Le commandant des forces terrestres russes, le général Aleksandr Dvornikov, a accéléré les frappes de missiles, d’artillerie et d’avions à un rythme cinq fois plus rapide que lors de la première phase de l’opération Z, tandis que les Ukrainiens, dans l’ensemble, manquent de carburant, de munitions pour l’artillerie, de spécialistes entraînés, de drones et de radars.

Ce que les généraux américains en fauteuil et à la télévision ne peuvent tout simplement pas comprendre, c’est que dans la vision russe de cette guerre – que l’expert militaire Andrei Martyanov définit comme une « opération combinée d’armes et de police » – les deux objectifs principaux sont la destruction de tous les moyens militaires de l’ennemi tout en préservant la vie de ses propres soldats.

Ainsi, si la perte de chars n’est pas un problème majeur pour Moscou, la perte de vies l’est. Et c’est ce qui explique les bombardements russes massifs ; chaque cible militaire doit être détruite de manière concluante. Les frappes de précision sont cruciales.

Le débat fait rage parmi les experts militaires russes sur la raison pour laquelle le ministère de la défense n’opte pas pour une victoire stratégique rapide. Ils auraient pu réduire l’Ukraine en décombres – à la manière américaine – en un rien de temps. Cela ne se produira pas. Les Russes préfèrent avancer lentement et sûrement, à la manière d’un rouleau compresseur. Ils n’avancent qu’après que les sapeurs aient entièrement vérifié le terrain ; après tout, il y a des mines partout.

Le schéma général est immanquable, quel que soit le barrage de l’OTAN. Les pertes ukrainiennes deviennent exponentielles – jusqu’à 1 500 morts ou blessés par jour, tous les jours. S’il y a 50 000 Ukrainiens dans les différents chaudrons du Donbass, ils auront disparu d’ici la fin juin.

L’Ukraine a dû perdre jusqu’à 20 000 soldats dans et autour de Marioupol seulement. C’est une défaite militaire massive, dépassant largement Debaltsevo en 2015 et précédemment Ilovaisk en 2014. Les pertes près d’Izyum pourraient être encore plus élevées qu’à Marioupol. Et maintenant viennent les pertes dans le coin de Severodonetsk.

Nous parlons ici des meilleures forces ukrainiennes. Peu importe que seulement 70 % des armes occidentales envoyées par l’OTAN arrivent sur le champ de bataille : le problème majeur est que les meilleurs soldats se consument… consument… consument, et ne seront pas remplacés. Les néo-nazis d’Azov, la 24e brigade, la 36e brigade, diverses brigades d’assaut aérien – ils ont tous subi des pertes de plus de 60 % ou ont été complètement démolis.

La question clé, comme l’ont souligné plusieurs experts militaires russes, n’est donc pas de savoir quand Kiev « perdra » son point de non-retour, mais combien de soldats Moscou est prêt à perdre pour y parvenir.

L’ensemble de la défense ukrainienne repose sur l’artillerie. Les principales batailles à venir impliquent donc l’artillerie à longue portée. Il y aura des problèmes, car les États-Unis sont sur le point de livrer des systèmes M270 MLRS avec des munitions guidées de précision, capables d’atteindre des cibles à une distance de 70 kilomètres ou plus.

La Russie dispose toutefois d’un contre-poids : le petit complexe opérationnel-tactique Hermes, qui utilise des munitions de haute précision, la possibilité d’un guidage laser et une portée de plus de 100 kilomètres. Et ils peuvent fonctionner en conjonction avec les systèmes de défense aérienne Pantsir déjà produits en série.

Le navire en perdition

L’Ukraine, dans ses frontières actuelles, appartient déjà au passé. Georgy Muradov, représentant permanent de la Crimée auprès du président russe et vice-premier ministre du gouvernement de Crimée, est catégorique : « L’Ukraine sous la forme dans laquelle elle était, je pense, ne subsistera plus. C’est déjà l’ancienne Ukraine ».

La mer d’Azov est désormais devenue une « mer d’utilisation conjointe » par la Russie et la République populaire de Donetsk (RPD), comme l’a confirmé Muradov.

Marioupol sera restaurée. La Russie a acquis une grande expérience dans ce domaine, tant à Grozny qu’en Crimée. Le corridor terrestre Russie-Crimée est en marche. Quatre hôpitaux sur cinq à Marioupol ont déjà rouvert et les transports publics sont de retour, ainsi que trois stations-service.

La perte imminente de Severodonetsk et de Lysichansk fera sonner de sérieuses sonnettes d’alarme à Washington et à Bruxelles, car cela représentera le début de la fin du régime actuel de Kiev. Et cela, à toutes fins utiles – et au-delà de la noble rhétorique disant « l’Ouest est à vos côtés » – signifie que les gros joueurs ne seront pas vraiment encouragés à parier sur un bateau qui coule.

Sur le front des sanctions, Moscou sait exactement à quoi s’attendre, comme le détaille le ministre du Développement économique, Maxim Reshetnikov : « La Russie part du fait que les sanctions à son encontre sont une tendance à plutôt long terme, et du fait que le pivot vers l’Asie, l’accélération de la réorientation vers les marchés orientaux, vers les marchés asiatiques est une direction stratégique pour la Russie. Nous ferons tous les efforts possibles pour nous intégrer dans les chaînes de valeur précisément avec les pays asiatiques, avec les pays arabes, avec l’Amérique du Sud. »

En ce qui concerne les efforts visant à « intimider la Russie », les acteurs seraient bien avisés d’écouter le son hypersonique des 50 missiles de pointe Sarmat prêts au combat cet automne, comme l’a expliqué le chef de Roscosmos, Dmitry Rogozin.

Les réunions de cette semaine à Davos mettent en lumière un autre alignement qui se forme dans la bataille mondiale unipolaire contre multipolaire. La Russie, les petits jumeaux, la Tchétchénie et des alliés tels que la Biélorussie sont désormais opposés aux « leaders de Davos », autrement dit à l’ensemble de l’élite occidentale, à quelques exceptions près, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Zelensky s’en sortira. Il est protégé par les forces spéciales britanniques et américaines. La famille vivrait dans un manoir de 8 millions de dollars en Israël. Il possède une villa de 34 millions de dollars à Miami Beach, et une autre en Toscane. Les Ukrainiens moyens ont été trompés, volés et, dans de nombreux cas, assassinés par le gang de Kiev qu’il préside – oligarques, fanatiques du service de sécurité (SBU), néonazis. Et les Ukrainiens qui restent (10 millions ont déjà fui) continueront d’être traités comme des moins que rien.

Pendant ce temps, le président russe Vladimir « le nouvel Hitler » Poutine n’est absolument pas pressé de mettre fin à ce drame plus grand que nature qui ruine et pourrit l’Occident déjà en pleine décadence. Pourquoi le ferait-il ? Il a tout essayé, depuis 2007, sur le front du « pourquoi ne pouvons-nous pas nous entendre ». Poutine a été totalement rejeté. Il est donc temps de s’asseoir, de se détendre et d’assister au déclin de l’Occident.

Par Pepe Escobar, publié avec l’autorisation de l’auteur et de The Cradle.

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Les programmes militaires secrets ukrainiens

...par Thierry Meyssan - Le 31/05/2022.

Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire.

Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump (2017).

En 2016, les États-Unis se sont engagés à armer l’Ukraine pour qu’elle livre et gagne une guerre contre la Russie. Par la suite, le ministère de la Défense US a organisé un programme de recherche biologique en Ukraine, puis d’énormes quantités de combustibles nucléaires ont été secrètement transférées dans le pays. Ces données modifient l’interprétation de cette guerre : elle n’a pas été voulue et préparée par Moscou, mais par Washington.

 

Source : RzO Voltaire

Le 4 mars 2022, au cours d’une attaque des forces spéciales ukrainiennes de la centrale nucléaire de Zaporijjia, que l’armée russe occupait depuis plusieurs jours, un projectile déclenche un incendie dans un laboratoire adjacent. À ce moment-là, le monde, ignorant l’enjeu de cette bataille, a cru que les combattants étaient devenus fous et prenaient le risque inconsidéré de faire exploser la centrale.

Cet article fait suite à :
 1. « La Russie veut contraindre les USA à respecter la Charte des Nations unies », 4 janvier 2022.
 2. « Washington poursuit le plan de la RAND au Kazakhstan, puis en Transnistrie », 11 janvier 2022.
 3. « Washington refuse d’entendre la Russie et la Chine », 18 janvier 2022.
 4. « Washington et Londres, atteints de surdité », 1er février 2022.
 5. « Washington et Londres tentent de préserver leur domination sur l’Europe », 8 février 2022.
 6. « Deux interprétations de l’affaire ukrainienne », 15 février 2022.
 7. « Washington sonne l’hallali, tandis que ses alliés se retirent », 22 février 2022.
 8. « Vladimir Poutine déclare la guerre aux Straussiens », 5 mars 2022.
 9. « Une bande de drogués et de néo-nazis », 5 mars 2022.
 10 « Israël abasourdi par les néo-nazis ukrainiens », 8 mars 2022.
 11. « Ukraine : la grande manipulation », 22 mars 2022.
 12. « Le Nouvel Ordre Mondial que l’on prépare sous prétexte de guerre en Ukraine », 29 mars 2022.
 13 « La propagande de guerre change de forme », 5 avril 2022.
 14. « L’alliance du MI6, de la CIA et des bandéristes », 12 avril 2022.
 15. « La fin de la domination occidentale »,19 avril 2022.
 16. « Ukraine : la Seconde Guerre mondiale ne s’est jamais terminée », 26 avril 2022.
 17. « Washington espère rétablir son hyper-puissance grâce à la guerre en Ukraine », 3 mai 2022.
 18. « Le Canada et les bandéristes », 10 mai 2022.
 19. « Une nouvelle guerre se prépare pour l’après défaite face à la Russie », 24 mai 2022.

 

Tout au long de cette série d’articles, commencée un mois et demi avant la guerre en Ukraine, j’ai développé l’idée que les Straussiens, le petit groupe des adeptes de Leo Strauss au sein des administrations US, planifiait un affrontement contre la Russie et la Chine. Cependant, dans le dixième épisode de cette série, je relatais la manière dont le régiment Azov est devenu le pilier paramilitaire des bandéristes ukrainiens en faisant référence à la visite que lui rendit le sénateur John McCain, en 2016 [1]. Or celui-ci n’est pas un Straussien, mais a été conseillé par Robert Kagan lors de sa campagne électorale présidentielle de 2008, un penseur central parmi les Straussiens [2], même s’il a toujours prudemment nié son appartenance à cette secte.

LA PLANIFICATION DE LA GUERRE CONTRE LA RUSSIE

 

Une vidéo, filmée lors de la visite de John McCain en Ukraine en 2016, a refait surface. On y voit le sénateur accompagné par son collègue et ami, le sénateur Lindsey Graham, et par le président ukrainien Petro Poroshenko. Les deux États-uniens se déplacent en mission sénatoriale. Mais McCain est aussi le président de l’IRI (International Republican Institute), la branche républicaine de la NED (National Endowment for Democracy). On sait que l’IRI a animé une centaine de séminaires pour les responsables des partis politiques ukrainiens classés à droite, y compris pour les bandéristes. Les sénateurs s’adressent à des officiers du régiment Azov, la principale formation paramilitaire bandériste. Cela ne doit pas surprendre. John McCain a toujours soutenu que les États-Unis devaient s’appuyer sur les ennemis de leurs ennemis quels qu’ils soient. Ainsi, il a publiquement revendiqué ses contacts avec Daesh contre la République arabe syrienne [3]..

 

Dans cette vidéo, les sénateurs Lindsey Graham et John McCain assurent que les États-Unis donneront toutes les armes nécessaires à leurs interlocuteurs pour qu’ils parviennent à vaincre la Russie.

Cette vidéo, je le répète, a été enregistrée six ans avant l’entrée de l’armée russe en Ukraine. Les deux sénateurs investissent leurs interlocuteurs d’une mission. Ils ne les considèrent pas comme des mercenaires que l’on paye, mais comme des proxys qui se battront pour le monde unipolaire jusqu’à la mort.

Le président Petro Porochenko remet son nouvel écusson au SBU.

Peu après, le président Porochenko, qui avait assisté à cet entretien en tenue de combat, modifia l’écusson de ses services secrets, le SBU. Il s’agit désormais d’une chouette tenant un glaive dirigé contre la Russie avec la devise « Le sage régnera sur les étoiles ». Il est clair que l’appareil d’État ukrainien se préparait à la guerre contre la Russie pour le compte des États-Unis.

Trois ans plus tard, le 5 septembre 2019, la Rand Corporation organisait une réunion à la Chambre des représentants US pour leur expliquer son plan : Affaiblir la Russie en l’obligeant à se déployer au Kazakhstan, puis en Ukraine et jusqu’en Transnistrie [4].

J’ai longuement expliqué dans deux articles précédents [5] que les États-Unis et le Royaume-Uni ont récupéré à la fin de la Seconde Guerre mondiale de nombreux dirigeants nazis et les bandéristes ukrainiens pour les dresser contre l’URSS. Ils ont materné ces fanatiques dès la disparition de celle-ci pour les utiliser contre la Russie. Restait à explorer la manière dont ils les ont armés.

LE PROGRAMME BIOLOGIQUE MILITAIRE UKRAINIEN

 

À partir de 2014, l’État ukrainien a débuté plusieurs programmes militaires secrets.

Le premier et le plus connu est sa collaboration avec le Pentagone dans 30 laboratoires différents. Selon les États-Unis, ce programme visait à détruire les armes biologiques que l’Union soviétique avait fabriquées et entreposées en Ukraine. C’est évidemment peu probable car on ne voit pas, 31 ans après l’indépendance et 8 ans après le début de ce programme, pourquoi il en resterait encore.

Au contraire, selon la Russie, le Pentagone faisait sous-traiter par l’Ukraine des recherches sur des armes interdites par la Convention sur l’interdiction des armes biologiques de 1972. Sur la base de documents saisis lors de son opération spéciale, elle affirme notamment que des expériences ont été menées à leur insu sur des malades mentaux à l’hôpital psychiatrique n° 1 (Streletchyé, région de Kharkov) et qu’un agent tuberculeux a été manipulé pour infecter la population du district de Slavianoserbsk (République populaire de Lougansk). Ou encore que ces laboratoires menaient « des expériences extrêmement dangereuses visant à renforcer les propriétés pathogènes de la peste, de l’anthrax, de la tularémie, du choléra et d’autres maladies mortelles en recourant à la biologie de synthèse ». Un autre projet concerne les chauves-souris en tant que vecteurs de transmission d’agents de guerre biologiques potentiels, tels que la peste, la leptospirose, la brucellose, les filovirus ou les coronavirus.

 

 

Ces accusations gravissimes ne sont toujours pas clairement réfutées ou établies. La séance que la Russie avait convoquée à ce sujet au Conseil de sécurité des Nations unies, le 11 mars 2022 [6], n’a rien donné. Après avoir nié, la sous-secrétaire d’État, la Straussienne Victoria Nuland (et épouse de Robert Kagan), a déclaré lors d’une audition au Sénat US, le 8 mars 2022 : « L’Ukraine a... des installations de recherche biologique. Nous craignons que les troupes russes ne tentent d’en prendre le contrôle. Nous essayons donc, avec les Ukrainiens, de nous assurer que ces matériaux de recherche ne tombent pas entre les mains des forces russes si elles se rapprochent ».

Malgré ces incohérences, les Occidentaux ont fait bloc derrière Washington, accusant Moscou de mentir. À leurs yeux, il est tout à fait normal que des États disposent de collections de ces maladies afin de les étudier, leur présence ne doit pas être interprétée comme destinée à fabriquer des armes. Les laboratoires ukrainiens sont régulièrement surveillés par l’OSCE (organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) [7]. Il n’en reste pas moins que cette interprétation ne permet pas de comprendre les propos de Madame Nuland et ne rend pas compte de catastrophes comme, par exemple, l’épidémie de grippe porcine qui a tué 20 soldats ukrainiens en janvier 2016 et à contraint 200 autres à être hospitalisés.

L’ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, a notamment dénoncé des recherches sur la transmission de maladies dangereuses par des ectoparasites comme les poux et les puces. Il a rappelé que des expériences similaires avaient « été menées dans les années 40 par la tristement célèbre Unité 731 de l’armée japonaise, dont les membres se sont réfugiés aux États-Unis pour échapper à la justice ». L’unité 731, c’est l’équivalent japonais du service du Dr Josef Mengele à Auschwitz.

Comme si cela ne suffisait pas, Monsieur Nebenzia s’est interrogé sur le transfert de plusieurs milliers d’échantillons de sérum sanguin de patients d’origine slave, d’Ukraine à l’Institut de recherche Walter Reed de l’armée US. Des recherches, selon lui, visant sélectivement des groupes
ethniques spécifiques comme celles que le Dr. Wouter Basson mena pour l’Afrique du Sud de l’apartheid et Israël durant sa période coloniale contre les noirs et les arabes (« Coast Project »).

 

L’administration de l’Onu a botté en touche, assurant tout ignorer de ce programme et renvoyant aux mesures de confiance prévues par le Traité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait savoir qu’elle avait eu connaissance de l’existence de ce programme, mais en ignorait les détails. Elle a confirmé par écrit à l’agence Reuters qu’elle avait « fortement recommandé au ministère ukrainien de la Santé et aux autres organismes responsables de détruire les agents pathogènes à haut risque afin de prévenir toute fuite potentielle » [8]. La presse chinoise, quant à elle, évoque des expériences visant à transformer des insectes en cyborgs afin de féconder ou de stériliser des cultures (Opération « Insects Allies »).

 

Réunion d’experts des ministères de la Défense et de la Santé des Etats-Unis, de Pologne et d’Ukraine, organisée par la société d’Hunter Biden et de Christopher Heinz en 1996.
Source : Science and Technology Center in Ukraine

Ces expériences militaires, quelles qu’elles soient, ont été commandées indirectement par le Centre national de Renseignement médical (National Medical Intelligence Center) via l’Agence de la Défense pour la réduction des menaces (Defense Threat Reduction Agency — DTRA) et la société US Rosemont Seneca Technology Partners (RSTP). Cette dernière a été fondée par Hunter Biden et Christopher Heinz, respectivement fils du président Joe Biden et beau-fils de John Kerry [9]. Tous les résultats de ces recherches ont été envoyés au laboratoires biologiques militaires de Fort Detrick qui ont autrefois joué un rôle de premier plan dans le programme d’armes biologiques des États-Unis.

Comme l’a souligné le représentant chinois au Conseil de sécurité : « Toute information ou piste sur des activités biologiques militaires doit susciter une grande attention de la part de la communauté internationale (…) Les États-Unis disent qu’ils sont pour la transparence. S’ils estiment que ces informations sont fausses, ils n’ont qu’à fournir les données pertinentes et apporter des éclaircissements afin que la communauté internationale puisse se prononcer à ce sujet ».

 

Selon les Nations unies, si les Etats-Unis ont fourni régulièrement des rapports sur leurs activités biologiques dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, l’Ukraine n’en a jamais déposé [10]

La Russie a pris plusieurs mesures. D’abord elle a détruit avec précaution les conteneurs de 26 de ces laboratoires ukrainiens (4 autres ont échappé à l’armée russe). Ensuite, elle a invité ses alliés de l’OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) à surveiller les accords qu’ils avaient pu passer avec les États-Unis. L’Arménie et le Kazakhstan ont mis fin à ces recherches. Enfin, les membres de l’OTSC ont interdit l’accès de tout personnel de Défense étranger dans leurs laboratoires.

Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, a révélé au Forum de Davos que l’Ukraine détient d’énormes quantités de plutonium et d’uranium enrichi.

LE PROGRAMME NUCLÉAIRE MILITAIRE UKRAINIEN

 

Venons-en maintenant au plus problématique parce qu’il y a bien plus grave encore. Lors de son indépendance, la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ont hérité d’une bonne partie du système d’armes nucléaires soviétiques. Ces trois nouveaux États signèrent le Mémorandum de Budapest, en 1994, avec les États-Unis, la Russie et le Royaume-Uni. Les trois Grands s’engageaient à garantir leurs frontières tandis que les trois petits s’engageaient à transférer toutes leurs armes nucléaires à la Russie et à respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

 

Ce mémorandum est souvent évoqué par ceux qui veulent souligner la duplicité russe qui, après l’avoir signé, l’aurait violé. Ce n’est pas exact puisque le mémorandum prévoit que chacun des trois Grands sera relevé de sa promesse de non-intervention en cas de « légitime défense ou d’une autre manière conforme aux dispositions de la Charte des Nations Unies ». Or, la Russie a officiellement reconnu les républiques du Donbass après que l’État ukrainien a refusé d’honorer sa signature des Accords de Minsk et que son armée a bombardé le Donbass durant 8 ans.

Entre 2014 et 2022, l’Ukraine demanda quatre fois une renégociation du Mémorandum de Budapest. Finalement, le président Volodymyr Zelensky déclara lors de la réunion annuelle de la Conférence sur la Sécurité de Munich, le 19 février 2022 : « Moi, en tant que président, je le ferai pour la première fois. Mais l’Ukraine et moi-même le faisons pour la dernière fois. Je lance des consultations dans le cadre du Mémorandum de Budapest. Le ministre des Affaires étrangères a été chargé de les convoquer. Si elles ne se reproduisent pas ou si leurs résultats ne garantissent pas la sécurité de notre pays, l’Ukraine sera en droit de penser que le Mémorandum de Budapest ne fonctionne pas et que toutes les décisions globales de 1994 sont remises en question » [11].

Remettre en question « toutes les décisions globales de 1994 », cela ne peut pas vouloir dire autre chose que reprendre des armes nucléaires. Par conséquent la position du président Zelensky peut être résumée comme suit : Laissez-nous réprimer les séparatistes du Donbass ou nous rétabliront notre programme nucléaire militaire. Il est à noter que les principaux dirigeants de l’Alliance atlantique étaient présents ou représentés dans la salle. Pourtant aucun n’a protesté devant l’annonce d’une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Commentant ce discours, le président russe, Vladimir Poutine a déclaré : « La seule chose qui manque [à l’Ukraine] c’est un système d’enrichissement d’uranium. Mais c’est une question technique, et pour l’Ukraine ce n’est pas un problème insoluble ».

Les services de renseignements russes étaient informés que l’Ukraine avait un programme militaire nucléaire. Nous ignorons ce qu’ils savaient précisément de ce programme.

Laurence Norman, envoyé spécial du Wall Street Journal au forum de Davos sur le nucléaire iranien, a relaté sur Twitter la déclaration de Rafael Grossi sur le nucléaire ukrainien, mais n’a pas publié d’article à ce sujet. L’information a été confirmée par un autre journaliste, du New York Times cette fois, toujours sur Twitter.

L’Argentin Rafael Grossi, qui dirige l’Agence internationale de l’énergie atomique, a incidemment déclaré, le 25 mai au Forum de Davos, que l’Ukraine avait entreposé 30 tonnes de plutonium et 40 tonnes d’uranium enrichi dans sa centrale de Zaporijjia et que son agence se demandait ce qu’ils étaient devenus.

Or la centrale de Zaporijjia était un des objectifs de l’armée russe qui l’a investie le second jour de son opération spéciale, le 26 février. Un incendie a été déclenché dans un laboratoire adjacent lors d’un accrochage russo-ukrainien, le 4 mars. On avait alors dénoncé l’irresponsabilité de l’armée russe. À l’évidence, il s’agissait de tout autre chose ainsi que l’avait déclaré Moscou. La Russie avait commencé le transfert de ces combustibles et des forces spéciales ukrainiennes ont tenté de les en empêcher.

Le plutonium est vendu entre 5 000 et 11 000 $ le gramme. 30 tonnes achetées au prix coûtant, cela représente 150 milliards de dollars. Le prix de l’uranium dépend de son degré d’enrichissement. À moins de 5 %, il ne peut être utilisé qu’à usage civil et doit atteindre au moins 80 % pour un usage militaire. Ignorant son degré d’enrichissement, on ne peut évaluer son prix. La saisie par la Russie de ce stock non-déclaré rembourse probablement l’ensemble des sanctions prises contre elles.

L’information dont nous disposons soulève plusieurs questions : Depuis quand l’Ukraine, qui avait cédé à la Russie tous ses stocks de l’époque soviétique, détient-elle ces matériaux ? D’où viennent-ils et qui les a payés ? Subsidiairement : Quel est le taux d’enrichissement de l’uranium et qui l’a enrichi ?

À ces questions, la presse russe en ajoute une autre : Quelle est la fiabilité de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui a maintenu cette information secrète jusqu’à la semaine dernière ?

Au vu de ces éléments, il convient de réviser l’accusation commune selon laquelle la Russie serait responsable de cette guerre.

Serviteur du peuple ou serviteur des corrompus ?


Par Pedro Gonzalez – Le 28 mai 2022 – Source IM 1776

En février 2021, sur ordre du président Volodymyr Zelensky, l’Ukraine fermait trois chaînes de télévision nationales, les accusant de diffuser de la « propagande » russe. Trois mois plus tard, Zelenksky faisait arrêter Viktor Medvedchuk, qui dirigeait à l’époque le deuxième plus grand parti du parlement national ukrainien, la Plateforme d’opposition pour la vie (OPZZh), pro-russe et eurosceptique.

Zelensky n’a pas eu d’hésitation à incinérer les normes démocratiques tant vantées bien avant que la Russie ne franchisse le Rubicon en Ukraine cette année. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait récidivé en pleine guerre, fin mars, en invoquant les pouvoirs d’urgence de la loi martiale pour nationaliser les chaînes de télévision et interdire 11 partis d’opposition, dont l’OPZZh ; tout cela soi-disant au nom de la lutte contre la désinformation et contre les sympathisants russes, même si le président de l’OPZZh de l’époque, Yuriy Boyko, avait lui-même dénoncé la guerre et appelé au cessez-le-feu et au retrait des troupes russes d’Ukraine. Zelensky, cependant, n’a pas manqué une telle occasion de couper les ailes de l’opposition politique dans son pays, encore moins maintenant que les médias occidentaux rationalisent et glorifient chacun de ses gestes.

 

Dresser un portrait du président ukrainien en parangon de la démocratie blanchit le vrai Zelensky et dissimule un vaste réseau de corruption et de sournoiseries internationales dont l’Ukraine est le centre. Pour comprendre le vrai Zelensky, il faut bien voir qu’il est la création de l’oligarque ukrainien Igor Kolomoisky. Il n’est, en vérité, qu’une marionnette de l’intrigue.

Les Pandora Papers

Il est peut-être difficile de le croire aujourd’hui, mais les révélations des « Pandora Papers » – des millions de fichiers provenant de fournisseurs de services fiscaux divulgués au Consortium international des journalistes d’investigation et partagés avec des partenaires du monde entier – ont fait vaciller Zelensky l’année dernière, menaçant de mettre fin à sa carrière politique. Car l’acteur devenu politicien avait fait campagne en tant que réformateur anti-corruption et les Pandora Papers montraient qu’il était tout aussi véreux que ses prédécesseurs.

Sur plus de 300 hommes politiques et agents publics, dont plusieurs dirigeants nationaux actuels et anciens, dans plus de 91 pays et territoires auxquels les documents étaient liés, l’Ukraine était le pays qui abritait le plus de comptes secrets dans les paradis fiscaux de tous, même la Russie. L’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), qui a contribué à l’enquête, a découvert que juste avant d’être élu président, Zelensky « a fait don de ses parts dans une société clé enregistrée dans les îles Vierges britanniques, Maltex Multicapital Corp., à son partenaire commercial, qui allait devenir son principal assistant présidentiel. Et malgré la cession de ses parts, les documents montrent qu’un arrangement a rapidement été conclu pour permettre à cette société installée dans un paradis fiscal de continuer à verser des dividendes à une société qui appartient désormais à sa femme. »

Comme pour les mesures de répression contre la liberté d’expression et l’opposition politique, le bureau de Zelensky a tenté de justifier le recours aux paradis fiscaux en invoquant le spectre de l’agression russe. Un conseiller du chef de cabinet de Zelensky a déclaré que ces sociétés secrètes étaient nécessaires pour « protéger » les revenus du groupe contre les « actions agressives » du régime « corrompu » de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, qui a été chassé par une révolution de couleur soutenue par les États-Unis en 2014. Les propriétés coûteuses acquises par les associés de Zelensky dans le centre de Londres, comme les paradis fiscaux, ne sont, semble-t-il, que d’humbles refuges pour ukrainiens persécutés.

Il faut ajouter que Zelensky et ses associés d’une société de production télévisuelle, Kvartal 95, ont mis en place un réseau de sociétés offshore remontant au moins à 2012. C’est également cette année-là que la société a commencé à produire des contenus réguliers pour les chaînes de télévision appartenant à Kolomoisky, l’oligarque le plus flamboyant d’Ukraine et le principal soutien de Zelensky.

Le Raider

Kolomoisky est connu pour avoir intimidé des clients en nourrissant un requin vivant qu’il gardait dans un énorme aquarium dans son bureau de Dnipropetrovsk, et aurait même ordonné des meurtres sous contrat. S’il n’existait pas, Richard Marcinko l’aurait probablement inventé comme méchant dans l’un des romans de sa série Rogue Warrior.

Kolomoisky a cofondé et a été, jusqu’en 2016, le principal propriétaire de PrivatBank, la plus grande banque commerciale d’Ukraine, ainsi que du PrivatBank Group, une coalition commerciale mondiale dont le contrôle s’étend sur des milliers d’entreprises dans pratiquement tous les secteurs d’activité en Ukraine, dans l’Union européenne, en Géorgie, en Russie, aux États-Unis et ailleurs. Il nie avoir besoin d’influencer le président, mais lorsque le Fonds monétaire international a mis fin aux discussions avec le gouvernement de Zelensky après avoir échoué à conclure un nouvel accord de prêt en 2019 (en invoquant une corruption omniprésente), Kolomoisky, à qui l’on demandait dans une interview qui gagnerait si Zelensky était obligé de choisir entre lui et les prêts du FMI, a répondu : « C’est moi ». Les médias ukrainiens ont noté que Kolomoisky n’a pas nié avoir financé la campagne de Zelensky.

Kolomoisky a construit son énorme fortune au sommet de PrivatBank principalement en tant que « raider ». Dans un article du Harper’s Magazine sur le bailleur de fonds de Zelensky, Andrew Cockburn précisait la signification de ce terme avec l’aide de Matthew Rojansky, directeur du Kennan Institute au Woodrow Wilson Center for International Scholars. Il existe en Ukraine des entreprises « enregistrées avec des bureaux et des cartes de visite, des entreprises [qui sont spécialisées dans] les différentes dimensions du processus de raid sur les entreprises, ce qui inclut des hommes armés pour faire des choses, la falsification de documents, la corruption de notaires, la corruption de juges », a déclaré Rojansky à Cockburn. Et selon Rojansky, Kolomoisky est « l’oligarque-raider le plus célèbre, accusé d’avoir mené une campagne massive de raids pendant une dizaine d’années jusqu’en 2010 ». À un moment donné, il a réussi à se retrouver sur la liste d’interdiction de visa des États-Unis, lui interdisant d’entrer dans le pays.

Mais les intérêts de l’oligarque vont bien au-delà des transactions commerciales coupe-gorge, se superposant aux affaires de Washington dans la région.

Entre 2013 et 2014, les États-Unis ont soutenu une révolution de couleur en Ukraine qui a abouti à un changement de régime. Cela a également déclenché une guerre civile entre les forces gouvernementales et les séparatistes pro-russes de l’est du pays qui ont déclaré leur indépendance vis-à-vis de Kiev. Au milieu de cette crise, le président par intérim, Oleksandr Turchynov, a nommé Kolomoisky gouverneur de l’oblast de Dnipropetrovsk. Il a transformé ses effectifs en une armée privée pour combattre les séparatistes. Pourtant, même si Kolomoisky s’est transformé en chef de guerre, il n’a pas négligé son empire commercial.

Un oligarque approuvé par Washington

En 2014, le FMI approuvait une aide d’urgence à l’Ukraine et injectait des milliards dans la Banque nationale d’Ukraine – la banque centrale du pays – pour soutenir les banques commerciales locales. Grâce à un stratagème à l’échelle mondiale impliquant des comptes PrivatBank et des sociétés du groupe PrivatBank, ainsi qu’un système judiciaire ukrainien corrompu, Kolomoisky a pillé des milliards d’aide du FMI. L’escroquerie, telle que révélée dans une série de jugements de tribunaux, a été décrite comme suit par Cockburn :

Quarante-deux entreprises ukrainiennes appartenant à cinquante-quatre entités offshore enregistrées dans des juridictions des Caraïbes, des États-Unis et de Chypre et liées ou affiliées au groupe d’entreprises Privat, ont contracté des prêts auprès de la PrivatBank en Ukraine pour une valeur de 1,8 milliard de dollars. Les entreprises ont ensuite commandé des marchandises à six sociétés « fournisseurs » étrangères, dont trois étaient constituées au Royaume-Uni, deux dans les îles Vierges britanniques et une dans l’îlot caribéen de Saint-Kitts-et-Nevis. Le paiement des commandes – 1,8 milliard de dollars – a été peu après prépayé sur les comptes des fournisseurs, qui se trouvaient, par coïncidence, dans la succursale chypriote de la PrivatBank. Une fois l’argent envoyé, les sociétés d’importation ukrainiennes se sont arrangées avec PrivatBank Ukraine pour que leurs prêts soient garantis par les marchandises commandées.

 

Mais les fournisseurs étrangers ont systématiquement déclaré qu’ils ne pouvaient finalement pas honorer la commande, rompant ainsi les contrats mais sans faire aucun effort pour restituer l’argent. Finalement, les sociétés ukrainiennes ont intenté une action en justice, toujours devant le tribunal économique de Dnipropetrovsk, exigeant que le fournisseur étranger restitue le prépaiement et que la garantie accordée à PrivatBank soit annulée. Dans quarante-deux de ces cas, le tribunal a rendu un jugement identique : le paiement anticipé devait être restitué à l’entreprise ukrainienne, mais le contrat de prêt devait rester en vigueur.

Au cours de cette période, Kolomoisky a maintenu la diversité de son portefeuille d’activités. L’année 2014 est également celle où Hunter Biden, le fils du vice-président de l’époque, Joe Biden, aurait rejoint le conseil d’administration de Burisma, une société énergétique ukrainienne à laquelle Kolomoisky est liée par une participation majoritaire, selon le New York Post. Des courriels obtenus par le Post révèlent que Vadym Pozharskyi, un protégé de Kolomoisky, a communiqué avec Hunter en 2015 au sujet d’une réunion entre Pozharskyi et le vice-président Biden de l’époque. De plus, les relevés bancaires de Hunter (obtenus légalement selon D&A Investigations) montrent des paiements qui lui ont été faits par PrivatBank.

En 2015, Kolomoisky était en chemin vers sa prochaine action controversée, celle qui allait finalement conduire à l’ascension de Zelensky.

En mars de cette année-là, les hommes de Kolomoisky ont physiquement pris le contrôle d’Ukrnafta, le plus grand producteur de pétrole et de gaz du pays, et d’UkrTransNafta, qui contrôle pratiquement tous les oléoducs en Ukraine. C’était une façon pour Kolomoisky de montrer sa désapprobation des timides efforts de réforme du gouvernement, ce qui représentaient une menace directe pour le pouvoir du président de l’époque, Petro Porochenko. Ce dernier s’est donc tourné vers Washington pour obtenir de l’aide, à savoir Victoria Nuland, alors secrétaire d’État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, et Geoffrey Pyatt, qui était alors ambassadeur des États-Unis en Ukraine.

Nuland est une interventionniste mariée à l’archi-néoconservateur Robert Kagan. Elle a été appelée « l’architecte de l’influence américaine en Ukraine », a joué un rôle dans le changement de régime et a servi dans toutes les administrations présidentielles, sauf celle de Trump, depuis l’époque de Bill Clinton. Les gens comme Nuland sont la raison pour laquelle les présidents vont et viennent, mais la politique étrangère interventionniste reste toujours.

Avec l’aide de D.C., en échange de sa démission, Porochenko a réussi à retirer Kolomoisky de la liste des interdictions de visa, entre autres choses. Il est important de noter que Pyatt et Nuland ont fermé les yeux sur le plan de détournement de fonds du FMI par Kolomoisky, alors même que Washington persécutait d’autres oligarques y ayant participé.

Pendant qu’il ignorait la corruption de Kolomoisky, le Département d’État a tenté d’extrader l’oligarque ukrainien Dmitry Firtash pour un incident de corruption qui aurait eu lieu en Inde. Cependant, son véritable crime était d’avoir des liens avec le gouvernement que Nuland avait contribué à renverser, ainsi que son association avec le président ukrainien déchu, Viktor Yanukovych. Lorsque Firtash a fait appel de son extradition, un juge européen lui a donné raison et a conclu que « l’Amérique voyait manifestement en Firtash quelqu’un qui menaçait ses intérêts économiques. » Néanmoins, Washington a la mémoire longue, et Firtash pourrait bien finir par être jugé aux États-Unis.

Après avoir été retiré de la liste des personnes interdites aux États-Unis, Kolomoisky a continué à détourner et à escroquer d’énormes sommes à la PrivatBank. Certaines de ses combines ont débordé sur le sol américain.

Selon le ministère de la Justice, de 2008 à 2016 environ, Kolomoisky a obtenu des prêts et des lignes de crédit frauduleux dans le cadre d’une arnaque massive totalisant au moins 5,5 milliards de dollars, soit à peu près l’équivalent de cinq pour cent du produit intérieur brut de l’Ukraine à l’époque. Aux États-Unis, des millions de ces dollars auraient été blanchis par des achats d’immobilier commercial, de l’Ohio au Kentucky, en passant par le Texas. En outre, le bienfaiteur de Zelensky aurait acheté une douzaine d’aciéries dans de petites villes américaines, laissant dans son sillage des usines en faillite, des impôts impayés, des bâtiments pourris et des centaines de sidérurgistes sans emploi.

En nationalisant PrivatBank en 2016, l’Ukraine a effectivement fait peser sur les épaules des contribuables le poids d’un renflouement de plusieurs milliards de dollars.

Le serviteur du peuple

Kolomoisky prendra sa revanche pour ce qui s’est passé. La confrontation avec Porochenko, considérée comme humiliante pour l’oligarque, s’est terminée en mars 2015.

En octobre, le premier épisode d’une nouvelle émission titrée Serviteur du peuple, a été diffusé sur la chaîne ukrainienne 1+1 ; série dans laquelle Zelensky jouait le rôle principal : un professeur d’histoire de lycée qui devient inopinément président de l’Ukraine et s’engage à lutter contre la corruption du gouvernement. 1+1 appartient au groupe 1+1 Media, l’un des plus grands conglomérats médiatiques ukrainiens, dont le propriétaire, selon l’Atlantic Council, n’est autre que Kolomoisky lui-même, ce qui lui confère « une influence politique significative dans l’Ukraine d’aujourd’hui ». Ses actifs médiatiques ont été utilisés pour promouvoir la campagne électorale de 2019 du président Zelenskyy, dont les émissions à succès étaient auparavant diffusées sur le réseau de Kolomoisky.

La série Serviteur du peuple a été produite par Kvartal 95, la société fondée par Zelensky, dont les partenaires étaient impliqués dans le réseau de délocalisations dénoncé par les Pandora Papers. Après l’ascension de Zelensky, des figures clés de Kvartal 95 ont rejoint l’administration de Zelensky. Ivan Hennadiyovych Bakanov, par exemple, est passé de la direction du studio de production à la direction du Service de sécurité de l’Ukraine.

L’émission a littéralement créé le personnage présidentiel de Zelensky, lui permettant effectivement de construire une campagne officieuse contre l’administration en place jusqu’en mars 2018, lorsqu’un parti politique portant le nom de la série télévisée a été enregistré auprès du ministère de la Justice. En décembre 2018, Zelensky annonçait officiellement sa candidature à la présidence sur 1+1.

Zelensky, la création d’un oligarque, a fait campagne pour la présidence sous la forme du personnage qu’il a joué dans une série comique, avec un parti portant le nom de la série, jusqu’à la victoire en 2019. Pendant la course, Volodymyr Ariev, un allié politique du président sortant Porochenko, a publié un tableau sur Facebook affirmant qu’il montrait comment Zelensky et ses partenaires de production télévisuelle étaient bénéficiaires d’une constellation de sociétés offshore qui auraient reçu des millions de la PrivatBank de Kolomoisky.

Les allégations ont été rejetées comme étant sans fondement à l’époque, mais les Pandora Papers ont révélé que les informations sur plusieurs sociétés du réseau correspondaient au tableau d’Ariev, a noté l’OCCRP.

Peu après avoir pris les rênes, Zelensky et son parti Serviteur du Peuple ont commencé à licencier, soi-disant pour inefficacité, des ministres ukrainiens réputés pour leurs réformes anti-corruption. Daria Kaleniuk, directrice du Centre d’action anticorruption d’Ukraine, déclarait au Washington Post, en mars 2020, que l’affaire a fait passer le message que Zelensky « peut renvoyer une personne qui prend un risque, pour faire de bonnes choses, en le blâmant pour son inefficacité. » Le journaliste réformateur basé à Kiev, Oleg Sukhov, s’est fait l’écho de ce sentiment l’année dernière, écrivant que « Zelensky a toujours protégé les fonctionnaires corrompus des poursuites et tué toute réforme anticorruption. » D’autre part, face à une pétition demandant sa révocation, Zelensky a refusé de renvoyer Oleh Tatarov, son chef de cabinet adjoint, qui avait été accusé de corruption.

Les personnes mises sur la sellette étaient également les plus susceptibles de menacer le pouvoir d’oligarques comme Kolomoisky, dont Zelensky a peut-être appris une chose ou deux.

Lors d’une conférence de presse en 2020, il a fait remarquer qu’il voulait qu’on se souvienne de lui comme « le président qui a construit de bonnes routes en Ukraine ». L’une des rares entreprises de construction qui ont reçu une part importante des fonds de l’État pour la construction de routes publiques pendant son mandat est PBS LLC, qui est liée à Skorzonera LLC, une société détenue par Kolomoisky, selon les registres des entreprises.

PBS a été accusée par des enquêteurs ukrainiens d’avoir détourné des millions de dollars de fonds publics destinés aux travaux routiers. Un jugement rendu par un tribunal de l’Oblast d’Ivano-Frankivsk a noté qu’avec Skorzonera, contrôlée par Kolomoisky, elle fait partie d’un réseau d’entités commerciales liées dont les adresses et le personnel se chevauchent. PBS et Skorzonera avaient même envoyé leurs déclarations fiscales à partir de la même adresse IP.

L’ancien ministre des douanes Maxim Nefyodov est l’un des réformateurs licenciés par Zelensky. Nefyodov est surtout connu pour avoir créé ProZorro, un système conçu pour lutter contre la corruption dans le secteur des marchés publics en Ukraine.

Après avoir licencié Nefyodov, le parti de Zelensky a utilisé sa majorité pour faire passer une loi qui permettrait au projet de construction de routes le plus cher de l’histoire moderne de l’Ukraine d’être construit sans aucune surveillance, sans ProZorro. En juin dernier, le Kyiv Post rapportait comment Zelensky « a doublé les dépenses pour la réparation des routes, en puisant dans la poche du fonds de secours COVID et en dépensant l’argent que l’Ukraine a gagné dans les tribunaux internationaux ». Une source d’argent intéressante, si l’on considère que le FMI a approuvé un programme d’aide de plusieurs milliards de dollars en 2020 « pour aider l’Ukraine à faire face aux défis de la pandémie COVID-19 en fournissant un soutien à la balance des paiements et au budget. » Est-il possible que Zelensky se soit inspiré de Kolomoisky en prenant des libertés avec l’aide internationale ? Difficile de l’affirmer avec certitude.

On ne sait pas non plus pourquoi le Département d’État a décidé de sanctionner à nouveau Kolomoisky en mars dernier, après qu’il ait été retiré de la liste noire, malgré ses propres manigances internationales. Dans un communiqué de presse, le secrétaire d’État Anthony Blinken déclarait que la raison était « due à son implication dans une corruption importante ». Mais ils étaient au courant de cela quand ils l’ont inscrit et retiré de la liste la première fois. Plus étrange encore, Blinken a spécifiquement cité les années 2014 à 2015, lorsque Kolomoisky « a été impliqué dans des actes de corruption qui ont sapé l’État de droit et la foi du public ukrainien dans les institutions démocratiques et les processus publics de leur gouvernement, y compris en utilisant son influence politique et son pouvoir officiel pour son bénéfice personnel. »

Encore une fois, ce n’est pas une révélation, étant donné que Nuland a joué un rôle dans le retrait de Kolomoisky de la liste noire la première fois, à l’époque où Blinken était conseiller adjoint à la sécurité nationale sous Obama. Blinken n’a même pas mentionné le pillage présumé de Kolomoisky aux États-Unis.

La marionnette de l’intrigue

En 2019, juste après que Zelensky a remporté son élection, Kolomoisky signalait qu’il était prêt à verser de l’huile sur les eaux troubles et à faire la paix avec la Russie. La guerre civile dans l’est de l’Ukraine avait fait jusqu’à présent plus de 14 000 morts. L’oligarque a déclaré que c’était suffisant : « Ils sont de toute façon plus forts. Nous devons améliorer nos relations », a-t-il déclaré à propos de la Russie et de l’Ukraine, selon le New York Times. Mais il a également vu un obstacle : « Les gens veulent la paix, une bonne vie, ils ne veulent pas être en guerre. Et vous [Washington] nous obligez à être en guerre, et ne nous donnez même pas l’argent pour cela. »

Les États-Unis ont-ils sanctionné le patron de Zelensky, comme ils l’avaient fait pour Firtash, pour le pousser dans la bonne direction ?

Dans le cas Firtash, les États-Unis avaient menacé de l’arrêter pour corruption afin de faire pression sur Yanukovych pour qu’il signe un accord commercial avec l’UE. Mais cet accord était, en réalité, un stratagème pour déstabiliser l’économie russe.

Bien qu’il ait été qualifié de simplement « pro-russe », M. Ianoukovitch, comme l’explique The Economist, préférait « préserver le statu quo et s’abstenir de rejoindre l’un ou l’autre camp tout en continuant à traire [l’UE et la Russie] ». Et c’est ainsi que les États-Unis ont pressé leur ami pour encourager Ianoukovitch à pencher dans la direction souhaitée. « S’il fallait persuader Ianoukovitch de changer d’avis, la menace de mettre son parrain Dmitry Firtash derrière les barreaux était un puissant levier à actionner », écrit Cockburn. « Quatre jours plus tard, Ianoukovitch signalait qu’il était prêt à signer, après quoi Washington levait la demande d’emprisonnement de son allié milliardaire. »

Mais Ianoukovitch a changé de cap et a accepté une contre-offre de Moscou, il est donc devenu le point de mire d’une révolution de couleur. Toujours selon Cockburn : « Des manifestations de rue à Kiev ont suivi, soutenues avec enthousiasme par Nuland, qui a même distribué des biscuits en remerciement aux manifestants. »

Yanukovych a fui Kiev le 22 février. Quatre jours plus tard, Washington renouvelait ses efforts pour arrêter Firtash. « Ils l’ont fait en bonne et due forme. Brièvement emprisonné, Firtash a déposé l’équivalent d’une caution de 174 millions de dollars et a attendu qu’un tribunal se prononce sur son appel contre l’extradition. »

La question de savoir si quelque chose de similaire s’est produit avec l’oligarque de Zelensky est une autre bonne question ; une question à laquelle on ne répondra probablement pas de sitôt.

Le grand mensonge

La guerre a complètement réinventé Zelensky, sauvant ainsi sa présidence entachée de scandales et marquée par des promesses non tenues. Comme le montre un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev, seuls 24 % des électeurs le soutenaient fin janvier. Mais aujourd’hui, grâce à l’adoption par l’Occident de la nouvelle personnalité de l’acteur, qui le place souvent hors d’atteinte de tout reproche, Zelensky est devenu le bénéficiaire d’une adoration sans réserve et d’énormes quantités d’aide internationale. « Avant la guerre, les États-Unis envoyaient 300 millions de dollars par an à l’Ukraine », a déclaré à NPR Mark Cancian, conseiller principal au Centre d’études internationales et stratégiques. « Maintenant, nous fournissons 100 millions de dollars par jour » à ce qui était jusqu’à récemment considérée comme « la nation la plus corrompue d’Europe », rapporte (le seul de tous les journaux) The Guardian.

À ce jour, le gouvernement américain est en passe de fournir à lui seul plus de 50 milliards de dollars d’aide totale à l’Ukraine. À titre de comparaison, le ministère de la sécurité intérieure a estimé que le mur frontalier proposé par Trump coûterait environ 21,6 milliards de dollars. Les Républicains, en particulier, ont passé les deux premières années du mandat de Trump à résister à ses efforts pour financer et construire le mur, avant d’accepter à contrecœur de soutenir une fraction seulement de ce qu’ils ont approuvé pour l’Ukraine au pied levé, allant même jusqu’à contester le patriotisme de leurs détracteurs.

Quelle est la probabilité que ces milliards d’aide internationale disparaissent dans des poches bien connectées ?

Personne ne pose ces questions ou toute autre question importante. Tout comme personne ne s’est demandé s’il était étrange que Zelensky déclare que la Russie devrait « tuer tous les résidents » de la capitale ukrainienne pour la prendre et l’atteindre lui. Cela semble être le prix élevé que le « serviteur du peuple » est prêt à faire payer aux Ukrainiens, et que Washington est heureux de laisser les Américains subventionner.

Padro Gonzalez

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

La face cachée de Volodymyr Zelensky

Guy Mettan sur FB, 27 mai 2022

« Héros de la liberté », « Hero of Our Time », « Der Unbeugsame », « The Unlikely Ukrainian Hero Who Defied Putin and United the World », « Zelensky, l’Ukraine dans le sang » : les médias et les dirigeants occidentaux ne savent plus quels superlatifs utiliser pour chanter les louanges du président ukrainien, tant ils sont fascinés par la « stupéfiante résilience » du comédien miraculeusement transformé en « chef de guerre » et en « sauveur de la démocratie. »

Depuis trois mois, le chef d’Etat ukrainien fait la une des magazines, ouvre les téléjournaux, inaugure le Festival de Cannes, harangue les parlements, félicite et admoneste ses collègues à la tête d’Etats dix fois plus puissants que lui avec un bonheur et un sens tactique qu’aucun acteur de cinéma ni aucun dirigeant politique avant lui n’avait connus.

Comment ne pas tomber sous le charme de cet improbable Mr. Bean qui, après avoir conquis le public avec ses grimaces et ses extravagances (se promener nu dans un magasin et mimer un pianiste jouant avec son sexe par exemple), a su en une nuit troquer ses pitreries et ses jeux de mots graveleux contre un T-shirt gris-vert, une barbe d’une semaine et des mots pleins de gravité pour galvaniser ses troupes assaillies par le méchant ours russe ?

Depuis le 24 février, Volodymyr Zelensky a, sans conteste, administré la preuve qu’il était un artiste de la politique internationale aux talents exceptionnels. Ceux qui avaient suivi sa carrière de comique n’ont pas été surpris car ils connaissaient son sens inné de l’improvisation, ses facultés mimétiques, son audace de jeu. La façon dont il a mené campagne et terrassé en quelques semaines, entre le 31 décembre 2018 et le 21 avril 2019, des adversaires pourtant coriaces comme l’ancien président Porochenko, en mobilisant son équipe de production et ses généreux donateurs oligarques, avait déjà prouvé l’ampleur de ses talents. Mais il restait à transformer l’essai. Ce qui est désormais fait.

Talent pour le double jeu

Cependant, comme c’est souvent le cas, la façade ressemble rarement aux coulisses. La lumière des projecteurs cache plus qu’elle ne montre. Et là, force est de constater que le tableau est moins reluisant : tant ses réalisations de chef d’Etat que ses performances de défenseur de la démocratie laissent sérieusement à désirer.

Ce talent pour le double jeu, Zelensky va le montrer dès son élection. On rappelle qu’il a été élu le avec le score canon de 73,2 % des voix en promettant de mettre fin à la corruption, de mener l’Ukraine sur le chemin du progrès et de la civilisation, et surtout de faire la paix avec les russophones du Donbass. Aussitôt élu, il va trahir toutes ses promesses avec un zèle si intempestif que sa cote de popularité tombera à 23% en janvier 2022, au point de se faire distancer par ses deux principaux adversaires.

Dès mai 2019, pour satisfaire ses sponsors oligarques, le nouvel élu lance un programme massif de privatisation du sol portant sur 40 millions d’hectares de bonnes terres agricoles sous prétexte que le moratoire sur la vente des terres aurait fait perdre des milliards de dollars au PIB du pays. Dans la foulée des programmes de « décommunisation » et de « dérussification » entamés depuis le coup d’Etat pro-américain de février 2014, il lance une vaste opération de privatisation des biens d’Etat, d’austérité budgétaire, de dérégulation des lois sur le travail et de démantèlement des syndicats, ce qui fâche une majorité d’Ukrainiens qui n’avaient pas compris ce que leur candidat entendait par « progrès », « occidentalisation » et « normalisation » de l’économie ukrainienne. Dans un pays qui, en 2020, affichait un revenu par habitant de 3726 dollars contre 10 126 dollars pour l’adversaire russe, alors qu’en 1991 le revenu moyen de l’Ukraine dépassait celui de la Russie, la comparaison n’est pas flatteuse. Et on comprend que les Ukrainiens n’aient pas applaudi cette énième réforme néolibérale.

Quant à la marche vers la civilisation, elle prendra la forme d’un autre décret qui, le 19 mai 2021, assure la domination de la langue ukrainienne et bannit le russe dans toutes les sphères de la vie publique, administrations, écoles et commerces, à la grande satisfaction des nationalistes et à la stupéfaction des russophones du sud-est du pays.

Un sponsor en fuite

En matière de corruption, le bilan n’est pas meilleur. En 2015, le Guardian estimait que l’Ukraine était le pays le plus corrompu d’Europe. En 2021, Transparency International, une ONG occidentale basée à Berlin, classait l’Ukraine au 122e rang mondial de la corruption, tout près de la Russie honnie (136e). Pas brillant pour un pays qui passe pour un parangon de vertu face aux barbares russes. La corruption est partout, dans les ministères, les administrations, les entreprises publiques, le parlement, la police, et même dans la Haute Cour de Justice Anti-Corruption selon le Kyiv Post ! Il n’est pas rare de voir des juges rouler en Porsche, observent les journaux.

Le principal sponsor de Zelensky, Ihor Kolomoïsky, résident à Genève où il possède des bureaux luxueux avec vue sur la rade, n'est pas le moindre de ces oligarques qui profitent de la corruption ambiante : le 5 mars 2021, Anthony Blinken, qui ne pouvait sans doute pas faire autrement, annonçait que le Département d’Etat avait bloqué ses avoirs et l’avait banni des Etats-Unis en raison « d’une implication pour fait significatif de corruption ». Il est vrai qu’on accusait Kolomoïsky d’avoir détourné 5,5 milliards de dollars de la banque publique Privatbank. Simple coïncidence, le bon Ihor était aussi le principal actionnaire du holding pétrolier Burisma qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, pour un modeste dédommagement de 50 000 dollars par mois, et qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête du procureur du Delaware. Sage précaution : Kolomoisky, devenu persona non grata en Israël et réfugié en Géorgie selon certains témoins, ne risque ainsi pas de venir témoigner à la barre.

C’est ce même Kolomoïsky, décidément incontournable dans cette Ukraine en route vers le progrès, qui a fait toute la carrière d’acteur de Zelensky et qu’on retrouve impliqué dans l’affaire des Pandora Papers révélée par la presse en octobre 2021. Ces papiers ont révélé que depuis 2012, la chaine de TV 1+1 appartenant au sulfureux oligarque avait versé pas moins de 40 millions de dollars à sa vedette Zelensky depuis 2012 et que ce dernier, peu avant d’être élu président et avec l’aide de sa garde rapprochée de Kryvyi Rih - les deux frères Shefir, dont l’un est l’auteur des scénarios de Zelenski et l’autre le chef du Service de sécurité d’Etat, et le producteur et propriétaire de leur société de production commune Kvartal 95 - avait prudemment transféré des sommes considérables sur des comptes offshore ouverts au nom de sa femme, tout en acquérant trois appartements non déclarés à Londres pour la somme de 7,5 millions de dollars.

Ce goût du « serviteur du peuple » (c’est le nom de sa série télévisée et de son parti politique) pour le confort non-prolétarien est confirmé par une photo brièvement apparue sur les réseaux sociaux et aussitôt effacée par les fact-checkers anti-complotistes, qui le montrait prenant ses aises dans un palace tropical à quelques dizaines de milliers de dollars la nuit alors qu’il était censé passer ses vacances d’hiver dans une modeste station de ski des Carpathes.

Cet art de l’optimisation fiscale et cette fréquentation assidue d’oligarques pour le moins controversés ne plaident donc pas en faveur d’un engagement présidentiel inconditionnel contre la corruption. Pas plus que le fait d’avoir essayé de dégommer le président de la Cour constitutionnelle Oleksandr Tupytskyi, qui le gênait, et nommé premier ministre, après le départ de son prédécesseur Oleksyi Hontcharouk pour cause de scandale, un inconnu du nom de Denys Chmynal mais qui avait le mérite de diriger l’une des usines de l’homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, propriétaire de la fameuse usine Azovstal, ultime refuge des héroïques combattants de la liberté du bataillon Azov. Combattants qui arborent sur leur bras, dans leur cou, dans leur dos ou sur leur poitrine des tatouages glorifiant le Wolfsangel de la Division SS Das Reich, des phrases d’Adolf Hitler ou des croix gammées, comme on a pu le voir sur les innombrables vidéos diffusées par les Russes après leur reddition.

Otage des bataillons Azov

Car le rapprochement du flamboyant Volodymyr avec les représentants les plus extrêmes de la droite nationaliste ukrainienne n’est pas la moindre des étrangetés du Dr. Zelensky. Cette complicité a aussitôt été niée avec la plus grande virulence par la presse occidentale, qui l’a jugée scandaleuse en raison des origines juives du président, subitement redécouvertes. Comment un président juif pourrait-il sympathiser avec des néo-nazis, par ailleurs présentés comme une infime minorité de marginaux ? Il ne faudrait tout de même pas donner du crédit à l’opération de « dénazification » menée par Vladimir Poutine…

Et pourtant les faits sont têtus et loin d’être anodins.

Il est certain qu’à titre personnel Zelensky n’a jamais été proche de l’idéologie néo-nazie ni même de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne. Son ascendance juive, même si elle est relativement lointaine et n’a jamais été revendiquée avant février 2022, exclut bien évidemment tout antisémitisme de sa part. Ce rapprochement ne trahit donc pas une affinité mais relève de la banale raison d’Etat et d’un mélange bien compris de pragmatisme et d’instinct de survie physique et politique.

Il faut remonter à octobre 2019 pour comprendre la nature des relations entre Zelensky et l’extrême-droite. Et il faut comprendre que ces formations d’extrême-droite, même si elles ne pèsent que 2% de l’électorat, représentent tout de même près d’un million de personnes très motivées et bien organisées et qui se répartissent dans de nombreux groupements et mouvements, dont le régiment Azov (cofondé et financé dès 2014 par Kolomoïsky, toujours lui !) n’est que le plus connu. Il faut lui ajouter les organisations Aïdar, Dnipro, Safari, Svoboda, Pravy Sektor, C14 et Corps national pour être complet.

C14, baptisé ainsi en raison du nombre de mots de la phrase du néonazi américain David Lane (« We must secure the existence of our people and a future for white children »), est l’un des moins connus à l’étranger mais les plus redoutés pour sa violence raciste en Ukraine. Tous ces groupements ont été plus ou moins fondus dans l’armée et la garde nationale ukrainiennes à l’initiative de leur animateur, l’ancien ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, qui a régné sans partage sur l’appareil de sécurité ukrainien de 2014 à 2021. Ce sont eux que Zelensky appelle des « vétérans depuis l’automne 2019.

Quelques mois après son élection, le jeune président se rend en effet dans le Donbass pour tenter de réaliser sa promesse électorale et faire appliquer les accords de Minsk signés par son prédécesseur. Les forces d’extrême-droite, qui pilonnent les villes des Donetsk et Lougansk depuis 2014 au prix de dix mille morts, l’accueillent avec la plus grande circonspection car ils se méfient de ce président « pacifiste ». Ils mènent une campagne sans pitié contre la paix sous le slogan « Pas de capitulation ». Sur une vidéo, on voit un Zelensky blême les implorer : « Je suis le président de ce pays. J’ai 41 ans. Je ne suis pas un loser. Je viens vers vous et vous dis : retirez les armes. » La vidéo est lâchée sur les réseaux sociaux et Zelensky devient aussitôt la cible d’une campagne haineuse. C’en sera fait de ses velléités de paix et d’application des accords de Minsk.

Peu après cet incident, un retrait mineur des forces extrémistes a lieu, puis les bombardements reprennent de plus belle.

Croisade nationaliste

Le problème est que non seulement Zelensky a cédé à leur chantage mais qu’il les rejoint dans leur croisade nationaliste. Après son expédition ratée, en novembre 2019, il reçoit plusieurs leaders de l’extrême-droite, dont Yehven Taras, le chef du C14, tandis que son premier ministre s’affiche aux côtés d’Andryi Medvedko, une figure néo-nazie soupçonnée de meurtre. Il soutient aussi le footballeur Zolzulya contre les fans espagnols qui l’accusent d’être un nazi à cause de son soutien proclamé à Stepan Bandera, le leader nationaliste qui a collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la guerre (et avec la CIA après la guerre) et participé à l’Holocauste des Juifs.

La collaboration avec les radicaux nationalistes est bien installée. En novembre de l’an dernier, Zelensky nomme l’ultra-nationaliste de Pravy Sektor Dmytro Yarosh conseiller spécial du commandant en chef de l’armée ukrainienne et, depuis février 2022, chef de l’Armée des volontaires qui fait régner la terreur à l’arrière. Au même omet, il nomme Oleksander Poklad, surnommé « l’étrangleur » en raison de son goût pour la torture, cher du contre-espionnage du SBU. En décembre, deux mois avant la guerre, c’est au tour d’un autre chef de Pravy Sektor, le commandant Dmytro Kotsuybaylo, d’être récompensé par le titre de « Héros de l’Ukraine » tandis que, une semaine après le début des hostilités, Zelensky fait remplacer le gouverneur régional d’Odessa par Maksym Marchenko, commandant du bataillon ultranationaliste Aïdar, celui-là même auprès duquel Bernard-Henri Lévy se fera une gloire de défiler.

Désir d’amadouer l’extrême-droite en lui confiant des postes ? Ultra-patriotisme partagé ? Ou simple convergence d’intérêt entre une droite néolibérale atlantiste et pro-occidentale et une extrême droite nationaliste qui rêve de casser du Russe et de « mener les races blanches du monde dans une croisade finale contre les Untermenschen guidés par les Sémites », selon les mots de l’ancien député Andryi Biletsky, chef du Corps national ? On ne sait trop, aucun journaliste ne s’étant hasardé à poser la question à Zelensky.

Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est la dérive de plus en plus autoritaire, voire criminelle, du régime ukrainien. A tel point que ses zélotes devraient y réfléchir à deux fois avant de proposer leur idole au prix Nobel de la Paix. Car, pendant que les médias regardent ailleurs, c’est une vraie campagne d’intimidation, de kidnappings et d’exécutions que subissent les élus locaux et nationaux soupçonnés d’être des agents russes ou de connivence avec l’ennemi parce qu’ils veulent éviter une escalade du conflit.

« Un traitre de moins en Ukraine ! On l’a retrouvé tué et il a été jugé par le tribunal du peuple !» C’est ainsi que le conseiller du ministre de l’Intérieur, Anton Gerashenko, a annoncé sur son compte Telegram le meurtre de Volodymyr Strok, maire et ancien député de la petite ville de Kremnina. Soupçonné d’avoir collaboré avec les Russes, il a été enlevé puis torturé avant d’être exécuté. Le 7 mars, c’est au tour du maire de Gostomel d’être tué parce qu’il avait voulu négocier un corridor humanitaire avec les militaires russes. Le 24 mars, c’est le maire de Kupyansk qui demande à Zelensky de relâcher sa fille enlevée par les séides du SBU. Au même moment, un des négociateurs ukrainiens est retrouvé mort après avoir été accusé de trahison par les médias nationalistes. Pas moins de onze maires sont portés disparus à ce jour, y compris dans des régions jamais occupées par les Russes…

Partis d’opposition interdits

Mais la répression ne s’arrête pas là. Elle frappe les médias critiques, qui ont tous été fermés, et les partis d’opposition, qui ont tous été dissous.

En février 2021, Zelensky fait fermer trois chaînes d’opposition jugées pro-russes et censées appartenir à l’oligarque Viktor Medvedchuk, NewsOne, Zik et 112 Ukraine. Le Département d’Etat salue cet attentat contre la liberté de la presse en déclarant que les Etats-Unis soutiennent les efforts ukrainiens pour contrer l’influence maligne de la Russie… » En janvier 2022, un mois avant la guerre, c’est au tour de la chaine Nash d’être fermée. Après le début de la guerre, le régime fait la chasse aux journalistes, blogueurs et commentateurs de gauche. Début avril, deux chaînes de droite sont également touchées. Channel 5 et Pryamiy. Un décret présidentiel oblige toutes les chaines à diffuser un seul et unique son de cloche, pro-gouvernemental bien sûr. Récemment la chasse aux sorcières s’est même étendue au blogueur critique le plus populaire du pays, le Navalny ukrainien, Anatoliy Shariy, qui été arrêté le 4 mai dernier par les autorités espagnoles à la demande de la police politique ukrainienne. Des attaques contre la presse au moins équivalentes à celles de l’autocrate Poutine, mais dont on n'a jamais entendu parler dans les médias occidentaux…

La purge a été encore plus sévère pour les partis politiques. Elle a décimé les principaux opposants de Zelensky. Au printemps 2021, le domicile du principal d’entre eux, Medvedchuk, réputé proche de Poutine, est saccagé et son propriétaire placé en résidence surveillée. Le 12 avril dernier, le député oligarque a été interné de force dans un lieu tenu secret, visiblement drogué, privé de visites avant d’être exhibé à la TV et proposé en échange de la libération des défenseurs d’Azovstal, au mépris de toutes les conventions de Genève. Ses avocats, menacés, ont dû renoncer à le défendre au profit d’un proche des services.

En décembre dernier, c’est Petro Porochenko, qui remontait dans les sondages, qui a été accusé de trahison. Le 20 décembre 2021 à 15h07, on pouvait lire sur le site officiel du SBU qu’il était suspect d’avoir commis des crimes de trahison et de soutien à des activités terroristes. L’ancien président, qui était pourtant un antirusse forcené, se voyait reprocher « d’avoir rendu l’Ukraine énergétiquement dépendante de la Russie et des leaders des pseudo-Républiques sous contrôle russe. »

Le 3 mars dernier, ce sont les activistes de la Gauche Lizvizia qui subissent un raid du SBU et son emprisonnés par douzaines. Puis le 19 mars, la répression frappe l’ensemble de la gauche ukrainienne. Par décret, onze partis de gauche sont interdits, soit le Parti pour la vie, l’Opposition de gauche, le parti socialiste progressiste d’Ukraine, le parti socialiste d’Ukraine, l’union des forces de gauche, les Socialistes, le Parti Sharyi, Les Nôtres, Etat, le Bloc d’opposition le Bloc Volodymyr Saldo.

D’autres activistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’Homme sont arrêtés et torturés, le journaliste Yan Taksyur, l’activiste Elena Brezhnaya, le boxeur de MMA Maxim Ryndovskiy ou encore l’avocate Elena Viacheslavova, dont le père était mort carbonisé dans le pogrom du 2 mai 2014 à la Maison des syndicats d’Odessa.

Pour compléter cette liste, on mentionnera encore ces hommes et ces femmes déshabillés et fouettés en public par les nationalistes dans les rues de Kiev, ces prisonniers russes battus et dont on tirait dans les jambes avant de les exécuter, ce soldat à qui on avait percé un œil avant de le tuer, ces membres de la Légion géorgienne qui ont exécuté de prisonniers russes dans un village près de Kiev tandis que leur chef se vantait de ne jamais faire de prisonnier. Sur la chaine Ukraine 24, c’est le chef du service médical de l’armée qui indique avoir donné l’ordre « de castrer tous les hommes russes parce qu’ils sont des sous-hommes pires que des cafards. » Enfin, l’Ukraine recourt massivement à la technologie de reconnaissance faciale de la société Clearview afin d’identifier les morts russes et de diffuser leurs photos sur les réseaux sociaux russes en les tournant en ridicule…

Un acteur à oscariser

On pourrait multiplier les exemples, tant sont nombreuses les citations et les vidéos d’atrocités commises par les troupes du défenseur de la démocratie et des droits humains qui préside aux destinées de l’Ukraine. Mais ce serait fastidieux et contre-productif auprès d’une opinion publique convaincue que ces comportements barbares sont uniquement dus aux Russes.

C’est pourquoi aucune ONG ne s’en alarme, le Conseil de l’Europe reste coi, le Tribunal pénal international n’enquête pas, les organisations de défense de la liberté de la presse restent muettes. Ils n’ont pas bien écouté ce que le gentil Volodymyr leur avait déclaré lors d’une visite à Butcha début avril : « Si nous ne trouvons pas une porte de sortie civilisée, vous connaissez nos gens, ils trouveront une issue non-civilisée. »

Le problème de l’Ukraine est que son président, bon gré ou mal gré, a cédé son pouvoir aux extrémistes sur le plan intérieur et aux militaires de l’OTAN sur le plan extérieur pour s’adonner au plaisir d’être adulé par les foules du monde entier. N’est-ce pas lui qui déclarait à un journaliste français le 5 mars dernier, dix jours après l’invasion russe : « Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que je suis désiré. Je sens que c’est le sens le plus important de ma vie : être désiré. Sentir que vous n’êtes pas banalement en train de respirer, marcher et manger quelque chose. Vous vivez ! ».

On vous l’a dit : Zelenski est un grand acteur. Comme son prédécesseur qui avait incarné le Dr. Jekill & Mr. Hide en 1932, il mérite de gagner l’Oscar du meilleur rôle masculin de la décennie. Mais quand il devra s’atteler à la tâche de reconstruire son pays dévasté par une guerre qu’il aurait pu éviter en 2019, le retour à la réalité risque d’être difficile.

Sources

Olga Rudenko, The Comedian-Turned-President is Seriously in Over His Head, New York Times, February 21, 2022 (Opinion Guest from Kyyiv Post).

Consortium News, Alex Rubinstein and Max Blumenthal, How Zelensky made Peace With Neo-Nazis, March 4 and Zelensky’s Hardline Internal Purge, April 20, 2022.

The Grayzone, Natylie Baldwin, Olga Baysha Interview about Ukraine’s President, April 29, 2022.

President of Ukraine Zelensky has visited disengaging area in Zolote today, @Liveupmap, 26 October 2019 (Watch on Twitter).

Adrien Nonjon, Qu’est-ce que le régiment Azov ? The Conversation, 24 mai 2022.

US Department of State, Public Designation of Oligarch and Former Ukrainian Public Official Ihor Kolomoyskyy Due to Involvement in Significant Corruption, Press statement, Anthony J. Blinken, March 5, 2021.

Security Service of Ukraine, Petro Poroshenko notified of suspicion of treason and aiding terrorism, ssu.gov.ua, 20 December 2021.

Michel Pralong, Un maire ukrainien prorusse enlevé et abattu, Lematin.ch, 3 mars 2022

Le grain de la désinformation


Par Natsouth − Le 25 mai 2022 − Source The Saker’s Blog

Le port d’Odessa

Il y a plusieurs sujets de discussion qui sont surveillées concernant les plans et les développements faits par l’Occident pour ouvrir les ports commerciaux ukrainiens de la mer Noire. Un pot-pourri d’articles est apparu récemment sur les expéditions de céréales depuis la Russie et la pénurie de céréales causée par le conflit. Comme toujours, ces articles des médias institutionnels occidentaux font partie d’un effort de propagande visant à dépeindre la Russie sous le pire jour possible, des articles avec peu ou pas de preuves, juste des allégations, des données faussées ou des omissions flagrantes d’informations gênantes mais cruciales. Cet article décrit les développements et les problèmes liés aux ports ukrainiens de la mer Noire, où la navigation commerciale est piégée, à l’OTAN ainsi qu’aux activités ukrainiennes liées à la navigation en mer Noire.

 

Soyez indulgent avec moi alors que je me faufile entre plusieurs sujets distincts centrés sur les ports ukrainiens qui ne sont plus en activité. Les principaux commentaires sont divisés en deux grandes parties avec une analyse sur les éléments maritimes.

Partie 1 – Les ports de la mer Noire et les exportations des récoltes

Affirmation 1 : La Russie utilise le blocus des exportations de céréales ukrainiennes comme un outil de pression sur le monde entier.

Déclaration 2 : (tiré de The Economist)

Comment débloquer les ports ukrainiens pour soulager la faim dans le monde. Il y a peu d’options pour que le grain ukrainien atteigne le marché global.

Déclaration 3 : « La Russie vole les céréales de l’Ukraine ». Absurdités et allégations non vérifiées.

Des images exclusives de la compagnie étasunienne Maxar Technologies montrent les forces russes en train de voler le grain dans les ports ukrainiens.

Déclaration 1 et Déclaration 2

Les médias occidentaux sont passés maîtres dans l’art de la tromperie. Ils fournissent juste assez d’informations pour créer un récit, mais omettent délibérément des informations ou des données de base pour donner au récit un aspect négatif. À première vue, ce récit est tellement biaisé que beaucoup s’empresseront de le rejeter comme une absurdité. Je serais prudent car les États-Unis, l’UE et l’OTAN déploient un effort narratif bien plus large. Il est exaspérant de laisser entendre qu’une crise alimentaire mondiale est imminente uniquement parce que les ports ukrainiens ne sont pas en mesure d’exporter les récoltes.

L’Ukraine continue à exporter des céréales via les ports roumains, qui continuent à fonctionner normalement, en particulier Constanta, comme le rapporte DW (DW avril 2022). On prévoit que 1,5 million de tonnes (mmt) de céréales ukrainiennes seront exportées par les ports roumains au cours du seul mois de mai et que 3 mmt pourront être exportées dans un avenir proche. (Reuters mai 2022), (Reuters 24 avril 2022)

Même si le débit ne sera pas du même ordre que celui d’Odessa, par exemple. Même la Lituanie a déclaré qu’elle pouvait contribuer à l’exportation de céréales ukrainiennes grâce à son réseau ferroviaire et à ses ports. En outre, l’utilisation du Danube comme voie navigable de transport vers les ports de l’UE se fait par le biais de barges à partir de ports intérieurs, ainsi que des propositions d’utilisation des ports de l’Adriatique (HINA 24 mai 2022).

Le transport routier est utilisé pour acheminer les récoltes vers les plateformes portuaires roumaines. Il n’est pas aussi rapide non plus, mais il se fait malgré les goulets d’étranglement aux points frontaliers. Le réseau ferroviaire ukrainien est déjà sous pression avec les expéditions militaires et l’infrastructure ferroviaire a par conséquent été dégradée lors des frappes aériennes russes et ne peut donc être utilisée que de manière limitée, (Zdopravy cz en tchèque).

Navires de charge, dont certains seront des vraquiers, au mouillage au large du nord de la Roumanie Source : AIS de trafic maritime. (Tous ne sont pas des céréaliers mais cela montre la congestion du trafic).

Sky News a exceptionnellement pu avoir accès au port d’Odessa où plus d’un quart de million de tonnes de grain sont bloqués depuis des mois sans moyen de rejoindre la mer.

The Economist cite le chef du Programme Alimentaire Mondial qui a déclaré : « au cours des neuf prochains mois, nous verrons la famine, nous verrons la déstabilisation des nations et nous verrons une migration massive ». Par ailleurs, le secrétaire général des Nations unies a lancé un appel à la Russie pour qu’elle permette « l’exportation en toute sécurité des céréales stockées dans les ports ukrainiens ». Il y a beaucoup de choses à déballer en ce qui concerne l’ensemble du récit en train d’être diffusé.

The Kyiv Independent
Zelensky : La Russie bloque 22 millions de tonne de grain dans les ports ukrainiens.
Le président ukrainien ajoute que le Russie vole les récoltes de l’Ukraine. Selon le ministre ukrainien de l’agriculture, les exportations de grains sont limitées à 500 tonnes par mois comparées aux 5 millions d’avant-guerre.

Pourtant, NEXTA utilise des chiffres différents. Qui a raison ? Le principal terminal céréalier d’Odessa a une capacité de stockage de 5 millions de tonnes. D’où vient le chiffre de 25 millions de tonnes (mmt) de céréales, ci dessous ? Je soupçonne que les chiffres sont susceptibles d’être amplifiés pour créer une image plus inquiétante.

25 millions de tonnes de grain sont bloqués dans le port d’Odessa et, en général, à cause du blocus du port par la Russie, l’Ukraine ne peut pas exporter 90 millions de tonnes de grain, perdant ainsi 170 millions de $ par jour.

Sur un point trivial, une fois de plus il y a des aspects qui ne collent pas, 5 à 9 semaines d’attente pour l’exportation des récoltes (NEXTA) contre 6 jours (Sky News 23 mai 2022). Revenons au tableau d’ensemble, absent du récit des médias. Regardons brièvement les chiffres sur les exportations de céréales pour avoir une vision plus large du sujet.

  2020-2021 2021-2022 (prévisions )
Production céréalière ukrainienne 65 mmt 80 mmt
Production céréalière russe 85 mmt 85 mmt

Comme l’a rapporté Reuters cette semaine, l’Ukraine a quand même réussi à exporter des récoltes : « Les données du ministère ont montré que l’Ukraine a exporté 46,51 mmt jusqu’à présent au cours de la saison 2021/22 juillet-juin, contre 40,85 mmt la saison d’avant. » (Reuters 19 mai 2022)

Franchement, 22 mmt de céréales ne changeront pas grand-chose à la pénurie mondiale en l’état actuel des choses. Paradoxalement, l’Ukraine paie les armes fournies par l’Occident grâce aux exportations de céréales. Est-il surprenant que l’Ukraine veuille utiliser Odessa pour expédier ses 70% d’exportations prévues de récoltes de céréales et d’autres produits, afin de pouvoir continuer à payer les livraisons d’armes ? Les exportations ukrainiennes ont largement été transférées vers la Roumanie, à en juger par l’encombrement des navires observé sur l’AIS.

Il est important de noter qu’aucun des experts occidentaux ou des médias corporatifs n’a été capable de mentionner le fait que la Russie est le plus grand exportateur de céréales au monde, environ 4 fois la quantité de blé que l’Ukraine produit, environ 18% des exportations mondiales et cette année, on s’attend à une récolte record. Selon le rapport STAT de la FAO, l’Ukraine était le 8e plus grand producteur de blé, tandis que la Russie était en troisième position en 2020, derrière la Chine et l’Inde.

Ces chiffres changent radicalement lorsqu’on examine les données relatives aux plus grands exportateurs de blé :

La crise en Ukraine risque de faire augmenter le prix du blé. Les plus grands exportateurs de blé (en tonnes)

La récolte de blé russe pourrait atteindre 85,0 mmt cette année, et le pays a le potentiel d’exporter 39,0 mmt, bque l’on s’attende à ce que les exportations de récoltes soient freinées. En fait, les médias institutionnels brouillent soigneusement les pistes en fusionnant les données de production et d’exportation des deux pays. Par exemple, The Guardian affirme que « les 41 nations les moins développées du monde importent un tiers de leur blé d’Ukraine et de Russie. »

Après avoir vérifié que l’Ukraine exporte toujours ses produits, passons à l’autre aspect inquiétant, la crise alimentaire mondiale et la faim. En bref, la crise alimentaire mondiale n’a pas été déclenchée par le conflit ukrainien actuel, mais a en fait commencé à la mi-2021. Un autre aspect est que les conditions mondiales pour le blé sont les pires depuis plus de 20 ans en raison des conditions de sécheresse, (World Grain 23 mai 2022) qui ont sévèrement réduit la production de céréales et la récolte.

« Je partage ces informations parce que nous pensons qu’il est important que vous compreniez tous que même si la guerre prenait fin demain, notre problème de sécurité alimentaire ne disparaîtra pas de sitôt sans une action concertée », Sara Menker, directrice générale de Gro Intelligence.

Pourtant, le chœur des États-Unis, de l’UE et de l’ONU a commodément sauté dans le train de l’attribution de la faute à la Russie, comme le souligne le titre de cet article :

Poutine affame des millions de gens dans le monde.
Avec des prix alimentaires à un niveau jamais atteint, 276 millions de personnes sont en « insécurité alimentaire », plus du double par rapport à 2019.

Encore un titre qui brouille l’information pour servir la propagande contre la Russie. Vous savez qu’il s’agit clairement de propagande lorsque les articles ne tentent même pas de présenter un point de vue russe.

La Russie est un énorme exportateur de céréales et d’engrais, elle est donc en mesure de continuer à exporter ses produits. Toutefois, depuis que les États-Unis et l’Union européenne ont imposé des sanctions, la Russie impose des conditions aux exportations, par rétorsion. De même que pour les exportations de pétrole et de gaz, la Russie va obliger les pays hostiles à acheter à des prix élevés en roubles ou va complètement arrêter de leur vendre, tout en encourageant les pays neutres et amis du sud à acheter ses produits à un prix plus bas. Cette situation a paralysé les États-Unis et l’UE, et les sanctions ont déjà eu un effet boomerang important.

J’ai brièvement abordé la question de la faim, même si je suis réticent à l’idée de l’approfondir, car c’est un peu trop pour un seul article, je me suis donc contenté d’exposer brièvement les problèmes, d’en esquisser les grandes lignes. Il faudrait un article beaucoup plus long pour démonter étape par étape le récit artificiel et je pense que d’autres personnes sont plus compétentes dans ces domaines.

Dans ce contexte d’histoire de grenier à blé ukrainien, de plus en plus de pays cessent d’exporter leurs cultures, exacerbant ainsi la crise alimentaire, alors que les États membres de l’UE continuent d’encourager les agriculteurs à arrêter leur production. Il convient de mentionner à ce stade que la quasi-totalité de ce que l’on appelle la « communauté internationale » a empêché les navires exploités, battant pavillon ou affrétés par la Russie de faire escale dans ses ports et que les compagnies maritimes ont réduit leurs services vers la Russie.

Déclaration 2

Comme nous l’avons déjà souligné, selon plusieurs articles des médias occidentaux, la Russie a contribué à une pénurie mondiale de céréales en envahissant l’Ukraine. Cet angle spécifique est poussé conjointement par l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cela devrait être classé dans la même catégorie que l’affirmation de l’administration de Washington disant que le président Poutine est responsable de l’inflation galopante aux États-Unis.

Le point d’achoppement à noter est le « déblocage » des ports, car il y a une référence implicite à des moyens militaires, en donnant des missiles à l’Ukraine pour détruire la marine russe, afin de permettre aux navires de naviguer dans la zone. Un autre angle est l’intervention extérieure, les escortes navales des navires vers les ports ukrainiens. Ces aspects sont discutés plus en détail dans la partie 2.

Déclaration 3

CNN est la source principale de toute désinformation, des agitateurs de première classe écrivant des articles basés sur des allégations. « Les forces russes volent des céréales dans les ports d’Ukraine ». Comme mentionné, les images satellites proviennent de Sébastopol. Ce qui n’a pas été mentionné, c’est qu’il s’agit de la Crimée, qui fait partie de la Russie depuis 2014.

Cet instantané médiatique pourrait bien sembler anodin, mais là encore, cela fait partie d’un programme sous-jacent plus profond. Essentiellement, les Russes volent leurs propres céréales, produites et récoltées il y a de nombreux mois, avant février. Ces affirmations ridicules font maintenant le tour des médias, alors même les services OSINT pro-occidentaux jouent le jeu et suivent même les mouvements des vraquiers. Au même moment, NEXTA déclarait que la Russie avait volé environ 400 000 tonnes de céréales dans les régions occupées d’Ukraine, selon la Verkhovna Rada. Un fait absolument sans preuve, aucune information vérifiable sur la chaîne logistique allant du stockage au silo, juste une photo d’un navire chargeant des céréales depuis un silo portuaire.

Pourtant, la plupart des zones occupées sont en fait le Donbass, la DNR et la LNR qui essaient maintenant de remettre en service le port de Marioupol, ce qui est décrit comme faisant partie du processus de vol d’autres récoltes. Peut-être que les chiffres couvrent également la région de Kherson. 400 000 tonnes, c’est une goutte d’eau dans l’océan par rapport à la capacité agricole globale de l’Ukraine. « La plupart des 1,5 million de tonnes de céréales volées par la Russie », dit l’Ukraine, eh bien en fait, ce chiffre correspond exactement au rapport d’août 2021 sur la quantité totale de récoltes en Crimée pour cette année-là, (RGRU août 2021).

Il s’agit d’une méthode éprouvée qui consiste à façonner des récits à partir d’images satellite, puis à créer une histoire à partir de ces images. Par conséquent, ce type d’articles ne doit pas être immédiatement rejeté comme une absurdité et un tas de mensonges, mais considéré comme un piège médiatique. Ces articles doivent être totalement décortiqués et démystifiés.

Les Ukrainiens aggravent chaque jour la situation par leur malveillance absolue à l’égard de la Russie. Les allégations de vol d’exportations de céréales sont un moyen détourné d’entraver les exportations russes de la mer Noire, ce qui ne ferait qu’aggraver la crise alimentaire mondiale.

L’Ukraine a demandé à la Turquie d’interdire les navires russes transportant des céréales (Maritime Executive, 17 mai 2022). L’Égypte et le Liban ont récemment refusé l’accostage d’un navire russe après avoir appris que la cargaison avait été volée à l’Ukraine (le même navire que sur les images de CNN, également rapportées par le tristement célèbre site ukrainien Peacemaker). Le navire se trouve maintenant en Syrie. (CNN 12 mai 2022)

Le point de vue russe

Nous atteignons maintenant les sommets de l’hypocrisie. Vous savez mieux que quiconque que la Russie NE BLOQUE PAS les exportations d’aliments hors des ports ukrainiens. Vous les avez minés et vous utiliser les cargos étrangers comme remparts. Et la nourriture passant par voie terrestre ne va pas aux africains mais sert à payer vos factures d’armements.

La Russie risque d’affamer des millions de personnes en bloquant nos ports. Avec nos partenaires, l’Ukraine a décidé d’ouvrir deux voies terrestres pour exporter de la nourriture et sauver l’Afrique et d’autres régions de la famine. La Russie doit arrêter son blocus et permettre d’exporter librement.

Le tweet ci-dessus est le point de vue de la Russie, en quelques mots. C’est l’Ukraine qui a fermé ses ports le 24 février, en piégeant les navires y étant amarrés et en posant peu après des mines le long de la côte. Les cargos piégés ne sont tout simplement pas autorisés à partir.

La Russie a récemment déclaré que Kiev empêchait 75 navires étrangers de 17 pays de quitter ses ports (Ministère russe de la défense, mai 2022).

Partie 2 – Éléments maritimes à prendre en compte

  • Mines marines

Ce récit a été élaboré depuis plusieurs mois maintenant, il a d’abord commencé par nier que l’Ukraine a posé des mines marines pour arrêter un éventuel assaut amphibie russe sur ses côtes, principalement dans la région d’Odessa. Pratiquement tous les médias et experts occidentaux ont repris la position ukrainienne selon laquelle c’était des mines marines russes. Comme l’indiquent les communiqués de presse du ministère de la Défense et des autorités maritimes russes, les mines ukrainiennes ont dérivé dans toute la mer Noire.

On estime que 200 à 400 mines d’ancrage ont été posées autour d’Odessa et au nord-ouest de la mer Noire. En février, certaines d’entre elles se sont détachées de leurs chaînes, pendant des tempêtes, et ont ensuite dérivé vers le sud, portées par le courant. Quelques mines ont, à plusieurs reprises, temporairement fait fermé le Bosphore au transit maritime.

L’une d’entre elles, neutralisée par la marine roumaine, était une ancienne mine marine portant des marques ukrainiennes distinctes (Mangalia News, 3 avril 2022).

Du au danger posé par les mines, la navigation est interdite jusqu’au prochain avis dans les régions délimitées :

  • Appels à la levée d’un blocus

Nous avons maintenant le récit du blocus des cultures céréalières par la marine russe, lié aux alarmes d’une famine mondiale, opportunément provoquée par la Russie, (comme indiqué précédemment dans la première partie). Des appels ont été lancés pour que des navires de l’OTAN escortent les vraquiers en mer Noire. Un léger problème se pose alors : qui devra déminer les ports ukrainiens ? L’Ukraine ou l’OTAN ? L’envoi de navires sera une entreprise très dangereuse, ne serait-ce qu’en raison du risque de dérive des mines marines (voir la section sur l’analyse maritime ci-dessous).

  • Une coalition navale de volontaires

Le journal britannique The Guardian mentionne que le Royaume-Uni élabore avec ses alliés un plan potentiel proposé par la Lituanie, visant à envoyer des navires de guerre en mer Noire avec pour mission d’escorter les navires exportant des céréales ukrainiennes, principalement depuis Odessa.

« La Grande-Bretagne soutient en principe l’appel à une coalition navale ‘des volontaires’ pour relancer les exportations par la mer Noire. » (The Guardian 23 mai 2022)

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a déclaré : « Il n’y a aucun moyen de stocker ce grain et aucune autre route alternative adéquate ». Il ment comme un arracheur de dents puisque la Roumanie exporte actuellement des récoltes de céréales ukrainiennes et que même la Lituanie a proposé d’aider à exporter des récoltes également.

« Les forces navales alliées débarrasseront la zone autour du port des mines russes pour assurer le transport. » Potentiellement, vous pouvez voir où tout cela mène, avec la possibilité supplémentaire d’une résolution de l’ONU, puis l’organisation de convois de navires de l’ONU/PAM, initialement escortés par des marines non-OTAN, comme le vante le ministre lituanien des affaires étrangères dans son plan. Toutefois, la ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, ne partage pas cette vision, car elle souhaite que les forces navales britanniques y participent.

En fin de compte, les marines de l’OTAN n’appartenant pas à la mer Noire auront alors un pied dans la mer Noire et feront effectivement d’Odessa un avant-poste de l’OTAN.

  • Des missiles antinavires pour l’Ukraine

En outre, toute cette campagne d’information est alimentée sans cesse au goutte-à-goutte, mais elle débouche aussi sur l’approbation de nouvelles livraisons de missiles antinavires, par les États-Unis et l’OTAN, à l’Ukraine pour attaquer la flotte russe de la mer Noire. Bien que je soupçonne que de telles livraisons ont déjà été effectuées secrètement. Les missiles britanniques Brimstone sont déjà en service opérationnel dans l’armée ukrainienne.

Liz Truss a déclaré que « le Royaume-Uni souhaiterait que des navires de la marine britannique se joignent à l’escorte si les modalités pratiques pouvaient être réglées, notamment en déminant le port et en fournissant à l’Ukraine des armes à plus longue portée pour défendre le port contre une attaque russe. » Voyez comment une « mission humanitaire » est étroitement liée à un argumentaire pour « envoyer plus d’armes ».

Juste au bon moment, il est rapporté que le Danemark enverra des AsHM Harpoons à l’Ukraine, (Defense News 23 mai 2022).

Partie 3 – Analyse – éléments maritimes

Le jeu des reproches grossier et cynique mis en œuvre par l’Occident se poursuit. Au lieu d’amener Kiev à mettre en œuvre les accords de Minsk, l’Occident augmente maintenant les menaces et les crises, sautant de Charybde en Scylla.

Dans l’ensemble, il y a un effet boule de neige avec la fabrication d’une agitation émotionnelle basée sur un récit disant que la Russie « provoque la famine mondiale » en « bloquant les navires dans la mer Noire » ? Reliez les points : La Russie est mauvaise. Ce n’est pas tout, il y a aussi le périlleux montage en cours d’élaboration, comme le mentionne The Economist, sur la façon de débloquer les ports ukrainiens ? Il n’est pas nécessaire d’avoir une boule de cristal pour voir la possibilité d’une implication de l’OTAN, une autre série de justifications de missions militaires basées sur la responsabilité de protéger, comme on l’a vu au Kosovo et en Libye.

Pour cela, les médias institutionnels occidentaux présentent une série de micro-événements sur une base régulière. Chaque événement est imbriqué et conçu pour prendre de l’ampleur, comme une boule de neige, spécifiquement conçu pour manipuler les émotions (un peu comme les 5 minutes de la haine d’Orwell) et servir de justification à certaines actions économiques et militaires sous de faux prétextes. Les articles sur le déblocage des ports ukrainiens entrent parfaitement dans cette catégorie.

Il n’y a pas de blocage physique de la navigation commerciale dans les ports ukrainiens. Portez une attention particulière à cet extrait du site Web de l’Organisation maritime internationale (OMI) :


L’Ukraine a indiqué ses préconditions pour que les bateaux puissent quitter ses ports en sécurité. Elle demande la fin des hostilités, le retrait des troupes, d’assurer la liberté de navigation en mer d’Azov et en mer Noire, dont le déminage avec la participation des Etats du littoral de la mer Noire.

Comme le montre cette capture d’écran, l’Ukraine a fixé des conditions préalables pour que les navires puissent quitter les ports ukrainiens, il ne s’agit donc pas d’un blocus de la Russie à proprement parler. L’Ukraine retient en otage les navires et les équipages étrangers dans le cadre de ses efforts pour obtenir davantage d’intervention et d’armes de l’Occident. L’OMI, une organisation des Nations unies, confirme ce que les diplomates russes ne cessent de dire depuis des mois.

Le secrétaire d’État américain ment comme un arracheur de dents ou se trompe complètement lorsqu’il déclare : « Il y a environ 85 navires en ce moment avec des céréales, du blé à l’intérieur. Ils ne peuvent pas sortir. Il y a encore 22 millions de tonnes de blé dans des silos près des ports qui ne peuvent pas y arriver. » Eh bien, certains des 85 navires sont à Marioupol, transportent des produits sidérurgiques. D’autres navires dans les ports ukrainiens sont des pétroliers et d’autres transportent des engrais. Blinken a juste relevé la déclaration de l’OMI, hors de son contexte :  » […] il reste 84 navires marchands, avec près de 450 marins à bord. Ce nombre continue à diminuer régulièrement. »

« Ce nombre continue de diminuer régulièrement. » Hé ! Quelqu’un se pose la question de savoir comment et quand ?

Ce n’est pas la Russie qui entrave l’accès aux ports. L’Ukraine a posé des mines au hasard en février et veut maintenant que l’OTAN les enlève, mais seulement lorsque les troupes russes auront quitté l’Ukraine, le Donbass et la Crimée. Pourtant, en même temps, il y a une crise alimentaire et l’Ukraine a besoin d’Odessa comme plaque tournante pour l’exportation de céréales. Les autorités ukrainiennes présentent un large éventail de demandes, ce qui laisse suffisamment d’espace pour que les souhaits de l’OTAN et des États-Unis soient progressivement mis en œuvre.

Le blocage physique des navires dans les ports par les autorités ukrainiennes est également mentionné dans le document de l’OMI : « Des mines marines ont été posées dans les approches des ports et certaines sorties de port sont bloquées par des barges et des grues coulées. De nombreux navires n’ont plus suffisamment d’équipage à bord pour naviguer. » C’est certainement arrivé à Marioupol et dans cette capture d’écran de montage, vous pouvez voir les barges coulées pour empêcher les navires de partir ainsi que les mines à proximité, (lien vidéo Telegram 15 mai 2022, lien vidéo 9 avril 2022). Ce n’est pas la Russie qui a paralysé physiquement l’accès aux ports et piégé les équipages à bord des navires. Des mines marines ont également été trouvées sur terre, éparpillées autour de Marioupol, l’une d’elles a même été placée dans un minibus ukrainien appartenant à la Garde nationale ukrainienne (Azov), (lien vidéo avril 2022), mais il s’agit de mines marines russes selon les médias institutionnels et les experts occidentaux.

Un autre aspect à considérer est la question de l’assurance et de l’équipage des navires commerciaux. Comme le mentionne l’OMI, un certain nombre de navires n’ont pas un équipage suffisant pour naviguer en toute sécurité. Même si les navires étaient autorisés à entrer et sortir de la zone, il serait très difficile d’avoir l’assurance nécessaire pour y entrer, étant donné que les opérateurs et les affréteurs ne voudront pas exposer un navire, son équipage et sa cargaison à des « risques de guerre » sans l’assurance ou les contrats nécessaires. Il faudrait des équipages disposés à se rendre dans une zone de guerre. La situation est compliquée par le fait que le gouvernement ukrainien a placé les ports au niveau 3 de MARSEC (sécurité maritime) et qu’ils sont donc fermés à l’entrée et à la sortie.

Les alertes NAVAREA III confirment également le risque de guerre dans la région nord-ouest de la mer Noire. Malgré cela, le ministère russe de la défense a déclaré que « la Fédération de Russie prend toute une série de mesures globales pour assurer la sécurité de la navigation civile dans les eaux de la mer Noire et de la mer d’Azov ». Le corridor maritime bleu de l’OMI fait partie de cette initiative.

Passons à un autre aspect digne d’intérêt. Pas un seul média occidental n’a pris la peine de mentionner ce que font le ministère de la Défense et la marine russes pour faire face au blocage de la navigation. Comme pour les désormais célèbres corridors terrestres, la Russie a mis en place une version maritime pour la navigation civile. Il ne s’agit pas d’un blocus. Ce corridor humanitaire fait partie de l’initiative de l’OMI visant à « établir et soutenir la mise en œuvre d’un corridor maritime bleu sûr dans la mer Noire et la mer d’Azov ». De même, il n’est pas fait mention d’un corridor maritime sûr dans les avertissements de Navarea III, mais seulement de mines marines dérivantes et d’une zone de risque de guerre.

Par conséquent, un corridor humanitaire est disponible tous les jours pendant la journée, en tant que voie sûre désignée au sud-ouest de la mer territoriale de l’Ukraine, d’une longueur de 80 miles nautiques et d’une largeur de 3 miles nautiques. La marine russe diffuse cette opération et la localisation du couloir de sécurité en anglais et en russe toutes les 15 minutes sur les canaux radio internationaux VHF, en anglais et en russe.

Le blocus d’Odessa, plaque tournante des exportations de céréales, est un cheval de Troie permettant à l’Occident de poursuivre et d’intensifier sa guerre par procuration contre la Russie. L’Ukraine suit ces plans fous de missiles à longue portée et d’escortes navales. Pour rendre ces plans acceptables pour le public occidental docile, la Russie est constamment accusée, à tort, de déclencher une crise alimentaire mondiale.

Blog de l’auteur : https://natsouth.livejournal.com

Natsouth

Références

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

L’OTAN et la Russie font semblant de ne pas avoir peur


« Nous avons affaire là à un échec de la communication. » – Cool Hand Luke


Par Tom Luongo – Le 25 mars 2022 – Source Gold Goats ‘N Guns et The Saker francophone.

Il y a tellement d’angles sous lesquels on peut voir la guerre en Ukraine. J’ai fait de mon mieux pour les couvrir afin d’avoir une idée de la raison pour laquelle nous en sommes là… à nous diriger vers un conflit beaucoup plus vaste.

Malgré mon profond cynisme, je suis essentiellement un optimiste. J’ai tendance à voir des issues qui font que l’humanité s’éloigne de toute sorte de solution finale. Et parfois, cela signifie qu’il faut regarder au-delà des conditions du conflit actuel et le voir dans le contexte plus large de ce que l’humanité essaie d’accomplir.

Alors n’oubliez pas, c’est mon parti pris. Il existe une solution même si les choses semblent sombres, car l’humanité a toujours reculé devant les pires de ses excès lorsqu’elle y était personnellement confrontée, du moins pendant quelques générations, jusqu’à ce que les souvenirs s’estompent.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les bons, les Alliés, ont vaincu les méchants, l’Axe, mais surtout les nazis. Je ne suis pas de ceux qui souscrivent à cette caricature des événements. Je sais que les problèmes sont bien plus profonds que cela.

Pendant la guerre, la propagande des deux camps a atteint le summum du réductionnisme. L’autre camp représentait le mal.

Poutine, quant à lui, traite à la fois les Ukrainiens de frères de la Russie et de nazis, en exagérant le génocide des Russes dans le Donbass. Alors qu’aux États-Unis, nous appelons les Russes par des noms que nous réserverions normalement aux fourmis qui envahissent notre cuisine.

Ce conflit entre Occident et Orient est un conflit de civilisation où chaque partie utilise les mots de manière très spécifique, ce qui crée l’opportunité de ce type de propagande réductrice. Dans le podcast que j’ai réalisé avec lui, Joaquin Flores a tenté d’élucider cette idée du point de vue des Russes.

Il a expliqué ce que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, entend par le mot « neutre » en ce qui concerne l’Ukraine. Pour Lavrov et la Russie, neutre signifie faire partie du grand État de l’Union russe, faisant de l’Ukraine un partenaire de la Russie au même titre que le Belarus et bientôt le Kazakhstan.

Les États-Unis et les fourmis enragées des services secrets britanniques, qui élaborent les points de discussion de cette guerre, définissent la neutralité comme les Suisses : non alignés, un État tampon. Et ce décalage dans la définition est utilisé avec cynisme par l’OTAN et l’Occident qui promeuvent cette idée que les Russes ne remplissent pas leurs obligations internationales. Ce qui leur permet de justifier leur aide à la défense héroïque de l’Ukraine contre un envahisseur hostile.

Et la Russie est maintenant un envahisseur hostile. C’est un fait.

Promouvoir ce récit simpliste revient à ignorer les huit dernières années en Ukraine ainsi que la progression de l’OTAN en Europe au cours des 30 dernières années.

Mais c’est là que réside le fossé infranchissable entre Orient et Occident.

La faute de ce fossé incombe entièrement à l’OTAN et à l’Occident qui ont progressé régulièrement jusqu’à atteindre la frontière russe dans le Donbass. Discuter de ce sujet en d’autres termes est pathétique et n’est qu’une excuse pour exprimer son racisme inhérent et sa soif de sang vis-à-vis des Russes.

C’est ce que font tous ceux qui mettent un drapeau ukrainien sur leur fil Twitter, qu’ils en soient conscients ou non.

Vous ne soutenez pas le droit à l’autodétermination d’un peuple agissant librement ici. L’Ukraine est un État fantoche crucial pour une guerre de conquête agressive menée par ceux-là mêmes qui vous ont infligé deux ans de privations et d’humiliation à cause du COVID et qui veulent maintenant vous exploiter comme bétail fiscal tandis que vous vivez dans un Panoptique orwellien infranchissable.

La liste des griefs de la Russie est aussi longue que n’importe quel projet de loi qui passe par une commission du Congrès de nos jours. Mais les plus importants ont été les tentatives de renversement du Belarus et du Kazakhstan. Ces deux pays pivots ont été victimes de révolutions ratées visant à renverser les gouvernements en place et à installer des marionnettes contrôlées par l’OTAN, en essayant de reproduire la « victoire » en Ukraine en 2014.

Non seulement ils ont échoué lamentablement, mais ils ont surtout renforcé les objectifs de la Russie qui souhaite ramener les anciennes républiques soviétiques dans son orbite et mettre fin à leurs flirts avec l’Occident. La seule république soviétique qui reste est l’Ukraine, les pays baltes n’ont tout simplement aucune importance sur le plan stratégique.

Discuter de cette guerre autrement qu’en ces termes revient à passer délibérément à côté de l’essentiel. Et nos néoconservateurs du département d’État et de la Maison-Blanche ont résolument mené la politique étrangère de cette manière, en faisant preuve d’un niveau d’ingénuité et de crétinerie qui, franchement, ne peut être décrit sans avoir recours à des jurons de marin.

Cela ne peut que conduire à la conclusion que j’ai faite plusieurs fois. Cette guerre a été choisie par l’Occident. Elle a été conçue de cette façon. Toutes les « tentatives » de diplomatie de l’OTAN, du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis n’étaient rien d’autre que des exercices pour gagner du temps afin de renforcer l’Ukraine pour lancer une attaque éclair dans le Donbass et sanctionner la Russie pour avoir simplement riposté.

Pourquoi ? Eh bien, franchement, pour gagner et soumettre la Russie à notre système de contrôle oligarchique, c’est-à-dire le Panoptique orwellien que je viens de mentionner. Donc, nous utilisons délibérément le terme « Ukraine » pour signifier quelque chose de complètement différent de ce que les Russes entendent par ce nom. L’Ukraine pour les Occidentaux, c’est la frontière d’avant 2014. Ce qui ne correspond plus à la réalité depuis huit ans.

Pour les Russes, la Crimée est la Russie, pas l’Ukraine. Le Donbass aurait pu faire l’objet d’une négociation à la baisse, mais l’Occident l’a complètement refusé, rejetant la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ne vous y trompez pas, Minsk II n’était rien d’autre qu’un autre effort pour gagner du temps de la part de l’OTAN et de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel afin d’achever Nordstream 2 et de permettre à l’OTAN de renforcer l’armée ukrainienne au point de pouvoir blitzer le Donbass de manière crédible.

Lorsque Poutine a ordonné une invasion massive et multifrontale, il a simplement anticipé une attaque qui se préparait.

Les paquets de sanctions mis en œuvre depuis lors étaient déjà prêts. Ils auraient été instaurés indépendamment de l’action de Poutine. Il n’y aurait pas eu de résultat différent, seulement un changement de dates pour le déroulement de ces événements.

L’OTAN a choisi le lieu. Poutine a choisi l’heure. Tout le reste n’est que bavardage et cacophonie.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui ?

Les deux parties croient juste assez à leur propre propagande pour s’en tenir à leurs stratégies.

Poutine et la Russie transforment méthodiquement l’Ukraine en un front de 1000 miles que les Forces armées ukrainiennes ne peuvent pas approvisionner. L’attaque initiale de la Russie a été conçue pour mettre à mal la logistique derrière les lignes des FAU et rendre pratiquement impossible le soutien mutuel des cellules des forces ukrainiennes sans céder de grandes quantités de territoire, si tant est qu’elles puissent sortir du contrôle du feu russe.

Carte militaire française de l’Ukraine 22 mars 2022

Les États-Unis et l’OTAN pensent qu’ils peuvent maintenant mener une guerre par procuration, transformant l’Ukraine en un Afghanistan des années 1980, en envoyant des milliards d’armes et en faisant tout ce qui est possible, à part envoyer des troupes officielles, pour transformer cette guerre en une guerre officielle entre l’OTAN et la Russie.

Les pertes des deux côtés seront horribles et élevées. Le chaos qui s’abat sur les civils ukrainiens est terrible. Les scènes qui se déroulent à Marioupol, récemment « libérée » , sont déchirantes.

L’Ukraine aurait dû se rendre dès le début, mais le Davos et l’OTAN ne le veulent pas, car cela mettrait fin à leur justification légale d’envoyer de l’aide et à leurs rêves de saigner la Russie à blanc par des sanctions et le vol pur et simple de leurs actifs étrangers.

Mais l’évolution de cette guerre se déroule exactement comme je vous l’ai dit au début. Les premières salves ont été tirées, maintenant la véritable guerre pour l’avenir de l’humanité commence au niveau juridique et financier.

La Russie a pris de nombreuses mesures intelligentes pour consolider sa position financière. Elle a maintenu le flux de gaz vers l’Europe pour y laisser les lignes de communication ouvertes. Mais comme l’UE n’est pas un acteur fiable, la Russie l’a inscrite sur la « liste des pays inamicaux » qui sont désormais autorisés à payer leurs exportations russes en roubles (annonce faite par Poutine en début de semaine) ou en or (annonce faite hier).

La réponse à cette décision sur Twitter aujourd’hui a été hilarante. Il est clair que le point de discussion est sorti des centres de relations publiques, à savoir que la Russie « viole ses contrats » en exigeant d’être payée dans une autre monnaie que celle prévue dans le contrat.

Dans un environnement post-sanctions où la monnaie du contrat devient inutile pour l’une des parties au contrat, ce contrat n’est plus valable. Il s’agit d’un problème de base du contrat d’adhésion où une partie a forcé une autre à se placer dans une situation incompatible avec le contrat.

Et quand c’est le cas, le contrat tel qu’il est écrit est invalide. Point final.

Cette leçon peut être appliquée à l’ensemble de ce conflit et on peut voir que l’OTAN, les États-Unis et l’Europe ont renoncé à leurs responsabilités envers la Russie à maintes reprises – START, INF, Budapest, Minsk, etc. – tout en estimant pourtant avoir toujours la légitimité, en vertu du droit international, de traiter la Russie d’agresseur et d’intensifier le conflit.

C’est puéril et irresponsable, mais c’est aussi si typique de Davos. Lorsque vous êtes la puissance supérieure, vous pouvez faire respecter les règles du contrat ou les rompre et laisser l’autre personne se tortiller. Les contrats ne comptent que si les gens les respectent.

Comme l’ont souligné tous ceux qui ont un peu de matière grise en état de marche, la Russie a le vrai pouvoir ici parce qu’elle produit ce dont le monde a besoin, alors que les gens qui poussent à cette guerre le font à partir d’une base de plus en plus fragile d’actifs en papier.

Donc, que les contrats soient maudits, ce sera or ou roubles en échange du gaz naturel pour l’Europe inamicale.

C’est le bitcoin ou les monnaies locales pour tous les autres.

L’Ukraine sera neutre. La Chine restera amicale. Les mots comptent du moment qu’une personne veuille qu’ils comptent.

Et de mon point de vue, ces dix dernières années, les Russes ont respecté leurs paroles alors que l’Occident les a utilisées comme des armes.

Si nous vivons dans un monde où les accords ne sont qu’une extension tactique de la guerre, alors la Russie, en arrachant le pansement en Ukraine, a mis fin à cette illusion.

Les deux parties ne s’écouteront pas jusqu’à ce que l’une d’entre elles y soit contrainte, par les faits sur le terrain ou à cause de la plomberie du système financier. Le résultat final sera un monde avec un nouveau Rideau de fer. Les sanctions resteront en place jusqu’à ce qu’il y ait une révolution politique complète de part et d’autre.

Je parie que cela se produira en Occident, car il est psychologiquement et culturellement beaucoup plus faible.

L’Occident et l’OTAN pensent qu’ils peuvent provoquer un changement de régime en Russie en faisant perdre leurs yachts à certains oligarques. Les Russes pensent qu’ils peuvent remporter une victoire sur le terrain en Ukraine tout en mettant à mal le système monétaire de l’Occident, fondé sur le pétrodollar et l’or papier.

Aucun des deux camps n’a encore subi suffisamment de dommages pour revenir sur ses positions. Biden s’est levé à l’OTAN, à Bruxelles, et a dit au monde que des pénuries alimentaires allaient arriver et que nous devions les supporter à cause de la Russie.

Le Davos tente intentionnellement, par le biais de Biden, Blinken et l’OTAN, de détruire l’économie mondiale afin que personne n’ait besoin de l’énergie russe tout en tuant des millions de consommateurs inutiles supplémentaires.

Les Russes ont répondu : nous acceptons l’or ou les roubles pour le blé et le gaz, mais pas les euros ou les dollars inutiles. Au même moment, ils ont fini de se débarrasser du bataillon Azov dans l’importante ville portuaire de Marioupol, clé de l’industrie des semi-conducteurs.

Puis j’ai lu sur Zero Hedge que les Russes sont tellement fatigués d’écouter les mensonges des responsables américains qu’ils ne prennent même plus les appels sur leurs « lignes directes de désescalade » entre les hauts responsables militaires. Seuls les opérateurs de bas niveau parlent.

Mais le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré dans un communiqué que les responsables russes « ont jusqu’à présent refusé de s’engager » .

 « Nous devons éviter un scénario dans lequel l’OTAN et la Russie se dirigent comme des somnambules vers une guerre parce que les hauts dirigeants ne peuvent pas prendre le téléphone et s’expliquer mutuellement sur ce qui se passe » , a-t-il ajouté.

Les seuls à se diriger comme des somnambules vers une guerre OTAN/Russie seront les néoconservateurs qui pensent encore que quelques défaillances logistiques autour de Kharkov et de Kiev équivalent à une armée russe suffisamment faible pour être forcée à la soumission. Très bientôt, le Davos réalisera qu’ils ne peut pas gagner une guerre contre un Sud uni qui a l’intention de se dédollariser et de réévaluer ses échanges en or réel, et non en papier, et en barils de pétrole réels.

Ce sera seulement là qu’il voudra discuter.

À ce moment-là, malheureusement, les cimetières de l’Ukraine, de la Russie et de l’Occident déborderont.

Tom Luongo

Traduit par Zineb, relu par, pour le Saker Francophone

Détails de la reddition de Marioupol

par Jacob Dreizin -  Le 19/05/2022.
Les faits bruts et les chiffres

Les derniers vestiges de la garnison ukrainienne de Marioupol sont en train de se rendre.

Kiev et les médias occidentaux « l’Ukraine a dit » ont présenté cette reddition comme une « évacuation », une sorte de victoire.

LOL.

Bien sûr, c’est une « évacuation » dans des bus russes, directement vers les camps de prisonniers de guerre (ou vers un hôpital de Donetsk, pour les blessés).

Les blessés graves ont tous été emmenés dans un hôpital à Novoazovsk, à 25 ou 30 km à l’est, qui est gardé par des soldats de Donetsk en tenue complète – ils ne prennent aucun risque.

Poutine a promis que s’ils aiment leur médecin, ils pourront le garder.

 




Une fois tous ces hommes (et quelques femmes) rassemblés, le nombre total de militaires ukrainiens détenus par la Russie, Donetsk ou Lougansk sera d’environ 7000 à 7500.

 

Selon un correspondant de guerre russe très fiable, qui a couvert Marioupol et ses environs presque exclusivement depuis mars, la répartition des forces qui se rendent est la suivante :

  • Plus de 2500 personnes vivantes au total
  • Dont 404 blessés, dont 55 non ambulatoires/gravement blessés
  • Environ 200 cadavres réfrigérés
  • 3 prisonniers russes et/ou de Donetsk (un officier, deux soldats)
  • Répartition des unités comme suit : 804 membres d’Azov ; Le reste provient principalement des restes de la 53e brigade, de la 54e brigade, de la 56e brigade, de la 36e brigade, ainsi que du personnel non Azov de la 12e brigade de la Garde nationale du ministère de l’Intérieur (unité militaire 3057, foyer officiel d’Azov)

Les personnes blessées légèrement ou pas du tout sont transférées dans des prisons de la république de Donetsk… où les enquêteurs russes ont l’intention de tenir des conversations agréables avec les membres d’Azov… Contre certains d’entre eux, des procédures pénales (par exemple, pour abus/torture ou meurtre de civils, ou de captifs rebelles) sont ouvertes en Russie, dans certains cas, depuis des années.

Au lieu d’un sauvetage dans la limousine de Macron ou la Pape-Mobile, certains de ces messieurs vont casser des cailloux au nord du cercle arctique jusqu’en 2040 ou 2050.

« Le karma est une salope ».

Entre 0:58 et 2:00 de la vidéo ci-dessous, un groupe d’Ukrainiens qui sortent de l’aciérie, avant d’être emmenés en captivité, sont fouillés pour trouver des bonbons, des cigarettes, des magazines féminins, des couteaux, des armes nucléaires, etc.

 


Puis, ils sont emmenés en bus. Ceci n’est qu’un convoi d’environ 300 captifs. Le spectacle entier durera probablement plusieurs jours.

 


L’impact

Je viens de vérifier auprès du Wall Street Journal, un journal autrefois formidable (aujourd’hui une blague à la USA Today).

Ils disent que la reddition de Marioupol n’aura aucun impact, parce que la ville était déjà bien derrière les lignes russes.

« Journalistes » ? LOL.

Je ne parlerai même pas de l’équivalent d’une brigade complète (au minimum) des forces russes et de Donetsk qui peuvent maintenant être redéployées sur d’autres fronts.

Il y a beaucoup plus que cela.

La reddition de Marioupol est une énorme rupture psychologique contre l’Ukraine.

De nombreux Ukrainiens – la garnison de Marioupol et les membres de leurs familles dans tout le pays, et l’opinion publique nationaliste en général – ont vécu au pays des merveilles pendant deux mois entiers… pensant que la garnison pourrait/serait sauvée… pensant que le Pape, ou Macron, ou Lloyd Austin, ou les ChiComs, ou même les fans de l’Eurovision, convaincraient la Russie de laisser les forces de Marioupol simplement… partir.

LOL.

Maintenant, tout le monde comprend que si vous êtes encerclés par la Russie, vous avez deux options :

Se rendre. Ou la mort.

Et c’est tout.

Il n’y aura pas de sauvetage, le pape ne viendra pas à la rescousse, et la Russie se fiche de ce que pensent ses ennemis de l’OTAN.

C’est un énorme changement psychologique, comparable à ce qui est arrivé aux Allemands après Stalingrad.

Après Stalingrad, les Allemands, s’ils étaient confrontés à un risque imminent d’encerclement, à de très rares exceptions près, se sont enfuis (ou ont essayé de le faire).

Et l’armée ukrainienne, malgré tous les emblèmes de la « Croix de fer » sur son matériel, n’est pas la Wehrmacht.

Cela n’augure rien de bon pour la tentative de l’Ukraine de tenir et de défendre l’agglomération de Sievierodonetsk-Lyssytchansk dans le nord de Lougansk – une zone loyaliste russe très dure, et probablement le prochain grand « chaudron ».

Ces deux villes combinées font à peu près la moitié de la taille de Marioupol.

Les forces russes et celles de Lougansk/Donetsk qui les envahissent seront plus nombreuses et (désormais) beaucoup plus expérimentées que les forces qui ont pris Marioupol.

Aujourd’hui, les Ukrainiens de cette région savent que si (quand) ils sont isolés, toute résistance supplémentaire est inutile.

Certains résisteront-ils, pendant un certain temps ? Bien sûr.

Mais ce ne sera pas une affaire de deux mois, comme pour Marioupol.

Encore une fois, il s’agit d’un changement de mentalité.

source : The Dreizin Report

traduction Réseau International

Marioupol : Les derniers civils ont évacué Azovstal

...par Christelle Néant - le 6 et 7 mai 2022.

par Christelle Néant - Le 08/05/2022.

Les 6 et 7 mai 2022, les derniers civils encore présents dans l’usine Azovstal à Marioupol ont été évacués d’après les informations de l’armée russe et des autorités ukrainiennes. Au total ce sont 51 personnes qui ont évacué le territoire de l’usine ces jours-ci.

Les 5, 6 et 7 mai 2022, l’armée russe a relancé l’évacuation des civils qui se trouvaient encore dans les sous-sols de l’usine Azovstal, en coordination avec l’ONU et la Croix-Rouge.

Suite à la déclaration des combattants d’Azov le 5 mai, disant qu’ils ne laisseraient plus partir de civils d’Azovstal, sauf en échange de nourriture et de médicaments, il semblait que l’évacuation était compromise.

Le 6 mai 2022, nous nous sommes rendus au petit matin à Marioupol, afin de suivre le processus d’évacuation des civils encore présents dans les sous-sols d’Azovstal. Alors que nous attendons à proximité, des tirs se font entendre en provenance de l’usine. Les soldats ukrainiens ont ouvert le feu alors que les sapeurs déminaient la route que devront emprunter les civils.

Heureusement les tirs n’ont pas fait de victime, mais ont fait craindre l’annulation de l’évacuation. L’attente a duré des heures. Et pendant ce temps, un petit groupe de soldats ukrainiens a tenté de sortir en force de l’usine à bord d’un véhicule. Une tentative qui s’est mal finie, avec plusieurs soldats ukrainiens blessés et un tué d’après les informations dont on dispose.

Voir la vidéo (attention contenu choquant, contenu graphique) montrant un des soldats ukrainiens blessés, capturés par les soldats russes :

 

En milieu d’après-midi les soldats ukrainiens exigent de parler à un négociateur, qui arrive une heure après. L’attente se prolonge encore. L’heure de fin du cessez-le-feu garanti par la Russie approche, et il n’y a toujours aucune certitude que l’évacuation va enfin pouvoir avoir lieu.

 

Finalement vers 18 h, alors que le cessez-le-feu a expiré, le premier bus transportant une douzaine de civils arrive enfin. Il faudra attendre une heure avant qu’un deuxième bus amène encore une douzaine de civils. Certaines personnes boitent un peu, mais la plupart ont l’air en bon état. Un homme évacue même avec son chien.

Deux autres bus suivront après, et au total c’est 50 civils qui évacuent Azovstal le 6 mai 2022. Il fait presque nuit lorsqu’ils arrivent à Bezymennoye, pour être identifiés (vérifier qu’il ne s’agit pas de soldats déguisés en civils), pouvoir manger un repas chaud, être soignés et se reposer avant d’être emmenés vers la destination de leur choix (à Zaporojié en Ukraine, en République populaire de Donetsk, ou en Russie).

Voir le reportage filmé sur place :

 

Le 7 mai 2022, l’armée russe a annoncé qu’une personne de plus avait été évacuée d’Azovstal, portant le total à 51 civils – dont 11 enfants – évacués en deux jours. L’évacuation des civils hors de l’usine a alors été annoncée comme terminée.

 

Une information confirmée par la vice-Première ministre ukrainienne Irina Vrechtchouk, qui a annoncé sur Facebook que « toutes les femmes, tous les enfants et toutes les personnes âgées ont été évacués d’Azovstal ».

Malgré cela, et la preuve évidente que ce sont les soldats ukrainiens qui retenaient les civils en otage, les médias occidentaux essayent de faire croire que c’est la Russie la responsable, et tronquent des témoignages de civils afin de coller à leur narratif. Ainsi, le témoignage de trois minutes de Natalia Ousmanova, une civile évacuée d’Azovstal, publié par Der Spiegel lundi, a été depuis supprimé, et il ne reste plus qu’une version d’une minute, qui raconte une toute autre histoire une fois redécoupée.

Mais, une version de deux minutes a été retrouvée et sous-titrée en français par Thalie Thalie, qui remet les pendules à l’heure :

 

En tout cas, la situation des soldats ukrainiens à Azovstal est devenue critique, à tel point qu’un petit groupe d’entre eux est sorti avec un drapeau blanc sur le même pont d’où les civils avaient été évacués, pour négocier. Les soldats russes sont allés à leur rencontre. Pour l’instant on ne sait pas si ces négociations ont abouti à un accord sur la reddition de ces soldats ukrainiens, mais il faut souligner que c’est la première fois qu’un tel contact face à face a lieu depuis le début de la bataille de Marioupol.

 

Christelle Néant

source : Donbass Insider

Christelle Néant de Donetsk nous informe sur la guerre en Ukraine - Le 27/04/2022.

Dans cette première interview accordée à un média au Canada, Christelle Néant, journaliste indépendante basée à Donetsk dans l’est de l’Ukraine depuis 2016, démontre que la guerre actuelle a commencé avec le coup d’État de la place Maïdan février 2014.

Elle explique comment la population du Donbass a vécu la guerre dont personne n’a voulu parlé pendant toutes ces années. Elle rappelle les référendums de mai 2014 dans le Donbass où la population a voté très massivement en faveur de l’indépendance des Républiques de Donetsk et de Lougansk.

Elle aborde les accords de Minsk qui devaient ramener la paix mais que ni l’Ukraine ni l’Union européenne (représentée par la France et l’Allemagne) n’ont voulu appliquer.

Elle décrit aussi la montée des néo-nazis, très actifs à Maïdan, qui sont montés au sommet de l’État ukrainien et de la Garde nationale.

Mme Néant décrit aussi les provocations constantes de la part de l’armée ukrainienne dans les mois précédant le début de l’actuelle opération militaire ainsi que le rôle des pays de l’OTAN, dont surtout les États-Unis, le Canada et le Royaume-uni qui fournissaient énormément de matériel militaire lourd à l’armée ukrainienne.

Elle parle de l’accueil par la population des forces russes qui sont perçues comme des libérateurs mais aussi de la situation actuelle dans Marioupol.

Mme Néant termine l’entrevue avec un appel à la paix qui passe par le négociation, la neutralité de l’Ukraine, et l’arrêt immédiat de l’envoi par l’OTAN d’armes et de matériel militaire, qui a pour effet de verser de l’huile sur le feu.

Les même pays qui arment l’Ukraine devraient forcer Kiev à négocier.

 

 

 

Christelle Néant est fondatrice du Donbass Insider (www.donbass-insider.com/fr/accueil/)

 

source : Soundcloud/Le Pied à Papineau

Ukraine, les Occidentaux ont la mémoire courte

Point de vue du général Jacques Guillemain - Le 25/04/2022.
Situation Russie – Ukraine

En ces temps où la raison semble avoir quitté les chancelleries occidentales et les salles de rédaction européennes, en ces temps où l’hystérie collective anti-Poutine semble tenir lieu de réflexion profonde et de réponse politique incontournable, je rappellerai simplement quelques réalités que le monde en plein délire semble avoir oubliées.

Mais n’acculons pas l’ours russe outre mesure, car l’Ukraine ne vaut pas un holocauste nucléaire. Il est bon de le rappeler aux va-t-en-guerre qui jouent avec le feu, le feu nucléaire s’entend. Quand la paix sera revenue et que les esprits seront calmés, les historiens analyseront cette guerre pour en dégager objectivement les véritables responsabilités.

La diabolisation outrancière d’un ennemi ne fait pas partie de la panoplie à l’usage des historiens dignes de ce nom.

En attendant voici quelques rappels

Ce sont les Américains qui ont refusé en 1990 que la Russie soit arrimée à l’Europe.

Ce sont encore les Américains qui ont promis à Gorbatchev de ne jamais élargir l’OTAN à l’Est ?

Quand le Pacte de Varsovie a été dissous en 1991, les Occidentaux ont conservé l’OTAN avec ses 16 membres, européens pour la plupart. Vainqueurs de la guerre froide, les Américains, au lieu de construire la paix, ont intégré 14 pays de l’ex-URSS dans l’Alliance et installé leurs missiles aux frontières de la Russie qui ne menaçait plus personne.

En 2022, cinq pays de l’OTAN possèdent encore des armes nucléaires américaines sur leur sol. Qui menace qui ?

Depuis 1990, l’OTAN n’a plus rien d’une alliance défensive, c’est au contraire un outil offensif aux ordres de Washington pour régenter le monde.

C’est toujours l’OTAN l’agresseur, en Serbie, en Libye, en Irak, en Syrie, en Afghanistan. Avec les succès que l’on sait…

En 1999, l’OTAN a bombardé la Serbie alliée de Moscou avec une armada de 800 avions et dépecé le pays en l’amputant de la province du Kosovo, devenu un État mafieux siège de tous les trafics : êtres humains, armes, stupéfiants et organes.

L’Occident pleure sur le sort de l’Ukraine, mais il applaudissait aux bombardements de la malheureuse Serbie, accusée injustement de génocide. Ces bombardements criminels contre un petit pays qui n’avait agressé personne ont duré 78 jours. Les avions de l’OTAN ont effectué 38 000 sorties, entraînant de nombreuses bavures et victimes civiles.

La récupération de la Crimée par Moscou n’est donc que le juste retour du boomerang pour l’indépendance du Kosovo, imposée à Belgrade en totale violation du droit international et au mépris de la Russie, encore trop affaiblie pour s’opposer à cette ignominie.

Quand Poutine refuse de voir l’Ukraine devenir une base avancée de l’OTAN aux frontières de la Russie, c’est exactement ce que Kennedy a refusé en 1962, quand Khrouchtchev a voulu installer ses missiles nucléaires à Cuba.

Non, ce n’est pas Poutine qui a enterré les accords de Minsk. C’est l’Ukraine qui ne les a jamais respectés en refusant d’accorder l’autonomie au Donbass pro-russe.

L’Occident gémit sur le sort de l’Ukraine, mais depuis 2014 les habitants du Donbass subissent eux aussi des bombardements ukrainiens perpétuels sans que l’Europe, ni l’Amérique ne s’en émeuvent. 13 000 morts en 8 ans.

Qu’en pense Zelensky, lui qui fait pleurer toutes les chancelleries occidentales ? Qu’en pense BHL, le champion de la désinformation sur tous les plateaux TV ? Le régiment Azov, qui torture et décapite les soldats russes, cela choque-t-il notre grand combattant des droits de l’homme, ou bien y aurait-il des victimes plus dignes d’intérêt que d’autres ?

Tout l’Occident veut soi-disant la paix, mais une vingtaine de pays arment l’Ukraine et attisent les braises. Certains d’entre eux veulent même livrer des avions de chasse ! Pure folie. Les armes individuelles finiront entre les mains des groupes mafieux ukrainiens, puis dans les caves de nos banlieues, comme celles de l’ex-Yougoslavie.

Zelensky ne cesse d’attiser les braises et de demander des sanctions toujours plus lourdes contre le peuple russe. Il veut que la Russie soit interdite des ports et aéroports du monde entier. Il veut la bannir de toutes les instances internationales. C’est un va-t’en guerre que la presse européenne encense

Ce qu’il veut, c’est un engagement de l’OTAN au risque d’un embrasement généralisé. Le soutien des Occidentaux lui donne des ailes et il ne cesse de faire pression sur l’Europe. L’Occident en fait un héros, alors qu’il ne fait qu’aggraver les souffrances de son peuple en restant terré dans son bunker.

Mais Zelensky n’est pas un saint. Il dirige un pays corrompu. Le régiment Azov est bien une unité nazifiée, ce que l’Occident refuse de reconnaître. Éternelle morale à géométrie variable du gendarme du monde… En annonçant brutalement que l’Ukraine serait la bienvenue au sein de l’UE, Ursula von der Leyen a démontré une fois de plus son incompétence et sa totale irresponsabilité, alors que Poutine s’oppose à cette adhésion et à toute intégration dans l’OTAN. Rien de tel pour braquer l’ours russe encore davantage et difficile de faire plus stupide ! N’est pas Thatcher qui veut !

Zelensky a d’ailleurs sauté sur l’occasion, s’exprimant devant le Parlement européen pour réclamer une procédure accélérée d’adhésion. Comme si l’Europe devait intégrer sans attendre un État corrompu, en faillite et entouré d’éléments nazis !!

Nul ne sait comment va se terminer cette guerre fratricide. Mais si les Occidentaux avaient écouté les légitimes demandes de Poutine, afin de garantir la sécurité de la Russie, le monde n’en serait pas là. Il serait temps que les Européens ne se comportent plus en vassaux des États-Unis, qui ont tout fait pour enflammer la région et retirer les marrons du feu de ce conflit, sans tirer un seul coup de fusil.

Ils ont ressuscité l’OTAN moribonde, ils ont relancé la guerre froide pour 30 ans, ils ont enterré à jamais le grand projet d’une vaste Europe de l’Atlantique à l’Oural, si cher à de Gaulle. Ils peuvent se réjouir. Et les naïfs Européens applaudissent, au nom de la paix et du droit international, alors qu’ils sèment la haine par leur surenchère permanente dans les sanctions.

Quand j’entends Bruno Le Maire vouloir détruire l’économie de la Russie, plongeant ainsi le peuple russe dans la misère, alors que Poutine veut couper uniquement la tête de l’État ukrainien corrompu, en limitant au maximum les pertes civiles, je me dis que ce n’est pas l’hôte du Kremlin qui a perdu les pédales. Si les hackers russes lui bloquent son ministère, il ne faudra pas qu’il s’étonne. Avec nos 3000 milliards de dettes, notre industrie et notre agriculture toutes les deux laminées, ce ministre de la faillite devrait se faire plus discret. Souhaiter le naufrage économique de la Russie c’est criminel.

Continuons d’acculer l’ours russe avec des sanctions démentielles, et nous l’aurons notre guerre nucléaire. Hiroshima à la puissance 20 ! Depuis cinq jours, l’Occident a fait le choix de l’escalade sans jamais parler de négociations. À tort, car ni l’Europe, ni les États-Unis n’ont les moyens d’engager un véritable affrontement avec la Russie, en pointe pour de nombreux armements conventionnels.

Par conséquent, Poutine ira jusqu’au bout de ses objectifs. Voilà 30 années que l’Occident trompe et humilie les Russes. Cette époque est révolue, ce sera dorénavant un rapport de forces entre Moscou et l’Europe. Avoir gagné la guerre froide pour revenir au point de départ 30 ans plus tard, c’est certainement le plus retentissant échec politique depuis 1945. Merci Oncle Sam, merci les élites européennes !

Toute la paix en Europe est à reconstruire. Et nous, Français, quittons l’OTAN. Nous n’avons pas à être les supplétifs des États-Unis dans leurs guerres de domination.

Avec les Russes, nous nous connaissons bien, nous avons une longue histoire commune. Nous nous apprécions et nous nous respectons. On a vu les Cosaques dans les rues de Paris, certes, mais qui d’autre que la Grande Armée est allé jusqu’à Moscou ? En 1942, un groupe de chasse français des FFL fut créé pour aller combattre aux côtés des aviateurs russes. Le groupe Normandie-Niemen. C’est la seule unité occidentale qui ait combattu au sein de l’Armée rouge contre les Allemands. Cette unité ne tarda pas à s’illustrer et à gagner l’estime des pilotes russes au combat. Et aujourd’hui, la population fleurit la tombe de ces pilotes français inhumés sur place. À la fin de la guerre, le commandement russe laissa ces pilotes multi-décorés repartir en France avec les avions sur lesquels ils avaient combattu. « Le don au régiment « Normandie-Niemen » de tous les avions sur lesquels ils avaient volé fut une manifestation de l’amitié sincère entre les peuples français et soviétiques. » – Maréchal Alexandre Novikov Je rappelle aussi que ce sont les Russes qui ont gagné la guerre.

Hitler a englouti 80% de son armée dans les steppes russes. Sans le sacrifice du peuple russe, jamais les Alliés n’auraient pu débarquer. Les Occidentaux ont la mémoire courte.

Par conséquent, voir aujourd’hui la France de Macron considérer les Russes comme des ennemis est infiniment triste. Bruno Le Maire transpire la haine, hurlant stupidement avec les loups, sans la moindre connaissance du problème, des enjeux et des risques de guerre. Encore une lumière de la Macronie !

Désespérer la première puissance nucléaire du monde en l’affamant, venant d’un ministre de la République, cela relève non seulement d’une stupidité sans nom, mais également de la psychiatrie.

source : Entre la Plume et l’Enclume

Donbass : Le martyr des civils de Marioupol de 2014 à 2022, raconté par ses habitants

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par Christelle Néant.

Le 16 avril 2022, nous sommes retournés à Marioupol, tout près de l’usine Azovstal où se trouvent les dernières troupes ukrainiennes. Nous nous sommes rendus à trois endroits différents autour de l’usine pour discuter avec les civils, qui nous ont raconté comment les soldats du régiment Azov tiraient sur eux et sur leurs habitations. Plusieurs nous ont aussi raconté ce qui s’est passé le 9 mai 2014, mais aussi en janvier 2015, lors du bombardement du district de Vostotchny, qui avait été attribué à la RPD (République populaire de Donetsk).

Car le martyr de la ville de Marioupol n’a pas commencé en 2022, mais huit ans plus tôt, avec le massacre du 9 mai 2014.

Dans la cour de leur immeuble situé près de l’usine Azovstal, Valentina et Svetlana nous racontent ce qui s’est passé le 9 mai 2014, le jour de la Victoire. Un semaine après le massacre d’Odessa, et alors que le Donbass s’est soulevé contre le coup d’État qui a eu lieu à Kiev, et prépare le référendum du 11 mai 2014 proclamant la création des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, un nouveau chef de la police de Marioupol est nommé par les autorités post-Maïdan, Valery Androchtchouk.

Le 9 mai 2014, alors que les cérémonies du jour de la Victoire battent leur plein, Androchtchouk ordonne aux policiers de Marioupol d’arrêter les manifestants. Un ordre qu’ils refusent d’appliquer. Face à cette rébellion, le nouveau chef de la police tire sur un de ses subordonnés, se barricade dans un bureau, puis fait appel à la Garde nationale. Cette dernière, menée par le député ukrainien du Parti radical, Oleg Liachko, va mener l’assaut contre le bâtiment de la police, et tirer tant sur les policiers qui se sont rangés du côté des manifestants, que sur les civils venus soutenir leurs policiers. Deux policiers et sept civils ont trouvé la mort lors de ces affrontements.

Deux jours après ce massacre, la population de Marioupol ira voter en masse lors du référendum du 11 mai 2014, qui validera la création de la République populaire de Donetsk, comme nous le racontent Valentina et Svetlana, qui ont voté ce jour-là.

Svetlana accuse d’ailleurs le maire de l’époque, Iouri Khotloubeï, d’avoir été « mystérieusement absent » ce fameux jour du 9 mai 2014. Une absence due au fait que, selon elle, le maire de Marioupol était au courant de ce qu’il allait se produire, tout comme il était au courant en janvier 2015, que sa ville allait être bombardée, non pas par la RPD, mais bien par l’armée ukrainienne !

En janvier 2015, alors que la Rada se préparait à déclarer la Russie comme étant un « État agresseur », un vote identique aurait été organisé à Marioupol, au sein du conseil municipal, d’après ce que raconte Svetlana. Mais le résultat ne fut pas celui escompté. La main levée de Khotloubeï n’a rencontré que le silence dans la salle des députés municipaux. D’après elle, c’est en punition de cet échec, que le bombardement du district de Vostotchny a été organisé le 24 janvier 2015.

Ce district oriental de Marioupol fut alors soumis à un intense bombardement à coup de lance-roquettes multiples Grad et Ouragan, qui a fait 31 mors et 117 blessés. La plupart des victimes sont des civils, dont des enfants. D’après Svetlana, les véhicules des services de secours se sont tenus prêts en colonne loin de la zone bombardée, et se sont mis en route une fois le bombardement terminé. D’après ce qu’elle dit, le maire avait été averti de ce qui allait se passer.

Sans surprise, ce bombardement avait été attribué à la RPD, y compris par l’OSCE, et ce, malgré le fait que la RPD n’a jamais possédé de lance-roquettes multiples Ouragan (contrairement à l’Ukraine). Je ne reviendrai pas sur la partialité évidente de l’OSCE, dont il a été récemment découvert par les deux républiques populaires, que ses caméras de surveillance du cessez-le-feu, servaient en réalité à espionner les soldats des milices populaires et corriger les tirs d’artillerie de l’armée ukrainienne (qui pouvait d’ailleurs contrôler les dites caméras) !

 

Le témoignage de Svetlana confirme donc bien que ce n’est pas la RPD, mais l’armée ukrainienne qui a tiré sur Marioupol le 24 janvier 2015, avertissant le maire à l’avance, qui a pu ainsi mettre les camions de secours à l’abri en attendant la fin du bombardement !

 

Voir le reportage filmé à Marioupol le 16 avril 2022, sous-titré en français :

 

Valentina, et d’autres civils interrogés aux différents endroits que nous avons visité, nous ont aussi parlé des crimes des soldats du régiment néo-nazi Azov contre les civils, lors des deux derniers mois. Les soldats d’Azov ont en effet tiré au mortier sur des civils allant chercher de l’eau, occupé les étages supérieurs d’un hôpital situé à proximité, jeté une grenade dans un appartement où se trouvaient deux retraitées, et tiré sur les immeubles pour les détruire alors que ni l’armée russe ni la milice populaire de la RPD ne se trouvaient encore dans cette zone !

 

Depuis, la Russie a offert à plusieurs reprises aux soldats ukrainiens retranchés dans l’usine Azovstal de se rendre, avec garantie qu’ils ne seront pas tués, et qu’ils seront traités convenablement et dignement selon les normes du droit international. Malgré cela, les soldats ukrainiens ont refusé de se rendre, avant de hurler partout qu’il y aurait un millier de civils avec eux dans les souterrains, et qu’il faut des corridors humanitaires pour les évacuer, une fois que l’assaut contre l’usine a commencé !

Comme l’ont souligné certains commentateurs russes, s’il y avait des civils avec eux dans les sous-sols d’Azovstal, et qu’ils voulaient les évacuer, pourquoi ne les ont-ils pas laissés quitter l’usine lorsque la Russie a ouvert des corridors sécurisés pour permettre aux soldats de se rendre ? S’ils ont empêché ces civils de sortir, cela veut donc dire qu’ils les retiennent en otages afin de les utiliser comme boucliers humains ! Ce qui signifie que les soldats ukrainiens qui se trouvent à Azovstal ne sont rien de plus que des terroristes !

De plus, les vidéos censées prouver leur présence dans les souterrains ne prouvent rien en réalité. Comme l’a souligné la chaîne Telegram « Война с фейками » (guerre contre les fakes), le décor des vidéos montrant les soldats ukrainiens, et celles montrant les civils qui seraient prétendument avec eux est différent.

 

Les femmes et les enfants interrogés disent être dans un sous-sol mais sans préciser si c’est celui d’Azovstal. De plus dans le sous-sol montré il y a au maximum une centaine de personnes et pas un millier, et sa taille correspond plus à celle d’un sous-sol typique d’un immeuble, plutôt que de celui (immense) de l’usine. La vidéo avec les civils montre un sous-sol bruyant, tandis que celui avec les soldats est silencieux, et la couleur des murs n’est pas la même non plus. L’abri où se trouvent les civils ont des murs verts et des tuyaux en plastique gris, tandis que celui des militaires a des murs bleus et des tuyaux blancs.

 

De plus, les quelques soldats d’Azov capturés récemment ont déclaré qu’il n’y a pas de civils dans l’usine, et même Zelensky dans sa récente interview n’a parlé que des soldats ukrainiens. Et comme par magie cette histoire de civils est sortie lorsque les forces armées russes et celles de la RPD ont commencé l’assaut et pris le contrôle de la partie nord de l’usine Azovstal. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce n’est qu’un sordide faux pour essayer d’empêcher l’élimination complète des soldats du régiment néo-nazi Azov installés dans les sous-sols de l’usine.

Mais afin d’être sûre de ne pas pouvoir être accusée de crimes contre des civils, la Russie a organisé aujourd’hui de nouveaux corridors sécurisés et un cessez-le-feu, afin que les personnes qui sont dans l’usine Azovstal (civils ou militaires) puissent évacuer ou se rendre.

Si aucun civil (ni aucun soldat d’ailleurs) n’est sorti des sous-sols de l’usine même, ce corridor humanitaire a permis à plus de 120 civils bloqués dans les sous-sols des maisons situées juste devant le principal poste de contrôle d’Azovstal de sortir, et de pouvoir enfin être évacués, comme le montrent nos collègues de War Gonzo.

 

D’après un message publié par Ramzan Kadyrov, Azovstal sera sous contrôle de la Russie très rapidement, ce qui marquera la fin de la bataille de Marioupol, et le début de la bataille de Kramatorsk et Slaviansk.

 

Christelle Néant

source : Donbass Insider

Quelques éléments pouvant justifier une suspension du jugement concernant l’explosion de la gare de Kramatorsk

par Xelnaga - Le 15/04/2022.

Voici quelques éléments pouvant justifier une suspension du jugement concernant l’origine de l’explosion de la gare de Kramatorsk qui a tué une cinquantaine de civils.

Alors, rien qu’au premier coup d’œil cette affaire est, elle aussi, étrange. D’un côté, les Russes feraient soi-disant de la désinformation pour ne pas qu’on leur impute le tir du missile1, et d’un autre coté ils écrivent sur le missile « Pour nos enfants » ?2 Que peut signifier cette phrase si elle provient de l’armée russe ? C’est bizarre d’entrée de jeu, quand même, mais pourquoi pas. Notons qu’en plus Kramatorsk se trouve dans l’Oblast de Donetsk, donc pro-russe.

Manlio Dinucci, une personnalité importante du communisme italien3 a repris les arguments en faveur de la thèse du missile ukrainien dans une vidéo ici que l’on peut trouver traduit et résumé ici.

Dans cet autre article du Parisien on peut lire : « Il s’agit d’un OTR-21 Totchka, plus connu sous son abréviation Tochka-U, qui aurait pour l’occasion été doté d’une ogive à sous-munitions qui a la particularité de disperser d’autres munitions explosives lorsqu’elle atteint sa cible »4. Cette information, plus le fait que c’est une gare qui a été visée, signifient que le but était de tuer délibérément un maximum de personnes à l’air libre (les explosifs à sous-munitions sont beaucoup moins efficaces contre des structures). Pourquoi les russes viseraient-ils délibérément avec une arme anti-personnelle une gare dans le Donetsk, en écrivant dessus « pour nos enfants » ?

Il faut également rappeler que des tirs de missiles Tochka-U effectués par les forces armées ukrainiennes sur des zones résidentielles du Donbass, documentées par des organisations et médias occidentaux, j’en ai compté au moins 6 ou 7 depuis 2014. Ils en ont même tiré un sur une base aérienne située dans une ville en Russie au début de l’attaque du 24 février.

D’ailleurs avec la domination totale de l’espace aérien et des bombes guidées à gogo, pourquoi utiliser une fusée aujourd’hui à demi vétuste (faible portée, imprécise, etc) sur une rampe de lancement à terre ? Au début de l’attaque, lorsque les Russes n’avaient pas encore le contrôle de l’espace aérien, ils ont utilisé une grande quantité de missiles beaucoup plus modernes et précis. Et maintenant qu’ils sont maitres de l’air, c’est là qu’ils se mettent à utiliser les vieux Tochka ? Encore une fois, tout ça n’est pas très cohérent : même si bien sur ça n’a rien d’impossible, ce n’est pas très vraisemblable.

Et je le répète : pourquoi viser délibérément des personnes à découvert et non des infrastructures précises (emploi d’explosifs anti-personnels et non anti-structures) ? Les Russes seraient cons au point de tuer des civils exprès alors que ça ne leur sert strictement à rien à part à se faire haïr par tout le monde ? On m’a dit que ça leur servait à semer la terreur chez l’ennemi, tactique sans doute aussi ancienne que la guerre elle-même. Ce à quoi je réponds : dans Donbass ? Alors qu’ils pourraient raser des villes entières à la pelle avec des avions bombardiers et que néanmoins ils font à peu près aussi bien (ou aussi mal) que les Américains en Irak en ce qui concerne les pertes civiles ? Et en plus ils feraient de la désinformation pour que l’on pense que c’est pas eux ? Non, rien de tout ça n’est cohérent.

 

Un responsable du renseignement militaire américain réfute les allégations d’« atrocités russes »

Par Moon of Alabama – Le 13 avril 2022

Les soldats russes ont quitté la ville de Bucha en Ukraine le 30 mars. Deux jours plus tard, la Gestapo ukrainienne, le SBU et les hommes du bataillon fasciste Azov sont entrés dans la ville pour trouver et éliminer les « traîtres ». Les 2/3 avril, une vidéo a été publiée montrant des hommes fraîchement tués gisant dans les rues de Bucha. Plusieurs d’entre eux portaient des brassards blancs signalant aux forces russes qu’ils les considéraient comme des amis.

L’« Occident » et les responsables ukrainiens ont immédiatement déclaré que ces morts étaient le résultat d’« atrocités russes ».


J’avais appelé cela une provocation :

L’offensive de propagande de Bucha sur les atrocités « russes » a peut-être bien fonctionné à l’« Ouest », mais il n’y a aucune preuve montrant que la Russie y soit pour quelque chose.

L’ancien ambassadeur indien M.K. Bhadrakumar qualifie cette propagande de mensongère : …

Et c’était bien une infox.

Heureusement, il y a encore des fonctionnaires sains d’esprit à la Defense Intelligence Agency américaine et William Arkin discute avec eux :

Mercredi dernier, le maire de Bucha, Anatolii Fedoruk, a déclaré que 320 personnes avaient été tuées dans cette ville de 37 000 habitants. 

 

« C’est laid », déclare à Newsweek un haut fonctionnaire de la Defense Intelligence Agency. « Mais nous oublions que deux adversaires se sont battus pour Bucha pendant 36 jours, et que la ville était occupée, que les convois et les positions russes à l’intérieur de la ville ont été attaqués par les Ukrainiens et vice versa, que les combats au sol étaient intenses, que la ville elle-même a été littéralement l’objet de combats. » 

 

« Je n’excuse pas une seconde les crimes de guerre de la Russie, ni n’oublie que la Russie a envahi le pays », déclare le responsable de la DIA. « Mais le nombre de morts réels ne constitue pas un génocide. Si la Russie avait cet objectif ou tuait intentionnellement des civils, nous verrions beaucoup plus de morts, alors qu’ils ne représentent que moins de 0,01 % de la population dans des endroits comme Bucha. »

320 sur 37 000, ne font pas 0,01 %. Mais nous ne savons pas combien de ces morts étaient des soldats russes ou ukrainiens. Certains des morts étaient des « défenseurs civils », c’est-à-dire des civils locaux à qui le gouvernement avait remis des armes pour « combattre les Russes ». Pendant une guerre, un « civil » muni d’une arme fournie par le gouvernement et qui tire sur des soldats ennemis est un combattant, pas un civil.

Le fonctionnaire de la DIA poursuit :

« Les Russes ont-ils été indiscriminés ? Absolument. Mais cela ne devrait pas être trop surprenant. Cela fait partie intégrante du mode de guerre russe, aligner leurs canons d’artillerie et tirer », explique le fonctionnaire de la DIA. « Mais ici en particulier, à Bucha et dans les autres villes alentour, Irpin et Hostomel, il y a eu d’intenses combats au sol qui ont impliqué près de 20 groupes tactiques de bataillons. »

Je doute qu’il y ait vraiment eu des tirs d’artillerie russes « indiscriminés » intentionnels. Les Russes se sont beaucoup retenus et l’ont payé de leur sang.

Il convient également de noter que les fosses communes souvent montrées à Bucha ne sont pas le résultat d’actions récentes mais ont été creusées le 10 mars après de violents combats lorsque des soldats russes ont tenté d’entrer dans la ville :

Maxar Technologies, qui collecte et publie des images satellites de l’Ukraine, a déclaré que les premiers signes d’excavation d’une fosse commune à l’église Saint-André et Pyervozvannoho Toussaint ont été vus le 10 mars.

« Une couverture plus récente, le 31 mars, montre le site de la tombe avec une tranchée d’environ 45 pieds de long dans la section sud-ouest de la zone près de l’église », a déclaré Maxar.

Le responsable de la DIA affirme clairement que les pertes civiles en Ukraine, qui sont assez faibles, sont exagérées et qu’il est faux de les attribuer uniquement à la Russie :

Lundi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré avoir enregistré 1 793 morts et 2 439 blessés parmi les civils dans toute l’Ukraine depuis le début de la guerre le 24 février. Les services de renseignement américains estiment que le nombre réel est environ cinq fois plus élevé, comme l’a précédemment rapporté Newsweek.

« C’est mauvais », dit le fonctionnaire de la DIA. « Et je ne veux pas dire que ce n’est pas trop mauvais. Mais je ne peux m’empêcher de souligner qu’au-delà des clameurs, nous ne voyons pas la guerre clairement. Là où il y a eu d’intenses combats au sol et une impasse entre les forces ukrainiennes et russes, la destruction est presque totale. Mais en termes de dommages réels à Kiev ou dans d’autres villes en dehors de la zone de combat, et en ce qui concerne le nombre de victimes civiles dans l’ensemble, les preuves contredisent le récit dominant. » 

 

Le fonctionnaire affirme qu’il est dangereux d’attribuer une ou même plusieurs tombes et scènes de désastre civil à la barbarie russe plutôt que de faire preuve de réalisme quant aux déprédations de la guerre.

 

Le fonctionnaire s’inquiète également du fait qu’attribuer les destructions uniquement au comportement russe, plutôt qu’à la guerre elle-même, crée des dangers futurs.

 

« Si nous imputons tous les dégâts à Poutine, comme s’il les avait commandés et qu’ils étaient dus uniquement aux crimes de guerre russes, nous allons quitter l’Ukraine avec une certaine illusion dans la tête que la guerre moderne peut être menée plus proprement, que la guerre en Ukraine est une anomalie uniquement créée par le comportement de la Russie. Cette guerre ne fait que démontrer à quel point toute guerre de cette ampleur serait destructrice. »

Il faut éviter de faire la guerre autant que possible, mais il est également important de mettre fin aux guerres aussi rapidement que possible :

« Il est peut-être sans cœur de demander instamment que nous examinions l’Ukraine avec précision, sans émotion humaine », déclare le responsable de la DIA.

 

« Mais pour ceux qui pensent que des dizaines de milliers de personnes sont mortes et que la Russie tue intentionnellement des civils et poursuit un génocide, je dis que c’est un argument de plus pour trouver une solution diplomatique afin de cesser les combats. Mais rien ne va se passer dans les jours ou les semaines à venir pour changer la réalité du champ de bataille. C’est pourquoi l’arrêt des combats doit être notre priorité absolue. »

Malheureusement, mettre fin à la guerre n’est pas une priorité pour les États-Unis ni pour l’UE. Leurs dirigeants sont ivres de l’idée que l’Ukraine a vaincu la Russie autour de Kiev. Ils semblent croire que l’Ukraine peut vaincre la Russie partout.

Mais la retraite de Kiev a été ordonnée parce que la manœuvre trompeuse vers elle avait atteint son objectif, à savoir maintenir un grand nombre de soldats ukrainiens en place autour de Kiev pendant que l’armée russe ouvrait le corridor terrestre vers la Crimée.

L’Ukraine n’a aucune chance de vaincre l’armée russe, quel que soit le nombre de vieux chars ou d’avions que les États-Unis et les pays de l’UE lui envoient.

L’envoi de plus d’armes ne fait que prolonger la guerre et crée inévitablement plus de victimes militaires et civiles des deux côtés.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

...Je ne serais as surpris si dans quelques jours, 2 à 3 semaines max, les USA abandonnaient l'Ukraine et les ukrainiens en rase campagne...Ils ont compris (?) que la Russie maîtrisait le problème, que Zelensky poussait le bouchons des provocations un peu trop loin....

Et puis, il vont sans doute avoir fort à faire en Pologne et dans les pays Baltes sous peu...

JMR

Ukraine : Juste les faits

Par Dmitry Orlov – Le 8 avril 2022 – Source Club Orlov + the Saker

 

Certains des commentaires et des questions que j’ai reçus ces dernières semaines m’ont fait comprendre que nombre de mes lecteurs, aussi éclairés et bien informés soient-ils en général, ne savent pas trop quoi croire au sujet de l’action en Ukraine, ayant été pris dans un maelström de mensonges qui passe pour une couverture médiatique en Occident. Mon objectif ici n’est pas de convertir ou de convaincre, mais simplement d’énumérer un certain nombre d’aspects de la situation ukrainienne pour que vous puissiez vous les remémorer. Permettez-moi de m’excuser à l’avance pour toute dissonance cognitive que cela pourrait créer ; j’essaie seulement d’être utile. L’exposé va vous sembler un peu sec par endroits, mais c’est parce que je m’efforce de m’en tenir à des faits connus et bien établis. Je vous laisse le soin de décider dans quelle mesure ce que vous disent les fabricants de consentement occidentaux concorde avec ces faits.

 

1. Qu’est-ce que l’Ukraine géographiquement ?

Le mot russe « ukraina » est une variante de « okraina » et est lié au mot « krai » qui signifie « bord »« marge »« périphérie »« bordure »« frontière », etc., du bord d’une tasse à thé à une province éloignée du centre (Moscou). L’origine du terme « Ukraina », en tant que toponyme spécifique, n’est pas tout à fait claire ; certains éléments indiquent qu’il s’agissait d’un terme péjoratif utilisé pour la première fois par les Polonais à une époque où la Pologne occupait environ la moitié de ce territoire (à l’époque, la frontière entre la Pologne et la Russie longeait le fleuve Dniepr, le coupant en deux).

« Ukraina » a ensuite reçu un statut officiel de la part du gouvernement communiste après la révolution russe de 1917, qui a proclamé une République socialiste soviétique d’Ukraine, à la place de cinq provinces russes (Yekaterinoslavskaya, Poltavskaya, Tavricheskaya, Chernigovskaya et Kharkovskaya gubernii). Divers termes ont été appliqués aux regroupements de ces territoires, tels que Novorossia (terres que la Russie a conquises dans la seconde moitié du 18e siècle à la suite de guerres avec l’Empire ottoman) et Malorossia, ou « Petite Russie » (désignation des terres chrétiennes orthodoxes qui ont fait l’objet d’un va-et-vient entre la Russie et la Pologne pendant de nombreux siècles).

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Staline a ajouté à la RSS d’Ukraine une zone fortement balkanisée plus à l’ouest, qui faisait partie de l’Autriche-Hongrie et était habitée par des Roumains, des Hongrois, des Allemands, des Russes, des Tsiganes, des Polonais et diverses petites tribus slaves. C’est de cette région qu’est issu le nationalisme ukrainien, dans sa forme actuelle, et c’est à partir des dialectes villageois parlés dans cette région que la langue ukrainienne officielle, aujourd’hui enseignée dans les écoles de toute l’Ukraine, a été artificiellement synthétisée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Immédiatement après le renversement du gouvernement en 2014, l’Ukraine a commencé à s’effondrer. La Crimée, qui a fait partie de la Russie pendant la majeure partie des 240 dernières années, a été la première à disparaître. Elle a été brièvement une autonomie au sein de l’État ukrainien, mais son parlement a voté pour la sécession peu après le coup d’État illégal à Kiev. Le Donbass, une région russe ajoutée par Lénine, a été la suivante à faire sécession. Pendant un certain temps, il a semblé que les régions de Kharkov et d’Odessa allaient également se détacher. Leur séparatisme a été arrêté par l’application du terrorisme d’État. Et maintenant, un mois après le début de l’opération militaire russe en Ukraine, il ne reste plus que 60 % du territoire ukrainien, le reste arborant des drapeaux russes. La tendance historique générale est donc sans équivoque : le vestige territorial de la République socialiste soviétique d’Ukraine est en train de disparaître.

Tirez vos propres conclusions, mais il semblerait que le territoire de l’ancienne Ukraine, culturellement majoritairement russe, religieusement majoritairement orthodoxe, linguistiquement majoritairement russophone, historiquement majoritairement partie intégrante de la Russie, ne soit en fait que des morceaux de la Russie qui ont été éparpillés lors de l’effondrement de l’Empire russe puis de l’URSS. Alors que la Fédération de Russie se renforce et que l’Occident se rapproche de son propre effondrement, il est naturel de s’attendre à ce que la Russie commence à rassembler ses brebis égarées et ses fils prodigues.

2. Qu’est-ce que l’Ukraine sur le plan politique ?

Politiquement, l’Ukraine (ce qu’il en reste) est un machin américain. Son attribution aux États-Unis est difficile à contester : son gouvernement est contrôlé depuis l’ambassade américaine à Kiev (ou est-ce Lvov maintenant ?) et ses forces armées sont directement contrôlées depuis le Pentagone sur la base de données de télédétection et de rapports de terrain d’officiers US/OTAN intégrés. Mais qu’est-ce que c’est alors ? Ce n’est pas une colonie, car une colonie est quelque chose qui produit quelque chose de précieux pour le centre impérial alors que l’Ukraine est un trou noir économique. Ce n’est pas un protectorat, car les forces américaines n’y sont pas officiellement présentes et ne font pas semblant de garder ce territoire ou de protéger ses civils. Et ce n’est pas une possession souveraine puisque les responsables américains ne se lassent pas de parler de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

Ce qu’elle est, par élimination, c’est un État défaillant soutenu par les États-Unis dans le seul but d’attaquer la Russie. Cette attaque ayant échoué, il ne lui reste plus qu’un seul objectif : justifier les sanctions anti-russes qui étaient censées avoir détruit l’économie russe à ce jour. Mais maintenant que les sanctions ont également échoué (l’économie russe est toujours en pleine croissance), il ne lui reste plus qu’un seul objectif concevable : servir de boulet à suspendre au cou du pauvre vieux Brendan avant de le jeter par-dessus bord.

L’Ukraine est à 99 % un État en faillite, avec une armée et une économie quasi inexistantes et un flot de réfugiés. Pourtant, elle dispose encore d’un gouvernement central reconnu internationalement : il s’agit du régime de Kiev et de sa figure de proue, le comédien Vladimir Zelensky, caché dans un bunker dans un lieu non divulgué. Tous les autres signes extérieurs de l’État semblent quelque peu usés à ce stade. Zelensky ayant interdit tous les partis politiques autres que le sien, il s’agit d’un État à parti unique, bien que dans les conditions actuelles, il s’agisse plutôt d’un État sans parti. Il n’y a pas non plus de presse nationale, puisque Zelensky a interdit toutes les chaînes de télévision autres que l’unique chaîne gouvernementale. La plupart de ce qu’il diffuse semble provenir d’une ou plusieurs usines à infox qui peuvent être situées ailleurs – en Pologne, peut-être. Une excellente question à poser est de savoir si Zelensky contrôle sa propre bouche. C’est un acteur et il semble jouer un rôle écrit pour lui par quelqu’un d’autre. Il semble également être soumis à des contraintes considérables. On l’a déjà remarqué pour son penchant pour la cocaïne, mais dans les vidéos les plus récentes, il est soit ivre, soit sous l’influence d’autres drogues (la méthadone, peut-être, qui est assez répandue dans l’armée ukrainienne).

Si l’on zoome sur l’image mentale de l’ancien territoire ukrainien, il s’agit d’une terre profondément traumatisée, habituée à vivre dans la peur. La grande majorité d’entre eux sont essentiellement des Russes, avec une dose variable d’ukrainité ajoutée comme assaisonnement. Mais au cours des huit dernières années, ils ont été contraints de parler ukrainien (une langue étrangère pour la plupart d’entre eux) et de prêter allégeance à un régime qui a adopté les drapeaux, les insignes et l’idéologie nazis. Ils ont été contraints de renier leur héritage russe, qui remonte à un millier d’années (Kiev a été brièvement la capitale de la Russie vers la fin du IXe siècle) et de traiter la Russie comme un ennemi (tout en continuant à commercer avec elle pour toutes sortes de produits essentiels et à recevoir une aide économique de la part de millions d’Ukrainiens travaillant en Russie). Ceux qui ont tenté d’aller à l’encontre de ces ordres ont été soumis à d’horribles mauvais traitements, allant du bombardement d’artillerie à l’enfermement dans des bâtiments en feu, en passant par la torture à mort. Tous ces crimes de guerre ont été scrupuleusement documentés et leurs auteurs seront traduits en justice dans un tribunal des crimes de guerre qui rivalisera avec ceux de Nuremberg en 1945-1946.

Certains nationalistes ukrainiens tentent de faire valoir que la Rus de Kiev n’était pas du tout la Russie. La réponse à cela est que la Rus de Kiev n’a jamais existé. Il y a eu la Rus, et plusieurs villes, dont Kiev et Novgorod, y ont joué un rôle important à différentes époques. Le point central a été très brièvement Kiev, puis s’est déplacé vers le nord. En ce qui concerne le nom, Rus et Russie sont des synonymes. Il existe une continuité historique, culturelle, linguistique, religieuse et politique qui lie l’ensemble de la Russie, y compris Kiev, sur une période de dix siècles. Kiev n’a pas duré longtemps au sommet de la hiérarchie parce qu’elle est trop vulnérable, que ce soit face aux Polonais, aux Mongols ou aux nazis allemands (qui ont bombardé Kiev le premier jour). Pendant la majeure partie de l’histoire de la Russie, Kiev a joué le rôle de maillon faible sacrificiel. Mais, bien qu’elle ait connu plus que sa part d’envahisseurs, elle est restée l’un des points centraux de la civilisation russe et ses habitants sont bel et bien russes.

Et voici un test décisif très pratique. Considérons la proposition selon laquelle les Russes et les Ukrainiens sont essentiellement le même peuple, comme l’attestent l’histoire, la religion, la langue, la culture et le patrimoine génétique. Il y a ceux qui acceptent cette proposition comme vraie ; ils sont d’accord. Et puis il y a ceux qui la trouvent profondément offensante ; ce sont les nationalistes ukrainiens, les nazis pour faire court. Étant donné que, parmi les Russes, le soutien à Poutine atteint 83 % et que le soutien à l’opération militaire russe en (ancienne) Ukraine est absolument écrasant, ce n’est pas le bon moment pour être un nazi ukrainien. Il est probable qu’ils finiront morts, emprisonnés ou en exil quelque part dans l’UE, où leur vie ne sera probablement pas confortable étant donné que l’UE va s’effondrer.

Il semble légitime de se demander d’où venaient ces nazis ukrainiens et pourquoi ils ont réussi à survivre si longtemps. Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Le nationalisme ukrainien est né des mains des anti-impérialistes russes. Il y avait beaucoup de fomentation politique dans les derniers jours de l’empire russe, et certaines personnes ont vu l’avantage d’écrire et de publier (à Saint-Pétersbourg) une grammaire de l’ukrainien (inventée par quelqu’un de Sumy) et d’autres bizarreries de ce genre. Lorsque l’empire russe s’est effondré, une vague de fascisme a déferlé sur les terres impériales nouvellement indépendantes. La Finlande, les pays baltes, la Pologne, ce qui est devenu plus tard la République socialiste soviétique d’Ukraine et bien d’autres pays ont connu le fascisme, et le nationalisme ukrainien naissant y a trouvé sa première application. Cet épisode n’a pas duré longtemps, car le fascisme a rapidement été remplacé par le communisme, mais les bolcheviks, dont beaucoup étaient opposés au « chauvinisme russe », ont jugé bon d’entretenir une identité ethnique ukrainienne.

Puis, pendant l’occupation nazie allemande, les nazis ukrainiens ont pu commettre des crimes de guerre en tant que collaborateurs des nazis, créant ainsi un panthéon de maniaques génocidaires – je veux dire des héros ukrainiens – qui figurent au panthéon de l’actuel régime de Kiev : des figures telles que Bandera et Shukhevich. Après la guerre, la plupart de ces collaborateurs nazis ont été rassemblés ; certains ont été pendus, d’autres envoyés au goulag. Mais après la mort de Staline est arrivé Nikita Khrouchtchev, qui a réhabilité ces criminels de guerre et leur a permis de réintégrer la société ukrainienne et de corrompre l’esprit des jeunes. Un autre courant du nazisme ukrainien a été créé par les États-Unis et le Canada, qui ont accepté les criminels de guerre et les réfugiés et les ont nourris comme une sorte de force d’opposition antisoviétique. Ils sont revenus après l’effondrement de l’Union soviétique et tous les nazis réunis ont été somptueusement financés et soutenus politiquement par les États-Unis pendant quelque 22 ans, jusqu’à ce que le projet soit mené à bien lors du coup d’État de 2014. Depuis lors, l’Ukraine a été contrôlée par une sorte de junte américano-nazie, qui arrive maintenant à sa fin difficile.

Alors, où en est la population de l'(ancienne) Ukraine, traumatisée par l’interdiction de parler ou d’enseigner son russe natal, soumise à des bombardements ou pire, et maintenant abandonnée à la tendresse des soldats professionnels russes ? Il est dangereux de généraliser et de faire des conjectures. Certaines personnes sont simplement heureuses que le cauchemar soit terminé. D’autres, plutôt lourdement lavées du cerveau, se déprogrammeront progressivement une fois que le pipeline d’infox de la télévision ukrainienne sera coupé. D’autres encore passeront par un long processus de rétablissement semblable à celui que connaissent les anciens membres de sectes, après avoir été profondément impliqués dans le culte totalitaire qu’est le nationalisme ukrainien. La bonne nouvelle, c’est que le pronostic est bon pour un rétablissement complet à terme ; la plupart des Ukrainiens ne se distinguent plus de la population russe générale en une ou deux générations.

3. Que représente l’Ukraine sur le plan militaire ?

L’armée ukrainienne avait initialement prévu d’attaquer le Donbass avec tout ce qu’elle avait, causant des centaines de milliers de victimes civiles, et de monter des provocations sur le territoire russe pour forcer les Russes à intervenir, les enlisant dans des combats de rue à Donetsk. Les Russes ont eu vent de ce plan et l’ont soigneusement contrecarré avec peut-être une semaine d’avance. Le fait que cela ait été une surprise pour tout le monde est en soi une surprise : peu avant que cela ne se produise, Poutine a déclaré : « L’une des choses que j’ai apprises en grandissant dans les rues de Leningrad est que si un combat est inévitable, il faut frapper le premier. » Et puis il a fait exactement cela, ce qui n’est pas non plus une surprise : Poutine est bien connu pour dire ce qu’il a l’intention de faire et ensuite faire exactement cela.

Les forces russes, plutôt modestes puisqu’elles ne représentent peut-être qu’un quart ou un cinquième des forces ukrainiennes, ont pratiquement désarmé les Ukrainiens, en détruisant méthodiquement les défenses aériennes, les chars, les stocks d’armes, les systèmes d’artillerie, les centres de commandement, les dépôts de carburant, les raffineries, les centres d’entraînement des mercenaires et même un abri souterrain à l’épreuve du nucléaire, à l’aide d’un missile hypersonique lancé d’un petit navire à un millier de kilomètres de distance (juste pour que certaines personnes au Pentagone se fassent faire un nouveau jeu de slips). Les forces militaires ukrainiennes restantes ont été chassées dans seulement trois petites poches, toutes situées à l’est, où elles sont méthodiquement démolies.

La mission a été compliquée par l’utilisation généralisée par les Ukrainiens de civils comme boucliers humains, ce qui a ralenti la progression et augmenté le nombre de victimes civiles. Certains éléments indiquent que les forces ukrainiennes restantes sont commandées à distance par le Pentagone, par l’intermédiaire de nazis intégrés dans chaque partie de la structure militaire, afin de combattre jusqu’au dernier Ukrainien. D’après les entretiens avec ceux qui parviennent à se rendre, ils sont démoralisés, considèrent que la poursuite de leur opération est inutile, mais sont empêchés de se rendre par le règne de la terreur nazie et de la drogue qui règne au sein de l’armée.

À un moment donné, dans les semaines à un mois à venir, l’Ukraine cessera d’être un environnement riche en cibles pour l’armée russe de haute technologie et il sera temps de changer la mission de neutralisation militaire de l’Ukraine en opérations humanitaires et de nettoyage. Dans le même laps de temps, la plupart des Ukrainiens qui voulaient fuir vers l’UE auront eu l’occasion de le faire et il sera temps de sécuriser les frontières occidentales de l’Ukraine. Si ce n’était du politiquement correct imposé, les Européens seraient peut-être ravis de voir des millions de réfugiés ukrainiens affluer pour pallier la grave pénurie de Blancs causée par le très faible taux de natalité des autochtones.

Il ne fait guère de doute que nous assisterons à d’autres faux drapeaux et provocations, comme le « massacre » de Bucha (qui a été soigneusement choisi parce que « Le boucher de Bucha » sonne bien, qui s’est produit trois jours après que les Russes se soient retirés comme un geste de bonne volonté basé sur les progrès des négociations, et où les cadavres, qui avaient l’air et sentaient le frais comme des marguerites, ont été observés assis et fumant des cigarettes). Il y avait aussi la maternité de Marioupol (où il n’y avait aucune femme, à l’exception d’une blogueuse locale spécialisée dans la beauté qui n’était pas enceinte). Et vous, mes chers lecteurs, qui savez tout, vous serez obligés de regarder et de lire ces conneries et, bien que vous sachiez tout, de feindre l’indignation, car sinon les gens autour de vous vous regarderont de travers. Je tiens à vous rassurer que cela ne fera pas de vous un sympathisant nazi.

Mais toutes les choses, bonnes ou mauvaises, ont une fin, et je suis prêt à parier que le Jour de la Victoire à Moscou, le 9 mai 2022, sera un grand événement. Personne ne l’a annoncé, mais je serais surpris que les plans militaires ne prévoient pas de mettre un terme à l’opération spéciale ukrainienne d’ici là.

Dmitry Orlov

GUERRE EN UKRAINE : Zelensky appelle à une "réponse mondiale ferme" après le massacre de Kramatorsk.

Source : BFMTV

Vendredi, un tir attribué à l'armée russe a causé la mort d'au moins 52 personnes, dont cinq enfants. La gare qui a été visée est située dans le Donbass.

Dans une adresse vidéo diffusée dans la nuit de vendredi à samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé une "réponse mondiale ferme", après le bombardement attribué à l'armée russe vendredi de la gare de Kramatorsk.

"Comme le massacre à Boutcha, et comme tous les autres crimes de guerre russes, le tir de missile sur Kramatorsk devra être une des accusations lors du procès, qui aura lieu", a indiqué le chef d'État ukrainien dans cette vidéo partagée sur Facebook.

 

Un missile tiré sur des civils voulant fuir le Donbass

Le missile s'est abattu en milieu de matinée vendredi, sur la gare de cette ville située dans le Donbass. Depuis plusieurs jours, des centaines de candidats à l'exil s'y retrouvaient pour tenter de fuir la région, qui constitue désormais l'objectif militaire principal de l'armée russe. Selon un dernier bilan, cette attaque a fait au moins 52 morts, dont cinq enfants.

"Les puissances mondiales ont déjà condamné l'attaque de la Russie contre Kramatorsk. Nous attendons une réponse mondiale ferme", a indiqué Volodymyr Zelensky.

Et d'ajouter: "Tous les efforts du monde viseront à établir le déroulé précis de cette attaque: qui a fait ça, qui a donné les ordres. D'où provenait la roquette, qui l'a transportée, qui a donné l'ordre de tirer, et comment la frappe a été coordonnée. La responsabilité est inévitable."

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Guerre en Ukraine: Le Drian dénonce un "crime contre l'humanité" après le bombardement à Kramatorsk

 

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Vendredi, Moscou a nié être à l'origine de la frappe, précisant que l'armée russe ne disposait pas du type de missile qui a été tiré sur la gare.

La Russie a par ailleurs dénoncé une "provocation ukrainienne".

Emmanuel Macron a de son côté dénoncé une attaque "abominable".

 

Jules Fresard

....Je suis prêt à parier, à 1000 contre un, que le missile qui a frappé la gare de Kramatorsk hier est ukrainien, faisant plusieurs dizaines de victimes est ukrainien, 

Il suffit de placer cette ville sur une carte pour s'apercevoir qu'elle est à environ 30 km (à portée de canon, à plus forte raison de missile) de la frontière de l'oblast de Donetsk et du reste de l'Ukraine, là où sont massés les restes des forces ukrainiennes.

- Que le Donetsk et le Donbass sont deux provinces russophones "martyr" qui ont subi les tirs d'artillerie ukrainiens depuis 2014. 

Huit ans de souffrances, 14 000 morts ! Un "détail" ???

La force de l'habitude ! Ils n'ont pas changé les éléments de tir !

(cf : L’Ukraine fait un massacre de civils à Donetsk - Zelensky massacre maintenant des citoyens ukrainiens de sang-froid)

- Que l'opération spéciale russe visait, entre autres objectifs, à contrer l'offensive ukrainienne  planifiée pour la mi-mars avec pour mission l'épuration ethnique de ces deux provinces, en clair, rien moins que de chasser et/ou d'éliminer tous les russophones !

....Et Zelensky voudrait nous faire croire que l'armée russe a tiré un missile sur les populations qu'elle venait précisément protéger de sa vindicte ! Logique n'est-ce pas ?

....C'est d'un cynisme  absolument terrifiant,  qui en dit long sur la moralité du personnage !

Le comble, est que nos médias ont gobé l'énormité de la chose sans se poser la moindre question ! Assurément, tout ce qui vient de Kiev est parole d'évangile ...!

Quel aveuglement ! Quel amateurisme dans le travail d'investigation journalistique.

Enfin, c'est bien connu : "Plus c'est gros plus ça passe", mais, au bilan, j'éprouve une grande HONTE pour "la FRANCE" et accessoirement pour le journalisme français !

 

JMR

 

Mise à jour du 09/04/2022 - 23h00

 

Voici la réponse à toutes nos questions.
Je rappelle que C. Néant est en Ukraine depuis le début du conflit et qu'elle rapporte ce qu'elle a constaté sur place depuis des mois !
Nous pouvons mesurer ce soir le cynisme de Zelensky et de ceux qui le soutiennent....Macron, V. der Leyen, B. Johnson, Biden....!
Zelensky n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai. Précédemment, il avait déjà donné l'ordre de tirer sur les civils qui voudraient quitter les villes :
Bonne lecture

 

JMR

Les preuves que le missile du massacre de la gare de Kramatorsk n’est pas russe mais ukrainien

En attendant une analyse plus conséquente dans quelques jours, ci-joint une brève rubrique de Manlio Dinucci sur le massacre de la gare ferroviaire de Kramatorsk dans le Donbass.

On n’oubliera pas que les facétieux lanceurs du missile avaient écrit sur l’engin (en russe évidemment) : « Pour les enfants ». (Marie-Ange Patrizio)

***

par Manlio Dinucci.- Le 12/04/2022.

Le numéro de série du missile Tochka-U qui a frappé la gare ferroviaire de Kramatorsk, le 8 avril 2022, est (en russe) Ш91579 ou (en anglais) Sh91579. Ce numéro de série marque le stock de missiles Tochka-U en possession de l’armée ukrainienne. Seules les Forces armées ukrainiennes ont des missiles Tochka-U. La Russie n’en a pas depuis 2019 : ils ont tous été désactivés. Les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk n’ont pas et n’ont jamais eu de Tochka-U.

La direction du cône et de l’empennage (ou section de queue) du missile qui a atterri sur le terrain proche de la gare ferroviaire de Kramatorsk montre clairement qu’il été lancé par la 19e Brigade de Missiles ukrainienne, basée près de Dobropolie à 45 km de Kramatorsk.

Précédemment les Forces armées ukrainiennes ont utilisé des missiles Tochka-U de la même série comme des Ш915611, lancés sur Berdyansk et un Ш915516, lancé sur Melitopol. Les mêmes missiles ont été utilisés contre Donetsk et Lougansk.

Manlio Dinucci pour PANGEA Grandangolo News

source : Byoblu

Ukraine : La guerre de trop

par Daniel Vanhove. - Le 05/04/2022.

Dans la certitude aveugle de leur « exceptionnalisme », les États-Unis ont pris pour habitude d’utiliser le monde comme réservoir de leurs besoins de croissance illimitée. Et tant qu’ils déployaient leurs troupes dans des pays bien éloignés de chez eux, militairement faibles et « exotiques » de préférence, ils pouvaient entretenir ce sentiment de supériorité qui les anime, comme l’ensemble de l’Occident d’ailleurs dont le public regardait distraitement, la plupart du temps.

Sauf que déjà en Syrie, l’Occident aurait dû revoir sa copie. En effet, dès que l’armée russe fut appelée en renfort par le gouvernement de Bachar Al-Assad, l’équilibre des forces s’en est trouvé bouleversé, et malgré une alliance avec plus de 100 pays participant au saccage d’un Etat souverain reconnu par les instances de l’ONU, et après 10 ans de guerre, la Syrie et son gouvernement ont résisté avec l’appui russe et iranien pour l’essentiel. Parvenant même à faire reculer les sordides « forces de la coalition » et à reprendre petit à petit le terrain qu’ils avaient dû lâcher en début d’agression guerrière.

Les pays vassalisés par les USA sont priés de participer aux efforts de guerre de l’empire, avec rappels réguliers d’augmenter leur budget « défense », sous peine de sanctions. Ainsi vont les « démocraties » auxquelles nos Etats se targuent d’appartenir. Le Droit international est définitivement à géométrie variable mais avec une constante quand même : il est et reste le Droit du plus fort. Autrement dit, ce Droit régulièrement évoqué lorsqu’il nous sert est un leurre, mais n’est en rien un instrument au service d’une Justice digne de ce nom et qui devrait pourtant éclairer nos relations avec autrui.

Inutile de revenir en long et en large sur les origines de l’actuelle guerre en Ukraine, de multiples analyses plus fouillées les unes que les autres sont disponibles pour ceux qui veulent bien se donner la peine de chercher entre l’info et l’infaux. On rappellera juste que, comme à son habitude, l’Occident n’a pas respecté ses promesses lors de la chute de l’URSS qui de son côté a démantelé le Pacte de Varsovie en échange de la non-expansion de l’OTAN vers les frontières russes. Et que pendant des années, ce même Occident a ourdi son plan d’approche des frontières de la Russie, avec en point d’orgue : l’Ukraine.

Il serait temps que le citoyen lambda, lobotomisé 24 h. sur 24 et 7 jours sur 7 par les médias dominants, se réveille et comprenne que ses représentants politiques flanqués de leurs journaleux de service lui mentent et lui racontent n’importe quoi tant qu’il s’agit de cacher les réels motifs des guerres pour lesquelles, très étonnamment il y a toujours assez d’argent quand il est claironné en boucle par les différents gouvernements qui se succèdent qu’ils héritent d’États en faillite ! Et il faudra leur rappeler encore et encore cette sentence d’Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, mais on meurt pour des industriels ».

Ne prenez jamais votre adversaire pour plus bête qu’il ne l’est : dans leur appétit insatiable de profits, les États-Unis ont bien capté que leur domination planétaire s’étiolait. Ils ont compris que l’hégémonie sur laquelle ils s’étaient appuyés se fissurait avec l’émergence des BRICS et particulièrement celle de l’inarrêtable Chine. Sans pour autant, y renoncer. Et voyant l’influence grandissante de la Russie sur l’UE au premier rang desquels l’Allemagne, il leur devenait intolérable de voir celle-ci tirer les autres pays dans le giron russe par l’intermédiaire de leur dépendance énergétique grandissante via le Nord Stream II qui devait être torpillé à n‘importe quel prix. Ils ont dès lors activé leur plan, avec l’Ukraine comme prétexte et l’UE comme otage, sans tenir compte des avertissements du président Vladimir Poutine ayant pourtant rappelé à plusieurs reprises ses lignes rouges.

Habitués aux mensonges et au bluff, et jouissant d’une impunité totale malgré leurs innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité, les va-t’en guerre otaniens et leurs misérables vassaux ont voulu tester le président russe. Erreur majeure. Dont les retombées vont bientôt plonger l’économie de nombreux pays dans une récession dont les dernières générations biberonnées au virtuel d’internet et leurs réseaux sociaux n’ont pas la moindre idée de ce que cela peut représenter au quotidien. En tête desquels cette fois, les Européens voisins immédiats de la Russie, cornaqués par une technocratie d’une incompétence avérée dans tout ce que l’on a pu voir se mettre en place ces dernières années. Du coup, panique générale dans les chancelleries habituées aux guerres lointaines contre des pays « barbares » où survivent tant bien que mal des populations basanées. Pluie de déclarations en tous sens accompagnées de sanctions suicidaires. Pour une quatrième fois en près d’un siècle, l’Europe entre en guerre, elle dont le gotha assurait ses citoyens que la construction de l’UE était le meilleur rempart contre tout nouveau conflit sur le territoire européen…

Quand ils verront le piège se refermer comme prévu sur l’UE – et cela a déjà commencé – les Américains feront comme ils en ont l’habitude : ils délégueront à plus imbéciles – tant qu’ils pourront continuer à leur vendre leurs armes – et quitteront les lieux avant la grande débâcle annoncée… que nous Européens allons payer cash à tous niveaux, ayant coupé de façon débile dans un « Russia-bashing » odieux la plupart des liens avec la Russie, celle-là même qui nous a sauvé du nazisme il y a 70 ans, et qui refleurit dans le giron du gouvernement Zelensky. Dans quelque temps, les yeux se dessilleront et les citoyens comprendront – « mais  un peu tard » dirait La Fontaine – qu’ils ont été trompés, trahis une fois encore par ceux qui revendiquent les représenter. Tentant au passage, de faire oublier leur incurie, leurs collusions et leurs crimes lors de la mal nommée « crise sanitaire ».

Ce que les Américains peuvent peut-être se permettre vu leur isolement, leur appareil militaire et l’étendue de leur pays regorgeant encore d’immenses richesses, les Européens ne le peuvent pas. Ces derniers sont dirigés par une bande d’arrivistes corrompus qui gesticulent et montrent des muscles qu’ils n’ont tout simplement pas. Les USA ont répété qu’ils ne voulaient pas de guerre frontale avec la Russie – et pour cause – et laisseront l’UE se débrouiller, tout en exigeant le paiement du GNL (Gaz Naturel Liquéfié) qui leur sera livré au prix fort, et par une noria de méthaniers… inexistants à ce jour pour couvrir les besoins – moins de 400 dans le monde alors qu’il en faudrait plus de 1000 par jour et qu’il en va de même pour les infrastructures portuaires inexistantes en nombre pour gérer un tel trafic – pour remplacer les milliards de m³ de gaz importés par les gazoducs depuis la Russie… et qui pour 30% passent toujours par l’Ukraine qui en prélève son bénéfice.

• https://www.europe1.fr/lukraine-aussi-beneficie-economiquement-du-gaz-russe

À ce problème logistique bien réel vient se greffer celui des contre-sanctions russes tant au niveau de l’ensemble des hydrocarbures que des engrais indispensables à l’agriculture ainsi qu’aux tonnes de céréales et autres produits indispensables que la Russie fournit à de nombreux pays, ce que le 1er ministre russe Dmitri Medvedev a appelé « les armes silencieuses ». Et sans parler de la magistrale claque aux grands argentiers occidentaux qui s(er)ont contraints, malgré leurs fanfaronnades, de payer dorénavant les produits achetés dans une banque russe qui convertira leurs devises respectives en roubles. Sous peine de coupure d’approvisionnement.

Un piètre comédien, soutenu par une clique d’idiots utiles relais du sionisme, aura donc eu raison de ce que la Russie et certains acteurs hélas minoritaires de l’UE ont tenté de bâtir depuis la chute de l’URSS : une Eurasie qui eût permis de se détacher lentement de la domination anglo-saxonne dont la puissance vacille sur l’échiquier mondial. Les responsables de l’UE ont, comme lors de la C-19, choisi leur profit personnel plongeant au passage les pays dans des dettes abyssales, et misé sur le mauvais baudet pour les citoyens. Cette guerre en Ukraine pourrait bien être la guerre de trop. Celle qui noiera l’Europe pour la ramener des décennies en arrière, dans une récession que la plupart ne voient pas arriver, trompés par la doxa mensongère de la caste aux commandes.

Daniel Vanhove

La Zelenskimania et l'image ravagée de la Suisse

drapeau europe vs amérique

Source : SOTT.

Par Guy Mettan - Le 01/04/2022.

<<Spécialiste de la Russie, Guy Mettan est notamment l'auteur de l'ouvrage « Russie-Occident, une guerre de mille ans: La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne ».>>

Les dessus et les dessous de la guerre en Ukraine

Par Guy Mettan, Journaliste, député à Genève. Ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève et directeur exécutif du Club suisse de la presse

Genève, le 1er avril 2022

Alors que les pourparlers semblent progresser et que s'esquissent les premiers contours d'une solution possible en Ukraine (neutralisation et démilitarisation partielle du pays, abandon du Donbass et de la Crimée), on commence à mieux cerner les tenants et aboutissants du conflit. Cela posé, il ne faut pas s'attendre à un cessez-le-feu rapide : les Américains et les Ukrainiens n'ont pas encore assez perdu, et les Russes pas encore assez gagné, pour que les hostilités s'arrêtent.

Mais avant d'aller plus loin, j'aimerai inviter ceux qui ne partagent pas ma vision réaliste des relations internationales à passer leur chemin. Ce qui va suivre ne va pas leur plaire et ils s'éviteront ainsi des aigreurs d'estomac et du temps perdu à me dénigrer. J'estime en effet que la morale est très mauvaise conseillère en géopolitique mais qu'elle s'impose en matière humaine : le réalisme le plus intransigeant n'empêche en rien de s'activer, y compris en temps et en argent comme je le fais, pour soulager le sort des populations éprouvées par les combats.

Les analyses des experts les plus qualifiés (je pense notamment aux Américains John Mearsheimer et Noam Chmsky), les enquêtes de journalistes d'investigation tels que Glenn Greenwald et Max Blumenthal, et les documents saisis par les Russes - l'interception de communications de l'armée ukrainienne le 22 janvier dernier et d'un plan d'attaque saisi dans un ordinateur abandonné par un officier britannique - montrent que cette guerre était à la fois inévitable et très improvisée.

Une guerre inévitable et improvisée

Inéluctable parce que depuis la déclaration de Zelenski sur la reprise de la Crimée par la force en avril 2021, Ukrainiens et Américains avaient décidé de la déclencher au plus tard au début de cette année. La concentration des troupes ukrainiennes dans le Donbass depuis l'été, les livraisons massives d'armes par l'OTAN pendant ces derniers mois, la formation au combat accélérée des régiments Azov et de l'armée, le pilonnage intensif de Donetsk et Lougansk par les Ukrainiens dès le 16 février (tout cela resté ignoré des médias Occidentaux bien sûr), prouvent qu'une opération militaire d'envergure était prévue par Kiev à la fin de cet hiver. L'objectif consistait à répliquer l'opération Tempête déclenchée par la Croatie contre la Krajina serbe en août 1995 et à s'emparer du Donbass au cours d'une offensive éclair sans laisser le temps aux Russes de réagir, de façon à prendre le contrôle de la totalité du territoire ukrainien et à rendre possible une adhésion rapide du pays à l'OTAN et à l'UE. Cela explique au passage pourquoi les Etats-Unis n'ont cessé d'annoncer une attaque russe depuis cet automne : ils savaient qu'une guerre aurait lieu, d'une façon ou d'une autre.

Improvisée parce que la réaction russe s'est faite dans l'urgence. Constatant que les manœuvres diplomatiques de l'OTAN - non-réponse américaine à leurs propositions, rencontre Blinken-Lavrov à Genève en janvier, appels au calme de Zelenski et médiation Macron-Scholz en février - ne voulaient pas, ou ne pouvaient pas réussir, et servaient peut-être à les endormir, les Russes ont riposté d'une façon à la fois magistrale et très risquée. Ils ont décidé de prendre l'initiative d'attaquer en premier en une dizaine de jours (reconnaissance des républiques, accord de coopération puis opération militaire), afin de prendre de court les Ukrainiens.

Et plutôt que d'attaquer de front une armée bien équipée et solidement fortifiée, ils ont décidé de la contourner par une vaste manœuvre d'encerclement/diversion, en se déployant sur trois fronts à la fois, au nord, au centre et au sud, de façon à détruire l'aviation et un maximum d'équipements dès les premières heures et à désorganiser la riposte ukrainienne. S'ils avaient laissé l'Ukraine attaquer d'abord, leur situation serait devenue critique et ils auraient été soit vaincus soit condamnés à une interminable guerre d'usure dans le Donbass. Rappelons que les effectifs russes sont dérisoires : 150 000 hommes contre 300 000 Ukrainiens avec la Garde nationale.

Compte tenu des circonstances, et malgré les couacs et les pertes du début, l'opération russe aura été un succès et fera date dans l'histoire militaire, à défaut d'être un modèle sur le plan humain, bien évidemment. Cette étape étant achevée, les Russes peuvent désormais se concentrer sur leur objectif premier, à savoir la liquidation des poches de Kharkiv et de Marioupol tenues par les régiments néonazis d'Azov et la réduction du chaudron de Kramatorsk où le gros de l'armée ukrainienne se trouve retranchée. Après quoi, ils pourront décider s'ils veulent lancer leurs chars à travers la plaine ukrainienne jusqu'à Lviv ou s'arrêter là.

Voilà pour le volet militaire.

Gagnants et perdants

Voyons maintenant le volet politique. Qui sont les vrais gagnants et perdants de cette guerre ? Je vois un vrai gagnant, des gagnants moindres et beaucoup de perdants. Le plus grand gagnant est sans conteste les Etats-Unis. Il faut reconnaitre que l'équipe Biden, malgré la sénilité de son président, a manœuvré de main de maitre. En se dégageant de l'Afghanistan en août dernier, elle s'est blanchie aux yeux de l'opinion et a empêché qu'on lui reproche l'invasion et l'occupation désastreuse de ce pauvre pays. En montant un scénario que le brillant comédien Zelenski a admirablement interprété, ils apparaissent aux yeux de l'opinion occidentale comme de preux chevaliers blancs alors qu'ils ont tout manigancé. Ils ont resserré les rangs de l'OTAN et transformé les Européens en idiots utiles empressés de défendre les-démocraties-menacées-par l'odieux-boucher-dictateur-Poutine. Ils les ont forcés à acheter leur gaz de schiste tandis que la gauche et les Verts allemands se hâtaient de mobiliser des crédits militaires de 100 milliards d'euros pour acheter leurs F-35. Bingo ! Seule ombre au tableau : le plan ne s'est pas déroulé comme prévu. Les Russes ne sont pas tombés dans le piège. L'Ukraine sera démembrée, neutralisée et n'entrera pas dans l'OTAN comme espéré.

Les autres gagnants sont la Chine, l'Inde et les pays du Sud, qui regardent avec gourmandise les Occidentaux, et notamment les Européens, s'écharper entre eux et s'affaiblir pour longtemps. De façon inespérée, ils retrouvent la position commode de la neutralité ou du non-alignement. Les Chinois auraient préféré un accord à l'amiable mais ils n'avaient pas le choix : ils savent que s'ils lâchent la Russie, ils seront les prochains sur la liste comme en témoigne le déluge de sinophobie déversé par l'Occident sous le prétexte de défendre les droits des Ouïgours (alors que les droits des Yéménites bombardés sans pitié depuis six ans indiffèrent complètement les Occidentaux).

Le grand perdant sera naturellement l'Ukraine, dépecée, mutilée, démembrée, ravagée, massacrée pour rien puisqu'au final elle perdra bien davantage que ce à quoi les accords de Minsk l'auraient contrainte si elle les avait appliqués au lieu de les mépriser. Le président Zelenski portera à cet égard une lourde responsabilité au regard de l'histoire puisqu'il aura préféré la ruine de son pays plutôt qu'un compromis quand il était encore temps.

Les autres grands perdants sont les Européens. Dans l'immédiat certes, ils peuvent se gargariser de leur unité retrouvée, de leur réarmement accéléré, de leur farouche volonté de défendre la démocratie et la liberté jusqu'au dernier Ukrainien, de leur générosité à l'égard des réfugiés, de leur future indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, etc. Tout cela est juste et vrai, en effet. Mais demain, le prix à payer sera extrêmement lourd. Leur comportement montre qu'ils ne pèsent absolument plus rien face aux Américains, dont ils sont devenus de purs vassaux. La décision d'Ursula von der Leyen, la semaine dernière, de transférer les données personnelles des citoyens européens aux Américains montre l'ampleur de la soumission européenne.

Idem pour l'économie : quel sens y a-t-il à se libérer de la dépendance énergétique russe pour tomber dans celle des Américains avec des prix du gaz quatre ou cinq fois plus élevés ? Que dira l'industrie allemande quand il faudra payer la facture ? D'autant plus qu'il n'y a ni méthaniers, ni ports, ni usines de déliquéfaction du gaz, ni pipelines en suffisance en Europe. Comment livrera-t-on le gaz de schiste américain aux Slovaques, aux Roumains, aux Hongrois ? A dos d'âne ?

Que diront les Verts allemands quand il leur faudra accepter la construction de nouvelles centrales nucléaires pour satisfaire la demande d'électricité ? La jeunesse et les écologistes européens quand ils découvriront qu'ils ont été bernés et que la lutte contre le réchauffement climatique a été sacrifiée au nom de sordides intérêts géopolitiques ? Les Français, quand ils verront leur pays déclassé non seulement sur le plan mondial mais aussi sur le plan européen après avoir assisté au réarmement de l'Allemagne et à l'achat massif d'armes américaines par les Polonais, Baltes, Scandinaves, Italiens, Allemands ? Les opinions publiques européennes quand il faudra entretenir des millions de réfugiés ukrainiens après leur avoir offert des abonnements de train gratuits ?

Et que va gagner l'Europe quand elle se retrouvera coupée en deux par des haines profondes et un nouveau rideau de fer qui se sera simplement déplacé un peu plus à l'est que celui de la guerre froide ? Et que fera-t-elle quand elle constatera que, loin d'avoir isolé la Russie, c'est elle-même qui se trouvera coupée du reste du monde ? Quand on regarde de près le vote des résolutions de l'ONU, on constate en effet que la quarantaine de pays qui se sont abstenus ou n'ont pas pris part au vote représentent une majorité de la population mondiale et 40 % de son économie. Loin de fondre, le soutien à la Russie s'est même amélioré entre le vote du 2 mars et celui du 25 mars. Quant aux pays qui ont refusé de prendre des sanctions contre la Russie, on constate qu'une immense majorité s'est abstenue et que seuls les pays occidentaux les ont adoptées...

L'image ruinée de la Suisse

Ignazio Cassis et Sergeï Lavrov
© Keystone
Premier entretien entre le chef de la diplomatie helvétique Ignazio Cassis et son homologue russe Sergeï Lavrov en 2018.

Autre grand perdant : la Suisse. L'officialité suisse se flatte d'avoir suivi avec une célérité historique les sanctions réclamées par les Etats-Unis et l'Union européenne. Les plus pressés réclament déjà une adhésion rapide à l'UE et à l'OTAN. Fort bien. Mais après avoir succombé dans les affaires des fonds juifs et du secret bancaire, cela fait la troisième fois en vingt ans que le Conseil fédéral se soumet aux diktats américains : que reste-t-il de notre droit et de notre souveraineté ? Plus grave, nous avons capitulé en rase campagne en abandonnant notre neutralité alors que personne ne nous le demandait. Après avoir tenu bon pendant deux siècles, voici que nous nous soumettons sans combattre en moins de cinq jours !

Cet abandon est grave non seulement pour l'identité du pays mais aussi pour sa crédibilité. Que des conseillers fédéraux se prosternent devant Zelenski sur la Place fédérale et arborent des foulards aux couleurs ukrainiennes, passe encore. C'est du folklore politique. Mais le sacrifice de la neutralité porte une grave atteinte au pays car, en nous calquant sur les Occidentaux, nous avons perdu notre crédit auprès du reste du monde. Que penser de la fiabilité de nos banques quand elles bloquent des comptes sur simple injonction américaine ? Que vont devenir la Genève internationale et notre politique étrangère, désormais boycottées par la Russie et probablement nombre d'autres pays, si nous ne sommes plus capables de l'articuler par nous-même sans en référer à Bruxelles et à Washington ? Comment Genève peut-elle prétendre rester la capitale du multilatéralisme quand le CERN et l'OIT suspendent la participation de la Russie et que la Suisse, dans le sillage européen, boycotte les discours de Lavrov au Conseil des droits de l'Homme ?

Cet abandon signe le naufrage du multilatéralisme inclusif que la Suisse et Genève prétendaient défendre et s'avère gravissime pour notre politique humanitaire et les Conventions de Genève, comme en témoigne le communiqué alarmant du CICR du mardi 29 mars. En nous alignant sans condition derrière l'Ukraine et l'Europe, c'est la neutralité et l'impartialité du CICR que nous avons mis en danger. L'une et l'autre sont indissociables aux yeux du monde. Et c'est pourquoi le CICR a dû réagir avec vigueur face aux tentatives ukrainiennes de saboter son action en l'accusant de traiter avec les Russes, alors que la neutralité est au cœur même de sa mission. Comment faire confiance à une institution dont le pays hôte a trahi l'esprit, et même la lettre, d'une neutralité pourtant inscrite dans sa constitution, pour complaire à des dirigeants politiques occidentaux et à une opinion publique chauffée à blanc par la propagande antirusse ? Le silence des autorités genevoises et des partis politiques coûtera cher, d'autant plus que la Suisse se couvre de ridicule en laissant l'initiative des bons offices à des pays comme Israël, la Turquie ou le Bélarus !

Reste enfin la Russie. Gagnante ou perdante ? Les deux en fait.

D'un côté, la Russie sera probablement gagnante sur le plan militaire et stratégique. A l'issue des combats, la Russie pourrait bien obtenir la neutralisation de l'Ukraine, sa démilitarisation partielle (absence de bases militaires étrangères et d'armes nucléaires) ainsi qu'une possible partition du pays. Elle aura mis KO debout les fanatiques de l'hégémonie américaine qui hantent les bureaux de Washington et de Bruxelles. Elle aura prouvé qu'elle ne transigeait pas avec sa sécurité et celle de ses alliés. Et elle aura montré au monde qu'elle faisait ce qu'elle disait et disait ce qu'elle faisait puisqu'elle avait clairement indiqué ses lignes rouges trois mois avant le conflit. Et cela sans que son économie et sa monnaie flanchent, comme l'espéraient les Occidentaux.

Contrairement à ce que ceux-ci pensent, les sanctions économiques, aussi sévères soient-elles, ne feront que renforcer Poutine, ainsi que le montrent les derniers sondages de l'institut neutre Levada, qui confirment le soutien d'une large majorité de la population à « l'opération spéciale ». Aucune sanction n'a jamais réussi à renverser un gouvernement, que ce soit à Cuba, en Iran ou en Corée du nord.

Mais Moscou devra porter le stigmate du fauteur de guerre, de l'agresseur, même si en termes juridiques sa cause n'est pas moins mauvaise que le furent l'invasion de l'Irak en 2003 et l'agression de l'OTAN contre la Serbie en 1999 avec la partition du Kosovo qui s'en est suivie quelques années plus tard. Le prix humain, culturel, économique et politique à payer sera élevé. Les tensions engendrées par le conflit ne vont pas disparaitre par enchantement et les Russes vont devoir supporter longtemps les conséquences de cette guerre.

Cyberguerre et stratcom

Nous conclurons ce tour d'horizon avec un mot sur l'incroyable succès de la campagne de propagande ukrainienne en Occident. Cette guerre aura été l'occasion de vivre en direct la première opération de cyberguerre totale. Si la liberté de la presse souffre en Russie, cela ne vaut guère mieux chez nous, qui avons banni les médias russes alors que nous prétendons défendre la liberté de la presse et qui proscrivons les points de vue divergents ! En quelques jours, on a assisté à une zélenskisation des esprits, chacun rivalisant de servilité pour écouter le Grand Héros et exécuter ses vœux, le président Macron arborant même une barbe de trois jours et un T-shirt olive pour souligner son adhésion à la cause, tandis que les médias renonçaient à la déontologie journalistique pour embrasser la cause de l'Ukraine. Un tel effondrement de la raison en si peu de temps est inouï.

Inouï mais pas inexplicable. Dan Cohen, correspondant de Behind the News, a démonté les mécanismes sophistiqués de la propagande ukrainienne et les raisons de son succès colossal dans nos pays. Un commandant de l'OTAN a décrit cette campagne dans le Washington Post comme « une formidable opération de stratcom (de communication stratégique) mobilisant médias, Info Ops et Psy Ops ». En gros, il s'agissait de mobiliser les médias et d'hypnotiser le public par un jet continu de vraies nouvelles, de fake news, d'images et de narratifs propres à sidérer les gens afin de garder un haut niveau émotionnel et d'oblitérer la capacité de jugement du public.

C'est ainsi qu'on a eu droit à un déferlement d'images spectaculaires et d'informations souvent fausses : la mort prétendue des soldats de l'Ile aux serpents, le fantôme de Kiev qui aurait abattu six avions russes à lui seul, les menaces sur la centrale de Tchernobyl, le faux bombardement de la centrale de Zaporoje, ou encore les cas de la maternité et du théâtre de Marioupol dont on n'a jamais vu les victimes, à part deux femmes dont l'une au moins a été reconnue vivante. De même qu'on a assisté au blanchiment accéléré des bataillons Azov, reconvertis en soldats patriotes après avoir effacé leurs écussons néonazis, et à la négation de l'existence des laboratoires bactériologiques américains en Ukraine alors que celle-ci a explicitement été reconnue par Victoria Nuland lors d'une audition au Sénat le 8 mars dernier. Il est vrai qu'un wording a immédiatement été mis en place pour les nier. Dès le lendemain, on a commencé à parler de « structures de recherche biologique » et à alerter l'opinion sur de prétendues attaques chimiques russes pour étouffer le problème des laboratoires bactériologiques secrets (Cf. BFM TV).

Il apparait que la communication ukrainienne emploie, sous l'égide du groupe PR Network, pas moins de 150 firmes de relations publiques, des milliers d'experts, des dizaines d'agences de presse, de médias prestigieux, de chaînes Telegram et de médias d'opposition russes pour délivrer ses messages et formater l'opinion occidentale. On se moque des Russes qui ont interdit d'utiliser le mot guerre pour celui « d'opération spéciale ». Mais les médias occidentaux ne font pas mieux, eux qui sont alimentés en permanence de messages-clés et d'éléments de langage, prohibant par exemple l'usage d'expression telles que « referendum de Crimée » ou « guerre civile du Donbass ». On trouvera tous les détails sur Dan Cohen, Ukraine's Propaganda War : International PR firms, DC lobbyists and CIA cutouts, MintPressNews.com.

Cette brillante réussite en Occident cache pourtant un échec patent en Amérique latine, en Afrique et en Asie, soit dans 75% du monde habité. Les pays du sud ne sont plus dupes de nos mensonges et de nos intérêts. Et l'étoile de Zelenski commence à pâlir. Sa pitoyable prestation à la Knesset, où il a commis l'erreur de comparer l'offensive russe à la « solution finale » alors que ce sont les Russes qui ont libéré Auschwitz et fait reculer Hitler et que ce sont les ancêtres de ses alliés de l'extrême-droite nationaliste ukrainienne qui ont participé à la Shoah par balles, aura été la goutte de trop.

Au risque de me répéter, je conclurai ce long article en disant : on peut, on doit même, condamner cette guerre. Mais de grâce cessons de nous aveugler. Retrouvons notre esprit critique et notre sens des réalités. C'est ainsi que nous pourrons rebâtir une paix durable sur le champ de ruines qu'est devenue l'Ukraine

 

Ukraine : La perspective de la paix et ses ennemis


Gilad Atzmon* –  27 mars 2022

Source : Arrêt sur info.


Les USA, la Grande-Bretagne et l’OTAN estiment que la guerre en Ukraine affaiblit la Russie, réduit Poutine à l’état d’Amalek, renforce l’OTAN et donnera un coup de fouet au complexe militaro-industriel yankee. En conséquence, Biden, Johnson et l’OTAN souhaitent une poursuite indéfinie de la guerre.

Il est temps d’identifier qui a besoin que la guerre continue, car Biden n’est pas seul sur ce front. Zelensky veut également que la guerre continue. Il sait que tout accord avec la Russie rendrait sa situation « très compliquée ». Les nationalistes ukrainiens, qui semblent combattre courageusement l’armée russe et sont encensés par tous les médias dominants occidentaux, n’accepteront pas la moindre concession territoriale. Il est difficile d’imaginer que la guerre se termine sans une telle concession, surtout si l’on considère les gains territoriaux évidents de la Russie au sud, à l’est et au nord. Et Zelensky, l’acteur, sait que son rôle théâtral actuel est, sans aucun doute, le sommet de sa carrière. À partir de maintenant, c’est la descente. Pour Zelensky, la guerre doit continuer pour toujours.

Et qu’en est-il du peuple ukrainien, veut-il que la guerre prenne fin ? Cela dépend à qui vous demandez. Si vous suivez la presse britannique et usaméricaine, vous avez l’impression que les Ukrainiens sont unis derrière leur leader dans une mission collective et suicidaire. Mais la vérité est que quatre millions de personnes ont quitté le pays, dix millions ont été déplacées à l’intérieur de l’Ukraine et ces chiffres augmentent chaque jour. Le pays est systématiquement détruit, certaines de ses villes réduites en poussière. Si c’est ce que veut le peuple, comme la BBC veut nous le faire croire, la guerre ne prendra jamais fin. Si, au contraire, les Ukrainiens sont des êtres humains ordinaires, ce qui est plus probable et constitue une hypothèse intelligente, ils doivent être très fatigués du désastre qui leur est infligé par leur dirigeant et l’Occident belliciste. En tant qu’êtres humains ordinaires, les Ukrainiens se soucient de l’avenir de leur pays, de leurs enfants, de leurs villes, de leur culture, de leur patrimoine – ils pourraient bien vouloir préserver tout cela plutôt que de mourir au « nom de ça ».

Nous lisons souvent que Zelensky supplie Israël de négocier un accord de paix avec la Russie, alors qu’Israël n’est pas exactement le candidat le plus naturel pour négocier une coexistence harmonieuse. Ces dernières années, on a beaucoup écrit sur le fantasme israélien et ukrainien de remplacer la Russie comme principal fournisseur de gaz de l’Europe. La guerre actuelle en Ukraine fait d’Israël le principal fournisseur potentiel de gaz à l’Europe. Cette semaine, l’importante chaîne d’information israélienne N12 a déclaré qu’ « Israël aidera l’Europe à se couper du gaz russe ». N12 rapporte que lors d’une conférence de l’Agence internationale de l’énergie à Paris, le ministre israélien de l’énergie a entamé des discussions concernant l’exportation immédiate de gaz israélien vers l’Europe.

Pourquoi Poutine s’est-il précipité pour sauver la Syrie et le régime Assad ?  Une réponse est que la Russie avait besoin d’un port méditerranéen pour sa marine. Pourquoi les Russes auraient-ils besoin d’un tel port sur la rive orientale de la Méditerranée ? Une réponse possible : Poutine a compris qu’il pourrait avoir à interférer avec un éventuel gazoduc sous-marin reliant la côte de Gaza à la Grèce. Le port de Lattaquié place la marine russe dans une position stratégique cruciale pour saper un tel projet. En d’autres termes, malgré sa collaboration actuelle avec Israël sur la Syrie, Poutine sait depuis un certain temps qu’un conflit naval avec Israël est inévitable. Bien sûr, les Israéliens le savent aussi.

Mais l’enthousiasme d’Israël pour le « rôle de négociateur de paix » a d’autres ingrédients cruciaux. La force économique actuelle d’Israël est en grande partie le résultat de l’établissement de l’État juif en tant que refuge pour l’argent des oligarques russes, et nombre de ces oligarques sont juifs et également citoyens israéliens. Si Israël devient un « courtier de la paix », alors Israël, en raison de sa neutralité, n’aura pas à participer au carnaval de sanctions contre la Russie. Si la guerre se poursuit indéfiniment, Israël ne se contentera pas de maintenir le flux constant de richesses russes vers ses banques, il deviendra en fait la principale voie de sortie de l’argent russe. Pour des raisons évidentes, Zelensky insiste pour que les pourparlers de paix reprennent à Jérusalem sous les auspices du Premier ministre Bennett. Poutine, cependant, ne semble pas enthousiaste quant à l’option de Jérusalem. Il a peut-être déjà compris comment est Israël et ce qu’il recherche.

Poutine est une énigme vivante. J’ai de bonnes raisons de croire qu’il n’est pas mentalement instable comme il est souvent décrit dans les médias dominants occidentaux. Il est plus probable que ce tacticien expérimenté ait des objectifs géopolitiques et militaires en tête. Mais le problème est que personne ne semble savoir quels sont ces objectifs. Je ne pense pas, par exemple, que Poutine ait eu l’intention d’envahir Kiev ou toute autre grande ville ukrainienne, à l’exception peut-être d’atouts stratégiques comme Mariupol. Je suis également convaincu que Poutine n’avait pas l’intention d' »imposer un changement de régime » en Ukraine. Poutine a probablement vu un danger militaire croissant provenant de l’Ukraine et de ses penchants occidentaux grandissants. Il voulait très probablement anéantir la capacité militaire de l’Ukraine et, ce faisant, envoyer un message clair à tous les pays d’Europe de l’Est. Poutine souhaitait et souhaite toujours régler le conflit avec le dirigeant ukrainien démocratiquement élu, c’est-à-dire Zelensky. Plus que quiconque, Poutine a besoin que Zelensky soit sain et sauf, au moins jusqu’à la conclusion de sa manœuvre militaire.

En tant que tel, Poutine est peut-être le seul acteur de cet horrible théâtre meurtrier à avoir une stratégie de sortie claire et un plan de coexistence future. Il est peut-être le seul dirigeant mondial à envisager la fin de ce conflit. Sa vision peut être inacceptable pour l’ensemble de l’Occident à ce stade. Elle peut être très impopulaire en Ukraine, pour des raisons évidentes. Mais il semble que personne à l’Ouest n’ait osé défier la Russie militairement et je suppose que c’est en partie parce que personne dans l’élite militaire occidentale ne croit vraiment au récit populaire selon lequel l’armée russe serait « faible » et « vaincue ».

Il me semble que lorsque Biden a appelé à la destitution de Poutine en Pologne hier, c’est parce que Poutine vise à mettre un terme définitif à ce drame tragique en Ukraine, bientôt, espérons-le, alors que Biden et ses nombreux partenaires voient un avantage à prolonger ce désastre à jamais.

Gilad Atzmon

 

 

*Gilad Atzmon est né en Israël en 1963 et a reçu sa formation musicale à l’Académie de musique Rubin à Jérusalem. Multi-instrumentiste, il joue du saxophone soprano, alto, ténor et baryton, de la clarinette, de la zurna et des flûtes.

Jusqu’en 1994 il a été producteur-arrangeur pour différents projets israéliens de danse et de rock, jouant en Europe et aux USA de la soul music juive. Fortement impliqué dans la scène musicale israélienne et il a enregistré pour Ofra Haza, Yeuda Poliker et beaucoup d’autres. Il a également fait des tournées avec Memphis Slim et a soutenu beaucoup de noms internationaux du jazz tels que Jack De Johnette, Michel Petrucciani, Richie Byrach et beaucoup d’autres.

Arrivé au Royaume-Uni en 1994, Atzmon a alors éprouvé un intérêt à jouer de la musique du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Europe de l’Est, une idée qui le démangeait depuis des années. Il a fondé l’Orient House Ensemble et a commencé à redéfinir ses propres racines à la lumière de la réalité politique. Depuis l’Orient House Ensemble s’est produit dans le monde enteir.

Atzmon est aussi un auteur prolifique et souvent controversé : ses essais circulent beaucoup et ses deux romans Guide to the perplexed et My One And Only Love ont été traduits l’un dans l’autre en 24 langues.

Au fil des années la musique de Gilad Atzmon s’est muée plus en plus en un hybride culturel. En tant que chef de formations (du quartet au septet) et joueur d’instruments à anches, il stupéfie ses auditeurs par son style personnel puissant qui combine le grand art du bebop et les racines moyen-orientales d’une façon sophistiquée et parfois ironique. Influencées par l’approche puissante de Coltrane au saxo, les performances live de Gilad sont simplement éblouissantes et à couper le souffle.

En tant que membre des Blockheads, Gilad a également enregistré et joué avec des artistes comme Ian Dury, Robbie Williams, Sinead O’Connor et Paul McCartney.

Gilad a aussi enregistré avec Robert Wyatt, les Waters Boys et beaucoup d’autres.

L’Orient House Ensemble est consitué d’Asaf Sirkis aux percussions, Yaron Stavi à la basse et Frank Harrison au clavier.

Cette guerre est-elle vraiment illégale ?

par Marie-José Monéger - Le 25/03/2022.

Puisque c’est la grande mode actuellement d’inverser tous les raisonnements et les discours, je vais aujourd’hui parler un peu d’illégalité et, pourquoi pas, d’extra judiciarité. Si la légalité est ce qui est conforme au droit, si toutefois il en reste quelques bribes non encore détricotées, l’extra judiciarité concerne tout ce qui sort des processus judiciaires reconnus par tous, si toutefois ces processus existent encore à l’heure actuelle. Cette question posée en titre fait référence à un article de Gearoid O Colmain, publié dans le RI du 21/03/2022.

• https://reseauinternational.net/la-guerre-russe-en-ukraine-est-elle-legale

Avant de donner un avis tout à fait personnel sur cette question, je vais faire un bref rappel chronologique de cette guerre qui a en fait commencé en mai 2014.

  1. Février 2014 : coup d’État du Maïdan qui chasse du pouvoir le Président Viktor Ianoukovitch
  2. Avril 2014 : déclarations d’indépendance de la RP de Donetsk (RPD) et de la RP de Lougansk (RPL)
  3. 2 mai 2014 : massacres d’Odessa où, selon les sources, 40 à 60 personnes sont mortes et 150 à 200 autres personnes ont été blessées au cours des différents affrontements qui ont eu lieu dans la ville
  4. 11 mai 2014 : référendum d’autodétermination à Donetsk et à Lougansk
  5. 24 mai 2014 : congrès d’union de la RPD et de la RPL sous le nom d’Union des Républiques Populaires
  6. 26 mai 2014 : début de la guerre dans le Donbass
  7. Septembre 2014 : signature du protocole de Minsk, destiné à arrêter la guerre dans le Donbass
  8. Février 2015 : signature des accords de Minsk II, eux aussi destinés à arrêter la guerre dans le Donbass

Et malgré la signature de ces deux textes successifs, la guerre dans le Donbass ne s’est jamais vraiment arrêtée.

Dès le 29 avril (avant les massacres d’Odessa), le journaliste Bogdan Boutkevitch, de la chaîne de télévision ukrainienne Hromadske, déclarait : « Le Donbass est sévèrement surpeuplé avec des gens inutiles … Mais la chose la plus importante à faire, qu’importe si cela semble cruel, est d’exterminer une certaine catégorie de gens. »

Si cela n’est pas un appel au meurtre gratuit, qu’est-ce donc ? C’est étrange, mais cela m’évoque une certaine doctrine politique du XXe siècle, que je croyais disparue !

Et puis cela ne vous rappelle-t-il pas les propos de certains journaleux français en 2021 ? C’est bizarre, mais cela me rappelle quelque chose de similaire en France !

Par ailleurs, l’ancien président Petro Porochenko déclarait à Odessa le 23 octobre 2014 (peu après la signature du protocole de Minsk) : « Nous aurons du travail et ils n’en auront pas. Nous aurons des retraites et ils n’en auront pas. Nous aurons des avantages pour les retraités et les enfants et ils n’en auront pas. Nos enfants iront à l’école et en crèche. Leurs enfants resteront dans les sous-sols parce qu’ils sont inutiles. Et comme cela, nous gagnerons cette guerre ! »

Dès le 23 octobre 2014, le protocole de Minsk était déjà versé aux oubliettes de l’histoire ! Personnellement, j’y vois une nouvelle pulsion génocidaire, telle que celle que j’avais remarqué dès 1972 au cours de ma première année à l’Université, lors de la parution du Rapport Meadows, bientôt relayé en France par Jacques Attali.

Par ailleurs, comment qualifier le blocus économique et énergétique de la Crimée, mis en place par l’Ukraine le 20 septembre 2015 ? Un bon échange de procédés selon la terminologie actuelle ? Et le blocage du canal de Crimée du Nord par l’Ukraine le 29 juillet 2019, et qui fournissait 85% de l’eau potable consommée en Crimée ? Une aimable attention de voisinage ? En ce qui concerne la fermeture de ce canal, cela frise pour moi la tentative de génocide.

Bizarrement, cette pulsion génocidaire envers les inutiles, anciens, malades et enfants, pour cause de pyramide des âges cylindrique, est une idée fort répandue, voire même unanimement colportée et acceptée par les politiques et leurs journaleux servants dans toute l’Europe. Ceci est devenu pour moi une étrange évidence dès juillet 2021.

Tous nos politiques et nos journaleux pensent et parlent de la même façon, comme des automates programmables savamment programmés par le programme VICE. Quel cadavre ont-ils dans le placard pour se soumettre pareillement aux ordres de plus puissants et plus pervers qu’eux ? Une telle similitude comportementale dans tout l’Occident m’intrigue et m’interpelle quand même quelque peu …

Dans son article publié par le RI le 22/03/2022, « L’OTAN va-telle se faire tuer jusqu’au dernier Ukrainien ? », Bruno Guigue résume parfaitement la désormais légitime illégalité de l’opération russe en Ukraine : « Sans illusion sur une légalité internationale que les Occidentaux ont copieusement foulée aux pieds, la Russie a décidé de mettre fin à l’hypocrisie ambiante en mettant au pas le régime ukrainien. »

• https://reseauinternational.net/lotan-va-t-elle-se-faire-tuer-jusquau-dernier-ukrainien

Et Geraoid O Colmain de déclarer à juste titre : « L’intervention de l’armée russe en Ukraine est un acte d’auto-défense », car elle est conforme à l’article 51 de la Charte des Nations unies.

• https://reseauinternational.net/la-guerre-russe-en-ukraine-est-elle-legale

*

Et que pensent de tout cela les enfants du Donetsk, condamnés par le président ukrainien à rester dans les sous-sols, et qui ont passé effectivement des jours et des nuits dans les caves, sous les bombardements ? Ici encore, nous avons les témoignages de Faina Savenkova, une adolescente de Lougansk, traduite et publiée dans le RI par Christelle Néant, merci à Chistelle et au RI. Ces témoignages sont ceux d’une adolescente qui a connu que la guerre civile, les bombardements et la vie dans les caves depuis l’âge de 5 ans. Ils sont pleins de sagesse et de maturité précoce, et totalement exempts de toute rancœur à l’égard de l’Occident. Je vous invite à lire ou relire celui-ci :

• https://reseauinternational.net/faina-savenkova-bonjour-reverbere

Et pourtant, Faina ne s’est pas découragée. Elle a même écrit à Emmanuel Macron car la France était partie prenante dans les accords de Minsk II. Mais celui-ci lui a fait rédiger par son secrétaire une réponse à sa dimension, courtoise mais glaciale.

• https://reseauinternational.net/donbass-lettre-ouverte-de-faina-savenkova-au-president-de-la-republique-francaise-emmanuel-macron
• https://reseauinternational.net/reponse-a-la-lettre-ouverte-de-faina-savenkova-concernant-la-guerre-dans-le-donbass-macron-sen-lave-les-mains

Et aujourd’hui, elle est certes désabusée devant autant d’indifférence, mais sans rancœur. Je vous invite à lire ou relire son billet « Cinq minutes avant la guerre », publié par le RI le 20/02/2022 :

• https://reseauinternational.net/faina-savenkova-cinq-minutes-avant-la-guerre

La seule solution pour stopper cette guerre, qui risque rapidement de devenir planétaire, serait de parvenir à discuter et à négocier, car la négociation empêche la confrontation. En ce qui concerne la France, seul Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac sous le gouvernement Jospin, est partisan de cette seule solution raisonnable et raisonnée.

Par ailleurs, la journaliste Anne-Laure Bonnel, actuellement dans le Donbass, nous avertit tous : « Ceux qui appellent à la guerre ne la connaissent pas ! » En effet, nous venons de vivre plus de 70 ans de paix, donc beaucoup d’entre nous ignorent tout de la guerre …

*

Alors je vais maintenant poser une question très indiscrète à tous les papys et mamys de ma génération (nés entre 1945 et 1960) et qui sont complètement gâteux devant leurs petits-enfants, ce qui est parfaitement légitime. Comment réagiriez-vous si une telle épreuve de guerre de 8 ans et plus frappait vos petits-enfants ? 

Mon expérience de professeur de sciences économiques passée me permet de vous dire qu’une crise économico-sociétale, comme celle qui a ouvertement débuté en 2020, ne peut pas se résoudre en moins de 10 ans. Et toute crise économique sévère s’accompagne de violents troubles urbains, voire même de guerre civile. Sans oublier le fait que toute l’Europe-continent peut s’embraser dans une guerre chaude, car je ne crois personnellement guère à une guerre nucléaire, qui serait totalement anti-économique pour ceux qui manipulent nos dirigeants et qui les poussent petit à petit à la guerre, à l’insu de votre plein gré.

Que feriez-vous de vraiment positif pour aider vos petits-enfants à passer ce cap difficile, vous qui ne rêvez que d’un État Nounou qui vous prenne en charge de la naissance à la mort, même au prix de la privation de toutes les libertés les plus élémentaires, comme celle principalement de vivre dans un corps sain, non OGM ?

Je suis tout à fait consciente que vos jeunes années dans l’après-guerre n’ont pas été toutes roses. Nous étions plus obligés d’aller travailler à 16 ans, voire même à 14 ans, qu’incités à poursuivre des études. Cela je l’ai vécu tout comme vous. Certains d’entre vous ont même entrepris et réussi à passer leur bac à l’âge adulte, ce qui est tout à votre honneur. Cela prouve que même sans faire de longues études, vous êtes tout à fait en capacité de réfléchir plus loin que le bout de votre nez.

Alors, ne serait-ce que pour vos petits-enfants, actionnez de toute urgence vos petites cellules grises !

Dans un mois, il sera peut-être déjà trop tard, non seulement pour vous, mais pour eux surtout !

La sagesse liée à l’âge serait de n’accorder d’importance qu’à ce qui en a réellement : l’avenir des jeunes générations !

Le Pentagone confirme ce que disent les Russes et c’est important

Source : RzO International.
par Joe Lauria - Le 25/03/2022.

Le Pentagone est engagé dans une vive bataille avec le département d’État américain et le Congrès pour empêcher une confrontation militaire directe avec la Russie, qui pourrait déclencher l’horreur la plus inimaginable de la guerre.

Le président Joe Biden est pris au milieu de la mêlée. Jusqu’à présent, il se range du côté du ministère de la Défense, affirmant qu’il ne peut y avoir de zone d’exclusion aérienne de l’OTAN au-dessus de l’Ukraine combattant des avions russes parce que « cela s’appelle la troisième guerre mondiale, d’accord ? Allons droit au but, les gars. Nous ne ferons pas la troisième guerre mondiale en Ukraine ».

« Le président Biden a été clair sur le fait que les troupes américaines ne combattront pas la Russie en Ukraine, et si vous établissez une zone d’exclusion aérienne, certainement pour faire respecter cette zone d’exclusion aérienne, vous devrez provoquer des avions russes. Et encore une fois, cela nous mettrait en guerre avec la Russie », a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, au début du mois.

Le plan de l’Administration est de faire tomber le gouvernement russe par une insurrection terrestre et une guerre économique, et non par une guerre militaire directe.

Mais la pression exercée sur la Maison Blanche par le Congrès et la presse est incessante pour amener imprudemment l’OTAN directement dans la guerre.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, salué comme un super-héros virtuel dans les médias occidentaux, a oscillé entre l’ouverture à la négociation d’un accord de paix avec la Russie et l’appel à l’OTAN pour « fermer le ciel » au-dessus de l’Ukraine. Pour sauver son pays, il semble prêt à risquer de mettre en danger le monde entier.

Pendant ce temps, les grands médias occidentaux, s’appuyant presque exclusivement sur des sources ukrainiennes, rapportent que la Russie est en train de perdre la guerre, avec son offensive militaire « au point mort », et, que par frustration, elle a délibérément ciblé des civils et rasé des villes.

Biden a adhéré à cette partie de l’histoire, qualifiant le président russe Vladimir Poutine de « criminel de guerre ». Il a également déclaré que la Russie prévoyait une attaque chimique « sous fausse bannière » pour épingler l’Ukraine.

Mais mardi, le Pentagone a pris la décision audacieuse de divulguer deux histoires aux journalistes qui contredisent ces histoires. « La conduite de la Russie dans la guerre brutale raconte une histoire différente de l’opinion largement acceptée selon laquelle Vladimir Poutine a l’intention de démolir l’Ukraine et d’infliger un maximum de dommages civils – et cela révèle l’équilibre stratégique du dirigeant russe », a rapporté Newsweek dans un article intitulé « Les bombardiers de Poutine pourraient dévaster l’Ukraine, mais il se retient. Voici pourquoi. »

L’article cite un analyste anonyme de la Defense Intelligence Agency (DIA) du Pentagone disant : « Le cœur de Kiev a à peine été touché. Et presque toutes les frappes à longue portée visaient des cibles militaires. »

Un officier à la retraite de l’US Air Force travaillant maintenant comme analyste pour un sous-traitant du Pentagone, a ajouté : « Nous devons comprendre la conduite réelle de la Russie. Si nous nous convainquons simplement que la Russie bombarde sans discernement, ou qu’elle ne parvient pas à infliger plus de dégâts parce que son personnel n’est pas à la hauteur de la tâche ou parce qu’elle est techniquement inepte, alors c’est que nous nous ne voyons pas le vrai conflit ».

L’article dit :

« Depuis le week-end dernier, en 24 jours de conflit, la Russie a effectué quelque 1400 sorties de frappe et livré près de 1000 missiles (en revanche, les États-Unis ont effectué plus de sorties et livré plus d’armes le premier jour de la guerre de 2003 en Irak). …

Une partie de ces frappes a endommagé et détruit des structures civiles et tué et blessé des civils innocents, mais le niveau de morts et de destruction est faible par rapport à la capacité de la Russie.

« Je sais que c’est difficile… d’avaler que le carnage et la destruction pourraient être bien pires qu’ils ne le sont en réalité », déclare l’analyste de la DIA. « Mais c’est ce que montrent les faits. Cela me suggère, au moins, que Poutine n’attaque pas intentionnellement des civils, qu’il est peut-être conscient qu’il doit limiter les dégâts afin de laisser une place aux négociations ».

Ces sources du Pentagone confirment ce que Poutine et le ministère russe de la Défense ont dit depuis le début : qu’au lieu d’être « au point mort », la Russie exécute un plan de guerre méthodique pour encercler les villes, ouvrant des couloirs humanitaires pour les civils, laissant les infrastructures civiles comme l’eau, l’électricité, la téléphonie et Internet intacts, et en essayant d’éviter autant de victimes civiles que possible.

Jusqu’à ces fuites du Pentagone, il était difficile de confirmer que la Russie disait entièrement la vérité et que les grands médias publiaient des fables concoctées par la machine publicitaire ukrainienne.

Aucune preuve de produits chimiques

Le deuxième article sape directement l’avertissement dramatique de Biden concernant une attaque chimique sous fausse bannière.

Reuters a rapporté : « Les États-Unis n’ont pas encore vu d’indications concrètes d’une attaque imminente d’armes chimiques ou biologiques russes en Ukraine, mais surveillent de près les flux de renseignements à leur sujet, a déclaré un haut responsable américain de la défense ».

Il a cité le responsable du Pentagone disant : « Rien n’indique qu’il y ait quelque chose d’imminent à cet égard en ce moment. » Ni le New York Times ni le Washington Post n’ont publié l’article de Reuters, qui est paru dans le US News and World Report.

Ne laissez jamais les faits contredire un bon mensonge , même si cela pourrait entraîner les conséquences les plus dévastatrices de l’histoire.

source : Bruno Bertez

Rendre le Nazisme Grand à Nouveau

par Pepe Escobar - Le 25/03/2022.

La cible suprême est le changement de régime en Russie, l’Ukraine n’est qu’un pion dans le jeu – ou pire, de la simple chair à canon.

Tous les regards sont tournés vers Marioupol. Mercredi soir, plus de 70% des zones résidentielles étaient sous le contrôle des forces de Donetsk et de la Russie, tandis que les marines russes, le 107e bataillon de Donetsk et les Spetsnaz tchétchènes, dirigés par le charismatique Adam Delimkhanov, étaient entrés dans l’usine Azov-Stal – le QG du bataillon néonazi Azov.

Azov a reçu un dernier ultimatum : se rendre avant minuit – ou sinon, une autoroute de l’enfer où l’on ne fait pas de prisonniers.

Cela implique un changement de donne majeur sur le champ de bataille ukrainien ; Marioupol est enfin sur le point d’être complètement dénazifiée – car le contingent Azov, longtemps retranché dans la ville et utilisant les civils comme boucliers humains, était sa force de combat la plus endurcie.

Pendant ce temps, les échos de l’Empire du Mensonge ont presque dévoilé tout le jeu. Washington n’a absolument pas l’intention de faciliter un plan de paix en Ukraine, ce qui explique les tactiques de blocage incessantes du comédien Zelensky. L’objectif suprême est le changement de régime en Russie, et pour cela, la Totalen Krieg contre la Russie et tout ce qui est russe est justifiée. L’Ukraine n’est qu’un pion dans le jeu – ou pire, de la simple chair à canon.

Cela signifie également que les 14 000 morts dans le Donbass au cours des 8 dernières années doivent être directement attribuées aux Exceptionnalistes. Quant aux néo-nazis ukrainiens de tous bords, ils sont aussi sacrifiables que les « rebelles modérés » en Syrie, qu’ils soient liés à Al-Qaïda ou à Daech. Ceux qui finiront par survivre pourront toujours rejoindre Neo-Nazi Inc. en gestation, parrainée par la CIA – le remix sordide de Djihad Inc. des années 1980 en Afghanistan. Ils seront correctement « kalibrés ».

Une rapide récapitulation néo-nazie

À l’heure actuelle, seuls les écervelés du pays de l’OTAN – et il y en a des hordes – ne sont pas au courant du Maïdan de 2014. Pourtant, peu savent que c’est le ministre ukrainien de l’Intérieur de l’époque, Arsen Avakov, un ancien gouverneur de Kharkov, qui a donné le feu vert pour qu’un groupe paramilitaire de 12 000 personnes se matérialise à partir de 82 hooligans de football de la Secte qui soutenaient le Dynamo Kiev. C’est ainsi qu’est né le bataillon Azov, en mai 2014, dirigé par Andriy Biletsky, alias le Führer blanc, et ancien chef du gang néo-nazi Patriotes d’Ukraine.

Avec l’agent stay-behind de l’OTAN Dmitro Yarosh, Biletsky a fondé Pravy Sektor, financé par le parrain de la mafia ukrainienne et milliardaire juif Ihor Kolomoysky (plus tard le bienfaiteur de la méta-conversion de Zelensky de comédien médiocre à président médiocre).

Il se trouve que Pravy Sektor était farouchement anti-UE – allez dire cela à Ursula von der Lugen – et politiquement obsédé par l’idée de relier l’Europe centrale et les pays baltes dans un nouvel Intermarium sordide. Il est important de noter que Pravy Sektor et d’autres gangs nazis ont été dûment formés par des instructeurs de l’OTAN.

Biletsky et Yarosh sont bien sûr des disciples du collaborateur nazi notoire de la Seconde Guerre mondiale, Stepan Bandera, pour qui les Ukrainiens purs sont proto-germaniques ou scandinaves, et les Slaves sont des untermenschen.

Azov a fini par absorber presque tous les groupes néo-nazis d’Ukraine et a été envoyé pour combattre le Donbass – avec ses acolytes gagnant plus d’argent que les soldats réguliers. Biletsky et un autre leader néo-nazi, Oleh Petrenko, ont été élus à la Rada. Le Führer blanc a fait cavalier seul. Petrenko a décidé de soutenir le président de l’époque, Porochenko. Bientôt, le bataillon Azov a été incorporé en tant que Régiment Azov à la Garde nationale ukrainienne.

Le régiment s’est lancé dans une campagne de recrutement de mercenaires étrangers, en provenance d’Europe occidentale, de Scandinavie et même d’Amérique du Sud.

Cela était strictement interdit par les accords de Minsk garantis par la France et l’Allemagne (et aujourd’hui défunts de facto). Azov a créé des camps d’entraînement pour les adolescents et a rapidement atteint 10 000 membres. En 2020, Erik « Blackwater » Prince a conclu un accord avec l’armée ukrainienne pour que son organisation rebaptisée Academi puisse superviser Azov.

C’est nul autre que la sinistre distributrice de biscuits du Maïdan, Vicky « F**k the EU » Nuland, qui a suggéré à Zelensky – tous deux, soit dit en passant, juifs ukrainiens – de nommer le nazi avoué Yarosh comme conseiller du commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valerii Zaluzhnyi. L’objectif : organiser une guerre éclair sur le Donbass et la Crimée – la même guerre éclair dont le SVR, le service de renseignement extérieur russe, avait conclu qu’elle serait lancée le 22 février, propulsant ainsi le lancement de l’opération Z.

Tout ce qui précède, en fait un rapide récapitulatif, montre qu’en Ukraine il n’y a pas la moindre différence entre les néo-nazis blancs et les al-Qaeda/EI/Daech bruns, autant que les néo-nazis sont aussi « chrétiens » que les djihadistes salafistes takfiri sont « musulmans ».

Lorsque Poutine a dénoncé une « bande de néo-nazis » au pouvoir à Kiev, le Comédien a répondu que c’était impossible parce qu’il était juif. C’est absurde. Zelensky et son patron Kolomoysky, à toutes fins utiles, sont des Nazis-Sionistes.

Alors même que des branches du gouvernement des États-Unis admettaient l’existence de néonazis retranchés dans l’appareil de Kiev, la machine exceptionnaliste faisait tout simplement disparaître les bombardements quotidiens du Donbass pendant 8 ans. Ces milliers de victimes civiles n’ont jamais existé.

Les grands médias américains ont même osé un article ou un reportage sur les néonazis d’Azov et d’Aidar. Mais un récit néo-orwellien a alors été gravé dans le marbre : il n’y a pas de nazis en Ukraine. La NED, filiale de la CIA, a même commencé à effacer les documents relatifs à la formation des membres d’Aidar. Récemment, une chaîne d’information de piètre qualité a fait la promotion d’une vidéo d’un commandant d’Azov formé par l’OTAN et équipé d’armes – avec une iconographie nazie.

Pourquoi la « dénazification » a du sens

L’idéologie du Banderastan remonte à l’époque où cette partie de l’Ukraine était en fait contrôlée par l’empire austro-hongrois, l’empire russe et la Pologne. Stepan Bandera est né en Autriche-Hongrie en 1909, près d’Ivano-Frankovsk, dans le royaume de Galicie, alors autonome.

La Première Guerre mondiale a démembré les empires européens en petites entités souvent non viables. En Ukraine occidentale – une intersection impériale – cela a inévitablement conduit à la prolifération d’idéologies extrêmement intolérantes.

Les idéologues du Banderastan ont profité de l’arrivée des nazis en 1941 pour tenter de proclamer un territoire indépendant. Mais Berlin non seulement les a bloqués mais les a envoyés dans des camps de concentration. En 1944 cependant, les nazis ont changé de tactique : ils ont libéré les Banderistas et les ont manipulés pour qu’ils nourrissent une haine anti-russe, créant ainsi une force de déstabilisation dans la RSS ukrainienne.

Le nazisme n’est donc pas exactement la même chose que les fanatiques banderistes : ce sont en fait des idéologies concurrentes. Ce qui s’est passé depuis le Maïdan, c’est que la CIA s’est concentrée sur l’incitation à la haine anti-russe par tous les groupes marginaux qu’elle pouvait instrumentaliser.

L’Ukraine n’est donc pas un cas de « nationalisme blanc » – c’est un euphémisme – mais de nationalisme ukrainien anti-russe, qui se manifeste à toutes fins utiles par des saluts et des symboles de style nazi.

Ainsi, lorsque Poutine et les dirigeants russes font référence au nazisme ukrainien, ce n’est peut-être pas tout à fait exact sur le plan conceptuel, mais cela touche une corde sensible chez tous les Russes.

Les Russes rejettent viscéralement le nazisme – sachant que pratiquement chaque famille russe a au moins un ancêtre tué pendant la Grande Guerre patriotique. Du point de vue de la psychologie de guerre, il est tout à fait logique de parler d’« ukronazisme » ou, pour aller droit au but, d’une campagne de « dénazification ».

Comment les Anglos ont aimé les nazis

Le fait que le gouvernement américain encourage ouvertement les néonazis en Ukraine n’est pas une nouveauté, si l’on considère qu’il a soutenu Hitler aux côtés de l’Angleterre en 1933 pour des raisons d’équilibre des forces.

En 1933, Roosevelt a prêté à Hitler un milliard de dollars-or, tandis que l’Angleterre lui prêtait deux milliards de dollars-or. Il faudrait multiplier ce chiffre 200 fois pour arriver aux dollars fiduciaires d’aujourd’hui. Les Anglo-Américains voulaient construire l’Allemagne comme un rempart contre la Russie. En 1941, Roosevelt a écrit à Hitler que s’il envahissait la Russie, les États-Unis se rangeraient du côté de la Russie, et a écrit à Staline que si ce dernier envahissait l’Allemagne, les États-Unis soutiendraient l’Allemagne. Vous parlez d’une illustration graphique de l’équilibre du pouvoir mackinderesque.

Les Britanniques étaient devenus très préoccupés par la montée en puissance de la Russie sous Staline tout en observant que l’Allemagne était à genoux avec un taux de chômage de 50% en 1933, si l’on comptait les Allemands itinérants non enregistrés.

Même Lloyd George avait des doutes quant au traité de Versailles, qui affaiblissait de manière insupportable l’Allemagne après sa capitulation lors de la Première Guerre mondiale. Le but de la Première Guerre mondiale, dans la vision du monde de Lloyd George, était de détruire ensemble la Russie et l’Allemagne. L’Allemagne menaçait l’Angleterre, le Kaïser construisant une flotte pour s’emparer des océans, tandis que le tsar était trop proche de l’Inde pour être rassuré. Pendant un certain temps, Britannia a gagné – et a continué à dominer les vagues.

Ensuite, la construction de l’Allemagne pour combattre la Russie est devenue la priorité numéro un – avec une réécriture de l’histoire. L’unification des Allemands d’Autriche et des Allemands des Sudètes avec l’Allemagne, par exemple, est totalement approuvée par les Britanniques.

Puis vient le problème polonais. Lorsque l’Allemagne a envahi la Pologne, la France et la Grande-Bretagne se sont tenues à l’écart. Cela a placé l’Allemagne à la frontière de la Russie, et l’Allemagne et la Russie ont divisé la Pologne. C’est exactement ce que la Grande-Bretagne et la France voulaient. La Grande-Bretagne et la France avaient promis à la Pologne qu’elles envahiraient l’Allemagne par l’ouest pendant que la Pologne combattrait l’Allemagne par l’est.

En fin de compte, les Polonais se sont fait doubler. Churchill a même félicité la Russie pour avoir envahi la Pologne. Hitler était informé par le MI6 que l’Angleterre et la France n’envahiraient pas la Pologne – dans le cadre de leur plan pour une guerre germano-russe. Hitler avait été soutenu financièrement depuis les années 1920 par le MI6 pour ses propos favorables à l’Angleterre dans Mein Kampf. Le MI6 encourageait de facto Hitler à envahir la Russie.

Avance rapide jusqu’en 2022, et c’est reparti pour une farce, avec les Anglo-Américains qui « encouragent » l’Allemagne, sous la direction du faible Scholz, à se reconstruire militairement, avec 100 milliards d’euros (que les Allemands n’ont pas), et à mettre sur pied une force européenne rénovée pour partir ensuite en guerre contre la Russie.

Cue à l’hystérie russophobe dans les médias anglo-américains sur le partenariat stratégique Russie-Chine. La crainte mortelle des Anglo-Américains, c’est Mackinder/Mahan/Spykman/Kissinger/Brzezinski tout en un : La Russie et la Chine, en tant que jumeaux concurrents, s’emparent de la masse terrestre eurasiatique – l’Initiative Ceinture et Route rejoint le partenariat de la Grande Eurasie – et règnent ainsi sur la planète, les États-Unis étant relégués au rang d’île sans importance, tout comme l’ancien « Rule Britannia ».

L’Angleterre, la France et plus tard les Américains l’avaient empêché lorsque l’Allemagne aspirait à faire de même, en contrôlant l’Eurasie aux côtés du Japon, de la Manche au Pacifique. Maintenant, c’est un jeu de balle complètement différent.

Ainsi, l’Ukraine, avec ses pathétiques gangs néonazis, n’est qu’un pion – sacrifiable – dans la volonté désespérée d’arrêter quelque chose qui est au-delà de l’anathème, du point de vue de Washington : une nouvelle route de la soie germano-russo-chinoise totalement pacifique.

La russophobie, massivement inscrite dans l’ADN de l’Occident, n’a jamais vraiment disparu. Cultivée par les Britanniques depuis Catherine la Grande – et ensuite avec le Grand Jeu. Par les Français depuis Napoléon. Par les Allemands, parce que l’Armée rouge a libéré Berlin. Par les Américains parce que Staline leur a imposé la cartographie de l’Europe – et cela a continué encore et encore pendant toute la Guerre froide.

Nous n’en sommes qu’aux premières étapes de la poussée finale de l’Empire mourant pour tenter d’arrêter le cours de l’Histoire. Ils sont dépassés, ils sont déjà surpassés par la plus grande puissance militaire du monde, et ils seront matés. Existentiellement, ils ne sont pas équipés pour tuer l’ours – et cela fait mal. Cosmiquement.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Ukraine : La grande manipulation

...par Thierry Meyssan - Le 22/03/2022.

Alors que les révélations se multiplient sur les exactions commises par les bandéristes ukrainiens durant les huit dernières années, les Occidentaux continuent à ne percevoir que la souffrance des populations civiles ukrainiennes. Elles ignorent tout des causes profondes de la guerre, tout autant que des événements qui ont conduit le Kremlin à la déclencher.

Peu importe, les bandéristes sont en train de perdre et les grandes puissances préparent la paix.

Source : RzO Voltaire.

 

Le président Poutine s’expose. Il a réuni 80 000 personnes dans un stade pour célébrer la réunification avec la Crimée et la lutte contre les néo-nazis ukrainiens. Pendant ce temps, à Kiev, aucune foule ne descend dans les rues pour soutenir le président Zelensky qui se cache.

Cet article fait suite à :
 1. « La Russie veut contraindre les USA à respecter la Charte des Nations unies », 4 janvier 2022.
 2. « Washington poursuit le plan de la RAND au Kazakhstan, puis en Transnistrie », 11 janvier 2022.
 3. « Washington refuse d’entendre la Russie et la Chine », 18 janvier 2022.
 4. « Washington et Londres, atteints de surdité », 1er février 2022.
 5. « Washington et Londres tentent de préserver leur domination sur l’Europe », 8 février 2022.
 6. « Deux interprétations de l’affaire ukrainienne », 15 février 2022.
 7. « Washington sonne l’hallali, tandis que ses alliés se retirent », 22 février 2022.
 8. « Vladimir Poutine déclare la guerre aux Straussiens », 5 mars 2022.
 9. « Une bande de drogués et de néo-nazis », 5 mars 2022.
 10 « Israël abasourdi par les néo-nazis ukrainiens »,8 mars 2022.

Les opérations militaires se poursuivent en Ukraine avec deux narrations radicalement différentes selon que l’on écoute les médias occidentaux ou russes. Ces deux versions s’écartent non seulement pour décrire la guerre, mais aussi et surtout pour décrire les buts de cette guerre.

En Occident, le public est persuadé que l’armée russe a d’énormes problèmes logistiques et ne parvient pas à alimenter ses chars en carburant. Ses avions frappent indistinctement des cibles militaires et civiles, détruisant aveuglément des villes entières. Le dictateur Poutine n’en aura pas fini tant qu’il n’aura pas écrasé Kiev et tué le président élu Zelensky. À ses yeux l’Ukraine est coupable d’avoir choisi la démocratie en 2014 au lieu de reconstituer l’Union soviétique. D’ici là, il sème la mort et la désolation sur une population civile, tandis que ses soldats se font tuer à grande échelle.

Au contraire, en Russie, on pense que les combats sont limités à des zones précises, le Donbass, la côte de la mer d’Azov et les cibles militaires partout ailleurs. Certes, on déplore quelques pertes, mais pas d’hécatombe. On observe avec stupeur le soutien que les anciens alliés de la Grande Guerre patriotique (la Seconde Guerre mondiale) apportent aux Bandéristes, les néo-nazis ukrainiens. On attend qu’ils soient tous neutralisés pour que la paix puisse revenir.

En bruit de fond, l’Occident a lancé une guerre économique et financière contre la Russie. De très nombreuses entreprises occidentales quittent le pays et sont immédiatement remplacées par d’autres venant de pays ne participant pas à cette guerre. À titre d’exemple, les restaurants McDonald seront remplacé par la chaîne turque Chitik Chicken, tandis que les Émirats arabes unis accueillent les oligarques chassés d’Europe. La Chine et la Communauté économique eurasienne planifient la mise en place d’un système économique et financier parallèle à celui de Bretton Woods. Bref, le monde se coupe en deux.

Qui dit vrai ?

Les services secrets russes sont persuadés que le président Volodymyr Zelensky s’est enfui de Kiev et qu’il réalise ses interventions vidéos depuis un studio. Ils scrutent tous ses messages pour localiser où il se cache.

LA GUERRE PROPREMENT DITE

 

Selon les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), c’est-à-dire du forum intergouvernemental créé par les accords d’Helsinki (1973-75), le front du Donbass était stable depuis plusieurs mois, lorsque les bombardements ont repris à partir du mercredi 16 février 2022 pour atteindre leur paroxysme le vendredi 18 (plus de 1 400 explosions entendues). Les gouvernements locaux de Donestk et de Lougansk ont alors replié plus de 100 000 personnes pour les protéger de ce déluge de feu.

Le soir du 18, la réunion annuelle des élites de l’Otan, la « Conférence sur la Sécurité de Munich », débutait. L’un des invités les plus remarqués était le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy. Le 19, Il prenait la parole et déclarait que son pays ambitionnait de se doter de l’arme nucléaire face à la Russie. Le 20, la Douma était en ébullition à Moscou et votait une motion demandant au président Poutine de reconnaître les deux républiques du Donbass comme indépendantes, ce qu’il faisait dans la précipitation le 21 au soir. Il n’y avait même pas de drapeaux des deux nouvelles nations au Kremlin.

Le 24, l’opération militaire russe débutait par un bombardement massif des systèmes de défense anti-aériens, puis des usines d’armement et des casernes des bandéristes (les néo-nazis ukrainiens). La stratégie militaire russe avait été improvisée, comme la reconnaissance diplomatique des républiques du Donbass. Les troupes déployées étaient déjà épuisées par les manœuvres qu’elles venaient d’effectuer en Biélorussie.

La Maison-Blanche et la presse occidentale, au contraire, faisant l’impasse sur la guerre du Donbass et sur les déclarations du président Zelenski, affirmait que tout cela était prévu depuis longtemps et que les troupes russes avaient été positionnées à l’avance. Le dictateur Poutine, ne supportant pas le choix des Ukrainiens pour la Démocratie, les contraignait à réintégrer son Empire comme Léonid Brejnev avait mis au pas les Tchécoslovaques, en 1968. Cette lecture des événements a semé la panique chez tous les anciens membres du Pacte de Varsovie et l’Union soviétique (qui ont oublié que Brejnev n’était pas russe, mais ukrainien).

Depuis lors, appliquant la technique mise au point par Jamie Shea lors de la guerre du Kosovo, l’Otan écrit chaque jour une nouvelle histoire édifiante sur les crimes de la Russie. Cela va du bombardement irresponsable d’une centrale nucléaire ukrainienne à la frontière russe, à l’anecdote attendrissante d’un jeune enfant qui atteint seul la liberté en traversant l’Europe jusqu’à Berlin. Tout cela est ridicule et atterrant, mais largement repris sans réflexion, ni vérification, par les médias occidentaux.

Joel Lion, alors ambassadeur à Kiev, mettait en garde contre les bandéristes. Il est aujourd’hui en poste au ministère des Affaires étrangères en Israël.

LA GUERRE DIPLOMATIQUE

 

Comme les choses vont mal pour l’armée ukrainienne et ses supplétifs bandéristes (ou « néo-nazis » selon la terminologie russe), le président Zelenski a sollicité l’ambassade de Chine à Kiev pour transmettre une demande de négociation au Kremlin dès le second jour du conflit. Les États-Unis s’y sont d’abord opposés avant de laisser faire. Durant les contacts, la France et l’Allemagne ont pris des initiatives avant d’être remplacés par la Turquie et Israël. C’est bien normal. En effet, la France et l’Allemagne ont failli à leurs responsabilités en laissant massacrer par Kiev 13 000 à 22 000 personnes en violation des accords de Minsk dont ils étaient les garants. Tandis que la Turquie a soutenu les Tatars ukrainiens sans pour autant mener d’action en Ukraine et qu’Israël a soudain pris conscience que le danger bandériste (c’est-à-dire « néo-nazi ») que son ambassadeur à Kiev dénonçait était bien réel.

Ces négociations se déroulent bien, malgré l’assassinat par les bandéristes ukrainiens d’un délégué de leur propre pays, le banquier Denis Kireev, coupable à leurs yeux d’avoir prétendu que les Ukrainiens et les Russes étaient des frères slaves. Malgré aussi la bourde du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a cru malin de rappeler lourdement que la France est une puissance nucléaire, provoquant la mise en alerte nucléaire de la Russie.

Ces négociations pourraient se terminer d’une manière difficile à imaginer : l’Ukraine, qui avait inclus 102 000 bandéristes dans ses forces de Défense territoriales, pourrait être désarmée et placée sous la protection des États-Unis et du Royaume-Uni (c’est-à-dire en pratique de l’Otan). C’est en effet le seul moyen de respecter les traités, notamment les déclarations d’Istanbul (1999) et d’Astana (2010). L’Ukraine a le droit de choisir ses alliés, mais pas d’accueillir d’armes étrangères chez elle. Elle peut donc signer des accords de Défense, mais pas être placée dans un commandement intégré. C’est une position très gaullienne : Charles De Gaulle avait maintenu la signature de la France au Traité de l’Atlantique-Nord, mais avait retiré l’armée française du commandement intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (Otan) et avait chassé les soldats états-uniens du sol français.

La Russie devrait occuper durablement, voire annexer, la côte de la mer d’Azov (y compris Marioupol) de manière à joindre la Crimée au Donbass. En outre, elle devrait occuper, voire annexer, le canal de Crimée du Nord qui approvisionne en eau potable la péninsule criméenne. Enfin, elle pourrait occuper, voire annexer, la côte de la mer Noire (y compris Odessa) de manière à joindre la Crimée à la Transnistrie. La minorité hongroise, elle aussi victime des bandéristes qui ont fermé ses écoles, pourrait être rattachée à la Hongrie. Cependant, le mieux est l’ennemi du bien : la perte d’accès de l’Ukraine à la mer pourrait être une cause de conflit futur.

La seule chose qui est certaine, c’est que la Russie poursuivra son action jusqu’à la neutralisation de tous les bandéristes et qu’Israël la soutiendra pour cela, mais pas au-delà. De ce point de vue, le meeting que le président Poutine a convoqué à Moscou « contre les nazis » n’est pas un simple message de détermination à son opinion publique, c’est déjà un cri de victoire. Tous les monuments à la gloire de Stepan Bandera et des nazis devront être détruits. Les autres nations qui ont soutenu les néo-nazis, notamment la Lettonie, devraient le prendre pour dit.

Sergey Glazyev fait son grand retour. Après avoir joué un rôle dans la privatisation des biens collectifs soviétiques, il pourrait construire un nouveau système financier global.

LA GUERRE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

 

C’est là que tout se joue pour les États-Unis. Ils sont parvenus en quelques jours à faire prendre des mesures unilatérales (et donc illégales en droit international) à tous leurs alliés. Mais ces mesures, qualifiées de « sanctions » quoique sans jugement, ne sont pas tenables à moyen terme. D’ores et déjà elles ont suscité une spéculation effrénée sur l’énergie et une hausse des prix immédiate en Europe. Les grandes entreprises européennes quittent la Russie la mort dans l’âme. Elles assurent le Kremlin qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles espèrent revenir au plus vite.

Le président Vladimir Poutine met en avant les libéraux que l’on accusait il y a peu d’être vendus à l’étranger. L’ancien président Dmitri Medvedev est à nouveau en grâce. La directrice de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, qui avait été choisie au moment de l’idylle avec l’Ouest, a été présentée à la Douma pour se succéder à elle-même, mais désormais pour travailler avec d’autres partenaires. Sergey Glazyev, dont le nom est associé aux privatisations de l’ère Yelstin, s’est vu confier la création d’un nouveau système économique et financier qui puisse se substituer à celui conçu par les Anglo-Saxons en 1944, à Bretton Woods. Tout leur est pardonné pourvu qu’ils garantissent aux Chinois et à la Communauté économique eurasiatique (Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie, Tadjikistan) qu’ils ne seront pas étatistes.

Le pape François a accepté de réveiller les vieux démons des croisades. Le 25 mars, il consacrera l’Ukraine et la Russie au Cœur immaculé de Marie, selon les vœux de celle-ci transmis par les voyants de Fatima lors de la révolution russe.

LA GUERRE IDÉOLOGIQUE

 

La paix en Ukraine ne réglera pas le conflit russo-US ouvert depuis le 17 décembre 2021. Celui-ci continuera avec d’autres affrontements. Pour leur part, les Straussiens, qui ont usé et abusé des arguments religieux pour attaquer la Russie en Bosnie-Herzégovine, en Afghanistan, en Tchétchénie et au Moyen-Orient élargi, ont bien l’intention de les utiliser au plan global.

Souvenons-nous, l’orientaliste straussien Bernard Lewis (ancien agent des services secrets britanniques, puis membre du Conseil de sécurité nationale US, puis conseiller de Benjamin Netanyahu) avait conçu un moyen pour mobiliser les arabes, à la place des Occidentaux, contre les Russes. C’était la stratégie du « choc des civilisations ». Il avait expliqué qu’en Afghanistan, les croyants musulmans devaient se battre contre les Soviétiques athées. C’est cette vision qui a été concrétisée par les arabes-afghans d’Oussama ben Laden. La même stratégie a été utilisée avec succès en Bosnie-Herzégovine et en Tchétchénie. Sur le premier théâtre d’opération, l’Otan s’est appuyée sur l’armée saoudienne et sur les Gardiens de la Révolution iraniens (ainsi que sur quelques éléments du Hezbollah libanais). Un Staussien, Richard Perle, est même devenu le conseiller diplomatique du président bosniaque Alija Izetbegović, dont Oussama Ben Laden était le conseiller militaire. Plus tard, durant la Seconde Guerre de Tchétchénie, les Straussiens ont organisé l’alliance entre les Bandéristes ukrainiens et les islamistes tchétchénes (congrès de Ternopol, 2007), avec le soutien logistique de la Milli Görüş (alors dirigée par Recep Tayyip Erdoğan). Tous se sont battus côte-à-côte pour l’Émirat islamique d’Itchkérie (Tchétchénie). En définitive, la stratégie de Bernard Lewis fut popularisée par son assistant, Samuel Huntington. Cependant, il ne la présenta plus comme un plan militaire, mais comme une fatalité expliquant opportunément l’attribution des attentats du 11 septembre 2001 aux musulmans en général.

Considérant que rien n’arrête les gens qui se battent en croyant servir Dieu, les Straussiens ont décidé depuis quatre ans déjà de réactiver le schisme qui sépara les Catholiques des Orthodoxes au XIème siècle. Ils se sont d’abord attelés à scinder l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou. Ils y sont parvenus avec l’aide de la Turquie qui a fait pression sur le patriarche de Constantinople. Il s’agit maintenant de déchaîner les passions en ressuscitant les prophéties de Fatima. En 1917, juste après la révolution russe, des voyants portugais eurent des apparitions de la Vierge Marie. Celle-ci leur confia différents messages, dont un dénonçant implicitement le renversement du Tsar de droit divin. La Russie était présentée comme choisissant le Mal et tentant de le répandre. Par consquent, le conseiller de Sécurité nationale, Jake Sullivan, s’est rendu à Rome, à l’occasion d’une rencontre avec la Chine, en fait pour convaincre le pape François. Il y est parvenu.

Un calendrier a été mis au point. Le président Zelenski s’adressera au parlement français, puis le président Biden viendra en Europe présider un sommet extraordinaire de l’Otan, et enfin le pape François, réalisant la prière de la Vierge Marie à Fatima, consacrera l’Ukraine et la Russie au Cœur immaculé de la Vierge. Ce montage peut apparaître artificiel, mais son effet devrait être puissant. Pour beaucoup de catholiques, combattre la Russie deviendra un devoir religieux.

 

CONCLUSION

 

Dans les prochaines semaines, le président Joe Biden devra s’essayer à un nouveau discours. Il s’agira de présenter la paix en Ukraine comme une victoire de la sagesse. Peu importe que les Ukrainiens aient joué et perdu. Peu importe que les bandéristes soient prisonniers ou morts. Peu importe que l’Ukraine perde son accès à la mer. Les Alliés seront invités à augmenter leurs dépenses militaires et à payer avec leurs deniers pour tout ce carnage.

PS. Ma chronique de la semaine dernière a été illustrée par erreur avec une photographie de Reinhard Gehlen à la place d’une de Stepan Bandera. Nous vous prions de nous en excuser.

Vladimir Poutine expose les raisons et objectifs de l’intervention russe en Ukraine.

Source : Le cri des peuples.

Rencontre avec des membres féminins du personnel navigant des compagnies aériennes russes

Vladimir Poutine a visité le centre de formation aéronautique d’Aeroflot et a rencontré des membres féminins du personnel navigant des compagnies aériennes russes, le 5 mars 2022.

Source : en.kremlin.ru

Traduction : lecridespeuples.fr

Transcription :

Vladimir Poutine : […] Le peuple russe a toujours traité l’aviation avec beaucoup de respect et d’intérêt, en particulier à l’égard des femmes dans l’aviation. Il me semble que les premières femmes aviatrices russes sont apparues au début du 20e siècle et qu’elles se sont forgé une réputation pendant la Grande Guerre patriotique. Nous connaissons tous ces noms célèbres de régiments d’aviation féminins et leur bilan de combat. Aujourd’hui, les femmes occupent tous les postes, y compris ceux de contrôleurs aériens, d’ingénieurs, de techniciens et, je le répète, les hôtesses de l’air et les pilotes. Dans l’ensemble, il s’agit d’une force féminine importante qui complète la section masculine du secteur de l’aviation.

Je pense que c’est tout pour les remarques liminaires, car il serait plus utile et pertinent que je réponde à vos questions. Alors, passons à cette partie maintenant.

Encore une fois, félicitations l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Remarque : Merci.

Avez-vous des questions ? Ou irons-nous juste prendre un thé ?

Maria Kotova : Nous avons des questions.

Bonjour, Vladimir Vladimirovich,

Je m’appelle Maria Kotova. Je suis le copilote de l’avion de ligne Airbus A320 exploité par Aeroflot.

Ma question porte sur la situation actuelle en Ukraine. Nous soutenons tous vos actions et l’opération spéciale qui s’y déroule. Bien sûr, la question la plus importante que, d’une manière ou d’une autre, chacun de nous se pose ces derniers temps est : pourquoi cette opération spéciale a-t-elle été lancée ? Cela n’aurait-il pas pu être évité ?

Dans notre esprit, nous comprenons et soutenons fermement vos actions, mais en tant que femmes, nous nous inquiétons pour nos familles et nos proches qui vivent en Ukraine. Nous sommes conscients que les civils ne sont pas ciblés. Mais tout de même, nous aimerions que vous nous rassuriez : que trouverons-nous au bout de ce chemin ? Par quoi l’opération militaire en Ukraine est-elle censée se terminer ?

Merci.

Vladimir Poutine : Je vais donner un bref aperçu et partir, comme on dit dans de tels cas, du « centre du terrain ». Je l’ai mentionné au début de l’opération et avant même que cette décision ne soit prise, ce qui fut sans doute une décision difficile à prendre.

De quoi est-il question ? Le fait est qu’après le coup d’État anticonstitutionnel en Ukraine, malheureusement fortement soutenu par les pays occidentaux… Avouons-le. Ils ne cachent pas le fait qu’ils y ont dépensé 5 milliards de dollars américains, distribué des cookies sur la place Maïdan, etc. Et puis, au lieu de remettre la situation sur les rails, même si c’était hors de contrôle, même si c’était ce qu’on appelle un « acte excessif » – c’est une telle notion juridique– , c’est-à-dire qu’ils ont prévu une chose, mais en ont fait une autre. Quoi qu’il en soit, ils auraient pu et dû ramener cette situation sur la voie politique. De plus, juste avant le coup d’État, trois ministres des Affaires étrangères sont venus à Kiev en 2014, ont signé un accord avec les autorités en place et se sont portés garants de ces accords à l’effet que la situation resterait sur la voie politique.

Mais ils n’ont rien fait de la sorte. Ils ont perpétré un coup d’État et soutenu les auteurs. Puis ont suivi les événements bien connus liés à la Crimée et au sud-est de l’Ukraine, le Donbass, dont les habitants ont refusé de soutenir le coup d’État.

Comme vous le savez, la Crimée a pris une décision, les gens sont venus au référendum et ont voté pour faire à nouveau partie de la Fédération de Russie. Naturellement, nous ne pouvions que les soutenir, d’autant plus qu’ils étaient menacés par les nationalistes et les néo-nazis. Il y a beaucoup de preuves qu’ils avaient raison.

Sur l’EuroMaïdan et les événements en Crimée, voir l’indispensable documentaire Crimée : le retour à la patrie

Plus tard, ou pratiquement en parallèle, des événements ont commencé dans le Donbass. Quel a été le résultat ? Les personnes qui ont commencé à résister à ces développements ont été persécutées. Kiev a lancé des opérations militaires sur ce territoire. Ils ont mené deux opérations punitives à grande échelle avec l’utilisation d’armes lourdes et d’avions de combat. Ils ont attaqué Donetsk directement avec des chars et bombardé ses squares depuis des avions.

Les deux campagnes militaires ont échoué. Ils ont subi deux défaites. Cela a été suivi par l’émergence des soi-disant Accords de Minsk ou « Paquet de mesures », pour utiliser leur nom officiel. Ils montraient la voie vers un règlement pacifique de ce conflit. Et nous avons tout fait pour que les développements suivent cette veine afin de restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de protéger les intérêts des personnes qui vivent sur ces territoires.

Et qu’ont exigé [Donetsk et Lougansk] ? L’essentiel : le droit de parler leur langue maternelle, c’est-à-dire la langue russe, et de suivre leurs traditions et leur culture. Il n’y avait pas de demandes particulières. Rien de spécial.

Mais non. Ces territoires ont été assiégés et coupés du système bancaire, de l’approvisionnement alimentaire et du paiement des pensions et autres allocations. Parfois, des aumônes ont été jetées. Mais pour recevoir ces prestations et pensions, les gens devaient franchir la ligne de démarcation [à leurs risques et périls].

Maintenant, écoutez attentivement. Peut-être que cela semblera difficile, mais la situation m’oblige à dire de telles choses. Vous voyez parfois que des chiens errants attaquent des gens dans différentes régions. Ils blessent et même tuent des gens (c’est un problème à part et les autorités locales doivent s’en occuper). Ensuite, nous voyons comment ces chiens sont empoisonnés ou abattus. Mais écoutez, les gens du Donbass ne sont pas des chiens errants. De 13 000 à 14 000 personnes ont été tuées au cours de ces années. Plus de 500 enfants ont été tués ou mutilés.

Mais le plus insupportable, c’est que le soi-disant « Occident civilisé » a préféré fermer les yeux sur ces événements pendant toutes ces années. Plus de huit ans !

ans !

 

Voir le documentaire Donbass d’Anne-Laure Bonnel

De plus, récemment, les autorités de Kiev ont commencé à dire sans ambages qu’elles ne respecteraient pas ces accords. Leurs responsables le disent sur les écrans de télévision et en ligne. Ils disent publiquement : « Nous ne les aimons pas, nous ne ferons rien. »

Pendant ce temps, la Russie a continué d’être accusée de ne pas respecter ces accords. C’est tout simplement du non-sens, le théâtre de l’absurde : le blanc s’appelle noir et le noir s’appelle blanc.

C’est devenu pire ces derniers temps. Soudain, on a recommencé à parler de l’admission de l’Ukraine à l’OTAN. En fait, cela dure depuis longtemps, mais ça s’est intensifié ces derniers temps. Comprenez-vous à quoi cela pourrait mener ou même peut encore mener ? Si l’Ukraine est un pays de l’OTAN, alors conformément au Traité de l’Atlantique Nord, tous les autres membres doivent soutenir ce pays en cas de conflit militaire.

Personne ne reconnaît la Crimée comme faisant partie de la Russie, à part vous et moi. Ils mènent des opérations militaires dans le Donbass, et ils s’en prendront également en Crimée, et nous devrons nous battre avec toute l’organisation de l’OTAN. Voyez-vous ce que cela signifie ?

Les conséquences sont-elles suffisamment claires ? Je pense que tout le monde comprend.

Maintenant, l’Ukraine parle d’acquérir un statut nucléaire, c’est-à-dire d’acquérir des armes nucléaires. Nous ne pouvons pas non plus ignorer de telles choses, surtout parce que nous savons comment le soi-disant Occident agit à l’égard de la Russie. Premièrement, l’Ukraine a des compétences nucléaires depuis l’époque soviétique. En ce qui concerne l’enrichissement et les matières nucléaires, ils sont capables de lancer de tels projets. Ils ont des compétences en matière de missiles. Qu’il suffise de mentionner Yuzhmash, qui créait des équipements de missiles balistiques intercontinentaux pour l’Union soviétique. Ils peuvent l’améliorer et le faire. Et ils recevront également de l’aide de l’autre côté de l’océan. Et puis ils diront que nous ne reconnaissons pas leur statut nucléaire, qu’ils l’ont atteint eux-mêmes, et ils mettront ces systèmes sous contrôle, et à partir de ce moment, à partir de cette seconde, l’avenir de la Russie changera de manière dramatique. Désormais, nos adversaires stratégiques n’auraient même plus besoin de missiles balistiques intercontinentaux. Ils seraient capables de nous maintenir en joue sous la menace nucléaire, et ce serait tout.

Mais comment pouvons-nous laisser cela passer inaperçu ? Ce sont des menaces absolument réelles, pas des bêtises farfelues. Et nos jeunes hommes qui se battent là-bas en ce moment donnent leur vie, ils donnent leur vie pour se battre pour notre avenir, pour l’avenir de nos enfants. C’est une chose tout à fait évidente.

Ceux qui ne veulent pas comprendre cela, en particulier parmi les dirigeants d’aujourd’hui, doivent comprendre que s’ils continuent à faire ce qu’ils font –je l’ai déjà dit aussi– ils remettront en question l’avenir même de l’État ukrainien. Et si cela se produit, ce sera entièrement sur eux.

Qu’est ce qu’il se passe maintenant ? J’ai déjà parlé des objectifs que nous avons identifiés.

Le premier est de protéger les habitants du Donbass, bien sûr. Comment ? En démilitarisant et dénazifiant l’Ukraine et en lui donnant un statut neutre. Pourquoi ? Parce qu’un pays neutre n’envisagera pas d’adhérer à l’OTAN. À l’heure actuelle, leur Constitution dit qu’ils envisagent de rejoindre l’OTAN. Vous comprenez, ils ont inclus cela dans la Constitution.

Qu’entend-on par dénazification ? J’en ai parlé avec mes collègues occidentaux : « Et alors ? Vous avez aussi des nationalistes radicaux [en Russie]. » Oui, c’est vrai, mais nous n’avons pas de personnes ayant des opinions extrêmes au sein du gouvernement. Et tout le monde admet que côté ukrainien, ils en ont. Oui, nous avons peut-être des imbéciles qui se promènent avec la croix gammée en Russie, mais soutenons-nous cela au niveau gouvernemental ? Avons-nous des milliers de personnes qui défilent avec des torches à Moscou ou dans nos autres capitales régionales, avec la croix gammée et avec des torches, comme dans les années 1930 en Allemagne ? Avons-nous cela ? Non, c’est ce qui se passe en Ukraine, et ils le soutiennent. Soutenons-nous ceux qui ont tué des Russes, des Juifs et des Polonais pendant la guerre ? Les salue-t-on en héros ? Non, mais en Ukraine, c’est ce qu’ils font.

Ce qui se passe maintenant est également très important. Regardez, des citoyens étrangers ont été pris en otage à Soumy et à Kharkov –plus de 6 000 jeunes, des étudiants. Ils ont été conduits à une gare et y ont été retenus pendant trois jours. Nous en avons parlé à tout le monde et avons envoyé cette information aux dirigeants actuels de l’Ukraine. « Oui, oui, bien sûr, nous allons nous en occuper maintenant. » Nous en avons informé les dirigeants des grands pays européens. Je leur ai parlé personnellement. « Oui, oui, nous allons les influencer tout de suite. » Nous en avons parlé au Secrétaire général de l’ONU : « Oui, oui, nous allons régler ce problème maintenant. » Mais personne ne fait rien à ce sujet.

Ils traitent encore pire ceux qu’ils considèrent comme leurs propres concitoyens. Ils les utilisent simplement comme des boucliers humains.

Cela se passe à Marioupol en ce moment même. Ils nous ont appelés du gouvernement, de Kiev et ont parlé avec nos militaires : « Fournissez des couloirs humanitaires pour que les gens puissent partir. » Bien sûr, nous avons réagi instantanément et avons même suspendu les hostilités. Nous avons regardé ce qui se passait. Personne n’était autorisé à sortir. Comprenez-vous ce qu’ils font ? Ils ne laissent personne partir mais utilisent les gens comme boucliers humains. Qui sont-ils ? Des néo-nazis, bien sûr.

 

On y note la présence de militants du Moyen-Orient et de certains pays européens. On les connaît, on entend leurs communications. Ils utilisent des soi-disant Jihad-mobiles [voitures kamikazes] : ils bourrent les voitures d’explosifs et foncent vers nos troupes. Mais ils n’arrivent à rien et ils n’atteindront pas leurs objectifs.

Qui sont-ils sinon des néo-nazis ? C’est par ces actions qu’ils détruisent leur propre pays et leur État.

Par conséquent, l’une de nos principales revendications est la démilitarisation. En d’autres termes, nous aidons les gens, les habitants du Donbass à obtenir un statut neutre et à démilitariser le pays car nous devons comprendre clairement quelles armes s’y trouvent, où elles sont déployées et qui les contrôle.

Voir La Russie accuse le Pentagone d’avoir développé des armes biologiques en Ukraine

Différentes options sont possibles ici. Nous en discutons maintenant, en particulier, avec des représentants du gouvernement de Kiev lors des pourparlers en Biélorussie. Nous sommes reconnaissants au Président Loukachenko d’avoir organisé ces rencontres et de nous avoir aidés à les mener. Nos propositions sont sur la table des négociations. Nous espérons qu’un groupe de négociateurs de Kiev leur répondra positivement.

C’est plus ou moins ce que je voulais dire sur la question. Continuons.

Yulia Shvidkaya : Yulia Shvidkaya, copilote avec Aeroflot Airlines.

Bonjour, Vladimir Vladimirovich.

J’ai une question sur la situation actuelle. Le fait est qu’il y a tellement de rumeurs sur la possibilité d’une loi martiale, l’enrôlement de volontaires, l’appel de réservistes, et que les nouveaux conscrits seront envoyés en Ukraine.

Pouvez-vous nous dire précisément si la loi martiale sera déclarée et si des conscrits seront envoyés en Ukraine ?

Voir Terreur à Marioupol : des centaines de milliers de civils pris en otage par les néo-nazis

Vladimir Poutine : Une grande partie de ce qui se passe actuellement, de ce que nous pouvons voir et de ce à quoi nous nous heurtons, ce sont des méthodes de combat contre la Russie. D’ailleurs, les sanctions qui nous sont imposées sont comme une guerre. Heureusement, on n’en est pas encore là.

Je pense que nos soi-disant partenaires comprennent à quoi cela peut mener et quel est l’enjeu, malgré leurs déclarations imprudentes, par exemple, comme la déclaration de la ministre britannique des affaires étrangères, lorsqu’elle a laissé échapper que l’OTAN pourrait s’impliquer dans le conflit. Et nous avons dû immédiatement prendre la décision de mettre nos forces de dissuasion en état d’alerte maximale.

Leur réaction a été instantanée : ils ont dit qu’il s’agissait d’un malentendu. Mais personne ne l’a démentie (la ministre britannique des Affaires étrangères est une femme), et personne n’a désavoué ces déclarations. Ils auraient pu nous dire quelque chose comme : « Vous savez, c’est son opinion personnelle, ne faites pas attention. » Mais personne n’a prononcé un seul mot ! Que devrions-nous penser de cela ? Comment doit-on le considérer ? Bien sûr, nous avons pris cette déclaration comme un avertissement et avons agi en conséquence.

Et maintenant, je vais répondre à votre question sur les volontaires, les conscrits, la loi martiale, etc. En vertu de la loi, la loi martiale est déclarée par un décret présidentiel, qui doit être approuvé par le Conseil de la Fédération, en cas d’agression étrangère, en particulier dans les zones d’hostilités.

Ce n’est pas le cas maintenant, et j’espère qu’on n’en arrivera pas là. C’est le premier point.

Deuxièmement, à propos de l’état d’alerte. Il existe plusieurs options : la loi martiale ou l’état d’alerte, qui est également déclaré par un décret présidentiel et approuvé par le Conseil de la Fédération en cas de menaces internes à grande échelle.

Il y a aussi l’état d’urgence. Il est généralement déclaré dans une région spécifique ou dans tout le pays en cas de catastrophe d’origine humaine, de catastrophe naturelle, etc. Heureusement, ce n’est pas le cas non plus.

Nous n’envisageons pas de déclarer l’état d’alerte sur le territoire de la Fédération de Russie. Il n’y a pas de tels plans et aucune nécessité pour cela maintenant.

Oui, nous voyons que des tentatives sont faites pour déstabiliser notre société. C’est d’ailleurs une preuve supplémentaire de ce que j’ai dit, à savoir que nous n’avons pas affaire à des radicaux ordinaires mais à des néonazis. Notre peuple peut exprimer librement ses opinions sur ce qu’il aime ou n’aime pas dans nos actions en Ukraine. Mais en Ukraine, ceux qui expriment des opinions comme le font les membres de la partie soi-disant libérale de notre société sont attrapés dans la rue et fusillés. Nous en avons la preuve. Nos services de sécurité collectent ces informations et les fourniront ultérieurement. Ils sont tout simplement abattus. Dans notre pays, certains de nos intellectuels libéraux organisent des rassemblements de protestation, mais ceux qui disent des choses similaires sur la Russie en Ukraine sont tout simplement exécutés sur-le-champ, sans inculpation ni procès.

Maintenant, à propos de la loi martiale. Pour rappel, elle est généralement imposée en cas d’agression extérieure, de menace militaire. J’espère que cela n’arrivera pas, malgré les déclarations irresponsables de certains dirigeants occidentaux.

Nous entendons des voix selon lesquelles une zone d’exclusion aérienne devrait être imposée au-dessus de l’Ukraine. Il est impossible de faire cela en Ukraine même. Cela ne peut se faire qu’à partir du territoire des États voisins. Cependant, nous considérerons tout mouvement dans ce sens comme une participation au conflit armé du pays à partir duquel le territoire crée une menace pour nos militaires. Nous les considérerons comme des participants aux hostilités dès la seconde même où ils prendront cette décision. Leur appartenance à telle ou telle organisation [OTAN ou autre] n’aura alors aucune importance. Donc j’espère que la compréhension de ce point est claire et que cela n’arrivera pas non plus.

Seuls des militaires professionnels –officiers et soldats de métier– participent à cette opération. Il n’y a pas de conscrits et nous ne prévoyons pas de les impliquer. Pour rappel, seuls les hommes qui ont fait un choix volontaire très responsable de participer à cette opération et de défendre leur Patrie participent à cette opération. Ils s’acquittent honorablement de cette mission. Dans ma réponse à votre première question, j’ai donné la raison pour laquelle il en est ainsi et pourquoi nous sommes en droit de le dire.

Il en va de même pour ceux qui sont appelés aux camps d’entraînement. Nous ne prévoyons pas non plus d’envoyer cette catégorie en Ukraine. Ils sont régulièrement appelés dans des camps d’entraînement. Ils ont été appelés avant et ils seront appelés après. Mais nous n’allons pas faire participer cette catégorie à ce conflit, à cette opération. Nous avons suffisamment de forces et de moyens pour faire face aux tâches que nous nous sommes fixées avec l’utilisation de l’armée professionnelle.

Soit dit en passant, en parlant de l’opération elle-même, je sais qu’il y a beaucoup de spéculations à ce sujet. Franchement, je n’ai pas le temps d’en parler, mais on me rapporte qu’il y a beaucoup de bavardages sur ce qui se passe. Tous les analystes voient ce qui se passe, donc je ne vous révélerai aucun secret. Nous aurions pu agir de différentes manières. Nous pourrions simplement (en passant, cela répond en partie à votre question) aider les républiques du Donbass directement sur la ligne de contact, en première ligne, pour ainsi dire, et simplement les renforcer avec notre armée. Mais dans ce cas, l’autre côté, je veux dire le soutien inconsidéré aux nationalistes et aux radicaux venant de l’Occident, aurait fourni un soutien sans fin avec les ressources matérielles, les munitions, l’équipement, etc.

Par conséquent, notre état-major et le ministère de la Défense ont pris une autre voie. La première chose qu’ils ont faite a été de détruire toute l’infrastructure militaire ukrainienne. Pas complètement mais la plupart : dépôts d’armes et de munitions, avions et systèmes de défense aérienne. Détruire les systèmes de défense aérienne prend un certain temps (vous êtes des civils, mais vous êtes connecté à l’aviation), ils doivent être identifiés puis touchés. Ce travail est pratiquement terminé. D’où la demande d’imposer une zone d’exclusion aérienne. Cependant, cela aurait des conséquences énormes et désastreuses non seulement pour l’Europe, mais aussi à l’échelle mondiale. Je pense que ceux de l’autre côté qui ne sont pas complètement perdus le comprennent.

C’est pourquoi nous avons choisi cette voie, et elle s’est avérée tout à fait correcte. Nos militaires travaillent sans hâte et mettent tout en œuvre pour assurer la sécurité des civils. Malheureusement, ces bandits, les néo-nazis n’épargnent pas les gens. Ils abattent même leurs propres militaires qui ne veulent pas offrir de résistance armée. Nous connaissons également ces faits. Les nationalistes, les pro-Bandera, les néo-nazis –il est difficile de les appeler autrement– tirent sur leurs propres militaires. Ces nationalistes ont été placés dans presque toutes les unités militaires, jusqu’à plusieurs dizaines dans chacune, et ils agissent exactement de cette manière cruelle.

Mais je répète que nous n’engageons pas et n’allons pas engager des conscrits ou des réservistes dans cette opération militaire. J’estime que notre armée accomplira toutes les tâches auxquelles elle est confrontée, et je n’ai pas le moindre doute là-dessus. Le déroulement même de l’opération le prouve. Tout se déroule comme prévu et tout se fait selon le plan de l’état-major.

Quant aux volontaires et à ces jeunes qui viennent dans les postes de recrutement militaire, nous leur sommes reconnaissants pour cet élan patriotique et la volonté de soutenir le pays et les Forces Armées. Le fait même de leur venue importe, c’est sûr. Cependant, leur aide n’est pas nécessaire pour le moment, et je crois qu’elle ne le sera pas.

Je me tourne vers les caméras pour qu’elles me voient et m’entendent dire « Merci ».

Continuons. […]

Voir également notre dossier sur la situation en Ukraine.

Jour Z+16, Situation dans le Donbass

Un rapide point de situation militaire dans le Donbass au 16ème jour du commencement des opérations militaires russes en Ukraine et qui ont fourni des forces d’appui aux milices républicaines pour la reconquête de leur territoires occupés par les forces ukrainiennes depuis la stabilisation du front en février 2015.

8 ans après que le feu ukrainien se soit abattu sur le Donbass c’est aujourd’hui au tour du feu russe de punir ces forces ukro-atlantistes qui ont entrainé l’Europe au bord du chaos mondial 

Situation générale dans le Donbass au 11 mars 2022

La veille du déclenchement de ce qui est populairement nommé l’ « Opération Z » des forces russes (24 février), les forces armées ukrainiennes avaient concentré dans le Donbass environ 150 000 hommes (soit 60% environ de leurs unités de combat) et dans un dispositif offensif qui devait être activé contre les républiques de Donetsk et Lugansk début mars (confirmé par des renseignements collectés depuis sur les Etats majors conquis).

A cours des 10 premiers jours les opérations combinées entre les russes et les républicains de Donetsk et Lugansk se sont concentrées au Nord et au Sud du Donbass pour réaliser leurs jonctions et réaliser ainsi une continuité d’une nouvelle ligne de front en forme de fer à cheval allant de la région de Kiev au Nord jusqu’à celle de Kherson au Sud.

  • Au Nord, les milices de Lugansk en libérant leurs villages ont réalisé un mouvement tournant autour de Severodonetsk et Lisichansk pour pouvoir, avec les forces russes venant de Koupiansk, mener une offensive vers Slaviansk, ville symbolique où la guerre a commencé en avril 2014, et surtout Kramatorsk où se situe l’Etat Major des forces armées ukrainiennes dans le Donbass et leurs forces de réserve. Actuellement des combats importants se déroulent à l’Ouest d’Izioum, qui est à la fois le verrou Nord du front ukrainien de Kramatorsk et du couloir Nord de l’encerclement large du Donbass.
Une offensive double (russe à l’Ouest venant de Koupiansk et républicaine à l’Est, venant de Lugansk) progresse vers le Sud en direction de Slaviansk, la ville symbole où débuta la rébellion du Donbass en avril 2014. Et juste au Sud de Slaviansk, se trouve à Kramatorsk l’Etat Major des forces ukrainiennes du Donbass.
  • Au Sud, les milices de Donetsk, en libérant elles aussi leurs villages occupés, ont réalisé d’une part une offensive sur Volnovakha, un important carrefour routier et ferroviaire constituant un point d’appui central du front ukrainien entre Donetsk et Marioupol, et d’autre part une jonction avec les forces russes venant de Crimée pour verrouiller l’encerclement des forces ukrainiennes dans Marioupol, le grand port industriel de la Mer d’Azov, où des unités d’assaut républicaines ont déjà pris pied dans des quariers périphériques Ouest (voir chapitre suivant). Plus à l’Ouest de la ville portuaire, les forces russes concentrent leurs actions offensives dans les secteurs de Orekhov et Gulyaï Pole pour engager l’encerclement large du Donbass depuis le Sud.
A l’issue de la bataille de Volnovakha, les forces républicaines poursuivent leur avancée vers le Nord Ouest, en libérant de nouveaux villages de l’occupation ukrainienne (en orange), poussant ainsi le front ukrainien à se replier vers le Nord.
  • Au centre, entre Kirovsk au Nord et Dokuchaïevsk au Sud, aucune offensive majeure n’a été lancée par les Républiques de Lugansk et Donetsk à par des frappes d’artillerie importantes auxquelles des attaques aériennes russes se sont jointes pour neutraliser les positions d’artillerie ukrainiennes qui continuent à bombarder les territoires des républiques jusqu’au coeur des zones résidentielles. Le risque d’une offensive ukrainienne est toujours présent, d’une part parce que les forces de Kiev sont encore importantes dans cette région et d’autre part parce que menacées par un encerclement large à l’Ouest elles pourraient être tenté de chercher à capturer une ville comme Gorlovka par exemple pour s’y retrancher dans une action militaro-médiatique.
Destruction d’un bunker ukrainien à Peski (Ouest aéroport) par une équipe antichar du bataillon « Sparta »

Depuis le début des opérations de libération des territoires occupés de par Kiev 79 miliciens de la République populaire de Donetsk sont morts au combat et 251 autres ont été blessés.

Les bombardements ukrainiens continuent 

Malgré des frappes terrestres et aériennes subies, les forces ukrainiennes continuent leurs bombardements lourds sur les zones résidentielles de Gorlovka, Donetsk et Dokuchaïevsk.

Maison du quartier de Trudovsky (Sud Ouest Donetsk) détruite par des tirs ukrainiens

Il est à noter que les forces ukrainiennes emploient régulièrement des lance roquettes multiples et des missiles tactiques « Tochka U » sur des quartiers résidentiels civils pourtant très éloignés de tout objectif militaire républicain. Au cours des derniers 24 jours les forces de défense antiaérienne de Donetsk ont abattu 14 Tochka U en approche, et rien que pour cette journée du 12 mars pas moins de 128 munitions de gros calibres ont été tirées par les ukrainiens sur les agglomérations de la  république de Donetsk.

Ainsi dans l’après midi l’artillerie lourde ukrainienne a tiré 20 roquettes de Lance Roquettes Multiples de 122mm « Grad » et 15 obus d’obusier de 122mm ‘Gozdika »

12 mars 2022, Donetsk, en fin d’après midi un nouveau bombardement de l’artillerie lourde ukrainienne frappe dans la ville le marché de Mayak heureusement fermé  du fait de la mobilisation. Ici des librairies en feu.

En résumé : Malgré le résistance ukrainienne s’appuyant sur Kharkov au Nord et Marioupol au Sud, les forces russo-républicaines ont entamé des mouvements offensifs à l’Est du Dniepr et dont la jonction devrait encercler à terme les forces ukrainiennes, toujours importantes restées sur la ligne de front du Donbass et qui continuent, malgré les frappes terrestres et aériennes subies.

Observation : cette carte générale du Donbass (que je me suis permis de simplifier et coloriser) est issue d’un site en connexion avec des renseignement militaires confirmés et qui est régulièrement mise à jour (ainsi que les cartes des autres fronts ukrainiens sur le site https://dragon-first-1.livejournal.com et qui est autrement plus réaliste que les cartes fantasmées présentée par des propagandistes hallucinés comme Moreau qui nous montre dans sa dernière vidéo les forces ukrainiennes du Donbass déjà encerclées dans un grand chaudron entre Dnipropetrovsk et Donetsk (alors que Kramatorsk n’est pas encore libéré). Mais ce calomniateur et imposteur de l’analyse militaire pour qui, l’armée ukrainienne a été anéantie il y a 10 jours et Marioupol devait tomber il y a 6 jours, n’est pas à une overdose de fantasme prêt !

Situation dans le chaudron de Marioupol
Chars de combat républicains entrant dans un faubourg de Marioupol

Au Sud de la République Populaire de Donetsk, après avoir verrouillé l’encerclement de la ville portuaire et s’être protégés toute contre attaque potentielle venant du secteur de Zaporodje et qui tenterait de briser le chaudron,  les forces républicaines appuyées par l’artillerie et l’aviation russes ont engagé les forces ukrainiennes défendant Marioupol. Après avoir conquis le 10 mars des quartiers dans la banlieue Ouest, les milices de Donetsk ont également investi d’autres quartiers sur les abords Est au bord de la côte d’Azov. Au12 mars en fin d’après midi des unités républicaines avaient réussi à s’implanter dans la rue Azovstalskaya (au Sud Est de Marioupol près du front de mer)

Marioupol au 12 mars matin. La liste des unités ukrainiennes est indicative car les
effectifs réels sont certainement inférieurs aux échelons décrits, sans compter les
pertes subies depuis 10 jours et les groupes épars qui ont du se replier dans le ville.
Quartier Sud-Est de Marioupol où les forces républicaines ont réussi à prendre pied ce 12 mars (rue Azozskaïa), en y détruisant 8 postes de tir et 1 positions défensive. De plus, 3 chars T-64 BV améliorés et 1 BMP ont été capturés ainsi que soldats de la 36e brigade de marine. 25 civils dont 7 enfants qui étaient bloqués par les soldats ukrainiens ont été évacués de la zone des combats par la milice républicaine qui y reste.
Depuis le centre de  Marioupol, des incendies dans les banlieues de la rive gauche de la Kalmius marquent les combats et les secteurs où les forces russes et républicaines ont réussi à avancer.
Enfin des évacuations de Marioupol observées :

Au cours de la journée du 11 mars, 217 personnes dont 25 enfants avaient réussi a emprunter les corridors d’évacuation humanitaire ouverts entre 08h00 à 19h00, et ce 12 mars, 31 personnes supplémentaires, dont 4 enfants, ont pu sortir de la ville assiégée en direction de Bezymennoe sur la route de Novoazovsk, où elles ont été prises en charge par le Ministère des Situations d’Urgence de la République Populaire de Donetsk.

Dans Marioupol, la population se retrouve malgré elle en première ligne non seulement comme dans toute bataille urbaine mais surtout parce qu’ici les forces ukrainiennes se sont disséminées dans le réseau résidentiel, pour former des bouchons antichars et d’un balcon d’un immeuble encore habité et de d’un carrefour près d’un centre commercial ou d’un hôpital… et les forces russo-républicaines s’efforcent de les en déloger avec des tirs les plus précis possible mais qui malheureusement ne peuvent empêcher des victimes collatérales.

Dans cette vidéo de Marioupol on peut voir l’imbrication dramatique de la population civile et des combattants ukrainiens positionnés dans
leurs immeubles d’habitations et qui n’échappe pas aux tirs mêmequans ils veulent être précis.

Les combats de Marioupol, si la garnison ukrainienne décide de se battre jusqu’au bout  risquent d’être coûteux en hommes et matériels et provoquer également de nombreuses pertes civiles, d’autant que les forces russes et républicaines ont à se battre contre des unités imbriquées avec une population et qu’elles forcent souvent à rester autour de leurs positions, sachant que sa présence évitent autant faire se peut des frappes de destruction massive.

Ici, dans un quartier périphérique de Marioupol, un groupe de combat du régiment Azov prend  position au milieu d’immeubles où sont encore quelques habitants

Même si à l’Est et à l’Ouest de la ville des quartiers ont été libérés, la bataille pour Marioupol n’est pas terminée, même si la défaite des forces ukrainiennes retranchées est inéluctable, car le dispositif de défense va se densifier au fur et à mesure que son périmètre diminue et surtout les combats vont se dérouler au milieu d’une population de plus en plus importante qui s’est repliée dans le centre-ville et vraisemblablement contre des unités de nationalistes qui refuseront de se rendre.

BTR 82 A russe détruit dans une embuscade dans la banlieue de Marioupol

A suivre…

source : Alawata Rebellion

La situation militaire en Ukraine

par Jacques Braud - Le 12/03/2022.

Partie 1 : En route vers la guerre

Pendant des années, du Mali à l’Afghanistan, j’ai travaillé pour la paix et ai risqué ma vie pour elle. Il ne s’agit donc pas de justifier la guerre, mais de comprendre ce qui nous y a conduit. Je constate que les « experts » qui se relaient sur les plateaux de télévision analysent la situation à partir d’informations douteuses, le plus souvent des hypothèses érigées en faits, et dès lors on ne parvient plus à comprendre ce qui se passe. C’est comme ça que l’on crée des paniques.

Essayons d’examiner les racines du conflit. Cela commence par ceux qui durant les 8 dernières années nous parlaient de « séparatistes » ou des « indépendantistes » du Donbass. C’est faux. Les référendums menés par les deux républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk en mai 2014, n’étaient pas des référendums d’« indépendance » (независимость), comme l’ont affirmé certains journalistes peu scrupuleux, mais de référendums d’« auto-détermination » ou d’« autonomie » (самостоятельность). Le qualificatif « pro-russes » suggère que la Russie était une partie du conflit, ce qui n’était pas le cas, et le terme « russophones » aurait été plus honnête. D’ailleurs, ces référendums ont été conduits contre l’avis de Vladimir Poutine.

En fait, ces Républiques ne cherchaient pas à se séparer de l’Ukraine, mais à avoir un statut d’autonomie, leur garantissant l’usage de la langue russe comme langue officielle. Car le premier acte législatif du nouveau gouvernement issu du renversement du président Ianoukovitch, a été l’abolition, le 23 février 2014, de la loi Kivalov-Kolesnichenko de 2012, qui faisait du russe une langue officielle. Un peu comme si des putschistes décidaient que le français et l’italien ne seraient désormais plus des langues officielles en Suisse.

Cette décision provoque une tempête dans la population russophone. Il en résulte une répression féroce contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Lougansk et Donetsk) qui s’exerce dès février 2014 et conduit à une militarisation de la situation et à quelques massacres (à Odessa et à Marioupol, pour les plus importants). À la fin de l’été 2014, ne restent que les Républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk.

À ce stade, trop rigides et engoncés dans une approche doctrinaire de l’art opératif, les états-majors ukrainiens, subissent l’ennemi sans parvenir à s’imposer. L’examen du déroulement des combats en 2014-2016 dans le Donbass montre que l’état-major ukrainien a systématiquement et mécaniquement appliqué les mêmes schémas opératifs. Or, la guerre menée par les autonomistes est alors très proche de ce que l’on observe dans le Sahel : des opérations très mobiles menées avec des moyens légers. Avec une approche plus flexible et moins doctrinaire, les rebelles ont su exploiter l’inertie des forces ukrainienne pour les « piéger » de manière répétée.

En 2014, je suis à l’OTAN, responsable de la lutte contre la prolifération des armes légères, et nous tentons de détecter des livraisons d’armes russes aux rebelles et de voir si elle est impliquée. Les informations que nous recevons viennent alors pratiquement toutes des services de renseignement polonais et ne « collent pas » avec les information en provenance de l’OSCE : en dépit d’allégations assez grossières, on n’observe aucune livraison d’armes et de matériels militaire de Russie. Les rebelles sont alimentés par les unités ukrainiennes russophones, qui passent du côté rebelle.

Au fur et à mesure des échecs ukrainiens, des bataillons de chars, d’artillerie ou anti-aériens passent au complet, avec armes et bagages, du côté des autonomistes. C’est ce qui pousse les Ukrainiens à s’engager dans les Accords de Minsk.

Mais, juste après avoir signé les Accords de Minsk 1, le président ukrainien Petro Porochenko lance une vaste opération antiterroriste (ATO) (Антитерористична операція) contre le Donbass. Bis repetita placent : mal conseillés par des officiers de l’OTAN, les Ukrainiens subissent une cuisante défaite à Debaltsevo qui les oblige à s’engager dans les Accords de Minsk 2…

Il est essentiel de rappeler ici que les Accords de Minsk 1 (septembre 2014) et Minsk 2 (février 2015), ne prévoyaient ni la séparation, ni l’indépendance des Républiques, mais leur autonomie dans le cadre de l’Ukraine. Ceux qui ont lu les Accords (ils sont très, très, très peu nombreux) constateront qu’il est écrit en toutes lettres que le statut des républiques devait être négocié entre Kiev et les représentants des républiques, pour une solution interne à l’Ukraine.

C’est pourquoi depuis 2014, la Russie a systématiquement demandé leur application tout en refusant d’être une partie aux négociations, car il s’agissait d’une affaire intérieure à l’Ukraine. De l’autre côté, les Occidentaux – France en tête – ont systématiquement tenté de substituer les Accords de Minsk par le « format Normandie », qui mettait face à face Russes et Ukrainiens. Or, rappelons-le, il n’y a jamais eu de troupes russes dans le Donbass avant le 23-24 février 2022. D’ailleurs, les observateurs de l’OSCE n’ont jamais observé la moindre trace d’unités russes opérant dans le Donbass. Ainsi, la carte des services de renseignements américains publiée par le Washington Post le 3 décembre 2021 ne montre pas de troupes russes dans le Donbass.

En octobre 2015, Vasyl Hrytsak, directeur du Service de sécurité ukrainien (SBU), confessait que l’on avait seulement observé 56 combattants russes dans le Donbass. C’était le même phénomène que les Suisses qui allaient combattre en Bosnie dans les années 1990, et en Ukraine aujourd’hui.

À ce stade, l’armée ukrainienne est dans un état déplorable. En octobre 2018, après 4 ans de guerre, le procureur militaire ukrainien en chef Anatoly Matios déclarait que l’Ukraine avait perdu 2700 hommes hors-combat au Donbass : 891 cas de maladies, 318 d’accidents de la route, 177 d’autres accidents, 175 d’empoisonnements (alcool, drogue), 172 de manipulations d’armes imprudentes, 101 d’infractions aux règles de sécurité, 228 de meurtres et 615 de suicides.

En fait, l’armée est minée par la corruption de ses cadres et ne jouit plus du soutien de la population.

Selon un rapport du ministère de l’Intérieur britannique, lors du rappel des réservistes de mars-avril 2014, 70% ne se sont pas présentés à la première session, 80% à la deuxième, 90% à la troisième et 95% à la quatrième. En octobre-novembre 2017, 70% des appelés ne se sont pas présentés lors de la campagne de rappel « Automne 2017 ». Ceci sans compter les suicides et les désertions (souvent au profit des autonomistes), qui atteignent jusqu’à 30% des effectifs dans la zone de l’ATO. Les jeunes ukrainiens refusent d’aller combattre dans le Donbass et préfèrent l’émigration, ce qui explique aussi, partiellement au moins, le déficit démographique du pays.

Le ministère de la Défense ukrainien s’adresse alors à l’OTAN pour l’aider à rendre ses forces armées plus « attractives ». Ayant déjà travaillé à des projets similaires dans le cadre des Nations unies, j’ai été sollicité par l’OTAN pour participer à un programme destiné à restaurer l’image des forces armées ukrainiennes. Mais c’est un processus de longue haleine et les Ukrainiens veulent aller vite.

Pour compenser l’émigration des jeunes vers l’Europe, le gouvernement ukrainien recourt alors à des milices paramilitaires. Elles sont essentiellement composées de mercenaires étrangers, souvent militants d’extrême-droite. En 2020, elles constituent environ 40% des forces ukrainiennes et comptent sont fortes de 102 000 hommes. Elles sont armées, financées et formées par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la France. On y trouve plus de 19 nationalités – dont des Suisses.

Les pays occidentaux ont donc clairement créé et soutenu des milices d’extrême droite ukrainiennes. En octobre 2021, le Jerusalem Post sonnait l’alarme en dénonçant le projet Centuria. Ces milices opèrent dans le Donbass depuis 2014, avec le soutien des Occidentaux. Même si on peut discuter le terme « nazi », il n’en demeure pas moins que ces milices sont violentes, véhiculent une idéologie nauséabonde et sont virulemment antisémites. Leur antisémitisme est plus culturel que politique, c’est pourquoi je n’aime pas beaucoup le qualificatif « nazi ». Leur haine du juif vient des grandes famines des années 1920-1930 en Ukraine, consécutive à la confiscation des récoltes par Staline afin d’augmenter les exportations et ainsi financer la modernisation de l’Armée rouge. Or, ce génocide – connu en Ukraine sous le nom d’Holodomor – a été perpétré par le NKVD (ancêtre du KGB) dont les échelons de conduite étaient principalement composés de juifs. C’est pourquoi, les extrémistes ukrainiens demandent à Israël de s’excuser pour les crimes du communisme, comme le relève le Jerusalem Post.

Ce milices, issues des groupes d’extrême-droite qui ont animé la révolution de l’Euromaïdan en 2014, sont composées d’individus fanatisés et brutaux. La plus connue d’entre elles est le régiment Azov, dont l’emblème rappelle celui de la 2e Panzerdivision SS « Das Reich », qui fait l’objet d’une véritable vénération en Ukraine, pour avoir libéré Kharkov des Soviétiques en 1943.

Parmi les figures célèbres du régiment Azov, on trouvait l’opposant Roman Protassevitch, arrêté en 2021 par les autorités bélarusses à la suite de l’affaire du vol RyanAir FR4978. Le 23 mai 2021, on évoque le détournement délibéré d’un avion de ligne avec un MiG-29 (avec l’accord de Poutine, bien évidemment), pour arrêter Protassevitch, bien que les informations alors disponibles n’indiquent absolument pas ce scénario. Mais il faut alors montrer que le président Loukachenko est un voyou et Protassevitch un « journaliste » épris de démocratie. Pourtant, il avait fait l’objet d’une enquête assez édifiante par une ONG américaine en 2020, qui mettait en évidence ses activités militantes d’extrêmedroite. Le complotisme occidental se met alors en marche et des médias peu scrupuleux « toilettent » sa biographie.

Finalement, en janvier 2022, le rapport de OACI est publié et montre que malgré quelques erreurs de procédure, le Bélarus a agi conformément aux règles en vigueur et que le MiG-29 a décollé 15 minutes après que le pilote de RyanAir a décidé d’aller atterrir à Minsk. Donc pas de complot bélarus et encore moins avec Poutine. Ah !… Encore un détail : Protassevitch, cruellement torturé par la police bélarusse, est libre. Ceux qui voudraient correspondre avec lui, peuvent aller sur son compte Twitter.

La qualification de « nazi » ou « néo-nazi » donnée aux paramilitaires ukrainiens est considéré comme de la propagande russe. Peut-être, mais ce n’est pas l’avis du Times of Israel, du Centre Simon Wiesenthal ou du Centre de Lutte contre le Terrorisme de l’académie de West Point. Mais cela reste discutable, car, en 2014, le magazine Newsweek semblait plutôt les associer à l’État Islamique… À choix !…

Donc, l’Occident soutient et continue à armer des milices qui se sont rendues coupables de nombreux crimes contre les populations civiles depuis 2014 : viols, torture et massacres. Mais alors que le gouvernement suisse a été très prompt à prendre des sanctions contre la Russie, n’en n’a adopté aucune contre l’Ukraine.

Dans le système militaire ukrainien, les forces paramilitaires font partie des forces armées, mais pas de l’armée ukrainienne : elles ne sont pas des formations de manœuvre, mais conviennent parfaitement pour le combat urbain et la maîtrise des populations russophones dans les grandes villes.

C’est pourquoi elles seront déployées dans les villes russophones. Au fil des années elles ont été responsables de très nombreuses atrocités, dont certaines seront rapportées par la journaliste Anne Laure Bonnel.

À ces troupes s’ajoutent des mercenaires de la CIA, composés de combattants ukrainiens et européens, pour mener des actions de sabotage.

*

Partie 2 : La guerre

Ancien responsable des forces du Pacte de Varsovie au service de renseignement stratégique, j’observe avec tristesse – mais sans étonnement – que nos services ne sont plus en mesure de comprendre la situation militaire en Ukraine. Les « experts » auto-proclamés qui défilent sur nos écrans relaient inlassablement les mêmes informations modulées par l’affirmation que la Russie – et Vladimir Poutine – est irrationnel. Prenons un peu de recul.

Depuis le mois de novembre 2021, les Américains ne cessent de brandir la menace d’une invasion russe contre l’Ukraine. Pourtant, les Ukrainiens ne semblent pas du même avis. Pourquoi ?

Il faut remonter au 24 mars 2021. Ce jour-là, Volodymyr Zelensky promulgue un décret pour la reconquête de la Crimée et commence à déployer ses forces vers le Sud du pays. Simultanément, la conduite de plusieurs exercices de l’OTAN entre la mer Noire et la mer Baltique, accompagnés d’un accroissement important des vols de reconnaissance le long de la frontière russe. La Russie, mène alors quelques exercices, afin de tester sa préparation et montrer qu’elle suit l’évolution de la situation.

Les choses se calment jusqu’en octobre-novembre avec la fin des exercices ZAPAD 21, dont les mouvements de troupes sont interprétés comme un renforcement en vue d’une offensive contre l’Ukraine. Pourtant, même les autorités ukrainiennes réfutent l’idée de préparatifs russes pour une guerre, et Oleksiy Reznikov, ministre de la Défense ukrainien déclare qu’il n’y a pas de changement à sa frontière depuis le printemps.

En février 2022, les événements se précipitent. Le 7 février, lors de sa visite à Moscou Emmanuel Macron, réaffirme à Vladimir Poutine son attachement aux Accords de Minsk, un engagement qu’il répétera à l’issue de son entrevue avec Volodymyr Zelensky, le lendemain. Mais le 11 février, à Berlin, la rencontre des conseillers politiques des dirigeants du « format Normandie » s’achève au bout de 9 heures, sans résultat concret, car les Ukrainiens refusent encore et toujours d’appliquer les Accords de Minsk, apparemment sous la pression des États-Unis. Vladimir Poutine constate que les promesses de Macron sont des promesses en l’air et que les Occidentaux ne sont pas prêts à faire appliquer les Accords, comme ils le font depuis 8 ans.

Les préparatifs ukrainiens dans la zone de la zone de contact continuent. Le Parlement russe s’alarme et, le 15 février, demande à Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance des Républiques, ce qu’il refuse.

Le 17 février, le président Joe Biden annonce que la Russie va attaquer l’Ukraine dans les prochains jours. Comment le sait-il ? Mystère…

Mais depuis le 16, le pilonnage d’artillerie sur les populations du Donbass augmente de manière dramatique, comme le montrent les cartes des observateurs de l’OSCE. Naturellement, aucun média ne le relève et aucun gouvernement occidental n’intervient. On dira plus tard, qu’il s’agit de désinformation russe.

Simultanément, on signale des actes de sabotages dans le Donbass. Le 18 janvier, les combattants du Donbass interceptent des saboteurs équipés de matériel occidental et parlant polonais cherchant à créer des incidents chimiques à Gorlivka.

En clair, Joe Biden sait que les Ukrainiens commencent à pilonner les populations civiles du Donbass, mettant la Russie devant un choix difficile : aider le Donbass militairement et créer un problème international ou rester sans rien faire et regarder les russophones du Donbass se faire écraser.

Vladimir Poutine n’a plus beaucoup de choix : il sait qu’il devra intervenir, ne serait-ce qu’en vertu de l’obligation internationale de la « responsibility to protect » (R2P). Il sait également, que son intervention déclenchera une pluie de sanctions. Dès lors, que son intervention soit limitée au Donbass ou aille plus loin pour faire pression sur les Occidentaux sur la question du statut de l’Ukraine, le prix à payer sera le même. C’est d’ailleurs ce qu’il expliquera plus tard dans sa déclaration du 21 février.

C’est pourquoi, le 21 février, il décide d’accéder à la demande de la Douma et de reconnaître l’indépendance des deux Républiques du Donbass. Dans la foulée, il signe avec elles des traité d’amitié et d’assistance. Le 23, devant la pression de l’artillerie ukrainienne, les deux Républiques demandent l’aide de la Russie. Le 24, celle-ci invoque l’article 51 de la Charte des Nations unies qui prévoit l’entraide militaire dans le cadre d’une alliance défensive.

Dans son allocution du 24 février, Vladimir Poutine énonce les deux objectifs de son opération : « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine. Il ne s’agit donc pas de s’emparer de l’Ukraine, ni même, vraisemblablement de l’occuper ou la détruire.

En fait, dès le début de l’opération ses contours apparaissent clairement : a) encercler l’armée ukrainienne qui s’est massée à la frontière du Donbass, par une attaque venant de l’Est par Kharkov et une venant du Sud depuis la Crimée ; b) détruire les milices paramilitaires qui contrôlent notamment les villes d’Odessa, Kharkov et Marioupol.

L’offensive russe se déroule de manière très « classique ». Dans un premier temps – comme l’avaient fait les Israéliens en 1967 – il s’agit de détruire au sol l’aviation ukrainienne et neutraliser ses structures de commandement et de renseignement (C3I). C’est ce qui est fait en quelques heures. Puis, avancer selon plusieurs axes simultanément selon le principe de « l’eau qui coule » : on avance partout où la résistance est faible et on laisse les villes (très voraces en troupes) pour plus tard. Au nord, la centrale de Tchernobyl est occupée immédiatement afin de prévenir des actes de sabotage. Les images de soldats ukrainiens et russes assurant ensemble la surveillance de la centrale ne sont naturellement pas montrées…

L’idée que la Russie cherche à prendre Kiev, la capitale, est typiquement occidentale. Vladimir Poutine n’a jamais eu l’intention d’abattre ou de renverser Zelensky. L’encerclement de Kiev n’a pour seul objectif que de créer une pression incitant le pouvoir à négocier. Beaucoup de commentateurs se sont étonnés que les Russes aient continué à chercher une solution négociée tout en menant des opérations militaires.

L’explication est dans la conception de la stratégie russe, depuis l’époque soviétique. Pour les Occidentaux, la guerre commence lorsque la politique cesse. Les Russes ont une approche influencée par Clausewitz : la guerre est la continuité de la politique. Il est dès lors possible de passer de manière fluide de l’une à l’autre, pour créer une pression sur l’adversaire.

L’offensive russe a été – du point de vue opératif – un exemple du genre : en six jours, les Russes se sont emparés d’un territoire plus grand que le Royaume-Uni, avec une vitesse de progression plus grande que ce que la Wehrmacht avait réalisé en 1940 en France.

L’objectif de démilitarisation est atteint par l’encerclement de l’armée ukrainienne dans le « chaudron » entre Slavyansk, Kramatorsk et Severodonetsk. Les forces russes resserrent lentement l’étau, mais ils n’ont plus aucune contrainte de temps. Quant aux Républiques du Donbass, elles ont « libéré » leurs territoires et la ville de Marioupol.

La défense des villes de Kharkov, Marioupol et Odessa sont de la responsabilité des milices paramilitaires ukrainiennes, dont la destruction correspond à l’objectif de « dénazification ». C’est pourquoi la Russie cherche à créer des couloirs humanitaires, pour vider les villes des civils et ne garder que les milices, afin d’obtenir leur reddition ou leur anéantissement. C’est la raison pour laquelle ces milices sont réticentes à mettre en œuvre ces couloirs : ils peuvent ainsi utiliser la population civile comme « boucliers humains ».

Conclusions

Ces développements dramatiques ont des causes que nous connaissions, mais que nous avons refusés de voir : a) l’expansion de l’OTAN (que nous n’avons pas traité ici) ; b) le refus de mettre en œuvre les Accords de Minsk et c) les attaques continues et répétées des populations civiles du Donbass depuis 8 ans et la dramatique augmentation de la fin février 2022.

Nous pouvons naturellement déplorer et condamner l’attaque russe. Mais NOUS avons créé les conditions pour qu’un conflit éclate. Nous témoignons de la compassion pour le peuple ukrainien et les deux millions de réfugiés. C’est bien. Mais si nous avions eu un minimum de compassion pour le même nombre de réfugiés du Donbass qui se sont accumulés en Russie durant 8 ans, rien de cela ne serait probablement passé.

Que le terme de « génocide » s’applique aux exactions subies par les populations du Donbass est une question ouverte. On réserve généralement ce terme à des cas de plus grande ampleur (Holocauste, etc.), néanmoins, la définition qu’en donne la Convention sur le génocide, est probablement suffisamment large pour s’y appliquer. Les juristes apprécieront.

Clairement, ce conflit nous a conduit dans l’hystérie. Les sanctions semblent être devenues l’outil privilégié de nos politiques étrangères. Si nous avions respecté les Accords de Minsk que nous avions négocié et cautionné avec l’Ukraine, tout cela ne serait pas arrivé. La condamnation de Vladimir Poutine est aussi la nôtre : il ne sert à rien de pleurnicher après coup, il fallait agir avant et ni Emmanuel Macron (comme garant et comme membre du Conseil de sécurité de l’ONU), ni Olaf Scholz, ni Volodymyr Zelensky n’ont respecté leurs engagements.

Finalement, Vladimir Poutine atteindra vraisemblablement ses objectifs avec l’Ukraine. Ses liens avec la Chine se sont solidifiés. La Chine émerge comme médiatrice du conflit, tandis que la Suisse fait son entrée dans la liste des ennemis de la Russie. Les Américains doivent demander du pétrole au Venezuela et à l’Iran pour se sortir de l’impasse énergétique dans laquelle ils se sont mis : Juan Guaido quitte définitivement la scène et les USA doivent revenir piteusement sur les sanctions imposées à leurs ennemis.

Des ministres qui cherchent à faire s’effondrer l’économie russe et faire en sorte que le peuple russe en souffre, voire appellent à assassiner Poutine, montrent, même s’ils sont – partiellement – revenus sur la forme de leurs propos, que nous n’avons pas plus de valeurs que ceux que nous détestons.

La leçon à tirer de ce conflit est notre sens de l’humanité géométrie variable : qu’est-ce qui rend le conflit en Ukraine plus blâmable que la guerre en Irak, en Afghanistan ou en Libye ? Quelles sanctions avons-nous adopté contre ceux qui ont délibérément menti devant la communauté internationale ? Avons-nous seulement adopté une seule sanction contre ceux qui alimentent en armes et qui frappent le conflit du Yémen (377 000 morts) ?

envoyé par Vincent Gouysse

Jour Z+13, point de situation

par Erwan Castel - Le 11/03/2022.

Le pourquoi de cette guerre russo-ukrainienne.

Je ne reviendrai pas ici sur les origines de cette guerre commencée il y a 8 ans dans le Donbass et qui a explosé en Ukraine depuis le 24 février, maintes fois rappelés lors d’articles précédents mais il m’a semblé très intéressant de publier ici ce que Biden, alors sénateur étasunien, disait avec justesse en 1997 :

« La seule chose qui peut provoquer une réponse hostile et énergique de la Russie c’est l’expansion de l’OTAN aux États baltes ».

Nous constatons donc ici que l’argumentaire déployé par le président Poutine concernant cette inadmissibilité sécuritaire de l’expansion de l’OTAN aux frontières de la Russie est légitime et même reconnue de longue date par ceux-là mêmes qui dirigent cette alliance militaire au cœur de l’Europe. La crise ukrainienne, qui commence sur le Maïdan en février 2014, qui se radicalise avec le conflit asymétrique du Donbass et finit par exploser par cette  guerre moderne en Ukraine est donc bien le fait de cette obstination occidentale à vouloir menacer et provoquer la Russie jusque sur ses frontières occidentales !

Il est vraiment temps que les peuples européens ce libèrent de leurs étatismes capitalistes serviles qui les entrainent dans un chaos voulu par cette ploutocratie mondialiste cherchant dans une fuite en avant suicidaire à se sauver de ses propres folies cannibales…

A/ Situation générale

A-1 : Du côté de l’OTAN

Les occidentaux dans leurs provocations habituelles contre la Russie viennent d’arriver au bord d’une nouvelle ligne rouge avec la demande de Washington de voir les avions MiG-29 et les aérodromes polonais mis à dispositions des pilotes ukrainiens. Alors que déjà les pistes et et bases aériennes polonaises près de la frontière ukrainienne sont déjà de facto intégrées à la chaîne logistique des forces ukrainiennes au combat, cette action de l’OTAN (car la Pologne est membre à part entière de l’Alliance) serait une nouvelle étape majeur dans l’escalade Est-Ouest et surtout le franchissement d’une nouvelle ligne rouge impardonnable !

Si de prime abord, la Pologne et l’OTAN ont été rétifs à la proposition de Washington, la Russie menaçant de bombarder les aérodromes concernés si elle était mise en œuvre, non seulement ils n’ont pas rejeté formellement l’idée mais le Pentagone a déjà déployé sur les frontières orientales polono-ukrainiennes 2 systèmes de missiles antiaériens « Patriot ».

« Patriot » étasunien sur la frontière polono-ukrainienne

Quant aux livraisons d’armes et de munitions, le pont aérien de l’OTAN s’intensifie déversant des milliers de tonnes d’aide militaire aux forces ukrainiennes (jusqu’à 1400 tonnes/jour) sur les aérodromes à l’Est de la Pologne. Ces aides sont aussitôt acheminées sur le front comme par exemple à Kharkov quasiment assiégée où, le 8 mars 2022, il a été signalé qu’une nouvelle cargaison de missiles antichar/casemate britanniques NLAW venaient d’arriver avec des « instructeurs » de l’OTAN. Au total, selon des rapports ukrainiens l’OTAN aurait livré aux forces ukrainiennes depuis la mi janvier 17 000 missiles antichars (principalement « Javelin » et « NLAW ») et 2000 missiles antiaériens « Stinger ».

Alors que les opérations militaires russes destinées à vidanger l’Ukraine de la guerre du Donbass, de sa militarisation atlantiste rampante et de la résurgence du nazisme européen se poursuivent, les occidentaux, fidèles à leur folie criminelle et suicidaire, au lieu de chercher concrètement une désescalade, surenchérissent en provocations militaires scabreuses.

A-2 : Des civils pris en otage

Dans les précédents articles consacrés à Marioupol, j’ai déjà évoqué la situation dramatique des populations civiles prises au piège dans les villes assiégées (Tchernigov, Kharkov, Soumy, Marioupol, Nyzhin, Volnovakha…) avec les nationalistes ukrainiens qui leur refusent l’évacuation par les corridors humanitaires organisés côté russe et ukrainien, et ce, malgré les pressions diplomatiques et internationales exercées sur Kiev.

La raison de cette « prise d’otage des civils » est simple à expliquer et comprendre : devant la stratégie de frappes sélectives et ciblées de forces russes cherchant à épargner au maximum les populations, les soldats ukrainiens veulent utiliser ces dernières comme « bouclier humain » et les impliquer dans les zones des combats.

Chaque jour de nouvelles preuves de cette stratégie criminelle nous parviennent dont par exemple cette zone d’immeubles résidentiels de Marioupol dont les immeubles habités sont utilisés aussi comme positions de combat par les nationalistes du Régiment spécial Azov :

Ici, près de l’avenue « Pobedy » à l’Ouest de Marioupol les drones russes repèrent des postions antichars installées sur le toit d’immeubles encore habités par des civils interdits d’évacuer pour empêcher qu’ils soient lourdement bombardés.

Ailleurs, si ici et là des évacuations de civils ont pu quand même se faire un tout petit peu le 9 mars (environ 3000 personnes dans le Nord de l’Ukraine) dans certaines villes assiégées les bataillons ou les administrateurs nationalistes aux commandes n’hésitent pas à terroriser la population afin qu’elle reste sur les zones des combats, comme par exemple le maire de la ville de Soumy (Nord-Est Ukraine), Alexandre Lyssenko, qui a déclaré publiquement : « Il n’y aura pas de couloirs humanitaires, pas un seul civil n’ira en Russie, et ceux qui tenteront de le faire seront fusillés ».

Dans l’ensemble des villes assiégées il y aurait environ 4 millions de personnes bloquées par les forces ukrainiennes, empêchées d’emprunter les corridors d’évacuation humanitaire.

A-3 : Les opérations militaires russes 

Sur le front des opérations militaires, l’avancée des forces russes se poursuit inexorablement et si la vitesse de progression semble plus lente que celle des premiers jours c’est essentiellement due :

• La présence, évoquée ci dessus, d’une population civile imbriquée dans le dispositif défensif ukrainien ralentit sensiblement les opérations offensives qui doivent se réaliser précautionneusement et parfois au prix de pertes russes (l’aviation de bombardement par exemple s’approche au plus près de ses cibles pour éviter au maximum les erreurs de tir, et les unités blindées risquent des reconnaissances offensives dans les localités sans préparation d’artillerie massive).

• Après le premier choc des attaques russes, les forces ukrainiennes ont réussi à créer des résistances sur des zones urbaines, des cours d’eau ou des reliefs, engageant des combats qui même s’ils ne repoussent pas leur ennemi le ralentissent un peu voire l’obligent à rechercher des axes de progression alternatifs ou de contournement.

• Les villes aux unités ukrainiennes, encerclées initialement et mises de côté pour privilégier la vitesse et optimiser la surprise des attaques initiales, doivent être maintenant « traitées » pour ne pas immobiliser autour d’elles, loin d’un front qui avance chaque jour un peu plus des forces de combat et d’appui importantes pour la stratégie globale de l’état-major russe. De plus, en dehors de leur importance militaire, certaines de ces villes, comme par exemple Kharkov et Marioupol, sont aussi un symbole politique et psychologique important pour chacun des belligérants.

Carte générale des opérations militaires en Ukraine et dans le Donbass

Les actions significatives du front actuel :

Dans le secteur de Kiev, appuyées par des frappes aériennes de plus en plus intenses, les forces russes, d’une part poursuivent leurs manœuvres d’encerclement de cette immense mégapole de plus de 800 km2 et d’autre part engagent ses défenses périphériques ukrainiennes, notamment dans les banlieues Nord-Ouest.

Les entrepôts militaires ukrainiens à Balakliya, détruits

Au Nord de l’Ukraine, les villes de Tchernigov et Soumy continuent d’être les cibles de frappes aériennes et d’artillerie sur les positions militaires et ressources de défense ainsi que des attaques d’épuisement sur leurs périphéries, tandis que dans leurs avancées vers le Dniepr, les forces russes ont réalisé un nouveau chaudron urbain à Nyzhin.

Soumy, bombardement d’une position de radicaux nationalistes 

À l’Ouest de l’Ukraine, dans la ville de Kharkov (350 km2) les forces russes rencontrent une résistance importante menée par nombre de bataillons et volontaires nationalistes qui continuent à recevoir quotidiennement des renforts et de la logistique. Cette ville de Kharkov qui est le verrou Nord de l’Est de l’Ukraine est tellement symbolique pour le régime de Kiev que Arsen Avakov, l’ex-ministre de l’Intérieur mais toujours homme politique fort du régime de Kiev est venu en prendre la direction. Les forces russes œuvrent toujours pour encercler cette ville et couper ses voies logistiques Sud, tout en poursuivant leur progression vers le Sud depuis un axe partant de Koupiansk, une ville située plus à l’Est tandis qu’à l’Ouest une percée russe vers la ville de Poltava a encerclé sur son passage la ville de Okhtyrka.

Bombardements de positions ukrainiennes à Okhtyrka

 Dans le Donbass, les opérations se poursuivent avec de plus en plus de bombardements et de combats au sol au Nord et au Sud du front :

• Au Nord, le mouvement tournant des forces républicaines de Lougansk, rejointes par les forces russes venant du Nord, est arrivé à moins de 20 km de Slaviansk (ville symbole où la guerre commença en 2014) et Kramatorsk plus au Sud où se situe l’état-major des forces ukrainiennes dans le Donbass. Plus à l’Est de Kramatorsk la pression républicaine s’exerce désormais sur Severodonetsk et Lisichansk,

• Au Centre, si la ligne de front est stable, sauf une petite percée républicaine dans le secteur de Popasnaya, à l’Est de l’arc Svetlodarsk (Nord-Est de Gorlovka), en revanche les bombardements ukrainiens se poursuivent, avec des frappes d’artillerie lourdes jusqu’au cœur des zones résidentielles. De leur côté, les forces républicaines et russes augmentent elles aussi leurs frappes sur les positions ukrainiennes et font monter sur les premières lignes des effectifs de combat en renfort.

Une école qui heureusement n’était pas en activité, bombardée dans les quartiers Nord de Donetsk
Au cours des derniers jours, plusieurs missiles tactiques ukrainiens « Tochka U » ont été tirés sur Lougansk, Gorlovka, Donetsk et même Rostov et Taganrog en Russie, interceptés par la Défense russe.

1 seul Tochka U ukrainien est parvenu a toucher sa cible : un dépôt de carburant sur Lougansk :

• Au Sud, le nettoyage de Volnovakha est toujours en cours à cause du maintien de la population civile dans la ville et de la résistance ukrainienne qui s’abrite derrière elle. Les unités républicaines ont désormais encerclé ce carrefour routier et ferroviaire et poursuivent leur progression vers l’Ouest.

• Du côte de Marioupol, les bombardements russes et républicains s’intensifient ainsi que les pressions offensives sur les périphéries de la ville où les forces républicaines ont déjà pris quelques quartiers Ouest. Le siège de Marioupol est également un enjeu politico-médiatique très important comme le montre la guerre de l’information qui y fait rage également.

• Au Sud de l’Ukraine, les forces russes poursuivent leur progression sur Zaporodje le long du Dniepr en sécurisant le site de sa centrale nucléaire et vers Odessa sur le chemin de laquelle l’encerclement de la ville de Nikolaïev est en phase terminale. toujours sur cette poussée à l’Ouest de Kherson les forces russes progressent à l’Ouest du Dniepr vers la ville de Krivoï Rog et plus à l’Ouest en direction de Pervomaïsk, avec sur la route Vasnessensk où se trouve une autre centrale nucléaire à aborder avec précaution et sécuriser. Depuis Odessa, les forces de défense antiaérienne ukrainienne ont abattu un MiG-29 roumain qui s’approchait des frontières ukrainiennes.

Lance Roquettes Multiples russes dans le secteur de Kherson
Centrale nucléaire de Zaporodje (à Ernegodar) sécurisée

Parmi les documents saisis dans les états-majors des unités ukrainiennes conquises plusieurs confirment que les forces ukrainiennes devaient attaquer les républiques du Donbass au tout début de mars, ce qui a vraisemblablement déclenché le lancement des opérations militaires préventives russes visant à démilitariser l’Ukraine.

Pour conclure, signalons le départ effectif des observateurs de l’OSCE, via le territoire de la Fédération de Russie qui seule peut assurer leur sécurité. Leur mission très controversée est donc achevée, avec des observations certes nombreuses et intéressantes démontrant les violations quotidiennes du cessez le feu principalement par les forces ukrainiennes, mais sans efficacité concrètes car pilotées par une partie occidentale partiale et une absence de moyens coercitifs forçant les parties à respecter les accords de paix.

Départ de Donetsk des impuissants observateurs de l’OSCE
B/ Concernant Zelensky

Le président ukrainien Zelensky ne serait plus à Kiev, et il y a des signes que son emplacement exact est caché. Zelensky a enregistré deux vidéos prétendument à Kiev, mais quelques indices permettent d’en douter :

  • Il enregistre la vidéo sur son smartphone téléphone,
  • Il y a un montage où le tableau qui est derrière lui disparaît lorsque l’angle change.
  • Zelensky a une coiffure légèrement différente et différentes longueurs d’ombre sur son visage.
  • Etc..

Certains disent que le chef de guerre ukrainien est en Pologne, d’autres en Roumanie, ces derniers s’appuyant sur un vol d’un avion non identifié avec escorte militaire aérienne allant vers le frontière roumaine.

source : Alawata Rebellion

Toujours niouzes d’Ukraine… 05/03/2022

par Patrick REYMOND.

Voilà la dernière carte de l’opération en Ukraine, et de la poussée russe. Le gros des meilleures forces ukrainiennes est encerclée dans le Donbass ou en passe de l’être, et dans le meilleur des cas, ne peut s’extraire du chaudron qu’en partant en courant. Et en abandonnant les armes et véhicules lourds.
Pour ce qui est des « véhicules russes détruits », le long des routes, ils sont malins ces reporters, et savent faire la différence entre matériel/soviétique/russe/ukrainien. Tout véhicule détruit, forcément, est russe. En plus, ces russes, ils sont cons. En effet, n’importe qui, accroché, appellerait immédiatement l’aviation et les hélicoptères de combats pour détruire l’adversaire. Pas eux, ils préfèrent attendre de se faire dégommer.

« zone d’exclusion aérienne de l’otan« . Le journaleux est décidément, vraiment très con. Après ceux qui demandent à Biden si l’Ukraine est en train de gagner la guerre, d’autres parlent simplement d’impossibilité technique. Vue la densité de la défense anti-aérienne russe, une intervention aérienne de l’otan signifierait la destruction de la plupart des appareils engagés. Ceux qui s’en sortiraient devraient aller voir ce que faisait leur femme à ce moment là.

« Tous les rapports presstitutes sur les armées de mercenaires et les chasseurs à réaction envoyés pour sauver les Ukrainiens sont des absurdités flagrantes. Les armées de volontaires sont incapables d’affronter les troupes de combat russes. De plus, comme l’espace aérien et le territoire ukrainiens sont sous contrôle russe, de telles forces ou armes n’ont aucune chance d’atteindre les Ukrainiens encerclés et seraient détruites lors de toute tentative de transit.

Une victoire russe rapide servirait le monde en mettant fin au conflit avant que certains idiots occidentaux ne puissent commettre une erreur en provoquant une guerre plus large. Cela sauverait également les gouvernements occidentaux du ridicule de leurs dépréciations dénuées de sens et de leurs menaces impuissantes. »

Bon, il faut se faire à l’évidence, les 2/3 de l’Ukraine sont déjà tombés, sans résistance sérieuse. Généralement, celles-ci sont contournées, et une défense résolue, sans armes lourdes, n’est pas crédible. Et les armes lourdes ukrainiennes, sous un ciel intégralement russe n’ont qu’une espérance de vie limitée, quand elles font feu. Quelques minutes suffisent pour arriver sur place.

Il semblerait qu’à Marioupol, quelques obus ukrainiens soient tombés sur la tête des nazis du bataillon Azov, assez indisciplinés, comme tout division SS. On voit que l’entente règne chez les ukrainiens, et que visiblement, l’élimination des cadres nazis des unités de combats est en cours. Un grand classique, d’ailleurs, des guerre. Les soldats tuent les officiers, et si les commissaires politiques peuvent maintenir des unités au combat, ils se doivent d’être d’une prudence extrême.

Zelenski, visiblement, vient de s’apercevoir que l’Otan, ça ne servait à rien, contre une grande puissance. L’Otan, c’est bon pour bombarder des pays pygmées.

Visiblement, la chose la plus dure pour la Russie, c’est la grandeur du pays qui pose problème, avec la saison.

D’autres, peu médiatisés, parlent du martyr du Donbass.

D’autres, ne craignent absolument pas le ridicule. Les chats soviétiques sont bannis.

Pour ce qui est des sanctions, on va rire aussi, avec le retour de manivelle

On pouvait croire qu’avec le covid, on avait atteint les tréfonds du ridicule, mais là, visiblement, on creuse toujours…

source:http://lachute.over-blog.com/

Russia observer : Tactiques, Stratégies et Opérations. article sevère

par Patrick Armstrong le 06/03/2022..

Jusqu’à présent, l’opération militaire russe en Ukraine a été une reconnaissance en force précédée de la destruction des approvisionnements et du quartier général des forces armées ukrainiennes par des armes à distance.

L’objectif étant de déterminer où se trouvent les forces ukrainiennes, de les encercler, de comparer les renseignements russes existants à la réalité et, en même temps, de détruire les quartiers généraux connus, les moyens aériens et navals, les dépôts de ravitaillement et de munitions.

Et, peut-être, il y avait l’espoir que la rapidité et le succès (les forces russes/LDPR dominaient une zone de l’Ukraine de la taille du Royaume-Uni au cours de la première semaine) forceraient une fin précoce (c’est-à-dire la reconnaissance de la réalité).

En ce moment, ils se préparent pour la phase suivante. La longue colonne qui a tant obsédé les « experts » de CNN est la préparation de la phase suivante. Et c’est ça : « Tu n’as pas compris, alors maintenant nous devons frapper ».

Le fait que la colonne soit restée là indique que les Russes savent qu’ils ont une supériorité aérienne totale.

En même temps , c’est un message aux forces armées ukrainiennes que c’est fini, abandonnez. (Et il ne faut jamais oublier que les Russes/Soviétiques ont toujours été les meilleurs en matière de tromperie stratégique, alors qui sait ce qu’il y a réellement par rapport à ce que montrent les images ?)

Autant que je sache, ils ont créé trois chaudrons d’encerclements.

Probablement le plus important est celui autour de Marioupol où se trouve la principale concentration d’Azov, la principale force nazie.

Un autre est en train d’être établi autour de la concentration principale des forces armées ukrainiennes face à la LDPR.

Et il semble y avoir un autre développement à l’est de Kiev.

Un super chaudron des trois est visible. Les nazis seront exterminés ; le simple soldat ukrainien sera autorisé à rentrer chez lui.

La question cauchemardesque est de savoir combien d’Ukrainiens ordinaires seront libres de choisir.

Le dilemme pour les Russes est le combat de ville. Ils ne veulent pas d’un Raqqa dans lequel chaque bâtiment est détruit, chaque personne tuée et solitudinem déclaré pax .

Ils savent qu’en fin de compte il y aura toujours des Ukrainiens et ils voudront qu’ils soient amis : Washington peut créer des enemis irreductibles au loin, mais Moscou ne peut pas en créer à proximité. Cela complique grandement leur problème lorsqu’ils tentent d’éliminer les nazis de Marioupol, sachant que les nazis utilisent les habitants de la ville comme otages.

Le même problème existe, à un degré moindre, dans les autres villes de Novorossiya. Je suppose qu’ils entoureront la plupart des villes et espèrent que Zelinsky & Co reviendront à la raison.

Mais je crains que la bataille de Marioupol ne soit horrible.

Il y a de légères indications, au jour 8, que les négociateurs ukrainiens se rendent compte que la neutralité est quelque chose qu’ils doivent accepter.

J’en vois aussi la prise de conscience rampante du côté américain.

Le but ultime russe n’est pas visible. J’entends par là le but stratégique ultime; nous savons quel est le grand objectif stratégique. Les Russes envisagent-ils de créer une Novorossiya qui sera indépendante ou visent-ils à créer une Novorossiya qui sera une monnaie d’échange avec l’Ukraine croupion ? Je pense que la réponse dépend de ce que Zelinsky et Kiev et ses habitants décident. Dans environ une semaine, une Novorossiya indépendante existera et la Russie continuera d’avoir « le marteau. »

Je m’attendrais à ce que des redditions à grande échelle des forces armées ukrainiennes commencent dans les prochaines 24/48 heures (les forces tchétchènes en revendiquent déjà une et ont une impressionnante collection de «trophées» pour le prouver). Une partie importante des forces armées ukrainiennes est maintenant encerclée et, comme d’habitude (voir Sun Tsu), les Russes leur ont laissé une issue.

GRANDE STRATÉGIE

L’impuissance de l’UE et de l’OTAN est claire pour tout le monde (Eh bien, OK, pas n’importe qui sur CNN, ou au Congrès américain ou dans les couloirs du pouvoir en Occident. Mais ils ne sont pas le monde entier). À cet égard, je recommande de regarder Riyad – Abdul Aziz était très bon pour voir comment le vent soufflait et on peut supposer que ses descendants le sont aussi.

Les 97, ou peu importe combien ils étaient, les avions de combat qui ont été annoncés avec enthousiasme, ne viennent évidemment pas. La zone d’exclusion aérienne ne peut pas être « déclarée ». Les Tchétchènes ont récupéré beaucoup de MANPAD fournis par l’OTAN.

Tout ce que le soutien de l’OTAN vous apportera, c’est la destruction lorsque vous combattrez dans la guerre dans laquelle il vous a aspiré et une carte de Noël spéciale supplémentaire lorsque vous serez vaincu et ruiné.

Nous assistons à l’effondrement du triomphalisme de l’après-guerre froide, de la « fin de l’histoire », de « l’unilatéralisme » et de tout le reste.

La réalité est mordante et cela fait mal.

Tout ce que vous avez à faire est de regarder le défilé de têtes parlantes et d’ »experts » de CNN spéculant sur la folie de Poutine : ils ne comprennent pas, donc il doit être fou.

Pour l’Occident, tel qu’il a été, c’est fini. La confusion, les conneries, la vantardise, l’hystérie, les interdictions : l’Occident n’a plus rien dans sa besace . Verser de la vodka russe dans les toilettes, virer un chanteur et réalisateur, changer le nom d’une boisson ou d’une salade, interdire les chats ou les arbres, sanctionner un ploutocrate russe et voler son yacht, porter un t-shirt bleu et jaune. Pathétique.

Et ne laissez en aucun cas un média russe tenter de convaincre les mouton avec de la désinformation . Tout comme l’URSS mais en plus stupide. Et qui pensait que plus stupide était même possible ?

Le judo consiste à tromper et à utiliser la force de l’adversaire contre lui. Poutine, le judoka, a poussé l’Occident au suicide. Il a dévoilé ce qui n’était pas compris : Mettez votre argent dans nos banques, nous pouvons le confisquer ; placez vos actifs sur notre territoire, nous pouvons les voler ; utiliser notre argent et nous pouvons l’annuler ; mettez votre yacht dans notre port, nous pouvons le pirater ; Mettez votre or dans notre coffre, nous pouvons le saisir.

C’est une leçon qui retentira dans le monde entier. Une illustration nue que « l’ordre international fondé sur des règles » est simplement une fiction: nous élaborons les règles et vous ordonnons de leur obéir. Dans 2 ou 3 semaines, tout le monde dans le monde qui est sur la liste des cibles potentielles de l’Occident aura déplacé ses actifs hors de portée de l’Occident. Xi se permettra un petit sourire.

Quant aux sanctions occidentales contre la Russie, je pense qu’il y a une réponse très simple à cela : la semaine dernière, 1 000 mètres cubes de gaz coûtaient 1 000 $ ; aujourd’hui , c’est plus du double. La semaine prochaine, ce ne sera certainement pas moins cher.

Idem pour l’aluminium, la potasse, le titane, le blé. Les compagnies aériennes russes louent leurs avions Maintenant quoi? Moteurs-fusées russes. Ce que les Occidentaux ne comprennent pas, c’est que le rouble est la monnaie que les Russes utilisent à l’ intérieur du pays, mais que le prix du pétrole et du gaz est la monnaie russe à l’ extérieur du pays. Je suis stupéfait de la stupidité : ils se coupent la gorge et détruisent leurs propres économies.

La Russie s’assoit et rit : Envolez-vous dans l’espace sur votre propre balai.

L’ordre mondial a changé. Deuxième semaine.

source:https://brunobertez.com/

envoyé par Nicolas Bonnal

L’affaire ukrainienne pour les nuls

...par BARDAMU - Le 05/03/2022.

Cette impression de crier dans le désert est frustrante, on en vient à se demander si on n’a pas fait fausse route et si Poutine est bien le nouvel Hitler (ding ! vous avez gagné un point Godwin !). Mais en me repassant les faits et les circonstances, en faisant mon examen de conscience, j’en arrive toujours au même point : la Russie n’avait plus d’autre solution que de renverser la table.

Il y a quelques années j’étais pratiquement aussi nul que mes interlocuteurs russophobes. Mais les affaires d’Irak (Epoque à la quelle il existait encore en France des politiciens honorables), de Libye, et surtout de Syrie m’ont ouvert les yeux.

Ce qui surprend toujours, c’est le sens de la justice à deux vitesses qui semble devenu la norme générale, au moins dans les pays occidentaux. On apprend qu’à la demande du gouvernement ukrainien, la Cour Pénale Internationale ouvre un dossier contre la Russie (ou contre Poutine lui-même on ne sait pas). Mais où était cette CPI lorsque des snipers (payés par qui ?) tiraient indifféremment sur les Berkout (équivalent de nos CRS) et sur les manifestants de la place Maïdan ? Où était-elle lorsque les extrémistes du Pravi Sector commettaient des exactions contre les opposants à Maïdan, culminant dans le « barbecue » de la Maison des Syndicats à Odessa où plus de 40 personnes, femmes et enfants compris, furent brûlés vifs, les ukro-nazis armés tirant sur ceux qui essayaient de sortir. Ah, vous n’étiez pas au courant ? Ou vous avez glissé ça sous le tapis de votre mémoire historique ? Où était cette CPI durant les huit ans de bombardements punitifs sur les territoires de Donetsk et Lougansk ?1 On pourrait compléter l’acte d’accusation par les multiples enlèvements, assassinats et tortures pratiqués par les ukro-nazis et le SBD, le terrifiant service secret ukrainien2.

Il est impossible d’avoir une vue suffisamment holistique du problème de l’Ukraine sans revenir à la longue histoire.

Historiquement l’Ukraine a deux origines, l’une scandinave et l’autre slave. Les groupes qui se définissent comme « nationalistes ukrainiens », ne défendent pas l’Ukraine en tant que nation, mais se référent à son origine scandinave contre les Russes.

Passons rapidement sur les débuts avec la Rus de Kiev fondée au 9ième siècle par une tribu viking, les Varègues, convertis au christianisme par la prédication des Saints Cyril et Méthode. La princesse Anne de Kiev viendra au 11ième siècle épouser Henri 1er Roi de France, ce qui en dit long sur l’ampleur des vues de nos anciens monarques. Puis ce sera le long intermède de l’invasion mongole, la Horde d’Or qui dominera la région jusqu’en 1480. Il faudra même attendre la fin du 16ième siècle et le fran]chissement de l’Oural par les chasseurs de fourrures et les affrontements armés qui découleront de l’expansion russe pour que cesse le versement du tribut au Grand Khan3 (3).

Avec l’annexion de la Crimée par la Grande Catherine en 1783, l’empire Russe de l’Ouest prend sa physionomie actuelle, guère modifiée par les quelques annexions de Staline à la fin de la guerre. Les principales modifications sont, le détachement du territoire transformé en république socialiste par Lénine, et le rattachement de la Crimée à la République Socialiste d’Ukraine par Kroutchev : encore des problèmes à retardement pour le futur ! « Le processus a commencé presque immédiatement après la révolution de 1917, et Lénine et ses compagnons d’armes l’ont fait d’une manière très grossière vis-à-vis de la Russie elle-même – par la sécession, en arrachant des parties de ses propres territoires historiques. Personne, bien sûr, n’a demandé quoi que ce soit aux millions de personnes qui y vivaient. »4

Ayant subi de nombreuses invasions par les Tatars qui iront jusqu’à Moscou pour ramener au retour environ 100.000 esclaves (slaves), les Russes en ont gardé un fort ressentiment envers ces alliés de la Sublime Porte. Vers 1850, l’empire russe était en position de n de malheurs. Le pire ayant peut-être été la famine organisée par le pouvoir soviétique pour éradiquer les Koulaks, petits propriétaires terriens. Dans J’ai Choisi la Liberté, Victor Kravchenko, à l’époque fonctionnaire soviétique, et qui l’a vécu de l’intérieur, nous fait une description de cette horreur que l’on connaît maintenant sous le nom d’Holodomor ; au moins 4 millions d’Uprendre Istamboul pour s’assurer ainsi un accès aux mers chaudes par le détroit du Bosphore. C’eût été une promenade de santé, mais la Sublime Porte, ayant déjà une dette importante vis-à-vis des banquiers de la City, demanda l’aide du Royaume Uni et, comme l’expansion Russe déplaisait aussi à la City, un corps expéditionnaire franco-anglais alla faire le siège de Sébastopol.

Mais depuis un siècle, l’histoire de l’Ukraine est une successiokrainiens périront. Cet épisode monstrueux est resté gravé dans la mémoire de nombreux habitants de l’Ukraine. Ceci explique que les armées Allemandes furent ensuite accueillies comme des libérateurs ; mais cela ne durera pas longtemps, d’autant plus que les milices ukro-nazies de Stepan Banderas auront vite fait de dépasser leurs maîtres germains côté crimes de guerre. La guerre de partisans, que tout chrétien doit condamner, n’arrangera pas les choses.

Après la victoire soviétique, qui aura coûté à la Russie (Ukraine comprise) peut-être 25 millions de tués civils et militaires, la République Socialiste Soviétique d’Ukraine se verra augmentée de la Crimée comme rappelé plus haut. Après 50 ans de guerre froide, c’est l’effondrement de l’URSS sur lequel nous ne nous étendrons pas, mais qui accumulera des points de friction sur lesquels s’appuiera la thalassocratie anglo-saxonne pour déstabiliser ” l’Ile Monde ”. Pour tenter de préserver la paix future, la Russie essayera d’obtenir des garanties que l’OTAN – lequel n’a pas été dissout comme le Pacte de Varsovie – n’ira pas plus loin que la ligne Oder-Neisse. Cette garantie fut donnée verbalement, comme en témoignent les déclarations de plusieurs acteurs (Cf Roland Dumas, Gorbatchev…), ainsi que les minutes de la réunion dans les diverses chancelleries, et ce, malgré les dénégations des dirigeants occidentaux. Cette promesse ne cessera d’être violée, jusqu’à ce que le dernier tampon de sécurité de la Russie, l’Ukraine, soit transformée en pitbull russophobe. Des forces politiques se réclamant plus ou moins clairement du nazisme furent financées et instrumentalisées par les services spéciaux anglo-saxons5 pour aboutir, après plusieurs tentatives Orange, à la tragi-comédie du Maïdan.

Ayant connaissance d’un projet anglo-saxon de s’emparer de Sébastopol6, ce qui aurait coincé la marine russe derrière le détroit de Kertch, le gouvernement russe réagit rapidement, d’autant que la population de Crimée, Tatars compris, était largement favorable à un rattachement à la Russie. L’opération se fit sans avoir à tier un coup de fusil.

Réalisant les intentions agressives envers les populations russophones du nouveau gouvernement, les oblast de Donetsk et Louhansk y firent opposition, mais rapidement la situation tourna à l’aigre, et, n’ayant pu maintenir leur ligne de défense à Slaviansk, les deux républiques auto-proclamées durent se replier dans un réduit adossé à la frontière russe, avant qu’une aide matérielle organisée, le Ventorg, ne leur permettent de tenir face à l’assaut des forces kiéviennes, composées principalement des bataillons néo-nazis Aïdar et Azov. Tentant de percer la défense des russophones, ces forces s’engagèrent profondément à Debaltsevo et furent piégées dans un chaudron. En passe d’être totalement anéanties, elles furent sauvées par un cesser le feu et les accords de Minsk.

Ces accords pouvaient aboutir à un statut-quo pacifique, avec une relative autonomie pour les régions russophones, lesquelles sont assez étendues.

Mais, Kiev n’a jamais voulu appliquer ces accords, et a continué durant 8 ans à bombarder les républiques auto-proclamées de façon plus ou moins épisodique.

Après l’affaire Géorgienne réglée assez rapidement par la Russie, on pouvait penser que les provocations atlantistes cesseraient, mais la révolution du Maïdan montra qu’il n’en était rien. Pourtant, à de nombreuses reprises, Vladimir Poutine mettra en garde les USA et leurs alliés ou caniches européens. En dernier lieu, il demandera de façon solennelle des garanties de sécurité juridiquement contraignantes. Les chancelleries occidentales ont opposé pour la plupart une fin de non recevoir à ces demandes. Entretemps, l’OTAN, sans être officiellement présent en Ukraine, ne cessait de fournir des armes et de l’appui sous diverses formes. Plusieurs centaines de militaires, principalement étatsuniens, canadiens ou anglais, formaient les troupes de Kiev.

A la mi février, les forces de Kiev redoublèrent leurs bombardements sur Donetsk et Louhansk tuant un certain nombre de civils, puis tentèrent sans succès une percée du côté de Gorlovka. C’est à peu près à ce moment que le gouvernement russe décida d’attaquer après la reconnaissance des deux républiques.

On pourra compléter ces informations avec l’exposé parfaitement cynique de Friedman sur la doctrine US vis-à-vis de la Russie :

https://odysee.com/@sesezeze:9/Les-règles-du-jeu-ou-le-cirque-géopolitique:9d

L’homme qui a vendu l’Ukraine

par Mike Whitney - Le 05/03/2022.

Volodymyr Zelensky est l’actuel président de l’Ukraine. Il a été élu lors d’une victoire écrasante en 2019 sur la promesse d’apaiser les tensions avec la Russie et de résoudre la crise dans les républiques séparatistes de l’est de l’Ukraine. Mais il n’a pas fait la moindre tentative pour tenir sa parole sur ces deux questions. Au contraire, il a considérablement exacerbé la crise interne de l’Ukraine tout en provoquant sans relâche la Russie. Zelensky a eu de nombreuses occasions d’aplanir les difficultés avec Moscou et d’empêcher le déclenchement des hostilités. Au lieu de cela, il a constamment aggravé la situation en suivant aveuglément les directives de Washington.

Zelensky a été adulé par l’Occident et loué pour sa bravoure personnelle. Mais, dans la pratique, il n’a pas réussi à rétablir l’unité nationale ou à mettre en œuvre l’accord de paix crucial qui est la seule voie vers la réconciliation. Le président ukrainien n’aime pas le protocole dit de Minsk et a refusé d’en respecter les exigences fondamentales. En conséquence, la guerre fratricide à forte connotation ethnique qui a embrasé l’Ukraine au cours des huit dernières années se poursuit aujourd’hui sans qu’aucune issue ne soit en vue. Le président Vladimir Poutine a fait référence à l’obstination de Zelensky dans un récent discours prononcé au Kremlin. Il a déclaré :

« Lors de l’événement d’hier… les dirigeants ukrainiens ont déclaré publiquement qu’ils n’allaient pas respecter ces accords. Qu’ils ne les respecteraient pas. Eh bien, qu’avez-vous à ajouter ? » (Vladimir Poutine)

La plupart des Américains ne réalisent pas que le rejet des accords de Minsk par Zelensky a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les responsables russes avaient travaillé pendant huit ans sur Minsk, élaborant des conditions acceptables pour toutes les parties. Puis, à la onzième heure, Zelensky a mis le holà à l’accord d’un geste de la main. Pourquoi ? Qui a dit à Zelensky d’abandonner l’accord ? Washington ? Oui, bien sûr.

Et pourquoi Zelensky a-t-il déployé 60 000 troupes de combat dans la zone située juste au-delà de la ligne de contact (dans l’est de l’Ukraine), où elles pouvaient lancer des obus mortels sur les villes et villages des Russes ethniques qui y vivaient ? De toute évidence, le message envoyé à la population était qu’une invasion était imminente et qu’elle devait fuir immédiatement ses maisons ou s’abriter dans ses caves. Quel objectif Zelensky espérait-il atteindre en forçant ces gens à se recroqueviller dans leurs maisons, craignant pour leur vie ? Et quel message entendait-il envoyer à Moscou, dont les dirigeants regardaient ces événements avec une horreur absolue ?

Savait-il que ses actions allaient déclencher des alarmes en Russie, forçant Poutine à appeler ses militaires et à les préparer à une éventuelle invasion pour protéger son peuple de ce qui semblait être une opération massive de nettoyage ethnique ? Oui, c’est ce qu’il faisait.

Alors, en quoi ces actions sont-elles cohérentes avec les promesses de campagne de Zelensky de restaurer l’unité nationale et de résoudre pacifiquement les problèmes de l’Ukraine avec la Russie ?

Elles ne sont pas du tout cohérentes, elles sont diamétralement opposées. En fait, Zelenskyy semble fonctionner selon un tout autre scénario. Prenez, par exemple, son refus total d’aborder les préoccupations minimales de la Russie en matière de sécurité. Zelensky savait-il que Poutine avait déclaré à plusieurs reprises que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était une « ligne rouge » pour la Russie ? Savait-il que Poutine n’a cessé de répéter la même chose depuis 2014 ? Sait-il que Poutine a prévenu que si l’Ukraine prenait des mesures pour rejoindre l’OTAN, la Russie serait obligée de prendre des mesures « militaro-techniques » pour assurer sa propre sécurité ? Zelensky est-il au courant que l’OTAN est une alliance contrôlée par Washington qui s’est livrée à de nombreux actes d’agression contre d’autres États souverains. Voici une courte liste des réalisations de l’OTAN :

  • La destruction de la Yougoslavie
  • La destruction de l’Afghanistan
  • La destruction de la Libye
  • La destruction de l’Irak
  • La destruction de la Syrie

Zelensky sait-il que l’OTAN est ouvertement hostile à la Russie et considère la Russie comme une menace sérieuse pour ses ambitions expansionnistes ?

Oui, il est au courant. Ça ne l’a pas empêché d’exprimer publiquement son intérêt pour le développement d’armes nucléaires. Qu’est-ce que cela signifie ? Imaginez le problème que cela poserait à la Russie. Imaginez qu’une marionnette soutenue par les États-Unis, comme Zelensky, ait des missiles nucléaires au bout des doigts. Comment pensez-vous que cela pourrait affecter la sécurité de la Russie ? Pensez-vous que Poutine pourrait ignorer une telle évolution et continuer à remplir son devoir de protection du peuple russe ?

Et pourquoi Zelenskyy a-t-il accepté de laisser livrer des cargaisons successives d’armes mortelles à l’Ukraine s’il recherchait sincèrement la paix avec la Russie ? Pensait-il que Poutine était trop stupide pour voir ce qui se passait juste sous son nez ? Pensait-il qu’il normalisait ses relations en développant son arsenal, en menaçant son propre peuple et en se pliant à toutes les exigences de Washington ?

0u bien considérait-il que les demandes de garanties de sécurité de Poutine étaient déraisonnables ? C’est cela ? Pensait-il que de l’autre côté de l’océan, les États-Unis permettraient au Mexique d’installer des bases militaires, des pièces d’artillerie et des sites de missiles le long de leur frontière sud ? Y a-t-il un président dans l’histoire américaine qui n’aurait pas fait la même chose que Poutine ? Y a-t-il un président dans l’histoire des États-Unis qui n’aurait pas lancé une attaque préventive sur ces armes mexicaines et vaporisé tout être vivant dans un rayon de 30 km ?

Non, les demandes de Poutine étaient tout à fait raisonnables, mais Zelenskyy les a quand même ignorées. Pourquoi ?

Zelenskyy sait-il qu’il y a des « Sektor » de droite, des néo-nazis au sein du gouvernement, de l’armée et des services de sécurité ? Sait-il que, même s’ils sont peu nombreux, ils constituent une force avec laquelle il faut compter et qui joue un rôle important dans la haine et la persécution des Russes ethniques ? Sait-il que ces éléments d’extrême droite participent à des défilés aux flambeaux, se font imprimer des croix gammées ou des tatouages SS sur les bras, et vénèrent l’idéologie racialiste d’Adolph Hitler ? Se rend-il compte que nombre de ces nazis se sont livrés à des actes criminels de brutalité, notamment l’incinération de 40 civils dans le bâtiment des syndicats à Odessa en 2014 ? Pense-t-il que les programmes secrets de la CIA pour armer et former ces militants d’extrême droite renforcent la confiance ou pense-t-il que cela rappelle à Moscou une guerre catastrophique au cours de laquelle 27 millions de Russes ont été exterminés par la Wehrmacht allemande ?

Vous rendez-vous compte que tout ce que Zelensky a fait, a été fait dans l’intention de provoquer la Russie ?

Tous les discours sur l’adhésion à l’OTAN, tous les discours sur la construction d’armes nucléaires, l’accumulation constante d’armes mortelles, le mouvement des troupes vers l’est, le refus d’appliquer le traité de Minsk et le rejet des demandes de sécurité de Poutine : tout cela constituait une série de provocations délibérées. Mais pourquoi ? Pourquoi avoir « appâté l’ours », telle est la question.

Parce que Washington veut attirer la Russie dans une guerre pour pouvoir diaboliser davantage Poutine, isoler la Russie, lancer une opération de contre-insurrection contre l’armée russe et imposer des sanctions économiques sévères qui infligeront un maximum de dommages à l’économie russe. C’est la stratégie de Washington en un mot, et Zelenskyy aide Washington à atteindre ses objectifs. Il se permet d’être l’outil de Washington. Il sacrifie son propre pays pour faire avancer les intérêts des États-Unis.

Tout cela contribue à souligner un point qui n’est jamais pris en compte par les médias et jamais discuté par les experts des informations câblées, à savoir que l’Ukraine va perdre la guerre, et que Zelenskyy le sait. Il sait que les forces armées ukrainiennes ne font pas le poids face à l’armée russe. C’est comme si un Géant écrasait une mouche. L’Ukraine est la mouche. Le public a besoin d’entendre ça, mais il ne l’entend pas. Au lieu de cela, ils entendent des blablas sur des Ukrainiens héroïques qui combattent l’envahisseur russe. Mais ce sont des absurdités, des absurdités dangereuses qui encouragent les gens à sacrifier leur vie pour une cause perdue. L’issue de ce conflit n’a jamais fait de doute : L’Ukraine va perdre. C’est certain. Et si vous lisez entre les lignes, vous verrez que la Russie est en train de gagner la guerre haut la main ; ils écrasent l’armée ukrainienne à chaque tournant, et ils continueront à les écraser jusqu’à ce que l’Ukraine se rende. Regardez cette brève interview du colonel Douglas MacGregor par Tucker Carlson et vous comprendrez ce qui se passe réellement :

*

Tucker : « Où en est la guerre à partir de ce soir » ? (1er mars)

Colonel McGregor : « Eh bien, les 5 premiers jours, nous avons assisté à un mouvement très lent et méthodique des forces russes pénétrant en Ukraine….. Ils se sont déplacés lentement et prudemment et ont essayé de réduire les pertes parmi la population civile, en essayant de donner aux forces ukrainiennes l’opportunité de se rendre. C’est terminé. Et dans la phase où nous nous trouvons maintenant, les forces russes ont manœuvré pour encercler et entourer les forces ukrainiennes restantes et les détruire par une série de frappes massives à l’artillerie, à coup de roquettes, de frappes aériennes, avec les blindés russes qui se rapprochent lentement mais sûrement et anéantissent ce qui reste. Donc, c’est le début de la fin de la résistance ukrainienne.

Tucker : Quel est l’objectif de Poutine ici ? »

Colonel McGregor : « Poutine a entrepris d’honorer sa promesse de 2007 à la Conférence sur la sécurité de Munich, où il a dit : ‘Nous ne permettrons pas l’expansion de l’OTAN jusqu’à un point où l’OTAN toucherait notre frontière, en particulier en Ukraine et en Géorgie’. Nous considérons ces pays comme des chevaux de Troie pour la puissance militaire de l’OTAN et l’influence des États-Unis… ». Il a répété cet avertissement à maintes reprises, dans l’espoir d’éviter d’avoir à prendre des mesures pour nettoyer efficacement l’est de l’Ukraine de toute force d’opposition, quelle qu’elle soit, et de placer ses forces dans une position vis-à-vis de l’OTAN qui nous dissuaderait de toute nouvelle tentative pour influencer ou transformer l’Ukraine en une plate-forme pour la projection de la puissance américaine et occidentale en Russie. Son objectif – à ce jour – est de s’emparer de toute la partie orientale de l’Ukraine (à l’est du Dniepr) et il a traversé le fleuve là où il se prépare à investir la ville de Kiev.

À ce stade, Poutine doit décider de ce qu’il veut faire de plus. Je ne pense pas qu’il veuille aller plus à l’ouest. Mais il aimerait être sûr que ce qui émergera de cette Ukraine… sera « neutre », non aligné et, de préférence, favorable à Moscou. Ça, il l’acceptera. Si ce n’est pas le cas, sa guerre n’aura été qu’une perte de temps » (« Colonel Douglas MacGregor avec Tucker Carlson »,

 

Ce que nous pouvons déduire de cette courte interview :

 

  • La Russie va l’emporter et l’Ukraine va perdre.
  • L’Ukraine va être divisée. Poutine va créer le tampon dont il a besoin pour assurer la sécurité de son pays.
  • Quiconque gouvernera la partie occidentale de l’Ukraine devra déclarer sa « neutralité » (par écrit) et rejeter toute offre d’adhésion à l’OTAN. Ceux qui violeront cette promesse seront démis par la force.

Mais voici ce qui est important : tous les principaux acteurs de ce fiasco savaient dès le départ que l’Ukraine n’avait aucune chance de vaincre l’armée russe. C’était couru d’avance. Ce que nous voulons savoir, c’est pourquoi Zelenskyy n’a pas pris de mesures pour éviter la tragédie avant qu’elle ne se produise.

Répondre à cette question, c’est révéler « qui est vraiment Zelenskyy ».

Posez-vous cette question : Pourquoi Zelenskyy n’a-t-il pas négocié avec Poutine lorsqu’il en avait l’occasion ? Pourquoi n’a-t-il pas retiré ses 60 000 soldats de l’Est ? Pourquoi n’a-t-il pas arrêté les livraisons d’armes de Washington ? Pourquoi n’a-t-il pas appliqué le traité de Minsk ? Pourquoi n’a-t-il pas rejeté l’offre d’adhésion à l’OTAN ?

Enfin, pourquoi était-il si déterminé à faire ce qu’il savait être une source de colère pour Moscou et accroître la probabilité d’une guerre ?

Il n’est pas difficile de répondre à ces questions.

Zelensky a agi sur ordre de Washington depuis le début. Nous le savons. Il a également mis en œuvre l’agenda de Washington, pas le sien et certainement pas celui de l’Ukraine. Nous le savons aussi. Mais cela ne l’exonère pas de sa responsabilité. Après tout, c’est un adulte capable de distinguer le bien du mal. Il sait ce qu’il fait, et il sait que c’est mal ; pire que mal, c’est inexcusable. Il envoie des hommes mourir dans une guerre dont il sait qu’ils ne peuvent pas la gagner ; il inflige des souffrances et des blessures incalculables à son propre peuple sans aucune raison ; et – le pire de tout – il a ouvert la voie à la dissolution de l’Ukraine elle-même, le pays qu’il avait juré de défendre. Ce pays va être brisé en morceaux dans le cadre d’un règlement final avec la Russie, et Zelenskyy aura une bonne part de responsabilité.

Comment un homme comme lui peut-il vivre avec lui-même ?

https://www.unz.com/mwhitney/the-man-who-sold-ukraine/

Traduction: MP

 

source:https://plumenclume.org/blog/

« Une bande de drogués et de néo-nazis »

par Thierry Meyssan - Le 05/03/2022.

En évoquant une bande de drogués et de néo-nazis au pouvoir à Kiev, le président Poutine a beaucoup choqué. La presse atlantisme s’est efforcée de le présenter comme un malade mental. Pourtant, les faits sont là : le pouvoir en Ukraine est bien occupé par une bande de drogués qui a volé les revenus du gaz. Une loi raciale a été votée. Des monuments au Collaborateur nazi Stepan bandera ont été érigés. Et deux bataillons nazis ont déjà été incorporés dans l’armée régulière.

La stratégie militaire de la Russie est aujourd’hui impossible à décrypter car nous n’avons pas de relevé exact des opérations sur le terrain. Seuls les états-majors russe et otanien en ont. Ce qui est diffusé est clairement faux, dans le cas des journaux occidentaux et du gouvernement ukrainien, et invérifiable, dans le cas des armées de la Russie, de Donestz et de Lougansk.

La seule chose qui est certaine, c’est que —pour le moment— les combats se limitent au territoire ukrainien alors que le conflit concerne la Russie et les États-Unis, et uniquement de manière incidente l’Ukraine.

Nous nous attendons à ce que, le 5 mars 2022, la Russie hausse le ton et porte le conflit sur un second théâtre d’opération.

En attendant, je vais expliquer ce dont le président Vladimir Poutine voulait parler en décrivant les autorités ukrainiennes comme «une bande de drogués et de néo-nazis», une expression extrêmement choquante, mais très étayée.

Peut-être le président Poutine accorde-t-il trop d’importance à ces faits, ou peut-être est-ce nous, Occidentaux, qui les minimisons.

De gauche à droite : David Archer et sa femme, Joe Biden et son fils Hunter jouant au golf.
Source : Fox News
«Une bande de drogués»

Le gouvernement de Viktor Ianoukovytch (2010-14) tentait de maintenir l’Ukraine dans un juste milieu entre son voisin russe et son ami états-unien. Cependant selon le mot du président Bush fils, «Ceux qui ne sont pas avec nous, sont contre nous». Par conséquent, il était considéré par les Occidentaux comme «pro-Russe». Il fut renversé par les États-Unis, sous le commandement de l’assistante du secrétaire d’État pour l’Eurasie, la straussienne Victoria Nuland, à l’occasion de la «révolution de la dignité» sur la place Maïdan. Le régime transitoire était au mains d’émeutiers professionnels. On découvrit alors l’ampleur de la corruption de l’équipe Ianoukovytch et les Straussiens décidèrent de gagner plus d’argent encore.

Le 3 avril, un des anciens conseillers du secrétaire d’État états-unien, John Kerry, l’escroc  David Archer, et son camarade de défonce, le fils du vice-président Joe Biden, Hunter Biden, rencontrèrent le milliardaire Stephen Schwartman, directeur du fonds d’investissement Blackstone (à ne pas confondre avec Blackrock) en Italie, sur les bords du lac de Côme, à l’Ambrosetti Club.

David Archer, fut placé au conseil d’administration de Burisma Holdings, une des principales sociétés gazières ukrainiennes dont le propriétaire était sous le coup de poursuites judiciaires du FBI et du MI5 en Occident. Les policiers états-uniens et britanniques avaient acquis la conviction que le propriétaire de Bursima, l’oligarque Mykola Zlochevsky, qui était le ministre des ressources naturelles du régime de Ianoukovytch s’était illégalement octroyé des licences pour ses sociétés gazières et pétrolières. Pour cette fonction d’homme de paille, Archer fut rémunéré 83~333~dollars par mois. Une photo de lui à la Maison-Blanche avec le vice-président Biden fut placée sur le site de la compagnie.

Puis le vice-président Joe Biden et ses conseillers Jake Sullivan et Antony Blinken arrivèrent à Kiev pour promettre l’aide des États-Unis au nouveau régime et organiser des élections crédibles. Cependant, les oblasts de Donestzk et de Lougansk rejetèrent le gouvernement provisoire qui comprenait cinq ministres nazis et, par référendum, proclamèrent leur indépendance. Le lendemain, 12 mai 2014, le fils du vice-président Biden, le junkie Hunter Biden, rejoignit le conseil d’administration de Burisma Holding. Par la suite, un troisième homme, le beau-fils du secrétaire d’État John Kerry, Christopher Heinz, rejoignit David et Hunter au conseil d’administration de Burisma.

Durant le second semestre 2014, sur instructions de David Archet et Hunter Biden, Burisma a versé 7~millions de dollars de dessous de table au Procureur général d’Ukraine du nouveau régime Poroshenko pour rédiger des faux et clore les poursuites judiciaires contre elle et son oligarque de propriétaire. Une écoute téléphonique a permis d’entendre le président Petro Poroshenko confirmer au vice-président Biden que l’affaire était «arrangée». Les États-Unis avaient donc recyclé l’ancien ministre du «pro-Russe» Ianoukovytch. Par la suite, le procureur général, décidément très gourmand, fut évincé par un vote du Parlement provoqué par les États-Unis, l’Union européenne, le FMI et la Banque mondiale qui souhaitaient aussi sauver l’oligarque et ancienne Première ministre Yulia Tymoshenko, mais à moindre prix.

Tous ces événements ont largement été relatés dans la presse ukrainienne. Ils ne sont que le sommet de l’iceberg. par exemple, selon le {Wall Street Journal}, le secrétaire à l’Énergie états-unien Rick Perry aurait fait pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour virer les administrateurs de la société gazière publique Naftogaz et les remplacer par d’autres dont le straussien Amos Hochstein.

En juillet 2019, le président états-unien Donald Trump demande à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, d’enquêter sur ces affaires de corruption (incluant celle de son propre secrétaire à l’Énergie), celui-ci refuse. Alors que Trump se fait de plus en plus pressant, un fonctionnaire du Renseignement US révèle le contenu de cette conversation et accuse le président Trump d’instrumenter l’Ukraine pour nuire à son rival, le candidat démocrate Joe Biden. Il s’en suivra une procédure de destitution du président Trump au Congrès, l’Ukrainegate.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un grand nombre de faits de corruption est avéré, qu’ils ont été perpétrés au bénéfice de personnalités ukrainiennes et états-uniennes, et qu’en définitive, des dizaines de milliards de dollars ont disparu et le niveau de vie de la population ukrainienne s’est effondré. Tout cela a été effectué grâce à des hommes de paille qui n’ont aucune compétence en matière de gaz, mais ont en commun de participer aux soirées de consommation de drogue d’Hunter Biden. C’est cela que le président russe Vladimir Poutine a évoqué à juste titre.

D’un point de vue européen, chacun a constaté que depuis un an, le prix du gaz à la consommation a été multiplié par dix. Certes, l’augmentation de la demande est plus importante que celle de l’offre, mais cela ne peut absolument pas expliquer l’ampleur de cette hausse du prix. En réalité, les contrats de gaz à long terme sont toujours calculés à des prix un peu plus chers que par le passé, tandis que les contrats à court terme ont subits une envolée. La différence s’explique exclusivement par la spéculation. Et précisément, Blackstone  et les amis du président Joe Biden ont été les premiers à spéculer. Ils s’attendaient à l’évidence à une crise dans un des pays producteur.

On comprend mieux pourquoi la presse atlantiste minimise l’affaire Hunter Biden, dans laquelle son père devenu président des États-Unis est mouillé jusqu’au cou. En définitive, l’opération militaire actuelle en Ukraine provoque une hausse supplémentaire des prix du gaz, toujours au profit des amis du président US et au détriment des Européens.

Ces faits doivent être reliés à ce que j’écrivais dans l’article précédent de cette série. Jake Sullivan, Antony Blinken et Victoria Nuland, qui ont piloté ces combines, sont des Straussiens. Et comme l’écrivait le premier d’entre eux, Paul Wolfowitz, en 1992. Le premier rival des États-Unis, c’est l’Union européenne dont il faut empêcher le développement.

Au demeurant, ces faits sont des affaires intérieures ukrainiennes et ouest-européenne. Ils ne justifient pas d’intervention extérieure.

Arrivée du Bartaillon nazi Azov à mariopol en août 2020.
«Une bande de néo-nazis»

Le président Vladimir Poutine a également évoqué une bande de néo-nazis. Cette fois, il ne s’agit plus d’un petit groupe de quelques dizaines de personnes, mais de quelques milliers, entre 10 et 20~000.

Pour comprendre, il faut se souvenir qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’URSS ont chacun fait prisonnier de nombreux dignitaires nazis. Tous ont essayé de récolter leurs informations. Mais si, au bout de huit mois, les Soviétiques les ont renvoyés chez eux, les États-uniens en ont conservé un certain nombre et les ont recyclés. Chacun sait que, par exemple, le savant nazi qui imagina les V2, Werner von Braun, devint le directeur de la Nasa (opération «Paperclip»). Ou encore que le conseiller spécial du chancelier Adolf Hitler pour l’Ordre nouveau en Europe, Walter Hallstein, devint le premier président de la Commission européenne. Ou encore que l’alpiniste Heinrich Harrer fut chargé par la CIA d’élever le Dalaï-Lama. Ce que l’on sait mois, c’est que la CIA recycla aussi de nombreux SS et policiers de la Gestapo un peu partout dans le monde. Elle plaça par exemple le gestapiste Klaus Barbie à la tête de la Bolivie où il parvint à assassiner Che Guevara, ou le SS Alois Brunner en Syrie (alors alliée de Washington).

Durant toute la Guerre froide, la CIA utilisa les nazis. Cependant, le président Jimmy Carter chargea l’amiral Stansfield Turner de remettre de l’ordre dans l’agence, d’y limiter le rôle de ces agents et d’en finir avec les dictatures. La plupart des nazis furent renvoyés, mais ceux qui pouvaient agir dans le Pacte de Varsovie furent conservés. Ainsi le président Ronald Reagan célébra les «nations captives» d’Europe de l’Est, créant une ribambelle d’associations pour déstabiliser les États membres du Pacte de Varsovie, voire l’URSS.

C’est donc de manière tout à fait logique, qu’en 2007, la CIA organisa à Ternopol (Ukraine) un congrès pour rassembler les néo-nazis européens et les jihadistes moyen-orientaux anti-Russes. Il fut présidé par le nazi ukrainien Dmitro Yarosh et l’émir tchétchène Dokou Umarov. Toutefois ce dernier, recherché par Interpol, ne put pas se rendre sur place. Il envoya donc un message vidéo de soutien. par la suite, les néo-nazis et les jihadistes se battirent ensemble pour imposer l’Émirat islamique d’Itchkérie à la place de la République tchétchène.

En 2013, l’Otan forma au combat de rue les hommes du même Dmitro Yarosh en Pologne. De la sorte, ils furent opérationnels lors du changement de régime diligenté par Victoria Nuland en Ukraine : la «révolution de la dignité» dite aussi «EuroMaïdan». La plupart des journalistes sur place ont remarqué la présence inquiétante de ces nazis, mais les personnalités occidentales qui venaient participer à cette «révolution», comme Bernard-Henri Lévy étaient aveugles.

Dans les mois qui suivirent, la présence de cinq ministres nazis dans le gouvernement de transition provoqua les référendums d’indépendance des oblasts de Donestz et Lougansk. Le président Petro Porochenko, sur les conseils des amis d’Hunter Biden, les organisa en unités militaires qu’il plaça à la frontière des nouvelles Républiques populaires de Donestz et de Lougansk. Les groupes néo-nazis étaient financés par le parrain de la mafia locale Ihor Kolomoïsky. Le fait que ce dernier soit président de la Communauté juive d’Ukraine ne l’a pas empêché de choisir ainsi ses hommes de main. Cependant lorsque Kolomoïsky tenta de prendre le contrôle des organisations juives européennes grâce à son argent et par la menace, il se fit éjecter.

Pour renverser le président Porochenko, Ihor Kolomoïsky fabriqua de toutes pièces un nouvel homme politique en produisant une série de télévision, {Serviteur du peuple}, dont l’acteur principal était un certain Volodymyr Zelensky. Lorsque celui-ci fut élu président et que les Straussiens accédèrent à nouveau à la Maison-Blanche, il accepta toutes leurs suggestions. Il dressa des monuments en hommage à Stepan Bandera, le chef des Collaborateurs nazis durant la Seconde Guerre mondiale. En définitive, il soutint son idéologie selon laquelle la population ukrainienne a deux origines, d’une part scandinave et proto-germanique, d’autre part slave, seuls les premiers sont de véritables Ukrainiens, les seconds ne sont que des Russes, des sous-hommes. Il promulgua alors une «Loi sur les peuples autochtones» qui prive les Ukrainiens d’origine salve de la jouissance des Droits de l’homme et des libertés fondamentales. Cette loi n’a pas encore été appliquée.

Durant sept ans, les groupes nazis ont massacré des habitants du Donbass, au hasard. L’Allemagne et la France, garants des accords de Minsk, n’ont rien fait . Les Nations unies elles mêmes ont fermé les yeux. Pendant sept ans, ces groupes se sont développés. Ils sont passés de centaines de soldats à des milliers.

A la demande de Victoria Nuland, le président Zelensky nomma Dmitro Yarosh conseiller spécial du chef des armées. Ce dernier, manifestement gêné, refusa de commenter cet étrange duo pour des questions de «sécurité nationale». Yarosh réorganisa les néo-nazis en deux bataillons et en groupes urbains. Il lança une vaste attaque des oblasts séparatistes le week-end de la Conférence sur la sécurité de Munich, déclenchant ainsi la réponse russe.

Le 3 mars, le bataillon nazi Aïdar fut vaincu par l’armée russe. Le président Zelensky nomma alors son commandant gouverneur d’Odessa avec pour mission d’empêcher les armées russes de faire la jonction entre la Crimée et la Transnistrie.

Tous ces faits sont indiscutables. On peut estimer que la réponse de la Russie est disproportionnée et inappropriée, mais pas qu’elle soit injustifiée.

Il faut garder à l’esprit que la Seconde Guerre Mondiale a été vécue différemment à l’Ouest et à l’Est. En Europe de l’Ouest, le nazisme était une dictature qui s’en est prise à des minorités, les Tsiganes et les Juifs, qu’elle a enlevé et exterminé par millions dans des camps. En Europe de l’Est, le projet était tout autre. Il s’agissait de de libérer un espace vital en exterminant la population slave. Il n’y avait pas besoin de camp. Il fallait tuer tout le monde. Les destructions ne sont pas coupables. La seule URSS a compté 27 millions de morts. La Russie moderne s’est construite sur le souvenir de cette Grande Guerre patriotique contre le nazisme. Pour les Russes, il est inacceptable de porter des croix gammées et de voter une loi raciale. Il faut agir sans attendre qu’elle soit appliquée.

Thierry Meyssan

illustration : Le président Zelenski élève le nazi Dmytro Kotsyubaylo au titre de héros de la nation à l’Assemblée nationale. Kotsyubaylo a succédé à Dmitro Yarosh à la tête du Secteur droit.

Armer l'Ukraine : L'inventaire des livraisons d'armes déjà effectuées ou à venir ?

Source : Ouest France

 

Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a annoncé mercredi l'envoi par l'Espagne de "matériel militaire offensif" à la "résistance ukrainienne", malgré les réticences de son allié de gauche radicale Podemos. Le Premier ministre espagnol, qui n'a pas donné de détails sur le nombre et le type des armes qui seraient livrées à Kiev, faisait référence aux critiques du principal parti de l'opposition de droite, le Parti Populaire (PP), qui avait accusé mardi le gouvernement de gauche de ne pas "être à la hauteur des circonstances" et de "se cacher derrière l'UE" (photos DoD et Reuters).

 

Toutefois, il a été confirmé que le premier chargement sera livré vendredi; il consiste en un lot de 1370 lance-roquettes antichars, 700 000 cartouches et des mitrailleuses légères.

J'en profite pour faire un point sur les livraisons annoncées, et souvent détaillées, par des pays qui soutiennent Kiev dans sa guerre contre la Russie.

Allemagne: l'Allemagne a déjà livré 9 obusiers, 1 000 armes antichars et 500 missiles sol-air Stinger et elle a donné le feu vert aux pays qui ont acheté des armes allemandes pour les exporter vers l'Ukraine. Ce jeudi, l'Allemagne a décidé d'accroître ses livraisons d'armes en dépêchant 2 700 missiles antiaériens supplémentaires, tous  de fabrication soviétique, 
Belgique: 200 armes antichars et 5 000 fusils d'assaut,
Canada: des armes légères (mitrailleuse, fusils, pistolets, fusils de précision), 1,5 million de cartouches et divers équipements (7,8 millions de $),
Croatie: fusils d'assaut et mitrailleuses, équipements de protection d'une valeur de 16.5 millions d'euros;
République tchèque:  des armes lourdes d'une valeur de 18,23 millions d'euros qui s'ajoutent  aux équipements d'une valeur de 8.6 millions de $ précédemment annoncés: 4000 obus de mortiers, 30 000 pistolets, 7 000 fusils d'assaut, 3 000 mitrailleuses, des fusils d'assaut et un million de cartouches,
Danemark: 2 700 armes antichars, 300 missiles sol-air Stinger (à faire réviser par les USA), des gilets pare-balles,
Espagne: avant l'annonce de mercredi, l'Espagne a livré 20 tonnes de médicaments et d'équipements médical, des équipements de protection dont des gilets pare-balles, des casques et des gilets pare-balles et des tenues NRBC (protection contre armes nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques),
Estonie:  des missiles antichars Javelin; 9 obusiers de 155 mm,
Union européenne: des armes d'une valeur de 500 millions d'euros,
Finlande: 2 500 fusils d'assaut et 150 000 cartouches, 1 500 armes antichars et des rations de combat,
France:  des équipements de défense dont la nature n'a pas été précisée,
Grèce: des équipements de défense et du matériel médical,
Italie: le cabinet a approuvé des transferts d'armes (missiles Stinger et mitrailleuses) mais le Parlement doit encore se prononcer,
Lituanie: des Stinger et des munitions
Pays-Bas: 200 Stinger, 3000 casques et 2000 gilets pare-balles, une centaine de fusils de précision avec 300 000 cartouches, 700 lance-roquettes antichars,
Norvège: 2 000 armes antichars, des casques, des gilets pare-balles et des équipements individuels de protection,
Portugal: des grenades et des munitions, des fusils d'assaut G3 et des équipements militaires non-létaux, 
Roumanie: du carburant pour une valeur de 3 millions d'euros, des équipements individuels de protection, des casques,  des munitions, des équipements militaires et médicaux, 
Royaume-Uni:  2 000 armes antichars et des blindés légers Saxon
Suède: 5 000 armes antichars et des équipements de protection,
Turquie: des drones dont une partie est assemblée en Ukraine;
USA:  des missiles Stinger missiles, des armes antichars de type Javelin, des munitions, des équipements individuels, des armes légères, des munitions, des équipements individuels de protection...

Ukraine : D’où vient une telle différence d’interprétation des événements entre la Russie et l’Occident ?

...par Karine Bechet-Golovko - Le 03/03/2022.

Source : RzO International.

 

Comment la Russie et les pays européens en sont-ils arrivés à parler à ce point une langue différente ? Sans en être particulièrement surpris, nous ne pouvons que le déplorer, car la langue décrit le monde et les pays européens semblent s’enfoncer dans le monde global atlantiste, corps et âmes, y perdant leur âme, y sacrifiant leur corps.

Quand la Russie parle de libération, on lui répond invasion.

Quand la Russie parle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, certains se souviennent soudainement de l’intégrité territoriale.

Quand la Russie parle de dénazification, on cherche à lui opposer une étrange conception de la « démocratie européenne ».

Deux langues pour dire le monde, deux regards qui le construisent différemment. Mais dans quel monde voulons-nous vivre ?

Rappelons-nous tout d’abord de 2004 et de l’incroyable troisième tour des élections présidentielles en Ukraine, cette première révolution, alors dite « orange ». Le monde occidental n’était pas satisfait du vainqueur, Viktor Yanukovitch, alors Premier ministre et considéré pro-russe, car soutenu par les territoires de l’Est. Qu’à cela ne tienne, l’OSCE organise un nouveau tour électoral sous haute « surveillance » et sous pression, permettant de faire passer de justesse leur candidat d’opposition, Viktor Iouchtchenko, qui perdra sans surprise les élections suivantes – encore une fois devant Yanukovitch – l’épuisement de l’état de choc provoqué par un troisième tour surprise, l’effet passé de cet empoisonnement aussi visuel qu’inoffensif, le tout accompagné d’un bilan discutable le conduisant à la perte.

La Révolution orange est la première invasion atlantiste de l’Ukraine. Si elle a permis de briser la mécanique étatique, la rue pouvant s’opposer au politique et « corriger » les résultats électoraux quand nécessaire, elle n’a pas permis de faire basculer la société ukrainienne. Le recours à la violence peut provoquer ce basculement.

En 2014, alors que les élections présidentielles doivent avoir lieu, le Maïdan est lancé. Surprenant – justement avant les élections, à moins de savoir que l’opposition, trop faible politiquement, ne peut pas gagner par les urnes. La rue contre la démocratie instituée, les cocktails molotov contre les bulletins de vote. Cette fois-ci, nous avons assisté à un déferlement de violence, de cendres, de cris et de sang pour briser la société ukrainienne. Les figures politiques de la « démocratie atlantiste » ont défilé à Kiev pour soutenir leur « démocratie » What else ? et au passage, comme l’a si délicatement déclaré Victoria Nulland, à l’époque en charge pour le département d’État de l’Ukraine, fuck the Europe (sic !). Les intérêts américains dominent, les pays européens n’ont pas mot à dire. Mais ils peuvent servir et ont servi dans la dernière phase décisive de ce conflit pour faire accepter à Yanoukovitch un suicide politique : les ministres français et allemand des Affaires étrangères ont été instrumentalisés par ces forces atlantistes pour faire signer un accord entre Yanoukovitch et l’opposition dite « pro-démocratie ». Dans la nuit, les ministres sont partis et la chasse au président ukrainien a été ouverte, le Maïdan a accouché d’un monstre politique, les « commandants » du Maïdan, en treillis et en armes, entrent en vainqueur dans le Parlement, y chassent les élus, un président par interim, Tourtchinov, s’auto-proclamme, le Gouvernement dit national est truffé d’étrangers, la Cour constitutionnelle est suspendue, l’opposition politique est physiquement poursuivie, les médias non-alignés fermés et menacés, les tribunaux fonctionnent au rythme de l’entrée et de la sortie des « combattants démocratiques ». La Crimée se quitte ce capharnaüm, le Donbass s’enflamme.

Dans ce contexte, la législation nationale n’est pas appliquée sur tout le territoire et se pose la question de la validité des normes adoptées par ces institutions révolutionnaires, puisque le Maïdan étant bien appelé « Révolution de la dignité ». En 2009, la CEDH dans son arrêt pilote Ivanov, condamnait déjà l’Ukraine pour le dysfonctionnement systématique de la justice – la Révolution orange n’a donc pas porté l’État de droit. Ensuite, dans son arrêt de Grande Chambre du 12 octobre 2017, donc après le Maïdan, qui devait apporter par les armes la « démocratie » dont l’Ukraine était censée être privée par les urnes, la CEDH dénonce le renforcement du dysfonctionnement systématique de la justice, tant au regard du droit à un procès équitable que de l’exécution des décisions de justice. Dans la conception européenne, depuis Kelsen, il y a État quand il y a un système juridique, globalement efficace. Ce n’est manifestement pas le cas en Ukraine, au moins depuis 2014.

D’une manière générale, toute révolution entraîne une rupture de l’étaticité et les organes de facto gouvernant le territoire ne peuvent en appeler à l’intégrité territoriale, celle-ci étant liée justement à l’État – qui fait alors défaut. Dans cette configuration, lorsqu’il n’y a plus d’État dans le sens juridique du terme, les territoires et les peuples sont légitimes à décider de leur sort, c’est ce que l’on appelle le droit des peuples à décider d’eux-mêmes. C’est ce dont la Crimée s’est prévalu, c’est ce qu’a exigé le Donbass. La Russie veut que les Ukrainiens fassent eux-mêmes leur choix, librement, démocratiquement, sans contrainte extérieure.

Puisque juridiquement la situation est tellement évidente, alors pourquoi l’Occident continue à affirmer non seulement l’existence de l’État en Ukraine, mais sa continuité ? La raison est simple : parce que cette parodie étatique est sa créature. La raison est politique, elle n’est pas juridique. Pourtant, même les institutions européennes reconnaissent l’échec du Maïdan à créer en Ukraine un État de droit démocratique, comme le rappelle ce rapport du 23 septembre 2021, cité dans un article de Forbes1,2 du 14 octobre 2021, très critique contre le miracle ukrainien : « Un récent rapport publié le 23 septembre par la Cour des comptes européenne sur la corruption en Ukraine a déclaré qu’entre 2016 et 2020, les trois principaux obstacles à la croissance économique étaient les mêmes qu’avant le mouvement Maïdan, lorsque les gens protestaient en faveur d’une poussée vers l’intégration européenne. La perception était que la corruption, le manque de confiance dans les tribunaux et les monopoles de marché (capture de l’État par quelques propriétaires d’entreprises privées) étaient des obstacles majeurs à la modernisation de l’Ukraine ».

S’il n’y a pas d’État, dans le sens institutionnel du terme, la prise en main de la société par des forces locales néo-nazies est encore un facteur de déstabilisation, non seulement de l’Ukraine elle-même, mais aussi de l’Europe. Au-delà même des bataillons punitifs Aïdar ou Azov, de Secteur Droit, dont l’idéologie néonazie n’est pas cachée, l’on note une glorification dans la législation ukrainienne des collaborateurs nazis, assimilés au régime juridique des anciens combattants. Les Marches aux flambeaux ne se cachent pas, les insignes nazis ne sont pas flous, l’Occident est parfaitement au courant. Les dirigeants actuels des pays européens, qui célèbrent l’européanisation de l’Ukraine post-Maïdan, en appellent-ils à l’Europe des années 30 ? Pourquoi penser qu’un tel territoire aux portes de l’Europe est une démocratie ?

Si nos dirigeants ne sont pas aveugles, c’est qu’ils sont soumis. La Russie ne fait pas la guerre à l’Ukraine, elle libère le territoire et le peuple ukrainien d’une domination et d’une occupation atlantiste. L’on ne compte plus les programmes de l’OTAN et des pays de l’OTAN « formant » l’armée ukrainienne, l’on ne compte plus les livraisons d’armes (qui ont commencé bien avant l’intervention militaire de la Russie), l’on ne peut oublier les déclarations américaines soutenant l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Toutes ces démarches déstabilisent objectivement la sécurité sur le Continent européen.

Mais il est vrai qu’officiellement, l’armée américaine compte près de 75 000 soldats et civils, toujours présents sur le Continent européen. Alors pourquoi les dirigeants européens, tellement habitués à cette présence politique et militaire, devraient-ils s’insurger contre l’occupation atlantiste de l’Ukraine ?

Cette réaction hystérique occidentale est avant tout une réaction de survie du monde globaliste atlantiste. En acceptant d’être mise au ban de la « bonne société » globaliste, la Russie refuse de vendre une tranquillité à court terme, afin de restaurer son espace vital historique et de garantir une stabilité sur le Continent européen à long terme. Plusieurs fois la question de l’après s’est posé – ce sera alors aux Ukrainiens de choisir. Mais cette fois-ci, eux-mêmes. En attendant, les Américains débarquent des hommes en Europe, non pas en Ukraine, mais en Europe, car c’est bien la question de la protection de leur zone de gouvernance qui se pose. L’OTAN est une structure de guerre, non pas de dissuasion comme elle voulait se présenter – et manifestement, elle ne dissuade pas. C’est donc un échec patenté de la politique atlantiste. Qui se double de la tombée d’un masque – le monde atlantiste entre en combat, uniquement quand il peut gagner sans avoir à se battre contre une véritable armée. D’autant plus que les pays de l’OTAN, principalement les pays européens, ne sont manifestement pas prêts à envoyer leurs hommes contre la Russie se battre, non pas pour « la démocratie », mais pour les intérêts américains dans la région. Et pour sauver la face d’un système inique.

C’est aux pays européens, c’est aux peuples européens, désormais, de se poser la question de savoir dans quel monde ils veulent vivre. Pourquoi une occupation atlantiste est-elle « normale » et une volonté de se libérer une « agression » ? Le visage de ce monde atlantiste, révélé dans sa plus pure nudité, me fait penser à cette formule de Malraux dans « La condition humaine » : « Son visage exprimait la plus abjecte colère, celle de l’imbécile qui croit son pouvoir contesté ».

Nous méritons autre chose, nous méritons mieux, cela va dépendre de nous. La Russie est en train de rebattre les cartes géopolitiques, une autre voie s’ouvre en Europe, la voie européenne.

Karine Bechet-Golovko

source : Russie Politics

L'Ukraine en chiffres

Le 22/02/2022

Pour ceux qui se demandent comment la nation indépendante, souveraine et démocratique de l'Ukraine se classe :

��1ère réserve européenne de minerais d'uranium ;
��2e réserve européenne de minerais de titane - 10e réserve mondiale ;
��2e réserve mondiale de minerais de manganèse (2,3 milliards de tonnes, soit 12% des réserves mondiales) ;
��2e réserve mondiale de minerais de fer (30 milliards de tonnes) ;
��2e réserve européenne de minerais de mercure ;
��3e réserve européenne de gaz de schiste (22 milliards de mètres cubes) - 13e réserve mondiale
�� 4e place mondiale en valeur totale des ressources naturelles
�� 7e réserve mondiale de charbon (33,9 milliards de tonnes)

���� L'Ukraine est un pays agricole - elle peut répondre aux besoins alimentaires de 600 millions de personnes :

��La plus grande superficie de terres arables d'Europe ;
��3e plus grande superficie de terre noire (tchornozem) dans le monde (25% du volume mondial) ;
��1er exportateur mondial de tournesol et d'huile de tournesol ;
��2e producteur mondial d'orge - 4ème exportateur mondial ;
��3e producteur mondial de maïs - 4e exportateur mondial ;
- 4e producteur mondial de pommes de terre ;
- 5e producteur mondial de seigle ;
- 5e place mondiale en production apicole - miel, cire, gelée royale, pollen, propolis, venin d'abeille (75 000 tonnes) ;
- 8e exportateur mondial de blé ;
- 9e producteur mondial d'œufs de poule ;
- 16e exportateur mondial de fromages

���� L'Ukraine est un pays industrialisé :

�� 1er producteur européen d'ammoniac ;
�� 2е plus grand réseau de gazoducs d'Europe et 4e mondial (142,5 milliards de mètres cubes de capacité de débit de gaz dans l'UE) ;
�� 3e plus grand parc nucléaire européen - 8e mondial ;
�� 3e plus long réseau ferroviaire d'Europe - 11e mondial (21 700 km) ;
�� 3e producteur mondial de localisateurs et d'équipements de localisation (après les États-Unis et la France) ;
�� 3e exportateur mondial de fer ;
�� 4e exportateur mondial de turbines pour centrales nucléaires ;
�� 4e fabricant mondial de lance-roquettes ;
�� 4e exportateur mondial d'argile ;
�� 4e exportateur mondial de titane ;
�� 8ème exportateur mondial de minerais et concentrés métallurgiques ;
�� 9e exportateur mondial dans l'industrie de l'armement ;
�� 10e producteur mondial d'acier (32,4 millions de tonnes). 

Commentaires: 2
  • #2

    patrick tiso (dimanche, 06 mars 2022 14:44)

    Réseau International : " Une parabole chinoise : 6 mars 2022

  • #1

    patrick tiso (vendredi, 04 mars 2022 15:04)

    A voir sur YouTube " Ukraine : Asselineau répond à Macron ".