Char à laver

Par Christian Darlot − 29 Mai 2022

 

Sur un site peu connu mais très atlantiste, un plumitif résume un article du Washington Post. Selon le Wapo, citant la secrétaire étasunienne au commerce Gina Raimondo, les chars russes ne fonctionnent que par la grâce de circuits électroniques pris à des lave-linges et des frigos. Il y a donc cinq programmes, dont un pour obus délicats, et la rotation de la tourelle est déterminée par la vitesse d’essorage. C’est pour fabriquer de nouveaux chars, ou réparer les quelques-uns restants, que les Russes pillent les maisons en Ukraine et envoient à l’arrière les précieuses machines à laver.

 

Depuis sa fondation le Wapo – comme le NYT – est la voix de son maître, le journal de la jactance, amplifiant et diffusant la propagande de l’oligarchie, aboyant tantôt pour les suprémacistes étasuniens tantôt pour les mondialistes selon le clan dominant du moment, mais servant toujours l’empire financier.

Le pisse-ligne français qui répercute la bonne parole – et est certainement allé à bonne école – imite le style fat de son confrère washingtonien dont il recopie les allégations. Vérifier nécessiterait en effet un peu de travail, que ne justifie pas la maigreur du salaire. Peu importe que le lecteur ne sache pas si les affirmations sont fondées, puisqu’on ne lui demande que de ricaner. Que Diable ! À quoi servent les journaux, sinon à orienter l’opinion ?

Le sérieux de l’article est une merveille d’humour pince-sans-rire, tout à fait dans le ton des évènements. Merci aux journaleux, soucieux chaque jour de nous dérider ; il faudrait envoyer cet article – dûment traduit – sur le front des combats afin de détendre et revigorer les rudes gaillards des deux camps, toujours prêts à sourire. Ce bobard de guerre rappelle celui de 1914, sur les soldats boches affamés, prêts à poser leurs armes et à suivre jusqu’en captivité un piou-piou ingénieux leur montrant une tartine (beurrée).

Mais douter serait de mauvais goût, car la source est fiable : les propos de la secrétaire étasunienne au commerce sont confirmés par les ministères de la guerre britannique et étasunien. Ces boîtes à propagande – plutôt qu’à plans d’opérations – fonctionnent comme les abattoirs de Chicago au temps de Georges Duhamel et de Tintin : le mensonge est produit au mètre et au décamètre, comme du boudin. Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin !

Depuis longtemps la Russie a choisi de produire du matériel simple et robuste, en grand nombre, les spécialistes estimant que la durée de vie d’un char au combat est brève (on espère pour les servants qu’il y a une sortie de secours). C’est ainsi que l’URSS écrasa l’Allemagne. Les rustiques chars soviétiques vinrent à bout des chars bichonnés par les ingénieurs perfectionnistes férus de deutschequalität.

Le choix de la simplicité et du nombre a prouvé sa pertinence depuis plus d’un siècle. En 1916, les premiers chars Saint-Chamond et Schneider, et plus encore les énormes tanks britanniques, étaient des cibles faciles pour l’artillerie adverse. Le premier char efficace, le FT 17 Renault, dont tous les modèles ultérieurs du monde entier découlent, était un petit char produit en grand nombre, rapide pour l’époque, et à l’équipage réduit à deux servants, un conducteur et un tireur. L’armée française en estimait la durée de vie à quelques jours seulement, ce qui ne devait pas rassurer les soldats.

Des composants simples suffisent sans doute pour commander des systèmes mécaniques. Dans les chars russes, quelques composants pourraient-ils donc être semblables à ceux d’appareils ménagers ? C’est peu vraisemblable mais peut-être pas impossible, et ce serait même astucieux. Cet article ne mentionne pas les systèmes de guidage de tir nécessitant des circuits électroniques complexes. Les puces les plus finement gravées sont surtout fabriquées à Taïwan, dit-on, mais les excellents ingénieurs russes progresseront vite dans la finesse de gravure.

Quoi qu’il en soit, les gouvernants russes ont manifestement préparé depuis plusieurs années l’action politique en cours, en donnant aux militaires les moyens d’accumuler du matériel, et pas seulement des lave-linges et des frigos. L’armée a pléthore de munitions et de missiles de précision, et des chaînes de montage s’activent certainement à la cadence du temps de guerre.

Au contraire, la masse du matériel de l’OTAN s’est, pendant des années, couverte de poussière dans des hangars, d’où les rossignols sont à présent sortis, époussetés, et envoyés en Ukraine pour y être détruits et donner prétexte à des commandes de matériel neuf. Les marchands d’armes se frottent les mains.

Entre les pays en conflit, le contraste est flagrant tant pour la maturité politique des dirigeants que pour l’aptitude au combat. Quant aux violations du Droit international, l’Empire anglo-saxon en est le champion incontesté. La paille et la poutre : les journalistes, pas plus que les politiciens et chefs étoilés de l’OTAN, ne connaissent cette vérité d’Évangile. Preuve du danger résultant de la perte de la culture religieuse traditionnelle !

Les Français devraient s’inquiéter. Plus rien n’est fabriqué dans leur pays. Même pas des circuits imprimés pour les lave-linges, presque tous importés. Pourtant, dans les années 1970, la France était vraiment un des dix pays qui comptaient dans le monde, produisant de tout et ayant presque effacé les conséquences de la défaite de 40 (mais pas celles des politiques désastreuses de Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Brissot, Napoléon ou Badinguet).

L’entrée en 1972 de la Grande-Bretagne dans la CEE, décidée pour transformer le marché commun en zone de libre-échange mondiale, puis le « Franc-fort » en 1976, « l’Acte Unique » en 1986, le traité de Maestricht en 1992, l’OMC en 1995, ont détruit la production industrielle en France. L’instauration de l’euro en 2000, comme monnaie unique plutôt que comme monnaie commune, puis les traités de Nice en 2001 et de Lisbonne en 2008 ont parachevé le désastre. Une catastrophe tous les cinq ans.

Après 1991, par la mainmise sur les pays d’Europe centrale, l’Allemagne a enfin réussi à vassaliser sa Mitteleuropa et à dominer l’Europe sous surveillance anglo-saxonne. Les banquiers de la Cité de Londres et de Manhattan prélèvent un péage sur les transactions mondiales et endettent les États. La monnaie est fabriquée en condensant l’air humide de la Tamise, du Main et de l’Hudson, puis les impôts des citoyens sont pompés vers la phynance.

Pourtant ces calamités n’ont rien d’inattendu ; pour les prévoir, il suffisait d’employer son bon sens et de connaître un peu l’organisation économique réelle et l’Histoire. En France, les traités de libre-échange de 1786, 1846, 1866, provoquèrent des faillites en chaîne et déclenchèrent révolutions et guerres. Tout pays adoptant le libre-échange avec des pays aux salaires bas se condamne à s’appauvrir et à perdre ses qualifications ; tout pays cédant le pouvoir aux financiers se condamne à se désarticuler ; tout pays ne veillant pas à maintenir la cohésion de sa population se condamne à des troubles violents.

La chute est vertigineuse ; elle est devenue terrifiante après l’AVC de Chirac en 2005 et le retour au gouvernement de Sarko-l’Américain. En 2008, la ratification du traité de Lisbonne contre la décision du Peuple Souverain fut un véritable coup d’État. Depuis, la France n’est plus qu’un pays occupé et pillé, dirigé par des gauleiters aux ordres de l’oligarchie mondiale. Son armée est au service d’intérêts étrangers. Son ministère des Affaires Étrangères est vidé de diplomates et rempli de néo-cons. Elle paie tribut aux puissances occupantes, en leur cédant ses principales industries et en rémunérant sans cause leurs banques et leurs « cabinets de conseil ». Elle paie même pour hâter son effondrement, puisque la gabelle et la taille financent l’installation des barbares. Même l’agriculture est ruinée dans un pays merveilleusement fertile. Les traîtres qui gouvernent la France depuis un demi-siècle nous mènent à la mort.

Après la saison des attentats et celle des incendies, après la Covimédie jouée par les Covimédiums, c’est à présent la menace de guerre que les dominants agitent pour effrayer les peuples et les rendre dociles. Deux fois au XXe siècle, les potentats de la finance mondiale poussèrent à la guerre générale pour accroître leur puissance. Le scénario se répète.

À Brucquecelle, Ursule von la Hyène mène la danse macabre.

Ces évènements inquiétants résultent de la structure du pouvoir mondial.
L’oligarchie financière mondiale s’étend aux cercles dirigeants des États anglo-saxons et d’un petit État côtier du Proche-Orient. Sa domination militaire sur l’Europe est assurée par l’OTAN, et sa domination politique par l’UE, tandis que l’Allemagne, occupée depuis 1945, est chargée d’imposer l’austérité. Pour renforcer sa mainmise, l’oligarchie accapare la presse et les médias, choisit les dirigeants politiques, sape la souveraineté des peuples et des États, et s’efforce de déstructurer les sociétés en transgressant toutes les règles coutumières de décence et de civilité, et en implantant dans chaque pays des populations nouvelles, restant séparées de la population d’origine.

Les pays d’Europe subissent ainsi une double invasion :

  • Invasion économique, politique, linguistique et mentale par les puissances anglo-saxonnes dirigées par l’oligarchie mondiale.
  • Invasion ethnique par des étrangers dont l’intégration est empêchée.

Organisées par l’oligarchie, ces deux invasions sont secondées volontairement par les politiciens sous contrôle, et involontairement par des gauchistes dont l’inculture politique aggrave l’irréalisme idéologique. Pour lutter contre ces périls pressants et libérer l’Europe, il faut donc abolir au plus tôt l’UE et l’OTAN.

Mais l’Europe n’a rien à craindre de la Russie, qui ne fait que se défendre des empiètements, et même des menaces, de l’OTAN. Deux questions simples suffisent à le prouver :

  • Pourquoi la Russie, État peuplé de 145 millions d’habitants, dont la densité est globalement faible, et devant protéger un territoire immense recélant toutes les ressources naturelles souhaitables, voudrait-elle conquérir l’Ouest de l’Europe, ensemble d’États peuplé de 500 millions d’habitants, à forte densité et disposant de peu de ressources ?
  • Puisque les combats urbains nécessitent des moyens techniques et humains gigantesques, et contraignent à un difficile contrôle de régions dévastées, pourquoi la Russie se lancerait-elle dans cette aventure vouée à l’échec, dont seule profiterait la Chine, alliée de circonstances située à revers, peuplée d’un milliard et demi d’habitants et plus grande puissance économique mondiale ?

La France a tout intérêt à quitter l’OTAN et l’UE et à conclure une alliance avec la Russie, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, pays culturellement proches, et si possible à y faire entrer aussi l’Allemagne et d’autres pays du continent. Cette alliance exclurait statutairement tout pouvoir supranational, et organiserait les échanges indispensables. Chaque pays pourrait rétablir des droits de douane suffisants pour produire à nouveau – aussi localement que possible – les biens nécessaires à la vie physique, sociale et culturelle. Le retour à la production industrielle, donc à l’emploi, et le frein à l’immigration, aideraient à intégrer les nouveaux venus.

Nul autre programme ne parait réaliste. La remigration est une chimère. La déculturation que causerait l’assimilation du Peuple Français à la langue, à l’idéologie et aux mœurs décadentes des Anglo-saxons aboutirait à des troubles violents dans un pays libanisé. Mais reconstruire est d’autant plus urgent que le niveau intellectuel s’effondre. Si la France ne quitte pas l’OTAN et l’UE au plus tôt, elle deviendra en moins de dix ans un pays du tiers-monde.

Face à un péril mortel, la masse des citoyens devrait se révolter, mais nul parti, nul dirigeant politique d’envergure, ne peut prendre la tête du mouvement. Les médias y veillent.

La Russie est un grand pays européen. La France n’a pas d’intérêt en Mer Noire ni en Ukraine. Dans le passé, chaque fois que la Russie et la France se sont opposées elles ont souffert, mais elles ont assuré leur salut chaque fois qu’elles ont agi ensemble. Malgré la propagande biaisée, l’armée russe agit rationnellement et fait preuve de retenue – autant que possible – dans un pays voisin, longtemps uni au sien et très proche par l’origine et la culture. Un accord de paix intéressera tous les pays d’Europe, devra reconnaître un statut neutre à plusieurs États et concéder à la Russie les territoires dont les habitants se veulent Russes.

Parmi les buts de la guerre en Ukraine l’un paraît être de transférer aux puissances anglo-saxonnes, c’est à dire à l’oligarchie financière, les actifs industriels des pays d’Europe et même leur souveraineté. Un autre but est de provoquer des pénuries dans le monde entier pour brider les peuples. Ces risques sont plus graves à terme qu’une guerre intense mais locale. Toutefois, l’urgence est de faire pièce aux mensonges des va-t-en-guerre, ou plutôt des « allez-en-guerre-vous-autres » ; il serait donc grand temps que les militaires ouvrent leur gueule.

On ne leur demande pas de faire un coup d’État, mais de rester dans leur spécialité et de mettre leur compétence au service de la paix.

On leur demande de rappeler que la solution du conflit doit être diplomatique et rapide.

On leur demande de dire tout haut que l’OTAN ne nous protège pas mais nous met en péril. Cette alliance nous lie, nous asservit et nous rend complices de crimes de guerre massifs. Racket et pillage sont les buts de ce gang. Cette monstrueuse machine à saccager les pays faibles, à chasser et faire périr les habitants par millions, ne sert qu’à enrichir les fabricants d’armes, à ouvrir la voie au brigandage des firmes supranationales et à instaurer la tyrannie.

On leur demande d’affirmer publiquement que les bellicistes imbéciles, qui prônent l’intervention dans le conflit en cours, sont de dangereux insensés, des crétins de course à dossard numéroté. Ces spécimens venimeux seront exposés post-mortem, sous globe, au Muséum. Leur génome sera séquencé, par curiosité et pour ne jamais refaire le même.

L’actuel CEMA s’est distingué par des affirmations politiques contraires à la réalité militaire. C’est que pour être promu aux plus hauts grades, il faut avoir été otanisé ! Or un stage à l’OTAN est un séjour en Pentagonie. Aux plus de deux étoiles, on ne peut faire confiance. Hélas, les politiciens adoubés sont pires !

On a connu des généraux nommés parce qu’ils étaient courtisans (Soubise), magouilleurs (Bazaine), francs-maçons (Joffre), parce qu’ils parlaient anglais couramment (Nivelle), ou avaient l’échine souple et portaient des noms prédestinés : Gamelin, Revers… les choisir était tenter le Diable. La flexibilité lombaire reste le critère décisif.

Le Malin existe-t-il ? En tous cas il a des émules, et ce Satan collectif connaît plus d’un tour pour entraîner les humains dans le malheur. Ne le tentons pas.

Quittons l’OTAN et l’UE, ces organisations mortifères, et reconstruisons notre pays.

Christian Darlot

 

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