MOYEN-ORIENT

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Guerre au Moyen-Orient. Le temps des monstres


Source : Le Saker francophone - Par Moon of Alabama − Le 29 janvier 2024

Hier, 3 soldats américains ont été tués et 34 blessés lors d’une attaque qui a touché un lieu connu sous le nom de Tour 22. Cet endroit fait partie de la zone d’Al Tanf où les troupes américaines occupent illégalement des parties de la Syrie pour contrôler le trafic sur la route principale entre l’Irak et la Syrie.

Les informations disponibles jusqu’à présent ne répondent pas aux nombreuses questions qui se posent.

 

La tour 22 se trouve du côté jordanien de la frontière, mais la Jordanie insiste sur le fait qu’aucune attaque n’a eu lieu sur son territoire.

Une autre anomalie est le nombre élevé de blessés à la suite de l’attaque présumée d’un drone. Les drones sont utilisés en masse dans la guerre en Ukraine, mais les pertes qu’ils causent sont généralement inférieures à une poignée par drone.

Les systèmes de défense aérienne à courte et moyenne portée (C-RAM, l’équivalent des canons Phalanx de la marine) hautement automatisés de la base devraient être en mesure d’abattre n’importe quel drone. Pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné ?

Les États-Unis ont également utilisé la base d’Al Tanf et le camp de Rukban pour héberger et former des groupes dissidents d’ISIS afin qu’ils soient en mesure d’attaquer les ennemis présumés des États-Unis. Ces personnes étaient-elles dans les parages ?

Les États-Unis affirment qu’un groupe de résistance irakien, prétendument soutenu par l’Iran, est responsable de l’attaque. Il existe plusieurs groupes de ce type alliés à l’Iran en Syrie et en Irak. Lequel d’entre eux a fait cela ? Les États-Unis le savent-ils ?

L’Iran nie toute implication dans l’attaque.

Il s’agit certainement d’une escalade par rapport aux attaques précédentes. Le président Biden a déclaré qu’il y répondrait.

La question est alors de savoir où réagir (Syrie, Irak, Iran) et à quel niveau. Il est très probable que les États-Unis procèdent à une escalade à partir de leurs précédents bombardements de tel ou tel groupe de résistance irakien. Si les États-Unis attaquent des institutions ou des positions liées à l’État, la situation s’aggravera encore.

Le camp de la résistance s’efforcera alors d’endommager davantage de biens américains. Depuis l’assassinat du général Quassam Suleimani par les États-Unis, l’objectif global est d’éliminer les États-Unis du Moyen-Orient.

La réponse immédiate des États-Unis à la frappe a été l’activation d’avions-citernes à long rayon d’action :

OSINTdefender @sentdefender – 0:21 UTC – 29 janvier 2024

Au moins 6 avions-citernes KC-135 de l’armée de l’air américaine, la plupart provenant de la base aérienne de March en Californie du Sud, se dirigent vers le nord-est des États-Unis et se préparent à traverser l’Atlantique en direction du Royaume-Uni et de l’Europe. Je me demande quel type d’avion ils vont ravitailler ? 🤔

Les ravitailleurs aériens sont utilisés pour maintenir les avions de combat en vol pendant plusieurs heures. Les raisons de maintenir les avions en vol ne sont pas nécessairement d’attaquer quelqu’un, mais d’empêcher qu’ils ne soient détruits par une attaque sur leurs propres aéroports.

Les États-Unis disposent de nombreuses bases au Moyen-Orient qui abritent un grand nombre de jets coûteux.

Si les États-Unis soupçonnent que ces bases seront attaquées, ils auront besoin d’une grande capacité de ravitaillement en vol pour sauver les avions à réaction qui y sont actuellement stationnés.

On pourrait en conclure que les États-Unis vont attaquer une cible si importante qu’ils doivent se préparer à une riposte totale contre leurs propres bases au Moyen-Orient.

Il existe plusieurs autres possibilités, mais cette conclusion semble être la plus probable.

Prenons maintenant un peu de recul pour examiner la situation dans son ensemble.

L’escalade actuelle au Moyen-Orient est due à la tentative sioniste de nettoyage ethnique à Gaza, en Cisjordanie et au Sud-Liban. Le soutien actif des États-Unis à cet objectif a conduit à de nouvelles guerres américaines au Yémen, en Irak et maintenant en Syrie. Bien que les États-Unis aient affirmé qu’ils ne veulent pas d’une guerre totale au Moyen-Orient, ils font tout pour la favoriser.

La décision dystopique des États-Unis et de leurs vassaux européens de refuser tout soutien à l’UNRWA en réponse à la décision de la Cour internationale de justice contre le génocide des Palestiniens par Israël constitue une nouvelle escalade. On savait depuis des semaines qu’une douzaine ou moins des 30 000 employés de l’UNRWA étaient probablement impliqués dans les événements du 7 octobre. Le fait d’annoncer cela juste après la décision de la CIJ est un acte de vengeance évident contre l’ensemble du système des Nations unies.

Il s’agit d’un ordre fondé sur des règles, dans lequel les États-Unis établissent et rejettent toutes les règles à leur guise, en luttant même contre le droit international et humanitaire établi de longue date.

Sam Husseini @samhusseini – 18:58 UTC – 27 janvier 2024

Francis Boyle déclare qu’avec l’arrêt du financement de l’UNRWA par les États (y compris les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni), il ne s’agit plus pour ces États d’aider et d’encourager le génocide israélien contre les Palestiniens, en violation de l’article 3(e) de la Convention sur le génocide qui criminalise la “complicité” dans le génocide. Ces États violent aussi directement l’article 2(c) de la Convention sur le génocide : ‘Soumettre délibérément le groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle…‘”.

La CIJ est la plus haute cour indépendante dont dispose l’humanité. Les États-Unis et leurs mandataires ont décidé de lutter contre le droit international communément admis.

Il s’agit de l’ordre fondé sur des règles contre tous ceux qui le refusent. C’est le passé unilatéral qui s’oppose à un avenir multilatéral en création. Une période dangereuse.

Comme le dit Antonio Gramsci, cité par Arnaud Bertrand :

L’ancien monde se meurt, le nouveau monde se bat pour naitre. C’est le temps des monstres.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Youssef Hindi : «La menace islamiste fut forgée par les Anglo-Américains»

Source : RzO International - Le 22/12/2023.

par Yoann

Youssef Hindi retrace l’histoire du wahabisme saoudien, considéré comme une hérésie par l’islam, et surtout l’histoire de sa rencontre avec les intérêts Anglo-Américains. Comment ceux qui sont aujourd’hui considérés comme des terroristes sont-ils devenus les outils d’une vision occidentale qui a amalgamé le «réformisme musulman» et un courant extrémiste de l’islam ?

Les origines de cette relation géostratégique entre l’Arabie saoudite et les États-Unis se trouvent dans les efforts britanniques de renverser l’Empire ottoman, où les services secrets britanniques, notamment avec Lawrence d’Arabie, ont travaillé pour mobiliser les Arabes contre les Ottomans. Cela a conduit à l’alliance Saoudo-wahhabite au XVIIIe siècle, favorisée par les Britanniques.

L’arrivée des Américains dans les années 1940 consolide cette alliance, cristallisant le pacte de Quincy en 1945 entre Roosevelt et Ibn Saoud. Cette union était axée sur la sécurité du Royaume en échange du pétrole, fondant ainsi le pétrodollar et solidifiant le contrôle américain sur ces ressources.

source : Le Média en 4-4-2

 

Le Moyen-Orient se trouve à un point d’inflexion


Par M.K. Bhadrakumar – Le 28 novembre 2023 – Source Indian Punchline

Tout le monde espérait qu’Israël abandonnerait la voie de la répression, de la colonisation et de l’apartheid en tant que politique d’État et accepterait plutôt un règlement négocié du problème palestinien sous la pression de son protecteur, mentor, guide et gardien – les États-Unis. Mais cela s’est avéré illusoire et cela tourne à une liste d’espoirs déçus et d’hypocrisie. La grande question aujourd’hui est de savoir si un changement de paradigme est possible. C’est également le dilemme auquel est confronté le président américain Joe Biden, à 80 ans. 

L’histoire montre que si les événements catastrophiques ont une myriade d’effets négatifs, des effets positifs sont également possibles, surtout à long terme. La réconciliation franco-allemande après les deux guerres mondiales est peut-être le plus bel exemple de l’histoire moderne, et elle a semé les graines du projet d’intégration européenne. L’effondrement de l’Union soviétique a certainement donné un élan au rapprochement sino-russe, qui s’est transformé en un partenariat “sans limite“.

 

Toutefois, pour que de tels miracles se produisent, il faut un leadership visionnaire. Jean Monnet et Konrad Adenauer étaient en effet des visionnaires politiques – et, d’une manière différente, les deux pragmatiques consommés Boris Eltsine et Jiang Zemin l’étaient également.

Biden et Benjamin Netanyahu pourraient-ils appartenir à ce panthéon ? Lorsque Biden a rencontré Netanyahou et son cabinet de guerre à Tel Aviv le 18 octobre, il les a rassurés : “Je ne crois pas qu’il faille être juif pour être sioniste, et je suis sioniste“. C’est là que réside le paradoxe. En effet, comment peut-on être à la fois catholique irlandais et sioniste ? Le Sinn Féin, qui est en passe d’arriver en tête des prochaines élections en Irlande, soutient la cause Palestinienne et condamne Israël. Bien sûr, cela n’est pas surprenant.

Biden est déchiré entre des croyances contradictoires. Il est évident que lorsque Biden parle d’une solution à deux États, il devient difficile de le croire. Quant à Netanyahou, il n’éprouve même pas le besoin de faire semblant d’en parler après avoir systématiquement enterré l’accord d’Oslo et s’être engagé sur la voie d’une théocratie juive dans ce qui était autrefois l’État d’Israël. Qu’on ne s’y trompe pas, le Grand Israël est là pour rester et l’opinion mondiale le considère comme un État d’apartheid.

On croit à tort que Biden subit la pression de l’opinion américaine sur le conflit à Gaza. Mais le fait est que le soutien à Israël a toujours été plutôt mince en Amérique et que, sans le lobby israélien, cela serait devenu évident depuis longtemps. Curieusement, environ un tiers des Juifs américains, en particulier les jeunes, ne se soucient même pas du lobby israélien.

Cela dit, il est également vrai que les Américains ont généralement une opinion favorable d’Israël. Ce qui leur pose problème, c’est la politique agressive d’Israël, et ce malgré l’absence de tout débat ouvert dans les médias ou les universités américaines sur la répression des Palestiniens par l’État ou la colonisation de la Cisjordanie.

Un moment décisif s’est produit lorsque Netanyahou a raillé et humilié le président Barack Obama à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, en s’associant au Congrès contre la présidence dans une tentative audacieuse de faire dérailler les négociations avec Téhéran.

Ces dernières années, l’image d’Israël a été ternie dans l’opinion libérale à la suite de l’ascension des forces de droite et des relents d’attitudes racistes, y compris chez les jeunes Israéliens. En effet, Israël est un pays de moins en moins libéral, même à l’égard de ses propres citoyens. En raison de ces facteurs, les Américains n’ont plus une vision idéalisée d’Israël comme d’un pays moralement intègre luttant pour son existence.

Entre-temps, le soutien à Israël s’est nettement érodé au sein du Parti Démocrate. Il convient toutefois de relativiser cette évolution, car on observe une augmentation du soutien à Israël chez les Républicains. Ainsi, bien que le “consensus bilatéral” sur Israël se dissipe, paradoxalement, le lobby israélien conserve son influence.

En effet, le lobby israélien n’a jamais prêté beaucoup d’attention aux Américains de base, mais s’est plutôt concentré sur les représentants du pouvoir et s’est efforcé de consolider leur soutien. Il faut donc comprendre que ce que Biden ne peut pas ne pas prendre en compte, c’est que les élites de l’establishment du Parti Démocrate restent profondément attachées aux relations avec Israël, même si le soutien du parti aux politiques israéliennes a peut-être diminué et que l’opinion américaine trouve révoltante la bestialité de la conduite israélienne à Gaza.

Les élites craignent que le Lobby ne les prenne pour cible s’il y a le moindre signe de fléchissement dans leur soutien à Israël. En d’autres termes, les élites politiques ne placent pas les intérêts nationaux américains au-dessus de leurs intérêts personnels ou professionnels. Ainsi, le lobby israélien gagne toujours sur la question palestinienne et sur l’obtention d’un soutien financier généreux pour Israël, sans conditions. Il ne faut pas se leurrer : le lobby est prêt à tout pour arriver à ses fins lorsque le moment est venu, comme aujourd’hui.

Biden n’est guère en mesure de déplaire ou de contrarier le lobby israélien en ce jour de décompte. Alors, pourquoi fait-il de grandes promesses au président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi, selon lesquelles “en aucun cas les États-Unis ne permettront le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie, ni le siège de Gaza, ni le redécoupage des frontières de Gaza” ?

La réponse est simple : il s’agit de faits accomplis qui ont été imposés aux États-Unis et à Israël par les États arabes à un moment ou il donne de l’importante à la sécurité collective de la région, aucun d’entre eux n’étant disposé à légitimer le génocide d’Israël ou son plan de nettoyage ethnique. Même la petite Jordanie a osé dire “non” à Biden ?

Biden fait des promesses creuses. En réalité, ce qui compte, c’est que le lobby israélien fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger le Grand Israël qui est en train de prendre forme. Une fois de plus, il ne coûte rien à Biden d’affirmer son soutien à une solution à deux États. Il sait qu’il faudra des lustres avant qu’une telle vision ne prenne vie, si tant est qu’elle prenne vie et, si l’on se fie à l’expérience de l’Afrique du Sud, le chemin sera semé d’embûches et de bains de sang.

Plus important encore, Biden sait qu’Israël n’acceptera pas une solution à deux États, comme le prévoit l’initiative arabe élaborée par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui est une matrice finement équilibrée d’intérêts mutuels dans une perspective historique et à long terme. Dans un discours historique prononcé devant la Ligue arabe le jour de l’adoption de l’initiative en 2002, le prince héritier Abdallah avait déclaré avec une grande prescience : “En dépit de tout ce qui s’est passé et de ce qui peut encore se passer, la question primordiale dans le cœur et l’esprit de chaque personne de notre nation arabo-islamique est la restauration des droits légitimes en Palestine, en Syrie et au Liban“.

Il est fort probable qu’Israël se retranchera derrière son lobby aux États-Unis et préférera être un paria dans la communauté mondiale, plutôt qu’une solution à deux États qui exige l’abandon de l’État sioniste construit autour du Grand Israël. Le seul moyen de changer la donne serait que Biden soit disposé à faire en sorte que les États-Unis imposent leur volonté à Israël – par des moyens coercitifs, si nécessaire.

Mais pour cela, il faut avoir le courage de ses convictions et avoir un ingrédient rare en politique : la compassion. Le demi-siècle de vie publique de Biden, qui a été couronné de succès, a été presque entièrement consacré à la realpolitik et on y trouve aucune trace de conviction ou de compassion. Un héritage ne peut être construit sur des considérations éphémères et sur l’opportunisme.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Petit traité de géopolitique du Proche-Orient

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 31/10/2023.

Petit traité de géopolitique du Proche-Orient – par Alexandre N (partie 1)

Au moment où les États-Unis ont renoncé, sous la pression diplomatique et sous l’impression de quelques incursions militaires très pénibles au sol à Gaza – y compris de leurs commandos en soutien aux Israéliens – à patronner une expulsion des Gazaouis vers l’Égypte, la situation géopolitique au Proche-Orient apparaît dans une impasse. Alexandre N. nous propose de comprendre ce qui se passe sous forme d’un petit traité de géopolitique. Aujourd’hui, première partie, sur les ressorts profonds de la guerre de Gaza – la 17è guerre israélo-palestinienne.

« Morituri te salutant … ». En agissant tel qu’elles le font, les deux puissances militaires occidentale USA et Israël – soumettent le monde à un véritable crash test de leurs dominations respectives – et tout particulièrement le monde musulman – mais elles aussi par effet retour. Et pourtant rien ou presque ne bouge vraiment. C’est dramatique à constater mais la population gazaouie sera bien sacrifiée sauf surprise.

Cependant, cette guerre, dont l’objectif est apparemment l’élimination / expulsion de quelques 2,3 millions d’individus concentrés sur à peu près 365 km² totalement verrouillés et assiégés, ne sera ni « fraîche », ni « courte », ni « joyeuse » comme le crurent les imbéciles pour celle de 1914. Et les imbéciles d’aujourd’hui sont peut-être bien ceux qui l’approuvent trop ostensiblement car comme vient de le dire Recep Erdogan (au demeurant très ambigu dans cette affaire) : « Chaque pays a le droit de se défendre, mais où est la justice ? »

La première victime d’une guerre, c’est “le plan”

« It’s great, of course, to fight against an enemy whose most dangerous weapon is an ATGM (2)  and a mortar » – “C’est génial, bien sûr, d’affronter un ennemi dont les armes les plus dangereuses sont un missile guidé anti-char et un mortier”. La débauche de moyens militaires de destruction pour réaliser cet objectif ne laisse a priori aucun doute … tout au moins sur les papiers d’état-major ou dans certaines têtes.

Mais rien que l’arithmétique macabre en montre déjà les limites : environ 8000 victimes après 3 semaines de bombardement aussi intensifs, montre aussi qu’à un tel rythme il faudrait des années pour atteindre le premier terme de l’objectif : inconcevable. Le plan était donc en fait de concentrer au plus vite un maximum de population dans la partie Sud de Gaza puis d’en négocier mécaniquement l’évacuation vers le Sinaï ou ailleurs, moyennant la discrète collaboration de quelques pays musulmans, en appelant ça bien sûr une « opération humanitaire sécurisée » ».

Une fois encore « les imbéciles » et d’autres ne verront là que du réalisme. Mais depuis quand ceux qui veulent la guerre seraient des réalistes, surtout si eux-même ne la font pas ? Le premier couac n’a d’ailleurs pas tardé : L’Égypte, qu’on avait omis de prévenir, s’oppose et elle n’est pas la seule loin s’en faut. Comme on ne cessera de le répéter, le premier mort de la guerre c’est bien le plan, ce qui manifestement a du mal à rentrer dans le crane de certains. On objectera alors qu’il y a eu surprise et qu’il ne pouvait y avoir que précipitation à cause de la nécessaire réaction.

Faux : cette guerre ne fut pas une « surprise » sauf fabriquée, et elle était même programmée depuis longtemps. Mais tel n’est pas ici l’objet. Un facteur aggravant de l’impasse qui se prépare est cette illusion des Américains de croire qu’ils pourront gagner la guerre ( presque uniquement ) par l’opinion (manipulée ). Ils n’ont toujours pas compris que depuis une certaine opération appelée « covid » puis une autre appelée Ukraine, ils avaient perdu – définitivement – cette guerre de l’opinion qui existe bien. La carte infra pourtant d’origine US, le montre déjà où on voit que les pays qui ne condamnent pas le Hamas représente en effet les 7 huitièmes de la population planétaire, de même qu’elle recouvre « étrangement » l’antagonisme directe entre les tenant du monde américains dit « avec des règles » et ceux qui soutiennent celui fondé sur le droit international.

Comme il n’est pas question ici de jouer l’haruspicine (cet art divinatoire antique consistant à lire dans les entrailles d’un animal sacrifié avant ou après la bataille), simplement va-t-on passer cette nouvelle guerre israélo-palestinienne au tamis de la géopolitique et de son corolaire la guerre.

La géopolitique – Définition

La géopolitique désigne cet affrontement permanent entre les groupes humains – homogènes et organisés ainsi que selon leur positionnement géographique -, pour l’accès aux ressources par eux jugées vitales mais très aléatoirement réparties. Ce qui fait alors « l’humanité » de cette affrontement par rapport à « l’animalité », c’est qu’il n’est pas vraiment guidé par la résilience mais bien par la cupidité. Il résulte du phénomène géopolitique l’instauration d’une série d’équilibres évolutifs plus ou moins stables, et de type fractal en ce qu’il engerbe de manière interagissante les niveaux local, régional et global.

La guerre s’inscrit alors très naturellement dans cette géopolitique en tant qu’acte volontaire d’un ( ou plusieurs) acteur(s) pour modifier brutalement l’un de ces équilibres. Mais il est alors bien entendu que cette démarche humaine n’a aucun but explicitement géopolitique mais que celle-ci n’est qu’un moyen d’atteindre des buts spécifiques.

On comprend alors immédiatement que, selon le principe immuable d’action/réaction, tout déséquilibre brutal d’ordre géopolitique nécessairement engendre alors et quel qu’en soit le terme, un contre-déséquilibre parfaitement antagoniste et visant à revenir à l’équilibre antérieur. Et c’est très précisément ce redoutable aspect géopolitique qui n’est jamais pris en compte dans les plans de guerre. 

C’est donc au travers de leur guerres qu’il faut définir les géopolitiques d’Israël et des États-Unis en ajoutant cependant l’aspect le plus important. Fondamentalement l’histoire de la guerre dit que celui qui veut changer par ce moyen des paramètre géopolitique doit pour cela obtenir la victoire stratégique étant entendu que la victoire militaire n’en est absolument pas garante. Les Français estiment avoir gagner militairement la guerre d’Algérie, ce qui techniquement n’est pas faux, mais ils n’en on pas obtenu la victoire stratégique.

La victoire stratégique revient à celui ( ceux ) à qui l’histoire donne raison en dernier ressort, mais pour la durée d’une constante de temps stratégique au moins. C’est ce que Churchill traduisait à sa manière par le fait qu’on peut perdre toutes les batailles sauf la dernière. Cette même histoire dit enfin que les guerres qui tendent à se répéter sur une même thème traduisent nécessairement une sorte d’obsession géopolitique.

Les guerres d’Israël

L a création d’Israël procède d’une faute originelle, au sens géopolitique, par le brutal déséquilibre qu’elle induit. Brutalement en effet, les Juifs se voient octroyer un État par un vote de l’ONU en 1947 sur la base d’une partition de la Palestine – alors sous « mandat » britannique – où 62 % de la terre est attribuée au nouvel État juif, mais sur lesquels les Palestiniens étaient deux fois plus nombreux que les Juifs. La première guerre d’Israël, déclenchée immédiatement après sa création, a tenté de corriger l’erreur par l’épuration ethnique de 700 000 des 900 000 Palestiniens alors présents sur son territoire. Toutes les guerres qui suivront – et celle d’aujourd’hui n’est que la 17ème –  et quelles que soient leurs formes, ne s’expliquent pas autrement que par cette  logique implacable. Toutes ont débouché sur des victoires d’apparence dont aucune stratégique. 

Simplement démontrent-elle l’obsession géopolitique qu’a eu Israël d’un État ethniquement homogène, ce dont d’ailleurs les extrémistes de son actuel gouvernement se revendiquent. On doit aussi pour le comprendre, évaluer la menace telle que perçue par Israël et dont l’un des aspects qui n’est pas le moindre est que les 2,3 millions de Gazaouis ne sont qu’une partie des descendants des 200 000 palestiniens résiduels de 1947.

Pas plus que les précédentes cette 17ème guerre ne parviendra à la réaliser cet État homogène, tout au plus s’en rapprochera-t-il au mieux. Moyennant quoi, les guerres suivantes porteront alors sur la Cisjordanie et la destruction d’Al Aqsa, elle-même supposée constituer l’humiliation ultime pour un monde musulman qu’Israël évalue dans sa menace comme regroupant 2 milliard d’individus. On comprend alors que, comme disent les Anglais : «  le diable ne peut que se cacher dans les détails ».  

La confusion progressive des intérêts américains et israéliens

Jusqu’à la guerre du Kippour exclue (1973), Israël n’a pas bénéficié du soutien américain. Or c’est précisément cette guerre qui détruit le mythe d’invincibilité militaire d’Israël crée par la précédente guerre dite « des 6 jours » (1967 ). C’est pourquoi ce soutien américain devient soudainement indispensable, mais ne pouvant s’exercer alors que sous la forme arbitrale inhérente au duopole géopolitique des deux super-puissance d’alors, USA-URSS.

Mais cette forme arbitrale a disparu elle dès que l’URSS implose, pour ce transformer alors en un appui militaire, économique et diplomatique plus direct, et jusqu’à l’engagement total des forces américaines d’aujourd’hui. Ceci constitue déjà en soi une rupture et potentiellement une erreur géopolitique.

Cette évolution n’est elle même que la conséquence inéluctable d’une évolution interne à la société américaine, marquée par la montée du phénomène de double allégeance États-Unis/Israël.

La double allégeance signifie géostratégiquement une convergence totale entre les intérêts vitaux et/ou  stratégiques respectifs. Or, à l’aune – toujours – de l’histoire de la guerre, une telle convergence, purement théorique à la base, se révèle toujours politiquement intenable et débouche nécessairement sur l’asservissement de l’intérêt des uns à l’intérêts des autres. C’est ce que Talleyrand à sa manière traduisait par : « Il n’y a pas d’ennemis ou d’amis permanents, il n’y a que des intérêts permanents ».

Cette double allégeance produit donc une combinaison désormais inextricable entre les guerres d’Israël et celles des États-Unis, avec une forte probabilité de transformer la rupture géopolitique initiale en une erreur du même type. Ce qui pourrait alors se concrétiser de deux manières : des crises politique internes d’une part, et de l’autre la la dégénérescence de deux guerres combinées – l’une locale (Israël), et l’autre régionale (USA) –  en une guerre globale. Et nul ne peut alors contester qu’on y est presque !  

La tactique stratégique de la Russie frappe les États-Unis et Israël grâce aux capacités hypersoniques de l’Iran

 

par Elijah J. Magnier - Le 15/06/2023.

Dans une tournure imprévisible des événements, la Russie a asséné un coup calculé aux États-Unis et à Israël en armant l’Iran de missiles hypersoniques avancés, faisant de ce pays un instrument de choix. Les implications de cette manœuvre stratégique sont considérables et pourraient modifier l’équilibre des forces dans la région instable du Moyen-Orient.

Le conflit entre les États-Unis et la Russie s’est progressivement transformé en une guerre par procuration. Les USA ont d’abord rallié les pays occidentaux à leur cause. En rejoignant cette alliance occidentale, Israël s’est aligné étroitement sur le Commandement central américain (CENTCOM), chargé de protéger les intérêts américains dans la vaste région qui s’étend de la Corne de l’Afrique à l’Asie centrale. Les dirigeants de Tel-Aviv ont ouvertement condamné les actions de la Russie et ont activement soutenu l’Ukraine en lui fournissant du matériel d’écoute et des renseignements de sécurité pour tuer des soldats russes. Cet effort conjoint qui rassemble cinquante pays a été coordonné à la base américaine de Ramstein, en Allemagne. Dans ce contexte, la Russie, qui travaille avec diligence mais en toute discrétion, a porté un coup terrible aux États-Unis et à Israël en fournissant à l’Iran une technologie de missiles hypersoniques de pointe, une capacité que seuls quelques pays possèdent dans le monde.

L’annonce par l’Iran de la mise au point du Al-Fatah, un missile balistique hypersonique d’une portée de 1400 kilomètres, marque une étape importante. Avec une vitesse de Mach 13-15, soit environ 15 000 kilomètres par heure, le Al-Fatah peut changer de vitesse en plein vol, ce qui rend son interception pratiquement impossible. Cet exploit place l’Iran dans un groupe exclusif de pays qui possèdent cette technologie de pointe, y compris la Russie, la Chine et la Corée du Nord, ce que n’avaient pas vu venir de nombreux pays européens.

Pendant des années, la Russie a maintenu un équilibre précaire au Moyen-Orient, s’abstenant d’armer l’Iran avec des missiles avancés pour éviter de provoquer les États-Unis et Israël. Mais cette réticence a changé au milieu de 2022, peu après le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Occident en Ukraine. À ce moment-là, un accord historique de coopération en matière de défense entre l’Iran et Moscou a ouvert la voie au transfert de milliers de drones iraniens à Moscou (un accord dont j’ai été le premier à parler) et à l’appui à la construction d’une usine de drones en Russie. La décision du Kremlin de se tourner vers l’Iran s’explique par le fait qu’il s’est rendu compte qu’il se battait seul. L’Iran était le seul pays à apporter un soutien militaire sans faille et à ne pas craindre les sanctions américaines et occidentales. L’Iran a montré sa détermination à se tenir debout, à soutenir la Russie et à défier les États-Unis, malgré les quelque 3800 sanctions qu’il subit depuis la Révolution de 1979. Téhéran a démontré son engagement envers ses amis en demeurant inébranlable malgré une adversité de longue date.

La possession par l’Iran de missiles hypersoniques représente un saut qualitatif sans précédent et témoigne de l’étroite coopération entre la Russie et l’Iran. Elle envoie un message clair aux États-Unis, qui maintiennent une présence militaire importante autour de la République islamique, à savoir que l’Iran possède des capacités de dissuasion avancées pour sauvegarder ses intérêts en Asie et menacer éventuellement l’allié israélien des USA.

Le message adressé à Israël est on ne peut plus clair. En permettant à l’Iran d’acquérir des missiles capables d’échapper au système de défense « Dôme de fer » de Tel-Aviv, la Russie a effectivement neutralisé la capacité d’Israël à intercepter les missiles iraniens. Cette évolution représente un défi de taille pour Israël, qui est désormais confronté à la perspective de frappes potentielles sur son sol s’il s’attaque aux installations nucléaires iraniennes. L’Iran a déjà fait preuve d’audace en attaquant Ain al-Assad en 2020, la plus grande base militaire américaine en Irak, en réponse à l’assassinat du général Qassem Soleimani par le président de l’époque, Donald Trump.

Par conséquent, l’Iran dispose de plusieurs cartes de dissuasion puissantes dans son jeu :

1. Il bénéficie d’alliés solides au Moyen-Orient, prêts à entrer en guerre pour défendre l’Axe de Résistance mis en place par Téhéran.

2. Son arsenal de drones s’est révélé très efficace, en faisant des ravages dans l’armée ukrainienne et en détruisant des armes occidentales dans le conflit en Ukraine, ce qui a aidé la Russie à reprendre le contrôle du champ de bataille.

3. Les capacités de l’Iran en matière de missiles ont démontré leur potentiel et leur efficacité en menant des attaques fructueuses contre des bases de Daech en Syrie, des bases de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien en Irak et même d’une base du Mossad israélien au Kurdistan irakien.

En munissant ses alliés de missiles avancés et précis, l’Iran a créé un équilibre se situant entre la terreur et la dissuasion, qui limite la liberté d’action militaire d’Israël au Liban et en Syrie contre le Hezbollah, par crainte d’une riposte rapide et robuste.

La Russie n’a pas reconnu publiquement son implication dans le programme de missiles iranien, tout comme l’Iran a tenté à plusieurs reprises de nier avoir fourni ses drones à Moscou. N’empêche que les actions de la Russie en disent long sur sa détermination à répondre aux griefs et marquent une nouvelle approche stratégique à l’égard de Téhéran. Le Kremlin a ouvert ses portes à un pays (l’Iran) qui a tenu bon dans les circonstances les plus sombres, qui a ignoré les menaces américaines et européennes et qui fait preuve d’une conviction inébranlable en restant imperméable à l’intimidation occidentale.

Le message russe a des répercussions auprès des parties concernées à Washington et à Tel-Aviv, car il efface les dernières lignes rouges et ouvre la voie à un avenir sans précédent pour la coopération russo-iranienne. Ce partenariat, forgé par le respect des accords, est susceptible de produire d’autres surprises qui pourraient avoir des répercussions durables. Lorsque la poussière sera retombée, les coûts de la mise en œuvre de l’accord deviendront de plus en plus évidents, remodèleront le paysage géopolitique et modifieront éventuellement la dynamique du pouvoir dans la région.

Face à l’initiative stratégique de la Russie, le monde retient son souffle quant aux répercussions de la possession par l’Iran de missiles hypersoniques. Doté d’un armement de pointe et d’un engagement inébranlable envers ses intérêts, l’Iran est prêt à protéger sa souveraineté et à remettre en question la dynamique traditionnelle du pouvoir au Moyen-Orient. Alors que les tensions restent vives et que les enjeux ne cessent de croître, l’évolution de l’alliance russo-iranienne devient un point focal de l’attention internationale, dont les retombées potentielles s’étendent bien au-delà des frontières de ces pays.

source : Elijah J. Magnier

L’histoire méconnue des Casques blancs en Syrie

 

par Sonja Van den Ende  - Le 21/06/2023.

 

James le Mesurier, chef des Casques blancs en Syrie, a été retrouvé mort à Istanbul. Il serait tombé de son balcon.

Aide financière

Le Volkskrant néerlandais a publié cette semaine un article remarquable :

«Le ministère néerlandais des Affaires étrangères garde secret un audit qui, selon le tribunal d’Amsterdam, doit être partiellement révélé. Le rapport porte sur de possibles abus financiers au sein de la fondation Mayday Rescue, appelée les Casques blancs, impliquée dans les opérations de sauvetage en Syrie».

Pendant de nombreuses années, l’organisation Mayday Rescue, dont le siège se trouve à Amsterdam, a été la fondation néerlandaise, dotée d’un million d’euros, qui a soutenu les secouristes des Casques blancs en Syrie. Huit pays donateurs – dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les États-Unis – ont versé ensemble environ 100 millions d’euros de subventions à Mayday.

Le ministère néerlandais des affaires étrangères estime que la divulgation du rapport d’audit pourrait nuire au «bon fonctionnement de l’État». La divulgation de l’enquête mettrait également en péril les relations diplomatiques néerlandaises. Selon le ministère des affaires étrangères, d’autres pays concernés ont «explicitement indiqué» que la divulgation de l’enquête pourrait nuire aux relations avec les Pays-Bas.

La question qui se pose maintenant est la suivante : avec ces déclarations, qu’est-ce que le ministère néerlandais a à cacher, ou plutôt qu’est-ce que les Pays-Bas et l’Occident ont à cacher ?

La réponse est simple ! Les Casques blancs faisaient partie d’Al-Qaïda, un groupe terroriste qui a ensuite fusionné avec DAESH – ISIS (IS). La preuve a été présentée par le directeur de l’organisation basée en Russie : Study of Democracy Foundation, Maxim Grigoriev en 2018.

Le rapport est basé sur des entretiens avec plus de 100 témoins oculaires, dont 40 membres des Casques blancs, 50 résidents et 15 anciens combattants terroristes.  Plus de 500 civils ont également été interrogés dans les villes syriennes d’Alep et de Deraa.

De Witte Helmen, ontmaskerd voor de VN | Wakkermens

«Il existe des preuves accablantes prouvant que les centres du Casque blanc ont participé en permanence à la construction de fortifications pour combattre pour des groupes terroristes et des groupes armés illégaux qui leur ont fourni de l’eau et de la nourriture et ont évacué des terroristes blessés des lignes de front», a déclaré M. Grigoriev en 2018.

Comme je l’ai souvent dit et écrit dans de nombreux articles, les Pays-Bas sont le pays le plus mondialiste d’Europe, après le Royaume-Uni. L’argent transite par les «boîtes aux lettres vides» néerlandaises sous le couvert d’entreprises et de fondations. C’est le cas des Casques blancs, ou de la Mayday Rescue Foundation, fondée au Royaume-Uni et blanchie aux Pays-Bas, et également financée par l’argent des contribuables néerlandais par le biais de ce que l’on appelle les loteries (d’État) (loterie du code postal).

«Les Pays-Bas n’ont rien à envier à leur pays frère, les États-Unis, en matière de guerre, de mort et d’expulsion. Tout est devenu incontrôlable au cours des dernières décennies, les Pays-Bas n’ont jamais été autant impliqués dans des guerres et des effusions de sang qu’aujourd’hui dans le Donbass !»1

Le secret n’en est plus un. Les Pays-Bas ont soutenu 22 groupes terroristes en Syrie, qu’ils ont appelés rebelles et, ce que le gouvernement néerlandais sait faire, l’ont dissimulé dans un soi-disant programme d’aide appelé NLA (Non-Lethal-Assistance). Mais en réalité, au nom de leur patron, les États-Unis, ils ont dû soutenir ces groupes terroristes, les terroristes étant appelés rebelles, une autre dissimulation. Mais les Syriens et bien sûr les Irakiens le savent. L’émergence de l’IS ou de DAESH est soutenue et financée par l’Occident et, bien sûr, le gouvernement néerlandais ne veut pas le rendre public !

«Daesh est l’acronyme arabe de «al-Dawla al-Islamiya fi Iraq wal-Sham» (DAESH), qui n’est en fait que le nom de l’IS, à savoir l’État islamique en Irak et au Levant. Mais l’utilisation de cet acronyme évite de dire que le groupe est une représentation officielle de la pensée islamique».

Décès à Istanbul

Le fondateur de la fondation Mayday Rescue, le Britannique James Le Mesurier, est décédé en novembre 2019 après une chute de son appartement à Istanbul, en Turquie. Peu avant sa mort, Le Mesurier a écrit dans une lettre aux pays donateurs concernés qu’il y avait eu des abus financiers au sein de la fondation Mayday, notamment une fraude portant sur 50 000 dollars. C’est la version officielle. Mais pourquoi dénoncer une somme minime de 50 000 dollars, sachant que les pays occidentaux ont donné des millions de dollars et d’euros à cette soi-disant fondation, bien sûr grâce aux contribuables des pays concernés !

«Après la mort de Le Mesurier, la division néerlandaise du cabinet comptable Grant Thornton a enquêté sur la fondation Mayday. Jusqu’à présent, seul le résumé est connu. Selon ce résumé, qui s’étend sur neuf paragraphes, les enquêteurs n’ont trouvé aucune preuve de fraude. Selon les comptables, le détournement de 50 000 USD décrit par Le Mesurier était basé sur un malentendu».

Le ministère néerlandais des affaires étrangères n’aurait pas dû rejeter complètement une demande d’information pour la divulgation d’un rapport de Grant Thornton Accountants sur la fondation Mayday Rescue et les Casques blancs, a statué le tribunal d’Amsterdam en juillet de l’année dernière. Néanmoins, le ministère a depuis refusé de publier certaines parties du rapport d’audit.

«En d’autres termes, le gouvernement néerlandais craint que le prochain scandale ne vienne s’ajouter à tous les autres scandales et à son soutien à la guerre contre la Russie, et qu’il doive finalement faire place nette et faire l’objet de poursuites !»

James Le Mesurier et son épouse Emma Winberg. Photo : Daily Mail

S’adressant au journal britannique Daily Mail, Emma Winberg a rejeté les rumeurs d’une implication syrienne ou russe dans la mort de son mari, désignant le directeur financier de Le Mesurier, le Néerlandais Johan Eleveld, comme suspect. Accusant le Néerlandais d’avoir poussé son mari au bord du désespoir, Mme Winberg a déclaré : «Elevand a exploité la moindre erreur de James».

Selon elle, Elevand, contrôleur financier au ministère néerlandais des Affaires étrangères, a rejoint Mayday en août 2018. Mayday était basée à Istanbul, mais elle était enregistrée aux Pays-Bas en tant que fondation caritative.

Chez Mayday, tout le monde était bien payé. Les honoraires de la direction se situent dans le segment haut du secteur de l’aide internationale. James Le Mesurier avait initialement un salaire mensuel de 18 000 dollars. Les donateurs ont fixé la rémunération des volontaires en Syrie à 150 dollars par mois !

En 2018, un poste de directeur financier (CFO) est vacant à la Mayday Foundation, bien rémunéré évidemment ! Le candidat idéal se désiste après un premier enthousiasme. Le numéro deux sur la liste est Johan Eleveld, qui travaille pour des entreprises privées et le ministère néerlandais des Affaires étrangères. Il rejoindra la fondation le 23 août 2018 en tant que directeur du développement/contrôleur.

«Mais la même année, en 2018, le gouvernement néerlandais a soudainement cessé de soutenir les terroristes (encore appelés rebelles par eux), car «il y a trop de morts et la Syrie est en ruines», selon l’argument !»

Les fonctionnaires néerlandais de l’équipe chargée de la Syrie à Istanbul et à La Haye ont déclaré à Le Mesurier qu’ils étaient également choqués et que «la décision avait été prise au plus haut niveau». Les diplomates néerlandais sur le terrain ont déclaré : «C’est absurde, c’est de la politique. Cela n’a rien à voir avec Mayday et les Casques blancs, mais avec l’autre vent politique qui soufflait».

Pourquoi les Pays-Bas laissent-ils tomber comme une pierre une organisation qui sauve des gens et recueille des preuves de crimes de guerre ? Les Casques blancs jouissaient d’une excellente réputation aux Pays-Bas en tant qu’organisation la plus courageuse et la plus importante sur le plan humanitaire, qui pouvait encore travailler en Syrie ? Les gens s’interrogent, trompés par le gouvernement néerlandais, qui savait depuis le début qu’il soutenait les terroristes !

«La réponse est à nouveau simple, l’Occident a perdu la guerre en Syrie, Bachar-al-Assad est toujours président de la Syrie, et le gouvernement est toujours là, même de retour sur la scène politique arabe !»

Le 10 septembre 2018, on a appris que les Pays-Bas avaient fourni pour plus de 25 millions d’euros de biens tels que des camionnettes, des colis alimentaires, des uniformes, des téléphones satellites, des appareils photo et des trousses médicales. L’aide est allée à des organisations classées comme terroristes. Les médias néerlandais ont diffusé des vidéos de groupes dits rebelles se dirigeant vers le front à bord de camionnettes blanches équipées de mitrailleuses. Les combattants djihadistes font la guerre avec le soutien des Pays-Bas.

• Conclusions de l’enquête néerlandaise sur les crimes de guerre et l’implication du gouvernement néerlandais en Syrie – Free Suriyah

Mais la Mayday Foundation était toujours opérationnelle après les révélations et est devenue un problème pour le gouvernement néerlandais. Les États-Unis ont changé de politique et ont mis le gouvernement néerlandais dans une position difficile, car l’Occident tout entier a perdu sa guerre par procuration en Syrie.

Ce que Le Mesurier ne savait pas en 2018, c’est que son soi-disant employé néerlandais Eleveld, qui était bien sûr un actif des services secrets néerlandais, était impliqué dans de longues procédures dans son pays au sujet de ses anciennes sociétés en Roumanie et était en fait un criminel en «col blanc».

Il y a donc eu un conflit entre Eleveld et Le Mesurier, si l’on en croit les dires, mais Eleveld faisait partie du ministère néerlandais et probablement aussi de l’AIVD, les services secrets des Pays-Bas, qui étaient largement représentés à Istanbul et à Gaziantep pendant la guerre en Syrie.

Ce n’est pas certain, mais c’était bien sûr une solution pratique au problème du gouvernement néerlandais de se débarrasser de Le Mesurier, il pouvait commencer à parler des Casques blancs, qui s’est avéré être une organisation terroriste après tout, émergée avec Al-Qaïda, etc. Sa mort a résolu beaucoup de problèmes pour le gouvernement néerlandais !

«Bien sûr, cette histoire folle, qui s’est réellement produite, est également le principe directeur d’une partie de la haine du gouvernement néerlandais contre la Russie, après tout, la Russie, avec l’armée syrienne (SAA) et l’Iran (Hezbollah), a veillé à ce que les États-Unis et l’UE perdent en Syrie, la première perte. Cela va loin, très loin, surtout pour le Premier ministre Mark Rutte !»

source : The Intel Drop via Marie-Claire Tellier

Le Moyen-Orient se stabilise, sur fond de grand démantèlement.

 

par Alastair Crooke - Le 02/06/2023.

 

Les contradictions structurelles propres aux États-Unis, à savoir une économie hyperfinanciarisée qui aspire la substance de son hôte de l’économie réelle, une société qui vit dans la crainte d’une facture d’hôpital.

Les États-Unis restent distants et inconsolables dans le sillage de la révolution diplomatique au Moyen-Orient. Tout d’abord, la Chine a servi de médiateur (et a garanti) un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran, puis, la semaine dernière, le président Bachar al-Assad s’est présenté avec assurance au sommet de la Ligue arabe, où il a été salué et embrassé par tout le monde. Après 12 longues années de lutte, le président Assad a été légitimé dans la sphère arabe et la Syrie est redevenue un État normal et souverain pour la majeure partie du monde.

Mais un nouvel état d’esprit est apparu : La colère monte dans le monde entier. Pour ceux qui ont été vilipendés, sanctionnés et attaqués au nom de «l’ordre fondé sur des règles», le message est clair : vous n’êtes pas seuls ; de nombreux peuples expriment leur colère et leur mécontentement. Le dogme diviseur du «avec nous», ou être traité comme une menace extrémiste, si «contre nous» est en train d’être renversé. La politique étrangère des États-Unis s’effondre au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et aux États-Unis.

Dans son discours, le président al-Assad a évoqué l’opportunité que cette vague de mécontentement et de colère offrait à la région de revoir ses dispositions – en s’éloignant de la domination et de l’intervention occidentales :

«Cette occasion historique exige du monde arabe qu’il se repositionne et s’investisse dans l’atmosphère positive de réconciliation qui a précédé le sommet d’aujourd’hui», a ajouté al-Assad, faisant référence aux récentes initiatives diplomatiques qui ont abouti à la reprise des liens diplomatiques entre l’Arabie saoudite, Téhéran et Damas.

Le président al-Assad a également souligné la nécessité de consolider la culture arabe face au «libéralisme moderne qui vise les appartenances innées de l’homme et le dépouille de sa morale et de son identité».

Ce dernier point soulevé par al-Assad – «le danger culturel» associé au libéralisme contemporain – est en train de devenir un thème mondial, les États soulignant leur souhait de gérer leur vie selon leur propre mode d’existence.

Bien sûr, la Syrie n’est pas encore souveraine. Les forces des États-Unis et de la Turquie, ainsi que les milices soutenues par l’étranger, occupent des portions significatives du territoire syrien. Néanmoins, la position de la Ligue arabe, qui rejette toute intervention étrangère, et sa légitimation de facto du gouvernement syrien aideront Damas à trouver une issue négociée.

Pour Israël, la perspective est celle d’un changement radical, avec la crainte d’être «laissé dans la poussière». Le Premier ministre Netanyahou, confronté à des schismes internes et à des manifestations incessantes, a cherché à minimiser ces changements tectoniques et à projeter une image de «business as usual» pour contrer l’attention portée par les médias étrangers aux manifestations et à l’agitation politique en Israël.

Attaquer les Palestiniens à Gaza permet de maintenir intacte la coalition de droite de Netanyahou – comme l’a écrit un commentateur israélien : «Tuer des enfants rassemble les Israéliens». Cependant, les deux piliers de l’unité israélienne de Netanyahou pour «rassembler les Israéliens autour du drapeau», à savoir la mise en avant de la «menace» nucléaire iranienne et l’éloge de sa réussite dans le cadre des fameux accords d’Abraham, ont tous deux perdu de leur éclat.

Tout d’abord, la réconciliation entre l’Iran et les États du Golfe réduit à néant une grande partie de la justification initiale de la politique iranienne des États-Unis, à savoir la crainte de l’Iran par les pays arabes. Les deux anciens antagonistes résolvent actuellement leurs différends par la voie diplomatique (sous l’égide de la Chine) et échangent des garanties de sécurité mutuelles. Quoi qu’il en soit, l’équipe Biden ne veut pas d’une guerre avec l’Iran. Elle a déjà suffisamment de pain sur la planche.

Deuxièmement, Jake Sullivan, lors de son récent voyage en Arabie saoudite, n’a pas réussi à persuader le Royaume de normaliser ses relations avec Israël. Les États arabes présents au sommet mettent plutôt l’accent sur l’initiative de paix arabe de 2002, qui exclut toute normalisation avec Israël tant qu’un État palestinien n’aura pas vu le jour. Les États qui se sont «normalisés» continueront sur le même mode, mais la structure conceptuelle des accords d’Abraham (du point de vue israélien) est entièrement vidée de sa substance. Les États arabes sont occupés à ouvrir des canaux diplomatiques et commerciaux avec l’Iran ; ils ne constituent plus un axe anti-iranien au nom de Washington et de Tel-Aviv.

Si nous prenons un peu de recul et que nous envisageons les événements régionaux dans une perspective plus large, nous pourrions remarquer deux choses à propos de la situation mondiale : La première est que les difficultés actuelles d’Israël et les signes d’un éventuel démantèlement du projet ne proviennent pas, comme ses dirigeants et ses alliés extérieurs n’ont cessé de le prédire, de forces extérieures, mais des contradictions internes non résolues d’Israël.

Le problème structurel d’Israël est mis en évidence par l’actuelle impasse amère sur le plan de réforme judiciaire de Netanyahou. La population juive israélienne est divisée en deux : Ashkénazes contre Mizrahi ; «équilibristes» laïques contre exclusifs de la «judéité» – aucun des deux camps n’étant disposé à faire marche arrière et chacun prétendant être le «plus démocratique» ; et chacun ayant une vision d’Israël totalement incompatible avec celle de «l’autre». Israël se trouve à l’aube d’un conflit civil de faible intensité.

De même, la polarisation des États-Unis et l’aggravation de leurs divisions politiques, qui, pour certains Américains, laissent présager une forme de sécession interne comme seule solution à la prétendue désintégration des États-Unis, ne proviennent pas – comme l’affirment ses dirigeants politiques – de forces extérieures (la Russie, la Chine ou l’Iran), mais de ses propres contradictions non résolues.

Les contradictions structurelles propres aux États-Unis, à savoir une économie hyperfinanciarisée qui aspire la substance de son hôte de l’économie réelle, une société qui vit dans la crainte tremblante d’une facture d’hôpital, qui désespère d’envoyer ses enfants à l’université avec ses frais de scolarité exorbitants, et un système politique presque constamment paralysé, une confrontation à somme nulle, sont auto-générées et ne sont pas des «démons» extérieurs (sauf peut-être dans les profondeurs de la psyché inconsciente).

Voici le contraste :  La région se libère des divisions et des schismes du passé. Les «grandes puissances» occidentales, quant à elles, s’enfoncent dans les leurs. Cette confluence est systémiquement instable : Elle représente un déséquilibre et conduira probablement à une période de troubles durables.

Alastair Crooke

source : Al Mayadeen

traduction Réseau International

La présence militaire française au Moyen - Orient

Le Moyen-Orient est une zone géographique stratégique importante pour la France :
- relative proximité géographique,
- responsabilités envers les chrétiens d’Orient et histoire du protectorat Syrie/Liban,
- route maritime et approvisionnement en pétrole,
- accords de Défense et exportation d’armement.

 

Déploiement militaires actuels (environ 4 000 hommes)


- Liban : 700 hommes déployés dans le cadre de l’ONU (opération DAMAN)
- Jordanie : Opération CHAMMAL. Base aérienne projetée comprenant 300 hommes et une huitaine d’aéronefs). Opération en coalition pour lutter contre DAECH
- Irak/Syrie : Opération CHAMMAL. Participation à la formation de l’armée irakienne
- Emirats Arabes Unis : 700 h - base interarmées – déploiement dans le cadre d’un accord de Défense
- Djibouti : 1 500 h – base interarmées – déploiement dans le cadre d’un accord de Défense
- Golfe d’Oman – CTF 150 : 200 personnes

 

 

Pour agrandir la carte ci-dessous, cliquez sur le visuel

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Source : https://www.asafrance.fr/item/moyen-orient-la-presence-militaire-francaise-au-moyen-orient.html



Le "découpage" prévisionnel Américano-Israëlien

La centralité de la Palestine de retour dans la géopolique du Moyen-Orient

...par René Naba - Le 15/05/2021.

La pluie de roquettes palestiniennes qui s’est abattue sur les villes israéliennes, le 12 Mai 2021, fera date dans l’histoire du conflit israélo-palestinien par sa forte charge symbolique et son intensité, confirmant de manière indubitable la centralité de la question palestinienne dans la géopolitique du Moyen-Orient, apportant au passage la démonstration que le ciel israélien est devenu une passoire devant des roquettes de fabrication artisanale, plaçant en porte à faux le leadership sunnite arabe à la suite de sa reptation collective devant l’État hébreu.

Quatre mois après la fin du Mandat du président xénophobe américain Donald Trump – qui s’était employé avec l’aide de son gendre philosioniste Jared Kushner à enterrer en grande pompe la question palestinienne, par une série de mesures unilatérales et illégales au regard du droit international (reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, reconnaissance de l’annexion du Golan syrien) –, la flambée israélo-palestinienne remet au premier plan de l’actualité ce conflit, alors que Benyamin Netanyahou, piégé par sa surenchère électoraliste pour échapper à son inculpation pour corruption, est contraint à une fuite en avant dans une escalade de la violence.

Fait significatif, la riposte palestinienne a été assurée par le Hamas depuis l’enclave de Gaza, accentuant le discrédit de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, en traduisant par des actes, dans des faits, sur le terrain, la promotion du Hamas au rang de défenseur des Palestiniens.

L’engagement du Hamas dans la bataille signe le retour d’une formation sunnite, l’unique formation sunnite, dans le combat pour la Palestine, qu’elle avait déserté sous la présidence de Khaled Mecha’al, en se joignant à la coalition islamo-atlantiste dans la guerre contre la Syrie.

De manière sous-jacente, il signe de manière éclatante le retour par la grande porte du Hamas dans le giron de l’axe anti OTAN. Le Hamas avait en effet revendiqué son autonomie face à la Confrérie des Frères musulmans et rejoint « Mihawar Ad Douwal Al Moumana’a » l’axe de l’immunisation au virus de la soumission à l’hégémonie israélo-américaine, dans une déclaration faite en décembre 2020 au journal libanais Al Akhbar au terme d’un entretien avec le Hezbollah.

Les affrontements du Eid Al Fitr place en porte à faux aussi bien le Maroc, président du Comité Al Qods, pour son troc honteux (reconnaissance d’Israël en échange de la reconnaissance d’Israël sur le Sahara occidental), que le Qatar, parrain des Frères musulmans, pour son acceptation d’Israël dans le dispositif régional du Centcom, dont le siège est à Doha ; Abou-Dhabi, qui lui permet de poursuivre en toute impunité son agression contre le Yémen en tandem avec l’Arabie Saoudite ; Bahreïn de poursuivre la répression de sa population en toute quiétude. Tous réunis pour leur prosternation collective en une démarche inconsidérée en direction de Donald Trump, en fin de mandat.

Ci joint la déclaration de Ismail Haniyeh sur la revendication de l’Indépendance du Hamas par rapport à la confrérie des Frères musulmans :

L’attaque menée depuis Gaza est intervenue le 12 mai, à la veille de la fête du Fitr, qui marque traditionnellement la fin du Ramadan, et deux jours avant la date anniversaire de la proclamation unilatérale de l’indépendance de l’État hébreu.

Sur la problématique du conflit israélo-palestinien, cf ce lien :

Près de 1 500 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers différentes villes israéliennes depuis le début des affrontements, Lundi 12 Mai 2021.

De l’aveu même de l’armée israélienne, le tir de 350 roquettes a « échoué » et des « centaines » d’autres ont été interceptées par le bouclier anti-missiles israélien Dôme de fer. Ce qui a contrario révèle que quelques centaines de roquettes ont réussi à déjouer le système de défense balistique israélien.

Les raids israéliens ont fait au total 83 morts, parmi lesquels 17 enfants, et près de 500 blessés, selon le Hamas. En Israël, sept personnes ont été tuées, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées dans les tirs de roquettes.

La flambée de violence fait suite aux affrontements sur l’esplanade de la mosquée Al Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, illégalement occupé et annexé par Israël, selon le droit international.

France : Une tétanie symptomatique à l’égard du fait juif du fait de la collaboration nazie

L’arrestation du président de l’Association de Solidarité France Palestine (AFSP), M. Bertrand Heilbronn, 71 ans, à sa sortie du Quai d’Orsay, mercredi 12 mai 2021, pour avoir appelé à manifester en soutien au peuple palestinien, illustre, de manière symtomatique, la tétanie de la classe politique française devant le fait juif, sa crainte du lobby israélien en France et le poids de la culpabilité française dans la collaboration nazie, 80 ans après la capitulation française.

Amorcée par le post gaulliste Nicolas Sarkozy, accentuée par le socialo-motoriste François Hollande, l’alignement inconditionnel de la France sur les thèses de l’extrême droite israélienne représentée par le premier ministre Benyamin Netanyahou, s’est accentuée sous Emmanuel Macron, dont la visite en catimini aux Palestiniens, a constitué la face la plus pitoyable de la couardise et du reniement.

Timorés, les médias français avaient présenté les affrontements israélo-palestiniens devant l’esplanade de la mosquée Al Aqsa comme étant des affrontements entre musulmans et juifs religieux comme pour suggérer une guerre de religion entre deux groupements extrémistes, et occulter le combat national du peuple palestinien à son indépendance et surtout contre son dépérissement, de même que la connivence occidentale à l’égard de l’arbitraire israélien.

Même le rapport de l’organisation américaine Human Right Watch, accusant Israël de pratiquer un « régime d’Apartheid », n’a incité les médias français à sortir de leur frilosité.

Au point qu’un journaliste, Dominique Vidal, ancien collaborateur du Monde diplomatique, fils d’anciens résistants de confession juive, à faire part, publiquement, de sa « honte » devant ces deux faits dégradants : les « pogroms anti arabes de juifs extrémistes et le silence des grands médias occidentaux, particulièrement français ».

Sur ce lien, la déclaration de Dominique Vidal :

Sur la problématique du conflit israélo-palestinien, cf ce lien :

La viabilité d’Israël en question

La viabilité d’Israël se pose face aux perspectives démographiques de la population palestinienne.

Israël a procédé à quatre élections législatives en deux ans, sans résultats concluants, symptomatique de la confusion dans laquelle baigne ce que les occidentalistes qualifie d’unique démocratie du Moyen-Orient ». Cette impasse politique intervient sur fond de prévisions pessimistes sur la viabilité de l’État hébreu.

Un rapport, publié en décembre 2016, par le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA) indique que le nombre de personnes vivant à Gaza devrait plus que doubler au cours des 30 prochaines années. Intitulé « Palestine 2030 Changements démographiques : opportunités pour le développement », le rapport examine les changements démographiques et les possibilités de développement dans l’ensemble des Territoires palestiniens occupés. L’étude du Fonds montre que des décennies d’occupation et de dépendance à l’aide étrangère ont entravé la croissance.

16,7 millions de Palestiniens vivront dans l‘ensemble grand Israël à l’horizon de 2050. Les taux de fécondité dans les Territoires palestiniens occupés sont deux fois plus élevés que ceux des pays les plus avancés de la région. Cette tendance devrait faire passer la population de 4,7 millions aujourd’hui à 6,9 millions de personnes en 2030 et à 9,5 millions en 2050.

Le taux de croissance démographique le plus élevé devrait se produire dans la bande de Gaza, où le rapport estime que la population aujourd’hui de 1,85 millions de personnes devrait passer à 3,1 millions en 2030 et à 4,7 millions en 2050.

En Israël, la population a atteint, en 2019, 9 136 000 habitants, dont 20.6% d’Arabes israéliens (1 750 000 habitants, principalement musulmans, et une minorité chrétienne), selon le Bureau central des Statistiques israélien. Arabes-Israéliens est un borborygme qui désigne dans la terminologie israélienne les Palestiniens, les habitants originels du pays de la Palestine du mandat britannique.

Cisjordanie (9,5 millions) + Gaza (4,7 millions) + Palestiniens de l’intérieur (2,5 millions d’Arabes-israéliens), cela donnerait un total de 16, 7 millions de Palestiniens vivant dans l’ensemble du grand Israël.

Épilogue : Sur le plan militaire

Depuis 1967, Israël n’a plus jamais remporté une victoire militaire. Jusqu’à cette date, l’État hébreu menait des guerres contre des armées gouvernementales arabes dont l’objectif majeur était de défendre le régime politique de leur pays et non la libération de la Palestine.

Depuis le début du XXIe siècle, plus exactement l’an 2000 coïncidant avec le dégagement militaire israélien du Sud Liban, sous la pression du Hezbollah, sans négociations directes, ni traité de paix, Israël est prise en tenaille, dans une alliance de revers, au Nord, par la formation paramilitaire chiite libanaise, au sud à Gaza par le Hamas et le Jihad islamique, qui y mènent une guerre asymétrique.

En superposition, au niveau des alliances régionales, les États Unis, l’allié majeur d’Israël au Moyen-Orient, sont en phase de reflux, alors que les principaux alliés de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine (Chine, Russie, Iran) sont en phase de montée en puissance, parallèlement au déploiement victorieux des forces paramilitaires de la zone : les Houthistes au Yémen face à l’Arabie Saoudite ; Hached al Chaabi, en Irak face aux États Unis ; le Hezbollah libanais, face à Israël au sud Liban et aux groupements terroristes sunnites en Syrie.

Un tel sombre tableau pourrait expliquer la précipitation soudaine de quatre pays arabes dont trois monarchies (Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc, Soudan) à normaliser leurs relations avec Israël, à l’automne 2020, sans doute en vue de conjurer un sort fatal..

La riposte balistique du Hamas a apporté la preuve de la porosité du ciel israélien, révélé au grand jour la nudité des Rois arabes, en même temps qu’elle apportait une claire démonstration de l’impossibilité pour Israël de fonder une démocratie sur un régime d’Apartheid, à la manière de l’Afrique du Sud de l’époque coloniale ou des états confédérés du sud des États-Unis du temps de la guerre de sécession… Affaire à suivre


source : http://www.elcorreo.eu.org

Les États-Unis paralysés par le revirement stratégique de la République islamique d’Iran

par Pepe Escobar

Le parlement iranien vient d’approuver l’adhésion de la République islamique à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), précédemment consacrée lors du sommet de Samarcande en septembre dernier, marquant ainsi l’aboutissement d’un processus qui a duré pas moins de 15 ans.  

L’Iran a déjà demandé à devenir membre des BRICS+ en pleine expansion, qui, avant 2025, seront inévitablement configurés comme le G20 alternatif du Sud global qui compte vraiment.

L’Iran fait déjà partie du Quad qui compte vraiment, aux côtés des membres des BRICS (Russie, Chine et Inde). L’Iran approfondit son partenariat stratégique avec la Chine et la Russie et accroît sa coopération bilatérale avec l’Inde. 

L’Iran est un partenaire clé de la Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie, ou Initiative Ceinture et Route (BRI). Il est sur le point de conclure un accord de libre-échange avec l’Union économique eurasienne (UEE) et constitue un nœud essentiel du Corridor international de transport nord-sud (INSTC), aux côtés de la Russie et de l’Inde.     

Tout ce qui précède configure l’émergence rapide de la République islamique d’Iran en tant que grande puissance d’Asie occidentale et d’Eurasie, avec une vaste portée dans le Sud global. 

L’ensemble des « politiques » impériales à l’égard de Téhéran ont ainsi été réduites à néant.

Il n’est donc pas étonnant que les courants d’iranophobie accumulés précédemment – alimentés par l’Empire pendant quatre décennies – se soient récemment métastasés en une nouvelle offensive de révolution colorée, entièrement soutenue et diffusée par les médias anglo-américains.

Le scénario est toujours le même. Le leader de la révolution islamique, l’ayatollah Seyyed Ali Khamenei, en a donné une définition concise. Le problème n’est pas les bandes d’émeutiers inconscients et/ou les mercenaires : « La principale confrontation, a-t-il dit, est celle de « l’hégémonie mondiale ». »

L’ayatollah Khamenei s’est fait quelque peu l’écho de l’intellectuel et auteur américain Noam Chomsky, qui a fait remarquer comment un ensemble de sanctions américaines sur quatre décennies a gravement nui à l’économie iranienne et « causé d’énormes souffrances ».

Utiliser les Kurdes comme des actifs jetables

La dernière surenchère de la révolution de couleur se superpose à la manipulation des Kurdes en Syrie et en Irak. Du point de vue impérial, la guerre par procuration en Syrie, qui est loin d’être terminée, constitue non seulement un front supplémentaire dans la lutte contre la Russie, mais permet également d’instrumentaliser des Kurdes très dépendants contre l’Iran et la Turquie.   

L’Iran est actuellement attaqué selon une variante perverse du schéma appliqué à la Syrie en 2011. Une sorte de situation de « protestation permanente » a été imposée dans de vastes étendues du nord-ouest de l’Iran.

Ce qui a changé à la mi-novembre, c’est que des bandes armées ont commencé à appliquer des tactiques terroristes dans plusieurs villes proches de la frontière irakienne, et l’on pense même qu’elles étaient suffisamment armées pour prendre le contrôle de certaines de ces villes.  

Téhéran a inévitablement dû envoyer des troupes des CGRI pour contenir la situation et renforcer la sécurité à la frontière. Ils se sont engagés dans des opérations similaires à ce qui a été fait auparavant à Dara’a, dans le sud-ouest de la Syrie.

Cette intervention militaire a été efficace. Mais sous quelques latitudes, les gangs terroristes continuent d’attaquer les infrastructures gouvernementales et même les biens civils. Le fait essentiel est que Téhéran préfère ne pas réprimer ces manifestations indisciplinées par la force meurtrière.

Le problème vraiment crucial n’est pas les manifestations en soi : c’est le transfert d’armes par les Kurdes d’Irak en Iran pour soutenir le scénario de la révolution de couleur.

Téhéran a lancé un ultimatum de facto à Bagdad : mettez-vous d’accord avec les Kurdes et faites-leur comprendre les lignes rouges.    

À l’heure actuelle, l’Iran utilise massivement des missiles balistiques Fateh et des drones kamikazes Shahed-131 et Shahed-136 contre certaines bases terroristes kurdes dans le nord de l’Irak.

On peut se demander si cela suffira à contrôler la situation. Ce qui est clair, c’est que la « carte kurde », si elle n’est pas apprivoisée, pourrait être facilement jouée par les suspects habituels dans d’autres provinces iraniennes, compte tenu du solide soutien financier, militaire et informationnel offert par les Kurdes irakiens aux Kurdes iraniens.   

La Turquie est confrontée à un problème relativement similaire avec les Kurdes syriens instrumentalisés par les États-Unis.

Dans le nord de la Syrie, il s’agit principalement de bandes armées se faisant passer pour des « Kurdes ». Il est donc tout à fait possible que ces bandes armées kurdes, essentiellement jouées par Washington comme des idiots utiles, finissent par être décimées, simultanément, à court ou moyen terme, à la fois par Ankara et Téhéran.

Si tout échoue, priez pour un changement de régime

Un changement de donne géopolitique, impensable il y a encore peu de temps, pourrait bientôt se produire : une rencontre de haut niveau entre le président turc Recep Erdogan et son homologue syrien Bashar al-Assad (rappelez-vous la rengaine de la décennie « Assad doit partir ») en Russie, avec la médiation de nul autre que le président russe Vladimir Poutine.

Que faudrait-il pour que les Kurdes comprennent qu’aucun État – que ce soit l’Iran, la Syrie ou la Turquie – ne leur offrira de terres pour leur propre nation ? Les paramètres pourraient éventuellement changer si les Irakiens de Bagdad parviennent enfin à expulser les États-Unis.

Avant d’en arriver là, le fait est que l’Iran a déjà bouleversé la géopolitique de l’Asie occidentale, grâce à ses missiles de croisière intelligents, ses drones kamikazes extrêmement efficaces, sa guerre électronique et même ses missiles hypersoniques de pointe.

Les « planificateurs » de l’Empire n’ont jamais rien vu venir : un partenariat stratégique entre la Russie et l’Iran qui est non seulement tout à fait logique sur le plan géo-économique, mais qui constitue également un multiplicateur de force militaire.

En outre, cela fait partie de la vision d’ensemble sur laquelle se concentrent les BRICS+ élargis : L’intégration de l’Eurasie (et au-delà) via des corridors économiques multimodaux tels que l’INTSC, les pipelines et les trains à grande vitesse.   

Le plan A de l’Empire, sur l’Iran, était un simple accord nucléaire (JCPOA), conçu par l’administration de Barack Obama comme rien d’autre qu’un plan d’endiguement grossier.

Trump a en fait tout fait sauter – et il ne reste plus rien : une relance du JCPOA, qui a été – en théorie – tentée depuis des mois à Vienne, a toujours été vouée à l’échec parce que les Américains eux-mêmes ne savent plus ce qu’ils en attendent. 

Ce qui reste donc comme plan B pour les psychopathes néocons/néolibéraux straussiens en charge de la politique étrangère américaine, c’est de jeter toutes sortes de boucs émissaires – des Kurdes à la toxique OMPI – dans le chaudron iranien et, amplifié 24 heures sur 24 par des médias grand public hystériques, de prier pour un changement de régime.

Eh bien, cela n’arrivera pas. Téhéran doit simplement attendre, faire preuve de retenue et observer comment tant de signaux de vertu de la révolution de couleur finiront par s’évanouir.

Pepe Escobar

source : Press TV

traduction Réseau International

Bascule au Moyen-Orient : La Chine prend la main par Bertrand Scholler - Le 17/04/2023.

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