Dans une tournure imprévisible des événements, la Russie a asséné un coup calculé aux États-Unis et à Israël en armant l’Iran de missiles hypersoniques
avancés, faisant de ce pays un instrument de choix. Les implications de cette manœuvre stratégique sont considérables et pourraient modifier l’équilibre des forces dans la région instable
du Moyen-Orient.
Le conflit entre les États-Unis et la Russie s’est progressivement transformé en une guerre par procuration. Les USA ont d’abord rallié les pays occidentaux
à leur cause. En rejoignant cette alliance occidentale, Israël s’est aligné étroitement sur le Commandement central américain (CENTCOM), chargé de protéger les intérêts américains dans la
vaste région qui s’étend de la Corne de l’Afrique à l’Asie centrale. Les dirigeants de Tel-Aviv ont ouvertement condamné les actions de la Russie et ont activement soutenu l’Ukraine en
lui fournissant du matériel d’écoute et des renseignements de sécurité pour tuer des soldats russes. Cet effort conjoint qui rassemble cinquante pays a été coordonné à la base américaine
de Ramstein, en Allemagne. Dans ce contexte, la Russie, qui travaille avec diligence mais en toute discrétion, a porté un coup terrible aux États-Unis et à Israël en fournissant à l’Iran
une technologie de missiles hypersoniques de pointe, une capacité que seuls quelques pays possèdent dans le monde.
L’annonce par l’Iran de la mise au point du Al-Fatah, un missile balistique hypersonique d’une portée de 1400 kilomètres, marque une étape importante. Avec
une vitesse de Mach 13-15, soit environ 15 000 kilomètres par heure, le Al-Fatah peut changer de vitesse en plein vol, ce qui rend son interception pratiquement impossible. Cet
exploit place l’Iran dans un groupe exclusif de pays qui possèdent cette technologie de pointe, y compris la Russie, la Chine et la Corée du Nord, ce que n’avaient pas vu venir de
nombreux pays européens.
Pendant des années, la Russie a maintenu un équilibre précaire au Moyen-Orient, s’abstenant d’armer l’Iran avec des missiles avancés pour éviter de
provoquer les États-Unis et Israël. Mais cette réticence a changé au milieu de 2022, peu après le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Occident en Ukraine. À ce moment-là, un
accord historique de coopération en matière de défense entre l’Iran et Moscou a ouvert la voie au transfert de milliers de drones iraniens à Moscou (un accord dont j’ai été le premier à
parler) et à l’appui à la construction d’une usine de drones en Russie. La décision du Kremlin de se tourner vers l’Iran s’explique par le fait qu’il s’est rendu compte qu’il se battait
seul. L’Iran était le seul pays à apporter un soutien militaire sans faille et à ne pas craindre les sanctions américaines et occidentales. L’Iran a montré sa détermination à se tenir
debout, à soutenir la Russie et à défier les États-Unis, malgré les quelque 3800 sanctions qu’il subit depuis la Révolution de 1979. Téhéran a démontré son engagement envers ses amis en
demeurant inébranlable malgré une adversité de longue date.
La possession par l’Iran de missiles hypersoniques représente un saut qualitatif sans précédent et témoigne de l’étroite coopération entre la Russie et
l’Iran. Elle envoie un message clair aux États-Unis, qui maintiennent une présence militaire importante autour de la République islamique, à savoir que l’Iran possède des capacités de
dissuasion avancées pour sauvegarder ses intérêts en Asie et menacer éventuellement l’allié israélien des USA.
Le message adressé à Israël est on ne peut plus clair. En permettant à l’Iran d’acquérir des missiles capables d’échapper au système de défense « Dôme
de fer » de Tel-Aviv, la Russie a effectivement neutralisé la capacité d’Israël à intercepter les missiles iraniens. Cette évolution représente un défi de taille pour Israël, qui est
désormais confronté à la perspective de frappes potentielles sur son sol s’il s’attaque aux installations nucléaires iraniennes. L’Iran a déjà fait preuve d’audace en attaquant Ain
al-Assad en 2020, la plus grande base militaire américaine en Irak, en réponse à l’assassinat du général Qassem Soleimani par le président de l’époque, Donald Trump.
Par conséquent, l’Iran dispose de plusieurs cartes de dissuasion puissantes dans son jeu :
1. Il bénéficie d’alliés solides au Moyen-Orient, prêts à entrer en guerre pour défendre l’Axe de Résistance mis en place par Téhéran.
2. Son arsenal de drones s’est révélé très efficace, en faisant des ravages dans l’armée ukrainienne et en détruisant des armes occidentales dans le conflit
en Ukraine, ce qui a aidé la Russie à reprendre le contrôle du champ de bataille.
3. Les capacités de l’Iran en matière de missiles ont démontré leur potentiel et leur efficacité en menant des attaques fructueuses contre des bases de
Daech en Syrie, des bases de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien en Irak et même d’une base du Mossad israélien au Kurdistan irakien.
En munissant ses alliés de missiles avancés et précis, l’Iran a créé un équilibre se situant entre la terreur et la dissuasion, qui limite la liberté
d’action militaire d’Israël au Liban et en Syrie contre le Hezbollah, par crainte d’une riposte rapide et robuste.
La Russie n’a pas reconnu publiquement son implication dans le programme de missiles iranien, tout comme l’Iran a tenté à plusieurs reprises de nier avoir
fourni ses drones à Moscou. N’empêche que les actions de la Russie en disent long sur sa détermination à répondre aux griefs et marquent une nouvelle approche stratégique à l’égard de
Téhéran. Le Kremlin a ouvert ses portes à un pays (l’Iran) qui a tenu bon dans les circonstances les plus sombres, qui a ignoré les menaces américaines et européennes et qui fait preuve
d’une conviction inébranlable en restant imperméable à l’intimidation occidentale.
Le message russe a des répercussions auprès des parties concernées à Washington et à Tel-Aviv, car il efface les dernières lignes rouges et ouvre la voie à
un avenir sans précédent pour la coopération russo-iranienne. Ce partenariat, forgé par le respect des accords, est susceptible de produire d’autres surprises qui pourraient avoir des
répercussions durables. Lorsque la poussière sera retombée, les coûts de la mise en œuvre de l’accord deviendront de plus en plus évidents, remodèleront le paysage géopolitique et
modifieront éventuellement la dynamique du pouvoir dans la région.
Face à l’initiative stratégique de la Russie, le monde retient son souffle quant aux répercussions de la possession par l’Iran de missiles hypersoniques.
Doté d’un armement de pointe et d’un engagement inébranlable envers ses intérêts, l’Iran est prêt à protéger sa souveraineté et à remettre en question la dynamique traditionnelle du
pouvoir au Moyen-Orient. Alors que les tensions restent vives et que les enjeux ne cessent de croître, l’évolution de l’alliance russo-iranienne devient un point focal de l’attention
internationale, dont les retombées potentielles s’étendent bien au-delà des frontières de ces pays.
James le Mesurier,
chef des Casques blancs en Syrie, a été retrouvé mort à Istanbul. Il serait tombé de son balcon.
Aide financière
Le Volkskrant néerlandais
a publié cette semaine un article remarquable :
«Le ministère
néerlandais des Affaires étrangères garde secret un audit qui, selon le tribunal d’Amsterdam, doit être partiellement révélé. Le rapport porte sur de possibles abus financiers au sein de
la fondation Mayday Rescue, appelée les Casques blancs, impliquée dans les opérations de sauvetage en Syrie».
Pendant de nombreuses années,
l’organisation Mayday Rescue, dont le siège se trouve à Amsterdam, a été la fondation néerlandaise, dotée d’un million d’euros, qui a soutenu les secouristes des Casques blancs en Syrie.
Huit pays donateurs – dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les États-Unis – ont versé ensemble environ 100 millions d’euros de subventions à Mayday.
Le ministère néerlandais des affaires étrangères estime que la divulgation du rapport d’audit pourrait nuire au «bon fonctionnement de
l’État». La
divulgation de l’enquête mettrait également en péril les relations diplomatiques néerlandaises. Selon le ministère des affaires étrangères, d’autres pays concernés ont «explicitement
indiqué»que la
divulgation de l’enquête pourrait nuire aux relations avec les Pays-Bas.
La question qui se pose maintenant est la suivante : avec ces déclarations, qu’est-ce que le ministère néerlandais a à cacher, ou plutôt qu’est-ce que les
Pays-Bas et l’Occident ont à cacher ?
La réponse est simple ! Les Casques
blancs faisaient partie d’Al-Qaïda, un groupe terroriste qui a ensuite fusionné avec DAESH – ISIS (IS). La preuve a été présentée par le directeur de l’organisation basée en Russie :
Study of Democracy Foundation, Maxim Grigoriev en 2018.
Le rapport est basé sur des entretiens avec plus de 100 témoins oculaires, dont 40 membres des Casques blancs, 50 résidents et 15 anciens combattants
terroristes. Plus de 500 civils ont également été interrogés dans les villes syriennes d’Alep et de Deraa.
«Il existe des preuves
accablantes prouvant que les centres du Casque blanc ont participé en permanence à la construction de fortifications pour combattre pour des groupes terroristes et des groupes armés
illégaux qui leur ont fourni de l’eau et de la nourriture et ont évacué des terroristes blessés des lignes de front», a déclaré M. Grigoriev en 2018.
Comme je l’ai souvent dit et écrit dans de nombreux articles, les Pays-Bas sont le pays le plus mondialiste d’Europe, après le Royaume-Uni. L’argent
transite par les «boîtes aux lettres
vides» néerlandaises sous le couvert d’entreprises et de fondations. C’est le cas des Casques
blancs, ou de la Mayday Rescue Foundation, fondée au Royaume-Uni et blanchie aux Pays-Bas, et également financée par l’argent des contribuables néerlandais par le biais de ce que l’on
appelle les loteries (d’État) (loterie du code postal).
«Les Pays-Bas n’ont
rien à envier à leur pays frère, les États-Unis, en matière de guerre, de mort et d’expulsion. Tout est devenu incontrôlable au cours des dernières décennies, les Pays-Bas n’ont jamais
été autant impliqués dans des guerres et des effusions de sang qu’aujourd’hui dans le Donbass !»1
Le secret n’en est plus un. Les Pays-Bas ont soutenu 22 groupes terroristes en Syrie, qu’ils ont appelés rebelles et, ce que le gouvernement néerlandais
sait faire, l’ont dissimulé dans un soi-disant programme d’aide appelé NLA (Non-Lethal-Assistance). Mais en réalité, au nom de leur patron, les États-Unis, ils ont dû soutenir ces groupes
terroristes, les terroristes étant appelés rebelles, une autre dissimulation. Mais les Syriens et bien sûr les Irakiens le savent. L’émergence de l’IS ou de DAESH est soutenue et financée
par l’Occident et, bien sûr, le gouvernement néerlandais ne veut pas le rendre public !
«Daesh est l’acronyme
arabe de «al-Dawla al-Islamiya fi Iraq wal-Sham» (DAESH), qui n’est en fait que le nom de l’IS, à savoir l’État islamique en Irak et au Levant. Mais l’utilisation de cet acronyme évite de
dire que le groupe est une représentation officielle de la pensée islamique».
Décès à Istanbul
Le fondateur de la fondation Mayday Rescue, le Britannique James Le Mesurier, est décédé en novembre 2019 après une chute de son appartement à Istanbul, en
Turquie. Peu avant sa mort, Le Mesurier a écrit dans une lettre aux pays donateurs concernés qu’il y avait eu des abus financiers au sein de la fondation Mayday, notamment une fraude
portant sur 50 000 dollars. C’est la version officielle. Mais pourquoi dénoncer une somme minime de 50 000 dollars, sachant que les pays occidentaux ont donné des millions de dollars et
d’euros à cette soi-disant fondation, bien sûr grâce aux contribuables des pays concernés !
«Après la mort de Le
Mesurier, la division néerlandaise du cabinet comptable Grant Thornton a enquêté sur la fondation Mayday. Jusqu’à présent, seul le résumé est connu. Selon ce résumé, qui s’étend sur neuf
paragraphes, les enquêteurs n’ont trouvé aucune preuve de fraude. Selon les comptables, le détournement de 50 000 USD décrit par Le Mesurier était basé sur un malentendu».
Le ministère néerlandais des affaires étrangères n’aurait pas dû rejeter complètement une demande d’information pour la divulgation d’un rapport de Grant
Thornton Accountants sur la fondation Mayday Rescue et les Casques blancs, a statué le tribunal d’Amsterdam en juillet de l’année dernière. Néanmoins, le ministère a depuis
refusé de publier certaines parties du rapport d’audit.
«En d’autres termes,
le gouvernement néerlandais craint que le prochain scandale ne vienne s’ajouter à tous les autres scandales et à son soutien à la guerre contre la Russie, et qu’il doive finalement faire
place nette et faire l’objet de poursuites !»
James Le
Mesurier et son épouse Emma Winberg. Photo : Daily Mail
S’adressant au journal britannique Daily Mail, Emma
Winberg a rejeté les rumeurs d’une implication syrienne ou russe dans la mort de son mari, désignant le directeur financier de Le Mesurier, le Néerlandais Johan
Eleveld, comme suspect. Accusant le Néerlandais d’avoir poussé son mari au bord du désespoir, Mme Winberg a déclaré :«Elevand
a exploité la moindre erreur de James».
Selon elle, Elevand, contrôleur financier au ministère néerlandais des Affaires étrangères, a rejoint Mayday en août 2018. Mayday était basée à Istanbul,
mais elle était enregistrée aux Pays-Bas en tant que fondation caritative.
Chez Mayday, tout le monde était bien payé. Les honoraires de la direction se situent dans le segment haut du secteur de l’aide internationale. James Le
Mesurier avait initialement un salaire mensuel de 18 000 dollars. Les donateurs ont fixé la rémunération des volontaires en Syrie à 150 dollars par mois !
En 2018, un poste de directeur financier (CFO) est vacant à la Mayday Foundation, bien rémunéré évidemment ! Le candidat idéal se désiste après un premier
enthousiasme. Le numéro deux sur la liste est Johan Eleveld, qui travaille pour des entreprises privées et le ministère néerlandais des Affaires étrangères. Il rejoindra la fondation le
23 août 2018 en tant que directeur du développement/contrôleur.
«Mais la même année,
en 2018, le gouvernement néerlandais a soudainement cessé de soutenir les terroristes (encore appelés rebelles par eux), car «il y a trop de morts et la Syrie est en ruines», selon
l’argument !»
Les fonctionnaires néerlandais de l’équipe chargée de la Syrie à Istanbul et à La Haye ont déclaré à Le Mesurier qu’ils étaient également choqués et que
«la
décision avait été prise au plus haut niveau». Les diplomates néerlandais sur le terrain ont déclaré : «C’est absurde, c’est
de la politique. Cela n’a rien à voir avec Mayday et les Casques blancs, mais avec l’autre vent politique qui soufflait».
Pourquoi les Pays-Bas laissent-ils tomber comme une pierre une organisation qui sauve des gens et recueille des preuves de crimes de guerre ? Les Casques
blancs jouissaient d’une excellente réputation aux Pays-Bas en tant qu’organisation la plus courageuse et la plus importante sur le plan humanitaire, qui pouvait encore travailler en
Syrie ? Les gens s’interrogent, trompés par le gouvernement néerlandais, qui savait depuis le début qu’il soutenait les terroristes !
«La réponse est à
nouveau simple, l’Occident a perdu la guerre en Syrie, Bachar-al-Assad est toujours président de la Syrie, et le gouvernement est toujours là, même de retour sur la scène politique arabe
!»
Le 10
septembre 2018, on a appris que les Pays-Bas avaient fourni pour plus de 25 millions d’euros de biens tels que des camionnettes, des colis alimentaires, des uniformes, des
téléphones satellites, des appareils photo et des trousses médicales. L’aide est allée à des organisations classées comme terroristes. Les médias néerlandais ont diffusé des
vidéos de groupes dits rebelles se dirigeant vers le front à bord de camionnettes blanches équipées de mitrailleuses. Les combattants djihadistes font la guerre avec le soutien
des Pays-Bas.
Mais la Mayday Foundation était toujours opérationnelle après les révélations et est devenue un problème pour le gouvernement néerlandais. Les États-Unis
ont changé de politique et ont mis le gouvernement néerlandais dans une position difficile, car l’Occident tout entier a perdu sa guerre par procuration en Syrie.
Ce que Le Mesurier ne savait pas en 2018, c’est que son soi-disant employé néerlandais Eleveld, qui était bien sûr un actif des services secrets
néerlandais, était impliqué dans de longues procédures dans son pays au sujet de ses anciennes sociétés en Roumanie et était en fait un criminel en «col
blanc».
Il y a donc eu un conflit entre Eleveld et Le Mesurier, si l’on en croit les dires, mais Eleveld faisait partie du ministère néerlandais et probablement
aussi de l’AIVD, les services secrets des Pays-Bas, qui étaient largement représentés à Istanbul et à Gaziantep pendant la guerre en Syrie.
Ce n’est pas certain, mais c’était bien sûr une solution pratique au problème du gouvernement néerlandais de se débarrasser de Le
Mesurier, il pouvait commencer à parler des Casques blancs, qui s’est avéré être une organisation terroriste après tout, émergée avec Al-Qaïda, etc. Sa mort a résolu beaucoup de
problèmes pour le gouvernement néerlandais !
«Bien sûr, cette
histoire folle, qui s’est réellement produite, est également le principe directeur d’une partie de la haine du gouvernement néerlandais contre la Russie, après tout, la Russie, avec
l’armée syrienne (SAA) et l’Iran (Hezbollah), a veillé à ce que les États-Unis et l’UE perdent en Syrie, la première perte. Cela va loin, très loin, surtout pour le Premier ministre Mark
Rutte !»
Le Moyen-Orient se stabilise, sur fond de grand démantèlement.
par Alastair Crooke
- Le 02/06/2023.
Les contradictions structurelles
propres aux États-Unis, à savoir une économie hyperfinanciarisée qui aspire la substance de son hôte de l’économie réelle, une société qui vit dans la crainte d’une facture
d’hôpital.
Les États-Unis restent distants et inconsolables dans le sillage de la révolution diplomatique au Moyen-Orient. Tout d’abord, la Chine a servi de médiateur
(et a garanti) un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran, puis, la semaine dernière, le président Bachar al-Assad s’est présenté avec assurance au sommet de la Ligue arabe, où il a été
salué et embrassé par tout le monde. Après 12 longues années de lutte, le président Assad a été légitimé dans la sphère arabe et la Syrie est redevenue un État normal et souverain pour la
majeure partie du monde.
Mais un nouvel état d’esprit est apparu : La colère monte dans le monde entier. Pour ceux qui ont été vilipendés, sanctionnés et attaqués au nom de «l’ordre
fondé sur des règles», le message est clair : vous n’êtes pas seuls ; de nombreux peuples expriment leur colère et leur mécontentement. Le dogme diviseur du «avec nous», ou être traité
comme une menace extrémiste, si «contre nous» est en train d’être renversé. La politique étrangère des États-Unis s’effondre au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et aux États-Unis.
Dans son discours, le président al-Assad a évoqué l’opportunité que cette vague de mécontentement et de colère offrait à la région de revoir ses
dispositions – en s’éloignant de la domination et de l’intervention occidentales :
«Cette occasion
historique exige du monde arabe qu’il se repositionne et s’investisse dans l’atmosphère positive de réconciliation qui a précédé le sommet d’aujourd’hui», a ajouté al-Assad, faisant
référence aux récentes initiatives diplomatiques qui ont abouti à la reprise des liens diplomatiques entre l’Arabie saoudite, Téhéran et Damas.
Le président al-Assad a également souligné la nécessité de consolider la culture arabe face au «libéralisme moderne
qui vise les appartenances innées de l’homme et le dépouille de sa morale et de son identité».
Ce dernier point soulevé par al-Assad – «le danger culturel» associé au libéralisme contemporain – est en train de devenir un thème mondial, les États
soulignant leur souhait de gérer leur vie selon leur propre mode d’existence.
Bien sûr, la Syrie n’est pas encore souveraine. Les forces des États-Unis et de la Turquie, ainsi que les milices soutenues par l’étranger, occupent des
portions significatives du territoire syrien. Néanmoins, la position de la Ligue arabe, qui rejette toute intervention étrangère, et sa légitimation de facto du gouvernement syrien
aideront Damas à trouver une issue négociée.
Pour Israël, la perspective est celle d’un changement radical, avec la crainte d’être «laissé
dans la poussière». Le Premier ministre Netanyahou, confronté à des schismes internes et à des manifestations incessantes, a cherché à minimiser ces changements tectoniques et à
projeter une image de «business as usual» pour contrer l’attention portée par les médias étrangers aux manifestations et à l’agitation politique en Israël.
Attaquer les Palestiniens à Gaza permet de maintenir intacte la coalition de droite de Netanyahou – comme l’a écrit un
commentateur israélien : «Tuer des enfants
rassemble les Israéliens». Cependant, les deux piliers de l’unité israélienne de Netanyahou pour «rassembler les Israéliens autour du drapeau», à savoir la mise en avant de la
«menace» nucléaire iranienne et l’éloge de sa réussite dans le cadre des fameux accords d’Abraham, ont tous deux perdu de leur éclat.
Tout d’abord, la réconciliation entre l’Iran et les États du Golfe réduit à néant une grande partie de la justification initiale de la politique iranienne
des États-Unis, à savoir la crainte de l’Iran par les pays arabes. Les deux anciens antagonistes résolvent actuellement leurs différends par la voie diplomatique (sous l’égide de la
Chine) et échangent des garanties de sécurité mutuelles. Quoi qu’il en soit, l’équipe Biden ne veut pas d’une guerre avec l’Iran. Elle a déjà suffisamment de pain sur la planche.
Deuxièmement, Jake Sullivan, lors de son récent voyage en Arabie saoudite, n’a pas réussi à persuader le Royaume de normaliser ses relations avec Israël.
Les États arabes présents au sommet mettent plutôt l’accent sur l’initiative de paix arabe de 2002, qui exclut toute normalisation avec Israël tant qu’un État palestinien n’aura pas vu le
jour. Les États qui se sont «normalisés» continueront sur le même mode, mais la structure conceptuelle des accords d’Abraham (du point de vue israélien) est entièrement vidée de sa
substance. Les États arabes sont occupés à ouvrir des canaux diplomatiques et commerciaux avec l’Iran ; ils ne constituent plus un axe anti-iranien au nom de Washington et de
Tel-Aviv.
Si nous prenons un peu de recul et que nous envisageons les événements régionaux dans une perspective plus large, nous pourrions remarquer deux choses à
propos de la situation mondiale : La première est que les difficultés actuelles d’Israël et les signes d’un éventuel démantèlement du projet ne proviennent pas, comme ses dirigeants et
ses alliés extérieurs n’ont cessé de le prédire, de forces extérieures, mais des contradictions
internes non résolues d’Israël.
Le problème structurel d’Israël est mis en évidence par l’actuelle impasse amère sur le plan de réforme judiciaire de Netanyahou. La population juive
israélienne est divisée en deux : Ashkénazes contre Mizrahi ; «équilibristes» laïques contre exclusifs de la «judéité» – aucun des deux camps n’étant disposé à faire marche arrière et
chacun prétendant être le «plus démocratique» ; et chacun ayant une vision d’Israël totalement incompatible avec celle de «l’autre». Israël se trouve à l’aube d’un conflit civil de faible
intensité.
De même, la polarisation des États-Unis et l’aggravation de leurs divisions politiques, qui, pour certains Américains, laissent présager une forme de
sécession interne comme seule solution à la prétendue désintégration des États-Unis, ne proviennent pas – comme l’affirment ses dirigeants politiques – de forces extérieures (la Russie,
la Chine ou l’Iran), mais de ses propres contradictions non résolues.
Les contradictions structurelles propres aux États-Unis, à savoir une économie hyperfinanciarisée qui aspire la substance de son hôte de l’économie réelle,
une société qui vit dans la crainte tremblante d’une facture d’hôpital, qui désespère d’envoyer ses enfants à l’université avec ses frais de scolarité exorbitants, et un système politique
presque constamment paralysé, une confrontation à somme nulle, sont auto-générées et ne sont pas des «démons» extérieurs (sauf peut-être dans les profondeurs de la psyché
inconsciente).
Voici le contraste : La région se libère des divisions et des schismes du passé. Les «grandes puissances» occidentales, quant à elles, s’enfoncent
dans les leurs. Cette confluence est systémiquement instable : Elle représente un déséquilibre et conduira probablement à une période de troubles durables.
Le Moyen-Orient est une zone géographique stratégique importante pour la France : - relative proximité géographique, - responsabilités envers les chrétiens d’Orient et histoire du protectorat Syrie/Liban, - route maritime et approvisionnement en pétrole, - accords de Défense et exportation d’armement.
- Liban : 700 hommes déployés dans le cadre de l’ONU (opération DAMAN) - Jordanie : Opération CHAMMAL. Base aérienne projetée comprenant 300 hommes et une huitaine d’aéronefs).
Opération en coalition pour lutter contre DAECH - Irak/Syrie : Opération CHAMMAL. Participation à la formation de l’armée irakienne - Emirats Arabes Unis : 700 h - base interarmées – déploiement dans le cadre d’un accord de Défense - Djibouti : 1 500 h – base interarmées – déploiement dans le cadre d’un accord de Défense - Golfe d’Oman – CTF 150 : 200 personnes
Pour agrandir la carte
ci-dessous, cliquez sur le visuel
La pluie de roquettes palestiniennes qui s’est abattue sur les villes israéliennes, le 12 Mai 2021, fera date dans l’histoire du conflit israélo-palestinien
par sa forte charge symbolique et son intensité, confirmant de manière indubitable la centralité de la question palestinienne dans la géopolitique du Moyen-Orient, apportant au passage la
démonstration que le ciel israélien est devenu une passoire devant des roquettes de fabrication artisanale, plaçant en porte à faux le leadership sunnite arabe à la suite de sa reptation
collective devant l’État hébreu.
Quatre mois après la fin du Mandat du président xénophobe américain Donald Trump – qui s’était employé avec l’aide de son gendre philosioniste Jared Kushner
à enterrer en grande pompe la question palestinienne, par une série de mesures unilatérales et illégales au regard du droit international (reconnaissance de Jérusalem comme capitale
d’Israël, transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, reconnaissance de l’annexion du Golan syrien) –, la flambée israélo-palestinienne remet au premier plan de
l’actualité ce conflit, alors que Benyamin Netanyahou, piégé par sa surenchère électoraliste pour échapper à son inculpation pour corruption, est contraint à une fuite en avant dans une
escalade de la violence.
Fait significatif, la riposte palestinienne a été assurée par le Hamas depuis l’enclave de Gaza, accentuant le discrédit de Mahmoud Abbas, président de
l’Autorité palestinienne, en traduisant par des actes, dans des faits, sur le terrain, la promotion du Hamas au rang de défenseur des Palestiniens.
L’engagement du Hamas dans la bataille signe le retour d’une formation sunnite, l’unique formation sunnite, dans le combat pour la Palestine, qu’elle avait
déserté sous la présidence de Khaled Mecha’al, en se joignant à la coalition islamo-atlantiste dans la guerre contre la Syrie.
De manière sous-jacente, il signe de manière éclatante le retour par la grande porte du Hamas dans le giron de l’axe anti OTAN. Le Hamas avait en effet
revendiqué son autonomie face à la Confrérie des Frères musulmans et rejoint « Mihawar Ad Douwal Al Moumana’a » l’axe de l’immunisation au virus de la soumission à l’hégémonie
israélo-américaine, dans une déclaration faite en décembre 2020 au journal libanais Al Akhbar au terme d’un entretien avec le Hezbollah.
Les affrontements du Eid Al
Fitr place en porte à faux aussi bien le Maroc, président du Comité Al Qods, pour son troc honteux (reconnaissance d’Israël en échange de la reconnaissance d’Israël sur le
Sahara occidental), que le Qatar, parrain des Frères musulmans, pour son acceptation d’Israël dans le dispositif régional du Centcom, dont le siège est à Doha ; Abou-Dhabi, qui lui permet
de poursuivre en toute impunité son agression contre le Yémen en tandem avec l’Arabie Saoudite ; Bahreïn de poursuivre la répression de sa population en toute quiétude. Tous réunis pour
leur prosternation collective en une démarche inconsidérée en direction de Donald Trump, en fin de mandat.
Ci joint la déclaration de Ismail Haniyeh sur la revendication de l’Indépendance du Hamas par rapport à la confrérie des Frères musulmans :
L’attaque menée depuis Gaza est intervenue le 12 mai, à la veille de la fête du Fitr, qui marque traditionnellement la fin du Ramadan, et deux jours avant
la date anniversaire de la proclamation unilatérale de l’indépendance de l’État hébreu.
Sur la problématique du conflit israélo-palestinien, cf ce lien :
Près de 1 500 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers différentes villes israéliennes depuis le début des affrontements, Lundi 12 Mai
2021.
De l’aveu même de l’armée israélienne, le tir de 350 roquettes a « échoué » et des « centaines » d’autres ont été interceptées par le
bouclier anti-missiles israélien Dôme de fer. Ce qui a contrario révèle que quelques centaines de roquettes ont réussi à déjouer le système de défense balistique israélien.
Les raids israéliens ont fait au total 83 morts, parmi lesquels 17 enfants, et près de 500 blessés, selon le Hamas. En Israël, sept personnes ont été tuées,
parmi lesquelles un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées dans les tirs de roquettes.
La flambée de violence fait suite aux affrontements sur l’esplanade de la mosquée Al Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, illégalement occupé
et annexé par Israël, selon le droit international.
France :
Une tétanie symptomatique à l’égard du fait juif du fait de la collaboration nazie
L’arrestation du président de l’Association de Solidarité France Palestine (AFSP), M. Bertrand Heilbronn, 71 ans, à sa sortie du Quai d’Orsay, mercredi 12
mai 2021, pour avoir appelé à manifester en soutien au peuple palestinien, illustre, de manière symtomatique, la tétanie de la classe politique française devant le fait juif, sa crainte
du lobby israélien en France et le poids de la culpabilité française dans la collaboration nazie, 80 ans après la capitulation française.
Amorcée par le post gaulliste Nicolas Sarkozy, accentuée par le socialo-motoriste François Hollande, l’alignement inconditionnel de la France sur les thèses
de l’extrême droite israélienne représentée par le premier ministre Benyamin Netanyahou, s’est accentuée sous Emmanuel Macron, dont la visite en catimini aux Palestiniens, a constitué la
face la plus pitoyable de la couardise et du reniement.
Timorés, les médias français avaient présenté les affrontements israélo-palestiniens devant l’esplanade de la mosquée Al Aqsa comme étant des affrontements
entre musulmans et juifs religieux comme pour suggérer une guerre de religion entre deux groupements extrémistes, et occulter le combat national du peuple palestinien à son indépendance
et surtout contre son dépérissement, de même que la connivence occidentale à l’égard de l’arbitraire israélien.
Même le rapport de l’organisation américaine Human Right Watch, accusant Israël de pratiquer un « régime d’Apartheid », n’a incité les médias français à
sortir de leur frilosité.
Au point qu’un journaliste, Dominique Vidal, ancien collaborateur du Monde
diplomatique, fils d’anciens résistants de confession juive, à faire part, publiquement, de sa « honte » devant ces deux faits dégradants : les « pogroms anti
arabes de juifs extrémistes et le silence des grands médias occidentaux, particulièrement français ».
La viabilité d’Israël se pose face aux perspectives démographiques de la population palestinienne.
Israël a procédé à quatre élections législatives en deux ans, sans résultats concluants, symptomatique de la confusion dans laquelle baigne ce que les
occidentalistes qualifie d’unique démocratie du Moyen-Orient ». Cette impasse politique intervient sur fond de prévisions pessimistes sur la viabilité de l’État hébreu.
Un rapport, publié en décembre 2016, par le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA) indique que le nombre de personnes vivant à Gaza devrait plus
que doubler au cours des 30 prochaines années. Intitulé « Palestine 2030
Changements démographiques : opportunités pour le développement », le rapport examine les changements démographiques et les possibilités de développement dans l’ensemble des
Territoires palestiniens occupés. L’étude du Fonds montre que des décennies d’occupation et de dépendance à l’aide étrangère ont entravé la croissance.
16,7 millions de Palestiniens vivront dans l‘ensemble grand Israël à l’horizon de 2050. Les taux de fécondité dans les Territoires palestiniens occupés sont
deux fois plus élevés que ceux des pays les plus avancés de la région. Cette tendance devrait faire passer la population de 4,7 millions aujourd’hui à 6,9 millions de personnes en 2030 et
à 9,5 millions en 2050.
Le taux de croissance démographique le plus élevé devrait se produire dans la bande de Gaza, où le rapport estime que la population aujourd’hui de 1,85
millions de personnes devrait passer à 3,1 millions en 2030 et à 4,7 millions en 2050.
En Israël, la population a atteint, en 2019, 9 136 000 habitants, dont 20.6% d’Arabes israéliens (1 750 000 habitants, principalement musulmans, et une
minorité chrétienne), selon le Bureau central des Statistiques israélien. Arabes-Israéliens est un borborygme qui désigne dans la terminologie israélienne les Palestiniens, les habitants
originels du pays de la Palestine du mandat britannique.
Cisjordanie (9,5 millions) + Gaza (4,7 millions) + Palestiniens de l’intérieur (2,5 millions d’Arabes-israéliens), cela donnerait un total de 16, 7 millions
de Palestiniens vivant dans l’ensemble du grand Israël.
Épilogue : Sur
le plan militaire
Depuis 1967, Israël n’a plus jamais remporté une victoire militaire. Jusqu’à cette date, l’État hébreu menait des guerres contre des armées gouvernementales
arabes dont l’objectif majeur était de défendre le régime politique de leur pays et non la libération de la Palestine.
Depuis le début du XXIe siècle, plus exactement l’an 2000 coïncidant avec le dégagement militaire israélien du Sud Liban, sous la pression du Hezbollah,
sans négociations directes, ni traité de paix, Israël est prise en tenaille, dans une alliance de revers, au Nord, par la formation paramilitaire chiite libanaise, au sud à Gaza par le
Hamas et le Jihad islamique, qui y mènent une guerre asymétrique.
En superposition, au niveau des alliances régionales, les États Unis, l’allié majeur d’Israël au Moyen-Orient, sont en phase de reflux, alors que les
principaux alliés de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine (Chine, Russie, Iran) sont en phase de montée en puissance, parallèlement au déploiement victorieux des
forces paramilitaires de la zone : les Houthistes au Yémen face à l’Arabie Saoudite ; Hached al Chaabi, en Irak face aux États Unis ; le Hezbollah libanais, face à Israël au sud Liban et
aux groupements terroristes sunnites en Syrie.
Un tel sombre tableau pourrait expliquer la précipitation soudaine de quatre pays arabes dont trois monarchies (Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc, Soudan)
à normaliser leurs relations avec Israël, à l’automne 2020, sans doute en vue de conjurer un sort fatal..
La riposte balistique du Hamas a apporté la preuve de la porosité du ciel israélien, révélé au grand jour la nudité des Rois arabes, en même temps qu’elle
apportait une claire démonstration de l’impossibilité pour Israël de fonder une démocratie sur un régime d’Apartheid, à la manière de l’Afrique du Sud de l’époque
coloniale ou des états confédérés du sud des États-Unis du temps de la guerre de sécession… Affaire à
suivre
Le parlement iranien vient d’approuver
l’adhésion de la République islamique à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), précédemment consacrée lors du sommet de Samarcande en septembre dernier, marquant ainsi
l’aboutissement d’un processus qui a duré pas moins de 15 ans.
L’Iran a déjà demandé à devenir membre des BRICS+ en pleine expansion, qui, avant 2025, seront inévitablement configurés comme le G20 alternatif du Sud
global qui compte vraiment.
L’Iran fait déjà partie du Quad qui compte vraiment, aux côtés des membres des BRICS (Russie, Chine et Inde). L’Iran approfondit son partenariat stratégique
avec la Chine et la Russie et accroît sa coopération bilatérale avec l’Inde.
L’Iran est un partenaire clé de la Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie, ou Initiative Ceinture et Route (BRI). Il est sur le point de
conclure un accord de libre-échange avec l’Union économique eurasienne (UEE) et constitue un nœud essentiel du Corridor international de transport nord-sud (INSTC), aux côtés de la Russie
et de l’Inde.
Tout ce qui précède configure l’émergence rapide de la République islamique d’Iran en tant que grande puissance d’Asie occidentale et d’Eurasie, avec une
vaste portée dans le Sud global.
L’ensemble des « politiques » impériales à l’égard de Téhéran ont ainsi été réduites à néant.
Il n’est donc pas étonnant que les courants d’iranophobie accumulés précédemment – alimentés par l’Empire pendant quatre décennies – se soient récemment
métastasés en une nouvelle offensive de révolution colorée, entièrement soutenue et diffusée par les médias anglo-américains.
Le scénario est toujours le même. Le leader de la révolution islamique, l’ayatollah Seyyed Ali Khamenei, en a donné une définition concise. Le problème
n’est pas les bandes d’émeutiers inconscients et/ou les mercenaires : « La principale
confrontation, a-t-il dit, est celle de
« l’hégémonie mondiale ». »
L’ayatollah Khamenei s’est fait quelque peu l’écho de l’intellectuel et auteur américain Noam Chomsky, qui a fait remarquer comment un ensemble de sanctions
américaines sur quatre décennies a gravement nui à l’économie iranienne et « causé d’énormes
souffrances ».
Utiliser les Kurdes comme des actifs
jetables
La dernière surenchère de la révolution de couleur se superpose à la manipulation des Kurdes en Syrie et en Irak. Du point de vue impérial, la guerre par
procuration en Syrie, qui est loin d’être terminée, constitue non seulement un front supplémentaire dans la lutte contre la Russie, mais permet également d’instrumentaliser des Kurdes
très dépendants contre l’Iran et la Turquie.
L’Iran est actuellement attaqué selon une variante perverse du schéma appliqué à la Syrie en 2011. Une sorte de situation de « protestation
permanente » a été imposée dans de vastes étendues du nord-ouest de l’Iran.
Ce qui a changé à la mi-novembre, c’est que des bandes armées ont commencé à appliquer des tactiques terroristes dans plusieurs villes proches de la
frontière irakienne, et l’on pense même qu’elles étaient suffisamment armées pour prendre le contrôle de certaines de ces villes.
Téhéran a inévitablement dû envoyer des troupes des CGRI pour contenir la situation et renforcer la sécurité à la frontière. Ils se sont engagés dans des
opérations similaires à ce qui a été fait auparavant à Dara’a, dans le sud-ouest de la Syrie.
Cette intervention militaire a été efficace. Mais sous quelques latitudes, les gangs terroristes continuent d’attaquer les infrastructures gouvernementales
et même les biens civils. Le fait essentiel est que Téhéran préfère ne pas réprimer ces manifestations indisciplinées par la force meurtrière.
Le problème vraiment crucial n’est pas les manifestations en soi : c’est le transfert d’armes par les Kurdes d’Irak en Iran pour soutenir le scénario de la
révolution de couleur.
Téhéran a lancé un ultimatum de facto à Bagdad : mettez-vous d’accord avec les Kurdes et faites-leur comprendre les lignes
rouges.
À l’heure actuelle, l’Iran utilise massivement des missiles balistiques Fateh et des drones kamikazes Shahed-131 et Shahed-136 contre certaines bases
terroristes kurdes dans le nord de l’Irak.
On peut se demander si cela suffira à contrôler la situation. Ce qui est clair, c’est que la « carte kurde », si elle n’est pas apprivoisée,
pourrait être facilement jouée par les suspects habituels dans d’autres provinces iraniennes, compte tenu du solide soutien financier, militaire et informationnel offert par les Kurdes
irakiens aux Kurdes iraniens.
La Turquie est confrontée à un problème relativement similaire avec les Kurdes syriens instrumentalisés par les États-Unis.
Dans le nord de la Syrie, il s’agit principalement de bandes armées se faisant passer pour des « Kurdes ». Il est donc tout à fait possible que
ces bandes armées kurdes, essentiellement jouées par Washington comme des idiots utiles, finissent par être décimées, simultanément, à court ou moyen terme, à la fois par Ankara et
Téhéran.
Si tout échoue, priez pour un
changement de régime
Un changement de donne géopolitique, impensable il y a encore peu de temps, pourrait bientôt se produire : une rencontre de haut niveau entre le président
turc Recep Erdogan et son homologue syrien Bashar al-Assad (rappelez-vous la rengaine de la décennie « Assad doit partir ») en Russie, avec la médiation de nul autre que le
président russe Vladimir Poutine.
Que faudrait-il pour que les Kurdes comprennent qu’aucun État – que ce soit l’Iran, la Syrie ou la Turquie – ne leur offrira de terres pour leur propre
nation ? Les paramètres pourraient éventuellement changer si les Irakiens de Bagdad parviennent enfin à expulser les États-Unis.
Avant d’en arriver là, le fait est que l’Iran a déjà bouleversé la géopolitique de l’Asie occidentale, grâce à ses missiles de croisière intelligents, ses
drones kamikazes extrêmement efficaces, sa guerre électronique et même ses missiles hypersoniques de pointe.
Les « planificateurs » de l’Empire n’ont jamais rien vu venir : un partenariat stratégique entre la Russie et l’Iran qui est non seulement tout à
fait logique sur le plan géo-économique, mais qui constitue également un multiplicateur de force militaire.
En outre, cela fait partie de la vision d’ensemble sur laquelle se concentrent les BRICS+ élargis : L’intégration de l’Eurasie (et au-delà) via des
corridors économiques multimodaux tels que l’INTSC, les pipelines et les trains à grande vitesse.
Le plan A de l’Empire, sur l’Iran, était un simple accord nucléaire (JCPOA), conçu par l’administration de Barack Obama comme rien d’autre qu’un plan
d’endiguement grossier.
Trump a en fait tout fait sauter – et il ne reste plus rien : une relance du JCPOA, qui a été – en théorie – tentée depuis des mois à Vienne, a toujours été
vouée à l’échec parce que les Américains eux-mêmes ne savent plus ce qu’ils en attendent.
Ce qui reste donc comme plan B pour les psychopathes néocons/néolibéraux straussiens en charge de la politique étrangère américaine, c’est de jeter toutes
sortes de boucs émissaires – des Kurdes à la toxique OMPI – dans le chaudron iranien et, amplifié 24 heures sur 24 par des médias grand public hystériques, de prier pour un changement de
régime.
Eh bien, cela n’arrivera pas. Téhéran doit simplement attendre, faire preuve de retenue et observer comment tant de signaux de vertu de la révolution de
couleur finiront par s’évanouir.