Le coronavirus est-il un uniopéiste végétarien ou insectivore ?

...par Stratediplo - Le 25/06/2020.

 

 

 

 De formation militaire, financière et diplomatique, s'appuie sur une trentaine d'années d'investigations en sciences sociales et relations internationales.


L'opportun coronavirus de Wuhan et des Contamines n'est pas seulement un uniopéiste et pangéocrate convaincu, il est aussi un végétarien voire insectivore plus ou moins convaincant. S'il milite activement en faveur de l'abandon de la consommation de viande, il fait aussi le jeu de l'entomophagie, objectif supranational officiellement érigé en politique par l'Union Européenne.

 

Aux États-Unis il s'est introduit d'abord en mars dans les abattoirs et usines de salaison du secteur porcin, et après quelques coups d'essai a fait fermer le plus grand établissement du premier producteur, à savoir l'entreprise Smithfield très connue des Étatsuniens pour la charcuterie, et des lecteurs de Stratediplo pour la pandémie humaine de grippe d'origine porcine en 2009. Ce gros abattoir fournissant à lui seul le vingtième de la viande porcine du pays, l'effet a été immédiat non seulement en aval sur les prix à la consommation (pourtant alors en berne), mais aussi en amont sur le cheptel de femelles reproductrices, que les éleveurs ont dû réduire en dépit de la mort ou l'abattage du tiers de leur effectif mondial, l'année dernière en Chine. Ensuite le coronavirus s'est attaqué aussi aux abattoirs et conserveries de bœuf et de poulet. Au Brésil il a commencé d'ailleurs directement par cette filière, qui y est plus importante que la filière porcine.

 

Bien que le coronavirus ait contaminé les populations européennes avant les populations américaines, ce n'est qu'après ses premiers gros succès contre le secteur charcutier-boucher étatsunien qu'il a été décelé dans le secteur carnivore européen, où il s'est vite répandu aussi, dans le courant du mois d'avril. Dans la semaine suivant le passage de la population française des arrêts de rigueur aux arrêts simples (permission de retour au travail mais assignation à domicile le soir), la presse a rapporté la fermeture de trois abattoirs. Il en a été de même en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas… La plus grosse victoire du coronavirus contre la carnivorie vient d'être enregistrée à Rheda-Wiedenbrück (Gütersloh), où l'abattoir de l'entreprise Tönnies Fleisch, le plus gros d'Europe, fournissait entre le quart et le tiers du marché allemand de la viande.

 

Déjà, Le Monde du 18 mai s'interrogeait sur la raison de l'apparition de tant de foyers d'infection dans les abattoirs européens. Tout en rassurant les consommateurs quant à la possibilité d'une contamination par la viande (cuite), le quotidien d'extrême-conformité faisait justement remarquer que les normes sanitaires y sont omniprésentes. Il est vrai que les employés sont gantés, charlottés, surbottés, et même masqués dans les ateliers de salaison (on ne doit pas y utiliser que du sel). On peut deviner que les surfaces sont encore systématiquement désinfectées, les outils aussi, et que la propreté en général n'est pas encore tombée au niveau étatsunien où le bain de chlore final est nécessaire pour la volaille, dont la Commission Européenne impose désormais l'importation aux peuples nostalgiques des anciennes normes nationales.

 

Faute d'autre explication les syndicalistes allemands blâment officiellement les conditions de promiscuité (et officieusement les conditions d'hygiène) des travailleurs immigrés d'Europe de l'est. Cela n'explique pourtant ni les foyers d'infection dans les entreprises charcutières d'autres pays où les employés sont des locaux qui rentrent chez eux le soir, ni l'absence d'infections dans les entreprises et administrations où prévalent les mêmes conditions de promiscuité, à commencer par les transports collectifs, les établissements d'enseignement, les unités militaires notamment navales, les centres d'appels téléphoniques et les chantiers de construction. Le Monde cherche une explication dans les contacts et communications verbales propres au travail à la chaîne, ce qui n'explique pas pourquoi d'autres secteurs fabriquant ou emballant à la chaîne sont épargnés.

 

On remarque cependant qu'en Amérique comme en Europe on n'a pas encore annoncé la contamination d'une grande conserverie de légumes, voire d'une fromagerie industrielle ou d'une biscuiterie panificatrice. Surtout, cela fait quatre mois que l'on attend en vain l'annonce d'un premier foyer de contamination dans le secteur qui représente plus de la moitié de l'économie française, à savoir la collecte et l'utilisation des impôts et prélèvements. Le corps médical s'écroule, les entreprises non essentielles sont obligées de fermer, la salaison charcutière est contaminée, mais les administrations prospèrent (pour les centrales nucléaires et les pompes potabilisatrices on s'en réjouit) et les centres des impôts restent miraculeusement épargnés.

 

Mais revenons à nos moutons, si on n'équarrit plus de cochons et de bœufs. On croyait le ministre de l'agriculture français fatigué après avoir pratiquement décuplé, en urgence et à prix bradé, l'exportation de céréales pour augmenter les énormes réserves chinoises juste après que la présidente de la FNSEA se soit inquiétée que la France n'ait plus de réserves alimentaires, comme on le détaille dans le Quatrième Cavalier (à paraître prochainement au Retour aux Sources). Il vient pourtant de faire montre d'une réactivité particulièrement rare au gouvernement, en ordonnant, sans enquête ni décision de justice, la fermeture immédiate de l'abattoir ovin de Rodez quelques heures après la demande d'une association, qui dénonçait l'égorgement d'agneaux sans étourdissement préalable, une pratique illégale qui n'est pas tolérée sans certification de privilège mahométan.

 

Il n'est décidément plus de bon ton d'être carnivore, en ce siècle d'après celui où les hussards urbains de l'éducation nationale inculquaient aux pauvres élèves paysans que la volaille dominicale était un vestige d'oppression antérévolutionnaire et que l'adolescence et la démocratie exigeaient de la viande riche tous les jours…

 

Le 20 mai 2020 l'Union Européenne a dévoilé son Pacte Vert, un grand projet prétendant annexer rapidement tout le continent pour le soumettre à une thérapie de choc devant se concrétiser en à peine dix ans (d'ici 2030) par la réduction de la productivité agricole, la réservation d'un quart de la surface cultivée à l'agriculture biologique, la réduction de 20 % de la fertilisation, la diminution de la présence de nutriments, la division par deux de l'utilisation des pesticides, et, mais là l'objectif chiffré n'est pas indiqué, la réduction de la surface dédiée à l'élevage des quadrupèdes non arthropodes.

 

L'objectif à trente ans est d'amener l'ensemble du continent, car "personne ne sera laissé de côté" (la réclame uniopéenne ne précise pas si l'Islande et Chypre sont considérées comme continentales), à la neutralité climatique se traduisant par l'absence d'émission nette de gaz à effet de serre. La Commission Européenne a résolu la quadrature du cercle vertueux en expansion constante, et prépare donc une nouvelle stratégie de croissance où "la croissance est dissociée de l'utilisation des ressources", ce qui ne l'empêche pas d'être efficace dans celle-ci (l'utilisation des ressources), et n'empêche pas non plus l'économie d'être simultanément en croissance et circulaire, et de "décarboner" (mais pas désuraniser) le secteur de l'énergie.

 

Pour ce grand programme de transition accélérée de l'Atlantique à l'Oural, l'Union Européenne prévoit d'aider les régions les plus touchées grâce à une enveloppe totale de cent milliards d'euros étalée sur sept ans, soit mensuellement un centième de la dotation mensuelle allouée par la BCE à la lutte financière contre les conséquences du coronavirus de Wuhan et des Contamines en zone euro. La consultation publique sur le Pacte Vert, ouverte dans la plus grande discrétion confinée, en mars d'après les communiqués diffusés au public le 20 mai, a été close la semaine dernière, le 17 juin.

 

Le volet alimentaire de ce programme, une stratégie nommée "de la ferme à la table", a fait l'objet de la communication 381, longue de treize mille mots, présentée le 20 mai par la Commission aux autres instances uniopéennes (conseil, parlement et comités). Le premier chapitre intitulé "de la nécessité d'agir" commence par invoquer la pandémie coronavirale pour justifier cet ambitieux programme. Cependant, dès 2011 la Commission Européenne prévoyante avait demandé aux États membres de lui rendre compte de l'utilisation actuelle (il y a dix ans) d'insectes comme nourriture, promettant de prendre en compte leurs rapports pour l'élaboration de la future législation communautaire. Le premier résultat concret, une étude sur l'entomophagie comme source de protéines, date en fait d'octobre 2015, et fut suivi en janvier 2018 par le règlement 2015/2283 sur les "nouveaux aliments" à base d'insectes, puis en janvier 2019 par le règlement 853/2004 sur l'hygiène et l'alimentation des insectes destinés à la consommation humaine. On n'a cependant pas encore surpris de commissaire européen en flagrant délit de dégustation de casu marzu, dont la légalisation n'est pas à l'ordre du jour uniopéen (ni celle du Soleil Vert à l'ordre du siècle).

 

Le quatrième et dernier chapitre de cette communication, intitulé "promouvoir la transition mondiale", affirme l'ambition de la Commission Européenne de faire appliquer ce programme au monde entier, à travers tous ses outils de politique extérieure comme diplomatie, commerce etc., son objectif par cette stratégie étant de "faire du système alimentaire de l'Union une norme mondiale". Il est vrai que la Commission, seul exécutif supranational au monde (l'ONU étant une conférence paritaire dont les règlements internes ne lui donnent pas autorité sur ses membres souverains), se voit certainement comme l'embryon ou le prototype de la future pangéocratie. C'est la raison pour laquelle elle adopte toutes les idéologies lancées par les pangéocrates occultes, et fait tout ce qu'elle peut pour les transformer en résultats concrets, en l'occurrence souvent des échecs heureusement pour les peuples, mais parfois aussi des réussites malheureusement pour les peuples.

 

La communication 381 assène que "l'agriculture est responsable de 10,3 % des émissions de gaz à effet de serre", sans mentionner qu'elle est aussi responsable de l'alimentation de 100 % des citoyens (voire plus si on compte le gaspillage et l'exportation), et elle assure que "près de 70 % de ces émissions sont imputables au secteur de l'élevage", sans en conclure que l'élevage ne produit donc que 7 % des gaz à effet de serre de l'Union Européenne, ce qui en fait certainement le deuxième secteur économique le moins réchauffant par surface occupée au sol (et donc par volume d'atmosphère), après l'agriculture. La Commission Européenne affirme que "les comportements alimentaires actuels ne sont pas durables", et décide, pour qu'ils ne durent donc pas, qu'il faut passer à "un régime alimentaire plus végétal avec moins de viandes rouges et transformées", en quoi elle coïncide d'ailleurs avec le combat mené par le coronavirus de Wuhan et des Contamines. Son programme de recherches sur l'entomophagie, qui se comptait jusqu'à présent seulement en millions d'euros, passe désormais à l'échelle des milliards (une multiplication par mille).

 

Les objectifs environnementaux du Pacte Vert uniopéen ne se réaliseront pas sans un "changement drastique des régimes alimentaires", objet de la stratégie "de la ferme à la table". Entre parenthèses, sur le plan sanitaire on ne peut qu'approuver une maîtrise de la grosse surconsommation carnée du dernier siècle, propre des populations urbaines qui n'ont jamais eu à tuer autre chose qu'une mouche, facilitée par l'industrialisation de la chaîne alimentaire, et agravée par la réduction du travail de force et de la dépense musculaire. Quant aux moyens de réalisation de ces objectifs environnementaux, déplorant que 68 % de la surface agricole totale serve à la production animale, la Commission Européenne annonce un nouveau partenariat Horizon Europe pour des systèmes alimentaires sûrs et durables pour les individus, la planète et le climat, basés sur des "protéines de substitution telles que les protéines végétales, microbiennes, marines et dérivées d’insectes ainsi que les substituts de viande", longue expression qui revient plusieurs fois dans sa communication.

 

Pour la promotion de cette nouvelle alimentation la Commission Européenne dispose d'une agence para-supragouvernementale, la très subventionnée International Platform of Insects for Food and Feed, qui se présente comme une association de producteurs. Cette IPIFF se dédie d'ailleurs pour l'instant surtout au développement de l'offre en recrutant et formant de nouveaux insecticulteurs, sans omettre d'organiser des événements médiatisés comme la conférence internationale "Insectes pour l'alimentation : des opportunités pour traiter les défis sociétaux" de novembre 2017. Pour le développement de la demande il semble que la stratégie mercatique vise d'abord une niche écoloconsciente et aisée, un effet de mode, et ultérieurement une démocratisation lorsque la multiplication de l'offre fera baisser les coûts. Le schéma n'est pas sans rappeler celui de l'introduction, dans les dernières décennies, d'une part des produits du soja, et d'autre part des spécialités extrême-orientales.

 

Sauf erreur il n'y a aujourd'hui en Europe, pandémie ou pas, qu'un seul secteur économique qui puisse espérer une croissance de 45 % par an, soutenue sur plusieurs années. Ce secteur unique est justement la production d'insectes pour la consommation, dont l'IPIFF annonce un triplement en volume d'ici 2023. Pour tout producteur au fait des normes sanitaires alimentaires, et dont la production animale ne trouverait plus d'acheteur agroalimentaire, l'aubaine devrait être tentante. L'IPIFF explique que le ratio de conversion est inégalé, puisqu'il suffit de deux kilogrammes de nourriture pour produire un kilo d'insectes, alors qu'il faut huit kilos de nourriture pour produire un kilo de bœuf (le porc et le poulet demandent certes un peu moins), et que de plus les insectes ne boivent pas, se satisfaisant de l'humidité de leur nourriture. Les deux milliards d'humains qui mangent encore quotidiennement des insectes sont donc bien moins nocifs pour l'environnement.

 

L'offensive coordonnée du virus et de l'eurocratie contre la consommation de viande est si évidente que le 4 juin une soixantaine d'organisations professionnelles de la filière animale (scientifique, vétérinaire, élevage et transformation) du monde entier, en réaction manifeste à la campagne de communication lancée par l'Union Européenne le 20 mai, a diffusé une lettre ouverte sur la valeur de l'élevage. Cet appel précise que 1,3 milliard d'humains dépendent de l'élevage pour leur emploi et plusieurs milliards d'autres pour l'alimentation de leur famille, et que cet apport est nécessaire face à une éventuelle crise alimentaire mondiale. Il rappelle que la filière (qui fournit aussi le lait et les œufs) est contrôlée et que ses produits sont sûrs, et demande que les autorités combattent la campagne de dénigrement qui prétend mensongèrement que l'élevage a contribué à la pandémie actuelle, et consultent les experts de l'élevage et de la chaîne alimentaire afin que la société humaine puisse assurer la continuité de son alimentation.

 

Il va sans dire que cet appel international, traduit dans plusieurs langues, a été commenté dans tous les médias consacrés à l'élevage ou à l'agriculture, qui ont parfois ajouté, à tort ou à raison, que la très grande majorité des terres consacrées à l'élevage, à savoir de 80 à 90 % selon les continents, est impropre à toute production agricole autre que l'herbe (terres pauvres voire accidentées) et que ces pâturages abritent une plus grande biodiversité que les terres cultivées… Ainsi, le débat est lancé tandis que la conversion est en cours.

 

Ténébrion, en garde !

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