Communiqué du 20/04/2022.

Devant les attaques infondées et orientées émanant d’individus dont les fonctions devraient les conduire à la retenue et à l’objectivité[1], et de journalistes qui oublient leur propre déontologie pour se complaire dans l’exploitation d’informations invérifiées et souvent inexactes[2], le CF2R réaffirme qu’il maintiendra l’indépendance de ses analyses au sujet de la guerre en Ukraine.

Dans le contexte d’un conflit qui n’est pas seulement militaire mais médiatique, alors que la grande majorité des commentateurs reprennent le narratif élaboré par les Ukrainiens et les Anglo-Saxons, le CF2R s’efforce de tenir la ligne de l’honnêteté, de la neutralité et de l’objectivité. Il se refuse à participer au matraquage unilatéral et à l’entreprise de déformation de la réalité orchestrée par des acteurs partiaux qui n’ont pas toujours fait preuve de la même pugnacité quand l’agresseur appartenait à leurs rangs.

Il est légitime de s’interroger sur les motivations de ceux qui cherchent à imposer cette lecture et à empêcher toute réflexion raisonnée et indépendante. Nous sommes tentés de les qualifier de conspirationnistes – pour eux, tout est systématiquement la faute de la Russie et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs analyses sont des agents d’influence de Poutine – et de négationnistes – car ils ne prennent en compte que les éléments servis par le narratif ukrainien et anglo-saxon, excluant systématiquement toute information d’une autre origine.

Le renvoi du général commandant la DRM s’inscrit dans cette logique, car ce service de qualité n’a pas adhéré ni voulu reproduire la version des faits que les Américains voulaient imposer à tous les membres de l’OTAN. La critique qui lui a été faite est donc totalement infondée et injuste[3].

Dans ce conflit, personne ne nie que la Russie est l’agresseur et le CF2R a condamné clairement cette invasion. Mais il condamne également le refus du régime de Kiev d’appliquer les accords de Minsk qu’il a pourtant signés. De plus, nous considérons que l’hystérie antirusse est démesurée au regard du silence complice qui a suivi l’agression de la Serbie par l’OTAN en 1999, celle de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 – bafouant tout autant le droit international et la charte de l’ONU –, la légalisation de la torture par le Department of Justice et la mise en place de prisons secrètes par Washington dans le cadre de la guerre antiterroriste.

C’est pourquoi le CF2R n’adhère pas à l’analyse partielle et partiale qui domine et qui refuse de prendre en compte les raisons historiques qui ont conduit à ce drame, car elles mettent en lumière, que cela plaise ou non, le rôle et la responsabilité de l’OTAN et du gouvernement ukrainien dans ce conflit qui n’aurait jamais dû avoir lieu.

Nous estimons que les intérêts de notre pays sont d’avoir une analyse indépendante pour conduire une politique étrangère souveraine et non celle dictée par l’OTAN. Cela est d’autant plus nécessaire que nous serons tôt ou tard amené à rétablir des relations avec la Russie afin de reconstruire un système européen de sécurité pour assurer la stabilité et la protection des populations de notre continent.

Le CF2R, dont la majorité des chercheurs et des membres du comité stratégique sont issus de la communauté de renseignement et ont servi la France – notamment pendant la Guerre froide – ne sauraient recevoir des leçons de patriotisme d’individus appartenant aux milieux atlantistes ou n’ayant jamais servi sous les drapeaux.

Nous les invitons cordialement à retrouver le chemin du bon sens et à analyser cette crise sans les œillères ni surtout l’émotion qui limitent significativement la qualité et l’objectivité de leur jugement ou de leurs productions.

 

 


[1] Cf. Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Rech