Jérôme Salomon devant la commission d'enquête

...par Sybilline Bavastro - Le 19/06/2020.

226 minutes d’autosatisfaction !

Selon lui, nous sommes le pays du monde à avoir le mieux géré l’épidémie.

Avec un taux de 20% de létalité parmi les hospitalisés ?

L’un des plus élevés du monde…

Vous n’avez pu oublier Jérôme. C’est lui qui, chaque soir, venait vous livrer le décompte des morts et hospitalisés, avec une tête pompes funèbres.

C’était le premier convoqué. Interrogé pendant presque quatre heures par la fausse commission d’enquête de l’Assemblée sur la gestion de la crise du Covid 19, posant cependant de vraies questions, tout sourire, d’une placidité totale, il s’est remarquablement débrouillé.

Avant Buzyn, il visait le poste de ministre de la Santé et après Buzyn, Manu l’a filé à Véran, ce qui est très injuste tant il excelle.

A mon grand regret, il paraît que Sibeth va se faire virer. C’est lui qu’il faudrait nommer porte-parole. Certes avec son costard gris, il est moins colorisé et sa chauvitude ne peut remplacer les belles coiffures exotiques de madame Ndiaye.

Toutefois, il fallait les subir les 226 minutes… Je peux en témoigner. A la fin, j’étais plus fatiguée que lui.

Salomon n’a pas faibli un instant.  Il savait aussi qu’il ne risquait pas grand chose, les députés l’ayant annoncé en introduction: ils ne cherchent pas des responsables mais des défaillances.

Jérôme est un baratineur de très grand talent qui pratique à merveille l’art de l’esquive. Il alterne discours politique et médical, chiffres, sigles… pour mieux perdre «l’adversaire».

C’est un prof de médecine, un infectiologue de renom, il sait de quoi il parle… fait tout pour que l’on ne parvienne pas à le suivre et y parvient facilement.

Comme c’est un peu beaucoup à lui que l’on doit la pénurie de matériel et de masques car il était déjà conseiller au cabinet de Marisol Touraine, il mixe explications alambiquées et digressions pour ne jamais apporter de réponses précises aux questions qui l’importunent. Le directeur de la Santé est un homme du présent et de l’avenir. Il parle de maintenant et de demain, peu importe le trimestre précédent, puisque trente mille morts plus tard, les soignants dans la rue, il considère que tout va très bien et en livre de multiples preuves verbales.

Nul n’a songé à l’interroger sur les quatre cents athlètes de l’armée française  partis à des « olympiades » à Wuhan en octobre et dont certains sont rentrés très malades… Aucun député ne lui a demandé pourquoi il était toujours impossible d’obtenir les bons de commandes de matériel… Et pour cause… 

Ils n’étaient pas très offensifs, quelle que soit leur appartenance politique.

Pourtant dans un rapport d’étape, du 3 juin, la mission d’information de l’Assemblée nationale, après nombre d’auditions de ministres et d’acteurs du système de santé, avait listé sur huit pages — le document en compte soixante-dix — des « faiblesses » révélées par l’épidémie : « l’insuffisance des stocks stratégiques d’équipements de protection », les approvisionnements de produits « indispensables » comme les médicaments ou encore la « situation tendue » à l’hôpital avant la crise. La mission montre aussi du doigt l’agence sanitaire Santé publique France, dont il faudra « réexaminer les missions et l’organisation », ainsi que des agences régionales de santé (ARS) « parfois perçues comme trop centralisées ». Ils avaient listé…

Sur les masques, il les a bien baladés et à maintes reprises, osant évoquer une volonté d’en rapatrier, en 2017, la fabrication en France. Il convient de ne pas oublier que faute de commandes d’Etat, la seule usine, implantée dans les Cotes-d’Armor, en fabriquant encore a dû fermer en 2018… et sur ce sujet, Jérôme nous a encore offert une belle pirouette.

 Aux ordres de Big Pharma, il ne fallait pas en attendre grand chose.

Cependant, il s’est surpassé l’arrière arrière-petit fils du capitaine Dreyfus.

A nous revoir car il sera peut-être réentendu à l’Assemblée et certainement, au Sénat.

Sauf que… Quatre-vingt quatre plaintes ont été déposées dont celles de maître Di Visio pour C 19,  représentant un syndicat de plus de six cents médecins, lequel menace de faire sauter cette commission si elle refuse d’entendre des victimes et des soignants, ce qui n’est pas prévu. Selon l’ordonnance du 17 novembre 1958, la saisine d’un juge d’Instruction désaisit automatiquement la commission parlementaire en cours sur le même sujet.

Il risque donc d’y avoir rififi. Mais ce serait tellement dommage de ne pas pouvoir entendre les bobards d’Agnès Buzyn, après sa non-élection à Paris, car Salomon l’a précisé: la première alerte a été lancée le 10 janvier. Alors pourquoi ce silence, puis cette pagaille de plusieurs mois entraînant le confinement du 16 mars ?

 

A suivre.

 

Sybilline Bavastro

Source : https://volontaires-france.fr/jerome-salomon-face-a-la-commission-denquete/ 

 

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