Où en est la « variable d’ajustement budgétaire » ?

par Christian Lambert - le 19/01/2017.



La « variable d’ajustement budgétaire », c’est l’armée – plus exactement le budget de l’armée qui, dès qu’il est voté, sert à compléter les budgets sociaux, pourtant 25 fois plus élevés, chaque année, que le budget de l’armée !

 

C’est que les socialistes n’aiment pas l’armée. Les militaires sont, en effet, des gens généralement pragmatiques et honnêtes et, de ce fait, ne votent pas à gauche – ce qui est impardonnable.

 

François Hollande a proclamé en 2012 : « Je n’aime pas les riches ! » Il aurait pu ajouter : « Je n’aime pas l’armée », comme le disait en 1936 l’un des pères du socialisme français, Léon Blum, qui fut président du gouvernement en 1946-1947, au temps du général De Gaulle : « Tant qu’il s’agit de démolir l’armée, j’en suis. » Le problème, c’est que, quoi qu’ils en pensent, les socialistes au pouvoir ont besoin de l’armée.

 

Ils se sont donc mis à aimer l’armée, Hollande en tête, d’autant plus qu’ils l’utilisent au maximum, sans lui donner pour autant les moyens de remplir sa mission, l’obligeant ainsi, pour agir, à utiliser toutes sortes d’expédients et d’acrobaties budgétaires, avec tous les risques que comporte une telle politique.

 

Dans le numéro 946 des « 4 Vérités », j’ai exposé ce que sont les principaux problèmes de l’armée : des chars Leclerc beaucoup trop chers et maintenant inadaptés aux exigences de la défense ; des hélicoptères d’un coût également trop élevé ; un manque important de drones ; et surtout un manque de matériel et de formation du personnel par suite d’un manque de crédit.

Il est vrai que l’actuel ministre des Armées, bien que socialiste, a le mérite de faire ce qu’il peut pour limiter les dégâts. Ceci constaté, sa bonne volonté est insuffisante pour permettre aux militaires d’être payés régulièrement. Le logiciel des soldes, acheté à grands frais, s’est déréglé, faisant en sorte qu’une partie des militaires ne sont pas payés et que d’autres reçoivent 3 soldes chaque mois. On ne peut franchement pas dire qu’un tel désordre fasse très sérieux.

Ne parlons pas du porte-avions De Gaulle, dont on se demande s’il n’a pas été conçu pour être toujours en révision.

 

Toujours est-il que l’armée a été utilisée en Libye (opération qui a créé le chaos dans toute l’Afrique subsaharienne, où nos unités sont utilisées dans une guerre sans fin).

L’armée est aussi en « opex » au Proche et au Moyen Orient sur des bases de Jordanie et des Émirats Arabes Unis.

On la trouve encore au Liban, en Irak, avec une batterie d’artillerie, et bien sûr en Syrie, où le pouvoir socialiste, fervent de « printemps arabes », aide et encourage les forces « démocratiques et printanières syriennes » qui combattent le régime légal de Damas, ceci pratiquement en accord avec Al Qaïda et l’État islamique qui, en échange, se font une joie et un devoir de fomenter des attentats en France et dans toute l’Europe – et d’égorger les derniers chrétiens du Moyen-Orient –, alors que Bachar el-Assad, devenu l’ennemi n° 1 de François Hollande, tolère les minorités chrétiennes. Je rappelle à ce sujet que François Hollande voulait engager carrément l’armée française contre ledit Bachar. C’est Obama qui lui a dit de se calmer.

 

On retrouve encore nos militaires au Kosovo et en Afghanistan où l’État islamique se replie, contrôlant déjà 2 provinces, dont il sera inexpugnable.

L’armée est aussi très précieuse en Afrique noire, chargée de protéger nos amis les chefs d’État africains qui nous en sont parfois reconnaissants par l’envoi de valises. C’est un phénomène bien connu qui a fait qu’un journaliste réputé a écrit : « La République des mallettes », dont on ne saurait trop conseiller la lecture. Le contenu des mallettes est, comme chacun sait, très attendu à la veille des campagnes électorales…

 

Malgré cette dispersion, il reste encore 12 000 militaires en opération en France même, où il est commis 3,7 millions de crimes et délits par an, la France étant au bord de la guerre civile.

On me dira : « Vous êtes bien sévère. » En réalité, je ne le suis pas assez.

Le chef d’état-major, le général Pierre de Villiers, vient de déclarer publiquement, comme le rapporte la presse du 22 décembre : « Hommes épuisés, matériel fatigué, l’armée craint un décrochage brutal. »

 

Si donc, un beau jour, l’armée décroche brutalement, c’est-à-dire met la crosse en l’air, en même temps que les forces de l’ordre, il ne faudra pas s’en étonner.

Gendarmes et policiers sont tués chaque année dans l’accomplissement de leur mission. 7 603 membres des forces de l’ordre ont été blessés en opération en 2015.

D’autres sont sanctionnés parce qu’ils ont rempli leur mission sans être assez gentils avec les délinquants et les « invités » du Tiers-monde. Bref, si la France veut enfin avoir une véritable défense avec les moyens qu’exige la situation en France même et dans les pays islamistes, il faudrait – et immédiatement – doubler le budget des armées. Avec le pactole de 730 milliards distribués chaque année pour le social, il y a largement de quoi faire.

 

En guise de conclusion, je citerai Nicolas Baverez qui, au sujet de l’armée, écrit dans le « Figaro » du 2 janvier : « Notre pays ne dispose pas d’une stratégie globale, d’une organisation et des moyens adaptés pour lutter contre le terrorisme… Le décalage entre le surengagement des armées (dont 34 000 hommes sont déployés en opération) et leur budget (32,7 milliards d’euros) ne cesse de s’aggraver. »

 


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