Voici l’article que j’avais l’intention d’écrire, mais Michael Vlahos m’a devancé. Pourquoi essayer de réinventer la roue quand Michael en fait une parfaite
? Michael Vlahos a écrit : «L’armée
ukrainienne s’effondre». En voici les grandes lignes (je vous encourage à lire l’intégralité de son article).
Une armée vaincue et une armée brisée sont deux choses différentes. Une armée simplement vaincue au combat peut souvent se replier avec succès, se
reformer et reconstituer sa force, comme Rome l’a fait après son humiliation à Cannae, détruisant finalement sa grande rivale, Carthage. Mais lorsque des armées entières s’effondrent,
lorsqu’elles perdent leur volonté de se battre, le pays tout entier peut également s’effondrer. C’est ce qui est arrivé aux grands empires lors de la Première Guerre mondiale. C’est
aussi le sort qui attend l’armée ukrainienne. […]
La première réaction négative survient lorsqu’une guerre qui a débuté avec de grands espoirs semble soudainement impossible à gagner. Les premières
victoires ne sont plus que de vieux souvenirs. Il y a plus de batailles perdues que de batailles gagnées, et les coûts de la bataille ne cessent d’augmenter jusqu’au seuil de
l’endurance humaine, avant d’augmenter à nouveau. Le second est le moment où le soutien extérieur des amis et des alliés commence à s’évaporer. Il s’agit d’un facteur négatif
particulièrement grave si le soutien des alliés constitue le fondement émotionnel de la croyance de l’armée en la victoire finale. Enfin, ceux qui ont initié la guerre, ceux qui ont
promis un chemin pavé de victoires et qui ont juré que le monde soutiendrait l’armée jusqu’à ce que la victoire soit remportée, quel que soit le temps nécessaire, sont de plus en plus
perçus comme des menteurs et des trompeurs. L’armée – le pays tout entier – a été trahie par ses dirigeants.
Tout cela s’est abattu sur l’Ukraine au cours des six dernières semaines.
Depuis près d’un an, aucune victoire n’a été remportée, pas même des victoires sanglantes et débilitantes comme lors de la quatrième bataille de
Karkhov. Les dirigeants occidentaux continuent d’affirmer que leur soutien se poursuivra. Pourtant, l’Alliance occidentale admet aujourd’hui qu’elle n’a pas donné aux Ukrainiens
suffisamment de bonnes choses pour leur permettre d’obtenir des gains tactiques, même modestes, dans le cadre de leur offensive sacrificielle en cours, et qu’elle le savait dès le
départ. De plus en plus, les commandants des unités ukrainiennes accusent leurs supérieurs de les utiliser comme de la chair à canon pour satisfaire les suzerains de l’OTAN. Ce ne
sont pas seulement des pelotons, mais des unités plus importantes qui se rendent aux forces russes. Le moral des troupes s’effondre. […]
Pourtant, en termes de pertes par rapport à la population, les pertes militaires ukrainiennes, après plus de 500 jours de guerre, se rapprochent de
celles subies par l’Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale pendant plus de 1500 jours. Il s’agit d’un taux d’attrition catastrophique, aggravé par les trois boucles de
rétroaction négatives qui peuvent briser une armée et un pays. Tout au long du printemps et de l’été, les forces ukrainiennes ont été jetées dans la bataille et réduites à néant. À
l’automne, l’armée de combat aura été épuisée – le sort tragique de la meilleure armée ukrainienne en 2023. En septembre, ce qui reste se tordra et se brisera sous l’effet des vents
impitoyables de la guerre.
Sans un soutien aérien de combat massif, une artillerie mobile et une défense aérienne mobile, les troupes ukrainiennes sont des cibles faciles et ne
peuvent pas percer les lignes de défense Sourovikine qui ont été construites à partir d’octobre dernier. La bravoure, la volonté de se battre et le désir de victoire des forces
ukrainiennes ne suffisent pas à submerger la défense intégrée de la Russie, qui utilise l’ISR, l’artillerie, les frappes aériennes, les chars et les forces terrestres dans le cadre d’une
opération coordonnée. Tout mouvement important des forces ukrainiennes est détecté par la Russie et les attaquants ukrainiens sont accueillis par un barrage de bombes, de missiles et
d’obus. Les forces terrestres de l’Ukraine ont payé un lourd tribut et Kiev ne dispose pas des ressources humaines nécessaires pour remplacer ses pertes.
Il semble que les Ukrainiens tentent de se regrouper, mais il n’existe pas de plan stratégique clair pour vaincre les solides défenses russes. Le mois
d’août sera probablement le moment décisif de la guerre en Ukraine – les forces que l’Ukraine avait rassemblées pour la contre-offensive tant attendue ont été décimées et l’Ukraine est
maintenant confrontée au dilemme d’essayer de remplacer les pertes en hommes et en matériel sans avoir le temps de former une nouvelle armée capable de poursuivre le combat. Je pense que
cela signifie que les jours de Zelensky au pouvoir sont comptés.
Parmi les nombreuses et éclatantes qualités du colonel est celle de se remettre soi-même en cause, et d’interroger ses propres conclusions par rapport à
une réalité protéiforme.
Sans connaître personnellement le colonel, je mesure le courage qu’il lui faut pour aller au clash, en s’exposant aux insultes et menaces de la part des
Suspects habituels.
Quoiqu’il en soit, il faut souhaiter ardemment que le président Poutine et son entourage prêtent une attention soutenue à ce que dit le colonel dans cet
entretien.
Afin de gagner du temps, nous résumons ici uniquement les déclarations du colonel à partir de 33 mins.40 secs.
*
GD : Pourquoi la Russie n’a-t-elle pas déclenché la Grande offensive alors que tout est
prêt ?
DM : Le président russe est extrêmement prudent. Son objectif jusqu’ici a été d’éviter à
tout prix une confrontation directe avec les USA et l’OTAN.
Cependant, les officiers supérieurs des armées russes lui ont très certainement indiqué que la retenue dont fait preuve la Russie dans cette guerre est
interprétée – à tort – par Washington comme une faiblesse à exploiter à cœur joie.
En mon opinion, ces officiers russes ont raison. Il est impossible de gagner une guerre en
s’asseyant sur une position défensive. Vous pourriez éliminer tous les soldats ennemis, tout leur équipement – et tout de même ne pas gagner la guerre.
Or, l’état d’esprit à Washington et à Londres – et celui des globalistes au pouvoir à Paris et Berlin – ne promet rien de bon. Ils sont aveugles et sourds à la réalité.
Washington n’est pas disposé à reconnaître la défaite. Les officiers supérieurs US qui tentent de présenter des rapports où il apparaît que le niveau
des armées et des armements russes, tout comme les faits sur le terrain en Ukraine ne correspondent aucunement au récit officiel US/UK, sont traités comme des intrus.
Jusqu’à ce que les USA ne se réveillent pour découvrir l’armée russe en train de sillonner les
rues de Kiev et de traverser le Dniepr, les USA ne croiront pas pour une seule seconde que la guerre est finie.
Le péril actuel est l’excès de retenue du côté russe : si elle devait perdurer, ce
serait une invitation à la Pologne et à la Lituanie d’entrer en Ukraine.
Ce qui ouvrira la Boîte de Pandore – et ce sera Sauve qui peut.
Petit aparté de RI : Cette réponse de MacGregor montre, s’il en était besoin, la complexité de l’Opération Militaire Spéciale, et surtout la difficulté d’interpréter la
manière dont elle se déroule. La non-connaissance des objectifs réels des deux parties (OTAN/Russie) et l’ignorance des étapes que chacune des parties a planifiées pour atteindre ces
objectifs brouillent la perception des évènements et peuvent pousser à des analyses parfois contradictoires. Beaucoup d’analystes pensent, comme MacGregor, qu’Il est impossible de gagner une guerre en s’asseyant sur une position défensive. L’excès
de prudence et de retenue attribué au côté russe est donc perçu comme une erreur et agace plus d’un. Pourtant, et c’est là qu’il y a une contradiction, il semblerait que, «l’inertie»
russe peut aboutir à ce que les USA puissent se réveiller un jour pour découvrir que l’armée russe est en train de sillonner les rues de Kiev et que la guerre est finie. Notons, en
passant, que cela suppose que la prise de Kiev fait partie des plans de Moscou. Cependant, cette hypothèse peut être mise à mal par deux remarques : d’abord, les Russes savent mieux
que quiconque, et Napoléon l’a appris à ses dépens en 1812, qu’il ne suffit pas de prendre une capitale pour gagner une guerre. Ensuite, le véritable ennemi de la Russie dans cette
confrontation qui n’en est peut-être qu’à ses débuts, c’est l’OTAN, dont la capitale n’est certainement pas Kiev. Il n’en reste pas moins que MacGregor a raison sur le fait que
l’attitude de Moscou risque d’ouvrir la boîte de pandore. Est-ce voulu ? Là est la question.
L’Occident admet les capacités des Russes et l’impasse de la contre-offensive ukrainienne
Dans les déclarations des responsables de l’OTAN et des analystes occidentaux, on peut lire entre les lignes –
parfois même ouvertement – une réalité différente des slogans de victoire clamés chaque jour par Volodymyr Zelensky. Washington, Londres, Bruxelles et Kiev ne s’attendaient pas à un tel
niveau d’organisation et d’excellence technologique de la part des Russes.
Il se peut, aussi, qu’ils le connaissaient, mais ils préféraient se réfugier dans le vœu pieux habituel de la victoire ukrainienne. Mais, le fait est que la
contre-offensive ukrainienne ne perce pas et ne donne pas de résultats, au contraire elle risque de se transformer en un effondrement.
Compliments indirects des anglo-américains. Au bout de deux mois, la contre-offensive ukrainienne qui devait marquer le début de la grande reconquête est au
point mort et ne peut se vanter que de la prise de quelques territoires marginaux. Ces dernières semaines, les responsables des pays de l’OTAN ont pris conscience des «problèmes»
rencontrés par l’armée ukrainienne. Ils disent que les Russes ont appris des erreurs précédentes et ont, donc, perfectionné leur armement et leur stratégie, étouffant la contre-attaque
dans son élan.
Le général Mark Milley, chef de l’état-major interarmées américain, a dû expliquer aux Américains pourquoi, face au soutien à coups de milliards du bloc
euro-atlantique, les Ukrainiens sont incapables d’avancer. Il prévient alors que la contre-offensive sera lente et «très sanglante», en raison des excellentes fortifications des Russes,
de la coordination qu’ils ont su établir entre les différents corps et de l’excellent commandement des troupes au combat.
De plus, les Russes ont une supériorité aérienne et une plus grande puissance militaire. L’ancien général de brigade américain Mark Kimmitt, un vétéran de
l’Irak, a décrit les lignes défensives russes comme étant «20 kilomètres
d’enfer». L’ancien général britannique Sir Richard Barrons a, à son tour, déclaré que les Russes avaient construit une défense «classique», amélioré leurs compétences avec les drones
et avec le placement des arsenaux et des points de commandement.
À Londres et à Washington, ils se rendent compte qu’ils ont sous-estimé Moscou et comprennent que probablement les «défaites» infligées à Kharkov et à
Kherson sont en réalité des retraites stratégiques. Alors, maintenant, Sir Richard Barrons essaie de convaincre l’opinion publique qu’il est «injuste et
déraisonnable» de vivre de ces deux «succès» et de
continuer à les utiliser comme une référence pour les futures victoires de Kiev.
La défense russe a tenu et tient toujours. Lors de la réunion du «Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine» qui s’est tenue il y a deux semaines, le
général Milley a expliqué les raisons pour lesquelles les troupes de Kiev ne parviennent pas à percer. L’officier américain fait tout pour minimiser les capacités des Russes qu’il définit
comme découragés, mal entraînés et mal équipés. Il est, cependant, dommage qu’il doive aussi décrire la réalité qui nie ce qui précède. Le général Milley raconte que
ces derniers mois, les Russes ont mis en place un complexe défensif extrêmement complexe, composé de tranchées, de barbelés, de dents de dragon et de champs de mines judicieusement
disposés.
Leurs «zones de sécurité» s’étendent en profondeur et leurs murs défensifs sont au nombre de deux, voire trois. Les Russes ont, donc, fait un bon usage du
temps dont ils disposaient et ils ont démontré leur capacité à construire des lignes défensives solides et bien positionnées. Un travail aussi long et complexe ne peut évidemment pas être
le fruit du hasard, mais il découle d’une stratégie précise de Moscou. Les Ukrainiens sont, donc, contraints de procéder très lentement et de «consommer» une grande quantité d’hommes et
de matériels, ces derniers fournis par des sponsors occidentaux.
Cela ne plaît, donc, pas aux contribuables américains (ou même européens) de savoir que les milliards dépensés pour Volodymyr Zelensky partent littéralement
en fumée. Le général Milley doit faire comme ces vendeurs qui cachent les défauts des marchandises aux clients : c’est un dur combat. «C’est un combat
très difficile. (…) À mon avis, on ne peut pas dire que ce soit un échec. Je pense qu’il est encore trop tôt pour faire ce genre d’affirmation. Je pense qu’il reste encore beaucoup de
combats à mener».
Bref, ces Russes qui ont osé détruire les plans d’expansion de l’OTAN, ne veulent plus entendre parler d’effondrement, mais engagent les forces occidentales
bien au-delà des temps et des sacrifices envisagés pour les citoyens du bloc euro-atlantique.
Le moral et l’équipement des Russes. L’analyste militaire ukrainien Oleh Jdanov concède à Moscou l’avantage numérique en termes d’hommes et d’armes, mais,
également, reconnaît son niveau élevé en matière de guerre électronique et l’efficacité des bombes. En effet, les Russes sont équipés de bombes avec un GPS pour les guider et s’assurer
qu’elles infligent un maximum de dégâts. Ces bombes planantes peuvent remplacer adéquatement le travail d’un avion bombardier, avec l’avantage de ne pas mettre en péril l’intégrité de la
flotte aérienne.
Même le Royal United Service Institute, un groupe de réflexion basé à Londres, dresse
la liste des améliorations obtenues par Moscou en termes de tactique et de qualité de ses armements, ainsi que de leur quantité, n’en déplaise aux politiciens européens qui ont
annoncé que la Russie serait à court de ravitaillement dans quelques semaines au plus.
Le moral des Russes est élevé, comme en témoigne l’action
victorieuse d’un char T-80 contre toute une colonne de véhicules ukrainiens. Lors d’une attaque, le char russe a réussi, presque à lui tout seul, à éliminer une formation composée de deux
chars Leopard et de huit véhicules blindés. Pour l’habileté et l’héroïsme démontrés, l’équipage a été proposé pour l’attribution de récompenses.
La différence qualitative concernant la préparation et la motivation entre les Russes et les Ukrainiens résulte précisément de la manière dont ce combat a
été mené. Les équipages de chars russes ont déclaré qu’ils avaient pris une position pratique pour lancer l’attaque, mais qu’ils étaient toujours ouverts à une éventuelle réponse ennemie.
Et, au lieu de cela, les Ukrainiens n’ont pas pu placer un seul coup, soit par inexpérience, soit par manque de tactique décente.
Evguény Balitsky, chef de l’administration civilo-militaire de la région de Zaporijia, atteste également que les troupes russes sont bien entraînées et que
leur moral est élevé. Il l’a communiqué à la suite de l’opération qui a repoussé en quelques jours deux brigades d’assaut ukrainiennes tentant de pénétrer dans la région. Les troupes
ukrainiennes ont subi des pertes «importantes», a-t-il fait savoir et il a ajouté qu’elles n’ont désormais plus assez de force pour aller plus loin. Selon les données du ministère russe
de la Défense, Kiev a déjà perdu 26.000 soldats depuis le début de la contre-offensive.
Moral bas et mauvaise formation des Ukrainiens. L’expert du Royal United Services Institute, Jack Watling, met en garde contre une contradiction qui s’avère
fatale au moral des Ukrainiens. Ces derniers se rendent compte que la quantité impressionnante d’armes et d’équipements reçus par l’OTAN n’a pas l’effet annoncé. Malgré les chars
allemands, les avions de chasse polonais et les lance-missiles américains, la contre-offensive ne perce pas et les hommes du front meurent.
Les officiers de Kiev doivent faire face, non seulement, aux pertes et aux problèmes d’approvisionnement, mais aussi au pessimisme de leurs propres soldats
et à la lassitude de leurs partenaires occidentaux. Jack Watling expose ensuite
le problème des soldats mal entraînés de Volodymyr Zelensky. Des pays comme le Royaume-Uni ont organisé des stages de formation pour les troupes ukrainiennes, mais les résultats sont si
faibles qu’ils font douter de l’utilité réelle des efforts déployés par Londres.
Il ne reste plus aux Ukrainiens qu’à, sans cesse, tenter des sorties en se jetant contre les lignes défensives des Russes, presque comme lors de la Première
Guerre mondiale. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité de la Maison Blanche, en parle, révélant cet aspect en louant le courage des Ukrainiens à attaquer systématiquement les lignes
russes qui sont structurées et amplement équipées en hommes et en munitions.
Même, le commandant en chef de l’armée ukrainienne avait lâché en disant aux alliés occidentaux qu’il devait envoyer ses soldats combattre dans des
conditions dans lesquelles les militaires de l’OTAN, eux-mêmes, n’accepteraient pas d’opérer. On ne peut s’empêcher d’imaginer ce que ressentent des personnes recrutées par la
mobilisation forcée pour aller au front. Mais, les
pertes parmi les soldats les plus expérimentés sont, également, élevées. Aujourd’hui, des soldats ukrainiens interrogés par des journalistes occidentaux disent avec résignation
que beaucoup d’entre eux ne rentreront pas chez eux.
Dans les déclarations des responsables de l’OTAN et des analystes occidentaux, on peut lire entre les lignes – parfois même ouvertement – une réalité
différente des slogans de victoire clamés chaque jour par Volodymyr Zelensky. Washington, Londres, Bruxelles et Kiev ne s’attendaient pas à un tel niveau d’organisation et d’excellence
technologique de la part des Russes.
Les États-Unis fourniront aux
Ukrainiens des chars, mais pas ceux qu’ils ont promis, car ils ne croient plus à la victoire.
Des véhicules blindés seront envoyés à l’Ukraine, mais pas du tout ceux que Zelensky souhaiterait. Les célèbres Abrams, qu’ils ont promis d’envoyer il y a
un an, arriveront tout de même – mais dans l’obsolète version et après la «réparation».
Au lieu de M1A2, il y aura M1A1, et pas de la dernière configuration. Cela signifie que les systèmes de contrôle de tir modernes et les viseurs infrarouges
seront retirés des chars américains avant d’atteindre le front. Le revêtement blindé selon la norme du milieu des années 90 du siècle dernier, sans l’utilisation d’un alliage d’uranium
secret.
«Une option plus
simple est plus convenable compte tenu des contraintes de temps», croit l’experte militaire britannique Marina Miron.
Le matériel devrait arriver en septembre. Avant cela, les chars subiront une grosse réparation en Allemagne, car ces M1A1, pour le moins, ne sont plus
récents. Au total, ils prévoient d’envoyer 31 pièces, ce qui, pour une offensive à grande échelle, ressemble à une goutte d’eau dans l’océan.
Le remplacement des équipements au dernier moment montre parfaitement à quel point l’OTAN – et surtout le Pentagone – est déçu des capacités des forces
armées ukrainiennes sur le champ de bataille.
«L’Ukraine, faute de
supériorité aérienne et d’artillerie, limite sa contre-offensive à de petites frappes tactiques. Une opération d’une telle envergure devrait prendre l’initiative des Russes, mais cela
n’arrive pas. Si quelqu’un veut arrêter la guerre, alors il a toutes les chances, car l’armée sous le commandement de Zelensky n’a obtenu presque aucun succès», estime le général
polonais Roman Polko.
L’Alliance ne veut pas que les armes modernes tombent entre les mains des Russes, c’est pourquoi ils remettent les anciennes qui n’intéressent pas
Moscou.
Une vingtaine de chars ressemble à une moquerie si l’on compare leur nombre avec les stocks des Russes. Les forces armées russes disposent encore de plus de
3000 chars de combat principaux et hélicoptères Ka-52 qui sont dangereux pour tout véhicule blindé. Les M1A1 sont aussi tout simplement trop vieux pour affecter d’une manière quelconque
le déroulement de la contre-offensive.
L’OTAN, dirigée par les États-Unis, donne l’apparence de soutenir le régime de Kiev, mais ils sont déjà bien conscients que la guerre touche à sa fin
logique.
Pour Joe Biden, il est extrêmement important de ne pas perdre la face, c’est pourquoi le matériel arrivera quand même à l’Ukraine. Mais seulement celui que
l’on ne l’épargne pas. Lorsque la pacotille sera épuisée, on devra négocier – car la production d’armes de l’OTAN ne répond pas du tout aux besoins du front.
“L’OTAN a perdu cette guerre.
Biden a perdu cette guerre. Les Démocrates lunatiques ont perdu cette guerre. Les bellicistes du parti unique ont perdu cette guerre. L’UE a perdu cette guerre. L’Ukraine et Zelensky ont perdu
cette guerre”. – Kim Dotcom
Par James Howard Kunstler – Le 03 juillet 2023 – Source Clusterfuck Nation
Quelqu’un à la Maison
Blanche de “Joe Biden” pense apparemment que
les opérations déjà en cours ne suffisent pas à détruire notre pays assez rapidement, et qu’un petit coup de pouce supplémentaire, tel que l’anéantissement nucléaire, pourrait permettre d’y
parvenir.
Par opérations en cours, j’entends des choses comme les vaccins à ARNm qui suppriment furtivement des parents, des amis et des personnalités de la scène… la
décriminalisation du crime… l’affaiblissement de l’industrie pétrolière par mille coupes… la liquidation des petites entreprises… le fait de rendre les petits enfants fous de sexe… l’inondation
du pays par des immigrants clandestins… la dévaluation de la monnaie… les élections truquées – toutes ces choses étant faites à dessein, soit dit en passant. Et si vous vous plaignez de quoi que
ce soit, le FBI ou le fisc vient frapper à votre porte.
Ainsi, pour s’assurer que l’effondrement des États-Unis se produise dans les délais prévus, il y a le conflit utile en Ukraine créé par les génies de notre
gouvernement, qui se rapproche chaque jour un peu plus d’un suicide assisté rapide. Pour rappel, voici comment cela a commencé : En 2014, les États-Unis ont fomenté un coup d’État contre le
président ukrainien Viktor Ianoukovitch. En peu de temps, la langue russe a été interdite (malgré le fait que la plupart des Ukrainiens parlent russe). La Russie, piquée au vif, a repris la
péninsule de Crimée. Lorsque les Russes ethniques de l’est de l’Ukraine (les provinces du Donbass) ont tenté de suivre leur propre voie, l’Ukraine les a attaqués et bombardés à la roquette
pendant huit ans. C’est ce qui s’est passé.
Tout ce qui précède n’était absolument pas nécessaire, vous comprenez. L’Ukraine se débrouillait du mieux qu’elle pouvait depuis 1991 en tant que nation de
pacotille dotée d’une infrastructure soviétique vieillissante, de quelques laboratoires d’armes biologiques parrainés par les États-Unis et de ressources énergétiques inexistantes. Elle percevait
des redevances pour permettre à la Russie de faire passer des oléoducs à travers sa plaine fruitière – dont une grande partie du gaz était siphonnée en cours de route par des bandits. L’Ukraine a
tenté de compenser ses désavantages en devenant un blanchisseur d’argent international, mais cela n’a profité qu’à sa classe d’oligarques (et à la famille élargie de “Joe Biden”).
Après que “Joe
Biden” a été “élu” en 2020 et que
la nouvelle des activités commerciales douteuses de sa famille en Ukraine et ailleurs a fini par se répandre, l’Ukraine a été transformée en grenade géante et “JB” (ou des personnes agissant en son nom) l’a
dégoupillée. L’OTAN a été entraînée dans la querelle en tant que soutien, contre son gré. Si l’objectif était d’affaiblir la Russie, comme l’a déclaré l’un de nos génies stratégiques, le
Secrétaire a la Défense, Loyd Austin, cela n’a pas fonctionné. Au contraire, les États-Unis sont apparus comme un psychopathe mondial imprudent, déterminé à détruire tous les pays qu’il prétend
aider, y compris les principaux pays membres de l’OTAN.
Deux tiers des autres nations du monde ont alors commencé à s’éloigner des États-Unis et de leurs services de protection pour former une coalition économique et
sécuritaire autour du groupe des BRICS, dirigé par la Russie et la Chine. La campagne ukrainienne elle-même était perdante dès le départ, car elle dépendait totalement du soutien des États-Unis
et de l’OTAN. La réunion de l’OTAN qui s’est tenue cette semaine à Vilnius, en Lituanie, a montré ce qu’il en était aujourd’hui : Pas très bien. L’armée ukrainienne est en lambeaux. Elle n’a plus
de munitions. Les États-Unis sont également à court des obus d’artillerie les plus demandés. Que faire ?
La réponse à cette question, alors que “Joe Biden” revient d’Europe dans une Maison Blanche hantée
par un fantôme qui renifle de la cocaïne, est d’envoyer trois mille nouvelles troupes de réserve en Europe et de promettre un tas d’avions de chasse F-16. Ces avions, qui ont été introduits au
début des années 1970, proviendront de l’inventaire “retiré du service” de notre pays. Ces F-16 nécessiteront
une série d’infrastructures de soutien au sol hautement techniques. Ils ne seront pas équipés des dernières mises à jour avioniques et ne feront pas le poids face aux défenses aériennes russes.
Bonne chance, Président Z !
Tout cela est faux, bien sûr. Qu’avons-nous l’intention de faire avec ces trois mille réservistes américains ? Les envoyer au combat à Priyutnoye ? J’en suis sûr….
À ce stade, nous ne pouvons que prétendre prolonger ce conflit stupide et inutile avec de tels gestes boiteux. L’Allemagne et la France savent que c’est une cause perdue. Le Royaume-Uni
(soi-disant) est un tel gâchis qu’il ne sait littéralement pas ce qu’il fait en Ukraine, pays lointain et sans intérêt (pour lui). Sans ces pays, il n’y a pas vraiment d’OTAN. Ainsi, tout le
vaudeville de cette semaine n’était qu’un simulacre, mené par un président américain trop chétif pour assister au banquet d’ouverture avec les autres dirigeants de l’OTAN, et trop incohérent pour
s’exprimer sur le départ.
Quoi qu’il en soit, tout le numéro de “Joe Biden” est en train de se dévoiler. Il est une farce
que le Parti démocrate a jouée au peuple américain. Avant Halloween, il devra quitter la scène en disgrâce, aussi horrible que cette perspective puisse paraître, avec Kamala Harris vidant
anxieusement des bouteilles de vodka en attendant l’appel de l’histoire dans l’ancien observatoire naval. Ce sera une journée amusante aux États-Unis.
James Howard
Kunstler
Pour lui, les
choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées
magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Le régime fantoche américain de Kiev regarde la défaite en face. La tentative de l’élite occidentale, dirigée par la CIA et soutenue par les vassaux de
l’OTAN, de démanteler la Russie par un coup d’État dans le ventre mou de la Russie à Kiev en 2014, a, comme d’habitude, échoué. Pourquoi l’élite occidentale ne peut-elle pas simplement
accepter que sa civilisation particulière n’est PAS une civilisation mondiale ? Le manque de respect et le mépris de l’Occident pour les civilisations du «reste», ainsi que son ignorance
et sa tentative de dévastation de ces civilisations, sont tout simplement inacceptables. L’Occident n’est pas le meilleur. Le reste est le meilleur. Rejoignez-nous dans notre grand
concert des pays et des civilisations. Vous verrez alors que vous n’êtes qu’une petite partie du tout, où vous pouvez, si vous acceptez la réalité, prendre votre place légitime et
modeste.
Oui, contrairement à votre monde virtuel, le monde réel est multicivilisationnel, c’est-à-dire multipolaire/polycentrique. Seuls les Occidentaux qualifient
confusément leur civilisation de «démocratique», alors qu’elle ne l’est pas, mais qu’elle est en fait oligarchique, dirigée par une minuscule élite féodale qui contrôle les politiciens,
l’armée, la finance, le droit et les médias. La raison pour laquelle l’Occident pratique cette hypocrisie est son affaire, pas la nôtre. Vous êtes une civilisation différente. Nous
appelons nos diverses civilisations «nationales» : russe (avec sa culture orthodoxe russe en fait sous un Tsar), chinoise (son parti au pouvoir n’est pas communiste, mais national et son
dirigeant est en fait un Empereur), musulmane, hindoue, africaine, latino-américaine, japonaise, polynésienne, parce qu’elles appartiennent toutes à leurs cultures Nationales.
Laissez-nous tranquilles et arrêtez de nous refiler vos échecs, comme vous essayez de justifier votre millénaire d’arrogance et d’injustice.
Oui, la fin est là : les forces armées ukrainiennes, maintes fois décimées, attaquent, puis s’effondrent, battent en retraite ou se rendent. Il est vrai que
l’élite occidentale, après avoir abandonné son fantasme absurde de victoire ukrainienne, de prise de la Crimée et de marche sur Moscou, est toujours engagée dans le fantasme ordinaire
d’une «impasse» ou d’un «conflit gelé» en Ukraine, comme une guerre à moitié perdue, comme en Corée il y a tout juste soixante-dix ans. Pour l’élite, ce fantasme d’impasse reste son
meilleur scénario, mais en fait, comme l’ont compris même certains membres de l’élite, il ne s’agit pas du tout d’un scénario, mais simplement d’un vœu pieux. Par conséquent, l’élite
confrontée à l’échec des «négociations secrètes» avec Moscou va avoir besoin de ce que l’on appelait autrefois une issue de secours, un moyen de sortir ou, comme le disent aujourd’hui
leurs sociétés de relations publiques, une «stratégie de sortie». Ils pourraient en trouver une en observant les enfants.
Auto-justification
Sur la base d’une longue expérience, je dirais qu’il existe trois types d’excuses chez les enfants. Imaginez la scène : une fenêtre cassée, un ballon par
terre et trois enfants qui se tiennent là, lorsque l’adulte entre. Que disent les trois enfants ?
1. «Je suis désolé, c’est moi qui l’ai fait». Chez les enfants, cela n’arrive pas souvent. Chez les adultes, cela arrive rarement. Chez les hommes
politiques, cela n’arrive jamais.
2. «Je ne l’ai pas fait exprès». C’est l’excuse la plus fréquente donnée par les enfants et elle est souvent vraie. Toutefois, dans le contexte de la guerre
contre la Russie qui dure depuis neuf ans, promue de manière très agressive par l’élite occidentale depuis le début et publiquement encore aujourd’hui, et qui a empêché un accord de paix
imminent en avril 2022, cette excuse ne tient tout simplement pas la route. Vous l’avez fait exprès.
3. «Ce n’était pas moi, c’était lui». Pointer du doigt et rejeter la faute sur autrui, c’est ce que font les enfants méchants. Quant aux adultes, ils
continuent à le faire en ce qui concerne les causes de la Première Guerre mondiale, près de 110 ans plus tard. Les hommes politiques le font toujours. Et c’est ce qui va se produire et
qui commence déjà à se produire.
Après tout, comment se sont terminées les déroutes des États-Unis au Vietnam et en Afghanistan ? Dans les deux cas, l’excuse était la suivante : «Les
troupes que nous avons formées n’étaient pas bonnes. Elles n’avaient pas le courage des Américains». En réalité, les troupes sud-vietnamiennes étaient les frères des «Vietcongs», les
mêmes résistants patriotes, tout comme les troupes afghanes étaient les frères des «Taliban», les mêmes résistants patriotes. Pourquoi tueraient-ils leurs frères ?
Ils n’ont jamais combattu du côté américain que pour obtenir de la nourriture, un abri, de l’argent et une formation, qu’ils pourraient ensuite utiliser
pour se libérer de l’envahisseur et de l’occupant américain, lorsqu’ils en auraient l’occasion. Pourquoi des patriotes locaux seraient-ils déloyaux envers leur propre pays et leur famille
et loyaux envers l’agresseur étranger ? Le monde occidental fait l’éloge des résistants français de la Seconde Guerre mondiale (en oubliant qu’ils étaient presque tous communistes), alors
pourquoi ne pas faire l’éloge de la résistance vietnamienne ou afghane à l’occupant américain non invité et meurtrier ? Ou bien vous attendez-vous naturellement à ce que les populations
locales trahissent leur pays, comme le chef du MI6 britannique ?
En ce qui concerne l’Ukraine, c’est alors la dernière excuse du jeu de blâme qui sera utilisée : Accuser les autres d’avoir échoué : «Les troupes de
Zelensky n’étaient pas bonnes. Elles ne pouvaient même pas utiliser notre équipement. Elles se sont enfuies. Ils ne savent pas planifier. Ce sont des singes qui se rendent». En réalité,
ce n’est pas la meilleure stratégie de sortie, car les choses vont rapidement devenir beaucoup plus complexes. Comme les adultes le répètent sans cesse aux enfants méchants : une fois que
l’on a dit un mensonge, il faut en dire beaucoup d’autres pour justifier le premier. La spirale est sans fin. Que pourrait-il se passer ?
Le jeu de blâme du terrain de jeu occidental
Alors que l’Ukraine s’effondre, la Pologne et les pays baltes pourraient, comme d’habitude, pointer du doigt l’Allemagne : «Pourquoi n’avez-vous pas fait
plus, bande de lâches ? Vous auriez pu envahir la Russie. Vous l’avez fait pendant deux guerres mondiales. Vous êtes riches». Puis, comme d’habitude, l’Allemagne pouvait montrer du doigt
la France : «Vous ne nous avez pas soutenus. Nous n’avons rien pu faire sans vous». Puis, alors que l’habituel club d’intérêt mutuel franco-allemand se met en place, tous deux pourraient
décider de pointer du doigt le Royaume-Uni, le cheval de Troie de Washington en Europe.
Que peut répondre le Royaume-Uni ? Rappeler Napoléon et Hitler, qu’il a «vaincus» ? En plus d’être historiquement faux (les Russes et les Allemands ont
vaincu Napoléon sur terre et les Russes ont vaincu Hitler), ce n’est pas suffisant. Alors, indigné, quelqu’un au Royaume-Uni qui a du cran (oui, les miracles existent), probablement un
ami de Trump, apparaît au Royaume-Uni et pointe du doigt Biden et le parti démocrate. «Vous vous êtes trompés sur toute la ligne et vous nous avez menti en nous faisant endosser le rôle
des perdants ukrainiens. Biden a toujours été un anglophobe». Pendant ce temps, aux États-Unis, Biden meurt (à en juger par ses performances, cela pourrait arriver d’un jour à l’autre),
car la gérontocratie de l’ancienne Union soviétique rouge-étoilée règne désormais sur l’ancienne Union américaine aux étoiles blanches.
Ensuite, tout peut tourner en rond et, comme d’habitude, les États-Unis peuvent pointer du doigt les pays paresseux de l’UE/OTAN en Europe occidentale, qui
ont des systèmes de protection sociale au lieu d’une armée agressive («Défense») et ne font donc jamais le poids, comptant sur les États-Unis pour tout ce qui concerne le domaine
militaire. À leur tour, les pays d’Europe occidentale peuvent montrer du doigt la Pologne : «Vous étiez en première ligne. Pourquoi n’avez-vous rien fait ?» La Pologne peut alors pointer
du doigt les troupes ukrainiennes et toute sa haine latente et historique pour les Ukrainiens ressurgit. «Les troupes de Zelensky ne valaient rien. Elles ne pouvaient même pas utiliser
nos chars. Elles se sont enfuies. Qu’attendez-vous des Ukrainiens ?»
Pendant ce temps, au milieu de toutes ces querelles internes dans la cour de récréation occidentale, Moscou regarde, à la fois déconcertée et amusée, la
reconstruction du sud et de l’est de l’ex-Ukraine (de grands progrès ont déjà été réalisés dans certaines parties de Marioupol et de Lougansk) et guide les chefs militaires de la Nouvelle
Ukraine (ou quel que soit son nom et sa forme) vers la restructuration et la reconstruction, grâce aux fonds confisqués des anciens oligarques et à l’aide abondante de la Chine. La
seconde Biélorussie, peut-être appelée à nouveau Malorossiya, est née.
Conséquences finales
Dans ces conditions, la Hongrie, dont l’économie est faible et minée, pourrait facilement quitter l’UE (et son aile militaire, l’OTAN). Après tout, le 26
juillet 2023, le président Poutine a interdit les opérations de changement de sexe, au milieu des hurlements de protestation des pervers qui peuplent l’élite occidentale, mais le
président Viktor Orban en Hongrie n’en a été que trop heureux. La Hongrie pourrait alors récupérer l’ancienne province hongroise de Transcarpatie ou de Zakarpatie de l’Ukraine en guise de
récompense, ainsi qu’un excellent accord sur le gaz russe, sans parler des investissements chinois.
Ce ne serait alors qu’une question de temps avant que l’empire américain et son château de cartes européen ne s’effondrent, comme ils l’ont fait en Asie du
Sud-Est, en Irak et en Afghanistan. Ce ne serait qu’une répétition de l’effondrement de l’empire soviétique, disparu en vingt-cinq mois, entre novembre 1989 et décembre 1991. En effet, la
Hongrie disparue, des révoltes contre les élites fantoches américaines en Moldavie et en Roumanie suivraient. Un généreux accord sur le gaz russe et des investissements chinois en échange
de la cession par la Moldavie de la Transdnestrie et de la Gagaouzie, qui deviendraient des républiques autonomes au sein de la Fédération de Russie, réconcilieraient la Moldavie avec la
Russie. La Roumanie pourrait également quitter l’UE et faire la paix avec la Russie, une fois qu’on lui aurait accordé la Tchernovtsy (Bucovine du Nord), volée par Staline à la Roumanie
en 1945 et ensuite rattachée à l’Ukraine.
La Bulgarie, la Serbie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine, la Bosnie et le Kosovo suivront. Suivis, tôt ou tard, par l’Albanie, la Grèce et Chypre,
tous ces pays de l’Europe du Sud-Est, notamment la Roumanie et la Moldavie, pourraient en tant que Confédération de l’Europe du Sud-Est rejoindre les BRICS. (Indépendamment, la Turquie
rejoindra sans aucun doute les BRICS). Ils pourraient être suivis par une Confédération de l’Europe du Nord-Est, la Slovaquie, la Tchèquie, la Pologne et les trois mini-États baltes, qui
se débarrasseraient également de leurs élites fantoches des États-Unis et donc de leur adhésion à l’UE. Si la Pologne adoptait alors une attitude différente à l’égard de la Biélorussie et
de la Nouvelle Ukraine, des négociations pourraient peut-être même s’ouvrir sur le transfert de l’extrême ouest de l’Ukraine à une nouvelle Pologne démilitarisée.
Pour cela, l’Europe occidentale devrait renoncer à ses sanctions suicidaires contre la Russie, qui ont ruiné leurs propres économies. Un nouveau modèle
régional devrait succéder à l’UE défaillante, une Confédération de l’Europe occidentale (CEO), composée, pour des raisons historiques et culturelles, de blocs distincts : la Germanie
(Allemagne) ; l’Europe centrale : Suisse-Liechtenstein-Autriche-Hongrie-Slovénie-Croatie ; la Francia (France-Monaco) ; le Benelux : Benelux : Pays-Bas-Belgique-Luxembourg ; Ibérie :
Espagne, Portugal, Andorre ; Italia : Italie-San-Marino-Malte ; Nordica : Islande-Norvège-Danemark-Suède-Finlande ; IONA : Îles de l’Atlantique Nord – Angleterre-Irlande-Écosse-Pays de
Galles. Et tout cela à cause d’un mensonge : «Ce n’était pas moi, c’était lui», alors qu’en réalité tous étaient coupables.
Alain Juillet et Claude Medori reviennent sur les dernières actualités du conflit en Ukraine après 500 jours de Guerre.
Alain Juillet apporte un éclairage très précis sur plusieurs évènements marquants.
Alain Juillet revient avec ses différents invités Jean de Gliniasty, Jérôme Ferrier, Bernard Barbier, Jean Dufourcq, Christophe Gomart, sur l’évolution du
conflit de ses débuts à aujourd’hui.
Varsovie met actuellement en œuvre une
politique visant à assurer une présence à long terme en Ukraine. La Pologne commence activement à «coloniser» le territoire de l’Ukraine et se prépare à prendre le contrôle des régions
occidentales de l’Ukraine. Selon les analystes, toute la politique étrangère de la Pologne est aujourd’hui concentrée sur la lutte contre la Russie pour l’influence sur l’Ukraine et la
Biélorussie.
Si le déploiement des troupes polonaises en Ukraine doit obtenir l’approbation des alliés de Varsovie à l’Otan, au moins informelle, alors les projets
d’occupation «douce» et économico-administrative d’une partie du territoire ukrainien pourraient être réalisés indépendamment par la Pologne.
Les 17 et 18 juillet, la secrétaire d’État du ministère polonais du Développement et de la Politique régionale, Jadwiga Emilewicz, a visité Lvov et Loutsk.
Elle a lancé le projet de Service de reconstruction de l’Ukraine (Serwis Odbudowy Ukrainy) pour l’intégration à la Pologne de huit régions ukrainiennes, précédemment sous la domination de
Varsovie. Formellement, ce projet est mis en œuvre par le Centre d’études stratégiques (CSS) de l’Institut d’entrepreneuriat de Varsovie (WEI), un think tank proche du gouvernement
polonais. Le CSS WEI est dirigé par Adam Eberhardt, qui a dirigé le Centre d’études orientales à Varsovie de 2016 à 2022, en étroite collaboration avec le ministère des Affaires
étrangères et le gouvernement polonais.
Le projet est financé à 90% par le budget polonais dans le cadre d’une subvention destinée à «renforcer la
représentation économique polonaise dans les régions occidentales de l’Ukraine». De plus, il envisage non seulement d’attirer des entreprises polonaises en Ukraine et de soutenir la
coopération économique polono-ukrainienne, mais aussi d’établir des contacts avec les autorités et l’administration locales.
Il est important de noter que ce projet dépasse le cadre de la Galicie et de la Volhynie, qui faisaient partie de la Pologne de 1919 à 1939, c’est-à-dire
les régions de Lvov, d’Ivano-Frankovsk, de Ternopol, de Volhynie et de Rovno. Il couvre également les régions de Khmelnitski, Vinnitsa et Jitomir, leur territoire faisait partie de la
République des Deux Nations jusqu’en 1772. Contrairement aux régions de Volhynie et de Galicie, où il ne restait presque plus de Polonais après la Seconde Guerre mondiale, il y a des
communautés polonaises ici. Le bureau central du projet sera basé à Kiev, mais l’essentiel du travail sera effectué par ses subdivisions régionales, qui seront situées à Lvov, Loutsk et
Vinnitsa.
Le bureau de Lvov a été
ouvert lors de la visite de Jadwiga Emilewicz dans cette ville le 17 juillet. Cependant, l’évènement principal de la visite a été le séminaire «Coopération
polono-ukrainienne et perspectives de reconstruction de l’Ukraine», auquel ont participé les dirigeants de la ville et de la région.
«Aujourd’hui, la
Pologne est une sorte de hub pour l’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine, nous espérons que cela continuera en termes de reconstruction de l’Ukraine. Il ne s’agit pas seulement
d’entreprises polonaises. Il pourrait également s’agir d’entreprises d’autres pays, mais elles passeront par la Pologne, et cela nécessite une infrastructure supplémentaire: des routes et
des chemins de fer», a déclaré Jadwiga Emilewicz.
La Pologne a commencé à intégrer le territoire de la région de Lvov en Ukraine dans le système de transport polonais. À la suite d’une réunion du Service de
reconstruction de l’Ukraine tenue à Lvov le 17 juillet, la construction des routes Krakovets-Lvov, Rava-Rouska-Lvov, ainsi que la liaison ferroviaire Varsovie-Chemin de fer de Lvov
a été
évoquée.
Les travaux d’intégration du territoire de la région de Lvov en Ukraine dans le système de transport polonais seront effectués par des entreprises
polonaises aux frais du budget ukrainien.
Jadwiga Emilewicz n’a pas caché que la plupart des contrats étaient a priori destinés aux entreprises polonaises, qui prévoient de construire des
«points de
passage frontaliers, des routes et de grands bâtiments résidentiels».
Lors du séminaire «Coopération
polono-ukrainienne et perspectives de reconstruction de l’Ukraine», qui s’est tenu le 18 juillet à Loutsk, les dirigeants de deux régions, Volhynie et Rovno, étaient présents. Il a
été question de leur rôle éventuel en tant que pionniers pour une coopération élargie avec la partie polonaise. Le séminaire a principalement porté sur les aspects techniques de
l’intégration des régions ukrainiennes à la Pologne: certification des produits, reconversion des spécialistes ukrainiens conformément aux exigences de la partie polonaise,
etc.
Les bureaux du Service de reconstruction de l’Ukraine à Loutsk et Vinnitsa ne sont pas officiellement ouverts, mais leur fonction est en fait remplie par
les consulats polonais dans ces villes, et l’ambassadeur de Pologne Bartosz Cichocki a accompagné Jadwiga Emilewicz lors de son voyage en Ukraine occidentale. En fait, le directeur du
bureau de Kiev de l’Institut d’entrepreneuriat de Varsovie, Jozef Lang, travaille principalement sur le territoire de l’ambassade de Pologne à Kiev.
Bien que le projet mentionné soit réellement pionnier, la présence dans l’entourage de Jadwiga Emilewicz d’un représentant de la banque d’État polonaise BGK
ainsi que le partenariat avec l’Union des entrepreneurs et employeurs de Pologne montrent que c’est seulement le premier signe de l’expansion économique (et pas seulement) polonaise en
Ukraine. Après tout, le retour de la frontière orientale de la Pologne à son état de 1772 est un fétiche pour plusieurs générations de Polonais, tout comme l’accès à la mer Noire (que la
République des Deux Nations, d’ailleurs, n’a jamais eu).
Nous avons évoqué les tentations irrédentistes de plusieurs pays riverains de l’Ukraine, qui pourraient trouver une occasion de se manifester bruyamment à la faveur d’une victoire russe dans la
guerre actuelle. Bien que la Biélorussie ne soit pas officiellement partie prenante du conflit, un irrédentisme polonais pourrait la menacer elle aussi, compte tenu de son identité encore plus
problématique que celle de l’Ukraine.
En 1918, au traité de Brest-Litovsk, l’Allemagne impériale, victorieuse de la Russie, construit une ceinture d’Etats-tampons entre les deux puissances[1]. C’est
donc une préoccupation purement géopolitique qui la pousse à créer une République de « Biélorussie », un nom qui signifie la Russie blanche. Cette région, de par sa situation
géographique, accueille un mélange de Russes, de Polonais, de Juifs et de Lithuaniens. Un dialecte biélorusse s’y est forgé, que l’on parle dans les campagnes, mais dans les villes, on n’y parle
que le russe. Surtout, jamais l’histoire n’a vu prospérer d’Etat biélorusse, et l’on peut se risquer à écrire que, sans la Première Guerre mondiale, cette nouveauté ne serait pas apparue.
Cependant, les Allemands ont encouragé ici un indépendantisme propre à repousser plus loin les Russes vers l’est.
Le 21 février 1918, un Conseil biélorusse, présidé par Jan Sierada (1879-1943), s’est déclaré l’unique autorité légitime en Russie blanche :
Et après la signature du traité de Brest-Litovsk, le 9 mars a été proclamée une République populaire de Biélorussie, qui déclare l’indépendance du pays le 25 mars.
Un ancien général dans les armées du tsar, Stanislaw Bulal-Balachowitz (1883-1940), commande à une dizaine de milliers de soldats chargés de défendre la toute jeune nation.
On se dessine un drapeau : trois bandes horizontales blanc-rouge-blanc qui renvoient aux couleurs polonaises, et on usurpe sans vergogne le blason de la
Lituanie, dont l’Etat a pourtant été restauré par l’Allemagne[2]. Le
plus extraordinaire est qu’en dépit du retrait de l’Allemagne après le 11 novembre 1918, en dépit de la contestation de son identité par toutes les nations voisines, puis de sa réintégration dans
l’Etat russe bolchevique en 1919, la Biélorussie verra son identité reconnue comme république soviétique, et même affirmée par Staline au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au point
qu’à l’ONU, ce n’est pas l’Union soviétique seule qui sera représentée, mais aussi l’Ukraine et la Biélorussie : Staline saura profiter de la compassion éprouvée par les vainqueurs de
1945 devant les souffrances inouïes endurées par ces régions durant la guerre, surtout la Biélorussie, alors entièrement détruite.
Autre originalité remarquable de ce surgissement d’un Etat biélorusse : le Gouvernement de la République populaire biélorusse, ayant fui le recouvrement de la
souveraineté russe ordonné par Lénine en 1919, s’installera dans différentes villes, deviendra un gouvernement en exil qui se renouvellera à travers les décennies et n’a jamais cessé d’exister
depuis : il est présentement basé à Toronto au Canada, ce qui permettrait aujourd’hui à l’empire américain de manifester au besoin une forme de prétention politique légitime.
Le seul fait pour la Biélorussie de n’avoir pas eu d’autre choix que celui d’usurper les symboles historiques de la Pologne et de la Lituanie en dit long sur ce
qu’elle toujours été avant les cataclysmes du XXe siècle : une région du grand-duché de Lituanie, une dépendance du royaume de la grande Pologne, comme le montrait notre carte consacrée à
l’irrédentisme polonais touchant le territoire ukrainien :
Avec la résurrection de la Pologne, faisant suite à l’effondrement simultané des trois puissances qui se l’étaient partagées au XVIIIe siècle : Allemagne (via
la Prusse), Autriche et Russie, la moitié de l’actuelle Biélorussie lui fut attribuée en 1919. On voit sur la carte suivante que Minsk, capitale de la Biélorussie, était alors très proche de la
frontière orientale de la Pologne. Mais en 1939, Staline renouvela un partage germano-russe de la Pologne en s’emparant de toute sa moitié-est, qui ne lui fut jamais restituée : à titre de
compensation territoriale, il délogea de chez eux une dizaine de millions d’Allemands pour offrir leurs terres aux Polonais, qui depuis lors y résident.
Aujourd’hui, la Pologne, non seulement lorgne sur la moitié ouest de l’Ukraine, qu’elle estime lui revenir par droit historique, mais n’exclut pas de revendiquer
les territoires aujourd’hui Biélorusses qui lui ont été arrachés par Staline en 1939. Bref, elle joue sur les deux tableaux, espérant tirer profit soit d’une victoire, soit d’une défaite de la
Russie : la victoire russe pourrait être l’occasion de reprendre la Volhynie et la Galicie aujourd’hui occupée par l’Ukraine ; une défaite russe serait fatale à la Biélorussie, la plus
artificielle de tous ces Etats, qui se verrait reprendre sa partie occidentale.
Ce que nous écrivons ici ne relève pas forcément de la gépolitique-fiction. Devant le Conseil de la sécurité nationale russe, M. Poutine a déclaré qu’il laisserait
l’Ukraine se débrouiller avec les différents irrédentismes susceptibles de redessiner ses frontières occidentales, mais a prévenu que toute tentative polonaise de reprendre possession de ses
territoires attribués en 1939 à la Biélorussie par Staline serait un casus
belli, en vertu du fait qu’il regarde la Russie et la Biélorussie comme deux Etats unis par un lien confédéral :
le mot est fort, il signifie qu’une attaque de la Biélorussie serait équivalente à une attaque de la Russie. En contrepartie, un engagement plus officiel de la Biélorussie dans la guerre
russo-ukrainienne légitimerait sans doute les appétits polonais aux yeux de ses alliés… à condition, bien sûr, que son irrédentisme n’aille pas jusqu’à revendiquer Vilnius, aujourd’hui capitale
de la Lituanie, mais qui appartenait à la Pologne entre 1919 et 1939 : On voit comment les remises en question des frontières violemment imposées en 1945 pourraient se suivre en
cascade.
[1] Cf notre Histoire
mondiale de la Grande Guerre, Ellipses 2016.
[2] Un prince wurtembergeois, Guillaume d’Urach, par ailleurs prétendant légitime au trône de Monaco, est désigné roi, mais la défaite allemande transforme le pays en une
république.
Des experts militaires russes sur l’état actuel de la guerre
Sur les portails d’information alternatifs occidentaux, les succès militaires russes sont largement applaudis. On trouve également une bonne dose
d’encouragement de la part des correspondants de guerre russes en première ligne sur la télévision d’État russe. Mais, comme je l’ai indiqué dans des articles précédents, les programmes
d’information russes plus sérieux, tels que «Sixty Minutes»
et «Evening
with Vladimir Solovyov», donnent également la parole à des experts militaires parmi les présidents des commissions de la Douma et d’autres personnes qui assument réellement la
responsabilité de l’effort de guerre et ne sont pas de simples orateurs. Ces intervenants sont beaucoup plus modérés dans leurs remarques sur l’évolution de la guerre et je profite de
cette occasion pour partager avec les lecteurs ce que j’entends de ces sources. Je m’appuierai en particulier sur ce qui a été dit dans l’émission de Solovyov il y a deux jours.
La remarque la plus sobre a été que c’est une erreur de se réjouir des rapports selon lesquels les Ukrainiens ont épuisé leurs réserves et que leurs soldats
sur le front ne sont plus que des vieillards et des jeunes, qui sont démoralisés et se rendent aux Russes lorsqu’ils le peuvent. Dire cela, c’est diminuer notre respect pour l’héroïsme
des soldats russes qui font face, en fait, à des égaux dans les forces ukrainiennes. Il s’agit d’une guerre difficile.
En outre, les réserves ukrainiennes ne sont pas encore épuisées. Sur les quelque 60 000 soldats d’élite formés dans les pays de l’OTAN, seuls 30 à 40% ont
été tués ou blessés lors de la bataille de Bakhmout et de la contre-attaque ukrainienne qui a suivi le 4 juin. Les Russes n’entameront pas leur propre offensive massive pour abattre
l’armée ukrainienne tant qu’ils ne seront pas certains que la plupart des réserves ukrainiennes ont été épuisées dans la guerre d’usure en cours.
Par conséquent, nous assistons ces jours-ci à des attaques localisées qui ont une importance tactique et non stratégique. Oui, les Ukrainiens avancent ici
et là de quelques mètres, au prix de nombreuses pertes en vies humaines. Oui, les Russes avancent de trois ou quatre kilomètres ici ou là, à un coût nettement moindre. Les Russes
attendent leur heure. Il ne s’agit pas d’une situation bloquée comme les médias occidentaux ne cessent de le répéter à leur public.
Passons maintenant à un autre aspect du conflit qui a occupé l’actualité au cours de la semaine dernière, lorsque les escarmouches terrestres entre les
forces hostiles ont été reléguées aux dernières pages de nos journaux. Je pense aux spectaculaires attaques de missiles russes contre les infrastructures portuaires ukrainiennes à Odessa,
à Nikolaïev et, hier, dans un port fluvial de l’estuaire du Danube, juste en face de la frontière roumaine. Ces attaques sont décrites par des sources militaires russes officielles comme
des «opérations de représailles» pour les dommages infligés à l’une des chaussées du pont de Crimée par des drones de surface ukrainiens qui ont explosé sous les supports du pont.
Bien entendu, il ne s’agit là que d’un discours de relations publiques destiné à satisfaire l’opinion publique russe et à écraser l’indignation locale face
à l’échec de la défense d’une infrastructure finalement vulnérable. Non, la raison de la destruction russe des installations portuaires ukrainiennes jour après jour est ailleurs. Les
frappes de missiles n’étaient pas tant destinées à infliger des souffrances aux Ukrainiens qu’à éviter ce qui pourrait se transformer en batailles navales sur la mer Noire et un saut
quantique dans les risques de guerre totale. Au passage, elles ont démontré que les derniers missiles de croisière russes lancés depuis la mer, d’une portée de 3000 km et volant à 15
mètres au-dessus de la mer à Mach 3, ne peuvent pas être interceptés par les défenses aériennes ukrainiennes actuelles.
Rappelons que lorsque Vladimir Poutine a annoncé que l’accord sur les céréales conclu avec la Turquie et les Nations unies expirerait le 18 juillet, le
ministère de la Défense de la Fédération de Russie a annoncé que tous les navires se dirigeant vers les ports ukrainiens soi-disant pour recevoir des céréales destinées à l’exportation
seraient dorénavant considérés comme des transporteurs d’armes vers l’Ukraine et seraient susceptibles d’être détruits par les forces russes.
Immédiatement après, le président ukrainien Zelensky a proposé à la Turquie de poursuivre les exportations de céréales par voie maritime sans la
participation de la Russie. La sécurité des navires serait assurée par des convois navals turcs et d’autres pays de l’OTAN. Dans le contexte du dernier virage d’Erdogan vers les
États-Unis et l’éloignement de la Russie, il semble qu’Ankara soit prêt à conclure un accord avec Zelensky. Si tel était le cas, les risques de batailles navales entre les navires russes
et ceux de l’OTAN en mer Noire augmenteraient.
Les Russes ont donc décidé de détruire les installations portuaires ukrainiennes actives dans le commerce des céréales et d’écarter ainsi les dangers qui
les guettaient. Erdogan a été contraint de renoncer à tout accord avec Zelensky sur la reprise de la mission du corridor céréalier.
Certes, l’exportation de céréales par bateau est la solution la moins coûteuse pour acheminer les céréales ukrainiennes vers les marchés mondiaux. Mais il
existe d’autres moyens, à savoir le train et le camion, qui traversent la Bulgarie, la Roumanie ou la Pologne vers le nord et vers l’ouest. Ces moyens logistiques ont été utilisés
l’automne dernier pour transporter beaucoup de céréales, mais celles-ci ont eu tendance à disparaître dans les pays de transit où elles ont suscité l’indignation des communautés agricoles
de ces pays en raison de la sous-évaluation de leurs propres récoltes de céréales. On peut s’attendre à d’autres troubles politiques en Europe de l’Est et à des manifestations contre
l’Ukraine dans les mois à venir, ce qui servira également l’objectif russe de faire payer à l’Europe le soutien qu’elle a apporté à Kiev.
Les représentants du département d’État américain ont crié au désastre humanitaire que les Russes provoquaient d’abord en se retirant de l’accord sur les
céréales, puis en détruisant les infrastructures d’exportation de l’Ukraine dans la mer Noire. Une attention particulière a été accordée aux pays d’Afrique qui représenteraient une grande
partie des pays pauvres destinataires des céréales ukrainiennes.
Il est intéressant de noter qu’en dépit de la propagande américaine virulente contre le retrait russe de l’accord sur les céréales, les dirigeants africains
n’ont pas mordu à l’hameçon. Aujourd’hui, les 47 dirigeants africains se réunissent en Russie pour des discussions stratégiques au plus haut niveau et pour conclure des accords avec leurs
homologues russes. Les Russes proposent des céréales gratuites aux pays les plus pauvres et des contrats de fourniture de céréales aux autres pays à des conditions commerciales normales.
La certitude de l’approvisionnement est assurée par ce que les Russes disent être leur plus grande récolte de céréales jamais réalisée durant cette saison.
Bien que je dénonce les politiques du département d’État américain sous Antony Blinken comme une force du mal dans le contexte mondial actuel, je ne veux
pas dire que chaque acteur y est une personne malveillante. Je suis amusé de voir à la télévision russe des images des discours prononcés aux Nations unies sur le corridor céréalier par
Rosemary Di Carlo, une ancienne diplomate de carrière américaine qui, depuis 2018, sert aux Nations unies en tant que secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la
consolidation de la paix.
Il fut un temps, en 1998, où je me suis entretenu avec Rosemary lorsqu’elle était chargée des affaires culturelles à l’ambassade des États-Unis à Moscou.
Nous étions assis ensemble à la table d’honneur lors d’une réunion d’étudiants et de professeurs américains de troisième cycle sur les échanges universitaires avec la Russie, dirigée par
une ONG héritée de la guerre froide, l’IREX, pour laquelle j’ai été brièvement directeur national à l’époque. Rosemary parlait de la saison théâtrale à Moscou et nous avons discuté des
possibilités d’aider les musées russes et d’autres institutions culturelles à s’adapter aux réalités post-soviétiques, c’est-à-dire à la faiblesse des financements gouvernementaux et à la
recherche de sponsors privés. Elle était titulaire d’un doctorat en littérature slave. Elle était l’une des rares diplomates de carrière à comprendre et à parler le russe. Elle avait le
cœur à la bonne place et je doute fort qu’elle travaille aujourd’hui à faire du tort aux Russes.
Morale de l’histoire ci-dessus, du début à la fin : très souvent, les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.
Varsovie joue depuis des mois avec l’idée d’envoyer officiellement des troupes en Ukraine occidentale. Le vide démographique croissant, l’implosion économique et le désastre militaire que subit
l’Ukraine ont créé une véritable tentation pour le gouvernement polonais, que les néocons tentent de pousser à l’action pour détourner le cours d’une guerre perdue. Cependant, comme l’analyse en
détail M.K. Bhadrakumar, Poutine et Loukachenko ont averti l’OTAN qu’ils ne laisseraient pas faire. Il existe donc un vrai risque de dérapage du conflit. Cependant, sur le terrain, l’incapacité
ukrainienne à effectuer une percée, couplée aux frappes tous azimuts par la Russie des stocks, arsenaux et casernes de l’Ukraine et de ses “conseillers” OTANiens, donne des arguments au parti
réaliste de Washington, qui souhaiterait des négociations.
Copyright: Yves-Marie Adeline
Le désastre démographique ukrainien
Un article dans le Corriere della
Sera paru le 16 juillet dernier tire le signal d’alarme: le titre témoigne d’une irruption (partielle mais) brutale de la réalité dans la conscience occidentale : “De
52 millions à l’époque de l’indépendance à moins de trente aujourd’hui. L’alarme des universitaires : l’avenir est en danger. Pourquoi “Poutine peut gagner la bataille démographique“.
Et Lorenzo Cremonesi, correspondant du journal à Kiev continue : ” Des
villes et surtout des villages vides, des familles éclatées, des soldats seuls au front avec des femmes et des enfants à l’étranger qui ne reviennent pas, un taux de natalité au plus bas :
l’Ukraine souffre d’une crise démographique aux proportions catastrophiques. “L’effondrement de la population entraînera bientôt de très graves problèmes économiques et sociaux“. Évidemment,
il y a le mantra nécessaire pour rester crédible dans un journal lu par la classe dirigeante italienne : “Poutine
perd la guerre, mais….” Et c’est ce qui suit qui est important : “...il
peut encore gagner le défi de l’avenir d’une Ukraine stable et indépendante”, affirment les experts. On en parle peu en public, le problème est brûlant mais personne ne sait comment le traiter,
et l’urgence de la lutte contre l’invasion russe oblige à repousser toutes les autres questions. “Lorsque la maison brûle, il faut d’abord éteindre le feu et ce n’est que plus tard que l’on pense
aux meubles à acheter”, se défendent les fonctionnaires du gouvernement Zelensky.”
L’auteur parle d’un exode massif : “Pourtant,
la question semble trop urgente pour être remise à plus tard. Il suffit de regarder les chiffres : au moment de l’indépendance en 1991, après l’implosion de l’Union soviétique, l’Ukraine comptait
environ 52 millions d’habitants. Le recensement national de 2001 faisait état de 48,5 millions, chiffre qui aurait chuté à 42 dans les mois précédant l’invasion ordonnée par Poutine le 24 février
2022. (…) Mais le coup le plus dur a été porté dans les premières semaines des 17 derniers mois de guerre, qui ont vu les femmes et les enfants fuir massivement à l’étranger, le gouvernement
ayant immédiatement interdit le départ des hommes âgés de 18 à 65 ans. Aujourd’hui, la population résidente est estimée entre 28 et 31 millions de personnes“.
Et l’auteur de continuer, alarmiste : “Passer
de 52 millions à moins de 30 en trois décennies : une perte très grave pour le pays, qui compromet ses chances de reconstruction après la fin de la guerre, pénalise la normalisation économique,
coule le système de retraite”, explique Alexander Demenchuk, recteur de la faculté de sciences politiques de Kiev : “Il n’y a pas d’enfants, donc pas d’avenir”. Les jeunes femmes issues des
classes moyennes supérieures et ayant un excellent niveau scolaire s’en vont. Et ce qui est encore plus grave, c’est que plus de la moitié d’entre elles n’ont pas l’intention de revenir en
Ukraine. Les enfants étudient dans des écoles allemandes, polonaises, autrichiennes, françaises ou néerlandaises. Les mères ont immédiatement trouvé du travail. La politique d’accueil européenne
a d’abord semblé être un miracle de générosité, mais elle s’avère aujourd’hui être une malédiction”. Selon Ella Libanova, démographe réputée de l’Académie nationale des sciences, cela se
répercute sur le taux de fécondité, qui a chuté à 0,7 %, l’un des plus bas du monde”.
“Ce
sont des données que nous, journalistes“, conclut Cremonesi,”vérifions
tous les jours. Tous les centres urbains autour du Donbass sont semi-déserts : il ne reste que les personnes âgées, les malades et les pauvres. Mais le problème est national. La plupart de mes
meilleurs employés ont rapidement trouvé du travail en Pologne et en France. Nos industries ne fonctionnent pas, il n’y a pas de marché. Aucun d’entre eux ne reviendra”, déclare Sergei, un
entrepreneur en informatique qui possède des bureaux dans tout le pays. Il lui arrive de rencontrer des soldats et des officiers qui racontent qu’ils sont restés seuls. “Ma femme et nos deux
enfants de cinq et sept ans sont partis pour l’Allemagne dès les premiers jours de la guerre. Depuis, nous sommes de moins en moins en contact. Et voilà que j’apprends qu’elle s’est trouvé un
nouveau compagnon”, raconte Alexei, un capitaine de 40 ans cantonné près de Bakhmut. Le conflit va augmenter le nombre de divorces. Les femmes quittent les hommes, mais même les soldats trouvent
parfois de nouvelles compagnes”, explique Jiulia Komar, une psychologue qui s’occupe des difficultés familiales. Le débat est ouvert sur la question des retours possibles. Une étude récente du
HCR estime que 76 % des réfugiés ont l’intention de rentrer. Mais les experts ukrainiens restent très sceptiques. Dans les deux prochains mois, notre gouvernement élaborera un programme de
soutien aux retours, en essayant d’impliquer les partenaires européens”, déclare le professeur Demenchuk. Il espère que cela se fera “le plus tôt possible“”
Prigogine en fou déplacé de manière très calculé sur l’échiquier
Il se confirme que le putsch manqué de Prigogine avait été anticipé depuis un moment par Moscou. Le transfert des hommes de Wagner vers la Biélorussie est comme un
déplacement sur l’échiquier anticipé plusieurs coups à l’avance : les hommes de Wagner font désormais partie de la dissuasion conventionnelle
biélorusse face au Kriegsspiel que mènent en ce moment Américains et Polonais :
“Après
la tentative de mutinerie en Russie, des milliers de combattants de Wagner sont partis pour le Belarus. La base militaire de la compagnie militaire privée est située près du village de Tsel, où
Prigojine a enregistré la société “Concord Management and Consulting”.
Aujourd’hui, Wagner poursuit une coopération active avec les forces armées de Biélorussie. Récemment, les combattants de Wagner ont partagé leur expérience du combat avec les militaires de la 38e
brigade d’assaut aéroportée séparée des forces d’opérations spéciales. Cette brigade est stationnée à Brest, à la frontière polonaise.
Lors de ses récents entretiens avec son homologue russe, Loukachenko a déclaré en plaisantant que les combattants de Wagner avaient demandé à les envoyer en excursion à l’ouest, à Varsovie, à
Rzeszow. Il y a un aérodrome près de Rzeszow, qui est devenu une grande plaque tournante de l’OTAN pour le transfert d’armes vers l’Ukraine.
En fait, Loukachenko a révélé l’objectif principal du transfert de la compagnie militaire privée en Biélorussie et a désigné le casus belli. Les tâches de Wagner comprennent non seulement la
formation des militaires biélorusses, mais aussi la création d’une force de frappe pour contrer les pays de l’OTAN souhaitant soutenir Kiev sur le champ de bataille.
Selon Loukachenko, l’une des brigades polonaises est déjà déployée à 40 km de Brest, l’autre à environ 100 km de Grodno.
Début juillet, le commandement général des forces armées polonaises a fait part de la décision de transférer 1 000 militaires et près de 200 unités d’équipement des 12e et 17e brigades mécanisées
vers la partie orientale de la Pologne.
L’ambassadeur des États-Unis en Pologne a annoncé que des exercices d’aviation polono-américains se tiendront près de Varsovie le mois prochain.
Le ministère polonais de la défense a également annoncé le déploiement d’un nouveau bataillon de sapeurs dans la ville d’Augustow, dans le corridor de Suwalki. Ce corridor de 100 kilomètres,
situé entre la Biélorussie et la région russe de Kaliningrad, est considéré comme l’endroit le plus vulnérable du flanc oriental de l’OTAN. La Pologne y renforce sa présence militaire, car elle
craint que la Lituanie ne soit coupée du monde en cas d’hostilités.
Poutine a averti que les dirigeants polonais s’attendent à créer une sorte de coalition et à intervenir dans le conflit en Ukraine sous la protection de l’OTAN. Leur véritable objectif est de
récupérer, comme ils le pensent, leurs territoires historiques dans l’ouest de l’Ukraine. “Il est de notoriété publique qu’ils rêvent également des terres biélorusses”, a-t-il affirmé, menaçant
que “le déclenchement d’une agression contre la Biélorussie entraînera une agression” contre la Russie.“
M.K. Bhadrakumar décrypte la tentation polonaise et les annonces de Poutine et Loukachenko
“Le
problème de la guerre en Ukraine est qu’elle n’a été que de la poudre aux yeux. Les objectifs russes de “démilitarisation” et de “dé-nazification” de l’Ukraine ont pris une allure surréaliste. Le
discours occidental selon lequel la guerre se déroule entre la Russie et l’Ukraine, où la question centrale est le principe westphalien de la souveraineté nationale, s’est progressivement étiolé,
laissant un vide.
On se rend compte aujourd’hui que la guerre est en fait entre la Russie et l’OTAN et que l’Ukraine a cessé d’être un pays souverain depuis 2014, lorsque la CIA et les autres agences occidentales
– l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Suède, etc.
Le brouillard de la guerre se dissipe et les lignes de combat deviennent visibles. Au niveau des autorités, une discussion franche s’engage sur la fin du jeu.
La vidéoconférence du président russe Vladimir Poutine avec les membres permanents du Conseil de sécurité à Moscou vendredi dernier et sa rencontre avec le président biélorusse Alexandre
Loukachenko à Saint-Pétersbourg dimanche deviennent certainement le moment décisif. (…)
Il ne fait aucun doute que les deux événements ont été soigneusement chorégraphiés par les responsables du Kremlin et qu’ils visaient à transmettre plusieurs messages. La Russie est convaincue
d’avoir dominé le front de bataille, d’avoir écrasé l’armée ukrainienne et d’avoir relégué la “contre-offensive” de Kiev dans le rétroviseur. Mais Moscou prévoit que l’administration Biden
pourrait avoir en tête un plan de guerre encore plus ambitieux.
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, M. Poutine a “déclassifié” les rapports des services de renseignement qui parviennent à Moscou de diverses sources et qui font état de manœuvres visant
à insérer un corps expéditionnaire polonais dans l’ouest de l’Ukraine. Poutine l’a qualifié d'”unité militaire régulière bien organisée et équipée qui sera utilisée pour des opérations” en
Ukraine occidentale “en vue de l’occupation ultérieure de ces territoires”.
En effet, le revanchisme polonais a une longue histoire. Poutine, lui-même féru d’histoire, en a longuement parlé. Il s’est montré stoïque en déclarant que si les autorités de Kiev devaient
acquiescer à ce plan américano-polonais, “comme le font généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas”.
Mais, a ajouté M. Poutine, “la Biélorussie est unie à la Russie par un lien confédéral, et lancer une agression contre la Biélorussie reviendrait à lancer une agression contre la Fédération de
Russie. Nous y répondrons avec toutes les ressources dont nous disposons”. M. Poutine a averti que ce qui se prépare “est un jeu extrêmement dangereux, et les auteurs de tels plans devraient
réfléchir aux conséquences”.
Dimanche, lors de sa rencontre avec M. Poutine à Saint-Pétersbourg, M. Loukachenko a repris le fil de la discussion. Il a informé Poutine des nouveaux déploiements polonais près de la frontière
biélorusse – à seulement 40 km de Brest – et d’autres préparatifs en cours – l’ouverture d’un atelier de réparation pour les chars Leopard en Pologne, l’activation d’un aérodrome à Rzeszow sur la
frontière ukrainienne (à environ 100 km de Lvov) pour l’utilisation d’armes transférées par les Américains, de mercenaires, etc.
Loukachenko a déclaré : “C’est inacceptable pour nous. L’aliénation de l’Ukraine occidentale, le démembrement de l’Ukraine et le transfert de ses terres à la Pologne sont inacceptables. Si les
habitants de l’Ukraine occidentale nous le demandent, nous leur apporterons notre soutien. Je vous demande [à Poutine] de discuter et de réfléchir à cette question. Naturellement, j’aimerais que
vous nous souteniez à cet égard. Si le besoin d’un tel soutien se fait sentir, si l’Ukraine occidentale nous demande de l’aide, alors nous fournirons une assistance et un soutien aux habitants de
l’Ukraine occidentale. Dans ce cas, nous les soutiendrons de toutes les manières possibles”.
M. Loukachenko a ajouté : “Je vous demande de discuter de cette question et d’y réfléchir. Il est évident que j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Avec ce soutien, et si l’Ukraine
occidentale demande cette aide, nous fournirons sans aucun doute une assistance et un soutien à la population occidentale de l’Ukraine”.
Comme on pouvait s’y attendre, Poutine n’a pas répondu, du moins pas publiquement. M. Loukachenko a caractérisé l’intervention polonaise comme équivalant au démembrement de l’Ukraine et à son
absorption “en pièces détachées” dans l’OTAN. M. Loukachenko a été direct : “Cette démarche est soutenue par les Américains. Il est intéressant de noter qu’il a également demandé le déploiement
de combattants Wagner pour contrer la menace qui pèse sur le Belarus.
L’essentiel est que Poutine et Loukachenko aient tenu une telle discussion publiquement. Il est clair que tous deux se sont exprimés sur la base de renseignements. Ils anticipent un point
d’inflexion à venir.
C’est une chose que le peuple russe soit bien conscient que son pays combat de facto l’OTAN en Ukraine. Mais c’est une toute autre chose que cette guerre puisse dégénérer en guerre avec la
Pologne, une armée de l’OTAN que les États-Unis considèrent comme leur partenaire le plus important en Europe continentale.
En s’attardant longuement sur le revanchisme polonais, qui a un passé controversé dans l’histoire moderne de l’Europe, Poutine a probablement calculé qu’en Europe, y compris en Pologne, il
pourrait y avoir une résistance aux machinations qui pourraient entraîner l’OTAN dans une guerre continentale avec la Russie.
De même, la Pologne doit elle aussi hésiter. Selon Politico, l’armée polonaise compte environ 150 000 hommes, dont 30 000 appartiennent à une nouvelle force de défense territoriale qui sont des
“soldats du week-end qui suivent une formation de 16 jours suivie de cours de recyclage”.
Encore une fois, la puissance militaire de la Pologne ne se traduit pas par une influence politique en Europe, car les forces centristes qui dominent l’UE se méfient de Varsovie, (…)
La Pologne a surtout des raisons de s’inquiéter de la fiabilité de Washington. À l’avenir, la préoccupation des dirigeants polonais sera, paradoxalement, que Donald Trump ne revienne pas à la
présidence en 2024. Malgré la coopération avec le Pentagone dans le cadre de la guerre en Ukraine, les dirigeants polonais actuels restent méfiants à l’égard du président Joe Biden, tout comme le
Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Tout bien considéré, il est donc logique que les coups de sabre de Loukachenko et la leçon de Poutine sur l’histoire européenne puissent être considérés comme un avertissement à l’Occident en vue
de moduler une fin de partie en Ukraine qui soit optimale pour les intérêts de la Russie. Un démembrement de l’Ukraine ou une extension incontrôlable de la guerre au-delà de ses frontières ne
serait pas dans l’intérêt de la Russie.
Mais les dirigeants du Kremlin tiendront compte de l’éventualité que les folies de Washington, dues à son besoin désespéré de sauver la face après une défaite humiliante dans la guerre par
procuration, ne laissent pas d’autre choix aux forces russes que de traverser le Dniepr et d’avancer jusqu’à la frontière polonaise pour empêcher l’occupation de l’Ukraine occidentale par ce que
l’on appelle le Triangle de Lublin, une alliance régionale à l’orientation anti-russe virulente comprenant la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine, formée en juillet 2020 et encouragée par
Washington.
Les réunions consécutives de M. Poutine à Moscou et à Saint-Pétersbourg éclairent la pensée russe quant à trois éléments clés de la fin de la partie en Ukraine. Premièrement, la Russie n’a pas
l’intention de conquérir le territoire de l’Ukraine occidentale, mais elle insistera pour avoir son mot à dire sur la manière dont les nouvelles frontières du pays et le futur régime se
présenteront et agiront, ce qui signifie qu’un État antirusse ne sera pas autorisé.
Deuxièmement, le plan de l’administration Biden visant à arracher la victoire à la défaite est voué à l’échec, car la Russie n’hésitera pas à contrer toute tentative continue des États-Unis et de
l’OTAN d’utiliser le territoire ukrainien comme tremplin pour mener une nouvelle guerre par procuration, ce qui signifie que l’absorption de l’Ukraine “en pièces détachées” dans l’OTAN restera un
fantasme.
Troisièmement, et c’est le plus important, l’armée russe aguerrie, soutenue par une puissante industrie de défense et une économie robuste, n’hésitera pas à affronter les pays membres de l’OTAN
limitrophes de l’Ukraine s’ils empiètent sur les intérêts fondamentaux de la Russie, ce qui signifie que les intérêts fondamentaux de la Russie ne seront pas pris en otage par l’article 5 de la
Charte de l’OTAN.
De la contre-offensive ukrainienne à une contre-offensive russe ?
“Les
dernières réserves des nouvelles brigades mécanisées des forces armées ukrainiennes sont déjà déployées sur les lignes de front. Environ deux tiers des forces de réserve sont déjà impliquées dans
les hostilités et la plupart d’entre elles sont déployées dans la région de Zaporojie, où l’armée ukrainienne n’a remporté aucun succès stratégique.
Par exemple, les 116e, 117e et 118e brigades ont renforcé l’offensive sur le front de Zaporojie. Les forces de la “Garde offensive”, dont on vante les mérites, combattent déjà à leurs côtés. Il
s’agit d’une réserve de détachements de la Garde nationale, de gardes-frontières et d’unités de police, créée spécifiquement pour l’offensive d’été. En fait, les huit brigades de la Garde sont
déjà sur le front.
En particulier, les brigades “Kara-Dag”, “Spartan” et “Azov” sont déployées dans la région de Rabotino. Les (…) chefs d’Azov s’y sont également rendus depuis la Turquie. Cette fois, ils n’ont pas
le choix de se rendre comme ils l’ont fait à Marioupol.
Malgré les renforts, les Ukrainiens ne remportent aucune victoire. Des groupes d’assaut appuyés par des véhicules blindés tentent toujours de percer la défense russe, subissant de lourdes pertes.
Les soldats ukrainiens se rendent en masse. Les équipements militaires occidentaux brûlent dans les steppes.
Pendant ce temps, sur les fronts nord du Donbass, la situation de l’armée ukrainienne est encore pire. Les forces russes sont passées à l’offensive en s’approchant de Kupyansk et en détruisant
les positions militaires ukrainiennes près de Svatovo et de Kremennaya.
Ces derniers jours, les unités russes n’ont cessé d’avancer, obligeant les unités ukrainiennes à défendre le bastion de Zarechnoe avec des forces supplémentaires. Au nord-est de Kupyansk, les
forces russes ont récemment avancé d’un kilomètre en profondeur et jusqu’à deux kilomètres le long du front. La construction de fortifications est actuellement en cours dans les territoires
libérés.
Les Ukrainiens ne s’attendaient pas à l’offensive russe et ont envoyé en toute hâte la 41e brigade de leurs réserves à Koupyansk. Selon le message, la 44e brigade devrait également s’y rendre
prochainement.“
Selon le WallStreet Journal, les
dirigeants occidentaux savaient que l’armée ukrainienne n”‘était pas prête à une contre-offensive mais ils ont forcé le cours des choses..
.
De Kherson à Odessa
Selon Ahmed Adel : le 23
juillet, il a été révélé que l’armée russe avait détruit une quantité record de blindés fournis par l’Occident à l’Ukraine en seulement 24 heures, tout en repoussant la contre-offensive tant
attendue de Kiev. Les forces russes ont éliminé au moins 15 chars Leopard de fabrication allemande et plus de 20 véhicules de combat d’infanterie Bradley de fabrication américaine en un seul
engagement. Parallèlement, depuis le début de la contre-offensive ukrainienne, la première semaine de juin, Kiev a perdu plus de 26 000 soldats, ce qui confirme que l’attaque tant attendue
n’était rien d’autre qu’un échec.
Audacieuses frappes russes le long du Danube
Dans la nuit du 23 au 24 juillet ; comme l’explique Andrew Korybko ; “La Russie a mené une frappe
chirurgicale tôt lundi matin contre des cibles dans la ville de Reni, sur la rive ukrainienne du Danube, près de la triple frontière avec la Moldavie et la Roumanie. (…)
(…) La
frappe chirurgicale de lundi matin était très importante car elle a envoyé plusieurs messages que les adversaires de la Russie feraient bien de prendre en compte. Tout d’abord, Reni est situé de
l’autre côté du Danube, de l’autre côté de la Roumanie, membre de l’OTAN, ce qui démontre que la Russie frappera des cibles n’importe où en Ukraine et qu’elle peut le faire avec une précision
maximale. Les ressources militaires et/ou terroristes basées à la frontière littérale de ce bloc, mais juste en dehors de la juridiction de l’article 5, ne peuvent plus considérer leur sécurité
comme acquise.
Le deuxième message est que la Russie est déterminée à sévir contre les menaces à sa sécurité qui étaient auparavant intouchables parce que Kiev avait exploité
l’accord sur les céréales pour protéger certains de ses actifs susmentionnés. (…)
Troisièmement, la frappe chirurgicale sur Reni a prouvé que la Russie disposait de renseignements exploitables sur le rôle du Danube dans le réseau logistique militaire de Kiev, ce que de
nombreux observateurs soupçonnaient depuis un certain temps. (…)
Le quatrième message est que la Russie sait désormais que l’OTAN n’étendra pas son parapluie de défense aérienne sur une quelconque partie de l’Ukraine après qu’aucun effort n’a été fait pour
arrêter sa frappe chirurgicale à Reni, à la frontière roumaine. Soit l’OTAN n’a pas vu les missiles s’approcher de sa zone de défense aérienne, soit elle les a détectés mais n’a pas tenté de les
intercepter afin que la Russie ne pense pas qu’elle est prête à s’impliquer directement dans cette guerre par procuration. Quoi qu’il en soit, l’OTAN apparaît comme faible et la Russie se sent
ainsi encouragée à poursuivre ses frappes près de ses frontières.
Enfin, cette frappe réussie signifie qu’aucune partie du réseau logistique militaire de Kiev n’est à l’abri, ce qui pourrait accroître l’avantage de Moscou dans la “course à la
logistique”/”guerre d’usure” entre l’OTAN et la Russie, si elle maintient le rythme de ces attaques contre les ressources jusque-là intouchables de son adversaire. Dans ce cas, les pourparlers de
paix pourraient reprendre plus tôt que prévu (…).
En gardant ces cinq messages à l’esprit, il ne fait aucun doute que la frappe chirurgicale de la Russie contre des équipements militaires et/ou terroristes à la triple frontière moldave, roumaine
et ukrainienne est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît à première vue. Non seulement la Russie a frappé plus près de l’OTAN que jamais, mais ce bloc n’a même pas essayé de l’arrêter, ce qui
suggère qu’il est peu enclin à se laisser entraîner encore plus profondément dans cette guerre par procuration. Si la Pologne n’intervient pas unilatéralement d’ici la fin de l’été, les
pourparlers de paix pourraient reprendre peu après”.
Derniers développements
Le 24 juillet, des agents ukrainiens ont tenté de toucher le Ministère de la Défense, à Moscou, avec des drones. Les lancers de drones et de missiles vers la Crimée
sont quotidiens..(ici,ici, ici). Le 26 juillet 2023 :
l’armée ukrainienne a tenté une nouvelle
percée en direction de Zaporojie.
La désindustrialisation transatlantique met l’OTAN en infériorité de matériel face à la Russie
Selon Uriel Araujo
: “En
ce qui concerne les munitions, le problème est que les autorités américaines elles-mêmes estiment que Moscou est capable de produire “1 million de munitions d’artillerie de 152 mm par an”. Les
États-Unis, en revanche, n’en produisent qu’un septième, selon Hal Brands.
À l’heure actuelle, les États-Unis eux-mêmes doivent acheter des munitions d’artillerie conventionnelles à leur allié sud-coréen. Dans ce que M. Brands décrit comme une “chasse aux munitions
désespérée à l’échelle mondiale”, Washington a également cherché des munitions au Japon et “repositionné des munitions stockées en Israël vers l’Ukraine”.
Les stocks européens ne sont pas en meilleur état. Selon l’Institut international d’études stratégiques, les forces armées des États européens membres de l’OTAN sont “vidées de leur substance, en
proie à des équipements inutilisables et à des stocks de munitions gravement épuisés”. Le journaliste et historien militaire de Bloomberg Max Hastings écrit qu’il y a plus d’un an, Berlin s’était
engagé à consacrer 100 milliards d’euros à la reconstruction de ses forces usées. Or, jusqu’à présent, on estime que seul 1 % de cette somme a été dépensé. Le mois dernier, la stratégie de
sécurité nationale allemande a souligné la faiblesse de l’économie allemande. Selon M. Hastings, la “volonté politique” de renforcer les forces armées est “absente” non seulement en Allemagne,
mais aussi dans d’autres pays européens.
(…) Le problème de l’Europe va bien au-delà de l’épuisement des stocks d’armes : pour qu’elle puisse se réarmer, une réindustrialisation est indispensable, ce à
quoi, ironiquement, Washington lui-même s’est constamment opposé par le biais de sa guerre de subventions contre le bloc européen”.
Qui peut donner des garanties de sécurité à l’Ukraine ?
Depuis que l’Ukraine est devenue un État indépendant, l’une des principales questions qu’elle se pose est de savoir qui ou quoi peut potentiellement
garantir sa sécurité.
Dans les premières années qui ont suivi 1991, le gouvernement ukrainien pensait pouvoir assurer sa propre sécurité. Il avait hérité de quelques armes
nucléaires soviétiques et a tenté de les utiliser. Mais il n’a pas réussi à contourner les verrous de sécurité que les ingénieurs russes avaient intégrés aux têtes nucléaires.
Les États-Unis ont également exercé des pressions pour que l’Ukraine se débarrasse de ces dispositifs, car à l’époque, elle vendait fréquemment ses armes de
l’ère soviétique à divers acteurs douteux dans le monde entier.
L’Ukraine, ainsi que la Biélorussie et le Kazakhstan, ont été poussés à adhérer au traité de non-prolifération nucléaire. En échange, elle a obtenu
le mémorandum
de Budapest, une faible promesse de non-ingérence :
«Les mémorandums,
signés dans la salle Patria du Centre des congrès de Budapest en présence notamment de l’ambassadeur américain Donald M. Blinken, interdisaient à la Fédération de Russie, au Royaume-Uni
et aux États-Unis de menacer ou d’utiliser la force militaire ou la coercition économique contre l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan, «sauf en cas de légitime défense ou autrement,
conformément à la Charte des Nations unies». À la suite d’autres accords et du mémorandum, entre 1993 et 1996, la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ont renoncé à leurs armes
nucléaires».
Deux notes annexes sont intéressantes :
1. L’ambassadeur Donald M. Blinken est le père de l’actuel secrétaire d’État Anthony Blinken.
2. Officiellement, la Russie n’a pas rompu le mémorandum de Budapest. Elle a reconnu les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk comme des États
indépendants. Elle a signé des accords de sécurité avec eux, puis est entrée dans la guerre en Ukraine, qui durait depuis 2014, en vertu de l’article 51 – autodéfense commune – de la
Charte des Nations unies. Les juristes débattront de cet argument pendant des années, mais il n’est pas différent de l’argument utilisé par l’OTAN pour justifier le démantèlement violent
de la Yougoslavie.
Après la signature du mémorandum de Budapest, les armes nucléaires soviétiques que l’Ukraine et d’autres pays possédaient encore ont été renvoyées en
Russie.
Au milieu de la première décennie du troisième millénaire, la Russie s’était largement remise des chocs qui avaient suivi l’éclatement de l’Union
soviétique. Entre-temps, l’Ukraine s’est effondrée. Sa population a fortement diminué, ses industries se sont effondrées et la corruption généralisée a dévoré ce qui restait de ses
richesses. Sa propre armée, bien que sur le papier encore bien armée, n’était plus en mesure de défendre le pays. Cela ne posait pas de problème à l’époque, car personne ne souhaitait
vraiment le menacer.
Mais l’OTAN, en violation des promesses
faites à la Russie, s’est élargie et s’est rapprochée de la frontière ukrainienne. En 2008, toujours à Budapest, les États-Unis ont profité d’un sommet de l’OTAN pour faire pression
sur les autres pays de l’Alliance afin qu’ils proposent à l’Ukraine un plan d’action pour l’adhésion (MAP). Cette promesse n’était toutefois pas assortie d’une date future.
En 2013, l’Union européenne a fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle signe un accord de libre-échange avec elle. La Russie, qui était le principal
partenaire commercial de l’Ukraine, a fait une contre-offre plus avantageuse sur le plan financier et moins restrictive sur le plan politique. Le président ukrainien Victor Ianoukovytch a
alors dû rejeter l’accord de l’UE. Les États-Unis, en collaboration avec les services secrets allemands (BND), entretenaient des liens de longue date avec les groupes de droite de l’ouest
de l’Ukraine qui avaient coopéré avec l’Allemagne nazie et avaient été rattachés à la Wehrmacht allemande. La CIA a réactivé ces groupes et a provoqué une violente
révolution de couleur à Kiev.
Cette révolution a débouché sur une guerre civile, une grande partie des Russes ethniques de l’est de l’Ukraine ayant rejeté le nouveau régime mis en place
par une minorité de l’ouest de l’Ukraine.
Si les Russes ethniques d’Ukraine ont perdu le contrôle de la plupart de leurs régions d’origine, ils ont aussi rapidement vaincu ce qui restait de l’armée
ukrainienne. Ils l’ont fait à deux reprises.
Depuis 2015, le conflit est dans l’impasse. Les accords de Minsk, en vertu desquels l’Ukraine était censée se fédéraliser, ont été signés, mais l’Ukraine a
bloqué leur mise en œuvre. Pendant ce temps, les États-Unis et la Grande-Bretagne en ont profité pour rétablir et réarmer l’armée ukrainienne.
En 2021, l’Ukraine était prête à attaquer les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk. La Russie a activé son armée et a averti qu’elle devrait
interférer avec de tels plans. Le lancement imminent d’une attaque ukrainienne a été annulé. Début 2022, les États-Unis ont donné le feu vert aux Ukrainiens pour lancer leur attaque
prévue de longue date. La Russie est intervenue et la guerre actuelle a commencé.
Les plans américains à l’origine de la guerre prévoyaient que les sanctions occidentales pré-coordonnées qui suivraient immédiatement ruineraient la Russie,
que la Russie serait rejetée par le reste du monde et qu’une défaite militaire de l’armée russe conduirait à un changement de régime à Moscou.
L’Ukraine s’attendait à ce que, après avoir gagné une guerre contre ses séparatistes, elle devienne immédiatement membre de l’OTAN.
Aucune de ces attentes (totalement irréalistes) n’a été satisfaite.
L’Ukraine est manifestement en train de perdre la guerre. Elle devra bientôt signer un accord de cessez-le-feu de type capitulation avec la Russie.
Mais qui ou quoi peut garantir qu’un tel accord sera respecté ?
L’adhésion à l’OTAN n’est plus une option.
Le 11 juillet, un sommet du Conseil de l’Atlantique Nord à Vilnius a déclaré que
l’Ukraine n’aurait pas à suivre le plan d’action officiel pour l’adhésion. Mais il a ensuite remplacé les conditions formelles du MAP pour l’adhésion par une formulation beaucoup plus
vague :
«Nous serons en mesure
d’inviter l’Ukraine à adhérer à l’Alliance lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies».
Le secrétaire général de l’OTAN a été encore plus explicite :
«… à moins que
l’Ukraine ne gagne cette guerre, il n’y a aucune question d’adhésion à discuter».
Il n’y aura pas d’adhésion à l’OTAN ni de garanties de sécurité de l’OTAN pour l’Ukraine, ni maintenant ni jamais.
Une garantie de sécurité totale directe de Washington à Kiev est également impossible. Cela créerait une forte probabilité de guerre directe entre les
États-Unis et la Russie, qui deviendrait rapidement nucléaire. Les États-Unis ne veulent pas prendre ce risque.
Aussi, lorsque, au cours des préparatifs du sommet de Vilnius, il est apparu clairement que les alliés n’accepteraient pas l’adhésion de l’Ukraine, le
président américain Biden a présenté
une alternative :
«Les États-Unis sont
prêts à offrir à Kiev une sorte d’arrangement de sécurité actuellement offert à Israël au lieu d’une adhésion à l’OTAN, a déclaré le président Joe Biden à CNN dans une interview diffusée
en avant-première vendredi.
«Je ne pense pas
qu’elle soit prête à adhérer à l’OTAN», a déclaré Biden à propos de l’Ukraine. «Je ne pense pas qu’il y ait unanimité au sein de l’OTAN sur la question de savoir s’il faut ou non intégrer
l’Ukraine dans la famille de l’OTAN maintenant, en ce moment, au milieu d’une guerre».
«Et l’une des choses
que j’ai indiquées, c’est que les États-Unis seraient prêts à fournir, pendant que le processus se déroule, et cela va prendre un certain temps, à fournir une sécurité à l’image de celle
que nous fournissons à Israël : fournir l’armement dont ils ont besoin, la capacité de se défendre», a déclaré Biden, ajoutant : «S’il y a un accord, s’il y a un cessez-le-feu, s’il y a
un accord de paix»».
Cette solution est toutefois encore plus irréaliste que l’adhésion à l’OTAN. Comme l’affirme de
manière convaincante Geoffrey Aronson :
«La pertinence du
modèle israélien embrassé par Biden pour la sécurité de l’Ukraine est profondément erronée sur le plan conceptuel et pratique. […]
En termes
opérationnels, le modèle israélien est à peine pertinent pour la situation difficile dans laquelle se trouve l’Ukraine et ne constitue guère un bon modèle sur lequel construire la
relation de sécurité souhaitée entre les États-Unis, l’OTAN et l’Ukraine. Sur le plan conceptuel, il n’y a guère plus qu’une comparaison superficielle entre Jérusalem et Kiev pour
recommander le concept. […]
Les liens de sécurité
entre les États-Unis et Israël sont nés de trois éléments principaux : (1) la concurrence de la guerre froide au Moyen-Orient ; (2) la victoire écrasante d’Israël en juin 1967 ; et (3) le
développement subreptice par Israël d’une capacité d’armement nucléaire à partir des années 1950.
Il est pratiquement
impossible que l’Ukraine puisse sortir de sa guerre contre la Russie avec le type de victoire territoriale totale qui a servi de base aux liens entre les États-Unis et Israël après juin
1967. […]
Dans ce contexte, il
se peut que certains en Ukraine (mais on espère que ce n’est pas le cas à Washington) considèrent le modèle israélien – créer une option intégrée d’armes nucléaires tout en maintenant
l’ambiguïté nucléaire tant que le pipeline d’armes conventionnelles en provenance de Washington est ouvert – comme instructif».
Mais là encore, la réalité s’immisce. L’accord conclu par les États-Unis avec Israël vise explicitement à garantir la supériorité d’Israël en matière
d’armes conventionnelles contre toute combinaison d’ennemis arabes et iraniens. À cette fin, jusqu’à l’exercice 2020, les États-Unis ont fourni à Israël 146 milliards de dollars en
financement militaire, économique et de défense antimissile – 236 milliards de dollars en dollars de 2018.
Au cours de la première année de la guerre, l’Ukraine a reçu 77 milliards de dollars de Washington, soit environ la moitié de son aide militaire, économique
et humanitaire totale.
Au mieux, le soutien militaire américain, à son niveau historique actuel, a permis à Kiev de se retrouver dans une impasse militaire. L’Ukraine,
certainement en dehors de l’OTAN et peut-être même en tant que membre, ne bénéficiera jamais d’un avantage militaire de qualité (QME) de type israélien par rapport à Moscou, ni ne sera en
mesure de commander l’agenda stratégique ou sécuritaire de la région comme Israël l’a fait au Moyen-Orient.
La puissance de la Russie fait que même une tentative de garantie de sécurité pour l’Ukraine à la manière d’Israël serait trop coûteuse pour les États-Unis
et donc tout simplement impossible.
Il n’y a qu’un seul pays au monde qui puisse garantir la paix en Ukraine et la sécurité de ses frontières. Ce pays, c’est la Russie !
Mais toute garantie de ce type sera évidemment assortie de conditions. Soit l’Ukraine les accepte, soit elle ne sera jamais à l’abri d’une ingérence
extérieure.
C’est tout simplement une réalité avec laquelle l’Ukraine a dû et devra vivre.
Le problème de la guerre en Ukraine est qu’elle n’a été que de la poudre aux yeux. Les objectifs russes de «démilitarisation» et de «dé-nazification» de
l’Ukraine ont pris une allure surréaliste. Le discours occidental selon lequel la guerre se déroule entre la Russie et l’Ukraine, où la question centrale est le principe westphalien de la
souveraineté nationale, s’est progressivement étiolé, laissant un vide.
On se rend compte aujourd’hui que la guerre est en fait entre la Russie et l’OTAN et que l’Ukraine a cessé d’être un pays souverain depuis 2014, lorsque la
CIA et les agences occidentales apparentées – l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Suède, etc. ont installé un régime fantoche à Kiev.
Le brouillard de guerre se dissipe et les lignes de combat deviennent visibles. Au niveau des autorités, une discussion franche s’engage sur la fin du
jeu.
Il est certain que la vidéoconférence du président russe Vladimir Poutine avec les membres permanents du Conseil de sécurité à Moscou vendredi dernier et sa
rencontre avec le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg dimanche deviennent le moment décisif. Les deux transcriptions sont placées dos à dos et doivent
être lues ensemble (ici et ici).
Il ne fait aucun doute que les deux événements ont été soigneusement chorégraphiés par les responsables du Kremlin et qu’ils visaient à transmettre
plusieurs messages. La Russie est convaincue d’avoir dominé le front, d’avoir écrasé l’armée ukrainienne et d’avoir relégué la «contre-offensive» de Kiev dans le rétroviseur. Mais Moscou
prévoit que l’administration Biden pourrait avoir en tête un plan de guerre encore plus ambitieux.
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, Poutine a «déclassifié» les rapports des services de renseignement qui parviennent à Moscou de diverses sources
et qui font état de manœuvres visant à insérer un corps expéditionnaire polonais dans l’ouest de l’Ukraine. Poutine l’a qualifié d’«unité militaire
régulière bien organisée et équipée devant être utilisée pour des opérations» en Ukraine occidentale «en vue de
l’occupation ultérieure de ces territoires».
En effet, le revanchisme polonais a une longue histoire. Poutine, lui-même féru d’histoire, en a longuement parlé. Il s’est montré stoïque en déclarant que
si les autorités de Kiev devaient acquiescer à ce plan américano-polonais, «comme le font
généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas».
Mais, a ajouté Poutine, «la Biélorussie fait
partie de l’État de l’Union, et lancer une agression contre la Biélorussie reviendrait à lancer une agression contre la Fédération de Russie. Nous y répondrons avec toutes les ressources
dont nous disposons». Poutine a averti que ce qui se prépare «est un jeu
extrêmement dangereux, et les auteurs de tels plans devraient réfléchir aux conséquences».
Dimanche, lors de la rencontre avec Poutine à Saint-Pétersbourg, Loukachenko a repris le fil de la discussion. Il a informé Poutine des nouveaux
déploiements polonais près de la frontière avec la Biélorussie – à seulement 40 km de Brest – et d’autres préparatifs en cours – l’ouverture d’un atelier de réparation pour les chars
Leopard en Pologne, l’activation d’un aérodrome à Rzeszow sur la frontière ukrainienne (à environ 100 km de Lvov) pour le transfert d’armes, de mercenaires, etc. par les
Américains.
Loukachenko a déclaré : «C’est inacceptable
pour nous. L’aliénation de l’Ukraine occidentale, le démembrement de l’Ukraine et le transfert de ses terres à la Pologne sont inacceptables. Si les habitants de l’Ukraine occidentale
nous le demandent, nous leur apporterons notre soutien. Je vous demande [à Poutine] de discuter et de réfléchir à cette question. Naturellement, j’aimerais que vous nous souteniez à cet
égard. Si le besoin d’un tel soutien se fait sentir, si l’Ukraine occidentale nous demande de l’aide, alors nous fournirons de l’aide et du soutien aux habitants de l’Ukraine occidentale.
Dans ce cas, nous les soutiendrons de toutes les manières possibles».
Loukachenko a poursuivi : «Je vous demande de
discuter de cette question et d’y réfléchir. Il est évident que j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Avec ce soutien, et si l’Ukraine occidentale demande cette aide, nous
fournirons sans aucun doute une assistance et un soutien à la population occidentale de l’Ukraine».
Comme on pouvait s’y attendre, Poutine n’a pas répondu – du moins, pas publiquement. Loukachenko a caractérisé l’intervention polonaise comme équivalant au
démembrement de l’Ukraine et à son absorption «par morceaux» dans l’OTAN. Loukachenko a été direct : «Cette démarche est
soutenue par les Américains». Il est intéressant de noter qu’il a également demandé le déploiement
de combattants de Wagner pour contrer la menace qui pèse sur la Biélorussie.
L’essentiel est que Poutine et Loukachenko aient tenu une telle discussion publiquement. Il est clair que tous deux se sont exprimés sur la
base de renseignements. Ils anticipent un point d’inflexion à venir.
C’est une chose que le peuple russe soit bien conscient que son pays combat de facto l’OTAN en Ukraine. Mais c’est une toute autre chose que cette guerre
puisse dégénérer en guerre contre la Pologne, une armée de l’OTAN que les États-Unis considèrent comme leur partenaire le plus important en Europe continentale.
En s’attardant assez longuement sur le revanchisme polonais, qui a un bilan controversé dans l’histoire européenne moderne, Poutine a probablement calculé
qu’en Europe, notamment en Pologne, il pourrait y avoir une résistance aux machinations qui pourraient entraîner l’OTAN dans une guerre continentale contre la Russie.
De même, la Pologne doit elle aussi hésiter. Selon Politico,
l’armée polonaise compte environ 150 000 hommes, dont 30 000 appartiennent à une nouvelle force de défense territoriale qui sont «des soldats
du week-end qui suivent une formation de 16 jours suivie de cours de recyclage».
Encore une fois, la puissance militaire de la Pologne ne se traduit pas par une influence politique en Europe, car les forces centristes qui dominent l’UE
se méfient de Varsovie, qui est contrôlée par le parti nationaliste Droit et Justice, dont le mépris des normes démocratiques et de l’État de droit a nui à la réputation de la Pologne
dans l’ensemble de l’Union.
La Pologne a surtout des raisons de s’inquiéter de la fiabilité de Washington. À l’avenir, la
préoccupation des dirigeants polonais sera, paradoxalement, que Donald Trump ne revienne pas à la présidence en 2024. Malgré la coopération avec le Pentagone au sujet de la guerre en
Ukraine, les dirigeants polonais actuels restent méfiants à l’égard du président Joe Biden – un peu comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Tout bien considéré, on peut donc considérer que les coups de sabre de Loukachenko et la leçon de Poutine sur l’histoire européenne constituent plutôt un
avertissement à l’Occident en vue de moduler une fin de partie en Ukraine qui soit optimale pour les intérêts russes. Un démembrement de l’Ukraine ou une extension incontrôlable de la
guerre au-delà de ses frontières ne serait pas dans l’intérêt de la Russie.
Mais les dirigeants du Kremlin tiendront compte de l’éventualité que les folies de Washington, dues à
son besoin désespéré de sauver la face après une défaite humiliante dans la guerre par procuration, ne laissent pas d’autre choix aux forces russes que de traverser le Dniepr et d’avancer
jusqu’à la frontière polonaise pour empêcher l’occupation de l’Ukraine occidentale par ce que l’on appelle le Triangle de Lublin, une alliance régionale à
l’orientation anti-russe virulente comprenant la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine, formée en juillet 2020 et encouragée par Washington.
Les réunions consécutives de Poutine à Moscou et à Saint-Pétersbourg éclairent la pensée russe quant à trois éléments clés de la fin de la partie en
Ukraine.
- Premièrement, la Russie n’a pas l’intention de conquérir le territoire de l’Ukraine occidentale, mais elle insistera pour avoir son mot à dire sur la
manière dont les nouvelles frontières du pays et le futur régime se présenteront et agiront, ce qui signifie qu’un État antirusse ne sera pas autorisé.
- Deuxièmement, le plan de l’administration Biden visant à arracher la victoire à la défaite est voué à l’échec, car la Russie n’hésitera pas à contrer
toute tentative continue des États-Unis et de l’OTAN d’utiliser le territoire ukrainien comme tremplin pour mener une nouvelle guerre par procuration, ce qui signifie que l’absorption de
l’Ukraine «en pièces détachées» dans l’OTAN demeurera un fantasme.
- Troisièmement, et c’est le plus important, l’armée russe aguerrie, soutenue par une puissante industrie de défense et une économie robuste, n’hésitera pas
à affronter les pays membres de l’OTAN limitrophes de l’Ukraine s’ils empiètent sur les intérêts fondamentaux de la Russie, ce qui signifie que les intérêts fondamentaux de la Russie ne
seront pas pris en otage par l’article 5 de la Charte de l’OTAN.
Ce soir, l’émission News of the
Week de la télévision publique russe a commencé par un documentaire de 30 minutes sur les relations russo-polonaises depuis la fin de la Première Guerre mondiale et pendant la
période de la guerre civile russe, lorsque le gouvernement du maréchal Pilsudski a arraché d’importants territoires au contrôle de la Russie. Il traite également en détail du comportement
bien documenté de la Pologne en tant qu’agresseur et occupant des territoires tchécoslovaques, lituaniens, ukrainiens et biélorusses avant le début de la Seconde Guerre mondiale et
jusqu’à ce qu’Hitler envahisse la Pologne.
Ce reportage s’articulait autour du discours prononcé vendredi par Vladimir Poutine devant le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, qui a été
partiellement diffusé à cette date. Des extraits de ce discours ont été utilisés pour introduire certains passages du documentaire.
Rappelons que vendredi, Poutine a expliqué comment et pourquoi nous pouvons nous attendre à l’entrée officielle en guerre d’une force militaire conjointe
polono-lituanienne-ukrainienne qui sera officiellement présentée comme défendant la souveraineté de l’Ukraine en occupant l’Ukraine occidentale. Cependant, Poutine a décrit cela comme une
force d’occupation qui, une fois installée à Lvov et en Ukraine occidentale, ne partirait jamais. Il s’agirait en fait d’une répétition de la vente des intérêts ukrainiens aux Polonais et
de la cession de territoires à la Pologne, telles qu’elles ont été perpétrées par leur chef Symon Petlioura en avril 1920 et qu’elles sont maintenant répétées dans les accords secrets
entre les présidents Zelensky de l’Ukraine et Duda de Pologne.
Cependant, ce n’est pas la seule agression polonaise imminente annoncée par Vladimir Poutine vendredi. Il a déclaré que la Pologne avait également des
visées sur le territoire du Belarus. Le documentaire diffusé ce soir a étoffé cette remarque et nous a rappelé les territoires bélarussiens dont la Pologne s’est emparée par la force au
XXe siècle lorsqu’elle en a eu l’occasion. Il a également pointé du doigt les combattants bélarussiens à l’étranger qui seront utilisés par la Pologne pour lancer son offensive contre
Minsk depuis le territoire polonais, ainsi que l’armement qu’ils reçoivent des États-Unis et des pays membres de l’OTAN.
En ce qui concerne les visées polonaises sur l’Ukraine, Poutine n’a pas indiqué quelle serait la réponse de la Russie. Mais en ce qui concerne le Belarus,
il a déclaré directement vendredi que tout acte d’agression contre le Belarus serait considéré comme une attaque contre la Russie et que la Russie répondrait avec toute la force militaire
dont elle dispose. Il a averti Varsovie de réfléchir aux conséquences de ses actes.
Le discours de Poutine de vendredi semblait s’adresser à Varsovie. Le programme de ce soir était clairement destiné au grand public russe, afin de le
préparer à l’éventualité d’une guerre russo-polonaise dans un avenir proche.
Ce point a été mis en évidence par la visite du président du Belarus, M. Loukachenko, à Saint-Pétersbourg. Cette visite s’est déroulée en grande pompe. Les
deux présidents se sont rendus aujourd’hui à Kronstadt, dont ils ont visité l’église principale, foyer spirituel de la marine russe. Ils ont également visité le nouveau musée de la marine
russe, sur le point d’être inauguré, et sa pièce maîtresse, le premier sous-marin nucléaire russe, réponse du pays au Nautilus américain de l’époque. Ils ont également discuté des
menaces militaires et politiques qui pèsent sur leurs pays respectifs. Ces discussions se poursuivront demain de manière inopinée au palais Konstantinovski, à l’extérieur de
Saint-Pétersbourg. La raison de ces consultations approfondies ressort clairement des remarques faites par Loukachenko à la presse lors de sa rencontre avec Poutine, à savoir que les
services de renseignement militaire du Belarus ont suivi de très près le renforcement massif des forces polonaises, y compris des chars, des hélicoptères et d’autres équipements
militaires lourds, à plusieurs endroits près de la frontière du Belarus.
Ce soir, l’émission News of the
Week a expliqué au public russe que les nouveaux plans agressifs des Polonais ne sont mis en œuvre que parce qu’ils sont convaincus que l’Oncle Sam les soutient. Et ils ont
nommé la personne qui incarne ce lien comme étant l’ancien ministre des Affaires étrangères de Pologne Radoslaw Sikorsky (2014-15), qui est aujourd’hui membre du Parlement européen et
délégué responsable des relations avec les États-Unis. Une photo des dernières réunions de Sikorski avec des responsables du Pentagone et avec Joe Biden et ses conseillers a été diffusée
à l’écran. Pour ceux qui s’interrogent sur les opinions politiques de Sikorsky, il convient de rappeler qu’il est l’époux de la journaliste néoconservatrice Anne Applebaum, qui déteste la
Russie et qui est très connue du public américain pour ses chroniques régulières dans le Washington
Post.
D’après les talk-shows russes de ces derniers jours, il est facile de comprendre la lecture que fait le Kremlin de la guerre par procuration qui se déroule
actuellement en Ukraine et autour de ce pays : Washington constate que la contre-offensive ukrainienne est un échec total qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de membres des
forces armées ukrainiennes et a entraîné la destruction d’une grande partie des équipements occidentaux livrés à l’Ukraine au cours des derniers mois. Au lieu de rechercher la paix,
Washington cherche à ouvrir un «second front» en utilisant la Pologne à cette fin.
Une réponse possible de la Russie à toute action contre le Belarus a également été évoquée sur les ondes : S’emparer du corridor de Suwałki qui relie Kaliningrad au Belarus en traversant le territoire polonais. La prise de contrôle de
ce corridor aurait pour effet d’isoler les États baltes de la Pologne et de mettre ainsi leur sécurité en péril.
La conclusion inéluctable des dernières nouvelles est que les politiques incendiaires de Washington et l’escalade continue du conflit ne peuvent
garantir la défaite de la Russie. Au contraire, elles pourraient bien conduire à l’effondrement total de l’alliance de l’OTAN une fois que sa valeur militaire aura été discréditée de
telle sorte que les propagandistes les plus créatifs de Washington ne pourront ni l’ignorer, ni l’occulter.
Le sommet de l’OTAN à Vilnius (11-12 juillet) a montré qu’il n’y a absolument aucune possibilité de négociations pour régler la guerre en Ukraine dans un
avenir prévisible. La guerre ne fera que s’intensifier, car les États-Unis et leurs alliés espèrent toujours infliger une défaite militaire à la Russie, bien que cela soit clairement
au-delà de leurs capacités.
Le 14 juillet, le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées américain, a déclaré que la contre-offensive ukrainienne était «loin d’être un
échec», mais que le combat à venir serait «long» et
«sanglant».
Milley a la réputation de dire ce que la Maison-Blanche veut entendre, quel que soit son jugement professionnel.
En effet, le 19 juillet, l’administration Biden a annoncé une aide
supplémentaire à la sécurité d’environ 1,3 milliard de dollars pour l’Ukraine. Le Pentagone a déclaré dans un communiqué que cette annonce «représente le début
d’un processus de passation de marchés visant à fournir des capacités prioritaires supplémentaires à l’Ukraine». En d’autres termes, les États-Unis utiliseront les fonds de leur
programme d’assistance à la sécurité en Ukraine, qui permet à l’administration d’acheter des armes à l’industrie plutôt que de puiser dans les stocks d’armes américains.
Selon le Pentagone, le dernier paquet comprend quatre systèmes nationaux avancés de missiles sol-air (NASAMS) et des munitions, des obus d’artillerie de 152
mm, du matériel de déminage et des drones.
Entre-temps, dans un développement inquiétant, à peine la Russie a-t-elle laissé l’accord sur les céréales négocié par l’ONU expirer le 17 juillet, le
président ukrainien Vladimir Zelensky a révélé qu’il avait envoyé des lettres officielles au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et au président turc, Tayyip Erdogan, suggérant
de poursuivre l’accord sur les céréales sans la participation de la Russie.
Dès le lendemain, Kiev a envoyé une lettre officielle à l’Organisation maritime internationale des Nations unies pour lui proposer un nouveau
corridor maritime traversant les eaux territoriales et la zone économique maritime exclusive de la Roumanie dans la partie nord-ouest de la mer Noire.
De toute évidence, Kiev a agi de concert avec la Roumanie (un pays membre de l’OTAN où est déployée la 101e division aéroportée de l’armée américaine). On
peut supposer que les États-Unis et l’OTAN sont dans la boucle pendant que l’imprimatur de l’ONU est en cours d’élaboration. Il va sans dire que l’OTAN travaille depuis un certain temps
déjà sur une nouvelle route maritime en mer Noire.
Il s’agit d’un développement sérieux, car il semble être un précurseur de l’implication de l’OTAN d’une manière ou d’une autre pour contester la domination
de la Russie dans le domaine de la mer Noire. En effet, le communiqué du sommet de Vilnius de l’OTAN (11 juillet) prévoyait que l’Alliance se préparait à renforcer considérablement sa
présence dans la région de la mer Noire, qui est historiquement une chasse gardée de la Russie, qui y possède d’importantes bases militaires.
Le paragraphe correspondant du communiqué de l’OTAN stipule ce qui suit : «La région de la mer
Noire revêt une importance stratégique pour l’Alliance. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine met encore plus en évidence cette importance. Nous soulignons que nous
continuons de soutenir les efforts régionaux des Alliés visant à maintenir la sécurité, la sûreté, la stabilité et la liberté de navigation dans la région de la mer Noire, notamment,
comme il convient, par le biais de la Convention de Montreux de 1936. Nous continuerons de suivre et d’évaluer l’évolution de la situation dans la région et d’améliorer notre connaissance
de la situation, en mettant particulièrement l’accent sur les menaces qui pèsent sur notre sécurité et sur les possibilités d’une coopération plus étroite avec nos partenaires dans la
région, le cas échéant».
Il convient de noter quatre points :
Premièrement, le conflit ukrainien a été désigné comme le contexte ; l’accent est mis sur la Crimée ;
Deuxièmement, la «liberté de navigation» signifie une présence navale américaine affirmée ; la référence à la Convention de Montreux de 1936 fait allusion
au rôle de la Turquie, à la fois en tant que pays membre de l’OTAN et gardien des détroits des Dardanelles et du Bosphore ;
Troisièmement, l’OTAN fait part de son intention d’améliorer sa «connaissance de la
situation» qui, en tant que terme militaire, comporte quatre étapes : l’observation, l’orientation, la décision et l’action. La connaissance de la situation comporte deux éléments
principaux, à savoir sa propre connaissance de la situation et, deuxièmement, sa connaissance de ce que les autres font et pourraient faire si la situation évoluait d’une certaine
manière. En d’autres termes, la surveillance par l’OTAN des activités russes en mer Noire va s’intensifier,
Quatrièmement, l’OTAN recherche une coopération plus étroite avec «nos partenaires dans la région» (c’est-à-dire l’Ukraine).
Il est certain qu’une nouvelle route maritime dans les régions nord-ouest et ouest de la mer Noire, le long de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Turquie
(tous pays membres de l’OTAN), coupera la garnison russe en Transnistrie (Moldavie) et renforcera la capacité de Kiev à frapper la Crimée. L’implication de l’OTAN compliquerait également
toute opération russe future visant à libérer Odessa, qui est historiquement une ville russe.
Outre son immense héritage culturel et historique, Odessa est une tête de port pour les produits industriels de la Russie et de l’Ukraine. Le pipeline
d’ammoniac Togliatti-Odessa (que les saboteurs ukrainiens ont récemment fait sauter) en est l’un des meilleurs exemples. Ce pipeline de 2471 km, le plus long pipeline d’ammoniac au monde,
reliait le plus grand producteur d’ammoniac au monde, Togliatti-Azot, dans la région russe de Samara, au port d’Odessa.
En termes stratégiques, sans le contrôle d’Odessa, l’OTAN ne peut pas avoir de projection de force dans la région de la mer Noire ou espérer ressusciter
l’Ukraine en tant qu’avant-poste anti-russe. L’OTAN ne peut pas non plus avancer vers la Transcaucasie, la mer Caspienne (qui borde l’Iran) et l’Asie centrale sans dominer la région de la
mer Noire.
Pour les mêmes raisons, la Russie ne peut pas non plus se permettre de céder la région de la mer Noire à l’OTAN. Odessa est un maillon essentiel de tout
pont terrestre le long de la côte de la mer Noire reliant l’arrière-pays russe à sa garnison en Transnistrie, en Moldavie (que les États-Unis considèrent comme un membre potentiel de
l’OTAN.) En fait, la sécurité de la Crimée sera mise en danger si des forces hostiles s’établissent à Odessa. (L’attaque du pont de Kertch en octobre 2022 a été organisée à partir
d’Odessa).
Il est clair que l’ensemble du projet américain sur la nouvelle route maritime vise à empêcher la Russie de prendre le contrôle d’Odessa. Il est fort
probable qu’avec l’échec de l’offensive ukrainienne, la Russie puisse bientôt lancer sa contre-offensive en direction d’Odessa.
Du point de vue russe, il s’agit d’un moment existentiel. L’OTAN a pratiquement encerclé la marine russe en mer du Nord et en mer Baltique (avec l’adhésion
de la Suède et de la Finlande). La liberté de navigation de la flotte de la Baltique et la domination de la mer Noire deviennent donc d’autant plus cruciales pour que la Russie puisse
accéder librement au marché mondial tout au long de l’année.
Moscou a réagi vivement. Le 19 juillet, le ministère russe de la Défense a notifié que
«tous les
navires naviguant dans les eaux de la mer Noire à destination des ports ukrainiens seront considérés comme des transporteurs potentiels de cargaisons militaires. En conséquence, les pays
de ces navires seront considérés comme impliqués dans le conflit ukrainien du côté du régime de Kiev».
La Russie a également notifié que «les parties
nord-ouest et sud-est des eaux internationales de la mer Noire ont été déclarées temporairement dangereuses pour la navigation». Les derniers rapports suggèrent que les navires de
guerre de la flotte de la mer Noire répètent la procédure d’arraisonnement des navires étrangers naviguant dans les eaux ukrainiennes. En fait, la Russie impose un blocus maritime à
l’Ukraine.
Dans une interview accordée à Izvestia,
l’expert militaire russe Vassili Dandykine a déclaré qu’il s’attendait désormais à ce que la Russie arrête et inspecte tous les navires se rendant dans les ports ukrainiens. «Cette pratique est
normale : il s’agit d’une zone de guerre et, ces deux derniers jours, elle a été le théâtre de frappes de missiles. Nous verrons comment cela fonctionnera dans la pratique et si quelqu’un
acceptera d’envoyer des navires dans ces eaux, car la situation est très grave».
La Maison-Blanche a accusé la Russie de poser des mines pour bloquer les ports ukrainiens. Bien sûr, Washington espère que l’OTAN s’installant comme garant
du corridor céréalier, en remplacement de la Russie, aurait une résonance dans le Sud mondial. La propagande occidentale caricature la Russie comme étant à l’origine d’une pénurie
alimentaire à l’échelle mondiale. Or, le fait est que l’Occident n’a pas respecté sa part du marché en autorisant réciproquement l’exportation de blé et d’engrais russes, comme l’ont
reconnu les Nations unies et la Turquie.
Reste à savoir si, au-delà de la guerre de l’information qui fait rage, un pays de l’OTAN oserait contester le blocus maritime de la Russie. Les chances
sont minces, en dépit du déploiement impressionnant
de la 101e division aéroportée dans la Roumanie voisine.
Au 46e jour de la contre-offensive, 31 680 soldats ukrainiens ont été tués
Source : Riposte Laïque - par Jacques Guillemain - Le 20/07/2023.
Une hécatombe d’autant plus injustifiée que les gains territoriaux sont nuls. Pas une seule attaque ukrainienne n’a pu percer les défenses russes.
Tandis que Zelensky réclame 80 F-16 et 300 chars supplémentaires, son armée continue de se faire pulvériser sous le feu de l’artillerie et de l’aviation russes. Chaque jour, ce sont 700 à 900 soldats ukrainiens qui sont sacrifiés en pure perte, auxquels il faut ajouter les blessés. Des pertes insupportables sur le long terme.
Ajoutons que toute prolongation du conflit ne changera rien à son issue. Que l’Ukraine perde 500 000 soldats ou 1 million, la victoire russe et le dépeçage du pays sont inéluctables.
Côté russe, le bilan de 16 mois de guerre est lourd, même si on retient le rapport de 8 à 10 tués côté ukrainien pour 1 soldat russe éliminé. Le chiffre doit tourner autour de 40 000 tués. En ajoutant les blessés inaptes au combat, ce sont 100 000 soldats russes qui ont été mis hors de combat. On comprend
que Poutine et ses généraux attendent que l’armée ukrainienne soit laminée avant de lancer une offensive finale.
Un bilan d’autant plus insupportable que cette guerre était évitable si les Occidentaux avaient exigé de Kiev que les accords de Minsk soient respectés. Mais
l’Amérique voulait la guerre…
Cela dit, le sacrifice du peuple ukrainien n’a rien de comparable avec celui du peuple russe. Les Ukrainiens meurent pour Biden, les Russes meurent pour leur patrie.
Et si on rapporte les pertes à la population, le prix du sang est 30 fois plus élevé pour l’Ukraine. Kiev a perdu 1% de
sa population, la plus jeune. Moscou a perdu 0,03% de
la sienne. Calcul macabre, mais qui montre l’ampleur du sacrifice que les Occidentaux exigent du peuple ukrainien. Et
il parait que nous sommes le camp du Bien, de la démocratie et de la liberté !