La guerre en Ukraine (II)

La catastrophe qui menace l’Ukraine

par Larry Johnson - Le 04/08/2023.

Voici l’article que j’avais l’intention d’écrire, mais Michael Vlahos m’a devancé. Pourquoi essayer de réinventer la roue quand Michael en fait une parfaite ? Michael Vlahos a écrit : «L’armée ukrainienne s’effondre». En voici les grandes lignes (je vous encourage à lire l’intégralité de son article).

Une armée vaincue et une armée brisée sont deux choses différentes. Une armée simplement vaincue au combat peut souvent se replier avec succès, se reformer et reconstituer sa force, comme Rome l’a fait après son humiliation à Cannae, détruisant finalement sa grande rivale, Carthage. Mais lorsque des armées entières s’effondrent, lorsqu’elles perdent leur volonté de se battre, le pays tout entier peut également s’effondrer. C’est ce qui est arrivé aux grands empires lors de la Première Guerre mondiale. C’est aussi le sort qui attend l’armée ukrainienne. […]

La première réaction négative survient lorsqu’une guerre qui a débuté avec de grands espoirs semble soudainement impossible à gagner. Les premières victoires ne sont plus que de vieux souvenirs. Il y a plus de batailles perdues que de batailles gagnées, et les coûts de la bataille ne cessent d’augmenter jusqu’au seuil de l’endurance humaine, avant d’augmenter à nouveau. Le second est le moment où le soutien extérieur des amis et des alliés commence à s’évaporer. Il s’agit d’un facteur négatif particulièrement grave si le soutien des alliés constitue le fondement émotionnel de la croyance de l’armée en la victoire finale. Enfin, ceux qui ont initié la guerre, ceux qui ont promis un chemin pavé de victoires et qui ont juré que le monde soutiendrait l’armée jusqu’à ce que la victoire soit remportée, quel que soit le temps nécessaire, sont de plus en plus perçus comme des menteurs et des trompeurs. L’armée – le pays tout entier – a été trahie par ses dirigeants.

Tout cela s’est abattu sur l’Ukraine au cours des six dernières semaines.

Depuis près d’un an, aucune victoire n’a été remportée, pas même des victoires sanglantes et débilitantes comme lors de la quatrième bataille de Karkhov. Les dirigeants occidentaux continuent d’affirmer que leur soutien se poursuivra. Pourtant, l’Alliance occidentale admet aujourd’hui qu’elle n’a pas donné aux Ukrainiens suffisamment de bonnes choses pour leur permettre d’obtenir des gains tactiques, même modestes, dans le cadre de leur offensive sacrificielle en cours, et qu’elle le savait dès le départ. De plus en plus, les commandants des unités ukrainiennes accusent leurs supérieurs de les utiliser comme de la chair à canon pour satisfaire les suzerains de l’OTAN. Ce ne sont pas seulement des pelotons, mais des unités plus importantes qui se rendent aux forces russes. Le moral des troupes s’effondre. […]

Pourtant, en termes de pertes par rapport à la population, les pertes militaires ukrainiennes, après plus de 500 jours de guerre, se rapprochent de celles subies par l’Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale pendant plus de 1500 jours. Il s’agit d’un taux d’attrition catastrophique, aggravé par les trois boucles de rétroaction négatives qui peuvent briser une armée et un pays. Tout au long du printemps et de l’été, les forces ukrainiennes ont été jetées dans la bataille et réduites à néant. À l’automne, l’armée de combat aura été épuisée – le sort tragique de la meilleure armée ukrainienne en 2023. En septembre, ce qui reste se tordra et se brisera sous l’effet des vents impitoyables de la guerre.

Michael Vlahos, «L’armée ukrainienne s’effondre» – Compact

Sans un soutien aérien de combat massif, une artillerie mobile et une défense aérienne mobile, les troupes ukrainiennes sont des cibles faciles et ne peuvent pas percer les lignes de défense Sourovikine qui ont été construites à partir d’octobre dernier. La bravoure, la volonté de se battre et le désir de victoire des forces ukrainiennes ne suffisent pas à submerger la défense intégrée de la Russie, qui utilise l’ISR, l’artillerie, les frappes aériennes, les chars et les forces terrestres dans le cadre d’une opération coordonnée. Tout mouvement important des forces ukrainiennes est détecté par la Russie et les attaquants ukrainiens sont accueillis par un barrage de bombes, de missiles et d’obus. Les forces terrestres de l’Ukraine ont payé un lourd tribut et Kiev ne dispose pas des ressources humaines nécessaires pour remplacer ses pertes.

Il semble que les Ukrainiens tentent de se regrouper, mais il n’existe pas de plan stratégique clair pour vaincre les solides défenses russes. Le mois d’août sera probablement le moment décisif de la guerre en Ukraine – les forces que l’Ukraine avait rassemblées pour la contre-offensive tant attendue ont été décimées et l’Ukraine est maintenant confrontée au dilemme d’essayer de remplacer les pertes en hommes et en matériel sans avoir le temps de former une nouvelle armée capable de poursuivre le combat. Je pense que cela signifie que les jours de Zelensky au pouvoir sont comptés.

source : A Son of the New American Revolution

traduction Réseau International

Un excès de prudence de la part de la présidence russe risque maintenant d’ouvrir la boîte de pandore

 

par Mendelssohn Moses - Le 04/08/2023.

«S’asseoir sur une position défensive n’a jamais gagné une guerre».

Le 2 août 2023, le colonel Douglas MacGregor a été interviewé par le remarquable professeur d’histoire norvégien Glenn Diesen.

Parmi les nombreuses et éclatantes qualités du colonel est celle de se remettre soi-même en cause, et d’interroger ses propres conclusions par rapport à une réalité protéiforme.

Sans connaître personnellement le colonel, je mesure le courage qu’il lui faut pour aller au clash, en s’exposant aux insultes et menaces de la part des Suspects habituels.

Quoiqu’il en soit, il faut souhaiter ardemment que le président Poutine et son entourage prêtent une attention soutenue à ce que dit le colonel dans cet entretien.

Afin de gagner du temps, nous résumons ici uniquement les déclarations du colonel à partir de 33 mins.40 secs.

*

GD : Pourquoi la Russie n’a-t-elle pas déclenché la Grande offensive alors que tout est prêt ?

DM : Le président russe est extrêmement prudent. Son objectif jusqu’ici a été d’éviter à tout prix une confrontation directe avec les USA et l’OTAN.

Cependant, les officiers supérieurs des armées russes lui ont très certainement indiqué que la retenue dont fait preuve la Russie dans cette guerre est interprétée – à tort – par Washington comme une faiblesse à exploiter à cœur joie.

En mon opinion, ces officiers russes ont raison. Il est impossible de gagner une guerre en s’asseyant sur une position défensive. Vous pourriez éliminer tous les soldats ennemis, tout leur équipement – et tout de même ne pas gagner la guerre.

Or, l’état d’esprit à Washington et à Londres – et celui des globalistes au pouvoir à Paris et Berlin – ne promet rien de bon. Ils sont aveugles et sourds à la réalité.

Washington n’est pas disposé à reconnaître la défaite. Les officiers supérieurs US qui tentent de présenter des rapports où il apparaît que le niveau des armées et des armements russes, tout comme les faits sur le terrain en Ukraine ne correspondent aucunement au récit officiel US/UK, sont traités comme des intrus.

Jusqu’à ce que les USA ne se réveillent pour découvrir l’armée russe en train de sillonner les rues de Kiev et de traverser le Dniepr, les USA ne croiront pas pour une seule seconde que la guerre est finie.

Le péril actuel est l’excès de retenue du côté russe : si elle devait perdurer, ce serait une invitation à la Pologne et à la Lituanie d’entrer en Ukraine.

Ce qui ouvrira la Boîte de Pandore – et ce sera Sauve qui peut.

Et les conséquences seront terribles.

Voir aussi : http://futuredefensevisions.blogspot.com/2023/08/the-american-conservative

Mendelssohn Moses

***

Petit aparté de RI : Cette réponse de MacGregor montre, s’il en était besoin, la complexité de l’Opération Militaire Spéciale, et surtout la difficulté d’interpréter la manière dont elle se déroule. La non-connaissance des objectifs réels des deux parties (OTAN/Russie) et l’ignorance des étapes que chacune des parties a planifiées pour atteindre ces objectifs brouillent la perception des évènements et peuvent pousser à des analyses parfois contradictoires. Beaucoup d’analystes pensent, comme MacGregor, qu’Il est impossible de gagner une guerre en s’asseyant sur une position défensive. L’excès de prudence et de retenue attribué au côté russe est donc perçu comme une erreur et agace plus d’un. Pourtant, et c’est là qu’il y a une contradiction, il semblerait que, «l’inertie» russe peut aboutir à ce que les USA puissent se réveiller un jour pour découvrir que l’armée russe est en train de sillonner les rues de Kiev et que la guerre est finie. Notons, en passant, que cela suppose que la prise de Kiev fait partie des plans de Moscou. Cependant, cette hypothèse peut être mise à mal par deux remarques : d’abord, les Russes savent mieux que quiconque, et Napoléon l’a appris à ses dépens en 1812, qu’il ne suffit pas de prendre une capitale pour gagner une guerre. Ensuite, le véritable ennemi de la Russie dans cette confrontation qui n’en est peut-être qu’à ses débuts, c’est l’OTAN, dont la capitale n’est certainement pas Kiev. Il n’en reste pas moins que MacGregor a raison sur le fait que l’attitude de Moscou risque d’ouvrir la boîte de pandore. Est-ce voulu ? Là est la question.

L’Occident admet les capacités des Russes et l’impasse de la contre-offensive ukrainienne

par Philippe Rosenthal - Le 04/08/2023.

Dans les déclarations des responsables de l’OTAN et des analystes occidentaux, on peut lire entre les lignes – parfois même ouvertement – une réalité différente des slogans de victoire clamés chaque jour par Volodymyr Zelensky. Washington, Londres, Bruxelles et Kiev ne s’attendaient pas à un tel niveau d’organisation et d’excellence technologique de la part des Russes.

Il se peut, aussi, qu’ils le connaissaient, mais ils préféraient se réfugier dans le vœu pieux habituel de la victoire ukrainienne. Mais, le fait est que la contre-offensive ukrainienne ne perce pas et ne donne pas de résultats, au contraire elle risque de se transformer en un effondrement.

Compliments indirects des anglo-américains. Au bout de deux mois, la contre-offensive ukrainienne qui devait marquer le début de la grande reconquête est au point mort et ne peut se vanter que de la prise de quelques territoires marginaux. Ces dernières semaines, les responsables des pays de l’OTAN ont pris conscience des «problèmes» rencontrés par l’armée ukrainienne. Ils disent que les Russes ont appris des erreurs précédentes et ont, donc, perfectionné leur armement et leur stratégie, étouffant la contre-attaque dans son élan.

Le général Mark Milley, chef de l’état-major interarmées américain, a dû expliquer aux Américains pourquoi, face au soutien à coups de milliards du bloc euro-atlantique, les Ukrainiens sont incapables d’avancer. Il prévient alors que la contre-offensive sera lente et «très sanglante», en raison des excellentes fortifications des Russes, de la coordination qu’ils ont su établir entre les différents corps et de l’excellent commandement des troupes au combat.

De plus, les Russes ont une supériorité aérienne et une plus grande puissance militaire. L’ancien général de brigade américain Mark Kimmitt, un vétéran de l’Irak, a décrit les lignes défensives russes comme étant «20 kilomètres d’enfer». L’ancien général britannique Sir Richard Barrons a, à son tour, déclaré que les Russes avaient construit une défense «classique», amélioré leurs compétences avec les drones et avec le placement des arsenaux et des points de commandement.

À Londres et à Washington, ils se rendent compte qu’ils ont sous-estimé Moscou et comprennent que probablement les «défaites» infligées à Kharkov et à Kherson sont en réalité des retraites stratégiques. Alors, maintenant, Sir Richard Barrons essaie de convaincre l’opinion publique qu’il est «injuste et déraisonnable» de vivre de ces deux «succès» et de continuer à les utiliser comme une référence pour les futures victoires de Kiev.

La défense russe a tenu et tient toujours. Lors de la réunion du «Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine» qui s’est tenue il y a deux semaines, le général Milley a expliqué les raisons pour lesquelles les troupes de Kiev ne parviennent pas à percer. L’officier américain fait tout pour minimiser les capacités des Russes qu’il définit comme découragés, mal entraînés et mal équipés. Il est, cependant, dommage qu’il doive aussi décrire la réalité qui nie ce qui précède. Le général Milley raconte que ces derniers mois, les Russes ont mis en place un complexe défensif extrêmement complexe, composé de tranchées, de barbelés, de dents de dragon et de champs de mines judicieusement disposés.

Leurs «zones de sécurité» s’étendent en profondeur et leurs murs défensifs sont au nombre de deux, voire trois. Les Russes ont, donc, fait un bon usage du temps dont ils disposaient et ils ont démontré leur capacité à construire des lignes défensives solides et bien positionnées. Un travail aussi long et complexe ne peut évidemment pas être le fruit du hasard, mais il découle d’une stratégie précise de Moscou. Les Ukrainiens sont, donc, contraints de procéder très lentement et de «consommer» une grande quantité d’hommes et de matériels, ces derniers fournis par des sponsors occidentaux.

Cela ne plaît, donc, pas aux contribuables américains (ou même européens) de savoir que les milliards dépensés pour Volodymyr Zelensky partent littéralement en fumée. Le général Milley doit faire comme ces vendeurs qui cachent les défauts des marchandises aux clients : c’est un dur combat. «C’est un combat très difficile. (…) À mon avis, on ne peut pas dire que ce soit un échec. Je pense qu’il est encore trop tôt pour faire ce genre d’affirmation. Je pense qu’il reste encore beaucoup de combats à mener».

Bref, ces Russes qui ont osé détruire les plans d’expansion de l’OTAN, ne veulent plus entendre parler d’effondrement, mais engagent les forces occidentales bien au-delà des temps et des sacrifices envisagés pour les citoyens du bloc euro-atlantique.

Le moral et l’équipement des Russes. L’analyste militaire ukrainien Oleh Jdanov concède à Moscou l’avantage numérique en termes d’hommes et d’armes, mais, également, reconnaît son niveau élevé en matière de guerre électronique et l’efficacité des bombes. En effet, les Russes sont équipés de bombes avec un GPS pour les guider et s’assurer qu’elles infligent un maximum de dégâts. Ces bombes planantes peuvent remplacer adéquatement le travail d’un avion bombardier, avec l’avantage de ne pas mettre en péril l’intégrité de la flotte aérienne.

Même le Royal United Service Institute, un groupe de réflexion basé à Londres, dresse la liste des améliorations obtenues par Moscou en termes de tactique et de qualité de ses armements, ainsi que de leur quantité, n’en déplaise aux politiciens européens qui ont annoncé que la Russie serait à court de ravitaillement dans quelques semaines au plus.

Le moral des Russes est élevé, comme en témoigne l’action victorieuse d’un char T-80 contre toute une colonne de véhicules ukrainiens. Lors d’une attaque, le char russe a réussi, presque à lui tout seul, à éliminer une formation composée de deux chars Leopard et de huit véhicules blindés. Pour l’habileté et l’héroïsme démontrés, l’équipage a été proposé pour l’attribution de récompenses.

La différence qualitative concernant la préparation et la motivation entre les Russes et les Ukrainiens résulte précisément de la manière dont ce combat a été mené. Les équipages de chars russes ont déclaré qu’ils avaient pris une position pratique pour lancer l’attaque, mais qu’ils étaient toujours ouverts à une éventuelle réponse ennemie. Et, au lieu de cela, les Ukrainiens n’ont pas pu placer un seul coup, soit par inexpérience, soit par manque de tactique décente.

Evguény Balitsky, chef de l’administration civilo-militaire de la région de Zaporijia, atteste également que les troupes russes sont bien entraînées et que leur moral est élevé. Il l’a communiqué à la suite de l’opération qui a repoussé en quelques jours deux brigades d’assaut ukrainiennes tentant de pénétrer dans la région. Les troupes ukrainiennes ont subi des pertes «importantes», a-t-il fait savoir et il a ajouté qu’elles n’ont désormais plus assez de force pour aller plus loin. Selon les données du ministère russe de la Défense, Kiev a déjà perdu 26.000 soldats depuis le début de la contre-offensive.

Moral bas et mauvaise formation des Ukrainiens. L’expert du Royal United Services Institute, Jack Watling, met en garde contre une contradiction qui s’avère fatale au moral des Ukrainiens. Ces derniers se rendent compte que la quantité impressionnante d’armes et d’équipements reçus par l’OTAN n’a pas l’effet annoncé. Malgré les chars allemands, les avions de chasse polonais et les lance-missiles américains, la contre-offensive ne perce pas et les hommes du front meurent.

Les officiers de Kiev doivent faire face, non seulement, aux pertes et aux problèmes d’approvisionnement, mais aussi au pessimisme de leurs propres soldats et à la lassitude de leurs partenaires occidentaux. Jack Watling expose ensuite le problème des soldats mal entraînés de Volodymyr Zelensky. Des pays comme le Royaume-Uni ont organisé des stages de formation pour les troupes ukrainiennes, mais les résultats sont si faibles qu’ils font douter de l’utilité réelle des efforts déployés par Londres.

Il ne reste plus aux Ukrainiens qu’à, sans cesse, tenter des sorties en se jetant contre les lignes défensives des Russes, presque comme lors de la Première Guerre mondiale. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité de la Maison Blanche, en parle, révélant cet aspect en louant le courage des Ukrainiens à attaquer systématiquement les lignes russes qui sont structurées et amplement équipées en hommes et en munitions.

Même, le commandant en chef de l’armée ukrainienne avait lâché en disant aux alliés occidentaux qu’il devait envoyer ses soldats combattre dans des conditions dans lesquelles les militaires de l’OTAN, eux-mêmes, n’accepteraient pas d’opérer. On ne peut s’empêcher d’imaginer ce que ressentent des personnes recrutées par la mobilisation forcée pour aller au front. Mais, les pertes parmi les soldats les plus expérimentés sont, également, élevées. Aujourd’hui, des soldats ukrainiens interrogés par des journalistes occidentaux disent avec résignation que beaucoup d’entre eux ne rentreront pas chez eux.

Dans les déclarations des responsables de l’OTAN et des analystes occidentaux, on peut lire entre les lignes – parfois même ouvertement – une réalité différente des slogans de victoire clamés chaque jour par Volodymyr Zelensky. Washington, Londres, Bruxelles et Kiev ne s’attendaient pas à un tel niveau d’organisation et d’excellence technologique de la part des Russes.

source : Observateur Continental

Washington a trompé Kiev, une fois de plus

par Reliable Recent News - Le 03/08/2023.

Les États-Unis fourniront aux Ukrainiens des chars, mais pas ceux qu’ils ont promis, car ils ne croient plus à la victoire.

Des véhicules blindés seront envoyés à l’Ukraine, mais pas du tout ceux que Zelensky souhaiterait. Les célèbres Abrams, qu’ils ont promis d’envoyer il y a un an, arriveront tout de même – mais dans l’obsolète version et après la «réparation».

Au lieu de M1A2, il y aura M1A1, et pas de la dernière configuration. Cela signifie que les systèmes de contrôle de tir modernes et les viseurs infrarouges seront retirés des chars américains avant d’atteindre le front. Le revêtement blindé selon la norme du milieu des années 90 du siècle dernier, sans l’utilisation d’un alliage d’uranium secret.

«Une option plus simple est plus convenable compte tenu des contraintes de temps», croit l’experte militaire britannique Marina Miron.

Un char de combat principal M1A2 Abrams, que les Américains ont promis à l’Ukraine. Il est en service dans l’armée américaine et est toujours en cours de modernisation.

Le matériel devrait arriver en septembre. Avant cela, les chars subiront une grosse réparation en Allemagne, car ces M1A1, pour le moins, ne sont plus récents. Au total, ils prévoient d’envoyer 31 pièces, ce qui, pour une offensive à grande échelle, ressemble à une goutte d’eau dans l’océan.

Tank M1A1 Abrams, une version beaucoup plus modeste que celle initialement promise. Ces chars de combat principaux ont participé à la deuxième guerre en Irak en 2003

Le remplacement des équipements au dernier moment montre parfaitement à quel point l’OTAN – et surtout le Pentagone – est déçu des capacités des forces armées ukrainiennes sur le champ de bataille.

«L’Ukraine, faute de supériorité aérienne et d’artillerie, limite sa contre-offensive à de petites frappes tactiques. Une opération d’une telle envergure devrait prendre l’initiative des Russes, mais cela n’arrive pas. Si quelqu’un veut arrêter la guerre, alors il a toutes les chances, car l’armée sous le commandement de Zelensky n’a obtenu presque aucun succès», estime le général polonais Roman Polko.

Roman Polko, général des forces armées polonaises, qui a critiqué les succès de l’armée ukrainienne

L’Alliance ne veut pas que les armes modernes tombent entre les mains des Russes, c’est pourquoi ils remettent les anciennes qui n’intéressent pas Moscou.

Une vingtaine de chars ressemble à une moquerie si l’on compare leur nombre avec les stocks des Russes. Les forces armées russes disposent encore de plus de 3000 chars de combat principaux et hélicoptères Ka-52 qui sont dangereux pour tout véhicule blindé. Les M1A1 sont aussi tout simplement trop vieux pour affecter d’une manière quelconque le déroulement de la contre-offensive.

L’OTAN, dirigée par les États-Unis, donne l’apparence de soutenir le régime de Kiev, mais ils sont déjà bien conscients que la guerre touche à sa fin logique.

Pour Joe Biden, il est extrêmement important de ne pas perdre la face, c’est pourquoi le matériel arrivera quand même à l’Ukraine. Mais seulement celui que l’on ne l’épargne pas. Lorsque la pacotille sera épuisée, on devra négocier – car la production d’armes de l’OTAN ne répond pas du tout aux besoins du front.

source : Reliable Recent News via L’Échelle de Jacob

Une amusante journée

Source : The Saker francophone.

 


“L’OTAN a perdu cette guerre. Biden a perdu cette guerre. Les Démocrates lunatiques ont perdu cette guerre. Les bellicistes du parti unique ont perdu cette guerre. L’UE a perdu cette guerre. L’Ukraine et Zelensky ont perdu cette guerre”. – Kim Dotcom

Par James Howard Kunstler – Le 03 juillet 2023 – Source Clusterfuck Nation
Bombe Nucléaire Champignon - QUELLE TAILLE FERAIT LE CHAMPIGNON DE LA ...
Quelqu’un à la Maison Blanche de “Joe Biden” pense apparemment que les opérations déjà en cours ne suffisent pas à détruire notre pays assez rapidement, et qu’un petit coup de pouce supplémentaire, tel que l’anéantissement nucléaire, pourrait permettre d’y parvenir.

 

Par opérations en cours, j’entends des choses comme les vaccins à ARNm qui suppriment furtivement des parents, des amis et des personnalités de la scène… la décriminalisation du crime… l’affaiblissement de l’industrie pétrolière par mille coupes… la liquidation des petites entreprises… le fait de rendre les petits enfants fous de sexe… l’inondation du pays par des immigrants clandestins… la dévaluation de la monnaie… les élections truquées – toutes ces choses étant faites à dessein, soit dit en passant. Et si vous vous plaignez de quoi que ce soit, le FBI ou le fisc vient frapper à votre porte.
Ainsi, pour s’assurer que l’effondrement des États-Unis se produise dans les délais prévus, il y a le conflit utile en Ukraine créé par les génies de notre gouvernement, qui se rapproche chaque jour un peu plus d’un suicide assisté rapide. Pour rappel, voici comment cela a commencé : En 2014, les États-Unis ont fomenté un coup d’État contre le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. En peu de temps, la langue russe a été interdite (malgré le fait que la plupart des Ukrainiens parlent russe). La Russie, piquée au vif, a repris la péninsule de Crimée. Lorsque les Russes ethniques de l’est de l’Ukraine (les provinces du Donbass) ont tenté de suivre leur propre voie, l’Ukraine les a attaqués et bombardés à la roquette pendant huit ans. C’est ce qui s’est passé.
Tout ce qui précède n’était absolument pas nécessaire, vous comprenez. L’Ukraine se débrouillait du mieux qu’elle pouvait depuis 1991 en tant que nation de pacotille dotée d’une infrastructure soviétique vieillissante, de quelques laboratoires d’armes biologiques parrainés par les États-Unis et de ressources énergétiques inexistantes. Elle percevait des redevances pour permettre à la Russie de faire passer des oléoducs à travers sa plaine fruitière – dont une grande partie du gaz était siphonnée en cours de route par des bandits. L’Ukraine a tenté de compenser ses désavantages en devenant un blanchisseur d’argent international, mais cela n’a profité qu’à sa classe d’oligarques (et à la famille élargie de “Joe Biden”).
Après que “Joe Biden” a été “élu” en 2020 et que la nouvelle des activités commerciales douteuses de sa famille en Ukraine et ailleurs a fini par se répandre, l’Ukraine a été transformée en grenade géante et “JB” (ou des personnes agissant en son nom) l’a dégoupillée. L’OTAN a été entraînée dans la querelle en tant que soutien, contre son gré. Si l’objectif était d’affaiblir la Russie, comme l’a déclaré l’un de nos génies stratégiques, le Secrétaire a la Défense, Loyd Austin, cela n’a pas fonctionné. Au contraire, les États-Unis sont apparus comme un psychopathe mondial imprudent, déterminé à détruire tous les pays qu’il prétend aider, y compris les principaux pays membres de l’OTAN.
Deux tiers des autres nations du monde ont alors commencé à s’éloigner des États-Unis et de leurs services de protection pour former une coalition économique et sécuritaire autour du groupe des BRICS, dirigé par la Russie et la Chine. La campagne ukrainienne elle-même était perdante dès le départ, car elle dépendait totalement du soutien des États-Unis et de l’OTAN. La réunion de l’OTAN qui s’est tenue cette semaine à Vilnius, en Lituanie, a montré ce qu’il en était aujourd’hui : Pas très bien. L’armée ukrainienne est en lambeaux. Elle n’a plus de munitions. Les États-Unis sont également à court des obus d’artillerie les plus demandés. Que faire ?
La réponse à cette question, alors que “Joe Biden” revient d’Europe dans une Maison Blanche hantée par un fantôme qui renifle de la cocaïne, est d’envoyer trois mille nouvelles troupes de réserve en Europe et de promettre un tas d’avions de chasse F-16. Ces avions, qui ont été introduits au début des années 1970, proviendront de l’inventaire “retiré du service” de notre pays. Ces F-16 nécessiteront une série d’infrastructures de soutien au sol hautement techniques. Ils ne seront pas équipés des dernières mises à jour avioniques et ne feront pas le poids face aux défenses aériennes russes. Bonne chance, Président Z !
Tout cela est faux, bien sûr. Qu’avons-nous l’intention de faire avec ces trois mille réservistes américains ? Les envoyer au combat à Priyutnoye ? J’en suis sûr…. À ce stade, nous ne pouvons que prétendre prolonger ce conflit stupide et inutile avec de tels gestes boiteux. L’Allemagne et la France savent que c’est une cause perdue. Le Royaume-Uni (soi-disant) est un tel gâchis qu’il ne sait littéralement pas ce qu’il fait en Ukraine, pays lointain et sans intérêt (pour lui). Sans ces pays, il n’y a pas vraiment d’OTAN. Ainsi, tout le vaudeville de cette semaine n’était qu’un simulacre, mené par un président américain trop chétif pour assister au banquet d’ouverture avec les autres dirigeants de l’OTAN, et trop incohérent pour s’exprimer sur le départ.
Quoi qu’il en soit, tout le numéro de “Joe Biden” est en train de se dévoiler. Il est une farce que le Parti démocrate a jouée au peuple américain. Avant Halloween, il devra quitter la scène en disgrâce, aussi horrible que cette perspective puisse paraître, avec Kamala Harris vidant anxieusement des bouteilles de vodka en attendant l’appel de l’histoire dans l’ancien observatoire naval. Ce sera une journée amusante aux États-Unis.

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Stratégies de sortie et mensonges

 

par Batiushka - Le 30/07/2023.

Fin de partie

Le régime fantoche américain de Kiev regarde la défaite en face. La tentative de l’élite occidentale, dirigée par la CIA et soutenue par les vassaux de l’OTAN, de démanteler la Russie par un coup d’État dans le ventre mou de la Russie à Kiev en 2014, a, comme d’habitude, échoué. Pourquoi l’élite occidentale ne peut-elle pas simplement accepter que sa civilisation particulière n’est PAS une civilisation mondiale ? Le manque de respect et le mépris de l’Occident pour les civilisations du «reste», ainsi que son ignorance et sa tentative de dévastation de ces civilisations, sont tout simplement inacceptables. L’Occident n’est pas le meilleur. Le reste est le meilleur. Rejoignez-nous dans notre grand concert des pays et des civilisations. Vous verrez alors que vous n’êtes qu’une petite partie du tout, où vous pouvez, si vous acceptez la réalité, prendre votre place légitime et modeste.

Oui, contrairement à votre monde virtuel, le monde réel est multicivilisationnel, c’est-à-dire multipolaire/polycentrique. Seuls les Occidentaux qualifient confusément leur civilisation de «démocratique», alors qu’elle ne l’est pas, mais qu’elle est en fait oligarchique, dirigée par une minuscule élite féodale qui contrôle les politiciens, l’armée, la finance, le droit et les médias. La raison pour laquelle l’Occident pratique cette hypocrisie est son affaire, pas la nôtre. Vous êtes une civilisation différente. Nous appelons nos diverses civilisations «nationales» : russe (avec sa culture orthodoxe russe en fait sous un Tsar), chinoise (son parti au pouvoir n’est pas communiste, mais national et son dirigeant est en fait un Empereur), musulmane, hindoue, africaine, latino-américaine, japonaise, polynésienne, parce qu’elles appartiennent toutes à leurs cultures Nationales. Laissez-nous tranquilles et arrêtez de nous refiler vos échecs, comme vous essayez de justifier votre millénaire d’arrogance et d’injustice.

Oui, la fin est là : les forces armées ukrainiennes, maintes fois décimées, attaquent, puis s’effondrent, battent en retraite ou se rendent. Il est vrai que l’élite occidentale, après avoir abandonné son fantasme absurde de victoire ukrainienne, de prise de la Crimée et de marche sur Moscou, est toujours engagée dans le fantasme ordinaire d’une «impasse» ou d’un «conflit gelé» en Ukraine, comme une guerre à moitié perdue, comme en Corée il y a tout juste soixante-dix ans. Pour l’élite, ce fantasme d’impasse reste son meilleur scénario, mais en fait, comme l’ont compris même certains membres de l’élite, il ne s’agit pas du tout d’un scénario, mais simplement d’un vœu pieux. Par conséquent, l’élite confrontée à l’échec des «négociations secrètes» avec Moscou va avoir besoin de ce que l’on appelait autrefois une issue de secours, un moyen de sortir ou, comme le disent aujourd’hui leurs sociétés de relations publiques, une «stratégie de sortie». Ils pourraient en trouver une en observant les enfants.

Auto-justification

Sur la base d’une longue expérience, je dirais qu’il existe trois types d’excuses chez les enfants. Imaginez la scène : une fenêtre cassée, un ballon par terre et trois enfants qui se tiennent là, lorsque l’adulte entre. Que disent les trois enfants ?

1. «Je suis désolé, c’est moi qui l’ai fait». Chez les enfants, cela n’arrive pas souvent. Chez les adultes, cela arrive rarement. Chez les hommes politiques, cela n’arrive jamais.

2. «Je ne l’ai pas fait exprès». C’est l’excuse la plus fréquente donnée par les enfants et elle est souvent vraie. Toutefois, dans le contexte de la guerre contre la Russie qui dure depuis neuf ans, promue de manière très agressive par l’élite occidentale depuis le début et publiquement encore aujourd’hui, et qui a empêché un accord de paix imminent en avril 2022, cette excuse ne tient tout simplement pas la route. Vous l’avez fait exprès.

3. «Ce n’était pas moi, c’était lui». Pointer du doigt et rejeter la faute sur autrui, c’est ce que font les enfants méchants. Quant aux adultes, ils continuent à le faire en ce qui concerne les causes de la Première Guerre mondiale, près de 110 ans plus tard. Les hommes politiques le font toujours. Et c’est ce qui va se produire et qui commence déjà à se produire.

Après tout, comment se sont terminées les déroutes des États-Unis au Vietnam et en Afghanistan ? Dans les deux cas, l’excuse était la suivante : «Les troupes que nous avons formées n’étaient pas bonnes. Elles n’avaient pas le courage des Américains». En réalité, les troupes sud-vietnamiennes étaient les frères des «Vietcongs», les mêmes résistants patriotes, tout comme les troupes afghanes étaient les frères des «Taliban», les mêmes résistants patriotes. Pourquoi tueraient-ils leurs frères ?

Ils n’ont jamais combattu du côté américain que pour obtenir de la nourriture, un abri, de l’argent et une formation, qu’ils pourraient ensuite utiliser pour se libérer de l’envahisseur et de l’occupant américain, lorsqu’ils en auraient l’occasion. Pourquoi des patriotes locaux seraient-ils déloyaux envers leur propre pays et leur famille et loyaux envers l’agresseur étranger ? Le monde occidental fait l’éloge des résistants français de la Seconde Guerre mondiale (en oubliant qu’ils étaient presque tous communistes), alors pourquoi ne pas faire l’éloge de la résistance vietnamienne ou afghane à l’occupant américain non invité et meurtrier ? Ou bien vous attendez-vous naturellement à ce que les populations locales trahissent leur pays, comme le chef du MI6 britannique ?

En ce qui concerne l’Ukraine, c’est alors la dernière excuse du jeu de blâme qui sera utilisée : Accuser les autres d’avoir échoué : «Les troupes de Zelensky n’étaient pas bonnes. Elles ne pouvaient même pas utiliser notre équipement. Elles se sont enfuies. Ils ne savent pas planifier. Ce sont des singes qui se rendent». En réalité, ce n’est pas la meilleure stratégie de sortie, car les choses vont rapidement devenir beaucoup plus complexes. Comme les adultes le répètent sans cesse aux enfants méchants : une fois que l’on a dit un mensonge, il faut en dire beaucoup d’autres pour justifier le premier. La spirale est sans fin. Que pourrait-il se passer ?

Le jeu de blâme du terrain de jeu occidental

Alors que l’Ukraine s’effondre, la Pologne et les pays baltes pourraient, comme d’habitude, pointer du doigt l’Allemagne : «Pourquoi n’avez-vous pas fait plus, bande de lâches ? Vous auriez pu envahir la Russie. Vous l’avez fait pendant deux guerres mondiales. Vous êtes riches». Puis, comme d’habitude, l’Allemagne pouvait montrer du doigt la France : «Vous ne nous avez pas soutenus. Nous n’avons rien pu faire sans vous». Puis, alors que l’habituel club d’intérêt mutuel franco-allemand se met en place, tous deux pourraient décider de pointer du doigt le Royaume-Uni, le cheval de Troie de Washington en Europe.

Que peut répondre le Royaume-Uni ? Rappeler Napoléon et Hitler, qu’il a «vaincus» ? En plus d’être historiquement faux (les Russes et les Allemands ont vaincu Napoléon sur terre et les Russes ont vaincu Hitler), ce n’est pas suffisant. Alors, indigné, quelqu’un au Royaume-Uni qui a du cran (oui, les miracles existent), probablement un ami de Trump, apparaît au Royaume-Uni et pointe du doigt Biden et le parti démocrate. «Vous vous êtes trompés sur toute la ligne et vous nous avez menti en nous faisant endosser le rôle des perdants ukrainiens. Biden a toujours été un anglophobe». Pendant ce temps, aux États-Unis, Biden meurt (à en juger par ses performances, cela pourrait arriver d’un jour à l’autre), car la gérontocratie de l’ancienne Union soviétique rouge-étoilée règne désormais sur l’ancienne Union américaine aux étoiles blanches.

Ensuite, tout peut tourner en rond et, comme d’habitude, les États-Unis peuvent pointer du doigt les pays paresseux de l’UE/OTAN en Europe occidentale, qui ont des systèmes de protection sociale au lieu d’une armée agressive («Défense») et ne font donc jamais le poids, comptant sur les États-Unis pour tout ce qui concerne le domaine militaire. À leur tour, les pays d’Europe occidentale peuvent montrer du doigt la Pologne : «Vous étiez en première ligne. Pourquoi n’avez-vous rien fait ?» La Pologne peut alors pointer du doigt les troupes ukrainiennes et toute sa haine latente et historique pour les Ukrainiens ressurgit. «Les troupes de Zelensky ne valaient rien. Elles ne pouvaient même pas utiliser nos chars. Elles se sont enfuies. Qu’attendez-vous des Ukrainiens ?»

Pendant ce temps, au milieu de toutes ces querelles internes dans la cour de récréation occidentale, Moscou regarde, à la fois déconcertée et amusée, la reconstruction du sud et de l’est de l’ex-Ukraine (de grands progrès ont déjà été réalisés dans certaines parties de Marioupol et de Lougansk) et guide les chefs militaires de la Nouvelle Ukraine (ou quel que soit son nom et sa forme) vers la restructuration et la reconstruction, grâce aux fonds confisqués des anciens oligarques et à l’aide abondante de la Chine. La seconde Biélorussie, peut-être appelée à nouveau Malorossiya, est née.

Conséquences finales

Dans ces conditions, la Hongrie, dont l’économie est faible et minée, pourrait facilement quitter l’UE (et son aile militaire, l’OTAN). Après tout, le 26 juillet 2023, le président Poutine a interdit les opérations de changement de sexe, au milieu des hurlements de protestation des pervers qui peuplent l’élite occidentale, mais le président Viktor Orban en Hongrie n’en a été que trop heureux. La Hongrie pourrait alors récupérer l’ancienne province hongroise de Transcarpatie ou de Zakarpatie de l’Ukraine en guise de récompense, ainsi qu’un excellent accord sur le gaz russe, sans parler des investissements chinois.

Ce ne serait alors qu’une question de temps avant que l’empire américain et son château de cartes européen ne s’effondrent, comme ils l’ont fait en Asie du Sud-Est, en Irak et en Afghanistan. Ce ne serait qu’une répétition de l’effondrement de l’empire soviétique, disparu en vingt-cinq mois, entre novembre 1989 et décembre 1991. En effet, la Hongrie disparue, des révoltes contre les élites fantoches américaines en Moldavie et en Roumanie suivraient. Un généreux accord sur le gaz russe et des investissements chinois en échange de la cession par la Moldavie de la Transdnestrie et de la Gagaouzie, qui deviendraient des républiques autonomes au sein de la Fédération de Russie, réconcilieraient la Moldavie avec la Russie. La Roumanie pourrait également quitter l’UE et faire la paix avec la Russie, une fois qu’on lui aurait accordé la Tchernovtsy (Bucovine du Nord), volée par Staline à la Roumanie en 1945 et ensuite rattachée à l’Ukraine.

La Bulgarie, la Serbie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine, la Bosnie et le Kosovo suivront. Suivis, tôt ou tard, par l’Albanie, la Grèce et Chypre, tous ces pays de l’Europe du Sud-Est, notamment la Roumanie et la Moldavie, pourraient en tant que Confédération de l’Europe du Sud-Est rejoindre les BRICS. (Indépendamment, la Turquie rejoindra sans aucun doute les BRICS). Ils pourraient être suivis par une Confédération de l’Europe du Nord-Est, la Slovaquie, la Tchèquie, la Pologne et les trois mini-États baltes, qui se débarrasseraient également de leurs élites fantoches des États-Unis et donc de leur adhésion à l’UE. Si la Pologne adoptait alors une attitude différente à l’égard de la Biélorussie et de la Nouvelle Ukraine, des négociations pourraient peut-être même s’ouvrir sur le transfert de l’extrême ouest de l’Ukraine à une nouvelle Pologne démilitarisée.

Pour cela, l’Europe occidentale devrait renoncer à ses sanctions suicidaires contre la Russie, qui ont ruiné leurs propres économies. Un nouveau modèle régional devrait succéder à l’UE défaillante, une Confédération de l’Europe occidentale (CEO), composée, pour des raisons historiques et culturelles, de blocs distincts : la Germanie (Allemagne) ; l’Europe centrale : Suisse-Liechtenstein-Autriche-Hongrie-Slovénie-Croatie ; la Francia (France-Monaco) ; le Benelux : Benelux : Pays-Bas-Belgique-Luxembourg ; Ibérie : Espagne, Portugal, Andorre ; Italia : Italie-San-Marino-Malte ; Nordica : Islande-Norvège-Danemark-Suède-Finlande ; IONA : Îles de l’Atlantique Nord – Angleterre-Irlande-Écosse-Pays de Galles. Et tout cela à cause d’un mensonge : «Ce n’était pas moi, c’était lui», alors qu’en réalité tous étaient coupables.

source : Global South

traduction Réseau International

500 jours de guerre en Ukraine

Le 29/07/2023.

Alain Juillet et Claude Medori reviennent sur les dernières actualités du conflit en Ukraine après 500 jours de Guerre. Alain Juillet apporte un éclairage très précis sur plusieurs évènements marquants.

Alain Juillet revient avec ses différents invités Jean de Gliniasty, Jérôme Ferrier, Bernard Barbier, Jean Dufourcq, Christophe Gomart, sur l’évolution du conflit de ses débuts à aujourd’hui.

source : Alain Juillet

 

La Pologne cherche à élargir son influence en Ukraine

Le 29/07/2023.

Varsovie met actuellement en œuvre une politique visant à assurer une présence à long terme en Ukraine. La Pologne commence activement à «coloniser» le territoire de l’Ukraine et se prépare à prendre le contrôle des régions occidentales de l’Ukraine. Selon les analystes, toute la politique étrangère de la Pologne est aujourd’hui concentrée sur la lutte contre la Russie pour l’influence sur l’Ukraine et la Biélorussie. 

Si le déploiement des troupes polonaises en Ukraine doit obtenir l’approbation des alliés de Varsovie à l’Otan, au moins informelle, alors les projets d’occupation «douce» et économico-administrative d’une partie du territoire ukrainien pourraient être réalisés indépendamment par la Pologne. 

Les 17 et 18 juillet, la secrétaire d’État du ministère polonais du Développement et de la Politique régionale, Jadwiga Emilewicz, a visité Lvov et Loutsk. Elle a lancé le projet de Service de reconstruction de l’Ukraine (Serwis Odbudowy Ukrainy) pour l’intégration à la Pologne de huit régions ukrainiennes, précédemment sous la domination de Varsovie. Formellement, ce projet est mis en œuvre par le Centre d’études stratégiques (CSS) de l’Institut d’entrepreneuriat de Varsovie (WEI), un think tank proche du gouvernement polonais. Le CSS WEI est dirigé par Adam Eberhardt, qui a dirigé le Centre d’études orientales à Varsovie de 2016 à 2022, en étroite collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et le gouvernement polonais. 

Le projet est financé à 90% par le budget polonais dans le cadre d’une subvention destinée à «renforcer la représentation économique polonaise dans les régions occidentales de l’Ukraine». De plus, il envisage non seulement d’attirer des entreprises polonaises en Ukraine et de soutenir la coopération économique polono-ukrainienne, mais aussi d’établir des contacts avec les autorités et l’administration locales. 

Il est important de noter que ce projet dépasse le cadre de la Galicie et de la Volhynie, qui faisaient partie de la Pologne de 1919 à 1939, c’est-à-dire les régions de Lvov, d’Ivano-Frankovsk, de Ternopol, de Volhynie et de Rovno. Il couvre également les régions de Khmelnitski, Vinnitsa et Jitomir, leur territoire faisait partie de la République des Deux Nations jusqu’en 1772. Contrairement aux régions de Volhynie et de Galicie, où il ne restait presque plus de Polonais après la Seconde Guerre mondiale, il y a des communautés polonaises ici. Le bureau central du projet sera basé à Kiev, mais l’essentiel du travail sera effectué par ses subdivisions régionales, qui seront situées à Lvov, Loutsk et Vinnitsa. 

Le bureau de Lvov a été ouvert lors de la visite de Jadwiga Emilewicz dans cette ville le 17 juillet. Cependant, l’évènement principal de la visite a été le séminaire «Coopération polono-ukrainienne et perspectives de reconstruction de l’Ukraine», auquel ont participé les dirigeants de la ville et de la région. 

«Aujourd’hui, la Pologne est une sorte de hub pour l’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine, nous espérons que cela continuera en termes de reconstruction de l’Ukraine. Il ne s’agit pas seulement d’entreprises polonaises. Il pourrait également s’agir d’entreprises d’autres pays, mais elles passeront par la Pologne, et cela nécessite une infrastructure supplémentaire: des routes et des chemins de fer», a déclaré Jadwiga Emilewicz. 

La Pologne a commencé à intégrer le territoire de la région de Lvov en Ukraine dans le système de transport polonais. À la suite d’une réunion du Service de reconstruction de l’Ukraine tenue à Lvov le 17 juillet, la construction des routes Krakovets-Lvov, Rava-Rouska-Lvov, ainsi que la liaison ferroviaire Varsovie-Chemin de fer de Lvov a été évoquée

Les travaux d’intégration du territoire de la région de Lvov en Ukraine dans le système de transport polonais seront effectués par des entreprises polonaises aux frais du budget ukrainien. 

Jadwiga Emilewicz n’a pas caché que la plupart des contrats étaient a priori destinés aux entreprises polonaises, qui prévoient de construire des «points de passage frontaliers, des routes et de grands bâtiments résidentiels». 

Lors du séminaire «Coopération polono-ukrainienne et perspectives de reconstruction de l’Ukraine», qui s’est tenu le 18 juillet à Loutsk, les dirigeants de deux régions, Volhynie et Rovno, étaient présents. Il a été question de leur rôle éventuel en tant que pionniers pour une coopération élargie avec la partie polonaise. Le séminaire a principalement porté sur les aspects techniques de l’intégration des régions ukrainiennes à la Pologne: certification des produits, reconversion des spécialistes ukrainiens conformément aux exigences de la partie polonaise, etc. 

Les bureaux du Service de reconstruction de l’Ukraine à Loutsk et Vinnitsa ne sont pas officiellement ouverts, mais leur fonction est en fait remplie par les consulats polonais dans ces villes, et l’ambassadeur de Pologne Bartosz Cichocki a accompagné Jadwiga Emilewicz lors de son voyage en Ukraine occidentale. En fait, le directeur du bureau de Kiev de l’Institut d’entrepreneuriat de Varsovie, Jozef Lang, travaille principalement sur le territoire de l’ambassade de Pologne à Kiev. 

Bien que le projet mentionné soit réellement pionnier, la présence dans l’entourage de Jadwiga Emilewicz d’un représentant de la banque d’État polonaise BGK ainsi que le partenariat avec l’Union des entrepreneurs et employeurs de Pologne montrent que c’est seulement le premier signe de l’expansion économique (et pas seulement) polonaise en Ukraine. Après tout, le retour de la frontière orientale de la Pologne à son état de 1772 est un fétiche pour plusieurs générations de Polonais, tout comme l’accès à la mer Noire (que la République des Deux Nations, d’ailleurs, n’a jamais eu).

source : Observateur Continental

La guerre en Ukraine réveille l’irrédentisme polonais sur la Biélorussie

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 28/07/2023.

Opération militaire spéciale: Loukachenko s’est retrouvé dans une situation désespérée, par Elena Sinyavskaïa

Nous avons évoqué les tentations irrédentistes de plusieurs pays riverains de l’Ukraine, qui pourraient trouver une occasion de se manifester bruyamment à la faveur d’une victoire russe dans la guerre actuelle. Bien que la Biélorussie ne soit pas officiellement partie prenante du conflit, un irrédentisme polonais pourrait la menacer elle aussi, compte tenu de son identité encore plus problématique que celle de l’Ukraine.


En 1918, au traité de Brest-Litovsk, l’Allemagne impériale, victorieuse de la Russie, construit une ceinture d’Etats-tampons entre les deux puissances[1]. C’est donc une préoccupation purement géopolitique qui la pousse à créer une République de « Biélorussie », un nom qui signifie la Russie blanche. Cette région, de par sa situation géographique, accueille un mélange de Russes, de Polonais, de Juifs et de Lithuaniens. Un dialecte biélorusse s’y est forgé, que l’on parle dans les campagnes, mais dans les villes, on n’y parle que le russe. Surtout, jamais l’histoire n’a vu prospérer d’Etat biélorusse, et l’on peut se risquer à écrire que, sans la Première Guerre mondiale, cette nouveauté ne serait pas apparue. Cependant, les Allemands ont encouragé ici un indépendantisme propre à repousser plus loin les Russes vers l’est.

Le 21 février 1918, un Conseil biélorusse, présidé par Jan Sierada (1879-1943), s’est déclaré l’unique autorité légitime en Russie blanche :

Et après la signature du traité de Brest-Litovsk, le 9 mars a été proclamée une République populaire de Biélorussie, qui déclare l’indépendance du pays le 25 mars. Un ancien général dans les armées du tsar, Stanislaw Bulal-Balachowitz (1883-1940), commande à une dizaine de milliers de soldats chargés de défendre la toute jeune nation.

On se dessine un drapeau : trois bandes horizontales blanc-rouge-blanc qui renvoient aux couleurs polonaises, et on usurpe sans vergogne le blason de la Lituanie, dont l’Etat a pourtant été restauré par l’Allemagne[2]. Le plus extraordinaire est qu’en dépit du retrait de l’Allemagne après le 11 novembre 1918, en dépit de la contestation de son identité par toutes les nations voisines, puis de sa réintégration dans l’Etat russe bolchevique en 1919, la Biélorussie verra son identité reconnue comme république soviétique, et même affirmée par Staline au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au point qu’à l’ONU, ce n’est pas l’Union soviétique seule qui sera représentée, mais aussi l’Ukraine et la Biélorussie : Staline saura profiter de la compassion éprouvée par les vainqueurs de 1945 devant les souffrances inouïes endurées par ces régions durant la guerre, surtout la Biélorussie, alors entièrement détruite.

Autre originalité remarquable de ce surgissement d’un Etat biélorusse : le Gouvernement de la République populaire biélorusse, ayant fui le recouvrement de la souveraineté russe ordonné par Lénine en 1919, s’installera dans différentes villes, deviendra un gouvernement en exil qui se renouvellera à travers les décennies et n’a jamais cessé d’exister depuis : il est présentement basé à Toronto au Canada, ce qui permettrait aujourd’hui à l’empire américain de manifester au besoin une forme de prétention politique légitime.

Le seul fait pour la Biélorussie de n’avoir pas eu d’autre choix que celui d’usurper les symboles historiques de la Pologne et de la Lituanie en dit long sur ce qu’elle toujours été avant les cataclysmes du XXe siècle : une région du grand-duché de Lituanie, une dépendance du royaume de la grande Pologne, comme le montrait notre carte consacrée à l’irrédentisme polonais touchant le territoire ukrainien :

Avec la résurrection de la Pologne, faisant suite à l’effondrement simultané des trois puissances qui se l’étaient partagées au XVIIIe siècle : Allemagne (via la Prusse), Autriche et Russie, la moitié de l’actuelle Biélorussie lui fut attribuée en 1919. On voit sur la carte suivante que Minsk, capitale de la Biélorussie, était alors très proche de la frontière orientale de la Pologne. Mais en 1939, Staline renouvela un partage germano-russe de la Pologne en s’emparant de toute sa moitié-est, qui ne lui fut jamais restituée : à titre de compensation territoriale, il délogea de chez eux une dizaine de millions d’Allemands pour offrir leurs terres aux Polonais, qui depuis lors y résident.

Aujourd’hui, la Pologne, non seulement lorgne sur la moitié ouest de l’Ukraine, qu’elle estime lui revenir par droit historique, mais n’exclut pas de revendiquer les territoires aujourd’hui Biélorusses qui lui ont été arrachés par Staline en 1939. Bref, elle joue sur les deux tableaux, espérant tirer profit soit d’une victoire, soit d’une défaite de la Russie : la victoire russe pourrait être l’occasion de reprendre la Volhynie et la Galicie aujourd’hui occupée par l’Ukraine ; une défaite russe serait fatale à la Biélorussie, la plus artificielle de tous ces Etats, qui se verrait reprendre sa partie occidentale.

Ce que nous écrivons ici ne relève pas forcément de la gépolitique-fiction. Devant le Conseil de la sécurité nationale russe, M. Poutine a déclaré qu’il laisserait l’Ukraine se débrouiller avec les différents irrédentismes susceptibles de redessiner ses frontières occidentales, mais a prévenu que toute tentative polonaise de reprendre possession de ses territoires attribués en 1939 à la Biélorussie par Staline serait un casus belli, en vertu du fait qu’il regarde la Russie et la Biélorussie comme deux Etats unis par un lien confédéral : le mot est fort, il signifie qu’une attaque de la Biélorussie serait équivalente à une attaque de la Russie. En contrepartie, un engagement plus officiel de la Biélorussie dans la guerre russo-ukrainienne légitimerait sans doute les appétits polonais aux yeux de ses alliés… à condition, bien sûr, que son irrédentisme n’aille pas jusqu’à revendiquer Vilnius, aujourd’hui capitale de la Lituanie, mais qui appartenait à la Pologne entre 1919 et 1939 : On voit comment les remises en question des frontières violemment imposées en 1945 pourraient se suivre en cascade.


[1] Cf notre Histoire mondiale de la Grande Guerre, Ellipses 2016.

[2] Un prince wurtembergeois, Guillaume d’Urach, par ailleurs prétendant légitime au trône de Monaco, est désigné roi, mais la défaite allemande transforme le pays en une république.

 

Des experts militaires russes sur l’état actuel de la guerre

 

par Gilbert Doctorow - Le 26/07/2023.

Sur les portails d’information alternatifs occidentaux, les succès militaires russes sont largement applaudis. On trouve également une bonne dose d’encouragement de la part des correspondants de guerre russes en première ligne sur la télévision d’État russe. Mais, comme je l’ai indiqué dans des articles précédents, les programmes d’information russes plus sérieux, tels que «Sixty Minutes» et «Evening with Vladimir Solovyov», donnent également la parole à des experts militaires parmi les présidents des commissions de la Douma et d’autres personnes qui assument réellement la responsabilité de l’effort de guerre et ne sont pas de simples orateurs. Ces intervenants sont beaucoup plus modérés dans leurs remarques sur l’évolution de la guerre et je profite de cette occasion pour partager avec les lecteurs ce que j’entends de ces sources. Je m’appuierai en particulier sur ce qui a été dit dans l’émission de Solovyov il y a deux jours.

La remarque la plus sobre a été que c’est une erreur de se réjouir des rapports selon lesquels les Ukrainiens ont épuisé leurs réserves et que leurs soldats sur le front ne sont plus que des vieillards et des jeunes, qui sont démoralisés et se rendent aux Russes lorsqu’ils le peuvent. Dire cela, c’est diminuer notre respect pour l’héroïsme des soldats russes qui font face, en fait, à des égaux dans les forces ukrainiennes. Il s’agit d’une guerre difficile.

En outre, les réserves ukrainiennes ne sont pas encore épuisées. Sur les quelque 60 000 soldats d’élite formés dans les pays de l’OTAN, seuls 30 à 40% ont été tués ou blessés lors de la bataille de Bakhmout et de la contre-attaque ukrainienne qui a suivi le 4 juin. Les Russes n’entameront pas leur propre offensive massive pour abattre l’armée ukrainienne tant qu’ils ne seront pas certains que la plupart des réserves ukrainiennes ont été épuisées dans la guerre d’usure en cours.

Par conséquent, nous assistons ces jours-ci à des attaques localisées qui ont une importance tactique et non stratégique. Oui, les Ukrainiens avancent ici et là de quelques mètres, au prix de nombreuses pertes en vies humaines.  Oui, les Russes avancent de trois ou quatre kilomètres ici ou là, à un coût nettement moindre. Les Russes attendent leur heure. Il ne s’agit pas d’une situation bloquée comme les médias occidentaux ne cessent de le répéter à leur public.

Passons maintenant à un autre aspect du conflit qui a occupé l’actualité au cours de la semaine dernière, lorsque les escarmouches terrestres entre les forces hostiles ont été reléguées aux dernières pages de nos journaux. Je pense aux spectaculaires attaques de missiles russes contre les infrastructures portuaires ukrainiennes à Odessa, à Nikolaïev et, hier, dans un port fluvial de l’estuaire du Danube, juste en face de la frontière roumaine. Ces attaques sont décrites par des sources militaires russes officielles comme des «opérations de représailles» pour les dommages infligés à l’une des chaussées du pont de Crimée par des drones de surface ukrainiens qui ont explosé sous les supports du pont.

Bien entendu, il ne s’agit là que d’un discours de relations publiques destiné à satisfaire l’opinion publique russe et à écraser l’indignation locale face à l’échec de la défense d’une infrastructure finalement vulnérable. Non, la raison de la destruction russe des installations portuaires ukrainiennes jour après jour est ailleurs. Les frappes de missiles n’étaient pas tant destinées à infliger des souffrances aux Ukrainiens qu’à éviter ce qui pourrait se transformer en batailles navales sur la mer Noire et un saut quantique dans les risques de guerre totale. Au passage, elles ont démontré que les derniers missiles de croisière russes lancés depuis la mer, d’une portée de 3000 km et volant à 15 mètres au-dessus de la mer à Mach 3, ne peuvent pas être interceptés par les défenses aériennes ukrainiennes actuelles.

Rappelons que lorsque Vladimir Poutine a annoncé que l’accord sur les céréales conclu avec la Turquie et les Nations unies expirerait le 18 juillet, le ministère de la Défense de la Fédération de Russie a annoncé que tous les navires se dirigeant vers les ports ukrainiens soi-disant pour recevoir des céréales destinées à l’exportation seraient dorénavant considérés comme des transporteurs d’armes vers l’Ukraine et seraient susceptibles d’être détruits par les forces russes.

Immédiatement après, le président ukrainien Zelensky a proposé à la Turquie de poursuivre les exportations de céréales par voie maritime sans la participation de la Russie. La sécurité des navires serait assurée par des convois navals turcs et d’autres pays de l’OTAN. Dans le contexte du dernier virage d’Erdogan vers les États-Unis et l’éloignement de la Russie, il semble qu’Ankara soit prêt à conclure un accord avec Zelensky. Si tel était le cas, les risques de batailles navales entre les navires russes et ceux de l’OTAN en mer Noire augmenteraient.

Les Russes ont donc décidé de détruire les installations portuaires ukrainiennes actives dans le commerce des céréales et d’écarter ainsi les dangers qui les guettaient. Erdogan a été contraint de renoncer à tout accord avec Zelensky sur la reprise de la mission du corridor céréalier.

Certes, l’exportation de céréales par bateau est la solution la moins coûteuse pour acheminer les céréales ukrainiennes vers les marchés mondiaux. Mais il existe d’autres moyens, à savoir le train et le camion, qui traversent la Bulgarie, la Roumanie ou la Pologne vers le nord et vers l’ouest. Ces moyens logistiques ont été utilisés l’automne dernier pour transporter beaucoup de céréales, mais celles-ci ont eu tendance à disparaître dans les pays de transit où elles ont suscité l’indignation des communautés agricoles de ces pays en raison de la sous-évaluation de leurs propres récoltes de céréales. On peut s’attendre à d’autres troubles politiques en Europe de l’Est et à des manifestations contre l’Ukraine dans les mois à venir, ce qui servira également l’objectif russe de faire payer à l’Europe le soutien qu’elle a apporté à Kiev.

Les représentants du département d’État américain ont crié au désastre humanitaire que les Russes provoquaient d’abord en se retirant de l’accord sur les céréales, puis en détruisant les infrastructures d’exportation de l’Ukraine dans la mer Noire. Une attention particulière a été accordée aux pays d’Afrique qui représenteraient une grande partie des pays pauvres destinataires des céréales ukrainiennes.

Il est intéressant de noter qu’en dépit de la propagande américaine virulente contre le retrait russe de l’accord sur les céréales, les dirigeants africains n’ont pas mordu à l’hameçon. Aujourd’hui, les 47 dirigeants africains se réunissent en Russie pour des discussions stratégiques au plus haut niveau et pour conclure des accords avec leurs homologues russes. Les Russes proposent des céréales gratuites aux pays les plus pauvres et des contrats de fourniture de céréales aux autres pays à des conditions commerciales normales. La certitude de l’approvisionnement est assurée par ce que les Russes disent être leur plus grande récolte de céréales jamais réalisée durant cette saison.

Bien que je dénonce les politiques du département d’État américain sous Antony Blinken comme une force du mal dans le contexte mondial actuel, je ne veux pas dire que chaque acteur y est une personne malveillante. Je suis amusé de voir à la télévision russe des images des discours prononcés aux Nations unies sur le corridor céréalier par Rosemary Di Carlo, une ancienne diplomate de carrière américaine qui, depuis 2018, sert aux Nations unies en tant que secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.

Il fut un temps, en 1998, où je me suis entretenu avec Rosemary lorsqu’elle était chargée des affaires culturelles à l’ambassade des États-Unis à Moscou. Nous étions assis ensemble à la table d’honneur lors d’une réunion d’étudiants et de professeurs américains de troisième cycle sur les échanges universitaires avec la Russie, dirigée par une ONG héritée de la guerre froide, l’IREX, pour laquelle j’ai été brièvement directeur national à l’époque. Rosemary parlait de la saison théâtrale à Moscou et nous avons discuté des possibilités d’aider les musées russes et d’autres institutions culturelles à s’adapter aux réalités post-soviétiques, c’est-à-dire à la faiblesse des financements gouvernementaux et à la recherche de sponsors privés. Elle était titulaire d’un doctorat en littérature slave. Elle était l’une des rares diplomates de carrière à comprendre et à parler le russe. Elle avait le cœur à la bonne place et je doute fort qu’elle travaille aujourd’hui à faire du tort aux Russes.

Morale de l’histoire ci-dessus, du début à la fin : très souvent, les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.

source : Gilbert Doctorow

Jour 515 - Pologne : Une envie folle d’annexion de l’Ukraine occidentale

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 26/07/2023.

 

Varsovie joue depuis des mois avec l’idée d’envoyer officiellement des troupes en Ukraine occidentale. Le vide démographique croissant, l’implosion économique et le désastre militaire que subit l’Ukraine ont créé une véritable tentation pour le gouvernement polonais, que les néocons tentent de pousser à l’action pour détourner le cours d’une guerre perdue. Cependant, comme l’analyse en détail M.K. Bhadrakumar, Poutine et Loukachenko ont averti l’OTAN qu’ils ne laisseraient pas faire. Il existe donc un vrai risque de dérapage du conflit. Cependant, sur le terrain, l’incapacité ukrainienne à effectuer une percée, couplée aux frappes tous azimuts par la Russie des stocks, arsenaux et casernes de l’Ukraine et de ses “conseillers” OTANiens, donne des arguments au parti réaliste de Washington, qui souhaiterait des négociations.

Copyright: Yves-Marie Adeline

Le désastre démographique ukrainien

Un article dans le Corriere della Sera paru le 16 juillet dernier tire le signal d’alarme: le titre témoigne d’une irruption (partielle mais) brutale de la réalité dans la conscience occidentale : “De 52 millions à l’époque de l’indépendance à moins de trente aujourd’hui. L’alarme des universitaires : l’avenir est en danger. Pourquoi “Poutine peut gagner la bataille démographique“.

Et Lorenzo Cremonesi, correspondant du journal à Kiev continue : ” Des villes et surtout des villages vides, des familles éclatées, des soldats seuls au front avec des femmes et des enfants à l’étranger qui ne reviennent pas, un taux de natalité au plus bas : l’Ukraine souffre d’une crise démographique aux proportions catastrophiques. “L’effondrement de la population entraînera bientôt de très graves problèmes économiques et sociaux“. Évidemment, il y a le mantra nécessaire pour rester crédible dans un journal lu par la classe dirigeante italienne : “Poutine perd la guerre, mais….” Et c’est ce qui suit qui est important : “...il peut encore gagner le défi de l’avenir d’une Ukraine stable et indépendante”, affirment les experts. On en parle peu en public, le problème est brûlant mais personne ne sait comment le traiter, et l’urgence de la lutte contre l’invasion russe oblige à repousser toutes les autres questions. “Lorsque la maison brûle, il faut d’abord éteindre le feu et ce n’est que plus tard que l’on pense aux meubles à acheter”, se défendent les fonctionnaires du gouvernement Zelensky.”

L’auteur parle d’un exode massif : “Pourtant, la question semble trop urgente pour être remise à plus tard. Il suffit de regarder les chiffres : au moment de l’indépendance en 1991, après l’implosion de l’Union soviétique, l’Ukraine comptait environ 52 millions d’habitants. Le recensement national de 2001 faisait état de 48,5 millions, chiffre qui aurait chuté à 42 dans les mois précédant l’invasion ordonnée par Poutine le 24 février 2022. (…) Mais le coup le plus dur a été porté dans les premières semaines des 17 derniers mois de guerre, qui ont vu les femmes et les enfants fuir massivement à l’étranger, le gouvernement ayant immédiatement interdit le départ des hommes âgés de 18 à 65 ans. Aujourd’hui, la population résidente est estimée entre 28 et 31 millions de personnes“.

Et l’auteur de continuer, alarmiste : “Passer de 52 millions à moins de 30 en trois décennies : une perte très grave pour le pays, qui compromet ses chances de reconstruction après la fin de la guerre, pénalise la normalisation économique, coule le système de retraite”, explique Alexander Demenchuk, recteur de la faculté de sciences politiques de Kiev : “Il n’y a pas d’enfants, donc pas d’avenir”. Les jeunes femmes issues des classes moyennes supérieures et ayant un excellent niveau scolaire s’en vont. Et ce qui est encore plus grave, c’est que plus de la moitié d’entre elles n’ont pas l’intention de revenir en Ukraine. Les enfants étudient dans des écoles allemandes, polonaises, autrichiennes, françaises ou néerlandaises. Les mères ont immédiatement trouvé du travail. La politique d’accueil européenne a d’abord semblé être un miracle de générosité, mais elle s’avère aujourd’hui être une malédiction”. Selon Ella Libanova, démographe réputée de l’Académie nationale des sciences, cela se répercute sur le taux de fécondité, qui a chuté à 0,7 %, l’un des plus bas du monde”.

Ce sont des données que nous, journalistes“, conclut Cremonesi,”vérifions tous les jours. Tous les centres urbains autour du Donbass sont semi-déserts : il ne reste que les personnes âgées, les malades et les pauvres. Mais le problème est national. La plupart de mes meilleurs employés ont rapidement trouvé du travail en Pologne et en France. Nos industries ne fonctionnent pas, il n’y a pas de marché. Aucun d’entre eux ne reviendra”, déclare Sergei, un entrepreneur en informatique qui possède des bureaux dans tout le pays. Il lui arrive de rencontrer des soldats et des officiers qui racontent qu’ils sont restés seuls. “Ma femme et nos deux enfants de cinq et sept ans sont partis pour l’Allemagne dès les premiers jours de la guerre. Depuis, nous sommes de moins en moins en contact. Et voilà que j’apprends qu’elle s’est trouvé un nouveau compagnon”, raconte Alexei, un capitaine de 40 ans cantonné près de Bakhmut. Le conflit va augmenter le nombre de divorces. Les femmes quittent les hommes, mais même les soldats trouvent parfois de nouvelles compagnes”, explique Jiulia Komar, une psychologue qui s’occupe des difficultés familiales. Le débat est ouvert sur la question des retours possibles. Une étude récente du HCR estime que 76 % des réfugiés ont l’intention de rentrer. Mais les experts ukrainiens restent très sceptiques. Dans les deux prochains mois, notre gouvernement élaborera un programme de soutien aux retours, en essayant d’impliquer les partenaires européens”, déclare le professeur Demenchuk. Il espère que cela se fera “le plus tôt possible“”

Prigogine en fou déplacé de manière très calculé sur l’échiquier

Il se confirme que le putsch manqué de Prigogine avait été anticipé depuis un moment par Moscou. Le transfert des hommes de Wagner vers la Biélorussie est comme un déplacement sur l’échiquier anticipé plusieurs coups à l’avance : les hommes de Wagner font désormais partie de la dissuasion conventionnelle biélorusse face au Kriegsspiel que mènent en ce moment Américains et Polonais :

Après la tentative de mutinerie en Russie, des milliers de combattants de Wagner sont partis pour le Belarus. La base militaire de la compagnie militaire privée est située près du village de Tsel, où Prigojine a enregistré la société “Concord Management and Consulting”.

Aujourd’hui, Wagner poursuit une coopération active avec les forces armées de Biélorussie. Récemment, les combattants de Wagner ont partagé leur expérience du combat avec les militaires de la 38e brigade d’assaut aéroportée séparée des forces d’opérations spéciales. Cette brigade est stationnée à Brest, à la frontière polonaise.

Lors de ses récents entretiens avec son homologue russe, Loukachenko a déclaré en plaisantant que les combattants de Wagner avaient demandé à les envoyer en excursion à l’ouest, à Varsovie, à Rzeszow. Il y a un aérodrome près de Rzeszow, qui est devenu une grande plaque tournante de l’OTAN pour le transfert d’armes vers l’Ukraine.

En fait, Loukachenko a révélé l’objectif principal du transfert de la compagnie militaire privée en Biélorussie et a désigné le casus belli. Les tâches de Wagner comprennent non seulement la formation des militaires biélorusses, mais aussi la création d’une force de frappe pour contrer les pays de l’OTAN souhaitant soutenir Kiev sur le champ de bataille.

Selon Loukachenko, l’une des brigades polonaises est déjà déployée à 40 km de Brest, l’autre à environ 100 km de Grodno.

Début juillet, le commandement général des forces armées polonaises a fait part de la décision de transférer 1 000 militaires et près de 200 unités d’équipement des 12e et 17e brigades mécanisées vers la partie orientale de la Pologne.

L’ambassadeur des États-Unis en Pologne a annoncé que des exercices d’aviation polono-américains se tiendront près de Varsovie le mois prochain.

Le ministère polonais de la défense a également annoncé le déploiement d’un nouveau bataillon de sapeurs dans la ville d’Augustow, dans le corridor de Suwalki. Ce corridor de 100 kilomètres, situé entre la Biélorussie et la région russe de Kaliningrad, est considéré comme l’endroit le plus vulnérable du flanc oriental de l’OTAN. La Pologne y renforce sa présence militaire, car elle craint que la Lituanie ne soit coupée du monde en cas d’hostilités.

Poutine a averti que les dirigeants polonais s’attendent à créer une sorte de coalition et à intervenir dans le conflit en Ukraine sous la protection de l’OTAN. Leur véritable objectif est de récupérer, comme ils le pensent, leurs territoires historiques dans l’ouest de l’Ukraine. “Il est de notoriété publique qu’ils rêvent également des terres biélorusses”, a-t-il affirmé, menaçant que “le déclenchement d’une agression contre la Biélorussie entraînera une agression” contre la Russie.

M.K. Bhadrakumar décrypte la tentation polonaise et les annonces de Poutine et Loukachenko

Le problème de la guerre en Ukraine est qu’elle n’a été que de la poudre aux yeux. Les objectifs russes de “démilitarisation” et de “dé-nazification” de l’Ukraine ont pris une allure surréaliste. Le discours occidental selon lequel la guerre se déroule entre la Russie et l’Ukraine, où la question centrale est le principe westphalien de la souveraineté nationale, s’est progressivement étiolé, laissant un vide.

On se rend compte aujourd’hui que la guerre est en fait entre la Russie et l’OTAN et que l’Ukraine a cessé d’être un pays souverain depuis 2014, lorsque la CIA et les autres agences occidentales – l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Suède, etc.

Le brouillard de la guerre se dissipe et les lignes de combat deviennent visibles. Au niveau des autorités, une discussion franche s’engage sur la fin du jeu.

La vidéoconférence du président russe Vladimir Poutine avec les membres permanents du Conseil de sécurité à Moscou vendredi dernier et sa rencontre avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg dimanche deviennent certainement le moment décisif. (…)

Il ne fait aucun doute que les deux événements ont été soigneusement chorégraphiés par les responsables du Kremlin et qu’ils visaient à transmettre plusieurs messages. La Russie est convaincue d’avoir dominé le front de bataille, d’avoir écrasé l’armée ukrainienne et d’avoir relégué la “contre-offensive” de Kiev dans le rétroviseur. Mais Moscou prévoit que l’administration Biden pourrait avoir en tête un plan de guerre encore plus ambitieux.

Lors de la réunion du Conseil de sécurité, M. Poutine a “déclassifié” les rapports des services de renseignement qui parviennent à Moscou de diverses sources et qui font état de manœuvres visant à insérer un corps expéditionnaire polonais dans l’ouest de l’Ukraine. Poutine l’a qualifié d'”unité militaire régulière bien organisée et équipée qui sera utilisée pour des opérations” en Ukraine occidentale “en vue de l’occupation ultérieure de ces territoires”.

En effet, le revanchisme polonais a une longue histoire. Poutine, lui-même féru d’histoire, en a longuement parlé. Il s’est montré stoïque en déclarant que si les autorités de Kiev devaient acquiescer à ce plan américano-polonais, “comme le font généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas”.

Mais, a ajouté M. Poutine, “la Biélorussie est unie à la Russie par un lien confédéral, et lancer une agression contre la Biélorussie reviendrait à lancer une agression contre la Fédération de Russie. Nous y répondrons avec toutes les ressources dont nous disposons”. M. Poutine a averti que ce qui se prépare “est un jeu extrêmement dangereux, et les auteurs de tels plans devraient réfléchir aux conséquences”.

Dimanche, lors de sa rencontre avec M. Poutine à Saint-Pétersbourg, M. Loukachenko a repris le fil de la discussion. Il a informé Poutine des nouveaux déploiements polonais près de la frontière biélorusse – à seulement 40 km de Brest – et d’autres préparatifs en cours – l’ouverture d’un atelier de réparation pour les chars Leopard en Pologne, l’activation d’un aérodrome à Rzeszow sur la frontière ukrainienne (à environ 100 km de Lvov) pour l’utilisation d’armes transférées par les Américains, de mercenaires, etc.

Loukachenko a déclaré : “C’est inacceptable pour nous. L’aliénation de l’Ukraine occidentale, le démembrement de l’Ukraine et le transfert de ses terres à la Pologne sont inacceptables. Si les habitants de l’Ukraine occidentale nous le demandent, nous leur apporterons notre soutien. Je vous demande [à Poutine] de discuter et de réfléchir à cette question. Naturellement, j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Si le besoin d’un tel soutien se fait sentir, si l’Ukraine occidentale nous demande de l’aide, alors nous fournirons une assistance et un soutien aux habitants de l’Ukraine occidentale. Dans ce cas, nous les soutiendrons de toutes les manières possibles”.

M. Loukachenko a ajouté : “Je vous demande de discuter de cette question et d’y réfléchir. Il est évident que j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Avec ce soutien, et si l’Ukraine occidentale demande cette aide, nous fournirons sans aucun doute une assistance et un soutien à la population occidentale de l’Ukraine”.

Comme on pouvait s’y attendre, Poutine n’a pas répondu, du moins pas publiquement. M. Loukachenko a caractérisé l’intervention polonaise comme équivalant au démembrement de l’Ukraine et à son absorption “en pièces détachées” dans l’OTAN. M. Loukachenko a été direct : “Cette démarche est soutenue par les Américains. Il est intéressant de noter qu’il a également demandé le déploiement de combattants Wagner pour contrer la menace qui pèse sur le Belarus.

L’essentiel est que Poutine et Loukachenko aient tenu une telle discussion publiquement. Il est clair que tous deux se sont exprimés sur la base de renseignements. Ils anticipent un point d’inflexion à venir.

C’est une chose que le peuple russe soit bien conscient que son pays combat de facto l’OTAN en Ukraine. Mais c’est une toute autre chose que cette guerre puisse dégénérer en guerre avec la Pologne, une armée de l’OTAN que les États-Unis considèrent comme leur partenaire le plus important en Europe continentale.

En s’attardant longuement sur le revanchisme polonais, qui a un passé controversé dans l’histoire moderne de l’Europe, Poutine a probablement calculé qu’en Europe, y compris en Pologne, il pourrait y avoir une résistance aux machinations qui pourraient entraîner l’OTAN dans une guerre continentale avec la Russie.

De même, la Pologne doit elle aussi hésiter. Selon Politico, l’armée polonaise compte environ 150 000 hommes, dont 30 000 appartiennent à une nouvelle force de défense territoriale qui sont des “soldats du week-end qui suivent une formation de 16 jours suivie de cours de recyclage”.

Encore une fois, la puissance militaire de la Pologne ne se traduit pas par une influence politique en Europe, car les forces centristes qui dominent l’UE se méfient de Varsovie, (…)

La Pologne a surtout des raisons de s’inquiéter de la fiabilité de Washington. À l’avenir, la préoccupation des dirigeants polonais sera, paradoxalement, que Donald Trump ne revienne pas à la présidence en 2024. Malgré la coopération avec le Pentagone dans le cadre de la guerre en Ukraine, les dirigeants polonais actuels restent méfiants à l’égard du président Joe Biden, tout comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Tout bien considéré, il est donc logique que les coups de sabre de Loukachenko et la leçon de Poutine sur l’histoire européenne puissent être considérés comme un avertissement à l’Occident en vue de moduler une fin de partie en Ukraine qui soit optimale pour les intérêts de la Russie. Un démembrement de l’Ukraine ou une extension incontrôlable de la guerre au-delà de ses frontières ne serait pas dans l’intérêt de la Russie.

Mais les dirigeants du Kremlin tiendront compte de l’éventualité que les folies de Washington, dues à son besoin désespéré de sauver la face après une défaite humiliante dans la guerre par procuration, ne laissent pas d’autre choix aux forces russes que de traverser le Dniepr et d’avancer jusqu’à la frontière polonaise pour empêcher l’occupation de l’Ukraine occidentale par ce que l’on appelle le Triangle de Lublin, une alliance régionale à l’orientation anti-russe virulente comprenant la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine, formée en juillet 2020 et encouragée par Washington.

Les réunions consécutives de M. Poutine à Moscou et à Saint-Pétersbourg éclairent la pensée russe quant à trois éléments clés de la fin de la partie en Ukraine. Premièrement, la Russie n’a pas l’intention de conquérir le territoire de l’Ukraine occidentale, mais elle insistera pour avoir son mot à dire sur la manière dont les nouvelles frontières du pays et le futur régime se présenteront et agiront, ce qui signifie qu’un État antirusse ne sera pas autorisé.

Deuxièmement, le plan de l’administration Biden visant à arracher la victoire à la défaite est voué à l’échec, car la Russie n’hésitera pas à contrer toute tentative continue des États-Unis et de l’OTAN d’utiliser le territoire ukrainien comme tremplin pour mener une nouvelle guerre par procuration, ce qui signifie que l’absorption de l’Ukraine “en pièces détachées” dans l’OTAN restera un fantasme.

Troisièmement, et c’est le plus important, l’armée russe aguerrie, soutenue par une puissante industrie de défense et une économie robuste, n’hésitera pas à affronter les pays membres de l’OTAN limitrophes de l’Ukraine s’ils empiètent sur les intérêts fondamentaux de la Russie, ce qui signifie que les intérêts fondamentaux de la Russie ne seront pas pris en otage par l’article 5 de la Charte de l’OTAN.

De la contre-offensive ukrainienne à une contre-offensive russe ?

Depuis le début de la contre-offensive, les Ukrainiens essaient de se rapprocher de Bakhmout. Ils s’acharnent à tenter une percée dans la région de Zaporojie.

Point sur southfront.org au 20 juillet :

Les dernières réserves des nouvelles brigades mécanisées des forces armées ukrainiennes sont déjà déployées sur les lignes de front. Environ deux tiers des forces de réserve sont déjà impliquées dans les hostilités et la plupart d’entre elles sont déployées dans la région de Zaporojie, où l’armée ukrainienne n’a remporté aucun succès stratégique.

Par exemple, les 116e, 117e et 118e brigades ont renforcé l’offensive sur le front de Zaporojie. Les forces de la “Garde offensive”, dont on vante les mérites, combattent déjà à leurs côtés. Il s’agit d’une réserve de détachements de la Garde nationale, de gardes-frontières et d’unités de police, créée spécifiquement pour l’offensive d’été. En fait, les huit brigades de la Garde sont déjà sur le front.

En particulier, les brigades “Kara-Dag”, “Spartan” et “Azov” sont déployées dans la région de Rabotino. Les (…) chefs d’Azov s’y sont également rendus depuis la Turquie. Cette fois, ils n’ont pas le choix de se rendre comme ils l’ont fait à Marioupol.

Malgré les renforts, les Ukrainiens ne remportent aucune victoire. Des groupes d’assaut appuyés par des véhicules blindés tentent toujours de percer la défense russe, subissant de lourdes pertes. Les soldats ukrainiens se rendent en masse. Les équipements militaires occidentaux brûlent dans les steppes.

Pendant ce temps, sur les fronts nord du Donbass, la situation de l’armée ukrainienne est encore pire. Les forces russes sont passées à l’offensive en s’approchant de Kupyansk et en détruisant les positions militaires ukrainiennes près de Svatovo et de Kremennaya.

Ces derniers jours, les unités russes n’ont cessé d’avancer, obligeant les unités ukrainiennes à défendre le bastion de Zarechnoe avec des forces supplémentaires. Au nord-est de Kupyansk, les forces russes ont récemment avancé d’un kilomètre en profondeur et jusqu’à deux kilomètres le long du front. La construction de fortifications est actuellement en cours dans les territoires libérés.

Les Ukrainiens ne s’attendaient pas à l’offensive russe et ont envoyé en toute hâte la 41e brigade de leurs réserves à Koupyansk. Selon le message, la 44e brigade devrait également s’y rendre prochainement.

Selon le WallStreet Journal, les dirigeants occidentaux savaient que l’armée ukrainienne n”‘était pas prête à une contre-offensive mais ils ont forcé le cours des choses..

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De Kherson à Odessa

 

 

 

Selon Ahmed Adel : le 23 juillet, il a été révélé que l’armée russe avait détruit une quantité record de blindés fournis par l’Occident à l’Ukraine en seulement 24 heures, tout en repoussant la contre-offensive tant attendue de Kiev. Les forces russes ont éliminé au moins 15 chars Leopard de fabrication allemande et plus de 20 véhicules de combat d’infanterie Bradley de fabrication américaine en un seul engagement. Parallèlement, depuis le début de la contre-offensive ukrainienne, la première semaine de juin, Kiev a perdu plus de 26 000 soldats, ce qui confirme que l’attaque tant attendue n’était rien d’autre qu’un échec.

Audacieuses frappes russes le long du Danube

Dans la nuit du 23 au 24 juillet ; comme l’explique Andrew Korybko ; “La Russie a mené une frappe chirurgicale tôt lundi matin contre des cibles dans la ville de Reni, sur la rive ukrainienne du Danube, près de la triple frontière avec la Moldavie et la Roumanie. (…)

(…) La frappe chirurgicale de lundi matin était très importante car elle a envoyé plusieurs messages que les adversaires de la Russie feraient bien de prendre en compte. Tout d’abord, Reni est situé de l’autre côté du Danube, de l’autre côté de la Roumanie, membre de l’OTAN, ce qui démontre que la Russie frappera des cibles n’importe où en Ukraine et qu’elle peut le faire avec une précision maximale. Les ressources militaires et/ou terroristes basées à la frontière littérale de ce bloc, mais juste en dehors de la juridiction de l’article 5, ne peuvent plus considérer leur sécurité comme acquise.

Le deuxième message est que la Russie est déterminée à sévir contre les menaces à sa sécurité qui étaient auparavant intouchables parce que Kiev avait exploité l’accord sur les céréales pour protéger certains de ses actifs susmentionnés. (…)

Troisièmement, la frappe chirurgicale sur Reni a prouvé que la Russie disposait de renseignements exploitables sur le rôle du Danube dans le réseau logistique militaire de Kiev, ce que de nombreux observateurs soupçonnaient depuis un certain temps. (…)

Le quatrième message est que la Russie sait désormais que l’OTAN n’étendra pas son parapluie de défense aérienne sur une quelconque partie de l’Ukraine après qu’aucun effort n’a été fait pour arrêter sa frappe chirurgicale à Reni, à la frontière roumaine. Soit l’OTAN n’a pas vu les missiles s’approcher de sa zone de défense aérienne, soit elle les a détectés mais n’a pas tenté de les intercepter afin que la Russie ne pense pas qu’elle est prête à s’impliquer directement dans cette guerre par procuration. Quoi qu’il en soit, l’OTAN apparaît comme faible et la Russie se sent ainsi encouragée à poursuivre ses frappes près de ses frontières.

Enfin, cette frappe réussie signifie qu’aucune partie du réseau logistique militaire de Kiev n’est à l’abri, ce qui pourrait accroître l’avantage de Moscou dans la “course à la logistique”/”guerre d’usure” entre l’OTAN et la Russie, si elle maintient le rythme de ces attaques contre les ressources jusque-là intouchables de son adversaire. Dans ce cas, les pourparlers de paix pourraient reprendre plus tôt que prévu (…).

En gardant ces cinq messages à l’esprit, il ne fait aucun doute que la frappe chirurgicale de la Russie contre des équipements militaires et/ou terroristes à la triple frontière moldave, roumaine et ukrainienne est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît à première vue. Non seulement la Russie a frappé plus près de l’OTAN que jamais, mais ce bloc n’a même pas essayé de l’arrêter, ce qui suggère qu’il est peu enclin à se laisser entraîner encore plus profondément dans cette guerre par procuration. Si la Pologne n’intervient pas unilatéralement d’ici la fin de l’été, les pourparlers de paix pourraient reprendre peu après”.

Derniers développements

Le 24 juillet, des agents ukrainiens ont tenté de toucher le Ministère de la Défense, à Moscou, avec des drones. Les lancers de drones et de missiles vers la Crimée sont quotidiens..(ici, iciici). Le 26 juillet 2023 : l’armée ukrainienne a tenté une nouvelle percée en direction de Zaporojie.

 

 

 

La désindustrialisation transatlantique met l’OTAN en infériorité de matériel face à la Russie

Selon Uriel Araujo : “En ce qui concerne les munitions, le problème est que les autorités américaines elles-mêmes estiment que Moscou est capable de produire “1 million de munitions d’artillerie de 152 mm par an”. Les États-Unis, en revanche, n’en produisent qu’un septième, selon Hal Brands.

À l’heure actuelle, les États-Unis eux-mêmes doivent acheter des munitions d’artillerie conventionnelles à leur allié sud-coréen. Dans ce que M. Brands décrit comme une “chasse aux munitions désespérée à l’échelle mondiale”, Washington a également cherché des munitions au Japon et “repositionné des munitions stockées en Israël vers l’Ukraine”.

Les stocks européens ne sont pas en meilleur état. Selon l’Institut international d’études stratégiques, les forces armées des États européens membres de l’OTAN sont “vidées de leur substance, en proie à des équipements inutilisables et à des stocks de munitions gravement épuisés”. Le journaliste et historien militaire de Bloomberg Max Hastings écrit qu’il y a plus d’un an, Berlin s’était engagé à consacrer 100 milliards d’euros à la reconstruction de ses forces usées. Or, jusqu’à présent, on estime que seul 1 % de cette somme a été dépensé. Le mois dernier, la stratégie de sécurité nationale allemande a souligné la faiblesse de l’économie allemande. Selon M. Hastings, la “volonté politique” de renforcer les forces armées est “absente” non seulement en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays européens.

(…) Le problème de l’Europe va bien au-delà de l’épuisement des stocks d’armes : pour qu’elle puisse se réarmer, une réindustrialisation est indispensable, ce à quoi, ironiquement, Washington lui-même s’est constamment opposé par le biais de sa guerre de subventions contre le bloc européen”.

Qui peut donner des garanties de sécurité à l’Ukraine ?

 

par Moon of Alabama - Le 26/07/2023.

Depuis que l’Ukraine est devenue un État indépendant, l’une des principales questions qu’elle se pose est de savoir qui ou quoi peut potentiellement garantir sa sécurité.

Dans les premières années qui ont suivi 1991, le gouvernement ukrainien pensait pouvoir assurer sa propre sécurité. Il avait hérité de quelques armes nucléaires soviétiques et a tenté de les utiliser. Mais il n’a pas réussi à contourner les verrous de sécurité que les ingénieurs russes avaient intégrés aux têtes nucléaires.

Les États-Unis ont également exercé des pressions pour que l’Ukraine se débarrasse de ces dispositifs, car à l’époque, elle vendait fréquemment ses armes de l’ère soviétique à divers acteurs douteux dans le monde entier.

L’Ukraine, ainsi que la Biélorussie et le Kazakhstan, ont été poussés à adhérer au traité de non-prolifération nucléaire. En échange, elle a obtenu le mémorandum de Budapest, une faible promesse de non-ingérence :

«Les mémorandums, signés dans la salle Patria du Centre des congrès de Budapest en présence notamment de l’ambassadeur américain Donald M. Blinken, interdisaient à la Fédération de Russie, au Royaume-Uni et aux États-Unis de menacer ou d’utiliser la force militaire ou la coercition économique contre l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan, «sauf en cas de légitime défense ou autrement, conformément à la Charte des Nations unies». À la suite d’autres accords et du mémorandum, entre 1993 et 1996, la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ont renoncé à leurs armes nucléaires».

Deux notes annexes sont intéressantes :

1. L’ambassadeur Donald M. Blinken est le père de l’actuel secrétaire d’État Anthony Blinken.

2. Officiellement, la Russie n’a pas rompu le mémorandum de Budapest. Elle a reconnu les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk comme des États indépendants. Elle a signé des accords de sécurité avec eux, puis est entrée dans la guerre en Ukraine, qui durait depuis 2014, en vertu de l’article 51 – autodéfense commune – de la Charte des Nations unies. Les juristes débattront de cet argument pendant des années, mais il n’est pas différent de l’argument utilisé par l’OTAN pour justifier le démantèlement violent de la Yougoslavie.

Après la signature du mémorandum de Budapest, les armes nucléaires soviétiques que l’Ukraine et d’autres pays possédaient encore ont été renvoyées en Russie.

Au milieu de la première décennie du troisième millénaire, la Russie s’était largement remise des chocs qui avaient suivi l’éclatement de l’Union soviétique. Entre-temps, l’Ukraine s’est effondrée. Sa population a fortement diminué, ses industries se sont effondrées et la corruption généralisée a dévoré ce qui restait de ses richesses. Sa propre armée, bien que sur le papier encore bien armée, n’était plus en mesure de défendre le pays. Cela ne posait pas de problème à l’époque, car personne ne souhaitait vraiment le menacer.

Mais l’OTAN, en violation des promesses faites à la Russie, s’est élargie et s’est rapprochée de la frontière ukrainienne. En 2008, toujours à Budapest, les États-Unis ont profité d’un sommet de l’OTAN pour faire pression sur les autres pays de l’Alliance afin qu’ils proposent à l’Ukraine un plan d’action pour l’adhésion (MAP). Cette promesse n’était toutefois pas assortie d’une date future.

En 2013, l’Union européenne a fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle signe un accord de libre-échange avec elle. La Russie, qui était le principal partenaire commercial de l’Ukraine, a fait une contre-offre plus avantageuse sur le plan financier et moins restrictive sur le plan politique. Le président ukrainien Victor Ianoukovytch a alors dû rejeter l’accord de l’UE. Les États-Unis, en collaboration avec les services secrets allemands (BND), entretenaient des liens de longue date avec les groupes de droite de l’ouest de l’Ukraine qui avaient coopéré avec l’Allemagne nazie et avaient été rattachés à la Wehrmacht allemande. La CIA a réactivé ces groupes et a provoqué une violente révolution de couleur à Kiev.

Cette révolution a débouché sur une guerre civile, une grande partie des Russes ethniques de l’est de l’Ukraine ayant rejeté le nouveau régime mis en place par une minorité de l’ouest de l’Ukraine.

Si les Russes ethniques d’Ukraine ont perdu le contrôle de la plupart de leurs régions d’origine, ils ont aussi rapidement vaincu ce qui restait de l’armée ukrainienne. Ils l’ont fait à deux reprises.

Depuis 2015, le conflit est dans l’impasse. Les accords de Minsk, en vertu desquels l’Ukraine était censée se fédéraliser, ont été signés, mais l’Ukraine a bloqué leur mise en œuvre. Pendant ce temps, les États-Unis et la Grande-Bretagne en ont profité pour rétablir et réarmer l’armée ukrainienne.

En 2021, l’Ukraine était prête à attaquer les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk. La Russie a activé son armée et a averti qu’elle devrait interférer avec de tels plans. Le lancement imminent d’une attaque ukrainienne a été annulé. Début 2022, les États-Unis ont donné le feu vert aux Ukrainiens pour lancer leur attaque prévue de longue date. La Russie est intervenue et la guerre actuelle a commencé.

Les plans américains à l’origine de la guerre prévoyaient que les sanctions occidentales pré-coordonnées qui suivraient immédiatement ruineraient la Russie, que la Russie serait rejetée par le reste du monde et qu’une défaite militaire de l’armée russe conduirait à un changement de régime à Moscou.

L’Ukraine s’attendait à ce que, après avoir gagné une guerre contre ses séparatistes, elle devienne immédiatement membre de l’OTAN.

Aucune de ces attentes (totalement irréalistes) n’a été satisfaite.

L’Ukraine est manifestement en train de perdre la guerre. Elle devra bientôt signer un accord de cessez-le-feu de type capitulation avec la Russie.

Mais qui ou quoi peut garantir qu’un tel accord sera respecté ?

L’adhésion à l’OTAN n’est plus une option.

Le 11 juillet, un sommet du Conseil de l’Atlantique Nord à Vilnius a déclaré que l’Ukraine n’aurait pas à suivre le plan d’action officiel pour l’adhésion. Mais il a ensuite remplacé les conditions formelles du MAP pour l’adhésion par une formulation beaucoup plus vague :

«Nous serons en mesure d’inviter l’Ukraine à adhérer à l’Alliance lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies».

Le secrétaire général de l’OTAN a été encore plus explicite :

«… à moins que l’Ukraine ne gagne cette guerre, il n’y a aucune question d’adhésion à discuter».

Il n’y aura pas d’adhésion à l’OTAN ni de garanties de sécurité de l’OTAN pour l’Ukraine, ni maintenant ni jamais.

Une garantie de sécurité totale directe de Washington à Kiev est également impossible. Cela créerait une forte probabilité de guerre directe entre les États-Unis et la Russie, qui deviendrait rapidement nucléaire. Les États-Unis ne veulent pas prendre ce risque.

Aussi, lorsque, au cours des préparatifs du sommet de Vilnius, il est apparu clairement que les alliés n’accepteraient pas l’adhésion de l’Ukraine, le président américain Biden a présenté une alternative :

«Les États-Unis sont prêts à offrir à Kiev une sorte d’arrangement de sécurité actuellement offert à Israël au lieu d’une adhésion à l’OTAN, a déclaré le président Joe Biden à CNN dans une interview diffusée en avant-première vendredi.

«Je ne pense pas qu’elle soit prête à adhérer à l’OTAN», a déclaré Biden à propos de l’Ukraine. «Je ne pense pas qu’il y ait unanimité au sein de l’OTAN sur la question de savoir s’il faut ou non intégrer l’Ukraine dans la famille de l’OTAN maintenant, en ce moment, au milieu d’une guerre».

«Et l’une des choses que j’ai indiquées, c’est que les États-Unis seraient prêts à fournir, pendant que le processus se déroule, et cela va prendre un certain temps, à fournir une sécurité à l’image de celle que nous fournissons à Israël : fournir l’armement dont ils ont besoin, la capacité de se défendre», a déclaré Biden, ajoutant : «S’il y a un accord, s’il y a un cessez-le-feu, s’il y a un accord de paix»».

Cette solution est toutefois encore plus irréaliste que l’adhésion à l’OTAN. Comme l’affirme de manière convaincante Geoffrey Aronson :

«La pertinence du modèle israélien embrassé par Biden pour la sécurité de l’Ukraine est profondément erronée sur le plan conceptuel et pratique. […]

En termes opérationnels, le modèle israélien est à peine pertinent pour la situation difficile dans laquelle se trouve l’Ukraine et ne constitue guère un bon modèle sur lequel construire la relation de sécurité souhaitée entre les États-Unis, l’OTAN et l’Ukraine. Sur le plan conceptuel, il n’y a guère plus qu’une comparaison superficielle entre Jérusalem et Kiev pour recommander le concept. […]

Les liens de sécurité entre les États-Unis et Israël sont nés de trois éléments principaux : (1) la concurrence de la guerre froide au Moyen-Orient ; (2) la victoire écrasante d’Israël en juin 1967 ; et (3) le développement subreptice par Israël d’une capacité d’armement nucléaire à partir des années 1950.

Il est pratiquement impossible que l’Ukraine puisse sortir de sa guerre contre la Russie avec le type de victoire territoriale totale qui a servi de base aux liens entre les États-Unis et Israël après juin 1967. […]

Dans ce contexte, il se peut que certains en Ukraine (mais on espère que ce n’est pas le cas à Washington) considèrent le modèle israélien – créer une option intégrée d’armes nucléaires tout en maintenant l’ambiguïté nucléaire tant que le pipeline d’armes conventionnelles en provenance de Washington est ouvert – comme instructif».

Mais là encore, la réalité s’immisce. L’accord conclu par les États-Unis avec Israël vise explicitement à garantir la supériorité d’Israël en matière d’armes conventionnelles contre toute combinaison d’ennemis arabes et iraniens. À cette fin, jusqu’à l’exercice 2020, les États-Unis ont fourni à Israël 146 milliards de dollars en financement militaire, économique et de défense antimissile – 236 milliards de dollars en dollars de 2018.

Au cours de la première année de la guerre, l’Ukraine a reçu 77 milliards de dollars de Washington, soit environ la moitié de son aide militaire, économique et humanitaire totale.

Au mieux, le soutien militaire américain, à son niveau historique actuel, a permis à Kiev de se retrouver dans une impasse militaire. L’Ukraine, certainement en dehors de l’OTAN et peut-être même en tant que membre, ne bénéficiera jamais d’un avantage militaire de qualité (QME) de type israélien par rapport à Moscou, ni ne sera en mesure de commander l’agenda stratégique ou sécuritaire de la région comme Israël l’a fait au Moyen-Orient.

La puissance de la Russie fait que même une tentative de garantie de sécurité pour l’Ukraine à la manière d’Israël serait trop coûteuse pour les États-Unis et donc tout simplement impossible.

Il n’y a qu’un seul pays au monde qui puisse garantir la paix en Ukraine et la sécurité de ses frontières. Ce pays, c’est la Russie !

Mais toute garantie de ce type sera évidemment assortie de conditions. Soit l’Ukraine les accepte, soit elle ne sera jamais à l’abri d’une ingérence extérieure.

C’est tout simplement une réalité avec laquelle l’Ukraine a dû et devra vivre.

source : Moon of Alabama

traduction Réseau International

Aperçu d’une fin de partie en Ukraine

 

par M.K. Bhadrakumar - Le 25/07/2023.

Le problème de la guerre en Ukraine est qu’elle n’a été que de la poudre aux yeux. Les objectifs russes de «démilitarisation» et de «dé-nazification» de l’Ukraine ont pris une allure surréaliste. Le discours occidental selon lequel la guerre se déroule entre la Russie et l’Ukraine, où la question centrale est le principe westphalien de la souveraineté nationale, s’est progressivement étiolé, laissant un vide.

On se rend compte aujourd’hui que la guerre est en fait entre la Russie et l’OTAN et que l’Ukraine a cessé d’être un pays souverain depuis 2014, lorsque la CIA et les agences occidentales apparentées – l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Suède, etc. ont installé un régime fantoche à Kiev.

Le brouillard de guerre se dissipe et les lignes de combat deviennent visibles. Au niveau des autorités, une discussion franche s’engage sur la fin du jeu.

Il est certain que la vidéoconférence du président russe Vladimir Poutine avec les membres permanents du Conseil de sécurité à Moscou vendredi dernier et sa rencontre avec le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg dimanche deviennent le moment décisif. Les deux transcriptions sont placées dos à dos et doivent être lues ensemble (ici et ici).

Il ne fait aucun doute que les deux événements ont été soigneusement chorégraphiés par les responsables du Kremlin et qu’ils visaient à transmettre plusieurs messages. La Russie est convaincue d’avoir dominé le front, d’avoir écrasé l’armée ukrainienne et d’avoir relégué la «contre-offensive» de Kiev dans le rétroviseur. Mais Moscou prévoit que l’administration Biden pourrait avoir en tête un plan de guerre encore plus ambitieux.  

Lors de la réunion du Conseil de sécurité, Poutine a «déclassifié» les rapports des services de renseignement qui parviennent à Moscou de diverses sources et qui font état de manœuvres visant à insérer un corps expéditionnaire polonais dans l’ouest de l’Ukraine. Poutine l’a qualifié d’«unité militaire régulière bien organisée et équipée devant être utilisée pour des opérations» en Ukraine occidentale «en vue de l’occupation ultérieure de ces territoires».

En effet, le revanchisme polonais a une longue histoire. Poutine, lui-même féru d’histoire, en a longuement parlé. Il s’est montré stoïque en déclarant que si les autorités de Kiev devaient acquiescer à ce plan américano-polonais, «comme le font généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas».

Mais, a ajouté Poutine, «la Biélorussie fait partie de l’État de l’Union, et lancer une agression contre la Biélorussie reviendrait à lancer une agression contre la Fédération de Russie. Nous y répondrons avec toutes les ressources dont nous disposons». Poutine a averti que ce qui se prépare «est un jeu extrêmement dangereux, et les auteurs de tels plans devraient réfléchir aux conséquences». 

Dimanche, lors de la rencontre avec Poutine à Saint-Pétersbourg, Loukachenko a repris le fil de la discussion. Il a informé Poutine des nouveaux déploiements polonais près de la frontière avec la Biélorussie – à seulement 40 km de Brest – et d’autres préparatifs en cours – l’ouverture d’un atelier de réparation pour les chars Leopard en Pologne, l’activation d’un aérodrome à Rzeszow sur la frontière ukrainienne (à environ 100 km de Lvov) pour le transfert d’armes, de mercenaires, etc. par les Américains.

Loukachenko a déclaré : «C’est inacceptable pour nous. L’aliénation de l’Ukraine occidentale, le démembrement de l’Ukraine et le transfert de ses terres à la Pologne sont inacceptables. Si les habitants de l’Ukraine occidentale nous le demandent, nous leur apporterons notre soutien. Je vous demande [à Poutine] de discuter et de réfléchir à cette question. Naturellement, j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Si le besoin d’un tel soutien se fait sentir, si l’Ukraine occidentale nous demande de l’aide, alors nous fournirons de l’aide et du soutien aux habitants de l’Ukraine occidentale. Dans ce cas, nous les soutiendrons de toutes les manières possibles».

Loukachenko a poursuivi : «Je vous demande de discuter de cette question et d’y réfléchir. Il est évident que j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Avec ce soutien, et si l’Ukraine occidentale demande cette aide, nous fournirons sans aucun doute une assistance et un soutien à la population occidentale de l’Ukraine».

Comme on pouvait s’y attendre, Poutine n’a pas répondu – du moins, pas publiquement. Loukachenko a caractérisé l’intervention polonaise comme équivalant au démembrement de l’Ukraine et à son absorption «par morceaux» dans l’OTAN. Loukachenko a été direct : «Cette démarche est soutenue par les Américains». Il est intéressant de noter qu’il a également demandé le déploiement de combattants de Wagner pour contrer la menace qui pèse sur la Biélorussie.

L’essentiel est que Poutine et Loukachenko aient tenu une telle discussion publiquement. Il est clair que tous deux se sont exprimés sur la base de renseignements. Ils anticipent un point d’inflexion à venir. 

C’est une chose que le peuple russe soit bien conscient que son pays combat de facto l’OTAN en Ukraine. Mais c’est une toute autre chose que cette guerre puisse dégénérer en guerre contre la Pologne, une armée de l’OTAN que les États-Unis considèrent comme leur partenaire le plus important en Europe continentale.

En s’attardant assez longuement sur le revanchisme polonais, qui a un bilan controversé dans l’histoire européenne moderne, Poutine a probablement calculé qu’en Europe, notamment en Pologne, il pourrait y avoir une résistance aux machinations qui pourraient entraîner l’OTAN dans une guerre continentale contre la Russie.

De même, la Pologne doit elle aussi hésiter. Selon Politico, l’armée polonaise compte environ 150 000 hommes, dont 30 000 appartiennent à une nouvelle force de défense territoriale qui sont «des soldats du week-end qui suivent une formation de 16 jours suivie de cours de recyclage».

Encore une fois, la puissance militaire de la Pologne ne se traduit pas par une influence politique en Europe, car les forces centristes qui dominent l’UE se méfient de Varsovie, qui est contrôlée par le parti nationaliste Droit et Justice, dont le mépris des normes démocratiques et de l’État de droit a nui à la réputation de la Pologne dans l’ensemble de l’Union.

La Pologne a surtout des raisons de s’inquiéter de la fiabilité de Washington. À l’avenir, la préoccupation des dirigeants polonais sera, paradoxalement, que Donald Trump ne revienne pas à la présidence en 2024. Malgré la coopération avec le Pentagone au sujet de la guerre en Ukraine, les dirigeants polonais actuels restent méfiants à l’égard du président Joe Biden – un peu comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Tout bien considéré, on peut donc considérer que les coups de sabre de Loukachenko et la leçon de Poutine sur l’histoire européenne constituent plutôt un avertissement à l’Occident en vue de moduler une fin de partie en Ukraine qui soit optimale pour les intérêts russes. Un démembrement de l’Ukraine ou une extension incontrôlable de la guerre au-delà de ses frontières ne serait pas dans l’intérêt de la Russie.

Mais les dirigeants du Kremlin tiendront compte de l’éventualité que les folies de Washington, dues à son besoin désespéré de sauver la face après une défaite humiliante dans la guerre par procuration, ne laissent pas d’autre choix aux forces russes que de traverser le Dniepr et d’avancer jusqu’à la frontière polonaise pour empêcher l’occupation de l’Ukraine occidentale par ce que l’on appelle le Triangle de Lublin, une alliance régionale à l’orientation anti-russe virulente comprenant la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine, formée en juillet 2020 et encouragée par Washington.

Les réunions consécutives de Poutine à Moscou et à Saint-Pétersbourg éclairent la pensée russe quant à trois éléments clés de la fin de la partie en Ukraine.

- Premièrement, la Russie n’a pas l’intention de conquérir le territoire de l’Ukraine occidentale, mais elle insistera pour avoir son mot à dire sur la manière dont les nouvelles frontières du pays et le futur régime se présenteront et agiront, ce qui signifie qu’un État antirusse ne sera pas autorisé.

- Deuxièmement, le plan de l’administration Biden visant à arracher la victoire à la défaite est voué à l’échec, car la Russie n’hésitera pas à contrer toute tentative continue des États-Unis et de l’OTAN d’utiliser le territoire ukrainien comme tremplin pour mener une nouvelle guerre par procuration, ce qui signifie que l’absorption de l’Ukraine «en pièces détachées» dans l’OTAN demeurera un fantasme.

- Troisièmement, et c’est le plus important, l’armée russe aguerrie, soutenue par une puissante industrie de défense et une économie robuste, n’hésitera pas à affronter les pays membres de l’OTAN limitrophes de l’Ukraine s’ils empiètent sur les intérêts fondamentaux de la Russie, ce qui signifie que les intérêts fondamentaux de la Russie ne seront pas pris en otage par l’article 5 de la Charte de l’OTAN.

M.K. Bhadrakumar

source : Indian Punchline

traduction Réseau International

La prochaine guerre russo-polonaise

 

par Gilbert Doctorow - Le 25/07/2023.

Ce soir, l’émission News of the Week de la télévision publique russe a commencé par un documentaire de 30 minutes sur les relations russo-polonaises depuis la fin de la Première Guerre mondiale et pendant la période de la guerre civile russe, lorsque le gouvernement du maréchal Pilsudski a arraché d’importants territoires au contrôle de la Russie. Il traite également en détail du comportement bien documenté de la Pologne en tant qu’agresseur et occupant des territoires tchécoslovaques, lituaniens, ukrainiens et biélorusses avant le début de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à ce qu’Hitler envahisse la Pologne.

Ce reportage s’articulait autour du discours prononcé vendredi par Vladimir Poutine devant le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, qui a été partiellement diffusé à cette date. Des extraits de ce discours ont été utilisés pour introduire certains passages du documentaire.

Rappelons que vendredi, Poutine a expliqué comment et pourquoi nous pouvons nous attendre à l’entrée officielle en guerre d’une force militaire conjointe polono-lituanienne-ukrainienne qui sera officiellement présentée comme défendant la souveraineté de l’Ukraine en occupant l’Ukraine occidentale. Cependant, Poutine a décrit cela comme une force d’occupation qui, une fois installée à Lvov et en Ukraine occidentale, ne partirait jamais. Il s’agirait en fait d’une répétition de la vente des intérêts ukrainiens aux Polonais et de la cession de territoires à la Pologne, telles qu’elles ont été perpétrées par leur chef Symon Petlioura en avril 1920 et qu’elles sont maintenant répétées dans les accords secrets entre les présidents Zelensky de l’Ukraine et Duda de Pologne.

Cependant, ce n’est pas la seule agression polonaise imminente annoncée par Vladimir Poutine vendredi. Il a déclaré que la Pologne avait également des visées sur le territoire du Belarus. Le documentaire diffusé ce soir a étoffé cette remarque et nous a rappelé les territoires bélarussiens dont la Pologne s’est emparée par la force au XXe siècle lorsqu’elle en a eu l’occasion. Il a également pointé du doigt les combattants bélarussiens à l’étranger qui seront utilisés par la Pologne pour lancer son offensive contre Minsk depuis le territoire polonais, ainsi que l’armement qu’ils reçoivent des États-Unis et des pays membres de l’OTAN.

En ce qui concerne les visées polonaises sur l’Ukraine, Poutine n’a pas indiqué quelle serait la réponse de la Russie. Mais en ce qui concerne le Belarus, il a déclaré directement vendredi que tout acte d’agression contre le Belarus serait considéré comme une attaque contre la Russie et que la Russie répondrait avec toute la force militaire dont elle dispose. Il a averti Varsovie de réfléchir aux conséquences de ses actes.

Le discours de Poutine de vendredi semblait s’adresser à Varsovie. Le programme de ce soir était clairement destiné au grand public russe, afin de le préparer à l’éventualité d’une guerre russo-polonaise dans un avenir proche.

Ce point a été mis en évidence par la visite du président du Belarus, M. Loukachenko, à Saint-Pétersbourg. Cette visite s’est déroulée en grande pompe. Les deux présidents se sont rendus aujourd’hui à Kronstadt, dont ils ont visité l’église principale, foyer spirituel de la marine russe. Ils ont également visité le nouveau musée de la marine russe, sur le point d’être inauguré, et sa pièce maîtresse, le premier sous-marin nucléaire russe, réponse du pays au Nautilus américain de l’époque. Ils ont également discuté des menaces militaires et politiques qui pèsent sur leurs pays respectifs. Ces discussions se poursuivront demain de manière inopinée au palais Konstantinovski, à l’extérieur de Saint-Pétersbourg. La raison de ces consultations approfondies ressort clairement des remarques faites par Loukachenko à la presse lors de sa rencontre avec Poutine, à savoir que les services de renseignement militaire du Belarus ont suivi de très près le renforcement massif des forces polonaises, y compris des chars, des hélicoptères et d’autres équipements militaires lourds, à plusieurs endroits près de la frontière du Belarus.

Ce soir, l’émission News of the Week a expliqué au public russe que les nouveaux plans agressifs des Polonais ne sont mis en œuvre que parce qu’ils sont convaincus que l’Oncle Sam les soutient. Et ils ont nommé la personne qui incarne ce lien comme étant l’ancien ministre des Affaires étrangères de Pologne Radoslaw Sikorsky (2014-15), qui est aujourd’hui membre du Parlement européen et délégué responsable des relations avec les États-Unis. Une photo des dernières réunions de Sikorski avec des responsables du Pentagone et avec Joe Biden et ses conseillers a été diffusée à l’écran. Pour ceux qui s’interrogent sur les opinions politiques de Sikorsky, il convient de rappeler qu’il est l’époux de la journaliste néoconservatrice Anne Applebaum, qui déteste la Russie et qui est très connue du public américain pour ses chroniques régulières dans le Washington Post.

D’après les talk-shows russes de ces derniers jours, il est facile de comprendre la lecture que fait le Kremlin de la guerre par procuration qui se déroule actuellement en Ukraine et autour de ce pays : Washington constate que la contre-offensive ukrainienne est un échec total qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de membres des forces armées ukrainiennes et a entraîné la destruction d’une grande partie des équipements occidentaux livrés à l’Ukraine au cours des derniers mois. Au lieu de rechercher la paix, Washington cherche à ouvrir un «second front» en utilisant la Pologne à cette fin.

Une réponse possible de la Russie à toute action contre le Belarus a également été évoquée sur les ondes : S’emparer du corridor de Suwałki qui relie Kaliningrad au Belarus en traversant le territoire polonais. La prise de contrôle de ce corridor aurait pour effet d’isoler les États baltes de la Pologne et de mettre ainsi leur sécurité en péril.

La conclusion inéluctable des dernières nouvelles est que les politiques incendiaires de Washington et l’escalade continue du conflit ne peuvent garantir la défaite de la Russie. Au contraire, elles pourraient bien conduire à l’effondrement total de l’alliance de l’OTAN une fois que sa valeur militaire aura été discréditée de telle sorte que les propagandistes les plus créatifs de Washington ne pourront ni l’ignorer, ni l’occulter.

source : Gilbert Doctorow

Des nuages d’orage s’amoncellent dans la mer Noire

 

par M.K. Bhadrakumar - Le 22/07/2023.

Le sommet de l’OTAN à Vilnius (11-12 juillet) a montré qu’il n’y a absolument aucune possibilité de négociations pour régler la guerre en Ukraine dans un avenir prévisible. La guerre ne fera que s’intensifier, car les États-Unis et leurs alliés espèrent toujours infliger une défaite militaire à la Russie, bien que cela soit clairement au-delà de leurs capacités.

Le 14 juillet, le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées américain, a déclaré que la contre-offensive ukrainienne était «loin d’être un échec», mais que le combat à venir serait «long» et «sanglant». Milley a la réputation de dire ce que la Maison-Blanche veut entendre, quel que soit son jugement professionnel.

En effet, le 19 juillet, l’administration Biden a annoncé une aide supplémentaire à la sécurité d’environ 1,3 milliard de dollars pour l’Ukraine. Le Pentagone a déclaré dans un communiqué que cette annonce «représente le début d’un processus de passation de marchés visant à fournir des capacités prioritaires supplémentaires à l’Ukraine». En d’autres termes, les États-Unis utiliseront les fonds de leur programme d’assistance à la sécurité en Ukraine, qui permet à l’administration d’acheter des armes à l’industrie plutôt que de puiser dans les stocks d’armes américains.

Selon le Pentagone, le dernier paquet comprend quatre systèmes nationaux avancés de missiles sol-air (NASAMS) et des munitions, des obus d’artillerie de 152 mm, du matériel de déminage et des drones.

Entre-temps, dans un développement inquiétant, à peine la Russie a-t-elle laissé l’accord sur les céréales négocié par l’ONU expirer le 17 juillet, le président ukrainien Vladimir Zelensky a révélé qu’il avait envoyé des lettres officielles au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et au président turc, Tayyip Erdogan, suggérant de poursuivre l’accord sur les céréales sans la participation de la Russie.

Dès le lendemain, Kiev a envoyé une lettre officielle à l’Organisation maritime internationale des Nations unies pour lui proposer un nouveau corridor maritime traversant les eaux territoriales et la zone économique maritime exclusive de la Roumanie dans la partie nord-ouest de la mer Noire.

De toute évidence, Kiev a agi de concert avec la Roumanie (un pays membre de l’OTAN où est déployée la 101e division aéroportée de l’armée américaine). On peut supposer que les États-Unis et l’OTAN sont dans la boucle pendant que l’imprimatur de l’ONU est en cours d’élaboration. Il va sans dire que l’OTAN travaille depuis un certain temps déjà sur une nouvelle route maritime en mer Noire.

Il s’agit d’un développement sérieux, car il semble être un précurseur de l’implication de l’OTAN d’une manière ou d’une autre pour contester la domination de la Russie dans le domaine de la mer Noire. En effet, le communiqué du sommet de Vilnius de l’OTAN (11 juillet) prévoyait que l’Alliance se préparait à renforcer considérablement sa présence dans la région de la mer Noire, qui est historiquement une chasse gardée de la Russie, qui y possède d’importantes bases militaires.

Le paragraphe correspondant du communiqué de l’OTAN stipule ce qui suit : «La région de la mer Noire revêt une importance stratégique pour l’Alliance. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine met encore plus en évidence cette importance. Nous soulignons que nous continuons de soutenir les efforts régionaux des Alliés visant à maintenir la sécurité, la sûreté, la stabilité et la liberté de navigation dans la région de la mer Noire, notamment, comme il convient, par le biais de la Convention de Montreux de 1936. Nous continuerons de suivre et d’évaluer l’évolution de la situation dans la région et d’améliorer notre connaissance de la situation, en mettant particulièrement l’accent sur les menaces qui pèsent sur notre sécurité et sur les possibilités d’une coopération plus étroite avec nos partenaires dans la région, le cas échéant».

Il convient de noter quatre points :

Premièrement, le conflit ukrainien a été désigné comme le contexte ; l’accent est mis sur la Crimée ;

Deuxièmement, la «liberté de navigation» signifie une présence navale américaine affirmée ; la référence à la Convention de Montreux de 1936 fait allusion au rôle de la Turquie, à la fois en tant que pays membre de l’OTAN et gardien des détroits des Dardanelles et du Bosphore ;

Troisièmement, l’OTAN fait part de son intention d’améliorer sa «connaissance de la situation» qui, en tant que terme militaire, comporte quatre étapes : l’observation, l’orientation, la décision et l’action. La connaissance de la situation comporte deux éléments principaux, à savoir sa propre connaissance de la situation et, deuxièmement, sa connaissance de ce que les autres font et pourraient faire si la situation évoluait d’une certaine manière. En d’autres termes, la surveillance par l’OTAN des activités russes en mer Noire va s’intensifier,

Quatrièmement, l’OTAN recherche une coopération plus étroite avec «nos partenaires dans la région» (c’est-à-dire l’Ukraine). 

Il est certain qu’une nouvelle route maritime dans les régions nord-ouest et ouest de la mer Noire, le long de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Turquie (tous pays membres de l’OTAN), coupera la garnison russe en Transnistrie (Moldavie) et renforcera la capacité de Kiev à frapper la Crimée. L’implication de l’OTAN compliquerait également toute opération russe future visant à libérer Odessa, qui est historiquement une ville russe.

Outre son immense héritage culturel et historique, Odessa est une tête de port pour les produits industriels de la Russie et de l’Ukraine. Le pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa (que les saboteurs ukrainiens ont récemment fait sauter) en est l’un des meilleurs exemples. Ce pipeline de 2471 km, le plus long pipeline d’ammoniac au monde, reliait le plus grand producteur d’ammoniac au monde, Togliatti-Azot, dans la région russe de Samara, au port d’Odessa.

En termes stratégiques, sans le contrôle d’Odessa, l’OTAN ne peut pas avoir de projection de force dans la région de la mer Noire ou espérer ressusciter l’Ukraine en tant qu’avant-poste anti-russe. L’OTAN ne peut pas non plus avancer vers la Transcaucasie, la mer Caspienne (qui borde l’Iran) et l’Asie centrale sans dominer la région de la mer Noire.

Pour les mêmes raisons, la Russie ne peut pas non plus se permettre de céder la région de la mer Noire à l’OTAN. Odessa est un maillon essentiel de tout pont terrestre le long de la côte de la mer Noire reliant l’arrière-pays russe à sa garnison en Transnistrie, en Moldavie (que les États-Unis considèrent comme un membre potentiel de l’OTAN.) En fait, la sécurité de la Crimée sera mise en danger si des forces hostiles s’établissent à Odessa. (L’attaque du pont de Kertch en octobre 2022 a été organisée à partir d’Odessa).

Il est clair que l’ensemble du projet américain sur la nouvelle route maritime vise à empêcher la Russie de prendre le contrôle d’Odessa. Il est fort probable qu’avec l’échec de l’offensive ukrainienne, la Russie puisse bientôt lancer sa contre-offensive en direction d’Odessa.

Du point de vue russe, il s’agit d’un moment existentiel. L’OTAN a pratiquement encerclé la marine russe en mer du Nord et en mer Baltique (avec l’adhésion de la Suède et de la Finlande). La liberté de navigation de la flotte de la Baltique et la domination de la mer Noire deviennent donc d’autant plus cruciales pour que la Russie puisse accéder librement au marché mondial tout au long de l’année.

Moscou a réagi vivement. Le 19 juillet, le ministère russe de la Défense a notifié que «tous les navires naviguant dans les eaux de la mer Noire à destination des ports ukrainiens seront considérés comme des transporteurs potentiels de cargaisons militaires. En conséquence, les pays de ces navires seront considérés comme impliqués dans le conflit ukrainien du côté du régime de Kiev».

La Russie a également notifié que «les parties nord-ouest et sud-est des eaux internationales de la mer Noire ont été déclarées temporairement dangereuses pour la navigation». Les derniers rapports suggèrent que les navires de guerre de la flotte de la mer Noire répètent la procédure d’arraisonnement des navires étrangers naviguant dans les eaux ukrainiennes. En fait, la Russie impose un blocus maritime à l’Ukraine. 

Dans une interview accordée à Izvestia, l’expert militaire russe Vassili Dandykine a déclaré qu’il s’attendait désormais à ce que la Russie arrête et inspecte tous les navires se rendant dans les ports ukrainiens. «Cette pratique est normale : il s’agit d’une zone de guerre et, ces deux derniers jours, elle a été le théâtre de frappes de missiles. Nous verrons comment cela fonctionnera dans la pratique et si quelqu’un acceptera d’envoyer des navires dans ces eaux, car la situation est très grave».

La Maison-Blanche a accusé la Russie de poser des mines pour bloquer les ports ukrainiens. Bien sûr, Washington espère que l’OTAN s’installant comme garant du corridor céréalier, en remplacement de la Russie, aurait une résonance dans le Sud mondial. La propagande occidentale caricature la Russie comme étant à l’origine d’une pénurie alimentaire à l’échelle mondiale. Or, le fait est que l’Occident n’a pas respecté sa part du marché en autorisant réciproquement l’exportation de blé et d’engrais russes, comme l’ont reconnu les Nations unies et la Turquie.

Reste à savoir si, au-delà de la guerre de l’information qui fait rage, un pays de l’OTAN oserait contester le blocus maritime de la Russie. Les chances sont minces, en dépit du déploiement impressionnant de la 101e division aéroportée dans la Roumanie voisine.

M.K. Bhadrakumar

source : Indian Punchline

traduction Réseau International

Au 46e jour de la contre-offensive, 31 680 soldats ukrainiens ont été tués

Source : Riposte Laïque - par Jacques Guillemain - Le 20/07/2023.

 

Une hécatombe d’autant plus injustifiée que les gains territoriaux sont nuls. Pas une seule attaque ukrainienne n’a pu percer les défenses russes. 

Tandis que Zelensky réclame 80 F-16 et 300 chars supplémentaires, son armée continue de se faire pulvériser sous le feu de l’artillerie et de l’aviation russes. Chaque jour, ce sont 700 à 900 soldats ukrainiens qui sont sacrifiés en pure perte, auxquels il faut ajouter les blessés. Des pertes insupportables sur le long terme. Ajoutons que toute prolongation du conflit ne changera rien à son issue. Que l’Ukraine perde 500 000 soldats ou 1 million, la victoire russe et le dépeçage du pays sont inéluctables.

Côté russe, le bilan de 16 mois de guerre est lourd, même si on retient le rapport de 8 à 10 tués côté ukrainien pour 1 soldat russe éliminé. Le chiffre doit tourner autour de 40 000 tués. En ajoutant les blessés inaptes au combat, ce sont 100 000 soldats russes qui ont été mis hors de combat. On comprend que Poutine et ses généraux attendent que l’armée ukrainienne soit laminée avant de lancer une offensive finale.

Un bilan d’autant plus insupportable que cette guerre était évitable si les Occidentaux avaient exigé de Kiev que les accords de Minsk soient respectés. Mais l’Amérique voulait la guerre…

Cela dit, le sacrifice du peuple ukrainien n’a rien de comparable avec celui du peuple russe. Les Ukrainiens meurent pour Biden, les Russes meurent pour leur patrie.

Et si on rapporte les pertes à la population, le prix du sang est 30 fois plus élevé pour l’Ukraine. Kiev a perdu 1% de sa population, la plus jeune. Moscou a perdu 0,03% de la sienne. Calcul macabre, mais qui montre l’ampleur du sacrifice que les Occidentaux exigent du peuple ukrainien. Et il parait que nous sommes le camp du Bien, de la démocratie et de la liberté !

Rappel : C’est au nom de la démocratie que la CIA a renversé en 2014 le régime pro-russe élu démocratiquement à Kiev. C’est tout dire…

L’acharnement de Biden s’explique par le refus d’afficher encore une débâcle otanienne avant les élections de 2024, d’autant plus que son rival démocrate, Robert Kennedy jr est totalement opposé à la guerre. Un arrêt des hostilités signerait la défaite de Biden aux primaires démocrates.

C’est en fait une immense pièce de théâtre qui se joue côté occidental, où chacun sait que les carottes sont cuites pour Kiev et Zelensky, mais feint de croire à la victoire et espère tenir le plus longtemps possible.

Tout l’entourage de Zelensky est acheté à coups de millions de dollars, afin qu’il ne jette pas l’éponge et continue de sacrifier le peuple ukrainien aux intérêts de Biden. Si Washington ferme les yeux sur la corruption, sur les reventes d’armes occidentales, sur les 400 millions de dollars détournés par Zelensky et ses généraux selon la CIA, sur les villas de plusieurs millions d’euros achetées par des généraux et des oligarques en Europe, sur la traque de l’opposition, sur l’absence des libertés, ce n’est pas un hasard.

C’est le deal entre Zelensky et Biden. 

Ce ne sont pas les riches Ukrainiens qui se font tuer, ce sont les pauvres qui ne peuvent verser 10 000 dollars pour se faire réformer ou pour fuir en Europe. Les plus pauvres meurent, les plus riches ou les mieux placés s’enrichissent outrageusement. Et l’Otan cautionne cette infamie, tout en traitant Poutine de boucher et de criminel de guerre. La France mène la guerre la plus ignoble et la plus injuste de son histoire, une guerre contre la Russie amie par pure soumission à Washington.

Que pèse la vie d’un soldat ukrainien quand l’Occident a déjà dépensé 200 milliards de dollars pour essayer de mettre la Russie à genoux ? Le PIB de l’Ukraine, c’est 2/1000 du PIB mondial et 4/1000 du PIB des pays de l’Otan, autant dire une goutte d’eau. Mais Biden est prêt à sacrifier un million d’Ukrainiens si cela peut l’aider dans sa campagne présidentielle.

Marc Legrand tient une comptabilité macabre mais fort utile pour connaitre la situation sur le front, loin de la désinformation de nos médias.

“Quarante-sixième jour de contre-offensive infructueuse pour Kiev, dont les pertes, depuis le 4 juin, s’élèvent à plus de 31 680 tués… alors que l’armée ukrainienne et l’OTAN continuent de lancer des attaques par petits groupes, aussitôt décimés.”

“Nouvelle journée noire pour l’armée ukrainienne, sur le saillant de Vremivka et davantage dans le Donbass, tandis que l’armée russe pilonne près de Liman… Ce mardi, Kiev a perdu 820 KIA (tués au combat) et 970 WIA (blessés au combat).

Journée noire pour l’armée ukrainienne, sur le saillant de Vremivka et dans le Donbass, tandis que l’armée russe approche encore de Koupiansk et Liman… Ce mercredi, Kiev a perdu 760 KIA (tués au combat) et 890 WIA (blessés au combat).

En attendant, Moscou masse 100 000 hommes et 900 chars dans le nord-est du front. À suivre

https://air-cosmos.com/article/ukraine-la-russie-regroupe-100-000-soldats-et-900-chars-au-nord-est-du-front-65506

Jacques Guillemain

Après le sommet de l’OTAN : La finale pour Zelensky se rapproche

par Thomas Röper - Le 20/07/2023

Le sommet de l’OTAN a clairement montré que la patience de l’Occident à l’égard de l’Ukraine dans son ensemble, et de Zelensky en particulier, touche à sa fin. L’OTAN est à bout de souffle. Vient de sortir de presse, maintenant disponible : COMPACT Edition «Seymour Hersh : Le crime du Nord Stream» avec des contributions importantes à propos de l’investigation sur la plus grande attaque des États-Unis contre l’Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale.1

«En fait, je voulais écrire ma propre analyse sur ce que le sommet de l’OTAN a apporté à l’Ukraine et à Zelensky. Mais comme je suis actuellement en déplacement dans le Donbass, je n’ai pas pu le faire. Je traduis donc ici une analyse de l’agence de presse russe TASS que je trouve très pertinente et que j’aurais écrite moi-même de la même manière».

Début de la traduction :

La finale se rapproche-t-elle ? Zelensky a commencé à se mettre à dos même ses tireurs de ficelles.

Si vous ne saviez pas que Nikolaï Gogol a achevé son œuvre «Le Révizor» il y a près de deux siècles, vous pourriez penser que son protagoniste est l’actuel président ukrainien Vladimir Zelensky. Après être passé directement de la scène du spectacle à la politique, Zelensky s’est comporté exactement comme Khlestakov (dans l’œuvre de Gogol) :

Une photo prise lors de l’un des sommets, et qui a également circulé dans les médias du monde entier, est révélatrice: des hommes et des femmes élégamment vêtus discutent avec animation sur la pelouse, tandis que Zelenski, vêtu de kaki, se tient seul en marge, le regard sombre.

«Je connais de jolies actrices…. Je suis ami avec Pouchkine (Biden, Macron, Merkel…)». Bien sûr, de nombreuses personnes ont immédiatement reconnu dans le jeune chef d’État ukrainien un imposteur, mais les politiciens occidentaux ont patiemment joué le jeu de Zelensky. Mais toute patience a une fin, comme l’a montré le sommet de l’OTAN qui a duré deux jours à Vilnius, où les tireurs de ficelles et les mécènes occidentaux irrités ont résolument remis à sa place l’acteur qui exagérait.

Remis à sa place

Les événements des deux dernières années ressemblent en effet à l’intrigue de la comédie de Gogol : de même que les fonctionnaires du district sont entrés un par un dans l’hôtel où se trouvait Khlestakov, les présidents, premiers ministres et autres hommes politiques occidentaux se sont succédé à Kiev pour annoncer à Vladimir Zelensky de nouvelles aides financières et des livraisons d’armes. Mais la ressemblance n’est qu’apparente : contrairement aux petits voleurs financiers du chef-lieu du district N, qui ont confondu le petit fonctionnaire avec un réviseur respecté de la capitale, les politiciens sophistiqués des capitales occidentales connaissaient la valeur de l’ex-acteur et l’ont manifestement utilisé avec cynisme à leurs propres fins. Leur principal objectif était, selon moi, de remettre à sa place «Moscou qui a dérapé» et de forcer la Russie à capituler en l’obligeant à accepter toutes les règles et exigences imposées par l’Occident.

Remettre la Russie à sa place n’a pas fonctionné et Zelensky a finalement été remis à sa place. Avant le sommet, le président ukrainien et son entourage ont tous deux déclaré directement qu’ils s’attendaient à ce que les pays de l’OTAN invitent l’Ukraine à rejoindre l’Alliance et ont menacé que le président ukrainien ne se rendrait pas à Vilnius s’il n’avait pas la garantie de recevoir cette invitation.

Les États-Unis se fâchent

Mais après l’annonce, à la fin du premier jour du sommet, qu’une invitation à rejoindre l’OTAN pourrait être adressée à l’Ukraine «si les alliés parviennent à un accord et si les conditions sont remplies», Zelensky s’est permis d’exprimer publiquement son agacement. Il a écrit sur son canal Telegram :

«C’est sans précédent et absurde quand il n’y a pas de calendrier à la fois pour l’invitation (!) et pour l’adhésion de l’Ukraine ; et quand même pour une invitation de l’Ukraine, quelques formules bizarres sont ajoutées sur les ‘conditions’. Il semble qu’il n’y ait aucune volonté d’inviter l’Ukraine à l’OTAN ou d’en faire un membre de l’Alliance».

Selon plusieurs médias européens et américains, le comportement de Zelensky a provoqué une grande irritation chez ses tireurs de ficelles occidentaux. La sortie du président ukrainien a «mis en colère» les membres de la délégation américaine, ont rapporté le New York Times et le Washington Post. Selon l’édition européenne de Politico, de nombreux dirigeants européens ont estimé que Zelensky était «allé trop loin».

«Une prima donna capricieuse»

Il a également été rapporté que certains responsables politiques européens ont demandé au président ukrainien de «se calmer» lors du dîner qui a clôturé le premier jour du sommet, tandis que d’autres se sont contentés de «hausser froidement les épaules» lors de leur rencontre avec lui. Selon un journaliste du magazine Europe Diplomatic, Vladimir Zelensky a clairement le sentiment que le monde entier lui est redevable. Le président ukrainien se comporte comme une «prima donna capricieuse» et a par conséquent «de moins en moins d’amis, même s’ils ne l’ont pas exprimé directement».

D’ailleurs, cela ne s’est pas fait sans déclarations directes. Lors du forum public de l’OTAN à Vilnius, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a déclaré que les pays occidentaux souhaiteraient «un peu de gratitude» de la part de l’Ukraine pour la fourniture d’équipements militaires, plutôt que des critiques quant à la décision de ne pas intégrer le pays dans l’Alliance par une procédure rapide. Il a rappelé comment le gouvernement de Kiev lui avait présenté une liste d’armes dont l’Ukraine avait besoin lors d’une visite en Ukraine l’année dernière, ce qui lui a fait penser à une séance de shopping. Wallace poursuit :

«Vous savez, nous ne sommes pas Amazon. C’est ce que je leur ai dit l’année dernière, lorsque j’ai passé onze heures à Kiev pour obtenir cette liste».

Une critique aussi ouverte ne pouvait apparemment pas rester sans réponse de la part de Zelensky. Lors d’une conférence de presse à Vilnius, il a déclaré :

«Je ne comprends pas la question. Nous avons toujours été et sommes toujours reconnaissants . Mais je ne vois pas comment nous pourrions vous remercier autrement. Nous pouvons nous réveiller tous les matins et remercier le ministre. Qu’il m’écrive pour me dire comment nous devons le remercier, et c’est ainsi que je le remercierai».

Zelensky devient plus prudent

De l’avis général des observateurs et des experts, les déclarations des partenaires occidentaux ont toutefois contraint le président ukrainien à modifier sa rhétorique et à devenir plus prudent. Dans son commentaire sur les résultats du sommet, il s’est soigneusement abstenu de toute critique, qualifiant au contraire les résultats de «bons» et remerciant de toutes les manières possibles les pays de l’OTAN pour le soutien qu’ils apportent à Kiev.

En revanche, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitri Kuleba, a fait part de son étonnement, à la limite du mécontentement, et a constaté que «le chemin vers l’OTAN s’est raccourci, mais ne s’est pas accéléré après le sommet de Vilnius». Selon lui, Kiev part du principe que «toutes les conditions pour inviter l’Ukraine à devenir membre de l’OTAN sont remplies» et ne comprend pas de quelles autres conditions l’Alliance parle : «Quelles sont ces conditions ? Par qui doivent-elles être formulées ? Quelles sont-elles ?»

«Il faut apprendre les règles avant de jouer, pas après», a répondu la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova. «C’est l’ordre mondial basé sur des règles qui a été inventé par les Occidentaux. Les plus malins n’y participent pas, car il n’y a pas de règles, elles sont inventées spontanément et changées si le jeu ne donne pas le résultat escompté», a-t-elle ajouté.

L’Amérique latine ne joue plus le jeu

Pour Mme Zakharova, l’alternative à «l’ordre mondial fondé sur des règles» est «le droit international, soutenu par la majorité des gens raisonnables». L’OTAN est d’ailleurs bien consciente qu’il y a en effet beaucoup de gens raisonnables qui ne veulent plus jouer selon les règles de l’Occident, sinon ils n’auraient pas passé autant de temps dans la déclaration finale du sommet de Vilnius à condamner le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine et à effrayer les pays qui soutiennent Moscou et s’écartent ainsi des instructions de l’Occident.

Mais le fait est que faire peur a de moins en moins l’effet escompté, comme l’ont montré les préparatifs du sommet UE-Amérique latine qui doit se tenir à Bruxelles les 17 et 18 juillet. Selon le portail Euractiv, l’UE voulait inviter Zelensky à l’événement afin de faire pression sur les latino-américains pour qu’ils soutiennent les sanctions anti-russes. L’Espagne, qui assure la présidence de l’UE, a même envoyé une invitation à Zelensky, mais celle-ci a dû être annulée suite à une demande unanime des chefs d’État et de gouvernement de 33 pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

En outre, les latino-américains ont insisté pour que «tous les points relatifs au soutien à l’Ukraine» soient retirés du projet de déclaration finale préparé par le siège de l’UE à Bruxelles.

«Un laquais des États-Unis»

Selon les quatre sources diplomatiques du portail, le projet de document final va maintenant être discuté par les ambassadeurs de l’UE, qui vont mener une «bataille intense» pour «sauver le texte». Bruxelles craint que le sommet ne soit pas en mesure d’adopter le moindre document final.

François Asselineau, président du parti français de l’Union populaire républicaine, s’est exprimé à ce sujet sur Twitter.

«Zelensky … avait prévu de venir à ce sommet et de boire du champagne … Mais 33 latino-américains ont refusé de voir le laquais des États-Unis dont souffrent 90% de la planète».

Selon le député Stefan Keuter (photo), Zelensky «devient un problème pour les partenaires occidentaux et pour le ‘grand frère américain’», car il «n’est pas non plus ouvert et honnête avec ses partenaires».

Entre deux chaises

Les ambitions personnelles démesurées de Vladimir Zelensky, associées à son désir manifeste de «se battre jusqu’au dernier Ukrainien» plutôt que d’entamer des négociations avec Moscou, suscitent des réactions de plus en plus négatives non seulement en Amérique latine, en Afrique, dans une grande partie de l’Asie et du Moyen-Orient, mais également dans les pays européens. Le gouvernement hongrois, par exemple, critique constamment les positions du président ukrainien et souligne inlassablement que la voie vers la fin du conflit passe par la négociation et la diplomatie, et non par une escalade et de nouvelles livraisons d’armes à Kiev.

Alors que le Premier ministre hongrois Viktor Orban a toujours défendu cette position, la récente déclaration virulente du président bulgare Rumen Radev en a surpris plus d’un. Lors d’une rencontre avec Zelensky à Sofia, il a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec la livraison de munitions à Kiev et a fait référence aux efforts de paix insuffisants des dirigeants ukrainiens.

Radev a dit à Zelensky en face :

«Je continue à dire qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, et de plus en plus les opérations militaires ne conduiront probablement pas à une solution. … Nous aimerions également entendre le mot ‘paix’ plus souvent. Les principaux efforts devraient être dirigés vers la paix. Je pense que pour le moment, nous n’avons pas utilisé tous les moyens diplomatiques pour travailler dans cette direction».

À en juger par les images télévisées de l’entretien, le président ukrainien ne s’attendait pas à une telle critique et a eu du mal à trouver les mots pour poursuivre la conversation.

Il vaut également la peine de noter les résultats de plusieurs sondages d’opinion, qui montrent que l’agenda politico-militaire promu par Zelensky est de moins en moins soutenu, tant par les Européens que par les Ukrainiens. En Allemagne, par exemple, qui, selon les déclarations répétées du chancelier Olaf Scholz, devance les autres pays européens en matière d’aide militaire à Kiev, la moitié de la population s’oppose à l’accélération de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et accepte qu’elle ne rejoigne l’Alliance qu’après une longue période.

En outre, un autre quart des personnes interrogées s’oppose à l’admission de l’Ukraine dans l’OTAN, avec 42% dans l’est de l’Allemagne et 65% des électeurs du parti d’opposition populiste de droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) s’y opposent.

En Pologne, 47,7% des habitants du pays sont opposés à une adhésion rapide de l’Ukraine à l’OTAN. En Hongrie, 77% de la population s’oppose à l’octroi d’une aide supplémentaire de 50 milliards d’euros sur quatre ans à l’Ukraine au détriment de contributions supplémentaires de tous les pays de l’UE au budget commun de la Communauté. En outre, 88% des Hongrois sont convaincus de la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et de l’ouverture de pourparlers de paix.

Le soutien à l’Ukraine s’effrite

Enfin, 52% des réfugiés ukrainiens au Royaume-Uni et 44% de ceux qui ont déménagé en Allemagne ont déclaré que, même après la fin des hostilités en Ukraine, ils préféreraient ne pas retourner dans leur pays d’origine et rester dans leur pays de résidence actuel.

Tous les faits et chiffres mentionnés indiquent, à mon avis, que le soutien à la ligne de conduite de Zelensky ne cesse de diminuer, y compris en Europe, sans parler d’autres régions du monde où les gens sont favorables à un règlement pacifique du conflit et prennent diverses initiatives dans ce sens. Dans le même temps, les États-Unis et leurs partenaires de l’OTAN semblent n’avoir besoin de l’actuel président ukrainien que tant qu’il obéit docilement à leurs ordres. Ils ne lui permettent pas d’entreprendre des efforts de paix au mauvais moment, ni de tenter d’entraîner l’OTAN dans un conflit direct avec la Russie.

La fin du drame approche

Comme l’a fait remarquer Konstantin Kossatchev, porte-parole adjoint du Conseil de la Fédération, lors du sommet de l’Alliance à Vilnius, «Kiev s’est vu attribuer sa place : servir de consommable, détruire ses soldats pour l’OTAN sans avoir de garanties d’adhésion à l’OTAN et, de manière générale, être tenu à l’écart de l’Alliance jusqu’à nouvel ordre, parce que cela «sent» clairement la guerre nucléaire depuis l’Ukraine, dans laquelle de «vrais Européens» vont mourir».

Il semble donc que Zelensky, pris entre deux feux, n’ait d’autre choix que de bomber le torse comme un Khlestakov et de tenir des discours bombastiques en attendant l’inévitable fin du drame écrit et mis en scène par d’autres auteurs et dans lequel, disons-le franchement, on lui attribue un rôle peu enviable.

Source : Compact via Euro-Synergies

 

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L’imposteur Zelensky finit en disgrâce, jugé capricieux, ingrat et inutile

Source : Riposte Laïque - par Jacques Guillemain - Le 20/07/2023.

L’imposteur Zelensky finit en disgrâce, jugé capricieux, ingrat et désormais inutile

Cette photo d’un Zelensky en kaki et paumé au milieu du gratin occidental fait bien rire les Russes.

Il est loin le temps où les BHL et cie faisaient de notre joueur de guitare à poil un dieu vivant, le Churchill ukrainien, le farouche guerrier en tee-shirt kaki qui allait terrasser l’Ours russe. Il est loin le temps où toutes les chancelleries lui déroulaient le tapis rouge, faisant du joueur de piano à queue l’égal des plus grands. Il est loin le temps où le pape recevait saint Zelensky avec tous les honneurs.

C’était l’époque où le saltimbanque capricieux, ivre de sa gloire planétaire, exigeait et obtenait absolument tout d’un simple claquement de doigts. Des canons, des obus, des chars, des missiles, des drones, des avions et surtout des milliards de dollars, sans aucun contrôle des dépenses. 200 milliards sont partis en fumée et Poutine tient toujours 20% du territoire ukrainien ! C’était l’époque où l’imposteur pouvait clamer sans dommage, qu’il fallait une frappe nucléaire préventive sur la Russie, pour montrer au Tsar de quel bois se chauffent les Ukrainiens. Plus le roquet aboyait, plus la presse l’encensait.

La corruption, les armes occidentales revendues, les libertés supprimées, l’opposition traquée, les milliards de dollars détournés, tout cela était sans importance. Kiev allait écraser les Russes.

Mais l’ivresse de la gloire planétaire fait souvent perdre la raison. Zelensky, qui rêve depuis 16 mois d’un engagement frontal de l’Otan avec la Russie, s’est permis de faire chanter les Occidentaux pour obtenir au sommet de Vilnius des garanties d’adhésion à l’Otan. Très mauvaise pioche.

Il n’a pas compris, mais il n’est pas le seul car quelques idiots d’Européens n’ont pas vu non plus, qu’une telle adhésion avait des relents de guerre nucléaire. Ce que vise Zelensky, c’est la protection de l’article 5 et le pouvoir à vie. Raté ! Après avoir promis à son peuple une victoire impossible, il aligne un bilan humain démentiel, que le peuple ne lui pardonnera pas après la défaite.

Éconduit poliment à Vilnius, notre capricieuse étoile filante n’a pas apprécié et s’est permis de critiquer la décision de l’Otan, jugée stupide ! La colère de trop. La patience de l’Occident à l’égard de l’Ukraine touche à sa fin.

https://reseauinternational.net/apres-le-sommet-de-lotan-la-finale-pour-zelensky-se-rapproche/

«C’est sans précédent et absurde quand il n’y a pas de calendrier à la fois pour l’invitation (!) et pour l’adhésion de l’Ukraine ; et quand même pour une invitation de l’Ukraine, quelques formules bizarres sont ajoutées sur les ‘conditions’. Il semble qu’il n’y ait aucune volonté d’inviter l’Ukraine à l’OTAN ou d’en faire un membre de l’Alliance».

De quoi irriter les pro-ukrainiens les plus stoïques.

Le problème est que l’Occident en plein délire a construit de toutes pièces une fausse idole pour l’utiliser contre Poutine de la façon la plus cynique. C’était vraiment prendre le Tsar pour un perdreau de l’année.

Le résultat est que le saltimbanque s’est pris pour le centre du monde et pense que lui seul protège l’Europe d’une invasion russe. Bref, l’Occident lui doit tout !

Pour le ministre britannique de la Défense, Zelensky est un ingrat et exige des listes ahurissantes d’armements comme s’il les commandait gratuitement sur Amazon.

Kiev n’a toujours pas compris que l’Otan n’est pas un gang de mafieux corrompus. Il y a visiblement des années de nettoyage à faire en Ukraine, où l’aide occidentale engraisse oligarques et généraux pendant que le petit peuple se fait hacher menu.

L’Amérique latine a montré combien l’hystérie collective pro-Kiev la laissait de marbre. Pas un seul pays ne veut entendre parler de soutien à l’Ukraine ou de sanctions contre Moscou. L’Amérique du Sud veut la paix, pas des sanctions ou une escalade sans fin. D’ailleurs, tous les pays venus à Bruxelles pour le sommet UE/Amérique latine ont refusé que Zelensky y soit invité, alors que von der Leyen le souhaitait.

Les pressions et les menaces occidentales sur le monde, afin que Moscou soit mise au ban de l’humanité, ne marchent plus. Les 3/4 de la planète ont compris que l’Europe a choisi le camp des perdants et que Poutine sera le leader du monde multipolaire de demain, avec Xi-Jinping.

Zelensky devient un boulet pour l’Occident. La mise à genoux de la Russie ayant échoué, il n’y a aucun retour sur investissements pour les Occidentaux. Bien au contraire, les Européens sont ruinés.

De plus en plus de pays veulent entendre parler de paix et dénoncent une escalade sans fin totalement inutile et dangereuse.

Si Biden espère faire durer cette guerre jusqu’aux élections américaines, le bilan humain sera de plus en plus cruel et les opposants de plus en plus nombreux.

À moins que Poutine n’écourte les opérations et coupe la tête du serpent, en frappant tous les centres de décision ukrainiens…

Sur le front, les Ukrainiens reculent partout et les frappes russes s’intensifient.

Tout semble s’accélérer.

Jacques Guillemain

 

Rapport de situation sur la guerre en Ukraine : La réalité défait le récit de guerre

Source : RzO International.
 

par Moon of Alabama - Le 19/07/2023.

Au début de la guerre en Ukraine, j’ai souligné que le faux récit de «l’Ukraine gagne» que la propagande «occidentale» a constamment promue ne gagnerait pas la vraie guerre sur le terrain.

Pendant que la guerre continuait, je l’ai dit encore et encore.

• Propaganda Does Not Change The War – The Ukraine Is Still Losing – Updated – March 25, 2022
(«La propagande ne change pas la guerre – L’Ukraine est toujours perdante – Mis à jour»)

• Ukraine – War Propaganda And News Items – October 11, 2022
(«La propagande ne change pas la guerre – L’Ukraine est toujours perdante – Mis à jour»)

• No – Such Propaganda Delusions Will Not Win The War – June 07, 2023
(«Non – Ces illusions de propagande ne gagneront pas la guerre»)

Dans les colonnes de SCF de cette semaine Alastair Crooke fait le même point avec beaucoup plus de détails.

«A Bonfire of the Vanities» («Un feu de joie des vanités»)

«L’orgueil consiste à croire qu’un récit artificiel peut, en soi, apporter la victoire. C’est un fantasme qui a déferlé sur l’Occident – plus particulièrement depuis le XVIIe siècle. Récemment, le Daily Telegraph a publié une vidéo ridicule de neuf minutes prétendant montrer que «les récits gagnent les guerres», et que les revers dans l’espace de bataille sont accessoires, ce qui importe, c’est d’avoir un fil narratif unitaire articulé, verticalement et horizontalement, dans l’ensemble du spectre – du soldat des forces spéciales sur le terrain au sommet politique.»

Pourquoi la stratégie de l’Ukraine terrifie l’armée russe | Défense en profondeur Une façon pour les commandants militaires d’envisager une campagne est de tenir compte de la dimension géographique des opérations de fond, rapprochées et arrières. En profondeur : tirs d’artillerie de précision et de missiles à longue portée, attaques de forces spéciales ou de partisans et raids commandos visant à détruire des infrastructures clés comme des aérodromes ou des stations radar.

L’essentiel, c’est que «nous» (l’Occident) avons un récit convaincant, tandis que la Russie est «maladroite» – «Par conséquent, gagner est inévitable».

Il est facile de se moquer, mais néanmoins nous pouvons reconnaître en elle une certaine substance (même si cette substance est une invention). Le récit est maintenant comment les élites occidentales imaginent le monde.

«Ukraine : Comment gagner une guerre impossible à gagner ? Eh bien, la réponse de l’élite a été à travers le récit. En insistant contre la réalité que l’Ukraine est en train de gagner, et que la Russie est en train de «craquer». Mais un tel orgueil est finalement brisé par les faits sur le terrain. Même les classes dirigeantes occidentales peuvent voir que leur demande pour une offensive ukrainienne réussie a échoué. À la fin, les faits militaires sont plus puissants que la gaufre politique : une partie est détruite, ses nombreux morts deviennent le moteur «tragique du renversement des dogmes». 

Alors même que la réalité s’infiltre dans le récit d’une tactique de combat «réussie» occidentale sous forme de guerre armée combinée se renforce.

«Ukraine aims to sap Russia’s defenses, as U.S. urges a decisive breakthrough» – Washington Post
«L’Ukraine vise à saper les défenses de la Russie, alors que les États-Unis réclament une percée décisive
»

«Les responsables et les analystes occidentaux affirment que l’armée ukrainienne a jusqu’à présent adopté une approche basée sur l’attrition visant principalement à créer des vulnérabilités dans les lignes russes en tirant de l’artillerie et des missiles sur les sites de commandement, de transport et de logistique à l’arrière de la position russe, au lieu de mener ce que les responsables militaires occidentaux appellent des opérations «interarmes «qui impliquent des manœuvres coordonnées par de grands groupes de chars, de véhicules blindés, d’infanterie, d’artillerie et, parfois, de puissance aérienne.

Les dirigeants militaires de l’Ukraine soutiennent que, faute de pouvoir aérien, ils doivent éviter des pertes inutiles contre un adversaire disposant d’un bassin de recrues et d’armes beaucoup plus important. Pour préserver la main-d’œuvre, l’Ukraine a déployé seulement quatre d’une douzaine de brigades entraînées dans la campagne actuelle». 

Un nouvel élément dans le récit est que l’Ukraine perd parce qu’elle n’utilise pas les glorieuses opérations militaires interarmes «occidentales» leur a dit d’utiliser.

Franz-Stefan Gady, du British International Institute for Strategic Studies, vient de se rendre en Ukraine où il s’est entretenu avec des soldats et des commandants ukrainiens en première ligne. Dans un fil Twitter, il résume ce qu’il a vu, mais il promeut fortement le même récit :

«Dans l’ensemble, il s’agit d’un combat d’infanterie (niveau escouade, peloton et compagnie) soutenu par l’artillerie le long de la majeure partie de la ligne de front. Cela a plusieurs implications :

1er : La progression est mesurée par mètres/yards et non par km/miles compte tenu de la mobilité réduite.

Deuxièmement : Les formations mécanisées sont rarement déployées en raison du manque de facilitateurs pour la manœuvre. Cela comprend des quantités insuffisantes d’équipement de déminage, de défenses aériennes, de MGAT, etc.

2) Les forces ukrainiennes n’ont toujours pas maîtrisé les opérations interarmes à grande échelle. Les opérations sont plus séquentielles que synchronisées. Cela crée divers problèmes pour l’infraction et l’OMI est la principale cause de progrès lents. (…)

4) Les champs de mines sont un problème comme la plupart des observateurs le savent. Ils confinent l’espace de manœuvre et les avancées lentes. Mais beaucoup plus impactant que les champs de mines en soi sur la capacité de l’Ukraine à percer les défenses russes est l’incapacité de mener des opérations interarmes complexes à grande échelle.

L’absence d’une approche globale des armes combinées à grande échelle rend les forces ukrainiennes plus vulnérables aux AGV russes, à l’artillerie, etc. pendant leur progression. Ce n’est donc pas seulement une question d’équipement. Il n’y a tout simplement pas de séparation systématique du système défensif russe que je pourrais observer».

L’élément narratif est le même que dans le Washington Post. Le fait que les Ukrainiens n’utilisent pas nos fameuses opérations interarmes est la raison de leur échec.

L’article bien synchronisé du New York Times dit la même chose :

«Mais cette approche axée sur l’artillerie soulève la question de savoir si l’Ukraine a perdu confiance dans les tactiques d’armement combinées – attaques synchronisées par les forces d’infanterie, d’armure et d’artillerie – que neuf nouvelles brigades ont apprises des conseillers étatsuniens et occidentaux au cours des derniers mois. Les responsables occidentaux ont qualifié cette approche de plus efficace que la coûteuse stratégie consistant à épuiser les forces russes par attrition et à épuiser leurs stocks de munitions.

Au cours des dernières semaines, de hauts responsables étatsuniens ont exprimé en privé leur frustration devant le fait que certains commandants ukrainiens, exaspérés par la lenteur de l’assaut initial et craignant une augmentation des pertes dans leurs rangs, étaient revenus à de vieilles habitudes — des décennies deun entraînement de style dans des barrages d’artillerie — plutôt que de s’en tenir aux tactiques occidentales et d’insister davantage pour percer les défenses russes». 

Cependant, le récit est faux.

Les Ukrainiens ne craignent pas une augmentation des pertes. Ils ont essayé la guerre interarmes au début de la contre-offensive au début de juin. Après quelques jours d’essais encore et encore ils ont noté que les attaques ont échoué avec des pertes toujours plus grandes et n’étaient pas endurables. Un tiers des chars et autres matériaux que l’Occident avait envoyés en Ukraine a été détruit dans les tentatives d’utiliser le feu et la manœuvre pour percer les champs de mines et les lignes de défense russes.

L’Ukraine est ensuite revenue à la ‘tactique actuelle des moustiques’ où de petits groupes de soldats d’infanterie essaient de faire de petits progrès petit à petit. La perte probable d’autres chars a donc été remplacée par la perte probable d’autres vies.

L’élément narratif selon lequel une attaque combinée aurait plus de succès est tout simplement faux. 

Comme l’explique Crooke :

«L’orgueil, à un certain niveau, résidait dans le fait que l’OTAN opposait sa prétendue doctrine et ses armes militaires «supérieures «à celles d’une rigidité militaire russe dépréciée, de style soviétique, et «incompétente».

Mais les faits militaires sur le terrain ont exposé la doctrine occidentale comme de l’orgueil – avec les forces ukrainiennes décimées, et ses armes de l’OTAN gisant dans des ruines fumantes. C’est l’OTAN qui a insisté pour recréer la bataille de 73 Easting (du désert irakien, mais maintenant traduite en Ukraine).

En Irak, le «poing blindé «a frappé facilement dans les formations de chars irakiens : c’est en effet un «poing «qui a frappé l’opposition irakienne «pendant six ans «. Mais, comme le commandant des États-Unis à cette bataille de chars (le colonel Macgregor), admet franchement, son résultat contre une opposition motivée était largement fortuite.

Néanmoins, «73 Easting» est un mythe de l’OTAN, transformé en doctrine générale pour les forces ukrainiennes – une doctrine structurée autour des circonstances uniques de l’Irak».

Au cours de la première année de la Seconde Guerre mondiale, la Wehrmacht allemande a utilisé la guerre interarmes pour mener sa blitzkrieg contre des adversaires inférieurs. La tactique échoua deux ans plus tard quand elle essaya de percer les solides lignes de défense soviétiques.

Lors de la bataille du 73 Easting, l’armée étatsunienne pouvait répéter les tactiques de guerre éclair parce qu’il avait une supériorité aérienne, des troupes bien entraînées et de meilleures armes. Mais la situation en Ukraine ne peut pas être comparée à une guerre mobile dans le désert.

L’accord sur le grain de la mer Noire est terminé, comme nous nous y attendions. L’Ukraine a réagi à cette perte anticipée avec une autre attaque réussie sur le pont de Kertch. La circulation routière sera entravée ou bloquée pendant deux ou trois mois, mais les lignes de chemin de fer les plus importantes le long de la route sont toujours intactes.

Comme on s’attendait à ce que l’accord sur les céréales échoue, les Ukrainiens ont peut-être pensé à briser le blocus de leurs ports en demandant que d’autres navires viennent. Mais l’armée russe a maintenant utilisé un gros drone et des missiles pour s’assurer que les installations d’Odessa et d’autres ports ukrainiens de la mer Noire ne peuvent plus être utilisés pour charger ou décharger des navires. Il n’est donc pas logique qu’un navire s’y rende.

Au cours de la dernière semaine, la guerre terrestre en Ukraine de l’Est s’est encore intensifiée. Au nord de la ligne de contact orientale, l’armée russe a lancé ses propres attaques. Au centre et au sud, les Ukrainiens tentent encore de percer les défenses russes. Mais ils perdent environ 700 soldats par jour avec peu de gains à montrer pour les pertes subies.

Les Russes se concentrent à nouveau sur la défaite de l’artillerie ukrainienne. Au cours des cinq derniers jours, ils ont affirmé avoir détruit 27 dépôts de munitions de niveau brigade. Chacune d’elles devrait normalement contenir environ 30 tonnes d’obus et de missiles. Ainsi de telles attaques s’additionnent. Pendant ces cinq jours, les Russes ont également prétendu avoir détruit quelque 66 pièces d’artillerie ukrainiennes. C’est la course de ce qui sera complètement perdu en premier, les munitions que les Ukrainiens peuvent utiliser ou les fusils qui sont nécessaires pour les tirer.

Mais certains Ukrainiens insistent encore pour poursuivre le combat insensé.

«Le retour de Bakhmout est une question d’honneur. Nous avons perdu beaucoup de nos frères là-bas, nous devons simplement le reprendre» – Syrsky lors d’une entrevue à la BBC

La citation de l’interview trop émouvante n’est pas dans la rédaction de l’interview de la BBCmais je n’ai toujours pas vu une vidéo de celle-ci.

Que l’Ukraine ait déjà perdu de nombreux soldats à Bakhmout ne devrait certainement pas être une raison pour continuer à se battre pour elle. Elle n’a maintenant qu’une valeur symbolique. Même si elle changeait encore de mains, elle ne changerait pas la trajectoire de la guerre.

L’Ukraine perd cette guerre. The Jig Is Up le sait et l’OTAN le sait. L’Ukraine ne sera jamais autorisée à en devenir membre.

Un nouvel élément narratif s’immisce dans les pourparlers au sujet d’un cessez-le-feu en Ukraine. Cela donnerait à l’Ukraine le temps de réaménager son armée.

Mais la Russie n’a absolument aucune raison d’accepter une pause dans le combat. Pendant la guerre son armée est devenue plus grande et meilleure et une défaite totale de l’armée ukrainienne est seulement une question de temps.

Les États-Unis et l’OTAN auront bientôt perdu leur grande guerre par procuration contre la Russie.

À la lumière de cette réalité, le récit bien plus vaste, vieux de plusieurs siècles, de l’Occident supérieur s’effondre également.

Cela aura des conséquences mondiales pendant des décennies.

source : Moon of Alabama via La Cause du Peuple

Vers une grande contre-offensive russe en Ukraine?

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 19/07/2023.

Guerre d’Ukraine – Jour 503 – L’OTAN abandonne Zelensky et l’Ukraine

Après le sommet de Vilnius, les événements se précipitent-ils? La Russie a suspendu sa participation à la garantie d’un corridor pour les exportations agricoles d’Odessa au Bosphore. Du coup, l’accès ukrainien à la Mer Noire risque d’être progressivement coupé. Même si l’armée kiévienne tente de reprendre sa contre-offensive, en franchissant le Dniepr ou en perçant à Zaporojie, c’est plus au nord que la situation semble évoluer rapidement: l’armée ukrainienne s’attend à une attaque massive des 100 000 hommes russes massés près de Koupiansk. Une anticipation prématurée? En tout cas, l’objectif de guerre russe semble de plus en plus clair:la reconquête de la “Nouvelle Russie” historique.

 

Le 17 juillet 2023, Moscou a confirmé ce dont on se doutait depuis plusieurs semaines: la Russie se retire de l’accord qui permettait l’acheminement de blé à travers un corridor sécurisé de la Mer Noire.tant que les engagements que Kiev, Ankara et l’ONU ont pris vis-à-vis d’elle ne sont pas remplies: “la reprise des livraisons de machines agricoles et de pièces détachées, la levée des restrictions sur l’assurance et la réassurance, la levée de l’interdiction d’accès aux ports, la reconnexion du service fédéral russe pour la surveillance vétérinaire et phytosanitaire au système de paiement international SWIFT“.

En réalité, depuis un an, la Russie n’a obtenu aucune levée des sanctions en lien avec l’accord. Elle a toléré, malgré la guerre, l’exportation de céréales ukrainiennes. C’est désormais fini,au moins provisoirement.

Aussitôt, faisant écho à Kiev, les médias occidentaux, mais aussi le secrétaire général de l’ONU, ont reproché à la Russie de prendre le risque d’affamer une partie de la planète.

L’intérêt diplomatique et militaire pour Moscou de l’accord sur les exportations de grain a disparu

Il n’est pas inintéressant de regarder vers quels pays le blé ukrainien acheminé par le corridor protégé a été dirigé.:

L’agence TASS en l’occurrence, ne fait qu’utiliser les chiffres de l’ONU. Mais elle prend un malin plaisir à souligner que l’Ukraine s’est peu intéressée aux “pays pauvres”. L’Union Européenne et l’Asie représente plus de 50% des exportations de grain ukrainien sur un an.

En revanche, on ne suivra pas la Russie quand elle se présente comme lésée par l’accord. Une fois de plus, Moscou a manœuvré avec ruse: laisser la Turquie servir de médiatrice a permis de limiter l’affrontement en Mer Noire, avec l’OTAN, par Ukraine interposée. Et, pendant que Kiev essayait de financer son effort de guerre grâce aux exportations de grain, Moscou, exportait encore plus grain (près de 60 millions de tonnes), mais par d’autres routes, qui ont permis de contourner les sanctions occidentales.

On ne comprend pas la popularité de la Russie dans le monde, contre toutes les attentes occidentales, si on ne connaît pas cette carte:

La Russie a profité de sa récolte record de l’été 2022 pour approvisionner, sans faire de bruit, les pays les plus vulnérables à la baisse des exportations ukrainiennes. L’Afrique, en particulier, lui en sait gré. En suspendant l’accord, Moscou a levé un coin du voile: s’il le faut, la Russie fera des livraisons d’urgence aux pays qui manqueraient de ressources alimentaires.

Tension soudaine en Mer Noire

En même temps que la Russie se retirait de l’accord sur l’exportation de blé par la Mer Noire, les Kiéviens lançaient une attaque par drone sous-marin sur un des piliers du pont de Crimée. L’attaque, qui a fait deux morts et une blessée grave, une adolescente désormais orpheline de ses deux parents, n’a pas empêché la reprise rapide de la circulation sur le pont. Ajoutons des attaques de drones contre la Crimée plus importantes que d’habitude ce 17 juillet.

A vrai dire, on se demande quelle est la rationalité militaire derrière l’opération “pont de Crimée” (rendue possible grâce à une assistance logistique britannique): le prétexte est rêvé pour la Russie, qui a frappé dans la soirée du 17 avril , pour la première fois depuis un an, les ports de Nikolaïev et d’Odessa. Dépôts pétroliers et chantiers de réparation navale ont été touchés.

Là encore, comment ne pas donner une signification militaire à ce qui se passe? Il y a un an, la Russie avait besoin de se concentrer sur les quatre territoires (Lougansk, Donetsk, Zaporojie, Kherson) qu’elle voulait intégrer. Pour cela, elle a négocié une forme de trêve en Mer Noire. A présent que la contre-offensive ukrainienne pour tenter de reprendre les territoires annexés par la Russie est en train d’échouer, Moscou commence à planifier la dernière partie de la guerre. Cela fait plus d’un an que nous posons l’hypothèse que l’objectif russe est la reconquête de la “Nouvelle Russie” historique et qui correspond en gros aux zones majoritairement russophones au moment du coup d’Etat pro-occidental de Maïdan :

Cent-mille Russes prêts à prendre Koupiansk ?

La fin de l’accord sur le grain permet à la Russie de commencer à effectuer une pression systématique sur la région de Nikolaïev et celle d’Odessa. En fait de préparer la prise de contrôle de la côte de la Mer Noire qui permettra de réaliser la conquête de cette “Nouvelle Russie” à laquelle Vladimir Poutine a fait allusion à deux reprises dans les discours prononcés pendant et après le putsch manqué de Prigogine.

Depuis lundi 17 juillet,, le sommet de Vilnius étant passé, l’armée ukrainienne a repris ses tentatives de percer la ligne de front russe au sud.

 

 

Les Ukrainiens ont aussi continué à tenter en vain la reconquête d’un peu de territoire à Bakhmout/Artiomovsk

 

Pendant ce temps, la pression mise par la Russie plus au nord, dans la région de Koupiansk et Krasni Liman semble toujours plus forte.

Faut-il pour autant prévoir, comme le fait l’état-major ukrainien, une offensive russe imminente? Depuis hier 17 juillet des officiers ukrainiens annoncent que 100 000 soldats russes sont massés.

 

Si l’on ajoute les fantasmes qui entourent la présence d’hommes du Groupe Wagner en Biélorussie, voilà un scénario en train de se construire.

On n’y voit en réalité pas complètement clair. Pour faire tomber une nouvelle ligne de tranchées ukrainiennes, celles de Kramatorsk, les Russes ont besoin de reprendre le terrain cédé au mois de septembre 2022: Krasni-Liman et Izioum. Une fois établis, l’armée russe pourra pousser jusqu’à Kharkov.

Parallèlement, au sud, l’accès ukrainien à la Mer Noire est en train d’être compromis. A quelle vitesse, cependant les armées russes voudront-elles resserrer l’étau sur l’armée ukrainienne? Nous parlons d’un front de 1000 km de long!

En tout cas, petit à petit se dessine la reconquête de la “Nouvelle Russie”

Jour 503 – L’OTAN abandonne Zelensky et l’Ukraine

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 14/07/2023.

Guerre d’Ukraine – Jour 503 – L’OTAN abandonne Zelensky et l’Ukraine

Les dirigeants des pays membres de l’OTAN ont signifié à l’Ukraine qu’elle ne serait jamais membre de l’OTAN puisque la condition pour y rentrer est de gagner la guerre. Sur le terrain, la “contre-offensive ukrainienne” commencée le 4 juin dernier n’a obtenu aucun gain décisif. Les pertes s’élèveraient à 900 tués et blessés par jour. Surtout, la réalité de l’infériorité militaire de l’OTAN face à la Russie est de plus en plus difficile à cacher. C’est la raison pour laquelle le sommet de Vilnius a non seulement refusé l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN mais l’a fait dans des termes qui ne laissent aucune autre perspective pour Kiev que d’être finalement lâchée par l’Alliance Atlantique, comme un outil usé et devenu inutile.

Plus d’un mois après le début de leur contre-offensive de printemps, les performances des forces de Kiev semblent se détériorer. Elles subissent de plus en plus de pertes en hommes et en matériel. Dans le même temps, elles s’enlisent à des kilomètres de la principale ligne de défense de l’armée russe”. Si l’on en croit le ministre russe de la Défense, Choïgou, l’armée ukrainienne a perdu 26 000 hommes et 3000 pièces de matériel militaire depuis le 4 juin. 900 tués et blessés par jour ! Nuit après nuit, l’armée russe frappe casernements, entrepôts, stocks de munition par des missiles de haute précision ou des drones. (ici, iciiciici, )

On parle beaucoup de la tentative de percée ukrainienne entre Zaporojie et Kherson au sud. Mais il y a aussi l’obstination à vouloir reprendre Bakhmout.ou du moins une partie des territoires perdus en mai

La stratégie ukrainienne définie avec l’OTAN a échoué

Moon of Alabama explique ce qui est en jeu du point de vue militaire:

Après un mois de tentatives infructueuses pour atteindre les lignes de défense russes, la partie ukrainienne est bloquée. Ses forces ne sont même pas en mesure de traverser la zone de sécurité devant les lignes russes. La contre-offensive, lancée sous la pression de Washington et de l’OTAN, a sans aucun doute échoué. Comme elle a causé d’énormes pertes sans gains substantiels, l’armée ukrainienne change maintenant de tactique.

Hier, le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, a tweeté en anglais et en russe :

“À ce stade des hostilités actives, les forces de défense ukrainiennes s’acquittent de leur tâche principale : la destruction maximale des effectifs, des équipements, des dépôts de carburant, des véhicules militaires, des postes de commandement, de l’artillerie et des forces de défense aérienne de l’armée russe. Les derniers jours ont été particulièrement fructueux. Désormais, la guerre de destruction est égale à la guerre des kilomètres. Plus on détruit, plus on libère. Plus la première est efficace, plus la seconde l’est aussi. Nous agissons calmement, sagement, pas à pas”.

Cette nuit, l’armée ukrainienne a tiré davantage de missiles sur la ville de Donetsk et sur les régions russes de Belgograd et de Koursk.

La guerre d’usure est bien sûr ce que la Russie a pratiqué au cours des douze derniers mois en détruisant systématiquement les forces ukrainiennes, en particulier l’artillerie et les réserves d’armes le long de la ligne de front ainsi qu’à l’intérieur de l’Ukraine. Lorsque les deux parties s’engagent dans une guerre d’usure, comme lors de la Première Guerre mondiale, c’est généralement celle qui dispose des ressources les plus importantes qui l’emporte. Dans ce conflit, ce camp est sans aucun doute le camp russe.

Les dirigeants ukrainiens nient profondément ce fait [à l’image d’]Oleksandr Syrskyi, commandant des forces terrestres de l’Ukraine :”La contre-offensive se déroule comme prévu. Le commandement assure que Bakhmut sera libéré et que les pertes russes sont 8 à 10 fois supérieures aux pertes ukrainiennes”.

Au cours des derniers mois, les Russes ont tiré dix fois plus de munitions d’artillerie que les Ukrainiens. La Russie mène également une mission de contre-batterie spécifique qui tue les systèmes d’artillerie ukrainiens.Dans les guerres modernes, l’artillerie est à l’origine d’environ trois quarts des pertes. Le nombre réel de tués et de blessés du côté ukrainien est donc environ 10 fois plus élevé que du côté russe. La première fois que j’ai écrit sur ce sujet, c’était en mai 2022. Le thème s’est poursuivi jusqu’en décembre et plus récemment. Syrsky le sait probablement, mais il doit mentir pour ne pas faire descendre le moral de ses troupes en dessous de son point de congélation.

Pour une véritable guerre d’usure, l’armée ukrainienne devrait battre en retraite pour construire des lignes de défense et tenter de résister à tout ce que les Russes décideront de lui lancer. Rien n’indique pour l’instant que c’est ce que fait l’Ukraine

Pour ne rien laisser au hasard dans notre analyse, faisons place au point de vue d’un officier américain:

Comme les Ukrainiens n’ont pratiquement pas d’aviation et que leur artillerie est nettement inférieure à celle des Russes, les attaques classiques ne mènent à rien d’autre qu’à une perte massive de matériel militaire coûteux sur le chemin des positions russes, à la désorganisation et à la démoralisation des attaquants et à la retraite qui s’ensuit. Près de trois semaines d’attaques de ce type n’ont pas permis de percer la bande de soutien russe. En outre, comme me l’a dit le G-3 de l’USAR EUR-AF à Stuttgart, ils ont perdu jusqu’à un quart de nos Bradley, et ils sont maintenant obligés d’envoyer d’urgence deux compagnies de Bradley et une grande quantité d’autres équipements pour reconstituer et restaurer la préparation au combat de deux brigades de l’unité d’attaque ukrainienne.

Dans ces conditions, nos hommes, en collaboration avec les commandants ukrainiens, ont mis au point une tactique d’avance “moustique” : des attaques continues des positions russes par de petits groupes tactiques d’infanterie ukrainienne. Les Russes, qui sont beaucoup plus sensibles aux pertes d’effectifs, tentent d’éviter les combats rapprochés (“au contact”) et battent en retraite lorsque les Ukrainiens atteignent leurs tranchées, permettant ainsi à l’artillerie de détruire l’ennemi. Cette stratégie est généralement couronnée de succès : Les Ukrainiens meurent ou battent en retraite. Mais cette tactique a un effet positif. Plusieurs attaques de ce type détruisent presque complètement la position russe, le plus souvent par leur propre feu, après quoi les Russes sont contraints de se replier sur une nouvelle ligne, où cette tactique est répétée.

En réalité, le point de vue avancé tombe rapidement dans le mythe de l’épuisement des munitions russes: “Cette technique tactique a un autre effet important. Les Russes sont obligés de dépenser plus d’obus d’artillerie pour repousser ces attaques de “moustiques”, dont les stocks se reconstituent plus lentement qu’ils ne les dépensent. En deux semaines de batailles de ce type, ils risquent d’épuiser leurs stocks. Bien sûr, cela entraîne de grandes pertes d’Ukrainiens mais, comme je l’ai dit au début, ils ne sont pas sensibles à la mort de leurs soldats. En outre, les avancées, aussi minimes soient-elles, justifient mieux leur mort que les attaques infructueuses. Et là, il faut reconnaître que les Russes sont aujourd’hui beaucoup plus proches des armées des pays occidentaux que les Ukrainiens à cet égard : les Russes prennent soin de leurs soldats…”

Cette contre-offensive russe vers Krasni-Liman dont personne ne parle

On ne le souligne pas assez : Dans la région au nord de Bakhmout, les Russes contre-attaquent et reprennent du terrain perdu à l’automne. (voir la carte ci-dessus)

Alors que tout le monde suit les nouvelles concernant la contre-offensive ukrainienne dans les régions de Zaporozhye et d’Artyomovsk, l’armée russe poursuit son offensive, brisant la défense en échelons de l’armée ukrainienne sur la ligne de front Svatovo-Kremennaya.

Après avoir subi de lourdes pertes pendant des mois de combats dans les forêts près de Kremennaya, l’armée ukrainienne a commencé à battre en retraite sur un vaste territoire. Le 11 juillet, le ministre russe de la défense, le général d’armée Sergei Shoigu, a confirmé que les forces russes avaient lancé une contre-attaque dans la direction de Krasnolimansk.

Des détachements d’assaut des 15e et 21e brigades du groupement de troupes du Centre russe ont repoussé les attaques ukrainiennes près du village de Karmazinovka. Après avoir infligé une défaite cuisante à l’ennemi, les unités russes ont lancé une contre-attaque et ont avancé d’un kilomètre et demi en profondeur et de deux kilomètres sur le front, a déclaré le ministre de la Défense.

Selon les rapports du front, les forces russes ont pris le contrôle d’une hauteur importante dans la région de Zhuravka balka et y ont pris pied. Les forces ukrainiennes ont tenté de reprendre une position importante, mais n’ont pas réussi à s’en approcher”.

Est-ce le prélude d’une contre-offensive plus importante comme le pense M.K. Bhadrakumar?

Presque tous les think-tanks américains reçoivent de l’argent du Pentagone

Intéressante analyse américaine, qui cherche à comprendre les biais de l’information occidentale:

Nous avons analysé les mentions des groupes de réflexion énumérés dans le tableau 1 dans le New York Times, le Washington Post et le Wall Street Journal. Pour tenir compte du fait que la plupart de ces think tanks font bien plus que de la recherche en politique étrangère – et sont cités assez librement pour cela – nous avons utilisé Factiva pour rechercher dans chacun de ces trois médias, du 1er mars 2022 au 31 janvier 2023, les mentions de chacun de ces think tanks ainsi que d’autres mots-clés pour nous concentrer uniquement sur les médias liés aux réponses militaires à la guerre en Ukraine

Tableau : Mentions des think tanks dans les médias concernant le soutien militaire des États-Unis à l’Ukraine (classées par ordre de mentions dans les médias)

Think Tank Total Media Mentions Defense Contractor Funding?
Center for Strategic and International Studies 157 Yes
Atlantic Council 157 Yes
Human Rights Watch 118 No
Carnegie Endowment for International Peace 109 Yes
American Enterprise Institute 101 Yes
Council on Foreign Relations 88 Yes
German Marshall Fund of the United States 79 Yes
Brookings Institution 66 Yes
Foreign Policy Research Institute 58 Yes
RAND Corporation 53 Yes
Center for a New American Security 47 Yes
Chicago Council on Global Affairs 34 Yes
Stimson Center 31 Yes
Middle East Institute 23 Yes
Hudson Institute 19 Yes
Hoover Institution 17 Not Disclosed
Heritage Foundation 14 No
Wilson Center (Woodrow Wilson International Center for Scholars) 13 Yes
Belfer Center for Science and International Relations 11 Not Disclosed
Institute for Science and International Security 9 Yes
Freeman Spogli Institute for International Studies 8 Not Disclosed
Asia Society Policy Institute 8 Yes
Center for American Progress 7 Yes
Cato Institute 5 No
Center for Strategic and Budgetary Assessments 5 Yes
Newlines Institute for Strategy and Policy 5 No
United States Institute of Peace 3 No
Independent Institute 2 No
Inter-American Dialogue 0 Yes
Pacific Council on International Policy 0 Yes
Center for Transatlantic Relations 0 Not Disclosed
Global Security Institute 0 Not Disclosed
International Peace Institute 0 Not Disclosed
Le tableau présente les résultats de cette analyse et montre que la grande majorité des citations de think tanks dans les articles sur la guerre en Ukraine proviennent de think tanks dont les bailleurs de fonds profitent des dépenses militaires américaines, des ventes d’armes et, dans de nombreux cas, directement de l’implication des États-Unis dans la guerre en Ukraine. Sur les 1 247 mentions de think tanks dans les médias que nous avons suivies et qui étaient liées aux armes américaines et à la guerre en Ukraine, 1 064 (85 %) provenaient de think tanks financés par l’industrie de la défense, et seulement 147 (12 %) provenaient de think tanks ne recevant pas de soutien de l’industrie de la défense.64 En d’autres termes, lorsqu’ils citaient des think tanks, ces médias étaient plus de sept fois plus susceptibles de citer un think tank bénéficiant d’un soutien du secteur de la défense que de citer un think tank n’en bénéficiant pas.

La défaite des armes de l’OTAN

Au coeur du déni de réalité occidental, il y a l’infériorité militaire de plus en plus visible de l’OTAN ! Un constat très sévère de Drago Bosnic dans infobrics:

Quelques semaines seulement se sont écoulées depuis que le monde entier a assisté à la débâcle absolue des blindés lourds de l’OTAN, dont on a tant vanté les mérites. L’événement avait été prédit avec précision par divers experts et analystes indépendants quelques jours seulement avant la contre-offensive gratuite. À ce moment-là, il est devenu évident que des décennies de coopération étroite entre l’ancienne armée ukrainienne et l’OTAN étaient en fait inutiles. Cela inclut également près d’une décennie de coopération beaucoup plus intensive entre l’alliance belligérante et [la junte de Kiev] (alors nouvellement installée), qui s’est concentrée sur l’interopérabilité et la mise en œuvre des normes de l’OTAN.

Cependant, les performances des forces du régime de Kiev face aux milices du Donbass, même conscrites (bien qu’aguerries) au sein de l’armée russe, ont non seulement laissé beaucoup à désirer, mais sont essentiellement très médiocres par rapport aux fonds massifs que reçoit [l’Ukraine]. Et bien que la contre-offensive soit toujours en cours et qu’elle se traduise par des gains largement insignifiants (qui restent fermement sous le contrôle des tirs russes), les résultats pour les blindés lourds ont été catastrophiques, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans un premier temps, la machine de propagande grand public a tenté de dissimuler les pertes horribles subies par les chars et les véhicules blindés fournis par l’OTAN.

Cependant, les nombreuses images du champ de bataille publiées par des plateformes alternatives (en particulier sur Telegram) ont rendu cette tâche impossible. Par conséquent, la livraison d’armes, de munitions et d’autres équipements fabriqués en Occident, qui était auparavant menée par des pays tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, la Pologne, les États baltes, etc. semble ralentir. Bien que Londres ait été la première à promettre des blindés lourds et des missiles à longue portée, ainsi qu’à fournir des munitions à l’uranium appauvri qui peuvent avoir des conséquences désastreuses, elle revient discrètement sur ses engagements à combattre la Russie “jusqu’au dernier Ukrainien”.

Drago Bosnic souligne l’inadaptation des chars occidentaux très lourds à la boue des saisons de dégel ou de pluie en Ukraine.

En janvier dernier, j’ai affirmé que les blindés lourds occidentaux, y compris le “Challenger 2” britannique, le M1 “Abrams” américain et le “Leopard 2” allemand, ne sont tout simplement pas adaptés au régime de Kiev, car ils n’ont pas été conçus pour combattre sur un tel terrain ou dans de telles conditions (absence totale de supériorité aérienne et appui aérien rapproché extrêmement limité, voire inexistant). Il en va de même pour le véhicule blindé de combat (AFV) américain “Bradley” et les destructeurs de chars à roues français AMX-10. Les chars d’assaut occidentaux sont tristement célèbres pour leur taille et leur poids, puisqu’ils sont jusqu’à 30 % plus grands et plus lourds que leurs homologues soviétiques/russes.

Pesant 75 tonnes avec des modules de blindage de combat supplémentaires, le “Challenger 2” est presque deux fois plus lourd que le T-64BV ukrainien (38 tonnes), qui est le char le plus utilisé par le régime de Kiev. L’expérience soviétique de la Seconde Guerre mondiale et les propriétés pédologiques des régions occidentales de l’ex-URSS ont incité la superpuissance à construire des chars plus légers, car les véhicules plus lourds s’enlisaient presque toujours dans l’océan de boue causé par la fameuse rasputitsa. Des vidéos et des photos montrent que même les chars russes et ukrainiens s’enlisent, obligeant leurs équipages à abandonner le véhicule pour éviter les ATGM. (…)

Dans cette optique, l’utilisation de chars occidentaux beaucoup plus lourds tels que le “Challenger 2” (et d’autres blindés fournis par l’OTAN) s’est avérée non seulement militairement inutile pour le régime de Kiev, mais également mortelle pour les innombrables Ukrainiens enrôlés de force qui ont été tués inutilement au cours des récentes opérations de contre-offensive contre l’armée russe. Dans cette optique, en refusant ou au moins en reportant l’utilisation de ses chars de combat “Challenger 2” en Ukraine, le Royaume-Uni pourrait épargner la vie de nombreux Ukrainiens.”

Sommet de l’OTAN

On comprend mieux, dans le contexte que nous avons dressé, les décisions qui ont été prise à l’OTAN. L’Alliance est incapable de gagner une guerre conventionnelle avec la Russie. Elle ne veut pas prendre le risque d’une escalade nucléaire. Donc, au grand dam des Ukrainiens, l’adhésion à l’OTAN a été définitivement enterrée.

 Sentant monter l’opposition à leur admission, les Ukrainiens avaient pratiqué un chantage au pire : Affirmation d’une catastrophe imminente voulue par la Russie sur la centrale d’Energodar/Zaporojie;, attaque manquée sur le pont de Crimée.

Mais le communiqué du Sommet de Vilnius est sans appel : (publié par les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN participant à la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord à Vilnius le 11 juillet 2023) :

  1. Nous soutenons pleinement le droit de l’Ukraine à choisir ses propres arrangements de sécurité. L’avenir de l’Ukraine est dans l’OTAN. Nous réaffirmons l’engagement que nous avons pris au sommet de Bucarest en 2008, à savoir que l’Ukraine deviendra membre de l’OTAN, et nous reconnaissons aujourd’hui que la voie suivie par l’Ukraine pour parvenir à une pleine intégration euro-atlantique a dépassé la nécessité du plan d’action pour l’adhésion. L’Ukraine est devenue de plus en plus interopérable et politiquement intégrée à l’Alliance, et elle a accompli des progrès substantiels sur la voie des réformes. Conformément à la charte de 1997 sur un partenariat spécifique entre l’OTAN et l’Ukraine et au complément de 2009, les Alliés continueront de soutenir et d’examiner les progrès de l’Ukraine en matière d’interopérabilité ainsi que les réformes supplémentaires requises dans les domaines de la démocratie et de la sécurité. Les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN évalueront régulièrement les progrès accomplis dans le cadre du programme national annuel adapté. L’Alliance aidera l’Ukraine à mener à bien ces réformes sur la voie de son adhésion future. Nous serons en mesure d’inviter l’Ukraine à adhérer à l’Alliance lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplie” (Comme le souligne Moon of Alabama, L’expression “lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies” place sans doute la barre plus haut que ce que promettait la déclaration du sommet de Bucarest en 2008) :
    Il convient également de noter que les “conditions”, tout comme les règles de l'”ordre fondé sur des règles”, ne sont pas définies. Il semble que chaque membre de l’OTAN sera en mesure de définir ses propres conditions.

Dès la conférence de presse préalable au sommet, Jens Stoltenberg avait encadré la décision du sommet: “Nous soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. Parce que si l’Ukraine ne gagne pas cette guerre, il n’y a pas de question d’adhésion à discuter”.

Commentaire de Moon of Alabama: “La victoire de l’Ukraine dans la guerre, qui est irréalisable, est désormais une condition essentielle à son admission au sein de l’OTAN. Ce n’est pas ce que le gouvernement ukrainien voulait entendre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a commenté l’intention des dirigeants occidentaux de ne pas inclure de précisions sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN dans une prochaine déclaration. “Sur le chemin de Vilnius, nous avons reçu des signaux indiquant qu’une formulation sans l’Ukraine était en cours de discussion. Je tiens à souligner que cette formulation n’est possible que sur invitation, et non en raison de l’adhésion de l’Ukraine. Il est sans précédent et absurde qu’il n’y ait pas de calendrier pour l’invitation ( !) et pour l’adhésion de l’Ukraine, et qu’une formulation étrange de “conditions” soit ajoutée même pour l’invitation de l’Ukraine…Il semble qu’il n’y ait aucune volonté d’inviter l’Ukraine à l’OTAN ou d’en faire un membre de l’Alliance. Par conséquent, il reste la possibilité de négocier l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN – dans le cadre de négociations avec la Russie. Et pour la Russie, cela signifie une motivation pour continuer à faire régner la terreur. L’incertitude est une faiblesse. Et j’en parlerai franchement lors du sommet”, a écrit M. Zelensky.

Comme si toute la pièce n’avait pas été évidente dès le début. Depuis 2008, l’Ukraine devait être utilisée comme un outil pour harceler la Russie. Elle n’a par ailleurs que peu de valeur. Elle finira comme un chiffon jeté au rebut tandis que l’OTAN finira par reconnaître à nouveau la Fédération de Russie comme la superpuissance qu’elle est. L’OTAN devra réapprendre à l’écouter et à négocier avec elle.”

Nous vous avions déjà expliqué comme Zelensky a été, de fait, ostensiblement remis à sa place, lors du sommet : Celle d’un instrument usé, cassé même, qui finira sur la décharge de tous les hommes de main des Américains, aussi brutalement écartés qu’ils avaient été mis en avant et choyés quand ils avaient une utilité.

Conclusion de Moon of Alabama: “Attendons maintenant de voir ce que la descente de l’OTAN fera au moral et aux motivations de l’armée et du peuple ukrainiens“.

En effet, dès qu’ils le ^peuvent, les Ukrainiens se rendent.

Les armes hypersoniques deviennent le socle de la dissuasion (conventionnelle et nucléaire) russe

Zelensky va encore servir quelque temps, les Etats-Unis espérant encore trouver une faille interne dans le dispositif de Poutine. Washington ne peut pas avouer son infériorité dans le rapport de forces. C’est pourquoi la Russie n’a pas d’autre choix que de créer sur le terrain la réalité qu’elle veut voir entériner en négociations. D’où l’accélération constante dans la mise en place de l’arme hypersonique. .

La moitié des divisions de missiles stratégiques russes utilisent désormais des missiles hypersoniques en réponse à l’escalade américaine explique encore Drago Bosnic.

Ce n’est certainement pas un scoop que la Russie soit le leader mondial des technologies militaires avancées, en particulier des nouveaux types de missiles et d’autres armes similaires. Moscou possède une avance confortable sur Washington DC en matière de développement et de déploiement d’armes hypersoniques. Elle a donc décidé de capitaliser sur cet avantage massif et d’utiliser une plus grande partie de son arsenal, qui n’a rien à envier aux autres, pour dissuader la belligérante thalassocratie. Fin juin, le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’environ la moitié des divisions de missiles stratégiques russes avaient été réarmées avec des ogives hypersoniques.

Environ la moitié des unités de la force russe de missiles stratégiques [RVSN] ont été équipées des derniers systèmes de missiles “Yars” et sont réarmées avec des ogives modernes “Avangard””, a déclaré M. Poutine, cité par l’agence TASS, avant d’ajouter : “À la lumière des nouveaux défis et de l’évolution de la situation en Russie, il est clair que la Russie a besoin d’un nouveau système de missiles stratégiques : “À la lumière des nouveaux défis et de l’expérience inestimable de l’opération militaire spéciale, nous continuerons à améliorer les forces armées par tous les moyens possibles.

M. Poutine a également souligné l’importance des efforts déployés par la Russie pour développer sa triade nucléaire, qui constitue la principale garantie de la sécurité stratégique du géant eurasien et de la stabilité géopolitique à l’échelle mondiale. Il a également annoncé que de nouvelles unités de l’ICBM (missile balistique intercontinental) super lourd à combustible liquide “Sarmat” entreraient “bientôt en service”. Il semblerait que ce processus soit dans sa phase finale et que Moscou déploiera effectivement des lanceurs supplémentaires de ces armes inégalées. Le président russe a ajouté que des efforts de modernisation similaires étaient en cours pour les deux autres branches de sa triade nucléaire.

Au moment où les déclarations susmentionnées ont été faites, la raison pour laquelle M. Poutine a dû “soudainement” souligner l’importance des armes hypersoniques et d’autres systèmes stratégiques clés de la Russie n’était pas très claire. Début juillet, l’armée américaine a indiqué qu’elle avait démontré la capacité opérationnelle de son tout nouveau lanceur de missiles basé au sol en tirant récemment avec succès un missile de croisière d’attaque terrestre “Tomahawk”. Cette démonstration fait suite à un essai de lancement d’un missile polyvalent SM-6 au début de l’année à partir de ce qui est officiellement connu sous le nom de système d’arme “Typhon”.

L’armée américaine dispose désormais d’une unité enregistrée sous le nom officiel de batterie de capacité à moyenne portée équipée du “Typhon”, qui dispose de quatre lanceurs sur remorque et d’autres véhicules et équipements de soutien. Le Rapid Capabilities and Critical Technologies Office (RCCTO) du service a annoncé le lancement du “Tomahawk” le 28 juin, mais l’essai proprement dit a eu lieu le 27. Cela s’est passé il y a un peu plus de six mois, après que l’armée américaine a pris livraison de ses premiers lanceurs “Typhon” et d’autres composants de sa première batterie de capacités de moyenne portée (MRC) auprès de Lockheed Martin, l’un des géants du complexe militaro-industriel américain (CMI).

Les hauts responsables de l’armée américaine ont récemment déclaré que leur objectif était d’atteindre au moins le niveau initial de capacité opérationnelle réelle avec la première batterie MRC avant la fin de l’année fiscale 2023 (qui sera en septembre de cette année). Comme indiqué précédemment, une batterie “Typhon” complète se compose de quatre lanceurs et d’un poste de commandement, tous montés sur des remorques, ainsi que d’autres véhicules de soutien. Le service prévoit d’employer le “Typhon” principalement contre des cibles terrestres en utilisant soit le “Tomahawk”, soit le SM-6. Si le premier est d’origine terrestre (BGM-109G “Gryphon” de l’époque de la guerre froide), le second est un missile naval.

En fait, le SM-6 a été conçu à l’origine comme un missile surface-air (SAM), avec une capacité anti-navire secondaire. Toutefois, la marine américaine l’a modifié et exploite aujourd’hui plusieurs versions conçues pour des missions polyvalentes. Compte tenu du retard pris par les États-Unis par rapport à la Russie en matière d’armes hypersoniques, le SM-6 est le meilleur moyen d’engager des armes hypersoniques hautement manœuvrables. Et même cela est très discutable, malgré les tentatives des États-Unis de présenter comme vraies leurs affirmations ridicules selon lesquelles le “Patriot” abattrait des missiles hypersoniques russes. Si cette affirmation était vraie, les États-Unis n’auraient jamais eu besoin du SM-6 pour contrer les missiles russes.

La vitesse du 9-A-7660 “Kinzhal” varie de plus de 12 000 km à l’heure à près de 16 000 km à l’heure. Si l’on imagine un missile intercepteur volant à 4 000 km à l’heure percutant un autre missile volant trois ou quatre fois plus vite, peut-on vraiment croire qu’il n’y aurait rien d’autre qu’un tas d’étincelles, sans parler d’une quelconque épave ? Pire encore, le prétendu “missile hypersonique russe ‘Kinzhal'” est tombé au sol en relativement bon état et a même été photographié et présenté comme une prétendue “preuve”. Ainsi, une fois de plus, si l’on ne prend en compte que la physique de base, il devient extrêmement difficile d’envisager les affirmations, et encore plus de les prendre au pied de la lettre.

Toutefois, comme les États-Unis ne disposent pas d’armes hypersoniques opérationnelles, avec l’annulation récente de leur projet de missile AGM-183A, cette capacité pour le Pentagone a été repoussée encore plus loin. Il est donc désespéré de présenter les missiles russes comme bien pires qu’ils ne le sont en réalité. Pourtant, contrairement aux États-Unis, la Russie dispose du missile hypersonique “Kinzhal” à capacité Mach 12 lancé par avion et transporté par des intercepteurs MiG-31K/I modifiés et des bombardiers à long rayon d’action Tu-22M3, du lanceur à grande vitesse “Avangard” à capacité Mach 28 déployé sur divers ICBM et du missile de croisière hypersonique “Zircon” à capacité Mach 9 propulsé par un statoréacteur et déployé sur des plates-formes navales (sous-marins et navires de surface) et (bientôt) sur des plates-formes terrestres.

La Russie a des décennies d’avance sur les États-Unis, tant en termes de déploiement que de capacités d’armes hypersoniques. En outre, Moscou a utilisé ces systèmes contre le régime de Kiev et des cibles de grande valeur de l’OTAN en Ukraine. L’armée russe n’est pas seulement la seule force armée au monde à déployer largement des missiles hypersoniques, elle est aussi la seule à les avoir introduits dans tous les domaines (air, terre, mer), y compris sur des armes stratégiques.

Les Etats-Unis se dirigent-ils vers une défaite géopolitique globale ?

Comme si les revers subis sur le front ukrainien ne suffisaient pas, les Etats-Unis se heurtent à une hostilité croissante de la Chine.

La semaine dernière, Pékin a décidé d’imposer des restrictions à l’exportation de deux terres rares qu’elle produit en abondance (jusqu’à 95 % de la production mondiale, selon les sources) : le gallium et le germanium. Ces deux métaux sont fortement importés par les Etats-Unis et l’Europe , notamment pour la production de semi-conducteurs. La Chine a parfaitement choisi son moment, car cela s’est produit quelques jours seulement avant la visite en Chine de Janet Yellen, secrétaire d’État au Trésor américain, la semaine dernière. En d’autres termes, Pékin tire parti de sa domination absolue dans l’extraction et le raffinage des terres rares.

Le 7 juillet, le Wall Street Journal a rapporté que Mme Yellen et le premier ministre chinois Li Qiang avaient discuté d’une concurrence économique qui “profiterait aux deux pays”, Les Etats-Unisd n’ont pas d’autre choix que négocier avec la Chine, sauf à accélérer leur déclin Mais choisiront-ils la confrontation, comme vis-à-vis de la Russie ? .

Ce serait le prélude à une défaite géopolitique globale.

Sanctions vs Russie : Vers le chaos économique ?

Un mercenaire sur la contre-offensive ukrainienne : «C’est l’horreur»

par Al Manar - Le 13/07/2023.

Rhys Byrne, un Dublinois de 28 ans, s’est exprimé sur Sky News concernant les combats sanglants se déroulant pendant la contre-offensive ukrainienne.

«Sur la «ligne zéro», c’est l’horreur. C’est l’horreur… C’est un massacre… Il y a des morts partout. Le plus gros problème que nous avons quand nous entrons dans les tranchées c’est d’enjamber des cadavres».

La goutte qui fait déborder le vase

Il a également parlé d’un engagement qu’il a qualifié de «goutte d’eau qui a fait déborder le vase» et pendant lequel il a failli être tué.

Son unité, composée de 40 membres – dont des Ukrainiens, des Américains et des Britanniques – n’avait pas de couverture aérienne et deux chars ukrainiens se sont retirés.

Un obus a explosé au milieu de leur position. Ceux qui ont survécu se sont cachés dans les bois. Un membre de l’unité s’est mis à appeler à l’aide avec sa radio, alors que les obus de chars tombaient à proximité.

Selon Rhys Byrne, au milieu du chaos, le salut est apparu sous la forme d’une camionnette ukrainienne. Cependant un char russe a commencé à les chasser.

«Et c’est terrifiant quand vous voyez un gros T-72 venir pour vous et que vous êtes dans un pick-up Humvee».

Sans expérience militaire

Le 2 juillet, deux autres mercenaires ayant combattu aux côtés des troupes ukrainiennes ont raconté pour le site US Daily Beast avoir été choqués par la situation difficile sur le front.

«Le pire jour en Afghanistan et en Irak est un grand jour en Ukraine», a confié l’un d’eux.

Selon le «soldat de fortune» portant l’indicatif Bam, ce conflit est beaucoup plus effrayant.

Outre le niveau insuffisant de formation des militaires ukrainiens, il s’est également plaint du nombre de personnes qui veulent aider à combattre sans avoir aucune expérience militaire :

«Il y a beaucoup de volontaires vraiment stupides ici qui n’ont pas à être dans une guerre».

Choïgou dresse le bilan

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a révélé mardi 11 juillet que 26 000 militaires ukrainiens avaient été tués et 3000 unités d’équipement détruites depuis le début de la contre-offensive de Kiev le 4 juin dernier.

Il a détaillé que l’armée ukrainienne avait perdu 21 avions, cinq hélicoptères, 1244 chars et autres blindés, dont 17 Leopard et 12 Bradley, ainsi que 403 pièces d’artillerie et obusier, dont 43 systèmes américains M777 et 46 canons automoteurs livrés à Kiev par la Pologne, les États-Unis et la France.

Le recrutement des mercenaires se poursuit

En outre, le ministère de la Défense de Moscou a assuré que Kiev a multiplié l’embauche de mercenaires à travers le monde entier dans le but de dissimuler les pertes catastrophiques de ses forces militaires dans la guerre.

Dans un communiqué officiel publié lundi 10 juillet, il a indiqué qu’«en raison des pertes élevées de personnel, le régime de Kiev aurait lancé le recrutement de mercenaires étrangers en Argentine, au Brésil, en Afghanistan, en Irak et dans les zones sous contrôle américain de la Syrie au cours du mois dernier».

Selon ce document, le commandement ukrainien traite les mercenaires étrangers comme de la chair à canon, les envoyant en premier lieu sur des positions russes. L’évacuation des mercenaires blessés a lieu seulement après le retrait des militaires ukrainiens.

«Les commandants ukrainiens opérant sur la ligne de contact ne sont pas tenus responsables des pertes parmi les mercenaires étrangers», précise la même source.

12 000 mercenaires de 84 pays

Le document rappelle que près de 12 000 mercenaires étrangers de 84 pays sont arrivés en Ukraine depuis février 2022 pour combattre aux côtés de l’armée de Kiev contre la Russie.

«Le plus grand nombre de mercenaires est venu en Ukraine en mars-avril 2022, mais après les premières pertes subies, le rythme de leur arrivée a considérablement ralenti», selon le communiqué qui ajoute que «les groupes les plus nombreux venaient de Pologne (plus de 2600 personnes), les États-Unis et le Canada (900 personnes ou plus), la Géorgie (plus de 800 personnes), le Royaume-Uni et la Roumanie (700 personnes ou plus chacun), la Croatie (plus de 300 personnes), ainsi que la France et la Turquie (200 personnes ou plus chacune)».

Selon la Russie, le 30 juin, la mort de 4845 mercenaires étrangers, pour la majorité, venus des États-Unis, du Canada et de pays européens, a été confirmée. 4801 autres combattants étrangers se sont échappés du territoire ukrainien en raison de l’attitude de Kiev à leur égard. Aujourd’hui, 2029 mercenaires continuent d’opérer dans les rangs de l’armée ukrainienne.

source : Al Manar

Les États-Unis envoient les terroristes syriens en Ukraine

 

par Pars Today - Le 13/07/2023.

Une source proche de l’armée et de l’appareil diplomatique syriens a révélé qu’«étant donné que le résultat de la guerre en Ukraine a été jusqu’ici en contradiction avec les exigences des Américains, ces derniers tentent maintenant de recruter des éléments armés en Syrie pour renforcer les effectifs de l’armée ukrainienne contre les Russes».

La source – qui a souhaité garder l’anonymat – a ajouté dans une interview à Ria Novosti : «Certains médias, citant le service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie, ont révélé que les États-Unis utilisaient la base d’al-Tanf en Syrie pour former des éléments armés qui envisagent des attentats terroristes sur le territoire russe».

«Suite aux échecs successifs des forces ukrainiennes – qui ont déçu l’administration Joe Biden –  Washington a maintenant adopté une nouvelle stratégie selon laquelle le Pentagone recrute des terroristes qui seraient prêts à rejoindre les troupes ukrainiennes dans la guerre face à la Russie».

«La CIA a dans le sillage commencé des discussions avec des représentants des éléments armés, liés au groupe connu sous le nom des «Forces d’autodéfense» kurdes (Rojava) et les cheikhs de plusieurs tribus arabes en Syrie», toujours selon la même source.

«Les officiers des services de renseignement américains et ukrainiens mènent, ajoute-elle, des consultations conjointes et périodiques en Irak sur la question de la lutte contre le déploiement des troupes russes sur le territoire syrien et ont décidé d’augmenter le nombre des éléments terroristes dans la région».

«À cet égard, le consul honoraire d’Ukraine dans la région du Kurdistan d’Irak, Farhad Ali Shaker, a été chargé de recruter des éléments armés et de les transférer en Syrie. Les experts ukrainiens, qui ont été formés dans des bases américaines en Irak, entraînent les terroristes recrutés pour les expédier vers l’Ukraine», précise la même source.

Source : Pars Today

Des nazillons allemands sur le front de l’Est

SOURCE : RZO INTERNATIONAL.

par Susann Witt-Stahl - Le 13/07/2023.

Le «Corps des volontaires allemands» [Deutsches Freiwilligen-Korps] se situe dans la tradition de la Wehrmacht nazie – et se bat aux côtés de Kiev.

L’unité de combat a repris la campagne de Russie et est entrée sur les « champs de bataille du front de l’Est de l’Ukraine». «Toutes les roues roulent pour la victoire», annonçait fin juin le «Corps des volontaires allemands» (DFK). Il fait référence aux exploits de ses ancêtres : «Il y a 82 ans aujourd’hui, les soldats allemands et leurs alliés ont franchi les frontières de la Russie soviétique. Dans le ferme espoir d’arrêter Staline et le bolchevisme et de libérer les peuples de la prison soviétique» : le DFK avait déjà présenté sa lecture singulière de cet événement historique mondial à l’occasion de l’anniversaire de l’invasion allemande de l’Union soviétique le 22 juin.

Le groupe ne laisse par ailleurs aucun doute sur le fait que les soldats de la Wehrmacht, et plus encore les «guerriers raciaux» [Rassenkrieger] de la Waffen-SS, sont ses idoles. Leurs combattants portent, outre l’emblème du DFK avec un bouclier et une épée, le symbole de l’aigle du Reich avec une croix gammée dans une couronne de chêne. Sur leur canal Telegram, ils rendent hommage aux membres de la Leibstandarte SS «Adolf Hitler» [garde personnelle de Hitler, devenue division SS].

L’épine dorsale du DFK, qui s’est formé en février 2023 et ne devrait compter jusqu’à présent guère plus d’une poignée de guerriers, est constituée, selon ses propres dires, de membres du parti néonazi «Der III. Weg» (La troisième voie). Ce groupuscule, considéré comme anticonstitutionnel par les services de renseignement intérieurs allemands, avait été fondé en 2013 avec la participation de membres du NPD et de membres du «Freies Netz Süd» [Réseau libre sud]. «Der III. Weg» entretient de bonnes relations avec le mouvement fasciste «Azov» en Ukraine et son régiment – devenu entre-temps une brigade – au sein de la garde nationale, qui jouit d’un statut culte parmi les fascistes du monde entier depuis la bataille d’Azovstal au printemps 2022. «Toi et tes camarades avez accompli des choses inimaginables et vivrez éternellement dans l’histoire du peuple ukrainien», pouvait-on lire récemment dans un message d’anniversaire adressé au commandant d’Azov Denis Prokopenko. Le DFK a donc célébré le retour de ce dernier de son internement en Turquie le week-end dernier.

Le fondateur présumé du DFK, Stephan K. de Solingen, entretient des liens particulièrement étroits avec le «Corps des volontaires russes» (RDK). Depuis le printemps 2023, cette troupe dirigée par le hooligan néonazi Denis «White Rex» Kapustine, originaire de Moscou, attire l’attention des médias en attaquant des villages russes, la dernière fois début juin dans la région de Belgorod. Il est arrivé en Ukraine grâce à son «ami proche» Kapustine, a raconté Stephan K. dans une interview publiée le 14 janvier sur le site Internet de «Der III. Weg».

Denis Kapustine, alias Nikitine

Kapustin avait émigré en Allemagne en 2001 en tant que «réfugié juif du contingent»1 et vivait à Cologne. Avant l’existence du DFK, K. aurait d’abord combattu au sein du RDK, puis aurait entre-temps rejoint le bataillon néonazi «Karpartska» des troupes régulières de Kiev et aurait notamment été en mission à Kharkov, Zaporijia et Koupiansk.

«Les combattants du «Corps volontaire russe» et de notre «Corps volontaire» sont liés par une camaraderie de front, une communauté qui s’est endurcie sous la grêle d’obus russes et qui est restée ferme dans sa fidélité nibelungienne [=inconditionnelle]», explique le DFK. Cette alliance ténébreuse pourrait donner lieu à de bizarres manifestations revanchardes : selon Kapustine, le DFK reçoit le soutien de l’armée ukrainienne, par exemple dans les domaines du renseignement militaire et de la logistique. L’Allemagne étant actuellement le deuxième plus grand donateur pour l’armement et la formation des forces armées ukrainiennes, le DFK pourrait lui aussi, en tant qu’allié de ces dernières, bientôt obtenir des moyens mis à disposition par le gouvernement rose-vert-jaune de Berlin et lutter à nouveau pour la satisfaction de désirs de l’impérialisme allemand prétendument dépassés historiquement : «Nous sommes bien sûr pour la restitution de la Prusse orientale. Et pour le rétablissement général des anciennes frontières allemandes». Il y aurait également une «lueur d’espoir» qu’une «section de soldats libres» se développe en Allemagne pour devenir «l’avant-garde de l’idée de la renaissance de la vérité historique» et de «l’unification de l’Europe blanche».

Les libéraux/progressistes solidaires de l’Ukraine devraient froncer le nez devant de tels idéologèmes nazis moisis. Mais l’élément essentiel du fascisme diffusé par le DFK s’avère tout à fait acceptable parmi eux : Stephan K. a déclaré à «Der III. Weg» qu’il voulait combattre «le néo-bolchevisme de Poutine» et ne pas permettre que l’Europe soit «contaminée pour la deuxième fois» par «la peste rouge». Aujourd’hui comme hier, un anticommunisme aussi agressif est bien accueilli. Les guerriers néonazis allemands et leur «entreprise Barbarossa 2.0» trouvent un écho favorable au sein de la communauté hipster de l’OTAN «North Atlantic Fella Organization» (NAFO/OFAN), qui collecte des fonds [en vendant des T-shirts, bikinis et caleçons] pour l’achat de pièces d’artillerie et d’autres outils de meurtre par l’Ukraine, car elle veut vraiment en découdre avec la Russie. «C’est quand même bien que même un nazi trouve encore le chemin du bien», a-t-on pu entendre dans la communauté des «fellas». «Espérons que beaucoup d’autres suivront, quelle que soit leur couleur».

source : Jungle Welt via Tlaxcala

  1. L’Allemagne a accueilli de 1991 à 2012 234 136 personnes successivement catégorisées en tant que «réfugiés du contingent», puis comme «migrants juifs», en provenance de l’ex-URSS.

La guerre en Ukraine évolue de manière décisive en faveur de la Russie

 

par Larry Johnson - Le 12/07/2023.

Volodomyr Zelensky a appris la mauvaise nouvelle à Vilnius : Malgré les belles paroles de certains membres de l’OTAN, les États-Unis et l’Allemagne refusent de laisser l’Ukraine rejoindre le club par crainte d’élargir la guerre avec la Russie. Qu’on ne s’y trompe pas : L’OTAN est en guerre contre la Russie, mais l’Occident est conscient de sa faiblesse militaire et n’est pas disposé, en tant qu’organisation, à prendre le risque de prendre des mesures qui provoqueraient des combats directs entre les forces russes et les forces de l’OTAN.

«Le président Volodymyr Zelensky, frustré, a lancé une attaque furieuse contre les alliés de l’Ukraine au sein de l’OTAN mardi, alors qu’ils entamaient un sommet où ils ne savaient toujours pas comment faire avancer la candidature de Kiev à l’adhésion à l’Alliance.

Zelensky, qui se rendra à Vilnius pendant les deux jours du sommet, a qualifié d’«absurde» la réticence de certains dirigeants de l’OTAN à fournir un calendrier précis pour l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance.

«L’incertitude est une faiblesse. Et j’en parlerai ouvertement lors du sommet», a tweeté Zelensky. L’alliance soutient l’Ukraine dans sa lutte contre l’invasion russe qui dure depuis 16 mois, mais plusieurs membres – notamment le président américain Joe Biden – s’opposent à donner à l’Ukraine un calendrier d’adhésion».

Cependant, la France et le Royaume-Uni, agissant indépendamment de l’OTAN, ont fait une promesse insensée et dangereuse : Ils vont fournir à l’Ukraine des missiles de croisière à longue portée pouvant frapper à l’intérieur du territoire russe.

Nous sommes arrivés à un point de cette guerre où l’Occident a du mal à admettre que ses dons de chars et d’armes à l’Ukraine ont été un échec total et la panique s’installe.

Je vous encourage à visionner la vidéo du Wall Street Journal qu’Andrei Martyanov a postée. Au moins deux généraux américains (à la retraite) qui ont été parmi les plus ardents supporters de l’offensive ukrainienne admettent à contrecœur que l’opération est un fiasco. C’est un euphémisme. Les troupes ukrainiennes, ainsi que leur équipement, sont en train de se faire écraser.

La Russie n’est plus en position défensive. Elle a lancé sa propre contre-offensive et parvient à repousser les forces ukrainiennes :

 Les combats se poursuivent sur la ligne de front. Dans la direction de Starobelsk, les forces armées de la FR ont pu avancer dans la zone de Zhuravka Balka et dans les environs de Torskoye, et ont également déjoué une attaque massive près de Dibrova. Dans le secteur de Bakhmout, les troupes russes ont mené une contre-attaque près de Kleshchiyevka et ont également repoussé une attaque ennemie dans les environs de Berkhovka.

 De violents affrontements ont lieu dans le secteur de Vremyevka. Les marines ukrainiens tentent d’avancer dans le secteur de Priyutnoye et Grushevaya Balka, où ils avaient précédemment réussi à prendre pied dans des plantations. À Rabotino, l’ennemi a attaqué sans succès au nord de la localité, perdant des véhicules blindés fournis par l’Ouest.

 Dans la direction de Kherson, les unités russes continuent de combattre les saboteurs ukrainiens qui ont débarqué sur les îles et sous le pont Antonovsky. Selon certaines informations, un pont ferroviaire a sauté au nord d’Alyoshki.

Je m’attends à ce que la Russie intensifie ses attaques contre les positions ukrainiennes à des endroits clés le long de la ligne de contact de 1300 kilomètres au cours des deux prochaines semaines. Alors que l’OTAN s’efforce de fournir à l’Ukraine des renseignements exploitables pour tenter d’endommager les capacités russes, Zelensky et ses généraux sont confrontés à une dure réalité : Des renseignements de premier ordre ne servent à rien si l’on ne dispose pas de la main-d’œuvre ou de l’équipement nécessaires pour faire une entaille majeure dans les défenses russes. L’armée ukrainienne s’affaiblit à chaque attaque infructueuse.

Je suis d’accord avec Andrei pour dire que l’escalade promise par la France et le Royaume-Uni est susceptible de provoquer une réponse russe. C’est une chose de fournir secrètement des armes létales plus sophistiquées à l’Ukraine. Rappelons que les Soviétiques l’ont fait aux Américains au Vietnam et que les États-Unis l’ont fait aux Soviétiques en Afghanistan. Les Américains et les Russes ont tranquillement accepté de vivre avec ces actions sans risquer l’escalade vers un conflit direct. Ils ont continué à avoir des contacts diplomatiques normaux et ont négocié des accords de contrôle des armements malgré les guerres secrètes par procuration. Chaque partie savait ce que faisait l’autre, mais chacune a également pris des mesures pour tenter de dissimuler ses actions.

Ce que la France et le Royaume-Uni proposent est une provocation ouverte qui, si elle est mise en œuvre, représente une attaque directe contre la Russie.

Poutine et les membres de son équipe de sécurité nationale ont clairement indiqué qu’il y aurait une réponse. Cela signifie que nous entrons dans une phase très dangereuse de cette guerre, car le désespoir frénétique de l’Occident l’amène à envisager des opérations militaires qui entraîneront des représailles. La Russie ne va pas accepter d’être un punching-ball.

À un moment donné, je prévois que Poutine ordonnera à l’armée russe de commencer à abattre des drones ISR sophistiqués des États-Unis et de l’OTAN et de perturber, voire d’éliminer, le réseau Starlink d’Elon Musk.

La Russie est également susceptible d’attaquer et de détruire les centres d’opérations tactiques et interarmées en Ukraine dans le cadre de son effort global visant à dégrader la capacité de l’Ukraine à mener des opérations offensives.

La Russie aurait frappé le port d’Odessa hier (lundi) avec un missile en prélude à la fin de l’accord sur les céréales et à l’affirmation de son contrôle sur la mer Noire. Ce sera un coup dur pour l’Ukraine et la Turquie, et l’Occident ne peut guère réagir sans créer un casus belli permettant à la Russie de frapper des cibles où se trouvent des conseillers de l’OTAN.

source : A Son of the New American Revolution

traduction Réseau International

L’échec de la contre-offensive de l’Ukraine signifie-t-il des pourparlers de paix ou une guerre plus large ?

 

par Rixon Stewart - Le 12/07/2023.

La contre-offensive ukrainienne n’a pas avancé. C’est évidemment une bonne nouvelle pour les Russes à plus d’un titre.

Au début de la guerre, les forces armées ukrainiennes avaient été constituées par leurs suzerains occidentaux pour être les deuxièmes plus importantes d’Europe. Après la Russie, elles étaient plus grosses que les forces allemandes et françaises réunies.

Les forces ukrainiennes avaient été constituées en prévision d’un éventuel affrontement avec la Russie. C’est du moins ce que prévoyaient les bailleurs de fonds occidentaux de l’Ukraine.

Si la contre-offensive la plus récente avait même partiellement réussi, elle aurait encouragé les faucons de l’OTAN et de l’administration Biden à préconiser un soutien encore plus agressif à l’Ukraine, qui aurait même pu aboutir à une intervention directe de l’OTAN.

La défense robuste de la Russie rend cela peu probable maintenant. Les Ukrainiens ont subi de nombreuses pertes en essayant de percer les lignes russes, mais en vain.

Comme l’explique Brian Berletic, les forces armées ukrainiennes ont perdu près de 250 chars, des centaines de véhicules blindés et des dizaines de milliers d’hommes tués et blessés lors de la dernière série de combats.

Même avec de nouvelles armes et équipements des pays de l’OTAN, l’armée ukrainienne n’est plus que l’ombre d’elle-même. Au mieux, tout ce qu’elle peut espérer, c’est une impasse sanglante se terminant par un règlement négocié.

Les Russes pourraient cependant en décider autrement.

Les gestionnaires/conseillers du président Biden ont évidemment pris note de l’incapacité de l’armée ukrainienne à faire des progrès significatifs, alors même que l’Occident s’efforce de répondre à ses demandes de plus d’argent, d’armes et de munitions pour poursuivre le combat.

En conséquence, nous soupçonnons que les conseillers/gestionnaires de Biden préconiseront une approche moins conflictuelle. Le proxy de l’OTAN/États-Unis est sévèrement battu et tôt ou tard, et malgré les meilleurs efforts des GMM (Grands Médias Menteurs) occidentaux pour le déguiser, cela deviendra une évidence de jour en jour.

Cela a pris assez de temps, mais maintenant, même certains hauts responsables militaires américains admettent que la contre-offensive ukrainienne «ne répond aux attentes sur aucun front». En d’autres termes, c’est devenu une débâcle et ce sont les conscrits ukrainiens qui en paient le prix.

Sans les bellicistes de l’administration Biden et de l’OTAN, ce bilan calamiteux ne se serait jamais produit. Des centaines de milliers de jeunes conscrits ukrainiens ont été inutilement tués ou mutilés parce que des stratèges à Londres et à Washington pensaient qu’ils utiliseraient l’Ukraine comme mandataire dans leur guerre non déclarée contre la Russie.

Ils étaient prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien pour mettre la Russie à genoux et ils ont échoué.

Le problème, c’est que les vrais criminels de ce conflit ne seront probablement jamais traduits en justice, du moins pas dans ce monde. Les politiciens qui ont aidé à armer l’Ukraine et les journalistes qui se sont efforcés de monter l’opinion publique occidentale contre Moscou avec de fausses histoires sur les atrocités russes présumées seront oubliés.

La question est : Les Russes seront-ils tout à fait prêts à oublier, et peut-être éventuellement à pardonner ?

Ils ont vu comment l’Occident était prêt à mener une guerre par procuration contre eux en utilisant leurs propres frères slaves comme chair à canon. En réponse, Moscou pourrait décider que si elle veut éviter que cela ne se reproduise, elle devra peut-être s’attaquer une fois pour toutes à la source de cette trahison.

Nous le saurons bien assez tôt, mais il est indéniable que l’Occident s’est fait tout seul un ennemi redoutable : La Russie.

source : La Cause du Peuple

Ukraine : Fin de partie pour Zelenski,

Source : Le Courrier des Stratèges - par Jean Goychman - Le 12/07/2023.

 

On dit souvent qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, pas plus qu’une seule voix ne pourrait suffire à établir une vérité. Mais lorsque plusieurs voix se font entendre simultanément, venant de gens différents et indépendants les uns des autres, et disent sensiblement les mêmes choses, on peut alors leur apporter un certain crédit. Ainsi en est-il des informations concernant la guerre en Ukraine.


Alors que la doxa éditorialiste de certains médias est d’afficher une sorte de « foi du charbonnier » concernant la victoire de l’Ukraine sur la Russie, d’autres sources, et pas n’importe lesquelles, font état d’une situation bien différente.

Des voix dissonantes

C’est le cas du colonel Douglas Mc Gregor, qui fut un des conseillers militaires de Donald Trump, qui relate lors d’une interview récente les origines de la guerre, et n’hésite pas à dire qu’il existe une différence importante entre les propose de la diplomatie américaine et le sentiment du Pentagone. Ce dernier pense que ni les Etats-Unis, ni leurs alliés ne sont en mesure de livrer une guerre « conventionnelle » (entendez non-nucléaire) contre la Russie. Les forces russes sont extrêmement importantes et bien équipées alors qu’on a répandu l’idée que la Russie était faible, en s’inspirant de la propagande nazie de la Seconde Guerre mondiale, ce qui est stupide.

Pour la suite des opérations, Mc Gregor se montre très pessimiste et pense que cette défaite de l’OTAN contre la Russie va entraîner la fin de l’OTAN. Cela entraînera également le changement d’un certain nombre de gouvernements en Europe d’ici quelques mois. Ils seront remplacés par d’autres qui remettront en question la position américaine en Europe. Il pense également qu’il y aura d’importantes répercussions aux Etats-Unis et que le peuple américain demandera des comptes aux dirigeants qui ont mis leur pays dans cet état.

C’est également le cas de Richard Haass.  Il a exercé durant une vingtaine d’années la présidence du CFR, donc au cœur de l’état-profond américain dont il connaît tous les rouages. Il était un des personnages clés en matière de politique étrangère américaine. Sa parole a donc du poids. Dans une interview du 03 juillet , on trouve le texte:

« Après avoir dirigé l’organisation pendant deux décennies, M. Haass a déclaré qu’il était parvenu à la conclusion inquiétante que le danger le plus grave pour la sécurité du monde à l’heure actuelle était les États-Unis eux-mêmes, a-t-il déclaré dans une interview au New York Times.

            L’effritement du système politique américain signifie que, pour la première fois de sa vie, la menace interne a dépassé la menace externe, a-t-il ajouté.

            Au lieu d’être le point d’ancrage le plus fiable dans un monde instable, les États-Unis sont devenus la source la plus profonde d’instabilité et un exemple incertain de démocratie, a estimé M. Haass, cité par le journal »

Mais il y a également des diplomates étrangers , comme l’Indien M K Bhadrakumar, qui exprime leurs doutes sur la situation réelle de l’Ukraine face à la Russie. Il écrit notamment, sur la situation actuelle et juste avant la réunion de Vilnius  parlant de l’épisode russe:

Il est concevable que Washington en déduise qu’il s’agissait d’une réunion «vérité et réconciliation» présidée par Poutine. D’importantes décisions auraient été prises pour que le Kremlin puisse garder les yeux sur l’Ukraine de manière optimale.

Voilà qui va pratiquement éteindre la lueur d’espoir des Alliés de l’OTAN, qui pensaient que les incertitudes politiques en Russie entraveraient l’effort de guerre du Kremlin. Il est évident qu’il n’y a aucune «fissure» sur le mur du Kremlin. Poutine reste fermement aux commandes et les opérations militaires visant à disperser l’offensive ukrainienne, qui dure depuis un mois, réussissent au-delà des attentes.

En conséquence, les Alliés de l’OTAN devraient faire preuve d’un plus grand réalisme. Hélas, des décisions politiques capitales pour la sécurité européenne ont été prises sur la base de renseignements erronés.

Les Américains n’avaient aucune idée de la capacité de l’armement russe ou de l’industrie de défense du pays, de sa capacité à se mobiliser sans faille pour une guerre continentale, de l’état d’esprit du peuple russe, de la puissance de Poutine, dont la cote de popularité s’élève régulièrement à 80% (plus du double de celle de Biden), de la capacité de l’économie russe à résister aux sanctions, ou du contrecoup des sanctions, qui finiraient par dévaster les économies européennes.

D’autres signes à prendre en compte

Indépendamment de ces analyses, dont la compétence sur le sujet de leurs auteurs ne fait aucun doute, certaines décisions, notamment en matière de fournitures d’armes à l’Ukraine, suscitent la réflexion. Joe Biden dit qu’après plusieurs mois d’hésitation, les Etats-Unis allaient envoyer des armes à sous-munitions. Ces armes avaient été développées durant les années 70, essentiellement dans un but d’anti-guérilla, par un certain nombre de pays. Elles permettent de « neutraliser » une certaine zone en la recouvrant avec une densité importante de petites munitions qui se fragmentent en remplissant l’espace avec des projectiles extrêmement dangereux pour tout être se trouvant dans cette zone. En outre, les munitions qui n’explosent pas à l’impact avec le sol gardent leur caractère meurtrier, notamment pour les civils et en particulier les enfants.

Ces armes fort peu sympathiques ont été détruites par les pays qui se sont engagés à ne plus les utiliser. Malheureusement, les Etats-Unis n’étaient pas signataire, la Russie non plus, de ces accords. Cependant, on a vraisemblablement déduit que si les Etats-Unis les proposent, c’est surtout parce qu’ils n’ont guère d’autres munitions à proposer. C’est l’aveu que tout leur stock disponible pour soutenir un pays tiers est épuisé. Ce qui revient à poser la question de la quantité d’armes dont dispose encore l’armée ukrainienne ?

Poser cette question, c’est en partie y répondre et, de l’avis de plusieurs spécialistes, les approvisionnements ukrainiens sont insuffisants. Ce que confirme par ailleurs le général Zaloujny dans un entretien donné au Washington Post.

MK Bhadrakumar termine son analyse sur ce sujet en écrivant:

« Entre-temps, selon les rumeurs à Kiev, le commandant en chef des forces armées, le général Valeri Zaloujny, a recommandé à son président Zelensky que l’offensive militaire ukrainienne en cours depuis un mois ne soit tout simplement pas viable face à la puissance écrasante des forces russes et qu’elle doive être interrompue »

Le contexte mondial , avec l’émergence de plus plus probable d’un monde « multipolaire » que les médias occidentaux ont tendance à ignorer, va pourtant bouleverser le rapport de forces entre l’Occident et le reste du monde. Vladimir Poutine le sait parfaitement et il est probable qu’il adopte une position purement défensive, du moins tant que la Russie ne sera pas directement menacée. Pour cette raison, le conflit ukrainien risque d’être gelé, les deux adversaires véritables que sont la Russie et les Etats-Unis ayant, pour des raisons différentes, un intérêt à cette situation.

On peut comprendre le dépit de Volodimir Zelinski, mais il est assez probable que, concernant l’Ukraine, comme le disent les Américains, « Game is over ! ».

La solitude de Vladimir Zelensky

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 12/07/2023.

La solitude de Vladimir Zelensky

Après avoir été mis au pinacle, Vladimir Zelensky est sur la pente descendante. Il est des clichés qui en disent plus que bien des commentaires. La photo ci-dessus nous montre le cercle des leaders occidentaux se refermant et excluant Zelensky. Après l’avoir instrumentalisé, l’OTAN jettera celui qui ne peut pas gagner la guerre dans laquelle d’autres l’ont encouragé à se lancer.

Quels que soient les progrès technologiques de notre temps, la nature humaine n’a pas changé depuis que l’histoire a commencé à Sumer.

Avant même que l’OTAN ait définitivement statué sur le sort réservé à l’Ukraine, le comportement des chefs d’État et de gouvernement en dit plus long que toute les analyses. Vladimir Zelensky n’intéresse plus ceux qui se sont servis de lui. Donc ils lui tournent le dos.

Le bouc émissaire

Après avoir été adulé, fêté, exalté même, de manière totalement mimétique, le président ukrainien s’apprête à connaître le sort de tous les boucs émissaires : La Roche Tarpéienne est proche du Capitole.

La question qui n’est pas…tranchée, c’est de savoir auquel des deux boucs du rituel biblique (Lévitique XXVI) Vladimir Zelensky sera identifié : Celui que l’on sacrifiait ou celui qui était envoyé au désert.

La solitude

Katya Kopylova, diplomate russe, parfaitement francophone depuis ses études de droit en France, a écrit ce texte en commentaire de la photo sur sa chaine Telegram :

La solitude c’est après oui c’est après
Quand les soleils artificiels se sont fanés
Quand tout s’éteint
Dans le matin
Et que se meurent
Les projecteurs

 

Les conditions de Stoltenberg tuent l’espoir ukrainien

 

par Lucas Leiroz - Le 11/07/2023.

Kiev continue d’insister pour rejoindre l’OTAN, malgré plusieurs déclarations de dirigeants occidentaux suggérant que cela ne se produira pas.

Aujourd’hui, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a clairement indiqué que la première condition pour envisager l’admission du pays serait la victoire sur le champ de bataille contre les Russes. Compte tenu du scénario militaire catastrophique dont font montre les troupes ukrainiennes, Stoltenberg a fini par éliminer tous les derniers espoirs du régime nazificoteur.

Le chef de l’alliance a fait cette déclaration le 28 juin dernier lors d’une conférence de presse, alors qu’il était en visite à Vilnius pour participer à l’exercice militaire bilatéral lituano-allemand «Griffin Storm». Il a déclaré qu’une victoire militaire contre la Russie était la «condition préalable nécessaire à toute discussion sérieuse sur la poursuite de l’adhésion».

«La tâche la plus urgente aujourd’hui est de s’assurer que l’Ukraine s’impose en tant que nation souveraine et indépendante en Europe. Car si [le président russe Vladimir] Poutine gagne cette guerre, il n’y aura pas de question d’adhésion à discuter», a-t-il souligné.

Les propos du secrétaire d’État étaient une réponse à une déclaration faite plus tôt dans la journée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a imputé à la peur excessive de la Russie l’absence de progrès dans le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Selon Zelensky, les dirigeants occidentaux placent la Russie au premier plan lorsqu’ils prennent des décisions concernant l’OTAN et l’Ukraine parce qu’ils craignent la réaction de Moscou à l’adhésion de Kiev. Il juge cette position «absurde» et appelle ses partenaires à réagir rapidement.

«Certains États et dirigeants mondiaux continuent malheureusement de se tourner vers la Russie lorsqu’ils prennent leurs propres décisions (…) On peut qualifier cette attitude d’autolimitation absurde et honteuse de la souveraineté, car les Ukrainiens ont prouvé qu’il ne fallait pas craindre la Russie», a déclaré le dirigeant ukrainien.

En fait, il ne s’agit pas de peur, mais de respect mutuel entre puissances nucléaires. Zelensky ne semble pas comprendre que l’accord tacite de la Russie devrait être la priorité de l’OTAN lors de tout examen de la candidature d’un État, a fortiori lorsqu’une situation de conflit existe déjà.

Moscou a clairement indiqué à plusieurs reprises que l’expansion de l’OTAN devait cesser. Même s’il a fait preuve de bonne volonté diplomatique et de tolérance face à l’adhésion de nombreux pays voisins, le gouvernement russe impose une limite claire en ce qui concerne l’Ukraine, un pays qui a des liens historiques avec la Russie et qui est géographiquement très proche de Moscou. Il s’agit d’une ligne rouge très importante qui, si elle est violée, pourrait conduire à une catastrophe pour le monde.

Dans ce sens, le 27 juin, Stoltenberg avait déjà mentionné qu’il ne fallait pas «sous-estimer» la Russie. Le secrétaire d’État a déclaré aux journalistes qu’un programme global de soutien permanent à Kiev devrait être mis en œuvre, qui sera discuté lors du sommet de Vilnius. Selon lui, cette aide sera essentielle pour permettre à l’Ukraine d’assurer sa place au sein de l’alliance à l’avenir, après avoir «vaincu la Russie».

«Dans le même temps, nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Il est donc d’autant plus important que nous continuions à soutenir l’Ukraine. J’espère que notre sommet de Vilnius enverra un message clair de notre engagement (…) Lors du sommet, nous nous mettrons d’accord sur un programme pluriannuel pour l’Ukraine. Et nous améliorerons nos relations politiques. Cela permettra à l’Ukraine de se rapprocher de la place qui lui revient au sein de l’OTAN», a-t-il déclaré.

Cependant, il est clair que la position de l’OTAN a été très ferme en ne permettant pas à l’Ukraine d’adhérer à l’organisation. Bien qu’il promeuve une guerre d’agression par procuration contre la Russie, le bloc occidental considère qu’il est nécessaire de maintenir les combats dans des zones situées en dehors de son parapluie de défense, ce qui garantit la préservation des troupes de l’OTAN en cas de situation plus grave à l’avenir. En fait, l’OTAN n’a jamais eu d’engagement avec l’Ukraine. L’organisation a une raison d’être simple : Garantir militairement l’hégémonie mondiale des États-Unis, ce qui nécessite actuellement des efforts pour neutraliser la Russie et la Chine, les pays les plus actifs dans la perspective de l’avènement prochain d’un monde multipolaire.

Connaissant la capacité nucléaire de la Russie, l’OTAN ne s’engage pas dans un conflit avec ce pays, mais incite ses représentants régionaux à le faire. C’est pourquoi il n’y a pas seulement un conflit ouvert en Ukraine, mais aussi des incitations à la violence sur d’autres flancs possibles, comme la Géorgie, la Moldavie et le Belarus. Plus il y a de lignes de front anti-russes dans les pays non-membres, mieux c’est pour l’OTAN, qui distrait l’ennemi et se réserve pour un combat direct à l’avenir – qui, selon de nombreux analystes, se déroulera avec la Chine, un pays considéré comme une cible plus faible par l’alliance.

Cette stratégie occidentale semble encore plus claire si l’on tient compte du fait que pour commencer à envoyer systématiquement des armes au régime de Kiev, les responsables de l’OTAN ont exigé que la seule condition des Ukrainiens soit de «tuer autant de Russes que possible». En pratique, l’Occident n’a jamais eu pour ambition de vaincre la Russie par le biais de l’Ukraine, tout simplement parce que c’est impossible. L’alliance assigne à son mandataire un rôle clair dans le conflit : Epuiser la Russie et maintenir les troupes ennemies occupées en Ukraine pendant que les plans de guerre américains progressent dans d’autres régions.

Ainsi, lorsque Stoltenberg déclare que l’Ukraine ne rejoindra l’OTAN qu’après avoir vaincu la Russie, il dit simplement que le régime ne sera jamais admis au sein de l’alliance. Une telle victoire est impossible pour Kiev et ne figure même pas dans les plans de l’OTAN. L’Ukraine perd ainsi tout espoir de devenir une «nation occidentale» et doit se contenter d’un rôle de mandataire.

source : Geopolitika via Euro-Synergies

L’enfer sur terre : La vie d’un mercenaire en Ukraine

 

par Russia Today - Le 10/07/2023.

Les combattants étrangers sont censés survivre à peine quatre heures au combat.

Le conflit en Ukraine a attiré des milliers de mercenaires étrangers, motivés par la gloire et, selon les termes du Kremlin, par la possibilité de «gagner de l’argent en tuant des Slaves». Toutefois, ceux qui ont eu la chance de s’en sortir vivants ont décrit la vie sur les lignes de front comme misérable et courte.

Trois jours après l’entrée des troupes russes en Ukraine en février dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé un appel aux étrangers désireux de prendre les armes contre les forces de Moscou. Les recrues potentielles se sont rendues dans les ambassades ukrainiennes à travers l’Occident et se sont engagées à combattre – souvent avec la bénédiction de leur propre gouvernement – avant de rejoindre le champ de bataille.

Les pertes ont été immédiates et terribles. Deux semaines après l’appel de Zelensky, un tir de missile russe sur un centre d’entraînement à Yavoriv, près de la frontière polonaise, a tué jusqu’à 180 mercenaires étrangers, dont la position aurait été révélée par des messages sur les réseaux sociaux.

«La Légion a été anéantie d’un seul coup», a déclaré un instructeur de tir brésilien dans une vidéo diffusée sur Twitter, alors qu’il fuyait vers la Pologne après la frappe. «Je ne savais pas ce qu’était une guerre».

Parmi les premières recrues qui ont survécu à l’attaque, un Britannique a décrit comment ses commandants ukrainiens «envoyaient au front des gars non entraînés avec peu de munitions et des AK de merde, et ils se faisaient tuer». Sur Reddit, le Britannique a décrit la «Légion internationale» ukrainienne comme étant «totalement dépassée» et dirigée par «quelques chefs ukrainiens fous».

Peu après, la Légion internationale a commencé à recruter des étrangers ayant une formation militaire, et un afflux d’armes occidentales a permis d’atténuer certains de ses problèmes d’équipement. Cependant, la menace d’une mort violente est restée une constante dans la vie de ses membres.

«Je n’ai qu’un mot pour décrire la situation : C’est l’enfer», a déclaré un mercenaire canadien à CBC News en mai dernier. «Chaque jour, il y a des victimes et chaque jour, vos amis se font tuer», a-t-il expliqué, ajoutant que la plupart de ses missions dans la région du Donbass consistaient à récupérer des corps tombés lors des combats de la veille.

Pour les vétérans des guerres américaines au Moyen-Orient, l’adaptation à un ennemi comme la Russie s’est avérée difficile. Au début de l’année, un mercenaire australien combattant les forces du groupe Wagner à Bakhmout a décrit la société militaire privée russe comme un adversaire «presque égal» à n’importe quelle armée occidentale, tandis que plusieurs Américains ont rapporté que les bombardements russes étaient des ordres de grandeur plus intenses que tout ce qu’ils avaient connu lors de leurs précédentes tournées de combat.

«L’artillerie est ininterrompue», a déclaré un ancien marine américain à ABC News en février. «Il n’y a pas eu de répit. Toute la journée et toute la nuit. L’espérance de vie est d’environ quatre heures sur la ligne de front».

«C’est la troisième guerre à laquelle j’ai participé, et c’est de loin la pire», a déclaré un autre ancien marine au Daily Beast la semaine dernière. «On se fait écraser par l’artillerie, les chars d’assaut. La semaine dernière, un avion a largué une bombe à côté de nous, à 300 mètres. C’est terrifiant».

Ceux qui se trouvent à l’arrière du front sont souvent tout aussi susceptibles d’être tués. Pas moins de 20 mercenaires étrangers, notamment plusieurs Colombiens et au moins un Américain, sont morts lors d’un tir de missile russe sur une base de brigade temporaire dans la ville de Kramatorsk, dans le Donbass, le mois dernier. «Si nous découvrons de tels rassemblements, par exemple comme à Kramatorsk, nous les détruirons, car ce sont des gens qui nous ont déclaré la guerre», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, après la frappe.

En avril 2022, un peu moins de 7000 mercenaires étrangers originaires de 63 pays opéraient en Ukraine, selon le ministère russe de la Défense. En mai de cette année, ce nombre était tombé à 2500. On ignore combien d’étrangers ont été tués, capturés ou ont déserté depuis avril dernier.

L’armée ukrainienne n’étant apparemment pas disposée à ramasser même ses propres morts le long des secteurs chauds de la ligne de front, les familles des combattants étrangers peuvent attendre des mois avant d’être fixées sur leur sort. C’est le cas de la famille de l’Irlandais Finbar Cafferkey, dont les restes ont été retrouvés près de Bakhmout cette semaine, trois mois après qu’il ait été déclaré mort. Selon le Irish Times, «il faudra peut-être des mois» avant que les autorités ukrainiennes ne renvoient le corps de Finbar Cafferkey en Irlande.

Pour les personnes capturées vivantes, la situation n’est pas moins grave. Les mercenaires ne bénéficient d’aucune protection en vertu de la Convention de Genève, comme l’ont constaté les citoyens britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner lorsqu’ils ont été capturés par les forces de la République populaire de Donetsk l’année dernière et condamnés à mort. Si les deux hommes ont finalement été rapatriés dans le cadre d’un échange de prisonniers, le ministère des Affaires étrangères russe a rappelé aux volontaires potentiels que «les mercenaires envoyés par l’Occident pour aider le régime nationaliste de Kiev (…) n’ont pas droit au statut de prisonnier de guerre en vertu du droit international humanitaire».

source : Russia Today

traduction Réseau International

La contre-offensive ratée de l’Ukraine met l’OTAN au pied du mur

 

par Larry Johnson - Le 09/07/2023.

À la veille du sommet de l’OTAN à Vilnius, Joe Biden est-il en train d’essayer de jouer un rôle dans la comédie musicale Grease ?

Shanga, shanga, waddle di doodle wop ?

La tentative de l’Ukraine de remporter une victoire en reprenant des pans de territoire aux Russes est un échec. Les Russes ont intercepté tous les mouvements et les avancées négligeables de l’Ukraine se comptent en kilomètres à un chiffre, avec des piles de cadavres ukrainiens et des carcasses brûlées de chars et de véhicules blindés de transport de troupes fournis par l’Occident.

Pourtant, l’Occident s’efforce de faire face à la réalité et persiste à colporter l’illusion d’une impasse. Samuel Charap, politologue senior à la Rand Corporation, a écrit un article publié dans Foreign Affairs le 5 juin qui admet à contrecœur que la guerre en Ukraine est «ingagnable». Mais il ne l’a fait qu’à moitié. Il a écrit :

«L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a été un moment de clarté pour les États-Unis et leurs alliés. Une mission urgente les attendait : Aider l’Ukraine à contrer l’agression russe et punir Moscou pour ses transgressions. Si la réponse occidentale a été claire dès le départ, l’objectif – la finalité de cette guerre – est resté nébuleux.

Mais il est temps que les États-Unis développent une vision de la fin de la guerre. Quinze mois de combats ont clairement montré qu’aucune des deux parties n’a la capacité – même avec une aide extérieure – de remporter une victoire militaire décisive sur l’autre. Quelle que soit l’étendue du territoire libéré par les forces ukrainiennes, la Russie conservera la capacité de faire peser une menace permanente sur l’Ukraine. L’armée ukrainienne aura également la capacité de mettre en péril toutes les régions du pays occupées par les forces russes et d’imposer des coûts aux cibles militaires et civiles en Russie même».

Charap est un excellent exemple des échecs de la science politique en tant que «science». Il ignore l’évidence que la Russie, contrairement à l’Ukraine, dispose d’une énorme capacité à remporter une victoire militaire décisive non seulement sur l’Ukraine, mais aussi sur l’OTAN. L’Ukraine et l’OTAN sont à court d’obus d’artillerie, de missiles de croisière, de chars et d’avions de combat. Plus important encore, l’Ukraine n’a plus de soldats compétents et entraînés capables d’utiliser ces systèmes d’armes.

La situation de la Russie est exactement l’inverse. Chaque jour qui passe, les effectifs formés de la Russie augmentent en même temps que la production de chars, de missiles hypersoniques, d’obus d’artillerie, de mortiers et de drones. La Russie dégrade la capacité de combat de l’Ukraine et n’a pas encore lancé sa propre offensive en utilisant tout le poids des forces terrestres et aériennes russes.

L’OTAN n’a pas l’intention de laisser l’Ukraine rejoindre son club. L’Allemagne, tout en dénonçant la décision de Biden de fournir des armes à sous-munitions à Kiev, a déclaré que toute décision concernant l’adhésion de l’Ukraine devait être reportée. La Hongrie et la Bulgarie ont également fait savoir qu’elles s’opposaient à ce que l’Ukraine obtienne le statut de membre. La France est en feu et Macron ne semble pas avoir le poids politique nécessaire pour défendre l’Ukraine, tandis que le gouvernement pro-Kiev des Pays-Bas est kaput :

«Le gouvernement néerlandais s’est effondré après avoir échoué à trouver un accord sur la réduction de l’immigration. Le Premier ministre Mark Rutte a déclaré vendredi que son gouvernement présenterait sa démission au roi des Pays-Bas, ce qui déclencherait de nouvelles élections à l’automne».

La Russie n’a guère d’intérêt à envisager une fin négociée de la guerre qui n’inclurait pas la reddition d’Odessa par l’Ukraine. Le principal obstacle réside dans le fait qu’aucun pays de l’OTAN n’a le poids politique et la crédibilité nécessaires pour que Poutine puisse conclure un accord viable. La Turquie n’a pas rendu service à la Russie en violant l’accord de détention des dirigeants d’Azov jusqu’à la fin des hostilités et en demandant l’admission de l’Ukraine au sein de l’OTAN. Erdogan a relâché les captifs à Kiev, où ils ont été accueillis en héros par Zelensky. Je pense que cela empoisonne encore plus le terrain pour toute négociation sérieuse.

L’expérience de la Russie avec les accords de Minsk I et II a convaincu Poutine et son équipe de sécurité nationale que l’Occident est un partenaire indigne de confiance.

source : A Son of the New American Revolution

traduction Réseau International

Le Show sanglant de l’OTAN doit continuer

 

par Fabio Giuseppe Carlo Carisio - Le 09/07/2023.

Bombes à fragmentation des États-Unis et 500 millions d’euros de l’UE en aide militaire.

Introduction

La guerre de l’OTAN contre la Russie menée sur le territoire de l’Ukraine et avec le sang de cette population torturée marque aujourd’hui deux pas en avant qui la rendront encore plus sanglante.

Après que le Royaume-Uni ait fourni les missiles de croisière Storm Shadow, dont l’un aurait été à l’origine du massacre du restaurant de Kramatorsk, et les munitions antichars à l’uranium appauvri qui peuvent provoquer une contamination radioactive très grave comme cela s’est produit après le bombardement d’un dépôt à Khmelnitsky, les USA ont décidé de vider les arsenaux de bombes à fragmentation, inutilisées car trop dangereuses pour les dommages collatéraux aux civils De son côté, l’Union européenne a fait le premier pas vers un maxi-financement de 500 millions d’euros d’aide militaire, qui devra cependant surmonter l’épée de Damoclès et les menaces de blocus de la Hongrie lors de l’approbation nécessaire pour convertir l’accord ASAP proposé en loi.

Aux très dangereuses «bombes à fragmentation» de fabrication américaine, interdites dans 120 pays à travers le monde, la Russie pourrait répondre en décidant d’utiliser les 7000 roquettes anciennes qu’elle garde en réserve dans ses arsenaux car elles sont trop dangereuses en raison de leur faible précision et les dommages collatéraux qu’elles peuvent causer aux cibles civiles proches des cibles militaires.

Les États-Unis acceptent de fournir à l’Ukraine des bombes à fragmentation controversées

L’administration Biden a décidé de fournir des armes à sous-munitions à l’Ukraine et devrait annoncer que le Pentagone en enverra des milliers dans le cadre d’un nouveau programme d’aide militaire d’une valeur pouvant atteindre 800 millions de dollars pour l’effort de guerre contre la Russie, selon des personnes familiarisées avec la décision.

La décision intervient malgré les inquiétudes généralisées selon lesquelles les bombes controversées pourraient faire des victimes civiles. Le Pentagone fournira des munitions qui ont un «taux de ratés» réduit, ce qui signifie qu’il y aura beaucoup moins de munitions non explosées pouvant entraîner la mort involontaire de civils.

Les armes proviendront des stocks du Pentagone et comprendront également des véhicules blindés Bradley et Stryker et un éventail de munitions, telles que des obus pour obusiers et le système de fusée d’artillerie à haute mobilité, connu sous le nom de HIMARS, ont déclaré des responsables.

Longtemps recherchées par l’Ukraine, les bombes à fragmentation sont des armes qui s’ouvrent dans les airs, libérant des sous-munitions, ou «bombettes», qui sont dispersées sur une vaste zone et sont destinées à semer la destruction sur plusieurs cibles à la fois.

Bombes à fragmentation de fabrication américaine utilisées par l’Arabie saoudite au Yémen

Une convention interdisant l’utilisation des bombes à fragmentation a été rejointe par plus de 120 pays, dont l’Australie, qui ont accepté de ne pas utiliser, produire, transférer ou stocker les armes et de les éliminer après leur utilisation.

Les États-Unis, la Russie et l’Ukraine font partie des pays qui n’ont pas signé.

«Les armes à sous-munitions utilisées par la Russie et l’Ukraine nuisent maintenant aux civils et laisseront derrière elles des bombes qui continueront de faire des dégâts pendant de nombreuses années. Les deux parties doivent immédiatement cesser d’utiliser des armes à sous-munitions et ne pas chercher à obtenir davantage de ces armes aveugles. Les États-Unis ne devraient pas transférer d’armes à sous-munitions à l’Ukraine». C’est l’appel lancé hier par Human Rights Watch (HRW) mais ignoré par l’administration Biden.

Accord de la présidence du Conseil de l’UE sur une aide militaire de 500 millions d’euros à l’Ukraine

Aujourd’hui, la présidence du Conseil est parvenue à un accord provisoire avec les représentants du Parlement européen sur l’acte de soutien à la production de munitions (ASAP).

Le règlement convenu mobilisera d’urgence 500 millions d’euros du budget de l’UE (en prix courants) pour soutenir la montée en puissance des capacités de fabrication pour la production de munitions sol-sol et d’artillerie ainsi que de missiles. (ici the PDF Act)

L’accord informel doit maintenant être approuvé par le Parlement et le Conseil pour devenir loi. Il sera soumis au vote en commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie le lundi 10 juillet et en session plénière la même semaine.

Mais il y a deux jours, la Hongrie a menacé de bloquer toute aide militaire de l’UE à l’Ukraine…

La Hongrie menace de bloquer toute aide militaire de l’UE à l’Ukraine

La Hongrie n’acceptera aucun autre financement par l’UE d’expéditions d’armes vers l’Ukraine à moins que Kiev ne retire le plus grand prêteur du pays de sa liste de «sponsors de la guerre», a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto lors d’une conférence de presse. Le ministre a critiqué l’Ukraine pour avoir placé la banque hongroise OTP sur ce qu’il a appelé une «liste de la honte», qualifiant cette décision de «scandaleuse» et «inacceptable».

«Notre position est claire : tant qu’OTP [banque] ne sera pas retirée de cette liste, la Hongrie ne donnera son feu vert à aucun financement supplémentaire de l’UE pour les livraisons d’armes à l’Ukraine», a déclaré le ministre. La décision couvrira non seulement la tranche de 500 millions d’euros (546 millions de dollars) d’armes à laquelle Budapest a opposé son veto plus tôt, mais toute autre assistance militaire également, a-t-il averti.

«Ce sera mieux s’ils [l’UE] ne présentent aucune proposition pour financer de nouvelles livraisons d’armes», a déclaré Szijjarto.

Budapest «fait tout pour aider le peuple ukrainien» et les Hongrois «payent le prix d’une guerre dans laquelle ils n’ont rien à voir», a déclaré Szijjarto à l’issue d’une réunion du comité économique mixte hongro-jordanien. Le responsable a également qualifié l’attitude de Kiev envers la Hongrie de déconcertante. «Nous avons vraiment parfois le sentiment qu’ils [les Ukrainiens] se moquent de nous», a-t-il déclaré.

Le ministre a également fustigé les raisons pour lesquelles l’Ukraine a mis OTP sur sa liste noire, en disant : «nous aimerions nous moquer [d’eux] parce que ce sont des choses ridicules qui sont évoquées». Dans le même temps, il a qualifié la situation autour de la banque hongroise de «sérieuse», ajoutant que Budapest était «plutôt horrifiée» par le développement.

La Hongrie a bloqué une tranche d’aide militaire de l’UE pour l’Ukraine en mai, citant l’attitude «de plus en plus hostile» de Kiev envers le pays.

L’argent bloqué par Budapest faisait partie de la soi-disant European Peace Facility (EPF). Le fonds de 5,6 milliards d’euros (6,08 milliards de dollars) est utilisé par le bloc pour financer les militaires étrangers et rembourser ses propres membres qui envoient des armes dans des conflits étrangers. Avant les hostilités en Ukraine, la «EPF/facilité pour la paix» avait été utilisée pour fournir du matériel non létal à la Géorgie, au Mali, à la Moldavie, au Mozambique et à l’Ukraine, pour un total de moins de 125 millions de dollars.

Budapest a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu et à un accord de paix en Ukraine et a critiqué l’UE pour avoir envoyé des armes à Kiev. La Hongrie a également insisté sur le fait que les sanctions anti-russes nuisaient plus à l’Europe qu’à la Russie. En juin, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré au tabloïd allemand Bild qu’une victoire ukrainienne sur le champ de bataille était «impossible».

Hongrie : «L’Ukraine doit expliquer comment 70 milliards d’euros ont été dépensés»

La Hongrie s’opposera au projet de la Commission européenne d’accorder une aide financière de 50 milliards d’euros à l’Ukraine jusqu’à ce que Kiev explique ce qu’elle a fait des 70 milliards d’euros déjà reçus de l’UE, a déclaré vendredi le Premier ministre Viktor Orban. Budapest et Bruxelles se sont affrontés à plusieurs reprises au sujet de la fourniture d’argent et d’armes à l’Ukraine.

Selon les derniers chiffres de Bruxelles, l’UE a accordé à Kiev 72 milliards d’euros (79 milliards de dollars) d’aide économique, militaire et humanitaire depuis le début de l’opération militaire russe en février dernier. Malgré cette sortie sans précédent qui vide ses caisses, la Commission européenne a annoncé plus tôt ce mois-ci qu’elle offrirait à Kiev 50 milliards d’euros supplémentaires en prêts et subventions.

«Une chose est claire, nous les Hongrois… ne donnerons plus d’argent à l’Ukraine tant qu’ils n’auront pas dit où sont allés les 70 milliards d’euros de fonds précédents», a déclaré Orban à la radio hongroise, selon un rapport de Reuters.

«Et nous trouvons tout à fait ridicule et absurde que nous devrions donner plus d’argent pour financer les frais de service de la dette d’un prêt, dont nous n’avons toujours pas reçu les fonds auxquels nous avons droit», a-t-il poursuivi, faisant référence à la récente annonce de la commission selon laquelle les charges d’intérêt sur les dettes extérieures du bloc doubleraient cette année en raison de l’inflation.

La commission refuse actuellement à la Hongrie et à la Pologne l’accès à des milliards de fonds de cohésion en raison de différends avec leurs gouvernements sur la réforme judiciaire, les questions académiques, les questions LGBTQ et l’immigration. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a admis l’année dernière que la retenue de fonds est l’un des nombreux «outils» que Bruxelles peut utiliser pour forcer les États membres à «travailler avec nous».

La Hongrie a bloqué un paquet d’aide financière de 18 milliards d’euros pour l’Ukraine l’année dernière jusqu’à ce que Bruxelles libère un lot séparé de financement retenu à Budapest. Plus récemment, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a déclaré lundi que la Hongrie prolongerait d’un mois son veto sur un paquet d’armes de 500 millions d’euros du fonds commun d’armement de l’UE pour l’Ukraine.

Orban et Szijjarto ont tous deux appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix en Ukraine. Plus tôt cette semaine, Orban a expliqué qu’une victoire ukrainienne sur le champ de bataille est «impossible» et que sans un cessez-le-feu immédiat et la fin des livraisons d’armes occidentales, l’Ukraine «perdra une énorme quantité de richesses et de nombreuses vies, et des destructions inimaginables se produiront».

Zelensky se heurte au président bulgare pour des demandes d’armes

Le président bulgare Rumen Radev s’est retrouvé jeudi sermonné par son hôte ukrainien Volodymyr Zelensky, après lui avoir dit que Sofia n’avait pas d’armes à revendre pour Kiev. Alors que les caméras de télévision documentaient leur rencontre, Zelensky a attaqué Radev pour avoir préconisé une solution diplomatique au conflit.

«Je n’accepte pas de fournir des munitions, en particulier des réserves de l’armée bulgare», a déclaré Radev à Zelensky, selon l’une des traductions. «Je continue à affirmer que ce conflit n’a pas de solution militaire et de plus en plus d’armes ne le résoudront pas».

Zelensky s’est opposé à l’utilisation par Radev du terme «conflit», insistant sur le fait que «c’est définitivement une guerre».

«Dieu nous en préserve, une tragédie devrait vous arriver et vous devriez être à ma place», a-t-il ajouté. «Et si les personnes partageant des valeurs communes n’aident pas, qu’allez-vous faire ? Vous diriez : Poutine, s’il vous plaît, prenez le territoire bulgare ?»

«Je veux aussi vous dire, quoi que votre armée ait en termes de munitions, ce ne sera pas suffisant pour combattre avec la Fédération de Russie. Vous n’avez pas une mauvaise armée, votre peuple est bon mais ce ne serait pas suffisant pour lutter contre 160 millions de personnes. C’est pourquoi il est bon de donner au peuple la possibilité de se défendre, pour que la guerre ne vienne pas à vous, aux Polonais, aux Roumains – la guerre ne connaît pas de distance, je peux vous le dire», a déclaré le dirigeant ukrainien à son hôte.

«Vous ne pouvez pas soutenir la Russie et soutenir une position d’équilibre parce que la Russie veut détruire l’OTAN, veut détruire l’Europe et l’Union européenne ; ce sont leurs objectifs. Vous me comprenez ?» Zelensky a dit à Radev.

Selon la description de l’incident par Politico, Zelensky a «attaqué férocement» Radev et «critiqué durement» pour «malmener» le président bulgare, prononçant ses paroles «avec un mépris mesuré» et alors que Radev «se réfugiait» dans la feuille de papier dans ses mains. Le président bulgare a finalement demandé aux caméras de quitter la salle.

Fabio Giuseppe Carlo Carisio

source : Russia Today via La Cause du Peuple

Vilnius, «un sommet de nations désespérées et paniquées» : L’OTAN face à la destruction ou à l’humiliation

Source :RzO  International.

 

par Alexandre Keller - Le 09/07/2023.

«L’Europe a peur, maintenant, elle est terrifiée, elle ne sait pas de quoi sera fait son avenir», constate Scott Ritter, ex-officier de renseignement de l’US Marine Corps.

Depuis le début de l’opération militaire spéciale russe, les États-Unis se sont bien gardés de s’engager formellement dans le conflit.

Le Pentagone s’est contenté de livrer des armes et des experts au régime de Kiev, pousser les Etats européens à faire de même, et, surtout, fait faire la guerre par des mercenaires européens.

L’OTAN, aux ordres de Washington, a suivi la même ligne, aidant les États-Unis à cornaquer ses États. À l’instar des proxènes athéniens, chargés de contrôler et surveiller les alliés de la Ligue de Délos du Ve siècle av. J.C, l’OTAN de l’époque.

Les vassaux européens de Washington seront-ils lâchés en rase campagne, seuls face à une guerre continentale ?

C’est ce qui semble se dessiner à Vilnius, si l’on rassemble plusieurs indices et faits notables.

L’État profond américain au point de rupture

Les néoconservateurs américains ne sont pas un groupe homogène. La ligne dure portée par des fondamentalistes comme Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, et Victoria Nuland, pousse toujours à la guerre totale contre la Russie, coûte que coûte. D’ascendance moldave, ukrainienne et juive par son père, Shepsel Ber Nudelman, Nuland incarne le néoconservatisme émotionnel et idéologique.

Cette faction du pouvoir profond a infiltré tout l’appareil d’État américain dès la fin de la guerre froide. Les attentats du 11-Septembre 2001, lui ont permis de verrouiller le Capitole et ses agences, de la CIA au Conseil de Sécurité nationale, qui influe directement sur le président des États-Unis.

Les représentants, agents et relais néocons sont partout, jusque dans les deux partis qui assurent la fausse alternance démocratique aux États-Unis.

Mais une autre frange du néoconservatisme estime désormais qu’il y a plus à perdre qu’à gagner dans le conflit en Ukraine, et le fait savoir à cor et à cri par ses officines.

«Ne laissez pas l’Ukraine rejoindre l’OTAN», exhorte le magazine Foreign Affairs.

Et voix officielle du think tank Council on Foreign Relations (CFR), dont l’influence à Capitole Hill est considérable, d’appeler à un peu de rationalité :

Les dirigeants de l’OTAN ont compris depuis longtemps que l’admission de l’Ukraine dans l’alliance implique une possibilité très réelle de guerre, y compris une guerre nucléaire) avec la Russie.

L’Ukraine ne devrait pas être la bienvenue au sein de l’OTAN, et c’est quelque chose que le président américain Joe Biden devrait clarifier.

La résistance de Kiev à l’agression russe a été héroïque, mais en fin de compte, les États font ce qui est dans leur propre intérêt. Et ici, les avantages sécuritaires pour les États-Unis de l’adhésion de l’Ukraine sont dérisoires par rapport aux risques de l’intégrer à l’alliance.

L’admission de l’Ukraine dans l’OTAN soulèverait la perspective d’un sombre choix entre une guerre avec la Russie et les conséquences dévastatrices qu’elle implique ou un recul et une dévaluation de la garantie de sécurité de l’OTAN dans toute l’alliance.

Au sommet de Vilnius et au-delà, les dirigeants de l’OTAN feraient bien de reconnaître ces faits et de fermer la porte à l’Ukraine.

Rendez-vous «secrets» entre le CFR et Sergueï Lavrov ?

Le CFR ne s’en tient pas qu’à des conseils, il passe même à l’action, quitte à court-circuiter la Maison-Blanche.

En avril 2023, «un groupe d’anciens hauts responsables de la sécurité nationale américaine a eu des entretiens secrets avec d’éminents Russes», rapporte NBC News le 6 juillet.

Une rencontre «secrète» aurait été organisée, à la demande du CFR, avec Sergueï Lavrov, croit savoir le média. Y participaient Richard Haass, ancien diplomate et le président sortant du CFR.

«Le groupe a été rejoint par l’expert européen Charles Kupchan et l’expert russe Thomas Graham, tous deux anciens fonctionnaires de la Maison-Blanche et du département d’État, et membres du CFR».

Le puissant complexe militaro-industriel tire le signal d’alarme

La situation semble donc suffisamment critique pour que le pouvoir profond cherche à reprendre langue avec Moscou, dans l’espoir de trouver une porte de sortie honorable.

Seuls les médias occidentaux de vulgarisation, de propagande et de désinformation des masses occidentales tiennent encore à bout de bras le narratif d’une victoire ukrainienne. La contre-offensive du régime de Kiev est en train de tourner à la débâcle.

La guerre économique contre la Russie a échoué ; elle s’est même retournée contre l’Occident, et, au premier chef, contre la vieille Europe, même l’Allemagne, qui paie les pots cassés et qui voit sa désindustrialisation s’accélérer.

L’Occident n’a plus aucune ONG ou tête de pont en Russie pour y déclencher une de ses révolutions colorées.

Alors que les armes occidentales démontrent leur infériorité et leurs insuffisances sur le champ de bataille, le complexe militaro-industriel américain, l’autre face de l’Etat profond néoconservateur tire le signal d’alarme.

La guerre en Ukraine n’est pas seulement une catastrophe pour la réputation des marchands de canons américains. Plus grave, une défaite cuisante mettrait en péril le gigantesque système d’aspiration de la richesse créée pour les Américains moyens, via le jeu du Congrès et ses relations incestueuses avec le complexe militaro-industriel, dont il finance les programmes coûteux et souvent inefficaces.

Lockheed Martin, Raytheon, Boeing et Northrop Grumman ont détourné suffisamment d’argent via les paquets d’assistance militaire à l’Ukraine, voté presque chaque semaine par le Congrès, ce quel que soit le parti le contrôlant.

Il est temps pour le complexe militaro-industriel de retirer ses billes, avant qu’il ne soit trop tard.

Le conflit gelé comme seule porte de sortie possible pour l’État profond

Très mauvaise nouvelle pour l’Europe, les deux factions de l’État profond états-unien pourraient s’entendre sur la bonne vieille recette des conflits gelés, réchauffables à la demande, que la thalassocratie anglo-saxonne a déjà semés un peu partout sur la planète.

Depuis le Vietnam, les États-Unis ne cherchent plus à gagner les guerres. Installer un chaos durable suffit – ou suffisait jusque-là – pour empêcher des régions entières de devenir des rising challengers remettant en cause son hégémon.

Pour l’Atlantic Council, think tank de l’État profond, Ian Brzezinski – le fils de Zbigniew, a donc donné ses instructions dans un «Mémo aux dirigeants de l’OTAN»:

• «Établir un nouveau partenariat OTAN-Ukraine de dissuasion et de défense (NATO-Ukraine Deterrence and Defense Partnership) sur la base du statut de l’Ukraine en tant que membre du programme Enhanced Opportunities Partnership».

• «Renforcer la capacité à long terme de l’Ukraine à se défendre et à dissuader toute future agression russe. L’engagement des Alliés à armer, former et équiper les forces ukrainiennes, si possible, par un financement commun de l’OTAN».

 • «Une garantie de sécurité d’après-guerre pour l’Ukraine jusqu’à ce que les alliés soient prêts à admettre l’Ukraine en tant que membre à part entière de l’OTAN».

«Cela pourrait être mis en œuvre initialement par une coalition de volontaires. Par exemple, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et la Pologne», suggère encore Brzezinski.

Surtout la Pologne… et la Lituanie, pourrait-on ajouter, les prochains que Washington pourrait jeter dans le hachoir à viande ukrainien, si nécessaire, ou bien pour sécuriser la partie occidentale de l’Ukraine et tenter un bluff avec Moscou.

Pour l’observateur attentif, au-delà des déclarations plates des Macron, des Scholz et des Stoltenberg, Vilnius devrait poser les bases permettant de sécuriser ce qui restera un jour de l’Ukraine ; d’assurer son rôle d’anti-Russie et de base opérationnelle pour un conflit plus ou moins chaud, le plus longtemps possible.

SI Vilnius se profile comme le sommet entérinant l’échec de la contre-offensive de l’OTAN et de la débâcle militaire de son régime marionnette, Kiev, la thalassocratie anglo-américaine ne veut pas, ne peut pas, se permettre, la paix. Elle fera donc faire la guerre par les autres, selon une tradition pluricentenaire. Héritant du conflit, les Européens ne pourront probablement compter ni sur l’OTAN ni sur Washington.

Mais, endocolonialisme occidental oblige, le Pentagone devrait en profiter pour achever l’occupation militaire de l’Europe, entamée en 1945, y déployer ses forces, vendre ses armes à ses vassaux, et sécuriser le Vieux Continent comme une province impériale, comme une colonie.

Vilnius sera «un sommet de nations désespérées et paniquées», résume Scott Ritter.

source : Strategika

Jour 494 : Anticipant la défaite ukrainienne, Israël se tourne vers Moscou et Pékin

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 05/07/2023.

Un mois après le début de la “contre-offensive” ukrainienne, l’échec est patent. Bien entendu, la fiction doit, des côtés ukrainien et occidental être entretenue, afin de ne pas gâcher le sommet de l’OTAN à Vilnius les 11 et 12 juillet prochain. Cependant, observer l’évolution diplomatique rapide d’Israël, nous permet de mesurer l’ampleur du glissement qui est en train de se produire dans les équilibres mondiaux sous l’effet de la guerre d’Ukraine.

Les contes fantastiques du Washington Post

LWashington Post a révélé que le directeur de la CIA, William Burns s’était rendu en Ukraine début juin et avait donné le feu vert pour un scénario d’installation de missiles pouvant toucher la Crimée :

En public, les responsables ukrainiens ont exprimé leur frustration face aux critiques concernant le rythme auquel la contre-offensive s’est déroulée jusqu’à présent. Mais en privé, les planificateurs militaires de Kiev ont fait part à Burns et à d’autres de leur confiance dans leur objectif de reprendre des territoires importants d’ici l’automne, de déplacer des systèmes d’artillerie et de missiles près de la ligne de démarcation de la Crimée contrôlée par la Russie, d’avancer plus loin dans l’est de l’Ukraine et d’ouvrir des négociations avec Moscou pour la première fois depuis l’échec des pourparlers de paix en mars de l’année dernière, selon trois personnes au fait de la planification. “La Russie ne négociera que si elle se sent menacée”, a déclaré un haut fonctionnaire ukrainien.

En prévision de l’automne, M. Zelensky et ses principaux collaborateurs ont commencé à réfléchir à la manière dont Kiev pourrait mettre fin aux combats dans des conditions acceptables pour la Russie et le peuple ukrainien, qui a subi un an et demi de violences, de déplacements forcés, d’atrocités et de pénuries de nourriture et d’électricité.

Dans un scénario idéal privilégié par Kiev, l’armée ukrainienne gagnerait du terrain sur la Russie en avançant des troupes et des armes puissantes jusqu’à la limite de l’Ukraine avec la Crimée, prenant en otage la péninsule qui abrite la très prisée flotte russe de la mer Noire. (…)

En acceptant de ne pas prendre la Crimée par la force, Kiev demanderait alors à la Russie d’accepter toutes les garanties de sécurité que l’Ukraine pourrait obtenir de l’Occident, ont déclaré des responsables ukrainiens”.

Quand on lit en détail le papier du Washington Post, on voit un curieux mélange de fiction (des propos prêtés au Général Zaloujni, dont nous rappelons qu’il a été grièvement blessé par une frappe russe et est hors d’état de combattre) ; de vœux pieux (l’adhésion à l’objectif ukrainien d’être en mesure de négocier en position de force à l’automne) ; et d’inquiétude (sur l’absence d’avancées de l’armée ukrainienne depuis un mois).

La réalité : L’échec terrible de la contre-offensive ukrainienne

A l’opposé du tableau lénifiant proposé par le journal américain, voici un bilan cru paru sur infobrics sous la plume de Drago Bosnic :

Le 21 juin, les pertes des forces du régime de Kiev étaient stupéfiantes : environ 13 000 militaires, 246 chars (dont 13 blindés lourds de l’OTAN), 595 véhicules blindés de combat (AFV), 279 canons d’artillerie et mortiers (48 envoyés par l’OTAN), 42 systèmes de roquettes à lancement multiple (MLRS), deux systèmes de missiles SAM (sol-air), 14 avions (y compris des hélicoptères), 264 drones et 424 véhicules. Depuis lors, les pertes semblent avoir augmenté de façon spectaculaire, bien que des chiffres précis n’aient pas encore été publiés. Comme le décrit le quotidien allemand Handelsblatt, “il ne s’agit pas d’une contre-offensive : “Ce n’est pas une contre-offensive. C’est un crash test sanglant”.

Malgré cela, [Kiev] continue d’envoyer les Ukrainiens enrôlés de force vers une mort certaine (ou des blessures atroces, dans le meilleur des cas). Le 24 juin, des opérations offensives ont été lancées dans les régions (oblasts) de Zaporozhye et de Donetsk, mais elles ont échoué, bien que le régime de Kiev ait affirmé qu’il y avait eu des “progrès dans toutes les directions”. Des vidéos montrent que pratiquement toutes les unités d’assaut engagées dans les opérations offensives ont été détruites ou endommagées au point d’être irréparables, tandis que les drones kamikazes russes ont neutralisé leur soutien d’artillerie, composé principalement d’obusiers M777 de fabrication américaine.

Le lendemain, les forces [ukrainiennes] ont perdu plus de 700 soldats et des dizaines de pièces de blindage lourd et de véhicules de soutien plus légers. Lors d’une attaque ratée, la 47e brigade des forces du régime de Kiev s’est enlisée dans un champ de mines, ce qui a entraîné des pertes catastrophiques, y compris des blessures mortelles. Les images de guerre montrent qu’il y a des dizaines de soldats gravement blessés et qu’il n’y a pratiquement aucun moyen d’apporter une assistance médicale immédiate ou d’évacuer les blessés. Dans de nombreux cas, les soldats sont tout simplement abandonnés à leur sort.

Comme on pouvait s’y attendre, cette situation a entraîné l’insubordination de nombreux militaires ukrainiens, dont certains refusent ouvertement de suivre les ordres de leurs supérieurs, ce qui renforce encore les affirmations antérieures concernant une mutinerie imminente au sein des forces de la junte néo-nazie. Les rapports sur le champ de bataille suggèrent même que leurs commandants prennent souvent des mesures extrêmes pour s’assurer de leur obéissance. L’une des dernières vidéos montre un officier lançant au moins deux grenades à main sur plusieurs militaires ukrainiens se trouvant dans un bunker parce qu’ils n’ont pas tenu leur position. Vraisemblablement, les soldats ukrainiens (au moins trois d’entre eux) n’ont pas respecté ou ont refusé de respecter l’ordre de leur commandant de tenir la position à laquelle ils étaient assignés.

Il y a bien entendu, une interrogation majeure – jusque dans les Etats-majors occidentaux – sur la tactique ukrainienne. On a compté jusqu’à douze tentatives ukrainiennes à des endroits différents de la ligne de front dans la journée du 26 juin. Pourquoi les Ukrainiens ne concentrent-ils pas leur effort ? En réalité, on comprend qu’en dispersant les points d’attaque, ils veulent éviter d’offrir aux forces aériennes et à l’artillerie russe une trop grande concentration de troupes et de matériels. Mais on voit bien du coup l’impossibilité d’un succès de la contre-offensive.

Aperçu sur les combats de ces derniers jours

Pendant et depuis le coup d’Etat manqué d’Evguéni Prigogine, les combats ont continué avec une grande intensité, en particulier au sud de la ligne de front. Le schéma fondamental est à peu près toujours le même : les troupes ukrainiennes avancent pour tenter d’atteindre la première ligne de défense russe. Exposées, sans couverture aérienne propre, elles sont exposées au feu de l’artillerie et de l’aviation russe. Quand les troupes ukrainiennes sont suffisamment affaiblies, l’armée russe contre-attaque alors et, de plus en plus fréquemment, va au-delà du point de départ de l’armée ukrainienne.

Les troupes ukrainiennes se sont efforcées d’exploiter l’assèchement de territoires suite au retrait des eaux et à l’assèchement du barrage de Nova Kakhovskaïa, pour essayer de prendre pied sur la rive gauche du Dniepr, en face de Kherson. Mais sans succès jusqu’à présent.

Un autre sujet d’inquiétude concerne la centrale d’Energodar. Les Ukrainiens ont répété à plusieurs reprises craindre un accident nucléaire provoqué par la Russie. Mais Rafael Grossi, le directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique a réfuté ces allégations. Il n’empêche : la crainte subsiste d’une provocation ukrainienne pour provoquer un incident majeur, qui puisse influencer l’opinion des participants du sommet de l’OTAN à Vilnius les 11 et 12 juillet 2023.

3 juillet 2023 : L’armée russe a frappé un bâtiment à Soumy où se tenait une importante réunion du SBU, la police politique ukrainienne. Le 1er juillet, l’armée russe avait frappé un centre de commandement ukrainien dans la région de Donetsk. Le 29 juin, c’est une réunion d’officiers à Kramatorsk qui a été visée. Southfront.org propose une analyse détaillée de ce qui s’est passé à Kramatorsk :

Le 27 juin, des explosions ont retenti dans la ville de Kramatorsk, située dans une partie de la République populaire de Donetsk contrôlée par les forces ukrainiennes. Au même moment, les médias ukrainiens, soutenus par des journalistes occidentaux, ont titré sur une nouvelle “cruelle attaque russe contre des civils”. Selon Kiev, un missile russe a tué 10 personnes, dont 3 enfants, dans une pizzeria mal famée. Au total, 56 civils ont été blessés. Le chef de l’administration régionale a confirmé que trois étrangers figuraient parmi les blessés. Les nombreux étrangers aperçus sur les lieux ont été qualifiés de “touristes” et de “journalistes”.

Plus tard, le service de sécurité ukrainien a fièrement annoncé qu’il avait arrêté un traître qui aurait aidé l’armée russe à cibler ses missiles. Il s’agissait en fait d’un employé d’une société locale de transport de gaz. Pendant ce temps, le public ukrainien a imputé l’attaque à une Ukrainienne qui a pris une photo avec les militaires dans le café et a posté l’information sur Instagram. Les Ukrainiens croient toujours que les militaires russes ciblent les missiles uniquement sur la base des messages Instagram des blogueurs ukrainiens.

Le 28 juin, le ministère russe de la Défense a confirmé l’attaque de Kramatorsk, révélant la véritable cible de la frappe. Les troupes russes ont frappé le point de déploiement temporaire de l’état-major de la 56e brigade d’infanterie motorisée des forces armées ukrainiennes. Les officiers ukrainiens rencontraient des mercenaires étrangers qui vivaient dans l’hôtel Kramatorsk situé dans le même bâtiment.

Plusieurs mercenaires étrangers, dont Alex Gallant, Arno Dedeker et Nick Duckworth, ont été aperçus sur le site de l’attaque. Sur l’une des vidéos, le tatouage de l’homme blessé révèle qu’il appartient au 3e bataillon du 75e régiment de Rangers de l’armée américaine. Une autre vidéo montre un homme en uniforme portant l’emblème de la 101e division aéroportée des forces armées américaines. Il y avait également des journalistes étrangers et trois Colombiens, dont l’écrivain Hector Abad, l’homme politique Sergio Jaramillo et la journaliste Catalina Gomez.

Les militaires ukrainiens ont commencé à pleurer leurs camarades tués par la frappe sur les médias sociaux. Par exemple, un jeune homme de 22 ans, Artem Sukhovey, membre de l’unité militaire Azov Nazi. Il est peu probable que le régime ukrainien révèle le nombre réel de victimes, qui se sont avérées être principalement des civils. Cependant, la tendance est déjà évidente : plus Kiev accuse la Russie de crimes de guerre contre les civils, plus de hauts commandants de l’armée ukrainienne et des forces armées de l’OTAN sont détruits.

4 juillet 2023 : Moscou a été à nouveau visée par des drones ukrainiens à proximité de l’aéroport Vnukovo. 4 drones ont été interceptés avant d’atteindre leur cible. Ce genre d’action spectaculaire n’a aucune valeur militaire : elle sert uniquement à masquer l’enlisement de la contre-offensive ukrainienne.

L’enjeu du sommet de l’OTAN à Vilnius

Cette incapacité ukrainienne à effectuer une percée viendra, bien entendu, alimenter l’argumentation des pays de l’OTAN qui souhaitent bloquer toute tentative de faire admettre l’Ukraine dans l’Alliance Atlantique. Bien évidemment, l’opposition de plusieurs pays est plus fondamentale : En faisant rentrer le régime de Kiev dans l’Organisation, les Occidentaux se retrouveraient en guerre avec la Russie au nom de l’article 5 du Traité, qui oblige les membres à se porter assistance mutuellement.

Le glissement des alliances d’Israël

Benjamin Netanyahou a redit au Wall Street Journal que l’Ukraine ne livrerait pas d’armes à l’Ukraine de peur de voir des armes se retrouver utilisées par le Hezbollah et l’Iran. C’est la raison pour laquelle, en particulier, les Israéliens refusent de livrer des systèmes “Dôme de Fer”, anti-missiles, malgré la pression américaine pour le faire.

Le contexte est éclairé par M.K. Bhadrakumar dans The Cradle :

La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lâché deux bombes dans le circuit diplomatique, attirant l’attention sur des changements potentiels dans les relations de son pays avec les trois superpuissances – les États-Unis, la Chine et la Russie – et, peut-être, sur une nouvelle dimension majeure de la transformation actuellement en cours dans la politique régionale de l’Asie occidentale à la suite du rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, négocié par Pékin.

Lundi dernier, les médias israéliens ont rapporté que M. Netanyahou avait reçu une invitation du président chinois Xi Jinping à effectuer une visite d’État en Chine. Le lendemain, le bureau du premier ministre a confirmé la nouvelle et révélé que M. Netanyahu avait également informé une délégation du Congrès américain en visite à Pékin qu’il s’y rendrait. (…)

À première vue, M. Netanyahou prend une douce revanche sur l’administration du président américain Joe Biden, qui a repoussé à plusieurs reprises ses demandes d’invitation à la Maison-Blanche, ce que tout nouveau Premier ministre israélien considère comme sa prérogative au moment d’entrer dans ses nouvelles fonctions. La proximité avec la Maison-Blanche donne de l’assurance au Premier ministre israélien en exercice, ce que Biden savait très bien lorsqu’il a décidé de garder Netanyahu dans la niche du chien.

Probablement, Biden n’a pas appris de l’erreur qu’il a commise avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman dans des circonstances quelque peu comparables – pour laquelle il a finalement payé un lourd tribut. Six mois se sont écoulés depuis que Netanyahou est redevenu premier ministre d’Israël en décembre dernier, mais Biden n’a toujours pas bougé.

Au lieu de cela, la Maison Blanche a invité le président israélien Isaac Herzog à se rendre aux États-Unis en juillet, et ce dernier s’est vu accorder le grand honneur de s’adresser à une session conjointe du Congrès. Les médias israéliens ne cessent de spéculer sur “l’impatience croissante” de M. Netanyahou à l’égard de Washington.

La décision de M. Netanyahou d’entreprendre ce qui sera sa cinquième visite officielle en Chine à un moment où Washington accroît les tensions avec Pékin [est] audacieuse. Il existe un consensus bipartisan aux États-Unis sur la politique chinoise et, par conséquent, bien que M. Netanyahu cherche peut-être à attirer l’attention de M. Biden, sa visite en Chine pourrait également le mettre en porte-à-faux avec les républicains qui adoptent une position plus dure à l’égard de Pékin.

En fin de compte, Israël reçoit chaque année des milliards d’euros d’aide militaire des États-Unis, dépend fortement du veto américain au Conseil de sécurité des Nations unies, est fortement tributaire des garanties financières américaines et obtient les systèmes d’armement américains les plus avancés à des conditions préférentielles.

Malgré tout, Israël et la Chine entretiennent des relations plus chaleureuses et s’intéressent davantage aux innovations israéliennes, notamment dans les domaines de la technologie médicale, de la robotique, de la technologie alimentaire et de l’intelligence artificielle. Les principales préoccupations de Washington concernent les technologies susceptibles d’avoir des applications civiles et militaires, qui doivent être refusées à la Chine. Mais il faut faire confiance à l’agilité diplomatique de M. Netanyahou pour ne pas devenir un pion dans la guerre froide entre les États-Unis et la Chine. (…)

La deuxième bombe lâchée par M. Netanyahou est son rejet catégorique de tout soutien militaire israélien à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie. (…).

En d’autres termes, si Israël condamne l’opération militaire russe en Ukraine, il a également pris ses distances avec les sanctions occidentales imposées à Moscou – et adopte désormais une position véritablement neutre en refusant d’armer l’Ukraine contre la Russie. Cela devrait plaire au Kremlin au plus haut point. Il est concevable que M. Netanyahou planifie également une visite à Moscou, afin de raviver ses relations personnelles avec Vladimir Poutine.

Israël s’écarte de son modèle de comportement, qui veut que, puisque Téhéran et Moscou se sont stratégiquement alignés, Netanyahou devrait riposter. Mais il semble renoncer à cet état d’esprit à somme nulle et espère plutôt engager un dialogue constructif avec la Russie. Bien entendu, Moscou a également fait savoir à M. Netanyahou, ces derniers temps, qu’elle souhaitait raviver la verve des relations russo-israéliennes, autrefois solides. Il ne fait aucun doute que Moscou observe attentivement la détérioration constante des relations israélo-américaines sous l’administration Biden.

Moscou a gardé l’esprit ouvert à l’égard de l’initiative chinoise visant à négocier la paix entre Israël et les Palestiniens. Il est concevable que les Russes encouragent l’initiative chinoise, qui est tout à fait en phase avec les idées qu’ils défendent depuis longtemps en matière de sécurité collective dans la région de l’Asie occidentale. En effet, Moscou a entretenu des liens étroits avec les différents centres de pouvoir palestiniens, y compris avec le principal groupe de résistance, le Hamas.

Le repositionnement d’Israël par M. Netanyahou intervient alors que des informations font état d’une reprise des pourparlers entre l’Iran et les pays occidentaux. Selon un rapport de CNN publié mercredi, Téhéran mène désormais des discussions simultanées avec les États-Unis et l’Union européenne (UE). Pour l’Iran, l’essentiel est que son infrastructure nucléaire reste “intacte”, mais en deçà de ce seuil, un assouplissement des sanctions occidentales contre Téhéran n’est pas à exclure. (…)

Israël ressent également la pression de l’isolement en raison des critiques de plus en plus virulentes de l’administration Biden à l’égard de ses politiques de colonisation. Au début du mois, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a qualifié les colonies d'”obstacle à l’horizon d’espoir que nous recherchons”, dans un discours prononcé devant le groupe de pression pro-israélien AIPAC. Dans une déclaration commune très ferme, les ministres des affaires étrangères de Grande-Bretagne, d’Australie et du Canada ont condamné vendredi l’expansion continue des colonies israéliennes, qu’ils ont qualifiée d'”obstacle à la paix” et d'”impact négatif sur les efforts déployés pour parvenir à une solution négociée à deux États”.

Surtout, Netanyahou voit bien que l’administration Biden n’a plus l’influence nécessaire pour favoriser l’intégration d’Israël dans son voisinage arabe. Les accords d’Abraham sont dans l’impasse. Il suffit de dire qu’Israël serait également parvenu à la conclusion que les États-Unis et l’OTAN sont confrontés à une défaite en Ukraine, ce qui aura un impact sérieux sur la politique de l’Asie occidentale, où les États régionaux sortent déjà de l’orbite de Washington et renforcent leurs liens avec la Russie et la Chine. (…)”

Le monde devient complexe. Trop complexe pour les Etats-Unis et l’Union Européenne ?

 

Le zugzwang de Zelensky : La stratégie de «guerre éclair» de l’Ukraine a échoué. Qu’en est-il de la contre-offensive tant annoncée ?

par Vladislav Ugolny - Le 04/07/2023.

Depuis six mois, Kiev prépare une percée vers la mer d’Azov, mais la Russie n’avait pas l’intention de se laisser faire.

La contre-offensive des Forces armées ukrainiennes (FAU), largement annoncée par les responsables ukrainiens et occidentaux depuis le début de l’année, dure depuis près d’un mois. Depuis le 4 juin, les forces de Kiev tentent d’avancer sur la partie sud des lignes de front dans la région de Zaporijia et dans la partie ouest de la République populaire de Donetsk (RPD).

La stratégie de «guerre éclair» prévue n’a pas été couronnée de succès et l’offensive ukrainienne s’est enlisée dans une guerre de position, les FAU perdant une grande partie de l’équipement militaire fourni par l’Occident. À la fin du mois de juin, Kiev a réussi à occuper seulement huit villages, mais n’a pas été en mesure d’atteindre les principales fortifications russes.

Kiev et ses partenaires occidentaux sont désormais particulièrement préoccupés par la percée prévue vers la mer d’Azov, puisque les objectifs stratégiques de la contre-offensive ont échoué et que le corridor terrestre menant à la Crimée reste sous contrôle russe. Pourquoi l’opération tant annoncée de l’Ukraine a-t-elle échoué ?

Comment la ligne de front actuelle a-t-elle été formée ?

La ligne de front dans la région de Zaporijia et dans la partie occidentale de la RPD a été formée au printemps 2022. À cette époque, les troupes russes ont pu fusionner leurs unités de Crimée, qui ont capturé les villes de Tokmak et de Pologi, avec les unités du Donbass pour former le «chaudron de Marioupol».

Pendant ce temps, les tentatives de l’armée russe de se rapprocher de Zaporijia et de capturer les villes de Houliaïpole et d’Orekhov – les principaux bastions de la FAU dans la région de Zaporijia – n’ont pas été couronnées de succès. 

À l’est, dans la zone du saillant de Vremyevsky, des combats actifs se sont poursuivis jusqu’à l’été 2022. Le 14 juillet, le quartier général de la défense territoriale de la RPD a confirmé la capture du village de Neskoutchne au sud de Vremyevka – la dernière localité libérée par les milices populaires de la RPD dans cette section du front.

L’importance stratégique de cette partie du front

Même si l’armée russe n’est pas parvenue à Zaporijia ou à flanquer les positions de la FAU dans le Donbass, les réalisations militaires du printemps et de l’été derniers ont été extrêmement importantes pour la Russie.

Tout d’abord, Moscou a pris le contrôle de l’autoroute Crimée-Mélitopol-Berdiansk-Marioupol-Rostovskaya, où se trouve le pont automobile menant à la Crimée. Grâce à ces efforts, la péninsule est mieux reliée à la Russie continentale.

Ensuite, le contrôle de ces territoires a créé une zone tampon autour de la Crimée et a forcé les Ukrainiens à se retirer de la mer d’Azov, qui est devenue un territoire entièrement russe. En outre, Moscou a pu construire un front unique de l’embouchure du Dniepr à la frontière russe (comme c’était le cas l’été dernier).

Ce positionnement s’est toutefois accompagné de certaines vulnérabilités pour les troupes russes. Si l’offensive ukrainienne avait réussi et que les FAU avaient percé jusqu’à la mer d’Azov, le front russe se serait divisé en deux parties. Aussi complexe soit-elle, la tentative en valait la peine pour l’Ukraine, car les FAU auraient alors pu bloquer les unités de l’armée russe dans le Donbass et représenter une menace sérieuse pour la Crimée et Sébastopol – la principale base militaire de la flotte de la mer Noire. 

De l’offensive à la défense

Comprenant l’importance stratégique de la région, la Russie a commencé à y transférer des unités, ce qui a parfois entraîné des pertes sur d’autres sections du front. Par exemple, la 35e armée d’armes combinées a été retirée d’Izioum, ce qui a contribué au retrait de la Russie de la région de Kharkov en septembre 2022.

À partir de là, les Forces armées de la Fédération de Russie ont construit une ligne de défense en profondeur, une tâche qui a impliqué des travailleurs civils. Près de Melitopol, elle a construit une ligne de défense en deux échelons avec un avant-champ et deux zones de sécurité. Tokmak et le village d’Ocherevatoye ont été préparés pour une défense ponctuelle.

En évaluant les mesures de défense de la Russie dans cette zone, il est possible de dire que même si les FAU parvenaient à briser cette ligne de défense, elles seraient confrontées à de nombreuses difficultés. Les réserves russes entraînées auraient déployé une contre-offensive et attaqué les flancs des FAU depuis la région de Kherson et la RPD. Le terrain joue en faveur de l’armée russe : les troupes s’appuient notamment sur les points les plus élevés de la région de Zaporijia, près de Kamysh-Zarya et de Rozovka.

Enfin, même avec les meilleures fortifications, une ligne de défense efficace est impossible sans des soldats motivés et entraînés travaillant aux côtés de l’artillerie, des services de renseignement et de l’aviation. C’est pourquoi les unités d’élite de la 42e division de fusiliers motorisés de la 58e armée ont été placées en première ligne de la défense de la Russie dans la direction de Melitopol, qui revêt une importance stratégique. 

Attentes du public et des médias

La presse occidentale s’est montrée très enthousiaste quant aux perspectives des FAU dans la région de Zaporijia. Par exemple, «l’expert» militaire américain John Deni a déclaré que les Ukrainiens utiliseraient l’équipement militaire occidental pour vaincre facilement la Russie lors de leur contre-offensive.

Les batailles attendues ont été présentées par les médias comme un point décisif de la guerre. Ce positionnement médiatique a déstabilisé les dirigeants ukrainiens, les obligeant à justifier le retard du début de l’opération et à demander le silence sur la question. Cependant, cette situation n’a fait qu’inquiéter les responsables ukrainiens, tandis que la société ukrainienne, inspirée par l’aide militaire occidentale et les nombreuses promesses des politiciens, se réjouissait d’un succès imminent.

En Russie, cependant, une situation opposée se préparait. La société russe ne s’est pas encore totalement remise des revers dans la région de Kharkov et de la retraite de Kherson, considérant ces événements comme des signes que l’opération militaire va à l’encontre de ses objectifs initiaux. Ces opinions étaient soutenues par certaines personnes qui, pour des raisons politiques, critiquaient les dirigeants militaires russes. Même la victoire à Artiomovsk (connue sous le nom de Bakhmout en Ukraine) n’a pas complètement remonté le moral de l’opinion publique – de nombreuses personnes ont attribué ce succès uniquement aux efforts de la société militaire privée Wagner, et non à l’armée régulière russe, qui serait chargée de bloquer la contre-offensive de l’Ukraine. En conséquence, la société russe s’est inquiétée de la prochaine frappe des FAU qui, en cas de succès, aurait pour effet d’accroître l’apathie des Russes et de contribuer à une plus grande démoralisation.

L’Ukraine déploie de nouvelles brigades

Les FAU devaient faire participer à la contre-offensive des unités nouvellement formées, dotées pour la plupart d’armes occidentales et entraînées par des instructeurs occidentaux. Ces brigades sont restées longtemps à l’arrière. Seules certaines unités (comme les 46e et 77e brigades formées au cours de l’été) ont été envoyées à Artiomovsk, où elles ont fait preuve d’une grande efficacité.

D’autres brigades ont poursuivi leur entraînement, profitant du temps gagné par le sang des unités plus «anciennes». Par exemple, la 79e brigade a combattu à Maryinka, une banlieue de Donetsk, pendant un an et demi sans être relevée. Au lieu d’envoyer de nouvelles unités pour les remplacer, les dirigeants ukrainiens ont continué à exploiter les combattants jusqu’à ce jour.

Tout cela dans le but de maintenir les nouvelles unités fortes et prêtes pour la contre-offensive contre la Russie. L’Ukraine espérait que les nouvelles brigades assureraient sa marche victorieuse vers la mer d’Azov, ce qui signifierait non seulement la victoire de Kiev sur Moscou, mais aussi le triomphe des armes et de la formation militaire occidentales. Cependant, ces espoirs ne se sont pas concrétisés.

Le saillant de Vremyevsky – la section la plus vulnérable de la Défense

Le 4 juin, l’Ukraine a lancé sa contre-offensive en menant une attaque de diversion (qui est ensuite devenue l’attaque principale) sur le saillant de Vremyevsky. Apparemment, l’objectif était de faire sortir les réserves de l’armée russe et de les entraîner dans la bataille dans cette zone. Ces attaques se poursuivent pendant plusieurs jours, mais sans succès.

Lors de la deuxième attaque, le 10 juin, l’armée ukrainienne agit plus efficacement et, le 13 juin, la Russie se retire des villages de Novodarovka, Neskuchnoye, Storozhevoye, Blagodatnoye et Makarovka. Le 26 juin, les Ukrainiens prennent le contrôle de Rovnopol et de certaines positions dans les champs sur la route de Novodonetsky et de Priyutnoye.

Au cours des trois semaines de combats, les FAU s’emparent de six villages, qui sont tous évacués à l’avance. Il convient de noter que le saillant de Vryemyevsky était initialement extrêmement gênant pour la Défense russe – entouré par les forces ukrainiennes sur les flancs, il avait également la rivière Mokriye Yaly qui coulait à travers le centre des positions russes. Par conséquent, les forces de Moscou ne pouvaient compter que sur plusieurs hauteurs sur les flancs.

Cependant, même si le terrain jouait en leur faveur, les FAU n’ont pas obtenu beaucoup de succès. L’avancée insignifiante s’est faite au prix fort : des équipements occidentaux ont été détruits et des données indirectes montrent que l’ennemi a subi d’importantes pertes. Néanmoins, les tentatives de percée de Kiev se poursuivent. Actuellement, les FAU se heurtent aux défenses russes à Staromayorsky et Urozhaynoye, et espèrent les déborder, ce qui ne fait que les rapprocher de positions plus fortifiées.

«Safari» près d’Orekhov et défaite médiatique de l’Ukraine

Le 7 juin, les FAU ont commencé à se déplacer en direction de Melitopol. Initialement, cette tâche incombait à la 128e brigade d’assaut de montagne, une unité qui avait déjà subi de nombreuses pertes. En direction de Vasilevka, la brigade tente d’occuper le village de Lobkovo.

Le lendemain, les FAU ont lancé une offensive censée être dirigée par la 47e brigade mécanisée et armée des nouveaux chars allemands Leopard. Cette attaque s’est mal terminée pour les Ukrainiens : l’opération a échoué, des équipements occidentaux ont été détruits et la Russie a publié des images vidéo compromettantes qui sont devenues virales sur Internet.

La ressource ukrainienne en ligne DeepState, qui présente une carte en direct de la guerre, a temporairement fermé la section des commentaires et a ensuite publié une «analyse inconfortable» des événements, critiquant les fonctionnaires et les politiciens ukrainiens qui ont affirmé que leur armée n’avait pas encore lancé de contre-offensive. Selon les observateurs politiques ukrainiens, le comportement des fonctionnaires a dévalorisé la vie des soldats du pays.

Le 10 juin, la pression croissante a contraint le président ukrainien Volodymyr Zelensky à confirmer le début de la contre-offensive et les pertes subies, bien avant d’avoir un succès digne d’être signalé au public. La stratégie de l’Ukraine consiste généralement à garder ses actions secrètes jusqu’à ce que le public et la presse puissent disposer de preuves attrayantes des victoires ukrainiennes. Cette fois-ci, cependant, les images de Léopards brûlés ont forcé l’Ukraine à enfreindre la règle.

Batailles en cours au sud d’Orekhov

Par la suite, l’Ukraine est parvenue à remporter certains succès dans ce domaine. La pression accrue sur le front a forcé l’armée russe à se retirer de deux autres villages – Lobkovoe et Pyatikhatka, où de longues batailles ont eu lieu. Actuellement, l’armée russe maintient ses positions défensives près du village de Zherebyanka.

À l’est, les FAU ont pu avancer à travers les champs en direction du village de Rabotino, qui se trouve sur la route d’Orekhov à Tokmak. Les deux parties ont subi des pertes, mais l’Ukraine perd également un atout vital – le temps – car le rythme de la contre-offensive se ralentit.

De plus, l’armée de l’air russe ne cesse d’attaquer les entrepôts et les zones de transit des FAU. Tout cela augmente le coût de la contre-offensive et rend le succès final de l’armée ukrainienne encore plus improbable.

Les espoirs déçus de l’Ukraine pour une guerre rapide

La série de défaites a déçu la société ukrainienne, qui espérait une opération rapide et une percée sur le front. Toutes les deux semaines, le journaliste ukrainien Roman Shrike interroge ses abonnés sur Telegram sur la durée estimée de la guerre. Le 15 juin, l’option selon laquelle la guerre se poursuivra pendant «plus d’un an encore» a recueilli pour la première fois plus de 50% des votes.

Le propagandiste Aleksey Arestovich a fait remarquer que le succès de l’Ukraine dans la région de Kharkov est une exception à la règle et ne peut être répété à l’infini. Il a décrit les combats dans la région de Zaporijia comme «un combat sanglant accompagné de pertes des deux côtés». Pour que la prochaine offensive de l’Ukraine soit plus fructueuse, Arestovich estime que le pays a besoin d’avions occidentaux.

En attendant, les Ukrainiens ordinaires, dont certains ont été contraints de devenir des réfugiés tandis que d’autres ont perdu leur emploi ou ont été enrôlés de force, estiment que la situation actuelle – dans laquelle le pays s’appauvrit de jour en jour et où les gens risquent quotidiennement d’être mis en danger – peut durer encore de nombreuses années.

Tout cela pèse lourdement sur la société, qui n’entrevoit pas de victoire rapide. Dans le même temps, plusieurs villes, notamment une grande partie de Kiev, ont annoncé une mobilisation générale au nom de leurs conseils régionaux. La mobilisation générale en Ukraine est déjà en vigueur depuis le 24 février 2022, mais ces nouvelles déclarations témoignent d’un nouveau désespoir. L’ordre donné à toutes les personnes astreintes au service militaire de se présenter aux bureaux d’enrôlement militaire, qu’elles aient ou non reçu personnellement une convocation, est particulièrement préoccupant.

Les pressions occidentales ont obligé Zelensky à faire un geste, tout en sachant que sa main était faible. Il se retrouve ainsi comme un joueur d’échecs face à un Zugzwang.

source : Russia Today

traduction Réseau International

Comme je l’ai dit, une nanoseconde avant minuit

 

par Paul Craig Roberts  - Le 24/06/2023.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, admet, comme je l’avais prédit, que la préférence du Kremlin pour une guerre avec un minimum de forces russes a conduit l’Occident à faire monter les enchères et à s’enfoncer de plus en plus dans la confrontation militaire. Elle déclare : «Il est évident qu’une telle politique, que nous considérons comme imprudente, est susceptible de conduire à un affrontement armé direct entre puissances nucléaires».

Alors pourquoi le Kremlin a-t-il poursuivi une voie qui mène à un «affrontement armé direct entre puissances nucléaires».

Et pourquoi Washington s’est-il impliqué de plus en plus profondément dans un conflit qui conduit à un «affrontement armé direct entre puissances nucléaires».

Les deux gouvernements sont coupables, les Russes en refusant d’utiliser une force suffisante pour mettre fin rapidement au conflit et Washington en déclenchant le conflit et en l’encourageant.

Zakharova affirme que la Russie est pleinement consciente de la gravité de la situation et qu’elle «envoie systématiquement des signaux de modération aux pays occidentaux. Le problème, cependant, est que l’Occident est tout simplement obsédé par l’hystérie anti-russe et par une guerre hybride totale contre notre pays. Il ne montre aucune volonté de percevoir correctement notre position. L’entière responsabilité de la dégradation de la situation incombe aux capitales occidentales. Pour notre part, nous ne pouvons que réaffirmer fermement que la Russie est déterminée à défendre ses intérêts en matière de sécurité, et nous ne recommanderions pas à l’Occident d’en douter».

Il est extraordinaire que pendant la guerre froide, lorsque Washington et Moscou coopéraient pour réduire les tensions, il y ait eu de nombreuses manifestations pacifistes, alors qu’aujourd’hui, alors que les efforts pour limiter l’utilisation des armes nucléaires sont en ruine, il n’y a pas de mouvements pacifistes. Certains membres de la Chambre des représentants et du Sénat s’agitent en faveur d’une guerre contre la Russie, la Chine et l’Iran.

Nous sommes déconnectés de la réalité.

Paul Craig Roberts

source : Paul Craig Roberts

traduction Réseau International

Dernières nouvelles «du front»

 

par Gilbert Doctorow - Le 22/06/2023

Ce matin, l’émission d’information et de débat «Sixty Minutes», diffusée par la télévision publique russe, s’est ouverte sur le désormais traditionnel montage d’extraits de reportages de la télévision américaine sur les questions relatives aux transsexuels. Aujourd’hui, il s’agissait des dernières décisions de justice concernant la législation des États interdisant les opérations de changement de sexe chez les enfants. Ce type d’information fait désormais partie des sujets quotidiens des journaux télévisés russes, offrant une distraction agréable par rapport à la misère de la guerre et démontrant clairement à quel point les Américains sont devenus des dégénérés.

Cependant, cette distraction a été écourtée et dix minutes après le début de l’émission, des images en direct de la réunion du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie présidée par Vladimir Poutine nous ont été montrées. La réunion était virtuelle et non physique. Le président était assis à son bureau au Kremlin et les autres participants étaient montrés sur des écrans de télévision. Nous avons saisi le moment où le ministre de la Défense Choïgou présentait à Poutine un résumé des résultats des combats depuis le début de la contre-offensive ukrainienne au début du mois : 246 chars ukrainiens, dont 13 Léopards allemands, ont été détruits et un peu plus de 13 000 soldats ukrainiens ont été tués. Oui, tués. À cela s’ajoutent les blessés.

Il s’agissait bien sûr de la partie de de la séance susceptible d’être diffusée publiquement. Ce qui a vraiment réuni le Conseil aujourd’hui, c’est autre chose : examiner la réponse de la Russie aux derniers développements dans la zone de guerre, à savoir la destruction par les Ukrainiens, hier, de plusieurs ponts reliant l’oblast de Kherson, sous contrôle russe, à la Crimée. Il a déjà été établi que les attaquants ont utilisé des missiles de croisière Storm Shadow fournis par le Royaume-Uni. Cela ressemble beaucoup au fil conducteur que Choïgou avait à l’esprit il y a quelques jours lorsqu’il a déclaré que la Russie bombarderait le centre de décision de Kiev si son territoire était attaqué. Nous pouvons donc nous attendre à ce qu’il se passe quelque chose maintenant.

Il y avait assurément une autre question sur la table, découlant des développements décrits dans un reportage de 5 minutes d’un journaliste du magazine allemand Bild, que les Russes ont affiché à l’écran. Ce reportage télévisé était consacré aux conséquences de l’explosion du barrage de Kakhovka et à la vidange du vaste réservoir situé derrière, qui, selon le journaliste, était, en kilomètres carrés, plus grand que la zone métropolitaine de Berlin.

Après avoir commencé son intervention en affirmant que les Russes étaient responsables de ce désastre, il a expliqué de manière très convaincante pourquoi la vidange du réservoir servait parfaitement les intérêts militaires ukrainiens. La plupart des terres qui étaient sous l’eau sont maintenant sèches et peuvent très probablement supporter des chars d’assaut. Dans ces nouvelles conditions, la distance séparant les forces ukrainiennes et russes dans la région de Kakhovka a été réduite à zéro, alors qu’il s’agissait auparavant d’une étendue d’eau dont la largeur variait de 5 à 31 kilomètres. De plus, la longueur de cette nouvelle portion du front atteint 200 km. Sur cette nouvelle ligne de front, les Russes ne disposent pas de champs de mines défensifs, de pièges à chars, d’artillerie cachée ou de tranchées bien conçues qui ont été si meurtrières pour l’armée ukrainienne attaquant les fronts de Donetsk et de Zaporijia.

Il doit s’agir de l’une des principales «surprises» que le commandement ukrainien avait à l’esprit lorsqu’il cherchait de nouveaux moyens de réaliser une brèche. Mais ce changement potentiellement spectaculaire n’est pas nécessairement ce qu’il semble être : il ne s’agit pas d’un mouvement allemand autour de la ligne Maginot qui a laissé les Français sans réponse. La Russie a les moyens de répondre, mais cela nous ramène au premier point : en finir avec le régime de Kiev maintenant et ne plus attendre.

Enfin, dans le cadre de l’émission «Sixty Minutes», le chef d’une unité tchétchène active dans le Donbass, qui apparaît assez fréquemment dans l’émission, a donné son évaluation des pertes humaines et matérielles sur le potentiel de combat ukrainien. Comme il l’a fait remarquer, la perte de chars et de pièces d’artillerie signifie que les combattants ukrainiens les mieux entraînés sont désormais morts. Pour envoyer un soldat d’infanterie sur les lignes de front, vous lui donnez une kalachnikov et vous le poussez sur le terrain. Mais les commandants de chars et les artilleurs sont des soldats de haut niveau qui ont suivi un long entraînement et acquis une expérience de la guerre. Leur perte est irremplaçable et explique les lourdes pertes de l’infanterie, dont la plupart des 13 000 morts sont des nouvelles recrues qui ont été envoyées à la mort comme chair à canon.

Le programme d’information de deux heures sur Channel One a fourni des extraits vidéo supplémentaires de la réunion du Conseil de sécurité de la FR de la matinée, en particulier le rapport à Poutine de Nikolaï Patrouchev, le secrétaire du Conseil. Sa discussion sur les équipements ukrainiens détruits était beaucoup plus détaillée, énumérant le nombre de véhicules blindés de transport de troupes, de pièces d’artillerie et de lance-roquettes à tir rapide, d’hélicoptères, de drones et bien d’autres choses encore. La conclusion est que la plupart des équipements fournis à l’Ukraine au cours des derniers mois sont désormais détruits. Il s’agit d’équipements fabriqués aux États-Unis et en Europe, ainsi que d’équipements soviétiques donnés par les anciens pays du Pacte de Varsovie. L’Ukraine vit pratiquement au jour le jour avec le matériel de combat fourni par l’Occident.

Le journal de deux heures a également accordé une attention particulière aux événements commémoratifs qui se déroulent aujourd’hui à Moscou et dans les villes et villages de Russie pour marquer le 82ème anniversaire de l’invasion allemande qui a fait entrer l’URSS dans la Seconde Guerre mondiale. Nous avons pu voir des enregistrements vidéo d’allumages de bougies où des dizaines de milliers de lumières ont été disposées pour former de puissantes images du souvenir. Tout cela se déroule au milieu de ce qui est considéré comme une nouvelle lutte pour écraser le nazisme en Europe, comme l’ont fait leurs parents et leurs grands-parents lors de la Grande Guerre patriotique.

source : Gilbert Doctorow

Quand les mathématiques sont un problème…

 

par Andrei Martyanov - Le 23/06/2023.

… et un sérieux problème, je dirais. Dmytro Kuleba s’est penché sur les nombres imaginaires qui ne sont pas de nature mathématique, sans comprendre que les unités imaginaires réelles, lorsqu’elles sont élevées au carré, produisent une valeur négative. À ce propos :

«L’Ukraine planifie déjà sa prochaine «contre-offensive» en utilisant les chars Abrams de fabrication américaine, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Dmitry Kuleba au radiodiffuseur public Suspilne. Washington a promis à Kiev une trentaine de chars Abrams en janvier dernier. Interrogé sur la possibilité qu’ils arrivent à temps pour l’opération en cours, Kuleba a déclaré que les Ukrainiens devraient plutôt se tourner vers l’avenir. «Il y a de l’espoir, mais il ne faut pas penser uniquement à cette contre-offensive», a-t-il déclaré. «Il ne faut pas considérer cette contre-offensive comme la dernière et la plus décisive. Il y aura de nombreuses contre-offensives, autant que nécessaire pour expulser la Russie de notre territoire». L’Abrams est d’une «conception beaucoup plus complexe» que les Leopard de fabrication allemande fournis à l’Ukraine au printemps, a ajouté Kuleba».

Je suis d’accord, l’Abrams EST d’une conception beaucoup plus complexe et avec ses presque 70 tonnes, la nécessité d’être ravitaillé en carburant tous les 3 km et le fait qu’il brille dans les IR comme un arbre de Noël décoré de lumières, c’est une cible très désirable pour les équipes antichars russes. D’une manière générale, la seule chose qui reste à l’OTAN (aux États-Unis, en fait) est de fournir des ATACMS, des Abrams et des F15, 16 ou 35 et de les voir partir en fumée en quantités industrielles.

Par ailleurs, si l’on en juge par le fait que sur les 60 000 hommes d’une réserve stratégique au cours des deux dernières semaines, environ 40 000 ont été tués, portés disparus ou blessés, et que maintenant même Kiev passe en mode de mobilisation totale, eh bien… il faut admettre qu’il y a des problèmes non seulement avec les hauts gradés des FAU, mais aussi, comme le fait remarquer RIA…

«Selon les experts occidentaux, l’une des principales raisons de la catastrophe de la «contre-attaque» est la dégradation rapide du haut commandement militaire de l’Ukraine, qui, à l’époque de la NMD, a été transformé d’un système de contrôle et de planification des combats réels en un véritable back-office du quartier général de l’OTAN. Les observateurs notent un manque total d’initiative et une dépendance totale à l’égard des ordres du siège de l’OTAN, ce qui explique que les forces armées ukrainiennes se soient montrées incapables de mener avec succès des opérations offensives de grande envergure impliquant diverses forces face à l’opposition active des forces armées russes».

Qu’attendez-vous de gens qui ont perdu toutes leurs guerres (en réalité des actions de police de haute intensité) qu’ils soient doués pour les opérations combinées (multi-domaines) d’envergure ? Dans le même ordre d’idées, la marine russe se frotte allègrement les mains pour un certain nombre de raisons très sérieuses, dont l’une d’entre elles est la suivante :

L’Amiral Golovko termine ses essais d’état et sera transféré à la flotte sous peu. Il s’agit du troisième navire de la série pr. 22350, entièrement fabriqué en Russie en termes de propulsion et dont l’arme principale est le 3M22 Zircon. Cinq autres navires sont à différents stades de préparation dans les chantiers navals, après quoi la série des pr. 22350M commencera. Le Kharkov est-il le prochain ? Les personnes bien informées le pensent. Et n’oubliez jamais que i^2 est toujours égal à -1.

source : Reminiscence of the Future

traduction Réseau International

Encore plus d’armes pour l’Ukraine, mais qu’en fera-t-elle ?

 

par Moon of Alabama - Le 23/06/2023.

La contre-offensive de l’Ukraine a échoué et elle n’a aucune chance de remporter la guerre.

Sa meilleure chance de survivre encore un certain temps est de construire plusieurs nouvelles lignes de défense et de se replier sur celles-ci. Au lieu de cela, elle continue d’attaquer sur de trop nombreux fronts, avec peu de gains et des pertes importantes.

Hier, le président russe Vladimir Poutine a discuté de la situation avec son Conseil de sécurité.

Nikolaï Patrouchev, le secrétaire du Conseil, a fait état des pertes ukrainiennes :

«À ce jour, nous disposons des statistiques suivantes. Du 4 au 21 juin, nous avons détruit 246 chars, dont 13 chars occidentaux, ainsi que 595 véhicules blindés de combat et voitures blindées. Sur ce nombre, nous avons détruit 152 véhicules de combat d’infanterie, dont 59 modèles occidentaux, ainsi que 443 autres véhicules blindés de combat. Nous avons détruit 279 systèmes d’artillerie de campagne et mortiers, dont 48 systèmes occidentaux. Nous avons également détruit 42 systèmes de roquettes à lancement multiple, 2 systèmes de missiles sol-air, 10 chasseurs tactiques, 4 hélicoptères, 264 drones et 424 véhicules à moteur».

Ces chiffres sont légèrement inférieurs aux sommes figurant dans ma feuille de calcul, telles qu’elles sont indiquées dans le rapport quotidien du ministère russe de la Défense. Je pense que les chiffres de Patrouchev datent probablement de quatre ou cinq jours. Patrouchev estime à 13 000 le nombre d’Ukrainiens morts sur tous les fronts. C’est à nouveau un peu en dessous de mes calculs et probablement en retard sur le temps.

Poutine interroge alors son ministre de la Défense, Sergei Choïgou :

«Vladimir Poutine : Je vois. M. Choïgou, nous savons que l’ennemi va recevoir des équipements occidentaux supplémentaires. Que pense le ministère de la Défense des menaces qui pèsent sur lui ?

Sergueï Choïgou : En ce qui concerne les livraisons actuelles et prévues d’équipements militaires, il est prévu de fournir 250 chars, notamment environ 120 Léopards et 31 Abrams, tout au long de l’année 2023. Il y a également 95 chars T-72 qui ont été récupérés dans le monde entier. Voici ce que nous savons des livraisons prévues.

Il est prévu de livrer 983 véhicules blindés de combat au cours de l’année 2023. Au total, 822 véhicules, soit le gros de la cargaison, notamment 740 modèles occidentaux, devraient arriver au cours des troisième et quatrième trimestres.

En effet, on constate également que tous les arsenaux, accumulés par l’Union soviétique et les pays de l’ancien bloc socialiste, sont aujourd’hui pratiquement épuisés. On peut en dire autant des anciennes ressources ukrainiennes.

L’objectif est de livrer 273 systèmes d’artillerie de 155 mm d’ici à 2023. C’est plus de deux fois moins que ce qui a été livré jusqu’à présent».

Cela semble beaucoup, mais Choïgou fait ensuite cette évaluation :

«Dans le contexte des pertes, énumérées par M. Patrouchev, et en tenant compte des développements antérieurs, nous réalisons maintenant que la quantité, qui doit être livrée tout au long de 2023, ainsi que les armes qui ont déjà été livrées, n’affectera pas sérieusement le cours des hostilités. En outre, la plupart des véhicules blindés et des véhicules de combat appartiennent à la génération précédente, voire à une génération antérieure. Par ailleurs, leur blindage est faible et inefficace par rapport à l’équipement moderne. Monsieur le Président, nous ne voyons pas de menaces ici, d’autant plus que nous accumulons activement des équipements de réserve et du personnel de service».

C’est une bonne nouvelle. Pour les Russes. Pour l’armée ukrainienne, cela signifie qu’elle recevra à nouveau autant que ce qu’elle a perdu au cours des trois dernières semaines, à l’exception de l’artillerie qui est déjà rare et qui le sera encore plus à l’avenir. Mais combien de temps cela durera-t-il si l’armée ukrainienne continue d’attaquer ?

La Russie continue de développer son armée et crée de nouvelles unités militaires. Selon Choïgou, celles-ci ont déjà reçu 3786 pièces de matériel militaire et reçoivent chaque jour 112 unités supplémentaires. Je suppose qu’il s’agit de «choses qui tirent ou qui roulent», c’est-à-dire des canons et des véhicules blindés de toutes sortes. Il ne s’agit pas uniquement de matériel neuf, mais aussi d’équipements de dépôt rénovés et mis à niveau. Mais par rapport à ce que l’Ukraine recevra encore, les chiffres sont tout simplement énormes.

La Russie a maintenant deux choix. Elle peut passer à l’attaque, comme elle le fait actuellement près de Koupiansk, ou elle peut attendre sur les lignes actuelles jusqu’à ce que l’Ukraine ait lancé tout ce nouveau matériel contre elle.

Il est fort probable que nous assistions à un mélange des deux. La Russie peut rester discrète dans le sud où elle dispose de bonnes positions et attaquer dans le nord où les milices ukrainiennes tentent d’effectuer des raids frontaliers sur la Russie. Une vaste zone de sécurité à cet endroit mettrait fin à ces absurdités.

source : Moon of Alabama

traduction Réseau International

Poutine expose les contraintes militaires ukrainiennes

 

par Russia Today - Le 22/06/2023.

Le président russe a déclaré que Kiev ne pouvait pas reconstituer ses effectifs indéfiniment malgré l’aide occidentale.

Les forces armées ukrainiennes sont considérablement limitées par les effectifs, a laissé entendre le président russe Vladimir Poutine, après avoir reçu une estimation selon laquelle Kiev a perdu plus de 13 000 soldats depuis le lancement de sa contre-offensive au début du mois.

«Du matériel militaire supplémentaire peut certainement être livré, mais la réserve de mobilisation n’est pas illimitée. Et il semble que les alliés occidentaux de l’Ukraine soient effectivement prêts à mener la guerre jusqu’au dernier Ukrainien», a déclaré Poutine lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe jeudi.

Poutine faisait référence à l’idée selon laquelle les États-Unis et leurs alliés ne se préoccupent pas du nombre de victimes ukrainiennes, tant qu’ils peuvent utiliser Kiev par procuration pour infliger des dommages à la Russie.

Au cours de la réunion, les hauts fonctionnaires ont fait part de l’évaluation par la Russie des résultats provisoires de la contre-offensive ukrainienne, qui a été lancée au début du mois de juin.

Selon Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil, Kiev a perdu plus de 13 000 soldats et un nombre important d’armes au cours de la campagne. Cette estimation préliminaire repose en grande partie sur des communications interceptées de commandants militaires ukrainiens, a précisé le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

Pendant ce temps, l’armée russe constitue régulièrement ses réserves, a ajouté Choïgou, précisant que le processus se déroulait bien en termes de recrutement et d’acquisition de systèmes d’armement.

Le ministère a engagé 114 000 soldats supplémentaires par les voies habituelles et dispose d’une force permanente de 52 000 volontaires très motivés pour participer à la lutte contre l’Ukraine, a indiqué Choïgou. Le ministère garde ce dernier groupe en réserve et lui fournit l’entraînement nécessaire, a-t-il ajouté.

Les pertes ukrainiennes signalées entre le 4 et le 21 juin comprennent 246 chars, 595 véhicules blindés, 424 voitures, 279 canons d’artillerie et mortiers, 42 lance-roquettes multiples, deux systèmes antiaériens, dix avions de chasse tactiques, quatre hélicoptères et 264 véhicules aériens sans pilote. Treize des 81 chars ukrainiens de fabrication occidentale ont également été détruits, selon des responsables russes.

Choïgou a affirmé que les sponsors étrangers de Kiev n’avaient pratiquement plus d’armes de fabrication soviétique à fournir à l’armée ukrainienne. Ce qui reste de ces armes et des équipements de fabrication occidentale qu’ils peuvent fournir cette année n’affectera pas de manière significative la situation sur le champ de bataille, a-t-il prédit.

source : Russia Today

traduction Réseau International

Poutine vient de révéler la stratégie de la Russie pour mettre fin au conflit ukrainien

 

par Dmitry Trenin - Le 22/06/2023.

La situation sur le terrain est favorable à Moscou, mais une escalade de la part de l’Occident pourrait pousser le Kremlin à l’extrême.

Vendredi dernier, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le président Vladimir Poutine a de nouveau été interrogé sur la stratégie nucléaire de la Russie. Récemment, Moscou a commencé à déployer des armes nucléaires en Biélorussie. Dans le même temps, un débat public s’est ouvert au niveau national sur la possibilité d’une première utilisation d’armes nucléaires contre l’OTAN dans le cadre de la guerre par procuration qui se déroule actuellement en Ukraine.

La réponse de Poutine n’a apporté aucune surprise. En résumé, les armes nucléaires restent dans la boîte à outils de la stratégie de Moscou, et il existe une doctrine qui stipule les conditions de leur utilisation. Si l’existence de l’État russe est menacée, elles seront utilisées. Toutefois, il n’est pas nécessaire de recourir à de tels instruments pour le moment.

Alors que les États-Unis et l’Europe occidentale s’attendent à ce que la Russie subisse une défaite stratégique dans le conflit – l’objectif déclaré du Pentagone – Poutine ne croit pas que les choses évoluent dans cette direction. La contre-offensive ukrainienne, tant attendue et tant annoncée, s’essouffle jusqu’à présent, entraînant de lourdes pertes pour Kiev. L’armée russe, pour sa part, a appris de ses erreurs passées et tient bon.

Les livraisons occidentales de systèmes d’artillerie, de chars et de missiles, dont les Ukrainiens espéraient qu’elles inverseraient le cours de la guerre, n’ont pas eu d’impact décisif. Selon Poutine, la Russie est parvenue à presque tripler sa production d’armes et de munitions et poursuit sur sa lancée. Pendant ce temps, l’industrie de la défense ukrainienne, autrefois puissante, a été pratiquement détruite.

Après l’échec des premières initiatives russes et occidentales visant à remporter une victoire rapide l’année dernière, les deux parties ont opté pour des stratégies d’usure. Les États-Unis et leurs alliés ont misé sur le renforcement des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, en essayant d’orchestrer l’isolement politique de Moscou et en espérant que le mécontentement de la population augmente en raison des multiples privations quotidiennes et du nombre croissant de victimes de la guerre. En principe, il s’agit d’une approche stratégique évidente dans une longue guerre, où le succès est obtenu non pas tant sur le champ de bataille qu’en sapant les arrières de l’ennemi.

Le problème pour l’Occident est que cette stratégie ne fonctionne pas. La Russie a trouvé des moyens non seulement de réduire l’effet des restrictions occidentales, mais aussi de les utiliser pour relancer et stimuler la production nationale. En effet, les sanctions ont fait ce que beaucoup considéraient comme impossible : Elles ont sorti l’économie du pays de la voie toute tracée de la dépendance à l’égard du pétrole et du gaz. Les Russes réapprennent à fabriquer ce qu’ils pouvaient autrefois fabriquer mais dont ils ne se souciaient plus : Des avions de ligne, des trains, des bateaux et autres, sans parler des vêtements et des meubles. Le gouvernement russe vise encore plus haut, à savoir retrouver le niveau de souveraineté technologique abandonné au lendemain de la disparition de l’Union soviétique.

L’isolement politique de l’Occident a permis à Moscou de se défaire de sa fixation traditionnelle sur l’Europe occidentale et les États-Unis et l’a poussé à découvrir le monde plus vaste des pays non occidentaux dynamiques. Il ne s’agit pas seulement de la Chine, de l’Inde et du reste des BRICS, mais aussi des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie. Le week-end dernier, à Saint-Pétersbourg, Poutine a partagé la tribune avec le président algérien et a reçu une mission de paix de six dirigeants africains. Le mois prochain, il y organisera un deuxième sommet Russie-Afrique. Depuis le début de l’année, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a effectué trois voyages sur le continent, visitant une douzaine de pays au total.

À l’approche des élections présidentielles du printemps prochain, la scène intérieure russe est généralement calme. Poutine n’a pas encore annoncé sa candidature, mais il semble plus à l’aise que jamais, gérant à la fois la guerre et la paix. Poutine a rejeté l’option consistant à mettre le pays sur le pied de guerre en recourant à la mobilisation économique et à l’autarcie, à la mobilisation générale et à la loi martiale, ou en suspendant les élections et en confiant le pouvoir à une version du Comité de défense de l’État de Staline, qui existait en temps de guerre. Au lieu de cela, il a soigneusement cultivé l’image du calme et de la normalité dans tout le pays, tout en confrontant la population à la réalité d’une guerre juste à ses frontières. 

La population s’est largement adaptée à cette réalité partagée. D’après les sondages d’opinion, un plus grand nombre de personnes pensent désormais que la Russie est en train de gagner la guerre. Les craintes d’une mobilisation plus large se sont apaisées et certains de ceux qui avaient quitté précipitamment le pays l’année dernière reviennent. Les failles et les crevasses que de nombreux observateurs voyaient encore récemment dans le camp de Poutine, par exemple entre le ministère de la Défense et la société militaire privée Wagner, se sont refermées, manifestement sur ordre du président. L’opposition libérale ne peut opérer qu’à partir de l’étranger, ce qui donne plus de crédit à l’argument du Kremlin selon lequel elle est de mèche avec des puissances étrangères qui fournissent des armes pour tuer des soldats russes.

Les provocations spectaculaires des Ukrainiens – telles que les incursions dans la région russe de Belgorod, le bombardement de villes et de villages frontaliers, l’envoi de drones à Moscou et dans d’autres villes à l’intérieur du pays, et les tentatives d’assassinat de personnalités russes – tout en soulevant des questions sur les lacunes du système de sécurité intérieure russe, ont, dans l’ensemble, renforcé les arguments du Kremlin selon lesquels le régime actuel de Kiev ne peut pas être toléré.

La nouvelle stratégie de guerre longue de Moscou cherche à jouer sur les forces de la Russie tout en exploitant les vulnérabilités de l’Ukraine et les limites de l’Occident. Le Kremlin semble convaincu qu’il peut relancer son industrie de guerre et être en mesure de fournir à la fois des armes et du beurre, de lever davantage de soldats par le biais de contrats et d’utiliser pleinement ses avantages en matière d’aviation et d’artillerie, tout en comblant les lacunes dans le domaine des drones et des communications. Elle s’attend également à ce que le taux de pertes beaucoup plus élevé de l’Ukraine et sa déception bientôt apparente quant à sa capacité à contre-attaquer, malgré toute l’aide qu’elle reçoit de l’Occident, sapent la confiance de la population dans les dirigeants actuels de Kiev, incarnés en particulier par le président Volodymyr Zelensky. La guerre d’usure pèse beaucoup plus lourdement sur l’Ukraine que sur la Russie.    

Quant à l’Occident, il répète le mantra du soutien à l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire. La stratégie russe suppose que lorsque Kiev s’effondrera, elle ne sera plus jugée nécessaire. Par ailleurs, les Russes estiment que les Américains et les Européens de l’Ouest ont vraiment peur d’envisager deux choses. La première, principalement en ce qui concerne ces derniers, est une collision directe avec l’armée de Moscou, qui transformerait le conflit ukrainien en une véritable guerre entre la Russie et l’OTAN. Compte tenu des disparités de puissance, il est peu probable qu’une telle guerre reste longtemps conventionnelle, ce qui conduirait le Kremlin à recourir à l’option nucléaire que sa doctrine prévoit dans ce cas. Deuxièmement, en particulier pour les Américains, la possibilité qu’une guerre européenne provoque un échange nucléaire entre la Russie et les États-Unis qui détruirait le monde.

Une dissuasion efficace combine généralement certitudes et incertitudes. La certitude de la capacité d’un adversaire à poser une menace inacceptable et l’incertitude quant aux mesures exactes qu’il prendrait en cas de provocation. La stratégie américaine vis-à-vis de la Russie en Ukraine a consisté à pousser l’enveloppe de plus en plus loin, en renforçant progressivement son soutien militaire à l’Ukraine et en sondant la réaction de la Russie à chaque étape de l’escalade. Jusqu’à présent, il semble que Washington soit satisfait. Toutefois, au-delà d’un certain point, cette pratique peut transformer cette stratégie calculée en roulette russe. L’arrivée proposée des F-16 et la livraison potentielle de missiles à plus longue portée rapprocheraient la situation de ce point. Poutine a donc confirmé que l’option nucléaire, bien qu’inutile à ce stade, n’était pas exclue. En effet, aucune puissance nucléaire n’accepterait d’être vaincue par une autre sans exercer l’option ultime.

Mais revenons-en aux scénarios catastrophes et à la situation actuelle. La stratégie du Kremlin, semble-t-il, consiste à tracer une voie médiane entre ceux qui voudraient geler le conflit tout en fixant les acquis sur le terrain et ceux qui proposent l’escalade jusqu’à une première utilisation de l’arme nucléaire comme voie vers la victoire. Contrairement à ces deux approches qui recherchent un résultat rapide, la voie réelle que l’on peut tracer à l’œil nu (qui sait ce qui est caché ?) est celle d’un engagement à long terme, conduisant à ce que la Russie finisse par l’emporter en raison de ses ressources plus importantes, de sa résilience et de sa volonté de faire des sacrifices par rapport à l’Occident. Comme toutes les stratégies fondées sur l’endurance, celle-ci sera mise à l’épreuve à l’intérieur du pays autant que sur la ligne de front.

source : Russia Today

traduction Réseau International

Ukraine : "On sous-estime constamment les Russes !"

"L'Ukraine ne peut pas gagner la guerre"

Depuis le Donbass : Le témoignage de la journaliste Christelle Néant à Algérie 54

 

par Mehdi Messaoudi - Le 21/06/2023.

Christelle Néant, est l’une des rares journalistes, ayant bravé la mort dans la zone de guerre, pour offrir à l’opinion publique internationale, une image objective de ce qui se passe réellement au Donbass. Présente depuis bientôt 8 ans, dans cette zone de guerre, Christelle Néant livre à Algérie 54, son vécu sur la scène d’hostilités militaires, depuis son arrivée dans le Donbass, et son travail de grande difficulté de reporter de guerre.

***

Algérie 54 : Bien que beaucoup de lecteurs algériens vous connaissent déjà au travers d’articles et vidéos, vous voudrez bien vous présenter vous-même à nos lecteurs ainsi que les raisons de votre engagement dans cette guerre en Ukraine, les problèmes que vous avez rencontrés, les risques que vous avez pris etc.

Christelle Néant : Je m’appelle Christelle Néant, je suis née en France, j’ai décidé fin 2015 de partir pour le Donbass afin d’y travailler comme reporter de guerre, car je ne supportais plus les mensonges que les médias français et européens propageaient sur le conflit qui avait débuté en 2014. J’avais compris dès le Maïdan que les médias occidentaux nous mentaient éhontément sur ce qui se passait en Ukraine, et je suivais donc l’actualité via plusieurs sources dont des journalistes indépendants présents sur le terrain et les médias russes. Il m’a fallu plusieurs mois pour me préparer, car je savais que je laisserai ma vie en Europe derrière moi, et je suis arrivée fin mars 2016 dans le Donbass. J’ai voyagé seule avec mon chien en voiture à travers toute l’Europe puis l’ouest de la Russie avant d’arriver. J’ai dû dormir plusieurs nuits dans la voiture avec le chien faute d’hôtel l’acceptant, et surtout j’ai dû me débarrasser de beaucoup d’affaires à la frontière, car je dépassais les 50 kg de biens réglementaires autorisés.

Depuis lors je vis et je travaille dans le Donbass, j’ai passé beaucoup de temps sur le front, je suis tombée plusieurs fois sous des bombardements de l’armée ukrainienne, dont un qui a détruit ma voiture l’an passé. Mais jusqu’ici j’ai eu beaucoup de chance et je n’ai jamais été blessée lors de tels bombardements.

Algérie 54 : Vous êtes l’une des rares consœurs et confrères qui se sont attelés à livrer à l’opinion publique internationale, une image objective sur la réalité de ce qui se passe aujourd’hui dans le Donbass. Pourriez-vous nous parler de ce que vous avez vu sur le terrain ?

Christelle Néant : J’ai pu voir de mes propres yeux de nombreux crimes de guerre de l’armée ukrainienne, comme les bombardements réguliers de zones résidentielles loin de la ligne de front, même quand les accords de Minsk étaient encore en vigueur. Et je parle de zones résidentielles où il n’y a rien de militaire, ni positions, ni pièces d’armement, ni bases militaires.

Quand l’escalade militaire a commencé mi-février 2022 (une semaine avant l’intervention de la Russie), ces crimes de guerre sont allés crescendo, l’armée ukrainienne frappant des zones civiles où se trouvent beaucoup de gens, comme le marché central de Donetsk, qui a été bombardé plusieurs fois en quelques mois. Les bombardements ukrainiens ont aussi régulièrement visé des zones très éloignées du front pour terroriser les habitants, voire des zones d’évacuation de civils, ou d’hébergement temporaire de personnes évacuées.

Le pire que j’ai vu de mes propres yeux fut Marioupol, avec l’utilisation des civils par les soldats ukrainiens comme bouclier humain, les tirs de ces mêmes soldats sur les immeubles et maisons pour les détruire alors que les forces russes sont encore loin, et enfin les viols et meurtres gratuits de civils.

Algérie 54 : Vous réalisez des reportages sur la situation dans les deux républiques depuis près de huit ans. Pourriez-vous nous parlez de votre travail de reporter, dans cette région meurtrie par plusieurs années d’hostilités armées ?

Christelle Néant : J’ai à la fois la chance et la malchance d’être une journaliste indépendante. J’ai fondé mon propre site, qui marche très bien, mais je suis seule pour faire face à une énorme charge de travail. Être reporter de guerre dans le Donbass est très difficile physiquement et psychologiquement, car au final étant seule j’ai très peu de jours de repos, et je dois faire face à beaucoup de douleur humaine. Néanmoins, c’est un travail très gratifiant, et j’ai le plaisir d’avoir des retours de commentaires de mes lecteurs, qui me disent combien mon travail leur a été utile pour ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans le Donbass. Cela aide à tenir le coup. De plus, étant indépendante, j’ai une totale liberté de parole, aucun narratif imposé par une rédaction ou des propriétaires.

Je fais aussi de l’humanitaire pour aider les civils qui souffrent du conflit en cours. Depuis le début de l’opération militaire spéciale une autre composante plus «aide sociale» est venue se rajouter, entre autre dans les territoires nouvellement libérés ou auprès des personnes évacuées de ces territoires comme Artiomovsk. En tant que journaliste j’ai la capacité et j’essaye au maximum d’aider les gens qui se sont retrouvés pris dans le maelstrom de la guerre, soit en les aidant pour des démarches administratives, soit en leur donnant des informations sur comment obtenir aide et documents, soit en les aidant à retrouver des proches ou leur transmettre un message (entre autre à Marioupol pendant la bataille il n’y avait plus de connexion mobile, les gens ne pouvaient pas appeler leurs proches en RPD, en Russie ou dans d’autres régions d’Ukraine, je transmettais donc vidéos et messages pour rassurer leurs proches).

Algérie 54 : Quelle est la situation actuellement sur le front surtout après la prise de Bakhmout/Artiomovsk. Est-ce que cela augure d’autres prises de villes ou de régions et selon vous, où s’arrêtera l’armée russe et sous quelles conditions.

Christelle Néant : La situation après la prise d’Artiomovsk a été très tendue tant sur le front ouest de la ville (l’armée ukrainienne cherchant à la récupérer), que plus au sud, en région de Donetsk et de Zaporojié, où les soldats ukrainiens se sont embourbés dans une offensive désastreuse contre les lignes défensives russes. Cela s’est soldé par un échec cuisant, la destruction de nombreux véhicules blindés et chars fournis à l’Ukraine par l’Occident, et d’énormes pertes parmi les soldats ukrainiens (plus de 7 500 pertes après une semaine, le bilan est aujourd’hui encore plus lourd). À l’heure où j’écris ces lignes l’armée russe semble avoir commencé à avancer dans la partie nord du front vers Koupiansk. Donc pour moi il est clair que d’autres villes seront reprises, tout le Donbass, et les régions de Kherson et Zaporojié encore sous contrôle ukrainien seront libérés. Où l’armée russe s’arrêtera c’est la grande question. Je pense qu’à minima les régions de Kharkov, Nikolayev et Odessa seront prises. Au delà c’est la grande inconnue.

Algérie 54 : On assiste aujourd’hui non seulement à une confrontation armée, mais aussi à une guerre de l’information. Le meilleur exemple, est celui de la couverture médiatique de la situation à Bakhmout. Qu’en dites-vous sur ce sujet ?

Christelle Néant : La propagande ukrainienne, reprise telle quelle par les médias occidentaux, dont les médias français, est outrancière, basée sur la répétition constante de mensonges tous plus gros les uns que les autres, ce qui fait qu’elle se discrédite. Quand des médias assurent que l’Ukraine a encore le contrôle d’une zone d’Artiomovsk alors que Wagner publie des photos et vidéos de ses soldats avec des drapeaux russes dans les zones en question, cela montre que les informations de ces médias ne valent rien et n’ont rien à voir avec la réalité. Le problème qu’on a eu à Artiomovsk, c’est la complicité des journalistes, y compris occidentaux, dans les crimes de guerre des soldats ukrainiens. À minima les journalistes ukrainiens et étrangers savaient à l’avance où les soldats ukrainiens allaient bombarder la ville, et apparaissaient immédiatement après les tirs pour filmer des reportages dans lesquels ils accusaient la Russie d’avoir bombardé Artiomovsk. Certains de ces bombardements ont tué des civils, ce qui rend ces journalistes complices de leur meurtre par les soldats ukrainiens. Encore pire, certains réfugiés d’Artiomovsk nous ont dit que les journalistes payaient les soldats ukrainiens pour ces bombardements «à la carte» afin d’avoir de belles images pour leurs reportages. Voilà les méthodes de l’Ukraine et de l’Occident en matière de guerre de l’information.

Algérie 54 : Que pensez-vous du travail sur le terrain de l’OSCE qui semble, selon certains écrits et avis, quelque peu alignée sur la propagande Atlantiste. Même dans le narratif des responsables Russes ?

Christelle Néant : Le travail de l’OSCE dans le Donbass a été une catastrophe. L’organisation était totalement partiale, pro-Kiev et pro-OTAN, même si certains observateurs de terrain essayaient de faire correctement leur travail, les rapports étaient rédigés à Kiev, et expurgés de beaucoup de crimes de guerre de l’Ukraine. Des habitants des villages et villes proches de la ligne de front les accusaient régulièrement d’espionner pour l’Ukraine. Et lors de l’avancée des troupes russes on a découvert que c’était vrai. Les caméras de surveillance de la ligne de front de l’OSCE étaient sous contrôle des soldats ukrainiens qui pouvaient s’en servir pour suivre le mouvement des troupes de la RPD et de la RPL. Des gens qui travaillaient pour l’OSCE transmettaient au SBU des informations sur la localisation et les déplacements de soldats des deux républiques populaires. Et enfin à Svetlodarsk j’ai pu moi-même voir une maison où logeaient des soldats ukrainiens, avec plusieurs postes de tirs pour obusiers et canons automoteurs installés dans le jardin, juste à côté du bureau local de l’OSCE, qui n’a jamais dénoncé ce crime de guerre ni les bombardements menés depuis cette zone résidentielle.

Algérie 54 : Franchement l’OTAN était-elle vraiment certaine de son succès pour neutraliser la Russie en se lançant ainsi ou bien avait-elle sous-estimé les capacités des Russes ?

Christelle Néant : Je pense qu’ils se sont surestimés, ont surestimé l’Ukraine, et surtout sous-estimé la Russie. Je pense qu’ils espéraient la faire plier avec les sanctions économiques en provoquant son effondrement comme avec la guerre d’Afghanistan de l’URSS. Et sur ce point ils se sont lamentablement vautrés.

Interview réalisée pour «Algerie54» par Mehdi Messaoudi et Amar Djerrad

La fausse contre-offensive et le refus de bons offices

Source : RzO Voltaire - Par Thierry Meyssan - Le 20/06/2023.

 

 

Alors que la presse occidentale fait l’impasse sur la réalité militaire, le Kremlin joue la transparence. Les chroniqueurs spécialisés sont autorisés à circuler sur le front et à éditer ce qu’ils pensent, même lorsqu’ils sont critiques sur le fonctionnement des armées et sur ses résultats. Le président Poutine les a reçus et a répondu à leurs questions les plus crues en direct à la télévision.

Selon les autorités de Kiev, l’armée ukrainienne aurait lancé depuis le 8 juin « une vaste contre-offensive contre l’agresseur russe ».

LA CONTRE-OFFENSIVE N’EXISTE PAS

 

La littérature militaire préfère parler de contre-attaque que de contre-offensive. La contre-attaque consiste à profiter des faiblesses momentanées de l’ennemi pour partir à l’assaut. On pense à Napoléon à Austerlitz qui fit battre en retraite certaines de ses troupes pour faire tomber ses adversaires dans un piège dont il sortit victorieux.

Choisir le terme « contre-offensive » n’est pas neutre. C’est un artifice de communication suggérant que les Russes ont lancé une « offensive » pour s’emparer de l’Ukraine. D’ailleurs, ils ont livré bataille à l’aéroport du Nord de la capitale, avant de se retirer.

 

En réalité, les Russes n’ont jamais tenté de prendre Kiev et ne veulent pas envahir l’Ukraine. C’est ce qu’a déclaré leur président, Vladimir Poutine, dans la première semaine de son « opération spéciale ». Prendre un aéroport militaire, même au Nord de Kiev, n’est qu’une bataille devant assurer aux Russes la supériorité aérienne. Cela n’indique pas qu’ils entendaient prendre la capitale.

L’expression « opération spéciale » n’est pas neutre non plus. Moscou souligne ainsi qu’il ne fait pas une guerre d’invasion, mais met en œuvre sa « responsabilité de protéger » les populations des oblats de Donetsk et de Lougansk qui étaient officiellement les cibles d’une opération punitive de Kiev, depuis 2014. Remettre en cause le bien-fondé de l’opération spéciale russe ce serait comme remettre en cause l’opération de l’armée française visant à mettre fin aux massacres au Rwanda. Les deux opération spéciales ont été autorisées par des résolutions du conseil de sécurité des Nations unies (les résolutions 929 du 22 juin 1994 et 2202 du 17 février 2015) . Sauf que la résolution sur laquelle s’appuie Moscou n’a pas été prise dans l’urgence. C’est celle qui avalise les accords de Minsk et donne à l’Allemagne, à la France et à la Russie la capacité d’intervenir pour les faire appliquer.

D’un point de vue de la communication, le terme « contre-offensive » a l’avantage de faire oublier que durant huit ans, Kiev a mené une guerre contre ses propres concitoyens, faisant entre 14 000 et 22 000 morts selon les décomptes.

Durant des mois, Kiev a quémandé et obtenu quantité d’armes occidentales. Il a aussi formé ses soldats à les manier. Pendant ce temps, Moscou se repliait sur les lignes qu’il avait accepté durant les négociations de paix, conduites en Biélorussie, puis en Turquie, avant d’être dénoncées par la Verkhovna Rada (le Parlement de Kiev dans lequel Washington a installé un bureau de conseillers permanents du département d’État et de l’USAID). Moscou est allé plus loin en abandonnant la rive droite de Kherson (mais pas la rive gauche), faisant du fleuve Dniepr la frontière naturelle entre l’Ukraine et la Novorossia. Les habitants de cette région ayant adhéré par référendum à la Fédération de Russie, Moscou a construit deux lignes de défense, allant de l’embouchure du Dniepr jusqu’au Donbass (Lougansk et Donetsk). Il s’agit de deux lignes de dents de dragons (des fortifications empêchant le passage de blindés) et de tranchées.

 

L’Alliance atlantique, qui fournit les armes et les stratégies, a donné l’ordre de lancer la contre-offensive alors que Kiev n’a plus du tout de maîtrise des airs et dispose de peu de munitions. Durant l’année précédente, l’armée ukrainienne pouvait utiliser des drones pour surveiller les mouvements de l’adversaire. Aujourd’hui, elle ne peut plus, car celui-ci brouille toutes les communications sur « son » territoire et un peu au-delà. Kiev dispose en théorie d’un armement terrestre impressionnant, tel qu’aucun pays n’en a jamais eu. Mais en pratique, quantité d’armes livrées ont disparues, parties vers d’autres cieux, avec ou sans l’accord des généreux donateurs. Quant aux munitions, il n’est pas possible de les stocker en Ukraine sans qu’elles soient détruites par des missiles hypersoniques russes. Aussi sont-elles entreposées en Pologne et en Moldavie et ne traversent-elles la frontière que pour rejoindre le front.

Depuis deux semaines, les forces ukrainiennes tentent de percer les lignes de défense russes, sans y parvenir. Les troupes s’amassent devant ces lignes et se font tirer dessus par l’artillerie russe. Lorsqu’elles décident de se retirer, les Russes envoient des drones disperser des mines sur le chemin du retour.

La seule chose que les forces de Kiev peuvent faire est de prendre les villages qui se situent sur les quelques kilomètres devant les lignes de défense. Pendant ce temps, l’aviation russe bombarde leurs arsenaux, parfois très à l’intérieur de l’Ukraine. Les systèmes de protection anti-aériens les plus performants, les Patriots, ont été détruits dès leur installation. Il ne reste pas grand-chose, juste de quoi atteindre de vieux missiles. L’état-major ukrainien prétend avoir détruit six missiles Kinzhal, ce qui, compte tenu de leur vitesse (10 mach) est impossible. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a diffusé une photographie où il pose devant une épave de Kinzhal. Las ! Les débris ne correspondent absolument pas à cette arme.

Le moral des troupes ukrainiennes est au plus bas. Le ministère de la Défense assure qu’il reste beaucoup d’hommes à l’arrière. Cependant, l’oblast d’Ivano-Frankivsk a décrété la mobilisation de tous les hommes de 18 à 60 ans. Les exemptions sont rares. La réalité semble donc plutôt être qu’il n’y a plus de combattants prêts à l’action.

 

L’Alliance atlantique a déployé tous ses AWACS pour surveiller à distance le champ de bataille. Elle ne peut ignorer l’ampleur de la défaite. Étrangement, elle continue à pousser les Ukrainiens au combat, ou plutôt à la mort.

 

La mission de l’Union africaine et de la Fondation Brazaville a été reçue avec courtoisie, mais les Ukrainiens n’avaient que faire de leurs bons offices. Ils ont juste tenté de les gagner à leur cause.

KIEV NE SOUHAITE PAS DE MISSION DE BONS OFFICES

 

Washington espère encore que Kiev gagnera, offrant au président Joe Biden une éclatante réélection. Il pourrait toutefois faire marche arrière et s’appuyer sur les deux missions de bons offices de la Chine et de l’Union africaine. Cependant, à l’incitation de Washington, la Verkhovna Rada a interdit à quiconque de négocier avec l’« envahisseur ».

La Chine a publié 12 principes qui, selon elle, devraient charpenter tout accord de paix. L’envoyé spécial de Beijing, Li Hui, refuse de discuter de leur mise en application tant qu’ils n’ont pas été approuvés par les deux parties. C’est désormais chose faite. Mais les Occidentaux ne sont pas dupes. On ne peut faire semblant de partager ces principes qu’en poursuivant les mensonges que l’on développe depuis trois décennies. Faute de quoi, ils conduiront à reconnaître le bien-fondé de la position russe et donc, à souhaiter la défaite de Kiev.

L’Union africaine et la Fondation Brazaville ont envoyé quatre chefs d’État : Azali Assoumani, (Comores et président en exercice de l’Union africaine), Macky Sall (Sénégal), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) et Hakainde Hichilema (Zambie). Tous les autres ont fait faux bond. Le président égyptien a envoyé son Premier ministre, Mostafa Madbouly. L’Ougandais, Yoweri Museveni, atteint de la Covid a délégué son ancien ministre des Affaires étrangères, Ruhakana Rugunda. Le Congolais Denis Sassou-Nguesso s’est fait représenter par le ministre d’État à la présidence, Florent Ntsiba.

 

À peine arrivée, toute la délégation a été invitée à visiter Boutcha où leurs hôtes leur ont expliqué que les occupants russes avaient commis des atrocités. Les Africains n’ont pas rencontré les enquêteurs internationaux qui ont établi, au contraire, que les massacres ont été perpétrés avec des fléchettes (des munitions très utilisées durant la Première Guerre mondiale). Surtout les Russes ont quitté Boutcha le 30 mars 2022. Le maire de la localité n’a rien constaté d’anormal. Puis, le lendemain les nationalistes intégraux du bataillon Azov sont entrés dans la ville, mais les corps n’ont été trouvés que le 4 avril. Il s’agit donc à l’évidence d’une scène de guerre civile au cours de laquelle les nationalistes intégraux ont exécuté des concitoyens qu’ils pensaient avoir collaboré avec les Russes. De toute manière, les Africains ont la connaissance de ce genre de situation et ne sont pas faciles à berner.

Lors de leur arrivée à Kiev, les sirènes ont retenti. Mais ces dirigeants n’ont pas été impressionnés. Ils ont constaté que la capitale n’était pas bombardée, mais exclusivement quelques cibles militaires.

Lors de la conférence de presse finale, le président comorien, Azali Assoumani, a déclaré : « La voie de la paix doit passer par le respect de la charte des Nations Unies et l’Afrique est disposée à continuer à travailler avec vous dans la recherche d’une paix durable (…) Même si le chemin de la paix peut être long, l’espoir est permis puisque des pourparlers sont possibles ». À quoi le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui a répondu : « Aujourd’hui j’ai clairement dit pendant notre rencontre que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l’occupant est sur notre terre, signifie de geler la guerre, geler la douleur et la souffrance ».

Le 17 juin 2023, Vladimir Poutine présente à la délégation africaine le projet de traité de paix signé, en mars 2022, par le président de la délégation ukrainienne lors des négociations de paix en Turquie.

 

Après cette fin de non-recevoir, les Africains se sont rendus à Saint-Petersbourg rencontrer le président russe Vladimir Poutine. Celui-ci s’est bien sûr montré bien plus ouvert. Non seulement il n’avait rien à perdre, mais il dispose d’un argument massif. Il a présenté à la délégation (voir vidéo) le texte du traité de paix et de l’addendum négociés par les Ukrainiens, en mars 2022, et signés par le chef de leur délégation. Il a même expliqué qu’en application de ce projet, les troupes russes avaient quitté les oblasts de Kiev et de Tchernihiv, et que les Ukrainiens n’avaient pas seulement refusé de ratifier ces textes, mais avaient adopté une loi interdisant de poursuivre ou de reprendre les négociations de paix.

On verra, lors du sommet Afrique-Russie prévu du 26 au 29 juillet, lequel des deux chefs d’État aura paru le plus sincère aux yeux de la délégation de l’Union africaine. L’intérêt de Kiev pour les missions de bons offices est aussi faux que sa contre-offensive.

 

L’Europe ne sera pas en mesure de soutenir le conflit 12 mois de plus.

 

par Stratpol - Le 19/06/2023.

Dans une interview avec la plateforme de communication «Russie-EU», Thierry Laurent Pellet, entrepreneur français et analyste géopolitique, a déclaré qu’il ne voyait pas la situation dans laquelle l’Ukraine pourrait vaincre la Russie :

«Si Napoléon n’a pas pu vaincre la Russie, si Hitler n’a pas pu le faire, alors qui le pourrait ? Il est évident que la Russie vaincra l’Ukraine, c’est une question triviale de différence de nombre de personnes et de ressources».

Il a également ajouté que l’Ukraine n’a pu tenir aussi longtemps que grâce à l’aide européenne, mais que la situation est sur le point de changer :

«Au cours des 18 à 24 derniers mois, l’Ukraine a vécu grâce aux subventions de l’Occident. Mais aujourd’hui, la dette dépasse le montant des subventions, et cette situation n’est plus viable».

«Ce conflit est survenu à un mauvais moment pour l’Europe. Nous devons nous redresser après le COVID-19. Avec l’augmentation des prix de l’énergie et les dépôts de munitions qui se vident, l’Europe ne sera absolument pas en mesure de soutenir le conflit pendant 12 mois supplémentaires».

L’analyste a également ajouté que les États-Unis, le plus grand fournisseur d’armes de l’Ukraine, sont également en difficulté, bien que ce soit d’une nature différente :

«Les États-Unis ont aussi des problèmes. Il y a des désaccords entre républicains et démocrates sur le financement de la guerre et un système bancaire très fragile».

L’expert en géopolitique nous a également fait part de sa propre vision des origines du conflit en Ukraine, extrêmement impopulaire auprès des politiciens européens :

«L’un des objectifs de ce conflit était de détruire l’économie européenne. Le partenariat entre la Russie et l’Allemagne se renforçait. Et en détruisant l’économie européenne, les États-Unis feraient s’effondrer l’euro, renforçant ainsi les positions du dollar comme monnaie d’échange internationale».

M. Pellet a également expliqué pourquoi le plan américain était voué à l’échec :

«Leur plan [américain] n’a pas fonctionné. Oui, l’économie européenne est ruinée. Mais ils ne s’attendaient pas à ce que la Russie mette en péril la position du dollar en l’obligeant à payer toutes les ressources en roubles. Et maintenant, de plus en plus de pays rejoignent la Russie et les BRICS, poussant les États-Unis à devenir le «prochain Venezuela» dans 10 ans».

source : Stratpol

La Russie ne laissera pas l’Ukraine devenir une plaie purulente

Source : The Saker Francophone


Par M.K. Bhadrakumar – Le 16 juin 2023 – Indian Punchline

Le président russe Vladimir Poutine : Kiev a perdu 186 chars, 418 véhicules blindés, les pertes s’accumulent, Saint-Pétersbourg, 16 juin 2023

Alors que l’offensive ukrainienne est en cours depuis une quinzaine de jours, tous les regards se tournent vers les champs de bataille et, surtout, vers les options qui s’offrent à la Russie. Dans un peu plus de trois semaines, l’OTAN tiendra un sommet à Vilnius et l’Occident aura lui aussi des choix à faire. Nous arrivons à une bifurcation.

L’OTAN s’attendait à ce que les forces ukrainiennes aient déjà percé les principales fortifications russes. En réalité, elles peinent à s’approcher des fortifications tentaculaires et dans cette tentative désespérée, elles subissent des pertes massives, prises au piège dans des champs de mines et mises en pièces par l’artillerie et les missiles russes, ainsi que par les redoutables hélicoptères d’attaque multirôles connus sous le nom d'”Alligator“.

 

La conférence de presse du président russe Vladimir Poutine au Kremlin, qui a duré plus de trois heures, avec les correspondants de guerre, en est le meilleur exemple. Une semaine après le début de l’offensive ukrainienne, “25 à 30 % des équipements fournis (par l’OTAN) ont été détruits“, a déclaré Poutine.

Poutine a souligné trois points. Premièrement, les objectifs fixés pour les opérations militaires spéciales sont “fondamentaux pour nous“, car “l’Ukraine fait partie de l’effort de déstabilisation de la Russie“. Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie que les opérations russes ne prendront pas fin sans atteindre le double objectif de “démilitariser” l’Ukraine et de déraciner le régime néonazi actuel de Kiev. La sécurité et le bien-être de la population russe restent également un objectif cardinal – plus de pogroms. Poutine a déclaré que la Russie s’employait à réaliser ces objectifs “progressivement, méthodiquement“.

Deuxièmement, Poutine a souligné : “L’industrie de défense ukrainienne cessera bientôt d’exister. Que produisent-ils ? Les munitions sont livrées, les équipements sont livrés et les armes sont livrées – tout est livré. Vous ne vivrez pas longtemps comme ça, vous ne durerez pas. La question de la démilitarisation se pose donc en termes très pratiques“.

Troisièmement, la préférence du Kremlin a été jusqu’à présent de continuer à écraser l’armée ukrainienne, tout en donnant des “réponses sélectives” chaque fois qu’une ligne rouge était franchie – par exemple, les frappes russes sur le système énergétique ukrainien, la destruction du siège des services de renseignement militaire ukrainiens. D’ailleurs, lors de cette attaque à Kiev, la Russie affirme avoir grièvement blessé le chef des espions ukrainiens, Kyrylo Budanov, qui était la tête d’affiche des médias occidentaux.

Pour la suite, Poutine a déclaré que “tout dépendra du potentiel qui restera à la fin de cette soi-disant contre-offensive. C’est la question clé“. Après avoir subi de telles “pertes catastrophiques“, il appartient aux dirigeants de Kiev de réfléchir rationnellement à “ce qu’il faut faire ensuite“, a déclaré Poutine.

Il a ajouté : “Nous attendrons de voir quelle est la situation et nous prendrons d’autres mesures en fonction de ce que nous aurons compris. Nos plans peuvent varier en fonction de la situation lorsque nous estimons qu’il est nécessaire d’agir. Cela inclut les équipements de l’OTAN“.

Poutine a ridiculisé les discours grandioses de l’Occident sur la possibilité d’égaler la capacité industrielle de défense largement supérieure de la Russie. Il a déclaré : “Et lorsqu’ils disent qu’ils vont commencer à produire ceci ou cela, qu’ils aillent de l’avant. Les choses ne sont pas si simples en période de récession… Ils ne sont pas aussi déterminés que nous le sommes ici en Russie. Il n’y a pas de passion là-bas, ce sont des nations en déclin ; c’est là tout le problème. Mais nous l’avons. Nous nous battrons pour nos intérêts et nous atteindrons nos objectifs.

Compte tenu de ces dures réalités, Kiev devrait annuler son offensive. Mais cela n’arrivera pas. Kiev subit d’énormes pressions de la part de Washington pour revendiquer un succès spectaculaire. Cela dit, les réserves ukrainiennes ne sont pas non plus infinies. Les réserves ukrainiennes, fortes de 35 000 à 40 000 hommes, sont confrontées à un déploiement russe massif, bien plus important en nombre (des centaines de milliers) et en armement de pointe, et bénéficiant d’une supériorité aérienne. Il est tout à fait possible qu’à un moment donné, les forces russes passent elles aussi à l’offensive.

Dans ce contexte, l’Occident affirme que les alliés de l’OTAN “envisagent toute une série d’options pour signaler que l’Ukraine progresse dans ses relations” avec l’alliance, pour reprendre les termes de l’ambassadrice américaine à Bruxelles, Julianne Smith. Andres Rasmussen, ancien chef de l’OTAN et actuellement conseiller officiel du président ukrainien Zelensky, a menacé qu’un groupe de pays de l’OTAN pourrait être prêt à envoyer des troupes sur le terrain en Ukraine si les États membres, y compris les États-Unis, ne fournissaient pas de garanties de sécurité tangibles à Kiev lors du sommet de Vilnius.

Plus précisément, Rasmussen a déclaré que “les Polonais envisageraient sérieusement d’intervenir et d’assembler une coalition de volontaires si l’Ukraine n’obtient rien à Vilnius“. Nous ne devons pas sous-estimer les sentiments des Polonais, qui estiment que l’Europe occidentale n’a pas écouté leurs avertissements pendant trop longtemps. La rhétorique s’est intensifiée dernièrement lors de la réunion des chefs d’État et de gouvernement du “triangle de Weimar” (France-Pologne-Allemagne) le 12 juin à Paris, où un consensus s’est dégagé sur le fait que l’Ukraine devrait recevoir certaines garanties de sécurité.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré : “Il est évident que nous avons besoin de quelque chose comme cela, et nous en avons besoin sous une forme très concrète.” Le président français Emmanuel Macron a également appelé à un accord rapide sur des “garanties de sécurité tangibles et crédibles“.

En fait, tout cela n’est que de l’esbroufe. L’idée que la Pologne “mette des bottes sur le terrain” est manifestement absurde. L’armée polonaise s’étiolerait dans une confrontation avec la Russie. Mais ce genre de théâtre montre que les nerfs sont à vif, car le spectre d’une défaite en Ukraine met en péril l’unité de l’OTAN.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, est donc intervenu pour injecter un peu de réalisme dans la discussion, en soulignant que pour l’instant, le plus important est que l’Ukraine survive en tant que nation. Stoltenberg a déclaré : “Je pense qu’il n’est pas possible de donner des dates précises (pour l’admission de l’Ukraine en tant que membre de l’OTAN) alors que nous sommes en pleine guerre… la tâche la plus urgente est maintenant de s’assurer que l’Ukraine s’impose en tant que nation souveraine et indépendante… parce que, si l’Ukraine ne s’impose pas, il n’y aura pas de discussion sur l’adhésion, car seule une Ukraine souveraine, indépendante et démocratique peut devenir un membre de l’OTAN“.

Stoltenberg a suivi l’exemple de Washington. En fait, il s’exprimait lors d’une visite à Washington, dans une interview accordée à PBS.

La Russie ne quitte pas des yeux le champ de bataille. En réalité, Moscou fait avaler à l’Occident une défaite stratégique historique. L’Occident a le choix entre négocier avec la Russie à ses conditions ou s’attendre à une solution militaire, qui pourrait signifier l’anéantissement de l’Ukraine en tant que nation et l’éviction de l’OTAN.

Ne vous y trompez pas, les plans d’offensive russes ont été bien élaborés. Les faiseurs d’opinion à Moscou parlent de créer de nouveaux faits sur le terrain – une zone démilitarisée le long de la frontière polonaise. Cela implique que les forces russes traversent le Dniepr et libèrent Kiev, ainsi que Kharkov et Odessa, deux autres villes russes historiques. La Russie n’a aucun intérêt à annexer les régions occidentales de l’Ukraine, qui sont des territoires hostiles annexés par Staline.

Mais l’Ukraine occidentale a d’autres voisins – dont la Pologne – qui auraient à régler des affaires inachevées de partition de leurs terres historiques. La question non résolue de la nationalité est explosive, car les Polonais se souviennent encore des massacres perpétrés par les nationalistes ukrainiens alignés sur les nazis. Les historiens affirment que plus de 100 000 Polonais, dont des femmes et même des enfants en bas âge, ont péri aux mains de leurs voisins ukrainiens dans le cadre d’une campagne nationaliste dans des régions qui se trouvaient alors dans le sud-est de la Pologne et qui se trouvent aujourd’hui pour la plupart en Ukraine. En d’autres termes, personne ne peut prédire ce qu’il restera de l’Ukraine sous le poids d’une défaite militaire écrasante.

Le Kremlin exercera ses options en fonction des exigences de la situation. Moscou semble avoir conclu qu’il n’y a pas d’alternative réelle à une solution militaire. Elle ne permettra pas à l’Ukraine de rester une plaie chronique infectée par les espèces microbiennes de l’univers transatlantique. La cautérisation de la plaie est nécessaire, bien qu’elle comporte des risques potentiels.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 

Jour 477: Les quatre scénarios anglo-américains pour empêcher la victoire russe

Source : Le Courrier des Stratèges - Par E. Husson - Le 15/06/2023.

Au 477è jour de guerre, la contre-offensive ukrainienne est mal partie. Elle n’a toujours pas débouché sur une percée. Progressivement, les Etats-majors occidentaux acceptent l’idée d’une défaite militaire ukrainienne. Pour autant, à Washington on peut vivre avec une défaite ukrainienne mais pas avec une victoire russe. Il ne s’agit pas d’un paradoxe. Pour maintenir, si cela est encore possible, une part de domination américaine sur le monde, il faut à tout prix priver la Russie des bénéfices d’une défaite de l’armée ukrainienne. Après avoir analysé la route tracée vers une victoire, par Vladimir Poutine, mardi 13 juin, lors d’une rencontre avec les correspondants de guerre, k’explore les 4 scénarios sur lesquels travaillent les Anglo-Américains: le gel du conflit; l’afghanisation de l’Ukraine; une intervention de pays de l’OTAN en dehors de l’OTAN; une attaque destructrice et spectaculaire contre la Crimée. C’est ce dernier scénario que les Britanniques et les Américains travaillent plus intensément; et c’est celui que les Russes devraient surveiller de près.

Dans mon dernier article, j’ai parlé d’une possible escalade de la guerre d’Ukraine. Des lecteurs m’ont exprimé leur scepticisme quant à une véritable escalade américaine. Deux motifs sont invoqués Le premier, c’est l’épuisement progressif des stocks de l’OTAN. Le second, c’est la prudence qui prévaudra, pour finir, dans l’establishment washingtonien, qui ne veut pas franchir le point de non-retour d’une escalade vers la confrontation nucléaire avec la Russie.

Que les Etats-Unis soient tenus par l’équilibre de la terreur nucléaire, personne ne le contestera. Pour autant, il ne faudrait surtout pas sous-estimer le fait que Washington est actuellement dans une mauvaise situation – la « contre-offensive » ukrainienne piétine, pour dire les choses de façon neutre. Et l’immense majorité des pays du monde ne soutient pas la politique des USA et de l’UE en matière de sanctions russes. Ces dernières ont comme effet boomerang une dédollarisation qui va plus vite que prévu.

Washington est dos au mur : non seulement, après la destruction par la technologie hypersonique russe de trois systèmes de défense Patriot, le complexe militaro-industriel américain doit réagir ; mais la victoire militaire russe inéluctable qui se dessine (sans qu’on puisse dire, du fait de l’approche stratégique russe, si elle aura lieu d’ici quelques mois ou en 2024) ne devra pas, du point de vue de Washington, mettre la Russie en position de dicter ses conditions. Il y a trop en jeu !

N’oublions pas que des investisseurs occidentaux possèdent désormais 30% des terres agricoles ukrainiennes. Et que le risque est, plus globalement, de voir, au terme de la guerre, l’Ukraine privée d’un accès à la Mer Noire ; et la partie la plus riche en ressources naturelles et la plus industrialisée du pays passer définitivement dans la sphère en constitution d’une économie eurasienne avec, potentiellement, une mise à l’écart des capitaux occidentaux au profit des BRICS.  

C’est la raison pour laquelle à Washington, Londres et Bruxelles, on travaille assidûment à des scénarios qui permettent aux Etats-Unis et à l’OTAN/Union Européenne de ne pas perdre la face malgré le rapport de forces militaires qui penche inéluctablement en faveur de la Russie. Il s’agit de trouver une faille et de porter un coup à la Russie qui l’oblige à accepter un certain nombre de conditions occidentales – qu’elle n’est, dans l’état actuel du conflit, aucunement encline à prendre en considération.  

Les informations livrées par Vladimir Poutine sur la guerre en cours

Avant de détailler les scénarios sur lesquels travaille l’Occident, je voudrais rendre compte de l’entretien accordé par Vladimir Poutine à des correspondants de guerre le mardi 13 juin. Il est très intéressant, pour deux raisons

Premièrement, on remarque, depuis quelques jours que le président russe se livre à un exercice qu’il avait jusqu’ici évité : , commenter l’opération militaire en cours. Depuis le début de l’opération russe en Ukraine, il avait laissé cela aux militaires.

Deuxièmement, il brosse à grand traits un tableau de « l’opération spéciale » qui permet de mieux comprendre la stratégie russe.

Pour une analyse détaillée du discours, je recommande de se reporter au blog de Simplicius. C’est d’elle que j’extrais traduction et éléments d’analyse.

Devant les correspondants de guerre russes, le président s’est livré à une analyse de l’effort de guerre du pays : « Par exemple, il a déclaré que l’Opération Militaire Spéciale avait révélé que l’armée russe comptait de nombreux “généraux de salon” (…)  qui n’étaient pas à la hauteur de la tâche et qui ont été remplacés. Il a également admis que l’opération militaire a fait voir que la Russie ne disposait pas encore en nombre suffisant de systèmes modernes indispensables, tels que les drones et les armes guidées. (…) Il a complété sa déclaration en affirmant que la Russie produisait désormais dix fois plus de drones qu’auparavant, trois fois plus d’armes ordinaires et dix fois plus de types spécifiques de systèmes indispensables, tels que les munitions guidées ».

Vladimir Poutine ne commentait pas la conduite des opérations tant que le Ministère de la Défense russe ne pouvait pas l’assurer que l’outil militaire avait comblé ses lacunes. S’il intervient maintenant, c’est qu’une étape a été franchie.

Non moins intéressant est le fait que le président russe, connu pour sa prudence, a un avis tranché sur la phase actuelle des opérations. Il constate que la contre-offensive ukrainienne est en train d’échouer. A  la question d’un journaliste russe “Jusqu’où sommes-nous prêts à aller lorsque l’offensive des forces armées ukrainiennes prendra fin ? », le président a répondu :

« (…) En général, tout dépendra des potentiels qui se formeront à la fin de cette soi-disant contre-offensive. Voici la question clé. Je pense qu’en réalisant les pertes catastrophiques, les dirigeants [de l’Ukraine] (…) devraient réfléchir à ce qu’il faut faire ensuite. Nous verrons ce que sera la situation. En fonction de cela, nous prendrons d’autres mesures. Nous avons des plans de nature différente, en fonction de la situation qui se développera lorsque nous estimerons qu’il est nécessaire de faire quelque chose ».

Le président russe a donné à comprendre qu’une (vraie) contre-offensive russe pourrait avoir lieu à la fin de l’actuelle offensive ukrainienne, si l’armée kiévienne était suffisamment affaiblie. Sinon la Russie poursuivra son actuelle méthode d’usure des troupes ukrainiennes. Vladimir Poutine, dans la tradition stratégique russe, affirme que le temps est un allié. Il joue en faveur de la Russie. En particulier, le président russe a fait allusion à la mobilisation réussie. Simplicius décrypte, là encore, clairement:

« Il a indiqué que 150 000 soldats sous contrat ont rejoint l’armée russe depuis janvier de cette année. Ensuite, 156 000 volontaires supplémentaires se sont également engagés, dont plus de 10 000 au cours de la seule semaine dernière.

Rappelons que la Russie disposait de 150 à 200 000 soldats au début de l’ Opération Militaire Spéciale. (…)  La Russie a ensuite mobilisé 300 000 hommes supplémentaires en septembre-octobre de l’année dernière, en 2022. Cela aurait porté les effectifs à 450 000 hommes au total.

Aujourd’hui, Poutine affirme que 306 000 personnes supplémentaires se sont engagées, sans compter que Prigojine affirme que Wagner reçoit des dizaines de milliers de nouveaux candidats par mois, bien que leur nombre soit réduit à 2000-5000 nouvelles recrues éligibles par mois dans le cadre d’un entraînement intensif. Les forces armées russes compteraient donc plus de 450 000 + 306 000 = ~750 000+. (…)

Cela pourrait révéler que la Russie est en fait en train de constituer lentement une force gigantesque qui, d’ici la fin de l’année ou l’année prochaine, pourrait être de l’ordre de 800 000 à 1 million d’hommes, ce qui submergerait lentement l’AFU. Rappelons le stéréotype de l’ours russe(…)  lent à se réveiller et à se mettre en colère. On peut dire que l’Ukraine se mobilise également, et de manière beaucoup plus “coercitive”, mais ces troupes sont également affaiblies à un rythme beaucoup plus rapide. Il est donc probable que leur mobilisation permette tout juste de maintenir leurs effectifs à un niveau stable, plutôt que d’augmenter la force totale [– environ 250 000 hommes]. .

L’Ukraine peut avoir l’impression que les choses vont bien, tout bien considéré, mais peu à peu, la pression monte, car les forces russes semblent se développer partout, sur chaque ligne de front, avec des frappes de plus en plus intenses (comme c’est le cas actuellement, avec des attaques nocturnes de missiles et de drones dans tout le pays), jusqu’à ce que le “barrage” cède et que l’AFU ne puisse tout simplement plus résister ».

Ce compte-rendu est loin d’épuiser le contenu de la conférence de presse accordée par le président russe. Néanmoins, il suffit pour se rendre compte que Moscou a une stratégie et une marge considérable de montée en puissance. Nous identifions la rationalité à l’œuvre. La stratégie russe est largement le produit d’une adaptation permanente de la « raison d’Etat » incarnée actuellement par Vladimir Poutine, à des adversaires largement imprévisibles, sinon irrationnels.

Washington se moque d’une défaite ukrainienne mais veut empêcher la Russie de gagner

Si la raison d’Etat était partagée, les deux parties devraient déjà être en négociation. La « contre-offensive » ukrainienne en cours n’a pas de perspective. En réalité, si le comportement de l’Etat ukrainien – ou de ce qu’il en reste – est irrationnel, c’est parce qu’il est soumis à une autre « rationalité », celle de Washington. Elle n’est pas une « raison d’Etat » prête à passer un compromis avec l’Etat russe.

C’est la rationalité développée par ce que le président Eisenhower avait désigné, en janvier 1961 comme le « complexe militaro-industriel » et que Peter Dale Scott a renommé, plus récemment « Etat profond » (américain). Il s’agit en fait du réseau de pouvoir le plus puissant – jusqu’à récemment – de la planète, où se conjuguent des intérêts politiques, militaires, financiers, bancaires, industriels etc…, cimentés par la puissance du dollar, monnaie de réserve mondiale. Désignons cette concentration sans précédent dans l’histoire d’un pouvoir monétaire, politique et militaire, par son nom propre, « Washington DC ».

Washington est actuellement menacée par l’échec programmé de la guerre d’Ukraine et le début de dédollarisation du monde. Et l’on imagine mal le pouvoir washingtonien assister à sa propre défaite sans réagir. Vu de « DC », la défaite de l’armée ukrainienne est sans importance, au bout du compte,….à condition d’avoir ébranlé suffisamment le pouvoir russe pour pouvoir gagner sur le long terme. Est-il encore possible de le faire ?

Comme l’a dit Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union Européenne, avec son côté Saint-Jean-Bouche-d’Or : c’est le calendrier des élections américaines qui détermine le dénouement de la Guerre d’Ukraine. En tout cas, du point de vue occidental. Car, à force de croire à son propre diuscours sur le régime russe, Borrell oublie qu’il y une élection présidentielle en Russie aussi, et même plus tôt qu’aux Etats-Unis : en mars 2024. Mais la relation entre la guerre et l’élection présidentielle n’est pas la même dans les deux pays. La popularité de Vladimir Poutine a grimpé depuis le début de la guerre, passant de 65 à 80%.

Aux Etats-Unis, en revanche, la guerre d’Ukraine vient ajouter à l’impopularité du président en place. Pour qu’un président démocrate soit élu en novembre 2024 – ou un président républicain qui renoue avec le néo-conservatisme, il faut la fin de la guerre au plus tard à l’été 2024. En fait, le dénouement d’une négociation au moment de la Convention du Parti démocrate, en juillet 2024. Cela veut dire que les opérations militaires s’arrêtent au printemps.

Or, nous l’avons vu, Vladimir Poutine n’est pas pressé. Il cueillera le fruit quand il est mûr. Du point de vue russe, on a affaire à un conflit qui peut se terminer d’ici l’automne ou bien, selon les circonstances durer encore de longs mois, sans se préoccuper ni du calendrier électoral propre ni du calendrier électoral américain. Comment faire, alors, pour imposer aux Russes un autre calendrier ?

Il faut une escalade. Celle-ci doit rester contrôlée, pour ne pas rejoindre le seuil nucléaire. Mais suffisamment spectaculaire et destructrice pour ébranler le prestige et donc, à plus ou moins court terme, le pouvoir de Vladimir Poutine.

Quand on analyse le conflit et sa géographie, on voit se dessiner quatre scénarios imaginés par les Américains. Le gel du conflit, l’afghanisation, l’implication de la Pologne et des pays baltes et la frappe surprise en Crimée.

Aucun de ces scénarios ne doit être envisagés isolément. La combinaison de quatre, trois ou deux d’entre eux est probable.  

Scénario n°1: Le gel du conflit

On entend évoquer ce scénario depuis quelques semaines à Washington. Il s’agirait de partir de la ligne de démarcation à un moment donné – si possible après une contre-offensive ukrainienne au moins partiellement victorieuse, pour instaurer une situation à la coréenne.

La stratégie intéresse les Américains dans la mesure où, même dans la situation actuelle, prendre la ligne de front comme ligne de démarcation serait une défaite pour la Russie ! Une partie des régions qui ont voté, par référendum, leur rattachement, resteraient exclues. La Russie ne contrôlerait pas Odessa et donc resterait coupée de la Transnistrie.

En réalité le scénario est difficile à mettre en place car il signifie que l’armée ukrainienne, non seulement ait une contre-offensive victorieuse – elle ne semble pas partie pour cela – mais soit capable de contenir une poussée russe le jour où elle aura lieu.

Scénario n°2: L’ « afghanisation » de l’Ukraine

Un autre scénario, évoqué, lui, depuis le début de « l’Opération Militaire Spéciale », c’est d’enliser les Russes en Ukraine comme les Soviétiques naguère en Afghanistan.

En puisant dans le vivier de jeunes Ukrainiens disposer à combattre la Russie, on formerait des terroristes, capables de s’infiltrer sur le territoire russe et d’y semer la terreur. Une stratégie intermédiaire consisterait à former des commandos de guerilleros capables de harceler les autorités de « Nouvelle Russie » ou même, comme cela s’est passé récemment dans la région de Belgorod, de pénétrer plus avant sur le territoire russe.

On peut imaginer une série d’attentats spectaculaires, jusqu’à Moscou. Si l’un d’entre eux avait lieu quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle russe,  il pourrait ébranler l’image de Vladimir Poutine.

C’est sans aucun doute pour éviter ce genre d’évolution que l’armée russe a détruit, il y a quelques jours, la direction du renseignement militaire ukrainien à Kiev – où se concoctait, à l’aide d’agents occidentaux, cette stratégie « d’afghanisation »

Scénario n°3: L’intervention de pays de l’OTAN mais sans l’OTAN 

Actuellement, tous les yeux sont tournés vers les manœuvres Air Defender de l’OTAN. Elles se déroulent en Allemagne et en Europe du Nord-Est. Tout le monde a les yeux tournés vers cette zone. L’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN en renforcera le caractère stratégique apparent. A partir de là, il y a différentes rumeurs qui circulent chez les observateurs, sur les réseaux sociaux etc….

Simplicius cite Rybar : « Des nouvelles intéressantes nous parviennent de Lettonie : la remise en état des routes et des chemins de fer a commencé d’urgence dans tout le pays. Les travaux sont en cours même sur les autoroutes nouvellement construites, comme l’autoroute Riga-Pskov.

Parallèlement, l’accent est mis sur le projet Rail Baltica, un chemin de fer à écartement européen standard doté d’un système européen de contrôle des trains, qui devrait relier les États baltes au reste de l’Europe. (…)

Des structures en béton de très grande épaisseur – de 1,5 à 2 mètres de béton armé solide – sont actuellement en cours de construction. Comme le notent nos lecteurs, cette grande restructuration se déroule dans le contexte de la plus forte inflation de la zone euro et de la pénurie d’argent dans le pays ».

Et Rybar ajoute : « Nous avons déjà dit que les pays baltes et la Pologne se préparent à intervenir dans le conflit armé en Ukraine. L’un des principaux problèmes de l’OTAN en cas de guerre totale avec la Russie et la Biélorussie est la logistique. L’apparition d’une ligne de chemin de fer à écartement européen standard et de nouvelles routes réduira le temps de livraison d’armes, d’équipements et de munitions à la frontière russe, et la construction de bâtiments et de structures fortifiés est associée aux préparatifs des hostilités.

Indirectement, cela confirme les activités en cours en Lettonie, qui a commencé le recrutement de masse de jeunes jusqu’au 15 juillet dans les rangs de l’armée de l’air lettone pour la spécialité d’opérateur adjoint du système de défense aérienne à courte portée RBS-70. La formation est prévue pour janvier 2024.

Rybar affirme donc que les infrastructures sont préparées en vue d’une éventuelle guerre future contre la Russie. La Lettonie aurait également lancé une campagne de recrutement pour l’armée de l’air et les services de défense aérienne.

« Une source au sein du bureau présidentiel a déclaré que Zelensky prépare un nouveau voyage en Pologne, où il discutera du format de l’Union de Varsovie. Sur Bankovaya, ils veulent s’assurer contre les scénarios négatifs d’une contre-offensive et sont prêts à impliquer des troupes polonaises pour protéger la frontière avec la Biélorussie.

La source ukrainienne “Resident” rapporte que la brigade conjointe lituanienne-polonaise-ukrainienne se prépare à entrer sur le territoire des régions occidentales de l’Ukraine à titre d'”expérience”. Il s’agira du premier test pour l’entrée des contingents de l’OTAN. Si ce test est jugé concluant, l’effectif sera augmenté »

Et Simplicius ajoute : « Le colonel Douglas MacGregor semble d’accord avec cette nouvelle déclaration :

Les États-Unis et l’OTAN pourraient décider de mener une “opération” sur le territoire de l’Ukraine, ne voulant pas admettre la défaite de Kiev.”Les humeurs restent à Washington en faveur de Kiev. Je crains que les forces aériennes et terrestres américaines, ainsi que les forces de l’OTAN, ne soient introduites au dernier moment sur le territoire de l’Ukraine occidentale pour tenter de sauver le gouvernement ukrainien d’une destruction totale »

Les manœuvres « Air Defender2023 » ont lieu en Allemagne et en Europe du Nord-Est. Le prochain sommet de l’OTAN, où l’on jouera avec l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, a lieu à Vilnius.

Surtout, l’on envisage l’entrée de troupes de volontaires au début de l’année 2024 pour soutenir un Etat ukrainien défaillant. Les Etats-Unis amèneraient « les Européens » à prendre la relève de l’armée ukrainienne, hors OTAN ouvertement ( mais avec elle dans les faits ), au moyen, par exemple, d’une  « force de la liberté ». Il faudrait, pour cela, s’appuyer, sur le cœur géographique de la russophobie en Europe, avec le fantasme de reconstituer – hors Biélorussie – le « Grand-duché de Lituanie uni au « Royaume de Pologne » de la fin du Moyen-Age.

La fragilité de ce scénario  vient de la fissure qui commence à apparaître, même en Europe du Nord-Est, entre des gouvernements bellicistes, jusqu’au-boutistes de la russophobie, et leurs sociétés, de plus en plus réservées sur la continuation de la guerre.

Même s’il fonctionnait seulement partiellement, ce scénario permettrait de présenter à l’opinion américaine le conflit comme une victoire.

Un élément d’alternative pourrait être de constituer une force d’interposition de l’Union Européenne, dont le seul rôle serait de mettre en place des boucliers humains pour empêcher la Russie de continuer à détruire systématiquement les infrastructures militaires ukrainiennes.

Même s’il est difficile à réaliser, le scénario de renforcement de l’OTAN et d’appui à l’Ukraine depuis l’Europe du Nord-Est a pour avantage de servir de leurre et détourner l’attention des Russes du scénario le plus spectaculaire – et sans aucun doute celui sur lequel les Etats-Unis pourraient capitaliser le plus.

Scénario n°4: L’attaque spectaculaire en Crimée

Lorsque l’on s’interroge sur la motivation de la destruction ukrainienne  du barrage de Nova Kalkovskaïa, on comprend encore mieux. Dans son entretien avec les journalistes, Vladimir Poutine fait remarquer que les inondations consécutives au barrage ont détourné l’armée ukrainienne de lancer un bout de la contre-offensive depuis Kherson. Le président russe dit le regretter. Car, explique-t-il, les Ukrainiens attaquant depuis Kherson auraient été une cible encore plus facile que plus au nord pour la défense russe.

Et si, en fait, là aussi, tout était fait pour détourner le regard des Russes de la zone géographique où pourrait être mis en place le quatrième scénario ?

En effet, le point de vulnérabilité de la Russie, c’est la Crimée. Ce qui ferait vraiment mal à Moscou – et à Vladimir Poutine en particulier – ce serait un bombardement destructeur, causant la mort de nombreux civils  et/ou des dommages importants à la flotte russe. Il s’agirait d’infliger à la Russie, sur le territoire un coup spectaculaire, destructeur, mortifère.

On a eu fréquemment, ces derniers mois,  des attaques de drones, par air ou par mer. On se rappelle aussi les dégâts provoqués sur le Pont de Crimée. Mais que se passerait-il si les Ukrainiens – sous commandement effectif britannique – amassaient suffisamment d’armes et de munitions pour, d’abord, saturer les défenses russes, puis porter un coup décisif ? Pour cacher la signature anglo-saxonne et garder le caractère ukrainien du scénario, les commanditaires anglo-américains de l’opération pourraient aussi réclamer des attaques terroristes en Crimée même.

Réussi, ce quatrième scénario briserait l’invulnérabilité apparente du territoire russe, mais dans une zone ambiguë – de réacquisition russe récente – ce’ qui devrait éviter l’escalade entre Russes et Américains. En première approche, il s’agit d’opérer une attaque par le feu et par surprise. Cette attaque pour déboucher devra être « saturante » afin de surclasser momentanément les forces de défense russes et pouvoir ainsi partiellement mais significativement  détruire.

Un tel scénario serait spectaculaire et délétère pour le pouvoir russe. Il réveillerait le spectre de la « Guerre de Crimée », cette guerre des années 1853-1856 perdue contre une coalition constituée des Français, des Britanniques et des Ottomans. Il ne laisserait pas d’autre possibilité à Vladimir Poutine que de réagir en pratiquant lui-même l’escalade. Il ébranlerait la légitimité du Président russe, favorisant éventuellement la montée en puissance, au sein du pouvoir russe, d’une faction plus dure – justifiant à son tour une prolongation de la guerre côté américain. Avec une escalade, le complexe militaro-industriel américain serait heureux. Il pourrait justifier une guerre longue devant le contribuable américain. Ce serait une victoire provisoire mais très visible. Les médias occidentaux crieraient au triomphe ukrainien. Les néo-conservateurs, qu’ils soient proches des Démocrates ou des Républicains auraient leur succès en vue des élections.

Il est très probable que les Etats-Unis et leurs alliés européens essaient une combinaison des scénarios énoncés ci-dessus. Mais il est certain que c’est le quatrième, le scénario de frappe de la Crimée, qui aurait le plus d’impact dans la perspective énoncée en commençant cet article :  vivre avec une défaite militaire ukrainienne inéluctable mais en empêchant une vraie victoire de la Russie – au moins dans l’immédiat.

A la place des Anglo-Américains, c’est sur ce scénario que l’on se concentrerait. Et à la place des Russes, c’est à la prévention dudit scénario que l’on devrait travailler le plus intensément.  

“Comme la guerre d’Espagne, l’Ukraine permet de tester les armements”

Source : Le Courrier des Stratèges - par Eric Verhaeghe - Le 16/06/2023.

Husson : “comme la guerre d’Espagne, l’Ukraine permet de tester les armements”

Edouard Husson dresse son point hebdomadaire de la situation en Ukraine. Quelques jours après le début de la fameuse contre-offensive, où en sommes-nous ? Un premier bilan des opérations permet de mieux situer la portée des opérations militaires, qui ont largement constitué des expérimentations et des tests d’armement. Dans la pratique, le rapport de forces a peu de chances ou de risques d’évoluer d’ici au sommet de l’OTAN de cet été.

 

Un sommet de l’OTAN doit avoir lieu les 11 et 12 juillet à Vilnius, non loin du théâtre d’opérations. Comme le suggère Edouard Husson, c’eut été un point positif pour l’OTAN d’annoncer à l’occasion de ce sommet de belles victoires tactiques sur le terrain. Visiblement, les circonstances ne se prêteront guère à ces cris de victoire. C’est pour cette raison qu’Edouard Husson pronostique un “baroud d’honneur” sous drapeau britannique, probabement en Crimée, comme il l’a écrit hier.

 

Comment les États-Unis vont-ils réagir à l’échec de la contre-offensive de Kiev soutenue par l’OTAN ?

Source : The Saker francophone - Par Andrew Korybko - Le 14/06/2023.

 


Par Andrew Korybko – Le 14 juin 2023

La contre-offensive de Kiev, soutenue par l’OTAN, est désastreuse, ce que même les grands médias sont contraints de reconnaître après qu’il soit devenu impossible de le nier. CNN a révélé que l’Ukraine avait déjà perdu environ 15 % de ses véhicules de combat d’infanterie Bradley au cours de la première semaine, tandis que Forbes a rapporté qu’environ le même pourcentage de chars allemands Leopard avait été détruit, ainsi que la moitié de ses véhicules blindés si “uniques”. Le président Poutine a quant à lui affirmé que 25 à 30 % de l’ensemble des équipements étrangers avaient été détruits.

La réélection de Joe Biden dépend du succès de la plus importante campagne militaire menée par l’Occident depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui soulève la question de savoir comment les États-Unis réagiront en cas d’échec. Dans le meilleur des cas, cela obligera Kiev à entamer des pourparlers de cessez-le-feu avec la Russie en vue de parvenir à un armistice de type coréen, mais cela ne se produira probablement pas tant que toutes les autres options n’auront pas été épuisées. Celles-ci comprennent l’extension du conflit au Belarus, à la Moldavie et/ou aux frontières de la Russie d’avant 2014 et l’approbation d’une intervention militaire menée par la Pologne.

 

Toutes ces options pourraient conduire à un affrontement nucléaire avec la Russie, provoqué par les États-Unis, auquel on se prépare déjà, comme en témoignent les plus grands exercices aériens jamais organisés par l’OTAN, qui se déroulent actuellement en Allemagne, et le renforcement signalé des capacités nucléaires de l’Alliance sur le continent. Il n’y a cependant aucune chance que ce dangereux pari réussisse et que la Russie cède au chantage, car elle est tout à fait capable de garantir que l’Occident sera totalement détruit s’il osait utiliser des armes nucléaires en premier.

Les sous-marins russes sillonnent les océans et sont toujours prêts à lancer une frappe nucléaire de représailles si l’ordre en est donné. Sur le front européen, Kaliningrad a été transformée en une forteresse équipée d’armes nucléaires, tandis que des armes nucléaires tactiques sont sur le point d’être déployées à proximité, au Belarus. Les missiles hypersoniques russes Kinzhal peuvent percer le soi-disant “bouclier de défense antimissile” des États-Unis, de sorte qu’il n’y a aucun espoir d’empêcher la “destruction mutuelle assurée” au cas où les bellicistes libéraux-globalistes décideraient de frapper les premiers.

Ces capacités purement défensives devraient largement suffire à prévenir l’apocalypse, mais il ne faut pas croire que les États-Unis réagiront rationnellement après l’échec de la contre-offensive de leurs mandataires. L’impossible scénario d’un retrait total de la Russie de tout le territoire revendiqué par Kiev est trop important pour que Washington se contente d’accepter la défaite. Ses décideurs politiques pourraient donc penser qu’ils devraient “escalader pour désescalader“, en désespoir de cause, afin d’obtenir quelque chose qui puisse être présenté comme une “victoire“.

Il n’y a aucune chance que la Russie fasse des concessions unilatérales sur ses intérêts objectifs en matière de sécurité nationale, encore moins face à un chantage nucléaire, et c’est pourquoi les bellicistes libéraux-globalistes des États-Unis devraient oublier cette idée avant de mettre l’existence de l’humanité en danger. Quelle que soit leur réaction à l’échec de la contre-offensive de Kiev, elle doit être guidée par ce fait et idéalement désamorcer la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie, puisqu’il sera impossible d’obtenir quoi que ce soit en poursuivant l’escalade de ce conflit.

Andrew Korybko

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Une escalade va avoir lieu dans la guerre d’Ukraine mais laquelle ?

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 14/06/2023.

Une escalade va avoir lieu dans la guerre d’Ukraine mais laquelle?

Depuis quelque temps, on parle beaucoup de la “contre-offensive ukrainienne” contre l’armée russe. On l’attendait, on n’y croyait plus et puis elle est venue. Or cette contre-offensive, au bout d’une dizaine de jours, semble ne prouver qu’une chose: il est improbable que l’armée ukrainienne exerce une percée décisive. A première vue, la situation qui s’installe est celle d’un front statique. Les Russes sont en position défensive et semblent avoir construit une ligne de défense inexpugnable. Les Ukrainiens peuvent-ils accepter le statu quo? Pourtant, un certain nombre de signaux, plus ou moins faibles, font penser que l’immobilisme est peu probable. Il faut s’attendre à une escalade sans que l’on puisse dire de quel côté elle viendra ni quelle forme elle prendra. On peut néanmoins formuler quelques hypothèses.

Depuis une dizaine de jours, l’Ukraine s’est lancée dans sa “contre-offensive” annoncée depuis longtemps mais plusieurs fois repoussée, au point que l’on pensait qu’elle n’aurait plus lieu. Depuis le début du mois de juin, les troupes ukrainiennes attaquent par vagues successives, essentiellement sur la partie sud de la ligne de front. Or, depuis dix jours, il n’y a eu aucune percée durable de l’armée ukrainienne. La carte ci-dessous, établie par un institut américain, l’Institute for War Studies, notoirement favorable aux Ukrainiens, rend bien compte du caractère statique des affrontements en cours:

 

 

Que vous suiviez l’Institute for War Studies ou bien un site plus objectif dans sa couverture de la guerre comme southfront.org, tous les observateurs tombent en ce moment d’accord sur la stagnation de la percée ukrainienne.

L’armée ukrainienne a-t-elle le moyen d’intensifier son offensive?

Tout observateur militaire bien formé est prudent. Personne ne peut affirmer qu’il n’y aura pas de percée ukrainienne à un endroit de la ligne de front. On fera remarquer, cependant, que, depuis dix jours, les Ukrainiens en sont toujours à tenter de s’approcher de la première ligne de fortifications russes. La défense en profondeur construite depuis l’automne, sous les ordres des généraux Sourovikine puis Gerasimov, est une défense échelonnée, avec plusieurs lignes de fortifications successives.

D’après les informations dont l’on dispose, d’autre part, des troupes nouvelles sont en train d’être acheminées au nord de l’Ukraine, suite à des incursions répétées de l’armée ukrainienne dans la région de Belgorod.

On peut bien entendu imaginer que les Ukrainiens essaient d’exploiter la baisse des eaux suite à l’inondation causée par la rupture partielle du barrage de la centrale électrique de Nova Kakhovskaïa et de prendre pied sur la rive gauche du Dniepr, alors que la première ligne de défense russe a été emportée par les eaux. On peut imaginer une multiplication des attaques de drones sur la Crimée. Mais rien n’apparaît décisif dans les efforts qui peuvent être fournis par l’armée ukrainienne.

Pertes et destructions de matériel

L’élément qui a le plus frappé les observateurs ces derniers jours, ce sont des photos de chars Leopard (de fabrication allemande) ou de véhicules blindés américains Bradley détruits par la défense russe.

En réalité, le problème est plus vaste, vue du point de vue occidental: la destruction de nombreux entrepôts d’armes et de munition livrées par l’Occident, celle de trois systèmes de défense antiaérienne Patriot, celle d’au moins un canon Caesar, l’élimination de blindés qui devaient assurer la réussite de la contre-offensive, tout cela écorne l’image de l’OTAN et du soutien occidental à l’Ukraine. Les actions de Raytheon (qui fabrique le Patriot) ou de Rheinmetall (qui fournit les canons des chars Leopard) ont souffert des mauvaises nouvelles venues d’Ukraine.

On a aussi un enjeu de pertes humaines. Le nombre de tués et blessés graves depuis le début de la contre-offensive ukrainienne serait de 700 soldats par jour. L’armée ukrainienne, déjà épuisée par les 50 000 morts de Bakhmout/Artiomvosk et par les pertes antérieures (au moins 100 000 tués) ne pourra pas indéfiniment jeter des troupes à l’assaut des lignes de défense russes. J’ai parlé avec des militaires qui sont très surpris d’une tactique consistant à envoyer infanteries et blindés sans démineurs dans les champs de mines établis par les Russes.

Vers un envoi de volontaires d’armées de l’OTAN ?

On est dans une situation où l’armée ukrainienne ne réussit pas de percée décisive. Et l’armée russe est dans une position défensive.

Alors, une négociation? Elle semble peu probable. Les Américains ne veulent pas en entendre parler car ils espèrent toujours user la Russie; et puis la guerre sert aussi à user leurs alliés européens. Elle permet, enfin, de justifier une éventuelle montée en puissance contre la Chine, qui ne se cache plus de soutenir la Russie. Il y a tout de même un bémol à mettre: les élections présidentielles américaines de 2024. La campagne des primaires commence en janvier de l’année prochaine. Disons qu’il faut un dénouement d’ici la fin de l’année. Cela laisse quatre à cinq mois aux Américains pour jeter de l’huile sur le feu, avant que les Démocrates aient envie de se présenter en artisans de paix.

Mais, pour que la guerre dure, il faut pouvoir l’alimenter. Un premier scénario consisterait à envoyer de plus en plus de volontaires des pays de l’OTAN pour combattre aux côtés de l’armée ukrainienne. Depuis le début de la guerre, les observateurs ont repéré des combattants polonais, britanniques, français etc…qui combattaient sous uniformes ukrainiens. Certains se sont même fait connaître sur les réseaux sociaux. Là il s’agit d’aller plus loin.

En l’occurrence, on pourrait imaginer une montée en puissance, le franchissement d’un palier: l’appel, par le gouvernement ukrainien, tout à fait public, à un soutien en effectifs. Avec le risque de représailles russes massives. On entrerait alors dans une zone grise. Imaginons en effet, l’envoi de troupes polonaises et la destruction de leurs casernes par des missiles hypersoniques russes. Devrait-on considérer qu’un pays de l’OTAN a été attaqué? Non, vu qu’il ne s’agirait pas de l’armée polonaise en tant que telle; cependant on serait sur une pente dangereuse.

Il faut donc surveiller ce qui se prépare pour le prochain sommet de l’OTAN les 11 et 12 juillet prochains.

Que signifient les actuelles manoeuvres de l’OTAN ?

Depuis lundi 12 juin, jusqu’au samedi 24 juin, l’OTAN se lance dans de gigantesques manoeuvres et simulations aériennes au-dessus du territoire allemand. “Air Defender 2023” est prévu pour 2000 vols, impliquant des simulations de combats, de ravitaillement en vol, d’opérations de collecte d’informations. L’ampleur de ces manoeuvres a été soulignée par tous les commentateurs.

J’ai l’imagination très mal tournée: cependant quand j’entends parler de simulations de collecte et d’échange d’informations, je ne peux m’empêcher de penser à ces avions de l’OTAN qui effectuent des manoeuvres de reconnaissance en mer Baltique ou en mer Noire à, proximité du territoire russe. Pas plus tard qu’à la mi-mai, il y a eu une situation très tendue au-dessus de la Baltique, lorsque l’armée de l’air russe a forcé un avion français et un avion allemand à s’éloigner du territoire russe dont ils s’étaient rapprochés. Ne pourrait-on pas s’attendre à des provocations?

Rappelons-nous que c’est à l’occasion de manoeuvres navales de l’OTAN, en juin 2022, en mer Baltique, que, selon Seymour Hersh, les Etats-Unis ont posé les jalons du sabotage de Nordstream. On ne peut s’empêcher d’imaginer que des Etats-Unis constatant l’échec partiel de leur opération ukrainienne de déstabilisation de la Russie, se laissent aller à des provocation supplémentairess.

Il y a aussi un scénario plus simple, qui serait celui de l’accélération de la livraison de F-16 à l’Ukraine – avec des pilotes de l’OTAN pour pallier le manque de formation des pilotes ukrainiens. Et tous les dangers d’une confrontation de plus en plus directe entre Russie et pilotes employés d’ordinaire dans des armées de l’OTAN.

Escalade russe ?

On peut imaginer aussi que les Américains choisissent de disperser l’effort russe. On se rappelle qu’au printemps 2022, la Lituanie avait tenté de barrer l’accès russe à Kaliningrad. On observe aussi, actuellement, un petit jeu géopolitique visant à porter sur les nerfs de la Russie. Comme le Président français n’en rate jamais une, il s’est permis, cette semaine, de menacer l’Iran, la soupçonnant de fournir des armes à la Russie. De même, on sent la montée, dans l’UE, d’une hostilité de plus en plus ouverte contre la Chine.

On voit bien surtout comment le début de la “contre-offensive” s’est accompagné de la destruction du barrage de Nova Kakhovskaïa et du pipeline d’ammoniac joignant Togliatti à la mer Noire. On pourrait imaginer la multiplication de ce genre d’opérations, dans une sorte de politique du pire qui aurait pour but de provoquer des ripostes russes plus importantes. Les Américains pourraient aussi essayer d’embrouiller la Russie sur un théâtre à la fois proche de son territoire et l’éloignant de l’Ukraine. On se rappelle la tentative de déstabilisation du Kazakhstan début 2022. Aujourd’hui, il semble que les Américains jettent de l’huile sur le feu au Kosovo.

Il y a aussi le scénario plus simple où, la contre-offensive s’épuisant, l’armée russe lance sa propre contre-offensive pour aller jusqu’à Kiev, afin de sécuriser une future ligne Kharkov-Odessa et la neutralisation militaire du territoire ukrainien. Comment les Américains réagiraient-ils? L’Union Européenne ne serait-elle pas tentée de faire de la surenchère ? Ne peut-on imaginer que les Occidentaux en profitent pour essayer de mettre la main sur la Transnistrie? La Russie pourrait difficilement l’accepter. Le risque de confrontation entre troupes de l’OTAN et et troupes russes deviendrait important.

Il y a d’autres scénarios qui circulent: en particulier, les experts qui sous-estiment la puissance et l’impact des armes hypersoniques dont la Russie dispose (et dont ils ont fait un niveau intermédiaire de la dissuasion) répètent que Moscou pourrait avoir recours à des armes nucléaires tactiques. Outre le fait que les armes nucléaires tactiques sont des armes nucléaires – on me pardonnera cette lapalissade – le succès des Kinjal et l’emploi potentiel d’autres armes hypersoniques nous met pourtant de mon point de vue à l’abri d’une escalade nucléaire.

L’armée russe maîtrise désormais – avec une avance stratégique de plusieurs années, y compris sur la Chine – une arme dont la destructivité est équivalente à celle de l’arme nucléaire mais sans la radioactivité. Cela veut dire qu’elle riposterait à toute attaque occidentale indirecte menaçant ses intérêts par une frappe décisive et terrifiante – mais non nucléaire – contre un pays européen ou les Etats-Unis.

C’est le scénario du pire mais on ne peut malheureusement pas l’écarter.

Ce qu’il est essentiel de comprendre

Il est donc peu probable que l’on voie la guerre se stabiliser le long de la ligne de front actuelle. Il y a certes des responsables américains souhaitant le gel du conflit, selon un scénario à la coréenne. Mais la Russie peut difficilement se satisfaire d’une guerre à ses yeux inachevée. Il est impensable d’imaginer que Moscou ne veuille pas s’emparer de toute la côte jusqu’à Odessa. Mais du coup la guerre peut durer. Et toute prolongation rend escalade et/ou provocation de part et d’autre plus probable. 

 

La guerre d’Ukraine…et après ?

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Dominique Delfosse - Le 13/06/2023.

La guerre d’Ukraine…et après? par Dominique Delfosse

Quelques réflexions sur ce que nous amène la guerre d’Ukraine. Beaucoup s’interrogent sur son déroulement mais non sur ses conséquences.


Désormais la haine que vouent les Etats profonds de la Grande-Bretagne, de la Pologne, des Pays Baltes, des USA à la Russie n’est plus cachée. Ces pays ont la russophobie comme point commun, mais pour des raisons différentes.    

La russophobie comme ligne de force


La Grande-Bretagne ne fait qu’incarner une haine multiséculaire qu’elle a transmise aux USA : à tout prix, éliminer une puissance qui vient s’interposer pour l’hégémon.            
Pour les pays de l’ancien bloc de l’est, la russophobie semble portée par un traumatisme historique qui ne passe toujours pas. Cependant, pour les USA et la Grande-Bretagne surtout, mais sans doute pour les autres pays cités, on peut considérer que la russophobie est une constante de ces 150 dernières années et qu’elle a été structurante dans la représentation et dans les actions géopolitiques de ces pays vis-à-vis de la Russie. Nous garderons identique cette constante pour la suite de la réflexion.

La guerre d’Ukraine de 2022-2023 : Une mise en bouche avant les guerres futures

Contrairement à ce qui avait pu être imaginé (puisqu’aucun des pays occidentaux ne s’y était préparé véritablement), la guerre d’Ukraine est une guerre totale : artillerie, aviation, infanterie et de l’extérieur elle a l’apparence d’une bataille de chars de la guerre 39-45. Avec quelques différences notoires et prépondérantes : le rythme et l’intensité des combats, la longueur du front, l’introduction des nouvelles technologies : drones, surveillance satellitaire, guerre de l’information qui vient chercher les images au plus près du champ de bataille. Le fait de retrouver un champ de bataille avec des pertes importantes, des batailles urbaines où il faut se défendre pied à pied redonne toute sa pertinence au maintien de forces militaires classiques où l’on développe la condition physique, l’entrainement, la férocité et l’endurance des combattants. Nous les pays occidentaux, il faudra sans doute d’ailleurs mener une réflexion sur la compatibilité entre une culture woke, LGBT qui s’installe, mais qui escouille ses mâles XY fan de jeux vidéos et les nécessités de la guerre. On conçoit difficilement confier la tenue d’une guerre à de jeunes hommes « végan non binaires ou non genrés » (mais putain, de quoi ils parlent ces abrutis ?) qui sortent d’un stage d’embrassage d’arbres ou de poterie face à une puissance de l’autre bloc qui promeut la virilité, le respect de la nature biologique humaine et des valeurs traditionnelles. Faire la guerre sur le terrain où l’on se prend de vrais pruneaux et la faire par écran interposé ne requiert pas les mêmes compétences et aptitudes.

On a décrit dans deux articles une vision de ce qui peut arriver à la fin de ce conflit: l’Europe ravagée économiquement, culturellement, industriellement, identitairement, une Ukraine démembrée et une Russie renforcée et internationalement intégrée dans de grands ensembles (BRICS) et soutenus de plus en plus ouvertement par les pays du sud. La Russie qui contrôle un territoire plus grand dans un environnement de voisins qui la considèrent ouvertement comme un ennemi. Cette description fictionnelle fait partie du corpus de nos hypothèses.

Et après ?

On peut considérer que la guerre actuelle constitue en fait un préambule. Un apéro dinatoire. Une mise en bouche, malgré le fait qu’elle constitue un carnage dans les rangs des combattants. Un essai que la GB et les USA orchestrent sans aucun risque (ou quasiment) pour leur population avec un grand cynisme et un manque de considération totale pour les Ukrainiens ainsi que pour les Européens, victimes idiotes et consentantes. Cette fameuse guerre par proxy qui permet déjà de se débarrasser des vieilleries qui trainaient dans les arsenaux européens et qui permet aussi de tester les nouvelles technologies de combat.

La haine que développe le couple anglo-saxon envers la Russie ne va pas s’arrêter et se poursuivra au-delà du présent conflit puisque c’est une « ligne de force » qui les caractérise. Tellement ancrée dans l’histoire britannique, cette caractéristique, quasi culturelle, est à considérer comme structurante, récurrente, permanente. C’est du moins notre hypothèse.

Dès lors, dès aujourd’hui, alors que plus aucun état-major ne se fait d’idée sur l’issue de la guerre actuelle, se prépare ce que sera l’après. Et les politiques de remilitarisation décomplexées seront mises en œuvre pour préparer le hors-d’œuvre.

D’un côté, une Russie qui aura le sentiment (justifié) d’être entouré d’ennemis que les manigances Otaniennes continueront de développer et de l’autre une société de plus en plus virtuelle, où seront développées des armes robotisées, un contrôle mental des masses et des technologies de l’information de plus en plus confiées aux experts en neurosciences.

Ce qui laisse à prévoir que les économies de l’ensemble des protagonistes seront tournées vers la recherche et la production d’armement, leur stockage, l’enrôlement de combattants, la manipulation de masse pour faire de l’adversaire un ennemi et préparer la population à un affrontement qu’il faudra soutenir.

Si les hypothèses formulées sont vérifiées, nous devrions donc passer d’une économie de croissance caractéristique des sept décennies d’après-guerre (non pas la seconde, mais la deuxième, substantif plus adéquat puisque nous nous dirigerions ici vers la troisième…) à une économie de guerre.

Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place, dès aujourd’hui des mécanismes de restrictions, de pénuries, d’empêchement de déplacement pour que toute l’économie et toute l’activité soient tournées vers la recherche et la production d’armement et le consentement des populations qui y seront contraintes.

Un Occident refermé sur lui-même ?

Le sentiment que cette réflexion procure est double et contradictoire : soulagement et affolement.

Soulagement, parce qu’elle permet de trouver une cohérence aux décisions qui sont prises, mises en œuvre et qui sont visibles depuis le déclenchement de la crise covid (qu’il faut rechercher avant septembre 2019). La préparation mentale qui a été infligée aux populations mondiales, de manière simultanée, coordonnée, cohérente, les discours de menaces qui pèsent sur l’humanité (pandémies, reichauffement klimatik, menace de guerre, pénuries, sécheresses, terrorisme…) n’ont pour effet que de maintenir le peuple dans la crainte, dans la peur afin de les manipuler et leur faire accepter l’inacceptable. Le catalogue de ce que nous avons déjà accepté est là pour l’illustrer. Dans le corpus d’hypothèses formulé, rien n’est alors incohérent et tout semble programmé, ordonné, planifié. Cette cohérence rassure parce qu’elle permet d’expliquer la suite des évènements que nous avons traversée.

Affolement, parce que justement, cette cohérence intellectuelle donne une interprétation où l’ennemi de l’humain, celui qui est à la manœuvre jusqu’à présent commet un sans-faute, dispose de plusieurs coups d’avance et que le scénario décrit paraît si inconcevable, si totalitaire, si dingue qu’il sera difficile à la fois d’y échapper et de le faire comprendre suffisamment tôt pour qu’une masse critique puisse s’y opposer.

Mais c’est pourtant là tout l’enjeu. Etre suffisamment nombreux, forts, organisés pour renverser la table.

Encore une fois, notre combat ne fait que commencer.

La Russie joue la montre, les USA détournent l’attention

Source : Stratpol - par le Gal. D. Delawarde - Le 28/05/2023.

“Le temps joue au profit de la Russie, l’Occident s’affaiblit, la fourniture d’avions F-16 est une distraction de la perte de Bakhmut, incapable d’influencer le cours de la guerre” 

Dans son interview, l’honorable général militaire français Dominique Delawarde a partagé sa vision du conflit en Ukraine. 

Le général Dominique Delawarde est un expert réputé dont l’opinion mérite d’être soulignée. Il a servi comme commandant de diverses unités d’infanterie d’élite dans la Légion étrangère française et dans les troupes de montagne, a effectué des missions de reconnaissance de haut niveau en France et dans les pays étrangers. Il a été l’un des commandants de bataillon, puis le chef de l’agence de renseignement des Nations Unies au Liban. Il est officier de la Légion d’Honneur, chevalier de l’ordre National du mérite et a reçu la médaille du mérite des États-Unis.

 

Le général français partage l’opinion du général Jean-Bernard Pinatel, qui estime que le transfert des chasseurs F-16 à l’Ukraine n’est rien de plus qu’une tentative des américains de masquer la perte stratégique de Bakhmut, capturée par la Russie le 20 mai : “Je partage l’opinion du général Pinatel, que je connais bien et dont les points de vue correspondent aux miens. Je pense que les chasseurs F-16 ne seront pas fournis rapidement. Il faudra plusieurs mois avant que les premiers F-16 apparaissent dans le ciel Ukrainien, car nous avons besoin de temps pour former les pilotes ukrainiens. En soi, les chasseurs F-16 sont obsolètes depuis longtemps et ils sont peu susceptibles de renverser la situation sur la ligne de front. Bien sûr, c’est une initiative des États-Unis, c’est leur tentative de détourner l’attention de la perte de Bakhmut”. 

Selon M. Delawarde, ce qui se passe en Ukraine n’est qu’une partie du processus de lutte mondiale contre l’hégémonie Occidentale. Le général estime que la guerre en Ukraine est une lutte pour un monde multipolaire dans lequel la Russie affiche de meilleurs résultats que les pays Occidentaux : 

“Je ne crois pas que la prise de Bakhmut soit la clé principale de la victoire. Je pense que les combats en Ukraine sont une petite partie de ce qui se passe dans le monde. Nous assistons à une confrontation mondiale qui va au-delà du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine. Nous assistons à la guerre de deux camps : les pays favorables à la multipolarité et les camps des États-Unis et de l’OTAN. Donc, l’Ukraine-seulement une petite partie de ce qui se passe dans le monde”. 

“L’économie de l’Occident est fortement affaiblie, de sorte que la Russie fait bien de ne pas se précipiter. Tout d’abord, elle prend soin de ses forces, d’autre part-le temps travaille pour elle. Chaque jour, l’Occident devient de plus en plus faible, de sorte que l’équilibre des forces est maintenant en faveur de la Russie. Je ne crois pas que la paix sera atteinte avant 2024. Je pense que les résultats de la guerre en Ukraine joueront un rôle décisif dans l’élection présidentielle Américaine. Je pense qu’en novembre 2024, il y aura de la lumière au bout du tunnel. Les processus que nous observons dans différentes parties du monde : l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Asie, montrent que la Russie a fait le bon pari sur la confrontation mondiale avec l’Occident”. 

En réfléchissant sur le rôle de l’Ukraine dans les processus mondiaux, Dominique Delawarde affirme qu’elle n’est que “la chair à canon de l’Occident” contre la Russie. Dans le même temps, le général note que tous les Occidentaux ne partagent pas les vues anti-Russes, soulignant que l’Occident est dirigé par des “élites corrompues” qui tentent de maintenir la domination des États-Unis aux dépens de la guerre en Ukraine : 

“Je pense que l’Ukraine est la chair à canon de l’Occident. Mais je tiens à souligner qu’elle n’est pas une chair à canon pour tout l’Occident, mais seulement pour son gouvernement. Un gouvernement néoconservateur qui est au pouvoir pour maintenir l’hégémonie américaine. C’est une petite couche de personnes qui gouverne la planète. Les dirigeants actuels de l’Ukraine sont corrompus, tout comme les dirigeants occidentaux. Je pense que lorsque Zelensky et ses patrons perdent le pouvoir, le problème sera partiellement résolu”.

Il n’y a pas de raison pour des pourparlers de paix

Voici un article que je trouve très bien argumenté, publié ce 27 mai au Canada sur le Site “Les 7 du Québec” et signé Dimitry Orlov.

Cet article est en phase avec les récentes déclarations de John Mearsheimer (il y a 3 jours) :

et avec celles du colonel US Mac Gregor.

Pour moi, Orlov a raison. La Russie a tout intérêt à poursuivre la guerre, à détruire les moyens de l’OTAN, au fur et à mesure de leur arrivée sur le théâtre à doses homéopathiques, et à affaiblir les économies et la finance occidentales (dollar, euro) en utilisant le facteur temps et ses nombreux alliés (BRICS-OCS +) à son profit. C’est la seule stratégie permettant de neutraliser durablement son adversaire de toujours.

Je suis globalement en phase avec Orlov, Mearsheimer et Mac Gregor. Plus cette guerre va durer et plus la défaite sera sévère pour l’OTAN et son proxy ukrainien, en déclin économique, géopolitique et militaire. Pour la Russie, parler de Paix avec un adversaire menteur (l’OTAN), ce serait donner le temps de respirer et de se refaire une santé à un adversaire en situation de faiblesse. Elle ne le fera pas, d’autant que la campagne présidentielle US qui s’ouvre et les problèmes liés à l’explosion de la dette, vont handicaper l’administration Biden dans les 18 prochains mois.

La guerre va donc durer le temps qu’il faudra et, comme le disent Mearsheimer et MacGregor, l’Ukraine sera réduite à un Etat croupion, dysfonctionnel et neutre, qui aura perdu 50% de sa superficie et de sa population. Il n’y aura pas de conflit gelé “à la Coréenne” comme le souhaitent désormais certains occidentaux. Il y aura, en fin de partie, un occident très affaibli et surtout durablement affaibli. C’est probablement devenu l’objectif de la Russie, face à la russophobie pathologique du camp otanien 
Chacun notera que le comportement actuel des forces russes sur le terrain, qui n’ont engagé que 15% de leurs moyens face à l’OTAN, est celui du chat jouant avec une souris blessée. Le jeu du chat et de la souris va durer encore plusieurs mois jusqu’à ce que la souris, épuisée, finisse par se livrer aux griffes du vainqueur.

Wait and See ! L’avenir nous dira qui avait raison.

L armée ukrainienne est en mauvaise posture

Source : The Saker francophone


Par Moon of Alabama – Le 3 juin 2023

Erik Kramer et Paul Schneider sont deux anciens soldats commandos américains qui se trouvent en Ukraine depuis 2022 pour former les troupes ukrainiennes.

Sur War on the Rocks, ils dressent un tableau sombre de l’état de l’armée ukrainienne. Leur objectif est d’obtenir de l’argent pour poursuivre la formation, et le tableau réel est donc peut-être moins sombre que ce qu’ils décrivent. Mais même si l’on tient compte de cela, l’état de l’armée ukrainienne, qui est en guerre depuis plus d’un an, reste bien triste. Voici quelques extraits :

 

Sur la base de nos neuf mois de formation avec tous les services des forces armées ukrainiennes, à savoir les forces terrestres (armée), le service des gardes-frontières, la garde nationale, l’infanterie navale (marines), les forces d’opérations spéciales et les forces de défense territoriale, nous avons observé une série de tendances communes : absence de commandement de mission, d’entraînement efficace et d’opérations combinées ; pareil pour la logistique et la maintenance ; et utilisation inappropriée des forces d’opérations spéciales. Ces tendances ont sapé la résistance de l’Ukraine et pourraient entraver le succès de l’offensive en cours.

Quelle offensive en cours ?

Dans le cadre du commandement de mission, l’équivalent de l’Auftragstaktik allemand, le chef diffuse son intention (“attaquer par les bois du nord pour prendre la ville x“) et donne l’autorité aux sous-unités, qui est transmise avec la mission pour responsabiliser les subordonnés à tous les niveaux. Chaque sous-unité peut élaborer ses propres plans afin de coordonner et d’exécuter la mission le mieux possible. À l’inverse, le commandement d’ordre consiste à ordonner chaque détail de l’exécution du haut vers le bas. Les deux ont des avantages, mais un système mixte, comme c’est le cas actuellement en Ukraine, est la pire des situations.

D’après notre expérience, dans de nombreuses unités et états-majors, les forces armées ukrainiennes n’encouragent pas l’initiative personnelle et ne favorisent pas la confiance mutuelle ou le commandement de mission. Comme Michael Kofman et Rob Lee l’ont récemment expliqué dans le podcast Russia Contingency, certains éléments des forces armées ukrainiennes ont toujours la vieille mentalité soviétique qui fait que la plupart des décisions sont prises à des niveaux plus élevés. Parmi les chefs militaires, au niveau de la brigade et au-dessous, nous avons l’impression que les officiers subalternes ont peur de faire des erreurs.

Mais pour utiliser le commandement de mission jusqu’aux niveaux inférieurs d’une section, il faut que des sous-officiers (sergents) dirigent les opérations. Ceux dont disposait l’armée ukrainienne sont probablement morts à l’heure actuelle :

Ayant formé toutes les composantes des forces armées ukrainiennes, nous avons toujours constaté l’absence d’un corps de sous-officiers expérimentés. Il est courant de voir des officiers de terrain courir partout pendant les entraînements pour compter le personnel et coordonner les repas. Aux États-Unis, il faut des années pour former un sous-officier débutant.

L’autre grand problème est la formation et l’utilisation des armes combinées. Les chars protègent l’infanterie, l’infanterie protège les chars, l’artillerie couvre le champ de bataille pour permettre aux chars et à l’infanterie de manœuvrer, et le commandement veille à ce que ces trois éléments coordonnent leurs actions.

La relation entre les blindés et l’infanterie est censée être symbiotique, mais ce n’est pas le cas. Il en résulte que l’infanterie mène des assauts frontaux ou opère en zone urbaine sans la protection et la puissance de feu des chars. De plus, les tirs d’artillerie ne sont pas synchronisés avec les manœuvres. La plupart des unités ne communiquent pas directement avec l’artillerie de soutien, ce qui entraîne un retard dans l’appel aux tirs. On nous a dit que les unités utilisent des coureurs pour envoyer des missions de tir aux batteries d’artillerie en raison des problèmes de communication.

La plupart des opérations militaires ne sont pas échelonnées et sont séquentielles. Les feux et les manœuvres, par exemple, sont planifiés séparément des unités d’infanterie – et les unités d’infanterie planifient séparément de l’artillerie de soutien. Cette mentalité s’applique également à la coordination des unités adjacentes, qui est soit inexistante, soit rare, et qui est à l’origine d’un taux élevé de tirs fratricides. Les commandants d’unité n’ont pas confiance en leurs collaborateurs et hésitent donc à transmettre aux unités sœurs des informations critiques qui pourraient être utilisées contre eux.

Ces problèmes sont aggravés par le manque de fiabilité des communications entre les unités et avec les hauts responsables. Les forces armées ukrainiennes disposent d’un ensemble hétéroclite de radios qui sont vulnérables au brouillage. En outre, les missions des bataillons sont principalement des opérations de compagnies indépendantes qui ne se concentrent pas sur un effort principal associé à des efforts de soutien. Les forces armées ne combinent pas les effets, de sorte que les opérations sont fragmentaires et décousues. Les missions distinctes ne se soutiennent pas mutuellement et les missions des unités de niveau inférieur ne sont pas “imbriquées” dans une mission de niveau supérieur. Le soutien n’est pas non plus synchronisé avec les opérations.

En raison du mélange hétéroclite d’armes et du manque de mécaniciens qualifiés, la logistique et l’entretien des équipements sont un véritable gâchis.

Ce manque de coordination de la maintenance et de la logistique se répercute également sur les soins médicaux. Les évacuations et les soins médicaux sont aléatoires. Des médecins de combat ukrainiens expérimentés ont déclaré à plusieurs reprises que de nombreuses personnes évacuées auraient survécu si elles avaient reçu des premiers soins en temps voulu. Les forces armées ukrainiennes peuvent résoudre ce problème en mettant en place un processus logistique systématique.

Les forces spéciales ukrainiennes sont principalement utilisées comme de l’infanterie alors qu’elles devraient être employées pour des missions plus exigeantes. Il y a également des missions tape-à-l’oeil :

Les unités des forces spéciales ukrainiennes, composées de volontaires internationaux, proposent leurs services aux commandants des unités conventionnelles sans que la mission ne soit liée à un objectif stratégique ou opérationnel. Un exemple de mission est celui d’un commandant de brigade conventionnelle qui avait signalé à son commandement qu’il avait occupé un village pris aux Russes. Lorsqu’il s’est rendu compte que les informations dont il disposait étaient erronées et qu’il avait manqué de temps, il a demandé à l’unité des forces d’opérations spéciales internationales de se rendre dans le village occupé et de prendre une photo d’un drapeau ukrainien placé au sommet d’un bâtiment situé au centre du village.

Une mission suicide pour cacher les faux rapports des commandants…

Les auteurs affirment que la plupart des problèmes susmentionnés pourraient être résolus par une formation plus “occidentale” qu’ils sont tout à fait disposés à vendre. Mais qu’est-il advenu des dernières armées formées par les forces occidentales, en Irak et en Afghanistan ? Elles se sont toutes deux effondrées. Une armée doit refléter la société et la culture locales. Elle ne peut pas être formée de haut en bas par des forces extérieures.

Depuis 2015, l’armée ukrainienne est constituée et entraînée par les forces américaines et britanniques. Ce que les auteurs de WotR décrivent en est le résultat.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

 

La guerre que nous sommes enfin autorisés à voir

 

par Patrick Lawrence - Le 05/06/2023.

Considérons les paragraphes suivants, qui paraissent dans l’édition du 29 mai du New Yorker :

««Pendant que Tynda et son équipe combattaient depuis la tranchée, de longues et puissantes fusillades étaient sorties d’une autre position ukrainienne, sur une colline derrière eux. J’y suis allé plus tard avec Tynda. Dans un store surplombant le no man’s land se tenait un engin incroyablement antique sur des roues de fer : Un pistolet Maxim, (Une mitrailleuse Maxim ?) la première arme entièrement automatique jamais fabriquée. Bien que ce modèle particulier date de 1945, il était quasiment identique à la version originale, inventée en 1884 : Une manivelle à pommeau, des poignées en bois, un compartiment à couvercle permettant d’ajouter de l’eau froide ou de la neige en cas de surchauffe du canon…»

Au cours de l’année écoulée, les États-Unis ont fourni à l’Ukraine plus de trente-cinq milliards de dollars d’aide à la sécurité. Pourquoi, compte tenu des largesses américaines, la 28e brigade avait-elle eu recours à une telle pièce de musée ? De nombreux équipements ont été endommagés ou détruits sur le champ de bataille. Dans le même temps, l’Ukraine semble avoir renoncé à réaménager des unités affaiblies afin de constituer des stocks pour une offensive à grande échelle qui devrait avoir lieu plus tard ce printemps.

Au moins huit nouvelles brigades ont été formées à partir de zéro pour mener la campagne. Alors que ces unités recevaient des armes, des chars et des entraînements des États-Unis et d’Europe, des brigades de vétérans comme la 28e ont dû tenir la ligne avec un arsenal gravement épuisé».

L’article, dont ce passage est tiré, porte le titre «Deux semaines au front en Ukraine» et est l’œuvre de Luke Mogelson, un correspondant de magazine d’une douzaine d’années d’expérience.

Le texte de Mogelson est accompagné des photographies de Maxim Dondyuk, un Ukrainien d’à peu près l’âge de Mogelson, de 40 ans, dont le travail se concentre sur l’histoire et la mémoire, des sujets qui suggèrent que beaucoup de réflexion va dans ces 1/1000e de seconde lorsque Dondyuk clique son obturateur.   

Il y a beaucoup de choses à penser et à dire pendant que nous lisons cet article. J’aurai bientôt plus à dire sur l’excellence du texte de Mogelson et des photographies de Dondyuk. 

Pour l’instant, la première chose à noter est qu’après 15 mois de conflit, leur travail suggère que les médias occidentaux pourraient enfin commencer à couvrir correctement la guerre en Ukraine.

Je resterai avec le verbe conditionnel pour le moment, mais cela pourrait marquer un tournant significatif non seulement pour la profession mais aussi dans le soutien public à la guerre par procuration entre les États-Unis et l’OTAN contre la Fédération de Russie. 

Luke Mogelson, à droite, lors d’une table ronde en 2015 sur sa couverture des demandeurs d’asile politiques.

Comme les lecteurs avisés le savent déjà, à part quelques incursions organisées près des lignes de front – officiellement contrôlées et surveillées, jamais sur les lignes de front – les correspondants du New York Times, des autres grands quotidiens, des agences de presse et des réseaux de diffusion ont accepté sans protester le refus du régime de Kiev de leur permettre de voir la guerre telle qu’elle est.

Le contenu de ces mystifications professionnelles a été collecté dans des chambres d’hôtel à Kiev et ils ont raconté des histoires basées sur les récits d’événements manifestement peu fiables du régime, tout en prétendant que leurs histoires sont correctement rapportées et factuelles.

Les exceptions ici sont les correspondants du Times tels que Carlotta Gall, dont la russophobie semble suffisamment déséquilibrée pour satisfaire le régime de Kiev, et les deux Andrews, Higgins et Kramer, qui ont un talent exquis pour les histoires qui n’ont absolument aucun sens.

Ce sont les deux Andrews, vous vous en souvenez peut-être, qui ont fait bombarder par les Russes la centrale nucléaire qu’ils occupaient et, plus tard, bombarder leur propre camp de prisonniers de guerre dans l’est de l’Ukraine.

Si les correspondants ne peuvent pas voir la guerre et que cela leur importe peu, nous ne la verrons pas non plus. 

Le résultat, comme votre chroniqueur l’a noté tout à l’heure, a été deux guerres : Il y a la guerre présentée, la guerre mythique et la guerre réelle.

«Notre lavage de cerveau actuel pour la guerre est similaire à celui qui a précédé d’autres guerres», a écrit John Pilger, le journaliste et cinéaste, dans un Tweet l’autre jour, «mais jamais, d’après mon expérience de correspondant de guerre, nous n’avons vu quelque chsoe d’aussi implacable et dépourvu de journalisme honnête».

C’est ce qui rend le dossier de Mogelson si surprenant. Dans son honnêteté graphique, c’est une étape majeure par rapport à la bouillie de propagande que les médias du business nous ont nourris depuis le début de l’intervention russe en février 2022.

Ces trois correspondants du Times que nous venons de mentionner ? Ils ont tous de nombreuses années d’expérience sur Mogelson. Aucun d’eux ne pouvait changer son ruban de machine à écrire, comme on disait.

Deux semaines dans les tranchées
Ligne de tranchée ukrainienne à la bataille de Bakhmut, novembre 2022. (Mil.gov.ua, CC BY 4.0, Wikimedia Commons)

Mogelson et Dondyuk ont passé deux semaines en mars dernier avec un bataillon d’infanterie ukrainien alors qu’il combattait dans des tranchées «sur une petite position de l’armée dans la région orientale du Donbass, où des ondes de choc et des éclats d’obus avaient réduit les arbres environnants en cannes brisées».

C’était juste à l’extérieur d’un village au sud de Bakhmout, la ville assiégée récemment perdue par les forces ukrainiennes. 

Je ne doute pas que ces deux journalistes aient été officiellement intégrés avec l’approbation du haut commandement. C’est ainsi que le régime de Kiev mène cette guerre. Mais, pour une raison quelconque – et j’aborderai cette question dans un instant – il n’y a aucune trace d’inhibition ou d’autocensure dans le reportage ou les photographies. Les deux sont bruts, peu flatteurs, aussi impitoyables que les scènes qu’ils représentent :

«Au moment où j’ai rejoint le bataillon, environ deux mois s’étaient écoulés depuis qu’il avait perdu la bataille pour le village, et pendant l’intervalle, aucune des parties n’avait tenté une opération majeure contre l’autre. C’était tout ce que les Ukrainiens pouvaient faire pour maintenir l’impasse. Pavlo a estimé qu’en raison des pertes subies par son unité, quatre-vingts pour cent de ses hommes étaient de nouveaux conscrits. «Ce sont des civils sans expérience», a-t-il déclaré. «S’ils m’en donnent dix, j’ai de la chance si sur les dix trois d’entre eux peuvent se battre». Nous étions dans son bunker, qui avait été creusé dans l’arrière-cour d’une ferme à moitié démolie ; le grondement constant de l’artillerie vibrait à travers les murs de terre. «Beaucoup de nouveaux joueurs n’ont pas l’endurance nécessaire pour être ici», a déclaré Pavlo. «Ils ont peur et ils paniquent». Son indicatif d’appel militaire était Cranky et il était réputé pour son tempérament, mais il parlait avec sympathie de ses soldats les plus faibles et de leurs peurs

Même pour lui, officier de carrière de vingt-trois ans, cette phase de la guerre avait été déchirante. Sur une route qui passait devant la ferme, une planche avait été clouée à un arbre avec les mots peints «à Moscou» et une flèche pointant vers l’est. Personne ne savait qui l’avait mis là. Un tel brio optimiste semblait être un vestige d’un autre temps».

Mogelson nous présente ensuite les autres membres du bataillon :

«Seuls deux des soldats qui reconstruisaient le nid de mitrailleuses faisaient partie du bataillon depuis Kherson. L’un d’eux, un ouvrier du bâtiment de vingt-neuf ans appelé Bison — parce qu’il était bâti comme tel — avait été hospitalisé trois fois:  après avoir reçu une balle dans l’épaule, après avoir été blessé par un éclat d’obus à la cheville et au genou, et après avoir été blessé par des éclats d’obus dans le dos et au bras.

L’autre vétéran, du nom de code Odesa, s’était enrôlé dans l’armée en 2015, après avoir abandonné l’université. Petit et trapu, il avait le même maintien serein que Bison. 

L’étonnante mesure dans laquelle les deux hommes s’étaient adaptés à leur environnement mortel faisait ressortie l’agitation des nouveaux arrivants, qui tressaillaient chaque fois que quelque chose sifflait au-dessus de leur tête ou s’écrasait à proximité.

«Je ne fais confiance qu’à Bison», a déclaré Odesa. «Si les nouvelles recrues s’enfuient, cela signifiera pour nous une mort immédiate». Il avait perdu presque tous ses amis les plus proches à Kherson. Sortant son téléphone, il feuilleta une série de photographies : «Tué. . . tué . . . tué . . . tué . . . tué . . . blessés. . . Maintenant, je dois m’habituer à différentes personnes. C’est comme recommencer. Parce que le taux d’attrition élevé avait affecté de manière disproportionnée les soldats les plus courageux et les plus agressifs – un phénomène qu’un officier appelait la «sélection naturelle inversée» – les fantassins chevronnés comme Odesa et Bison étaient extrêmement précieux et extrêmement fatigués. 

Après Kherson, Odesa avait disparu. «J’étais psychologiquement mal en point», a-t-il déclaré. «J’avais besoin d’une pause». Après deux mois de repos et de récupération à la maison, il est revenu. 

Son retour n’a pas été motivé par la peur d’être puni – qu’allaient-ils faire, le mettre dans les tranchées ? – mais par un sentiment de loyauté envers ses amis décédés. «Je me sentais coupable», a-t-il déclaré. «J’ai réalisé que ma place était ici».»

Des reportages et des écrits de ce calibre font de Mogelson l’étoile éblouissante à côté de ces correspondants-reconstituteurs dans leurs chambres d’hôtel à Kiev.

Mais pour mon appréciation, il suit également l’exemple  de nombreux noms remarquables du passé. Je vois dans son exemplaire un petit Dexter Filkins, un petit Bernard Fall, un petit Michael Herr, un peu Martha Gellhorn, et j’irai jusqu’à dire un petit Ernie Pyle.

Quant aux photos de Dondyuk, la façon dont elles sortent de la page rappelle Tim Page, Horst Faas, Robert Kapa et quelques-uns des autres grands photographes de guerre de leur époque. 

Si cet article laisse présager un tournant ou un retour vers un rapport avec une certaine intégrité, le projet n’aurait pas pu mieux démarrer. 

Mais restons avec des «si» pour l’instant. 

Il y a au fond deux sortes de journalistes : Il y a les analystes, comme je les appelle, qui ajoutent une dimension interprétative à leur couverture — la compréhension en plus de la connaissance. Et il y a les journalistes, les empiristes dans la veine des faits qui restent près du sol et ne se déplacent pas beaucoup.

Mogelson est de ce dernier type. Les reporters de son espèce nous invitent à déduire de ce qu’ils nous disent. Que devons-nous déduire d’un reportage superbement tactile, à l’œil de la caméra ? Aucune prétention de victoire

No Man’s Land entre les forces russes et ukrainiennes pendant la bataille de Bakhmut, novembre 2022. 
(Mil.gov.ua, CC BY 4.0, Wikimedia Commons)

Luke Mogelson ne nous parle pas d’une armée sur le chemin de la victoire – ou d’une armée qui prétend être sur le chemin de la victoire, ou d’une armée qui veut que le monde pense qu’elle est sur le chemin de la victoire. Il n’y a pas de succès sur le champ de bataille, pas d’avancées, pas d’attentes élevées dans l’histoire de Mogelson. Il y a «tenir la ligne», bien que peu semblent la tenir, et il y a rester en vie. Il s’agit d’une histoire plus sujette à l’attrition sévère parmi les soldats qui attendent la fin et se demandent à quelle distance dans le temps la fin s’avérera. 

Dans les écrits de Mogelson, nous rencontrons des conscrits envoyés au front après peu ou pas d’entraînement. Il décrit un homme qui a été enlevé sur un trottoir de la ville et qui a été sous le feu russe trois jours plus tard. Peur paralysante, épuisement, démoralisation, désertions, une sorte d’incompétence de Beetle Bailey – ceux-ci sévissent parmi les conscrits verts qui constituent désormais la majorité de l’infanterie de l’AFU. 

Ils combattent avec des véhicules de l’ère vietnamienne expédiés des États-Unis, ou des mortiers chargés par la bouche depuis longtemps hors de production, ou des armes de l’ère soviétique laissées par les jours d’avant 1991 – et, avec, trop peu de munitions pour ce type de matériel. Aucune différence du tout. Un "pistolet" Maxim de 1945 de conception 1884 ? Merde.

Mogelson a raison de se demander, même trop brièvement, où peuvent se trouver toutes les armes que les alliés des États-Unis et de l’OTAN expédient en Ukraine. Un grand nombre d’entre elles ont déjà été détruites, rapporte-t-il, ce qui n’est pas surprenant. Étant aussi proche de la scène qu’il frequente depuis ce printemps, il aurait bien fait de nous dire quelque chose sur les cupides qui dirigent le régime et l’armée alors qu’ils vendent des quantités choquantes d’armes au marché noir dès qu’elles arrivent à travers la frontière polonaise. 

À un moment donné, Mogelson et Dondyuk passent une journée dans une pirogue avec un sergent chevronné nommé Kaban et un jeune de 19 ans nommé Cadet, si jeune qu’il n’a pas perdu sa graisse de bébé. «Plus tard, Kaban nous a raconté des histoires sur ses escapades amoureuses passées», raconte Mogelson, «et Dondyuk, le photographe, lui a demandé s’il avait donné des leçons à Cadet».

««Ça ne sert à rien», dit Kaban. Il va bientôt mourir. Cadet a ri, mais pas Kaban».

Ce sont les voix de la guerre dont Mogelson nous parle. Tu peux couper l’anxiété dans le rire de Cadet avec un couteau.

Je dois mentionner quelques touches merveilleuses dans le rapport de Mogelson parce qu’il s’agit d’une écriture superlative du genre qui est trop rare de nos jours. Du soldat qui a tiré avec cette arme Maxim : «L’opérateur de l’arme, un hooligan de football avec des coups de poing américains tatoués sur la main, a parlé de la Maxim comme un passionné de voitures louant les performances d’une Mustang vintage».

Décrivant un véhicule de transport de troupes peu maniable d’époque vietnamienne, Mogelson nous dit : «Cela ressemblait à une boîte en métal vert sur des pistes… La machine au maximum ressemblait à un mélangeur rempli d’argenterie».

Gellhorn a-t-elle fait mieux en couvrant la guerre civile espagnole pour Colliers ?

Mogelson nous montre la guerre dont quelques journalistes indépendants ont parlé, mais une guerre dont nous n’avons pas encore entendu parler dans les médias grand public. C’est la guerre que la machine de propagande nous a cachée. Et maintenant, nous savons que ce que les correspondants des médias indépendants ont décrit est en gros la guerre telle qu’elle est.

Parmi beaucoup d’autres choses, nous pouvons maintenant voir l’indifférence évidente du régime de Kiev et de ses partisans occidentaux envers ceux qui combattent – qui, nous dit Mogelson, sont maintenant des Ukrainiens de la classe ouvrière, les plus privilégiés ayant esquivé la conscription ou autrement évité le service.

Mogelson a rapporté cet article en mars, et nous pouvons à juste titre supposer que les conditions sur la ligne de front de cette guerre sont maintenant pires depuis trois mois. Son rapport me donne envie de taper ma chaussure sur la table, à la Khrouchtchev, à la fois pour la conduite honteuse des médias mainstreams reconstituant le travail des correspondants, pour la perte insensée de vies ukrainiennes au service de la guerre présentée et pour l’AFU des soldats – des vétérans et les conscrits non entraînés qu’ils commandent – que le régime de Kiev n’a pas tout à fait mais presque abandonnés. 

 

Pourquoi maintenant ? 
La mascotte new-yorkaise Eustace Tilley par Tim Needles. 
(Flickr, Attribution CC BY 2.0)

La question évidente est de savoir pourquoi cet article apparaît maintenant dans The New Yorker, un magazine profondément attaché à toutes les orthodoxies libérales auxquelles vous pouvez penser, y compris la doxa de cette guerre et la certitude d’une victoire de l’AFU. L’enfer s’est déchaîné l’année dernière, vous vous en souviendrez, quand Amnesty International puis CBS News ont levé le voile sur les réalités du conflit en Ukraine. Qu’est-ce qui est différent maintenant ? C’est difficile à dire. Mais la vue d’ensemble suggère que la publication de cet article révélateur reflète une reconnaissance rampante dans toutes sortes d’endroits – parmi les cliques politiques, au Pentagone, dans les médias d’entreprise – que l’Ukraine ne gagnera pas cette guerre et le temps est venu se préparer à cette éventualité.

La nouvelle dérive de la contre-offensive tant vantée est que cela ne fera pas beaucoup de différence. On parle davantage maintenant des conditions nécessaires pour entamer des négociations. Les responsables de l’OTAN, selon Steven Erlanger, le correspondant du Times à Bruxelles, envisagent maintenant de faire en Ukraine ce que les alliés ont fait dans l’Allemagne d’après-guerre : La diviser de manière à ce que l’Ouest rejoigne l’alliance et que l’Est soit laissé à l’Est, pour ainsi dire.

L’intention de Mogelson était sûrement de faire du bon travail, point final, et il l’a fait. Mais lue dans ce contexte plus large, sa publication me semble être le début d’un effort pour préparer tous ces gens avec des drapeaux bleus et jaunes sur leurs porches à une dose de la réalité dont ils ont été protégés tous ces mois. 

The Wall Street JournalThe New York PostBusiness InsiderForbes : Ils ont tous publié récemment des articles pas aussi bons que ceux de Mogelson, mais dans la ligne Let’s-get-real. 

Si j’ai raison, la vraie guerre et la guerre présentée finiront par ne faire qu’un. Il était temps, je dirais. Non pas que les grands médias soient sur le point d’avouer leurs péchés et leurs disgrâces dans leur pitoyable couverture de cette guerre. 

Ils ne le feront jamais.

Ne nous emballons pas sur ce point.

source : Bruno Bertez

À l’Ukraine les F-16 d’attaque nucléaire

 

par Manlio Dinucci - Le 03/06/2023.

Les États-Unis ont commencé un programme d’entraînement des forces aériennes ukrainiennes à l’utilisation des chasseurs F-16. Participent à ce programme divers pays européens de l’OTAN : Danemark, Pays-Bas, Pologne, Norvège, Belgique, Portugal. D’autres se sont proposés de contribuer à l’entraînement. Les mêmes pays fourniront à l’Ukraine les F-16. Ce sont des chasseurs à double capacité conventionnelle et nucléaire. Un F-16 a été utilisé dans les tests de lancement de la bombe nucléaire B61-12, que les USA sont déjà en train de déployer en Italie, Allemagne, Belgique et Pays-Bas. Selon toute probabilité les B61-12 sont fournies par les USA même à la Pologne : des chasseurs F-16 polonais participent depuis 2014 aux exercices OTAN d’attaque nucléaire.

Vladimir Kozin – expert en chef du Centre d’Études Politico-Militaires de Moscou – déclare, dans une interview à Grandangolo, qu’on soupçonne fortement, sur la base de faits précis, que les armes nucléaires étasuniennes aient été déployées aussi en Lettonie, Lituanie et Estonie, ou puissent être rapidement envoyées dans leurs territoires et même dans celui de la Pologne. Ces pays participent à la «patrouille aérienne de la Baltique», au bord du territoire russe, avec des avions à double capacité conventionnelle et nucléaire. En outre, des bombardiers stratégiques étasuniens, certifiés pour le transport d’armes nucléaires, sont engagés dans des «exercices» sur la Baltique et d’autres zones limitrophes du territoire russe.

Après avoir inutilement proposé aux USA et à l’OTAN une négociation pour réduire le risque d’un conflit nucléaire en Europe, Moscou est en train de déployer, en accord avec Minsk, des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, en position rapprochée vis à vis des bases nucléaires USA-OTAN en Europe. À la question : «Les armes nucléaires tactiques déployées par la Russie en Biélorussie ont-elles un rayon d’action qui va au-delà de la Pologne et donc constituent-elles une dissuasion pour les armes nucléaires étasuniennes déployées en Italie et dans d’autres pays européens ?», Vladimir Kozin répond : «Oui, les armes tactiques russes qui seront déployées en Biélorussie et, éventuellement, dans la région de Kaliningrad et dans la péninsule de Crimée, peuvent atteindre divers objectifs militaires en Pologne, Italie et de nombreux autres pays européens membres de l’OTAN».

L’escalade USA-OTAN contre la Russie rapproche de plus en plus l’Europe du seuil de la guerre nucléaire. Sur tout ceci le complexe politico-médiatique tire un rideau de silence pour ne pas alarmer l’opinion publique européenne et éviter qu’elle ne réagisse.

Manlio Dinucci

Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo de vendredi 2 juin 2023 à 20h30 sur la chaîne TV italienne Byoblu

traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

L’Ukraine, otage de la propagande occidentale ?

 

Jacques Baud dans Le Samedi Politique - Le 04/06/2023.

Jacques Baud est un ancien membre du renseignement stratégique suisse, il a également travaillé au sein de l’ONU où il était chef de la doctrine des opérations de paix, et en Ukraine pour l’OTAN, notamment en 2014 après ladite révolution de Maïdan. Fin connaisseur de l’Europe de l’Est, il offre son troisième ouvrage sur ce que les Russes appellent l’Opération Spéciale, lancée le 24 février 2022, «Ukraine entre guerre et paix», aux éditions Max Milo (disponible ici).

Sans idéologie, mais avec des informations pointues et vérifiées, il dresse l’état des lieux d’une guerre où l’Ukraine s’est transformée en otage de l’OTAN américanisée. Il revient sur les effectifs humains et sur les stocks d’armement des deux camps et livre son analyse quant à la contre-offensive si attendue par les médias occidentaux.

En effet, la guerre en Ukraine est frappée, comme bien d’autres conflits avant elle, par une incroyable propagande. Les pertes humaines sont gardées secrètes par les deux camps pour diffuser au mieux de fausses informations permettant d’influencer les décisions stratégiques. Dans ce cadre, la sous-estimation permanente de la Russie par le camp occidental finit par affecter les affaires de l’Ukraine. Chaque annonce d’envoi d’armes à Kiev résonne ainsi comme un nouveau financement à fond perdu, un trou noir qui absorbe et digère de plus en plus d’hommes.

À force de confondre réalité et récit médiatique, le camp occidental s’est embourbé dans ce conflit aux portes de l’Europe. Un conflit qui, peu à peu, bouscule le monde au point de propulser la Chine sur le devant de la scène diplomatique et de pousser la Russie vers l’Asie. Une configuration qui façonne un nouveau monde où les États-Unis et leur gouvernance hégémonique perdent du terrain.

Rejoignez-nous pour une plongée captivante dans les coulisses de ce conflit crucial pour le monde de demain.

Opinion personnelle au sujet du conflit ukrainien

 

par Jacques Henry - Le 03/06/2023

Depuis le début de l’opération spéciale russe dans le Donbass afin de protéger les populations russophones de cette partie de l’Ukraine persécutées par le régime de Kiev depuis 2014 j’ai clamé sur ce blog que cette intervention était justifiée selon la «doctrine Kouchner» d’intervention armée pour des raisons humanitaires. La Russie n’est intervenue que lorsqu’elle a reconnu les consultations populaires organisées dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk aboutissant à la proclamation de deux républiques indépendantes auto-proclamées et ces dernières ont alors fait appel à la Fédération de Russie pour les aider. Cependant aucun dossier n’a été présenté devant les Nations unies et les pays occidentaux considèrent que l’opération spéciale était illégale : une agression et une invasion de l’Ukraine.

Le président russe a découvert que ni la France ni l’Allemagne n’avaient eu l’intention d’activer les accords de Minsk pour laisser huit années au pouvoir ukrainien avec l’aide des Occidentaux pour se préparer à attaquer le Donbass russophone et exterminer la population. Un tel projet réjouissait les néo-nazis de Kiev, fanatiques et assoiffés de sang slave, il faut appeler un chat un chat ! L’opération spéciale russe a cru que l’armée ukrainienne n’était pas ce qu’elle prétendait être mais ils sont venus à bout de ces néo-nazis à Marioupol et ont conquis la ville stratégique d’Artiomovsk. La stratégie de l’armée russe soutenue par les milices des deux républiques auto-proclamées et l’armée privée Wagner a consisté à détruire la presque totalité de l’armée ukrainienne.

Avant de critiquer la Russie les Occidentaux seraient bien avisés de balayer d’abord devant leur porte à commencer par le président français qui a fait croire à Vladimir Poutine qu’il pouvait œuvrer pour une solution négociée. Macron s’est complètement décrédibilisé devant le monde entier (sauf aux yeux des Occidentaux, naturellement) puisqu’avant même les confessions de Hollande et Merkel il était au courant de cette sombre histoire, et il suffit de constater que les pays africains traditionnellement proches de la France expulsent les ambassadeurs de France ainsi que les restes de l’armée française. Quant aux Allemands ils ont adopté un profil bas devant les USA et n’ont même pas protesté au sujet du sabotage des gazoducs Nord Stream par leur allié (et suzerain) américain ! L’Allemagne a donc perdu toute sa respectabilité vis-à-vis de l’opinion internationale, sauf aux yeux des Occidentaux, encore une fois, qui n’osent plus exprimer leur opinion.

Il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages. Les conséquences internationales de l’attitude des Occidentaux, Europe et Amérique du Nord, ne se sont donc pas fait attendre. La grande majorité des pays ne supportent plus l’hégémonie américaine. Si le processus d’installation d’une nouvelle monnaie de référence pour les échanges internationaux prendra encore du temps, ce processus est bien initié et rien ne l’arrêtera. Les Américains ont fait ce qu’il ne fallait surtout pas faire : encourager le rapprochement entre la Chine et la Russie. Les Occidentaux glosent au sujet de ce rapprochement en prétendant qu’il sera dangereux pour la Russie. Ils ne comprennent toujours pas que la Chine est un peuple de commerçants et non pas un pays aspirant à une hégémonie impérialiste.

Pour bien comprendre si l’intervention spéciale de la Russie en Ukraine est légitime ou légale il faut écouter avec une attention soutenue l’exposé didactique de Jacques Baud auprès du Cercle d’amitié franco-russe, vous aurez tout compris. Qu’on m’accuse d’être pro-Poutine je m’en moque, j’exprime mon opinion que je ne partage qu’avec moi-même mais j’avoue ne pas avoir saisi plus tôt la distinction subtile entre légalité et légitimité de l’opération spéciale russe. Je suggère très vivement les lecteurs de ce blog de bien regarder Caroline Galacteros invitée au Bistro Libertés : https://www.tvl.fr/bistro-libertes-avec-caroline-galacteros-ukraine-qui-fait-de-la-propagande parce qu’elle aussi a été trainée dans la fange et taxée de pro-Poutine …

Je signale à mes lecteurs que j’ai rédigé cet article 24 heures avant de pouvoir visionner Caroline Galacteros sur TVL et qu’en aucun cas je n’ai été influencé par ses propos.

source : Jacques Henry

La Russie continue de détruire les défenses aériennes ukrainiennes tandis que les États-Unis admettent que l’économie est au point mort

 

par Larry Johnson - Le 03/06/2023.

La Russie continue de pilonner les positions ukrainiennes dans tout le pays et l’Ukraine continue d’insister sur le fait qu’elle abat les missiles russes et que les attaques russes sont sans conséquence. Eh bien, comme Chris Berman d’ESPN aimait à le dire, «regardons la vidéo». La vidéo suivante prouve clairement que le système de défense aérienne de l’Ukraine ne fonctionne pas (vous pouvez voir les tirs des batteries Patriot ou IRIS) et que la Russie réduit en miettes le système de défense aérienne ukrainien. Concentrez-vous sur le quadrant inférieur gauche de la vidéo.

L’Ukraine a lancé quelques missiles qui ont disparu dans la nuit. À la seconde 17, vous verrez la première explosion massive sur une position qui avait lancé des missiles. Compte tenu de la taille de l’explosion, les unités ukrainiennes ont subi au minimum des dommages importants. Regardez la vidéo à 1:39. L’Ukraine a apparemment tenté de lancer un missile qui n’a pas été intercepté et qui est retombé dans la ville de Kiev où il a explosé.

L’Ukraine ne dispose pas de systèmes d’armes capables de faire la même chose à la Russie. Tout ce que l’Ukraine peut faire, c’est tirer des obus d’artillerie sur des cibles civiles le long de la frontière. Le fait de tuer des civils russes renforce le point de vue du Kremlin selon lequel l’Ukraine ne fonctionne plus comme une armée conventionnelle et doit être traitée comme une menace terroriste. Cela signifie que nous pouvons nous attendre à ce que la Russie étende ses attaques aux centres de «prise de décision» en Ukraine, c’est-à-dire qu’elle vise les dirigeants ukrainiens responsables des activités militaires et de renseignement. Je suis certain que l’Occident hurlera d’indignation, mais il ne peut pas faire grand-chose pour contraindre la Russie à changer de stratégie.

La capacité de l’Occident à poursuivre son soutien inconditionnel à l’Ukraine est érodée par une série de nouvelles économiques négatives. L’UE dans son ensemble s’enfonce dans la récession. Philip Pilkington en parle :

«La semaine dernière, l’Allemagne a annoncé qu’après que l’agence gouvernementale des statistiques ait révisé ses récents chiffres du PIB, il était clair que le pays était en récession. Dans l’histoire récente, l’Allemagne a eu tendance à bien résister au ralentissement de l’économie mondiale par rapport à certaines des économies européennes les plus faibles. Mais cette fois-ci, il semble que l’Allemagne soit en tête de peloton pour ce qui est de la récession.

En effet, la récession qui menace actuellement l’Europe est fondamentalement différente des précédentes. La récession qui s’annonce n’est pas un simple retournement du cycle économique. Elle pourrait plutôt marquer le début de la désindustrialisation de l’économie européenne, qui n’a plus accès à l’énergie russe bon marché».

Les États-Unis montrent également des signes de faiblesse. Le Bureau des statistiques du travail a révisé les rapports optimistes précédents en les assortissant d’une évaluation plus sombre :

La productivité du travail dans le secteur des entreprises non agricoles a diminué de 2,1% au cours du premier trimestre 2023, a indiqué aujourd’hui le Bureau américain des statistiques du travail, alors que la production a augmenté de 0,5% et les heures travaillées de 2,6%. (Toutes les variations trimestrielles en pourcentage dans ce communiqué sont des taux annuels corrigés des variations saisonnières). La productivité du travail a été révisée à la hausse de 0,6%, l’effet combiné d’une révision à la hausse de 0,3% de la production et d’une révision à la baisse de 0,4% des heures travaillées. Par rapport au même trimestre de l’année précédente, la productivité du travail du secteur des entreprises non agricoles a diminué de 0,8%, reflétant une augmentation de 1,4% de la production et une augmentation de 2,2% des heures travaillées. (Voir tableau A1.) La baisse de 0,8% de la productivité marque la première fois que la série des variations sur quatre trimestres est restée négative pendant cinq trimestres consécutifs ; cette série commence au premier trimestre 1948.

Le moment des comptes se profile à l’horizon. Les États-Unis et l’Europe ne seront pas en mesure de maintenir leur soutien financier et militaire à l’Ukraine, quels que soient les résultats de l’offensive très attendue de l’Ukraine. Les États-Unis ont commis une erreur fatale en pensant qu’ils pouvaient mener ou encourager des opérations militaires comme ils l’ont fait en Irak et en Afghanistan sans créer une économie de guerre. Le soutien de Washington aux attaques terroristes à l’intérieur de la Russie durcit la position de Moscou vis-à-vis de l’Occident et rend plus improbable un règlement négocié de la guerre en Ukraine.

source : A Son of the New American Revolution

traduction Réseau International

Colonel Douglas Macgregor : «Bakhmout est une catastrophe pour l’Ukraine… Les F-16 ne feront pas de différence»

Le 02/06/2023.

 

La Russie a transformé Bakhmut en cimetière de la puissance militaire ukrainienne. Le colonel Douglas MacGregor (retraité) explique «ce qui va suivre» dans son dernier article d’opinion sur The American Conservative.

***

par le colonel Douglas MacGregor

Jusqu’au début des combats, la stratégie militaire nationale élaborée en temps de paix façonne la réflexion sur la guerre et ses objectifs. Les combats créent alors une nouvelle logique qui leur est propre. La stratégie est ajustée. Les objectifs changent. La bataille de Bakhmout illustre parfaitement ce point.

Lorsque le général Sergey Vladimirovich Sourovikine, commandant des forces aérospatiales russes, a pris le commandement de l’armée russe sur le théâtre ukrainien l’année dernière, le président Vladimir Poutine et ses principaux conseillers militaires ont conclu que leurs hypothèses initiales sur la guerre étaient erronées. Washington s’était montré incurablement hostile aux offres de négociation de Moscou, et la force terrestre que Moscou avait engagée pour contraindre Kiev à négocier s’était révélée trop faible.

Sourovikine dispose d’une grande latitude pour rationaliser les relations de commandement et réorganiser le théâtre d’opérations. Plus important encore, Sourovikine s’est vu accorder la liberté d’action nécessaire pour mettre en œuvre une stratégie défensive qui maximise l’utilisation des systèmes d’attaque ou de frappe à distance, tandis que les forces terrestres russes augmentent en taille et en puissance de frappe. C’est ainsi qu’est né le «Hachoir à viande» de Bakhmout.

Lorsqu’il est apparu clairement que le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son gouvernement considéraient Bakhmout comme un symbole de la résistance ukrainienne à la puissance militaire russe, Sourovikine a transformé Bakhmout en cimetière de la puissance militaire ukrainienne. À partir de l’automne 2022, Sourovikine a exploité l’obsession de Zelensky pour Bakhmout et s’est engagé dans une lutte sanglante pour le contrôle de la ville. En conséquence, des milliers de soldats ukrainiens sont morts à Bakhmout et beaucoup d’autres ont été blessés.

La performance de Sourovikine rappelle celle d’un autre officier militaire russe, le général Aleksei Antonov : Le général Aleksei Antonov. En tant que premier chef adjoint de l’état-major soviétique, Sourovikine était, dans le langage occidental, le directeur de la planification stratégique. Lorsque Staline a demandé une nouvelle offensive d’été lors d’une réunion en mai 1943, Antonov, fils et petit-fils d’officiers de l’armée impériale russe, a plaidé en faveur d’une stratégie défensive. Il insiste sur le fait qu’Hitler, s’il est autorisé à le faire, attaquera inévitablement les défenses soviétiques dans le saillant de Koursk et gaspillera ainsi les ressources allemandes.

Staline, comme Hitler, pensait que les guerres étaient gagnées par des actions offensives et non par des opérations défensives.

Staline est indifférent aux pertes soviétiques. Antonov présente ses arguments en faveur de la stratégie défensive dans un climat de peur, sachant que contredire Staline pourrait lui coûter la vie. À la surprise des maréchaux Aleksandr Vasilevsky et Georgy Zhukov, présents à la réunion, Staline cède et approuve le concept opérationnel d’Antonov. Le reste, comme le disent les historiens, appartient à l’histoire.

Si le président Poutine et ses hauts responsables militaires voulaient des preuves extérieures du succès stratégique de Sourovikine à Bakhmout, un aveu occidental semble les leur fournir : Washington et ses alliés européens semblent penser qu’un conflit gelé – dans lequel les combats s’arrêtent mais sans qu’aucune des parties ne soit victorieuse, ni ne reconnaisse que la guerre est officiellement terminée – pourrait constituer l’issue à long terme la plus politiquement acceptable pour l’OTAN. En d’autres termes, les partisans de Zelensky ne croient plus au mythe de la victoire ukrainienne.

La question que tout le monde se pose est la suivante : quelle est la prochaine étape ?

À Washington, la sagesse conventionnelle veut que les forces ukrainiennes lancent une contre-offensive pour reprendre le sud de l’Ukraine. Bien entendu, la sagesse conventionnelle est souvent riche en conventions et pauvre en sagesse. En supposant que la terre noire de l’Ukraine s’assèche suffisamment pour supporter des forces de manœuvre terrestres avant la mi-juin, les forces ukrainiennes frapperont les défenses russes sur plusieurs axes et reprendront le contrôle du sud de l’Ukraine à la fin du mois de mai ou au mois de juin. Environ 30 000 soldats ukrainiens formés en Grande-Bretagne, en Allemagne et dans d’autres États membres de l’OTAN devraient rentrer en Ukraine et constituer la base de la force de contre-attaque ukrainienne.

Le général Valery Gerasimov, qui commande désormais les forces russes sur le théâtre ukrainien, sait à quoi s’attendre et se prépare sans aucun doute à l’offensive ukrainienne. La mobilisation partielle des forces russes signifie que les forces terrestres russes sont aujourd’hui beaucoup plus importantes qu’elles ne l’ont été depuis le milieu des années 1980.

Étant donné le peu de munitions disponibles pour approvisionner correctement un axe opérationnel, il semble peu probable qu’une offensive ukrainienne impliquant deux axes ou plus puisse réussir à pénétrer les défenses russes. La surveillance aérienne permanente rend presque impossible pour les forces ukrainiennes de traverser la zone de sécurité de vingt à vingt-cinq kilomètres et de se rapprocher des forces russes avant que les formations ukrainiennes ne subissent des pertes significatives.

Une fois les ressources offensives de l’Ukraine épuisées, la Russie passera probablement à l’offensive. Il n’y a aucune raison de retarder les opérations offensives russes. Comme les forces ukrainiennes l’ont démontré à maintes reprises, la paralysie est toujours temporaire. Les infrastructures et les équipements sont réparés. La main-d’œuvre est recrutée pour reconstruire les formations détruites. Si la Russie veut atteindre son objectif de démilitarisation de l’Ukraine, Gerasimov sait certainement qu’il doit encore se rapprocher des forces terrestres ukrainiennes restantes et achever de les détruire.

Pourquoi ne pas épargner au peuple ukrainien une nouvelle saignée et négocier la paix avec Moscou alors que l’Ukraine possède encore une armée ? Malheureusement, pour être efficace, la diplomatie exige un respect mutuel, et la haine effrénée de Washington pour la Russie rend la diplomatie impossible. Cette haine n’a d’égale que l’arrogance d’une grande partie de la classe dirigeante, qui dénigre la puissance militaire russe en grande partie parce que les forces américaines ont eu la chance d’éviter un conflit avec une grande puissance depuis la guerre de Corée. Les dirigeants de Washington, de Paris, de Berlin et des autres capitales de l’OTAN, qui font preuve d’une plus grande sobriété, devraient préconiser une autre ligne de conduite.

***

Enfin, nous notons que le colonel MacGregor s’est entretenu avec l’animateur Charlie Kirk au sujet de la grave situation en Ukraine aujourd’hui, ainsi que d’une discussion approfondie sur la situation géopolitique actuelle des États-Unis et de l’OTAN.

«… La vérité est que Bakhmout a été une catastrophe et tout le monde le sait… les gens savent que les Ukrainiens ne peuvent pas gagner et maintenant nous agissons désespérément à chaque fois – envoyez-leur des F-16, envoyez-leur tout ce que nous avons ; la vérité est que rien de tout cela ne va faire la différence… le vrai risque maintenant est que des imbéciles à Washington parlent d’une intervention directe»

• The Russians are overrunning the two areas that I just mentioned

source : The American Conservative via Aube Digitale

Jour 462 – Les Patriot américains incapables d’arrêter les missiles hypersoniques russes

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 31/05/2023.

La nouvelle la plus importante du conflit ukrainien, ces derniers jours, c’est la destruction de deux voire trois systèmes américains Patriot par des missiles russes de type Kinjal. Progressivement, la réalité de la puissance réelle des armées russe et américaine, sous le coup des investissements et de l’évolution technologique des vingt dernières années, devient visible. La capacité russe, plus largement, à détruire, avec des drones ou des missiles, les entrepôts et les stocks livrés par l’OTAN amène à se poser la question de la possibilité même d’une contre-offensive ukrainienne. En théorie, le moment serait mûr pour que soit entamée une négociation entre les deux belligérants. Mais la tournée européenne de Li Hui, émissaire de Xi Jinping, a révélé une Union Européenne qui refuse pour l’instant de joindre ses efforts à la Chine, au Brésil, à la Turquie, à Israël et au Saint-Siège pour faire cesser le conflit le plus vite possible. Ce qui conduit la partie russe à se demander à haute voix s’il n’est pas nécessaire pour elle de continuer la guerre jusqu’à ce que la déroute ukrainienne et la défaite militaire de l’OTAN soient devenues impossibles à nier.  L’absence de toute réalité diplomatique européenne est l’élément le plus grave d’une situation générale préoccupante.

Le terrible bilan de la bataille de Bakhmout pour l’Ukraine

Comme je l’avais supposé à propos de « la ruse de Prigogine »,  la bataille de Bakhmout/Artiomovsk ne s’est pas terminée par une reconquête des flancs de la ville par les Ukrainiens. Au contraire, il s’agissait d’une retraite tactique des troupes d’appui au bataillon Wagner, à la Koutouzov, pour attirer le maximum de soldats ukrainien dans ce qu’on appelle horriblement le « hachoir » de Bakhmout. Depuis le retrait des troupes ukrainiennes, l’armée russe a réoccupé l’intégralité du terrain cédé au nord et au sud de Bakhmout dans les deux dernières semaines de la bataille. La bataille d’Artiomovsk a été une terrible destruction pour l’armée kiévienne. Regardons simplement le bilan des destructions infligées à l’ennemi affiché par le groupe Wagner :

Les sources Wagner ont fait état des résultats des opérations militaires de la CMP en Ukraine :

Destruction des effectifs de l’AFU – 72 095 ;

Prisonniers – 509 ;

Chars détruits – 309 ;

Véhicules blindés – 1134 ;

Voitures – 2075 ;

Mortiers et canons – 3155 ;

ATGM – 300 ;

Supports de canon SP – 124 ;

MLRS – 83 ;

Systèmes de défense aérienne – 45 ;

Drones – 282 ;

Avions de guerre – 5 ;

Hélicoptères – 4 ;

Systèmes EW/radar – 149.

L’essentiel de ces destructions ont eu lieu durant la bataille de Bakhmout. On estime par exemple que le nombre des Ukrainiens tués au combat durant cette bataille s’élève à 55 000, soit plus que les estimations données pour le Groupe Wagner tout entier, présent non seulement en Ukraine mais aussi en Syrie et en Afrique (50 000 hommes).

Le colonel américain Douglas MacGregor tire le bilan de la bataille de Bakhmout

Je cite une grande partie de son texte parce que, depuis le début du conflit, Douglas MacGregor fait partie de ces officiers américains qui ont été lucides sur la stratégie des deux belligérants et correctement anticipé les phases suivantes. On remarquera la sévérité de cet officier vétéran envers l’actuel appareil d’État américain :

« Jusqu’au début des combats, la stratégie militaire nationale élaborée en temps de paix « façonne la réflexion sur la guerre et ses objectifs. Puis les combats créent une nouvelle logique qui leur est propre. La stratégie est ajustée. Les objectifs changent. La bataille de Bakhmut illustre parfaitement ce point.

Lorsque le général Sergey Vladimirovich Sourovikine, commandant des forces aérospatiales russes, a pris le commandement de l’armée russe sur le théâtre ukrainien l’année dernière, le président Vladimir Poutine et ses principaux conseillers militaires avaient conclu que leurs hypothèses initiales sur la guerre étaient erronées. Washington s’était montré incurablement hostile aux offres de négociation de Moscou, et la force terrestre que Moscou avait engagée pour contraindre Kiev à négocier s’était révélée trop faible.

Sourovikine a bénéficié d’une grande latitude pour rationaliser les relations de commandement et réorganiser le théâtre d’opération. Plus important encore, Sourovikine s’est également vu accorder la liberté d’action nécessaire pour mettre en œuvre une stratégie défensive qui maximisait l’utilisation des systèmes d’attaque ou de frappe à distance tandis que les forces terrestres russes augmentaient en taille et en puissance de frappe. C’est ainsi qu’est né le “hachoir à viande”  de Bakhmout.

Lorsqu’il est apparu clairement que le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son gouvernement considéraient Bakhmout comme un symbole de la résistance ukrainienne à la puissance militaire russe, Sourovikine a transformé Bakhmut en cimetière de la puissance militaire ukrainienne. À partir de l’automne 2022, Sourovikine a exploité l’obsession de Zalenskiy pour Bakhmut et s’est engagé dans une lutte sanglante pour le contrôle de la ville. En conséquence, des milliers de soldats ukrainiens sont morts à Bakhmout et beaucoup d’autres ont été blessés.

La performance de Sourovkine rappelle celle d’un autre officier militaire russe, le général Aleksei Antonov. En tant que premier chef adjoint de l’état-major soviétique, Antonov était, dans le langage occidental, le directeur de la planification stratégique. Lorsque Staline a demandé une nouvelle offensive d’été lors d’une réunion en mai 1943, Antonov, fils et petit-fils d’officiers de l’armée impériale russe, a plaidé en faveur d’une stratégie défensive. Il a insisté sur le fait qu’Hitler, s’il était invité à le faire, attaquerait inévitablement les défenses soviétiques dans le saillant de Koursk et gaspillerait ainsi les ressources allemandes.

Staline, comme Hitler, pensait que les guerres étaient gagnées par des actions offensives et non par des opérations défensives. (…) À la surprise des maréchaux Aleksandr Vasilevsky et Georgy Joukov, présents à la réunion, Staline se rendit aux arguments d’Antonov et approuva son concept opérationnel d’Antonov. (…).

Si le président Poutine et ses hauts responsables militaires voulaient des preuves extérieures du succès stratégique de Sourovikine à Bakhmout, un aveu occidental semble les leur fournir : Washington et ses alliés européens semblent penser qu’un conflit gelé – dans lequel les combats s’arrêtent mais sans qu’aucune des parties ne soit victorieuse, ni ne reconnaisse que la guerre est officiellement terminée – pourrait être l’issue à long terme la plus politiquement acceptable pour l’OTAN. En d’autres termes, les partisans de Zelensky ne croient plus au mythe de la victoire ukrainienne. (…)

À Washington, la sagesse conventionnelle veut que les forces ukrainiennes lancent une contre-offensive pour reprendre le sud de l’Ukraine. Bien entendu, la sagesse conventionnelle est souvent riche en conventions et pauvre en sagesse. En supposant que la terre noire de l’Ukraine s’assèche suffisamment pour supporter des forces de manœuvre terrestres avant la mi-juin, les forces ukrainiennes frapperont les défenses russes sur plusieurs axes et reprendront le contrôle du sud de l’Ukraine à la fin du mois de mai ou au mois de juin. Environ 30 000 soldats ukrainiens formés en Grande-Bretagne, en Allemagne et dans d’autres États membres de l’OTAN devraient rentrer en Ukraine et constituer la base de la force de contre-attaque ukrainienne.

Le général Valery Gerasimov, qui commande désormais les forces russes sur le théâtre ukrainien, sait à quoi s’attendre et se prépare sans aucun doute à l’offensive ukrainienne. La mobilisation partielle des forces russes signifie que les forces terrestres russes sont aujourd’hui beaucoup plus importantes qu’elles ne l’ont été depuis le milieu des années 1980.

Compte tenu de la rareté des munitions disponibles pour approvisionner correctement un axe opérationnel, il semble peu probable qu’une offensive ukrainienne impliquant deux axes ou plus puisse réussir à pénétrer les défenses russes. La surveillance aérienne permanente rend presque impossible pour les forces ukrainiennes de traverser la zone de sécurité de vingt à vingt-cinq kilomètres et de se rapprocher des forces russes avant que les formations ukrainiennes ne subissent des pertes significatives.

Une fois les ressources offensives de l’Ukraine épuisées, la Russie passera probablement à l’offensive. Il n’y a aucune raison de retarder les opérations offensives russes. Comme les forces ukrainiennes l’ont démontré à maintes reprises, la paralysie est toujours temporaire. Les infrastructures et les équipements sont réparés. La main-d’œuvre est enrôlée pour reconstruire les formations détruites. Si la Russie veut atteindre son objectif de démilitarisation de l’Ukraine, Gerasimov sait certainement qu’il doit encore se rapprocher des forces terrestres ukrainiennes restantes et achever de les détruire.

Pourquoi ne pas épargner au peuple ukrainien une nouvelle saignée et négocier la paix avec Moscou alors que l’Ukraine possède encore une armée ? Malheureusement, pour être efficace, la diplomatie exige un respect mutuel, et la haine effrénée de Washington à l’égard de la Russie rend la diplomatie impossible. Cette haine n’a d’égale que l’arrogance d’une grande partie de la classe dirigeante, qui dénigre la puissance militaire russe en grande partie parce que les forces américaines ont eu la chance d’éviter un conflit avec une grande puissance depuis la guerre de Corée. Des dirigeants plus sobres d’esprit à Washington, Paris, Berlin et dans d’autres capitales de l’OTAN devraient préconiser une autre ligne de conduite ».

Toujours pas de nouvelles du général Zaloujni, commandant en chef des troupes ukrainiennes

Le Courrier des Stratèges a attiré votre attention à deux reprises déjà sur la quasi-certaine disparition du général Zaloujni du théâtre d’opérations. Cela fait maintenant plus de trois semaines qu’il n’a pas été vu. Les deux hypothèses sont envisagées : Soit il est grièvement blessé et hors d’état d’assumer ses fonctions ; soit il a été tué par une frappe russe. Le gouvernement de Kiev a de plus en plus de mal à donner le change. La dernière tentative est  une vidéo, vraisemblablement fabriquée à l’aide de l’Intelligence Artificielle, qui pour principale faille de nous donner un Zaloujni aux yeux marrons et non bleus, comme on le connaît.

La mise hors de combat par la partie russe du commandant en chef des troupes ukrainiennes est évidemment un coup terrible porté à l’armée ukrainienne.  

A défaut de vaincre sur le terrain, Kiev veut garder le contrôle de la communication et ça fait des victimes civiles

Selon southfront.org, « Après la défaite dans le “bastion de Bakhmut” (…), le régime de Kiev est pressé de remporter une victoire en matière de relations publiques afin d’affirmer que rien de grave ne s’est produit dans le conflit qui l’oppose à la Russie.

Tout d’abord, les forces de Kiev ont mené un raid ciblant une zone frontalière dans la région russe de Belgorod. Cependant, le raid annoncé s’est rapidement transformé en un nouvel échec militaire et les unités ukrainiennes ont battu en retraite, subissant des pertes considérables.

Ensuite, le navire de la marine russe “Ivan Churs” a été attaqué par trois vedettes sans équipage équipées d’explosifs à quelque 140 km au nord-est du détroit du Bosphore. Selon le ministère russe de la défense, le navire a détruit toutes les embarcations ennemies à l’aide de ses armes embarquées. Un jour plus tard, le régime de Kiev a publié une vidéo montrant une attaque contre le navire. On y voit qu’au moins un des bateaux s’est dangereusement approché de l’Ivan Churs. On ne sait toujours pas si l’attaque a causé des dommages au navire.

Ces actions ont été accompagnées d’une série de tentatives d’attaque des zones frontalières russes à l’aide de missiles et de drones. Le 26 mai, un missile a été abattu au-dessus de la région de Rostov, ce qui constitue l’un des événements les plus récents. Dans le même temps, la façade d’un immeuble de bureaux a été endommagée lors d’une attaque présumée de drone dans la ville de Krasnodar. En outre, les unités d’artillerie et de roquettes ukrainiennes ont intensifié leurs frappes sur des cibles civiles situées dans leur rayon d’action. Donetsk et Berdyansk ont été parmi les cibles de ces attaques. (…)

La réalité sur le terrain diffère considérablement des contes de fées que les médias grand public tentent de faire avaler à leurs téléspectateurs. Le désarroi et le chaos qui règnent au sein de la population du territoire contrôlé par Kiev, y compris les troupes pro-Kiev, ne sont contenus que par des persécutions extralégales sévères. Néanmoins, même cette approche ne fonctionne pas de temps en temps. Le 25 mai, une vidéo a été mise en ligne, montrant prétendument le commandant de l’un des bataillons ukrainiens abattu par l’un de ses subordonnés (…) après avoir refusé l’ordre de se rendre à la ligne de contact avec les forces russes.

Pendant ce temps, les combats de position se poursuivent dans la région du Donbass et dans les zones voisines. Dans la direction de Koupiansk, les unités russes ont détruit un obusier D-20 et perturbé quatre tentatives de rotation d’unités pro-Kiev vers des positions avancées près de Koutcherovka. L’aviation russe a effectué des frappes de missiles sur les zones de déploiement temporaire de la 1ère brigade séparée des forces d’opérations spéciales et sur les points de rassemblement du personnel, des armes et du matériel militaire de la 14ème brigade et des unités de défense territoriale des forces armées ukrainiennes. (…) »

Le coup le plus dur pour l’armée ukrainienne : L’échec des systèmes de défense anti-missile Patriot face aux Kinjals

Selon Military Watch Magazine.

« L’opération réussie de l’armée de l’air russe visant à détruire un système de missiles Patriot protégeant la capitale ukrainienne, Kiev, le 16 mai, à l’aide de chasseurs d’assaut MiG-31K armés de missiles balistiques hypersoniques Kh-47M2 Kinzhal, représente le premier effort sérieux de suppression moderne contre les défenses aériennes occidentales à longue portée. En effet, des systèmes tels que le Kinzhal, le système surface-sol Iskander-M sur lequel il est basé, et même l’OTR-23 Oka soviétique à partir duquel l’Iskander a été développé, sont tous considérés depuis longtemps comme impossibles à intercepter pour les nouveaux moyens de défense aérienne occidentaux. Les missiles sont particulièrement résistants en vol en raison d’un certain nombre de caractéristiques, notamment leurs trajectoires semi-balistiques déprimées, qui ont des apogées de 50 km, leur capacité à effectuer de vastes manœuvres en vol et leurs vitesses terminales hypersoniques proches de Mach 9, toutes bien au-delà des paramètres d’interception d’un système tel que le Patriot. La capacité des Kinzhals à détruire le Patriot et à échapper à 32 tirs de missiles sol-air destinés à les intercepter indique donc que les attentes concernant la quasi-invulnérabilité de ce type de missiles se sont probablement concrétisées ».

Le 30 mai, Vladimir Poutine a confirmé que les forces russes avaient frappé le QG du renseignement militaire à Kiev. « L’attaque contre le siège du GUR est confirmée par les images de Kiev. La circulation a été bloquée sur le pont de la Havane, qui relie l’île de Rybalsky, où se trouve le quartier général des services de renseignement, à Podol. La veille, une frappe russe avait été signalée dans la région, mais les autorités ukrainiennes ne l’ont pas confirmée.

Pendant ce temps, le ministre russe de la défense, le général d’armée Sergei Shoigu, a tenu une conférence avec les dirigeants des forces armées de la Fédération de Russie. Il a présenté les résultats de l’opération militaire en Ukraine en mai 2023. Les déclarations les plus importantes sont les suivantes :

L’armée russe a touché un autre système de défense aérienne Patriot à Kiev ;

Au cours du mois dernier, les forces armées ukrainiennes ont perdu plus de 16 000 soldats, 16 avions, cinq hélicoptères, 466 drones et plus de 400 chars ;

Les troupes russes ont intercepté 29 missiles de croisière à longue portée Storm Shadow en un mois ;

En outre, 196 roquettes HIMARS et 16 missiles HARM ont été interceptés ;

Les “curateurs occidentaux” demandent à Kiev de lancer une contre-offensive, malgré les lourdes pertes subies par les forces armées ukrainiennes ;

Les forces armées de la Fédération de Russie suivent les voies d’approvisionnement en armes occidentales de l’Ukraine et les attaquent ;

D’importants dépôts d’armes occidentaux à Khmelnitsky, Ternopol et Mykolaiv ont été détruits ces derniers jours. »

A vrai dire, les ripostes ukrainiennes oscillent désormais entre le dérisoire et le tragique.  Le 30 mai au matin, a eu lieu une frappe de drones sur Moscou, sans blessés ni morts. La partie russe affirme avoir détruit les drones , 19, qui n’ont pas eu une trajectoire défaillante.    

Dans la nuit du 30 au 31 mai : 4 Himars ont tiré sur une ferme dans la région de Lougansk. Faisant 5 morts et 15 blessés. Uniquement des civils.

La contre-offensive ukrainienne aura-t-elle lieu ?

La contre-offensive ukrainienne tant annoncée semble s’essouffler, si elle n’est pas déjà morte, sous le pilonnage incessant par la Russie des stocks d’armes et de munitions ukrainiens, ainsi que des points de rassemblement des troupes.

Aura-t-elle-même jamais lieu ? Vijainder K Thakur en doute  

« Pour que la contre-offensive réussisse, ce qui arrive aux forces ukrainiennes aurait dû arriver aux forces russes.

La force aérospatiale russe (RuAF) a fait preuve de discernement et de dextérité dans l’utilisation de ses ressources : Elle a frappé des installations industrielles tentaculaires avec des drones kamikazes Geran-2 tout en utilisant des missiles de croisière Kh-101 et Kalibr, lancés depuis l’air et la mer, pour des attaques ciblées.

Lorsqu’il faut frapper fort, les forces russes utilisent des missiles supersoniques Onyx (analogue du BrahMos) ou des missiles quasi-balistiques Iskander-M à l’aide de lanceurs mobiles terrestres. Pendant ce temps, les drones-leurres russes obligent les systèmes antiaériens ukrainiens à dépenser inutilement leurs munitions. (…)

Malheureusement pour l’Ukraine, après le retrait des forces russes de la rive droite du Dniepr, les rusés dirigeants militaires russes ont reconfiguré le déploiement de leurs forces, les dépôts de stockage et la défense aérienne (DA) de manière à réduire considérablement le potentiel destructeur des roquettes HIMARS, d’une portée de 80 km.

La Russie a également modifié le logiciel de ses systèmes de défense aérienne afin d’améliorer le taux d’élimination des roquettes HIMARS par ses missiles de défense aérienne. Lentement mais sûrement, la Russie a neutralisé l’avantage des HIMARS dans une large mesure.

Déterminé à affaiblir la Russie par le biais d’une contre-offensive par procuration, le 11 mai 2023, le Royaume-Uni a jeté la prudence aux orties et annoncé qu’il offrirait à l’Ukraine des missiles de croisière Storm Shadow d’une portée de plus de 250 km.

Le ministre de la défense, Ben Wallace, a déclaré au Parlement que le Royaume-Uni faisait don des missiles Storm Shadow à l’Ukraine pour l’aider à reconquérir les territoires perdus par la Russie depuis le début de son invasion !

Avec le transfert des Storm Shadow, le Royaume-Uni a ouvertement franchi une ligne rouge russe et est devenu le premier pays à fournir à l’Ukraine des armes à plus longue portée capables d’atteindre des cibles à l’intérieur de la Russie.

Lorsque Kiev a utilisé pour la première fois le Storm Shadow le 12 mai 2023, la contre-offensive ukrainienne semblait imminente et inquiétante.

Dans une analyse publiée le 12 mai 2023, nous avons analysé l’impact probable de l’introduction des missiles Storm Shadow et conclu que le réseau de radars de contre furtivité de la Russie “est efficace et facilitera l’interception de nombreux missiles Storm Shadow”.

“Toutefois, à l’instar des roquettes HIMARS et des bombes JDAM-ER, certains missiles Storm Shadow passeront à travers les défenses russes. Compte tenu de la portée beaucoup plus grande du Storm Shadow, de son immunité à la guerre électronique et de son ogive plus destructrice, chaque Storm Shadow qui passera à travers les défenses russes portera un coup douloureux ».

Notre analyse s’est avérée exacte. Deux semaines après l’introduction des missiles Storm Shadow, l’Ukraine n’a pas réussi à réduire la capacité de la Russie à approvisionner ses forces, mais certains missiles sont passés au travers et ont porté des coups douloureux, selon des sources ukrainiennes.

Le 12 mai 2023, deux missiles Storm Shadow ont frappé une école d’aviation russe à Lougansk, tuant neuf aviateurs et détruisant plusieurs avions.

Le 14 mai, deux missiles Storm Shadow ont pris pour cible une école d’aviation russe à Lougansk utilisée par l’armée russe.

Le 26 mai 2023, des missiles Storm Shadow ont frappé un dépôt de missiles russes à Marioupol, provoquant une explosion massive et un incendie.

Au cours de la même période, les forces de défense aérienne russes ont abattu des missiles Storm Shadow comme suit :

15 mai – 1

16 mai – 7

20 mai – Nombre non spécifié

22 mai – Nombre non spécifié

26 mai – 2

(…) La caractéristique la plus remarquable de l’attaque de Lougansk était sa sophistication technique et son excellente coordination, qui témoignent d’un niveau d’entraînement très élevé.

L’Ukraine aurait utilisé deux missiles de croisière Storm Shadow. Le lancement des missiles Storm Shadow par un avion ukrainien Su-24MR a manifestement été précédé par le lancement de missiles leurres ADM-160 fournis par les États-Unis, qui ont forcé les radars AD russes à s’allumer prématurément et à révéler leurs positions, avant d’être frappés par des missiles AGM-88 HARM lancés par un MiG-29 ukrainien.

Lorsque les Storm Shadows sont arrivés, les défenses aériennes russes s’étaient éteintes !

L’utilisation de leurres ADM-160 est une première dans le conflit. Les États-Unis n’avaient pas annoncé la fourniture de leurres à l’Ukraine, ce qui explique peut-être pourquoi les unités de défense aérienne russes ont été facilement incitées à les engager. (…)

Outre les défenses aériennes russes, l’Ukraine n’a pas pleinement exploité le potentiel des missiles Storm Shadow en raison du nombre limité de plates-formes de lancement dont elle dispose.

Le Storm Shadow pèse 1 900 kg. L’Ukraine possède deux chasseurs lourds, le Su-24 et le Su-27, qui sont théoriquement capables de transporter le missile.

Au début de la guerre, en février 2022, l’Ukraine aurait disposé de 34 Su-27 et de 16 à 24 Su-24M. (…)

En fait, Reznikov a révélé que l’Ukraine ne disposait plus que de 6 plates-formes de lancement Storm Shadow en service ! Cette révélation n’était pas très intelligente, à moins qu’il ne s’agisse de désinformation. Toutefois, la pénurie de plateformes de lancement pourrait expliquer l’utilisation limitée des missiles Storm Shadow avant la contre-offensive ukrainienne.(…)

Il est intéressant de noter que la Russie affirme avoir abattu trois chasseurs-bombardiers Su-24 depuis l’introduction des missiles Storm Shadow : un le 13 mai (à Lougansk), un le 17 mai (près de Varvarovka en RPD) et un le 18 mai (à Slavyansk).

L’augmentation soudaine du nombre de Su-24 abattus par l’Ukraine jette des doutes sur la viabilité des opérations Storm Shadow ukrainiennes. Il est clair que la RuAF traque vigoureusement les Su-24 ukrainiens.

L’incapacité de l’Ukraine à réduire la capacité de la Russie à maintenir ses troupes de première ligne bien nourries et approvisionnées grâce aux missiles Storm Shadow est probablement l’une des raisons les plus importantes de l’incapacité de l’Ukraine à lancer sa contre-offensive, malgré des conditions météorologiques favorables ».

Le gouvernement allemand s’enfonce toujours plus dans une russophobie suicidaire pour le pays et l’Union Européenne

L’Europe se défait sous nos yeux : Les expulsions réciproques de diplomates et personnels des institutions culturelles par l’Allemagne et la Russie continuent.

Il faut dire qu’une partie du monde dirigeant allemand s’enfonce dans des spéculations de plus en plus dangereuses – à l’opposé de la tradition réaliste de la diplomatie allemande, qui va de Bismarck à Schröder en passant par Stresemann et Willy Brandt et qui fait de la bonne entente germano-russe une condition essentielle de la stabilité du continent !

J’en veux pour preuve un article paru dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung – média qui joue chez les élites de RFA le rôle, approximativement, que joue Le Monde auprès des élites françaises. On y lit que les Ukrainiens réclament à l’Allemagne des missiles Taurus pour pouvoir équiper les F-16 qui lui seront peut-être livrés et être en mesure de « changer la donne » en frappant Moscou. Le plus grave, c’est que (1) l’auteur de l’article ne dénonce pas le caractère d’élucubrations grotesques de ces demandes ukrainiennes au moment où les systèmes Patriot apparaissent impuissants face aux missiles Kinjal ; (2) il y est question de réserves, non d’un rejet catégorique au sein du monde dirigeant allemand.

 « L’Ukraine avait demandé à Berlin de lui envoyer des missiles Taurus à longue portée lancés par avion. Ces missiles sont de fabrication germano-suédoise et Kiev pense qu’ils pourraient “changer la donne” sur le champ de bataille s’ils sont utilisés dans les avions de chasse F-16 – que les forces ukrainiennes espèrent également recevoir bientôt de leurs alliés de l’OTAN ».

Selon l’article, le gouvernement allemand serait confronté à un “dilemme” face à la demande ukrainienne, « car de nombreux fonctionnaires doutent que Kiev utilise ces équipements de manière judicieuse. Ce doute est dû au fait qu’un missile Taurus à longue portée atteint une distance de 310 miles, estimée à 500 km. Cela signifie que, selon l’endroit d’où les forces ukrainiennes lancent leurs missiles, il serait possible de frapper Moscou et d’autres cibles proches de la capitale russe. Étant donné qu’il est prévu d’utiliser ces armes avec des avions F-16, les chances sont encore plus grandes que les attaques soient menées en profondeur, ce qui conduirait à une escalade sans précédent ».

Par ailleurs, l’article fait également état de préoccupations sécuritaires de la part du gouvernement allemand. Selon les sources,  « les missiles Taurus nécessitent des informations détaillées, précises et actualisées pour être utilisés correctement. Berlin n’est pas encore certain de vouloir partager de telles données stratégiques avec ses partenaires ukrainiens, c’est pourquoi des doutes subsistent quant à la fourniture de ces missiles ».

Enfin, l’Allemagne fait pression sur l’Union Européenne pour que des sanctions soient imposées sur le nucléaire civil russe :

« Selon le journal polonais Dziennik Gazeta Prawna (DGP), le différend sur les sanctions visant le combustible nucléaire russe se poursuit à huis clos au sein de l’Union européenne.

La Pologne, l’Allemagne et les pays baltes réclament une position plus ferme et l’expulsion de l’énergie nucléaire russe de la Communauté. Toutefois, les pays de l’UE ne se sont pas encore mis d’accord sur des restrictions à l’encontre du secteur nucléaire russe.

Les pays qui s’opposent aux sanctions contre l’entreprise publique russe d’énergie atomique Rosatom sont ceux qui sont fortement liés à l’importation de combustible nucléaire russe : La Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Slovaquie et surtout la Hongrie.

Budapest, en coopération avec les Russes, construit la centrale nucléaire PAKS II et cherche plutôt à développer des liens énergétiques avec Moscou, au lieu de s’en éloigner. Toutefois, l’Allemagne, la Pologne et les pays baltes font pression en faveur d’une position plus ferme et de l’élimination de l’énergie nucléaire russe de l’UE.

Si l’approvisionnement en combustible nucléaire russe était interrompu, les défis énergétiques auxquels l’Europe serait confrontée seraient considérables. Pas moins de 18 centrales nucléaires en Europe centrale et orientale ont été construites par la Russie, s’appuient sur des technologies russes et utilisent de l’uranium enrichi fourni par Rosatom.(…)

Selon le rapport annuel de l’Agence d’approvisionnement d’Euratom pour 2021, une tonne d’uranium sur cinq importée par l’UE provenait de Russie. Les pays de l’UE ont importé un total de 2 358 tonnes d’uranium brut, payant à Vladimir Poutine environ 210 millions d’euros. Cet uranium est utilisé dans deux réacteurs en Bulgarie, six en République tchèque, deux en Finlande, quatre en Hongrie et quatre en Slovaquie ».

On en sait plus sur la vision de la Chine, sur laquelle s’appuie son plan de paix

Le Wall Street Journal a fait part de ses doutes quant à la position médiatrice de la Chine. Pourquoi ? Parce que la Chine, dans les messages qu’elle a fait passer en Europe de l’Ouest, a considéré qu’aucune paix ne pourrait être conclue sans des concessions territoriales à la Russie ! Réseau International publie une bonne analyse de la position chinoise, en s’appuyant sur les révélations faites par le Wall Street Journal :

« Li Hui, qui vient de visiter Kiev, Varsovie, Berlin, Paris et Bruxelles, a en effet posé les pieds dans le plat : Sur la base de l’«Initiative de Sécurité Globale» et du «Plan en 12 points pour la paix en Ukraine», publiés par le ministère chinois des Affaires étrangères le 24 février, il a fait remarquer à ses interlocuteurs qui les avaient acceptés que :

• La Russie a raison en droit international d’entreprendre son opération militaire spéciale contre les «nationalistes intégraux» ukrainiens. Non seulement cela n’est pas contraire à la Charte des Nations unies, mais c’est une application légitime de sa «responsabilité de protéger» les populations russophones.

• La Crimée, le Donbass et la partie Est de la Novorossia ont légitimement adhéré à la Fédération de Russie par voie de référendum.

• La Russie devra néanmoins respecter la décision du 16 mars 2022 de la Cour internationale de Justice (c’est-à-dire le tribunal interne de l’ONU) qui lui a ordonné de «suspendre» ses opérations militaires en Ukraine.

Cependant, le diplomate chinois mandaté par Xi Jinping a fait plusieurs reproches à ses interlocuteurs de l’UE :

• Celui d’avoir installé des dépôts d’armes et des bases militaires de l’OTAN à l’Est en violation de leur signature de la Déclaration d’Istanbul de l’OSCE (2013) ;

• Celui d’avoir organisé et soutenu un coup d’État en 2014 contre les autorités légitimes de l’Ukraine ;

• Celui de ne pas avoir appliqué les Accords de Minsk, signés par l’Allemagne et la France, (2014 et 2015) puis ratifiés par le Conseil de Sécurité des Nations unies ;

• Celui d’avoir pris des mesures coercitives unilatérales contre la Russie en violation de la Charte des Nations unies (1947). (…)

Li Hui a par ailleurs déclaré à ses interlocuteurs qu’ils n’avaient aucune raison de s’aligner sur la position des États-Unis et devaient faire preuve d’autonomie. (…). M. Li s’est même risqué à leur dire que s’ils devaient se séparer économiquement de Washington, ils pouvaient se tourner vers Beijing.

Pour les Européens, ce discours raisonnable était inaudible psychologiquement. (…)Ils n’ont donc pas répondu à l’argumentaire chinois, mais on déclaré sans surprise qu’ils ne se découpleraient pas des États-Unis, qu’ils exigeait avant toute négociation le retrait des troupes russes d’Ukraine ; et qu’ils comptaient sur la Chine pour le conflit ne dégénère pas en guerre nucléaire.

Ce dernier refrain atteste que les Européens n’ont toujours pas compris ni la position des Russes, ni celle des Chinois. Le président Poutine a maintes fois expliqué qu’il n’utiliserait pas en premier l’arme nucléaire stratégique. (…) En outre, la Chine se considère comme l’alliée militaire de la Russie en cas d’affrontement mondial, mais pas dans les conflits qui ne la concerne pas, comme celui d’Ukraine. Elle n’envoie d’ailleurs aucune arme là-bas. Cette distinction entre allié stratégique et allié tactique est une caractéristique du monde multipolaire que Moscou et Beijing s’emploient à construire. Il n’est pas non plus question pour la Russie de former une coalition derrière elle pour aller la soutenir en Ukraine ».

 

 

L’attaque contre le «Ivan Khurs» met fin à l’accord sur les céréales

 

par Evgueni Fedorov - Le 27/05/2023.

Mikola contre Ivan Khurs

Le 24 mai, «Ivan Khurs» dans les eaux neutres, à 140 kilomètres au nord-est du Bosphore, a été attaqué par trois bateaux sans pilote. Chaque bateau transportait jusqu’à cent kilogrammes d’explosifs, et pour un navire de reconnaissance d’un déplacement complet de quatre mille tonnes, même un drone pourrait être fatal. Le navire est bourré d’équipements radio, assez modernes (lancés en 2017) et pratiquement dépourvus d’armes.

Bien sûr, si vous ne tenez pas compte de quatre mitrailleuses de 14,5 mm sur des installations de piédestal – deux plus proches de la proue et deux à l’arrière. Le navire est protégé des attaques aériennes par les MANPADS Igla et Verba. C’est précisément en raison de la protection symbolique que les Ukrainiens ont choisi «Ivan Khurs» comme cible. Mais pas seulement pour cette raison.

Le point se situe dans le domaine de l’eau, coïncidant étonnamment avec les moyens de transport du grain depuis trois ports d’Ukraine – Odessa, Tchernomorsk et Yuzhny. Khurs était engagé dans l’exploration et la protection des gazoducs Turkish Stream et Blue Stream, qui sont devenus vitaux après l’attaque terroriste contre le Nord Streams.

Il devrait être immédiatement déterminé que les drones n’ont pas pu atteindre par eux-mêmes le lieu de l’attaque du navire. Même si on imagine que des drones lancés depuis l’extrême sud de la région d’Odessa, l’approvisionnement en carburant était suffisant au mieux pour 100 à 120 km. Autrement dit, pour atteindre le point de contact avec Khurs, il a fallu plusieurs fois pour faire le plein quelque part.

Les drones d’attaque Mikola-3, annoncés en Ukraine, sont construits sur la base de l’UUV américain MANTAS T-12, dont la portée ne dépasse pas 110 km. Zelensky a promis de construire la première flotte de drones marins au monde, et il semble que quelque chose a déjà commencé à fonctionner.

Ils ne pouvaient pas envoyer Mikola pour intercepter notre officier du renseignement de l’OTAN Bulgarie – à plus de 200 km du point de contact présumé. Qui et comment ont livré les drones ukrainiens à l’autre bout de la mer Noire n’ont pas été annoncés.

Avec un degré de probabilité élevé, les produits ont été déchargés de l’un des nombreux navires à cargaison sèche avec du grain passant à proximité. L’appui aérien, la recherche d’Ivan Khurs et la transmission du signal de contrôle ont été effectués par des drones américains – Kiev n’a tout simplement pas ses propres capacités pour cela. Il n’y a pas si longtemps, les combattants russes ont forcé l’un d’entre eux à s’écraser violemment, après quoi les routes de l’équipement ennemi sont devenues beaucoup plus au sud. C’est au sud de la mer Noire que Khurs travaillait.

Le 4 mai, une paire de RQ-4B et RQ-XNUMXD américains s’est accrochée en eaux neutres. Cependant, les drones de reconnaissance n’ont peut-être pas relayé le signal aux Mikols, mais ont seulement détecté le navire russe. Les drones maritimes ukrainiens sont équipés de paraboles Starlink, qui suppriment automatiquement toutes les questions sur l’emplacement des opérateurs – les pilotes peuvent être à Kiev ou à Washington.

Des drones ukrainiens ont travaillé dans les environs de la Crimée l’année dernière. Source : Télégramme

«Ivan Khurs» s’en est bien tiré. Selon le ministère de la Défense, les trois drones qui ont attaqué le navire ont été détruits, l’armée a même joint une vidéo avec la défaite de l’un d’eux.

En réponse, les nationalistes ont publié une vidéo où prétendument l’un des Mikols s’approche de la poupe du navire et coupe l’enregistrement. Il est à noter que la trajectoire du drone passe à la portée de la machine d’alimentation Ivan Khurs, mais il n’y a aucun signe de son fonctionnement. Si vous faites confiance à la vidéo, vous pouvez tirer deux conclusions – soit le drone n’a pas fonctionné, soit il a déjà été neutralisé sur le navire lui-même.

Plus important encore, le navire de reconnaissance de la mer Noire ne montre aucun signe de détresse, ce qui signifie que la provocation ukrainienne a été déjouée.

C’est loin d’être la première attaque contre des navires russes et, bien sûr, pas la dernière. Apparemment, il devient de plus en plus difficile de franchir les barrières et les gardes à Sébastopol, de sorte que les forces armées ukrainiennes chercheront leurs victimes loin en mer. Avec l’aide des camarades de l’OTAN, bien sûr. Il n’a pas été possible de couler l’Ivan Khurs avec trois drones – la prochaine fois, ils enverront un essaim entier. Même la nuit, bien sûr.

De nouvelles menaces doivent être prises en compte à l’avenir, en particulier lorsque les transporteurs de céréales traverseront la mer Noire depuis les ports ukrainiens.

Drones contre la Turquie

L’attaque contre l’Ivan Khurs n’est pas seulement une tentative de couler un navire russe avec 120 membres d’équipage, mais aussi un coup porté à la réputation d’Erdogan. Littéralement à quelques jours du second tour des élections présidentielles en Turquie, une provocation a lieu dans le sud de la mer Noire. Ce n’est un secret pour personne que le deuxième candidat, Kemal Kılıçdaroglu, s’il n’est pas russophobe, est alors complètement en désaccord avec la politique d’Erdogan envers la Russie. Celui-ci est capable de bloquer le Bosphore pour tous les navires en provenance des ports russes, et de renvoyer les Bayraktars dans le ciel ukrainien.

Le calcul de Kiev, Washington et Bruxelles était simple – couler l’Ivan Khurs avec les mains des nationalistes, provoquer une réponse de la part des dirigeants russes, et un Kemal satisfait dirait : «Regardez à quoi Erdogan a amené le pays – des navires sont coulés très près de la Turquie. Voulez-vous la guerre dans vos maisons ?»
Au sein de l’OTAN également, peu de gens se réjouiront de la réélection du président turc sortant pour un second mandat. Tolérer un dirigeant qui place les intérêts de son pays au-dessus des valeurs paneuropéennes et surtout américaines pendant encore cinq ans. Aussi étrange que cela puisse paraître, le sort non seulement d’Ivan Khurs, mais aussi des élections en Turquie dépendait de la précision des tireurs de mitrailleuses de 14,5 mm. Bien que très indirectement.

«Ivan Khur»

La deuxième raison de l’attaque contre le navire russe était les préparatifs d’une future attaque contre les branches gazières Turkish Stream et Blue Stream. La Russie est progressivement coupée des marchés étrangers et des sphères d’influence. L’Occident fait quelque chose, mais il y a de sérieux problèmes avec quelque chose. Une répétition de l’acte terroriste avec les Nord Streams dans la mer Noire est le rêve bleu de tout bureau du président Zelensky. Et un puissant levier de pression sur le gouvernement Erdogan, ainsi qu’une diversion pour la mer Noire flotte Russie.

Toute cette histoire d’une manière ou d’une autre repose sur le fameux accord sur les céréales, soit dit en passant, dont l’architecte était Erdogan. Une provocation réussie avec «Ivan Khurs» pourrait pousser le Kremlin à prendre des mesures musclées vers cet accord. Et encore une fois juste avant les élections présidentielles en Turquie.

Les transporteurs de céréales, dans les cales desquels non seulement le blé ukrainien, mais aussi le Mikola avec des centaines de kilogrammes d’explosifs pour nos marins, doivent aller au fond. Et l’accord sur les céréales, pour que personne n’ait plus de tentations, immédiatement après la réélection d’Erdogan, doit être revu. Soit c’est vraiment rentable et sûr pour la Russie, soit pas un seul navire ne s’approche des ports ukrainiens.

source : Top War

Des F-16 pour l’Ukraine

Source : The Saker francophone - par Moon of Alabama - Le 23/05/2023.


Par Moon of Alabama – Le 23 mai 2023

Il y a quelques jours, le président américain Joe Biden a annoncé la formation de pilotes ukrainiens à l’avion de combat multirôle F-16 :

Le président Joe Biden a déclaré vendredi aux dirigeants du G7 que les États-Unis se joindraient aux efforts visant à former les pilotes ukrainiens aux avions de combat de quatrième génération, notamment les F-16, a déclaré vendredi un haut responsable de l’administration à CNN.
Il est évident que cette initiative était prévue depuis un certain temps. La date de l’annonce au sommet du G7 a simplement été choisie pour maximiser la valeur de la propagande de Joe Biden.

 

Le processus auquel nous avons assisté s’est répété à maintes reprises. Comme le décrit un blogueur pro-ukrainien (qui n’a aucune connaissance militaire) :

Il s’agit clairement d’une guerre par procuration entre la Russie et l’OTAN, qui fait la part belle aux considérations politiques inhérentes à toute guerre. L’objectif de l’Ukraine est de soutirer à l’OTAN, et en particulier aux États-Unis, toute l’aide militaire humainement possible. L’objectif des États-Unis est plus complexe : fournir suffisamment d’aide pour faire reculer la Russie, mais pas au point que sa guerre par procuration avec la Russie dégénère en guerre réelle.

Cette dynamique a créé un scénario à la Hunger Games où l’Ukraine joue constamment avec les caméras pour obtenir des cadeaux supplémentaires de la part des riches sponsors qui observent ses moindres faits et gestes en temps réel sur Internet. J’avais décidé de ne pas utiliser cette analogie jusqu’à ce que je voie les Ukrainiens eux-mêmes l’utiliser. Il y a quelque chose de grotesque et de dégrisant à se retrouver dans cette position et à écrire à ce sujet. Mais c’est ainsi.

J’avais supposé que l’entraînement des F-16 avait en fait déjà commencé il y a plusieurs semaines. Josep Borrell, le grand bavard de l’Union européenne, vient de le confirmer :

Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a déclaré mardi que le feu vert donné par les États-Unis pour permettre aux pilotes ukrainiens de s’entraîner à piloter des F-16 a créé une dynamique inexorable qui amènera inévitablement les avions de combat sur le champ de bataille ukrainien.

M. Borrell a ajouté que l’entraînement des pilotes ukrainiens avait déjà commencé en Pologne et dans d’autres pays, bien que les autorités de Varsovie n’aient pas été en mesure de confirmer immédiatement la nouvelle. Les Pays-Bas et le Danemark, entre autres, prévoient également ce type de formation.
Aucune décision n’a encore été prise quant à la livraison d’avions de combat de quatrième génération, mais la formation des pilotes – un processus qui prend plusieurs mois – permettra d’accélérer la préparation au combat une fois qu’une décision officielle aura été prise.

Le processus sera beaucoup plus rapide qu’on ne le pense.

Les avions à réaction que l’Ukraine recevra ont déjà été sélectionnés et feront l’objet d’une maintenance préparatoire. Les pilotes ukrainiens, qui ont déjà une certaine expérience sur d’autres avions de combat, ne suivront qu’un bref cours d’introduction – six à huit semaines, voire moins. Ils n’ont pas besoin de s’entraîner aux combats aériens, car le F-16 perdrait tout combat de ce type contre les jets russes plus récents et mieux armés. Ils ont juste besoin d’apprendre les bases, le démarrage, l’atterrissage, la montée jusqu’à une certaine hauteur et le point de lancement, le déclenchement de l’arme à longue portée qui sera embarquée. Tout le reste serait du suicide.

La grande question est de savoir d’où partir et où atterrir. Le F-16 a un rayon d’action relativement court de quelque 500 kilomètres et il n’y aura pas de ravitaillement en vol. Il n’y a pas beaucoup d’aérodromes adaptés aux missions de l’avion de chasse.

Quelqu’un qui semble compétent explique le problème (édité) :

À ma connaissance, l’armée de l’air ukrainienne a dû recourir à des tactiques de guérilla sur les aérodromes pour que les Russes ne sachent pas d’où ils opèrent. Il s’agit d’empêcher Moscou de cibler l’aéronef/l’aérodrome improvisé par des attaques de drones et des frappes aériennes, de détruire les aéronefs stationnaires ou de rendre la “piste” inutilisable. Les avions soviétiques sont parfaitement adaptés à cette tâche.
Par exemple, le MiG-29 “Fulcrum” utilise des couvercles automatiques contre les débris de corps étrangers (FOD) qui se ferment lors du démarrage initial (vidéo). Pendant ce temps, les persiennes situées au sommet de la racine de l’aile s’ouvrent pour fournir une autre entrée d’air aux moteurs à réaction. Au décollage, une fois que l’interrupteur de masse sur roues (WoW) situé dans le train avant détecte que l’avion a quitté le sol, les persiennes se ferment et les couvercles FOD de l’entrée d’air primaire se rétractent, permettant un flux d’air maximal vers les moteurs une fois que le danger de dommages causés par les FOD est passé. Cette conception ingénieuse permet au Fulcrum d’opérer non seulement à partir de pistes non améliorées ou même d’autoroutes, mais aussi à partir de champs d’herbe. L’aile elle-même et la distance au sol empêchent les petits cailloux et les débris d’être aspirés par les délicats moteurs.

Je ne saurais trop insister sur la dangerosité et l’invalidité des FOD pour les aéronefs. Une simple pierre, un boulon, un écrou ou un débris routier mineur peut avoir un effet cataclysmique sur un moteur à réaction moderne à hautes performances. Les dommages peuvent survenir au décollage, puis s’aggraver progressivement pendant le vol, à mesure que les pales, désormais potentiellement déformées ou déséquilibrées, commencent à autodétruire les composants internes du moteur. Même si un MiG-29 arrête un moteur à cause d’un boulon ou d’un outil mal placé par un mécanicien ou de l’ingestion d’un oiseau pendant le vol ou le décollage, le MiG possède deux moteurs qui sont isolés dans des baies séparées, ce qui évite que la destruction d’un moteur n’entraîne celle du second.

Le F-16, en revanche, n’est absolument pas adapté à ce type d’aérodrome. Le bas de la lèvre d’entrée d’air se trouve à environ 30 pouces du sol, sans qu’il soit possible de prévoir une autre entrée d’air. De plus, tout le flux d’aspiration de cet air provient des côtés, de l’avant et du sol puisqu’aucun air ne peut être ingéré au-dessus du moteur (c’est là que se trouve le fuselage). En l’absence de protection contre les FOD ou d’autres prises d’air montées en hauteur pendant tout le temps passé au sol, des mesures rigides et inflexibles de contrôle des FOD s’imposent, depuis le lieu de démarrage du moteur jusqu’aux itinéraires de roulage vers la piste d’atterrissage.

 

Dans l’USAF, cela signifiait que des centaines de mainteneurs marchaient à bout de bras deux à trois fois par jour, les yeux rivés sur le sol, à la recherche du moindre débris susceptible d’être ingéré par l’aspirateur de plusieurs millions de dollars dont nous n’avions à entretenir qu’UN SEUL moteur. En outre, une procession presque constante de nettoyeurs de rue montait et descendait la ligne de vol, les voies de circulation et la piste d’atterrissage. Tout devait être impeccable sous peine de mettre en péril l’avion ou, pire, les pilotes.

Imaginez la préparation nécessaire pour mener à bien ce processus sur une autoroute droite de 10 000 pieds de long, dans l’obscurité, tout en essayant d’être aussi discret que possible pour ne pas attirer l’attention des collaborateurs ou des espions russes. Vous ne pouviez pas sauter d’une autoroute à l’autre ou courir à partir d’aérodromes non améliorés comme l’armée de l’air ukrainienne peut le faire avec des MiG-29, vous auriez été menotté ou, à tout le moins, moins mobile. Imaginez un terrain d’aviation soviétique désaffecté dont toutes les mauvaises herbes ont été arrachées des fissures du béton, dont le béton a été réparé et dont la piste d’atterrissage est impeccable. Quel signal cela envoie-t-il ? “Des F-16 pourraient opérer, vont opérer ou opèrent à partir d’ici.

Plusieurs autres questions ont été abordées dans le fil de discussion ci-dessus. La philosophie de maintenance des avions américains et russes est différente. Les Russes se contentent de changer les pièces et les systèmes d’usine, tandis que les mainteneurs américains essaient de les réparer localement :

Le MiG-29 nécessite en moyenne 11 heures de maintenance pour UNE heure de vol. Le F-16 ? Une augmentation considérable de 18,5 heures de maintenance pour chaque heure de vol. Ces chiffres s’appliquent à des avions dotés d’équipages expérimentés. Ces chiffres supposent également des heures de vol décentes sur la cellule de l’avion.

L’Ukraine aura également besoin d’un nombre suffisant d’agents de maintenance compétents. La formation de ces derniers prendra probablement plus de temps que celle des pilotes. L’auteur de l’article ci-dessus propose une solution :

De nombreux mécaniciens en Europe et aux États-Unis sont heureux de prêter leurs services à l’UAF en tant que membres de la “Légion internationale” ou de l’itération moderne des “Tigres volants”. J’en fais partie.

Eh bien, bonne chance pour la maintenance des F-16 qui seront bientôt stationnés sur les quelques aérodromes ukrainiens disponibles et donc très vulnérables.

Les défenses aériennes russes, au sol et dans les airs, peuvent certainement supprimer tous les vols de F-16 qui s’approchent d’elles.

La seule raison d’être de ces avions est leur utilisation ponctuelle comme véhicules de lancement de missiles à longue portée, tels que les missiles de croisière britanniques Storm Shadow qui ont été donnés à l’Ukraine. Il est facile de s’entraîner à ces missions, mais je doute qu’elles fassent une différence notable.

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Lire aussi : Livraison de F-16, les États-Unis bottent en touche

« Chaque soldat Ukrainien engagé dans de futures batailles est un homme mort qui marche »

 

par Aleks - Le 26/05/2023.

Artemovsk est tombé.

Cela a de nombreuses implications majeures. Et je vais les parcourir dans cet article avec plusieurs autres sujets.

Artemovsk est tombé. Et il n’est pas tombé parce que Wagner a finalement vaincu les Ukrainiens à Artemovsk. Il est tombé parce qu’il y a eu une décision à Moscou de le prendre maintenant.

J’ai souligné plus tôt que la Russie aurait pu prendre Artemovsk il y a quelque temps, mais c’était la stratégie du général Surovikin d’utiliser Artemovsk comme hachoir à viande pour les forces ukrainiennes. De plus, j’ai souligné que la stratégie de la Russie est très probablement axée sur les objectifs et non sur la date/l’heure. Par conséquent, si tel ou tel événement/jalon a eu lieu, la phase suivante de la stratégie commence. Voir mes articles précédents cités.

L’une des conditions préalables/événements qui devaient avoir lieu avant la prise d’Artemovsk était que la Russie devait achever la préparation de tout le reste pour le développement ultérieur de la guerre. Par conséquent, les potentiels défensifs et offensifs de la Russie en Ukraine sont maintenant en état de remplir les tâches confiées par les dirigeants politiques à Moscou. Un très bon indicateur à cet égard est que la Russie avait la possibilité/le luxe de choisir le moment de la chute d’Artemovsk – à l’occasion du premier anniversaire de la chute de Marioupol. Je ne crois pas aux coïncidences.

Gardez à l’esprit que Wagner n’a pas détruit à lui seul près d’une centaine de brigades ukrainiennes. C’est une connerie totale. J’écrirai plus tard sur Wagner (GRU !) mais pour l’instant, il est important de comprendre que Wagner a fait trois choses :

Wagner a effectué des reconnaissances en force dans la ville pour identifier les positions ennemies. Ils sont allés en petits groupes pour que l’ennemi s’identifie.

Wagner a fait appel à l’artillerie et au CAS (appui aérien rapproché), qui ont essentiellement détruit 80% des effectifs et du matériel ennemis. La majorité des obus d’artillerie provenaient de l’armée russe et non de Wagner. Wagner avait d’autres responsabilités.

Wagner a nettoyé les bâtiments qui venaient d’être détruits alors que l’ennemi était encore sous le choc des obus.

Comment je le sais ? Mais beaucoup d’hommes de ma famille et de personnes vivant autour de ma maison dans le quartier ici ont servi dans des détachements d’assaut qui prenaient des centaines de kilomètres de villages dans les années 90 en ex-Yougoslavie. La plupart d’entre eux étaient des bénévoles. Et c’est ce qu’ils m’ont dit qu’il se passait. Et je crois qu’ils ont raison.

Si Wagner avait combattu seul, maison par maison, compte tenu de son équipement et de ses effectifs, ils auraient été à court d’hommes dès le premier mois de combat.

Néanmoins, je dois dire que jusqu’à ce que Wagner prenne le contrôle de la majeure partie de la ville, il y avait eu plus de coups de pied dans les portes et de déblaiements à cause des civils. Mais au moins pendant les trois derniers mois, c’était presque uniquement du broyage.

Conclusion : L’armée russe a repris le massacre des soldats et du matériel ukrainiens. Wagner les a sortis de leurs trous et a procédé au nettoyage après les barrages d’artillerie. Plus tard, des chars de l’armée ont rejoint le jeu pour réduire les pertes de Wagner en fournissant un appui-feu sur les bâtiments.

Je vous épargnerai tous les détails laids. Et il y a beaucoup de détails laids.

Eh bien, Artemovsk était bien défendu. En fait, c’était la ville qu’il était idéal de défendre. Il avait de la profondeur à l’arrière pour sécuriser les renforts et le ravitaillement. C’est maintenant parti.

Plus d’informations sur les développements futurs potentiels plus tard.

Offensive Ukrainienne
Effondrement
Notions de Base

J’ai beaucoup parlé de l’objectif russe d’effondrer les forces armées ukrainiennes. D’une certaine manière, cela garantirait que l’Ukraine s’épuiserait de ses individus les plus fanatiques et de tout son potentiel militaire. Dans un endroit où c’est favorable à la Russie.

Eh bien, je tiens à annoncer qu’avec la chute d’Artemovsk, je peux déclarer que, selon la définition de l’analyse de la Montagne Noire, l’effondrement de l’Ukraine a commencé.

Qu’est-ce que ça veut dire ? La guerre est finie ? Malheureusement, loin de là.

L’effondrement de la Wehrmacht allemande a commencé en 1943. Certains se disputeraient après la bataille de Stalingrad et d’autres après la bataille de Koursk. Les deux ont eu lieu en 1943. Malheureusement, après ces événements déclencheurs, les combats se sont poursuivis pendant deux ans et ont fait plusieurs millions de victimes supplémentaires de tous les côtés.

La Fin de l’Efficacité au Combat

Le plan d’Artemovsk a été conçu par le général Surovikin pour détruire la main-d’œuvre et l’équipement de l’Ukraine, et par conséquent son efficacité au combat. J’ai beaucoup écrit sur le concept d’efficacité au combat et de cohésion d’unité ici.

Selon ma définition dans cet article, l’efficacité au combat de l’Ukraine est tombée après la chute d’Artemovsk soit au niveau le plus bas, soit proche de celui-ci. Je vous recommande fortement de relire l’article mentionné pour vous rappeler le concept.

Pourquoi ne suis-je pas sûr que l’Ukraine se situe déjà au plus bas niveau d’efficacité au combat ? Cela a quelque chose à voir avec les prétendus 70 000 soldats occidentaux entraînés qui sont préparés à l’offensive ukrainienne. Je crois qu’il reste maintenant en Ukraine quelque 200 000 soldats prêts au combat, dont 70 000 formés en Occident. Les autres sont des troupes mobilisées, non entraînées ou mal entraînées, directement prises dans la rue et brièvement préparées et envoyées au front pour tenir la ligne.

Tant que les gars formés à l’Ouest sont là, nous ne pouvons pas parler d’un effondrement en plein essor. Nous y arriverons dans quelques semaines/mois.

Bon Combat Terminé, Le Massacre Commence.

Je me souviens de la première interview que le général Sourovikine a donnée en août 2022. Là, il a parlé de sa stratégie pour broyer les Ukrainiens. C’est ce qu’il a fait à Artemovsk, tout en mettant en place une défense sophistiquée à l’arrière.

Le général Sourovikine a également dit autre chose. Il a dit qu’il avait hâte de se battre avec les Ukrainiens et qu’il serait heureux d’avoir de bons liens avec les Ukrainiens une fois le combat terminé.

Je veux me joindre à ce sentiment. Les Ukrainiens ont vraiment livré un bon combat. Je leur rends hommage pour leur combat et leur lutte. Je tiens à souligner que ce crédit ne fait pas référence aux nazis ukrainiens et à leurs actions contre les civils. Ce ne sont que de la racaille.

De plus, je tiens à souligner que je comprends et respecte absolument les attaques ukrainiennes contre le continent russe. Ces gars sont en guerre et ils perdent de manière désastreuse.

Comme je l’ai écrit une fois, la poursuite de la guerre du côté ukrainien /OTAN est un grand crime de guerre. Peut-être auront-ils des comptes à rendre d’une manière ou d’une autre pour cela un jour. Et comme il n’y a pas d’autre moyen de riposter alors que l’armée est en train de mourir comme aucune armée n’est morte depuis longtemps, l’Ukraine mène de telles attaques « James Bond » contre la Russie, toujours orchestrées et soutenues par les Britanniques.

Pourquoi toujours les Britanniques ? Je l’ai expliqué précédemment. Les États-Unis envoient toujours les Britanniques pour de telles attaques afin d’avoir un déni plausible en cas de frappes de représailles de la Russie. Par conséquent, si la Russie en avait marre un jour, le Royaume-Uni sombrerait dans l’océan et les États-Unis pourraient dire qu’ils n’y sont pour rien. La question de savoir si la Russie pensera de la même manière est une autre question.

Eh bien, le bon combat de Surovikin est terminé. Il y a quelques moyens de défense aérienne ici et là, mais ils devraient également être épuisés dans les prochains jours/semaines.

Malheureusement, ce qui suivra l’offensive ukrainienne imminente est ce que j’ai décrit dans l’article susmentionné sur l’efficacité au combat. Un couteau chaud dans du beurre. Ou en d’autres termes – un massacre. Dans quelques semaines, il ressemblera métaphoriquement à un enfant piétinant un énorme tas de fourmis, les détruisant toutes. La Russie étant l’enfant dans ce cas. Cela n’a plus rien à voir avec un bon combat. Je suis sûr que le général Sourovikine ne sera pas content de ça…

Prise de conscience en Ukraine Que c’est fini

À en juger par plusieurs commentaires de plusieurs Ukrainiens de haut rang, il me semble que la prise de conscience que c’est fini est enfin en train de s’enfoncer dans les cranes. Chaque soldat engagé dans de futures batailles est un homme mort qui marche. Récemment, une interview intéressante avec l’ambassadeur d’Ukraine au Royaume-Uni (Vadym Prystaiko) a été diffusée. Il a admis plus ou moins ouvertement que l’Ukraine subit des pressions pour lancer l’offensive à venir, même s’il est clair qu’il ne peut y avoir aucune attente d’excellents résultats. Au contraire, il craint que cela ne coûte beaucoup de vies et d’équipements.

Cela semble être l’ambiance générale en Ukraine. Surtout au sein de la direction militaire également.

source : War Analysis via Bruno Bertez

Bakhmout Artemovsk

 

par Patrick Reymond - Le 26/05/2023.

 

Donc, la bataille est terminée, Bakhmout est tombé, et Artemovsk a été libéré. C’est la même cité, vue de deux manières différentes.

Certains ont crié un peu vite à l’échec russe en 2022, en oubliant une chose. Il n’y avait pas à Stavka, de stratégie préétablie, il y a toujours, une adaptation souple aux conditions et opportunités du moment. Une réactivité. Que la Stavka soit devenu le Genchtab, ne change rien à la manière de faire.

En face, le joueur de poker est d’une simplicité simplissime, il joue pour voir. Enfin, pour se voir ramasser un coup de pelle dans la tronche.

Les USA ne savaient pas ce qu’ils allaient faire en Chine. Puis au Viet Nam. Puis en Irak. Puis, etc… Ils ne connaissaient pas les buts de guerre, n’avaient pas de stratégie, à peine de la tactique. La doxa disait « on est les plus forts, on a une grande puissance de feu, ils finiront bien par plier ». Faux. Les adversaires de l’Amérique ont crée la guerre asymétrique ou ont sorti les vieilles recettes, les tunnels vietcongs, notamment. Pendant qu’en haut ils se déchainaient en tiraillant, en dessous, ils s’en foutaient. Les Américains n’avaient simplement aucune idée de l’histoire vietnamienne et de leur manière de faire la guerre. La conquête française n’avait pu être possible que parce que l’empire était très corrompu, les populations, très opprimées par les mandarins, les dettes, les impôts et les injustices. Les Français, pendant un temps, ont été ressenti comme libérateur. Puis les générations ont passé, et la mainmise s’est alourdie, jusqu’à devenir insupportable. Les paysans n’avaient pas ou peu soutenu l’armée impériale.

Là, dans l’affaire ukrainienne, l’armée ukrainienne est sacrifiée pour des effets de manches, d’annonces médiatiques, dans des affaires inutiles.

La bataille proprement dite a été une bataille de Verdun, qui a réussi à l’agresseur. Pourquoi ?

Falkenhayn avait imaginé le plan pour massacrer, dans une proportion de 1 à 2 l’armée française, et l’amener à jeter l’éponge, peu importait les gains sur le terrain. Le but était de mettre KO une fois pour toute l’adversaire. Il aurait simplement fallu une certaine coopération de ladite armée française, mais devant le déluge, l’état-major s’était contenté de soutenir les troupes au contact, en leur laissant une grande autonomie. De toutes façons, ils n’avaient pas les possibilités de contrôler.

Ici, on a mis un cuisinier, un clown, ex-taulard d’URSS, donc un teigneux, un obstiné, qui a largement recruté dans les prisons. Le souvenir des régiments disciplinaires soviétiques pour les défaillants ou les droits communs. Il a recruté largement d’autres taulards teigneux, mais pas que. En gros, 40 000 « musiciens » (Ou cuisiniers ?) qui ont attaqué, massacré et refoulé 120 000 Ukrainiens.

Le plan Falkenhayn a été appliqué, et les Ukrainiens ont marché à fond. Le cuisinier piquait des cacas nerveux pour leur faire croire qu’il était à bout, les incitants à s’accrocher, jetant hommes et matériels dans le chaudron. Là, Zelensky et ses parrains n’ont rien compris au but de guerre : Détruire matériels et hommes.

On fait une contre-attaque d’opérette sur Belgorod, sans aucune portée, mais avec le même résultat, les Ukrainiens ont été décimés. Mais médiatiquement, sabre-de-bois, le président de Kiev, peut plastronner.

Les F16 fournis n’auront aucun impact. Ils se contenteront d’attaquer au ras du sol, et de lancer, de loin quelques missiles, enfin, si on trouve des pistes utilisables pour les faire atterrir. Le navion, du complexe militaro industriel américain, demande ses aises, comme tout le matos, d’ailleurs. Il supporte mal la guerre tout simplement.
Comme dit Todd pour la blague juive du camion de pantalons à une jambe, c’est pas fait pour porter, mais pour vendre. Et revendre.

Et puis, une douzaine, de toutes façons…

Donc, la mission de Wagner, c’était de faire le clown, d’attirer des troupes et de les massacrer, avec des disponibilités en munitions dix fois plus grandes. C’est fait.

Les « pertes irrémédiables », de l’armée ukrainienne, désormais, c’est 400 000. Les pertes russes et wagnériennes, c’est dix fois moins. De toutes façons, les taulards, les mercenaires, tout le monde s’en fout. Au contraire. Dans la guerre de Syrie, les pays arabes et occidentaux vidangeaient leurs prisons pour alimenter le conflit. La seule chose qui fait chier les gouvernants, c’est :

1) ceux qui n’ont pas été tués,

2) ceux de ceux-ci qui veulent revenir.

Questions munitions, le gap s’accroit. Les usines russes tournent à plein et montent en cadence, les usines Zeuropéennes, parlent de produire un million d’obus… en un an. Pour mémoire, en 1917, la production française, de mémoire, atteignait 750 000/jour.

Comme une alliance, en plus, c’est le bordel à tous points de vue (tout le monde cherche à baiser tout le monde + cahot bureaucratique total), Foch disait qu’il n’avait plus aucune considération pour Napoléon depuis qu’il savait ce qu’était une coalition…

En gros, les pouvoirs en occident ne sont soutenus que par la Bourgeoisie. Elle se raconte des histoires et est très satisfaite d’elle même.

La seule chose qui emm…ielerait les Russes, c’est l’effondrement du camp ukrainien et de son armée, avant d’avoir été encore plus éreintée. Cela créerait un chaos, aux portes de la Russie. Ils n’ont pas encore été suffisamment vaincus.

Derniers fouteurs de merde historiques, les Polonais. Apparemment, ils préparent un coup d’État en Bélarus, et y préparent une intervention militaire.

On a un camp otanien, totalement obnubilé, paralysé et contrarié par sa communication et ses médias.

source : La Chute

Le moment de vérité en Ukraine

par Thierry Meyssan - Le 26/05/2023.

Depuis le 24 février 2022, le monde a les yeux tournés vers le conflit ukrainien. Les Occidentaux soutiennent financièrement Kiev, lui livrent des quantités invraisemblables d’armes et de munitions, mais veillent à ne pas s’impliquer directement sur le théâtre des opérations. Moscou reste patient et fait mine de ne pas voir les conseillers militaires étrangers présents sur le terrain. Nous arrivons à un point de basculement où les Occidentaux pourraient être précipités dans la guerre par un usage délibéré de leurs armes contre la Russie sur son territoire d’avant 2014. C’est pourquoi six États de l’UE recommandent soudainement de négocier la paix et deux missions de bons offices sont mises en place par la Chine et l’Union africaine.

Depuis septembre 2022, c’est-à-dire depuis 7 mois, les troupes de Kiev ne livrent plus de combats qu’à Karkiv et à Bakhmout/Artemivsk. La première ville ne fait pas partie du Donbass. Elle n’est pas revendiquée par la République de Donetsk, adhérente de la Fédération de Russie. L’affrontement a donc été rapide. L’armée russe s’en est retirée. Bakhmout/Artemivsk, au contraire, est située dans la zone de culture russe. L’armée russe résiste donc. Durant l’hiver, la bataille s’est transformée en guerre de tranchées, aussi meurtrière que celle de Verdun. De sorte que désormais, tout le monde attend, au moins en Occident, que la météo permette à Kiev de mener une contre-offensive.

Notez bien que personne n’attend que la Russie poursuive son offensive vers Kiev. En effet, tout le monde a compris que Moscou n’a jamais souhaité envahir l’Ukraine et prendre sa capitale, mais exclusivement le Donbass et maintenant la Novorossia ; deux zones de culture russe dont les habitants réclament de ne plus être ukrainiens et de devenir russes. Pourtant les politiciens et les médias occidentaux continuent à dénoncer l’« invasion » russe de l’Ukraine.

L’hypothétique contre-offensive

La fameuse contre-offensive devait débuter en avril. On parle maintenant de fin-mai. Kiev assure que ce délai est imputable à la difficulté de recevoir des armes occidentales. Il ne faut lancer les opérations que lorsque le matériel sera sur place au complet afin de minimiser les pertes humaines. Pourtant, jamais dans l’Histoire on n’avait donné autant d’armes à un État pour faire une guerre.

À moins que ce que nous dénoncions au début de la guerre ne se poursuive : Durant les premiers mois, les trois quarts du matériel envoyé d’Occident étaient détournés vers le Kosovo et l’Albanie pour alimenter d’autres théâtres d’opérations, au Moyen-Orient et au Sahel. Une autre hypothèse est qu’aujourd’hui l’armée russe détruise méthodiquement le matériel à la livraison, avant qu’il ne soit distribué aux unités combattantes.

De toute façon, la rhétorique de la contre-offensive ne s’applique qu’à l’armée ukrainienne, pas à la population. Les médias de l’OTAN ont cessé de parler de la « valeureuse résistance du peuple ukrainien » : Il n’y a aucune action significative qui ait été entreprise en ce sens ni en Crimée, ni dans le Donbass, ni en Novorossia. On parle d’actions de sabotage des Forces spéciales ukrainiennes dans les territoires russes d’avant 2014, mais pas d’actions de la Résistance dans ceux qui se sont rattachés à la Fédération depuis.

Les armes livrées peuvent engager les donateurs malgré eux

Les armes ne sont pas des biens comme les autres. Une entreprise qui fabrique des armes ne peux pas en vendre ou en donner sans autorisation de son État. Celui-ci exige un engagement écrit du receveur quant à l’usage qu’il en fera. Il ne s’agit pas simplement de s’assurer que ces armes n’aboutiront pas dans les mains d’un ennemi de la nation, ni qu’elles ne violeront pas un embargo des Nations unies, mais qu’elles ne serviront pas à agresser un tiers en violation de la Charte des Nations unies.

Tout autre transfert est qualifié de « trafic ». Il est puni par les lois nationales et internationales.

Depuis le début du conflit en Ukraine, les Occidentaux refusent ainsi de livrer des armes qui pourraient être utilisées non pas par Kiev pour défendre son territoire, mais par les «nationalistes intégraux » contre la Russie chez elle. En effet, depuis la Première Guerre mondiale, ceux-ci proclament que leur raison d’être est d’éradiquer les « Moscovites » de la surface de la Terre. Leur lutte n’a aucun rapport avec l’opération militaire spéciale russe actuelle. Il s’agit pour eux d’un combat apocalyptique du Bien (eux) contre le Mal (les Russes).

Si les « nationalistes intégraux » prenaient le dessus sur les autorités civiles ukrainiennes, il y aurait un grave danger qu’ils attaquent des cibles à l’intérieur de la Russie. Dans ce cas, les États leur ayant livré les armes utilisées seraient automatiquement impliqués dans la guerre. Ils deviendraient cobelligérants. La Russie serait en droit de riposter contre eux sur leur territoire.

Il s’agit là d’un risque très sérieux. Selon le Washington Post1 se fondant sur les documents révélés par Jack Teixeira (Discords Leaks), le président Volodymyr Zelensky a proposé au Pentagone, il y a quelques mois, de conquérir des villages russes frontaliers, de saboter le pipe-line reliant la Russie à la Hongrie (membre de l’UE comme la France et les Pays-Bas qui sont propriétaires de Nord Stream, déjà saboté) et de pointer des missiles longue portée sur la Russie.

Aussi, les Occidentaux ont-ils d’abord livré des armes qui ne peuvent être utilisées que sur le champ de bataille ukrainien : des armes de poing et des fusils d’assaut. Puis, ils sont passés aux canons et aux blindés. La question se pose aujourd’hui des avions. Les Mig-29 offerts par la Pologne et la Slovaquie datent des années 70. Âgés d’un demi-siècle, ils ne sont plus utilisés par l’armée russe et n’ont aucune chance en cas de combat avec des avions modernes comme des Soukhoï-35. Mais ils peuvent servir sur le territoire ukrainien à condition d’être protégés des avions russes par une défense anti-aérienne efficace.

Le président Zelensky est venu mendier des F-16 au Royaume-Uni. Les Premiers ministres britannique et néerlandais, Rishi Sunak et Mark Rutte, ont annoncé qu’ils travaillent en ce sens. Les F-16 sont des avions beaucoup plus modernes, datant des année 90. La question est de savoir s’ils peuvent s’enfoncer en territoire russe ou pas. À vrai dire, personne ne peut répondre avec certitude à cette question tant que l’on a pas essayé. Les défenses anti-aériennes russes ont fait des progrès considérables et pourraient être capables de les descendre.

La semaine dernière, des Mig-29 armés de missiles franco-britanniques SCALP/Storm Shadow sont parvenus à détruire un Su-34, un Su-35 et deux hélicoptères Mi-8 sur un aérodrome militaire en Russie. Il semble que l’armée russe ignorait que ces missiles de croisière avaient déjà été livrés à l’Ukraine. Ils ne pensaient pas que les Mig-29 ukrainiens pourraient les atteindre et ne les ont pas descendus. On ne les y reprendra pas. Pour commencer, l’armée russe a gravement endommagé une batterie anti-aérienne ukrainienne Patriot. Il s’agit pour Moscou de s’assurer que ses propres avions pourront intercepter les avions ukrainiens sans risque de dommage.

Dans cet exemple, la Russie est juridiquement en droit de riposter contre le Royaume-Uni qui a livré les missiles Storm Shadow. Il est peu probable que Londres avait été prévenu de cette attaque. Il aurait pu se trouver en état de guerre sans le vouloir.

L’escalade a continué, le président Joe Biden annonçant à l’occasion du G7 qu’il autorisait les clients des États-Unis à donner ou à livrer des F-16 à l’Ukraine. Précautionneusement, Washington n’en transférera pas lui-même, ne risquant pas ainsi d’être plongé lui-même dans la guerre. La Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, la Pologne ou la Norvège pourraient le faire à leurs risques et périls.

Les 7 grandes puissances occidentales réunies à Hiroshima, le 20 mai 2023.
Le point de basculement

Nous arrivons donc au point de basculement : Encore un petit effort occidental et les « nationalistes intégraux » ukrainiens généraliseront la guerre, avec ou sans l’accord de leurs sponsors.

Selon Seymour Hersh2, la Pologne a pris l’initiative de demander à l’Ukraine d’accepter un cessez-le-feu et de négocier la paix. Sa démarche a été soutenue par cinq autres membres de l’Union européenne : La Tchéquie, la Hongrie, et les trois États Baltes.

Le journaliste états-unien n’a pas suivi la guerre de Syrie. Il n’a pas conscience de la supériorité militaire russe et interprète cette initiative comme une réaction au bain de sang de Bakhmout/Artemivsk. Les Polonais savent eux que les missiles hypersoniques Kinjal russes ne manquent pas leur cible et que, pour le moment, ils ne peuvent jamais être arrêtés. Au cours des derniers mois, ils ont méthodiquement détruit de nombreux centres de commandement et dépôts de munitions. Ce sont eux qui viennent d’endommager une batterie Patriot. En l’état actuel des forces, la guerre est perdue pour l’Ukraine. Si elle est généralisée, elle sera perdue pour les Occidentaux. Les Polonais, jusqu’ici ardents à se battre, ont immédiatement compris que l’on atteignait le point de non-retour, au-delà duquel ils seraient pulvérisés.

Les missions de bons offices

Deux missions de bons offices sont actuellement en cours : Celle de la Chine populaire et celle de l’Union Africaine.

Beijing a publié, le 24 février, un plan en douze points pour la paix en Ukraine3. Les deux parties ont reconnu qu’il pouvait servir de base à la solution du conflit. Le président Xi Jinping a désigné Li Hui pour faire la navette en les capitales des deux camps, alliés compris. Il a déjà rencontré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, puis le président Zelensky et probablement des officiels allemands.

Li Hui, est un diplomate chevronné. Il a été durant une décennie l’ambassadeur chinois à Moscou. Il a pris bien soin de débuter ses rencontres avec la partie ukrainienne en notant que celle-ci « n’acceptait aucune proposition qui impliquerait la perte de ses territoires ou le gel du conflit ». Il sait que la notion de « perte de territoire » peut évoluer si l’on considère que la population ukrainienne est multi-ethnique et que l’on reconnaisse le droit de chacune de ses composantes à s’autodéterminer.

L’autre mission de bons offices est celle de l’Union africaine. Conduite par l’Afrique du Sud, elle devrait comprendre le Congo, l’Égypte, l’Ouganda, le Sénégal et la Zambie. Il est très important pour les Africains de montrer qu’ils peuvent jouer un rôle pacifique à l’international et ne sont plus des sous-développés mendiant de l’aide d’urgence. En 2012, ils avaient identiquement conçu une mission de paix pour la Libye, mais l’OTAN leur avait interdit de se rendre à Tripoli sous peine de détruire leur avion en vol et de tuer les chefs d’État qui s’y aventureraient.

Cependant leur mission est moins bien préparée que celle des Chinois car ils n’ont pas rédigé de texte exposant leur vision du conflit et de la paix. En outre, les États-Unis déploient tous leurs efforts pour décrédibiliser l’Afrique du Sud. Pretoria est membre des BRICS aux côtés de la Russie. Il devra héberger le sommet de l’organisation du 22 au 24 août. Or il est membre de la Cour pénale internationale qui vient de délivrer un mandat d’amener contre Vladimir Poutine. Il ne va évidemment pas arrêter le président russe lors de son voyage officiel et se trouvera donc en défaut. De plus, l’ambassadeur US, Reuben Brigety II, accuse Pretoria de ne pas être neutre et d’avoir livré secrètement des armes à la Russie. Il prétend qu’un cargo russe, le Lady R., est venu en chercher. Ces anicroches masquent le vrai conflit : L’Afrique du Sud tente de démontrer qu’un monde multipolaire est possible. Elle ne prend pas position dans le conflit ukrainien, mais son armée collabore avec l’armée russe pour la formation de ses soldats. Elle affirme donc qu’il est possible de travailler militairement ensemble tout en étant politiquement indépendant.

Thierry Meyssan

  1. « Zelensky plotted counterattacks in Russia, files show », John Huson & Isabelle Khurshudyan, The Washington Post, May 14, 2023.
  2. « The Ukraine refugee question », Seymour Hersh, Substack, Mai 17, 2023.
  3. « Plan chinois en 12 points pour la paix en Ukraine », Réseau Voltaire, 24 février 2023.

Il n’y a pas de raison pour des pourparlers de paix

 

Orlov par Dmitry Orlov - Le 26/05/2023.

On entend de plus en plus de voix occidentales suggérer que des pourparlers de paix dans l’ancienne Ukraine pourraient être une bonne idée, ce qui indique que certaines personnes ont peut-être dépassé le stade du déni (quelques sanctions et la Russie se repliera comme un parapluie) et de la colère (jetez tout votre argent et toutes vos armes sur le régime de Kiev !) et approchent le stade du marchandage (laissons la Russie garder la Crimée, mais rendre le reste). Comme pour les étapes précédentes, cette attitude repose sur une incompréhension très profonde de la situation actuelle. Ce n’est pas si difficile à expliquer – à ceux qui sont prêts à traiter de nouvelles informations – et je vais donc essayer.

1. L’idée de pourparlers de paix présuppose un certain niveau de confiance entre les deux parties. Dans le cas présent, la confiance n’existe tout simplement pas, car l’Occident n’a pas tenu toutes ses promesses. Lorsque la Russie a autorisé la réunification de l’Allemagne, elle a accepté la promesse que l’OTAN ne s’étendrait pas vers l’est ; or, c’est exactement ce que l’OTAN a fait, jusqu’aux frontières de la Russie en Scandinavie et dans les pays baltes, et elle continue d’entretenir le fantasme d’absorber ce qu’il reste de l’Ukraine. Au lieu de permettre aux insurgés de Donetsk de vaincre rapidement le régime de Kiev installé par les États-Unis en 2014, la Russie a accepté les accords de Minsk, que le régime de Kiev a complètement ignorés, puis les dirigeants de l’Allemagne et de la France qui ont signé les accords ont admis qu’il ne s’agissait que de tactiques dilatoires utilisées pour gagner du temps afin d’armer et d’entraîner la partie ukrainienne. Et, par souci de concision, passons sur les nombreuses promesses non tenues par les États-Unis. Tout cela a permis à la Russie de qualifier l’Ukraine de « non-agreement-capable » (недоговороспособные).

L’UE et les Nations unies sont tout aussi indignes de confiance. Prenons l’exemple de l’accord sur les céréales. L’accord impliquait une contrepartie : Les exportations de céréales ukrainiennes seraient débloquées en échange de l’autorisation de certaines exportations russes. La Russie a respecté sa part de l’accord, mais le reste a été ignoré. Les pourparlers seraient donc vains, car il ne peut y avoir d’accord de paix s’il n’y a pas de confiance – et il n’y a pas de confiance.

2. L’idée de pourparlers de paix présuppose l’existence d’une guerre, mais il n’y a pas de guerre. Il s’agit d’une opération militaire spéciale contre des terroristes et des criminels de guerre qui, pendant huit ans, ont bombardé la population civile russe, violé les droits des Russes de multiples façons, puis planifié un assaut total contre la Russie que l’armée russe a déjoué. Il n’y a pas eu de déclaration de guerre ni de rupture des relations diplomatiques : l’ambassade ukrainienne à Moscou est toujours ouverte, tout comme l’ambassade russe à Kiev. La Russie permet aux détenteurs de passeports ukrainiens d’entrer sans visa et leur offre une voie simplifiée vers la citoyenneté russe. La Russie considère que les Russes et les Ukrainiens sont les mêmes personnes et ont les mêmes droits, mais que l’État ukrainien a perdu ses droits à la souveraineté en vertu du droit international parce qu’il a violé les droits des personnes qui s’identifient comme Russes, choisissent de parler russe et de pratiquer le culte dans les cathédrales et les églises orthodoxes russes. L’opération militaire spéciale ne peut être considérée comme terminée tant que tous les terroristes et criminels de guerre de l’ancienne Ukraine n’auront pas été tués ou traduits en justice et que le territoire de l’ancienne Ukraine n’aura pas été entièrement démilitarisé, et rien de tout cela n’est négociable.

3. L’idée de pourparlers de paix présuppose une proposition de départ raisonnable. Un exemple de proposition de départ déraisonnable est celle qui offre à l’autre partie quelque chose qu’elle ne veut pas, comme la levée des sanctions américaines et européennes qui sont, de l’avis de la Russie, unilatérales et donc illégales et qui, en tout état de cause, font beaucoup plus de mal à l’UE qu’à la Russie. Un autre exemple d’échec est la demande faite à la Russie de céder une partie de son territoire souverain. Selon la Constitution russe, la Crimée, la République populaire de Donetsk, la République populaire de Lougansk et les régions de Zaporijia et de Kherson font désormais toutes partie de la Fédération de Russie sur la base de leurs droits d’autodétermination internationalement reconnus et des résultats d’un référendum public, et tout appel public à leur séparation est un crime au regard du droit russe. Suggérer que les fonctionnaires russes commettent une trahison n’est pas un bon moyen d’entamer des négociations.

4. L’idée de pourparlers de paix présuppose un minimum de respect mutuel entre les parties impliquées dans la négociation. Pourtant, si l’on prend n’importe lequel des nombreux articles sur la Russie publiés aux États-Unis ou dans l’Union européenne, que l’on remplace simplement « Russes » et « Russe » par « juifs » et « juif » et que l’on publie le résultat, on se retrouve assez rapidement en prison pour crime de haine. La russophobie, qui sévit en Occident, n’est pas différente de l’antisémitisme ou du racisme en général. Pourquoi les autorités russes souhaiteraient-elles accorder une audience à des personnes aussi répréhensibles et méprisables ?

5. L’idée de pourparlers de paix présuppose que les deux parties au conflit ont quelque chose à y gagner. Or, qu’est-ce que la Russie a à gagner d’une cessation prématurée des hostilités, avant d’avoir pleinement atteint les objectifs de démilitarisation, de dénazification et de neutralité de l’Ukraine, qui sont les buts déclarés de son opération militaire spéciale ? En outre, ce ne sont pas les seuls objectifs que la Russie souhaite atteindre : Quelques mois avant le début de l’opération, la Russie a demandé aux États-Unis et à l’OTAN de tenir leurs promesses et d’honorer leurs engagements en matière de sécurité collective, notamment en ramenant l’expansion de l’OTAN à ses positions de 1997 et en retirant les troupes étrangères et les armes offensives de l’Europe de l’Est (Cf :"Ultimatum"). En outre, l’opération militaire spéciale a permis de concentrer l’attention du monde sur des tâches essentielles : La dédollarisation, l’organisation de la sécurité collective autour d’organisations alternatives telles que les BRICS et l’OCS (dont le nombre de membres augmente rapidement), qui s’articulent autour de la Chine en tant que force économique et de la Russie en tant que puissance militaire ultime et fournisseur de sécurité, et l’achèvement de la décolonisation en Afrique, en Amérique latine, en Asie et dans les anciennes républiques soviétiques. Toutes ces tâches sont encore inachevées et nécessitent plus de temps.

6. L’idée de pourparlers de paix suppose que les deux parties au conflit soient pressées par le temps. Or, la Russie n’est pas du tout pressée. Elle a engagé entre 10 et 15 % de ses forces armées dans l’opération militaire spéciale. Elle n’a pas institué d’appel sous les drapeaux en temps de guerre et s’est contentée d’appeler une petite fraction de réservistes au service actif et d’accepter quelques volontaires. Son économie n’est pas en état de guerre et se porte très bien, la croissance devant reprendre dans le courant de l’année. La Russie a profité du conflit pour tester ses armes et ses tactiques dans le cadre d’une confrontation directe avec l’OTAN (qui commande dans une large mesure les forces ukrainiennes), pour mettre à jour ses systèmes d’armes et pour développer de nouvelles armes et tactiques, en particulier dans le domaine de la défense aérienne, de la guerre des drones et de la guerre radio-électronique. En outre, ce conflit a donné à la Russie l’occasion de se débarrasser de ses ennemis internes, dont beaucoup ont choisi de quitter volontairement la Russie. La Russie a déjà regagné un certain nombre de territoires historiquement russes et, au fur et à mesure que l’opération militaire spéciale se poursuit, elle devrait en gagner d’autres, augmentant ainsi sa puissance géopolitique et son potentiel économique. Au total, pour la Russie, les avantages de l’opération militaire spéciale dépassent largement les coûts et elle est loin d’avoir fini d’engranger ces avantages.

7. L’idée de pourparlers de paix présuppose qu’aucune des deux parties au conflit n’entrevoit une voie relativement facile et peu risquée vers une victoire absolue, mais la Russie voit justement cette voie. L’Occident collectif s’est gravement blessé lui-même en imposant des milliers et des milliers de sanctions à la Russie. Plus important encore, l’ensemble de l’UE, et l’Allemagne en particulier, ont détruit la base de leur prospérité économique, à savoir l’énergie bon marché fournie par la Russie, et sont par conséquent entrés dans une boucle de crise économique dont ils sortiront trop faibles pour s’opposer à la Russie. De l’autre côté de l’océan, les États-Unis sont, d’un point de vue économique, un homme mort. Leur dernier vestige de puissance économique repose sur le pétrole de schiste, qui a atteint son apogée et est appelé à décliner rapidement. Son Trésor et son système bancaire sont tous deux au bord de l’effondrement, car le monde abandonne progressivement le dollar américain. Le pays est dirigé par un président marionnette sénile, dont le vice-président est une idiote ricanant. Le pays est en proie à une guerre civile naissante qui ne manquera pas d’éclater à mesure que l’effondrement financier se poursuivra et que les conditions économiques s’aggraveront. Compte tenu de ces développements, les États-Unis pourraient ne plus être en lice, les bases militaires américaines dans le monde deviendront non fonctionnelles, l’UE et l’OTAN se dissoudront, et les Européens et d’autres anciennes nations vassales des États-Unis remplaceront leurs dirigeants fantoches américains par des conservateurs patriotes et rétabliront des relations bilatérales avec la Russie. La Russie savait peut-être ce qu’elle voulait au début de l’opération militaire spéciale, mais ce qu’elle pourrait obtenir à la fin pourrait dépasser les rêves les plus fous de ses dirigeants.

8. L’idée de pourparlers de paix présuppose que les deux parties craignent d’être entraînées dans un conflit plus large et considèrent les pourparlers de paix comme un moyen de l’éviter et de limiter les dégâts. Pourtant, du point de vue de la Russie, l’opération militaire spéciale est autolimitée : Mis à part les actes sporadiques de terrorisme ukrainien, le conflit se limite à la ligne de front de 1000 km qui traverse l’ancienne Ukraine orientale ; les nationalistes ukrainiens sont détruits à un rythme effréné, avec un millier d’hommes par jour et un ratio de pertes très favorable aux Russes, de l’ordre de 10 contre 1 ; Avec sa nouvelle génération d’armes hypersoniques contre lesquelles l’OTAN et les États-Unis n’ont pas de contre-mesures, la Russie domine totalement l’escalade, si bien que les commandants des États-Unis et de l’OTAN vivent dans la peur abjecte d’avoir à affronter directement la Russie.

À ce stade, le plus grand risque pour la Russie est que l’armée ukrainienne abandonne tout simplement, que ses partisans occidentaux s’éclipsent honteusement et qu’il ne reste plus qu’une Uk-ruine que les Russes devront gérer seuls, en assurant le maintien de l’ordre et en nourrissant une population misérable mais hostile. Pour éviter ce scénario, les Russes se livrent à un véritable théâtre de la honte, feignant la faiblesse afin de soutenir le moral des forces ukrainiennes et de les inciter à continuer à se battre et, idéalement, à lancer une contre-offensive, car il sera alors beaucoup plus facile pour les Russes de les décimer. La récente vidéo hystérique d’Evgeny Prigogin devant des soldats morts se plaignant d’un manque de munitions est un excellent exemple de ce genre. Comme il est à la tête de Wagner, une société militaire privée, il peut se comporter honteusement devant les caméras sans entacher l’honneur de l’armée russe, et les propagandistes du Kremlin profitent pleinement de cet arrangement commode.

Mais en fin de compte, la Russie sera très probablement contrainte d’accepter ce qui, tout au long de l’histoire, a constitué la fin par défaut, normale et attendue d’un conflit armé : La capitulation et la reddition inconditionnelle. Il semblerait que le monde soit enfin à court d’imbéciles qui veulent signer des traités de paix avec l’Occident.

Dmitry Orlov

source : Club Orlov via Le Saker Francophone

Ukraine : A Hiroshima, le G7 choisit l’escalade, bientôt le feu nucléaire ?

Source : Riposte Laïque - Par Jacques Guillemain - Le 20/05/2023.

Sur cette photo, il n’y a que des dangereux va-t-en-guerre coupables des centaines de milliers de victimes ukrainiennes et inconscients du risque nucléaire. Leur idole : Zelensky.

L’escalade suicidaire continue avec F-16, Eurofighter et Mirage 2000 au menu du G7.

Le refus de livrer des avions de combat n’aura pas duré bien longtemps. Boris Karpov a raison, toutes ces décisions et cette surenchère dans l’escalade militaire sont programmées depuis longtemps et à ce rythme, le recours au feu nucléaire n’est plus exclu. D’abord tactique, l’emploi des armes stratégiques sera inéluctable si les Occidentaux s’obstinent à vouloir détruire la Russie, tout en clamant qu’ils ne sont pas en guerre contre l’Ours russe.

Aussi longtemps que les fous furieux de l’Otan ne comprendront pas que Moscou mène un combat existentiel et qu’il ne reculera jamais, le risque d’un embrasement planétaire est bien réel. J’étais sceptique, mais il faut se rendre à l’évidence, Biden et ses valets ne réalisent pas qu’ils jouent avec le feu nucléaire.

Et cela dans l’espoir de vaincre la Russie pour la dépecer et voler ses immenses richesses. Car ne nous leurrons pas. Tous les leaders occidentaux se foutent éperdument de l’Ukraine, ce pays mafieux et corrompu qui ne possède aucune richesse, mais qui sert les ambitions belliqueuses de Washington, qui refuse la fin de son leadership.

À Hiroshima, le G7 a étalé son hypocrisie, versant des larmes de crocodile sur les 140 000 victimes vitrifiées le 6 août 1945 par la première bombe atomique de l’histoire, la bombe américaine.

Cette brochette d’hypocrites a visité le musée du Mémorial de la Paix, mais dans le même temps, Biden donnait son feu vert pour la livraison d’avions de combat à Kiev. Les pilotes ukrainiens sont d’ailleurs déjà en formation dans certains pays, dont la France. Car Macron est le pire des va-t-en-guerre, plus hypocrite que jamais.

Il ose tout. À Hiroshima, il a déclaré :

“Avec émotion et compassion, il nous appartient de contribuer au devoir de mémoire des victimes d’Hiroshima et d’agir en faveur de la paix, seul combat qui mérite d’être mené”.

Mais je n’ai jamais entendu une seule voix en France qui parle de paix. Le combat que mène Macron, c’est celui de la guerre totale contre la Russie qui était notre amie et qui ne nous a jamais agressés. C’est un crime.

Et n’oublions pas ce que Zelensky répondait à un journaliste à propos des armes nucléaires :

« Que doit faire l’Otan ? Éliminer la possibilité que la Russie utilise des armes nucléaires. Mais surtout, je lance à nouveau un appel à la communauté internationale, comme avant le 24 février : des frappes préventives, pour qu’ils sachent ce qui leur arrivera s’ils les utilisent. »

Malgré les démentis de Kiev, ces frappes préventives sont bien des frappes nucléaires dans l’esprit de Zelensky, qui a toujours espéré un affrontement direct Otan/Russie pour éviter la défaite inéluctable de l’Ukraine.

En 15 mois, Zelensky a obtenu toutes les armes qu’il demandait, alors qu’en février 2022 il n’était question que de sanctions économiques contre Moscou et d’armes défensives livrées à Kiev.

Mais la haine des Américains pour les Russes en a décidé autrement. Washington n’a jamais accepté la fin de la guerre froide et surtout l’émergence d’une vaste Europe de la paix, s’étendant de l’Atlantique à l’Oural.

Un peuple qui n’a connu qu’une vingtaine d’années de paix depuis son existence, en 1776, ne peut qu’être porteur de lendemains tragiques. Avec Biden, la troisième guerre mondiale n’est plus un fantasme.

Si Poutine ne met pas le holà à cette escalade suicidaire, en s’attaquant aux centres décisionnels ukrainiens pour couper la tête du serpent, le monde risque de rouler tout droit vers l’Apocalypse.

Si Poutine avait décapité l’Ukraine dès le début de l’escalade, en ciblant tous les centres décisionnels et les ministères régaliens à Kiev, cette guerre serait terminée depuis longtemps. Mais je ne suis pas dans le secret de ce qui se décide  à Moscou. Le Kremlin a sans doute ses raisons.

En attendant, si vous voulez en savoir plus sur la formation de pilotes ukrainiens sur F-16 ou sur les missions de combat qu’on peut envisager, visionnez cette vidéo.

Jacques Guillemain

Bakhmut c’est fini : La ville est tombée à 12 heures ce 20 mai 2023

source : Riposte Laïque - Par Jacques Guillemain - Le 20/05/2023.

 

Bakhmut c’est fini. La ville, qui devient Artemovsk, est tombée à 12 heures ce 20 mai 2023.

Je reviens sur cette bataille qu’on a comparée à Verdun, par la violence des combats et le déluge d’artillerie, qui ont fait des ravages dans les rangs des combattants. Avec Marioupol, Bakhmut restera un épisode de guerre urbaine parmi les plus sanglants.

On admet que, dans une offensive classique, l’assaillant doit aligner trois fois plus de combattants que le défenseur. Mais en combat urbain, c’est huit à dix fois plus. Autant dire que l’expression “nettoyer la ville à la fourchette à escargot” n’est pas usurpée.

Les militaires n’aiment pas le combat urbain, avec la présence de civils, avec ses pièges multiples et le manque d’espace interdisant toute manœuvre d’envergure. Rien ne vaut le face à face en rase campagne.

Après des mois de combats acharnés, rue par rue, immeuble par immeuble, maison par maison, les combattants de Wagner sont venus à bout de l’obstination de Zelensky, qui n’a cessé d’envoyer ses soldats à la mort. Chaque jour, ce sont des centaines d’Ukrainiens qui ont été sacrifiés, faisant de Bakhmut le symbole de la résistance ukrainienne, mais aussi le cimetière de l’armée ukrainienne. On comprend que de telles batailles soient longues et coûteuses en vies humaines.

Souvenez-vous de la bataille de Falloudja en Irak. Entre le premier affrontement d’avril 2004 qui vit la victoire des insurgés et le second affrontement de décembre 2004, qui s’acheva par la victoire des Américains, huit mois se sont écoulés. À Bakhmut, la bataille a débuté en août 2022 sans interruption.

https://t.me/boriskarpovblog/10465

“Bakhmut est tombé !” – les militants des Forces armées ukrainiennes sont démoralisés et disent au revoir à leurs proches. Les militants ukrainiens ont commencé à enregistrer des vidéos de panique, ici un des soldats sous le feu du PMC “Wagner” dit que “Bakhmut est tombé”.

“Quelques heures auparavant, Prigozhin a déclaré qu’il ne restait plus que 0,6 kilomètre carré aux forces armées ukrainiennes à la périphérie sud-ouest de la ville et que le PMC Wagner était déjà sur le point de remplir sa tâche de prendre cette citadelle ennemie.”

Je ne connais pas les pertes réelles dans les deux camps. Si on écoute Porochenko, l’ex-Président ukrainien, Bakhmut est presque une victoire ukrainienne puisqu’elle aurait permis de décimer 20 000 soldats russes. On peut même lire dans la presse que les Russes y ont perdu 1 000 soldats par jour ! À ce rythme, toute l’armée de Poutine a été liquidée à Bakhmut. De plus en plus grotesque !

En fait, ce sont les Ukrainiens qui ont été saignés à blanc, envoyant quotidiennement des centaines de combattants se faire hacher par l’artillerie de Wagner. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui c’est bien Prigojine qui occupe 100 % de la ville. Nous connaîtrons un jour les vrais chiffres des pertes, toujours trop nombreuses.

Pour l’historien Laurent Schang, citant un haut gradé ukrainien, Wagner aurait perdu 150 combattants par semaine contre 1500 à 3000 tués dans le camp ukrainien. Y a pas photo !

Voici ce qu’a dit Prigojine après la chute du dernier carré ukrainien à 12 heures :

 

https://twitter.com/i/status/1659907167338606593

Bakhmut devient Artemovsk. Prigozine annonce avoir repris la ville.

“Aujourd’hui 12 heures, Bakhmut a été complètement prise”, a déclaré Evguéni Prigozine, drapeau russe à la main. “Jusqu’au 25 mai, les unités Wagner inspecteront la ville et créeront des lignes de défense. Après quoi Artemovsk passera sous contrôle de l’armée.” Et de conclure :

“À l’avenir, Wagner sera de nouveau prêt à répondre si la patrie appelle.”

C’est donc une difficile bataille qui s’achève, libérant la voie vers l’ouest. Saluons le courage des combattants des deux camps. Mais quel sacrifice inutile par la faute d’un pouvoir ukrainien qui refuse d’accepter son inéluctable défaite.

Pour conclure, je donne la parole à Scott Ritter :

« La guerre est perdue » : Comment Wagner a permis de  « casser le dos » de l’armée otano-kiévienne—Scott Ritter

Bakhmout « a complètement épuisé la capacité de l’Ukraine à mener un conflit armé contre la Russie », explique l’ex-officier de renseignement de l’US Marine Corps.

« L’armée ukrainienne est brisée alors que l’armée russe a pu conserver sa propre capacité de combat », a-t-il ajouté, confirmant le rôle majeur de la PMC Wagner dans cette phase de la guerre.

Étroitement intégrée à l’armée russe, la compagnie militaire privée a concentré sur elle les forces ennemies, les attirant dans le « hachoir à viande » de Bakhmout.

« L’Ukraine n’a pas été en mesure de lancer une contre-offensive cohérente cet hiver. Et à cause de Bakhmout, il est peu probable que l’Ukraine soit en mesure de monter une contre-offensive printanière », analyse Ritter.

« Au moment et à l’endroit de leur choix, l’armée russe et ses alliés pourront porter le coup mortel à l’armée ukrainienne. »

Cette bataille, à laquelle on accorde une faible importance stratégique, a plus de valeur qu’on ne l’imagine. C’est le symbole de la résistance ukrainienne qui s’écroule, portant un coup très dur au moral de l’armée ukrainienne, déjà privée de chef, puisque le général Zanulzny est disparu depuis 10 jours des écrans radar, blessé, tué ou emprisonné. Des dizaines de milliers de soldats ukrainiens sont morts à Bakhmut, en pure perte. Il est toujours insupportable de mourir pour la défaite.

Mauvaise journée pour Zelensky !

Jacques Guillemain

Jour 450 – La ruse de Prigojine à Bakhmout

Source : Le Courrier des Stratèges - Par Edouard Husson - Le 18/05/2023.

Il y a une quinzaine de jours, le dirigeant de l’entreprise Wagner, Evgueni Prigojine, a sonné l’alarme, se plaignant de ne pas recevoir assez de munitions et menaçant de se retirer le 10 mai s’il n’obtenait pas gain de cause auprès du Ministère de la Défense. Le plus important est moins le déversement de ricanements qui a suivi sur les réseaux sociaux occidentaux que la décision qui a été prise par l’armée ukrainienne et l’OTAN de mettre le paquet, du coup, sur Bakhmout, au point d’en faire le centre d’une « contre-offensive » – sans que l’on sache si c’était celle annoncée.  Le paradoxe de la stratégie russe : un nombre limité de ruses, qui fonctionnent parce que le pouvoir et l’armée russes sont systématiquement sous-estimés par leurs adversaires. Au moment où nous écrivons, non seulement les mercenaires de Wagner ne se sont pas retirés de Bakhmout ; mais ils n’ont plus qu’une petite parcelle de territoire à prendre. Et les pertes ukrainiennes à Bakhmout et dans les environs, dans la huitaine écoulée, ont été énormes.

Pour écrire cette brève analyse, je m’appuie sur trois longs exposés. L’un se trouve sur le blog d’Aleks (Black Mountain Analysis). L’autre, écrit par Julian MacFarlane, que nous avons cité dans notre dernier bulletin. Le troisième  est de John Helmer, un journaliste américain qui vit à Moscou (mais qui ne fait preuve d’aucune complaisance vis-à-vis du pouvoir russe), et qui est toujours extrêmement bien informé : il avait été le premier, par exemple, à donner un exposé des faits plausible sur le sabotage de Nordstream, plusieurs mois avant Seymour Hersh.

Les trois auteurs qui m’ont aidé à construire la présente synthèse sont des Américains qui pensent de façon originale. D’une manière générale, pour rendre compte du conflit, depuis bientôt 15 mois, j’utilise bien entendu, pour l’établissement des faits, des sources de terrain russes, autant qu’ukrainiennes ; mais je préfère confronter mes lecteurs à des points de vue extérieurs aux deux belligérants. C’est pourquoi je m’appuie volontiers, outre les suscités, sur l’Allemand Bernhardt, publiant en anglais le blog « Moon of Alabama », sur les anciens officiers américains Douglas MacGregor et Scott Ritter ou le spécialistes de géopolitique John Mearsheimer. Citons aussi en Europe, les Français Emmanuel Todd et Xavier Moreau ou le Suisse Jacques Baud. Pour la diplomatie, l’Indien Bhadrakumar ou le Brésilien Pepe Escobar. Enfin, je ne me lasse pas de le dire, la presse asiatique de langue anglaise est une mine d’informations, à la fois accessibles pour des Européens et distanciées par rapport au storytelling occidental qui est, malheureusement, juge et partie.

La ruse de Prigogine

Il y a une quinzaine de jours, Evgueni Prigogine a donné l’impression aux observateurs occidentaux qu’il se rebellait contre Poutine.  Aleks, de Black Mountain Analysis, suggère que non seulement les médias mais aussi les décideurs occidentaux ne travaillent pas assez. Ils se contentent des informations données sur Wikipedia ! L’auteur propose donc de commencer un travail sérieux de renseignement ! Hypothèses de travail :

« Prigojine a fait de la prison avant 1990, puis il a vendu des hot-dogsIl est bien connu que Vladimir Poutine s’est entouré de personnes de confiance. Et il fait confiance à des personnes qu’il connaît depuis des décennies, en particulier des membres de la communauté du renseignement, où il a également ses racines. Pour rafraîchir nos mémoires, Vladimir Poutine a été colonel du KGB.

Prigojine vendait des hot-dogs à Saint-Pétersbourg et s’est soudain enrichi. À la même époque, Vladimir Poutine travaillait à Saint-Pétersbourg ».

Aleks fait ensuite le travail que nos services de renseignement auraient dû faire depuis longtemps:

« Evgueni Prigojine a été recruté d’une manière ou d’une autre par le KGB/FSB, soit pendant sa période d’emprisonnement, soit pendant la période où il vendait des hot-dogs. Il a été recruté pour travailler dans les structures souterraines de Saint-Petersbourg.

Grâce à ses relations et peut-être à la formation qu’il a reçue du KGB/FSB, il a pu passer rapidement du statut de vendeur de hot-dogs à celui de propriétaire d’une chaîne de restaurants et de traiteur.

Vladmir Poutine a été personnellement en contact avec Prigojine pendant cette période à Saint-Pétersbourg (jusqu’en 1996), ou a été informé par certaines agences de ses activités.

Plus tard, lorsque Vladimir Poutine est devenu président de la Russie, Prigojine a été autorisé à s’occuper de la restauration des invités d’État. Cela n’était possible que si Poutine lui accordait une certaine confiance. (…)

Étant donné qu’il s’est vu confier plus tard la direction publique de Wagner, il est tout à fait possible qu’il ait reçu au moins une formation militaire/de renseignement de base dans le passé. Bien entendu, cette formation aurait été secrète et on ne pourrait la lire nulle part. C’est ainsi que cela fonctionne ».

Ensuite, Wagner : l’auteur rappelle que Prigojine n’en est pas le fondateur mais que l’organisation lui a été confiée. Ce qui amène à mieux comprendre quel est son rôle dans l’organisation et dans le système russe. C’est là que l’analyse de MacFarlane prend utilement le relais de celle d’Aleks. Il pousse jusqu’au bout les questions que pose ce dernier :  

« Les Wagnériens jouent le rôle des Canadiens et des Australiens pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale : des troupes d’assaut. Ils subissent des pertes.

Prigojine est loyal envers ses hommes. Et ceux-ci lui sont manifestement fidèles. Ils savent tous que le GRU les considère comme “sacrifiables”.

Prigojine peut être bruyant, très bruyant. « Il y a quelques jours, Prigojine a publié une vidéo délirante dans laquelle il jurait et hurlait avec, en arrière-plan, des dizaines de soldats de Wagner morts. Il a maudit tous les membres du haut commandement militaire russe.(…)

Le ministère de la défense ne demanderait pas à Prigojine de dire du mal de ses généraux ou du ministre de la défense. Cette autorisation doit venir d’ailleurs – probablement du FSB, c’est-à-dire de Poutine, qui a passé deux décennies à essayer de secouer et de moderniser l’armée russe. (…)

En réalité, Prigojine avait besoin de plus de munitions pour tuer le grand nombre d’Ukrainiens qu’il incitait Zelensky à envoyer au broyeur’. Et il y a eu selon toute vraisemblance une coordination avec Vladimir Poutine, même indirecte.

Après la visite de Poutine à Kherson et Lougansk…

Rappelons que Vladimir Poutine s’est rendu, il y a un mois très exactement, à Lougansk et à Kherson. Et là il a fait l’expérience de tous les commandants en chef : il a constaté que tout n’était pas comme on le lui racontait à Moscou. Le président russe n’a pas besoin de Prigojine pour faire passer ses messages à l’armée. En revanche, les responsables russes constataient que l’OTAN et l’armée ukrainienne envisageaient une offensive au sud, à la fois sur Kherson et sur Zaporojie. Même si l’aviation et l’artillerie russe détruisent systématiquement des entrepôts de matériel et des regroupements de troupes, l’inconvénient d’une offensive au sud était d’étirer la ligne de défense russe. Pourquoi ne pas tendre un piège aux Ukrainiens en les attirant vers ce lieu qui les fascine depuis des mois, Bakhmout/Artiomovsk, ville pour laquelle ils ont sacrifié des dizaines de milliers de soldats ?  

Quoi de mieux, donc, que de demander, directement ou indirectement, au responsable civil de Wagner de faire passer un message critique à l’armée – plausible dans le contexte de la récente inspection du front par le commandant en chef ? En réalité, l’objectif était moins de conforter Poutine que de dramatiser la situation devant les Ukrainiens, pour les induire en erreur et les attirer !

« Les Russes font du bon théâtre. L’une des principales fonctions du KGB a toujours été ce que l’on appelle maskirovka en russe, ce qui signifie “tromperie”, ou plus exactement “détournement”, illusion, au service de la ruse ! »

…détourner une partie des troupes de la « contre-offensive » ukrainienne vers Bakhmout

Et cela a marché. Comme l’indique John Helmer : Prigojine se plaint du manque de munitions et du fait que les troupes russes ne protègent pas ses flancs et, le lendemain, ses forces continuent pourtant d’avancer comme si elles ne couraient aucun danger. Et, à partir du 7 mai, les Ukrainiens ont sauté à pieds joints dans le piège tendu. Les troupes russes au nord et au sud de Bakhmout se sont adonnées à la vieille ruse des armées tsariste ou soviétique : une retraite apparente pour laisser l’ennemi s’avancer encore plus et le mettre à portée de l’artillerie.

Le point culminant, c’est le 12 mai :   :« 1 725 Ukrainiens ont été tués sur le front du Donbass. Il s’agit du pire taux de pertes militaires [pour une seule journée] depuis [le début de la guerre] »

Helmer continue : « Selon le Financial Times, cette tuerie n’a pas eu lieu. (…) : “La contre-offensive ukrainienne prend forme avec les premiers gains autour de Bakhmout » titrait le journal le lendemain.  Le Washington Post annonce la même chose : “Comment les forces ukrainiennes ont empêché la Russie de remporter la victoire à Bakhmout avant le jour de la victoire”.  Le New York Times a répété :  “Les avancées de l’Ukraine près de Bakhmout exposent les failles des forces russes”.  Selon cette propagande, ces succès se sont déroulés sans effusion de sang du côté ukrainien.

Un vétéran des forces de l’OTAN observe [pourtant] : “Un régiment [ukrainien] entier a été détruit : Il s’agit d’un commerce cynique de chair humaine [de la part de nos gouvernants] » ».

En réalité, pense Helmer, il y avait bien un projet de « contre-offensive » ; mais il a été apparemment neutralisé par la ruse de Prigojine.

Selon moi, il ne fait plus aucun doute que l’armée ukrainienne a été détournée de son objectif initial (sans doute Zaporojie) par la mise en scène de Poutine et Prigojine : elle consistait à d’abord attirer l’attention, par la visite de Poutine au front, sur le sud et le nord d’une possible ligne de combat : Kherson et Lougansk ; là les Russes semblaient prendre très au sérieux une possible attaque. Il restait donc une ligne de combat plus restreinte, allant de Zaporojie à Bakhmout, en passant par Donetsk. C’est alors que Prigojine est intervenu : il a fait croire aux Ukrainiens que Bakhmout était vulnérable, pour les attirer et les tuer ou les faire prisonniers. Du coup, au lieu de se concentrer sur Zaporoijie, l’offensive ukrainienne s’est dispersée.

« En fait, ce qui s’est passé sur le champ de bataille, ce sont des dizaines de mouvements de troupes ukrainiennes dans différentes directions sur un front de plus de quatre-vingt-dix kilomètres. Selon le vétéran de l’OTAN, “il s’agit davantage d’une offensive de propagande que d’une véritable offensive. Ils ont rassemblé suffisamment de matériel, de munitions et d’effectifs pour faire un coup tactique à peine audible. C’est un coup de poing sans rien derrière. Ces types sont déjà morts. Ce n’est même pas un vœu pieux. C’est du commerce cynique de la chair humaine”. (…)

Les grands médias américains ne l’expliquent pas, car ils ne reconnaissent pas les pertes ukrainiennes, et encore moins ne les rapportent. Les journalistes des médias alternatifs, comme le groupe américain Simplicius, reconnaissent les lourdes pertes, passant au peigne fin les sources ukrainiennes pour vérifier les chiffres officiels russes ».

Depuis Koutouzov, la ruse fondamentale de l’armée russe au combat est toujours la même.

C’est sans doute parce qu’à l’escrime je suis épéiste, que je comprends particulièrement bien la ruse fondamentale des armées russes depuis deux siècles. Au fleuret, on ne touche que le plastron la prime est donnée à l’offensive (en cas de touche simultanée, c’est l’attaquant qui empoche le point) A l’épée, on peut toucher tout le corps, indifféremment en défendant ou en attaquant. L’une des tactiques favorites consiste à reculer, pour inciter l’adversaire à se découvrir et le toucher lors d’une contre-attaque, surtout quand on a su esquiver son attaque et qu’il n’a pas eu assez de temps pour se remettre en garde. (Individuellement, les Russes ont toujours préféré, la troisième arme des escrimeurs, le sabre, où ils excellent; mais le collectif militaire russe a toujours eu une mentalité d’épéiste)

En 1812, Koutouzov s’est dérobé longtemps à la poussée de la Grande Armée, avant de contre-attaquer lorsque cette dernière était arrivée trop loin de ses bases et confrontée à l’incendie de Moscou.  Récemment, Big Serge décrivait les mois fascinants qui précèdent la bataille de Stalingrad, à l’été 1942 : sur le papier, la double offensive allemande, pour prendre en tenailles l’Armée Rouge sur la ligne du Don avant de pousser vers le Caucase, était parfaite : mais pour réussir, elle demandait que l’Armée Rouge se laissât bien sagement encercler. Or, les troupes soviétiques se dérobèrent, obligeant les Allemands à court de carburant à les poursuivre dans différentes directions. Progressivement, la bataille se concentra sur Stalingrad, sans que les deux adversaires ne l’aient choisie à l’avance ; simplement, parce que les Soviétiques sentaient la possibilité de contre-attaquer contre un ennemi devenu vulnérable à force de poursuivre un adversaire qui se dérobait.

Même quand elles ne sont pas sous pression, les armées russes recherchent la position la plus favorable pour contre-attaquer. C’est un art de la guerre russe devenu quasi-instinctif – bien évidemment lié à l’immensité du territoire ; mais aussi à la capacité russe à faire du temps un allié.

On pourrait penser que la bonne vieille stratégie à la Koutouzov est éventée. Mais Français, Allemands, Américains aujourd’hui (comme coordinateurs de la guerre ukrainienne) souffrent tous du même syndrome : la sous-estimation de la Russie. Voilà comment Prigojine, en faisant croire à une incapacité soudaine de Wagner et à des problèmes de logistique dus au commandement de l’armée, a réussi à attirer l’armée ukrainienne dans un piège.

Faut-il continuer à armer l’Ukraine ?

Source : Stratpol - Le 18/05/2023.

Dans un débat contradictoire (format de discussion qu’on ne trouve plus dans les medias mainstream), le philosophe et sociologue français Pierre Lévy, estime que les analystes occidentaux se trompent sur la cause et le déclenchement de la guerre en Ukraine:

“Les pays Occidentaux sont indirectement impliqués dans la guerre en Ukraine, je ne partage pas l’analyse initiale qui a circulé en Occident selon laquelle la guerre a été déclenchée par le président de la Russie. En fait, les Russes ont commencé la guerre pour une raison. Depuis 2014, ils sont extrêmement inquiets pour l’avenir de leur pays, que l’Occident méprise. Il faut donc relativiser, ce n’est pas seulement une guerre qui a commencé en février 2022.”

En outre, le philosophe donne des données statistiques sur l’aide financière et militaire que l’Occident fournit à l’Ukraine. Selon lui, de telles actions ne font que prolonger les hostilités :

“Je cite des données tirées de l’Institut de Kiel en Allemagne. Le montant total de l’aide des États-Unis pour l’année est de 71 milliards de dollars, des pays de l’UE – 62 milliards de dollars, des autres pays – 23 milliards de dollars, ce qui comprend tous les types d’aide : militaire, financière, humanitaire, etc. À mon avis, nous ne faisons qu’ajouter de l’huile sur le feu et prolonger les hostilités dans le temps et risquer de les faire durer éternellement”.

Le sociologue a également exprimé sa crainte qu’un soutien supplémentaire à Kiev ne conduise à une expansion géographique du conflit. Il suggère également aux Français de rester en dehors du conflit :

«Nous, les Français, ne devrions pas être impliqués dans la guerre. Nous ne devons pas être impliqués dans un conflit qui ne nous concerne pas. Et quand vous dites que nous ne nous battons pas, en fait nous participons aux hostilités. Le leadership français et les dirigeants européens se mettent en position de belligérant. Après tout, nous fournissons une assistance militaire”.

Une thèse importante est la présence de problèmes socio-économiques profonds en France. Selon Pierre Lévy, le soutien à l’Ukraine sur fond de réforme des retraites semble peu convaincant :

“La réforme des retraites visait à économiser des dizaines de milliards d’euros. On nous dit tous que c’est nécessaire, qu’on est dans une position difficile, qu’il faut suivre les dépenses, etc. Mais le gouvernement continue de fournir des armes, dévastant le budget”.

Selon le philosophe français, l’Occident assume en vain le rôle de « gendarme du monde », car personne ne lui a donné un tel droit. Il estime également que l’Europe dépensera de plus en plus d’argent en dépenses militaires dans les années à venir :

“Nous revenons en fait à l’économie de guerre. Et je ne l’ai pas inventé, parce que le président Macron parlait d’économie de guerre. Après tout, le 24 mars, des décisions ont été prises non seulement sur de nouvelles fournitures militaires, mais également sur une aide financière. Mais envoyer un million d’obus n’est pas si facile. C’est pourquoi le commissaire Thierry Breton a entamé une tournée dans 11 pays européens pour accélérer la production militaire. Ainsi, nous nous rapprochons du modèle de l’économie de guerre”.

Résumant ses réflexions sur les causes de la guerre, Pierre Lévy note que les actions de la Russie ont leur propre raison et suggère d’imaginer si les États-Unis se trouvaient dans une situation similaire:

“Imaginons un instant l’exemple assez courant que le Mexique ou le Canada deviennent de proches alliés de la Russie et déploient tous types d’armes, y compris des armes nucléaires, sur leur territoire. Croyez-vous vraiment que les États-Unis respecteront le droit international dans cette situation ? Les choses ont déjà atteint une crise profonde. Mais nous pouvons nous assurer que la Russie n’est pas menacée. Après tout, l’Ukraine n’est pas un pays tombé du ciel. L’Ukraine était une république au sein de l’URSS, essentiellement russophone, avec laquelle la Russie entretient des liens historiques, culturels, linguistiques et familiaux depuis des siècles. Maintenant, l’idée d’organiser une enquête en Ukraine n’a pas de sens. Mais il y a quelques années, nous savions que la population ukrainienne n’était pas massivement favorable à l’adhésion à l’OTAN”.

Former des pilotes ukrainiens ?

Une insulte à nos héros de Normandie-Niemen

Source : Riposte Laïque - Le 16/05/2023.

YAK 3 codé "6" piloté par Marcel Albert.

 

...par Jacques Guillemain - Ex-officier de l'armée de l'Air, pilote de ligne retraité.

 

 

 

Emmanuel Macron est le déshonneur de la France et fait honte aux ailes françaises.

Nous allons former des pilotes ukrainiens sur Mirage 2000 ?

C’est  cela le plan ?

Sa haine des Russes est révoltante et son hypocrisie, en clamant que la France  n’est pas en guerre contre la Russie, est abjecte. Ce sont bien des armes françaises qui tuent des soldats russes et font de notre pays un cobelligérant à part entière.

Quand on veut détruire l’économie russe on est bien un ennemi de la Russie.

Et quand on forme des pilotes ukrainiens, c’est bien pour qu’ils aillent semer la mort en Russie. Emmanuel Macron, président immature, n’a plus toute sa tête.

Il a oublié que l’escadron Normandie-Niémen  a combattu les nazis aux côtés des pilotes russes.

Il a oublié que ce groupe prestigieux, voulu par le général de Gaulle, a été la seule unité occidentale à combattre au sein de l’Armée rouge contre les Allemands.

Il ignore sans doute que 42 pilotes français sont tombés dans le ciel russe aux commandes des chasseurs Yak.

Il ignore que chaque année le peuple russe honore les héros français venus mourir aux côtés des pilotes russes.

J’ai donc repris un article à la mémoire de nos héros aviateurs, qui ont écrit une belle page d’Histoire en Russie, contre l’Allemagne nazie.

En clamant sans arrêt que la Russie doit être vaincue, tout en prétendant que la France n’est pas en guerre, Macron affiche une nouvelle fois son machiavélisme diabolique. Par haine de Poutine, il mène la France à la catastrophe et nous déshonore. Comment l’opposition et comment tant de nos militaires peuvent-ils cautionner cette folie ? Les Russes ne sont pas les ennemis de la France.

Nos élites ont-elles oublié que 26 millions de Russes se sont sacrifiés pour vaincre le nazisme ? C’est plus de la moitié de la population française de l’époque. 

Rappel :

Quand nos pilotes de chasse combattaient héroïquement aux côtés des pilotes russes

Ils furent 96 pilotes à combattre en Russie, 42 y laissèrent la vie. Depuis, chaque année, le peuple russe honore leurs tombes, alors que la France les a oubliés.

Si Macron n’était pas un gamin ignare, fâché avec une histoire de France qu’il déteste, jamais il n’aurait engagé notre pays aux côtés de l’Otan pour combattre la Russie par Ukraine interposée.

Voir Macron et Scholz unis contre le peuple russe me révolte au plus haut point.

Dans un article du 22 avril 2022, dénonçant l’ignoble russophobie des Occidentaux depuis 1990, et notamment celle de la France qui a oublié les liens qui nous unissent à la Russie, je rappelais les exploits du groupe de chasse NormandieNiémen, qui fit la guerre aux côtés des aviateurs russes contre l’Allemagne nazie. Un engagement que nos amis russes n’ont jamais oublié et dont le peuple nous reste éternellement reconnaissant.

https://ripostelaique.com/macron-et-le-maire-ont-donc-decide-daffamer-nos-amis-russes.html

Car contrairement à nos “alliés” occidentaux, toujours prêts à nous trahir pour une poignée de dollars, comme on vient encore de le voir avec le contrat des sous-marins australiens, les Russes sont fidèles en amitié, du sommet de l’État jusqu’à l’homme de la rue. En se couchant devant les diktats de Biden, Macron prouve une fois de plus qu’il n’a pas l’étoffe d’un chef d’État. Par soumission, il détruit notre économie.

J’ai honte de la politique antirusse menée par les Occidentaux depuis l’éclatement de l’URSS. Une politique suicidaire, à 180° de ce que voulait le général de Gaulle. Ce n’est pas à Biden de nous dicter notre politique et de nous interdire d’arrimer la Russie à l’Europe, comme le voulait le Général.

Voici ce que j’écrivais :

“En 1942, un groupe de chasse français des FFL fut créé pour aller combattre aux côtés des aviateurs russes contre l’agresseur nazi. Le groupe NormandieNiémen.”

“C’est la seule unité occidentale qui ait combattu au sein de l’Armée rouge contre les Allemands. Cette unité ne tarda pas à s’illustrer et à gagner l’estime des pilotes russes au combat. Et aujourd’hui, la population fleurit la tombe de ces pilotes français inhumés sur place. À la fin de la guerre, le commandement russe laissa ces pilotes multidécorés repartir en France avec les avions sur lesquels ils avaient combattu. « Le don au régiment “NormandieNiémen” de tous les avions sur lesquels ils avaient volé fut une manifestation de l’amitié sincère entre les peuples français et soviétique. » — Maréchal Alexandre Novikov.”

Si je reviens sur cette épopée, c’est parce que dans deux jours aura lieu la commémoration du 80e anniversaire de la création de l’escadron de chasse NormandieNiémen, comme nous le rappelle le général Dominique Delawarde.

Un symbole de l’amitié franco-russe, toujours très vivace dans le cœur du peuple russe, qui ne comprend pas notre parti pris pour l’Ukraine, qui va détruire nos liens d’amitié et saborder nos entreprises installées en Russie. Et cela par pure soumission à Washington alors que l’Ukraine n’appartient ni à l’Otan ni à l’UE. Macron est bien un nuisible pour notre pays. Et les sanctions économiques contre-productives vont bientôt nous le prouver.

https://larenaissancefrancaise.org/Memoire-80eme-anniversaire-de-la-creation-du-regiment-de-chasse

NormandieNiémen, un bien joli nom pour symboliser l’amitié franco-russe que Macron vient de détruire. Car c’est dans les épreuves de l’Histoire que se scellent les amitiés entre les peuples. Je n’oublie pas qu’en 1814, les cosaques sillonnaient les rues de Paris. Mais je ne connais pas beaucoup d’armées qui soient allées jusqu’à Moscou… Ainsi va l’Histoire, dans le respect des soldats que nous avons combattus.

À Moscou, la maison NormandieNiemen est le lieu de mémoire du sacrifice de 42 pilotes français morts en combattant l’Allemagne nazie. Une plaque commémorative porte le nom de ces héros. Malheureusement, en 2018, le misérable Emmanuel Macron a décidé de ne plus louer cette maison historique, au prétexte qu’elle coûtait trop cher.

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Macron loge des milliers de clandestins à l’hôtel, dépense des milliards pour accueillir des mineurs isolés et soigner des sans-papiers, mais il est incapable de respecter la mémoire des héros qui ont fait honneur aux ailes françaises, aux côtés de leurs frères d’armes russes. Macron ne sait que nous faire honte et nous déshonorer.

Mais comment peut-il nous faire tomber si bas ?

“2022 est l’année du 80e anniversaire de la création du régiment de chasse  « NormandieNi&men », unité de combat parmi les plus décorées de France, symbole de la fraternité franco-soviétique, symbole de la France libre.”

“Le général de Gaulle considérait comme important que les soldats français servent sur tous les fronts de la guerre. Il décide d’engager des forces sur le front de l’Est, en URSS, où d’après lui se jouait le destin du monde. L’URSS était le premier pays ayant échangé avec le général de Gaulle des représentations diplomatiques.”

L’épopée du NormandieNiémen commence en 1942 et va unir comme jamais Russes et Français dans la guerre contre le nazisme, créant des liens indéfectibles si bien décrits avec émotion par le vétéran Roland de la Poype, dans son remarquable ouvrage L’épopée du NormandieNiémen.

Je vous laisse lire le lien ci-dessus dans son intégralité. C’est sur Yak, que nos pilotes ont combattu.

Les pilotes français et leurs mécaniciens soviétiques. « … les mécanos… font preuve d’une véritable vénération pour leur pilote. C’est leur pilote, et il ne faut pas y toucher… ça leur arrive de veiller sur notre sommeil, les armes à la main. Ils partagent notre joie après chaque victoire… Et l’on en a vu plus d’un pleurer la disparition de son pilote. Tout seul, dans l’alvéole tristement vide après une mission sans retour »

“Entre 1943 et 1945, le régiment « NormandieNiémen » participe à plusieurs grandes campagnes aériennes : OREL – SMOLENSK – ORSHA-NIEMEN – INSTERBOURG – KOENIGSBERG – PILLAU. Tout au long de leur épopée, ces héros ont montré au monde entier ce qu’est le véritable héroïsme mais aussi ce qu’est la véritable amitié.” En voici un exemple émouvant :

“Une fuite d’essence dans la cabine est constatée. Les tentatives de faire atterrir l’appareil n’aboutissent pas. N’ayant qu’un seul parachute à bord de l’avion, Maurice de Seynes refuse d’obéir aux ordres de s’éjecter par solidarité avec son mécanicien. Les deux hommes s’écrasent. Ils sont enterrés, côte à côte, entre deux isbas, à Doubrovka. Une cérémonie simple et spontanée est organisée par les villageois. Les enfants sont venus déposer une brassée de fleurs tricolores sur leur tombe. Madame Louise de Seynes, mère de Maurice de Seynes, a gardé toute sa vie dans son appartement parisien les portraits de son fils unique et de son mécanicien soviétique.”

« NormandieNiémen » subira de lourdes pertes tout au long de la guerre et deviendra l’unité française la plus titrée de tous les temps.

Entre 1943 et 1945, ils ont réalisé 5 240 missions de guerre, 4 354 heures de vol de guerre. Ils ont participé à 869 combats aériens. Le groupe a obtenu 273 victoires aériennes confirmées. Cela représente environ 80 % de victoires aériennes de la France combattante.

“Les 4 pilotes français Marcel Albert, Roland de la Poype, Jacques André et Marcel Lefevre (les 2 derniers à titre posthume) ont reçu le titre de héros de l’Union soviétique, le plus haut titre honorifique de l’URSS.”

Décorations du régiment « NormandieNiémen » : rangée du haut, de gauche à droite : Légion d’honneur, Ordre de la Libération, Insigne des FAFL, médaille militaire, croix de guerre 1939-1945 avec 6 palmes ; rangée du bas, de gauche à droite : Ordre de Lénine, Étoile d’or de Héros de l’Union soviétique, Ordre du Drapeau rouge, Ordre d’Alexandre Nevski, Ordre de la Guerre patriotique, Ordre de l’Étoile rouge, Médaille de la Victoire, Médaille pour la prise de Königsberg.

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Retour triomphal en France :

Le 15 juin 1945, le régiment quitte l’Union soviétique avec ses Yak-3 offerts par les autorités russes en signe de reconnaissance et d’amitié entre la France et l’URSS. Accueil au Bourget le 20 juin :

Roland de la Poype se souvient : « … Je n’ai jamais vu autant de monde… une véritable marée humaine qui vibre, qui crie, les yeux levés au ciel… Le Paris que nous aimons tant et qui incarne la France nous a réservé l’accueil le plus délirant et le plus chaleureux qu’on puisse rêver… L’émotion monte d’un cran quand Charles Tillon commence à lire la liste des pilotes du « NormandieNiémen » disparus au combat. Quarante-deux noms, sur un effectif de quatre-vingt-seize pilotes, qui s’égrènent dans un silence aussi impressionnant que le vacarme qui l’ a précédé… »

“Le 14 juillet 1945, lors de la parade de la fête nationale, le régiment « NormandieNiémen » a survolé les Champs-Élysées avec ses Yak-3 aux couleurs de « NormandieNiémen » : une grande étoile rouge, une bande tricolore sur le nez, une longue flèche d’argent, 2 léopards (insigne de NN) et la croix de Lorraine. L’un de ces Yak-3 est exposé au musée de l’Air et de l’Espace au Bourget.”

Alors que l’épopée du NormandieNiémen reste inconnue de la majorité des Français, tous les Russes connaissent cette héroïque unité. Ce qui n’est pas à notre honneur. Un peuple qui n’honore plus ses héros est un peuple mûr pour disparaître. Macron s’y emploie.

“En Russie, la popularité de ce régiment est équivalente à celle de Notre-Dame de Paris ou de la tour Eiffel. Un des pilotes français se souvient d’un épisode émouvant lors de sa venue à Moscou. En apprenant qu’il était un pilote du « NormandieNiémen », le chauffeur de taxi a refusé catégoriquement d’être payé. Pour ce dernier, c’était un honneur de conduire un pilote du  « NormandieNiémen » !

“Plusieurs écoles russes portent le nom de ce régiment. L’histoire du « NormandieNiémen » est inscrite au programme scolaire. Sur les lieux de batailles et de passage du « NormandieNiémen » ont été construit des musées ou des monuments en sa mémoire.”

“Après la guerre, les pilotes français et leurs mécaniciens soviétiques ont gardé des liens d’amitié. Des associations de vétérans ont été créees dans les 2 pays. Après leurs disparitions, les familles continuent d’honorer leurs mémoires.”

L’escadron NormandieNiémen, dit le “Neu-Neu”, est de nos jours installé sur la base aérienne de Mont-de- Marsan.

“Le dernier des pilotes français, Gaël Taburet, s’est éteint le 10 février 2017 à l’âge de 97 ans à Cannes.”

À la lecture du lien ci-dessus, on mesure combien Macron n’a pas sa place à l’Élysée, totalement étranger à notre histoire de France, totalement imperméable au sacrifice de nos pilotes, il reste un président immature, incapable d’assurer la protection des Français et de défendre les intérêts de notre pays.

Que peut-il comprendre aux liens historiques qui unissent la France et la Russie, lui qui veut déconstruire notre Histoire millénaire ?

Jamais de Gaulle n’aurait accepté de sacrifier notre économie et de briser les liens d’amitié qui nous unissent aux Russes, pour satisfaire aux délires hégémoniques de Washington, qui refuse à l’Europe le droit de décider seule de son destin en s’unissant à la Russie.

Mais j’espère bien qu’une victoire russe nous rendra notre liberté, en quittant cette Otan agressive, cette Union européenne soumise à Washington et cet euro qui nous a ruinés.

À quoi bon posséder l’arme atomique, à quoi bon siéger au Conseil de sécurité de l’ONU, à quoi bon bénéficier du droit de véto, si, en définitive, nous n’avons plus aucune indépendance et sommes les supplétifs des États-Unis ?

Nous avons avec les États-Unis des liens de maître à esclave. Washington décide, Paris exécute. L’épisode des sous-marins australiens montre combien Biden nous méprise.

C’est tout le contraire de la politique gaullienne qui avait fait de la France une grande puissance indépendante et respectée, devenue aujourd’hui la 7e économie du monde asservie aux États-Unis dans tous les domaines.

Depuis 40 ans, nos élites criminelles ont saccagé l’héritage gaulliste et détruit la France. Il est temps de briser le carcan otanien et la dictature bruxelloise pour revenir à l’Europe des nations.

En 2000,  l’Europe était promesse de paix  de  prospérité. Aujourd’hui, nous avons la guerre et nous sommes ruinés. Assez de tromperies et de trahisons !

Macron souhaite une défaite russe. Mais il aura une débâcle de l’Ukraine et de l’Otan, parce que c’est une guerre inique que nous menons contre nos amis russes. Dans quelques mois, ce sera une capitulation sans conditions de Kiev. Macron nous aura embarqués dans la camp des perdants. Ses quinquennats resteront une suite de naufrages dans tous les domaines.

 

Jacques Guillemain

 

<< Un pays qui "oublie" sa jeunesse et n'honore plus ses morts est au bord de l'abîme >>

JMR

 

Cris et murmures le long des miradors russes

 

par Pepe Escobar - Le 16/05/2023.

Souvenez-vous de Poutine : « Nous n’avons encore rien commencé. »

« Les murmures d’une « puissance maléfique » ont été entendus dans les files d’attente des laiteries, dans les tramways, les magasins, les appartements, les cuisines, les trains de banlieue et les trains longue distance, dans les gares grandes et petites, dans les datchas et sur les plages. Il va sans dire que les personnes vraiment mûres et cultivées ne racontaient pas ces histoires sur la visite d’une puissance maléfique dans la capitale. En fait, ils s’en moquaient même et essayaient de faire entendre raison à ceux qui les racontaient. » (Mikhaïl Boulgakov, « Le Maître et Marguerite »)

Pour citer Dylan, qui aurait pu être un épigone de Boulgakov : « Cessons donc de parler à tort et à travers maintenant/l’heure se fait tardive ». Il est désormais évident que l’illusion d’un accord de « paix » en Ukraine est le dernier rêve humide des suspects habituels « incapables de passer un accord », toujours accros aux mensonges et au pillage tout en manipulant habilement des libéraux sélectionnés au sein de l’élite russe.

L’objectif serait d’apaiser Moscou par quelques concessions, tout en conservant Odessa, Mykolaïv et Dnipro, et en sauvegardant l’accès de l’OTAN à la mer Noire.

Tout cela en investissant dans une Pologne enragée et rancunière pour qu’elle devienne une milice militaire de l’UE armée jusqu’aux dents.

Ainsi, toutes les « négociations » en vue de la « paix » masquent en fait une volonté de reporter – juste pour un peu de temps – le plan directeur initial : démembrer et détruire la Russie.

Des discussions très sérieuses ont lieu à Moscou, même au plus haut niveau, sur la position réelle de l’élite. On peut distinguer grosso modo trois groupes : le parti de la Victoire, le parti de la « Paix » – que les partisans de la Victoire qualifieraient de capitulateurs – et les neutres/indécis.

Le parti de la Victoire comprend certainement des acteurs cruciaux tels que Dmitri Medvedev, Igor Sechin de Rosneft, le ministre des Affaires étrangères Lavrov, Nikolaï Patrouchev, le chef du comité d’enquête de la Russie, Aleksandr Bastrykin, et, même s’il est critiqué, le ministre de la Défense Choïgu.

Les partisans de la « paix » comprennent, entre autres, le directeur de Telegram, Pavel Durov, l’entrepreneur milliardaire Andrey Melnichenko, le tsar de la métallurgie et de l’exploitation minière Alisher Usmanov (né en Ouzbékistan) et le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.

Les neutres/indécis sont le Premier ministre Mikhail Mishustin, le maire de Moscou Sergueï Sobianine, le chef de cabinet du bureau exécutif présidentiel Anton Vaino, le premier chef de cabinet adjoint de l’administration présidentielle et tsar des médias Alexey Gromov, le PDG de la Sberbank Herman Gref, le PDG de Gazprom Alexey Miller et – pomme de discorde particulière – peut-être le supremo du FSB Alexander Bortnikov.

On peut affirmer que le troisième groupe représente la majorité de l’élite. Cela signifie qu’ils influencent fortement l’ensemble du déroulement de l’opération militaire spéciale (OMS), qui s’est maintenant métastasée en une opération antiterroriste (OAT).

Le brouillard de guerre de la « contre-offensive »

Ces différents points de vue russes au plus haut niveau suscitent, comme on pouvait s’y attendre, des spéculations frénétiques parmi le Think Tankland des États-Unis et de l’OTAN. Otages de leur propre excitation, ils oublient même ce que toute personne ayant un QI supérieur à la température ambiante sait : Kiev, qui a reçu 30 milliards de dollars d’armement de l’OTAN, risque de ne pas obtenir les effets escomptés de sa « contre-offensive » tant vantée. Les forces russes sont plus que préparées et l’Ukraine ne dispose pas de l’élément de surprise.

Après s’être fébrilement creusé la tête, les responsables de l’Occident collectif ont finalement découvert que Kiev devait opter pour une « opération d’armes combinées » afin de tirer quelque chose de son nouveau déluge de jouets de l’OTAN.

John Cleese a fait remarquer que le couronnement de Charles The Tampax King ressemblait à un sketch des Monty Python. Essayez maintenant la suite : l’Hégémon ne peut même pas payer ses milliers de milliards de dettes tandis que les hommes de paille de Kiev se plaignent que les 30 milliards de dollars qu’ils ont reçus ne sont que des cacahuètes.

Sur le front russe, l’indispensable Andrei Martyanov – un maelström d’esprit – a observé que la plupart des correspondants militaires russes alarmés n’ont tout simplement aucune idée « du type et du volume d’informations de combat qui parviennent aux postes de commandement de Moscou, de Rostov-sur-le-Don ou aux états-majors des formations de la ligne de front. »

Il souligne qu’« aucun officier sérieux de niveau opérationnel » ne parlera même à ces types, joyeusement décrits comme des « voenkurva » (en gros, des « salopes militaires »), et qu’ils ne « divulgueront aucun type de données opérationnelles hautement classifiées. »

En l’état actuel des choses, tout le bruit et la fureur de la « contre-offensive » sont enveloppés d’un épais brouillard de guerre.

Et cela ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu des vœux pieux des États-Unis. Le nouveau discours dominant dans le Beltway est que les dirigeants de Moscou sont « fragmentés et imprévisibles ». Et cela pourrait conduire à « une défaite conventionnelle d’une grande puissance nucléaire » dont le « système de commandement et de contrôle s’est effondré. »

Oui : ils croient vraiment à leur propre propagande stupide (copyright John Cleese). Ils sont l’équivalent américain du ministère des marches ridicules. Incapables d’analyser pourquoi et comment l’élite russe a des points de vue différents sur la méthode et l’ampleur de l’OMS/OAT, le mieux qu’ils puissent faire est de dire que « la protection de l’Ukraine est une nécessité stratégique, car la menace russe augmente si Moscou gagne en Ukraine. »

Ce qui se cache derrière le bruit et la fureur de Prigojine

L’arrogance/ignorance caractéristique des Américains n’efface pas le fait qu’il semble y avoir une sérieuse lutte de pouvoir parmi les siloviki. Evgueni Prigojine, un siloviki, a en effet dénoncé Choïgu et Gerasimov comme étant incompétents, laissant entendre qu’ils ne conservent leurs postes que par loyauté envers le président Poutine.

C’est une affaire des plus sérieuses. Car elle est liée à une question clé posée dans plusieurs silos instruits à Moscou : si la Russie est largement connue pour être la puissance militaire la plus forte du monde, avec les missiles défensifs et offensifs les plus avancés, comment se fait-il qu’elle n’ait pas conclu l’affaire sur le champ de bataille ukrainien ?

Une réponse plausible est que seuls 200 000 membres de l’armée russe combattent actuellement, et qu’environ 400 000 à 600 000 attendent en réserve l’attaque de l’Ukraine. En attendant, ils s’entraînent en permanence ; l’attente est donc à l’avantage de la Russie.

Une fois que la fameuse « contre-offensive » s’essoufflera, l’Ukraine sera frappée avec une force massive. Il n’y aura pas de règlement négocié. Il n’y aura qu’une reddition inconditionnelle.

Ce qui se passe en ce moment – le drame de Prigojine – est subordonné à cette logique et se déroule parallèlement à une opération médiatique assez sophistiquée.

Oui, le ministère de la Défense a commis plusieurs erreurs graves, ainsi que d’autres institutions russes, depuis le début de l’OMS. Les critiquer en public, de manière constructive, est un exercice salutaire.

La tactique de Prigojine est un joyau ; il manipule un certain degré d’indignation publique pour faire pression sur la bureaucratie du ministère de la Défense en disant essentiellement la vérité. Il peut même aller jusqu’à donner des noms : des officiers qui abandonnent différents secteurs de la ligne de front. En revanche, ses « musiciens » de Wagner sont présentés comme de véritables héros.

Reste à savoir si le bruit et la fureur de Prigojine suffiront à mettre au pas la bureaucratie bien ancrée du ministère de la Défense. Quoi qu’il en soit, la couverture médiatique de tout ce drame est essentielle ; maintenant que ces problèmes sont dans le domaine public, les gens s’attendront à ce que le ministère de la Défense agisse.

D’ailleurs, voici le fait essentiel : Prigojine a été autorisé (c’est moi qui souligne) à aller aussi loin qu’il le souhaitait par la puissance supérieure (la connexion de Saint-Pétersbourg). Sinon, il serait déjà dans un goulag rénové.

Les prochaines semaines sont donc absolument cruciales. Poutine et le Conseil de sécurité savent certainement ce que tout le monde ignore, y compris Prigojine. Ce qu’il faut retenir, c’est que le terrain va commencer à être préparé pour que les États-Unis et l’OTAN finissent par transformer l’Ukraine, les pays baltes, la Pologne enragée et quelques autres extras en une sorte de forteresse de l’Europe de l’Est engagée dans une guerre d’usure contre la Russie qui pourrait durer des dizaines d’années.

C’est peut-être l’argument ultime pour que la Russie s’attaque enfin à la jugulaire, le plus tôt possible. Sinon, l’avenir sera sombre. Enfin, pas si sombre que cela. Souvenez-vous de Poutine : « Nous n’avons encore rien commencé. »

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Jour 444 : Le général Zaloujni éliminé en représailles aux drones sur le Kremlin ?

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 13/05/2023.

En raison de la situation opérationnelle compliquée sur le champ de bataille en Ukraine, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valery Zaloujni, ne sera pas en mesure de participer à la réunion du Comité militaire de l’OTAN mercredi [10 mai]“. L’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, a déclaré cela à l’ouverture de la réunion des chefs de la défense de l’Alliance, rapporte un correspondant d’Ukrinform. En réalité, on est très tenté de penser que le Kremlin aurait répondu, dans la nuit du 7 au 8 mai, aux drones envoyés sur le Kremlin le 3 mai dernier, par l’élimination du général commandant l’armée ukrainienne. On est également sans nouvelles du général Sirski, qui commande à Bakhmout. Si, en revanche, l’on prend la déclaration de l’amiral Bauer au sens littéral, effectivement, on constate, que la “contre-offensive” ukrainienne tant attendue n’a toujours pas démarré. Les Ukrainiens sont-ils encore en mesure de l’entreprendre?

La commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale

Pour la deuxième année consécutive, la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale a été mêlée à la Guerre d’Ukraine. Le président ukrainien Zelenski a décidé que l’Ukraine ne s’associerait plus à la commémoration du 9 mai mais célébrerait un « Jour de la mémoire et de la victoire sur le nazisme » le 8 mai et la Journée de l’Europe le 9 mai. Vladimir Poutine, lui, recevant les présidents du Turkmenistan, du Kazakhstan, Kirghizistan, du Tadjikistan, d’Ouzbekistan, de Biélorussie et le Premier ministre arménien, s’est efforcé de distinguer entre les « élites mondialistes occidentales » , contre lesquelles, dit-il, la Russie doit se défendre, et les peuples, dont il suppose qu’ils ne soutiennent pas l’effort de guerre de l’Ukraine. Il a présenté le peuple ukrainien lui-même comme pris en otage.  Une chose est certaine : dans au moins quelques dizaines de villes et bourgs ukrainiens, on a désobéi au président ukrainien en célébrant de manière traditionnelle la fin de la Seconde Guerre mondiale, en particulier en déposant des fleurs au monument de la victoire contre le fascisme.

Au passage, rappelons que la victoire de l’Armée Rouge n’a pas été seulement celle des Russes mais aussi des Ukrainiens – qui ont eu 1,6 millions d’hommes tués au combat. Rappelons aussi que l’Armée Rouge a perdu environ 9 millions d’hommes au combat – tandis que la Wehrmacht et ses alliés en perdaient près de 7 millions. On ignore souvent que 3,3 millions de prisonniers de guerre soviétiques sont, en plus des tués au combat, morts de famine ou de mauvais traitements ordonnés par le commandement de la Wehrmacht (sur les 5,7 millions de prisonniers faits au total). En effet, la guerre germano-soviétique a été voulue, non seulement par Hitler, mais par le commandement de la Wehrmacht, comme une « guerre d’extermination ».

La guerre germano-soviétique est la guerre la plus terrible de l’histoire. Et l’on regrette que les médias d’Europe de l’Ouest la traitent avec une telle légèreté, à l’occasion des commémorations. Il est tout à fait compréhensible de désapprouver l’attaque russe contre l’Ukraine en février 2022. Mais est-ce une raison pour instrumentaliser l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en niant (1) ce que représente la mémoire de la guerre germano-soviétique pour les nations qui ont combattu dans l’Armée Rouge ; (2) le fait que l’Armée Rouge a subi 85% des pertes militaires des puissances alliées en Europe ; et que sans elle jamais la redoutable machine de guerre militaire allemande n’aurait été détruite ?   

La « contre-offensive ukrainienne ». « Opération Godot » ?

Cela fait des semaines que l’on parle de la « contre-offensive ukrainienne », d’un terme en fait inapproprié, puisque le front est largement stable depuis six mois. Il serait plus exact de parler d’une « offensive ». Elle se fait attendre. Au point que l’on est tenté de l’appeler « Opération Godot », du nom de la célèbre pièce de Samuel Beckett, dont les personnages attendent un certain « Godot » qui ne vient jamais.

Aura-t-elle jamais lieu ? Les jours qui passent détruisent en tout cas l’effet de surprise.  

Selon Jacques Frère, elle a déjà commencé !

Une thèse intéressante est celle de Jacques Frère, qui tient un excellent compte twitter pour suivre les opérations au jour le jour. Pour sa part, il pense que l’offensive ukrainienne a déjà commencé au moment où nous arrêtions notre bulletin précédent. Je relève un certain nombre de faits qu’il mentionne :

+ 3 mai – test des défenses russes dans la région de Zaporojie.

+4 mai, tentative de percée ukrainienne vers Seversk-Belogorovka.

+ 5 mai : tentative de percée à Ougledar.

+ accumulation de troupes dans la région de Zaporojie. Les autorités russes encouragent la population qui pourrait être directement visée par l’offensive ukrainienne de quitter leurs habitations pour se mettre à l’abri un peu plus à l’Est.

Dans la nuit du 6 ou 7 mai, une vingtaine de drones ont tenté de frapper la Crimée. Il y a eu, bien entendu, la tentative de frapper le Kremlin au moyens de drones tirés depuis le centre de Moscou. Et puis des drones envoyés sur les régions frontalières.

+  8 mai « Plusieurs frappes russes ces dernières 48h ont détruit des camps de mercenaires destinés à être engagés dans l’offensive otano-kiévienne (…) : dans le district de Belgorod-Dniester (région d’Odessa) ; près du village d’Ivanovka (région de Kharkov). »

+11 mai :  « Nous sommes au neuvième jour de l’offensive otano-kievienne et celle-ci peine à se développer ; énormément d’officiers supérieurs, de matériel, de stocks, de munitions, de réserves et de logistiques ont déjà été détruits par les frappes russes, et ce n’est pas fini ! » (De fait, le Ministère russe des Affaires étrangères a recensé une centaine de frappes de missiles ou de drones contre le dispositif de préparation ukrainien à une offensive).

Mais de quoi parle-t-on ? La liste que nous venons de dresser correspond plutôt à une série de tests des défenses russes sur une ligne de front qui fait 1000 kilomètres !

Se passe-t-il quelque chose de spécifique depuis le 10 mai ?

Il y a eu, le 11 mai, une poussée ukrainienne au nord de Bakhmout, essentiellement pour libérer une des routes d’approvisionnement des troupes ukrainiennes qui tiennent encore 2km² de la ville.

Dans Bakhmout même, le Groupe Wagner continue à progresser. Plus au sud, à Avdeïevka, l’armée russe continue à progresser.

L’offensive dont nous parlent médias et réseaux sociaux est cependant plutôt attendue entre Zaporojie et Ougledar. Et l’on se rappelle qu’au mois de septembre dernier l’armée ukrainienne avait profité de l’infériorité numérique des troupes russes dans la région de Kharkov et de Liman pour y regagner du terrain. Plusieurs sources d’informations couvrant le conflit du point de vue russe, mais de manière indépendante, ont fait état de mouvements de forces ukrainiennes vers Zaporojie au sud et Liman au nord. Le Ministère russe de la Défense a réagi de la manière suivante : « Les déclarations diffusées par des canaux de télégrammes individuels concernant des “percées de la défense” dans diverses sections de la ligne de contact ne sont pas vraies.

A 22h00 le 11 mai 2023, dans la direction de Kupyansk, il n’y a pas d’opérations actives. Le groupe de forces de Zapad a supprimé les actions de trois groupes ennemis de sabotage et de reconnaissance.

Dans la direction de Krasny Liman, le groupe de forces Tsentr a repoussé deux attaques de groupes tactiques de compagnies ennemies près de Kremennaya et Chervonaya Dibrova.

Dans la direction de Donetsk, trois tentatives de reconnaissance ennemies ont été déjouées et huit attaques de l’AFU contre des positions russes ont été repoussées avec succès.

Les unités d’assaut continuent de libérer la partie ouest d’Artyomovsk avec le soutien de l’aviation et de l’artillerie.

Les unités du groupe de forces Yug sont activement engagées dans le blocage d’Avdeevka et la capture de Maryinka.

La bataille est actuellement en cours pour repousser une attaque de l’unité AFU en direction de Maloilyinovka. L’armée et l’aviation d’assaut au sol, ainsi que l’artillerie sont au combat. L’ennemi subit des pertes importantes en hommes et en matériel.

Dans les directions de Zaporozhye et de Kherson, il n’y a pas d’opérations actives.

La situation générale dans la zone de l’opération militaire spéciale est sous contrôle »

C’est sans doute le site southfront.org, qui résume le mieux la situation : «.À la veille de la contre-attaque ukrainienne,[tant] attendue, l’analyse de toutes les sources disponibles nous permet de dire qu’elle est pour l’instant plutôt vouée à l’échec. Les redoutes défensives de l’armée russe protègent déjà suffisamment les positions prises par la Russie. Toutefois, il est également impossible de prétendre que les forces armées russes passeront à l’attaque après les succès défensifs, car malgré la supériorité numérique, les fortifications ukrainiennes sont trop solides et trop profondes. Leur prise d’assaut nécessite beaucoup de temps et de main-d’œuvre ». On le voit dans le cas de Bakhmout. (on trouvera sous ce lien une carte en vidéo qui retrace les progrès de l’armée russe et du bataillon Wagner à Bakhmout depuis le début février).

Où sont passés les généraux ukrainiens Zaloujni et Sirski ?

+ Hier 11 mai, toujours, les Britanniques ont annoncé avoir livré à l’Ukraine des missiles Storm Shadow (la version à portée 250 kilomètres). Est-ce un de ces missiles qui a touché une usine à Lougansk le 12 mai ?

+ On observe la multiplication des missions de reconnaissance d’avions de l’OTAN en mer noire, dans la région d’Odessa et jusqu’à proximité de la Crimée.

Alexandre N, analyste perspicace, que les lecteurs du Courrier des Stratèges connaissent bien désormais, me faisait remarquer vendredi 12 mai que l’on n’a pas de nouvelles du général Zaloujni, commandant en chef ukrainien qui a manqué une réunion de concertation avec l’OTAN ; ni du général Sirski, qui commande l’armée ukrainienne à Bakhmout. Des rumeurs ont circulé sur le fait que le général Zaloujni aurait été tué lors d’une frappe russe sur Pavlograd, dans la nuit du 7 au 8 mai. D’autres commentaires affirment que Zaloujni et Sirski seraient pris dans les affres d’une « contre-offensive » impossible à déployer et ne voudraient pas acter officiellement leur échec vis-à-vis de l’OTAN. En tout cas, pense Alexandre N., « ils sont perdus », réellement ou métaphoriquement. Et les Russes auraient, selon lui, bien tort de bouger – ou même de surréagir à la provocation ukrainienne sur le Kremlin – puisque le dispositif adverse s’enlise.

A moins que Zaloujni et Sirski aient été visés en représailles aux drones envoyés sur le Kremlin ?

Analyse globale décapante de Julian MacFarlane

J’avais commencé à synthétiser le sentiment que j’ai développé face « contre-offensive ukrainienne » quand j’ai trouvé cette analyse de Julian MacFarlane (que j’ai souvent cité, depuis février 2022, au même titre que Scott Ritter ou Douglas MacGregor – ces Américains lucides sont parmi les meilleurs analystes de la bataille d’Ukraine, de mon point de vue) qui dit les choses bien mieux que je ne les aurais formulées. Et puis un analyste américain qui critique intelligemment la politique de Washington est plus crédible que je ne saurais l’être en disant les mêmes choses. Extraits :

« ‘Le tacticien habile peut être comparé au shuai-jan. Le shuai-jan est un serpent que l’on trouve dans les montagnes Chung. Frappez sa tête et vous serez attaqué par sa queue ; frappez sa queue et vous serez attaqué par sa tête ; frappez son milieu et vous serez attaqué par la tête et la queue à la fois.’ Sun Tzu

Une erreur fréquente dans l’évaluation de l’armée russe moderne consiste à se référer à l’armée soviétique de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’armée d’aujourd’hui n’est pas celle de Staline. C’est celle de Poutine, un spécialiste des arts martiaux, un tacticien et un stratège. Si vous voulez, un shuai-jan.

Pour comprendre la stratégie militaire russe moderne telle qu’elle est appliquée par Poutine et ses commandants, il faut se pencher sur le débat entre le Clausewitz russe – Alexander Andreïevich Svetchine – et le théoricien soviétique Mikhail N. Toukhatchevski dans les années 1920 et plus tard. Svetchine et Toukhatchevski ont tous deux reconnu que la révolution industrielle avait apporté un nouveau concept de guerre – la guerre totale, dans laquelle la technologie, la logistique et la capacité industrielle étaient aussi importantes que les troupes sur le terrain.

En Occident, Svetchine est décrit à tort comme un partisan de la guerre défensive et des guerres d’usure, par opposition au concept de Toukhatchevski de guerres d’anéantissement rapides, de choc et d’effroi, qui plaisent à l’esprit hollywoodien (…) de l’Occident.

Toukhatchevski a dénigré Svetchine en le qualifiant de vieux briscard tsariste. Staline les exécute tous les deux. Mais Svetchine a été réhabilité en 1956 et ses théories ont été réexaminées après la chute de l’Union soviétique. (…)

En Ukraine, le fantôme de Svetchine se moque de l’Occident. Poutine a lancé ‘l’Opération Militaire Spéciale’  par un assaut audacieux, quoique quelque peu coûteux, qui a détruit une grande partie de la mobilité des forces armées ukrainiennes, ainsi que du matériel essentiel. Une frappe rapide sur les points vitaux ». [L’auteur désigne ici la phase qui mène du 24 février au 30 mars 2022. Il partage le point de vue de Scott Ritter, selon lequel la marche russe sur Kiev était un leurre, sans intention de prendre la ville, mais pour fixer une partie de l’armée ukrainienne, détruire son matériel et pouvoir, pendant ce temps, conquérir les terres ukrainiennes au nord de la Crimée]

« Ensuite, lorsque les négociations d’Istanbul [fin mars 2022]ont échoué et que [Washington] a intensifié sa guerre hybride contre la Russie, Poutine a opté pour un jeu de terrain moins tape-à-l’œil – une longue guerre d’usure, qui a été couronnée de succès. Tactique mise à part, les Russes ont détruit l’équivalent de trois armées ukrainiennes depuis février 2022.

Ils sont désormais prêts à en détruire une quatrième si les Forces Armées Ukrainiennes lancent une contre-offensive. (…)

L’Occident regarde trop la télévision. Et cela inclut le Pentagone. C’est de l’hollywoodisme de pacotille. Cela n’a pas fonctionné en Corée. Au Viêt Nam. Ni au Moyen-Orient. Cela ne fonctionnera certainement pas aujourd’hui.

Comme l’écrit le capitaine Nicolas Fiore, le seul moyen pour les brigades de l’OTAN de vaincre les Groupes de Bataillons Tactiques russes serait une attaque rapide et dévastatrice utilisant une supériorité écrasante en termes de nombre et d’équipement. Cela suppose un combat ouvert, comme dans les steppes du Donbass, avec un avantage en matière de blindés et d’artillerie. (…)

L’Armée Ukrainienne préparerait 12 à 13 brigades de 4 000 à 6 000 hommes chacune, soit certainement moins de 100 000 hommes au total – mais supposons tout de même 100 000 hommes, avec les mercenaires. L’Ukraine s’attend à recevoir environ 140 chars des pays européens, dont 12 Challengers équipés de munitions à l’uranium appauvri. Ces blindés comprennent de nombreux Leopard 1 obsolètes. L’Ukraine ne dispose pas d’une force aérienne fonctionnelle, et ses systèmes de défense aérienne et de logistique sont fortement dégradés. Elle n’a pas non plus beaucoup de munitions et dispose d’un soutien douteux et en diminution rapide pour les hommes et le matériel.

Les Russes, en revanche, ont la supériorité aérienne et ont fortifié toutes les zones susceptibles d’être attaquées par les Forces Armées Ukrainiennes, et pas seulement les villes du Donbass. Par conséquent, même si les Ukrainiens essaient de contourner les grandes villes comme Marioupol et, en fait, tous les centres urbains, quelle que soit leur taille, pour éviter de s’enliser, cela ne leur sera pas d’une grande aide. Ils doivent toujours se déplacer principalement par la route et le rail, voire par les fleuves (…)

Les “fortifications” – ainsi appelées – sont diverses. Les versions russes (…) [représentent une ] protection active – principalement des pièges qui ralentissent et dirigent les forces attaquantes vers des zones où elles seront piégées et détruites.

Au début de l’Opération Militaire Spéciale, les Russes étaient en infériorité numérique. Cette situation s’est inversée : ils disposent d’une force de 300 000 réservistes réentraînés et de 100 000 volontaires, avec un bon soutien logistique. Ils disposent de bombardiers, de chasseurs et d’hélicoptères en grand nombre, ainsi que de centaines de chars T72, T90M et même Armata modernisés. Sans parler des nouveaux BMP3.

Ils ont de nouvelles armes – des drones, des bombes planantes, entre autres. Ils disposent de nouvelles armes (…) d’un système de surveillance en temps réel du champ de bataille et d’un système de guerre électronique, ainsi que d’une artillerie 10 fois plus performante. Chaque jour, ils font exploser les centres de commandement et les dépôts de l’Armée Ukrainienne. (…)

Pourtant, le secrétaire américain à la Défense Austin et le chef d’état-major Milley affirment qu’une offensive réussira (…). Cependant, il doit être évident, même en se penchant, que les États-Unis et l’OTAN ne fournissent pas ce qui est nécessaire pour une opération réussie (…)  parce que, bien sûr, ils ne peuvent pas le faire. Ils n’ont tout simplement pas les ressources nécessaires.

La seule conclusion raisonnable est que la “contre-offensive” est vouée à l’échec. C’est la rampe de sortie de l’Amérique. Une excuse pour sortir de l’embarras du dysfonctionnement militaire. (…)

D’une part, la Russie a fait preuve de retenue dans ses réactions aux provocations occidentales jusqu’à présent, mais cela peut changer. Les Russes ont envoyé un message lorsqu’ils ont utilisé les armes hypersoniques Kinjal contre un bunker de l’OTAN en Ukraine [dans la nuit du 7 au 8 mars près de Lvov]. Les gens se disputent pour savoir combien de membres de l’OTAN sont morts, si tant est qu’il y en ait eu, mais là n’est pas la question : le bunker était censé protéger contre les armes atomiques !

Les armes hypersoniques ont changé la donne car elles confèrent une immense puissance destructrice sans nécessiter d’ogives nucléaires, grâce à la force cinétique, d’où le terme d’armes “hit-to-kill” (frapper pour tuer).

La Russie peut utiliser ces armes en toute impunité. L’Occident est à des années d’en obtenir, et encore moins de se défendre contre elles. Écoutez-vous Londres ?

Tous les discours sur l’intervention de la Pologne, de la Roumanie ou de la 101e division aéroportée ne sont que de la propagande. La Russie n’utilise encore que 10 à 15 % de l’ensemble de ses moyens militaires, se préparant clairement à une guerre plus importante si nécessaire. Son armée est aujourd’hui beaucoup plus forte qu’elle ne l’était il y a un an, tout comme l’économie et l’industrie russes.

En revanche, l’OTAN et les États-Unis sont plus faibles et confrontés à d’immenses problèmes socio-économiques. Newsweek, qui n’est pas exactement un canard pro-russe, écrit : « Si l’Europe devait combattre la Russie, certains pays seraient à court de munitions en quelques jours ».

Les Russes, comme les Chinois, ont l’avantage de penser à long terme. Les Américains et les Européens souffrent d’une déficience cognitive. Apparemment, ils ne “pensent” pas du tout, mais plutôt “réagissent”, selon les récits des médias.

À la télévision, nous avons toujours besoin d’un grand méchant. Mais les gens se lassent de la même chose. L’année prochaine, la Russie sera encore diabolique. Poutine sera toujours le diable. Mais comme les Russes gagnent maintenant, ils ne s’intègrent plus à l’intrigue, ce qui fait d’eux des personnages de la dernière saison. Cette série doit être annulée.

Nous avons besoin d’une nouvelle série et d’un nouveau grand méchant, la Chine.

A moins qu’elle ne commence à gagner, elle aussi. Dans ce cas, nous envahirons à nouveau la  Grenade ».

LIRE AUSSI : Zaloujny absent d’une réunion de l’Otan à cause d’une “situation tendue”

En attendant Godot

par Patrick Reymond - Le 12/05/2023.

Ce qu’il y a de sûr avec la guerre en Ukraine, c’est qu’au niveau opérations, qu’est-ce qu’on se fait chier. Tout ronronne comme un papier à musique bien réglé.

Falkenhayn voulait saigner l’armée française à blanc, à Verdun. Lui faire perdre deux fois plus d’hommes, en raison de la supériorité de l’artillerie. Il n’a pas réussi, il aurait fallu la coopération de l’armée française, chose qu’il n’a jamais obtenue.

En Russie, à Artemovsk, par contre, l’armée russe a très bien capté ce concours de l’armée ukrainienne, et du gouvernement, qui consiste à faire massacrer sa propre armée, dans un hachoir à viande, où le groupe Wagner, prend tout son temps. En effet, faire perdre 500 hommes (un minimum, sans doute le double sur tout le front) par jour, c’est un cadeau qui ne se refuse pas, quand au matériel, il est toujours insuffisant, les munitions manquent de plus en plus.

Finalement, c’est l’inconvénient du médiatique. Il faut donner des sujets d’articles, de reportages, de divagations, sans tenir compte du réel.

Ce qui emm…iélerait réellement les Russes, c’est devoir avancer, au risque de se retrouver avec une guérilla sur ses arrières. Tant que le suicide assumé de l’OTAN et de l’Ukraine, se fait près de ses frontières, c’est toujours de la logistique en moins.

Le matériel OTAN, lui, ressemble plus à de la ferraille qu’à quelque chose d’utilisable, ou alors, est tellement rare et en quantité si réduite, que ce n’est même plus de l’ordre de l’échantillon…

Pour ce qui est du reste, l’OTAN est incapable de combattre sans avoir la supériorité aérienne totale. Pour affronter la Russie – un cimetière d’empire, aussi -, c’est pas gagné. Historiquement, la défense anti-aérienne russe a toujours été très forte, et est en progression constante, plus rapide que les progrès de l’aviation.

Pour rappel, les quelques dizaines, ou même les centaines d’avions que pourraient donner l’ouest collectif, ne sont rien.

Pendant le Viet Nam, la défense anti-aérienne, largement soviétique, a détruit des milliers d’aéronefs. Au point d’amener l’USAF au point de rupture, qui l’a conduit à engager les si imparfaits Starfighter, surnommé « le faiseur de veuves » (en temps de paix…), qu’on gardait au chaud à la garde nationale, histoire de pas avoir à s’en servir, et chez les trous du cul d’alliés.

Les Vietnamiens parlent de « Dien Bien Phu aérien. »

12 500 avions, hélicoptères et drones des USA et de ses alliés ont été perdus, 150 à 170 pour le camp adverse. Il est clair que désormais, les USA n’auraient même plus la possibilité d’en aligner autant, ni même d’engager ses avions remisés dans ses déserts.

Au Vietnam, les Américains n’ont jamais réussi ne serait ce qu’à amoindrir le flux d’approvisionnement de la république du nord Vietnam, ni même d’amoindrir la force militaire nord vietnamienne.

En Ukraine, il est clair que le flux d’armements et de munitions russe ne tarît pas, mais que c’est celui de l’OTAN qui souffre, et l’on ne peut que se contenter de dotations nettement insuffisantes et non remplaçables.

L’arme aérienne de l’ouest collectif, c’est comme le reste, insuffisant en nombre, dépassé pour la plupart, et sans espoir d’amélioration. Sauf pour les généraux carriéristes sur LCI.

source : La Chute

Mise à jour opérationnelle : La contre-offensive ukrainienne

par Aleks - Le 07/05/2023.

Comme vous le savez tous, je n’écris des mises à jour que lorsque j’ai quelque chose à ajouter à mes analyses et mises à jour opérationnelles précédentes. Une telle situation s’est produite maintenant. J’ai décidé d’écrire quelques mots sur la prochaine offensive ukrainienne

Mon objectif sera de montrer quelques scénarios possibles et leurs implications. Ce que je ne veux pas faire, et en fait ne peux pas faire, c’est prédire où et comment l’offensive aura lieu. 

En fait, j’ai déjà écrit/annoncé dans des articles précédents qu’il y aura très probablement une offensive. Aujourd’hui, je veux approfondir certains détails. De plus, je veux écrire un peu sur certaines circonstances à Artemovsk (Bakhmout) et jeter un coup d’œil sur les développements généraux ultérieurs.

Arrière-plan

Il est logique de jeter un œil à certaines de mes anciennes analyses et mises à jour opérationnelles pour mieux comprendre celle-ci. D’autant plus que je n’ajouterai simplement que du nouveau contenu sans faire référence à d’anciens scénarios.

Voici tous mes articles énumérés

Contre-offensive ukrainienne
Bases

L’Ukraine est contrainte de préparer et d’exécuter une offensive contre les Russes. J’en viendrai aux objectifs des partis qui forcent l’Ukraine dans un instant.

Mais d’abord, je tiens à réitérer un fait fondamental. L’Occident brûle délibérément l’Ukraine et son potentiel humain avec une politique de terre brulée.

Il existe un certain bassin de main-d’œuvre ukrainienne disponible pour l’Occident, avec lequel l’Occident vise à atteindre autant d’objectifs que possible jusqu’à ce que la main-d’œuvre soit finalement anéantie. Et le vivier de main-d’œuvre sera certainement anéanti. Tout le monde le sait. Les Russes, les dirigeants ukrainiens, l’Occident et les soldats ukrainiens qui vont être anéantis. Tout le monde le sait. Et pourtant, pour que cette guerre se termine, ce processus inévitable doit être entrepris. L’anéantissement.  

C’est extrêmement triste, et ce n’est pas une chose que je souhaite. Ce sont des Slaves orthodoxes, comme moi et les Russes. Même si les Ukrainiens sont des idiots débiles, ils sont nos idiots débiles et ne méritent pas d’être anéantis sauf les nazis ukrainiens. Eux méritent en effet la pire annihilation imaginable.

Gardant cela à l’esprit, nous pouvons maintenant comprendre pourquoi cette offensive doit très probablement avoir lieu. C’est le dernier jet de la main-d’œuvre ukrainienne entraînée encore capable de mener n’importe quel type d’action offensive. Et ce dernier lot doit atteindre certains objectifs avant la fin de la guerre. Malheureusement, tout le monde sait qu’ils devront passer par ce dernier lot de viande afin d’atteindre le résultat inévitable : La capitulation totale de l’Ukraine ou la destruction de sa capacité physique à résister.

Objectifs ukrainiens (perspective occidentale)

L’Ukraine est chargée par ses maîtres occidentaux d’atteindre un ou plusieurs des objectifs suivants, entièrement ou partiellement :

• Tuez au moins plusieurs milliers de Russes L’Ukraine a rassemblé, selon les sources, environ 100 000 hommes pour cette offensive. Il s’agit du pool de main-d’œuvre disponible pour l’épuisement. Habituellement, un attaquant a besoin d’un avantage de 3:1 sur le défenseur pour percer les lignes défensives. Étant donné que la Russie a une armée bien mieux entraînée, des armes et des tactiques bien plus modernes et une armée de l’air qui continue d’augmenter sa capacité d’appui aérien rapproché (CAS), le ratio doit être beaucoup plus élevé. 

• L’Ukraine doit mettre environ 10 soldats sur le terrain pour vaincre chaque Russe. Simplifions ici pour les besoins de l’explication. Supposons que l’armée ukrainienne rassemble les 100 000 hommes à Zaporijia et tente une offensive concentrée en direction de Melitopol. Si la Russie alignait 10 000 hommes, tous les Russes et tous les Ukrainiens mourraient. Encore une fois, ce n’est qu’à titre d’illustration. Par conséquent, la Russie serait obligée d’aligner bien plus de 10 000 soldats afin d’arrêter l’offensive et de réduire ses propres pertes. Je dirais que si la Russie fortifiait ses positions défensives à Zaporijia avec 50 000 soldats, le ratio contre l’Ukraine monterait en flèche de 1:10 à 1:20. Avec ce ratio et cette configuration du champ de bataille, l’offensive ukrainienne échouerait et les Russes subiraient très probablement beaucoup moins de 10 000 victimes

• Pourquoi est-ce que je joue avec de telles chiffres ? C’est très simple : La Russie n’a qu’à investir 10 000 hommes et l’offensive ukrainienne est vouée à l’échec, non ? Tous mourront, mais l’Ukraine aura perdu 100 000 hommes et n’aura pas atteint ses objectifs, n’est-ce pas ? Totalement faux. Il s’agit toujours d’une opération militaire spéciale. Un SMO. De telles pertes ne sont plus acceptables. Ils étaient en phase 1, mais plus maintenant. En 14 mois, la Russie a perdu entre 20 et 30 000 personnes en Ukraine. Ce qui est déjà un drame. S’il perdait 10 000 hommes en quelques jours/semaines, ce serait une catastrophe. Vous souvenez-vous des funérailles avec des milliers de drapeaux ukrainiens dans toute l’Ukraine ? Une telle situation serait probable dans ce scénario, mais à plus petite échelle, en Russie. Cela coûterait au gouvernement russe beaucoup de capital politique et de confiance. Les soldats doivent être protégés. Les soldats ukrainiens sont condamnés. La plupart d’entre eux mourront ; ils le savent. Mais si tel est le cas, pourquoi ne pas porter un coup énorme à « Poutine » en tuant plusieurs milliers de soldats russes dans le processus pour ajouter à la déstabilisation de la position russe. 

• Capturez au moins une grande ville russe à Novorossiya L’offensive aura-t-elle lieu ? Où aura lieu l’offensive ? Quand aura-t-il lieu ? Avec quelle intensité ? Je ne sais pas ! Je ne sais vraiment pas. Mais je vais partager certaines de mes réflexions avec vous. À en juger par les préparatifs manifestes russes, il me semble que les Russes s’attendent à une offensive en deux phases. Une phase dans la direction de Kharkov, très probablement sous forme de tromperie et de distraction ; et l’offensive principale, ou phase deux, vers Melitopol. Certaines personnes ont évoqué la possibilité d’une incursion à Belgorod ou dans d’autres territoires centraux de la Russie. Possible, mais je ne vois aucun avantage politique pour l’Ukraine à faire cela. Personnellement, je dirais que Marioupol serait le seul grand prix à gagner, tant pour l’Occident que pour l’Ukraine. Cela causerait les plus grands dommages possibles à la Russie. Comment ?

  1. Il couperait le pont terrestre vers la Crimée.
  2. Cela coûterait à la Russie la vie de milliers de soldats défendant la ville. La Russie peut tactiquement battre en retraite et se retirer de beaucoup d’endroits, mais Marioupol n’en fait pas partie. Cela se transformerait nécessairement en une bataille de force contre force pour défendre la ville, ce qui serait extrêmement coûteux en termes de pertes. Même si la Russie réussissait finalement à défendre la ville, elle devrait faire face aux milliers de victimes.
  3. La Russie perdrait sa perle et sa victoire en relations publiques où elle filme fièrement quotidiennement la reconstruction de la ville.
  4. Les Russes auraient besoin de reconquérir la ville, et ils la détruiraient à nouveau dans le processus. La reconquête serait extrêmement sanglante et coûteuse pour les Russes.
  5. La Russie perdrait beaucoup la confiance de ses propres citoyens ; Les citoyens de Novorossiyan, ainsi que les partenaires internationaux.

Par conséquent, je ne serais pas surpris si nous voyions le développement suivant en Ukraine

  1. Commencez à sonder et à distraire les attaques dans la région de Zaporijia.
  2. Après avoir attiré l’attention de la Russie à Zaporijia, lancez une offensive blindée dans la région de Kharkov avec tout l’équipement occidental. Cela devrait être très réaliste. Comme nous l’avons vu à l’été 2022 à Kherson, l’Ukraine absorberait des milliers ou des dizaines de milliers de victimes pour cette fausse offensive.
  3. Après avoir attiré toute l’attention de la Russie sur les fronts susmentionnés, l’Ukraine pourrait lancer une offensive d’insertion massive avec des unités légères dans Marioupol. Qu’est-ce qu’une offensive d’insertion ? Une offensive qui vise à ouvrir un canal par lequel l’Ukraine pourrait insérer plusieurs dizaines de milliers de soldats à Marioupol pour prendre position dans les bâtiments. Dans le meilleur des cas, ce canal pourrait être maintenu ouvert pour approvisionner la garnison. Dans le pire des cas, ces personnes serviraient simplement de moyen pour forcer la Russie à reconquérir Marioupol et à détruire à nouveau la ville dans le processus.

Je ne dis pas que cela arrivera. Et ce n’est pas mon analyse. Je n’ai absolument aucune idée de ce qui va se passer. Je veux seulement dire que de mon point de vue, cela causerait le plus grand tort possible à la Russie et je peux imaginer que c’est la raison pour laquelle le Pentagone est si optimiste quant à ce qui va arriver. Ce scénario n’est pas du tout irréaliste.

Gardez toujours ceci à l’esprit : L’Occident ne se soucie pas des Ukrainiens. Si nous considérons à nouveau la force ukrainienne de 100 000 soldats pour la ligne de front, nous devons alors les considérer, en termes commerciaux, comme un investissement. L’Ukraine va les dépenser tous dans l’espoir de gagner beaucoup plus en retour. Permettez-moi de traduire cela dans la situation sur le terrain : Tous les Ukrainiens accumulés pour cette offensive mourront, seront blessés ou capturés, selon l’Occident, afin d’obtenir pour l’Occident un retour plus précieux que la perte de 100 000 hommes ukrainiens.

Qu’y a-t-il de plus précieux que 100 000 hommes ukrainiens pour l’Occident ? Quoi que ce soit. Ils ne valent rien pour l’Occident. Mais soyons plus réalistes. Le scénario de Marioupol mentionné ci-dessus en vaudrait plus que la peine. Ce serait un plus grand retour vers l’Occident que quiconque ne peut l’imaginer.

Concluons ce point. Marioupol serait le joyau de la couronne. Mais bien sûr, n’importe quelle autre ville russe de Novorossiya pourrait également être la cible.

• Couper le pont terrestre vers la Crimée au moins pendant plusieurs heures/jours Couper le pont terrestre vers la Crimée serait également un coup dur pour la Russie. Pas aussi grave que de perdre Marioupol, mais ce serait quand même une sorte de défaite pour le SMO avec une éventuelle conversion en guerre. De plus, cela coûterait à la Russie de nombreuses victimes dans la défense du territoire. Mais les pertes seraient bien moindres que dans le scénario Marioupol, puisque la Russie mènerait une défense mobile avec plusieurs lignes de repli de Zaporijia à la frontière de la Crimée

• Mettez des bottes ukrainiennes sur le sol de Crimée, au moins pendant plusieurs heures/jours Idem que pour le sectionnement du pont terrestre mais plus grave. Ce serait une attaque contre le territoire central russe. Par conséquent, il existe une réelle possibilité que cela puisse déclencher des manifestations à Moscou. De plus, cela aurait un impact sur la confiance du peuple de Crimée dans la capacité de Moscou à le protéger.

En fait, le but de l’Occident ici est de montrer au peuple russe que le SMO n’est pas suffisant pour vaincre l’Ukraine/l’Occident, et de déclencher une protestation contre Poutine pour exiger la guerre. Il y a certaines raisons pour lesquelles le président Poutine continue de conduire une SMO au lieu d’une guerre. Je les comprends. En fait, il serait préjudiciable pour la Russie d’intensifier le SMO dans une guerre contre un pays comme l’Ukraine. De telles protestations en faveur de la conversion à la guerre ne seraient pas favorables au gouvernement russe.

Objectifs russes

Pour la Russie, une ligne de front concentrée par l’Ukraine serait préjudiciable en toutes circonstances. Pour de nombreuses raisons :

• D’énormes pertes. 1000 à 10 000 soldats, c’est ce que j’estime entre le meilleur et le pire des scénarios. C’est inévitable dans un engagement force contre force, que la Russie a essayé d’éviter au moins depuis la phase 2 de la guerre. 

• Il ne reste plus beaucoup d’espace pour la défense mobile (retrait tactique vers des positions de repli prédéfinies) des grandes villes sous contrôle russe. Certains pourraient être abandonnés afin d’éviter d’énormes pertes. Certains (Marioupol etc.) ne seront en aucun cas abandonnés.

• Dommages politiques, comme déjà décrit ci-dessus, en cas de perte de villes critiques, de ponts terrestres ou de l’entrée de la Crimée.

• La vie des Ukrainiens débiles compte aussi pour la Russie. Même s’ils sont des crétins, ils meurent comme des lemmings pour des gens qui s’en foutent d’eux. À long terme, ils feront toujours partie du monde russe et ils sont considérés comme des Russes. Par conséquent, l’approche de la terre brûlée de l’Occident doit au moins être atténuée autant que possible. Cette offensive pourrait, en quelques semaines, coûter à l’Ukraine jusqu’à 70 000 hommes en morts et blessés graves. Il est beaucoup plus favorable à la Russie d’entraver ou d’atténuer l’offensive afin que ces vies puissent être sauvées pour l’Ukraine après la guerre. Les lecteurs de longue date de BMA connaissent notre façon de penser. Nous prédisons que la Russie se bat pour un effondrement. Bien sûr, un effondrement peut se produire parce qu’il n’y a plus personne. Et ce n’est en effet pas une option irréaliste. Il serait beaucoup plus avantageux de déclencher l’effondrement en détruisant du matériel, pas de la main-d’œuvre. Cela mettrait fin à la guerre avant que le potentiel humain de l’Ukraine ne s’épuise. J’approfondirai cela dans la section Logistique ci-dessous.

Comme nous le voyons, une contre-offensive de l’Ukraine ne sera pas bonne pour la Russie. Oui, ces troupes et équipements, malheureusement, devront être détruits de toute façon. Mais il est beaucoup plus favorable pour la Russie de le faire selon les conditions russes et dans les lieux de son choix, et non comme le dicte l’Ukraine

Mon analyse des événements survenus sur le champ de bataille ces derniers jours est que la Russie essaie soit d’arrêter totalement l’offensive dans son élan, soit, si ce n’est pas possible, d’abattre le plus de pression possible pour la rendre moins nocive. Voici mes observations :

• Bombardements massifs de l’arrière ukrainien. Partout à courte et moyenne distance des lignes de front. Kramatorsk, Slaviansk, Pavlograd, etc. Ces attaques sont d’autant plus efficaces que l’armée de l’air russe a commencé à faire un usage massif de bombes planantes lourdes. Les cibles sont les troupes, l’équipement et les approvisionnements/accumulations de munitions à l’arrière.

• Attaques massives de missiles sur les mêmes cibles que celles mentionnées ci-dessus. La plupart de ces attaques ne sont pas signalées ou gardées secrètes par les Ukrainiens, mais il y a plus qu’assez de rapports sur les dégâts massifs infligés aux cibles à l’arrière.

• Je ne suis pas tout à fait sûr, même si je fais entièrement confiance à Larry Johnson dans son analyse des fuites du Pentagone, s’il y a des éléments russes en jeu ici aussi. La publication de tels documents à l’heure actuelle n’est pas très favorable à l’Occident. Je crois toujours qu’il ne s’agit pas d’une fuite, mais qu’elle est conçue avec un certain objectif. Lequel et par qui, je ne sais pas. Mais il n’est pas irréaliste que de tels documents puissent être utilisés par la Russie comme un moyen de réduire le moral, la motivation et le soutien du public ukrainien et de ses soldats. Si la situation (presque) réelle, qui est absolument catastrophique, devient connue du public et du personnel militaire ukrainiens, cela pourrait avoir un impact considérable sur les performances des soldats sur le champ de bataille

Pour résumer : la Russie essaie soit d’éviter complètement la contre-offensive, soit de la rendre aussi faible que possible afin de réduire autant que possible ses propres pertes militaires et politiques.

Il y a des mois, BMA a identifié cinq endroits où la Russie écrase l’armée ukrainienne afin d’améliorer la position russe. Et c’est ce qui va continuer : Tuer l’armée ukrainienne à distance de sécurité, et par petites bouchées. La Russie évite ainsi les engagements directs force contre force. Wagner et Artemovsk (Bakhmout) est quelque chose de différent. J’expliquerai cela plus tard. 

Stratégie de défense russe

Nous avons vu à la fois la stratégie de défense mobile russe et l’approche de la double ruse ukrainienne. Il n’y a rien de nouveau. Seuls les lieux seront neufs.

Double ruse ukrainienne (été 2022) :

1. A commencé à sonder les attaques à Kherson tout en faisant de lourdes pertes.

2. A lancé une offensive à grande échelle à Kharkov et a repris des zones critiques, qui ont été préparées pour un enveloppement ultérieur de Kramatorsk et de Slavyansk, au bon moment.

3. Poursuite de l’offensive dans le sud, conquête de la ville de Kherson. (Autorisé par la Russie, pour éviter des combats sanglants force contre force.)

Défense mobile russe :

1. La retraite en couches de la banlieue de Kherson pour éviter les engagements de force contre force avec ses troupes les plus précieuses, les parachutistes. Cela a permis de gagner du temps pour évacuer les civils et organiser une magistrale retraite d’une journée de l’armée russe sur le Dniepr.

2. La retraite en couches de l’armée russe de la région de Kharkov avec des pertes russes minimales et des milliers d’Ukrainiens tués.

Nous devrions garder ces choses à l’esprit lorsque nous envisageons l’avenir.

Pensons maintenant à la défense russe. Je vais garder cette section courte. Beaucoup ont déjà analysé les fortifications russes. Ce n’est pas ce que je veux faire. Je veux voir la situation dans son ensemble. Chaque fortification peut être surmontée. Et tenir un système de fortification ou de tranchée signifie également de lourdes pertes pour le défenseur si l’attaquant peut supprimer l’artillerie russe.

Qu’est-ce que cela signifie ? Tant que l’artillerie russe peut retenir l’ennemi, les fortifications peuvent fonctionner relativement bien sans trop de pertes. La principale source de pertes russes serait l’artillerie ukrainienne, qui devrait être en place si les Ukrainiens veulent lancer une offensive.

Si les Ukrainiens parviennent à vaincre l’artillerie russe et à se rapprocher de la première ligne de défense (systèmes de tranchées), les Russes devront se replier. Pas parce qu’ils ne peuvent pas le tenir. Non. Mais pour éviter des pertes inutiles dans la guerre des tranchées. Ce n’est pas ce que l’armée russe devrait faire dans un SMO. Wagner est quelque chose de différent. Nous y reviendrons plus tard.

Il en va de même pour la prochaine ligne de défense.

Avant que l’Ukraine n’atteigne la troisième ligne, la doctrine militaire russe ordonnerait des attaques de flanc sur la force d’invasion à gauche et à droite de son angle d’attaque pour envelopper les Ukrainiens. Cela pourrait peut-être arriver, s’il est déterminé que la force attaquante peut être détruite avec moins d’effort et moins de victimes.

Ce qui est plus probable, c’est que chaque ligne de défense est aussi un sac à feu et un piège à mines. La force d’invasion sera lourdement bombardée après avoir pris chaque ligne de défense.

Si nous supposons, pour les besoins de la discussion, que l’offensive aura lieu à Zaporijia, alors le scénario suivant pourrait être possible :

  1. Attaquez les formations offensives avec les bombes planantes (Air Force), les missiles et l’artillerie jusqu’à ce qu’elles atteignent la première ligne de défense. S’ils atteignent la première ligne de défense,
  2. Retraite de la première ligne de défense. Si l’ennemi progresse encore,
  3. Retraite de la deuxième ligne de défense.
  4. Essayez d’envelopper doctrinalement avec des forces de réserve la force d’invasion à gauche et à droite sur la deuxième ligne de défense et détruisez-les. Si cela ne réussit pas, retirez-vous vers le système de tranchées de ligne suivant, préparé plus loin à l’arrière.
  5. Répétez la même.

J’ai créé une visualisation schématique, sans lieux réels, uniquement dans le but d’expliquer l’approche de la défense mobile. Comme je ne sais ni où se déroulera l’offensive ni toutes les installations de défense russes préparées, j’ai décidé de créer des lignes de défense virtuelles pour ne pas confondre les lignes de défense réelles et imaginaires sur une même image.

L’image considère que les Ukrainiens décideraient probablement de franchir le Dniepr et de descendre de Zaporijia en même temps, pour avoir une approche à deux vecteurs.

Ici, les Russes pouvaient combattre à distance et se replier plusieurs fois lorsque les Ukrainiens s’approchaient trop près, jusqu’à atteindre soit Melitopol soit la frontière avec la Crimée. Les deux sont des événements très indésirables pour les Russes. Bien sûr, je mentionnerai à nouveau les sacs à feu préparés, les embuscades, les champs de mines, etc.

Eh bien, après avoir expliqué l’approche défensive, il devrait être absolument clair pour tout le monde qu’une offensive dans cette direction serait un pur massacre d’Ukrainiens. Sans aucun doute, le ratio serait supérieur à 1:15 en faveur des Russes. C’est bien connu de tous, c’est pourquoi j’ai du mal à croire que ce sera la direction principale de l’offensive. Ou s’il y aura une offensive du tout. N’oubliez pas que les Russes s’efforcent d’empêcher l’offensive.

Les planificateurs de l’OTAN ne sont pas idiots et ils sont très capables. Même s’ils ne se soucient pas de la vie des Ukrainiens et que toutes les troupes valides seront investies (un mort qui marche déjà), ils ont en effet un objectif qu’ils veulent atteindre. Pas un objectif militaire mais un objectif politique. Je suppose que SI l’offensive a lieu, nous pourrions avoir des surprises que l’OTAN nous a préparées.

Pourquoi l’Ukraine conserve toujours ses capacités logistiques

L’Ukraine ne peut fournir ses troupes, ses défenses et ses actions offensives que parce que la Russie le permet.

La Russie pourrait complètement arrêter la logistique manifeste en Ukraine en quelques jours. Je parle des ponts et du trafic ferroviaire. Les cibles qui auraient besoin d’être affaiblies sont bien connues, puisqu’elles sont de construction soviétique et qu’elles ne bougent pas ou ne sont pas cachées/dissimulées 

  • Des ponts
  • Sous-stations électriques
  • Dépôts de locomotives
  • Voitures de train et stations d’entretien des locomotives
  • Principaux hubs logistiques et ferroviaires

Il serait assez idiot d’éliminer les infrastructures ci-dessus. J’ai plaidé contre leur destruction presque depuis le début du SMO. Avant de commencer BMA, je contestais cela sur mon ancien compte Twitter.

Pourquoi ?

  • Il est absolument préférable que la Russie combatte les Ukrainiens près de la Russie, où elle a une supériorité aérienne et une population amie. C’est très préjudiciable à l’Ukraine. Par conséquent, l’Ukraine doit être autorisée à tout expédier dans le Donbass.
  • L’OTAN doit être autorisée à disposer de son potentiel de combat aussi efficacement que possible pour des raisons politiques. (BRICS/Chine, etc.)
  • Une longue guerre de guérilla dans toute l’Ukraine serait très indésirable pour la Russie. Il est préférable de détruire tout le potentiel militaire de l’Occident, à la fois l’équipement et la main-d’œuvre, de manière organisée et dans les endroits où cela est souhaitable pour la Russie. Voir mes cinq points de meulage, mentionnés ci-dessus.
  • Si la Russie arrêtait aujourd’hui la logistique ukrainienne, le front du Donbass s’effondrerait peut-être. Mais l’OTAN serait obligée de se cacher et de ralentir ses efforts. Cela conduirait à l’inévitable guérilla dans toute l’Ukraine. Et des retraits vers des villes autrement intactes, qui seraient alors également détruites.
  • En bref : la Russie reste inactive pour permettre à l’Ukraine de commettre le suicide de masse le plus efficace possible. La Russie ne veut pas créer de problèmes pour les Ukrainiens en les expédiant eux-mêmes et surtout leur équipement, massivement dans un piège mortel.

C’est pourquoi l’Ukraine dispose encore de capacités logistiques. 

Ici, j’ai expliqué quelques notions de base de la logistique  

Compte tenu de cela, nous pouvons conclure que l’Ukraine (OTAN) a un sacré travail à faire pour permettre toute la logistique nécessaire à l’effort de guerre. 

Pensez maintenant à la contre-offensive vers le sud (en direction de la Crimée) sur un fleuve majeur, le Dniepr. Un nombre incroyable de ressources sont engagées par l’OTAN et l’Ukraine pour permettre cet effort. Elle est en fait totalement idiote, et forcée par l’Occident uniquement à atteindre certains objectifs politiques en dressant la population masculine ukrainienne contre elle-même.

D’un autre côté, il est tout à fait avantageux pour la Russie que l’Ukraine ait besoin de retenir quelque chose comme 150 000 à 300 000 personnes à l’arrière uniquement pour maintenir cette logistique insensée. Toutes nos félicitations.

Durabilité d’une contre-offensive ukrainienne en termes logistiques

Comme décrit ci-dessus, vous avez besoin de dizaines de milliers de personnes dédiées à la conduite des opérations logistiques dans de telles circonstances. Quelles circonstances ? Traverser un fleuve important où vous n’avez aucune supériorité aérienne. Faire le tour de la rivière à Zaporijia est le même effort/folie que traverser directement le Dniepr.

Plus j’écris sur la pérennité d’une offensive vers Melitopol/Crimée, plus je pense que nous aurons des surprises dans d’autres directions. SI l’offensive a lieu. Melitopol/Crimée c’est exactement ça :

Artemovsk/Bakhmout
Bases

Le but des efforts russes à Artemovsk a été de réduire davantage les troupes et l’équipement ukrainiens. Je dirais que la garnison ukrainienne d’Artemovsk se compose de 20 % de troupes professionnelles et de forces spéciales et de 80% de conscrits, avec des réapprovisionnements quotidiens de conscrits « frais ».

Et c’est comme ça que ça marche. L’Ukraine a besoin de deux choses

1. Maintenir Artemovsk pour ne pas permettre l’effondrement de toute la ligne de front du Donbass. 

2. Pouvoir préparer la contre-offensive pour atteindre un dernier grand objectif politique. Ce serait impossible si les Ukrainiens devaient faire face à toute une ligne de front qui s’effondre dans le Donbass.

Je ne serais pas entièrement surpris si la contre-offensive ukrainienne visait Soledar-Artemovsk.

Troupes ukrainiennes

Comme mentionné ci-dessus, l’Ukraine utilise principalement des conscrits non formés pour détenir Artemovsk. Avec quelques officiers professionnels et des forces spéciales pour la coordination et la logistique.

Les pertes ukrainiennes quotidiennes en main-d’œuvre sont épouvantables. Néanmoins, si l’on considère qu’Artemovsk devrait tenir encore environ deux mois car la contre-offensive devrait être terminée d’ici là, on pourrait calculer ce qui suit : 400 victimes/jour X 30 jours/mois X 2 mois = 24 000 victimes supplémentaires par la fin juin. En utilisant principalement des conscrits pour boucher les trous à Artemovsk, c’est (malheureusement et dégoûtant) suffisant pour maintenir la stabilité du front oriental et pour sécuriser l’arrière de la contre-offensive.

Wagner

Comme je l’ai dit, je ne serais pas entièrement surpris si toute cette « contre-offensive » visait simplement à reprendre Artemovsk et Soledar. Ce serait aussi un coup dur pour la Russie. Dans un tel scénario, Wagner devrait être vaincu. Ce qui n’est pas impossible. Cela aurait les implications suivantes

  • Défaite/Affaiblissement de Wagner. (J’approfondirai cela plus tard).
  • Capture d’une immense zone urbaine extrêmement difficile à reprendre par les Russes.
  • La Russie devrait déployer d’énormes efforts pour reprendre ces lieux. Cette fois sans Wagner mais avec des troupes russes régulières. (Au cas où Wagner aurait été vaincu ou sérieusement affaibli.)
  • Conversion forcée du SMO en guerre, ce qui est actuellement défavorable à la Russie. Remarque : Wagner EST le SMO. Je vais vous expliquer cela dans une minute.
  • Relation publique majeure et défaite militaire pour la Russie. L’Occident pourrait en tirer beaucoup de capitaux.
  • Guerre !

Permettez-moi d’expliquer ma compréhension de ce qu’est Wagner. N’oubliez pas que ce n’est que mon analyse et que je peux me tromper complètement :

• Wagner est l’équivalent russe d’un centre de coûts en administration des affaires. La Russie utilise Wagner pour accumuler les meilleurs combattants volontaires de Russie pour une action d’assaut directe. L’armée russe ne peut pas encore s’engager dans une action force contre force, et encore moins une action d’assaut direct en milieu urbain. Ces types de combats sont ceux qui ont le plus grand nombre de victimes. Je le sais, beaucoup de membres de ma famille ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale et dans les guerres yougoslaves dans de tels détachements d’assaut.

De tels taux de pertes sont incompatibles avec un SMO. Premièrement, les milices du Donbass ont fait ce travail. Leurs pertes, très élevées, ne faisaient pas partie de l’armée russe. Plus tard, après l’incorporation du Donbass à la Fédération de Russie et par conséquent à son armée, Wagner a repris entièrement ce travail. Faire le sale boulot, faire les victimes et garder le bilan de l’armée russe propre. J’ai déjà critiqué cette technique il y a des mois. Je veux le critiquer à nouveau.

L’armée russe, qui mène une SMO, a beaucoup moins de pertes et d’engagements directs avec l’ennemi. Le SMO n’est pas conçu pour supporter le niveau de pertes comme le fait la force de volontaires « Wagner ». Il y aurait beaucoup de questions en Russie dans un tel cas.

C’est une chose d’ordonner aux conscrits de marcher vers leur mort garantie, et c’en est une autre de le faire avec des volontaires qui savent exactement pourquoi ils se sont engagés. Prenez, par exemple, les marines qui ont pris d’assaut Ugledar il y a quelques mois. Ils ont appelé leur gouverneur dans l’Extrême-Orient russe qui est intervenu. Peut-être à juste titre. Peut-être que le général responsable était un idiot. Mais je veux seulement démontrer ce qui se passerait si les troupes régulières russes subissaient des pertes de l’ampleur de Wagner ou des Ukrainiens. Ce serait dans toute la Russie dans les nouvelles, etc.

Les bénévoles sont des bénévoles. Ils savent exactement à quoi ils s’engagent et ils sont très professionnels. Je suppose que Wagner recrute régulièrement ses troupes directement dans l’armée et les forces spéciales russes. Peut-être même directement des forces du SMO. S’ils meurent, ils meurent sur un autre compte/centre de coûts. Et les proches, s’il y en a, ne peuvent rien faire puisqu’il s’agissait de volontaires.

Il y a des raisons pour lesquelles Evgeny Prigozhin exprime des inquiétudes publiques concernant la prochaine offensive ukrainienne en rapport avec Wagner. Supposons simplement, pour les besoins de la discussion, que la contre-offensive ukrainienne aurait lieu dans la direction Artemovsk/Soledar et qu’elle réussirait. Supposons en outre que les Ukrainiens réussiraient à éliminer une grande partie de Wagner. La Russie n’aurait plus AUCUNE troupe pour des opérations offensives intensives en pertes.

La Russie devrait déclarer la guerre et elle pourrait alors utiliser toute son armée accumulée et entraînée pour tout ce qui est nécessaire. Je dirais qu’il serait préférable d’éviter/d’arrêter l’offensive pour éviter une situation où de telles mesures doivent être prises.

Gardez à l’esprit. Wagner de 2014 à janvier 2022 est un autre Wagner qu’à partir de février 2022. Actuellement, il fait partie intégrante de l’armée russe en matière de commandement et de contrôle. Mais pas au sens de l’organisation. Les pertes, le financement et les fournitures sont séparés pour des raisons évidentes.

Est-ce que je pense qu’un tel scénario pourrait/serait/va se produire ? Je préférerais dire non. Mais qui sait. C’est le dernier lancer. Il faut s’attendre à tout et à rien. En toute circonstance, je vois et je crois que l’état-major russe, ici en l’occurrence le général Surovikin lui-même, veille à étouffer l’essentiel de l’offensive avant même qu’elle ne commence ; avec l’armée de l’air et les forces de missiles.

Je ne pense pas que les Russes se retourneront et feront le mort. La pire position possible dans laquelle vous pouvez vous trouver en ce moment est dans la peau d’un soldat ukrainien destiné à l’offensive. La seule question que vous vous posez actuellement est de savoir si vous serez gravement blessé/mutilé, capturé (dans le meilleur des cas) ou de quelle manière cruelle vous mourrez. La plupart mourront, car il n’y a aucun moyen d’évacuer en toute sécurité tous les blessés. Je n’écris pas cela avec plaisir, étant un Slave orthodoxe. C’est dégoûtant.

Négociation

Maintenant, nous avons toutes les personnes qui plaident constamment pour « Asseyez-vous et parlez de paix ». D’accord. Claquer un doigt et c’est la paix ? Je veux le dire de cette façon : La Russie est à nouveau dans une lutte existentielle. S’elle ne parvient pas à chasser l’OTAN d’Ukraine, son existence même sera constamment menacée. S’il y a un seul morceau de l’Ukraine qui n’est pas libéré, ce sera le germe d’une nouvelle tentative de l’OTAN contre la Russie. C’est pourquoi l’objectif principal de la Russie est la dénazification et la démilitarisation complètes de l’Ukraine et la mise en œuvre du nouveau projet de traité pour la sécurité européenne.

Tant que ces objectifs ne seront pas atteints, la Russie est sous la menace constante d’être morcelée en plusieurs petits États comme la Yougoslavie.

Alors, ces gens pensent que « Asseyez-vous et parlez de paix » permettra d’obtenir la paix ?

Quelles sont les implications des pourparlers de paix maintenant, y compris un cessez-le-feu?

  • Entre 20 000 et 30 000 Russes (armée russe + milice du Donbass + Wagner) sont morts pour une petite bande de terre dans l’est et le sud de l’Ukraine.
  • La menace contre la Russie existerait toujours. En fait, ce serait une menace encore plus grande parce que l’Ukraine rejoindrait l’OTAN juste après la fin des hostilités. Peu importe les traités que l’Ukraine signerait. L’Ukraine rejoindra l’OTAN le lendemain.

Les négociations ont été possibles jusqu’à la fin de la phase 1. Après tout ce qui a été investi en sang, en équipement et en capital politique/économique, il n’y a pas de retour en arrière. Seule la pleine réalisation de tous les objectifs est une véritable option. Le président Poutine a investi toute la nation russe dans la construction d’un ordre mondial multipolaire. Tout ce qui serait négocié maintenant en Ukraine serait la fin de ce projet et de la Russie. Cela signifierait que l’Occident est toujours en mesure de dicter les résultats et les conditions.

Et pour quoi l’Ukraine devrait-elle négocier exactement ?

  • La mise en œuvre du projet de traité pour la sécurité européenne ?
  • Politique de l’OTAN ?
  • Dénazification ?
  • Démilitarisation ?

Avec quelle autorité ? L’Ukraine ne peut rien décider d’elle-même.

Comment négocier la sécurité de l’Europe et de l’OTAN ?

Donc, négocier de tels objectifs AVEC l’Ukraine est de la pure connerie. Je ne comprends pas comment quelqu’un peut demander aux Ukrainiens de s’asseoir et de « parler de paix ». J’ai vraiment du mal à comprendre cela, compte tenu des faits mentionnés ci-dessus.

Négocier avec l’Occident ? Le massacre entre Ukrainiens et Russes est un gros lot pour l’Occident. Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour s’assurer que le plus de soldats possible des deux côtés meurent. De nouvelles mobilisations ukrainiennes ? Super ! De nouvelles mobilisations russes ? Encore plus grand. Plus de sang. Plus de terre brûlée. Tant qu’il est durable avec l’argent et l’équipement occidentaux, il SERA maintenu.

Avec qui la Russie doit-elle négocier ?

Russie : « Écoutez, OTAN, si vous ne vous repliez pas sur vos frontières de 1998, nous détruirons toute l’Ukraine et tuerons la majeure partie de sa population masculine ».

OTAN : «HAHAHAHAHAHAHA, vas-y frère ».

Malheureusement, cela se poursuivra jusqu’à ce que l’Ukraine s’effondre totalement et (éventuellement) disparaisse très probablement.

Malheureusement pas parce que l’Ukraine va très probablement disparaître.

Non, mais à cause de la perte massive de vies slaves. L’un contre l’autre. Odieux.

Développements ultérieurs

Vous souvenez-vous de mon article sur la doctrine militaire russe et soviétique ?

Après l’offensive ukrainienne, on peut s’attendre à voir la Russie bouger Pour plus de détails, relisez cet article.

Il n’y a qu’un seul résultat possible. La défaite totale de l’Ukraine et sa reddition totale, sa dénazification et sa démilitarisation. Ce n’est pas un vœu pieux ; c’est mon analyse professionnelle et j’ai énuméré d’innombrables arguments en sa faveur dans presque tous mes articles.

J’ai mentionné dans un de mes articles la fin imminente de l’armée professionnelle ukrainienne (pas la fin de la guerre). Cela sera évident après l’offensive ukrainienne.

source : Black Mountain Analysis via Bruno Bertez

L’attaque contre Poutine  change la nature de l’Opération spéciale.

Source : Le Courrier des Straèges - Le 04/05/2023.

L’attaque contre Poutine  change la nature de l’Opération spéciale, par Observatoriocrisis

La tentative d’attaquer par drones le Kremlin pour liquider Poutine suscitent de violentes réactions dans le monde russe. Un cap très dangereux vient d’être franchi. Nul doute que la réponse, sans doute très sévère, ne va pas tarder. Pour ceux qui connaissent un peu la société russe, et sa représentation politique, vouloir supprimer Poutine est une erreur. Car cela ne pourrait déboucher que sur un durcissement de la politique de la Fédération. Il ne faut pas oublier que le premier parti d’opposition est l’ancien parti communiste, avec une représentativité estimée à 30 % des suffrages. L’opposant Alexeï Navalny ne pèse rien dans l’opinion des Russes. Il n’attire qu’une toute petite frange de la population. En fait, Poutine est accusé par les communistes et certains militaires d’être trop mou … Pour saisir cette réalité, nous reproduisons ici un article publié sur le site de langue espagnole, « Observatorio de la crisis », qui reprend la publication de « Daily Pravda », le média du Parti communiste de la Fédération de Russie.


Cet article publié par le site observatoriocrisis.com n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

Des drones (UAV) ont tenté d’attaquer le Kremlin quatre heures après que l’avion présidentiel a transporté Vladimir Poutine de Saint-Pétersbourg à Moscou. L’attaque contre le Kremlin est une tentative de décapitation des dirigeants et de l’armée à un point critique du conflit. Par conséquent, la nature de l’opération va changer radicalement.

La chaîne Telegram « Military » estime que le deuxième drone a été abattu par des armes cinétiques puis a pris feu dans le dôme de la tour du Kremlin, où se trouve le bureau de Poutine.

La Russie fait face à une tentative effrontée de décapiter ses dirigeants et sa force militaire …

Ces derniers jours, il y a eu des frappes de drones dans toute la Russie. Les gisements de pétrole brûlent et les aérodromes sont attaqués. L’attaque contre le Kremlin cadre bien avec l’objectif de faire pression avant une attaque des forces armées ukrainiennes, ainsi qu’à l’approche du défilé du 9 mai à Moscou.

Citant une source du bureau du président Vladymyr Zelensky, la chaîne Telegram « The Resident » a écrit que l’attaque a été personnellement supervisée par le chef du renseignement ukrainien (GUR), Kirill Budanov, et « était une opération symbolique destinée à démontrer les capacités du renseignement ukrainien ». Officiellement, cependant, Kiev va mentir et prétendra que « le Kremlin s’est attaqué lui-même » ! Selon « The Resident », une déclaration du président ukrainien a été préparée dans laquelle il déclarera qu’il s’agit d’une provocation russe. Apparemment, « l’administration Joe Biden a réagi durement et a exigé que Kiev cesse toute action sur le territoire russe ».

Le secrétaire de presse présidentiel ukrainien, Sergey Nikiforov, a déclaré qu’il n’avait aucune donnée sur l’incident. « Comme Volodymyr Zelensky l’a déclaré à plusieurs reprises, toutes les forces et tous les moyens disponibles sont déployés pour libérer nos propres territoires, et non pour attaquer ceux de quelqu’un d’autre », a-t-il déclaré à Reuters.

Zelensky était en visite en Finlande et il a été annoncé qu’il ne reviendrait pas en Ukraine pour le moment.

Le défilé de la victoire contre les nazis aura lieu « qu’il pleuve ou qu’il vente »

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que le défilé du 9 mai sur la Place Rouge aura lieu de toute façon. Il a averti que la Russie se réserve le droit de répondre à la tentative d’attaque contre le Kremlin, où et quand elle le jugera bon.

Le Kremlin considère la tentative d’attentat du régime de Kiev comme un acte terroriste planifié et comme une attaque contre le président russe à la veille du Jour de la Victoire, selon Peskov.

Le correspondant de guerre Alexander Kots a écrit sur Telegram qu’il « ne voit plus grand intérêt à frapper Bankova (ndlr l’Ukraine) ou tout autre bâtiment important ». Voici un extrait de ses propos qui en dit long : « Nous ne devons pas porter plainte contre ceux qui attaquent notre président, contre nos journalistes, contre ceux qui tuent chaque jour les citoyens du Donbass. Nous devons les détruire. L’ennemi le fait systématiquement sur notre territoire ».

Le président du parti « Russie juste », Sergueï Mironov, a souligné que cette attaque est un véritable casus belli. Mironov pense que « nous avons des armes pour frapper leurs bunkers. Il ne peut y avoir que trois options pour Zelensky et sa junte : répéter le sort d’Hitler, répéter le sort du terroriste Tchéchène Dudayev ou faire face à un tribunal international pour crimes de guerre et autres ».

Pour l’analyste politique Sergueï Markov, la provocation de Kiev pourrait changer le cours des événements : « La question est de savoir si Moscou sera capable d’éliminer n’importe quel dirigeant ukrainien. Ou si cela ne restera que des mots. Mais, en tout cas, la situation est en train de changer radicalement. Il y a une forte escalade ».

En attendant la contre-offensive ukrainienne

Une contre-offensive des forces ukrainiennes devrait avoir lieu très prochainement, estiment tous les analystes militaires.

On sait que Vladimir Poutine a promis de ne pas attenter à la vie de Zelensky. C’est ce qu’avait déclaré l’ancien Premier ministre israélien, Naftali Bennett.  Toutefois, l’attentat à la bombe du Kremlin annule formellement cette promesse pour autant qu’elle ait été réellement faite.

Rappelons-nous que les attaques contre les infrastructures ukrainiennes ont commencé après le bombardement du pont de Crimée. La Fédération de Russie doit continuer de répondre aux attaques contre des installations situées au-delà de la « ligne rouge ». Il faut donc s’attendre à une réaction sévère. D’autant plus lorsque nous sommes confrontés à une tentative effrontée de décapiter les dirigeants russes et notre force militaire.

Sur le même sujet : 

Moscou accuse Kiev d’avoir attaqué le Kremlin

Dmitri Medvedev : La Russie n’a pas d’autre choix que d’anéantir Zelensky

* « Le Kremlin attaqué ! ».

 

 

Qu’en est-il de la contre-offensive ukrainienne ?

Source : The Saker francophone.


Par M.K. Bhadrakumar – Le 2 mai 2023 – Indian Punchline

Le mois de mai est arrivé, mais sans la « contre-offensive » ukrainienne tant attendue. Les médias occidentaux spéculent sur le fait qu’elle pourrait avoir lieu à la fin du mois de mai. Il y a aussi l’idée que Kiev cherche judicieusement à « gagner du temps« .

Il n’est pas exclu que l’Ukraine fasse une sorte de « percée » sur la ligne de front russe, longue de 950 km, mais il est pratiquement certain qu’une contre-offensive russe s’ensuivra. Une guerre sans fin ne conviendrait pas aux puissances occidentales.

 

La semaine dernière, le commandant en chef de l’OTAN, le général Christopher Cavoli, a déclaré que l’armée russe opérant en Ukraine est plus importante que lorsque le Kremlin a lancé son opération militaire spéciale et que les Ukrainiens « doivent être meilleurs que la force russe à laquelle ils seront confrontés » et décider quand et où ils frapperont.

Le général Cavoli a déclaré que la Russie disposait d’une profondeur stratégique en termes d’effectifs et qu’elle n’avait perdu qu’un seul navire de guerre et environ 80 chasseurs et bombardiers tactiques sur une flotte aérienne comptant un millier d’unités à ce jour. Le général a gentiment contredit le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, et le chef d’état-major général, le général Mark Milley, qui ont affirmé que la Russie était sur le point d’être vaincue.

S’exprimant mercredi devant la commission parlementaire, le général Cavoli a déclaré : « Cette guerre est loin d’être terminée« . Jeudi, il est allé plus loin en déclarant au Sénat : « Je pense que [les Russes] peuvent se battre une année de plus« . Lors de l’audition à la Chambre des représentants, M. Cavoli a également déclaré que l’activité des sous-marins russes n’avait repris dans l’Atlantique Nord que depuis le début de la guerre et qu’aucune des forces nucléaires stratégiques du Kremlin n’avait été affectée par les opérations en Ukraine.

Il a déclaré à un moment donné dans son témoignage écrit : « Les forces aériennes, maritimes, spatiales, cybernétiques et stratégiques russes n’ont pas subi de dégradation significative dans la guerre actuelle. En outre, la Russie reconstruira probablement sa future armée pour en faire une force terrestre plus importante et plus compétente… La Russie conserve un vaste stock d’armes nucléaires déployées et non déployées, qui représentent une menace existentielle pour les États-Unis. »

Il est clair que l’ensemble des récits mensongers et obscurs créé par les néocons de l’administration Biden au cours de l’année écoulée s’effondrent. Le bilan montre que rien ne justifie l’aide massive apportée à l’Ukraine au cours de l’année écoulée – plus de 100 milliards de dollars, soit, au prorata, bien plus que ce que les États-Unis ont dépensé au cours des vingt années de guerre en Afghanistan.

Le témoignage du général Cavoli est intervenu peu après la fuite récente de documents du Pentagone, qui dressait un sombre tableau de l’état de préparation militaire de Kiev et du manque de confiance de l’administration Biden à l’égard du régime Zelensky.

Les documents du Pentagone font en effet écho à une étude datant de janvier intitulée « Avoiding a Long War » (Éviter une longue guerre) de la RAND Corporation, qui recommandait que « l’intérêt primordial des États-Unis à minimiser les risques d’escalade devrait augmenter l’intérêt des États-Unis à éviter une longue guerre (en Ukraine)« . En bref, les conséquences d’une longue guerre – allant de risques élevés persistants à des dommages économiques – dépassent de loin les avantages possibles.

En effet, il semble qu’il existe un courant important d’opinions dissidentes au sein de l’establishment américain de la sécurité et de la défense, qui estime que le président Biden a engagé les États-Unis sur une trajectoire politique désastreuse dont l’issue sera calamiteuse – une défaite humiliante en Ukraine qui pourrait nuire à l’alliance de l’OTAN, affaiblir le système transatlantique et éroder la crédibilité des États-Unis en tant que puissance mondiale.

Les vétérans bien informés de la communauté du renseignement américain considèrent la fuite des documents du Pentagone comme une mini-mutinerie. L’ancien analyste de la CIA, Ray McGovern, a déclaré à la chaîne chinoise CGTN : « Je pense qu’il se pourrait que certains hauts responsables politiques du Pentagone, au plus haut niveau du ministère de la défense, aient décidé : « Vous savez, c’est une course folle en Ukraine. Peut-être devons-nous faire éclater la vérité. Peut-être devons-nous exposer des gens comme le chef d’état-major interarmées Milley et le secrétaire Austin pour les mensonges qu’ils ont racontés sur les progrès de l’Ukraine et les Russes qui ont été pulvérisés. Et peut-être que cela empêchera que cette guerre s’élargisse.  »

L’ancien analyste bien connu de la CIA, Larry Johnson, partage le même point de vue. Il a écrit : « Cela ressemble à une fuite contrôlée et dirigée… les documents qui ont fait l’objet de la fuite ne sont pas des documents de renseignement pris au hasard. Ils sont conçus pour raconter plusieurs histoires. La plus importante est la détérioration des capacités ukrainiennes et les obstacles majeurs auxquels sont confrontés les États-Unis et le reste de l’OTAN pour fournir la défense aérienne, les obus d’artillerie, les pièces d’artillerie et les chars dont l’Ukraine a cruellement besoin. En d’autres termes, l’Ukraine va s’effondrer et brûler. »

Johnson a ajouté : « Permettez-moi de suggérer une possibilité pour cette fuite : créer un prédicat pour forcer Joe Biden à quitter son poste. Les révélations contenues dans les documents classifiés ne sont pas des fabrications destinées à tromper les Russes. Il ne s’agit pas non plus de documents destinés à rallier le soutien des États-Unis en faveur de l’injection de ressources supplémentaires dans le trou noir qu’est l’Ukraine. Ces fuites alimentent l’idée que l’équipe Biden est incompétente et qu’elle met en danger les intérêts américains à l’étranger« .

Ne vous y trompez pas, de telles tentatives de coup d’État par l’État profond n’ont rien de nouveau dans l’histoire présidentielle des États-Unis – Eisenhower a été mis à mal lorsqu’il a cherché la détente avec l’Union soviétique ; tout un corpus de documents disponibles aujourd’hui suggère que la CIA a piégé Nixon dans l’affaire du Watergate. Aujourd’hui, tout cela se produit dans le contexte de la candidature du président Biden à un second mandat lors des élections de 2024.

Quant à Zelensky lui-même, il est parfaitement conscient que le succès ou l’échec de sa « contre-offensive » sera déterminant pour le maintien du soutien occidental. Tout bien considéré, c’est un scénario diplomatique désordonné qui se profile à l’horizon, un scénario qui ouvrirait également des divisions entre les pays occidentaux et dans lequel la Chine pourrait jouer un rôle plus important.

Rien ne garantit que le soutien de l’opinion publique à la guerre par procuration de Biden se maintienne jusqu’à l’élection de 2024. Il est de plus en plus douteux que Biden sacrifie sa présidence à la guerre en Ukraine. Bien entendu, nous n’en sommes qu’au début. Un grand navire a besoin d’un grand arc pour faire demi-tour.

Les Russes prennent leurs décisions sur la base de leurs propres évaluations. Les frappes russes contre les installations militaires ukrainiennes se sont sensiblement intensifiées. Des frappes massives dans les zones arrière de l’armée ukrainienne ont été signalées.

Dimanche, une attaque contre les infrastructures ferroviaires et les dépôts de munitions et de carburant à Pavlograd, un important centre de communication près de Dnepropetrovsk, la quatrième ville d’Ukraine, a été particulièrement dévastatrice. Les troupes ukrainiennes s’étaient accumulées à Pavlograd en vue d’une offensive vers Zaporozhye. Deux divisions de missiles S-300 ont été détruites.

Au cours du week-end, l’ancien président Dmitri Medvedev a écrit sur Telegram que la Russie devait chercher à « détruire massivement » le personnel et l’équipement militaire ukrainiens et infliger une « défaite militaire maximale » aux forces armées ukrainiennes ; s’efforcer d’obtenir « la défaite complète de l’ennemi et le renversement définitif du régime nazi de Kiev avec la démilitarisation complète de l’ensemble du territoire de l’ancienne Ukraine » ; et poursuivre les représailles contre les personnalités clés du gouvernement Zelensky, « quel que soit leur lieu de résidence et sans limites« .

Medvedev a ajouté : « Sinon, ils ne se calmeront pas… et la guerre s’éternisera. Notre pays n’a pas besoin de cela. L’ambiance s’est envenimée et le conflit va prendre une tournure virulente, car la diplomatie s’est complètement enlisée. »

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

La dernière chance

Source :The Saker francophone - Le 01/05/2023.


Par Moon of Alabama – Le 29 avril 2023

ZubuBrothers a publié un article sur une conférence donnée par le chef de l’état-major général des forces armées polonaises, le général Rajmund Andrzejczak :

 

Andrzejczak a déclaré que la situation n’est pas bonne du tout pour Kiev si l’on considère la dynamique économique de ce conflit, et il a attiré l’attention sur les finances, les questions d’infrastructure, les questions sociales, la technologie, la production alimentaire, etc. De ce point de vue, il prédit que la Russie peut continuer à mener ses opérations spéciales pendant encore un à deux ans avant de commencer à ressentir une quelconque pression structurelle pour réduire ses activités.

En revanche, Kiev brûle des dizaines de milliards de dollars d’aide, mais reste très loin d’atteindre ses objectifs maximaux. Andrzejczak a franchement déclaré que les partenaires occidentaux de la Pologne n’évaluaient pas correctement les défis qui se dressent sur le chemin de la victoire de l’Ukraine, y compris ceux liés à la « course à la logistique« / »guerre d’usure » que le chef de l’OTAN a déclarée à la mi-février. Un autre problème sérieux concerne la réticence des réfugiés à retourner dans leur pays d’origine dans un avenir proche.

Comme l’a admis Andrzejczak lui-même, « Nous n’avons tout simplement pas de munitions. L’industrie n’est pas prête non seulement à envoyer du matériel en Ukraine, mais aussi à reconstituer nos stocks, qui sont en train de fondre. » Si l’on considère que la Pologne est le troisième plus important mécène de l’Ukraine après l’axe anglo-américain, cela suggère fortement que tous les autres membres de l’OTAN luttent tout autant que l’Ukraine pour maintenir le rythme, l’échelle et l’étendue du soutien, si ce n’est plus puisque beaucoup sont beaucoup plus petits et donc moins capables de contribuer à cet égard.

En conséquence, cette observation signifie que la prochaine contre-offensive de Kiev sera probablement sa « dernière chance » avant la reprise des pourparlers de paix avec la Russie, puisque l’Occident ne sera pas en mesure de maintenir son aide pendant encore longtemps. Andrzejczak semble parfaitement conscient de ce fait « politiquement gênant« , c’est pourquoi il souhaite que son camp donne à ses mandataires autant de temps que possible jusqu’à la fin de l’opération, dans l’espoir qu’ils puissent alors se trouver dans une position comparativement plus avantageuse au moment de la reprise des pourparlers.

Je suis d’accord avec l’analyse du général.

Bakhmut/Aryomovsk est à 90 % sous contrôle russe et le reste sera capturé au cours des prochains jours. Les pertes ukrainiennes dans la ville ont dû être énormes. Les troupes ukrainiennes qui tentent de s’échapper de la ville sont immédiatement la cible de tirs d’artillerie. Le dernier rapport quotidien de la Russie fait état de 575 « pertes ennemies » à Bakhmut au cours des dernières 24 heures, pour un total de 815 sur l’ensemble de la ligne de front. Il s’agit du plus grand nombre de pertes signalées au cours des deux derniers mois.

S’accrocher à la ville à tout prix fut à mon avis une mauvaise décision. Une défense plus mobile aurait coûté plus de terrain, mais aurait également entraîné beaucoup moins de pertes que celles subies dans ces positions statiques sous des tirs d’artillerie nourris. L’Ukraine étant géographiquement étendue mais disposant de relativement peu de soldats mobilisables, il aurait été préférable d’échanger des terres contre du temps et non contre des soldats.

La défense de la ville de plaine a coûté cher à l’armée ukrainienne en érodant ses réserves matérielles et humaines. Celles-ci manqueront pour colmater les brèches de la ligne de front lorsque la contre-offensive « de la dernière chance » annoncée depuis si longtemps n’aura pas permis de réaliser de gains sérieux.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Conférence de presse de hauts responsables militaires allemands.

par Kla.TV - Le 30/04/2023.

Des généraux allemands de haut grade mettent en garde contre la guerre lors d’une conférence de presse. Les généraux français soutiennent cette position sans réserve et les militaires américains appellent à une paix rapide, mais les médias de masse se taisent !

 

 

 

Lorsque des généraux, dont le métier est la guerre, mettent en garde contre celle-ci, toutes les alarmes devraient se mettre au rouge. Mais en entendons-nous parler dans les médias ? Avec cette émission, Kla.TV fait une fois de plus le travail que les médias de masse devraient faire.

Le 19 février 2023, Kla.TV a fait un reportage sur les lettres ouvertes de deux généraux hauts placés, remises le 30 janvier 2023 à Sergueï Tchoukhrov, l’attaché de défense de l’ambassade de Russie à Berlin. Non seulement ces lettres ont franchi les frontières idéologiques, mais en France de hauts responsables militaires ont exprimé leur soutien « sans réserve ».

Même aux États-Unis, des généraux et des associations de vétérans s’opposent de plus en plus à cette guerre. Ainsi le commandant en chef des forces armées américaines, le général Mark A. Milley, le colonel Douglas Macgregor ou l’ex-inspecteur des armes de l’ONU Scott Ritter sont favorables à la fin de la guerre.

Derrière les lettres ouvertes des généraux allemands se trouve une initiative de 28 organisations regroupées au sein du « Conseil des as-sociations d’Allemagne de l’Est (OKV) ». Celles-ci plaident pour un dialogue plutôt que pour des livraisons d’armes à l’Ukraine.

Elles dénoncent en outre la répression de la liberté de parole et d’opinion.

La conférence de presse de l’OKV a eu lieu le 27 mars 2023 pour donner aux membres et aux sympathisants l’occasion de parler pour la paix. Des hauts responsables de l’armée, de la science, de la culture et de la société allemande, montrent ci-après la large résistance de la société contre la politique de guerre du gouvernement allemand.

source : Kla.TV

Biden se prépare à laisser tomber l’Ukraine

par Moon of Alabama - Le 27/04/2023.

La « contre-offensive » ukrainienne, qui fait couler tant d’encre, est vouée à échouer dans son objectif de couper la ligne de ravitaillement de la Russie vers la Crimée et de libérer les «territoires occupés ». L’administration Biden l’a enfin reconnu et s’emploie à réduire les attentes et blâmer préventivement tout le monde sauf elle-même.

Politico a été le premier à en être informé :

« L’équipe de Biden craint les conséquences d’une contre-offensive ukrainienne ratée

Derrière les portes closes, l’administration s’inquiète de ce que l’Ukraine peut accomplir. »

Le New York Times s’est joint à lui :

« L’offensive de printemps de l’Ukraine comporte d’immenses enjeux pour l’avenir de la guerre

Sans une victoire décisive, le soutien de l’Occident à l’Ukraine pourrait s’affaiblir, et Kiev pourrait être soumis à une pression croissante pour entamer des pourparlers de paix sérieux afin de mettre fin au conflit ou de le geler. »

Extrait de l’article de Politico :

« Publiquement, l’équipe du président Joe Biden a offert un soutien inébranlable à l’Ukraine, s’engageant à lui fournir des armes et une aide économique « aussi longtemps qu’il le faudra ». Mais si la saison des combats qui s’annonce n’apporte que des gains limités, les responsables de l’administration ont exprimé en privé leur crainte d’être confrontés à un monstre bicéphale qui les attaquerait des deux côtés du spectre, hawkish et dovish.

D’un côté, on dira que les avancées de l’Ukraine auraient fonctionné si l’administration avait donné à Kiev tout ce qu’elle demandait, à savoir des missiles à plus longue portée, des avions de chasse et davantage de défenses aériennes. L’autre camp, craignent les fonctionnaires de l’administration, affirmera que les lacunes de l’Ukraine prouvent qu’elle n’est pas en mesure de forcer la Russie à quitter complètement son territoire.

Cela ne tient même pas compte de la réaction des alliés de l’Amérique, principalement en Europe, qui pourraient considérer une négociation de paix entre l’Ukraine et la Russie comme une option plus attrayante si Kiev ne peut pas prouver que la victoire est à portée de main. »

Le Times est moins dramatique :

« Alors que les responsables ukrainiens ont déclaré que leur objectif était de percer les défenses retranchées russes et de provoquer un effondrement généralisé de l’armée russe, les responsables américains ont estimé qu’il était peu probable que l’offensive se traduise par un changement radical de dynamique en faveur de l’Ukraine.

L’armée ukrainienne est confrontée à de nombreux défis, ce qui explique pourquoi une impasse reste l’issue la plus probable. Les combats à Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, cet hiver, ont épuisé les réserves de munitions et entraîné de lourdes pertes dans certaines unités expérimentées. »

Retour à Politico, qui dresse un tableau plus large de la situation. Si l’Ukraine s’avère incapable de faire ce que le Pentagone avait prévu pour elle, elle sera poussée vers un « cessez-le-feu » qui, espère-t-on, deviendra une solution permanente. L’administration Biden laissera alors la question de l’Ukraine derrière elle et se concentrera sur sa prochaine grande cible : la Chine :

« Biden et ses principaux collaborateurs ont publiquement insisté sur le fait que M. Zelensky ne devrait entamer des pourparlers de paix que lorsqu’il serait prêt. Mais Washington a également fait part à Kiev de certaines réalités politiques : à un moment donné, en particulier avec les Républicains qui contrôlent la Chambre des représentants, le rythme de l’aide américaine ralentira probablement. Les fonctionnaires de Washington, sans faire pression sur Kiev, ont commencé à se préparer à ce que pourraient être ces conversations et comprennent que Zelensky pourrait avoir du mal à se faire accepter sur le plan politique dans son pays.

« Si l’Ukraine ne parvient pas à obtenir des résultats spectaculaires sur le champ de bataille, la question se posera inévitablement de savoir s’il est temps de négocier un arrêt des combats », a déclaré Richard Haass, président du Council on Foreign Relations. « C’est coûteux, nous manquons de munitions et nous devons nous préparer à d’autres éventualités dans le monde. »

« Il est légitime de poser toutes ces questions sans compromettre les objectifs de l’Ukraine. C’est simplement une question de moyens », a déclaré M. Haass. »

Ni l’Ukraine ni les pays de l’OTAN qui la soutiennent n’ont les moyens de prolonger la guerre. L’article original de Politico, archivé, se lit comme suit :

« Les combats ont également fait des ravages chez les Ukrainiens. Quatorze mois après le début du conflit, les Ukrainiens ont subi des pertes considérables – environ 100 000 morts – et nombre de leurs meilleurs soldats ont été mis sur la touche ou sont épuisés. Les troupes ont également consommé des quantités historiques de munitions et d’armes, même la production prodigieuse de l’Occident n’étant pas en mesure de répondre aux demandes urgentes de Zelensky. »

La version corrigée ultérieurement a remplacé « dead » par « casualties ». Alors que la première version était presque correcte mais trop faible, la nouvelle version est très éloignée de la réalité. Le nombre total de victimes est un multiple de 100 000. Pourtant, l’équipe Biden sait que la fin approche :

« Les fonctionnaires américains ont également informé l’Ukraine des dangers d’une extension excessive de ses ambitions et d’un éparpillement de ses troupes – le même avertissement que Biden a donné au président afghan de l’époque, Ashraf Ghani, lorsque les talibans se sont mis à balayer le pays juste avant le retrait militaire américain en 2021. »

Comme Ashraf Ghani, Zelensky a gagné suffisamment d’argent grâce à la guerre et on s’attend à ce qu’il s’en aille silencieusement. Mais pour l’instant, il semble peu probable qu’il soit prêt à le faire.

L’alternative à l’abandon est que les États-Unis intensifient à nouveau leur action en envoyant des troupes sur le terrain. Mais Biden veut gagner sa réélection et toute nouvelle escalade de la guerre en Ukraine l’en empêcherait probablement.

source : Moon of Alabama via Le Saker Francophone

“La Russie jouerait la montre en attendant le krach de l’Occident”

Source : Le Courrier des Stratèges - Par E. Verhaeghe - le 24/04/2023.

Husson : “La Russie jouerait la montre en attendant le krach de l’Occident”

Comme il le fait régulièrement, Edouard Husson dresse pour nous un panorama de l’actualité en Ukraine. Il évoque cette semaine les opérations militaires, et notamment les rumeurs de grande offensive ukrainienne contre la Russie, et les aspects plus diplomatiques du conflit, notamment la campagne occidentale sur la succession de Poutine.

On retiendra en particulier le glissement du conflit vers les questions diplomatiques, autour de la dédollarisation et de la succession éventuelle de Vladimir Poutine.

Tir de missile Kinzhal sur un bunker de l’OTAN : Pourquoi tout le monde reste-t-il silencieux ?

par Peter Yermilin - Le 23/04/2023.

Ni les autorités russes ni les autorités américaines ne disent quoi que ce soit au sujet de l’attaque de missiles sur la région de Lviv en Ukraine qui a eu lieu le 9 mars. Cependant, on peut voir les conséquences de cette attaque dans l’évolution de la politique de l’OTAN.

Des rapports sur l’attaque au missile Kinzhal contre un bunker de l’OTAN ont été publiés sur les canaux Telegram ukrainiens et dans une publication grecque peu connue. Ni le ministère russe de la Défense ni le Pentagone n’ont commenté l’événement.

Les missiles hypersoniques Kinzhal ne pouvaient qu’atteindre la cible, car ils sont invulnérables à toutes les défenses aériennes. C’est un fait que même le Pentagone admet.

Deuxièmement, les missiles Kinzhal ont été utilisés pour frapper une cible très importante située profondément sous terre. Il s’agirait d’un bunker des forces armées ukrainiennes, où travaillaient également des spécialistes de l’OTAN. Le bunker se trouverait à 120 mètres sous terre.

Le Kremlin devait avoir de bonnes raisons de mener une telle attaque. L’une de ces raisons était un attentat terroriste perpétré dans la région russe de Briansk le 2 mars, au cours duquel un civil a été tué et un garçon blessé.

Il s’agissait d’un acte terroriste, car la mission d’un groupe de militants ukrainiens sous le couvert de « l’armée de libération russe » n’avait aucune signification militaire. Il est fort probable que les services secrets ukrainiens, américains et peut-être britanniques aient été impliqués dans l’opération. Mais ce qui est plus important, c’est qu’il s’agissait de la première attaque terroriste sur les « anciens » territoires de la Russie. Il s’agissait déjà d’une menace existentielle, et la Russie devait réagir.

La réponse est venue sous la forme de l’attaque au missile Kinzhal, au cours de laquelle pas moins de 160 officiers de l’OTAN auraient été anéantis dans le bunker.

L’OTAN n’a plus qu’une seule réponse adéquate, une réponse nucléaire

Si l’OTAN reconnaît ces pertes, elle devra prendre des mesures adéquates en réponse. L’OTAN pourrait frapper un centre de contrôle russe, par exemple dans la région de Kherson. Toutefois, il s’agirait d’une frappe nucléaire tactique à partir de l’Europe, car l’OTAN ne dispose pas d’une arme hypersonique insaisissable comme celle de la Russie.

Les essais d’un tel missile se sont soldés par un échec en mars. Il se trouve que Moscou dispose depuis longtemps d’une large gamme d’armes hypersoniques et travaille sur sa nouvelle génération, alors que le Pentagone ne cherche qu’à réussir des vols stables à des vitesses supersoniques.

Après le 9 mars, Washington s’est trouvé face à un dilemme :

  • soit élever le niveau de conflit avec la Russie à un niveau nucléaire
  • ou chercher une autre issue et geler le conflit.

Comme le montrent les événements qui ont suivi, c’est la deuxième option qui a été choisie, car l’objectif de la guerre pour les Américains n’est pas de vaincre la Fédération de Russie, mais de permettre à leurs banquiers d’investir et de tirer d’énormes profits de la restauration de l’Ukraine. Bien entendu, la Russie devrait laisser à l’Ukraine un gouvernement pro-occidental à cette fin.

Apparemment, les responsables militaires américains craignaient que certains membres du Congrès américain n’insistent sur une frappe nucléaire contre la Russie. C’est une raison supplémentaire pour les médias américains de passer sous silence les conséquences de la frappe du missile Kinzhal.

Comment le conflit en Ukraine va-t-il être gelé ?

D’autres événements s’enchaînent logiquement.

En mars et avril, les médias occidentaux ont triplé le nombre d’articles sur la mauvaise situation dans les rangs des forces armées ukrainiennes. Des personnes en short rouge ont divulgué des données de renseignement décrivant l’effondrement des forces armées ukrainiennes.

Ils ont également évoqué la nécessité de négociations entre Kiev et Moscou, avec des concessions territoriales à la clé.

Le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Chine (parce que Xi Jinping ne veut pas rencontrer Anthony Blinken et ne prend pas les appels de Joe Biden) où il a rejoint le plan de paix de Pékin.

Les « couloirs de solidarité » pour l’exportation des céréales ukrainiennes à travers l’Europe ont été supprimés d’urgence, ce qui a privé Kiev de recettes budgétaires. À noter que c’est Varsovie qui a initié cette restriction alors que la Pologne brûlait d’envie de créer une confédération avec l’Ukraine. Cette idée a été abandonnée.

On a même parlé de l’élimination physique de Zelensky.

La visite de Jens Stoltenberg à Kiev a été la cerise sur le gâteau. Pendant que Stoltenberg était à Kiev, le Washington Post a publié un article reprochant à Zelensky la situation à Bakhmout. Les États-Unis l’auraient prévenu, mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Il semble que Stoltenberg ait adressé le dernier avertissement à Zelensky : Négocier avec Moscou.

Les banquiers occidentaux devraient être autorisés à faire des bénéfices

Dans un avenir proche, probablement avec une direction différente à Kiev, Washington acceptera toutes les demandes de Moscou sur la question de l’Ukraine en termes de concessions territoriales. En contrepartie, les États-Unis participeront à la restauration économique de l’Ukraine. Bien entendu, il se peut que ce plan ne se concrétise pas et que Washington se retrouve les mains vides. Dans ce cas, il sera difficile d’expliquer aux contribuables américains ce qui s’est réellement passé dans la crise ukrainienne.

On peut se demander pourquoi le ministère russe de la défense ne dit pas un mot sur la destruction du bunker de l’OTAN à Lviv. Il semble que la raison soit la même : La Russie n’a pas non plus besoin d’une escalade du conflit avec les États-Unis.

source : France Pravda

L’Ukraine ou l’agonie du néoconservatisme


Source : The Saker francophone - Par Jean-Luc Baslé – le 17 avril 2023

Jack Teixeira, la « source »

L’article du Washington Post du 10 avril 2023 a fait l’effet d’une bombe : des documents ultrasecrets sur la guerre en Ukraine seraient sur la toile. Trois jours plus tard, le New York Times déclare que le coupable, un membre de la garde nationale aérienne du Massachussetts âgé de 21 ans, a été arrêté. Cette affaire a donné lieu à un vif débat dans les cercles politiques, non seulement sur le contenu des révélations, mais aussi sur la fuite elle-même. Est-ce une vraie fuite ou a-t-elle été fabriquée ? L’analyse permet de conclure que cette fuite est réelle et, qui plus est, qu’elle prend son origine dans les services secrets américains ! Comment cela se peut-il et comment en être sûr ? Un témoignage et un article répondent à ces questions, et annoncent peut-être l’agonie du néoconservatisme et une ère nouvelle.

 

Le témoignage de Larry Johnson, ancien membre de la CIA, est limpide : le niveau d’habilitation requis pour accéder à ces informations est telle qu’elles émanent nécessairement des services secrets américains. Cela pose question. Comment expliquer que des personnes en charge de la sécurité des États-Unis se livrent à de tels crimes au regard de la loi américaine ? Parce la situation en Ukraine est catastrophique. Non seulement l’armée ukrainienne a subi des pertes en hommes et en matériel considérables, mais le pouvoir ukrainien est corrompu au point qu’il n’est plus possible de l’ignorer. Les impôts américains remplissent les poches des oligarques et généraux ukrainiens. Excédés par cette situation et le refus du gouvernement de reconnaître la situation pour ce qu’elle est – à preuve le témoignage de Lloyd Austin, ministre de la défense, affirmant devant une commission sénatoriale que l’Opération militaire spéciale russe est sur le « déclin » alors que pour tout soldat russe tué sept ukrainiens meurent – les lanceurs d’alerte ont décidé d’agir. La priorité n’est pas de lancer une contre-attaque ukrainienne, comme le souhaite Washington, mais de trouver une issue à ce conflit.

C’est précisément ce que recommandent Richard Haas et Charles Kupchan dans leur récent article, publié par Foreign Affairs – le magazine quasi-officiel de la politique étrangère américaine. Pour éviter que la guerre ne se prolonge inutilement, ils proposent un cessez-le-feu sous les auspices des Nations unies, suivi de négociations directes entre l’Ukraine et la Russie. Ces négociations s’inscriraient dans un cadre plus large dont l’objet serait la création d’une architecture de sécurité européenne afin d’éviter une nouvelle course aux armements. Les sanctions économiques pourraient être en partie levées si la Russie acceptait un cessez-le-feu.

Émanant de deux membres éminents de la classe politique américaine, ces propositions sont la condamnation de la politique d’hégémonie mondiale américaine, connue sous le nom de Doctrine Wolfowitz, du nom de son créateur, Paul Wolfowitz qui la formula en 1992 alors qu’il était sous-secrétaire à la défense, et qui devait faire des États-Unis le maître incontesté du monde. D’impérialiste depuis Teddy Roosevelt, la politique américaine devenait hégémonique. Le néoconservatisme était né. George Bush père qualifiait ses adeptes de « cinglés du sous-sol » (de la Maison Blanche). Professeur émérite de l’université de Chicago, John Mearsheimer, en dénonça l’ineptie sans résultat. Peu à peu, elle s’imposa comme ligne directrice de la politique étrangère, et explique pour partie les opérations militaires au Moyen Orient, en Yougoslavie, et plus récemment en Ukraine. Les propositions de Richard Haas et de Charles Kupchan sonnent le glas de cette vision du monde.

Mais, elles vont plus loin. En reconnaissant la nécessité d’une « architecture de sécurité européenne » dont il est fait état dans le projet de traité que Moscou soumit le 15 décembre 2021 à Washington, elles contiennent en germes la disparition de l’Otan et de l’Alliance atlantique avec lesquelles cette architecture est incompatible. Lors de son discours aux ambassadeurs en août 2019, Emmanuel Macron avait évoqué cette « architecture de sécurité européenne », expression qu’il reprit sous une forme amendée dans un entretien aux « Echos ». L’acceptation de ces propositions par Washington et Moscou signifierait non seulement la fin du conflit ukrainien mais aussi la normalisation de leurs relations avec en point de mire l’émergence d’une Europe neutre et indépendante, les États-Unis se focalisant sur l’Océan pacifique – leur mare nostrum, comme ils le faisaient du temps de Teddy Roosevelt et de ses successeurs. Ce serait une ère nouvelle – une ère de paix ou, à tout le moins, de moindre tension dans les relations internationales.

Jean-Luc Baslé

Jean-Luc Baslé est ancien directeur de Citigroup (New York). Il est l’auteur de « L’euro survivra-t-il ? » (2016) et de « The International Monetary Système : Challenges and Perspectives » (1983).

Nouvelles révélations sur la destruction du QG OTANien en Ukraine par un Kinjal en mars

Source : Le Courrier des Stratèges - par Edouard Husson - Le 17/04/2023.

Nouvelles révélations sur la destruction du QG OTANien en Ukraine par un Kinjal en mars

 

LA SYNTHESE GEOPOLITIQUE DU JOUR – Vous avez marqué de l’intérêt, depuis …418 jours, pour mes chroniques régulières sur la guerre d’Ukraine. Elles vont continuer aussi longtemps que les belligérants en décideront. Il est cependant nécessaire de rendre compte d’une autre manière de la tectonique des plaques géopolitiques et des événements auxquels nous assistons. Dans mes chroniques, cela fait un moment déjà que le déroulement militaire des opérations est passé derrière un affrontement géopolitique entre les Etats-Unis et la Russie. J’avais parié dès le début du conflit sur l’élargissement de la coalition anti-occidentale. Nous la voyons la consolider sous nos yeux chaque jour. Plusieurs d’entre vous m’ont posé la question : allons-nous vers un conflit militaire généralisé ? J’ai tendance à penser que non, d’abord du fait de l’équilibre nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie. Mais aussi parce que, nous en avons souvent parlé, l’armée russe dispose d’une avance stratégique décisive, l’arme hypersonique. La Russie possède, de mon point de vue, une avance équivalente, sur le plan stratégique à la période 1945-49 pour les Etats-Unis, lorsque l’armée américaine était la seule à disposer de l’arme nucléaire. Il se peut même que l’avance russe dont nous parlons soit plus importante que l’avance américaine il y a trois quarts de siècles: un essai de missile hypersonique a encore échoué au mois de mars. Pendant ce temps, l’armée russe est en mesure de fabriquer 200 missiles Kinjal par an. Et d’en fournir à l’armée chinoise, ce qui pourrait faire pencher la balance dans un conflit autour de Taïwan : il suffit d’un missile hypervéloce Kinjal pour couler instantanément un porte-avion américain. Xi Jinping a parlé à Vladimir Poutine de coopération militaire renforcée entre les deux pays….  Evidemment, on ne minimisera pas un risque majeur, qui subsiste : les Etats-Unis doivent assister non seulement à leur déclin militaire. Mais on parle de plus en plus de dédollarisation. Comment réagiront-ils dans les semaines et les mois qui viennent à la fin évidente de leur « hyperpuissance » ? On fait souvent valoir que l’acceptation par l’URSS de son déclin, à la fin des années 1980, ayant débouché sur un dénouement pacifique, est une exception dans l’histoire. Je parie cependant sur des  scénarios, dont la version douce est un changement de politique étrangère à l’occasion de l’élection d’un président républicain ; et la version dure une nouvelle guerre civile américaine. Dans tous les cas, les problèmes intérieurs vont absorber les Etats-Unis. En Europe, il nous va falloir prendre l’habitude de réfléchir de manière indépendante à notre avenir. Et, puisque les institutions supranationales de l’Union Européenne ont commis l’imprudence d’un alignement total sur la politique de l’actuelle administration américaine, il devient urgent que la France procède à ce que j’appellerai, un peu ironiquement, une «Révision Générale de Politique Etrangère » (RGPE :)).Mais ce n’est pas seulement le gouvernement français qui doit réapprendre à compter d’abord sur lui-même. Dans chacun de nos secteurs professionnels, nous devons nous adapter au grand basculement géopolitique, à ce monde qui change à grande vitesse, en Amérique latine, en Afrique, en Asie. Voyons cela comme un bouquet de chances autant qu’une accumulation de risques !

Clichés extraits d’une vidéo tournée sur les lieux de l’impact du missiles Kinjal qui a touché le QG OTANO-ukrainien dans l’oblast de Lvov dans la nuit du 8 au 9 mars 2023

Il se confirme qu’un missile hypersonique russe a détruit, dans la nuit du 8 au 9 mars un centre de coordination ukraino-occidental près de Lvov.

Aucune instance officielle n’en a parlé du côté occidental, et pour cause. Mais la Chine a relayé la nouvelle. Et de plus en plus de détails filtrent depuis la Russie.

Le Courrier des Stratèges avait rapporté la nouvelle, mais avec une erreur: le QG détruit était au sud de Lvoc et non dans la région de Kiev.

« La frappe des forces aérospatiales russes sur un bunker près de Lvov, s’est produite début mars, à la suite de laquelle un point souterrain secret a été détruit. Les Occidentaux l’appelaient un point de contact, mais en fait son application était beaucoup plus large qu’une simple connexion. L’ensemble du système de contrôle des forces armées ukrainiennes y était en fait concentré. À la suite de la frappe de missiles Kinjal du MiG-31, jusqu’à 300 officiers et généraux de l’OTAN ont été tués. Il y avait un très grand nombre de « conseillers », mais en fait des coordonnateurs et même des dirigeants. Dont plusieurs généraux et officiers supérieurs américains. Beaucoup d’officiers britanniques supérieurs, beaucoup de Polonais. Et surtout, ils étaient totalement confiants dans leur sécurité et leur impunité, puisqu’ils se trouvaient à 120 mètres sous terre, dans l’ancien poste de commandement soviétique du district militaire de Transcarpathie ».

Confirmation d’une source militaire française qui souhaite rester anonyme :

« L’état-major « OTANien » de la contre-offensive ukrainienne en préparation a bien été pulvérisé au sens stricte du terme.

Un projectile allant au moins à mach 12 entre dans le béton comme dans du beurre.

J’ajoute pour en mesurer l’ampleur que cet état-major équivalait à au moins 2 fois notre état-major des armées français. La perte est irremplaçable et les dégât colossaux, y compris  psychologiques : Plus personne n’est à l’abri en Ukraine ou ailleurs. L’hypervélocité change le rapport de forces entre Russes et Américains, et ça pose un problème sur le nucléaire américain ».

La Russie a réussi à maintenir les quantités de pétrole exportées, malgré la chute des achats anglo-américains et européens directs

Le schéma suivant est on ne peut plus clair.

Ajoutons que les sanctions euro-anglo-saxonnes sont aussi un échec parce que personne n’est capable de contrôler le transbordement d’hydrocarbures russes entre plusieurs tankers avant l’arrivée à destination. L’UE continue à acheter du pétrole russe qui a changé plusieurs fois de transporteur.

Le pessimisme et l’optimisme dans le monde multipolaire mesurés par la confiance dans le développement de l’intelligence artificielle ?

Comment ne pas être frappés de voir quatre BRICS en tête dans cette estimation au moment où ces pays apportent un soutien de fait à la Russie ? Et si la guerre d’Ukraine était d’abord le produit du pessimisme et du déclinisme occidental ?

 

Commentaires: 2
  • #2

    tiso (lundi, 26 juin 2023 11:18)

    Je ne pense pas que Prigojine se soit dégonflé, son travail n'est pas dans un bureau, il est en première ligne. Il est à constater que tous les russes proches de l'occident sont partis pour la Turquie en avion, standing oblige.

  • #1

    tiso (vendredi, 16 juin 2023 09:38)

    Juin 1812 Campagne de Russie, juin 1941 Directive 21 "Opération Barbarossa", juin 2023 Air Defender 23 ?