Les États-Unis ont de bonnes raisons de ne pas dire la vérité sur le président russe Vladimir Poutine. Le vétéran du renseignement américain Scott Ritter en a parlé sur ses réseaux sociaux.
Cet article est initialement paru sur le site ploitros. Il n’engage pas la
ligne éditoriale du Courrier des Stratèges.
La rhétorique des responsables occidentaux, ainsi que celle des grands médias, vise à diaboliser la Russie et son président Vladimir Poutine. En particulier,
les experts occidentaux aiment dire que le président de la Fédération de Russie est un ancien officier du KGB. En même temps, ils omettent régulièrement le fait que le 41e président des
États-Unis, George W. Bush, était le directeur de la CIA.
Les USA veulent un dirigeant pour la Russie
Selon Scott Ritter, Vladimir Poutine a des traits de caractère extrêmement désagréables et même injurieux pour les États-Unis, ce qui expliquent qu’ils n’aiment pas
dire la vérité à son sujet. Pour le vétéran américain, « Vladimir
Poutine est une personne exceptionnellement complexe. Et si vous commencez à dire la vérité sur lui, alors tout le monde le trouvera attirant. C’est une personne très honnête, éloquente
et intelligente. Il a aussi de la compassion et, surtout, le désir de prendre soin de son peuple. Pour les politiciens américains, c’est le plus grand péché » !
Scott Ritter a déclaré que les États-Unis veulent un dirigeant pour la Russie dont la politique profiterait aux États-Unis, mais pas au peuple russe. C’est
pourquoi ils ressentent mal et profondément le fait qu’il n’est pas dans la nature de Poutine de jouer selon leurs règles.
Dans ce contexte, l’Occident diffuse souvent des informations sur le dirigeant russe qui ne sont pas vraies. En réalité, tout est fait pour que la communauté
mondiale n’apprenne pas la vérité sur lui et ne l’aime pas.
Interview de Nikolaï Patrouchev, successeur potentiel de Vladimir Poutine
Quelles actions l’Occident
prépare-t-il à Moscou et quelle politique peut-on y opposer ? Nikolaï Patrouchev, ancien directeur du FSB et actuel secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, en a
parlé à Vitaly Tseplyaev début janvier 2023.
Vitaly Tseplyaev :
Nikolaï Platonovich, comment évaluez-vous la situation dans le monde qui s’est développée au début de la nouvelle année ?
Nikolaï Patrouchev : La
situation dans le monde est extrêmement complexe et a un caractère turbulent. De nombreux pays de différentes régions traversent simultanément une crise militaro-politique, économique,
sociale et spirituelle. Espérons qu’il y aura des changements positifs cette année.
VT : Vous avez dit
un jour que les dirigeants des pays occidentaux ne faisaient rien pour améliorer la situation, non seulement dans le monde, mais même dans leur propre pays. Expliquez ce qui est en
jeu.
NP : Les politiciens
occidentaux n’ont pas la force et la capacité de changer la vie de leurs États pour le mieux, car ils ne sont plus des personnalités indépendantes depuis longtemps. Tout le monde a des
liens avec les grandes entreprises, les lobbyistes et les fondations derrière leur dos. Ils ne cachent même pas ces faits. Il existe des exemples très récents. Il s’est avéré que des
dizaines de députés européens étaient contrôlés par les structures de George Soros et que la Commission européenne, à la demande de l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques
américaines au monde, a créé un certain nombre de stratagèmes de corruption pour l’achat de vaccins d’une valeur de dizaines de milliards d’euros. Il est clair que le vrai pouvoir en
Occident est entre les mains de clans ingénieux et de sociétés multinationales.
VT : Rockefeller et
Rothschild ?
NP : En fait, il existe
bien d’autres corporations et clans de ce genre. Ainsi, le revenu total des 500 plus grandes entreprises du monde, selon des données non officielles, a atteint près de 38 000 milliards de
dollars en 2021. La majeure partie des sociétés multinationales sont des sociétés dont le siège est aux États-Unis. Leurs revenus ont rapporté environ 16 billions de dollars avec un
bénéfice net de 1,8 billion de dollars.
Le capital d’un certain nombre de sociétés multinationales dépasse le PIB de la plupart des économies mondiales, et les fonds créés par elles pour un
enrichissement ultérieur prétendent être un mécanisme supranational de gestion de l’humanité. La même Fondation Soros est devenue presque le principal centre mondial de planification et
de mise en œuvre des « révolutions de couleur ».
Le projet de budget américain pour 2023 est la meilleure preuve des projets de Washington de déclencher de nouvelles guerres au détriment du bien-être de
ses propres citoyens.
VT : Voulez-vous
dire que même les autorités américaines ne mènent pas une politique indépendante ?
NP : En fait, l’État
américain n’est qu’une coquille pour un conglomérat d’énormes sociétés qui dirigent le pays et tentent de dominer le monde. Pour les multinationales, même les présidents américains ne
sont que des figurants qu’on peut faire taire, comme Trump . Les quatre assassinats de dirigeants américains sont liés à la piste des entreprises. Ce n’est pas un hasard si un nombre
croissant d’Américains disent que les républicains et les démocrates ne sont que deux acteurs dans une pièce qui n’a rien à voir avec la démocratie.
Les autorités américaines, fusionnées avec les grandes entreprises, servent les intérêts des sociétés multinationales, y compris le complexe
militaro-industriel. La politique étrangère affirmée de la Maison Blanche, l’agressivité débridée de l’OTAN, l’émergence du bloc militaire AUKUS et d’autres sont également une conséquence
de l’influence des entreprises. Le projet de budget américain pour 2023 est la meilleure preuve des projets de Washington de déclencher de nouvelles guerres au détriment du bien-être de
ses propres citoyens. Sur les 1700 milliards de dollars de dépenses prévues par le gouvernement fédéral, la moitié est destinée à la défense, soit
plus de 850 milliards de dollars. Seulement pour la poursuite des hostilités en Ukraine et la prolongation du conflit, il est prévu d’allouer 45
milliards.
Ceci en dépit du fait que les États-Unis eux-mêmes et leurs hommes de main glissent irrémédiablement dans un trou d’endettement. La dette publique
américaine a atteint plus de trente et un billions de dollars. La dette de l’Angleterre de 2,4 billions de livres sterling est la plus élevée depuis la Seconde Guerre mondiale, dépassant
101% du produit intérieur brut. Le record mondial du ratio dette/PIB – plus de 2,6 fois – a été établi par le Japon avec une dette publique de près de dix mille milliards de dollars.
Seuls les pays qui se considèrent comme les maîtres du monde ne rembourseront pas ces dettes.
Auparavant, l’Occident était parvenu à la prospérité et à la domination du monde grâce aux conquêtes coloniales. C’est exactement la façon dont les
entreprises multinationales se comportent aujourd’hui, préférant augmenter leur capital en pompant des ressources d’autres pays. En même temps, ils utilisent leur système de lavage de
cerveau des masses afin d’imposer à la population de la planète de toutes les manières possibles l’idée de certaines règles qu’ils ont eux-mêmes inventées et qui ne respectent pas le
droit international.
VT : Alors,
pensez-vous vraiment que lorsqu’elles opèrent dans divers pays du monde, les multinationales influencent sérieusement les processus politiques et socio-économiques locaux ?
NP : Exactement. D’une
part, ils introduisent de nouvelles technologies grâce à l’investissement étranger direct et augmentent la productivité du travail. Seule la population ne peut pas profiter de ces
résultats, puisque les entreprises évincent en permanence le producteur local, devenant des monopoles. En exportant l’essentiel des profits, ils privent les pays de la possibilité
d’accroître leur bien-être national.
Pour résoudre ce problème, une réglementation juridique nationale ne suffit pas. La réglementation juridique internationale actuelle des activités
économiques des sociétés multinationales est formée dans l’intérêt des sociétés elles-mêmes et avec leur participation directe. Son changement en faveur des intérêts nationaux des pays
est torpillé.
Dans les conditions de changements cardinaux dans le monde, l’objectif des entreprises est de préserver le système d’exploitation mondiale. Il est dirigé
par une élite d’hommes d’affaires qui ne s’associent à aucun État. En dessous se trouvent les pays dits développés du monde, ainsi que le « milliard d’or ». Et puis – le reste de
l’humanité, qualifié avec mépris de « tiers monde ».
VT : Selon cette
logique, apparemment, la Russie dans cette hiérarchie n’est pas la place la plus enviable.
NP : Il n’y a pas de
place pour notre pays en Occident. La Russie agace un groupe de dirigeants du monde parce qu’elle possède de riches ressources, un vaste territoire, des gens intelligents et
autosuffisants qui aiment leur pays, ses traditions et son histoire.
Les sociétés multinationales sont troublées par la vision du monde et la divergence idéologique entre la Russie et les pays contrôlés par le capital
occidental. Les entreprises visent à enrichir et à développer la société de consommation. La Russie, en revanche, maintient un équilibre raisonnable entre les valeurs spirituelles et
morales et le développement socio-économique.
À cet égard, les Occidentaux cherchent à affaiblir notre pays, à le démembrer, à détruire la langue russe et le monde russe. Ils ont depuis longtemps mis au
point la technologie permettant de saper leurs rivaux de l’intérieur et de les diviser en petits États. C’est ainsi qu’ils agissaient auparavant, lorsque, par exemple, Londres, à la suite
des résultats de la Première Guerre mondiale, a effondré des empires et en a éliminé des dizaines de pays. C’est ainsi qu’ils fonctionnent aujourd’hui. Un excellent exemple est la
Yougoslavie. Ayant une voix indépendante sur la scène internationale, l’État est divisé en six.
VT : Fin décembre,
le 100ème anniversaire de la formation de l’URSS a été célébré. Selon vous, comment l’effondrement de l’Union en 1991 a-t-il affecté la politique des États-Unis et de ses alliés
?
NP : 15 nouveaux sujets
de droit international ont émergé dans l’espace de l’ancienne Union. Bien sûr, aucun d’entre eux ne peut être comparé à l’URSS en termes de niveau d’influence, à l’exception de la
Fédération de Russie qui, ayant conservé l’autorité internationale méritée pendant des siècles, est membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, joue un rôle crucial dans le monde,
la défense des intérêts nationaux. Par conséquent, dans les plans des Occidentaux, il reste à continuer à séparer la Russie et, à la fin, à l’effacer simplement de la carte politique du
monde. Aujourd’hui, ils crient encore publiquement que la Russie ne doit pas rester unie, qu’elle doit être repoussée dans le cadre de la Moscovie du XVe siècle. Pour ce faire, ils ne
dédaignent rien, y compris inventer une histoire complètement fausse de notre pays, rejetant sur elle leur responsabilité dans l’oppression des autres peuples, ce que la Russie n’a jamais
fait.
Toute l’histoire avec l’Ukraine a commencé à Washington afin d’élaborer les technologies pour délimiter et jouer avec un seul peuple. Des millions de
personnes se voient interdire de parler le russe, leur langue maternelle depuis leur naissance, elles sont obligées d’oublier leurs origines. L’Occident, au nom de ses ambitions, détruit
pratiquement le peuple ukrainien, forçant la génération active à mourir sur le champ de bataille et amenant le reste de la population à la pauvreté.
Nous ne sommes pas en guerre contre l’Ukraine, car, par définition, nous ne pouvons pas avoir de haine pour les Ukrainiens ordinaires. Les traditions
ukrainiennes sont proches des habitants de la Russie, tout comme l’héritage du peuple russe est indissociable de la culture des Ukrainiens.
Les événements en Ukraine ne sont pas un affrontement entre Moscou et Kyiv, c’est un affrontement militaire entre l’OTAN, et surtout les États-Unis et
l’Angleterre, avec la Russie. Craignant un contact direct, les instructeurs de l’OTAN conduisent des Ukrainiens à une mort certaine. À l’aide d’une opération militaire spéciale, la Russie
libère ses régions de l’occupation et doit mettre fin à l’expérience sanglante de l’Occident visant à détruire le peuple ukrainien frère.
VT : Mais dans le
monde, au contraire, la Russie est accusée de s’emparer du territoire de l’Ukraine, d’attaques contre ses infrastructures…
NP : Nous ne sommes pas
en guerre avec l’Ukraine, car, par définition, nous ne pouvons pas avoir de haine envers les Ukrainiens ordinaires. Les traditions ukrainiennes sont proches des habitants de la Russie,
tout comme l’héritage du peuple russe est indissociable de la culture des Ukrainiens. Veuillez noter qu’en Crimée, la langue ukrainienne est préservée comme l’une des langues d’État. Les
centres culturels ukrainiens, les ensembles ukrainiens de chant et de danse continuent de fonctionner dans de nombreuses villes. Dans le sud de l’Extrême-Orient, compte tenu de la forte
proportion de migrants de l’époque de Stolypine, un nombre important d’habitants considèrent la culture d’origine du peuple ukrainien.
Et plus tôt les citoyens ukrainiens se rendront compte que l’Occident se bat contre la Russie avec leurs mains, plus de vies seront sauvées. Beaucoup s’en
sont rendu compte depuis longtemps, mais ont peur de le dire, craignant des représailles. L’Occident ne prévoit pas de sauver la vie de qui que ce soit au détriment de son enrichissement
et d’autres ambitions. Dans le même temps, les Américains, les Britanniques et les autres Européens créent souvent l’illusion qu’ils protègent la civilisation de la barbarie.
VT : Faites-vous
allusion aux événements en Afghanistan, où les États-Unis ont déclaré la lutte contre le terrorisme, puis sont partis plutôt ignominieusement ?
NP : Non seulement en
Afghanistan, mais aussi dans d’autres régions. Ils ont eux-mêmes créé des organisations terroristes, telles qu’Al-Qaïda, le Mouvement taliban ou ISIS, pour atteindre leurs objectifs, et
les ont eux-mêmes combattus. Organisant une manifestation de liquidation des chefs terroristes, comme Oussama ben Laden , une centaine de nouveaux ont été entraînés et armés.
La présence américaine en Afghanistan s’est avérée ne pas être la lutte contre le terrorisme, mais la création de programmes de corruption de plusieurs
millions de dollars et une augmentation multiple de la production de drogue. Il s’est avéré que le départ soudain des Américains de ce pays était en grande partie dû au fait qu’ils se
concentraient sur l’Ukraine, où, selon eux, la préparation du régime fantoche de Kyiv à des actions anti-russes offensives se déroulait bien. Soit dit en passant, cela a également été
confirmé par le secrétaire d’État américain Blinken , qui a déclaré que si l’armée américaine n’avait pas quitté l’Afghanistan, Washington n’aurait pas été en mesure d’allouer autant
d’argent à l’Ukraine. De plus, une partie du matériel exporté du sol afghan a été transféré en Europe, principalement en Pologne, permettant aux Européens de procéder à la militarisation
du régime de Kiev.
VT : Le 24 février
de l’année dernière, la Russie a qualifié les objectifs de la l’ « opération spéciale » de « démilitarisation » et de « dénazification » de l’Ukraine. Êtes-vous toujours
convaincu que ces objectifs seront atteints ?
NP : Les criminels
néonazis qui se sont déchaînés en Ukraine ces dernières années seront inévitablement punis. Cependant, il est possible que leurs conservateurs essaient de sauver les plus odieux dans le
but de les utiliser dans d’autres pays, y compris pour organiser des coups d’État et effectuer des tâches de sabotage.
Un tel schéma a été élaboré lors de la défaite de l’Allemagne nazie. Après 1945, les Américains, les Britanniques et les autorités ouest-allemandes
contrôlées par eux ont fait état de la dénazification de leur zone d’occupation de l’Allemagne, tandis que les nazis sauvés du châtiment ont été utilisés pour créer les forces armées de
la RFA, ainsi que l’agent réseau de services de renseignement américains et britanniques, y compris pour des opérations secrètes contre les pays des camps socialistes.
La CIA, qui jusqu’en 1948 s’appelait la Direction des services stratégiques des États-Unis, a activement utilisé d’anciens employés de l’Abwehr et de la
Direction de la sécurité impériale du Reich nazi pour créer de nouveaux services de renseignement allemands.
Dans les années d’après-guerre, les Américains ont activement impliqué des criminels nazis dans le développement de nouveaux types d’armes, y compris des
armes de destruction massive et leurs vecteurs. Il en va de même pour l’utilisation par les criminels de guerre américains et japonais qui ont développé et utilisé des armes chimiques et
bactériologiques.
VT : Revenons au
sujet de l’influence des sociétés multinationales sur la politique des différents pays. Vous prétendez qu’il est pratiquement illimité. Et quelles méthodes pensez-vous que les
multinationales ont dans leur arsenal ?
NP : Ces méthodes sont
les plus cyniques. Certains d’entre eux sont des expériences avec des agents pathogènes et des virus dangereux dans des laboratoires biologiques militaires supervisés par le Pentagone.
Engagé sans cérémonie dans la décadence morale et morale de la société. L’Occident a maîtrisé la zombification des gens à l’aide de la propagande de masse, et maintenant il cherche à
utiliser des armes cognitives, influençant chaque personne ponctuellement à l’aide des technologies de l’information et des méthodes neuropsychologiques. Promeut les valeurs néolibérales
et autres, dont certaines sont intrinsèquement directement opposées à la nature humaine. Ils agissent consciemment et dans leur entourage ne cachent pas que l’agenda LGBT est un outil
pour réduire progressivement le nombre de « personnes supplémentaires » qui ne rentrent pas dans le cadre du fameux « milliard doré ». Hier, ils ont fait de la publicité pour les OGM,
sans se soucier quelles seront les conséquences sanitaires de tels produits, et elles exhortent aujourd’hui les femmes à ne pas avoir d’enfants pour lutter contre le changement
climatique. La science d’outre-mer propose d’évaluer les gens par la quantité de carbone qu’ils laissent derrière eux. L’humanité est mesurée et comptée de la même manière que les
scientifiques nazis mesuraient autrefois les crânes à la recherche de critères pour diviser les « races supérieures » et les « races inférieures ».
VT : Vous brossez un
tableau plutôt sombre. Comme si la fin de l’humanité n’était pas loin…
NP : Le potentiel de
l’humanité est loin d’être épuisé. Il existe des structures conçues pour influencer positivement cette situation. Il s’agit de l’ONU et du Conseil de sécurité de l’ONU. Des associations
telles que SCO, BRICS, ASEAN et autres sont de plus en plus populaires. Cependant, l’Occident ne s’intéresse pas à l’efficacité de leur travail. Les Anglo-Saxons essaient de manière
obsessionnelle de pousser la communauté mondiale à l’idée que ces institutions ont généralement perdu leur utilité, mais nous devons vivre selon les règles qu’ils ont inventées. Ceux qui
ne sont pas d’accord avec leur hégémonie sont étiquetés « États voyous », « pays terroristes » ou États qui constituent une menace pour la sécurité nationale. Dans le même temps, les pays
occidentaux ne s’aperçoivent pas qu’eux-mêmes restent progressivement minoritaires, le monde étant déjà fatigué de la stratégie de force et de menace qu’ils utilisent.
VT : Comment les
dirigeants russes vont-ils construire leur stratégie en tenant compte des problèmes ci-dessus ?
NP : Notre pays est sur
la voie de la création d’une économie forte, moderne et indépendante afin d’atteindre la souveraineté économique. La Russie a toutes les ressources pour cela. Nous avons besoin d’une
culture de leur utilisation, d’une attitude attentive et prudente envers nos trésors – non seulement naturels, mais aussi intangibles. Les entreprises russes doivent être orientées vers
le pays. Les capitaux privés, ainsi que les autorités, doivent penser au développement à long terme du pays.
L’indépendance financière est importante pour la Russie, ainsi que la souveraineté technologique. Nous avons beaucoup de nos Lomonossov et Kulibins. Le
problème est de les remarquer à temps. Il faut non seulement développer la science et l’éducation, mais raviver le véritable culte du savant, de l’ingénieur, de l’ouvrier. La jeune
génération devrait s’inspirer des idées de travail créatif au profit de notre patrie et ne pas s’asseoir dans les bureaux des entreprises occidentales.
La force invincible de la Russie réside dans son peuple travailleur, dont l’avantage réside, entre autres, dans des visions différentes de la vie, dans sa
multinationalité et son multiconfessionnalisme. Il est important de comprendre que nous avons une culture unique et originale, que la Russie n’est pas l’Europe, pas l’Asie, et encore
moins « anti-occidentale ». C’est d’ailleurs notre différence fondamentale. Pour un Russe, la haine, par définition, ne peut être un principe unificateur. Seuls les Occidentaux sont
pleins de haine, qui nous traitent ouvertement d’opposants. Mais il faut leur rappeler leurs opérations militaires infructueuses au Vietnam, en Afghanistan et dans d’autres pays… Mais
face à l’émergence de nouvelles menaces militaires, il est important pour nous d’avoir de telles forces armées et services spéciaux pour que les adversaires de la Russie n’aient même pas
l’idée qu’ils pourraient se battre avec nous.
Dans le cauchemar du gotha occidental, Vladimir Poutine, chevauchant l’ours russe brandissant symboliquement le chachka cosaque d’une main et un cocktail
Molotov de l’autre est devenu le nouvel homme à abattre. Il est entré par la grande porte dans la famille des méchants hollywoodiens. Le scenario du film catastrophe est toujours le même
pour l’empire US et ses séides. Exiger, contraindre, diaboliser en cas de refus d’obéissance et, si possible éliminer l’immonde et pour finir, détruire le pays par tous les moyens
possibles tout en faisant main basse sur ses ressources. Faut pas déconner quand même, y’a pas de petits profits.
Un président russe qui veut mettre fin au massacre d’autres peuples russes par des néonazis. Mais où va-t-on ? Faut punir ce « Putin » de
tueur comme il se doit. Protéger son peuple ? On comprend mieux qu’un Macron doit trouver ça obscène, lui dont l’envie débordante est de mépriser en emmerdant le sien, de peuple.
Nous, quoi.
Les décideurs en troupeaux vindicatifs de l’État profond ou superficiel occidental se refusent obstinément de l’admettre : Il ne suffit pas de mettre
un collier et une laisse à un loup pour en faire un chien. Le canis
lupus en question fut-il oméga. Et quand les bafreurs arrogants qui tentent de dévorer le reste du monde tombent sur un os indigeste, ils prennent le risque de s’étrangler
eux-mêmes avec. Ce qui hélas, expose les populations qui ne mange pas de ce pain-là, n’ont rien demandé et surtout n’ont pas été consultées. Et pour cause, les Russes sont
(étaient ?) francophiles.
Une statue monumentale en bronze et granit rouge de 18 mètres de haut du général de Gaulle trône devant l’hôtel Cosmos (1500 chambres) dans le nord de
Moscou.
L’ours russe impavide grommelle, il a perdu patience devant les mensonges et coup tordus de ses « partenaires ». L’ours a été mal léché par ces
oligarchies financières d’un occident suppôt du Dieu hébraïque Yahweh (יהוה) : colérique et jaloux.
Même si Dieu n’est toujours qu’une hypothèse, n’en déplaise aux crédules en toute bonne foi. Pour les chrétiens à qui cela aurait échappé, Jésus dans les
évangiles synoptiques ne fais jamais référence à un Dieu, mais à son Père… Mais c’est un autre sujet. Revenons à nos moutons. Oups, à notre plantigrade.
L’ours est un totem russe, animal dominant et courageux qui, particulièrement, quand on menace son territoire peut faire preuve d’une absolue férocité,
c’est dans sa nature. Tout habitant de l’Oural ou de la Taïga vous le dira : provoquer mal armé un ours est gravement risqué et surtout totalement stupide.
Toutes ces parasites douteux(ses) qui bourdonnent comme des scatophages du
fumier, (mouches à merde, pour rester dans la vulgarisation) attirées par la puanteur masquée de l’argent sale et des cabinets obscurs, qui virevoltent autour des lieux de décisions
libidinales sont à la merci de leurs propres tapettes en promotion à l’étalage du marché aux « valeurs » inverties. Nouveau pneuma démoniaque occidental. Ce sont ces
gens-là qui veulent la guerre à la Russie par procuration du pauvre peuple ukrainien. Les néonazis étant essentiellement dans l’armée kievienne.
« L’objet de la guerre
n’est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d’en face meure pour le sien » (Général US Georges S. Patton)
Alors, il nous faut bien en choisir un(e) pour l’exemple. Ici Bruno Lemaire, puisqu’il s’agit de la Russie. Il semble que le lauréat doublant un Olivier
Veran ex-ministre de la diathèse dévoyée, soit notre vénérable ministre de l’Économie, de la Souveraineté industrielle (!!!) et du numérique. Ah oui quand même. Comme en Israël, on peut
tirer sur une ambulance ? Et comme depuis 40 ans les ministres et commis de l’État sortent tous du même moule idéologique, droite et gauche confondue, on généralisera et l’on
dira : Le commis au masculin. Que les féministes se rassurent, les courtisanes y ont toute leur place.
Le commis donc, est un pégreleux, plus menteur qu’un soutien-gorge. Ce courtisan abject de la pompe à phynance d’un Roi Ubu devenu Président, abreuve de ses
liquidités empoisonnées un peuple assoiffé d’indépendance. Une sorte de margoulin toxique comme une injection ARNm, digne de son président clown triste dans la comédie dramatique que nous
vivons. Jusqu’à plus soif ?
Le commis qui ne rentrera dans l’Histoire que par sa bêtise crasse, nous annonçait sur Franceinfox au début de printemps 2022, un bail, d’un ton péremptoire
d’une incroyable fatuité abrutie :
« Le trésor de guerre
de Poutine est déjà réduit à presque rien. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe »
On attend avec impatience comment le fayot défendre la réforme des retraites.
Le commis, ce pseudo expert de la chasse aux ursidés qui vend sur le marché des « fourreurs », des peaux d’ours avant de les avoir flingué et qui,
sans doute inspiré par l’effondrement des tours du WTC de New-York, muni de pétards mouillés par ses rêves humides a voulu la démolition contrôlée de la Russie. Bouffon !
Combien sont-ils dans ce pays, ces œstres à excréments se présentant sans pudeur transgenrés en abeilles butineuses craignant leur extinction par les
soi-disant frelons asiatiques qui s’organisent à Shanghai (OCS) ? Environ 300 000 vrais profiteurs, dit-on. C’est peu et beaucoup à la fois. Mais, dans toutes ces inversions de
valeurs, justement, celles qui fondent les civilisations. Les chiures de mouches nous sont présentées, par la propagande du régime de bananes républicaines, comme un nectar de fleurs
improbables.
Mangez, ceci est le corps de l’État, buvez ceci est votre sang ! Convaincus de leurs reformes de la santé, de l’école, des retraites, du travail, de
l’énergie, de l’économie, de la diplomatie… ? Non. Ni cons ni vaincus !
Arrêtez la guerre de l’Empire contre le monde : De Bob Dylan à Robert Frost
Il y a toujours eu et il y aura
toujours des heurts et des tensions entre différentes civilisations. Pour reprendre les paroles d’une vieille chanson de Bob Dylan :
« Les protestants
détestent les catholiques,
les catholiques détestent les protestants,
Les musulmans détestent les hindous,
les hindous détestent les musulmans,
Et tout le monde déteste les juifs. »
Ainsi chantait un juif, de son vrai
nom Robert Zimmerman. (Les grands-parents du père de Dylan ont fui aux États-Unis après le pogrom de 1905 à Odessa, une ville qui, pour le moment, se trouve toujours en
Ukraine)1.
Ceci nous amène à examiner le vieil adage selon lequel : « La religion est la
cause de toutes les guerres ». En tant que prêtre, je peux d’une certaine manière être d’accord avec cette affirmation, tout comme avec celle de Marx selon laquelle « la religion est
l’opium du peuple ». Je peux être d’accord avec les deux parce que, en tant que prêtre, je n’ai pas de prise sur la religion et je ne suis pas religieux. Dieu merci !
Peut-être devrais-je expliquer aux personnes confuses.
La religion a toujours été une manipulation de l’État, utilisée afin de contrôler les populations. Si vous avez déjà visité une église protestante, vous le
savez. Là, à notre grand étonnement, les gens doivent entrer en file indienne et on leur ordonne de s’asseoir en rangs serrés sur certains sièges, puis on leur demande de se lever et de
s’asseoir, tout en les bombardant de discours moralisateurs pour qu’ils se sentent coupables et crachent de l’argent. On ne peut certainement pas trouver un cas plus clair de manipulation
de masse organisée. Toutefois, pour être juste, il faut dire que les États sont capables de faire la même chose avec n’importe quelle « religion ».
Les États utilisent la religion pour diviser et créer des guerres. (Ainsi, la religion n’est pas la cause de toutes les guerres, mais elle est utilisée
comme un déguisement pour la cause de toutes les guerres). Pourquoi ? Parce que si vous dites ouvertement « nous allons
vous envahir parce que nous sommes un groupe ethnique différent et que nous sommes extrêmement avides et vicieux et que nous voulons voler et piller votre territoire et vos ressources
naturelles », les gens peuvent très bien ne pas vous suivre. Mais si, comme George Bush, vous dites « Dieu m’a dit
d’envahir l’Irak » ou « le rôle de
l’OTAN est d’apporter la liberté et la démocratie » (en oubliant d’ajouter « même si cela
signifie vous effacer de la surface de la terre »), vous trouverez toujours des journalistes vénaux, des idiots utiles et des zombies propagandisés pour vous croire et vous
suivre. En d’autres termes, les États ont toujours utilisé la religion comme camouflage pour justifier leurs motifs les plus bas et les plus vils. La religion est donc bien l’opium du
peuple.
Pourquoi moi, un prêtre, je dis cela ? Principalement parce que c’est vrai. Mais aussi parce que je ne m’intéresse pas du tout à la religion, mon seul
intérêt est la foi. La foi vient de l’expérience spirituelle, soit vous l’avez, soit vous ne l’avez pas. Mais c’est très différent de la« religion »
inventée par l’État, qui est utilisée pour manipuler les masses.
Or toutes les civilisations sont fondées sur la foi, sur une intuition et une expérience spirituelle originelle. C’est un fait historique. Peu importe que
vous soyez juif, animiste, hindou, zoroastrien, bouddhiste, confucéen, chrétien orthodoxe, maya, musulman, shintoïste, catholique, inca, aztèque, sikh ou, plus récemment, protestant,
votre civilisation, et donc votre culture, dépend de votre foi. Une civilisation qui n’a pas de base spirituelle, la foi, n’est pas une civilisation, c’est une anti-civilisation. Et de
cela nous parlerons plus tard.
Pendant des millénaires, les civilisations ont vécu côte à côte. Comme nous l’avons dit, elles se sont de temps à autre spontanément affrontées et se sont
violemment affrontées au sujet de l’identité ethnique, du territoire et des ressources. Cependant, la civilisation occidentale est tout à fait unique.
La civilisation occidentale, qui existe essentiellement depuis un millier d’années (ce qui signifie qu’elle est assez récente en termes historiques
comparatifs), est la seule qui prétend être unique et qui a constamment mis en œuvre sa prétendue infaillibilité et l’intolérance qui en résulte sur une base systématique et
institutionnalisée par le biais de la violence organisée tout au long de son existence millénaire.
Ainsi, nous avons eu la première croisade (1096-1099), qui a commencé par le massacre et le vol de Juifs en Rhénanie, puis s’est poursuivie par le massacre
de chrétiens orthodoxes et de musulmans, faisant couler le sang jusqu’aux genoux dans ce qu’ils prétendaient être la ville « sainte »
de Jérusalem. Devrions-nous mentionner l’Inquisition ou les atrocités espagnoles et portugaises dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Amérique latine ?
Bien sûr, pour être juste, nous ne pouvons éviter de mentionner les « guerres de
religion » (sic) protestantes-catholiques européennes, qui ont fait des millions de morts. Les sectes protestantes se sont également battues entre elles, sans doute pour prouver
laquelle était la plus méchante et la plus bigote. Les protestants, et non les catholiques, ont pratiqué la chasse aux sorcières, au cours de laquelle ils ont brûlé à mort des milliers de
femmes pauvres, jeunes et vieilles. Il s’agissait d’une forme d’intimidation sociale de ceux qui étaient en quelque sorte différents. Les protestants ont ensuite massacré les indigènes
d’Amérique du Nord et parqué les survivants dans des camps de concentration, qu’ils ont élégamment dissimulés sous le nom de « réserves »,
et réduit en esclavage des millions d’Africains pour les faire travailler dans leurs camps de travail, qu’ils ont appelés « plantations ».
Après tout, « Arbeit macht
frei », « Le travail rend
libre ». Mais pas si vous êtes blanc, c’est pourquoi vous autorisez gentiment les non-blancs à travailler pour vous.
Une grande partie de la chasse aux sorcières est liée à la haine et à la peur des femmes chez les protestants, et donc à leur obsession du sexe (« le seul
péché »), qu’ils ont directement héritée du célibat clérical obligatoire imposé par la papauté dans l’Europe occidentale des XIe et XIIe siècles. Aujourd’hui, le vieux
puritanisme de persécution des femmes s’est transformé en mouvement « vert ».
Ici, au lieu de l’abstention de la souillure sexuelle, nous avons maintenant l’abstention tout aussi fanatique de la souillure matérielle, la pureté sexuelle est remplacée par la pureté
environnementale – « le vert est
propre », le seul péché est de ne pas recycler. C’est tout simplement le nouveau puritanisme de Greta « Funberg »,
une névrosée et une dépressive clinique. (Elle est vraiment très drôle, ce doit être les sombres nuits suédoises). Cependant, la déviation ultime est la légitimation de l’homosexualité :
quoi de plus haineux envers les femmes que la sodomie ?
La grande différence entre l’Occident et toutes les autres civilisations est son intolérance unique car il est convaincu d’être infaillible.
(L’infaillibilité papale n’a peut-être été dogmatisée qu’au XIXe siècle, mais elle avait déjà été proclamée par Hildebrand/Grégoire VII au XIe siècle). L’Occident doit imposer.
À l’inverse, le président Poutine accepte tout, comme le faisait l’URSS, comme le faisaient les tsars russes. Écoutez à nouveau deux parties de son discours
du 30 septembre de cette année :
« Qu’est-ce que, sinon
le racisme, la conviction dogmatique de l’Occident que sa civilisation et sa culture néolibérale sont un modèle indiscutable que le monde entier doit suivre ? « Vous êtes soit avec
nous, soit contre nous » … L’une des raisons de la russophobie séculaire, l’animosité non dissimulée des élites occidentales à l’égard de la Russie, est précisément le fait que nous
n’avons pas permis qu’ils nous volent à l’époque des conquêtes coloniales et que nous avons forcé les Européens à commercer avec nous dans des conditions mutuellement avantageuses. Nous y
sommes parvenus en créant un État centralisé fort en Russie, qui a grandi et s’est renforcé sur la base des grandes valeurs morales du christianisme orthodoxe, de l’islam, du judaïsme et
du bouddhisme, ainsi que de la culture russe et du monde russe « ouvert à tous ». »
Laissons les autres civilisations avoir d’autres valeurs. Mais si nous trouvons l’homosexualité contre-nature et anormale, laissez-nous tranquilles. Ce sont
nos valeurs. Nous vous laissons faire ce que vous voulez dans vos pays, alors arrêtez de nous l’imposer. L’Ukraine, à l’exception de l’extrême ouest récemment habsbourgisé et polonisé, ne fait pas partie du monde occidental. Arrêtez de la traiter comme si elle faisait partie de votre monde. Si des pays catholiques comme
la Pologne et la Slovaquie veulent vous rejoindre dans votre promotion de la sodomie, nous ne les en empêcherons pas. Si des pays catholiques comme la Hongrie ne sont pas d’accord avec
vous, alors laissez-les se joindre à nous. Nous n’avons rien contre les catholiques traditionnels. Nous ne nous mêlons pas de tout – contrairement à vous.
Cette intolérance unique de la « civilisation »
occidentale – si c’est ce qu’elle est – nous rappelle un poème écrit avant la nouvelle grande chute de l’Occident en 1914, par un poète américain, peut-être le plus grand poète américain,
Robert Frost. Dans «Mending Wall», on trouve ce vers célèbre : « Les bonnes
clôtures font les bons voisins ».
Le fait est qu’une ligne de faille traverse l’Europe. Cette ligne de faille a pris une forme plus ou moins définitive au XIe siècle. Elle est vieille de
mille ans. C’est la ligne de fracture qui sépare le monde catholique (et donc aussi le monde protestant – les deux choses sont les deux faces d’une même pièce) du monde chrétien
orthodoxe. Elle sépare la Finlande, la plupart des pays baltes, la majeure partie de la Pologne, l’extrême ouest de l’Ukraine, la majeure partie de la Slovaquie, peut-être la Hongrie et
certainement la Croatie du reste de l’Eurasie. Au-delà de l’est et du sud de cette ligne se trouve le reste du monde, le monde non occidental, dont les croyances, malgré leur diversité,
ont à bien des égards beaucoup plus en commun les unes avec les autres qu’avec l’anti-civilisation LGBT du monde occidental. Le poète de la Nouvelle-Angleterre, Robert Frost, poursuit en
écrivant dans son poème :
« Avant de construire
un mur, je demanderais à savoir
ce que j’enferme ou ce que je rejette. »
Eh bien, pour répondre à Robert Frost, une fois que toute l’Ukraine aura été libérée, nous vous clôturerons, afin de rester de bons voisins, nous nous
protégerons de l’anti-civilisation occidentale. Comme nous l’avons dit plus haut, une civilisation qui n’a pas de base spirituelle, de foi, n’est pas une civilisation, c’est une
anti-civilisation, et c’est ce que la « civilisation
occidentale » est devenue petit à petit. Vous pouvez la garder. Nous ne prenons pas le moindre plaisir à voir sa dégénérescence, nous en sommes choqués et affligés et nous
éprouvons de la compassion pour toutes ses victimes. « Arrêtez la
guerre de l’Empire contre la Russie », dit le Saker, mais nous dirions : « Arrêtez la
guerre de l’Empire contre le monde ».
Nous devrions peut-être mentionner ici qu’aucun pogrom n’a jamais eu lieu en Russie, mais seulement dans ce qui est maintenant la Lituanie, la Pologne, la Moldavie et l’Ukraine
occidentale. (Avant 1942, Odessa était essentiellement une ville juive). Les pogroms étaient importés de l’Ouest voisin, où de violents pogroms ont également eu lieu au XIXe siècle,
notamment dans les pays germanophones. Le nombre total de victimes sur une vingtaine d’années de ce qui était essentiellement des émeutes raciales entre pauvres et riches juifs (avec de
nombreux pauvres de toutes nationalités se retrouvant entre les deux), parfois déclenchées par des juifs, parfois par l’autre camp, est à peu près le même que celui des Allemands
assassinés en un jour moyen pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans l’ensemble, les non-juifs ont été plus nombreux à mourir que les juifs au cours des pogroms de l’Empire russe. Bien
entendu, l’Occident n’en parle jamais. Peut-être parce que c’est l’Occident, et non la Russie, qui a produit le nazisme meurtrier de juifs ? Et pourquoi y avait-il tant de juifs vivant
dans l’Empire russe de toute façon ? Parce qu’ils avaient été expulsés au Moyen Âge de l’Europe occidentale raciste. C’est juste une question de fait.
Le soir du Nouvel An,
tout le monde fait des prédictions. Beaucoup avancent des hypothèses futuristes, comme s’ils rivalisaient pour trouver les plus folles, peut-être les plus absurdes. Ce qui peut arriver en
2023.
Le prix du pétrole passera à 150 dollars le baril, et le prix du gaz atteindra 5 000 dollars pour mille mètres cubes.
Le Royaume-Uni réintégrera l’Union européenne L’Union européenne s’effondrera après le retour du Royaume-Uni.
L’euro disparaîtra de la circulation La Pologne et la Hongrie occuperont les régions occidentales de l’Ukraine, qui n’existera plus.
Le quatrième Reich sera créé, composé des territoires de l’Allemagne et de ses satellites, de la Pologne, des États baltes, de la République tchèque, de la
Slovaquie, de la république de Kiev et d’autres parias.
La guerre entre la France et le quatrième Reich commencera. L’Europe sera divisée, et la Pologne divisée à nouveau.
L’Irlande du Nord fera sécession du Royaume-Uni et rejoindra l’Irlande.
Une guerre civile commencera aux États-Unis, la Californie et le Texas devenant des États indépendants. Le Texas et le Mexique seront alliés.
Elon Musk remportera les élections présidentielles dans un certain nombre d’États, qui, après la fin de la guerre civile, reviendront au parti
républicain.
Toutes les bourses et toutes les activités financières quitteront les États-Unis et l’Europe pour se déplacer en Asie.
Le système de gestion monétaire de Bretton Woods s’effondrera, entraînant la destruction du FMI et de la Banque mondiale.
L’euro et le dollar ne circuleront plus comme monnaies de réserve mondiales, et des monnaies numériques seront utilisées à la place.
Dmitri
Medvedev
Note du Saker Francophone
Ces prédictions ont été vues
sur la lettre AntiPresse de ce dimanche matin accompagnant une longue interview d’Alexandre Douguine. Ces prédictions sont aussi très proches des textes de Batiushka, traduit sur ce blog, et représente donc une vision
partagée en Russie jusqu’au plus au somment de l’État au moins avec un certain 2nd degré.
Vladimir Poutine : Citoyens de Russie, chers amis,
L’année 2022 touche à sa fin. Ce fut une année de décisions difficiles mais nécessaires, d’étapes importantes vers la pleine souveraineté de la Russie et vers une puissante consolidation de notre
société.
C’est une année qui a remis beaucoup de choses à leur place, qui a tracé une ligne claire entre le courage et l’héroïsme, d’une part, et la trahison et la lâcheté, d’autre part, qui nous a montré
qu’il n’y a rien de plus fort que l’amour pour nos proches, la loyauté envers nos amis et nos compagnons d’armes, et la dévotion à notre patrie.
Cette année a été marquée par des événements véritablement décisifs, voire fatidiques. Ils sont devenus la frontière où nous avons jeté les bases de notre avenir commun, de notre véritable
indépendance.
C’est pour cela que nous nous battons aujourd’hui, en protégeant notre peuple dans nos territoires historiques dans les nouvelles régions de la Fédération de Russie. Ensemble, nous construisons
et créons.
L’avenir de la Russie est ce qui compte le plus. Défendre notre patrie est le devoir sacré que nous devons à nos ancêtres et à nos descendants. La vérité morale et historique est de notre côté.
L’année qui vient de s’écouler a apporté de grands et dramatiques changements dans notre pays et dans le monde. Elle a été remplie d’incertitude, d’anxiété et d’inquiétude.
Mais notre nation multiethnique a fait preuve d’un grand courage et d’une grande dignité, comme elle l’a fait à chaque période difficile de l’histoire russe, et a soutenu les défenseurs de notre
patrie, nos soldats et officiers, ainsi que tous les participants à l’opération militaire spéciale, en paroles et en actes.
Nous avons toujours su que l’avenir souverain, indépendant et sûr de la Russie ne dépend que de nous, de notre force et de notre détermination, et aujourd’hui, nous en sommes à nouveau
convaincus.
Pendant des années, les élites occidentales nous ont hypocritement assuré de leurs intentions pacifiques, notamment pour aider à résoudre le grave conflit du Donbass. Mais en réalité, elles ont
encouragé les néonazis de toutes les manières possibles, et ils ont continué à mener des actions militaires et ouvertement terroristes contre des civils pacifiques dans les républiques populaires
du Donbass.
L’Occident nous a menti sur la paix tout en se préparant à l’agression, et aujourd’hui, il n’hésite plus à l’admettre ouvertement et à utiliser cyniquement l’Ukraine et son peuple comme un moyen
d’affaiblir et de diviser la Russie. Nous n’avons jamais permis à quiconque de faire cela et nous ne le permettrons pas maintenant.
Les militaires, miliciens et volontaires russes se battent aujourd’hui pour leur patrie, pour la vérité et la justice, pour des garanties fiables de paix et de sécurité pour la Russie. Ils sont
tous nos héros et ils portent le fardeau le plus lourd en ce moment.
Du fond du cœur, je souhaite une très bonne année à tous les participants à l’opération militaire spéciale, à ceux qui sont ici à côté de moi et à ceux qui sont sur la ligne de front, à ceux qui
se préparent à l’action dans les centres d’entraînement, à ceux qui sont dans les hôpitaux ou qui sont déjà rentrés chez eux, ayant accompli leur devoir, à tous ceux qui sont maintenant en
mission de combat dans les unités stratégiques, et à tout le personnel des forces armées russes.
Camarades,
Je vous remercie pour votre vaillant service. Notre vaste pays tout entier est fier de votre force d’âme, de votre endurance et de votre courage. Des millions de personnes sont avec vous dans
leur cœur et leur âme, et porteront un toast en votre honneur à leur table du Nouvel An.
Un grand merci à tous ceux qui apportent un soutien auxiliaire aux opérations militaires : les chauffeurs et les cheminots qui livrent les fournitures au front, les médecins, les auxiliaires
médicaux et les infirmières qui se battent pour la vie des soldats et soignent les civils blessés. Je remercie les ouvriers et les ingénieurs de nos usines militaires et autres qui travaillent
aujourd’hui avec un grand dévouement, les constructeurs qui érigent des installations civiles et des fortifications défensives, et qui aident à restaurer les villes et villages détruits dans le
Donbass et la Novorossiya.
Mes amis,
La Russie vit sous le coup de sanctions depuis les événements de Crimée en 2014, mais cette année, une véritable guerre de sanctions a été déclenchée contre nous. Ceux qui l’ont déclenchée
s’attendaient à ce que notre industrie, nos finances et nos transports s’effondrent et ne se relèvent jamais.
Cela ne s’est pas produit, car nous avons créé ensemble une marge de sécurité fiable. Nous avons pris des mesures et des dispositions pour renforcer notre souveraineté dans un domaine d’une
importance vitale, l’économie. Notre lutte pour notre pays, pour nos intérêts et pour notre avenir sert sans aucun doute d’exemple inspirant pour d’autres États dans leur quête d’un ordre mondial
multipolaire juste.
Je considère qu’il est très important qu’au cours de l’année écoulée, des qualités telles que la compassion, la solidarité et l’empathie proactive aient pris une importance particulière en
Russie. De plus en plus de Russes ressentent le besoin d’aider les autres. Ils se mobilisent et prennent des initiatives sans aucune instruction formelle.
Je tiens à vous remercier pour votre prévenance, votre sens des responsabilités et votre gentillesse, pour votre participation active à la cause commune, indépendamment de votre âge ou de vos
revenus. Vous organisez des entrepôts et des transports pour livrer des colis à nos combattants dans la zone de combat, aux habitants des villes et villages touchés, vous participez à
l’organisation des vacances des enfants des nouvelles entités constitutives de la Fédération.
Mes amis, vous apportez un grand soutien aux familles des combattants qui ont péri, qui ont donné leur vie pour défendre celle des autres.
Je sais combien c’est difficile pour leurs épouses, leurs fils et leurs filles, et pour leurs parents, qui ont élevé de véritables héros ; je comprends ce qu’ils ressentent maintenant, à la
veille du Nouvel An. Nous ferons tout notre possible pour aider les familles de nos camarades tombés au combat à élever leurs enfants, à leur donner une bonne éducation et à leur trouver une
profession.
De tout mon cœur, je partage votre douleur et vous prie d’accepter mes sincères paroles de soutien.
Mes amis,
Notre pays a toujours célébré le début de la nouvelle année, même pendant les périodes les plus difficiles. C’est la fête préférée de tous, qui a le pouvoir magique de révéler le meilleur des
gens, de renforcer l’importance des valeurs familiales traditionnelles, l’énergie de la bonté, de la générosité et de la confiance.
À l’approche de la nouvelle année, chacun s’efforce de donner de la joie à ses proches, de leur témoigner de l’attention et de la chaleur, de leur offrir les cadeaux dont ils ont rêvé, de voir la
joie dans les yeux des enfants et la gratitude touchante des parents pour notre attention. L’ancienne génération sait apprécier ces moments de bonheur.
Mes amis, c’est le moment idéal pour laisser de côté tous les griefs personnels et les malentendus, pour dire à nos proches ce que nous ressentons, combien nous les aimons, combien il est
important de prendre soin les uns des autres, toujours, à tout moment.
Que ces mots sincères et ces nobles sentiments donnent à chacun d’entre nous une immense force et la confiance qu’ensemble, nous surmonterons tous les défis et garderons notre pays grand et
indépendant.
Nous n’irons qu’en avant, pour nous battre pour nos familles et pour la Russie, pour l’avenir de notre unique et bien-aimée Patrie.
En Occident, les avis sur l’état du régime politique en Russie sont traditionnellement très partagés. Après 1991, le rôle central du pays au sein du bloc
communiste de l’Est et l’association directe de la république soviétique de Russie en tant que pars pro
toto du système marxiste-léniniste se sont estompés. Depuis lors, dans les grands médias occidentaux, toutes les relations internationales sont généralement réduites à une
opposition binaire entre les régimes dits « démocratiques », d’une part, et « autocratiques », d’autre part. Poutine peut alors être rangé dans cette dernière
catégorie sans trop d’explications, avec les autres « dictateurs » tels qu’ils existent ou ont existé : Assad, Erdogan, Xi, Maduro, feu Saddam Hussein, jusqu’à récemment
Bolsonaro et, avec un peu d’effort, l’ancien président américain Trump, sans oublier Viktor Orbán, peuvent également être ajoutés à la liste.
Bien que ce genre de pseudo-analyses n’ait guère de sens sur le plan intellectuel, elles constituent néanmoins invariablement le point de départ de presque
tous les articles journalistiques que l’on peut lire sur le sujet sur CNN,
la BBC et, un
peu plus près de nous, également sur NPO et VRT
NWS. D’autres, qui se situent principalement du côté de la droite classique sur l’échiquier politique, ont du mal à pardonner aux Russes leur passé communiste et considèrent toujours
la Fédération de Russie comme une sorte de continuation de l’URSS à une échelle plus limitée, une âme sœur, un peu plus pauvre, du Parti communiste chinois, prête à récupérer son ancienne
position de premier plan dans la course des nations dès que l’Occident encore éveillé oserait montrer le moindre signe de faiblesse.
D’autres encore ne voient dans la Russie rien d’autre qu’un État en faillite, une station-service dotée d’armes nucléaires sortie de ses limites, dirigée
par une oligarchie hédoniste et corrompue regroupée autour de la personne de Vladimir Poutine par le biais de réseaux économiques informels et du crime organisé. Il va sans dire qu’aucune
des conceptions exposées ci-dessus ne dépasse le niveau de la caricature. Néanmoins, on peut remplir des bibliothèques entières de livres écrits par des auteurs qui ne peuvent ou ne
veulent pas sortir de ce cadre intellectuel-là.
Poutine contre Poutine
En réalité, le régime de Vladimir Poutine possédait (et possède toujours) un caractère très complexe et très hybride, qui n’a jusqu’à présent, à aucun
moment, perdu son caractère post-idéologique. Dans son livre « Poutine contre
Poutine », Alexandre Douguine souligne le caractère divisé du régime russe arrivé au pouvoir à la fin des années 1990. D’une part, Poutine a alors été élu avec le soutien des
libéraux russes (Anatoli Sobtchak, Boris Berezovsky, Anatoli Tchoubaï, etc.) et a bénéficié de l’approbation franche de l’Occident. Une grande partie de ses deux premiers mandats
présidentiels sera donc consacrée par Poutine à essayer d’intégrer et de renforcer l’économie russe dans le système mondial néolibéral dominé par l’Occident. Mais en même temps, Poutine
était un patriote russe (pas nécessairement un nationaliste), avec une certaine préférence pour les valeurs conservatrices, qui voulait rendre son pays à nouveau pertinent sur la scène
mondiale et restaurer une partie de la gloire passée des Soviétiques (et de l’empire tsariste russe).
Pendant deux décennies, Poutine va se balancer sur une fine corde raide entre les deux vecteurs, le vecteur libéral guidant fortement au début mais le
vecteur patriotique gagnant progressivement en importance. À partir de 2007 surtout, la Russie a commencé à adopter une position plus affirmée, le discours de Poutine à la conférence
internationale sur la sécurité à Munich constituant un point d’ancrage important. Ici, pour la première fois, il a critiqué en termes vifs la nature unipolaire des relations
internationales et le caractère monopolistique des États-Unis dans celles-ci. La guerre avec la Géorgie en 2008, la prise de contrôle de la Crimée et la guerre civile dans le Donbass en
2014 ont impulsé des accélérations successives dans ce processus. Néanmoins, Poutine n’a jamais réussi à évoluer vers ce que Douguine décrit comme un « conservatisme actif » :
une mobilisation sociale et économique à grande échelle pour un projet idéologique conservateur. Il a été largement limité en cela par un trio de facteurs : l’inertie politique et la
passivité de son propre entourage (les siloviki), une
opposition active des oligarques et l’influence idéologique persistante de quelques irréductibles libéraux, dont Anatoli Tchoubaï.
Le grand désengagement
Lorsque Tchoubaï a démissionné de ses fonctions politiques en mars 2022 et a fui le pays, cela a été présenté par les commentateurs occidentaux, qui, à
l’époque, croyaient encore à une implosion économique rapide de la Russie, comme une perte substantielle de soutien à Poutine au sein de son propre entourage. En réalité, ce fait s’est
plutôt montré révélateur de l’extinction définitive du vecteur libéral au sein du système russe. « C’est la grande
déconnexion entre l’Occident et la Russie », a tweeté l’analyste géopolitique américano-russe Mark Sleboda le 2 mars 2022 en réponse au départ de nombreuses grandes
multinationales et entreprises occidentales de Russie. « Les liens économiques
se limiteront à l’énergie et à certaines autres matières premières et produits chimiques pour lesquels l’Europe dépend de la Russie. (…) Les liens politiques, sociaux et culturels seront
également rompus dans une large mesure ».
Bien que, selon Sleboda, cette transition soit semée d’embûches (qui, soit dit en passant, ne sont pas si mauvaises pour l’instant), un monde multipolaire
serait finalement l’étape finale inévitable. Tout cela est bien beau, mais maintenant que le système politique et économique occidental n’est plus un exemple brillant, la question reste
de savoir ce qui va prendre sa place. Ces derniers mois, d’éminents faiseurs d’opinion, dont l’Arménienne-Russe Margarita Simonyan, rédactrice en chef de la chaîne
médiatique RT, ont déjà
exprimé leur admiration pour certains aspects du « système chinois », tels qu’un cadre-parti confucéen et discipliné, des mesures anticorruption efficaces et un contrôle
effectif de l’espace d’information. À cet égard, Gorbatchev semble avoir manqué les opportunités de l’époque que la Chine (post-)Dengiste a réussi à capitaliser – un retard que la Russie
(post-)Poutiniste aimerait maintenant rattraper. Cela ne signifie pas pour autant que la Russie peut simplement revenir au marxisme-léninisme de l’ère soviétique, même si la popularité du
PCFR a fortement augmenté peu avant la guerre et que les communistes étaient, à long terme, un challenger bien plus sérieux pour le parti au pouvoir Jedinaja
Rossiya que les libéraux atlantistes de Navalny.
Eurasisme pragmatique et bolchevisme national, pas le conservatisme européen
Si certains analystes s’attendaient à ce que les Russes misent sur un messianisme pan-slave à l’ancienne comme idéologie surplombante après l’invasion de
l’Ukraine, la rhétorique mobilisatrice des médias et de l’establishment politique russes est néanmoins principalement dirigée contre l’Occident impérialiste, néo-colonial et
« woke », comme l’a également noté Jordan Peterson, ce qui fut clairement affiché lors du discours de Poutine après l’annexion des quatre oblasts ukrainiens de Cherson, Lugansk,
Donetsk et Zhaparozhe. L’idéologue de Visegrád, David Engels, s’obstine cependant à réfuter le « conservatisme européen » de l’État russe, qui reste selon lui « un avatar
de l’Union soviétique ».
Le déploiement de soldats musulmans tchétchènes et d’autres minorités non chrétiennes en Ukraine est un élément particulièrement problématique pour les
défenseurs conservateurs de la civilisation européenne chrétienne. En effet, il semble que les Russes soient peut-être arrivés à une version réellement politique de l’eurasisme
idéologique et du bolchevisme national après de nombreux détours, comme en témoigne également l’embrassade enthousiaste de leur héritage multiethnique slave, eurasien et finno-ougrien,
tant dans la propagande nationale que dans la mobilisation. D’autre part, des choix socio-économiques difficiles n’ont pas encore été faits, mais comme le pays semble se convertir
lentement à une économie de guerre, cela ne peut manquer d’arriver. Le sociologue ukrainien Volodymyr Ishchenko affirme qu’en cas de victoire russe dans la guerre contre son pays :
« (…)
l’État russe devra acheter la loyauté des Russes et des nations soumises (les Ukrainiens, ndlr) par une politique économique moins conservatrice sur le plan fiscal et plus
keynésienne ». Et aussi : « L’élite dirigeante
devra expliquer à la société pourquoi tant de soldats russes sont morts, pourquoi ils ont tué tant de leurs « frères » ukrainiens, pourquoi le peuple a dû faire face à des
sanctions ». Signification : « cela (exigerait) un
projet impérialiste-conservateur plus cohérent reliant les intérêts des élites russes à ceux des classes et nations subordonnées. Il faudrait également des institutions politiques plus
fortes pour mobiliser un consentement actif au projet hégémonique des élites russes – un parti au pouvoir avec une adhésion de masse, un mouvement populaire pro-gouvernemental, ou ses
équivalents à l’ère numérique ».
L’organisation
de jeunesse russe Yunarmiya lors du défilé de la Victoire à Moscou, le 9 mai 2019
Références
Alexander Dugin (2014) « Putin versus Putin.
Vladimir Putin viewed from the right ». Arktos. David Engels (2022) « Who can predict his
own future when the future of Europe seems to be so dark ? » Interview door Andrej Sekulović, geraadpleegd via : KLIK Jordan Peterson (2022) « Russia versus Ukraine
or Civil War in the West ? » Geraadpleegd via : KLIK Volodymyr Ishchenko (2022) « Russia’s war in
Ukraine may finally end the post-Soviet condition ». Geraadpleegd via : KLIK
source : Bulletin d’information de la Fondation Delta, n°175, décembre 2022 via Euro
Synergies
Poutine précise la doctrine nucléaire russe et indique de possibles évolutions.
Un sommet de l’Union économique eurasiatique qui regroupe le Belarus, la Fédération de Russie, l’Arménie, le Kazakhstan et le Kirghizstan s’est tenu à Bichkek,
capitale du Kirghizstan, le 9 décembre 2022 en présence des chefs d’État concernés. À son issue le président russe a tenu une conférence de presse. Ses réponses à
un journaliste russe à partir de la version anglaise officielle qui a été diffusée sont présentées ci après - heureuse initiative du Bulletin Comaguer.
Quoiqu’elles soient laconiques, voire lapidaires, ou précisément parce qu’elles le sont, ces réponses ont jeté la diplomatie occidentale dans l’angoisse au point
qu’elles ont d’abord été ignorées par les médias de masse pour ensuite être caricaturées. Qu’on en juge !
Dans l’interview qui suit, traduite et très utilement commentée par le Bulletin Comaguer, Poutine
explique clairement le fonctionnement d’une frappe de représailles, donc de riposte russe en réponse à une frappe préemptive occidentale. Il dit également
réfléchir à faire évoluer la doctrine russe vers la frappe préemptive «de désarmement de l’adversaire » en simple imitation et réciprocité à la doctrine US
actuelle. S’agissant de la frappe de représailles, il indique que dès que le lancement des missiles adverses est détecté (donc sans attendre qu’ils arrivent et sans connaître la puissance et la
nature des bombes transportées), des centaines de missiles russes seront lancés qui ne pourront être arrêtés. Ces propos devraient avoir un
effet dissuasif chez un adversaire potentiel « raisonnable ».
Première frappe : tournant stratégique
Source:Bulletin Comaguer n° 499 du 17 Décembre 2022
Le président russe est interviewé par Konstantin Panyushkin (KP) de Channel One (chaine de télévision russe présentée à l’Ouest
comme «organe du gouvernement russe», l’Ouest ayant, c’est bien connu, une préférence marquée pour les chaînes TV des milliardaires).
Rapide point sur “l’Opération Militaire Spéciale”
KP : Bon
après-midi. Une question sur l’opération militaire spéciale.
Que pensez-vous de l’état de l’OPERATION MILITAIRE SPECIALE ?
En parlant avec des militants des droits de l’homme mercredi, vous avez dit, je cite : “Ce
sera un long processus.” Si possible, pouvez-vous expliquer ce que vous aviez à l’esprit ?
Et une autre question sur la même réunion. Vous avez dit, et je cite : “Si la Russie
n’utilise pas les armes nucléaires en premier, elle ne les utilisera pas non plus en second.” Cela a provoqué un
tollé. Veuillez expliquer ce que vous vouliez dire.
Vladimir Poutine : En ce qui concerne la durée de
l’opération spéciale, je faisais référence au temps nécessaire au processus de règlement. L’opération suit son cours et tout est stable – il n’y a pas de
questions ou de problèmes sur ce sujet. Comme vous pouvez le constater, le ministère de la Défense fonctionne de manière transparente. Dans ses rapports
quotidiens, il relate tout ce qui se passe dans la réalité, sur le terrain. Voilà ce qu’il en est, objectivement. A cet égard, je n’ai rien à ajouter.
Quant au processus de règlement en général – oui, il sera probablement compliqué et prendra un certain temps. Mais d’une manière
ou d’une autre, les parties à ce processus devront accepter les réalités qui se dessinent sur
le terrain. Voilà pour la première partie de votre question.
Commentaire de
COMAGUER : Sur la vidéo le Président russe
est impavide. Pour lui, la mission a été fixée, l’heure est aux militaires qui
l’exécutent et informent sur son déroulement, ensuite viendra le temps des diplomates.
Le risque d’une “frappe de désarmement”
Vladimir Poutine: Maintenant, sur votre seconde question. Je
comprends que tout le monde soit inquiet et l’ait toujours été depuis l’avènement des armes nucléaires, et des armes de destruction massive en général. Les
gens, toute l’humanité se sont inquiétés de ce qui allait arriver à la planète et à nous ? Mais écoutez ce que j’avais en tête, je vais vous expliquer
certaines choses.
Les États-Unis ont cette doctrine de la frappe préventive (ou première frappe). C’est le premier point. Maintenant, le deuxième
point. Ils sont en train de développer un système pour une frappe de désarmement. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie frapper les centres de contrôle
avec des armes modernes de haute technologie pour détruire la capacité de l’adversaire à contre-attaquer, et ainsi de suite.»
Commentaire COMAGUER : «Frappe de désarmement» : cette expression, qui peut paraître anodine ou imprécise dans le vocabulaire auquel le lecteur non
militaire est habitué, est le cœur de la réflexion stratégique. Pour lui donner sa véritable importance, il faut utiliser un terme très fort utilisé, dit-on, entre militaires dans les écoles de guerre qui est celui de
«décapitation». La métaphore est limpide: dans un champ clos, deux adversaires armés d’un sabre s’affrontent. Le premier qui coupe la tête de l’autre a gagné. Des images du Kenjutsu, ancêtre du kendo, pratiqué par les samouraïs, viennent aussitôt à l’esprit.
L’affrontement entre deux États modernes ne met pas face à face deux personnes, mais deux entités qui ont toutes deux une tête:
l’état-major et l’exécutif politique, et un cerveau d’où partent toutes les impulsions nerveuses qui vont mettre en mouvement la machine de
guerre sous toutes ses formes. La «décapitation» consiste donc à
détruire le cerveau nécessairement très centralisé de l’adversaire. Le cerveau détruit, sa machine de guerre s’arrête dans l’instant.
“Décapiter l’adversaire”?
Vladimir Poutine: Quelles sont ces armes modernes ? Ce sont
des missiles de croisière que nous n’avions pas à une certaine époque – nous n’avions pas de missiles de croisière basés à terre. Nous les avions supprimés ;
nous les avions mis au rebut. Pendant ce temps, les Américains étaient plus malins lorsqu’ils menaient des discussions avec l’Union soviétique. Ils ont mis au
rebut les missiles terrestres, mais ont conservé les missiles aériens et maritimes qui n’étaient pas couverts par le traité, et nous sommes devenus sans
défense. Mais maintenant nous les avons et ils sont plus modernes et encore plus efficaces.
Commentaire COMAGUER : Très succinctement Poutine fait allusion au
traité ABM signé entre les États-Unis et l’URSS en 1972 qui stipulait que la défense anti-missile pouvait être mise en place uniquement pour la protection de la capitale de chacun des deux pays. Il s’agissait bien d’une renonciation à la «décapitation». Mais profitant, au fil des mises à
jour du traité ABM, de l’affaiblissement de l’URSS puis de sa disparition, les États-Unis poursuivirent le déploiement des missiles anti-missiles un peu partout et pour finir
George W. Bush dénonça le traité ABM en 2002.
À partir de ce moment là les États-Unis
pouvaient lancer librement leurs missiles balistiques sur la Russie et détruire -au plus près de la frontière russe surtout après l’entrée en 2004 de la Pologne, de la Hongrie et
de la Roumanie dans l’OTAN- tous les missiles balistiques que la Russie aurait imaginé de leur envoyer pour riposter
et de toute manière bien avant que ces missiles atteignent le sanctuaire: le
territoire des États-Unis. En fait la Russie les avait démantelés, elle était
donc sans défense.
Vladimir Poutine: Il était prévu d’effectuer une frappe
préventive de désarmement avec des armes hypersoniques. Les États-Unis ne disposent pas de ces armes, mais nous, nous en avons. En ce qui concerne une frappe
de désarmement, nous devrions peut-être penser à utiliser les réalisations de nos partenaires américains et leurs idées sur la manière d’assurer leur propre
sécurité. Nous sommes en train de réfléchir à ce sujet. Personne ne s’est gêné pour en discuter à haute voix dans le passé. C’est le premier point.
Commentaire COMAGUER : Poutine insiste sur le fait que la «décapitation» était au cœur du traité ABM (Anti Balistic Missiles) initial, d’où son expression «discuter à haute voix». La
négociation, la signature et la publication d’un tel traité n’ont évidemment aucun caractère
confidentiel.
Frappe préventive américaine, frappe de représailles russe
Vladimir Poutine : « Les États-Unis ont une théorie
et même une pratique. Ils ont le concept d’une frappe préventive dans leurs documents stratégiques et dans d’autres documents politiques. Ce n’est pas notre
cas. Notre stratégie parle d’une frappe de représailles. Il n’y a aucun secret. Qu’est-ce qu’une frappe de représailles ? C’est une frappe de riposte :
c’est-à-dire que lorsque notre système d’alerte avancé, le système d’alerte d’attaque de missiles, détecte des missiles lancés vers le territoire de la
Fédération de Russie, d’abord il détecte les lancements, puis les actions de riposte commencent.
Nous organisons régulièrement des exercices de nos forces nucléaires. Vous pouvez les voir tous, nous ne cachons rien. Nous
fournissons des informations dans le cadre de nos accords avec tous les pays nucléaires, y compris les États-Unis. Nous informons nos partenaires que nous
effectuons ces exercices. Soyez assurés qu’ils font exactement la même chose.
Après que le système d’alerte précoce a reçu un signal indiquant une attaque de
missiles, des centaines de nos missiles sont lancés et ils ne peuvent pas être
arrêtés. Mais
ça reste une frappe de représailles. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que les têtes de missiles ennemis tomberont sur le territoire de la Fédération
de Russie. Cela ne peut être évité. Elles tomberont de toute façon. Mais comme il est impossible d’intercepter des centaines de missiles, il ne restera rien de
l’ennemi. Et c’est, sans aucun doute, un puissant moyen de dissuasion. »
Commentaire COMAGUER : Poutine souligne que la Russie dans sa doctrine stratégique actuelle n’a pas prévu de
frappe nucléaire préventive, mais simplement des frappes de riposte,
mais des frappes suffisamment massives pour que les deux adversaires soient anéantis. Cette affirmation est le cœur même de la déclaration officielle commune
des cinq chefs d’État (Biden, Poutine, Xi Jinpjng, Macron, Johnson) du 3 janvier 2022 qui peut être résumée par cette sentence qui met fin à la culture du Western: «Celui qui tire le premier
meurt aussi».
La Russie n’exclut pas de faire évoluer sa doctrine pour mieux parer le danger d’une “frappe préventive”
Vladimir Poutine: Mais si un adversaire potentiel croit qu’il
est possible d’utiliser la théorie de la frappe préventive, alors que nous ne le faisons pas, cela nous fait quand même réfléchir à la menace que de telles
idées dans la sphère de la défense d’autres pays représentent pour nous.
C’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet.
Commentaire
COMAGUER : Le président russe est encore plus elliptique dans cette dernière phrase qui tombe comme un couperet. Explicitons: la doctrine nucléaire des États-Unis
prévoit explicitement la frappe nucléaire préventive. Toujours le western: «Je tire le premier». Les armes hypersoniques russes aujourd’hui opérationnelles rendent possible la décapitation de l’adversaire donc de ses centres de
commandement par une arme nucléaire de faible puissance ou même par une arme conventionnelle. Dans ce nouveau contexte, pour se défendre si elle est gravement
menacée, la Russie peut envisager une «décapitation
préventive» des États-Unis. La Russie y réfléchit. À bon
entendeur.
Conclusion COMAGUER :
Mais dans ce nouveau cas, la métaphore de la «décapitation» est invalide. Un corps sans tête meurt, un pays sans dirigeants ne meurt pas. Il les
remplace. Qu’est-ce à dire?
Tout simplement que le long chapitre de la menace d’extermination
nucléaire de masse écrite par les États- Unis depuis 77 ans à Hiroshima et auquel l’URSS avait répondu par une menace symétrique est clos. GAME
OVER!
Les États-Unis qui ne savent que détruire et menacer d’annihiler
vont devoir faire de la politique comme les autres grands États: en tenant compte des rapports de forceinternationaux, en se résignant à l’idée jusqu’alors proprement impensable que la guerre peut atteindre leur
territoire et sans faire courir à l’humanité le risque d’une fin atomique.
La déclaration du 3
janvier 2022 des cinq puissances nucléaires annonçait ce virage historique. Poutine vient d’en confirmer l’immense
portée.
En parcourant la transcription
de 18 000 mots d’une réunion d’une heure que le président Vladimir Poutine a eue avec les « mères de soldats » vendredi dernier à Moscou, on a l’impression que les
combats en Ukraine pourraient se poursuivre jusqu’en 2023 – et même au-delà.
Dans une remarque des plus révélatrices, Poutine a reconnu que Moscou avait commis une gaffe en 2014 en laissant le Donbass une affaire inachevée –
contrairement à la Crimée – en se laissant entraîner dans le cessez-le-feu négocié par l’Allemagne et la France et les accords de Minsk.
Moscou a mis du temps à se rendre compte que l’Allemagne et la France étaient
de connivence avec les dirigeants de Kiev pour faire échouer la mise en œuvre de l’accord de Minsk. Le président ukrainien de l’époque, Petro Porochenko, a admis dans une
série d’entretiens avec des médias occidentaux ces derniers mois, notamment à la télévision allemande Deutsche Welle et à l’unité ukrainienne de Radio Free Europe, que le cessez-le-feu de
2015 était une distraction destinée à gagner du temps à Kiev pour reconstruire son armée.
Dans ses mots, « Nous avions réalisé
tout ce que nous voulions, notre objectif était, d’abord, d’arrêter la menace [russe], ou au moins de retarder la guerre – de garantir huit ans pour restaurer la croissance économique et
créer de puissantes forces armées ».
La soi-disant formule Steinmeier (proposée par le président allemand Frank-Walter Steinmeier en 2016 lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères) sur
le séquençage de l’accord de Minsk, avait appelé à la tenue d’élections dans les territoires séparatistes du Donbass en vertu de la législation ukrainienne et la supervision de l’OSCE
; et, si l’OSCE jugeait le scrutin libre et équitable, alors un statut autonome spécial pour les territoires du Donbass serait lancé et le contrôle de l’Ukraine sur sa frontière
la plus à l’est avec la Russie serait rétabli.
Poutine a admis que la Russie avait accepté les accords de Minsk en ignorant les souhaits de la population russe du Donbass. Pour le citer,
« Nous
y sommes allés sincèrement. Mais nous n’avons pas vraiment ressenti l’état d’esprit des gens, il était impossible de bien comprendre ce qui s’y passait. Mais maintenant, il est
probablement devenu évident que cette réunion [du Donbass] aurait dû avoir lieu plus tôt. Peut-être qu’il n’y aurait pas eu autant de pertes parmi les civils, il n’y aurait pas eu
autant d’enfants morts sous les bombardements… »
Pour la première fois, peut-être, un dirigeant sortant du Kremlin a admis avoir commis des erreurs. Le passage poignant ci-dessus devient donc une
pierre de touche pour les décisions futures de Poutine, alors que la mobilisation russe approche de la phase finale et d’ici la fin décembre, environ 400 000 troupes russes
supplémentaires seront déployées dans des positions avancées.
En fin de compte, Poutine a claqué la porte du méli-mélo de Minsk.
Comment cela se traduit-il en terme de réalité politique ?
Tout d’abord, tout comme Moscou est ouvert au dialogue sans conditions préalables, les négociateurs russes seront liés par les récents amendements à la
Constitution du pays, qui ont incorporé les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporozhye dans la Fédération de Russie.
Deuxièmement, la réunion de vendredi a été, de toute évidence, une initiative audacieuse de Poutine – risquée, politiquement parlant. Ses
interlocuteurs comprenaient des mères venues de régions éloignées, dont les fils soit combattent activement sur le front de guerre, soit ont vécu la tragédie de fils tués dans les
combats, soit gravement blessés et ont besoin d’une réhabilitation prolongée.
C’étaient des femmes fortes, c’est sûr, et pourtant, comme l’a dit l’une d’entre elles de la petite ville de Kirovsk à Louhansk à Poutine en se remémorant
la mort de son fils Konstantin Pshenichkin sur la ligne de front, « Mon cœur saigne, mon
âme se fige, sombre des souvenirs obscurcissent mon esprit, des larmes, des larmes, et soudain mon fils me demande : « Maman, ne sois pas triste, je te verrai, tu n’as qu’à
attendre. Tu traverseras cette vie pour moi, et dans cette vie, nous serons à nouveau ensemble ». »
Poutine a affirmé ouvertement – ce qui est très inhabituel pour un dirigeant du Kremlin – qu’il s’était préparé pour la réunion. Mais il avait encore
des surprises en réserve. De telles rencontres sont impossibles à chorégraphier tant les émotions refoulées se jouent devant les caméras de télévision.
Ainsi, Marina Bakhilina de la République de Sakha, mère de trois fils (dont l’un est un soldat hautement décoré des Forces aéroportées d’élite, 83e
Brigade et récipiendaire de l’Ordre du Courage) s’est plainte qu’il n’y a pas de plats chauds sur la ligne de front. Elle a dit à Poutine : « Comprenez-vous ce qui
se passe ? Si nos gens ne peuvent pas fournir de repas chauds à nos soldats, moi, en tant que maître des sports et CMC de tir, j’aimerais aller là-bas, en première ligne pour
cuisiner ».
Poutine a répondu gentiment : « Il semblerait que les
problèmes aient déjà été pour la plupart résolus… cela signifie que tout n’est pas normal… »
Ce qui ressort de ces échanges francs, c’est le capital politique massif de Poutine, issu de la grande consolidation qu’il a rassemblée pour amener la
nation à se rallier à lui. L’ambiance générale de la réunion était celle de l’engagement envers la cause de la Russie et de la confiance dans la victoire finale. Bien sûr, cela
renforce les mains de Poutine.
C’est là que l’analogie de la crise des missiles cubains de 1962 se défait. L’opinion publique n’était pas un facteur clé il y a 60 ans. En un
mot, le bon sens a prévalu en 1962 lorsque l’on s’est rendu compte que tout manquement à prendre en compte les intérêts de sécurité de la puissance rivale pouvait avoir une issue
apocalyptique.
La différence aujourd’hui est que le président Joe Biden s’est isolé, il n’est pas responsable de son choix d’une poursuite acharnée d’une défaite
russe sur le champ de bataille en Ukraine et du « changement de régime » qui s’ensuivrait à Moscou.
Poutine, lui, insiste pour se tenir responsable devant son peuple. Est-ce qu’un politicien « libéral » occidental au pouvoir osera imiter
l’extraordinaire rencontre de Poutine avec les « mères de soldats » ?
Si les difficultés économiques entraînent des troubles sociaux et des troubles politiques en Europe occidentale, les politiciens au pouvoir seront
désavantagés. Poutine mène une « guerre populaire », alors que les politiciens occidentaux ne peuvent même pas admettre qu’ils combattent la Russie. Mais combien de temps
peut-on cacher au public en Pologne ou en France que leurs ressortissants se font tuer dans la steppe ukrainienne ? Les politiciens occidentaux peuvent-ils promettre que leurs «
volontaires » ne sont pas morts en vain ? Que se passe-t-il si un flux de réfugiés d’Ukraine vers l’Europe de l’Ouest commence à l’approche de l’hiver ?
En termes militaires, la Russie jouit d’une domination de l’escalade – une position nettement supérieure sur son rival de l’OTAN, à travers une gamme
d’échelons au fur et à mesure que le conflit progresse. L’accélération de l’opération russe à Bakhmut en est un bon exemple. Le déploiement de troupes régulières ces derniers
jours montre que la Russie est sur l’échelle de l’escalade pour conclure le « blocage » vieux de 4 mois dans la ville de Bakhmut à Donetsk. Les analystes militaires décrivent
souvent Bakhmut comme la cheville ouvrière de la défense de Kiev dans la région orientale du Donbass.
Un rapport
du New
York Times publié dimanche a souligné l’énorme ampleur des pertes subies par les forces ukrainiennes ces dernières semaines. De toute évidence, le groupe Wagner
d’entrepreneurs militaires russes qui menaient les combats a immobilisé les forces ukrainiennes en position défensive, forces estimées à environ 30 000 soldats, y compris des unités
d’élite « qui ont été usées par
des assauts russes incessants ».
Le rapport du Times admet,
citant un responsable américain de la défense, que l’intention russe aurait pu être de faire de la ville de Bakhmut « un trou noir gourmand
en ressources pour Kiev ». Ce paradigme se répétera ailleurs également, sauf que les forces russes seront beaucoup plus fortes, bien supérieures en nombre et bien mieux
équipées et combattront à partir de positions fortement fortifiées.
Poutine a clairement indiqué lors de la réunion de vendredi que vaincre les banderites néo-nazis restera un objectif ferme. Bien que le changement de
régime à Kiev ne soit pas un objectif déclaré, Poutine ne se contentera pas d’une répétition du cessez-le-feu et de la paix comme en 2015, qui a laissé au pouvoir un régime anti-russe par
procuration des États-Unis.
Cela dit, Poutine a souligné que « malgré tous les
problèmes liés à l’opération militaire spéciale, nous ne changeons pas nos plans pour le développement de l’État, pour le développement du pays, pour le développement de l’économie, de sa
sphère sociale, pour projets nationaux. Nous avons d’énormes, grands projets… »
Pris ensembles, tous ces éléments définissent la future offensive d’hiver de la Russie. Le commandant de théâtre choisi par Poutine en
Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, n’est pas dans le moule de Patton ou de MacArthur. Fondamentalement, il tient la boussole des opérations militaires spéciales, tout en
incorporant l’expérience accumulée au cours des 8 derniers mois d’implication de l’OTAN dans les combats. Mais jamais Poutine n’a utilisé l’expression « guerre » pour caractériser le
conflit.
Une interview de Maria Zarakhova : "Ici, Macron nous a tous fatigués"
Source : Le Point - Le 17/11/2022.
ENTRETIEN. La porte-parole de la diplomatie russe a reçu « Le Point » pour expliquer sans fard la vision de Moscou sur l’Occident, l’Europe et l’Ukraine.
Propos recueillis par notre envoyée spéciale à Moscou, Anne
Nivat
Le Point : Qu'est-ce que l'Occident aurait selon vous « raté »
dans ses relations avec la Russie ? Et plus particulièrement dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine
Maria Zakharova : Tout a commencé à la fin des années 1980 et au
début des années 1990. À l'époque, on pouvait encore différencier l'Europe des États-Unis. Avant la dislocation de l'URSS, le monde était bipolaire. Quand les États
membres du pacte de Varsovie ont commencé à le quitter – et ce processus a débuté avant la fin de l'URSS –, l'Europe aurait pu affirmer son indépendance. L'URSS était
en faveur de l'union des deux Allemagne, les États-Unis étaient contre… C'est là que l'Europe a commencé à saisir ce que ça signifiait d'être vraiment l'Europe unie, sans
ligne de démarcation. Elle a commencé à s'unir. Là aussi, nous étions pour. Nous disions : nous sommes avec vous ! Unissons-nous, intégrons-nous !
Construisons un avenir ensemble ! Mais là, ça a été l'horreur : les États-Unis d'Amérique, les élites, « l'État profond », je ne sais pas vraiment, ont
tout d'un coup compris que ça serait un cauchemar. Que si l'Europe s'unissait avec nous, avec nos ressources russes, ça leur ferait non seulement de la concurrence, mais
ça serait même la fin pour eux. D'abord, ils se sont prononcés contre notre intégration, ont refusé le régime sans visa, ensuite, ils ont commencé le processus de
rapprochement de leurs bases militaires, avec des contingents et du matériel, vers nos frontières. Puis ils ont accepté de nouveaux membres dans l'Otan, mais surtout,
ils ont créé ce narratif historique anti-russe.
Au début des années 2000, quand on a fini par comprendre de quoi il s'agissait, nous leur avons dit : eh, dites donc camarades, quel
monde construit-on ? C'est nous qui nous sommes ouverts à l'Occident, et pas l'inverse ! L'Europe, elle, a poursuivi son intégration, notamment économique :
création de l'euro, de Schengen ; et pour les États-Unis, ça a été un second choc : le dollar a cessé d'être la seule devise dominante. Or le dollar n'est
sécurisé que sur sa propre dette, sur rien d'autre. Alors que l'euro, lui, est sécurisé par le niveau économique élevé d'une vingtaine de pays, sans compter les économies
des pays de l'Europe orientale, de l'Europe centrale et du Nord… Pardon, mais c'est une économie puissante, et qui, en plus, à ce moment-là, se nourrissait du fort
potentiel des ressources russes ! En face, la devise américaine, c'est une bulle de savon ! Là, ils ont compris qu'il fallait agir, non seulement envers nous,
mais aussi envers l'Europe : ils ont commencé à saper nos liens énergétiques avec l'Ukraine qui est devenue le nœud central de cette politique. Les politiques
ukrainiens se sont mis à s'écrier qu'on était très dangereux parce qu'on ne leur livrait pas notre gaz gratuitement, les Américains ont répondu aux Européens, mais achetez
donc le nôtre ! Les Européens ont rétorqué : il est cher, si on achète plus cher, nos opinions publiques ne comprendront pas… Augmentez donc les impôts, ont-ils
répondu ! Problème, parce que les impôts, c'est aussi le peuple, a répondu l'Europe. OK, d'accord, débrouillez-vous, voilà ce qu'on dit les Américains. Donc,
l'Ukraine, c'est juste un instrument, c'est tout !
L’Europe a deux bananes dans les oreilles.
Donc, pour vous, cette situation n'est pas une nouveauté ?
Quelle nouveauté ? Que l'Europe a les deux yeux fermés et deux bananes dans les oreilles ? Tout ça, c'est à cause de vos médias
qui ne se sont jamais déplacés dans le Donbass pendant toute cette période, à l'exception de quelques-uns. Au moment de Pussy Riot ou de Navalny, en revanche, ils étaient
tous là. Mais là-bas, quand des milliers de personnes mouraient, il n'y avait personne. Et savez-vous que depuis 2014, les Criméens n'ont pas eu droit à des visas
Schengen ? Pourquoi ? Parce qu'ils auraient pu raconter la situation ! En revanche, il suffisait de venir en Crimée pour s'en rendre compte par
soi-même. En 2016, on a organisé des voyages de presse en Crimée, on a demandé aux journalistes ce qu'ils voulaient voir et faire, on a dit OK à tout. Un Français a dit
qu'il voulait aller sur la base navale de la flotte de la mer Noire. On a accepté. Mais quand on a lu son article, on n'en croyait pas nos yeux, une telle censure !
Son titre était quelque chose du genre « pour faire peur à l'Europe, la Russie a regroupé des journalistes et leur a montré la flotte de la mer Noire », et vous
me demandez pourquoi l'Europe n'est au courant de rien ! Justement à cause de ce genre de journalistes !
Depuis neuf mois, la Russie a-t-elle réussi à développer ses relations avec des pays en dehors de la sphère
occidentale ?
Nous ne nous impliquons pas dans des coups ou des renversements. Pendant toutes ces années, nous nous sommes vraiment efforcés de nous
tourner vers l'Occident. Aujourd'hui, nous souhaitons avoir des relations harmonieuses et équilibrées avec tous ceux avec qui il est possible de construire des relations
sur un pied d'égalité, mutuellement respectueuses et bénéfiques. Une conception « multi vecteurs » avait commencé à être déployée dès l'arrivée de Primakov aux
Affaires étrangères (Evgueni Primakov a été ministre des Affaires étrangères de 1996 à 1998 avant de devenir Premier ministre, NDLR). Avant lui, on
n'avait d'yeux que pour l'Occident. Kozyrev (Andreï Kozyrev a été ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1996, NDLR) avait même prononcé la phrase
suivante : « Il est impossible pour la Russie d'avoir des intérêts qui différeraient de ceux des États-Unis » ! Oui, il l'a dit, et aujourd'hui il dit
que Lavrov était bien avant, et qu'aujourd'hui, il est terrible… Mais ce qui est terrible, c'est justement ce qui s'est passé avec Kozyrev, et pas avec Lavrov. Ceux qui
ont dirigé la Russie dans ces années 1990 avaient même l'impression qu'ils pouvaient réduire le nombre d'ambassades russes dans le monde, et ils l'ont
fait ! Ils ne payaient pas les salaires des fonctionnaires du ministère, ne les envoyaient plus en mission, etc. Primakov, lui, a insisté sur nos intérêts
nationaux et sur la nécessité d'une diplomatie forte. Il a tout fait pour qu'on reçoive nos salaires et que nos ambassades ne manquent de rien. C'est depuis ce moment-là
que la Russie a commencé à tisser des liens étroits en dehors de l'Occident. Et aujourd'hui, ces pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine sont justement ceux qui,
contrairement aux exigences des USA, n'adoptent pas de position anti-russe. Et ils représentent la majorité des pays du monde !
L’armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir.
L'Occident mène-t-il, selon vous, une politique anti-russe ?
Ce n'est pas une position anti-russe, c'est une position antinationale vis-à-vis de vos propres peuples. Qu'avons-nous à voir
là-dedans ? Bien sûr, nous aimerions être perçus normalement, objectivement et positivement, mais que peut-on y faire ? En premier lieu, c'est vous-même que vous
détruisez ! Finalement, vous n'avez plus rien, vous ne disposez plus des ressources ni des possibilités que vous offraient les relations avec la Russie, et vous
n'avez même plus la paix en Europe. L'Ukraine flambe depuis 2014 dans le Donbass et personne ne s'en préoccupait. Vous n'arrivez même pas à comprendre que tout
l'armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir. Vous savez pourquoi ? Parce que ce que vous pensez être la mafia
« russe » n'a jamais été « russe », ce sont plutôt des gars de Moldavie et d'Ukraine. Vous avez toujours cru que tous ceux qui venaient de l'ex-URSS
étaient des Russes, vous n'avez jamais fait la distinction. Vos ministères de l'Intérieur, vos forces policières et services de renseignements sont au courant, mais
l'opinion publique en général ne le sait pas. Je vous félicite, après avoir reçu les « élites » d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, aujourd'hui vous avez
remplacé tout ça par des gens qui viennent d'Ukraine, mais ce ne sont pas des gens qui veulent travailler ou étudier…
Vous voulez dire, les réfugiés de guerre ?
Oui, vous les appelez comme ça. Beaucoup souffrent de la situation humanitaire, c'est vrai, mais ce ne sont pas des gens qui apporteront
leur part personnelle à la vie en Europe, ils vont juste en profiter ! Ils ont besoin d'allocations, de logements et ils utiliseront cette situation politique. Ils
ont vu comment en profiter… Nous connaissons leur mentalité, vous non. Vos belles valeurs sur la tolérance ont perdu leur sens : on est passé à la complaisance. La
tolérance n'est plus du tout le respect d'un avis différent ou la possibilité d'écouter quelqu'un qui n'a pas la même mentalité que vous, c'est devenu une complaisance
vis-à-vis de tous ses actes d'une personne, bons ou mauvais. Du coup, c'est le chaos.
Parleriez-vous ainsi si nous étions avant le début de la guerre, en février 2022 ?
Bien sûr ! Ça fait des années qu'on le dit, au moins depuis 2014. Et souvenez-vous qu'en 2007, Vladimir Poutine était venu à la
conférence de Munich. Il avait dit : « Réfléchissez bien, que voulez-vous de nous ? Que nous soyons ensemble ou pas ? Sachez que nous, on ne peut pas
rester impassibles face à vos mensonges ! » En 2015, sur la Syrie, Poutine déclare à l'Assemblée générale de l'ONU : « Si vous voyez, comme moi, que
l'État islamique existe, il faut s'unir pour le contrer. Comme en 1941, quand nous avons tous raté Hitler justement parce que vous ne vous étiez pas décidé à temps !
Unissons-nous et ensemble, nous vaincrons l'EI. » Une moitié du public s'est moquée, l'autre a hué… Poutine a dit OK, il est rentré à Moscou, et la semaine suivante
nos avions partaient pour la Syrie. Il avait raison, en tous points, même si, à l'époque, beaucoup nous ont menacés. Aujourd'hui, les mêmes pays nous remercient et nous
disent qu'on les a sauvés ! Qu'est-ce que vous croyez ? Que ça se serait terminé comme ça avec la Syrie ? Pas du tout, « l'Occident collectif »
aurait été ailleurs, là où il y a du gaz et du pétrole. Ils ne vont jamais là où règnent la pauvreté, les problèmes et la famine. Uniquement là où il y a des
ressources.
L'Occident ne se serait réveillé qu'à cause du conflit en Ukraine ?
Qui s'est réveillé ? L'Occident ? Il dort d'un sommeil léthargique. Ce sont les États-Unis d'Amérique les plus actifs à ce jeu.
L'Union européenne est un peu comme le Titanic, l'eau rentre par tous les côtés, mais l'orchestre continue à
jouer !
Dès que la bataille est honnête, les Américains perdent.
Nous n'avons aucune intention de convaincre quiconque de quoi que ce soit. L'époque où on essayait de convaincre est passée, c'est leur
problème. À eux de voir comment ils vont prendre tout ça ! Certains dorment, ou nous sifflent, mais tous s'occupent de livraisons d'armes, et nous, on a déjà compris
que la discussion sous ce format était inutile. On leur a couru après pendant huit ans, on a essayé d'obtenir, via les Occidentaux, que Kiev respecte les accords de Minsk.
Pendant huit ans, les Occidentaux ne l'ont pas fait. Et on irait maintenant parler avec eux ? Je comprendrais que vous n'avez pas pitié de nous, je comprends même que
vous n'ayez pas pitié de l'Ukraine, mais enfin, vous n'avez même pas pitié de vous-mêmes, avec toutes ces armes que vous livrez, vous avez oublié tous les actes
terroristes commis sur vos sols ? Vous en avez tous subi. Personne n'y prête attention, c'est devenu un problème de politique intérieure. En plus, à la tête des
institutions politiques de certains de ces pays se tiennent des personnes liées aux États-Unis parce qu'elles y ont étudié, travaillé… Les États-Unis ne veulent qu'une
chose : primo, dominer le monde et être les seuls qui contrôlent tous les processus ; deuzio : ne pas avoir de concurrents… Or, dès que la bataille est
honnête, ils perdent. Technologiquement, ils ont déjà perdu face à la Chine ; économiquement, financièrement et d'un point de vue civilisationnel, ils ont perdu face
à l'Europe et au reste du monde ; du point de vue de leur complexe militaro-industriel, ils ont compris qu'ils étaient en retard. Pour ce qui est du cosmos, je suis
ravie qu'on puisse y envoyer des voitures, mais ça a été rendu possible grâce à nos fusées de lancement ! Tout ça n'est que de la com. En fait, les États-Unis ont
tout perdu à cause de la crise de leur système fondé sur cette suprématie du dollar. Leur dette est gigantesque. Leur économie n'est pas réelle, elle n'est que virtuelle.
Il vous faut des preuves ? Écoutez Trump ! Quand il parlait de « Make America Great Again » ça voulait dire qu'il fallait revenir à l'économie
réelle ! Souvenez-vous comment le G20 a été créé, en 2008, au moment où le marché américain de l'immobilier avait éclaté, embarquant avec lui toutes les Bourses
mondiales. C'était une crise mondiale mais artificielle, à cause du système hypothécaire américain… Or, là, en 2008, ils avaient besoin de tout le monde pour réanimer le
système économique mondial, de l'UE, du Brésil, des pays du Golfe, de la Russie, de la Chine. « Big Brother », pardon pour l'expression, avait fait dans sa
culotte, il fallait que tout le monde aide… Ensuite, quand il s'est remis, « Big Brother » a commencé à se mêler de l'Irak, de la Libye, de l'Afghanistan, de la
Syrie, et de l'Ukraine…
Les relations russo-américaines étaient-elles plus faciles sous Trump que sous Biden ?
Pas du tout, surtout quand, tous les jours, Trump était accusé d'avoir des liens spéciaux avec les Russes… Et qu'est-ce que ça veut dire
« plus facile » ?
N'est-ce pas plus compliqué aujourd'hui, avec Biden ?
Aujourd'hui, c'est plus marrant… Non, je plaisante, mais on se rend tous compte que ce qui se passe est absurde. Le scrutin qui a élu Biden
en 2020 s'est déroulé de manière sauvage, pas honnête. Les Américains eux-mêmes le disent : lisez les sondages selon lesquels la population ne croit pas en
ces résultats ! Et de quelle liberté d'expression parle-t-on quand on ferme le compte Twitter d'un président en exercice, rendez-vous compte, en exercice !
Uniquement parce que c'est le souhait des sphères libérales ! En 2016, Trump a gagné justement parce qu'il avait été capable de s'adresser directement à son public
via les médias sociaux. Pendant ces 4 ans, il n'y a pas eu un seul jour où on ne l'accusait pas de liens avec la Russie, mais qu'avons-nous donc à voir
là-dedans ? En revanche, nous avons bien vu comment certains dirigeants européens étaient liés, eux, à Hillary Clinton. François Hollande, par exemple, qui l'a
félicitée avant même que les résultats soient proclamés, il voulait sans doute être le premier. Le problème est plutôt qu'on a accusé la Russie de soutenir Trump, même si
aucun fait ne le prouve, alors que certains soutenaient ouvertement Hillary Clinton et là, c'est encore une fois deux poids, deux mesures. Ils pensent qu'ils ont le
droit de le faire et pas nous. Ils expliquent que c'est parce que nous ne serions pas une « vraie » démocratie. Voilà, tout est dit. Classe ! On leur
demande : mais qui définit une « vraie » démocratie ? Nous, « l'Occident collectif », ils répondent. L'Iran ? Non, l'Iran n'est pas une
démocratie, le Venezuela ? Non plus… En 2020, Mme Rodriguez, la vice-présidente du Venezuela, a prononcé une phrase géniale lors d'une visite ici à Moscou :
« Savez-vous combien de scrutins électoraux nous avons organisés ? Pas un seul n'a plu aux États-Unis ! Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas les
élections qui les intéressent, mais leurs résultats ! » C'est ainsi : les Américains ne considèrent comme légitimes que les résultats électoraux qui leur
conviennent.
Le Wall Street Journal affirme que, ces dernières semaines, le Kremlin
et l'administration présidentielle ont mené des discussions officielles concernant la menace nucléaire. Confirmez-vous ?
Je ne sais pas à quels contacts en particulier vous faites allusion. En revanche, pour ce qui concerne notre position sur l'arme nucléaire,
nous essayons de rassurer tout le monde. Nous avons publié une déclaration à ce propos sur le site du ministère des Affaires étrangères. Cessons ces spéculations, cessons
d'en parler.
Mais si Vladimir Poutine en parle, les spéculations reprendront…
En parle-t-il maintenant ? Non. C'est nous qui décidons ce qu'on a envie de dire, et vous, vous décidez ce que vous avez envie
d'entendre. Nous continuerons à dire ce que nous avons envie de dire. Et pour ce qui est de poursuivre le dialogue, écoutez… Ici, Macron nous a tous fatigués. Surtout
quand on a appris que pendant ses coups de fil avec Moscou, il y avait une caméra derrière lui et que tout était enregistré pour un film (Un président, l'Europe et la guerre, 2022, NDLR). Avec qui on parle alors, et de quoi ? Cela fait huit ans qu'on a déjà discuté de tout
et pour ce qui est de l'Ukraine, ce sont les États-Unis qui décident. Rendez-vous compte que l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne a traité le chancelier Scholz de
« saucisse offensée » (en mai 2022, NDLR), c'est comme s'il lui disait que son seul boulot était de continuer à donner de l'argent, des armes. Avec qui
pourrait-on parler de l'Ukraine dans l'UE ? Conseillez-moi. Peut-être avec Borrell ? Ou avec un Italien ? Ou avec l'Allemande Baerbock, spécialiste de
l'écologie ? Avec qui parler, et de quoi ? Ils ne savent même pas de quoi ils parlent…
Personne en Europe ne pourrait donc influencer la situation ?
Ils le pourraient, s'ils admettaient que le centre des décisions se trouve à Washington qui prend des sanctions, établit des listes, livre
des armes, dit qu'il faut accueillir des réfugiés, faire ceci, ou voter cela… Comment les Européens pourraient-ils admettre tout ça, alors qu'ils n'arrivent même pas à
être indépendants, c'est-à-dire à agir par eux-mêmes ? Le plus triste, et je le dis sur un ton sarcastique, c'est que chaque État de l'UE pense qu'il est indépendant,
en est convaincu, même s'ils sont incapables de dire en quoi ça consiste. Ils sont même incapables de poser des questions tout doucement, par exemple, celle-ci : qui
a fait exploser les gazoducs (Nord Stream, NDLR) au fond de la mer Baltique ? Ils n'ont même pas le droit de la poser. Pourtant, quand un certain Skripal avait été
empoisonné (Sergueï Skripal est un agent russe devenu un agent double britannique, qui a survécu en 2018 à une tentative d'empoisonnement au Novitchok, NDLR),
toute l'Europe en parlait… mais en quoi cela concernait-il la France, l'Italie, la Grande-Bretagne ? Ils ne savaient même pas ce qui s'était vraiment passé. Alors que
ce projet est celui d'une infrastructure nous concernant tous. Oui, c'est notre gaz et nos tubes, mais pour approvisionner l'Europe ! Il a été détruit et aucun chef
d'État ou Premier ministre de l'UE n'ose poser cette question simple : qui a fait ça ? Et vous me parlez de politique indépendante européenne ! Le peuple,
lui, est capable de se poser des questions, mais chez lui, pas publiquement. Dès que quelqu'un s'exprime là-dessus, les services spéciaux viennent le voir et l'accusent
d'être un agent russe.
Vous pensez que ce que vous dites là arrive en France ?
Je ne le pense pas, je le sais…
La russophobie existe-t-elle en France ?
Les Français tentent d'y résister parce qu'ils lisent, regardent des films, vont au théâtre et qu'ils sont habitués à penser et réfléchir
par eux-mêmes grâce à leur niveau de culture. Mais on essaie de la leur imposer d'en haut. Comme en Espagne, au Portugal et en Grèce.
Vous évoquez souvent ce que vous qualifiez de « deux poids, deux mesures » entre la Russie et l'Occident,
pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par-là en rapport avec l'Ukraine ?
Voici un exemple : en 2012, un groupe de jeunes femmes russes habillées en punk a fait irruption dans une cathédrale de Moscou. Elles
s'appelaient les Pussy Riot. Elles ont bondi derrière l'autel, dansé sur fond d'icônes et d'objets saints, fait quelques déclarations et posté ce moment sur les médias
sociaux. En Russie, le peuple et les structures de sécurité ont été épouvantés. Cette cathédrale du Christ Sauveur est la plus grande sur le territoire de la Russie, elle
a été complètement reconstruite après sa destruction par les communistes qui en avaient fait une piscine. Elle avait été érigée avec l'argent du peuple, d'abord au
XIXe siècle pour célébrer notre victoire sur Napoléon en 1812, puis au XXe. Ces
filles ont profané en quelques minutes tout ce en quoi les gens de notre pays croient ! Elles voulaient provoquer. Le monde libéral les a défendues et aussi Madonna,
Sting, Red Hot Chili Peppers, etc. On nous disait : Comment osez-vous punir des jeunes femmes pour leurs actes civiques ? C'est de l'art ! Aujourd'hui,
on voit qu'en différentes parties de l'Europe des activistes, du même âge qu'elles, pénètrent dans les musées et jettent une substance sur des œuvres. Ils protestent
contre ce qu'ils estiment être un préjudice infligé à la nature par les industries. Leur but n'est pas de détruire l'œuvre d'art protégée par une vitre, mais d'attirer
l'attention sur ce problème. Et que voit-on ? Personne ne s'exprime en leur faveur. Ni l'Union européenne, ni le président des États-Unis, ni aucun diplomate ne les
soutiennent, alors que chacun d'entre eux défend un programme environnemental et que dans tous ces pays, les démocrates considèrent l'écologie comme un thème central. Tout
ça pour vous dire que des actions grotesques similaires n'aboutissent pas aux mêmes réactions. Quand ça se passe en Russie, c'est critiqué, mais dès que ça touche
l'Occident, ces personnes sont considérées comme des hooligans ! Pourquoi ? J'aimerais bien le savoir ! Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Combien de
jeunes ont terminé en prison pour avoir participé aux Gilets jaunes en France ou à des protestations en Amérique ? Des centaines, des milliers de gens partis à
l'assaut du Capitole ont été pénalement condamnés. Mais dès que c'est chez nous, ça concerne immédiatement les États-Unis, Bruxelles, Paris, Rome, Madrid, Lisbonne !
J'ai envie de dire : eh, les amis, faudrait peut-être avoir les mêmes standards ! Pour ce qui est des élections, c'est la même chose. Aux États-Unis :
personne ne comprend ce qui s'est vraiment passé. Des observateurs de l'OSCE se sont exprimés avec grande délicatesse sur les violations. Je le sais, j'ai attentivement lu
leur conférence de presse. Alors que pour ces mêmes observateurs occidentaux, pas un seul scrutin ne s'est déroulé tranquillement chez nous. Chaque fois, c'était la même
hystérie. Nous ne nous mêlons pas des élections aux États-Unis, alors qu'ils ne se mêlent pas des nôtres ! C'est un second exemple. Et au Venezuela ! Pour les
Occidentaux, Maduro n'est pas président. OK mais qui est-ce alors ? Même si aujourd'hui, tout a changé, Macron l'a salué, et aussi Kerry qui, je le rappelle,
représente un pays qui le recherche.
Et l'Ukraine ?
En ce qui concerne l'Ukraine, tout a commencé quand les États-Unis, de concert avec l'Union européenne, Bruxelles, Berlin et Paris dans une
moindre mesure, Varsovie et les pays Baltes ont commencé à se mêler des affaires internes de ce pays, et ils n'ont pas fait que ça : ils ont carrément modelé la
situation sur place en dépensant de l'argent, en multipliant les soutiens politiques, en formant ceux qui, en 2014, avaient fomenté le coup d'État. En 2004, la Révolution
orange, c'était quoi ? Le troisième tour des élections ? Alors que tout le monde voyait bien que Ianoukovitch (l'ex-président ukrainien pro-russe
entre 2010 et 2014, NDLR) les avait gagnées. Tout le sud-est de l'Ukraine avait voté pour lui. Donc ils ont conçu une Ukraine à leur main, ont été à la source
d'un changement gouvernemental et ont transformé les problèmes énergétiques en facteur politique. Ce sont eux qui ont décidé comment l'Ukraine allait nous acheter de
l'énergie et que ces tuyaux passeraient à travers leur territoire en transit. Ensuite, il est apparu qu'eux seuls avaient le droit d'agir ainsi, encore un double standard,
et ça ne pouvait qu'exploser, car quand on met dehors à deux reprises un président élu, ça ne peut pas bien se passer. Ils l'ont viré comme un malpropre !
Pouvez-vous expliciter le terme « Occident collectif » ?
C'est le fait que vous n'avez aucune politique extérieure individuelle ! À de nombreuses reprises, lors de conférences de presse, j'ai
été témoin des questions posées par des journalistes à des ministres des Affaires étrangères des pays européens. Tous répondaient qu'ils n'avaient pas le droit de donner
leur avis sur des questions internationales globales parce qu'ils suivent une politique collective au sein de l'UE et de l'Otan. Donc ils ne peuvent que commenter que les
relations bilatérales. Vous êtes l'« Occident collectif » parce que vous êtes unis dans un système administratif de direction au sein de l'Otan. Depuis les
années 1990 et 2000, l'UE a cessé d'être une union politico-économique, elle est devenue une partie de l'Otan, elle a cessé d'être autonome. Pourtant, selon
certains sondages, la population de tel ou tel pays européen ne soutient pas les sanctions anti-russe, et ce, non par amour pour la Russie, mais parce que ça leur rend la
vie plus complexe, mais elle n'a aucun moyen de déléguer son opinion aux dirigeants. On sait très bien qui a pris le premier la décision des sanctions au lendemain de
2014, c'est Biden, alors vice-président, c'est lui qui a influencé la décision de l'UE, c'est de notoriété publique. C'est seulement après que les pays de l'UE ont décidé
de nous sanctionner, alors, vous voyez bien ce qu'on veut dire avec l'idée de « l'Occident collectif » ! Il n'y a rien de répréhensible à prendre une
décision de façon collective, nous aussi sommes membres de structures collectives, mais il y a une différence fondamentale : nous décidons avec les autres sur un pied
d'égalité. Sur certaines questions pas vraiment cruciales, les Européens prennent des décisions de concert, mais dès que certains pays sont tentés de prendre des décisions
qui leur seraient individuellement bénéfiques, mais qui diffèrent de ce qui est important pour la superstructure, ils sont punis. Regardez ce qui se passe en Pologne,
et ça n'a rien à voir avec la Russie, elle a sa propre législation nationale sur la question du genre ou la question nationale, mais si ça ne plaît pas à Bruxelles, ils
sont punis ! Et la Hongrie ! Comment on l'a traitée, comment on traite Orban ! Voilà : personne ne peut prendre ses propres décisions si elles ne
coïncident pas avec les opinions de « Big Brother ».
Que signifierait une défaite russe pour les peuples de l’Ouest ?
Les lecteurs réguliers du blog savent que je coupe notre pauvre
planète souffrant depuis si longtemps en deux parties fondamentales : La zone A, alias l’empire anglo-sioniste, alias l’Hégémon mondial, alias l' »Axe du bien » et ce que j’appelle la zone B, ou le monde
libre.
Très approximativement,
nous devons aussi séparer les élites dirigeantes des personnes qu’elles dominent. Voici, très approximativement, ce que nous obtenons :
Zone A
Zone B
Les élites dirigeantes
détestent la Russie/Poutine
Certaines craignent l’Hégémon, mais d’autres non
Les peuples
La plupart des gens sont indifférents ou hostiles
la plupart soutiennent la Russie et Poutine
Ensuite, je propose de faire une expérience simple. Supposons que la Russie perde la guerre contre l’OTAN. Nous n’avons pas besoin de préciser comment une telle
défaite pourrait exactement se produire, nous supposons simplement que la Russie est incapable d’atteindre ses objectifs de dénazification et de démilitarisation de l’Ukraine (et, en fait, de
l’ensemble de l’OTAN), que les forces de l’OTAN parviennent à vaincre la machine militaire russe (encore une fois, peu importe comment, avec ou sans Wunderwaffen) et que la Russie perde très
clairement.
Nous n’avons même pas besoin de définir ce que signifierait une « défaite » ? Nous pouvons peut-être imaginer que la Russie
conserve la Crimée, mais perde toutes les régions récemment libérées de l’ancienne Ukraine, ou peut-être que l’OTAN parvienne même à occuper la Crimée. Je ne vois pas de chars de l’OTAN dans le
centre de Moscou, mais nous pouvons même imaginer une défaite purement psychologique dans laquelle les deux parties pensent que la Russie a perdu et que l’OTAN a gagné.
Encore une fois, les détails, aussi improbables et éloignés de la réalité soient-ils, n’ont pas d’importance. Ce qui compte, c’est seulement ceci : une fois que les
quatre groupes ci-dessus auront réalisé que l’OTAN a vaincu la Russie, comment réagiront-ils ?
Pour les dirigeants de l’Hégémon, ce serait un rêve devenu réalité. En fait, les néoconservateurs qui dirigent l’Hégémon décideront très probablement qu’ils doivent
« finir le travail » qu’ils n’ont pas
terminé dans les années 90, et que la Russie doit être divisée en plusieurs parties. Ce serait la dernière « solution finale » de l’Occident pour le « problème russe« .
Pour les dirigeants du monde libre, une défaite russe signifierait qu’il n’y a plus d’alternative à l’Hégémon et que, qu’on le veuille ou non, les anglo-sionistes
dirigeront la planète. Comme les Borgs dans Star Trek aiment à le proclamer : « Nous sommes l’Hégémon. La résistance est futile. Vous serez
assimilés« .
Pour la plupart des gens du monde libre, une défaite russe serait une déception écrasante pour la simple raison que la plupart des gens verraient le plan
anglo-sioniste pour ce qu’il est : choper la Russie d’abord, puis s’attaquer à la Chine et la faire tomber, et enfin, l’Iran et toute autre nation qui ose désobéir aux dirigeants de
l’Hégémon.
Il est clair qu’il ne s’agit pas de l’Ukraine, mais de l’avenir de l’humanité dans son ensemble.
Mais qu’en est-il des personnes de la zone A qui vivent déjà actuellement sous le joug anglo-sioniste ?
[Petit
rappel : J’ai décidé, pour diverses raisons, de ne pas discuter de la politique intérieure des États-Unis sur le blog du Saker et je vais m’efforcer de respecter cette règle. Néanmoins, je vais
énoncer une évidence : nous connaissons tous le résultat des dernières élections aux États-Unis et les adultes dans la pièce comprennent ce qui s’est passé, pas besoin d’énumérer divers truismes
ici. S’il y a quelqu’un qui lit ceci et qui croit sincèrement qu’une variante du Parti-unique néoconservateur au pouvoir va changer les choses pour le mieux ou même ralentir l’effondrement
inévitable, je recommande à cette personne d’arrêter de lire ici. Maintenant, pour le reste d’entre nous :]
Je pense que la réaction initiale de la plupart des habitants de la zone A sera un mélange de soulagement (« Bien sûr, je savais que l’Occident gagnerait ! ») et
d’indifférence (les problèmes des transsexuels sont tellement plus importants !): leur vaillante « meilleure force de combat de l’histoire du monde » a botté
le cul d’un coco rookie qui méritait vraiment de se faire botter le cul. Certains des défenseurs les plus optimistes de la « civilisation occidentale » passeront même dans notre
section des commentaires pour jubiler « ha ! ha ! je
vous l’avais dit ! votre Poutine et ses généraux sans cervelle se sont fait botter le cul par les meilleurs généraux des États-Unis et de l’OTAN !« . Et pendant un moment, ils se
sentiront vraiment bien. Ils se sentiront justifiés : enfin, les Russes stupides et abrutis payent le prix pour avoir élu et soutenu un dirigeant aussi faible, indécis, naïf, corrompu,
incompétent (et peut-être même mourant d’un cancer) !
Et si seulement le Kremlin avait eu la sagesse d’écouter ses « amis occidentaux » !
Mais non, le Kremlin ne l’a pas fait, et maintenant, c’est l’enfer qu’il va subir. Bien sûr, si les « amis occidentaux » de la Russie avaient été aux commandes,
ils auraient exécuté une guerre éclair depuis longtemps, réduit Banderastan en miettes (à la Fallujah si vous voulez) et vaincu l’OTAN de manière rapide et décisive. Mais ces idiots du Kremlin
n’ont pas écouté, et ils méritent donc ce qui leur arrive.
D’accord, c’est bien comme cela.
Mais qu’en est-il des gens ordinaires de la zone A ? Ceux dont le « camp » est censé avoir « gagné » ?
Une fois que le bonheur initial et les célébrations seront passés, que leur arrivera-t-il ensuite ?
Quelqu’un veut-il deviner ? Si oui, postez vos idées dans la section des commentaires.
Je pense qu’après la défaite de la Russie, ce sera au tour de la Chine (par quelque moyen que ce soit). Une fois que cela se produira, tous les pays suivants seront
décapités et deviendront sans importance : BRICS, OCS, OSTC. Le prochain pays sur la liste des victimes de l’Hégémon sera l’Iran qui, ayant perdu le soutien de la Russie et de la Chine, ne sera
pas en mesure de défier avec succès l’Hégémon. Ce qui, à son tour, aura des conséquences majeures pour l’ensemble du Moyen-Orient. L’aspirant Pacha, Erdogan, sera très rapidement mis au pas. Idem
pour MBS.
Les Israéliens auront l’impression d’avoir suffisamment « amélioré l’univers » et que leur Messiah sera
le prochain
Avec la Russie et la Chine hors du chemin, l’Asie centrale serait un choix franchement facile pour l’Hégémon. En fait, tous les pays limitrophes de la Russie
seraient rapidement absorbés par l’Hégémon.
Il en va de même pour le Pakistan et l’Inde, qui perdraient rapidement la plupart (voire la totalité) de leur souveraineté. L’Afghanistan sera livré à ISIS (créé et
dirigé par les États-Unis). Finalement, l’Amérique latine et l’Afrique seront toutes deux entièrement recolonisées (au grand soulagement et à la grande joie de la classe compradore
locale).
Je pense que toute personne disposant d’un minimum d’informations et d’intelligence conviendra que la bande d’allumés qui dirige actuellement les États-Unis et la
quasi-totalité des pays de l’Union européenne n’en ont rien à faire des gens qu’elle domine : elle ne les considère que comme des moyens de production, en d’autres termes, comme des esclaves
auxquels il faut donner des quantités suffisantes de (mauvaise) nourriture et d’immenses quantités de « divertissements » (vraiment démoniaques) pour les garder
gentils, heureux et, surtout, obéissants et ignorants. Voici donc ma question :
La zone B ayant disparu, quel espoir d’un avenir meilleur, s’il en existe un, les esclaves de l’Hégémon anglo-sioniste pourraient-ils garder dans leur cœur si notre
planète entière se transforme en zone A ?
L’appareil répressif actuel dont dispose la classe dirigeante américaine, qui comprend 17 agences de « renseignements », le plus gros budget d’agression militaire
de la planète, le plus grand nombre de prisonniers détenus dans les prisons, le contrôle informationnel total fourni par Google, Amazon, Netflix, Facebook, Twitter, etc. etc. etc. des forces de
police militarisées et d’autres agences prêtes à faire face aux « terroristes domestiques » (parfois définis comme toute
personne soutenant MAGA), et un système scolaire et universitaire conçu pour créer un plancton de bureau obéissant (cols blancs) et des employés de fast-food (cols bleus) avec quasiment aucune
conscience, sans parler d’une quelconque compréhension, du monde extérieur. Les États de l’UE n’en sont pas encore là, mais ils rattrapent rapidement leur retard.
Ce n’est pas un système qui va simplement s’effondrer de lui-même ou, encore moins, être renversé par ses « déplorables« .
Je l’ai mentionné à maintes reprises dans le passé : le système politique américain n’est ni viable ni réformable.
Le système politique de l’UE est fondamentalement une extension du système politique américain, mais avec une mentalité coloniale plus prononcée (« fuck the EU« , n’est-ce pas ?).
Alors l’Hégémon va-t-il transformer notre planète entière en un Disney World géant et « woke » dirigé par des Néocons ?
Pas tant que la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres pays tiendront bon. Mais si ces « nations résistantes » sont écrasées, le spectacle sera
terminé pour les habitants de la zone A, dont l’esclavage non seulement durera encore plus longtemps, mais dont les conditions de vie continueront à se détériorer rapidement.
Et une fois que la tactique du « pain et des jeux » aura atteint ses limites, vous pouvez
parier que la répression violente sera la prochaine étape.
TOUT régime qui vise sérieusement à coloniser la planète entière (ce que l’Hégémon fait sans aucun doute !) maintiendra TOUJOURS sa propre population dans des
conditions d’esclavage, matériellement, culturellement et spirituellement.
Ainsi, pour paraphraser Malcolm
X, le seul espoir pour les « Nègres domestiques » [les esclaves qui travaillaient dans la maison du maitre,
NdT] reste encore « les Nègre des champs » [les esclaves qui travaillaient dans les plantations, NdT]. Que
les « Nègres domestiques » eux-mêmes le comprennent ou non n’a
aucune importance.
Permettez-moi de reformuler cela d’une manière encore plus choquante : le dernier et seul espoir pour les peuples des États-Unis et de l’UE est une victoire totale
de la Russie contre l’OTAN. Une défaite de l’OTAN entraînerait la chute non seulement de l’OTAN elle-même, mais aussi de l’UE, ce qui, à son tour, obligerait les États-Unis à devenir (enfin !) un
pays normal et civilisé.
Quant à l’UE, une défaite de l’OTAN signifierait la fin de mille ans d’impérialisme.
Je sais. Pour une civilisation construite sur l’hypothèse de sa supériorité raciale (qu’elle soit officiellement proclamée ou non), l’idée que le seul salut
possible puisse venir de « barbares asiatiques
inférieurs » est choquante et ne peut être considérée que comme une forme extrême de « doubleplusmauvaisecrimepensée ». Une telle pensée est,
littéralement, impensable pour la plupart des gens.
Pourtant, comme je l’ai mentionné plus haut, que les « Nègres domestiques » le comprennent ou pas importe peu. Non
seulement ils n’ont aucun pouvoir, mais ils n’en veulent aucun (y-a-t-il un polonais dans la salle ?).
Conclusion
La Russie ne perdra pas cette guerre, la plupart d’entre nous le comprennent. Mais pour ceux qui ne le comprennent pas, je vais proposer une conclusion simple : une
défaite russe serait un désastre pour la Russie. Et pour la Chine. Et pour le reste de la planète. Mais ce serait aussi une véritable calamité pour les peuples opprimés de l’Ouest. Ils devraient
faire très attention à ce qu’ils souhaitent. Et la prochaine fois qu’ils voudront halluciner et se réjouir d’une « retraite/défaite stratégique de la Russie« , ils devraient
se poser cette simple question : qu’est-ce que cela pourrait signifier pour moi et mon avenir ? Ai-je vraiment raison de me réjouir ?
Ou alors ils sont peut-être tellement habitués à être des esclaves que l’idée d’une liberté et d’une diversité réelles les terrifie.
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Déclaration de la Fédération de Russie
sur la prévention d’une guerre nucléaire.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et en vertu du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Fédération de Russie,
l’une des puissances nucléaires, porte une responsabilité toute particulière dans le renforcement de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique.
Dans sa politique de dissuasion nucléaire, la Russie reste strictement attachée au principe selon lequel la guerre nucléaire, dans laquelle il ne peut y
avoir de vainqueurs, est inadmissible et ne doit jamais être déclenchée.
Le cadre doctrinal russe dans ce domaine est clairement défini et est de nature purement défensive ne permet pas d’interprétation floue.
La réaction avec l’utilisation d’armes nucléaires n’est hypothétiquement admise par la Russie qu’en réponse à une agression menée avec l’utilisation d’armes
de destruction massive ou une agression avec l’utilisation d’armes conventionnelles, lorsque l’existence même de l’État est menacée.
La Russie part de la pertinence immuables des accords existants dans le domaine de la réduction et de la limitation des armes nucléaires, de la réduction
des risques stratégiques et de la menace d’incidents et de conflits internationaux lourds d’une escalade au niveau nucléaire. Nous réaffirmons pleinement notre attachement à la
déclaration commune des dirigeants des cinq États dotés d’armes nucléaires sur la prévention d’une guerre nucléaire et la non-admission d’une course aux armements du 3 janvier 2022. Nous
sommes fermement convaincus que dans le contexte actuel difficile et turbulent, la situation, qui est devenue le résultat d’actions irresponsables et éhontées visant à saper notre
sécurité nationale, la priorité consiste à empêcher tout affrontement militaire entre puissances nucléaires.
Nous appelons les pays du P5 à démontrer leur volonté d’œuvrer à la résolution de cette tâche prioritaire et à abandonner les tentatives dangereuses
d’affecter les intérêts vitaux des uns et des autres, en se balançant au bord d’un conflit armé direct et en encourageant les provocations avec des armes de destruction massive, ce qui
peut entraîner des conséquences catastrophiques.
La Russie prône toujours la formation d’une architecture de sécurité internationale renouvelée et plus stable, fondée sur la garantie de la prévisibilité et
de la stabilité stratégique mondiale, ainsi que sur le respect des principes d’égalité, de sécurité indivisible et de considération mutuelle des intérêts fondamentaux des parties.
source : Service de presse de l’ambassade de la Fédération de Russie via La
Plume du Citoyen
Le discours prononcé par Vladimir
Poutine au club Valdai la semaine dernière, au lendemain de la publication par l’administration Biden de sa stratégie de sécurité nationale, montre comment les lignes de bataille ont été
tracées.
Le discours-programme prononcé par le président russe Vladimir Poutine au Valdai Club jeudi dernier semble avoir mis la Russie sur une trajectoire de
collision avec « l’ordre international fondé sur des règles » (OIFR) dirigé par les États-Unis.
Deux semaines plus tôt, l’administration Biden avait publié sa stratégie de sécurité nationale 2022 (SSN), une défense en fanfare de l’OIFR qui déclare
pratiquement la guerre aux « autocrates » qui « font des heures supplémentaires pour saper la démocratie ».
Ces deux visions de l’avenir de l’ordre mondial définissent une compétition mondiale qui est devenue existentielle par nature. En bref, il ne peut y avoir
qu’un seul vainqueur.
Étant donné que les principaux acteurs de cette compétition sont les cinq puissances nucléaires déclarées, la façon dont le monde gère la défaite du camp
perdant déterminera, en grande partie, si l’humanité survivra à la prochaine génération.
« Nous sommes maintenant dans les premières années d’une décennie décisive pour les États-Unis et le monde », a écrit le président américain Joe
Biden dans l’introduction de la SSN 2022. « Les termes de la compétition géopolitique entre les grandes puissances seront fixés … l’ère de l’après-guerre froide est définitivement
terminée, et une compétition est en cours entre les grandes puissances pour façonner ce qui vient ensuite ».
La clé pour gagner cette compétition, a déclaré Biden, est le leadership américain : « La nécessité d’un rôle américain fort et déterminé dans le monde
n’a jamais été aussi grande ».
La SSN 2022 a défini la nature de cette compétition en termes clairs. Biden a déclaré : « Les démocraties et les autocraties sont engagées dans un
concours visant à montrer quel système de gouvernance peut le mieux servir leur peuple et le monde ».
Les objectifs américains dans cette compétition sont clairs :
« Nous voulons un ordre international libre, ouvert, prospère et sûr. Nous recherchons un ordre qui soit libre dans la mesure où il permet aux gens de
jouir de leurs droits et libertés fondamentaux et universels. Il est ouvert en ce sens qu’il offre à toutes les nations qui adhèrent à ces principes la possibilité de participer à
l’élaboration des règles et d’y jouer un rôle.
Le président
Joe Biden s’entretient avec le conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan, à gauche, pendant un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 25
août. (Maison Blanche, Adam Schultz)
Selon Biden, les forces autocratiques, dirigées par la Russie et la République populaire de Chine (RPC), font obstacle à la réalisation de ces objectifs.
« La Russie », a-t-il déclaré, « représente une menace immédiate pour le système international libre et ouvert, bafouant imprudemment les lois fondamentales de l’ordre
international aujourd’hui, comme l’a montré sa brutale guerre d’agression contre l’Ukraine ». La RPC, en revanche, est le seul concurrent qui a à la fois l’intention de remodeler
l’ordre international et, de plus en plus, la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique pour faire avancer cet objectif ».
La Russie et la Chine
Bien entendu, la Russie et la Chine s’offusquent de la vision du monde de Biden, et en particulier du rôle qu’elles y jouent. Cette objection a été exprimée
le 4 février, lorsque Poutine a rencontré le président chinois Xi Jinping à Pékin, où les deux dirigeants ont publié une déclaration commune qui a servi de véritable déclaration de guerre
contre l’OIFR.
« Les parties [c’est-à-dire la Russie et la Chine] ont l’intention de résister aux tentatives visant à substituer des formats et des mécanismes
universellement reconnus et conformes au droit international [c’est-à-dire l’ordre international fondé sur le droit (OIFD)] », peut-on lire dans la déclaration commune, « à des
règles élaborées en privé par certaines nations ou certains blocs de nations [c’est-à-dire l’OIFR], et sont opposées au traitement indirect et sans consensus des problèmes internationaux,
à la politique de puissance, à l’intimidation, aux sanctions unilatérales et à l’application extraterritoriale de la juridiction ».
Le président
russe Vladimir Poutine s’entretenant à Pékin avec le président chinois Xi Jinping, le 4 février. (Kremlin.ru, CC BY 4.0, Wikimedia Commons)
Loin de chercher la confrontation, la Russie et la Chine, dans leur déclaration commune, ont fait tout leur possible pour souligner la nécessité de la
coopération entre les nations :
« Les parties réitèrent la nécessité de consolider et non de diviser la communauté internationale, la nécessité de coopérer et non de s’affronter. Les
parties s’opposent au retour des relations internationales à l’état de confrontation entre grandes puissances, lorsque le faible est la proie du fort. »
La Russie et la Chine estiment que les problèmes auxquels le monde est confronté proviennent des pressions exercées par l’Occident collectif, dirigé par les
États-Unis. Ce point a été souligné par Poutine dans son discours de Valdai.
« On peut dire, a noté Poutine, que ces dernières années, et surtout ces derniers mois, l’Occident a fait un certain nombre de pas vers l’escalade. À
proprement parler, il mise toujours sur l’escalade ; ce n’est pas nouveau. Il s’agit de l’instigation de la guerre en Ukraine, des provocations autour de Taïwan, et de la déstabilisation
des marchés alimentaires et énergétiques mondiaux ».
Selon Poutine, il n’y a pas grand-chose à faire pour éviter cette escalade, car la racine du problème est la nature même de l’Occident. Il a déclaré
:
« Le modèle occidental de mondialisation, néocolonial à la base, était également construit sur la standardisation, sur le monopole financier et
technologique, et sur l’effacement de toutes les différences. La tâche était claire : renforcer la domination inconditionnelle de l’Occident dans l’économie et la politique mondiales, et
pour cela mettre à son service les ressources naturelles et financières, les capacités intellectuelles, humaines et économiques de la planète entière, sous couvert de la soi-disant
nouvelle interdépendance mondiale ».
La suprématie occidentale
Il ne peut plus y avoir de concept de coopération entre la Russie et l’Occident, a déclaré Poutine, parce que l’Occident dominé par les Américains adhère
fermement à la suprématie de ses propres valeurs et systèmes, à l’exclusion de tous les autres.
Poutine s’en prend à cette exclusivité. « Les idéologues et les politiciens occidentaux, a-t-il déclaré, disent au monde entier depuis de nombreuses
années : Il n’y a pas d’alternative à la démocratie. Cependant, ils parlent du modèle occidental, dit libéral, de démocratie. Ils rejettent toutes les autres variantes et formes de
démocratie avec mépris et – je tiens à le souligner – avec arrogance ».
En outre, Poutine a noté que « La poursuite arrogante de la domination mondiale, de la dictée ou du maintien du leadership par la dictée, conduit au
déclin de l’autorité internationale des dirigeants du monde occidental, et notamment des États-Unis ».
Le président
américain Joe Biden rencontre le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, le 14 juin 2021. (OTAN)
La solution, a déclaré Poutine, est de rejeter l’exclusivité du modèle américain de l’OIFR. « L’unité de l’humanité ne repose pas sur le commandement
‘faites comme moi’ ou ‘devenez comme nous' », a déclaré Poutine, notant plutôt qu’« elle se forme en tenant compte et en se basant sur l’opinion de tous et dans le respect de
l’identité de chaque société et nation. C’est le principe sur lequel un engagement à long terme dans un monde multipolaire peut être construit. »
Une bataille définie par les idées
Les lignes de bataille ont été tracées : d’un côté, la singularité dirigée par les États-Unis et, de l’autre, la multipolarité dirigée par la Russie et la
Chine.
Un affrontement militaire direct entre les partisans de l’OIFR et ceux de l’OIFD aurait des conséquences nucléaires et détruirait le monde qu’ils cherchent
à contrôler.
Ainsi, l’Armageddon imminent ne sera pas une bataille définie par la puissance militaire, mais plutôt par les idées – de quel côté peut influencer l’opinion
du reste du monde pour qu’il se range de son côté. C’est là que se trouve la clé pour déterminer qui gagnera – l’OIFR établi ou l’OIFD en devenir ?
La réponse semble de plus en plus claire : c’est l’OIFD, et de loin.
Les États-Unis sont en déclin. Le modèle américain de démocratie échoue chez nous et, en tant que tel, il est incapable d’être projeté de manière
responsable sur la scène mondiale comme quelque chose de digne d’être imité. L’OIFR est en train de s’effondrer.
Sur tous les fronts, il est confronté à des organisations qui embrassent la vision de l’OIFD et échoue. Le G7 perd contre les BRICS ; l’OTAN se fracture
tandis que l’Organisation de coopération de Shanghai s’étend. L’Union européenne s’effondre, tandis que la vision russo-chinoise d’une union économique transeurasienne est en plein
essor.
Carte de
l’Organisation de coopération de Shanghai, décembre 2021. (Firdavs Kulolov, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)