Lire la presse est dangereux...

...par Charles Gave - le 18/05/2018.

 

Economiste et financier

Président Fondateur de l'Institut des libertés (www.institutdeslibertes.org)

 

Diplômé de l'université de Toulouse (DECSS d'économie)

     et de l’université de Binghamton (MBA),

 

Président Fondateur de Gavekal research (www.gavekal.com) et de Gavekal securities (Hong Kong)

 

Membre du conseil d'administration de SCOR

Co-fondateur de Cursitor-Eaton Asset Management (Londres) (1986)

Créateur de l'entreprise Cegogest (recherche économique) (1973)

 

Ouvrages

Charles Gave s'est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire :

Des Lions menés par des ânes (Editions Robert Laffont) (2003) où il dénonçait l'Euro et ses fonctionnements monétaires.

     Ouvrage préfacé par Milton Friedman  : Un libéral nommé Jésus, Bourin, 2005

C'est une révolte ? Non, Sire, c'est une révolution. L'intelligence prend le pouvoir, Bourin, 2006

Libéral, mais non coupable, Bourin Éditeur, 2009

'Etat est mort, vive l'état - Editions François Bourin 2009

     Dernier ouvrage qui prévoyait la chute de la Grèce et de l'Espagne. 


Si j’en crois la presse française, l’économie en Grande-Bretagne va mal, très mal et cela serait dû à la décision de quitter ce havre de paix et de croissance que serait l’Europe, admirablement gérée par nos chères élites technocratiques comme chacun le sait. Nos médias expliquent ainsi que la croissance du PIB en Grande-Bretagne serait en train de s’effondrer. Il est vrai que les chiffres du dernier trimestre n’ont pas été bons. Ce que l’on ne vous dit pas, c’est que cet "effondrement" vient de la quasi-stagnation des dépenses de l’Etat depuis que les conservateurs sont revenus au pouvoir.

Admettons que 50 % du PIB dans un pays soit d’origine étatique et 50 % viennent du secteur privé. Si le secteur étatique cesse de croitre, la moyenne des deux va baisser. Celui qui pense que cette baisse est une mauvaise nouvelle croit sans doute que l’Union Soviétique a été un immense succès…  De fait, depuis le retour des Conservateurs, le poids de l’Etat dans l’économie britannique a déjà baissé de 4 points de PIB, ce qui ne s’est jamais produit en France, mais est habituel quand la droite est au pouvoir en Grande-Bretagne.

 

Comment les conservateurs arrivent-ils à ce résultat miraculeux ? En faisant baisser les effectifs de la fonction publique à chaque fois quand ils sont élus, ce qui est socialement insupportable et ne peut amener qu’à une dépression comme chacun devrait le savoir.

Les conservateurs (ces monstres), à partir de 2009, ont viré 1 million de fonctionnaires ou assimilés (les effectifs de la fonction publique passent de 6.4 millions à 5.4 millions en quelques années, échelle de droite) et la loi dite de Charles Gave se vérifie une fois de plus : pour chaque fonctionnaire qui disparaît, trois emplois au moins sont créés par le secteur privé, les emplois du secteur privé passant de 21.5 millions à 24.5 millions pendant la même période.

Notons de plus qu’il n’y a jamais eu autant de Britanniques au travail, 71% de la population contre 61 % en France et que le nombre d’emplois créés au Royaume-Uni a été plus de deux fois supérieur au nombre d’emplois créés en France depuis 2010…

 

Et comme la croissance du secteur privé est bonne, voilà qui favorise les rentrées fiscales… Et comme le maintien sous contrôle des dépenses de l’Etat reste très fort, à terme, le pays revient à l’équilibre budgétaire. En fait, d’après des chiffres préliminaires, il n’est pas impossible que le budget britannique repasse en excèdent dès 2018. Personne n’en parle en France…

Hors zone Euro, rien à signaler. En fait, la plus grosse partie du déficit extérieur vient de la zone euro, frappée de stagnation depuis au moins 10 ans et donc incapables d’importer des produits anglais… alors que les britanniques importaient joyeusement des produits européens.

La Grande- Bretagne va bien et continuera à aller de mieux en mieux puisque les emplois sont de vrais emplois créés par le secteur marchand…

Et donc certainement, la bourse de Londres doit être au plus haut par rapport à la bourse de Paris ….

Pas du tout ! Rarement la Grande-Bretagne a-t-elle été aussi bon marché par rapport à la France…

 

Source : http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/avec-l-europe/item/3336-lire-la-presse-est-dangereux

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