Le pilote qui a abattu le MH17 malaisien ne parlera plus

...par Stratediplo - le 26/03/2018.

 

  De formation militaire, financière et diplomatique, s'appuie sur une trentaine d'années d'investigations en sciences sociales et relations internationales.

 

 


Vladislav Volochine s'est éteint le 18 mars, dans sa chambre, d'une balle en plein coeur à l'âge de vingt-neuf ans. Pour mémoire, il s'agissait du pilote (alors capitaine) ukrainien qui avait abattu le vol malaisien MH17 le 17 juillet 2014.

 

La thèse retenue est celle du suicide, même si quelques journaux mentionnent qu'il se serait tiré plusieurs balles dans le coeur (la plupart ne mentionnent qu'une balle). Une enquête de principe a été ouverte par la police, comme l'exige la loi en cas de décès par arme à feu, et à plus forte raison sachant que l'immatriculation du pistolet trouvé près de lui avait été ôtée. Son épouse dit l'avoir trouvé mourant dans leur chambre, après avoir entendu un coup de feu. Elle a déclaré qu'il avait reçu la veille un appel téléphonique qui avait semblé l'abattre, et qu'il n'avait pas voulu en parler.

 

Evidemment la presse anglaise, à commencer par le Daily Star, accuse la Russie.

 

Certes l'entourage de Volochine explique que, depuis la tragique méprise du 17 juillet 2014 qui a coûté la vie à trois cents personnes, il n'était plus le même et se trouvait profondément dépressif. Mais c'était un officier, conscient de ses responsabilités de chef de famille, avec deux enfants très jeunes. La presse antirusse déclare qu'il a quitté l'armée de l'air "suite aux accusations proférées par la Russie", ce qui est faux puisqu'elles ne l'ont plus touché depuis qu'il les a démenties (spontanément ou sur ordre), en 2014, et qu'il était certainement mieux judiciairement protégé comme officier en service que comme civil. Les conséquences de son obéissance aux ordres du 17 juillet l'ont personnellement beaucoup affecté, mais il n'a démissionné de l'armée de l'air que deux ans et demi plus tard, en janvier 2017, pour des raisons économiques.

 

Dans beaucoup de pays les officiers font voeu d'austérité et de frugalité, mais en ex-Ukraine faillie même la solde à l'air d'un commandant (s'il refuse la corruption) permet difficilement de payer un loyer et de nourrir quatre personnes, et c'est pareil pour tous les grades d'officier dans toutes les armes, d'après l'intéressé. Pour expliquer sa démission, Volochine a aussi raconté que les pilotes devaient s'équiper sur leur solde pour améliorer leur sécurité. La combinaison des pilotes est de très mauvaise qualité, déchirable et inflammable, aussi ils en achètent ailleurs, comme lui qui avait commandé la sienne en Biélorussie. Ils n'ont pas de bottines et pilotent en espadrilles ou mocassins de sport selon leurs moyens, et des réseaux de volontaires leur offrent casque et masque modernes achetés en Russie. Pour s'engager dans l'armée ukrainienne il fallait posséder un sens du devoir certain, qui ressemble peu à la désertion d'un suicidé.

 

Le 16 juillet 2014, le régime "Maïdan" de Kiev a annoncé le déploiement d'au moins 27 systèmes anti-aériens Bouk-M1, alors que la résistance au coup d'Etat du 22 février ne possédait pas d'aéronefs. Le 17 au matin il a fait installer des missiles air-air, exceptionnellement déstockés à cet effet, sur deux Sukhoï-25 normalement voués à l'appui-feu (cibles au sol). Lorsque la Russie a confirmé le plan de vol de son avion présidentiel revenant ce jour-là du sommet BRICS à Fortaleza (Brésil), on a mis en alerte les pilotes, et après son passage au-dessus de la Pologne, communiqué par un pays tiers puisque l'Ukraine n'avait pas de satellite au-dessus de l'Europe de l'Est cette semaine-là, on a activé le radar de poursuite Koupol, d'une portée de 85 km, stationné depuis peu près de Styla. Mais celui-ci a accroché un avion erroné, le Boeing 777 malaisien venant d'Amsterdam qui était passé au-dessus de Varsovie, à la même altitude (10000 mètres) quarante minutes après l'Iliouchine 96 russe. L'avion approchant, on a alors fait décoller au moins un Sukhoï-25, et il semble même qu'on ait ordonné à la cible de modifier sa trajectoire et son altitude. Vu de l'arrière et de dessous (conditions de tir) à quelques kilomètres de distance, le nom de la compagnie marqué au-dessus et en avant des ailes était invisible, et le pilote a pris les bandes longitudinales bleue et rouge de l'avion malaisien pour les bandes rouge et bleue décrites pour l'avion russe. L'expert aéronautique allemand Peter Haisenko a déterminé d'après les débris que l'avion avait d'abord reçu un missile R60 qui aurait seulement détruit le moteur droit, puis qu'on avait mitraillé au canon de 30 mm la cabine de pilotage (ce qui confirme les observations de l'équipe de récupération de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), tuant les pilotes mais n'interrompant pas le vol de l'avion, et qu'enfin on aurait mitraillé la carlingue, l'explosion des réservoirs dans les ailes coupant alors l'avion en deux et provoquant sa chute. En rentrant à la base d'Aviatorskoïe le Sukhoï-25 de Volochine n'avait plus ses missiles, lui-même a déclaré qu'on l'avait envoyé descendre une cible erronée, et le soir au cercle en apprenant par la télévision la tragédie du Boeing malaisien, Volochine a déploré devant d'autres officiers que cet avion se soit trouvé "au mauvais endroit au mauvais moment".

 

Le 8 août un accord secret entre les gouvernements néerlandais, belge et australien et le régime issu du coup d'Etat du 22 février en Ukraine confiait aux Pays-Bas (pays d'origine de la majorité des victimes) l'enquête sur la destruction en vol du Boeing, en excluait la Malaisie et accordait à chacun de ces pays un droit de veto sur la diffusion des futurs résultats de l'enquête. La Russie immédiatement accusée et détentrice (car voisine) de preuves matérielles ne fut pas admise à y participer, de même que la Malaisie qui le demandait pourtant avec insistance puisque l'avion était non seulement la propriété d'une entreprise malaisienne mais également une portion du territoire malaisien, comme un navire, d'ailleurs en cas de naissance ou décès en vol (ce qui était le cas) il est enregistré par l'état-civil du pays d'immatriculation. Les Etats-Unis d'Amérique ont refusé de communiquer à cette commission d'enquête partiale les photographies que leur satellite Key Hole (entre autres) avait prises en survolant la zone au moment même de la tragédie, ce qu'ils cachèrent d'ailleurs pendant plusieurs jours jusqu'à ce que la Russie le prouve. Ladite commission d'enquête n'a jamais réclamé (et a laissé détruire par l'Ukraine) l'enregistrement des communications entre le Boeing et le contrôle aérien de Dniepropetrovsk, toujours examinées dans des cas similaires comme la Russie l'avait immédiatement rappelé et recommandé. Le régime ukrainien a fait pilonner la zone de l'écrasement chaque fois que les équipes de l'OSCE s'en approchaient, toujours après l'avoir annoncé. Le 21 juillet le Conseil de Sécurité de l'ONU a dû exiger, par sa résolution 2166 présentée par l'Australie (pour la Malaisie non membre) et soutenue par la Russie, un cessez-le-feu dans la zone de l'épave, que le régime ukrainien a ensuite violé tous les jours puis unilatéralement "annulé" le 7 août, et lorsque le 8 août la Russie a proposé une nouvelle résolution appelant l'Ukraine à respecter ce cessez-le-feu les Etats-Unis y ont opposé leur veto. Pendant quatre mois la commission d'enquête partiale refusa d'aller visiter le lieu sécurisé par la République de Donetsk (qui lui avait envoyé les boîtes noires récupérées sous le feu ukrainien), jusqu'à ce que cette dernière s'adressât à la Malaisie qui annonça alors l'envoi d'une mission médico-légale et technique... ce qui décida le gouvernement néerlandais à envoyer précipitamment une équipe pour enlever (voler) les débris appartenant à la Malaisie. Pour sa part la presse abonnée aux trois grandes agences de presse de l'Alliance Atlantique multipliait les mensonges, déclarant que le Sukhoï-25 plafonnait à 7600 m, présentant comme russe un convoi militaire (avec missile Bouk) aisément identifiable comme ukrainien filmé à Krasnoarmeïsk, prétendant prouver l'absence de systèmes anti-aériens ukrainiens dans la région par des images satellites prises une semaine après le drame, puis tentant de faire croire à son public que la Russie aurait introduit des armes anti-aériennes en Ukraine juste pour ce forfait puis les aurait retirées, etc. Comme Stratediplo l'écrivait le 23 décembre 2014, "la vérité sur le vol MH17 ne sera jamais publiée".

 

Après son départ de l'armée de l'air Volochine est entré comme cadre civil à l'aéroport de Mykolaïev, où il faisait fonction de directeur ce qui lui pourvoyait un salaire un peu meilleur pour entretenir sa famille. Il est difficile de croire qu'il l'ait soudain abandonnée à la misère sans une incitation très forte, faisant peut-être justement appel à sa responsabilité de protéger sa famille.

 

Le suicide sur ordre de Volochine annoncerait-il un réchauffement du plat MH17 ? Dans un article à diffusion limitée du 4 janvier 2015, Stratediplo écrivait, suite à l'offre hypocrite de trente millions de dollars par l'agence de détectives allemande Wifca pour des informations, que "c'est le capitaine ukrainien Vladislav Volochine qui a été envoyé descendre l'Iliouchine 96 qui ramenait le président Vladimir Poutine du Brésil le 17 juillet [...], mais il serait surprenant qu'il vive vieux"

Source : http://stratediplo.blogspot.com.es/2018/03/le-pilote-qui-abattu-le-mh17-malaisien.html

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