Coup d’Etat en perspective contre Trump

...par Finian Cunningham - le 22/07/2018.

La réaction américaine contre le président Trump lors du sommet avec le dirigeant russe Vladimir Poutine a été aussi féroce que prévisible.

Toutes les calomnies possibles ont été entendues. Mais c’est l’accusation de « traîtrise » qui met le président en danger.

Les démocrates, les républicains, les experts du renseignement d’État, les médias libéraux – tous ont lancé un torrent d’attaques contre Donald Trump pour avoir osé rencontrer Poutine à Helsinki cette semaine.

Le Washington Post a accusé Trump de « collaboration ouverte avec le chef criminel d’une puissance hostile ». Réfléchissons un instant à cette formule extrême. Les répercussions sont plus graves que jamais.

Comme d’autres politiciens et médias, le Post a déclaré que le président avait « trahi » les services de renseignement américains, se rangeant du côté du président Poutine en niant que la Russie était intervenue dans les élections américaines.

L’ancien chef de la CIA John Brennan a dénoncé Trump comme un « traître » qui avait « commis un crime grave » en organisant un sommet amical avec Poutine.

Trump est dénigré par la quasi-totalité de l’establishment politique et médiatique américain comme un ennemi « traître » de l’Etat.

Selon cette logique, il n’y a qu’une alternative : l’establishment américain appelle à un coup d’Etat pour destituer le 45ème président. Dans un article faisant état de cinq transgressions du président, le Washington Post a lancé l’ultimatum suivant : « Si vous travaillez pour Trump, démissionnez maintenant ».

La classe politique américaine a rendu son verdict selon lequel Trump était un ennemi de l’Etat et a ouvertement appelé à une mutinerie contre la Maison Blanche.

La survie politique de Trump est incertaine. Il est possible que la seule chose qui fait hésiter ses ennemis pour l’instant est leur réticence sur la manière dont les citoyens américains ordinaires réagiraient à une profonde manœuvre de l’État pour renverser le dirigeant élu.

Malgré l’hystérie de l’élite politique américaine à propos de la rencontre avec Poutine, la majorité des citoyens américains semblent plutôt optimistes quant à l’évolution de la situation. Beaucoup d’Américains applaudissent la tentative de Trump de normaliser les relations avec Moscou. Après tout, c’est l’une des principales raisons pour lesquelles ils l’ont élu à la Maison-Blanche en 2016.

La classe politique américaine s’acharne à se débarrasser de Trump, mais elle hésite à agir tout de suite, car une manœuvre décisive pour destituer le président pourrait engendrer une révolte sociale plus large contre les élites. Il y a un profond ressentiment dans la société américaine brûlante de revendications. La pauvreté et l’inégalité sociale abyssale ainsi que l’aliénation populaire vis-à-vis de l’establishment de Washington si elles perdurent seront trop répandues pour une éventuelle guerre civile ou révolution.

On peut s’attendre à ce que la campagne médiatique autour de la trahison de Trump s’intensifie dans les jours à venir, ses puissants ennemis de l’Etat Profond projettent de retourner l’opinion publique contre lui pour « trahison de l’Amérique » avec un « ennemi hostile ». Si cette manipulation de l’opinion publique est accomplie, alors Trump est fichu.

Certes, Trump a de nombreux défauts et une grande partie de sa politique étrangère est conforme à la conduite criminelle habituelle de l’impérialisme américain. Mais une chose que l’on peut dire en sa faveur est qu’il n’est pas poussé par une russophobie irrationnelle ou une détermination acharnée à la confrontation avec Moscou – contrairement à beaucoup dans l’establishment américain.

Trump est souvent coupable de colporter lui-même de fausses nouvelles. Mais une chose sur laquelle il a raison, c’est d’avoir qualifié l’affaire du « Russia-gate » de canular. L’establishment américain a créé cette farce pour nuire à Trump et ébranler ses intentions de normaliser les relations avec la Russie.

Pendant deux ans, les ennemis politiques de Trump ont scandé le refrain « La Russie s’est immiscée dans notre démocratie » – en vain. Le dernier fait marquant a été l’inculpation injustifiée de 12 membres des services de renseignement militaire russes quelques jours seulement avant le sommet d’Helsinki.

Pour être juste avec Trump, cette inculpation ne l’a pas dissuadé de participer au sommet avec Poutine. Mais le piège était tendu. Dès que la réunion s’est terminée à Helsinki, les médias et les politiciens américains contrôlés par l’État Profond se sont déchaînés et ont condamné Trump.

Vladimir Poutine a qualifié les accusations d’ingérence russe dans la démocratie américaine de « plus grande absurdité de tous les temps ». Trump a dit qu’il était d’accord avec cette affirmation. Il est probable que de nombreux citoyens américains soient également d’accord pour dire que cette affaire a été préparée par des élites politiques qui n’ont jamais accepté que le mandat démocratique soit confié à Trump.

Trump a raison de réfuter l’évaluation des services de renseignements américains qui prétendent que la Russie, sous les ordres de Poutine, s’est immiscée dans la course à la présidence. Poutine a déclaré à la conférence de presse d’Helsinki qu’il voulait que Trump remporte les élections afin d’améliorer les relations bilatérales. Et alors ? Les dirigeants étrangers n’ont-ils pas le droit d’avoir des opinions sur les personnes qui accèdent au pouvoir dans les pays rivaux ?

Quoi qu’il en soit, l’évaluation des services de renseignement américains n’est ni concluante ni consensuelle pour l’ensemble des 16 agences étatiques, comme l’ancien ambassadeur américain Jack Matlock l’a récemment souligné. En d’autres termes, la demande n’est que partielle et loin d’être définitive. C’était « politiquement intéressé », a dit Matlock, un diplomate émérite.

La classe politique américaine est malade. Elle souffre d’une psychose qui empêche toute compréhension de la réalité. Elle vit dans le déni abject de la réalité, convaincue que la Russie est un ennemi hostile et que Trump est un « larbin du Kremlin ».

Le problème pour l’establishment américain, c’est qu’il n’a pas aimé la façon dont la démocratie a fonctionné. Le peuple a voté pour un candidat qui voulait rétablir les relations avec la Russie. Pour l’élite, ce résultat est inacceptable, et ils ont essayé tous les coups bas pour renverser le processus démocratique. Ironiquement, ils prétendent que la Russie a tenté de renverser la démocratie américaine, alors que c’est la faible élite de Washington et l’appareil d’État profond qui sont en train de renverser la constitution du pays.

Jusqu’à quel point ces gens peuvent être ridicules ? Un président américain tient une réunion attendue depuis longtemps avec le dirigeant de la deuxième puissance nucléaire mondiale. La réunion a été un succès en termes d’ouverture d’un dialogue amical entre les deux dirigeants. Et pourtant, la classe dirigeante américaine qualifie cet événement de  » déshonneur  » et de  » complicité criminelle « .

Les intérêts des citoyens américains, comme ceux de la majorité de la population mondiale, ne sont pas servis par une hostilité irrationnelle à la Russie. Il est dans notre intérêt d’ouvrir un dialogue pacifique et de développer une compréhension mutuelle entre les États-Unis et la Russie afin d’éviter les affrontements.

Ce n’est qu’une élite non représentative qui pourrait être hostile. La guerre et les conflits sont profitables pour un petit nombre de personnes. Mais cette cabale aux Etats-Unis, et parmi ses alliés européens, guidée par la russophobie et les profits de la guerre, est néanmoins extrêmement efficace. Cette élite contrôle les médias grand public et les politiciens avec leur argent et leurs services de renseignement.

Lorsque les intérêts de l’élite dirigeante américaine sont menacés, tout est possible. Assassinats et coups d’État sont à l’ordre du jour pour ces ploutocrates et leurs agents.

La réaction vive à l’engagement raisonnable de Trump avec Poutine cette semaine – une réaction vicieuse et coordonnée – est un signe inquiétant que des forces puissantes s’opposent à ce président.

article originel : Coming Coup Against Trump

traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International

 

Source : https://reseauinternational.net/coup-detat-en-perspective-contre-trump/

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