Étant donné que les priorités de l’administration Biden seraient, le déclenchement possible d’une guerre d’Israël contre le Liban et l’Iran, et le dangereux
rapprochement de Poutine avec le Vietnam, pour empêcher la formation d’un arc nucléaire contre la Chine, le Pentagone évaluerait la nécessité de signer un accord de paix avec
l’administration du Kremlin. Ainsi, le Pentagone aurait déjà vu son objectif d’empêcher l’expansion russe atteint en l’entourant de ses frontières, tandis que le Congrès et le Sénat
considéreraient, déjà, le conflit ukrainien comme un gouffre sans fond auquel il faudrait mettre fin immédiatement.
L’OTAN est-elle impliquée dans le raid de Koursk ?
Alors que les États-Unis sont plongés dans la campagne électorale pour les élections présidentielles de novembre, la France, la Pologne et le Royaume-Uni
seraient le trident choisi par les mondialistes pour faire imploser le front ukrainien avant les élections présidentielles de novembre et provoquer l’entrée de l’OTAN dans un conflit
ouvert avec la Russie.
La présence de soldats polonais, français, britanniques et américains dans l’offensive sur Koursk confirmerait l’entrée de l’OTAN dans un conflit ouvert
avec la Russie de Poutine. L’incursion sur Koursk est la plus grande attaque contre le territoire russe souverain depuis le début du conflit militaire avec l’Ukraine, car au minimum. 5000
soldats ukrainiens dirigés par les forces d’élite de l’OTAN et soutenus par des chars et des véhicules blindés auraient envahi le territoire russe et atteint une profondeur d’environ 10
km, tandis que la Russie, après avoir surmonté la surprise initiale, aurait décrété un régime spécial «d’opération antiterroriste» dans trois régions frontalières avec l’Ukraine: de
Koursk, de Belgorod et de Briansk.
L’objectif avoué de l’offensive ukraino-otanienne était de forcer le commandement russe à retirer ses troupes d’autres zones sensibles du front et à occuper
la centrale nucléaire près de la ville de Kourtchatov pour ensuite consolider les positions atteintes et les utiliser comme armes de pression dans les négociations de paix futures.
Cependant, cette offensive n’aurait pas atteint ses objectifs initiaux puisque l’on assiste à l’avancée imparable de la Russie dans le Donbass, à l’aggravation de la crise énergétique
provoquée par les attaques russes et à l’avenir incertain de l’offensive suicidaire ukrainienne sur le Donbass. Le cas Koursk pourrait se terminer par la fuite ou la reddition des troupes
ukrainiennes.
De même, l’attaque avec deux missiles balistiques contre l’Institut militaire des communications de la ville de Poltava, qui a fait plus de 200
victimes, a suscité
des critiques de la part d’analystes militaires qui accusent le ministère ukrainien de la Défense de «négligence des
commandants militaires pour avoir permis une concentration de ce type».
Pour l’instant, les forces armées russes ont choisi d’utiliser la bombe aérienne FAB-3000 (équipées d’ailes) de trois tonnes sur une zone de concentration
de troupes et d’armes de l’armée ukrainienne dans la région de Soumy, d’où «Kiev aurait lancé son
incursion terrestre dans la région de Koursk», selon le ministère russe de la Défense pour finaliser encerclement des troupes ukrainiennes et otaniennes par la tactique du
«chaudron».
Cette situation est extrêmement dangereuse pour la force encerclée car elle ne peut pas recevoir de ravitaillements ou de renforts et parce qu’elle peut
être soumise à des attaques de différents flancs. Et, comme le retrait est irréalisable, elle doit opter pour la reddition ou mourir en essayant de se battre.
Les États-Unis laisseront-ils tomber Zelensky
Le mandat présidentiel de Zelensky a expiré le 20 mai et bien que la Constitution ukrainienne autorise la prolongation automatique du poste en cas de loi
martiale, une partie de l’opposition remet en question la légitimité de cette prolongation, arguant que le poste devrait être transféré à Rouslan Stefantchouk, l’actuel président de la
Rada (parlement monocaméral d’Ukraine).
De même, selon Politico,
Zelensky a
remercié les responsables proches des États-Unis disposés à lutter contre la corruption endémique, parmi lesquels se distingue la figure Oleksandr Koubrakov ancien ministre du
Développement de la communauté, du Territoire et des Infrastructures. La corruption est un problème endémique en Ukraine car selon l’indice de transparence, elle aurait 32 points sur 100
et selon l’ONG Transparency International, en 2021, 23% des utilisateurs des services publics auraient dû
payer un pot-de-vin.
Actuellement, nous assistons à la démission ou au limogeage de la moitié de l’exécutif de Zelensky, parmi lesquels se distingue le ministre des Affaires
étrangères, Dmytro Kouleba. Ces démissions montrent la solitude d’un Zelensky dépassé par l’avancée imparable de la Russie dans le Donbass, l’aggravation de la crise énergétique provoquée
par les attaques russes et l’avenir incertain de l’offensive suicidaire ukrainienne sur la région russe de Koursk, seule décision d’un Zelensky acculé.
Étant donné que Zelensky serait déjà devenu un fardeau pour les États-Unis, dont il faudrait se débarrasser immédiatement, un coup d’État dirigé par le
lieutenant-général Valeri Zaloujny, défenestré par Zelensky pour ses désaccords tactiques et qui fut le véritable chef de l’armée ukrainienne, ne serait pas exclu. Ce coup d’État aurait
la bénédiction des États-Unis et après avoir été accusé de corruption, Zelensky serait contraint de s’exiler aux États-Unis et serait remplacé par la Troïka composée du lieutenant-général
Valeri Zaloujny, de l’ancien ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba et l’ancien ministre du Développement de la communauté, du Territoire et des
Infrastructures, Oleksandr Koubrakov qui sera chargé de négocier l’accord de paix avec la Russie, des tâches ultérieures de reconstruction du pays et de conception de la
nouvelle cartographie de l’Ukraine.
Examinons la stratégie russe en Ukraine après avoir analysé, hier, la stratégie américaine. Depuis le début de mes chroniques du conflit, j’ai insisté sur la stratégie prudente de Vladimir
Poutine. Nos pays européens désarmés parlent de guerre de haute intensité. Mais, ni du point de vue russe ni du point de vue américain, il ne s’agit pas du tout de “haute intensité”. La question
est régulièrement posée : L’armée russe fait-elle de nécessité vertu ? A-t-elle choisi l’avancée lente car elle n’aurait pas les moyens, en fait, d’une guerre de haute intensité ? En réalité, la
stratégie russe est étonnamment semblable à la stratégie américaine : Il s’agit, par une guerre d’attrition d’user la puissance américaine. Examinons les forces et les faiblesses de la stratégie
de Vladimir Poutine.
Les lecteurs du Courrier le
savent, j’ai dès le début insisté sur la stratégie prudente de l’armée russe. Quand les experts de LCI, BFMTV etc… expliquaient doctement que les Russes n’arrivaient pas à prendre Kiev, j’ai
préféré l’explication de Scott Ritter, pour qui, en entrant à un contre trois en Ukraine, l’armée russe n’a jamais eu l’intention de prendre Kiev.
Il s’agissait d’une feinte, pour fixer une partie de l’armée kiévienne au nord, éviter sa jonction avec l’armée du Donbass, le temps d’occuper les territoires au
nord de la Crimée. Les troupes russes se sont ensuite retirées du nord de l’Ukraine en avril 2022.
Mais le retrait de la région de Kharkov en septembre 2022 ? Celui de la rive droite du Dniepr à la hauteur de Kherson en novembre de la même année ? Certes ces
retraits ont eu lieu en bon ordre mais ils étaient subis. Et puis, nous sommes deux ans plus tard ! L’armée russe n’a toujours pas conquis, territorialement parlant, l’intégralité des quatre
régions qu’elle a décidé d’annexer suite aux référendums de la fin septembre 2022.
Et puis les attaques de drones sur la Crimée ou à l’intérieur de la Russie dans ses frontières d’avant 2014 ? Les bombardements subis par les civils du Donbass ou
des régions frontalières de la vieille Russie ?
Les faiblesses de la Russie, avec lesquelles Vladimir Poutine doit composer
Pour commencer, il faut se rappeler que la Russie a à peine plus de deux fois la population française et doit défendre des frontières sept fois plus longues que
celles de la France métropolitaine. La Russie en guerre a un défi démographique à relever.le taux de fécondité est de 1,6 enfants par femme. La question des pertes démographiques russes est très
sensible.
Aussi hostile à Vladimir Poutine soit-il, le site Mediazona donne une confirmation de
la prudence russe, destinée à éviter des pertes militaires importantes. Le site a recensé 66 000 tués russes depuis février 2022. Et elle met comme fourchette élevée de l’estimation, par
recoupements statistiques un total de 120 000 tués.
Cela représente entre 2200 et 4000 morts par mois. On estime que les pertes russes sont cinq à huit fois moins élevées que les pertes ukrainiennes. Ce différentiel
s’explique, pour les experts par le fait que l’artillerie russe tire huit fois plus de munitions que l’artillerie ukrainienne.
Revenons un instant sur la vulnérabilité des frontières russes, de par leur étendue. Une autre raison pour laquelle la Russie ne veut pas engager une guerre de
haute intensité en Ukraine, c’est le risque qu’il y aurait à dégarnir la frontière du pays à d’autres endroits.
C’était une obsession de l’URSS : Le risque d’être attaquée à la fois par la Chine et par l’OTAN. Aujourd’hui, ce risque n’existe plus, du fait de l’alliance
chinoise. Mais la Russie de Poutine doit se méfier des tentatives de déstabilisations lancées par la CIA ou d’autres services occidentaux le long de ses frontières : Peu avant le début de la
guerre, il y a eu une tentative de révolution colorée au Kazakhstan. Les USA ont réussi à faire basculer le gouvernement arménien de leur côté. Et ils n’ont de cesse de déstabiliser le
gouvernement géorgien, dont ils n’acceptent pas le neutralité vis-à-vis de la Russie.
Dernier point de vulnérabilité évident : La corruption d’une partie du commandement de l’armée russe. Depuis sa réélection, en mars 2024, Vladimir Poutine a procédé
à une véritable purge dans le commandement militaire et au Ministère de la Défense. Et certains se demandent si l’on ne doit pas attribuer la lenteur de l’armée russe au confort dans lequel se
sont installés toute une génération d’officiers qui ont reconstruit l’armée russe autour de l’ancien ministre Sergueï Choïgou.
Plaide contre cette thèse ce que tout observateur correctement informé reconnaît à l’armée russe: Une capacité à s’adapter très rapidement aux innovations de
l’armée adverse. Ainsi les Ukrainiens ont-ils été les premiers à utiliser massivement les drones kamikazes. Mais aujourd’hui, ce sont les Russes qui font le meilleur usage des drones kamikazes,
avec un effet dévastateur, en particulier, dans la destruction des infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Les forces de la stratégie russe
L’origine des purges abondamment commentées par les médias russes – mais qui, curieusement, intéressent peu les médias occidentaux – mériterait une analyse
complexe. Concernent-elles seulement des questions d’argent ? Ont-elles à voir avec la révolte de Prigogine en 2023 ? On sait que la crainte du pouvoir russe vient moins des “libéraux” – dont le
poids est surestimé en Occident – que de ce que beaucoup appellent en Russie “la sixième colonne”. la “cinquième colonne”, ce sont les “agents de l’étranger”; la “sixième”, ce sont ceux qui sont
plus “tsaristes que le tsar”, qui pensent que Vladimir Poutine ne mène pas la guerre de manière assez vigoureuse et énergique.
Le défi pour le président russe était de gagner la population à l’idée que la Guerre d’Ukraine était légitime. C’est visiblement chose faite; à 65% d’opinions
favorables en février 2022, le président a été réélu avec 67% des inscrits et 88% des voix. L’armée russe n’a aucun problème à recruter 30 000 nouveaux soldats (réservistes et volontaires) par
mois, qui ont inversé le ratio entre les troupes ukrainiennes et les troupes russes. L’armée russe était entrée à 1 contre 3 en Ukraine. Avec 700 000 mobilisés, elle est aujourd’hui dans un
ration de 2 contre 1.
Pour autant, cette armée désormais nombreuse, avec de nouvelles recrues bien entraînées, ne sera pas, sauf imprévu, jetée par le commandement russe dans une grande
offensive finale ! Le pouvoir souhaite utiliser la ressource humaine russe devenue rare avec parcimonie. Et ceci d’autant plus que l’armée russe bénéficie d’une force de feu qui surclasse
désormais ce dont est capable l’armée américaine :
+ les forces nucléaires ont été modernisées. Les experts considèrent qu’avec les nouveaux types de vecteurs dont elle dispose, la dissuasion russe surclasse son
équivalent américain.
+ L’armée russe a une panoplie de nouveaux vecteurs, en particulier les armes hypersoniques, pour lesquelles elle est très en avance sur les Etats-Unis et, même, la
Chine. Des missiles hypersoniques ont été utilisés à plusieurs reprises en Ukraine, dont la plus récente est la destruction d’un centre de formation militaire, avec des instructeurs militaires de
l’OTAN, en particulier suédois, à Poltava. L’introduction la plus récente à été celle des “bombes planantes” qui, elles aussi, ont un effet dévastateurs sur leurs cibles.
+ L’armée russe, à la différence des armées de l’OTAN, couvre toutes les gammes d’armes : Des drones aux missiles hypersoniques. Grâce aux efforts d’organisation de
Choïgou depuis le début de la décennie précédente, les usines d’armement tournent à plein régime (système des 3/8).
Quelles que soient les vulnérabilités énumérées plus haut, les vingt-cinq ans passées au sommet de l’Etat par Vladimir Poutine ont forgé un instrument redoutable
que, loin des médias, les responsables du Pentagone redoutent.
Quelle stratégie d’attrition l’emportera : L’américaine ou la russe?
Dès le mois de mars 2024 j’avais parlé d’une “stratégie à la Turenne” pour l’armée russe, fondée sur l’approche indirecte, la prudence et la ruse. J’avais émis
l’hypothèse qu’elle était rendue possible par la dissuasion russe désormais à deux étages : Avant d’aller jusqu’à l’escalade nucléaire, l’armée russe disposait désormais d’un équivalent sans
radioactivité à la capacité de destruction nucléaire : L’arme hypersonique, en effet, est aussi destructrice que l’arme atomique, mais sans retombées nocives, si elle est équipée
de charges conventionnelles.
De ce fait, la Russie qui avait espéré une guerre courte (et on ne redira jamais assez combien l’utilisation des premières armes hypersoniques au mois de mars 2022
ont poussé les Ukrainien à négocier les accords d’Istanbul - ensuite rejetés sous pression américaine) a pu s’adapter à une guerre plus longue.
Comme le Pouvoir Washingtonien, le Kremlin a une guerre d’usure en tête. Faire durer la guerre, c’est conduire à vider les stocks d’armes d’une OTAN dont les
appareils industriels affaiblis ne sont plus capables de suivre la cadence des usines russes, chinoises ou iraniennes. C’est aussi inciter les Occidentaux à prêter toujours plus à une Ukraine
insolvable et qui, nous l’avons montré dans le cas de la Grande-Bretagne, met en danger le château de cartes de la finance occidentale.
Faire durer la guerre a signifié aussi faire apparaître que la majorité des pays du monde ne soutiennent pas les Etats-Unis dans leur volonté de sanctionner la
Russie.
Pour ceux qui douteraient encore qu’il ne s’agisse pas d’une stratégie réfléchie, je recommande l’ouvrage de David Teurtrie, Russie, le retour de la puissance,
paru avant la Guerre d’Ukraine et qui montrait comment, dès les sanctions consécutives à la Guerre de Crimée, la Russie avait entamée une stratégie de substitution aux importations.
De fait, on est loin de ce à quoi s’attendaient les gouvernements occidentaux, qui avaient parié sur l’effondrement économique de la Russie sous l’effet des
sanctions.
Le paradoxe de la Guerre d’Ukraine, c’est que les stratégie américaine et russe misent toutes deux sur l’usure de l’adversaire. L’éventuelle supériorité de la
version russe vient du fait qu’elle fait du temps un allié. Du côté américain, on porte autant de coups que nécessaire mais dans l’idée que cela finira bien par céder.
Sauf imprévu, Vladimir Poutine préside la Russie jusque vers 2030. Il aura vu, en une génération, passer sept ou huit présidents américains.
Révolution colorée au Bangladesh
Source : RzO Voltaire - par Thierry Meyssan - Le 03/09/2024
Après avoir organisé le renversement d’Imran Khan au Pakistan, les États-Unis sont parvenus à renverser également Sheikh Hasina au Bangladesh. Un troisième changement de régime serait en
préparation dans la région. Washington, chef du « monde libre », ne change donc pas : au mépris de la volonté des peuples, il leur impose des dirigeants.
Sheik Hasina, qui depuis quinze ans dirigeait le Bangladesh et était célébrée comme une championne de la démocratie, a été subitement renversée par la foule, le 4
août. Elle est accusée par le nouveau gouvernement d’avoir transformé son régime en dictature. Effectivement, les élections législatives du 7 janvier 2024 lui ont donné un parlement obéissant car
elles ont été boycottées par l’opposition et, surtout, les manifestations de juillet-août ont été réprimées de manière sanglante, faisant au moins 250 morts, peut-être 650.
Comme toujours, les apparences sont trompeuses et les raccourcis médiatiques de pures intoxications.
Le 24 mai 2023, le département d’État US a interdit d’accès au territoire des États-Unis à certains dirigeants bengalais afin, disait-il, de les contraindre à
organiser des élections libres et équitables [1].
PREMIÈRE ANOMALIE : INGÉRENCES DE LA COMMISSION EUROPÉENNE ET DU DÉPARTEMENT D’ÉTAT US
Le 6 janvier, c’est-à-dire la veille des élections générales boycottées par l’opposition, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères,
avait mis en cause les ingérences de la Commission européenne et du département d’État US dans l’organisation de ces élections [2]. Selon le Washington Post, Bharat serait intervenu
auprès du département d’État pour que le changement de régime au Bengladesh se fasse en douceur.
On sait que l’International Republican Institute (IRI) et le National Democratic Institute (NDI) se sont largement investis dans la préparation de ses élections.
Ces organismes, liés à la CIA, ont même reçu plusieurs millions de la National Endowment for Democracy (NED) pour cela.
La Cour suprême bengalie a restauré le système des quotas dans la fonction publique, en juin. Ceux-ci sont réservés aux vétérans de la guerre d’indépendance (1971)
et à leurs descendants, ce qui favorise les membres de la Ligue Awami au pouvoir qui a fait la guerre d’indépendance. De jeunes diplômés se retrouvent sans perspective d’emploi. Une grève
pacifique est organisée par des syndicats étudiants. Elle est interrompue durant les fêtes musulmanes (Aïd).
Après les élections de janvier 2024, un diplomate états-unien avait mis en garde Sheikh Hasina : si elle n’acceptait pas de céder une partie du territoire du
Bengale, de créer un État chrétien à cheval sur le Myanmar et d’installer une base militaire aérienne étrangère sur l’île Saint-Martin, elle serait renversée. Le 24 mai 2024, c’est-à-dire deux
semaines avant le début du mouvement contre elle, Sheikh Hasina avait rassemblé les dirigeants des 14 partis politiques de sa coalition pour les avertir de ce complot[3]. En vain.
SECONDE ANOMALIE : OPÉRATIONS DE DESTRUCTION DES SYMBOLES DU BANGLADESH
Dès le début de la grève, en juin, des individus ont attaqué et vandalisé les monuments à la gloire du fondateur de la nation, Sheikh Mujibur Rahman (assassiné en
1975). Or, à ce moment-là, personne ne critiquait cette gloire nationale. Il se trouve que celui-ci n’est pas seulement le père de la nation (Bangabandhu), mais aussi celui de la conseillère
principale (Première ministre), Sheikh Hasina. C’est très exactement ce que l’on avait vu au début de la guerre en Syrie (2011) : des individus non identifiés avaient saccagé les statues
d’Hafez el-Assad (1930-2000), que pourtant à l’époque, personne dans son pays ne contestait. Il s’agissait non pas de mettre en cause son héritage, mais de détruire des symboles de l’État de
manière à délégitimer son fils et successeur, Bachar el-Assad.
Les médias internationaux n’ont pas attaché d’importance à ces actions contre les monuments publics. Ils étaient, selon toute vraisemblance, perpétrés par des
membres du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP). Cette formation, fut créée par Ziaur Rahman, président du Bangladesh de 1977 à 1981, date de son assassinat. Elle est favorable aux islamistes,
tandis que la Ligue Awami est laïque. Toute l’histoire du demi-siècle d’existence du Bangladesh est une lutte entre islamistes et laïques. La présidente du BNP et ancienne conseillère principale
(1991-1996 et 2001-2006), Khaleda Zia, est aujourd’hui en prison pour détournement de fonds. Son fils, Tarique Rahman, poursuit son combat depuis Londres (capitale de l’ancien empire des Indes
dont le Bangladesh est issu) où il vit en exil.
Depuis mai 2023, le BNP a engagé Hunter Biden (fils du président états-unien) via la société Blue Star Strategies. L’accord précise qu’Hunter Biden touchera, en
plus des frais de lobbying, 100 millions de dollars lorsque le BNP reviendra au pouvoir.
Les islamistes sont représentés par la Jamaat-e-Islami, fondée par Sayyid Abul Ala Maududi et Saïd Ramadan, représentant la Confrérie égyptienne des Frères
musulmans. Ils militent contre l’État bengalais et pour le rattachement au Pakistan.
Le 10 juillet, une marche de protestation se heurte à des manifestants de la Ligue Awami. Le 19 juillet, les manifestants attaquent un centre de détention, libèrent
les prisonniers et l’incendient. Les émeutes qui suivent font plus d’une centaine de morts. Le 4 août, de nouvelles émeutes font 97 morts supplémentaires. La conseillère principale, Sheikh
Hasina, démissionne après 650 morts en deux mois et s’enfuit en Inde avec un hélicoptère militaire [4].
TROISIÈME ANOMALIE : UN RÉGIME PACIFIQUE DEVIENT SOUDAINEMENT MEURTRIER
Sheikh Hasina n’avait jamais fait tirer sur la foule. Pourquoi, soudainement, a-t-elle répandu ce flot de sang ? Nous retrouvons ici la méthode mise au point
par les États-Unis durant les guerres de Yougoslavie et que je les ai vus appliquer en Libye et en Syrie : des tireurs d’élite placés sur les toits blessent ou tuent à la fois des policiers
et des manifestants de sorte que chacun considère l’autre comme un ennemi.
Le 6 août, Mohammad Shahabuddin, président de la République, dissout le Parlement et
nomme Muhammad Yunus conseiller principal intérimaire (Premier ministre) du Bangladesh pour diriger le gouvernement après des discussions avec l’armée et le
mouvement.
Par un heureux hasard, Muhammad Yunus avait annoncé en juin son intention de revenir en politique et de gouverner le Bangladesh [5]. Il en va toujours
ainsi dans les révolutions colorées : le gagnant n’est jamais celui qu’on croit.
L’économiste Muhammad Yunus (prix Nobel de la Paix 2006 pour sa pratique des micro-crédits) était entré en conflit avec Sheikh Hasina qui contestait l’action de sa
banque de micro-crédits. Il avait transféré 100 millions de dollars de subventions de divers pays à une entreprise familiale pour éviter de payer des impôts et facturait des taux d’intérêt élevés
pour les femmes pauvres de 21 à 37 % [6].
Yunus est un ami personnel des Clinton et un donateur majeur de la Clinton Global Initiative (CGI). Les Clinton ont menacé Sheikh Hasina de s’opposer à un prêt d’un
milliard deux cent mille dollars de la Banque mondiale si le Bangladesh poursuivait Muhammad Yunus. Faute de ce prêt, la construction du pont ferroviaire sur le fleuve Padma a été interrompue.
Des journaux, financés par les États-Unis, ont prétendument révélé des rétro-commissions versées par l’entreprise de construction canadienne du pont à Sheikh Hasina. Celle-ci a crié son innocence
et accusé Muhammad Yunus d’avoir ourdi ce complot. Il avait alors été défendu par l’ancien président de la Banque mondiale et membre du comité directeur du groupe Bilderberg, James
Wolfensohn.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, est venu sur place en vue de procéder à des inculpations. Cependant il n’y a pas eu de
poursuites bengalaises contre Muhammad Yunus et un tribunal canadien a établi qu’il n’y avait pas de malversation dans la construction du Pont de Padma.
Dès sa nomination, Muhammad Yunus s’est auto-attribué 25 ministères. Il a déclaré lors de sa première conférence de presse : « J’ai pris les rênes d’un
pays qui, à bien des égards, était un véritable gâchis. Dans ses efforts pour rester au pouvoir, la dictature (sic) de Sheikh Hasina a détruit toutes les institutions du pays. Le système
judiciaire a été brisé. Les droits démocratiques ont été supprimés par une répression brutale qui a duré dix ans et demi ».
Tandis que Zelensky espère encore convaincre l’administration américaine de l’autoriser à frapper avec des missiles en profondeur dans le territoire russe, personne ne sait qui gouverne vraiment
à Washington. Dans cette situation de grande incertitude, Vladimir Poutine préside à une révision de la doctrine nucléaire russe. Elle inclut, selon Reuters, le déploiement de l’arme fatale
russe; le Burevestnik.
Comme nous vous l’avons indiqué la semaine dernière, il est peu probable que l’administration Biden accepte la liste d’objectifs à frapper loin à l’intérieur de la
Russie que sont venus lui présenter le ministre ukrainien des Affaires Etrangères Oumerov et le directeur du Bureau de la Présidence Andreï Yermak.
La soif d’armes à longue portée de l’Ukraine semble menacée.Selon
un récent rapport des médias, citant des sources officielles au fait du dossier, Washington a clairement fait savoir à son mandataire qu’il ne serait pas en mesure de continuer à lui
fournir des missiles à longue portée.
Ce type d’attitude américaine peut s’expliquer de deux manières. D’une part, les États-Unis peuvent être préoccupés par la possibilité d’une escalade de la guerre, étant donné les
fréquentes actions irresponsables de l’Ukraine. D’autre part, il se peut que Washington se trouve en réalité dans une situation de faiblesse de son industrie militaire,
incapable de fournir Kiev et de continuer à produire des armes pour reconstituer son arsenal national.
CNN a récemment publié un article exposant le problème actuel entre
l’Ukraine et les États-Unis concernant la fourniture d’armes à longue portée. Selon le journal, les États-Unis ont fait savoir à Kiev qu’ils ne seraient pas en mesure de fournir un nombre
important de systèmes de missiles tactiques de l’armée MGM-140 (ATACMS) dans un avenir proche. Ces propos auraient été tenus par un haut fonctionnaire américain non identifié lors d’une
réunion avec des représentants ukrainiens.
Le ministre de la défense de Kiev, Rustem Umerov, a récemment rencontré le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, pour discuter de la possibilité pour l’Ukraine de recevoir une
aide supplémentaire afin d’atteindre des objectifs militaires spécifiques dans le conflit. M. Umerov a montré à M. Austin une liste de cibles d’une valeur stratégique supposée élevée dans
le « territoire profond » de la Russie. Pour mener à bien ces manœuvres, l’Ukraine aurait besoin de plus d’armes américaines, ainsi que de la fin de toute restriction sur les opérations
ATACMS.
Comme on le sait, les États-Unis ont récemment « autorisé » les frappes
transfrontalières ukrainiennes contre des villes russes. Cette décision semble purement symbolique et rhétorique, puisque Kiev attaque des villes russes pacifiques depuis 2022. Toutefois,
du moins en théorie, Washington continue d’interdire aux missiles américains à longue portée d’être utilisés par le régime néonazi pour des « attaques en profondeur ». Kiev supplie pour
que cette restriction soit levée, ce qui permettrait de frapper des cibles russes éloignées de la frontière avec des armes hautement létales
Les cinq raisons qu’a Poutine de ne ne pas faire confiance aux Américains
Quels que soient les freins mis par Washington aux demandes de Zelensky, Vladimir Poutine a cinq raisons de ne faire aucune confiance aux Etats-Unis.
+ les USA n’ont respecté aucun de leurs engagements vis-à-vis de la Russie depuis le début des années 1990.
+ Sans l’aide des Etats-Unis, depuis Maïdan (2014), l’Ukraine n’aurait jamais pu mener une guerre contre la Russie.
+ Les Etats-Unis aident les Ukrainiens, d’ores et déjà, dans leurs frappes de drones sur le territoire russe:
+ Les Américains et les Britanniques ont aidé les Ukrainiens dans leur opération vers Koursk
+ Vu l’état de santé de Joseph Biden, il est impossible de savoir qui prend les décisions à Washington.
Les Russes sont donc en train de revoir leur doctrine nucléaire…
La stratégie consiste à identifier les moyens de réduire l’incertitude provoquée par l’adversaire. En l’occurrence, l’absence de lisibilité des processus de
décision américains oblige la Russie à vérifier l’efficacité de sa dissuasion nucléaire.
Simplicius nous explique :
Aujourd’hui, sans surprise, la Russie a de nouveau confirmé qu’elle travaillait à la modification de sa doctrine nucléaire. Cette fois, c’est le vice-ministre des affaires
étrangères, Sergei Ryabkov, qui
l’a confirmé :
« Comme
nous l’avons répété à plusieurs reprises, les travaux sont à un stade avancé et il existe une directive claire pour procéder à des ajustements, qui sont également conditionnés par l’étude
et l’analyse de l’expérience de l’évolution des conflits au cours des dernières années, y compris, bien sûr, tout ce qui est lié à l’escalade de nos adversaires occidentaux en relation
avec le SVO », a déclaré Sergueï Ryabkov.
Il a expliqué que le document correspondant est en cours de finalisation, mais qu’il est trop tôt pour parler d’un calendrier précis pour son achèvement
Deux chercheurs américains affirment avoir identifié le site probable de déploiement en Russie du 9M730 Burevestnik, un nouveau missile de croisière à propulsion
nucléaire et à armement nucléaire présenté comme « invincible » par le président Vladimir Poutine.
M. Poutine a déclaré que l’arme – surnommée SSC-X-9 Skyfall par
l’OTAN – a une portée presque illimitée et peut échapper aux défenses antimissiles américaines. Mais certains experts occidentaux contestent ses affirmations et la valeur
stratégique du Burevestnik, estimant qu’il n’ajoutera pas de capacités que Moscou ne possède pas déjà et qu’il risque de provoquer un accident entraînant une émission de radiations.
À l’aide d’images prises le 26 juillet par Planet Labs, une société de satellites commerciaux, les deux chercheurs ont identifié un projet de construction jouxtant une installation de
stockage d’ogives nucléaires connue sous deux noms – Vologda-20 et Chebsara – comme étant le site de déploiement potentiel du nouveau missile. L’installation est située à 475 km au nord
de Moscou.
L’agence Reuters est la première à faire état de ce développement.
Decker Eveleth, analyste au sein de l’organisation de recherche et d’analyse CNA, a trouvé les images satellite et a identifié ce qu’il estime être neuf rampes de lancement horizontales
en construction. Elles sont réparties en trois groupes à l’intérieur de hautes bermes pour les protéger des attaques ou pour éviter qu’une explosion accidentelle dans l’une d’entre elles
ne fasse exploser des missiles dans les autres, a-t-il expliqué.
Les bermes sont reliées par des routes à ce qu’Eveleth a conclu être probablement des bâtiments où les missiles et leurs composants seraient entretenus, ainsi qu’au complexe existant de
cinq bunkers de stockage d’ogives nucléaires.
Le site est destiné à un système de missiles fixes de grande taille, et le seul système de missiles fixes de grande taille que la Russie développe actuellement est le Skyfall », a déclaré
M. Eveleth.
Le ministère russe de la défense et l’ambassade de Washington n’ont pas répondu à une demande de commentaire sur cette évaluation, sur la valeur stratégique de Burevestnik, sur les
résultats de ses essais et sur les risques qu’il présente.
Dans la suite de la dépêche, Reuters multiplie les citations d’experts disant que ce nouveau type de missiles ne fonctionne pas encore comme le prétendent les
Russes. Une chanson bien connue, que l’on a déjà entendu pour les missiles hypersoniques, jusqu’à ce qu’ils soient utilisés sur le terrain en Ukraine.
Simplicius précise :
L’article de Reuters rejette le missile, ironiquement, au motif qu’il est redondant par rapport à ce que d’autres ICBM russes, comme le Sarmat, peuvent déjà faire. Mais l’auteur de
l’article ne fait que démontrer son ignorance, car ce missile change véritablement la donne, étant donné qu’il s’agit d’un missile de croisière et non d’une fusée intercontinentale. Le
Burevestnik vole très bas et a une portée « illimitée » grâce à sa centrale nucléaire. La plupart des gens ne comprennent pas le type de menace que cela représente.
Supposons que les États-Unis et la Russie s’affrontent. Si la Russie lance un missile intercontinental, quel qu’il soit, même s’il n’est
pas nucléaire, il sera détecté par des satellites spatiaux spéciaux et les États-Unis pourraient être obligés d’engager un échange nucléaire, car ils supposeraient
que le missile balistique est doté d’une arme nucléaire.
Cependant, le Burevestnik permet à la Russie de lancer un missile de croisière qui peut voler à très basse altitude autour de la planète entière à des angles de pénétration extrêmement
rares, là où les États-Unis ne sont pas du tout défendus – par exemple, depuis le Pacifique Sud, étant donné que le bouclier antimissile balistique américain se trouve principalement dans
le Nord, en prévision de missiles venant de l’Arctique.
Cela permettrait à la Russie de frapper des usines américaines sensibles, ce qui pourrait instantanément anéantir ou paralyser l’ensemble de la production d’armes des États-Unis. Étant
donné que les États-Unis n’ont qu’une seule usine principale pour la plupart de leurs systèmes d’armes clés, la mise hors service de ces usines pourrait porter un coup fatal à la
projection de la puissance militaire américaine.
L’article de Reuters affirme que le missile n’a pas une portée « illimitée », mais estime qu’il pourrait avoir une portée de 15 000 miles. Cela pourrait être exact d’après mes propres
calculs : Les précédents essais de propulsion d’avions à propulsion nucléaire que j’ai vus ont montré une durée de vol de 70 à 200 heures, bien qu’il soit possible d’atteindre plus avec
la technologie moderne, étant donné que ces essais dataient de la guerre froide. Un missile subsonique se déplaçant, disons, à 400 mph pendant 70 heures donnerait 400 x 70 = 28 000 miles.
Même les 15 000 miles annoncés par Reuters sont suffisants pour que le missile fasse une boucle depuis la Russie jusqu’au Pacifique Sud afin d’éviter les réseaux de radars, puis remonte
pour atteindre les sites de fabrication d’armes les plus sensibles des États-Unis dans le sud du pays.
En d’autres termes, cet itinéraire est presque exactement de 15 000 miles :
.
Mais il existe toute une série de voies « intéressantes » qu’il peut emprunter.
Ce n’est que de l’aigreur [de la part de Reuters] de voir que les États-Unis n’ont rien et ne sont pas capables de faire quelque chose de semblable
Pour ma part, j’aurais plutôt tendance à dire que la publication de la dépêche Reuters obéit à une logique de communication indirecte entre Américains et Russes.
La publication d’une telle information, qui devrait rester secrète est un moyen de dire aux Russes : Vous voyez bien que nous sommes sérieux quand nous disons que nous aurons tendance,
désormais, à réduire notre aide militaire à l’Ukraine. Nous savons ce que vous faites et nous le reconnaissons publiquement, même si c’est indirect.
Qu’ensuite, la seconde partie de la dépêche se passe à dénigrer l’arme fatale russe, fait partie du genre. Mais le signal est passé : Les militaires américains sont au courant et ne
sous-estiment pas la menace.
Vladimir Poutine a donc atteint son objectif : Face à la dissuasion russe, les Etats-Unis font savoir qu’ils ne joueront pas avec… le feu nucléaire.
De
Trump au Mannequin de Crash Test, les «politiques» de l’Hégémon ont réussi un véritable tour de force.
Il a dû falloir des éons de patience taoïste pour que le président Xi Jinping raconte quelques évidences de la vie à un médiocre fonctionnaire impérial tel
que le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan.
Les principales conclusions de Xi Jinping :
La Chine est prête à être un partenaire et un ami des États-Unis. Même si l’inverse est hautement improbable – la Chine étant considérée par Washington
comme une «menace» existentielle.
La Chine se concentre sur le bien-être de toute l’humanité : c’est le cœur du concept de Pékin d’une «communauté mondiale avec un avenir commun».
La Chine et les États-Unis devraient être tous deux responsables pour l’histoire, pour les peuples et pour le monde. C’est le concept des «trois
responsabilités».
La dernière chose dont un hégémon unipolaire est responsable est le monde dans son ensemble : par définition, l’unipolarité ne profite qu’à la ploutocratie
de l’empire.
Little Sullivan a également insisté sur les communications directes, par téléphone, entre militaires à un niveau opérationnel. Bien sûr, comme l’Hégémon a
moins de zéro taupe rémunérée infiltrée dans les nœuds clés du système chinois, il sera au moins en mesure d’entendre de petites choses de temps en temps de la part des militaires
chinois.
Cependant, la principale avancée dans le dossier militaire a eu lieu lors de la session de Little Sullivan avec le général Zhang Youxia, le vice-président
de la Commission militaire centrale de la Chine.
Le général Zhang a carrément dit à Sullivan, en termes très clairs, de ne pas s’approcher de Taïwan. Sullivan avait l’air d’un poulet sans tête après la
réunion.
Aussi sans tête qu’après sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Wang Yi :
«Les États-Unis et la
Chine n’ont pas progressé dans les négociations visant à trouver une solution à la crise ukrainienne».
Bien sûr que non. Pékin voit clair dans toute la machination impériale du «cessez-le-feu» – parallèlement au fait que les États-Unis ont franchi toutes les
lignes rouges russes. Moscou n’a pas réagi de manière dévastatrice – pour l’instant – parce que Poutine porte autant les traits taoïstes que Xi.
La Chine
est de retour : il faut s’en remettre
Les réunions des dirigeants de Pékin avec l’envoyé d’une administration américaine très faible n’étaient peut-être qu’un exercice pro forma. Après tout, ce
qui compte vraiment, ce sont les affaires.
Les exportations chinoises vers les États-Unis représentent moins de 2% du PIB de la Chine. C’est négligeable. La Chine est la première puissance mondiale
en matière d’échanges et de commerce – et ce n’est pas avec l’Occident, mais avec la Majorité mondiale, que l’on peut s’attendre à des affaires réelles et solides. La Chine a joué ce long
jeu à la perfection.
La perfection est telle que les médias impériaux ont littéralement paniqué devant la profondeur de l’intégration de la Chine dans la Majorité mondiale,
remettant en question ce qui est de facto l’«ordre» international libéral-totalitaire. Voir, par exemple, ici.
De Trump au Mannequin de Crash Test, les «politiques» de l’Hégémon ont réussi un véritable tour de force.
Notamment en cédant le plus grand marché technologique du monde – la Chine – exclusivement aux fabricants chinois ;
- en chassant des États-Unis au moins 75% des meilleurs scientifiques chinois pour les ramener en Chine ;
- et en cédant la totalité du marché russe – plus de 100 millions de consommateurs – à la Chine, parallèlement à l’achat par Pékin de quantités
supplémentaires d’énergie bon marché en provenance de la Russie.
Et ce n’est que le début. Les sanctions imposées par l’Hégémon ont en fait contribué à aider Pékin à développer encore plus rapidement l’ensemble des
politiques «Made in China 2025», en devenant un leader ou un second dans dix secteurs de haute technologie. Et la prochaine étape est celle de plusieurs mesures simultanées vers la
dédollarisation – notamment l’expansion du pétroyuan.
Un éminent spécialiste chinois a résumé tout cela dans son style délicieusement direct («ayant l’avantage,
digne d’un Léviathan, d’être clair comme de l’eau de roche») : La Chine est vraiment de retour – et le restera pendant très, très longtemps.
Il n’est pas étonnant que la ploutocratie impériale et ses vassaux atlantistes en fassent un véritable anathème.
Nous avançons lentement et sûrement vers l’établissement d’un nouveau système mondial géré par des États civilisationnels souverains : La Chine, la
Russie et l’Iran sont en première ligne.
Le chemin sera cependant long et épineux – avec de nombreux revers désagréables. Ce qui nous amène à la saga judiciaire-technologique-géopolitique de Pavel
Durov.
En quoi
Telegramest-il géopolitique
Pavel Durov est désormais un otage de haut niveau dans l’un des principaux nœuds de l’OTANistan, la France.
La matrice de renseignement militaire, de surveillance et d’économie de l’OTAN a finalement obtenu l’effet de levier qu’elle recherchait activement depuis
si longtemps. Pour l’instant, il n’y a pas de réponse à la question clé : Qu’est-ce que Durov a offert à ses ravisseurs pour être «récompensé» par un régime temporaire de semi-liberté
après avoir versé une caution qui, selon ses critères, équivaut à de l’argent de poche ?
Durov est essentiellement accusé de ne pas «collaborer» ou «coopérer» avec les services de renseignements occidentaux. Leur seule obsession est de contrôler
la modération du contenu de Telegram, d’avoir un accès total aux portes dérobées et finalement d’interdire toutes les chaînes russes, qui ont joué un rôle essentiel dans la diffusion des
vraies histoires sur le terrain, de l’Ukraine à l’Afrique sub-saharienne et au-delà.
Telegram est le réseau social de prédilection de la Majorité mondiale. Telegram est au cœur de la géopolitique. Il s’agit donc d’un nouveau chapitre de la
guerre hybride à outrance menée par l’Occident collectif contre la Majorité mondiale.
Telegram est également largement utilisé en Russie par des organismes publics et militaires. Il est pratiquement certain que Pavel ne possède pas les
légendaires clés de chiffrement de Telegram, alors que son frère Nikolaï, un génie des mathématiques, les possède.
À l’heure actuelle, personne ne connaît les termes de l’accord qui a conduit à la semi-liberté de Pavel. Ce qui est clair, c’est que des concessions ont été
faites – Durov n’a pas été transformé en Assange 2.0. Ces concessions pourraient notamment porter sur la remise d’informations sélectionnées selon un mode «judiciaire» classique qui ne
compromettrait pas les secrets d’État russes.
Les frères Durov sont certainement conscients que toute information amenant les services secrets occidentaux à harceler des blogueurs et des chaînes pour
leurs positions politiques compromettrait fatalement la crédibilité de Telegram.
En fonction de l’évolution de l’«enquête» de la méga-bureaucratie française, et si le système décide de poursuivre Durov en justice ou même de bloquer
Telegram dans l’UE, cela ne pourra que profiter à Telegram au niveau mondial.
La saga ne fait que commencer. À l’heure actuelle, le monde attend que Pavel Durov lui-même s’exprime. Sur Telegram.
Confronté à une situation militaire toujours plus difficile, Vladimir Zelensky demande à ses alliés de pouvoir utiliser des armes de longue portée contre des objectifs situés sur le territoire
russe. Malgré l’insistance du président ukrainien, Washington continue à refuser. Et les pays membres de l’Union Européenne impliqués dans le conflit n’ont pas pu se mettre d’accord sur une
position. En réalité, aux Etats-Unis, on redoute une escalade qui justifierait une montée en puissance de l’armée russe contre l’Ukraine. La stratégie est toujours
celle de faire durer la guerre, dans l’espoir que la popularité de Vladimir Poutine s’y abimera.
Vladimir Zelensky est pris d’activisme. En pleine opération de Koursk, il prend le temps de demander au président de la Mongolie Extérieure d’arrêter Vladimir
Poutine, le 3 septembre prochain, lors de la visite que le président russe doit effectuer dans le pays. Zelensky demande au Premier ministre indien Modi d’organiser une conférence de la paix
avant les élections américaines. Cela ne l’empêche pas d’envoyer une délégation à Washington pour obtenir l’autorisation de frapper une liste
d’objectifs avancés dans le territoire russe – avec les armes appropriées.
Des frappes russes massives dans les régions de l’arrière-pays ukrainien ne cessent pas depuis plusieurs jours d’affilée. Dans la nuit du 29 août, une nouvelle attaque
combinée de drones et de missiles russes a visé les infrastructures militaires et industrielles ukrainiennes dans une douzaine de villes du pays, y compris dans la capitale. Les
militaires ukrainiens des régions frontalières de Soumy et de Kharkiv sont pilonnés par les bombes russes.
La nuit [du 28 au 29 août], la région de Kiev a fait l’objet d’une attaque massive. Des frappes russes ont été signalées dans le village d’Obukhov, situé à la périphérie de la capitale.
Une deuxième attaque en une semaine a visé l’aéroport de Borispil, utilisé par les forces armées ukrainiennes. De précieuses cargaisons militaires de l’OTAN y sont stockées, notamment du
matériel nécessaire à la réparation et à la restauration des équipements militaires de l’OTAN, ainsi que des armes et des munitions fournies par les « partenaires » occidentaux de Kiev.
D’autres frappes ont touché la capitale elle-même. L’électricité a été coupée dans plusieurs quartiers de la ville. (…)
Pendant ce temps, l’impasse se poursuit dans la région russe de Koursk. Les militaires ukrainiens se heurtent au mur des défenses russes. Les groupes motorisés ukrainiens lancent des
assauts dans différentes directions autour de Sudzha, ce qui accroît leurs pertes, mais les lignes de front restent inchangées. Selon les images disponibles, les forces russes ont
commencé à lancer leurs bombes lourdes FAB-3000 modernisées sur les positions militaires ukrainiennes en territoire russe. Ces frappes dévastatrices causent d’importants dégâts aux
infrastructures locales, mais ne laissent aucune chance à l’armée ukrainienne de sauver ses réserves.
Alors que les forces ukrainiennes sont bloquées dans le nord, l’armée russe progresse rapidement dans le Donbass. La défense ukrainienne a été ruinée sur un large front dans la direction
de Pokrovsk, les Ukrainiens fuient leurs bastions à l’ouest. L’armée russe s’approche déjà du centre de Selidovo, l’une des plus grandes agglomérations de la région. Les forces russes ont
pris le contrôle d’un bastion stratégiquement important sur la hauteur, à la périphérie, et ont forcé l’ennemi à se retirer d’une vaste zone. Les soldats ukrainiens, démoralisés,
n’opposent qu’une faible résistance.
L’objectif de l’offensive russe est d’atteindre la ligne Pokrovsk-Selidovo-Kurahovo-Ugledar et de redresser le front.
Dans le même temps, les forces russes ont remporté une nouvelle victoire dans la direction d’Ugledar. Un important bastion ukrainien dans la ville de Konstantinovka est passé sous
contrôle russe. Les opérations de nettoyage se poursuivent dans la localité, tandis que l’avancée russe le long de la route oblige les unités ukrainiennes à se retirer de Pavlovka. La
menace stratégique qui pèse sur l’armée ukrainienne s’accroît.
Ajoutons que les Ukrainiens ont dû concéder la destruction d’un avion F16 récemment livré. Il aurait été détruit par un “tir ami”,
venu d’une batterie de missiles Patriot. Il n’est pas exclu qu’au moins un autre F16 ait été détruit, lors des frappes russes, par un tir de missile hypersonique Kinjal (Simplicius).
Pourquoi Washington ne veut pas d’une escalade
On comprend que Zelensky, dos au mur, pousse à l’escalade. L’opération sur Koursk n’a pas donné ce qu’il en attendait. Comment entraîner ses alliés dans une guerre
de plus en plus directe avec la Russie ? Il s’agit d’obtenir l’autorisation de frapper des objectifs militaires avec des armes de longue portée en territoire russe.
On remarquera tout d’abord que l’armée ukrainienne frappe déjà en territoire russe, en particulier avec des drones. De quoi s’agit-il, alors
?
Les armes à longue portée que l’Ukraine a reçues des Occidentaux sont essentielles pour cibler les centres logistiques russes et d’autres cibles militaires de l’autre côté de la
frontière. La demande faite par Kiev à (…) intervient après un assouplissement des restrictions par certains alliés occidentaux de l’Ukraine, suite à l’offensive russe près de Kharkiv
[Kharkov] en mai dernier.
En réponse à cette offensive, certains alliés occidentaux avaient commencé à assouplir leurs restrictions sur les armes à longue portée capables de frapper des cibles comprises entre 30
et 200 kilomètres.
Les États-Unis et l’Allemagne ont ainsi soutenu l’idée que l’Ukraine pourrait prendre pour cible des sites militaires sur le territoire russe, afin de se défendre de tirs ayant pour
origine des zones proches de la frontière. Plus de dix autres pays, dont le Royaume-Uni, la Finlande, la France, la Pologne, la Lituanie et les Pays-Bas, ont également
approuvé ces actions.
Les pays occidentaux, comme le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Allemagne, avaient auparavant catégoriquement refusé que l’Ukraine prenne pour cible la Russie avec des armes à longue
portée. Ils avaient soit réduit la portée des armes
qu’ils envoyaient à l’Ukraine, soit explicitement mis en place des restrictions sur leur utilisation, par crainte d’une escalade avec Moscou.
Malgré les assouplissements intervenus après l’offensive russe de mai, l’Ukraine continue d’affirmer que les efforts occidentaux sont insuffisants pour répondre à ses besoins en matière
de défense. Washington avait limité ses assouplissements aux armes tirées depuis Kharkiv.
Ceux-ci ne s’appliquaient pas aux ATACMS (systèmes de missiles tactiques de l’armée) d’une portée de 300 km. De même, Londres interdit l’utilisation de missiles Storm Shadow d’une portée
supérieure à 250 km et Berlin refuse d’envoyer des missiles Taurus d’une portée de 500 km. En outre, les avions de chasse F-16 fabriqués aux États-Unis et fournis à l’Ukraine ne sont pas
destinés à être utilisés sur le sol russe.
Kiev dirige donc ses pressions vers les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Mais ses efforts ont jusqu’à présent été vains.
Une délégation ukrainienne va se rendre à Washington pour essayer d’emporter la décision. Pour l’instant, les signaux venus de la Maison Blanche sont négatifs.
Simplicius nous explique pourquoi:
Il ne reste plus qu’à lancer des provocations massives en envoyant des ATACMS et des Storm Shadows le plus profondément possible en Russie.
Mais voici le piège ultime que la grande majorité des observateurs ne comprennent pas : L ‘hésitation
des États-Unis n’est
pas due à la crainte que la Russie perde et au chaos « incontrôlable » qui en résulterait, comme les commentateurs ukrainiens ne cessent de le répéter. Non, c’est plutôt
l’inverse : Les États-Unis craignent que l’Ukraine ne provoque la Russie à se lancer dans une «guerre totale», ce qui pousserait Poutine à abandonner son approche «douce» pour mener une
sorte de guerre totale qui aboutirait à la destruction ou à la soumission totale de l’Ukraine.
Les conseillers politiques américains les plus avisés savent que la seule chance pour l’Occident de renverser la Russie est de maintenir ce conflit à un niveau d’ébullition lent, de sorte
que Poutine tombe dans un piège, en gagnant du temps pour que le régime puisse fomenter une opposition contre lui. Mais l’Ukraine risque de déclencher accidentellement toute l’étendue de
la machine de guerre russe, qui pourrait comprendre une déclaration de guerre officielle ou simplement l’abrogation de toutes les anciennes «règles» interdisant de frapper des objets
civils, des bâtiments gouvernementaux, des dirigeants, Kiev en général, etc. Washington sait que cela conduirait à l’occupation définitive de toute l’Ukraine par la Russie, ce qui
signifierait la fin de tout le projet ukrainien élaboré depuis 70 ans par la CIA et consorts.
En bref : Ils veulent saigner l’ours lentement en le frappant encore et encore, de sorte que l’ours ne se rende même pas compte qu’il se vide de son sang ; ce qu’ils ne
veulent pas,
c’est perforer l’ours si fort qu’il entre dans une rage écumante et les décapite d’un coup de griffes macabre.
A vrai dire, c’est aussi le raisonnement de la Russie, qui s’est gardée de lancer une guerre totale, jusqu’à maintenant et préfère épuiser l’armée ukrainienne – et avec elle ses
financeurs occidentaux.
La Grande-Bretagne va-t-elle faire faillite à cause de la dette ukrainienne?
La clé des événements en Ukraine se trouve-t-elle à Londres ? Il faut sans doute moins s’interroger sur les objectifs actuels de la stratégie ukrainienne que sur les raisons, internes ou
externes, qui ont pu conduire à lancer une opération comme celle de Koursk. Nous avons déjà évoqué des incitations venues des Etats-Unis. Il y a aussi, bien entendu, le souci de Zelensky de
conserver son pouvoir. Mais une motivation plus importante encore pourrait se trouver dans la crise de la dette ukrainienne et les dangers qu’elle fait courir plus spécifiquement à la
Grande-Bretagne. Sommes-nous au bord d’une crise majeure des finances britanniques, due à l’exposition du pays à la dette ukrainienne ? La bataille de Koursk a-t-elle été une tentative
anglo-ukrainienne désespérée de repousser l’échéance du défaut de paiement ukrainien ?
Un char britannique Challenger détruit par l’artillerie russe
La dette ukrainienne, talon d’Achille de la Grande-Bretagne ?
Alex Krainer, auteur d’un blog très réputé parmi les
investisseurs, se demandait, il y a deux jours, si
« la
Grande-Bretagne pourrait être confrontée à une crise financière imminente qui pourrait accélérer son effondrement économique et social. Je soupçonnais que cela pouvait être lié au fait
que la Grande-Bretagne s’est surendettée en Ukraine en essayant de retrouver le leadership, la richesse et le prestige qu’elle n’a cessé de perdre au cours des dernières
décennies. »
La Grande-Bretagne est en effet parmi les pays qui ont le plus contribué à soutenir l’Ukraine, non seulement par un soutien militaire mais aussi par un soutien
financier :
« La
Grande-Bretagne a été le principal soutien et sponsor de ce conflit, et il semble qu’elle en ait fait trop. En plus de fournir au moins 7,5 milliards de livres sterling d’aide militaire
(près de 10 milliards de dollars), la Grande-Bretagne a donné 5 milliards de livres sterling (6,5 milliards de dollars) supplémentaires à l’Ukraine sous forme de soutien
financier.
En outre, la Grande-Bretagne a également garanti plusieurs tranches de prêts de la Banque mondiale à l’Ukraine et de nombreuses institutions financières britanniques ont acheté des
obligations ukrainiennes d’une valeur de plusieurs milliards. D’autres ont réalisé d’importants investissements directs dans ce pays ».
Endettement britannique
Le tableau ci-dessus permet de mieux comprendre : Les Etats-Unis et l’Allemagne ont fait plus que la Grande-Bretagne en termes de soutiens cumulés. Mais la
Grande-Bretagne a plus fait en ce qui concerne le soutien financier. Ajoutons que le gouvernement Sunak avait, au mois d’avril 2024, annoncé une
augmentation du budget de la défense ; Comme l’explique Les
Echos :
« Le Royaume-Uni a annoncé mardi une nouvelle
augmentation de son budget militaire ,
pour le porter progressivement à 2,5 % de son PIB à horizon 2030. À l’occasion d’un déplacement à Varsovie, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a vanté « le
renforcement le plus important de notre défense nationale depuis une génération ». « Dans un monde qui n’a jamais été aussi dangereux depuis la fin de la guerre froide, nous ne
pouvons pas rester complaisants », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.
En valeur absolue, cette annonce correspond à une augmentation des dépenses de 75 milliards de livres sur six ans. A cette occasion, le locataire de Downing Street a confirmé
une nouvelle
contribution de 500 millions de livres (580 millions
d’euros) à l’effort de guerre ukrainien contre l’invasion russe.
Londres avait déjà fait part de son intention de porter son budget militaire à 2,5 % du PIB, mais n’avait pas donné d’échéance. Le gouvernement britannique avait annoncé vouloir
atteindre cet objectif, dès que « les conditions économiques » le permettraient. Les finances publiques britanniques sont sous pression, avec un déficit à 5,1 % du PIB et
une dette publique à 96 % du PIB en 2023 »
Bras de fer en juillet 2024 sur la dette ukrainienne
Depuis le début de la Guerre d’Ukraine, l’économie ukrainienne s’est effondrée de 25 %. Les recettes fiscales diminuant, le déficit budgétaire de l’Ukraine pour
2024 devrait atteindre près de 44 milliards de dollars. Si Kiev devait assurer le service de sa dette, celle-ci absorberait 15 % de son PIB, soit le deuxième poste de dépenses après la défense
(qui représente 31,3 % du PIB). Selon Alex Krainer, toujours :
« Le
maintien en activité du gouvernement et de l’armée ukrainiens est devenu entièrement dépendant de ses bailleurs de fonds occidentaux. Fin mars 2024, alors que le programme d’aide
américain de 61 milliards de dollars était toujours bloqué au Congrès américain, la Banque
mondiale a approuvé une aide
financière de 1,5
milliard de dollars pour
l’Ukraine. Le projet de document sur l’allocation de ces fonds souligne l’état « catastrophique » des finances publiques ukrainiennes et reconnaît le risque « extrêmement élevé » de
coopérer avec l’Ukraine.
Un fonctionnaire de la Banque mondiale impliqué dans le dossier a
noté que l’Ukraine
était au bord de la faillite. Il a ajouté que, comme pour les transactions précédentes, la Banque mondiale n’a pas fourni ses propres fonds à Kiev, mais a « une fois de plus profité » des
garanties de deux des donateurs de l’Ukraine, principalement le Japon et le Royaume-Uni. Le Premier ministre ukrainien, Denis
Shmigal,a
révélé que sur
les 1,5 milliard de dollars accordés à l’Ukraine, 984 millions provenaient du Japon et 516 millions de la Grande-Bretagne. Mais l’Ukraine est aujourd’hui incapable d’honorer ses dettes
extérieures croissantes ».
La question du crédit dont peut encore disposer Kiev a pris une tournure dramatique à la mi-juillet 2024 :
+ Vladimir Zelensky a été admis à une des premières séances du nouveau cabinet Starmer. Derrière les déclarations sur l’importance historique du moment, se cachait
l’inquiétude quant à la situation militaire et financière de l’Ukraine.
+ « Presque
aussitôt après la fin de la visite de Zelensky à Londres, le gouvernement ukrainien a
annoncé [le 22 juillet] qu’un accord avait été conclu avec
ses principaux détenteurs d’obligations pour restructurer les obligations du pays d’une valeur de près de 20 milliards de dollars, y compris une réduction de 37 % des montants dus. Mais il ne
s’agissait que d’un « accord de principe » conclu avec un « comité ad hoc de créanciers », et il n’était pas contraignant pour tous les détenteurs d’obligations. (…) L’Ukraine était censée courir
après ses créanciers et les supplier d’accepter l’accord, en leur offrant même une «commission de consentement » de 1,25 % ».
+ « [Le
24 juillet], deux jours seulement après l’annonce par l’Ukraine de l’accord conclu avec ses détenteurs d’obligations, Fitch
a abaissé la note de crédit de l’Ukraine de CC à C,
reflétant un risque de crédit extrême réservé aux pays qui « sont entrés en défaut de paiement ou dans un processus de type défaut de paiement. (…) Pour l’Ukraine, la (…) date de
révision était fixée au 6 décembre 2024. Cependant, Fitch a déterminé qu’il y avait eu un «changement important dans la solvabilité de l’émetteur» qui aurait rendu «inapproprié d’attendre…
» ».
+ Le mercredi 31 juillet 2024, en réaction, Vladimir Zelensky suspendait « temporairement » le remboursement de la dette, décision qui entrait en vigueur dès le
1er août,
pour deux mois – renouvelables.
L’opération de Koursk : Une opération conjointe anglo-ukrainienne à objectif financier ?
En se plaçant du point de vue de la dette ukrainienne et de l’exposition britannique à cette dette, Alex Krainer propose un point de vue intéressant sur les
motivations de l’éopération contre Koursk :
« L’Ukraine
a lancé l’incursion 18 jours seulement après la visite de Zelensky à Londres. Le conseiller en sécurité de Zelensky , Mikhailo
Podolyak, a admis que l’invasion
de Koursk avait été discutée avec les Britanniques.
Le 18 août, le Sunday Times de Londres révèle que la Grande-Bretagne a joué un rôle central dans l’opération :
« Invisible pour le monde, l’équipement britannique, y compris les drones, a joué un rôle central dans la nouvelle offensive de l’Ukraine et le personnel britannique a conseillé
étroitement l’armée ukrainienne… à une échelle qu’aucun autre pays n’a égalée. »
Dans son « Market Report » du 28
août, Tom Luongo souligne que le différentiel des taux pour les obligations à 10 ans redevient défavorable à la Grande-Bretagne. Et le graphique ci-dessous rappelle les deux moments de fortes
tensions : Lorsque Liz Truss était Premier ministre et au plus fort des tensions, en 2023, entre les Etats-Unis et la Chine. La question : La Grande-Bretagne résistera-t-elle à une
nouvelle poussée du « spread » avec les Etats-Unis ?
Alex Krainer insiste quant à lui sur l’inquiétude de la Banque d’Angleterre :
« Le
22 juillet, le jour même de l’annonce de l’accord entre le gouvernement ukrainien et le « comité ad hoc » de ses créanciers privés, la Banque d’Angleterre a également annoncé un
séminaire intitulé « The Future Bank of England Balance Sheet – managing its transition towards a new system for supplying reserves » (Le futur bilan de la Banque d’Angleterre – gérer sa
transition vers un nouveau système d’approvisionnement en réserves). Le séminaire a eu lieu le même jour (un peu court pour la plupart des gens) et a comporté un discours de Victoria
Saporta, directrice exécutive de la direction des marchés de la banque. Dans son communiqué, la Banque d’Angleterre explique que son « bilan joue un rôle clé en aidant la banque à
atteindre ses objectifs de stabilité financière et de politique monétaire ».
Le discours de Madame Saporta, intitulé « Let’s Get Ready to Repo ! », a présenté les dernières réflexions de la Banque sur l’avenir de son bilan, qui devrait évoluer vers un
système d’approvisionnement en réserves axé sur la demande. Mme Saporta a suggéré que la Banque devrait accepter une « gamme plus large d’actifs » comme garantie afin de rendre le système
« utilisable pour le plus grand nombre de modèles d’entreprise ». (…)
Voici comment Simon White, stratège macroéconomique chez Bloomberg, l’explique : Dans un système axé sur la demande, « ce que les banques utilisent pour régler les soldes chaque jour doit
pouvoir être transféré sur le bilan de la banque centrale en cas de crise. Si ce n’est pas le cas, les liquidités risquent de se tarir complètement. Ainsi, en cas de crise, aucun actif ne
pourra être refusé dans le cadre de ce système ». Cela pourrait même inclure les obligations ukrainiennes.
Ce qui ressort clairement de ces propos et du langage de la BOE, c’est que la banque craint désormais l’effondrement du système financier britannique et qu’elle a décidé d’éviter cet
effondrement de la pire façon possible : En assouplissant ses normes de crédit et en acceptant des garanties de mauvaise qualité en échange d’argent liquide. C’est le signe le plus
évident que le système est sur le point de s’effondrer ».
Rappelons-nous qu’en septembre 2022, le système financier et bancaire britannique a été, selon les aveux ultérieurs de la Bank of England, « à quelques heures
» de s’effondrer : Les « gilts » (ou obligations d’Etat britannique) de long terme ne trpouvaient plus d’acheteurs. La Banque d’Angleterre est intervenue en achetant jusqu’à 40
milliards de livres de gilts.
Cette situation pourrait-elle se reproduire ?
La Chine et la nouvelle stratégie nucléaire des États-Unis
L’axe anglo-saxon aurait élaboré un plan pour les cinq prochaines années qui impliquerait le rétablissement du rôle des États-Unis en tant que gendarme mondial à travers une
augmentation extraordinaire des interventions militaires américaines à l’étranger pour retrouver l’unipolarité sur le plan géopolitique mondial, conformément à la doctrine Wolfowitz
qui a décrit «une politique d’unilatéralisme» et «une action militaire préventive pour supprimer d’éventuelles menaces provenant d’autres nations et empêcher les dictatures d’accéder
au statut de superpuissance».
Selon le New York
Times, le président Joe Biden a approuvé en
mars un plan stratégique nucléaire hautement classifié appelé Nuclear
Employment Guidance (Guide pour l’emploi nucléaire). Ce plan «vise, pour la
première fois, à préparer les États-Unis à d’éventuels défis nucléaires coordonnés de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord et, pour la première fois, à réorienter la
stratégie de dissuasion américaine pour se concentrer sur l’expansion rapide de l’arsenal nucléaire chinois» et «ce changement se
produit alors que le Pentagone estime que les réserves de la Chine rivaliseront en taille et en diversité avec celles des États-Unis et de la Russie au cours de la prochaine
décennie».
Le document est mis à jour tous les quatre ans, mais il est si hautement classifié qu’il n’existe aucune copie électronique, seulement un petit nombre
de copies papier distribuées à quelques responsables de la sécurité nationale et commandants du Pentagone. Ainsi, selon le quotidien US, «la
Maison-Blanche n’a pas
annoncé publiquement l’approbation du plan par Biden, mais une notification non classifiée au Congrès est attendue avant qu’il ne quitte ses fonctions».
La triade nucléaire. L’expansion nucléaire de la Chine aurait déclenché l’alarme au Pentagone car elle progresserait plus rapidement que ce que les
responsables du renseignement américain avaient prévu. Tout cela a lieu en raison du changement mis en œuvre par le président Xi Jinping après avoir abandonné l’ancienne stratégie
consistant à maintenir un «minimum de dissuasion» et à adopter la doctrine de la triade nucléaire consistant à «égaler ou
dépasser la taille des arsenaux nucléaires russes et américains d’ici 2035».
Depuis la présidence de Harry Truman, cette stratégie s’est concentrée principalement sur l’arsenal du Kremlin, mais pour la première fois, la Chine
apparaît dans les nouvelles orientations de Biden face à l’évidence d’un changement dans la cartographie nucléaire mondiale. La nouvelle stratégie souligne «la nécessité» de dissuader
simultanément la Russie, la République populaire de Chine et la Corée du Nord.
Ainsi, selon les
estimations du Pentagone, la force nucléaire de la Chine passerait à 1000 ogives nucléaires d’ici 2030 et à 1500 d’ici 2035, ce qui rendrait l’arsenal nucléaire chinois
égal au nombre d’ogives nucléaires actuellement possédées par les États-Unis et la Russie. Cela fait partie de la nouvelle triade nucléaire avec laquelle l’arsenal nucléaire américain
serait clairement inférieur à l’axe russo-chinois en cas de conflagration nucléaire.
L’OTAN cherche-t-elle à soumettre la Chine et la Russie ? Zbigniew Brzezinski, dans son livre «Entre deux âges :
le rôle des États-Unis à l’ère technotronique» (1971), indique que «l’ère du
rééquilibrage du pouvoir mondial est arrivée, pouvoir qui doit passer entre les mains d’un nouveau pouvoir politique mondial» sur un ordre fondé sur un lien économique trilatéral
entre le Japon, l’Europe et les États-Unis. Une telle doctrine impliquerait la soumission de la Russie et de la Chine et inclurait la possibilité d’une attaque nucléaire préventive
des États-Unis utilisant des missiles Trident II contre des cibles vitales russes et chinoises.
Ainsi, la présence de soldats polonais, britanniques et américains dans l’offensive ukraino-otanienne sur la région russe de Koursk confirmerait
l’entrée de l’OTAN dans un conflit ouvert avec la Russie de Poutine, ce qui, selon la doctrine nucléaire russe, permettrait à Poutine d’utiliser «des armes non nucléaires». Des armes
nucléaires stratégiques, également appelées «armes nucléaires tactiques», la Russie, selon le Centre pour le contrôle des armements et la non-prolifération, en
disposerait d’environ 1860 ogives et les États-Unis environ 230 dont 20 en Türkiye (Incirlik Air Base), 15 en Belgique (Kleine Brogel Air Base), 15 aux Pays-Bas (Volkel Air
Base), 15 en Allemagne (Büchel Air Base), 35 en Italie (Aviano & Ghedi Torre Air Base).
Ainsi, selon ladite doctrine nucléaire, la Russie sera en mesure d’utiliser son arsenal nucléaire dans le cas où «une attaque
ennemie avec des armes conventionnelles menacerait l’existence de la Russie», une hypothèse qui se réaliserait dans le cadre de l’opération militaire ukraino-otanienne actuelle à
Koursk.
AUKUS et l’arc de crise nucléaire. La Chine et les États-Unis entretiennent des divergences sur l’autonomie et le statut de Taïwan ainsi que sur la
liberté de navigation en mer de Chine méridionale. La Chine est pleinement consciente que l’accord stratégique entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, connu sous le nom
d’AUKUS, symbolise un changement dans la cartographie géopolitique mondiale en déplaçant le scénario atlantique vers l’Indo-Pacifique comme épicentre du pouls géopolitique entre les
États-Unis et la Chine.
Dans ce contexte, dans des déclarations faites lors du principal forum sur la sécurité du continent asiatique tenu à Singapour, le général chinois, Jing
Jianfeng, a
accusé les États-Unis de tenter de créer «une version de
l’OTAN en Asie pour maintenir leur hégémonie». Ainsi, l’objectif américain serait d’établir un arc de crise nucléaire autour de la Chine qui s’étendrait du Cachemire indien au
Japon, en passant par la Corée du Sud et les Philippines et fermant l’arc avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie pour dissuader la Chine de son aventure de domination chinoise en
mer.
Ainsi, les États-Unis ont alloué 1,9
milliard de dollars pour réapprovisionner Taïwan en armes tout en déployant un nouveau système de lancement au sol pour leurs missiles à moyenne portée Typhon sur l’île de Guam, ce
qui constituerait un avertissement clair à Pékin pour freiner ses aspirations militaires. De même, le Pentagone pourrait recourir à une attaque sous fausse bannière contre la marine
américaine déployée sur les îles proches de Taïwan (rappelant l’explosion du cuirassé Maine à Cuba en 1898) et à une attaque nucléaire préventive contre des cibles chinoises vitales,
en utilisant des missiles Trident II.
Bref, nous nous trouvons dans un scénario incertain qui pourrait conduire à une conflagration mondiale aux conséquences imprévisibles pour l’espèce
humaine et l’avenir de la planète.
La « crise ukrainienne » n’est pas vraiment un terme
approprié pour décrire ce qui se passe actuellement dans les relations entre la Russie et l’Occident. Cette confrontation est mondiale. Elle touche pratiquement tous les domaines fonctionnels
! – de la finance à l’industrie pharmaceutique en passant par le sport – et s’étend sur de nombreuses régions géographiques.
En Europe, qui est
devenue l’épicentre de cette confrontation, le niveau de tension le plus élevé en dehors de l’Ukraine se situe désormais dans la région balte. La question souvent posée en Russie (et en
Occident) est la suivante : Est-ce que cela deviendra le prochain théâtre de guerre ?
En Europe occidentale et en Amérique du Nord, un scénario est depuis longtemps envisagé dans lequel l’armée russe, après sa victoire en Ukraine, continue
d’avancer, cherchant ensuite à conquérir les républiques baltes et la Pologne.
Le but de cette simple fantaisie de propagande est clair : Convaincre les Européens de l’Ouest que s’ils « n’investissent pas pleinement » dans le soutien à Kiev,
ils pourraient se retrouver avec une guerre sur leur propre territoire.
Il est révélateur que presque personne dans l’UE n’ose demander publiquement si Moscou est intéressé par un conflit armé direct avec l’OTAN.
- Quels seraient ses objectifs dans une telle guerre ?
- Et quel prix serait-elle prête à payer ?
Évidemment, le simple fait de poser de telles questions pourrait conduire à des accusations de propager la propagande russe.
Notre pays [La Russie.
NdT] prend note des déclarations provocatrices de nos voisins du nord-ouest, des Polonais, des États baltes et des Finlandais. Ils ont évoqué la possibilité de bloquer l’enclave
de Kaliningrad par voie maritime et terrestre, et de fermer la voie de sortie de la Russie par le golfe de Finlande. Ces déclarations sont généralement faites par des politiciens à
la retraite, mais parfois des ministres en exercice et des officiers militaires propagent ce genre d’idées.
Ces menaces ne provoquent pas de panique chez les Russes. Des décisions de cette ampleur sont prises à Washington, pas à Varsovie ou à Tallinn. Néanmoins, la
situation ne peut être ignorée.
La région de la mer Baltique a perdu son statut de région la plus stable et la plus pacifique d’Europe depuis de nombreuses années. Depuis que la Pologne
(1999), la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie (2004), et plus récemment la Finlande (2023) et la Suède (2024) ont rejoint l’OTAN, elle est devenue, comme ils le répètent fièrement et
joyeusement à Bruxelles, un « lac de
l’OTAN ». Il faut deux heures de route pour se rendre de Narva (c’est-à-dire de l’OTAN) à Saint-Pétersbourg. Après l’adhésion de la Finlande au bloc dirigé par les États-Unis, la
ligne de contact direct a été allongée de 1 300 km, ce qui signifie qu’elle a doublé. Saint-Pétersbourg se trouve à moins de 150 km de cette frontière. Ainsi, le prix à payer pour
l’abandon volontaire par Moscou du principe d’endiguement géopolitique à la fin de la guerre froide est élevé.
Le territoire de l’OTAN ne s’est pas seulement étendu et rapproché de la frontière russe ; il est activement équipé pour les opérations
militaires. Des couloirs d’accès rapide des forces de l’OTAN à la frontière (le soi-disant Schengen militaire) sont devenus opérationnels ; de nouvelles bases militaires sont
construites et celles existantes sont modernisées ; la présence physique des forces américaines et alliées dans la région augmente ; Les exercices militaires, aériens et navals s’intensifient
et s’étendent. L’annonce par Washington de son intention de déployer des missiles de portée intermédiaire en Allemagne en 2026 rappelle la crise des euromissiles du début des années 1980,
considérée comme la période la plus dangereuse de la guerre froide après l’affrontement avec Cuba en octobre 1962.
La situation actuelle dans le nord-ouest oblige Moscou à renforcer sa stratégie de dissuasion militaire contre l’ennemi. Un certain nombre de
mesures ont déjà été prises.
- Pour renforcer la dissuasion non nucléaire, le district militaire de Leningrad a été reconstitué et de nouvelles formations et unités sont créées là où elles
étaient absentes depuis longtemps.
- L’intégration militaire entre la Russie et la Biélorussie a considérablement progressé.
- Des armes nucléaires ont déjà été déployées sur le territoire biélorusse.
- Des exercices impliquant les forces nucléaires non stratégiques de Moscou ont eu lieu.
- Des avertissements officiels ont été émis selon lesquels, dans certaines conditions, les installations militaires sur le territoire des pays de l’OTAN
deviendront des cibles légitimes.
- Une modernisation de la doctrine nucléaire russe a été annoncée. La dissuasion atomique devient un outil plus actif de la stratégie russe.
Il ne reste plus qu’à espérer que Washington comprenne qu’un blocus naval de Kaliningrad ou de Saint-Pétersbourg serait un casus belli, une raison pour déclarer
la guerre. L’administration américaine actuelle ne semble pas vouloir un conflit direct majeur avec la Russie. Mais l’histoire montre que cela se produit parfois sans que les deux parties ne
le souhaitent. La stratégie d’escalade rampante pour vaincre stratégiquement la Russie, adoptée par les États-Unis dans sa longue guerre par procuration en Ukraine, comporte le risque d’un
tel scénario, où la logique d’un processus, une fois enclenché, commence à déterminer les décisions politiques et militaires et la situation devient alors rapidement incontrôlable.
Un autre danger réside dans le fait que Washington encourage de facto non seulement la rhétorique irresponsable, mais aussi les actions irresponsables des pays
satellites américains. Ces derniers, convaincus de leur impunité, pourraient aller trop loin en provoquant Moscou de manière irréfléchie, entraînant ainsi les États-Unis et la Russie dans un
conflit armé direct. Là encore, il ne reste plus qu’à espérer que l’instinct de conservation des États-Unis sera plus fort que son arrogance.
Les espoirs ne sont que des espoirs, mais il est clair que la Russie a déjà épuisé sa réserve d’avertissements verbaux. Les actions hostiles de nos
adversaires ne méritent plus d’être condamnées, mais demandent une réponse appropriée.
Nous parlons maintenant des aérodromes des pays de l’OTAN, notamment de la Pologne, où pourraient bien être basés les F-16 remis à Kiev ; des tentatives
possibles de l’Estonie et de la Finlande de perturber la navigation dans le golfe de Finlande ; de la perspective que la Lituanie coupe la liaison ferroviaire entre Kaliningrad et la Russie
continentale sous divers prétextes ; et des menaces importantes contre notre alliée biélorusse. Une réponse ferme à un stade précoce de l’élaboration de chacun de ces plans possibles a de
meilleures chances d’empêcher une escalade dangereuse. Bien sûr, la position la plus forte de la Russie est d’être proactive, de poursuivre une stratégie préventive dans laquelle Moscou ne
réagit pas aux mesures d’escalade de l’ennemi, mais prend l’initiative stratégique.
Il ne faut pas oublier que la confrontation de la Russie avec l’Occident collectif se poursuivra après la fin des opérations militaires actives contre
l’Ukraine. De l’Arctique, qui est une zone de rivalité à part, à la mer Noire, il existe déjà une ligne de démarcation solide et ininterrompue. La sécurité européenne n’est plus un concept
pertinent, et la sécurité eurasienne, y compris la composante européenne, est un problème pour l’avenir lointain. Une longue période de « non-paix mondiale » s’annonce, pendant laquelle la
Russie devra compter sur ses propres forces et capacités plutôt que sur des accords avec les États occidentaux pour assurer sa sécurité. Dans un avenir prévisible, la région baltique – ce
pont autrefois prometteur sur la voie de la « Grande Europe » – sera probablement la partie la plus
militarisée et la plus hostile au voisinage de la Russie. La stabilité de la situation dépendra bien sûr de la réalisation des objectifs de l’opération en Ukraine.
Dmitry
Trenin
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Syrie est un champ essentiel du conflit international
À l’occasion de l’ouverture de la quatrième session législative de l’Assemblée du peuple syrien, le 25 août courant, le président Bachar al-Assad a
prononcé un discours d’une cinquantaine de minutes dont nous traduisons un extrait concernant la situation syrienne et régionale ; les négociations syro-turques initiées par la
Russie, l’Iran et l’Irak pour la normalisation des relations entre les deux pays avec la proposition d’un processus susceptible d’éviter le grand écart entre les déclarations et les
comportements de la partie turque ; les leçons de courage et de patriotisme données par la Résistance régionale, notamment par la population palestinienne de Gaza et la
population syrienne du Golan syrien illégitimement et illégalement soumises à l’occupation israélienne.
Mouna
Alno-Nakhal
*
par Bachar
al-Assad
Tout au long de l’Histoire, le conflit international ne s’est jamais dissipé. Il se calme mais ne s’éteint pas. Aujourd’hui, nous vivons l’une de ses
phases ascendantes : conflit de l’Occident avec le reste du monde, conflit des forces hégémonistes et terroristes contre les forces souverainistes et stabilisatrices. C’est parce
qu’il est géographiquement et sectoriellement plus global que les guerres du siècle dernier, qu’il est plus complexe et plus profondément impactant sur le monde. Par conséquent,
absolument personne ne peut choisir d’éviter ses effets sur l’ensemble des secteurs et domaines politiques, économiques, sécuritaires et culturels.
La Syrie est un champ essentiel de ce conflit. Il l’affecte qu’il soit de haute ou de basse intensité. Et nous avons à choisir entre nous contenter de
subir ses effets ou influencer le cours des événements, au minimum à l’intérieur de nos frontières nationales. Pour ce faire, notre capacité ne dépend pas tant de l’équilibre des
forces militaires, économiques et techniques, aussi importantes soient-elles, que de l’équilibre de notre volonté face à celle des ennemis.
Cet équilibre naît de la foi en nos capacités nationales et se réalise en œuvrant sérieusement à atteindre nos objectifs avec nos propres moyens par le
travail, la production, la recherche de solutions, le rejet de l’impossible, le refus de la soumission aux frustrations et aux circonstances.
Nous avons l’exemple d’une telle soumission dans le discours qui circule au sein des cercles inféodés à l’entité sioniste suite à sa défaite. Ce
discours ne découle pas de l’échec militaire et des pertes sans précédent de l’entité, mais découle plutôt du déclin de la foi en son absolue puissance, laquelle s’est transformée en
défaite psychologique du fait de l’insistance du peuple palestinien à s’accrocher à sa terre et à un mode de vie quotidien dans des circonstances fondamentalement invivables.
La victoire ou la défaite sont l’âme de la société avant d’être un résultat sur le terrain. Et ce sont la persévérance, la foi et la volonté qui ont
brisé la confiance de l’entité en l’avenir de son existence, comme elles ont brisé le processus de la normalisation psychologique du peuple arabe [avec l’entité sioniste], laquelle
est à distinguer de la normalisation officielle ; ce qui est un sujet différent apparu au sein de jeunes générations gouvernées par la frustration, la non-appartenance et la
soumission absolue à l’Occident et à son protégé : Israël.
Gaza a donné un exemple qui a réveillé ces générations. Elles ont commencé à voir et à lire la réalité d’une manière différente de celle qui a été
travaillée par l’Occident pendant de longs siècles. Des siècles d’illusions renversées par des heures d’héroïsme et des mois de résistance fondée sur des siècles d’appartenance. D’où
la réaction hystérique et sans précédent de l’Occident, laquelle est venue confirmer qu’Israël n’est qu’une partie d’un projet colonial et que s’il tombe, le projet tombe avec
lui.
Ce projet, dont nous ne cessons de parler, est un projet de fin de l’Histoire qu’ils ont promu suite à la dissolution de l’Union soviétique, il y a
environ trois décennies, et dont l’essence se résume en quelques mots : la soumission absolue et éventuellement éternelle du monde à l’Occident, en premier lieu aux
États-Unis.
Mais ils ont découvert que cette Histoire n’a pas pris fin au Liban, ni en 2000 lors de sa libération [de l’occupation israélienne], ni en 2006
lorsqu’il a brisé leur pouvoir, ni en Syrie qui a résisté face à la guerre la plus féroce menée contre une patrie, ni à Gaza lorsque l’image criminelle de l’armée sioniste s’est
révélée.
L’Histoire ne prend fin que lorsque les peuples, leurs causes, leurs droits, leur confiance en eux-mêmes, leurs capacités et leur souveraineté
s’effondrent. Et les peuples ne s’effondrent que lorsqu’ils perdent leur appartenance à leur patrie, à leur société, à leur Histoire et à leur idéologie. Notre lutte contre le
colonialisme et le sionisme se poursuit, mais commence d’abord en nous-mêmes. C’est une lutte qui habite l’esprit de chacun d’entre nous, car la défaite est une culture, une
mentalité, un effondrement psychologique et nerveux face aux pressions et aux défis, un miroir trompeur dans lequel nous nous voyons déformés et incapables.
Par conséquent, notre premier travail consiste à éradiquer la défaite de nos esprits. Ce n’est qu’alors que nous gagnerons les batailles de la
libération, de la construction, de l’économie, de la prospérité. Ce n’est qu’alors que nous gagnerons la lutte contre le sous-développement dû à l’incapacité de certains, issus de
notre région, à tirer les leçons du passé en tombant dans les pièges dans lesquels nous sommes tombés depuis des siècles. Et c’est ainsi que nous gagnerons la lutte contre la
collaboration avec l’ennemi, l’ignorance, la corruption morale, l’étroitesse d’esprit, sans lesquels nul ennemi ou adversaire n’aurait osé s’attaquer à notre région.
La chose la plus difficile que nous ayons eu à faire ces dernières années fut de concilier nos principes avec l’intégration de certains parmi ces
gens-là, afin d’éviter davantage de dommages et de couper la route aux ennemis qui respirent de nos différends et se nourrissent de notre sang. C’est pourquoi nous n’avons négligé de
traiter aucune initiative visant à réaliser cet objectif de manière positive, même quand la probabilité de son succès était nulle.
La crise mondiale actuelle et ses répercussions sur notre pays nous poussent à accélérer notre travail de réparation de ce qui peut être réparé, loin
des sentiments de tristesse et des douleurs dues aux blessures causées par les coups de couteaux d’un frère ou la trahison d’un ami. Et c’est dans cet esprit que nous avons traité les
initiatives concernant les relations avec la Turquie lorsqu’elles ont été proposées par la Russie, l’Iran et l’Irak.
La première de ces initiatives date d’il y a environ cinq ans ou un peu plus. Elle a suscité plusieurs réunions, à différents niveaux, sans aboutir à un
quelconque résultat significatif sur le terrain de la réalité, en dépit du sérieux des initiateurs et de leur désir sincère de ramener les choses à la normale. Entretemps, chaque jour
qui passait sans progrès, les dégâts s’accumulaient non seulement du côté syrien, mais aussi du côté turc, au point qu’il n’était plus possible de les ignorer ou de les nier.
Nous avons traité les initiatives proposées sur la base de nos principes et de nos intérêts. Des principes et intérêts qui, en l’absence d’intentions
nuisibles, ne sont habituellement pas contradictoires entre pays voisins. En effet, la souveraineté et le droit international sont conformes aux principes de toutes les parties
sincèrement désireuses de résoudre le problème, et le rétablissement des relations normales consécutif au retrait [de l’occupant turc] ainsi que l’éradication du terrorisme sont
dans l’intérêt des deux peuples voisins.
Cependant, il n’est pas possible d’aboutir à un résultat positif sans traitement de la cause. Nous, nous n’avons pas changé de politique, ni avant ni
après la guerre. Bien au contraire, tout au long d’environ treize années de guerre nous avons toujours tenu à séparer les orientations du peuple turc des politiques et intentions des
responsables turcs. Ce qui signifie que nous ne pouvons pas être la cause de ce qui a changé, car nous n’avons rien changé dans nos orientations et nos intentions. Tout comme nous
n’avons pas envoyé des forces occuper les territoires d’un pays voisin pour devoir nous en retirer aujourd’hui, nous n’avons pas soutenu le terrorisme afin qu’il assassine un peuple
voisin [le peuple syrien], et nous n’avons pas considéré le peuple voisin [le peuple turc] comme un frère pour cesser de le considérer comme tel aujourd’hui.
Par conséquent, le début de la solution passe par la franchise, non par de faux semblants au titre de la réconciliation, et par la reconnaissance
de celui qui a commis la faute, non par l’arrogance. Car comment traiter un problème dont nous ne voyons pas les véritables causes ?
Le désir sincère de rétablir des relations normales nécessite avant tout l’élimination des causes ayant conduit à leur rupture et donc, la modification
des politiques ayant mené à la situation actuelle. Ce ne sont pas des conditions, mais plutôt des exigences requises pour le succès du processus. Ces exigences recouvrent nombre
d’éléments importants, au premier rang desquels les droits des États. Et, en tant qu’État, nous n’abandonnerons aucun de nos droits en aucune circonstance, comme nous n’exigerons pas
que les autres les abandonnent ; ce qui relève d’une même logique.
C’est donc sur de telles fondations que s’édifie la réussite des initiatives précitées : un désir sincère et un changement de politique, ou un
désir sincère qui mène à un changement de politique, peu importe la formulation.
Quant aux principes, tout processus de négociation a besoin d’une référence sur laquelle s’appuyer pour réussir. L’absence de résultats consécutifs aux
réunions tenues jusqu’ici est essentiellement due à l’absence de référence. Or cette référence pourrait s’appuyer sur des bases convenues entre les différentes parties : le droit
international, la Charte des Nations unies, ou d’autres questions qui intéressent les deux parties. Par exemple : les responsables turcs insistent constamment sur la question des
réfugiés et la question du terrorisme ; de son côté, la Syrie insiste constamment sur la question du retrait [turc] et aussi sur la question du terrorisme. Autant d’intitulés qui
ne nous posent pas problème et qui ne devraient pas en poser aux responsables turcs s’il n’y a pas de mauvaises intentions, comme ils disent.
Lorsqu’un accord sur ces intitulés sera acquis, une déclaration commune devra être publiée suite à une rencontre entre les responsables des deux parties
dont le niveau sera déterminé ultérieurement. Cette déclaration commune devra aboutir à la rédaction d’un document regroupant les principes qui constitueraient la base des procédures
à suivre pour le développement des relations [entre les deux pays], pour le retrait [de l’armée turc], pour la lutte contre le terrorisme ou d’autres questions intéressant les deux
parties.
L’importance de ce document qui devient une référence est qu’il organise les négociations, interdit les manœuvres ou les sautes d’humeur de n’importe
quelle partie, et constitue un outil ou une aide sur lesquels les initiateurs des négociations pourront s’appuyer pour que leurs efforts mènent vers le succès. Cette étape proposée
par la Syrie est donc celle de l’établissement des bases et des principes qui préparent le succès ultérieur des procédures.
C’est pourquoi il n’est pas vrai que la Syrie a déclaré que si le retrait [de l’occupant turc] n’avait pas lieu, il n’y aurait pas de rencontre
syro-turque, comme le répètent des responsables turcs de temps à autre. Un tel discours est loin de la réalité. Nous travaillons sur cette question de manière systématique et
réaliste. L’important est que nous ayons des objectifs clairs et que nous sachions comment avancer vers ces objectifs.
Mais quelles que soient les éventuelles avancées, leur base sera la souveraineté, leurs frontières seront la souveraineté, et leur critère sera la
souveraineté. Et quand on parle de souveraineté, on parle du Golan.
Ce Golan dont les enfants nous ont donné tant de leçons. Ils ont démontré que l’absence de souveraineté sur leur terre ne signifie pas l’effondrement du
patriotisme dans leur conscience, mais plutôt son élévation dans leur échelle des valeurs ; que l’occupation étrangère d’une terre n’implique pas la vente de son honneur ;
que le patriotisme n’est ni une apparence ni une prétendue identité, mais une affiliation profondément enracinée, une loyauté et une fidélité.
Ils nous ont donné la leçon la plus éloquente, à savoir que le siège des esprits est plus dangereux et plus meurtrier que le siège des ventres. Car les
effets du siège des moyens de subsistance peut être atténué par une dignité précieuse, une moralité élevée, une âme fière, des valeurs nationales et un esprit créateur d’idées et de
solutions. Quant aux effets du siège des esprits, il peut mener à un suicide de masse et à la vente de la patrie sur le marché politique des esclaves.
Depuis plus de six décennies que le Golan est occupé, ses enfants ont résisté à l’encerclement hermétique, à l’annexion injuste, à l’identité sioniste
fasciste, à l’occupant oppressif et sont toujours restés fermement enracinés dans leur conviction, inébranlables dans leur choix, réservant les battements de leur cœur et leur âme à
la Syrie et pour la Syrie jusqu’à ce qu’ils retournent vers elle et qu’elle leur revienne.
Nous avons en eux, comme en tous les enfants de la patrie qui la défendent, en nos martyrs et leurs familles, en nos héroïques blessés, en chaque Syrien
qui a fièrement résisté, s’est sacrifié sans que sa volonté ne soit brisée, a enduré toutes sortes de souffrances et de douleurs sans vendre sa dignité, et aussi dans les combattants
de la Résistance au Liban, en Palestine, en Irak et au Yémen, autant d’exemples, de modèles et de guides à suivre sur le chemin de la libération, de la dignité, de l’honneur et de
l’indépendance accomplie.
L’équipement
allemand visible à Koursk a fait ressurgir de vieux fantômes et a renforcé la prise de conscience des intentions hostiles de l’Occident à l’égard de la
Russie.La
réplique tacite est «plus jamais ça».
La propagande de guerre et les feintes sont vieilles comme le monde. Il n’y a rien de nouveau. Mais ce qui est nouveau, c’est que l’infoguerre n’est
plus le complément
d’objectifs de guerre plus vastes, mais qu’elle est devenue une
fin en soi.
L’Occident en est venu à considérer que «posséder» le récit gagnant – et présenter l’autre comme maladroit, dissonant et extrémiste – était plus
important que d’affronter les faits sur le terrain. Selon ce point de vue, posséder le récit gagnant, c’est gagner. La «victoire» virtuelle l’emporte donc sur la «vraie»
réalité.
Ainsi, la guerre devient plutôt le cadre permettant d’imposer un alignement idéologique au sein d’une vaste alliance mondiale et de le faire respecter
par des médias complaisants.
Cet objectif est plus prioritaire que, par exemple, la garantie d’une capacité de production suffisante pour soutenir les objectifs militaires.
L’élaboration d’une «réalité» imaginaire a pris le pas sur le façonnement de la réalité sur le terrain.
Le fait est que cette approche – qui est fonction de l’alignement de l’ensemble de la société (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) – crée des pièges
dans de fausses réalités, de fausses attentes, dont il est pratiquement impossible de sortir (lorsque cela devient nécessaire), précisément parce que l’alignement imposé a ossifié le
sentiment public. La possibilité pour un État de changer de cap au fur et à mesure que les événements se
déroulent est réduite ou perdue, et la lecture précise des faits sur le terrain s’oriente vers le politiquement correct et s’éloigne de la réalité.
L’effet cumulatif d’un «récit virtuel gagnant » comporte néanmoins le risque de glisser progressivement vers une «guerre
réelle» involontaire.
Prenons, par exemple, l’incursion orchestrée et équipée par l’OTAN dans l’oblast de Koursk, qui revêt une importance symbolique. En termes de «récit
gagnant», l’attrait pour l’Occident est évident : l’Ukraine «apporte la guerre en Russie».
Si les forces ukrainiennes avaient réussi à s’emparer de la centrale nucléaire de Koursk, elles auraient alors disposé d’une importante monnaie
d’échange et auraient sans doute détourné les forces russes de la «ligne» ukrainienne qui ne cesse de s’effondrer dans le Donbass.
Et pour couronner le tout (en termes d’infoguerre), les médias occidentaux étaient préparés et alignés pour montrer le président Poutine comme «gelé»
par l’incursion surprise, et «vacillant» d’anxiété à l’idée que le public russe se retourne contre lui dans sa colère face à l’humiliation.
Bill Burns, directeur de la CIA, a estimé que «la Russie
n’offrirait aucune concession sur l’Ukraine, jusqu’à ce que l’excès de confiance de Poutine soit remis en question et que l’Ukraine puisse montrer sa force». D’autres
responsables américains ont ajouté que l’incursion de Koursk ne suffirait pas à amener la Russie à la table des négociations ; il serait nécessaire de poursuivre l’opération de Koursk
par d’autres opérations audacieuses (pour ébranler le sang
froid de Moscou).
Bien entendu, l’objectif global était de montrer la Russie comme fragile et vulnérable, conformément à l’idée selon laquelle, à tout moment, la Russie
pourrait se fissurer et s’éparpiller au gré du vent, en fragments. L’Occident en sortirait vainqueur, bien entendu.
En fait, l’incursion à Koursk était un énorme pari de l’OTAN : Il s’agissait d’hypothéquer les réserves militaires et les blindés de l’Ukraine, comme
des jetons sur la table de roulette, en pariant qu’un succès éphémère à Koursk bouleverserait l’équilibre stratégique. Le pari a été perdu et les jetons confisqués.
En clair, l’affaire de Koursk illustre le problème que posent à l’Occident les «récits gagnants» : Leur défaut inhérent est qu’ils sont fondés sur
l’émotivité et qu’ils évitent l’argumentation. Inévitablement, ils sont simplistes. Ils sont simplement destinés à alimenter un alignement commun de «l’ensemble de la société». En
d’autres termes, les médias, les entreprises, les agences fédérales, les ONG et le secteur de la sécurité devraient tous s’opposer à tous les «extrémismes» qui menacent «notre
démocratie».
Cet objectif, en soi, exige que le discours soit peu exigeant et relativement peu controversé : «Notre démocratie, nos valeurs et notre consensus». La
convention nationale du parti démocrate, par exemple, fait de la «joie» (répétée à l’infini), du «mouvement vers l’avant» et de l’«opposition à la bizarrerie» ses principales
déclarations. Ils sont banals, mais l’énergie et l’élan de ces mèmes ne viennent pas tant de leur contenu que du cadre hollywoodien délibéré qui leur confère un caractère éblouissant
et glamour.
Il n’est pas difficile de comprendre comment ce zeitgeist unidimensionnel a pu contribuer à ce que les États-Unis et leurs alliés se trompent sur
l’impact de l’«aventure audacieuse» de Koursk d’aujourd’hui sur les Russes ordinaires.
«Koursk» a une histoire. En 1943, l’Allemagne a envahi la Russie à Koursk pour détourner l’attention de ses propres pertes, l’Allemagne ayant finalement
été vaincue lors de la bataille de Koursk. Le retour du matériel militaire allemand dans les environs de Koursk a dû en laisser plus d’un bouche bée ; le champ de bataille actuel
autour de la ville de Soudja est précisément l’endroit où, en 1943, les 38e et 40e armées soviétiques se sont lovées pour une contre-offensive contre la 4e armée allemande.
Au cours des siècles, la Russie a été diversement attaquée sur son flanc vulnérable depuis l’ouest. Et plus récemment par Napoléon et Hitler. Il n’est
donc pas surprenant que les Russes soient très sensibles à cette histoire sanglante. Bill Burns et consorts ont-ils bien réfléchi à la question ? Ont-ils imaginé que l’invasion de la
Russie par l’OTAN donnerait à Poutine l’impression d’être «défié» et qu’avec une nouvelle poussée, il plierait et accepterait une issue «gelée» en Ukraine – avec l’entrée de cette
dernière dans l’OTAN ? Peut-être.
En fin de compte, le message envoyé par les services occidentaux est que l’Occident (l’OTAN) vient pour la Russie. C’est le sens du choix délibéré de
Koursk. En lisant les runes du message de Bill Burns, on comprend qu’il faut se préparer à la guerre avec l’OTAN.
Pour être clair, ce genre de «récit gagnant» autour de Koursk n’est ni une tromperie ni une feinte. Les accords de Minsk étaient des
exemples de tromperie, mais il s’agissait de tromperies fondées sur une stratégie rationnelle (c’est-à-dire qu’elles étaient historiquement normales). Les tromperies de Minsk
visaient à faire gagner du temps à l’Occident pour poursuivre la militarisation de l’Ukraine – avant d’attaquer le Donbass. La tromperie a fonctionné, mais seulement au prix d’une
rupture de confiance entre la Russie et l’Occident. Cependant, les tromperies de Minsk ont également accéléré la fin d’une ère de 200 ans d’occidentalisation de la Russie.
L’affaire Koursk, quant à elle, est d’une autre nature. Elle repose sur les notions d’exceptionnalisme occidental. L’Occident se perçoit comme se
plaçant du «bon côté de l’Histoire». Les «récits gagnants» affirment essentiellement – sous une forme séculaire – le caractère inévitable de la mission eschatologique occidentale de
rédemption et de convergence mondiales. Dans ce nouveau contexte narratif, les faits sur le terrain deviennent de simples irritants et non des réalités dont il faut tenir
compte.
C’est leur talon d’Achille.
La convention du DNC à Chicago a toutefois mis en évidence une autre préoccupation :
Tout comme l’Occident hégémonique est né de l’ère de la guerre froide, façonné et revigoré par l’opposition dialectique au communisme (dans la
mythologie occidentale), nous voyons aujourd’hui un «extrémisme» totalisant (prétendu) (qu’il soit du type MAGA ou de la variété externe : Iran, Russie, etc.) – posé à Chicago dans
une opposition dialectique hégélienne similaire à l’ancien capitalisme contre le communisme ; mais dans le cas d’aujourd’hui, il s’agit de l’«extrémisme» en conflit avec «Notre
Démocratie».
La thèse narrative du DNC de Chicago est elle-même une tautologie de différenciation identitaire se présentant comme un «ensemble» sous la bannière de
la diversité et en conflit avec la «blancheur» et l’«extrémisme». L’«extrémisme» est effectivement présenté comme le successeur de l’ancienne antithèse
de la guerre froide,lecommunisme.
L’arrière-boutique de Chicago s’imagine peut-être qu’une confrontation avec l’extrémisme – au sens large – entraînera à nouveau un rajeunissement de
l’Amérique, comme ce fut le cas dans l’après-guerre froide. Ce qui signifie qu’un conflit avec l’Iran, la Russie et la Chine (d’une manière différente) pourrait être mis à l’ordre du
jour. Les signes avant-coureurs sont là (en plus du besoin de l’Occident de remettre à plat son économie, ce que la guerre permet régulièrement).
Le stratagème de Koursk a sans doute semblé intelligent et audacieux à Londres et à Washington. Mais pour quel résultat ? Il n’a atteint ni l’objectif
de prendre la centrale nucléaire de Koursk, ni celui d’éloigner les troupes russes de la ligne de contact. La présence ukrainienne dans l’oblast de Koursk sera éliminée.
En revanche, elle
a mis fin à toute perspective de règlement négocié en Ukraine. La méfiance de la Russie à l’égard des États-Unis est désormais absolue. Cela a renforcé la détermination de
Moscou à poursuivre l’opération spéciale jusqu’à son terme. Les équipements allemands visibles à Koursk ont réveillé de vieux fantômes et renforcé la conscience des intentions
hostiles de l’Occident à l’égard de la Russie. La riposte tacite est : «Plus jamais ça».
Déclaration du chargé d'affaires de la Fédération de Russie, Dmitry Polyanskiy, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation à Gaza, le 13 août
2024.
Nous remercions Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée des affaires politiques et de la consolidation de la paix, et
Lisa Doughten, Directrice de la division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), pour leurs exposés et évaluations détaillés
de la situation dans le territoire palestinien occupé.
Nous sommes reconnaissants à la délégation algérienne d'avoir pris l'initiative d'organiser la réunion d'aujourd'hui sur les derniers développements à
Gaza. La dernière fois que nous avons discuté de la situation à Gaza, c'était il y a deux semaines, et il est clair que nous devrions le faire plus souvent. Après tout, la thèse selon
laquelle la situation à Gaza et dans l'ensemble de la région continue de se détériorer rapidement est malheureusement devenue routinière et ne reflète pas l'horreur et la souffrance
auxquelles les civils de Gaza, y compris les personnes âgées, les femmes et les enfants, doivent faire face chaque jour. Nous ne pouvons attendre aucune compassion pour les
Palestiniens de la part de nos collègues occidentaux, en particulier de nos collègues américains, qui sont de mèche avec Israël. C'est pourquoi il est important de porter
régulièrement la vérité sur ce qui se passe dans la bande de Gaza à la connaissance de la communauté internationale par l'intermédiaire du Conseil de sécurité des Nations
unies.
Nous sommes profondément choqués par la frappe israélienne sur l'école Al-Tabin à Gaza. Plus de
2 000 réfugiés y étaient hébergés. Plus de 100 personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées. De nombreuses victimes étaient des femmes et des enfants. Nous exprimons nos
sincères condoléances aux familles des personnes décédées et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés. Nous rappelons notre position constante sur la nécessité de respecter
strictement les normes du droit humanitaire international. Nous demandons à Jérusalem-Ouest [capitale
d'Israël aux yeux de la Russie — NdT] de
s'abstenir de toute attaque contre des biens civils. Rien ne peut justifier de telles actions.
Malheureusement, ce qui s'est passé à Tabiin ne peut être considéré comme un épisode isolé ou une gaffe ignoble. Comme cela a été mentionné aujourd'hui,
au cours des dix derniers jours seulement, 13 centres de Gaza abritant des personnes déplacées ont été bombardés. Selon les données du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme, depuis
le 4 juillet, les Israéliens ont frappé 21 écoles où se trouvaient des personnes déplacées, tuant au moins 274 personnes. Une conclusion s'impose d'elle-même. Ce qui se passe là-bas
n'est rien de moins qu'un choix délibéré des dirigeants israéliens. Condamner les actions de Jérusalem-Ouest et appeler à la retenue ne fonctionnera pas. Le problème est bien plus
profond.
Le problème est que, malheureusement, en raison de la complaisance de nos collègues américains à l'égard d'Israël, le Conseil de sécurité n'a toujours
pas été en mesure d'élaborer une réponse adéquate à l'escalade de la crise au Moyen-Orient. En fait, le Conseil de sécurité des Nations unies se transforme de plus en plus en un
spectateur passif et impuissant, capable uniquement de constater la dégradation de la situation et d'exprimer rituellement son inquiétude à ce sujet.
En outre, 14 membres du Conseil de sécurité ont été pris en otage par les États-Unis, qui bloquent toute action visant à instaurer un cessez-le-feu
immédiat.
Le 10 juin, il y a plus de deux mois, le Conseil a adopté son dernier « produit » sur Gaza. Ses promoteurs américains ont alors pressé les membres du
Conseil de sécurité de lui donner le feu vert le plus rapidement possible, affirmant que le sort de l' « accord » de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël était prétendument en jeu.
La Russie, je le rappelle, s'est abstenue, car nous avions les plus grands doutes quant à la faisabilité de cette résolution. Comme le temps l'a montré, tous nos doutes ont été
confirmés.
Nos collègues occidentaux préfèrent ne pas le mentionner, mais la résolution 2735 contenait trois phases avec des plans extrêmement ambitieux - d'un
cessez-le-feu complet au début d'une reconstruction à grande échelle de la bande de Gaza. Aucune de ces phases ne s'est concrétisée. À l'heure actuelle, elles semblent absolument
surréalistes. Et, malheureusement, le Conseil de sécurité des Nations unies a adhéré à ce surréalisme. Mais le pire, c'est qu'il a souscrit à un mensonge flagrant : Le premier
paragraphe du dispositif indiquait qu'Israël acceptait les conditions proposées dans l'"accord". Les représentants d'Israël ont déclaré à plusieurs reprises et explicitement, y
compris dans cette enceinte, qu'ils n'acceptaient rien. En outre, l'ensemble de la rhétorique des responsables israéliens montre qu'Israël n'a aucunement l'intention d'arrêter son
opération militaire, quelle que soit la position du Conseil de sécurité de l'ONU. En particulier, le ministre israélien des finances, M. Smotrich, a qualifié l'accord de "capitulation
devant Yahya Sinwar", et le ministre israélien de la sécurité nationale, M. Ben-Gvir, a explicitement déclaré qu'"il n'y aura pas de fin à la guerre".
Quel a été le résultat de leur diplomatie "assertive" sur le terrain, pour reprendre les termes de nos collègues américains, visant à amener les parties
à des accords sur lesquels le Conseil de sécurité de l'ONU était prié de ne pas interférer ? Même l'expression "la montagne a accouché d'une souris" serait un euphémisme. Nous n'avons
pas connaissance d'un quelconque progrès. Le seul "anti-résultat" après l'adoption de la résolution 2735 a été l'assassinat flagrant et provocateur du principal négociateur du Hamas,
Ismail Haniyeh - l'ancien premier ministre palestinien - lors de sa visite à Téhéran. Aujourd'hui, le monde entier attend avec impatience une nouvelle escalade dans la région, tandis
que les États-Unis, qui ont jusqu'à présent refusé de réprimander ne serait-ce que légèrement Israël, exhortent hypocritement tout le monde à faire pression sur le Hamas pour qu'il
participe aux pourparlers du 15 août. Comme si tout ne dépendait que du Hamas.
Monsieur le Président,
Même un observateur de passage comprend clairement que les tentatives visant à remplacer une véritable solution au conflit israélo-palestinien par
diverses sortes d'"accords du siècle" coparrainés uniquement par les États-Unis se sont révélées non seulement infructueuses, mais aussi contre-productives. L'ensemble de la région du
Moyen-Orient est en feu et sur le point de sombrer dans une guerre à grande échelle. La priorité, bien sûr, devrait être l'arrêt immédiat de l'effusion de sang dans la bande de
Gaza.
Dès le début de l'escalade dans la zone de conflit israélo-palestinienne, la Russie a appelé le Conseil à prendre les mesures les plus décisives pour
garantir un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Je rappelle que nous avons proposé le premier projet de résolution contenant une telle demande dès le 16 octobre de l'année
dernière. Combien de vies auraient pu être sauvées si le Conseil n'avait pas été aussi lâche à l'époque ? Ce n'est pas une question rhétorique. Il existe un chiffre précis : 40 000
personnes ont été tuées, dont plus de 200 membres du personnel de l'UNRWA, et plus de 90 000 ont été blessées. Comme nous l'avons déjà dit aujourd'hui, plus de deux mille cinq cents
personnes sont mortes depuis l'adoption de la résolution 2735. Tel est le prix à payer pour l'inaction de la diplomatie multilatérale et les intérêts à court terme de certains membres
du Conseil de sécurité. Depuis six mois, ils utilisent leur "veto de Damoclès" pour entraver la moindre initiative du Conseil de sécurité en faveur d'un cessez-le-feu. Or, sans
cessation des hostilités, il ne serait pas possible de mettre fin aux souffrances des civils palestiniens innocents, d'assurer la libération des otages et des détenus et de garantir
un accès humanitaire total et sans entrave à l'enclave.
Nous demandons au Conseil de ne pas se laisser influencer par Washington, qui ne se préoccupe que de protéger les intérêts d'Israël et les profits qu'il
tire de la fourniture d'armes aux points chauds. Nous devrions réfléchir ensemble aux mesures que le Conseil pourrait prendre pour désamorcer l'escalade à Gaza et dans l'ensemble de
la région. Si cela nécessite une visite du Conseil de sécurité "sur le terrain", elle doit avoir lieu. Sinon, nous nous trouvons dans une situation très étrange où nous attendons tous
des départements spécialisés du Secrétariat qu'ils soient activement présents dans la zone de conflit et qu'ils remplissent leur mandat dans des conditions qui mettent leur vie en
danger, alors que nous-mêmes, assis à New York, nous nous contentons d'informations provenant de leurs rapports et de sources ouvertes. Ou bien nous recevrions des invitations à nous
rendre à Genève plutôt que dans les régions où l'on a vraiment besoin de nous. Le Moyen-Orient devrait être une priorité pour les visites du Conseil, qui ne devraient pas se
transformer en tourisme politique dans des endroits confortables.
Nous devons également nous pencher sur la question du reformatage de la présence des missions spécialisées sur le terrain, en particulier de l'Organisme
des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST). Nous devons réfléchir aux possibilités de renforcer son mandat, si nécessaire sans le lier au consentement des deux
parties, car il est évident que ce consentement ne sera jamais obtenu. Le général Patrick Gosha a déjà informé le Conseil à deux reprises, soulignant certaines questions spécifiques
et pratiques qui doivent être abordées afin de donner un nouveau souffle au mandat de sa mission, ce qui est essentiel dans l'escalade actuelle. Nous demandons instamment à nos
collègues du Conseil de sécurité de ne pas rester les bras croisés, mais de s'engager activement dans cette discussion.
Le Conseil ne peut et ne doit pas fermer les yeux sur ce qui se passe au Moyen-Orient et négliger son mandat direct de maintien de la paix et de
la sécurité internationales au profit d'une délégation. Il ne doit pas non plus oublier ses propres décisions sur la nécessité d'établir un État palestinien souverain et indépendant
dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité.
Et aucun autre projet ou concept ne devrait remplacer ces piliers d'un règlement au Moyen-Orient. Nous sommes prêts à coopérer avec tous ceux qui
partagent ces approches.
Je vous remercie de votre attention.
Le déclencheur de la Troisième Guerre mondiale vient d’arriver – Quelles sont les implications pour les Américains ?
Si l’année 2024 a
prouvé quelque chose jusqu’à présent, c’est que nos inquiétudes concernant le déclenchement potentiel de la Troisième Guerre mondiale sont tout à fait raisonnables. Les sceptiques qui parlent
de « théorie du complot » et
de « pessimisme » se sont une fois de
plus trompés. L’atmosphère géopolitique tourne rapidement au vinaigre.
Je ne pense toujours pas que beaucoup de gens réalisent à quel point la situation est réellement volatile à l’échelle mondiale en ce moment. De mon point de
vue, la troisième guerre mond