La Russie a déployé des milliers de soldats nord-coréens pour défendre sa région de Koursk, attaquée en août par les nationalistes intégraux ukrainiens.
Washington considère ce fait comme un développement de la guerre qu’il conduit depuis 1950, malgré un cessez-le-feu, contre les communistes coréens et chinois,
plus encore que comme un développement de celle qu’il conduit par Ukrainiens interposés contre la Russie depuis 2022. Il a donc répondu, le 19
novembre, en guidant contre la Russie six missiles ATACMS (Army TACtical Missile System) qu’il avait donné à Kiev [1]. Ils étaient dirigés non seulement contre
l’oblast de Koursk, mais aussi contre celui de Briansk où ils ne sont pas parvenus à toucher un dépôt de munitions. Londres a, de son côté, décidé le 21 novembre de guider identiquement les missiles Storm Shadow qu’il a donné à Kiev. La totalité des missiles alliés a été détruite en vol
par la défense anti-aérienne russe.
Au contraire, Moscou considère l’attaque de Koursk comme la continuation de la guerre secrète de la CIA en Ukraine et comme celle organisée dans les années 50
contre l’URSS, toutes deux avec l’appui des nationalistes intégraux ukrainiens de Stepan Bandera.
Les Occidentaux ne comprennent pas ces évènements car ils ont - oublié le soutien de Beijing à Pyongyang, - pensent —à tort— que Koursk et Briansk sont en Ukraine - et ignorent la guerre secrète durant laquelle les Anglo-Saxons s’allièrent aux derniers nazis (ce qui a comme conséquence qu’ils n’ont pas compris non
plus l’objectif de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine).
Les missiles ATACMS peuvent être tirés depuis des lanceurs mobiles HIMARS. Les derniers modèles ont une portée de 300 kilomètres et volent à une altitude de 50 000 mètres. Les dernières versions des missiles Storm Shadow, quant à eux, ont une
portée d’environ 400 kilomètres. Aucun ne peut donc atteindre la Russie en profondeur.
La Russie dispose d’une large gamme de réponses aux attaques alliées
Elle peut, en représailles, soutenir des adversaires des Anglo-Saxons sur un autre théâtre de combat. C’est ce qu’elle avait fait, lors du bombardement d’un de ses gazoducs par Kiev,
auquel elle avait répondu en guidant un missile yéménite, le 15 septembre, qui détruisit un oléoduc israélien [2] ; un évènement capital qui a été couvert
par la censure militaire israélienne et ignoré par la presse occidentale.
Elle a modifié, le 19 novembre, sa doctrine nucléaire, laissant ouverte l’option d’une réplique nucléaire.
Enfin, elle peut faire usage de sa dominance militaire. L’Ukraine a annoncé que, le 20 novembre, Moscou avait tiré un missile balistique à longue portée (c’est-à-dire pouvant atteindre
les États-Unis depuis la Russie), RS-26 Rubezh. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait d’autre chose.
Sans que nous en ayons conscience, les champs de bataille d’Ukraine et du Moyen-Orient se sont déjà réunis, tandis que les néo-conservateurs états-uniens (les
straussiens), les « sionistes révisionnistes » israéliens [3] et les « nationalistes
intégraux » ukrainiens [4] se sont à nouveau alliés, comme lors de
la Seconde Guerre mondiale. Ces trois groupes, historiquement liés à l’Axe tripatite, sont partisans d’une confrontation finale. Il ne maque à l’appel que les militaristes japonais du nouveau
Premier ministre, Shigeru Ishiba.
Immédiatement après le tir de missiles états-uniens ATACMS et avant même celui des Storm Shadow britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a signé un
décret promulguant la nouvelle doctrine nucléaire de son pays qu’il avait annoncé le 24 septembre dernier [5]. Elle autorise l’usage des armes atomiques
dans cinq nouveaux cas :
1) si des informations fiables sont reçues sur le lancement de missiles balistiques ciblant le territoire de la Russie ou ses alliés.
2) si des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive frappent le territoire de la Russie ou de ses alliés, ou sont utilisées pour frapper des unités ou des installations militaires russes à l’étranger.
3) si l’impact d’un ennemi sur le gouvernement ou sur les installations militaires russes sont d’une importance critique susceptible de saper la capacité de
frappe nucléaire en représailles.
4) si l’agression contre la Russie ou la Biélorussie avec des armes classiques fait peser une
grave menace sur leur souveraineté et leur intégrité territoriale.
5) si des informations fiables sont reçues sur le décollage ou le lancement d’avions stratégiques et tactiques, de missiles de croisière, de drones, de véhicules hypersoniques ou d’autres
véhicules volants et de leur franchissement de la frontière russe.
Le 21 novembre, c’est-à-dire après les tirs britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a
délivré une allocution télévisée [6] au cours de laquelle, il a révélé que les
armées russes avaient détruit un centre militaro-industriel ukrainien, mais n’avaient pas utilisé de missile balistique classique RS-26 Rubezh comme l’avaient annoncé les Ukrainiens. Elles
avaient par contre testé une nouvelle génération d’armes hypersoniques, en l’occurrence un missile balistique Oreshnik à portée nucléaire mais chargé conventionnellement. Celui-ci a été lancé
depuis Astrakhan (mer Caspienne) sur une usine de satellites à Dnipro. Sa vitesse, supérieure à mach 10, ne permet actuellement à aucune armée au monde de l’intercepter. Il cumule les
capacités des anciens missiles Iskander et des nouveaux missiles Kinjal avec encore plus de vitesse et de maniabilité.
Le président Poutine a rappelé que la Russie, sans en avoir l’obligation, continue à respecter le traité FNI dont les États-Unis se sont retirés en
2019 [7]. Le Pentagone très en retard d’un point de vue
technique, a redéployé déployé des missiles à portée intermédiaire en Europe et en Asie-Pacifique, comme à l’époque de la crise des euromissiles, tandis que la Russie en produit, mais ne les
déploie pas. Vladimir Poutine a alors mis en garde les Occidentaux en suggérant aux civils de quitter les zones dangereuses que la Russie pourrait frapper avec des missiles Oreshnik chargés
nucléairement.
Il se peut que ce discours ne soit pas suivi d’attaques et que son seul objectif soit de montrer la supériorité militaire russe sur l’Occident, déjà reconnue en
juillet par la Commission nationale états-unienne sur la Stratégie de Défense, établie par le Congrès lors de l’adoption de la loi de programmation militaire de 2022 [8]. Son seul effet sera alors de booster les
ventes d’armes russes.
Quoi qu’il en soit, jamais le monde n’a été aussi proche d’une guerre nucléaire car jamais il n’y a eu plusieurs puissances nucléaires, dont une en net avance
technique sur toutes les autres.
Le 22 novembre, le président Poutine a réuni les développeurs des systèmes de missiles et les
responsables industriels de l’armement [9]. Il les a félicité pour le succès
d’Oreshnik et leur a demandé de le produire en série.
Les États-Unis attaquent la Russie et
se rendent complices des crimes de guerre israéliens.
Malheureusement, il n’existe pas encore de machine permettant de remonter le temps et de réparer les terribles erreurs commises en raison d’un manque
d’appréciation des conséquences possibles de certaines actions. Si l’archiduc Franz Ferdinand d’Autriche-Hongrie s’était trouvé ailleurs qu’à Sarajevo en juin 1914, le Serbe Gavrilo
Princip n’aurait peut-être jamais pu l’assassiner et le système européen d’alliances militaires n’aurait peut-être jamais été déclenché pour déclencher la Première Guerre mondiale.
Malheureusement, il faut admettre que bon nombre de ces guerres sans raison d’être
ont été déclenchées ou étendues par les États-Unis, qui ont vu le jour en tant que république constitutionnelle en partie pour contrer la tendance des monarques européens à faire la
guerre pour n’importe quelle raison ou sans raison. En gardant cela à l’esprit, il faut considérer la prise de décision vraiment horrible initiée par le régime de gouvernement actuel du
président du parti démocrate Joe Biden, maintenant que l’élection du 5 novembre est terminée et que le candidat du parti républicain Donald Trump a gagné de manière convaincante. Vient
maintenant la réaction de Biden et de ses cohortes, où la farce devient tragédie, car Biden cherche à faire tout ce qu’il peut pour limiter les options de politique étrangère et de
sécurité nationale que Trump sera en mesure d’exercer lorsqu’il prendra ses fonctions le 20 janvier. C’est la politique dans ce qu’elle a de plus sordide, en plus d’être une formule de
désastre dont les conséquences pourraient facilement conduire à une troisième guerre mondiale nucléaire qui éclaterait à la fois en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.
Examinons un instant ce que Biden a fait, ainsi que les facteurs exacerbants liés aux actions de Trump qui pourraient produire une escalade abrupte des
hostilités à la fois en Ukraine et en Palestine/Israël. Biden a renforcé ses présumés «pouvoirs de guerre» et ce, en dépit du fait qu’il n’a aucune autorité constitutionnelle pour
déclencher ou soutenir des guerres du tout, sauf en cas d’attaque imminente. L’autorisation de faire la guerre est une responsabilité reléguée au Congrès par la Constitution, bien que les
nombreuses guerres menées par les États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale l’aient toutes été sans déclaration de guerre. Biden a servi d’instigateur depuis le début, agissant comme
un facilitateur et une escalade des deux conflits actuellement en cours, en fournissant à Israël et à l’Ukraine des armes et de l’argent. La plupart des autorités de droit international
considèrent le rôle actif des États-Unis comme celui d’un belligérant dans ces guerres, ce qui a notamment impliqué le stationnement de militaires américains à la fois en Israël et en
Ukraine, un fait qui est régulièrement nié dans le cas de l’Ukraine. Des troupes américaines sont ouvertement présentes en Israël, peut-être pour servir de fil conducteur en cas d’attaque
de l’Iran et créer un prétexte à une guerre américaine contre les Mollahs.
Les actions de Biden concernant l’Ukraine et la Russie peuvent à juste titre être considérées comme bizarres. Bien que presque toutes les autorités
militaires considèrent qu’il y a une forte probabilité que l’Ukraine doive se rendre, peut-être avant que Biden ne quitte ses fonctions, la Maison-Blanche a, le 17 novembre, abandonné
ses objections à l’utilisation par l’Ukraine de missiles ATACMS ultramodernes fournis par les États-Unis et, dans une certaine mesure, pilotés et contrôlés par eux, qui sont
capables de frapper la Russie sur une distance de deux cents milles. La Russie a déclaré que cette action avait modifié «qualitativement» la nature du conflit, ce qui en faisait
incontestablement un acte de guerre, franchissant une ligne rouge qui déclencherait l’utilisation par le Kremlin de toutes les ressources à sa disposition pour contrer la menace.
L’expression «toutes les ressources» englobe notamment les attaques nucléaires et les attaques de missiles contre les États-Unis eux-mêmes et les États membres de l’OTAN. Le président
ukrainien Volodymyr Zelensky a rapidement tiré parti de cette arme nouvellement disponible en lançant une attaque contre la région de Briansk en Russie le 19 novembre, au cours de
laquelle six missiles ont été lancés, dont cinq ont été interceptés. La Russie a riposté le 21 novembre en détruisant une base militaire ukrainienne près de Dnipro, apparemment à l’aide
d’un missile balistique hypersonique avancé de moyenne portée RS-26 Ruzhek, décrit par Kiev comme un «ICBM», qui transportait une ogive conventionnelle, bien qu’il puisse également être
équipé d’un dispositif nucléaire.
Seul un membre courageux du Congrès, Tom Massie (Kentucky), s’est
opposé à l’ action de Biden, en publiant sur X : «En
autorisant des missiles à longue portée à frapper à l’intérieur de la Russie, Biden commet un acte de guerre inconstitutionnel qui met en danger la vie de tous les citoyens
américains.C’est un délit
passible de destitution, mais la réalité est qu’il est une marionnette émasculée d’un État profond». En effet, Joe Biden s’est-il sérieusement demandé si sa démarche, qui ne
modifiera pas l’issue de la guerre en Ukraine, soutenait les intérêts du peuple américain ? Je pense qu’il a été démontré que le penseur entravé et embrouillé actuellement à la
Maison-Blanche serait incapable d’une telle considération. Biden a poursuivi sa folie en autorisant les Ukrainiens à déployer des mines terrestres fournies par les États-Unis, une arme
dont l’utilisation a été condamnée comme un crime de guerre par plus de 140 pays dans le monde, et il a également donné le feu vert à la fourniture par les Britanniques de leur propre
version du missile Storm Shadow amélioré aux forces ukrainiennes. Biden a également autorisé le département du Trésor à soutenir l’Ukraine avec les 7 milliards de dollars qui
dorment encore
dans les coffres du gouvernement américain au titre de l’aide à l’Ukraine après avoir été budgétisés. Biden semble vouloir s’assurer que tout cela aura disparu d’ici à ce que
Trump soit au pouvoir. En d’autres termes, il s’assure que la guerre se poursuivra après son départ, mais le résultat final tragique pourrait être qu’un conflit maîtrisable est maintenant
devenu quelque chose de tout à fait différent, en particulier si d’autres pays de l’OTAN suivent l’exemple britannique et se lancent dans la bataille. La guerre élargie pourrait devenir
mondiale et nucléaire.
Et puis il y a Israël. Il s’agissait, bien sûr, d’une
décision de Biden à la mi-octobre d’envoyer des missiles antiaériens américains Terminal High-Altitude Area Défense (THAAD) plus leurs équipages militaires américains en Israël.
Et il y avait aussi un avertissement de Biden fait le 13 octobre, donnant à Israël 30 jours pour prendre des mesures pour remédier aux politiques de famine à Gaza ou les États-Unis
envisageraient de réduire les livraisons d’armes. Eh bien, les 30 jours sont passés et, au contraire, Israël a resserré son emprise sur la nourriture et les médicaments destinés à Gaza.
Pourtant, comme on pouvait s’y attendre, Biden et la bande de criminels qu’il dirige n’ont
rien fait d’autre que de mentir sur ce qu’Israël est en train de faire. En fait, ils ont encore protégé Israël en
opposant leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU du 20 novembre concernant Gaza, qui exigeait «un cessez-le-feu
immédiat, inconditionnel et permanent devant être respecté par toutes les parties, et répétait en outre» une «demande de libération
immédiate et inconditionnelle de tous les otages». Les négociateurs américains avaient précédemment indiqué qu’Israël avait soutenu la résolution, ce qui n’était pas le cas, d’où la
volte-face du vote américain en faveur de Netanyahou. Le vote a été de 14 voix pour et seuls les États-Unis se sont opposés, démontrant une fois de plus que les États-Unis se sont tirés
une balle dans le pied vis-à-vis de leur position dans le monde en raison de leur soutien à ce qui est un génocide ouvertement déclaré et perpétré. Le veto de Biden intervient en dépit du
fait que lui et ses complices ne cessent de se plaindre qu’ils veulent que les combats cessent par le biais d’un cessez-le-feu. Cela démontre à la fois la malhonnêteté fondamentale de
Biden et le fait que lorsque Benjamin Netanyahou dit «non», on peut s’attendre à ce que Biden se lève d’un bond et salue le cas de force
majeure.
L’autre aspect malheureux de la relation unilatérale entre Israël et les États-Unis est que la flatterie à l’égard de l’État juif est susceptible de se
poursuivre, comme le montre le cabinet
fortement pro-israélien que le président élu Trump est en train de constituer. Trump a accepté un don politique de 100 millions de dollars de la part du magnat des casinos Miriam
Adelson et, en échange, il soutiendra probablement l’annexion par Israël de tout ce qui reste de la Palestine historique en Cisjordanie. Il a également encouragé les Israéliens à
«finir le
travail» avec les Palestiniens. Il s’est engagé à
faire en sorte que le système d’acquisition d’armes ne subisse plus de retards ou de restrictions lorsqu’il s’agit d’Israël. Cela signifie que les Palestiniens restants seront soit tués,
soit chassés de chez eux pour être exilés dans un lieu non désigné, s’ils ont de la chance, et que Trump regardera probablement ailleurs.
Il y a donc beaucoup de mauvaises nouvelles, mais il y a eu une bonne nouvelle le 20 novembre, lorsque la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a émis
des mandats d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahou et de son ministre de la Défense Yoav Gallant, récemment démis de ses fonctions, sur la question clairement démontrée de
l’affamement délibéré des Gazaouis par Israël. Cela signifie que si l’un d’entre eux se rend dans l’un des 124 pays qui reconnaissent la juridiction de la Cour (les États-Unis et Israël
ne le font pas), ces pays ont l’obligation de faire arrêter l’accusé. Plusieurs pays européens ont déjà indiqué qu’ils donneraient suite au mandat. Deux dirigeants du Hamas, dont l’un est
décédé, ont également été inculpés. Netanyahou a déjà dénoncé la décision comme étant basée sur «l’antisémitisme». Comme on pouvait s’y attendre, les républicains ont
également réagi
vivement à cette nouvelle. Mike Waltz, membre du Congrès de Floride et futur conseiller à la sécurité nationale de Trump, a claqué l’émission des mandats le lendemain, affirmant que
le tribunal international n’a «aucune crédibilité…
Ces allégations ont été réfutées par le gouvernement américain. Israël a défendu légalement son peuple et ses frontières contre des terroristes génocidaires. Vous pouvez vous attendre à
une réponse forte au parti pris antisémite de la CPI et de l’ONU en janvier». Le sénateur républicain de l’Arkansas, Tom Cotton, a qualifié la CPI de
«tribunal
kangourou» et le procureur Karim Khan de «…fanatique dérangé.
Malheur à lui et à tous ceux qui tentent d’appliquer ces mandats illégaux. Permettez-moi de leur rappeler amicalement que ce n’est pas pour rien que la loi américaine sur la CPI est
connue sous le nom de loi sur l’invasion de La Haye. Pensez-y».
J’applaudis la Cour pour son courage de poursuivre ces criminels de guerre malgré
les menaces de personnes comme Cotton et le sénateur Lindsay Graham de s’en prendre aux familles des membres de la Cour, ainsi qu’un
avertissement de sanctions contre la Cour elle-même de la part du nouveau président républicain du Sénat, John Thune. Personnellement, je suis déçu parce que je veux rendre
l’histoire encore meilleure. Je souhaite ardemment que la CPI enquête, inculpe, arrête, condamne et emprisonne Joe Biden, Antony Blinken, Lloyd Austin et Jake Sullivan pour leur
bellicisme, leur soutien matériel et leur complicité
dans les crimes contre l’humanité perpétrés par Israël. J’aimerais également que le public et les médias américains comprennent que ce que ces individus ont fait pourrait bien être
considéré comme une trahison puisqu’ils ont prêté serment de respecter la Constitution américaine, un document qu’ils ont délibérément saccagé.
En réponse à la décision des États-Unis d’organiser des attaques de missiles balistiques depuis l’Ukraine vers la Russie, le grand magicien et président de
la Fédération de Russie Vladimir Poutine a sorti un lapin de son chapeau.
Hier, les six têtes indépendantes d’un nouveau missile balistique de portée intermédiaire ont frappé l’usine de missiles Yuzhmash à Dnipro, en
Ukraine.
Jusqu’à présent, le nouveau missile et le profil de sa mission étaient inconnus. Il s’agit d’une réponse claire aux efforts déployés depuis une décennie par
les États-Unis pour asseoir leur suprématie sur la Russie, en particulier en Europe.
Les missiles balistiques à courte portée (SRBM) sont conçus pour cibler les forces ennemies dans un rayon d’environ 1000
kilomètres. Généralement utilisés dans des scénarios tactiques, ils permettent une réponse rapide aux menaces régionales.
Les missiles balistiques à moyenne portée (MRBM) étendent la portée opérationnelle à environ 3500 kilomètres. Ces systèmes
renforcent les capacités de dissuasion d’un pays en permettant de frapper des cibles plus éloignées sans avoir recours à des systèmes intercontinentaux.
Les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) représentent la catégorie de portée la plus longue, avec des capacités
supérieures à 5500 kilomètres. Ces missiles servent de moyen de dissuasion stratégique, capables de transporter des charges utiles d’un continent à l’autre et d’influer de manière
significative sur la dynamique de la sécurité mondiale.
Les États-Unis, la Russie et la Chine ont développé ces trois types d’armes. À la fin des années 1980, à l’initiative du dirigeant soviétique Mikhaïl
Grobaschev, les États-Unis et l’Union soviétique ont signé le traité
sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (traité FNI) :
«Le traité FNI
interdit aux deux pays tous les missiles balistiques, missiles de croisière et lanceurs de missiles nucléaires et conventionnels lancés depuis le sol, d’une portée comprise entre 500 et
1000 kilomètres (courte et moyenne) et entre 1000 et 5500 kilomètres (portée intermédiaire). Le traité ne s’appliquait pas aux missiles lancés par voie aérienne ou maritime. En mai 1991,
les pays avaient éliminé 2692 missiles, ce qui a été suivi de dix ans d’inspections de vérification sur place».
Alors que le déploiement de missiles d’une certaine portée était interdit, le développement des missiles s’est poursuivi. Vers 2008, la Fédération de Russie
a utilisé la conception de base du missile intercontinental RS-24
(Yars) pour développer une version plus flexible avec une charge utile plus légère. Le résultat a été le missile
RS-26, plus facile à manier. Bien qu’il ait pu atteindre la portée nécessaire pour être classé comme missile intercontinental, sa charge utile était trop faible pour être réellement
efficace.
Début 2018, la Fédération de Russie a décidé d’arrêter tout développement du RS-26 et a investi son argent dans le véhicule de vol plané hypersonique
Avanguard, plus prometteur.
Quelques mois après que la Russie a pris la décision de mettre en veilleuse le développement du RS-24, les États-Unis se
sont retirés du traité FNI. Bien que les États-Unis aient affirmé que certains développements de missiles de croisière en Russie constituaient une violation du traité, la véritable
raison de ce retrait était ailleurs :
«La nécessité pour les
États-Unis de contrer le développement de l’armement chinois dans le Pacifique, notamment en mer de Chine méridionale, est une autre raison de leur retrait, car la Chine n’est pas
signataire du traité. Des responsables américains remontant à la présidence de Barack Obama l’ont noté».
Toutefois, le retrait des États-Unis des FNI s’est aligné sur le retrait des États-Unis, en 2002, du traité sur les missiles antibalistiques, qui limitait
les défenses antimissiles. Peu après, les États-Unis ont annoncé la construction d’«installations antimissiles» en Europe de l’Est. Ces installations peuvent être facilement réutilisées
pour tirer des missiles de croisière offensifs vers la Russie.
Cela recréerait la situation dangereuse que l’Europe avait connue avant la mise en place du traité FNI. Une guerre nucléaire en Europe, sans l’implication
des États-Unis continentaux, redeviendrait possible.
La Russie devait enfin réagir à cette menace. Quelques semaines après l’annonce de l’OTAN, Vladimir Poutine a
répondu à ces plans :
«L’administration
américaine et le gouvernement allemand ont fait une déclaration remarquable concernant leurs projets de déploiement de systèmes américains de missiles de précision à longue portée en
Allemagne en 2026.
Les missiles
pourraient atteindre les portées des principales installations étatiques et militaires russes, des centres administratifs et industriels et des infrastructures de défense. Le temps de vol
de ces missiles, qui pourraient à l’avenir être équipés d’ogives nucléaires, vers des cibles situées sur notre territoire serait d’environ dix minutes.
Les États-Unis ont
déjà mené des exercices de déploiement de systèmes de missiles Typhon depuis leur territoire vers le Danemark et les Philippines. Cette situation rappelle les
événements de la guerre froide liés au déploiement de missiles américains Pershing de moyenne portée en Europe.
Si les États-Unis
mettent en œuvre ces plans, nous nous considérerons libérés du moratoire unilatéral précédemment supposé sur le déploiement d’armes de frappe à moyenne et courte portée, notamment en
augmentant les capacités des troupes côtières de notre marine.
Aujourd’hui, le
développement de ces systèmes en Russie est presque achevé.Nous prendrons des mesures miroirs
pour les déployer, en tenant compte des actions des États-Unis, de leurs satellites en Europe et dans d’autres régions du monde».
L’attaque d’hier sur le complexe Yuzhmash à Dnepropetrovsk (vidéo)
a été la première démonstration de la nouvelle capacité russe.
Les nouveaux missiles, baptisés Oreshnik (noisetier), sont une variante du RS-26 avec une portée plus courte et une charge utile de six (au lieu de quatre
précédemment) véhicules de rentrée à cibles multiples indépendantes (MIRV). Chaque véhicule de rentrée peut transporter six sous-munitions. La charge utile peut être inerte, détruisant la
cible par la puissance de cisaillement de son énergie cinétique, hautement explosive ou nucléaire.
Le missile utilise un combustible solide et est mobile sur route. Il peut être tiré à court terme à partir de positions camouflées.
Lancé depuis la Russie, le missile peut atteindre n’importe quelle cible en Europe en moins de 20 minutes. En rentrant dans l’atmosphère, les ogives du
missile atteignent des vitesses hypersoniques de 3 à 4 kilomètres par seconde. Aucun système de défense aérienne au monde ne peut les arrêter.
La démonstration surprenante et réussie d’une capacité aussi énorme est un signal d’alarme pour les stratèges européens.
Bercés par les discours néoconservateurs sur la suprématie de l’Occident et l’incapacité présumée de la Russie, les Européens étaient impatients de lier
leur destin à une guerre par procuration contre la Russie. Ayant été vaincus dans la lutte pour les commodités de la région du Donbass, ils ont poussé à l’extension
de la portée de leurs armes en Russie.
Les résultats sont maintenant là. L’Europe est sans défense face aux nouvelles armes
russes qui peuvent atteindre tous les centres politiques et industriels de l’Europe avec une puissance dévastatrice et avec seulement quelques minutes de préavis.
Heureusement, il est encore temps de changer de cap.
En annonçant ces nouvelles capacités, le président russe a également proposé (vidéo) de limiter leur déploiement :
«Nous développons des
missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en réponse aux projets américains de production et de déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en
Europe et dans la région Asie-Pacifique. Nous pensons que les États-Unis ont
commis une erreur en détruisant unilatéralement le traité FNI en 2019 sous un prétexte tiré par les cheveux. Aujourd’hui, les États-Unis ne se contentent pas de produire de
tels équipements, mais, comme nous pouvons le constater, ils ont élaboré des moyens de déployer leurs systèmes de missiles avancés dans différentes régions du monde, notamment en Europe,
lors d’exercices d’entraînement de leurs troupes. De plus, au cours de ces exercices, ils s’entraînent à les utiliser.
Pour rappel, la
Russie s’est volontairement et unilatéralement engagée à ne pas déployer de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée tant que des armes américaines de ce type
n’apparaîtront pas dans une région du monde.
Je répète que nous
procédons à des essais de combat du système de missiles Oreshnik en réponse aux actions
agressives de l’OTAN à l’encontre de la Russie. Notre décision concernant la poursuite
du déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée dépendra des actions des États-Unis et de leurs satellites».
Si les États-Unis et leurs laquais européens commettent de nouvelles offenses à l’encontre de la Russie, nous
procéderons à des «tests» plus poussés de l’Oreshnik, dans des conditions réelles et en visant éventuellement des cibles au-delà de l’Ukraine :
«Nous déterminerons
les cibles des nouveaux essais de nos systèmes de missiles avancés en fonction des menaces qui pèsent sur la sécurité de la Fédération de Russie. Nous nous considérons autorisés à
utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations, et en cas d’escalade des actions agressives, nous
répondrons de manière décisive et en miroir. Je recommande aux élites dirigeantes
des pays qui échafaudent des plans pour utiliser leurs contingents militaires contre la Russie d’examiner sérieusement cette proposition».
Les enchères israélo-iraniennes masquent la réorganisation des alliances au Moyen-Orient
Source : RzO Voltaire -
par Thierry Meyssan - Le 05/11/2024.
Les déclarations tonitruantes de frappes définitives et douloureuses de l’Iran sur Israël et vice-versa se sont avérées illusoires. Nous n’avons pas assisté au cataclysme annoncé,
mais à un repositionnement des principaux acteurs. Les hommes et les femmes qui, dévoués à l’indépendance de leur pays, ont tout sacrifié à Gaza, au Liban et au Yémen doivent se
réorganiser sans le soutien de leurs anciens parrains.
Intervenant à la télévision, le 18 octobre, Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a déclaré : « L’Axe de la Terreur qui a été construit
par l’Iran s’effondre sous nos yeux. Nasrallah est mort. Son adjoint Mohsen est mort. Haniyeh est mort. Deif est mort. Sinwar est mort. Le règne de la terreur que le régime iranien a
imposé à son propre peuple et aux peuples d’Iraq, de Syrie, du Liban et du Yémen finira également. Tous ceux qui cherchent un avenir de prospérité et de paix au Moyen-Orient devraient
s’unir pour construire un avenir meilleur. Ensemble, nous pouvons repousser les forces de l’obscurité et créer un avenir de lumière et d’espoir pour nous tous. »
Depuis un an, nous assistons à de fières déclarations et à des menaces des autorités israéliennes et iraniennes. Chacune, comme un coq dressé sur ses ergots, nous
assure que nous allons voir ce que nous allons voir, que sa réponse sera définitive et douloureuse. Pourtant les deux attaques iraniennes (opération « promesse honnête » du 13 avril et
1° octobre) et les deux israélienne (19 avril et 26 octobre) n’ont pas tenu leurs engagements. Ni Téhéran, ni Tel-Aviv n’ont cherché à détruire des objectifs stratégiques chez leur
adversaire.
Il y a un mois, j’avais publié un article [1] soulignant les liens profonds et nombreux
d’une partie de la classe dirigeante iranienne et des « sionistes révisionnistes » [2]. J’insistais sur le fait que ces groupes sont très
minoritaires chez eux, bien que les premiers aient accédé plusieurs fois à la présidence de la République islamique et que les seconds sont aujourd’hui au pouvoir à la tête de l’État hébreu. Même
si cela est difficile à admettre, aucune de ces deux nations n’est une démocratie et leurs dirigeants peuvent tenir des discours très éloignés de la réalité sans être renversés par leur peuple
(quoique les Iraniens ont renversé le Shah, il y a 45 ans).
Cependant les deux armées, bien qu’elles se soient vues interdire de blesser significativement leur adversaire, ne se sont pas contentées de mettre en scène des
feux d’artifice. Elles ont mis à profit leurs tirs de missiles, sol-sol pour l’Iran et air-sol pour Israël, pour tester leurs systèmes de défense antiaérienne et pour tenter de détruire leurs
capacités offensives (l’Iran en attaquant la base aérienne des F-35 et Israël en attaquant les usines de fabrication de combustible solide des missiles hypersoniques)
« Les États-Unis
et les sionistes recevront une riposte écrasante pour ce qu’ils font contre l’Iran et la Résistance », a déclaré l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne, le 2
novembre 2024.
À ce jour, il apparaît que les Forces armées iraniennes peuvent frapper Israël où elles veulent sans que celui-ci et ses alliés occidentaux puissent abattre ses
missiles hypersoniques, si elles en disposent encore. Il est beaucoup plus problématique pour l’armée de l’Air israélienne de bombarder l’Iran en profondeur. Ses avions ont d’importantes
difficultés à parvenir aux frontières de la République islamique pour tirer leurs missiles à longue portée. Mais, Israël sait, qu’il peut compter sur le ravitaillement en vol de ses avions par
l’US Air Force et sur la passivité des régimes arabes sionistes, c’est-à-dire des Jordaniens et des Saoudiens.
Au plan politique, on remarquera que la dernière opération israélienne (celle du 26 octobre) a été justifiée comme une réplique à l’attaque de la Résistance
palestinienne le 7 octobre 2023 (opération « Déluge d’Al-Aqsa »). En effet, Tel-Aviv ne pouvait pas prétendre répliquer au bombardement du 13 avril effectué en représailles de celui des
locaux diplomatiques iraniens de Damas, le 1° avril, qui constituait en soi une grave violation du droit international. Il ne pouvait pas non plus invoquer le bombardement iranien du 1° octobre
qui répliquait à l’assassinat d’un leader étranger sur son sol (Ismaël Haniyeh, le 31 juillet) et à celui du général Abbas Nilforoushan au Liban (lors de celui d’Hassan Nasrallah, le 27
septembre). Il devient de plus en plus difficile pour Tel-Aviv de justifier ses actions de manière crédible en droit international : rendre l’Iran responsable de l’attaque
palestinienne du 7 octobre 2023 n’avait pas été évoqué à l’époque et aucune donnée nouvelle ne permet de le créditer. C’est même une aberration au regard de la doctrine de « l’Axe de la
Résistance » du général Qassem Soleimani, selon laquelle chaque unité nationale doit agir en pleine indépendance. C’est juste une reprise de la vision occidentale selon laquelle, au
contraire, ces unités nationales ne sont que des mandataires (proxys) de l’impérialisme iranien.
En Israël, l’attaque du 26 octobre 2024 a été présentée comme la punition, un an après, du « pire pogrom » de l’histoire, celui du 7 octobre 2023.
Observons d’abord que l’assimilation de l’opération de la Résistance palestinienne contre un fait colonial à un pogrom, c’est-à-dire à une action antisémite, est une absurdité ; ainsi que
l’a souligné Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
Puis, relevons qu’Israël a déjà commémoré cette attaque, un an après sa survenue jour pour jour. Cette seconde date fait référence, selon le calendrier liturgique juif, à la fête de Simh’at
Torah, qui tombe cette année trois semaines après celle de 2023. Or, jamais l’État d’Israël n’a invoqué jusqu’ici le calendrier liturgique. Le choix même de la dénomination de « l’État
d’Israël », lors de son autoproclamation par son armée, le 14 mai 1948, vise à ne pas choisir entre « République d’Israël » voulue par les juifs laïques et celui de « Royaume
d’Israël » choisi par les juifs religieux. Nous assistons donc à une évolution vers une théocratie assumée à « Jérusalem » comme à Téhéran (je place ici Jérusalem entre guillemets
car ce n’est pas la capitale internationalement reconnue de l’État hébreu).
L’attitude iranienne est incompréhensible pour ses alliés régionaux. Téhéran n’a pas frappé Israël comme il l’avait annoncé et a refusé de porter secours au
Hezbollah. Il a prévenu à l’avance les Occidentaux de ce qu’il allait faire afin qu’ils puissent intercepter ses missiles et poursuit ses négociations avec les États-Unis. Ce faisant, il a
lui-même mis fin à « l’Axe de la Résistance ». Simultanément, Téhéran a poussé le Hezbollah à choisir en premier le sayyed Hachem Safieddine, pour succéder au sayyed Hassan Nasrallah, puis le cheikh Naïm Qassem
après son assassinat. Or, Safieddine était avant tout « l’homme de Téhéran » et Qassem est « l’homme des mollahs ». Tous deux, aussi respectable soient-ils, n’était pas pour
le premier et n’est pas pour le second, capables de maintenir l’indépendance du Hezbollah. La Résistance libanaise se poursuivra sans nul doute, avec ou sans Téhéran, ce qui voudra dire avec ou
sans le Hezbollah.
Mettant en scène le retournement de son pays, Masoud Pezeshkian, président iranien, ne cesse de proclamer que, « si les musulmans sont unis » (ce qu’ils
ne sont pas), le régime sioniste ne pourra plus commettre de crimes.
Le retournement du Hamas, quant à lui, est déjà perceptible. Si l’on ignore qui a succédé à Yahya Sinwar, le plus probable est que l’organisation sera désormais
dirigée à Gaza par un membre pur et dur de la Confrérie des Frères musulmans, Khalil Hayyé. De la sorte, le Hamas redeviendra ce qu’il était avant 2017 : Un parti politique islamiste luttant
contre le Fatah laïque (c’est-à-dire contre d’autres Palestiniens) et non pas un réseau de résistance contre la colonisation israélienne.
Une fois de plus, nous assistons à un de ces moments historiques de recomposition des alliances, la logique des institutions n’étant pas celle des causes qu’elles
prétendent défendre.
Thierry Meyssan
La plus grande défaite militaire de l’Occident collectif vient peut-être d’avoir eu lieu sous nos yeux
Depuis le début du mois d’octobre, après la frappe iranienne contre les sites israéliens, Israël, les États-Unis et leurs fidèles partenaires se préparaient
à attaquer l’Iran.
Selon le contre-amiral Habibollah Sayyari, commandant adjoint de l’armée iranienne pour la coordination, les quatre compères habituels, Israël, les
États-Unis, le Royaume-Uni et la France (les quatre cavaliers de l’apocalypse ?) ont effectué des vols dans l’espace aérien irakien pendant 25 jours consécutifs, dans le cadre de
préparatifs pour lancer une attaque contre la République islamique d’Iran.
Les dernières frappes contre l’Iran n’étaient pas un simple raid «de représailles» limité comme le clament les autorités israéliennes et les médias aux
ordres. Un engagement mobilisant plus de 100 avions, dont des F35, avec des ravitailleurs et des avions espions, ferait plutôt penser à une offensive aérienne de grande envergure destinée
à détruire le système de défense de l’armée iranienne et à soumettre ensuite le pays à des bombardement intensifs par vagues successives comme savent si bien le faire les armées
anglo-sionistes.
Mais voilà, rien n’a fonctionné comme prévu. La défense anti-aérienne iranienne a fait des merveilles, fonctionnant comme une sorte de dôme de fer (vrai
celui-là). Les bombardements massifs prévus, comme pour l’Irak ou la Serbie, n’auront pas lieu. La durée de l’opération, initialement prévue à 10 heures, va être écourtée et stoppée net
au bout de 3 heures. Les moyens militaires de l’Occident combiné ont été purement et simplement neutralisés par un système de défense anti-aérien efficace. L’armée Anglo-Otano-Sioniste se
révèle n’être qu’une armée de livreurs de bombes. Pour les neutraliser, il suffit de perturber leurs systèmes et moyens de livraison.
Il ne restait plus aux autorités israéliennes qu’à trouver un narratif plausible pour camoufler ce fiasco, encore plus
terrible que celui du 1er octobre, et espérer que l’Iran, qui n’a pas trop souffert, se contente de savourer sa victoire en silence et ne cherche pas à riposter, auquel
cas Israël se trouverait dans un réel embarras.
La planète est entrée dans une phase critique de confrontation qui pourrait être terminale/nucléaire, alors qu’une troisième guerre mondiale
«hybride1»
est en cours, allant des sanctions, en passant par les deux points chauds de l’Ukraine et d’Israël – avec leurs «sept fronts de guerre (dixit le ministre de la défense Yoav Gallant)» – au
«sommet de dédollarisation des BRICS» du 22 octobre, sans oublier les élections présidentielles capitales du 5 novembre aux États-Unis (US).
Dans une rupture «douce», Anatoly Antonov, ambassadeur de Russie aux États-Unis, a été rappelé sans cérémonie le 5 octobre – «Global drama : Russia recalls
its ambassador to the US and Biden cancels trip to Germany2.
Il s’avère que le mégapugnaz Yoav Gallant a reporté son voyage aux États-Unis – en consultation avec son homologue du Pentagone afin de coordonner la
destruction, qui ne s’avèrera pas si simple3,
des installations nucléaires iraniennes (jusqu’à présent) pacifiques – en raison de la perfidie légendaire du Premier ministre Netanyahou, qui se réjouit de la décapitation du Hezbollah,
le champion olympique du chiisme4.
Sans rougir, Netanyahou a menacé de faire du Liban le «nouveau Gaza5»
s’il ne se rendait pas.
Aujourd’hui, les oligopoles médiatiques de l’anglosphère et d’Israël célèbrent le «triomphe» d’Israël sur le Hamas et le Hezbollah alors que l’Iran est
soi-disant acculé, tandis que les médias sociaux occidentaux critiques soulignent la résilience miraculeuse du Hamas et du Hezbollah6,
semblable à celle d’un phénix, et exposent la force légendaire des missiles hypersoniques iraniens qui ont apparemment stoppé net les fanfaronnades cacophoniques d’Israël.
Dans ma méthode dialectique anti-manichéenne, nous analysons également la contrepartie prétendument «vaincue» de la propagande de guerre inégalée de
l’Occident, prétendument contrôlée par le lobby israélien7,
aujourd’hui plus khazarien8 que
jamais.
Israël exerce une censure totale qui dissimule les dégâts que les missiles hypersoniques iraniens ont infligés à plusieurs de ses sites clés, images
satellites à l’appui.
Il vaut la peine d’analyser les récentes opinions tranchées du diplomate britannique Alastair Crooke9 et
de Scott Ritter, ancien inspecteur de l’ONU en Irak10,
où l’époustouflante «invincibilité» de l’armée israélienne n’est pas du tout bien perçue.
Dans ma récente vidéo sur Geopolitical Radar – «Israël peut-il
détruire les installations nucléaires iraniennes ?»11 –
j’expose l’opinion de l’expert James Acton, interviewé par l’excellent Bulletin of the Atomic Scientists, qui élucide – contrairement aux fanfaronnades de cantine de Netanyahu, plus
enclin au cannibalisme qu’au génocide – la grande difficulté d’anéantir le projet nucléaire iranien.
Après que le tout nouveau président iranien Pezeshkian a admis avoir été piégé par les États-Unis et l’UE pour formaliser un cessez-le-feu israélien avec le
Hamas et le Hezbollah – ce qui a coûté la vie à Hassan Nasrala pour avoir péché par naïveté, qui avait déjà accepté un cessez-le-feu avec Israël, selon le ministre libanais des affaires
étrangères, le maronite catholique Abdallah Bou Habib12 –
et qui, contre toute attente, s’est lancé dans une contre-offensive anti-drogue/anti-dissuasion qui, nolens volens, a rétabli la dissuasion mutuelle avec Israël, grâce à sa panoplie de
missiles hypersoniques imparables, de systèmes de défense S-400 et de dispositifs de guerre électronique fournis par la Russie. Je ne sais pas si l’annulation de l’invalide Biden au
sommet de l’OTAN, qui s’est tenu sur la base militaire américaine de Ramstein (Allemagne), ou la rencontre, un jour plus tôt, de l’apprenti géopoliticien novice Pezeshkian avec son
homologue Poutine au Turkménistan, en marge d’un sommet ludique, sorti de sa manche, pour célébrer le poète turkmène Magtymguly Pyragy13,
pèsent plus lourd.
La poésie peut encore sauver la planète de son Armageddon programmé.
Le soutien accordé
par la Russie aux processus multipolaires en Afrique Occidentale a porté un coup très difficile à l’hégémonie française dans la région ; la France y a répondu en lançant une guerre par
procuration au Mali, tout en poursuivant l’offensive stratégique dans le Sud-Caucase et en Europe de l’Est.
Sébastien Lecornu, ministre français de la défense, a
affirmé au
cours d’une interview que la Russie constitue la “principale menace” contre la France en dehors des
groupes terroristes. Il a fait état de ses actions “agressives” au cours de l’année
passée, “non seulement contre nos intérêts en
Afrique, mais également contre nos forces armées.” Lecornu accuse également la Russie de “mener une guerre de l’information” et
de “militariser de nouveaux environnements, y
compris les fonds marins et le cyberespace.” La réalité est que la Russie pose bel et bien une menace contre la France, mais uniquement envers son hégémonie, pas à ses intérêts
légitimes.
La politique suivie par la Russie en Afrique, au sujet de laquelle le lecteur peut s’informer ici,
vise à accélérer sur ce continent les processus multipolaires. Cette action a pris la forme d’un soutien envers les anciennes colonies françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, non
seulement bilatéralement, mais aussi multilatéralement, étant donné la nouvelle Confédération Alliance des
États du Sahel. Les dirigeants militaires patriotes de ces pays envisagent de réduire leur dépendance démesurée envers la France en s’appuyant davantage sur la Russie, afin de récupérer
le plus possible leur souveraineté perdue.
Sur le terrain, on les a donc vus remplacer la France par la Russie comme partenaire de choix contre le terrorisme, et certains observateurs émettent
l’hypothèse que le bénéfice immédiat est un accès de la Russie à leurs ressources. L’objectif à court terme de rétablir la stabilité, et l’objectif à moyen terme de se désengager davantage de
la “sphère d’influence” française peut
ensuite être poursuivi avec davantage de confiance, idéalement en introduisant une nouvelle monnaie régionale pour remplacer le franc CFA que Paris continue d’utiliser pour s’enrichir à leurs
dépens.
Ces deux développements menacent l’hégémonie française : le premier compromet les efforts français de pratiquer le diviser pour mieux régner dans ces pays, et le second a
traditionnellement permis le maintien à flot de l’économie française. Pris comme un ensemble, le soutien russe à ces processus multipolaires porte certes un lourd coup aux intérêts français,
mais une fois de plus, uniquement à ses intérêts hégémoniques, pas aux intérêts légitimes du pays. La France ne peut pas reconnaître publiquement la manière dont la Russie la menace en
Afrique, car la sombre vérité la ferait apparaître comme hideuse.
La France ne pouvait manquer de résister à ce mouvement, et c’est pour cela qu’elle mène une
guerre par procuration contre la Russie au Mali, ainsi qu’en Ukraine aux côtés des États-Unis, en passant par un soutien aux séparatistes touaregs et aux groupes islamistes. D’autres
fronts pourraient être ouverts contre la l’Alliance des États du Sahel, comme par exemple une
tentative de déstabilisation par
les forces franco-étasuniennes en côte d’Ivoire contre le Sud du Mali ou le Burkina Faso. Dans ce dernier pays, la violence djihadiste, qui a déjà atteint des proportions critiques,
pourrait empirer encore davantage avec ce soutien.
La France ne fait pas que se défendre, car elle est également à la manœuvre dans l’offensive stratégique contre la Russie dans le Sud-Caucase, avec ses efforts
visant à accélérer le
pivot pro-occidental de l’Arménie. La diaspora arménienne ultra-nationaliste hébergée en France a joué un rôle central dans ce processus. La France vend également des équipements
militaires à l’Arménie, dans le but d’amplifier les soupçons entretenus par la Russie quant à ses intentions. Les liens étroits entre
la Russie et l’Azerbaïdjan et les très pragmatiques liens entre
la Russie et la Géorgie ont cependant bloqué les plans occidentaux.
Si ces plans devaient fonctionner, ils poseraient une menace directe aux intérêts légitimes de la Russie, en provoquant un conflit majeur sur sa périphérie Sud,
ce qui rendrait objectivement l’ingérence française dans le Sud-Caucase bien plus menaçante que le soutien de la Russie aux processus multipolaires en cours en Afrique Occidentale. Il en va
de même de l’autre offensive stratégique menée par la France contre la Russie en manifestant son intérêt pour
une intervention conventionnelle en Ukraine depuis qu’elle a perdu sa “sphère d’influence” au Sahel.
Le président français Emmanuel Macron, dont on a analysé ici la
frénésie d’erreurs en matière de politique étrangère, a depuis baissé d’un ton sa rhétorique, mais continue de refuser d’exclure un tel scénario. La raison pour laquelle il est dangereux de
se frotter à ce scénario est que cela pourrait déclencher des hostilités conventionnelles entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, propices à escalader
en troisième guerre mondiale en cas d’erreur de calcul. La France connait l’énormité de ces enjeux, mais n’en continue pas moins d’envisager avec témérité ce moyen d’action comme
revanche contre la Russie.
Le soutien prodigué par la Russie aux processus multipolaires à l’œuvre en Afrique Occidentale a porté un coup rude à l’hégémonie française dans la région, et
la France y a répondu en lançant une guerre par procuration contre la Russie au Mali, tout en lançant une offensive stratégique dans le Sud Caucase et en Europe de l’Est. Il s’ensuit que ce
n’est pas la Russie qui constitue la “plus
importante menace” contre la France, mais la France qui constitue une “grave menace” contre la Russie et contre le monde dans
son ensemble, au vu des ravages qu’elle provoque par simple dépit dans trois régions séparées.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien,
établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre
hybride.
Note du Saker Francophone
Ce type est FOU ! Et
c’est bien lui la principale menace envers son propre pays.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone.
Toutes
les guerres se terminent par la paix. Cette affirmation est juste, mais incomplète. En effet, dans toute guerre, chaque camp cherche à imposer sa propre version de l’après-guerre, plutôt
qu’une paix abstraite.
Imposer sa version de la paix à l’adversaire n’est possible qu’en le battant complètement et en le contraignant à une capitulation totale et
inconditionnelle, ce qui n’est pas toujours garanti. Souvent, après la fin des combats, des États qui étaient des observateurs neutres durant la guerre entrent en scène. Cherchant à
empêcher un renforcement excessif du pays victorieux ou à obtenir leur part du butin, ils forcent souvent le vainqueur à modérer ses exigences. Parfois sous la menace d’une nouvelle
guerre, mais plus souvent par une simple pression politique. Peu de pays sont prêts à risquer une nouvelle confrontation avec un adversaire puissant, juste après un conflit armé à peine
terminé.
C’est pourquoi la plupart des traités de paix sont des compromis qui ne satisfont pleinement aucune des parties au conflit, laissant ainsi la porte ouverte
à un futur affrontement.
Après la Première Guerre mondiale, la communauté internationale a officiellement condamné la guerre comme un moyen de résoudre les problèmes internationaux,
mais officieusement pour l’Occident la guerre reste aujourd’hui un état naturel. Le temps et les technologies ont donné à la guerre un nouveau visage.
L’armée n’est plus le principal moyen de faire la guerre. Elle ne fait qu’assurer les prétextes et l’espace nécessaires pour l’utilisation des technologies
de l’information et économiques. L’objectif principal dans une guerre moderne est de pousser son adversaire à se battre contre un tiers, afin de l’épuiser tout en renforçant son propre
potentiel.
C’est dans cette optique que les États-Unis abordent la crise ukrainienne. Washington a tenté de forcer Moscou à choisir entre deux mauvaises options
(utiliser la force en Ukraine ou ne pas l’utiliser), chacune devant, selon les calculs américains, conduire à l’épuisement et à la déstabilisation de la Russie.
Il est clair que ces calculs ont échoué et que l’épuisement
de la Russie n’a pas lieu. C’est pourquoi l’Occident commence à parler de paix avec la Russie et même de concessions territoriales, indépendamment de la volonté de
l’Ukraine.
Cependant, la réalité ne correspond pas aux déclarations pacifistes de l’Occident. Les armes et le matériel militaire, y compris les avions, continuent
d’arriver en Ukraine. Les soldats ukrainiens continuent d’être formés sur des terrains d’entraînement en Europe. La question relative aux missiles à longue portée et à l’autorisation de
les utiliser contre des villes russes reste à l’ordre du jour, mais il est fort probable qu’elle sera tranchée après l’élection présidentielle aux États-Unis en faveur de Kiev.
Toutes ces actions s’expliqueraient facilement par la volonté de l’Occident de forcer la Russie (sous la menace d’une guerre prolongée) à accepter les
conditions occidentales de paix, mais il semble qu’il ne reste plus aux États-Unis et dans l’UE de politiciens ou experts sérieux qui évalueraient les chances de survie de l’Ukraine
durant l’hiver comme élevées.
D’une part, les politiciens occidentaux disent constamment que l’Ukraine doit conclure un accord de paix avec la Russie à tout prix, et d’autre part, ils
font tout pour que cela ne se produise pas, en continuant à fournir à Kiev un soutien financier et militaire sans lequel, selon leurs propres experts, l’Ukraine ne
pourrait tenir ne serait-ce qu’un mois.
La guerre jusqu’au dernier Ukrainien n’est pas largement promue en Occident, mais les politiciens qui clament publiquement la paix murmurent fermement en
coulisses que l’Ukraine doit continuer à se battre tant qu’il y a des hommes à envoyer au front. Parallèlement, des experts occidentaux soulignent à juste titre que l’envoi massif de
recrues non formées sur le champ de bataille ne fait qu’augmenter considérablement les pertes (en 2024, l’Ukraine subira plus de pertes qu’au cours des deux années précédentes, et les
pertes ne feront que croître), sans pour autant enrayer l’effondrement de la ligne de front.
Le comportement de l’Occident peut sembler absurde, mais en réalité, il ne renonce pas à son objectif ultime, qui consiste à affaiblir et déstabiliser au
maximum la Russie. Avec l’épuisement des ressources ukrainiennes et l’incapacité de l’Europe à entrer directement en conflit militaire avec la Russie dans l’intérêt des États-Unis, seuls
les mécanismes pour atteindre cet objectif changeront.
La Russie, au départ, était prête à se contenter de demandes minimales. Elle visait à réduire l’influence politico-militaire occidentale sur Kiev et à
relancer les mécanismes de coopération économique. Moscou exigeait simplement que Kiev renonce à rejoindre l’OTAN, revienne à une politique de neutralité permanente et garantisse le libre
développement de la langue et de la culture russes en Ukraine.
Aujourd’hui, l’Ukraine a déjà subi d’énormes pertes démographiques, et l’infrastructure communale et logistique dans la zone des combats est gravement
endommagée.
L’objectif des États-Unis est de laisser à la Russie un territoire invivable, où la majorité de la population sera composée de veuves et d’orphelins de
soldats morts en combattant contre la Russie, d’handicapés blessés en guerre contre la Russie, et de retraités dont beaucoup auront perdu un proche au front. Ils vivront dans des villes
en ruines, détruites par les combats avec l’armée russe, et survivront grâce à l’aide humanitaire fournie par la Russie, tout en nourrissant souvent une haine envers elle.
La paix à l’américaine suppose une Ukraine totalement détruite, avec une économie ruinée, une population active décimée ou exilée, plongée dans un gouffre
démographique et incapable de se redresser politiquement, économiquement ou démographiquement. Et dans ce contexte, peu importe à Washington ce que la Russie fera de ces territoires, si
elle les annexera ou les laissera formellement indépendants. Plus les conditions de vie de la population ukrainienne restante seront désastreuses, plus activement sera propagée la thèse
que «les
Russes sont venus détruire un pays prospère pour l’empêcher de rejoindre l’UE».
Le Diplomate
: Le 24 février 2022, pour mon blog, je vous avais posé quelques
questions suite à l’offensive russe en Ukraine. Plus de deux ans se sont écoulés depuis lors. Comment estimez-vous la situation actuelle entre la Russie et ce qu’on appelle Occident
?
Dimitri de
Kochko : En février 2022, la Russie se mêlait du conflit qui durait depuis 2014 dans le Donbass, quotidiennement bombardé, pour empêcher ce qui se passe aujourd’hui à
Gaza. Comme l’ont reconnu Mme Merkel, ex-chancelière allemande, et François Hollande, sans parler de Porochenko, l’ex de Kiev, les accords de Minsk I et II entre le gouvernement de Kiev
et les rebelles n’étaient pas destinés à être appliqués mais à préparer des forces armées kiéviennes pour régler par les armes la question des «êtres inférieurs» (selon la terminologie
employée par les partis qui ont pris le pouvoir à Kiev en 2014 – en fait des Russes historiques) du Donbass. Ces accords devaient mettre fin aux combats de 2014 et 2015 déclenchés par les
forces de Kiev en réaction à la rébellion du Donbass contre le coup d’État du Maïdan de février 2014 qui a interdit la langue russe maternelle dans la région et qui a généré le massacre
des partisans fédéralistes de la maison des syndicats les 1-2 mai à Odessa.
Après 5 ans de préparation militaire, de construction de lignes de fortifications à l’ouest de la région du Donbass, d’installations de la CIA dévoilées
cette année dans la presse américaine, de laboratoires de recherches biologiques, de formations de militaires ukrainiens en UE et USA, le jour J était enfin arrivé en février 2022.
L’heure était venue pour lancer le nettoyage ethnique sur le modèle de ce que firent les Croates en 1995 contre les populations serbes de la Krajina qui vivaient là depuis des siècles. Il
s’agissait d’environ 250 000 personnes, alors qu’il y avait 4 millions d’habitants dans le Donbass. Du reste, l’allusion à «la solution croate» était mentionnée publiquement depuis
plusieurs mois par des dirigeants kiéviens. Le conseiller de la présidence kievienne, AlexeÏ
Arestovitch avait expliqué dès 2019 qu’une guerre avec la Russie était indispensable pour que l’Ukraine puisse entrer dans l’OTAN et avait annoncé déjà que cette guerre serait
totale et aurait lieu en 2022 ! Les barrages d’artillerie contre les habitants se sont intensifiés dès le 13 février, selon les observateurs de l’OSCE qui, sans être neutres étaient
encore sur place et de ce fait témoins.
Les Russes sont intervenus précipitamment, ce qui explique en partie certaines incohérences et impréparations du début de leur opération militaire spéciale.
La propagande, chez nous, parle «d’invasion de l’Ukraine». Ce qui est évidemment ridicule, compte tenu qu’on n’envahit pas un pays comme l’Ukraine avec quelque 170 000 hommes !
Je me permets ce retour en arrière car c’est ce qui explique partiellement la situation actuelle.Il faut garder à
l’esprit que l’affrontement armé n’aurait pas eu lieu si les États-Uniens et leurs obligés de l’OTAN avaient répondu à la proposition
russe en décembre 2021 d’un sommet sur la sécurité européenne ou même mondiale. On peut l’interpréter comme un Yalta actualisé mais le fait est que ça aurait évité la
guerre.
L’offre a été rejetée avec mépris. L’explication, en substance, était qu’on n’a pas à discuter sécurité avec «une pompe à essence». Tout en traduisant bien
sûr la condescendance des «élites» occidentales à l’endroit des Russes, ce n’est pas un mépris en l’air : C’est le rôle attribué à la Russie dans la division internationale du
travail du point de vue des globalistes de la City et de Wall Street, après la fin de l’URSS. Et ils y sont parvenus pendant une vingtaine d’années en s’appuyant sur une caste
d’oligarques compradores nouveaux riches, bien utiles mais non admis de plein droit parmi les grands.
Voilà une des clés pour comprendre l’action du président Poutine (cf. le discours de Munich en 2007), qui malgré tous ses efforts, n’a pas cessé d’être
éconduit lorsqu’il demandait un traitement digne pour la Russie. Pour les Yankees, la Russie est une terre de matières premières dont il faut s’emparer, comme ce fut le
cas pour les terres des Indiens en Amérique. Et si les proxys de l’époque Eltsine ne suffisent pas pour le faire et que des Poutine parlent soudain «d’intérêt
national», on envisage de démanteler la Russie. La Rand corporation, un think tank proche de la CIA et d’autres agences, a même dessiné une carte avec
drapeaux et trouvé quelques Russes «opposants» pour leur attribuer le projet.
Les choses n’ont pas tourné comme prévu ni d’un côté ni de l’autre.
Les Russes espéraient garantir la sécurité des habitants des deux républiques insurgées du Donbass et parvenir assez rapidement à un accord avec Kiev. Cela
a failli se produire, lorsque les négociations en mars 2022 ont abouti à un accord, interdit par les Anglo-Saxons.
Ces derniers attendaient l’intervention des Russes en réaction aux opérations de nettoyage ethnique du Donbass. Or ceux-ci sont intervenus par surprise
juste avant. Le plan otanien de règlement à la croate explique la «clairvoyance» des services américains qui annonçaient l’intervention imminente des Russes en Ukraine. En dernière
analyse, elle dépendait de leur calendrier à eux. D’où l’application ultra-rapide de nouvelles «sanctions» anti-russes, préparées à l’avance en plus de celles mises en place depuis 2014.
Il y en avait même avant, sous le prétexte Magnitsky qui marque en réalité le début de l’offensive contre la Russie.
Il a tout de même fallu organiser (mal) la farce tragique de Boutcha pour contraindre les Européens ayant des états d’âme à se tirer un obus dans le
pied en acceptant le nouveau train de «sanctions» que parfois les Américains n’appliquaient pas ou avec des nuances ! Mais c’est pourquoi un Bruno Lemaire, à l’époque ministre
français des finances, a pu répéter publiquement – au risque de se ridiculiser – les briefings des maîtres américains auxquels a aussi pu croire un Boris Johnson lorsqu’il a interdit à
Zelensky de signer un accord avec les Russes en mars 2022.
D’où aussi des effectifs armés massifs otano-kiéviens en lisière du Donbass et des fortifications (trois lignes Maginot) bien préparées, pour lesquelles des
combats ont lieu depuis le début de l’opération militaire russe. Maintenant, avec la prise de Pokrovsk, les Russes pourraient passer à un autre rythme sur le terrain. Visiblement, sur le
plan militaire les choses tournent à l’avantage de la Russie. Pour ma part, je ne crois pas pour autant que c’est déjà la victoire. Hannibal aussi avait remporté des victoires sur les
Romains… Les otaniens n’avaient pas prévu une aussi bonne résistance et, pire encore pour eux, une telle résilience économique. Ils avaient un peu trop cru à leurs propres narratifs de
propagande russophobe et aux «confidences» que leur susurraient toutes sortes d’opposants, qu’ils généraient et soutenaient et qui cherchaient à leur soutirer toujours plus.
Par conséquent, ils ne pouvaient pas prévoir non plus qu’ils manqueraient d’armes à la suite de leur désindustrialisation massive. Du coup, on en est arrivé
au seuil de la confrontation nucléaire pour laquelle les Russes sont en supériorité grâce à l’hypersonique. Ces derniers ont aussi été capables de réorganiser leurs troupes au sol et de
rattraper leur retard en matière de drones et de protection des combattants. Une victoire otanienne sur le terrain semble hors d’atteinte pour l’instant.
Du point de vue américain toutefois, une première victoire de taille a été remportée : L’Europe occidentale est coupée de la Russie,
les États-Unis vendent leur gaz et pétrole à l’Europe après avoir fait sauter le Nord Stream, chèrement payé en plus des Russes, par les Allemands et les Français. Ces derniers avalent et se terrent dans le silence et restent sous contrôle grâce à un personnel acquis à l’Atlantique Nord.
À en croire les échos de la presse d’outre-Atlantique et les déclarations de plus en plus nettes de politiciens – et pas seulement trumpistes – le deep
state a compris que c’était raté pour cette fois. Et le pragmatisme américain les pousse à limiter les dépenses inutiles pour l’Ukraine. D’autant qu’il y a aussi l’allié israélien qui est
en demande et qu’ils sont tout de même en période pré-électorale.
Le choix que les Américains ont fait, vraisemblablement depuis près d’un an (après l’explosion du Nord Stream et l’échec de la «contre» offensive
otano-kievienne de l’été 2023), est d’obtenir un cessez-le-feu pour geler la situation à la coréenne. Mais en plus agressif, pour éviter que les Européens ne lèvent des sanctions contre
la Russie. De plus, il leur faut éviter que les Russes ne s’emparent ou libèrent Odessa, selon les points de vue. Car alors, il n’y aurait plus moyen de réarmer sur le territoire
ukrainien, utile pour la prochaine offensive dans quelques années. Et bien sûr, il leur faut défendre le monopole du dollar qui commence à fléchir mais pas à s’effondrer, comme veulent le
croire – ou le faire croire – trop de commentateurs. Ce contexte explique les déclarations et les actions actuelles. D’une part, faire plier les Russes qui n’ont aucunement intérêt à un
gel des opérations alors qu’ils ont l’avantage, d’autre part, permettre aux Américains et otaniens de se réarmer et, selon leurs méthodes habituelles, de préparer opinions et pays où ils
ont des bases à la confrontation prochaine contre la Russie et peut-être la Chine. C’est bien sûr sans
compter sur un éventuel succès des BRICS, qui représentent sans doute le meilleur espoir pour la Russie et le monde d’échapper à l’Apocalypse nucléaire et aux plans hégémoniques. Il est
toutefois peu probable que l’Hégémon justement acceptera sa chute, aussi limitée et temporisée soit-elle. Ces éléments permettent aussi de comprendre les discours
jusqu’au-boutiste et les remaniements totalement extrémistes russophobes au sein de la Commission européenne. Ils visent à empêcher, en cas de gel des combats, tout rapprochement avec la
Russie. Ou pire encore, la remise en marche de la branche restante du Nord Stream pour alimenter en gaz bon marché et non polluant l’Allemagne et l’Europe occidentale. Et horreur, la
reprise des affaires qui rapportaient tant aux Européens. Renault, qui était n°1 en Russie, a quitté ses usines avec une possibilité de reprendre au bout de cinq ans… L’oncle Sam
veillera au grain !
Bien sûr, si les Russes se montrent trop réticents à se faire rouler encore une fois, il faudra envisager d’utiliser
les Européens comme proxys en lieu et place des Ukrainiens qui n’en peuvent plus mais… C’est la raison de l’intensification de la propagande guerrière et de la volonté
d’interdire toute information sur les réseaux sociaux dans les pays occidentaux (cf. les projets et lois en France où Dourov de Telegram a été arrêté et dans l’UE avec Thierry
Breton et les déclarations incongrues des officiels états-uniens contre RT !) Même de si faibles voix s’avèrent gênantes ! Les services britanniques du MI6 –
spécialisés en matière d’information – avaient signalé dans un rapport, quelques mois après l’intervention de Boris Johnson pour empêcher un armistice en mars 2022, que la lutte contre
«la propagande russe» s’avérait compliquée car de nombreuses assertions de cette dernière s’avéraient «factuellement vraies» ! Joliment dit !
Reste à faire céder les Russes pour les faire «négocier pour la paix», en utilisant là encore le mensonge orwellien en parlant de paix
alors qu’il n’en n’est pas question à terme.
Bien sûr, la paix est un mot d’ordre porteur et un arrêt des hostilités ce sont des morts, des destructions et des dépenses en moins. Pour inciter l’opinion
russe à être tentée par ce désir tout naturel, les otaniens ont choisi des voies qui ne semblent pas être des plus efficaces car elles ont tendance à provoquer une prise de conscience du
danger et un réflexe d’auto-défense. Des actions terroristes, des attaques par drones du territoire russe d’avant 2014 (pour les nouveaux territoires, certains sont bombardés par les
kiévo-otaniens depuis 10 ans), la promesse d’attaques par des missiles à longue portée guidés par les satellites otaniens, le chantage de l’attaque contre des centrales nucléaires de
Zaporijia et/ou de Koursk ! Et puis, toujours sur le terrain, des menaces de fermeture du détroit de Finlande ou contre
Kaliningrad ! Ajoutons les pressions sur les pays de l’ex URSS, en Asie centrale, en Arménie que le dirigeant actuel mène à sa perte, ou la Géorgie qui au contraire
se réveille d’un mauvais rêve.
À cela s’ajoutent les mesures économiques : Le renforcement des «sanctions» et des pressions contre les pays qui ne veulent pas en entendre parler mais
qu’on peut casser. Beaucoup plus fin et pervers : Le jeu sur l’économie intérieure russe qui s’est montrée particulièrement brillante avec un PIB proche de 4% et l’absence
d’endettement, en partie grâce aux sanctions. Cela passe par le biais de liens du FMI et d’autres organisations internationales que visiblement la Présidence russe cherche à ménager.
L’élément le plus relevant est la politique de la Banque centrale, dont le statut a été fixé constitutionnellement dans les années 1990 et échappe partiellement à l’État russe. Elle fixe
un taux directeur prohibitif pour tout entrepreneur et plus encore pour toute start up, à 19%, sous prétexte de lutte contre l’inflation et la «surchauffe» de l’économie.
Cette question mériterait un article à part. Disons simplement que dans le contexte russe actuel avec la guerre et les «sanctions», une lutte efficace
contre l’inflation passerait par une augmentation des biens offerts et que même si les taux peuvent être augmentés en bonne orthodoxie financière occidentale, 20% est incontestablement
excessif. Plus grave, le ministère du développement économique a publié des prévisions justes avant la visite prévue mais annulée d’un responsable du FMI : Il semblait notamment se
réjouir de la diminution de la production industrielle et constatait avec un étonnement feint que l’inflation ne baissait pas sensiblement, faute de biens à acquérir… On ne peut
développer ici mais la conclusion est sans doute que ce qu’on appelle la «cinquième colonne» en Russie, c’est à dire toute une caste ou des gens issus des années 1990 et dont les intérêts
ou la mentalité sont très liés aux Occidentaux, cherchent à saboter la politique indépendante de leur pays. D’aucuns espèrent qu’avec une élection éventuelle de Trump aux USA, ils
pourront retrouver certains de leurs biens ou acquis dans les zones offshores ou les pays occidentaux. C’est un aspect peu évoqué mais important. En fait, avec la guerre et les menées
hostiles de «l’Occident collectif» contre la Russie, la sociologie de cette dernière est en train d’évoluer. Schématiquement, on peut sans doute dire que la Présidence et ses partisans
cherchent à encourager cette tendance et un certain nettoyage des écuries d’Augias est en cours, y compris au sein du ministère de la Défense et chez certains gouverneurs régionaux. Les
castes issues des années 1990 qui sont encore dans les arcanes du pouvoir s’opposent bien évidemment à ces évolutions.
C’est l’un des leviers que cherchent à actionner les Américano-otaniens afin de contraindre le pouvoir russe à négocier pour accepter un gel de la guerre
en vue de la prochaine à préparer. Ils espèrent que les échéances électorales en Russie ouvriraient un après-Poutine favorable à la
menée de leur projet stratégique de démantèlement de la Russie en dizaines d’états facilement exploitables. Des milliers de jeunes Ukrainiens continuent à être sacrifiés pour cet objectif
anglo-saxon que le monde russe ne peut accepter.
Le Diplomate
: Dans une interview qui m’avait été demandée il y aura bientôt dix ans déjà, je disais que la
Russie n’avait jamais été l’ennemie de l’Europe. Le serait-elle désormais devenue selon vous ?
Dimitri de
Kochko : La Russie est Europe. Elle l’est géographiquement, historiquement, culturellement, affectivement. Le poids et le rayonnement de l’Europe dans le monde était (on
ne peut plus dire est) en partie dû à la présence et à l’héritage de la Russie.
En ce qui concerne la France, la Russie l’a sauvée à plusieurs reprises dans l’histoire : Après la défaite de Napoléon, le Tsar Alexandre I a interdit
toute exaction pour venger la destruction de Moscou et a empêché les Anglais et les Autrichiens de se partager la France. Au début de la guerre de 14-18, la Russie, pas prête, a lancé une
offensive en Prusse qui a permis la victoire de la Marne. Pendant cette guerre, 40 000 Russes sont venus renforcer les rangs des soldats français contre les Allemands. Enfin, à l’issue de
la seconde guerre mondiale, en permettant au général de Gaulle de faire entrer la France dans le camp des vainqueurs, alors que les Américains ne voyaient pas les choses ainsi. On peut
encore rappeler le rôle de Russes dans la Résistance française et par exemple que le Chant des partisans a été écrit et chanté par des Russes ! Le maréchal Foch a reconnu le rôle de
la Russie et le général de Gaulle rappelle que quand la France et la Russie s’entendent, tout va bien pour la France. Ce qui n’est pas le cas quand elles s’opposent.
Avec tout ce qui précède, il est clair que ces délires sur les pseudos projets russe d’envahir l’Europe ne sont que des aboiements de propagande.
La Russie n’a pas besoin de territoires : Elle est le plus grand pays du monde et celui qui a le plus de matières premières. En Ukraine, l’armée russe
ne cherche pas à conquérir du terrain, sinon elle aurait fait comme les Américains en Irak ou les Israéliens à Gaza. Même si elle voulait envahir l’Europe, elle ne le pourrait pas :
Avec l’histoire tragique de ce pays au XXème siècle, elle n’a pas assez d’habitants pour mener ce genre d’opérations. Et pour tout observateur de bonne foi, il est évident qu’elle ne le
veut pas. Les Russes aiment l’Europe et se sentent européens, au point qu’ils éprouvaient depuis plus d’un siècle parfois un complexe d’infériorité assez absurde. Beaucoup sont en train
d’en revenir aujourd’hui et l’aspiration à une réalité eurasiatique commence peu à peu à prendre corps, au dépend du désir d’Europe qu’exprimait le slogan de Gorbatchev et Eltsine sur
«notre maison commune, l’Europe».
Lors
du forum international Interconnexion des temps et des civilisations – Base de la paix et du développement à Achgabat, le président de la Russie, Vladimir Poutine, a évoqué l’émergence
d’un nouvel ordre mondial. Selon lui, ce qui est en train de se passer, les changements dans le monde, constituent un processus inarrêtable.
Dans sa réflexion, Poutine a indiqué que les relations internationales sont entrées dans une ère de changements fondamentaux : Un nouvel ordre reflétant la
diversité de la planète est en train de se former dans le monde, et ces processus ne peuvent être arrêtés. Il a cité le poète et penseur turkmène Makhtumkuli Fraghi, indiquant que ce
dernier appelait à la justice et à l’égalité, au consentement et à la responsabilité, à la tolérance et à la compréhension, au respect et à la solidarité.
«Tout cela est encore
aujourd’hui proche et compréhensible pour les gens raisonnables, particulièrement pertinent et demandé dans la situation difficile actuelle, alors que le monde est confronté à des menaces
sans précédent causées par des fractures civilisationnelles, des conflits interethniques et interconfessionnels, alors que les relations internationales sont entrées dans l’ère de
changements globaux et fondamentaux, alors qu’un nouvel ordre mondial est en train de se former, reflétant la diversité de la planète entière, et ce processus naturel est
irréversible», a souligné Poutine, cité par l’agence TASS.
Le président russe a souligné que de nouveaux centres puissants de croissance économique, d’influence financière et politique sont en train d’émerger,
principalement à l’Est et au Sud du monde. Selon Poutine, ces nouveaux centres s’efforcent de préserver et de renforcer leur souveraineté et leur identité
socioculturelle, en recherchant des voies de développement harmonieux, en accord avec leurs traditions et sur la base des intérêts nationaux.
Vladimir
Poutine a transformé la Russie en une économie de guerre. L’Occident traverse une crise sociale et économique. Les responsables politiques et la grande majorité des experts qui disaient
mettre à genoux l’économie russe par les sanctions ont très mal analysé la situation.
Le média britannique, New
Statesman, brosse un
tableau catastrophique pour l’Occident par rapport à la Russie.
«L’économie russe est
en pleine forme. Le Fonds monétaire international a annoncé que cette année, elle connaîtrait une croissance plus rapide que celle de tous les grands pays du G7, grâce à l’effet de
guerre», écrit New Statesman.
La dépense de la Russie dans l’économie de guerre «représente plus de 6%
de la production économique, alors qu’en Occident de nombreux pays peinent à atteindre les 2%», précise le média. «L’économie de guerre
russe fonctionne aux stéroïdes et génère d’énormes revenus pour l’État. Les revenus hors pétrole et gaz devraient augmenter de 73% l’an prochain. La Russie ne finance pas le renforcement
de sa défense par l’endettement, mais par une économie en plein essor», avertit le média.
En fait, New
Statesman souligne que les responsables politiques et autres experts occidentaux n’ont analysé la situation de la Russie qu’à travers leur prisme alors que la Russie possède sa
propre économie, ses énergies premières, et sa propre zone monétaire. «Il existe une
certaine confusion sur ce qui arrive aux économies en temps de guerre. Les économies ne manquent pas d’argent – à moins qu’elles n’utilisent la monnaie d’un autre pays, comme le dollar
américain. Une économie de guerre est la plus grande relance budgétaire de type keynésien imaginable». Ainsi, dans les conditions de développement rapide de l’économie militaire de
la Russie, l’équilibre des forces se développe en faveur du Kremlin.
L’Occident a fait du bruit, menacé, mais aucun des alliés n’est prêt à dépenser autant pour avoir une économie de guerre. Mais, Vladimir Poutine l’a fait.
Par exemple, le feu ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait
stipulé en mars 2022 : «Nous allons provoquer
l’effondrement de l’économie russe». Au lieu de cela, c’est l’économie de la France qui est ruinée. «La France est sur le
chemin de la ruine», a jugé Sébastien
Chenu, vice-président du Rassemblement national. L’agence de notation Fitch vient de placer la
note de la France sous «perspective négative» et inquiète les marchés.
Observateur
Continentalavertissait déjà
: «Les
observateurs financiers déconseillent d’investir en France». «L’Allemagne s’enlise
dans la crise et se dirige vers une croissance zéro en 2024», titreLes
Echos.
«Deux ans après les
promesses de Macron, la France est toujours
loin du compte d’être dans une économie de guerre», annonce L’Express, rajoutant
: «Malgré
le satisfecit affiché par le gouvernement, notre pays, dans les faits, n’a pas basculé dans ce schéma». Le réarmement allemand ne progresse «que
lentement» continue le Frankfurter
Rundschau. L’Allemagne veut consacrer davantage d’argent à la défense. Néanmoins, la mise à niveau avance trop lentement. C’est ce que montre une nouvelle étude. «L’Allemagne pourrait
à long terme être à la traîne de la Russie en termes de capacités militaires». C’est la
conclusion d’une étude récente de l’Institut pour l’économie mondiale (IfW) de Kiel. Les plans annoncés en France et en Allemagne pour avoir une économie de guerre sont des
échecs.
«Il ne s’agit pas
d’une prédiction, mais d’un avertissement selon lequel l’Occident doit adopter de toute urgence une stratégie de guerre plus réaliste, plutôt que de financer un conflit sans fin que
l’Ukraine n’a aucune chance de gagner», conclut New Statesman.
«Le soutien
américain à l’Ukraine persiste, mais à un niveau moindre. La priorité actuelle de la politique étrangère des États-Unis est le Moyen-Orient. Si Donald Trump remporte l’élection
présidentielle le mois prochain, c’est toute la politique occidentale en Ukraine qui sera bouleversée», met en garde New
Statesman.
Il est clair que l’UE ne va pas avoir les moyens militaires pour faire le poids contre la Russie. La Russie «affiche toujours une
croissance insolente» pour La
Tribune et «son Produit intérieur
brut a augmenté de
4% sur un an au deuxième trimestre (2024)». Au deuxième trimestre 2024, le
PIB de la France a augmenté de 0,2%. Pour
l’Allemagne, sur la même période, le PIB est de 0,0%.
Les deux pays, qui forment le moteur de l’UE, la France et l’Allemagne, sont dans l’incapacité de financer une économie de guerre. Cependant, «certains élus du
Sénat en France persistent à
vouloir flécher l’argent déposé par les Français dans le livret A vers le secteur de la défense».
Le conflit en Ukraine et l’aveuglement des élites occidentales ont ruiné leur pays et font plonger leurs habitants dans la crise inédite depuis la
Seconde Guerre mondiale.
L’armée de l’entité d’Israël fonctionne comme une légion engagée dans une guerre par procuration pour le compte de Washington sans que ce dernier ne soit
soupçonné d’en être l’ordonnateur.
C’est la même tactique utilisée dans tous les conflits provoqués par les États-Unis dont ceux du Moyen-Orient où les actifs américains sont nombreux et
cruciaux.
À propos de cette base nommée Israël, rappelons une déclaration de Dick Cheney – toujours d’actualité tout comme l’attitude et la politique immuable de son
pays – qui, un jour, a laissé entendre que les États-Unis devraient permettre à Israël d’agir librement, sans intervention directe ni pression sur eux «pour qu’ils le
fassent» (comprendre, faire ce qu’on lui demande de faire). Le monde sait qu’Israël est incapable d’agir seul sans un soutien substantiel des États-Unis et de l’OTAN au sein de
laquelle il a un statut particulier.
Les gesticulations et autres déclarations de Washington sur des actions de «bons offices» ou «conseils» pour éviter l’escalade ou autres attaques ne
figurent pas dans la «culture» agressive et provocatrice des Américains. Ce sont des mensonges pour distraire les siens et l’adversaire. On a remarqué que lorsqu’ils font de telles
annonces, c’est pour dissimuler des actions inverses. L’avantage de ce genre de déclaration est qu’elle révèle le contraire de ce qu’ils prétendent faire en croyant duper
l’adversaire.
Ils sont engagés depuis le début en fournissant les armes, les conseillers, les informations et les mercenaires. Ils ne s’arrêteront que s’ils sont ébranlés
dans leur système financier et marchand insidieux !
Les bellicistes Étasuniens cherchent la guerre contre l’Iran en suscitant toutes sortes de provocations. Leur temporisation vient du fait qu’ils veulent
d’abord convaincre le monde que c’est l’Iran lui-même qui l’a déclenchée. Ils s’attendent à ce que «le monde» soit ainsi de leur côté. Les projets du cupide qui compte seul sont, pour
lui, toujours fructueux.
L’Iran – en conformité avec ses principes, sa foi, sa patience – a été obligée de répondre ce 1er octobre de façon catégorique et assez fortement, cette
fois, aux multiples crimes de l’entité sioniste que soutiennent également le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.
Comprendra qui voudra (ou pourra) la mise en garde claire de l’ambassadeur et représentant de l’Iran auprès des Nations unies, aux soutiens occidentaux et
régionaux du régime israélien : «Notre conseil est
qu’ils n’entrent pas dans le conflit … et qu’ils restent à l’écart de la bataille…si un pays aide l’agresseur, ce pays sera considéré comme complice du crime et une cible
légitime».
Si la preuve est donnée que l’Iran, contrairement aux USA, ne bluff pas ; elle doit avoir des atouts et moyens assez puissants pour se permettre un tel
avertissement !
Dans cette interview M. Mohammad Marandi, professeur à l’Université de Téhéran, analyse et évalue la situation des forces en conflit et particulièrement la
dernière réponse massive, mais calculée, de l’Iran à Israël ainsi que ses effets. Il évoque aussi et surtout la prochaine réplique de l’Iran si d’aventure l’entité y répond dans le
contexte d’une guerre totale au Moyen-Orient.
La vidéo, traduite en français, est intitulée «Iran : Une Plus
Grande Frappe à Venir». Le prof. Marandi est d’une clarté rare, mais inquiétante.
Les
événements mondiaux contemporains ont clairement démontré que la minorité planétaire occidentale doit non seulement comprendre que l’ordre mondial multipolaire, est une réalité qu’il
faudra de toute manière accepter, mais aussi que le mythe selon lequel cette minorité serait non punissable et largement «intouchable» fait définitivement partie du passé.
Les processus actuels dans diverses parties du monde représentent un signal très significatif pour l’ensemble du bloc de la minorité planétaire quant à la
nécessité de devoir répondre pour ses crimes. La peur, longtemps popularisée par la propagande occidentale et affiliée, appartient au passé. Et c’est avec cette réalité que devront
composer les régimes nostalgiques de l’ère unipolaire. En fin de compte, personne n’avait forcé les Occidentaux et autres partisans du diktat occidental sur l’humanité à refuser de
reconnaître l’ère contemporaine dans les affaires internationales. À un moment, il faut bien répondre pour ses actes.
Les partisans du monde multipolaire sont aujourd’hui plus que jamais en position de force.
La peur a
changé de camp
Les événements en Afrique, en Amérique latine, mais aussi au Moyen-Orient, auront définitivement confirmé qu’il n’y aura absolument pas de retour vers le passé. Les partisans du
monde multipolaire sont aujourd’hui plus que jamais en position de force, bien qu’il reste encore beaucoup à faire afin de renforcer davantage l’ordre mondial multipolaire
contemporain. D’ailleurs, les très récentes frappes de représailles menées par l’Iran sur le territoire contrôlé par le régime israélien, ont également confirmé cette réalité.
Ces frappes de représailles iraniennes pour tous les récents crimes d’Israël, en Palestine, au Liban, au Yémen et même en Iran, d’une part, étaient très
humanistes puisqu’il n’y avait clairement aucun objectif à frapper la population civile, au contraire des cibles militaires de l’ennemi, et se sont révélées cette fois-ci extrêmement
efficaces dans le cadre du message stratégique. Un message à la fois pour le régime israélien et pour son principal allié, le régime de Washington. Que premièrement, l’Iran dispose
d’armes de frappe de grande qualité, et que deuxièmement, le système de défense antimissiles israélien tant vanté n’est rien d’autre qu’une fiction créée par la propagande israélienne et
occidentale.
Dans ce conflit, et au-delà des alliances existantes au sein des forces impliquées, il est important de rappeler que l’Iran et ses alliés régionaux au sein
de l’Axe de la Résistance sont précisément des partisans de l’ordre mondial multipolaire. Cela sans oublier que la République islamique est membre de l’Organisation de coopération de
Shanghai (OCS), des BRICS et entretient des relations hautement stratégiques avec la Russie et la Chine. Quant au régime israélien, en plus d’être le principal allié de Washington, non
seulement dans la région tourmentée du Moyen-Orient, mais plus généralement de-facto à l’échelle mondiale, et même à bien des égards comme une priorité dans la politique intérieure
étasunienne, il est également un représentant radical des nostalgiques de l’ère unipolaire.
Et c’est pourquoi la peur ressentie dans les rues d’Israël dans le cadre de la frappe efficace, mais néanmoins humaniste à l’encontre des civils de la part
de l’Iran, est tout à fait cohérente avec le sentiment que les habitants du petit monde occidental tout entier pourront ressentir, si leurs élites continuent sur la voie de l’escalade
maximale.
Une leçon
pour les régimes occidentaux
À l’heure où dans l’infime monde otano-occidental, se poursuivent les appels de certains représentants maladifs de l’establishment concerné, y compris quant
à la nécessité de frapper avec des armes occidentales notre pays en profondeur, ces personnages doivent se rappeler que la peur et la panique dans un avenir proche pourraient devenir
monnaie courante dans les principales villes de la minorité planétaire occidentale. Et d’ailleurs, sans même qu’il y ait besoin forcément à recourir aux moyens de la dissuasion nucléaire.
Il est possible d’imaginer la panique dans les principales villes de l’UE ou des USA en cas d’une frappe de représailles massive avec des armes hypersoniques ou des drones contre des
cibles militaires et/ou politiques du camp ennemi.
Ainsi, si les régimes des États-Unis, d’Europe, ou encore d’Israël ou d’une quelconque Australie, étaient jusqu’à encore tout récemment confiants quant à
leurs impunité et intouchabilité, alors il serait aujourd’hui grand temps à comprendre que la majorité globale ne reconnaît pas leur mythe d’une prétendue exclusivité. Et plus que cela,
face à l’arrogance, l’hypocrisie et au caractère extrêmement criminel des représentants de la minorité planétaire, aujourd’hui et plus que jamais, les partisans du monde multipolaire ont
toutes les raisons de rappeler que la minorité planétaire doit apprendre à connaître sa place.
Oui, il y aura une nouvelle ligne de démarcation. Entre la Russie et le petit monde occidental, et à une échelle encore plus globale, entre le monde multipolaire contemporain et la
minorité planétaire qui vit encore avec la mentalité de colonialistes et d’esclavagistes. Dans le cadre de cette ligne, il est, en principe, possible à relativement coexister. Après tout,
si le jardin pseudo-florissant est dans les faits, extrêmement malade, ce n’est pas à nous de le soigner. Qu’ils s’occupent eux-mêmes, d’une manière ou d’une autre, de leur espace qui
pourrit. Mais si la minorité planétaire occidentale opte néanmoins pour une escalade maximale, dans l’espoir de tenter à reconquérir sa domination sur la planète à un travers un chaos
total, les conséquences seront extrêmement désastreuses, en premier lieu pour cette minorité. Étant précisément une minorité.
Le conflit entre l’Ukraine et la Russie a provoqué des bouleversements géopolitiques, économiques et sociaux sans précédent. Un conflit qui devait être
évité si chaque protagoniste avait adopté l’attitude que l’ancien président Jacques Chirac envisageait en regard de la diplomatie. Il disait : «La diplomatie c’est
marcher avec les chaussures de son interlocuteur pendant toute une journée pour pouvoir comprendre ses besoins»…
Depuis le 7 octobre 2023, il semblerait qu’une chaîne d’événements spontanés mène le Moyen-Orient de plus en plus profondément dans le conflit. Des
opérations militaires en cours d’Israël à Gaza à ses frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban et ses frappes répétées à travers la Syrie (y compris la récente frappe contre
l’ambassade d’Iran à Damas), en passant par la confrontation en cours menée par les États-Unis avec le Yémen dans la mer Rouge, il semblerait qu’une diplomatie médiocre ne parvienne pas à
empêcher l’escalade et conduise au contraire à des tensions croissantes et à un potentiel croissant de guerre plus large.
En réalité, presque mot pour mot, la diplomatie américano-israélienne (ou son absence) et les opérations militaires suivent une politique soigneusement
définie décrite dans les pages de l’étude de
2009 de la Brooking Institution intitulée «Quel chemin vers la
Perse ? Options pour une nouvelle stratégie américaine à l’égard de l’Iran».
Le manuel de Washington au Moyen-Orient
La Brookings Institution est un groupe de réflexion basé à Washington, financé à la
fois par le gouvernement et l’armée des États-Unis, ainsi que par les plus grands groupes financiers occidentaux. Son conseil d’administration et ses experts comptent parmi les
personnalités les plus en vue de la politique étrangère et des cercles politiques américains. Les documents publiés par l’institution sont loin d’être des spéculations ou des
commentaires, mais reflètent plutôt un consensus sur l’orientation de la politique étrangère américaine.
Son rapport de 2009 ne fait pas exception.
Ceux qui ont lu ses 170 pages en 2009 ont dû prendre connaissance des projets en cours ou à venir visant à renverser ou à contenir le gouvernement
iranien.
Il y a des chapitres entiers consacrés aux «options diplomatiques» qui exposent des plans pour donner l’impression de s’engager avec l’Iran dans un accord
concernant son programme nucléaire, en abandonnant unilatéralement le plan, puis en utilisant son échec comme prétexte pour exercer davantage de pression sur le gouvernement et l’économie
iraniens (Chapitre 2 : Tenter Téhéran : L’option de l’engagement).
Certains chapitres détaillent les méthodes utilisées pour créer des troubles en Iran, à la fois en utilisant des groupes d’opposition financés par le
gouvernement américain (Chapitre 6 : La révolution de velours : Soutenir un soulèvement populaire) et même en soutenant des organisations terroristes étrangères
répertoriées par le département d’État américain comme les Moudjahidines du peuple (MEK) (Chapitre 7 : Inspirer une insurrection : Soutenir la minorité iranienne et les groupes
d’opposition).
D’autres chapitres détaillent une invasion américaine directe (Chapitre 3 : Aller jusqu’au bout : Invasion) et une campagne aérienne à plus
petite échelle (Chapitre 4 : L’option Osiraq : Frappes aériennes).
Enfin, un chapitre entier est consacré à l’utilisation d’Israël pour déclencher une guerre dans laquelle les États-Unis pourraient ensuite sembler réticents
à s’engager par la suite (Chapitre 5 : Laissez faire Bibi : autoriser ou encourager une frappe militaire israélienne). Depuis 2009, chacune de ces options a été essayée
(parfois à plusieurs reprises) ou est en cours de mise en œuvre.
L’accord sur le nucléaire iranien, signé sous l’administration du président américain Barack Obama, abandonné unilatéralement sous l’administration du
président américain Donald Trump, et les tentatives de le relancer bloquées sous l’administration du président américain Joe Biden, illustrent non seulement la fidélité de la politique
étrangère américaine au contenu du document, mais aussi la continuité de cette politique indépendamment de qui siégeait à la Maison-Blanche ou contrôlait le Congrès américain.
Aujourd’hui, l’une des options les plus dangereuses explorées semble être pleinement mise en œuvre, les États-Unis et
Israël créant délibérément un environnement propice à la guerre au Moyen-Orient et provoquant à plusieurs reprises l’Iran à la déclencher.