Discours...

...de M. Henri Guaino, prononcé à Saint-Herblain pour la législative partielle 13 avril 2016.


 

Henri Guaino, est un haut fonctionnaire et homme politique français.

Économiste au Crédit lyonnais (1982-1986) et chargé de cours à

l'ESCP Europe et à l'École normale supérieure de Saint-Cloud

(1984-1987), il devient chargé de mission à la direction du Trésor

au ministère des Finances et adjoint au secrétaire général

du Club de Paris (1987-1988), puis maître de conférences à l'IEP de Paris (1988-2003) 

Conseiller-maître à la Cour des comptes depuis septembre 2006

Conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, président de la République française, du 16 mai 2007 au 15 mai 2012,

il est l'auteur de ses principaux discours pendant tout le  quinquennat.

Il devient ensuite député de la 3e circonscription des Yvelines.


 

Mes chers amis,

 

 La première République mourut deux fois. La première fois avec la Terreur, en criant : « La liberté ou la mort !» La deuxième fois dans les désordres du Directoire, un 18 brumaire. L’héritage de cette première République, celle de Condorcet et de Carnot, ne fut sauvé que par le Consulat : il fallait reconstruire l’Etat et la société pour que la Nation survécut. Bonaparte le fit en jetant, ce qu’il appelait « des blocs de granit » sur lesquels allaient s’édifier l’avenir : le Code civil, le lycée, l’Administration, le Concordat, l’Autorité… La seconde République mourut un 2 décembre de s’être trop méfiée d’ellemême et d’avoir cédé à l’illusion lyrique des révolutionnaires de 1848. Victor Hugo fit de la défaite de 1870 le châtiment du 2 décembre. Mon penchant séguiniste m’incite pourtant à penser que le second Empire prit ce qu’il y avait de mieux dans les rêves de 48 et fit une France plus grande, plus belle, plus forte et plus prospère, celle d’Haussmann, de Duruy, de Lesseps, de la révolution industrielle et des premières lois sociales. La troisième République, celle de Jules Ferry, sauvée par Clemenceau en 17, mourut un 17 juin, printemps de débâcle d’avoir eu peur elle aussi d’être gouvernée et d’avoir laissé la bride sur le cou aux partis et aux factions.

  

Le malheur de la défaite, mit au pouvoir le vainqueur de Verdun qui à Montoire couvrit de sa gloire la plus grande honte et le plus grand déshonneur que la France ait jamais connus. La IVe, celle de Robert Schuman, de Guy Mollet et de François Mitterrand, mourut un 13 mai, au bord de la faillite et de la guerre civile, paralysée à son tour par le régime des partis.

 

Au moment où tout s’écroulait, elle appela le Général de Gaulle. Ce fut, après tant de drames, la revanche de la France qui voulait être gouvernée. La Ve République naquit de la fatigue des précédentes, de leurs jeux stériles et de leur impuissance tragique.

 

Ce fut la victoire de la France de Philippe Auguste, de Jeanne d’Arc, de Richelieu, de Colbert, de Napoléon, celle des soldats de l’an II, de la France Libre et de la Résistance, contre celle des politiciens et des notables, celle des féodalités qui n’aiment pas un État qui fasse réellement son métier et qui par conséquent les domine et qui, disait le Général de Gaulle, « ne sont plus dans les donjons, mais sont dans les partis, dans les syndicats, dans certains secteurs des affaires - excusez-moi - de la presse, de l’administration, etc … »

 

Elles ont depuis relevé la tête, remis le désordre dans l’État, dans l’économie, dans la société, abîmé les institutions… Prétendre gouverner sans tenir compte des leçons de l’Histoire, c’est se condamner à ne pas voir à quel point ce qui nous arrive est un recommencement.

 

Dans ses mémoires de guerre, rédigées dans les années 50, le Général de Gaulle écrit à propos des années 30 : «Témoin réservé, mais passionné des affaires publiques, j’assistai à la répétition continuelle du même scénario. À peine en fonction, le Président du Conseil était aux prises avec d’innombrables exigences, critiques et surenchères que son activité s’employait à dérouler sans pouvoir les maîtriser. Le Parlement, loin de le soutenir, ne lui offrait qu’embûches et défections. Ses ministres étaient des rivaux.»

  

Ça ne vous rappelle rien ? Nous y revoilà ! Et toujours pour les mêmes raisons qui sont d’abord intellectuelles et morales.

 Et toujours par l’abaissement de l’État et de l’autorité.

 Et toujours par la perte du sentiment national et du goût de servir une cause plus grande que soi.

 Et toujours parce que les féodalités veulent pouvoir faire leurs petites affaires dans leur coin et se servir au lieu de servir.

 Et toujours à cause des marchandages et du clientélisme.

 Et toujours à cause de la démagogie et de la faiblesse.

 Et toujours à cause des petits calculs et des basses combinaisons.

 Et toujours cela a mal fini.

 Et toujours cela finira mal.

 Et toujours quand on croit que les grands drames ne reviendront jamais, on les fait revenir.

  

Qui ne voit les désordres du monde ?

 Le monde n’en a pas connu de tels depuis 70 ans.

 Qui ne mesure, jour après jour, la montée des périls ?

 Qui ne ressent que ce que nous pouvons perdre est immense ?

 Tout ce qui nous a fait aimer le plus beau pays du monde et aimer la vie. Tout ce qui nous a fait ce que nous sommes, et un peuple libre.

 6 millions de Français confrontés directement aux difficultés de l’emploi et leurs familles et leurs enfants, depuis si longtemps : Munich social disait Philippe Séguin ! Munich économique et Munich industriel aussi. Et les usines qui partent et nos enfants aussi.

  

Et Munich culturel : dix siècles durant, nous avons marché vers l’unité non sans avoir à affronter de terribles épreuves, guerres de religion et guerres civiles.

 Nantes se souvient de Carrier comme Béziers se souvient de la Croisade des Albigeois, les protestants de la Saint Barthélémy et les Catholiques du père Combes.

 Mais au moment où l’unité semblait enfin accomplie après tant de divisions et de drames, où sans rien oublier, l’histoire de chacun semblait être devenue l’Histoire de tous, voici la Nation menacée de se disloquer en une juxtaposition de communautés et de tribus.

 

Détruire prend beaucoup moins de temps que construire. Qui ne perçoit la vitesse à laquelle la France se défait ? Dans l’interdiction du cumul des mandats se dissimule l’opposition fatale du national et du local ; dans la charte des langues régionales et minoritaires la première reconnaissance juridique des minorités ; dans l’indépendance du Parquet la future guerre de la justice contre l’État qui a déjà commencé et qui mènera au chaos institutionnel ; dans la suppression du service national la perte du sens du devoir, du sentiment national du lien entre l’Armée et la Nation, d’un creuset où se mêlaient toutes les conditions et toutes les origines ; dans l’Union Européenne, l’instrument de ceux qui n’aiment pas les Nations et rêvent de l’Europe du Moyen âge avec ses principautés et ses Villes-États.

 

L’Union Européenne, grand rêve qui tourne au cauchemar et qui rappelle au lieu de les chasser les vieux démons qui au long de l’Histoire ont déchiré le continent et l’ont mené au bord de l’anéantissement. Un poète meurt dans le camp de concentration de Theresienstadt en écrivant ces derniers vers :

 « Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres, 

D’être cent fois plus ombre que l’ombre, 

D’être l’ombre qui viendra et reviendra 

Dans ta vie ensoleillée… » 

 

Quelques mois plus tard, les longues files des morts vivants de « Nuit et brouillard » sortiront des camps hanter la conscience européenne avec la première image véritable de l’enfer. On voulut faire l’Europe pour que cela n’arriva plus jamais. On s’y prit le plus mal possible. On voulut croire que les Nations étaient coupables alors que c’était les hommes, leurs défaillances morales et le malaise que celles-ci engendrent dans la civilisation. 

C’était les hommes, et leur désir de vengeance, qui avaient humilié des peuples et allumé chez eux une haine terrible. 

C’était les hommes, et leur aveuglement, qui avaient cru qu’en mettant la guerre hors la loi il n’y aurait plus de guerre et qui, au lieu de miser sur les chars et les avions avaient choisi la ligne Maginot. 

C’était les hommes, les politiciens, qui en 1935 avaient préféré la déflation à la dévaluation et déclaré que la « situation financière de la France » ne permettait pas d’augmenter les dépenses militaires. 

C’était les hommes, les politiciens, qui en 1936 avaient dit « Nous ne laisserons pas Strasbourg à la portée des canons allemands » et qui n’avaient rien fait et qui de renoncements en renoncements, avaient fini à Munich quand ils n’avaient pas fini dans la collaboration en partageant le rêve hitlérien d’une Grande Europe où il n’y aurait plus de Nations, mais seulement des maîtres et des esclaves. 

A nouveau les survivants, ceux des champs de bataille, ceux des maquis, ceux des camps, ceux des bombardements, crièrent « plus jamais ça !» Mais en voulant effacer les Nations, en voulant empêcher les gouvernements de gouverner, en servant d’alibi à tous les renoncements de la politique, en voulant placer la politique et la démocratie sous la tutelle des juges et des bureaucrates pour mettre soi-disant l’Europe à l’abri des passions populaires, ce qu’ils firent réveilla les vieux démons qui se réveillent toujours quand la raison déserte. 

Et il n’était pas raisonnable de chercher à aplatir l’Europe, à la débarrasser de tous ses héritages, à effacer toutes ses frontières, à affaiblir les États, à faire table rase de toutes les réalités historiques, géographiques, culturelles, démographiques, identitaires, sur lesquelles doivent se construire toutes les politiques, celles de la raison, comme celles des sentiments. 

Maintenant, tous les démons sont à nos portes. Le profond malaise des sociétés de l’Occident en général, de l’Europe en particulier engendre des monstres.

 

Reste à savoir si nous allons nous laisser dévorer par les monstres ou réagir. 

Reste à savoir si d’une façon ou d’une autre, nous allons refaire moralement et intellectuellement le chemin qui conduit de la ligne Maginot jusqu’à Montoire en passant par Munich ? 

Dans le monde tel qu’il va, Dans l’Europe telle qu’elle se disloque, Dans la France telle qu’elle se défait, la faiblesse et l’aveuglement sont plus dangereux que jamais. 

Dans ces circonstances, on n’a pas le droit d’être un politicien,

On n’a pas le droit, moralement de faire la politique des petits arrangements, des petits calculs, des clientèles quand se joue le destin de la civilisation et de la Nation. 

Si nous commençons à prendre conscience que nous pouvons tout perdre, alors notre devoir est de résister et de nous battre comme se battaient les résistants de jadis « Pour une fierté dont au fond ils ne savaient qu’une chose, c’est qu’à leurs yeux, la France l’avait perdue ».

 

Au regard de ce devoir, voyez le spectacle lamentable qui nous est offert : un Président de la République qui congédie un Ministre de l’économie qui tient un discours de gauche pour en nommer un autre qui tient un discours de droite et crée un parti de droite pour concurrencer la majorité de gauche tout en restant dans un gouvernement de gauche. 

Ce Président n’est pas l’héritier du Général de Gaulle mais celui des politiciens de la IVe République, ou de ceux de la IIIe qui en 1945 préféraient reconstruire leur parti que reconstruire la France. 

Monsieur Ayrault croit qu’il a été Premier Ministre de la Ve République. 

Il n’a pas compris qu’il avait été à la tête d’un gouvernement de la IVe République où chaque Ministre représente non l’intérêt général mais une clientèle qu’il défend.

Ce n’est pas tellement différent, c’est même parfois pire, avec son successeur : un gouvernement où chacun vit sa vie et qui d’un côté étrangle les services publics et les collectivités locales avec le rationnement budgétaire et de l’autre distribue sans compter l’argent des Français pour calmer quelques militants de l’UNEF excités qui croient devenir adultes en bloquant des lycées ou en lançant des bouteilles sur des CRS.

N’accusons pas le « socialisme », il n’y est cette fois pour rien. 

Si au moins ce gouvernement était socialiste, nous saurions contre quoi nous nous battons et les électeurs sauraient pourquoi ils votent. 

Et cette gauche qui a trahi tout ce que la gauche a signifié dans notre Histoire, cette gauche de François Hollande et de Guy Mollet, cette gauche qui n’est même plus la gauche renie tous les jours celle de Jaurès, de Léon Blum et des luttes des ouvriers pour la reconnaissance de leur dignité. Cette politique n’est pas socialiste, elle n’est pas de gauche, elle n’est pas de droite non plus, ni du centre. C’est seulement la politique du chien crevé au fil de l’eau qui, dans les circonstances si graves où nous nous trouvons, peut engendrer de bien grands malheurs. 

 

C’est la politique politicienne qui nous a coûté si cher dans le passé. Que ce soit par défaut ou par le mensonge, le politicien veut être élu. 

Mais, le prochain Président ne doit pas être élu par défaut, ni sur un mensonge. Il aura besoin d’un mandat. Il aura besoin de susciter l’adhésion et la confiance, sinon comment pourra-t-il gouverner ce peuple en colère qui réclame que l’on s’occupe de lui ? 

Il lui faut un projet ? 

Je vous propose ce préambule : 

« Pour marcher droit vers son but, il faut que la nation soit guidée par un État cohérent, ordonné, concentré, capable de choisir et d’appliquer impartialement les mesures commandées par le salut public. Le système actuel, suivant lequel des partis rigides et opposés se partagent tous les pouvoirs, doit donc être remplacé par un autre où le pouvoir exécutif procède du pays et non point des partis et où tout conflit insoluble soit tranché par le peuple lui-même. Cela, chaque Français le sent. » 

Ce sont les mots du Général de Gaulle en 1947 ! 

 

De l’Histoire ? Non, de nouveau le présent et l’avenir. 

Notre civilisation peut mourir. 

L’Europe peut se disloquer. 

Notre pays peut disparaître. La folie destructrice des idéologues nihilistes qui veulent encore une fois en finir avec toute autorité et des politiciens prêts à toutes les démagogies pour être élus, l’ivresse du pouvoir d’une Justice qui se prend pour les Parlements de l’ancien régime, une presse enragée qui condamne d’abord et qui instruit après, menacent les fondations : celles de la famille comme celles de l’État, celles de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité et de la Paix. 

 

Mais comment vivrons-nous ensemble si tout est détruit ? On peut rester les bras croisés devant les malheurs du Monde. 

Mais un jour fatalement, ces malheurs deviennent les nôtres. Nous y sommes. Je ne reproche pas à ce gouvernement, à cette majorité d’être de gauche, ni d’être de droite mais de ne pas sentir que nous sommes arrivés à ce point où les malheurs de chacun deviennent les malheurs de tous. 

Je leur reproche de ne pas prendre conscience des devoirs que cela leur impose. 

Monsieur Macron dit : dépassons les clivages ! Très bien ! Mais il y a deux façons de le faire : par le social-libéralisme ou par le Gaullisme. 

C’est peut-être le grand clivage de l’avenir. Il s’imposera peut-être si le Gaullisme revient. S’il ne revient pas, le clivage sera le Front National contre tous les autres qui diront tous la même chose. Alors, comment cela finira-t-il ? 

Le Gaullisme contre le social libéralisme : la politique du peuple contre celle des dîners en ville. 

Ceux qui unissent, ceux qui divisent. 

Avant, on avait la lutte des classes. Maintenant, on livre à la vindicte publique chaque catégorie sociale tour à tour en cherchant à coaliser contre elle toutes les autres, en attisant la jalousie et le ressentiment : un jour, les chômeurs, un autre, les fonctionnaires, les salariés, les notaires, les pharmaciens… 

Spécialité d’un Ministre de l’Économie qui va à Davos expliquer en anglais, aux banquiers du monde entier qu’il n’est pas raisonnable de payer un peu plus cher les heures supplémentaires de ceux qui travaillent plus que les autres. 

Et quand je pense que certains de mes amis aimeraient voir Monsieur Macron adhérer aux Républicains. Moi qui pensais appartenir à une famille politique qui voulait réhabiliter la valeur travail ! 

La question sociale et la question nationale : le clivage pertinent est entre ceux qui se posent ces deux questions et ceux qui ne se les posent pas. 

Le Gaullisme contre « le social-libéralisme » qui n’a rien du tout de social : La politique pour ceux aussi qui n’ont rien ou qui n’ont pas beaucoup et la politique seulement pour ceux qui ont tout et besoin de rien. Ceux qui ont peur pour leur avenir et ceux qui ont toutes les raisons de n’avoir peur de rien. 

La loi Macron : une loi pour la croissance et le pouvoir d’achat ? Non, d’abord une loi de banquier d’affaires pour multiplier les opportunités d’affaires. Banquier d’affaires, c’est très respectable. Le problème, c’est quand on confond cette activité avec la politique de la France. La loi Travail : une loi pour l’emploi ? Je ne l’aurais pas votée même dans sa version initiale. 

On ne crée pas d’emploi pour ceux qui n’en ont pas en faisant peur à ceux qui en ont un. Pas plus que l’on ne crée de l’emploi durable en taxant l’emploi précaire ! 

On ne fera pas bouger la France en donnant à ceux qui travaillent et qui craignent pour leur avenir le sentiment qu’on ne les respecte pas.

 

Et tout cela ne finira pas bien. 

On ne s’en sortira pas avec « Nuit debout » sur la place de la République, en tirant les fonctions électives au sort, avec des mandats très courts et non renouvelables. 

On ne s’en sortira pas en détruisant la politique et la démocratie représentative. 

On s’en sortira en faisant de nouveau prendre de la hauteur à la politique. 

La République au bord du gouffre a toujours désespérément cherché un sauveur. 

N’attendons pas trop le sauveur qui pourrait bien ne pas ressembler ni à Bonaparte, ni à Napoléon III, encore moins au Général de Gaulle … 

Et tendons l’oreille au bruit de ce qui germine souterrainement dans la société. 

La France est un vieux pays d’ingénieurs et de savants. C’est aussi un vieux pays littéraire : « la France commence avec la langue française »… 

 

Alors permettez-moi, pour le plaisir et la communion dans la langue française, et aussi pour être plus attentif à l’avenir, de vous faire la lecture de ces quelques lignes que plusieurs d’entre vous connaissent certainement et par lesquelles Zola termine Germinal : « Maintenant, en plein ciel, le soleil d'avril rayonnait dans sa gloire, échauffant la terre qui enfantait. Du flanc nourricier jaillissait la vie, les bourgeons crevaient en feuilles vertes, les champs tressaillaient de la poussée des herbes. De toutes parts, des graines se gonflaient, s'allongeaient, gerçaient la plaine, travaillées d'un besoin de chaleur et de lumière. Un débordement de sève coulait avec des voix chuchotantes, le bruit des germes s'épandait en un grand baiser. Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s'ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient. Aux rayons enflammés de l'astre, par cette matinée de jeunesse, c'était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre ». 

La germination va bientôt faire éclater la terre… Pour le meilleur ou pour le pire. 

A nous de choisir. De choisir la vraie réforme qui est la réforme intellectuelle et morale : celle de la politique, celle de l’École, celle du travail, celle de la famille. 

A nous d’avoir la force, le courage de dire non à ce qui nous conduit au pire. 

Dire non à l’Europe quand elle dérive, quand elle veut nous obliger à laisser mourir notre agriculture, notre industrie, les valeurs de notre civilisation, la souveraineté de notre peuple. 

Dire non à l’Allemagne quand elle veut piétiner la Grèce. 

Dire non aux Etats-Unis quand ils veulent affaiblir nos entreprises avec leurs tribunaux et nous imposer leur loi avec le traité transatlantique. 

Dire non aux concurrences déloyales, aux dumpings. 

Dire non : le non du 18 juin, le non du Général de Gaulle quand les Américains voulaient évacuer Strasbourg, lors de la contre-offensive allemande dans les Ardennes en décembre 44, le non du Général de Gaulle quand il fit la politique de la chaise vide à Bruxelles qui a sauvé la politique agricole commune.

Dire non aux mots creux, aux slogans qui interdisent de penser et de choisir, non au modernisme, au progressisme, au nihilisme qui justifient tant de folies, tant de destructions, tant d’inconséquences et tant de reniements des plus vieilles leçons de la sagesse humaine.

 

Dire non quand il le faut, en se souvenant que « seul l’esclave dit toujours oui. »

 

Vive la République

 

Vive la France.

 


...Si l'on fait abstraction du contexte "soutient d'un candidat à une élection", on peut noter avec intérêt les rappels historiques et  le rapprochement avec la situation de la France aujourd'hui...

<<L'histoire ne repasse pas les plats ...>> dit-on ! Mais cela semble bien en passe de se produire !

Le constat est d'une terrible lucidité.

"Dire NON"...Peut-être pas de manière aussi systématique, mais toujours garder à l'esprit que " seul l'esclave dit toujours oui"

JMR


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