Nous
sommes habitués à voir Israël se livrer à des exactions sous le prétexte de sa sécurité et les Anglo-Saxons à le défendre au conseil de sécurité. De sorte
que nous assistons à des crimes sans aucune conséquence judiciaire. Cette situation est désormais terminée. La Cour internationale de justice a balayé le raisonnement de Tel-Aviv
et l’État de Palestine est devenu un membre de plein droit des Nations unies. Il ne sera donc plus possible de détourner le regard sur la situation des Palestiniens et ceux-ci disposeront
de la capacité de poursuivre leurs bourreaux.
En application de son
vote du 10 mai 2024, l’Assemblée générale a accueillie, le 10
septembre, la Palestine comme membre de plein droit des
Nations unies.
Le 10 septembre 2024, les colons israéliens, qui prétendent accomplir un plan divin en s’installant en Cisjordanie (en Judée-Samarie, selon leurs termes),
sont passés du statut de citoyens israéliens vivant dans des territoires contestés à celui d’immigrés illégaux dans l’État souverain de Palestine.
En effet, l’Assemblée générale des Nations unies a mis en application, à l’occasion de l’ouverture de sa soixante dix-neuvième session, sa résolution
ES-10/23 du 10 mai dernier1.
L’État de Palestine est devenu membre de plein droit de l’Organisation des Nations unies (ONU). Nul ne peut donc plus s’opposer à ce qu’il exerce ses droits d’État souverain.
Si la Palestine est un État souverain, l’interprétation de l’Accord intérimaire
sur la Cisjordanie et la bande de Gaza (dit «accord d’Oslo II») s’en trouve modifiée. L’Autorité palestinienne n’est plus une administration provisoire le temps d’une
transition, mais un gouvernement au plein sens du terme. Les Territoires palestiniens ne sont plus des «zones contestées», mais constituent le territoire
internationalement reconnu d’un État souverain.
Depuis la guerre de 1967 (dite «Guerre des six
jours»), le mouvement des colons n’a cessé de gagner du terrain. Ils sont aujourd’hui plus de 700 000 implantés en Cisjordanie, à Jérusalem Est et sur le plateau du Golan.
La Cour internationale de Justice (CIJ) – c’est-à-dire le tribunal interne des Nations unies, consultée par l’Assemblée générale des Nations unies – a
défini, le 19 juillet dernier, les règles de droit concernant les politiques et les pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé2.
Cet avis n’a pas été suivi d’effet, seul le Conseil de sécurité ayant la capacité de contraindre Israël à l’appliquer.
Rappelons que le droit international, à la différence du droit pénal, ne s’appuie pas sur une police et un système pénitentiaire. C’est simplement
l’obligation pour les gouvernements d’honorer la signature de leur État. En l’occurrence, Israël en adhérant à l’ONU a signé sa charte3.
Celle-ci, en son chapitre XIV, engage chaque membre «à se conformer à la
décision de la Cour internationale de Justice dans tout litige auquel il est partie».
La Cour
internationale de Justice a dit le droit. Sa décision s’impose à tous les États ayant adhéré à
l’ONU, Israël, États-Unis et Royaume-Uni compris.
La Cour a posé (§ 229) que ces politiques et pratiques violent la Convention
internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Selon elle, de facto, Israël
pratique une forme d’apartheid (cf. art 3 de ladite convention). C’est très exactement ce qu’avait proclamé l’Assemblée générale de l’ONU, le 10 novembre 1975 : «Le sionisme est une
forme de racisme et de discrimination raciale» (résolution 3379)4.
Ce texte n’a été abrogé que pour faciliter la conférence de paix de Madrid, en 19915.
Cependant, Israël n’ayant pas rempli ses engagements de l’époque et ayant accentué ses politiques et ses pratiques, ce texte devrait être rétabli.
La Cour a également observé (§ 263) que «les accords d’Oslo
n’autorisent pas Israël à annexer des parties du Territoire palestinien occupé pour satisfaire ses besoins et obligations en matière de sécurité. Ils ne l’autorisent pas non plus à
maintenir une présence permanente dans le Territoire palestinien occupé à cette même fin». Ce qui était vrai en juillet l’est encore plus depuis que la Palestine est un État
souverain internationalement reconnu.
En conséquence, la semaine dernière, c’est-à-dire après cette décision et avant que la Palestine n’entre à l’Assemblée générale, les Forces de défense
d’Israël (FDI) ont subitement évacué les principales villes de Cisjordanie qu’elles occupaient. Par contre, le gouvernement israélien a déclaré à la Haute Cour de justice, le 12
septembre, qu’il n’y avait pas de raison d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza, vu qu’Israël ne contrôle pas ce territoire et n’y a donc pas de responsabilité.
Ceci étant posé, la Cour a conclu qu’«Israël a l’obligation
de réparer intégralement les dommages causés par ses faits internationalement illicites [l’occupation et l’apartheid] à toutes les personnes physiques ou morales concernées»
(§ 269). Ce qui inclut «l’obligation pour
Israël de restituer les terres et autres biens immobiliers, ainsi que l’ensemble des avoirs confisqués à toute personne physique ou morale depuis le début de son occupation en 1967, et
tous biens et bâtiments culturels pris aux Palestiniens et à leurs institutions, y compris les archives et les documents. Elle exige également que tous les colons des colonies de
peuplement existantes soient évacués, que les parties du mur construit par Israël qui sont situées dans le Territoire palestinien occupé soient démantelées, et que tous les Palestiniens
déplacés durant l’occupation puissent retourner dans leur lieu de résidence initiale» (§ 270).
Notez bien que la Cour n’ordonne pas de réparation pour les dommages causés avant 1967. Ce n’est pas la question qui lui avait été posée. En outre, les
armes ont parlé et les Palestiniens ont perdu plusieurs opérations militaires dont ils doivent aussi assumer les conséquences. Les torts sont partagés, même s’il est évident que les torts
comme les dommages endurés par les Palestiniens sont sans commune mesure avec ceux des Israéliens.
La Cour se prononce sur les conséquences de l’occupation depuis 1967. Ses décisions ne sont pas rétroactives. Elle constate des faits qui n’ont cessé
d’empirer depuis 1967.
S’adressant à tous les États membres des Nations unies, la Cour leur a notifié qu’ils «sont tenus de ne
reconnaître aucune modification du caractère physique ou de la composition démographique, de la structure institutionnelle ou du statut du territoire occupé par Israël le 5 juin 1967, y
compris Jérusalem-Est, autres que celles convenues par les parties par voie de négociations, et de faire une distinction, dans leurs échanges avec Israël, entre le territoire de l’État
d’Israël et les territoires occupés depuis 1967. La Cour considère que l’obligation de distinguer, dans les échanges avec Israël, entre le territoire propre de cet État et le Territoire
palestinien occupé englobe notamment l’obligation de ne pas entretenir de relations conventionnelles avec Israël dans tous les cas où celui-ci prétendrait agir au nom du Territoire
palestinien occupé ou d’une partie de ce dernier sur des questions concernant ledit territoire ; de ne pas entretenir, en ce qui concerne le Territoire palestinien occupé ou des
parties de celui-ci, de relations économiques ou commerciales avec Israël qui seraient de nature à renforcer la présence illicite de ce dernier dans ce territoire ; ils doivent
s’abstenir, dans l’établissement et le maintien de missions diplomatiques en Israël, de reconnaître de quelque manière sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé ; et
de prendre des mesures pour empêcher les échanges commerciaux ou les investissements qui aident au maintien de la situation illicite créée par Israël dans le Territoire palestinien
occupé» (§ 278).
Pour Volker Turk,
haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, si les mots ont un
sens, la décision de la CIJ fait obligation à tous les États membres de l’ONU de
ne pas reconnaître l’autorité d’occupation israélienne sur le territoire de
l’État souverain de Palestine.
C’est pourquoi, le 9 septembre, Volker Turk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, ouvrant la 57° session du Conseil des droits de
l’homme, a déclaré : «Aucun État ne doit
accepter le mépris flagrant du droit international, y compris les décisions contraignantes du Conseil de sécurité de l’ONU et les ordonnances de la Cour internationale de Justice, ni dans
cette situation [l’occupation israélienne de la Palestine], ni dans toute autre situation».
Chacun d’entre nous doit en avoir conscience : Les règles ont changé. L’occupation de l’État de Palestine par Israël
est illicite. Or, cet État est, depuis le 10 septembre, internationalement reconnu, même si plusieurs membres permanents du conseil de sécurité ne l’ont pas fait à titre
personnel. Il dispose désormais de moyens juridiques dont il était dépourvu jusqu’ici. Le parapluie anglo-saxon derrière lequel Tel-Aviv s’abritait n’existe plus en
droit. Nous entrons dans une nouvelle période où Washington et Londres devront utiliser la force pour maintenir ce système d’oppression.
Cette révolution juridique marque la victoire de la stratégie du président Mahmoud Abbas (89 ans). Paradoxalement, ce n’est qu’à l’issue de sa vie qu’elle
intervient, à un moment où son gouvernement est discrédité en raison de sa collaboration avec Israël et de sa corruption.
Voici encore une fois la démonstration que l’entité sioniste scélérate n’est rien d’autre qu’un groupe de voyous, de bandits et de criminels qui se sont
rassemblés sur un petit territoire palestinien pour commettre les pires crimes que l’humanité ait connus. Non seulement ils multiplient les crimes de guerre sur les civils
palestiniens en continuant la colonisation, le massacre des civils, le nettoyage ethnique, le blocus et la famine… mais de surcroît lorsque la justice internationale rattrape ces
criminels, ils n’hésitent pas à menacer les juges comme le démontre cet article du Guardian britannique.
Ce n’est certainement pas en France que vous pourrez trouver de tels articles écrits par des journalistes chevronnés qui ont enquêté pendant plus d’un
an pour démontrer que Tel-Aviv est dirigée par une association de malfaiteurs et de criminels. Ils sont très beaux avec leurs costumes à 5000€ en expliquant à longueur de journée que
l’israël est une “grande démocratie” sauf que nous savons ce qui se cache derrière le rideau, pire encore, maintenant tout le monde le sait.
Ce n’est plus qu’une question de temps avant que cette escroquerie ne s’effondre sur elle-même car la mascarade n’a que trop duré.
*
Pendant neuf ans, l’État hébreu aurait agi dans l’ombre pour tenter de torpiller les enquêtes menées contre lui par la Cour pénale internationale, selon une enquête conjointe du
quotidien britannique «The
Guardian» et de deux médias israéliens.
Cette même cour dont le procureur a récemment demandé l’émission de mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens et du Hamas pour crimes de
guerre.
«Depuis près
d’une décennie, Israël surveille de hauts responsables de la Cour pénale internationale […] dans le cadre d’une opération secrète visant à contrecarrer l’enquête de la CPI sur des
crimes de guerre présumés»,peut-on
lire dans une enquête fleuve notamment publiée mercredi 29 mai sur le site de +972 Magazineet
intitulée «Surveillance et
interférence : La guerre secrète d’Israël contre la CPI dévoilée».
Que révèle cette enquête ? Qu’Israël, écrit The
Guardian, «a déployé
ses agences de renseignements pour surveiller, pirater, faire pression, diffamer et prétendument menacer les hauts responsables de la CPI dans le but de faire dérailler les enquêtes
de la cour».
Espionnage et
menaces
Par exemple, poursuit le journal britannique, les renseignements israéliens ont «intercepté les
communications» – appels, messages, courriel, documents – du procureur Karim Khan, dont l’État hébreu connaissait les intentions.
Mais également de sa prédécesseure, Fatou Bensouda, qui avait lancé en 2021 des enquêtes sur de possibles crimes de guerre en Cisjordanie occupée,
qui auraient pu valoir des poursuites contre des responsables israéliens.
Cette dernière aurait même été «menacée» par
le chef du Mossad de l’époque, Yossi Cohen, qui menait une opération parallèle, et qui lui aurait dit :
«Vous ne voulez pas vous mêler de choses qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille.» Étaient également
surveillés, notamment par le Shin Bet, les groupes palestiniens de défense des droits humains qui «fournissaient
fréquemment au bureau du procureur [de la CPI] des éléments sur des attaques israéliennes sur les Palestiniens», explique aussi +972.
La Cour pénale internationale «est conçue pour l’Afrique et non pour l’Occident»
Source : RzO International - Le 24/05/2024.
par Amar
Djerrad
Qu’on ne se le cache pas ! Il est
indéniable que la Cour pénale internationale joue le rôle d’un gardien vigilant dans le paysage politique occidental. Elle agit comme chien de garde dans le «jardin» de l’Occident
constamment à l’affût du souverainisme des Africains et d’autres «jungles» ! La CPI est bien un outil de l’Occident prédateur au service du Grand Capital. Elle agit comme une épée
Damoclès sur les irréductibles.
La CPI, issue du Statut de Rome de 1998, est toujours sujette à controverse en ce qui concerne les «réserves», les «amendements» et les
«interprétations» voire les «exceptions» (comme les crimes «d’agression»). Ce Statut de Rome n’a pas été signé, même par les «Grands» (États-Unis, Russie, Chine, Inde). Avec un budget
dépassant les 150 millions de dollars, la CPI doit être régulièrement entretenue par ses créateurs, mais aussi ses donateurs comme la fondation Soros. Khan et sa clique sont
fonctionnaires, il serait donc surprenant qu’ils ne jouent pas les partitions du chef d’orchestre ! L’indépendance financière n’est donc pas assurée. Même la Cour africaine dépend
d’un financement occidental.
La CPI doit justifier son travail et prouver sa loyauté. Afin d’inspirer confiance aux populations ciblées, on a opté pour des Ocampo, des Karim, des
Khan (et demain des Mohamed), des personnes à la peau noire, brune ou jaune, au lieu des types «Européens» qui pourraient être perçus comme partiaux, mais qui sont désignés comme
«conseillers».
Ils prétendent ne pas être membres, mais en réalité, c’est pour dissimuler leurs liens. Ils sont partie prenante du fonctionnement de la Cour en
exerçant leur influence à travers leurs ONG et leurs lobbys ! Une tactique de camouflage, semblable à celle utilisée dans l’armée.
À propos de la CPI et de sa
décision contre le Hamas et Israël
En écoutant
l’annonce du procureur de la CPI, on a constaté que c’est le procès du Hamas qui est mis en avant, reléguant ainsi celui de Netanyahou et de Gallant au second plan. Il semble
avoir réussi à trouver une manière de mélanger les genres pour brouiller les vues et les avis.
Ce procureur, Karim
Khan, a révélé, probablement pour
prouver l’impartialité de la Cour, qu’il a été menacé de ne pas s’en prendre à Israël. Selon ses dires : «un haut dirigeant
américain élu» lui aurait signifié, un jour, au sujet des crimes commis par les États-Unis en Afghanistan que la CPI «est conçue pour
l’Afrique et pour des voyous comme Poutine et non pour l’Occident et ses alliés».
On le savait, mais lorsqu’elle visait des Africains, ce Karim n’avait rien révélé. Actuellement, cette Cour se réveille parce qu’elle se sent obligée de
prendre une décision en raison des pressions, des preuves des crimes israéliens multiples et publiques, ainsi que des réactions de la CIJ. Cependant, il a manœuvré de manière rusée en
utilisant une astuce minable qui consiste à accuser les deux parties, pour faire bonne mesure, en les mettant au même plan ! Mal lui en a pris, il a commis une grave erreur en
assimilant la victime colonisée et le colonisateur bourreau dans le même procès tout en favorisant ce dernier ! Il a commencé par accuser trois hauts responsables palestiniens de
«pénalement
responsables du meurtre de civils» (2.35, en citant les crimes), puis deux hauts responsables sionistes seulement qu’il «accuse…de ces
crimes ‘présumés’» (9.31 en les citant) !
«Crime contre l’humanité et crimes de guerre des responsables palestiniens sur les israéliens» ? Est-ce sérieux ? On aurait cru que ce sont les
Palestiniens qui ont colonisé les Israéliens pendant 76 ans ! Il a mentionné qu’Israël «a le droit de se
défendre», mais il a omis de préciser le «devoir» des Palestiniens de combattre les colons qui spolient leurs biens. Inversant ainsi l’histoire tourmentée de ce peuple !
Fustigé, paradoxalement, par les Palestiniens et des sionistes d’Israël, mais soutenu ailleurs (notamment la France), cette «sortie» semble une
mystification visant à prouver sa pseudo «bonne conscience» et peut-être, à justifier le mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine qui, comme le monde le sait, a été émis sur instigation
de ces mêmes «hauts dirigeants» de l’UE et des lobbys américains. Il semble que chacun joue un rôle méprisable dans un jeu de dupes avec les principaux bailleurs de fonds ! La CPI ne
se «retourne» pas contre ses maîtres, mais tripote. À moins qu’il ne s’agisse d’un coup de gueule de Khan, suite à des menaces insupportables, visant à anéantir cette Cour !
Les magistrats de cette CPI sont des laquais ! La CPI est un instrument occidental, une supercherie pour les dupes, un attrape-nigaud ! Où sont les
«enquêtes» contre Obama, Busch, Clinton, Hollande et Sarkozy pour leurs crimes en Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, Yougoslavie et Soudan ?
Ne jamais croire à leurs fripouilleries, même s’ils vous offrent le paradis sur la paume des mains ! La CPI doit disparaître et l’Union Africaine s’est
déjà prononcée pour le retrait du Statut de Rome.
Le Sud global prend le relai et
met à l’épreuve
L’Occident devenant sourd, muet et aveugle, ce sera désormais le Sud Global qui prendra le relais des poursuites judiciaires, en utilisant leur CPI,
contre les auteurs de génocides et des crimes de guerre qui sont couverts/niés/politisés/sélectifs/partiaux pour répondre à leurs intérêts géopolitiques égoïstes ! Comme disait
l’autre «accompagner le
menteur jusqu’au seuil de sa maison», tâche dont l’Afrique du Sud a pris la responsabilité.
Elle prétendait être un «remède» contre les folies meurtrières des hommes, mais le temps l’a révélé comme un «poison» aux yeux du monde. Même un fou
peut faire la distinction. Quand un prétendu remède se révèle poison, personne n’en voudra. Cette CPI soutient qu’elle accomplit «honnêtement» son travail, mais la réalité montre le
contraire – une justice sélective et raciste, fonctionnant plus «à charge» qu’à «décharge», niant presque les tribunaux nationaux – peu importe qui en sont les membres, souvent liés
par des relations amicales et/ou professionnelles antérieures.
Voici un extrait d’article
intitulé «l’ombre de Soros plane sur la CPI» :
(Je n’arrive pas à retrouver le lien)
«Examinant la genèse du mandat d’arrêt lancé par CPI, l’ombre du milliardaire Soros, condamné en France pour «délit d’initié», apparaît… avec la
présence au sein des organisations internationales de son ancien voisin et ami intime, le ministre des AE et du Commonwealth … et ancien vice-SG des Nations unies, Lord Malloch Brown.
Ce dernier, après avoir officié au fonds spéculatif de Soros, le Quantum Fund basé dans les Antilles néerlandaises, et de l’Open Society, connu pour ses «révolutions de couleur»,
vient d’être nommé par Gordon Brown comme son ‘envoyé spécial’ en charge d’organiser le sommet du G20 le 2 avril à Londres.
En janvier 2005, le SG Kofi Annan choisit Malloch Brown, ancien journaliste de la revue de la City de Londres, The
Economist, et ancien vice-président de la Banque mondiale, comme son «chef de cabinet»… Pure coïncidence… à peine quelques mois plus tard en avril 2005, Annan livre les noms de
51 suspects, soupçonnés des massacres au Darfour, au procureur de la CPI, l’Argentin Luis Moreno-Ocampo. L’affaire du Darfour fut le premier cas confié par le Conseil de sécurité à la
CPI…
Comme Malloch Brown, Moreno-Ocampo a travaillé pour la Banque mondiale, comme «consultant sur la corruption». Avant d’occuper ce poste, il fut le
président pour l’Amérique latine et les Caraïbes d’une ONG que finance George Soros, Transparency International…
En 2005, Moreno-Ocampa affirmait… «qu’un jour les
États-Unis deviendraient eux aussi membre de la CPI». «Qui ne peut pas
soutenir la nécessité de sanctionner un génocide ?», prédisant que «d’ici vingt ans,
tout le monde sera membre de la Cour». «Nous vivons la
décennie de l’Afrique. Les années 1980 était la décennie de l’Amérique latine, les années 1990 celle de l’Europe de l’Est, et maintenant nous devons travailler avec l’Afrique»
dit-il. «L’Afrique est en
effet une cible de choix de la CPI, qui commença par traquer des suspects dans la République Centrafricaine, la Côte d’Ivoire et le Burundi…»
En conclusion
Netanyahou et Gallant ne seront jamais inquiétés tant que les États-Unis les soutiendront, même s’ils se rendent dans des pays occidentaux
«démocratiques», signataires du Statut de Rome, car Israël est considéré comme un peuple «élu» et «démocratique» ! Netanyahou
le sait et le prouve par sa réaction «il s’agit de la
1ère fois où un État démocratique qui se bat pour sa vie est accusé par la justice internationale de crime de guerre…». Lors d’une interview
avec la chaîne ABC, Netanyahou se montre à la fois confiant et menaçant : «Je ne suis pas
inquiet à l’idée de voyager, mais lui (Khan) devrait plutôt s’inquiéter».
Question simple : Est-ce que la France, en tant que pays «démocratique» qui soutient la décision de la CPI, aurait l’audace de les arrêter et les livrer
à la CPI s’ils se rendaient sur son territoire ?
Israël ne se pliera pas aux juridictions internationales, que ce soit la CPI ou la CIJ ; même au risque d’être exclu de l’ONU ! Si la France est en
accord avec la CPI et que les milieux sionistes français restent prudemment dans l’expectative, cela laisse supposer qu’il y a matière à suspicion.
La CPI, institution des mondialistes, demeurera un tigre en papier qui protège le «jardin» occidental. Ce genre de «justice internationale» prétendument
«indépendante» n’a jamais existé et n’existera jamais ! Demander à cette Cour, qui est manipulée à des fins politiques par un Occident prosioniste, de juger en faisant la différence
entre un génocide en direct et la lutte armée contre l’occupation, est tout simplement inconcevable. Ne nous berçons pas d’illusions ! C’est la première fois qu’une instance
judiciaire internationale parvient à se mettre à dos à la fois la victime et le coupable !
On l’observe également avec toutes les organisations de défense des «droits de l’homme et des libertés» qui sont manipulées contre finances. Voici
quelques-unes : Amnesty International (AI), Association Internet pour la promotion et la Défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, Reporters Sans Frontières, Freedom House,
Fédération internationale pour les droits humains, TRIAL International, Committee to Protect Journalists, Avocats sans frontières, l’Institut Arabe des droits de l’homme, La Ligue
internationale des femmes pour la paix et la liberté, Médecins sans frontières, Organisation Mondiale Contre la Torture, Association pour la Prévention de la Torture, Association ou
organisme LGBT etc. Elles ont le même objectif hégémonique avec des missions différentes !
Dans cette confusion, il n’est pas étonnant que des pays européens comme l’Irlande, la Norvège et l’Espagne reconnaissent, aujourd’hui, l’État de
Palestine.
On retiendra, toutefois, que ce ne sera plus comme avant : Cela restera, comme nous l’avons déjà mentionné par ailleurs, une épine dans leur pied, une
gêne insupportable et constante. Ils seront traqués d’une autre manière, jusqu’à ce que justice soit rendue !
Le 20 mai 2024, le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a demandé un mandat d’arrêt à l’encontre de plusieurs dirigeants israéliens,
dont Benjamin Netanyahou concernant la situation en Palestine ainsi que 3 dirigeants du Hamas. Une requête qui sera examinée au cours des prochains mois par les magistrats de la Cour
à partir de l’ensemble des éléments de preuve qui permettront de valider ou non ces mandats d’arrêts. On compte parmi les chefs d’accusation retenus par le procureur, celui de
crime de guerre, crime contre l’humanité, d’extermination et de persécution. Cette annonce s’ajoute à la décision de la Cour
internationale de justice qui avait, le 26 janvier dernier, reconnu un «risque de
génocide» en cours à Gaza perpétré par le gouvernement israélien. Dans ce focus, l’avocat Johann Soufi revient sur cette annonce et les conséquences que cette requête de mandat
d’arrêt pourrait avoir en matière de réponse internationale
Israël n’a pas «suffisamment répondu et dissipé» les inquiétudes suscitées par son offensive militaire contre le sud de la bande de Gaza.
La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné vendredi à Israël de suspendre immédiatement son offensive militaire contre Rafah, entamée le 6 mai
contre la ville du sud de la bande de Gaza.
«Israël doit
immédiatement suspendre son offensive militaire ou toute autre action dans le gouvernorat de Rafah qui pourrait infliger au groupe palestinien de Gaza des conditions de vie
susceptibles d’entraîner sa destruction physique en tout ou en partie», a déclaré le juge libanais Nawaf Salam, président de la CIJ, lisant l’ordonnance relative aux mesures
conservatoires additionnelles demandées par l’Afrique du Sud dans l’affaire du génocide en cours contre Israël.
La CIJ a déclaré que la modification de son ordonnance du 28 mars était due au changement de circonstances dû à l’offensive sur Rafah, où les
Palestiniens déplacés s’étaient réfugiés après le début de la guerre le 7 octobre 2023. Selon les agences des Nations unies, plus de 800 000 personnes ont depuis fui la ville en
raison de l’invasion terrestre.
La décision indique qu’Israël n’a pas «suffisamment
répondu et dissipé» les préoccupations soulevées par son opération militaire à Rafah.
La CIJ a également appelé Israël à maintenir ouvert le poste frontière de Rafah pour permettre un accès sans entrave aux services de base et à l’aide
humanitaire à Gaza.
La Cour basée à La Haye a ordonné à Tel-Aviv de soumettre dans un délai d’un mois un rapport sur les mesures prises suite à la dernière
ordonnance.
En ce qui concerne les otages israéliens, le CIJ «estime qu’il est
profondément inquiétant que nombre de ces otages demeurent en captivité et réitère son appel en faveur de leur libération immédiate et inconditionnelle».
Les attaques israéliennes contre la bande de Gaza et sa population ont provoqué le déplacement forcé d’environ 1,9 million de Palestiniens à l’intérieur
de l’enclave assiégée, dont 1,4 million se sont réfugiés à Rafah, ville, coupée en deux par la route Philadelphie, un corridor de sécurité qui marque la frontière entre l’Égypte et la
bande de Gaza.
Israël poursuit sa guerre déclarée le 7 octobre au mouvement Hamas, malgré que le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), a demandé
l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour «crimes de guerre» et «crimes
contre l’humanité», et en dépit d’une résolution adoptée par le Conseil de sécurité appelant à un «cessez-le-feu immédiat».
En concluant à l’existence d’un dossier plausible contre Israël, la Cour internationale de Justice a traité avec mépris l’argument d’Israël selon lequel
l’affaire devait être classée car il exerçait son droit à la légitime défense.
Cet argument a constitué plus de la moitié des plaidoiries d’Israël. Non seulement la Cour a conclu qu’il y avait un cas plausible de génocide, mais
elle n’a mentionné la légitime défense qu’une seule fois dans sa décision provisoire – seulement pour noter qu’Israël l’avait revendiquée (paragraphe 41) :
[…] étant donné que l’objet de mesures conservatoires est de sauvegarder les droits de chacune des parties, la Cour doit, dans la présente affaire,
prendre en considération et «concilier» les droits de l’Afrique du Sud et ceux d’Israël. Le défendeur souligne qu’il a la responsabilité de protéger ses citoyens, notamment ceux qui
ont été enlevés et pris en otages pendant l’attaque menée le 7 octobre 2023. En conséquence, il soutient que son droit à la légitime défense est un élément essentiel aux fins de toute
appréciation de la présente situation.
Que la CIJ n’ait pas affirmé le droit d’Israël à la légitime défense est peut-être le point le plus important de cette ordonnance
provisoire. Contre toute attente, l’argument utilisé par tous les dirigeants occidentaux n’a pas été évoqué par la CIJ.
Or, la CIJ n’a pas répété qu’une puissance occupante n’a pas le droit de se défendre. Ce n’était pas nécessaire. Elle a simplement
ignoré l’affirmation spécieuse d’Israël.
Elle a pu le faire parce que ce qu’elle a répété va bien au-delà de toute affirmation plausible de légitime défense. Ce qui m’a le plus frappé dans la
décision de la CIJ, c’est que l’ordonnance est allée beaucoup plus loin dans le détail des preuves de génocide qu’il était nécessaire. Sa description est rigoureuse.
À cet égard, le paragraphe 46 est crucial :
46. La Cour note que l’opération militaire conduite par Israël à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023 a fait de très nombreux morts et blessés et
causé la destruction massive d’habitations, le déplacement forcé de l’écrasante majorité de la population et des dommages considérables aux infrastructures civiles. Même si les
chiffres relatifs à la bande de Gaza ne peuvent faire l’objet d’une vérification indépendante, des informations récentes font état de 25 700 Palestiniens tués, de plus de 63 000
autres blessés, de plus de 360 000 logements détruits ou partiellement endommagés et d’environ 1,7 million de personnes déplacées à l’intérieur de Gaza (voir Bureau de la
coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations Unies (OCHA), Hostilities in the Gaza Strip and Israel – reported impact, Day 109 (24 Jan. 2024)).
La raison pour laquelle ce point est si important, c’est que la Cour ne dit pas que l’Afrique du Sud affirme cela. Elle dit que ce sont là les
faits. Il s’agit d’une constatation de faits de la part de la Cour. Je ne saurais trop insister sur l’importance de cette description par la Cour de la situation à
Gaza.
La Cour poursuit en détaillant les comptes rendus des Nations Unies sur la situation factuelle, citant longuement trois hauts fonctionnaires différents,
dont Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) :
49. La Cour prend également note de la déclaration faite par le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les
réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), M. Philippe Lazzarini, le 13 janvier 2024 :
«Cela fait 100 jours que cette guerre dévastatrice a commencé, tuant et déplaçant les habitants de Gaza, à la suite des attaques effroyables que le
Hamas et d’autres groupes ont menées contre des habitants d’Israël. 100 jours de supplice et d’angoisse pour les otages et pour leurs familles.
Ces 100 derniers jours, le bombardement sans interruption de la bande de Gaza a provoqué le déplacement massif d’une population toujours sur le
départ, constamment déracinée et forcée de partir du jour au lendemain, pour se rendre dans des endroits qui sont tout aussi dangereux. C’est le plus grand déplacement du peuple
palestinien depuis 1948.
Cette guerre a touché plus de 2 millions de personnes, soit la totalité de la population de Gaza. Nombreux sont ceux qui en garderont toute la vie
des séquelles, tant physiques que psychologiques. L’écrasante majorité, notamment les enfants, est profondément traumatisée.
Les abris surpeuplés et insalubres de l’UNRWA sont devenus le «foyer» de plus de 1,4 million de personnes qui sont privées de tout, de nourriture
comme de produits d’hygiène, et de toute intimité. Les gens vivent dans des conditions inhumaines où les maladies se propagent, y compris chez les enfants. Ils vivent dans
l’invivable, et la famine s’approche inexorablement.
Le sort des enfants de Gaza est particulièrement déchirant. Une génération entière d’enfants est traumatisée et il lui faudra des années pour
guérir. Des milliers d’entre eux ont été tués, mutilés ou rendus orphelins. Des centaines de milliers n’ont plus accès à l’éducation. Leur avenir est menacé, et les conséquences
seront profondes et durables.» (UNRWA, «The Gaza Strip: 100 days of death, destruction and displacement», Statement by Philippe Lazzarini, Commissioner-General of UNRWA, 13
Jan. 2024.)
50. Le commissaire général de l’UNRWA a aussi affirmé que la crise à Gaza était «aggravée par la tenue de propos déshumanisants» (UNRWA, «The Gaza
Strip: 100 days of death, destruction and displacement», Statement by Philippe Lazzarini, Commissioner-General of UNRWA, 13 Jan. 2024).
Bien sûr, cela explique pourquoi la réponse immédiate à la décision de la CIJ a été une attaque coordonnée d’Israël et des puissances impérialistes
contre l’UNRWA, conçue pour accélérer le génocide en stoppant l’aide, pour fournir un contre-récit de propagande à l’arrêt de la CIJ et pour réduire la crédibilité des preuves
apportées par l’UNRWA devant la Cour.
La Cour travaille en étroite collaboration avec l’ONU et fait partie intégrante du système onusien. Elle entretient des relations particulièrement
suivies avec l’Assemblée générale des Nations Unies – de nombreuses affaires de la Cour se fondent sur des demandes de l’Assemblée générale des Nations Unies. Dans une quinzaine de
jours, la Cour entamera ses audiences de fond sur la situation juridique dans les territoires occupés de Palestine, à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies.
L’ordonnance comporte cinq références spécifiques à l’AG des Nations Unies.
La Cour a passé beaucoup de temps à exposer les faits du génocide en cours dans la bande de Gaza. Elle n’avait pas besoin de le faire avec autant de
détails, et bien trop peu d’attention a été accordée à cela. J’ai également été surpris par la quantité de détails donnés par la Cour sur les preuves de l’intention génocidaire
d’Israël.
Il est particulièrement humiliant pour Israël que la Cour ait cité le chef de l’État, le président d’Israël lui-même, comme preuve évidente d’une
intention génocidaire, ainsi que deux autres ministres du gouvernement.
51. À cet égard, la Cour a pris note de plusieurs déclarations faites par de hauts responsables israéliens. Elle appelle l’attention, en
particulier, sur les exemples suivants.
52. Le 9 octobre 2023, M. Yoav Gallant, ministre israélien de la défense, a annoncé qu’il avait ordonné un «siège complet» de la ville de Gaza,
qu’il n’y aurait «pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de combustible» et que «tout [était] fermé». Le jour suivant, M. Gallant a déclaré, dans son allocution aux
troupes israéliennes à la frontière de Gaza :
«J’ai levé
toutes les limites… Vous avez vu contre quoi nous nous battons. Nous combattons des animaux humains. C’est l’État islamique de Gaza. C’est contre ça que nous luttons… Gaza ne
reviendra pas à ce qu’elle était avant. Il n’y aura pas de Hamas.
Nous
détruirons tout. Si un jour ne suffit pas, cela prendra une semaine, cela prendra des semaines, voire des mois, aucun endroit ne nous échappera.»
Le 12 octobre 2023, M. Isaac Herzog, président d’Israël, a déclaré, en parlant de Gaza :
«Nous
agissons, opérons militairement selon les règles du droit international. Sans conteste. C’est toute une nation qui est responsable. Tous ces beaux discours sur les civils qui ne
savaient rien et qui n’étaient pas impliqués. Ça n’existe pas. Ils auraient pu se soulever. Ils auraient pu lutter contre ce régime maléfique qui a pris le contrôle de Gaza par un
coup d’État. Mais nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre. Nous défendons nos foyers. Nous protégeons nos foyers. C’est la vérité. Et lorsqu’une nation
protège son pays, elle se bat. Et nous nous battrons jusqu’à leur briser la colonne vertébrale.»
Le 13 octobre 2023, M. Israël Katz, alors ministre israélien de l’énergie et des infrastructures, a déclaré sur X (anciennement Twitter) :
«Nous
combattrons l’organisation terroriste Hamas et nous la détruirons. L’ordre a été donné à toute la population civile de [Gaza] de partir immédiatement. Nous gagnerons. Ils ne
recevront pas la moindre goutte d’eau ni la moindre batterie tant qu’ils seront de ce monde.»
Là encore, ce n’est pas la Cour qui dit que l’Afrique du Sud a allégué cela. Il s’agit d’une conclusion de fait de la Cour. La CIJ a déjà jugé que le
déni d’Israël d’incitation au génocide n’est pas recevable.
Gardez en tête que : Dès le lendemain de la déclaration génocidaire, comme l’a déterminé la Cour internationale de Justice, le président Herzog
a été
accueilli et s’est vu offrir un «soutien total» par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Roberta Metsola, présidente du Parlement européen.
Si l’on considère en détail ce que la Cour a conclu être les faits réels de l’affaire, en termes de morts, destructions et intention, je n’ai aucun
doute sur le fait que la Cour a l’intention de déclarer Israël coupable de génocide quand le fond de l’affaire sera portée devant elle.
Tous les arguments d’Israël ont été écartés. Tous. Les efforts considérables déployés par Israël pour que l’affaire soit rejetée pour
des raisons de procédure ont été balayés d’un revers de main. Il en va de même pour l’argument de la légitime défense. Et dans ses conclusions sur les faits, la Cour a clairement
démasqué les mensonges israéliens sur le fait d’éviter les pertes civiles, la responsabilité du Hamas pour les dommages causés aux infrastructures et l’accès de l’aide humanitaire à
Gaza.
70. La Cour considère que la population civile de la bande de Gaza demeure extrêmement vulnérable. Elle rappelle que l’opération militaire conduite
par Israël après le 7 octobre 2023 a notamment fait des dizaines de milliers de morts et de blessés et causé la destruction d’habitations, d’écoles, d’installations médicales et
d’autres infrastructures vitales, ainsi que des déplacements massifs de population (voir le paragraphe 46 ci-dessus). Elle note que cette opération est toujours en cours et que le
premier ministre d’Israël a annoncé, le 18 janvier 2024, que la guerre «durera[it] encore de longs mois». Aujourd’hui, de nombreux Palestiniens de la bande de Gaza n’ont pas accès
aux denrées alimentaires de première nécessité, à l’eau potable, à l’électricité, aux médicaments essentiels ou au chauffage.
Ce sont les faits tels qu’ils se sont déroulés.
Ne vous laissez pas troubler par l’absence du terme «cessez-le-feu» dans l’ordonnance de la Cour. Ce que la Cour a ordonné s’en rapproche beaucoup. Elle
a explicitement ordonné à l’armée israélienne de cesser de tuer des Palestiniens.
LA COUR,
Indique les mesures conservatoires suivantes :
1) Par quinze voix contre deux,
L’État d’Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide,
prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Gaza, de tout acte entrant dans le champ d’application de l’article II de
la convention, en particulier les actes suivants :
a) meurtre de membres du groupe ;
b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et
d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
POUR : Mme Donoghue, présidente ;
M. Gevorgian, vice-président ;
MM. Tomka, Abraham, Bennouna, Yusuf, M me Xue, MM. Bhandari, Robinson, Salam, Iwasawa, Nolte, Mme Charlesworth, M. Brant, juges ;
M. Moseneke, juge ad
hoc ;
CONTRE : Mme Sebutinde, juge ;
M. Barak, juge ad
hoc ;
2) Par quinze voix contre deux,
L’État d’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés au point 1 ci-dessus ;
POUR : Mme Donoghue, présidente ;
M. Gevorgian, vice-président ;
MM. Tomka, Abraham, Bennouna, Yusuf, M me Xue, MM. Bhandari, Robinson, Salam, Iwasawa, Nolte, Mme Charlesworth, M. Brant, juges ;
M. Moseneke, juge ad
hoc ;
CONTRE : Mme Sebutinde, juge ;
M. Barak, juge ad
hoc ;
C’est tout à fait clair. Et même si j’admets qu’il s’agit d’une tautologie, en ce sens qu’elle ordonne à Israël d’obéir à une Convention qu’Israël est
déjà tenu de respecter, il ne pourrait y avoir d’indication plus claire que la Cour estime qu’actuellement Israël ne respecte pas cette convention.
Et maintenant, que se passe-t-il
?
Eh bien, Israël a réagi en tuant plus de 180 civils palestiniens depuis la décision de la Cour internationale de Justice. Si cela continue, l’Afrique du
Sud pourrait retourner devant la Cour pour réclamer des mesures plus urgentes avant même que le rapport mensuel commandé à Israël ne soit attendu. L’Algérie a annoncé qu’elle
porterait l’ordonnance devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’elle l’applique.
Je doute que les États-Unis opposent leur veto.
L’ordonnance de la CIJ a suscité une réaction schizophrénique de la part d’Israël et de ses partisans. D’une part, la CIJ a été dénoncée comme antisémite. D’autre part, le discours
officiel a consisté (incroyablement) à affirmer qu’Israël avait en fait gagné l’affaire, tout en minimisant la couverture dans les médias grand public. Ceci a été renforcé par
l’attaque massive et coordonnée contre l’UNRWA qui a donné le change dans les gros titres médiatiques.
Il est difficile d’à la fois prétendre qu’Israël a gagné d’une manière ou d’une autre, et chercher à bloquer l’application de l’ordonnance par le
Conseil de sécurité des Nations Unies. Je soupçonne que l’on continuera à suivre cette double voie : Prétendre qu’il n’y a pas de génocide et qu’Israël obéit à une ordonnance
«inutile», tout en attaquant et en ridiculisant la CIJ et l’ONU dans son ensemble.
Quelle qu’ait été la décision de la CIJ, Israël n’aurait de toute façon pas arrêté le génocide, c’est la simple vérité. La réaction immédiate des
États-Unis et de leurs alliés à l’ordonnance a été d’essayer d’accélérer le génocide en paralysant le travail d’aide humanitaire de l’ONU. J’avoue que je ne m’attendais pas à quelque
chose d’aussi vicieux et flagrant.
La meule des dieux moud
lentement, mais elle
n’en moud que plus finement. La CIJ ayant signalé l’existence d’un génocide potentiel avec tant de force, il pourrait bien incomber aux juges des différentes nations de restreindre le
soutien international au génocide. Comme je l’ai expliqué en
détail, la Convention sur le génocide a été incorporée dans le droit britannique par la loi de 2001 sur la Cour pénale internationale.
Il ne fait aucun doute que les conseillers juridiques du FCDO (ndt : Bureau des Affaires étrangères et du Commonweatlh) auront publié des procès
verbaux avertissant que les ministres risquent d’être personnellement tenus responsables en droit britannique pour complicité dans le génocide, si les livraisons d’armes et autres
coopérations militaires et de renseignement avec le génocide israélien se poursuivent. Aux États-Unis, les audiences ont déjà commencé en Californie avec un procès pour complicité de
génocide intenté contre Joe Biden.
Bien sûr, j’aimerais que tout cela aille plus vite. Ce ne sera pas le cas. L’Assemblée générale peut suspendre Israël de l’ONU. Il y a d’autres actions
utiles à entreprendre. Mais il s’agit d’un travail de longue haleine, pas d’une solution miracle. Et des gens comme vous et moi continuent à jouer un rôle essentiel, comme tout un
chacun, en exerçant le pouvoir du peuple pour arracher le contrôle à une classe politique vicieuse de tueurs.
C’est une belle victoire. Je suis heureux que cette voie pour laquelle j’ai plaidé et fait pression ait fonctionné et accru la pression sur les
sionistes, et que mon jugement selon lequel la Cour internationale de justice n’est pas seulement un outil de l’OTAN comme la Cour pénale internationale corrompue, ait été
validé.
Cela ne change en rien le sort des enfants tués et mutilés la nuit dernière ou de ceux qui mourront dans les prochains jours. Mais c’est une lueur
d’espoir à l’horizon.
Les mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice
La Cour internationale de Justice vient de prendre des mesures conservatoires pour
protéger la population gazaouie d’un éventuel génocide. Une décision qui n’apporte rien de neuf, mais apporte un soutien juridique à la position politique des Etats-Unis. Cette décision ne
préjuge en rien de l’arrêt sur le fond qui condamnerait Israël s’il était pris, mais ne le sera probablement jamais. La Justice internationale n’en est qu’à ses débuts et peine toujours à
appliquer le Droit.
Source : RzO Volraire - par Thierry Meyssan - Le 30/01/2024.
La Cour internationale de Justice, présidée par l’États-unienne Joan Donoghue, ancienne fonctionnaire du département d’État, a rendu une ordonnance
conservatoire dans l’affaire qui oppose l’Afrique du Sud à Israël. Sans surprise, la Cour a pris exactement la décision correspondante à la position des États-Unis : Israël doit tout faire
pour prévenir un génocide, tout en continuant sa guerre contre le Hamas.
LA JUSTICE INTERNATIONALE EST ENCORE BALBUTIANTE
La Cour est un embryon de justice internationale au sein des Nations unies. Elle remplace la Cour permanente de Justice internationale, qui fut créée en 1922, au
sein de la Société des Nations. Ce système n’a donc qu’un siècle. Il vise à faire appliquer par chaque État les engagements auxquels il a souscrit. Or, les Anglo-Saxons, qui ont accepté cette
cour en 1945, cherchent depuis 1942, non pas à appliquer le Droit international, mais à instaurer leur gouvernance sur le monde. Lors de la signature de la Charte de l’Atlantique, le Premier
ministre britannique Winston Churchill et le président états-unien Franklin D. Roosevelt avaient affirmé, au nom de leurs États, qu’ils devaient seuls décider des différents entre les États dans
le monde d’après-guerre. C’est la cause originelle de la Guerre froide et des conflits actuels.
Par conséquent, contrairement à l’image que nous en avons, la Cour internationale de Justice n’est pas une juridiction aboutie, mais un champ de bataille où
le projet unipolaire anglo-saxon du monde se confronte à celui multipolaire de la plupart des autres États. C’est de cette manière que nous devons interpréter l’ordonnance sur le
massacre de Gaza.
Le seul moyen de pression sur les gouvernements dont dispose la Cour, ce n’est pas une armée, mais l’opinion publique de chaque pays. Aucun gouvernement n’accepte
l’idée d’être présenté à son peuple comme criminel. Il est donc particulièrement important de comprendre ses décisions.
LES MAGISTRATS DOIVENT DIRE LE DROIT, MAIS ILS NE SONT PAS SI INDÉPENDANTS QUE CELA
Les quinze magistrats permanents de la Cour sont proposés par leur propre gouvernement et élus par tous. Ils doivent tenir un raisonnement juridique pour justifier
leurs décisions. Cependant celles-ci reflètent généralement leurs préjugés nationaux. Il est très rare que des magistrats choisis par leur propre gouvernement se prononcent contre lui. En outre
deux magistrats supplémentaires sont désignés par les deux parties au conflit. Ils viennent défendre leur pays et cherchent des arguments juridiques pour étayer leur plaidoyer.
Je me souviens, par ailleurs, que, lorsque je conseillais Mouamar Kadhafi, la corruption des juges internationaux était
notoire. Dans le contexte d’un jugement sur la légalité de la guerre de l’Otan contre son peuple, le guide libyen avait donné l’ordre de compenser les « cadeaux »
reçus par les juges internationaux en leur en offrant d’équivalents.
Dans le cas qui nous occupe, seuls deux magistrats ont voté contre toutes ou certaines des décisions de la Cour.
Bien sûr le juge ad hoc représentant Israël, Aharon Barak. Il a participé aux Accords de
Camp David aux côtés du sioniste révisionniste Menachem Begin. Lorsqu’il fut président de la Cour suprême, il interpréta les lois fondamentales de manière à se doter du pouvoir de censurer la
Knesset ; un système invraisemblable sur lequel s’est construit la démocratie israélienne et que Benjamin Netanyahu tente de renverser. Dans ses jugements, il défendit systématiquement
les intérêts d’Israël contre les Palestiniens, ainsi il interdit à ceux-ci de porter plainte pour les préjudices que leur occasionnent les FDI. En effet, selon lui, on ne fait pas d’omelette
sans casser d’œufs et examiner ces situations contraindrait les FDI à dévoiler les détails confidentiels de ses opérations. Ou encore, c’est lui qui, en droit israélien, autorisa la
construction de la « Barrière de séparation » que la CIJ déclara illégale. Il s’est opposé à quatre des mesures conservatoires sur six. Il s’est opposé à l’injonction générale de prendre toute mesure en vue de prévenir la commission
d’un génocide comme à celle visant à conserver les preuves d’actes de génocide potentiels et à celle instituant un rapport par Israël sur ses méthodes. En outre il s’est opposé à toute
limitation de l’action des FDI. Il a par contre accepté qu’Israël empêche ses politiciens d’appeler au génocide et accepté qu’il fournisse une aide humanitaire aux Palestiniens.
L’autre magistrat à s’être opposé à la Cour est l’Ougandaise Julia Sebutinde. Pour elle, le conflit israélo-palestinien est politique et ne
peut être jugé par un tribunal. Surtout, les actes prétendument commis par Israël n’étant, selon elle, pas accompagnés d’une intention génocidaire, l’Afrique du Sud n’a pas démontré que les
mesures conservatoires demandées soient nécessaires. Enfin le Hamas n’étant pas partie à cette procédure, il serait irréaliste d’imposer des limites à l’une des parties belligérantes mais pas
à l’autre. Observons en premier lieu que personne n’a demandé à la Cour de juger le conflit israélo-palestinien et que le Droit international n’a aucun rapport avec la
politique. Puis relevons que l’Afrique du Sud s’est bien gardée d’accuser Israël d’intention génocidaire mais a suffisamment cité de déclarations génocidaires de dirigeants israéliens pour
demander des mesures conservatoires ; argument que le juge israélien a considéré comme valide. Enfin, venons-en au dernier point : L’absence du Hamas à la procédure ne peut
autoriser Israël à laisser perpétrer un génocide. La position de Julia Sebutinde jette le doute sur ses positions antérieures au Tribunal spécial pour la Sierra Leone. Adonia Ayebare, représentante permanente
de l’Ouganda auprès des Nations Unies, a déclaré : « La décision du juge Sebutinde devant la Cour internationale de Justice ne représente pas la position du gouvernement
ougandais sur la situation en Palestine (…) Elle a déjà voté contre le cas de l’Ouganda sur la République démocratique du Congo (RDC) ». Les faits que les raisonnements de la juge Sebutinde soient abscons et qu’elle soit désavouée par son propre gouvernement laisse envisager qu’elle ait pu être
corrompue.
La Cour n’a pas statué sur les autres demandes de l’Afrique du Sud qui ne pouvaient êtres prises en urgence, mais exclusivement sur le fond : Les mesures
de réparation vis-à-vis des victimes palestiniennes et la condamnation par Israël des individus coupables de génocide. Surtout, elle n’a pas dit que « l’État israélien doit suspendre
immédiatement ses opérations militaires à l’intérieur et à l’encontre de Gaza ».
Cette ordonnance est conforme à celle de l’affaire Gambie contre Myanmar. Elle édicte les mêmes mesures provisoires que pour faire cesser le génocide des
Rohingas. Mais elle ne saurait être comparée à l’affaire Ukraine contre Fédération de Russie dans la mesure où cette dernière ne porte pas sur un génocide des Ukrainiens par les Russes, mais
sur l’utilisation par la Russie de l’argument d’un génocide commis par l’Ukraine contre sa propre population russophone.
L’ORDONNANCE PROVISOIRE NE PRÉJUGE PAS DU JUGEMENT SUR LE FOND
L’ordonnance de la Cour ne s’impose pas seulement à Israël et à l’Afrique du Sud, mais aussi aux 151 autres États qui ont signé la Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide. Selon sa situation, chacun d’entre eux est tenu de s’associer aux mesures conservatoires. Certains pourraient l’interpréter comme
justifiant d’un embargo sur tous les armements ou interdisant à leurs citoyens double nationaux de participer à cette guerre potentiellement génocidaire.
D’ores et déjà, l’Algérie a demandé une réunion du Conseil de Sécurité, le 31 janvier, pour que celui-ci précise les effets exécutoires du prononcé de la Cour.
Il est évidemment peu probable qu’il menace Israël d’une intervention militaire, mais il pourrait décider d’un embargo sur les armes par exemple.
Cette ordonnance sera de toute manière citée devant d’autres tribunaux conformément au droit anglo-saxon. Ainsi, il existe déjà une affaire, opposant Defense
for Children International à Joe Biden, Antony Blinken et Lloyd Austin, devant le tribunal du Nord de la Californie et une autre, à Londres, opposant Global Legal Action Network au
gouvernement britannique. Toutes deux partent du principe que la livraison d’armes à Israël en ce moment est une participation au massacre à Gaza. Elles ont désormais la possibilité de
prospérer.
Elle pourrait aussi l’être devant la Cour pénale internationale qui pourrait être conduite à juger certains dirigeants israéliens. Plusieurs États l’ont déjà
saisie.
Par ailleurs, cette ordonnance n’est que conservatoire jusqu’à son jugement sur le fond. Cependant il ne faut pas rêver : La Cour peut se dérober
et se déclarer incompétente. Dans ce cas, il n’y aura jamais de jugement sur le fond et les mesures conservatoires deviendront caduques.
C’est l’issue la plus probable. Pourtant, la Cour a elle-même déjà écarté l’argument selon lequel les démarches précédentes de l’Afrique du Sud
auprès d’Israël ne lui auraient pas laissé le temps de répondre. Elle pourrait encore pinailler sur « l’intention de génocide ». Dans le cas, où la plainte serait jugée irrecevable.
Le massacre pourrait reprendre.
Il ne faut pas s’illusionner sur la Cour internationale de Justice. Elle représente un grand pas vers le Droit
international, mais reste encore loin du compte.
Les États-Unis, «pays de la
liberté & du mensonge» sont le parrain Don Corleone – le charisme en moins – & Israël – Sonny, le fils – fait le sale boulot pour papa, tandis que ce dernier s’affaire
toujours à blanchir ses crimes.
Le verdict provisoire de la CIJ a mis en lumière l’intégrité de la Cour et des Nations unies qui ont déjà perdu la majeure partie de leurs valeurs, et
cette affaire constituait pour elles une dernière chance rachat, alors que l’Afrique du Sud proclame son intention de poursuivre les États-Unis en justice, avec une nouvelle audience
sur la façon dont le«pays
de la liberté et du mensonge» s’est engagé dans une autre guerre dans les livres, et une tache «noire» de
plus sur son casier judiciaire.
L’Afrique du Sud se réapproprie l’histoire une fois de plus après 34 ans, en traînant l’occupation israélienne en justice devant le monde entier, pour
avoir délibérément effacé la population de Gaza dans sa soif de génocide. Mais il s’agit du procès, non pas de la marionnette, mais du marionnettiste – les États-Unis
d’Amérique.
Les États-Unis sont le parrain Don Corleone – sans le charisme – et Israël – Sonny, le fils – qui fait le sale boulot pour papa, tandis que ce dernier
essaie toujours de blanchir ses crimes.
Israël reproduit l’histoire des États-Unis avec les indigènes. Les États-Unis dissimulant constamment les crasses de leur protégé, Israël pense qu’il n’a aucune chance d’être
poursuivi pour génocide, et qu’une condamnation mondiale n’est qu’un énième détail à ajouter à la liste interminable de ses antécédents criminels. Pensez aux Intouchables, mais avec
l’argent de papa pour les armes, et le goût du sang.
Toute partie à la Convention sur le génocide est tenue de «prévenir et
sanctionner» le crime de génocide, et ne pas le faire la rend naturellement complice. Pièce à conviction A : Les États-Unis.
Le business, comme
toujours
Le 29 décembre 2023, une équipe de juristes sud-africains a engagé une procédure contre Israël au motif qu’il violait les obligations de la Convention
sur le génocide en agressant les Palestiniens de Gaza. À son tour, Israël a qualifié l’affaire de «calomnie de
sang» dans le cadre d’un bras de fer avec l’administration Biden.
L’Afrique du Sud se prépare actuellement à intenter une nouvelle action en justice contre les États-Unis et le Royaume-Uni, accusés d’être complices
d’Israël dans le génocide de Gaza. Même la Namibie a subtilement conseillé à l’Allemagne de «se taire et de
tenir tranquille» après qu’elle a tenté de lui emboîter le pas et de nier l’engagement d’Israël dans le crime de Gaza, lui rappelant ses propres crimes de génocide en
Namibie en 1904.
Bien que le verdict concernant les mesures provisoires ait été rendu le 26 janvier, l’attente d’un verdict final de la CIJ pourrait prendre des années.
Cependant, la décision de la CIJ de vendredi, obligeant Israël à prévenir le crime de génocide et à permettre l’acheminement de l’aide – laissant inachevée sa propre obligation d’exiger un cessez-le-feu immédiat – n’est rien d’autre que du business de mafieux.
Le verdict provisoire met en lumière l’intégrité de la Cour et des Nations unies, qui a déjà perdu l’essentiel de ses valeurs, et cette affaire
représentait le dernier espoir pour elles de se racheter. L’échec du procureur de la CPI, Karim Khan, surtout après s’être rendu en Cisjordanie occupée et avoir prouvé que sa visite
n’était que pour la forme, en a été le premier signe.
Cartes sur table
Quelques heures à peine après la publication du verdict préliminaire, le département d’État américain a repris ses bonnes vieilles habitudes et n’a
cessé de nier toute preuve du crime de génocide commis par Israël, qualifiant la plainte de l’Afrique du Sud comme étant sans fondement.
Il va sans dire que l’intention d’exterminer complètement la population de Gaza n’aurait pas été possible sans les dollars et les armes de l’Amérique.
Il ne servirait même à rien de citer les milliards de dollars américains versés jusqu’à présent à la Force internationale d’occupation, cela ne changerait rien à la question. Les
preuves sont là, tout comme l’intention préméditée de faire disparaître les racines ethniques de la Palestine aux mains de la mafia israélo-américaine.
En termes de droit pénal, la mens
rea (intention mentalement planifiée) et l’actus
reus (les preuves matérielles) relatives au crime sont nécessaires pour prouver la culpabilité. En droit international, la mens
rea est la base de l’article 30 du traité international du Statut de Rome. Les États-Unis et Israël ne peuvent se terrer dans un coin, car les cartes ont été jouées, et
abattues.
Rappelons que les États-Unis et Israël ont voté contre le Statut de Rome de 1998, le traité qui définit et énonce le génocide, les crimes contre
l’humanité, les crimes de guerre et les crimes d’agression, qui ont mené plus tard à la création de la CPI.
Sans les forces d’occupation d’Israël – commandées, dirigées et manipulées par les États-Unis – les États-Unis n’auraient pas accès au Moyen-Orient. Les
États-Unis sont ouvertement complices du génocide à Gaza et, pire encore, ils planifient intentionnellement le crime à exécuter par Israël. Fournir les moyens d’exécution ne relève
pas seulement de la complicité, mais de l’intention pure et préméditée, en pleine connaissance des conséquences de ce crime contre l’humanité.
L’article 6 du Statut de Rome stipule clairement que le génocide constitue :
«l’un ou l’autre
des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ainsi défini : Tuer des membres de ce groupe –
Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres de ce groupe – Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique
totale ou partielle – Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe – Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe».
La négation intentionnelle du crime de génocide par Israël par les États-Unis et la non-exigence par la CIJ d’un cessez-le-feu immédiat aux crimes de
guerre ne sont pas une surprise pour ceux qui se méfient du discours et de la psyché de l’Occident.
Que va-t-il donc se passer après cette déconvenue dans le système de la justice et de l’ordre mondial ?
Une affaire en
suspens
L’affaire Afrique du Sud contre Israël n’est pas close, et l’on s’attend donc à ce que d’autres audiences et d’autres témoignages suivent, avec d’autres
pays comme l’Algérie et le Nicaragua qui se sont associés à l’accusation. Qu’est-ce que cela signifie pour les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et tous les autres trouillards
occidentaux qui cherchent à rallier le camp obscur de l’assassinat d’enfants palestiniens ?
Le président Joe Biden – ou encore «Joe le
génocidaire» – est actuellement poursuivi en justice par le groupe palestinien de défense des droits de l’homme Al-Haq et
d’autres organismes de défense, y compris des groupes juifs, pour complicité dans la guerre génocidaire. Ce n’est qu’un nouvel œuf dans le panier des épreuves pour un président en
pleine déliquescence. L’Afrique du Sud ayant proclamé son intention de poursuivre les États-Unis en justice pour la même raison, une autre audience suivra sur la façon dont
le «pays de la
liberté et du mensonge» s’est entraîné dans une autre guerre, et une autre ombre noire sur son casier judiciaire.
Si Israël ne se conforme pas aux mesures d’urgence définies par la CIJ, les États-Unis s’enfonceront davantage dans l’abîme, prouvant ainsi qu’Israël se
croit au-dessus de la loi, et les valeurs de l’État de droit international basé sur les règles pâtiront de cette illusion de la «grâce» où elles ont longtemps été ancrées.
Compte tenu de la transformation de ce système en véritable monopole mafieux, une victoire de la plainte sud-africaine aurait pour conséquence de jeter
l’Amérique et l’image d’Israël aux oubliettes.
Cette affaire et son verdict préliminaire ne relèvent plus d’un jeu de connivence politique, mais d’un comportement mafieux – et la CIJ s’est exposée à
en faire partie.
Les poursuites contre les États-Unis sont depuis longtemps justifiées, car leurs crimes en Irak, en Afghanistan, au Yémen et en Libye ont été mis en
veilleuse pendant si longtemps que leur implication dans les crimes contre la Palestine a fait déborder le vase et a mis le feu à leurs propres fourneaux.
La décision d’hier montre qu’il y a encore du pain sur la planche, ce qui ne signifie pas qu’Israël est intouchable tant qu’il est sous la férule des
États-Unis. Israël n’a pas été à la hauteur des attentes de papa, et maintenant, non seulement le vieux «Murica» [Amérique, terme utilisé pour souligner les qualités
considérées comme stéréotypiquement américaines, telles que le matérialisme ou le patriotisme fervent] fait le ménage, mais il reste déterminé à opposer son veto et à nier
l’existence d’un crime parce que son rejeton incarnerait un «phare de la
démocratie», comme l’a déclaré l’ancien Premier ministre Naftali Bennett il y a deux ans à l’Assemblée générale de l’ONU.
Joe Biden n’est qu’un autre Dusko Tadic [criminel de guerre serbe de Bosnie], un criminel de guerre en attente d’un procès où s’empileront
d’innombrables chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, consolidant sa position dans les livres d’histoire pour que les générations futures oublient, tout en exhibant sans
vergogne le génocide et l’assassinat de sang-froid du rameau d’olivier et de ses gardiens.
Le 26 janvier, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu sa décision préliminaire dans l’affaire Afrique du Sud contre Israël,
concernant la violationpar
Israël de la Convention de 1951 pour la prévention et la répression du crime de génocide, à laquelle les deux pays ont souscrit.
Dans cet article, Nasser Kandil n’entre pas dans les détails, mais se contente d’expliquer en quoi cette décision est importante, en dépit
du fait que la Cour a refusé de mettre en œuvre la requête des juristes africains quant à la suspension immédiate des opérations militaires dans et contre Gaza.
Reste à espérer que le délai d’un mois accordé à Israël, pour présenter un rapport exposant ses actions de mise en application des mesures
conservatoires ordonnées par la Cour, n’allonge de manière encore plus dramatique la liste des familles palestiniennes entièrement effacées des registres d’état
civil…
Mouna
Alno-Nakhal
*
par Nasser
Kandil
Des analyses concernant la décision rendue par la Cour internationale de Justice (CIJ) ont rapidement émergé et répandu la frustration au
motif qu’elle n’incluait pas d’appel à un cessez-le-feu immédiat par l’armée d’occupation.
Bien entendu, l’absence de cet appel constitue une lacune par rapport à des décisions rendues dans des situations similaires par cette même
cour, dont l’ordonnance du 16 mars 2022, par laquelle la CIJ a estimé que la Fédération de Russie devait suspendre «immédiatement» les opérations militaires (commencées le
24 février 2022) sur le territoire de l’Ukraine ; d’autant plus que dans le cas des opérations militaires d’Israël à Gaza, le caractère génocidaire est
incomparablement plus puissant que dans le cas des opérations de la Russie en Ukraine.
En effet, selon les estimations internationales, le nombre de victimes civiles en Ukraine depuis février 2022 était voisin de dix mille,
alors qu’il y a eu plus de vingt-cinq mille victimes civiles à Gaza en cent jours, parmi lesquelles le nombre d’enfants est, en lui-même, un argument suffisant en faveur
du concept de génocide. Un argument auquel s’ajoutent l’état de siège, la famine, la destruction des habitations, le déplacement forcé de la population, en plus de
l’incitation au génocide par de hauts responsables du gouvernement et de l’armée d’Israël.
Ce précédent juridique russo-ukrainien a laissé penser que la CIJ pouvait inclure dans son ordonnance un appel à la cessation immédiate des
opérations guerrières, mais il semble qu’elle ait choisi le modèle adopté le 23 janvier 2020 dans le cadre de la requête de la Gambie contre le Myanmar. À l’époque elle
avait rendu une ordonnance qui n’incluait pas la cessation des hostilités, mais exigeait du Myanmar qu’il prenne des mesures pour prévenir le risque ou l’éventuelle
répétition d’un génocide contre la minorité musulmane des Rohingya.
Il n’en demeure pas moins que les approbateurs de la décision de la CIJ, notamment l’Afrique du Sud, soutiennent que la décision inclut
indirectement un appel à arrêter la guerre car la mise en œuvre des mesures conservatoires imposées à Israël passe obligatoirement par un cessez-le-feu. Par conséquent,
l’important est de savoir sous quel angle nous devons considérer la décision de la CIJ.
Devons-nous considérer que la CIJ aurait-dû décider d’arrêter la guerre criminelle contre Gaza, alors que nous savons que la mise en œuvre
d’une telle ordonnance nécessite une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, conformément au chapitre VII et des procédures qu’il contient en cas de non respect des
mesures contraignantes exigées ; des procédures allant de la prise de sanctions jusqu’aux actions militaires ? Ce qui ne risque pas d’arriver, compte tenu du veto des
États-Unis toujours prêt à protéger Israël. D’autant plus que dès le premier jour de la guerre, nous n’avons cessé d’entendre leurs justifications des crimes de l’armée
d’occupation israélienne, leur recours au veto pour empêcher un cessez-le-feu, leurs déclarations selon lesquelles le procès intenté contre le gouvernement israélien est
sans fondement, comme ce fut le cas du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, le jour même où l’Afrique du Sud a déposé la plainte devant la CIJ et avant même qu’il
n’examine le dossier.
Devons-nous considérer qu’il est inutile de recourir aux institutions internationales, à l’instar de ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi,
tiennent un discours émotionnel justifié par le délai d’un mois accordé à Israël pour présenter un rapport exposant ses actions de mise en application des mesures
provisoires ordonnées par la CIJ ? En d’autres termes, devons-nous tomber dans leur discours paradoxal qui veut que le recours aux institutions internationales soit
inutile et dangereux à la fois, puisque certains d’entre eux parlent de ce délai comme d’une conspiration visant à donner à l’armée d’occupation un mois pour achever son
génocide contre le peuple palestinien de Gaza ?
Au delà de ces considérations, nous, nous voyons la tribune de la CIJ sous l’angle d’une plate-forme permettant la poursuite de la bataille
du récit palestinien face au récit israélo-américain devant la plus haute autorité juridique internationale, dans le langage des faits, des documents, des preuves et des
arguments juridiques, afin de conforter l’opinion publique internationale qui juge que la Palestine, le peuple palestinien et sa résistance sont dans leur bon droit et que
l’entité occupante est criminelle. D’ailleurs, telle est la cause pour laquelle l’Afrique du Sud s’est portée volontaire.
En effet, le danger n’était pas que la CIJ n’ordonne pas un cessez-le-feu, mais plutôt qu’elle élude l’examen de l’affaire en raison d’un
manque de compétence comme, par exemple, dire que les preuves présentées par l’Afrique du Sud peuvent être classées comme des preuves possibles de crimes de guerre, non de
génocide. Auquel cas, il n’appartenait plus à la CIJ d’examiner la violation de la «Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide» pour laquelle la
plainte sud-africaine a été déposée.
Le fait que la CIJ ait accepté la plainte, que les preuves avancées par l’Afrique du Sud aient été considérées comme suffisantes pour
suspecter un risque de génocide, que le procès se soit ouvert sur cette base et que la demande israélienne de la considérer comme déplacée ait été rejetée signifie, en
pratique, que la plate-forme juridique dispose de munitions pour poursuivre l’entité occupante ainsi que ses représentants et mener la bataille médiatique, culturelle et
politique, commencée pendant les cent jours de guerre.
Et même si les mesures imposées à Israël pour prévenir les actes de génocide ne sont pas respectées, elles constituent néanmoins un scandale
qui s’ajoute aux scandales des États-Unis empêchant les institutions internationales de jouer leur rôle lorsqu’il s’agit des crimes de l’occupation israélienne ; ce
qui fait partie de la bataille politique, médiatique et culturelle.
C’est pourquoi la décision de la Cour doit être portée devant le Conseil de sécurité de l’ONU, non pas pour parier sur autre chose que la
résistance du peuple palestinien et la complémentarité entre les résistances régionales, mais pour maintenir le dynamisme du mouvement favorable à la cause palestinienne,
condamner les crimes d’Israël et de leurs alliés, au premier rang desquels figure l’administration américaine.
Ce que l’Afrique du Sud a entrepris est formidable et d’une grande importance. Elle mérite considération, honneur et respect. Quant à la
réponse de la CIJ, elle a montré que l’opinion publique mondiale a réussi à créer une sorte d’équilibre face à l’hégémonie américaine sur les institutions juridiques
internationales qu’elle exploite, afin de protéger les crimes, innocenter les criminels et limiter leur mission à poursuivre ceux que Washington souhaite
poursuivre.
source : Al-Binaa من أي
زاوية يجب النظر لقرار محكمة العدل الدولية؟
Le
quotidien britannique The Guardian a souligné, en fournissant une analyse, que la tentative du président américain, Joe Biden de protéger Israël des
critiques causées par les lourdes pertes civiles et les méthodes de guerre du régime à Gaza expose les États-Unis non seulement à une condamnation
internationale, mais aussi à une potentielle complicité dans des crimes de guerre.
Selon la publication, l’arrêt de la Cour internationale de Justice – la plus haute instance judiciaire des Nations unies – a été
une victoire pour les Palestiniens et pour le Sud en général, dans la mesure où Israël est pour la première fois tenu responsable de ses actions militaires, et
par l’un des tribunaux les plus importants du monde.
D’un autre côté, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres puissances occidentales, qui soutiennent inconditionnellement le
régime israélien depuis le lancement de son attaque contre Gaza, ne veulent pas être reconnus comme partisans du génocide dans les enceintes internationales,
ce qui incite ces puissances mondiales à faire pression sur les Israéliens pour un cessez-le-feu à Gaza.
The Guardian a ajouté : «Selon
un rapport de CNN, une évaluation des renseignements a révélé qu’environ la moitié des bombes utilisées par Israël contre Gaza depuis le 7 octobre étaient des
«bombes stupides», ou des munitions non guidées, qui ont un potentiel bien plus élevé de tuer des civils, en particulier dans une zone densément
peuplée comme Gaza».
En effet, le régime sioniste possède des «bombes intelligentes», mais ces munitions sont chères et il est plus difficile de les
sécuriser, donc l’armée de ce régime utilise des munitions américaines moins chères en stockant ses bombes intelligentes.
Selon l’article, le président américain Joe Biden, avec son soutien indéfectible au régime sioniste, n’a pas tenu sa
promesse électorale de placer les droits humains au centre de la politique étrangère américaine.
Un mois après son entrée à la Maison-Blanche en 2021, il avait déclaré : «Je
m’engage en faveur d’un monde dans lequel les droits de l’homme sont protégés, leurs défenseurs sont honorés et ceux qui commettent des violations des droits
de l’homme sont tenus responsables».
The Guardian a conclu : «Comme
les précédents présidents américains, dont George W. Bush et Barack Obama, qui ont mené ou soutenu des guerres étrangères tout en tenant un discours noble sur
le respect des droits de l’homme et de la démocratie, la façade de Biden s’est effondrée faute de son soutien à l’assaut brutal d’Israël sur Gaza. La guerre
israélienne a tué plus de 26 000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants».
Aucun juriste ne s’attendait à ce que la Cour internationale de Justice ordonne un cessez-le-feu général.
Le tribunal ne pouvait pas ordonner un cessez-le-feu général car sa compétence ne couvre qu’une seule des parties belligérantes. Un ordre de cessez-le-feu général
exigerait que toutes les parties à un conflit soient des États-nations et aient signé la Convention sur le génocide. Cependant, le Hamas n’est pas un État et n’est pas signataire de la Convention
sur le génocide et n’est donc pas sous la juridiction de la CIJ.
Le tribunal n’a donc effectivement pas ordonné un cessez-le-feu.
Ce n’était pas possible.
Mais le tribunal a ordonné à Israël de cesser le feu.
85. La Cour estime nécessaire de souligner que toutes les parties au conflit dans la bande de Gaza sont liées par le droit international humanitaire. Elle est
profondément préoccupée par le sort des otages enlevés lors de l’attaque en Israël du 7 octobre 2023 et détenus depuis par le Hamas et d’autres groupes armés, et appelle à leur libération
immédiate et inconditionnelle. 86. Pour ces raisons, LE TRIBUNAL, Indique les mesures provisoires suivantes : (1) Par quinze voix contre deux,
L’État d’Israël doit, conformément à ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, à l’égard des
Palestiniens de Gaza, prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la commission de tous les actes relevant du champ d’application de l’article II de la présente Convention,
notamment :
a) tuer des membres du groupe ;
(b) causer de graves dommages corporels ou mentaux aux membres du groupe ; …
Le tribunal ordonne clairement à Israël de prendre toutes (!) mesures pour empêcher que des Palestiniens ne soient tués ou blessés.
En bref : Le tribunal ordonne à Israël de cesser le feu.
Tous les tirs. Maintenant.
Les grands médias tentent de dissimuler cet ordre en faisant référence à un cessez-le-feu général qui devrait inclure un ordre à toutes les parties au
conflit.
Le fait que trois des principaux médias utilisent des titres similaires et une obscurcissement similaire du jugement réel indique une campagne de propagande
concertée et bien préparée avant l’ordre du tribunal aujourd’hui.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Cour internationale déclare qu’Israël a probablement commis un génocide
La Cour internationale de
Justice s’est prononcée aujourd’hui en faveur de la REQUÊTE sud-africaine INSTITUANT UNE PROCÉDURE contre Israël.
Pepe Escobar livre
le premier résumé de l’ordre verbal (l’écrit suivra plus tard) :
Points forts:
« L’opération militaire menée par Israël à Gaza a entraîné un nombre incalculable de morts et de blessés, détruit d’importantes infrastructures et logements,
provoqué une malnutrition massive, effondré le système de santé et déplacé la majorité de ses habitants. Cette guerre a affecté l’ensemble de la population de Gaza et aura des conséquences à
long terme. Le tribunal a pris note du langage déshumanisant tenu par de hauts responsables du gouvernement israélien.
La CIJ accepte la demande sud-africaine de mesures provisoires urgentes pour la protection des Palestiniens de Gaza contre Israël et RECOMMANDE ce qui
suit :
Israël doit prendre toutes les mesures pour empêcher les actions génocidaires ; Israël doit veiller à ce que ses forces militaires ne commettent pas d’actions
génocidaires ; Israël doit punir l’incitation au génocide ; Israël doit donner accès à l’aide essentielle ; Israël doit préserver les preuves de ses actions ; Israël doit fournir un rapport
sur ses actions.
La décision de la CIJ est CONTRAIGNANTE.
Pourtant, même si la CIJ décide qu’Israël doit prendre toutes les mesures pour éviter les morts et les blessés et pourvoir à l’ensemble des besoins humanitaires
des Palestiniens (y compris l’accès à la nourriture, aux médicaments, aux infrastructures, etc.), que se passera-t-il si Tel Aviv ignore simplement la décision ?
Israël doit déposer un rapport sur les mesures correctives dans un délai d’un mois après la décision. Tous les paris sont ouverts pour savoir si les praticiens
de la psychopathologie biblique s’y conformeront.
En acceptant la requête et en ordonnant à Israël de cesser certaines pratiques, la Cour semble affirmer qu’Israël a effectivement commis des actes de
génocide.
Comme le remarque Heidi Matthew, professeur adjoint de droit à Harvard :
L’ordonnance écrite et les opinions séparées de la CIJ seront publiées prochainement. Mais ma première réaction est que c’est une grande victoire pour les
défenseurs palestiniens. Certains seront déçus que la Cour n’ait pas ordonné un cessez-le-feu. Mais…
… le fait que la Cour ait ordonné les mesures qu’elle a prises, notamment enjoignant à Israël de ne pas commettre ou inciter au génocide, indique qu’elle a conclu
qu’il est (a) plausible que les Palestiniens de
Gaza réclament une protection contre le génocide, et (b) que le besoin de protection est urgent.
Je pense que nous pouvons en déduire qu’il existe *au minimum* un risque sérieux qu’Israël soit en train de commettre un génocide. Ceci est important car cela
met *tous les États* en présence d’un risque grave
de génocide, ce qui oblige les États à prendre des mesures concrètes pour prévenir le génocide.
Entre autres choses, cela signifie que pour que les États puissent remplir leurs obligations internationales en vertu de la Convention sur le génocide, ils doivent
*faire quelque chose*. Par exemple, les États qui
exportent des armes ou des technologies militaires vers Israël doivent cesser.
Pour faire court : cette ordonnance relative à des mesures provisoires aura un impact important et immédiat sur la manière dont les États sont tenus d’agir en vertu
du droit international. Cela modifiera également radicalement le débat mondial sur ce qui se passe à Gaza.
Autre point connexe : je dois lire les opinions individuelles, mais mon intuition est que c’est une victoire massive que le juge ad hoc israélien Barak se soit
rangé du côté de la majorité en ordonnant bon nombre de mesures provisoires. Il a peut-être jugé son propre héritage plus important que celui de Netanyahu.
C’est une petite victoire pour Gaza et une grande victoire pour l’humanité.
PS : enregistrement en direct par AlJazeerah de la décision intérimaire de la CIJ dans
l’affaire de génocide contre Israël (vidéo)
PSS : Via commentaires : L’ordonnance écrite de la CIJ (pdf), 26 janvier 2024
J’ai maintenant écouté la décision verbale de la CIJ et j’ai lu la CONCLUSION ET LES MESURES À ADOPTER (75ff) de la Cour et son ordonnance écrite (toutes deux liées
ci-dessus). Les véritables ordonnances contraignantes qui constituent désormais le droit international suivent aux articles 86 et suivants de l’ordonnance.
La Cour a presque unanimement ORDONNÉ à l’État d’Israël de :
prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d’application de l’article II de la présente
Convention, notamment
garantir avec effet immédiat que ses militaires ne commettent aucun des actes décrits au point 1 ci-dessus
prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe
palestinien dans la bande de Gaza
prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture d’urgence des services de base et de l’aide humanitaire nécessaires pour remédier aux
conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens dans la bande de Gaza
prendre des mesures efficaces pour empêcher la destruction et assurer la préservation des preuves liées aux allégations d’actes relevant du champ d’application
des articles II et III de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide contre des membres du groupe palestinien dans la bande de Gaza
soumettre un rapport à la Cour sur toutes les mesures prises pour donner effet à la présente ordonnance dans un délai d’un mois à compter de la date de la
présente ordonnance.
C’est une immense victoire pour l’Afrique du Sud, Gaza et toute l’humanité.
Tous les ordres ont 15 contre 2 ou 16 contre 1 juges qui les soutiennent/s’opposent.
La seule à s’écarter complètement de l’avis de la Cour est la juge ougandaise Julia Sebutine (on se demande ce que les différents services américains possèdent contre elle). Même le juge ad hoc Barak d’Israël était d’accord avec les parties 3 et 4 de
l’ordonnance du tribunal.
Les arguments en faveur des opinions divergentes seront publiés ultérieurement.
Cet ordre marque la fin de l’impunité d’Israël. C’est aussi la fin de l’impunité des partisans d’Israël. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres
peuvent désormais être accusés et punis pour complicité de génocide (Article III de la Convention sur le génocide) s’ils ne s’abstiennent pas immédiatement de fournir à Israël les moyens (armes, munitions, argent) pour commettre davantage de génocide.
Encore une fois, c’est une petite victoire pour Gaza mais une grande victoire pour l’humanité.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Israël accusé d’ «intention génocidaire» à Gaza par l’Afrique du Sud devant la Cour Internationale de Justice
15 juges, la Présidente, le vice-Président et le greffier de la Cour Internationale de Justice (CIJ) de la Haye aux Pays-Bas ont écouté le 11 janvier
2024, l’Afrique du Sud accusant Israël de génocide et de non prévention de génocide des Palestiniens, dans la bande de Gaza. L’Afrique du Sud a aussi «pri[é]
respectueusement la Cour d’indiquer de toute urgence […] [d]es mesures conservatoires […telle la] suspen[sion] immédiate [de] ses opérations militaires à et contre Gaza», en bref
elle a demandé un cessez-le-feu à Gaza.1
Lors d’une accusation de génocide «l’intention est
l’élément le plus difficile à établir», écrit l’ONU.2
Quels arguments visant à prouver cette «intention»
de génocide par Israël à Gaza ont été énoncés par les Sud-africains lors de l’audience publique du 11 janvier 2024 devant la CIJ ?
Lors de cette audience, après les propos liminaires, il y a eu six plaidoiries portant sur différents aspects de l’accusation sud-africaine tels
«l’argument de
l’urgence et du préjudice irréparable potentiel», la compétence de l’Afrique du Sud à déposer sa requête, etc.3
Lors de la seconde plaidoirie, les arguments concernant «l‘intention
génocidaire» d’Israël ont été présentés à la CIJ, ce 11 janvier, par Maître Tembeka Ngcukaitobi, avocat à la Haute Cour d’Afrique du Sud.
Il est possible de les écouter en écoutant la vidéo de cette journée du procès sur le site Youtube de l’ONU https://www.youtube.com/watch?v=0Q_zTb9dfGU de
la minute 50:12 à la minute 1:16:27.
Ces arguments se retrouvent dans le verbatim de la CIJ, c’est-à-dire un compte rendu reproduisant intégralement les propos énoncés lors de cette
audience devant la CIJ. Cette plaidoirie de Maître Tembeka Ngcukaitobi sur «l’intention
génocidaire » d’Israël à Gaza se trouve de la page 31 à la page 42:
1. Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres de la Cour, c’est un privilège de comparaître devant la Cour au nom de l’Afrique du Sud. Je
parlerai de l’intention génocidaire d’Israël.
2. A ce stade, la Cour n’est pas tenue de déterminer que la seule conclusion à tirer des éléments de preuve disponibles est l’intention génocidaire, ni
d’ordonner des mesures conservatoires, car cela revient à statuer sur le fond. L’appréciation de l’existence d’une intention de destruction «ne pourrait être faite par la Cour qu’au
stade de l’examen du fond». Le fait que certains des actes allégués puissent également constituer des atrocités autres qu’un génocide n’exclut pas la constatation d’actes plausibles
de génocide.
3. Madame la Présidente, l’Afrique du
Sud n’est pas la seule à attirer l’attention sur la rhétorique génocidaire d’Israël à l’encontre des Palestiniens de Gaza. Quinze rapporteurs spéciaux des Nations unies et 21 membres
des groupes de travail des Nations unies ont averti que ce qui se passe à Gaza reflète «un génocide en gestation» et une intention manifeste de «détruire le peuple palestinien sous
occupation».
L’intention à partir du
comportement
4. Israël a une intention génocidaire à l’encontre des Palestiniens de Gaza.
5. Cela ressort clairement de la manière dont l’attaque militaire d’Israël est
menée, qui a été décrite par Mme Hassim, SC. Elle est
systématique dans son caractère et sa forme : le déplacement massif de la
population de Gaza, regroupée dans des zones où elle continue d’être tuée et la création délibérée de conditions qui «conduisent à une
mort lente».
6. Il y a aussi le schéma de
comportement clair : le ciblage des maisons familiales et des infrastructures civiles, la destruction de vastes zones de Gaza, le bombardement, le pilonnage et le
sniping d’hommes, de femmes et d’enfants là où ils se trouvent, la destruction des infrastructures de santé et le manque d’accès à l’aide humanitaire, à tel point qu’aujourd’hui, 1%
de la population palestinienne de Gaza a été systématiquement décimée et qu’un habitant de Gaza sur 40 a été blessé depuis le 7 octobre. Ces deux éléments sont à eux seuls de nature à
démontrer l’intention génocidaire d’Israël à l’égard de tout ou partie de la population palestinienne de Gaza.
7. Cependant, troisièmement, il existe une caractéristique
extraordinaire dans cette affaire : les dirigeants politiques, les commandants militaires et les personnes occupant des postes officiels d’Israël ont systématiquement et explicitement
déclaré leur intention génocidaire ; et ces déclarations sont ensuite répétées par les soldats sur le terrain à Gaza lorsqu’ils se livrent à la destruction des
Palestiniens et de l’infrastructure physique de Gaza.
8. Ce troisième élément est présenté ci-après.
Intention découlant du discours
génocidaire des dirigeants et des responsablesmilitaires
9. L’intention génocidaire
particulière d’Israël est ancrée dans la conviction que l’«ennemi» n’est pas seulement l’aile militaire du Hamas, ni même le Hamas en général, mais
qu’il est ancré
dans le tissu de la vie palestinienne à Gaza.
10. Le 7 octobre, dans une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré la guerre à Gaza, Israël a commencé à
«nettoyer les
communautés qui ont été infiltrées par des terroristes» et il a averti que l’ennemi devrait payer un «prix sans précédent».
11. Il y a plus de 2,3 millions de Palestiniens à Gaza. Israël est la puissance occupante,
qui contrôle Gaza ; il contrôle les entrées, les sorties et les mouvements internes à Gaza79. En tant que Premier ministre, M.
Netanyahou exerce un commandement général sur les forces de défense israéliennes et, par voie de conséquence, sur les Palestiniens de Gaza.
12. Le Premier ministre Netanyahou, dans son discours aux forces israéliennes le 28 octobre 2023 – préparant l’invasion de Gaza – a exhorté les soldats
à «se
souvenir de ce qu’Amalek vous a fait». Cela fait référence à l’ordre biblique donné par Dieu à Saül de détruire en représailles un groupe entier de personnes connues sous le nom
d’Amalécites : «Mettez à mort les
hommes et les femmes, les enfants et les nourrissons, le bétail et les moutons, les chameaux et les ânes». L’invocation génocidaire à
Amalek est loin d’être anodine. Elle a été répétée par M. Netanyahou
dans une lettre adressée aux forces armées israéliennes le 3 novembre 2023. Madame la Présidente, laissons les mots du Premier ministre parler d’eux-mêmes.
13. Le vice-président de la Knesset,
le Parlement israélien, a appelé à l’effacement de la bande de Gaza de la surface de la terre.
14. Les forces de défense sont d’accord. Le 9 octobre, le ministre de la défense Yoav
Gallant a fait un «point de situation» à l’armée, dans lequel il a déclaré qu’Israël «imposait un siège
complet à Gaza», «il n’y aurait pas
d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant». «Tout serait
fermé», car Israël «combat des
animaux humains». S’adressant aux troupes à la
frontière de Gaza, il leur a dit qu’il avait «relâché toutes
les contraintes» et que «Gaza ne
redeviendra pas ce qu’elle était avant. Nous allons tout
éliminer […] nous atteindrons tous les endroits». Atteindre tous les endroits. Sans aucune contrainte.
15. Le thème de la destruction des
«animaux humains» a été réitéré par un coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) de l’armée israélienne le 9 octobre 2023 qui, dans un
discours adressé au «Hamas et aux résidents de Gaza», a déclaré que le Hamas était devenu ISIS et que «les citoyens de Gaza se réjouissent au lieu d’être horrifiés».
Il a conclu que
«les
animaux humains sont traités en conséquence», «Israël a imposé
un blocus total à Gaza, pas d’électricité, pas d’eau, que des dégâts. Vous vouliez l’enfer, vous l’aurez». Le langage de la déshumanisation
systématique est évident ici : «animaux humains». Le Hamas et les civils sont condamnés.
16. Au sein du cabinet israélien, ce point de vue est également largement répandu. Le ministre de l’énergie et des
infrastructures, Israël Katz, a appelé à refuser l’eau et le carburant car «c’est ce qui
arrivera à un peuple d’enfants tueurs et massacreurs». Il n’y a pas d’ambiguïté : il s’agit de créer les conditions
de la mort du peuple palestinien à Gaza. Mourir lentement de faim et de déshydratation ou mourir rapidement d’un attentat à la bombe ou d’un tir de snipers. Mais mourir quand
même. En fait, le ministre du patrimoine, Amichai Eliyahu, a déclaré qu’Israël «doit trouver pour les habitants de Gaza des moyens plus douloureux que la
mort». Ce n’est
pas une réponse que de dire que ni l’un ni l’autre ne sont à la tête de l’armée. Ils sont ministres du gouvernement israélien ; ils votent à la Knesset et
sont en mesure
de façonner la politique de l’État.
17. L’intention de détruire Gaza a été nourrie au plus haut niveau de l’État, le président Isaac Herzog ayant
rejoint les rangs de ceux qui signent les bombes destinées à Gaza, après avoir fait remarquer que toute la population de Gaza était responsable et que «cette rhétorique
selon laquelle les civils ne sont pas au courant, ne sont pas impliqués, est absolument fausse […] nous nous battrons jusqu’à ce que nous leur brisions l’épine dorsale».
Les tentatives ultérieures du président et d’autres personnes pour neutraliser ce discours n’ont pas
altéré la portée de ses paroles, qui visaient à rendre tous les
Palestiniens responsables des actions du Hamas. De même, comme je le montrerai plus loin, cela n’a pas affecté la manière dont la politique de l’État est comprise au sein du
gouvernement.
18. Le ministre de la sécurité nationale a répété les déclarations du président selon lesquelles le Hamas et les civils sont responsables au même titre.
Le 10 novembre 2023, lors d’une interview télévisée, il a déclaré que «lorsque nous
disons que le Hamas doit être détruit, cela signifie également que ceux qui célèbrent, ceux qui soutiennent et ceux qui distribuent des bonbons sont tous des terroristes et
qu’ils doivent également être détruits».
19. Il s’agit d’ordres de destruction. Et de mutiler ce qui ne peut être détruit. Ces déclarations ne peuvent faire l’objet d’interprétations neutres,
ni de rationalisations et de réinterprétations a
posteriori par Israël. Ces déclarations ont été faites
par des personnes en charge du commandement de l’État. Elles ont communiqué la politique de l’État. C’est simple. Si les déclarations n’étaient pas intentionnelles,
elles n’auraient pas été faites.
Intention des discours
génocidaires des soldats
20. L’intention génocidaire qui sous-tend ces déclarations n’est pas ambiguë pour les soldats israéliens sur le terrain. En effet, elle oriente leurs
actions et leurs objectifs.
21. Le 7 décembre 2023, les soldats israéliens ont prouvé qu’ils considéraient le message du Premier ministre «souvenez-vous de
ce que l’Amalek vous a fait» comme génocidaire. Ils ont été enregistrés par des journalistes en train de danser et de chanter : «Nous connaissons
notre devise : il n’y a pas d’innocents...» ; qu’ils obéissent à un seul commandement, «effacer la
semence d’Amalek». L’invocation d’«Amalek» par le Premier ministre est utilisée par les soldats pour justifier le meurtre de civils, y compris d’enfants. Ce sont les soldats qui
répètent les paroles incitatives de leur Premier ministre.
22. Des soldats israéliens à Gaza ont
été filmés en train de danser, de scander et de chanter en novembre : «Que leur village
brûle ; que Gaza soit effacée». Les soldats ont désormais tendance à se filmer en train de commettre des atrocités contre des civils à Gaza, dans une forme de vidéo
«snuff». L’un d’entre eux s’est enregistré en train de faire exploser plus de 50 maisons à Shujaiya ; d’autres soldats ont été enregistrés en train de chanter : «Nous détruirons
tout Khan Younes et cette maison» ; «nous la ferons
exploser pour vous et pour tout ce que vous faites pour nous». Ce sont les soldats qui mettent en œuvre leur commandement.
23. Les commandants de l’armée sont également du même avis. Le commandant de l’armée israélienne, Yair Ben David, a déclaré que l’armée avait fait à
«Beit
Hanoun ce que Shimon et Levi ont fait à Naplouse» et que «toute la bande de
Gaza devrait ressembler à Beit Hanoun».
24. Le soldat israélien Yishai Shalev a publié une vidéo sur fond de ruines de ce qui était le site de l’université Al Azhar avec la légende «il était une fois
une université à Gaza et en pratique une école pour meurtriers et animaux humains».
25. Les soldats pensent manifestement que ce langage et leurs actions sont acceptables parce que la destruction de la vie palestinienne à Gaza fait
partie de la politique de l’État.
26. De hauts responsables politiques
et militaires ont encouragé sans censure le réserviste de l’armée israélienne Ezra Yachin, 95 ans, vétéran du massacre de Deir Yassin contre les Palestiniens en 1948, à s’adresser aux
soldats avant l’invasion terrestre de Gaza. Au cours de sa tournée, il a exprimé le même sentiment alors qu’il était conduit dans un véhicule officiel de l’armée israélienne,
habillé en treillis de l’armée israélienne :
«Soyez triomphants
et achevez-les, et ne laissez personne derrière vous. Effacez leur mémoire. Effacez-les, leurs familles, leurs mères et leurs enfants. Ces animaux ne peuvent plus vivre… Si vous avez
un voisin arabe, n’attendez pas, allez chez lui et tirez sur lui…. Nous voulons envahir, pas comme avant, nous voulons entrer et détruire ce qui est devant nous, et détruire les
maisons, puis détruire celle d’après. Avec toutes nos forces, une destruction complète, entrer et détruire. Comme vous pouvez le voir, nous assisterons à des choses dont nous n’avons
jamais rêvé. Qu’ils lâchent des bombes sur eux et qu’ils les effacent».
27. Pas plus tard que le 7 janvier 2024, une vidéo d’un
soldat a été mise en ligne, dans laquelle il se vante que
l’armée a détruit tout le village de Hirbet Ahza. Pendant deux semaines, dit-il, ils ont travaillé dur pour
bombarder le village et exécuter leur mandat.
28. Toute suggestion selon laquelle de hauts responsables politiques ne pensaient pas ce qu’ils disaient, et encore moins que le sens n’était pas
compris par les soldats à Gaza, est une erreur.
L’ampleur de la destruction de Gaza, le ciblage massif de maisons familiales et de civils, la guerre étant «une guerre contre
les enfants», montrent clairement que l’intention génocidaire est à la fois comprise et mise en pratique.
29. L’intention exprimée est la destruction de la vie palestinienne dans toutes ses manifestations.
Intention découlant de
l’incitation publique au génocide
30. La rhétorique génocidaire est
également courante au sein de la Knesset israélienne.Les membres de la Knesset (MK) ont
à plusieurs reprises demandé que Gaza soit «anéantie» , «aplatie» , «éradiquée» et «écrasée»… sur tous ses habitants» . Ils ont déploré que quiconque se
sente «désolé» pour les habitants de Gaza «non impliqués», affirmant à plusieurs reprises qu’«il n’y a pas de
personnes non impliquées», qu’«il n’y a pas
d’innocents à Gaza», que «les tueurs de
femmes et d’enfants ne devraient pas être séparés des citoyens de Gaza», que «les enfants de
Gaza se sont attiré cette situation», et qu’«il ne devrait y
avoir qu’une seule peine pour tout le monde là-bas – la mort». Enfin, les législateurs ont appelé à des bombardements «impitoyables» «depuis les airs» , certains
préconisant l’utilisation d’armes nucléaires («apocalyptiques») , et une «Nakba qui
éclipsera la Nakba de 48».
31. Le discours génocidaire du Premier
ministre a gagné du terrain parmi certains éléments de la société civile. Un chanteur célèbre a repris la référence à Amalek de M. Netanyahou, déclarant que «Gaza doit être
anéantie et détruite avec chaque graine d’Amalek […] nous devons simplement détruire tout Gaza et exterminer tous ceux qui s’y trouvent» ; un autre a appelé à «effacer Gaza, ne
pas y laisser une seule personne». Des journalistes et des commentateurs ont annoncé que «la femme est un
ennemi, le bébé est un ennemi […] la femme enceinte est un ennemi» ; qu’il faut «transformer la
bande en un abattoir», «démolir chaque
maison que nos soldats rencontrent». Exterminer tout le monde.
32. L’omission intentionnelle du
gouvernement d’Israël de condamner, de prévenir et de punir une telle incitation au génocide constitue en soi une grave violation de la Convention sur le
génocide. Il convient de rappeler, Madame la
Présidente, qu’à l’article premier de la Convention, Israël a confirmé que «le
génocide, qu’il soit
commis en temps de paix ou en temps de guerre, est un crime du droit
international» et qu’il s’est engagé «à le
prévenir et à le punir» en tant que tel. L’incapacité du gouvernement à
prévenir, condamner et punir de tels discours a servi à normaliser la rhétorique génocidaire et le danger extrême pour les Palestiniens au sein de la société
israélienne. Comme l’a déclaré le député Moshe Saada, du parti Likoud, les avocats du gouvernement partagent son point de vue selon lequel les Palestiniens de Gaza
doivent être détruits : «Vous allez
n’importe où, et ils vous disent de les détruire. Dans les kibboutz, ils vous disent de les détruire, mes amis du bureau du procureur général qui se sont battus avec moi sur des
questions politiques, dans des débats, m’ont dit … il est clair que nous devons détruire tous les habitants de Gaza». Détruire tous les habitants de Gaza.
Connaissance de la
destruction
33. Israël est conscient de la destruction de la vie et des infrastructures palestiniennes. Malgré cette connaissance, il a maintenu et même intensifié
son activité militaire à Gaza.
34. En ce qui concerne la pleine
conscience, dans la semaine qui a suivi le 7 octobre, les organisations non gouvernementales et les Nations Unies ont mis en garde contre une crise humanitaire «sans précédent» à
Gaza. Les Nations Unies ont déclaré que «les acteurs
doivent permettre aux équipes et aux biens humanitaires d’atteindre immédiatement et en toute sécurité les centaines de milliers de personnes dans le besoin». Dès le début, Israël savait donc
qu’il privait la population d’eau, de nourriture, d’électricité et des éléments essentiels à sa survie. Il l’a dit : «Il savait qu’il
privait les Palestiniens de soins de santé et de traitement des blessures au milieu d’un bombardement sans précédent, de nourriture et d’eau, et d’autres éléments essentiels à la
survie». C’est ce qui a amené l’OMS à déclarer : «Nous sommes à
genoux pour demander de l’aide» : «Nous sommes à
genoux pour demander des opérations humanitaires soutenues, renforcées et protégées», appelant «tous ceux qui
sont en situation de prendre une décision ou d’influencer les décideurs, à nous donner l’espace humanitaire nécessaire pour faire face à cette catastrophe humaine».
35. Malgré ces connaissances, Israël
continue de cibler les infrastructures essentielles à la survie : les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, les panneaux solaires, les
boulangeries, les moulins, les cultures. Il bombarde les hôpitaux, décimant le système de santé. Il prend pour cible les travailleurs humanitaires et les infrastructures des Nations
Unies. C’est à cause de la politique d’Israël que Gaza est devenue un lieu de «mort et de
désespoir».
Conclusion
36. En conclusion, Madame la Présidente, de nombreux propagateurs de graves atrocités ont protesté qu’ils avaient été mal compris, qu’ils ne pensaient
pas ce qu’ils disaient et que leurs propres mots avaient été sortis de leur contexte. Quel État admettrait une intention génocidaire ? Pourtant, le trait distinctif de cette
affaire n’a pas été le silence en tant que tel, mais la réitération et la répétition du discours génocidaire dans toutes les sphères de l’État d’Israël.
37. Nous rappelons à la Cour
l’identité et l’autorité des incitateurs au génocide : le Premier ministre, le Président, le ministre de la Défense, le ministre de la Sécurité nationale, le ministre de l’Énergie et
des Infrastructures, les membres de la Knesset, les hauts responsables de l’armée et les fantassins. Les propos génocidaires ne sont donc pas marginaux, ils s’inscrivent
dans la politique de l’État.
38. L’intention de détruire est clairement comprise par les soldats sur le terrain. Elle est également parfaitement comprise par certains membres de la
société israélienne, le gouvernement étant critiqué pour avoir autorisé toute aide à Gaza, au motif qu’il revient sur sa «promesse» d’affamer les Palestiniens. Toute suggestion selon
laquelle les responsables israéliens ne pensaient pas ce qu’ils disaient, ou n’étaient pas pleinement compris – par les soldats comme par les civils – comme voulant dire ce qu’ils
disaient, doit être rejetée par la Cour. Les preuves de l’intention génocidaire ne sont pas seulement effrayantes, elles sont aussi accablantes et incontestables. 39. Madame la
Présidente, j’ai maintenant l’honneur de vous demander de donner la parole à M. John Dugard sur la question de la compétence.»
*
Annexe: Informations
complémentaires concernant ce procès
-Dans la requête sud-africaine de 84 pages sourcées, déposée le 29 décembre 2023 à la CiJ, les arguments sud-africains concernant l’«intention
génocidaire» du peuple Palestinien par Israël à Gaza se trouvent de la page 59 à page 67: