Le Monde diplomatique a raison : le Kosovo constitue bien le plus gros bobard de la fin du XXe siècle

...par Nikola Mirkovic - Le 06/04/2019.

Dans un excellent article de Serge Halimi et Pierre Rimbert, Le Monde diplomatique confirme que la guerre de l’OTAN, pour soi-disant libérer les Albanais du Kosovo du régime tyrannique de Slobodan Milošević, constitue bel et bien « le plus gros bobard du XXe siècle ». On n’avait pas besoin de le lire pour le croire, mais ça fait du bien de le lire quand même. Le mythe officiel autour du Kosovo est, littéralement, en train d’imploser. Non, il n’y a pas eu de génocide.L’article rappelle que le ministre de la Défense allemand, Rudolf Scharping, avait dit sur TF1, le 20 avril 1999, que les Serbesavaient « tué de 100.000 à 500.000 personnes ». Pourtant, avant les bombardements de l’OTAN, on décomptait 2.000 morts… Serbes et Albanais confondus.

 

Non, l’opération Fer à cheval, censée purifier la région de toute présence albanaise, n’a jamais existé. C’est une invention ourdie par les renseignements allemands pour discréditer Belgrade. Tous les médias dominants s’en sont fait l’écho pour accuser les Serbes, mais la vérité est que ce plan n’a jamais existé.

Le Monde diplomatique a tout à fait raison de souligner que : « […] les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés » et d’épingler tout particulièrement le « quotidien de référence », Le Monde, dirigé à l’époque par Edwy Plenel, qui n’a cessé de mentir dans ses colonnes au sujet de la Serbie, des Serbes et de la réalité du Kosovo. Le Monde était le porte-voix de l’OTAN, qui voulait une guerre totale pour démanteler la Yougoslavie et annihiler la petite Serbie, pourtant alliée historique de la France. Quand on pense qu’au début des années 1980, ce même quotidien défendait la cause des Serbes victimes de l’ostracisme des Albanais au Kosovo…

Le Monde diplomatique a également raison de rappeler que la guerre du Kosovo a été menée sans mandat de l’ONU. Elle était illégale et a servi de précédent pour d’autres guerres de l’OTAN ailleurs dans le monde.

Pour finir, Halimi et Rimbert ont raison de rappeler que la guerre du Kosovo a été « conduite par une majorité de gouvernements “de gauche”, et appuyée par la plupart des partis conservateurs », soulignant l’alignement atlantiste de nos dirigeants qui font semblant de se battre sur les plateaux télévisés mais qui s’agenouillent tous devant Washington une fois élus.

Le Monde diplomatique oublie juste une conclusion évidente qui s’impose à la lecture de ces événements : aucun des crimes commis par l’OTAN en Serbie n’a été jugé et très peu de politiciens et de journalistes de l’époque ont osé avouer qu’ils nous avaient menti au sujet du Kosovo. Cela en dit long sur la justice internationale et la déontologie de nombreux journalistes.

Les « fake news » d’État sont bien les pires, mais on n’est pas près d’y mettre fin tant que les criminels qui les propagent ne sont pas arrêtés, jugés et mis hors d’état de nuire.

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/le-monde-diplomatique-a-raison-le-kosovo-constitue-bien-le-plus-gros-bobard-de-la-fin-du-xxe-siecle/

 


SERBIE : 20 ans après...

...par Patrice Gibertie - Le 08/04/2019.

il y a 20 ans, piégés par un grand bobard monté par l’Allemagne et les media nous sommes allés bombarder la Serbie… La nouvelle guerre froide en Europe pouvait commencer

Plenel_avec_Alain_Minc_et_Jean_Marie_Colombani_Campus_6_mars_2003-d070c.jpgc’était il y a 20ans , je m’insurgeais alors contre l’intervention de l’Otan contre la Serbie et en faveur  del’UCK une bande de maffieux islamistes  qui entendaient provoquer l’indépendance de la province du Kosovo

Les Serbes commettent un « génocide », « jouent au football avec des têtes coupées, dépècent des cadavres, arrachent les fœtus des femmes enceintes tuées et les font griller », prétendit le ministre de la défense allemand, le social-démocrate Rudolf Scharping, dont les propos furent repris par les médias ; ils ont tué « de 100 000 à 500 000 personnes » (TF1, 20 avril 1999), incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » 

Une à une, ces fausses informations seront taillées en pièces — mais après la fin du conflit —, notamment par l’enquête du journaliste américain Daniel Pearl (The Wall Street Journal, 31 décembre 1999). Tout comme se dégonflera l’une des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siècle : le plan Potkova (« fer à cheval »), un document censé prouver que les Serbes avaient programmé l’« épuration ethnique »du Kosovo. Sa diffusion par l’Allemagne, en avril 1999, servit de prétexte à l’intensification des bombardements. Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés .

Parmi eux, Le Monde, un quotidien dont les prises de position éditoriales servent alors de référence au reste de la galaxie médiatique française. Sa rédaction, dirigée par Edwy Plenel, admet avoir « fait le choix de l’intervention   ». En première page de l’édition du 8 avril 1999, un article de Daniel Vernet annonce : « Ce plan “Fer à cheval” qui programmait la déportation des Kosovars ». Le journaliste reprend les informations dévoilées la veille par le ministre des affaires étrangères allemand, l’écologiste Joschka Fischer. Ce « plan du gouvernement de Belgrade détaillant la politique de nettoyage ethnique appliquée au Kosovo (…) porte le nom de code de plan “Fer à cheval”

Plenel une fois de plus trompait ses lecteurs. La presse française n’a jamais fait son mea culpa à l’exception du Monde Diplomatique ;

https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/HALIMI/59723

Deux jours plus tard, le quotidien récidive sur toute la largeur de sa « une » : « Comment [Slobodan] Milošević a préparé l’épuration ethnique ». « Le plan serbe “Potkova” programmait l’exode forcé des Kosovars dès octobre 1998. Il a continué d’être appliqué pendant les négociations de Rambouillet. » Le Monde évoque un « document d’origine militaire serbe » et reprend à nouveau les allégations des officiels allemands, au point de reproduire l’intégralité d’une note de synthèse — ce qu’on appellerait aujourd’hui les « éléments de langage » — distribuée aux journalistes par l’inspecteur général de l’armée allemande. Berlin entend alors justifier auprès d’une opinion plutôt pacifiste la première guerre menée par la Bundeswehr depuis 1945, de surcroît contre un pays occupé cinquante ans plus tôt par la Wehrmacht.

Or ce plan est un faux : il n’émane pas des autorités serbes, mais a été fabriqué à partir d’éléments compilés par les services secrets bulgares, puis transmis aux Allemands par ce pays, qui fait alors du zèle pour rentrer dans l’OTAN. Le pot aux roses sera révélé le 10 janvier 2000 par l’hebdomadaire Der Spiegel et confirmé douze ans plus tard par l’ancienne ministre des affaires étrangères bulgare. A posteriori, le document aurait dû inspirer d’autant plus de méfiance que « fer à cheval » se dit potkovica en serbe, et non potkova, ainsi que le remarqua dès le 15 avril 1999 le député allemand Gregor Gysi devant le Bundestag. En mars 2000, le général de brigade allemand Heinz Loquai exprime dans un livre ses « doutes sur l’existence d’un tel document » ; son enquête oblige M. Scharping à admettre qu’il ne dispose pas d’une copie du « plan » original. Au même moment, le porte-parole du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qualifie les éléments du prétendu plan de « matériel peu probant » (Hamburger Abendblatt,24 mars 2000) ; et la procureure Carla Del Ponte n’y fera même pas référence dans l’acte d’accusation de Milošević en 1999 puis en 2001.

« La guerre, avait expliqué Plenel peu après le début des bombardements, c’est le défi le plus fou pour le journalisme. C’est là qu’il prouve ou non sa crédibilité, sa fiabilité   » L’investigateur n’est jamais revenu sur ce grand écart avec « l’amour des petits faits vrais » qu’il proclame dans son livre pamphlet en faveur de l’intervention de l’OTAN Le Monde évoquera à nouveau le faux, mais comme s’il l’avait toujours considéré avec prudence : « “Fer à cheval” reste un document fort controversé, dont la validité n’a jamais été prouvée » (16 février 2002). Spécialistes des Balkans, les journalistes Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin qualifient pour leur part le plan Potkova d’« archétype des fake news diffusées par les armées occidentales, repris par tous les grands journaux européens 

Dirigée sur le plan militaire par le général américain Wesley Clark (futur candidat à l’investiture démocrate en 2004) et le socialiste espagnol Javier Solana, secrétaire général de l’OTAN, la campagne fut menée sur le plan politique par la fine fleur de la « gauche occidentale ». Le président démocrate américain William Clinton pouvait compter sur le soutien des grands pays européens, tous gouvernés par des sociaux-démocrates : Anthony Blair au Royaume-Uni, Gerhard Schröder en Allemagne, Massimo D’Alema en Italie et Lionel Jospin en France.

Vingt après, l’OTAN intègre désormais la Slovénie, la Croatie et le Monténégro et entretient toujours des troupes localement. Situé non loin de la capitale Pristina, le camp Bondsteel, l’une des plus grandes bases des États-Unis en Europe, a également servi de lieu de détention et d’interrogatoire durant les conflits d’Irak et d’Afghanistan. En 1999, les Kosovars fuyaient par centaines de milliers la guerre. Au printemps 2017, ils étaient des dizaines de milliers à fuir la misère. En dépit des bienveillances occidentales, l’économie du Kosovo n’a jamais décollé. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant reste le plus faible de la région, le chômage touche 31 % de la population (dont un jeune sur deux) et le déficit commercial atteint 38 % du PIB. Les seuls éléments dynamiques relèvent de l’économie informelle (au moins un tiers du PIB) et des transferts d’argent des émigrés travaillant en Europe occidentale .

Sur le plan géopolitique, la guerre du Kosovo a marqué l’apogée d’un monde unipolaire — sous domination américaine — issu de la fin de la guerre froide. Elle a consacré l’OTAN comme « gendarme du monde », intervenant en Afghanistan, au Darfour, en Irak, en Libye, dans la Corne de l’Afrique ou en Macédoine, bien loin de sa vocation initiale : « assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord ». Le président Donald Trump vient même d’évoquer l’adhésion du Brésil…

Réaffirmé aux dépens des minorités serbes lors des conflits de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, le principe du respect de l’intégrité territoriale fut bafoué d’abord dans les faits, puis avec la reconnaissance occidentale de l’indépendance du Kosovo, proclamée en février 2008. Arrivé au pouvoir en août 1999, Vladimir Poutine gardera un souvenir cuisant de l’humiliation subie par la diplomatie russe lors de ce conflit, en particulier du double discours occidental.

Pour ce qui fut sa première guerre depuis sa naissance en 1949, l’OTAN choisit d’attaquer un État qui n’avait menacé aucun de ses membres. Elle prétexta un motif humanitaire et agit sans mandat des Nations unies. Un tel précédent servit les États-Unis en 2003 au moment de leur invasion de l’Irak, là encore aidée par une campagne de désinformation massive. Quelques années plus tard, la proclamation par le Kosovo de son indépendance, en février 2008, mettrait à mal le principe de l’intangibilité des frontières. Et la Russie se fonderait sur cette indépendance lorsque, en août 2008, elle reconnaîtrait celles de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, deux territoires qui s’étaient détachés de la Géorgie. Puis en mars 2014 quand elle annexerait la Crimée

 

 

Source : https://pgibertie.com/2019/04/08/il-y-a-20-ans-pieges-par-un-grand-bobard-monte-par-lallemagne-et-les-media-nous-sommes-alles-bombarder-la-serbie-la-nouvelle-guerre-froide-en-europe-pouvait-commencer/

 


Qui orchestra le démembrement de la Yougoslavie, et comment ?

...Par Andrew Korybko -  le 2 avril 2019

Il y a vingt ans, le 24 mars 1999, commençait l’opération Force alliée – le bombardement par l’OTAN de la Yougoslavie, qui amena au démembrement du pays – et l’État indépendant du Kosovo était proclamé. Que ces événements se soient produits en même temps n’était pas une coïncidence. Qui organisa le démembrement de la Yougoslavie, et comment ?

Carte du Kosovo

 

De nos jours, bien peu se souviennent que les Bulgares trempaient dans la genèse de ces événements. Et les Bulgares eux-mêmes n’aiment pas trop y penser.

Début mars 1999, les services de renseignements bulgares déclaraient aux services de renseignements de l’Allemagne fédérale (le BND) qu’ils disposaient d’informations sur un projet confidentiel de l’État-Major yougoslave, sous le nom de code Opération Fer à cheval, d’exterminer/de déporter l’ensemble de la population albanaise du Kosovo et de Meohija à partir du 1er avril. Le BND transmit ces informations au ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, qui les considéra comme très sérieuses et appela immédiatement à une intervention militaire en Yougoslavie, à l’encontre de la position pacifiste du parti des Verts auquel il était pourtant affilié.

Mais ce que les Bulgares détenaient, en réalité, était une carte du Kosovo et de Metohija révélant les positions des unités du 52ème corps de Pristina de la Troisième armée yougoslave, ainsi que d’unités de police. Visuellement, on pouvait assimiler la position de ces forces à un fer à cheval. Mais personne ne prit un instant pour réfléchir à ce que le titre du document contenait le mot « potkova », mot que l’on trouve uniquement en langues bulgare et croate, et qui se traduit « potkovica » en langue serbe. Comme c’est l’Allemagne qui constitua le principal promoteur de l’agression contre la Yougoslavie, les Allemands utilisèrent ce document comme principale raison justifiant une campagne de bombardement, et le nom du « document » qui fut repris resta le terme allemand « Hufeisenplan ».

Il fallut qu’environ dix années s’écoulent avant que la députée européenne Nadezhda Neynsky (Mihaylova), ministre des affaires étrangères de la Bulgarie au moment des faits, en 1999, ne clarifie une chose : les services de renseignements bulgares avaient prévenu les Allemands que les informations de ce « projet » n’avaient pas été complètement vérifiées.

Mais l’OTAN avait établi une présence au Kosovo bien avant le printemps 1999. Un cessez-le-feu promu par l’OTAN dans la région avait été signé le 15 octobre 1998, qui prévoyait que les soldats yougoslaves regagnent leurs casernes d’affectation permanentes. La surveillance du cesser-le-feu avait été confiée à l’OTAN. Dans le cadre de l’Opération Œil d’aigle, des diplomates de l’OTAN et des experts militaires étaient présents au Kosovo pour garder la situation sous surveillance. L’OTAN était donc parfaitement au fait des positions de l’armée yougoslave au Kosovo et à Metohija, et n’avait nul besoin d’« informations vérifiées » des services de renseignement bulgares pour disposer de ces informations.

En approchant de la fin 1998, l’Armée de libération du Kosovo (ALK), un groupe terroriste albanais du Kosovo, était en passe d’être défaite, mais les Albanais se sentirent protégés par l’OTAN et poursuivirent le combat. Le cesser-le-feu s’effondra, et les militants albanais attaquèrent des patrouilles de police et des villages serbes. Au tournant de l’année 1999, l’ALK avait intensifié ses activités terroristes et la situation dans la région était devenue très difficile. L’armée yougoslave fut forcée de reprendre ses opérations anti-terroristes, sachant que cela ne plairait pas à l’OTAN.

En janvier 1999, des combats eurent lieu pour la prise du village de Račak, que l’ALK avait transformé en place forte, comportant des tranchées, des bunkers souterrains, et des nids de mitrailleuses. On ne connaît pas avec certitude le nombre d’Albanais tués à Račak. L’ALK et ses soutiens à Washington affirment qu’on compta des pertes au sein de la population locale. Pourtant, l’enquête médico-légale révéla que tous les morts avaient des traces de poudre sur les mains, et l’état des vêtements qu’ils portaient ne correspondait pas aux plaies ou aux blessures qu’ils avaient reçues.

Mais le diplomate étasunien William Walker, ainsi que son conseiller militaire, le général anglais John Drewienkiewicz, après avoir parlé avec les commandants des opérations de terrain de l’ALK, affirmèrent que les soldats serbes avaient massacré des femmes et des enfants à Račak. Plus tard, le tribunal de la Haie se vit contraint de retirer l’« incident de Račak » de la liste d’accusations portées contre Slobodan Milošević, par manque de preuve. En 1999, pourtant, Walker et Drewienkiewicz se montraient catégoriques.

Le diplomate étasunien William Walker, dont les déclarations d’un massacre à Račak préparèrent la voie à la campagne de bombardement de l’OTAN au Kosovo en 1999, en visite dans le village, pour le 19ème anniversaire du massacre. Au Kosovo, il est considéré comme un héros.

En fin de compte, William Walker a tenu un rôle clé dans le modelage de l’opinion publique des pays anglophones. Il affirma jusqu’à la fin avoir vu de ses propres yeux des corps décapités de femmes, d’enfants et d’« hommes âgés, aux cheveux blancs », même quand cela fut complètement réfuté, y compris par les experts occidentaux. En fait, ce sont les affirmations de William Walker qui décidèrent en fin de compte l’OTAN et surtout les USA d’opter pour une action militaire contre la Yougoslavie, et le plan « Potkova » livré par les Bulgares tomba juste au bon moment.

En février 1999, des discussions furent menées au Château de Rambouillet, en région parisienne, entre le gouvernement serbe et les Albanais kosovares, sous les auspices du Groupe de contact (l’OTAN + la Russie). Cette conférence déboucha sur un échec total.

Les représentants de l’OTAN déclarèrent reconnaître le Kosovo comme province autonome de la Serbie, mais appelèrent à ce qui suit : toutes les unités de l’armée yougoslave devaient se retirer du Kosovo ; une force de 30000 soldats de l’OTAN devait être déployée au Kosovo ; les soldats de l’OTAN devaient se voir octroyés un droit de passage illimité en territoire yougoslave ; l’immunité était exigée pour l’OTAN et ses agents par rapport aux lois yougoslaves.

Il s’agissait donc de conditions très discutables définissant une occupation militaire de la Yougoslavie, et une perte totale de sa souveraineté. La Yougoslavie et la Russie refusèrent en conséquence de signer cet « accord ».

Le 23 mars 1999, Belgrade accepta de reconnaître la partie politique des propositions de l’OTAN (l’autonomie du Kosovo), mais refusa de nouveau catégoriquement de laisser les soldats de l’OTAN pénétrer son territoire, et de retirer ses propres soldats hors du Kosovo.

Le 24 mars 1999, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, ordonna au général étasunien Wesley Clark, commandant des forces armées de l’OTAN en Europe, de lancer une attaque contre la Yougoslavie. Ce soir-là, l’ensemble du territoire de la Yougoslavie, y compris les villes principales (Belgrade, Pristina, Podgorica, Novi Sad, Kragujevac, et Pančevo), subit des frappes aériennes. Au cours de cette nuit, le vaisseau de guerre étasunien USS Gonzalez lança 18 missiles de croisière Tomahawk sur la ville de Niš.

Dès le commencement de l’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie, le décalage fut flagrant entre les objectifs énoncés de l’intervention, et la réalité des opérations menées sur le terrain. Au départ, l’OTAN avait estimé qu’il faudrait deux à trois jours pour « mettre un terme au génocide de la population albanaise au Kosovo » en attaquant les infrastructures militaires yougoslaves situées au sud du 44ème parallèle. Il était prévu, si les dirigeants yougoslaves poursuivaient leur résistance, de poursuivre l’attaque de cibles au sud du 44ème parallèle jusqu’à une durée d’une semaine. Et si Belgrade continuait de refuser de faire des concessions, l’ensemble du pays serait alors ciblé, y compris sa capitale.

Mais dans les fais, la Yougoslavie toute entière, y compris Belgrade, Novi Sad et Podgorica, fut attaquée dans les heures qui suivirent le lancement de l’opération. Et loin de se restreindre à deux ou trois jours comme annoncé, les frappes aériennes s’étalèrent sur une période de deux mois et demi.

Le projet se refusait catégoriquement à intervenir de manière terrestre. Une confrontation directe avec l’armée yougoslave sur le terrain était considérée comme inacceptable, car il aurait fallu prévoir des pertes, ainsi qu’une possible escalade du conflit vers une guerre prolongée, au vue de la nature des mentalités serbes et monténégrines, et de la résistance de ces peuples aux agressions externes.

Au cours des mois d’avril et de mai 1999, les frappes aériennes se poursuivirent donc sans relâche. Chaque pont qui enjambait le Danube fut détruit, pas moins de 80% du potentiel industriel de la Yougoslavie fut anéanti, et l’ensemble des tours de télévision et de télécommunication se virent délibérément réduites à l’état de ruines. Cependant, la première frappe ciblant les quartiers de l’État Major à Belgrade ne fut lancée que le 30 avril (trois officiers furent tués, et une quarantaine furent blessés). Les Étasuniens bombardèrent l’ambassade de Chine à Belgrade, estimant qu’elle hébergeait des appareillages radar que les Chinois exploitaient en partageant les informations avec les défenses aériennes serbes. Les diplomates chinois et le personnel de l’ambassade furent tués lors de cette attaque.

Un train civil serbe, bombardé par l’aviation de l’OTAN sur le pont de Grdelica le 12 avril 1999. Au moins 15 passagers y périrent brûlés vifs.

Le 12 avril 1999, un chasseur F-15 étasunien attaqua un pont de chemin de fer sur la rivière de Morava méridionale, dans la gorge de Grdelica, et détruisit un train de passagers reliant Belgrade à Athènes. Des dizaines de personnes furent tuées ; de certaines d’entre elles, on ne retrouva que des fragments de corps impossibles à identifier. Le général étasunien Wesley Clark et Javier Solana, secrétaire général de l’OTAN essayèrent de défendre le pilote de l’avion. Les anglais attaquèrent la ville de Niš avec des bombes à sous-munitions – une arme interdite, conçue pour détruire les effectifs ennemis. Ces bombes frappèrent un hôpital ainsi qu’un marché très fréquenté.

Le 4 juin 1999, le président yougoslave Slobodan Milošević accepta un accord de paix. Le 12 juin, les troupes de l’OTAN entraient de Macédoine au Kosovo. Le 20 juin, le 52ème corps de Pristina de l’armée yougoslave quittait le Kosovo.

Plusieurs milliers d’attaques de missiles et de bombes furent menées sur la Yougoslavie au cours de l’agression de l’OTAN. Plusieurs dizaines de milliers de bombes et de missiles furent lâchés, totalisant plus de 22 000 tonnes. Des centaines d’installations industrielles, de dépôts de pétrole, de centrales électriques, et d’infrastructures, ainsi que des centaines de ponts routiers et ferrés furent détruits ou gravement endommagés. De nombreux monuments historiques et sites architecturaux remarquables furent détruits, ainsi que des centaines d’écoles, d’universités, de bibliothèques, et plus de 20 hôpitaux. Presque 40 000 foyers furent rasés ou gravement endommagés.

Plusieurs milliers de personnes périrent sous les bombardements, parmi lesquelles des centaines d’enfants. Les dégâts matériels s’élevèrent à 103 milliards de dollars.

Pourquoi une « intervention humanitaire » visant à « empêcher le génocide des Albanais du Kosovo » engendra-t-elle l’effondrement complet et le démembrement de la Yougoslavie ?

Monument commémoratif dédié aux enfants tués par les bombardements de 1999 par l’OTAN en Yougoslavie, à Belgrade, en Serbie.

L’agression de l’OTAN de 1999 constitua en réalité la dernière étape de la solution occidentale à une mission politique d’importance – la destruction de la Yougoslavie. Après la chute du bloc soviétique, Washington et ses alliés estimèrent qu’il n’était pas acceptable qu’elle reste un pays d’Europe en mesure de mener des politiques indépendantes et de défendre ses propres intérêts.

L’aspect cruel, le sang froid, et l’inhumanité qui marquèrent cette opération étaient destinés à montrer au monde ce à quoi s’exposent ceux qui ont le courage de s’opposer à la « démocratie occidentale ». Les dirigeants politiques et militaires yougoslaves comptèrent parmi les premiers à subir les techniques de Guerre hybride, et ce qui est de nos jours souvent qualifié de « fake news ».

Andrew Korybko

Source : https://lesakerfrancophone.fr/qui-orchestra-le-demembrement-de-la-yougoslavie-et-comment

 


Les albanais organisent la terreur contre les Serbes du Kosovo

....par Philippe Khalfine - Le 31 mai 2019 pour "AGORA VOX"

Ceux qui suivent les événements en Europe et l’aggravation de la situation au Kosovo, se souviennent de la dernière semaine de mai. Le matin du 28 mai, des combattants de la ROSU (forces spéciales de la police de la république non reconnue) ont envahi le territoire des municipalités du nord où la population était majoritairement serbe. Cela a provoqué l'indignation des Serbes du Kosovo. La population est descendue dans les rues et a commencé à construire des barricades. Les médias ont rapporté que les forces spéciales du ROSU avaient tiré et lancé des grenades. Les habitants et les journalistes de la chaîne de télévision serbe ont été touchés.

Des officiers des forces spéciales auraient eu l'intention d'arrêter 26 policiers et 15 civils serbes sous prétexte que ces personnes étaient impliquées dans la corruption et le crime organisé. En fait, selon les dirigeants serbes, l’action visait à laisser le kosovo serbe sans la protection de police locale. En conséquence, 23 personnes ont été interpellées, parmi lesquelles des membres de la mission des Nations Unies, constamment présents dans la région, un Russe et un Serbe. Tous deux ont été gravement blessés.

En général, quand les Kosovars parlent de la lutte contre le crime et le terrorisme, et en particulier du trafic de drogue et de la transplantologie des Noirs, cela semble déjà ridicule. Dans un pays où la verticale du pouvoir est construite par les anciens commandants de l'organisation terroriste albanaise "L'Armée de libération du Kosovo", si jamais ils décidaient réellement de lutter contre le crime, les forces spéciales n'auraient plus à conduire Pristina. Il est donc clair qu'il s'agit d'un événement politique, en particulier à la lumière des sévices et de la détention du personnel de l'ONU.

De telles situations, appelées « aggravations » dans les médias, se produisent souvent au Kosovo. Les forces spéciales du ROSU avaient précédemment envahi le nord de la région pour une opération, apparemment dans le cadre d'une enquête sur le meurtre du politicien serbe Oliver Ivanovich.

Le scénario est presque toujours le même : Provocation des Albanais, mise en alerte de l'armée et mise en accusation de la Serbie. Les négociations reprennent, bien sûr, puis les Albanais présentent des ultimatums et des « plates-formes » avec la condition essentielle : La reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, ce qui est bien entendu inacceptable pour la Serbie. Même si nous nous éloignons des raisons idéologiques naturelles, la « reddition » du Kosovo à Belgrade provoquera une réaction publique violente, que l’opposition pourra utiliser dans son propre intérêt. Des milliers de manifestations de masse ont déjà lieu régulièrement en Serbie.

Parallèlement, il est également évident que, comme pour les objectifs, la composition quantitative et qualitative des forces spéciales du Kosovo est amplifiée d’une opération à l’autre. Sur les bandes vidéo du 28 mai, nous avons pu observer la « couleur » de leur équipement. Outre les chaînes, les fusils AK-47, Glock 19 modifiés, les mitrailleuses Heckler MP5, les Kosovars ont utilisé des grenades et quelques dizaines de véhicules blindés. Et parmi les détenus à cette époque, rappelons-nous, il y avait des employés de la mission internationale, dotés de l'immunité diplomatique, qui assuraient la couverture internationale des événements.

Il est à noter que la KFOR (la mission de l'OTAN au Kosovo) a donné le feu vert à cette opération, affirmant qu'il s'agissait d'une action légitime contre le crime. Les commentaires sur les méthodes de mise en œuvre ne sont pas non plus suivis.

De toute évidence, les Kosovars organisent des provocations dans le but de promouvoir leurs objectifs politiques, avant tout la reconnaissance de leur indépendance. Le maintien du statu quo sur ce territoire contesté convient, du moins à présent, à la plupart des acteurs internationaux et même à Belgrade. Le conflit ardent, dans lequel aucune solution de compromis n'a été trouvée de manière objective, reste légèrement meilleur que la phase chaude de la guerre en Europe. Toutefois, un certain nombre de décisions internationales en faveur de Pristina ont montré aux Albanais qu’ils parvenaient à atteindre leurs objectifs et qu’ils s'approchaient à chaque pas d’une victoire attendue depuis longtemps. Le fait que des civils et des diplomates étrangers souffrent de ces « mesures » ne les dérange pas.

Les premiers exemples les plus significatifs de ces décisions ont été le retrait du dialogue sur le règlement pacifique au Kosovo à l'ONU de l'Union européenne. Cela a instantanément poussé le débat sur d'importants participants au processus international : La Russie et les États-Unis, bien que ces deux puissances soient en réalité des acteurs importants dans la région des Balkans.

Les États-Unis continuent de contrôler la situation au Kosovo, la Russie est un allié de la Serbie sur de nombreuses questions géopolitiques. En 2013, l'UE a conclu l'accord de Bruxelles entre Belgrade et Pristina, qui permettait en réalité aux Albanais du Kosovo de demander directement à la Serbie de reconnaître son indépendance.

La question du Kosovo est un sujet complexe et controversé, qui ne l’a pas été le jour même de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo par la Serbie en 2008, mais après une série de décisions internationales douteuses. Parmi les politiciens européens et même aux États-Unis, il n'y a toujours pas de consensus sur la manière de se comporter dans les Balkans. De toute évidence, la rhétorique des années 90, accusant uniquement les Serbes de toutes les guerres et de tous les malheurs, est dépassée et n'a plus sa raison d'être à la lumière de tels événements lorsque les Kosovars attaquent des soldats de la paix internationales.

 

Sources : 

https://dozennews.info/kosovaren-gegen-verbrechen-wie-bienen-gegen-honig/

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-albanais-organisent-la-terreur-215534?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+agoravox%2FgEOF+%28AgoraVox+-+le+journal+citoyen%29


Les bombardements de la Yougoslavie et leurs «effets collatéraux»

 

20 ans après les bombardements de la Yougoslavie par l’Otan, il n’y a toujours pas de chiffres officiels sur les dommages économiques qui en ont résulté; on parle parfois d’une centaine de milliards de dollars. Mais leurs effets collatéraux sont de loin les plus graves, ont indiqué à Sputnik deux analystes serbes.

En 1999, pendant 11 semaines, l’Otan a bombardé la Yougoslavie, le territoire comprenant la Serbie et le Monténégro actuels. L’économie serbe avait commencé à péricliter dans les années 1990 à cause des guerres et des sanctions, et l’Opération Allied Force l’a définitivement «achevée». Ainsi, les effets collatéraux de cette dernière sont beaucoup plus graves que prétendu jusqu’alors, qu’il s’agisse de l’impact irrémédiable de ces bombardements sur la santé de la population et l’environnement, ou de l’exode de plusieurs générations du pays, s’accordent à dire des experts.

L’industrie serbe a été sciemment livrée à la destruction afin d’assurer un marché pour des marchandises en provenance de pays participant aux bombardements et faire en sorte que la Serbie dépende de ces derniers, a indiqué à Sputnik Bozo Draskovic, professeur d’économie appliquée à l’Université de Belgrade.

«Il s’agissait d’une destruction à effet durable. Il existe des bombardements proprement dits, mais il y a aussi des « effets collatéraux », dont la rupture des chaînes économiques et le freinage du développement», a précisé l’interlocuteur de l’agence.

Et d’ajouter que les frappes avaient été portées sur des sites économiquement importants, et qu’à ces fins, l’Otan avait utilisé pour la première fois des bombes au graphite.

Selon Ljubodrag Savic, professeur à la faculté d’économie de l’Université de Belgrade, certaines entreprises ont été abîmées à un point tel qu’il n’était même pas question de les restaurer.

«Un immense détriment a été infligé à l’industrie de l’armement. […] Des technologies entières ont été anéanties. De nos jours, ses capacités renaissent peu à peu, mais elles ne peuvent même pas approcher leur niveau de l’époque yougoslave», a constaté l’universitaire.

L’Otan n’a pas épargné non plus l’infrastructure civile. À l’issue d’environ 800 frappes aériennes, le pays a été privé de conduites d’eaux, de pompes, de ponts, d’autoroutes, de chemins de fer, d’aéroports, de stations satellitaires et de télévision…

D’après les interlocuteurs de Sputnik, les bombardements de l’Otan ont achevé l’économie serbe, dans la poursuite logique des sanctions des années 1990.

En 1999, les avions de l’Otan ont largué près de 15 tonnes d’uranium appauvri sur le territoire serbe. Il en a résulté 5500 cas de cancer enregistrés pour un million d’habitants, la Serbie arrive de nos jours en première position en Europe pour le nombre de décès dus au cancer.

Le nombre de victimes de l’opération Allied Force est inconnu, mais le gouvernement serbe fait état d’environ 2500 morts, dont 89 enfants, et de 12500 blessés.

 

 

Source : https://reseauinternational.net/les-bombardements-de-la-yougoslavie-et-leurs-effets-collateraux/

 


Expulsion des Serbes de la Krajina : Ce miroir que l’Europe préfère briser

La plus vaste opération de nettoyage ethnique en Europe depuis 1945 a vingt-cinq ans

...par Slobodan Despot - Le 05/08/2020

Source : Causeur

Chaque 4 août depuis vingt-cinq ans, la Croatie célèbre l’expulsion des Serbes de la Krajina. L’occasion de refourbir un bric-à-brac nazi qui serait interdit et confisqué dans n’importe quel pays à l’ouest de Vienne. 


Il y a un quart de siècle, le 4 août 1995, commençait la plus vaste opération de nettoyage ethnique en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. L’opération Tempête, menée par l’armée croate avec l’aide de l’OTAN, a vidé une province de toute sa population en quatre jours seulement. Les conquérants aimaient ricaner en disant qu’ils avaient trouvé la soupe sur le feu dans les villages et les hameaux. Selon le compte officiel, sans doute sous-estimé, 220’000 civils ont quitté leurs foyers, 1867 ont été tués. Officieusement, des milliers de disparus sans sépulture hantent encore les mémoires.

L’opération ne fut pas seulement brutale et foudroyante: elle est restée entièrement impunie. Si parfaitement impunie que l’Etat croate a fièrement invité ses amis pour célébrer le jubilé de ce qui fut une épuration de son propre patrimoine historique, culturel et humain. Le président Tujdman, qui ordonna l’opération, par ailleurs historien révisionniste notoire, est mort tranquille dans son lit. Les deux chefs opérationnels, les généraux Gotovina et Markač, étaient trop en cheville avec leurs protecteurs occidentaux pour que leur convocation au tribunal de La Haye fût plus qu’une tracasserie administrative.

Jamais personne, Serbie comprise, n’a apporté de soutien concret aux centaines de milliers de déportés.

Les mémoires formatées

Dans la «communauté internationale», l’opération Tempête a été totalement effacée des mémoires. Le 10 août 1995, au moment où le flot des réfugiés commençait d’engorger toutes les routes de la Bosnie occidentale jusqu’à Belgrade et qu’il devenait visible de l’espace, la secrétaire d’Etat U. S. Madeleine Albright convoquait soudain une conférence de presse pour parler… de la prise de Srebrenica par l’armée bosno-serbe, le 11 juillet, sur quoi elle n’avait rien eu à dire pendant un mois. A partir de cet instant, et jusqu’à ce jour, toute l’attention du monde a été focalisée sur le sort des hommes musulmans d’une commune de l’est de la Bosnie, tandis que l’éradication, 200 kilomètres plus à l’ouest, d’une population entière, de son héritage et de ses foyers tombait à jamais dans les oubliettes.

Si la tragédie de la Krajina avait réussi à toucher les consciences, et plus encore les cœurs, de la «communauté internationale», la représentation de la guerre civile yougoslave, mais également, par ricochet, de la cohabitation entre monde chrétien et islam, entre catholicisme et orthodoxie, entre Germano-Latins et Slaves, eût sans doute été profondément changée. Mais il n’en fut rien. L’Occident demeura parfaitement hermétique à ce drame-là. Aucun de ceux qui essayèrent de le réveiller n’avait la puissance et la voix de Victor Hugo lorsqu’il s’écria (au sujet des mêmes): «On assassine un peuple!»

De mauvais esprits ont suggéré que si l’Europe s’était autant passionnée pour Srebrenica, c’était entre autres pour ne pas se regarder dans le miroir cassé et fumant que lui tendait la Krajina. Parce que sans sa complicité, cette tragédie n’aurait jamais eu lieu. Srebrenica non plus d’ailleurs. Mais on ne peut pas étouffer deux abcès à la fois.

A l’est de Vienne, d’autres codes…

Un quart de siècle plus tard, tant de villages de la Krajina sont encore aéroports à corneilles et hôtels à serpents. Quelques vieillards y étaient restés, quelques autres y sont revenus. Les forces vives ont été énergiquement invitées à ne pas y songer. La haine est plus forte, même, que la raison économique. Sans qu’elle en soit consciente, ce gouffre de dévastation incrusté dans l’immédiat arrière-pays de sa mince riviera balnéaire est la malédiction de la Croatie. Cette malédiction, à l’exception de quelques rares esprits lucides ou simplement humains, l’élite politique et culturelle croate s’est mise sur son trente-et-un pour la célébrer. D’aucuns s’en révoltent, j’ai plutôt tendance à sourire.

Chaque 4 août depuis vingt-cinq ans, on ne célèbre pas la victoire sur une armée redoutable, mais l’expulsion (sans coup férir) d’un peuple lâché par ses protecteurs belgradois autour de la table de négociation. En Croatie, chaque 4 août depuis vingt-cinq ans est l’occasion de refourbir un bric-à-brac nazi qui serait interdit et confisqué dans n’importe quel pays à l’ouest de Vienne. Mais justement, nous ne sommes pas ici à l’ouest de Vienne. Nous sommes à l’Est. Ce qui est très néfaste pour les Français ou les Allemands, est jugé assez bon pour des Yougos ou des Ukrainiens.

Sans la banalisation du nazisme croate, du dictateur Pavelić et de ses racistes frénétiques, aurait-on eu les néonazis au parlement de l’Ukraine après l’Euro-Maïdan? Verrait-on aujourd’hui les parades en réhabilitation de la SS entre Baltique et mer Noire?

Je suis issu par les deux branches et les deux confessions de ma famille de cette Krajina dont on n’a même pas pris la peine de traduire le nom pour comprendre ce qu’elle signifiait à l’échelle du continent. La Krajina, comme l’Ukraine, ce sont les confins, les marches. Immenses espaces déserts parcourus des siècles durant par des escouades indomptables de cosaques ou de Serbes (dits «Grecs» en haut lieu car leur nom même était malséant) qui versaient leur sang à flot continu pour contenir l’avancée de l’Ottoman. Ces hommes préféraient leur liberté à la vie même. Éliminez-les, dans les Balkans ou en Tauride, et vous aurez le Turc à vos portes. (Tiens, justement, il y est…)

Ces francs-tireurs-là, les empereurs savaient leur importance. C’est pourquoi, outre leur liberté de confession, ils avaient sauvegardé jusqu’au XIXe siècle, comme les Helvètes de la Suisse primitive, une charte d’immédiateté, une relation d’obéissance directe à l’empereur d’Autriche. Ils composaient le noyau des troupes du régiment «Royal Croate», dont le cache-col finirait par engendrer le contraire exact du signe de l’homme libre, la cravate. Leur régime d’exception était un pied-de-nez à la petite noblesse locale, qui s’en vengerait à la première occasion. Car la modernité a fait le ménage de ces anomalies de l’histoire, là comme ailleurs.

La lumière de Suzana

Bref, c’est toute une histoire, glorieuse et atroce, qui s’en est allée on ne sait où avec ces paysans juchés sur leurs tracteurs, le 4 août 1995. Parmi eux, il y avait une gamine aveugle d’une dizaine d’années. Elle s’appelait Suzana. C’était, avec sa famille, la seule personne dont le sort me préoccupait personnellement ce jour-là. Deux ans plus tôt, Suzana avait été exfiltrée des zones de combat par la Croix-Rouge. Elle était venue avec sa mère en Suisse où les médecins de Lausanne avaient essayé de sauver sa rétine abîmée. Ils ne lui ont pas rendu sa vue mais nous ont offert, à elles et à nous, une amitié pour la vie. Suzana et Milena étaient logées par notre ami Yvon. J’ai commencé par leur servir d’interprète, et nous ne nous sommes plus quittés jusqu’à la fin de leur séjour. De Lausanne, elles ont rejoint leur bourgade aléatoirement arrosée d’obus.

Après son expulsion de Krajina, la famille s’est retrouvée sans toit dans la banlieue de Belgrade. Avec l’aide de quelques amis et grâce à un travail acharné, ces gens d’une intégrité sans failles ont reconstitué un foyer, un jardin, une petite forteresse. La Serbie s’était contentée de les laisser entrer, c’était tout. L’Occident, lui, considérait leur sort comme une «juste rétribution» d’un nationalisme serbe fantasmé. Il n’aurait pas hésité un instant à leur refuser l’asile. D’ailleurs ils n’y ont même pas pensé. Il n’y a pas un seul réfugié serbe en Occident. Quoi qu’il ait pu leur arriver, les Serbes ne remplissent pas les conditions de la miséricorde européenne. Heureusement!

Coriace, la vie

Après cette crise, les nouvelles se sont espacées, mais pas trop. Un été, Suzana avait appris à conduire un vélo (s’orientant aux ombres et au son). L’année suivante, on lui avait trouvé une école adaptée. Puis il a fallu lui procurer des livres, en braille. Nous lui avons rapporté de Suisse une montre digitale, celle qu’on lit avec ses doigts. Puis Suzana était entrée au lycée. Puis il y a eu l’ordinateur, l’e-mail, les applications parlantes. Suzana à l’université. Suzana traductrice diplômée, du russe. Et cette année, Suzana s’occupant du marketing d’une boîte et lisant toute la littérature qu’elle peut attraper…

Lorsque j’ai recueilli la parabole biblique qui servirait de base à mon premier roman Le Miel, je me suis demandé quel écrin donner à une histoire aussi précieuse. Je n’avais jamais écrit de littérature, mais je sentais qu’il ne fallait pas barber le public avec des témoignages geignards ou des essais historiques, toujours révocables par plus historien que moi. Une «histoire de Serbes» partait d’emblée avec un handicap maximum. J’ai fini par transformer en roman ce road movie entre un père apiculteur et un fils venu dans sa province déserte le sauver malgré lui. Je l’ai dédié tout naturellement à Suzana, née sur cette terre qu’elle n’a jamais vue. Sa destinée, comme celle de mon apiculteur, démontre l’invincibilité du désir de vivre. Dans les hameaux brûlés jusqu’aux fondements, le bourdonnement des abeilles signale que la vie se poursuit malgré tout, malgré la bêtise destructrice des hommes.

« Il ne perçut que le bourdonnement des abeilles, bien étouffé, et eut l’impression qu’on avait monté un transformateur électrique derrière la cabane.

Il s’habilla, sortit. Les frondaisons se découpaient sur le fond du ciel devenu gris. Il s’approcha des ruches, d’où aucun insecte ne faisait mine de sortir. En rentrant dans la cabane pour se faire un café, il perçut comme une vibration dans le sol, suivie d’une autre, plus nette. Puis il y eut comme des bruits de tonnerre, mais sans éclairs ni nuages.

Nikola comprit à la prochaine volée. C’était bien un orage qui s’annonçait, mais un orage de fer. La Krajina vivait depuis des mois dans l’appréhension d’une attaque. La voilà qui arrivait enfin, annoncée comme il se devait par une lourde préparation d’artillerie. » (Le Miel)

Je n’aurais pas pu écrire une seule page de ce livre avec le goût amer de la soif de revanche dans la bouche. Penser à Suzana, à ses écoles et ses lectures, à son nouveau foyer, était un souverain remède contre cette amertume. Ceux qui avaient poussé hors de sa maison un être d’une telle qualité ne savaient pas de quoi ils se privaient. Comme le disait Milos Tsernianski, les migrations existent, la mort n’existe pas.


Les Serbes intentent un procès à l’OTAN

...par Velimir Nedeljkovic - Le 16/02/2021.

Source :  Rzo Interantional

 

Tout d’abord, un petit rappel : après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, le renforcement de l’OTAN sous la forme d’une puissance unipolaire, dans le but de prouver la nécessité de son existence, a atteint le Kosovo sur son chemin vers la Russie. Le bombardement de la Yougoslavie, officiellement dénommé « Ange de Miséricorde », était tout sauf miséricordieux. Les opérations militaires de l’OTAN dirigées contre la République fédérale de Yougoslavie pendant la guerre du Kosovo ont débuté le 24 mars 1999 et se sont terminées le 10 juin 1999. Selon l’OTAN, ses pilotes ont effectué 38 000 sorties, dont 10 000 frappes aériennes, au cours de cette opération qui a duré 78 jours. Selon les experts militaires, quelques 3 000 missiles de croisière ont été tirés et 80 000 tonnes de bombes diverses ont été larguées, dont des armes à sous-munitions et des missiles à uranium appauvri. Les usines pétrochimiques et les raffineries ont été bombardées, contaminant les rivières et les sols du pays avec des produits chimiques toxiques.

L’OTAN a largué 10 à 15 tonnes d’uranium appauvri

La Serbie estime que les attaques ont fait entre 3 500 et 4 000 morts et environ 10 000 blessés, dont les deux tiers étaient des civils. On ne connaît d’ailleurs pas le nombre exact de morts et de blessés et les dommages causés à la Serbie sont estimés à 100 milliards de dollars. Les avions de l’OTAN ont largué 10 à 15 tonnes d’uranium appauvri sur le territoire serbe. De ce fait, on a enregistré près de 5 500 cas de cancers par million d’habitants.

… et la plupart des cas de décès suite au cancer se trouvent à présent en Serbie   

La Serbie est aujourd’hui au premier rang européen pour le nombre de décès dus au cancer. Les effets toxiques à long terme se manifestent par une véritable épidémie de cancer dont les proportions ne cessent de croître. En Serbie, la réalité en termes de pathologies cancéreuses est terrible. Selon les statistiques, ce sont quelques 33 000 personnes qui sont tombées malades en Serbie. Chaque jour, un nouvel enfant tombe malade du cancer. Le sud de la Serbie et le Kosovo sont particulièrement touchés et la population continue de subir les conséquences de l’utilisation de munitions à l’uranium appauvri. Tel est le principal fondement de cette initiative !

Le 20 janvier une première plainte contre l’OTAN a été déposée à l’initiative de la Serbie   

Une équipe d’avocats internationaux dirigée par le cabinet Aleksic de Niš, en Serbie, a déposé un recours contre l’OTAN au nom des victimes des bombardements de 1999 à l’uranium appauvri. Après avoir recueilli des preuves en nombre suffisant, un premier procès a été intenté le 20 janvier 2021 à Belgrade, et d’autres suivront d’ici la fin du mois. Par la suite, d’autres procès suivront dans les tribunaux de Vranje, Niš, Kragujevac et Novi Sad. Il était plus que temps.

Le procès se tiendra 22 ans après les faits, mais comme les crimes de guerre sont imprescriptibles, il n’est donc jamais trop tard pour poursuivre les responsables d’une catastrophe environnementale ayant entraîné une épidémie de pathologies malignes et de difformités ainsi qu’une violation de toutes les conventions et lois internationales protégeant les individus.

Jusqu’à présent, cette question n’a été abordée que lors de conférences internationales, deux d’entre elles ayant eu lieu à Niš. C’est la première fois que l’OTAN est poursuivie en Serbie au nom de victimes civiles, de particuliers, de soldats, de policiers et de réservistes de l’armée régulière qui sont morts et tombés malades en 1999 au Kosovo, en Metohija ou dans le sud de la Serbie. Le procès intenté précédemment par l’État serbe avait été interrompu lors du changement de gouvernement.

Des demandes d’indemnisation justifiées  

Le procès devrait d’abord prouver que les cas de maladie et de décès affectant notre population au Kosovo et en Metohija sont liés à l’utilisation de l’uranium appauvri et qu’ils sont en fait identiques à ceux observés chez les soldats italiens qui ont obtenu gain de cause dans leur procès. Une indemnisation d’au moins 100 000 euros est prévue pour chaque demande formulée par les victimes serbes. Le montant de la compensation accordée aux soldats italiens était plusieurs fois supérieur.

L’exemple de l’Italie  

L’avocat italien Angelo Fiore Tartaglia, inscrit au barreau de Niš depuis la fin de l’année dernière, a pu prouver devant les tribunaux italiens le lien de causalité entre la présence d’uranium appauvri et les pathologies développées par les soldats présents au Kosovo dans le cadre de la mission de maintien de la paix ; c’est sur cette base qu’il a obtenu leur indemnisation. Par conséquent, l’expérience de Me Tartaglia, qui a représenté avec succès les intérêts des soldats italiens et compte aujourd’hui 181 décisions de justice déjà entrées en vigueur en Europe, est précieuse. Plus de 3 000 pages de documents, y compris des jugements, des avis d’experts et des documents d’une commission spéciale du gouvernement italien ont été présentés à la Cour suprême de Belgrade. Des éléments de preuve suffisants ont été collectés afin de garantir une décision des tribunaux serbes en faveur des victimes.

Après avoir été saisie de la plainte le 20 janvier de cette année, la Cour suprême de Belgrade devrait envoyer dans les six mois une notification officielle par voie diplomatique au siège de l’OTAN à Bruxelles à laquelle l’OTAN dispose d’un délai de réponse de 30 jours. Le bureau de presse de l’OTAN est au courant de la démarche des Serbes mais n’a fait aucun commentaire, si ce n’est cette déclaration du secrétaire général : « La science est de notre côté ».

L’état actuel de la recherche scientifique   

Mais sur ce point la réponse scientifique est claire : les nanoparticules d’uranium appauvri libérées par l’explosion des munitions à l’uranium appauvri sont nocives pour l’environnement et la santé humaine. Notre planète lutte pour sa survie. De l’air que nous respirons à l’eau que nous buvons, en passant par la terre sur laquelle nous faisons pousser nos aliments, notre environnement a de nombreux impacts sur notre santé. Il est temps de reconnaître que le droit à un environnement naturel sain est essentiel à notre survie. Ce n’est qu’en vivant en harmonie avec la nature que nous pourrons être en mesure d’éviter de futures catastrophes. Tant que notre société continuera sur sa trajectoire actuelle, nous serons condamnés à nous enfoncer toujours plus avant dans la destruction. Nous avons besoin d’affirmer le droit de l’homme à vivre sur une planète saine.

« La Cour de justice est là pour lutter aux côtés du peuple »  

Il s’agit là d’une question prioritaire! Nous espérons que le déroulement de la procédure juridique nous sera d’un grand soutien dans cette période difficile. Nous pensons qu’avec l’aide de l’expérience italienne et des preuves soumises dans les dossiers impliquant l’avocat italien, ainsi que sur la base d’autres éléments présentés devant les juridictions serbes, nous prouverons le lien de causalité entre les pathologies cancéreuses développées et l’utilisation de l’uranium appauvri. Beaucoup d’entre nous ont perdu confiance dans les institutions et dans la démocratie et ont décidé d’abandonner parce qu’ils pensaient qu’on ne pouvait plus rien faire. Cela me fait très peur, car je ne veux pas vivre dans un monde où plus personne ne se préoccupe de la souffrance des autres, ni où personne ne se soucierait que nous soyons victimes d’injustice.

La Cour de justice est là pour se battre aux côtés de personnes comme vous et moi qui risquons d’être, dans un très proche avenir, victimes d’injustices parfois tragiques. Le monde a besoin d’un grand élan de solidarité avec chaque victime. La plainte déposée par la Serbie n’a pas vraiment reçu un soutien étendu et on a vu apparaitre les premiers sceptiques, posant la question de savoir quel serait le système juridique qui obligerait l’OTAN à payer des compensations. Peut-être le savez-vous déjà, mais c’est primordial, et je le répète: La Cour doit être libre et indépendante de toute influence des détenteurs du pouvoir.

source : https://www.zeit-fragen.ch

traduit par Horizons et débats


Comment la Serbie est devenue championne de la vaccination

...par Alexis Troude - Le 19/02/2021.

 

Source : Causeur

 

Une tribune libre du député serbe Jovan Palalić et d’Alexis Troude


Pour l’opinion publique en Serbie, cela a été une grande surprise de lire dans les médias occidentaux des textes positifs sur leur pays.

Étant la cible d’attaques dirigées sans fondement contre leur politique pendant des années, les Serbes sont tout à coup devenus le sujet d’une grande attention et de compliments en raison de leur stratégie concernant l’achat de vaccins et la procédure de vaccination de la population.

Le plus étonnant est que la Serbie est devenue le leader en Europe concernant la vaccination de ses citoyens. Les vaccins arrivent en Serbie de plusieurs côtés, ce qui en réalité signifie que, dans différents centres de vaccination, les citoyens serbes ont un choix très large de vaccins : russe ou chinois, ou bien ceux produit par « Pfizer » ou « AstraZeneca ». Parallèlement, la production du vaccin russe Spoutnik V va bientôt commencer sur le territoire serbe. Le but du gouvernement, d’ici la fin de l’année, est que la production du vaccin assure non seulement le processus de vaccination des citoyens serbes, mais aussi l’exportation du vaccin dans la région des Balkans. Dès le 17 février, des doses ont été envoyées au voisin monténégrin et à l’été 2021, une usine en Serbie produira des doses sous licence russe.

Un pays proche de la Russie

Les Serbes sont un peuple européen. Même si la Serbie continue et maintient son processus d’adhésion à l’UE, elle reste toujours fidèle à son partenariat avec la Russie. Malgré toutes sortes de pressions, les Serbes n’ont pas accepté d’instaurer des sanctions contre la Russie, ce qui a pour résultat qu’aujourd’hui parviennent en Serbie des livraisons régulières du vaccin russe et que des spécialistes russes de l’Institut « Gamaleya» travaillent en collaboration avec l’Institut serbe de vaccination afin de mettre en marche la production du vaccin russe en Serbie.

Abandonnant petit à petit sa politique néolibérale, la Serbie parvient désormais à maîtriser sa politique sanitaire. Après avoir arrêté la production et le fonctionnement de son Institut scientifique dans le domaine de la virologie, la Serbie renouvelle sa souveraineté en production de vaccins.  À l’aide d’une  production nationale de vaccins, le gouvernement serbe veut ardemment vaincre les futures pandémies et conserver son développement économique. Les Serbes ne veulent pas que leur santé dépende de l’intérêt de diverses compagnies pharmaceutiques ou de l’administration bruxelloise.

A lire aussi: «Pour la Serbie, le Kosovo ne sera jamais un État indépendant»

Enfin, les bonnes relations économiques de la Serbie avec la Chine ont abouti à l’arrivée d’une quantité importante de vaccins chinois au moment critique de la campagne de vaccination. Rien n’est plus important que la santé des citoyens. Les pressions que nous avons enduré pendant des années de renoncer à l’alliance avec la Russie ou à la coopération économique avec la Chine ne pouvaient pas influencer notre politique. Simplement, cela n’était pas notre intérêt. En tant que nation libre, la nation serbe a décidé ce qui était dans son intérêt et elle s’y tient, sans égard pour toutes les menaces subies quotidiennement. Or cela n’était pas facile pour les Serbes, sachant qu’il n’est jamais facile de mener une politique indépendante et souveraine ; pourtant elle donne des résultats maintenant.

Retrouver notre souveraineté

Les petits pays balkaniques n’ont obtenu aucun vaccin du programme européen « COVAX ». Malheureusement, leurs élites avaient consenti à suivre la politique de Bruxelles au sujet des sanctions contre la Russie en évitant la coopération avec la Chine : désormais elles sont abandonnées à elles-mêmes. Et nous voyons que la Serbie a déjà aidé son voisin, la Macédoine du nord, et va aussi aider les autres États dans la région. Désormais, leurs citoyens vont certainement voir les choses sous un autre angle, y compris les promesses de Bruxelles et l’habileté des politiciens bruxellois.

Nous sommes d’avis que toute la pandémie et l’exemple de la Serbie ont prouvé que nous, Européens, nous pouvons protéger non seulement la santé de nos citoyens mais aussi notre économie, à condition de renouveler notre souveraineté dans différents domaines de production stratégiques, ainsi qu’à travers une coopération mutuelle de toutes les nations, qui serait accompagnée du partage de leurs expériences, connaissances et technologies. Ce sont les menaces et défis globaux qui imposent la coopération des nations libres dans toutes les sphères et non le diktat d’intérêts de quelques grandes puissances et compagnies multinationales, qui, quant à elles, n’ont certainement pas dans leur intérêt l’existence des politiques nationales indépendantes ni le renouvellement de l’industrie et de la production.

Tout cela exige un changement radical dans les politiques des États européens, dont la première tâche serait de définir et ensuite défendre les intérêts de leurs propres nations. Il est temps de changer la manière dont on voit les choses et d’utiliser une autre optique en Europe. Car celle que les Européens appliquent actuellement n’est pas la leur : ces lunettes leur ont été mises par ceux dont l’intérêt n’est pas l’existence d’une Europe unie ni de libres nations européennes.

Si l’exemple positif de la Serbie peut aujourd’hui contribuer à ce que les nations européennes renouvellent leur souveraineté et leur politique d’indépendance afin de vaincre les malheurs qu’ont vécu les Serbes, ce sera une raison suffisante d’être contents, malgré tous les malentendus et condamnations qui se sont produits au cours des décennies.

Quant aux Serbes, tout ce qu’ils ont voulu depuis toujours est d’être indépendants et de décider eux-mêmes de leur destin. Peu à peu, le temps montre qu’ils avaient raison.

Jovan PALALIC, Député au Parlement de la République de Serbie
Alexis TROUDE, Président du Collectif pour la Paix au Kosovo

Commentaires: 1
  • #1

    Leroy (jeudi, 09 mai 2019 17:52)

    "Le Monde était le porte-voix de l’OTAN, qui voulait une guerre totale pour démanteler la Yougoslavie et annihiler la petite Serbie" : attention ! l'implosion de la Yougoslavie n'est pas à lier à l'indépendance du Kosovo, même si cette dernière a suivi la première ; l'assimilation serait dangereuse.
    Quant au Kosovo, rendre responsable les médias allemands et français, c'est un peu court : Mitterrand et Kohl en sont les principaux responsables. Même si Plenel avait ses entrées privées dans le microcosme socialiste de l'époque.