Europe : Terre à prendre !

 

Le 28/06/2018.

 

Bonjour,

 

Ci après un court article de Bernard Lugan.

Bernard Lugan, né le 10 mai 1946

à Meknès, est un historien africaniste français. De 1972 à 1983, il enseigne à l'Université nationale du Rwanda, pays dans lequel il mène également des fouilles archéologiques. 

 

Enseignement : Université Paris-Nanterre

 

Les chiffres étant exacts, je laisse à chacun imaginer, à sa façon, l'avenir de l'Europe (moyen et long termes).

Bonne lecture

 

 Gal. Dominique Delawarde.

 


De: L'Afrique Réelle <contact@bernard-lugan.com>

Objet : Réflexions sur la migration africaine dans une Europe « terre à prendre »

Date: 26 juin 2018 à 16:30:18 UTC+2

 

Les actuelles arrivées de migrants africains en Europe constituent les prémices d’un phénomène massif qui va connaître une amplification considérable dans les prochaines décennies.

Laissons parler les chiffres :

- Avec un taux de croissance de 4% la population africaine double tous les 18-20 ans.

- Au Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050.

- En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.

- En Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il a rebondi à 3,03.

 

Résultat :

- D’ici à 2030, l’Afrique va voir sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an. 

- En 2100, avec plus de 3 milliards d’habitants, le continent africain abritera 1/3 de la population mondiale, dont les trois quarts au sud du Sahara.

Pour des centaines de millions de jeunes africains, la seule issue pour tenter de survivre sera alors l’émigration vers l’Europe.

Bloqués par leurs pré-supposés idéologiques et moraux, les dirigeants européens qui s’obstinent à ne pas tenir compte de cette réalité, ont choisi de s’accrocher au mythe du « développement ». En France, des Insoumis au Front national, tous défendent ainsi -certes à des degrés divers-, le postulat du développement ralentisseur migratoire. Et tous sont dans l’erreur.

 

Comme je l’ai expliqué dans mon livre « Osons dire la vérité à l’Afrique »[1], le développement de l’Afrique est en effet une illusion et parfois même une escroquerie intellectuelle et politique.

Pour deux grandes raisons :

1) A supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait en effet avoir que des résultats à très long terme. Or, il y a urgence.

2) Tout a déjà été tenté en ce domaine depuis les indépendances, il y a plus de six décennies de cela. En vain car, en dépit des sommes abyssales déversées pour tenter de la faire « démarrer », l’Afrique régresse.

Loin de se développer, l’Afrique s’appauvrit globlement année après année. Selon les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000 par 189 Etats, aucun recul de la pauvreté africaine ne peut être envisagé sans un minimum de croissance annuelle de 7% soutenue durant plusieurs années.

 

Conclusion : comme il faut une croissance de 7% par an pour simplement commencer à réduire la pauvreté, le calcul est vite fait, année après année, il manque donc à l’Afrique entre 3 et 4% de croissance pour atteindre l’objectif des OMD.

Donc, loin de se combler, la pauvreté africaine augmente et cela d’autant plus inexorablement que la démographie galopante y efface les quelques gains de croissance.

 

Comment prétendre développer l’Afrique quand les investisseurs s’en détournent ?

Le discours politique répétitif est l’appel à l’investissement «moteur du développement », mais comme les investisseurs n’investissent pas en Afrique, nous restons donc dans le domaine incantatoire.

Dans son rapport de mai 2018, la BAD (Banque africaine de développement) souligne ainsi que pour les investissements dans le seul domaine des infrastructures, l’Afrique a besoin annuellement de 170 milliards de dollars d’IED (Investissements étrangers directs), alors que, au total de tous ses postes, elle n’en reçoit que 60 mds.

 

Début juin 2018, à la lecture du rapport sur les IED publié par la CNUCED (CNUCED, World Investment Report 2017), nous apprenons qu’en 2017, sur les 2000 milliards (mds) de dollars d’IED mondiaux, l’Afrique n’en recueillit en effet que 60 mds, un volume dérisoire en baisse de 3% par rapport à 2016 (Banque mondiale).

 

L’Afrique, dans l’ensemble de la globalité de ses 54 pays et de son 1,2 milliard d’habitants a donc reçu presque autant d’IED que Singapour (61,6 mds pour 6 millions d’habitants), et moins que l’Irlande (79,2 mds pour 5 millions d’habitants)…

 

Voilà qui en dit plus que les longs discours lénifiants sur le devenir de l’Afrique et sur son

« développement »…

Une chose est donc certaine, le credo du « développement » ne freinera pas le déversement du surplus démographique africain sur l’Europe.

Comment en serait-il d’ailleurs autrement alors que rien ne peut être entrepris sans un strict contrôle des naissances que les Africains refusent d’envisager et que l’Europe n’est pas en mesure de leur imposer ?

Vue d’outre-Méditerranée, l’Europe continuera donc d’être considérée comme une terre à prendre. D’autant plus facilement qu’elle est peuplée de vieillards repus ou épuisés, d’hommes s’interrogeant sur leur virilité, de femmes n’enfantant plus et dont les dirigeants sont soumis au diktat permanent de l’émotionnel …

 

Bernard Lugan

 

25/06/2018

 

Source : http://bernardlugan.blogspot.com/2018/06/reflexions-sur-la-migration-africaine.html


Le 29/06/2018.

 

Bonjour,

 

Sur le même thème que celui traité par Bernard Lugan hier, voici le point de vue de Henri Temple sur la réunion des chefs de gouvernements européens qui vient juste de se terminer et qui a traité, notamment, de la question migratoire.

 

Henri Temple, né le 1er novembre 1945 à Montpellier, est un avocat, juriste et homme politique français.

Maître de conférences honoraire en droit privé à l'université de Montpellier, il est spécialiste du droit économique et a publié des travaux de philosophie politique.

 

Chacun pourra tirer de ce texte sa propre conclusion sur l'accord européen du 29 juin 2019.

A +

Gal. Dominique Delawarde. 


L'Italie leader de l'Europe ?

 

Le 29 juin 2018

 

      C'est au petit matin de ce vendredi que des communiqués européens mais aussi italiens, autrichiens et polonais nous ont annoncé qu'un bon accord européen consensuel a été été conclu au sujet de la question lancinante des migrants. L'Italie a imposé le sujet et un début de solution. En refusant de laisser accoster dans ses ports les navires d'ONG, transformées pour certaines en entreprises idéologiques de passeurs de migrants, l'Italie s'est emparée du leadership européen, dictant paroles et musique aux gouvernements et à la Commission, tétanisés par le risque d'un Italexit total ou partiel, voire de la création d'une monnaie italienne (les mini-BOT), parallèle à l'euro. 

 

      Giuseppe Conte a mené la partie de main de maître. Cette question majeure posée par son gouvernement a d'ailleurs un fort écho en Allemagne, Mme Merkel étant en fin de vie politique, sous la menace d'un ultimatum de son ministre de l'intérieur sur la question migratoire. On saura dimanche si la CSU de M. Seehofer, menacée en Bavière par la poussée de la droite social souverainiste (AfD), met fin à la coalition gouvernementale précaire de Mme Merkel. Même E.Macron, désormais incontrôlé, après les ''gens qui ne sont rien'', les  ''mâles blancs''  les ''lépreux, la ''mafia bretonne'', a cru pouvoir accuser l’ONG Lifeline, de faire «le jeu des passeurs» au large de la Libye. Donald Tusk, Sanchez, Junker, Merkel, tous ont compris que le risque était grand que l'Europe bruxelloïde, cernée entre Brexit et Visegrad (renforcé de l'Autriche, la Croatie, la Slovénie, l'Italie) succombe à ses propres aberrations. 

 

     Déjà à l’Élysée G.Conte avait ployé Macron en lui faisant accepter, dans le communiqué final commun, ses trois exigences (sommet bilatéral au sujet de l’abcès de Vintimille, création de centres de contrôle des migrants hors Europe dans les pays de transit, refus des nouveaux accords de Dublin). Conte est revenu en maître ce jeudi à Bruxelles en martelant que '' l'Italie n'attendait pas des mots mais des actes sur la question migratoire''. Il se sait suivi par 80 % des Italiens :  Merkel, Macron, Sanchez sont à moitié moins.

Privilège des ''populistes'' qui eux... respectent les besoins des peuples.

 

     G.Conte est-il devenu le nouveau leader de l'Europe ? On peut le penser : "Comme vous le savez, l'Italie a travaillé sur une proposition qu'elle présente à ce Conseil européen, une proposition dont nous pensons qu'elle est totalement raisonnable parce qu'elle est conforme à l'esprit et au principe sur lesquels l'Union européenne est fondée", a-t-il déclaré. Et, en fait, il a bloqué les délibérations toute la journée de jeudi et une patrie de la nuit dernière en refusant de s'associer aux divers autres sujets du sommet tant que la question migratoire n'avait pas reçu une réponse satisfaisante...

 

      Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk (alors que dès ce dimanche 1er juillet la présidence du Conseil de l’UE sera assurée pour six mois, par l'Autriche) a capitulé en plaidant pour que la rencontre qui s'achève vendredi permette un accord sur trois mesures importantes comme la création de "plate-formes de débarquement" hors d'Europe pour les

migrants, le déblocage de fonds pour lutter contre l'immigration illégale, et une collaboration renforcée avec des pays de transit comme la Libye. Ce qui ressemble à s'y méprendre à du Conte... D'ailleurs Tusk, a été ravalé à son strapontin par son premier ministre polonais, Mateusz

Morawiecki, qui a répété l'opposition de son pays à l'idée de quotas obligatoires par pays d'accueil de migrants. Varsovie souhaite inciter les migrants à rester dans leurs pays d'origine plutôt que de migrer...

 

      Mais c'est bien l'Italie, pays en première ligne, qui donne le tempo : les fumeux fantasmes élyséens de budget propre à la zone euro étant sans avenir. Tout aussi décalée mais lucide sur son destin politique menacé, la Chancelière avait déclaré au Bundestag, pour tenter de justifier son ouverture des frontières à 1 million de migrants (majoritairement des jeunes hommes venus d'Orient, pas toujours réfugiés) : "Soit nous y parvenons, de sorte qu'en Afrique on sache que nous sommes guidés par des valeurs et croyons au multilatéralisme, et non pas à l'unilatéralisme, soit ce n'est pas le cas et personne ne croira plus au système de valeurs qui a fait notre force", a-t-elle déclaré. "C'est pourquoi c'est si important." Un très faible raisonnement.

Mme Merkel n'a pas compris que c'est la question elle même de l'immigration forcée de masse qui est posée, et plus désormais celle de la répartition des masses immigrantes comme s'il s'agissait d'un devoir ou d'un fatalité.

De plus Mme Merkel, on le suspectait, n'a pas compris que nos valeurs risquent de se diluer ou même d'être carrément haïes dans les banlieues. Elle confond l'Afrique et les masses désœuvrées, voire marginales, qui tentent l'aventure. Elle n'a pas compris la question 

démographique. 

 

     Mais E. Macron n'est pas plus lucide quand il dit :"il y a une alternative simple qui nous est aujourd'hui posée à tous: est-ce que nous voulons des solutions nationales ou est-ce que nous croyons dans des solutions européennes et de coopération ?". Là aussi, grave erreur de jugement : la même que celle de Merkel que l'on visait ci-dessus. Quant au nouveau venu, au destin politique tout aussi fragile, le socialiste espagnol Pedro Sanchez, qui a ouvert ses ports aux 629 migrants de L'Aquarius : "ce dont nous avons besoin, c'est d'une réponse commune à un défi commun". Rhétorique creuse de nature à irriter les chômeurs, les retraités, les familles européennes pour qui le défi, quotidien, est de vivre dignement.

 

     Le compromis trouvé ce vendredi aux aurores est "un très bon compromis", selon le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki; notamment la répartition de demandeurs d'asile sur une base volontaire: ce qui veut dire que le système va exploser puisque le fardeau sera concentré sur

certains pays, qui seront rapidement confrontés à l'irritation de leur opinion publique. La fin annoncée des accords de Dublin.

 

     "L'Italie n'est plus seule", s'est félicité Giuseppe Conte qui a le triomphe modeste. Mais le point principal n'est pas encore réglé : Donald Tusk, très opportuniste, a proposé aux dirigeants des pays de l'UE de réfléchir à la solution italienne de "plateformes de débarquement hors de

l'Europe" pour les migrants secourus en mer, ce qui "mettrait fin au modèle économique (sic) des passeurs".

 

      Or la Libye, et à présent le Maroc, principaux pays visés ont indiqué refuser cette solution. Pourtant ces pays sont responsables - même pénalement- de tolérer l'activité des passeurs, et encore plus de laisser partir de chez eux des embarcations violant les règles internationales sur la sécurité des passagers sur les ''navires'' les  transportant à partir de leurs territoires. La question (que nous avions déjà précédemment soulevée) le sera à nouveau et l'Italie instaurera sans doute des contrôles de sécurité à la limite des eaux territoriales (22km) libyennes.

 

      Il y a désormais deux catégories de gouvernants européens : ceux qui se gobergent de mots et d'idéologies confuses, sans considérer leur échec collectif ; et ceux qui ont promis de rendre des comptes à leurs électeurs qui veulent moins souffrir. Il se trouve que la première catégorie

disparaît pendant que la seconde grandit imparablement.

 

Source : https://www.causeur.fr/italie-migrants-migrations-conte-europe-152206

 

Commentaires: 0