Les empires naissent, se déploient et meurent. Le conflit ukrainien annonce le crépuscule de l’Empire américain et
l’avènement d’un nouvel ordre mondial dominé par l’Eurasie.
« La guerre est perdue.
Négociez. » C’est en substance, le message de Emmanuel Macron et de Olaf Scholz à Volodymyr Zelensky, lors de leur entretien à l’Élysée, début février, selon
le Wall Street
Journal2. De
son côté, Joe Biden aurait fait des propositions de paix selon Newsweek3. Information
immédiatement qualifiée de « complètement
fausses » par la Maison Blanche.
Y a-t-il désaccord entre alliés ?
À la Conférence sur la sécurité de Munich (17-19 février), l’optimisme prévalait officiellement. En privé, c’est le pessimisme qui l’emportait.
« Personne ne pense que
l’Ukraine puisse regagner les territoires perdus» note Stephen M. Walt, professeur de géopolitique à Harvard, présent à la conférence4. L’objectif
n’est plus la victoire mais une négociation aussi favorable que possible à l’Ukraine. Il n’y a pas désaccord sur l’issue de la guerre, seulement sur la façon d’y mettre fin. Les Européens
souhaitent entamer des négociations dans les plus brefs délais, les néoconservateurs espèrent obtenir quelques succès sur le terrain au préalable. Illusion.
Les Leopard allemands
et les Abrams américains
– s’ils ne sont jamais délivrés – ne changeront rien à l’affaire5. Bakhmout
est sur le point de tomber6. La
guerre est perdue. Les conséquences de cette défaite sont désastreuses pour les États-Unis et l’Europe. Washington, Londres, Paris et Berlin entrent donc dans une phase de Damage
Control pour en minimiser les effets. L’ordre mondial qui prévalait depuis la chute de l’Union soviétique, n’est plus.
Le premier souci des dirigeants occidentaux, et non des moindres, sera de contrôler le
« narratif », c’est-à-dire la présentation qui sera donnée de cette défaite ukrainienne dans les médias. Ils s’appesantiront très certainement sur la vaillance
et le courage des Ukrainiens, puis les oublieront rapidement pour informer leurs lecteurs de la menace que fait peser la Chine sur la paix dans le
monde – version amendée du péril jaune de jadis.
De ce point de vue, l’affaire du ballon stratosphérique chinois fut une aubaine, et exploitée comme tel par les États-Unis. À noter qu’on ne sait toujours
pas si c’était un ballon météorologique, comme l’affirment les Chinois, ou un ballon espion, comme l’attestent les Américains. Précédant cet incident, de nombreux jalons avaient été posés
pour discréditer la Chine. Le plus récent et le plus emblématique fut le voyage de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, en août 2022, à Taïwan au cours duquel Taipei
fut présenté comme le David de la liberté face au Goliath du totalitarisme. La machine médiatique est en route. Peut-être fera-t-elle illusion à l’ouest, mais pas à l’est.
Le second souci des occidentaux, le plus crucial, est la secousse sismique de cette défaite. Les États-Unis auront fort à faire pour l’endiguer, compte tenu
de leurs erreurs passées.
Il y a des bourdes qu’une nation ne peut commettre.
Aveuglés par leur puissance, les États-Unis les ont multipliés depuis 1991. On ne peut détruire une nation sous un faux prétexte (Irak), en envahir une
autre, connue pour être le cimetière des empires, sans en payer le prix fort (Afghanistan), imposer urbi et orbi ses lois extra-territorialement, pousser ses deux plus grands concurrents
– la Russie et la Chine – dans les bras l’un de l’autre, en humiliant l’un et contrariant l’autre, sans conséquences. On ne doit pas inciter une nation qui a fait du non-alignement la
vertu cardinale de sa politique étrangère à se jeter dans les bras du couple russo-chinois : En refusant par deux fois de condamner la Russie à l’ONU, l’Inde s’est engagée du côté de
la Russie. Au cours du temps, les États-Unis se sont mis à dos ce qu’on appelle désormais le « Global South », c’est-à-dire l’Asie, le Moyen Orient,
l’Afrique et une partie de l’Amérique latine. Ce n’est pas la Russie qui est isolée, comme le clamait Joe Biden, mais les États-Unis et l’Europe. Cet isolement demeurera.
Autre bourde incompréhensible qui s’ajoute aux précédentes : La militarisation du dollar.
Le dollar, qui est l’un des piliers les plus solides de la puissance américaine, va perdre sa couronne. Son utilité réside dans son potentiel géopolitique
et non dans son utilisation comme arme financière. Geler illégalement les réserves monétaires d’une nation aussi puissante militairement que la Russie est peut-être l’une des plus grandes
bourdes que les États-Unis ont commise dans ce conflit. Cette utilisation mettra fin au dollar comme monnaie de réserve par excellence. Les nations du « Global South » s’en
détournent.
À terme, une autre monnaie lui fera concurrence. Chinois et Russes y travaillent. Ils sont en cela encouragés par la situation de plus en plus précaire du
dollar. La dette publique américaine s’élève à 30 000 milliards de dollars, soit 120% de son produit intérieur brut. Le dollar est une monnaie fiduciaire qui repose sur un amas de
dette. La Chine, qui fut longtemps le premier banquier des États-Unis avec le Japon, réduit progressivement le montant des obligations du Trésor américain qu’elle détient. Dans le même
temps, l’économie russe, que la guerre en Ukraine et les sanctions devaient détruire, a retrouvé une santé que personne n’imaginait il y a encore quelques mois, si l’on en croit les
prévisions du Fonds monétaire international7.
Le troisième souci qui ne tracasse guère les Américains, mais inquiète fortement les dirigeants européens est l’avenir de l’Europe. C’est dans ce contexte
que cette guerre russo-américaine par Ukraine interposée prend tout son sens. Son origine remonte à un passé lointain, à la théorie de l’île-monde du géographe britannique Halford
Mackinder, publiée en 1904, voire même au-delà avec la guerre de Crimée. L’Empire américain est le digne continuateur de l’Empire britannique. L’un et l’autre sont des empires maritimes.
Leur puissance repose sur le contrôle des mers, du commerce et des capitaux. Une Allemagne étroitement liée économiquement à la Russie est la matérialisation de l’île-monde que Mackinder
craignait tant. Cette vérité transparaît au travers du sabotage du gazoduc Nord Stream commandité par Washington, selon Seymour Hersh, journaliste d’investigation8
En 2020, l’Allemagne dépendait à plus de 60% de la Russie pour ses approvisionnements en gaz9 Cela
pouvait en faire une obligée de la Russie. Les États-Unis ne pouvaient tolérer que leur point d’ancrage en Europe soit l’objet d’un chantage économique. Nord Stream a donc été détruit.
Cette destruction aura un impact majeur sur l’économie allemande, et par contrecoup sur l’économie européenne. L’Allemagne s’approvisionne désormais en gaz de schiste
américain – un gaz beaucoup plus cher que le gaz russe, sans parler de son impact écologique. Quand son prix sera pleinement répercuté sur les coûts de production, l’économie allemande
entrera en récession, entraînant l’économie européenne dans son sillage. L’ami américain n’a pas hésité à sacrifier l’économie de son allié européen
le plus sûr au nom de sa sécurité – cela semble une politique à courte vue.
Cette remarque nous conduit tout naturellement au quatrième souci des occidentaux dans cette affaire : L’OTAN et l’unité
européenne.
À mesure que les conséquences du conflit ukrainien se feront sentir sur la population européenne, l’unité occidentale fera place à la désunion. Si on ajoute
à cela une inflation mal maîtrisée dont les causes profondes sont une politique monétaire américaine irresponsable, le mécontentement se transformera en révolte, non seulement en Europe
mais aussi aux États-Unis où la campagne pour les présidentielles de 2024 commence. «Le soutien de
l’opinion en faveur de l’Ukraine faiblit et les deux principaux candidats républicains sont de plus en plus critiques à l’égard de l’implication des États-Unis dans cette
guerre» note le New York
Times10. Tant
en Europe qu’aux États-Unis, des questions se poseront suite à l’échec de cette guerre. En France, des généraux ont fait part de leur désaccord. Des généraux allemands ont fait de même
ainsi qu’un général italien qui demande la dissolution de l’OTAN. La faiblesse à venir de l’économie européenne, jointe au désamour vis-à-vis du dollar, entraînera la disparition de
l’euro.
Devant ce scénario qui se développe sous nos yeux, certains s’inquiètent de la réaction des néoconservateurs, responsables de cette guerre, ces
va-t-en-guerre que Bush père appelait « les cinglés du sous-sol » de la Maison Blanche où ils résidaient alors. Ils ont depuis grimpé les marches de la
résidence du président américain et sont désormais fermement établis au rez-de-chaussée ainsi qu’au ministère des Affaires étrangères. Face à la défaite, ils pourraient être tentés par
une escalade du conflit qui pourrait conduire à une troisième guerre mondiale, une guerre nucléaire. Cette inquiétude est injustifiée. Hors le cas d’une erreur humaine ou
d’une défaillance technique, cette guerre n’aura pas lieu. Les néoconservateurs sont débiles, mais ils ne sont pas suicidaires. Accepteront-ils leur défaite ? Non. Ils reprendront le
combat pour l’hégémonie mondiale au Moyen Orient… avec le même résultat que par le passé11 La
paix ne reviendra que lorsqu’ils auront quitté les allées du pouvoir.
Pourquoi ces guerres quand l’Empire s’effondre sous le poids de ses contradictions, turpitudes et mensonges ? Les
infrastructures américaines demandent un entretien d’urgence. Plus de 1000 trains déraillent chaque année – le dernier en date a fait scandale en raison de la solution adoptée pour y
mettre fin. Les dirigeants de Norfolk Southern, propriétaire du train, et les autorités de l’État de l’Ohio ont décidé de mettre le feu aux gaz toxiques transportés sans égard aux
répercussions sur la population locale12 Suite
aux délocalisations, les villes du Midwest se vident à l’image de Détroit qui a perdu 40% de ses habitants ces deux dernières décennies. Plus de 100 000 Américains meurent chaque
année d’overdose – soit deux fois le nombre de tués au Vietnam. Un tiers de la population est quasiment analphabète, et 43% est obèse. La population carcérale est la plus importante au
monde en termes absolus et relatifs. En réponse à la question posée au début de ce paragraphe, Alfred McCoy, historien reconnu, répond : « Alors que dans leur
phase ascensionnelle, les empires utilisent judicieusement et rationnellement leurs forces armées dans la conquête et le contrôle de nouveaux territoires, dans leur déclin, ils dispersent
leurs forces dans des actions mal pensées et mal préparées dans l’espoir de regagner leur gloire passée »13.
Et l’Ukraine dans tout cela
?
Son sort sera décidé par Moscou, et non par Washington qui fit avorter les négociations de paix de mars 202214. Pour
savoir quelles sont les conditions que Vladimir Poutine souhaite imposer aux Ukrainiens, reportons-nous à son discours du 24 février 2022 dans lequel il énonce les objectifs de
l’Opération militaire spéciale qui a commencé ce jour-là. L’Ukraine représente, dit-il, « une menace, non
seulement pour nos intérêts, mais aussi pour l’existence même de notre État et sa souveraineté». Cela signifie que l’oligarchie qui dirige le pays après avoir
illégalement pris le pouvoir en février 2014 doit se démettre. L’Ukraine sera neutre et partie intégrante de la sphère d’influence de la Russie, pour ne plus être ce qu’elle était
depuis 2014, un membre de fait de l’OTAN. Quant au Donbass et à la Crimée, leur sort est scellé. Ils sont membres à part entière de la Fédération de Russie.
Cependant ce plan, s’il est accepté, ne règlera pas le problème européen. L’Europe souffre de sa diversité et de ses dissensions, et donc de son incapacité
à se défendre. Elle est potentiellement une proie. Dans un projet de traité remis aux autorités américaines le 11 décembre 2021, Vladimir Poutine a soumis un projet d’architecture de
sécurité de l’Europe. Washington ne lui a pas donné suite. Dans le passé, Emmanuel Macron s’était déclaré en faveur d’une architecture européenne de sécurité15. Si
son plan diffère de celui du dirigeant russe, il n’en démontre pas moins une communauté de vue à ce sujet. C’est dans cette direction qu’il faut se diriger pour assurer la paix en
Europe.
En 1964, J. William Fulbright, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, publia un livre intitulé « L’Arrogance du
pouvoir ». Aujourd’hui, les États-Unis paient le prix de cette arrogance. Il est élevé. C’est la fin de l’empire américain, cet empire si brillamment décrit par Claude Julien,
dans son livre éponyme publié en 1968. John Donne conclue son poème dont le titre est repris dans cet article, par ses mots : « Ne
demande pas pour qui sonne le glas, il sonne pour toi ».
La fin d’une civilisation est identique à celle d’un être vivant ; elle met juste un peu plus de temps à disparaître comme elle a mis un peu plus de
temps à vivre ; il peut arriver aussi qu’elle meure sur les lieux mêmes où elle est née, tout comme un être humain, celui qui est attaché à sa terre. C’est une loi du temps cyclique
qui fait qu’une révolution – une vie – part d’un point pour arriver, au bout de sa course, à son point de départ pour recommencer un autre cycle.
A. Le berceau
Le berceau des Indo-Européens
La civilisation indo-européenne1 est
née de celle des kourganes datée du Ve au
IIIe millénaire avant notre ère, donc au début du dernier des quatre âges, l’Âge de fer ou Kali-Yuga ou Âge
sombre2.
Un kourgane est un tertre, un tumulus, recouvrant une sépulture souvent collective ; ces kourganes se répartissent dans l’est de l’Ukraine (Don,
Dniepr) et dans le sud-ouest de la Russie (Volga). Mais la civilisation des kourganes est loin de ne se cantonner qu’à cette région ; en fait, elle s’étend jusqu’à l’ouest de la
Sibérie et on peut dès lors considérer que c’est quasiment l’ensemble de la Russie, avec son extension
asiatique, qui est le berceau des Indo-Européens.
Sa partie plus spécifiquement européenne est constituée des peuples albanais, arméniens, baltes, celtes, germains, grecs, italiques, et, bien sûr, slaves.
[NDLR : L’hypothèse d’une communauté linguistique et culturelle indo-européenne, qui aurait exercé une influence sur les peuples d’Eurasie est largement
contestable, car la supposée population parlant le proto-indo-européen n’a laissé ni trace archéologique ni document historique qu’on pourrait lui attribuer de manière directe. Elle est donc
très fragile et en absence d’éléments probants en quantité suffisante devrait être abandonnée. De plus, elle tend plutôt à limiter l’influence nocive attribuée plus loin dans l’article au
« Prince de ce monde » qui si elle est fondée ne se limite pourtant pas au théâtre eurasiatique. Et de nos jours, l’idée de civilisation est de portée mondiale. C’est la
civilisation humaine entière qui est menacée de disparition ou au moins de forte régression et décadence, surtout sous l’angle spirituel.]
Les projecteurs ont été évidemment braqués ces dernières années sur l’Ukraine qui compte, à elle seule, environ 100 000 tumulus qui,
d’après Le
Courrier international du 4 mars 2011, ne sont nullement protégés ; et la guerre actuelle n’arrange vraisemblablement pas les choses :
« Mais, aux yeux des
spécialistes, c’est l’indifférence absolue de la population ukrainienne elle-même qui représente la plus grande menace. Les « archéologues au noir », ceux qui fouillent
clandestinement les sites en quête d’objets précieux à revendre, sont comparativement moins dangereux que les responsables officiels qui, dans leur ignorance, refusent carrément de
protéger les ruines de villes antiques et les tumulus, quand ils ne commettent pas délibérément des crimes en autorisant par exemple l’ouverture de chantiers de construction sur des sites
répertoriés. »
En guise de boutade, nous aurions espéré que l’une des tâches primordiales de l’Union européenne soit de préserver et de restaurer ce patrimoine commun.
Mais non, l’UE a mieux à faire : elle s’active à forcer la population européenne à se nourrir de cafards et de poulets américains aux hormones ; nous savons désormais que l’UE
ne constitue que l’un des rouages qui permettent à l’Amérique de garder sa prédominance sur le monde, au même titre que d’autres organismes internationaux créés par les États-Unis, comme
l’OTAN, le FMI, l’ONU, l’OMS, etc. avec l’aide de l’exécuteur de ses basses œuvres, la CIA qui a fomenté toutes les pseudo « révolutions de
couleur » dans le monde, y compris celle de l’Ukraine.
Le berceau de la Russie
L’Ukraine est aussi le berceau de l’actuelle Russie. Lorsque les Slaves orientaux s’installent au VIIe siècle dans ce qui est l’actuelle Ukraine, ils
trouvent des peuplades finnoises, baltes et khazars et
commencent à ériger sur ce territoire des fermes fortifiées. C’est au IXe siècle que des Vikings suédois,
appelés Varègues ou Rus,
commerçants, pillards et guerriers, à la recherche de routes vers Byzance, sous la conduite d’Askold, s’emparent de la
principauté de Kiev fondée par les Slaves orientaux. Un autre Varègue, Oleg, fait tuer Askold et
s’installe à Kiev et fonde le premier État
russe (la Rus de Kiev) en
vassalisant les autres principautés voisines russes et slaves. La Rus de
Kiev s’étendra jusqu’à devenir le plus grand État d’Europe. Vladimir 1er (980−1015) incarnera
l’apogée de cet État. Et Russes et Slaves finiront par devenir
le même peuple, comprenant la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.
B. Le tombeau
Machinations américaines
Pour nous en tenir à notre sujet, l’Europe, nous ne remonterons que jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale pour évoquer brièvement le rôle des États-Unis dans
la politique internationale, mais les agissements américains destinés à imposer à la planète leur vue du monde mercantile (déguisée en une croisade messianique « démocratique »
basée sur les croyances puériles et dogmatiques des premiers « pilgrims »),
datent (au moins) de la Première Guerre mondiale.
En effet, selon les motivations exclusivement économiques et intéressées qui dictent les prises de position américaines, l’Amérique est présente sur toutes
les scènes de conflit, avant et après la Seconde Guerre mondiale : Hitler n’a pu accéder au Pouvoir que
grâce au financement de certaines banques et entreprises américaines telles que Morgan, Chase Manhattan (Rockfeller), Ford, General Motors, Standard Oil, etc.
Cette Amérique sera tout aussi présente après la guerre pour créer un organisme à sa botte qui s’appellera l’Union européenne. L’un des fondateurs de cette
structure sera Jean
Monnet, agent de la CIA selon Marie-France Garaud3,
Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres, tandis que d’autres fondateurs de cette institution comme Robert Schuman et le
belge Paul-Henri
Spaak tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis.
Puis le plan Marshall (1948) achèvera la
mise en place du dispositif de sujétion de l’Europe aux États-Unis. Ce prêt accordé à une Europe en ruines n’était évidemment pas à vocation philanthropique et seule l’Union
soviétique l’a refusé pour ne pas être dépendante des EU4.
« Les États-Unis ont
mis en place une entreprise de colonialisme, l’aide est un cadeau empoisonné », dénoncera Staline. « Les
pays qui l’acceptent perdront leur souveraineté nationale et leur indépendance économique ». Et L’Obs5 explique
ce marché de dupes : « Une première tranche
de 5 milliards de dollars (52 milliards de dollars aujourd’hui) est allouée aux pays
signataires. L’ECA (Administration de Coopération Économique) se charge de
contrôler et de gérer les fonds. Les dollars repartent aux États-Unis : ils soutiennent l’économie et épongent les excédents. L’Amérique de Truman fait de l’Europe son marché, puisque
tout ce qui y est acheté est américain. Derrière le plan Marshall se cache donc une redoutable machine de propagande pour valoriser l’American way of life et
promouvoir le pays. En 1953, George Marshall recevra le prix Nobel de la paix pour le « sauvetage » du Vieux Continent. »
Les Américains n’ont décidément pas d’imagination : ce plan Marshall a été une telle
réussite pour leurs affaires qu’ils n’hésiteront pas à provoquer des conflits (tout bénéfice pour le complexe militaro-industriel) pour reconstruire des pays qu’ils auront
ruinés auparavant ou pour piller leurs ressources. La liste est interminable (les derniers en date : Irak, Syrie, Libye, Serbie, Afghanistan). L’Ukraine vient d’entrer en lice et là, les
USA font très fort : ils demandent à un petit pays, l’Ukraine, d’entrer en guerre contre un grand pays qui refuse leur domination (la Russie) ; l’Ukraine envoie sa population se faire
massacrer, les armes sont fournies par les Européens et ce sont les entreprises américaines (sous la houlette de Blackrock) qui reconstruiront
l’Ukraine dévastée, aux frais des mêmes Européens.
Il est bien évident que ces menées ressemblent fort à des
méthodes de voyous et ne sont pas dignes d’un État, et encore moins de celui qui est encore le plus puissant du monde. Mais c’est un colosse aux pieds d’argile.
Une secte maléfique
Ce n’est pas tout. Nous en sommes restés jusqu’ici à une analyse historique des événements, politique, superficielle et bassement matérielle qui n’affecte
que très peu les véritables enjeux de la marche du monde. Car derrière les nations, et notamment derrière les USA, se tiennent les véritables maîtres de la planète qui tirent les ficelles
des marionnettes que sont ces chefs d’État qui n’ont qu’un pouvoir extrêmement réduit.
Avec l’apparition récente, inattendue et brutale de cette caste mondialiste pédo-sataniste et toute puissante, nous sommes entrés dans un autre monde que
les hommes de Tradition ne croyaient pas possible. La désignation scientiste de cette engeance s’appelle le transhumanisme, et je la définis plus prosaïquement comme étant la
manifestation du titanisme.
Les esprits avisés et curieux (regroupés sous le terme générique de « complotistes »)
savaient cependant que cette oligarchie allait révéler son existence en pleine lumière, si j’ose dire, lorsqu’elle aurait achevé la mise en place de ses funestes desseins concoctés
patiemment depuis des centaines, voire des milliers d’années, car son héritage provient du plus obscur des âges et des plus maléfiques origines.
Je ne reviendrai pas sur les motivations de cette secte diabolique déjà évoquées dans plusieurs de mes articles sur ce même site6.
Même les plus rationnels des commentateurs ne trouvent pas d’autre mot pour désigner le grand marionnettiste qui dirige les manigances de ces gens persuadés d’être les maîtres du monde ;
ils l’appellent le Prince de ce
monde ou, tout simplement comme l’économiste Charles
Gave : le
Diable7.
La caste agit partout, sur toute la planète, avec des méthodes très diverses, dans des domaines tout aussi variés, avec pour principal objectif d’éradiquer
le monde « ancien », qui est, pour les gens sensés, un monde qui vit, depuis sa création, selon des préceptes naturels, tels que Dieu a conçu le monde.
J’ai ici sélectionné trois niveaux d’intervention de la Secte dans cette panoplie à usage infini.
Détruire les racines du monde ancien
J’ai parlé d’analyse superficielle des événements en évoquant les exactions de l’Amérique du Nord en tant qu’État. C’est sans doute pour cette raison qu’on
appelle, à l’inverse, « État
profond » les membres du gouvernement américain qui dirigent, plus ou moins secrètement, le pays, c’est-à-dire ceux qui reçoivent leurs directives de la Secte.
Les motivations profondes de la Secte sont de détruire inexorablement tout ce qui, sur Terre, a un lien avec la Tradition et les origines de cette
Tradition, en gros, toutes les sociétés et les cultures qui ont gardé un caractère traditionnel ou quelques bribes de ce caractère.
C’est ainsi que les États-Unis, qui se sont eux-mêmes coupés délibérément de leurs racines européennes, et qui, donc, n’en ont aucune, dans leur obsession
hégémonique de fracturer l’Europe de l’Est et de l’Ouest afin de ne pas se trouver face à une alliance de l’ancienne Europe et de la Russie, portent le fer, le feu et les bombes (avec la
complicité de l’Union européenne) une première fois sur la Serbie. Le but est de lui soustraire son berceau initial qu’est la région du Kossovo et créer ainsi un État islamique et
corrompu au sein de l’Europe.
Le processus de destruction de
l’Ukraine constitue la deuxième tentative de l’Amérique de porter atteinte, définitivement, croit-elle, aux origines à la fois de l’Europe et de la Russie.
On se souviendra encore que les États-Unis ont détruit, quelquefois sous faux drapeau islamiste, les sites sacrés anciens de l’Irak et de la Syrie du temps
où c’était la Mésopotamie. Il fallait, pour que ces agressions réussissent, que les opinions soient préparées à les considérer comme des bienfaits.
Il s’agit peut-être d’un hasard mais voici encore une information qui tendrait à prouver que notre ennemi sans nom, s’il n’a aucun scrupule, n’est pas tout
à fait inculte : le symbole visuel sans doute le plus uniformément répandu sur l’ensemble de la planète dans toutes les civilisations anciennes est le svastika. Il apparaît en
Europe à la même époque au sein de différentes cultures est-européennes contemporaines de la civilisation des kourganes : la culture de Vinca en Serbie et la culture de Cucuteni-Tripolia,
qui s’étendait des Carpates au Dniepr, de la Roumanie à l’Ukraine. Serbie et Ukraine, quelle coïncidence ! Le svastika est un symbole solaire qui symbolise le cycle du soleil et donc
l’éternité, les anciens supposant que le Soleil était éternel. Chez les Indous, c’est aussi un signe de bienvenue et de souhait de bonne santé.
Pour la Tradition primordiale, c’est un symbole certes solaire par son mouvement circulaire supposé mais aussi polaire si l’on envisage l’axe central,
immuable et transcendant, de la roue.
Inverser les valeurs traditionnelles et les symboles
La Tradition primordiale considère qu’à la fin d’un cycle, toutes les valeurs traditionnelles sont inversées ou tournées en dérision. C’est ce que l’on
appelle une parodie, qui trouvera son
apogée avec l’apparition du clown Zelensky. Ce fut aussi
le cas lorsque les
nazis s’emparèrent du svastika et qu’il devint plus communément appelé la croix gammée.
C’est cette même croix gammée qui a été reprise comme emblème par une partie importante de l’armée ukrainienne, notamment par le bataillon Azov qui se
réclame de Bandera, qui était le chef de
l’Organisation des nationalistes ukrainiens collaborant avec l’Allemagne nazie en créant la Légion ukrainienne sous commandement de l’armée allemande.
Quiconque a vu une photo de ces néo-nazis ukrainiens est pris de stupeur, ou emporté par un grand éclat de rire, en voyant les corps de ces colosses tatoués
de la tête aux pieds de croix gammées, de portraits d’Hitler ou de Bandera et portant au cou et aux bras des colifichets de tout aussi mauvais goût. Nous sommes bien loin de la
signification bienveillante du svastika des Indous.
Des clowns terrifiants : c’est sans doute l’effet recherché par les promoteurs de cette guerre ; à la tête de ces néo-nazis, un « humoriste » plus ridicule
qu’effrayant : leur président Zelensky, lui, clown de métier, se produisant dans des shows télévisés, qui « jouait du piano debout »… avec son sexe. C’est le « héros » qu’ont mis en place
les Occidentaux (Américains et Européens) pour incarner la résistance contre « l’envahisseur » russe.
Des néo-nazis dirigés par un clown juif corrompu monté sur talons aiguille ? Mais quelle est encore cette folie ?
Et nos braves petits démocrates français bien endoctrinés, qui hurlent à la mort dès qu’il voient l’ombre d’un électeur de Zemmour en le traitant de nazi
(l’insulte la plus infamante qui soit en France), sont prêts à se jeter dans les bras de ces pantins stupides mais décorés comme des sapins de Noël en les couvrant de câlins. Un
psychiatre est-il capable d’expliquer un tel degré de schizophrénie ? Nous vivons dans un hôpital psychiatrique à ciel ouvert où seules sont enfermées les personnes qui ont conservé un
peu de bon sens.
Mais ce n’est là que l’un des aspects de la décadence voulue et organisée par le « Prince de ce monde. » D’autres lois, mesures, règlements, sont pris à une
cadence effrénée pour annihiler toute trace de bon sens et tout reste de culture. Ces mesures s’appliquent essentiellement au monde blanc et particulièrement au monde européen
traditionnel qui sert de laboratoire à toutes ces expériences immondes concoctées par les dingues qui nous dirigent.
Nous ne citerons en exemple que deux de ces dispositions prises récemment par des pays occidentaux et une proposition qui a des chances d’aboutir :
1. Désormais, la gastronomie française et européenne n’a qu’a bien se tenir et nos chefs toqués le devenir encore plus (toqués) : ils seront obligés
de cuisiner
des cafards et autres blattes ; pour l’instant, vers de farine et « grillons domestiques » (domestiqués par qui?) en poudre selon l’autorisation délivrée par la
Commission européenne le 3 janvier 2023. On connaît le processus de grignotage (c’est le cas de le dire) de toutes ces décisions antidémocratiques qui nous font en permanence avaler… des
couleuvres.
2. La rédaction des lois dans les pays occidentaux a ceci de bien pour leurs rédacteurs qu’elle permet de dire exactement le contraire de ce que, in fine,
les lois vont imposer ; par le truchement des exceptions et autres dérogations, elles vous font passer facilement des vessies pour des lanternes. Ainsi en est-il de la loi adoptée le 16
février 2023 par le parlement (de gauche) espagnol concernant « le bien-être animal » qui prévoit des sanctions pour ceux qui « par tout moyen ou
procédé, y compris les actes de nature sexuelle, causent une blessure à un animal vertébré nécessitant un traitement vétérinaire pour rétablir sa santé », ce qui donc revient,
d’une façon détournée, à banaliser la zoophilie, tant
que les « amoureux » des animaux ne leur font pas subir de « lésions ».
3. Dans une étude publiée le 18 novembre 2022, une universitaire norvégienne, Anna Smadjor, propose d’utiliser les femmes en état de mort cérébrale comme
mères porteuses pour, dit-elle, « offrir un autre moyen
de gestation aux futurs parents qui souhaitent avoir des enfants, mais qui ne peuvent pas ou préfèrent ne pas les porter ». Ce n’est pour l’instant qu’une proposition ; mais,
forts de l’expérience PMA et GPA, tout laisse à penser que cette suggestion sera bientôt une réalité. Ceci s’apparente à de la nécrophilie.
Entomophagie, zoophilie, nécrophilie,
pédophilie, sans compter toutes les déviances LGBTQIA+, la promotion des changements de sexe dans les écoles, les « hommes » enceints, etc. voici donc où nous en sommes en ce
début d’année 2023. Quel progrès ! Un grand pas pour l’Humanité ! Merci, mon Prince !
Soumettre et réduire la population planétaire
La Secte maîtrise parfaitement les techniques de propagande, qu’on appelle « ingénierie
sociale ». Des centaines de millions d’individus de par le monde ont été subjugués au début des années 2020 par les consignes radicales qu’elle a imposées et se sont
pliés sans rechigner à toutes les directives, même les plus stupides. La lobotomisation des individus, y compris dans les milieux cultivés, sinon plus, a parfaitement réussi. C’était,
pour nos dirigeants, le but principal à atteindre, la pseudopandémie suivie des
pseudovaccins a permis de vérifier le degré de soumission des populations. Le deuxième volet de cette opération a été moins concluant et n’a pas permis une réduction drastique
des populations même si la mortalité a considérablement augmenté dans les pays occidentaux suite à la vaccination et même si on peut s’attendre encore à de nombreuses conséquences létales
dans les années qui viennent.
Cependant, du fait de ce lavage de cerveau qui a touché la majeure partie des populations, on ne doit pas s’attendre à leur réveil et encore moins à quelque
révolte que ce soit.
En ce qui concerne l’affaire ukrainienne, la même propagande qui a si bien marché s’est exercée sur les Français avec le même succès. Combien de maires ont
hissé sur le fronton de leur mairie (et continuent de le faire) le drapeau ukrainien8 !
Cette inertie et, il faut bien le dire, cette lâcheté de la population, ne
présage rien de bon. L’affrontement est inévitable si, en France, le Président Macron continue ses provocations à l’égard de la Russie comme s’il s’agissait de la Principauté
d’Andorre.
Désormais, deux blocs s’affrontent :
celui des
mondialistes qui prônent la disparition pure et simple de toutes les anciennes structures notamment européennes (et éventuellement des peuples qui les ont bâties)
;
et celui des
traditionalistes de toutes les grandes civilisations qui n’ont pas renoncé à se couper de leurs racines, qui représentent au moins les deux-tiers des populations de la
planète.
La Russie, forte de ses origines indo-européennes et des origines des républiques qui la composent, mène la bataille ; c’est un peuple dont le riche passé a
été en quelque sorte congelé pendant les 70 années qu’a duré la période soviétique ; il se réveille, pur et intact, avec le dynamisme de la jeunesse, et d’autant plus proche de ses
racines qu’elles réapparaissent avec toute la puissance de leur renaissance.
L’issue de la guerre que la Russie et ses alliés pourraient mener face à ce troupeau de zombies qu’est devenu l’Occident, ne fait aucun
doute.
La doxa progressiste en cour chez les linguistes, historiens, archéologues et autres chercheurs prétend qu’il n’existe pas de peuples indo-européens mais seulement une langue
commune
Je parle ici des quatre âges cosmiques de la Tradition primordiale (Âges d’or, d’argent, de bronze, de fer) selon la cyclologie des anciennes traditions indienne, iranienne,
grecque… et non pas des périodes archéologiques matérielles : âge de la pierre, du bronze, du fer qui ne sont en aucune façon analogiques avec les connaissances
traditionnelles.
Où va l’Europe à la suite des
allégations concernant Nord Stream ? Il est difficile de voir une Europe dominée par l’Allemagne s’éloigner de Washington.
« L’OTAN n’a jamais été
aussi forte ; la Russie est un paria mondial ; et le monde reste inspiré par la bravoure et la résilience ukrainiennes ; en bref, la Russie a perdu, la Russie a perdu stratégiquement,
opérationnellement et tactiquement – et ils paient un prix énorme sur le champ de bataille ».
Lui, (le général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines) ne croit pas un mot de tout cela. Nous savons qu’il n’y croit pas car, il y a deux
mois, il a dit exactement le contraire – jusqu’à ce qu’il soit réprimandé par la Maison Blanche pour s’être écarté du message de Joe Biden. Maintenant, il est de retour et joue dans
« l’équipe ».
Zelensky ne croit probablement pas non plus à la récente promesse européenne de fournir des chars et des avions – et il sait qu’il s’agit principalement
d’une chimère. Mais il joue dans l’équipe. Quelques chars supplémentaires ne feront aucune différence sur le terrain, et sa cinquième mobilisation se heurte à une résistance au niveau
national. Les armées européennes attendent cet épisode, leurs armureries fonctionnant avec des « réservoirs de réserve ».
Zelensky ne cesse de répéter qu’il doit disposer de chars et d’avions d’ici le mois d’août pour renforcer ses défenses en pleine hémorragie. Mais,
contradictoirement, Zelensky est averti qu’il
est essentiel de « réaliser des gains
significatifs sur le champ de bataille » dès maintenant, car l’administration a « la ferme conviction » qu’il sera plus difficile par la suite d’obtenir le soutien du
Congrès (autrement dit, il sera trop tard en août).
Il est clair que les États-Unis préparent le terrain pour une « annonce de la victoire » au printemps – comme le laissent présager les
commentaires délirants de Milley – et un pivot – juste un peu avant le coup d’envoi du calendrier des élections présidentielles américaines.
Le « récit » dans les médias a déjà commencé à faire la transition vers une offensive russe écrasante à venir – et une résistance ukrainienne
héroïque écrasée par une force écrasante.
« La nature critique
des prochains mois a déjà été transmise à Kiev en termes directs par les hauts responsables de Biden – notamment le conseiller adjoint à la Sécurité nationale Jon Finer, la secrétaire
d’État adjointe Wendy Sherman et le sous-secrétaire à la Défense Colin Kahl, qui se sont tous rendus en Ukraine le mois dernier » (Washington
Post) – le directeur de la CIA Bill Burns s’étant déplacé pour informer personnellement Zelensky une semaine avant l’arrivée de ces responsables.
Zelenksky a été mis en demeure. Des résultats maintenant, ou sinon !
Mais Seymour Hersh finit par dire tout haut une dure réalité non exprimée, aux conséquences politiques extrêmement complexes (extrait de l’interview
ultérieure de Hersh au Berliner
Zeitung). Non, pas le sabotage du Nord Stream (nous le savions), mais celui d’une erreur de jugement irréfléchie et d’une colère croissante à Washington – et du mépris pour les
jugements politiques immatures de Biden et de son équipe rapprochée de néoconservateurs.
Ce n’est pas seulement que l’équipe Biden a « fait sauter les pipelines » ; elle en est fière ! Il ne s’agit pas seulement du fait que Biden était
prêt à éviscérer la capacité concurrentielle et les perspectives d’emploi de l’Europe pour la prochaine décennie (certains applaudiront). La partie explosive du récit était que
« À un
certain moment après l’invasion des Russes, et après que le sabotage ait été fait… (ce sont des gens qui travaillent à des postes de haut niveau dans les services de renseignement, et qui
sont bien formés) : Ils se sont retournés contre le projet. Ils l’ont trouvé fou ».
« Il y avait beaucoup
de colère parmi les personnes impliquées » a noté Hersh. Au départ, le récit de Biden sur le Nord Stream – « cela ne se fera pas » – a été compris par les
« pros » du renseignement comme un simple effet de levier (lié à une invasion russe alors envisagée) – une invasion que Washington savait imminente, car les États-Unis
préparaient furieusement les Ukrainiens – précisément pour déclencher l’invasion russe.
Pourtant, le sabotage de Nord Stream a été reporté – de juin à septembre 2022 – des mois après que l’invasion ait eu lieu. Alors, quel était l’intérêt de
paralyser la base industrielle européenne en lui imposant des coûts énergétiques faramineux ? Quel était le raisonnement ? Et la colère s’est encore accrue lorsque les membres de l’équipe
de Biden se sont mis à parler de Nord Stream, se vantant : « bien sûr, oui, nous l’avons commandé ».
Hersh commente que, bien que la CIA réponde au « pouvoir » au sens large, plutôt qu’au Congrès, « même cette communauté
est horrifiée par le fait que Biden ait décidé d’attaquer l’Europe dans son ventre économique – afin de soutenir une guerre qu’il ne gagnera pas ». Hersh estime que dans une
Maison Blanche obsédée par sa réélection, le sabotage de Nord Stream a été considéré comme une « victoire ».
Hersh a déclaré dans son interview au
Berliner Zeitung :
« Ce que je sais, c’est
qu’il n’y a aucune chance que cette guerre se termine de la façon dont nous [les États-Unis] voulons qu’elle se termine… Cela m’effraie que le président ait été prêt à une telle chose. Et
les personnes qui ont mené à bien cette mission pensaient que le président était parfaitement conscient de ce qu’il faisait au peuple allemand. Et à long terme, [ils pensent] que cela
n’entachera pas seulement sa réputation de président, mais sera également très dommageable sur le plan politique. Ce sera un stigmate pour les États-Unis ».
L’inquiétude est plus grande que cela : le zèle obsessionnel de Biden fait passer l’Ukraine d’une guerre par procuration à une question existentielle pour
les États-Unis (existentielle dans le sens de l’humiliation et de l’atteinte à la réputation si la guerre était perdue). C’est déjà une question existentielle pour la Russie. Et deux
puissances nucléaires dans une confrontation existentielle est une mauvaise nouvelle.
Soyons clairs : ce n’était pas la première fois que Biden faisait quelque chose – considéré par les professionnels du renseignement des États-Unis – comme
totalement irréfléchi : Robert Gates, l’ancien secrétaire à la Défense, a déclaré dimanche
que Biden s’est trompé sur presque toutes les grandes questions étrangères et de sécurité depuis quatre décennies. En février 2022, il a saisi les avoirs en devises de la Russie ; il a
expulsé ses banques du SWIFT (le système de compensation interbancaire) et lui a imposé un tsunami de sanctions. La Réserve fédérale et la BCE ont déclaré après coup qu’elles n’avaient
jamais été consultées, et que si elles l’avaient été – elles n’auraient jamais consenti à ces mesures.
Biden a affirmé que son action allait « réduire le rouble au
rouble » ; il s’est lourdement trompé. Au contraire, la résilience de la Russie a rapproché les États-Unis d’un précipice financier (à mesure que la demande de dollars se tarit
et que le monde se déplace vers l’Est). Du point de vue des acteurs financiers importants de New York, Biden et la Fed doivent maintenant se dépêcher de sauver les États-Unis, dont le
système est fragile.
En bref, l’importance de l’interview de Hersh au Berliner
Zeitung (et de ses autres articles) est que les factions de l’État profond américain sont furieuses contre le cercle des néocons (Sullivan, Blinken et Nuland). La confiance est
« terminée ». Ils viennent les chercher, et continueront à le faire… L’article de Hersh n’est qu’un avant-goût.
Pour l’instant, le projet ukrainien des néoconservateurs reste d’actualité, l’équipe Biden exigeant que tous les alliés occidentaux restent fidèles au
message, avant le premier anniversaire de l’opération spéciale de la Russie, le 24 février.
Il semblerait toutefois que la fenêtre critique permettant à l’Ukraine de « gagner par magie » soit réduite de quelques mois à quelques semaines.
« Gagner », bien sûr, reste indéfini. Pourtant, la réalité est que ce sera la Russie, plutôt que l’Ukraine, qui montera l’offensive de printemps – et probablement sur toute la
longueur de la ligne de contact.
« L’avertissement est donné » pour l’Ukraine (bien que Kamala Harris ait été dépêchée à la Conférence de Munich sur la sécurité) afin d’enfoncer
la « ligne » de l’équipe d’un « engagement durable envers l’Ukraine » par l’Occident collectif sur le long terme.
Paradoxalement, derrière le rideau, cette « guerre civile » en cours au sein de l’establishment américain menace de devenir
« l’avertissement » pour Biden également – alors qu’il approche du moment de la décision de sa candidature pour 2024.
La communauté des services de renseignement américains doit se demander si l’on peut faire confiance à Biden pour ne pas être imprudent, alors que l’Ukraine
se transforme en entropie sous l’effet de la poussée russe sur tous les fronts. Biden sera-t-il à nouveau désespéré ?
Peut-on imaginer que les États-Unis puissent simplement baisser les bras et reconnaître la victoire russe ? Non, l’OTAN pourrait se désintégrer face à un
échec aussi spectaculaire. L’instinct politique consistera donc à parier, à redoubler d’efforts : Un déploiement de l’OTAN dans l’ouest de l’Ukraine en tant que « force
tampon », pour « la protéger des avancées russes », est à l’étude.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi certaines factions de l’État profond sont « consternées » : Les produits de l’industrie de la
défense des États-Unis sont consommés en Ukraine plus vite qu’ils ne peuvent être fabriqués. Cela modifie de manière négative les calculs des États-Unis sur la Chine, car l’inventaire
militaire américain se consume en Ukraine. Et la guerre en Ukraine peut facilement s’étendre à l’Europe de l’Est…
En fin de compte, il s’agit d’une prise de conscience inattendue (pour l’élite) que les États-Unis eux-mêmes pourraient être les plus grands perdants de la
guerre contre la Russie. (Moscou l’a compris dès le départ).
L’équipe Biden a essentiellement déclenché une réaction concertée de l’Establishment à l’encontre de sa compétence en matière de prise de décision. Le
rapport de Hersh, le rapport de la Rand Corporation, les entretiens de The
Economist avec Zelensky et Zaluzhny, le rapport du CSIS, le rapport du FMI montrant la croissance économique de la Russie, et les éruptions
éparses de la dure réalité apparaissant dans les médias – tout cela atteste du cercle de dissidence à l’égard de la gestion de la guerre en Ukraine par Biden, qui prend de
l’ampleur.
Même la récente hystérie autour des ballons chinois, qui a conduit le NORAD à abattre tous les objets non identifiés dans l’espace aérien des États-Unis,
montre que certains membres du Pentagone ont poussé l’équipe Biden dans ses retranchements : si vous (l’équipe Biden) êtes assez stupides pour insister pour que nous « décochions
toutes les cases » des radars du NORAD, ne soyez pas surpris des déchets que vous abattrez quotidiennement.
Cela montre d’abord le dédain de la Maison Blanche pour les détails les plus subtils, et ensuite comment le ballon chinois a joué un rôle symbolique en
redonnant de l’énergie aux faucons américains de la Chine qui détiennent la majorité en termes de soutien bipartisan au Congrès.
Biden peut-il être écarté ? Théoriquement « oui ». 60% des jeunes membres du parti démocrate ne veulent pas que Biden se représente. La difficulté
réside toutefois dans la profonde impopularité de Kamala Harris comme successeur possible. La dernière preuve de l’affaiblissement de la position de Harris est un article très
critique du New York Times,
rempli de la désapprobation anonyme de démocrates de haut rang, dont beaucoup l’ont autrefois soutenue. Aujourd’hui, ils sont inquiets.
Leur crainte, écrit Charles
Lipson, est qu’il est presque impossible de la propulser :
« Pour gagner, les
démocrates ont besoin du soutien enthousiaste des Afro-Américains, qui risquent de se sentir insultés si Harris est écartée. Ce problème pourrait être évité si elle était remplacée par un
autre Afro-Américain. Mais il n’y a pas d’alternatives évidentes. Si Harris est remplacée, ce sera probablement par un candidat blanc ou hispanique (…)
Un tel changement
ébranlerait un parti profondément investi dans la politique de l’identité raciale et ethnique, où les groupes perdants sont considérés comme des victimes lésées et les gagnants comme des
oppresseurs « privilégiés ». Ces divisions sont plus virulentes lorsqu’elles sont centrées sur la blessure historique de la race aux États-Unis, et elles se retourneraient
contre le parti ».
Pourquoi ne devrions-nous pas nous attendre à une enquête de la part de la hiérarchie du parti démocrate ou du Congrès pour donner suite aux allégations de
Seymour Hersh concernant le contournement délibéré du Congrès ? Eh bien, en termes simples, c’est cela : Parce que cela expose « l’indicible ». Oui, Biden n’a pas
« informé » le Congrès, bien que certains d’entre eux semblent avoir eu connaissance du sabotage du Nord Stream à l’avance. Techniquement, il a contourné le système.
La difficulté est que les deux côtés de la Chambre APPROUVENT largement un tel exceptionnalisme – l’exceptionnalisme américain prévoit que les États-Unis
peuvent faire ce qu’ils veulent, quand ils veulent, à qui ils veulent. Il y a tellement de cas où cela est ancré dans la pratique : Qui osera jeter la première pierre au « vieux
Joe » ? Non, l’argument contre Biden – s’il doit être retenu – doit être l’opinion collective selon laquelle Biden est inapte à exercer un jugement sain sur des questions qui
risquent de faire déraper les États-Unis vers une guerre totale contre la Russie.
Si Biden est poussé vers la sortie, cela se fera à partir de « salles enfumées » d’initiés. Trop nombreux sont ceux qui ont tranquillement profité
du gâchis ukrainien.
Où va l’Europe à la suite des allégations concernant Nord Stream ? Il est difficile de voir une Europe dominée par l’Allemagne s’éloigner de Washington. Les
dirigeants allemands actuels sont sous l’emprise de Washington et ont facilement accepté leur vassalité. La France restera – à quelques hoquets près – aux côtés de l’Allemagne. Cependant,
alors que les États-Unis observent que leur sphère de dollars se contracte avec l’expansion des BRICS et de la Communauté économique de l’Asie de l’Est, les États-Unis s’en prendront plus
durement à leurs économies captives les plus proches. L’Europe en paiera probablement un prix dévastateur.
Quoi qu’il en soit, l’UE ne discute pas des questions vraiment sensibles en public, mais uniquement dans des salles de réunion où tous les téléphones
portables ont été retirés à l’avance. La transparence ou la responsabilité ne figurent guère dans ces discussions.
Comaguer, comme souvent nous présente un article fondamental sur le viol systématique par l’occident de la Libye à l’Ukraine de la charte des
Nations unies. Le rôle de la France dans les deux cas est à la pointe du crime, et on comprend le peu de crédit qu’à partir en particulier de Sarkozy notre pays a dans le monde ; c’est
une attitude de pays voyous et de dirigeants mafieux qui n’a plus rien à voir avec le gaullisme dont certains osent encore se réclamer. Qu’il se trouve en France si peu de forces
politiques pour avoir le courage de faire ce que jadis aurait au moins accompli le parti communiste dans la dénonciation, le consensus dont ont joui ces dirigeants français qu’ils soient
de droite ou de gauche participe d’un déclin français que l’extrême-droite cherche abusivement dans des peuples victimes de ces gens-là. À lire absolument. (Danielle
Bleitrach)
***
En 2014 après le renversement par la violence du gouvernement légal de Yanoukovitch éclate la crise dite du Donbass, lorsque deux des provinces de l’Est :
celles de Lougansk et celle du Donetsk ne reconnaissent pas le gouvernement Porochenko issu du coup d’État. Celui-ci exécute sans tarder le mandat politique qui lui a été confié par les
États-Unis : liquider militairement la rébellion.
Ce type d’action violente d’un État contre une partie de sa population est défini clairement dans le Chapitre VII de la Charte des Nations unies. Elle est
interdite et l’ONU peut la sanctionner.
C’est en application des dispositions de ces articles de la Charte que le 14 Mars 2011 le Conseil de sécurité de l’ONU autorise – résolution 1973 – une
action militaire contre le gouvernement libyen qui agresserait la population de Benghazi en révolte contre le pouvoir central. La résolution portée par la France de Sarkozy et par le
Royaume Uni de Cameron est adoptée par le Conseil de sécurité. Deux membres permanents : la Russie et la Chine s’abstiennent. L’action militaire est organisée par l’OTAN, les États-Unis
assurant la coordination des actions menées principalement dans les airs et sur le terrain par ses deux alliés occidentaux.
L’intervention de Alain Juppé ministre français des Affaires étrangères qui a fait spécialement le déplacement à New-York pour justifier l’usage par l’ONU
de la force contre un État membre est un morceau de bravoure surtout lorsqu’on le confronte à la réalité des opérations guerrières qui ont suivi le vote de la résolution.
Déclarations avant le
vote
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de la France, a déclaré avant le vote que « le monde était en train de vivre une de ces révolutions qui
changent le cours de l’histoire ». Estimant que les peuples arabes clament leur désir de démocratie, les transitions en Tunisie et en Égypte étant menées dans un esprit de maturité, il a
estimé que « ce nouveau printemps arabe était pour nous tous une bonne nouvelle ». Le ministre français des Affaires étrangères a ensuite invité le Conseil à accompagner cette évolution
avec confiance pour aider chaque peuple à construire son avenir. Poursuivant, il a déploré que pendant ce temps, en Libye, « hélas, la volonté populaire est foulée au pied par le
régime de Kadhafi ». Après avoir rappelé les mesures prises par la communauté internationale pour ramener à la raison ce régime, il a constaté qu’elles n’avaient pas été suffisantes, les
violences n’ayant fait que redoubler. « La situation sur place est plus alarmante que jamais, marquée par la reconquête violente des villes qui avaient été libérées », a souligné M.
Juppé, qui a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas laisser faire « les fauteurs de guerre et laisser bafouer la morale et la légalité internationale ». Commentant la résolution
présentée par son pays et le Royaume-Uni, il a affirmé qu’elle donnait les moyens de protéger la population civile. « Outre l’instauration de la zone d’exclusion aérienne, la résolution
appelle tous les États à protéger les civils, elle renforce les sanctions déjà adoptées, notamment l’embargo sur les armes et le gel des avoirs du clan Kadhafi et de ses affidés ». Avant
de conclure, M. Juppé a estimé qu’adopter cette résolution serait l’honneur du Conseil de sécurité qui, ce faisant, ferait prévaloir la loi sur la force. « C’est une question de jours,
c’est peut-être une question d’heures. Chaque jour, chaque heure qui passe, resserre l’étau des forces de la répression autour des populations civiles éprises de liberté, et notamment de
la population de Benghazi », a-t-il martelé. « Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules », a-t-il encore déclaré.
Outre la Russie et la Chine les abstentionnistes et non des moindres (Inde, Brésil, Allemagne) pouvaient avoir quelques doutes sur les intentions réelles
des défenseurs de la population de Benghazi. En témoigne l’intervention du délégué russe qui suit :
Vitaly Tchourkine (Fédération de Russie) a indiqué que son pays s’était abstenu lors du vote « pour des raisons de principe ». Il a ainsi déploré que le
travail sur le document n’ait pas été conforme à la pratique du Conseil de sécurité. M. Tchourkine a notamment indiqué que son pays n’avait pas obtenu de réponses sur les moyens
permettant de mettre en place le régime d’exclusion aérienne. « Non seulement, nous n’avons obtenu de réponses à nos questions aux cours des délibérations, mais nous avons aussi vu passer
sous nos yeux un texte dont le libellé n’a cessé de changer, suggérant même par endroit la possibilité d’une intervention militaire d’envergure», a-t-il expliqué. « La voie la plus rapide
pour assurer la sécurité du peuple libyen est l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat, ce que, précisément, souhaitait obtenir mon pays par le biais d’un projet de résolution présenté
hier », a souligné M. Tchourkine.
En pratique les armées de l’OTAN vont outrepasser la mission que leur a été confiée par l’ONU et en six mois de bombardement intense détruire toute l’armée
libyenne et à sa suite l’État libyen lui-même, parachevant leur action par l’assassinat du chef de l’État.
Le cas ukrainien tel qu’il est posé depuis 2014 après le coup d’État et la révolte des deux provinces de l’Est relève lui aussi du Chapitre VII de la
Charte. Il s’agit en effet de protéger une population menacée par le gouvernement et les troupes de son propre pays. L’ONU va dans ce cas déléguer sa responsabilité permettant aux
États-Unis de se mettre officiellement en retrait. L’ONU le fait en acceptant et en validant les accords de Minsk entre les deux parties au conflit qui prévoient de le régler par la
négociation sous la supervision de la France et de l’Allemagne. Sous le titre général « accords de Minsk » nous rassemblons le protocole de Minsk dit aussi Minsk 1, l’accord de Minsk dit
aussi Minsk 2 et aussi les réunions au format « Normandie » qui associaient la Russie aux discussions. Il a été très vite évident que le gouvernement de Kiev mis en place par un coup
d’État orchestré par les États-Unis n’avait aucunement l’intention de respecter ces accords dans leur différentes moutures bine qu’il les ait toutes signées
Sur le terrain la seule application des accords se résumait à la définition d’une ligne de démarcation, à organiser à intervalle régulier des cesser le feu
toujours violés et par la présence d’observateurs de l’OSCE qui se sont bornés à constater que le conflit avait pris une forme militaire et se poursuivait. Ainsi l’ONU sur la base des
leurs observations a pu reconnaitre sans émotion particulière que 14 000 habitants du Donbass avaient péri du fait du conflit entre 2014 et 2021. Jamais la partie politique des accords à
savoir la possibilité institutionnelle de faire vivre les deux républiques au sein de la république ukrainienne apaisée ne sera abordée.
La responsabilité de la France que ce soit sous la présidence de Hollande ou sous celle de Macron est écrasante. En effet, puissance garante des accords de
Minsk et membre permanent du Conseil de sécurité, son devoir était de demander des sanctions contre le gouvernement ukrainien qui continuait à tuer par milliers des citoyens de son propre
pays. L’Allemagne n’a pas fait mieux impliquée qu’elle était dans le coup d’État de 2014 dont certains acteurs importants étaient financés par la fondation Adenauer (fondation de la CDU
de Mme Merkel).
En 2019 l’élection de Zelenski a fait croire qu’enfin le moment de la négociation était venu. Mais ce n’était que le premier acte du mélodrame sordide pour
lequel ce comédien sans vertu avait été embauché. L’illusion ne dura pas au-delà de la campagne électorale. L’acte 2 commença aussitôt avec la reprise ou la poursuite des actions
militaires de l’armée ukrainienne et de ses éléments les plus fascisants contre le Donbass. Entretemps le Donbass avait organisé sa résistance militaire pour éviter l’invasion.
L’acte 3 démarre avec l’installation de Biden à la Maison Blanche. La nouvelle administration démocrate animée par les mêmes acteurs (Biden lui-même,
Blinken, Jack Sullivan et Victoria Nuland) qui ont organisé le coup d’État de 2014 veut cette fois liquider physiquement et définitivement la rébellion. S’il ne l’avait pas compris plus
tôt Zelinski sait alors qu’il va être l’exécutant d’un crime de masse décidé ailleurs.
Puisqu’il devenait patent que les accords de Minsk ne seraient jamais appliqués puisque les États-Unis n’en voulaient pas, une France majeure et
indépendante aurait dû saisir le Conseil de sécurité en exigeant des sanctions contre l’Ukraine. Mais la diplomatie macronienne n’étant pas indépendante de Washington s’est trouvée
« en état de mort cérébrale » sur le sujet.
Pendant toute l’année 2021 la diplomatie russe a fait tous ses efforts pour éviter l’assaut final sur le Donbass qui aurait consacré la transformation du
gouvernement Zelinski en exécutant docile de la politique des États-Unis (qui avec constance assuraient la modernisation et l’encadrement de l’armée ukrainienne) et en agent direct du
gouvernement étasunien à la frontière de la Russie. L’illusion longtemps entretenue dans la population de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN et dans l’UE s’évanouissait : Washington était
directement aux commandes à Kiev. Zelinski devenait ainsi – acte 4 du mélodrame – le président d’une république bananière avec beaucoup de sang ukrainien sur les mains déjà versé et
beaucoup plus à verser pour la bataille finale. En effet, début 2022 tout est prêt pour l’assaut militaire sur le Donbass. Les hypocrites, les marionnettistes occidentaux ont choisi de
laisser le gouvernement de Kiev seul maitre apparent de l’opération. Zelinski le sait, le piège s’est refermé sur lui. Il gesticule un peu : « Aidez-moi ! » peine perdue. Il découvre,
peut-être avec effroi mais trop tard, qu’il a signé son contrat avec le réalisateur du mélodrame sanglant, que le dernier acte s’intitule « Zelinski boucher du Donbass ».
Mais coup de théâtre, acte 5, la Russie vient bouleverser le scénario.
Lorsque le 19 Février Zelinski annonce en public à Munich devant Kamala Harris et un parterre de diplomates qui ne le traite pas de fou qu’il envisage face
à la « menace russe » de doter son pays de l’arme atomique la Russie comprend qu’il a le feu vert pour l’agression.
La Russie après huit ans de retenue, huit ans pendant lesquels elle a donné la priorité à la diplomatie et au règlement pacifique du conflit du Donbass,
accède alors à la demande de reconnaissance formulée dès 2014 par les deux républiques séparatistes. Le 22 le parlement russe les reconnait.
Le 24 Février la Russie se porte à leur secours et elle ne peut le faire qu’en s’en prenant à une armée ukrainienne bien formée par les conseillers
miliaires occidentaux qui s’apprête à liquider le Donbass. Elle tire donc la conclusion de l’échec total de l’ONU qui a passé huit ans à regarder sans s’émouvoir la non application des
règles du Chapitre VII de la Charte des Nations unies que ce soit par les États-Unis au Conseil de sécurité ou par la France et l’Allemagne garants volontairement impuissants des accords
de Minsk.
Voilà la vraie responsabilité de l’Occident sous ses diverses parures qui se déchaine contre « l’agresseur », « l’envahisseur » alors qu’il a
passé son temps à préparer cette guerre en la faisant faire par un pays ravagé par la corruption, que ses habitants ont fui par millions depuis 1991, un pays transformé en pays mercenaire
y compris en prévoyant de lui faire utiliser des armes biologiques et chimiques de destruction massive en préparation dans les labos étasuniens en Ukraine.
Si elle ne veut pas finir comme feu la Société des Nations, l’ONU doit se saisir avec la dernière énergie de cette menace mondiale d’une apocalypse perfide
et anonyme remisant au magasin des terreurs enfantines les champignons atomiques avec l’image d’un Docteur Folamour qui, dans une ultime transe solitaire dans son bunker, appuie sur le
bouton.
Voici la vidéo du comité d’enquête russe d’un autre chouchou de l’Occident, qui, lorsqu’il a appris qu’un couple marié de Marioupol était fait prisonnier
par les FAU, s’est saoulé, est entré dans la cave où le couple était détenu et a commencé, en menaçant avec son arme de poing, à violer la femme devant son mari. Lorsque le mari a
« exprimé des objections », ce courageux Ukie l’a tué.
Ce n’est pas une exception, c’est typique de larges segments des FAU et, bien sûr, des nazis. Je pense que le département américain de l’Éducation devrait
sérieusement envisager d’introduire l’étude de ces « défenseurs de la démocratie » dans les programmes d’histoire et d’éducation civique en tant que grands exemples de sacrifice
personnel pour la liberté et contre le totalitarisme. Je suis certain que les programmes de sciences humaines de nombreuses universités occidentales utilisent déjà ces exemples brillants,
comme ce type, de courage humain et d’altruisme dans leurs programmes de sciences politiques et de journalisme, car sinon, comment aurions-nous pu avoir des personnes comme Rachel Maddow
ou feu Madeleine Albright et les admirateurs du terrorisme Lindsey Graham et son défunt copain John McCain.
Non, je vous taquine. Le flux de psychopathes au sein des « élites » occidentales a atteint son apogée aux alentours des années 1980 et
aujourd’hui, l’Occident combiné vit dans une réalité complètement déformée, surtout en termes moraux. Demandez simplement à 500 000 enfants irakiens ce qu’ils en pensent. Passons
maintenant aux remarques de
Poutine :
« De l’avis de Poutine, l’Occident a depuis changé d’objectif. « … Comme ils se rendent compte que c’est impossible, ils essaient d’atteindre un
autre objectif à la place – diviser la société russe, détruire la Russie de l’intérieur. Mais là aussi, il y a un hic : cela n’a pas marché non plus », a déclaré Poutine. Selon lui,
la société russe « a fait preuve de maturité, de solidarité » et soutient ses forces armées et les efforts déployés « pour assurer la sécurité ultime de la Russie et aider
les habitants du Donbass ». Après un « fiasco » dans le domaine des médias, Poutine a affirmé que l’Occident s’est tourné « vers la terreur, vers l’organisation du
meurtre de nos journalistes ». Il faisait référence à l’annonce faite lundi par le Service fédéral de Sécurité russe (FSB) selon laquelle il avait arrêté un groupe de
« néonazis » chargés par le Service de Sécurité ukrainien (SBU) de tuer le célèbre animateur de télévision et journaliste russe Vladimir Solovyov. Kiev a nié tout rôle dans
l’organisation de cette tentative d’assassinat. « À cet égard, il convient de noter bien sûr que nous connaissons les noms de tous les manipulateurs occidentaux, de tous les membres
des services occidentaux, principalement la CIA, qui travaillent avec les agences de sécurité ukrainiennes. Apparemment, ils leur donnent ce genre de conseils », a déclaré le
dirigeant russe.
Les tentatives d’assassinat correspondent à ce dont je parlais hier – des cellules dormantes ou des « insertions » en Russie à partir du pays 404.
Les actes de sabotage et de terrorisme vont se poursuivre à l’intérieur de la Russie, même s’il est évident que le FSB travaille et fait son travail. Il s’agit d’un acte de désespoir et
ces actes ne sont plus seulement des actes de diversion, ils commencent à se transformer en terrorisme pur, ce qui est la spécialité de la CIA, du MI-6 et de leurs caniches. Toute cette
histoire (d’amour) avec l’État islamique ou l’assassinat du général Soleimani alors qu’il était en mission diplomatique ne sont que de petits fragments d’une image beaucoup plus vaste
d’un problème métaphysique de la guerre continentale pour le monde anglo-américain au XXe siècle. Elle a eu un certain succès pendant la Seconde Guerre mondiale, après quoi ses
performances ont été plutôt douteuses et aujourd’hui, c’est du pur terrorisme. Le terrorisme est une arme de faiblesse. C’est un axiome, pas même un théorème.
De plus, dans le cas des journalistes russes, il s’agit de la continuation d’une illusion totale et d’une réalité alternative dans laquelle l’Occident est
plongé lorsqu’il s’agit de la Russie. Ils croient toujours qu’ils peuvent « changer de régime » en Russie si seulement ils peuvent tuer un nombre déterminé de personnalités des
médias russes et leurs familles et ouvrir la voie aux « forces de la démocratie », c’est-à-dire la cinquième colonne. Lisez plus de Soljenitsyne et de dissidents russes
anti-soviétiques, cela vous garantira que vous ne savez rien de la Russie et que vous continuerez à échouer dans tous vos efforts de subversion en Russie.
Bernhard de Moon of Alabama donne un bon article sur
l’importance de la Russie qui a pratiquement coupé le pays 404 en deux en termes de lignes de communications ferroviaires :
« Toutes les couches, les armes et les munitions que les États-Unis et d’autres pays fournissent à l’Ukraine seront désormais coincées dans l’ouest de
l’Ukraine où elles pourriront jusqu’à ce qu’un astucieux oligarque ukrainien parvienne à les vendre à un pays tiers. Les retombées des attaques ferroviaires toucheront également les
fournitures civiles en Ukraine. Elles entraveront le trafic de passagers civils, notamment pour les personnes qui ont fui vers l’ouest et qui disposent désormais de moins de moyens de
transport pour rentrer chez elles. Depuis le début de la guerre, la Russie a intentionnellement évité de frapper les infrastructures civiles en Ukraine. Les réseaux d’électricité et de
communication ainsi que l’approvisionnement en eau sont tous restés intacts. (Les attaques contre les chemins de fer ukrainiens ne sont devenues nécessaires que lorsque les États-Unis et
d’autres pays ont fourni de plus en plus de matériel de guerre à l’Ukraine. La Russie ne permettra pas à ses troupes de subir le feu de ces armes nouvellement livrées ».
Comme je l’ai déjà dit, non seulement le canal d’approvisionnement a été largement étranglé, mais tout ce qui pourrait pénétrer dans la zone de combat du
groupement des FAU encerclé dans le Donbass sera anéanti par tous les moyens nécessaires. C’est la raison pour laquelle les amateurs de pornographie militaire, principalement occidentaux,
avec des expériences de vie et une formation dans les jeux vidéo de guerre et à Hollywood, éjaculent chaque fois qu’un jouet militaire occidental (l’objet de masturbation du jour est
l’obusier M-777) est expédié en pays 404 et que les espoirs de voir ce jouet assurer la victoire des Ukrainiens sont élevés, jusqu’à ce que l’efficacité douteuse des armes de l’OTAN soit
révélée, et que les cycles de masturbation recommencent avec les résultats attendus. Comme je l’ai dit, ne pas avoir de formation militaire sérieuse ni d’outils de base de la pensée
critique n’est pas bon pour faire face à la réalité.
Mais tout ceci n’est qu’une toile de fond d’un drame plus
vaste :
« La société russe Rosneft a demandé des roubles et des paiements anticipés complets dans les appels d’offres pour le brut, ont déclaré des sources à
Reuters, alors que le premier exportateur de pétrole du pays s’aligne sur la volonté du président Vladimir Poutine de ne marchander qu’en roubles pour le gaz naturel. Si Rosneft a laissé
une marge de manœuvre pour le paiement dans d’autres devises, elle s’est également réservée le droit de refuser les contrats pour lesquels le prépaiement n’est pas proposé dans son
intégralité ».
La Russie n’est pas la Libye, qui a été démolie dès que Kadhafi a fait allusion à un système de paiement du pétrole en or. Même Lord Austin est quelque peu
décevant dans son nouvel
objectif :
« Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, déclare que l’objectif des États-Unis est de rendre la Russie si faible qu’elle ne pourra plus envahir un
autre pays ».
Eh bien, c’est vraiment décevant. Honnêtement, et je ne veux pas m’étendre maintenant sur l’illusion pure de cette déclaration, mais la vérité est que la
seule chose que l’Occident combiné peut faire est de poursuivre les actes terroristes et de diversion sur le territoire russe parce que toute sorte de confrontation militaire avec la
Russie signifie un sérieux réarrangement des pierres dans les capitales occidentales et des pertes dont aucun pays de l’OTAN, en particulier les États-Unis, n’a l’expérience historique.
Enfin, à l’exception de l’Allemagne. Certaines personnes à D.C. le comprennent. Donc, le Rouble des ressources est là et le Rouble de l’or est le suivant. Comme le chantaient les Doors :
« C’est la fin ». Tout le reste se développe à partir de ce point.
Dans le numéro 6 d’Horizons et débats du 22 février 2022, Eberhard Hamer a analysé les dessous du conflit ukrainien et exprimé l’espoir que la Russie ne
tomberait pas dans le « piège américano-ukrainien ».
Le 24 février 2022, le piège s’est refermé.
La Russie, personnifiée par Vladimir Poutine, n’a malheureusement pas vu d’autre issue après des années de provocations systématiques et de manquements
humiliants à la parole donnée. Le réarmement en cours et l’intégration des régiments Azov – régiment tueur de Russes, l’annonce de la conquête de la Crimée et du Donbass, la massification
des troupes sur la ligne de cessez-le-feu avec le Donbass, la demande d’armes nucléaires, l’activité cachée des conseillers militaires des États-Unis et de l’OTAN, l’existence de
laboratoires d’armes biologiques, etc. ne laissaient plus le choix du point de vue des militaires russes. Ils ne voulaient pas être totalement encerclés et sans défense. Et ils espéraient
une guerre éclair ainsi qu’un fléchissement des États-Unis et de leurs marionnettes en Ukraine. C’est pourquoi, contrairement aux guerres de l’OTAN et des États-Unis, les Russes ont
épargné les infrastructures critiques (électricité, télécommunications, transports et eau) là où cela était stratégiquement responsable. Ils auraient pu sans problème couper les liaisons
ferroviaires et arrêter Volodymyr Zelensky au moyen d’une opération commando, mais ils ne voulaient et ne veulent toujours pas de martyrs. La question est : combien de temps encore
?
En effet, les États-Unis et leurs vassaux de l’OTAN empêchent cette stratégie par des livraisons d’armes, des slogans d’endurance, le déploiement des
régiments Azov remplis de haine, une aide en matière de renseignement et une campagne médiatique sans précédent. La guerre psychologique – surtout avec des atrocités sous faux drapeau –
dans laquelle les États-Unis et l’OTAN sont passés maîtres, a créé une hystérie de masse qui va jusqu’à la mise au ban de la culture russe. Heinrich Heine avait déjà prévenu : « Là où
l’on brûle des livres, on brûlera bientôt des hommes ».
La campagne médiatique occidentale me rappelle le discours de Josef Göbbels du 18 février 1943 au palais des sports de Berlin, où il posa aux 15 000
personnes réunies la question démagogique : « Voulez-vous la guerre totale ? La voulez-vous – si nécessaire, plus totale et plus radicale que nous ne pouvons même pas l’imaginer
aujourd’hui ? »
On s’accommode désormais de cette « guerre totale » en intensifiant continuellement la guerre économique contre la Russie (appelée « sanctions ») ; en
s’armant massivement ; en humiliant la Russie ; en méprisant ses propositions compréhensibles et justifiées pour la paix et sa sécurité.
L’un des analystes militaires les plus avisés, le rédacteur en chef de la plus ancienne revue militaire du monde, le brigadier Wolf-gang Peischel, a
toujours conseillé de ne pas projeter ses pensées sur l’adversaire, mais de se mettre à sa place pour prendre une décision raisonnable.
Si nous nous mettons à présent à la place des Russes, une tentative désespérée de libération contre l’encerclement par l’OTAN et la diffamation est
évidente. En comparaison militaire avec les autres puissances mondiales, la Russie n’a que l’avantage de ses forces nucléaires hautement équipées. Voulons-nous, nous Européens de l’Ouest,
dans un aveuglement suicidaire, provoquer leur utilisation ?
Réfléchissons enfin ! Sapere aude ! Et comprenons aussi l’arrière-plan.
Sir Halford Mackinder, qui fait toujours partie de la littérature obligatoire dans les académies militaires américaines, a développé la théorie dite du
Heartland, dans laquelle il montre que la domination de l’Europe de l’Est (« région charnière ») et le blocage d’une liaison entre l’Europe de l’Ouest et la Russie empêchent la création
d’un bloc de puissance riche en technologies et en matières premières, qui s’étendrait de l’Atlantique au Pacifique. La stratégie de domination mondiale de l’Angleterre et de son
successeur, les États-Unis, basée sur la mer, aurait alors joué son rôle (« The geographical pivot of history », 1904).
Cette politique a été mise en œuvre dans l’entièreté du XXe siècle et actuellement dans le XXIe siécle débutant.
Les deux livres de Thomas P. M. Barnett de 2003 et 2005 « The Pentagon’s New Map – War and Peace in the Twenty-First Century » et « The Pentagon’s New Map –
Blueprint for Action » sont une autre source mettant en avant la création ininterrompue d’oppositions artificielles – surtout concernant la Russie. On y expose l’inquiétude du Pentagone à
l’époque de la chute de l’Empire soviétique, à savoir la suppression des moyens pour les bases européennes et nord-asiatiques (fin de la guerre froide). Il fallait donc de nouveaux
scénarios de menace et de nouveaux motifs de guerre. Nous nous sommes laissés entraîner dans cette stratégie de l’establishment militaro-industriel et financier des États-Unis et de son
bras militaire, l’OTAN, qui est en train de dépérir sans adversaire réel, et nous avons participé jusqu’au sang à la provocation des Russes au lieu de contribuer à une paix équilibrée et
équitable. Comme les États-Unis n’ont pas été touchés par toutes les guerres qu’ils ont déclenchées sur leur propre territoire, les élites bellicistes pensent qu’il en sera toujours ainsi
– surtout qu’une guerre avec la Russie se produirait en Europe. Mais c’est une erreur d’appréciation grossière, car les attaques désespérées des Russes seraient intercontinentales.
Mais les principaux dommages dévastateurs toucheraient l’Europe.
Voulons-nous nous laisser entraîner dans ce danger au lieu de prêter l’oreille et d’agir en faveur des voies de la paix qui sont présentées avec de plus en
plus d’insistance ?
Je pense en particulier aux propositions faites avant le début de la guerre en Ukraine dans le cadre de l’étude de l’Institut de recherche sur la politique
de sécurité, dirigé par l’expérimenté professeur Hans Köchler, dirigé par l’International Progress Organization. En acceptant le triptyque « neutralité perpétuelle, non-alliance et
structure fédérale », tous les intérêts (sauf ceux des belligérants) seraient servis ; en particulier le peuple ukrainien, qui profiterait d’être courtisé par l’Est et l’Ouest au lieu
d’être exploité unilatéralement.
Il existe un vieil avertissement en anglais : Don’t drive them to dispair (ne les pousse pas au désespoir). Mettons donc fin à la vassalité et empruntons la
voie de la raison au lieu de nous précipiter dans une guerre d’extermination !
traduction Horizons et débats
***
Erich Vad, ancien général de la Bundeswehr : « Sortons de la logique de l’escalade et entamons des négociations ! »
Après la mort de son père, Heinrich Wohlmeyer a été accueilli par des paysans, cela avant même d’être envoyé dans un camp de concentration, de la
destruction de sa maison familiale par les bombes et de la maladie soudaine de sa mère. Il est allé au lycée « par ses propres moyens », a étudié le droit, le droit économique
international aux États-Unis et en Angleterre, ainsi que l’agriculture et la technologie alimentaire à l’Université de pédologie de Vienne. De retour en Autriche, il a mis à disposition
ses compétences en tant que développeur régional et manager industriel pour le « Waldviertel » [région rurale et forestière au nord-ouest de Vienne]. Puis, il est devenu directeur de
l’industrie agricole autrichienne. Suite à des divergences de points de vue dans cette fonction, il est entré à l’université et a enseigné l’économie des ressources et la gestion de
l’environnement. Toutes ces activités lui ont fait prendre conscience de l’existence d’un lien de cause à effet entre le développement non durable, la politique commerciale et la
politique financière sapant les cycles économiques régionaux. « Nous avons besoin de solutions locales pour assurer la meilleure prospérité régionale possible », déclare-t-il.
Dans une interview accordée à l’agence de presse allemande (dpa) le 12 avril 2022, (www.stern.de du
12/04/2022), Erich Vad, ancien général de brigade allemand de la Bundeswehr et chargé de la sécurité auprès de la chancelière Angela Merkel, s’est prononcé contre la livraison d’armes
lourdes à l’Ukraine. Il a également mis en garde contre le fait de nier au président russe Vladimir Poutine son appartenance au genre humain et de le qualifier de despote maladif qui
s’opposerait à toute entente. Le militaire à longue expérience déclare : « En ces temps, nous divulguons suffisamment de rhétorique guerrière – apparemment dans les meilleurs intentions
éthiques. Mais comme c’est amplement connu, le chemin vers l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Nous devons concevoir la guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine en partant
de sa fin. Si nous refoulons la Troisième Guerre mondiale pour de vrai, nous devrons tôt ou tard sortir de cette logique d’escalade militaire et entamer des négociations ».
Harald Kujat, inspecteur général de la Bundeswehr de 2000 à 2002 et président du comité militaire de l’OTAN de 2002 à 2005, a réagi de la sorte : « Je
confirme mon accord complet avec le brigadier-général Vad sur chacun des points qu’il vient de soulever. Le train des lemmings s’est mis en marche, la politique politicienne se trouve sur
la voie de la guerre. Pourquoi tant de politiciens et de journalistes veulent-ils conduire la guerre dans notre pays ? » (https://lnkd.in/dbJV6JiQ)
La position radicale adoptée par l’Occident à l’encontre de la Russie
risque de faire s’effondrer l’ensemble du système économique avec lequel il a imposé sa domination sur la planète.
Par Alastair Crooke – Le 11 avril 2022 – Source Al
Mayadeen
Ces « guerres » sont de plus en plus considérées en
Occident comme des événements existentiels – c’est-à-dire des événements « tout ou rien » – et leur portée s’élargit.
Pourquoi des guerres au pluriel ? Eh bien, l’affrontement militaire en Ukraine est sur le point d’atteindre son paroxysme ; la guerre concernant les changements radicaux apportés par la Russie à
l’ordre monétaire mondial plonge les États occidentaux dans un tourbillon sans fin ; l’Europe est au bord du gouffre économique ; et la « guerre » lancée par l’alliance Russie-Chine
visant à réorganiser les « règles » mondiales arrive également à son terme
(bien qu’elle voyage à un train légèrement plus lent).
Cependant, la guerre psychologique de l’Occident est vraiment à part. Le mur de toxicité qui gonfle, s’élève et s’écrase sur les rivages de la Russie est une
véritable tempête marine, c’est du jamais vu. Son intention est clairement de noircir l’image du président Poutine à l’excès, d’en faire un démon satanique si tordu que tout oligarque russe sain
d’esprit se précipitera pour le remplacer par une figure plus docile, semblable à Eltsine.
Seulement, cela ne fonctionne pas. Les responsables occidentaux derrière le « rideau » des PSYOPS ne savent pas quand
s’arrêter. Ils ont tellement poussé l’outrance que le déferlement de haine viscérale contre tout ce qui est russe a créé l’effet inverse : non seulement Poutine est plus populaire, mais il a
déclenché en Russie une violente réaction contre l’Occident dans son ensemble.
L’effet net a donc été précisément de transformer la question de l’Ukraine en un cauchemar existentiel manichéen. Le monde anglo-saxon écrit en
gros titres que « la guerre, c’est tout ou
rien » : si Poutine n’est pas vaincu (au sens de totalement vaincu au combat), l’Occident ne peut tout simplement pas survivre.
Le problème de l’Occident qui n’envisage que le « tout ou rien » , c’est qu’il y a aussi un
risque de « rien » . En effet, il
est clair qu’il n’est pas permis de discuter avec les forces démoniaques « maléfiques » : aucun dialogue politique donc.
Tout ou rien.
Le corollaire évident de cette confrontation binaire entre le bien et le mal est que le reste du monde doit être soumis à un dispositif inquisitorial visant à
découvrir, puis à forcer, les hérétiques à abjurer tout manquement à leur soutien à l’Ukraine contre la Russie, sous peine de se retrouver sur le bûcher. Les inquisiteurs se répandent dans le
monde entier : les euro-récalcitrants seront les premiers (les Orbàns) ; le Pakistan,
l’Inde, la Turquie, les États du Golfe, etc. suivront.
Seulement, là encore, ça ne marche pas. Les pays non-occidentaux sentent qu’ils ont affaire à un empire qui s’affaiblit, qui vacille, comme Hercule descendant armé
de son épée dans les enfers contrôlés par Hadès pour aller chercher le chien tricéphale Cerbère, dont l’une des têtes répand la peur de ce qui nous attend au prochain coin de rue. (La peur, en
effet, monte.)
Et c’est ce qui motive cette peur qui se cache derrière l’expression « tout ou rien » : le changement radical présagé
par l’insistance de la Russie à être payée en roubles (pour l’instant, uniquement pour les livraisons de gaz) et par un rouble déjà en hausse, désormais lié à l’or et aux matières
premières.
En jouant sur les deux tableaux : en liant le rouble à l’or puis en liant les paiements énergétiques au rouble, la Banque de Russie et le Kremlin modifient
fondamentalement l’ensemble des hypothèses de fonctionnement du système commercial mondial (en remplaçant les transactions évanescentes en dollars par des transactions solides en devises adossées
à des matières premières), tout en déclenchant une réorientation du rôle de l’or comme rempart du système monétaire.
Si une majorité du système commercial international commence à accepter les roubles pour l’approvisionnement en matières premières, cela pourrait propulser ce que
le gourou de Wall Street, Zoltan Pozsar, prévoit comme
étant la mort du pétrodollar et la montée de Bretton Woods III (c’est-à-dire un nouvel ordre monétaire mondial).
Le monde observe attentivement. On peut voir le changement de décor. Lorsque l’Occident a saisi toutes les réserves de change de la Banque centrale de Russie, il a
décrété que les réserves souveraines russes en euros, en dollars et en bons du Trésor américain n’étaient plus de la « bonne monnaie » . Elles étaient sans valeur en
tant que « monnaie » pour payer
les dettes envers les créanciers étrangers.
Le message était assez clair : si même un État important du G20 peut voir ses réserves annulées en un tour de main, alors pour ceux qui détiennent encore
des « réserves » à New York, allez
les déposer ailleurs (tant que c’est possible) ! Car le commerce des devises de demain sera adossé à des matières premières et non à des dollars constants.
Bien sûr, parmi ceux qui observent attentivement un autre aspect du problème (les prix du pétrole sur le marché), la Chine (avec ses énormes réserves d’or) et les
grands producteurs de brut comprendront que les actions de la Russie, si elles se poursuivent, pourraient conduire la Russie non seulement à arracher la détermination du prix de l’or au LBMA et
au COMEX (bourses de lingots), mais qui sait, en combinaison avec d’autres producteurs, à arracher la détermination du prix du pétrole aux bourses de matières premières américaines également
?
Très concrètement, l’Occident ressent un danger existentiel. Nous ne parlons pas seulement de dédollarisation, mais de quelque chose de plus fondamental. Le système
financier occidental est constitué d’une pyramide inversée d’instruments de monnaie de papier à fort effet de levier (souvent appelés produits dérivés), reposant sur la plus petite base, le
sommet de la pyramide inversée. C’est ce qu’on appelle « l’argent intérieur » .
Son importance est supérieure à celle de ses supports collatéraux à sa base – parfois appelés « argent extérieur » . L’argent extérieur
représente quelque chose de réel : pétrole, gaz, énergie, nourriture, métaux, etc. Une garantie qui, elle, est réelle.
Enlevez l’argent extérieur de la base de la pyramide renversée… et vous aurez (potentiellement) un crash.
Et bien, c’est ce qui se passe. Poutine éloigne le gaz russe de la pyramide en insistant pour que l’ensemble du processus de paiement et la valeur de la garantie,
restent dans la sphère du rouble. Et si d’autres États suivent l’exemple et l’étendent à d’autres produits de base… c’est le crash.
L’ironie, c’est que l’Occident s’est mis lui-même dans cette situation. Ce n’est pas Poutine qui l’a fait. Ils l’ont fait. Ils l’ont fait lorsque les « faucons » russophobes de Washington ont
stupidement déclenché un combat avec le seul pays – la Russie – qui possède les
matières premières nécessaires pour diriger le monde, et pour déclencher le passage à un système monétaire différent – un système alternatif, ancré dans autre chose que la monnaie
fiduciaire, soutenue par rien d’autre que la capacité de la Réserve fédérale à imprimer des dollars à l’infini.
Et puis ils ont détruit la « garantie et la promesse » du Trésor américain
de s’engager à un paiement contractuel en volant les réserves russes.
Alastair
Crooke
Traduit par Zineb, relu par Charles, pour le Saker Francophone
Voilà 2 mois que l’Europe est meurtrie par un nouveau conflit symétrique de haute intensité et dont la cinétique est en passe de devenir incontrôlable du
fait des obstinations idéologiques occidentales vis à vis de la Russie et de l’aveuglement des populations européennes complétement hypnotisées et asservies par une doxa mondialiste
totalitaire.
Loin des imposteurs propagandistes qui, s’enivrant de leurs fantasmes manichéistes jusqu’à y croire, veulent nous persuader que l’armée russe est la
meilleure armée du Monde (comme le courtisan Moreau) ou que l’armée ukrainienne est en train de gagner la guerre (comme le collabo Tyleman), je vais jeter ici, et sans prétention aucune,
quelques observations réalisées depuis deux mois et qui appartiennent une réflexion insoumise entamée il y a plus de trente ans.
1- La guerre est
géopolitique
« L’art de la guerre », ainsi que décrivait le stratège chinois Sun Tsu il y a 25 siècles les conflits militaires tissant l’Histoire humaine,
n’est ni une science exacte ni une connaissance théorique mais un domaine exclusivement empirique et complexe, car dépendant du terrain, de la volonté, de la technologie, de la politique,
de la psychologie, du courage… et de la chance également.
L’Histoire militaire nous enseigne depuis l’antiquité que toute armée « qui se repose sur ses lauriers », fantasmes, théories et autres
propagandes fumeuses, est condamnée à se réveiller dans la douleur de revers et de défaites militaires graves, et que les français se souviennent à ce titre de l’humiliation militaire
subie en 1940.
Depuis 2 mois, les populations européennes, hypnotisées par 2000 années d’occidentalisme fantasmé, semblent découvrir sous le choc médiatique ce conflit
russo-ukrainien qui pourtant couvait depuis 8 années comme un volcan dont la tectonique en éveil alerte de son éruption prochaine. Pourtant ce séisme militaire n’est pas surprenant
sous notre Soleil et pour s’en convaincre il suffit de prendre un peu de recul historique, de hauteur géopolitique et surtout de reconquérir la sagesse des anciens.
Le grec Thucydide, un contemporain européen de Sun Tzu avait défini il y a 25 siècles déjà les principes de la géopolitique universelle qui fait se mouvoir
les relations politiques, économiques, culturelles humaines jusqu’à, parfois, leurs paroxysmes militaires. Thucydide dans ses livres, à la fois philosophiques, poétiques et historiques,
souligne entre autres concepts toujours d’actualité:
Les oppositions universelles entre la vision réaliste de l’Être (Métis, la tempérance) et l’idéologie fantasmée de l’Avoir (Hubris, la démesure),
La dynamique dangereuse des alliances pourtant nécessaires mais qui entraîne les guerres vers leurs extensions mondiales,
La dérive de la puissance qui, au prétexte de sa protection offerte, impose aux peuples une soumission totale au pouvoir qui la détient,
La rivalité entre la Mer et la Terre, les thalassocraties marchandes et les royaumes continentaux, entre la force militaro-économique et le droit de la
cité…
Et si l’on prolonge la pensée de Thucydide, que bien d’autres penseurs ont repris jusqu’à nos jours comme par exemple le sociologue polonais Zygmunt
Bauman dans sa métaphore de l’opposition entre « société liquide » et « société solide » critiquant l’Hubris néo-libéral, on s’aperçoit qu’elle est plus que jamais
d’actualité dans cette géopolitique, qui depuis des siècles se cristallise autour de la Mer Noire, ce « pivot stratégique de l’Europe » comme l’appelait justement le
néolibéral Zbigniew Brzeziński.
On ne peut comprendre ce conflit russo-ukrainien sans le mettre préalablement en perspective de cette géopolitique universelle qui seule permet d’en définir
les véritables enjeux et menaces :
• Washington et son mondialisme ont remplacé son impérialisme mais toujours dans un Hubris marchand et liquide pour lequel les identités « non
alignées » et concurrences économiques ne sont que des ilots à submerger. De même Moscou est devenu la nouvelle Sparte, cité continentale défendant ses traditions et ses identités
civilisationnelles dans une notion d’Empire solide défini par la réalité de son sanctuaire et son Histoire et opposée à l’idéologie impérialiste fondée sur des fantasmes hors sol.
• Dans cette confrontation entre Moscou et Washington, le contrôle de la mer Noire qui depuis le XVIIIe siècle est l’obsession militaro-commerciale des uns
et des autres (à l’époque les empires britannique et russe) est redevenu un enjeu majeur prioritaire, que ce soit pour l’OTAN, qui veut encercler militairement la Russie (« stratégie
du Containment »), que pour Moscou qui veut protéger sa zone d’influence sécuritaire qui ici lui est vitale faute de profondeur stratégique occidentale.
• Après l’échec occidental à vouloir récupérer la Crimée et sa base stratégique russe de Sébastopol (objectif majeur du Maïdan), Washington a commandité la
guerre contre le Donbass russe puis, l’a entretenu par des violations quotidiennes des accords de Minsk tout en la maintenant dans les tranchées militaires et diplomatiques pour ne
pas discréditer outrancièrement la junte ukrainienne et, poursuivre une militarisation atlantiste factuelle du pays qui conduirait inévitablement la Russie à réagir violemment.
Pour résumer, la préemption politique de l’Ukraine par la ploutocratie mondialiste est d’abord et avant tout un enjeu stratégique pour son hégémonie
militaro-industrielle autant qu’elle est une menace existentielle pour la Fédération de Russie. Ce que les européens ne devraient pas oublier c’est que lorsqu’il s’agit de sauver sa
peau tous les coups son permis, car ils risquent de payer très cher cette stratégie agressive de l’OTAN ordonnée par des faucons de guerre amoraux qui sont aux antipodes du vieux
continent.
2- La guerre est
empirique
Oui, les forces russes ont rencontré des difficultés tactiques et organisationnelles sensibles, et Non, les forces ukrainiennes ne sont pas en train de
gagner ce conflit militaire avec la Russie.
Et pour plusieurs raisons :
D’une part un conflit symétrique et d’une telle intensité ne peut être conclu en quelques semaines et même en quelques mois, sauf capitulation et d’autre
part il n’y a pas eu de précédent depuis près de 80 ans et donc des surprises, positives ou négatives, sont inévitables ainsi que la nécessité de réaliser une réévaluation doctrinale en
cours d’action pur les 2 belligérants au regard du rapport « coût/bénéfice » de leurs décisions stratégiques et actions tactiques. C’est ainsi dans toutes les guerres (et plus
généralement dans toute les actions risquées de l’existence) : rien ne se passe généralement « comme prévu » et l’atteinte des objectifs ne dépend souvent que de la faculté à
analyser et s’adapter rapidement aux nouvelles situations. Et paradoxalement l’échec est souvent la meilleure école dès lors que l’obstination ne le conduise pas à la défaite.
Ainsi si on regarde les opérations militaires russes des dernières décennies on constate que ses grandes réformes ont été déclenchées au lendemain de
difficultés rencontrées sur le terrain :
Modernisation des armements suite aux enseignements de la guerre en Afghanistan,
Modernisation des procédures tactiques après l’échec de la 1ère guerre de Tchétchénie,
Modernisation de la logistique suite aux problèmes vus lors de la guerre en Géorgie,
Modernisation de la doctrine du combat urbain suite aux opérations menées en Syrie…
Lorsque l’état-major russe lance ses opérations militaires en Ukraine ce 24 février 2022, pour mettre fin à la guerre dans le Donbass, imposer une
neutralité de l’Ukraine et porter un coup d’arrêt à l’extension territoriale de l’OTAN, on peut observer une stratégie d’autant plus ambitieuse que les forces qui lui sont consacrées
(env. 150 000 hommes) semblent être relativement faibles par rapport à l’étendue du théâtre d’opérations (2000 kilomètres entre Kiev et Kherson), les forces en présence (260 000 soldats
ukrainiens plus 300 000 réservistes rappelés), ainsi que le coefficient du rapport de force « assaillant/défenseur » qui donne toujours un avantage à ce dernier.
Loin de moi l’intention de juger les décisions de l’état-major russe, leurs objectifs politiques, leurs pertinences stratégiques, car d’une part je ne
dispose pas de toutes les données qui de plus sont noyées dans le brouillard de guerre des secrets opérationnels autant que des mensonges propagandistes mais de relever des difficultés
qui semblent être la conséquence d’évaluations initiales erronées où visiblement des capacités russes ont été surévaluées tandis que des capacités ukrainiennes ont été
sous-évaluées.
Y a t-il eu un problème d’évaluation
russe ?
Oui et non :
Tout d’abord, il faut rappeler à ceux qui jubilent ou dépriment devant les blindés avions et soldats russes détruits que ce n’est que la dure réalité d’un
conflit symétrique de haute intensité qui comme son nom l’indique bien est émaillé de pertes sensibles voire de revers des deux côtés du front jusqu’à les dieux des batailles décident à
qui donner les lauriers de la victoire finale.
De même il est malhonnête de faire un focus uniquement sur des pertes subies par l’un des belligérants et de cacher celles subies par l’autre. Cela relève
du crétinisme propagandiste qui à l’heure de l’hypercommunication des réseaux internet est totalement abscons et même contre productif !
Voilà pourquoi, pour ne pas rentrer dans le jeu des masturbations propagandistes je ne donnerai aucun chiffres des pertes ukrainiennes ou russes subies,
sachant de surcroit qu’aucun de ceux communiqués n’est réel, brouillard de guerre oblige.
à Dmytrivka, à l’Ouest de Kiev, le 2 avril 2022.
Le fait est qu’après 3 semaines d’opérations militaires globalement réussies sur le plan des destructions occasionnées aux forces ukrainiennes, l’état-major
russe a été obligé de réorienter sa stratégie et même de réorganiser ses articulations tactiques :
Vladimir Poutine a nommé cette intervention armée visant à démilitariser l’Ukraine « Opération miliaire Spéciale » ce qui sous entend une doctrine
stratégique différente de celle d’une guerre totale menée contre un pays (voir § suivant), laissant notamment la porte ouverte à un retour aux négociations politiques autour des objectifs
désignés. Par conséquent l’état-major russe a défini des moyens, des cibles et des procédures mesurées qui veulent rester liées à la politique internationale et sécuritaire de la Russie
et dans son espace régional frontalier.
En limitant clairement ses moyens sur le terrain Moscou voulait maintenir sa stratégie :
• À sa zone d’influence sécuritaire frontalière qu’elle veut voir légitimement rester politiquement et militairement neutre face à un impérialisme occidental libéré par l’effondrement soviétique.
Rappelons ici que ces revendications russes sont :
– rappelées à chaque expansion de l’OTAN… mais en vain, depuis 1991, date où elles avaient été pourtant actées entre Washington et
Moscou à l’occasion des discussions autour de la réunification allemande,
– alertées… mais en vain, depuis 2008, lorsqu’au sommet de Bucarest, l’OTAN annonce sa volonté d’intégrer l’Ukraine et la Géorgie et malgré une première
réaction militaire russe en Géorgie),
– martelées… mais en vain, depuis 2014, après le coup d’État du Maïdan commandité par Washington et provoquant la sécession de la Crimée et la guerre du
Donbass, pour laquelle les accords de paix n’ont jamais été respectés par Kiev,
– exigées… mais en vain, depuis décembre 2014, par une proposition de traité de sécurité collective, après que l’imminence d’un offensive de Kiev
dans le Donbass et la militarisation atlantiste accélérée de l’Ukraine aient été confirmées,
– militarisées finalement depuis le 24 février, suite à un nouvel échec de la diplomatie russe à les faire respecter par Washington (qui pourtant les
exige pour son espace) et l’obstination de l’Ukraine russophobe à vouloir entrer dans l’OTAN,
• À des opérations militaires dont les objectifs sont de mettre fin à un conflit local (Donbass) et surtout éviter que ce conflit régional devienne total
risquant ainsi d’évoluer vers une guerre mondiale,
• Dans un mode opératoires privilégiant les frappes de précision plu tôt que les bombardements massifs afin de préserver autant que possible les populations
civiles prises entre les deux feux (d’où la priorité donné aux corridors humanitaires)
• À une option n’impliquant pas l’engagement radical de la société civile russe dans le conflit (mobilisation générale, économie de guerre…), ce qui impose
de mettre entre parenthèse le contrat social de la gouvernance.
Sauf que, 2 mois après le début des opérations militaires russes, force est de constater qu’elles évoluent malgré tout (sauf capitulation improbable de
Kiev) vers un conflit régional de haute intensité et de longue durée dont les perspectives mondiales ne sont pas écartées.
Il y a bien sûr un succès évident à ces opérations militaires russes dans leur objectifs de démilitariser l’Ukraine car les frappes russes réalisées au
cours du premier mois ont détruit environ 70% de ses ressources stratégiques (dépôts divers, centres de commandement, parc aérien, usines d’armement etc)
empêchant ainsi les forces de Kiev, et malgré leur supériorité numérique, d’engager des contre offensives majeures ou simplement de reprendre l’initiative.
Cependant les objectifs russes n’ont pas été tous atteints : le régime de Kiev n’a pas capitulé, l’OTAN n’a pas renoncé (au contraire), et les forces
ukrainiennes ont encaissé le choc initial et même engagé un certaine résistance grâce à des combats d’attrition s’appuyant sur une techno-guerrilla antichar et une défense urbaine
dans la profondeur, lesquelles n’ont été rendues possibles que grâce aux formations, aux aides logistiques et à l’engagement du renseignement stratégique de l’OTAN qui depuis avril
exponentialise quantitativement et qualitativement ses aide, risquant ainsi de provoquer une extension internationale du conflit.
Ceci et cela a donc conduit l’état-major russe à une réévaluation des situations tactiques pour une réorientation de la stratégie.
La première dichotomie observable est le rapport initial entre l’étendue des secteurs militaires traités et la faiblesse des moyens qui leur ont été
consacrés, et cette contradiction a été exacerbée par plusieurs difficultés rencontrées par l’état-major russe :
1- Résistance tactique et mentale des forces ukrainiennes qui a été sous évaluée,
2- Captation d’effectifs et de moyens importante autour des villes assiégées,
3- Rigidité verticale et lente d’une coordination éclatée sur 3 districts militaires,
4- Faiblesse persistante de la chaîne logistique russe au delà des 100km,
5- Manque d’infanterie pour des engagements urbains ou forestiers sécurisés,
6- Modernisation inachevée du champ de bataille terrestre (numérisation, guerrélec),
Je pense que les difficultés rencontrées et les pertes subies par les forces russes en Ukraine (il faut être idiot pour raconter comme certains que
« tout va bien ») sont logiques et la conséquence de plusieurs paramètres connus :
C’est la première apparition pratique d’un conflit symétrique de haute intensité et il est normal qu’elle bouscule certaines certitudes et théories
échafaudées par les stratèges depuis 80 ans,
Une sous évaluation des capacités militaires ukrainiennes qui, contrairement au fantasmes pro-russes propagandistes, ont été très nettement améliorées
en formation et équipement par l’OTAN,
Une sous évaluation de la mentalité ukrainienne qui a subi par le lobby consumériste occidental un lavage russophobe de cerveaux, progressif depuis son
indépendance et accéléré depuis le Maïdan,
Une surévaluation des capacités militaires russes qui ont montré la persistance d’un atavisme structurel paralysant dans une rigidité de commandement
verticale les initiatives horizontales imposées par la guerre moderne,
Des contraintes budgétaires (où interviennent peut-être les sanctions) qui ont obligé le Kremlin a modernisé en priorité ses forces stratégiques et de
précision (aviation, missiles, forces spéciales) au détriment des forces conventionnelles à la traîne,
Un manque d’encadrement de terrain, officier et surtout sous-officiers formés à être autonomes dans les évaluations et prises de décisions tactiques
(conséquence de la rigidité structurelle verticale évoquées précédemment).
Pour rééquilibrer ce tableau, je pense pour ma part que Moscou a également aussi limité qualitativement son engagement militaire en Ukraine, gardant ses
meilleures atouts militaires modernes en réserve pour l’éventualité d’une extension internationale du conflit, scénario que l’état-major russe a certainement envisagé et étudié.
Et aujourd’hui, tant la contraction des opérations militaires dans le Donbass que les renforts russes minimum envoyés en Ukraine (une dizaine de Bataillons
Tactiques Interarmes) me font penser que la Russie pour ne pas tomber dans un trou noir ukrainien aspirant ses forces a également engagé une guerre d’attrition, à la fois contre l’armée
ukrainienne toujours paralysée par ses frappes stratégiques mais également contre la logistique des forces de l’OTAN dont elle sait, pour certaines aides accordées à Kiev, qu’elles ont
été obligées de puiser dans leurs stocks stratégiques (pour le missile antichar « Javelin » par exemple).
Pour illustrer ces quelques remarques, j’évoquerai le secteur d’Izioum (Nord du Donbass) où plusieurs unités russes se sont fait clouer dans des embuscades
antichars où dans des frappes de mortiers parce qu’elles arrivaient en colonne aux abords de zones forestières ou urbaines non reconnues. Après plusieurs revers, l’envoi d’unités
d’infanterie organisées en petits groupes autonomes et équipés sont parvenues à casser les défenses ukrainiennes en s’adaptant à leur fluidité et dispersion. La rapidité et l’initiative,
remplaçant la masse, ont permis aux forces russes de s’emparer de ce secteur clé qui était pourtant très bien défendu. Et la même réflexion peut être faite concernant l’emploi des
forces spéciales tchétchènes dans la bataille de Marioupol.
Du côté ukrainien, force est de constater que l’OTAN a su engager une réforme très importante des forces de Kiev, sur les enseignements de ses revers subis
en 2014-2015 dans le Donbass où leurs groupes blindés ont été écrasés par seulement quelques bataillons. Ces réformes ont bien sûr porté sur des éléments visibles dans les sources
ouvertes comme par exemple les livraisons des matériels occidentaux, mais aujourd’hui au vu de la réactivité des unités ukrainiennes on peut déceler les autres réformes structurelles et
doctrinales qui ont été engagées depuis 8 ans comme par exemple :
réforme des organigrammes des petites unités pour plus de mobilité,
modernisation d’un corps de sous-officiers formé pour développer l’autonomie,
nouvelles procédures d’emploi des composantes antichars, antiaériennes…
généralisation de l’emploi des drones d’observation jusqu’au niveau tactique,
développement de réseaux logistiques alternatifs et camouflés,
entrainement aux combats en zone urbaine etc.
À ces réformes militaires il faut également souligner les réformes plus psychologiques tel que la communication ouverte, la propagande nationaliste,
l’intoxication occidentale (russophobie, « american way of life »…)… qui participent à la motivation du soldat sans laquelle la modernisation du champ de bataille ne sert à
rien.
Concernant le secteur de
Kiev
Mais cette adaptation n’est possible que dans un maintien d’une stratégie globale et la limitation des moyens qui lui sont dédiés, voilà pourquoi
l’état-major russe a préféré quitter le secteur Nord (de Kiev, Tchernigov et Soumy) lequel est militairement secondaire malgré un enjeu politique évident dont les objectifs (capitulation)
n’ont pas été atteints. Et plutôt que de se maintenir dans ce secteur Nord au prix de renforts importants l’état-major russe a préféré se réorienter sur la priorité de ses opérations, à
savoir la libération totale du Donbass laquelle n’exclut pas ensuite un retour vers Kiev après la prise de Kharkov ou Odessa.
Peut-être aussi assiste t-on avec ce départ du secteur Nord à un bluff stratégique russe visant à dégarnir les défenses de Kiev au profit du front central
(ce qui a déjà commencé avec l’envoi d’au moins 5 brigades vers Kharkov et Pavlograd), et à y faire revenir le gouvernement,
Pour faire une précision sur ce retrait russe de Kiev il est complètement débile, comme le prétendent certains propagandistes ukro-atlantistes, de prétendre
que ce sont les forces ukrainiennes qui ont repoussé les forces russes, et pire que ces dernières avaient l’intention de capturer Kiev (une mégapole de plus de 800 km2) avec seulement 20
000 hommes.
Incontestablement, même si la dissuasion stratégique russe non nucléaire n’a pas convaincu les Ukro-atlantistes d’abandonner leurs ambitions aux
frontières de la Russie, cette dernière a démontré l’efficacité de ses armes de dernière génération dont les puissances, portées et précisions lui permettent d’opérer des destructions
dans la profondeur ennemie et de paralyser des forces numériquement supérieures.
Vers une réorganisation stratégique et
tactique russe
Une fois les forces russes retirées du secteur Nord, on a pu observer des changements structurels dans la conduite des opérations militaires qui sans nul
doute ont tenu compte du retour d’expérience des premières semaines du conflit :
Lieutenant-Général Alexandre Dvornikov.
Tout d’abord les forces russes, sur le théâtre d’opérations ukrainien sont passées en la personne du Lieutenant-Général Alexandre
Dvornikov sous un commandement unifié afin d’améliorer leur coordination à la fois sectorielle mais aussi interarmes.
Cet officier russe de 60 ans se révèle avoir une solide expérience militaire et notamment concernant la guerre urbaine qu’il a pratiqué en Tchétchénie et en
Syrie, et qui s’est imposée à nouveau en Ukraine comme le principal champ de bataille des opérations.
Mais surtout il est depuis 2016 le Commandant en chef du district militaire Sud dont dépendent les secteurs Sud et Centre des opérations militaires en
cours. Il était donc normal en dehors de toutes les élucubrations entendues à son sujet qu’il soit choisi pour ce poste de général en chef des forces russes en Ukraine.
Concernant les opérations militaires, il est faux de prétendre que le Kremlin a revu à la baisse ses objectifs géopolitiques mais que simplement, ne voulant
pas mettre plus de moyens que de raison dans ce théâtre d’opérations ; il a demandé à son état-major :
• De séquencer les objectifs militaires en donnant une priorité à la libération de l’ensemble des territoires du Donbass laquelle peut être longue du fait
du nombre de villes industrielles organisées en bastions défensifs (environ une dizaine) et de la présence du corps de bataille ukrainien le plus important, le mieux formé et aguerri ; et
dont la destruction constituera une défaite très importante pour Kiev, tant politique que militaire.
• D’intensifier les bombardements de précision visant les ressources stratégiques et militaires ukrainiennes mais aussi de les étendre à l’ensemble du
réseau ferroviaire et routier civil qui avait été épargné pour les réfugiés en partance vers l’Ouest mais qui aujourd’hui devient le réseau d’approvisionnement logistique des forces
ukrainiennes et notamment celui des aides militaires occidentales qui leur parviennent.
• De réorganiser les Groupes Tactiques InterArmes russes appelés BTG, qui jusqu’ici laissaient les villes de côté dans des encerclements, en les renforçant
avec plus d’infanterie et des forces spéciales nécessaires et adapter pour sécuriser les assauts urbains. Un BTG renforcé c’est environ 800 hommes avec de l’artillerie, des blindés, de
l’infanterie, du génie combat, des systèmes antiaériens… lui conférant un autonomie.
• De renforcer la chaîne logistique avant de poursuivre les progressions dans la profondeur, et c’est pour cela entre autres raisons que La prise de
Marioupol etait un objectif majeur, car désormais elle offre à l’état-major russe un port et un aéroport, une voie directe jusqu’à Rostov sur le Don qui vont augmenter considérablement
len vitesse et quantités la logistique pour le front Sud du Donbass.
L’école du terrain
Mais le plus grand changement qui a été opéré depuis deux mois (et cela est valable aussi à moindre mesure pour les forces ukrainiennes) c’est l’expérience
du combat acquise par les forces russes engagée dans ces opérations militaires. Mon chef d’escadron me disait qu’une mission opérationnelle en territoire hostile valait souvent une année
de formation et souvent la remplaçait en terme d’efficacité opérationnelle acquise.
À Marioupol, les mouvements des soldats sont devenus plus « félins » et leurs regards plus attentifs, les instincts se sont aiguisés, les ordres
se sont raréfiés, chacun connaissant maintenant son rôle dans l’action de plus en plus franche.
Si les « RetEx » (retour d’expérience) donnent souvent lieu à des remue méninges dans les états-majors, pour le soldat du terrain ils sont
directement distillés dans ses muscles, ses sens et son instinct, et c’est ici que s’opéré sans nul doute la plus importante évolution empirique du combat et qui donne aux soldats restés
debout les armes de la Victoire finale !
3- La guerre est
cinétique
Lorsque Moscou engage la solution militaire pour résoudre la menace ukrainienne il est bon de rappeler que, dans les jours précédents :
• Du côté de Washington, non seulement la proposition d’un traité de sécurité collective exprimée à plusieurs reprises par le Kremlin (à Washington puis
devant l’ONU, l’OTAN, l’OSCE) venait d’être rejetée catégoriquement et sans aucune explication, mais que l’OTAN venait depuis le 17 janvier de mettre en place un pont aérien délivrant
quotidiennement aux forces ukrainiennes des dizaines de tonnes d’armes et de munitions.
• Du côté de Kiev, ses forces déployées dans le Donbass venait non seulement d’intensifier leurs bombardements contre les populations de Donetsk et Lougansk
depuis le 12 février mais que surtout, par la voix de son président Zelensky, confirmait publiquement que Kiev ne respecterait pas les accords de Paix, maintiendrait sa demande
d’intégration dans l’OTAN et, « cerise sur le gâteau », doterait son armée de l’arme nucléaire.
Dès lors, même si la réaction militaire russe peut paraître à certains violente (mais n’est-ce pas finalement la définition d’une action militaire ?), il
n’en demeure pas moins qu’elle intervient après 8 années d’échecs diplomatiques russes à vouloir amorcer les accords de Minsk et contre des menaces existentielles pesant sur les
populations du Donbass autant que sur les grands centres névralgiques russes occidentaux.
La problématique des actions
occidentales
D’un part à cause de leur repli dans les bastions urbains et des aides occidentales continuelles qui compensent et parfois augmentent en qualité les
matériels détruits, les forces ukrainiennes disposent encore de capacités antichars et antiaériennes performantes et difficiles à détecter et détruire préventivement car elles s’appuient
aujourd’hui sur des moyens portatifs légers dotant l’infanterie comme le missile antiaérien britannique STARStreak (portée 8km, vitesse Mach3) ou le missile antichar « Javelin »
(portée 2500m)…
Alors que dans la phase initiale des opérations, la priorité donnée à la vitesse, aux dépens de la prudence, avait donné lieu à des pertes sensibles aux
lisières des villes et des forêts, on observe pour la phase suivante démarrée depuis 1 semaine, un net ralentissement volontaire des progressions russes, qui privilégient désormais la
sécurité autant que l’efficacité. Ceci est visible par exemple dans les derniers combats pour Marioupol ou les progressions ont été menées lentement et pour les attaques de l’aviation
russe les positions d’Avdeevka (Nord de Donetsk) dont les passes des chasseurs Sukhoï sont réalisées à haute vitesse et très basse altitude pour surprendre et jamais doublées pour éviter
la riposte antiaérienne alertée.
Mais ces aides occidentales, dans leurs croissances quantitative et qualitative, risquent de devenir à terme un nouveau problème devant lequel les forces
russes devront s’adapter, notamment lorsqu’arriveront sur le champ de bataille les chasseurs MIG 29 polonais, les chars de combat roumains, les obusiers français les drones étasuniens,
les véhicules de combat d’infanterie allemands ou les systèmes antiaériens britanniques pour ne citer que quelques exemples des « cadeaux » fournis par 35 pays de l’OTAN et du
G7. Il faudra pour l’état-major russe intensifier, diversifier et étendre ses attaques aériennes jusqu’aux frontières de la Pologne et de la Roumanie, et probablement, si un jour prochain
un missile de croisière livré par le Pentagone frappe une ville russe, attaquer directement les ressources de l’OTAN qui auront été impliquées ((bases et dépôts logistiques en Pologne ou
satellites militaires par exemple).
Il y a un mois je ne serais pas permis ce scénario, mais aujourd’hui devant la démesure des aides occidentales qui ne cherchent – comme de coutume – qu’à
provoquer une riposte russe inévitable, je commence à le croire plausible.
Vers une internationalisation
territoriale du conflit
Dans la doctrine stratégique russe il existe 3 types de conflits militaires : local, régional et mondial les deux premiers pouvant évoluer facilement vers
le suivant, notamment si viennent s’y greffer sous forme de conflits asymétriques, des proxys manipulés de l’extérieur dans une mécanique d’alliances militaires internationales.
Ainsi le conflit local du Donbass, devenu régional depuis deux mois continue sa progression vers une guerre mondiale par la seule servilité politique de
Kiev aux intérêts de Washington et renforcée par sa dépendance économique totale au système économique mondialiste. Ett on peut observer que cette attitude est partagée par la grande
majorité des pays occidentaux qui forment l’ossature de l’OTAN et du G7.
Lorsque la guerre était « le prolongement de la politique par d’autres moyens » il était encore possible de revenir à la table des négociations
assez facilement, mais dès lors que la guerre n’est plus que le prolongement de l’économie par d’autres moyens, l’intérêt financier qui par définition est amoral a remplacé définitivement
la raison politique, surtout depuis que la propagande de guerre, en diabolisant l’adversaire, le rend systématiquement et totalement infréquentable comme le serait n’importe quel chef
terroriste international. et je fais le pari qu’à partir de cette guerre russo-ukrainienne une « reductio ad Putinum » deviendra l’ultima ration de la bien pensance en lieu et
place de la « reductio ad hitlerum » qui est d’autant plus inappropriée que cette doxa dominante soutient désormais une résurgence du nazisme en Europe.
Ce 25 avril, Sergeï Lavrov, le chef de la Diplomatie russe a alerté l’opinion internationale sur cette escalade militaire exacerbée par les aides militaires
occidentales exponentielles à l’Ukraine, soulignant que « le risque de Troisième guerre
mondiale est réel ».
Pendant les 20 dernières années, tandis que l’OTAN poursuivait inexorablement sa reptation vers elle, la Russie a tout fait pour combler les trous dans sa
raquette défensive qui étaient la conséquence de plus de 10 ans de délabrement politique moscovite d’abandon militaire et de corruption monstrueuse, Washington a vu les progrès
impressionnants des armements russes qui permettent depuis 2008 des réactions également de plus en plus fortes du Kremlin face à l’hégémonie de l’OTAN. Voilà pourquoi les faucons de
Washington pressés par leur propre effondrement économique, ont décidé de jouer le tout pour le tout et d’ouvrir en 2014 un conflit purulent sur le flanc occidental de la Russie en
ordonnant à leurs auxiliaires de Kiev d’y jeter du sel pour que jamais ne s’accomplissent les accords de paix signés à Minsk…
Aujourd’hui, après cette première étape impérialiste géopolitique au cours de laquelle le conflit local et asymétrique du Donbass a été joué, l’Hubris
occidental est entré une deuxième étape militaire, cette fois régionale et symétrique et où apparait déjà une dimension internationale avec une OTAN déjà engagée contre la Russie sur le
plan de la logistique et du renseignement militaires.
Mais en cherchant à rééquilibrer le rapport des forces technologiques actuellement défavorable à l’Ukraine par un rééquipement énorme dans des types de
matériels détruits (artillerie aviation…) et jusqu’à vouloir saturer le champ de bataille avec certaines armes comme par exemple les missiles antichars et antiaériens modernes, les
occidentaux basculent sciemment vers une mondialisation du conflit. Et ce n’est pas Poutine qui l’a dit en premier mais Biden lui-même qui, commentant l’idée de la Pologne de livrer ses
Mig 29 à Kiev, avait refusé arguant du fait que « cela serait considéré comme un « casus belli » par Moscou » (et les Mig 29 avaient même été rapatriés sur la base de
Ramstein en Allemagne).
Ne nous y trompons pas: toutes ces perfusions logistiques hallucinantes envoyées aux forces armées ukrainiennes par Washington et ses laquais ne
cherchent pas à sauver le régime de Kiev ou je ne sais quel fantasme démocratique hypocritement agité au dessus des troupeaux occidentaux. Le fait est que Biden n’en a strictement rien à
faire des pertes ukrainiennes (et même européennes), tant que leur sacrifice est utile au business étasunien de l’armement et des énergies et sert la stratégie d’affaiblissement
économique et militaire de la Russie.
Voilà pourquoi la troisième étape de cette spirale infernale sera l’engagement direct et progressif des forces de l’OTAN dans le conflit, engagement qui
peut-être considéré comme déjà amorcé avec ce soutien du renseignement stratégique occidental au profit des forces ukrainiennes au combat et augmenté cette semaine de 7 avions de
recherche électronique supplémentaires. D’ailleurs il est aujourd’hui plus que probable qu’un avion de reconnaissance de l’US Air Force P8 « Poséidon » qui était en mission aux
mêmes moment et secteur ait joué un rôle dans l’attaque contre le croiseur-amiral
Moskva ce 13 avril 2022 au large d’Odessa.
À noter également dans le menu des provocations russophobes organisées les incidents actuels en Transnisstrie (pro-russe) et Moldavie (pro-UE) qui risquent
de voir une première internationalisation du conflit du fait de la présence d’un groupe opérationnel russe à Tiraspol (1500 hommes) et de la politique atlantiste de Chișinău
Comme d’habitude Washington flirte avec la ligne rouge, agit par procuration ou faux drapeau, pour provoquer étape par étape la Russie qui, devant le chaos
organisé à ses frontières n’a pas d’autre choix (quitte à endosser le masque médiatique du méchant) que de frapper haut et fort appliquant l’enseignement de Machiavel :
« On ne doit jamais laisser se
produire un désordre pour éviter une guerre ; car on ne
l’évite jamais, mais on la retarde à son
désavantage ». (« Le Prince »)
En conclusion
Comme le rappelait le Docteur
Adam Leong Kok Wey il y a un mois, faisant référence lui aussi au bien aimé Thucydide, les opérations militaires russes en Ukraine ont été motivées par « la Peur, l’Intérêt,
et l’Honneur » cette trilogie qui opposa dans le Péloponnèse Sparte à Athènes et leurs alliés… il y a 25 siècles.
La peur de voir l’OTAN atteindre ses frontières occidentales, plaçant ainsi Moscou à moins de 5 minutes des missiles stratégiques de
Washington,
L’intérêt de conserver sa position stratégique et économique en Mer Noire et même de la renforcer par un cordon littoral jusqu’à Odessa,
L’Honneur pour la Russie de défendre sa place et sa vision du Monde laquelle est largement plébiscité par les peuples de la Fédération,
On peut appliquer la même trilogie pour motiver la stratégie étasunienne sauf que cette dernière est dans une dynamique hégémonique tandis que la
stratégie russe (malgré la réalité des des opérations militaires) est bien dans une position défensive existentielle, voilà pourquoi elle ne peut que gagner cette nouvelle guerre, et une
fois encore dans l’Histoire, européenne ensanglantée, quel qu’en soit le prix !
À l’heure d’aujourd’hui, il devrait y avoir des millions d’européens manifestant chaque jour dans les rues en faveur de la Paix, mais il n’en est rien comme
depuis ces 8 dernières années de bombardements dans le Donbass. Et leur veulerie, leur insouciance, leur apathie, leur servilité, leur idiotie… que sais-je encore, sont de facto un blanc
seing donné aux fous furieux qui dirigent l’Occident. Pire que cela, lorsque des voix s’élèvent dans les théâtres politico-occidentaux, c’est pour hurler contre Poutine et glorifier les
fanatiques nazis du régiment Azov.
La fin du cycle occidental est décidément bien pathétique mais il reste à espérer que l’Europe renaisse un jour lointain des cendres de l’Occident
!