Obama est-il un agent russe ?

...par Dmitri Orlov - le 20/12/2016.

 

...russo-américain ingénieur et écrivain sur des sujets liés à la «déclin potentiel économique, écologique et politique et l' effondrement de l' États-Unis ," quelque chose qu'il a appelé «crise permanente».  

Orlov croit que l'effondrement sera le résultat d'énormes budgets militaires, de déficits gouvernementaux, d'un système politique qui ne répond pas et de la baisse de la production de pétrole



 

Parfois, les charges semblent faible, car il n’y a pas d’« arme du crime » – pas de preuves évidentes, directes, de conspiration, de malfaisance ou de mauvaise intention – mais une fois que vous replacez ensemble toutes les preuves, cela forme une image cohérente et accablante. Et c’est ainsi avec l’administration Obama vis-à-vis de la Russie : en feignant l’intention hostile, il a fait tout son possible pour faire avancer l’agenda de la Russie. Et bien qu’il soit toujours possible de prétendre que tous les échecs d’Obama proviennent de sa simple incompétence, à un certain moment cette affirmation commence à sonner creux. Comment peut-il être si compétent… à être incompétent ? Peut-être a-t-il utilisé l’incompétence comme un voile pour couvrir sa véritable intention, qui était toujours de soutenir la Russie tout en rendant les États-Unis inutiles au maximum dans les affaires mondiales. Examinons les grandes initiatives de politique étrangère d’Obama sous cet angle.

 

Peut-être que la plus grande réalisation de ses huit années a été la destruction de la Libye. Sous le faux prétexte d’une intervention humanitaire, ce qui était autrefois le pays le plus prospère et le plus stable de toute l’Afrique du Nord a été réduit à un havre de terreur pour les terroristes islamiques et un point de transit pour les migrants économiques entrant dans l’Union européenne.

Cela a eu pour effet de pousser la Russie et la Chine dans les bras l’une de l’autre, les incitant à commencer à voter contre les États-Unis ensemble comme un seul homme au Conseil de sécurité de l’ONU. En un seul coup, Obama a assuré un élément important de son héritage en tant qu’agent russe : les États-Unis ne seront plus en mesure de faire avancer leur programme par le biais de ce très important organe international.

 

Ensuite, Obama a présidé au renversement violent du gouvernement constitutionnel en Ukraine et à l’installation d’un régime de marionnettes américain. Quand la Crimée a alors voté pour rejoindre la Russie, Obama a imposé des sanctions à la Fédération de Russie. Ces mouvements peuvent sembler avoir été conçus pour nuire à la Russie, mais regardons les résultats au lieu des intentions.

- Premièrement, la Russie a repris le contrôle d’une région stratégique importante.

- Deuxièmement, les sanctions et les contre-autorisations ont permis à la Russie de se concentrer sur le remplacement des importations par la construction d’une économie nationale. C’était particulièrement impressionnant dans l’agriculture, et la Russie gagne maintenant plus de recettes par ses exportations de produits alimentaires que par ses armes.

- Troisièmement, la rupture des liens économiques avec l’Ukraine a permis à la Russie d’éliminer un concurrent économique majeur.

- Quatrièmement, plus d’un million d’Ukrainiens ont décidé de s’installer en Russie, de façon temporaire ou permanente, ce qui a donné à la Russie un important élan démographique et lui a donné accès à un bassin de travailleurs qualifiés russophones.

- Cinquièmement, alors qu’auparavant l’Ukraine était en mesure d’extorquer les concessions de la Russie en jouant avec les gazoducs qui conduisent de la Russie à l’Union européenne, maintenant les mains de la Russie ont été déliées, ce qui a débouché sur de nouveaux accords de pipelines avec la Turquie et l’Allemagne.

En effet, la Russie a récolté tous les avantages de l’impasse ukrainienne, tandis que les États-Unis ont gagné une dépendance désagréable, embarrassante.

 

L’« accomplissement » suivant d’Obama consistait à mettre soigneusement le conflit syrien dans un cul de sac. (Certains insistent pour l’appeler une guerre civile, bien que pratiquement tous les combats qui s’y déroulent opposent la nation syrienne tout entière à des mercenaires extérieurs financés par l’étranger...

À cette fin, Obama a déployé un éventail de tactiques. Il a soutenu, armé, entraîné et combattu différents groupes terroristes, rendant ridicule la technique habituelle des États-Unis d’utiliser le « terrorisme par procuration ». Il a ridiculement affirmé que le gouvernement syrien avait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, une allégation creuse semblable à celle utilisée contre Saddam et ses armes de destruction massive, tout en offrant à la Russie un rôle légitime à jouer dans la résolution du conflit syrien.

Il a fait des promesses sans fin pour séparer « l’opposition modérée » des terroristes pur jus, mais a échoué à plusieurs reprises à le faire, donnant ainsi aux Russes une large occasion de s’occuper de la situation comme ils l’entendent. Il a négocié plusieurs cessez-le-feu qu’il a ensuite violés.

 

Il y a eu d’autres réalisations aussi. En parlant sans cesse de la « menace russe » inexistante, en alarmant sur « l’agression russe » et « l’invasion russe » (dont aucune preuve n’existait) et en pratiquant des exercices militaires futiles et géo-politiquement non pertinents en Europe de l’Est et surtout dans les pays baltes, Obama a privé l’OTAN de toute la légitimité résiduelle qu’elle aurait pu avoir, transformant cette organisation en une triste plaisanterie.

 

Mais peut-être que le service le plus important d’Obama au nom de la nation russe a été de s’immiscer dans l’élection de Donald Trump. C’est ce qu’il a fait en jetant son dévolu sur la ridiculement inepte et corrompue Hillary Clinton. Elle a dépensé le double de Trump, mais apparemment aucune somme d’argent ne pouvait lui permettre d’acheter la présidence. En raison des efforts constants d’Obama, les États-Unis auront maintenant un président russo-amical qui est impatient de conclure des accords avec la Russie, mais devra le faire à partir d’une position de négociation considérablement affaiblie.

 

Comme je l’ai fait valoir depuis une dizaine d’années, on s’attend à ce que les États-Unis se retirent de leur position de domination mondiale. Mais il était certainement utile d’avoir un Obama graissant les patins, et maintenant c’est à Donald Trump de terminer le travail.

Et puisque la contribution d’Obama a été particulièrement utile à la Russie, je propose qu’il lui soit décerné l’Ordre de l’Amitié de la Fédération de Russie, pour aller avec son Prix Nobel de la Paix.

 

Dmitry Orlov 

 


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