Non, la France n’est pas en guerre !

par Nicolas Kirkitadze - le 30/07/2016.



Lorsqu’un peuple veut « s’ouvrir » à ceux qui veulent lui ouvrir la gorge, ce n’est plus une guerre mais un suicide collectif.


Une fois adultes, nous négligeons nos vieux dictionnaires, persuadés que nous sommes de maîtriser le lexique ; demander à ces augustes gardiens du savoir la définition d’un mot usuel nous paraît inutile, voire enfantin. Il est néanmoins salutaire de bien nommer les choses et de connaître la signification des mots, même les plus évidents en apparence. Voici le sens que donne un des grands dictionnaires français pour le mot « guerre » : « lutte armée entre plusieurs États, peuples ou groupes ». Une autre encyclopédie parle d’un « conflit entre plusieurs entités (politiques, religieuses, ethniques) qui se mène par la voie des armes ».

Si vous accordez une plus grande confiance aux lexicographes qu’aux politicards, vous le constaterez aisément : la situation que nous vivons n’a de guerre que le nom, n’en déplaise au gouvernement et à l’opposition qui nous rabâchent ce mot depuis des mois.

Toute belligérance suppose un affrontement direct entre deux parties distinctes se battant à armes plus ou moins égales. Lorsqu’un peuple veut « s’ouvrir » à ceux qui veulent lui ouvrir la gorge, ce n’est plus une guerre mais un suicide collectif. Et que dire d’une jeunesse qui marche, smartphone en main, faire la chasse aux Pokémon au moment même où des moudjahids prêts à mourir pour leur foi s’arment et arpentent les rues à la recherche d’un mécréant à immoler.

Bronzette, soldes, jeux vidéo : le train-train des masses hédonistes suit son cours immuable sous le regard imperturbable du dieu Festivus, dont le règne sans partage semble fort peu affecté par la fameuse guerre que nous sommes censés vivre. À Nice, les plages rouvraient dès le lendemain de l’attaque où quatre-vingt-quatre innocents avaient perdu la vie. Terrible image que celle d’un homme au regard vide passant avec sa bouée et sa serviette, à côté des corps encore chauds pour aller s’avachir sur le sable méditerranéen.

Comme cela a été dit plus haut, toute guerre a pour condition un affrontement armé. Il n’y a point de guerre quand seul un belligérant se bat et que l’autre se laisse complaisamment égorger.

Une guerre ne se gagne pas à coups de fleurs et de bougies, ni à l’aide de petites phrases ; elle se mène par le fer et le feu, deux mots tabous dans un monde munichois qui vendrait son âme plutôt que de déroger à un irénisme béat érigé en religion.

Non, chers lecteurs, nous ne sommes pas en guerre mais en train d’être décimés en silence, sans combat. Tant qu’il n’y aura pas une riposte de notre part, ce ne sera pas une guerre mais un massacre.

 


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