Ce que veut Poutine

...par Mike Whitney - Le 07/02/2022.

Source : RzO International.

« Je suis convaincu que nous avons atteint le moment décisif où nous devons sérieusement réfléchir à l’architecture de la sécurité mondiale. Et nous devons procéder en recherchant un équilibre raisonnable entre les intérêts de tous les participants au dialogue international » ~ Le président russe Vladimir Poutine, Conférence de Munich sur la sécurité, 2007

Que savez-vous de la crise en Ukraine ? Voyez si vous pouvez répondre à ces 7 questions.

Question 1 – La volonté de l’administration Biden de faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN viole-t-elle les accords que les États-Unis ont signés précédemment ?

1-Oui

2-Non

La réponse est « Oui ». À Istanbul (1999) et à Astana (2010), les États-Unis et les 56 autres pays de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) ont signé des documents « qui contiennent des principes interdépendants visant à garantir l’indivisibilité de la sécurité ».

Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie que les parties à l’accord doivent s’abstenir de toute action qui pourrait affecter les intérêts de sécurité des autres membres. Cela signifie que les parties ne peuvent pas installer des bases militaires et des sites de missiles dans des endroits qui constituent une menace pour les autres membres. Cela signifie que les parties doivent s’abstenir d’utiliser leurs territoires respectifs pour mener ou aider une agression armée contre d’autres membres. Cela signifie qu’il est interdit aux parties d’agir d’une manière contraire aux principes énoncés dans le traité. Cela signifie que l’Ukraine ne peut pas devenir membre de l’OTAN si son adhésion constitue une menace pour la sécurité de la Russie.

Tout cela est-il difficile à comprendre ?

Non, c’est parfaitement clair.

Ainsi, lorsque le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, affirme que « chaque pays a le droit de choisir ses propres arrangements de sécurité », il est délibérément trompeur. Stoltenberg sait que l’OTAN et les États-Unis ont convenu qu’ils « ne renforceraient PAS leur propre sécurité au détriment de la sécurité des autres ». Il sait également que l’OTAN et les États-Unis sont légalement tenus d’agir conformément aux accords qu’ils ont signés dans le passé.

Naturellement, la Russie défie Washington sur cette question. Voici ce que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré lors d’une conférence de presse la semaine dernière :

« Aujourd’hui, nous envoyons une demande officielle à nos collègues des pays de l’Alliance et de l’OSCE par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères avec une demande pressante d’expliquer comment ils ont l’intention de respecter l’engagement de ne pas renforcer leur sécurité au détriment de la sécurité des autres… Cela va vraiment miner les relations avec la Fédération de Russie car ce sera une violation flagrante des obligations prises par les présidents des États-Unis et des autres États membres de l’alliance ».

Et voici une citation similaire de l’ambassadeur russe Anatoly Antonov, mardi :

« Les États-Unis se concentrent sur le droit des États à choisir leurs alliances, inscrit dans les déclarations des sommets de l’OSCE d’Istanbul (1999) et d’Astana (2010). En même temps, ils ignorent le fait que ces documents particuliers conditionnent ce droit à l’obligation de ne pas renforcer sa sécurité au détriment de celle des autres. Le principal problème est que les pays de l’OTAN renforcent leur sécurité en affaiblissant la Russie. Nous ne sommes pas d’accord avec une telle approche ». (TASS)

Conclusion : Les États-Unis et l’OTAN s’affranchissent de leurs obligations pour atteindre leurs objectifs géopolitiques. Ce n’est pas surprenant, aucun média occidental ne s’est penché sur cette question, alors que des preuves irréfutables soutiennent la position russe.

Question 2- L’administration Biden a fait pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour qu’il exagère la probabilité d’une invasion russe afin d’alimenter l’hystérie du public et d’intensifier la haine de la Russie ?

1- Vrai

2- Faux

C’est « Vrai ». Jeudi, de hauts responsables ukrainiens ont déclaré à CNN qu’un appel entre Zelensky et Biden « ne s’est pas bien passé ». Ils ont déclaré que Biden a affirmé qu’« une attaque russe pourrait être imminente, disant qu’une invasion était maintenant pratiquement certaine ». Zelensky a cependant réfuté cette affirmation en disant que la menace de la Russie reste « dangereuse mais ambiguë », et « il n’est pas certain qu’une attaque aura lieu ».

« Avons-nous des tanks dans les rues ? » demande Zelensky. « Non. Quand vous lisez les médias, vous avez l’image que nous avons des troupes dans la ville, que les gens fuient… Ce n’est pas le cas ».

Le président ukrainien a également exhorté Biden à « calmer la pagaille … Nous ne voyons pas d’escalade plus importante que l’année dernière ». Il a ensuite ajouté qu’« il prenait le danger à bras le corps ».

Les tentatives de Zelensky de minimiser les rapports hyperboliques des médias confirment que l’actuelle « atmosphère de crise » est en grande partie une invention des médias occidentaux. En ce sens, la couverture médiatique est très similaire au canular du « Russiagate ».

Question 3- L’Ukraine est en état de crise depuis le coup d’État soutenu par les États-Unis en 2014. Les parties belligérantes se sont-elles entendues sur un moyen de mettre fin au conflit ?

1- Oui

2- Non

La réponse est « Oui », ils l’ont fait. L’accord de Minsk a été signé en février 2015. Malheureusement, le gouvernement ukrainien n’a fait aucune tentative pour respecter les termes du traité.

« La signature a été précédée par le sommet des dirigeants de l’Ukraine, de la Russie, de la France et de l’Allemagne, qui ont convenu d’un ensemble de mesures visant à atténuer la guerre dans le Donbass ». En d’autres termes, tout le monde a convenu que ces mesures mettraient fin aux combats et mettraient un terme au conflit.

Les deux parties ont convenu d’un cessez-le-feu, du retrait des troupes et des équipements militaires de la zone de guerre et de la reconnaissance de l’autonomie de fait (alias « statut spécial ») de la région du Donbass. Ces mesures seraient suivies d’un désarmement général et d’un rétablissement du contrôle ukrainien sur sa frontière russe.

Au fil des ans, Poutine a demandé à plusieurs reprises que Minsk soit pleinement mis en œuvre, mais Kiev a obstinément refusé. Même si le gouvernement ukrainien a signé l’accord, il est déterminé à intensifier les hostilités et à prolonger la guerre.

Le mercredi 2 février, les autorités ukrainiennes ont une nouvelle fois démontré leur opposition à l’accord conclu. Selon les rapports des médias russes :

« Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitry Kuleba … a exclu d’accorder un statut spécial et un droit de veto au Donbass …

Aucune région ukrainienne n’aura un pouvoir de droit pour les décisions de l’État national. C’est gravé dans le marbre ! Il n’y aura pas de statut spécial, comme l’imagine la Russie, ni de pouvoir de vote”, a-t-il déclaré ». (TASS News Service)

N’oubliez pas qu’il n’y a pas d’accord de Minsk sans la disposition relative au « statut spécial », qui équivaut à une autonomie de facto conférée aux russophones des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Le statut spécial est le ciment de l’accord car il garantit aux habitants de ces provinces qu’ils ne seront pas arbitrairement et vicieusement persécutés par des éléments hostiles du gouvernement. Ainsi, lorsque le ministre des Affaires étrangères exclut le statut spécial, il supprime en fait la pierre angulaire sur laquelle repose l’ensemble du traité.

La déclaration du ministre ukrainien des Affaires étrangères a-t-elle été rédigée par des fonctionnaires du département d’État américain ?

Probablement. Après tout, une Ukraine unifiée, prospère et en paix avec ses voisins ne cadre pas avec les ambitions impériales de Washington. Ce que veut l’administration Biden, c’est un État défaillant, éclaté et en faillite, déchiré par des animosités ethniques qui peuvent être facilement manipulées par des outsiders politiques qui considèrent l’Ukraine comme un élément essentiel de leur stratégie géopolitique.

Washington ne cherche pas à mettre fin aux hostilités. Washington veut perpétuer le statu quo.

Question 4- Poutine s’attendait-il à ce que les États-Unis et l’OTAN répondent sérieusement aux préoccupations de la Russie en matière de sécurité ?

1- Oui

2- Non

La réponse est « Non, il ne s’y attendait pas ». Comme le dit Ray McGovern, observateur du Kremlin, dans un article récent :

« Il est difficile d’imaginer que Poutine ait réellement pensé qu’il pourrait amener les États-Unis et l’OTAN à signer un document limitant l’adhésion à l’OTAN. Non moins incrédule est l’impression répandue… dans les médias de l’Establishment, que Poutine prévoyait d’exploiter un rejet occidental anticipé pour “justifier” une frappe militaire sur l’Ukraine »1.

McGovern a raison sur les deux points. Poutine a plus de 20 ans d’expérience dans les relations avec les États-Unis. Il sait certainement que Washington n’acceptera jamais de céder ou de capituler devant les exigences d’un rival, en particulier d’un rival qui figure en tête de sa « liste d’ennemis » depuis dix ans. En outre, comme le souligne McGovern, il n’y a aucune chance que l’Ukraine soit admise dans l’OTAN de sitôt. Même « le président Joe Biden… l’a reconnu lorsqu’il a déclaré : “La probabilité que l’Ukraine rejoigne l’OTAN à court terme est faible” ».

Quant aux « préoccupations de sécurité » de la Russie, elles sont à la fois légitimes et urgentes. Poutine ne peut pas permettre que des armes nucléaires soient déployées sur des sites en Roumanie et en Pologne où elles ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres de leurs cibles dans la Russie voisine. Il doit trouver un moyen de convaincre Washington que cette violation flagrante de la sécurité régionale (et des engagements antérieurs) n’est vraiment dans l’intérêt de personne, et que si le problème ne peut être résolu par des négociations pacifiques, la Russie sera contrainte de recourir à d’autres options.

Question 5- La Russie utilise-t-elle le battage médiatique autour de l’Ukraine pour amener Washington à négocier sur les sites de missiles américains en Roumanie et en Pologne ?

1- Oui

2- Non

La réponse est « oui ». L’analyse de McGovern semble suggérer que les Russes sont plus préoccupés par les sites de missiles que par l’Ukraine, et ce pour de bonnes raisons. Voici la citation de Poutine (à ses officiers supérieurs) qui souligne l’urgence de la situation :

« Il est extrêmement alarmant que … les lanceurs Mk 41, qui se trouvent en Roumanie et doivent être déployés en Pologne, soient adaptés au lancement de missiles de frappe Tomahawk. Si cette infrastructure continue à progresser, et si les systèmes de missiles des États-Unis et de l’OTAN sont déployés en Ukraine, leur temps de vol vers Moscou ne sera que de 7 à 10 minutes, voire de 5 minutes pour les systèmes hypersoniques.

C’est un énorme défi pour nous, pour notre sécurité ».

Il est clair que Poutine est inquiet de ces développements, bien que de nombreux Américains n’en entendent parler que pour la première fois. Il y a six ans, Poutine a plaidé en faveur de l’abandon de la défense antimissile lors d’une présentation passionnante qu’il a faite à des membres sélectionnés de la presse qui ont essentiellement fait « disparaître » ses commentaires d’Internet. Les grands médias n’ont jamais rapporté sa déclaration. Voici une partie de ce qu’il a dit :

« Une fois que le système de défense antimissile sera mis en place, il fonctionnera automatiquement avec l’ensemble de la capacité nucléaire des États-Unis. Il fera partie intégrante de la capacité nucléaire des États-Unis. Pour la première fois dans l’histoire, il y aura des éléments de la capacité nucléaire des États-Unis sur le continent européen. Cela change tout simplement toute la configuration de la sécurité internationale… Bien sûr, nous devons y répondre ».

Comme nous l’avons dit précédemment, l’avertissement de Poutine n’est jamais apparu dans les médias occidentaux. Pourtant, le système américain dit de « défense antimissile » représente un danger évident pour la sécurité nationale de la Russie. Il intègre le système nucléaire des États-Unis (notamment les opérations spatiales) à des systèmes qui se trouvent dans la sphère d’influence traditionnelle de la Russie. Il donne également à Washington une longueur d’avance sur la capacité de première frappe, qui sonne le glas de la sécurité russe. En réponse à ces développements, la Russie a créé un régime entièrement nouveau d’armes nucléaires et de missiles intercontinentaux hypersoniques Avangard à la pointe de la technologie. Cela a permis de rétablir l’équilibre essentiel des forces entre les deux nations, mais a également ouvert la voie à un autre cycle féroce de développement d’armes qui pourrait intensifier les hostilités et conduire à une reprise de la Guerre froide.

Question 6- Pourquoi Washington est-il si hostile envers la Russie ? La Russie représente-t-elle une menace pour les objectifs stratégiques à long terme des Etats-Unis ?

1- Oui

2- Non

La réponse est « Oui ». En fait, la Russie est devenue le principal obstacle au projet ambitieux de Washington de projeter sa puissance en Asie centrale afin de tirer parti de la croissance explosive de la région. Poutine a déjoué cette stratégie en renforçant l’économie russe et en reconstruisant les défenses du pays. N’oubliez pas que le plan mondialiste pour la Russie consistait à créer un système fragmenté et fédéralisé qui ouvrait ses vastes ressources à l’exploitation étrangère tout en affaiblissant le centre du pouvoir politique à Moscou. Voici comment l’expert en politique étrangère Zbigniew Brzezinski résume la situation dans un article intitulé « Une géostratégie pour l’Eurasie » :

« Compte tenu de la taille et de la diversité (de la Russie), un système politique décentralisé et une économie de marché libre seraient les plus à même de libérer le potentiel créatif du peuple russe et les vastes ressources naturelles de la Russie. Une Russie faiblement confédérée – composée d’une Russie européenne, d’une République sibérienne et d’une République extrême-orientale – aurait également plus de facilité à entretenir des relations économiques plus étroites avec ses voisins. Chacune des entités confédérées serait en mesure d’exploiter son potentiel créatif local, étouffé pendant des siècles par la lourde main bureaucratique de Moscou. En retour, une Russie décentralisée serait moins sensible à la mobilisation impériale »2.

Naturellement, l’effet transformateur de Poutine sur l’économie russe (et les défenses) a complètement fait dérailler le plan de Brzezinski. Il a également bloqué le plan de Washington de « pivot vers l’Asie » qui a été résumé par l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton dans un discours qu’elle a prononcé en 2011. Voici une partie de ce qu’elle a dit :

« L’avenir de la politique se décidera en Asie, pas en Afghanistan ou en Irak, et les États-Unis seront au centre de l’action … L’une des tâches les plus importantes de la politique américaine au cours de la prochaine décennie sera donc de s’assurer d’une augmentation substantielle des investissements – diplomatiques, économiques, stratégiques et autres – dans la région Asie-Pacifique…

Exploiter la croissance et le dynamisme de l’Asie est au cœur des intérêts économiques et stratégiques américains et constitue une priorité essentielle pour le président Obama. L’ouverture des marchés asiatiques offre aux États-Unis des possibilités sans précédent en matière d’investissement, de commerce et d’accès aux technologies de pointe … Les entreprises américaines (doivent) exploiter la vaste base de consommateurs en pleine expansion de l’Asie… La région génère déjà plus de la moitié de la production mondiale et près de la moitié du commerce mondial. Alors que nous nous efforçons d’atteindre l’objectif du président Obama de doubler les exportations d’ici 2015, nous recherchons des possibilités de faire encore plus d’affaires en Asie »3.

Ce que l’on peut déduire de cet extrait, c’est que les planificateurs de la politique étrangère des États-Unis prévoyaient que l’encerclement, l’affaiblissement et l’éclatement éventuel de la Fédération de Russie permettraient aux bases militaires américaines de s’étendre en Asie centrale (« forger une présence militaire à large assise »), ce qui rendrait possible le contrôle de la croissance de la Chine et permettrait aux entreprises occidentales d’occuper une position dominante dans la région. C’est ce que Clinton a appelé avec désinvolture le « rééquilibrage », c’est-à-dire l’émergence présumée des sociétés occidentales en tant qu’acteurs principaux dans la région la plus peuplée et la plus prospère du monde. Jusqu’à présent, Poutine a empêché ce plan de se concrétiser.

À l’inverse, les États-Unis et leurs alliés ont fait dérailler le projet de Poutine d’une Grande Europe s’étendant de Lisbonne à Vladivostok. Voici comment Poutine l’a résumé dans un discours en 2012 :

« La Russie est une partie inaliénable et organique de la Grande Europe et de la civilisation européenne. Nos citoyens se considèrent comme des Européens… C’est pourquoi la Russie propose d’avancer vers la création d’un espace économique commun de l’Atlantique à l’océan Pacifique, une communauté désignée par les experts russes comme “l’Union de l’Europe” qui renforcera le potentiel de la Russie dans son pivot économique vers la “nouvelle Asie” ».

À l’époque, Poutine ne s’est pas rendu compte que Washington ferait tout ce qui est en son pouvoir pour bloquer une intégration plus poussée, réalisant que l’« harmonisation » économique de l’Europe et de l’Asie (sous la forme d’une zone de libre-échange) représentait une menace existentielle pour le modèle mondial « unipolaire ». Voici comment l’analyste politique Jack Rasmus résume la situation dans un article de Counterpunch :

« Derrière les sanctions se cache l’objectif des États-Unis de chasser la Russie de l’économie européenne. L’Europe devenait trop intégrée et dépendante de la Russie. Non seulement son gaz et ses matières premières, mais les relations commerciales et les flux de capitaux monétaires s’approfondissaient sur de nombreux fronts entre la Russie et l’Europe en général avant la crise ukrainienne qui a servi de couverture à l’introduction des sanctions. L’intégration économique croissante de la Russie avec l’Europe menaçait les intérêts économiques à long terme des capitalistes américains. D’un point de vue stratégique, le coup d’État précipité par les États-Unis en Ukraine peut donc être considéré comme un moyen de provoquer une intervention militaire russe, c’est-à-dire un événement nécessaire pour approfondir et étendre les sanctions économiques qui finiraient par rompre à long terme les liens économiques croissants entre l’Europe et la Russie. Cette rupture, à son tour, garantirait non seulement que les intérêts économiques des États-Unis restent dominants en Europe, mais ouvrirait également de nouvelles opportunités de profit pour les intérêts américains en Europe et en Ukraine également… »4.

Hillary Clinton est allée jusqu’à prétendre que la tentative de Poutine de créer une zone de libre-échange s’étendant sur les continents était en fait un effort pour « ré-soviétiser la région »… « Ne nous y trompons pas », a-t-elle dit. « Nous savons quel est l’objectif et nous essayons de trouver des moyens efficaces de le ralentir ou de l’empêcher ».

Cela permet d’expliquer pourquoi les États-Unis ont déployé tant d’efforts pour empêcher Nord Stream de transporter du gaz naturel de la Russie vers l’Allemagne. Le gazoduc crée des enchevêtrements économiques qui renforceront les relations entre l’UE et la Russie tout en sapant la primauté régionale des États-Unis. Les responsables américains craignent que le renforcement des liens entre Moscou et l’Europe n’entraîne à terme l’abandon du dollar américain, ce qui mettrait un terme à son noble rôle de monnaie de réserve mondiale. En fait, il est très probable que Washington ait concocté la crise actuelle en Ukraine dans l’intention explicite de saboter Nord Stream qui est toujours dans les limbes en raison de l’ingérence incessante des États-Unis.

Il semble que l’objectif primordial de la politique des États-Unis en Ukraine soit d’empêcher la poursuite de l’intégration économique de l’Asie et de l’Europe. Les États-Unis veulent contrôler le flux d’énergie d’Est en Ouest, ils veulent établir un péage de facto entre les continents, ils veulent s’assurer que ces transactions sont effectuées en dollars américains et recyclées en bons du Trésor américain, et ils veulent se placer entre les deux marchés les plus prospères du siècle prochain. L’Ukraine est un pont terrestre essentiel qui relie l’UE à l’Asie centrale. Washington a l’intention de contrôler ce pont afin de pouvoir continuer à projeter sa puissance vers l’est.

Question 7 – Que veut Poutine ?

Poutine a été totalement transparent sur ce qu’il considère comme les intérêts nationaux de la Russie, en fait, tout est exposé clairement dans un document officiel de l’État de 2013 intitulé « Concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie ». Ce court extrait reprend ce que Poutine a dit publiquement à de nombreuses reprises dans le passé.

« La Russie veut un système stable et durable de relations internationales fondé sur le droit international et les principes d’égalité, de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Ce système vise à assurer une sécurité fiable et égale à chaque membre de la communauté internationale dans les domaines politique, militaire, économique, informationnel, humanitaire et autres ».

C’est écrit noir sur blanc. Le point de vue de Poutine sur la sécurité mondiale est largement déterminé par sa connaissance de l’histoire de la Russie et par ses rapports avec la politique étrangère impulsive et autoproclamée des États-Unis, qui balaie d’un revers de main les lois et traités internationaux qui empêchent Washington d’imposer unilatéralement sa volonté où et quand bon lui semble. En revanche, Poutine est favorable à un système « fondé sur des règles » qui défend les intérêts de sécurité de toutes les nations de manière égale et sans préjudice. Voici d’autres extraits du même document :

« L’étape actuelle du développement mondial se caractérise par de profonds changements dans le paysage géopolitique, largement provoqués ou accélérés par la crise financière et économique mondiale. Les relations internationales sont dans un processus de transition, dont l’essence est la création d’un système polycentrique de relations internationales. Ce processus n’est pas facile. Il s’accompagne d’une augmentation des turbulences économiques et politiques aux niveaux mondial et régional. Les relations internationales deviennent de plus en plus complexes et imprévisibles.

La capacité de l’Occident à dominer l’économie et la politique mondiales continue de diminuer. Le pouvoir mondial et le potentiel de développement sont désormais plus dispersés et se déplacent vers l’Est, principalement vers la région Asie-Pacifique. L’émergence de nouveaux acteurs économiques et politiques mondiaux, les pays occidentaux tentant de préserver leurs positions traditionnelles, renforce la concurrence mondiale, ce qui se manifeste par une instabilité croissante dans les relations internationales …

Avec la tendance à la décentralisation du système mondial de gouvernance, la gouvernance régionale apparaît comme une base pour le modèle polycentrique du monde (avec l’ONU comme autre fondement), reflétant la diversité et la variété du monde. Les nouveaux centres de croissance économique et de pouvoir politique assument de plus en plus la responsabilité de leurs régions respectives. L’intégration régionale devient un moyen efficace d’accroître la compétitivité des États participants …

La Russie est pleinement consciente de sa responsabilité particulière dans le maintien de la sécurité dans le monde, tant au niveau mondial que régional, et est déterminée à agir conjointement avec tous les États intéressés pour relever les défis communs. La Russie s’efforcera d’anticiper et de prévenir les événements et restera préparée à tout scénario dans les affaires mondiales »5.

Il s’agit d’un compte rendu bref mais assez précis de l’histoire récente. Oui, la crise financière a laissé les États-Unis dans une situation économique difficile, avec des marchés boursiers artificiellement soutenus par des injections massives de liquidités de la part des banques centrales, tandis que l’inflation continue de grimper et que la dette nationale explose pour atteindre 30 000 milliards de dollars. Ce ne sont pas des signes de force, ce sont des signes de faiblesse, d’incompétence et de corruption. Et ce n’est pas tout.

Pendant que Washington poursuit ses conflits contre-productifs en Afghanistan, en Irak, en Syrie et en Libye, d’autres centres de pouvoir se renforcent progressivement, créant un « système polycentrique de relations internationales » qui remplacera inévitablement l’ordre mondial unipolaire tout en accélérant le rythme du déclin des États-Unis.

À l’heure actuelle, les États-Unis sont engagés dans la tâche désespérée d’essayer de revenir à l’époque de l’après-guerre, lorsque le monde était en ruines et que les États-Unis étaient les seuls en ville. Cet effort a pris une nouvelle dimension, plus inquiétante, alors que des politiciens désespérés et leurs manipulateurs provoquent imprudemment la Russie, dotée de l’arme nucléaire, sur un terrain qui n’a aucun intérêt stratégique vital pour les États-Unis. Nous ne pouvons qu’espérer que les esprits plus calmes l’emporteront.

Enfin, ce que souhaite Poutine, c’est une transition pacifique de l’ordre actuel, obsolète et dysfonctionnel, vers un nouveau système qui assure mieux une sécurité fiable et égale pour tous les membres de la communauté internationale. Nous pensons que c’est un objectif qui mérite d’être poursuivi.

source : The Unz Review
traduction Réseau International

  1. « Poutine acceptera-t-il la moitié du gâteau ? », Ray McGovern, antiwar.com
  2. « Zbigniew Brzezinski, « Une géostratégie pour l’Eurasie », Foreign Affairs, 1997
  3. « Le siècle du Pacifique des États-Unis », secrétaire d’État Hillary Clinton, Foreign Policy Magazine, 2011
  4. « La guerre mondiale des devises », Jack Rasmus, CounterPunch
  5. « Concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie », ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie 

Poutine, entre Nostradamus et Baba Vanga

...par Gérard Luçon - Le 17/02/2022.

Source : RzO Interantional.

 

Commençons par une petite blague traduite du roumain :

Un roumain et un japonais discutent:
Le roumain au japonais:
 « comment se fait-il que votre pays soit aussi développé? »

Le japonais: « c’est parce que chez nous, sur 10 personnes nous en avons un seul intelligent alors que chez vous c’est l’inverse, vous avez 9 intelligents et un idiot »
Le roumain: « oui, et? »
Le japonais: « c’est simple, nous mettons le gars intelligent pour diriger les 9 idiots, alors que chez vous c’est l’idiot que vous mettez pour diriger les 9 intelligents …

Toute ressemblance avec les dirigeants de l’UE et ceux de la Russie ou de la Chine ne serait que fortuite …

Pour mieux comprendre pourquoi j’ai parlé de Nostradamus et de Baba Vanga (certes moins connue en Occident, voir lien en bas de texte …) voici, traduit à l’époque par RIA Novosti, le discours de Munich du 02/10/2007 où Vladimir Poutine annonçait ce qui est en train de se passer … la situation a énormément changé ces 14 dernières années, et nous le devons au moins autant au fait que des pays ont élu des individus qui savent ce qui est bien pour le pays qu’il „dirigent”, et d’autres ont élu des comiques-troupiers (pour ester poli!).

*

„Madame la chancelière fédérale,

Monsieur Teltschik,

Mesdames,

Messieurs,

Je vous remercie pour cette invitation à participer à une conférence aussi représentative, qui a réuni hommes politiques, militaires, entrepreneurs et experts de plus de 40 pays du monde.

Le format de conférence me permet d’éviter les formules de politesse superflues et de recourir aux clichés diplomatiques aussi agréables à entendre que vides de sens. Le format de la conférence me permet de dire ce que je pense des problèmes de la sécurité internationale et, si mes jugements vous semblent inutilement polémiques ou même imprécis, je vous demande de ne pas m’en vouloir. Ce n’est qu’une conférence et j’espère que dans deux ou trois minutes Monsieur Teltschik n’allumera pas la « lampe rouge ».

On sait que les problèmes de la sécurité internationale sont bien plus larges que ceux de la stabilité militaro-politique. Ces problèmes concernent la stabilité de l’économie mondiale, la lutte contre la pauvreté, la sécurité économique et le développement du dialogue entre les civilisations.

Le caractère universel et indivisible de la sécurité est reflété dans son principe de base : « la sécurité de chacun signifie la sécurité de tous ». Franklin Roosevelt avait déclaré au début de la Seconde Guerre Mondiale : « Où que la paix soit rompue, c’est le monde entier qui est menacé ».

Ces paroles restent valables aujourd’hui. D’ailleurs, le sujet de notre conférence en témoigne : Les Crises globales impliquent une responsabilité globale.

Il y a vingt ans, le monde était divisé sur le plan économique et idéologique et sa sécurité était assurée par les potentiels stratégiques immenses des deux superpuissances.

La confrontation globale reléguait les problèmes économiques et sociaux urgents à la périphérie des relations internationales et de l’agenda mondial. De même que n’importe quelle guerre, la Guerre froide nous a laissé, pour ainsi dire, des « obus non explosés ». Je pense aux stéréotypes idéologiques, aux doubles standards et autres clichés hérités de la mentalité des blocs.

Le monde unipolaire proposé après la Guerre froide ne s’est pas non plus réalisé.

Certes, l’histoire de l’humanité a connu des périodes d’unipolarité et d’aspiration à la domination mondiale. L’histoire de l’humanité en a vu de toutes sortes.

Qu’est ce qu’un monde unipolaire ? Malgré toutes les tentatives d’embellir ce terme, il ne signifie en pratique qu’une seule chose : c’est un seul centre de pouvoir, un seul centre de force et un seul centre de décision.

C’est le monde d’un unique maître, d’un unique souverain. En fin de compte, cela est fatal à tous ceux qui se trouvent au sein de ce système aussi bien qu’au souverain lui-même, qui se détruira de l’intérieur.

Bien entendu, cela n’a rien à voir avec la démocratie, car la démocratie, c’est, comme on le sait, le pouvoir de la majorité qui prend en considération les intérêts et les opinions de la minorité.

A propos, on donne constamment des leçons de démocratie à la Russie. Mais ceux qui le font ne veulent pas, on ne sait pourquoi, eux-mêmes apprendre.

J’estime que le modèle unipolaire n’est pas seulement inadmissible pour le monde contemporain, mais qu’il est même tout à fait impossible. Non seulement parce que, dans les conditions d’un leader unique, le monde contemporain (je tiens à le souligner : contemporain) manquera de ressources militaro-politiques et économiques. Mais, et c’est encore plus important, ce modèle est inefficace, car il ne peut en aucun cas reposer sur la base morale et éthique de la civilisation contemporaine.

Cependant, tout ce qui se produit actuellement dans le monde – et nous ne faisons que commencer à discuter à ce sujet – est la conséquence des tentatives pour implanter cette conception dans les affaires mondiales : la conception du monde unipolaire.

Quel en est le résultat ?

Les actions unilatérales, souvent illégitimes, n’ont réglé aucun problème. Bien plus, elles ont entraîné de nouvelles tragédies humaines et de nouveaux foyers de tension. Jugez par vous-mêmes : les guerres, les conflits locaux et régionaux n’ont pas diminué. Monsieur Teltschik l’a mentionné d’une manière très délicate. Les victimes de ces conflits ne sont pas moins nombreuses, au contraire, elles sont bien plus nombreuses qu’auparavant.

Nous sommes en présence de l’emploi hypertrophié, sans aucune entrave, de la force – militaire – dans les affaires internationales, qui plonge le monde dans un abîme de conflits successifs. Par conséquent, aucun des conflits ne peut être réglé dans son ensemble. Et leur règlement politique devient également impossible.

Nous sommes témoins d’un mépris de plus en plus grand des principes fondamentaux du droit international. Bien plus, certaines normes et, en fait, presque tout le système du droit d’un seul Etat, avant tout, bien entendu, des États-Unis, a débordé de ses frontières nationales dans tous les domaines : dans l’économie, la politique et dans la sphère humanitaire, et est imposé à d’autres États. À qui cela peut-il convenir ?

Dans les affaires internationales, on se heurte de plus en plus souvent au désir de régler tel ou tel problème en s’inspirant de ce qu’on appelle l’opportunité politique, fondée sur la conjoncture politique.

Évidemment, cela est très dangereux, personne ne se sent plus en sécurité, je tiens à le souligner, parce que personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit international. Évidemment, cette politique est le catalyseur de la course aux armements.

La domination du facteur force alimente inévitablement l’aspiration de certains pays à détenir des armes de destruction massive. Qui plus est, on a vu apparaître des menaces foncièrement nouvelles qui étaient connues auparavant, mais qui acquièrent aujourd’hui un caractère global, par exemple, le terrorisme.

Je suis certain qu’en ce moment crucial il faut repenser sérieusement l’architecture globale de la sécurité.

Il faut rechercher un équilibre raisonnable des intérêts de tous les acteurs du dialogue international. D’autant plus que le « paysage international » change très rapidement et substantiellement en raison du développement dynamique de toute une série d’États et de régions.

Mme la chancelière fédérale l’a déjà mentionné. Ainsi, le PIB commun de l’Inde et de la Chine en parité de pouvoir d’achat dépasse déjà celui des États-Unis. Le PIB des États du groupe BRIC – Brésil, Russie, Inde et Chine – évalué selon le même principe dépasse le PIB de l’Union européenne tout entière. Selon les experts, ce fossé va s’élargir dans un avenir prévisible.

Il ne fait pas de doute que le potentiel économique des nouveaux centres de la croissance mondiale sera inévitablement converti en influence politique, et la multipolarité se renforcera.

Le rôle de la diplomatie multilatérale s’accroît considérablement dans ce contexte. L’ouverture, la transparence et la prévisibilité en politique n’ont pas d’alternative raisonnable et l’emploi de la force doit effectivement être une ultime mesure, de même que la peine de mort dans les systèmes judiciaires de certains États.

Aujourd’hui, au contraire, nous observons une situation où des pays dans lesquels la peine de mort est interdite même à l’égard des assassins et d’autres dangereux criminels participent allégrement à des opérations militaires qu’il est difficile de considérer comme légitimes et qui provoquent la mort de centaines, voire de milliers de civils !

Une question se pose en même temps : devons-nous rester impassibles face à divers conflits intérieurs dans certains pays, aux actions des régimes autoritaires, des tyrans, à la prolifération des armes de destructions massive ? C’est le fond de la question posée à la chancelière fédérale par Monsieur Lieberman, notre vénérable collègue. Ai-je bien compris votre question (dit-il en s’adressant à Joseph Lieberman) ? Bien entendu, c’est une question importante ! Pouvons-nous assister impassiblement à ce qui se produit ? J’essaierai de répondre à votre question. Bien entendu, nous ne devons pas rester impassibles. Bien sûr que non.

Mais avons-nous les moyens de faire face à ces menaces ? Oui, nous les avons. Il suffit de se rappeler l’histoire récente. Le passage à la démocratie n’a-t-il pas été pacifique dans notre pays ? Le régime soviétique a subi une transformation pacifique, malgré la grande quantité d’armes, y compris nucléaires, dont il disposait ! Pourquoi donc faut-il bombarder et pilonner aujourd’hui à tout bout de champ ? Manquerions-nous de culture politique, de respect pour les valeurs démocratiques et le droit, en l’absence d’une menace d’extermination réciproque ?

Je suis certain que la Charte des Nations Unies est l’unique mécanisme d’adoption de décisions sur l’emploi de la force en tant que dernier recours. Dans cet ordre d’idées, ou bien je n’ai pas compris ce qui vient d’être déclaré par notre collègue ministre italien de la Défense [2], ou bien il ne s’est pas exprimé clairement. En tout cas, j’ai entendu ce qui suit : l’usage de la force ne peut être légitime que si cette décision a été prise par l’OTAN, l’Union européenne ou l’ONU. S’il l’estime effectivement, alors nos points de vue sont différents. Ou bien j’ai mal entendu. L’usage de la force n’est légitime que sur la base d’un mandat des Nations Unies. Il ne faut pas substituer l’OTAN et l’Union Européenne à l’Organisation des Nations Unies. Lorsque l’ONU réunira réellement les forces de la communauté internationale qui pourront réagir efficacement aux événements dans certains pays, lorsque nous nous débarrasserons du mépris du droit international, la situation pourra changer. Sinon, elle restera dans l’impasse et les lourdes erreurs se multiplieront. Il faut oeuvrer pour que le droit international soit universel aussi bien dans sa compréhension que dans l’application de ses normes.

Il ne faut pas oublier qu’en politique, le mode d’action démocratique suppose nécessairement une discussion et une élaboration minutieuse des décisions.

Mesdames et messieurs !

Le risque potentiel de déstabilisation des relations internationales tient également à l’absence évidente de progrès dans le domaine du désarmement.

La Russie se prononce pour la reprise du dialogue à ce sujet.

Il est très important d’appliquer les normes juridiques internationales en matière de désarmement, tout en poursuivant la réduction des armements nucléaires.

Nous avons convenu avec les États-Unis de ramener nos charges nucléaires équipant les vecteurs stratégiques à 1700 – 2 200 unités d’ici au 31 décembre 2012. La Russie a l’intention de respecter strictement ses engagements. Nous espérons que nos partenaires agiront en toute transparence, eux aussi, et ne garderont pas sous le coude quelques centaines de charges nucléaires pour les « mauvais jours ». Donc, si le nouveau ministre états-unien de la Défense annonce que les Etats-Unis se garderont de mettre leurs charges excédentaires en stock, ni de les dissimuler « sous un coussin » ou « sous une couverture », je vous demanderai de vous lever pour applaudir ses paroles. Ce serait une déclaration très importante.

La Russie respecte strictement le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le régime multilatéral de contrôle de la technologie des missiles, et elle a l’intention de les respecter à l’avenir également. Les principes à la base de ces documents revêtent un caractère universel.

À cette occasion, je tiens à rappeler que dans les années 1980, l’URSS et les États-Unis ont signé un Traité sur l’élimination des missiles à moyenne et plus courte portée sans toutefois conférer de caractère universel à ce document.

À l’heure actuelle, toute une série de pays possèdent des missiles de cette classe : la République populaire démocratique de Corée, la République de Corée, l’Inde, l’Iran, le Pakistan, l’État d’Israël. De nombreux autres pays sont en train de concevoir ces systèmes et envisagent d’en doter leurs forces armées. Or, seuls les États-Unis d’Amérique et la Russie restent fidèles à leur engagement de ne pas construire ces armes.

Il est clair que dans ces conditions nous sommes obligés de veiller à assurer notre sécurité.

En même temps, il faut empêcher l’apparition de nouveaux types d’armes de pointe susceptibles de déstabiliser la situation. Je ne parle pas des mesures visant à prévenir la confrontation dans de nouveaux milieux, surtout dans l’espace. On sait que les « guerres des étoiles » ne relèvent plus de la fiction, mais de la réalité. Dès le milieu des années 1980, nos partenaires états-uniens ont réussi à intercepter un de leurs satellites.

Selon la Russie, la militarisation de l’espace est susceptible d’avoir des conséquences imprévisibles pour la communauté mondiale, conséquences qui ne seraient pas moins graves que l’avènement de l’ère nucléaire. C’est pour cela que nous avons maintes fois lancé des initiatives visant à prévenir le déploiement d’armes dans l’espace.

Aujourd’hui, je tiens à vous dire que nous avons préparé un projet de Traité sur le non-déploiement d’armes dans l’espace. D’ici peu, nous l’enverrons à nos partenaires en qualité de proposition officielle. Je propose de travailler ensemble sur ce document.

En ce qui concerne les projets prévoyant le déploiement en Europe d’éléments du système de défense antimissiles, ils ne manquent pas non plus de nous inquiéter. Qui a besoin d’une nouvelle relance – inévitable en l’occurrence – de la course aux armements ? Je doute fort que ce soient les Européens.

Aucun des pays dits « à problèmes » ne possède de missiles ayant une portée de l’ordre de 5 000 à 8 000 kilomètres et susceptibles de menacer l’Europe. Mieux, dans un avenir prévisible, leur apparition dans ces pays n’est pas envisageable. Je dirais même plus : une tentative de lancer un missile nord-coréen, par exemple, vers les États-Unis via l’Europe serait contraire aux lois de la balistique.

Profitant de mon séjour en Allemagne, je tiens à évoquer la crise que traverse le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.

Signé en 1999, ce Traité était adapté à une nouvelle réalité géopolitique : le démantèlement du bloc de Varsovie. Sept ans se sont écoulés depuis, mais il n’a été ratifié que par quatre pays, dont la Fédération de Russie.

Les pays de l’OTAN ont ouvertement déclaré qu’ils ne ratifieraient pas le Traité, dont les dispositions relatives aux limitations dans la zone des « flancs » (déploiement sur les « flancs » d’un certain nombre de forces armées) tant que la Russie ne procéderait pas au retrait de ses bases de la Géorgie et de la Moldavie. Le retrait de nos troupes de la Géorgie est en cours et ce, à un rythme accéléré. Tout le monde sait que nous avons déjà réglé ces problèmes avec nos collègues géorgiens. Quant à la Moldavie, on y trouve pour le moment une formation de 1 500 militaires chargés de maintenir la paix et de protéger les entrepôts de munitions qui y subsistent depuis l’époque soviétique. Nous discutons en permanence de cette question avec Monsieur Solana : il connaît bien notre position. Nous sommes prêts à aller plus loin dans cette direction.

Mais que se passe-t-il pendant ce temps-là ? Eh bien, on voit apparaître en Bulgarie et en Roumanie des « bases états-uniennes légères avancées » de 5 000 militaires chacune. Il se trouve que l’OTAN rapproche ses forces avancées de nos frontières, tandis que nous – qui respectons strictement le Traité – ne réagissons pas à ces démarches.

Il est évident, je pense, que l’élargissement de l’OTAN n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance, ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est un facteur représentant une provocation sérieuse et abaissant le niveau de la confiance mutuelle. Nous sommes légitimement en droit de demander ouvertement contre qui cet élargissement est opéré. Que sont devenues les assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du Pacte de Varsovie ? Où sont ces assurances ? On l’a oublié. Néanmoins, je me permettrai de rappeler aux personnes présentes dans cette salle ce qui a été dit. Je tiens à citer des paroles tirées du discours de M. Woerner, alors Secrétaire général de l’OTAN, prononcé à Bruxelles le 17 mai 1990 : « Que nous soyons prêts à ne pas déployer les troupes de l’OTAN à l’extérieur du territoire de la RFA, cela donne à l’Union soviétique des garanties sûres de sécurité ». Où sont aujourd’hui ces garanties ?

Les blocs de béton et les pierres du Mur de Berlin sont depuis longtemps des souvenirs. Mais il ne faut pas oublier que sa chute est devenue possible notamment grâce au choix historique de notre peuple – le peuple de Russie – en faveur de la démocratie et de la liberté, de l’ouverture et du partenariat sincère avec tous les membres de la grande famille européenne.

Or, maintenant, on s’efforce de nous imposer de nouvelles lignes de démarcation et de nouveaux murs. Même s’ils sont virtuels, ils ne manquent pas de diviser, de compartimenter notre continent. Faudra-t-il à nouveau des années et des décennies, une succession de plusieurs générations de responsables politiques pour démanteler ces murs ?

Mesdames, Messieurs !

Nous préconisons le renforcement du régime de non-prolifération. L’actuelle base juridique internationale permet de mettre au point des technologies de production de combustible nucléaire pour l’utiliser ensuite à des fins pacifiques. Et bon nombre d’États veulent, à juste titre, développer leur propre nucléaire civil en tant que base de leur indépendance énergétique. En même temps, nous comprenons que ces technologies peuvent se transformer rapidement en know-how pour la production de matériaux nucléaires militaires.

Cela suscite une grave tension internationale. La situation autour du programme nucléaire iranien en est un exemple éclatant. Si la communauté internationale n’élabore pas de solution raisonnable à ce conflit d’intérêts, le monde sera ébranlé, à l’avenir également, par ce genre de crises déstabilisatrices, car l’Iran n’est pas l’unique pays du seuil, et nous ne le savons que trop, nous et vous. Aussi, nous serons en permanence confrontés à la menace de prolifération des armes de destruction massive (ADM).

L’année dernière, la Russie a proposé de créer des centres d’enrichissement d’uranium multinationaux. Nous acceptons que de tels centres se créent non seulement en Russie, mais aussi dans d’autres pays où le nucléaire civil se développe sur une base légale. Les États cherchant à développer leur nucléaire civil pourraient recevoir du combustible, en participant directement au travail de ces centres, évidemment, sous le contrôle rigoureux de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Or, les dernières initiatives du président des États-Unis, George W. Bush, sont à l’unisson de cette initiative russe. Je pense que la Russie et les États-Unis sont objectivement et également intéressés au durcissement du régime de non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Et ce sont justement nos deux pays, leaders pour leur potentiel nucléaire et balistique, qui doivent, eux aussi, devenir leaders de la mise au point de nouvelles mesures plus rigoureuses en matière de non-prolifération. La Russie est prête à effectuer un tel travail. Nous menons des consultations avec nos amis états-uniens.

Somme toute, il doit y être question de la mise en place de tout un système de leviers politiques et de stimulants économiques qui n’incitent pas les États à créer leurs propres capacités en matière de cycle du combustible nucléaire, mais leur permettent de développer leur nucléaire civil, en renforçant ainsi leur potentiel énergétique.

À cette occasion, je tiens à parler plus en détail de la coopération énergétique internationale. Mme la chancelière fédérale en a parlé, elle aussi, bien que brièvement. Dans la sphère énergétique, la Russie s’oriente vers l’élaboration de principes de marché et de conditions transparentes qui soient les mêmes pour tous. Il est évident que le prix des hydrocarbures doit être établi par le marché et ne doit pas faire l’objet de spéculations politiques ni de pressions ou de chantages économiques.

Nous sommes ouverts à la coopération. Des compagnies étrangères participent à nos plus grands projets économiques. Selon différentes évaluations, jusqu’à 26% de l’extraction de pétrole en Russie reviennent – réfléchissez bien à ce chiffre – jusqu’à 26% de l’extraction de pétrole en Russie reviennent au capital étranger. Essayez donc de me citer un exemple de présence aussi large du business russe dans les branches clés de l’économie des États d’Occident. Il n’y en a pas !

Je tiens aussi à rappeler la proportion d’investissements arrivant en Russie et partant de Russie vers d’autres pays du monde. Ce rapport est à peu près de quinze pour un. Voilà un exemple éclatant de l’ouverture et de la stabilité de l’économie russe.

La sécurité économique est une sphère où tous doivent s’en tenir à des principes uniques. Nous sommes prêts à une concurrence loyale.

L’économie russe a de plus en plus de possibilités pour cela. Cette dynamique est objectivement évaluée par des experts et nos partenaires étrangers. Récemment, par exemple, la Russie a été mieux notée au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : notre pays est passé notamment du groupe à risque 4 au groupe 3. Profitant de l’occasion, ici, aujourd’hui à Munich, je voudrais remercier tout particulièrement nos collègues allemands de leur concours à l’adoption de la décision évoquée.

Continuons. Comme vous le savez, le processus d’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) est entré dans sa phase finale. Je rappellerai qu’au cours des négociations longues et difficiles, nous avons plus d’une fois entendu des paroles sur la liberté d’expression, la liberté de commerce et des possibilités égales, mais seulement quand il s’agissait du marché russe.

Et encore un thème très important qui influe directement sur la sécurité globale. On parle beaucoup aujourd’hui de la lutte contre la pauvreté. Mais qu’est-ce qui se produit en réalité ? D’une part, des ressources financières – et souvent importantes – sont allouées à des programmes d’assistance aux pays les plus pauvres. Quoi qu’il en soit, et beaucoup le savent ici également, il n’est pas rare que les compagnies des pays donateurs eux-mêmes « les utilisent ». D’autre part, l’agriculture dans les pays industrialisés est toujours subventionnée, alors que l’accès des hautes technologies est limité pour d’autres.

Appelons donc les choses par leurs noms : il s’avère qu’une main distribue les « aides caritatives », alors que l’autre entretient l’arriération économique, mais récolte aussi des bénéfices. La tension sociale surgissant dans de telles régions dépressives se traduit inévitablement par la croissance du radicalisme et de l’extrémisme, tout en alimentant le terrorisme et les conflits locaux. Et si tout cela se produit de surcroît, par exemple, au Proche-Orient dans le contexte d’une vision aggravée du monde extérieur, en tant que monde injuste, une déstabilisation globale risque de se produire.

Il va sans dire que les principales puissances mondiales doivent voir cette menace et organiser, par conséquent, un système plus démocratique et plus équitable de rapports économiques qui donne à tous une chance et une possibilité de développement.

Intervenant à une conférence sur la sécurité, on ne peut pas, non plus, Mesdames et Messieurs, passer sous silence l’activité de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L’OSCE a été créée pour examiner tous les aspects, je tiens à le souligner, tous les aspects de la sécurité, qu’il s’agisse des aspects politico-militaires, économiques ou humanitaires et ce, dans leurs rapports réciproques.

Mais que voyons-nous aujourd’hui en réalité ? Nous voyons que cet équilibre est manifestement perturbé. On essaie de transformer l’OSCE en instrument vulgaire au service des intérêts politiques extérieurs d’un seul pays ou d’un groupe de pays à l’égard d’autres États. Et c’est pour cette tâche, que l’on a aussi « monté de toutes pièces » l’appareil bureaucratique de l’OSCE qui n’est nullement lié aux États fondateurs. On a « monté de toutes pièces » pour cette tâche également les procédures d’adoption des décisions et d’utilisation des fameuses « organisations non gouvernementales (ONG) ». Formellement, il s’agit effectivement d’organisations indépendantes, mais financées rationnellement et, par conséquent, contrôlées.

Conformément aux documents fondateurs, dans la sphère humanitaire, l’OSCE est appelée à accorder aux pays membres, à leur demande, un concours en matière de respect des normes internationales dans le domaine des droits de l’homme. C’est une importante mission. Nous la soutenons. Mais cela ne signifie pas qu’on peut s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays et encore moins tenter de leur dicter la manière dont ils doivent vivre et se développer.

Il est parfaitement évident qu’une telle ingérence ne contribue pas du tout à la maturation d’Etats authentiquement démocratiques. Par contre, elle les rend dépendants, avec comme conséquence l’instabilité sur les plans économique et politique.

Nous espérons que l’OSCE se guidera sur ses tâches immédiates et organisera ses relations avec des États souverains sur la base du respect, de la confiance et de la transparence.

Mesdames, Messieurs !

En conclusion, je voudrais retenir ceci. Nous entendons très souvent – et je les entends personnellement – les appels de nos partenaires, y compris nos partenaires européens, exhortant la Russie à jouer un rôle de plus en plus actif dans les affaires internationales.

Je me permettrai à cette occasion une petite remarque. Nous n’avons pas besoin d’être éperonnés ou stimulés. La Russie a une histoire millénaire, et pratiquement elle a toujours eu le privilège de pratiquer une politique extérieure indépendante.

Nous n’avons pas l’intention aujourd’hui non plus de faillir à cette tradition. En même temps, nous voyons que le monde a changé et nous évaluons avec réalisme nos propres possibilités et notre propre potentiel. Et évidemment nous voudrions aussi avoir affaire à des partenaires sérieux et tout aussi indépendants avec lesquels nous pourrions travailler à l’édification d’un monde plus démocratique et plus équitable, tout en y garantissant la sécurité et la prospérité non seulement des élites, mais de tous.

Je vous remercie de votre attention”

Sources:

Poutine à Munich, 2007

Poutine et Lavrov préparant la venue de Macron

Le macronisme, sans vergogne

 

Que veut vraiment Vladimir Poutine?

Source : Stratpol - par Marc Legrand - Le 02/05/2023.

 

Vladminir Poutine dans le Donbass

 

Cette question, maintes fois posée et jamais répondue que par des platitudes ou des énormités, trahit la prétention de certains de décrire les tréfonds de l’âme de Vladimir Poutine, ce contre quoi le bon sens nous met pourtant tout de suite en garde. Nul, en effet, ne peut sonder le cœur et les reins d’autrui.

Mon propos sera donc tout autre, ici, et ne concernera que l’homme d’État, ce qu’il veut vraiment, certes, mais uniquement en sa fonction, dans son habit officiel, c’est-à-dire en sa seule qualité de président de la Fédération de Russie.

La guerre d’Ukraine

Tout d’abord, il faut rappeler une évidence, souvent passée sous silence ou minimisée dans ses conséquences, à savoir que l’élite dirigeante au pouvoir au Kremlin depuis au moins 1999, pense « Russia first ! », soit « La Russie d’abord ! ». Ainsi, quand le président Poutine étudie les options qui se présentent à lui, il raisonne toujours de la manière suivante : « Laquelle de ces options s’avèrera la plus efficace pour assurer la sécurité de l’État et la défense de ses intérêts ? », préalable à la sauvegarde du bien-être du peuple russe.

Comme le firent l’immense majorité des souverains russes qui l’ont précédé, c’est à l’aune de cet objectif, en considération de ce but à atteindre, que Vladimir Poutine prend chacune de ses décisions de politique intérieure et extérieure. L’élite dirigeante du Kremlin n’est d’ailleurs pas la seule à raisonner de cette façon. En effet, il en est de même à Pékin, Tel Aviv, ou encore Washington, bien sûr, et sans doute, dans une moindre mesure, à Ankara ou Téhéran… mais pas à Paris depuis que la France est devenue un vassal de l’Oncle Sam.

Dès lors, ce que veut le président Poutine, en Ukraine, où il a décidé de lancer une « opération militaire spéciale », n’est rien moins que d’assurer au mieux la sécurité de l’État russe et la défense de ses intérêts, ce à court, moyen et long termes. Car, après tout, gouverner, c’est aussi prévoir.

Ensuite, c’est donc dans la continuité de ce « La Russie d’abord ! » que s’inscrivent les buts de guerre officiels énoncés par Vladimir Poutine :

  1. la reconnaissance, par Kiev, de la souveraineté russe sur la Crimée ;
  2. et celle de l’indépendance des républiques de Donetsk et Lougansk ;
  3. la démilitarisation de l’Ukraine ;
  4. ainsi que sa dénazification.

Si les deux premières exigences du président Poutine ne présentent aucune difficulté particulière de compréhension et peuvent être obtenues par la voie diplomatique, rapidement et sans équivoque possible, il en va tout autrement des deux autres qui, en creux, contiennent, dès leur formulation, le 24 février 2022, la manière dont va évoluer la guerre d’Ukraine. En effet, « démilitariser » signifie rien moins que réduire les forces armées ukrainiennes à la portion congrue, c’est-à-dire à un niveau où elles ne représenteront plus une menace pour la sécurité de l’État russe. Or, il est très improbable que Kiev ratifie une sorte de nouveau traité de Versailles comme celui qui, le 28 juin 1919, imposa des conditions similaires à l’Allemagne vaincue. Dès lors, atteindre un tel objectif ne peut que prendre des mois, voire des années, et implique des frappes nombreuses, précises et répétées.

Naturellement, il en va de même pour la dénazification de l’Ukraine, laquelle prendra autant de temps, si elle est obtenue sur le champ de bataille, et ne peut s’accompagner que d’une occupation militaire russe de l’entièreté du territoire ukrainien pour être pleinement garantie. C’est ainsi que l’Allemagne de 1945 put être dénazifiée avec succès, les troupes américaines, soviétiques, britanniques et françaises étant demeurées présentes sur son sol durant de nombreuses années.

Il nous faut donc voir plus loin que les déclarations de Vladimir Poutine qui, sincères, nous en disent malgré tout moins de manière manifeste qu’en creux. Ce dernier le sait fort bien puisqu’il a déclaré dès le lancement de son « opération militaire spéciale » que celle-ci prendrait le temps qu’il faudrait, et a encore récemment rappelé qu’il avait tout son temps. Nous verrons en effet que le temps joue en sa faveur.

Je peux donc affirmer, sans grand risque d’être démenti par les faits, que l’armée russe s’arrêtera à la frontière polonaise. Certitude confirmée, de toute façon, par l’impossibilité pour l’élite dirigeante du Kremlin de concilier son exigence de sécurité avec la survivance d’un État ukrainien de quelque superficie que ce soit. Quant à l’objection concernant l’hostilité des populations civiles à l’égard de la Russie, au rythme, délibérément lent, où progresse l’armée russe, elles auront tout le temps de quitter le pays avant son occupation et son absorption par cette nation.

Enfin, il ne faut pas être naïf et ne retenir que les buts de guerre officiels énoncés par le président Poutine, tant il est évident que d’autres objectifs sont poursuivis, à court, moyen et long termes, ici encore, tout aussi importants et s’inscrivant à leur tour dans la perspective d’assurer la sécurité de l’État russe et la défense de ses intérêts, préalable, rappelons-le, à la sauvegarde du bien-être du peuple russe. Ces buts de guerre, officieux, ceux-là, sont dissimulés par une habile entreprise de maskirovka, soit « camouflage », en russe, un art proche de la deception anglo-saxonne, soit, une fois traduit, « fourvoiement, égarement, leurre ».

En œuvre en Ukraine, c’est elle qui rend si difficile la lecture de la stratégie déployée par l’état-major de l’armée russe et fait dire n’importe quoi sur cette dernière, y compris au sein de milieux dits « nationalistes » réputés favorables au Kremlin, en France et ailleurs dans le monde occidental. Sans trop entrer dans les détails, disons que la maskirovka consiste en un « ensemble de mesures destinées à tromper ou égarer l’ennemi quant aux capacités, actions et intentions réelles de la sécurité nationale russe ». Ces mesures concernent, en fait, des domaines très différents, qui peuvent parfois paraître, à tort, fort éloignés de la matière militaire stricto sensu, incluant des actions de feinte, de tromperie, d’imitation, de simulation, de désinformation, de dissimulation, ou encore de diversion.

Très bien rôdés dans l’art multiséculaire de la maskirovka, les services secrets russes, Renseignement militaire inclus, mènent donc ces actions tous azimuts, avec efficacité, allant jusqu’à faire passer les points faibles de la sécurité nationale russe pour des forces et les points forts de celle-ci pour des faiblesses. Toujours dans le but de tromper l’ennemi. Je vois ainsi à l’œuvre une vaste opération de maskirovka en Ukraine, où l’armée russe détruit assez d’armes occidentales, livrées au régime de Kiev, pour empêcher que les troupes russes ne soient débordées sur le terrain, tout en laissant passer suffisamment de ces mêmes armes, en direction de la ligne de front, pour que l’armée ukrainienne puisse continuer le combat.

En agissant ainsi, l’armée russe s’assure que le conflit dure des mois, voire des années, afin que les buts de guerre officiels énoncés par Vladimir Poutine soient pleinement atteints, tout en s’épargnant des pertes humaines bien plus élevées, ce que de grandes offensives terrestres classiques exigeraient. De plus, mener une guerre d’usure permet à l’armée russe d’épargner aussi, autant que possible, les civils des deux côtés de la ligne de front, afin de ne pas hypothéquer les chances d’une occupation de l’Ukraine réussie sur le long terme.

Mieux encore, plus cette « opération militaire spéciale » dure et plus l’Occident doit maintenir son paquet de sanctions économiques antirusses ; présentées comme des représailles à l’invasion russe de l’Ukraine, ces sanctions ne peuvent pas être levées si la guerre est encore d’actualité. Or, ces sanctions usent beaucoup plus les économies occidentales que l’économie russe. Résultat, plus la guerre dure et plus grandit le risque, à terme, d’un effondrement des économies au Japon, en Europe et même aux États-Unis, ce qui, cela va sans dire, sert les intérêts de la Russie, puisque ces nations hostiles mordraient la poussière.

N’en déplaise aux propagandistes occidentaux et aux experts du Café du commerce, le temps joue bien en faveur du président Poutine, lequel ne bluffe pas – il ne bluffe jamais, en vérité – quand il affirme que la guerre se déroule comme prévu et avoir tout son temps en Ukraine. La vérité est tragi-comique, puisque Vladimir Poutine et l’élite dirigeante russe ont su exploiter la volonté de puissance et l’orgueil des élites occidentales, lequel les amène à sous-estimer systématiquement les capacités intellectuelles de leur adversaire russe, retournant leurs préjugés et défauts contre eux. En effet, c’est bien parce que les élites occidentales prennent les Russes pour des demeurés qu’ils se sont lancés dans la guerre et une politique de sanctions économiques antirusses contreproductive, persuadés que l’armée russe serait rapidement défaite. Et ils n’en démordent pas, s’obstinant déraisonnablement. Résultat, ces élites occidentales se sont condamnées à se soumettre au verdict des armes qui, tôt ou tard, leur sera très défavorable, ou à couler avec le navire dont elles ont sciemment troué la coque.

Tel est le piège mortel tendu à l’Occident par le président Poutine, et dans lequel le premier est tombé à pieds joints. Tel est ce que veut vraiment Vladimir Poutine en Ukraine : détruire les économies japonaise, européenne et étasunienne. Ce qui figure l’un des aspects majeurs de la deception occidentale comme de la maskirovka russe : « Tromper l’ennemi par la manipulation, la distorsion ou la falsification des preuves et autres indices, afin de déformer la perception que celui-ci a de la réalité et l’inciter à réagir de telle manière qu’il porte lui-même préjudice à ses propres intérêts ».

Étranger proche

Mais ce que veut vraiment le président Poutine en Ukraine s’inscrit aussi dans son entreprise, plus vaste, de pacification de l’étranger proche russe, constitué des anciennes républiques socialistes soviétiques, au nombre de quatorze et auxquelles s’ajoutent la Finlande et la Mongolie. À terme, il est probable que des liens beaucoup plus étroits soient tissés, sur les plans politique, économique et militaire, entre la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, le Kazakhstan et le Caucase, toujours dans le but d’assurer au mieux la sécurité de l’État russe et la défense de ses intérêts, préalable, je le répète, à la sauvegarde du bien-être du peuple russe. L’intervention russe en Géorgie, en 2008, décidée pendant la présidence de Dmitri Medvedev, va dans ce sens, de même, bien entendu, que le retour de la Crimée dans le giron russe, en 2014, consécutif au coup d’État de Maïdan, et, plus encore, l’opération militaire spéciale en Ukraine, en 2022.

Ici, ce sont les « ventres mous », ou points faibles, de la géopolitique de la Russie, de la position géostratégique de ce pays, qui sont visés à fin de résorption. Vladimir Poutine ne raisonne pas autrement quand il décide d’intervenir, en janvier, au Kazakhstan, « ventre mou » central de l’étranger proche russe depuis une trentaine d’années. En cela, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), sous l’égide de laquelle l’armée russe est intervenue au Kazakhstan, participe de cette entreprise de pacification de l’étranger proche russe. Outre ce dernier État, la Biélorussie et la Russie, en sont membres l’Arménie, pays ami du Caucase, ainsi que le Kirghizistan et le Tadjikistan, nations d’Asie centrale elles aussi anciennes républiques socialistes soviétiques. Organisation politico-militaire moins contraignante pour ses membres que peut l’être l’OTAN pour les siens, le président Poutine se donne ici les moyens de ses ambitions en matière de sécurité dans le seul étranger proche russe.

Stratégie globale

Il convient de distinguer un « étranger proche » russe, que j’ai évoqué, d’un « étranger lointain » incluant les anciens membres du bloc de l’Est, terres de l’ex-Yougoslavie et Albanie compris, la Grèce, la Turquie, l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde, la Chine, la Corée du Nord, la Corée du Sud, le Japon, ou encore, géographie oblige, l’Alaska étasunienne, russe jusqu’à sa cession, pour une bouchée de pain, en 1867.

Comme ses prédécesseurs, notamment de l’Empire russe, Vladimir Poutine a naturellement à cœur de chercher un accès pérenne aux mers chaudes pour la Russie, ce qui n’est possible qu’en réglant le problème posé par une Ukraine hostile et en tissant des liens étroits avec la Turquie, pour ce qui est du contrôle de la mer Noire et du libre accès à la Méditerranée et à l’océan Atlantique… sachant que celui-ci sera bientôt navigable depuis le littoral arctique russe, en raison de la fonte annoncée de la banquise boréale. Même calcul avec l’Azerbaïdjan, en conflit avec l’ami arménien et allié traditionnel de l’Iran, ce dernier pays devant être choyé puisqu’il permettrait un accès à l’océan Indien, si jamais une base navale russe y était construite. Plus à l’est, enfin, l’accès à l’océan Pacifique sera garanti, dans un futur proche, par le réchauffement global dans cette région, qui va désenclaver la Russie pour de bon, la transformant peu à peu en un vaste État mi-continental, mi-océanique, caractère qui fait encore aujourd’hui la puissance des États-Unis d’Amérique.

Mais la volonté du président Poutine ne s’arrête pas là et ne saurait s’en tenir à établir des liens d’amitié avec seulement une poignée d’États souverains de moins en moins sensibles aux promesses ou aux menaces de l’élite dirigeante étasunienne. C’est pourquoi Vladimir Poutine regarde aussi en direction de l’Inde et de l’Arabie Saoudite, de l’Afrique du Sud et du Brésil, ou encore de la Thaïlande, pivot de l’Asie du Sud-Est. Voici les grandes lignes pour l’étranger lointain russe.

Demeure, bien sûr, le partenariat avec la Chine, intéressé des deux côtés et qui ne peut durer, Pékin et Moscou le savent bien, en raison de la faiblesse économique relative et du lent déclin démographique de la Russie, hypothéquant son avenir et la rendant vulnérable aux ambitions territoriales, mais aussi économiques, autant de son ennemi déclaré, les États-Unis, que de son faux-ami encombrant, la Chine. D’autant que, à l’instar de l’élite dirigeante russe, son homologue chinoise n’oublie rien. Or, la Russie fait partie de ces nations européennes qui ont exploité la Chine, au XIXe siècle, s’implantant même en Mandchourie, avant que la Japon, vainqueur de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, ne l’y supplante. Nul doute que Pékin réserve un chien de sa chienne à Moscou, ce que le Kremlin ne peut ignorer.

C’est là qu’intervient à nouveau l’art de la maskirovka, lequel a maintes fois sauvé la mise à l’élite dirigeante russe. Objectivement, la Russie ne peut vaincre, à l’occasion d’une confrontation militaire directe, ni les États-Unis ni la Chine, sans encaisser des dommages quasi irréparables qui renverraient la nation russe des décennies, voire des siècles en arrière, sur les plans politique, économique et militaire. Alors, quand vous ne pouvez battre ni votre ennemi ni votre faux-ami, il ne vous reste plus qu’une option : agir de manière souterraine pour qu’ils se battent entre eux, le plus discrètement du monde, sans attirer leur attention, endormant leurs méfiances respectives en vous faisant passer pour moins intelligent que vous ne l’êtes, ce auprès de votre ennemi, et bien plus naïf que vous ne l’êtes, ce auprès de votre faux-ami.

Joueur d’échecs et judoka accompli, le président Poutine dispose de la patience et des nerfs nécessaires pour mener à bien une telle entreprise. Si elle réussit, l’ennemi étasunien et le faux-ami chinois entreront tôt ou tard en guerre, laissant le premier exsangue, incapable de se maintenir en Europe, livrée alors à elle-même et à l’influence russe grandissante, et le second si affaibli qu’il ne représentera plus une menace pour la sécurité de l’État russe et ses intérêts vitaux, cependant que son poids démographique et les destructions dues au conflit l’obligeront à commercer comme jamais auparavant avec la Russie, cette fois-ci selon les termes de cette nation. Vous avez dit maskirovka ?

Mais cela, c’est déjà une autre histoire.

Écrivain et historien (Histoire militaire, Défense, Sécurité, Renseignement).
Auteur de "Histoire des SERVICES SECRETS" (2019) & "L'État invisible" (2022).

 

On évite la Troisième Guerre mondiale grâce à ce trait de caractère de Poutine, selon un colonel US

par Sputnik Afrique - Le 09/05/2023.

Vladimir Poutine ne cède pas aux émotions face aux actions irréfléchies de l’Ouest, c’est ce qui empêche le déclenchement de la Troisième Guerre mondiale, indique Douglas Macgregor, ex-conseiller du chef du Pentagone. Et ce alors que le conflit en Ukraine est tout à fait « fabriqué » par l’Occident qui cherche depuis des années à affaiblir la Russie.

La réaction raisonnable du président russe aux démarches irrationnelles des États-Unis et leurs alliés permet d’éviter la Troisième guerre mondiale, a déclaré le colonel Douglas Macgregor, ancien conseiller du secrétaire d’État à la Défense sous la présidence de Donald Trump.

« Nous devons être reconnaissants de ce que Poutine fait preuve de retenue. Ce n’est pas quelqu’un qui cède aux émotions, Dieu merci. Mais ici [à Washington, ndlr] on est gouverné par beaucoup d’émotion et ça m’inquiète », a-t-il estimé lors d’un entretien à la chaîne YouTube London Real.

Il a rappelé que la Russie avait lancé son opération militaire spéciale en Ukraine pour protéger son propre territoire, avec des objectifs concrets excluant toute crise mondiale.

Moscou n’a jamais eu l’intention d’utiliser une arme nucléaire en premier, seulement en riposte, ce qui est d’ailleurs entériné dans sa doctrine.

En revanche, à Washington, on entend souvent des propositions « stupides ». Par exemple, effectuer « une petite frappe nucléaire » avec une arme tactique, souligne Douglas Macgregor.

Une crise « fabriquée »

La situation actuelle en Ukraine est d’origine artificielle, poursuit-il. Elle vient du travail imaginé, mené par les États-Unis depuis au moins les 20 dernières années, justement pour affaiblir et saborder la Russie « par tous les moyens possibles. »

En plus de cela, l’Occident ment systématiquement au sujet de la Russie et de l’Ukraine, « depuis des mois voire des années », ce qui s’inscrit dans sa stratégie antirusse. De ce fait, l’ex-militaire qualifie l’Occident d’« empire du mensonge. »

Plus tôt, Douglas Macgregor avait estimé que lorsque le conflit serait fini, l’Ukraine s’effondrerait et, avec elle, l’OTAN. Il avait également indiqué dans une interview que, contrairement aux analyses de Washington, ce conflit n’avait pas affaibli la Russie, mais au contraire l’OTAN. 

source : Sputnik Afrique

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Devos gisèle (vendredi, 26 mai 2023 03:03)

    Nommez une seule fois dans les 70 ans d'histoire de l'OTAN qu'elle a attaqué la Russie. Juste un. L'équipement, les exercices et la charte de l'OTAN sont tous défensifs. Vous n'obtiendrez jamais plus de 30 nations ayant des intérêts concurrents pour accepter d'attaquer la Russie. Les nations sont libres de former leurs propres alliances conformément aux accords d'Helsinki. Si la Russie ne l'aime pas, elle devrait cesser d'être un antagoniste mondial qui pousse les pays à rejoindre des alliances défensives.

  • #2

    Devos gisèle (samedi, 27 mai 2023 00:57)

    Vous avez tout à fait raison monsieur soutenons Poutine!
    Asseyons nous sur une chaise et regardons les ukrainiens se faire massacrer
    Après tout ce n'est pas notre guerre.

@ Devos Gisèle - Réponse à votre commentaire du 26/05/2023 - 03:03

 

BRAVO, Madame, vous relayez parfaitement le "discours officiel" !

 

En revanche, pour vous éviter un "brin de ridicule", je vous suggère, sans obligation de votre part, de revoir le déroulement des faits historiquement avérés à partir de 1991, date de l'effondrement de l'URSS.

 

Vous découvrirez qu'en dépit des promesses ECRITES de "ne pas pousser l'OTAN d'un pouce vers l'Est", l'Amérique a, au contraire, usé de persuasion, faisant largement usage de l'exterritorialité de ses lois, de la puissance du dollar (de la corruption...) et d'actions de déstabilisation intérieures pour inciter voire contraindre les "pays cibles" à adhérer à l'OTAN, arguant assez hypocritement que "Chaque Nation est libre de choisir ses alliés" mais aussi : "Qui n'est pas avec nous est contre nous"...!

Le non-dit est que cette adhésion entraîne automatiquement l'installation de troupes et surtout de moyens de lancement d'armes nucléaires.

 

 

Ce n'était pas tolérable pour la Russie et constitue l'un des motifs de son intervention en Ukraine.

 

Vous découvrirez aussi que, signature faisant foi, la France, l'Allemagne... et la Russie se sont engagés à faire respecter les accords de Minsk pour mettre un terme à l'extermination des populations ukrainiennes russophones de l'est de l'Ukraine.

         F. Hollande et A. Merkel ayant trahi leurs parole, la Russie se retrouve donc dans son plein droit (international) en intervenant en Ukraine justement pour faire respecter ces fameux accords !

 

D'autre part, vous citez l'OTAN comme alliance "défensive" !

 

C'est passer allègrement sous silence non pas UNE mais LES GUERRES de l'OTAN !

         Commençons donc par le démantèlement de la Yougoslavie, le bombardement de la Serbie (sans mandats de l'ONU), l'assassinat de Kadhafi, les guerres d'Irak, d'Afghanistan, de Syrie...et aujourd'hui, la guerre en Ukraine !

 

Des pays qui ne nous avaient rien fait et que l'OTAN a écrasés sous les bombes et les tirs d'artillerie....au nom de la "DEMOCRATIE"...version américaine !

 

 

Tous ces conflits déclenchés pour les seuls intérêts américains sous des prétextes aussi futiles que fallacieux comme les fameuses "armes de destruction massives" irakiennes !

 

Demain, en coordination avec l'AUKUS, ce sera probablement la guerre contre la Chine et/ou en Europe, le blocus de l'enclave de Kaliningrad, la Serbie contre le Kosovo...Que sais-je encore ?.

 

L'imagination des fauteurs de guerre (US !?) est sans limite.

 

Alors :

         L'OTAN, alliance défensive, VRAIMENT ?

         La Russie agressive, VRAIMENT ?

 

 

 

 JMR


@ Devos Gisèle - Réponse à votre commentaire du 27/05/2023 - 03:03

 

Madame, 

Réponse un peu "courte" et "standard", mais je ne vous contredirai pas, bien au contraire :

 Il faut arrêter le MASSACRE !

 

Je l'ai d'ailleurs écrit il y a plusieurs mois.

Avec aujourd'hui près de 400 000 morts pour un pays d'environ 35 millions d'habitants, la démographie de l'Ukraine est déstabilisée pour plusieurs décennies...!

Aussi, la question n'est pas de savoir si l'on "soutien" V. Poutine ou non mais, avant tout, de répondre à quelques interrogations pour bien situer le problème :

 

         - QUI a créé les conditions pour que ce conflit devienne inéluctable ? (cf :Les véritables raisons du conflit et Un conflit non provoqué ?)

         Réponse : L'Amérique et les membres de l'OTAN, la France en premier lieu en laissant l'Ukraine violer les accords de Minsk sans intervenir. L'objectif US assumé par F. Hollande et A. Merkel étant de gagner du temps pour permettre à l'Ukraine de s'armer et s'entraîner pour mener une guerre contre la Russie.

         Remarques :

                   * Ce conflit aurait pu, malgré tout, être réglé en mars l'année dernière sans compter sur l'intervention de B. Johnson et d'E. Macron qui ont demandé à Zelensky de "tenir bon"...Il allait gagner !".

                   * Au passage, je vous rappellerais les buts de guerre avoués par l'Amérique : Détruire la Russie politique, (regime change...) économique (sanctions) et militaire (guerre par proxi interposé : L'Ukraine) pour s'approprier ses richesses naturelles !

 

         - Qui entretien le conflit ?

         Réponse :Tous ceux qui fournissent, des armes et des fonds à Zelensky : L'Amérique, l'OTAN, l'Europe et la France.

 

Donc, il est grand temps que nous descendions en masse dans la rue pour demander à E. Macron et à son gouvernement :

         *  d'arrêter la fourniture d'armes, ce qu'il fait d'ailleurs sans l'avis du Parlement ;

         * de tout mettre en oeuvre pour arrêter cette guerre qui détruit l'Ukraine pour le "plaisir" de l'Uncle SAM...!

 

Par ces actions inconsidérées, E. Macron fait durer le supplice du peuple Ukrainien et pire, place la France en état de co-belligérance....

 

Malheureusement, s'asseoir autour d'une table et convenir de l'arrêt des hostilités est aujourd'hui extrêmement compliqué.

         Il est de notoriété publique que l'Amérique ne respecte ni ses engagements ni les traités qu'elle signe.

         En outre, F. Hollande et A. Merkel ont eux aussi, trahi leurs engagements.

 

Dans ce contexte, on peut comprendre que V. Poutine ne fasse plus confiance à personne en Occident... (Cf : - Il n’y a pas de raison pour des pourparlers de paix )

 

 

A terme, cela risque de coûter très cher à l'Occident, de détruire l'Union Européenne, l'OTAN et au final, de porter un lourd préjudice aux intérêts vitaux de la France... (socialement, économiquement, et il faut le craindre militairement).

 

JMR

 

Commentaires: 0