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Le 18/07/2022.

Medvedev a déclaré que le jour du jugement pourrait venir pour l’Ukraine

Medvedev a averti l’Ukraine des conséquences extrêmement dures de toute attaque contre la Crimée.

Toute forme d’agression de la part de l’Ukraine dirigée contre la Crimée aura des conséquences catastrophiques pour Kyiv. Selon Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, une tentative d’attaque contre la Crimée conduira l’Ukraine au Jour du Jugement.

La déclaration de Medvedev est intervenue au milieu de la récente menace de Kyiv d’utiliser les systèmes américains Himars contre la Crimée. Pour le moment, ce n’est pas possible, cependant, si les États-Unis annoncent le 20 juillet le transfert de missiles tactiques à longue portée à l’Ukraine, les objets stratégiques les plus importants de la péninsule tomberont dans la zone de destruction des armes américaines.

« Des clowns exaltés et sanglants qui surgissent de temps en temps avec des déclarations essaient également de nous menacer, en faisant référence à l’attaque contre la Crimée, etc. À cet égard, je tiens à dire qu’il est bien évident qu’ils comprennent les conséquences de telles déclarations. Et les conséquences sont évidentes : si quelque chose comme ça se produit, pour tous là-bas, le Jour du Jugement viendra en même temps. Très rapide et lourd. Ce sera très difficile de se cacher », a déclaré Dmitri Medvedev.

Ce que Medvedev entend exactement par Jour du Jugement pour l’Ukraine n’est pas précisé.

source : Avia.pro

Le ministre de la Défense russe demande d’accélérer l’offensive

Le 16 juillet, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgu, est venu en Ukraine pour inspecter les militaires russes déployés dans le pays voisin. Le chef du département militaire russe a donné les instructions nécessaires pour accroître encore les actions des militaires russes dans tous les domaines opérationnels afin d’exclure la possibilité pour le régime de Kiev d’infliger des frappes massives de missiles et d’artillerie sur les infrastructures civiles et les habitants des localités du Donbass et d’autres régions.

Au poste de commandement, le général d’armée Sergueï Shoigu a entendu les rapports du général d’armée Sergueï Surovikin, commandant du groupe Sud, du colonel général Alexander Lapin, commandant du groupe Centre, et d’autres commandants sur la situation actuelle, la nature des actions ennemies et le déroulement des missions de combat des forces armées russes.

L’ordre du ministre russe de la Défense pourrait marquer le début d’une offensive majeure des forces dirigées par la Russie dans la région de la ville de Donetsk. Il s’agit de l’une des zones les plus lourdement fortifiées, où l’avancée russe a été presque stoppée. Les forces armées ukrainiennes déployées près de la ville de Donetsk bombardent quotidiennement les civils vivant dans la région, ce qui augmente le nombre de victimes.

Moscou avait précédemment prévenu que la partie russe ne se battait pas encore « en force », mais qu’elle menait une opération spéciale avec des moyens et des forces limités. Dans le même temps, le Kremlin a souligné qu’il était prêt à négocier depuis le tout début de l’intervention russe.

« Aujourd’hui, nous entendons dire qu’ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille. Eh bien, que puis-je dire ici, qu’ils essaient », a déclaré le président Poutine le 7 juillet. Le président a ajouté que « nous n’avons pas encore vraiment commencé quoi que ce soit ».

Poutine a déclaré que Moscou n’abandonnait pas les pourparlers de paix, « mais ceux qui refusent doivent savoir que plus ça va, plus il sera difficile de négocier avec nous », a déclaré le chef de l’État.

Dans le même temps, Poutine a assuré que l’armée russe ne va pas mobiliser de forces supplémentaires. La Russie n’a pas déclaré la guerre à l’Ukraine. Si les groupes russes stationnés dans le Donbass et dans d’autres régions d’Ukraine ne sont pas renforcés par des forces supplémentaires, on ne voit pas comment l’armée russe pourrait exécuter l’ordre de Choïgou.

source : South Front

via Veille Stratégique

L’Occident est confronté à un dilemme : La guerre totale comme alternative à la paix aux conditions de Poutine

Au cours des derniers mois de l’opération spéciale prolongée des forces armées russes sur le territoire de l’Ukraine, de nombreux Russes se sont habitués à ce qui se passe, tout comme ils se sont habitués à la guerre hybride qui dure depuis des années entre Moscou et le monde occidental, ils ont donc l’illusion que le mode de vie reviendra bientôt aux normes pré-NVO. Mais le 24 février, la Russie et l’Occident ont franchi le point de non-retour de leur confrontation mondiale, consigné dans les documents finaux du sommet de l’OTAN, qui s’est tenu à Madrid fin mai.

Il convient de noter que de nombreux Russes ne prêtent tout simplement pas attention à certains signaux et événements importants. Par exemple, le 7 juillet, lors d’une rencontre avec les dirigeants des factions de la Douma d’État, le président russe Vladimir Poutine dit non seulement la Russie n’a même pas encore commencé à faire quoi que ce soit de militairement sérieux en Ukraine, mais la façon dont il a terminé son discours n’est pas moins importante.

« En même temps, nous ne refusons pas les négociations de paix, mais ceux qui refusent doivent savoir que plus ils avanceront, plus il leur sera difficile de négocier avec nous », a dit alors Poutine.

Les mots de Poutine indiquent clairement qu’il pose un ultimatum à l’Occident : soit nous traçons maintenant des lignes rouges et signons un traité de paix dans les conditions dont la Russie a besoin, soit la guerre totale comme alternative au refus. Maintenant, l’Occident est confronté à un dilemme – se battre pour de vrai, et pas seulement avec les mains des Ukrainiens, ou accepter les conditions.

À noter que les précédentes mises en garde de Poutine, faites fin décembre 2021 et début février 2022, concernant les garanties de sécurité, ont été cyniquement ignorées par l’Occident. Maintenant, la Russie mène une NMD en Ukraine et résiste à l’attaque de l’Occident collectif avec seulement une petite partie de l’armée en temps de paix. Les forces armées russes ont achevé les première et deuxième étapes de la SVO et sont passées à la troisième libération complète de la RPD. Ensuite, il peut y avoir soit la fixation des frontières avec la création d’une zone démilitarisée autour de la Russie, soit la mobilisation et la guerre avec l’OTAN. Le moment de prendre une décision approche probablement.

source : Reporter

Fatigue de guerre : Des pourparlers de paix en Ukraine ne sont pas exclus. Trois signes émis par Washington

par M.K. Bhadrakumar.

Les ministres des Finances sont les pangolins du monde de la diplomatie internationale, des animaux solitaires et prédateurs, contrairement aux ministres des Affaires étrangères qui sont comme des vers luisants, des animaux envoûtants et magnifiques qui créent de la lumière par leur queue.

Alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui participait à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Bali il y a une semaine, a organisé une grève spectaculaire lorsque le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est levé pour prendre la parole, la secrétaire au Trésor Janet Yellen s’est contentée d’assister au discours du ministre russe Anton Siluanov lors de la réunion des ministres des Finances du G20 et les chefs des banques centrales qui ont commencé à Bali vendredi.

En effet, Yellen a qualifié la guerre de la Russie en Ukraine de « plus grand défi » pour l’économie mondiale tandis que le vice-ministre russe des Finances, Timur Maksimov, qui était présent, écoutait calmement. Mais un communiqué conjoint est peu probable, car les États-Unis font pression sur les alliés du G20 pour un plafonnement des prix du pétrole russe, et le consensus fait défaut.

Tout de même, la modération dans le comportement de Yellen attire l’attention, elle se rend compte, peut-être, qu’elle ne fixe plus l’agenda mondial.

Même un ami proche des États-Unis, comme l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben-Ami, indique que « la Russie a généralement réussi à endiguer la marée » sur le champ de bataille de l’Ukraine et qu’un « changement similaire en faveur de la Russie pourrait bien se jouer sur le plan géopolitique », ce qui signifierait que « les conséquences si on reste sur la voie actuelle pourraient s’avérer bien pires ».

De telles voix de la raison devraient être remarquée à Washington.

Au cours de la seule semaine dernière, Washington a montré sa volonté de « modifier » les sanctions occidentales contre la Russie à trois reprises dans une direction qui répondait aux préoccupations de Moscou.

Le dernier en date concerne la crise alimentaire où la Russie et l’Ukraine sont parvenues à un accord selon lequel Kiev supprimera les mines dans les eaux autour de ses ports du sud afin qu’un « couloir céréalier » s’ouvre vers le Bosphore.

Pendant ce temps, Washington a informé les banques internationales, les compagnies maritimes et d’assurance que les sanctions occidentales ne s’appliquent pas aux exportations russes de céréales alimentaires et d’engrais vers le marché mondial.

Là encore, une situation potentiellement explosive s’est produite lorsque, le 18 juin, la Lituanie a bloqué le transit de marchandises russes vers et depuis l’enclave de Kaliningrad. Après les protestations furieuses de Moscou et les avertissements de représailles, la Commission européenne a publié une décision révisée le 13 juillet dans « une démonstration de réalisme et de bon sens », comme l’a dit le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Selon les directives de l’UE, le transit ferroviaire de pétrole et de produits pétroliers, de charbon, d’acier et de fer, de bois, de ciment et d’autres marchandises non militaires vers Kaliningrad ne sera pas interdit en vertu des sanctions.

Il est inconcevable que l’UE ait agi sans consulter Washington, qui est probablement intervenu pour désamorcer la confrontation potentiellement dangereuse.

De même, le 11 juillet, le porte-parole du département d’État américain a reconnu que Washington était favorable à une levée des sanctions par le Canada ce qui permettrait à Siemens de transférer une turbine nécessaire de toute urgence pour l’exploitation du gazoduc Nord Stream de Gazprom vers l’Europe, afin que la situation énergétique de l’Allemagne ne s’aggrave pas. .

Dans chacune des trois situations ci-dessus, la position de Washington est de ne pas laisser la confrontation actuelle entre la Russie et l’Europe s’aggraver davantage.

Washington doit être parfaitement conscient que la fatigue de la guerre en Europe est une réalité impérieuse.

Les protestations des agriculteurs aux Pays-Bas se sont rapidement propagées à travers l’Europe.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a peut-être démissionné d’une implosion politique de sa propre initiative, mais c’était aussi un processus plutôt qu’un événement, et l’état de l’économie britannique au bord de la récession était un facteur majeur.

Le gouvernement italien est maintenant sur le point de s’effondrer (BB c’est fait) et, ce sont les mesures visant à compenser la crise du coût de la vie qui sont devenues le point focal des tensions qui couvaient au sein de la large coalition du Premier ministre Mario Draghi.

En ce qui concerne l’Allemagne, la centrale électrique de l’Europe, tous les paris sont ouverts. La faisabilité d’une relance de la production d’énergie nucléaire ; l’inflation et les moyens les plus efficaces de la combattre ; hausse des prix ; crise de la sécurité énergétique; les fermetures industrielles imminentes et la réduction à grande échelle de l’emploi – celles-ci ont exacerbé les désaccords entre les partis au sein du gouvernement de coalition dirigé par le chancelier Olaf Scholz et érodé régulièrement le soutien du public.

Les désaccords internes sur des questions clés affectent la prise de décision du gouvernement et détruisent la réputation du cabinet de coalition. Le British Telegraph a rapporté hier : « Autrefois admirée et enviée, l’Allemagne est maintenant l’exemple type des dommages qu’une politique étrangère et énergétique malavisée peut causer. »

Le journal a souligné que Scholz essaie de plaire à la fois aux pays de l’OTAN et à la Russie, alors que « personne ne le respecte » et qu’il y a peu d’options pour de nouveaux développements. Sa prévision : « Soit Berlin subira un revers massif, accompagné de l’effondrement de la coalition au pouvoir des « feux de signalisation », soit elle capitulera devant Poutine. »

En effet, Moscou serre la vis.

Gazprom a averti mercredi qu’il ne pouvait pas garantir le fonctionnement des équipements « critiques » du gazoduc Nord Stream 1 malgré la décision du Canada de restituer une turbine essentielle après sa réparation.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, Poutine prévoyait que l’Allemagne serait la prochaine superpuissance mondiale. L’Allemagne paie en effet un prix très élevé pour suivre la ligne belliqueuse des États-Unis envers la Russie. Les Verts de la coalition de Scholz, en particulier, ont repoussé les limites. Aujourd’hui, Washington n’a pas de solutions à proposer alors que l’économie allemande est au bord de l’effondrement en raison du contrecoup des sanctions contre la Russie. 

La vérité choquante est que, comme l’a noté China Daily, « Lors de la crise de la dette européenne de 2011, l’Allemagne, avec un approvisionnement suffisant en énergie russe grâce aux relations stables avec Moscou entretenues par la chancelière d’alors Angela Merkel, a agi comme le sauveur de l’Union européenne ». Union… L’Allemagne pourra-t-elle cette fois sauver l’UE ?

Certes, l’administration Biden comprend que l’alliance occidentale est confrontée au moment de vérité. Le « peaufinage » des sanctions à trois reprises la semaine dernière transmet quelque chose.

L’influent quotidien russe Izvestia a écrit mercredi que le règlement sur le « corridor céréalier » à travers la mer Noire peut créer l’ambiance pour la reprise des pourparlers de paix entre Kiev et Moscou. Le quotidien cite Ivan Abramov, vice-président de la commission de la politique économique du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement), disant :

« Bien sûr, maintenant, tout accord peut rapprocher les positions. Il y a eu des changements à Kaliningrad. Peut-être que le succès des négociations sur les céréales incitera à la reprise des pourparlers de paix avec l’Ukraine. Cependant, Kyiv devrait être prêt pour cela. »

Abramov a laissé entendre que le président Poutine et son homologue turc Erdogan pourraient discuter de nouveaux pourparlers de paix lors de leur prochaine réunion à Téhéran mardi. Le vice-président de la commission de politique économique de la Douma d’État (chambre basse du parlement), Artem Kiryanov, a également déclaré aux Izvestia que pour arrêter l’opération militaire spéciale en Ukraine, les conditions déclarées par Moscou doivent être remplies, mais que Kiev semble plutôt enclin à compter sur l’approvisionnement en armes occidentales plutôt qu’à s’asseoir à la table des négociations.

Dans ce contexte, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a effectué aujourd’hui une « visite d’inspection » au poste de commandement des groupes sud et centre des forces armées russes, qui dirigent les opérations militaires spéciales en Ukraine, pour être informé par les commandants de l’armée sur « la situation actuelle, l’action de l’ennemi et l’avancement de l’accomplissement des tâches de combat ».

Le communiqué de presse du MOD a déclaré que Choïgou « a donné les décrets nécessaires pour intensifier l’action des groupes de troupes sur tous les fronts afin d’empêcher les attaques massives de missiles et d’artillerie lancées par le régime de Kiev contre les infrastructures civiles, la population du Donbass et d’autres régions ».

L’accent de Choïgu était sur la consolidation des gains militaires plutôt que sur de nouvelles offensives.

MK Bhadrakumar

source : Indian Punchline

via Bruno Bertez

Ukraine : Zelensky ne fait plus confiance à son entourage et procède à un balayage

Alors que le président ukrainien Vladimir Zelenski semble ne plus avoir confiance en certains de ses collaborateurs, il a procédé au limogeage de deux hauts responsables du pays et à l’arrestation d’un autre.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a démis de ses fonctions la procureure générale du pays, Irina Venediktova et suspendu le chef du Service de sécurité de l’Ukraine (SBU), Ivan Bakanov. Les deux décrets ont été publiés ce dimanche sur le site de la présidence.

Dans la foulée, Zelensky avait ordonné plus tôt, l’arrestation de l’ancien chef du Service de sécurité de l’Ukraine (SBU), Oleg Koulinitch, qui a été interpellé le 16 juillet, en Crimée et est soupçonné de haute trahison. Le dirigeant du pays a annoncé la nouvelle sur sa chaîne Telegram, rappelant qu’il l’avait limogé dès le début de l’opération spéciale de la Russie. « Nous constatons que cette décision était absolument justifiée. »

Il a affirmé que les preuves étaient suffisantes pour l’accuser de haute trahison. « Tous ceux qui, avec lui, faisaient partie du groupe criminel déployant des activités dans l’intérêt de la Russie, assumeront également leurs responsabilités », a-t-il ajouté. Il a affirmé qu’il s’agissait de la remise à la Russie d’informations secrètes et d’autres faits de coopération avec les services secrets russes.

Selon l’agence RBC-Ukraine, l’ancien chef du SBU en Crimée, Oleg Koulinitch, travaillait au sein des services au moment de son interpellation. Il était l’adjoint du patron du SBU, Ivan Bakanov, qui a été limogé par Volodymyr Zelensky.

source : Actu Cameroun

L’OTAN est-elle en morceaux ? L’Europe implose-t-elle ? Le 23/07/2022.

par Luigi Tedeschi - Le 23/07/2022.

Mais surtout, qui tombera dans le « piège de Thucydide », la Russie ou les États-Unis ?

Depuis le début de la guerre d’Ukraine, l’interprétation de l’évolution du conflit par le courant dominant occidental est sans ambiguïté : la stratégie de Poutine visant à diviser l’Occident a échoué, étant donné l’unité granitique de l’OTAN face à l’ennemi commun, et les sanctions conduiraient bientôt au défaut de paiement de la Russie, avec la déstabilisation politique du régime de Poutine qui en découlerait. Aujourd’hui, nous devons constater l’absence totale de fondement de ces prédictions. Les sanctions, plutôt que la Russie, ont plutôt conduit à une crise énergétique et à une récession économique imminente en Europe, avec des résultats imprévisibles. L’unité même de l’OTAN et de l’UE, au-delà de la rhétorique pro-occidentale et russophobe, est tout à fait apparente. De profonds clivages et des conflits potentiels sont évidents entre les membres de l’OTAN et de l’UE. Il faut s’attendre à ce que l’Occident sorte de cette crise profondément divisé.

L’OTAN est-elle en morceaux ?

Au sein de l’OTAN, on peut distinguer plusieurs zones géopolitiques aux histoires et aux intérêts très divers et conflictuels.

La région balte se compose de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie et de la Pologne, dont l’adhésion à l’UE a été conçue comme une conséquence directe et nécessaire de l’adhésion à l’OTAN. Ces pays constituent une zone d’influence des États-Unis, qui ont remplacé l’URSS sur le plan militaire. La présence de l’OTAN dans la région balte est donc configurée comme un avant-poste stratégique et idéologique occidental (en tant que zone la plus nettement russophobe de l’OTAN), en opposition à la Russie.

En revanche, la région scandinave, dans laquelle l’OTAN a été renforcée par la récente adhésion de la Suède et de la Finlande, est une zone d’influence anglo-saxonne-britannique depuis la Seconde Guerre mondiale, opposée à la Russie, mais également encline au compromis avec Moscou. Étant donné la culture pacifiste qui prévaut chez les peuples scandinaves, l’éventualité de conflits guerriers avec la Russie est hautement improbable.

La zone d’Europe centrale et occidentale, représentée par l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne (les Pays-Bas se situent entre l’influence germanique et anglo-saxonne), qui constitue le noyau prédominant de l’UE, résiste en revanche largement au nouveau rideau de fer érigé par l’OTAN en Europe de l’Est. L’Europe continentale, bien qu’elle se soit jointe aux sanctions contre la Russie, est néanmoins opposée à la rupture des liens tant historiques-culturels qu’économiques avec Moscou, car une telle rupture géopolitique affecterait négativement l’économie européenne dans une très large mesure et pourrait saper la propre suprématie économique de l’Allemagne. Il faut également tenir compte du fait que les pays d’Europe de l’Est sont en réalité des satellites économiques d’une Allemagne dont l’influence économique dominante ne s’accompagne pas d’une primauté politique correspondante, étant donné sa subordination à l’OTAN et aux États-Unis. Le rôle propre de l’UE est actuellement très affaibli et marginalisé par rapport à l’OTAN. Il suffit de mentionner le cas de la Pologne, un pays qui a été sanctionné par la Cour européenne de justice pour avoir violé l’État de droit. Ces sanctions ont été écartées en raison du rôle stratégique de premier plan joué par la Pologne dans l’expansion de l’OTAN à l’est. Enfin, il convient de noter que la prédominance de l’OTAN en Europe a complètement contrecarré les aspirations européennes à la création de sa propre autonomie stratégique.

La Hongrie de Orban, bien que membre de l’OTAN, mène une politique autonome. La Hongrie n’a jamais rompu ses liens énergétiques avec la Russie et résiste aux sanctions occidentales contre Poutine.

La Turquie est un membre de l’OTAN qui poursuit néanmoins sa propre politique étrangère autoréférentielle. Elle ne s’est pas associée aux sanctions contre la Russie. Au contraire, elle a assumé un rôle de médiateur dans le conflit.

La création d’un nouveau « rideau d’acier » en Europe de l’Est, dans un esprit russophobe, a fait disparaître l’intérêt stratégique de l’OTAN pour la région méditerranéenne de l’Europe. Ces changements dans la stratégie géopolitique de l’OTAN impliquent directement l’Italie.

Cependant, dans la zone méditerranéenne, le désintérêt apparent de l’OTAN pour le front sud de l’Europe (déterminé par le désengagement américain au Moyen-Orient et en Afrique du Nord), s’est en fait transformé en un assentiment tacite à la politique d’expansion néo-ottomane d’Erdogan, avec la pénétration conséquente de la Turquie sur le continent africain, au détriment de l’Europe et surtout de l’Italie, qui a été évincée de la Libye. La Turquie est membre de l’OTAN, qui poursuit néanmoins une politique impérialiste en Méditerranée et en Afrique, mais les stratégies d’Erdogan ne sont jamais en contradiction avec celles de l’OTAN.

L’Europe est-elle en train d’imploser ?

Le conflit entre les États-Unis et la Russie en Ukraine a également une signification idéologique. La propagande dominante repropose le choc des civilisations entre l’Occident libéral-démocratique et les autocraties de la Russie et de la Chine. Ce qui émerge de cet affrontement, c’est la configuration du modèle occidental comme civilisation supérieure, comme expression de la primauté américaine dans le monde. Primauté en vertu de laquelle, les guerres américaines sont idéologiquement et moralement légitimées comme des missions de défense de la civilisation occidentale. Mais dans le modèle libéral-démocratique occidental, des facteurs de crise et de conflit apparaissent, qui conduiront finalement à la décadence progressive de l’Occident lui-même.

La crise du modèle occidental est évidente : l’UE elle-même a largement contribué au processus de désintégration progressive des institutions politiques des États européens.

L’Allemagne est la puissance économique dominante de l’UE, mais elle n’est pas pertinente sur le plan géopolitique en raison de son statut de pays à souveraineté limitée au sein de l’OTAN. Étant donné sa dépendance au gaz russe, une crise énergétique et une guerre pourraient mettre en péril sa propre primauté économique. Sur le plan interne, l’Allemagne apparaît divisée en trois zones culturellement et socio-économiquement diversifiées: la Bavière, qui est le pays le plus avancé économiquement et qui dispose également d’un large degré d’autonomie au sein de l’UE, la zone rhénane-hanséatique et la partie orientale correspondant à l’ancienne RDA.

Cette dernière zone, en ce qui concerne l’approvisionnement énergétique, n’est pas reliée à l’Occident, car elle est approvisionnée en pétrole russe par l’oléoduc Druzhba, qui traverse le Belarus et la Pologne. Par conséquent, les Länder de l’Est auront du mal à se libérer de la dépendance énergétique russe et resteront exposés aux éventuelles représailles de Poutine contre l’Ouest et aux éventuelles actions de désintégration de la Pologne en fonction anti-russe. Ajoutez à cela le fait que la réunification allemande a eu lieu par l’annexion de l’ancienne RDA à la RFA, avec l’accaparement par cette dernière des ressources économiques et la déconstruction du tissu industriel de l’ancienne Allemagne de l’Est. Les Länder de l’Est ont subi un fort déclin démographique et leurs conditions économiques et sociales actuelles sont bien inférieures à celles des citoyens de l’Ouest. Les Allemands de l’Est (les Ossis) sont largement convaincus qu’ils vivent dans un état d’inégalité économique et politique flagrant, et la réunification allemande est considérée comme une occupation des territoires de l’Est par l’Allemagne de l’Ouest. Ainsi, les sentiments pro-russes sont largement répandus au sein de la population de l’ancienne RDA, par opposition aux terres occidentales qui ont toujours été alignées sur l’Occident et l’OTAN. Avec la guerre, cette ligne de fracture entre l’Est et l’Ouest pourrait s’accentuer.

Un réarmement de l’Allemagne avec des investissements de 100 milliards a été prévu dans le cadre de la stratégie de l’OTAN pour s’opposer à la Russie. L’Allemagne devra donc détourner des ressources considérables des investissements dans l’économie et les infrastructures sociales pour les affecter à l’armement. La hausse des prix de l’énergie, l’inflation et la pénurie de semi-conducteurs sont des facteurs qui pourraient nuire à la compétitivité de l’industrie allemande et européenne basée sur l’exportation. Il est toutefois très douteux qu’une population décimée par la récession économique imminente puisse accepter cette transformation du statut géopolitique de l’Allemagne d’une puissance économique dominante à une puissance militaire en fonction de la politique américaine d’endiguement de la Russie. L’opinion publique allemande est actuellement très critique à l’égard de la « coalition des feux de signalisation » du gouvernement Scholz en ce qui concerne la politique économique et le rôle de l’Allemagne dans la crise ukrainienne.

En France, la crise institutionnelle s’est manifestée de plein fouet. Le mécontentement social qui a déjà explosé avec les gilets jaunes ces dernières années est appelé à s’étendre et l’abstentionnisme est désormais majoritaire aux élections générales. Ces phénomènes mettent en évidence le détachement total entre le peuple français et ses institutions. L’ingouvernabilité actuelle de la France de Macron, qui résulte des résultats des dernières élections, en est une démonstration claire.

En Italie aussi, l’abstention de vote est endémique. Les gouvernements techniques, ou en tout cas les gouvernements non représentatifs des orientations exprimées par le corps électoral, se succèdent depuis plus d’une décennie. Les gouvernements techniques et/ou d’unité nationale tels que ceux de Draghi et de Macron représentent la prévalence de pouvoirs technocratiques légitimés par l’UE qui priment sur la volonté du peuple. Les gouvernements pilotés par le pilote automatique européen ont progressivement subverti les institutions démocratiques et profondément affecté la souveraineté même des États.

En outre, un processus de décomposition de l’État s’est manifesté depuis longtemps en Europe avec l’émergence du phénomène de l’autonomisme/séparatisme. L’Espagne (avec la Catalogne) et la Grande-Bretagne (avec l’Écosse et l’Irlande du Nord) sont en état de dissolution avancée. Dans l’UE, un système de division territoriale par zones économiques homogènes a été imposé au détriment de l’unité et de l’indépendance des États-nations.

Ce n’est certainement pas Poutine qui provoquera la dissolution de l’Europe, qui pourrait au contraire imploser de l’intérieur, déchirée par les inégalités sociales ou entre États et par les égoïsmes régionaux, nationaux ou de classe.

L’occidentalisation prédatrice de l’Ukraine

La solidarité occidentale avec l’Ukraine s’avère cynique et hypocrite. Lors de leur rencontre à Kiev avec M. Zelensky, Macron, Draghi et Scholz ont soutenu la candidature de l’Ukraine à l’adhésion à l’UE, qui pourrait se concrétiser dans une décennie. Mais l’entrée de l’Ukraine dans l’UE n’est rien d’autre que son intégration dans le système capitaliste occidental.

La future Ukraine, en tant que membre de l’UE, sera en fait incorporée à l’Europe de l’Est, c’est-à-dire à la zone de domination économique allemande, en tant que fournisseur de matières premières et de main-d’œuvre bon marché, et deviendra un territoire pour les délocalisations industrielles de l’Occident. L’adhésion de l’Ukraine à l’UE représenterait donc l’intégration d’un pays (vivant déjà en Occident dans un statut de subalternité politique), dans un système d’expansion économique incontrôlée, d’inégalités, dominé par les oligarchies financières de l’UE.

Cependant, l’Ukraine est un pays dont les ressources ont déjà été pillées par les multinationales de l’Ouest. Après l’effondrement de l’URSS, l’indépendance de l’Ukraine a vu la mise en œuvre de programmes de privatisation de ses ressources agricoles et industrielles, sous l’égide du FMI, qui a accordé des financements liés à l’imposition de la rigueur budgétaire et de politiques d’austérité. L’Ukraine compte 32 millions d’hectares cultivés et produit annuellement 64 millions de tonnes de céréales et de graines, ainsi que de l’orge et de l’huile de tournesol, dont elle est l’un des principaux exportateurs mondiaux. L’Ukraine, qui est devenue l’un des plus importants marchés agroalimentaires du monde, a fait l’objet de gigantesques vagues spéculatives suite aux réformes ultralibérales imposées par l’Occident. De grands fonds d’investissement, tels que Black Rock, ont rapidement acquis les actifs agroalimentaires de l’Ukraine. Selon les estimations d’Open Democracy, 10 entreprises privées contrôlent aujourd’hui 71% du marché agricole ukrainien. Outre les oligarques ukrainiens, des multinationales telles que Monsanto, Cargill, Archer Daniels Midland et Dupont détiennent la gestion des usines de reproduction, des usines d’engrais et de l’infrastructure commerciale d’exportation.

Une crise alimentaire aux effets dévastateurs est en cours, notamment dans le tiers monde, en raison de la pénurie de denrées alimentaires exportées d’Ukraine et de Russie. Mais la crise concerne moins la guerre que la spéculation financière. Une interview récente dans il Manifesto de l’économiste français Frédéric Mousseau, intitulée « Le blé est là, la spéculation sur les prix provoque la crise », révèle ce qui suit : « La FAO a déclaré début mai que les stocks mondiaux de céréales sont relativement stables. La Banque mondiale confirme que les stocks de céréales sont proches des records historiques et que les trois quarts des récoltes russes et ukrainiennes avaient déjà été livrées avant le début de la guerre. Nous pouvons dire qu’il n’y a pas de pénurie imminente mais plutôt une forte spéculation sur les marchés à terme pariant sur des augmentations de prix et des famines futures afin de maximiser les profits »… « Il est clair qu’il y a une crise alimentaire, avec des millions ou des centaines de millions de personnes dans le monde en état d’insécurité, sans accès à une nourriture adéquate ou dépendant des réseaux d’aide sociale, mais cela existe indépendamment de la guerre. Il y a une crise alimentaire, mais c’est une crise sans réelle pénurie de nourriture ».

Le commerce rapace de la reconstruction de l’Ukraine

Alors que la guerre s’éternise, la perspective d’une planification commerciale pour la reconstruction de l’Ukraine devient de plus en plus d’actualité en Europe. Lors de la « Conférence pour la reconstruction de l’Ukraine » qui s’est tenue récemment à Lugano, Zelensky a présenté un plan de 750 milliards pour la décennie 2023-2032. Cela soulève la question de trouver les fonds nécessaires. Dans l’UE, des dons sont envisagés, des émissions d’euro-obligations comme pour le NGEU (mais il ne sera pas facile de surmonter l’hostilité des pays frugaux), ou la levée de fonds par l’utilisation des 300 milliards d’actifs et de capitaux russes gelés par les gouvernements occidentaux (dont la confiscation ne sera probablement pas autorisée par les tribunaux).

Quelles garanties l’Ukraine peut-elle offrir contre un tel financement ? Peut-on prévoir un endettement de l’Ukraine qui entraînera l’expropriation de ses ressources par les créanciers de l’Occident ? Toutefois, une répartition des zones de reconstruction entre les États occidentaux a été prévue. L’Italie s’est vu attribuer Donetsk, qui est toutefois désormais aux mains des Russes. C’est un territoire occupé depuis 2014 par les séparatistes russes. Et le paradoxe est que la reconstruction se ferait sur un territoire bombardé par les Ukrainiens afin de le reconquérir.

L’Ukraine est un pays dévasté non seulement par la guerre, mais aussi et surtout par les politiques néolibérales imposées par l’Occident. Après 30 ans d’indépendance, les revenus et la qualité de vie sont inférieurs aux normes des années 1990. Sur le plan démographique, l’Ukraine connaît une baisse marquée du taux de natalité et un taux de mortalité infantile élevé, tout en étant décimée par l’émigration. La migration est considérée comme une grande opportunité pour les pays capitalistes, car la mobilité de la main-d’œuvre augmente l' »armée industrielle de réserve » et favorise la compression des salaires. Mais l’émigration prive les pays d’origine de ressources humaines. Les migrations en provenance d’Europe de l’Est, un phénomène corrélé à l’expansion de l’OTAN en Eurasie, révèlent le destin tragique auquel de nombreux peuples sont tombés avec l’avènement de la mondialisation. En effet, l’Occident a transformé des millions d’individus, qui occupaient souvent des positions sociales très différentes dans leur État d’origine, en un peuple de soignants, de travailleurs et de parias.

La situation de la reconstruction de l’Ukraine est bien décrite par Fabio Mini, co-auteur avec Franco Cardini du livre Ucraina, la guerre e la storia, PaperFist 2022 : « Entre-temps, l’UE a déjà déboursé 600 millions sur le milliard accordé pour l’aide. La Banque mondiale a déjà accordé un prêt supplémentaire de 350 millions et une garantie pour 139 millions supplémentaires. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une allocation de 2,2 milliards. La Pologne, l’Allemagne et la France sont déjà en première ligne dans la course à la reconstruction. Mais l’inventaire de reconstruction pourrait prendre des années. L’Ukraine « libérée » se prépare à être un État esclave de la dette aux mains d’une troïka qui ne fera de remise à personne (Grèce docet). Sur le plan démographique, l’Ukraine est déjà un pays au bord de la capitulation avec un déclin constant de 7 pour mille et une forte émigration. Dans une nation dévastée par la guerre, les gens ne reviennent pas volontiers et le pays devient dépendant des transferts de fonds des émigrants (ce qu’est déjà l’Ukraine), et la proie des profiteurs d’après-guerre qui contrôlent généralement les gouvernements et n’enrichissent certainement pas la population ».

L’Occident et le nouveau multilatéralisme

Cette guerre a fait apparaître un profond clivage dans la géopolitique mondiale, qui n’est pas celui entre l’Ouest et l’Est de la guerre froide. Au contraire, un contraste marqué est apparu entre l’Occident et le reste du monde, c’est-à-dire le non-Occident. La mondialisation a donc échoué, en tant que phénomène d’expansion économique et financière illimitée qui a conduit parallèlement à l’exportation mondiale d’un système néo-libéral anglo-saxon. Ce n’est pas une coïncidence si la disparition de la mondialisation coïncide avec le déclin de la puissance américaine. La mondialisation n’a pas généré le dialogue, la pacification et le développement entre les peuples, mais a, au contraire, fait naître des contrastes de plus en plus marqués et produit des conflits sans fin.

La ligne de faille d’incommunicabilité de plus en plus profonde qui sépare l’Occident des peuples des autres continents est de nature idéologique et culturelle. L’identité assumée par l’Occident au cours des trois derniers siècles découle de la culture des Lumières, qui est à l’origine de la société libérale et donc de la domination capitaliste au niveau mondial. Le modèle occidental est fondé sur un individualisme abstrait qui conduit à l’éradication des identités historiques et culturelles des peuples, en vue d’un progrès illimité et irréversible. Par conséquent, en vertu d’une idéologie qui postule le dogme a priori de la nécessité historique du progrès, l’Occident s’est légitimé pour imposer sa supériorité morale (coïncidant parfaitement avec la doctrine américaine de la « destinée manifeste », selon laquelle les valeurs et les intérêts des États-Unis sont identifiés aux destinées du monde), avec l’exportation au monde d’un modèle de société néolibéral qui implique l’annulation du sens et de la conscience de l’histoire des peuples.

La société européenne vit dans la dimension de la post-histoire depuis le milieu du siècle dernier. L’Europe actuelle est en effet dépourvue de mémoire historique, éloignée des événements géopolitiques du présent et incapable de concevoir des projets d’avenir. La dimension de la non-histoire dans laquelle se débat l’Europe actuelle est bien décrite par Romano Ferrari Zumbini dans un article intitulé « L’Occident dans le piège de Narcisse », paru dans le numéro 5/2022 de Limes : « La société occidentale du XXIe siècle est imprégnée de rationalisme. Les Lumières sont immanentes à la société contemporaine. Pensez à la fascination du mot <révolutionnaire> : quel annonceur n’utilise pas l’adjectif <révolutionnaire> pour propager avec emphase la meilleure qualité (plus ou moins réelle) d’un nouveau produit à lancer sur le marché ? Le neuf est toujours une garantie de mieux. Ce faisant, on efface le passé et on hypothèque le présent, destiné à succomber face à l’avenir ».

La guerre russo-ukrainienne est en fait un conflit géopolitique entre les États-Unis et la Russie destiné à transformer l’ordre mondial. Son issue et surtout ses conséquences sont imprévisibles. Dans ce conflit, il faut faire la distinction entre un agresseur tactique, qui a matériellement provoqué la guerre (la Russie), et un agresseur stratégique, qui a rendu la guerre inévitable (les États-Unis). Dans le livre susmentionné « Ukraine, guerre et histoire », Franco Cardini propose à nouveau une interprétation des événements tirée de la culture classique : le « piège de Thucydide ». Selon Franco Cardini : « Le piège qui porte son nom se déclenche lorsqu’une grande puissance, qui se sent pourtant menacée par la décadence, croit pouvoir arrêter ce processus négatif en attaquant une puissance subordonnée et périphérique. Les Athéniens l’ont fait avec Delos à l’origine de l’événement connu sous le nom de « guerre du Péloponnèse ». Mais derrière la fragile Délos se cachait la grande Sparte : et c’est là l’origine de la ruine de la Grèce antique ».

Alors, Poutine est-il tombé dans le piège qui, en attaquant l’Ukraine, a provoqué une intervention américaine qui, à long terme, usera et déstabilisera la Russie, ou bien Biden est-il tombé dans le piège qui, avec la guerre, provoquera une alliance entre la Russie et la Chine qui mettra fin à la suprématie américaine dans le monde ? Toute réponse est impossible pour le moment, étant donné l’imprévisibilité de l’histoire.

Cependant, un nouvel ordre mondial inspiré par le multilatéralisme est en train de prendre forme. Un sommet des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s’est tenu entre le 23 et le 24 juin, d’où sont sorties les lignes directrices d’un nouvel ordre mondial. Ces pays représentent un tiers de la masse continentale du monde, 43% de la population mondiale et 25% du PIB mondial, et détiennent une grande partie des matières premières de la planète. Cette adhésion est appelée à se développer. L’Argentine, puissance agricole condamnée à la cessation de paiement par l’impérialisme américain, et l’Iran, grand producteur de pétrole, sous embargo américain et soumis à la criminalisation internationale pour n’avoir jamais cédé à la puissance américaine, veulent adhérer.

Les BRICS sont des pays très divers dans leurs cultures et leurs intérêts. Cependant, ils sont capables de générer une opposition géopolitique mondiale aux États-Unis. Dans ce nouveau contexte multilatéral, l’Occident apparaît isolé et réduit dans son rôle géopolitique hégémonique dans le monde. Andrea Zhok, dans un article récent intitulé « The Upside Down of the World We Have Come to Know » (L’envers du décor du monde que nous avons appris à connaître), l’exprime ainsi : « Bien sûr, les BRICS auront toujours du mal à évoluer harmonieusement, car ils sont issus d’une pluralité de traditions et de cultures différentes, mais tant que l’empire américain et ses brimades internationales existeront, ils auront à la fois une forte incitation à le faire et un guide clair sur ce qu’il faut faire.

Ainsi, malgré les revers, ce sera le scénario émergent, qui submergera et bouleversera le monde que nous avons connu. Il faudra quelques décennies pour en voir pleinement les effets économiques et démographiques, mais un effet sera visible immédiatement : les provinces de l’empire américain devront faire face à l’effondrement de leur propre structure idéologique, celle qui les a amenées à élever la théorie économique néolibérale et la théorie éthique libérale au rang de seule vision du monde.

source : Italicum

via Euro-Synergies

En attendant les Russes

par Dmitry Orlov - Le 27/07/2022.

Lorsque le bataillon ukrainien Azov (des nazis tatoués et drogués) a finalement été chassé des rues de Marioupol, une ville russe d’un demi-million d’habitants située sur les rives de la mer d’Azov, pour se réfugier dans les sous-sols caverneux de l’usine métallurgique, les habitants, qui avaient été contraints de se cacher des mitrailleuses et des bombardements dans les sous-sols de leurs propres immeubles, ont d’abord hésité à quitter leurs abris. Puis certains d’entre eux, en écoutant le bruit à l’extérieur, ont entendu de puissants « Allahu akbar ! » (« Gloire à Dieu »), ils ont poussé un profond soupir de soulagement – « les Russes sont enfin là ! » – et ont envahi les rues pour accueillir leurs libérateurs russes, qui étaient, dans ce cas, les forces spéciales tchétchènes.

Cette petite vignette de la vie réelle peut vous laisser perplexe. Comment vos vaillants amis ukrainiens peuvent-ils être des nazis ? Votre gouvernement leur a prodigué d’innombrables milliards d’euros d’aide militaire, qui ont rapidement disparu dans une sorte de trou noir sans que rien ne soit montré, si ce n’est une suite ininterrompue de retraites militaires, de défaites et d’humiliations. Pendant ce temps, de plus en plus de vos concitoyens n’ont même pas les moyens de chauffer ou de refroidir leur maison ou de nourrir correctement leurs enfants. Cela doit vraiment faire mal ! Et comment Marioupol, un important centre industriel ukrainien qui représentait autrefois environ un dixième du PIB de l’ancienne Ukraine, peut-il se révéler être habité presque exclusivement par des Russes patriotes, brandissant le drapeau blanc-bleu-et-rouge ? Et comment les Russes peuvent-ils se sentir heureux d’être libérés par des combattants musulmans criant « Allahu akbar » – ne sont-ils pas des chrétiens orthodoxes, et non des musulmans ?

Les nazis ukrainiens sont des nazis parce que leur idéologie est nazie. Selon cette concoction diabolique, les Ukrainiens sont racialement supérieurs et distincts de tous les autres Russes parce qu’ils sont de purs Slaves, alors que les autres Russes sont un mélange de Slaves, d’Ugro-Finlandais, de Turcs et d’autres groupes ethniques. Leur pureté et leur supériorité raciales supposées leur permettent de tuer et de torturer tous ceux qui ne sont pas eux – les Polonais, les Russes et surtout les Juifs. Ils se sentent parfaitement justifiés de bombarder les quartiers résidentiels peuplés de ces Untermenschen et d’utiliser ces civils comme boucliers humains. Et lorsque cette tactique échoue et qu’ils sont contraints de battre en retraite, ils bombardent des écoles, des hôpitaux et des jardins d’enfants dans les quartiers qu’ils ont abandonnés. Rien qu’à Donetsk, plus d’une centaine de bâtiments doivent être réparés avant le début de l’année scolaire. Il est beaucoup plus sûr de bombarder des malades et des enfants que de bombarder les troupes russes, qui ripostent immédiatement.

Si les Américains et autres Anglos, ainsi que les divers otages de l’UE, ont du mal à comprendre que les Ukrainiens sont des nazis, c’est peut-être parce qu’ils sont eux-mêmes atteints de la maladie nazie. Après tout, cela fait maintenant neuf ans qu’ils financent les nazis et permettent leurs crimes de guerre – suffisamment longtemps pour que le poison mental se répande et s’infiltre. À leur tour, les nazis ukrainiens se sentent très proches des Anglos, comme ils l’étaient des nazis allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, et ce sentiment n’est guère déplacé, car les Anglos sont aussi de grands massacreurs et tortionnaires de peuples, comme en témoignent d’innombrables témoins oculaires survivants en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et au Yémen, entre autres. Au-delà des sentiments meurtriers, ils seraient bien avisés de ne pas faire confiance aux Anglos, car il n’y a pas d’honneur parmi les criminels de guerre. À titre d’exemple, il y a actuellement 74 274 Afghans qui ont travaillé pour les Américains pendant l’occupation et qui attendent toujours, et probablement pour toujours, la permission de venir aux États-Unis. Il en sera de même avec les Ukrainiens : une fois qu’ils ne seront plus utiles à leurs maîtres anglo-saxons, ils seront abandonnés et oubliés.

De nos jours, le politiquement correct exige des Occidentaux qu’ils refrènent leur appétit pour désigner les Noirs et les Asiatiques par des appellations aussi démodées que Négros, Kaffirs, Coolies ou Orientaux. Mentionnez que Poutine est l’un des dirigeants nationaux les plus populaires de tous les temps, ou qu’il réussit plutôt bien selon la plupart des critères de bien-être de la société, et on vous demandera de partir. D’autre part, les Russes peuvent être caricaturés à l’infini en ours assoiffé de sang et déshumanisés de toute autre manière, à tel point que les Occidentaux sont incapables de voir qu’un génocide est perpétré dans l’ancienne Ukraine de l’Est depuis neuf ans maintenant parce que, voyez-vous, les gens qui sont génocidés ne sont pas tout à fait humains – ce sont de simples Untermeschen russes.

Une caractéristique intéressante du fait d’être russophobe est que cela fait automatiquement de vous un antisémite. Comment cela ? Les Russes et les juifs ne sont-ils pas ethniquement et religieusement distincts ? Eh bien, pas du tout ! Les Juifs russes, qui sont plus d’un million en Russie et jusqu’à 10 millions dans le monde, ne sont pas du tout distincts sur le plan ethnique en raison des nombreux mariages mixtes et la grande majorité d’entre eux sont culturellement et linguistiquement russes. Alors qu’en vertu de la loi hébraïque, les juifs doivent être nés d’une mère juive, en vertu de la loi russe, c’est un choix libre : tout Russe d’ascendance juive peut choisir de faire enregistrer sa nationalité comme juive – ou simplement comme russe. Il n’est pas non plus obligatoire pour un juif russe d’épouser le judaïsme (ou, comme c’est plus souvent le cas pour les juifs, l’athéisme) et il y a beaucoup de juifs russes qui sont russes orthodoxes. Ainsi, être russophobe fait automatiquement de quelqu’un un antisémite, à deux pas du nazi. Les russophobes juifs ne sont pas exempts, le sionisme ayant été assimilé au racisme selon la résolution 3379 de l’ONU de 1975.

Les Russes peuvent être toutes sortes de combinaisons intéressantes de choses, voyez-vous. Ils parlent des centaines de langues différentes, de l’abkhaze au yakout, mais utilisent invariablement le russe comme lingua franca. Ils sont très diversifiés sur le plan religieux, et si beaucoup sont chrétiens orthodoxes, environ un quart d’entre eux sont musulmans. À l’intérieur, la Russie est merveilleusement complexe et diverse ; à l’extérieur, tout le monde est russe. Puisque la Russie est unique sur notre planète à bien des égards, il n’y a aucun intérêt à l’assigner à une classe. S’agit-il d’un empire, d’une civilisation, d’une communauté de nations ou d’une autre chose qui correspond au modèle anglais d’appartenance à une classe « X est un Y » ? On s’en fiche ! La Russie est la Russie. Cela n’est pas du goût de certains Occidentaux qui rêvent toujours de découper la Russie en petits morceaux qu’ils pourraient ensuite analyser pour en faire quelque chose qu’ils pourraient comprendre et utiliser.

Hélas, il n’en est rien. La Russie, en tant qu’organisme vivant, respire. Lorsqu’elle inspire, elle s’agrandit, s’étendant pour englober diverses régions le long de ses frontières sans fin ; lorsqu’elle expire, ces régions frontalières tentent souvent de revendiquer leur souveraineté – et échouent invariablement, devenant rapidement une possession coloniale de quelque grande puissance du jour. En ce moment, la Russie est en train d’inhaler, et lorsqu’elle aura terminé, elle s’étendra pour atteindre une taille comprise entre celle de l’URSS et celle de l’Empire russe. La Finlande et la Pologne redeviendront-elles russes ? La Russie récupérera-t-elle l’Alaska, Hawaï et la Californie du Nord ? Seul l’avenir nous le dira, mais le temps est propice à un changement majeur.

L’inspiration actuelle de la Russie ne pouvait pas mieux tomber (pour la Russie). Son ennemi juré, à savoir les États-Unis, se ratatine en temps réel. Ses appétits démesurés ne peuvent être alimentés que par une expansion continue de la dette, alors que sa dette, qui éclipse désormais toutes les autres pyramides de dettes que le monde ait jamais vues par ordre de grandeur, commence à céder. Un tiers de la dette est détenu par des étrangers, qui s’en débarrassent aussi vite qu’ils le peuvent (la Chine s’est débarrassée de 100 milliards de dollars le mois dernier ; le Japon, un peu plus). Un autre tiers est détenu par la Réserve fédérale (qui se trouve au sommet d’un tas de déchets financiers en décomposition, cachés derrière des écrans de fumée) et la majeure partie du dernier tiers est détenue par des entités financières de toutes sortes qui subsistent grâce à un afflux continu de liquidités émises par la Réserve fédérale et qui se ratatinent instantanément lorsqu’elles en sont privées. La capacité de l’Amérique à escroquer la planète avait reposé sur sa puissance militaire, mais la fin humiliante de son occupation de l’Afghanistan a montré que cette puissance était largement fictive. Si les États-Unis perdent maintenant l’Ukraine, cela pourrait bien donner le coup de grâce à leurs rêves de domination à spectre complet.

Pendant ce temps, les dirigeants de l’Occident collectif sont composés de nains politiques mal éduqués qui font de leur mieux pour ignorer le dénuement rapide de leurs électeurs, mais ce qu’il n’est plus possible d’ignorer, c’est que l’Occident ne présente plus une image positive du bien-être de la société lorsqu’on le compare à une Russie stable et de plus en plus prospère. Les populations vivant dans les vastes franges de la Russie se demanderont : voulons-nous grelotter dans le noir en mangeant des insectes comme les Allemands, ou voulons-nous nous prélasser en lingerie alors qu’il fait -40ºC dehors et qu’il y a du blizzard, et manger des brochettes de porc quand nous le voulons, comme le font les Russes ? Lorsqu’on leur demande s’ils veulent être pauvres et malades ou riches et en bonne santé, la plupart des gens optent naturellement pour la seconde solution. Si tout va bien, la Russie les aspirera ; dans le cas contraire, ils seront laissés à eux-mêmes.

Pour en revenir maintenant à l’ancienne Ukraine et à ce qu’elle va devenir, le tableau est désormais assez clair. La Russie peut poursuivre son opération spéciale de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra, mais cela ne devrait pas prendre trop de temps. Les Occidentaux ont déjà commencé à se rendre compte de ce que l’Ukraine, qui ne cesse de rétrécir, est devenue : un État failli infesté de criminels de guerre. Certains ont commencé à la qualifier de trou noir : l’argent et les armes y entrent et rien n’en sort. Mais c’est une erreur : il ne s’agit pas d’un trou noir mais d’une passoire. L’argent afflue et se dépose sur les comptes offshore de la junte de Kiev. Des armes sont expédiées et sont soit vendues à la Russie ou à divers groupes terroristes en Europe et ailleurs, soit détruites à l’aide de roquettes russes ou abandonnées lorsque les forces ukrainiennes battent en retraite.

La démilitarisation est en cours ; à l’heure actuelle, environ 80% de toutes les armes dont disposait l’armée ukrainienne au début de 2022 ont été détruites ; les armes expédiées par l’OTAN sont détruites peu après leur arrivée. La dénazification va bon train également ; 80% des bataillons nazis d’origine, fortement endoctrinés, ont déjà été décimés. Les pertes du côté ukrainien se comptent en centaines par jour, tandis que les Russes font leur travail en toute sécurité, à distance, et n’interviennent que lorsque la situation est sûre. L’armée ukrainienne est contrainte de rassembler des réservistes et des recrues sans formation (y compris des femmes) et de les envoyer au front où ils sont tués, se rendent, font défection ou tentent de s’échapper.

Il est encore trop tôt pour décrire l’état final général, mais certains éléments sont déjà visibles. Les provinces historiquement russes, qui comprennent tout le sud-est de l’ancienne Ukraine, de Kharkov au nord à Odessa au sud et tout ce qui se trouve entre les deux, se retrouveront à nouveau à l’intérieur des frontières de la Russie. Personne ne sait encore ce qu’il adviendra de Kiev ou de l’ancienne Ukraine occidentale. Kiev est précieuse pour la Russie en tant que ville historiquement russe ; le reste l’est beaucoup moins. Elle pourrait finir comme un analogue de la province d’Idlib en Syrie – une réserve de gremlins.

En attendant, de grandes parties de l’ancienne Ukraine attendent que les Russes arrivent et les libèrent. Le rythme de l’avancée s’accélérera lorsque l’Occident se rendra compte que son trou noir préféré est bien trop vorace pour ses budgets de plus en plus serrés et lorsque la junte de Kiev réalisera qu’il ne lui reste plus rien à voler et décampera vers des régions inconnues (ses membres sont actuellement interdits de voyage à l’étranger par crainte de désertion). Cela pourrait prendre des semaines ou des mois, mais probablement pas des années. En attendant, le trou noir restera là, engloutissant des milliards de dollars et d’euros et des milliers de systèmes d’armes et de mercenaires – pour que les Russes les fassent sauter à l’aide d’artillerie et de roquettes.

Les politiciens occidentaux, qui continuent de gaspiller des ressources pour la junte de Kiev, attendent toujours quelque chose… mais quoi ?

À ce stade, la seule réponse qui semble avoir du sens est qu’ils attendent eux aussi les Russes.

Dmitry Orlov

source : Club Orlov

traduction Hervé, relu par Wayan, pour Le Saker Francophone

L'Ukraine et la fin de l'histoire


Par Batiushka – Le 26 avril 2022 – Source The Saker Blog

 

Le conflit actuel en Ukraine ne concerne manifestement pas vraiment l’Ukraine – cet ensemble artificiel de territoires n’est qu’un champ de bataille tragique entre l’Occident et le Reste. Le conflit concerne la violence organisée et l’extraordinaire arrogance de l’Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et de l’OTAN, contre le reste du monde, en particulier la Russie, soutenue par la Chine, l’Inde et tous les autres peuples. Par conséquent, la victoire russe à venir dans l’opération spéciale en Ukraine signifie essentiellement la fin de la domination de l’Occident sur la planète, qui dure depuis 500 ans. C’est pourquoi le petit monde occidental, qui représente environ 15 % de la planète, est si virulent dans son opposition au peuple russe.

 

La victoire russe ébranlera les restes de la foi illusoire dans la supériorité mythique de l’Occident et surtout dans les États-Unis, dont la peur a longtemps découragé la résistance du « Reste » à l’Occident. Ni l’Iran, ni même la Chine n’ont pris le risque de défier les États-Unis – la Russie l’a fait. L’Ukraine est le Titanic « insubmersible » des États-Unis et la Russie l’iceberg qui coule l’orgueil démesuré des États-Unis. Lorsque le monde verra la victoire russe, quatre continents au moins, l’Europe et la Chine asiatique, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite, ainsi que l’Amérique latine et l’Afrique, voteront pour se libérer de l’empire américain. C’est la fin de la domination occidentale, « la fin de l’histoire » des occidentaux ethnocentriques comme Francis Fukuyama. Pour la Russie et l’Europe elles-mêmes, nous prévoyons cinq conséquences principales. Il s’agit de :

1. Le retrait américain de l’Europe

La victoire russe entraînera une réduction importante, voire un retrait, des forces américaines qui occupent l’Europe occidentale depuis 1945 (le Royaume-Uni depuis 1942) et l’Europe centrale et orientale depuis 1991. Aux États-Unis, les sentiments isolationnistes sont déjà forts après les humiliantes déroutes américaines en Irak et en Afghanistan et les violentes divisions internes des États-Unis ne feront que se renforcer. Les États-Unis se replieront sur leur île divisée. L’unité transatlantique s’effondrera. L’Europe occidentale pourra alors enfin sortir de son isolement à l’extrémité de la péninsule occidentale du continent eurasien et rejoindre le courant principal d’une Eurasie libérée, dirigée par la Fédération de Russie.

2. La fin de l’UE

L’UE était un concept américain à tous égards, destiné à devenir un USE, un États-Unis d’Europe. Il existe déjà un grand nombre de tensions en son sein. Le Brexit, résultat du patriotisme anglais, c’est-à-dire anti-britannique et anti-establishment, a eu lieu. Les autres tensions exigeront des solutions après la victoire russe. Après cette victoire, la marge de manœuvre pour toute nouvelle expansion de l’UE et la colonisation économique de l’Europe centrale et orientale, y compris dans les Balkans occidentaux, prendra fin. La fin de la nouvelle colonisation après la perte de l’Ukraine, riche en ressources naturelles, minera les restes d’une UE déjà divisée. L’Ukraine était un État tampon et un centre de ressources pour l’UE coloniale. Sa libération signifie une proximité directe de l’UE avec la Russie et la restauration de l’influence russe. Avec la victoire russe, l’Europe occidentale devra conclure des accords stratégiques avec Moscou sur la sécurité européenne, cette fois sans l’ingérence des États-Unis.

3. Le renouveau de la Russie impériale

Les milliards dépensés pour soudoyer des élites fantoches pro-occidentales et traîtresses dans les anciennes républiques soviétiques comme les États baltes, la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie, le Kazakhstan et les quatre autres « stans » d’Asie centrale auront été gaspillés. Le mythe de la supériorité occidentale sur lequel ces élites ont été créées cédera la place à la réalité. Cela mettra fin à leurs possibilités de gagner des dollars et de faire carrière grâce à la russophobie en louant des territoires nationaux pour y installer des bases américaines, des installations de torture de la CIA ou des biolaboratoires de guerre bactériologique pour créer des maladies ciblant les races. La Géorgie a été la première à le comprendre au début de 2022, en refusant de s’associer aux sanctions anti-russes. En Moldavie, l’échéance approche, alors que les troupes russes se préparent à libérer Odessa et à percer un corridor terrestre pour unir la Transnistrie à la Russie.

4. Les valeurs russes pour remodeler l’Europe centrale et orientale

Le renforcement des identités d’Europe centrale et orientale dans des États-nations comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne conduira à leur rapprochement avec la Russie. La victoire de la Russie se traduira par une augmentation de la sympathie à son égard dans un certain nombre d’États-nations d’Europe centrale et orientale, non seulement en Serbie, au Monténégro, en Macédoine du Nord et en Hongrie, en Slovaquie et en Pologne, mais aussi dans les États baltes, en Autriche, dans les Pays tchèques, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce et dans la partie méditerranéenne de Chypre. Une fois que leurs élites vénales, anti-patriotiques et nommées par les États-Unis seront tombées, les valeurs russes reviendront dans ces pays comme une force influente.

5. Les valeurs russes vont remodeler l’Europe occidentale

L’UE, fondée dès l’effondrement de l’URSS, était dès le départ une construction artificielle, bâtie sur le rejet du patriotisme en faveur d’une identité européenne supranationale inexistante. Le patriotisme est une menace existentielle pour Bruxelles. C’est en partie pour cette raison qu’à l’époque du Marché commun, De Gaulle, qui voulait une confédération de patries, a été renversé par un changement de régime américain, en 1968. Puis en 2016, les patriotes ont voté pour le Brexit contre l’élite de l’establishment et le président démocrate Obama. L’UE a toujours eu pour objectif le rejet des identités nationales en faveur de valeurs post-chrétiennes, voire anti-chrétiennes, anti-nationales et anti-familiales, l’immigration massive d’esclaves rémunérés, l’imposition de l’agenda LGBT, la restriction des libertés pour les opinions anti-UE, etc. Ce ne sont pas des valeurs russes.

Conclusion : Dénazification mondiale

Tout comme en 1814 les troupes russes ont libéré Paris et en 1945 Berlin, dans les années 2020, Bruxelles sera libérée, ou plutôt s’effondrera, sous la pression des valeurs russes. Nous parlons de la désintégration de l’Union européenne créée par les États-Unis, mais aussi des bases américaines en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique orientale. Nous verrons l’émergence de centres nationaux, de l’Écosse à Chypre, de la Catalogne à la Mongolie, de la Slovaquie à l’Asie centrale. La bulle d’orgueil de l’Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, est en train d’éclater avec la libération et la dénazification de l’Ukraine par la Russie. Afin de préserver son identité de nation impériale, de protéger l’intégrité de la foi orthodoxe et de garantir la paix de l’ensemble du monde multipolaire, la Russie étendra ce processus de dénazification à tous.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Les sanctions aident les « ennemis » à se doter de leurs propres capacités - Le 26/07/2022.


Par Moon of Alabama – Le 26 juillet 2022

Le comportement hostile de l’« Occident » envers la Chine et la Russie a des conséquences.

La station spatiale internationale est en train de perdre les modules russes dont elle a besoin pour manœuvrer. Les États-Unis doivent immédiatement construire de nouveaux modules de propulsion s’ils veulent la sauver.

 

En 2024, la Russie se retirera de la Station spatiale internationale

La Russie a déclaré qu’elle se retirerait de la Station spatiale internationale (ISS) après 2024 pour se concentrer sur la construction de son propre avant-poste orbital.

Yuri Borisov, qui a été nommé au début du mois à la tête de Roscosmos, la société spatiale contrôlée par l’État russe, a déclaré lors d’une réunion avec le président russe, Vladimir Poutine, que la Russie remplirait toutes ses obligations envers les autres partenaires avant de quitter le projet.

Borisov a déclaré que « la décision de quitter la station après 2024 a été prise« .

Les États-Unis avaient prévu d’exploiter la station jusqu’en 2031 :

Plus tôt cette année, la NASA a publié des plans qui pourraient voir cette structure de 444 615 kg être retirée de l’orbite en janvier 2031 et s’écraser dans un « cimetière de vaisseaux spatiaux« .

Elle a déclaré que le laboratoire continuerait à fonctionner jusqu’en 2030, mais que son avenir à long terme n’était pas viable.

La date de fin sera probablement antérieure à celle prévue par la NASA. Comme l’expliquait un précédent rapport :

La Russie fournit l’ergol et les propulseurs nécessaires pour rebooster périodiquement la station, une capacité critique que la NASA ne peut actuellement pas remplacer. La manœuvre est assurée par des propulseurs intégrés aux modules russes Zarya et Zvezda et à bord des vaisseaux d’approvisionnement Progress en visite.

Un vaisseau cargo Cygnus de Northrop Grumman, arrivé en début de semaine, est le premier véhicule américain, après la navette spatiale, à être capable de relancer la station, mais il ne peut à lui seul remplacer la capacité russe.

Les astronautes de la NASA ne sont pas formés pour faire fonctionner les systèmes russes et vice versa pour les cosmonautes. Aucune des deux parties ne peut faire fonctionner le laboratoire à elle seule en toute sécurité.

Sans les modules de propulsion russes, la station va continuellement ralentir et s’enfoncer vers la terre jusqu’à ce qu’elle se brise et brûle dans l’atmosphère.

La construction par les États-Unis de leurs propres modules de propulsion prendrait très probablement plus de deux ans. Ils arriveraient trop tard pour sauver la station.

La Russie a des projets de construction d’une nouvelle station spatiale. Une alternative pour elle pourrait être de se raccorder à la station spatiale chinoise qui a été lancée l’année dernière. Hier, elle a reçu son deuxième grand module, un laboratoire. Un troisième grand module sera ajouté plus tard dans l’année.

La Chine a construit sa propre station spatiale parce que les États-Unis l’avaient exclue de la participation à l’ISS :

La Chine est exclue de l’ISS depuis 2011, date à laquelle le Congrès a adopté une loi interdisant tout contact officiel américain avec le programme spatial chinois en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale. La sécurité nationale, bien sûr, est l’expression qui permet à n’importe quel pays de faire tout ce qu’il veut, même si cela n’a rien à voir avec, vous savez, la sécurité de la nation. Mais peu importe.

Seulement 11 ans après cette interdiction, la Chine a lancé et exploite sa propre station spatiale.

Il est probable qu’à partir de 2025, il n’y aura plus qu’une seule station spatiale internationale. Mais elle sera exploitée par la Chine et probablement la Russie, tandis que les États-Unis et leurs alliés en seront surement exclus.

C’est la conséquence du comportement hostile des États-Unis qui excluent et sanctionnent les autres pour des raisons peu sérieuses.

Les États-Unis ont fait pression sur le gouvernement néerlandais pour qu’il interdise la livraison à la Chine des machines ASML nécessaires à la fabrication des structures de 4 à 7 nanomètres pour les puces informatiques les plus avancées d’aujourd’hui. Il y a deux semaines, les États-Unis ont commencé à faire pression pour interdire à ASML de livrer même ses anciens modèles en Chine.

Mais une société canadienne a récemment découvert que la société chinoise SMIC produit déjà des puces de 7 nm en masse. Cette capacité n’avait jamais été annoncée :

« Il s’agit du produit technologique le plus avancé que TechInsights ait vu de la part de SMIC jusqu’à présent et il pourrait conduire à un véritable processus autour de la technologie de 7 nm qui incorpore des cellules de mémoire et de logique à échelle réduite« , a déclaré TechInsights.

Dylan Patel, observateur du monde des puces, a noté une autre implication pour les capacités 7 nm de SMIC. Selon lui, ce développement signifie que la Chine est désormais plus avancée que les États-Unis ou l’Europe en termes de capacités de fabrication de puces à 7 nm, puisque le fabricant de puces américain Intel doit encore mettre son processus 7 nm à la disposition des fonderies.

La Chine construit également plus d’usines de fabrication de puces que quiconque :

La Chine est le leader mondial de la construction de nouvelles usines de puces, une étape vers une plus grande autosuffisance en matière de semi-conducteurs qui pourrait à terme rendre certains acheteurs dépendants de la Chine pour de nombreuses puces de base actuellement en pénurie.

Alors que les fabricants de puces s’efforcent d’augmenter leur production et de remédier aux pénuries d’approvisionnement, aucun pays ne se développe plus rapidement que la Chine, qui devrait construire 31 grandes usines de semi-conducteurs, appelées fabs, au cours des quatre années à venir, selon le groupe SEMI.

Jusqu’à présent, la Chine importait pour 300 milliards de dollars de puces par an. Lorsque toutes les nouvelles fabs chinoises seront prêtes, la majeure partie de cet argent restera en Chine. Les producteurs de puces de Taïwan, de Corée du Sud, du Japon et des États-Unis devront chercher de nouveaux clients ou réduire leur propre production.

Les sanctions concernant les stations spatiales et les puces électroniques ne font que démontrer les conséquences inévitables de l’hostilité envers de grands pays comme la Russie et la Chine.

Ces pays ont suffisamment d’alternatives pour remplacer les produits sanctionnés et pour développer leurs propres capacités de production.

Tout cela pendant que les États-Unis et leurs alliés perdent des parts de marché.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

« Un décalage entre ce que j’ai vu en Ukraine et à la télé française » : Un humanitaire témoigne

Adrien Bocquet, ancien militaire français, s’est rendu en Ukraine au début du conflit.

Il raconte pour RT France son expérience en tant que volontaire humanitaire et témoigne du décalage entre ce qu’il a vu sur place et la façon dont les médias rendent compte des événements.

 

source : RT France

Qu’en est-il de la stabilité du régime à Kiev ?


Par Gordon M. Hahn – Le 29 juillet 2022 –  Source Russian and Eurasian politics

Les dirigeants occidentaux, menés par le président américain Joe Biden, ont opté pour une longue guerre proxy contre la Russie, au moins jusqu’à ce que l’Ukraine « gagne » la guerre commencée lorsque les forces russes ont envahi le voisin occidental, le 24 février. Joe Biden a vendu la mèche lorsqu’il a déclaré que l’objectif de l’aide militaire et financière massive apportée par l’Occident à Kiev était de provoquer un changement de régime ou, du moins, d’écarter du pouvoir le président russe, Vladimir Poutine, populaire mais autoritaire. Cependant, alors que les forces militaires ukrainiennes sont lentement réduites à néant, il y a de plus en plus de preuves d’une scission majeure au sein du régime ; condition préalable aux coups d’État, militaires ou non, aux révoltes, aux révolutions et à d’autres formes de changement de régime.

 

On peut s’attendre à la déstabilisation du régime de Maidan en extrapolant à partir de certains facteurs et plusieurs autres en témoignent de plus en plus. La perspective d’une déstabilisation est soutenue par : (1) le modèle historique de défaites militaires menant à la déstabilisation du régime et parfois à des coups d’État ou à des révolutions et (2) un soutien populaire réellement faible pour Zelensky. Les preuves d’un début de déstabilisation du régime sont visibles dans l’autoritarisme croissant de l’État et dans les scissions au sein de l’élite du régime. Ces tendances ne feront que s’accentuer à mesure que Kiev sera confronté à de nouvelles défaites militaires et peut-être à l’effondrement de l’armée ukrainienne et des bataillons nationaux affiliés, dominés par les néofascistes, qui sont justement les candidats probables à l’organisation d’un coup d’État ou d’un soulèvement social.

La défaite militaire sonne souvent le glas des dirigeants politiques, des régimes et même des États. Pour trouver des preuves de l’instabilité causée par une défaite militaire, il suffit de consulter l’histoire locale de l’Ukraine et de ses environs, qu’elle fasse partie de la Russie impériale ou de l’URSS. La défaite de la Russie lors de la guerre russo-japonaise de 1904 a entraîné de violents bouleversements sociaux lors de la « révolution » de 1905, qui s’est soldée par un échec mais qui s’était largement répandue et fut presque un succès. L’échec militaire de la Russie dans la Première Guerre mondiale a conduit à la révolution de février 1917. Au cours de l’été 1917, l’échec de l’« offensive Kerenskiy » et la marche des Allemands sur Saint-Pétersbourg ont conduit à l’effondrement du gouvernement provisoire quasi-républicain d’Alexandre Kerenskiy et au succès du coup d’État bolchevique d’octobre. L’agitation en Ukraine pendant la révolution, le coup d’État et la guerre civile de 1917-1921 fut un tourbillon diablement étourdissant de chaos et de violence provoqué par une myriade de seigneurs de guerre, d’idéologies et de mouvements concurrents, peut-être un avant-goût de l’avenir de l’Ukraine contemporaine. L’échec des troupes soviétiques en Afghanistan au début des années 1980, qui a conduit à leur retrait en 1985, a été un facteur important dans la décision du régime du parti-État communiste soviétique de s’engager dans la voie des réformes, la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, qui a finalement conduit à l’effondrement du régime du parti-État soviétique et à l’éclatement de l’Union soviétique, qui a donné naissance à l’État ukrainien indépendant actuel. Il ne fait guère de doute que l’invasion russe de février remet en question la faible légitimité, la stabilité et la viabilité du régime de Maïdan, et que cela pourrait bien avoir été voulue par le président russe, Vladimir Poutine.

Le régime de Maïdan avait, dès le départ, une légitimité limitée. Il suffit de se rappeler son acte fondateur – le massacre du 20 février 2014 par un sniper sur la place Maidan – qui a vu l’aile néofasciste du mouvement Maidan tirer sur les forces de sécurité de l’administration corrompue de Viktor Ianoukovitch, mais surtout sur les manifestants du Maidan eux-mêmes. La connaissance au sein des cercles d’élite de la vérité sur cette opération sous faux drapeau a été une bombe cachée qui pouvait faire exploser le régime du Maïdan à tout moment. En effet, au cours de sa campagne présidentielle, l’actuel président ukrainien en exercice, Volodomyr Zelensky, a lui-même fait référence de manière cryptique à l’illégitimité du régime de Maïdan et à l’attaque terroriste des snipers. Dans une apparente référence cryptique à son adversaire, le président Petro Porochenko (qui pourrait en fait s’être opposé aux fusillades) et au massacre du 20 février 2014, Zelensky a commenté : « Les gens qui sont arrivés au pouvoir avec du sang profitent du sang » (www.pravda.com.ua/news/2019/02/26/7207718/). Plus tard, il a décrié la « disparition de la documentation concernant le massacre » (https://interfax.com.ua/news/political/640586.html?fbclid=IwAR0K4kGEZPEfsmOQActT7UXn3A3yRBmawO5MuqcYe6OiIEQMa_JbxrZOHuU). C’est cette apparente candeur qui a permis à Zelensky d’être élu haut la main à la présidence ukrainienne. Un jour, elle pourrait lui coûter la vie, et les néofascistes ukrainiens sont les premiers sur la liste des coupables potentiels.

Dans le même temps, nous entendons souvent dire que la cote de popularité du président Zelensky a atteint des niveaux poutiniens depuis l’invasion russe. Il convient toutefois de décortiquer un peu cette affirmation pour obtenir une image plus claire et plus profonde. À la veille de la guerre, l’administration Zelensky était extrêmement faible, tout comme l’appareil d’État ukrainien dans son ensemble, divisé par des factions politiques, idéologiques, oligarchiques et criminelles. La population ukrainienne était alors opposée à Zelensky. Sa cote de popularité était tombée à 25-30 %. Selon des sondages réalisés à la veille de la guerre, Zelensky obtenait 23 % et son prédécesseur, Petro Poroshenko, 21 %. Le parti « Serviteurs du peuple » ou « Slugy naroda » de Zelensky était en tête de tous les partis avec 19 %, mais ce chiffre est à comparer aux 70 % obtenus lors de l’élection de la Rada et aux 14 % du parti « Solidarité européenne » de M. Porochenko (http://www.kiis.com.ua/?lang=ukr&cat=reports&id=1090&page=1&fbclid=IwAR0-qs5D-9Hli6YNeKunjtR9N-cAnTSISnB2vn5ot3PXmvd4Q5YGoqFxJwA). Cela signifie que la cote de popularité élevée dont jouit actuellement Zelensky, en temps de guerre, est presque certainement mince et donc très vulnérable au flux continu de mauvaises nouvelles en provenance du front, malgré le fait que Zelensky manipule les informations. De plus, Zelensky donne l’impression d’être très impliqué dans la formulation de la stratégie de guerre de l’Ukraine. Il fait fréquemment des annonces militaires et stratégiques publiques et des rapports nocturnes sur le front et la situation géopolitique. Cette position tournée vers l’avenir rend le président encore plus vulnérable aux risques politiques liés à un échec militaire. Il y a et il y aura encore beaucoup de mauvaises nouvelles.

Avant la guerre, la manipulation des médias, la désinformation pure et simple et les mensonges étaient la marque de fabrique du régime de l’acteur/producteur Zelensky ; un régime rempli de producteurs, de scénaristes et de professionnels des relations publiques. Le masquage de la réalité par Zelensky avec la virtualité postmoderniste désormais omniprésente et les mensonges de la « communication stratégique » sont exposés et exacerbent l’effet délégitimant de la guerre. Le simulacre virtuel, cependant, est absent lorsqu’il s’agit de l’autoritarisme croissant du Maïdan, tant avant la guerre, lorsque la cote de Zelensky baissait, qu’après la guerre, en tant que réaction instinctive à la menace que la guerre fait peser sur la stabilité du régime.

Avant la guerre, Zelensky s’était déjà montré expert dans l’art d’aliéner toutes les forces politiques du pays à son équipe et à son parti « Slugi naroda », du nom de son émission télévisée à succès sur un président ukrainien. Zelensky a interdit les chaînes de télévision de l’opposition, ses procureurs ont accusé l’ancien président Petro Porochenko de trahison et l’ont assigné de facto à résidence, il a remanié la Cour suprême en violation de la constitution ukrainienne, et il a signé des lois discriminatoires à l’égard de la langue russe, bannissant de fait les oligarques de la politique. La seule partie de l’échiquier politique avec laquelle il a pu trouver un modus vivendi était les partis néofascistes les plus importants d’Ukraine. Par exemple, le fondateur néofasciste du parti extrémiste Secteur droit, le commandant de l’Armée des volontaires ukrainiens semi-autonome et le cerveau du pogrom terroriste d’Odessa du 2 mai 2014, Dmitro Yarosh, est devenu un conseiller officiel du chef d’état-major général des forces armées ukrainiennes sous la surveillance de Zelensky.

Après le début de la guerre, Zelensky a placé toutes les chaînes de télévision sous un commandement unique avec une diffusion uniforme qui n’offrait pratiquement aucune voix dissidente. Il a interdit tous les partis d’opposition, à l’exception du parti « Solidarité européenne » de Porochenko, suffisamment nationaliste, et à l’exception des partis ultranationalistes et néofascistes, même s’ils sont peu nombreux. Les partis interdits sont les suivants : le Parti de l’opposition – Pour la vie, le Parti Shariy, Nashi, le Bloc de l’opposition, l’Opposition de gauche, l’Union des forces de gauche, l’État, le Parti socialiste progressiste d’Ukraine, le Parti socialiste d’Ukraine, le Parti socialiste et le Bloc Volodymyr Saldo. « Toute activité des politiciens visant à diviser ou à collaborer n’aboutira pas« , a expliqué Zelensky (https://news.yahoo.com/ukraine-ban-11-political-parties-141310973.html?fr=sycsrp_catchall). Mais Zelensky a joué avec le feu puisque les partis radicaux se préparent à prendre le pouvoir dans une « révolution nationaliste » depuis que les premières salves de snipers ont résonné sur le Maïdan. La guerre pourrait être l’occasion d’un coup d’État, car l’administration de Zelensky contribue à instaurer l’autoritarisme pour les néofascistes alors que les défaites croissantes au front sapent la légitimité de son régime.

Il existe des signes indéniables de factionnalisation, de polarisation et de scission croissantes au sein de l’élite ukrainienne, qui incitent Zelensky à prendre des contre-mesures autoritaires. Le signe le plus récent de ces dissensions croissantes a été la publication par un ancien député de la Rada proche de Zelensky, Sergei Leshchenko, d’un projet de décret présidentiel qui priverait Igor Kolomoiskii de sa citoyenneté. Recherché pour divers crimes aux États-Unis, Kolomoiskii s’était attiré les foudres du prédécesseur de Zelensky, Poroshenko, et a été déchu de sa principale participation, la Privat Bank. Outre Kolomoiskii, Hennadii Korban et deux autres personnes ont été inclus dans le même projet de décret. Korban, comme Kolomoiskii, était un mécène des bataillons de volontaires néofascistes dirigés par Secteur Droit et d’autres types de néofascistes pendant la première guerre du Donbass, qui se sont récemment transformés en Armée des volontaires ukrainiens et en Korpus nationaux. Ainsi, Yarosh a signé une pétition avec 115 autres membres de l’élite ukrainienne, y compris le puissant maire de Kiev, Vitaliy Klitchko, adressée à Zelensky pour qu’il s’abstienne de prendre une telle mesure contre Korban (et par implication Kolomoiskii aussi) au motif qu’une telle action viole la constitution (https://www.facebook.com/dyastrub/posts/pfbid0vA6f26FMacYCyPwpmvtUhhLUqiLRwrRsk3kNcXUYvKo6BejDtagx9frbQcMpF4pgl). Cet épisode peut être une autre exacerbation des relations parfois éprouvantes de Zelensky avec les ultranationalistes et les néofascistes, même avant la guerre.

Les communications stratégiques inefficaces, souvent flagrantes, absurdes et scandaleuses du porte-parole du bureau du président, Alexei Arestovich, y compris les nombreuses infox sur la guerre, ont discrédité les dirigeants militaires et civils et signalé l’apparition possible d’un fossé entre eux (https://gordonhahn.com/2022/04/15/kvartal-22-zelenskiys-simulacra/). Depuis le printemps, des tensions croissantes ont été signalées entre les dirigeants civils et militaires, le retrait russe du nord de Kiev ayant entraîné une nouvelle stratégie et une concentration sur le front oriental du Donbass et le front méridional de la Novorossiya, le long des côtes de la mer d’Azov et de la mer Noire. La prise par la Russie du port maritime de Marioupol, la révélation des crimes de guerre commis par le bataillon néofasciste Azov et le long siège russe de l’aciérie Azovstal, où les combattants d’Azov ont résisté et fait pression sur le régime et l’armée pour qu’ils envoient des forces afin de les faire sortir de l’encerclement russe, ont créé des tensions et des boucs émissaires entre civils et militaires, et ont exacerbé les tensions entre le régime et les néofascistes. Pendant le siège d’« Azovstal » qui a scellé le sort de Marioupol, le commandant adjoint des combattants néofascistes du bataillon Azov, qui s’y trouvaient, a critiqué les politiciens comme Arestovitch qui répondaient aux Azovtsy de « s’occuper de leurs affaires« . La consternation fut générale sur le réseau social ukrainien face au fait que les autorités civiles ne faisaient pas assez pour briser l’encerclement, que ce soit militairement ou par le biais de négociations (https://strana.news/articles/390297-ukrainskaja-oppozitsija-obvinjaet-ofis-prezidenta-v-dopushchenii-okkupatsii-territorij-ukrainy.html). La déclaration du ministère ukrainien de la Défense, selon laquelle une opération militaire visant à briser l’encerclement de l’Azovstal n’était pas possible, pourrait être considérée par certains comme le résultat de la rupture des généraux sous la pression des civils (https://strana.news/news/390472-v-minoborony-schitajut-chto-azovstal-nevozmozhno-deblokirovat-voennym-putem.html).

Les tensions entre civils et militaires se sont généralisées au début du mois de mai. Arestovich a ouvertement critiqué la direction militaire, parlant de « criminalité » et de « trahison » qui devaient faire l’objet d’une enquête et être punies. En effet, il a critiqué l’ensemble de la bureaucratie de l’État en réponse aux accusations d’incompétence au niveau présidentiel :  » Et 360 000 bureaucrates entre nous et la terre ? Qui sont-ils ? Ont-ils quelque chose à répondre ? Et le commandement militaire, auquel on pose déjà beaucoup de questions ? » Des voix représentant les militaires et le chef de l’opposition inculpé, l’ancien président Porochenko, ont riposté, critiquant Arestovitch et d’autres critiques civils. Une voix militaire, rapportée comme étant proche du chef d’état-major des forces armées ukrainiennes, Zalyuzhniy, a affirmé : « Chaque jour, des centaines d’hommes et de femmes tués et blessés sécurisent (votre) savoureux café dans le soleil de Kiev. Tous les jours. Et chercher aujourd’hui un coupable parmi eux est loin d’être la meilleure idée. Les coupables ne sont pas dans l’armée, même s’il y en a qui peuvent répondre de quelque chose, les coupables sont dans les hautes instances qui ont défini la politique budgétaire et déterminé qui occuperait les postes clés. » Un journaliste ukrainien a prédit que si le bureau du président continuait à critiquer l’armée, les conséquences pour ceux qui critiquent seraient « dévastatrices » (https://strana.news/articles/390297-ukrainskaja-oppozitsija-obvinjaet-ofis-prezidenta-v-dopushchenii-okkupatsii-territorij-ukrainy.html).

Début juin, Zelensky et le commandant des forces armées ukrainiennes, Viktor Zalyuzhniy, n’étaient pas d’accord sur le bon moment du retrait de Severodonetsk et sur l’endroit où former une nouvelle ligne défensive contre l’offensive russe dans les oblasts de Louhansk et de Donetsk. Zelensky a demandé que l’armée tienne le plus longtemps possible à Severodonetsk et crée une ligne défensive près de la ville, risquant ainsi que des milliers de soldats soient encerclés, tandis que Zalyuzhniy préconisait le retrait en formant une ligne défensive nord-sud passant par Kramatorsk (https://strana.news/news/394302-zelenskij-prokommentiroval-situatsiju-v-severodonetske.html?fbclid=IwAR0aJ4UE07ep1mLoeV1tsI48kqicxIX_uvcLFnPnnC7cWFsObmyHh28RF9w).

Le leadership civil est en outre miné par les défections et la corruption dans les organes de renseignement et d’application de la loi. Le 17 juillet, Zelensky a renvoyé le chef du Service de sécurité ukrainien (SBU), Ivan Bakanov, et la procureure générale de l’Ukraine, Irina Venediktova, les accusant ostensiblement d’être responsables du grand nombre de défections vers la Russie parmi les responsables de la sécurité et de l’application de la loi. Il a annoncé que « 651 procédures pénales ont été enregistrées pour haute trahison et activités de collaboration menées par des employés du bureau du procureur, des organes d’enquête préliminaire et d’autres organismes d’application de la loi. Dans 198 procédures pénales, des personnes ont été notées comme suspicieux, et plus de 60 employés des organes et du SBU sont restés dans le territoire occupé et travaillent contre notre État. » Les licenciements étaient apparemment une réponse à ce que Zelensky a nommé « une série de crimes contre les fondements de la sécurité nationale de l’État à cause des connexions enregistrées entre les employés des organismes d’application de la loi de l’Ukraine et les services spéciaux russes. » L’assistant de Bakanov et ancien chef du SBU de Crimée, Oleg Kulinich, a été arrêté pour espionnage (https://strana.news/news/399930-zelenskij-rasskazal-ob-uvolnenijakh-venediktovoj-i-bakanova-video.htmlhttps://strana.news/news/399927-zaderzhanie-eks-hlavy-sbu-kryma-i-konflikt-s-ermakom-podopljoka-otstavki-bakanova.html et https://vesti.ua/strana/est-sereznye-voprosy-prezident-obyasnil-kadrovye-resheniya). Le lendemain, Zelensky licenciait 28 fonctionnaires du SBU (https://strana.news/news/400073-zelenskij-nameren-uvolit-28-sotrudnikov-sbu-video-18-ijulja.html). Le 20 juillet, Zelensky licenciait le directeur adjoint du SBU et les directeurs régionaux du SBU à Kharkiv, Sumy et Poltava. La gravité de cette crise ne peut être exagérée. Bakanov et Zelensky sont des amis d’enfance dans la ville de Kryvyi Rih. Bakanov a ensuite dirigé la société de divertissement de Zelensky ainsi que sa campagne présidentielle en 2019. Puis Zelensky a nommé Bakanov à la tête du SBU en 2019. Il se peut qu’au moins une partie de ces licenciements soit le résultat d’une opération de renseignement ratée visant à convaincre plusieurs pilotes russes de faire défection avec des avions de guerre, pour laquelle sept militaires russes ont été arrêtés, comme annoncé le 25 juillet. Les rapports russes affirment qu’au cours des discussions entre les agents des services de renseignement ukrainiens et les pilotes russes, apparemment surveillées par les services de renseignement russes, l’emplacement, la structure et d’autres détails du système de défense aérienne de l’Ukraine ont été révélés à la Russie. Mais la plupart d’entre eux sont le résultat des défections vers la Russie que Zelensky a notées ; une chose qui serait difficilement choisie comme alibi pour couvrir l’opération ratée ou autre chose, car elle discrédite grandement son administration si ce n’est le régime de Maidan lui-même.

Les acteurs étrangers, notamment les États-Unis, peuvent compliquer la partie d’échecs polarisée à plusieurs niveaux que la politique ukrainienne est en train de devenir dans le feu de cette guerre. Le 8 juillet, moins de trois semaines avant les licenciements du SBU, Victoria Spartz, membre ukrainienne du Congrès américain, a demandé à l’administration Biden « d’informer le Congrès sur les procédures de diligence raisonnable et de surveillance appliquées au chef de cabinet du président Zelensky, Andriy Yermak, lors de la réunion de surveillance classifiée du Congrès prévue le 12 juillet 2022. Sur la base de divers renseignements et actions de M. Yermak en Ukraine, le Congrès doit obtenir ces informations de toute urgence. » Spartz a souligné que l’activité de Yermak « suscite de nombreuses inquiétudes chez diverses personnes aux États-Unis et dans le monde« , bien que Yermak soit « hautement considéré » par le conseiller à la sécurité nationale de Biden, Jake Sullivan. La référence de Spartz à de supposées actions de « renseignement » ayant été menées par Yermak suggère que le chef de cabinet de Zelensky peut être soupçonné d’avoir bâclé ou directement sapé la sécurité, notamment autour de l’opération visant à coopter des pilotes de l’armée de l’air russe ainsi que leurs avions (https://spartz.house.gov/sites/evo-subsites/spartz.house.gov/files/evo-media-document/Spartz%20Letter%20to%20Biden_Yermak%20_red.pdf). Rappelons que des accusations similaires ont été portées à l’encontre de Yermak lorsque les efforts des services de renseignement ukrainiens pour capturer des combattants russes se dirigeant vers la Syrie ont échoué en 2021 et qu’ils ont été « détenus » au Belarus après que Zelensky a annulé l’opération et que Yermak a informé les autorités bélarussiennes de la présence de mercenaires russes dans leur pays (https://uawire.org/ukrainian-journalist-accuses-zelensky-s-administration-head-of-derailing-special-operation-to-detain-wagner-mercenaries).

Outre les tensions entre civils et militaires, les graves conséquences politiques de l’interdiction de la politique à plus de dix partis politiques et, vraisemblablement, à tous les puissants oligarques ukrainiens, Zelensky s’est créé une nouvelle cohorte d’ennemis lorsqu’il a annoncé des plans à mettre en œuvre cette année pour réduire de deux tiers la bureaucratie de l’État ukrainien. Des centaines de milliers de fonctionnaires aigris, ayant une connaissance approfondie de l’organisation, du fonctionnement et du financement de l’État, se retrouveront ainsi au chômage et à la rue, à la recherche d’un emploi dans un pays déchiré par la guerre, où la législation sur la mobilisation exige que tous les citoyens masculins valides servent dans les forces armées. Ces parias garderont des contacts avec leurs anciens collègues de la bureaucratie et pourront mener des intrigues pour saper Zelensky, ses politiques et le régime lui-même.

Bien qu’il soit peut-être tôt pour conclure à un niveau élevé de tensions entre civils et militaires, on ne peut pas en dire autant de la lutte politique entre Zelensky et l’ancien président Porochenko, ainsi que d’autres oligarques. Porochenko pourrait être un adversaire particulièrement dangereux. Il entretenait de bonnes relations avec Biden lorsque ce dernier était vice-président des États-Unis et qu’il dirigeait la politique ukrainienne d’Obama, et il se retrouve acculé après avoir été inculpé et contraint de fuir à l’étranger. Ses partisans restent dans le pays, et le faible soutien de Zelensky et la purge du paysage politique ont créé une pléthore d’ennemis que Porochenko peut convaincre ou acheter. Un conflit exacerbé entre Zelensky et Porochenko pourrait attirer le général Zalyuzhniy. Il a des contacts fréquents avec Washington et Bruxelles, qui pourraient un jour se lasser de Zelensky à mesure que la guerre s’éternise. Tout cela deviendra une dynamique probablement explosive si la situation au front continue de se détériorer pour l’Ukraine. Si l’on ajoute à cela le facteur pro-russe (au sens large du terme, qui englobe le sentiment linguistique pro-russe, les revendications ethniques russes quant au droit de vivre en Ukraine et de la façonner, ainsi que le sentiment pro-russe), revigoré par l’arrestation du leader du Bloc d’opposition pro-russe Medvedchuk, le risque est réel de voir se répéter l’effondrement du pays en factions belligérantes à la suite d’un coup d’État ou d’une révolution, comme ce fut le cas après 1917 (https://strana.news/articles/analysis/392270-pokazanija-medvedchuka-na-poroshenko-naskolko-verojaten-arest-pjatoho-prezidenta.html). Dans ce cas, les régions pourraient passer sous le contrôle de seigneurs de guerre modernes représentant ces diverses tendances, soutenus par des oligarques et diverses parties extérieures intéressées.

Ajoutez à cela le jeu distinct des néofascistes sur la révolution nationale et leur colère face à la mort et à la capture du noyau du bataillon néofasciste Azov et aux pertes continues sur le champ de bataille en général. Arestovich faisait allusion, consciemment ou inconsciemment, à cette menace révolutionnaire néofasciste, lorsqu’il notait, en mai dernier, le « récit pas si intelligent : ‘des héros sur le champ de bataille contre des traîtres au bureau (du président) et des gras et gros généraux dans les états-majors’ » (https://strana.news/articles/390297-ukrainskaja-oppozitsija-obvinjaet-ofis-prezidenta-v-dopushchenii-okkupatsii-territorij-ukrainy.html).

En outre, le PIB de l’Ukraine va se contracter de près de 50 % cette année et un quart des entreprises ukrainiennes ont fermé leurs portes, la Russie s’étant emparée du charbon, des terres agricoles et des ports maritimes du pays, qui représentent quelque 60 % de l’économie ukrainienne. La crise énergétique en Europe et en Amérique fait couler beaucoup d’encre alors que l’été tourne à l’automne et que les températures commencent à baisser. On s’est moins intéressé aux conséquences des déficits énergétiques en Ukraine même. Ce pays déchiré par la guerre sera certainement privé du gaz, du pétrole et du charbon russes, et son propre charbon dans le Donbass est sous contrôle russe. Son secteur de l’énergie est au bord du défaut de paiement, les clients privés et commerciaux ne disposant plus de l’argent nécessaire pour régler leurs factures. Une nation gelée et affamée qui perd une guerre sera encline à blâmer Zelensky et le régime « démocratique » du Maidan et à suivre des dirigeants peu recommandables. Ils seront sensibles aux démagogues, et les trop nombreux néofascistes ukrainiens pourraient faire l’affaire. Ces derniers sont aujourd’hui encore mieux armés qu’avant la guerre et sont loués dans leur pays et en Occident comme des héros ayant défendu Azovstal, Mariupol, Kiev et Kharkiv. L’Armée des volontaires ukrainiens du Secteur droit néofasciste ukrainien (la première commandée et la seconde fondée par le conseiller de Zalyuzhniy, Dmitro Yarosh), le Corps national (dirigé par le fondateur d’Azov, le néofasciste Andriy Biletskiy) et d’autres groupes ultranationalistes et néofascistes continuent de se sacrifier au front, contrairement à ceux qui sirotent un café à Kiev et font des séances de photos dans des magazines féminins occidentaux sur papier glacé, comme viennent de le faire les Zelensky.

En conclusion, il existe des preuves significatives que la guerre russo-ukrainienne est en train de déstabiliser le régime hybride républicain-oligarchique-ultranationaliste de Maidan ; un régime déchiré par un factionnalisme politique, idéologique et oligarchique depuis le début. Sous le sommet du régime quasi-républicain du Maïdan, dirigé par un homme à peine populaire, se cachent les forces maléfiques de la corruption et de la criminalité oligarchiques, du nationalisme radical et du néofascisme. La guerre a temporairement masqué les divisions internes des groupes dirigeants, les unissant malgré leurs intérêts, objectifs et conflits multiples. Toutefois, avec le temps, la guerre et la lente déroute de l’armée ukrainienne auront raison de la mince couche de plâtre qui unit ces groupes dans leur lutte contre les Russes. En même temps, la corruption, la criminalité et la multi-nationalité en Ukraine rendent le régime de Maidan susceptible d’être facilement infiltré par l’État russe. En outre, la guerre et l’engagement limité de l’élite ukrainienne en faveur d’un gouvernement réellement républicain exacerbent l’environnement conflictuel et la culture politique violente du pays. Composée de clans oligarchiques et ultranationalistes concurrents et de plus en plus violents, la culture ukrainienne sera de plus en plus susceptible d’engendrer une violence intra-nationale croissante et des bouleversements politiques. Cette tendance s’intensifiera avec une vigueur particulière quand la guerre sera clairement perdue et que l’Occident commencera à abandonner la cause ukrainienne ou à tenter désespérément de la sauver par une intervention politique décisive telle qu’un coup d’État. De nombreux scénarios de coup d’État ou de révolution font désormais partie du tableau, et il convient d’en prévoir les conséquences.

Gordon M. Hahn

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Biden modifie le récit au sujet du Banderastan


Par The Saker francophone – Le 1 août 2022 – Source The Saker’s Blog (original en anglaais)

Le « Président Biden » (c’est-à-dire le Biden « collectif ») a écrit un article intéressant pour le NYT intitulé « Président Biden : voici ce que l’Amérique va faire et ne pas faire en Ukraine« .  L’intégralité de l’article se trouve derrière un guichet payant, et il n’est pas vraiment utile de le reproduire ici. Mais je tiens à commenter quelques-unes des thèses de « Biden ».

 

Tout d’abord, j’ignorerai l’habitude odieuse d’appeler les États-Unis « Amérique« , alors que le Canada et le Brésil sont à eux seuls presque aussi grands que les États-Unis.  De plus, les États-Unis ne font que 9 833 520 km2 (3 796 742 mi2) alors que la superficie totale des Amériques est de 42 549 000 km2 (16 428 000 mi2).  Enfin, les Amériques comptent 35 pays, mais si dire « ‘Meurica » évoque des images de Captain America et de drapeaux (de fabrication chinoise) brandis, tant mieux. Examinons quelques phrases clés :

« L’objectif de l’Amérique est simple : Nous voulons voir une Ukraine démocratique, indépendante, souveraine et prospère, dotée de moyens de dissuasion et de défense contre toute nouvelle agression (…) Nous ne cherchons pas une guerre entre l’OTAN et la Russie. Bien que je ne sois pas d’accord avec M. Poutine et que je trouve ses actions scandaleuses, les États-Unis n’essaieront pas de provoquer son éviction à Moscou« .

C’est un changement ÉNORME.  En russe, il y a cette expression disant « changer de chaussures en plein saut » (переобуться в прыжке) qui fait référence à la situation où une personne fait soudainement un demi-tour complet et instantané après avoir pompeusement insisté sur un objectif qui est maintenant abandonné.

Le plan initial était simple : Ecraser l’économie russe, faire renverser Poutine dans une sorte d’insurrection, briser la Russie et se tourner ensuite vers la Chine pour l’écraser. Et, compte tenu de la diabolisation absolument extrême de Poutine, il était clairement désigné comme l’objet d’une haine totale par « toute l’humanité progressiste et éprise de liberté« .

Et maintenant « Biden » va « généreusement » permettre à Poutine de rester au pouvoir.  Oui, « Biden », sans tenir compte du fait que la population russe soutient pleinement Poutine, et l’Opération Spéciale. A quel degré « Biden » nous prend pour des cons ?

Bref, continuons,

« Nous continuerons également à renforcer le flanc oriental de l’OTAN avec les forces et les capacités des États-Unis et d’autres alliés. Et tout récemment, j’ai accueilli favorablement les demandes d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, une décision qui renforcera la sécurité globale des États-Unis et de la région transatlantique en ajoutant deux partenaires militaires, démocratiques et hautement compétents ».

Ce paragraphe entier peut être résumé de toutes sortes de façons colorées, je me contenterai d’appeler cela des absurdités contre-factuelles et délirantes. Par où dois-je commencer ? Permettez-moi de décrire la réalité de l’OTAN ici, en quelques points.

  1. Premièrement, son objectif.  Son véritable objectif, bien sûr, pas toutes ces foutaises propagandistes sur la liberté, la démocratie, etc. Le véritable objectif de l’OTAN est simple : mettre les « Russes dehors, les Américains dedans et les Allemands à terre« .  Remarquez, Staline voulait une Allemagne unie, ce sont les USA qui ont dit non. Et l’OTAN a été créée avant l’Organisation du traité de Varsovie qui, en Occident, est appelée le « Pacte de Varsovie » parce que « pacte » sonne plus sinistrement. Nous avions donc une belle, brillante et pacifique Organisation du Traité de l’Atlantique Nord d’un côté, et le sombre et maléfique Pacte de Varsovie de l’autre. Vous voyez, dès le premier jour, cette organisation avait pour but de tromper l’opinion publique sur ses véritables objectifs. Même la partie « Atlantique Nord » est un mensonge, il suffit de regarder les opérations de l’OTAN en Afghanistan !
  2. Deuxièmement, en termes militaires, l’OTAN est composée à 90% des États-Unis et à 10% de caillasse.  Oh oui, oui, je sais, les pays de l’OTAN ont des tanks, des avions, des soldats, des bateaux, etc. Mais ne regardez pas ce qu’ils ont, regardez ce qu’ils n’ont pas. L’OTAN dépend entièrement des États-Unis pour le C4ISR, pour la logistique, pour la maintenance de ses systèmes d’armes, pour la formation de son personnel [les pilotes de l’aéronavale française sont formés aux USA, NdSF], etc. etc. etc. La vérité est que les États-Unis sont la seule puissance de l’OTAN qui compte, les autres ne servent que de feuille de vigne pour cacher le fait indéniable que l’OTAN est une force d’occupation militaire.
  3. Troisièmement, alors que l’OTAN fait beaucoup de bruit à propos de tout et n’importe quoi, en réalité, c’est une armée creuse, un tigre de papier. Ce que l’OTAN peut faire, c’est attaquer des pays faibles, plus ou moins défensifs. Et même dans ce cas, son bilan final est plutôt mauvais : Elle a échoué en Libye, elle a échoué en Afghanistan et en Irak, elle a échoué en Syrie et elle a même échoué (en termes militaires) contre un seul corps d’armée serbe au Kosovo. Même sa tristement célèbre opération Gladio a été un échec total. L’idée que l’OTAN puisse affronter la Russie dans une guerre terrestre est absolument hilarante et soulève la question suivante : Avec *quoi* ?
  4. Enfin, il existe de nombreux pays qui ont fait partie de l’OTAN de facto tout en restant formellement indépendants des États-Unis et de l’OTAN. Il ne s’agit pas seulement de la Finlande ou de la Suède, mais aussi de la Suisse et, bien sûr, de l’Ukraine. Ce qui compte, ce n’est donc pas tant la liste formelle des pays, que la réalité sur le terrain. L’« expansion » de l’OTAN vers l’Est (Ukraine), le Sud (Kosovo) ou le Nord (Finlande, Suède) ne change absolument rien. Tout ce qu’elle fait, c’est réduire encore plus la souveraineté et la liberté de ces pays. Mais militairement, c’est toujours la même chose.

Ensuite,

« Mon principe tout au long de cette crise a été « Rien au sujet de l’Ukraine sans l’Ukraine« . Je ne ferai pas pression sur le gouvernement ukrainien – en privé ou en public – pour qu’il fasse une quelconque concession territoriale. Ce serait une erreur et contraire à des principes bien établis de le faire. »

Une autre perle pour sûr ! Ainsi, après le « fuck the EU » de Nuland, on nous dit maintenant que « Biden » a le plus grand respect pour l’Ukraine et son brillant dirigeant Zelensky. Mais peu importe, le mot clé ici est « concessions territoriales« . Ici, « Biden » est très habile à deux niveaux :

  • Il introduit la notion de « concessions territoriales » dans la doxa, le discours publiquement accepté.
  • Il fait porter toute la charge et la responsabilité de ces concessions sur le régime de Kiev. On pourrait dire qu’il se lave les mains de ce sujet. Débrouille-toi tout seul maintenant, mon pote « Ze » !

Vient ensuite cette perle d’auto-gratification :

« Se tenir aux côtés de l’Ukraine quand elle en a besoin n’est pas seulement la bonne chose à faire. Il est dans notre intérêt national vital d’assurer une Europe pacifique et stable et de faire comprendre que la force ne fait pas le droit. »

VRAIMENT ? La force ne fait pas le droit ? Mais alors, comment les États-Unis sont-ils nés si ce n’est en vertu de ce principe même.

Et puis, les CENTAINES d’opérations militaires et d’attaques que les États-Unis ont menées contre presque tous les pays de la planète en toute illégalité.

Que dire de toutes les soi-disant « sanctions » qui sont toutes illégales au regard du droit international, y compris les divers blocus et sanctions secondaires.

Et que dire d’Israël, cette entité génocidaire que tous les politiciens américains vénèrent pieusement, et qui a fait de « la force fait le droit » son plus grand dogme religieux, c’est-à-dire l’entité que les États-Unis ont appelée « la seule démocratie du Moyen-Orient » et leur plus proche allié ! Je propose qu’au lieu du (clairement contre-factuel) « in God we trust« , les États-Unis adoptent une nouvelle devise : « quod licet iovi non licet bovi« , que l’on peut traduire librement par « c’est bien quand c’est moi qui le fait« .

Je pourrais continuer à décortiquer ce texte ennuyeux, mais voici la conclusion :

L’administration « Biden » est en train de changer son discours officiel.

Avant, il s’agissait d’évincer Poutine en écrasant la Russie, maintenant il s’agit de faire semblant d’être fort tout en préparant l’opinion publique à la défaite inévitable, non pas tant de l’Ukraine proprement dite (cette guerre a été perdue dès la première semaine de l’Opération Spéciale !), mais de la défaite des États-Unis et de l’OTAN dans ce conflit.

Oh bien sûr, selon l’auditoire, « Biden » dira ceci, ou cela, ou son contraire, ou les deux.  C’est ainsi que fonctionnent les politiciens occidentaux. Mais un article d’opinion dans le NYT est l’un des principaux moyens d’envoyer un signal aux élites dirigeantes et à la machine de propagande de l’empire anglo-sioniste.

Il n’est plus question de vaincre la Russie, mais seulement de dire que le régime ukrainien de Kiev devra trouver tout seul comment et quand demander la paix.

Andrei

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Des vétérans de la guerre ukrainienne sur la façon dont Kiev a pillé l’aide américaine, gaspillé des soldats, mis en danger des civils et perdu la guerre

Comment expliquer que malgré les rapports qui se multiplient sur le sujet il ne soit pas traité par les médias occidentaux tout simplement parce que la Totalité (sans aucune exception) des directions actuelles est tenue par des dirigeants vendus aux États-Unis et à leurs vassaux et ces gens-là imposent à leurs subordonnés une propagande. Si le journaliste ne respecte pas le contrat il n’a plus de travail. Si une ONG tente de dire les faits elle perd ses bailleurs de fond. C’est aussi simple que ça et nous sommes tous victimes de ce formatage des esprits, du consensus apparent qu’il crée. Danielle Bleitrach
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par Lindsey Snell et Cory Popp - Le 23/08/2022.

« Les armes sont volées, l’aide humanitaire est volée, et nous n’avons aucune idée où sont allés les milliards envoyés dans ce pays », s’est plaint un Ukrainien à The Grayzone.

Dans une vidéo envoyée via Facebook Messenger en juillet, Ivan1 peut être vu debout à côté de sa voiture, un SUV Mitsubishi modèle du début des années 2010. De la fumée s’échappe de la lunette arrière. Ivan rit et fait défiler l’appareil photo de son téléphone sur toute la longueur du véhicule, en montrant les impacts de balles. « Le turbocompresseur est mort dans ma voiture », a-t-il déclaré, faisant pivoter son téléphone vers l’avant du véhicule. « Mon commandant dit que je devrai payer pour le réparer moi-même. Donc, pour utiliser ma propre voiture pour faire la guerre, je dois acheter un nouveau turbocompresseur avec mon propre argent. »

Ivan retourna la caméra vers son visage. « Eh bien, putain de députés, j’espère que vous vous baisez les uns les autres. Diables. J’aimerais que vous soyez à notre place », a-t-il déclaré.

Le mois dernier, les parlementaires ukrainiens ont voté pour s’accorder une augmentation de salaire de 70%Le mail indique que l’augmentation a été rendue possible et encouragée par les milliards de dollars et d’euros d’aide qui ont afflué des États-Unis et de l’Europe.

« Nous, les soldats ukrainiens, n’avons rien », a déclaré Ivan. « Les choses que les soldats ont reçu pour utiliser pendant la guerre provenaient directement de volontaires. L’aide qui va à notre gouvernement ne nous parviendra jamais. »

Ivan est soldat depuis 2014. Actuellement, il est stationné dans la région du Donbass, où il est chargé d’utiliser de petits drones de qualité grand public pour repérer les positions russes pour le ciblage de l’artillerie. « Il y a tellement de problèmes sur la ligne de front maintenant », a-t-il déclaré. « Nous n’avons pas de connexion Internet, ce qui rend notre travail fondamentalement impossible. Nous devons conduire pour obtenir une connexion sur les appareils mobiles. Pouvez-vous imaginer ? »

Un autre soldat de l’unité d’Ivan nous a envoyé une vidéo de lui prise depuis une tranchée près des lignes de front dans le Donbass. « Selon des documents, le gouvernement nous a construit un bunker ici », dit-il. « Mais comme vous le voyez, il n’y a que quelques centimètres d’un bois qui recouvre nos têtes, et cela est censé nous protéger des tirs de chars et d’artillerie. Les Russes nous bombardent pendant des heures durant. Nous avons creusé ces tranchées nous-mêmes. Nous avons deux AK-47 entre 5 soldats ici, et ils se bloquent constamment à cause de toute la poussière ».

« Je suis allé voir mon commandant et lui ai expliqué la situation. Je lui ai dit que c’était trop difficile de tenir ce poste. Je lui ai dit que je comprenais que c’était un point stratégiquement important, mais notre équipe est brisée et aucun soulagement ne vient pour nous. En 10 jours, 15 soldats sont morts ici, tous à cause de bombardements et d’éclats d’obus. J’ai demandé au commandant si nous pouvions apporter du matériel lourd pour construire un meilleur bunker et il a refusé, parce qu’il a dit que les bombardements russes pourraient endommager l’équipement. Ne se soucie-t-il pas que 15 de nos soldats soient morts ici ?»

« Si vous essayiez d’expliquer la situation à laquelle les soldats ukrainiens sont confrontés à un soldat américain, ils penseraient que vous êtes fou », a déclaré Ivan. « Imaginez dire à un soldat américain que nous utilisons nos voitures personnelles pendant la guerre et que nous sommes également responsables du paiement des réparations et du carburant. Nous achetons nos propres gilets pare-balles et casques. Nous n’avons pas d’outils d’observation ou de caméras, donc les soldats doivent sortir la tête pour voir ce qui s’en vient, ce qui signifie qu’à tout moment, une roquette ou un char peut leur arracher la tête. »

Ilya[1], un soldat de 23 ans de Kiev, affirme que son unité est confrontée aux mêmes conditions dans une autre partie de la région du Donbass. Il a rejoint l’armée ukrainienne peu après le début de la guerre. Il a une formation en informatique et savait qu’une telle expertise était très demandée. « Si j’avais su à quel point il y avait de la tromperie dans cette armée et comment tout serait pour nous, je n’aurais jamais rejoint l’armée », a-t-il déclaré. « Je veux rentrer chez moi, mais si je m’enfuis, je risque la prison. »

Ilya et les autres soldats de son unité manquent d’armes et d’équipements de protection. « En Ukraine, les gens se trompent les uns les autres même en temps de guerre », a-t-il déclaré. « J’ai vu les fournitures médicales qui nous ont été données être emportées. Les voitures qui nous ont conduits à notre position ont été volées. Et nous n’avons pas été remplacés par de nouveaux soldats en trois mois, alors que nous aurions dû être soulagés trois fois maintenant. »

Un panneau d’affichage appelle les Ukrainiens à signaler les « collaborateurs russes ». Photo de Cory Popp.
« Tout le monde ment » : un médecin américain décrit une corruption choquante »

Samantha Morris[1], médecin du Maine, s’est rendue en Ukraine en mai pour tenter d’aider à fournir une formation médicale aux soldats. « La première fois que j’ai traversé la frontière depuis la Pologne, j’ai dû cacher mes fournitures médicales sous des matelas et des couches pour éviter qu’elles ne soient volées », a-t-elle déclaré. «Les gardes-frontières du côté ukrainien vont juste prendre des choses et vous dire : « Nous avons besoin de cela pour notre guerre », mais ensuite, ils volent simplement les articles et les revendent. Honnêtement, si vous ne livrez pas en main propre les dons aux destinataires prévus, les articles ne leur parviendront jamais ».

Morris et quelques autres professionnels de la santé américains ont commencé à organiser des cours de formation à Sumy, une ville de taille moyenne du nord-est de l’Ukraine. « Nous avons établi un contrat avec le gouverneur de Sumy, bien qu’ils ne nous aient fourni que des repas et un hébergement, et que le logement était rationné nous dormions dans la même université publique où nous avons tenu nos cours de formation », a-t-elle déclaré. « Le gouverneur de Sumy avait un ami, un homme d’affaires local, et il a exigé que cet homme d’affaires soit ajouté au contrat en tant que « liaison » entre nous et la ville de Sumy. Et en tant que liaison, il recevrait un pourcentage du contrat. Nos avocats ont essayé de négocier en mettant l’homme d’affaires hors du contrat, mais le gouverneur de Sumy n’a pas bougé. En fin de compte, nous venons de signer le contrat pour pouvoir organiser nos formations. »

Au cours des deux mois qu’elle a passés en Ukraine, Morris dit qu’elle a été confrontée au vol et à la corruption plus de fois qu’elle ne pouvait le comptabiliser. « Le médecin en chef de la base militaire de Sumy a commandé des fournitures médicales à l’armée et pour l’armée à différents moments, et il a fait disparaître complètement 15 camions de fournitures », a-t-elle déclaré. Les trousses de premiers soins militaires qu’elle avait l’intention de donner aux soldats une fois qu’ils auraient terminé leur programme de formation ont été volées. Elle a vu les mêmes kits en vente sur un marché local quelques jours plus tard.

« J’ai reçu un appel d’une infirmière d’un hôpital militaire de [la ville ukrainienne de] Dnipro », se souvient Morris. « Elle a dit que le directeur de l’hôpital avait volé tous les analgésiques pour les revendre, et que les soldats blessés qui y étaient soignés n’avaient aucun soulagement de la douleur. Elle nous a suppliés de lui remettre en main propre des analgésiques. Elle a dit qu’elle les cacherait au directeur de l’hôpital pour qu’ils atteignent les soldats. Mais à qui pouvez-vous faire confiance ? Le directeur de l’hôpital volait-il vraiment les médicaments, ou essayait-elle de nous convaincre de lui donner des analgésiques pour qu’elle les vende ou les utilise ? Qui sait. Tout le monde ment ».

Les dons d’équipements militaires de protection et de fournitures médicales de combat ont inondé les marchés en ligne de l’Ukraine. Les vendeurs prennent soin de cacher leur identité, créant souvent de nouveaux comptes fournisseurs pour chaque vente et étant prêts à exécuter les commandes exclusivement par courrier. « Nous avons trouvé des casques blindés donnés à titre d’aide par les Américains à vendre sur des sites Web », a déclaré Ivan. « Vous savez, à l’intérieur du casque, la classe de protection et la marque sont écrites. Nous avons déjà vu cette marque et nous avons réalisé que les casques étaient ceux qui nous étaient donnés dans le cadre de l’aide. Certains d’entre nous ont essayé de contacter les vendeurs pour organiser une réunion, afin que nous puissions prouver qu’ils vendaient de l’aide volée, mais ils étaient méfiants et ont cessé de nous répondre. »

Ivan dit avoir entendu parler du vol d’armes données par des pays occidentaux, mais a souligné que plusieurs soldats de son unité partagent un seul AK-74. « Je ne saurais pas comment ils volent les armes, parce que les armes n’atteignent jamais les soldats ukrainiens en premier lieu », a-t-il déclaré. « Et s’ils donnaient plus que de petits missiles et des fusils, s’ils nous donnaient ce dont nous avons réellement besoin pour combattre la Russie, ce seraient des armes trop grosses pour être volées. »

Un véhicule de l’armée ukrainienne sur la route de Dnipro. Photo de Cory Popp.
« Je ne pense pas qu’ils veulent que nous gagnions » : les Ukrainiens se moquent de l’aide occidentale

Ivan n’est pas optimiste quant aux chances de l’Ukraine de gagner la guerre. «Il n’y aura plus de Donbass », a-t-il déclaré. « Les Russes le détruiront, ou ils contrôleront tout cela, puis ils passeront au sud. Et maintenant, en l’état, je dirais que 80% des civils qui sont restés dans le Donbass soutiennent la Russie et leur divulguent toutes nos informations de localisation. »

Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que les États-Unis et les pays européens voulaient vraiment que l’Ukraine gagne la guerre, Ivan a ri. « Non, je ne pense pas qu’ils veulent que nous gagnions », a-t-il déclaré. « L’Occident pourrait nous donner des armes pour nous rendre plus forts que les Russes, mais ils ne le font pas. Nous savons que la Pologne et les pays baltes veulent que nous gagnions à 100%, mais leur soutien ne suffit pas. »

« Il est évident que les États-Unis ne veulent pas que l’Ukraine gagne la guerre », a déclaré Andrey[1], un journaliste ukrainien basé à Mykolayiv. « Ils veulent seulement affaiblir la Russie. Personne ne gagnera cette guerre, mais les pays que les États-Unis utilisent comme un terrain de jeu perdront. Et la corruption liée à l’aide de guerre est choquante. Les armes sont volées, l’aide humanitaire est volée, et nous n’avons aucune idée où sont allés les milliards envoyés dans ce pays. »

Andrey est particulièrement consterné par le manque de services fournis aux Ukrainiens déplacés à l’intérieur du pays. « Ce n’est vraiment pas un mystère pourquoi tout le monde veut aller en Europe », a-t-il déclaré. « Il y a un centre de réfugiés près de Dnipro, par exemple, et les personnes déplacées ne sont autorisées à y rester que trois jours. Et c’est 45 ou 50 personnes dans une grande pièce ouverte avec une salle de bain et une petite cuisine. Des conditions horribles. Donc, après les trois jours, s’ils n’ont pas d’argent, pas de vêtements, rien, ils sont expulsés et n’ont pas d’autre choix que de rentrer chez eux dans des zones dangereuses. Nous devons demander à notre gouvernement où est passé tout l’argent de l’aide, alors que nos soldats n’ont pas ce dont ils ont besoin et que nos civils n’ont pas d’endroits sûrs où rester. »

Les journalistes étrangers dissimulent la sombre réalité avec des illusions triomphalistes

Avant le début de la guerre, Andrey a passé plusieurs années à faire des reportages sur la corruption et les politiciens véreux en Ukraine. Après qu’une enquête sur un fonctionnaire du gouvernement à Odessa a abouti à des menaces de mort contre sa femme et sa jeune fille, Andrey les a envoyés vivre chez des parents en France. « L’Ukraine est une démocratie, n’est-ce pas ? Donc, le gouvernement ne fera pas pression sur vous de manière officielle. Tout d’abord, vous recevez des appels téléphoniques vous avertissant d’arrêter. Ensuite, ils vous offrent de l’argent pour arrêter. Et puis, si vous refusez d’être acheté, vous devriez être prêt pour un attentat ».

« Le vrai journalisme est dangereux ici », a-t-il poursuivi. « Vous voyez, depuis le début de la guerre, nous avons ces nouveaux journalistes vedettes, et tous les jours, ils écrivent que « Poutine est mauvais, les soldats russes se comportent très mal… aujourd’hui, l’armée ukrainienne a tué 1 000 Russes et détruit 500 chars russes ». Ils obtiennent un million d’abonnés sur Twitter parce qu’ils mentent, et ce n’est pas un vrai reportage. Mais si vous écrivez sur la corruption dans les forces armées, et que vous avez des exemples réels… vous ne serez pas célèbre, et vous aurez des ennuis ».

Andrey a pris du travail supplémentaire en tant que fixeur, organisant des interviews et traduisant pour des journalistes étrangers en Ukraine pour couvrir la guerre. « J’ai travaillé avec une douzaine de journalistes de différents pays d’Europe », a-t-il déclaré. « Tous ont été choqués. Ils ont quitté l’Ukraine choqués. Ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas croire la situation ici. Mais ce choc n’a fait partie d’aucun de leurs articles sur la guerre. Leurs articles disaient que l’Ukraine est sur la voie de la victoire, ce qui n’est pas vrai. »

Un panneau d’affichage faisant la promotion du bataillon Azov à Kramatorsk. Photo de Cory Popp.
Des soldats et des volontaires ukrainiens confirment que les forces armées ukrainiennes mettent en danger des civils

En juillet, nous avons passé la nuit dans un hôtel de Kramatorsk et nous étions inquiets de voir que des soldats néo-nazis du bataillon Azov figuraient parmi les clients de l’hôtel. Le 4 août, Amnesty International publié une étude révélant que depuis le début de la guerre en février, les forces ukrainiennes ont mis en danger des civils en établissant des bases dans des écoles et des hôpitaux et en utilisant des systèmes d’armes dans des zones civiles, ce qui constitue une violation du droit international.

Amnesty International prévoit désormais de « réévaluer » son rapport, en réponse à un tollé général après sa publication, mais des soldats ukrainiens et des volontaires étrangers ont confirmé que les forces armées ukrainiennes maintiennent une forte présence dans les zones civiles. « Nos bases ont été pour la plupart construites à l’époque soviétique », a déclaré Ivan. « Alors maintenant, la Russie connaît nos bases sur le bout des doigts. Il est nécessaire de déplacer les soldats et les armes à d’autres endroits. »

Un ancien militaire américain surnommé « Benjamin Velcro » était un combattant volontaire de la Légion internationale de défense territoriale de l’Ukraine, l’unité officielle des forces armées ukrainiennes pour les volontaires étrangers. Il a passé cinq mois dans diverses régions de l’Ukraine et dit que les soldats stationnés dans des zones civiles étaient monnaie courante.

« Chaque fois que j’entends que la Russie a bombardé une école, je hausse les épaules », a déclaré le combattant étranger américain. « Parce que j’étais en garnison à l’intérieur d’une école. C’est un fait. L’école n’avait pas d’enfants dedans, donc ce n’est pas comme s’ils mettaient en danger les enfants. Donc, tout ce qu’il faut, c’est que l’Ukraine dise : « Ah! Ils ont frappé une école ! » Et cela se cumule dans un récit médiatique facile de leur part. »

Comme Ivan, Velcro est également pessimiste quant aux chances de l’Ukraine de gagner la guerre. « Mec, je veux comme tout le monde que l’Ukraine gagne. Je veux que l’Ukraine retrouve ses frontières d’avant 2014. Mais est-ce que je pense que c’est tenable ? Non. Vous ne pouvez pas soutenir une guerre par le financement participatif pour toujours. »

source : The Grayzone

via histoire et societe

Les Etats-Unis poussent la Russie à l’escalade en Ukraine - Le 29/08/2022.

Par M. K. Bhadrakumar − Le 21 aout 2022 − Source Indian Punchline + the Sker Freancophone.

En termes militaires, les drones rudimentaires, assemblés localement, qui lâchent une ou deux bombes fabriquées dans le pays sur des sites non gardés en Crimée sont au mieux des piqures d’épingle contre l’ensemble de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine. Mais elles peuvent avoir des conséquences profondes à d’autres égards.

Pour commencer, cette escalade a l’approbation de Washington. Un haut responsable de l’administration Biden a déclaré au NatSec Daily que les États-Unis étaient favorables à des frappes en Crimée si Kiev les jugeait nécessaires. « Nous ne choisissons pas les cibles, bien sûr, et tout ce que nous avons fourni est à des fins d’autodéfense. Toute cible qu’ils choisissent de poursuivre sur le sol ukrainien souverain est par définition de la légitime défense« , a déclaré cette personne.

 

Mais Washington sait – et Moscou sait – que, comme tout sophisme, celui-ci est aussi un argument habile mais intrinsèquement fallacieux et trompeur. Le New York Times a interprété l’attaque de drones en Crimée comme un défi au leadership du président Vladimir Poutine. Le Times a écrit que les attaques en Crimée « ont mis la pression politique intérieure sur le Kremlin, les critiques et les débats sur la guerre se déchaînant de plus en plus sur les médias sociaux et soulignant que même ce que le gouvernement russe considère comme le territoire russe n’est pas sûr. »

Le Times affirme que « tandis que les images de tirs antiaériens traversant le ciel bleu de Crimée ricochaient sur les médias sociaux, la réalité viscérale de la guerre devenait de plus en plus évidente pour les Russes – dont beaucoup se sont ralliés à la ligne du Kremlin, martelée par les médias d’État, selon laquelle l' »opération militaire spéciale » visant à sauver l’Ukraine de la domination nazie se déroule sans heurts et conformément au plan. »

Le journal cite un éminent groupe de réflexion de l’establishment à Moscou qui reconnaît que l’attaque de la Crimée est un développement « sérieux » dans la mesure où « les gens commencent à sentir que la guerre vient à eux. » Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé dans un discours national samedi dernier : « On peut littéralement sentir dans l’air de la Crimée que l’occupation y est temporaire, et que l’Ukraine reviendra. »

Une fois de plus, alors que la Russie gagne régulièrement la guerre militaire en Ukraine, les États-Unis sont déterminés à ne pas perdre la guerre de l’information. Pour Washington, à l’ère d’Internet, la guerre doit être gagnée dans l’esprit du peuple russe. Par conséquent, cette escalade étudiée de Washington place Moscou face à un dilemme, car si elle reste sans réponse, Zelensky pourrait viser le pont de Crimée, long de 19 km, qui relie la péninsule de Krasnodar en Russie continentale à la péninsule de Kerch en Crimée.

En fait, c’est une quasi-certitude. Le fait est que le pont de Kertch est « le pont de Poutine » dans la conscience du peuple russe. Lors de l’ouverture officielle du pont à la circulation automobile en mai 2018, Poutine aurait déclaré aux ouvriers : « À différentes époques historiques, même sous les prêtres tsars, les gens rêvaient de construire ce pont. Puis ils y sont revenus dans les années 1930, les années 40, les années 50. Et finalement, grâce à votre travail et à votre talent, le miracle s’est produit. »

Par conséquent, il n’y a pas de meilleur moyen de percer le halo autour de Poutine que d’envoyer au fond de la mer Noire au moins une partie du pont de Kertch. Pendant ce temps, du point de vue des États-Unis, les attaques de drones de Kiev en Crimée servent déjà trois objectifs.

Premièrement, il s’agit de porter un coup au moral des Russes. En effet, l’immense popularité de Poutine en Russie est devenue une plaie pour l’administration Biden. La façon magistrale dont Poutine a sorti l’économie russe du mode de crise est un exploit incroyable qui défie toute logique de pouvoir dans le calcul américain – l’inflation est en baisse constante (contrairement à ce qui se passe dans les pays européens et aux États-Unis) ; le déclin du PIB se réduit ; les réserves de change gonflent ; la balance courante est positive ; et, ô surprise, la soi-disant « option nucléaire » de l’administration Biden – le retrait de la Russie du système de messagerie SWIFT – n’a pas réussi à paralyser le commerce extérieur.

Deuxièmement, Washington et Kiev s’efforcent désespérément de trouver des « succès » pour détourner l’attention. Le Times qui reprend l’histoire parle de lui-même. En réalité, l’offensive russe dans le Donbass a créé un nouvel élan et broie régulièrement les forces ukrainiennes. Dans la semaine, les forces russes auront encerclé le pivot de la ligne de défense ukrainienne, la ville de Bakhmut, qui est un centre de communication pour les mouvements de troupes et la logistique d’approvisionnement dans le Donbass. Les forces russes ont atteint les faubourgs de la ville par le nord, l’est et le sud. La chute de Bakhmut sera encore une défaite cuisante pour Zelensky.

D’autre part, deux mois après que Zelensky ait promis une « contre-offensive » sur Kherson, près de la Crimée, celle-ci n’est nulle part en vue. Même ses plus ardents partisans dans les médias occidentaux se sentent déçus. Certes, le désenchantement est grandissant en Europe.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, sans doute le politicien européen le plus intelligent aujourd’hui (avec une économie enregistrant une croissance de plus de 6 % alors que le reste du continent est embourbé dans la récession), a déclaré au magazine allemand Tichys Einblick, au cours d’une interview donnée la semaine dernière, que cette guerre marquait la fin de la « supériorité occidentale« . Il est intéressant de noter qu’il a désigné les grandes compagnies pétrolières comme étant des « profiteurs de guerre » et a souligné que les bénéfices d’Exxon ont doublé, ceux de Chevron ont quadruplé et ceux de ConocoPhillips se sont démultipliés. (Le message d’Orban était clair : l’Amérique a affaibli l’UE. Cette pensée doit troubler de nombreux politiciens européens aujourd’hui.)

Troisièmement, Washington a jeté le gant de manière mesurée. Mais il est impossible de faire entrer la guerre dans les salons des Américains moyens comme le Times dit que cela se passe en Russie. Vingt Américains ont été tués à Kharkiv il y a deux jours, par une frappe de missile russe de haute précision, mais il n’y aura pas de sacs mortuaires retournant au cimetière d’Arlington ; cela ne fait pas non plus la une des médias grand public américains.

Les États-Unis prévoient de monter encore plus haut dans l’échelle de l’escalade. L’escalade est la dernière chance de l’administration Biden de retarder une victoire russe. Le stratège et universitaire américain John Mearsheimer a écrit que le risque d’une escalade désastreuse est « nettement plus grand que ce que l’on croit habituellementEt étant donné que les conséquences d’une escalade pourraient inclure une guerre majeure en Europe et peut-être même l’annihilation nucléaire, il y a de bonnes raisons de s’inquiéter fortement. »

La préférence de Moscou est d’éviter toute escalade, puisque l’opération militaire spéciale donne des résultats. En revanche, ce sont les États-Unis qui sont visiblement désespérés et, dans l’immédiat, les projets russes d’organiser des référendums à Kherson et à Zaporozhye en septembre doivent être retardés. C’est là que réside le danger.

L’intensification actuelle de l’action des États-Unis à propos de la centrale nucléaire de Zaporozhye indique qu’ils ont l’intention cachée d’intervenir directement dans la guerre à un moment donné. La tentative de Kiev d’organiser une explosion nucléaire à Zaporozhye ne peut être vue que sous cet angle. Moscou semble anticiper une telle éventualité.

Le ministre de la défense, Sergey Shoigu, a révélé hier que la Russie a commencé à produire en masse des missiles de croisière hypersoniques Tsirkon et qu’elle les déploie déjà. Les États-Unis n’ont pas la capacité de contrer le Tsirkon, qui est estimé être 11 fois plus rapide que le Tomahawk avec des caractéristiques de pénétration de cible bien supérieures. Shoigu a peut-être lancé un avertissement sans équivoque : la Russie ne se laissera pas intimider en cas d’intervention de l’OTAN en Ukraine.

M.K. Bhadrakumar

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

Biden a soigneusement pris ses distances avec le régime de Kiev, d’autres également

par M.K. Bhadrakumar - Le 29/08/2022.

En lisant et en relisant la déclaration du président américain Joe Biden lundi dernier à l’occasion de la fête de l’indépendance de l’Ukraine, on se souvient de la phrase immortelle du poète anglais John Keats, « Les mélodies entendues sont douces, mais celles qui ne sont pas entendues sont encore plus douces ».

Trois choses sont frappantes.

Biden a invoqué à plusieurs reprises la nature durable des relations des États-Unis avec le peuple ukrainien. Mais dans toute la déclaration, il n’a jamais mentionné le gouvernement ukrainien ou la direction du président Volodymyr Zelensky. Une omission par inadvertance ?

Deuxièmement, Biden a minimisé au point d’ignorer l’intense partenariat américano-ukrainien au niveau d’État à État. Le régime de Kiev est impensable sans un solide soutien américain.

Troisièmement, le plus important, Biden est resté silencieux sur la guerre en tant que telle, qui se trouve actuellement à un stade décisif.

Pas plus tard que le 18 août, vingt éminents professionnels américains de la sécurité nationale ont exhorté l’administration Biden à « produire un récit stratégique satisfaisant qui permette aux gouvernements de maintenir le soutien public à l’engagement de l’OTAN sur le long terme… (et) d’agir plus rapidement et stratégiquement, pour répondre aux demandes ukrainiennes de systèmes d’armes.

Mais Biden a soigneusement évité tout cela.

Même lorsqu’il a parlé de la dernière tranche d’armements pour l’Ukraine d’une valeur de 2,98 milliards de dollars, Biden a exprimé l’espoir que les systèmes d’armes puissent garantir que l’Ukraine « puisse continuer à se défendre sur le long terme ». (Soulignement ajouté.)

Les analystes américains estiment que le paquet d’armes de 2,98 milliards de dollars est radicalement différent dans son mécanisme de dispense. Ainsi, alors que l’aide militaire était jusqu’ici puisée dans les stocks préexistants d’armes et d’équipements américains, cette fois-ci, l’aide sera achetée ou commandée auprès d’entrepreneurs de la défense. 

John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a admis auprès journalistes qu’une partie de l’aide du dernier paquet pourrait être distribuée plus lentement que d’autres parties du paquet en fonction des stocks actuels des sous-traitants de la défense. Il a dit vaguement : « Cela dépendra, très franchement, de l’élément dont nous parlons. Certaines choses auront probablement encore besoin de temps de production pour se développer ».

En effet, le complexe militaro-industriel pourrait avoir plus à célébrer dans l’annonce de Biden que Zelensky. L’administration Biden s’inquiète de l’épuisement des stocks actuels des États-Unis, comme le font également les alliés européens.

Selon Mark Cancian , conseiller principal, Programme de sécurité internationale au SCRS, le dernier paquet de 2,98 milliards de dollars de Biden « soutiendra l’armée ukrainienne sur le long terme mais prendra des mois, voire des années, pour être pleinement mis en œuvre… Ainsi, ce (paquet) soutiendra l’Ukraine. militaire sur le long terme, probablement après-guerre, plutôt que d’augmenter ses capacités à court ou moyen terme

« Cela signifie que la capacité des États-Unis à fournir rapidement des équipements pourrait diminuer… L’administration devra peut-être bientôt demander plus d’argent au Congrès. Bien que le consensus bipartisan pour soutenir l’Ukraine reste fort, il pourrait y avoir une bagarre avec la gauche progressiste et la droite isolationniste sur la sagesse d’envoyer de l’argent à l’étranger lorsqu’il y a des besoins pressants dans le pays.

C’est à presque les mêmes dilemmes que sont confrontés les alliés européens des États-Unis.

Le prestigieux groupe de réflexion allemand Kiel Institute for the World Economy a rapporté la semaine dernière : « Le flux de nouveaux soutiens internationaux pour l’Ukraine s’est tari en juillet. Aucun grand pays de l’UE comme l’Allemagne, la France ou l’Italie n’a pris de nouveaux engagements significatifs ».

Il a déclaré que la Commission européenne fait pression pour des programmes d’aide plus importants et plus réguliers à l’Ukraine, mais l’enthousiasme fait défaut au niveau des pays membres – « Les principaux pays de l’UE tels que la France, l’Espagne ou l’Italie ont jusqu’à présent fourni très peu de soutien ou restent très opaque sur leur aide ».

La baisse du soutien interne est le principal facteur.

Même en Pologne, il y a la « fatigue des réfugiés ». L’inflation est la préoccupation dévorante de l’opinion publique. Le magazine allemand Spiegel a rapporté que le chancelier Olaf Scholz fait face à la dissidence au sein de son propre parti de la part de ceux qui veulent que Berlin cesse de fournir des armes à Kiev et souhaitent plutôt que le chancelier engage un dialogue avec la Russie.

Jeudi, le chancelier Scholz a fait une remarque importante lors d’un événement public à Magdebourg selon laquelle Berlin ne fournirait pas à Kiev des armes qui pourraient être utilisées pour attaquer la Russie. Scholz a expliqué que l’objectif de Berlin en envoyant des armes est de « soutenir l’Ukraine » et « d’empêcher une escalade de la guerre vers quelque chose qui serait très différent ». Il a dit qu’il faisait écho à la pensée de Biden.

En effet, alors que d’une part, les États-Unis continuent d’exercer une pression militaire sur la Russie, espérant briser la résistance de son adversaire stratégique de longue date, d’autre part, au cours des deux derniers mois, Washington a signalé à plusieurs reprises qu’il n’était pas pour la victoire, mais pour une solution finale au problème ukrainien par des négociations pacifiques.

Comme en Allemagne, il y a aussi une énorme pression anti-guerre aux États-Unis, en particulier parmi le Parti démocrate et l’élite universitaire, ainsi que des hauts fonctionnaires et des chefs d’entreprise à la retraite, appelant l’administration à cesser d’aggraver la situation autour de l’Ukraine.

Si les démocrates perdent les élections de mi-mandat, ou si les républicains arrivent au pouvoir en 2024, alors la guerre pourrait prendre une tournure fondamentalement différente. Au fil du temps, des changements similaires sont très susceptibles de se produire en Europe également.

Déjà, la baisse constante de l’intensité de l’impact des sanctions européennes et américaines contre la Russie parle d’elle-même. The Economist, qui est un critique virulent du Kremlin, a admis cette semaine que le coup de grâce attendu des restrictions anti-russes « ne s’est pas matérialisé ». Le magazine a écrit : « Les ventes d’énergie généreront un excédent du compte courant de 265 milliards de dollars cette année (pour la Russie), le deuxième au monde après la Chine. Après une crise, le système financier russe s’est stabilisé et le pays trouve de nouveaux fournisseurs pour certaines importations, dont la Chine.

Sur une note sombre, The Economist a écrit :  « Le moment unipolaire des années 1990, lorsque la suprématie de l’Amérique était incontestée, est révolu depuis longtemps, et l’appétit de l’Occident à utiliser la force militaire a diminué depuis les guerres en Irak et en Afghanistan.

Encore une fois, au niveau international, le soutien à l’Ukraine en dehors du bloc occidental a chuté de façon spectaculaire au cours des derniers mois. La proposition de Kiev mercredi de condamner la Russie n’a attiré le soutien que de 58 des 193 États membres de l’ONU, alors que, lors de la session de l’AG du 2 mars, 141 pays membres avaient voté pour une résolution non contraignante condamnant Moscou.

De même, le revêtement en téflon de Zelensky se décolle.

Sa toxicomanie est à la vue du public.

Le régime est fragile, comme le montre la vague de purges dans l’establishment sécuritaire ukrainien. Selon le président turc Recep Erdogan qui a récemment rencontré Zelensky à Lvov, ce dernier semblait peu sûr de lui et ne savait pas s’il était pleinement tenu informé de la situation sur le terrain.

Le comportement erratique de Zelensky n’attire pas non plus. Le pape François est le dernier personnage à être réprimandé par Kiev – parce que le pontife a fait remarquer que Daria Douguine était « innocente ». L’ambassadeur du Vatican a été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour recevoir la protestation de Kiev.

Le quotidien allemand Handelsblatt écrit aujourd’hui que la « cohésion interne » du gouvernement ukrainien « est en danger. Il y a de graves accusations contre le président…

Chez lui, le président ukrainien, célébré à l’étranger comme un héros de guerre, est sous pression… L’humoriste est devenu un chef de guerre… » L’homme de 44 ans a jusqu’à présent su basculer et jouer librement avec son équipe composée en partie de collègues de sa société de production télévisuelle. Mais le délai de grâce semble désormais expiré. Le quotidien prévoyait un bouleversement politique imminent d’ici l’hiver.

Biden a soigneusement pris ses distances avec le régime de Kiev et s’est concentré sur les relations entre les peuples. Même si les Américains connaissent les couloirs byzantins du pouvoir à Kiev, ils ne peuvent pas se permettre d’être explicites comme l’ancien président russe Dmitri Medvedev qui a prédit la semaine dernière que l’armée ukrainienne pourrait organiser un coup d’État et entamer des pourparlers de paix avec la Russie.

M.K. Bhadrakumar

source : Indian Punchline

via Bruno Bertez

La compétition entre grandes puissances et l’escalade du conflit en Ukraine

par Markku Siira - Le 01/09/2022.
En examinant plus objectivement les événements des six derniers mois en Ukraine, il faut reconnaître que les dirigeants russes ont fait preuve d’une grande retenue en essayant de minimiser les dommages et les pertes civiles. La Russie aurait pu bombarder Kiev et la plupart des grandes villes pour les réduire en ruines dès février si elle le souhaitait.

Washington, pour sa part, est déterminé à intensifier la guerre contre Moscou, comme le montrent clairement les récents événements en Crimée, avec l’explosion d’engins balistiques. Le monde est en train d’être redivisé et les objectifs de cette guerre vont bien au-delà de l’Ukraine. Le front de la guerre ne peut dès lors que s’étendre.

La guerre de l’information et diverses opérations sales vont tout aussi certainement augmenter. Les terroristes ukrainiens, comme de nombreux autres groupes opérant dans le monde, sont formés et armés par les services de renseignement américains et britanniques. En Finlande, Mika Aaltola, de l’Institut de politique étrangère, jubile déjà à l’idée de « porter la guerre en Russie ».

En effet, l’Ukraine n’est pas seule : le régime de Zelensky ne prend pas ses propres décisions, mais travaille sous la stricte direction de l’Occident. Yahoo News a rapporté en mars que, depuis 2015, la CIA menait un programme de formation secret pour les forces spéciales et le personnel de renseignement ukrainiens afin de les préparer pour l’avenir.

Un ancien responsable de la CIA a déclaré sans ambages à l’époque que le programme avait appris aux Ukrainiens « comment tuer des Russes ». Les États-Unis ont donc formé des Ukrainiens à des actes terroristes qui s’étendent au-delà de l’Ukraine. Nous en avons déjà vu un avant-goût : non seulement la journaliste Daria Douguine, mais aussi des fonctionnaires des régions russes d’Ukraine ont été assassinés à l’aide de voitures piégées.

Depuis la « révolution » de Kiev, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont armé et entraîné non seulement l’armée ukrainienne, mais aussi les forces paramilitaires. Ces programmes de formation ont été massivement développés ces dernières années. Leurs sinistres opérations sont planifiées et coordonnées non pas à Kiev mais à Washington et à Londres.

À ce stade, le prétexte de la « non-participation » des États-Unis à la guerre contre la Russie a déjà été abandonné, comme en témoigne la publicité donnée à l’aide américaine en armement et aux milliards déversés en Ukraine. Les reportages de guerre des médias impriment également les mêmes phrases et images d’une « guerre d’agression contre la Russie » dans l’esprit des masses, semaine après semaine et mois après mois.

Il est également révélateur que les médias occidentaux n’accordent aucun espace aux propositions de paix, mais se contentent de répéter que « la guerre contre la Russie doit être gagnée ». Le président Sauli Niinistö, s’exprimant lors des Journées des ambassadeurs, a déclaré que le soutien de la Finlande à l’Ukraine se poursuivrait également « aussi longtemps que nécessaire ». Slava Ukraini, a tweeté le Premier ministre Sanna Marin à l’occasion du jour de l’indépendance de l’Ukraine.

Mais on craint aux États-Unis que l’hiver prochain ne mette plus que jamais à l’épreuve le soutien européen à l’Ukraine. L’élite politique américaine ne semble pas se préoccuper des problèmes économiques et énergétiques de l’Europe, le pays hôte transatlantique reprochant vaguement à l’Europe la lassitude de la guerre.

Jusqu’à présent, le Kremlin a fait preuve d’une étonnante retenue dans sa réponse aux tentatives de Washington d’intensifier la guerre. L’administration Biden a hypocritement mis en garde contre le danger d’une troisième guerre mondiale, mais a elle-même délibérément franchi toutes les lignes rouges et n’a fait qu’aggraver le conflit.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a rendu encore plus clair le fait que les grandes puissances doivent tenir davantage compte de leur interdépendance. Dans un monde global, la sécurité et les dangers sont partagés. En élargissant l’OTAN et en incitant les pays de l’euro à entrer en guerre, les États-Unis ne font qu’alimenter le dilemme de la sécurité.

L’importance excessive accordée à la victoire ou à la défaite dans la compétition entre grandes puissances, la création artificielle de « menaces » et le fait d’attirer les pays voisins dans la course aux armements ne feront qu’exacerber l’environnement sécuritaire régional. Les retombées d’un conflit local peuvent être imprévisibles. Pour couronner le tout, une partie des armes lourdes envoyées par l’Occident en Ukraine a déjà été vendue à des criminels et des terroristes sur le marché noir.

C’est précisément ce genre de réaction en chaîne de l’instabilité que visent les plans de Washington, afin que le déclin politique et économique ne se termine pas seulement aux États-Unis. L’hégémon devra éventuellement se retirer, mais avant cela, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour affaiblir les puissances rivales.

À cette fin, l’Ukraine, la Finlande et de nombreux autres pays ne sont que des pions à sacrifier.

source : Markku Siira

via Euro-Synergies

Un tournant dans les affaires du monde

par Alastair Crooke - Le 06/09/2022.

Les Britanniques et les Américains font pression sans relâche pour l’opération de Kherson. Il serait toutefois ironique que cette opération soit l’erreur de jugement de l’Occident qui tire le premier fil de son projet ukrainien.

Kiev est en train de perdre son pari désespéré de montrer au monde que sa guerre avec la Russie n’est pas une cause perdue. L’équipe Zelensky a subi d’intenses pressions occidentales pour lancer sa contre-offensive de longue date sur Kherson. En juillet dernier, Richard Moore, le chef du MI6, s’exprimant au Forum d’Aspen sur la sécurité, prédisait que les forces russes étaient « sur le point de s’essouffler » et que l’arrêt de l’avancée russe donnait aux forces ukrainiennes « l’occasion de riposter avec les quantités croissantes d’armes de qualité qu’elles ont reçues ».

Il s’agissait d’un message clair des services de renseignement britanniques indiquant qu’une contre-attaque était attendue de la part de Zelensky.

Eh bien… c’était en juillet. Et il y a quelques jours, la contre-offensive de Kherson a finalement été lancée, malgré un battage médiatique considérable dans les médias anglo-saxons. Des rapports et des photographies corroborantes suggèrent toutefois que non seulement l’offensive a commencé par un macabre échec – les Ukrainiens ayant été repoussés des quelques villages qu’ils avaient initialement pris dans le cadre d’une poussée tactique – mais aussi que les forces ukrainiennes ont subi de lourdes pertes. Plus de 1700 hommes ont été perdus lors de ce premier affrontement.

Comme les contextes changent vite en ces temps tumultueux : Les Russes n’ont jamais été bloqués ; il convient simplement à Moscou de « ralentir » son opération militaire en Ukraine. L’allongement de la durée de l’opération militaire offre simplement une plus grande marge de manœuvre pour que la pression énergétique exercée par Moscou sur l’Europe puisse se faire sentir. La guerre d’artillerie classique à progression incrémentale limite également les pertes russes, tout en infligeant des pertes plus importantes à l’ennemi.

Voilà pour le contexte étroit. Le contexte plus large révèle que le sol tremble sous les pieds de Zelensky : L’opinion publique européenne a commencé à critiquer en cascade les sanctions européennes à l’encontre de la Russie, et la fatigue de la guerre s’accentue à mesure que le rouleau compresseur lent et calibré des tirs d’artillerie russes avance. Zelensky risque de voir son soutien occidental s’amenuiser ou disparaître.

L’Ukraine n’a notamment pas été en mesure de renforcer les positions assiégées, ni de contre-attaquer, puis de tenir les territoires reconquis. Par conséquent, nous avons vu la contribution financière de l’UE à l’Ukraine de plus en plus remise en question, alors que sa population est confrontée à une austérité due à l’inflation, et que les livraisons de systèmes d’armes de l’UE diminuent. Même les Américains réduisent leurs livraisons d’armes alors que leurs propres stocks (explicitement insuffisants) s’enfoncent vers le seuil critique.

Les Européens sont en crise et doivent faire face à d’énormes factures d’énergie. Les petites et moyennes entreprises étant en faillite, ils se retournent contre leurs dirigeants. C’est pourquoi l’Occident considère qu’il est si important de montrer à l’électorat au moins un résultat tangible et durable de sa guerre en Ukraine – même si cette « victoire » est plus une question d’image et de relations publiques que de substance. La contre-offensive de Kherson était censée être ce résultat, mais cela ne marchera pas. Et les conséquences se répercuteront sur la politique américaine et européenne.

L’anxiété de l’Occident touche des couches plus profondes. Elle n’est pas seulement liée à l’Ukraine. La structure mondiale est en train de changer. Le commerce tel que nous le connaissons – un système qui dépendait d’un monde interconnecté et de longues lignes d’approvisionnement complexes – a déjà disparu et n’est pas près de revenir.

En outre, la perturbation de ces lignes d’approvisionnement complexes « juste à temps » par les sanctions imposées à la Russie est la raison pour laquelle l’inflation galopante ne sera pas maîtrisée de sitôt non plus. Les chaînes d’approvisionnement complexes ne fonctionnent qu’en temps de paix, mais pas lorsque le monde est en guerre, que ce soit une guerre chaude ou une guerre économique.

Plus important encore est le « tableau d’ensemble » qui inquiète l’Occident, à savoir que l’ancienne interconnexion qui se fracture aujourd’hui de manière palpable en sphères commerciales distinctes a tout simplement contribué à la faible inflation occidentale (produits manufacturés chinois bon marché et énergie russe bon marché). Cette faible inflation a été accompagnée d’une période de taux d’intérêt bas qui a duré des décennies. L’ensemble de ces éléments constitue l’essence même du succès économique mondial de l’Occident et définit également sa vulnérabilité : un endettement excessif.

L’Occident est devenu très riche en « imprimant » de l’argent pour acheter beaucoup plus de biens de consommation que la valeur de la production ne le justifiait. Mais cette capacité à « imprimer » est née de circonstances uniques de faible inflation, elle-même rendue possible par des exportations bon marché en provenance de Russie et de Chine.

Naturellement, l’Occident ne veut surtout pas que le paradigme de la faible inflation prenne fin, mais en cette ère de conflit où les matières premières, les usines et les flottes de navires sont dominées par des États (Russie et Chine) qui sont en conflit avec l’Occident, le monde de la faible inflation a atteint sa fin.

Dans le paradigme d’aujourd’hui – celui d’un « flop » de la contre-offensive de Kherson – les dirigeants occidentaux seront, à tout le moins, obligés de tester la viabilité de la poursuite de leur cadre politique, car la réalité montre que l’approvisionnement énergétique limite inexorablement la mesure dans laquelle ces politiques de « sauvetage de l’Ukraine » peuvent être poursuivies (sans provoquer de révolte populaire dans le pays).

Cette « réalité » qui se dessine, bien sûr, limite également, par extension, l’objectif géostratégique occidental dérivé associé à l’Ukraine – qui est la sauvegarde de « l’ordre des règles libérales » (si central pour l’Occident) ; un ordre qui est déjà menacé par un changement structurel géostratégique.

Ce qui est paradoxal dans cette affaire, ce sont les rapports selon lesquels Zelensky a été averti par son chef d’état-major, Zaluzhny, et le haut commandement, que l’attaque des Russes dans la région de Kherson pourrait conduire les forces ukrainiennes dans un piège – un leurre, en d’autres termes. Ils l’ont mis en garde contre l’offensive de Kherson (sur un terrain plat de steppe avec peu de tranchées fortifiées et une faible couverture forestière), car elle risquait d’entraîner des pertes substantielles en effectifs, ainsi que la démoralisation des troupes. Ils ont proposé une offensive centrée sur Izioum, dans l’oblast de Kharkiv, à la place.

Mais ils ont été rejetés. Zelensky, à vrai dire, est confronté à un dilemme : les Britanniques et les Américains font pression pour l’opération de Kherson – ils en parlent depuis des mois, et ce sont eux qui « paient les pots cassés ». Il serait toutefois ironique que ce soit l’erreur de jugement de l’Occident qui tire le premier fil de son projet ukrainien.

Alastair Crooke

source : Al Mayadeen

traduction Réseau International

Tous les jeunes, portez la nouvelle (russe)

par Pepe Escobar - Le 26/09/2022.

L’OCS à Samarcande et l’Assemblée générale des Nations unies ont démontré que la quasi-totalité des pays du Sud hors de l’OTANistan, ne diabolisent pas la Russie.

Les plaques tectoniques géopolitiques se déplacent et se balancent, et le son est entendu dans le monde entier, alors que les petits oursons jumeaux, la RPD et la RPL, ainsi que Kherson et Zaporijia, votent pour leurs référendums. Fait irrémédiable : à la fin de la semaine prochaine, la Russie sera très certainement en passe d’ajouter plus de 100 000 km2 et plus de 5 millions de personnes à la Fédération.

Denis Pouchiline, chef de la RPD, a résumé la situation : « Nous rentrons à la maison ». Les bébés ours rentrent chez Maman.

Si l’on ajoute à cela la mobilisation partielle de près de 300 000 réservistes russes – qui n’est sans doute qu’une première phase – les conséquences de cette mobilisation sont immenses. Exit le précédent format souple de l’opération militaire spéciale (OMS) : entrez dans une guerre cinétique sérieuse, et non hybride, contre tout acteur, vassal ou autre, qui ose attaquer le territoire russe.

Il n’y a qu’une très courte fenêtre de crise/opportunité provoquée par la Chine pour que l’Occident collectif, ou l’OTAN, négocie. Ils ne le feront pas. Même si toute personne ayant un QI supérieur à la température ambiante sait que la seule façon pour l’Empire du chaos/du mensonge/du pillage de « gagner » – en dehors de la couverture de The Economist – serait de lancer une rafale d’armes nucléaires tactiques en première frappe, ce qui entraînerait une réponse russe dévastatrice.

Le Kremlin le sait – le président Poutine y a publiquement fait allusion ; l’état-major russe le sait ; les Chinois le savent (et ont appelé, également publiquement, à des négociations).

Au lieu de cela, nous avons une russophobie hystérique qui atteint un paroxysme. Et de la part des vassaux pris au dépourvu, une boue extra toxique de peur et de dégoût.

Les implications ont été traitées de manière pointue et rationnelle sur The Saker et par Andrei Martyanov. Dans le domaine de « l’influence » sur les réseaux sociaux – un élément clé de la guerre hybride – un divertissement bon marché a été fourni par tout le monde, des eurocrates effrayés aux généraux américains à la retraite menaçant d’une « frappe dévastatrice » contre la flotte de la mer Noire « si Vladimir Poutine utilise des armes nucléaires en Ukraine ».

L’un de ces spécimens n’est qu’un simple agent de relations publiques pour un groupe de réflexion atlantiste. Le chef adjoint du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, désormais totalement débranché, s’est débarrassé de lui comme il se doit : « Les idiots retraités portant des galons de généraux n’ont pas besoin de nous effrayer en parlant d’une frappe de l’OTAN sur la Crimée ».

On s’affole dans un rêve éveillé lunaire ? Oh oui. Des rêves humides sordides, dépourvus de l’éclat de Bowie.

La Maskirovka rencontre Sun Tzu

La nouvelle stratégie de Moscou porte la maskirovka – masquer, feinter, tromper l’ennemi – à un autre niveau, en laissant tomber le masque et les gants de velours. Maintenant, tout est clair : c’est du Sun Tzu turbo-chargé (« Que vos plans soient sombres et impénétrables comme la nuit, et quand vous bougez, frappez comme l’éclair »).

Il y aura beaucoup d’éclairs sur le champ de bataille ukrainien. C’est l’aboutissement d’un processus qui a débuté à Samarcande, lors du sommet de l’OCS la semaine dernière. Selon des sources diplomatiques, Poutine et Xi Jinping ont eu une conversation très sérieuse. Xi a posé des questions difficiles – comme dans « vous devez en finir » – et Poutine a expliqué de manière argumentée comment les choses allaient passer au niveau supérieur.

Yoda Patrouchev s’est rendu en Chine immédiatement après – rencontrant son homologue Yang Jiechi, chef de la Commission des Affaires étrangères, et le secrétaire du Comité politique et juridique central, Guo Shengkun.

À la suite de Samarcande, Patrouchev a expliqué comment Moscou aidera militairement Pékin lorsque l’Empire tentera un coup tordu sur le prochain champ de bataille : l’Asie-Pacifique. Cela devrait se faire dans le cadre de l’OCS. Il est important de noter que les réunions de Patrouchev ont été demandées par les Chinois.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine est donc sur le point d’aboutir à une coopération à part entière avant que les choses ne se compliquent en mer de Chine méridionale. C’est comme si la Russie et la Chine étaient sur le point de créer leur propre OTSC.

Et cela se produit alors même que les dirigeants chinois continuent d’affirmer – principalement en privé – que la guerre dans les régions frontalières occidentales de la Russie est très mauvaise pour les affaires (BRI, UEE, OCS, BRICS+) et qu’il faut y mettre fin dès que possible.

Le problème, c’est qu’il n’est pas possible d’y mettre un terme rapidement. Le ministre des Affaires étrangères Lavrov, à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies, a souligné :

« L’Ukraine a fini par devenir une sorte d’État totalitaire nazi » – soutenu inconditionnellement par l’Occident collectif.

L’OTANistan a, comme on pouvait s’y attendre, intensifié sa tactique depuis l’absence de réponse à la demande russe d’une discussion sérieuse sur l’indivisibilité de la sécurité, fin 2021 : il a continué de bombarder le Donbass.

Cela ne pouvait plus être toléré par le Kremlin et l’opinion publique russe. D’où la mobilisation partielle – proposée avec force par les siloviki et le Conseil de sécurité depuis un certain temps déjà, avec en première ligne Kostyukov au GRU, Naryshkin au SVR et Bortnikov au FSB.

Le symbolisme est fort : après tant d’années, Moscou s’engage enfin pleinement à soutenir le Donbass jusqu’à ce que les bébés ours viennent définitivement rejoindre leur maman.

Des rumeurs – non confirmées – circulent à Moscou selon lesquelles la décision a été accélérée parce que le GRU dispose d’informations selon lesquelles les Américains transféreront bientôt à Kiev des missiles à longue portée capables de frapper les villes russes. Il s’agit là d’une ligne rouge pour le Kremlin, d’où la déclaration expresse de Poutine selon laquelle toutes les armes disponibles dans le puissant arsenal russe seront utilisées pour protéger la patrie.

La ligne rouge est encore plus pertinente que la contre-offensive totale de Kiev, tant annoncée, qui ne pourrait avoir lieu qu’au printemps 2023. Avec la mobilisation partielle, la Russie peut compter sur un nouveau lot de troupes fraîches prêtes pour la guerre d’ici la fin de l’année. L’avantage numérique ukrainien tant vanté sera bientôt réduit à néant.

Des esclaves fredonnant « Das Rheingold »

Le tableau général de l’hiver dévoilera donc beaucoup moins de lenteur – la tactique dominante jusqu’à présent – et beaucoup plus de manœuvres de guerre à grande échelle et de frappes dévastatrices contre les infrastructures ukrainiennes.

Pendant ce temps, l’Europe peut devenir sombre et glaciale, flirtant avec un retour au Moyen Âge, mais les seigneurs impériaux de la guerre refuseront toujours de négocier. Le Kremlin et le RGS s’en moquent éperdument. Parce que l’opinion publique russe comprend très majoritairement la situation dans son ensemble. L’Ukraine n’est qu’un pion dans leur jeu – et ce qu’« ils » veulent, c’est détruire et piller la Russie.

Le ministre de la Défense Choïgu l’a exprimé d’une manière – factuelle – que même un enfant peut comprendre. La Russie combat l’Occident collectif ; les centres de commandement occidentaux à Kiev dirigent le spectacle ; et toute la panoplie des satellites militaires et « civils » de l’OTAN est mobilisée contre la Russie.

Maintenant, c’est déjà clair. Si ces centres de commandement de l’OTAN disent à Kiev de frapper le territoire russe après les référendums, nous aurons la décimation des « centres de décision » promise par Poutine. Et il en va de même pour les satellites.

C’est peut-être ce que les RGS voulaient faire depuis le début. Maintenant, ils peuvent enfin le mettre en œuvre, grâce au soutien populaire sur le front intérieur. Ce facteur crucial est ce que les « renseignements » de l’OTAN ne peuvent tout simplement pas comprendre et/ou sont incapables d’évaluer de manière professionnelle.

L’ancien conseiller du Pentagone pendant l’administration Trump, le colonel Douglas Macgregor, une voix extrêmement rare de bon sens dans le Beltway, comprend totalement les enjeux : « La Russie contrôle déjà le territoire qui produit 95% du PIB ukrainien. Elle n’a pas besoin de pousser plus à l’ouest ». Le Donbass sera entièrement libéré et la prochaine étape sera Odessa. Moscou n’est « pas pressé ». Les Russes ne sont rien d’autre que méthodiques et délibérés. Les forces ukrainiennes se vident de leur sang en enchaînant contre-attaque sur contre-attaque. Pourquoi se précipiter ? »

L’OCS à Samarcande et l’Assemblée générale de l’ONU ont amplement démontré comment la quasi-totalité des pays du Sud en dehors de l’OTANistan ne diabolisent pas la Russie, comprennent la position de la Russie, et en profitent même, comme la Chine et l’Inde qui achètent des tonnes de gaz et paient en roubles.

Et puis il y a le remaniement euro/dollar : pour sauver le dollar américain, l’Empire brise l’euro. C’est sans doute le jeu de pouvoir du gouvernement américain et de la Fed pour couper l’UE – surtout l’Allemagne – de l’énergie russe bon marché en organisant une démolition contrôlée de l’économie européenne et de sa monnaie.

Pourtant, les stupides eurocrates sont si cosmiquement incompétents qu’ils n’ont rien vu venir. Alors maintenant, ils feraient mieux de commencer à fredonner « Das Rheingold » jusqu’à une renaissance du Moyen-Âge « hello darkness, my old friend ».

Dans le registre des Monty Python, le sketch se déroulerait comme un Poutine maléfique dirigeant le naufrage de l’économie et de l’industrie européennes, obligeant ensuite les Européens à donner toutes leurs armes à l’Ukraine, puis laissant l’OTAN échouée dans le brouillard, hurlant des platitudes désespérées. À la fin, Poutine se débarrasse de son masque – après tout, il s’agit de maskirovka – et révèle son véritable visage de suspect habituel.

Tous les jeunes, portez la nouvelle (russe) : c’est parti. C’est le moment de frapper comme l’éclair.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Opération Ukraine : « Biff ! Allez jouer à colin-maillard au bord de la falaise ! »

 

par Amar Djerrad.

Ces « journalistes » et « analystes » occidentaux, en particulier français, sont arrivés au plus haut degré d’abrutissement et d’aliénation, jusqu’à ne rien voir des dangers. Ils croient encore que les gens écoutent leurs excentricités intentionnelles ou dictées. La pire corruption d’un journaliste ou d’un analyste est de distordre la vérité pour tromper les gens ! Ils sont ainsi plus dans le gangstérisme avec des malfaiteurs des crimes organisés. Le comble, est qu’ils ne le cachent plus ! La guerre, dans cette Ukraine, avec la Russie a mis tout à nu !

Avec la guerre en Ukraine on voit bien que les Atlantistes impérialistes ont perdu – non pas le nord et/ou le sud – mais carrément la boussole et la vue ! Ce sont des signes effrayants et implacables qui prouvent la déchéance de l’ordre impérialiste occidental qui n’a que trop duré avec ses injustices ses prédations et ses agressions ! Ils n’ont plus de morale et d’intelligence.

Leurs « plans et actions » ne sont que des réactions instinctives ; tels des sangliers blessés. Leur arrogance et leur faux sentiment d’invulnérabilité les poussent à agresser d’abord, puis à réfléchir aux conséquences ensuite ; pour répliquer avec plus d’insanités et ainsi de suite pour se retrouver face à des situations inextricables et dévastatrices qui leur fait dire, par effronterie et inconscience, que c’est parce qu’ils n’en ont pas assez fait !

En fait, c’est de bonne guerre ! Plus ils en font avec leur « système » diabolique de pensée, de menterie et de propagande, plus ils sombrent dans la déchéance, plus ils perdent du terrain, plus ils touchent le fond et bizarrement … plus ils continuent à creuser ce fond !

Il ne leur reste plus qu’à enjamber la falaise ou admettre les changements irréversibles dans le monde et s’y accrocher !

Gageons qu’ils vont poursuivre cette voie jusqu’à la limite du précipice !

Cette aliénation touche encore plus les intellectuels et responsables qui décident ou veulent décider de l’avenir de leur pays et celui des autres pays (par esprit néocolonialiste) ! L’exemple de F. Bayrou avec son intervention « cosmique » (comme disait Asselineau) est atypique : « Si Vladimir Poutine ne livre plus de gaz à l’Europe c’est justement la preuve que les sanctions européennes lui font du mal… ». À ce point ? Il nous rappelle cet autre titre de dingue sur « Libération » : « Derrière la chute de Marioupol, une défaite russe ». Ils s’offusquent (tout en condamnant) des ripostes russes à leurs sanctions, même de l’arrêt du gaz qu’ils ont décidé pourtant de proscrire ; se voyant les maîtres qui sanctionnent et non l’élève ! Mieux, la Ursula va jusqu’à menacer les Italiens « nous avons des outils » s’ils votent dans le « mauvais sens » (lors des prochaines élections italiennes !) Les responsables non élus sont souvent enclins à plus de culot pour imposer les choses par la menace et le dictat sans risquer une sanction populaire. C’est l’avantage des bureaucrates. C’est le cas aussi de Borrell et de ses collègues de l’Union européenne. Quelle dégénérescence !

Vu ainsi, les pays anciennement colonisés, dits du tiers-monde, sous-développés, sans culture, apparaissent, avec cette affaire ukrainienne – que dénude la Russie – plus raisonnables, plus sages, plus habiles, plus moraux et plus humains que cet occident qu’un léger vent ouralien a mis à nu, laissant se manifester ses tares, ses travers, ses manques de principes et ses maléfices !

Malgré leur position de victime, les Russes sont plus méthodiques et raisonnables. Tout ce qui est perçu par les atlantistes comme une faiblesse de l’armée russe, cette dernière semble les laisser le croire pour mieux les impliquer et se découvrir afin de les réduire. Quand c’est le cas, ils les laissent encore dans leur doute et leurs narratifs débiles pour qu’ils en fassent davantage ! Curieusement, à tous les coups ça marche, car les leçons de l’Histoire ne sont pas du niveau de l’incompétence des dirigeants occidentaux ! Elles ne sont pas dans leur activité intellectuelle préférée, prioritaire et compréhensible ! Pour eux, l’objectif de « dénazifier et démilitariser » l’Ukraine n’est qu’une vue de l’esprit de Poutine, une propagande, pour échapper à une débandade militaire et économique assurée face à une coalition d’une « communauté internationale » composée des États-Unis (le chef de file) l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon ! Leur « vérité » et leur puissance, croient-ils, ne peut que triompher face à un seul pays !

Ces six premiers mois nous ont donné plus qu’un aperçu, malgré l’engagement de 10% seulement des capacités russes semble-t-il.

En effet, pour l’armée russe, pourquoi faire dans la précipitation en lançant de fortes forces terrestres de la coalition russo-donbassienne, et perdre inutilement des soldats, quand la tactique de se retirer, en laissant les champs libres à être occupés par les ukro-nazis, a fait ses preuves du fait de l’incompétence crasse des Otaniens. Laisser les forces otano-ukro-nazis essaimer les terrains à découvert puis permettre à la redoutable artillerie et à l’aviation d’accomplir leur mission à distance. Un ennemi est plus vulnérable étant visible qu’en défensive bunkérisé. Cela a réussi et ça réussi encore ! Alors, « n’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur. » (Napoléon Bonaparte)

Contrairement aux atlantistes qui feignent, par arrogance, tout savoir sur la Russie, cette dernière feint aussi leur faire croire qu’ils sont dans le vrai tout en leur distillant habilement ce qu’ils veulent savoir pour élaborer leurs tactiques. Ils doivent bien se demander, in fine, quelle est cette « main » mystérieuse qui met en échec toutes leurs actions ? Disons que c’est la « main » qui veut prendre en même temps la Russie et l’Europe pour dominer le Monde. Cette main qui veut, comme dit un proverbe perse, porter « deux pastèques dans une seule main. »

Pendant que les atlantistes – ayant épuisé leurs ressources disponibles, leurs idées saugrenues et leurs boites à mensonges – voient leur échec imminent devant les coups de boutoir de l’armée alliée russo-donbassienne, ils s’évertuent encore à faire, dans la diversion, de ce qu’ils nomment « mobilisation » partielle en Russie. Une occasion pour détourner l’attention des médias internationaux d’Ukraine vers les manifestations anti-guerre en Russie, sans envergure, pour les présenter comme une « révolution russe » ; au même moment où le monde voit des populations entières russophones (de l’est et du sud) des régions du Donbass, de Zaporijia et de Kherson (Odessa suivra), martyrisées depuis au moins 2014 par le régime de Kiev, organisent des référendums d’intégration à la fédération de Russie. Ironie du sort, ils répondent, d’une certaine manière, à Zelensky qui a demandé à tous les prorusses d’Ukraine (qui sont des millions) de quitter le pays pour la Russie ! Ils l’ont fait collectivement tout en restant sur leur terre, dans leur ville, dans leur maison !

En voulant tout avoir par insolence, dédain et complexe de supériorité, ils se voient par leur abrutissement perdre irréversiblement l’essentiel de « leurs » territoires, suivie d’une recomposition du monde en leur défaveur !

Quand on observe l’ONU et ses satellites, les organisations dites ONG devenir des structures entièrement contrôlées par les États-Unis…

Quand on entend un Macron reprocher aux pays « non alignés » – ayant plus la plupart subit la colonisation, l’agression atlantiste, la néo colonisation, l’impérialisme occidental, l’ingérence, la « printanisation » en vue d’un « regime change » pour les pays réfractaires à leur hégémonie, les coups d’État – leur « neutralité » et de ne pas avoir condamné « l’hégémonie et l’impérialisme russe » (rien que ça !), « oubliant » les génocides de la France en Afrique, ses ingérences, taisant qu’il a cédé la souveraineté de son pays la France aux américains en jouant leur partition, c’est que le bonhomme est, soit inapte à gouverner, soit il est « gazé », soit habité par un « djinn » anglo-américain, soit venu d’une autre planète !

Quand on voit toute leur philosophie « humaniste », tous leurs « principes », toutes leurs « valeurs » tomber comme peau de chagrin pour devenir instruments de tromperie et d’escroquerie des nations, le reste du monde est bien en droit de les réfuter, dans le fond et la forme, quand cela vient précisément d’eux ! Des valeurs qui ne valent d’ailleurs que par le bon usage qu’on en fait dans la vie et non que l’on prétend avoir ; dans ce cas on rabâche des mots !

Quand il n’y a de modèle de civilisation et de règles dans le monde que les leurs qu’ils veulent imposer pas la contrainte sans possibilité de faire admettre les différences naturelles, historiques, culturelles, religieuses, coutumières, géographiques, climatiques – tout y entre !

Quand toutes les relations internationales dans tous les domaines, régies par des lois et des règles concertées, sont bafouées par une minorité se sentant puissante, au point où vos biens sont séquestrés, volés, où l’on se ligue pour vous bloquer, par chantage, tous les moyens d’échange, de transport, de communication et de paiements dans le but de vous contraindre à vous soumettre à ses désidératas sinon vous détruire, la situation devient grave, car on touche à l’existentiel. Ce qui pousse à réfléchir à d’autres issues et moyens.

… alors, il y a bien de quoi choisir rapidement un autre camp plus sécurisé, sans plus de réflexion. Le camp de la diversité, de la souveraineté, du vrai respect des valeurs humaines, de la non-ingérence, du respect des droits des conventions et des contrats, de la coopération véritable, sincère et équitable !

Certainement celui d’un « nouvel ordre mondial multipolaire » qui laisse les peuples et les États souverains vivres leur volonté, dans leurs libres choix des voies pour leur développement dans tous les domaines et ce, sans véto, sans ingérence, sans dictat ou tutelle d’une puissance hégémonique quelconque ! 

Le Kremlin a senti la « ligne rouge » de l’Occident dans le conflit ukrainien

par Reporter - Le 27/09/2022.

Il y a quelques jours, l’Occident rayonnait de confiance dans sa « victoire » et de désir de se battre jusqu’au dernier Ukrainien et, très probablement, jusqu’au dernier Européen. Selon toute apparence, seules les élites européennes auraient dû survivre. Cependant, la suggestion du président russe Vladimir Poutine, faite sous la simple forme d’annoncer la doctrine de la défense des territoires russes, a provoqué un état de choc en Occident. Au moins, cela est démontré par le babillage des politiciens de l’UE, la panique dans les médias étrangers et les plans « secrets » de Washington au cas où la Russie utiliserait des armes nucléaires.

Par exemple, en Allemagne, le célèbre journaliste Oliver Stock a exhorté à ne pas jouer avec le feu et à forcer le président Volodymyr Zelensky non seulement à s’asseoir à la table des négociations, mais de céder à Poutine. Ni plus ni moins. Non moins célèbre gourou du journalisme américain, Clive Crook, dans un article pour Bloomberg, a laissé entendre avec audace et franchise à Kiev (et à l’Occident) qu’il avait « peur » de la menace d’une guerre nucléaire, et qu’une bonne vie en Occident était plus important que « les intérêts de l’Ukraine ». Par conséquent, selon le journaliste chevronné, il est nécessaire « de céder les territoires à la Russie, qu’elle veut retirer à l’Ukraine ». C’est le seul moyen de désamorcer la situation.

Il est évident que la rhétorique a radicalement changé, à travers le sifflement de la russophobie, un sentiment de désespoir et de fatigue se fait sentir, surtout lorsque l’issue du conflit n’est pas la plus évidente.

Mais le couronnement de la frayeur de l’Occident a été la publication dans le Financial Times. La publication écrit que la coalition envisage sérieusement des plans pour répondre au cas d’utilisation limitée d’armes nucléaires sur le territoire de l’Ukraine. Mais, plus important encore, cette « réponse » sera dans tous les cas non nucléaire. C’est-à-dire que la coalition anti-russe va « répondre » avec des armes conventionnelles.

Il est à noter qu’en ce sens, l’hésitation du chef de la Maison Blanche, Joe Biden, devient compréhensible, qui, en réponse à une question directe, évasive, égarée, a dit que la réponse de l’Occident suivrait, mais il garderait le silence sur son caractère. Maintenant je comprends pourquoi il était alors impossible de parler directement.

Il n’y aura pas de réponse miroir ; les mesures de réponse seront clairement asymétriques. L’Occident a peur, et non pour la paix, ni pour l’Ukraine, ni pour la cause du « désarmement », mais pour sa vie bien nourrie d’élites. Apparemment, au Kremlin, ils ont vraiment cherché la véritable « ligne rouge » de l’Occident. Désormais, l’élite politique occidentale parle franchement par la bouche de journalistes bien connus et dans les pages de publications publiques bien connues de la nécessité de trouver des compromis et du désir de concéder.

source : Reporter

Des chats dans une pièce sombre et encombrée

Par Dmitry Orlov – Le 12 septembre 2022 – Source Club Orlov

J’ai reçu des demandes de commentaires sur les récentes contre-attaques ukrainiennes, certaines personnes estimant que « le vent a peut-être tourné ». Il y a eu deux contre-attaques, l’une dans la région de Kherson, au sud, qui a été repoussée. Les forces ukrainiennes ont subi des milliers de pertes, remplissant tous les hôpitaux et morgues de la région et nécessitant des collectes de sang d’urgence. Cette petite attaque a coûté aux Ukrainiens une centaine de chars et autres véhicules, 4 000 morts et 8 000 blessés. Rassurez-vous, certains se réjouissent de la tournure des événements, en particulier ceux qui tirent profit du découpage des foies, des poumons et des reins des cadavres pour les expédier vers des cliniques en Israël et ailleurs en vue d’une transplantation (étant donné le grand nombre de victimes, cette activité est devenue une véritable industrie, au même titre que le blanchiment d’argent et la contrebande d’armes). Lors d’une autre attaque, censée être beaucoup plus réussie, le camp ukrainien a repris les zones autour d’Izyum et de Balakleya, avec des pertes tout aussi impressionnantes.

 

Comme il s’agit du seul cas où les Ukrainiens ont réellement gagné du terrain depuis le début de l’opération, certaines personnes ont immédiatement commencé à hyperventiler et à prétendre que les Russes allaient certainement être mis en déroute et chassés de Crimée. Je ne dirai pas cela et j’expliquerai plutôt pourquoi la Russie, qui a engagé peut-être 16 % de ses soldats professionnels (pas d’appelés ni de réservistes, mais un nombre croissant de volontaires), est en train de réussir sa mission de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine, d’assurer la sécurité de la région du Donbass et, au-delà, de faire évoluer ses relations avec l’Occident (si elles existent) vers une base plus équitable. Tout se déroule selon le plan, et bien que nous ne connaissions pas les détails de ce plan à l’avance (il s’agit normalement d’un secret d’État), nous pouvons discerner certains de ses détails au fur et à mesure de son déroulement.

Tout d’abord, il est important de noter que si, pour l’Occident, l’action en Ukraine est une « guerre totale » existentielle (comme l’a déclaré le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian), pour la Russie, il s’agit d’une opération militaire spéciale, et la Russie est prête à s’engager simultanément dans trois, voire quatre d’entre elles sans avoir à mobiliser ou à appeler des réserves. La raison pour laquelle il s’agit d’une question existentielle pour l’Occident est liée à l’énergie. Le pic pétrolier étant largement dépassé et le phénomène de la fracturation hydraulique aux États-Unis étant prêt à s’éteindre d’ici un an ou deux, le pétrole et le gaz russes, ainsi que de nombreux produits de base dont la production nécessite du pétrole et du gaz bon marché, sont absolument essentiels si l’Occident veut conserver ne serait-ce qu’une trace de sa position dominante dans le monde. Qui plus est, le pétrole et le gaz russes doivent être rendus très bon marché, alors qu’ils sont aujourd’hui beaucoup trop chers pour que l’Occident puisse maintenir sa capacité industrielle, avec des usines chimiques et métallurgiques, et même des boulangeries, qui ferment chaque jour. Ainsi, si l’Occident veut survivre, la Russie doit être détruite et son trésor de combustibles fossiles et d’autres matières premières doit être pillé.

Pour la Russie, le conflit remplit une toute autre série de fonctions. Premièrement, d’un point de vue politique, il est bénéfique pour la Russie d’étendre son territoire et de regagner certains des territoires russes les plus intéressants qu’elle a perdus au profit du pays fantaisiste et artificiel appelé Ukraine, qui s’est formé lorsque l’URSS s’est effondrée. Deuxièmement, étant donné le niveau d’hostilité anti-russe inculqué à la population ukrainienne, il incombe à l’armée russe de rendre ce qui reste de l’Ukraine le plus inoffensif possible, en détruisant sa capacité à faire la guerre et en la ruinant économiquement par la destruction de son infrastructure – transformant l’Ukraine en Uk-Ruine.

Le moment le plus propice pour le faire est avant que le mauvais temps ne s’installe, et avec lui ce qu’on appelle en russe « raspútitsa », ou l’insécurité routière – un moment où les routes de terre se transforment en boue impraticable. Cela, plus quelques frappes à la roquette contre les routes, les voies ferrées, les ponts, les transformateurs électriques, les stations de pompage, les raffineries, les dépôts de carburant, etc., suffiront à faire en sorte que rien ne bouge ou ne fonctionne à l’arrivée de l’hiver. Cette partie du plan semble maintenant fonctionner et, à l’heure actuelle, de nombreuses régions d’Ukraine n’ont pas d’électricité en raison des récents tirs de roquettes.

La capture d’un maximum de territoire le plus rapidement possible n’est pas du tout avantageuse, car ce territoire devrait ensuite être contrôlé, défendu et reconstruit selon les normes russes, comme c’est le cas actuellement à Donetsk, Lugansk, Marioupol et Kherson. La capture et l’occupation de grandes villes comme Kharkov, Kiev ou Odessa auraient impliqué de devoir les approvisionner ; pourquoi ne pas laisser l’Occident le faire à sa place, et s’épuiser à essayer ? Une autre raison d’avancer lentement était de permettre à la population ukrainienne de faire son choix. Veulent-ils ne faire qu’un avec la Russie (comme à Donetsk, Lougansk et Kherson) ou souhaitent-ils rester des parasites occidentaux le plus longtemps possible, en nourrissant leurs fils autochtones, avec quelques mercenaires désemparés, dans le hachoir à viande qu’est le front oriental ?

Une raison similaire d’avancer lentement est liée aux tendances pro-occidentales d’une partie petite mais influente de la population russe, concentrée dans quelques grandes villes (Moscou, Saint-Pétersbourg, Ekaterinbourg et quelques autres). Ces personnes ont été conditionnées, au cours des 30 dernières années, à admirer et à singer l’Occident et sont naturellement poussées à s’en rapprocher, jusqu’à commettre une trahison contre leur propre pays. Certains d’entre eux, qualifiés de manière hilarante de « patriotes effrayés » par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ont fui à l’Ouest ou en Israël dès que la Russie a annoncé son opération spéciale. Beaucoup d’entre eux sont revenus depuis, ainsi que de nombreux Russes qui vivaient à l’Ouest. Il faut du temps pour que toutes ces personnes réalisent qu’il n’y a plus rien de bon pour elles dans un Occident de plus en plus sauvage et que la Russie est le meilleur endroit pour elles.

Ensuite, ils doivent effectivement rentrer chez eux, ce qui est rarement un processus facile. Les gens doivent trouver un emploi, un logement, parfois mettre leurs papiers en règle, expédier leurs affaires, etc. En ce moment, les écoles de Saint-Pétersbourg et de Moscou voient affluer des enfants qui ont été chassés des écoles du Royaume-Uni, des États-Unis ou du Canada. Ils sont souvent désorientés, mal socialisés et généralement en retard dans toutes les matières sauf l’anglais. Le processus de retour se complique : il n’y a plus de vols directs, les conteneurs contenant des biens doivent être expédiés via des pays tiers et les fonds ne peuvent souvent pas être virés directement en raison des sanctions. Les Russes sont réputés pour leur témérité, ils se retrouvent souvent coincés dans des endroits risqués et donnent des maux de tête au ministère des affaires étrangères lorsqu’il s’agit de les secourir. Je me situe probablement à l’extrême opposé, ayant fait revenir ma famille il y a cinq ans avant que cela ne devienne absolument nécessaire.

Dans l’ensemble, la Russie a tout intérêt à entretenir des relations extrêmement hostiles avec l’ensemble de l’Occident (tout en continuant à entretenir des contacts à un niveau inférieur avec des pays de l’UE plus amicaux comme l’Italie ou la Hongrie) mais à ne pas trop précipiter les choses afin de tirer un maximum de profits de la hausse sans fin des prix du gaz naturel et des matières premières et de négocier des accords commerciaux aussi avantageux que possible avec les pays amis. Après cet hiver, la plupart des Européens auront compris qu’il n’existe aucun substitut à l’énergie et aux autres ressources russes, que leurs dirigeants, dont beaucoup manquent de connaissances économiques de base et sont carrément des actifs américains, soient ou non spécifiquement payés pour ne pas comprendre ce simple fait. Il serait avantageux pour la Russie de faire que ces clowns ne soint pas réélus, mais un autre fait simple est que l’avenir de la Russie se trouve à l’Est, pas à l’Ouest, et aucune excuse sincère ne compensera la dégradation et la décadence désormais évidentes de l’Ouest ou son long passé à encourager et choyer les nazis, plus récemment les nazis ukrainiens.

Dans cette optique, même le récent revers dans la région de Kharkov, qui s’est traduit par la reddition d’Izyum et de Balakleya, présente certains avantages. Il a contribué à clarifier davantage la situation sur le plan politique : les personnes qui se sont montrées hystériques, affirmant que « tout est perdu » ou que « c’est le début de la fin pour la Russie » juste parce que quelques dizaines de kilomètres carrés ont changé de mains au prix de milliers de vies ukrainiennes se sont essentiellement révélées être, pour le moins, indignes de confiance et peu fiables, et ont reçu leur propre prix Darwin dans l’écosystème politique russe. Un simple calcul à l’envers montre que si l’Ukraine devait reconquérir l’ensemble de son territoire avec des pertes similaires sur le champ de bataille, sa population serait réduite à zéro bien avant d’atteindre cet objectif.

L’opération militaire spéciale russe en Ukraine, qui en est maintenant à son sixième mois, a réussi à « libérer » (si vous acceptez le terme russe) environ le tiers de la population et du territoire ukrainien qui a le plus de valeur, tout en maintenant un désavantage de trois contre un en termes de nombre de troupes par rapport à la partie ukrainienne et malgré l’avance de huit ans des Ukrainiens dans l’établissement de positions défensives fortifiées. Il s’agit d’un exploit sans précédent dans les annales de la science militaire. Tout au long de cette période, la stratégie russe a été conçue pour minimiser les pertes parmi les militaires russes et la population civile. Pendant ce temps, les pertes du côté ukrainien ont été très élevées, une grande partie du contingent initial n’étant plus en vie ou n’étant plus apte à l’action. Les chiffres exacts resteront secrets jusqu’à la fin de l’opération, mais les estimations informelles du taux de mortalité sont de l’ordre de dix pour un. La dernière innovation, qui consiste à céder des portions de territoire sans grande valeur à un assaut ukrainien, puis à les reprendre comme d’habitude, porte ce ratio à cent pour un.

Pour expliquer, laissez-moi utiliser une analogie. Supposons que votre travail consiste à débarrasser des chats sauvages une grande pièce mal éclairée et encombrée. Vous devez attraper chaque chat par la peau du cou et le mettre dans un sac. Il y a trois tactiques possibles que les chats peuvent déployer. La première consiste à essayer de se cacher de vous, en vous obligeant à déplacer les meubles lourds pour les éloigner des murs et à dégager les passages afin que vous puissiez les trouver et les faire sortir de leur cachette. Cela revient à faire exploser les Ukrainiens hors de leurs positions fortifiées. La seconde est qu’ils essaient de s’enfuir, ce qui vous oblige à les poursuivre, quitte à trébucher sur des meubles et à vous blesser. C’est l’équivalent d’avancer en soumettant les Ukrainiens en retraite à des barrages d’artillerie. Et la troisième consiste à provoquer les chats et à les inciter à essayer de vous attaquer. Si vous êtes bien habillé et agile (bonne armure et stratégie défensive très mobile), vous devriez pouvoir attraper les petits chats et les mettre dans le sac, combattre les plus gros, et quitter rapidement la pièce avec un sac plein de chats, en ayant juste subi quelques morsures et griffures.

Ainsi, la stratégie consistant à gagner, puis à reculer, puis à regagner des portions de territoire non critiques est supérieure à la fois à l’arrachage de positions retranchées à l’aide de l’artillerie et à la progression constante pendant que les Ukrainiens se retirent. Certains déplorent le sort des civils pris dans les feux croisés. Ces civils ont eu la possibilité d’être évacués vers la Russie, où des camps ont été mis en place pour les accueillir, avec de la nourriture, des médicaments et tout le nécessaire, pour attendre la fin des hostilités. Ceux qui ont choisi de rester sont ceux qui ne veulent pas décider s’ils veulent être avec la Russie ou avec l’Ukraine ; dans ce cas, pourquoi les Russes devraient-ils se soucier particulièrement de risquer leur propre vie pour défendre la leur ?

Une note historique sur la parcelle de terrain récemment cédée par les Russes : Balakleya, du turc « rivière aux poissons », est mentionné pour la première fois dans une chronique en 1571, comme un avant-poste défensif de l’État de Moscou. Il s’agissait initialement d’une colonie de Tatars de Crimée, remplacée par un avant-poste cosaque en 1663. Il correspond à la définition d’un territoire non critique. C’est beaucoup moins important que de chasser les Ukrainiens de Donetsk, afin qu’ils ne puissent plus bombarder continuellement ses écoles, ses hôpitaux et ses marchés avec des armes fournies par les États-Unis.

Mais ce ne sont là que des détails mineurs. Le panorama général est celui d’un grand hiver de mécontentement occidental, avec un manque de chaleur, des pénuries d’électricité, une nourriture chère et de plus en plus rare et un grand spectacle de dysfonctionnement financier, économique et politique. Une fois la neige fondue, nous nous retrouverons dans un nouveau monde courageux dans lequel, espérons-le, l’Occident collectif deviendra soudainement beaucoup plus raisonnable et plus enclin à rechercher un arrangement pacifique avec ceux dont la survie dépend de leur gentillesse. Voici le point de vue lyrique de Gazprom à ce sujet.

Dmitry Orlov

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.

Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Prémonitions

par Helmholtz Smith - Le 05/10/2022..

Je vois beaucoup de choses qui se passent en arrière-plan. Je les énumère ici.

États-Unis/Occident

Sullivan dit qu’un lien de communication a été ouvert avec Moscou. Pour parler de quoi ? Si vous adoptez la ligne officielle de Washington, il n’y a rien à discuter – Moscou doit abandonner. Washington se prépare-t-il à une conversation différente ?

Après les accusations selon lesquelles la Russie envisagerait de se doter d’armes nucléaires, Blinken a précisé qu’aucun signe préparatoire n’avait été observé. Un peu comme une atténuation de la rhétorique.

Zelensky a fait une demande d’adhésion accélérée à l’OTAN qui a été instantanément rejetée par Sullivan – « à un autre moment ».

La lassitude est visible – trois récents sondages américains montrent un désir de diplomatie, « moins d’inquiétude » et que l’Ukraine ne figure pas sur la liste des préoccupations. Cela me rappelle un commentaire de Gonzalo Lira selon lequel la Russie devrait simplement rendre la guerre ennuyeuse pour les Américains.

Les effets économiques des sanctions en boomerang se resserrent inexorablement en Europe. Nous entendons maintenant parler de l’effondrement possible des banques et nous lisons des articles réjouissants sur la façon d’empêcher la moisissure de s’installer dans les maisons froides et humides. Avec Nordstream hors de la compétition, aucune amélioration n’est visible. Le temps joue en faveur de la Russie. À un moment donné, la population européenne en aura assez. Les protestations se multiplient. Le rejet massif par le parlement allemand d’un soutien accru à l’Ukraine va dans ce sens.

Les États-Unis sont mieux lotis, mais ils ressentent également le boomerang. L’inflation augmente et qu’adviendra-t-il des prix de l’essence (une préoccupation majeure) lorsqu’ils cesseront de puiser dans la réserve stratégique de pétrole ? Et si la Chine se débarrasse de beaucoup de devises américaines, la situation va empirer.

Les armes occidentales s’épuisent

L’Occident commence à manquer d’armes à envoyer à l’Ukraine. Un reportage de CNBC indique que les États-Unis sont à court de canons de 155 mm et de munitions (des fabricants sont recherchés) ; ils ont déjà envoyé dix ans de production de Javelins ! Les derniers HIMARS « envoyés » n’ont pas encore été construits.

Histoires similaires en Europe. Le stock disponible d’équipement ex-soviétique a disparu – 28 chars T55 (« modernisés » il y a 20 ans) récupérés en Slovénie sont la dernière « arme miracle ».

L’Occident n’a pas la capacité industrielle de soutenir une guerre moderne. Tout ce qui a été envoyé à l’Ukraine jusqu’à présent provenait de stocks existants. Les armées occidentales doivent soit commencer à cannibaliser leurs armées permanentes, soit arrêter. Et après ? Les armes occidentales ont rendu possible l’offensive de septembre.

International

Le « mojo » de l’Occident ne fonctionne pas. Scholtz n’a reçu que peu de soutien lors de sa visite dans le Golfe et de même pour Biden de la part de l’Arabie saoudite. La Chine, l’Inde et le Brésil se sont abstenus sur la motion américaine du Conseil de sécurité des Nations unies visant à censurer l’absorption des quatre régions par la Russie. « 90% du monde » ne suit pas l’exemple de la soi-disant « communauté internationale ». De nombreux pays voient le monde changer et ont choisi leur camp ou attendent de voir comment cela se passe (l’Égypte et l’Arabie saoudite tâtent le terrain de l’OCS, par exemple).

Russie

Il existe de nombreuses vidéos de trains transportant des équipements lourds vers l’ouest. J’ai vu des chars, des Mstas, des BM-21, des Iskanders et beaucoup de BMP. Rien ne suggère que la Russie soit à court de quoi que ce soit. Cela suggère les préparatifs d’une offensive blindée à grande échelle de l’armée russe selon la doctrine traditionnelle de pénétration en profondeur.

Le statut des quatre nouvelles régions ouvre la possibilité d’actions plus musclées de la part des forces armées russes en tant que telles parce qu’elles « défendent la patrie ».

Il existe de nombreuses spéculations plausibles selon lesquelles l’appel à 300 000 hommes pourrait libérer des soldats à l’arrière. Si c’est le cas, l’effet de ces troupes supplémentaires pourrait se faire sentir plus tôt que prévu.

En ce qui concerne la raspoutitsa (распутица), l’hiver et les autres choses chères aux commentateurs de la télévision, ce n’est pas l’URSS en 1941. Il y a beaucoup de routes pavées et les Russes sont bien équipés et expérimentés pour se battre en hiver. Il n’y a donc aucune garantie que les choses seront calmes pendant quatre ou cinq mois.

« Nous appelons le régime de Kiev à cesser immédiatement le feu et toutes les hostilités ; à mettre fin à la guerre qu’il a déclenchée en 2014 et à revenir à la table des négociations », a déclaré Poutine il y a quelques jours. Était-ce sa dernière offre avant une attaque beaucoup plus puissante ?

Des prémonitions de quoi ?

En bref, le plan occidental ne fonctionne pas. Les sanctions coûtent plus cher à l’Occident, il commence à manquer d’armes à envoyer et il y a des signes de ramollissement. Si le plan de Moscou était d’avancer lentement et de les attendre, alors il fonctionne.

Il ne faut pas exclure la possibilité d’un règlement négocié et il se peut que l’OTAN se rende compte à temps qu’elle s’est mise dans un coin dont c’est la seule issue. Mais il est difficile de voir, étant donné toutes les hyperboles, comment les dirigeants actuels de l’Occident pourraient admettre un échec aussi énorme. Le remplacement électoral, bien qu’il ait lieu, est trop lent. Et pourquoi Moscou ferait-il confiance à ce que dit l’Occident ? Une reddition unilatérale de Kiev est possible, mais je ne l’envisage que si Zelensky est renversé. Par conséquent, je considère qu’une fin négociée n’est pas impossible pour le moment, mais qu’elle est très peu probable. Mais le temps joue en faveur de la Russie et l’improbabilité d’octobre peut être le désir désespéré de mars.

Pour utiliser une analogie avec la Seconde Guerre mondiale, il est plus probable que, maintenant que l’opération Citadel de Kiev dans le saillant de Koursk s’essouffle, le moment est venu de lancer une offensive mécanisée vraiment puissante, accompagnée de frappes profondes à l’arrière, sans aucune retenue. Il ne faut pas oublier que Poutine a dit qu’ils n’avaient pas vraiment commencé – je pense que nous sommes sur le point de voir ce qu’il voulait dire. Et plutôt tôt que tard, je suppose. Je ne peux pas imaginer que quiconque à Moscou veuille que tout cela dure encore en février prochain.

source : Sonar 21

traduction Réseau International

Entretien avec l’ambassadeur Peter Ford

Peter Ford a été ambassadeur britannique en Syrie (2003-6) et à Bahreïn (1999-2003) avant de travailler à l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, dont le siège est à Amman (2006-2015). À l’Université d’Oxford il a étudié le français et l’espagnol, et la langue arabe à Beirut.

Interviewé par Mendelssohn Moses - Le 09/10/2022..

1. Aux côtés de la Russie, l’Iran a joué un rôle-clef en faveur de la stabilisation de la Syrie. Parlons-en

Le rôle joué par l’Iran est fondamental.

Avant même l’entrée décisive de la Russie aux côtés de la Syrie en 2015, l’Iran, nation à majorité chiite, assistait le gouvernement séculaire syrien du point de vue financier, économique et militaire dans sa confrontation face aux forces islamistes (sunnites) que soutenait l’Occident. Plus spécifiquement, l’Iran fournissait du pétrole ainsi que les fonds qui permettaient de payer les salaires des forces armées syriennes.

La Syrie a pu compter sur un soutien sans faille de la part de l’Iran et ce, en dépit des sanctions sévères imposées sur l’Iran par l’Occident suite aux « ingérences » iraniennes. En un mot, des sanctions occidentales sur l’Iran pour avoir aidé le gouvernement séculaire syrien à survivre et à repousser les forces d’ISIS.

Par ailleurs, en matière diplomatique l’Iran a permis un équilibre grâce auquel la Syrie ne dépend pas de la seule Russie et où, jaloux du prestige iranien dans la région, les États du Golf cherchent désormais à rafistoler leurs relations avec la Syrie.

Du point de vue militaire, le rôle principal de l’Iran est dans le financement de certaines milices, dont des milices formées d’Afghans et déployées sur la ligne de front contre ce qui reste d’ISIS dans le désert et contre les autres djihadistes dans le nord, tout en harcelant les forces d’occupation US dans le Nord-Est.

2. Il semblerait que l’Iran fasse l’objet d’une tentative de révolution de couleur comme toutes celles que les services anglais et américains ont concoctées depuis 40 années. Est-ce exact ?

Certains des problèmes internes à l’Iran sont de l’auto-sabotage et d’ailleurs, les dirigeants iraniens l’ont reconnu eux-mêmes ! La police religieuse a tendance à ne pas y aller avec le dos de la cuiller, ce qui fournit aux ennemis de l’Iran en Occident de splendides occasions de souffler sur les braises jusqu’à ce que l’incendie ne se propage. On l’a bien vu en Syrie. En ce moment, une guerre cybernétique est lancée contre l’Iran et tous les mass-média occidentaux s’y mettent, petit doigt sur la couture du pantalon, afin de contrôler le champ de bataille des informations.

3. Les USA disent ne maintenir que 900 hommes dans le Nord-Est et Est syrien, alors qu’ils sont assis sur 30% du territoire syrien et se sont appropriés 80% de son pétrole. Est-ce exact ? Et où va le pétrole, si ce n’est pour fournir les bases US en Irak ?

Sur le modèle de l’Angleterre qui a su contrôler les Indes avec une poignée seulement de forces armées, les USA contrôlent le Nord-Est syrien en s’appuyant sur les nababs, mercenaires et chefs de guerre kurdes. De leur point de vue, c’est « tout bénéf » car l’opération est auto-financée. En détournant le pétrole syrien, principalement vers l’Irak, l’occupation génère suffisamment de fonds pour financer leurs marionnettes et ainsi éviter d’avoir à y investir eux-mêmes. Ainsi les USA se peuvent se permettre le luxe de fermer les yeux sur le pétrole de contrebande que des chefs de guerre revendent à la Syrie !

4. Si la Turquie sous Erdogan est tout sauf prévisible, il semblerait tout de même qu’une entente turco-syrien se profile – tenant en compte qu’il y a 4 millions de réfugiés syriens en Turquie. Que serait la nature d’une telle entente ? Les USA devront-ils en faire leur deuil ?

Voilà l’aspect le plus prometteur de l’actuelle situation. Il fallait s’y attendre – à un moment donné, la Turquie, ayant échoué dans sa tentative de renverser Bachar el-Assad allait se lasser d’occuper des territoires syriens infestés de jihadistes – d’où sont arrivés les millions de réfugiés syriens en Turquie. Il semblerait que l’on est au point tournant et qu’on pourrait bien voir la Turquie partir d’Idlib sur la pointe des pieds, tandis que la Russie aplanirait la voie vers une configuration assez semblable à celle où la Syrie méridionale a été pacifiée par des compromis brouillons mais suffisamment efficaces et veillés par Moscou. Un tel dénouement transformerait tout le Nord syrien, tandis que les Kurdes deviendraient les derniers à s’opposer de façon invétérée à la légalité retrouvée. La position des Kurdes en tant qu’obligés des USA deviendra intenable.

5. Quels conseils donneriez-vous aux dirigeants kurdes, qui sont autant le jouet des USA que les dirigeants ukrainiens ?

Pour ma part, je dirais au Kurdes : arrangez-vous avec Damas pendant qu’il est encore temps. Votre poids dans toute négociation ne va que s’amoindrir. Admettons que vu les évènements ukrainiens les USA ne vont pas simplement se tirer, afin d’éviter de faire plaisir aux Russes. Mais tout peut changer très vite et surtout si la Turquie tourne le dos à Idlib. Je leur dirais : n’attendez pas de devenir comme ces Afghans oubliés sur le tarmac.

6. Les Français ont oublié que, fondé en France, le parti Ba’ath est tout sauf « de droite, ou « fondamentaliste musulman » … et qu’il était hégémonique en Syrie. Qu’en est-il maintenant ?

Le Parti Ba’ath représente le sécularisme et le socialisme arabe. Depuis l’explosion du conflit syrien, le parti Ba’ath s’est nécessairement mis en retrait par rapport à l’appareil de sécurité et ce n’est pas encore fini. Aussi longtemps qu’autant de territoire syrien demeure entre les mains des USA et de la Turquie, un retour à la vie politique « normale » on est difficile à envisager.

7. Israël lance des raids aériens et des attaques de missiles sur la Syrie de manière récurrente et a notamment rendu impraticable les deux grands aéroports syriens pendant des semaines, nonobstant l’épidémie de choléra et le manque de médicaments. Quel intérêt pour Israël dans tout cela, s’agissant en plus d’un pays avec lequel elle n’est pas en guerre ?

Israël lance des raids sur la Syrie parce qu’elle en a les moyens, et que cela ne lui « coûte rien » de se défouler sur son souffre-douleur préféré. Aucun motif rationnel pour ces attaques ne me vient à l’esprit. Le motif ostensible, c’est à dire qu’elle cible des opérations et dispositifs iraniens – est invraisemblable, puisqu’elle doit s’y prendre maintes et maintes fois, sans produire le moindre effet dissuasif. On ne peut écarter que l’objectif réel soit de provoquer l’Iran dans l’espoir de saborder l’éventuel renouveau des accords entre l’Occident et l’Iran sur le nucléaire.

8. Quid de la reconstruction de la Syrie ?

Pour l’instant du moins, la reconstruction de la Syrie est au point mort. Comment pourrait-il en être autrement alors que le conflit est tout sauf terminé d’une part, et d’autre part, l’Occident pèse de tout son poids en imposant des sanctions contre toute entité, de quelque pays que ce soit, qui s’y engage ? Punir la Syrie pour s’être refusée à se prosterner prime sur tout souci humanitaire. La présence chinoise se fait vaguement sentir dans les parages sans qu’il n’y ait eu jusqu’à date aucun investissement chinois significatif ; la Russie pour sa part ne dispose pas de moyens qui la permettraient d’aller au-delà d’aide humanitaire. Parmi les États du Golfe, les Émirats arabes unis notamment sont en train de froisser les USA en déblayant le terrain en amont en vue de faire des investissements.

9. Quelle est la situation de la Syrie face aux alliances nouvelles émergentes – l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) notamment ?

Depuis 2015, la Syrie est un partenaire du dialogue de l’OCS sans toutefois que cela n’aille plus loin. Il faut reconnaître que même au sein des groupements de pouvoir non-occidentaux, l’Occident est l’éléphant dans la pièce et la Syrie est ostracisée pour ne s’être pas désintégrée. Même la Chine se croit obligée de faire preuve de prudence en ce qui concerne la Syrie ; dans les faits celle-ci n’a comme alliés que deux nations : la Russie et l’Iran. Par bonheur, ce sont des alliés fiables. Contrairement aux USA, ces deux pays ont démontré que ce sont des alliés sur lesquels on peut compter sur le long terme.

10. Sur le site Web de la British Syrian Society figure un cliché d’Elizabeth II pris le jour de son mariage, dans toute la radieuse beauté de sa jeunesse, et drapée dans des soieries tissées à Damas qu’elle s’était fait envoyer pour en faire sa robe de mariée. Comment est-ce possible que depuis, l’Angleterre ait mené une politique aussi scélérate vis à vis de l’Iran, de l’Irak et maintenant de la Syrie ? En quoi est-ce que cela sert ses intérêts comme nation?

Face à la Syrie, l’Angleterre entretient une hostilité plus qu’étrange, pour laquelle la seule explication plausible serait qu’elle voit la Syrie comme un épiphénomène de son obsession historico-hystérique avec la Russie. Une chose est sûre : la tentative de déstabiliser la Syrie ne sert en rien les véritables intérêts de l’Angleterre. D’ailleurs, lorsque les électeurs britanniques ont vu les millions de Syriens cherchant à fuir leur pays suite à ces tentatives de déstabilisation, c’est la Grande Bretagne elle-même qui a été déstabilisée eu égard à l’impact sur le débat autour du Brexit !

11. Quel impact a le conflit en Ukraine sur la Syrie ?

Il est permis de penser que le conflit syrien fût une espèce de répétition générale pour celui en Ukraine. C’est en Syrie que l’Occident a peaufiné son scénario de guerre par intermédiaire interposé, son contrôle monolithique sur les mass-média, ses récits inventés de crimes atroces de guerre ainsi que des techniques de propagande diverses et variées. La cible était moins le pays étranger théâtre des combats que la population occidentale, amenée à soutenir un conflit entraînant des coûts élevés mais assortis d’aucun avantage.

Or, le conflit en Ukraine pourrait avoir des conséquences pour la Syrie plutôt « bénéfiques » si c’est bien le terme. Pas tout de suite, car les USA hésiteront à mettre genou à terre devant la Russie en quittant la Syrie rapidement. Sans oublier qu’un certain nombre de troupes russes ont dû partir pour l’Ukraine. Cependant lors d’un combat de titans, les meubles ne restent pas à leur place dans le salon. L’un des meubles c’est la Turquie, qui par la force des choses a dû se rapprocher de sa voisine russe. Un rapprochement turco-syrien soutenu par la Russie devient ainsi plus probable – éventualité qui préoccupe beaucoup les jihadistes d’Idlib et surtout, à supposer que ce rapprochement se concrétise, éventualité qui agace au plus haut point l’Occident.

Le Pentagone doit être tout à fait conscient du fait que les USA ont des « actifs » particulièrement vulnérables en Syrie, sous forme de centaines de soldats US dispersés sur des camps de fortune en Syrie du Nord-est et à Al Tanf sur la frontière jordanienne. Si, Dieu nous en garde, les USA se battaient directement avec la Russie sous prétexte de l’Ukraine, je n’aurais pas envie de me retrouver à la place d’un soldat US en Syrie. Mais les USA y sont dans une impasse : ils ne peuvent agir prudemment et retirer ces cibles faciles, précisément parce que cela voudrait dire perdre la face devant la Russie. C’est ainsi que l’on peut peut-être voir le harcèlement intense des bases US par des milices pro-syriennes : petit rappel aux USA que parfois, des actes entraînent des conséquences.

Certains d’entre nous ne pensent pas que l’invasion russe était une « agression »

par Mike Whitney - Le 12/10/2022.

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« Nous ne menaçons personne… Nous avons clairement fait savoir que tout nouveau mouvement de l’OTAN vers l’est était inacceptable. Il n’y a rien d’obscur à ce sujet. Nous ne déployons pas nos missiles à la frontière des États-Unis, mais les États-Unis déploient leurs missiles sous le porche de notre maison. Est-ce qu’on en demande trop ? Nous demandons simplement qu’ils ne déploient pas leurs systèmes d’attaque jusque chez nous… Qu’y a-t-il de si difficile à comprendre ? » (Président russe Vladimir Poutine1)

Imaginez que l’armée mexicaine se mette à bombarder les expatriés américains vivant au Mexique avec des munitions d’artillerie lourde, tuant des milliers de personnes et en laissant des milliers d’autres blessées. Que ferait Joe Biden, à votre avis ?

Détruirait-il tout sur son passage ou bien menacerait-il le gouvernement mexicain d’une invasion militaire qui anéantirait l’armée mexicaine, de raser ses plus grandes villes et de faire fuir le gouvernement ?

Laquelle de ces deux options Biden choisirait-il selon vous ?

Il n’y a aucun doute sur ce que Biden ferait, pas plus que sur ce que les 45 présidents qui l’ont précédé auraient fait. Aucun dirigeant américain ne resterait sans rien faire pendant que des milliers d’Américains sont sauvagement massacrés par un gouvernement étranger. Cela n’arriverait tout simplement pas. Ils répondraient tous rapidement et avec force.

Mais si c’est vrai, alors pourquoi la même norme n’est-elle pas appliquée à la Russie ? La situation en Ukraine n’est-elle pas presque identique ?

Elle est presque identique, mais la situation en Ukraine est pire, bien pire. Et si nous poussons un peu notre analogie, vous comprendrez pourquoi :

Supposons que les services de renseignement américains découvrent que le gouvernement mexicain n’agit pas seul, mais qu’il est chargé de tuer et de mutiler des expatriés américains sur ordre du gouvernement communiste chinois de Pékin. Pouvez-vous imaginer cela ?

Et la raison pour laquelle le gouvernement chinois veut tuer des Américains au Mexique est qu’il veut entraîner les États-Unis dans une guerre longue et coûteuse qui les « affaiblira » et ouvrira la voie à leur éclatement final en de nombreux morceaux que la Chine pourra contrôler et exploiter. Tout cela vous semble-t-il familier ? (Consultez la stratégie Rand pour affaiblir la Russie ici)

Disons que les Chinois soient en fait le moteur de la guerre au Mexique. Disons qu’ils aient renversé le gouvernement mexicain des années plus tôt et installé leur propre régime fantoche à leur service. Ensuite, qu’ils aient armé et entraîné un grand nombre de troupes pour combattre les Américains. Qu’ils aient fourni à ces guerriers des armes et des technologies de pointe, un soutien logistique, une assistance en matière de satellites et de communications, des chars, des véhicules blindés, des missiles antinavires et des unités d’artillerie ultramodernes, le tout dans un seul but : écraser les États-Unis dans une guerre par procuration concoctée, contrôlée et microgérée depuis la capitale chinoise de Pékin.

Un tel scénario serait-il possible ?

Il est possible, en fait, ce même scénario se déroule en ce moment même en Ukraine, sauf que l’auteur des hostilités est les États-Unis et non la Chine, et que la cible de cette stratégie malveillante est la Russie et non les États-Unis. Étonnamment, l’administration Biden n’essaie même plus de cacher ce qu’elle prépare. Elle arme, entraîne, finance et dirige ouvertement les troupes ukrainiennes pour qu’elles poursuivent une guerre visant à tuer les soldats russes et à chasser Poutine du pouvoir. C’est l’objectif et tout le monde le sait.

Et toute la campagne est basée sur l’affirmation sommaire que la Russie est coupable d’une « agression non provoquée ». C’est toute l’affaire en un mot. La justification morale de la guerre repose sur l’hypothèse non vérifiée que la Russie a commis une infraction criminelle et a enfreint le droit international en envahissant l’Ukraine. Mais, est-ce le cas ?

Voyons si cette hypothèse est correcte ou s’il ne s’agit que d’une autre fausse affirmation d’un média qui ne cesse de modifier le récit pour justifier la guerre.

Tout d’abord, répondez à cette seule question liée à l’analogie ci-dessus : Si les États-Unis déployaient des troupes au Mexique pour protéger les expatriés américains des bombardements de l’armée mexicaine, considéreriez-vous ce déploiement comme une « agression non provoquée » ou comme une mission de sauvetage ?

Une mission de sauvetage, n’est-ce pas ? Parce que l’intention première était de sauver des vies, pas de s’emparer du territoire d’un autre pays souverain.

Eh bien, c’est ce que Poutine faisait quand il a envoyé ses tanks en Ukraine. Il essayait d’empêcher le meurtre de civils vivant dans le Donbass, dont la seule faute était d’être des Russes ethniques attachés à leur propre culture et à leurs traditions. Est-ce un crime ?

Jetez un coup d’œil à cette carte.

Cette carte est la clé pour comprendre comment la guerre en Ukraine a commencé. Elle nous dit qui a provoqué et qui a été provoqué. Elle nous dit qui a lâché les bombes et qui a été bombardé. Elle nous dit qui était à l’origine des troubles et qui était accusé de les avoir provoqués. La carte nous dit tout ce que nous devons savoir.

Vous voyez les points jaunes ? Ces points représentent les frappes d’artillerie qui ont été documentées dans des résumés quotidiens par des « observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération (OSCE), positionnés sur les lignes de front ». La grande majorité des frappes ont eu lieu dans la zone habitée par des personnes russophones qui ont été assiégées par l’armée au cours des huit dernières années (14 000 Russes ethniques ont été tués dans les combats depuis 2014). Les accords de Minsk ont été élaborés pour résoudre les problèmes entre les parties belligérantes et mettre fin aux hostilités, mais le gouvernement de Kiev a refusé d’appliquer l’accord. En fait, l’ancien président de l’Ukraine, Petro Porochenko, a même admis que le traité n’était qu’un véhicule pour gagner du temps jusqu’à ce qu’une autre offensive à grande échelle sur le Donbass puisse être lancée.

En bref, le gouvernement ukrainien n’a jamais eu l’intention de parvenir à un règlement pacifique avec les dirigeants du Donbass. Leur objectif était d’intensifier le conflit afin de provoquer la Russie et de l’entraîner dans une guerre prolongée qui épuiserait ses ressources et ferait s’effondrer son économie. L’objectif à long terme était de démettre Poutine de ses fonctions et de le remplacer par un larbin soutenu par Washington qui ferait ce qu’on lui dirait. Des responsables américains – dont Joe Biden – ont même admis que leur plan impliquait un changement de régime à Moscou. Nous devrions les prendre au mot.

La carte fournit un compte rendu visuel des événements qui ont conduit à l’invasion russe. Elle coupe à travers les mensonges et identifie les véritables origines de la guerre qui peuvent être retracées jusqu’aux frappes d’artillerie lourde lancées par l’armée ukrainienne plus d’une semaine avant l’invasion russe. (24 février) Les bombardements massifs visaient les populations russophones vivant dans une zone de l’est de l’Ukraine. Ce sont ces personnes qui ont été bombardées par leurs compatriotes ukrainiens.

Que s’est-il réellement passé ?

Le 16 février, soit 8 jours avant l’invasion russe, le bombardement du Donbass a augmenté de façon spectaculaire et s’est intensifié de façon constante au cours de la semaine suivante « pour atteindre plus de 2000 par jour le 22 février ». Comme nous l’avons dit, ces explosions ont été consignées dans des résumés quotidiens par des observateurs de l’OSCE qui se trouvaient sur les lignes de front. Réfléchissez-y un instant. En d’autres termes, il s’agit de témoignages oculaires de professionnels qualifiés qui ont recueilli des preuves documentées du bombardement massif par l’armée ukrainienne de zones habitées par leur propre peuple.

Ces preuves seraient-elles valables devant un tribunal si un dossier contre le gouvernement ukrainien était présenté devant un tribunal international chargé de déterminer les responsabilités des hostilités ?

Nous pensons que oui. Nous pensons que les preuves sont solides comme le roc. En fait, nous n’avons pas lu ou entendu parler d’un seul analyste qui ait contesté ce vaste catalogue de preuves documentées. Au lieu de cela, les médias prétendent simplement que les preuves n’existent pas. Ils ont tout simplement balayé les preuves sous le tapis ou les ont carrément fait disparaître de leur couverture afin de façonner une version des événements centrée sur Washington qui ignore complètement le dossier historique. Mais les faits sont les faits. Et les faits ne changent pas parce que les médias ne les rapportent pas. Et ce que les faits suggèrent, c’est que la guerre en Ukraine est une guerre inventée par Washington, pas différente de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye ou de la Syrie. Une fois encore, les empreintes sanglantes de l’Oncle Sam sont partout dans cette triste affaire.

Regardez ce résumé des violations du cessez-le-feu posté sur le compte twitter de Martyr Made :

  • Le 15 février, l’OSCE a enregistré 41 violations du cessez-le-feu alors que les forces de Kiev commençaient à bombarder Donbass.
  • 16 février : 76 violations
  • 17 février : 316
  • 18 février : 654
  • 19 février : 1413
  • 20-21 février : 2026
  • 22 février : 1484
  • … pratiquement toutes par le camp de Kiev.
  • 24 février : les forces russes interviennent

Vous avez remarqué que le bombardement du Donbass a augmenté chaque jour avant l’invasion ?

J’appellerais cela une provocation minutieusement calculée, pas vous ?

En quoi cela est-il important ?

C’est important parce que la grande majorité des gens ont été trompés et ont soutenu une guerre pour laquelle il n’y a aucune justification morale. Ce n’est pas un cas d’« agression non provoquée ». Pas du tout. Et Poutine n’est pas un tyran incontrôlable qui cherche à reconstituer l’Empire soviétique en terrorisant ses voisins et en s’emparant de leur territoire. C’est une fabrication complète basée sur rien d’autre que des spéculations. De l’aveu même de Poutine, il a envahi l’Ukraine parce qu’il n’avait pas le choix. Son propre peuple était exterminé sans pitié par une armée qui n’agit que sur les ordres de Washington. Il devait envahir, il n’y avait pas d’autre option. Poutine a ressenti une obligation morale de défendre les Russes ethniques en Ukraine qui ne pouvaient pas se défendre eux-mêmes. Est-ce une agression ? Voici un peu plus d’informations tirées d’un article de James Risen dans The Intercept :

« Malgré la mise en place d’un renforcement militaire massif à la frontière de son pays avec l’Ukraine pendant près d’un an, le président russe Vladimir Poutine n’a pris la décision finale d’envahir que juste avant de lancer l’attaque en février, selon de hauts responsables actuels et anciens du renseignement américain. …

En décembre, la CIA a publié des rapports classifiés concluant que Poutine ne s’était pas encore engagé dans une invasion, selon les responsables actuels et anciens. En janvier, alors même que l’armée russe commençait à prendre les mesures logistiques nécessaires pour déplacer ses troupes en Ukraine, les services de renseignement américains ont à nouveau publié des rapports classifiés affirmant que Poutine n’avait toujours pas décidé de lancer une attaque, ont indiqué les responsables. …

Ce n’est qu’en février que l’agence et le reste de la communauté du renseignement américaine ont acquis la conviction que Poutine allait envahir le pays, a ajouté le haut fonctionnaire. Ne disposant que de peu d’options à la dernière minute pour tenter d’arrêter Poutine, le président Joe Biden a pris la mesure inhabituelle de rendre les renseignements publics, dans ce qui s’apparente à une forme de guerre de l’information contre le dirigeant russe. Il a également prévenu que Poutine prévoyait d’essayer de fabriquer un prétexte pour une invasion, notamment en affirmant à tort que les forces ukrainiennes avaient attaqué des civils dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, qui est contrôlée par des séparatistes pro-russes. L’utilisation préventive des renseignements par Biden a révélé « une nouvelle compréhension […] du fait que l’espace d’information pourrait être l’un des terrains les plus importants que Poutine affronte », a observé Jessica Brandt de la Brookings Institution. …

L’avertissement lancé par Biden le 18 février, selon lequel l’invasion aurait lieu dans la semaine, s’est avéré exact. Aux premières heures du 24 février, les troupes russes se sont déplacées vers le sud de l’Ukraine depuis la Biélorussie et ont traversé les frontières de la Russie pour atteindre Kharkiv, la région deu Donbass et la Crimée, que la Russie a annexée en 2014 »2.

Il y a tellement de balivernes dans cet extrait qu’il est difficile de savoir par où commencer. Mais il suffit de revoir la chronologie que nous avons fournie plus tôt, une chronologie qui a été vérifiée par des responsables de l’OSCE. Voyez-vous la divergence ?

Biden a lancé son avertissement le 18 février, soit deux jours après que les observateurs de l’OSCE aient signalé une intensification des bombardements dans le Donbass. En d’autres termes, Biden savait déjà que ses amis de l’armée ukrainienne bombardaient l’est de l’Ukraine lorsqu’il a essayé de faire croire qu’il était au courant d’informations sensibles et privilégiées sur l’invasion à venir.

Bien sûr, il savait que Poutine allait envahir le pays ! Ils ont créé la provocation qui l’a forcé à envahir ! Ils bombardaient les gens que Poutine est obligé de protéger. Que pouvait-il faire d’autre ? Tout dirigeant digne de ce nom aurait fait la même chose.

Ce qui me dérange, c’est que les gens continuent à soutenir la guerre en Ukraine parce qu’ils n’ont aucune idée de ce qui s’est réellement passé avant l’invasion. Ils ne savent rien des bombardements incessants de civils, du rejet provocant de Minsk, des attaques militaires répétées sur le Donbass, du plan visant à reprendre la Crimée par la force des armes, des lois dirigées contre les Russes ethniques ou de la montée du fascisme nazi à Kiev. Ils ne savent rien de tout cela. Leur opinion sur l’Ukraine est entièrement façonnée par les bêtises qu’ils lisent dans les médias occidentaux ou qu’ils entendent sur les chaînes d’information câblées, où le déluge de propagande s’écoule comme un fleuve puissant qui entraîne inexorablement la population vers un nouveau bain de sang néocon.

Les gens doivent connaître la vérité, sinon cette guerre va dégénérer en quelque chose de bien pire.

source : The Unz Review

traduction Réseau International

 

LIRE AUSSI : 

Le document choquant : Comment les États-Unis ont planifié la guerre et la crise énergétique en Europe

 

“La Maison Blanche et le Pentagone sont en mode panique” - Le12/10/2022.

Source : Le Courrier des Stratèges - Le 12/10/2022.

Alexandre N. propose une lecture originale de la stratégie russe, en fait empruntée à l'histoire militaire : Les Russes font-il jamais autre chose que répéter la stratégie du Général Koutouzov face à Napoléon ? Une façon de faire qui déconcerte les Américains autant qu'elle déstabilisa Napoléon.

Le mode panique est bien réel

 

CdS: Quand nous en avons parlé il y a quelques jours, déjà, vous étiez formels: “A Washington, ils sont en mode panique”, m’avez-vous déclaré. 

Alexandre N: Pour la Maison Blanche, la messe est quasiment dite, si j’ose dire :  la momie vivante et son entreprise d’embaumeurs lutte de plus en plus contre une démence sénile de moins en moins contrôlable. Voilà ce qu’on trouve par exemple dans un média américain conservateur :

« Je ressens normalement une grande sympathie pour toute personne qui lutte contre la terrible maladie de la démence. Cependant, dans le cas du président Biden, dont le monde entier sait qu’il lutte contre cette affliction, le sentiment que je ressens est plus proche du dégoût.

La raison pour laquelle mon empathie normale fait défaut est que le président Biden lui-même doit savoir qu’il a cette condition… et il ne le reconnaîtra pas et ne fera pas ce qui est le mieux pour le pays et démissionnera. Non seulement le Président Biden le sait, mais aussi sa femme et ses enfants. Il en va de même pour toute personne qui travaille à la Maison Blanche. En effet, ce doit maintenant être une opération de 24 heures pour les assistants de la Maison Blanche pour écrire les scripts de téléprompteur et les indications scéniques qu’ils doivent produire pour le président Biden ». Qui peut croire sérieusement que l’Amérique est vraiment dirigée par Biden? .

En ce qui concerne le Pentagone, il faut comme d’habitude en revenir à certains fondamentaux. Rappelons d’abord qu’il ne veut absolument pas de confrontation directe avec la Russie car il sait en être la première victime en cas d’une défaite plus que probable si les choses vont trop loin, ce à quoi il est poussé par le Blob, comme on appelle l’Etat profond américain.

 

CdS: Que désignez-vous par là? 

Alexandre N. Le Blob, par allusion à un célèbre film de la fin des années 1950, où une créature extra-terrestre arrivée sur un météorite s’installe dans une ville américaine et grossit en dévorant tout ce qui passe à sa portée. Nous avons affaire à un ensemble idéologiquement hétérogène de quelques factions d’individus trop riches pour ne pas s’être acheté l’État américain. Et ce Blob  force le Pentagone à faire de la figuration en Ukraine. Celle-ci se résume alors à diriger les opérations sans s’exposer, via une cascade de postes de commandement jusqu’à l’Ukraine.

 

CdS. Quel rôle joue exactement le Pentagone en Ukraine? 

Alexandre N. Comme on dit dans notre jargon de militaires, il assure  le C3I (Command, Control, Communication, Intelligence) effectif et surtout l’approvisionnement des forces. Pour ce faire, il s’appuie sur l’Otan, (un « machin » maintenu en place pour mettre à sa disposition et à la norme américaine  tous les supplétifs européens). L’Otan est toujours commandé par un général américain, et pas du  tout par monsieur Stoltenberg, qui est le chargé de relations publiques. 

 

CdS. Vous faisiez allusion à la CIA

Alexandre N. Oui, le Pentagone  doit aussi compter avec la CIA qui fait sa guerre dans son coin,  Il faudra que nous y consacrions un entretien propre. Mais disons que la CIA  fera tout  en tant que véritable « cœur battant » du globalisme pour aggraver le conflit. Voilà qui résume assez la pétaudière qu’est la direction stratégique américaine, une situation qui de fait aide d’ailleurs beaucoup les Russes.

 

Les Occidentaux font faire la guerre aux Ukrainiens comme en 1914

CdS. Votre analyse, c’est donc que  les Américains ne dominent pas autant la situation que ce qu’ils veulent nous faire croire. 

Alexandre N. Pour faire la guerre – car c’est son métier – mais tout en faisant semblant, le Pentagone doit aussi en revenir à certains fondamentaux. Pour faire la guerre, il faut essentiellement deux armes – le reste suit – : le renseignement et l’artillerie, soit le feu dans la profondeur.  La raison en est aussi simple qu’évidente : il est en effet stupide et partant criminel comme l’a montré la guerre de 1914 de s’acharner sur la confrontation purement frontale là où l’ennemi empile ses forces.

 

CdS. Cette guerre fut en effet moins gagnée dans les tranchées…

Alexandre N: ….que du fait du blocus anglais qui affama la population allemande avec le temps (sanctions déjà), ainsi qu’au sabotage de Ludendorff, lorsqu’il compris que c’était « foutu », pour échapper à ses propres responsabilités. 

Il est  plus que recommandé pour l’emporter de « taper » prioritairement où se trouve la colonne vertébrale adverse ainsi que son cerveau, soit tout un ensemble de cibles fixes, ponctuelles, dispersées et surtout très molles. C’est l’arrière qui commande l’avant, pas l’inverse. Le contre-exemple historique le plus frappant de cette règle immuable est quand Hitler détourne la stratégie aérienne de Göring (Hermann pour les dames …) en l’obligeant à ne traiter que des cibles parfaitement inutiles stratégiquement comme les grandes villes. Sans cela, la Grande Bretagne ne pouvait que tomber en 1940 ou 1941. 

 

Les deux clés: l’artillerie et le renseignement

CdS. Ce que vous nous dites, c’est que, pendant que les Américains envoient des millers d’Ukrainiens comme de la chair à canon au front, les Russes, eux, ont une autre stratégie.  

Alexandre N. Détruire l’ennemi dans sa profondeur arrière économise énormément les munitions en optimisant les gains par des dégâts stratégiques irréparables. Mais pour ce faire, il faut des moyens adaptés de frappe lointaine et précise, mais surtout jumelés à du renseignement performant, autrement dit de «l’intelligence » – pas donné à tout le monde. L’action d’ensemble s’appelle alors un « plan de feu ». Certains persistent encore à croire que c’est l’infanterie qui conquiert,  et si possible avec un béret rouge en tête. Mais celui-ci n’est dans les faits que le prolongement du pantalon rouge français de 14. L’infanterie fonctionnellement occupe et contrôle le terrain que d’autres conquièrent pour elle. Ainsi on l’économise. 

 

CdS. C’est ce que font les Russes. 

Alexandre N. Oui. La structure de fonctionnement de l’effort de guerre est donc le système tangible de la résilience adverse, ce dont le Pentagone est pleinement conscient. Les Américains ne font pas autre chose, ordinairement, que de le détruire d’emblée avec leur armée de l’air, non sans l’avoir préparé avec des sanctions pour affamer la population, de la subversion pour mettre la discorde chez l’ennemi, ainsi que de la corruption pour y disposer d’une 5° colonne. Cerise sur le gâteau, ils enrobent le tout d’un épais brouillard propagandiste, d’abord pour rassurer l’opinion américaine, ensuite pour s’asservir l’opinion européenne, et enfin pour effrayer l’opinion ennemie ou neutre.

CdS. Comment se réalise ce beau schéma sur le théâtre ukrainien? 

Alexandre N: Eh bien d’abord pas très bien parce que les  Russes ont attaqué préventivement, détruisant ainsi d’emblée le schéma. Au bilan d’aujourd’hui, les forces ukrainiennes, qui ont, par exemple perdu au moins 5000 blindés depuis le début des hostilités, n’ont plus que de l’infanterie, peut-être encore nombreuse mais dans un état plus que discutable. Elles disposent encore cependant du très solide dispositif défensif dans la profondeur, élaboré depuis 2014 par l’Otan sous directives américaines. Mais elles n’ont inversement plus de composante aérienne ce qui les oblige théoriquement à devoir renforcer au maximum leur système maillé de défense antiaérienne ( radars, missiles SA, canons d’appoint, … ). Et c’est là que doivent principalement jouer les Occidentaux.

 

CdS: Et du côté russe? 

Alexandre N. Du coté russe, on note tout d’abord que leur stratégie est des plus irritantes parce qu’illisible, ce qui fait partie de leur force. C’est en effet voulu (maskirovka)  mais ce n’est qu’une question de culture : les Occidentaux ne comprennent en fait pas pourquoi les Russes n’agissent pas comme eux-mêmes l’attendent, donc comme ils feraient eux-mêmes. Et là réside toute l’incompréhension de l’arrogance occidentale qui interprète cela comme une preuve de faiblesse et les pousse à la surenchère … qu’attendent en fait les Russes. 

 

Les Russes ont une stratégie! 

CdS. Les Russes ont donc une stratégie – ce que vous dites est très différent du commentaire moyen dans les médias occidentaux, où on les montre réagissant au coup par coup. 

L’Occident ne  comprend toujours pas que la guerre d’Ukraine n’est pas l’enjeu principal pour les Russes, mais une simple figure imposée. L’enjeu pour ceux-ci est en fait d’affaiblir structurellement le dollar, en passant entre autres choses par la crise économique auto-infligée des Occidentaux. Ces derniers pèchent par arrogance.  Ils continuent à croire  que la Russie n’est « qu’une pompe à essence qui se prend pour une nation », pendant que cette même pompe poursuit benoîtement le projet qui a tant hanté le géopoliticien américain Mackinder, à savoir la cohésion stratégico-économique du heartland eurasiatique. Mais a contrario, le Blob qui y perd déjà de l’argent s’en ai parfaitement rendu compte, d’où cette guerre qui n’a pas d’autre cause.  

 

CdS. C’est à cause de cette vue stratégique large que les Russes mènent une guerre “limitée” en Ukraine – en tout cas jusqu’à récemment? 

Oui. C’est donc pour ces raisons que sur le terrain les forces russes se confinent dans l’Est utile, pour pour forcer les Ukrainiens à sortir de leurs positions défensives Quand ils sont exposés, les Russes les ciblent.  À cet effet, les troupes russes créent volontairement des vides immédiatement vus des quelques 70 satellites américains de surveillance, et dans lesquels alors le Pentagone – où d’autres factions du Blob –  pousse tout aussi immédiatement les forces ukrainiennes, ce qui dans la propagande mainstream devient une marche irrésistible à la victoire finale comme celle de von Paulus en 1942 le long du Dniepr …  On est donc très loin du beau schéma théorique dans lequel le Pentagone croyait pouvoir s’ébrouer, ce que trahit alors une tension grandissante en son sein, et bien au-delà. 

 

La stratégie de Koutouzov

 

CdS. A vous écouter, les Occidentaux n’ont rien appris de l’histoire militaire. Ce que vous décrivez, c’est Koutouzov laissant Napoléon prendre Moscou, pour mieux l’user ensuite. 

Alexandre N.  Exactement. Et là où la stratégie russe en déroute encore plus certains sans qu’ils puissent se l’expliquer, par excès de cartésianisme, c’est qu’elle ne semble pas vraiment jouer le plan de feu destructeur du système ukrainien alors qu’elle dispose des moyens ad hoc, que cela paraît l’évidence et que sur le papier le succès est certain. Jusqu’aux frappes récentes, il y avait toujours en effet de l’eau et de l’électricité à Kiev comme ailleurs, ce qui ne serait pas le cas si les Américains étaient de l’autre coté ! Mais c’est bien parce que la contrepartie en est de pousser les Américains dans l’aventurisme, et ce qui manifestement ne convient pas vraiment au Pentagone qui sent bien que quelque chose cloche.

 

CdS: Vous nous décrivez quelque chose qui est difficile à exposer sur un plateau de télévision. 

Alexandre N. La guerre étant d’abord un affrontement de cerveaux, l’origine de cet apparent paradoxe tient d’abord dans la doctrine rooseveltienne de la guerre, devenue la base de l’américan art of war.

Roosevelt n’avait aucune confiance dans le talent de ses généraux, au point d’ailleurs de demander à Staline de détruire lui-même le corps de bataille japonais en Mandchourie, ce qu’il fit en août 1945 comme promis. Roosevelt fut un belliciste pragmatique qui fonda sa victoire sur le fait de submerger l’ennemi sous le matériel américain, masquant en même temps le manque de combativité des Américains, mais qu’il fallut aussi compenser par une propagande hystériquement dithyrambique. Le Pentagone aujourd’hui ne fait que la même chose en submergeant les forces ukrainiennes de matériels occidentaux. C’est comme ça que les Américains font la guerre, et il y a même eu un membre du Congrès pour faire croire qu’il suffisait de donner aux Ukrainiens l’équivalent du budget de la défense de la Russie –  le dixième de celui des US – pour vaincre celle-ci.

 

Les commentateurs occidentaux sont desespérément superficiels. 

CdS Et c’est pourquoi si nous en croyons  les médias et un certain nombre d’experts – l’affaire est donc pliée, les Russes se sont seffondrés à Izioum.

Alexandre N. Oui et il ne suffirait plus, après le sabotage du NS2 et la frappe du pont de Kertch, que d’agiter la menace nucléaire ou détruire la plus grande centrale nucléaire d’Europe ou  de faire sauter une bombinette stupidement qualifiée de tactique pour faire capituler Moscou. Je connais des gens neutres ou plutôt favorables aux Russes qui pensent, ces jours-ci, que tout est fichu….

Or, on a dit précédemment que l’effort devait porter sur l’imperméabilité de le défense anti-aérienne, alors que le Pentagone a délibérément choisit la frappe offensive dans la profondeur qui jamais ne fera la différence puisqu’il s’est contenté de distiller les moyens occidentaux micro-tactiques en la matière – 155 d’artillerie par-ci, quelques missiles AC  par là, des Himars ailleurs – et le tout précédé par l’illusion propagandiste.

Le Pentagone a donc sacrifié l’essentiel visible à l’accessoire non visible. 

Inversement, ces « nigauds » de Russes, conscient de leurs forces et faiblesses, ont laissé délibérément rentrer tout ce bel armement occidental, dans le but évident de se faire les dents dessus, d’en trouver les parades et de combler leurs lacunes. En 1941 ils firent exactement la même chose pour  concevoir le T-34, véritable terreur, par la suite, des divisions de panzers qui croyaient dominer trop vite.

 

CdS. Une des leçons militaires, c’est en effet qu’il faut se méfier des Russes qui se dérobent à l’adversaire. 

Alexandre N. Mais si le mainstream occidental avait fait son vrai travail, il aurait alors compris que cette phase d’expérimentation était terminée et que depuis un mois les Russes semblent désormais être passés en phase d’application d’un plan de feu  parfaitement destructeur de toute l’infrastructure ukrainienne, patiemment, méthodiquement. Tout y passe : postes de commandement, même ceux de l’Otan camouflés  pour la circonstance, moyens de transmission, regroupements de force, logistique fixe et mobile … mais aussi, depuis lundi, centrales électriques, pôles de défense anti-aériennes …  et partout

Pour ce faire, ils combinent le drone d’attaque pour l’instant imparable via des essaims de drone de type Goran 2 , l’usage intensif de la guerre électronique, le ciblage prioritaire des moyens starlink aussi bien au sol via ces mêmes Goran que dans l’espace via la menace diffuse de micro-satellites prépositionnés. Elon Musk en est si retourné qu’il demande désormais la paix après s’être vanté d’aider les Ukrainiens.

 

Les drones sont la clé de la bataille en cours

 

CdS. Pour vous les drones sont essentiels dans la guerre moderne. C’est plus important à ce stade de la guerre que les missiles hypersoniques

Alexandre N. Le pire de la démonstration est qu’aucun système anti-aérien Occidental ne résiste à Goran et pourtant tous sont présent sur place : le matériel occidental est bien inférieur, comme on le pressentait. 

Mais le plus intéressant dans le cas présent est d’analyser la réaction américaine pour mesurer l’impact de cette montée en gamme des Russes. On a d’abord observé un très lourd silence médiatique sur le phénomène, corrélativement à une montée dans les aigus sur la fulgurante victoire ukrainienne, un wishful thinking en réaction au désespoir. On a ensuite assisté au renforcement discret mais en mode accéléré de tous les moyens sol-air occidentaux ( radar, missiles, bouclier anti-drone ) pour essayer de briser  Goran 2. Pas de chance, c’est trop tard, la technologie occidentale est ridiculisée.  surclassée pour longtemps.

 

CdS. C’est pour cela que vous parlez de panique?

S’ensuit alors un phénomène de panique, en effet, où :

– d’une part par les US sabotent les pipes allemands par dépit, peut-être sont-ils à l’origine de l’attaque du pont de Kertch, et peut-être ont-ils envoyé un missile sur une base au centre de la Russie où se trouvent des bombardiers stratégiques,

– d’autre part le  Pentagone “secoue” sans succès son bureau de recherche sur les drones et finalement va réclamer comme d’habitude des fonds supplémentaires au Congrès.

Cette panique enfin se diffuse parmi les  politiques occidentaux , qui alors disent tout et n’importe quoi : promesse puis retrait d’Atacoms pour Zelinski, promesse puis retrait de l’intégration à l’ Otan pour l’Ukraine, promesse puis retrait de la menace nucléaire vis à vis de la Russie. 

 

Perspectives inquiétantes

 

CdS Qu’en déduire finalement ?

Alexandre N. Tout d’abord concernant la partie russe, il serait prématuré de conclure à son succès pourtant inscrit sur le papier, tant la Russie  nous a habitués à foncer sur le Rubicon pour tranquillement s’y arrêter et pêcher. Je me demande si la Russie a assez “souffert”, selon ses propres normes pour mener l’affaire vraiment à terme, mais qu’à cela ne tienne la CIA s’y attache comme on le verra une prochaine fois. . 

Ensuite pour la partie américaine – l’Europe à ce stade n’existant plus: l’on constate que la panique à bord combinée à l’aggravation évidente de la démence sénile de celui  y faisant fonction de président, amène nécessairement à envisager qu’un débat interne musclé a commencé entre entre factions du Blob. Le risque, c’est bien évidemment ce que décrit l’excellent film de Kubrick, « Docteur Folamour ».

L’important devient alors de s’interroger quant à l’effet sur les pays du « reste du monde » comme les Américains les nomment du haut de leur hubris. En effet, l’Amérique n’est pas qu’un problème russe mais surtout un problème mondial et qui appelle indubitablement à la destruction de son Blob. C’est donc une Amérique de plus en plus désespérée, de plus en plus agressive et de plus en plus raciste qui s’exclut de la relation internationale normale, ainsi que ses minables vassaux européens. Cette guerre est existentielle et la haine anti-américaine en devient l’axe le plus fédérateur.

Sénèque a dit un jour a Néron qu’il pouvait tuer tout le monde , sauf son successeur. Il en est de même avec la réalité pour les Américains….

Ukraine: Qui se bat contre qui ?

Source : Le Courrier des Stratèges.

par Jean Goychmann - Le 12/10/2022.

 

De même qu'Alexandre N. , dans son entretien de ce matin, nous obligeait à regarder au-delà du récit habituel de la guerre sur le terrain, (voir ci-dessus)Jean Goychman nous montre, ce soir, le dessous des cartes géopolitiques.

 

 Depuis plusieurs mois, une bonne partie de l’actualité au quotidien est consacrée à la guerre en Ukraine. Beaucoup de débats, de tables rondes, d’interviews d’experts (sur quels critères ces derniers sont-ils recrutés?) sont entièrement consacrés aux actions sur le terrain, avec leur inévitable  communication de guerre, jadis appelée « propagande »

 

Le manque d’une vision élargie du champ de bataille

Les opérations militaires, pour spectaculaires qu’elles soient, ne sont que l’un des aspects de ce conflit. De profonds bouleversements de la planète et de son équilibre géopolitique sont en train de se produire, mais ne semblent pas être sujets au même traitement médiatique. Bien sûr, certains événements sont mentionnés dans cette actualité, comme la réunion des pays de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) qui s’est tenue il y a quelques jours en Ouzbékistan, mais  sont présentés d’une façon isolée par rapport au contexte général.

Or, cette guerre est probablement la partie visible de ces profonds bouleversements.

Seuls ceux qui, pour beaucoup de raisons, ne se tiennent pas informés de la marche du monde, peuvent croire qu’un matin de février 2022, la Russie, sur un coup de tête de ses dirigeants, dont la santé mentale est remise en question par certains commentateurs, a décidé d’envahir l’Ukraine.

Pour les autres, plus au fait de la géopolitique des trente dernières années,et qui ont suivi l’extension de la zone OTAN en Europe de l’Est, la tension entre la Russie et l’OTAN était montée progressivement. Les événements de 2014 à Kiev avaient encore aggravé ce désaccord. Mais d’autre événements se sont produits plus récemment qui on joué un rôle important, sinon prépondérant.

 

La perte d’influence progressive de l’Occident et des Etats-Unis.

Durant la guerre froide de l’après-guerre, le monde était divisé en deux blocs et le côté « Occidental » paraissait être le plus puissant. Cependant, cette supériorité reposait sur la présence d’alliés aux côtés des États-Unis. C’était le rôle de l’OTAN de maintenir cette cohésion occidentale.

La disparition de l’Union Soviétique laissait les États-Unis seuls maître du jeu, ouvrant la voie à un monde monopolaire sous l’hégémonie de ces derniers. Le trio États-Unis, OTAN et dollar leur a permis cette domination quasiment sans partage. Comme le disait de Gaulle :

« La situation de monopole est la meilleure, surtout pour celui qui le détient... »

Ces dernières années furent marquées par une politique étrangère américaine de plus en plus belliqueuse et de moins en moins diplomatique. Mais, dans la même période, le reste du monde ne restait pas figé. En 1970, la population occidentale représentait 25% de la population mondiale pour un PIB de 90% du total. Aujourd’hui, les chiffres sont tombés à 12% (Japon compris) et 40% pour le PIB. Cette évolution de la démographie et de l’activité économique est incontournable et influence la géopolitique mondiale.

On ne peut, avec de tels chiffres, imposer un monde monopolaire qui serait dirigé par un pays dont la population ne représente que 4% de la population totale. De plus, peut-on encore parler d’un bloc occidental alors qu’on assiste à une main-mise  des États-Unis sur l’Union Européenne via l’OTAN,  ramenant les membres de cette dernière à l’état de vassaux ?

Tout ceci semble avoir été pris en compte par la Russie. Vladimir Poutine apparaît aujourd’hui comme le seul adversaire réellement offensif de cet Occident, mais est-ce vraiment le cas ?

 

Vladimir Poutine est-il vraiment si isolé ?

Depuis la fin de non-recevoir manifestée par l’Union Européenne à l’encontre de la Russie durant les années 2000, celle-ci s’est tournée vers l’Asie. Après le traité de Shangaï signé en 1996, suivi en 2001 de la création de l’OCS, la Russie devint un partenaire important de l’Asie, d’autant plus qu’elle était « à cheval » sur les deux  continents. De son coté, la Chine se montre de plus en plus critique vis à vis de l’hégémonie américaine et cherche à étendre son influence sur toute la zone Pacifique. Le Japon demeure en apparence un indéfectible allié des États-Unis, mais les milieux financiers japonais ont gardé en mémoire l’éclatement de la bulle immobilière de Tokyo provoquée en 1988 par les excédents en dollars nourris par le déficit américain. Pour le moment, le Japon regarde avec crainte l’influence montante de la Chine, ce qui le rapproche des États-Unis, mais pour combien de temps ?

Les autres pays d’Asie semblent avoir franchi le pas, si on regarde la participation à la réunion de l’OCS, au cours de laquelle le dirigeant chinois Xi Jinping a souligné que  les dirigeants doivent « travailler ensemble à la promotion d’un ordre international qui aille dans une direction plus juste et rationnelle ».

Mais l’Asie est loin d’être la seule à remettre en cause l’hégémonie américaine. L’Amérique du Sud, ayant trop subi la dictature du dollar et les ingérences américaines, des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Bolivie et le Venezuela regardent avec intérêt ce qui est en train de se passer en Asie.

Côté africain également, où l’influence soviétique s’était partiellement exercée il y a quelques décennies, certains pays semblent de plus en plus réceptifs à ce discours. De plus en plus, le partage entre l’Occident et le reste d’un monde en train de se réunifier autour d’une conception multipolaire  dont les nouveaux pôles pourraient être les continents. Cela risque d’être accéléré par un retour à l’isolationnisme américain consécutif à un éventuel retour aux affaires de Donald Trump. Cela peut également d’être  très néfaste à une Union Européenne qui peine à trouver sa place dans le monde actuel et qui suit tête baissée les directives américaines.

 

L’effet majeur des sanctions décidées par l’Occident

Il faut reconnaître que, depuis 2015 et la signature des accords de Minsk , ces derniers sont restés lettre morte. Noam Schomski a lui même reconnu que les États-Unis avaient provoqué la Russie et que, s’ils avaient soutenu Volodimir Zelensky afin qu’il applique les accords de Minsk, il n’y aurait pas eu de guerre. Ce qui est sûr, c’est que les deux camps avaient préparé cette guerre et que chacun avait déterminé sa stratégie. L’OTAN et L’Ukraine d’un côté, la Russie de l’autre, avait déroulé leurs plans. Vladimir Poutine est un joueur d’échecs, et sa stratégie s’en ressent. Il pressentait que les sanctions économiques, déjà en vigueur depuis 2014, allaient se renforcer et il a compris le parti qu’il pourrait en tirer en tant que principal fournisseur de pétrole et de gaz de l’Union Européenne.

Mais il avait aussi joué sur le fait que bien d’autres pays seraient touchés par ces sanctions, bien que restant à priori neutres par rapport à ce conflit. Dés lors, le jeu de Vladimir Poutine consista à mettre ces pays de son côté. L’Occident et en particulier les européens, auraient dû tenir compte de ces abstentions massives à l’ONU lorsqu’il s’est agi de condamner la Russie. Emmanuel Macron lui-même, aurait dû tirer les enseignements d’un auditoire presque vide lors de son discours.

Au lieu de cela, rien. Aucune réaction. Les sanctions conduisent l’Union Européenne vers une pénurie d’énergie, peu importe. Plus grave encore, en interdisant l’accès de la Russie au paiements par SWIFT, on lui fournissait le prétexte parfait pour qu’elle exige des paiements en roubles.

Aujourd’hui, le dollar qui jouissait d’un quasi-monopole pour les échanges internationaux, n’est plus utilisé que pour 50% d’entre eux. Et cela n’est pas sans conséquence pour l’économie américaine. La FED, pour tenter d’enrayer l’inflation, augmente ses taux, ce qui affaiblit l’euro car la BCE, compte-tenu de l’endettement des pays de la zone euro, ne peut pas suivre ces augmentations. Les prix à l’importation de la zone euro augmentent considérablement, ce qui génère plus d’inflation et de perte du pouvoir d’achat. Pourtant, on continue comme si de rien n’était.

 

Le temps travaille pour la Russie et contre l’Occident

Tout cela, les dirigeants russes le savent. Donc ils n’ont aucune raison de négocier ou de passer à l’offensive. Le statu quo actuel semble leur convenir parfaitement. L’Ukraine n’est que le lieu d’un affrontement dont le cadre dépasse largement ses frontières. Le véritable enjeu est celui du maintien ou de la disparition à terme de l’hégémonie américaine. Dans ce combat de titans, personne ne semble se soucier du sort de l’Europe, dont les clignotants rouges s’allument les uns après les autres. Quelle responsabilité pour nos dirigeants qui auront beaucoup de mal à prétendre « qu’ils ne savaient pas ! » 

La Vallée de la mort politique, militaire et économique. Vous ne pourrez plus dire que vous n’avez pas été informés - Le 20/10/2022.

 

par Douglas Macgregor.

À propos de la guerre du Vietnam, Henry Kissinger, ancien conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d’État sous les présidents Nixon et Ford, a déclaré : « Nous n’aurions jamais dû être là ». 

Bientôt, les Américains, même les politiciens à l’intérieur du Beltway, parviendront à la même conclusion à propos de la guerre par procuration ukrainienne de Washington contre la Russie. 

Personne à la Maison Blanche, au Sénat ou à la Chambre n’a consciemment entrepris de transformer la guerre ukrainienne par procuration avec Moscou en une fatale compétition d’« effondrement sociétal compétitif » entre la Russie et l’OTAN. 

Note Bruno Bertez : le mot important est « consciemment » Ceci fait référence a la notion centrale que j’utilise en finance et en géopolitique: la notion d’engrenage, personne n’a voulu cela mais on y va, cela vient en vertu d’une logique dialectique que personne n’a subjectivement voulue… mais qui s’est objectivement mise en branle.

Mais nous y sommes. Personne n’imaginait que l’administration Biden et le parti bipartisan de la guerre conduiraient les Américains et les Européens dans une vallée de la mort politique, militaire et économique, d’où il n’y a pas de sortie facile. 

Or c’est précisément ce qui se passe.

Pour le moment, Washington reste aveugle à ces développements. Que ce soit dans la presse écrite, à la radio, à la télévision ou en ligne, le récit est clair : malgré des pertes horribles – au moins 400 000 victimes ukrainiennes sur le champ de bataille, dont 100 000 soldats tués au combat – les forces ukrainiennes sont en train de gagner. De plus, selon le récit, la domination financière et économique de l’Amérique finira par submerger l’économie russe faussement faible.

Certes, le récit de la victoire ukrainienne bénéficie énormément des médias occidentaux qui « écartent » activement les points de vue opposés et dépeignent la Russie et ses forces armées sous le pire jour possible. Le fait que près d’un demi-siècle de guerre froide ait conditionné les Américains à penser le pire des Russes aide certainement. 

Pourtant, il y a aussi une mesure de « véritable foi » à l’œuvre, une condition de narcissisme national, à l’intérieur du Beltway qui croit que Washington peut contrôler ce qui se passe à des milliers de kilomètres de là dans l’est de l’Ukraine. 

Le message résonne au Congrès parce qu’il repose sur une hypothèse stratégique critique que les citoyens américains n’ont pas encore contestée : que le pouvoir national américain est illimité et sans contrainte, comme si une série d’échecs stratégiques, du Vietnam à l’Afghanistan, ne s’était jamais produite.

NOTE BB : le colonel décrit ici l‘Imaginaire dont je vous entretiens sans arrêt. Nous sommes au delà des mensonges ou de la propagande. Les occidentaux non seulement vivent dans un imaginaire, mais leur psyché étant structurée comme et par le langage, les discours faux produisent une psychè, consciente et inconsciente inadéquate, biaisée par rapport au réel. Ils marchent à coté de leurs pompes, ils sont inadaptés.

Étant donné que les politiciens américains sont toujours plus préoccupés par les affaires intérieures que par la politique étrangère, les membres du Congrès adoptent rapidement la « vraie foi ». Cette foi explique pourquoi, au cours des huit dernières années, les membres ont pensé qu’une future guerre avec la Russie était une affaire à faible risque. Les Ukrainiens fourniraient la chair à canon et Washington fournirait les armes et les munitions coûteuses. 

Comme on pouvait s’y attendre, les principes stratégiques directeurs de Washington sont inchangés par rapport aux précédentes interventions américaines dans le monde. 

Le principe c’est : des masses de soldats – dans ce cas des Ukrainiens conseillés par des officiers américains et alliés – et d’énormes injections d’argent, d’équipement et de technologie peuvent et vont altérer de façon permanente la réalité stratégique en faveur de l’Amérique. 

L’air stupéfiant d’autosatisfaction que l’administration Biden assume lorsqu’elle attaque d’anciens partenaires stratégiques tels que l’Arabie saoudite ou donne des conférences moralisatrices aux dirigeants de Pékin, ou lorsque ses substituts médiatiques expriment du mépris pour l’État russe, est incroyablement dangereux. 

Les personnalités politiques à Washington sont prêtes à se livrer à toute transgression si elle est commise au nom de la destruction de la Russie. Ils ne voient pas la politique étrangère américaine dans le contexte d’une stratégie plus large, et ils ne comprennent pas non plus la capacité de la Russie à nuire aux États-Unis, ils portent un jugement bizarre sur le potentiel militaire et économique réel de la Russie. 

Le résultat est un climat toxique de haine idéologique qui fait qu’il est difficile d’imaginer qu’un secrétaire d’État américain contemporain signe un jour un accord international renonçant à la guerre en tant qu’instrument de la politique nationale américaine, comme l’a fait le secrétaire d’État Frank Kellogg en 1928. Mais comme l’un des les personnages du Marchand de Venise ont averti : « La vérité éclatera. » 

L’accumulation en cours de 700 000 forces russes dotées d’équipements modernes en Russie occidentale, en Ukraine orientale et en Biélorussie est une conséquence directe de la décision de Moscou d’adopter une défense élastique et stratégique des territoires qu’elle a saisis dans les premiers mois de la guerre. 

C’était un choix sage, bien que politiquement impopulaire en Russie. 

Pourtant, la stratégie a réussi. 

Les pertes ukrainiennes ont été catastrophiques et d’ici novembre, les forces russes seront en mesure de porter un coup fatal. 

Aujourd’hui, des rumeurs circulent dans les médias selon lesquelles Kiev pourrait être sous pression pour lancer davantage de contre-attaques contre les défenses russes à Kherson (sud de l’Ukraine) avant les élections de mi-mandat en novembre. À ce stade, dépenser le peu qui reste du sang de l’Ukraine pour expulser les forces russes d’Ukraine n’est guère synonyme de préservation de l’État ukrainien. 

Il est également douteux que de nouveaux sacrifices de la part des Ukrainiens aident l’administration Biden lors des élections de mi-mandat.  

La vérité est que la ligne rouge de Moscou concernant l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN a toujours été réelle. L’Ukraine orientale et la Crimée ont toujours été à prédominance russe en termes de langue, de culture, d’histoire et d’orientation politique. La descente de l’Europe dans l’oubli économique cet hiver est également réelle, tout comme le soutien à la cause russe en Chine et en Inde et la montée en puissance militaire de Moscou.

Rétrospectivement, il est facile de voir comment le Congrès a été séduit par les intellectuels des groupes de réflexion, des lobbyistes et des généraux à la retraite, qui sont, à quelques exceptions près, des personnes familiarisées avec la guerre conventionnelle haut de gamme. 

Les membres de la Chambre et du Sénat ont été exhortés à soutenir des stratégies douteuses d’utilisation de l’assistance militaire américaine, y compris des scénarios imprudents de guerre nucléaire limitée avec la Russie ou la Chine. 

Pour une raison quelconque, les politiciens américains ont perdu de vue la réalité que toute utilisation d’armes nucléaires dépasserait les objectifs de toute politique nationale.  

Ce n’est pas la première fois que les dirigeants politiques américains se méprennent sur la véritable nature d’une situation. En 1969, Kissinger a déconseillé au président Nixon la désescalade au motif que le maintien des troupes américaines au Vietnam restait l’une des rares armes de marchandage de Washington dans ses négociations avec Hanoï. Kissinger avait tort. Washington n’a rien gagné à la table des négociations avec Hanoï en sacrifiant plus d’Américains au Vietnam après janvier 1969. 

Compte tenu des sombres perspectives de l’Ukraine de regagner un jour le territoire perdu et de sa santé stratégique qui se détériore, l’avenir de l’Ukraine repose désormais entre les mains de la Russie. 

Pour Washington, il existe une réponse moralement responsable et pratique : Kiev devrait arrêter l’effusion de sang et faire la meilleure paix possible avec Moscou. 

Malheureusement, pour Washington, cette solution est impensable. 

Tant que Washington fournira de l’argent, de l’aide militaire et de l’équipement à l’Ukraine, Kiev mènera sa guerre impossible à gagner, et la classe politique dirigeante de Washington profitera du transfert d’argent au Pentagone et à la base industrielle de défense américaine. Mais Washington, ses alliés de l’OTAN et les Ukrainiens n’y gagneront rien en terme de valeur stratégique, tandis que la Russie va se renforcer. C’est un développement que Washington regrettera.

source : Bruno Bertez

De quel général « Armageddon » est-il le nom ?

Le 20/10/2022.

Le général de l’armée russe Sergueï Sourovikine, qui est récemment devenu le commandant de l’opération militaire russe, a accordé une interview aux médias russes sur l’état actuel de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine.

Le discours de Sourovikine mérite la plus grande attention, pour les principales raisons suivantes :

Premièrement, le général (quatre étoiles) russe a montré sa capacité et sa claire intention de communiquer avec les citoyens russes directement, honnêtement et sans patriotisme morbide. Le ton et le contenu de son discours sont radicalement différents de celui du ministère russe de la Défense depuis le début de ce conflit. Ce qui confirme avec les limogeages récents que les russes ont décider de « commencer » comme dit Poutine … de faire la guerre que leur impose l’OTAN ; et de l’annoncer clairement, d’abord aux russes eux-mêmes.

Deuxièmement, le commandant russe a fait plusieurs déclarations marquantes qui donnent une idée assez claire de l’évolution prévisible du conflit ukrainien dans les semaines à venir. Sourovikine a confirmé que la Russie considère qu’elle est en guerre avec le régime criminel néocolonial de « Zelensky », qui de facto n’est rien de plus qu’une autorité d’occupation par l’OTAN. Sourovikine a donc réaffirmé que la tâche de l’armée russe est de libérer le peuple ukrainien frère (c.a.d. les Ukrainiens distincts des Nazov et autres « Galiciens »). De plus, il a honnêtement décrit la situation sur les fronts comme très tendue.

Dans la deuxième partie de son entretien, il a précisé qu’en cas de nécessité militaire et afin de sauver la vie de soldats russes et de civils locaux, il prendrait toutes les mesures et tous les moyens nécessaires en fonction de la situation opérationnelle et tactique sur le front. Cela signifie que le commandement russe s’est préparé à toute évolution de la situation, jusques et y compris la retraite tactique et les violents combats urbains imposés par les ukrainiens (mais que les russes entendent épargner aux civils), mais aussi les « tirs de barrage » massifs, tels ceux déjà effectués par les russes. Rappelons à ce propos que Staline avait fait évacuer les civils de Stalingrad avant que n’y commence la bataille. Inversement les Nazis ukrainiens ont repris la tactique SS des « festung » consistant à utiliser les villes comme forteresse en s’y enterrant derrière les civils comme boucliers humains.

Troisièmement, la prochaine phase aiguë du conflit, c’est-à-dire une offensive massive des forces armées ukrainiennes dans la direction Krivoï Rog-Mykolaïv, est attendue par l’état-major russe dans les prochains jours. Il est donc en train de préparer les mesures destinées à la contrer.

***

Bonjour Sergueï Vladimirovitch ! Par décision du ministre de la Défense de la Fédération de Russie, vous avez été nommé commandant des forces conjointes dans la zone d’une opération militaire spéciale. De nombreux citoyens russes sont préoccupés par la question de savoir quelle est la situation aujourd’hui ?

Globalement, la situation dans la zone de l’opération militaire spéciale peut être qualifiée de tendue. L’ennemi ne renonce pas à tenter d’attaquer les positions des troupes russes. Cela concerne tout d’abord les directions Kupyansk, Krasnolimansky et Mykolaiv-Krivoy Rog.

Nous avons en face de nous un régime criminel qui envoie à la mort les citoyens ukrainiens. Mais nous formons un seul peuple avec les Ukrainiens et souhaitons simplement que l’Ukraine soit un État indépendant de l’Occident et de l’OTAN, ami de la Russie.

Le régime ukrainien essaie de percer nos défenses. Pour ce faire, les FAU (forces armées ukrainiennes) mobilisent toutes leurs réserves disponibles vers les lignes de front. Il s’agit principalement des forces de défense du territoire qui n’ont pas suivi un cycle complet de formation.

En pratique, les dirigeants ukrainiens les condamnent à la destruction. En règle générale, ces unités ont un moral bas. Pour les empêcher de fuir la ligne de front, le régime criminel de Kiev doit même utiliser ses unités nationalistes qui tirent sur tous ceux qui tentent de quitter le champ de bataille.

Chaque jour, les pertes de l’ennemi s’élèvent à des centaines de personnes tuées et blessées1.

Nous avons une stratégie différente. Le commandant en chef suprême2 en a déjà parlé. Nous ne cherchons pas à atteindre des taux d’avancement élevés, nous prenons soin de chaque soldat et « broyons » méthodiquement l’ennemi qui avance. Cela minimise non seulement nos pertes, mais réduit également considérablement le nombre de victimes civiles.

Actuellement, le Groupe d’Armée conjoint prend des mesures pour augmenter la force de combat des formations et des unités militaires, créer des réserves supplémentaires, équiper des lignes défensives et des positions le long de toute la ligne de contact.

Les frappes avec des armes de précision contre des installations militaires et des infrastructures affectant la capacité de combat des troupes ukrainiennes se poursuivent3.

Sergey Vladimirovitch, en plus du fait que vous avez été nommé commandant des forces conjointes dans la zone d’opérations spéciales, vous restez commandant en chef des forces aérospatiales. Comment caractériseriez-vous l’efficacité de l’aviation et des forces de défense aérienne russes ?

L’opération militaire spéciale a confirmé l’efficacité des complexes d’aviation et des systèmes de défense aérienne que nous avons en service.

Au cours de l’opération, les équipages de l’aviation tactique, militaire et à longue portée ont effectué plus de 34 000 sorties. Ils ont utilisé plus de sept mille armes d’avions guidés. Les derniers missiles d’aviation hypersoniques Kinjal (Dagger) ont fait leurs preuves pour atteindre des cibles. Aucun des systèmes de défense aérienne de l’ennemi ne pouvait intercepter ce missile. Les missiles de croisière stratégiques à lancement aérien ont également montré la plus grande précision.

En termes de qualité d’utilisation au combat, je voudrais particulièrement mentionner l’avion multifonctionnel Su-57 de cinquième génération. Disposant d’une large gamme d’armes en service, il résout les tâches à multiples facettes consistant à vaincre des cibles aériennes et terrestres à chaque sortie.

Plus de 8000 sorties ont été effectuées par des avions sans pilote et plus de 600 objets des forces armées ukrainiennes ont été détruits par des drones de frappe.

Il y a quelques jours, le gouverneur par intérim de la région de Kherson, Vladimir Saldo, a annoncé que les autorités avaient décidé d’offrir aux habitants de la région la possibilité de se rendre dans d’autres régions de la Fédération de Russie pour des loisirs ou des études. Cela concerne tout d’abord la rive droite du Dniepr. Le chef de la région a déclaré que ces mesures avaient été prises pour assurer la sécurité des citoyens au milieu de l’augmentation des bombardements par les forces armées ukrainiennes. Comment pouvez-vous commenter cette décision ?

Une situation difficile s’est développée dans cette direction. L’ennemi frappe délibérément des infrastructures et des bâtiments résidentiels à Kherson. Le pont Antonovsky et le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovskaya ont été endommagés par des missiles HIMARS, la circulation y a été interrompue.

En conséquence, la livraison de nourriture est difficile dans la ville, il y a certains problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité. Tout cela complique considérablement la vie des citoyens, mais crée également une menace directe pour leur vie.

La direction de l’OTAN des forces armées ukrainiennes exige depuis longtemps du régime de Kiev des opérations offensives dans la direction de Kherson, quelles que soient les victimes, tant dans les forces armées elles-mêmes que parmi la population civile.

Nous avons des informations sur la possibilité que le régime de Kiev utilise des méthodes de guerre interdites dans la région de la ville de Kherson, sur la préparation par Kiev d’une frappe de missile massive sur le barrage hydroélectrique de Kakhovskaya, sur des frappes massives de roquettes américaines et des frappes d’artillerie sur la ville, sans discernement.

Ces actions peuvent entraîner la destruction de l’infrastructure d’un grand centre industriel et des pertes civiles.

Dans ces conditions, notre priorité absolue est de préserver la vie et la santé des civils. Par conséquent, tout d’abord, l’armée russe assurera le départ sûr et déjà annoncé de la population conformément au programme de réinstallation en cours de préparation par le gouvernement russe.

Nos futurs plans et actions concernant la ville de Kherson elle-même dépendront de la situation militaro-tactique actuelle. Je le répète, c’est déjà très difficile aujourd’hui.

En tout cas, comme je l’ai déjà dit, nous partirons de la nécessité de préserver au maximum la vie des civils et de nos militaires.

Nous agirons consciemment, en temps opportun, sans exclure l’adoption de décisions difficiles.

***

L’interview du général Sourovikine a suivi l’adresse du chef de la région de Kherson Vladimir Saldo aux résidents locaux.

Fait intéressant, le texte de l’appel vidéo du chef de la région de Kherson diffère du texte qui a été publié sous forme de « transcription » de la vidéo dans les médias russes. Nous pensons que les mots prononcés dans cet appel vidéo reflètent précisément et plus clairement la situation, nous publions donc la transcription textuelle de l’appel vidéo.

Dans son appel, le chef de la région de Kherson démontre une compréhension claire de la situation. Il ne veut pas que les habitants de sa région répètent le sort des habitants de Donetsk, bombardé depuis près de neuf ans, ou des habitants de Marioupol, qui ont été abattus par des soldats du régime de Kiev alors qu’ils tentaient d’évacuer.

« Chers compatriotes !

Vous savez tous que le régime de Kiev a déclaré une guerre totale à la Russie et accumule maintenant d’énormes forces dans les directions de Nikolaevsk et Krivoy Rog. De son côté, l’armée russe accumule également des forces pour contrer l’avancée des FAU.

Nous savons tous à quel point les habitants du Donbass endurent les bombardements quotidiens. Cette situation, qui est en train de se créer, nous menace également, nous les habitants de la région de Kherson.

Donc, dans ces conditions, la seule décision correcte a été prise, celle qui peut réduire les risques pour les civils. J’annonce la relocalisation, la relocalisation volontaire, le départ des habitants des districts de Beryslav, Bilozersk, Aleksandrovsk et Snigiryov.

Toutes ces activités se feront de manière organisée et sans frais pour les résidents. Ceux qui veulent s’installer sur la rive gauche peuvent rester sur la rive gauche de la région de Kherson. Certains voudront aller plus loin dans les régions de Russie.

Dans ces conditions, Marat Khusnullin, vice-président du gouvernement russe, a annoncé que toutes les familles, je veux dire celles qui s’installeront dans les régions intérieures de la Russie, recevront des certificats de logement (droit à la propriété gratuite) et pourront s’y installer définitivement.

Chers compatriotes, je voudrais dire une fois de plus que notre armée (l’armée russe) a de très fortes capacités pour repousser toute attaque. Mais pour que nos militaires travaillent calmement et ne pensent pas que les civils se tiennent derrière leur dos, vous DEVEZ quitter ces districts que j’ai nommés et permettre aux militaires de faire leur travail correctement et avec moins de pertes pour les civils.

Notre cause est juste et nous savons avec certitude que nous vaincrons ! »

source : Librairie Tropiques

L’armée américaine n’a jamais été confrontée au niveau d’attrition auquel l’armée ukrainienne est confrontée - Le 26/10/2022.

 

par Andrei Martyanov.

Larry Johnson a posté une très bonne description de la CIA en relation avec la Russie moderne et de la masse de conneries que tous ces barbouzes « réputés » débitent sur Poutine et les Russes :

« Les décideurs américains, lorsqu’il s’agit de la Russie, sont des ignorants qui ont peu d’intérêt pour l’histoire. Ils sont aveuglés par l’idéologie et ont tendance à voir la Russie d’aujourd’hui à travers les constructions périmées de la guerre froide. Poutine et la Russie sont ineptes. Ils sont maladroits. Ils sont arriérés. Etc., etc. etc. »

Lisez l’excellent article de Larry qui encadre extrêmement bien d’autres nouvelles qui ont enthousiasmé de nombreux « analystes » militaires. Mais, à mon avis, il s’agit d’une bonne nouvelle dans un sens bizarre qui confirme l’affirmation de beaucoup, dont votre serviteur, depuis le début de l’opération militaire spéciale, que la plupart des forces terrestres russes sont tenues en réserve précisément pour ce genre de contingences :

« La 101e division aéroportée de l’armée américaine n’hésiterait pas à entrer en Ukraine si un conflit éclatait entre la Russie et l’OTAN, a rapporté vendredi CBS News en citant les commandants militaires de l’unité. La division d’élite effectue actuellement des exercices de guerre en Roumanie, près de la frontière avec l’État déchiré par la guerre. Les commandants de l’unité ont déclaré à CBS qu’ils seraient prêts à passer en Ukraine si les combats s’intensifiaient – sans préciser ce que cela impliquerait – ou si l’OTAN était attaquée. Ils ont souligné que leur déploiement actuel en Europe, le premier depuis la Seconde Guerre mondiale, a pour but de « défendre le territoire de l’OTAN ». « Nous sommes prêts à défendre chaque pouce du sol de l’OTAN », a déclaré le commandant adjoint, le brigadier général John Lubas, à la chaîne d’information. »

C’est un classique des militaires occidentaux qui bombent le torse et exécutent un Haka, avec en toile de fond un bilan de guerre lamentable pour l’OTAN et les États-Unis, qui ont réussi à tout perdre dans chacune des guerres qu’ils ont menées ces 30 dernières années contre de petites nations. Il y a donc quelques points à noter :

1. L’OTAN ne sera PAS attaquée si elle reste là où elle doit être – dans les pays de l’OTAN. « L’escalade des combats » est un terme délibérément opaque, car même le niveau des combats qui se déroulent actuellement dans l’ancienne Ukraine dépasse l’expérience tactique, opérationnelle et stratégique de l’armée américaine. « L’acuité » opérationnelle des planificateurs et des commandants du Pentagone et de la Grande-Bretagne sera étudiée pendant des décennies dans les académies militaires sérieuses sur la façon de ne pas mener une vraie guerre. Mais là encore, l’exemple brillant de Zap Brannigan et de son approche consistant à submerger les ennemis par des vagues successives de chair à canon semble être le fil conducteur de la formation des chefs militaires de l’OTAN.  

2. Le déploiement de 4700 parachutistes américains en Roumanie est risible, même par rapport aux réalités d’une seule direction opérationnelle du théâtre de l’opération militaire spéciale, qui voit actuellement environ le même nombre hebdomadaire de pertes que l’armée ukrainienne (FAU) et aucun officier ou soldat américain n’a jamais été confronté à de telles réalités de combat dans sa vie. L’armée américaine n’a jamais non plus été confrontée au niveau d’attrition auquel les FAU sont confrontées aujourd’hui. C’est tout simplement en dehors de l’expérience militaire de l’Amérique. Quelle sera la durée de la stabilité au combat – c’est-à-dire la capacité à effectuer des tâches de combat tout en maintenant l’attrition – de la 101e dans les conditions actuelles d’impact du feu, on ne peut que spéculer, mais je dirais au mieux deux-trois semaines.

3. Mais alors, bien sûr, vient l’autre question que le Brigadier Général John Lubas ne comprend pas – la seule façon dont la 101e peut « entrer » en Ukraine est à la condition d’une guerre totale de l’OTAN contre la Russie, ce qui nécessitera, même dans un cadre conventionnel (non nucléaire, c’est-à-dire), quelque chose entre 500 000 et 700 000 troupes terrestres de l’OTAN pour la première « vague » – une tâche impossible pour l’OTAN et les États-Unis, à moins que l’OTAN ne s’engage pleinement et je suis sûr que le public américain accueillera cette nouvelle avec enthousiasme et détermination. Voilà le raisonnement de M. Petraeus, qui n’a jamais gagné quoi que ce soit dans sa vie, et qui est pourtant devenu général. Il pense à la force « multinationale » maintenant – je suis sûr que ses expériences stellaires en Afghanistan seront également étudiées (elles le sont déjà) dans le monde entier sur la façon de ne pas combattre, oubliez les véritables opérations d’armes combinées dont il n’a qu’une vague compréhension.

4. Enfin, et ce n’est pas le moins important – je répète ce point depuis des années, ad nauseam – aucun service américain, y compris l’US Air Force, n’a jamais combattu quelque chose comme cela dans la vie de plusieurs générations de militaires américains, du haut en bas de l’échelle. Un point c’est tout. Et, bien sûr, personne dans les forces armées de l’OTAN (principalement les États-Unis) n’a la moindre idée de ce que représente le fait de voir sa patrie dévastée et de perdre ses proches à cause des attaques, de la famine, du froid, des maladies et d’autres choses que la vraie guerre apporte à grande échelle. Les États-Unis n’ont JAMAIS dans leur histoire, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale, combattu un ennemi qui pouvait facilement frapper à des profondeurs stratégiques et opérationnelles, et qui peut priver l’OTAN de la plupart de ses moyens ISR. Donc, tant que l’armée américaine se contente de bomber le torse, c’est OK, mais il faut dire que l’Ukraine et les FAU ont parfaitement démontré la valeur réelle (très faible) du « standard » de l’OTAN, l’OTAN n’excellant qu’en matière de relations publiques et de bombardements de civils, et ce sans que les principales forces russes ne s’engagent, jusqu’à présent.

Alors, de quoi s’agissait-il hier ?

« Le ministre russe de la défense, Sergueï Choïgu, a eu un rare contact direct avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a rapporté l’armée russe vendredi. Selon cette brève information, les deux hauts responsables ont « discuté au téléphone de questions de sécurité internationale, notamment de la situation en Ukraine ». Le dernier appel téléphonique entre Choïgu et Austin remonte à mai, les deux parties ayant donné peu de détails à ce sujet. Il s’agissait de la première conversation directe entre les deux responsables depuis que la Russie a envoyé des troupes en Ukraine, fin février.

Je suppose qu’Austin a appelé Choïgu pour l’informer que l’arrivée de la 101e Brigade Combat Team en Roumanie n’était destinée qu’à l’entraînement et non au rassemblement des forces à des fins néfastes. Ceci, plus quelques autres « affaires » concernant le pays 404. Même si l’on peut détester Austin ou Milley, il est bon que les militaires russes et américains se parlent. Pendant ce temps, le chef du parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov, a suggéré à quatre régions du pays 404 : Mikolaïv, Odessa, Dnepropetrovsk et Kharkiv de se préparer à des référendums (en russe). Il s’agit du premier « lot », le second, comme l’affirme Konstantinov, étant les oblasts de Soumy, Poltava et Thernihiv. En effet, qui sait de quoi il s’agit, n’est-ce pas ? J’attends également la publication de l’excellente discussion entre Peter Lavelle et George Szamuely sur le soi-disant « réalisme » des paléoconservateurs américains et sur les raisons pour lesquelles ces personnes et leurs opinions sont de moins en moins pertinentes. Je connais beaucoup d’entre eux, pas seulement Pat Buchanan, mais comme je l’ai dit, l’histoire n’est pas le fort de la politique américaine.

source : Reminiscence of the Future

traduction Réseau International

Les nombreuses « guerres » imbriquées – Un guide brut à travers le brouillard - Le 27/10/2022.

 

par Alastair Crooke.

Nous avons aujourd’hui un embarras de « guerres ». Paradoxalement, l’Ukraine est peut-être celle de moindre importance stratégique – bien qu’elle conserve un contenu symbolique significatif. Un « drapeau » autour duquel les histoires sont racontées et le soutien rallié.

Oui, il n’y a pas moins de cinq « guerres » en cours, qui se chevauchent et sont liées entre elles – et elles doivent être clairement différenciées pour être bien comprises.

Ces dernières semaines ont été marquées par plusieurs changements d’époque : Le sommet de Samarcande, la décision de l’OPEP+ de réduire la production pétrolière des pays membres de deux millions de barils par jour à partir du mois prochain, et la déclaration explicite du président Erdogan selon laquelle « la Russie et la Turquie sont ensemble et travaillent ensemble ».

Les alliés de base des États-Unis, l’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Égypte et des groupements tels que l’OPEP+ font un grand pas vers l’autonomie et vers la coalescence des nations non occidentales en un bloc cohérent – agissant selon ses propres intérêts et faisant la politique « à sa façon ».

Cela nous rapproche du monde multipolaire que la Russie et la Chine préparent depuis plusieurs années – un processus qui signifie « la guerre » du découplage géostratégique de « l’ordre » mondial occidental.

Cette guerre est menée, d’une part, en présentant la Russie et la Chine comme trop méfiantes l’une envers l’autre pour être des partenaires. D’autre part, on présente la Russie comme étant si faible, si dysfonctionnelle et erratique (prête à utiliser des armes nucléaires tactiques), que le binaire « avec nous » ou « contre nous » oblige les États à se ranger du côté de l’Occident. Dans ce cas, l’Ukraine est présentée comme le brillant « Camelot » autour duquel se rassembler, pour combattre les « ténèbres ».

Cela nous mène directement à la « guerre » financière mondiale qui dure depuis longtemps, une guerre à deux niveaux :

À un niveau, la Fed américaine joue un « jeu mondial ». Elle augmente les taux d’intérêt pour de nombreuses raisons. Mais ici, il s’agit de protéger le « privilège du dollar », qui consiste à pouvoir échanger l’argent qu’elle imprime à partir de rien contre de la main-d’œuvre et des marchandises réelles dans le monde entier. Ce privilège de « monnaie de réserve » est à la base du niveau de vie élevé des États-Unis (bien plus élevé qu’il ne le serait autrement). C’est un avantage énorme, et la Fed va protéger cet avantage.

Pour ce faire, le plus grand nombre possible d’États doivent être dans la « filière » du dollar et faire des échanges en dollars. Et placer leur épargne dans les bons du Trésor américain. La Fed fait maintenant tout ce qu’elle peut pour faire s’effondrer la part de marché de l’euro et ainsi faire passer les euros et les euro-dollars dans le syndicat du dollar. Les États-Unis menaceront l’Arabie saoudite, les États du Golfe et la Turquie pour les empêcher de quitter le canal.

Il s’agit là de la « guerre » contre la Russie et la Chine, qui aspirent une grande partie de la planète à quitter le syndicat du dollar et à entrer dans une sphère sans dollar. Le non-respect de l’appartenance au syndicat du dollar est sanctionné par divers outils, depuis les sanctions, le gel des avoirs et les tarifs douaniers jusqu’au changement de régime.

Si la Fed ne protège pas le « privilège du dollar », elle court le risque de voir tout le monde sortir du circuit. Le bloc Eurasie s’efforce de sortir du canal du dollar, de créer une résilience économique et de commercer en dehors du canal. Ce que la Fed essaie de faire, c’est d’arrêter cela.

La deuxième dimension de la guerre financière américaine est la longue lutte menée par les États-Unis (Yellen et Blinken, plutôt que la Fed) pour conserver le contrôle des marchés de l’énergie, et la capacité des États-Unis à fixer le prix des carburants. Les BRICS (avec la volonté des Saoudiens de les rejoindre) ont l’intention de développer un « panier » de devises et de matières premières destiné à servir de mécanisme commercial alternatif au dollar pour le commerce international.

Le groupe eurasien ne prévoit pas seulement de commercer en monnaies nationales, et non en dollars, mais il veut lier cette monnaie d’échange à des produits de base (pétrole, gaz, nourriture, matières premières) qui ont une valeur intrinsèque – qui sont des « monnaies » à part entière. Plus que cela, le groupe cherche à prendre le contrôle des marchés de l’énergie loin des États-Unis, et à relocaliser ces marchés en Eurasie. Washington a toutefois l’intention de reprendre le contrôle des prix (par le biais du contrôle des prix).

Et c’est là que réside un problème fondamental pour Washington : Le secteur des matières premières – avec sa valeur tangible inhérente – devient, en soi, une « monnaie » très recherchée. Une monnaie qui, dans le sillage d’une inflation galopante, surpasse la monnaie fiduciaire dévaluée. Comme le souligne Karin Kneissl, ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères, « en 2022 seulement, le dollar américain a imprimé plus de papier-monnaie que dans toute son histoire ». L’énergie, en revanche, ne peut être imprimée ».

Cette « guerre de l’énergie » prend la forme d’une perturbation ou d’une destruction du transport – et du flux – des produits des producteurs d’énergie eurasiens vers les clients. L’UE vient de goûter à cette « guerre » particulière avec la destruction des pipelines Nord Stream.

Nous en arrivons maintenant aux grandes « guerres » : Tout d’abord, la guerre pour forcer la Fed à pivoter – à pivoter vers les taux d’intérêt zéro et l’assouplissement quantitatif.

La révolution sociale aux États-Unis, qui a vu une Metro-Élite radicalisée poursuivre la diversité, le climat et la justice raciale comme des idéaux utopiques, a trouvé sa « cible » facile dans une UE déjà à la recherche d’un « système de valeurs » pour combler son propre « déficit démocratique ».

La bourgeoisie européenne a donc sauté avec alacrité dans le « train » libéral américain. S’appuyant sur les politiques identitaires de ces derniers, ainsi que sur le « messianisme » du Club de Rome en matière de désindustrialisation, la fusion semblait offrir un ensemble impérial idéal de « valeurs » pour combler les lacunes de l’UE.

Seulement … seulement, les républicains pro-guerre américains, ainsi que les néoconservateurs démocrates pro-guerre, avaient déjà grimpé dans « ce train ». Les forces culturelles-idéologiques mobilisées convenaient parfaitement à leur projet interventionniste : « Notre premier objectif est d’empêcher la réémergence d’un nouveau rival » (doctrine Wolfowitz) – la Russie d’abord, la Chine ensuite.

Y a-t-il un rapport avec la guerre contre la Fed ? Beaucoup. Ces courants s’engagent à imprimer et à dépenser GROS, sinon ils verront leurs projets s’effondrer. La Réinitialisation nécessite l’impression. Le Green nécessite l’impression. Le soutien au « Camelot » ukrainien nécessite l’impression. Le complexe militaro-industriel en a également besoin.

Les libéraux américains et les écolos européens ont besoin que le robinet de l’argent soit complètement ouvert. Ils ont besoin d’imprimer de l’argent à outrance. Ils ont donc besoin de faire du chantage à la Fed pour qu’elle ne relève pas les taux, mais qu’elle revienne à l’ère du taux zéro afin que l’argent reste à coût zéro et circule librement. (Et au diable l’inflation).

La CNUCED, qui supplie toutes les banques centrales d’arrêter de relever les taux pour éviter une récession, est l’un des fronts de cette guerre ; la poursuite de la guerre en Ukraine, avec l’énorme déficit financier qui en découle, est une autre planche pour forcer la Fed à « pivoter ». Et forcer la Banque d’Angleterre à « pivoter » vers l’assouplissement quantitatif en est encore une autre.

Pourtant, jusqu’à présent, Jerome Powell résiste.

Il y a aussi une autre « guerre » (en grande partie invisible) qui reflète la conviction de certains courants conservateurs américains que l’après-2008 a été un désastre, mettant le système économique américain en danger.

Oui, ceux qui soutiennent Powell sont certainement préoccupés par l’inflation (et comprennent aussi que les hausses de taux d’intérêt ont été en retard par rapport à l’inflation galopante), mais ils sont encore plus préoccupés par le « risque sociétal », c’est-à-dire le glissement vers la guerre civile aux États-Unis.

La Fed pourrait continuer à relever les taux pendant un certain temps – même au prix d’un certain effondrement des marchés, des fonds spéculatifs et des petites entreprises. Powell a le soutien de certaines grandes banques new-yorkaises qui voient l’avertissement sur le mur pour le modèle libéral-woke : La fin de leur activité bancaire lorsque les renflouements deviennent numériques et sont versés directement sur les comptes bancaires des demandeurs (comme l’a proposé le gouverneur Lael Brainard).

Powell ne dit pas grand-chose (il est probable qu’il se tienne à l’écart de la politique américaine partisane en ce moment sensible).

Cependant, la Fed pourrait tenter de mettre en œuvre une démolition contrôlée de la bulle économique américaine, dans le but précis de ramener les États-Unis sur des rails financiers plus traditionnels. Pour briser la « culture des actifs à effet de levier » … Vous commencez à résoudre l’énorme fossé d’inégalité sociétale que la Fed a contribué à créer, par le biais de l’assouplissement quantitatif facilitant les bulles d’actifs géantes … Vous commencez à rajeunir l’économie américaine en mettant fin aux distorsions. Vous dissipez l’envie de guerre civile parce que le problème n’est plus seulement entre les « nantis » et les « démunis ».

Cette vision est peut-être un peu utopique, mais elle permet de briser la « bulle du tout », de briser la culture de l’effet de levier et de mettre fin à l’extrême cliquetis des bénéficiaires de la bulle par rapport à 18 mois consécutifs de baisse des salaires réels aux États-Unis.

Mais … mais cela n’est possible que si rien de systémique ne se brise.

Quelles sont les implications géostratégiques ? Il est évident que beaucoup de choses dépendent du résultat des Midterm aux États-Unis. Il semble d’ores et déjà (en fonction des résultats précis des candidats du GOP) que le financement de la guerre en Ukraine sera réduit. L’ampleur de cette réduction dépendra de la marge de succès obtenue par les « populistes » du GOP.

Il est donc peu plausible que l’UE – confrontée à sa propre crise dévastatrice – continue à financer Kiev comme avant.

Mais l’importance de la lutte pour replacer les États-Unis dans le paradigme économique des années 1980 suggère que l’Occident va frôler une rupture systématique au cours des prochaines semaines.

Les euro-élites sont trop lourdement investis dans leur voie actuelle pour changer de discours dans un avenir proche. Ils continueront donc à blâmer et à dire du mal de la Russie – ils n’ont guère le choix s’ils veulent éviter la colère populaire. Et il y a trop peu de signes indiquant qu’ils ont mentalement assimilé le désastre que leurs erreurs ont provoqué.

Et en ce qui concerne Bruxelles, le mécanisme de rotation des dirigeants de l’UE est largement absent. L’Union n’a jamais été équipée d’une marche arrière – un besoin que l’on pensait inimaginable à l’époque.

La question est donc de savoir quelle sera la situation en janvier-février en Europe ?

Alastair Crooke

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Tout est calme sur le front de l’Est ?


Pas du tout, souvenez vous de l’Atlantide …


Par Batiushka – Le 10 octobre 2022 – Source The Saker Blog + The Saker francophone.

S’exprimant lors d’un rassemblement et d’un concert sur la Place Rouge, organisés pour soutenir les résultats des référendums, le président Poutine a rappelé comment l’URSS a été formée lorsque la Russie a créé l’Ukraine moderne. Le président a souligné que « c’est la Russie qui a créé l’Ukraine moderne, en transférant des territoires importants, les territoires historiques de la Russie elle-même, ainsi que la population, à qui personne n’avait demandé où et comment elle voulait vivre, comment elle voulait organiser l’avenir de ses enfants et dans quel État. Avec l’effondrement de l’Union soviétique, la même chose s’est produite : tout a été décidé par les élites, des millions de citoyens ordinaires n’ont été interrogés sur rien ».

 

Rapport d’actualité, 30 septembre 2022

httpss://news.mail.ru/politics/53299120

Introduction : Le discours

Le discours prononcé par le président Poutine il y a plus d’une semaine n’a pas fini de nous étonner. Combien de fois l’avons-nous écouté et regardé. Si je peux dire quelque chose de personnel, je peux dire que je n’ai même pas osé rêver pendant plus de 40 ans qu’un dirigeant russe fasse un tel discours. Je pensais que je mourrais bien avant que cela n’arrive, si cela devait arriver. J’attendais la fin du monde et maintenant l’espoir nous est donné. Le président a tout dit, résumant un millénaire maléfique de l’histoire de l’Occident, en commençant par son pillage mondial et en terminant par ses idéologies woke honteuses, le déni et la destruction de la réalité spirituelle, de la souveraineté nationale et de la vie familiale. Oui, c’est du satanisme contre toute sorte de tradition spirituelle. Et seule la Russie a osé s’opposer à ce satanisme. Inutile de dire que nous soutenons la Fédération de Russie à 100%. Comme le Président, notre Président, l’a dit : « Rien ne sera plus comme avant ».

Les référendums

Les résultats des référendums sur le retour à la Russie dans quatre provinces ukrainiennes russophones sont tombés il y a près de deux semaines : Donetsk : 99% Lougansk : 98% Zaporozhie : 93% Kherson : 87%. Ainsi, le 30 septembre, ces quatre provinces, de la taille de quatre Belgique, ont dûment rejoint la Fédération de Russie, suivant l’exemple de la Crimée il y a plus de huit ans. Les résultats étaient intéressants, car ils montraient que la popularité de l’adhésion « diminue » à mesure que l’on se déplace vers l’ouest, Kherson n’obtenant « que » 87 %. Toutefois, personne ne devrait être surpris que les régions russophones souhaitent massivement, même si ce n’est « qu’à » 87 %, retourner en Russie, à laquelle elles appartenaient jusqu’en 1922. Les tendances en matière de vote, d’ethnicité, de langue et de religion ressortent clairement, par exemple, des cartes et des analyses de l’Eurasian Research Institute.


Personne ne devrait être surpris, à moins bien sûr qu’ils n’aient aucun sens commun, ou que leur sens commun ait été aveuglé par leur idéologie « l’Ouest est le meilleur », qui est en fait l’essence du nazisme. Près de 10 millions de personnes, soit près d’un quart de la population de l’Ukraine sans la Crimée (population d’avant-guerre) (plus de personnes que celles de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie et de la Géorgie réunies), quelque 20 % de la masse continentale de l’Ukraine sans la Crimée, une superficie équivalente à celle de l’Angleterre, ont rejoint la Fédération de Russie. Sur les 25 provinces que comptait l’Ukraine avant le renversement violent, organisé par les États-Unis, du gouvernement ukrainien démocratiquement élu (coût pour le contribuable américain : 5 milliards de dollars) en février 2014, il en reste aujourd’hui 20. Qui sera le prochain à partir ? Comme l’a déclaré le chef de la République de Crimée, Sergei Aksjonov, le 1er octobre : « L’entrée des quatre provinces dans la Russie n’est pas la fin ».

Peut-être la prochaine phase de l’OMS, une fois que le territoire des quatre provinces aura été complètement libéré (contrairement à Lougansk et Kherson, les tiers nord de Donetsk et de Zaporozhie doivent encore être libérés), consistera-t-elle à rendre à la Russie les quatre provinces orientales et méridionales suivantes, celles de Kharkov, Dnipropetrovsk, Nikolaev et Odessa (de petites parties de Nikolaev et Kharkov ont déjà été libérées). Cela ramènera l’Ukraine à 16 provinces. Et c’est peut-être tout. La prochaine tranche de trois provinces, qui serait Sumy, Poltava et Kirovograd, pourrait ne pas vouloir revenir, mais qui sait ? Tout peut encore changer. Quant à l’extrême ouest de l’Ukraine d’après 1939, nous suggérons que 3 à 5 provinces reviennent à la Pologne, 1 à la Roumanie et 1 à la Hongrie. Cela ramènera le Protectorat de Kiev/Malorossia de 9 et 11 provinces, soit les deux cinquièmes de l’Ukraine précédente, en d’autres termes, cela le ramènera à ses frontières naturelles.

De toute façon, pour le territoire de la Fédération de Russie, de loin le plus grand pays du monde avec plus de 17 millions de kilomètres carrés, ce n’est guère important. Le fait qu’il ait augmenté de 0,7 % avec le retour de quatre provinces presque libres d’Ukraine n’est pas la question. Ce qui importe, c’est la volonté des populations locales. Si elles souhaitent retourner en Russie, qu’elles le fassent. Si elles ne le souhaitent pas, qu’elles aillent ailleurs. Le reste consiste à faire en sorte que l’État ukrainien ne soit plus une menace pour nous et pour le peuple russe qui y vit. Et il en va de même pour la situation dans d’autres pays voisins de la Russie, comme l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Finlande, et aussi la Moldavie, la Roumanie et la Pologne, ces deux dernières ayant de fortes bases américaines.

Tout est calme sur le front oriental ?

Il y a quelques semaines à peine, les médias occidentaux contrôlés par l’État s’extasiaient sur la façon dont les moutons du régime de Kiev, soutenus par l’OTAN, avaient repris 7 % de la campagne ukrainienne autour de Kharkov, auparavant légèrement occupée par les Russes et largement déserte, et sur le fait que Poutine était « condamné » (sic). Aujourd’hui, ils sont étrangement silencieux, à l’exception d’une ou deux séances de photos mises en scène dans les villages déserts et détruits de Liman et à la frontière de Lugansk. Bien sûr, cela signifie que les forces de Kiev sont maintenant dans un état de désarroi après avoir été piégées et massacrées par leurs « avancées » symboliques irréfléchies dans un pays ouvert et appâté, où elles ont également perdu la plupart de leurs équipements venant de l’OTAN.

Voilà pourquoi Zelensky plaide pour obtenir toujours plus d’armes de la part de la Communauté politique européenne, une organisation fondée par la classe dirigeante européenne assiégée qui s’est réunie le 6 octobre. La Russie est contente, après tout, quel meilleur moyen de démilitariser l’Ukraine que de l’obliger à se montrer, elle et ses armes, au grand jour afin de les détruire ? Ainsi, les mouvements stratégiques à Liman, cédant 20 km carrés aux forces de Kiev, et permettant à Kiev de prendre quelques villages en bordure de Lougansk le 5 octobre, ont eu un coût énorme pour eux. Et voilà pourquoi, le 6 octobre, Zelensky a demandé des « frappes préventives » contre la Russie. Il est clair que ce comédien obsédé par le nucléaire est désespéré et qu’il a aussi perdu la tête. Voilà pourquoi, le 7 octobre, ses terroristes ont provoqué une explosion lors d’une attaque sur le pont de Kertch. Kiev pense-t-il vraiment que la vengeance ne sera pas terrible ? C’est la plus grande erreur qu’ils ont commise depuis 2014. C’est un tournant dans la sale guerre de Kiev.

Dans la province de Donetsk, la libération russe se poursuit ici et là, comme à Zaitsevo et Otradovka, signalée le 6 octobre, la défense continue autour de Kupyansk, Liman et ailleurs, la Russie a également détruit par missiles des casernes militaires (« appartements résidentiels » dans les médias occidentaux !) au sud de Kiev, mais c’est relativement calme. Or, quiconque s’y connaît en matière militaire sait que, dans une guerre, le « calme » signifie que les forces se regroupent. Le « calme » signifie l’accalmie avant la tempête russe. Déjà, des dizaines de milliers de soldats issus de la mobilisation partielle en Russie, annoncée il y a trois semaines, arrivent près du front.

Il est tout à fait possible que dans un mois, en novembre, lorsque les feuilles seront tombées et que le sol sera gelé, il y ait une énorme campagne d’hiver russe, avec des forces de la coalition reposées et renforcées contre les forces de Kiev, désormais très affaiblies, et leurs armes et munitions de l’OTAN, largement épuisées. Tout terrain perdu sera repris au décuple, voire au centuple. Je préférerais alors ne pas être avec les forces de Kiev. Il n’y aura littéralement aucune cachette pour elles. Après les récentes provocations de Kiev, mises en place par la CIA/MI6, cela pourrait bien être la fin pour Kiev, bien avant l’automne prochain, quand il a été prédit que la guerre prendrait fin.

Et sur le front occidental ?

Sur le front occidental des États-Unis, c’est-à-dire en Europe occidentale, tout n’est pas calme. Non seulement il y a une crise économique, avec une chute progressive des monnaies européennes par rapport au dollar. (Le rouble est resté stable à environ 60 pour un dollar au cours des trois derniers mois). De plus, l’Europe occidentale a été coupée du gaz russe par le sabotage des pipelines Nordstream par la marine américaine et, en partie, coupée du pipeline Turkish Stream, qui a été sanctionné. Et l’hiver arrive. Fini l’époque grisante d’un été très chaud. C’est un changement tectonique. Beaucoup ont écrit que l’Europe occidentale est en train de se suicider. C’est faux. Les peuples d’Europe occidentale sont en train d’être assassinés – par l’élite américaine et leurs propres élites européennes perfides. C’est la fin de l’UE et du Royaume-Uni. Quant aux meurtriers, les élites, connues sous le nom d’Atlantide, sont en train de couler. Laissez-moi vous expliquer.

Les sources du mythe de l’Atlantide se trouvent dans deux dialogues de Platon, écrits en 360 av. Ils racontent que :

On raconte comment votre État a arrêté la campagne d’une puissante armée qui, partie d’un point éloigné de l’océan Atlantique, s’avançait insolemment pour attaquer aussi bien l’Europe que l’Asie….. Car devant…. ‘Les piliers d’Héraclès’ (le détroit de Gibraltar) se trouvait une île plus grande que la Libye et l’Asie réunies….. Car tout ce que nous avons ici, à l’intérieur de l’embouchure dont nous parlons, n’est évidemment qu’un port à l’entrée étroite, mais au-delà se trouve un véritable océan, et la terre qui l’entoure peut à juste titre être appelée, au sens le plus complet et le plus vrai, un continent.

Il raconte également que :

Les Atlantes avaient conquis des parties de la Libye jusqu’à l’Égypte et le continent européen jusqu’à la côte ouest de (ce qui est aujourd’hui) l’Italie et réduit ses habitants en esclavage. Les Athéniens ont mené la résistance à l’empire atlante et l’ont emporté seuls contre lui, libérant les terres occupées. Mais il y eut alors de violents tremblements de terre et des inondations et, en un seul jour et une seule nuit de malheur, tous les hommes guerriers en un seul corps sombrèrent dans la terre et l’île de l’Atlantide disparut également dans les profondeurs de la mer…

 

Conclusion

Notez les mots :

une armée puissante qui, partie d’un point éloigné de l’océan Atlantique, s’avançait insolemment pour attaquer toute l’Europe et aussi l’Asie.

L’identification de la réalité américaine avec le mythe de l’Atlantide est évidente.

Si je peux citer le Nouveau Testament :

Insensé, cette nuit on te demandera ton âme ; alors à qui appartiendront les choses que tu as fournies ? (Luc 12,20).

 Si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même (Luc 13, 5).

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Les ministres des Affaires étrangères du G7 se réunissent pour discuter de l’Ukraine alors que les doutes sur la durabilité de l’aide occidentale grandissent

 

Le 05/11/2022.

Le contexte révèle au pire des cas la nocivité de cet empire qui refuse la réalité et entraîne ses alliés dans ses folies belliqueuses, tandis que comme en témoignent divers événements sur lesquels nous reviendrons (réunion des pays arabes, vote contre le blocus de Cuba) il y a une évolution irréversible vers un monde multipolaire. En Chine même, l’événement marquant est la rencontre entre le chancelier allemand et Xi Jinping : Olaf Scholz a rencontré vendredi à Pékin le président chinois dans un déplacement d’un jour en Chine, le premier d’un dirigeant du G7 dans le pays en trois ans avec une ministre des affaires étrangères « verte » et pro-OTAN jusqu’au délire. Lors de leur premier entretien en personne depuis la prise de fonction d’Olaf Scholz, Xi Jinping a déclaré qu’en tant que grandes nations influentes, la Chine et l’Allemagne devaient travailler ensemble, d’autant plus en « période de changement et de tourmente », pour le bien de la paix mondiale. La Chine dit ici simplement que les États-Unis, l’Europe, mais aussi le Japon et les autres alliés de l’empire n’ont plus les moyens de leur politique impérialiste et qu’ils lâchent prise de plus en plus et que les pays puissants doivent prendre conscience de la situation et agir ensemble. C’est peut-être un facteur de paix si cela ne s’accompagne pas d’une ultime folie nucléaire et nous devons partout œuvrer en ce sens. Danielle Bleitrach

***

par Zhang Han et Chen Qingqing.

Les ministres des Affaires étrangères du Groupe des Sept (G7) se sont réunis jeudi en Allemagne pour discuter du conflit prolongé entre la Russie et l’Ukraine et des plans futurs du bloc pour soutenir Kiev à un moment où l’OTAN et la Russie organisent des exercices nucléaires pour la dissuasion, mais les observateurs doutent de plus en plus de la durabilité de l’aide occidentale à l’Ukraine compte tenu des divisions grandissantes au sein du camp occidental.

Le département d’État américain a révélé que les ministres du G7 discuteront d’une série de défis mondiaux urgents, y compris le soutien soutenu du G7 à une Ukraine démocratique, souveraine et prospère.

Mais les observateurs estiment qu’une telle aide est de plus en plus difficile à maintenir alors que l’Europe est épuisée de ses stocks militaires et profondément en proie à des difficultés économiques, et alors que les pays du G7 ont largement tenu leur promesse de punir la Russie, comme l’a admis un rapport de l’AP, « les sanctions n’ont guère dissuadé Moscou ».

Cui Heng, chercheur adjoint au Centre d’études russes de l’Université normale de Chine orientale, a déclaré jeudi au Global Times que le soutien du G7 à l’Ukraine avait déjà atteint ses limites et que la question de savoir si ces pays continueraient à soutenir l’Ukraine dépendait non seulement de leur volonté, mais aussi de leurs capacités.

Des voix fortes émergent des États-Unis et de l’Europe pour plaider en faveur de négociations avec la Russie, alors que la crise ukrainienne, qui est maintenant entrée dans son neuvième mois, a épuisé les deux parties, a déclaré Cui. Il y a également des inquiétudes croissantes, parmi les Européens en particulier, que la poursuite de l’escalade de la crise pourrait menacer la sécurité du continent, a déclaré l’expert.

Les pays du G7 sont maintenant confrontés à un ralentissement économique en raison d’une forte inflation, et verser plus d’argent pour soutenir l’Ukraine fera sûrement face à une opposition nationale, a déclaré Cui.

Les États-Unis, qui sont en tête de liste de l’aide occidentale à l’Ukraine, en sont un excellent exemple.

Les États-Unis ont versé 52 milliards de dollars en Ukraine depuis janvier 2022, dont la moitié sous la forme d’engagements militaires, selon une base de données gérée par l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale.

Mais la situation pourrait changer après les élections de mi-mandat. Si les républicains remportent la Chambre, leur engagement est de jeter un coup d’œil à l’argent que les États-Unis dépensent pour aider à payer la facture, a rapporté CNN.

Le paquet de sanctions du G7 contre la Russie a été fondamentalement vidé, et la diminution de l’utilité marginale indique que l’ajout de sanctions supplémentaires ne constituera guère un véritable moyen de dissuasion pour la Russie, a déclaré Cui.

La crise est entrée dans une phase où le conflit nucléaire est plus fréquemment discuté. L’OTAN et la Russie ont toutes deux démontré ces capacités, mais elles comprennent également que les affrontements nucléaires doivent être évités, a déclaré l’expert.

L’OTAN et la Russie ont organisé des exercices nucléaires les 17 et 26 octobre, respectivement, dans le contexte de la crise prolongée en Ukraine.

L’Occident croit que la Russie, affirmant que l’Ukraine se prépare à utiliser des « bombes sales », pourrait répondre avec des armes nucléaires.

Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré mercredi que la « priorité absolue » du monde devrait être d’éviter un affrontement des puissances nucléaires. La doctrine nucléaire de Moscou est « de nature purement défensive », ne permettant au Kremlin d’utiliser de telles armes qu’en cas d’agression nucléaire ou « lorsque l’existence même de notre État est menacée ».

source : Global Times via Histoire et Société

Retours aux fondamentaux

 

par Patrick Reymond - Le 06/11/2022.

« Les combats qui ont lieu en Ukraine ont finalement peu d’importance. La guerre, la vraie, est entre l’Occident et la Russie, et elle se terminera lorsque l’un des deux camps s’effondrera. C’est exactement ce qui s’est passé pendant la Première Guerre mondiale, lorsque les Empires centraux se sont effondrés, à cause de l’économie, pas parce qu’ils avaient été vaincus sur le champ de bataille. Ce n’était pas le cas, les combats continuaient de se dérouler à l’extérieur de leurs frontières. Ils ont été vaincus quand, suite au blocus mis œuvre par la marine anglaise, plusieurs centaines de milliers de civils allemands sont morts de faim. La population a alors exigé la fin des combats, même si cela voulait dire accepter la défaite.

Les Russes produisent du blé, du gaz, du pétrole, des engrais, au-delà de leurs besoins. Les pénuries, pour eux, cela veut dire remplacer leurs BMW par des Lada. Cela ne touche pas le russe moyen, qui roule en Lada et ne prend pas l’avion ».

On peut rajouter :

« Chez nous, c’est autre chose, et on le verra vite. La Grande-Bretagne importe la moitié de sa nourriture. À cause de la pénurie d’engrais, les rendements agricoles vont s’effondrer, et on le sentira déjà en 2023 ».

C’est la prospective Deagel, avec des réductions de population importantes. Les pays occidentaux, eux, ne peuvent qu’imprimer de l’argent et rêver.

De fait, les empires centraux se sont bien effondrés militairement. Le premier pays à demander l’armistice, c’était la Bulgarie, devant la percée franco serbe, ensuite, l’empire ottoman, réduit à l’Anatolie, menacée militairement par la percée sur Istanbul, enfin, l’Autriche Hongrie, menacée par la même percée franco serbe, le front italien avait volé en éclat, et l’Autriche industrielle en rupture d’approvisionnement de denrées agricoles que la Hongrie se réservait.

L’alliance « germano-touranienne », s’est effondrée dans le Touran.

De fait, le seul front qui tenait très fragilement encore, c’était le front occidental, mais l’offensive préparée pour le 14 novembre 1918 aurait certainement réglé le problème vue la disproportion des forces en présence en Lorraine (6 divisions contre une cinquantaine). Le problème pour les alliés, c’est que la paix aurait été une « paix française ».

Le gros problème de l’Allemagne tout au long de cette guerre a été sa dépendance alimentaire aux importations, forte avant guerre, la carence de moyens de transports, face aux puissances maritimes. Fondamentalement, c’est la différence entre le transport maritime et le transport terrestre qui a été déterminante. On véhicule moins de marchandises avec les chemins de fer qu’avec un navire. Les entrepôts de l’armée allemande étaient remplis de munitions et d’armes, et les moyens de les acheminer, insuffisants. Et les moyens de transports avaient aussi la charge d’approvisionner les populations et l’industrie. Au bout de 4 ans, il est clair que le matériel ferroviaire avait beaucoup vieilli, était déjà insuffisant AVANT la guerre et encore plus pendant. De même, le réseau était surchargé.

Pour l’empire Ottoman, la déficience était pire encore, et les chemin de fer, de peu de capacités, ce qui a entrainé des pertes humaines énormes, plus par la famine et les épidémies que par les combats. Les soldats ottomans crevaient de faim et désertaient en masse. L’attaque contre le canal de Suez ne put se réaliser qu’avec 20 000 hommes.

Comme quoi, entreprendre une guerre, nécessite de gros stocks et beaucoup de marges sur les moyens. On voit que les occidentaux n’ont ni l’un ni l’autre pour l’Ukraine. Seulement une cuistrerie et une outrecuidance démentielle…

Pendant ce temps, les dépotés français débiles mentales profonds autant qu’incurables, se focalisent sur un « qu’ils retournent en Afrique ». Autre façon de reconnaitre, que pour les anti-raciste et woke, le continent, c’est un trou à merde. Pour l’Europe trou à merde, il faut simplement 2023.

On peut penser aussi avec raison, que ces « migrants » sont eux aussi, des débiles mentaux profonds et incurables. Se précipiter dans un continent qui a toutes les chances de connaitre famines, pandémies et qui va crever de froid, il faut le faire dans la bêtise.

« Si la Russie tient en Ukraine, le système impérial des États-Unis s’effondre. »

Pour l’essayiste, avec 1000 milliards de dollars de déficit sur les échanges de biens et les multiples signes de son décrochage tant sur le plan industriel que militaire, l’Amérique tient aujourd’hui le monde « par des symboles » qui masquent la réalité ainsi que par le règne du dollar, son système financier, Internet et la langue anglaise. Si la Russie survivait aux sanctions, la démonstration serait faite de la fin de sa capacité de contrôle et de contrainte. Les faiblesses de l’empire seraient mises au jour ».

source : La Chute

La nouvelle crise des missiles cubains qui n’en est pas une - Le 08/11/2022.

...par Dmitiri Orlov - Le 01/11/2022 - Source : The Saker francophone.

 

La crise des missiles cubains est un terme mal choisi. Cuba n’a jamais eu de missiles nucléaires ; elle a temporairement accueilli quelques missiles soviétiques. La crise a commencé lorsque les Américains ont placé leurs missiles nucléaires à portée intermédiaire en Turquie, ce qui a constitué une nouvelle menace pour l’Union soviétique, qui a répondu en plaçant des missiles similaires à Cuba, égalisant ainsi le score. Les Américains se mirent en colère mais finirent par se calmer et retirèrent leurs missiles de Turquie. Les Soviétiques retirèrent leurs missiles de Cuba et la crise se termina. Et c’est pour cela qu’on aurait du l’appeler la crise des missiles américains.

 

Ce qui se passe maintenant est totalement différent. À moins que vous n’ayez passé les dernières semaines à vous cacher sous un rocher, vous avez probablement entendu dire qu’une sorte de nouvelle crise nucléaire était en cours à cause du « chantage nucléaire de Poutine » ou quelque chose du genre. Certaines personnes ont souffert d’épuisement nerveux en conséquence, négligeant leurs devoirs et se laissant largement aller. Prenez l’ancien Premier ministre britannique Liz Truss, par exemple. Cette pauvre idiote s’est accrochée aux propos de Poutine selon lesquels « la rose des vents peut pointer dans n’importe quelle direction » (une remarque factuelle sur l’inutilité totale des armes nucléaires tactiques). Elle a ensuite laissé l’économie britannique tomber en chute libre pendant qu’elle suivait obsessionnellement la direction du vent qui souffle au-dessus de l’Ukraine. Tout s’est mal terminé pour la pauvre Liz. Ne finissez pas comme Liz.

Je suis ici pour vous dire qu’il ne se passe rien d’autre que le train-train – c’est-à-dire, l’habituel trucage de la propagande occidentale.

En particulier, cela n’a rien à voir avec Poutine ou avec quoi que ce soit de nucléaire. Au contraire, tout cela fait partie d’une tentative désespérée de compenser un échec narratif, une tentative ratée de plus. Le problème pour l’Occident collectif est simplement le suivant : 80 % de la population mondiale a refusé de se joindre à elle pour condamner, sanctionner ou punir la Russie, certains très grands pays (Chine, Inde) étant soit favorables soit neutres sur le sujet.

La plupart des pays du monde, y compris l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine, observent attentivement la Russie détruire systématiquement ce qui était de loin la plus grande et la plus capable des armées équipées et commandées par l’OTAN dans le monde (l’armée ukrainienne, bien sûr), comprenant parfaitement que ce qui se passe est le Waterloo de Washington. Certains pays (l’Arabie saoudite, par exemple) sont tellement sûrs du résultat qu’ils refusent déjà d’obéir aux diktats de Washington. C’est un problème, car tout ce que les Washingtoniens savent faire, c’est imposer leur volonté au monde. Traiter les autres sur un pied d’égalité ou chercher des occasions de négocier un accord gagnant-gagnant ne fait tout simplement pas partie de leurs compétences essentielles – ni d’aucune de leurs compétences, d’ailleurs. Une fois défaits, tout ce qu’ils savent faire, c’est aboyer et baver.

Pour résoudre ce problème, les faiseurs d’histoires à Washington et à Bruxelles ont décidé de jouer la carte nucléaire et d’accuser la Russie de chantage nucléaire. Pendant ce temps, tout ce que la Russie a fait, c’est décimer l’armée ukrainienne à plusieurs reprises, puis accepter quatre anciennes régions ukrainiennes dans la Fédération de Russie sur la base de référendums locaux très concluants, surveillés de près par un bon nombre d’observateurs internationaux, et enfin annoncer qu’elle défendra ces régions contre toute attaque étrangère par tous les moyens nécessaires. Ces moyens incluent évidemment les moyens nucléaires, puisque la Russie en possède et les utiliserait conformément à sa doctrine nucléaire, qui exclut leur utilisation en premier.

Alors que les États-Unis n’ont pas une telle stipulation dans leur doctrine nucléaire, ont effectivement utilisé des armes nucléaires contre des civils (au Japon) et rêvent depuis des décennies de développer une capacité de première frappe nucléaire qui ne pourrait être contrée. Si un pays doit être considéré comme une menace nucléaire, ce sont les États-Unis, pas la Russie… sauf que, comme je vais l’expliquer, les États-Unis ne sont plus vraiment une menace nucléaire non plus. Poutine y a à peine fait allusion, mais cette simple allusion a suffi à rendre furieux l’establishment de la défense nationale américaine, dont le pire ennemi est la réalité elle-même. Poutine a souligné qu’à l’heure actuelle, la Russie dispose de certaines armes dans son arsenal de dissuasion nucléaire qui sont supérieures à celles de l’Occident.

Ces nouvelles armes, dont nous reparlerons plus tard, garantissent que toute attaque nucléaire contre la Russie serait un acte suicidaire. En d’autres termes, l’Occident n’a aucun moyen de détruire la Russie de manière fiable (elle est trop grande et son noyau économique est trop indépendant et trop bien défendu par des systèmes de défense aérienne et spatiale), tandis que la Russie peut détruire l’Occident de manière fiable (car il est loin d’être aussi bien défendu), mais elle ne le fera que si l’Occident attaque en premier. Contrairement à l’époque soviétique, la Russie n’a aucun zèle missionnaire ; elle est heureuse de rester assise à regarder l’Occident s’affamer (en raison d’un manque d’engrais chimiques russes) dans l’obscurité (en raison d’un manque de pétrole et de gaz russes). Tout ce qu’elle veut, c’est rassembler les morceaux du monde russe brisé et tous les peuples et les terres que l’effondrement de l’URSS a abandonnés derrière toute frontière décrétée par les bolcheviks. Dans cette situation, le risque d’une guerre nucléaire est à peu près nul. Je vous invite à vous asseoir, à prendre une série de respirations profondes et à laisser la bonne nouvelle s’imprégner. Ressentez la joie.

Mais la joie ne durera probablement pas si vous écoutez des idiots lâches dont le travail consiste à vous mentir sur « la menace nucléaire de Poutine ». Lorsque, par exemple, Jack Philips écrit que « Moscou a menacé d’utiliser… des armes nucléaires tactiques… en Ukraine pour sauver sa guerre là-bas », il ne fait que nous mentir, et pas une mais trois fois dans la même phrase : La Russie n’a pas menacé d’utiliser des armes nucléaires tactiques mais a plutôt souligné leur inutilité ; et l’opération spéciale de la Russie est un succès. Le fait qu’il n’y ait pas de menace est le message principal de cet article, mais faisons une brève digression et décrivons à quoi ressemblent la victoire ukrainienne et la défaite russe.

L’Ukraine est victorieuse dans la mesure où, selon le FMI, son PIB a baissé de 35 % en 2022 ; selon sa banque nationale, l’inflation a dépassé 30 % et ne ralentit pas ; selon la Banque mondiale, l’année prochaine, 55 % des Ukrainiens seront sous le seuil de pauvreté, subsistant avec moins de 2,15 $ par jour ; selon le ministre ukrainien de l’économie, le chômage a atteint 30 % ; selon le Premier ministre, l’Ukraine sera incapable de payer les retraites et les salaires sans une aide étrangère immédiate ; selon les Nations unies, 20 % de la population a quitté le pays et 33 % est déplacée à l’intérieur du pays ; selon le ministère de l’énergie, l’Ukraine a déjà perdu 40 % de sa capacité de production d’électricité. L’armée ukrainienne recrute tous les hommes jusqu’à 60 ans, faute de réservistes, et les pertes qu’elle subit sur le front sont tout simplement effroyables.

Pendant ce temps, la Russie est vaincue car, selon Reuters, le rouble russe est la monnaie la plus forte du monde ; selon le Guardian, Poutine est plus puissant et populaire que jamais ; selon son ministère de l’agriculture, la récolte de céréales de cette année dépasse les 150 millions de tonnes, dont 50 millions sont destinées à l’exportation, ce qui fait de la Russie le premier exportateur mondial de céréales ; selon The Economist, la Russie sort de la récession au moment même où l’Occident y entre ; et selon Goldman Sachs, l’indice de l’activité économique en Russie est désormais supérieur à celui de l’Occident. La Russie vient de rappeler 300 000 hommes, soit 1 %, de ses réservistes formés et expérimentés, qui sont maintenant formés aux dernières techniques de combat de l’OTAN avant d’être envoyés sur le front ukrainien.

Mais ne laissons pas les faits faire obstacle au récit dominant : l’Ukraine doit gagner et la Russie doit perdre, car sinon, qu’est-ce qui pourrait bien pousser la Russie à être désespérée au point de menacer le monde avec ses armes nucléaires ? Cette partie est simple ; ce qui est moins évident est de savoir pourquoi les propagandistes occidentaux sont suffisamment désespérés pour concocter et promulguer le faux récit du « chantage nucléaire de Poutine » ?

La raison de toute cette trépidante propagande est que l’Occident collectif ne peut espérer survivre politiquement ou économiquement à moins que la Russie ne soit mise à genoux et accepte d’échanger ses ressources énergétiques et minérales contre des chiffres fraîchement frappés qui résident dans les ordinateurs des banques centrales occidentales et qui peuvent être confisqués à tout moment et pour n’importe quelle raison. La situation est désastreuse : les États-Unis épuisent leur réserve stratégique de pétrole à un rythme effréné, tout en faisant face à une pénurie de carburant diesel et à des prix de l’essence obstinément élevés. Ils ont une dette énorme à rembourser et qui doit s’accroître, mais ils ne peuvent le faire qu’en imprimant directement de la monnaie, ce qui fait grimper l’inflation, déjà supérieure à 10 %, encore plus haut. L’Europe se prépare à un hiver rude avec des factures d’énergie ridiculement élevées, des fermetures d’industries et un chômage massif, tandis que les États-Unis ne sont pas loin derrière. La manne de la fracturation aux États-Unis n’a jamais été tout à fait rentable et il ne reste plus qu’un an ou deux avant qu’elle ne soit épuisée. Le rêve de voir le gaz naturel liquéfié américain remplacer le gaz russe par gazoduc en Europe, qui n’a jamais été un projet réaliste, sera alors définitivement enterré, tandis que les fermetures d’industries s’étendront aux États-Unis.

Pour éviter ce scénario, des mesures désespérées ont été appliquées, et toutes ont échoué. Il y a d’abord eu le plan de sanctions infernales, qui a contraint de nombreuses entreprises occidentales à cesser d’expédier des produits en Russie et d’y faire des affaires. Cela a causé un grand tort aux entreprises occidentales tout en offrant à la Russie une ouverture pour leur voler des parts de marché. Ce qui ne pouvait pas être remplacé par la production nationale a été remplacé par des « importations parallèles » via des pays tiers.

Ensuite, l’Occident (l’Europe en particulier) a réduit ses importations d’énergie russe par un certain nombre de moyens, allant des sanctions contre les pétroliers russes aux interdictions d’utiliser la capacité des oléoducs existants à travers l’Ukraine et la Pologne, en passant par des attaques terroristes directes sur les gazoducs russes dans la Baltique. Une interdiction pure et simple des importations de pétrole russe dans l’Union européenne est prévue pour décembre, ce qui ne fera qu’aggraver la situation. Le résultat est que la Russie a commencé à expédier du pétrole et du gaz à ses partenaires d’Asie, en particulier à la Chine, et que l’Occident est maintenant invité à se battre pour cette énergie sur le marché au comptant, jusqu’à épuisement des réserves. Ce ne sera pas le cas. En raison de la hausse des prix, la Russie exporte moins d’énergie mais gagne plus de revenus étrangers.

C’est ainsi qu’un plan ingénieux a été élaboré pour une provocation nucléaire en Ukraine. Les Ukrainiens, avec l’aide des États-Unis et de la Grande-Bretagne, devaient prendre un vieux missile balistique de l’ère soviétique (un Tochka-U), le charger de déchets nucléaires provenant d’une des centrales nucléaires ukrainiennes, et le faire exploser quelque part dans la zone d’exclusion de Tchernobyl (qui est déjà contaminée par des radionucléides à longue durée de vie), puis les médias et les sources diplomatiques occidentaux deviendraient tous hystériques et rejetteraient à l’unisson la faute sur la Russie, en espérant qu’au moins certains des pays du monde qui ont refusé de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie viendraient enfin les rejoindre.

Que s’est-il passé ? Rien du tout, apparemment ! Tout d’abord, les services de renseignement russes ont obtenu les détails de l’opération par une ou deux ou trois sources internes. Ce n’est pas surprenant, car aucun ingénieur nucléaire qui se respecte ne serait trop excité pour assumer la responsabilité d’une telle mascarade. Deuxièmement, le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, sous les ordres directs de Poutine, a passé des appels téléphoniques à ses homologues du monde entier pour leur communiquer ces preuves. Troisièmement, la Russie a spécifiquement demandé que l’AIEA aille enquêter sur les deux sites ukrainiens où le simulacre a été concocté. Le résultat final est que les Ukrainiens s’empressent maintenant de détruire les preuves et de couvrir leurs traces. Étant donné que chaque gramme de ces substances hautement contrôlées doit être inventorié et que chaque mouvement doit être enregistré, cette dissimulation peut impliquer des incidents, des accidents et des circonstances de force majeure. Un méchant petit accident impliquant une tasse à thé de déchets nucléaires et un pétard n’est pas à exclure, à mettre sur le compte de la Russie, bien sûr.

Pendant ce temps, dans le monde réel des affrontements entre superpuissances nucléaires, deux événements intéressants ont eu lieu. Le jeudi 20 octobre 2022, le sous-marin nucléaire américain West Virginia, un sous-marin de la classe Ohio qui transporte 24 missiles balistiques Trident II, chacun portant 10 charges nucléaires, a fait surface dans la mer d’Oman et a reçu la visite de Michael Kurilla, commandant du Commandement central des États-Unis. J’imagine qu’il a aligné les membres de l’équipage sur le pont, qu’il s’est tenu devant eux en uniforme de la marine, qu’il a baissé son pantalon et qu’il a fait un petit numéro de « milk, milk, lemonade, round the corner fudge is made« … parce que c’est tout comme. Le but d’un sous-marin nucléaire est d’être furtif car les systèmes de défense aérienne russes peuvent intercepter les missiles Trident II particulièrement bien s’ils savent d’où ils viennent. Ainsi, le fait de faire surface et d’organiser des parades sur le pont annonce au monde entier que le sous-marin est hors service pour le moment.

Pourquoi les Américains font-ils cela ? S’agit-il d’un geste de paix maladroit, d’un acte cryptique de reddition ou d’un appel à l’aide voilé ? Ou sont-ils tous en train de devenir séniles parce ce que Biden est contagieux ? Il nous est difficile de le dire. Quoi qu’il en soit, les Russes ne semblent pas affectés. Le sous-marin nucléaire russe Belgorod a récemment navigué en eau profonde, provoquant une certaine panique au sein de l’OTAN. Il transporte un certain nombre des nouvelles torpilles, des drones nucléaires Poseidon, qui portent toutes le chiffre 100. Chacune d’entre elles porte une charge de 100 mégatonnes. Les Poseidon ont une portée presque infinie, se déplacent à environ 100 km/h à une profondeur de 1000 m (2 à 3 fois plus profonde que n’importe quel sous-marin nucléaire) et, lorsqu’elles explosent près d’une crête côtière sous-marine, elles peuvent soulever un tsunami de 100 mètres de haut. Cinq d’entre elles suffisent à démolir les deux côtes des États-Unis et toute l’Europe du Nord. Il s’agirait d’essais nucléaires sous-marins effectués dans les eaux internationales – antisociaux, certes, mais pas vraiment des frappes nucléaires directes sur le territoire de qui que ce soit, donc difficilement un casus belli. Et le tsunami qui s’ensuivrait ? Oh-oh ! Oopsie-daisy, désolé pour ça ! Personne ne va écrire « en cas de tsunami, détruire la Russie » dans la doctrine nucléaire américaine. Mieux encore, les Poseidons peuvent rester à l’affût pendant des années, faisant périodiquement surface pour recevoir de nouvelles commandes. Mais si la Russie est détruite, ils se lèveront et détruiront le reste du monde, car « À quoi servirait le monde sans la Russie ? » (V. Poutine)

Nous pouvons être sûrs que les Russes ne lanceront pas une guerre nucléaire parce que c’est risqué et qu’ils n’ont pas besoin de prendre ce risque pour gagner. Nous pouvons être sûrs que les Américains n’en lanceront pas une parce que ce serait du suicide. Nous pouvons donc tous nous asseoir et nous détendre pendant que les faiseurs de récits sur le « chantage nucléaire de Poutine » aboient leurs idées stupides. Quant à toutes ces putes médiatiques qui font peur aux gens avec leurs absurdités nucléaires pour faire du battage médiatique, elles devraient avoir honte !

Dmitry Orlov

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Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.

Il vient aussi de publier son dernier livre, The Arctic Fox Cometh.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Dissipons les illusions occidentales sur l’Ukraine et la Russie


Par Larry Johnson – Le 3 novembre 2022 – Source Sonar 21 + The Saker francophone

Vous souvenez-vous d’avoir essayé de comprendre le démenti catégorique de « Bagdad Bob » (Mohammed Saeed al-Sahaf) en mars 2003, disant qu’il n’y avait ni troupes ni chars américains à Bagdad ? La plupart des réseaux d’information par câble ont juxtaposé l’affirmation de Bob à des images en direct de chars roulant dans les rues. Avoir l’air idiot était le dernier de ses problèmes. Je me suis demandé ce qui pouvait bien pousser un homme instruit et expérimenté à adhérer aussi farouchement à un tel mensonge. Le monde a été témoin du même phénomène avec Adolf Hitler pendant ses derniers jours dans son bunker sous les rues jonchées de décombres de Berlin.

Puis vient l’Ukraine et l' »opération militaire spéciale » de la Russie, et l’esprit de Bagdad Bob est a pénétré une foule de politiciens, d’experts et d’anciens spécialistes. Voici un exemple (je refuse de nommer l’auteur pour ne pas l’embarrasser davantage) de l’illusion de Bagdad Bob :

 

La Russie est actuellement soumise à un stress extrême et les dirigeants russes sont tendus et mécontents. Non seulement l’opération en Ukraine s’est arrêtée, mais la Russie continue de subir des pertes humaines et matérielles atroces. Elle a dû passer des accords secrets avec l’Iran et la Corée du Nord pour avoir suffisamment de munitions et de fournitures pour rester dans la guerre. Son industrie nationale est trop lente et insuffisamment financée pour pouvoir répondre aux demandes de production urgente de biens de guerre. Elle a épuisé ses soldats, enrôlant des hommes d’âge moyen et plus âgés, en arrachant des prisonniers à leurs prisons pour les faire servir sur les deux fronts principaux du conflit ukrainien. Rien de tout cela n’a semblé fonctionner. Chaque jour, la Russie commet de nouvelles bévues militaires et Poutine vient de renvoyer l’un de ses principaux commandants, le général Alexandre Lapin. Alors que les sondages d’opinion russes (qui peuvent être faux) affirment que Poutine est toujours populaire, il est confronté à un avenir sombre si les pertes se transforment en un échec complet et que les Russes doivent évacuer l’Ukraine. En fait, les commandants russes se préparent actuellement à évacuer la ville importante de Kherson, affirmant qu’elle n’a aucune importance (ce qui est un non-sens total).

Le monsieur qui a écrit le paragraphe précédent est bien éduqué, s’exprime bien et est un vétéran du département de la défense des États-Unis. Je le connais depuis peu et je sais qu’il n’est pas un menteur. Ce qui me stupéfie, c’est qu’il croit sincèrement à ce qu’il dit. Peut-être devrions-nous appeler cela « le syndrome de la terre plate » ? Il consiste à considérer comme des faits des affirmations qui sont contredites par des preuves réelles.

Je voudrais déconstruire certaines de ses affirmations.

Non seulement l’opération en Ukraine s’est arrêtée, mais la Russie continue de subir des pertes agonisantes en hommes et en matériel.

La réalité objective est que la Russie a intensifié sa campagne aérienne et a détruit des nœuds critiques de puissance et d’énergie dans toute l’Ukraine. Comment cela peut-il se traduire par « s’arrêter » ? Il est vrai que ni les Russes ni les Ukrainiens n’ont été en mesure de se déplacer très loin ou très vite sur le terrain au cours des trois dernières semaines. Mais c’est parce que les champs et les chemins de terre sont des gouffres à boue. Si vous voulez vous déplacer par voie terrestre en Ukraine, vous devez emprunter une route goudronnée et, si vous le faites, vous devenez une cible de choix pour l’artillerie et les frappes aériennes. Malgré le sol détrempé par la pluie, les forces russes ont continué à avancer dans la région de Donetsk, bien que lentement.

Qu’en est-il des « pertes agonisantes en hommes et en matériel » ? La dernière fois que j’ai vérifié, c’est l’Ukraine, et non la Russie, qui demande plus de clochettes aux États-Unis et à l’OTAN. Et l’Ukraine manque tellement de soldats valides que la mobilisation qui a commencé en mars a été prolongée jusqu’au 21 novembre. Ce n’est pas mon avis, c’est l’affirmation d’un fonctionnaire ukrainien chargé du « recrutement » faite la semaine dernière (24 octobre) :

L’armée ukrainienne a besoin de troupes supplémentaires et tous les hommes de moins de 60 ans, qui sont tenus de faire leur service militaire, doivent s’attendre à recevoir des avis de conscription, a déclaré le chef du centre de recrutement et de soutien social de la ville de Kiev, Yury Maximov. « Il y a un besoin de [troupes] supplémentaires. Nous devons augmenter notre potentiel« , a-t-il déclaré dans une interview accordée à l’agence de presse TSN. « Il est clair que nous devons avoir suffisamment de troupes de défense. Je pense que la campagne de mobilisation va se poursuivre« , a ajouté Maximov… La loi martiale a été imposée en Ukraine le 24 février 2022. Le lendemain, le Service national des frontières a annoncé l’interdiction pour les hommes ukrainiens âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays jusqu’à la fin de la loi martiale. En août, la Verkhovna Rada (parlement) a de nouveau prolongé la loi martiale et une campagne de mobilisation générale pour 90 jours, jusqu’au 21 novembre.

https://tass.com/world/1526665

La Russie, en revanche, a connu une seule mobilisation et vient d’annoncer qu’elle était terminée. Si vous voulez voir à quel point l’Occident est désespéré de contrôler ce récit, faites une recherche sur Google avec les termes « Ukraine » et « Mobilisation« . La grande majorité des résultats sont des articles sur la mobilisation russe. Il faut vraiment creuser pour trouver les faits concernant les pertes stupéfiantes de l’Ukraine.

Qu’en est-il de cette affirmation ?

Chaque jour, la Russie commet de nouvelles bévues militaires et Poutine vient de renvoyer l’un de ses principaux commandants, le général Alexander Lapin. Alors que les sondages d’opinion russes (qui peuvent être faux) affirment que Poutine est toujours populaire, il est confronté à un avenir sombre si les pertes se transforment en un parcours complet et que les Russes doivent évacuer l’Ukraine.

J’ai évoqué dans un article précédent que la nomination du général Surovikin représentait un changement dans l’approche russe de l’opération militaire spéciale. Surovikin a été nommé commandant suprême des forces alliées et a reçu le contrôle de toutes les forces russes en Ukraine. Avant qu’il ne prenne ce poste, les commandants de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporhyzhia opéraient indépendamment.

Comment l’Ukraine est-elle censée forcer la Russie à battre en retraite sans une aviation de combat robuste et efficace, un approvisionnement garanti en obus d’artillerie et une force de chars suffisante, sans parler des soldats en bonne santé pour faire fonctionner ces systèmes d’armes ? La réponse est simple : elle ne le fera pas car elle ne peut pas le faire. Les forces armées ukrainiennes sont aujourd’hui gravement dégradées par rapport à ce qu’elles pouvaient mettre sur le champ de bataille le 24 février. Je défie quiconque de démontrer que l’Ukraine est plus forte, plus capable aujourd’hui qu’il y a huit mois.

L’analyse stupide que j’ai soulignée ci-dessus n’est que le symptôme d’une maladie qui a infecté l’Occident (et je ne parle pas du Covid). La chute de l’Occident dans le fossé des mensonges ne se limite pas à se livrer à des fantasmes sur la situation militaire de l’Ukraine. La culture corrompue de l’Occident fait également du prosélytisme en affirmant qu’il existe plus de deux sexes, que les hommes peuvent être enceintes et que les moulins à vent et les panneaux solaires suffisent à alimenter les sociétés modernes en énergie. Bon sang, on nous a affirmé que le vaccin contre le Covid empêcherait les gens d’avoir le Covid. Je pense que la cause sous-jacente de la pensée délirante qui domine l’économie, la politique, la médecine et la culture populaire occidentales est que l’Occident a adopté une idéologie rigide et intolérante qui rappelle la sclérose intellectuelle enracinée dans le marxisme qui a conduit à la mort de l’Union soviétique. Le peuple russe a appris de dures vérités au lendemain de l’effondrement de l’empire soviétique. Je crois que les peuples des États-Unis et d’Europe vont connaître un réveil brutal similaire. Et ce ne sera pas beau à voir.

Qu’en pensez-vous ? Pourquoi tant de personnes intelligentes adoptent-elles des récits objectivement faux ?

Larry Johnson

Note du Saker Francophone

Peut-être pour éviter d’en tirer l’angoissante conclusion, pour leur esprit conformiste, que leur gouvernement est en pleine crise de folie suprématiste.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

La fin du jeu

Source : The Saker francophone.

 


Par Batiushka – Le 18 octobre 2022 – Source The Saker Blog

Même les politiciens occidentaux qui se bercent d’illusions et leurs médias de presse commencent à comprendre que la situation ne peut plus durer. Prenons simplement les titres de l’actualité du 18 octobre.

 

La publication américaine National Interest rapporte que l’Ukraine ne pourrait tenir qu’un mois sans l’aide américaine.

httpss://news.mail.ru/incident/53516988/?frommail=1

Le gouverneur de la province de Kherson, Kirill Stremousov, a annoncé sur la chaîne russe Channel One que les forces de Kiev ont perdu 9 800 soldats en six semaines, ainsi que 320 chars, 250 véhicules d’infanterie, 542 voitures blindées, 36 avions et 7 hélicoptères. Elles sont tombées dans le piège des Russes, qui leur ont permis d’avancer en rase campagne.

httpss://news.mail.ru/incident/53510849/?frommail=1

Des photos du gazoduc Nordstream ont été publiées dans le journal suédois « Expressen ». Il s’agit clairement d’un sabotage. Qui serait intéressé à faire cela ? Peut-être les mêmes que ceux qui ont abattu le MH 17 en 2014 ?

httpss://news.mail.ru/incident/53519325/?frommail=1

La mobilisation partielle de 300 000 réservistes russes est presque terminée. Leur présence dans le Donbass va libérer les forces régulières pour qu’elles puissent avancer davantage, bien qu’une partie des terres prises par les forces de Kiev en septembre ait déjà été reprise et que d’autres soient libérées chaque jour.

Après sept jours d’attaques aériennes (dont deux jours seulement ont été rapportés par les médias occidentaux) sur les infrastructures ukrainiennes, en particulier sur l’approvisionnement en électricité, même Zelensky a admis aujourd’hui que 30 % des centrales électriques du régime de Kiev ont été détruites dans toute l’Ukraine. Tout cela en réponse à son terrorisme à Zaporozhye, Donetsk, Belgorod, Moscou (Daria Dugina), et contre le Nordstream et le pont de Crimée. A quoi d’autre s’attendait-il ?

La France est en grève.

L’Italie en a assez et veut que les livraisons d’armes aux néo-nazis de Kiev cessent.

Au Royaume-Uni, en faillite, à la stupéfaction générale, Truss est toujours « présente » [Ce n’est plus le cas à ce jour, NdT], mais le site web du Daily Mail rapporte que de nombreux pubs vont devoir fermer pour l’hiver. Les propriétaires n’ont pas les moyens de payer les factures de chauffage.

En Allemagne, le ministre de la santé, Karl Lauterbach, a mis en garde contre le risque que même les hôpitaux doivent fermer à cause de la crise énergétique.

Certains demandent : « Mais pourquoi la Fédération de Russie n’a-t-elle pas commencé la campagne de libération en février dernier en augmentant immédiatement le seuil de douleur ? » La réponse est simple. Ce n’est pas seulement que la Fédération a sous-estimé la stupidité totale de l’OTAN et de la junte de Kiev. C’est bien plus que cela, c’est tout simplement que la Russie n’a jamais voulu infliger de douleur aux Ukrainiens ordinaires et à ses propres soldats de l’Union. Les Ukrainiens ordinaires n’ont JAMAIS été l’ennemi. Les Russes ont toujours visé les militaires de Kiev fournis et entraînés par l’OTAN. Les Russes ne sont pas des Américains qui arrosent les buissons de balles de mitrailleuses et les arbres d’agent orange, ou qui rayent Hambourg et Dresde de la carte comme les Britanniques. Ils ciblent. Ils ne sont pas des terroristes.

N’avez-vous pas lu le discours du président Poutine du 30 septembre ? Écoutez-le à nouveau, s’il vous plaît :

Je veux que les autorités de Kiev et leurs véritables manipulateurs à l’Ouest m’entendent maintenant, et je veux que tout le monde se souvienne de ceci : les personnes vivant à Lougansk et Donetsk, à Kherson et Zaporozhye sont devenues nos citoyens, pour toujours.

…Nous appelons le régime de Kiev à cesser le feu et toutes les hostilités immédiatement ; à mettre fin à la guerre qu’il a déclenchée en 2014 et à revenir à la table des négociations. Nous sommes prêts pour cela, comme nous l’avons dit plus d’une fois. Mais le choix des habitants de Donetsk, Lougansk, Zaporozhye et Kherson ne sera pas discuté. La décision a été prise, et la Russie ne la trahira pas.

…Nous défendrons notre terre avec toutes les forces et les ressources dont nous disposons, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la sécurité de notre peuple. C’est la grande mission libératrice de notre nation.

….Aujourd’hui, nous nous battons pour qu’il ne vienne à l’idée de personne que la Russie, notre peuple, notre langue ou notre culture puissent être effacés de l’histoire. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une société consolidée, et cette consolidation ne peut être fondée que sur la souveraineté, la liberté, la création et la justice. Nos valeurs sont l’humanité, la miséricorde et la compassion.

Si vous ne croyez pas ces derniers mots sur les valeurs, alors regardez dans les yeux de la grande sainte russe, Sainte Xénia de Saint-Pétersbourg :

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Zelensky piégé par Moscou et Washington

par Thierry Meyssan - Le 23/11/2022.

L’évolution du rapport de forces sur le champ de bataille ukrainien et l’épisode tragique du G20 de Bali marquent un retournement de situation. Si les Occidentaux croient toujours vaincre prochainement Moscou, les États-Unis ont déjà débuté des négociations secrètes avec la Russie. Ils s’apprêtent à lâcher l’Ukraine et à faire porter le chapeau au seul Volodymyr Zelensky. Comme en Afghanistan, le réveil sera brutal.

Discutant, il y a une dizaine de jours à Bruxelles, avec un chef de file des députés européens que l’on dit ouvert d’esprit, je l’écoutais me dire que le conflit ukrainien était certes complexe, mais que la chose la plus évidente était que la Russie avait envahi ce pays. Je lui répondis en observant que le droit international faisait obligation à l’Allemagne, à la France et à la Russie d’appliquer la résolution 2202, ce que Moscou, seul, avait fait. Je poursuivais en lui rappelant la responsabilité de protéger les populations en cas de défaillance de leur propre gouvernement. Il me coupa la parole et me demanda : « Si mon gouvernement se plaint du sort de ses ressortissants en Russie et attaque ce pays, vous trouverez cela normal ? ». Oui, lui répondis-je, si vous avez une résolution du Conseil de sécurité. En avez-vous une ? Décontenancé, il changea de sujet. Trois fois, je lui demandais si nous pouvions aborder la question des « nationalistes intégraux » ukrainiens. Trois fois, il refusa. Nous nous séparâmes avec courtoisie.

La question de la responsabilité de protéger aurait dû être nuancée. Ce principe n’autorise pas à une guerre, mais à une opération de police, menée avec des moyens militaires. C’est pourquoi le Kremlin veille à ne pas désigner ce conflit comme une « guerre », mais comme une « opération militaire spéciale ». Les deux manières de parler désignent les mêmes faits, mais « opération militaire spéciale » limite le conflit. Dès l’entrée de ses troupes en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, a précisé qu’il n’entendait pas annexer ce territoire, mais uniquement libérer les populations persécutées par les « nazis » ukrainiens. Dans un long article précédent, j’ai indiqué que, si l’expression « nazis » est juste au sens historique, elle ne correspond pas à la manière dont ces gens se désignent. Ils utilisent l’expression : « nationalistes intégraux ». Rappelons que l’Ukraine est le seul État au monde à disposer d’une Constitution explicitement raciste.

Le fait d’observer que le droit international donne raison à la Russie ne signifie pas qu’on lui donne un blanc-seing. Chacun doit critiquer la manière dont elle applique le droit. Les Occidentaux trouvent toujours la Russie « asiatique », « sauvage » et « brutale », même s’ils se sont montrés eux-mêmes bien plus destructeurs en de nombreuses occasions.

Renversement de situation

Les points de vue russe et occidentaux ayant été précisés, force est de constater que plusieurs évènements ont suscité une évolution occidentale.

 Nous entrons dans l’hiver, une saison rude en Europe centrale. La population russe a conscience, depuis l’invasion napoléonienne, qu’elle ne peut pas défendre un pays aussi grand. Aussi a-t-elle appris à utiliser précisément l’immensité de son territoire et les saisons pour vaincre ceux qui l’attaquaient. Avec l’hiver, le front est figé pour plusieurs mois. Chacun peut constater que, contrairement au discours selon lequel les Russes sont vaincus, l’armée russe a libéré le Donbass et une partie de la Novorussia.

 Avant que l’hiver ne tombe, le Kremlin a replié la population libérée qui habitait au Nord du Dniepr, puis a retiré son armée, abandonnant la partie de Kershon située sur la rive Nord du Dniepr. Pour la première fois, une frontière naturelle, le fleuve Dniepr, marque une frontière entre les territoires contrôlés par Kiev et ceux contrôlés par Moscou. Or, durant l’entre-deux-guerres, c’est l’absence de frontières naturelles qui a fait tomber tous les pouvoirs successifs en Ukraine. Désormais, la Russie est en position de tenir.

Depuis le début du conflit, l’Ukraine peut compter sur l’aide illimitée des États-Unis et de leurs alliés. Or, les élections de mi-mandat aux USA ont enlevé la majorité de l’administration Biden à la Chambre des représentants. Désormais, le soutien de Washington sera limité. Identiquement, l’Union européenne trouve aussi ses limites. Ses populations ne comprennent pas la hausse des coûts de l’énergie, la fermeture de certaines usines et l’impossibilité de se chauffer normalement.

Enfin, dans certains cercles de pouvoir, après avoir admiré les talents de communiquant de l’acteur Volodymyr Zelensky, on commence à s’interroger sur les rumeurs concernant sa soudaine fortune. En huit mois de guerre, il serait devenu milliardaire. L’imputation est invérifiable, mais le scandale des Pandora Papers (2021), la rend crédible. Est-il nécessaire de se saigner aux quatre veines pour ne pas voir arriver les dons en Ukraine, mais disparaître dans des sociétés off shore ?

Les Anglo-Saxons (c’est-à-dire Londres et Washington) souhaitaient transformer le G20 de Bali en sommet anti-Russe. Ils avaient d’abord fait pression pour que Moscou soit exclu du Groupe comme ils y sont parvenus au G8. Mais si la Russie avait été absente, la Chine, de très loin le premier exportateur mondial, ne serait pas venue. Aussi, c’est le Français Emmanuel Macron qui a été chargé de convaincre les autres invités de signer une déclaration sanglante contre la Russie. Durant deux jours, les agences de presse occidentales ont assuré que l’affaire était dans le sac. Mais, en définitive, la déclaration finale, si elle résume le point de vue occidental, ferme le débat en ces mots : « Il y avait d’autres points de vue et différentes évaluations de la situation et des sanctions. Reconnaissant que le G20 n’est pas le forum pour résoudre les problèmes de sécurité, nous savons que les problèmes de sécurité peuvent avoir des conséquences importantes pour l’économie mondiale ». En d’autres termes, pour la première fois, les Occidentaux ne sont pas parvenus à imposer leur vision du monde au reste de la planète.

Le piège

Pire : Les Occidentaux ont imposé une intervention vidéo de Volodymyr Zelensky comme ils l’avaient fait, le 24 août et le 27 septembre, au Conseil de sécurité des Nations unies. Or, alors que la Russie avait vainement tenté de s’y opposer en septembre à New York, elle l’a accepté en novembre à Bali. Au Conseil de sécurité, la France, qui détenait la présidence, avait violé le règlement intérieur pour donner la parole à un chef d’État par vidéo. Au contraire, au G20, l’Indonésie tenait une position absolument neutre et ne risquait pas d’accepter de lui donner la parole sans autorisation russe. Il s’agissait à l’évidence d’un piège. Le président Zelensky, qui ne connaît pas le fonctionnement de ces instances, y est tombé.

Après avoir caricaturé l’action de Moscou, il a appelé à l’exclure du… « G19 ». En d’autres termes, le petit Ukrainien a donné, au nom des Anglo-Saxons, un ordre aux chefs d’État, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères des 20 plus grandes puissances mondiales et n’a pas été entendu. En réalité, le litige entre ces dirigeants ne portait pas sur l’Ukraine, mais sur leur soumission ou pas à l’« ordre mondial américain ». Tous les participants latino-américains, africains et quatre asiatiques ont dit que cette domination était finie ; que désormais le monde est multipolaire.

Les Occidentaux ont dû sentir le sol trembler sous leurs pieds. Ils n’ont pas été les seuls. Volodymyr Zelensky a vu, pour la première fois, que ses parrains, jusqu’ici maîtres absolus du monde, le laissaient tomber sans hésiter pour maintenir quelques temps encore leur position.

Il est probable que Washington a été de mèche avec Moscou. Les États-Unis constatent qu’à l’échelle du monde, les choses tournent à leur désavantage. Ils n’auront aucune hésitation à faire porter le chapeau au régime ukrainien. William Burns, directeur de la CIA et opposant à la ligne straussienne, a déjà rencontré Sergueï Narychkine, le directeur du SVR, en Turquie. Ces entretiens font suite à ceux du straussien Jacob Sullivan, le conseiller national de Sécurité US, avec plusieurs officiels russes. Or, Washington n’a rien à négocier en Ukraine. Deux mois avant le conflit en Ukraine, j’expliquais que le fond du problème n’avait aucun rapport avec ce pays, pas plus qu’avec l’OTAN. Il porte essentiellement sur la fin du monde unipolaire.

Aussi ne faut-il pas s’étonner que, quelques jours après la gifle du G20, Volodymyr Zelensky ait contredit, pour la première fois en public, ses parrains états-uniens. Il a accusé la Russie d’avoir lancé un missile sur la Pologne et a maintenu ses propos lorsque le Pentagone a indiqué qu’il avait tort, c’était un contre-missile ukrainien. Il s’agissait pour lui de continuer à agir dans la droite ligne du Traité de Varsovie, conclu le 22 avril 1920, par les nationalistes intégraux de Symon Petlioura avec le régime de Piłsudski ; de pousser la Pologne à entrer en guerre contre la Russie. C’est la seconde fois que Washington faisait sonner une clochette à ses oreilles. Il ne l’a pas entendue.

Probablement, ces contradictions ne vont plus se manifester en public. Les positions occidentales vont s’assouplir. L’Ukraine est prévenue : Dans les prochains mois, elle va devoir négocier avec la Russie. Le président Zelensky peut prévoir dès à présent sa fuite car ses compatriotes meurtris ne lui pardonneront pas de les avoir dupés.

Thierry Meyssan

source : Réseau Voltaire

L’Occident teste une nouvelle méthode pour attaquer Poutine : La propagande simpliste et massive - Le 30/11/2022.

Source : Le Courrier des Stratèges.

Mais le Kremlin est aussi sur le qui-vive. Après avoir épuisé (peut-être temporairement) son stock de sanctions financières et économiques, le « collectif occidental » est passé à la tactique des frappes de propagande massives contre la Russie, avec l'aide de censures publiques bruyantes et démonstratives. Il y a quelques jours, le Parlement européen a reconnu la Fédération de Russie comme « État parrain du terrorisme ». La législature des Pays-Bas a immédiatement fait de même. Et le Bundestag allemand est appelé à voter une résolution qui qualifie « l'Holodomor » de l'ère stalinienne comme un génocide des Ukrainiens.

Cet article initialement publié en russe sur MK-ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

Dans le contexte général de ce qui se passe actuellement en Europe, tous ces empiètements peuvent sembler être des détails mineurs. Et si vous regardez la situation uniquement du point de vue d’aujourd’hui, c’est ainsi. Comme l’a noté le chef de la diplomatie européenne, Borrell, au printemps, « le conflit en Ukraine ne peut être résolu que sur le champ de bataille ». Sur le champ de bataille, même une centaine de résolutions parlementaires à orientation idéologique signifient bien moins qu’un seul char. Cependant, en politique, on ne peut pas vivre un jour à la fois. Sur le long terme, une vague de résolutions antirusses des parlements occidentaux est également une arme. Une arme qui ne fonctionne pas fortement immédiatement, mais qui fonctionne toujours.

L’Occident a voulu « couper les griffes » de l’ours russe

Ce qui a commencé le 24 février 2022 est, d’une part, quelque chose de totalement inédit et, d’autre part, une constante dans la vie du continent européen tout au long des siècles. Est-ce que cela semble extrêmement mystérieux ou même abstrait ? Ne vous inquiétez pas. Tout deviendra clair comme la lumière du jour. Si nous « déshabillons » le conflit ukrainien, en supprimant tous les nombreux « arcs et lacets » idéologiques, alors que restera-t-il ? Un combat classique pour la redistribution des sphères d’influence et une modification des rapports de force. Avec l’aide du développement militaire de l’Ukraine – son implication dans l’OTAN – l’Occident a voulu « couper les griffes » de l’ours russe, faire de la Fédération de Russie une force secondaire, un nain géopolitique, coincé dans un coin par l’OTAN géant. 

Après avoir calculé la situation, le Kremlin a jugé une telle perspective inacceptable et a porté un coup à cette manœuvre de cantonnement. Tout cela est conforme à ce qui est écrit dans n’importe quel manuel d’histoire ou, disons, dans l’Histoire de la diplomatie en plusieurs volumes que j’ai lus quand j’étais enfant. Changez Poutine, par exemple, en Alexandre II, et Biden en Napoléon III ou Bismarck, et vous verrez apparaître une évidence : le « nouveau monde » qui a commencé le 24 février n’est en réalité qu’un ancien monde bien oublié.  Bien sûr, dans ce cadre historique « oublié », il y a un élément vraiment nouveau, ou, du moins, nouveau par rapport à l’époque de Bismarck ou de celle de Napoléon. Alors, quel est-il ? Pour répondre, n’ouvrons pas le coffre tout de suite en grand, mais prenons toutes les serrures, une par une, dans l’ordre.

Les termes « génocides » et « État parrain du terrorisme » encodent les armes de propagande de destruction massive 

La guerre froide n’a été qu’accessoirement une lutte pour les sphères d’influence. Tout d’abord, c’était un conflit d’idéologies, un affrontement de deux systèmes concurrents de visions du monde. A l’époque de Gorbatchev, ce combat semblait officiellement terminé. En réalité, il ne l’était pas pour l’Occident. 

Par quels slogans l’Ukraine a-t-elle été entraînée dans l’orbite de l’influence américaine et européenne ?  Il n’y a pas eu de grande déclaration comme, par exemple : « maintenant nous allons vous coloniser politiquement et priver ainsi Moscou de la liberté de manœuvre ». Non, tout cela a été évoqué plus subtilement, avec des maximes solennelles, prononcées à haute voix, sur les valeurs européennes, la solidarité paneuropéenne, etc. 

Cette stratégie, résultant d’une combinaison de nombreux facteurs, a fonctionné. Ce que l’Occident a écrit en Ukraine avec un stylo, la Russie est maintenant obligée de l’abattre avec une hache. Je vous ai convaincu maintenant qu’il ne s’agit pas de quelque chose de théorique et d’abstrait, mais d’une démarche spécifique et appliquée. J’espère vraiment vous avoir convaincu. Après tout, si nous considérons le conflit en Ukraine comme une combinaison de deux éléments – une lutte classique pour les sphères d’influence ainsi que pour l’équilibre des pouvoirs, et une bataille idéologique, dans le style de la guerre froide – tout ceci cesse finalement d’être mystérieux et incompréhensible.

En regardant la situation sous cet angle, le sens profond de la vague – de vous à moi, je suis sûr que cette vague ne fait que commencer – les résolutions des parlements occidentaux deviennent claires. Les actions de Poutine, en février dernier, ont tracé un trait sous la période généralement appelée « l’ère de l’après-guerre froide », je n’ai pas de meilleure terme. Des temps nouveaux sont donc arrivés ; des temps qui nécessitent de nouvelles « décorations idéologiques » qui ont commencé à être « construites » lentement. Et peu importe que ces nouveaux fondements soient élaborés à partir de vieux matériaux de construction idéologiques. 

Commentant les projets du Bundestag de reconnaître « l’Holodomor » comme un génocide d’Ukrainiens, l’ambassadeur de Russie en Allemagne, Sergei Nechaev, a écrit dans un article pour le journal allemand Junge Welt : « selon des documents historiques, plus de 7 millions de personnes sont mortes à la suite de la famine qui a frappé de vastes régions de l’URSS en 1932-1933 (dont environ 2, 5 millions dans la partie russe du pays et 1,5 million au Kazakhstan). La famine était massive et aveugle. Cela a commencé par une grave sécheresse et de mauvaises récoltes, auxquelles se sont ajoutées les mesures d’urgence du gouvernement soviétique dans le cadre de la politique de collectivisation forcée. La mise en œuvre de ces mesures était strictement assurée dans toutes, les régions agricoles de l’URSS, sans exception… Non seulement les Ukrainiens, mais aussi les Russes, les Biélorusses, les Tatars, les Bachkirs, les Kazakhs, les Tchouvaches, les Allemands de la Volga et les représentants d’autres peuples mouraient de faim ». 

Historiquement et rationnellement parlant, c’est tout à fait correct. Mais précisément, la particularité de mots ou expressions aussi chargés que « génocide » et « État parrain du terrorisme » n’affectent pas seulement les parties de notre cerveau responsables de la pensée logique, mais aussi celles qui régissent les sentiments et les émotions. Ce sont des termes qui « encodent » les armes de propagande de destruction massive. 

Qu’est-ce que le Kremlin va opposer à cela ? 

La question est mal posée. La formulation correcte est « déjà opposé ». Le discours de Poutine le 30 septembre de cette année en est la démonstration : « pendant huit longues années, les habitants du Donbass ont été soumis au génocide, aux bombardements et au blocus. À Kherson et à Zaporozhye, ils ont essayé de cultiver criminellement la haine de la Russie, de tout ce qui est russe. Déjà pendant les référendums, le régime de Kyiv a menacé de représailles, de mort les enseignants, les femmes qui travaillaient dans les commissions électorales, intimidé par la répression des millions de personnes venues exprimer leur volonté. Mais le peuple ininterrompu du Donbass, de Zaporozhye et de Kherson a parlé… Il n’y a rien de plus fort que la détermination de millions de personnes qui, par leur culture, leur foi, leurs traditions, leur langue, se considèrent comme faisant partie de la Russie, et dont les ancêtres vivaient dans un seul État pendant des siècles. Il n’y a rien de plus fort que la détermination de ce peuple à retourner dans sa vraie patrie historique ».

Ce ne sont pas les paroles d’un gentleman qui rivalise avec d’autres gentlemen pendant la journée et qui, le soir, conformément à toutes les normes de l’étiquette, s’assoit pour boire du thé avec eux. Ce sont les mots d’un guerrier idéologique pleinement motivé, prêt non seulement à défendre, mais aussi à attaquer sur tous les fronts. Et ces fronts ne se situent pas seulement dans la zone du périmètre extérieur de la Russie. En idéologie, il y a peu ou pas de frontière entre la politique intérieure et étrangère. Demandez-vous par exemple pourquoi le parlement russe vient-il d’adopter une loi sur la protection des valeurs traditionnelles ? 

Toute prévision est maintenant une tâche extrêmement ingrate. Mais je vais quand même tenter ma chance : La bataille idéologique entre la Russie et l’Occident sera beaucoup plus longue que la phase active du conflit en Ukraine.

La fin du commencement et le commencement de la fin - Le 06/11/2022.

Source : The Saker francophone.


Dieu n’est pas dans la force, mais dans la vérité – Saint Alexandre Nevsky


Par Batiushka – Le 6 novembre 2022 – Source The Saker Blog

https://dxczjjuegupb.cloudfront.net/wp-content/uploads/2022/10/USA-wars-622x250_c.jpgIntroduction : Combien de temps encore ?

Beaucoup se demandent combien de temps encore va durer la guerre des États-Unis contre la Russie, le Belarus et l’Ukraine ? Certains disent encore deux ou trois mois, d’autres beaucoup plus longtemps, voire cinq ans et plus. Pour mes propres raisons, je dis encore dix-huit mois, jusqu’au 5 mai 2024. Quoi que vous en pensiez, tout dépend de la mesure dans laquelle l’élite néocon/néolibérale américaine, via ses alliés de l’OTAN, en particulier le Royaume-Uni, la secte Zelensky et ses tueurs à gages (les « mercenaires » – car il reste peu de nationalistes de Kiev à combattre), veulent intensifier leur guerre. Et ils le font, c’est pourquoi tout ne s’est pas terminé en mars dernier, alors que cela aurait pu être le cas. En d’autres termes, jusqu’à quel point l’élite américaine veut-elle que ses peuples sujets, en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Ukraine, souffrent ?

 

Il semble que l’élite américaine veuille qu’ils souffrent jusqu’à ce qu’ils soient tous morts. Mais cela n’arrivera pas, car le vent se retournera, bien, bien avant cela. En effet, dans l’Ukraine d’aujourd’hui où l’énergie et l’eau sont limitées, certaines tendances sont déjà en train de se retourner. Et même les personnes crevant de froid et affamées d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord se transforment également. Ce que l’élite veut et ce que les gens, en particulier en Ukraine, accepteront, sont deux choses différentes. Tout pourrait être terminé demain, si l’élite le voulait. Il est beaucoup plus probable que cela prenne un certain temps, car la guerre n’est pas entre l’Ukraine et la Russie, mais entre les États-Unis et la Russie. L’Ukraine n’est que le champ de bataille. Non, je le répète, attendez patiemment jusqu’en mai 2024.

Mille ans d’enfer

Ce qui n’est jamais arrivé entre 1857 et 1945 est arrivé : La guerre entre l’Empire russe et la Grande-Bretagne. (Elle s’est produite à Sébastopol en 1856, et la Russie n’a toujours pas fait payer le prix du Sang à l’Establishment britannique pour cela). Ce qui n’est jamais arrivé entre 1945 et 1991 est arrivé : La guerre entre l’URSS et les États-Unis. Il est vrai que l’Empire russe/l’URSS s’appelle désormais la Fédération de Russie et que la Grande-Bretagne/les États-Unis s’appellent désormais « l’OTAN » (en fait, il s’agit principalement de bandes de mercenaires internationaux) et que le champ de bataille est la frontière sud-ouest de l’ancien Empire russe/de l’Union soviétique, appelée désormais l’Ukraine. Et le motif n’est pas la dispute entre le capitalisme anglo-saxon et la monarchie/le communisme, mais celle entre la tyrannie mondiale des oligarques et la liberté et la souveraineté des peuples du monde. C’est le conflit entre le Peu et le Beaucoup.

Le monde occidental, et aujourd’hui cela signifie simplement les États-Unis, qui se cachent derrière le mot « globalisation », alors qu’il s’agit en réalité d’américanisation, et des mots comme « l’Occident »« l’OTAN »« le monde civilisé »« la communauté internationale »« l’ordre fondé sur des règles », ne connaît qu’un seul système : Le féodalisme. Et ce n’est rien d’autre qu’un système pyramidal de racketteurs criminels. Comme Michael Hudson l’a si précisément écrit :

L’analogue de l’Europe médiévale à la nouvelle guerre froide de l’Amérique contre la Chine et la Russie fut le Grand Schisme de 1054. Exigeant un contrôle unipolaire sur la chrétienté, Léon IX excommunia l’Église orthodoxe centrée à Constantinople et toute la population chrétienne qui en faisait partie. Un seul évêché, Rome, se coupe de l’ensemble du monde chrétien de l’époque, y compris des anciens patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche, de Constantinople et de Jérusalem.

Cette rupture a créé un problème politique pour la diplomatie romaine : Comment maintenir tous les royaumes d’Europe occidentale sous son contrôle et revendiquer le droit à des subventions financières de leur part. Cet objectif nécessitait de subordonner les rois séculiers à l’autorité religieuse papale. En 1074, Grégoire VII, Hildebrand, annonça 27 Diktats papaux décrivant la stratégie administrative permettant à Rome de verrouiller son pouvoir sur l’Europe.

Ces exigences papales présentent un parallèle frappant avec la diplomatie américaine d’aujourd’hui. Dans les deux cas, les intérêts militaires et mondains nécessitent une sublimation sous la forme d’un esprit de croisade idéologique pour cimenter le sentiment de solidarité que requiert tout système de domination impériale. La logique est intemporelle et universelle.

Aujourd’hui, le pape Joe est au pouvoir, ou plutôt les intérêts personnels de ceux qui se tiennent derrière son trône sont au pouvoir. Mais ce pouvoir est en train d’être détruit militairement (l’OTAN perdra toutes ses armes au rythme actuel d’attrition), financièrement (qui voudra des dollars sans valeur d’un État en faillite et divisé ?) et politiquement (qui veut faire partie d’une minorité minuscule et moralement discréditée ?)

Après la victoire

Lorsque, avec le temps, la Russie aura remporté ce qui n’est en fait que la dernière phase de notre lutte millénaire, alors tout changera. Le monde entier se libérera peu à peu de la camisole de force américaine, il sciera enfin les barreaux, laissera tomber les draps et quittera l’asile de fous de Washington.

Tout d’abord, il y a les cinquième et sixième colonnes de la Russie. Nous les estimons à 5 % de la population – c’est le chiffre de ceux qui ont soutenu le traître de la CIA, Navalny. (Le fait que la CIA ait ensuite tenté d’empoisonner Navalny, en rejetant la faute sur la Russie à la manière du MI5, est presque la preuve que l’auteur du crime était la CIA. Le meurtre est ce que la CIA fait toujours avec ses agents dont elle n’a plus l’utilité, des innombrables dictateurs de pacotille latino-américains et asiatiques à Saddam Hussein et Oussama Ben Laden). Soit les cinquième et sixième colonnes quittent la Russie (certaines l’ont déjà fait, pour la Finlande, la Géorgie et, surtout, Israël), nettoyant ainsi la Russie de leur présence, soit elles se repentent de leur trahison. Le Grand Nettoyage de la Russie ne fait que commencer, toute la classe des oligarques, y compris ceux de la « classe créative » et les pervers et les carriéristes obsédés par l’argent de la hiérarchie de l’Église, devront tous partir.

L’Amérique latine pourra alors se libérer des méchants dictateurs imposés par la CIA, des trafiquants de drogue et de la dépendance à l’égard des marchés de la drogue d’Amérique du Nord. L’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, les Caraïbes et le Mexique pourront commencer à retrouver leurs civilisations avancées détruites par les exploiteurs espagnols et portugais, les « conquistadors », qui ont poussé les survivants à abandonner leurs palais, temples et villages pour vivre dans des endroits reculés devenus des jungles.

Et puis, il y a les vassaux des États-Unis sur le pourtour asiatique (les États-Unis n’ont jamais réussi à pénétrer à l’intérieur de l’Eurasie, se faisant expulser même de la péninsule d’Asie du Sud-Est, ainsi que de l’Iran, de l’Irak, de l’Afghanistan et bientôt de l’Europe, qu’ils n’ont pénétrée que jusqu’en Ukraine) : Le Japon peut être libéré de ses occupants après plus de trois générations et s’engager sur la voie de la redécouverte de sa véritable identité ; la péninsule coréenne peut être réunifiée ; Taïwan peut enfin rejoindre la mère patrie ; en Asie occidentale, Israël est contraint de faire la paix avec les peuples autochtones dont il a volé les terres rebaptisées Palestine.

Les vassaux des États-Unis dans le nord-ouest de l’Eurasie pourront alors tourner le dos à l’océan gris, froid et vide, avec ses nuages, son vent et sa pluie, et se tourner vers l’endroit où ses capitales, Reykjavik, Dublin et Londres, se tournent déjà – vers l’est – vers le lever du soleil, vers leurs origines en Eurasie, le cœur des nations souveraines. Les constructions tyranniques et parasitaires de l’UE et du Royaume-Uni, imposées par des élites détestées et étrangères à l’Establishment, peuvent tomber dans le passé, inutiles et mal aimées. Tout comme l’Ukraine, les États baltes se dissoudront eux aussi après avoir été libérés de leurs régimes fascistes.

L’Afro-Eurasie représente les sept huitièmes de l’humanité, dirigés industriellement et économiquement par la Chine et l’Inde, idéologiquement et militairement par la Russie, ainsi que l’énorme potentiel humain et de ressources de l’Afrique, une fois son infrastructure créée.

L’Océanie, qui sera peut-être rebaptisée Polynésie, les nombreuses îles, avec son île centrale toujours appelée par le nom latin étranger d’« Australie », mais qui sera peut-être rebaptisée « La Grande île », peut redécouvrir son identité est-asiatique originale.

Enfin, il restera au Canada et aux États-Unis à se dissoudre dans une série de Premières Nations, au sein desquelles leurs peuples originels pourront jouer un rôle nouveau et important, l’ancienne centralisation ayant disparu. Il faudra du temps avant qu’ils puissent prospérer à nouveau, car ils sont lourdement chargés par les dettes de l’impérialisme militariste, mais le potentiel d’une modeste reprise à l’avenir existe.

Quant aux institutions « internationales », qui n’ont jamais été internationales, les institutions financières du FMI et de la Banque mondiale, dirigées par les États-Unis, pourraient probablement être simplement fermées. Elles sont, tout comme son aile politique et économique européenne appelée UE, actuellement mise en faillite par ses dirigeants suicidaires, et son aile militaire européenne appelée OTAN, actuellement en train d’être anéantie en Ukraine.

Le vassal des États-Unis, la soi-disant ONU, sera rebaptisé et déplacé au centre du monde, loin de son bord primitif en Amérique du Nord. Peut-être qu’un nom comme « l’Alliance des peuples » (AP) conviendrait ? Peut-être juste à côté d’Ekaterinburg, à la frontière du cœur de l’Europe et de l’Asie ? Ou peut-être dans ce centre de la civilisation antique, Téhéran, plus proche du centre de l’Afro-Eurasie ?

Conclusion : La longue, longue marche vers la liberté

Nous vivons la fin de ce vieux monde occidental et assistons à la naissance du nouveau monde multicentrique. C’est le monde qui aurait existé depuis le début, s’il n’y avait pas eu l’interruption millénaire déviante de l’histoire par l’Occident. L’Occident va reprendre l’histoire là où il l’a laissée, ou plutôt, là où il a été forcé de dévier il y a tous ces siècles. Comme Michael Hudson l’a écrit plus haut : « L’analogue de l’Europe médiévale à la nouvelle guerre froide de l’Amérique contre la Chine et la Russie a été le Grand Schisme de 1054 ». À mesure que nous avançons vers 2054, l’Occident va être obligé de se libérer du fardeau millénaire de son passé.

D’autres aussi apprendront à comprendre que l’Opération Spéciale de la Russie était une opération visant à libérer un pays de son occupation par l’élite néo-féodale américanisée. Cette dernière a renversé illégalement le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine en 2014, date à laquelle a commencé cette troisième guerre mondiale qui doit durer une décennie. Mais il en va de même pour toute l’Europe occidentale, elle aussi a été occupée. Seulement, elle a été occupée par sa propre élite féodale depuis au moins 1054, date à laquelle cette nouvelle élite a imposé une nouvelle mentalité et a ensuite manipulé les peuples, les privant de leurs droits en serfs, plébéiens et vilains. La libération de l’Ukraine va faire réfléchir les peuples occidentaux en dehors des États-Unis : « Ne sommes-nous pas nous aussi des vassaux des élites, manipulés par elles ? Soyons libres et soyons ce que nous devrions être, ce que nous sommes vraiment, avant que les élites ne nous capturent. Libérons-nous des chaînes du servage des élites. Soyons libres, comme longtemps avant ». C’est la fin du début et le début de la fin.

Permettez-moi de citer à nouveau. Cette fois-ci, non pas le brillant économiste Michael Hudson, mais l’ancien président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, qui a écrit aujourd’hui ces mots de vérité :

Ce qui est contre nous aujourd’hui fait partie d’un monde qui se meurt. C’est une bande de nazis fous et drogués, des gens zombifiés et intimidés par eux et une grande meute de chiens aboyeurs issus des chenils occidentaux

Avec eux, un troupeau hétéroclite de porcs grogneurs et de bourgeois étroits d’esprit de l’empire occidental effondré, la salive coulant sur leur menton à cause de la dégénérescence. Ils n’ont ni foi ni idéal, si ce n’est les coutumes obscènes qu’ils ont inventées et les normes de double pensée qu’ils ont implantées, niant la moralité accordée aux gens normaux. C’est pourquoi, en nous levant contre eux, nous avons acquis un pouvoir sacré…

Pourquoi nous sommes-nous tus pendant si longtemps ? Nous étions faibles, dévastés par les mauvais moments. Et maintenant, nous nous sommes débarrassés de ce sommeil collant et de la brume lugubre des dernières décennies, dans laquelle la mort de l’ancienne Patrie nous a plongés. D’autres pays attendaient notre réveil, violés par les seigneurs des ténèbres, esclavagistes et oppresseurs, qui rêvent de leur monstrueux passé colonial et aspirent à maintenir leur pouvoir sur le monde. De nombreux pays ne croient plus à leurs sornettes depuis longtemps, mais ils en ont encore peur. Bientôt, ils seront bien réveillés. Et lorsque l’ordre mondial pourri s’effondrera, il enterrera tous ses grands prêtres arrogants, ses adeptes sanguinaires, ses serviteurs moqueurs et ses zombies muets sous un tas de plusieurs tonnes de ses propre débris.

Quelles sont nos armes ? Nos armes sont variées. Nous avons la possibilité d’envoyer tous nos ennemis dans la Géhenne ardente, mais ce n’est pas notre tâche. Nous écoutons les paroles du Créateur dans nos cœurs et nous leur obéissons. Ces paroles nous donnent un but sacré. Le but est d’arrêter le chef suprême de l’enfer, quel que soit le nom qu’il utilise ….. Car son but est la mort. Notre but est la vie. Son arme est un mensonge complexe. Et nos armes sont la Vérité. C’est pourquoi notre cause est juste. C’est pourquoi la victoire sera nôtre !

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Le conflit en Ukraine. C’est parti pour l’escalade

par M.K. Bhadrakumar - Le 02/12/2022.

Un moment décisif dans la bataille du Donbass est atteint car la résistance ukrainienne à l’offensive russe, qui a duré quatre mois, touche à sa fin.

Le lieu de réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN les 29 et 30 novembre, à Bucarest, est le même où, il y a dix ans, l’ancien président américain George W. Bush persuadait ses partenaires transatlantiques que l’Ukraine et la Géorgie devraient un jour rejoindre leur alliance militaire. Les ministres des affaires étrangères ont dûment « réaffirmé » cette décision hier et en sont restés là.

De plus, dans leur déclaration sur le conflit en Ukraine, ils ont affirmé avec force que l’OTAN « ne reconnaîtra jamais » l’annexion par la Russie de quatre régions ukrainiennes et ont souligné la détermination de l’alliance à « poursuivre et renforcer le soutien politique et matériel » à Kiev.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui est un porte-parole de Washington, a averti qu’en dépit de la bravoure de l’Ukraine et des progrès réalisés sur le terrain, la Russie conserve de fortes capacités militaires et un grand nombre de troupes, et que l’alliance continuera à soutenir Kiev « aussi longtemps qu’il le faudra… nous ne reculerons pas ».

Ces déclarations trahissent leur absence de toute nouvelle réflexion, alors que l’évolution de la situation sur le terrain montre pourtant que les plans de Washington sont en train de s’effondrer. On observe également des signes croissants de désunion sur la question de l’Ukraine parmi les alliés européens des États-Unis et entre ces derniers et l’administration Biden.

Les néoconservateurs de l’équipe Biden, qui constituent la force motrice du Beltway, sont toujours aussi arc-boutés sur leur objectif. La lueur d’espoir que représentait l’opinion modérée exprimée récemment dans la célèbre déclaration signée par 30 législateurs démocrates a été totalement étouffée.

Moscou a également tiré les conclusions qui s’imposent, comme en témoigne la position du ministère russe des affaires étrangères selon laquelle il est insensé, dans le climat actuel d’hostilité incessante de Washington, de participer à la commission consultative bilatérale dans le cadre du nouveau traité START entre la Russie et les États-Unis, qui devait initialement se tenir au Caire du 29 novembre au 6 décembre.

Là encore, il ne faut pas attendre grand-chose de la rencontre du président français Emmanuel Macron avec le président Biden à la Maison-Blanche demain. Macron espère toujours être le dirigeant occidental qui acceptera les conditions de capitulation du président Poutine et entrera dans les livres d’histoire, mais en réalité sa crédibilité est en lambeaux en Europe et dans les cercles atlantistes en particulier, et même en France.

La priorité numéro un de l’Europe, à ce stade de tournant dans le conflit en Ukraine, devrait être son autonomie stratégique pour agir selon ses propres intérêts. Mais cela exige une réflexion approfondie sur ce que l’Europe peut faire de manière autonome et, deuxièmement, la compréhension qu’au fond, un intérêt stratégique ne peut être réduit qu’à des intérêts de sécurité.

Dans notre nouveau monde hobbesien, un monde de zones économiques concurrentes, le premier objectif de l’Europe devrait être de parvenir à une autonomie économique stratégique. Mais cet objectif est-il encore réalisable lorsque sa sécurité énergétique, qui était à la base de sa prospérité et de sa puissance industrielle, a été réduite en miettes dans les profondeurs de la mer Baltique par des mains invisibles ?

Quoi qu’il en soit, les événements en cours en Ukraine vont certainement entrer dans une nouvelle dynamique. L’accélération visible de l’offensive russe à Bakhmut au cours des dernières semaines réduit considérablement le délai pour la prise de la ville, qui va passer de plusieurs semaines à quelques jours tout au plus. Des signes similaires apparaissent à Maryinka et à Ugledar dans la région du Donbass.

Si Bakhmut est le pivot de la ligne de défense ukrainienne dans le Donbass, Maryinka est l’endroit d’où les forces ukrainiennes bombardent la ville de Donetsk ; et la prise d’Ougledar permettra aux forces russes de se déplacer vers la ville de Zaporozhye et d’écarter définitivement tout défi futur au pont terrestre vers la Crimée et aux ports de la mer d’Azov.

Le fil conducteur est que le renforcement continu des forces russes déployées dans le Donbass, après la mobilisation de près de 400 000 soldats, commence à donner ses premiers résultats. Pour une fois, les forces russes sont plus nombreuses que celles de l’Ukraine et les fortifications russes ont été considérablement renforcées.

La chute de Bakhmut signalera que la bataille du Donbass, qui est le leitmotiv de l’opération militaire spéciale russe, entre dans sa phase finale. La ligne de défense ukrainienne dans le Donbass s’effrite. Le contrôle du Donbass par la Russie est à portée de main dans un avenir envisageable.

Que se passera-t-il ensuite ? L’objectif russe pourrait être de repousser les forces ukrainiennes plus loin de la région du Donbass et de conserver les steppes à l’est du Dniepr comme zone tampon. En effet, l’oblast de Dnipropetrovsk est également riche en ressources minérales, contenant d’importants gisements de minerai de fer, de manganèse, de titane et de zirconium, d’uranium, de charbon anthracite, de gaz naturel, de pétrole et de charbon lignite. Sa perte sera un coup dur pour Kiev. Sur le plan politique, le récit de la victoire de Kiev disant que l’Ukraine est en train de gagner la guerre et est sur le point de s’emparer de la Crimée etc… ne pourra plus tenir longtemps.

Dans le même temps, l’Europe se débat elle aussi avec ses démons : elle est incapable de se débarrasser de l’idée d’un plafonnement du prix du pétrole russe, qui ne manquera pas d’avoir un effet boomerang et d’aggraver encore plus la sécurité énergétique de l’Europe ; elle doit intensifier ses importations de GNL en provenance de Russie, qui est bien moins cher qu’en provenance d’Amérique ; elle n’est pas en mesure de réagir au lancement de la très importante loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis ou à la migration de l’industrie européenne vers les États-Unis ; elle est incapable de renforcer le rôle international de l’euro pour absorber une partie de l’épargne excédentaire mondiale, etc.

C’est pourquoi, en ce moment décisif, face à l’escalade imminente du conflit en Ukraine dans les semaines à venir, les néoconservateurs américains s’efforcent d’intensifier les livraisons d’armes à l’Ukraine. Les néoconservateurs gagnent invariablement les batailles au sein du Beltway, surtout sous un président faible. Si les Républicains intensifient les enquêtes sur Biden, sa dépendance à l’égard des néocons ne fera qu’augmenter au cours de la période à venir.

La propagande en faveur d’un changement de régime en Russie ne va pas s’estomper, même face aux dures réalités émergentes de la situation sur le terrain en Ukraine. L’objectif des néoconservateurs, comme le dit succinctement l’historien d’investigation Eric Zuesse, est de « détruire la Russie si vite que la Russie ne sera pas en mesure de détruire l’Amérique en représailles ». L’absurdité pure et simple de cette idée est évidente pour tout le monde, sauf pour les néoconservateurs. Ainsi, ils vont maintenant soutenir que l’erreur cardinale des États-Unis en Ukraine a été leur incapacité à mettre des bottes sur le terrain dans ce pays, en 2015.

M.K. Bhadrakumar

source : Indian Punchline

traduction Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone

La paix carthaginoise de Washington se heurte à la réalité - Le 02/12/2022.

Un travail clair, compétent et surtout honnête sur la guerre et les erreurs commises par l’Occident

par le Col. Douglas Macgregor

Les dirigeants politiques et militaires nationaux qui ont engagé l’Amérique dans des guerres de choix au Vietnam, dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak, l’ont fait en règle générale parce qu’ils étaient convaincus que les combats seraient courts et décisifs. 

Les présidents américains, les conseillers présidentiels et les chefs militaires supérieurs n’ont jamais accepté de considérer que la stratégie nationale consistait à éviter les conflits à moins que la nation ne soit attaquée et obligée de se battre.

La dernière victime de cette mentalité va-t-en guerre est l’Ukraine. 

En l’absence d’une analyse critique de fond en comble de la puissance nationale et des intérêts stratégiques de la Russie, les hauts responsables militaires américains et leurs chefs politiques ont vu la Russie à travers une lentille étroitement focalisée qui a magnifié les forces américaines et ukrainiennes mais a ignoré les avantages stratégiques de la Russie – profondeur géographique, des ressources naturelles presque illimitées, une forte cohésion sociale et la capacité militaro-industrielle d’augmenter rapidement sa puissance militaire. 

L’Ukraine est désormais une zone de guerre soumise au même traitement que celui que les forces armées américaines ont infligé à l’Allemagne et au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, au Vietnam dans les années 1960 et à l’Irak pendant des décennies. 

Les réseaux électriques, les réseaux de transport, les infrastructures de communication, la production de carburant et les sites de stockage de munitions sont systématiquement détruits. Des millions d’Ukrainiens continuent de fuir la zone de guerre en quête de sécurité, avec des conséquences inquiétantes pour les sociétés et les économies européennes. 

Pendant ce temps, l’administration Biden commet à plusieurs reprises le péché impardonnable dans une société démocratique de refuser de dire la vérité au peuple américain : Contrairement au récit populaire de la « victoire ukrainienne » des médias occidentaux qui bloque toute information qui le contredit, l’Ukraine ne gagne pas et ne peut pas gagner cette guerre. 

Des mois de lourdes pertes ukrainiennes, résultant d’une série interminable d’attaques inutiles contre les défenses russes dans le sud de l’Ukraine, ont dangereusement affaibli les forces ukrainiennes. 

Comme on pouvait s’y attendre, les membres européens de l’OTAN, qui supportent le poids de l’impact de la guerre sur leurs sociétés et leurs économies, sont de plus en plus désenchantés par cette guerre par procuration ukrainienne menée par Washington. Les populations européennes remettent ouvertement en question la véracité des affirmations de la presse sur l’État russe et les objectifs américains en Europe. L’afflux de millions de réfugiés en provenance d’Ukraine, ainsi qu’une combinaison de différends commerciaux, de profits sur les ventes d’armes américaines et de prix élevés de l’énergie risquent de retourner l’opinion publique européenne contre la guerre de Washington et l’OTAN. 

La Russie a également subi une transformation. Au cours des premières années du mandat du président Poutine, les forces armées russes étaient organisées, entraînées et équipées pour la défense territoriale exclusivement nationale. Mais la conduite de l’opération militaire spéciale (SMO) en Ukraine a démontré l’inadéquation de cette approche pour la sécurité nationale de la Russie au XXIe siècle. 

La phase d’ouverture du SMO était une opération limitée avec un objectif étroit et des objectifs restreints. Le point critique est que Moscou n’a jamais eu l’intention de faire plus que de persuader Kiev et Washington que Moscou se battrait pour empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN, ainsi que les mauvais traitements supplémentaires infligés aux Russes en Ukraine. Le SMO était cependant basé sur des hypothèses invalides et il a été résilié. Il s’est avéré que la nature limitée du SMO a atteint le contraire du résultat souhaité par Moscou, donnant l’impression de faiblesse plutôt que de force.

Après avoir conclu que les hypothèses sous-jacentes concernant la volonté de Washington de négocier et de faire des compromis étaient invalides, Poutine a ordonné au STAVKA de développer de nouveaux plans opérationnels avec de nouveaux objectifs :

- Premièrement, écraser l’ennemi ukrainien ; 

- Deuxièmement, dissiper tout doute à Washington et dans les capitales européennes sur le fait que la Russie établira la victoire selon ses propres conditions ;

-  et, troisièmement, créer un nouveau statu quo territorial proportionné aux besoins de sécurité nationale de la Russie.

Une fois le nouveau plan soumis et approuvé, le président Poutine a accepté une opération d’économie de force pour défendre les gains territoriaux russes avec un minimum de forces jusqu’à ce que les ressources, les capacités et la main-d’œuvre nécessaires soient rassemblées pour des opérations décisives. 

Poutine a également nommé un nouveau commandant de théâtre, le général Sergei Surovikin, un officier supérieur qui comprend la mission et possède l’état d’esprit nécessaire pour réussir. 

La prochaine phase offensive du conflit donnera un aperçu de la nouvelle force russe qui émerge et de ses capacités futures. 

Au moment d’écrire ces lignes, 540 000 forces de combat russes sont rassemblées dans le sud de l’Ukraine, l’ouest de la Russie et la Biélorussie. Les chiffres continuent d’augmenter, mais ils comprennent déjà 1000 systèmes d’artillerie à roquettes, des milliers de missiles balistiques tactiques, de missiles de croisière et de drones, ainsi que 5 000 véhicules de combat blindés, dont au moins 1500 chars, des centaines d’avions d’attaque à voilure fixe habités, des hélicoptères, et bombardiers. Cette nouvelle force a peu de points communs avec l’armée russe intervenue il y a 9 mois le 24 février 2022.

Il est désormais possible de projeter que les nouvelles forces armées russes qui sortiront du creuset de la guerre en Ukraine seront conçues pour exécuter des opérations stratégiquement décisives. La force russe qui en résultera s’inspirera probablement de la conception de la force et du cadre opérationnel recommandés dans l’ouvrage du colonel général Makhmut Gareev, « If War Comes Tomorrow ? Les contours du futur conflit armé ». Le nouvel établissement militaire sera composé de forces en place beaucoup plus importantes qui peuvent mener des opérations décisives dans un délai relativement court avec un minimum de renfort et de préparation. 

En d’autres termes, à la fin du conflit, il semble que Washington aura incité l’État russe à renforcer sa puissance militaire, à l’opposé de l’affaiblissement fatal que Washington envisageait lorsqu’il s’est lancé dans sa course à la confrontation militaire avec Moscou. 

Mais aucun de ces développements ne devrait surprendre personne à Washington, DC. Depuis le discours de Biden à Varsovie exigeant effectivement un changement de régime à Moscou, l’administration Biden a refusé de voir la politique étrangère en termes de stratégie. 

Comme un général stupide qui insiste pour défendre chaque pouce de terrain jusqu’au dernier homme, le président Biden a confirmé l’engagement des États-Unis à s’opposer à la Russie et, potentiellement, à tout État-nation qui ne parvient pas à se mesurer aux normes démocratiques hypocrites du mondialisme, quel qu’en soit le coût pour le peuple américain, que ce soit en termes de sécurité ou de prospérité. 

Le discours de Biden à Varsovie était chaud d’émotion et embourbé dans l’idéologie du mondialisme moralisateur qui est populaire à Washington, Londres, Paris et Berlin. Mais pour Moscou, ce discours équivalait à un plan de paix carthaginois. La conduite de la politique étrangère américaine de « ne pas faire de prisonniers » par Biden signifie que le résultat de la prochaine phase de la guerre d’Ukraine ne détruira pas seulement l’État ukrainien. Cela démolira également les derniers vestiges de l’ordre libéral d’après-guerre et produira un changement radical de pouvoir et d’influence à travers l’Europe, en particulier à Berlin, de Washington à Moscou et, dans une mesure limitée, à Pékin. 

source : The American Conservative via Bruno Bertez

La Massue de Staline

par Patrick Reymond - Le 03/12/2022.

Comme je l’ai déjà dit, les armées otaniennes anti-racistes et wokistes en diable, ne sont finalement faites que pour taper sur bougnoules, négros et niakoués.

Si j’en ai oublié, je suis inclusif. Qu’ils me le signalent, je les rajouterai.

Ce tabassage en règle de pas civilisés était destiné à leur faire comprendre ce qu’est la civilisation, c’est à dire, la soumission au compromis de Washington entre banque mondiale et FMI, qui enrichit quelques oligarques, privatise tout ce qui peut l’être, surendette tout le monde, et se donne comme alibi de sauver la planète. La dite planète, ayant l’habitude d’un climat sinusoïdal, n’est en rien menacée pour un richomenclimatic d’origine humaine qui nous ferait gagner 0.07° par an, si les chiffres de l’IPCC (le vrai nom du Giec), étaient vrais. Mais comme 90% des scientifiques ne croient pas aux chiffres de l’IPCC, il n’y a pas de raison de paniquer. De fait, ces 90% sont faciles à reconnaitre, c’est ceux qui ne passent jamais à la télé.

Le 10% restant, c’est ceuzes qui vivent de subventions.

Bon, ne pas perdre la main en tapant sur les pas civilisés, ça finit par déformer la dite main. Exit les productions massives. Comme je l’ai dit, 25 000 obus de 155, c’est juste suffisant pour tirer sur des sauvages à la cadence de 300 obus par mois. ça tombe bien, c’est ce que produisent les USA en une année.

Pour tirer contre des Russes, c’est 300 par heure qu’il faut (et encore, c’est pas beaucoup, pour égaler les Russes, il faudrait 300 toutes les 10 minutes). Comme le matériel OTAN est fait pour enrichir les producteurs et corrompre les politiciens, la résilience et l’endurance, c’est franchement pas bon. Il faut des trucs fragiles, qu’il faut réparer tout le temps et entretenir plus souvent encore. Encore un truc que ces sauvages de Russes ont pas intégré. Ils n’arrivent même pas à réformer leur fusil modèle 1891-30.

Évidemment, quand on possède une supériorité aérienne évidente et absolue, ces défauts disparaissent avec la poussière sous le tapis des budgets militaires toujours croissants.

Manque de bol aussi, les pas civilisés Russes, n’ayant pas compris comme les Yemenites qu’ils perdaient la guerre en un mois, ont aussi sorti des concepts anciens, connus en Russie, comme « Massue de Staline », ou artillerie – très – lourde, capable de pulvériser les casemates, de tirer loin, et dont on n’a plus l’équivalent en Europe et aux USA. Leur aviation étant sensée pulvériser tout ce qui est gros.

Complétement oublieux de leur propre histoire, les militaires français avaient utilisé pendant la guerre de 1914-1919 (date du traité de paix), leur artillerie côtière inutile (à cause de la maitrise alliée des mers), en la montant sur des wagons de trains, et arrosé copieusement les lignes adverses.

La « massue de Staline », était une pièce d’artillerie lourde (203 mm), montée sur chenille, plus tard sur roue, plus facilement déployable, mais qui n’atteignait pas le calibre des trains blindés, qui eux, pouvaient aller jusqu’à 400 mm.

Comme les popofs sont vraiment pas civilisés, et ont pas compris l’économie de marché, leurs pièces d’artillerie lourdes, sont, de plus, capables de résister à une utilisation prolongée. Chez les occidentaux éveillés (ou endormis ?), la dite pièce est faite pour filer à l’atelier le plus tôt possible, et le plus coûteusement possible.

C’est une vieille habitude qui ne fait que s’accroitre. Au Viet Nam, si l’armée sud vietnamienne en 1972 était bien équipée, celle de 1975 avait beaucoup d’équipements en panne ou en réparation.

Pour résumer, combattre les Russes, c’est consommer beaucoup de munitions en tous genres, les 25 000 obus américains, selon les normes russes, c’est pas même une 1/2 journée de tirs. Et quand on monte dans les gammes et les calibres, il n’y a pas, l’aviation étant sensée faire le travail. Du moins, tant qu’elle ne se ferait pas décimer comme au tir aux pigeons.

Les Ukrainiens ne sont plus en état de supériorité numérique, la qualité de leur armée baisse, et les mercenaires ne sont pas immortels et indestructibles. La note comique est à mettre au crédit de Celina Euchner, qui visiblement, me conforte dans l’idée que « quand je me regarde je m’affole, quand je me compare, je me rassure… »

source : La Chute

La guerre de boucles d’or

par Dmitry Orlov - Le 04/12/2022.

Êtes-vous satisfait de la façon dont se déroule la guerre dans l’ancienne Ukraine ?

La plupart des gens ne le sont pas, pour une raison ou une autre. 

Certaines personnes détestent le fait qu’il y ait une guerre là-bas, tandis que d’autres l’aiment mais détestent le fait qu’elle n’a pas encore été gagnée, d’un côté ou de l’autre. 

Des quantités abondantes de ces deux types de haineux se trouvent des deux côtés du nouveau rideau de fer qui se construit à la hâte à travers l’Eurasie entre l’Ouest collectif et l’Est collectif. Cela semble raisonnable ; après tout, haïr la guerre est la procédure standard pour la plupart des gens (la guerre c’est l’enfer, vous ne savez pas !) et par extension une petite guerre vaut mieux qu’une grande et une courte guerre vaut mieux qu’une longue. Et aussi un tel raisonnement est banal, banal, platitudineux, insipide, prévisible, sans imagination et… bromodique (selon le Thesaurus anglais).

Il est rare de trouver un observateur de guerre qui soit satisfait du déroulement et de la durée de la guerre. Heureusement, la télévision d’État russe en montre un très important, presque quotidiennement. C’est le président russe, Vladimir Vladimirovitch Poutine. Ayant fait attention à lui depuis plus de vingt ans maintenant, je peux affirmer avec certitude que jamais il n’a été aussi empreint d’une sérénité calme et assurée levée d’un humour drôle. Ce n’est pas le comportement de quelqu’un qui se sent en danger de perdre une guerre. Les hauts gradés du ministère de la Défense apparaissent austères et maussades devant la caméra – un comportement digne d’hommes qui envoient d’autres hommes se battre et éventuellement être blessés ou mourir ; mais hors caméra, ils se flashent des sourires rapides de Mona Lisa. 

Étant donné que la cote d’approbation de Poutine se maintient à environ 80% (un chiffre hors de portée de tout politicien occidental), il est raisonnable de supposer qu’il n’est que la pointe visible d’un gigantesque iceberg de 100 millions de Russes qui attendent calmement le conclusion réussie de l’opération militaire spéciale pour démilitariser et dénazifier l’ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine . 

Ces 100 millions de Russes sont rarement entendus, et lorsqu’ils font du bruit, c’est pour protester contre les tracasseries bureaucratiques ou pour lever des fonds privés pour pallier à la pénurie de certains équipements spécialisés réclamés par les troupes : lunettes de vision nocturne , quadrocoptères, viseurs optiques et toutes sortes d’équipements tactiques sophistiqués.

Beaucoup plus de bruit est fait par le un ou deux pour cent dont tout le business plan – plan d’affaires – a été détruit par l’apparition soudaine du nouveau rideau de fer. Les plus stupides d’entre eux pensaient que fuir vers l’ouest ou le sud (vers la Turquie, le Kazakhstan ou la Géorgie) résoudrait en quelque sorte leur problème comme par magie ; ce n’est pas le cas et ce ne sera pas le cas. 

Les personnes dont on attendrait qu’elles crient le plus fort sont les militants LGBTQ+, qui pensaient qu’ils allaient utiliser l’argent des subventions occidentales pour construire East Sodome et East Gomorrhe. Ils ont été entravés et muselés par de nouvelles lois russes qui les qualifient d’agents étrangers et interdisent leur sorte de propagande. En fait, le terme même LGBTQ+ est désormais illégal, et donc, je suppose, ils devront utiliser PPPPP+ à la place (« P » est pour « pídor », qui est le terme russe générique pour toute sorte de pervers sexuel, dégénéré ou déviant ). Mais je m’égare.

On constate assez facilement que ceux qui sont les moins satisfaits du déroulement de la campagne de Russie sont aussi les moins susceptibles d’être russes. Les moins heureux de tous sont les braves gens du Centre des opérations d’information et politiques du Service de sécurité ukrainien qui sont chargés de créer et d’entretenir le Fantôme de la victoire ukrainienne. Ceux-ci sont suivis par des gens de Washington et des environs, qui sont assez exaspérés par les flâneries et les traînées de pieds russes. Ils ont également eu du mal à montrer que les Ukrainiens gagnent tandis que les Russes perdent ; à cette fin, ils ont dépeint chaque repositionnement tactique ou retrait tactique russe comme une défaite énorme et humiliante personnellement pour Poutine et chaque attaque ukrainienne implacable et suicidaire contre les positions russes comme une grande victoire héroïque.

Pour être juste, les jeux tactiques russes du chat et de la souris dans ce conflit ont été tout simplement exaspérants. 

Les Russes ont passé un certain temps à rouler autour de Kiev pour éloigner les troupes ukrainiennes du Donbass et empêcher une attaque ukrainienne contre celui-ci ; une fois cela fait, ils se sont retirés. Grande victoire ukrainienne ! 

Ils ont également passé du temps à travailler autour de la côte de la mer Noire près d’Odessa, menaçant une invasion maritime, pour attirer les forces ukrainiennes dans cette direction, mais jamais envahies. Encore une victoire ukrainienne ! 

Les Russes ont occupé une grande partie de la région de Kharkov que les Ukrainiens ont laissée en grande partie sans défense, puis, lorsque les Ukrainiens y ont finalement prêté attention, se sont partiellement retirés derrière une rivière pour conserver les ressources. Encore une autre victoire ukrainienne ! 

Les Russes ont occupé/libéré la capitale régionale de Kherson, évacué toutes les personnes qui voulaient être évacuées, puis se retira dans une position défendable derrière une rivière. Victoire encore ! Avec toutes ces victoires ukrainiennes, il est vraiment étonnant que les Russes aient réussi à gagner environ 100 km2 des biens immobiliers les plus précieux de l’ancienne Ukraine, plus de 6 millions d’habitants, à sécuriser une route terrestre vers la Crimée et à ouvrir un canal vital qui alimente l’irrigation. l’eau et fait couler l’eau que les Ukrainiens avaient bloqué il y a quelques années. 

Cela ne ressemble pas du tout à une défaite ; cela ressemble à un excellent résultat d’une seule campagne estivale limitée.

La Russie a déjà atteint plusieurs de ses objectifs stratégiques ; le reste peut attendre. Combien de temps doivent-ils attendre ? Pour répondre à cette question, nous devons regarder au-delà de la portée limitée de l’opération spéciale de la Russie en Ukraine. La Russie a de plus gros poissons à faire frire, et la friture du poisson prend du temps car manger du poisson insuffisamment cuit peut vous donner des parasites désagréables tels que le ténia et la douve du foie. Et donc, je voudrais vous inviter à la cuisine secrète de Mère Russie, pour voir ce qu’il y a sur la planche à découper et pour estimer combien de traitement thermique sera nécessaire pour transformer tout cela en un repas sûr et nutritif.

Mélangeant nos métaphores alimentaires, permettez-moi de vous présenter Boucle d’Or avec ses trois oursons et son porridge ni trop chaud ni trop froid. Ce que la Russie semble faire, c’est de maintenir son opération militaire spéciale à un rythme régulier, ni trop rapide ni trop lent. Aller trop vite ne laisserait pas assez de temps pour cuire les différents poissons ; aller trop vite augmenterait également le coût de la campagne en pertes et en ressources. Aller trop lentement donnerait aux Ukrainiens et à l’OTAN le temps de se regrouper et de se réarmer et d’empêcher le bon traitement thermique des différents poissons.

Dans un effort pour trouver le rythme optimal pour le conflit, la Russie n’a d’abord engagé qu’un dixième de ses soldats professionnels en service actif, puis a travaillé dur pour minimiser le taux de pertes. Il a choisi de commencer à éteindre les lumières dans toute l’ancienne Ukraine seulement après que le régime de Kiev a tenté de faire sauter le pont du détroit de Kertch qui reliait la Crimée au continent russe. Enfin, il n’a appelé que 1% des réservistes pour soulager la pression des troupes de première ligne et potentiellement préparer la prochaine étape, qui est une campagne d’hiver – pour laquelle les Russes sont célèbres.

Avec ces informations de base présentées, nous pouvons maintenant énumérer et décrire les divers objectifs secondaires que la Russie envisage d’atteindre au cours de cette guerre Goldilocks. 

Le premier et peut-être le plus important ensemble de problèmes que la Russie doit résoudre au cours de la guerre de la Boucle d’or est interne. 

L’objectif est de réorganiser la société, l’économie et le système financier russes afin de les préparer à un avenir désoccidentalisé. Depuis l’effondrement de l’URSS, divers agents occidentaux, tels que le National Endowment for Democracy, le département d’État américain, diverses fondations appartenant à Soros et un large éventail de subventions et de programmes d’échange occidentaux ont fait de sérieuses percées en Russie. L’objectif global était d’affaiblir et éventuellement de démembrer et de détruire la Russie, en le transformant en un serviteur docile des gouvernements occidentaux et des sociétés transnationales qui leur fourniraient une main-d’œuvre et des matières premières bon marché. Pour aider ce processus, ces organisations occidentales ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour conduire le peuple russe vers une éventuelle extinction biologique et le remplacer par une race plus docile et moins aventureuse.

Depuis plus de 30 ans, les ONG occidentales se sont mises à corrompre l’esprit des jeunes Russes. Aucun effort n’a été épargné pour dénigrer la valeur de la culture russe, pour falsifier l’histoire russe et pour les remplacer par la culture pop occidentale et les récits de propagande. 

Ces initiatives ont connu un succès limité, et l’URSS et la culture de l’ère soviétique sont restées toujours populaires, même parmi ceux qui étaient trop jeunes pour avoir fait l’expérience de la vie en URSS. 

Là où les dommages ont été les plus graves, c’est dans l’éducation. D’excellents manuels de l’ère soviétique qui apprenaient aux élèves à penser de manière indépendante ont été détruits et remplacés par des importations. Celles-ci étaient au mieux utiles pour former des experts dans des domaines étroitement définis qui peuvent suivre des procédures et des recettes préalablement définies mais ne peuvent pas expliquer comment ces procédures et recettes ont été élaborées ou en créer de nouvelles. Les enseignants russes, qui voyaient leur travail non seulement dans l’éducation mais dans l’éducation de leurs élèves pour qu’ils deviennent de bons Russes qui aiment et chérissent leur pays, ont été remplacés par des éducateurs formés en Occident qui considéraient leur mission comme fournissant un service compétitif et basé sur le marché en apportant des consommateurs qualifiés, compétents

 Qui sont ces gens ? Eh bien, heureusement, Internet se souvient de tout, et il existe de nombreux autres emplois pour ces personnes, comme pelleter de la neige et alimenter des fournaises. Mais les identifier et les remplacer prennent du temps, tout comme trouver, mettre à jour et reproduire les anciens et excellents manuels. 

Mais qu’en est-il des jeunes laissés pour compte par cette vague de destruction ? 

Heureusement, tout n’est pas perdu. 

L’opération militaire spéciale leur fournit des leçons très précieuses que leurs éducateurs ignorants ont laissées de côté : Que la Russie – une agglomération unique et miraculeuse de nombreuses nations, langues et religions différentes – a été préservée et élargie au cours des siècles grâce aux efforts de héros dont les noms ne sont pas seulement rappelés mais vénérés. De plus, certains d’entre eux sont vivants aujourd’hui, combattant et travaillant dans le Donbass. C’est une chose de visiter des musées, de lire de vieux livres et d’entendre des histoires sur les hauts faits de ses grands-pères et arrière-grands-pères pendant la Grande Guerre patriotique ; c’en est une autre de voir l’histoire se dérouler à travers les yeux de son propre père ou frère. Donnez-lui encore un an ou deux, et les jeunes russes apprendront à regarder avec dédain les produits des marchands de culture russes orientés vers l’Occident. Leurs aînés le font déjà : les sondages d’opinion montrent qu’une grande majorité de Russes perçoivent l’influence culturelle occidentale comme négative.

Et qu’en est-il de ces marchands de culture russes qui vénèrent tout ce qui est occidental depuis aussi longtemps qu’ils s’en souviennent ? Ici, une chose des plus curieuses s’est produite. Lorsque l’opération militaire spéciale a été annoncée pour la première fois, ils se sont prononcés contre elle et en faveur des nazis ukrainiens – une chose stupide à faire, mais ils ont pensé qu’il était bon et approprié de maintenir leurs opinions politiques en harmonie avec celles de leurs patrons et idoles occidentaux. pour rester dans leurs bonnes grâces. Certains d’entre eux ont protesté contre la guerre (ignorant le fait qu’elle durait déjà depuis huit longues années). Et puis un bon nombre d’entre eux ont fui le pays dans une hâte inconvenante.

Gardez à l’esprit qu’il ne s’agit ni de chirurgiens du cerveau ni de spécialistes des fusées : ce sont des gens qui caracolent sur scène en faisant des bruits avec leurs mains et leur bouche ; ou ce sont des gens qui sont assis là pendant que les maquilleurs font des choses sur leur visage et leurs cheveux, puis répètent sans cesse des lignes écrites pour eux par quelqu’un d’autre. Ce ne sont pas des gens qui ont la capacité d’analyser une situation politique délicate et de faire le bon choix. À une époque plus ancienne et plus saine, leurs opinions seraient fermement ignorées, mais l’effet d’Internet, des médias sociaux et de tout le reste est tel que n’importe quel crétin hystérique peut tourner une petite vidéo et des millions de personnes, n’ayant rien de mieux à faire avec leur temps, le regarderont sur leurs téléphones et feront des commentaires.

Le fait que ces personnes nettoient volontairement l’espace médiatique russe de leur présence est une évolution positive, mais cela prend du temps. Si l’opération militaire spéciale devait se terminer demain, il ne fait aucun doute qu’ils tenteraient de revenir et de prétendre que rien de tout cela ne s’est jamais produit. Et puis la culture populaire russe resterait un cloaque de style occidental plein de personnages vides de sens qui cherchent à glorifier chaque péché mortel au nom de la notoriété et du gain personnels. La Russie regorge de personnes talentueuses désireuses de prendre leur place.

L’émergence et la prééminence d’élites économiques et financières pro-occidentales ont été particulièrement dommageables pour l’avenir de la Russie. Depuis la privatisation anarchique et souvent criminelle des ressources de l’État dans les années 1990, il s’est formée toute une cohorte d’agents économiques puissants qui n’ont pas à l’esprit les intérêts de la Russie. Au lieu de cela, ce sont des acteurs économiques purement égoïstes qui, jusqu’à tout récemment, pensaient que leurs gains mal acquis leur permettraient d’entrer dans la société occidentale huppée. Ces personnes ont généralement plus d’un passeport, elles essaient de garder leurs familles dans une enclave riche en dehors de la Russie, elles envoient leurs enfants dans des écoles et des universités occidentales, et leur seule utilisation pour la Russie est comme un territoire qu’elles peuvent exploiter pour créer leurs plans d’extraction de richesse.

Lorsqu’en réponse au début de l’opération militaire spéciale de la Russie, l’Occident a lancé une attaque spéculative contre le rouble, forçant la banque centrale russe à imposer un contrôle strict des devises, ces membres de l’élite russe ont été contraints de commencer à réfléchir à un choix capital. Ils pourraient rester en Russie, mais alors ils devraient couper leurs liens avec l’Occident; ou ils pourraient déménager à l’Ouest et vivre de leurs économies, mais alors ils seraient coupés de la source de leur richesse. Leur choix a été facilité par les gouvernements occidentaux qui ont travaillé dur pour confisquer les biens des riches ressortissants russes, geler leurs comptes bancaires et les soumettre à diverses autres indignités et inconvénients.

Pourtant, c’est un choix difficile à faire pour eux – sachant que, malgré leur richesse parfois fabuleuse, pour l’Occident collectif, ils ne sont que des Russes qui peuvent être volés. Beaucoup d’entre eux ne sont pas préparés mentalement à s’impliquer auprès de leur propre peuple, qu’on leur a appris à mépriser et à exploiter pour leur profit personnel. Une victoire rapide dans l’opération militaire spéciale de la Russie leur permettrait de penser que leurs problèmes étaient de nature temporaire. Avec suffisamment de temps, certains d’entre eux s’enfuiront pour de bon tandis que d’autres décideront de rester et de travailler pour le bien commun en Russie.

Viennent ensuite divers membres du gouvernement russe qui, ayant suivi une formation en économie occidentale, sont incapables de comprendre la transformation économique en cours en Russie, sans parler de l’aider. La plupart de ce qui passe pour la pensée économique en Occident n’est qu’un écran de fumée élaboré sur ce dicton fondamental : « Les riches doivent être autorisés à s’enrichir, les pauvres doivent être maintenus dans la pauvreté et le gouvernement ne devrait pas essayer de les aider (beaucoup) ». 

Cela a fonctionné alors que l’Occident avait des colonies à exploiter, que ce soit par la conquête impériale à l’ancienne, le pillage et la rapine, ou par le néocolonialisme financier des « tueurs à gages économiques » de Perkins ou, comme l’ont récemment admis à contrecœur plusieurs hauts responsables de l’UE, en profitant de l’énergie russe bon marché.

Cela ne fonctionne plus, ni en Occident, ni en Russie ni ailleurs, et les mentalités doivent s’adapter. Il y a beaucoup d’inertie dans les nominations aux postes gouvernementaux, où il y a de nombreux intérêts acquis qui se disputent le pouvoir et l’influence. Il faut du temps pour que des idées aussi fondamentales se répandent dans le système, comme le fait que la Réserve fédérale américaine n’a plus le monopole planétaire de la planche à billets. Par conséquent, il n’est plus nécessaire pour la banque centrale de Russie d’avoir des dollars en réserve pour couvrir ses émissions de roubles afin de se défendre contre les attaques spéculatives puisqu’il n’est plus nécessaire pour la banque centrale de Russie de permettre aux spéculateurs de devises étrangères de se déchaîner et d’organiser des attaques spéculatives.

Mais certains résultats ont déjà été obtenus, et ils sont tout simplement spectaculaires : au cours des derniers mois, quelques entorses bien choisies à l’orthodoxie économique occidentale ont fait du rouble la monnaie la plus forte du monde, ont permis à la Russie de gagner davantage de revenus à l’exportation en exportant moins de pétrole, de gaz et de charbon, et lui ont permis de ramener l’inflation à presque zéro. Depuis le début de l’opération militaire spéciale, la Russie a été en mesure de réduire considérablement sa dette nationale et d’augmenter les recettes publiques. Une fin rapide de l’opération militaire spéciale de la Russie pourrait sonner le glas de tels miracles et un retour des plus malvenus à l’insoutenable statu quo ante.

Au-delà du monde immatériel de la finance, des changements tout aussi importants se sont produits dans l’ensemble de l’économie physique russe. Auparavant, de nombreux secteurs économiques, notamment la vente de voitures, la construction et l’amélioration de l’habitat, le développement de logiciels et bien d’autres, appartenaient à des étrangers et les bénéfices de ces activités quittaient le pays. Et puis une décision a été prise de bloquer l’expatriation des dividendes. En réponse, les entreprises étrangères ont vendu leurs actifs russes, encaissant une énorme perte et se privant de l’accès au marché russe. Le changement a été assez étonnant. Par exemple, au début de 2022, les constructeurs automobiles occidentaux détenaient une part importante du marché automobile russe. La plupart des voitures vendues avaient été assemblées en Russie dans des usines appartenant à des étrangers et les bénéfices de ces ventes étaient expatriés. Aujourd’hui, moins d’un an plus tard, Les constructeurs automobiles européens et américains ont pratiquement disparu de la Russie, remplacés par une industrie automobile nationale qui renaît rapidement. Les constructeurs automobiles chinois se sont immédiatement emparés d’une large part de marché, tandis que la Corée du Sud a continué à commercer avec la Russie et a conservé sa part de marché.

Tout aussi étonnants ont été les changements dans l’industrie aéronautique. Auparavant, les compagnies aériennes russes pilotaient des Airbus et des Boeing, la plupart loués. Après le début de l’opération spéciale, les politiciens occidentaux ont exigé que ces baux soient résiliés et que les avions soient rendus à leurs propriétaires, négligeant de prendre en compte le fait que cela serait financièrement ruineux (engorgeant le marché des avions d’occasion pour les années à venir et détruisant la demande pour les avions neufs) et, de surcroît, matériellement impossible, étant donné qu’il n’y avait aucun moyen d’effectuer le transfert de l’avion. En réponse, les compagnies aériennes russes ont nationalisé le registre des aéronefs, cessé de voler vers des destinations hostiles où leurs avions pourraient être arrêtés et ont commencé à effectuer des paiements de location en roubles sur des comptes spéciaux à la banque centrale russe.

Puis vint la nouvelle qu’Aeroflot envisageait d’acheter plus de 300 nouveaux avions de passagers, tous des МС-21, SSJ-100 et Tu-214 russes, tous avant 2030, les premières livraisons étant prévues pour 2023. Il y a eu une bousculade pour remplacer presque tous les composants d’origine occidentale, tels que les composites pour l’aile en fibre de carbone du MC-21 et les moteurs à réaction, l’avionique et bien d’autres pour tout ce qui précède. Au cours de cette période, de nombreux Boeing et Airbus précédemment loués seront progressivement supprimés, mais la part de marché de ces entreprises dans le plus grand pays du monde disparaîtra à jamais. Les dommages causés aux avionneurs occidentaux correspondront aux dommages causés aux compagnies aériennes occidentales. Au début des hostilités, l’Occident collectif a fermé son espace aérien à la Russie, et la Russie a rendu la pareille. Le problème est que l’Europe est petite et facile à parcourir alors que la Russie est immense et qu’il faut une journée entière pour en faire le tour. Les compagnies aériennes européennes ont soudainement découvert qu’elles ne pouvaient pas rivaliser sur les routes vers le Japon, la Chine ou la Corée.

Après la fermeture de l’espace aérien sont venues d’autres sanctions, tant de l’Union européenne que des États-Unis, toutes illégales, puisque le Conseil de sécurité de l’ONU est le seul organe habilité à imposer des sanctions. À l’heure actuelle, l’Union européenne travaille sur le neuvième paquet de sanctions, qui ont toutes été qualifiées de « sanctions de l’enfer ». En parlant d’enfer, « Inferno » de Dante Alighieri, il y a neuf cercles d’enfer, alors peut-être que le mastodonte des sanctions est sur le point de suivre son cours.

Ces sanctions étaient censées avoir rapidement détruit l’économie russe et causé tant de bouleversements sociaux et de souffrances que le peuple se rassemblerait sur la Place Rouge et renverserait le redoutable dictateur Poutine (du moins le pensaient les experts occidentaux en politique étrangère). De toute évidence, rien de tel ne s’est produit et la cote d’approbation de Poutine est plus élevée que jamais. 

D’un autre côté, le bon peuple de l’Union européenne commence effectivement à souffrir. Ils ne peuvent plus se permettre de chauffer leur maison ou de prendre des douches chaudes régulières, la nourriture est devenue scandaleusement chère pour eux et tant d’autres choses vont mal que des foules immenses de manifestants se sont rassemblées dans toute l’Europe et exigent, entre autres, une fin des sanctions anti-russes, normalisation des relations avec la Russie et retour au statu quo. Il est peu probable que leurs demandes soient satisfaites,

Mais il y a une raison plus importante pour laquelle les sanctions resteront : un retour au statu quo signifierait que la Russie fournirait à nouveau de l’énergie et des matières premières à l’Europe à moindre coût tout en permettant aux entreprises européennes de profiter du travail des Russes. Ceci est assez désagréable et il est donc peu probable que cela se produise. La Russie utilise les sanctions comme une opportunité pour reconstruire son industrie nationale et réorienter son commerce loin des nations hostiles vers des nations amies qui sont justes et sympathiques dans leurs relations avec la Russie. Il travaille également dur pour éliminer progressivement l’utilisation des devises que Dmitri Medvedev a qualifiées de « toxiques » ; à savoir, le dollar américain et l’euro.

Ajoutez à cette liste une merveilleuse nouvelle innovation russe appelée « importation parallèle ». Si une entreprise, en se conformant aux sanctions anti-russes, refuse de vendre ses produits à la Russie ou d’entretenir ou de mettre à niveau ses produits en Russie, alors la Russie achètera ces produits et ces mises à niveau à un tiers, un quatrième ou un cinquième sans l’autorisation des États-Unis, l’UE ou le fabricant. Si un certain produit de marque devient indisponible, les Russes renomment simplement la marque et fabriquent le même produit eux-mêmes, ou demandent aux Chinois ou à un autre partenaire commercial de le faire pour eux. Et si l’Occident refuse de concéder sa propriété intellectuelle sous licence à la Russie, alors cette propriété intellectuelle devient libre en Russie.

Cela fonctionne particulièrement bien avec les logiciels : les copies gratuites de logiciels de marque sont aussi bonnes que les copies payantes, et si le support technique, la formation ou d’autres services associés deviennent indisponibles depuis l’Occident, les Russes organisent simplement les leurs. 

La propriété intellectuelle de toutes sortes constitue une grande partie de la richesse théorique occidentale, et les sanctions occidentales ont pour effet de permettre à la Russie de l’utiliser gratuitement. Grâce à la technologie numérique moderne, cela fonctionne également plutôt bien avec le matériel. Au lieu de rétro-ingénierie minutieuse des produits, le même effet peut maintenant être obtenu en achetant les modèles 3D sur une clé USB et en les imprimant en 3D ou en générant automatiquement les chemins de fraisage et de perçage pour les créer sur une fraiseuse NC. Poutine aime utiliser l’expression « tsap-tsarap » pour décrire ce processus. Il est difficile à traduire directement mais concerne l’acte d’un chat arrachant sa proie avec ses griffes. En bref, ce que la Russie devait auparavant payer lui est désormais, grâce aux sanctions, gratuit.

Puisque la guerre de Goldilocks est, après tout, une sorte de guerre, nous devons discuter brièvement de ses aspects militaires. 

Ici aussi, une approche stable au fur et à mesure semble être la plus copacétique. L’objectif affiché est de démilitariser et de dénazifier l’ancienne Ukraine, et dans une certaine mesure, cela a déjà été atteint : La plupart des blindés et de l’artillerie que l’Ukraine avait hérités de l’URSS ont déjà été détruits ; la plupart des bataillons nazis purs et durs sont soit morts, soit l’ombre d’eux-mêmes. La plupart des volontaires qui ont combattu du côté ukrainien sont également partis. 

Après que plus de 100 000 soldats ukrainiens « aient été tués » depuis février 2022 (comme l’a déclaré sans détour, puis démenti timidement, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen), et après peut-être jusqu’à un demi-million de victimes, de fuites d’hommes en âge de service soudoyant leur sortie du pays, ce sont de de lourdes pertes . Avec bien plus d’une centaine de victimes ukrainiennes par jour, les cueillettes ne manqueront pas de s’amenuiser avec le temps. Des mercenaires étrangers ont été utilisés pour combler le vide – Anglos, Polonais, Roumains – mais il y a un problème majeur avec eux : comme l’a souligné Jules César, beaucoup de gens sont prêts à tuer pour de l’argent mais personne ne veut mourir pour de l’argent – sauf un idiot, j’ajouterais. Et sur le front russe de l’OTAN, un idiot et sa vie sont bientôt séparés. 

À l’heure actuelle, il n’y a toujours pas de pénurie d’idiots du côté ukrainien – encore – et il n’y a pas non plus de pénurie d’armes occidentales données. D’abord sont venus des chars de l’ère soviétique et d’autres systèmes d’armes usagés donnés de toute l’Europe de l’Est; puis vinrent les véritables systèmes d’armes occidentaux. Et maintenant, partout dans l’OTAN, on entend des cris plaintifs qu’ils n’ont plus rien à donner aux Ukrainiens : le placard est vide. Ils ne peuvent pas non plus fabriquer plus d’armes à la hâte. Pour commencer à produire des armes au même rythme que la Russie, ces membres de l’OTAN devraient d’abord se réindustrialiser, et il n’y a ni les ressources humaines, ni l’argent pour le faire. Et ainsi l’armée russe s’en va, démilitarisant l’Ukraine, et le reste de l’OTAN avec elle. 

C’est peut-être une dérive de la mission, ou peut-être que cela a toujours été le plan, mais ce que fait la Russie à ce stade, c’est détruire l’OTAN. Vous vous souviendrez peut-être qu’il y a un an, la Russie a exigé que les États-Unis honorent certaines garanties de sécurité qu’ils avaient faites comme condition pour permettre la réunification pacifique de l’Allemagne ; à savoir que l’OTAN ne s’étendrait pas vers l’est. « Pas un pouce à l’est », c’est ainsi que se lit le compte rendu officiel de la réunion. Gorbatchev et Chevardnadze n’ont pas réussi à mettre cet accord sur papier et à le signer, mais un accord verbal est un accord. Il y a un an, l’offre de la Russie était assez modérée :Que l’OTAN se retire sur ses frontières d’avant 1997, lorsqu’elle s’est étendue à l’Europe de l’Est.

Mais, comme cela arrive généralement lors des négociations avec les Russes, leur offre initiale est généralement la meilleure. Pour autant que nous sachions, sur la base de la façon dont les choses se passent en Ukraine, la meilleure offre finale de la Russie pourrait nécessiter la dissolution complète de l’OTAN. Après tout, le Pacte de Varsovie s’est dissous il y a 31 ans, mais l’OTAN est toujours là et plus grande que jamais ; pourquoi ? Combattre la Russie ? Alors, qu’est-ce qu’ils attendent ? Venez le chercher ! Cela peut même ne pas prendre la forme d’une négociation. Par exemple, la Russie pourrait dire, donner un coup rapide à la Lettonie (elle mérite amplement un coup ou deux pour avoir abusé de sa grande population russe natale à la manière nazie) puis prendre du recul et dire : « Allez, l’OTAN, viens et meurs héroïquement sur notre porte pour la pauvre petite Lettonie ! À cela, les responsables de l’OTAN se tiendront unis mais très silencieux, examinant attentivement leurs propres chaussures et celles des autres.

Enfin, nous arrivons à ce qui est peut-être la raison la moins importante de la guerre de Goldilocks : l’ancienne Ukraine elle-même. Compte tenu des autres objectifs stratégiques de la Russie, cela ressemble plus à une pièce sacrificielle dans un jeu d’échecs. Compte tenu de ce que la Russie a déjà réalisé au cours des neuf derniers mois – quatre nouvelles régions russes, six millions de nouveaux citoyens russes, un pont terrestre vers la Crimée, l’approvisionnement en eau d’irrigation de la Crimée – il ne reste plus grand-chose à faire militairement pour la Russie avant sa campagne militaire. atteint le stade des rendements décroissants. L’ajout des régions de Nikolaev et d’Odessa et le contrôle total du littoral de la mer Noire seraient, bien sûr, des plus précieux ; le contrôle de Kharkov et de Kiev un peu moins. Le contrôle de l’ensemble de la cascade hydroélectrique du Dniepr est un avantage indéniable. 

Permettez-moi de divulguer un détail personnel ou deux. Deux de mes grands-parents étaient de Jitomir, mon père est né à Kiev, mon premier intérêt romantique était une fille d’Odessa, et au fil des ans, j’ai eu autant d’amis d’Odessa, Kharkov, Lvov, Kiev, Donetsk, Vinnitsa et d’ailleurs comme partout ailleurs en Russie. Russie ? Vous avez bien lu : il n’y a aucun moyen de me convaincre que le soi-disant « territoire ukrainien » n’est pas la Russie ou que les gens qui y vivent ne sont pas russes, peu importe ce que certains d’entre eux ont récemment subi un lavage de cerveau pour penser. Qui plus est, aucune de ces personnes que j’ai connues au fil des ans ne s’est jamais considérée comme le moins du monde ukrainienne et elles considéreraient probablement l’idée même d’une identité nationaliste ukrainienne comme symptomatique d’un état mental dérangé. L’étiquette « Ukrainien » était pour eux un non-sens bolchevique .

En cas de doute, appliquons le bon vieux test du canard : Est-ce que les gens là-bas marchent, cancanent et ressemblent à des Russes ? Tout ce territoire, à une exception mineure dans l’extrême ouest, a fait partie de la Russie pendant dix à trois siècles ; la plupart des gens là-bas, et pratiquement toute la population urbaine, parlent le russe comme langue maternelle ; leur religion est majoritairement orthodoxe russe ; ils sont génétiquement indiscernables du reste de la population russe. Alors, que leur est-il arrivé ?

Malheureusement, une petite partie de cette terre russe a passé trois siècles en captivité dans l’Empire austro-hongrois ou dans le cadre de la Grande Pologne, et cela a empoisonné leurs esprits avec des idées étrangères telles que le catholicisme et le nationalisme ethnique. Contrairement à la Russie, qui est un monolithe multinational, multiethnique et diversifié sur le plan religieux, l’Occident est une mosaïque de nationalismes ethniques, et là où il y a des nationalistes, il peut y avoir des nazis, un nettoyage ethnique et un génocide.

Comme une goutte de poison infecte tout le tonneau de vin, ces Ukrainiens de l’Ouest, avec beaucoup d’aide et de fonds des nazis allemands, puis des Américains et des Canadiens, ont réussi à infecter une grande partie de l’ancien territoire ukrainien avec un faux nationalisme basé sur sur une histoire forgée et une culture concoctée au hasard. Les interdictions officielles d’enseignement et, finalement, l’utilisation du russe ont fait naître une génération de jeunes qui sont essentiellement analphabètes dans leur russe natal. Ils sont enseignés en ukrainien, mais l’alphabétisation ukrainienne est proche de l’oxymoron, puisque rien d’important n’a jamais été écrit ou publié dans cette langue et la grande majorité des œuvres littéraires ukrainiennes sont, vous l’aurez deviné, en russe.

L’opération militaire spéciale russe en cours depuis février 2022 a polarisé l’ensemble de la population. Ceux qui avaient décidé d’être avec la Russie en 2014 étaient évidemment ravis de pouvoir enfin obtenir de l’aide de la Russie. Les régions désormais russes de Donetsk, Lougansk, Zaporozhye et Kherson ont voté avec joie pour rejoindre la Russie. Mais en ce qui concerne le reste de l’ancien territoire ukrainien, la polarisation est majoritairement en sens inverse. Ceux qui voulaient être avec la Russie ont majoritairement voté avec leurs pieds et vivent maintenant quelque part en Russie.

C’est quelque chose que le temps seul peut réparer. Finalement, la population de l’ancienne Ukraine sera obligée de faire un choix : Elle peut être russe, ou elle peut être réfugiée quelque part en Europe, ou elle peut mourir en combattant des Russes au front. Notez que même Donetsk et Lougansk n’ont pas fait ce choix tout de suite, contrairement à la Crimée. À cette époque, seulement 70% environ de leur population était favorable à quitter l’Ukraine et à rejoindre la Russie. Il a fallu huit ans de bombardements ukrainiens incessants pour les convaincre de faire ce choix.

Au cours de ces années intermédiaires, les « Ukrainiens » purs et durs ont filtré, laissant derrière eux une population proche de 100% pro-russe. Ce n’est qu’alors que le Kremlin leur accorda une reconnaissance officielle, envoya des troupes pour les défendre d’une invasion imminente et, peu après, les accepta dans la Fédération de Russie. 

Et maintenant, le même type d’opération de tri doit avoir lieu dans le reste de l’ancienne Ukraine. Combien de temps cela prendra-t-il ? Seul le temps nous le dira, mais il est déjà clair qu’en ce qui concerne la Russie, il n’y a aucune raison impérieuse de se précipiter.

Dmitry Orlov

source : The Saker via Bruno Bertez

Situation en Ukraine : Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des affaires étrangères russe - Le 04/12/2022.

Source : Le Cri des peuples.

  

Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, novembre 2022.

Source : Ministère de la défense russe

Sur la crise ukrainienne

Nous voudrions attirer l’attention sur une date importante pour l’Ukraine contemporaine. Le 1er décembre marque le 31e anniversaire de l’organisation du référendum panukrainien sur le soutien à l’Acte de proclamation de l’indépendance du pays adopté par le Conseil suprême de la République socialiste soviétique d’Ukraine le 24 août 1991. À l’époque, 90% des habitants de la république s’étaient prononcés en faveur de cette décision, confirmant les termes de sa politique nationale et étrangère contenus dans la Déclaration sur la souveraineté de l’Ukraine du 16 juillet 1990. Il s’agit notamment du statut neutre, non aligné et non nucléaire de la république. La référence à cet Acte a été ensuite consignée et se trouve à ce jour dans la Constitution de l’Ukraine.

Malheureusement, ni les anciennes ni les autorités actuelles de Kiev ne sont capables de respecter la loi fondamentale et leurs engagements. Sous le régime de Zelenski, le pays a de facto établi une dictature policière, les droits de l’homme sont bafoués, la dissidence est persécutée, une censure dure a été mise en place, il y a des exécutions sommaires. Cet arbitraire juridique ne reçoit aucun écho des parrains occidentaux du régime de Kiev, ce qui ne fait que renforcer son sentiment de permissivité et d’impunité.

Ces derniers temps, plusieurs pays occidentaux, comme sur ordre, ont commencé à promouvoir le thème de « holodomor » en Ukraine. Cette question était déjà politisée aux États-Unis, mais dans l’ensemble plusieurs pays le traitaient avec une « prudence historique ». La Roumanie, l’Irlande, la Moldavie, l’Allemagne et d’autres États ont adopté ou examinent des documents pour reconnaître « holodomor » comme un « génocide » du peuple ukrainien, traçant des parallèles cyniques avec l’Holocauste. Nous n’assistons pas à une telle attitude envers l’histoire seulement dans ce cas précis. Mais une telle « salade » historique pourrait conduire à une indigestion. Vous comprenez ce dont il est question? Une question pour les collègues d’Israël: que pensent-ils de telles comparaisons? Sachant que les faits historiques sont grossièrement déformés. Il semble absurde de devoir le prouver, mais nous vivons à une époque quand l’absurdité devient partie intégrante d’une nouvelle « normalité », comme on cherche à nous le présenter. Je cite nos arguments.

Il est affirmé que la « famine imposée » avait pour but de « réprimer politiquement » la conscience nationale du peuple ukrainien. De quelle manière? Un autre peuple réprimait l’ukrainien au sein de l’Union soviétique? L’Ukraine n’était pas dirigée à l’époque par des Ukrainiens ethniques? Ou par des gens qui vivaient depuis toujours sur ces territoires? Que dire des dirigeants de l’Union soviétique qui disaient appartenir à la nationalité ukrainienne ou étaient des ressortissants du territoire ukrainien supervisant ces projets? C’est absurde. Il est peut-être possible de le présenter ainsi quelque part où l’on ignore complètement ce qu’est l’Ukraine, les Slaves. Même si j’ignore comment cela serait possible à l’époque des médias et des communications. Deux cliques suffisent pour trouver un document et se plonger dans toute époque historique. À cela s’adresse-t-il? Il faut détruire tout un ensemble de documents historiques pour étudier de telles idées à titre d’hypothèse ou de théorie. Ce qui est impossible.

Nous voudrions rappeler une fois de plus que cette tragédie des années 1930 a touché de nombreux peuples et régions de l’Union soviétique, et pas seulement l’Ukraine et les Ukrainiens. Elle a été provoquée par des mauvaises récoltes sans précédent. Les pays occidentaux ont contribué en grande partie à la famine en exigeant de l’URSS de payer avec des céréales dans les opérations commerciales extérieures avec eux. Nous sommes confrontés aujourd’hui à une situation identique quand l’Occident exporte d’Ukraine des vivres, remplit ses propres réserves en lui fournissant en échange des armes et en entraînant le conflit vers un « trou noir ». Cette situation est bénéfique pour les multinationales et l’industrie militaire des pays occidentaux. Surtout compte tenu du fait que l’argent alloué verbalement et sur le papier au régime de Kiev revient dans les mêmes banques d’émission (voire ne les quitte pas).

Les États-Unis et leurs alliés de l’Otan encouragent la poursuite des hostilités en Ukraine sans compter les pertes grandissantes de l’armée ukrainienne ni leurs propres problèmes économiques et sociaux. Cependant, ces livraisons ne suffisent pas au régime de Kiev. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitri Kouleba a récemment exigé de l’Alliance dans une interview à Politico d’accroître la production de l’armement pour en approvisionner sans interruption l’Ukraine. Dans ce cas il faut préciser: approvisionner le régime de Kiev, pas l’Ukraine. « Sinon, nous ne pourrons pas remporter la victoire. » Repris par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Alexeï Danilov, qui a appelé une nouvelle fois les partenaires occidentaux à fournir à l’armée ukrainienne des missiles de plus de 800 km de portée afin de riposter aux tirs de l’aviation russe contre des sites énergétiques ukrainiens.

Les représentants du régime de Kiev ne cachent pas non plus leurs plans de « libérer » la Crimée par la force. C’est ce qu’a été directement déclaré par l’ancien commandant de « l’opération des forces alliées » dans le Donbass Mikhaïl Zabrodski dans une interview au média The Economist. Il a dit qu’il était « prévu de reprendre » la péninsule pour 2023. De nombreux représentants du régime de Kiev rêve d’un rendez-vous avec la République de Crimée. Vladimir Zelenski a déclaré qu’au printemps prochain il nagerait sur la côte sud de la Crimée, alors que son conseiller Mikhaïl Podoliak promettait dans six mois d’accorder une interview aux journalistes ukrainiens à Yalta. Pas besoin d’attendre. Venez. Nagez. Si vous voulez accorder une interview, amenez des journalistes ukrainiens. Bienvenue. Je peux dire au conseiller du bureau de Vladimir Zelenski qu’il aura le temps d’accorder une interview à Yalta s’il vient. Prenez un grand groupe de journalistes ukrainiens pour que tout le monde voie. Aucun problème. Pas besoin de se retenir. Les médias ukrainiens et occidentaux avaient toujours la possibilité de visiter la République de Crimée. Toutefois, ils ne le faisaient pas pendant huit ans. Ils racontaient des histoires, mais ne se rendaient jamais sur le territoire de la République, ils ne se rendaient pas du tout dans le Donbass où la situation ne s’inscrivait pas dans leur mainstream. Tout comme ils ne laissaient aller nulle part les journalistes et les habitants de la Crimée pour qu’ils ne puissent pas dire la vérité sur la situation.

En même temps, les révélations de Mikhaïl Zabrodski et les documents retrouvés pendant l’opération militaire spéciale témoignent clairement que Kiev se préparait sérieusement à une vaste offensive au printemps 2022. Ou une fois de plus nous avons mal compris quelque chose? Mal traduit? Les représentants du régime de Kiev devraient déterminer enfin ce qu’ils disent et comment. Chez nous, cela forme toujours une ligne logique.

Cela confirme une fois de plus la présence de menaces réelles à la sécurité de la Russie (et à la région dans l’ensemble) et la justification des actions entreprises pour protéger la sécurité des gens qui vivent sur ce territoire. Comme les autorités russes l’ont dit à plusieurs reprises, les menaces seront éliminées et les objectifs de protection de la population civile contre le régime de Kiev profasciste et de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine seront accomplis.

Sur la déclaration des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan

Nous ne pouvions pas laisser sans réaction la déclaration des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan, adoptée lors de la réunion du Conseil de l’Alliance au niveau des ministres des Affaires étrangères les 29 et 30 novembre 2022 à Bucarest.

Le contenu du document prouve que l’Otan n’est pas intéressée par une solution politique et diplomatique en Ukraine. La ligne adoptée immédiatement après le coup d’État de février 2014 pour « blanchir » le régime de Kiev et diaboliser la Russie afin de justifier la « nécessité de l’Otan » a été poursuivie. Les pays de l’Alliance tentent d’accuser la partie russe d’actes criminels et d’atrocités commis par les forces armées ukrainiennes avec la complicité totale des parrains occidentaux du régime de Kiev. On nous attribue la perturbation de l’approvisionnement alimentaire global, même si c’était Moscou qui avait proposé de vraies solutions aux problèmes sans que nous en soyons responsables. Leur mise en œuvre est en cours malgré les restrictions de Washington et de Bruxelles.

Les tentatives de rendre la Russie responsable de l’incident avec le missile ukrainien tombé sur le territoire de la Pologne sont flagrantes. Rappelez-vous comment le régime de Kiev a commencé à crier qu’il s’agissait d’un missile russe, une attaque contre la Pologne, contre l’Otan? Qu’il faut lancer des procédures pour protéger l’alliance? Le matin est venu, le brouillard s’est dissipé et il s’est avéré que le missile n’était pas russe, mais on ne savait pas à qui il appartenait, il n’y en avait pas deux, mais un seul. Varsovie a commencé à rassurer tout le monde en appelant à comprendre et à compter. Il fallait démentir la désinformation qui pourrait conduire à une grave complication de la situation pour tout le monde. Les peuples de Pologne et d’autres pays de l’UE ont commencé à en parler. Ils ont demandé aux dirigeants ce qu’ils faisaient, s’ils poussaient notre continent vers une catastrophe mondiale.

Maintenant, les membres de l’Otan sont réunis. Bien que tout n’ait pas été tout à fait comme ils essayaient de présenter les faits dès les premières minutes, la Russie était toujours coupable. Le sujet était très chaud. Pendant de nombreuses années, des fonds, des forces, des capacités technologiques y ont été utilisés. Pas un mot n’était dit sur les résultats de l’enquête très médiatisée annoncée par les autorités polonaises. La Pologne est membre de l’Otan. Où est l’enquête? Que se passe-t-il? Vous ne l’avez pas encore fait ? Réalisé, mais les résultats n’ont pas été annoncés ? Quel est le problème? Besoin de plus de temps? Une enquête annoncée est menée avec des membres de l’Alliance. Qu’est-ce qui était alors écrit dans la déclaration adoptée? Y a-t-il un paragraphe disant que toutes les thèses politiques doivent être confirmées par les résultats d’une enquête qui n’a pas encore été menée? Ce n’est pas du théâtre de l’absurde, mais du mimétisme. Franz Kafka, Andreï Platonov, je peux énumérer longtemps les auteurs qui essayaient de décrire l’absurdité de ce qui se passait, mais n’ont pas trouvé les mots justes pour en faire un concept philosophique, alors ils ont proposé des œuvres de dystopie ou d’utopie.

Une fois de plus, tout le monde a soutenu le régime de Kiev. Il était souligné qu’en Ukraine, on défendrait des valeurs communes pour les membres de l’Otan. Lesquelles? Formulez-les. Au moins nous allons comprendre. En tenant compte de ce que nous voyons, il s’avère que les valeurs de l’Alliance sont l’idéologie néonazie, des personnes avec une croix gammée qui ont érigé des portraits de collaborationnistes à côté des symboles d’État de l’Ukraine. De telles valeurs? Ce n’est pas la première fois que le régime de Kiev les prêche. On ne voit pas d’autres. Quant à la démocratie, la liberté d’expression, le pluralisme, les libertés et les droits de l’homme, ils n’ont jamais existé. Les dernières décennies l’ont prouvé.

Je voudrais mettre un accent sur la politique de la « porte ouverte » de l’Otan. Quatorze ans plus tard, à Bucarest, ils ont rappelé la formule notoire du sommet de l’Alliance qui s’y était tenu en 2008 sur les perspectives d’adhésion à l’organisation de l’Ukraine et de la Géorgie. Bonne référence à ces évènements. Nous avons parlé plus d’une fois du danger de telles déclarations. Dans le même 2008, de telles déclarations ont conduit à l’agression du régime de Saakachvili contre l’Ossétie du Sud, puis à la maturation du régime nationaliste en Ukraine, qui depuis 2014 détruisait la population du Donbass, ses infrastructures civiles et opprimait la population russophone dans toute l’Ukraine.

Dans ce contexte, les allégations sur la nature soi-disant défensive de l’Otan sont cyniques. Je ne sais pas qui entourait l’Alliance, mais je sais qui entourait l’organisation elle-même. En fait, il s’avère que les promesses de l’Otan de continuer à fournir une assistance à l’Ukraine aussi longtemps que « ça sera nécessaire » indiquent seulement que la ligne pour une nouvelle escalade du conflit dans ce pays et la déstabilisation de la situation sur le continent européen restent les missions principales de « l’Occident collectif ». Une telle politique dangereuse d’alliance pseudo-défensive, qui depuis les bombardements barbares des villes pacifiques de Yougoslavie en 1999 n’a apporté que la douleur, les souffrances, la destruction, les fausses valeurs et la substitution de concepts, mérite la condamnation la plus ferme.

À cet égard, je voudrais attirer votre attention sur le briefing officiel du porte-parole de l’Otan, Jamie Shea, daté du 25 mai 1999. Il contient une position clairement formulée de l’Alliance. Nous avons trouvé ce fragment directement sur le site de l’Otan. Il est là même maintenant. Espérons qu’il ne sera pas supprimé rapidement. Question: Si vous dites que l’armée [yougoslave] a beaucoup de générateurs, alors pourquoi privez-vous le pays de 70% non seulement de l’électricité, mais aussi de l’approvisionnement en eau, car, selon vous, [l’Otan] ne frappe que les sites militaires.

Réponse: Malheureusement, les systèmes de commandement et de contrôle dépendent également de l’électricité. Si Slobodan Milosevic veut vraiment que ses citoyens aient l’eau et l’électricité, il lui suffit d’accepter les exigences de l’Otan et nous arrêterons cette campagne. Jusqu’à ce qu’il le fasse, nous continuerons d’attaquer les sites qui alimentent son armée en électricité. (Dans une ligne précédente, le représentant de l’Otan a directement fixé les exigences aux citoyens de ce pays.) Si cela a des conséquences pour la population, ce sont ses problèmes [de Milosevic]. L’approvisionnement en eau et en électricité est utilisé contre le peuple de Serbie, nous les avons « coupés » pour toujours ou pour longtemps au nom de la vie de 1,6 million de Kosovars qui ont été chassés de chez eux et dont la vie a été gravement endommagée . Cette différence ne plaira pas à tout le monde, mais pour moi cette différence est fondamentale.

Il y a 20 ans, l’Alliance de l’Atlantique Nord a formulé une position concernant les infrastructures civiles, les besoins de la population civile en électricité et en eau, et ses propres intérêts. En 1999, l’Otan dirigée par les Américains a déclaré ce qui suit: si quelqu’un n’accepte pas leurs conditions, il n’y aura aucun moyen d’utiliser l’eau et l’énergie vitales. Y a-t-il d’autres questions sur quelque chose de défensif, d’humaniste? Peut-être parlons-nous de « valeurs » avec des documents sous la main? Ils aiment s’en souvenir mais pas entièrement. Lorsque vous proposez de parcourir des documents, des faits historiques, de comparer leurs déclarations qui se sont déroulées sous nos yeux, ils évitent la conversation, essayant de s’en débarrasser: « oublions l’histoire », « l’histoire est déjà passée », « l’histoire commence aujourd’hui ». Les gens qui suivent cette logique n’ont aucune idée de ce que sont les valeurs. Pour eux, ils n’ont d’importance que maintenant – momentanées, directement liées au bien-être spécifique d’aujourd’hui. Ils sont incapables de penser autrement.

 

Réponses aux questions: 

Question: L’autre jour, le président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier a déclaré que les appels à un cessez-le-feu en Ukraine en ce moment ne sont pas sérieux, car « une trêve en ce moment signifierait, en fait, la reconnaissance d’une injustice qui s’est déjà produite ». Comment commenteriez-vous cette déclaration?

Réponse: Par cette déclaration, le chef de l’État allemand confirme clairement ce que la partie russe disait lors de l’opération militaire spéciale des forces armées de la Fédération de Russie en Ukraine: les principaux pays occidentaux, dont l’Allemagne, souhaitent la prolongation maximale des hostilités dans le cadre de l’opération militaire spéciale.

Berlin et d’autres capitales, fournissant constamment au régime de Kiev des armes de tous les calibres possibles, cherchent par l’intermédiaire des soldats ukrainiens et au détriment du bien-être du peuple ukrainien d’infliger le plus de dégâts possible à la Russie. Pour eux, les Ukrainiens ne sont que du consommable pour la mise en œuvre d’un projet géopolitique visant à contenir notre pays. Cela ne suscite rien d’autre que de la douleur chez nous. L’Occident a cyniquement trompé le peuple ukrainien, les politiciens de Kiev, l’opinion publique du pays, parlant et les impliquant dans une sorte d' »avenir radieux » sous la supervision de l’Occident. Et après les avoir attirés dans un piège, il jette maintenant de l’huile sur ce feu.

Malheureusement, les habitants de ce pays voisin se sont révélés être les otages des ambitions hégémoniques des pays de l’Otan et des autorités actuelles de l’Ukraine totalement contrôlées par eux. La franchise de Frank-Walter Steinmeier est remarquable et symptomatique – l’Occident verbalement cesse déjà de cacher sa véritable attitude envers l’Ukraine. Il la considère uniquement comme une arène pour la lutte contre la Russie, un terrain d’essai pour ses armes et une source de nourriture bon marché. C’est devenu une évidence pour tout le monde. Une paix et une stabilité précoces ne sont pas incluses dans ce schéma. Frank-Walter Steinmeier en a parlé. 

Question: Il y a quelques mois, les pays occidentaux se sont mis d’accord pour renoncer complètement au pétrole russe acheminé par voie maritime à partir du 5 décembre. L’une des mesures prises dans le cadre de l’embargo pétrolier est ce que l’on appelle le « prix plafond ». Il reste encore une semaine avant l’entrée en vigueur des restrictions, mais le prix plafond n’a pas encore été convenu. Comment Moscou évalue-t-il cette situation? À quoi attribuez-vous les différends entre les pays occidentaux?

Réponse: À mon avis, il ne s’agit pas d’un « plafond », mais d’un « fond ». Il a été dit à plusieurs reprises que l’introduction d’un « prix plafond » sur le pétrole russe est une mesure anti-marché qui perturbera les chaînes d’approvisionnement et pourrait compliquer considérablement la situation sur les marchés mondiaux de l’énergie. La Fédération de Russie ne fournira pas de pétrole aux pays qui soutiennent cette idée provocatrice antirusse. Il y aura des conséquences dévastatrices pour tout le monde. Nous en avons parlé plusieurs fois.

Les différends actuellement observés entre les pays de l’UE concernant le « prix plafond » de l’énergie confirment la déconnexion de cette initiative des réalités économiques. Le diktat des prix et la formation d’un « cartel d’acheteurs » créent un précédent extrêmement dangereux pour le commerce international, qui se déroule toujours selon les principes du marché.

Peu à peu, en Europe et dans les pays de l’UE, on commence à comprendre ce que les États-Unis font avec eux et à quelle fin.

Les États-Unis pointent deux centres de tension de ses « efforts » (étant donné qu’ils ne peuvent pas rivaliser) – la Chine et la Russie. Mais en fait il y en a un troisième (qui est probablement le premier). À en juger par les actions destructrices des États-Unis contre l’UE, on a le sentiment que les États-Unis voient désormais l’Union européenne parmi ses alliés « intimes ». Ils veulent faire effondrer son marché, son territoire d’opportunités,  son rôle de l’un des acteurs majeurs et des « centres de pouvoir ». Cela ne peut pas se faire ouvertement – par des déclarations, des pressions politiques, du chantage – car il est reconnu que Washington ne peut pas résister à la concurrence économique et recourt donc à de telles mesures. En fait, c’est ce qui est fait. Les Européens eux-mêmes, les membres de l’UE, ont commencé à se demander où les eurodéputés les emmenaient en se tenant la main. Visiblement dans le sens inverse de la prospérité, de la paix et de la stabilité sur le continent européen. C’est de plus en plus profite en termes de réalisation des intérêts d’un autre acteur, les États-Unis, qui imposent cette volonté par l’intermédiaire des gens qui mettent en œuvre une politique pro-américaine à Bruxelles.

De nombreux pays pétroliers s’opposent également à une telle mesure, sachant qu’elle est aujourd’hui dirigée contre la Russie (bien qu’indirectement elle frappe déjà tout le monde), et demain, pour des raisons politiques ou autres, elles pourront s’appliquer à n’importe quel autre pays.

Question : L’UE travaille sur un cadre législatif qui permettra de saisir les biens des entreprises russes et les biens de l’État à l’étranger. Parallèlement de telles mesures sont en cours de préparation au niveau national des États membres de l’UE. Quels sont les projets du ministère des Affaires étrangères à cet égard? Que comptez-vous faire pour sauver les avoirs étrangers?

Réponse: Depuis plusieurs mois les dirigeants de l’Union européenne élaborent des plans visant à mettre en place un cadre juridique pour créer les conditions de la saisie, du vol et de la confiscation des avoirs « gelés » sur le territoire de l’UE appartenant à des personnes physiques et morales russes faisant l’objet de sanctions unilatérales de l’UE. Permettez-moi de vous rappeler que l’expropriation de la propriété d’autrui sans donner à ces actions au moins une apparence de légalité est embarrassant pour eux. Peut-être ont-ils peur que la même chose s’appliquera à eux, alors ils essaient d’inventer quelque chose. Premièrement, il existe un risque élevé de dépôt massif de plaintes auprès des tribunaux nationaux des États membres de l’UE, qui, contrairement à la Cour de justice de l’UE, qui déclare ouvertement la primauté de l’opportunité politique sur le droit depuis assez longtemps, peuvent prendre une décision défavorable. Deuxièmement, les vestiges de l’ancienne réputation de l’Union européenne en tant que garant du respect des principes fondamentaux d’une économie de marché sont en jeu.

En conséquence, le contournement des restrictions sera reconnu au niveau de l’UE comme une infraction pénale au même titre que le terrorisme, le trafic de drogue et d’armes, le blanchiment d’argent, la corruption, l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants. En fait un stratagème absolument frauduleux et le banditisme sont proposés. Le « figurant » de la liste des sanctions est chargé de déclarer volontairement ses avoirs sur le territoire de l’Union européenne. L’absence de cette information ou la fourniture incomplète d’informations pertinentes sera automatiquement traitée comme une infraction pénale de contournement des sanctions avec la possibilité d’une confiscation ultérieure des avoirs. Permettez-moi de vous rappeler que nous parlons de restrictions unilatérales adoptées par l’Union européenne en contournant le Conseil de sécurité de l’ONU et donc illégitimes du point de vue du droit international. Il s’agit donc dans cette situation d’un double arbitraire juridique.

Bruxelles ne comprend pas que de tels exercices pseudo-juridiques, s’ils sont mis en œuvre, finiront par enterrer la réputation de l’Union européenne en tant que juridiction fiable pour faire des affaires. Ils croient que personne ne le voit et sont tellement convaincus de leur propre justesse qu’ils dotent les autres de ces qualités et soutiennent également cette excitation. En conséquence, ils croient que leurs actions illégales sont perçues par le « monde entier » comme une norme.

Des milliards de personnes vivant dans un certain nombre de régions ont déjà une attitude négative à cet égard, ils ne le perçoivent pas comme une action légitime. Cela se passe maintenant quand de telles mesures ne les concernent pas. Et quand et si l’Union européenne prend ces mesures et les met en œuvre, alors une vague colossale se lèvera dans le monde, ce qui entraînera des conséquences imprévisibles. Je vous assure que Bruxelles trouvera des arguments pour extrapoler de telles actions à d’autres pays du monde. C’est la destruction des fondements de l’ordre mondial contemporain, des dispositions mêmes du droit international que le monde a élaborées et adoptées. Tout est sapé.

Mais le désir des opérateurs économiques et des investisseurs étrangers de faire des affaires dans l’UE, où toutes les garanties légales d’inviolabilité de la propriété privée sont piétinées en un clin d’œil, va évidemment diminuer. Ce processus est déjà en cours. En raison de la situation économique, du fait que l’UE ne contrôle pas la « situation » chez elle et ne peut contrer les mesures destructrices prises par Washington, les entreprises du continent européen partent aux États-Unis. Les Européens préfèrent ne pas en parler ouvertement. Bien que ce soit l’un des principaux problèmes.

Une fois de plus, nous avertissons que s’il s’agit d’une véritable saisie des biens des citoyens et des entreprises russes ou des avoirs publics de notre pays, des mesures adéquates suivront inévitablement du côté russe. Je ne peux pas dire maintenant à quoi elles ressembleront – symétriques ou asymétriques. Elles seront réciproques et réelles. Rien ne restera en paroles. La responsabilité de leurs conséquences, y compris pour les intérêts des entreprises européennes, incombera uniquement à Bruxelles.

J’ai l’impression qu’après avoir fait exploser le gazoduc, et ils n’ont même pas réussi à dire quoi que ce soit, apparemment, la volonté des Européens (je veux dire des pays de l’UE) a été complètement piétinée. Leur infrastructure civile a été détruite et ils ne peuvent rien dire. Vu la rapidité des investigations que l’on a pu observer ces dernières décennies dans les pays occidentaux, on pourrait déjà inventer quelque chose sur le gazoduc. Avant cela ils inventaient des explications sur ce qui se passait partout dans le monde. Nous avons élaboré une position pour les situations les plus difficiles avec une précision au millimètre. Maintenant, quelque chose qui était vital pour les citoyens de ces pays a été détruit sur leur territoire. Et ils ne peuvent même pas « marmonner » quoi que ce soit.

Le mythe du 8 mai 1945

par Jean Bricmont - Le 06/12/2022.

Le 8 mai 1945, l’Allemagne, effondrée sous les bombes, capitule sans condition ; son chef s’est suicidé, ses dirigeants sont envoyés à Nuremberg pour être jugés et pendus. Pratiquement le même scenario se produit quelques mois plus tard avec le Japon impérial.

De ces succès, l’Occident en a tiré la leçon qu’il pouvait écraser totalement ses adversaires, oubliant au passage le rôle de l’URSS dans ces victoires. Non seulement pouvait mais devait : il ne fallait surtout pas, face à de nouveaux Hitler, faire l’erreur de la politique d’apaisement qui avait mené aux accords de Munich en 1938 et abandonné la partie germanophone de la Tchécoslovaquie (la région des Sudètes) à l’Allemagne.

L’ivresse de ces succès a eu des conséquences immédiates après la capitulation japonaise. Lorsque Ho Chi Minh, qui avait combattu l’occupation japonaise, proclama l’indépendance du Vietnam en 1945, les Français ont rapidement conclu qu’aucune négociation n’était possible et ont envoyé leur armée reconquérir leur ancienne colonie. Ils ont combattu, bombardé et ont fini par s’enfermer dans une place forte « imprenable » dont le nom restera dans l’histoire : Dien Bien Phu. S’ensuivirent les accords de Genève en 1954 qui prévoyaient des élections dans un Vietnam unifié. Pensant, sans doute avec raison, que le dirigeant de la lutte de libération nationale, le communiste Ho Chi Minh, remporterait ces élections, les Américains ont installé un régime à leur botte au Sud Vietnam, entérinant ainsi la partition du pays. À nouveau, pas question de faire des concessions à l’ennemi. On alla d’escalade en escalade et, quand le président américain Johnson envoya en 1965 un contingent militaire massif en Indochine, il invoqua bien le « précédent » de Munich pour prouver qu’une politique d’apaisement ne mènerait à rien.

Dix ans et quelques millions de morts plus tard, les Américains devait fuir en panique le Sud Vietnam, avec leurs malheureux collaborateurs.

Lorsque Nasser nationalisa en 1956 le canal de Suez, la presse britannique le qualifia d’Hitler sur le Nil. Néanmoins, malgré l’intervention israélo-franco-britannique visant à se réapproprier ce canal, celui-ci est toujours égyptien. Lorsque les « enfants de la Toussaint » déclenchèrent l’insurrection algérienne en 1954, la France n’y vit au départ qu’une simple question de police devant préserver l’intégrité du territoire national, dont trois départements (l’Algérie actuelle) risquaient de faire sécession. Il n’était pas question de négocier avec les « rebelles ». Huit ans et quelques centaines de milliers de morts plus tard, la France signait avec ces rebelles les accords d’Evian donnant lieu à l’indépendance de l’Algérie.

Après le 11 septembre 2001, pas question de négocier avec les talibans à propos de Ben Laden : livrez-le-nous sans condition ou on vous envahit. L’invasion eut lieu pour aboutir 20 ans et 2000 milliards de dollars plus tard par ce qui fut sans doute la défaite la plus humiliante des États-Unis.

Pas question non plus de fournir de réelles preuves de la présence d’armes de destruction massives en Irak ni d’ailleurs d’écouter ce que ce pays pouvait dire. Là, l’invasion fut, dans l’immédiat, un succès mais a entraîné une explosion du terrorisme et une hostilité profonde envers les États-Unis dans la région. De même la guerre en Libye a été un succès à court terme mais a entraîné une déstabilisation de la région, dont l’influence de la France en Afrique commence à en payer le prix.

La volonté de renverser le gouvernement syrien au moyen de djihadistes (de la même famille idéologique que ceux utilisés contre les Soviétiques en Afghanistan dans le passé, puis combattus en Afghanistan et en Irak et réutilisés en Libye) a échoué même si on est arrivé à infliger d’immenses souffrances au peuple syrien. Néanmoins, celui-ci sera sans doute longtemps reconnaissant à la Russie (et à l’Iran) de l’avoir sauvé du désastre.

Bref, où que l’on se tourne, le mythe de l’invincibilité de l’Occident et de sa capacité à anéantir une fois pour toutes ses ennemis (aussi connus sous le nom du Mal) crée un désastre après l’autre, même du point de vue occidental.

Lors de la crise des missiles à Cuba en 1962, heureusement que les « Munichois » et les partisans de l’apaisement (Robert Kennedy, le frère de John, Robert McNamara, Adlai Stevenson), qui étaient d’ailleurs dénoncés comme tels à l’époque, ont prévalu, sinon nous ne serions sans doute pas là pour en discuter.

Avant d’en venir à la situation actuelle en Ukraine, il faut voir que l’effondrement de l’URSS en 1991 a été vu comme un nouveau 8 mai 1945 par les Occidentaux mais pas du tout par les Russes. Pour les Occidentaux, c’était leur victoire contre l’autre totalitarisme, le communisme, après leur victoire sur le nazisme. Mais les Soviétiques, en particulier les Russes, pensaient avoir changé leur système socio-économique pour des raisons internes et non à cause d’une défaite infligée de l’extérieur.

Cette transformation a été loin d’apporter des lendemains qui chantent au peuple russe : la décennie des années 1990 est presqu’universellement vue comme catastrophique par les Russes en ce qui concerne leur situation économique. En Occident, cette décennie est au contraire vue comme le triomphe de la démocratie et de l’économie de marché, avec l’ivrogne Eltsine aux commandes, prêt à tout accepter de la part des États-Unis qui bien sûr, le soutenaient financièrement et politiquement.

Lorsque Poutine est arrivé aux affaires et a redressé le pays, l’inverse de ce qui se passait avec Eltsine s’est produit : il est devenu très populaire en Russie et a été vu comme un autocrate et un tyran nostalgique de l’URSS en Occident.

Contrairement à l’image qu’on donne de lui, Poutine a fait de nombreux efforts pour trouver une entente avec l’Occident, mais à condition qu’on tienne compte des préoccupations sécuritaires de la Russie et qu’on ne la traite pas en état vaincu ; or c’est exactement ce traitement que voulaient lui infliger les États-Unis avec l’extension d l’OTAN.

Et pour ce qui est de l’Ukraine, après le coup d’état de 2014, qui a mené au renversement du président élu Viktor Ianoukovytch, la partie orientale de l’Ukraine, ainsi que la Crimée ont refusé le résultat du coup d’état et ont soit rejoint la Russie (pour la Crimée) soit sont entrées en rébellion face au pouvoir kiévien. La solution la plus naturelle et qui a été appliquée dans quantités de situations où des mouvements régionaux réclament une plus grande autonomie (Catalogne, Flandre, Ecosse etc.) était de négocier un accord avec les régions de l’est de l’Ukraine. Rappelons que les habitants de ces régions n’ont jamais été consultés sur leur appartenance à l’Ukraine. Il s’agissait de populations russes qui ont été incorporées dans l’Ukraine lors de la création de l’URSS en 1922, sans doute pour renforcer l’Ukraine et affaiblir le pouvoir « grand russe » que les bolcheviques n’aimaient pas. Pour la Crimée, c’est encore pire puisqu’elle été « donnée » à l’Ukraine en 1954 alors qu’elle avait été russe depuis la fin du XVIIIe siècle. Jusqu’à la fin de l’URSS en 1991, les populations en question pouvaient difficilement protester et, l’état soviétique étant relativement centralisé, ces appartenances aux républiques non russes n’avaient pas trop d’importance.

Mais à partir du moment où l’Ukraine est devenue indépendante et plus encore à partir du coup de 2014, dont l’idéologie était de façon évidente fortement anti-russe, les régions de l’est de l’Ukraine ont cherché à obtenir plus d’autonomie. Dire, comme le veut la doxa dominante, que c’est simplement le résultat de manipulations russes n’est pas très crédible: d’une part, ces régions ont massivement voté pour des candidats « pro-russes » (même si ceux-ci ont fait une politique opposée une fois élus) depuis l’indépendance, elles ont longtemps demandé à la Russie d’être reconnus par elle, ce que la Russie a refusé pendant 8 ans et elles ont pris les armes contre le régime en place à Kiev, ce qu’on ne fait pas sous simple pression étrangère.

Pendant toute la période allant du coup de 2014 à l’intervention russe en février 2022, la crise aurait pu être résolue en acceptant des négociations entre Kiev et les dirigeants autonomistes. Mais le mythe du 8 mai 1945 a prévalu : pas de concessions aux pro-russes, ce qui équivaudrait à un nouveau Munich. On a bien signé les accords de Minsk qui prévoyaient de telles négociations, mais sans jamais avoir eu l’intention de les appliquer.

De même, lorsque la Russie a proposé fin 2021 un plan global de sécurité entre elle et l’OTAN, on lui a évidemment opposé une fin de non-recevoir. Pas de concessions ! Dès qu’a commencé l’intervention militaire russe en Ukraine, l’intégrité territoriale dans les frontières (arbitraires) de 1991 est devenue sacro-sainte pour l’Occident. Mais rien de tel n’a été invoqué lors des guerres de démantèlement de la Yougoslavie ; là le droit à la sécession ou à l’auto-détermination des Slovènes, Croates, Musulmans de Bosnie et Kosovars était lui sacro-saint. Dans ce dernier cas, ce droit a même « justifié » 78 jours de bombardements de ce qu’il restait de la Yougoslavie, c’est-à-dire la Serbie et le Monténégro. Lors des « négociations » de Rambouillet qui ont précédé la guerre, on a exigé de la Serbie qu’elle permette à l’OTAN de bivouaquer sur l’ensemble du territoire yougoslave, c’est-à-dire des conditions imposées à un pays vaincu. À nouveau, vous capitulez où on bombarde.

Aujourd’hui, alors que de nombreuses voix dans le monde, allant du pape à Lula et au chef d’état-major des États-Unis Mike Milley pensent que seule une négociation peut mettre fin à la guerre (négociation qui forcément devra prendre en compte les aspirations des populations de l’est de l’Ukraine), la position officielle de l’OTAN et par là de l’Ukraine, est que celle-ci doit reprendre tout le territoire de l’Ukraine de 1991, y compris la Crimée. On rêve à nouveau d’un 8 mai 1945, avec si possible un changement de régime à Moscou.

Mais, même si le résultat final sur le terrain militaire est incertain, l’intervention russe a provoqué un bouleversement de l’ordre du monde d’une part, la majorité de l’humanité n’applique pas les sanctions américaines contre la Russie et continue à collaborer avec elle, la Russie résiste beaucoup mieux aux sanctions que prévu et, en fin de compte, c’est sans doute l’Europe qui souffrira le plus de ces sanctions. Contrairement à ce qu’on avait pensé en 1991, la Russie n’a pas accepté un nouveau 8 mai 1945 et n’a pas accepté un statut de vaincue, ce en quoi elle avait entièrement raison, puisqu’elle ne l’était pas.

Le ministre des affaires étrangères de l’Union européenne, Josep Borrell a récemment comparé l’Europe à un jardin et le reste du monde à une jungle, en précisant que les jardiniers devaient intervenir dans la jungle. Cela dure en fait depuis des siècles et le tournant auquel on assiste marque peut-être le début de la fin de cette ère.

Alors les jardiniers devront cesser d’imaginer qu’ils dominent le monde, qu’ils peuvent imposer une capitulation totale à leurs adversaires et devront apprendre à se débrouiller sans se fournir en matières premières, en travail bon marché et même en matière grise, dans la jungle

source : Arrêt sur Info

 Déjà en 1916, lors de la première guerre mondiale, "ON" avait refusé de négocier pour arrêter la guerre (voir l'article ci-dessous) : "Pas question de faire des concessions à l'ennemi".

De nos jours, il faudra peut-être attendre d'avoir quelques millions de morts supplémentaires pour enfin se retrouver autour d'une table et batir une paix pour les cinquante années à venir.

"ON" oublie toujours les leçons de l'HISTOIRE !

JMR

Les récits oubliés de la Grande Guerre

Source : The Saker francophone - Le 14/12/2022.

 


Par Ron Unz − Le 28 novembre 2022 − Source Unz Review

Aux États-Unis, la journée des Vétérans s’est déroulée courant novembre, un jour férié qui au départ, sous le nom d’Armistice Day, célébrait la fin de la première guerre mondiale, que l’on appelait à l’époque Grande Guerre ; c’était il y a plus d’un siècle.

Déléguées manifestant lors de la Conférence de la Paix de 1915 à la Haye

 

L’association des Amis de la bibliothèque de Palo Alto organise une vente de livre chaque mois, qui vient de reprendre après presque deux années de fermetures pour cause de Covid. J’y assiste en général, et y trouve pour une bouchée de pain des ouvrages qui attirent mon attention. Il y a quelques semaines, j’ai acheté pour un quarter un exemplaire de l’ouvrage d’Adam Hochschild en date de 2011, universellement applaudi, To End All Wars [Pour Mettre Fin à Toutes les Guerres, NdT], son récit du mouvement anti-guerre britannique durant la première guerre mondiale, sur lequel j’avais lu des critiques très favorables dans le Times et dans d’autres journaux au moment de sa parution initiale. La connaissance que j’avais de cette époque était relativement maigre et faible, et j’ai donc passé deux jours à lire cet ouvrage.

Hochschild semble être un chercheur et un écrivain de talent, et a sans doute mérité les éloges que les érudits les plus en vue ont produit en évaluant son livre, et il a produit un récit des plus intéressants au sujet des hommes et femmes qui organisèrent et dirigèrent le puissant mouvement anti-guerre au Royaume-Uni, mais qui n’en fut pas moins étouffé lorsqu’il s’opposa à la boucherie permanente qui se produisait dans les tranchées. De nombreuses personnes furent mises sous les verrous du fait de leurs contestations, parmi lesquelles Keir Hardie, le fondateur de ce qui allait devenir le parti travailliste, ainsi que Bertrand Russell, le brillant philosophe des mathématiques et futur lauréat du prix Nobel.

Le soutien envers la guerre divisa en son cœur le mouvement militant des suffragettes et d’importantes familles politiques se coupèrent également profondément en deux, et l’on vit la sœur aînée du commandant en chef britannique des soldats déployés en France se faire l’un des plus éminents soutiens la campagne pour la paix. Quelques années plus tôt, E.D. Morel, éminent journaliste d’investigation britannique, était célébré comme un héros international pour avoir révélé les horreurs du Congo belge, mais voici qu’il était détenu derrière les barreaux pour ses écrits contre la guerre, et subissait un traitement tellement brutal qu’il en perdit la santé pour de bon et mourut à l’âge de 51 ans, quelques années après la fin de la guerre.

Conformément à mes attentes, j’ai découvert une mine d’informations sur une période que je ne connaissais qu’à la marge, et je ne vois aucune raison de douter de la pertinence de celle-ci, y compris au sujet des références brèves mais surprenantes au sujet de crimes de guerre à grande échelle commis par l’Allemagne en Belgique occupée. J’étais très heureux de combler ces trous dans mes connaissances.

Mais sur la fin de ce que Hochschild trouve à dire au sujet de l’année 1916, il souligne que contrairement à la Grande-Bretagne, il n’existait absolument aucun mouvement opposé à la guerre dans la plupart des autres pays, Allemagne comprise. Comme il l’indique en page 217 :

Les deux côtés étaient résolus à se battre jusqu’au bout, et à présent, avec deux années de guerre, si une personnalité en vue s’engageait à soutenir des pourparlers de paix, cela était considéré comme proche de la trahison.

À la lecture de cette phrase, je me suis pincé pour m’assurer que je ne rêvais pas. Hochschild ne pouvait pas ignorer qu’à ce stade précis de l’histoire, le gouvernement allemand avait proposé publiquement des négociations de paix internationales sans prérequis, dans le but de mettre fin à la guerre, ce qui suggérait que le massacre à grande échelle et inutile fût arrêté, peut-être sur la base du statu quo précédent.

Les Allemands venaient de remporter plusieurs grandes victoires, avaient infligé des pertes colossales aux Alliés dans la Bataille de la Somme et avaient totalement fait sortir la Roumanie de la guerre. Aussi, forts de leurs succès militaires, ils soulignaient qu’ils recherchaient la paix, non pas par faiblesse, mais sur la base de leur force. Malheureusement, les Alliés rejetèrent catégoriquement cette ouverture de paix, déclarant que l’offre formulée par l’Allemagne ressemblait à une défaite, et réaffirmant leur détermination à remporter une victoire totale comprenant d’importantes prises territoriales.

Il s’en est suivi que des millions de personnes sont mortes sans raison au cours des deux années qui suivirent, et quelques mois plus tard, début 1917, le gouvernement tsariste de Russie s’effondra, ce qui permit aux Bolcheviques de prendre le pouvoir, un virage qui porta à des conséquences néfastes à long terme.

Je ne me souviens pas avoir jamais lu la moindre discussion au sujet des propositions de paix allemandes et de leur rejet dans le traitement superficiel qui est fait sur la première guerre mondiale par les ouvrages de lycée ou d’université, si bien qu’au départ je n’étais pas non plus au courant de cela. Mais vers l’an 2000, j’avais lancé un projet numérique visant à digitaliser la quasi-totalité des archives passées d’un grand nombre des magazines d’opinion étasuniens les plus en vue, et j’ai eu la surprise ce faisant de constater que tous les gros titres de la fin 1916 décrivaient l’offre de paix, et en lisant quelques articles, j’ai découvert un épisode important de l’histoire que j’avais manqué jusqu’alors. Par exemple, le 23 décembre 1916, l’article d’ouverture du Literary Digest, un magazine de premier plan étasunien, parut sous le titre « Les propositions de paix allemandes«  et durant plusieurs semaines, avant et après cette date, de nombreux autres articles de ce journal, ainsi que dans the Nationthe New Republic, et diverses autres publications, couvrirent ce même sujet.

Que mes manuels scolaires aient pu manquer de faire mention de ces faits était une chose, mais Hochschild, un auteur et historien primé, ne pouvait de toute évidence pas avoir raté ces faits, pour avoir consacré une partie de ses recherches pour écrire son ouvrage sur les mouvements de paix durant la première guerre mondiale. Je trouvai difficile à croire qu’il n’ait pas du tout conscience de ces événements centraux, et je supposai qu’il allait les discuter au sein du chapitre suivant, mais lorsque j’ai refermé la dernière page des 450 qui composent son ouvrage, je constatai qu’aucune mention d’aucune sorte n’en était faite dans ce livre.

À ce stade, j’ai décidé de confirmer mes souvenirs en pratiquant quelques recherches Google sur le sujet, et j’eus la surprise de ne trouver que fort peu d’éléments à cet égard sur Internet. J’ai alors consulté l’article Wikipédia couvrant la première guerre mondiale, comptant presque 40 000 mots et comprenant quasiment 500 références, mais celui-ci ne comportait qu’une seule phrase sur les propositions de paix allemandes qui auraient pu mettre fin aux combats et épargner des millions de vies. Heureusement, cette brève mention contenait un lien vers un bref article paru en 2018 dans le Washington Post sous la plume de deux historiens professionnels, dont le récit correspondait tout à fait à ce que j’avais compris des faits. La Grande Guerre prit fin le 11 novembre 1918, et leur article était paru exactement cent ans après cette journée. Donc, apparemment, il avait fallu attendre le centenaire de la fin de la guerre pour amener nos médias dominants à couvrir un tant soit peu cette histoire quasiment oubliée.

Pourquoi la Première Guerre Mondiale a duré si longtemps
Alexander Lanoszka et Michael A. Hunzeker • The Washington Post • 11 novembre 2018 • 1100 Mots

Si une paix négociée avait mis fin aux massacres de la guerre deux années après son ouverture, l’impact sur l’histoire du monde aurait de toute évidence été considérable, et ce pas uniquement du fait que la moitié des morts auraient été évités. Tous les pays européens étaient entrés en guerre début août 1914 avec pour idée bien ancrée que le conflit serait bref, et allait déboucher « avant que les feuilles tombent des arbres » sur la victoire d’un camp sur l’autre. Loin de cela, les changements qui s’étaient cumulés en matière de technologie militaire, et l’équilibre des forces entre les deux alliances rivales avaient produit l’impasse de la guerre des tranchées, surtout à l’Ouest, où des millions d’hommes mouraient sans avancer ou reculer d’un pouce sur le terrain. Si les combats avaient cessé en 1916 sans qu’aucun des deux camps n’en sortît vainqueur, il est certain que les lourdes pertes induites par un conflit totalement stérile auraient modéré le mode de gouvernement de tous les États européens d’importance, auraient fortement découragé les acrobaties qui avaient débouché sur cette calamité, et auraient contribué à éviter sa répétition. De nombreuses personnes marquent 1914 comme point haut de l’optimisme de la Civilisation Occidentale, et avec l’impact modérateur de deux années de guerre désastreuse, et de millions de morts qui auraient pu être évités, ce point haut aurait pu se stabiliser en plateau pour une très longue période.

Au lieu de cela, les conséquences de la poursuite de la guerre ont été totalement désastreuses pour toute l’Europe et pour une grande partie du monde. Des millions de morts supplémentaires furent comptés, et les conditions difficiles de la guerre contribuèrent sans doute à la diffusion de l’épidémie de Grippe Espagnole en 1918, qui s’abattit sur le monde entier, et balaya pas moins de 50 millions de vie. Les défaites terribles subies par la Russie en 1917 portèrent les Bolcheviques au pouvoir, débouchèrent sur une longue guerre civile qui tua des millions de personnes en plus, suivie par un conflit global qui s’étala sur trois générations contre le communisme soviétique, auquel on peut sans se tromper imputer des dizaines de millions de morts civiles en plus. Les conditions extrêmement punitives imposées en 1919 par le Traité de Versailles à l’Allemagne impériale amenèrent en fin de compte à l’effondrement de la République de Weimar et à un second tour de guerre mondiale, bien pire encore que la première, impliquant l’Allemagne nazie et la Russie soviétique, une catastrophe qui ravagea une grande partie de l’Europe et multiplia considérablement le nombre de victimes de la seule Grande Guerre.

Malgré le fait que les Alliés aient à l’époque farouchement dénoncé ce qu’ils appelaient parfois la dangereuse « Offensive de Paix allemande » de la fin 1916, il me semblait évident que le monde aurait été un endroit bien plus sûr si ces propositions n’avaient pas été rejetées.

Par curiosité, j’ai posé des questions à plusieurs personnes bien informées et faisant référence, en leur demandant ce qu’ils savaient des propositions de paix allemandes avortées, et leurs réponses ont été des plus intéressantes. Un universitaire conventionnel, qui avait écrit plusieurs ouvrages sur des sujets traitant de la Première Guerre Mondiale, se montra quelque peu surpris du fait que Hochschild n’eût pas conscience de ces éléments, mais indiqua que les tendances académiques depuis les années 1960 s’étaient orientées dans une direction très hostile à l’Allemagne impériale, et que par conséquent la couverture de ces éléments historiques, qui plaisaient dans le sens contraire à cette mode, avaient été minimisés durant le demi-siècle qui suivit, voire plus longtemps.

Dans le même temps, aucune des personnes profanes que j’ai contactées sur le sujet n’avaient jamais entendu parler des tentatives de paix de 1916, et la plupart se montrèrent choquées par ce récit, à l’exception notable de Kevin Barrett, dont l’émission en podcast Truth Jihad avait déjà exposé divers invités controversés qui avaient discuté de ce sujet au fil des années, en faisant parfois mention de machinations historiques plus vastes et moins plausibles.

La manière dont ces faits apparemment indéniables — les propositions de paix de 1916 — ont été gommés de toute discussion publique est vraiment des plus remarquables, et j’ai peu à peu découvert que Hochschild était loin d’être le seul auteur à n’en faire strictement aucune mention.

Prenons le cas de Niall Ferguson, un historien de haut niveau né en Grande-Bretagne, et œuvrant au sein des universités de Harvard et de Stanford, qui s’était fait connaître au départ avec sa publication de The Pity of War en 1999, une ré-analyse très hétérodoxe de la Première Guerre Mondiale débouchant sur diverses conclusions controversées. Entre autres positions, Ferguson a carrément affirmé que les Britanniques auraient dû rester hors du conflit, ce qui aurait débouché sur une victoire allemande rapide et éclatante, établi une hégémonie politique et économique de l’Allemagne sur l’Europe continentale. Mais cela n’aurait fait qu’avancer de trois générations la création de l’Union européenne, en évitant les dizaines de millions de morts inutiles provoquées par les deux guerres mondiales, sans parler des conséquences mondiales de la Révolution bolchevique. 1

Quoique Ferguson se montre volontairement provocateur dans le récit qu’il fait des événements, je ne me suis souvenu d’aucune mention spécifique des propositions de paix de 1916 à la lecture de son livre que j’avais pratiquée quelques années plus tôt, et je suis revenu sur ce livre, ce qui a confirmé mes souvenirs ; quoique son introduction comprît presque une page entière de scénarios de type « Et Si? » et discutât de nombreuses « réalités alternatives » dans la suite de l’ouvrage. De fait, quelques années auparavant, il avait fait paraître Virtual History, un assemblage d’une bonne dizaine d’essais écrits par des universitaires professionnels, examinant les conséquences si l’histoire avait pris un tournant différent à divers points clés, parmi lesquelles une victoire allemande pour la première guerre mondiale, mais cet ouvrage ne faisant lui non plus aucune mention d’une possible paix négociée en 1916.

Un ouvrage encore plus long, d’un type similaire, judicieusement nommé « Et Si?«  est paru en 2001, publié par l’historien Robert Cowley, et reste lui aussi tout aussi silencieux à ce sujet. Le livre s’étale sur plus de 800 pages, dont plus de 90 sont consacrées à sept scénarios alternatifs couvrant la Première Guerre Mondiale, mais la possibilité d’une paix en 1916 n’apparaît nulle part, alors qu’il s’agit de l’un des éléments « Et Si » les plus évidents et les plus importants.

Les récits détaillés de l’histoire dominante semblaient tout aussi silencieux à cet égard. En 1970, A.J.P. Taylor, le réputé historien britannique, a publié English History, 1914-1945, qui s’étale sur presque 900 pages, dont presque un quart sont consacrées à la Première Guerre Mondiale ; mais aucune mention n’y est faite des propositions de paix allemandes de 1916, et la possibilité même que les Allemands pussent accepter une paix sur base d’un compromis est écarté en à peine quelques phrases et une note de bas de page. L’ouvrage de John Keegan, paru en 1999 sous le titre The First World War comporte 475 pages et ne fait lui non plus aucune mention de ces propositions. Je n’ai certes pas lu l’ensemble des textes historiques standards, loin s’en faut, mais je pense que ces deux exemples constituent un assez bon échantillonnage de la littérature historique, et expliquent sans doute la totale ignorance manifestée par Hochschild sur le sujet, puisque Ferguson et d’autres auteurs distingués ont fait preuve avant lui de la même carence.

Le sujet ne semble pas non plus avoir été couvert par des études plus spécialisées, même lorsqu’il aurait pu y prendre un rôle d’importance. Il y a quelques années, j’ai lu le récit produit en 2017 par Sean McMeekin The Russian Revolution, une reconstruction remarquable et méticuleuse des circonstances complexes et fortuites qui ont débouché sur la chute du régime tsariste en 1917, et le triomphe des Bolcheviques de Lénine qui a suivi.

Le prologue en est consacré au meurtre de Grigory Raspoutine, le guérisseur religieux qui exerça une influence considérable sur le Tsar et sa famille, et qui, en dépit du fait qu’il n’occupât aucun poste officiel, constitua probablement de nombreuses années durant le troisième personnage en matière d’influence sur l’Empire russe. En outre, son décès en décembre 1916, aux mains d’un groupe de conspirateurs qui comprenait de hauts-membres de l’élite russe, semble avoir constitué un facteur de déstabilisation important pour le régime, et a débouché après quelques mois à peine sur son effondrement par la Révolution de février.

Raspoutine avait entretenu pendant longtemps des doutes quant à la poursuite de cette guerre onéreuse menée contre l’Allemagne, et cela constitue l’une des raisons centrales de son assassinat ; de fait, la crainte de voir le colossal allié russe manquer à l’alliance contre l’Allemagne amena des membres des Renseignements britanniques à contribuer à cet assassinat. Après des mois de complots visant à ôter la vie à Raspoutine, il finit par tomber le 20 décembre, au moment précis où la très publique « offensive de paix » de l’Allemagne attirait une attention considérable ; et bien que l’auteur ne relie pas directement ces deux événements, l’agenda apparaît comme très propice à mettre en doute une pure coïncidence. Ainsi, il se peut fort bien que les actions désespérées menées par les Alliés pour bloquer tout soutien à la paix proposée par les Allemands aient contribué à déclencher la Révolution russe.

D’évidence, une fin anticipée de la Grande Guerre aurait constitué un événement d’une importance colossale, et les tentatives allemandes de 1916 pour assurer la paix furent bel et bien traitées comme ayant ce potentiel dans la couverture médiatique de l’époque. Mais l’Allemagne finit par perdre la guerre, et le récit officiel qui s’ensuivit fit porter la catastrophe pour l’Europe par le militarisme incessant de l’Allemagne, si bien que les propositions de paix allemandes devinrent un élément discordant et soulevant des questions troublantes sur le récit global qui est fait de la période. Par conséquent, on a, durant le siècle qui a suivi, simplement éludé ces faits, et si je n’étais pas allé regarder ces titres de presse de l’année 1916, je n’en aurais sans doute jamais pris connaissance.

De fait, après que j’ai fait simplement mention de cette histoire intéressante sur mon site internet, un ou deux commentateurs ont vertement réfuté mes affirmations, en déversant le récit officiel selon lequel les Allemands s’étaient opposés à toute paix négociée raisonnable, sans expliquer pourquoi tous les récits médiatiques de l’époque avaient affirmé l’exact opposé. Selon ces critiques, le puissant establishment allemand aurait certainement opposé son veto à de telles propositions, et j’ai décidé de voir si je pouvais trouver des éléments plus forts pour conforter ma position, au-delà d’un éditorial paru dans le Post un siècle après par deux universitaires obscurs et en début de carrière.

À ma très grande surprise, j’ai découvert que l’année dernière, un ouvrage consacré aux chances ratées de conclure la paix en 1916 avait paru ; il semble qu’il s’agisse du seul et unique ouvrage en langue anglaise consacré à ce sujet d’importance. Qui plus est, l’auteur de The Road Less Traveled est Philip Zelikow, bien connu pour avoir occupé le poste de directeur de la Commission sur le 11 septembre 2001, une personnalité qui est donc tout à fait dans les bonnes grâces de l’establishment dominant. Vers la fin de son Introduction, il explique avoir travaillé par intermittence sur ce projet depuis plus d’une dizaine d’années.

Bien que le texte principal couvre moins de 300 pages, son récit des événements semble direct et convainquant, s’appuie massivement sur des archives historiques et des journaux personnels, et établit fermement le même récit historique que celui que j’avais entrevu au départ en consultant ces anciennes publications. Ses recherches complètes dévoilent de nombreux éléments additionnels, et mettent au jour un récit radicalement différent de celui qui a été présenté durant des décennies de traitements trompeurs. Et malgré un « révisionnisme » apparemment tellement controversé, son ouvrage a reçu des éloges notables de la part d’érudits universitaires, et a fait l’objet de critiques favorables dans des publications aussi influentes que Foreign Affairsthe Nation Interest et Foreign Policy, mais comme le livre n’avait retenu l’attention d’aucun des journaux que je consulte, je n’en avais pas pris connaissance.

Le récit prodigué par Zelikow est véritablement fascinant, surtout au vu du fait qu’il est resté presque totalement caché aux yeux du public durant plus d’un siècle.

Quoique des éléments influents, parmi lesquels son conseiller politique le plus proche, voulussent que les États-Unis entrassent en guerre aux côtés des Alliés, le président Woodrow Wilson avait longtemps espéré pouvoir assurer une médiation de nature à mettre fin au conflit, à l’image de l’action de son prédécesseur, Theodore Roosevelt, qui avait ainsi mis fin à la guerre russo-japonaise, ce qui lui avait valu pour couronnement de recevoir le Prix Nobel de la Paix en 1906.

Au cours des deux premières années de combat, aucune des parties n’avait répondu favorablement à ceux qui aspiraient en leur sein à la paix, mais au mois d’août 1916, les circonstances changèrent, et bien que les dirigeants britanniques finirent par continuer de tenter leur chance sur le champ de bataille, le gouvernement allemand qui connaissait les mêmes conflits avait accepté secrètement l’offre formulée par Wilson de présider une conférence de paix en tant que médiateur. Au vu des terribles pertes en vies humaines déjà subies par les deux côtés, on estimait largement qu’une fois démarrées des négociations de paix, il était fort peu probable que les combats reprissent jamais. Et avec un alignement de Wilson, de la plus grande partie des dirigeants allemands, et d’une grande partie du Cabinet britannique prêts pour la paix, les perspectives apparaissaient véritablement excellentes, surtout au vu du fait que la survie des Alliés dépendait lourdement des livraisons et finances en provenance des États-Unis.

En dépit du fait que toutes les pièces du puzzle semblassent prêtes à s’emboîter, les opportunités furent ratées à plusieurs reprises au cours des cinq longs mois qui suivirent. Un facteur d’importance résidait dans l’extrême difficulté des communications, les Britanniques ayant coupé le câble du télégraphe transatlantique de l’Allemagne au début de la guerre, ce qui signifiait que les communications allemandes avec Wilson, et même avec l’ambassadeur d’Allemagne, devaient prendre des voies détournées suivant divers pays neutres et en passant par l’Amérique Latine avant de parvenir chiffrées à Washington DC des jours, voire des semaines après leur émission.

Autre facteur crucial, le fait que Wilson ne disposait pas du personnel requis pouvant transcrire ses grandes idées en propositions politiques sérieuses. Contrairement aux grands pays européens, les États-Unis ne disposaient guère d’infrastructure administrative, et Wilson écrivait en grande partie lui-même ses discours, et son secrétaire d’État était un avocat sans expérience diplomatique, qui tenait surtout lieu de secrétaire intelligent. Son seul conseiller proche était le colonel Edward House, un riche dilettante texan qui entretenait souvent des points de vue excentriques, et qui soutenait tellement les Britanniques qu’il apparut parfois saboter à dessein les tentatives de paix. Wilson lui-même, après tout une carrière académique, avait accédé à la Maison-Blanche par surprise en 1913 après une brève expérience de deux années comme Gouverneur du New Jersey, si bien qu’il ne disposait guère d’expérience en matière politique ou en matière de diplomatie internationale.

Aussi, quoique le gouvernement allemand répondît favorablement à sa proposition de mener une conférence de paix au mois d’août 1916, Wilson ne parvint pas à saisir le caractère urgent de cette démarche, et décida de ne rien faire jusqu’aux élections du mois de novembre. Dans l’intervalle, en Allemagne, les avocats militaires d’une campagne de U-Boots contre les navires étasuniens acheminant des livraisons aux Alliés menaient de très fortes pressions en faveur de leur stratégie alternative, ce qui assurait une rupture des relations avec les États-Unis.

Après que les Britanniques subirent des pertes colossales lors de leurs attaques dans la Somme, avec presque 20 000 morts rien que le premier jour de cette bataille, le parti britannique favorable à la paix se renforça, et le gouvernement se prépara à examiner l’offre formulée par Wilson. L’un des fils du premier ministre H.H. Asquith était mort dans la bataille, un second y avait été blessé, et la proposition formulée par les Allemandes de rendre la Belgique occupée satisfaisait la plus importante des conditions britanniques.

Puis, à la fin du mois de septembre, le ministre de la guerre David Lloyd George — qui avait été l’un des plus éminents avocats de la proposition de paix étasunienne — changea subitement d’avis, et déclara que la Grande-Bretagne ne devait jamais accepter de paix négociée, et devait au lieu de cela se montrer prête à se battre pendant vingt ans si nécessaire pour atteindre une victoire militaire totale, dont tout autre débouché qu’un « knockout » aurait été « impensable ». Zelikow avance la thèse plausible selon laquelle Lloyd George pensait pouvoir faire usage de son changement de position sur la paix pour s’attirer le soutien des partisans britanniques de la ligne dure, comme le puissant groupe de presse de Lord Northcliffe, pour prendre la place d’Asquith au poste de premier ministre, et c’est d’ailleurs exactement ce qui se produisit au cours des deux mois qui suivirent, les avocats de la paix se faisant éjecter du gouvernement.

Malgré les positions mouvantes des Britanniques, Wilson reprit ses tentatives de paix après avoir été réélu, le 7 novembre, pour ne rencontrer qu’une forte opposition du colonel House, son principal conseiller. Bien que la Grande-Bretagne eût déjà verrouillé son positionnement d’une lutte désespérée contre l’Allemagne en totale dépendance des livraisons étasuniennes, House se convainquit que si les États-Unis faisaient trop pression en faveur de la paix, les Britanniques allaient déclarer la guerre contre les États-Unis. Aussi incroyable que cela puisse paraître, House avança de manière répétée face à Wilson et face à d’autres personnes qu’une armée britannique pouvait envahir les États-Unis en partant du Canada, avec la Royal Navy faisant débarquer des centaines de milliers d’hommes en provenance du Japon, allié des Britanniques, sur les côtes des États-Unis, s’employant tous ensemble à conquérir les États-Unis. Bien que ces préoccupations bizarres fussent rejetées, elles contribuèrent au ralentissement opéré par les dirigeants du Département d’État pro-britanniques vis-à-vis de la proposition de paix du président.

À peu près dans le même temps, l’ambassadeur d’Allemagne se mit à plaider pour que l’Administration Wilson se mît à agir sur le champ, par crainte de laisser s’échapper l’opportunité de la paix ; Zelikow a titré son chapitre « La Paix est au Sol, en Attente que Quelqu’un la Ramasse ! », l’une des phrases les plus ferventes employées par l’envoyé allemand. Dans le même temps, les dirigeants militaires allemands partisans de la ligne dure exerçaient leurs pressions sans relâche sur le gouvernement pour qu’il abandonnât ses tentatives de paix et revînt au lieu de cela à la guerre sous-marine à outrance, dont ils affirmaient qu’elle pourrait assurer une victoire rapide dans le conflit.

L’Allemagne et ses alliés, de plus en plus désespérés en raison des retards sans fin qu’avait pris l’initiative du président étasunien, finit par lancer son propre appel inconditionnel à des pourparlers de paix, le 12 décembre, en espérant que cette action pourrait enfin amener Wilson à agir et à inviter les participants à une conférence de paix à la Haie, en positionnant le président étasunien comme médiateur. L’annonce allemande captiva l’attention du monde, et contraignit Wilson à répondre par crainte de se voir éclipsé, et une semaine plus tard, il finit par faire circuler sa propre note en faveur de la paix, mais comme l’explique Zelikow, celle-ci constitua un « raté », car elle ne comportait aucun détail, et n’invitait de fait pas les parties belligérantes à participer à une conférence de paix. Les Alliés rejetèrent ainsi fermement la proposition allemande, la qualifiant de « piège », et purent faire fi de la déclaration de Wilson, puisque celle-ci ne leur demandait aucune action. Au cours des quelques semaines qui suivirent, l’opportunité de paix s’étiola, et à la fin du mois de janvier, les Allemands annoncèrent qu’ils allaient revenir à une guerre sous-marine à outrance, ce qui amena Wilson à rompre les relations et à se diriger vers la guerre contre l’Allemagne.

Bien qu’au sein du gouvernement étasunien, des éléments influents aient cherché à obtenir ce résultat dès le départ, Zelikow affirme de façon convaincante que les fautes, erreurs, et incompréhensions manifestées par Wilson et les autres cherchant également une paix négociée pesèrent sans doute davantage dans la balance en faveur de ce résultat que les tentatives menées par des personnes qui voulaient activement poursuivre ce résultat. Son verdict historique sévère envers le président et les partisans de la paix apparaît comme équilibré :

Avec l’échec d’obtenir la paix au moment le plus opportun, nul n’échoua ni ne fit échouer le monde davantage que le président Wilson. Son échec diplomatique fut le plus colossal de toute l’histoire des États-Unis.

Ainsi, l’un des virages les plus importants du XXème siècle s’est sans doute produit à la fin de l’année 1916, avec l’effondrement tragique d’une tentative de paix qui avait paru au départ vouée à la réussite, et le récit saisissant qu’en fait Zelikow explique comment et pourquoi cette opportunité a échoué. Dans tous les cas, l’échec à conclure la paix en 1916 aurait dû devenir le sujet d’un nombre indéfini de romans, de pièces de théâtre et de films, mais au lieu de cela, le sujet reste de nos jours totalement insoupçonné, même au sein des couches les plus instruites de la population.

Mon premier contact avec une partie de l’histoire oubliée de la Première Guerre Mondiale s’est produit lorsque j’ai remarqué les titres et lu les articles qui avaient été publiés dans nos publications de premier plan, alors que l’histoire se déroulait. Une fois les événements importants terminés, et une fois déterminés qui étaient les héros et qui étaient les méchants, une tendance naturelle se fait jour de réinterpréter le passé à la lumière de ce qui a fini par transpirer, ce qui établit un récit simple qui suit des lignes bien définies. Pour le dire autrement, les gagnants écrivent le plus gros des récits.

Pour cette raison précise, je pense que l’un des ouvrages sur le sujet de la Grande Guerre les moins connus, mais qui présente une valeur inestimable, a été achevé à la mi-mars 1917, quelques semaines à peine avant l’implication des États-Unis qui devait inévitablement modifier toute analyse à venir. L’auteur en fut Lothrop Stoddard, qui avait obtenu son doctorat en histoire à Harvard et commençait tout juste une carrière qui allait bientôt l’établir comme l’un des intellectuels publics les plus influents des États-Unis. Son ouvrage s’intitule Present-Day Europe et constitue un scrupuleux et impartial passage en revue des politiques menées durant la guerre et de l’histoire récente de chaque nation individuelle.

Cet ouvrage n’est pas outrageusement long, il s’étend sur moins de 75 000 mots, et on peut facilement le lire en un jour ou deux, mais il délivre une très riche quantité d’éléments détaillés et contemporains aux événements, dont une grande partie semble avoir été laissée au vestiaire par l’historiographie qui a suivi, écrite après que le récit officiel fut durci. Qui plus est, comme il l’explique dans sa préface, Stoddard a suivi une ligne rigide, consistant à ne citer que les personnes natives de chaque pays pour son propre chapitre, les Anglais pour s’exprimer sur l’Angleterre, les Allemands sur l’Allemagne, etc, ce qui produit une présentation inestimable des sentiments de l’élite et du peuple au sein de chaque nation, chose très utile à quiconque parmi nous s’emploie à reconstruire la situation plus d’un siècle après les événements.

L’Europe contemporaine
Ses états d’esprit nationaux
Lothrop Stoddard • 1917 • 74 000 Mots

L’ouvrage de Stoddard fut mis sous presse quelques semaines à peine après le rejet final de l’offre de paix allemande, et il n’a pas laissé un projet diplomatique raté, bien connu de l’ensemble de ses lecteurs, dominer son récit. Mais quoi que l’auteur ne connût pas l’ensemble des antécédents, il a accordé aux tentatives de paix un traitement raisonnable au sein des chapitres sur la Grande-Bretagne et sur l’Allemagne, et ajouté des détails intéressants ratés aussi bien par Zelikow que par Hochschild. Par exemple, dès le mois de juin 1916, plusieurs personnalités éminentes britanniques entretenant des visions très conventionnelles avaient publiquement appelé à des négociations de paix, y compris dans les pages de the Economist, et leur déclaration avait été soutenue avec emphase par l’éditeur de cette publication influente. Mais cette rébellion idéologique de haut niveau au sein du média appartenant à l’élite fut rapidement écrasée, et l’éditeur perdit son travail suite à son soutien à cette cause. Stoddard expliqua par la suite que le rejet allié sans compromis de toutes les offres de paix allemandes avait dès le début de l’année 1917 « incité l’ensemble du peuple allemand à une colère désespérée. »

On trouve un exemple parfait de la valeur colossale des éléments livrés par Stoddard au sein de sa discussion sur les objectifs de guerre, qui livre d’évidence le contexte nécessaire aux diverses réactions nationales à des négociations de paix rapides, et le contraste est marqué entre ces réactions dans les pays des deux camps opposés. Les objectifs des Allemands étaient relativement modérés, et ne comportaient quasiment aucune demande d’annexion de nouveaux territoires. En contraste, les Français étaient résolument engagés à la destruction totale de l’Allemagne en tant qu’objectif premier, un sentiment qui était partagé de manière quasiment universelle parmi l’ensemble des partis politiques. Ils considéraient l’Allemagne unifiée créée en 1870 comme un rival trop puissant en Europe, qui devait par conséquent être refragmenté en de multiples États faibles. Et la France devait non seulement récupérer les provinces perdues de l’Alsace et de la Lorraine, mais elle devait également annexer une grande partie de la Rhénanie, un territoire qui était allemand depuis mille ans. Les Britanniques ne tenaient pas une position aussi extrême, mais le plus gros de leur classe politique dirigeante était convaincu que l’Allemagne, du fait de son statut de compétiteur économique et militaire, devait être paralysée.

À l’Est, l’objectif premier de la guerre entretenu par l’Empire russe était l’annexion de Constantinople, la capitale et la plus grande métropole de l’allié allemand que constituait l’Empire ottoman, chose qui aurait accordé à la Russie le contrôle stratégique sur le Détroit du Bosphore. Même si la Serbie avait déjà été vaincue et occupée à cette période, des éléments du gouvernement serbe avaient au départ provoqué la guerre en organisant l’assassinat de Franz Ferdinand, le dirigeant potentiel austro-hongrois, et leur objectif plus large était la destruction totale de cet État multi-ethnique, dont plusieurs morceaux trouveraient alors leur place dans une Grande Serbie.

Aussi, dans une vaste mesure, l’Allemagne et ses alliés étaient de fait les « puissances du statu quo », raisonnablement satisfaites de l’arrangement en place au niveau des frontières, une situation très différente de celle de leurs opposants, les Alliés. Lorsque l’une des parties d’un conflit est déterminée à démembrer et détruire l’autre, une paix rapide est difficile à trouver. Qui plus est, l’alliance allemande était confrontée à une coalition qui lui était largement supérieure en nombre d’hommes, en force économique, et en ressources militaires potentielles, si bien qu’elle menait ce qu’elle considérait raisonnablement comme une guerre purement défensive. Cette situation, claire à l’époque, est exactement contraire à ce qui a été dit de manière implicite ou même explicite dans l’histoire basique racontée par nos manuels scolaires au cours du dernier siècle.

D’évidence, l’image globale n’était pas totalement conforme à celle entretenu par l’un des camps, et un facteur important sous-jacent au déclenchement de la guerre avait résidé dans les préoccupations allemandes au sujet de sa population en croissance rapide, et dont la croissance militaire était également soutenue, face à son énorme voisin russe de l’Est. De fait, bien que le très puissant bloc politique social-démocrate au parlement allemand fût fortement anti-militariste, ses membres étaient également intensément hostiles au régime tsariste, que leurs éléments juifs influents diabolisaient comme âprement antisémite, si bien que la menace russe constituait un facteur important derrière l’unité politique intérieure quasiment totale une fois la guerre éclatée. En outre, des éléments importants au sein de l’establishment militaire allemand avaient depuis longtemps soutenu l’idée d’une guerre préventive visant à briser la puissance russe avant que celle-ci devînt trop écrasante.

Les grandes victoires allemandes remportées durant les deux premières années de combats avaient amené à l’occupation de territoires russes considérablement étendus, et Jozef Pilsudski, le personnage équivalent à George Washington en Pologne, avait organisé une armée de 20 000 Polonais qui combattait aux côtés des Allemands. En conséquence, les Allemands décidèrent de ressusciter une Pologne indépendante comme État-client de l’Allemagne, plus d’un siècle après la disparition de ce pays de la carte, un changement géographique qui devait fortement affaiblir la Russie tout en constituant un tampon face à l’expansion vers l’Ouest de la part de ce pays.

Même si elle est d’une importance relativement mineure, l’une des sections les plus impressionnantes produites par Stoddard réside dans sa discussion au sujet des Balkans, où se côtoyaient plusieurs États querelleurs, dont je n’avais jamais vu les histoires traitées auparavant, et encore moins analysées avec des détails aussi intelligents. Ces pays s’étaient combattus les uns les autres en 1912, puis en 1913, et au vu des événements déclencheurs de 1914 à Sarajevo, la Grande Guerre qui suivit pourrait presque n’être considérée que comme un troisième round de combats qui fit entrer sans le vouloir le reste de l’Europe.

Comme l’indique l’auteur, avant la conquête puis la longue occupation par les Ottomans, chacun des différents peuples des Balkans avait à un moment ou à un autre dirigé un empire régional plus étendu que son propre territoire, chose qu’ils essayèrent évidemment de ressusciter après le recul du pouvoir ottoman. Mais tous ces empires passés des Balkans s’étaient recouverts les uns les autres territorialement, ce qui avait amené à des revendications amères et opposées, et à de nouveaux combats entre la Bulgarie, la Roumanie, la Serbie et la Grèce, dont chacun de ces pays convoitait également des parties des empires voisins austro-hongrois et ottoman, ce qui contribuait à l’importante instabilité de la situation. De manière totalement contradictoire avec mes propres hypothèses, Stoddard explique que ces pays individuels présentaient de fait des profils politiques et sociaux très différents, avec par exemple une Bulgarie présentant des caractéristiques totalement différentes de sa voisine Roumaine, alors que les deux pays avaient toujours au fil du temps été groupés l’un avec l’autre.

Quoique l’ouvrage de Stoddard reste centré sur les dynamiques internes des principaux participants européens sans adresser directement les causes exactes du conflit, les éléments qu’il produit soutiennent dans l’ensemble l’impression que j’avais toujours perçue dans mes manuels d’histoire, selon laquelle deux alliances lourdement armées et hostiles s’étaient plongées dans une guerre colossale sans qu’aucune des deux ne se fût vraiment attendue à ce qui se produisit en fin de compte. Comme le travail détaillé de Zelikow l’indique, les États-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne avaient déjà repoussé à tâtons les possibilités de paix en 1916, et les Européens avaient démarré le conflit quelque deux années suivant des lignes générales très proches.

Deux ouvrages historiques majeurs, centrés sur ce sujet précis, avaient été publié il y a environ dix ans, juste avant le centième anniversaire de la guerre, et ils renforçaient fortement cette même conclusion avec des éléments universitaires complets. The Sleepwalkers écrit par Christopher Clark, et July 1914: Countdown to War par Sean McMeekin, ont tous les deux reçu un traitement en première page à la fois long et favorable dans la revue littéraire du New York Times produite par Harold Evans, ancien éditeur du Times of London. J’avais lu le premier de ces deux ouvrages il y a quelques années, et le second beaucoup plus récemment, et je les avais trouvé tous deux excellents, qui relataient un récit semblable dans l’ensemble au fil de leurs 1100 pages combinées.

Le récit très détaillé produit par McMeekin au sujet des circonstances exactes et des processus de prise de décision au cours du mois de juillet 1914 soulignent grandement le rôle extrêmement important joué par les facteurs inattendus et fortuits, qui auraient si facilement pu faire sortir l’histoire de ses rails. Par exemple, juste avant l’assassinat de Sarajevo, la Grande-Bretagne semblait vraiment au bord d’une violente guerre civile au sujet de l’Irish Home Rule, un conflit si abrupt qu’il fallut des semaines avant que le Cabinet n’examinât simplement la situation en développement dans les Balkans, et si ces événements s’étaient déroulés ne serait-ce que deux mois plus tard, l’implication militaire britannique aurait été impossible. De même, en raison de son positionnement initial fort vis-à-vis de toute attaque contre la Serbie, le puissant premier ministre hongrois avait empêché la forme de frappe de représailles qui aurait sans doute empêché d’autres pays de s’impliquer dans le conflit, contrairement à l’attaque finale qui finit par se produire plus d’un mois après l’assassinat ; si bien que la politique de paix déterminée menée par un dirigeant européen de premier-plan contribua de fait à élargir le périmètre de la guerre. Dans tous ces pays, on trouvait des factions puissantes qui avaient passé des années à pousser à la guerre, mais il existait d’autres factions puissantes qui voyaient les choses autrement, et les circonstances de l’éclatement de la guerre ont dépendu en grande partie des décisions particulières qui furent prises.

Une fois démarré l’énorme conflit, attribuer la juste mesure de culpabilité à la calamité s’est transformé en un objectif stratégique au cours des années qui suivirent, surtout de la part des Alliés, et Clark note même que les Français comme les Russes créèrent de faux documents qu’ils ajoutèrent dans leurs propres archives diplomatiques. Le débat universitaire au sujet de qui porte la culpabilité de la guerre s’est poursuivi tout au long du siècle qui a suivi, et si aucun de ces ouvrages n’apporte de réponse définitive à cette question, je pense qu’ils apportent une base factuelle très solide, en expliquant précisément qui a fait quoi, et quand, ce qui permet à chacun d’attribuer la juste quantité de culpabilité à ces actions particulières.

Hidden History est un livre d’un type tout à fait différent, mais sur ce même sujet, publié presque en même temps par les historiens britanniques amateurs Gerry Docherty et Jim Macgregor. Bien qu’il soit resté totalement ignoré par les médias dominants, leur récit extrêmement conspirationiste des actions menées par les dirigeants britanniques jusqu’à l’éclatement de la guerre est devenu très populaire dans de nombreux cercles alternatifs, et j’ai finalement décidé de le lire il y a un an ou deux. Malheureusement, je n’ai pas du tout été impressionné par leur analyse, et bien qu’ils aient décrit correctement certaines machinations menée par la faction politique britannique la plus agressive, je pense qu’ils lui ont accordé bien plus de pouvoir qu’elle n’en posséda sans doute. J’ai écrit ma propre évaluation au travers d’un commentaire après avoir lu un ou deux chapitres, mais rien dans la suite du livre n’aurait pu modifier mon verdict négatif :

Ma foi, j’ai vu de nombreux commentateurs accorder des lauriers au livre de Docherty et Macgregor au fil de l’année écoulée, et puisque je l’avais sous la main, j’ai enfin décidé d’y jeter un œil. À ce stade, je ne suis vraiment pas très impressionné.

Pour autant que je puisse en juger, leur hypothèse « révolutionnaire » est que sur la fin du XIXème siècle, un petit groupe d’individus proches du sommet de la Grande-Bretagne constituèrent une « société secrète » avec pour but principal de faire croître la puissance et la richesse de l’Empire britannique, en utilisant parfois de méthodes brutales ou malhonnêtes, et en dominant le monde de manière permanente.

Cela est-il véritablement aussi remarquable ? Supposons que la « société secrète » n’ait jamais été constituée ? Ne supposerions-nous pas naturellement que les dirigeants normaux et habituels de la Grande-Bretagne feraient de leur mieux pour faire croître la puissance et la richesse de l’Empire britannique ? Ne serait-il pas plus choquant qu’ils n’agissent pas ainsi ?

Quelqu’un devrait-il écrire un ouvrage : « Les hauts-dirigeants de Google essayent en secret de faire croître la richesse et la puissance de Google et de capter la domination de l’Internet tout entier. » Ou « Les hauts-dirigeants de Goldman Sachs s’emploient en secret de faire croître la richesse et le pouvoir et de dominer Wall Street à titre permanent. »

Ni Docherty ni Macgregor ne semblent être des historiens professionnels, et ils ont sans doute raison de vouloir réfuter la « légende de la vilenie allemande, » mais je pense que des légions d’historiens professionnels ont déjà fait cela.

Il y a des décennies, mes textes ordinaires au lycée soulignaient que l’un des principaux facteurs derrière la première guerre mondiale était la crainte entretenue par la Grande-Bretagne vis-à-vis d’une Allemagne qui montait. Et il est également vrai qu’un autre facteur majeur résidait dans les craintes entretenues par l’Allemagne de voir monter la Russie. Les historiens ont débattu sans fin au sujet du poids relatif de ces divers facteurs, mais chacun a bien conscience de chacun d’entre eux.

En contraste marqué, un ouvrage différent, publié il y a tout juste un siècle, pourrait aujourd’hui être considéré comme produit d’une frange conspiratrice, mais on ne l’avait absolument pas considéré ainsi à l’époque, étant donné que l’auteur était largement considéré comme l’un des intellectuels les plus en vue des États-Unis et que l’ouvrage fit l’objet de commentaires favorables dans l’influent Library DigestDavid Starr Jordan était le président fondateur de l’université de Stanford, un scientifique en biologie qui publia au moins quatre-vingt-dix ouvrages, la plupart d’entre eux de nature scientifique, mais certains intégrant des travaux de politique publique plus large.

Unseen Empire, qui est paru en 1912, tombe dans cette dernière catégorie, et bien que les États-Unis et les puissance européennes majeures restassent en théorie des pays souverains, leurs lourdes dépenses militaires improductives les avaient peu à peu englués dans les toiles serrées de la dette, ce qui amena la plupart d’entre eux à se faire les vassaux politiques d’un réseau de puissants financiers, l’« empire invisible » qui constitue le titre de ce livre. Aussi, en lieu de place de rois, de parlements ou de kaisers, les véritables dirigeants de l’Europe étaient un jeu de dynasties bancaires interconnectées et mariées entre elles, pour la plupart juives : les Stern et les Cassel en Grande-Bretagne, les Fould et les Pereire en France, les Bleichroder en Allemagne, les Gunzburg en Russie, les Hirsche en Autriche, les Goldschmid au Portugal, les Camondo en Turquie, les Sassoon en Orient, et au-dessus d’eux tous, les Rothschild de Londres et de Paris.

Bien que dans le monde contemporain une telle description puisse paraître insensée ou à tout le moins incendiaire, Jordan la présente factuellement, sans rancœur, et de fait cette affirmation particulière ne constitue même pas le thème principal de son analyse. Le président de l’université de Stanford considérait la guerre moderne comme désastreuse pour une société, mais avançait même que les guerres étaient devenues tellement ruineuses qu’elles ne pouvaient pas durer longtemps. Qui plus est, puisque les véritables propriétaires de l’Europe estimaient qu’elles nuisaient aux affaires, aucune guerre majeure ne pouvait éclater.

De toute évidence, les prédictions produites par Jordan furent démontées quelques années après, mais les événements qui ont suivi ont semblé indiquer que son analyse n’était pas totalement fausse. Par exemple, selon le récit de Stoddard, une grande partie de l’élite juive britannique, disposant souvent de racines allemandes comme les Rothschild, était largement considérée comme faisant partie du camp de la paix, au point qu’en 1916 les publications relevant la ligne dure dénonçaient les financiers germano-juifs comme sapant la fermeté militaire continue de la Grande-Bretagne. De même, Zelikow rapporte que Paul Warburg, le vide-président germano-juif de la réserve fédérale des États-Unis, était un supporter enthousiaste des tentatives menées par Wilson de faire pression sur la Grande-Bretagne pour qu’elle fît la paix, y compris en décourageant les banques étasuniennes, à la fin de l’année 1916, de consentir de nouveaux emprunts demandés par la Grande-Bretagne pour acheter des livraisons. Dans des communications privées, le très pro-britannique dirigeant de l’empire bancaire J.P. Morgan dénonça cette décision, et se prononça pour une attaque publique contre l’influence germano-juive dont il estimait qu’elle se trouvait derrière cette politique de paix. De même, nombre des riches intérêts juifs en Allemagne se trouvaient en général dans le camp de la paix. La principale erreur commise par Jordan fut sans doute de surestimer le pouvoir politique détenu par les intérêts financiers dominants en Europe.

La présente discussion étendue au sujet de la Grande Guerre a été lancée après que j’ai lu l’ouvrage de Hochschild au sujet du mouvement anti-guerre britannique, et j’ai décidé de la lancer parce que j’avais été très impressionné par son ouvrage précédent, le best-seller récompensé King Leopold’s Ghost, que j’avais lu en début d’année. Ce dernier ouvrage relate l’histoire saisissante du Congo belge ainsi que le traitement terrible subi par ses habitants, qui peut avoir coûté la vie à pas moins de dix millions d’Africains, Hochschild racontant également l’histoire de la croisade morale internationale menée par les Britanniques contre ces crimes, organisée à titre privé par E.D. Morel, un journaliste, ainsi que Roger Casement, un fonctionnaire. Leur victoire finale se produisit une année tout juste avant l’éclatement de la guerre, et les deux derniers chapitres écrits par Hochschild constituent un épilogue avancé, qui comprend une description des tristes destins subis par son duo de champions.

À l’époque de l’assassinat de Sarajevo, aussi bien Morel que Casement étaient de gigantesques héros internationaux, le second ayant même été adoubé chevalier pour ses exploits humanitaires. Mais les deux hommes étaient fermement opposés à la guerre, et dans l’ensemble sympathiques envers la position allemande, et leur positionnement public s’est rapidement effondré, ce qui constitue l’une des nombreuses ironies décrites par Hochschild.

L’une des pires horreurs infligées par les colons belges aux Congolais fut de trancher les mains des Africains qui ne remplissaient pas leurs quotas de travail, ou désobéissaient aux ordres, et des photographies des victimes de ces atrocités ont provoqué l’indignation sur l’ensemble du globe. Mais au mois d’août 1914, l’armée allemande envahit la Belgique, et les Belges passèrent subitement du statut de monstres à celui de martyrs, et les propagandistes britanniques en arrivèrent bientôt à affirmer à tort que les Allemands coupaient les mains des Belges qui n’obéissaient pas. De nombreuses années durant, le récit des millions d’Africains morts dans les horreurs du Congo belge avaient constitué le principal problème humanitaire au monde, mais Hochschild avance de manière convaincante que la subite augmentation de la propagande de guerre exposant les Belges au statut de victimes mondiales sans rivales explique sans doute pourquoi le premier récit tomba rapidement dans l’oubli jusqu’à finalement être ravivé un demi-siècle plus tard.

Casement était britannique et ses tentatives de libérer les Congolais lui attirèrent honneurs et acclamations de la part du public ; mais lorsqu’il s’est mis à chercher une aide allemande pour libérer son propre pays du joug britannique, il fut pendu pour trahison, et devint le premier chevalier britannique à subir ce traitement depuis des centaines d’années. Morel tomba de la même manière de son état de grâce pour ses écrits opposés à la guerre, et après qu’il eut envoyé un exemplaire de l’un de ses pamphlets à son ami pacifiste, Romain Rolland, un prix Nobel français de littérature vivant en Suisse, il fut brutalement mis sous les verrous pour une durée de six mois, ce qui lui coûta sa santé.

Pourtant, une fois la guerre terminée, les sentiments britanniques changèrent, et le Parti Travailliste en ascension se mit à considérer Morel comme un héros non-reconnu et le désigna comme candidat au Parlement. Winston Churchill, alors jeune ministre membre du Cabinet, avait joué un rôle central pour amener la Grande-Bretagne dans la guerre mondiale, et au cours d’un remarquable tournant symbolique, Morel le battit désormais pour la réélection de 1922, s’emparant de son siège à la Chambre des Communes. Morel était l’un des principaux porte-parole du parti travailliste au sujet des affaires étrangères et selon Hochschild, on s’attendait à ce qu’il fût nommé ministre des affaires étrangères dans le nouveau gouvernement travailliste de Ramsay MacDonald en 1922, mais ce dernier décida de conserver le portefeuille pour lui, peut-être par crainte de voir Morel l’éclipser politiquement. Mais le conte de fées de Morel connut une fin bien peu heureuse, car en dépit de la facilité avec laquelle il fut réélu en 1924, la pénibilité de son séjour en prison lui avait détruit la santé, et il mourut dans le courant de l’année à l’âge précoce de 51 ans.

Je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de Morel, et trouvai son histoire des plus fascinantes, mais lorsque j’ai consulté sa page Wikipédia, j’ai découvert qu’une grande partie du long article se centrait sur des aspects de l’activisme dans lequel il s’était engagé après-guerre, dont le livre ne fait pas mention, sans doute pour des raisons idéologiques. Dans ses chapitres finaux, Hochschild dénonce à raison l’hypocrisie des puissances européennes majeures, prêtes à condamner le traitement brutal des Africains sous le joug colonial belge, tout en ignorant le fait qu’elles-mêmes se comportaient bien souvent de manière similaire vis-à-vis de leurs propres colonies africaines. Mais il dut trouver troublante l’absence totale d’une telle hypocrisie chez Morel pour d’autres raisons, si bien que le dernier projet majeur de la carrière de cet homme remarquable est resté exclu de sa biographie.

Morel accusait lourdement la France et la Russie tsariste d’avoir provoqué la guerre, et condamnait régulièrement les conditions extrêmement punitives du Traité de Versailles depuis les pages du journal Britain’s Foreign Affairs, une publication influente du parti travailliste qu’il dirigeait, condamnant par exemple la mutilation de la Hongrie, qui avait perdu les deux tiers de son territoire.

Mais selon Wikipédia, son projet d’après-guerre le plus important fut le lancement de la campagne internationale « Black Shame », dénonçant les terribles atrocités commises par les soldats des colonies africaines françaises à l’encontre des civils allemands impuissants résidant dans la Rhénanie occupée, qui comprenaient viols et meurtres en grand nombre. Les entrées Wikipédia sont le plus souvent fortement nettoyées, si bien que certaines portions de cette entrée très surprenante méritent d’être citées :

Dans l’article de première page paru le 9 avril 1920 dans le Daily Herald au sujet de l’occupation française de la Rhénanie, le titre était le suivant : « Des torrents de sang à Francfort où l’armée française ouvre le feu au fusil mitrailleur contre des civils. » Le lendemain, le même journal présentait une autre page de couverture signée par Morel, dont le titre était « Fléau Noir en Europe : Horreur Sexuelle libérée par la France et Disparition sur le Rhin de Jeunes Filles Allemandes ». Dans cet article, Morel écrivait que la France « pousse ses sauvages noirs jusqu’au cœur de l’Allemagne » et que les « sauvages africains primitifs, les porteurs de syphilis, sont devenus une horreur et une terreur » pour les habitants de Rhénanie. Dans son article, Morel affirmait que les soldats sénégalais enrôlés dans l’armée française étaient « des barbares africains primitifs » qui « remplissaient leurs sacs des globes oculaires, des oreilles et des têtes de l’adversaire ». Morel déclarait dans son article :

Là-bas [en Rhénanie] ils [les soldats sénégalais] sont devenus une terreur et une horreur inimaginable dans les campagnes, qui violent les jeunes filles et les femmes — pour des raisons physiologiques bien connues, le viol d’une femme blanche par un nègre est presque toujours accompagné de graves blessures et il n’est pas rare que l’issue en soit fatale ; la syphilis se répand, des civils inoffensifs sont assassinés, la situation échappe souvent à tout contrôle ; l’incarnation barbare terrible d’une politique barbare, incarnée par un soi-disant traité de paix qui fait remonter le temps 2000 ans en arrière ».

Morel écrivait que « les sauvages noirs » ont des impulsions sexuelles non-contrôlées qui doivent être satisfaites en usant des corps des femmes blanches! ».

La phrase employée par Morel pour décrire la supposée terreur provoquée par les soldats sénégalais en Rhénanie était l’« Horreur Noire sur le Rhin« , qui est devenue célèbre à l’international, et la campagne contre la « terreur noire » monopolisa une grande partie de son temps durant les quatre dernières années de sa vie. Morel prédit que la « terreur noire » allait provoquer une nouvelle guerre mondiale, écrivant que le garçon allemand moyen avait en tête que : « Garçons, ces hommes ont violé vos mères et vos sœurs ». Morel utilisait le terme d’« horreur noire » pour attaquer la France, dont il affirmait qu’elle avait provoqué une « horreur sexuelle sur le Rhin » et dont le « règne de terreur » était un « mal géant » qui devait inspirer « la honte aux quatre coins du monde », et qu’en fin de compte devraient se produire « une révision du Traité de Versailles et la délivrance de l’Allemagne ».

L’article quelque peu sévère de Wikipédia condamne Morel pour son racisme patent, et cite un sociologue allemand qui affirme que ces mêmes sentiments avaient en réalité également gouverné son activisme au Congo Belge par le passé. Mais cette nouvelle campagne de Rhénanie fut bientôt suivie par son ascension au sein du parti travailliste britannique, et par son triomphe électoral sur Churchill, si bien que les Socialistes britanniques ainsi que les électeurs britanniques semblèrent prononcer un verdict différent. En outre, Adolf Hitler fit allusion à certaines des accusations lancées par Morel dans les pages de Mein Kampf mais de manière nettement moins glaçante, et ces passages brefs et modérés ont souvent été cités comme preuve du profond racisme du dictateur allemand.

Hochschild est un libéral racial engagé, qui a consacré le début de sa carrière à soutenir les Noirs dans le Sud des États-Unis et subissant l’Apartheid, ce qui explique facilement pourquoi il a élevé Morel à une stature héroïque pour sa campagne internationale visant à mettre fin aux atrocités européennes contre les Africains au Congo Belge. Mais cela explique tout aussi bien pourquoi il exclut toute mention de sa dernière croisade humanitaire exemplaire, cette fois-ci centrée sur des atrocités commises par des Africains contre des Européens, qui était contemporaine à des projets politiques semblables ourdis par le KKK aux États-Unis et qui peuvent même avoir joué un rôle pour inspirer Adolf Hitler.

Ron Unz

Lectures affiliées :

La Pravda Américaine: Comment Hitler a sauvé les Alliés
La Pravda Américaine : Comprendre la seconde guerre mondiale
La Pravda Américaine
Martyr de le la vérité historique. Les tribulations de David Irving
La Pravda Américaine : Les horreurs cachées de l’après-seconde guerre mondiale
La Pravda américaine. La révolution bolchévique et ses conséquences

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

  1. Le brillant ouvrage « Haine Inconditionnelle« , écrit en 1953 par le Capitaine britannique Russell Grenfell, bien qu’il traite surtout de la seconde guerre mondiale, traite l’entrée en guerre britannique dans le premier conflit mondial dans le même sens, et mérite par son style et par son fond que le lecteur s’y intéresse, NdT ↩

Von der Leyen/UE torpille le récit d’une imminente victoire ukrainienne

...par Christelle Néant.

par Robin Philpot - Le 06/12/2022.

En annonçant que l’Ukraine a perdu au moins « 100 000 » soldats, la président de l’Union européenne, Ursula Von Der Leyen a torpillé le récit officiel d’une imminente victoire de l’Ukraine, selon Christelle Néant, journaliste indépendante basée à Donetsk depuis 2014 et fondatrice du Donbass-Insider. Et les gymnastiques de l’UE visant à effacer ce chiffre n’ont pas pu camoufler la vérité.

Dans cette entrevue, Christelle Néant démontre à quel point ce récit jovialiste des médias occidentaux est loin de la réalité. Elle décortique les soi-disant « victoires » tant célébrées de Kherson et de Kharkov, décrit la situation actuelle dans le Donbass et le retour à un certain normal, malgré des bombardements ukrainiens.

Christelle Néant parle également de la vie, les écrits et les engagements de la jeune écrivaine Faina Savenkova, qui se trouve depuis quelques années sur une liste de personnes à tuer du Site ukrainien Mirotvorets.

 

 

source : Le Pied à Papineau

Les États-Unis s’apprêtent-ils à abandonner l’Ukraine ? - Le 28/11/2022.

....par Elena Stafeeva

Source : Le Courrier des Stratèges.

 

 

Pourquoi l'Ukraine n'a en réalité qu'un seul scénario pour arrêter le conflit, et à quel moment l'opération militaire spéciale de la Russie prendra-t-elle fin.

 

Cet article initialement publié en russe sur Politika-ru et Life-ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

L’Ukraine est à la croisée des chemins. Elle fait face à trois scénarios d’arrêt du conflit, et chacun d’entre eux entraîne des craintes chez ses voisins européens. Car cela suscite une nouvelle source d’inquiétude quant à la menace d’un trou noir béant dans le budget du pays et de son financement. 

Or, sur fond de scandales révélateurs de corruption au sein du Parti démocrate et de blanchiment de fonds ukrainiens sur l’échange de crypto-monnaie FTX, les républicains de la Chambre des représentants américaine ont lancé l’audit promis des dépenses qui visent à aider l’Ukraine. La députée républicaine, Marjorie Taylor Green, est l’initiatrice de cet audit américain. Son projet de loi a été soutenu par dix membres du même parti. D’ailleurs, la parlementaire continue de faire vibrer ce sujet sur les réseaux sociaux : « L’Ukraine est-elle le 51e État américain et quelle est la place de Zelensky dans le gouvernement américain ? » a-t-elle écrit récemment…

Nouvel état d’urgence chez les voisins de l’Ukraine

La bataille traditionnelle attendue aux États-Unis entre républicains et démocrates affectera la dotation des fonds alloués par l’Amérique à l’Ukraine. 

Mais nous avons déjà vu comment Kyiv réagit à cela : par des explosions en Pologne… Par conséquent, le manque de retenue du chef du gouvernement fantoche de l’Ukraine peut l’entraîner plus d’une fois à jouer à cette blague cruelle. Mais ce sont les Polonais, les Baltes ou d’autres voisins d’Europe de l’Est qui paieront. 

Lorsque Zelensky a tenté de convaincre le monde qu’il avait raison et a blâmé la Russie pour l’attaque à la roquette contre la Pologne, les Américains lui ont rétorqué : « Ce n’est pas une preuve ». Dans la nouvelle affaire qui s’engage avec l’audit, la réaction des Américains risque d’être plus dure, et peut-être même d’aller jusqu’au remplacement du chef de la Maison-Blanche. 

Le politologue américain Malek Dudakov explique que « Les républicains sont moins préoccupés par la corruption des Ukrainiens en Ukraine. Ils cherchent à enquêter sur l’agenda ukrainien afin de découvrir les faits de corruption des démocrates et de la Maison-Blanche. Et d’en faire la base d’une tentative de destitution de Biden l’année prochaine ».

L’équipe Biden tente maintenant d’approuver à la hâte une nouvelle tranche de 37,7 milliards de dollars à l’Ukraine. Cependant, nombre d’experts estiment que cette tranche (au lieu des 50 milliards promis) a été stoppée au profit d’accords tacites avec les républicains. En tout état de cause, elle sera la dernière. Lorsque les démocrates n’auront plus la majorité au Congrès en janvier, ils engageront une guerre judiciaire avec les républicains.

Un deuxième « Afghanistan »…

La récession américaine à l’approche de l’élection présidentielle américaine, malgré le consensus tacite entre le Parti démocrate et les Républicains, nécessitera une réduction significative de l’aide à l’Ukraine. Les Américains tenteront de se débarrasser de cette « cargaison » en la livrant à l’Europe. Mais l’Europe sera également incapable de financer l’Ukraine en guerre. Par conséquent, Washington et Bruxelles laisseront tout simplement le pays en ruine.

Viktor Mizin, politologue à l’Institut d’études internationales du MGIMO, observe qu’en Europe, on commence à penser à geler le conflit ukrainien, tout comme celui de la Transnistrie. Car des dirigeants plus conservateurs reviennent au pouvoir et au sein de cette « vieille garde », beaucoup respectent Vladimir Poutine et n’hésitent pas à le montrer. 

Le Vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, rappelle que « le sujet de l’argent pour l’Ukraine devient toxique aux États-Unis. Les membres du Congrès exigent des vérifications totales du trou géant où l’argent est allé massivement. Et où iront les nouvelles dizaines de milliards, demandées par l’étrange et vieux Biden, qui au Capitole était surnommé, à juste titre, le « Vice-président de l’Ukraine » ».

Nettoyage du régime ukrainien par l’armée russe

La SVO (« l’opération militaire spéciale ») sera menée jusqu’à la réalisation de ses objectifs. À savoir, le nettoyage systématique des territoires de l’ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine occupé par un « régime fantoche ». 

Dans cette perspective, les dirigeants de Kyiv devront fuir vers l’Europe de l’Ouest ou de l’Est. Jusqu’à présent, les forces armées ukrainiennes continuent de bombarder les quatre nouvelles régions de Russie et les régions frontalières de la Fédération de Russie, tandis que notre armée détruit des infrastructures essentielles qui affectent la capacité de combat des forces ukrainiennes. 

Mais alors, pourquoi ne pas procéder à des bombardements en tapis ? Pour éviter les pertes civiles. Mais tôt ou tard, le système énergétique du pays sera complètement détruit. Les réfugiés afflueront en Europe et en Russie. 

Puis une autre phase du « New World Order » (NWO) commencera, dont l’objectif principal sera la démilitarisation. Dans cette hypothèse, le NWO durera encore plusieurs années. « L’idée même d’obliger la Russie à réparer les dommages causés par les hostilités est raisonnable », a déclaré Anatoly Wasserman, député de la Douma, à propos de la tentative de l’Occident de légaliser le vol des avoirs russes à l’étranger sous le terme de « réparations ». Mais il précise : « Lorsque toutes les terres actuellement occupées par l’organisation terroriste “Ukraine” reviendront à la Russie, naturellement, nous y rétablirons une vie normale ».

Dans ce cas, les États-Unis retireront leurs forces hybrides du territoire de l’Europe de l’Est, car il n’y aura plus personne à parrainer.

 

La dernière bataille pour le monde

Source : The Saker francophone.


Par Batiushka – Le 14 novembre 2022 – Source The Saker Blog

Les bureaux du SBU à Kiev

Introduction

Lorsque, la semaine dernière, les troupes alliées ont quitté la rive droite (= occidentale, ou en l’occurrence nord) du Dniepr et donc la ville régionale de Kherson (283 000 habitants à l’origine), la confusion régnait parmi ceux qui avaient une vision à court terme de ce conflit. Ils avaient probablement écouté la propagande occidentale pendant trop longtemps. Ils avaient probablement oublié que si la Russie avait des difficultés à tenir la rive droite de Kherson, l’Ukraine aurait certainement encore plus de difficultés. Revenons à certains faits fondamentaux afin de dissiper une partie de la confusion.

 

Questions militaires

Le gouvernement de la Fédération de Russie était réticent à intervenir dans l’Ukraine post-changement de régime de 2014. Il a toujours espéré que les négociations et la diplomatie viendraient à bout de l’agressivité et de la stupidité de l’Occident.

Le gouvernement de la Fédération de Russie savait que les États-Unis, par l’intermédiaire de leurs vassaux de l’OTAN, approvisionnaient l’Ukraine en armes et entraînaient ses troupes depuis huit ans, de 2014 à 2022.

Le gouvernement de la Fédération de Russie disposait donc de huit ans pour planifier ce conflit, en prévoyant différents scénarios et en préparant également des mouvements de sondage et de distraction, comme celui vers Kiev en mars dernier. L’un des scénarios prévoyait que les États-Unis continueraient d’intervenir aux côtés de leur marionnette Kiev et de l’armer jusqu’aux dents, en utilisant également les pays de l’OTAN, des officiers et un grand nombre de mercenaires pour prolonger le conflit, afin qu’il se transforme en une guerre des États-Unis contre la Russie. C’est exactement ce qui s’est passé. La Russie a vaincu l’Ukraine en mars, mais depuis lors, elle a dû vaincre les États-Unis et ses alliés de l’OTAN, en les démilitarisant tout comme elle a démilitarisé l’Ukraine au cours du premier mois du conflit. C’est pourquoi il n’y aura pas de fin rapide à ce que le conflit est devenu : une guerre de libération contre l’Occident combiné.

Une Ukraine « OTANienne » avec des terres appartenant à Cargill-Monsanto-Blackstone-BlackRock, des laboratoires biologiques anti-slaves, des armes nucléaires potentielles, des missiles américains à la frontière de la Fédération, un génocide dans l’Est et le Sud de la Russie, le globalisme occidental et son expérience Covid échappée avec des armes biologiques l’aidant à détruire la Russie et à mettre en place sa dictature mondiale, sont devenus de plus en plus odieux. Tout cela a rendu la libération de la Russie de plus en plus probable. Mais la libération n’est possible que pour ceux qui le veulent. Et qui était disposé à le faire ?

Le gouvernement de la Fédération de Russie a toujours su qu’à l’extrême ouest de l’Ukraine, anciennement la Pologne, il y avait de la haine pour la Russie et qu’il n’avait donc aucun intérêt à la prendre. Le gouvernement de la Fédération de Russie et ses alliés devaient d’abord libérer ses alliés du Donbass, puis démilitariser et dénazifier le reste de l’Ukraine « anti-russe », qui menaçait sa survie.

Aujourd’hui, l’Ukraine accuse un déficit budgétaire pouvant atteindre 5 milliards de dollars par mois, les dépenses militaires du pays ayant été multipliées par cinq pour atteindre 17 milliards de dollars pour les sept premiers mois de 2022.

Le ministère ukrainien de l’économie a admis le mois dernier que le PIB réel du pays avait chuté de pas moins de 40 % au deuxième trimestre de 2022. La baisse annuelle de la production économique de l’Ukraine devrait atteindre 35 %, selon la Banque mondiale. Les responsables ukrainiens prévoient que l’inflation pourrait atteindre 40 % au début de 2023, voire se transformer en hyperinflation. Tout ce que Kiev peut faire est d’exhorter ses bailleurs de fonds occidentaux à verser encore plus d’argent dans son trou noir.

Selon l’institut allemand Kiel pour l’économie mondiale, les États-Unis, l’UE et d’autres pays ont promis un total de 93,62 milliards de dollars à l’Ukraine entre janvier et octobre 2022.

En plus d’envoyer des armes et de l’argent à Kiev, l’UE accueille également des « réfugiés » ukrainiens. Selon les données de l’ONU, la Pologne a accueilli 1 365 810 personnes, l’Allemagne 1 003 029, les Pays tchèques 427 696, l’Italie 159 968, la Turquie 145 000, l’Espagne 140 391, le Royaume-Uni 122 900 et les États-Unis 100 000. Soit près de 3,5 millions de personnes en tout. L’éventualité d’un plus grand nombre de réfugiés, authentiques cette fois, fait frémir l’UE et le Royaume-Uni, déjà très affaiblis.

Le coût de l’hébergement des Ukrainiens en Europe est considérable, compte tenu notamment de l’inflation élevée et du ralentissement économique, tous deux provoqués par le boycott de l’énergie et des ressources naturelles russes par les politiciens occidentaux. Selon l’institut allemand Kiel, pour certaines nations, le coût de l’hébergement des réfugiés ukrainiens a dépassé l’aide globale qu’elles apportent à l’Ukraine. Par exemple, l’Estonie consacre plus de 1,2 % de son PIB à l’aide à Kiev et aux réfugiés ukrainiens. L’aide cumulée de la Lettonie et de la Pologne dépasse également 1 % de leur PIB.

En outre, le soutien populaire aux « réfugiés » ukrainiens a diminué dans toute l’UE. Les drapeaux ukrainiens ont été retirés presque partout : l’effet de nouveauté a disparu. De nombreux Occidentaux trompés, désormais appauvris, ont compris que la plupart des « réfugiés » ne sont pas du tout des réfugiés, mais des profiteurs. Pour la plupart, les « réfugiés » sont les Ukrainiens les mieux lotis. Ils ont des voitures allemandes de luxe, meilleures que celles de leurs hôtes, des attentes extrêmement élevées et un incroyable sens du droit. Ils poussent et bousculent et ne disent même pas merci. Tout leur est dû. En raison d’attitudes cupides et carrément paresseuses, nombre d’entre eux se retrouvent aujourd’hui dans les rues des villes européennes, après avoir été expulsés par leurs sponsors naïfs, et il n’y a personne pour les reloger.

Kiev est à court de ressources et d’argent. Elle ne peut pas obtenir les avoirs russes gelés, car la Russie a gelé un montant presque équivalent d’avoirs occidentaux.

L’aide de l’Occident ne peut pas durer éternellement. La manœuvre des forces armées de la Fédération de Russie pour prendre des positions avantageuses le long du Dniepr fait basculer l’opération spéciale vers l’épuisement de l’Ukraine. Après un mois d’octobre d’une douceur record, la chaleur s’est poursuivie en novembre en Europe. Mais elle ne durera pas.

Conclusion : L’hiver sera difficile pour l’Ukraine et pour l’Occident combiné, qui est saigné à blanc par l’attrition de l’Ukraine. Les Alliés ne sont pas pressés – contrairement à l’Occident collectif. Il semble maintenant que la stratégie des Alliés pourrait consister à pousser vers l’ouest jusqu’à la frontière naturelle du Dniepr, en occupant toutes les provinces à l’est de celui-ci, même si cela signifie abandonner Kherson pendant un certain temps. Les Alliés disposeront ainsi d’un front relativement court et bien protégé. Ce n’est qu’alors que les Alliés envisageront de traverser le fleuve au sud et de prendre Nikolaev et Odessa ; ce qui est tout à fait probable à plus long terme. Ce n’est qu’à ce moment-là, après avoir fait la jonction avec la Transnistrie, qu’ils envisageront de reprendre la Moldavie qui ne fait pas partie de l’OTAN. Et ce n’est qu’après avoir écrasé l’OTAN en Ukraine qu’ils envisageront de reprendre les trois États baltes, qui ont si cruellement persécuté leurs minorités russes.

Questions politiques, économiques et idéologiques

Depuis 30 ans, la Fédération de Russie se demande ce qu’il faut faire après l’effondrement de l’URSS, les injustices qui en ont résulté et les frontières absurdes des quinze républiques qui en sont issues. De très nombreux Russes se sont retrouvés hors de la Fédération de Russie et ont fait l’objet de persécutions. Depuis 2000, le président Poutine s’est fait des alliés et des amis en dehors de la Fédération, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Ces dernières années, un axe Russie-Chine-Iran a pris forme. Dans le même temps, la Fédération de Russie a cultivé l’autosuffisance, un processus accéléré par les sanctions occidentales illégales imposées à Moscou lorsque la Crimée a rejoint la mère patrie.

L’empire américain est apoplectique à propos de tout cela, car la Russie est désormais le principal obstacle au pouvoir mondial totalitaire des États-Unis, à leur dictature mondiale, ce que veulent leurs néoconservateurs. La Russie est le leader idéologique des BRICS+ et de l’axe Russie-Chine-Iran qui ont pris forme. Cependant, il semble maintenant que, même pour échouer dans ses objectifs, l’élite américaine devra dépenser 2 300 milliards de livres sterling supplémentaires pour l’Ukraine, soit autant qu’elle a dépensé pour tenter de conquérir l’Afghanistan. Et nous savons tous comment cela s’est terminé. Quant au caniche américain, l’Establishment britannique, après avoir perdu son Empire, il est en train de perdre son propre royaume désuni et en faillite. Et l’UE ? Elle est dans les affres de la mort.

Comme symbole de la victoire de l’idéologie russe, nous citons un article publié sur son canal Telegram par le journaliste Ruslan Ostashko et noté par pravda.ru. Il déclare que « des Américains du Texas, de Détroit, du Minnesota et d’autres États sont venus se battre aux côtés des Russes contre le globalisme et le nazisme. Les Américains déclarent que : La Russie est le dernier endroit sur terre qui lutte contre le globalisme, le libéralisme et pour un nouvel ordre mondial, que l’Amérique est en train de détruire »« Les gars, c’est la dernière bataille pour le monde ».

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et a vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Gérer le récit du déni de l’Ukraine

par Alastair Crooke - 20/12/2022.

Regardez autour de vous : Les plaques tectoniques de la géopolitique et de la géofinance sont en train de se déplacer – s’éloignant radicalement d’un Occident de plus en plus chancelant.

L’inflexion a commencé. Elle a été annoncée par le Financial Times (FT) et The Economist – les deux médias qui transmettent si fidèlement tout « récit de remplacement » aux sherpas mondialistes (ceux qui portent les bagages en haut de la montagne, au nom des nababs montés).

The Economist commence par des entretiens avec Zelensky, le général Zaluzhny et le commandant militaire ukrainien sur le terrain, le général Syrsky. Tous trois sont interviewés – interviewés dans The Economist, pas moins. Une telle chose ne se produit pas par hasard. Il s’agit d’un message destiné à transmettre le nouveau récit de la classe dirigeante au « milliard d’or » (qui le lira et l’absorbera).

En surface, il est possible de lire l’article de The Economist comme un plaidoyer pour plus d’argent et beaucoup plus d’armes. Mais le message sous-jacent est clair : « Quiconque sous-estime la Russie court à sa perte ». La mobilisation des forces russes a été un succès ; il n’y a aucun problème de moral pour les Russes ; et la Russie prépare une énorme offensive d’hiver qui commencera bientôt. La Russie dispose d’énormes forces de réserve (jusqu’à 1,2 million d’hommes), tandis que l’Ukraine compte désormais 200 000 hommes formés militairement pour le conflit. En d’autres termes, « l’écriture est sur le mur ». L’Ukraine ne peut pas gagner.

Elle dispose d’une énorme liste d’achats d’armes recherchées. Mais cette liste n’est qu’un vœu pieux ; l’Occident ne les a tout simplement pas en stock. Point final.

Le « Big Read » du FT, en revanche, est un défoulement de la colère occidentale contre les technocrates siloviki « réformistes » russes qui, au lieu de rompre avec Poutine au sujet de l’opération militaire spéciale, ont honteusement permis à l’économie russe de survivre aux sanctions occidentales. Le message prononcé – à travers les dents serrées – est que l’économie russe a survécu avec succès aux sanctions occidentales.

Le colonel Douglas Macgregor, stratège militaire américain de premier plan, développe ici le message : Même la fourniture de sept ou huit missiles Patriot n’est « pas une escalade ». Elle aura au mieux un « impact marginal » sur le champ de bataille en Ukraine ; ce n’est que de la poudre aux yeux. Scott Ritter, en discussion avec le juge Neapolitano, pense que les interviews de The Economist révèlent que l’Occident écarte Zelensky – alors que Zaluzhny administre sa grande dose de réalité (qui sera choquante pour de nombreux fidèles du sherpa). L’interview de The Economist mettait donc clairement l’accent sur le général Zaluzhny, Zelensky n’étant pas mis en avant – ce qui, selon Ritter, indique que Washington souhaite « changer de camp ». Un autre « message » ?

Pour être clair, le général Zaluzhny a déclaré un jour qu’il se considérait comme un disciple du général russe Gerasimov, le chef d’état-major général. Zaluzhny serait familier avec les écrits de ce dernier. En bref, Zaluzhny est connu à Moscou comme un soldat professionnel (bien qu’il soit acquis à la cause nationaliste ukrainienne).

Alors, l’Occident prépare-t-il son récit pour se couper de ce conflit ingagnable – l’Ukraine – et passer à autre chose ?

Est-ce faisable ? L’Occident n’est-il pas trop profondément investi narrativement dans le scénario « saigner la Russie » ; Poutine ne doit pas être autorisé à gagner ; pour que cela se produise ? Non, cela peut se produire. Regardez ce qui s’est passé en Afghanistan : Un énorme et profitable gâchis a été liquidé en quelques jours. Et un peu plus d’un an plus tard, lors de son anniversaire, la débâcle de Kaboul est à peine mentionnée dans la presse occidentale.

Les titres des médias sont passés sans transition de l’Afghanistan à l’Ukraine, avec à peine un regard en arrière. Et déjà, une « chèvre attachée » de diversion est en train d’être préparée pour attirer l’attention des médias occidentaux, alors que le thème de l’Ukraine est discrètement mis de côté, et que « l’agression » de la Serbie contre le Kosovo devient la nouvelle « agression ».

La Serbie peut apparaître à la classe dirigeante occidentale comme un « fruit mûr » avec lequel l’OTAN pourrait redorer son image ternie (post-Afghanistan et Ukraine). En d’autres termes, la Serbie est menacée quotidiennement par les responsables européens et américains : Se joindre à l’Europe pour sanctionner la Russie ; reconnaître officiellement l’indépendance du Kosovo ; abandonner les Serbes qui vivent au Kosovo depuis des siècles ; rejoindre l’UE et l’OTAN – en tant que membre d’un bloc anti-russe ; et « non », tous ces accords juridiques passés n’ont aucune importance et seront ignorés.

L’essentiel ? La nette majorité des Serbes est favorable à la Russie. Il est douteux qu’un gouvernement à Belgrade puisse survivre en se conformant à de tels ultimatums – pourtant la Serbie est dans une situation vulnérable. C’est une île entourée d’États de l’OTAN et de l’UE. Le gouvernement de Belgrade propose d’envoyer 1000 policiers serbes au Kosovo pour protéger les droits de la population serbe locale, mais l’OTAN pourrait vouloir s’en servir comme prétexte pour montrer sa puissance militaire.

La principale question est la suivante : L’Ukraine trouvera-t-elle son « atterrissage en douceur » ? Le « collectif Biden » préférerait sans doute cela. Un « atterrissage en douceur » semble toutefois improbable. Le Grand Duc d’York n’a pas fait monter 10 000 hommes au sommet de la colline pour les faire redescendre ensuite (comme le dit la vieille chanson). Et Poutine n’a pas mobilisé 380 000 hommes (y compris des volontaires) pour ensuite les faire redescendre. La rupture avec l’UE et les États-Unis est profonde. La déclaration du chancelier Scholtz selon laquelle, lorsque la Russie se sera retirée de l’Ukraine, l’Allemagne daignera peut-être reprendre son gaz et son pétrole, est un pur délire. Dire qu’il n’y a pas de confiance est un euphémisme. Cela dit, Moscou voudra gérer les choses de manière à ne pas déclencher un conflit direct entre l’OTAN et la Russie.

Mais … l’Occident, qui a été si profondément dans le déni de l’incroyable transformation économique et militaire qui s’est produite en Russie depuis 1998, et dans le déni si véhément des capacités de l’armée russe, peut-il simplement glisser sans effort vers un autre récit ? Oui, facilement. Les néoconservateurs ne regardent jamais en arrière, ils ne s’excusent jamais. Ils passent au projet suivant…

Des efforts considérables ont été déployés pour construire le récit de la « Russie en tant que tigre de papier », même si cela a amené les services de renseignement à dire des choses manifestement absurdes et fausses sur les performances de la Russie en Ukraine. Le professeur Mike Vlahos et le colonel Macgregor, dans leur débat en trois parties sur l’Ukraine et le rôle de l’armée américaine dans ce conflit, reviennent sans cesse sur le thème de la qualité sans précédent du « déni et de la tromperie » qui a caractérisé ce conflit. Pourquoi les services de renseignement professionnels de l’Occident ont-ils menti – et de façon si puérile ?

Les deux stratèges s’étonnent que certains de leurs collègues professionnels semblent avoir cru au « récit du déni » (c’est-à-dire que la Russie d’aujourd’hui n’est pas différente de l’Union soviétique et qu’il suffirait d’une seule bouffée d’air pour que la maison russe s’effondre à nouveau), malgré l’accumulation de preuves contradictoires dont disposaient ces collègues.

Il y a clairement eu une qualité extatique à ce dernier récit : La Seconde Guerre mondiale et l’implosion soviétique (dans le récit occidental) ont déclenché une victoire culturelle tectonique complète. Cela représentait une réaffirmation sans faille de la culture et de la puissance financière américaines, et donnait du crédit à la « fin de l’histoire », de sorte que le modèle américain allait inévitablement subsumer le monde.

Alors, est-ce bien cela ? L’effondrement d’une Russie ressuscitée a-t-il été simplement vu dans cette veine ? Une victoire facile, entraînant dans son sillage un nouveau triomphe extatique ? Cela allait-il tellement de soi pour ces « vrais croyants » qu’ils n’ont même pas pris la peine de faire preuve de diligence raisonnable ?

Pourquoi ce « récit du déni » est-il devenu si convaincant pour tant d’Européens et d’Américains ? Pourquoi tant de gens ont-ils cru les fabrications évidentes des relations publiques ukrainiennes ? Vlahos et Macgregor ont trouvé que cela était à la fois déroutant et une faille inquiétante dans la prise de décision occidentale rationnelle. Et qui a largement contribué au dysfonctionnement croissant de l’armée américaine.

Les deux intervenants se sont fortement concentrés sur l’aspect relations publiques (à un moment donné, l’Ukraine avait pas moins de 150 institutions de relations publiques travaillant pour son compte). Mais nous sommes aujourd’hui dans une situation différente.

Les relations publiques et le ministère de la Vérité d’Orwell sont dépassés. Finis. Terminés.

« L’unité mentale des foules »

« Je ne suis pas un conseiller médiatique », dit Nevo Cohen, le conseiller auquel le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, Ben-Gvir, attribue la victoire de l’extrême droite aux récentes élections israéliennes ; « Je suis un conseiller stratégique… Autrefois, il était possible de gagner des campagnes en tant que responsable des relations publiques. Aujourd’hui, ce n’est plus suffisant… Les médias sont un outil important dans la boîte à outils du directeur de campagne, mais je m’occupe de la conscience de masse, et c’est un arsenal d’outils complètement différent. Vous pouvez facilement remarquer une campagne électorale menée par quelqu’un issu du monde de la publicité ».

Vlahos et Macgregor ont analysé le divorce inexplicable entre deux réalités de guerre qui ne se sont tout simplement pas touchées à aucun moment. Cependant, le professeur de psychologie clinique à l’université de Gand, Mattias Desmet, a abordé la question de la disparité d’un point de vue psychologique.

Un beau matin de novembre 2017, le professeur Desmet, hébergé dans le gîte d’un ami dans les Ardennes, est saisi d’une intuition soudaine : « […] j’ai été saisi par la conscience palpable et aiguë d’un nouveau totalitarisme qui a laissé sa trace et fait se raidir le tissu de la société ». Ses observations, après trois années de recherche, l’ont amené à écrire son livre « Psychologie du totalitarisme ».

Nombreux sont ceux qui ont écrit sur le sujet du totalitarisme – de Hannah Arendt à Gustav Le Bon (entre autres) – mais l’approche de Desmet différait en ce sens qu’il voulait expliquer le contexte psychologique du déni massif de réalités évidentes (par des scientifiques et des experts, autant que par n’importe qui).

Il a identifié certains « mécanismes psychologiques primitifs » qui devaient être présents pour qu’un récit distribué se transforme en une « formation de masse » insidieuse qui détruit la conscience éthique de soi d’un individu et le prive de sa capacité à penser de manière critique.

La condition première est qu’il y ait un segment de la population qui n’a pas de liens communautaires ou de sens dans sa vie, et qui est en outre affligé par « l’anxiété et le mécontentement flottant librement », qui tend vers l’agressivité (c’est-à-dire par des sentiments généralisés que « le système » et l’économie sont « truqués » injustement, contre eux).

Essentiellement, les mouvements de masse attirent les gens parce qu’ils semblent offrir de l’espoir à des êtres désespérés et dysfonctionnels.

Dans cet état mental, un récit peut être « dissous », suggérant une cause particulière à l’anxiété flottante – et un moyen d’y faire face (par exemple : « La Russie menace notre avantage mondial, notre identité et nos valeurs, et si elle est détruite, l’ancien système et les valeurs se redresseront d’eux-mêmes »).

Le récit explicatif donne un sentiment immédiat de connexion et d’engagement dans un « projet héroïque » ; le sens est ainsi restauré, même si ce sens est absurde, par rapport à la réalité. Le sentiment de connectivité s’apparente à ce qui se passe dans la psychologie des foules. Dans l’âme des foules, croyait Gustave Le Bon, « la personnalité consciente disparaît » ; l’individualité s’efface et est absorbée par « l’unité mentale des foules » – ressemblant finalement à une « réunion d’imbéciles » capables des « actes les plus sanguinaires ».

Mais ce qui est peut-être le plus inquiétant, c’est qu’Eric Hoffer a découvert un autre type d’individu qui est attiré par les mouvements de masse – en fait, dont la participation est souvent nécessaire pour que ces mouvements prospèrent. « Ce qu’Eric Hoffer a découvert, et qui a souvent été négligé par de nombreux sociologues et certainement par le grand public, c’est que les mouvements de masse attirent ce que nous appelons aujourd’hui la personnalité psychopathe – en fait, des prédateurs : des individus qui se complaisent à causer de grands dommages, qui sont peut-être même sadiques, et qui ne sont pourtant pas dérangés le moins du monde par ce qu’ils font ».

Les mouvements de masse qui considèrent la guerre comme une partie de leur solution attirent, et ont même besoin, de psychopathes. Paradoxalement, la volonté de désirer la destruction (disons, de tous les Russes), obtient plus de respect de la part des autres vrais croyants et est liée à un autre élément paradoxal : Ce qui lie les mouvements de formation de masse, c’est la nécessité de faire des sacrifices (c’est-à-dire, dans le mouvement pour le changement climatique, le sacrifice de l’industrialisation, des voyages, des modes de vie, des combustibles fossiles – et du bien-être économique).

« Le programme de la peur, désormais un élément accepté de l’arsenal de la politique démocratique »

Gustav Le Bon a noté comment de telles formations de masse étaient exploitées par les autorités, utilisant la peur pour imposer la conformité. Et cette semaine, Janet Daley, écrivant dans le Telegraph, avertit :

« La leçon essentielle qui a été absorbée de manière indélébile par les gens au pouvoir, et ceux qui les conseillent, est que la peur fonctionne. Il s’avère qu’il n’y a presque rien qu’une population ne soit prête à sacrifier si elle est systématiquement et implacablement effrayée.

« Le phénomène Covid a fourni un entraînement inestimable aux techniques de contrôle de l’esprit public : la formule a été affinée – avec l’aide d’une publicité sophistiquée et de conseils pour former l’opinion – en un mélange étonnamment réussi d’anxiété de masse (votre vie est en danger) et de coercition morale (vous mettez la vie des autres en danger).

« Mais ce n’est pas seulement la répétition sans fin de ce message qui a permis d’obtenir une conformité quasi universelle et tout à fait inattendue. C’est la suppression totale de la dissidence, même lorsqu’elle provient de sources expertes, et l’interdiction d’argumenter, même lorsqu’elle est accompagnée de contre-preuves, qui ont vraiment fait l’affaire.

« Si les lois du pays ne vous permettent pas d’éradiquer toutes ces opinions déviantes, vous pouvez simplement orchestrer une avalanche d’opprobre et de discrédit sur ceux qui les expriment afin de saper leur réputation professionnelle. Mais c’est là une bataille d’hier. Le Covid – en tant qu’événement historique – est terminé. Parlons maintenant de la manière dont le programme de la peur, qui fait désormais partie intégrante de l’arsenal de la politique démocratique, est susceptible de fonctionner dans le présent et l’avenir. Il se trouve qu’il existe ce qui ressemble à un modèle remarquablement similaire d’anxiété et de chantage moral appliqué à la question du changement climatique. Remarque : ces observations n’ont aucune incidence sur l’existence ou non d’une véritable « crise climatique ». Ce que je veux examiner [plutôt], c’est la manière dont les politiques formulées pour y faire face sont conçues… »

Nous pouvons reconnaître clairement ces outils précisément déployés par l’Occident dans le cas de l’Ukraine également.

Ces « outils de conscience de masse » donneront-ils au « milliard d’or » leur victoire psychopathique sur l’humanité ?

Regardez autour de vous : les plaques tectoniques de la géopolitique et de la géofinance sont en train de se déplacer – s’éloignant radicalement d’un Occident de plus en plus chancelant. Il s’agit de forces structurelles (forces mécaniques de la dynamique physique) sur lesquelles les outils de la conscience de masse n’ont finalement qu’une influence limitée. Moscou comprend bien ces changements qui sont en cours – et sait comment les amplifier.

Alastair Crooke

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Ukraine. Y a-t-il réellement un changement dans la narrative ?

Source : The Saker francophone.

 


Par Moon of Alabama – Le 19 décembre 2022

Dans son dernier article, Alastair Crooke discute du changement de narrative qui s’est produit suite aux récentes interviews de dirigeants militaires ukrainiens dans The Economist :

 

The Economist commence par des entretiens avec Zelensky, le général Zaluzhny et un commandant militaire ukrainien de terrain, le général Syrsky. Tous trois sont interviewés – interviewés par The Economist, pas moins que cela. Une telle chose ne se produit pas par hasard. Il s’agit d’un message destiné à transmettre le nouveau récit de la classe dirigeante au « milliard doré » (qui le lira et l’absorbera).

En surface, il est possible de lire l’article de The Economist comme un plaidoyer pour plus d’argent et beaucoup plus d’armes. Mais le message sous-jacent est clair : « Quiconque sous-estime la Russie court à sa perte» .

La mobilisation des forces russes a été un succès ; il n’y a aucun problème de moral pour les Russes ; et la Russie prépare une énorme offensive d’hiver qui commencera bientôt. La Russie dispose d’énormes forces de réserve (jusqu’à 1,2 million d’hommes), tandis que l’Ukraine ne compte désormais que 200 000 hommes formés militairement pour le conflit. En d’autres termes, « c’est écrit d’avance« . L’Ukraine ne peut pas gagner.

Scott Ritter, en discussion avec le juge Neapolitano, pense que les interviews de The Economist révèlent que l’Occident est en train d’écarter Zelensky – alors que Zaluzhny administre sa grande dose de réalité (qui sera choquante pour de nombreux loyalistes du sherpa). L’interview de The Economist mettait donc clairement l’accent sur le général Zaluzhny, Zelensky n’étant pas mis en avant – ce qui, selon Ritter, indique que Washington souhaite « changer de camp» . Un autre « message » ?

Pour être clair, le général Zaluzhny a déclaré un jour qu’il se considérait comme un disciple du général russe Gerasimov, le chef d’état-major général. Zaluzhny serait familier avec les écrits de ce dernier. En bref, Zaluzhny est connu à Moscou comme un soldat professionnel (bien que dévoué à la cause nationaliste ukrainienne).

Alors, l’Occident prépare-t-il son récit pour se séparer de ce conflit ingagnable et passer à autre chose ?

Cela pourrait en effet être une possibilité. Les États-Unis et l’OTAN pourraient-ils simplement se retirer cahin-caha de la situation et laisser à Zaluzhny le soin de négocier sa défaite avec la Russie ?

Mais Biden, le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, et le chancelier allemand, Scholz, n’ont-ils pas déclaré que la Russie « ne peut pas être autorisée à gagner » ? Bien sûr qu’ils l’ont dit.

Mais Crooke attire l’attention sur l’Afghanistan et sur la rapidité avec laquelle la retraite chaotique de Kaboul a disparu des médias et est désormais largement oubliée. Les Talibans étaient un autre ennemi que l’on ne pouvait pas laisser gagner. Ils ont pourtant gagné. Et personne ne s’en soucie plus.

J’espère sincèrement que le scénario, tel que l’expose Crooke, se réalisera bientôt en Ukraine. Mais hélas, je suis réaliste. La Russie n’arrêtera pas la guerre sans atteindre ses objectifs. Zaluzhny ne sera pas autorisé à négocier la paix.

K. Bhadrakumar note que toute négociation de paix dépend de l’accord de Biden :

L’indication la plus claire que les États-Unis sont loin d’être pressés de négocier vient de nul autre que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, dont la visite à Kiev le mois dernier (juste avant les élections de mi-mandat aux États-Unis) avait déclenché une avalanche de spéculations selon lesquelles Washington faisait pression sur le président Zelensky pour négocier.

Les remarques de Sullivan lors d’une apparition au Carnegie le week-end dernier ont clairement montré que les États-Unis sont en Ukraine pour le long terme. Il a déclaré :

« Nous ne savons pas quand cela va se terminer. Ce que nous savons, c’est qu’il est de notre devoir de continuer notre soutien militaire à l’Ukraine afin qu’elle soit dans la meilleure position possible sur le champ de bataille, et que si et quand la diplomatie sera prête, elle sera dans la meilleure position possible à la table des négociations.

Ce moment n’est pas encore venu, et c’est pourquoi nous nous sommes adressés au Congrès et avons demandé un montant substantiel de ressources supplémentaires pour pouvoir continuer à garantir que l’Ukraine a les moyens de combattre cette guerre. Nous sommes convaincus que nous obtiendrons un soutien bipartite à cet égard…

Je ne vais pas préjuger de l’avenir, je vais seulement assurer que dans le présent, nous faisons tout ce que nous pouvons pour maximiser les chances de l’Ukraine de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale… oui, cela risque de durer un certain temps… »

En gros, les États-Unis prétendent avoir encore une main gagnante en Ukraine.

Les interviews de The Economist ont été publiées le 15 décembre. La conférence de Sullivan à Carnegie a eu lieu le lendemain. S’il y avait eu un changement d’avis à la Maison Blanche, cela aurait été indiqué dans cette interview.

Je pense également que Zaluzhny n’est pas le genre de dirigeant susceptible d’organiser ou de se laisser entraîner dans un coup d’État. En fait, il se pourrait bien que les rumeurs en provenance de Kiev soient vraies et que Zelensky et son équipe travaillent à le pousser vers la sortie. Il serait remplacé par l’autre général ukrainien que The Economist a interviewé :

À plusieurs reprises, [le général Syrsky] était en fait plus ancien dans la chaîne de commandement que Valery Zaluzhny, nommé commandant en chef de l’ensemble des forces armées en juillet 2021. Certains acteurs politiques pourraient, en coulisse, utiliser ce fait dans une tentative apparente de fomenter des tensions entre les deux. Des rumeurs persistent même sur le fait que l’administration présidentielle pourrait être encline à remplacer le général Zaluzhny, populaire mais indépendant d’esprit, par son ancien patron. Les responsables militaires occidentaux de haut rang s’inquiètent de cette désunion. De leur côté, les deux généraux affirment qu’ils se font pleinement confiance et souhaitent rester en dehors de la politique. Le général Syrsky n’est pas à l’aise avec cette conversation. « L’armée est en dehors de la politique« , dit-il. « Elle est comme elle doit être, et comme la loi l’exige« .

Ni Zaluzhny ni Syrsky ne sont des hommes pour un coup d’état. Si Zelenski doit partir, un autre politicien, probablement plus radical, est susceptible de prendre la tête du mouvement.

Comme le conclut Bhadrakumar :

Par conséquent, dans les circonstances actuelles, l’option de la Russie se réduit à infliger une défaite écrasante à l’Ukraine dans les mois à venir et à installer à Kiev un gouvernement qui ne soit pas sous le contrôle de Washington. Mais cela nécessite un changement fondamental de la stratégie militaire russe, qui tiendrait compte de la possibilité réelle d’une confrontation avec les États-Unis et l’OTAN à un moment donné.

Même s’ils se font encore des illusions sur les chances de succès de l’Ukraine, ni l’OTAN ni la Maison Blanche n’ont montré d’appétit pour une guerre contre la Russie. Ils ont probablement fini par comprendre la véritable signification de la demande du général Zaluzhny :

Je sais que je peux battre cet ennemi. Mais j’ai besoin de ressources. J’ai besoin de 300 chars, 600-700 IFV, 500 Howitzers. Ensuite, je pense qu’il est tout à fait réaliste de les avoir pour la deadline du 23 février.

Au début de la guerre, l’Ukraine avait, du moins sur le papier, une armée bien équipée :

L’Ukraine a beaucoup de chars et se classe au 13e rang mondial avec 2 430 chars. En termes de véhicules blindés, Kiev est également bien placé, occupant la septième place mondiale avec 11 435 véhicules. La puissance d’artillerie de Kiev est également formidable, avec 2 040 batteries.

Le fait que le général Zaluzhny ait demandé tous ces nouveaux équipements est un aveu que la plupart, sinon la totalité, des anciens équipements ont disparu. Inclus les armes qui ont été reçues depuis le début de la guerre. Si les 20 % de l’armée russe qui ont été utilisés en Ukraine ont pu causer autant de dégâts matériels en si peu de temps, combien de temps survivrait une armée de l’OTAN dans une guerre contre la Russie ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 

Comment l’Occident réagira-t-il si l’Ukraine est vaincue ?

Source : Le Courrier des Stratèges ...par Uruz le 20/12/2022.

Compte tenu de la « contre-offensive remarquablement efficace de l'Ukraine contre les forces russes » à l'automne 2022, les responsables occidentaux et leurs alliés dans les médias se concentrent de plus en plus sur la réponse probable de la Russie à la « victoire globale de l'Ukraine » dans la guerre. Mais beaucoup moins de discussions portent sur la façon dont les États-Unis et leurs partenaires européens réagiraient si le destin militaire changeait et si le « protégé » de l'OTAN faisait face à une défaite définitive. Une telle discussion est cependant nécessaire pour éviter de graves erreurs politiques.

Cet article publié en russe par le site 3mv.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

Les experts occidentaux en politique étrangère ne sont pas d’accord entre eux sur ce que serait la réaction probable du Kremlin si son aventure militaire en Ukraine échouait. 

Le scénario envisagé par les occidentaux reste la victoire de l’Ukraine sur la Russie, mais pas l’inverse

Les « réalistes » craignent que le président russe Vladimir Poutine n’intensifie considérablement les efforts de la Russie. Une telle inquiétude est justifiée. En effet, l’escalade est déjà en cours, avec une mobilisation nationale partielle ordonnée par Poutine en septembre 2022 ainsi qu’une augmentation des frappes de missiles contre le réseau électrique ukrainien et d’autres infrastructures. 

Certains analystes inquiets avertissent que si la Russie est finalement vaincue en Ukraine, un Poutine « acculé » pourrait même utiliser des armes nucléaires « tactiques » afin d’éviter un fiasco humiliant. Même le président Biden a pris en considération l’existence de ce danger.

Cependant, les plus « bellicistes » insistent sur le fait que Poutine bluffe. Et ils ne célèbrent la contre-offensive de Kyiv que comme le prélude à un glorieux triomphe. Leur hypothèse implicite est que l’influence militaire de l’OTAN empêchera le Kremlin de faire monter les enchères.  Ils semblent croire que l’ours russe s’éloignera en rampant avec sa courte queue entre ses jambes, acceptant un règlement diplomatique qui rendra tout le territoire ukrainien occupé (y compris la Crimée) au contrôle de Kyiv. Ce sont des faucons, à l’image d’Applebaum qui avait insisté, dès le départ, sur le fait que le seul résultat acceptable était ce scénario. En soi, cet optimisme de l’establishment de la politique étrangère occidentale qui repose sur les conséquences probables d’une défaite russe en Ukraine, est inquiétant. L’excès d’optimisme de Kyiv quant à ces perspectives l’est tout autant. 

La réalité est que si Poutine a clairement sous-estimé la résilience des forces ukrainiennes (ainsi que la portée et l’efficacité de l’assistance militaire de l’OTAN à Kyiv), la Russie atteint encore lentement ses objectifs territoriaux en détruisant les infrastructures ukrainiennes.

L’ampleur des pertes militaires est l’un des principaux indicateurs qui devrait susciter une extrême inquiétude chez l’Ukraine et ses patrons occidentaux. Le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées, estimait début novembre 2022 que les troupes russes avaient perdu plus de 100.000 tués et blessés depuis le début de la guerre. Les médias américains avaient souligné le chiffre dans les gros titres sur le rapport de Milley. 

Ce qui a reçu beaucoup moins d’attention, c’est l’information selon laquelle les forces ukrainiennes auraient également subi plus de 100.000 pertes. Or, cela aurait dû être traité avec attention, car l’armée russe est beaucoup plus importante que l’armée Ukrainienne et la population totale de la Russie est plus de 3 fois supérieure à celle de l’Ukraine. En d’autres termes, la Russie peut faire face à des pertes aussi terribles plus facilement et plus longtemps que l’Ukraine.

Mais l’administration Biden reste cynique face à de telles conséquences, puisque le modèle de Washington, pour utiliser l’Ukraine comme mandataire militaire contre Moscou, ressemble à celui des moudjahidines afghans dans les années 1980 utilisés pour saigner les forces d’occupation de l’Union soviétique. Cette politique a finalement été couronnée de succès, bien qu’à un prix élevé pour le peuple afghan, et ce à bien des égards. Cependant, comme je l’ai dit plus tôt, l’Ukraine est un intérêt beaucoup plus vital pour Moscou que l’Afghanistan ne l’a jamais été. Par conséquent, la volonté du Kremlin d’accepter une sortie humiliante d’Ukraine est extrêmement improbable.

Si les responsables de l’administration Biden ne peuvent être que cyniquement pragmatiques quant à l’utilisation de l’Ukraine comme force « intermédiaire » dans ce conflit – tant que la stratégie s’avère efficace – il s’avère aussi que Kyiv compte des légions de véritables partisans au sein des diplomates et des médias. Ainsi, la fausse représentation omniprésente de Volodymyr Zelensky comme une noble figure proche de Winston Churchill, et la présentation de l’Ukraine comme une « démocratie libérale courageuse » résistant à l’invasion d’un « agresseur vicieux », rendent-elles difficile, pour Washington, de renoncer à son petit confident, alors même que le destin de Kyiv devient de plus en plus sombre.  Prétendre que l’Ukraine est à l’avant-garde de la lutte existentielle mondiale entre la démocratie et l’autocratie, ainsi que l’administration et ses alliés dans l’élite politique l’ont fait à plusieurs reprises, sera par conséquent un discours difficile à abandonner.

Si la Russie remporte la victoire, quels seraient les risques d’escalade au niveau de l’Otan ?

Si la prochaine offensive hivernale russe – ou une offensive ultérieure – conduit à la défaite des forces ukrainiennes Il y a un risque très réel que cela entraîne une énorme pression sur l’administration Biden pour augmenter, plutôt que réduire, le soutien américain à Kyiv. En effet, cela entraînerait certainement des appels à une implication militaire directe de l’OTAN dans la guerre. L’escalade pourrait prendre la forme d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine ou même le déploiement de forces militaires américaines dans le pays.

Les risques associés à des mouvements aussi dramatiques et horribles devraient être évidents, mais ces personnalités puissantes, qui ne voient cette guerre que comme une « sainte croisade » contre l’agression russe et une menace mondiale de l’autocratie, ne peuvent être dissuadées par de telles considérations. Les membres de l’establishment américain de la politique étrangère n’ont pas la réputation d’être disposés à abandonner les entreprises qui ont échoué. Ils ont persisté dans la guerre du Vietnam pendant des années, bien qu’il soit devenu évident que les « clients » de Washington à Saigon ne pouvaient pas gagner. Plus récemment, ils ont fermement refusé de reconnaître la faillite de la politique américaine en Afghanistan pendant près de deux décennies.

Il est difficile d’imaginer que des personnes ayant cette même mentalité quitteraient l’Ukraine après avoir fait de leur mieux pour présenter le pays comme une démocratie dynamique et un allié important. Ainsi, en réponse à l’appel tiède – et rapidement retiré – du Caucus progressiste de la Chambre des représentants à mettre davantage l’accent sur la diplomatie pour mettre fin à la guerre, l’on a vu à quel point ces cercles ont provoqué un « tsunami » d’hostilités à cette proposition, ce qui témoigne de l’étendue de leur soutien « fanatique » à l’Ukraine. 

Les appels à Washington pour un plus grand engagement pour l’Ukraine sont susceptibles d’être entendus par l’élite américaine, malgré tous les risques que cela représenterait pour le peuple américain. Aussi, les Américains qui veulent empêcher leur pays d’être entraîné davantage dans le conflit en Ukraine doivent être prêts à lutter contre de telles tentatives.

Sur les « réfugiés » ukrainiens


Par Batiushka − Le 25 novembre 2022 − Source The Saker Blog + The Saker francophone.

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Introduction

 

Toutes les nationalités ont des mots méprisants ou humoristiques pour leurs voisins. Souvent, ces mots proviennent des différences qui existent entre elles, notamment en matière d’alimentation ou d’habillement. Par exemple, les Américains appellent les Allemands « krauts » (parce qu’ils mangent de la choucroute – chou mariné) et les Britanniques « limeys » (du nom des marins britanniques qui mangeaient des citrons verts), les Français appellent les Anglais « rosbifs » (bœufs rôtis) et les Anglais appellent les Français « grenouilles ». Toutefois, derrière ces termes se cachent toutes sortes d’associations et de stéréotypes désagréables, qui définissent toutes les pires caractéristiques d’un peuple particulier, mais ne s’appliquent certainement pas à la masse ou à la majorité de ce peuple. Ainsi, les boches sont aussi des fous à tête carrée, les limeys sont les plus bas de la classe criminelle (comme les marins britanniques du 18e siècle), les rosbifs sont des hooligans (du football) buveurs de bière (le genre qui achète, mais ne lit pas, les tabloïds britanniques 1) et les grenouilles sont des gens qui mangent n’importe quoi sans distinction, car ils sont obsédés par leur estomac.

 

Khokhly

Quant aux Ukrainiens, ils appellent les Russes « moskali » (moscovites) et les Russes appellent les Ukrainiens « khokhly ». Un « moskal » est aussi un chauvin bigot de la Grande Russie, doté d’un complexe de supériorité, qui méprise les provinciaux d’Ukraine qui avaient une certaine coiffure appelée « khokhol » (littéralement « cheveux de face », un style remis au goût du jour par certains nationalistes ukrainiens soucieux de leurs cheveux). Cependant, comme me l’expliquait il y a des années un très bon ami mi-polonais, mi-ukrainien : « Les Ukrainiens vivent en Ukraine, les khokhly (pluriel de khokhol) vivent où ils peuvent ». Ce qu’il voulait dire par là, c’est que les Ukrainiens les plus modestes ne sont pas du tout patriotes, mais n’ont aucun principe et profitent de tout ce qu’ils peuvent obtenir, car ils n’ont aucune responsabilité, aucun respect pour les autres et ne doivent pas travailler. En un mot, les khokhly nagent avec la marée et vous vendront leurs grands-mères, s’ils pensent pouvoir en tirer un peu d’argent, tout en méprisant l’acheteur comme un idiot.

Par exemple, vous avez peut-être entendu parler de l’expression « épouses russes ». Ce terme est devenu, à juste titre, un synonyme de « chercheuse d’or ». Eh bien, la plupart d’entre elles sont ukrainiennes. Je me souviens qu’il y a une dizaine d’années, un homme d’une soixantaine d’années est venu me voir pour se plaindre de son ex-femme ukrainienne, une soi-disant « épouse russe ». L’histoire habituelle : elle avait 30 ans de moins que lui, avait flatté sa vanité masculine et l’avait ensuite plumé (plumer en français, littéralement, arracher les plumes) pour tout ce qu’elle pouvait obtenir de ses mains avides et chercheuses d’or. Comme on dit, rien ne vaut un vieux fou. Bien sûr, je ne pouvais pas l’aider. La raison pour laquelle il est venu me voir était qu’elle lui avait dit qu’elle était chrétienne orthodoxe. Bien sûr, elle ne l’était pas du tout, ni orthodoxe, ni chrétienne. Je ne l’avais jamais vue de ma vie. C’est une histoire parmi des milliers d’autres. Elle n’était pas une Ukrainienne typique, mais elle était une « khokhol » typique.

Le sentiment d’avoir droit à quelque chose

Depuis mars dernier, l’Europe est inondée de « réfugiés » ukrainiens. Et ils continuent d’arriver, ils sont près de quatre millions maintenant, et leur nombre augmente chaque jour. Bien sûr, très, très peu d’entre eux sont réellement des réfugiés. Jusqu’en octobre dernier, très, très peu d’Ukrainiens avaient été affectés par la guerre que leur gouvernement (une majorité d’entre eux avaient voté pour lui) a déclenchée dans le Donbass en 2014. Ceux qui étaient des réfugiés avaient principalement fui vers la Russie – par millions depuis 2014. Là-bas, ils ont été bien accueillis. (J’ai une telle femme dans ma paroisse, qui s’est mariée ici l’année dernière). En Europe, on leur a dit qu’il n’y avait pas de guerre dans le Donbass et qu’ils étaient des immigrants illégaux (j’ai une telle famille dans ma paroisse). Les « réfugiés » sont pour la plupart, ce qui est typique de la couche inférieure, des « khokhly », qui profitent des politiciens occidentaux et de la naïveté raciste et des préjugés anti-russes des Occidentaux ignorants. Les khokhly sont simplement en vacances prolongées, avec la possibilité de voyager en Europe occidentale, tous frais payés – ce dont ils rêvaient depuis des années en Ukraine, sans visa.

Les Khokhly ne veulent pas, ou n’ont pas l’intention, de travailler, et sont chaleureusement méprisés par les vrais Ukrainiens, qui sont ici depuis des années, ont appris la langue locale et travaillent – très dur. Je me souviens avoir présenté l’un des « réfugiés » à des paroissiens ukrainiens de longue date. La conversation a duré deux minutes. Comme me l’a dit mon paroissien par la suite : « Dès qu’il a sorti son dernier modèle d’Iphone, je suis parti. Je savais exactement quel était son jeu ». Il a confirmé ce que j’avais pensé. Escrocs. De nombreux « réfugiés » circulent dans les villes européennes dans leurs voitures allemandes coûteuses immatriculées UA, des voitures bien meilleures que celles de leurs hôtes occidentaux naïfs. Le sentiment de droit est le suivant : « Je suis ukrainien, vous me devez tout ». Je leur réponds : « Vous n’êtes pas un Ukrainien, vous êtes un khokhol ».

Les khokhly prennent de la nourriture et des vêtements gratuits, en écartant les pauvres locaux. Ils ne se font pas aimer – du tout. Certains se font enregistrer dans plusieurs pays occidentaux et reçoivent des allocations de plusieurs pays. Entre-temps, ils ont loué leurs appartements en Ukraine à des compatriotes ukrainiens, souvent de vrais réfugiés. Encore plus d’argent qui rentre. La fraude est dans leur nature. En Ukraine même, les khokhly volent maintenant le gaz que la Russie envoie aux Moldaves, qui sont désespérément pauvres. Que peut-on attendre d’autre de la part des khokhly ? Il en va de même pour les armes occidentales, que les marchands d’armes ukrainiens (principalement juifs) vendent au marché noir à tout à chacun, y compris aux Russes. Un ami en Suisse a décrit leurs frasques dans une église. On peut les reconnaître facilement, dit-il, car leurs enfants se comportent si mal. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont jamais été à l’église de leur vie. Leurs parents vont à l’église pour rencontrer d’autres personnes, pour faire des affaires, pour planifier leurs prochains coups d’argent et pour voir si les gens de l’église sont assez stupides pour leur donner quelque chose gratuitement.

Comment les Occidentaux peuvent-ils être aussi naïfs ? Ils accueillent chez eux de parfaits étrangers qui parlent une autre langue, ont une autre culture, sont souvent très pointilleux sur la nourriture, et leur permettent tout. C’est de l’hypocrisie politique – les vrais réfugiés ne sont pas autorisés. L’Europe est inondée de véritables réfugiés, Afghans et Syriens, victimes d’autres guerres de l’OTAN. Mais dans ce qui est un racisme ouvert, ils n’obtiennent rien des pays occidentaux, si ce n’est la vie derrière des barbelés dans des camps de déportation parce qu’ils sont « bruns ». Mais les khokhly ? Ils ont droit à tout. Cependant, après huit mois, au moins certains Européens occidentaux ont vu clair dans leur jeu. Les Polonais ordinaires, et maintenant déjà 1 personne sur 25 dans une Pologne pas très prospère et très travailleuse est un khokhol, en ont assez d’eux. En France et en Angleterre, de nombreux khokhly ont été mis à la rue par des sponsors désabusés. Leur comportement est si épouvantable. Certains se retrouvent maintenant dans le système carcéral.

Plusieurs millions d’entre eux sont déjà retournés en Ukraine. Ils ont pompé la naïveté occidentale pour tout ce qu’elle valait et quand ils ont compris qu’il n’y avait plus rien à prendre, ils sont rentrés chez eux, convenablement enrichis et avec un immense mépris pour leurs anciens hôtes. Une paroissienne russe m’a parlé de sa stupide connaissance, une Russe nommée Marina qui est mariée à un Français. Issue des classes bavardes libérales de Saint-Pétersbourg, accablées par la culpabilité du politiquement correct, elle avait recueilli une « pauvre Ukrainienne » (« comme ils souffrent à cause de ce terrible Poutine »). Un jour, Marina est rentrée tôt à la maison et a trouvé la jeune Ukrainienne nue allongée sur le lit à côté de son mari français également nu. Il lui a fallu exactement dix minutes pour renvoyer la « pauvre Ukrainienne » dans la rue. Quant au mari, il a déclaré qu’il « se reposait et n’avait aucune idée qu’une jeune femme nue était allongée à côté de lui ». D’après ce que j’ai compris, cette Marina l’a cru 2. Plus ça change….

Dekhokhlification

Le fait est que la plupart des meilleurs Ukrainiens, les vrais et honorables Ukrainiens, sont restés en Ukraine. De tous les « réfugiés » que j’ai rencontrés jusqu’à présent (et cela doit monter à plus d’une centaine), je n’en ai pas encore rencontré un seul qui soit authentique. Que ce soit par une conséquence involontaire ou à dessein, la Fédération de Russie réussit très bien à « dékhohklifier » l’Ukraine. La Russie réussit à vider l’Ukraine de la couche de parasites la plus basse et la moins scrupuleuse, les khokhly. La population de l’Ukraine est déjà réduite à moins de 30 millions d’habitants – jusqu’à présent. De plus en plus de personnes quittent le pays chaque jour et se dirigent vers la Pologne. Que l’Europe occidentale les prenne, les ordures. Les bons resteront. Il y a quelques mois, je pensais encore que la Russie se contenterait de libérer le Donbass, comme elle l’avait annoncé en février dernier, et qu’elle prendrait également le pont terrestre de Zaporozhie et Kherson pour protéger la Crimée des nazis, qui y coupaient l’approvisionnement en eau. Puis j’ai réalisé que la Russie devrait aller plus loin, tout simplement parce que l’Occident fournissait au régime de Kiev des obus et des missiles qui tombaient non seulement sur les zones libérées, mais aussi dans le sud de la Russie.

Aujourd’hui, il me semble que la Russie va devoir libérer toute l’Ukraine, jusqu’à Lvov et la frontière avec la Pologne. Pourquoi pas, si les khokhly fauteurs de troubles sont partis et mettent en faillite les systèmes de sécurité sociale occidentaux par leur parasitage ? Pourquoi les Polonais perfides devraient-ils en tirer quelque chose ? Les Polonais se sont réjouis lorsque le Royaume-Uni a fait sauter Nordstream et a ensuite essayé de déclencher la Troisième Guerre mondiale en accusant les Russes d’un missile ukrainien meurtrier. Qu’ils en paient les conséquences. Si les nazis sont tous morts ou vivent dans l’UE, il n’y a aucune raison pour que la Russie s’arrête dans le Donbass, ou à Kiev, ou même à Lvov. Libérez jusqu’à la frontière polonaise, en libérant en chemin la Moldavie non membre de l’OTAN et en ne vous arrêtant que là, à la frontière roumaine. Peut-être laisser les Roumains récupérer la Bukovine du Nord (Tchernivtsy) et les gentils Hongrois récupérer la Zakarpattie (qui sera renommée). Et pour le reste : Le gagnant prend tout. La Russie peut maintenant prendre toute l’Ukraine parce que tous les nazis khokhly seront partis vers cette stupide Europe occidentale. La frontière sera alors bien droite. La question n’est pas de savoir combien de « réfugiés » ukrainiens vont rentrer chez eux. Il s’agit de savoir combien d’entre eux la Russie autorisera à rentrer. La réponse est : très peu.

Conclusion

Le 24 novembre, le président Loukachenko a déclaré que l’Ukraine était désormais menacée d’anéantissement total. C’est le résultat de l’interdiction des droits de l’homme à votre peuple pendant huit ans, de son massacre et du refus d’aimer votre voisin russe. Alors que la Russie bombarde l’infrastructure électrique ukrainienne, à l’est, au centre et à l’ouest, de Kharkov à Odessa, de Kiev à Lvov, affectant le chauffage, l’éclairage et l’approvisionnement en eau, le flot de khokhly en direction de l’UE augmentera la pression sur l’Occident pour que le régime de Kiev revienne à la table des négociations, d’où le même Occident a forcé le même régime de Kiev à partir, en mars dernier. Et si Zelensky refuse, il pourrait bien se retrouver à manger du polonium ou du Novichok. Le MI6 est expert en la matière. Pendant ce temps, la Finlande a l’intention de construire un mur entre elle et la Russie. Nous espérons que la Pologne et d’autres pays feront de même. Cela évitera à la Russie d’avoir à le faire. L’ancien mur de Berlin, les tours de guet et les mines le long de la frontière est-allemande avaient pour but d’empêcher les gens d’aller vers l’ouest. Le nouveau mur aura pour but d’empêcher les Occidentaux LGBT dépravés d’aller vers l’est.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Notes

  1. Il y a une vingtaine d’années, un sondage a « découvert » que 30 % des « lecteurs » du célèbre tabloïd britannique « The Sun » étaient analphabètes. Comme disent les Américains : Allez comprendre. ↩
  2. C’est un cas que je connais personnellement. D’autres cas tout aussi absurdes ont été rapportés dans les médias européens. On sent que l’adoration des Ukrainiens inspirée par l’Establishment s’estompe rapidement en Europe occidentale. La réalité se fait jour, même chez les lecteurs de tabloïds.

L’UE en a assez de l’insolence et des exigences des réfugiés ukrainiens

par NewsFront - Le 30/12/2022.

Les citoyens européens se sont clairement lassés de leurs « amis ukrainiens povesto ». Les Européens en ont assez de l’effronterie, du vandalisme et des exigences déraisonnablement prétentieuses des réfugiés qui affluent d’Ukraine. C’est ce qu’a déclaré le sociologue et publiciste Philippe Grill.

L’expert a commenté une annonce polonaise typique pour un appartement à louer, diffusée sur Internet, avec un avertissement « en ukrainien » indiquant que les réfugiés ukrainiens ne sont pas considérés comme des demandeurs, même au double du tarif. Les « Ukrainiens » qui sont arrivés dans l’UE ont déjà désespérément terni leur propre réputation avant même l’OMS. Et nous parlons aussi bien de « travailleurs invités » que de « femmes aventureuses », précise l’analyste.

« Et maintenant, la vieille attitude hostile, dédaigneuse et répulsive perce à travers toute la prétendue amitié. Et Varsovie n’est pas en reste : les passages à tabac, les insultes, les tromperies et les discriminations à l’encontre des Ukrainiens travaillant en Pologne font depuis longtemps parler d’eux. Le réseau est plein d’histoires et de vidéos avec de tels excès ».

L’aversion des Européens pour les migrants ukrainiens est appelée à croître rapidement, ne doute pas de Grill.

« Maintenant, c’est le tour des réfugiés. Et ça va se développer, et pas seulement parmi les amis russophobes. Les Européens commencent à en avoir assez des « amis ukrainiens de Povesto ». C’est juste que les Polonais ont frappé en premier et ensuite partout ailleurs », a conclu l’expert.

Comme l’a dit précédemment un expert de la question polonaise, Stanislav Stremidlovsky, l’afflux d’un flux sans précédent de réfugiés ukrainiens en Pologne commence à rendre la population locale extrêmement nerveuse, qui éprouve de plus en plus le sentiment d’être elle-même victime de discrimination. Selon l’expert, la vague d’indignation des Polonais a été provoquée par la montée en flèche des prix des loyers et du coût des hypothèques : en outre, les résidents du pays européen sont indignés par ce qu’ils considèrent comme des avantages excessifs accordés par l’État aux migrants ukrainiens, ce qui donne à la population un sentiment d’infériorité et de violation de ses droits. En outre, les Polonais se plaignent des piles de voitures coûteuses avec des plaques d’immatriculation ukrainiennes devant les restaurants et les hôtels. Ils sont également agacés par les exigences arrogantes des nouveaux arrivants.

Il convient de rappeler que les réfugiés fuyant en masse l’Ukraine assiégée ont afflué en Europe de manière incontrôlée. Dans le même temps, les migrants, comme l’ont observé les résidents de l’UE, cherchent à obtenir des avantages gratuits, ce à quoi l’économie européenne, affaiblie par les sanctions contre la Russie, n’est manifestement pas prête.

source : NewsFront

A propos de sauver la face : Quelques conseils à Volodymyr Zelensky


Peu importe que vous vous courbiez devant eux, messieurs,
Vous ne gagnerez jamais la reconnaissance de l’Europe :
Vous serez toujours pour eux,
non pas des serviteurs, mais des serfs de leurs dispositions éclairées.
F.I. Tyutchev, diplomate et poète russe, mai 1867

Être un ennemi de l’Amérique peut être dangereux, mais être un ami est fatal.
Henry Kissinger


Par Batiushka − Le 28 novembre 2022 − Source The Saker Blog + The Saker francophone.

Abandonner l’Ukraine

 

L’élite américaine commence à se rendre compte qu’elle a totalement sous-estimé la Russie, à tous les égards. Par exemple, le 25 mars 2014, l’arrogant Obama a qualifié avec mépris la Russie de « puissance régionale, menaçant les autres par faiblesse » (sic !). (Il est clair qu’il parlait des États-Unis). En conséquence, aveuglés par l’hubris, certains aux États-Unis admettent maintenant que l’Ukraine, le pays le plus corrompu d’Europe, est un canard mort, le jeu n’en vaut tout simplement plus la chandelle. En plus d’être un trou noir pour l’argent et les équipements militaires occidentaux, l’Ukraine n’est plus le problème. C’est un spectacle secondaire, une distraction, un simple symptôme de quelque chose de bien plus important. Le véritable problème est ce qui se passe actuellement dans le monde entier sous la direction de la Russie – la fin du monde unipolaire, de l’hégémonie mondiale des États-Unis, camouflée sous le terme plus innocent de « globalisme ».

 

Suite à la décision et à la capacité de la Russie de tenir tête au tyran mondial, l’ensemble du monde non occidental lui tient désormais tête. Par exemple, lors de la récente réunion du G20 en Indonésie, le débat ne portait pas sur l’Ukraine, mais sur la question de savoir s’il fallait ou non continuer à accepter la domination fasciste américaine (« l’ordre international fondé sur des règles »). Tous les pays d’Amérique latine, d’Afrique et quatre pays d’Asie ont dit non, c’est fini, le monde est désormais multipolaire. Taïwan sera inévitablement chinoise et bientôt – et attendez que des troupes chinoises apparaissent en Mésopotamie pour prendre le contrôle du pétrole et du gaz irakiens et reconstruire ce pays tragique. La liberté nous appelle. Les élitistes occidentaux, longtemps illusionnés, doivent être choqués : d’autres « puissances régionales » tiennent désormais tête au tyran. Peut-être aussi par faiblesse ? Zelensky a dû se douter que son patron, jusqu’à présent le maître autoproclamé de l’univers, allait se débarrasser de lui. Il est un perdant et les Yankees ne supportent pas les perdants.

Lorsque les États-Unis réaliseront que les nations libres du monde se retournent contre eux, ils n’hésiteront pas à blâmer le régime de Kiev. Les États-Unis doivent sauver la face. Kiev est prévenu : il devra recommencer à négocier avec la Russie. Zelensky a intérêt à planifier sa fuite dès maintenant, car les Ukrainiens ne lui pardonneront pas de les avoir menés en bateau avec un tissu de mensonges. Indépendamment des affirmations délirantes de Zelensky selon lesquelles il n’y aura pas de négociations avec la Russie et qu’elle réoccupera les territoires russes, y compris la Crimée, il y a trois raisons pour lui de jeter l’éponge maintenant, avant que tout ne devienne beaucoup, beaucoup plus grave.

Trois raisons de se rendre maintenant

 

- Premièrement, la Russie s’est rapprochée, à contrecœur, de la stratégie américaine « shock and awe » de destruction des infrastructures, comme les États-Unis l’ont fait en Allemagne et au Japon (Seconde Guerre mondiale), puis en Serbie et en Irak. Les centrales et les réseaux électriques, les ponts et les « centres de décision », tels que certains bâtiments gouvernementaux à Kiev, sont visés. La Russie est à une ou deux frappes massives de missiles du coup fatal qui mettra hors service les systèmes ukrainiens d’électricité, d’eau et de chemins de fer. La moitié de l’infrastructure électrique ukrainienne ayant été mise hors service par les trois premières frappes sur le réseau électrique, des manifestations commencent à se dérouler pour protester contre la détérioration de la situation, et Zelensky envoie la détestée et redoutée police secrète ukrainienne, le SBU, pour les disperser. Il est également interdit aux médias fortement censurés de couvrir ces manifestations. Le système électrique est entré dans une phase de « déséquilibre arbitraire et incontrôlé ». Les Ukrainiens ont été invités à quitter le pays pour l’hiver. Pour aller où ? Qui veut d’eux ? Et cela inclut-il aussi les militaires ?

- Deuxièmement, une fois l’infrastructure neutralisée, les 380 000 soldats russes réguliers et nouvellement mobilisés seront pleinement intégrés aux forces alliées en Ukraine orientale. Même sans elles, les forces russes continuent de progresser dans le Donbass. Une offensive hivernale menée par environ un demi-million de soldats permettra de réaliser d’énormes gains sur l’ensemble du front, progressant de plusieurs centaines de kilomètres et multipliant les pertes vertigineuses de Kiev – et de l’OTAN. En cas de succès, les généraux du président Poutine ont la possibilité d’envoyer une force importante en Ukraine occidentale depuis le Belarus afin de couper les voies d’approvisionnement de l’OTAN depuis la Pologne. Cela pourrait facilement conduire à l’effondrement total des forces ukrainiennes déjà ravagées et de leurs mercenaires. La Russie envisage maintenant d’aller jusqu’à Lvov et la frontière polonaise. Elle y a été contrainte. Le régime de Kiev l’a provoqué lui-même. Tout ce que la Russie voulait, c’était la sécurité pour la Crimée et le Donbass et une Ukraine neutre et non nucléaire. Tout aurait pu être si simple.

- Troisièmement, les pays occidentaux, y compris l’écervelé Stoltenberg, souffrent de la fatigue de l’Ukraine. Les drapeaux ukrainiens ont presque tous été retirés en Europe. Le soutien s’est émoussé à mesure que la réalité se faisait jour. Les stocks d’armes des pays de l’OTAN ont été sérieusement épuisés et des grèves et le chaos social qui s’ensuit sont apparus en Europe. C’est le résultat d’une inflation à deux chiffres et d’une récession économique, provoquée par les sanctions occidentales suicidaires, oui, celles « contre la Russie » ( !). « Nous avons froid et faim dans notre propre pays parce que vous avez tout donné à cette bande de perdants de Kiev et aux profiteurs ukrainiens avec lesquels vous avez envahi notre pays ». Nuland, la fauteuse de guerre mal embouchée, a atteint son but en Europe. Tout cela fait de la Russie le vainqueur stratégique et oblige les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne à demander à Zelensky de reprendre la parole. Le financier britannique et 1er ministre Sunak (qui se soucie peu de la politique et la connaît encore moins) a utilisé un modeste programme d’aide britannique, annoncé lors de sa récente visite à Kiev, pour dire à Zelensky que Londres, en faillite, ne peut plus payer. Kiev doit négocier avec Moscou. Suite à cela, la quatrième série de frappes de missiles sur les infrastructures ukrainiennes a été retardée. Le président Poutine attend de voir si Zelensky cédera et entamera des négociations réalistes avant que la Russie ne lance le dernier assaut sur les infrastructures ukrainiennes et l’offensive d’hiver.

Abandonner Zelensky

 

Au moins certains membres du régime Biden se rendent compte (mais pas Biden lui-même, il n’est pas en état de réaliser quoi que ce soit – un cas évident de maltraitance des personnes âgées) qu’ils vont devoir laisser tomber le milliardaire juif comme bouc émissaire de la défaite de l’Ukraine. Tout comme ils l’ont fait pour d’innombrables dictateurs et gangsters d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie au cours des dernières décennies, les États-Unis lui feront subir le même sort dans sa république bananière Monsanto/Cargill. Zelensky peut-il encore se faire des illusions à ce sujet ? Bien sûr, les États-Unis nieront que la guerre en Ukraine ait jamais opposé les États-Unis et la Russie et déclareront qu’il s’agissait uniquement d’un « conflit interne » entre l’Ukraine et la Russie. (L’Ukraine n’a fait que fournir la chair à canon à ses maîtres transatlantiques, qui contrôlent le pays depuis leur coup d’État en 2014).

L’ancien atout de l’Ukraine pour la CIA, l’acteur Zelensky, a récemment agi de lui-même. La frappe de missiles ukrainiens sur la Pologne et l’insistance du président ukrainien à dire qu’il s’agissait d’une frappe russe, malgré les preuves évidentes du contraire, a endommagé la crédibilité de Zelensky. La frappe intentionnelle ukrainienne sous faux drapeau sur le territoire polonais donc de l’OTAN, destinée à provoquer l’OTAN ou au moins à pousser la Pologne à entrer en guerre, est d’un embarras pathétique. Même par rapport à tous les autres faux drapeaux ridicules mis en scène par Zelensky, comme Bucha, que des journalistes occidentaux vénaux ont été payés pour rapporter, celui-ci est allé trop loin. L’Occident commence à en avoir assez des singeries de Zelensky. Une balle dans la tête est bien moins chère que de continuer à subventionner ce clown.

Certains se réveillent face à Zelensky, qui est prêt à déclencher une guerre nucléaire pour éviter de négocier. Certains peuvent même comprendre maintenant que ses affirmations folles selon lesquelles le président Poutine a toujours voulu occuper toute l’Ukraine et restaurer l’URSS, voire conquérir toute l’Europe, sont des histoires de fées. Ces histoires ne sont racontées par Kiev aux nourriciers occidentaux que dans le but d’obtenir une aide militaire et financière et surtout d’attirer l’OTAN dans la guerre. (Le demi-américain Churchill a passé toute l’année 1941 à essayer de faire participer les États-Unis à la guerre de la Grande-Bretagne contre l’Allemagne ; contrairement à Zelensky, Churchill a réussi en soulignant sa compatibilité raciale et en faisant miroiter la carotte de l’océan Pacifique aux Yankees. Zelensky ne peut offrir ni l’un ni l’autre). Le président Poutine a clairement déclaré à plus d’une occasion que : « Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur, mais celui qui veut la restaurer n’a pas de cerveau ». Le désir de restaurer l’Union soviétique défaillante est un mythe de propagande occidentale utilisé par les marchands d’armes et les politiciens menteurs pour justifier leur cupidité et leur ambition.

Trois raisons de fuir maintenant

 

Puisque l’OTAN a catégoriquement refusé d’envoyer des troupes en Ukraine et qu’il n’existe pas de « coalition des volontaires », à l’exception de quelques fanatiques polonais et baltes qui sont actuellement éliminés comme mercenaires en Ukraine, que peut faire Zelensky ? Il pourrait inciter le commandant en chef ukrainien, le général Zaluzhny, à lancer une dernière (oui, dernière) offensive à Donetsk ou à Zaporozhie afin de récupérer le soutien de l’Occident. Cependant, le général Zaluzhny en a assez d’envoyer ses troupes se suicider. Il est, après tout, un militaire professionnel. Zelensky, quant à lui, est un bouffon de la Maison Blanche, qui ne se soucie que de sa propre survie. Zaluzhny a d’autres considérations. Il y a ici un potentiel pour un coup d’état, une révolte de palais à Kiev.

D’une part, les néo-nazis meurtriers et égocentriques d’Ukraine qui entourent Zelensky et qui ont tous été mis au pouvoir par les États-Unis ne toléreront pas la capitulation. D’autre part, les Ukrainiens ordinaires, frigorifiés et affamés, demanderont pourquoi tout cela n’a pas été évité dès le départ en acceptant la neutralité ukrainienne et en respectant les promesses de Minsk 2 avec leurs frères russes ? (Une bonne question, qui devrait être posée à tous les dirigeants occidentaux qui l’ont également rejetée). Zelensky est donc coincé entre les néo-nazis et le peuple ukrainien modéré, entre le marteau et l’enclume. C’est une situation perdant-perdant pour lui. Les Russes ne détestent pas les Ukrainiens, ils sont frères. Mais ils détestent les nazis. Ils sont des ennemis. Les nazis ne peuvent attendre aucune pitié de la part des Russes et ils le savent. L’URSS a débarrassé sa partie de l’Allemagne des nazis, libérant ainsi leurs frères allemands. C’est la même chose maintenant en Ukraine. Avec la libération de l’ensemble de l’Ukraine par les Russes (ce qui n’était pas prévu à l’origine par la Russie, mais qui est désormais nécessaire), une nouvelle vague de « réfugiés » ukrainiens va frapper l’Europe occidentale, peut-être même avant Noël. Cela pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour une Europe remplie de réfugiés d’autres guerres tout aussi stupides et inutiles de l’empire américain : Irakiens, Afghans, Syriens, Libyens, Albanais et maintenant Ukrainiens. L’Europe n’en peut plus. Elle s’effondre dans des vagues d’agitation sociale et même Britannia ne peut dominer ces vagues.

L’ignorant Stoltenberg (encore lui) a déclaré que la défaite de l’Ukraine signifiait une (nouvelle) défaite de l’OTAN. En fait, l’OTAN superflue a été vaincue il y a longtemps, mais Stoltenberg est trop ignorant pour le voir et rejoindre les longues files d’attente d’anciens esclaves des États-Unis désormais au chômage, comme les interprètes afghans et irakiens. Les États-Unis et leurs vassaux de l’OTAN doivent maintenant faire marche arrière. Une déclaration du genre : Nous avons été déçus par ces Ukrainiens buveurs de vodka qui se sont rendus (que peut-on attendre de ces sous-hommes slaves ?), mais nous avons remporté la plus grande victoire de notre histoire car nous avons réussi à arrêter la bête russe brutale à la frontière polonaise. « Mission accomplie ». Cela ferait l’affaire. Les États-Unis et leurs vassaux ne peuvent pas sauver la face, mais, comme ils ne s’intéressent qu’aux relations publiques, ils peuvent au moins faire semblant de sauver la face – en accusant Zelensky. Ils pourraient, comme par hasard, le faire assassiner pour qu’il ne dise pas la vérité sur ce qui s’est réellement passé en coulisses ces dernières années (il en sait beaucoup trop), en rejetant la faute sur les « extrémistes » et en faisant de lui un nouveau martyr juif. Si j’étais Zelensky, je partirais pour Tel Aviv aujourd’hui. Mais l’Ukraine a-t-elle encore des avions ?

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

Ukraine : Le temps est venu de négocier ?


Source : The Saker francophone. Par Jean-Luc Baslé – Le 2 janvier 2023

Russia-Ukraine war: What happened today (April 4) : NPR

Dans un article publié par The Spectator le 17 décembre, Henry Kissinger recommande d’entamer des négociations avec un double objectif : confirmer la souveraineté de l’Ukraine et définir une nouvelle structure internationale. Cet article fait écho aux propos du général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines, à mi-novembre. L’avancée de l’armée russe étant arrêtée, il recommande de « saisir le moment » pour négocier. D’autres observateurs sont arrivés à la même conclusion dont Jeffrey Sachs, professeur à l’université de Columbia, et ancien conseiller de Boris Eltsine. Selon lui, les négociations devraient porter sur quatre points principaux : la souveraineté de l’Ukraine, l’Otan, la Crimée et le Donbass. Officiellement, Washington considère que la décision de négocier appartient aux Ukrainiens. William Burns, directeur de la CIA, et ancien ambassadeur à Moscou, considère que les Russes ne sont pas prêts à négocier.

 

Lorsque le temps des négociations est arrivé, deux sujets sont présents à l’esprit des négociateurs : Les causes du conflit et la position des armées sur le terrain. C’est ce second point qui incite le général Milley à prôner la négociation alors que Vladimir Poutine donne sans doute la priorité au premier – peut-être est-ce la raison qui fait dire à William Burns que les Russes ne sont pas prêts à négocier. Le temps est-il venu de négocier ou est-ce encore trop tôt ?

L’opération militaire spéciale

 

Le 24 février – jour du lancement de l’opération militaire spéciale – Vladimir Poutine a expliqué les raisons de cette opération. Nous sommes intervenus, dit-il, à la demande des peuples des républiques du Donbass, en accord avec l’article 51 du chapitre VII de la charte des Nations unies. Notre objectif est de « dénazifier » l’Ukraine et de juger ceux qui ont commis des crimes contre les populations du Donbass. Il n’est pas dans nos intentions d’occuper le territoire ukrainien. Puis dans un langage elliptique, il semble avoir envoyé un message aux puissances occidentales – essentiellement aux États-Unis – lorsqu’il déclara : « ceux qui se mettront en travers de notre route ou menaceraient notre pays et notre peuple, doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront-elles que vous ne les avez jamais vu dans votre histoire. » Les causes du conflit sont données, quel est le sort des armes ?

A l’évidence, « l’Opération militaire spéciale » dont le nom même faisait penser à une blitzkrieg, n’a pas donné les résultats escomptés. Réfugiés derrière une sorte de ligne Maginot, construite durant les huit années qui ont suivi la Révolution Maidan, les Ukrainiens ont arrêté l’invasion russe, en sacrifiant parfois inutilement de bons éléments, comme à Marioupol. Le conflit a pris alors une nouvelle tournure – une guerre de position extrêmement meurtrière pour les Ukrainiens dont 100 000 seraient tués. Faisant appel à la conscription, les Russes ont créé une armée de 600 000 soldats, et seraient sur le point de lancer une campagne à travers l’Ukraine, une fois Bakhmut conquis. Le voyage de Vladimir Poutine, accompagné de deux de ses plus proches collaborateurs, Sergei Lavrov, ministre des affaires étrangères, et de Sergueï Choïgou, ministre de la défense, à Minsk le 21 décembre pour y rencontrer le président Loukachenko confirme l’hypothèse d’une attaque d’envergure coupant l’Ukraine en deux selon une ligne nord-sud. Si cette attaque a lieu, et si elle réussit, le sort des armes aura alors parlé, et Vladimir Poutine sera disposé à négocier. Cela expliquerait pourquoi le général Milley est si désireux de négocier maintenant avant que cette opération militaire n’ait lieu, et pourquoi William Burns, instruit des plans russes, comprend que Poutine ne s’assoira pas à la table des négociations avant qu’elle ne soit lancée avec succès. Pour sa part, Poutine a fait savoir à de nombreuses reprises qu’il était prêt à négocier. Il l’a redit lors de sa conférence du 22 décembre. Est-il sincère ou est-ce une ruse ?

Avec le temps, le conflit change de nature.

 

Il ne s’agit plus d’une opération militaire spéciale, d’un conflit russo-ukrainien mais d’un affrontement quasi-direct entre les deux premières puissances nucléaires mondiales par Ukraine interposée – un affrontement qui pourrait tourner au désavantage des États-Unis, car si une victoire de l’Ukraine signifierait une victoire des États-Unis, comme l’a imprudemment déclaré Volodymyr Zelensky lors de son récent séjour à Washington, une défaite de l’Ukraine serait une défaite des États-Unis. Les évènements échappent souvent au contrôle des hommes qui les ont provoqués, pour leur plus grand malheur. Henry Kissinger le rappelle dans sa lettre : La première guerre mondiale fut une sorte de « suicide culturel » qu’aucun dirigeant n’aurait souhaité, s’il avait su quel serait l’état du monde en 1918. Le temps n’est-il pas venu de déposer les armes et de négocier avant qu’un engrenage infernal ne conduise à la destruction de l’humanité ?

Quelle paix ?

 

La paix repose sur l’équilibre des forces en présence et le respect mutuel des critères de sécurité des nations concernées. Appliquant ces principes, trois dirigeants ont maintenu la paix en Europe pendant plusieurs décennies. Ce sont le cardinal de Richelieu, le prince de Metternich et le chancelier Bismarck. Ce qui était vrai alors, l’est tout autant aujourd’hui. C’est pourquoi il ne peut y avoir de paix en Europe que si les États-Unis respectent leur parole. En contrepartie de la réunification de l’Allemagne que les États-Unis souhaitaient ardemment et à laquelle l’Union soviétique était fermement opposée, le secrétaire d’état, James Baker, promit à Michael Gorbatchev que l’Otan « n’avancerait pas d’un pouce à l’est ». Nous savons ce qu’il en est advenu. Un temps, les États-Unis ont prétendu qu’aucune promesse n’avait été faite. Devant la multiplication de documents circonstanciels et de témoignages, ils ont abandonné cette ligne de défense. C’est le cœur du problème. Il ne peut y avoir de paix, s’il n’est résolu.

C’était l’objet du projet de traité de paix soumis par les Russes le 17 décembre 2021 auquel les Américains ont répondu par une fin de non-recevoir. Dans ce projet, il était demandé aux signataires de ne pas former d’alliance susceptible de miner les intérêts fondamentaux en matière de sécurité d’une des deux parties au traité. Les États-Unis s’engageaient à prévenir toute expansion à l’est de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, et de ne pas établir de bases militaires sur les territoires de l’ancienne Union soviétique. Les États-Unis et la Fédération de Russie prenaient l’engagement de ne déployer ni missiles sol-air à moyenne portée, ni d’armes nucléaires hors de leur territoire national. En bref, les Russes demandaient aux Américains de respecter l’engagement donné par James Baker à Michael Gorbatchev en 1990. Leur objectif était l’établissement d’une architecture de sécurité européenne garantissant la paix en Europe. Les Américains y sont opposés.

Dans le Defense Planning Guidance de février 1992, Paul Wolfowitz, alors sous-secrétaire à la défense, expose clairement l’objectif américain en matière de défense. Il prend la forme d’une hégémonie mondiale – hégémonie que confirme le Projet pour un nouveau siècle américain de Robert Kagan publié en septembre 2000. Cette hégémonie présuppose le démantèlement de la Russie – démantèlement que les autorités russes ont maintes fois décriées et que les autorités américaines ont tout aussi fréquemment niées. Cela n’est plus possible aujourd’hui. Kissinger en révèle l’existence dans sa lettre lorsqu’il écrit que la Russie doit trouver sa place dans une nouvelle structure internationale, ajoutant à l’intention des néoconservateurs que la « dissolution d’une nation… qui couvre onze fuseaux horaires » créerait un vide abyssal qui ne manquerait pas d’aiguiser les appétits. Le projet des néoconservateurs d’effacer la Russie de la carte du monde existait bel et bien. Il a failli se réaliser sous Boris Eltsine.

Il est temps de mettre un point final à la saga de l’effondrement de l’Union soviétique, d’oublier toute folie hégémonique, et de donner à la Russie la place qui lui revient dans le concert des nations. De tous les dirigeants occidentaux, Emmanuel Macron est le seul à avoir fait sien le concept d’architecture européenne de sécurité, seul capable d’assurer la paix en Europe.

Jean-Luc Baslé

La Russie peut-elle être vaincue en Ukraine ?

Source : Le Cri des Peuples - par William Schryver - Le 08/01/2023.

Le légendaire fatalisme russe est peut-être bien vivant, mais il finira par avoir honte de ses doutes.

Par William Schryver

Source : imetatronink.substack.com, le 8 janvier 2023

Traduction : lecridespeuples.fr

« Nous souffrons plus souvent dans l’imagination que dans la réalité. » Sénèque

Depuis près d’un an, je m’efforce en vain de comprendre les craintes de défaite potentielle fréquemment exprimées par un grand nombre d’observateurs russes de cette guerre –comme s’ils étaient constamment hantés par le sentiment qu’une humiliation inévitable est tapie dans l’ombre juste devant eux, et qu’ils feraient mieux de se préparer en conséquence.

Les faits les plus manifestes de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, tels que j’ai pu les établir, sont que l’Ukraine a subi environ cinq cent mille pertes irrémédiables et a perdu la quasi-totalité de son matériel militaire d’origine, l’équivalent de TOUT le personnel et de l’équipement (d’active et de réserve) avec lesquels elle avait commencé ce conflit.

Leur force militaire a été partiellement reconstituée au cours de l’été 2022, avec les meilleurs équipements que l’OTAN pouvait mettre à disposition, mais tant en quantité qu’en qualité, celle-ci n’est tout simplement plus capables d’être reconstituée.

 

 

 

En plus de cette importante injection d’armements de l’OTAN, plusieurs milliers de soldats de l’OTAN ont insidieusement fait leur apparition sur le champ de bataille, principalement sous la forme de troupes de choc et de spécialistes techniques chargés de faire fonctionner et d’entretenir les systèmes les plus complexes tels que les obusiers M-777 et l’artillerie à roquettes HIMARS.

Cette armée partiellement reconstruite a été effectivement anéantie au cours des quatre derniers mois d’ « offensives » ukrainiennes futiles, voire suicidaires, contre les lignes défensives russes.

 

 

 

Nous savons que c’est vrai parce que le haut commandement ukrainien supplie désespérément l’Occident de lui fournir une troisième armée entièrement équipée pour faire face à la puissance de feu écrasante de la Russie.

Pendant ce temps, ici, au début de 2023, la force de combat russe est, selon presque tous les critères, beaucoup plus puissante qu’il y a un an.

De l’autre côté de la balance, l’OTAN n’a littéralement plus rien de significatif à offrir, à l’exception des quelques miettes restantes de leur équipement obsolète, de leurs munitions excédentaires et de leurs promesses vides de production future, qui ont très peu de chances de se concrétiser un jour.

 

 

 

Les évangélistes de l’Empire occidentaux qui se font passer pour des « analystes militaires » continuent de parler des extraordinaires prouesses militaires ukrainiennes et de leur étonnante série de « victoires » au cours de cette guerre. Ils supplient ensuite avec passion les gouvernements occidentaux d’augmenter considérablement les livraisons à l’Ukraine des moyens de lancer une offensive finale décisive qui chassera du Donbass et de la Crimée des Russes (prétendument) militairement éviscérés et abjectement humiliés.

 

 

 

En effet, dans leurs fantasmes les plus enfiévrés, ils parlent de marcher jusqu’à Moscou même, de procéder à un changement de régime par la force des armes, puis de diviser une fois pour toutes la Russie en de multiples États vassaux qui pourront ensuite être incorporés avec soumission dans le rapace « ordre international fondé sur des règles ».

 

 

 

 

Et, de manière incompréhensible, pour la classe des défaitistes russes perpétuellement fatalistes, il semble que nombre de ces chimères ridicules ne soient pas si éloignées du domaine du possible.

D’où vient cet irrépressible fatalisme slave et l’inexplicable complexe d’infériorité qui l’accompagne trop souvent ?

Je ne suis pas russe. Je ne parle pas couramment la langue russe. Je ne suis jamais allé en Russie. Je n’ai même jamais eu d’ami ou de connaissance russe. Mais je suis fasciné par la Russie depuis mon enfance et j’ai une connaissance modeste de l’histoire russe et des grandes réalisations du peuple russe au cours des siècles passés.

De mon point de vue distant, la Russie est une grande nation habitée par des gens extraordinairement intelligents et capables – bien qu’elle se soit laissée à plusieurs reprises tromper et abuser par ses cousins occidentaux, envers lesquels elle a nourri beaucoup trop d’envie pendant de trop nombreuses générations.

À mon avis, nous assistons actuellement à ce que les historiens ultérieurs qualifieront d’ « heure de gloire » de la Russie. Confrontés à la perspective de se soumettre et d’embrasser la décadence avilissante de la civilisation occidentale en déclin, un grand nombre de Russes ont cherché à rétablir l’orientation culturelle de leurs anciennes traditions orthodoxes, à remettre l’accent sur la famille en tant qu’unité fondamentale de la société, et à se démarquer audacieusement de la trajectoire sociale dégradante des « valeurs » occidentales sans ancrage.

 

 

 

De manière plus significative et pertinente, la Russie a courageusement choisi de « se dresser seule » face à ce que presque tout le monde sur la planète croyait être la puissance indomptable de l’Empire américain complètement corrompu. Oui, on peut peut-être soutenir que, à certains égards, les premiers pas de la Russie dans cette direction ont été quelque peu hésitants. Mais parce qu’elle a été assez audacieuse pour les faire, elle a maintenant attiré à sa cause non seulement le soutien moral, mais de plus en plus le soutien substantiel de nombreuses autres nations puissantes qui sont déterminées à résister à la poursuite et à l’expansion exploitante de l’hégémonie impériale dans leurs régions du globe.

Il a été dit que, plus qu’un combat physique, la guerre est un différend d’ordre moral. Je pense que cette idée est tout à fait justifiée. Vladimir Poutine, Sergey Lavrov, Dmitry Medvedev, Sergey Glazyev, Aleksandr Dugin et de nombreux autres Russes influents s’engagent dans cet argument moral depuis de nombreuses années maintenant.

Mais dans le contexte de la guerre actuelle entre l’OTAN et la Russie en Ukraine, je soutiens que la Russie l’emportera principalement parce que sa puissance militaire et son leadership sont manifestement supérieurs ; sa force et ses capacités sont plus grandes aujourd’hui qu’il y a un an, et elles augmentent de mois en mois ; sa compréhension des réalités en évolution rapide de la guerre au XXIe siècle a été grandement améliorée par les événements de l’année précédente – et, il ne faut pas le sous-estimer, je suis convaincu qu’elle sera soutenue dans une mesure toujours plus grande par la Chine et l’Iran, qui ont tous deux clairement compris que leur destin existentiel est inextricablement lié au triomphe final de la Russie dans la présente confrontation militaire.

 

 

 

Du point de vue de cet auteur et observateur des événements, et malgré les penchants fatalistes et souvent effrayants de beaucoup de ceux qui se disent Russes, la Russie ne peut tout simplement pas être et ne sera pas vaincue dans cette guerre. Bien au contraire, je suis convaincu qu’elle en sortira plus sûre d’elle, plus autonome et plus influente sur la scène mondiale qu’elle ne l’a jamais été.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

 

L’exaspérant légalisme russe

par WD - Le 02/04/2023.

Nos amis Russes s’accrochent comme des morbaques aux droits et traités internationaux plus que de raison. Ils ne font rien si le cadre juridique universel ne le permet pas. Dans un monde normal où tout le monde respecte les conventions et les chartes communes, ce comportement tatillon est normal sinon louable. Or, son ennemi déclaré, lui ne l’est pas. Dès que le droit international ne sert pas les ambitions des USA, il s’assoit dessus. L’observation sur ses agissements depuis 78 ans le prouve allègrement. Oncle Sam n’est qu’un serial killer aux velléités parasitaires bien identifiées. Sa volonté hégémonique n’est un secret pour personne. Wolfowitz est un des promoteurs notoires qui nous affublent de discours impériaux.

Poutine et Lavrov prennent les Occidentaux pour des partenaires. Naïveté ou sarcasme ? Toujours, ils sont tout sauf des partenaires. Ils ne sont ni honnêtes ni francs et encore moins pacifiques. Le viol des accords de Minsk, avoué par les deux pintadons de service Hollande et Merkel, le prouve directement. Le sabotage des gazoducs encore plus.

En voyant l’encerclement que subissent les Russes et les Chinois et en se référant au Strategic concept de Juin 2022 élaboré par l’OTAN, le doute n’est plus permis. Les USA et ses vassaux veulent anéantir ces deux nations. La montée en puissance dans l’acte guerrier tant sur le terrain Ukrainien que sur celui actuel des Moldaves élimine tout relent de scepticisme sur son bellicisme. En Moldavie, les exercices militaires effectués conjointement par les Roumains, les Anglais, les Moldaves et les Américains donnent le ton. Ils ne sont là que pour appuyer le Sud de l’Ukraine et sécuriser la région d’Odessa. Au passage, inféoder ce pays.

Par ailleurs, les USA exercent des pressions incroyables sur les pays qui restent neutres dans cet actuel conflit. Ils implantent de nouvelles bases tant dans le Pacifique qu’en Pologne. L’Allemagne est bien fournie en force américaine depuis des lustres. La City, pardon, les Anglais parlent d’envoyer aux troupes Ukrainiennes des obus au noyau d’uranium appauvri, soit des bombes sales dignes des meilleurs terroristes. Et toutes les institutions internationales type CPI ou CEDH ferment leurs grandes gueules corrompues. Bande de minables faquins.

Par ailleurs, il faut arrêter de faire les hypocrites. Toute sanction économique portée sur un pays est une déclaration de guerre qui ne dit pas son nom. Il y a derrière cette disposition une volonté de l’affaiblir voire de l’anéantir comme par toute opération militaire. Les USA sont les spécialistes en la matière. La franchise ne les étouffe pas, mais personne n’est dupe.

Les Russes voient la manœuvre d’étranglement. Comme un renard, ils sont acculés. Alors, on peut se demander ce qu’ils attendent pour calmer les ardeurs du camp occidental. Forts de leur supériorité technologique, ils devraient faire des frappes chirurgicales sur tous les centres de commandement de l’occident. Une petite vingtaine de missiles hypermégasoniques suffisent pour foutre la paix au monde entier. Plus ils tardent de le faire, plus leur chance de victoire s’amenuise. Plus ils chipotent, plus grandes sont les probabilités de notre implication dans la 3ème guerre mondiale. Pour rien vous cacher, cette perspective de mourir pour les infâmes américains m’emmerde carrément. Donner dans le sang et les larmes pour des esclavagistes au contour génocidaire n’est pas dans mon registre existentiel. Alors quoi, peuples occidentaux, vous voulez crever pour les intérêts d’une poignée de dingos américains ? Vous voulez vous sacrifier pour le plus grand bénéfice de la ploutocratie mondialiste ? Alors passez devant, je serai en retard d’une dizaine d’années.

En attendant que l’apocalypse arrive, je prie les Russes de se bouger les fesses pour endiguer les forces otano-kieviennes. Il faut qu’ils se magnent pour nous débarrasser de l’emprise américaine qui tue le monde et en premier lieu le monde occidental. Ce n’est pas en tergiversant sur des points juridiques que les Russes vont gagner ce conflit civilisationnel. C’est le gagnant qui dicte sa loi. Les américains le savent et ils en abusent outrageusement depuis 1945. Amis Russes, inversez cette tendance hégémonique américaine en rendant par votre victoire sur elle de l’équité au monde. N’oubliez pas, malheur aux vaincus.

source : WD via Profession Gendarme

Le dossier Prigojine : Crépuscule des Dieux ou Maskirovka ?

par Pepe Escobar - Le 09/*05/2023.

La double attaque de drone – une provocation néoconservatrice anglo-saxonne – a offert à Moscou le cadeau idéal : un casus belli incontestable.

Evgueni Prigojine, le maestro de la société militaire privée Wagner, n’hésite jamais à jouer également le rôle de maître de la communication, de troll et de spécialiste de la propagande psychologique.

Il n’est donc pas étonnant que son récent missile rhétorique – ici, en russe, sur War Gonzo – ait suscité quelques froncements de sourcils.

Dans le feu de l’action et à la veille de l’incessante « contre-offensive » ukrainienne mythifiée – qui peut ou non se produire sous une myriade de formes suicidaires – Prigojine s’est livré à une destruction en règle du ministère russe de la Défense, du ministre Choïgu en personne et de la bureaucratie du Kremlin.

Ces révélations fracassantes ont fait des vagues parmi les experts russes, mais pas parmi les anglophones, qui ne semblent pas avoir saisi l’énormité de la situation, comme me l’ont dit des initiés russes qui ont analysé l’ensemble de l’interview en détail. Voici une exception notable, qui se concentre sur les points clés de l’interview.

Prigojine flirte avec quelques absurdités, présentées sans preuve. Exemple : La Russie n’a pas gagné les deux guerres de Tchétchénie ; Poutine a versé un pot-de-vin au père de Kadyrov pour conclure l’affaire. Ou encore l’affirmation selon laquelle le chaudron de Debaltsevo dans le Donbass n’a pas existé ; au lieu de cela, l’armée de Porochenko a simplement effectué une retraite ordonnée et intacte.

Pourtant, ce sont les accusations les plus graves qui ressortent. Parmi elles : l’opération militaire spéciale a prouvé que l’armée russe est essentiellement inorganisée, non entraînée, indisciplinée et démoralisée ; il n’y a pas de véritable leadership ; et le ministère de la Défense ment régulièrement sur ce qui se passe sur le champ de bataille ainsi que sur les manœuvres de Wagner.

Prigojine est catégorique : c’est Wagner qui a lancé une opération visant à stabiliser le front lorsque l’armée russe battait en retraite dans le chaos à la suite d’une contre-attaque ukrainienne.

Son principal argument est que la Russie a tout ce qu’il faut pour gagner, rapidement et de manière décisive, mais que « les dirigeants » éloignent délibérément les ressources des acteurs qui en ont besoin (vraisemblablement Wagner).

Et cela est lié au succès de Bakhmout/Artemivsk : tout le plan a été mis au point par Wagner et le « général Armageddon » Sourovikine.

« Tuez-moi, ce serait mieux que de mentir »

Prigojine est sûr de savoir où se trouvent toutes les fournitures militaires nécessaires pour combattre pendant encore six mois. Wagner a besoin d’au moins 80 000 obus par jour. La raison pour laquelle ils ne les reçoivent pas relève du « sabotage politique. »

À cause de la bureaucratie russe – du ministère de la Défense au FSB, personne n’est épargné – l’armée russe « a été transformée de la deuxième meilleure armée du monde en l’une des pires – la Russie ne peut même pas s’occuper de l’Ukraine. Les défenses de la Russie ne tiendront pas si les soldats ne sont pas approvisionnés. »

Prigojine déclare de manière inquiétante dans l’interview que Wagner pourrait devoir battre en retraite s’il ne reçoit pas son ravitaillement. Il prévoyait la contre-offensive ukrainienne comme inévitable, fixant comme point de départ la date du 9 mai, jour de la Victoire.

Ce mercredi, il a doublé la mise : l’opération a déjà commencé, à Artemivsk, avec « des effectifs et des munitions illimités » et menace de submerger ses troupes sous-approvisionnées.

Prigojine est fier de vanter les mérites des renseignements de Wagner : ses espions et ses satellites lui disent que les forces de Kiev seraient même capables d’atteindre les frontières russes. Il réfute aussi farouchement les accusations de cinquième colonne : soulignant la nécessité de couper court à la propagande d’État, il déclare que « le peuple russe doit savoir parce qu’il devra payer de son sang pour cela. Les bureaucrates s’enfuiront simplement à l’Ouest. Ce sont eux qui ont peur de la vérité. »

On peut considérer que c’est une citation qui vaut de l’or : « Je n’ai pas le droit de mentir aux gens qui devront vivre dans ce pays à l’avenir. Tuez-moi si vous voulez, ce serait mieux que de mentir. Je refuse de mentir à ce sujet. La Russie est au bord de la catastrophe. Si nous ne resserrons pas immédiatement ces boulons desserrés, cet avion se désintégrera en plein vol. »

Il avance également un argument géoéconomique tout à fait valable : pourquoi la Russie devrait-elle continuer à vendre du pétrole à l’Occident par l’intermédiaire de l’Inde ? Selon lui, il s’agit d’une « trahison ». « Les élites russes sont en négociations secrètes avec les élites occidentales ». Il s’agit là d’un argument clé d’Igor Strelkov.

Le « Club des patriotes en colère »

Il n’y a pas de doute : si Prigojine dit la vérité, il s’agit – littéralement – d’une affaire nucléaire. Soit Prighozin sait tout ce que presque tout le monde ignore, soit il s’agit d’une maskirovka spectaculaire.

Pourtant, les faits observés sur le terrain depuis février 2002 semblent confirmer sa principale accusation : l’armée russe ne peut pas se battre correctement à cause d’une bande de bureaucrates complètement corrompus au sommet du ministère de la Défense, jusqu’à Choïgu, qui ne pensent qu’à s’enrichir.

Et ce n’est pas tout : dans un environnement bureaucratique rigide, les commandants en première ligne n’ont aucune autonomie pour prendre des décisions et s’adapter rapidement, et doivent attendre des ordres venant de loin. C’est la raison principale pour laquelle la contre-offensive de Kiev n’a aucune chance d’imposer des bouleversements spectaculaires.

Prigojine n’est certainement pas le seul parmi les patriotes russes à exprimer son analyse. En fait, il n’y a rien de nouveau : il a juste été plus énergique cette fois-ci. Strelkov dit exactement la même chose depuis le début de la guerre. Il s’est même regroupé au sein d’un « Club des patriotes en colère » qui a publié une vidéo explosive le 19 avril dernier.

C’est donc un petit groupe très actif, aux références patriotiques irréprochables, qui tire la sonnette d’alarme : La Russie risque de perdre complètement cette guerre par procuration si des changements radicaux ne sont pas apportés immédiatement.

Ou, une fois encore, il pourrait s’agir d’une brillante maskirovka, c’est-à-dire d’une erreur d’orientation de l’ennemi.

Si c’est le cas, cela fonctionne à merveille. Les organes de propagande de Kiev ont adopté triomphalement les accusations de Strelkov avec des titres tels que « La Russie est au bord de la défaite, Strelkov menace le Kremlin d’un coup d’État. »

Strelkov ne cesse de répéter que l’État russe ne prend pas cette guerre au sérieux et qu’il envisage de conclure un accord sans vraiment se battre, voire en cédant des territoires en Ukraine.

Sa preuve : l’armée russe « corrompue » (Prigojine) n’a fait aucun effort sérieux pour préparer l’économie ou l’opinion publique à une offensive – en termes d’entraînement et de logistique. Et ce, parce que les élites du Kremlin et de l’armée ne croient pas vraiment à cette guerre, ni ne la veulent ; elles préfèrent revenir au statu quo d’avant-guerre.

C’est donc reparti pour un tour. Maskirovka ? Ou une sorte de revanche du MoD sur Wagner ? Il est vrai qu’au début de l’opération militaire spéciale, l’armée russe n’a pas vraiment réussi à se ressaisir et qu’elle avait vraiment besoin de Wagner sur le terrain. Aujourd’hui, la donne a changé et le ministère de la Défense pourrait s’employer à réduire progressivement le rôle de Wagner afin que les hommes de Prigojine ne s’approprient pas tous les feux de la gloire lorsque la Russie commencera à s’attaquer à la jugulaire.

Le bourdon sur le sol du Kremlin

Au beau milieu de cette confrontation incandescente, on assiste à l’irruption, en pleine nuit, de deux minuscules drones kamikazes au-dessus du Kremlin.

Il ne s’agissait pas d’une tentative d’assassinat de Poutine, mais plutôt d’un coup de relations publiques bon marché. Les services de renseignements russes doivent avoir reconstitué toute l’histoire : les drones ont probablement été lancés de l’intérieur de Moscou ou de sa banlieue, par des cellules d’intervention ukrainiennes habillées en civil et munies de fausses cartes d’identité.

Il y aura d’autres cas de relations publiques de ce type, allant des voitures piégées aux mines terrestres improvisées en passant par les pièges. La Russie devra renforcer sa sécurité intérieure pour se préparer à une véritable guerre.

Mais qu’en est-il de la « réponse » à une « attaque terroriste », selon la terminologie du Kremlin ?

Elena Panini, de Russtrat.ru, propose une évaluation inestimable et non hystérique : « L’objectif de l’attaque nocturne, à en juger par les images vidéo, n’était pas le Kremlin lui-même ni même le dôme du palais du Sénat, mais le mât du dôme sur lequel se trouve une copie de l’étendard du président de la Fédération de Russie. Le jeu du symbolisme est déjà une affaire purement britannique. Une sorte de « rappel » de Londres, à la veille du couronnement de Charles III, que le conflit en Ukraine se développe toujours selon le scénario anglo-saxon et dans le cadre qu’il a fixé. »

Donc oui : ces cabots néo-nazis à Kiev ne sont que des outils. Les ordres qui comptent viennent toujours de Washington et de Londres, surtout lorsqu’il s’agit de franchir des lignes rouges.

Panini estime qu’il est temps pour le Kremlin de prendre l’initiative stratégique définitive. Il s’agirait notamment d’élever l’opération militaire spéciale au rang de véritable guerre, de déclarer l’Ukraine comme un État terroriste et de mettre en œuvre ce qui fait déjà l’objet de discussions à la Douma : le passage à l’utilisation « d’armes capables d’arrêter et de détruire le régime terroriste de Kiev. »

La double attaque de drone – une provocation combinée des néocons anglo-saxons – a offert à Moscou le cadeau parfait : un casus belli incontestable.

Une « tentative d’assassinat » de Poutine combinée à une tentative de sabotage du défilé du 9 mai, jour de la Victoire ? Selon le Stupid-O-Mètre, seuls les néoconservateurs sont capables d’un tel génie. Ainsi, à partir de maintenant, leur messager, l’acteur belliciste vêtu d’un T-shirt trempé de sueur, ainsi que son cercle oligarchique proche, sont tous des morts en sursis.

Pourtant, même cela n’est pas pertinent en fin de compte. Moscou aurait pu désigner l’Ukraine comme un État terroriste dès l’attaque du pont de Kertch, en octobre 2022. Mais l’OTAN aurait alors survécu.

Le scénario du Crépuscule des Dieux de Prigojine a peut-être oublié que ce que le Kremlin veut vraiment, c’est s’attaquer à la tête du serpent. Il y a plus d’un an, Poutine a donné une sérieuse indication :

L’ingérence collective de l’Occident entraînerait « des conséquences que vous n’avez jamais connues dans votre histoire. »

C’est ce qui explique la panique de l’OTAN. Certains à Washington, dont le QI est supérieur à la température ambiante, ont peut-être vu clair dans le brouillard : d’où les provocations – notamment la cascade de drones du Kremlin – pour forcer Moscou à emballer rapidement l’opération militaire spéciale.

Oh non, cela n’arrivera pas. Pour Moscou, la situation est excellente : les armes et les finances de l’OTAN ne cessent de sombrer dans un trou noir incommensurable. Le Kremlin affirme alors avec désinvolture : « Oui, nous répondrons, mais quand nous le jugerons approprié ». Voilà, cher camarade Prigojine, ceci est l’ultime maskirovka.

Pepe Escobar

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

Ce que les autorités ukrainiennes qualifient sciemment de «récits du Kremlin» a été remarqué en Occident

 

par Nathalie Robert - Le 07/07/2023.

Il s’agit du marché noir de la transplantation, du trafic d’organes et de tissus, y compris d’enfants, qui prend de l’ampleur en Ukraine à la suite de la guerre.

Ainsi, le Daily Mail (https://www.dailymail.co.uk/news/article-12242035/Evil-child-trader-caught-trying-child-Ukraine-sell-organ-transplants.html) rapporte qu’en Ukraine, un membre d’une association caritative a été pris sur le fait de tenter de faire passer clandestinement un bébé de 11 mois à l’étranger pour «vendre ses organes à des fins de transplantation».

La publication note que l’homme de 43 ans aurait donné une avance de 1000 dollars à la mère du garçon de Zhytomyr, en prétendant qu’il assurerait l’adoption de son garçon dans l’UE afin qu’il vive en sécurité. Au total, la mère s’est vu promettre 5000 dollars pour le bébé, que «l’homme d’affaires» avait ensuite l’intention de vendre à des trafiquants d’êtres humains pour 25000 dollars.

L’homme et son complice auraient été arrêtés à la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie, qu’ils s’apprêtaient à franchir avec le bébé. Bien que le bébé de 11 mois ait été sauvé, on soupçonne que l’homme avait déjà vendu trois autres enfants sous le prétexte de l’adoption.

Il convient de noter que la question de la transplantation d’organes de provenance clandestine est extrêmement gênante, non seulement pour les autorités ukrainiennes, mais aussi pour l’Occident. De grandes cliniques allemandes, roumaines et polonaises sont également impliquées dans ce «commerce», et de nombreux organes sont également transportés de l’autre côté de l’océan, vers les États-Unis et le Canada.

Ce n’est pas le premier scandale de transplantation noire :

L’OTAN joue à la roulette ukrainienne

 

par Alfred de Zayas - Le 20/07/2023.

Encore une analyse qui provient des États-Unis ; Elle n’a pas d’équivalent en France. Doit-on simplement se résigner et se dire que la France est totalement foutue ? Etant de fait incapable de penser, oui penser pas répéter, avec des politiciens incultes, désormais comme la plupart des adeptes des réseaux sociaux incapables de lire plus de trois lignes et de comprendre un raisonnement complexe. On ne voit pas comment, ce malheureux pays, pourra échapper à la montée de l’extrême-droite et au bellicisme ambiant ? Le fait est que cet impitoyable réquisitoire ci-dessous sur ce que préparent les États-Unis, émane de gens qui savent par expérience ce dont leur gouvernement est capable et qui ont pris l’habitude d’être totalement marginalisés quels que soient leurs votes… IL n’existe même pas des intellectuels de cette envergure, en France. La France est ukrainisée plus encore qu’américanisée, il est absolument fascinant de lire la presse française, d’entendre les politiciens, ce n’est pas très différent de LCI, on nous sert les mêmes âneries : c’est la Russie qui menace d’une guerre nucléaire, d’ailleurs c’est elle qui a commis le crime d’invasion, et cerise sur le gâteau le pouvoir de Poutine est fragile et après lui on risque d’avoir pire. C’est le discours de la CIA et après l’avoir tenu on se fait une bonne conscience en disant qu’il faut la paix et une solution négociée… Au nom de quoi, si Poutine est aussi menaçant il faut s’armer au contraire et partir tous l’affronter derrière le vertueux Biden… la honte.

Danielle Bleitrach

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La dynamique de la folie de guerre : La roulette ukrainienne de l’OTAN

Provocations délibérées d’un rival nucléaire, coups d’État, révolutions de couleur, promesses non tenues, traités non rompus, escalade des tensions, diabolisation, invectives, doubles standards – tout cela en affirmant l’adhésion aux normes juridiques internationales et en jouant l’innocence de nos agressions, de nos violations des Conventions de La Haye et de Genève, des articles 1(2)1, 2(3)2, 2(4)3 et 394 de la Charte des Nations unies.

Chars Abrams, chars Leopard, F-16, armes aveugles, uranium appauvri, bombes à fragmentation. Les sommets illustrent comment la boussole morale de l’Occident collectif se perd dans l’avalanche de fausses nouvelles5, de fausses histoires, de fausses lois, de rhétorique belliqueuse, d’hyperbole médiatique, de harcèlement en série de dissidents, de persécution des lanceurs d’alerte, de censure. La mentalité binaire occidentale continue de diviser le monde en bons et mauvais pays, démocraties et autocraties. Il y a peu de place pour dresser un tableau complet de la préhistoire, des causes profondes des conflits et des nuances. On observe une absence presque totale de sens des proportions.

La majorité mondiale en Amérique latine, en Afrique et en Asie est de plus en plus alarmée par le spectacle surréaliste d’un Occident collectif qui semble hors de contrôle, développant sa propre dynamique mortelle, affichant un paroxysme de russophobie et de sinophobie, d’incitation à la haine, de cancel culture, de refus d’entretenir un dialogue sérieux, doublant les exigences eschatologiques. De nombreux penseurs et politiciens non occidentaux formulent des avertissements justifiés selon lesquels les conflits intestinaux en cours en Occident ont un impact négatif sur les économies des pays du tiers monde et pourraient finalement entraîner une apocalypse pour la planète entière. L’Occident ne joue pas à la roulette russe classique – il a développé sa propre version : la roulette ukrainienne, la banque apocalyptique compulsive.

Pendant ce temps, les médias occidentaux, notamment ReutersAPCNNFoxNew York TimesWashington PostBBCLe MondeFigaroFAZder Spiegel, et même la NZZ suisse, assurent l’endoctrinement quotidien du public occidental, en diffusant des récits biaisés qui répètent et embellissent ce que Washington et Bruxelles ordonnent, ignorant allègrement les autres points de vue et perspectives, ainsi que le principe «audiatur et altera pars». La liberté des médias dans l’Occident collectif semble signifier le droit de répéter ad nauseam les récits de l’OTAN, même lorsqu’il a été prouvé qu’ils étaient erronés. Cette «liberté» inclut également la liberté d’ignorer toute voix critique sur l’OTAN et de s’abstenir de poser des questions critiques lors des conférences de presse de l’OTAN.

Les médias occidentaux omettent systématiquement de faire état des craintes de milliards d’êtres humains dans le reste du monde, Brésiliens, Mexicains, Sud-Africains, Ougandais, Indiens, Chinois, qui souhaitent la paix et la stabilité dans le monde ainsi qu’une chance de développement durable. Nombreux sont ceux qui, dans ces pays, accusent non pas la Russie, mais Washington et Bruxelles d’avoir provoqué le conflit ukrainien. Cette majorité mondiale ne s’intéresse pas à la question de savoir si la Crimée se trouve en Russie ou en Ukraine. Elle exige une solution pacifique à un conflit interne à l’Occident, afin que les retombées ne perturbent pas les économies des pays non occidentaux. La paix doit être recherchée et obtenue à la table des négociations et non sur le champ de bataille.

Le pouvoir de la propagande

Sur les plans juridique, moral et politique, la vérité est moins importante que la perception de la vérité. Depuis des temps immémoriaux, le langage a façonné notre perception de la réalité, l’a colorée selon l’agenda politique des puissants. La propagande n’a pas été inventée au XXIe siècle. Il a toujours existé et généré une pseudo-réalité opportuniste, une épistémologie qui subvertit notre compréhension des faits et des événements. Les étiquettes, les caricatures, les généralisations servent de raccourcis pour porter un jugement et influencent notre comportement quotidien dans nos choix. Nous ne sommes pas obligés d’utiliser ces modèles, mais la plupart des gens le font sans réfléchir.

Les gestionnaires narratifs des médias grand public sont déterminés à nous persuader de croire qui est bon et qui est mauvais, quels politiciens nous devrions aimer, qui nous devrions mépriser, quelle «métaphysique» nous devrions considérer comme valide dans l’épistémologie dominante. Bien sûr, nous avons toujours nos propres cerveaux et pouvons les utiliser – sapere aude ! Comme disait Horace6. Ce qui est triste, c’est que même des personnes très instruites, diplômées de Harvard, d’Oxford, de Science-Po, continuent de faire confiance à des médias qui ne méritent pas notre confiance. Comme Jules César l’a dit : quae volumus, ea credimus libenter – nous croyons ce que nous voulons croire7. En effet, il faut de la témérité pour se rendre compte que nos propres politiciens et médias nous mentent, qu’ils sont des pourvoyeurs de désinformation et des praticiens de la double pensée orwellienne.

L’être humain a un désir inné de croire en une métaphysique positive, veut admirer une certaine autorité, a besoin d’avoir des repères, des points d’orientation. C’est pourquoi nous sommes tous, dans une certaine mesure, négationnistes, résistants aux mauvaises nouvelles. Malgré la désinformation officielle flagrante qui a précédé les agressions occidentales au Vietnam, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, nous voulons toujours croire que nos gouvernements sont vraiment des champions de l’État de droit et des droits de l’homme, qu’ils «ont de bonnes intentions», même s’ils «font parfois des erreurs» par inadvertance.

Bien sûr, il est douloureux d’accepter que certaines choses qui nous affectent sont laides, mais la réalisation ouvre en fait de nouvelles perspectives. Si nous rejetons la foi aveugle dans nos dirigeants et pratiquons un scepticisme sain, si nous recherchons de manière proactive d’autres points de vue et perspectives, nous grandissons, devenons matures et éprouvons un sentiment de libération des illusions, acquérant un nouveau but basé sur les faits tels qu’ils se présentent, et non comme nous voudrions qu’ils soient.

La fonction de la loi

Le droit a une fonction épistémologique en définissant ce qui est permis et ce qui est répréhensible. La loi n’est pas immuable ou donnée par Dieu, mais constitue une codification des règles du jeu à un moment donné dans le temps et dans un contexte particulier. Le droit ne doit pas être confondu avec la justice. Le droit n’est que l’expression d’un certain ordre de choses, les générations passées et futures et d’autres civilisations peuvent avoir des ordres juridiques et des idées entièrement différents quant à ce qu’implique la justice.

L’éducation nous apprend à respecter certaines «lignes rouges» établies par les scribes de notre société – les législateurs dans les parlements, aux Nations unies, dans les conférences internationales, comme celles organisées par le Comité international de la Croix-Rouge, qui ont concrétisé le ius in bello, les lois de la guerre. Ces codifications comprennent le rejet des armes frappant sans discrimination telles que les mines terrestres et les bombes à sous-munitions. La Convention internationale interdisant les armes à sous-munitions (123 signataires, 111 États parties)8 du 3 décembre 2008 a été signée par de nombreux États qui envisagent maintenant de fournir des bombes à sous-munitions à l’Ukraine. Allez comprendre !

Les juges appliquent les lois qui ont été codifiées par les institutions dotées d’un pouvoir législatif. C’est ce que nous aimons appeler «l’État de droit», qu’il ne faut pas confondre avec la «règle de justice». En outre, «l’État de droit» est systématiquement mis à mal lorsque la profession juridique s’engage dans une politique de deux poids, deux mesures éhontée et que les tribunaux internationaux comme la Cour pénale internationale9 pratiquent la sélectivité, n’enquêtant que sur certains crimes, tout en laissant impunis les crimes commis par les pays occidentaux.

Organisations criminelles

Les articles 9 et 10 de l’accord de Londres du 8 août 1945, le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, ainsi que le jugement de Nuremberg du 1er octobre 194610 ont créé un précédent pour un crime jusque-là non codifié – l’appartenance à une «organisation criminelle». Plusieurs organisations NAZI, dont les SS, la Gestapo et le Cabinet du Reich, se sont révélées être des organisations criminelles, un concept problématique qui va à l’encontre du principe juridique de la présomption d’innocence.

Si nous avançons rapidement au XXIe siècle et considérons les activités de la CIA, du MI6, du Mossad, les assassinats ciblés, les actions ouvertes et secrètes en violation des Conventions de La Haye et de Genève, quelle est la pertinence du précédent de Nuremberg pour ces organisations et pour l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord elle-même. Si nous compilons les preuves de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par les forces de l’OTAN au cours des 30 dernières années, cela suffirait largement à la Cour pénale internationale pour émettre des actes d’accusation pour violations des articles 7 (crimes contre l’humanité) et 8 (crimes de guerre) du Statut de Rome.

Initialement, l’OTAN avait sa raison d’être dans son traité de 1949. Mais au moment où le Pacte de Varsovie a été démantelé en 1991, cette justification est tombée, et il s’est progressivement transformé en un bloc militaire hégémonique impérialiste, déterminé à imposer la Weltanschauung de l’Occident collectif au reste du monde.

Si le Chapitre VIII de la Charte des Nations unies reconnaît la légitimité des «arrangements régionaux» (articles 52 à 54) dans le domaine de la sécurité collective, cela exige que ces arrangements régionaux soient subordonnés à l’autorité supérieure du Conseil de sécurité, qui a le monopole de l’usage légal de la force. Depuis les années 1990, l’OTAN a conspiré pour usurper les fonctions du Conseil de sécurité et s’en est jusqu’à présent tirée, bien que le traité de l’OTAN doive céder le pas à la primauté de la Charte des Nations unies, conformément à l’article 103 de la Charte, la «clause de suprématie». Si les États ne sont pas satisfaits de l’état actuel du droit international, il leur appartient de demander un amendement à la Charte des Nations unies conformément à l’article 108.

Il ne fait aucun doute qu’il était contraire à la Charte des Nations unies que les pays de l’OTAN utilisent la force militaire contre la Yougoslavie en 1999 en l’absence d’une résolution du Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VII et d’une conclusion en vertu de l’Article 39 de la Charte selon laquelle il y avait eu une menace ou une rupture antérieure de la paix et de la sécurité internationales et un échec des négociations pacifiques sous les auspices des Nations unies. Sans l’approbation du Conseil de sécurité, les actions de l’OTAN en Yougoslavie et ailleurs sont tout simplement illégales et engagent la responsabilité civile et pénale des États, y compris l’obligation de verser des réparations aux victimes de l’agression. Les actions de l’OTAN depuis l’entrée en vigueur du Statut de Rome en 2001 méritent d’être examinées sous la rubrique «crime d’agression» (art. 5 du Statut de Rome) complétée par la définition de Kampala de l’agression, et, bien sûr, au titre des articles 7 et 8.

La fin ne justifie jamais les moyens

Le diplomate florentin Nicolo Machiavel n’a jamais écrit l’expression «la fin justifie les moyens» dans son célèbre livre Le Prince. Cependant, l’idée maîtresse de tout le livre est précisément cela. À travers les âges, les détenteurs du pouvoir ont toujours prétendu que, parce que leurs objectifs étaient censés être nobles, les moyens d’atteindre ces objectifs devraient être autorisés. La même idée est exprimée dans l’idiome commun que vous ne pouvez pas faire une omelette sans casser des œufs. Mais c’est une excuse boiteuse. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les moyens mauvais contaminent la fin et la rendent mauvaise aussi.

Les politiciens et les médias de l’Occident collectif tentent de justifier l’injustifiable, y compris la livraison aveugle d’armes à l’Ukraine, la dissimulation de l’implication américaine dans l’explosion des pipelines Nordstream11, la responsabilité de l’Ukraine dans le bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijia et du barrage de Kakhovka12 et d’autres barrages13. Les politiciens et les médias s’excusent systématiquement des crimes de guerre commis par les forces de l’OTAN. Au-delà du simple blanchiment des crimes, ils s’engagent dans une forme de censure totalitaire et pratiquent une persécution vicieuse des lanceurs d’alerte qui nous disent quels crimes sont commis en notre nom. En effet, le secret est un catalyseur de la criminalité. Peu de gens savent que l’Holocauste, le plus grand crime du XXe siècle, a été largement perpétré sous couvert de secret, que le Führerbefehl Nr. 1 d’Hitler exigeait un secret absolu sur les pratiques gouvernementales14, que les tueurs des Einzatzgruppen devaient signer sous peine de mort qu’ils ne révéleraient jamais rien sur les meurtres, pourquoi Heinrich Himmler a rappelé aux tueurs dans son discours de Posen de 1943 la nécessité absolue du secret. C’est pourquoi il y a eu l’opération nazie 100515 pour tenter d’effacer les preuves des meurtres commis par les Einsatzgruppen, en creusant des fosses communes et en remuant les squelettes, pourquoi la plupart des camps de concentration de l’Est ont été évacués et détruits avant leur capture par l’armée soviétique. Le secret et le déni étaient des éléments indispensables de l’association de malfaiteurs16.

Le livre du rapporteur de l’ONU Nils Melzer «The Trial of Julian Assange»17 documente les violations flagrantes de l’État de droit aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède et en Équateur en relation avec le coup monté et la «poursuite» d’Assange. En effet, Nils Melzer est l’Emile Zola du XXIe siècle, démontrant une inconduite judiciaire bien pire que Zola révélée dans les années 1890 en relation avec le coup monté d’Alfred Dreyfus par un tribunal militaire français. Le scandale Assange est bien pire que l’affaire Dreyfus18, mais les médias grand public d’aujourd’hui ont totalement échoué dans leur devoir de chien de garde et de nombreux journalistes ont même rejoint les loups.

Quel avenir pour l’OTAN ?

Des professeurs comme John Mearsheimer19, Richard Falk20, Jeffrey Sachs21, Stephen Kinzer22 et d’autres ont exprimé leur inquiétude quant aux dangers que l’OTAN fait peser sur la survie de l’humanité, sur la logique qu’elle devrait être démantelée. Le mieux que l’on puisse espérer est que l’OTAN soit progressivement éliminée et que la majorité mondiale réussisse à rejeter l’ambition de l’OTAN de poursuivre son expansion non seulement en Europe, mais aussi dans la région Asie-Pacifique. Peut-être que si la majorité mondiale dénonce les multiples crimes de guerre commis par les forces de l’OTAN au cours des 30 dernières années et exige des comptes de la part des pays de l’OTAN, la perception de l’OTAN comme une «alliance de défense» sera remplacée par l’étiquette «organisation criminelle».

Lorsque l’endoctrinement médiatique et la propagande sur l’OTAN seront révélés comme faux, lorsque la perception dans les pays occidentaux passera du positif au négatif, lorsque les gens se rendront compte que l’OTAN est une institution machiavélique qui a épuisé son utilité, il sera possible de la réduire progressivement.

En fin de compte, l’OTAN doit être reconnue non seulement comme une organisation criminelle, un vestige fanfaron d’un impérialisme occidental moribond, mais aussi comme un danger mortel pour la survie de la civilisation sur Terre. L’OTAN est du mauvais côté de l’histoire.

source : Counterpunch via Histoire et Société

  1. Parmi les objectifs de l’ONU «Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre d’autres mesures appropriées pour renforcer la paix universelle»
  2. Tous les Membres règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques de manière à ne pas mettre en danger la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice.
  3. Tous les Membres s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies.
  4. Le Conseil de sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix…
  5. https://www.abc.net.au/2023/07/13/key-takeaways-from-nato-day-two-putin-zelenskyy-matter ; https://edition.cnn.com/2023/07/12/politics/biden-nato-summit. Comparez https://www.normanfinkelstein.com/the-mask-is-off-why-ukraine-will-never-be-a-nato-member
  6. Osez penser par vous-même, osez savoir ! Horace, «Premier livre de lettres» (20 av. J.-C.). Emmanuel Kant a également utilisé l’expression dans son essai de 1784 «Qu’est-ce que les Lumières ?»
  7. «De bello civile», 2, 27, 2
  8. https://www.clusterconvention.org
  9. A. de Zayas, chapitre 4, «The Human Rights History», Clarity Press, Atlanta 2023.
  10. https://avalon.law.yale.edu/imt/judgen.asp
  11. https://seymourhersh.substack.com/how-america-took-out-the-nord-stream
  12. https://abcnews.go.com/International/strategically-vital-nova-khakovka-dam-blown-border-ukraine ; https://www.reuters.com/world/europe/putin-accuses-ukraine-destroying-kakhovka-dam-behest-west-2023-06-07/
  13. https://www.npr.org/2022/09/06/ukraine-flooded-village-dam-blown-up
  14. https://www.tagesspiegel.de/kultur/staatsgeheimnis-1989490.html
  15. https://www.jewishvirtuallibrary.org/aktion-1005
  16. A de Zayas, «Völkermord als Staatsgeheimnis», Olzog Verlag, Munich 2011
  17. Verso Books, New York, 2022
  18. https://www.britannica.com/France/The-Dreyfus-Affair
  19. «The Great Delusion», Yale University Press, 2018. https://www.jstor.org/stable/24483306 ; https://www.jstor.org/stable/24483306
  20. https://richardfalk.org/2022/03/31/make-peace-not-war-in-ukraine/
  21. https://www.commondreams.org/the-war-in-ukraine-was-provoked-and-why-that-matters-if-we-want-peace
  22. https://podcasts.apple.com/stephen-kinzer-on-the-uss-immoral-proxy-war-in-ukraine

La communauté du renseignement des États-Unis envoie des messages contradictoires sur l’Ukraine

  1. par Larry Johnson - Le 04/09/2023.

La communauté du renseignement américaine n’est pas un monolithe. Elle ressemble plutôt à une société féodale. Les trois grands seigneurs féodaux de l’analyse du renseignement sont la Central Intelligence Agency (CIA), la National Security Agency (NSA) et la Défense Intelligence Agency (DIA). Tous trois produisent des «renseignements bruts» : les agents de la CIA produisent des rapports sur les étrangers qui ont accepté de travailler en secret pour les États-Unis, la NSA recueille toutes les formes de renseignements électroniques (appels téléphoniques, courriels, etc.) et la Défense produit des rapports sur les attachés de défense américains affectés aux ambassades des États-Unis dans le monde entier. Chacune garde jalousement son propre produit et les employés de ces trois agences peuvent être considérés comme des vassaux. (Il faut bien avoir un vassal quand on est un seigneur féodal).

Il y a ensuite le directeur du renseignement national (Director of National Intelligence ou DNI). Ce poste a été créé au lendemain du 11 septembre et est censé «gérer» et «coordonner» tous les membres de la communauté du renseignement. La solution habituelle à Washington consiste à créer une nouvelle couche de bureaucratie pour résoudre l’échec de bureaucraties déjà gigantesques qui coopèrent rarement. La réalité est tout autre : Les trois grands ne se plient pas toujours à la volonté du DNI. J’ai entendu dire que la CIA et la DIA font du bon travail en rapportant honnêtement ce qui se passe sur le terrain en Ukraine – c’est-à-dire que l’Ukraine subit des pertes terribles et que la contre-offensive est en train d’échouer. Malheureusement, comme Sy Hersh l’a déjà rapporté, Biden et son équipe de sécurité nationale ignorent ces rapports de renseignement et adoptent les «analyses» émanant du Bureau du DNI.

Selon le DNI, l’Ukraine est en train d’écraser l’armée russe et les États-Unis et l’OTAN n’ont plus qu’à être patients et à attendre l’effondrement inévitable de la Russie. Certains chefs militaires américains – qui ignorent tout de l’histoire récente de la Russie en matière d’insurrection islamique radicale – sont fermement convaincus que la Russie ne peut pas remporter de victoire militaire sur l’Ukraine, que la guerre est une impasse et que la Russie s’enlisera pendant des années dans la lutte contre les insurgés de Bandera.

Les dirigeants de l’USIC et les militaires croient toujours en leur conclusion initiale selon laquelle la Russie est faible parce qu’elle n’a pas traversé l’Ukraine à toute vapeur et n’a pas mis Zelensky en déroute il y a 12 mois. Ils attribuent l’«échec» de la Russie à des bureaucrates ineptes et corrompus, désireux de maîtriser l’armée russe. Poutine se voit également reprocher par ces dirigeants de ne pas avoir écouté les chefs militaires russes et les chefs de Wagner pour faire le nécessaire afin de remporter la victoire. Poutine et son équipe sont perçus en Occident comme des faibles, des maniaques du contrôle qui empêchent les militaires d’enlever les gants blancs et de faire la magie.

Étant donné que les dirigeants des services de renseignement et de l’armée des États-Unis considèrent la guerre en Ukraine à travers ce prisme, les analystes et leurs responsables subissent, pour la plupart, d’énormes pressions pour conclure que la Russie est un adversaire quasi de même puissance, incapable et incompétent, et qu’elle ne peut pas durer.

Je continue de penser que les hypothèses sur l’échec présumé de la Russie ne tiennent pas compte du récit contraire :

• L’économie russe est robuste et saine malgré les sanctions occidentales.

• L’influence politique de la Russie dans le monde s’accroît et ne se réduit pas. Les BRICS en sont un bon exemple.

• La Russie inflige d’énormes pertes à l’armée ukrainienne et décime les infrastructures essentielles à la campagne militaire ukrainienne.

• L’industrie russe de la Défense a atteint des niveaux de production que l’Occident ne peut égaler.

• L’accès apparemment illimité de la Russie aux ressources naturelles, à l’énergie et aux minéraux de terres rares renforce la position militaire de la Russie dans le monde.

• La Russie jouit d’un avantage technologique considérable sur l’OTAN en termes de guerre électronique, de systèmes de défense aérienne, de véhicules poseurs de mines et de missiles hypersoniques.

• Les dirigeants russes et leur peuple croient sincèrement qu’ils sont confrontés à une menace existentielle de la part de l’Occident.

• L’Ukraine est totalement dépendante de l’Occident qui lui fournit l’argent et les armes dont elle a besoin pour continuer à se battre.

Le refus des dirigeants occidentaux, en particulier de l’équipe de Biden, d’envisager cette autre version des faits accroît les risques chaque jour. Des hypothèses fausses ou erronées sur les raisons pour lesquelles la Russie fait ce qu’elle fait comportent un risque énorme d’erreur de calcul de la part des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN.

La capacité de l’Ukraine à soutenir la contre-offensive en cours diminue de jour en jour. Les rapports selon lesquels l’Occident va faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle se mette sur un pied de guerre complet et mobilisé et qu’elle entraîne une nouvelle armée de 300 000 hommes sont illusoires. Contrairement à la Russie, qui est au moins huit fois plus peuplée que l’Ukraine, l’Ukraine ne dispose pas d’une réserve saine et jeune de recrues potentielles. Même si Zelensky et ses généraux pouvaient mobiliser 300 000 hommes ou plus, où vont-ils s’entraîner et quelle formation recevront-ils réellement ? Les nouvelles recrues affectées à l’utilisation des chars de combat doivent s’attendre à un cycle d’entraînement d’au moins 12 mois, rien que pour acquérir une compétence minimale en matière de manœuvres et de tirs. S’ils commencent en octobre, ces nouveaux corps ne seront pas prêts avant septembre 2024 au plus tôt.

Toutes ces discussions sur la mobilisation ukrainienne et les nouveaux entraînements ne tiennent pas compte du fait que la Russie aura son mot à dire dans cette affaire. Moscou ne restera pas les bras croisés. La pléthore de feux à longue portée de la Russie, par exemple, signifie qu’il n’y a pas de base d’entraînement sûre en Ukraine. L’entraînement devra se faire dans plusieurs endroits en Europe et il y a de plus en plus de signes que les dirigeants européens en ont assez d’accueillir des recrues ukrainiennes. Enfin, l’OTAN et l’Ukraine risquent de voir la Russie lancer sa propre offensive pour affaiblir encore la capacité de l’Ukraine à résister et à s’emparer de nouveaux territoires.

Une autre hypothèse importante est discutable : Le reste du monde reste calme et il n’y a pas d’autres crises de politique étrangère qui distraient les États-Unis et/ou l’Europe. Compte tenu des coups d’État en Afrique et des tensions avec la Chine, cela ne semble pas être un pari sûr.

source : A Son of the New American Revolution

traduction Réseau International

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