La "Grande Muette" se met à parler

...par Christian Vanneste - le 18/10/2016.

 

Professeur de philosophie au LICP de Tourcoing. Il à été adjoint à la culture de sa ville, conseiller régional Nord Pas de Calais, vice président de la communauté urbaine de Lille et député de la 10 éme circonscription du Nord pendant 3 mandats..

Profondément attaché à sa région, à la Vallée de La Lys et aux 6 villes de sa circonscription (Bousbecque, Halluin, Linselles, Neuville-en-Ferrain, Roncq et Tourcoing), il à cœur d’en défendre, avec fierté, le patrimoine, l'identité et les traditions, et d'en promouvoir le dynamisme économique et l'emploi.



 

Les policiers ont manifesté hier à Paris. Ce n’est pas la première fois, mais il s’agissait là d’un mouvement spontané en dehors des organisations syndicales pour exprimer non des revendications mais une exaspération suscitée par le mépris du pouvoir à l’égard de ceux qui sont chargés d’assurer l’ordre public et la sécurité des citoyens qu’il expose à une violence de plus en plus dangereuse et peu suivie d’une action efficace de la justice. 

L’idée d’une inversion des valeurs qui amène un policier à avoir infiniment plus peur d’utiliser son arme qu’un délinquant ne craint de le faire se propage dans l’opinion.

 

Un général de la gendarmerie, le troisième dans la hiérarchie a été « éloigné » à la direction de l’Outre-Mer en 2013 pour avoir osé dire la vérité lors d’une audition par la Mission d’information relative à l’insécurité issue de la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale.

Le Général Bertrand Soubelet fait le récit de cette forfaiture de la République dans un livre : « Tout ce qu’il ne faut pas dire ». A la suite de la parution de l’ouvrage, il a été cette fois démis de ses fonctions. Le tort du général était d’avoir souligné l’insuffisance des moyens de la justice, le goulot d’étranglement entre l’action policière et les décisions judiciaires, rendu plus étroit encore par les préjugés idéologiques de certains magistrats.

C’est une évidence que tous ceux qui ont exercé sérieusement un mandat national connaissent, qu’il était essentiel de mettre en avant auprès de la Mission, et de révéler aux Français.

 

La réaction d’Alain Juppé fut inconvenante. Il justifia l’éviction du général en disant que celui-ci devait fermer sa gueule ou démissionner, comme un ministre. Autrement dit, un politicien refusait le droit à un militaire d’informer les Français sur la réalité que la caste politique s’évertue à cacher.

Cette stupéfiante inversion des valeurs entre la vérité et le mensonge, entre l’oligarchie politicienne et ceux qui ont le devoir de défendre le pays a entraîné une réponse musclée du Général Pinard-Legry, président de l’Association de Soutien à l’Armée Française : « Un officier général n’est pas un ministre qui passe d’un ministère à un autre souvent sans connaître grand chose aux matières qu’il est amené à y traiter. » Sa compétence lui dicte le devoir d’informer le pays lorsque des politiques mettent celui-ci en danger.

 

Ce cas n’est pas un accident isolé. L’arrogance des politiques à l’encontre des militaires semble croître à mesure que la classe politicienne dévoile son incompétence et parfois sa corruption. Certes l’Armée doit servir la République, mais elle défend d’abord la Nation. Quand les élus pratiquent une politique ou acceptent des situations qui s’opposent à cette mission, il est légitime que les militaires en tant que citoyens s’expriment. Ils peuvent et doivent le faire lorsque le Parlement procède à une réflexion qui appelle leurs informations et leurs conseils.

Le fait que l’exécutif punisse un militaire pour avoir été sincère dans cette situation est évidemment un empiétement totalement illégitime sur le pouvoir législatif qui en dit long sur l’état de décrépitude de notre démocratie.

 

Par ailleurs, un Général en retraite est un citoyen. Le fait d’avoir commandé des opérations militaires périlleuses au service d’un pays auquel il a plus qu’un autre consacré sa vie devrait imposer à son égard le plus grand respect. Il n’est pas moins citoyen qu’un autre Français. On serait tenté de dire qu’il l’est davantage que certains. Cela n’a pas été l’avis du sénateur Gilbert Roger qui s’est permis d’écrire au Général de Villiers Chef d’Etat-Major des Armées, pour lui demander de « rappeler à l’ordre les militaires retraités qui critiquent la politique menée ».

L’ASAF a condamné cette démarche scandaleuse.

 

Le Général Piquemal qui manifestait à Calais le 6 Février a été interpellé sans ménagement et mis en garde-à-vue durant 48 heures. Il sera relaxé à Boulogne le 26 Mai, mais les rats de cabinet qui nous dirigent vont s’acharner : il est mis à la retraite et exclu de la 2e section puis au mois d’Août, lorsque l’opinion publique est sur les plages, il est radié des cadres. La carte d’identité militaire lui est retirée et il n’a plus le droit de porter l’uniforme.

Ces décisions abjectes, humiliantes  et disproportionnées à l’encontre de l’ancien patron de la Légion prises par de minables politiciens ne peuvent que soulever la réprobation et le mépris.

Lorsqu’une société inverse à ce point les valeurs, c’est évidemment elle qui doit être renversée.

Le Général exerce son droit de recours. Un comité de soutien est lancé par le Général Martinez, co-président de Volontaires pour la France, qui ne mâche pas ses mots à propos de la politique menée à l’égard de l’islam notamment. Le Général Tauzin qui souhaite se présenter à l’élection présidentielle a également soutenu Christian Piquemal.

 

Pendant longtemps, les politiciens, surtout ceux de gauche ont manifesté de la suspicion voire de l’hostilité à l’encontre de l’Armée. Avant guerre, les soldats de métier ne pouvaient voter comme si le fait de mettre sa vie au service du pays faisait d’eux des citoyens de second rang.

Cette attitude devient insupportable à mesure que les politiciens exhibent leurs insuffisances. La compétence et le patriotisme appellent les militaires à sortir de leur silence, à se dégager d’un prétendu devoir de réserve.

On ne peut être complice de la trahison par sa passivité sans se trahir soi-même.

La Grande Muette se met à parler !

 

 

Mercredi 19 je consacre la première partie de mon émission de Radio-Courtoisie à cette question. ( 18h-19h30)

 


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