Les Etats-Unis officialisent l’ingérence en Biélorussie

...par Karine Bechet-Golovko - Le 05/09/2020.

 

Malgré le discours formaté des médias atlantistes nous affirmant haut et fort, tous d’une seule voix dans la grande pluralité de leur ligne éditoriale, que la situation en Biélorussie est une crise intérieure, absolument pas manipulée de l’extérieur, de plus en plus d’éléments démontrent clairement le contraire. Sans même parler des déclarations des officiels américains, des « consultations » offertes aux opposants en Pologne, de leur accueil en Lituanie, l’armée américaine déplace des forces aux frontières biélorusses (officiellement pour des exercices) et veut lancer l’OSCE dans la danse pour faire tomber Loukachenko, menaçant de sanctions ceux qui oseraient critiquer. Mais non, ce n’est pas de l’ingérence tout ça, c’est un merveilleux combat « pour la démocratie ». L’Ukraine le connaît.

Loukachenko, fort de l’expérience ukrainienne, ne lâche rien. Les officiels russes le soutenant, la version classique de la mise en scène du « bon peuple » contre le « méchant » ne sera pas suffisante pour que la Biélorussie tombe dans le panier du monde global. Donc la tactique évolue et les menaces de sanctions, s’ajoutent aux incitations au départ.

Ainsi, le représentant américain à l’OSCE déclare :

« Ce que nous devons faire immédiatement, c’est convaincre Loukachanko qu’il ne peut être Président du pays dans ces circonstances« 

Pour mieux le convaincre, les Etats-Unis déplacent dans la ville de Pagrad, en Lituanie, un bataillon de tanks. La ville se trouve à la frontière biélorusse. Officiellement, ce ne sont que des exercices militaires. Il est vrai que l’armée américaine ne va pas simplement entrer sur le territoire de la Biélorussie, mais c’est une menace, un avertissement. Parallèlement, Washington menace de sanctions tous ceux qui oseraient critiquer les manifestations de l’opposition. Autrement dit, la liberté de la Pax Americana, c’est d’être d’accord avec nous.

De son côté, la Lituanie est prête à accueillir les étudiants-manifestants, ce qui est finalement une grande tradition, puisque c’est justement à Vilnius que se trouve « l’Université biélorusse en exile », là où par ailleurs, j’ai enseigné quelques années – avant de comprendre.

Quant à l’opposition, elle est encore partie chercher des consultations, cette fois-ci en Pologne. L’ancien ministre de la Culture, qui est entré dans le fameux et fumeux Conseil de coordination de l’opposition, Pavel Latouchko est parti le 2 septembre en Pologne pour consultation.

A ce niveau, ce n’est pas une opposition, mais un théâtre de marionnettes !

PS : Sans le moindre humour, le vice-secrétaire d’Etat américain a menacé le Russie de conséquences importantes si elle pense intervenir pour aider la Biélorussie. Militairement. Donc, la menace d’un scénario armé n’est pas totalement exclue chez nos « amis » américains, même s’il y a très peu de chance qu’ils fassent eux-mêmes le sale travail.

Karine Bechet-Golovko

source:http://russiepolitics.blogspot.com/2020/09/les-etats-unis-officialisent-lingerence.html

 


Le renseignement extérieur russe confirme l’organisation par les États-Unis des manifestations en Biélorussie

...par Karine Bechet-Golovko - Le 18/09/2020.

Le renseignement extérieur russe (SVR), habituellement particulièrement discret dans les débats publics, profession oblige, vient de sortir un communiqué des plus intéressant, confirmant l’impression de déjà vu que beaucoup ont au sujet des manifestations en Biélorussie. Avec plusieurs dizaines de millions de dollars versés par les États-Unis depuis 2019 aux ONG, tout un réseau de « blogueurs » indépendants et d’activistes de rue ont été financés et formés pour agir comme nous le voyons aujourd’hui. Donc, oui, il s’agit bien d’une énième tentative de révolution de couleur aux portes de la Russie. Donc oui, nous sommes bien dans le cadre d’un de ces combats secondaires de la confrontation primaire, qui se joue entre le monde unilatéral américano-centré (la globalisation) et un monde multi-latéral soutenu par la Russie. Et que l’on aime ou non Loukachenko, n’y change rien.

Alors que la pression politico-médiatique augmente contre la Biélorussie, que Loukacheko et Poutine se sont rencontrés à Sotchi, que Choïgu est allé à Minsk hier, le Service de renseignement extérieur (SVR) russe a publié hier aussi un communiqué confirmant l’ingérence américaine dans la tentative de déstabilisation du pays qui se joue sous nos yeux. En voici la traduction intégrale :

« Comme l’a déclaré le directeur du Service du renseignent extérieur S. E. Narychkine, « Dans les événements qui se déroulent en Biélorussie, l’on voit très clairement la marque occidentale. Dès le départ, les manifestations sont parfaitement organisées et coordonnées depuis l’étranger.

L’on notera que l’Occident a commencé à préparer les mouvements contestataires bien avant les élections. Rien que les États-Unis, en 2019 début 2020, par l’intermédiaire de différentes ONG, ont versé pour l’organisation d’événements contestataires plus de 20 millions de dollars. Ces fonds ont servi à la formation d’un réseau de « blogueurs indépendants » et de comptes d’information dans les réseaux sociaux, à la préparation des activistes aux actions de rue. Les plus aptes d’entre eux ont été formés à l’étranger, notamment en Pologne, en Lituanie et en Ukraine, où des instructeurs américains expérimentés les ont formés aux « manifestations non-violentes ».

Selon les informations en possession du Service de renseignement extérieur, les États-Unis jouent également un rôle important dans les événements qui se déroulent actuellement en Biélorussie. Bien que dans l’espace public Washington tente de rester « dans l’ombre », après le début des mouvements de masse dans les rues les Américains ont significativement augmenté le financement des forces antigouvernementales biélorusses. Son volume est estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars. Les États-Unis ont pris sous une étroite tutelle l’ancienne candidate aux élections présidentielles S. Tikhanovskaya et les autres activistes d’opposition, qui sont montés en qualité de « leaders nationaux » et de futurs dirigeants de la « Biélorussie démocratique ».

Dans ses contacts avec ses partenaires européens, Washington insiste sur l’impératif du renforcement de la pression sur Minsk pour encourager le gouvernement légitime de Biélorussie à lancer un dialogue avec ce qui est appelé le Conseil de coordination pour les questions de « transmission du pouvoir ». De facto, il s’agit d’une tentative à peine voilée d’organiser une nouvelle « révolution de couleur » et un coup d’État anticonstitutionnel, dont les buts et les objectifs n’ont rien à voir avec l’intérêt des citoyens biélorusses. »

Le Service de renseignement extérieur est un Service qui a réussi à traverser les années 90, à survivre à l’arrivée des Américains, dans le sens direct du terme, dans les couloirs du KGB, un Service dont le professionnalisme de ses membres a pu sauver les archives de l’invasion d’une étrange « amitié ». Il n’y a aucune raison pour ne pas les croire, surtout qu’une telle sortie politique est des plus rares pour un Service habitué à l’ombre.

Mais vous pouvez préférer ne pas y croire et répéter ad nauseam le mantra du « soulèvement populaire spontanée contre le tyran ». Amen. Dans ce cas, vous faites simplement le choix de la CIA. Si l’on sort de la fantasmagorie du monde bisounours, dans le monde réel, il n’y a pas d’autre alternative. Soit faire le choix des révolutions antipopulaires, soit celui de la paix.

Mais chacun est libre de faire son choix. Les yeux ouverts. Et de l’assumer.

PS : Tikhnovskyaya a été invitée par Freedom House pour faire une déclaration. Freedom House est une « ONG », financée par le Gouvernement américain, qui soutient les oppositions là où cela sert les intérêts des globalistes américains.

PPS : L’opposition biélorusse a déclaré demander 4 milliards de dollars à l’UE pour soutenir le pays dans sa « transition démocratique » lorsqu’ils seront au pouvoir. C’est effectivement le schéma ukrainien qui est en place.

Karine Bechet-Golovko

sources : 

http://russiepolitics.blogspot.com

- Réseau International

Les USA n’ont pas abandonné l’idée d’un coup d’état en Biélorussie

Source : Le Courrier des Stratèges - Par  - Victor GORODETSKI - Le 12/12/2023.

Un nouveau livret A pour financer la guerre en Ukraine ?

Bien qu’isolée en Europe comme son allié la Russie, et frappée aussi de nombreuses sanctions, la Biélorussie cherche à développer ses relations internationales hors du champ de l’Occident. Rappelons que le régime de sanctions s’est renforcé dès 2020 à la suite de l’élection présidentielle, que « France diplomatie » continue de considérer comme « frauduleuse ». Le dispositif s’est renforcé depuis 2021, dans une démarche d’accusations diverses et variées dont on voit bien l’objectif : déstabiliser le pays pour y instaurer un gouvernement qui se démarquerait de la Russie, comme le veulent les Etats-Unis et l’UE avec la Moldavie, le Kazakhstan… En résumé, refaire du « Maïdan » là où cela peut affaiblir la Russie. Toutefois, cela n’empêche nullement le président Alexandre Loukachenko d’approfondir en ce mois de décembre ses partenariats avec la Chine, mais aussi en Afrique.

Cet article initialement publié sur le site 1rodina.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

En Biélorussie, les sanctions imposées par les pays occidentaux ont toujours été traitées avec un certain scepticisme. Le pays subit la pression de l’UE et des États-Unis depuis des décennies et a depuis longtemps appris à vivre dans un régime de confrontation constante avec eux.  Malgré cela, l’Occident n’abandonne pas sa politique répressive, présentant périodiquement de nouvelles exigences très ambiguës à Minsk.

Washington maintient sa pression et ses mesures coercitives

Début décembre, on a appris que Washington avait imposé  de nouvelles sanctions contre près de deux douzaines de personnes physiques et morales en Biélorussie. Un jour plus tard, le ministère américain du Commerce a étendu les restrictions à l’exportation contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia. Ainsi, la Maison-Blanche a démontré qu’elle n’abandonnerait pas la tactique de pression sur le gouvernement de Minsk, qu’elle a mise en œuvre depuis plusieurs années.

Parallèlement à l’introduction de ces mesures, Washington a annoncé quelles nouvelles conditions seraient susceptibles de modifier la politique américaine envers Minsk. En particulier, le secrétaire de presse du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré que la Maison-Blanche ne changerait pas son attitude envers la Biélorussie tant que tous les prisonniers – considérés par les États-Unis comme « politiques » (même s’il s’agit d’extrémistes) – ne seraient pas libérés. 

Dans ce cadre, Miller a souligné que les sanctions représentent « les efforts des USA pour demander des comptes au régime Biélorusse ». Le message adressé à Loukachenko est donc clair : « nous ne parlerons pas de changement de politique, d’assouplissement des sanctions et d’amélioration de nos relations tant que le régime n’aura pas libéré tous les prisonniers politiques, mis fin aux répressions contre le peuple biélorusse et cessé de participer aux actions de la Russie contre l’Ukraine ». 

Sous le prétexte de défendre la démocratie en Biélorussie, les Etats-Unis ne cherchent qu’à déstabiliser la Russie

Notons que par « peuple biélorusse », les États-Unis entendent exclusivement ce qu’on appelle la «société civile », c’est-à-dire une minorité absolue de dirigeants soutenus par l’Occident et qui agissent dans le seul intérêt de celui-ci. Ainsi, la majorité des Biélorusses n’est pas considérée comme un peuple et l’exemple de l’Ukraine le prouve. 

Quant à la demande des Américains de « ne pas participer » aux actions de la Russie sur le territoire ukrainien, doit-on rappeler que la République de Biélorussie ne mène pas d’opérations de défense militaire sur le territoire de l’Ukraine. C’est un fait bien connu, et le renforcement de la capacité de défense de l’État de l’Union est une question interne. L’État de l’Union est dicté par la situation autour de la Biélorussie, y compris l’expansion de l’OTAN jusqu’aux frontières de l’Etat biélorusse.

Par ailleurs, parlant de nouvelles sanctions et des conditions de leur prétendu assouplissement, Washington a presque immédiatement annoncé qu’il refuserait catégoriquement d’arrêter de soutenir l’opposition biélorusse en fuite. D’ailleurs, lors du « dialogue stratégique » avec les « zmagars » (l’analogue biélorusse des « Bandérites ukrainiens) qui s’est tenu à Washington les 6 et 7 décembre, le secrétaire d’État adjoint américain, Christopher Smith, a déclaré que les États-Unis, «comme au cours des 30 années précédentes, restaient attachés à la démocratie, à la souveraineté, à la paix et à la stabilité en Biélorussie » et « ils continueront à travailler avec tous les Biélorusses qui luttent pour les mêmes objectifs ». Selon Smith, l’objectif du « dialogue » en cours est de « confirmer que les États-Unis sont en alliance avec leurs proches partenaires des forces démocratiques de Biélorussie, en particulier avec Svetlana Tikhanovskaïa, ainsi qu’avec d’autres représentants afin que nous ayons un plan pour avancer dans notre interaction stratégique et dans l’assistance que nous fournissons à la société civile, aux médias et dans d’autres domaines pour soutenir la démocratie en Biélorussie ».

Une politique américaine de mesures répressives, de racket et de chantage

Relevons ici le terme « société civile » qui n’est qu’une figure de style destinée à camoufler les objectifs et le contenu du soutien américain. Il ne s’agit pas ici de démocratie, comme on peut le voir avec l’exemple de l’Ukraine, mais de l’intérêt des États-Unis à « contenir » la Russie et à affaiblir l’Union européenne. La « société civile », sous la forme de « Tikhanovskaïa et Cie », du régiment «Kastous-Kalinowski » et d’autres formations paramilitaires, a été créée par les États et leurs alliés exclusivement pour eux-mêmes, mais pas pour le peuple biélorusse. Les gens sont des consommables, tout comme en Ukraine, où Zelenski a déjà enterré deux armées et est en train d’en enterrer une troisième.

Ainsi, tenant dans sa main une « carotte » pour un âne sous la forme de conditions d’assouplissement des sanctions qui devraient attirer le responsable de Minsk (bien sûr, les États-Unis considèrent la Biélorussie comme un âne), Washington a directement déclaré que son objectif ultime restait de déstabiliser la situation et changer le mode politique. C’est pourquoi, dans la capitale biélorusse, les États-Unis, comme prévu, ont réagi assez calmement à une rhétorique aussi hypocrite, notant que ce qui se passe aujourd’hui « est déjà devenu monnaie courante, une sorte de danse rituelle pour eux-mêmes et leurs propres partisans et serviteurs qui ont fui Biélorussie ». Minsk estime à juste titre que «Washington a transformé sa diplomatie et ses relations avec d’autres pays en un ensemble de mesures de pressionde racket et de chantage » et que « tôt ou tard, ils devront en assumer la responsabilité ».

Mais les États-Unis n’ont pas l’habitude d’assumer leurs responsabilités. Comme le montre l’exemple de l’Ukraine (et d’autres pays expérimentaux), lorsqu’il s’agit de responsabilité, les États-Unis trouvent toujours adroitement les coupables. Ainsi Zelensky est déjà sur le point de passer d’un héros héroïque à un dictateur fou, et l’UE, d’un puissant allié de l’Ukraine à un faible bavard, incapable même de produire un million d’obus.

Les Etats-Unis ne veulent pas croire que le monde devient multipolaire et que la Biélorussie en fait partie. Et ils n’y croiront que lorsqu’ils se briseront le front contre les portes de ce Nouveau monde.

 

Commentaires: 0