Mentez, Mentez, il en restera toujours...

...par Jean-Luc Basle - le 11/04/2018.

 

Cette phrase que Voltaire aurait écrite à son ami Nicolas-Claude Thiriot, ce que certains

contestent, s’applique aujourd’hui aux Britanniques et aux Américains. Ils l’ont fait leur. Jugez-en :

Les Britanniques accusent les Russes d’avoir empoisonné un de leurs anciens espions et sa fille. Ils n’ont pas apporté la preuve de leur accusation. Pourquoi les Russes assassineraient-ils un espion qui vit en Angleterre depuis huit ans? Quel bénéfice en retiraient-ils? Mentez, mentez...

Les Américains accusent les Russes d’avoir interféré dans l’élection présidentielle, donnant ainsi

la victoire à Donald Trump. Depuis un an, le procureur spécial Robert Mueller cherche en vain des traces

d’une telle interférence sans résultat. L’enquête se poursuit en dépit d’une évidente absence de preuve.

Mentez, mentez...

 

Les Américains accusent Bachar al-Assad d’avoir procédé à une attaque chimique à la Ghouta

sans en apporter la preuve. Sans attendre et sans se poser la question de savoir pourquoi Bachar al-Assad

qui a gagné la guerre, ordonnerait une telle attaque, les Etats-Unis s’apprêtent à bombarder la Syrie.

Mentez, mentez...

 

En avril 2017, les Américains avaient déjà lancé des Tomahawks sur la Syrie en réponse à une

attaque chimique sans que preuve ne fut apportée de la responsabilité du président syrien. Le général Jim

Mattis, ministre de la défense, a reconnu un an après les faits que cette preuve n’existe toujours pas. Le 9

avril, Staffan de Mistura, envoyé spécial des Nations unies, a mis en garde la communauté internationale

contre les risques qu’une escalade de la tension fait courir à la sécurité internationale. Insensible à cette

mise en garde, Nikkey Haley, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, accuse le «régime russe

d’avoir les mains couvertes du sang des enfants syriens», sans en apporter la preuve. Mentez, mentez...

 

A quoi jouent Britanniques et Américains ? Ils souhaitent décrédibiliser Vladimir Poutine sur la

scène internationale, et par le jeu des sanctions, décourager son entourage de le soutenir et ainsi obtenir

son départ. C’est un mauvais calcul. En pariant sur un «regime change» tel qu’ils en ont effectué de

nombreux à travers le monde, les Etats-Unis s’imaginent que les Russes seront à leur botte, comme ils le

furent sous Eltsine. Ils se trompent. Poutine est très populaire pour avoir restauré l’honneur et la

souveraineté de la Russie (premier devoir du souverain, selon Machiavel). Un «regime change» est loin

d’être acquis. A supposer qu’il le soit, ce ne sont pas les pro-Occidentaux qui prendront le pouvoir,

comme le croient les Américains mais les pro-Slaves avec les militaires à leurs têtes. Ces derniers auront

le soutien de la population qui se souvient de l’ère Eltsin quand la perte de son pouvoir d’achat fut deux

fois supérieure à celle des Américains lors de la grande crise de 1929.

 

 

Tous ces mensonges pour satisfaire une avidité insatiable qui se cache mal derrière un

«exceptionnalisme» qui justifierait une hégémonie mondiale. Quand le mensonge s’impose, la force

prime le droit. Dans son discours du 1er mars, Vladimir Poutine a mis en garde les Occidentaux contre les

risques que leur politique fait courir au monde. Il ne semble pas avoir été entendu. Il y a quelques jours,

c’est le général russe Evgeny Buzhinsy qui a pris la parole. Il a déclaré à la BBC: «vous dites qu’il s’agit

d’une nouvelle guerre froide, c’est pire que la guerre froide, c’est une guerre réelle.

Ce sera la dernière dans l’histoire de l’humanité.» «Mentez, mentez...» Voltaire ajoutait «il en restera toujours quelque-chose».

 

Il se peut que cette fois il n’en reste rien.

 

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