Source : Bd. Voltaire

La date choisie est on ne peut plus symbolique : ce 2 décembre,  de la victoire d’Austerlitz, la dépouille du général Gudin, héros de l’Empire, retrouvée en Russie grâce à M. Pierre Malinovski, était inhumée à Paris. On sait que l’affaire Gudin avait initialement embarrassé la présidence de la République. Il avait été question de ne pas lui rendre les honneurs dus à son rang de grand aigle (c’est-à-dire grand-croix) de la Légion d’honneur et de recevoir en catimini les restes d’un homme dont le nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe. Mais, à la différence d’un monument, on ne peut pas recouvrir l’Histoire d’une bâche de chantier.

Gudin reposera, désormais, près du tombeau de l’Empereur et non au caveau des gouverneurs des Invalides, comme prévu initialement. Une cérémonie qui se déroulera en l’absence d’Emmanuel Macron, alors que sa présence avait été un temps évoqué. Ce dernier doit sans doute peaufiner sa tournée de vendredi et samedi dans le Golfe (Émirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite : la tournée des grands chèques, en quelque sorte) pour vendre l’image de la France et son savoir-faire, voire son savoir-vivre… En l’absence, aussi, du Premier ministre, frappé durement à la bataille du Covid. C’est donc le ministre délégué auprès du ministre des Armées, chargé de la Mémoire et des Anciens Combattants, Geneviève Darrieussecq, qui a été désigné de service. On remarquera que le portail du ministère des Armées ne dit rien sur l’événement, en ce 2 décembre. L’image s’est figée sur Joséphine Baker. Plus à la mode, peut-être ?

On ne pourra pas dire que l’on n’a pas rendu  au général et comte de l’Empire Gudin de La Sablonnière, mort au champ d’honneur, loin de la France. Mais pas trop non plus. Du « en même temps », comme d’habitude. Un zeste d’imaginaire patriotique et bonapartiste, dont le candidat récemment déclaré Éric Zemmour est familier, sans plus. Juste le temps d’une cérémonie. Ne pas trop en faire parce que rendre hommage à un général de Napoléon, c’est rendre hommage à Napoléon. Un peu de pêche aux voix pour ceux qui auront suivi de près l’épopée posthume du général Gudin, compagnon de  de Bonaparte à l’école militaire de Brienne mais sans trop froisser à gauche pour qui Napoléon c’est mal. Rendre hommage, sans l’assumer complètement, à une Histoire à la hauteur de laquelle les combats de nains actuels ne se situent plus. Un peu de tout cela, sans doute.

Que cela ne nous empêche pas, quant à nous, et pour terminer sur une note heureuse, de saluer respectueusement le général héroïque qui rentrera enfin chez lui. « Le rêve passe », comme chantait Tino Rossi…