REVUE DE PRESSE

La revue de presse du 22 avril 2024

Par Wayan – Le 22 avril 2024 – Le Saker Francophone

Cette semaine, le Proche Orient continue de faire la une de l’actualité, reléguant l’Ukraine et la Chine en arrière-plan.

D’abord avec la guerre de basse intensité entre Israël et l’Iran. Netanyahou a promis de répondre aux bombardements iraniens mais, sous la pression étasunienne, y réfléchit à deux fois :

 

« Le principal message de l’administration Biden à Israël suite à l’attaque aérienne de l’Iran se résume à ceci : arrêtez-vous et réfléchissez.

Les responsables américains s’attendent à ce qu’Israël réponde d’une manière ou d’une autre aux frappes de samedi, mais, tant de manière publique que privée, ils prennent des mesures qui, espèrent-ils, convaincront Israël de choisir une réponse limitée plutôt qu’une contre-attaque armée totale.

Et pour bien insister :

« Le président Biden a déclaré samedi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’un appel que les États-Unis ne soutiendraient aucune contre-attaque israélienne contre l’Iran, a déclaré à Axios un haut responsable de la Maison Blanche. »

Les principaux pays européens aussi font pression :

« Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré que « toutes les parties doivent faire preuve de retenue » pour éviter une spirale croissante de violence au Moyen-Orient. Le président français Emmanuel Macron a déclaré que Paris tenterait de « convaincre Israël que nous ne devons pas répondre par l’escalade ».

Mais il y aura quand même réponse :

« Le chef de l’armée israélienne a déclaré lundi que son pays réagirait aux attaques de missiles et de drones lancées par l’Iran ce week-end, au milieu des appels à la retenue lancés par les alliés soucieux d’éviter une escalade du conflit au Moyen-Orient.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a convoqué son cabinet de guerre pour la deuxième fois en moins de 24 heures pour réfléchir à la manière de réagir à la toute première attaque directe de l’Iran contre Israël, a indiqué une source gouvernementale.

Le chef d’état-major militaire israélien, Herzi Halevi, a déclaré que le pays réagirait, mais n’a fourni aucun détail. “Ce lancement d’autant de missiles, de missiles de croisière et de drones sur le territoire israélien suscitera une réponse”, a-t-il déclaré à la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël, qui a subi des dégâts lors de l’attaque de samedi soir. »

Pour mieux faire avaler la pilule, la contre-attaque iranienne est présentée comme un échec pour l’Iran :

« Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré que 99 % des drones et missiles lancés par l’Iran avaient été interceptés. »

Et un succès pour les Etats-Unis :

« La diplomatie et la dissuasion ont échoué, mais samedi soir, l’armée américaine est intervenue pour aider à protéger Israël contre l’attaque sans précédent de l’Iran. On attribue à une défense antimissile presque parfaite, à commencer par les avions et les navires de guerre américains, la destruction de 170 drones, 30 missiles de croisière et 120 missiles balistiques. »

Oubliant le fait que l’Iran, ne voulant que contre attaquer sans déclencher une guerre totale, a volontairement limité les dégâts :

« Pratiquement personne, à l’exception des têtes parlantes israéliennes, ne croit que l’Iran a lancé l’attaque avec l’objectif d’élargir la confrontation. Le fait que l’Iran ait constamment préparé la communauté internationale en déclarant bruyamment ses intentions une semaine à l’avance et en promettant aux États-Unis que son attaque serait “sous contrôle” et menée de manière à “éviter l’escalade” confirme que l’Iran a fait preuve d’une grande retenue dans ses frappes. Même les détracteurs arabes de l’Iran ont raillé les attaques comme un exercice impuissant de “théâtre” politique et militaire. »

L’agence de presse iranienne a publié un communiqué expliquant les motivations de cette attaque :

« Avant tout, l’attaque iranienne a été la première confrontation directe entre la République islamique et le régime sioniste. C’est très important en termes de questions historiques. Des attaques efficaces au plus profond des territoires occupés sont un rêve non réalisé des pays islamiques depuis 1967, devenu réalité grâce aux efforts du berceau de la résistance dans la région. Pour la première fois, des avions iraniens ont attaqué les ennemis de la mosquée Al-Aqsa dans le ciel au-dessus de ce lieu saint.

Le deuxième point est que l’action militaire iranienne, qui répondait à l’agression israélienne contre les locaux diplomatiques du pays à Damas, démontrait que la République islamique avait tenu sa promesse de punir l’agresseur.

L’attaque iranienne a eu lieu à un moment où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en frappant la mission diplomatique iranienne, tentait d’échapper à la pression provoquée par la lourde défaite du régime à Gaza et d’attirer l’attention d’une opinion publique sioniste fragmentée sur de fausses victoires. Mais la punition sévère infligée au régime sioniste a laissé le cabinet d’extrême droite de Netanyahu les mains vides pour obtenir des résultats.

Le troisième point est que l’attaque de la République islamique contre les positions israéliennes est la deuxième attaque stratégique contre le régime après l’opération palestinienne de tempête d’Al-Aqsa le 7 octobre. L’opération de tempête d’Al-Aqsa a accru la popularité des groupes de résistance palestiniens. L’action militaire visant à montrer que la République islamique a tenu sa promesse contribuera également de manière significative à accroître le soutien populaire à l’Iran dans la région. Cela s’ajoute au fait que l’opération de tempête d’Al-Aqsa et l’action militaire iranienne ont éliminé la fausse grandeur et le prestige du régime sioniste.

Quatrièmement, l’opération du CGRI a été menée alors que les médias mondiaux avaient rapporté plus tôt l’imminence de l’attaque. La préparation maximale du régime sioniste et le soutien politique, diplomatique, du renseignement et militaire des États-Unis et d’autres alliés du régime ont donné naissance à la spéculation selon laquelle l’opération militaire iranienne serait désamorcée par les systèmes de défense du régime et de ses alliés. Mais malgré l’espoir des sionistes de pouvoir contrer les armes iraniennes, de nombreuses images prouvent que les drones et les missiles iraniens ont réussi à atteindre des cibles militaires prédéterminées et que les systèmes de défense des États-Unis et du Royaume-Uni ont échoué. L’ampleur, la précision et la planification stratégique de l’opération ont pris les sionistes au dépourvu, choqués et surpris.

Cinquièmement, l’opération punitive de l’Iran vers les territoires occupés a été menée dans deux vastes zones géographiques dans les deux régions (les points de lancement et les destinations), démontrant clairement la pleine disponibilité de l’Iran à toutes les circonstances.

Sixièmement, la publication de l’annonce précoce du CGRI concernant le début de l’opération hybride contre Israël, quelques heures avant que les missiles et les drones n’atteignent les territoires occupés, indique le niveau de préparation, de confiance en soi et d’assurance de l’Iran.

Septièmement, l’utilisation récente de centaines de missiles et de drones ainsi que l’intensité de l’opération punitive feront probablement comprendre aux autorités du régime sioniste que toute réaction ou réponse contre Téhéran peut ouvrir la voie à des attaques encore plus dévastatrices de la part de l’Iran. »

Ce qui n’est pas dit dans ce communiqué est que cette attaque aura surtout permis à l’armée iranienne d’enregistrer des données au sujet des capacités de l’armée israélienne :

« Le directeur de la campagne d’Avaaz, Fadi Quran, a indiqué sur X que “l’ampleur de l’attaque iranienne, la diversité des lieux qu’elle a ciblés et des armes qu’elle a utilisées ont forcé Israël à découvrir la majorité des technologies antimissiles dont les États-Unis et l’Israël disposent dans la région”.

“Les Iraniens n’ont pas utilisé d’armes dont Israël ignorait l’existence, ils en ont simplement utilisé beaucoup”, a ajouté M. Quran. “Mais il est probable que les Iraniens disposent désormais d’une carte presque complète de ce à quoi ressemble le système de défense antimissile d’Israël, ainsi que des installations américaines en Jordanie et dans le Golfe.

Selon M. Quran, cela signifie que l’Iran peut désormais “rétroconcevoir” les renseignements qu’il a recueillis, tandis qu’Israël et les États-Unis “devront revoir leur modèle actuel”, ce qui rend le coût du “succès” de l’arrêt de l’attaque très élevé.

“Quiconque pense qu’il ne s’agit que d’un coup de théâtre ne comprend pas comment les militaires évaluent la stratégie par rapport à la tactique”, a expliqué M. Quran, soulignant que la collecte de renseignements est un élément clé des longues guerres d’usure, un modèle que l’Iran préfère à la guerre totale. »

Et puis, comme toujours, le nerf de la guerre entre dans la balance :

« Le système de défense aérienne israélien, remarquablement performant, est également très coûteux, surtout si on le compare aux cibles qu’il cherche à abattre.

Par exemple, alors que chacune des roquettes Katyusha de fabrication russe que le Hamas et le Hezbollah tirent régulièrement sur Israël coûte environ 300 dollars, chacun des missiles Tamir que le Dôme de fer utilise pour les intercepter coûte entre 20 000 et 100 000 dollars, selon un rapport de l’Air Force. & Magazine des forces spatiales. Ajoutez à cela le fait que plusieurs missiles Tamir peuvent être tirés sur chaque projectile entrant pour garantir le succès, et le coût de l’interception explose.

Institute for National Security Studies, a déclaré au Wall Street Journal qu’Israël avait dépensé plus de 2,1 milliards de shekels israéliens (plus de 550 millions de dollars) pour repousser le barrage iranien au cours d’une seule nuit. Le site d’information israélien Ynet News a estimé le coût au double, soit plus d’un milliard de dollars.

“Si nous parlons de missiles balistiques qui doivent être abattus avec un système Arrow, de missiles de croisière qui doivent être abattus avec d’autres missiles et de drones, que nous abattons principalement avec des avions, alors additionnez les coûts – 3,5 millions de dollars pour un missile Arrow, 1 million de dollars pour un David’s Sling, tels et tels coûts pour les avions… [nous obtenons] un ordre de grandeur de 4 à 5 milliards de shekels (plus de 1,3 milliard de dollars) », le général de brigade Reem Aminoach, ancien conseiller du chef d’état-major de Tsahal, a déclaré à Ynet News.

En revanche, les missiles balistiques iraniens coûtent environ 100 000 dollars chacun, et les drones Shahed entre 20 000 et 50 000 dollars chacun, selon les rapports du Guardian. Les experts ont estimé le coût de l’attaque pour l’Iran entre 100 et 200 millions de dollars, soit peut-être cinq à dix fois moins que ce qu’Israël a dépensé pour la repousser. »

En attendant la contre-contre-attaque, Israël demande des sanctions contre l’Iran :

« Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré mardi qu’il avait contacté 32 pays et s’était entretenu avec de nombreux homologues, appelant chacun à « imposer des sanctions sur le projet de missile iranien et à déclarer les Gardiens de la révolution une organisation terroriste, afin d’arrêter et d’affaiblir l’Iran ».

« Nous devons arrêter l’Iran maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré le ministre des Affaires étrangères dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Katz a ajouté qu’en plus de la réponse militaire aux tirs de missiles et de drones par Téhéran, il « mène une offensive diplomatique contre l’Iran ». »

Demande immédiatement exécutée par les pays occidentaux :

« La Maison Blanche va imposer de nouvelles sanctions à l’Iran, ciblant le programme de missiles et de drones de Téhéran, à la suite de l’attaque aérienne « sans précédent » du pays contre Israël, a annoncé mardi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Les sanctions, qui devraient entrer en vigueur « dans les prochains jours », pénaliseront Téhéran pour son attaque contre Israël ce week-end.

Sullivan a déclaré que les nouvelles sanctions cibleraient les « entités » soutenant le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et le ministère iranien de la Défense.

« Ces nouvelles sanctions et autres mesures continueront d’exercer une pression constante pour contenir et dégrader la capacité et l’efficacité militaires de l’Iran et faire face à l’ensemble de ses comportements problématiques », a déclaré Sullivan. »

« L’Union européenne a décidé ce mercredi 17 avril d’imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran visant les producteurs de drones et de missiles, a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel. « Nous avons décidé d’imposer des sanctions contre l’Iran, nous voulions envoyer un message clair » après l’attaque contre Israël, a-t-il déclaré à l’issue d’un sommet à Bruxelles rassemblant les dirigeants des 27 pays membres. »

Des sanctions inefficaces si ce n’est pour satisfaire Israël :

« Ces sanctions américaines et britanniques s’ajoutent à une série d’autres sanctions occidentales, rappelle Heloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri. « L’Iran fait déjà l’objet de très nombreuses sanctions du fait de son programme nucléaire – donc, imposées par les États-Unis – et également de sanctions au niveau européen sur ses exportations d’armement à la Russie. Parce que l’Iran vend des drones à la Russie et potentiellement des missiles balistiques. C’est sous cette justification-là, que certaines entreprises et individus sont ciblés », contextualise-t-elle.

Ces sanctions n’ont pas démontré leur efficacité pour l’heure, estime Heloïse Fayet. Elle constate « que les sanctions ne sont pas toujours très efficaces étant donné que l’Iran continue à enrichir de l’uranium, continue à fabriquer des missiles balistiques, des drones et des missiles de croisière ». « Ça n’a pas de conséquences sur le gouvernement iranien, notamment les Gardiens de la Révolution, du fait d’un marché noir et d’un d’une capacité à éviter les sanctions qui est très importante. Et évidemment, l’attaque du 13 avril de l’Iran sur Israël est le meilleur témoin pour montrer que les stratégies de pression maximale (…) ne fonctionnent pas. »

Et, dans sa crise de « sanctionnite aigu », L’Union Européenne sanctionne le Hamas pour des motifs qui ont été publiquement démontrés comme mensongers, comme nous l’avons reporté les semaines précédentes :

« Ce vendredi 12 avril, le journal officiel de l’Union européenne accuse, par exemple, les brigades al-Qassam d’avoir commis des viols, des assassinats de petites filles et des enlèvements ciblés de femmes et de jeunes filles dans les kibboutz de Kfar Aza et Nahal Oz. Pour la force Noukhba, il s’agit des mêmes accusations, avec en outre des mutilations génitales et des mutilations de cadavres, ainsi que des viols de femmes mineures à Kfar Aza et au festival musical Nova de Re’im.

Cette décision est prise dans le cadre du régime de sanctions de l’Union européenne pour les Droits de l’homme, qui couvre en particulier les crimes contre l’humanité. Lors du dernier sommet européen, il a aussi été prévu des sanctions contre les colons israéliens accusés de violences en Cisjordanie. Mais les Européens voulaient instaurer d’abord ces nouvelles sanctions contre les mouvements terroristes palestiniens, afin de ne pas donner l’impression de les mettre sur le même pied. »

Sanctions inutiles et ne faisant que démontrer, une fois de plus, la complicité de l’Union Européenne dans les crimes israéliens contre les palestiniens car elle oublie de sanctionner les nombreux crimes israéliens :

« Dans une lettre adressée au procureur général israélien et aux ministres de la Défense et de la Santé, obtenue par Haaretz, le médecin a déclaré que les conditions de vie à l’hôpital de campagne de Sde Teiman compromettaient la santé des détenus et violaient l’éthique médicale.

« Cette semaine encore, deux prisonniers ont été amputés des jambes à cause de blessures liées aux menottes, ce qui est malheureusement un événement courant », a déclaré le médecin dans la lettre, selon le journal Haaretz de jeudi. Il a écrit que des soins inappropriés dans le centre de détention ont entraîné « des complications et parfois même la mort du patient », ajoutant que « cela fait que nous tous – les équipes médicales et vous, ceux qui sont en charge de nous dans les ministères de la Santé et de la Défense, complice de violation de la loi israélienne.

Haaretz a rapporté que le médecin a déclaré que « les détenus sont nourris avec des pailles, défèquent dans des couches et sont constamment attachés, ce qui viole l’éthique médicale et la loi ».»

Autre preuve de la complicité occidentale avec l’apartheid israélien. Le 16 avril le Conseil de sécurité de l’ONU déclare :

« Un comité du Conseil de sécurité des Nations Unies examinant la demande de l’Autorité palestinienne de devenir membre à part entière de l’ONU “n’a pas été en mesure de formuler une recommandation unanime” sur la question de savoir si l’Autorité palestinienne satisfaisait aux critères, selon le rapport du comité consulté par Reuters mardi. »

Voyant le vote arriver, les Etats-Unis décident de faire pression :

« Reconnaissant que bloquer l’initiative l’exposerait aux critiques à l’étranger de la part de ses partisans qui affirment qu’elle contribue à concrétiser la solution à deux États que les États-Unis prétendent soutenir, l’administration Biden a discrètement tenté de convaincre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de suspendre la candidature au Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré un responsable palestinien au Times of Israel, confirmant les informations du site d’information Axios.

Abbas a cependant repoussé les efforts américains, dans un contexte de frustration face à ce qu’il considère comme l’incapacité de Biden à faire suffisamment pression sur Israël et le refus de donner suite aux promesses de réouverture du consulat américain à Jérusalem et de la mission diplomatique de l’OLP à Washington.

Conscients qu’Abbas ne tiendrait pas compte de son appel, les États-Unis se sont efforcés de convaincre les autres pays du Conseil de sécurité de s’abstenir ou de s’opposer à la candidature de l’État palestinien, afin qu’ils ne soient pas obligés d’utiliser leur veto, a déclaré le responsable palestinien. »

Pressions qui n’ont eu aucun effet puisque véto il y a eu :

« Les États-Unis ont opposé jeudi leur veto à une résolution de l’ONU largement soutenue qui aurait ouvert la voie à l’adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU, un objectif que les Palestiniens recherchent depuis longtemps et qu’Israël s’efforce d’empêcher.

Le vote au Conseil de sécurité, composé de 15 membres, a été de 12 voix pour, les États-Unis s’y sont opposés et deux abstentions, du Royaume-Uni et de la Suisse. Les alliés des États-Unis, la France, le Japon et la Corée du Sud, ont soutenu la résolution.

Le fort soutien reçu par les Palestiniens reflète non seulement le nombre croissant de pays reconnaissant leur État, mais aussi presque certainement le soutien mondial apporté aux Palestiniens confrontés à une crise humanitaire provoquée par la guerre à Gaza, qui en est maintenant à son septième mois.

La résolution aurait recommandé que l’Assemblée générale des Nations Unies, composée de 193 membres, où il n’y a pas de veto, approuve que la Palestine devienne le 194e membre des Nations Unies. 140 pays ont déjà reconnu la Palestine, son admission aurait donc été approuvée, probablement par un nombre beaucoup plus élevé de pays. »

Pour tenter d’expliquer ce véto qui contredit les déclarations officielles, la mission des Etats-Unis auprès de l’ONU s’est fendue d’un communiqué tentant d’expliquer cette danse de St Guy :

« Depuis les attentats du 7 octobre, le président Biden a clairement indiqué qu’une paix durable dans la région ne peut être réalisée que grâce à une solution à deux États, avec la sécurité d’Israël garantie. Il n’existe aucune autre voie qui garantisse la sécurité et l’avenir d’Israël en tant qu’État juif démocratique.

Il n’existe aucune autre voie qui garantisse aux Palestiniens de vivre en paix et dans la dignité dans leur propre État. Et il n’existe aucune autre voie menant à l’intégration régionale entre Israël et tous ses voisins arabes, y compris l’Arabie saoudite.

Nous savons également depuis longtemps que des actions prématurées ici à New York, même avec les meilleures intentions, ne permettront pas au peuple palestinien de devenir un État.

En tant que membres du Conseil de sécurité, nous avons la responsabilité particulière de veiller à ce que nos actions favorisent la cause de la paix et de la sécurité internationales et soient conformes aux exigences de la Charte des Nations Unies.

Comme le reflète le rapport du Comité d’admission, il n’y avait pas unanimité parmi les membres du Comité quant à savoir si le candidat satisfaisait aux critères d’adhésion énoncés à l’article 4 de la Charte des Nations Unies. Par exemple, des questions restent en suspens quant à savoir si le demandeur répond aux critères pour être considéré comme un État.

Nous appelons depuis longtemps l’Autorité palestinienne à entreprendre les réformes nécessaires pour contribuer à établir les qualités nécessaires à la création d’un État et notons que le Hamas – une organisation terroriste – exerce actuellement pouvoir et influence à Gaza, partie intégrante de l’État envisagé dans cette résolution.

Pour ces raisons, les États-Unis ont voté « non » à cette résolution du Conseil de sécurité. »

En langage clair cela veut dire que les Etats-Unis considèrent positivement la création d’un Etat palestinien mais considèrent en même temps que les palestiniens ne sont pas capables de gérer un Etat car beaucoup sont des terroristes. Un tantinet suprématiste/raciste comme explication.

Une explication qui laisse songeur et oriente plutôt vers une autre explication, beaucoup plus logique. Biden est tenu en laisse par l’AIPAC, le lobby israélien à Washington, et acquiesce à toutes ses demandes, même celles qui font perdre la crédibilité des Etats-Unis.

Par contre, la Russie a décidé de pencher du côté palestinien :

« Le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vasily Nebenzia, a appelé les Nations Unies à envisager d’imposer des sanctions à Israël pour son non-respect des résolutions obligatoires adoptées par le Conseil de sécurité.

Il a souligné que la résolution 2728 du Conseil de sécurité de l’ONU exigeait un cessez-le-feu à Gaza pendant le Ramadan, et que cela n’avait pas été mis en œuvre par Israël.

« Nous vous rappelons une fois de plus que le non-respect des résolutions impératives du Conseil de sécurité doit entraîner des sanctions contre les contrevenants. Nous pensons que le Conseil devrait examiner cette question sans délai », a déclaré Nebenzia jeudi lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. »

La Russie est aussi sortie de la salle du Conseil de sécurité de l’ONU avant le discours du représentant israélien. Suivie par les représentants des pays arabes.

Car sur le terrain le massacre continue :

« Les chars israéliens ont réenvahi mardi certaines parties du nord de la bande de Gaza qu’ils avaient quittées il y a des semaines, tandis que des avions militaires menaient des frappes aériennes sur Rafah, le dernier refuge des Palestiniens dans le sud du territoire, tuant et blessant plusieurs personnes, ont indiqué des médecins et des habitants.

Les résidents ont signalé une panne d’Internet dans les zones de Beit Hanoun et de Jabalia, au nord de Gaza. Les chars ont avancé dans Beit Hanoun et ont encerclé certaines écoles où des familles déplacées ont trouvé refuge, ont déclaré les habitants et les médias du groupe militant palestinien Hamas.

“Les soldats de l’occupation ont ordonné à toutes les familles se trouvant à l’intérieur des écoles et des maisons voisines où les chars avaient avancé d’évacuer. Les soldats ont arrêté de nombreux hommes”, a déclaré à Reuters un habitant du nord de Gaza via une application de discussion. »

« Les forces israéliennes ont tué 14 Palestiniens lors d’un raid en Cisjordanie occupée samedi, tandis qu’un chauffeur d’ambulance a été tué alors qu’il allait chercher des blessés lors d’une autre attaque menée par des colons juifs violents, ont indiqué les autorités palestiniennes. »

La famine continue :

« Les engagements d’Israël visant à améliorer l’accès à l’aide dans la bande de Gaza ont eu un impact limité, voire nul, a déclaré jeudi le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, alors qu’il appelait à des progrès urgents, significatifs et mesurables pour éviter la famine.

“Pour éviter une famine imminente et de nouveaux décès évitables dus à la maladie, nous avons besoin d’un bond en avant dans l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza. La nourriture est essentielle, tout comme l’eau potable, l’assainissement et les soins de santé”, a déclaré António Guterres au Conseil de sécurité. »

Les populations occidentales continuent d’être divisées sur le sujet :

« Après les campus américains, c’est désormais au tour des géants de la technologie d’être traversés par de vifs débats sur le conflit israélo-palestinien. La question suscite depuis quelques mois d’importantes contestations internes chez Google et Amazon. Les remous au sein des deux entreprises ne sont pas nouveaux, mais la guerre à Gaza a remis en lumière la crainte de voir les technologies d’intelligence artificielle développées par ces entreprises être utilisées à des fins militaires par Israël.

En 2021, le ministre des Finances israélien annonce la signature avec Amazon et Google d’un contrat faramineux de 1,2 milliard de dollars en échange de l’installation de centres de données régionales en Israël, assorti de l’utilisation de ses services d ‘intelligence d’artificielle et de sauvegarde dans le cloud.

À l’époque déjà, de nombreux employés émettent de vives inquiétudes quant à ce contrat. Une première tribune signée par des employés de Google et Amazon avait été publiée par le Guardian en octobre 2021 pour dénoncer le « projet Nimbus » et la « vente d’une technologie dangereuse à l’armée et au gouvernement israélien » qui pourrait permettre « une surveillance massive des Palestiniens et une collecte de données illégale », notamment en matière de reconnaissance faciale.

Mais la pression est encore montée d’un crâne le 4 mars dernier. Un jeune ingénieur de Google, portant un tee-shirt siglé du slogan « No Tech for Apartheid » a interrompu une conférence sur la tech israélienne se tenant à New York et sponsorisée par le moteur de recherche en criant devant le public : « Je suis ingénieur logiciel chez Google et je refuse de créer une technologie qui alimente un génocide, l’apartheid ou la surveillance ». Le jeune homme de 23 ans est alors évacué manu militaire de la salle. Trois jours plus tard, il est convoqué par ses supérieurs et licencié par Google.

Eddie Hatfield est ainsi devenu le visage d’un mouvement de protestation qui traverse Amazon et Google depuis la signature du « projet Nimbus » avec Israël, et prend de l’ampleur depuis le début de la guerre à Gaza. Près d’un millier d’employés seraient rassemblés derrière « No Tech for Apartheid », dont au moins 200 chez Google, selon le Time. Ils se manifestent depuis plusieurs mois devant les locaux des deux géants du net, et réclament la fin pure et simple de leurs activités avec Israël. »

Finalement, en fin de semaine, le duel irano-israélien s’est terminé en vaudeville. Le gouvernement iranien annonce avoir intercepté quelques drones près de l’aéroport d’Isfahan. Il estime même que ce n’est pas Israël qui a pu envoyer de tels drones de si loin. Dans la foulée, les médias étasuniens, pas le gouvernement, annoncent qu’Israël a lancé ses représailles et que, comme il n’y a pas eu de dégâts, l’Iran considère que l’affaire est close, il n’y aura donc plus de représailles. Le gouvernement israélien n’a pas revendiqué avoir lancé ces drones, n’a fait aucun commentaire, le gouvernement étasunien non plus. Seuls les médias spéculent sur cette affaire avec comme message principal « le duel Iran-Israël est terminé, chacun compte ses pions ».

Alors est-ce un piège pour mieux attaquer l’Iran quand il aura baissé la garde ou est-ce une manipulation psychologique des Etats-Unis, avec l’aval tacite de l’Iran, pour empêcher que les choses ne dégénèrent au Moyen Orient ?

Chacun y va de son interprétation :

« Washington a donné son feu vert aux plans israéliens d’invasion de la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, en échange d’une limitation de la réponse israélienne à l’opération iranienne du week-end dernier, a rapporté Al-Araby Al-Jadeed , “L’administration américaine a accepté le plan d’occupation de Rafah en échange de la non-réalisation d’une attaque à grande échelle contre l’Iran”, ont déclaré des sources égyptiennes au média. »

On peut aussi penser que l’aide israélienne, bloquée au Congrès avec l’aide ukrainienne depuis des mois et qui vient soudainement de débloquer, faisait partie du marchandage avec Israël pour qu’il abandonne toute idée de vengeance :

« Avec un élan bipartisan rare, la Chambre a fait avancer vendredi un programme d’aide étrangère de 95 milliards de dollars pour l’Ukraine, Israël, Taiwan et le soutien humanitaire, alors qu’une solide coalition de législateurs l’a aidée à surmonter un obstacle procédural pour atteindre les votes finaux ce week-end. »

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Les sanctions semblent être devenues une sorte de réflexe pavlovien chez les dirigeants occidentaux qui les utilisent à tour de bras tout en sachant leur inefficacité. Un signe de désespérance ?

« Les États-Unis vont réimposer des sanctions contre le secteur pétrolier du Venezuela car le gouvernement du président Nicolas Maduro a poursuivi la « répression » de ses opposants, ont déclaré ce mercredi 17 avril des responsables américains. Caracas « a failli » à respecter ses engagements en vue de la tenue en juillet d’une élection présidentielle équitable, ont dit ces hauts responsables américains. »

Quand ce ne sont pas des sanctions économiques ce sont des augmentations des droits de douane :

« Le président Joe Biden a appelé mercredi à des tarifs douaniers américains nettement plus élevés sur les produits métalliques chinois dans le cadre d’un ensemble de politiques visant à plaire aux métallurgistes de l’État charnière de Pennsylvanie, au risque de provoquer la colère de Pékin.

Alors qu’il faisait campagne pour sa réélection dans la « Steel City » de Pittsburgh, les collaborateurs de Biden ont déclaré que le président américain proposait de porter à 25 % les droits de douane imposés par son prédécesseur Donald Trump sur certains produits chinois en acier et en aluminium. »

L’importation de « produits métalliques » chinois est-il vraiment un grave problème pour l’économie étasunienne ?

« « Nos actions commerciales sont en réalité stratégiques et équilibrées. Le président Biden n’imposera pas de tarifs douaniers inefficaces et généralisés qui augmenteraient les coûts et nuiraient à des centaines de milliers d’emplois », a déclaré le responsable. « En fait, les importations d’acier en provenance de Chine représentent environ 0,6 % de la demande totale d’acier aux États-Unis, c’est donc assez faible et nous ne voyons aucune répercussion inflationniste. Mais il est important pour nous d’anticiper la nouvelle poussée des exportations chinoises et la pression continue sur les prix qui rend difficile la concurrence des entreprises sidérurgiques américaines.»

Néanmoins, ce sont les consommateurs américains qui paieront en fin de compte tous les droits de douane sur les importations, et non le pays exportateur – ce qui peut entraîner une augmentation des prix.

Le syndicat United Steelworkers, un syndicat clé représentant les travailleurs de l’industrie sidérurgique, a soutenu la campagne de réélection de Biden le mois dernier. »

On voit dans cet exemple concret qu’un des gros problèmes des « démocraties libérales » est que de nombreuses décisions ne sont pas prises pour l’intérêt à long terme du pays mais pour des raisons purement électoralistes. C’est une des causes de la perte de compétitivité des nations occidentales.

La Chine voit bien le problème :

« Le président américain Joe Biden fait pression pour que les droits de douane triplent sur l’acier et l’aluminium chinois, un nouveau signe que Washington – au mépris des règles multilatérales de l’OMC, des pressions inflationnistes intérieures et de la stabilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale – cible les industries chinoises sous couvert d’un problème de « surcapacité ».

Il est possible que la hausse des droits de douane soit imposée, estiment les observateurs, car Biden est pressé d’obtenir plus de soutien dans sa campagne présidentielle de la part des industries sidérurgiques, qui représentent un grand nombre d’électeurs dans les États bascules, et comme une éventuelle augmentation des droits de douane pourrait également ouvrir la voie à des enquêtes plus continues sur les secteurs chinois, tels que la construction navale et les véhicules à énergies nouvelles. »

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Toujours cette attitude schizophrénique des Etats-Unis dans leur relations avec la Chine. D’un côté le ministre de la défense étasunien appelle son homologue chinois pour une conversation de courtoisie pendant qu’il organise des exercices militaires au large des côtes chinoises :

« Dans la soirée du 16 avril, le ministre chinois de la Défense Dong Jun a eu un appel vidéo avec le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin à la demande de ce dernier. Il s’agit de la première communication entre les chefs de la défense de la Chine et des États-Unis depuis novembre 2022, et représente le dernier développement dans la mise en œuvre du consensus important atteint par les dirigeants des deux pays. L’appel a duré plus d’une heure et s’est concentré sur plusieurs questions majeures et sensibles entre les deux armées, notamment la question de Taiwan et la question de la mer de Chine méridionale. Selon la réponse de la partie américaine, l’appel s’est relativement bien déroulé, les responsables du Pentagone déclarant qu’il s’agissait d’une « étape importante » pour maintenir ouvertes les lignes de communication entre les deux puissances militaires. Mais ce n’est certainement pas la dernière étape : « il y en aura davantage ». »

De l’autre ils installent des lanceurs de missiles dirigés vers la Chine :

« La Chine s’oppose fermement au déploiement américain de missiles balistiques à moyenne portée dans la région Asie-Pacifique et au renforcement du déploiement avancé aux portes de la Chine pour rechercher un avantage militaire unilatéral, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères en réponse à l’annonce par l’armée américaine du Pacifique du déploiement réussi d’une nouvelle capacité de missiles balistiques à moyenne portée, une décision considérée par certains comme contribuant à renforcer la dissuasion contre la Chine.

L’armée américaine du Pacifique a annoncé lundi, heure locale, sur son site Internet, qu’elle avait déployé son nouveau système de missiles à moyenne portée, également connu sous le nom de Typhon Weapons System, dans le nord de Luzon, aux Philippines, dans le cadre des exercices bilatéraux annuels entre les Philippines et l’armée américaine du Pacifique, baptisée Salaknib, qui a débuté le 8 avril. »

Ceux qui suivent la géopolitique internationale depuis assez longtemps se souviendront que les gros problèmes avec la Russie ont commencé quand les Etats-Unis proposèrent d’installer des missiles en Pologne pour « contrer les missiles iraniens » alors qu’ils étaient visiblement dirigés contre la Russie. La même tactique est aujourd’hui employée contre la Chine.

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Nous finirons avec un article d’économie nous expliquant pourquoi la fin de l’économie mondiale reposant sur le dollar est proche :

« Plusieurs analystes financiers ont remarqué quelque chose d’étrange dernièrement ; un phénomène qui a débuté en 2022, mais qui s’accentue et s’aggrave rapidement. On veut parler du prix de l’or bien sûr – mais bien qu’il atteigne des records historiques presque chaque semaine, il ne s’agit pas uniquement de sa valeur en dollars qui interpelle : il s’agit aussi et surtout de sa déconnexion par rapport aux taux d’intérêts de référence, c’est-à-dire les taux obligataires américains à dix ans.

La raison pour laquelle prix de l’or et taux d’intérêts devraient être corrélés est évidente : l’or ne rapporte aucun rendement ; on ne gagne aucun intérêt en stockant du métal. Au contraire, des obligations d’État rapportent un certain taux annuel. Lorsque ce taux d’intérêt est inférieur à l’inflation (ou a fortiori négatif), alors l’or gagne en attractivité : c’est l’actif sûr par excellence, et même à 0% son rendement est supérieur à un taux réel négatif. En revanche lorsque les taux d’intérêt montent, l’attractivité de l’or a tendance à diminuer, car les investisseurs préfèrent placer leur épargne de façon à en extraire une rente, sous réserve que ce placement soit sûr et que la rente soit garantie.

Or ce principe qui a prévalu pendant si longtemps cesse d’être vrai ; et cela reflète un bouleversement en cours de l’ordre financier international. Pour comprendre pourquoi, on doit faire quelques pas en arrière et rappeler l’histoire monétaire récente. »

Lire la suite de l’article ici

A lundi prochain

 

La revue de presse du 15 avril 2024

 


Par Wayan – Le 15 avril – Le Saker Francophone

Nous avons vu la semaine dernière qu’une des dernières violations des lois internationales par Israël a été le bombardement de l’ambassade iranienne à Damas, équivalent à un acte de guerre.

La première réaction de l’Iran a été de crier vengeance :

 

« L’Iran a déclaré mardi qu’il se vengerait d’Israël pour une frappe aérienne qui a tué deux de ses généraux et cinq conseillers militaires dans l’enceinte de son ambassade à Damas, augmentant ainsi le risque d’une nouvelle escalade du conflit au Moyen-Orient… Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a juré de se venger : “Le régime sioniste sera puni par nos courageux hommes ». »

Puis, pour éviter que les membres syriens et irakiens de « l’axe de résistance » ne recommencent à s’en prendre aux soldats étasuniens basés en Irak et en Syrie et que cela dégénère :

« Selon Axios citant un responsable américain, Washington a déclaré à Téhéran qu’il « n’était pas impliqué » et n’avait aucune connaissance antérieure de la frappe israélienne. »

Dix jours après ce bombardement de l’ambassade, l’Iran n’a toujours pas riposté militairement, après une tentative bloquée de riposte diplomatique, que les médias occidentaux ont passé sous silence :

« La semaine dernière, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France se sont opposés à un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU rédigé par la Russie qui aurait condamné l’attaque.

“La Russie avait rédigé un communiqué de presse condamnant l’attaque israélienne contre les locaux diplomatiques en Syrie, mais elle a été stoppée par l’insistance de nos collègues anglo-saxons”, a déclaré à la presse l’ambassadeur de Moscou à l’ONU, Vasily Nebenzya.

“Cela illustre clairement les doubles standards employés par la “troïka” occidentale et leur approche réelle, plutôt que déclarative, de la légalité et de l’ordre dans le contexte international”, a déclaré l’ambassadeur adjoint de la Russie à l’ONU, Dmitri Polyanskiy, dans un message sur X. »

L’Iran est donc obligé de réagir militairement, sinon Israël considérera cela comme une carte blanche pour amplifier ses attaques contre ce pays :

« « Si le Conseil de sécurité de l’ONU avait condamné l’acte d’agression répréhensible du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas et avait ensuite traduit ses auteurs en justice, l’impératif pour l’Iran de punir ce régime voyou aurait pu être évité », a déclaré la mission iranienne dans un communiqué médiatique.

L’Iran a promis de mener une réponse « décisive » à l’attaque israélienne qui a tué sept membres du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), dont deux généraux, à Damas le 1er avril. »

Donc tout le monde est dans l’attente de la réponse iranienne. Seuls les Etats-Unis semblent avoir reçu un message conciliant de l’Iran :

« Les États-Unis s’attendent à une attaque de l’Iran contre Israël, mais qui ne serait pas suffisamment importante pour entraîner Washington dans la guerre, a déclaré jeudi un responsable américain.

La Maison Blanche a déclaré plus tôt que Washington ne voulait pas de conflit, ouvrant ainsi la voie à une propagation au Moyen-Orient et que les États-Unis avaient déclaré à l’Iran qu’ils n’étaient pas impliqués dans une frappe aérienne contre un haut commandant militaire iranien à Damas.

Des sources iraniennes ont déclaré à Reuters que Téhéran avait signalé à Washington qu’il répondrait à l’attaque israélienne contre son ambassade syrienne de manière à éviter une escalade majeure et qu’il n’agirait pas à la hâte, alors que Téhéran insiste sur ses exigences, notamment une trêve à Gaza. »

Il est donc visible que l’Iran est coincé entre la nécessité de répondre à cet acte de guerre israélien sans tomber dans le piège de Netanyahou qui cherche à entrainer la région, et les Etats-Unis avec, dans une guerre dévastatrice. D’autant plus que les quelques centaines de bombes nucléaires que possède Israël ne sont pas oubliées par le gouvernement iranien.

Un véritable bal diplomatique s’est donc déroulé cette semaine pour éviter tout embrasement :

« Hossein Amir-Abdollahian et Annalena Baerbock ont eu un entretien téléphonique jeudi, au cours duquel le plus haut diplomate iranien a également critiqué l’Allemagne pour sa “neutralité” sur le génocide israélien dans la bande de Gaza.

“Lorsque le régime israélien viole complètement l’immunité des individus et des lieux diplomatiques en violation du droit international et des Conventions de Vienne, la légitime défense est une nécessité”, a déclaré Amir-Abdollahian, selon un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères à Téhéran.

Le communiqué indique que les deux ministres ont discuté des derniers développements dans la région et des relations bilatérales, soulignant la nécessité de maintenir la voie du dialogue.

“La politique étrangère de la République islamique d’Iran vise toujours à éviter les tensions”, a déclaré Amir-Abdollahian. “Si une attaque de missile similaire avait eu lieu sur l’un des lieux diplomatiques de la zone de guerre en Ukraine, la réaction des États-Unis et de l’Europe aurait-elle été la même ?” »

« La Russie, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont exhorté jeudi les pays du Moyen-Orient à faire preuve de retenue et Israël a déclaré qu’il se préparait à “répondre à tous ses besoins en matière de sécurité” dans une région tendue par la menace iranienne de frapper Israël.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa, l’une des deux seules compagnies occidentales à desservir Téhéran, a prolongé la suspension de ses vols vers la capitale iranienne et la Russie a mis en garde contre les voyages au Moyen-Orient…

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a déclaré jeudi qu’il avait clairement fait savoir à Amirabdollahian que l’Iran ne devait pas entraîner le Moyen-Orient dans un conflit plus large.

“Je suis profondément préoccupé par le risque d’erreurs de calcul conduisant à de nouvelles violences”, a déclaré Cameron sur X.

Le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré que le secrétaire d’État Antony Blinken avait appelé ses homologues, notamment les ministres des Affaires étrangères turc, chinois et saoudien, « à préciser que l’escalade n’est dans l’intérêt de personne et que les pays devraient exhorter l’Iran à ne pas escalader ». »

Commence alors à apparaitre la stratégie occidentale que l’on a déjà vu en jeu pour la Russie et la Chine, provoquer, provoquer, mais toujours indirectement, jusqu’à ce que le pays provoqué riposte, permettant ainsi de l’accuser d’être celui qui est l’agresseur.

Il est visible que les pays occidentaux ne considèrent pas Israël comme étant responsable de cette montée des tensions mais l’Iran qui cherche pourtant à éviter l’escalade, le disant publiquement, comme on l’a vu plus haut. Les Etats-Unis réitérant leur total soutien à Israël :

« Le président américain Joe Biden a déclaré mercredi que l’Iran menaçait de lancer une « attaque significative en Israël » et qu’il avait déclaré à Netanyahu que « notre engagement en faveur de la sécurité d’Israël contre ces menaces de l’Iran et de ses mandataires était à toute épreuve ».

Les États-Unis s’attendent à une attaque de l’Iran contre Israël, mais qui ne serait pas suffisamment importante pour entraîner Washington dans la guerre, a déclaré jeudi un responsable américain. »

Alors Israël Etat proxy des Etats-Unis dans une guerre, qui semble de plus en plus inévitable, au Moyen-Orient ou Netannyahou arrivant à faire entrer directement les Etats-Unis dans cette guerre, en faisant ainsi son proxy ? la question reste en jeu.

Ce qui est sûr c’est que, quelques soient leurs motifs, les deux pays veulent cette guerre mais feront tout pour que ce soit l’Iran qui soit accusé de l’avoir déclenché, comme pour le conflit russo-ukrainien, le conflit sino-taiwanais et le conflit Israël-Hamas.

Finalement, dans la nuit de samedi à dimanche, l’Iran à exercer ses représailles :

« Plus de 200 drones et missiles ont été lancé vers Israël samedi soir par les Gardiens de la révolution iranienne, le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen. Certains ont été intercepté par la défense antiaérienne américaine positionnée au Moyen-Orient.

Des détonations et des sirènes d’alerte ont commencé à retentir dans le ciel de Jérusalem vers 22h45 TU, ainsi que dans plusieurs régions d’Israël. »

Avec des tirs de missiles mais aussi avec la menace de fermer le détroit d’Ormuz :

« C’est la télévision iranienne qui a confirmé cette information, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Le navire, le MSC Aries, appartient à un milliardaire israélien. Il a été saisi par la marine des Gardiens de la révolution. Le navire a été dirigé vers les eaux territoriales iraniennes.

Selon certains sites spécialisés, cela fait partie de la réponse de Téhéran à l’attaque contre son consulat le 1ᵉʳ avril dernier qui a fait seize morts, dont deux hauts gradés des Gardiens de la révolution. Cela montre que Téhéran est prêt à une escalade. »

L’Iran considère maintenant que « l’affaire est close » exprimant ainsi de nouveau qu’il ne veut pas que la situation dégénère :

« L’Iran a appelé les États-Unis à « rester à l’écart » de l’opération lancée dans la nuit contre Israël, qui est sa « réponse » à la frappe contre son consulat à Damas. « Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime voyou israélien, dont les États-Unis DOIVENT RESTER À L’ECART ! », déclare la mission iranienne à l’ONU dans un message posté sur X.

« Menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations Unies relatif à la légitime défense, l’action militaire de l’Iran était une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas », explique-t-elle. « L’affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère », met en garde le message de la mission auprès des Nations unies. »

Il y a peu de chance que Netanyahou l’entende ainsi.

Encore un signe évident de l’hypocrisie des dirigeants occidentaux, cette fois au sujet de la Palestine. Ils proclament haut et fort que « la solution à deux Etats est la seule bonne solution » mais bloquent cette solution quand elle est en débat à l’ONU :

« Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU n’ont pas réussi, jeudi 11 avril, à se mettre d’accord concernant la demande d’adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies (ONU), a annoncé l’ambassadrice maltaise, qui préside le Conseil en avril. « Il n’y a pas eu de consensus » sur l’admission d’un État palestinien, a déclaré Vanessa Frazier à l’issue d’une réunion à huis-clos. Mais cette absence de consensus n’empêche pas un État membre de soumettre la question à un vote du Conseil. »

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Cette semaine les Etats-Unis ont continué leur stratégie de harcèlement contre la Chine :

Cela a commencé par un article discret du Jakarta Post, publié le 5 avril :

« Les Philippines organiseront des exercices navals conjoints avec les États-Unis, le Japon et l’Australie, ont indiqué jeudi à l’AFP deux sources diplomatiques, alors que les quatre pays approfondissent leurs liens militaires pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région Asie-Pacifique. L’exercice aura lieu dimanche dans la mer de Chine méridionale contestée – que Pékin revendique presque entièrement – quelques jours avant que le président américain Joe Biden ne tienne le premier sommet trilatéral avec les dirigeants des Philippines et du Japon. Les sources diplomatiques ont parlé sous couvert d’anonymat car les exercices n’ont pas encore été officiellement annoncés. »

On y apprend donc que les Etats-Unis ont enrôlé le Japon, les Philippines et l’Australie pour organiser des exercices militaires à portée des côtes chinoises. Et cela sans avoir prévenu quiconque puisque quelques jours avant qu’ils ne débutent, ces exercices n’avaient toujours pas été annoncés. On imagine facilement comment l’armée chinoise a pris la chose.

On y apprend aussi que cette réunion militaire aura son équivalent politique dans les jours qui suivent, mettant au grand jour une coalition entre les Etats-Unis, l’Australie, le Japon et les Philippines manifestement dirigée contre la Chine.

Le 6 avril, juste la veille du déclenchement de ces exercices, Reuters en parle :

« Les forces de défense des États-Unis, du Japon, de l’Australie et des Philippines mèneront une « activité de coopération maritime » le 7 avril pour soutenir une région Indo-Pacifique libre et ouverte, ont annoncé samedi les pays, dans un contexte d’affirmation croissante de la Chine dans cette voie navigable.

Les exercices maritimes d’une journée comprendront des activités de communication et des manœuvres d’officier de quart dans la zone économique exclusive (ZEE) de Manille, en mer de Chine méridionale, a déclaré aux journalistes le porte-parole du ministère philippin de la Défense, Arsenio Andolong.

Le navire de combat littoral USS Mobile, la frégate australienne HMAS Warramunga et le destroyer japonais JS Akebono rejoindront deux navires de guerre philippins, a déclaré Andolong.

“Ils iront du sud vers le nord englobant la frontière entre les commandements ouest et nord”, a-t-il déclaré. »

La Chine a donc été obligé de réagir immédiatement :

« Le commandement du théâtre sud de l’Armée chinoise Populaire de Libération (APL) a organisé dimanche une patrouille conjointe de combat naval et aérien dans la mer de Chine méridionale, a annoncé l’APL, le même jour que les exercices conjoints auxquels ont participé les États-Unis, les Philippines, le Japon et L’Australie, qui, selon les analystes, était une mesure très provocatrice et agressive contre la Chine dans un contexte de tensions croissantes entre Pékin et Manille.

Des experts chinois ont déclaré dimanche que la patrouille de combat chinoise représentait une réponse du tac au tac aux exercices conjoints des États-Unis, des Philippines, du Japon et de l’Australie, illustrant la ferme détermination de l’APL et sa forte capacité à sauvegarder la souveraineté territoriale et les droits et intérêts maritimes de la Chine. Cela montre que la Chine, tout en faisant preuve d’une grande retenue sur la question de la mer de Chine méridionale, est également bien préparée à faire face à toute éventualité.

Ils ont également averti que l’ingérence extérieure représentée par les États-Unis dans la mer de Chine méridionale est devenue « la plus grande menace à la sécurité et à la stabilité régionales », et que le calcul des Philippines consistant à « inviter le loup dans la bergerie » n’est pas bien accueilli par les pays de la région et finira par se retourner contre lui. »

Suivi d’une déclaration du gouvernement chinois par l’entremise d’un éditorial du Global Times :

« Les quatre pays ont affirmé dans leur déclaration commune que l’exercice visait à sauvegarder « l’État de droit qui est le fondement d’une région indo-pacifique pacifique et stable » et à défendre « la liberté de navigation et de survol ». Cependant, c’est un mensonge total. Chaque année, plus de 100 000 navires et un tiers du commerce maritime transitent par la mer de Chine méridionale, et aucun ne s’est jamais plaint du fait que la Chine « entrave la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale ». Au contraire, des pays extérieurs à cette région, comme les États-Unis, ont fréquemment provoqué des tensions et montré leurs forces militaires en mer de Chine méridionale au fil des années, même sans changer d’excuses. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas la liberté de navigation, mais la liberté « d’agir de manière imprudente » et la liberté d’utiliser des tactiques de « découpe en salami » en mer de Chine méridionale. Ce type de « liberté » ne fera que compromettre la paix et la stabilité régionales.

Par conséquent, il n’est pas nécessaire que les parties concernées et les médias étrangers spéculent à chaque fois sur les cibles spécifiques des actions de l’APL [l’armée chinoise]. Les forces navales et aériennes ainsi que la flotte du Southern Theatre Command sont en mesure de répondre à tout moment aux situations d’urgence. Qu’il s’agisse de patrouilles de routine ou de cette patrouille navale et aérienne conjointe, l’objectif des actions de l’APL en mer de Chine méridionale a toujours été très clair, à savoir sauvegarder résolument la souveraineté, la sécurité et les droits maritimes nationaux, ainsi que maintenir paix et stabilité en mer de Chine méridionale. Si les parties concernées entendent intensifier les tensions en mer de Chine méridionale et porter atteinte à l’intégrité territoriale et souveraine de la Chine, elles deviendront alors la cible de l’APL. Ceci n’est pas ambigu et c’est le signal correct que les parties concernées devraient recevoir des actions de l’APL. »

Réponse des Etats-Unis à cet avertissement :

« On peut s’attendre à davantage de patrouilles conjointes en mer de Chine méridionale après les exercices menés par les États-Unis, l’Australie, les Philippines et le Japon le week-end dernier, a déclaré mardi le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avant les sommets américains cette semaine avec les dirigeants japonais et philippin. »

Le premier ministre japonais, Kishida, s’est ensuite rendu à Washington :

« Kishida, en difficulté chez lui, sera accueilli en grande pompe aux États-Unis, avec des drapeaux japonais ornant déjà les lampadaires de Washington et un dîner étincelant à la Maison Blanche avec quelque 200 invités.

Jeudi, il deviendra le deuxième dirigeant japonais à prendre la parole lors d’une réunion conjointe du Congrès après son prédécesseur assassiné, Shinzo Abe, qui avait prononcé un discours en 2015.

Les analystes politiques affirment que cette visite est une chance pour Kishida d’améliorer sa popularité nationale avant la course à la direction du Parti libéral-démocrate au pouvoir en septembre.

Les États-Unis salueront le Japon comme un allié régional et mondial vital et Kishida pourra se réjouir des réformes de défense qui ont éloigné le Japon de son pacifisme d’après-guerre.

Le porte-parole de la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré lundi aux journalistes que les trois pays avaient « des objectifs stratégiques, des intérêts et des préoccupations de plus en plus convergents dans des zones comme la mer de Chine méridionale ».

“Nous allons chercher des moyens de continuer à approfondir la collaboration avec nos partenaires les plus proches pour garantir un Indo-Pacifique libre, ouvert, prospère et sécurisé“, a déclaré Kirby.

C’est ensuite Marcos, le président philippin, qui s’est rendu à Washington pour les rejoindre :

« Jeudi, Biden tient une réunion bilatérale avec le président philippin Ferdinand Marcos, qu’il avait déjà accueilli à Washington l’année dernière, avant que les deux ne rejoignent Kishida pour un sommet trilatéral qui devrait se concentrer sur la lutte contre la pression chinoise sur les Philippines dans la mer de Chine méridionale contestée.

“Une coopération étroite entre le Japon, les États-Unis et les Philippines est cruciale pour un ordre libre et ouvert fondé sur l’État de droit et pour la prospérité économique de la région”, a déclaré vendredi Kishida. »

Pendant qu’une coalition USA/Australie/Japon/Philippines est en train de se créer, dont le but n’est pas tant de « garantir un Indo-Pacifique libre, ouvert, prospère et sécurisé » que d’harasser la Chine, la relation sino-russe continue de de se renforcer :

« Alors que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est arrivé lundi en Chine pour une visite officielle, de nombreux observateurs ont déclaré que le partenariat stratégique global sino-russe serait encore renforcé malgré la pression américaine.

À l’invitation du Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, qui est également membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, le plus haut diplomate russe effectuera une visite officielle en Chine de lundi à mardi, a annoncé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

Mao a déclaré lundi lors d’une conférence de presse de routine que les deux parties échangeraient leurs points de vue et coordonneraient leurs positions sur le développement des relations bilatérales, la coopération dans différents domaines et les questions internationales d’intérêt commun, en marge du 75e anniversaire du début des relations diplomatiques avec la Russie. »

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Le plus incroyable dans l’attitude des Etats-Unis est le fait qu’au lendemain d’exercices militaires agressivement tournés vers la Chine, ils envoient leur ministre de l’économie implorer le gouvernement chinois de « réduire sa capacité industrielle excédentaire ». Toujours cette attitude schizophrénique :

« La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré vendredi que les inquiétudes grandissaient quant aux conséquences économiques mondiales de la capacité manufacturière excédentaire de la Chine, faisant de cette question le thème principal de quatre jours de réunions économiques avec des responsables chinois.

La Chine est trop grande pour exporter sa croissance trop rapide et bénéficierait d’une réduction de sa capacité industrielle excédentaire qui exerce une pression sur les autres économies, a déclaré Mme Yellen devant une quarantaine de représentants de la Chambre de commerce américaine à Guangzhou.

“La surcapacité n’est pas un problème nouveau, mais elle s’est intensifiée et nous constatons l’émergence de risques dans de nouveaux secteurs”, a déclaré Yellen à Guangzhou, centre d’exportation du sud de la Chine, où elle a rencontré le vice-premier ministre He Lifeng et le gouverneur de la province du Guangdong, Wang Weizhong.

Yellen et d’autres responsables de l’administration Biden sont de plus en plus préoccupés par la surproduction chinoise de véhicules électriques, de panneaux solaires, de semi-conducteurs et d’autres biens qui inondent les marchés mondiaux face à une baisse de la demande sur le marché intérieur chinois.

Elle a déclaré que cela n’est pas sain pour la Chine et nuit aux producteurs d’autres pays, exhortant Pékin à abandonner les investissements dirigés par l’État et à revenir aux réformes axées sur le marché qui ont alimenté la croissance au cours des dernières décennies. »

On se demande comment les responsables étasuniens envisagent même de faire une telle demande, réduire son économie, de plus à un pays qu’ils harcèlent continuellement. Ont-ils conscience du ridicule d’une telle demande ? Comment espèrent-ils que la Chine y réponde positivement ?

Voici la réponse de la Chine :

« Les experts chinois ont déclaré que le battage médiatique autour de la « surcapacité » et les restrictions imposées aux véhicules électriques chinois témoignent d’un état d’esprit protectionniste visant à protéger les propres industries des États-Unis et de l’UE.

La soi-disant surcapacité des véhicules électriques chinois est le reflet de l’intervention de l’UE contre les produits chinois et témoigne d’une attitude protectionniste commerciale, a déclaré lundi Cui Hongjian, professeur à l’Académie de gouvernance régionale et mondiale de l’Université des études étrangères de Pékin.

“La surcapacité n’est pas une excuse appropriée pour une protection commerciale, et la définition de ce qu’on appelle la surcapacité est très subjective et manque de données de marché”, a ajouté M. Cui.

La production chinoise de véhicules à énergies nouvelles ne connaît pas d’excédent de capacité, et l’une des raisons à cela est que l’offre de véhicules électriques chinois répond en grande partie à sa propre demande intérieure, a déclaré lundi Wu Shuocheng, un analyste automobile chevronné, au Global Times.

En outre, le rythme rapide de développement de l’industrie chinoise des véhicules électriques garantit qu’il existe une demande constante de nouveaux modèles et de nouvelles technologies, conduisant à l’élimination progressive des anciens produits, et cet environnement de marché dynamique empêche l’apparition de surcapacités, a déclaré Wu.

Selon les données de l’Association chinoise des constructeurs automobiles, en 2023, la production et les ventes de véhicules à énergies nouvelles (NEV) en Chine ont totalisé respectivement 9,587 millions et 9,495 millions d’unités. »

Arnaud Bertrand nous explique, chiffres à l’appui, ce qu’il en est :

« Il est intéressant de réfléchir à ce que dit réellement Yellen lorsqu’elle demande à la Chine de remédier à sa « surcapacité industrielle », en particulier dans des domaines comme les panneaux solaires ou les véhicules électriques.

Tout d’abord, qu’est-ce que la « surcapacité industrielle » ? La définition officielle est « lorsque les capacités de production d’une industrie dépassent la demande pour ses produits, ce qui entraîne des inefficacités et une rentabilité réduite ».

Quels sont les indicateurs clés pour évaluer si un pays présente une « surcapacité industrielle » ? Il y a 3:

– Taux d’utilisation des capacités : il s’agit du % de la capacité industrielle d’un pays réellement utilisé. Si vous n’en utilisez pas beaucoup, vous avez trop de capacité.

– Niveaux de stocks : des niveaux élevés d’invendus peuvent indiquer que la production dépasse la demande, suggérant une surcapacité.

– Marges bénéficiaires : la baisse des marges bénéficiaires dans les secteurs manufacturiers pourrait indiquer une surcapacité, car les entreprises pourraient réduire leurs prix pour stimuler les ventes.

Alors regardons le cas de la Chine pour les trois.

Commençons par les taux d’utilisation des capacités. Regardez les graphiques : il est clair qu’ils sont restés à peu près constants en Chine au cours des 10 dernières années, s’établissant actuellement à environ 76 %, ce qui est dans la même fourchette que les taux d’utilisation américains, à environ 78 %. Donc pas de problème là-bas.

Examinons maintenant les niveaux de stocks. Au début de 2024, l’indice PMI des stocks de produits finis de la Chine s’élevait à environ 49 (https://en.macromicro.me/collections/25/cn-industry-relative/5728/china-pmi-new-order-and- stock-index) contre les États-Unis à 48 pour les stocks manufacturiers (https://en.macromicro.me/collections/8/us-industry-relative/40/ism-inventory). Un indice supérieur à 50 est le signe d’une augmentation des niveaux de stocks : ce n’est le cas ici dans aucun des deux pays, il n’y a donc aucun problème avec les niveaux de stocks.

Enfin, vérifions les marges bénéficiaires. Les bénéfices industriels de la Chine ont augmenté de 10,2 % au cours des deux premiers mois de l’année (https://bloomberg.com/news/articles/2024-03-27/china-s-industrial-profits-rise-in-sign-of-stabilizing -economy?embedded-checkout=true ), consolidant une séquence de gains depuis août de l’année dernière. Donc pas de problème là non plus.

Alors ça donne quoi ? Quelle que soit la manière dont on considère les choses, il n’y a tout simplement aucun signe de surcapacité industrielle en Chine.

En accusant la Chine de « surcapacité industrielle », les États-Unis pourraient-ils vouloir dire que la Chine enfreint les règles de l’OMC en pratiquant le « dumping », c’est-à-dire la pratique selon laquelle les entreprises exportent des produits à des prix inférieurs à ceux qu’elles pratiquent sur leur marché intérieur, ou inférieurs au coût de production ? Non, ce n’est pas ce que la Chine est accusée de faire ici : malgré les prix très bas de ses véhicules électriques ou de ses panneaux solaires, les entreprises impliquées réalisent toujours des bénéfices (comme nous venons de le voir, les bénéfices industriels augmentent à deux chiffres), et ils facturent des prix plus élevés à l’étranger que chez eux.

Non, le véritable problème ici n’est en fait pas celui de la capacité industrielle mais celui de la compétitivité. Ce qui est clair, c’est que la compétitivité des entreprises chinoises est écrasante : aujourd’hui, dans de nombreux secteurs – comme l’énergie solaire ou les véhicules électriques – les entreprises américaines ou européennes n’ont tout simplement aucun moyen de rivaliser avec les entreprises chinoises. C’est là le vrai problème : Yellen et les dirigeants occidentaux ont peur que si les choses continuent, la Chine mange tout simplement le déjeuner de tout le monde.

Contrairement à la croyance populaire, cette compétitivité n’est pas due à la « main d’œuvre bon marché » chinoise. Tim Cook d’Apple a extrêmement bien expliqué cela (https://inc.com/glenn-leibowitz/apple-ceo-tim-cook-this-is-number-1-reason-we-make-iphones-in- china-its-not-what-you-think.html) : « Il y a une confusion à propos de la Chine. La conception populaire est que les entreprises viennent en Chine en raison du faible coût de la main d’œuvre. Je ne sais pas dans quelle partie de la Chine ils vont, mais la vérité est que la Chine a cessé d’être le pays à faible coût de main-d’œuvre il y a de nombreuses années. Et ce n’est pas une raison pour venir en Chine du point de vue de l’offre. La raison en est la compétence, la quantité de compétence présente dans un endroit et le type de compétence dont il s’agit. Il en attribue le mérite au système éducatif chinois : « J’accorde beaucoup de crédit au système éducatif pour avoir continué à insister sur ce point, même lorsque d’autres mettaient moins l’accent sur la formation professionnelle […] La Chine a appelé cela dès le début. »

Avoir une grande profondeur de compétences est une chose, mais il y a aussi le contrôle de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement puisque la Chine est le seul pays au monde à produire toutes les catégories de marchandises classées par l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Cela lui confère un avantage clé en termes de prix finaux : lorsque vous souhaitez construire quelque chose en Chine, vous pouvez littéralement trouver toute la chaîne d’approvisionnement chez vous.

Les prix de l’énergie sont une autre affaire : par exemple, l’Agence internationale de l’énergie souligne que « une électricité à faible coût est essentielle pour la compétitivité des principaux piliers de la chaîne d’approvisionnement solaire photovoltaïque » (https://iea.org/reports/solar-pv- global-supply-chains/executive-summary) et « environ 80 % de l’électricité utilisée aujourd’hui dans la production de polysilicium est consommée dans les provinces chinoises à un prix moyen de l’électricité d’environ 75 USD par mégawattheure (MWh) ». À titre de comparaison, en 2023, les prix de l’énergie pour les clients industriels en Allemagne étaient en moyenne de 251,21 USD par mégawattheure (MWh) (https://statista.com/statistics/1346782/electricity-prices-commercial-industrial-customers-germany/) : c’est un incroyable 234,94 % plus cher !

Enfin, la Chine est devenue une puissance d’innovation. En 2023, elle a déposé à peu près autant de brevets que le reste du monde réuni (https://brevettinews.it/en/patents/wipo-annual-report-2023-more-patent-applications-but-less-trademarks-and- design/ ) et on estime désormais qu’elle est à la tête de 37 des 44 technologies critiques pour l’avenir (https://aspi.org.au/report/critical-technology-tracker ). Tout cela a également des implications en ce qui concerne les prix finaux de ses produits. Pour reprendre l’exemple des panneaux solaires, l’AIE note que « l’innovation continue menée par la Chine a réduit de moitié l’intensité des émissions de la fabrication solaire photovoltaïque depuis 2011 » (https://iea.org/reports/solar-pv-global-supply- chains/executive-summary ), ce qui signifie que non seulement la Chine a des prix de l’électricité brute immensément moins chers qu’en Occident, mais qu’elle a innové de telle manière qu’elle utilise beaucoup moins d’électricité dans la production de ses panneaux solaires…

Ainsi, « la menace d’une surcapacité industrielle de la Chine » est un mot à la mode qui signifie en réalité que la Chine est tout simplement trop compétitive, et en lui demandant de s’attaquer à ce problème, ce que Yellen demande réellement à la Chine s’apparente à un sprinter demandant à Usain Bolt de courir mojns vite parce qu’il ne peut pas suivre.

Maintenant, je ne dis pas que cette demande n’a aucun mérite. En fin de compte, il est compréhensible que lorsque vous voyez un concurrent gagner continuellement en force, vous deveniez très inquiet quant à votre propre avenir et à celui de vos collaborateurs. Mais il faut le formuler de la bonne façon : le présenter comme si la Chine faisait quelque chose de mal avec une « surcapacité » délibérée n’est qu’une caractérisation très injuste. La Chine a bien joué le jeu : comme l’explique Tim Cook, elle a investi avant tout dans sa population, dans son éducation. Ils ont également investi beaucoup de temps dans l’innovation et ne se sont pas tiré une balle dans le pied en matière de prix de l’énergie comme l’a fait l’Europe, entre autres politiques. »

Comme le conclut Simplicius (dont je recommande la lecture du texte en entier), l’Occident ferait mieux d’analyser la raison de sa perte de compétitivité face à la Chine que de lui faire des demandes ridicules :

« Les économies américaines et européennes fondées sur le marché luttent pour survivre face au modèle économique alternatif “très efficace” de la Chine, a averti une des principales représentantes américaines au commerce, selon Euractiv.

Katherine Tai a déclaré lors d’une réunion d’information à Bruxelles jeudi que les politiques “non commerciales” de Pékin causeront de graves dommages économiques et politiques, à moins qu’elles ne soient combattues par des “contre-mesures” appropriées. Les remarques de Mme Tai ont été faites alors que le Conseil du commerce et de la technologie (CCT) entre l’UE et les Etats-Unis a débuté à Louvain, en Belgique.

“Je pense que le défi que nous lance la Chine est la capacité de nos entreprises à survivre face à un système économique très efficace “, a déclaré M. Tai en réponse à une question d’Euractiv.

En bref : la Chine ne joue pas franc jeu – elle privilégie son peuple et son économie à la spéculation financière, ce qui fait que ses entreprises sont plus compétitives que les nôtres !

Mais ce dont elle parle vraiment touche à l’essence même de la différence entre les deux systèmes :

La responsable du commerce a décrit la Chine comme un système “que nous avons décrit comme n’étant pas basé sur le marché, comme étant fondamentalement nourri différemment, contre lequel un système basé sur le marché comme le nôtre aura du mal à rivaliser et à survivre”.

Ce sont des mots codés : ce qu’elle entend par “basé sur le marché” est le capitalisme de libre marché, tandis que la Chine utilise davantage un système directif à planification centralisée, comme indiqué plus haut. Rappelez-vous que j’ai récemment publié des plaintes de responsables occidentaux selon lesquelles leurs entreprises ne sont pas en mesure de concurrencer les fabricants de matériel de défense russes en raison de l’efficacité “déloyale” de leur style de “planification centralisée”.

Là encore, ce qu’ils veulent dire, c’est que le gouvernement chinois crée des directives qui font fi des “logiques de marché” et qui visent à améliorer directement la vie des citoyens ordinaires. En Occident, rien de tel n’existe : toutes les décisions du marché ne reposent que sur les spéculations des sociétés financières, totalement détachées, et sont exclusivement prises par un petit groupe d’élites financières et bancaires au sommet de la pyramide.

Vous voyez, les États-Unis sont menacés parce qu’ils savent qu’ils ne pourront jamais rivaliser équitablement avec la Chine, car il faudrait étouffer ou contenir leur propre élite financière gloutonne – il ne leur reste donc qu’une seule voie pour rester dans la course : le sabotage et la guerre.

C’est la véritable raison pour laquelle les États-Unis cherchent désespérément à attiser une invasion chinoise de Taïwan par diverses provocations, y compris des livraisons d’armes. Tout comme les États-Unis ont utilisé l’Ukraine comme bélier pour saigner et affaiblir économiquement la Russie, la déconnectant ainsi de l’Europe, ils espèrent utiliser Taïwan contre la Chine. Ils aimeraient fomenter une guerre sanglante qui laisserait la Chine meurtrie et économiquement en retrait, afin de donner un peu d’air à l’économie américaine, en pleine déliquescence et assoiffée d’argent.

Mais il est peu probable que cela fonctionne – la Chine est trop sagace pour mordre à l’hameçon et tomber dans le piège. Elle attendra patiemment que les choses se passent, laissant les États-Unis se noyer dans leur poison et leur trahison sans fin. »

Nous voyons se dérouler sous nos yeux le moment où le système politique chinois montre au monde entier qu’il est plus efficace économiquement que le système occidental. Beaucoup d’occidentaux ne le savent pas encore et continueront de l’ignorer tant qu’il se réfèreront aveuglement à ce que leur disent leurs médias.

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Mais il n’y a pas qu’aux frontières chinoises que les Etats-Unis lancent des exercices militaires. Aux frontières russes aussi :

« Les troupes américaines en Moldavie dans le cadre d’un Plan B pour l’Ukraine

La Moldavie pourrait être considérée comme une zone de transit pour les forces américaines et de l’OTAN en cas de victoire russe et d’éclatement de l’Ukraine.

De gros problèmes pourraient se préparer dans la petite Moldavie, qui commence à ressembler à une zone de transit pour l’Union européenne destinée à compenser une victoire russe qui arrive en Ukraine. Il n’est pas clair si un tel plan, s’il était tenté, réussirait. Mais la Moldavie n’est pas le pays le plus stable au monde, avec une nation divisée entre éléments pro-européens et pro-russes.

Les troupes américaines sont désormais en Moldavie avec des Roumains, pour un exercice militaire appelé JCET 2024 (Joint Command Exchange Training). L’exercice a débuté le 1er avril et se poursuivra jusqu’au 19 avril.

Selon un communiqué du ministère moldave de la Défense, « le but de l’exercice est la formation conjointe et l’échange d’expériences entre les forces spéciales moldaves, roumaines et américaines, ainsi que l’augmentation du niveau d’interopérabilité entre les contingents participants. L’événement de cette année réunira également des représentants du Service de protection et de sécurité de l’État [moldave] et des forces spéciales Pantera.

Ces exercices ne sont pas nouveaux, mais ils revêtent aujourd’hui une nouvelle urgence en raison de l’évolution de la situation en Ukraine voisine.

Les États-Unis parrainent ce qu’ils appellent le dialogue stratégique entre la Moldavie et les États-Unis à Chisinau, la capitale moldave.

Les États-Unis ont débloqué près de 320 millions de dollars américains en nouvelle aide économique, sécuritaire et humanitaire pour aider la Moldavie. Cette aide comprend 30 millions de dollars d’appui budgétaire non remboursable décaissés en décembre 2022 pour les achats d’électricité. »

Dans sa folie, le gouvernement ukrainien s’attaque à la centrale nucléaire de Zaporozhye pour la faire exploser :

« Plus tôt cette semaine, la centrale nucléaire a perdu la connexion à sa seule ligne électrique de secours restante, une source clé d’électricité dont elle a besoin pour refroidir ses réacteurs, et l’équipe de l’AIEA sur le terrain a rapporté avoir entendu « de nombreux tirs d’artillerie » à proximité de l’usine. Vendredi, la centrale nucléaire a écrit sur Telegram qu’elle avait récemment été attaquée à plusieurs reprises par des drones ukrainiens.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a mis en garde Kiev vendredi contre de nouvelles attaques contre l’usine, soulignant qu’elles pourraient endommager les infrastructures critiques et déstabiliser l’installation. Elle a également appelé l’AIEA à faire connaître au public les récentes attaques et leurs auteurs.

“Nous exhortons vivement l’AIEA et ses dirigeants à utiliser activement les experts présents à la station pour enregistrer publiquement tous les cas d’attaques du côté ukrainien et indiquer clairement d’où vient réellement la menace pour le fonctionnement sûr de cette installation”, a-t-elle déclaré dans une déclaration. »

L’IEAE a donc condamné ces attaques, sans condamner leur auteur :

« Le chef de l’agence de surveillance atomique de l’ONU a condamné dimanche une frappe de drone sur l’un des six réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, sous contrôle russe, en Ukraine, affirmant que de telles attaques « augmentent considérablement le risque d’un accident nucléaire majeur ».

Dans une déclaration sur la plateforme de médias sociaux X, Rafael Mariano Grossi a confirmé qu’au moins trois coups directs contre les structures de confinement du réacteur principal de la ZNPP ont eu lieu. “Cela ne peut pas arriver”, a-t-il déclaré.

La Russie a imputé l’attaque à l’Ukraine, mais l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU n’a pas attribué cette responsabilité. Les responsables de Kyiv n’ont fait aucun commentaire dans l’immédiat. »

L’impossibilité à atteindre leur objectif de déstabiliser la Russie les rend fous. Voilà maintenant que certains députés étasuniens accusent leurs collègues, ceux qui disent qu’il faut trouver une porte de sortie au conflit Russo-ukrainien ou ne plus s’en occuper, de propager la « propagande russe au cœur même du Congrès » :

« Le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, Mike Turner (Républicain de l’Ohio), a souligné la portée étendue de la propagande russe et a déclaré dimanche qu’elle avait même infesté le Congrès américain.

Dans une interview à « L’état de l’Union » de CNN avec Jake Tapper, Turner a déclaré qu’il était d’accord avec le représentant Michael McCaul (Républicain du Texas), président de la commission des affaires étrangères de la Chambre, qui a pointé du doigt les médias conservateurs et a déclaré : « La propagande russe a malheureusement fait son chemin aux États-Unis et a infecté une bonne partie de la base de mon parti. »

“Oh, c’est absolument vrai”, a déclaré Turner à Tapper à propos des remarques de McCaul. « Nous voyons directement de la Russie des tentatives visant à masquer des communications qui sont des messages anti-Ukraine et pro-russes, dont certains sont même prononcés à la Chambre. »

“Je veux dire, il y a des membres du Congrès aujourd’hui qui disent encore à tort que ce conflit entre la Russie et l’Ukraine est au sujet de l’OTAN, ce qui n’est bien sûr pas le cas”, a déclaré Turner. « [Le président russe] Vladimir Poutine a fait savoir très clairement, tant publiquement qu’à sa propre population, qu’il considérait qu’il s’agissait d’un conflit portant sur une revendication beaucoup plus large de la Russie, sur l’Europe de l’Est, et incluant la revendication de l’ensemble du territoire ukrainien comme étant celui de la Russie. »

« Maintenant, dans la mesure où cette propagande s’installe, il nous est plus difficile de réellement considérer cela comme une bataille entre l’autoritarisme et la démocratie, ce qui est bien ce dont il s’agit. Le président chinois Xi [Jinping] et Vladimir Poutine eux-mêmes l’ont identifié comme tel », a déclaré Turner.

« Nous devons défendre la démocratie. Nous devons nous assurer que nous savons que les régimes autoritaires ne s’arrêtent jamais lorsqu’ils déclenchent une agression. L’Ukraine a besoin de notre aide et de notre assistance maintenant et c’est un moment très critique pour que le Congrès américain intensifie ses efforts et fournisse cette aide », a poursuivi Turner. »

Pendant ce temps, l’enquête russe sur l’attentat à Crocus continue :

« Une entreprise ukrainienne liée à la famille Biden a été citée dans une enquête criminelle sur le financement du terrorisme, a annoncé mardi la commission d’enquête russe. Le conglomérat industriel Burisma Holdings, qui employait Hunter Biden comme directeur hautement rémunéré dans les années 2010, fait partie de plusieurs entités répertoriées par les enquêteurs.

Jusqu’à présent, les enquêteurs ont « établi que les fonds transitant par des organisations commerciales, notamment le conglomérat pétrolier et gazier Burisma Holdings, opérant en Ukraine, ont été utilisés ces dernières années pour mener des attaques terroristes en Russie », a déclaré la porte-parole de la commission, Svetlana Petrenko. Des activités terroristes ont également eu lieu dans des pays tiers, visant à « éliminer des personnalités politiques et publiques de premier plan, ainsi qu’à causer des dommages économiques », a-t-elle ajouté.

Les spécialistes du comité travaillent « en coopération avec d’autres services de renseignement et de renseignement financier », a noté Petrenko. L’examen s’articule actuellement autour de « la vérification des sources de revenus et des mouvements ultérieurs de fonds d’un montant de plusieurs millions de dollars américains » et de l’examen de l’implication potentielle de « individus spécifiques parmi les responsables gouvernementaux, les personnes appartenant à des organisations civiques et commerciales des pays occidentaux » a déclaré la porte-parole.

Burisma est probablement mieux connue au niveau international pour ses liens controversés avec l’actuelle première famille des États-Unis. Au printemps 2014, à la suite du coup d’État de Maidan à Kiev, soutenu par les États-Unis, la société énergétique ukrainienne a embauché Hunter Biden et son partenaire commercial Devon Archer comme directeurs, offrant un salaire d’un million de dollars par an.

Le père de Biden, Joe, était à l’époque vice-président du président Barack Obama et supervisait la politique de Washington en Ukraine. Il s’est un jour vanté d’avoir fait licencier un procureur chargé de la corruption – ce qui s’est produit juste après que le fonctionnaire a commencé à enquêter sur Burisma.

L’entreprise a également proposé des paiements de protection au gouvernement de Kiev, selon l’ancien député ukrainien Andrey Derkach. Son co-fondateur Nikolay Zlochevsky a payé quelque « 800 millions de hryvnias [plus de 21 millions de dollars] pour le financement du terrorisme » dans « diverses juridictions », a affirmé Derkach en janvier.

« Les dirigeants des services de sécurité ukrainiens ne cachent pas qu’ils commettent des actes terroristes et des assassinats politiques contre des fonds extrabudgétaires », avait-il déclaré à l’époque. « Une fois de plus : les partenaires de Biden dans le secteur de la corruption en Ukraine financent des actes terroristes, évitant ainsi toute responsabilité dans la corruption en Ukraine. »

Derkach a affirmé qu’il était courant que les propriétaires de grandes entreprises en Ukraine « fassent un don » à l’effort de guerre en échange d’une immunité contre les poursuites. Il a évoqué une affaire pénale contre Zlochevsky concernant un pot-de-vin de 6 millions de dollars qui s’est terminée par le paiement par le propriétaire de Burisma d’une amende de 1 800 dollars. »

A lundi prochain

 

La revue de presse du 8 avril 2024

 


Par Wayan – Le 8 avril – Source : Le Saker Francophone

On sent, en lisant les médias occidentaux, que la défaite de l’Ukraine commence à devenir une éventualité qui s’est finalement installée dans l’esprit des dirigeants :

« L’Ukraine risque fort de voir ses lignes de front s’effondrer

Selon des officiers ukrainiens de haut rang, la situation militaire est sombre et les généraux russes pourraient réussir partout où ils décideront de concentrer leur prochaine offensive. »

Du coup, l’impopulaire loi de mobilisation qui trainait depuis des mois sur le bureau de Zelensky est signée :

 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a signé mardi 2 avril un projet de loi prévoyant l’abaissement de l’âge de la mobilisation militaire de 27 à 25 ans, alors que les forces armées manquent d’hommes pour faire face à l’invasion russe. Ce projet de loi, qui avait été voté il y a un an par les députés, entre en vigueur à partir de mercredi, a indiqué la Rada, le Parlement ukrainien, sur son site internet. »

L’OTAN voyant que les promesses d’aide de ses membres sont peu suivies d’effet propose de prendre le relais :

« Le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a proposé un programme d’aide militaire à l’Ukraine de 100 milliards d’euros sur cinq ans, qui donnerait à l’alliance occidentale un rôle plus direct dans le soutien à Kiev, ont déclaré mardi cinq diplomates.

Selon ce plan, l’OTAN reprendrait une partie du travail de coordination d’une coalition ad hoc dirigée par les États-Unis, connue sous le nom de groupe Ramstein – une mesure destinée en partie à se prémunir contre toute réduction du soutien américain si Donald Trump revenait à la Maison Blanche, ont déclaré des diplomates. »

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L’enquête du gouvernement russe sur l’attaque terroriste contre l’hôtel de ville de Crocus avance :

« “Les premiers résultats de l’enquête confirment pleinement le caractère planifié des actions des terroristes, la préparation minutieuse et le soutien financier des organisateurs du crime. Grâce à la collaboration avec les terroristes détenus, à l’analyse des appareils techniques saisis, à l’analyse des informations concernant des transactions financières, des preuves de leurs liens avec les nationalistes ukrainiens ont été obtenues”, a déclaré la commission d’enquête russe sur Telegram.

Les terroristes ont reçu d’Ukraine d’importantes sommes d’argent et de crypto-monnaie, ont ajouté les enquêteurs russes.

Les services spéciaux russes ont accompli leur tâche en découvrant cette preuve, mais ils “refusent de nous entendre en Occident, les mécanismes mondiaux ne fonctionnent plus”, a déclaré Kirill Kabano”.

« Les Américains peuvent brandir une fiole vide et l’utiliser comme prétexte pour déclencher une guerre et détruire un État tout entier, comme ce fut le cas en Irak. Malheureusement, je ne suis pas du tout sûr que nos preuves concernant les transferts de cryptomonnaies seront entendues. Mais pour les citoyens de nombreux pays, cela pourrait améliorer leur perception de la réalité “, a noté l’expert.

Pour les habitants des pays occidentaux dont les dirigeants restent déterminés à soutenir le régime de Kiev, il est grand temps de se confronter à la réalité de ce qui se passe réellement en Ukraine, estime l’analyste. « Il est très important qu’ils commencent à comprendre tout ce qui se passe concernant l’Ukraine, y compris dans leur propre pays. Pour nous, il était clair dès le départ qui était derrière cette attaque terroriste… Je pense qu’il est temps que le monde le comprenne aussi », a déclaré Kabanov. »

La Russie a donc pris les premières mesures légales qui s’imposent :

« Moscou a exigé que l’Ukraine livre tous ceux qu’elle soupçonne de terrorisme dans le pays, y compris le patron de l’agence d’espionnage intérieure de Kiev, Vasily Malyuk, et qu’elle cesse immédiatement de soutenir toute activité connexe entreprise par ces individus et groupes, a annoncé dimanche le ministère russe des Affaires étrangères.

Le ministère a déclaré qu’il avait officiellement contacté Kiev au sujet des demandes formulées dans le cadre de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif et de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme adoptées par l’ONU. Les exigences incluent « l’arrestation et l’extradition immédiates » de tous les suspects que Moscou a identifiés et liés aux récentes attaques terroristes contre la Russie.

L’attaque meurtrière contre l’hôtel de ville de Crocus, qui “a choqué le monde entier, n’est de loin pas la première attaque terroriste subie par notre pays récemment”, a noté le ministère. “Les enquêtes menées par les organes russes compétents indiquent que les traces de tous ces crimes mènent à l’Ukraine”, souligne-t-il. »

Le « patron de l’agence d’espionnage intérieure de Kiev, Vasily Malyuk » fait partie de la liste pour :

« être responsable de l’explosion d’un pont en Crimée qui, selon la Russie, a tué cinq personnes en octobre 2022. Le communiqué qualifie l’explosion d’”attaque à la bombe barbare” parmi plusieurs autres. »

La commission d’enquête compte bien la mener jusqu’au bout :

« La commission d’enquête russe a lancé une enquête sur les allégations selon lesquelles l’Ukraine et ses soutiens occidentaux seraient impliqués dans des activités terroristes sur le sol russe. Cela fait suite aux plaintes déposées par des députés et des personnalités publiques la semaine dernière.

Les forces de l’ordre ont annoncé lundi qu’elles poursuivaient l’enquête procédurale après avoir examiné les accusations initiales. La plainte initiale, que le Comité a confirmé avoir reçue mercredi dernier, identifiait les États-Unis et leurs alliés comme étant à l’origine d’une série d’attaques sur le sol russe. L’agence enquête sur « l’organisation, le financement et la conduite d’actes terroristes » présumés par ces pays.

Nikolay Kharitonov du Parti communiste, l’un des députés qui ont déposé la notification initiale, a insisté sur le fait que les pays occidentaux ont « bénéficié » de l’attaque terroriste contre l’hôtel de ville de Crocus, près de Moscou, au début du mois. Les opposants géopolitiques de la Russie avaient tout à gagner de cette tragédie et comptaient « sur leur inaccessibilité et leur impunité ». »

Car si les Etats-Unis ne sont, pour l’instant, pas considérés comme des participants directs à l’attaque, ils sont soupçonnés de complicité :

« Dans un communiqué de presse publié lundi, le SVR affirme avoir reçu des informations selon lesquelles des ONG et des médias affiliés aux États-Unis ont été chargés de « dissiper de la communauté internationale tout soupçon sur l’implication de Vladimir Zelensky et de son entourage dans ce crime ».

Le service a suggéré que la Maison Blanche craignait que la découverte d’une « trace de Kiev » dans l’attaque ne « mette en évidence la nature terroriste du régime ukrainien » et ne fasse dérailler les tentatives de Washington d’accroître son soutien à l’Ukraine.

À titre d’exemple de ces tentatives visant à dissimuler l’histoire, le SVR a affirmé que les agences américaines tentaient de convaincre les alliés et partenaires des États-Unis que la branche afghane de l’État islamique, Vilayat Khorasan, était responsable de l’attaque.

Pour renforcer ce récit, les États-Unis ont « bourré » le secteur de l’information d’histoires sur la façon dont la Russie a longtemps été la cible de terroristes islamistes qui cherchent à se venger de la guerre en Tchétchénie au début des années 2000, du soutien de Moscou au président syrien Bashar Assad et pour avoir établi des liens avec les talibans en Afghanistan, a déclaré le SVR.

Le SVR a en outre rapporté que les personnalités de l’opposition russe qui ont quitté le pays ont également reçu l’ordre de « souligner le caractère infondé » de l’utilisation présumée par Moscou de l’attaque terroriste pour justifier son opération militaire en cours en Ukraine. »

Pour en être sûr, le bureau du procureur russe a demandé que certains pays occidentaux participent à l’enquête sur cette attaque terroriste, comme le demande les règlements internationaux sur le terrorisme :

« Le bureau du procureur général russe a envoyé des demandes officielles et des appels d’un groupe de députés aux États-Unis, à l’Allemagne, à la France et à Chypre, exigeant que ces pays enquêtent sur les récentes attaques terroristes contre la Russie.

Cela fait suite aux demandes de plusieurs députés de la Douma d’État d’ouvrir une enquête sur l’implication possible de personnes et d’organisations étrangères dans les attaques terroristes, ainsi que sur le sabotage des gazoducs Nord Stream.

Le bureau du procureur général a exprimé l’espoir que les autorités des quatre pays accèderont à la demande de Moscou et « rempliront les obligations qui leur sont assignées » en vertu de certaines conventions internationales.

Il s’agit notamment de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme de 1999 et de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif de 1997. »

Poussant l’offensive diplomatique plus loin :

« Les États-Unis ont mené un effort coordonné visant à s’ingérer dans l’élection présidentielle russe de mars, ont déclaré les législateurs de Moscou dans un appel à l’ONU publié mercredi. Le document condamne les actions de « l’Occident Collectif » et appelle les instances internationales et les parlements étrangers à dénoncer les tentatives présumées de perturber le vote.

La campagne a débuté des mois avant les élections, selon l’appel rédigé par le Conseil de la Fédération de Russie, la chambre haute du parlement. Il souligne les déclarations faites par des responsables occidentaux et les documents adoptés par des organismes occidentaux qui qualifiaient l’élection d’illégitime, avant même que le vote ait lieu.

Le document russe mentionne spécifiquement une résolution adoptée par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) en octobre 2023 et des déclarations faites par la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, en février 2024.

La résolution d’octobre de l’APCE a qualifié la Russie de « dictature de facto » et a exhorté les États membres du Conseil de l’Europe « à reconnaître [le président] Vladimir Poutine comme illégitime », quel que soit le résultat du vote, et à « cesser tout contact avec lui, à l’exception des relations humanitaires ».

En février, Metsola a déclaré à la chaîne de télévision publique américaine RFE/RL que le Parlement européen « ne reconnaîtrait jamais » les résultats des élections russes de 2024.

Les tentatives d’ingérence se sont poursuivies pendant les trois jours du vote, indique l’appel, ajoutant que les appels à des actions de protestation et à des actes carrément illégaux ont été diffusés « depuis l’étranger ». Les appels publiés sur les réseaux sociaux « ont provoqué des violations flagrantes de la loi dans un certain nombre de régions russes », ajoute le document. »

Pour enfoncer le clou un peu plus profond :

« La Russie et l’OTAN sont désormais en “confrontation directe”, a déclaré le Kremlin alors que l’alliance dirigée par les États-Unis célébrait jeudi son 75e anniversaire.

Les vagues successives d’élargissement de l’OTAN à l’Est sont une obsession du président Vladimir Poutine, entré en guerre en Ukraine il y a deux ans dans le but déclaré d’empêcher l’alliance de se rapprocher des frontières russes. Au lieu de cela, la guerre a galvanisé l’OTAN, qui s’est à nouveau élargie avec l’adhésion de la Finlande et de la Suède.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes : “En fait, les relations ont désormais glissé jusqu’au niveau d’une confrontation directe”.

L’OTAN était “déjà impliquée dans le conflit entourant l’Ukraine (et) continue de se rapprocher de nos frontières et d’étendre son infrastructure militaire vers nos frontières”, a-t-il déclaré. »

Pendant ce temps, les attaques terroristes continuent de plus belle :

« Un responsable de l’occupation russe dans l’est de l’Ukraine, Valéri Tchaïka, est décédé, lundi 1er avril, lors de l’explosion d’une « voiture piégée » à Starobilsk, a indiqué le chef de l’administration municipale prorusse. « Notre camarade est mort », a écrit Vladimir Tchernev sur Telegram, ajoutant qu’une enquête était en cours. Par le passé, des attentats à la voiture piégée imputés à l’Ukraine ont visé à plusieurs reprises des responsables prorusses dans les régions ukrainiennes occupées, écrit l’AFP. »

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Une fois de plus, l’argument russe est utilisé pour dénigrer ceux qui proposent le dialogue avec la Russie, cette fois ci en Europe :

« Une campagne d’influence politique russe secoue l’Europe, alors que de hauts responsables ont averti que Moscou avait payé des membres du Parlement européen pour qu’ils s’immiscent dans les prochaines élections européennes.

« Cela confirme ce que nous soupçonnions : le Kremlin utilise des médias douteux se faisant passer pour des médias [et] utilise de l’argent pour acheter une influence secrète », a déclaré la vice-présidente de la Commission européenne, Věra Jourová, à Brussels Playbook, qualifiant ces révélations de « très troublantes ».

Le scandale a éclaté lorsque le gouvernement tchèque a sanctionné mercredi un site d’information appelé Voice of Europe, qui, selon Prague, faisait partie d’une opération d’influence pro-russe. Le Premier ministre belge Alexander De Croo a déclaré jeudi que la Russie avait contacté des membres du Parlement européen (eurodéputés) et “les avait payés pour promouvoir la propagande russe”. »

Donc un média inconnu diffusant de l’information « pro-russe » interview quelques députés européens qui, comme par hasard, sont affiliés à des partis étiquetés « d’extrême droite » et donc partisan du dialogue avec la Russie, et qui sont maintenant accusés (sans preuves publiques) d’avoir reçu de l’argent pour ces interviews. Bien sûr les députés incriminés nient cela :

« Mais ni l’UE, ni la Pologne, ni la République tchèque, ni aucun autre gouvernement n’ont annoncé l’arrestation d’hommes politiques pour avoir accepté des pots-de-vin. De manière suspecte, le principal site Internet « Voix de l’Europe », considéré par les services de renseignement comme le vecteur de diffusion de la désinformation russe, est marginal et peu connu.

« Nous ne savons même pas ce qu’est la Voix de l’Europe », a déclaré à Public un porte-parole de l’ancien président tchèque Vaclav Klaus. « Nous avons dû vérifier que le président leur avait accordé une interview. Le président n’a jamais été payé pour un entretien de sa vie. Nous avons accordé cette interview parce que le vice-président du Parlement flamand l’avait officiellement demandé dans le cadre de sa visite à Prague. Sinon, nous ne l’aurions pas fourni. L’interview compte 500 vues sur YouTube.

Selon l’agence de renseignement tchèque, connue sous le nom de BIS, Petr Bystroň, candidat au Parlement européen d’origine tchèque et issu du parti allemand AfD, est l’un des hommes politiques européens qui ont reçu de l’argent de Voice of Europe. La BRI affirme que Bystroň a reçu l’argent lors d’une de ses visites en République tchèque à Prague.

Bystroň le nie catégoriquement. “J’étais en République tchèque pour une conférence, mais l’accusation des services secrets est absurde”, a déclaré Bystroň dans une interview accordée à iDNES.cz le 29 mars. “Je n’ai parlé qu’aux journalistes du site Internet.”

Un autre homme politique tchèque, Cyril Svoboda, cité dans le projet, a déclaré : « Comment aurais-je pu savoir que cela constituerait une menace pour la sécurité ? Au moment où j’ai donné l’interview, ils ne figuraient sur aucune liste. Je ne donnerais pas d’interview maintenant, mais ils ne figuraient sur aucune liste lorsque je l’ai donnée à Voice of Europe. »

Lorsqu’on lui a demandé s’il était payé, Svoboda a répondu : « Non, personne ne m’a rien donné ».

Un député italien du Parti populaire européen interrogé par Voice of Europe a déclaré qu’il n’avait jamais accepté ni reçu d’argent. “Bien sûr que non. Quelle est cette question ? il a dit à Politico. “Ça me fait rire quand on me demande si j’ai reçu de l’argent de Russie… parce que je viens d’une famille très aisée.”

De plus, a-t-il noté : « S’ils constituent une si grande menace, pourquoi le Parlement européen a-t-il laissé entrer ces journalistes de Voice of Europe ? Pourquoi ne les ont-ils pas vérifiés ?

Ni le Premier ministre ni le ministre de la Sécurité intérieure n’ont répondu à une demande de commentaire public. Le site Web de Voice of Europe est également en panne.

Mais si les services de renseignement, les responsables de l’UE et les médias avaient découvert des preuves d’activités criminelles, ils les auraient certainement produites, ainsi que les accusations portées contre les accusés. Au lieu de cela, la chose la plus grave que les gouvernements aient faite a été d’inscrire un Ukrainien pro-russe sur une liste de sanctions. »

Donc encore une baudruche instiguée par les services de renseignements tchèques et complaisamment répandue par les médias qui va se dégonfler. Mais l’impact sur les esprits conformistes, qui y verront encore « une menace russe contre nos démocraties », sera suffisant pour que les services tchèques la considèrent comme une victoire de plus dans leur guerre de propagande contre la Russie.

Voici l’article de RFI qui parle de cette affaire.

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Cette semaine Israël a, par trois fois, ignoré allègrement les règles internationales. D’abord en bombardant une ambassade :

« Des avions militaires israéliens présumés ont bombardé lundi l’ambassade d’Iran en Syrie dans une frappe qui, selon l’Iran, a tué sept de ses conseillers militaires, dont trois hauts commandants, marquant une escalade majeure dans la guerre entre Israël et ses adversaires régionaux.

“Nous condamnons fermement cette atroce attaque terroriste qui a visé le bâtiment du consulat iranien à Damas et tué un certain nombre d’innocents”, a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères Faisal Mekdad, qui a été vu sur les lieux en compagnie du ministre syrien de l’Intérieur.

L’ambassadeur d’Iran en Syrie a déclaré que la frappe avait touché un bâtiment consulaire dans l’enceinte de l’ambassade et que sa résidence se trouvait aux deux derniers étages.

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique iranien a déclaré dans un communiqué que sept conseillers militaires iraniens avaient été tués dans l’attaque, dont Mohammad Reza Zahedi, un haut commandant de la Force Al-Qods, une branche d’élite d’espionnage étranger et paramilitaire. »

La réponse de l’Iran continuera-t-elle à être aussi mesurée qu’elle l’a été jusqu’à maintenant. C’est le débat entre analystes. Le premier message officiel de l’Iran l’est encore :

« Le Conseil suprême de sécurité nationale iranien, un organe décisionnel clé, s’est réuni lundi soir et a décidé de la réponse « requise » à la frappe, a rapporté la télévision d’État iranienne. Il a indiqué que la réunion était présidée par le président Ebrahim Raisi, mais n’a fourni aucun autre détail.

“Nous leur ferons regretter ce crime et les actes similaires”, a déclaré le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les questions d’État en Iran.

Le Conseil de sécurité nationale des États-Unis a déclaré que les États-Unis n’avaient joué aucun rôle dans l’attaque à Damas et qu’ils n’en étaient pas informés à l’avance. “Nous avons communiqué cela directement à l’Iran”, a déclaré l’ambassadeur adjoint des États-Unis auprès des Nations Unies, Robert Wood, au Conseil de sécurité de l’ONU, affirmant que les États-Unis “ne peuvent confirmer aucune information sur cet événement” ».

Il semble qu’Israël ne désespère pas de transformer la région en chaudron bouillant pour obliger les Etats-Unis à attaquer l’Iran. On sait que cela fait longtemps que Netanyahou essaye de le faire et à chaque fois, il monte la température d’un cran. S’il y arrive cela voudra dire que les Etats-Unis seront tombés au point de devenir la force proxy d’un mini Etat, démontrant au reste du monde qui est la vraie puissance directrice dans le bloc occidental.

De son coté la Russie a condamné ce bombardement en le qualifiant « d’acte terroriste », un sujet sur lequel elle est particulièrement sensible en ce moment :

« Le chef du Service des renseignements extérieurs russe (SVR), Sergueï Narychkine, a qualifié la frappe aérienne de lundi contre le consulat iranien dans la capitale syrienne d’attaque terroriste commise par le gouvernement israélien.

S’adressant aux journalistes après une réunion avec ses homologues biélorusses mardi, le chef des services de renseignement a condamné la frappe, qui aurait tué plusieurs diplomates iraniens ainsi que sept officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), dont deux généraux, Mohammad Reza Zahedi et Mohammad. Hadi Haji Rahimi.

Narychkine a décrit l’attaque comme « une mesure odieuse et criminelle à l’égard de l’État souverain d’Iran et à l’égard de l’État souverain de Syrie, sur le territoire duquel cet acte terroriste a été commis ». »

Les relations entre la Russie et Israël se dégradent de plus en plus.

Israël a, pour la deuxième fois dans la même semaine, outrepassé les règles internationales en détruisant totalement le plus grand hôpital de Gaza, le transformant en un véritable charnier :

« Pendant deux semaines, les forces et les chars israéliens ont assiégé l’hôpital al-Shifa à Gaza, où des milliers de civils palestiniens trouvaient refuge et recevaient des soins médicaux. A l’aide de bombardements incessants, les forces israéliennes ont commis d’horribles massacres.

Après deux semaines de carnage, les forces militaires et les chars israéliens se sont retirés lundi de l’enceinte de l’hôpital assiégé. Plus de quatre cents corps ont été découverts jusqu’à présent, dont la moitié étaient des enfants et des femmes. Des centaines de personnes gisaient, blessées et présentant des difformités grotesques ; beaucoup d’autres restent portés disparus.

L’hôpital est en ruines, les bâtiments principaux étant réduits à l’état de carcasses incendiées. L’armée israélienne a bombardé et incendié tous les bâtiments, y compris la morgue, les cours et les couloirs. Les habitants ont décrit des scènes de « destruction totale » sur le site, affirmant que les troupes israéliennes y avaient « détruit tout sens de la vie ». Selon Ismail al-Thawabta, directeur du bureau des médias de Gaza, « l’occupation a détruit et incendié tous les bâtiments à l’intérieur du complexe médical d’al-Shifa. Ils ont rasé les cours au bulldozer, enterrant des dizaines de corps de martyrs dans les décombres, transformant l’endroit en un cimetière de masse. »

Après le raid, l’hôpital ressemblait à un abattoir. Des centaines de corps gisaient éparpillés dans la terre, mutilés au point d’être méconnaissables. Des corps avec des têtes et des membres sectionnés ont été découverts à l’intérieur de l’hôpital et dans ses environs. Des chirurgiens ont été ligotés et exécutés. Certains corps ont été enterrés sous les décombres, avec des parties dépassant du sol ; d’autres ont été écrasés et aplatis par des bulldozers, les mains et les jambes liées derrière le dos. »

Puis, 3eme fois dans la semaine, Israël a outrepassé les lois internationales en ciblant et tuant des volontaires, dont 6 occidentaux, travaillant pour une ONG internationale à nourrir la population de Gaza. L’armée israélienne prétend que c’est une erreur mais le fait que trois voitures et leurs occupants, toutes portant visiblement les signes de l’ONG et s’étant identifiées auprès de l’armée israélienne, ont été détruites permet d’en douter fortement. D’ailleurs le responsable de l’ONG n’y croit pas du tout :

« Le célèbre chef Jose Andres a déclaré mercredi à Reuters dans une interview émouvante qu’une attaque israélienne qui a tué sept de ses travailleurs humanitaires à Gaza les avait ciblés “systématiquement, voiture par voiture”.

S’exprimant par vidéo, Andres a déclaré que le groupe caritatif World Central Kitchen (WCK) qu’il a fondé avait une communication claire avec l’armée israélienne, qui, selon lui, connaissait les mouvements de ses travailleurs humanitaires.

“Ce n’était pas simplement une situation de malchance où “oups”, nous avons largué la bombe au mauvais endroit”, a déclaré Andres. “C’était sur 1,5 ou 1,8 kilomètres, avec un convoi humanitaire très défini qui avait des pancartes en haut, sur le toit, un logo très coloré dont nous sommes évidemment très fiers”, a-t-il déclaré. C’est « très clair qui nous sommes et ce que nous faisons ».

“Ils nous visaient dans une zone sans conflit, dans une zone contrôlée par Tsahal. Ils savaient que c’étaient nos équipes qui circulaient sur cette route… avec trois voitures”, a-t-il déclaré.

Andres a déclaré qu’il pourrait y avoir eu plus de trois frappes contre le convoi humanitaire. Il a rejeté les affirmations israéliennes et américaines selon lesquelles la frappe n’était pas délibérée. “Au départ, je dirais catégoriquement non”, a répondu Andres lorsqu’on lui a demandé s’il acceptait cette explication. “Même si nous n’étions pas en coordination avec (les Forces de défense israéliennes), aucun pays démocratique ni aucune armée n’a le droit de cibler les civils et les humanitaires”, a-t-il ajouté. »

Cette enquête sur l’utilisation de l’Intelligence Artificielle par l’armée israélienne pour cibler « les membres du Hamas » explique en partie ce massacre indiscriminé :

« En 2021, un livre intitulé « L’équipe homme-machine : comment créer une synergie entre l’intelligence humaine et artificielle qui révolutionnera notre monde » a été publié en anglais sous le nom de plume « Brigadier General Y.S. » Dans ce document, l’auteur – un homme dont nous avons confirmé qu’il est l’actuel commandant de l’unité d’élite des renseignements israéliens 8200 – plaide en faveur de la conception d’une machine spéciale capable de traiter rapidement d’énormes quantités de données pour générer des milliers de « cibles » potentielles pour l’armée. Une telle technologie, écrit-il, résoudrait ce qu’il décrit comme « un goulot d’étranglement humain pour la localisation des nouvelles cibles et la prise de décision pour approuver les cibles ».

Il s’avère qu’une telle machine existe réellement. Une nouvelle enquête menée par +972 Magazine et Local Call révèle que l’armée israélienne a développé un programme basé sur l’intelligence artificielle connu sous le nom de « Lavander », dévoilé ici pour la première fois. Selon six officiers des renseignements israéliens, qui ont tous servi dans l’armée pendant la guerre actuelle dans la bande de Gaza et ont été directement impliqués dans l’utilisation de l’IA pour générer des cibles d’assassinat, Lavander a joué un rôle central dans le bombardement sans précédent de Palestiniens, surtout au début de la guerre. En fait, selon les sources, son influence sur les opérations militaires était telle qu’elles traitaient essentiellement les résultats de la machine IA « comme s’il s’agissait d’une décision humaine ».

Formellement, le système Lavender est conçu pour marquer tous les membres présumés des branches militaires du Hamas et du Jihad islamique palestinien (JIP), y compris ceux de bas rang, comme cibles potentielles de bombardement. Les sources ont déclaré à +972 et Local Call que, pendant les premières semaines de la guerre, l’armée s’est presque entièrement appuyée sur Lavender, qui a surveillé jusqu’à 37 000 Palestiniens considérés comme des militants présumés – ainsi que leurs maisons – en vue d’éventuelles frappes aériennes.

Au début de la guerre, l’armée a largement autorisé les officiers à adopter les listes de victimes de Lavender, sans aucune obligation de vérifier minutieusement pourquoi la machine avait fait ces choix ni d’examiner les données brutes des renseignements sur lesquelles ils étaient basés. Une source a déclaré que le personnel humain ne servait souvent que de « tampon » pour les décisions de la machine, ajoutant que, normalement, ils ne consacraient personnellement qu’environ « 20 secondes » à chaque cible avant d’autoriser un bombardement – juste pour s’assurer que la cible marquée est un homme. Et ce, même si l’on sait que le système commet ce qui est considéré comme des « erreurs » dans environ 10 % des cas, et qu’il cible occasionnellement des individus qui n’ont qu’un faible lien avec des groupes militants, voire aucun lien du tout.

De plus, l’armée israélienne a systématiquement attaqué les individus ciblés alors qu’ils se trouvaient chez eux – généralement la nuit, alors que toute leur famille était présente – plutôt que pendant le déroulement d’une activité militaire. Selon les sources, cela s’explique par le fait que, du point de vue du renseignement, il était plus facile de localiser les individus dans leurs maisons privées. Des systèmes automatisés supplémentaires, dont un appelé « Where is Daddy ? », également révélé ici pour la première fois, ont été utilisés spécifiquement pour traquer les individus ciblés lancer des bombardements lorsqu’ils pénétraient dans les résidences de leurs familles. »

Cette enquête montre donc que l’argument fréquemment utilisé par l’armée israélienne disant que « le Hamas se cache derrière les civils » pour justifier leur mort est un mensonge, comme le souligne Caitlin Johnstone :

« Le récit des « boucliers humains », devenu si populaire dans l’apologie d’Israël, insiste sur le fait que la raison pour laquelle Tsahal tue autant de civils dans ses attaques sur Gaza est parce que le Hamas s’entoure intentionnellement de non-combattants dans le but de rendre les Israéliens réticents à larguer des bombes sur eux. Mais comme Ryan Grim de The Intercept l’a récemment observé sur Twitter, cette affirmation est solidement réfutée par la révélation selon laquelle Israël a intentionnellement attendu de cibler des membres présumés du Hamas alors qu’il savait qu’ils seraient encerclés par des civils.

« L’argument d’Israël selon lequel ils tuent tant de civils parce que le Hamas utilise des « boucliers humains » est détruit par la révélation selon laquelle Tsahal préfère attaquer ses « cibles » lorsqu’elles sont chez elles avec leurs familles », a tweeté Grim. « Ce n’est pas le Hamas qui utilise des boucliers humains, c’est Israël qui chasse délibérément les familles. »

“Un bouclier humain n’est un bouclier que si votre ennemi valorise la vie humaine et cherche à minimiser les morts civiles”, ajoute Grim. « Israël maximise délibérément le nombre de civils qu’il peut tuer en attendant qu’une cible soit avec toute sa famille. Les Palestiniens ne sont pas des boucliers pour Israël, ils sont tous des cibles. »

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Ayant peu de recours face à Israël la Palestine tente d’acquérir son adhésion aux Nations Unis en tant qu’entité étatique, ce qui n’est toujours pas le cas à l’heure actuelle :

« Les Palestiniens ont officiellement relancé mardi 2 avril la procédure pour devenir État membre à part entière de l’ONU, selon une lettre de leur ambassadeur à l’ONU vue par l’AFP.

Dans ce courrier adressé au secrétaire général de l’ONU et transmis au Conseil de sécurité, Riyad Mansour annonce, « à la demande des dirigeants palestiniens », relancer cette requête datant de 2011 et appelle le Conseil à l’examiner « en avril 2024 ». »

Quelle sont les chances qu’elle y parvienne :

« Les pays souhaitant rejoindre l’ONU présentent généralement une demande au secrétaire général de l’ONU, qui l’envoie au Conseil de sécurité, composé de 15 membres, pour évaluation et vote.

Mansour a envoyé mardi une lettre au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, demandant un nouvel examen par le Conseil de sécurité de la demande palestinienne d’adhésion à part entière déposée en 2011. Guterres a envoyé la lettre au Conseil de sécurité, a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.

Un comité du conseil composé de 15 membres évalue d’abord une candidature pour voir si elle satisfait aux conditions d’adhésion à l’ONU. La demande peut alors être soit mise de côté, soit soumise à un vote formel au Conseil de sécurité. L’approbation nécessite au moins neuf voix pour et aucun veto de la part des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de la France ou de la Grande-Bretagne.

Si le conseil approuve la demande d’adhésion, elle est ensuite soumise à l’Assemblée générale pour approbation. Une demande d’adhésion nécessite une majorité des deux tiers pour être approuvée par l’assemblée. Un pays ne peut pas rejoindre les Nations Unies sans l’approbation du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

En 2011, le comité du Conseil de sécurité de l’ONU a évalué la candidature palestinienne pendant plusieurs semaines pour voir si elle satisfaisait aux exigences d’adhésion à l’ONU. Mais le comité n’a pas réussi à parvenir à une position unanime et le Conseil de sécurité n’a jamais formellement voté une résolution sur l’adhésion palestinienne.

Les diplomates ont déclaré que les Palestiniens ne disposaient pas du minimum de neuf voix nécessaires pour adopter une résolution. Même s’ils avaient obtenu suffisamment de soutien, les États-Unis avaient déclaré qu’ils opposeraient leur veto à cette décision. »

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Pendant que le bloc occidental et la Russie sont dans l’affrontement, Israël en pleine folie, le « Grand sud » poursuit sa consolidation autour de la Chine.

L’Indonésie vient d’élire son futur président, qui prendra les rênes du pays en octobre, Prabowo Subianto. Il reprendra la tradition établie par Jokowi, l’actuel président, en consacrant son premier voyage à la Chine, puis au Japon. Tous les précédents présidents indonésiens allaient aux Etats-Unis, évitant plutôt la Chine. Voici ce qu’en dit Global Times, le média anglophone officiel chinois :

« Les observateurs chinois ont déclaré que la visite de Prabowo en Chine a attiré une large attention et que sa décision de se rendre en Chine peu après avoir remporté l’élection présidentielle indonésienne de 2024 le 20 mars revêt une grande importance, car cette visite est cruciale non seulement pour le développement des relations bilatérales au moins pour les cinq prochaines années, mais il injecte également de la positivité et de la stabilité dans l’ensemble de la région de l’ASEAN.

La Chine envisage ses relations avec l’Indonésie dans une perspective stratégique et à long terme et est disposée à approfondir la coopération stratégique globale avec l’Indonésie, a déclaré Xi.

Il a déclaré que la Chine travaillerait avec l’Indonésie pour construire une communauté de destin sino-indonésienne ayant une influence régionale et mondiale, afin d’apporter davantage de bénéfices aux deux peuples et de contribuer à la paix, à la stabilité et à la prospérité régionales et mondiales.

Prabowo a déclaré qu’il soutenait le développement de relations plus étroites avec la Chine et qu’il poursuivrait la politique amicale du pays envers la Chine. »

La version du Jakarta Post :

« Personne ne devrait sous-estimer l’importance de la visite du président élu Prabowo Subianto en Chine et au Japon cette semaine. Ses rencontres avec le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre japonais Fumio Kishida démontrent son intention de maintenir une politique étrangère axée sur l’économie, mais également d’insuffler des perspectives de sécurité et de défense mondiales dans un contexte de tension croissante entre la Chine et les États-Unis…

Nous pouvons également nous attendre à ce que Prabowo se rende à Washington avant octobre pour réaffirmer la politique étrangère libre et active de l’Indonésie et envoyer un message clair selon lequel l’Indonésie et la région ont toujours besoin d’une présence américaine. Sa rencontre avec Kishida, un fidèle allié de Biden dans la région, et son homologue japonais Minoru Kihara doit être considérée comme un précurseur de cet exercice d’équilibre. »

Ce net basculement vers la Chine de la part des Etats de l’ANASE se reflète dans ce sondage fait auprès d’intellectuels de la région :

« Q32 Si l’ANASE était contrainte de s’aligner sur l’un de ses rivaux stratégiques, lequel devrait-il choisir ?

Dans un changement notable de sentiment, la Chine a connu une montée en popularité parmi les répondants de l’ANASE, passant de 38,9% l’an dernier à 50,5% cette année, prenant l’avance sur les Etats-Unis pour devenir le choix d’alignement préféré dans la région. Cette tendance est particulièrement évidente parmi les répondants de Malaisie (75,1%), d’Indonésie (73,2%), du Laos (70,6 %), Brunei (70,1 %) et Thaïlande (52,2 %). Notamment, L’Indonésie, le Laos et la Malaisie qui ont bénéficié en grande partie de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI) et des relations commerciales et d’investissement solides, ont été témoins d’une augmentation remarquable de plus de 20 points de pourcentage de leur préférence pour la Chine par rapport à 2023.

À l’inverse, les États-Unis ont vu leur popularité baisser, passant de 61,1% l’année dernière à 49,5% cette année. Cependant, il bénéficie toujours du soutien majoritaire des Philippines (83,3 %), du Vietnam (79,0 %), de Singapour (61,5 %), du Myanmar (57,7 %) et du Cambodge (55,0 %). Le soutien de ces pays a généralement diminué, à l’exception des Philippines, qui a connu une augmentation notable de la confiance envers les États-Unis, passant de 78,8 % l’année dernière à un sommet historique de 83,3% cette année. »

Et dans les relations de plus en plus étroites entre la Chine et l’ANASE :

« Une vague de visites en Chine peut être observée parmi les pays de l’ASEAN. Le président élu indonésien Prabowo Subianto a effectué sa première visite à l’étranger en Chine après avoir obtenu sa victoire à l’élection présidentielle, et les deux parties sont convenues de promouvoir le développement global et de haute qualité des relations bilatérales. Viennent ensuite les visites séparées en Chine du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Laos Saleumxay Kommasith, du ministre des Affaires étrangères du Vietnam Bui Thanh Son et du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Timor-Leste Bendito dos Santos Freitas à partir de mardi jusqu’à vendredi. Il s’agit non seulement d’un véritable reflet du rapprochement des relations entre la Chine et l’ANASE, mais aussi d’une pratique vivante des pays de la région aspirant à la paix et au développement.

Il y a soixante-dix ans, la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est mettaient en place les cinq principes de la coexistence pacifique, posant ainsi une base solide pour la paix, la stabilité et la prospérité économique dans la région. Au cours des 70 dernières années, guidée par les cinq principes de coexistence pacifique, la Chine n’a cessé d’approfondir ses échanges politiques, sa coopération économique et commerciale, ses échanges humanistes avec ces pays et de s’efforcer de construire conjointement l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) et une communauté d’avenir partagé. »

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Pour finir, un petit retour vers le passé. D’abord avec cette vidéo, datée du 14 septembre 2022, pour nous rappeler les mensonges, ou les illusions, dans lesquels nos représentants cherchent à nous noyer :

« L’armée russe est obligée de récupérer les puces électroniques des machines à laver et des réfrigérateurs pour réparer son matériel, parce qu’elle n’a plus de semi-conducteurs. L’industrie russe est en haillons » y déclare Von der Leyen, droite dans ses bottes.

Ensuite avec cette fuite révélée par Wikileaks qui montre que l’OTAN avait préparé, en 2010, un plan pour envahir la Russie :

« Le journal britannique The Guardian a publié un télégramme reproduit par le site WikiLeaks, représentant cette fois un plan de l’OTAN visant une attaque massive contre la Russie. Le plan de guerre à grande échelle contre les Russes prévoit le déplacement de neuf divisions militaires des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Pologne. »

A lundi prochain

 

La revue de presse du 1er avril 2024

 


Par Wayan – Le 1er avril 2024 – Le Saker Francophone

Cette semaine, l’attaque terroriste contre un théâtre moscovite a fait la une des médias occidentaux et provoqué une bataille de plus dans la guerre de l’information entre la Russie et le bloc occidental.

Alors que les enquêteurs russes en étaient encore à simplement déblayer les décombres, les dirigeants occidentaux ont accusé à l’unisson un obscur groupe islamiste, IS-K, tout en niant que l’Ukraine soit impliqué :

 

« L’Ukraine n’a “aucune implication” dans le massacre de Moscou, a déclaré dimanche la Maison Blanche après que le président Poutine a suggéré un lien avec Kiev.

« L’EI est seul responsable de cette attaque », a déclaré Adrienn Watson, conseillère à la sécurité de la Maison Blanche. “IS-K est en fait, de toute évidence, responsable de ce qui s’est passé”, a reconnu la vice-présidente Kamala Harris dans une interview.

A Londres, le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a déclaré que le gouvernement britannique avait “très peu confiance” dans les déclarations de la Russie, l’accusant d’essayer de “défendre” son assaut contre l’Ukraine. “Nous savons maintenant qu’ils créent un écran de fumée de propagande pour défendre une invasion totalement perverse de l’Ukraine”, a-t-il déclaré. »

On notera au passage que la Russie n’avait pas besoin d’un attentat sur son propre sol pour « défendre son assaut contre l’Ukraine ».

« « Une fois encore on fait face à du mensonge, de la propagande, de la désinformation », dénonce Charles Michel, [ le président du conseil européen] « on voit qu’il est apparemment impossible pour le Kremlin […] de ne pas tomber dans la tentation du mensonge en tentant de faire de l’escalade rhétorique, en accusant de manière saugrenue l’Ukraine. […] Ça montre qu’on a raison comme Européens, avec de nombreux partenaires dans le monde, de défendre la démocratie, la liberté, la souveraineté de l’Ukraine », affirme-t-il. »

La Russie connait un attentat terroriste sur son sol… mais ferait de la désinformation à ce sujet… cela montre que l’on a raison de défendre la démocratie. La logique de Charles Michel est surprenante et surtout le signe d’une forte dissonance cognitive.

Les médias occidentaux aussi savaient déjà qui en était l’auteur, un groupe inconnu du grand public :

« IS-K est l’abréviation de État islamique-Khorasan – une filiale régionale du groupe État islamique, qui a été interdite comme organisation terroriste par les gouvernements du monde entier.

Elle se concentre sur l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan ainsi que sur l’Asie centrale.

Le groupe s’est donné le nom de Khorasan car il faisait partie d’un califat islamique historique s’étendant sur cette région.

L’IS-K existe depuis neuf ans, mais ces derniers mois, il est devenu la branche la plus dangereuse du groupe État islamique, avec une longue portée et une réputation d’extrême brutalité et de cruauté.

Avec ce qui reste de la direction plus large du groupe en Syrie et en Irak, l’IS-K aspire à un califat islamique pannational gouverné selon une interprétation ultra-stricte de la charia, la loi islamique.

En Afghanistan, il mène une insurrection sporadique mais toujours meurtrière contre les dirigeants du pays, les talibans, auxquels il s’oppose pour des raisons idéologiques. »

En fin de cet article de la BBC, un paragraphe plein de sous-entendus qui participe à cette guerre de l’information :

« Il reste un certain nombre de questions sans réponse sur tout cet épisode.

Par exemple, pourquoi les assaillants ont-ils pu se déplacer à leur guise autour du Crocus Hall sans aucun sentiment d’urgence apparent ?

Dans un pays où la police et les services spéciaux, notamment le FSB, sont omniprésents, ces hommes armés se sont comportés comme s’ils savaient qu’ils n’allaient pas être interrompus par une équipe SWAT de la police.

Ensuite, il y a les armes – pas seulement des armes de poing, mais des fusils d’assaut automatiques puissants et modernes. Comment ont-ils pu les acquérir et les introduire clandestinement dans la salle ?

Leur capture rapide est également surprenante.

Contrairement à de nombreux jihadistes armés participant à un raid comme celui-ci, ces hommes ne portaient pas de gilet suicide ni de ceinture, à la manière de ceux qui préfèrent la mort à la capture.

Et pourtant, il n’a pas fallu longtemps aux autorités russes – celles-là mêmes qui n’ont pas réussi à empêcher le pire complot terroriste depuis 20 ans de se dérouler sous leurs yeux – pour arrêter les suspects et les traduire en justice.

Tout cela incite certains analystes à spéculer sur une sorte de « travail interne » du Kremlin, ou sur une « opération sous fausse bannière » visant à obtenir le soutien populaire à la guerre contre l’Ukraine.

Cependant, il n’existe aucune preuve tangible pour étayer cette théorie et les services de renseignement américains ont confirmé que, selon eux, c’était État islamique qui était derrière cette horrible attaque. »

La Russie est carrément accusée d’avoir planifié un attentat terroriste sur son propre sol.

Ce général français ayant travaillé pour l’OTAN va encore plus loin en prétendant [vidéo en français] que « C’est une fable inventée par les russes ». On nage en pleine théorie du complot.

Tout déclaration russe au sujet de cet attentat est considérée comme :

« “Mon oncle avait l’habitude de dire (…) que les meilleurs vendeurs de fumier portent souvent leurs échantillons dans leur bouche”, a déclaré jeudi aux journalistes le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby.

« Les responsables russes semblent être d’assez bons vendeurs de fumier », a déclaré Kirby, fustigeant ce qu’il a appelé la « propagande absurde » de la Russie. »

On constate donc que cet attentat, qui ne touche pourtant que la Russie, provoque une forte agitation nerveuse chez les dirigeants occidentaux.

Voyons maintenant comment IS-K a revendiqué cet attentat ?

« Dans un message publié sur Telegram, le groupe État islamique a revendiqué l’attaque. Des combattants de l’EI « ont attaqué un grand rassemblement (…) dans les environs de la capitale russe Moscou », a affirmé le groupe sur l’un de ses comptes Telegram. « Les combattants de l’État islamique […] se sont retirés sains et saufs », ajoute le message. »

Donc un simple message sur un réseau social suffit à convaincre immédiatement médias et dirigeants occidentaux que c’est bien cet obscur groupe afghan se battant contre les Talibans qui est l’auteur de cet attentat. On les connait habituellement plus prudents face aux publications des médias sociaux et ses possibilités de manipulation.

Mais ils vont insister lourdement sur cette culpabilité alors même que les russes ont à peine commencé leur enquête :

Pour enfoncer le clou :

« L’État islamique a revendiqué la responsabilité du massacre et les responsables américains affirment disposer de renseignements montrant qu’il a été perpétré par la branche afghane du réseau, l’État islamique du Khorasan. »

On a vu la semaine dernière la tendance des services de renseignements à politiser leur « renseignements », en particulier quand il s’agit d’Israël, de la Russie et de la Chine.

Pourtant les terroristes ont fait cela pour de l’argent, sans se revendiquer membres d’IS-K :

« L’un des suspects filmé lors de son interrogatoire par les forces de l’ordre a affirmé avoir commis le crime « pour de l’argent ». L’homme a déclaré qu’on lui avait promis 500 000 roubles (5 418 dollars) et que la moitié de cette somme avait été transférée sur sa carte de débit avant l’attaque.

L’auteur présumé a également déclaré qu’il avait « écouté les sermons… d’un prédicateur » sur Telegram pendant un certain temps avant d’être approché par les cerveaux présumés de l’attaque de vendredi « il y a environ un mois ». Interrogé sur ce qu’il avait fait à l’hôtel de ville de Crocus vendredi, l’homme a déclaré qu’il avait « abattu… des gens », ajoutant qu’il était simplement chargé de tuer des gens et que « peu importe » qui il tuerait.

Aucun des suspects n’a explicitement prêté allégeance à un groupe extrémiste lors de l’interrogatoire rendu public. »

Les Etats-Unis affirment aussi qu’ils avaient prévenu d’un acte terroriste :

« Il y a deux semaines, l’ambassade américaine en Russie avait averti ses citoyens de menaces extrémistes contre « de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts ». Vladimir Poutine avait dénoncé, le 19 mars, des déclarations « provocatrices » et « une volonté d’intimider et de déstabiliser notre société ».

Ce à quoi la Russie a répondu :

« Les autorités russes ne savent rien de l’incapacité présumée de Washington à partager des informations sur la menace d’un attentat terroriste à Moscou, a déclaré jeudi le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, lors d’un point de presse.

La déclaration de Peskov fait suite à un article du New York Times qui, citant des sources anonymes, affirmait que les « relations conflictuelles » entre Washington et Moscou empêchaient les responsables américains de partager tous les renseignements sur le complot terroriste.

Début mars, l’ambassade américaine à Moscou a averti les citoyens américains vivant en Russie qu’une attaque était possible, tout en envoyant un message non public contenant un avertissement similaire aux responsables de la sécurité russe.

À la question de savoir si les autorités russes savaient que les États-Unis n’avaient pas divulgué toutes les informations sur l’incident au préalable, Peskov a répondu « non, nous n’en sommes pas conscients » et a suggéré que les rapports citant des sources non confirmées, comme dans le cas du New York Times, « doivent être traités avec beaucoup de prudence. » »

Les terroristes ont été capturés en train de fuir vers la frontière ukrainienne :

« Vladimir Poutine a promis de « punir » les personnes responsables de cet attentat. Celui-ci a été revendiqué par le groupe État islamique, mais le maître du Kremlin n’y a pas fait allusion. Il a affirmé que « les quatre auteurs » présumés de l’attaque avaient été arrêtés, parmi sept autres personnes, alors qu’« ils se dirigeaient vers l’Ukraine où, selon des données préliminaires, une ”fenêtre” avait été préparée pour qu’ils franchissent la frontière ». S’il n’accuse pas directement le pays voisin que son armée a envahi il y a un peu plus de deux ans, Vladimir Poutine souligne tout de même que c’est bien vers l’Ukraine que se dirigeaient les suspects. »

Le gouvernement russe sait bien que les Etats-Unis ont utilisé les extrémistes musulmans en Afghanistan contre l’Union Soviétique, Al-Qaida, et en Syrie contre Bashar Al-Assad, Etat Islamique. De plus, de nombreux islamistes d’EI ont débarqué en Ukraine depuis le début de la guerre :

« L’Ukraine est peut-être devenue une porte de passage pratique pour les extrémistes violents cherchant à entrer dans l’UE sans se faire remarquer, a rapporté dimanche le journal autrichien Heute, citant des responsables de la sécurité. Un « grand nombre » de terroristes présumés se sont rendus dans le bloc via le territoire ukrainien, indique le communiqué.

Le média a cité l’exemple de deux ressortissants tadjiks et d’un Tchétchène arrêtés en Autriche et en Allemagne en décembre de l’année dernière, soupçonnés d’avoir planifié un attentat contre l’emblématique cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Les suspects auraient eu pour objectif d’attaquer la cathédrale le soir du Nouvel An, en utilisant des fusils d’assaut Kalachnikov et des explosifs, selon Heute.

Les procureurs autrichiens ont déclaré en décembre que les suspects du complot de Vienne étaient « hautement radicalisés », partageaient des convictions « djihadistes » et feraient partie d’un réseau qui prévoyait des attentats à Cologne et à Madrid fin 2023.

Il existe des « indications » selon lesquelles des terroristes présumés « ont afflué en Europe de manière clandestine » depuis l’Ukraine, a indiqué le média. Notant qu’il n’y avait aucune confirmation officielle de cela, le média a déclaré qu’il « se pourrait » que les auteurs de l’attaque de vendredi à Moscou « aient eu des liens avec des personnes partageant les mêmes idées et se trouvant sur le territoire ukrainien ». »

Autre pavé dans la mare, le soi-disant « émir d’IS-K » a, selon sa fiche Wikipédia, travaillé pour des groupes soutenus par la CIA en Afghanistan :

« Le chef d’« ISIS-K » était un entrepreneur à Bagram [la prison étasunienne en Irak, célèbre pour avoir été une centre de torture], puis a travaillé pour la sécurité du baron de la drogue Rashid Dostum, un mandataire important de la CIA.

Il a ensuite travaillé pour Amrullah Saleh, chef du NDS, littéralement le bras droit de la CIA en Afghanistan.

C’est juste là sur cette page Wikipédia »

Bien sûr, les russes voient bien toute cette excitation occidentale sur un attentat qui ne devrait pas tant les concerner puisqu’aucun de leurs ressortissants n’a été touché :

« “L’Occident essaie activement de convaincre tout le monde que c’est l’œuvre d’EI et qu’il n’est plus nécessaire de soupçonner qui que ce soit, en particulier l’Ukraine”, a déclaré Lavrov à Izvestia. « Ils continuent d’insister sur le fait que Kiev n’est pas à blâmer, au point de devenir obsessionnels. »

« Nous avons répété à plusieurs reprises que nous ne tirerions aucune conclusion définitive tant que l’enquête ne serait pas terminée. L’enquête se poursuit sur les faits, de nouvelles circonstances sont révélées, mais nous n’avons tout simplement pas le droit d’exclure des possibilités évidentes », a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Pendant ce temps, l’Occident est « suspect » en essayant de persuader tout le monde que l’Ukraine n’a rien à voir avec l’attaque, a déclaré Lavrov.

“Pas seulement publiquement, mais ils disent aussi lors de contacts via nos missions diplomatiques : ‘Il n’est pas nécessaire de soupçonner l’Ukraine’, mais ils n’expliquent jamais pourquoi”, a-t-il ajouté. « Du point de vue de la logique, répondant à la question « à qui profite le crime », nous ne pouvons pas exclure l’Ukraine. » »

L’enquête russe continue donc :

« Les suspects de l’attaque terroriste de Moscou la semaine dernière étaient liés à des nationalistes ukrainiens, a déclaré jeudi la commission d’enquête russe, citant des conclusions préliminaires. Les auteurs ont reçu « d’importantes sommes d’argent » de l’Ukraine, ont indiqué les forces de l’ordre.

Les enquêteurs ont obtenu des « preuves étayées » selon lesquelles les assaillants présumés ont reçu un financement de l’Ukraine sous forme de cryptomonnaie, qui a ensuite été utilisée pour préparer l’attaque terroriste, indique le communiqué.

Les forces de l’ordre ont également identifié et arrêté un autre suspect qui aurait été impliqué dans le financement de l’attaque, a indiqué la commission d’enquête, sans identifier l’individu.

Plus tôt, le chef du Service fédéral de sécurité (FSB), Alexandre Bortnikov, avait déclaré aux journalistes que les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Ukraine pourraient être à l’origine de l’attaque. Les Ukrainiens préparaient peut-être une « fenêtre » leur permettant de repasser la frontière, a déclaré le responsable. “D’un autre côté, ils devaient être accueillis en héros”, a-t-il ajouté. »

De plus l’Ukraine avait déjà commis des attentats sur le sol russe. [Vidéo en français].

Là encore un épais brouillard de guerre. On devine que si le résultat de l’enquête russe accuse l’Ukraine alors l’ombre des services secrets étasunien/britannique planera aussi dessus, au moins dans l’esprit du gouvernement russe, qui ne manquera pas de considérer cela comme un acte de guerre hybride de l’Occident contre la Russie. Quelle sera alors la réponse à cette grave provocation ?

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Un autre événement de cette semaine marquera un tournant dans la géopolitique mondiale, même s’il ne fait pas la une des médias. La négation pur et simple par Israël et les Etats-Unis d’une décision de l’ONU, rendant ainsi visible aux yeux du monde entier que ces deux pays se considèrent comme au-dessus des lois internationales et montrant une fois de plus que « l’ordre international basé sur des règles » que prônent les Etats-Unis n’est qu’une hypocrite mascarade.

En début de semaine, l’ONU a enfin pu voter une résolution exigeant un cessez-le-feu et la libération des otages. Biden étant très en colère contre Netanyahou car il lui fait perdre des votes pour l’élection de novembre, les Etats-Unis n’y ont pas opposé de véto comme d’habitude et se sont contentés de s’abstenir. En conséquence, la résolution a été voté à l’unanimité :

« Les relations entre le président Joe Biden et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont atteint leur plus bas niveau lundi, les États-Unis ayant autorisé l’adoption d’une résolution de cessez-le-feu à Gaza aux Nations Unies et s’attirant de vives réprimandes de la part du dirigeant israélien.

Netanyahu a brusquement annulé cette semaine la visite à Washington d’une délégation de haut rang pour discuter de la menace d’offensive israélienne dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, après que les États-Unis se soient abstenus lors d’un vote au Conseil de sécurité qui exigeait un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas et la libération de tous les otages détenus par les militants palestiniens. »

Israël tirait vraiment trop sur la corde et commençait à complètement s’isoler diplomatiquement :

« Les États-Unis ont été confrontés à un choix difficile, d’autant plus que leur plus proche allié, le Royaume-Uni, n’était pas prêt à s’abstenir. David Cameron, le ministre des Affaires étrangères, ne pouvait plus cacher sa fureur face aux tergiversations d’Israël sur l’approvisionnement en aide.

Alors, les États-Unis pourraient-ils bloquer pour la quatrième fois un cessez-le-feu humanitaire, laissant les civils exposés à l’attaque promise par Israël sur Rafah ? Ou pourrait-il finalement reconnaître implicitement qu’en agissant continuellement en tant qu’équipe de protection diplomatique d’Israël, cela ne lui a pas valu une grande influence sur la stratégie militaire ou politique de Benjamin Netanyahu ?

En fin de compte, les États-Unis ont reconnu que leurs efforts pour s’emparer de l’agenda de l’ONU à Gaza avaient échoué, et ont plutôt reconnu l’état d’esprit général de l’ONU. Les applaudissements au Conseil de sécurité après l’adoption de la résolution ont été un élan de soulagement, rappelant pour certains le moment où le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin avait prononcé son superbe discours contre la guerre en Irak en 2003.

Israël a déjà senti le vent souffler parmi ses alliés occidentaux, mais n’est pas d’humeur à arrêter les combats jusqu’à ce que le Hamas soit complètement écrasé. « Tous ces pays qui se détournent aujourd’hui d’Israël considéreront ce moment comme une marque de honte », a déclaré la semaine dernière le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer. « Après toutes ces déclarations de soutien au peuple juif alors que nous sommes victimes, vous nous abandonnez maintenant, à la dernière étape avant notre victoire contre une force terroriste génocidaire ? Honteux.”

Le sentiment d’abandon en Israël sera désormais aigu, mais cela ne suffira peut-être pas à le dissuader de tester la détermination américaine en marchant seul. Quelle que soit la sympathie qu’Israël conserve, le vote constitue un moment important dans la façon dont le monde perçoit sa conduite dans cette guerre.

Rien n’indique que Biden veuille utiliser le vote comme tremplin pour une confrontation avec Netanyahu. Face aux virulentes accusations de trahison des Républicains et des Israéliens, l’administration Biden a plutôt tenté de minimiser l’importance du vote, affirmant que l’abstention américaine ne représentait pas un changement de politique et soulignant que les références au cessez-le-feu et aux otages étaient contenues dans une seule phrase. »

Non seulement les Etats-Unis vont « tenter de minimiser l’importance du vote » mais ils vont aller jusqu’à déclarer unilatéralement qu’il est « non contraignant », c’est-à-dire qu’Israël n’est pas obligé de s’y soumettre, retournant ainsi complètement le sens du vote :

« Après l’adoption de la résolution, les responsables américains se sont donnés beaucoup de mal pour affirmer que la résolution n’était pas contraignante. Le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré à plusieurs reprises lors d’une conférence de presse que la résolution n’était pas contraignante, avant d’admettre que les détails techniques étaient du ressort des juristes internationaux.

De même, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, et l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, ont insisté séparément sur le fait que la résolution n’était pas contraignante.

L’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun, a rétorqué que de telles résolutions sont effectivement contraignantes. Le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, a déclaré que les résolutions du Conseil de sécurité constituent le droit international, « dans cette mesure, elles sont aussi contraignantes que le droit international. »

Arnaud Bertrand nous propose son analyse :

« Depuis le début, il est évident que Gaza était, à bien des égards, un combat entre le droit international et « l’ordre fondé sur des règles » des États-Unis.

https://twitter.com/ShaykhSulaiman/status/1772389118439252045/video/1

Tout cet épisode autour de la résolution de l’ONU en est une parfaite illustration. Il n’y a aucun doute parmi les spécialistes du droit international sur le fait que les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui « exigent » certaines actions sont contraignantes (bonne explication d’un juriste ici : https://verfassungsblog.de/why-todays-un-security-council- la résolution-exigeant-un-cessez-le-feu-immédiat-est-juridiquement-contraignante/). En fait, les résolutions du Conseil SONT le droit international, l’article 25 de la Charte des Nations Unies stipule clairement : « Les membres des Nations Unies conviennent d’accepter et d’exécuter les décisions du Conseil de sécurité conformément à la présente Charte. »

Pourtant, les États-Unis soutiennent maintenant que la « règle » est en fait différente : « C’est une résolution non contraignante, donc elle n’a aucun impact sur Israël ».

Où est écrite cette règle selon laquelle, d’une manière ou d’une autre, lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU « exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois de Ramadan, respecté par toutes les parties, conduisant à un cessez-le-feu durable et durable », cette règle n’est pas contraignante et « n’a aucun impact » sur la partie belligérante ? Nulle part, c’est là la beauté de l’ordre fondé sur des règles : les règles sont élaborées sur le moment pour répondre aux intérêts des États-Unis et de leurs sbires, en fonction des circonstances.

Si la même résolution, avec exactement le même langage, avait été adoptée pour un conflit que les États-Unis voulaient réellement mettre fin, il ne fait aucun doute qu’ils auraient soutenu exactement le contraire : qu’elle était contraignante et que les hostilités devaient cesser immédiatement. Ce qui montre que parfois l’ordre fondé sur des règles s’aligne sur le droit international, quand c’est dans l’intérêt des États-Unis de le faire. »

Quant à Israël, il déclare qu’il se fiche complètement des résolutions de l’ONU :

« Israël a réagi avec colère à la résolution, affirmant qu’il n’avait pas l’intention de la respecter. Mardi, les attaques israéliennes sur Gaza se sont poursuivies.

L’ambassadeur israélien auprès des Nations Unies, Gilad Erdan, a critiqué le Conseil de sécurité pour avoir adopté une mesure appelant à un cessez-le-feu « sans le conditionner à la libération des otages ». « Cela sape les efforts visant à obtenir leur libération », a-t-il déclaré aux Nations Unies.

Le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a quant à lui déclaré sur X que son pays ne respecterait pas la résolution.

« L’État d’Israël ne cessera pas le feu », a déclaré Katz. « Nous détruirons le Hamas et continuerons à nous battre jusqu’à ce que le dernier des otages rentre chez lui. » »

Pour augmenter la pression sur ce pays, la Cour Internationale de Justice en rajoute une couche :

« Israël doit augmenter d’urgence la capacité et le nombre d’accès terrestres à Gaza, intiment les juges de la CIJ. Ils ordonnent la fourniture « sans restriction et à grande échelle » d’eau, de nourriture, d’abris, de vêtements, de médicaments et de combustibles, rapporte notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas.

Les juges rappellent que selon l’ONU, pour permettre le transport de l’aide humanitaire, il faudrait aussi suspendre les opérations militaires. Ils notent encore qu’une résolution a bien été adoptée par le Conseil de sécurité il y a trois jours, même si elle n’est toujours pas exécutée. Les juges ordonnent donc, en substance, à Israël d’empêcher la famine en cours à Gaza. Une famine qui « s’installe », écrivent les magistrats dans leur ordonnance de 16 pages. »

Israël se comporte ainsi comme un Etat hors la loi, un Etat voyou, soutenu par le pays qui prétend faire régner l’ordre international, le gendarme du monde. Les dirigeants de ces deux pays ont-ils vraiment conscience que le monde entier observe leur aberrant comportement ?

« Le personnel de l’ONU travaillant avec les Palestiniens en Cisjordanie occupée a été soumis à une campagne systématique d’obstruction et de harcèlement de la part de l’armée et des autorités israéliennes depuis le début du conflit à Gaza il y a cinq mois, selon des documents internes de l’ONU obtenus par le Guardian.

Les documents font état de centaines d’incidents allant du bandeau sur les yeux et passages à tabac du personnel de l’ONU aux points de contrôle à l’utilisation des installations de l’ONU par les troupes israéliennes comme positions de tir lors des raids sur les camps de réfugiés dans lesquels des Palestiniens ont été tués.

Les documents ont été compilés par l’Unrwa, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour la Palestine, qui fournit des services essentiels aux Palestiniens dans les territoires occupés depuis des décennies. »

« Si aucun lien n’a été établi entre les civils détenus et le Hamas, ces civils affirment avoir été « torturés » dans ce qui ressemble à un Guantanamo à l’israélienne. Bahaa Abu Rukba a 24 ans et il est secouriste au Croissant-Rouge palestinien à Gaza. En décembre dernier, il est arrêté par l’armée israélienne dans le nord de l’enclave. Il passe vingt-et-un jours en détention.

« Je vous jure que j’ai l’impression d’avoir passé vingt-et-un ans en prison, à cause de la torture. Je ne sais même pas où j’étais, sur une base militaire, je crois. Mais pas une fois, je n’ai vu la lumière du jour », raconte-t-il.

Durant sa détention, Bahaa enchaîne les interrogatoires : « On passait jusqu’à 21 heures à genoux, chaque jour. Ils nous ont fait subir des choses inimaginables. Ils me disaient : “Tu es membre du Hamas !” Je répondais que je travaillais pour une organisation humanitaire. Ils ne m’ont pas cru, et m’ont soumis à la torture. Ils me mettaient tout nu, pieds et poings liés. Ils me frappaient dans les parties intimes. Je vous passe les détails, mais j’ai subi des traitements humiliants et dégradants. Il y avait même une soldate qui me giflait. »

Le jeune homme affirme qu’il a été torturé et qu’il a été privé de sommeil et de nourriture. « Ils nous donnaient une boîte de thon pour cent détenus, un concombre et un peu de pain le soir. Même pas assez pour un oiseau. Ils nous ont dit : “On n’est pas là pour vous nourrir, mais pour vous maintenir en vie, et continuer de vous torturer.” Ils nous ont menacés de nous amputer, ou encore de prélever nos organes. » »

« Israël a poursuivi vendredi ses bombardements aériens et terrestres sur la bande de Gaza, tuant des dizaines de Palestiniens, alors que les combats faisaient rage autour du principal hôpital Al Shifa de la ville de Gaza, ont déclaré des responsables palestiniens et l’armée israélienne.

Les responsables palestiniens de la santé ont déclaré que deux frappes israéliennes sur la banlieue d’Al-Shejaia, dans l’est de la ville de Gaza, ont tué 17 personnes, tandis qu’une frappe aérienne israélienne sur une maison du camp de réfugiés d’Al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, a tué huit personnes. »

« Israël a mené vendredi matin ses frappes les plus meurtrières depuis des mois dans la province d’Alep, dans le nord de la Syrie, et a déclaré avoir tué un haut commandant du Hezbollah au Liban, intensifiant ainsi sa campagne contre les mandataires de l’Iran parallèlement à sa guerre à Gaza.

Israël a intensifié ses frappes aériennes en Syrie contre la milice libanaise du Hezbollah et le Corps des Gardiens de la révolution iraniens (CGRI) depuis l’attaque du Hamas, une faction palestinienne soutenue par l’Iran, contre Israël le 7 octobre. Ces derniers jours, ses pilotes ont repris leur entraînement régulier pour des « raids en profondeur » au Liban. »

« Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré vendredi 800 hectares en Cisjordanie occupée comme terres domaniales, dans une mesure qui facilitera l’utilisation du terrain pour la construction de colonies.

Cette annonce, faite le jour où le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu en Israël pour des entretiens avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a souligné la détermination du gouvernement à poursuivre la construction de colonies en Cisjordanie, malgré l’opposition internationale croissante. »

« Comme l’a rapporté Reuters mardi, le projet de loi de crédits du Département d’État maintient l’interdiction du financement américain à l’UNRWA, la principale agence des Nations Unies pour les Palestiniens, pendant au moins un an. Il élimine également le financement de la Commission d’enquête des Nations Unies contre Israël et finance intégralement l’engagement annuel des États-Unis en matière de sécurité de 3,3 milliards de dollars pour Israël. »

Autre exemple de l’attitude “au-dessus des lois” des Etats-Unis. On se rappelle que le Niger avait prié l’armée étasunienne de se retirer du pays car elle n’était plus la bienvenue :

« Washington n’a pris aucune décision concernant le retrait de ses forces du Niger, où le gouvernement militaire a mis fin à un accord de coopération d’une décennie avec les États-Unis, a déclaré jeudi le secrétaire de presse du Pentagone, Pat Ryder, lors d’un point de presse.

“Aucune décision n’a été prise à ce stade concernant le mouvement des forces américaines”, a déclaré Ryder aux journalistes.

Les autorités militaires du Niger, qui ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État en juillet, ont annoncé le 16 mars qu’elles annulaient un accord de coopération en matière de défense de 2012 qui avait permis à environ 1 000 soldats et entrepreneurs civils américains d’opérer dans ce pays enclavé.

Dans une déclaration à la télévision nationale en mars, le porte-parole du gouvernement, Amadou Abdramane, a dénoncé la présence des troupes américaines comme « illégale » car « elle n’a pas été démocratiquement approuvée et impose des conditions défavorables au Niger ». »

De même les Etats-Unis imposent toujours illégalement ses troupes à la Syrie et à l’Irak, contrevenant encore au droit international.

On remarquera au passage que la Chine, que les médias occidentaux accusent régulièrement de « vouloir prendre la place des Etats-Unis comme leader mondial » n’impose pas unilatéralement de sanctions contre un pays, ni son armée, comme le font les Etats-Unis contre tout pays ne voulant pas respecter son « ordre mondial basé sur des règles ». Elle laisse l’ONU en décider, comme le veut le véritable droit international.

Voici une vidéo/enquête réalisée par la chaine Al-Jazeera sur l’attaque du Hamas du 7 octobre qui présente la version non israélienne et qui correspond totalement aux enquêtes faites par des journalistes alternatifs, comme nous l’avons vu la semaine dernière. Elle est sous-titrée en français et à voir pour ceux qui veulent connaitre les détails de ce drame et les mensonges sur lequel il repose.

Une vidéo qui montre indirectement à quel point cette version des évènements est censurée par les médias grand public occidentaux qui continuent à propager la version israélienne alors qu’ils savent qu’elle est basée sur des mensonges depuis longtemps débusqués. En mots clairs, les médias grand public occidentaux se sont fait les relais volontaires de la propagande israélienne en cachant la version alternative de l’événement.

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Nous finirons par cette remarque de Glenn Diesen, un professeur norvégien spécialiste de la Russie, ce qui lui vaut beaucoup d’attaques verbales :

« J’ai toujours mis en garde mes étudiants en RI : ne détestez pas vos adversaires, cela produit une mauvaise analyse !

– En lisant la couverture médiatique ridicule/caricaturale des élections russes, j’ai le sentiment de notre propre chute. Incapables de vivre dans la réalité et incapables de nous mettre à la place de l’adversaire – comment sommes-nous censés avoir une analyse et des politiques sensées ?

– L’instinct humain de se diviser en groupes du « nous » vertueux contre « l’autre » maléfique dérive de la biologie évolutionniste – il crée la loyauté de groupe nécessaire à la sécurité contre les menaces étendues. Cependant, cela mine la raison, la capacité d’évaluer la réalité objective et le besoin de voir le monde du point de vue de l’adversaire.

– Dans les années 1990, l’économie et la société russes se sont effondrées, avec des conséquences terribles. La sécurité s’est également effondrée dans la mesure où l’expansion de l’OTAN signifiait l’annulation des accords pour une architecture de sécurité européenne inclusive (Charte de Paris pour une nouvelle Europe / OSCE), et l’OTAN a pu bombarder la Yougoslavie, alliée de la Russie, en violation du droit international. Il était courant en Occident de s’attendre à ce que la Russie partage le sort de l’Union soviétique et s’effondre.

– Aujourd’hui, la Russie est la plus grande économie d’Europe (PPP), sa société s’est remise des désastreuses années 1990, sa puissance militaire est restaurée, de nouveaux partenaires internationaux ont été trouvés et la position politique internationale de la Russie (en dehors de l’OTAN) s’est également rétablie alors que la Russie préside désormais le club BRICS+. Étant donné que ce n’était pas la voie suivie par la Russie lorsque Poutine a pris la présidence, ne devrions-nous pas nous demander comment cela s’est produit ?

– Alors pourquoi n’est-il pas possible pour les hommes politiques, les journalistes ou les universitaires de reconnaître l’une ou l’autre des grandes réalisations socio-économiques, sécuritaires et politiques de la Russie ? La réponse est simple : toute reconnaissance des réalisations de la Russie au cours des 25 dernières années est considérée comme un « soutien » à Poutine, ce qui est décrédibilisé dans tout l’Occident. Les arguments ne sont pas évalués selon qu’ils reflètent ou non la réalité, mais plutôt selon s’ils sont perçus comme exprimant un soutien ou une condamnation de la Russie – et vos déclarations doivent refléter un soutien à « notre équipe ». Nous sommes obligés de priver les opposants de leur légitimité, ce qui limite ce dont nous sommes autorisés à discuter.

– Comment un journaliste occidental peut-il informer son auditoire de l’immense popularité et de la victoire électorale de Poutine alors qu’il n’est pas autorisé à dire quoi que ce soit de positif sur le président russe ?

– Les gens se conforment au mantra du bien contre le mal car il semble vertueux et patriotique de signaler qu’ils soutiennent le groupe interne et détestent le groupe externe. Mais comment pouvons-nous poursuivre nos intérêts quand nous nous sommes livrés à l’illusion et avons banni la réalité de notre analyse ?

– J’ai tenté pendant deux ans d’expliquer pourquoi les sanctions anti-russes échoueraient et pourquoi la Russie gagnerait la guerre, pour finalement me faire répondre que c’était de la propagande russe visant à saper le soutien aux sanctions et à contester le récit d’une victoire ukrainienne imminente. Au diable la réalité !

– La démocratie russe présente de nombreux défauts. Par exemple, les hommes et les cliques forts devraient être remplacés par des institutions fortes. Mais peut-on honnêtement affirmer que les médias occidentaux ne se sont pas détachés de la réalité ? »

Je rajouterai juste que l’attitude occidentale face à la Russie est en train de renforcer le « nous » du coté russe, ce qui explique en grande partie le ralliement de la population derrière la figure de chef de Poutine et son score aux dernières élections. Le revirement de Medvedev, considéré comme pro-occidental lorsqu’il était président et qui lance maintenant des attaques verbales farouches contre l’Occident, en est un exemple significatif.

A lundi prochain

 

La revue de presse du 25 mars 2024

 


Par Wayan – Le 25 mars 2024 – Le Saker Francophone

La réélection de Poutine en tant que président de la Russie a fait les titres horrifiés des médias grand public. Une telle victoire, avec un taux de participation à faire envie aux démocraties occidentales, fut une gifle au visage des stratèges occidentaux qui cherchent sa chute depuis déjà bien longtemps. La propagande s’est alors déchainée :

 

« Il n’y a pas eu d’élections en Russie le week-end dernier. Il n’y a pas eu de campagne. Il n’y a pas eu de débat, ce qui n’est pas surprenant, car aucun sujet ne peut être débattu. Surtout, il n’y avait pas de vrais candidats, à l’exception d’un seul : le président russe, Vladimir Poutine, celui qui vient d’entamer son cinquième mandat anticonstitutionnel.

Les Russes faisaient la queue devant les bureaux de vote, mais il ne s’agissait pas réellement de bureaux de vote. Ils étaient des accessoires dans une pièce de théâtre politique élaborée, un exercice de plusieurs mois de projection de pouvoir et de brutalité. »

Donc les russes faisaient la queue devant les bureaux de vote juste pour volontairement participer à la pièce de théâtre de Poutine. 70% des électeurs russes sont donc des acteurs-figurants « idiots utiles » qui s’ignorent. Pas sympa pour la population russe.

« En tant qu’exercice démocratique, la victoire de Vladimir Poutine à 87 % aux élections de ce week-end était une parodie, qui n’a de sens que comme un chapitre déterminant de l’histoire tragique des opportunités perdues et des destructions causées par ses 24 années au pouvoir. Pourtant, juger une élection russe selon les normes de la démocratie libérale est aujourd’hui une dangereuse complaisance.

La victoire de Poutine doit être vue à travers les yeux du Kremlin, car l’histoire de la Russie n’est plus celle d’une transition capricieuse hors du communisme. Il a instauré un nouveau style d’autocratie, pourtant familier à la Russie, qui – ce n’est pas la première fois – se définit contre l’Occident. En ces termes, la mascarade de ce week-end était une pièce de théâtre politique tout à fait réussie qui fournira une toile de fond cruciale au retour de Poutine après les profondes humiliations militaires que l’armée russe, y compris son commandant en chef, a subies en Ukraine il y a deux ans»

Depuis que Poutine est au pouvoir ce ne serait donc qu’une « histoire tragique des opportunités perdues et des destructions ». Pourtant 80% des 70% de participants l’ont réélu alors qu’ils auraient pu choisir l’un des 3 autres candidats, ne serait-ce qu’en vote de protestation. Encore une fois la population russe est présentée comme des idiots que Poutine manipulerait de manière incroyable pour leur faire oublier ses « destructions, humiliations et défaites ».

Politico pense avoir trouvé la réponse à cette contradiction :

« Selon les chiffres officiels – impossibles à vérifier de manière indépendante – plus de 70 % des électeurs éligibles ont participé, un chiffre plus élevé que lors de toutes les élections précédentes de Poutine. Que ce nombre ait été décidé à l’avance ou non, des efforts monumentaux ont été déployés pour donner à ce vote simulé un air de légitimité. Pour gonfler le vote, des tirages au sort ont été proposés par les autorités locales, des employés de l’État ont été sommés de se rendre aux bureaux de vote et une ville de Sibérie a même promis aux électeurs de prendre une photo avec une découpe en carton du commentateur politique américain Tucker Carlson. »

Mais certains « analystes/propagandistes » vont encore plus loin en déclarant en titre que « Poutine a perdu les élections » :

« C’est donc une erreur de conclure que la très forte performance électorale de Poutine renforce son pouvoir. Cela serait vrai si le vote était authentique. Mais puisque Poutine et ses acolytes ont truqué les chiffres, il est évident qu’ils l’ont fait pour créer l’illusion d’une popularité de masse pure.

En fait, Poutine est tout sauf l’homme fort que son image proclame. Il est indécis lorsqu’il a besoin d’être décisif et décisif lorsqu’il a besoin d’être indécis. Il est sujet à d’énormes erreurs – la plus grave étant d’envahir l’Ukraine et ainsi de la perdre et de renforcer l’OTAN. Son trône a été attaqué – par Eugène Prigojine, Alexeï Navalny et Boris Nadejdine, ainsi que par les élites russes sceptiques quant à sa capacité à diriger le navire de l’État dans un temps aussi orageux.

Malgré ses fanfaronnades, Poutine doit savoir qu’il n’est pas le maître de l’univers qu’il prétendait autrefois être. À moins d’être complètement déconnecté de la réalité (ce qui est possible), il sait qu’il a engagé son pays sur la voie de la perdition. La guerre en Ukraine ne peut pas se terminer par une victoire, car même si l’Ukraine perd sur le champ de bataille, la Russie aura perdu jusqu’à un million de soldats ; son armée et son économie auront été brisées ; et son occupation de l’Ukraine sera durable, coûteuse et finalement inefficace. L’Ukraine est devenue pour lui un cas perdant-perdant. »

Bien sûr, cette litanie d’affirmations péremptoires n’est étayée par aucun lien internet ou références confirmant leur validité.

Bref, des affirmations outrageuses, des analyses émotionnelles ne se basant sur aucune référence, un modèle de propagande russophobe.

Par contre, si les résultats de cette élection n’ont pas satisfait les analystes russophobes, elle semble avoir satisfait la majorité de la population russe.

Le maire de la commune française de Marsan a fait parti des observateurs internationaux présents pour valider cette élection. Ecoutez ce qu’il en dit.

Finalement, comme l’a demandé un journaliste à Obama, au moment où ce dernier rentrait dans la résidence de Sunak à Londres, « pourquoi les Etats-Unis sont ils si obsédés par l’état de la démocratie russe ? ». Derrière son habituel large sourire Obama lui a répondu « petit malin » en passant son chemin. (Je ne retrouve plus le lien de cette courte vidéo)

Parallèlement au démontage de la démocratie russe, les médias occidentaux ont aussi accéléré leur dénonciation de la « propagande russe » :

« Pour Vladimir Poutine, la victoire en Ukraine pourrait passer par la vallée du Rio Grande, au Texas.

Ces dernières semaines, les médias d’État russes et les comptes en ligne liés au Kremlin ont diffusé et amplifié des contenus trompeurs et incendiaires sur l’immigration américaine et la sécurité des frontières. La campagne semble conçue pour attiser l’indignation et la polarisation avant les élections de 2024 à la Maison Blanche, et les experts qui étudient la désinformation russe affirment que les Américains peuvent s’attendre à davantage alors que Poutine cherche à affaiblir le soutien étasunien à l’Ukraine et à couper une aide vitale pour ce pays.

Dans les publications sur les réseaux sociaux, les vidéos en ligne et les articles sur les sites Web, ces comptes dénaturent l’impact de l’immigration, mettent en lumière des histoires de crimes commis par des immigrants et mettent en garde contre des conséquences désastreuses si les États-Unis ne sévissent pas à leur frontière avec le Mexique. Beaucoup sont trompeurs, remplis de données triées sur le volet ou de rumeurs démystifiées. »

Je remarque au passage que cet article qui dénonce « les publications sur les réseaux sociaux, les vidéos en ligne et les articles sur les sites Web » ne donne absolument aucun lien y renvoyant, ce qui est une faute journalistique. Nous devrons donc le croire sur parole. Moi qui navigue quotidiennement sur ces publications je ne vois pas en quoi elles sont reliées à Poutine et la « propagande russe ». Il y a bien sur multitudes de comptes et d’analystes parlant de ce sujet mais ils sont tous occidentaux. L’article ne démontre pas quel rapport ils ont avec Poutine sauf une fois ici en disant :

« Les images d’une récente manifestation anti-immigration diffusée par le média russe RT, par exemple, ont été visionnées cette semaine par des milliers de personnes sur X, l’ancienne plateforme Twitter, et ont suscité des réactions de colère de la part d’autres utilisateurs.

Le média russe Spoutnik a publié cette semaine un article sur les appels croissants à la construction d’un mur frontalier entre les États-Unis et le Mexique, une priorité pour Trump, qui n’a pas réussi à la mener à bien pendant son mandat de président. »

Donc deux articles, un de RT et l’autre de Sputnik, sans liens y renvoyant non plus mais croyons le quand même, qui, comme tout média, rapportent ce qui se passe dans le monde sont de la « dangereuse propagande russe ». D’autant plus que ni RT ni Sputnik ne sont accessibles au public occidental depuis leur censure.

Propagande russe qui, selon l’article, serait là pour interférer dans les élections pour aider Trump à prendre le pouvoir, reprenant ainsi tranquillement la manipulation médiatique du Russiagate qui prétendait que Trump est une marionnette de Poutine car celui-ci l’avait aidé à gagner les élections de 2016 :

« Les responsables américains ont averti que la Russie pourrait chercher à s’immiscer dans les élections de dizaines de pays en 2024, alors que plus de 50 pays représentant la moitié de la population mondiale devraient organiser des élections nationales. Même si la Russie a un intérêt stratégique dans l’issue de bon nombre d’entre eux – le Parlement européen, par exemple – peu d’entre eux offrent l’opportunité et le prix que l’Amérique offre.

Pour la tentative de la Russie de conquérir l’Ukraine, les enjeux des élections américaines de cette année ne pourraient pas être plus élevés. Le président Joe Biden s’est engagé à soutenir pleinement l’Ukraine. Les Républicains y sont beaucoup moins favorables. Trump a ouvertement félicité Poutine et l’ancien président a suggéré qu’il encouragerait la Russie à attaquer les alliés américains de l’OTAN s’ils ne payaient pas leur juste part pour l’alliance militaire. »

Vous verrez comment la possibilité d’une réélection de Trump va raviver ce narratif « Trump marionnette de Poutine ».

On sent, en filigrane de cette propagande, que les journalistes devront maintenant parler de 2 sortes de démocraties, la « démocratie autocrate », celle où les électeurs sont des idiots qui sont manipulés pour voter pour un président qui ne suit pas « l’ordre international fondé sur des règles », comme on l’a vu pour Orban la semaine dernière ; et la « démocratie libérale » celle où un petit nombre d’électeurs, qui ne se sentent absolument pas manipulés par les médias de leur pays, ne se rendent dans les bureaux de vote que pour repousser les « candidats extrémistes », ceux désignés ainsi par des médias qui ne les manipulent pas, choisissant naturellement un président « centriste » qui, sans jamais le dire ouvertement, prête allégeance à « l’ordre international basé sur des règles ».

En cas de victoire de Trump, les Etats-Unis deviendront, selon leurs propres médias, une « démocratie dirigée par un autocrate ».

Par contre, les dirigeants non-occidentaux ont tous félicité Poutine pour sa réélection sans émettre le moindre doute sur son caractère démocratique. Ils doivent être, comme le peuple russe, des idiots que Poutine manipule de manière incroyable. Un vrai hypnotiseur ce Poutine.

Seul européen à avoir respecté la diplomatie internationale, Orban le fameux « autocrate premier ministre d’une démocratie » :

« Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a félicité le président russe Vladimir Poutine pour avoir remporté un cinquième mandat, devenant ainsi le seul dirigeant de l’UE à féliciter un tel succès. Orban a déclaré que le « respect mutuel » entre Budapest et Moscou permet « des discussions importantes même dans des contextes géopolitiques difficiles ».

Après l’annonce des résultats, Orban « a félicité [Poutine], soulignant que la coopération entre la Hongrie et la Russie, basée sur le respect mutuel, permet des discussions importantes même dans des contextes géopolitiques difficiles », a écrit le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs, dans un communiqué sur X.

“Le Premier ministre Orban a affirmé l’engagement de la Hongrie en faveur de la paix et sa volonté d’intensifier la coopération dans les secteurs non limités par le droit international, soulignant l’importance du dialogue pour favoriser des relations pacifiques”, a ajouté Kovacs. »

Ce qui confirme la remarque de la semaine dernière ; Orban est qualifié d’autocrate par les médias occidentaux parce qu’il préfère dialoguer avec Poutine plutôt que de lui faire la guerre.

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Un autre cas montrant au reste du monde la hargne du bloc occidental contre « la Russie de Poutine » est le fait qu’elle soit toujours mis au ban des jeux olympiques de 2024 :

« Les sportifs russes et biélorusses ne pourront pas prendre part à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, ils pourront tout de même suivre la cérémonie, dit le CIO, qui ne précise pas comment. Le CIO s’aligne ainsi sur la décision prise début mars par le Comité paralympique international (IPC) pour la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, le 28 août, et exclut tout comme l’IPC de prendre en compte les podiums des « athlètes individuels neutres » (AIN) dans son tableau des médailles. Pour la cérémonie de clôture, rien n’est tranché encore puisque ce ne sont pas les équipes qui défilent, mais les athlètes de manière individuelle.

Le comité international olympique a fait les comptes : 12 sportifs russes et 7 biélorusses se sont pour le moment qualifiés pour Paris 2024, mais ils pourraient être une soixantaine à obtenir leur ticket, à la fin du processus de qualification. C’est très peu par rapport aux 434 athlètes russes et biélorusses des jeux de Tokyo, en 2021.

Les conditions de leur participation sont connues : pas de soutien à la guerre, pas d’équipes, que des individuels, une bannière neutre. Un comité d’examen va valider chaque qualification russe et biélorusse, à charge pour ses membres de veiller ensuite aux respects des règles pour chacun de ses athlètes pendant tous les jeux. En cas de violation du règlement – s’ils affichent un drapeau russe par exemple – le comité pourra saisir la commission de discipline du CIO. »

Alors qu’Israël y participera pleinement malgré le carnage humanitaire qu’il fait à Gaza. Là encore un « deux poids deux mesures » que le monde entier peut voir car ce n’est plus une guerre entre militaires comme en Ukraine mais un véritable génocide lent d’une population civile qu’est en train de commettre Israël :

« Les pénuries alimentaires extrêmes dans certaines parties de la bande de Gaza ont déjà dépassé les niveaux de famine, et des morts massives sont désormais imminentes sans un cessez-le-feu immédiat et un afflux de nourriture dans les zones isolées par les combats, a déclaré lundi l’Observatoire mondial de la faim.

La Classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC), dont les évaluations sont utilisées par les agences des Nations Unies, a déclaré que 70 % de la population dans certaines parties du nord de Gaza souffrait du niveau de pénurie alimentaire le plus grave, soit plus du triple du seuil de 20 % à prendre en compte pour la famine. »

Le Comité International Olympique (CIO) est donc visiblement politisé alors qu’il prétend le contraire, niant l’évidence.

Face à cela, la Russie a donc décidé d’organiser ses propres jeux sportifs. Et bien le CIO ose se plaindre que la Russie « politise le sport » :

« Le Comité international olympique a durci le ton mardi envers la Russie, accusée de “politiser le sport” en lançant ses “Jeux de l’amitié” en septembre prochain, une nouvelle compétition concurrente des JO qui prévoit aussi une édition hivernale. »

Un exemple typique d’inversion accusatoire.

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Les législateurs étasuniens sont en train de discuter pour bannir le média social Tik Tok du marché étasunien, à moins que sa société mère, Bytedance, ne la vende à une compagnie étasunienne. Bytedance étant une compagnie chinoise, le prétexte à cette loi est que la Chine pourrait espionner et influencer le public occidental.

Cet argument sous-entend implicitement que c’est le cas avec les médias sociaux étasuniens qui sont répandus dans le monde entier. La vente obligatoire de Tik tok permettra alors aux Etats-Unis de garder le monopole des réseaux sociaux et donc de l’espionnage et de l’influence cognitive dans le monde :

« Les efforts du Congrès pour forcer la vente de TikTok ont gagné du terrain aujourd’hui alors que les sénateurs ont quitté une réunion d’information à huis clos avec des responsables de la sécurité nationale et ont lancé des appels à des audiences sur la question.

Le 13 mars, la Chambre a voté par 352 voix contre 65 en faveur d’un projet de loi qui obligerait le propriétaire chinois de TikTok, ByteDance, à vendre l’entreprise dans six mois, sous peine de voir l’application populaire interdite aux États-Unis. »

Mais il y a un deuxième facteur qui n’est pas expressément utilisé dans le débat législatif :

« Les législateurs républicains sont de plus en plus préoccupés par la vague de contenus anti-israéliens sur TikTok pendant la guerre avec le Hamas – et ils renouvellent leurs efforts pour interdire l’application appartenant à la Chine, a appris The Post.

Bien que TikTok reste très secret sur les algorithmes qui distribuent quotidiennement des millions de vidéos courtes sur l’application, il existe des signes révélateurs de la quantité disproportionnée de contenu anti-israélien sur l’application par rapport aux vidéos favorisant les Palestiniens.

Par exemple, le premier résultat de la recherche « se tenir aux côtés de la Palestine » a été vu près de 3 milliards de fois au 26 octobre, tandis que le premier résultat pour « se tenir aux côtés d’Israël » a été vu un peu plus de 200 millions de fois, selon une analyse. C’est devenu viral sur X ».

Sans oublier le facteur gros sous :

« TikTok a enregistré un chiffre d’affaires de 9,37 milliards de dollars au troisième trimestre 2023.

Cette croissance est portée par plusieurs facteurs, notamment sa base d’utilisateurs croissante, notamment aux États-Unis, sa plateforme publicitaire innovante et son expansion sur de nouveaux marchés.

TikTok avait déjà enregistré un chiffre d’affaires de 9,401 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation littérale de 100 % par rapport à 2021. »

Autant de facteurs qui expliquent pourquoi les législateurs ont voté cette loi à une large majorité.

Mais il y a un problème, c’est que les internautes étasuniens sont les premiers au monde à utiliser Tik Tok :

« Avec 150 millions d’utilisateurs, les États-Unis comptent le plus grand nombre d’utilisateurs de TikTok en 2023. Cela représente près de la moitié de la population du pays !

L’Indonésie arrive en deuxième position avec 113 millions d’utilisateurs. »

Autant de futurs électeurs qui ne seront pas joyeux de voir ce réseau social censuré.

Car la Chine n’a pas l’air décidée à se plier au chantage :

« Pékin peut-il empêcher la vente de TikTok ?

Oui, Pékin a la capacité juridique de le faire et a déjà indiqué qu’il le ferait.

En août 2020, à la suite d’une tentative de l’administration Trump de forcer la vente de TikTok, Pékin a révisé ses règles de contrôle des exportations pour couvrir une variété de technologies qu’il jugeait sensibles, y compris une technologie qui semble similaire aux services de recommandation d’informations personnalisées de TikTok.

Quelques années plus tard, début 2023, une porte-parole du ministère du Commerce a déclaré dans la première réponse directe du gouvernement à cette affaire que la Chine s’opposerait à toute vente forcée de TikTok.

En effet, une vente ou une cession de l’application impliquerait « l’exportation de technologie » et devait être approuvée par le gouvernement chinois, a déclaré Shu Yuting, la porte-parole.

Pékin n’a indiqué aucun changement à cette position depuis lors. »

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La semaine dernière nous relations les remarques de militaires français avertissant que l’armée française risquait fortement de perdre dans une confrontation avec la Russie. Cette semaine le chef d’Etat major de l’armée de terre française indique, dans une tribune au Monde, que :

« Pierre Schill, chef d’état-major : « L’armée de terre se tient prête »

A l’heure où les foyers de crise se multiplient, la France, nation-cadre de l’OTAN, a des atouts majeurs. Outre la dissuasion nucléaire, elle dispose de forces entraînées et interopérables avec les armées alliées, explique le général d’armée dans une tribune au « Monde ». »

Les émissions télés préparent aussi les français à une intervention sur le terrain ukrainien.

Ailleurs qu’en France, les signes montrant la volonté des dirigeants européens de se lancer dans une guerre contre la Russie commencent aussi à s’accumuler :

« En Suède, le gouvernement estime qu’il n’a même plus à faire semblant de soutenir le mouvement pour la paix.

Les principales ONG suédoises œuvrant pour la paix et le désarmement perdent leurs financements publics, au lendemain de l’adhésion de la Suède dans l’Otan. Le gouvernement de droite, soutenu par l’extrême droite, met ainsi sous silence les critiques de ces organisations pacifistes centenaires, très respectées pour leur contribution au débat démocratique en Suède. »

Pourtant, entre la théorie et la pratique :

« Il ne s’agit plus tant de recruter de nouveaux soldats que de persuader les troupes existantes de ne pas démissionner.

Cette semaine, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a présenté un plan de rétention des talents pour inciter les militaires à rester en uniforme.

Cela survient quelques jours après qu’un rapport annuel soumis au Parlement allemand a montré qu’en 2023, quelque 1.537 soldats ont quitté la Bundeswehr, la réduisant à 181.514 effectifs.

“Ces conversations existent désormais dans toutes les capitales, dans toutes les démocraties qui disposent d’armées professionnelles sans conscription”, a déclaré lundi Lecornu, mentionnant le Royaume-Uni et les États-Unis.

“Lors des réunions de l’OTAN, nous pouvons parler d’équipement, mais désormais nous parlons aussi du niveau de rétention”, a-t-il ajouté. »

La Russie prend au sérieux tous ces signes virils et déclare :

« L’opération militaire russe en Ukraine s’est transformée en guerre à part entière après que l’Occident est devenu participant au conflit, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une interview accordée aux médias nationaux publiée vendredi.

Moscou poursuivra son objectif consistant à garantir que l’armée ukrainienne ne puisse pas constituer une menace pour les citoyens ou le territoire russes, a déclaré le porte-parole au journal Argumenti i Fakty, soulignant que le pays compte désormais quatre nouveaux sujets fédéraux qui doivent être protégés et pleinement libérés des forces de Kiev.

Peskov a souligné que la Russie ne peut pas permettre l’existence à ses frontières d’un État qui prétend publiquement s’emparer de la péninsule de Crimée ainsi que des nouveaux territoires russes, en faisant référence aux républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et aux régions de Zaporojie et de Kherson.

“Nous sommes en guerre”, a déclaré Peskov, expliquant que si le conflit a commencé comme une opération militaire spéciale, dès que “l’Occident collectif y a participé aux côtés de l’Ukraine, pour nous, cela est devenu une guerre”. »

Par contre, pour des histoires de gros sous et d’élections présidentielles, les Etats Unis freinent des deux pieds :

« Les États-Unis ont exhorté l’Ukraine à mettre fin aux attaques contre les infrastructures énergétiques russes, avertissant que les frappes de drones risquaient de faire grimper les prix mondiaux du pétrole et de provoquer des représailles, selon trois personnes proches des discussions.

Les avertissements répétés de Washington ont été adressés aux hauts responsables des services de sécurité de l’État ukrainiens, le SBU, et à sa direction du renseignement militaire, connue sous le nom de GUR, ont déclaré ces sources au Financial Times.

Les deux unités de renseignement n’ont cessé d’étendre leurs propres programmes de drones pour frapper des cibles russes sur terre, sur mer et dans les airs depuis le début de l’invasion à grande échelle du Kremlin en février 2022.

Une personne a déclaré que la Maison Blanche était de plus en plus frustrée par les attaques effrontées de drones ukrainiens qui ont frappé des raffineries de pétrole, des terminaux, des dépôts et des installations de stockage dans l’ouest de la Russie, nuisant à sa capacité de production pétrolière.

La Russie reste l’un des plus importants exportateurs d’énergie au monde malgré les sanctions occidentales contre son secteur pétrolier et gazier. Les prix du pétrole ont augmenté d’environ 15 % cette année, à 85 dollars le baril, faisant grimper les prix du carburant au moment même où le président américain Joe Biden entame sa campagne pour sa réélection.

Washington craint également que si l’Ukraine continue de frapper les installations russes, dont beaucoup se trouvent à des centaines de kilomètres de la frontière, la Russie pourrait riposter en s’en prenant aux infrastructures énergétiques dont dépend l’Occident. »

Nous terminerons par cet article de prospective intitulé « Va-t-on de la guerre indirecte à la guerre directe contre la Russie ? » :

« Par Samir Saul – Michel Seymour – Le 13 mars 2024

Les dernières semaines du mois de février ont été fertiles en développements dans la guerre opposant les USA/OTAN et la Russie en Ukraine. Les dangers qui guettent le monde, et en particulier l’Europe, se concrétisent et deviennent plus menaçants. Du méli-mélo d’événements disparates et désordonnés, il se dégage néanmoins des perspectives assez claires de collision directe entre l’OTAN et la Russie, c’est-à-dire du passage de la guerre indirecte par procuration actuelle à la guerre directe menée par des soldats et des civils de l’OTAN contre des soldats et des civils russes. Les deux côtés disposant d’armes nucléaires, la montée aux extrêmes, c’est-à-dire, leur utilisation contre les armées et les civils sort du domaine de la théorie et des doctrines militaires pour entrer dans la sphère de l’application concrète. C’est à ce péril apocalyptique que sont confrontées dans les mois à venir les populations de nombreux pays. Cela exige une prise de conscience, un positionnement et des actions en vue de prévenir une catastrophe annoncée. Essayons d’abord de comprendre les raisons pour l’inquiétude, la source du danger.

Les USA/OTAN ont perdu en Ukraine

La guerre hybride, indirecte, par procuration, organisée et menée par les USA/OTAN depuis 2014 contre la Russie en Ukraine est un échec patent et impossible à camoufler. Loin d’abattre la Russie comme prévu, l’utilisation de l’Ukraine tel un proxy ou un instrument de combat a produit l’effet exactement contraire : le renforcement de la Russie, la destruction de l’Ukraine et la défaite des USA/OTAN. Les forces russes vont de succès en succès sur les champs de bataille, les armes russes démontrent leur supériorité sur celles des USA/OTAN, et l’économie russe se porte si bien qu’elle est maintenant la première d’Europe, tandis que les économies européennes s’embourbent sous l’effet boomerang des « sanctions » imposées à la Russie. Ce résultat n’a rien de surprenant pour tout observateur le moindrement conscient du rapport de force ou des faits économiques et ne s’étant pas départi de ses facultés mentales.

Ce n’était pas le cas des dirigeants des USA/OTAN, adeptes de l’impérialisme étatsunien mariné au néoconservatisme va-t-en guerre. Ivres de leur puissance, prenant leurs désirs pour des réalités, malades de russophobie, ils ont fait passer leur appareil de propagande à la vitesse supérieure, se surpassant en récits sur la facilité d’une victoire contre la Russie. Les populations occidentales ont été soumises à un déferlement sans précédent d’éructations délirantes de la part de leurs dirigeants politiques, médias, commentateurs de plateau et « experts » de service, tandis que toute analyse ou réflexion était ignorée, proscrite, ostracisée ou stigmatisée sous des huées d’insultes et de calomnies. Et pour cause : les mensonges sont des châteaux de cartes qui s’effondrent au contact de la réalité. Le but de la campagne d’hystérie collective était de décérébrer les opinions publiques et de leur faire accepter la folle aventure d’une guerre par procuration contre la Russie. Auto-intoxiqués, hallucinés, les bellicistes occidentaux croyaient à un succès rapide mettant la Russie à genou. L’effondrement économique et une « révolution de couleur » détruiraient l’État russe, ramenant la Russie à l’époque chaotique d’Eltsine, démembrant le vaste pays et livrant ses ressources au capital occidental. Un si bel exploit justifiait la tromperie et la manipulation de leurs populations. Les néocons, convertis au postmodernisme, n’ont-ils pas tenté de créer leur réalité, convaincus que, au bout du compte, ce sont les « faits alternatifs » et la perception qui importent ?

L’irruption du réel

Non prévue était l’ingérence de la réalité dans ce scénario abracadabrant. L’avancée des forces russes contre les forces de Kiev deux à trois fois plus nombreuses, les grandes batailles perdues à Marioupol en mai 2022 et à Bakhmout en mai 2023, le sacrifice irresponsable d’hommes et de matériel par Kiev, le coût financier pour tenir à bout de bras l’Ukraine, n’ébranlèrent pas la foi des commanditaires occidentaux du régime de Zelensky. Les « narratifs » enthousiastes et les rêveries optimistes s’enchaînèrent dans l’attente de la « contre-offensive » salvatrice qui, à l’aide d’armes miracles occidentales, infligerait à la Russie la cuisante défaite militaire tant recherchée. C’était peine perdue. La grande manœuvre se conclut par une débâcle otano-kievienne, mort-née dès son déclenchement en juin 2023. Les lignes russes n’ont même pas été entamées, bien que l’Ukraine avait envoyé à la mort ses meilleures troupes, récemment formées et armées à cette fin par l’OTAN.

L’incrédulité, l’incompréhension et le silence s’installèrent du côté des USA/OTAN. La fiction en technicolor venait de frapper le mur du réel. Après quelques tentatives de se bercer d’illusions (« C’est l’impasse pour les deux côtés. On est à égalité. »), l’échec fut reconnu, mais toujours à contre-cœur. Les Occidentaux avaient vidé leurs arsenaux; ils sont maintenant à l’os et n’ont plus rien à donner. Kiev a du mal à trouver de la nouvelle chair à canon : les jeunes sont kidnappés dans la rue pour être mis sous uniforme; les expatriés sont conviés à rentrer; les mercenaires sont envoyés en première ligne; les groupes bandéristes sont utilisés pour boucher les trous dans les lignes. Les bailleurs de fonds se rendent compte du mauvais investissement. À la Chambre des représentants étatsunienne, les élus rechignent à continuer le gaspillage des ressources de leur pays. Petit à petit, et malgré les dénis, le constat que l’Ukraine ne peut l’emporter contre la Russie fait son chemin. C’était une évidence depuis le début mais pas pour les fauteurs de guerre carburant au fantasme de casser la Russie.

Les lendemains de défaite

Les défaites sont orphelines. Chaque responsable essaie de s’en dissocier, pointant du doigt quelqu’un d’autre. Les auto-justifications et les récriminations sont choses courantes. D’abord, les USA/OTAN essaient de faire porter le chapeau à Zelensky, à sa mauvaise stratégie, à son entêtement, à sa dilapidation des ressources humaines et matérielles. Ses appels répétitifs pour davantage de dons devenant lassants, on en vient même à évoquer la corruption qui gangrène son pays.

Tout cela est hypocrite car les plans de guerre en Ukraine ont été élaborés de concert avec les USA/OTAN. Cela comprenait l’obsession du tout-à-l’offensive qui jeta des dizaines de milliers de soldats dans le « hachoir à viande » russe dans l’espoir de tuer des Russes (saigner la Russie est bien le but des USA/OTAN), ainsi que la malheureuse « contre-offensive » elle-même. Le commandant en chef Zaloujny tenta lui aussi de dégager sa responsabilité du désastre en prenant ses distances de Zelensky, tout en se mettant de l’avant comme solution de rechange. Cet épisode se termina par son limogeage le 8 février 2024. Les Occidentaux n’étaient pas encore prêts à larguer Zelensky.

Sur le front militaire, la situation se dégrada encore plus. Le 17 février, les Russes prirent la ville d’Avdiivka, un succès encore plus important que la prise de Bakhmout le 20 mai 2023. D’abord, l’opération fut un petit chef-d’œuvre de l’art militaire, se concluant par une déroute de l’adversaire et sa fuite à pied, combattants bandéristes du groupe Azov en tête. Ensuite Avdiivka était l’un des lieux les mieux fortifiés avec l’aide de l’OTAN depuis 2014, un promontoire d’où les forces de Kiev bombardaient les civils de Donetsk. L’issue de la guerre en Ukraine ne fait maintenant aucun doute et la défaite de Kiev est inéluctable.

 Continuer la guerre malgré la défaite

 Une guerre par procuration est perdue lorsque le supplétif chargé de se battre pour les commanditaires n’arrive pas à l’emporter. Face à ce résultat, il y a quatre possibilités :

(i) continuer la guerre indirecte;

(ii) accepter la défaite (les États-Unis évacuent l’Afghanistan en 2021),

(iii) jeter les masques et faire faire la guerre par les commanditaires eux-mêmes, soit la guerre directe et sans auxiliaires,

(iv) trouver d’autres proxys pour poursuivre la guerre d’une façon ou d’une autre (en Syrie, les États-Unis remplacent les djihadistes vaincus par les Kurdes).

Les deux premières possibilités sont peu susceptibles d’être retenues. Zelensky veut bien continuer la guerre par procuration mais les promesses d’armes occidentales ne peuvent se concrétiser car il n’y en a plus (l’Ukraine n’a reçu que 30% des obus promis) et les sommes demandées pour tenir l’Ukraine sous perfusion sont de moins en moins trouvables dans les économies occidentales, anémiques et au seuil de l’austérité. Dépenser des milliards pour une guerre en Ukraine frise l’indécence alors que les prix flambent, les agricultures sont dévastées par le déversement de produits ukrainiens, les niveaux de vie s’affaissent, les budgets publics sont plombés de déficits et l’endettement national dépasse le PIB. Le grand « Sommet » convoqué par Macron à Paris le 16 février 2024 pour augmenter l’aide européenne à Kiev ne débouche sur rien. En janvier-février 2024, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France ont signé des traités bilatéraux d’aide et de coopération militaire avec l’Ukraine pour 10 ans, mais nul ne sait s’ils pourront être suivis d’effet. Quant à l’option de l’acceptation de la défaite, elle est plus qu’improbable car la guerre n’est pas menée en fonction de ce qui se passe en Ukraine mais pour abattre la Russie. Peu importe le sort de l’Ukraine, la mise hors de combat de la Russie doit se réaliser coûte que coûte car il en va de la pérennité de l’impérialisme étatsunien. Macron ne fait que refléter ce besoin des États-Unis en insistant que la Russie ne doit pas sortir vainqueur.

Passer de la guerre par procuration (perdue) à la guerre directe ?

Reste donc les formules de la collision directe et du proxy de substitution. Les deux s’entrecroisent et sont au cœur de l’actualité de ces dernières deux semaines. En 2024, l’alarmisme de mauvais aloi remplace l’exaltation ignare de 2022-2023. On se plaît à se faire peur : la Russie ne doit pas l’emporter en Ukraine car elle piafferait d’impatience à envahir l’Europe; il faut arrêter les chars russes en Ukraine si l’on ne veut pas les voir défiler sur les Champs-Élysées. Un cas de bipolarité géopolitique.

Le 19 février, un politicien français ultra-atlantiste en tout et pro-guerre contre la Russie appelle la France « à passer en mode économie de guerre ». Le 26 février, Macron fait sa déclaration n’excluant pas l’envoi de troupes occidentales affronter la Russie. Comment l’interpréter ? Macron a l’habitude de gouverner par petites phrases lancées tantôt par ci, tantôt par là pour satisfaire tel groupe ou tel courant, pour donner le change sur ce qu’il fait véritablement, ou pour détourner l’attention de ses difficultés à l’intérieur (tous les voyants économiques, sociaux et politiques en France sont au rouge). En général, ce n’est que du vent ou un écran de fumée pour faire illusion.

Dans le cas qui nous occupe, il y a aussi la volonté de la France de se distinguer dans les relations internationales, ce qui, en principe, est bienvenu. On se rappelle combien de Gaulle avait fait rayonner la France. Mais n’est pas de Gaulle qui veut. On ne saurait prendre les vessies pour des lanternes. De Gaulle tenait un discours d’indépendance de la France contre les hégémonies; Macron fait de la surenchère en faveur de l’alignement otanien de la France et pour l’hégémonie étatsunienne. Voulant les premiers rôles, il ne se distingue que par les rodomontades et le surcroît de bellicisme par rapport à ses alliés. S’il joue au matamore pour impressionner la Russie, Poutine lui rappelle le 29 février l’existence des armes atomiques qui peuvent atteindre son pays. Macron est immédiatement désavoué par les autres dirigeants occidentaux, y compris ceux des États-Unis. On lui fait remarquer que la France, généreuse en discours grandiloquents, a moins donné à l’Ukraine que l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Toujours est-il que Macron met le sujet sur la table. Il le fait de concert avec Biden à qui il a parlé au préalable. À ce stade, l’idée est de préparer les esprits. C’est le but recherché.

Un suicide collectif

À court terme, l’intervention militaire directe de quelque pays de l’OTAN que ce soit ou de toute l’OTAN n’est qu’une abstraction dans les conditions actuelles. L’OTAN n’a ni les troupes ni les armes pour une guerre contre la Russie. Aucun pays de l’OTAN ne peut envoyer au combat plus que quelques milliers de soldats. Tous auraient à décréter le service militaire obligatoire et la conscription, tout en se convertissant à l’économie de guerre. On imagine l’accueil que feraient les opinions publiques à ces mesures. Pour le moment, ils en sont (l’Allemagne en particulier) à des programmes de réarmement et d’augmentations de leurs budgets militaires.

Durant les trois décennies d’unilatéralisme et de suprématie étatsunienne (« la fin de l’histoire »), les Occidentaux avaient oublié les conflits de grande envergure pour se concentrer sur les guerres « sans fin », conflits asymétriques quasi coloniaux de suppression de récalcitrants : pays plus faibles et forces irrégulières « en sandales ». Ils ont tout misé sur les proxys et les moyens high tech, la guerre conventionnelle étant tombée en désuétude. Les armées nationales ont été remplacées par des armées de professionnels, beaucoup plus petites. Les forces militaires sont devenues des corps expéditionnaires, des forces spéciales et des opérateurs à distance de systèmes d’armes, plutôt que des armées. Elles ont du mal à recruter et leurs effectifs sont incomplets. Plusieurs pièces d’équipement sont hors service ou ne sont plus fabriquées, et les chaînes de production sont démantelées.

Aucun pays de l’OTAN n’a l’expérience d’une guerre contre un adversaire de la taille de l’armée russe, un « pair ». Celle-ci est, en plus, la plus aguerrie au monde, autant en guerre high tech qu’en guerre conventionnelle à grand déploiement d’effectifs. Sa taille est supérieure et elle est capable de croître fortement. Depuis la mobilisation de septembre 2022, pouvant aller jusqu’à 1,25 millions d’hommes, la Russie se prépare à un éventuel passage à la guerre directe par l’OTAN. Son armement conventionnel a fait les preuves de sa supériorité sur le champ de bataille en Ukraine et son industrie militaire peut augmenter sa cadence de production. Elle n’aurait même pas besoin de son arsenal nucléaire, le premier au monde, pour repousser l’OTAN. Qu’à cela ne tienne, le recours au nucléaire par les deux côtés serait une conséquence possible en cas d’affrontement. Si la guerre par procuration contre la Russie relève de l’aveuglement, la guerre directe est assimilable à un suicide collectif.

Il n’empêche que ce qui se dessine semble bien être une fusion des scénarios iii et iv : l’Europe serait préparée pour être le nouveau proxy et celui-ci basculerait dans un affrontement direct avec la Russie.

Où logent les États-Unis ?

Chefs de la coalition occidentale, maîtres d’œuvre de la stratégie de la guerre par procuration, les États-Unis auraient été les bénéficiaires de la défaite de la Russie. Leur hégémonie mondiale aurait été confortée. Mais la guerre a été contre-productive et les États-Unis sont engoncés dans de redoutables problèmes domestiques. Que font les États-Unis quand une aventure extérieure tourne au vinaigre ? Ils stoppent les pertes, rentrent chez eux et laissent en rase campagne les associés qu’ils ont utilisés se débrouiller seuls (Vietnam, Afghanistan). Tout indique qu’ils cherchent en ce moment une porte de sortie de l’Ukraine, indépendamment de ce que ferait un Trump réélu. Les boutefeux de 2022-2023 sont désormais le soutien le moins sûr de Kiev.

Il faut rappeler que les États-Unis ont deux ennemis : la Russie et la Chine, et qu’ils doivent les séparer pour les vaincre un à un. Pour les États-Unis, la Russie était considérée seulement comme un obstacle moins important à surmonter rapidement pour passer à l’essentiel :  un conflit avec la Chine. Après la défaite russe anticipée, les États-Unis déplaceraient leur attention vers la Chine, laissant à l’Europe otanienne la responsabilité de poursuivre le combat contre la Russie pour la tenir éloignée de la Chine pendant l’affrontement américano-chinois. L’agitation en Europe pour un passage à ce qui serait de facto la guerre directe et la création d’une « défense européenne » est en droite ligne de ce plan originel. Cela signifie que le rôle assigné à l’Europe est d’être le proxy de substitution des États-Unis, suite à l’épuisement du proxy ukrainien. Dans l’éventualité du passage à la guerre directe contre la Russie, le territoire européen prendrait la suite du territoire ukrainien. La guerre se déroulerait en Europe.

Les intentions étatsuniennes sont lisibles dans le renvoi le 5 mars de Nuland, russophobe patentée, personnage de premier plan dans l’État et dans la sphère néoconservatrice. Événement significatif, il marque enfin la sortie des chimères et la prise de conscience à Washington de la défaite en Ukraine ainsi que de toute la stratégie basée sur le proxy ukrainien dont Nuland est l’acteur principal au moins depuis 2014. Fait inhabituel, la sanction est une reconnaissance spectaculaire de l’échec de la politique du pays. Le proxy ukrainien est irrécupérable. Les États-Unis ne peuvent plus rester aussi « engagés » en Ukraine que ne le veut Nuland; sa présence est un inconvénient. Par ailleurs, ils en ont plein les bras en Palestine, au Proche-Orient et dans le Sud où leur association avec Israël les discrédite dans leur quête d’appuis pour le maintien de leur hégémonie et d’un monde unipolaire. Fidèles à leur conduite après une aventure impériale ratée, ils regardent ailleurs, vers la Chine, où ils espèrent plus de succès que contre la Russie. Il n’échappe à personne que le diplomate nommé au poste que convoitait Nuland est un spécialiste de la Chine.

Que faire devant le danger de guerre en Europe ?

Pour le moment, tous les intervenants présents sur les plateaux de télévision français se sont penchés avec délectation sur la déclaration de Macron. Au-delà des Pour et des Contre, il y a l’enthousiasme qui s’exprime, chacun se sentant investi d’une nouvelle mission, celle qui consiste à influer sur le cours stratégique des choses. Une reprise de pouvoir éventuelle de Trump et les distances que ce candidat prend déjà à l’égard de l’OTAN permettent pour le moment de se bercer d’illusion sur la capacité de la France à assumer elle-même un certain leadership de remplacement. La France qui a toujours rêvé de jouer un rôle politique dominant au sein de l’Union européenne, peut espérer l’espace d’un instant, être en mesure de jouer un rôle politique déterminant au sein de l’OTAN. Les stratèges de plateaux peuvent de leur côté espérer prendre du galon et voir croître leur influence possible auprès de Macron.

Cet enthousiasme français risque cependant d’être de courte durée, car il est une version dévoyée et pervertie de la politique envisagée par le général de Gaulle. Malgré les apparences, les propos audacieux de Macron ne sont que l’expression d’un volontarisme belligérant qui convient parfaitement à Washington. C’est un peu comme si Macron était sorti de ses gonds en regardant du coin de l’œil le Commander in chief américain. Malgré la rebuffade officielle venant de Washington, le président français a le feu vert étatsunien. Si jamais l’Europe s’engage directement dans une confrontation guerrière avec Moscou sans que cela ne relève d’une initiative des États-Unis, le président américain quel qu’il soit, mais a fortiori si c’est Donald Trump, ne tardera pas à prendre ses distances à l’égard de l’article 5.  Les contrats signés, même avec des alliés, peuvent aisément être déchirés si les intérêts des États-Unis changent. L’Europe serait alors Gros-Jean comme devant. Il est dans l’intérêt Américains de laisser l’Europe se charger elle-même de confronter la Russie. Cette indépendance politique nouvelle de l’Europe par rapport à Washington, serait en réalité la reprise sous une nouvelle forme d’une dépendance ancienne : un new skin for the old ceremony. Un nouveau proxy européen, même perdant, pourrait à tout le moins peut-être servir à enliser la Russie, ne serait-ce qu’en la forçant à mobiliser ses effectifs pour affronter l’Europe, pendant que les États-Unis se tourneraient vers la Chine pour l’affronter avec leurs proxys régionaux (Taïwan, Corée du Sud, Japon, Philippines, Australie, Nouvelle Zélande). Qu’Européens et Russes s’affaiblissent mutuellement n’est que bénéfice net pour l’impérialisme étatsunien.

 Conclusion

Après l’Ukraine, l’Europe est manifestement le prochain proxy des États-Unis pour la guerre contre la Russie. Les premiers concernés, les Européens, auraient intérêt à tirer le signal d’alarme au plus vite, avant que la spirale guerrière ne les entraîne dans l’abîme. Il n’y a aucune garantie que la guerre directe contre la Russie, aujourd’hui fanfaronnade macronienne, ne se transformera pas en sinistre réalité. La chair à canon ukrainienne serait relayée par la chair à canon européenne, les cobayes ukrainiens par les cobayes européens.

Le combat idéologique doit être mené simultanément sur deux fronts. Il faut mettre en évidence le caractère contradictoire des deux positions adoptées à l’égard des Russes. Ainsi que l’ont déjà remarqué Noam Chomsky et bien d’autres, les leaders otaniens ont, d’une part, jusqu’ici minimisé les capacités de la Russie dans la guerre d’Ukraine, mais ils ont, d’autre part, en même temps ameuté l’opinion publique face au danger d’une éventuelle invasion russe en territoire européen. Très faible sur le terrain ukrainien, la Russie serait tout de même assez forte pour avoir l’ambition d’envahir l’Europe. Pour sortir de cette vision contradictoire, irrationnelle et manichéenne, il n’est peut-être plus nécessaire d’insister longuement sur les capacités russes qui ont été déployées en Ukraine. Leur puissance militaire est visible à l’œil nu. La démonstration n’est plus à faire. Mais il reste à convaincre la population que la Russie n’a ni l’ambition ni le besoin de conquérir de nouveaux territoires. Elle a déjà assez à faire sur son immense territoire national qu’elle doit gérer. Il serait temps aussi de se méfier un peu plus des États-Unis qui cherchent à provoquer la Russie pour qu’elle pose des gestes défensifs que les leaders européens paranoïaques vont s’empresser d’interpréter en fonction de l’image qu’ils se font de ses ambitions.

Il n’est pas trop tôt pour toutes les organisations et personnes anti-guerre de se faire entendre et de s’unir pour alerter l’opinion publique européenne du danger de voir l’Europe ressembler à l’Ukraine, voire quelque chose de bien plus grave si les armes nucléaires sont employées. Le « Non à la guerre » doit être retentissant et doit peindre les conséquences d’une belligérance européenne dans les termes les plus explicites. Un mouvement fort ne laisserait pas les décideurs indifférents. L’interruption de cette marche infernale ne doit pas attendre le déclenchement des hostilités, car il serait alors déjà trop tard. »

A lundi prochain

La revue de presse du 18 mars 2024


Par Wayan – le 18 mars 2024 – Le Saker Francophone

Pas de grandes nouvelles cette semaine. Alors nous en profiterons pour reprendre certaines infos qui ne font pas les grands titres mais nous permettent de voir derrière le rideau du « spectacle de relations publiques ».

Un article du magazine grand public Marianne a fait beaucoup parler de lui dans le monde des analystes alternatifs anglophones car il lance, dès son intro, quelques pétards du genre :

 

« En n’excluant pas d’envoyer des troupes en Ukraine, Emmanuel Macron a provoqué un tollé en Europe et écopé d’un désaveu américain. Plusieurs militaires français, interrogés par Marianne, disent, eux, être « tombés de l’armoire ». « Il ne faut pas se leurrer, face aux Russes, on est une armée de majorettes ! », raille un haut gradé, persuadé que « l’envoi de troupes » françaises sur le front ukrainien ne serait tout simplement « pas raisonnable ». »

Des constats que les analystes alternatifs anticipaient depuis bien longtemps, mais ils étaient traités alors de « pro-Poutine » :

« Premier constat : une victoire militaire ukrainienne semble désormais impossible… Autre constatation, « les Russes ont aussi su gérer leur troupe de réserve, pour garantir l’endurance opérationnelle »…. Troisième constat : le risque de rupture russe [Que les russes rompent le front de résistance ukrainien] est réel… Est-ce cette situation stratégique nouvelle, où l’armée russe semble en position de force face à une armée ukrainienne à bout de souffle, qui a conduit Emmanuel Macron, « en dynamique », comme il l’a glissé, à envisager des renforts de troupes ? Une perspective réaliste face à la situation opérationnelle du moment, qualifiée de « critique » par des observateurs de terrain. « Mais ce qui peut paraître réaliste d’un strict point de vue tactique peut se révéler irréaliste d’un point de vue stratégique et diplomatique », soupire un gradé français. »

Il semble que, après s’être enfoncé longtemps dans le brouillard de leurs illusions et de leur propre propagande, le retour à la réalité de terrain soit difficile pour les dirigeants et analystes européens et les laisse dans l’affolement.

Le vrai message de cet article vient de l’armée qui cherche à prévenir Macron que partir en guerre contre la Russie serait un acte suicidaire. En espérant qu’il l’ait bien entendu.

Il ne s’agit pas de « baisser la tête face à Poutine » comme l’argumentent certains. Il s’agit d’arrêter les conneries, de remettre les pieds sur terre et de s’entendre avec le gouvernement russe pour établir un pacte de sécurité européen qui satisfasse à la fois la sécurité des européens et des russes, comme le demande Poutine depuis 2014, et comme il l’a redemandé pour la n-ième fois lors de son interview avec Carlson. L’Europe y gagnerait autant que la Russie. Hélas il semble que les penchants atlantistes des dirigeants européens les rendent sourds d’oreille aux propositions raisonnables de Poutine.

CNN confirme cette supériorité matérielle de la Russie face à l’Occident :

« La Russie semble en passe de produire près de trois fois plus de munitions d’artillerie que les États-Unis et l’Europe, un avantage clé avant ce qui devrait être une nouvelle offensive russe en Ukraine plus tard cette année.

La Russie produit environ 250 000 munitions d’artillerie par mois, soit environ 3 millions par an, selon les estimations des services de renseignement de l’OTAN sur la production de défense russe partagées avec CNN, ainsi que des sources proches des efforts occidentaux pour armer l’Ukraine. Collectivement, les États-Unis et l’Europe ont la capacité de produire seulement environ 1,2 million de munitions par an à envoyer à Kiev, a déclaré à CNN un haut responsable du renseignement européen ».

Un peu plus loin dans l’article, une petite ligne rapide, mais significative, pour expliquer les raisons de cette supériorité :

« Les responsables américains et occidentaux insistent sur le fait que même si la Russie a réussi à relancer ses usines, en partie parce qu’elle a l’avantage d’être une économie dirigée sous le contrôle d’un autocrate, les nations capitalistes occidentales finiront par rattraper leur retard et produire de meilleurs équipements.

« Si vous pouvez réellement contrôler l’économie, alors vous pourrez probablement avancer un peu plus vite que les autres pays », a déclaré le lieutenant-général Steven Basham, commandant adjoint du commandement américain en Europe, dans une interview à CNN la semaine dernière. Mais, a-t-il ajouté, « l’Occident disposera d’une puissance plus durable ».

Et oui, la « main invisible du marché » est surement efficace pour que certains engrangent de gros profits mais est un désavantage quand il s’agit de travailler à l’intérêt national ou collectif. Les occidentaux sont en train d’en faire les frais, tant face à la Russie qu’à la Chine. Mais la suite de la phrase disant que « les nations capitalistes occidentales finiront par rattraper leur retard et produire de meilleurs équipements » montre que la propagande médiatique fera tout pour cacher une telle évidence.

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Puisque l’on parle d’autocrate, je vous présente le nouvel « autocrate de la semaine », toujours selon CNN :

« Trump fait l’éloge du « fantastique » Viktor Orbán en accueillant l’autocrate hongrois à Mar-a-Lago pour une réunion et un concert »

Donc, selon CNN, un président d’un pays démocratique européen, la Hongrie, est un autocrate. Moi qui croyais que ce qualificatif flou mais peu flatteur était réservé aux non-occidentaux. Alors allons voir la définition d’autocrate dans le dictionnaire :

« Un autocrate est un dirigeant qui détient un pouvoir absolu et illimité, sans être soumis à des restrictions légales ou démocratiques. Un autocrate peut être un monarque qui gouverne par droit divin, un chef politique ou une personne tyrannique. Un autocrate est le seul détenteur de l’influence ou du pouvoir politique dans un système de gouvernement appelé autocratie »

Voyons maintenant le système politique hongrois :

« Le président de la République, élu par l’Assemblée nationale tous les cinq ans, a un rôle essentiellement honorifique, bien qu’il soit aussi commandant en chef des armées et chargé de nommer le Premier ministre.

Le Premier ministre est élu à la majorité par les membres de l’Assemblée nationale sur recommandation du Président de la République.

Le Premier ministre propose des candidats pour les postes de ministres au président qui les nomme au poste de ministre.

Pouvoir législatif

Parlement de Budapest.

Le parlement hongrois est monocaméral. L’Assemblée nationale de Hongrie, qui compte 199 membres, est la plus haute autorité du pays. Entre la révision constitutionnelle du 23 octobre 1989 (effective aux élections de 1990) et la réforme de 2011 (mise en place effectivement en 2014), l’Assemblée comptait 386 sièges. Elle initie les lois ou approuve celles soutenues par le Premier ministre.

Un parti doit recueillir au moins 5 % des suffrages pour prétendre à une représentation à l’Assemblée nationale. Les élections législatives se tiennent tous les quatre ans (les dernières ont eu lieu en 2022).

Pouvoir judiciaire

Une cour constitutionnelle, composée de 15 membres, a le pouvoir de contester une loi pour inconstitutionnalité. (Cette institution n’a jamais été complètement remplie et ne compte aujourd’hui que onze membres, ce qui la rend presque incompétente.)

Le président de la Cour suprême et les systèmes pénal et civil qu’il représente, sont totalement indépendants du pouvoir exécutif. Le procureur général est également totalement indépendant du pouvoir législatif, mais son statut est âprement débattu dans le pays. L’équivalent du médiateur de la République existe en Hongrie. Il y a plusieurs médiateurs qui protègent les droits civils, éducationnels et écologiques, ainsi que les droits des minorités hors du circuit judiciaire classique. »

Il est donc évident que quand CNN traite le premier ministre hongrois, choisi par le président et adoubé par l’assemblée législative hongroise, « d’autocrate » il ne fait pas de « l’information de qualité » mais de la totale propagande.

Mais pourquoi Orban est-il soudain méprisé ainsi par les journalistes de CNN. Bien sur il rencontre Trump, mais quand même. Non il a un plus gros défaut, il prône une politique de paix vis-à-vis de la Russie. Il est totalement à contre-courant de l’esprit guerrier qui règne dans le reste de l’Europe et prône le dialogue avec Poutine. Alors, pour CNN, il rejoint Poutine dans les rangs des méchants « autocrates ».

En d’autres mots, CNN, un média étasunien se prétendant progressiste, pousse, insidieusement et par des mots détournés, à ce que l’Europe entretienne de mauvaises relations avec la Russie en dénigrant ceux qui préféreraient le dialogue.

Mais il n’y a pas que le média CNN qui déraille, le président des Etats-Unis lui-même est allé encore plus loin en traitant Orban de « dictateur », sans pouvoir montrer sur quoi se base ses affirmations. De la pure diffamation :

« Budapest a protesté contre les remarques du président américain Joe Biden selon lesquelles le Premier ministre hongrois Viktor Orban cherchait à établir une « dictature ». La Hongrie ne tolérera pas ces « mensonges », a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto aux journalistes.

Biden a fait ces commentaires vendredi dernier lors d’un arrêt de campagne en Pennsylvanie. Plus tôt dans la journée, Orban a rendu visite à Donald Trump, l’ancien président américain et rival présumé de Biden lors des prochaines élections, dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride.

Orban « a déclaré catégoriquement qu’il ne pense pas que la démocratie fonctionne, il recherche la dictature », a affirmé Biden dans son discours.

Mardi, Szijjarto a déclaré aux journalistes qu’Orban n’avait jamais tenu des propos comparables à ces paroles. Il a également révélé que Budapest avait convoqué l’ambassadeur de Washington à ce sujet.

« Nous avons demandé à l’ambassadeur de nous montrer la citation, avec le lieu et la date, où le Premier ministre a dit ce que le président des États-Unis lui attribuait. De toute évidence, aucune déclaration de ce type n’a été faite et nous n’avons donc pu recevoir aucune réponse substantielle », a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Budapest n’est « pas obligé de tolérer de tels mensonges de la part de qui que ce soit, même si cette personne se trouve être le président des États-Unis d’Amérique », a ajouté Szijjarto. »

On assiste à une nette perte du sens de la mesure diplomatique dans ce pays qui se présente pourtant comme une référence mondiale. Cette perte de sens est visible dès les premiers échelons de la chaine de direction du pays, comme nous allons le voir dans le prochain chapitre.

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Alors que les experts des plateaux TV, les médias et dirigeants occidentaux distillent régulièrement la peur d’une « attaque russe » contre l’Europe de l’est si l’Ukraine perdait face à la Russie, un document déclassifié du DNI, le Director of National Intelligence étasunien, écrit noir sur blanc, en page 14 consacrée à la Russie :

« La Russie ne veut certainement pas d’un conflit militaire direct avec les forces américaines et de l’OTAN et poursuivra ses activités asymétriques en dessous de ce qu’il estime être le seuil d’un conflit à l’échelle mondiale. »

Une information que les médias occidentaux continuent d’ignorer afin que la peur d’une attaque russe pousse les populations occidentales à soutenir la politique agressive de leurs gouvernements face à la Russie.

L’introduction de ce rapport des RG, censé servir de base pour décider de la politique étrangère, donne un bon éclairage des motivations et des zones aveugles du gouvernement étasunien. [Entre parenthèses mes commentaires] :

« Au cours de l’année prochaine, les États-Unis seront confrontés à un ordre mondial de plus en plus fragile, mis à rude épreuve par une concurrence stratégique accélérée entre les grandes puissances [il n’y a pas du tout de « concurrence stratégique » entre les grandes puissances que sont la Chine et la Russie mais une « coopération stratégique » dont les Etats-Unis feraient bien de s’inspirer], des défis transnationaux plus intenses [qu’une coopération entre grandes puissances pourraient résoudre plus facilement] et imprévisibles et de multiples conflits régionaux aux implications considérables. Une Chine ambitieuse mais anxieuse, une Russie conflictuelle, certaines puissances régionales, comme l’Iran, et des acteurs non étatiques plus compétents remettent également en question les règles établies de longue date du système international avec la primauté des États-Unis en son sein [ce passage montre clairement que les Etats-Unis ne veulent pas « partager le pouvoir » mais rester les maitres du « système international avec la primauté des Etats-Unis en son sein », d’où leur incapacité à envisager toute coopération]. Simultanément, les nouvelles technologies, les fragilités du secteur de la santé publique, et les changements environnementaux sont plus fréquents, ont souvent un impact mondial et sont plus difficiles à prévoir.

Il suffit de regarder la crise de Gaza, déclenchée par un groupe terroriste non étatique hautement compétent, Le HAMAS, alimenté en partie par un Iran ambitieux sur le plan régional, et exacerbé par les discours encourageants de la Chine et de la Russie qui veulent affaiblir les États-Unis sur la scène mondiale – pour voir comment une crise régionale peut avoir des retombées considérables et compliquer la coopération internationale sur d’autres problèmes urgents. [Qu’un rapport des services secrets étasuniens puisse écrire un paragraphe sur « la crise de Gaza » sans dire un seul mot sur Israël et sa responsabilité dans cette « crise » montre leur aveuglement idéologique et explique en grande partie les erreurs à répétition de la politique internationale des Etats-Unis.]

Le monde qui émergera de cette période tumultueuse sera façonné par celui qui offrira les arguments les plus convaincants sur la façon dont le monde devrait être gouverné, comment les sociétés devraient être organisés et quels systèmes sont les plus efficaces pour faire progresser la croissance économique et fournir des bénéfices pour un plus grand nombre de personnes, et par les pouvoirs – tant étatiques que non étatiques – qui sont les plus compétents à agir pour trouver des solutions aux problèmes transnationaux et aux crises régionales. » [C’est certain. Pour l’instant le monde occidental est en train de perdre cette bataille auprès des populations du « Sud global » et même auprès d’une partie croissante de sa propre population, l’ultralibéralisme ayant le gros défaut de laisser de plus en plus de gens sur le trottoir.]

« La Chine a la capacité de concurrencer directement les États-Unis et leurs alliés et de modifier la situation d’un ordre mondial fondé sur des règles, de manière à soutenir le pouvoir et la forme de gouvernance de Pékin par rapport à celui des Etats-Unis. [Là encore vision compétitive plutôt que coopérative alors que la Chine propose régulièrement aux autres pays, dont les Etats-Unis, leur « win-win » solution, la solution gagnant-gagnant]

Les graves défis démographiques et économiques de la Chine pourraient en faire acteur mondial plus agressif et imprévisible. L’agression continue de la Russie en Ukraine souligne qu’elle demeure une menace pour l’ordre international fondé sur des règles. Les pouvoirs locaux et régionaux tentent également d’acquérir et d’exercer une influence, souvent aux dépens de leurs voisins et de l’ordre mondial lui-même[Une vision paranoïaque voyant des agressions et des menaces partout et nulle part des possibilités de trouver des terrains d’entente]

L’Iran reste une menace régionale avec des activités d’influence malveillante plus larges, et la Corée du Nord étendra sa capacité en matière d’armes de destruction massive tout en étant un acteur perturbateur sur la scène régionale et mondiale. Souvent, les actions des Etats-Unis destinées à dissuader une agression étrangère ou une escalade sont interprétées par les adversaires comme renforçant leur propre perception selon laquelle les États-Unis ont l’intention de les contenir ou de les affaiblir, et ces interprétations erronées peuvent compliquer la gestion des escalades et les communications de crise. » [Cette dernière phrase est soit d’une hypocrisie soigneusement calculée, soit, plus grave, d’une incapacité à se projeter dans le regard de l’autre, ce qui, pour des spécialistes du renseignement, montre une inaptitude totale à faire un tel travail. En d’autres mots les Etats-Unis sont incapables de se rendre compte, de prendre conscience, qu’une grande partie des problèmes actuels viennent de leurs propres politiques de domination du système international. Il y a même refus conscient de reconnaitre une telle attitude puisqu’elle est qualifiée « d’interprétation erronée ». On n’est pas sortis de l’auberge.]

Pourtant,

Qui s’en prend à l’Iran depuis que le Shah d’Iran a été destitué par une révolution populaire dans les années 70 ?

Qui a attaqué la Corée du Nord parce qu’elle était communiste, bombardant et tuant un tiers de sa population dans les années 50 ?

Qui vient juste d’envoyer des « troupes spéciales » à Taiwan et continue à financer l’armement de cette ile ?

A qui l’Irak doit-elle demander l’autorisation pour pouvoir simplement payer sa facture d’électricité :

« Les États-Unis ont renouvelé une dérogation de 120 jours autorisant l’Irak à payer sa facture d’électricité à l’Iran, a déclaré jeudi le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, lors d’un point de presse.

Washington a commencé à accorder des dérogations l’année dernière, soulignant que l’argent ne pouvait être utilisé que pour des « transactions non sanctionnables », comme l’achat de biens humanitaires comme de la nourriture et des produits agricoles. »

Mais ce sont ces pays qui sont désignés comme agressifs, menaçants et malveillants et la « Communauté du renseignement » étasunien prétend ne pas comprendre pourquoi ???

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S’il y a bien une entité politico-économique qui profite de ces tensions permanentes, instigués par les politiques occidentales mais pourtant projetées sur « l’ennemi » comme nous venons de le voir, c’est le Complexe militaro-industriel :

« Les pays européens ont presque doublé leurs importations d’armes au cours des cinq dernières années, le conflit en Ukraine étant le principal facteur à l’origine de cette augmentation, selon de nouvelles données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

Le continent a importé 94 % d’armes de plus entre 2019 et 2023 qu’entre 2014 et 2018, selon un rapport du SIPRI publié lundi. Presque toutes les grandes puissances d’Europe occidentale ont augmenté leurs achats d’armes au cours de cette période, la France augmentant ses importations de 112 %, l’Allemagne de 188 % et le Royaume-Uni de 41 %, selon les données.

Cependant, l’Ukraine a augmenté ses importations de 6 633 %, devenant ainsi le premier importateur d’armes d’Europe et le quatrième au monde, derrière l’Inde, l’Arabie saoudite et le Qatar.

Dans l’ensemble, les pays européens ont considérablement augmenté leurs dépenses de défense en réponse au conflit en Ukraine, à la fois pour financer les transferts d’armes vers Kiev et pour réarmer leurs propres armées. Les membres de l’UE ont augmenté leurs dépenses militaires pour atteindre un montant record de 261 milliards de dollars en 2022, six États membres ayant mis en œuvre des hausses de plus de 10 % en 2021. »

Et ce n’est qu’un début :

” L’Otan préconise, à l’attention des pays européens membres de l’Alliance atlantique, d’allouer 2% de leur PIB à leur défense nationale. Ce week-end, une note de l’institut allemand Ifo a été relayée par le Financial Times. Et elle montre que les Européens sont encore loin du compte.

Ce qu’il manque aux membres européens de l’Otan pour atteindre l’objectif de dépense militaire fixé par l’organisation, ce sont 56 milliards d’euros, selon cette note. Parmi les plus mauvais élèves, on retrouve l’Espagne, l’Italie, à qui il manque 11 milliards d’euros chacun, mais aussi la Belgique…

Pourtant, les dirigeants se veulent plutôt optimistes. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique a annoncé la semaine dernière que les deux tiers de ses membres allaient dépenser suffisamment cette année. D’ici à 2026, les pays de la zone euro doivent doubler leurs dépenses dans le secteur de la défense

Mais il n’y a pas que l’Europe :

« Les exportations d’armes vers l’Asie représentaient la plus grande part du monde – 37 % –, les alliés des États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde, étant en tête de la frénésie d’achats.

Celles-ci étaient « largement motivées par un facteur clé : l’inquiétude quant aux ambitions de la Chine », a déclaré Pieter Wezeman, chercheur principal au programme de transferts d’armes du SIPRI.

Le Japon, par exemple, a multiplié par deux ses importations, commandant notamment 400 missiles à longue portée capables d’atteindre la Corée du Nord et la Chine.

Les alliés des États-Unis, le Qatar, l’Égypte et l’Arabie saoudite, ont également dominé les achats au Moyen-Orient, qui représentaient 30 % des importations mondiales.

« Il ne s’agit pas seulement de la peur de l’Iran. Il s’agit en réalité d’une guerre », a déclaré Wezeman à Al Jazeera. « Au cours des dix dernières années, l’Arabie saoudite a effectivement utilisé ces armes dans le cadre d’opérations qu’elle mène elle-même, notamment au Yémen. En Arabie saoudite, cela est considéré comme une confrontation directe avec l’Iran par procuration.»

Les rivalités régionales ont également joué un rôle.

Le Qatar, par exemple, a quadruplé ses importations d’armes après que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont imposé un blocus au pays du Golfe en 2017, commandant des avions de combat aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.

« Nous vivons dans un monde en transition. C’est fluide et instable. L’ONU a un rôle décoratif. Il existe toute une classe de puissances révisionnistes », a déclaré à Al Jazeera Konstantinos Filis, professeur d’histoire au Collège américain de Grèce.

« Les États amis de l’Occident ne savent pas vraiment si la puissance américaine peut dissuader une attaque contre eux », a déclaré Filis. « Ils disent : « Si je ne me réarme pas, il n’y aura personne pour me protéger, il n’y aura pas de mécanismes multilatéraux solides comme les années précédentes, donc je dois me préparer à une future attaque ». »

La France profitant largement du bond de ce commerce meurtrier :

« Depuis 2019, la France a vu ses ventes à l’international bondir de 47 %, quand la Russie voyait les siennes chuter de 53 %. C’est un sérieux revers pour les « Moscoureveurs » d’autant plus marquant qu’il intervient dans une période de fortes tensions entre les deux pays.

Dans cette compétition, les États-Unis restent de très loin les premiers exportateurs d’armes au monde, raflant à eux seuls 42 % du total des ventes. »

Ceci expliquant aussi en partie la soudaine humeur guerrière du président français.

C’est là aussi un des problèmes de l’ultralibéralisme. Quand ce sont les grosses entités économiques qui décident, grâce à la magie du lobbyisme, alors les puissantes industries de l’armement vont forcément pousser les gouvernements à adopter une « politique de la tension » et leur rapport étroit avec le monde du renseignement explique en partie les pathétiques rapports pondus par ces services.

Sans parler de leurs procédés mafieux contre tous ceux venant dénoncer leurs magouilles :

« Le lanceur d’alerte travaillant pour Boeing, John Barnett, a fait une sombre prédiction en disant qu’il risquait de mourir après avoir soulevé des préoccupations en matière de sécurité concernant le géant des avions de ligne, disant prétendument à un ami de la famille : « Si quelque chose arrive, ce n’est pas un suicide. »

Barnett, 62 ans, a été retrouvé mort dans sa camionnette dans le parking d’un hôtel de Charleston, en Caroline du Sud, le 9 mars – le jour même où il devait conclure son témoignage à huis clos dans le cadre d’un procès intenté contre son ancien employeur.

Les autorités – qui enquêtent toujours sur sa mort – ont initialement déclaré que Barnett était mort d’une blessure par balle « auto-infligée » à la tête, mais ses avocats, sa famille et ses amis ont depuis émis des doutes quant à savoir si l’ancien ingénieur de contrôle qualité de Boeing avait réellement attenté à sa propre vie.

« Je sais qu’il ne s’est pas suicidé. Il n’y a aucune probabilité », a déclaré à ABC une amie de la famille, identifié uniquement comme Jennifer.

L’amie a affirmé que Barnett avait spéculé sur le fait qu’il pourrait finir par mourir après avoir commencé à parler publiquement des problèmes de sécurité liés à Boeing après sa retraite en 2017.

“Il n’était pas préoccupé par sa sécurité parce que je le lui ai demandé”, a déclaré Jennifer au média. “J’ai dit : ‘Tu n’as pas peur ?’ Et il a répondu : ‘Non, je n’ai pas peur, mais si quelque chose m’arrive, ce n’est pas un suicide.'”

“C’est pourquoi ils ont fait passer cela pour un suicide”, a affirmé Jennifer dans l’interview.

Boeing n’a pas immédiatement répondu à la demande de commentaires du Post sur les affirmations de l’amie. »

Boeing est une des plus importantes industries de l’armement étasunien.

La Chine voit clairement qui est le réel bénéficiaire de cette stratégie de la tension :

« Afin d’obtenir davantage de financement militaire, l’armée américaine a récemment mis en avant la « théorie de la menace militaire chinoise ». Par exemple, le commandant du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord a affirmé que des avions militaires chinois commenceraient à opérer à proximité de la zone d’identification de la défense aérienne des États-Unis dès cette année, « non seulement des avions militaires, mais aussi des navires et même des sous-marins ». En outre, les analystes du Pentagone ont également exagéré l’avance de la Chine dans le domaine des armes hypersoniques. En conséquence, le nouveau budget de la défense américain pour l’année à venir a augmenté les investissements dans les systèmes de défense antimissile et renforcé les efforts de recherche et développement d’armes hypersoniques. En fait, depuis 2018, le Pentagone a investi plus de 12 milliards de dollars dans le développement de divers systèmes d’armes de frappe hypersoniques terrestres, maritimes et aériennes.

Le nouveau budget de la défense américain alloue également d’énormes fonds pour continuer à développer les technologies émergentes, à moderniser l’arsenal nucléaire et à renforcer la capacité de frappe de la « triade nucléaire », y compris le développement et la construction du sous-marin lance-missiles balistiques de nouvelle génération de classe Columbia. le bombardier stratégique B-21 Raider et la nouvelle génération de missiles balistiques intercontinentaux terrestres. Le monde peut voir clairement que le budget de défense américain de près de 900 milliards de dollars a pour objectif majeur de prendre diverses mesures visant à renforcer les capacités militaires des États-Unis dans une compétition stratégique avec d’autres grandes puissances, en cherchant à assurer une « sécurité absolue » pour les États-Unis en sapant la sécurité des autres pays, permettant ainsi aux États-Unis de dicter leurs conditions et de maintenir leur statut hégémonique mondial.

Face à un monde en ébullition, les États-Unis devraient abandonner la mentalité de guerre froide, mettre un terme à la confrontation militaire, à la confrontation de blocs et aux jeux géopolitiques, et travailler avec la communauté internationale pour maintenir la paix et la sécurité mondiales, responsabilité qui incombe à une grande puissance. »

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Toute cette gesticulation pour créer des tensions, auquel s’est rajouté le blocage de toute condamnation d’Israël à l’ONU, créent des dommages irréversibles à la stature internationale des Etats-Unis sans que ceux-ci aient l’air d’en prendre conscience. Voici quelques déclarations venant d’Asie.

De chine d’abord :

« Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a qualifié jeudi 7 mars la guerre menée par Israël à Gaza de « honte pour la civilisation » et a réitéré les appels de Pékin à un « cessez-le-feu immédiat ».

“C’est une tragédie pour l’humanité et une honte pour la civilisation qu’aujourd’hui, au 21e siècle, ce désastre humanitaire ne puisse être stoppé”, a déclaré Wang aux journalistes lors d’une conférence de presse.

“Aucune raison ne peut justifier la poursuite du conflit, et aucune excuse ne peut justifier d’être désespérément tué”, a déclaré Wang. “La communauté internationale doit agir de toute urgence, en faisant d’un cessez-le-feu immédiat et de la cessation des hostilités une priorité absolue, et en assurant l’aide humanitaire une responsabilité morale urgente.” »

Cet éditorial du Jakarta post, le journal pro-occidental en langue anglaise d’Indonésie :

« La façon dont Israël a mené sa guerre à Gaza en ciblant et en tuant aveuglement des civils, y compris des femmes et des enfants, en assiégeant Gaza et en bloquant son approvisionnement alimentaire, ainsi qu’en annihilant complètement ce qui était autrefois déjà une « prison à ciel ouvert devrait suffire à l’Indonésie pour reconsidérer son projet de renforcer ses liens avec l’État juif.

En fait, l’attaque massive contre Gaza devrait donner à tout le monde, à chaque nation, et pas seulement à l’Indonésie, une pause pour commencer à recalibrer ses liens avec Israël. La mort de plus de 30 000 civils à Gaza devrait être une raison suffisante pour exiger des comptes de la part des politiciens et des généraux militaires qui donnent le ton à Tel Aviv. Nous ne devrions pas récompenser les mauvais comportements. »

En Malaisie :

« Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a accusé les dirigeants occidentaux d’appliquer de manière sélective le droit international lorsqu’ils condamnent l’opération militaire russe en Ukraine, mais ne défendent pas un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et Gaza.

S’adressant jeudi à l’Université nationale australienne de Canberra, Anwar a déclaré que depuis six décennies, l’Occident donne « carte blanche » à Israël pour poursuivre son « déchaînement meurtrier contre les Palestiniens ».

« Malheureusement, la tragédie déchirante qui continue de se dérouler dans la bande de Gaza a mis à nu la nature égocentrique de l’ordre fondé sur des règles tant apprécié et tant vanté », a soutenu le Premier ministre.

Les réponses différentes et incohérentes de l’Occident face aux conflits Russie-Ukraine et Israël-Gaza « défient le raisonnement », a-t-il souligné. C’est une « course folle » de croire que d’autres pays, y compris dans la région Indo-Pacifique, ne remarqueraient pas les incohérences dans l’application du droit international.

Anwar a également exhorté l’Australie à rétablir le financement de l’agence humanitaire des Nations Unies, l’UNRWA, à Gaza. »

Dans la même semaine, Anwar en a profité pour dénoncer la pression que subissent les Etats voisins de la Chine de la part des Etats-Unis :

« Le Premier ministre malaisien s’est prononcé lundi en faveur des liens avec la Chine et s’est plaint des pressions présumées exercées par les États-Unis et leurs alliés sur les nations de la région pour qu’elles prennent parti dans les rivalités stratégiques de l’Occident avec Pékin.

Les remarques du Premier ministre Anwar Ibrahim ont eu lieu lors du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est dans la ville australienne de Melbourne, où Anwar est l’un des neuf dirigeants asiatiques présents à la réunion.

“À l’heure actuelle, la Chine semble être le principal investisseur en Malaisie”, a déclaré Anwar, insistant sur le fait que les Malaisiens “n’ont pas de problème avec la Chine”.

“Nous sommes une nation indépendante, nous sommes farouchement indépendants, nous ne voulons être dictés par aucune force”, a déclaré Anwar.

“Ainsi, même si nous restons (…) un ami important des États-Unis, de l’Europe et ici en Australie, ils ne devraient pas nous empêcher d’être amicaux avec l’un de nos voisins importants, précisément la Chine”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec l’Australie. Le Premier ministre Anthony Albanese, est un fidèle allié des États-Unis.

« S’ils ont des problèmes avec la Chine, ils ne devraient pas nous les imposer. Nous n’avons pas de problème avec la Chine », a déclaré Anwar aux journalistes. »

En Afrique aussi ils en ont marre des pressions et attitudes étasuniennes :

« Selon le colonel-major Amadou Abdramane, l’accord de coopération serait « une simple note verbale », « unilatéralement imposée » par Washington. Le document contraindrait le Niger à payer les factures liées aux taxes des avions américains, ce qui coûterait plusieurs milliards, selon le porte-parole. Niamey se plaint également de n’avoir aucune information sur les opérations américaines, tout en ignorant leurs effectifs et matériels déployés.

Ainsi, le membre du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a jugé « illégale » la présence américaine sur le territoire nigérien. Cette décision fait suite à la visite, entre mardi 12 et jeudi 14 mars, d’une délégation américaine de haut niveau à Niamey. Une rencontre « sans respect des usages diplomatiques » et « imposée », selon Amadou Abdramane.

Les échanges auraient porté sur la transition en cours et le choix des partenaires étrangers. D’après le colonel-major, les Américains auraient accusé Niamey d’avoir signé des accords secrets, que ce soit dans le domaine militaire avec la Russie, ou sur l’uranium avec l’Iran. Le porte-parole a ainsi dénoncé une « attitude condescendante et la menace de représailles » des Américains. De quoi « saper les relations » et « miner la confiance entre nos gouvernements », a-t-il dit. »

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Même l’Ukraine, déçue par le lâchage en plein vol par les Etats-Unis, montre sa rancœur en démontant la propagande étasunienne dont elle avait pourtant bien profité depuis 2014. Ceci par l’intermédiaire de Bodanov, le chef des services de renseignement ukrainiens.

Cela commence par l’affaire Navalny, en mettant à mal le narratif occidental d’un empoisonnement par Poutine :

« Boudanov en marge du Forum ukrainien de l’année 2024, tel que rapporté par hromadske :

“Je peux vous décevoir, mais nous savons qu’il [Navalny] est mort d’un caillot de sang. C’est plus ou moins confirmé. Ceci n’est pas tiré d’Internet, mais, malheureusement, il est mort de mort naturelle.” »

Puis, à la suite de cet article de Reuters :

« L’Iran a fourni à la Russie un grand nombre de puissants missiles balistiques sol-sol, ont déclaré à Reuters six sources, approfondissant ainsi la coopération militaire entre les deux pays sanctionnés par les États-Unis. »

Bodanov a encore démonté le narratif occidental :

« Kyrylo Budanov, chef de la Direction du renseignement militaire ukrainien (HUR), a réfuté les affirmations selon lesquelles l’Iran aurait transféré des missiles à longue portée à la Russie, affirmant que ces informations ne correspondent pas à la réalité.

« Ils (les missiles iraniens) ne sont pas là. Tout cela ne correspond pas à la réalité », a déclaré Boudanov lors du forum ukrainien 2024, le 25 février.

Il a également noté que les missiles fournis à la Russie par la Corée du Nord n’ont pas été largement utilisés par les forces d’occupation. « Bien que quelques missiles nord-coréens aient été utilisés », a-t-il déclaré, « les affirmations d’une utilisation généralisée ne sont pas vraies ». »

Il est évident que ce n’est pas par la bouche des dirigeants ni des médias dit « de qualité » que nous saurons la réalité du terrain géopolitique.

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Haïti est de nouveau en crise. Lorsque les médias en parlent c’est pour stipendier les « gangs » de répandre l’anarchie dans les rues de Port au Prince, se gardant comme souvent de replacer l’événement dans son contexte historique et le faisant ainsi surgir de nulle part. Cette technique empêche le lecteur de vraiment comprendre la situation et permet de mieux le manipuler. On l’a vu pour l’Ukraine et pour Gaza. Cet article du Guardian répare cette « erreur » :

« Pillée et corrompue pendant 200 ans, Haïti était vouée à l’anarchie

Par Kenan Malik – Le 16 mars 2024 – The Guardian

En décembre 1914, l’USS Machias jetait l’ancre à Port-au-Prince, en Haïti. Huit marines étasuniens en débarquaient pour aller à la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH), y prendre 500 000 $ d’or appartenant au gouvernement haïtien – 15 millions de dollars en argent d’aujourd’hui. Ils ont emballé cet or dans des caisses en bois pour les rapporter au navire et de là à New York où il a été déposé dans les coffres de la banque d’investissement Hallgarten & Co.

La BNRH est la banque centrale d’Haïti. Mais c’est aussi une société privée étrangère. Créée à l’origine en 1880 grâce à une concession accordée à une banque française, la pression américaine a attiré des investisseurs américains. En 1920, la BNRH appartenait entièrement à la National City Bank américaine. C’était peut-être la banque centrale d’Haïti, mais le gouvernement haïtien était facturé pour chaque transaction et les bénéfices époustouflants qui en sortaient s’envolaient vers Paris ou New York.

Les troubles politiques en Haïti dans les années 1910 ont conduit Wall Street à exiger des mesures pour protéger ses investissements. Washington a obéi, y envoyant les marines. Un an plus tard, les marines revinrent en force et y restèrent pendant 19 ans, dans le cadre d’une occupation souvent brutale. « J’ai contribué à faire d’Haïti… un endroit décent où les gars de la National City Bank peuvent collecter des revenus », écrivait le major général Smedley Butler, un chef des forces américaines en Haïti, en 1935.

L’histoire presque oubliée du vol de banque organisé par le Département d’État américain est un moment mineur mais éclairant dans l’histoire d’Haïti. La démission forcée la semaine dernière du Premier ministre Ariel Henry, l’effondrement de la vie civile et la guerre des gangs dans les rues ont ramené Haïti à la une des journaux internationaux. Pour donner un sens aux derniers événements, nous devons comprendre non seulement où se trouve Haïti aujourd’hui, mais aussi comment cela est arrivé.

L’histoire d’Haïti est celle dans laquelle les classes dirigeantes du pays ont fait preuve d’un extraordinaire mépris envers les masses, même selon les normes du Sud global. C’est également un pays dans lequel les puissances étrangères n’ont jamais reculé devant la répression et l’effusion de sang, ni devant le simple vol, pour atteindre leurs objectifs, parfois en alliance avec les élites locales, parfois en opposition à elles. Haïti est aujourd’hui le pays le plus pauvre des Amériques et l’un des plus inégalitaires au monde.

La tragédie d’Haïti ne réside pas seulement dans la dévastation causée à sa population, mais aussi dans le fait que, même si aujourd’hui elle est peut-être un symbole de corruption et d’anarchie, elle symbolisait il y a 200 ans, voire était l’incarnation vivante, du contraire : les possibilités d’émancipation humaine. Haïti est né en 1804 d’une révolution de 13 ans au cours de laquelle les esclaves de la colonie française de Saint-Domingue ont démantelé leurs chaînes, vaincu successivement les armées de France, de Grande-Bretagne et d’Espagne et fondé une nouvelle nation.

Dans l’Haïti indépendant, cependant, les nécessités d’un monde dirigé par des élites garantissaient que la nouvelle classe dirigeante gouvernerait comme n’importe quelle élite, que ce soit en Haïti, en France ou en Amérique. Ses objectifs étant de maintenir le pouvoir, de réprimer la dissidence et d’imposer l’exploitation du travail. Mais une classe dirigeante faible et divisée a fait en sorte que la vie politique haïtienne soit rythmée par une succession de coups d’État et d’insurrections. La répression des mouvements démocratiques est devenue le fil conducteur de l’histoire de la nation.

Pendant ce temps, les élites dirigeantes d’Europe et d’Amérique, craignant que l’exemple haïtien puisse enhardir d’autres luttant pour la liberté, ont cherché à isoler la nouvelle nation, refusant même pendant des décennies de la reconnaître.

En 1825, la France exigeait, comme prix de sa reconnaissance, des réparations de 150 millions de francs (l’équivalent, selon différentes estimations, entre 4 et 21 milliards de dollars aujourd’hui) pour compenser la perte de biens, y compris de biens humains. Parallèlement à cette demande, elle a envoyé 14 navires de guerre.

La France obligeait les esclaves et leurs descendants à payer leurs anciens maîtres pour s’être affranchis de la servitude. Bien que ce chiffre ait finalement été réduit à 90 millions de francs, il est resté bien au-delà de la capacité de paiement d’Haïti, ce qui l’a obligé à contracter des emprunts auprès des banques françaises à des taux exorbitants, alourdissant ainsi le fardeau. En 1914, 80 % du budget du gouvernement était consacré au remboursement de la dette. Année après année, l’argent qui aurait pu être dépensé pour les écoles ou les hôpitaux, l’industrie ou l’agriculture, dans l’un des pays les plus pauvres du monde (même si, il faut l’admettre, une grande partie de cet argent aurait pu aussi aller dans les poches des oligarques haïtiens) a été détourné pour remplir le trésor de l’une des nations les plus riches du monde.

Les nations occidentales n’ont pas seulement appauvri Haïti, elles sont également intervenues constamment, soutenant les politiciens qui imposent la « stabilité », sapant ainsi ceux dont les exigences démocratiques leur semblaient menaçantes. François Duvalier, ou « Papa Doc », est arrivé au pouvoir en 1957, un dictateur vicieux dont le règne s’est construit sur une violence féroce. Les dirigeants américains ont hésité face à la brutalité de Duvalier, mais l’ont considéré comme un atout important contre le communisme, en particulier contre Cuba de Fidel Castro. Et c’est ainsi que l’aide a afflué.

Jean-Bertrand Aristide, un prêtre de gauche, bénéficiant d’un soutien massif parmi la classe ouvrière et les pauvres d’Haïti, a suscité une réponse différente. À deux reprises, en 1990 et 2001, des vagues de soutien populaire ont propulsé Aristide à la présidence. Et à deux reprises, en 1991 et 2004, il a été renversé lors de coups d’État sanglants.

Après le premier coup d’État, Aristide est revenu au pouvoir avec le soutien des États-Unis. Néanmoins, de nombreux putschistes étaient salariés de la CIA et l’agence ne cachait pas son hostilité envers lui. Une décennie plus tard, l’opposition aux politiques économiques et sociales d’Aristide a conduit les Etats-Unis à le forcer à quitter ses fonctions (bien que Washington insiste de manière peu plausible sur le fait qu’il n’ait joué aucun rôle dans la « démission » volontaire d’Aristide).

Aujourd’hui, l’État haïtien existe à peine. Ses fonctions, de la police à la santé, de l’éducation aux services sociaux, ont été sous-traitées à ce que le chercheur Jake Johnston appelle « l’État aidant » – ONG, organismes des Nations Unies, banques de développement, entreprises privées. Surtout depuis le tremblement de terre dévastateur de 2010, cet « État parallèle » est la source de puissance en Haïti. Ariel Henry n’a pas été élu démocratiquement mais nommé par ce qu’on appelle le « groupe central », un groupe d’ambassadeurs étrangers qui dirigent effectivement le pays.

Le résultat a été une rupture complète entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés ; une rupture visible dans tout, depuis les gangs dans les rues jusqu’à la faim qui hante sa population.

« Nous sommes devenus les sujets de notre propre histoire », affirmait Aristide en 1987 ; « nous refusons désormais d’être les objets de cette histoire. » Le drame, c’est que c’est le contraire qui s’est produit, que le peuple haïtien reste exclu de la gouvernance de son pays. Tant que cela ne changera pas, Haïti ne changera pas. »

A lundi prochain

La revue de presse du 4 mars 2024


Par Wayan – le 4 mars 2024 – Le Saker Francophone

L’info de la semaine, que vous ne verrez pas en une des médias grand public, est le début de la rupture du front ukrainien face aux avancées russes et la panique que cela déclenche chez les dirigeants occidentaux :

 

« La prise d’Avdiivka par la Russie a été suivie par des gains continus de Moscou en Ukraine, alors que les inquiétudes grandissent quant au soutien des États-Unis aux forces de Kiev, qui, selon un expert militaire, sont « à la fois sous-équipées et en manque d’hommes sur le front ».

Les forces russes ont maintenu leur élan après le retrait de l’Ukraine, le 17 février, en partie imputé à une pénurie de munitions.

L’Institut pour l’étude de la guerre a déclaré mardi que les forces russes exploitaient les opportunités tactiques ouvertes par la prise d’Avdiivka et tentaient de pénétrer le plus loin possible dans la zone environnante avant que les forces ukrainiennes n’établissent des lignes défensives plus cohérentes.

La veille, le porte-parole du groupe des forces ukrainiennes Tavriisk, Dmytro Lykhovyi, avait déclaré que ses troupes s’étaient retirées de Stepove, à environ huit milles au nord d’Avdiivka. Entre-temps, des sources russes ont affirmé que Moscou avait pris Tonenke au sud et d’autres zones environnantes.

Les dernières cartes du groupe de réflexion de Washington, DC, montrent mardi les avancées russes dans d’autres parties de l’oblast de Donetsk, notamment à l’ouest de Bakhmut, et dans l’est et le centre d’Ivanivske, à proximité…

L’analyste militaire Mike Kofman, chercheur principal au Carnegie Endowment, a déclaré au podcast War on the Rocks que l’Ukraine “n’a pas de bonnes lignes secondaires” et qu’elle était “assez en retard en matière de retranchement sur le front”.

“Derrière Avdiivka, l’Ukraine dispose de quelques défenses, mais ce n’est pas une ligne solide”, a déclaré Kofman le 24 février. “L’armée russe risque de s’essouffler, mais d’un autre côté, si elle est capable de soutenir pleinement ces offensives, l’année prochaine, ils pourraient éventuellement trouver un terrain de plus en plus ouvert”, ce qui pourrait conduire vers une “pente potentiellement glissante”. »

Cette mauvaise nouvelle est donc mise sous le tapis par les médias, mais certaines réactions des politiques occidentaux montrent qu’eux le savent et commencent à être nerveux. Le secrétaire à la défense étasunien envisage finalement une victoire de la Russie en Ukraine et dramatise la situation :

« Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a averti jeudi que l’OTAN serait entraînée dans la guerre si l’Ukraine était vaincue par les forces d’invasion russes.

“Nous savons que si Poutine réussit ici, il ne s’arrêtera pas”, a déclaré Austin. “Il continuera à prendre des mesures plus agressives dans la région. Et d’autres dirigeants du monde entier, d’autres autocrates, examineront cela et seront encouragés par le fait que cela s’est produit et que nous n’avons pas réussi à soutenir une démocratie.”

“Si vous êtes un État balte, vous vous inquiétez vraiment de savoir si vous serez le prochain ou non”, a-t-il déclaré. “Ils connaissent Poutine, ils savent de quoi il est capable… Et franchement, si l’Ukraine tombe, je crois vraiment que l’OTAN se battra contre la Russie.” »

Lavrov a immédiatement répondu à cette déclaration d’Austin :

« Lavrov a été interrogé sur les propos d’Austin lors d’un entretien au Forum diplomatique d’Antalya en Turquie.

« Il a simplement fait un lapsus freudien en révélant ce qu’ils [les États-Unis] avaient en tête », a déclaré le diplomate russe. « Ils disaient qu’ils ne pouvaient pas permettre à l’Ukraine de perdre, parce que la Russie ne serait pas satisfaite et attaquerait ensuite les pays baltes, la Pologne et la Finlande. Il s’avère, selon les propos directs de M. Austin, que c’est exactement le contraire. Nous n’avons pas et ne pouvons pas avoir de tels projets, mais les Américains oui. » »

Manquant toujours de flegme, c’est chez Macron que cette panique est la plus visible :

« L’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine ne doit pas « être exclu » à l’avenir, a affirmé Emmanuel Macron, ce lundi 26 février, à l’issue d’une conférence internationale de soutien à l’Ukraine. Il a estimé néanmoins qu’il n’y avait « pas de consensus » à ce stade pour cette hypothèse.

« Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a expliqué le président français. Emmanuel Macron a aussi annoncé que les alliés des Ukrainiens allaient créer une coalition pour livrer des missiles de moyenne et longue portée à l’Ukraine.

En ouverture de cette conférence, le chef de l’État avait notamment déclaré : « La Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre, non seulement pour permettre à l’Ukraine de continuer d’exister, mais aussi pour assurer la sécurité collective en Europe. » Un propos qu’il a aussi martelé à la fin de cette conférence. »

La réponse de la Russie à cette hypothèse fut rapide et claire :

« Un conflit direct entre la Russie et l’OTAN deviendra probablement inévitable si les États membres du bloc militaire dirigé par les États-Unis envoient des troupes en Ukraine, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il s’exprimait après que le président français Emmanuel Macron, dont le gouvernement a accueilli lundi une réunion très médiatisée des partisans de l’Ukraine, a déclaré que les membres de l’UE « feraient tout ce qui est nécessaire pour empêcher la Russie de gagner » – y compris en déployant des forces sur le terrain pour soutenir Kiev.

Les opposants à la proposition sont parvenus à une « évaluation sobre des risques potentiels » liés au déploiement des forces de l’OTAN en Ukraine, a déclaré mardi Peskov aux médias. Cela serait « absolument contraire aux intérêts de ces nations » et de leurs peuples, a-t-il averti.

Interrogé sur la probabilité d’un conflit direct avec l’OTAN si des troupes occidentales étaient envoyées en Ukraine, le porte-parole du Kremlin a répondu : « dans ce cas, nous ne devons pas parler de probabilité, mais plutôt d’inévitabilité ».

Plus réaliste face au danger que représente une Russie en colère, les autres dirigeants européens ont tempéré :

« Le Premier ministre slovaque Robert Fico, accusé par les critiques d’être trop proche de Moscou, a déclaré après la réunion qu’il existait une désunion sur cette question entre les dirigeants européens.

“Il y a des pays qui sont prêts à envoyer leurs propres soldats en Ukraine, il y a des pays qui disent jamais – la Slovaquie en fait partie – et il y a des pays qui disent que cette proposition devrait être prise en considération”, a-t-il déclaré.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, qui est sur le point d’adhérer à l’OTAN, a jeté un regard froid sur cette idée, affirmant que “ce n’est pas du tout envisageable pour le moment”.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré dans un message irrité sur X : “Nous avons convenu hier à Paris que tout le monde devait faire davantage pour l’Ukraine. L’Ukraine a besoin d’armes, de munitions et de défense aérienne. Nous y travaillons. C’est clair : il n’y aura pas de troupes des pays européens ou de l’OTAN sur le terrain.

Un responsable de l’OTAN, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a souligné qu'”il n’y a aucun projet de troupes de combat de l’OTAN sur le terrain en Ukraine” malgré le “soutien militaire sans précédent” de l’alliance.

“Lorsque nous parlons d’envoyer des troupes, nous devons être très prudents car nous ne devons pas faire croire que nous sommes en guerre contre la Russie”, a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani. “Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie”, a-t-il déclaré.

Mais le Royaume-Uni a émis une réaction un peu plus circonspecte, le porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak affirmant qu’il n’était pas prévu de déployer des troupes « à grande échelle » en Ukraine.

Il est entendu que les troupes occidentales éventuellement envoyées en Ukraine n’auraient pas pour mandat de combattre les forces russes mais travailleraient sur les priorités exposées par Macron lors de sa conférence de presse, notamment le déminage, la sécurisation des pays voisins comme la Moldavie et la lutte contre les cyberattaques.

“Nous ne parlons pas de soldats en première ligne, au combat, mais d’activités spécifiques, loin du front”, a déclaré Rym Momtaz, chercheuse consultante à l’Institut international d’études stratégiques (IISS). »

La présence de militaires de l’OTAN en Ukraine, sous l’étiquette « mercenaires », est pourtant un « secret de polichinelle » :

« Après le tollé provoqué, Emmanuel Macron a assuré, jeudi 29 février, que chacun de ses mots était « pesé » et « mesuré ». Le fait que le chef de l’Etat prenne soin, lundi 26 février, de préciser que les discussions concernaient seulement l’envoi de troupes « de manière officielle, assumée et endossée », a aussi implicitement levé le voile sur la présence déjà effective de professionnels de divers services occidentaux sur le sol ukrainien.

Les allers et retours en Ukraine de nombreux acteurs étatiques appartenant à la sphère des services de renseignement occidentaux, souvent avec un statut militaire, sont, depuis le début du conflit ukrainien, une évidence inhérente à la conduite de la guerre, qu’il s’agisse de membres du personnel diplomatique sous couverture, de « conseillers » insérés au sein des états-majors ukrainiens ou de forces spéciales de tous types. « L’action de ces services est par nature clandestine donc en dehors du droit de la guerre », rappelle Vincent Crouzet, ancien collaborateur de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), reconverti dans l’écriture et le conseil.

La polémique a toutefois libéré la parole sur ce que d’aucuns considèrent comme un « secret de Polichinelle ». « Tous les Etats alliés sont présents en Ukraine. Il ne s’agit pas d’unités de combat, mais il y a par exemple des représentants de tous les services de renseignement », témoigne une source diplomatique ukrainienne, qui se félicite que le renforcement de la présence militaire alliée dans son pays soit « dans l’air » depuis le mois de décembre. « S’il y a des livraisons d’armes, il doit y avoir des gens qui donnent des informations pour utiliser les équipements sur place », observe-t-elle. »

L’enregistrement d’une conversation entre officiers allemands parlant «d’attaquer le pont de Crimée» vient justement d’être postée sur internet, par les services secrets russes ou la dissidence interne allemande :

« Un fichier audio source contenant ce qui serait une discussion sur une éventuelle opération allemande visant à bombarder le pont de Crimée en Russie a été mis en ligne.

L’audio de 38 minutes, daté du 19 février, est l’enregistrement d’une conversation entre quatre officiers de l’armée de l’air allemande (Luftwaffe), dont son chef, le général Ingo Gerhartz, et le chef d’état-major adjoint pour les opérations, le général de brigade Frank Graefe.

Les officiers discutaient de l’envoi par l’Allemagne de 50 missiles à longue portée Taurus en Ukraine et pensaient que la Luftwaffe pourrait fournir aux Ukrainiens des informations de ciblage sans paraître directement impliquée dans le conflit avec la Russie.

Ils ont également souligné l’obsession des Ukrainiens de cibler le pont du détroit de Kertch, soulignant que son importance était avant tout politique plutôt que militaire. À un moment donné, Gerhartz a admis que les missiles « ne changeront pas le cours de la guerre », tandis qu’un autre officier a exprimé des doutes sur le fait que même 20 tirs de Taurus ne pourraient réellement détruire le pont.

La rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, a déclaré vendredi qu’elle avait obtenu le dossier auprès des responsables de la sécurité russe. Une transcription russe du fichier source a également été publiée plus tôt dans la journée. »

Cette discussion a été déclarée authentique par le gouvernement allemand :

« Le ministère allemand de la Défense a confirmé samedi l’authenticité de l’enregistrement d’une discussion confidentielle entre des officiers supérieurs de la Bundeswehr concernant la guerre en Ukraine, divulgué par les médias d’État russes.

“Selon notre évaluation, une conversation dans la division de l’armée de l’air a été interceptée. Nous ne sommes actuellement pas en mesure de dire avec certitude si des modifications ont été apportées à la version enregistrée ou transcrite qui circule sur les réseaux sociaux”, a déclaré une porte-parole du ministère. »

Puis la bévue de Scholz, révélant involontairement la présence de militaires anglais et français en Ukraine pour manœuvrer les missiles à longue portée qui atteignent les villes russes :

« Olaf Scholz a déclaré lundi qu’il ne livrerait pas le Taurus, l’équivalent berlinois du Storm Shadow, car cela nécessiterait l’assistance de soldats sur le terrain, citant l’approche britannique et française avec leurs propres systèmes. M. Scholz a fait valoir que suivre le Royaume-Uni ferait de l’Allemagne un « participant à la guerre ».

Ces commentaires ont été considérés comme mettant en danger le personnel militaire et diplomatique britannique sur le terrain.

Tobias Ellwood, ancien président du comité de défense de la Chambre des Communes, a déclaré : « Il s’agit d’un abus flagrant des renseignements, délibérément destiné à détourner l’attention de la réticence de l’Allemagne à armer l’Ukraine de son propre système de missiles à longue portée. La Russie en profitera sans aucun doute pour gravir les échelons de l’escalier roulant.»

Scholz a également été critiqué par les députés de l’opposition allemande.»

Enfin, cerise sur le gâteau, l’article du New York Times révélant que la CIA travaille en Ukraine à contrer la Russie depuis « une dizaine d’années » :

« Nichée dans une forêt dense, la base militaire ukrainienne semble abandonnée et détruite, son centre de commandement n’est plus qu’une enveloppe brûlée, victime d’un barrage de missiles russes au début de la guerre. Mais il s’agit là de la partie se trouvant au-dessus du sol.

Non loin de là, un passage discret descend vers un bunker souterrain où des équipes de soldats ukrainiens traquent les satellites espions russes et écoutent les conversations entre les commandants russes. Sur un écran, une ligne rouge suit l’itinéraire d’un drone explosif se faufilant à travers les défenses aériennes russes, d’un point situé dans le centre de l’Ukraine jusqu’à une cible située dans la ville russe de Rostov.

Le bunker souterrain, construit pour remplacer le centre de commandement détruit dans les mois qui ont suivi l’invasion russe, est un centre nerveux secret de l’armée ukrainienne. Il y a aussi un autre secret : La base est presque entièrement financée, et en partie équipée, par la CIA.

“À cent dix pour cent“, a déclaré le général Serhii Dvoretskiy, l’un des principaux responsables des services de renseignement, lors d’un entretien accordé à la base.

À l’aube de la troisième année d’une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, le partenariat en matière de renseignement entre Washington et Kiev est l’un des piliers de la capacité de l’Ukraine à se défendre. La C.I.A. et d’autres agences de renseignement américaines fournissent des renseignements pour les frappes de missiles ciblées, suivent les mouvements des troupes russes et aident à soutenir les réseaux d’espionnage.

Mais ce partenariat n’a pas été créé en temps de guerre et l’Ukraine n’en est pas le seul bénéficiaire.

Il a pris racine il y a une dizaine d’années, se mettant en place par à-coups sous trois présidents américains très différents, poussé par des personnes clés qui ont souvent prisdes risques audacieux. Il a transformé l’Ukraine, dont les agences de renseignement ont longtemps été considérées comme totalement compromises par la Russie, en l’un des principaux partenaires de Washington en matière de renseignement contre le Kremlin aujourd’hui. »

Il est nettement visible que, dans l’esprits de la majorité des dirigeants occidentaux, l’Ukraine doit rester un proxy/rempart dans le combat qu’ils mènent contre la Russie, car jamais un mot n’est dit au sujet d’éventuelles négociations de paix avec la Russie. Jusqu’à la destruction complète de l’Ukraine ? Et ensuite ? Ce sont la Pologne, la Finlande ou les Pays Baltes qui serviront de proxy contre la Russie, comme le sous-entendait Austin ?

Biden ne s’est pas directement exprimé sur le sujet mais les think-tanks étasuniens l’ont fait pour lui. Voici ce qu’en dit le CEPA (Center for European policy analysis). Tout est déjà dans le titre « Il est temps d’envoyer des forces européennes en Ukraine » et dans la conclusion de l’article :

« Toutefois, si l’UE est déterminée à parvenir à une autonomie stratégique et à garantir que l’Ukraine reste libre et indépendante, il est alors dans son intérêt vital de garantir que la Russie ne batte pas militairement l’Ukraine.

En fin de compte, l’UE a l’opportunité de mettre un terme à l’accaparement des terres impériales en envoyant hardiment des forces défensives en Ukraine. Un tel déploiement putatif mettrait un terme aux discussions actuelles sur le partage des charges, notamment à Washington. Il serait difficile pour les hommes politiques américains d’accuser les Européens de parasitisme si les forces européennes étaient déployées dans une zone de combat.

De toute évidence, la présence d’une force européenne en Ukraine comporte un risque, mais Poutine cherche à exploiter cette aversion au risque. L’UE ne peut pas se permettre de se laisser paralyser par la crainte que ses militaires subissent des pertes. Il s’agirait uniquement d’une mission défensive visant à soutenir la souveraineté et la paix du continent européen. »

On voit bien ici que, dans l’esprit des stratèges étasuniens, si l’Ukraine échoue dans son rôle de déstabilisateur proxy contre la Russie, c’est toute l’Europe qui doit prendre le relais de l’Ukraine. Les Etats-Unis restant en retrait à l’abri dans leurs terres lointaines.

Car il est de plus en plus évident que les Etats-Unis vont laisser l’Europe seule affronter le problème qu’ils ont déclenché en soutenant la révolution du Maidan en 2014 et les extrémistes qui ont pris le pouvoir à cette occasion :

« Vers 2 heures du matin mardi dernier, le sénateur républicain Ron Johnson du Wisconsin s’est présenté au Sénat et a expliqué pourquoi il s’opposait à l’envoi d’une aide supplémentaire pour aider l’Ukraine à repousser l’invasion lancée en 2022 par le président russe Vladimir Poutine.

“Je n’aime pas cette réalité”, a déclaré Johnson. “Vladimir Poutine est un méchant criminel de guerre.” Mais il a rapidement ajouté : « Vladimir Poutine ne perdra pas cette guerre. »

Cet argument – selon lequel le président russe ne peut pas être arrêté, donc il ne sert à rien d’utiliser l’argent des contribuables américains contre lui – marque une nouvelle étape dans l’acceptation croissante par le Parti républicain de l’expansionnisme russe à l’ère de Donald Trump.

Aujourd’hui, l’ambivalence du Parti républicain à l’égard de la Russie a bloqué toute aide supplémentaire à l’Ukraine à un moment charnière de la guerre.

Le Sénat a adopté la semaine dernière un programme d’aide étrangère comprenant 61 milliards de dollars pour l’Ukraine par 70 voix contre 29, mais Johnson était l’un des républicains majoritaires à voter contre le projet de loi après leur combat de fin de soirée pour le bloquer. Dans la Chambre contrôlée par les Républicains, le président Mike Johnson a déclaré que sa chambre ne serait pas « précipitée » pour adopter la mesure, même si l’armée ukrainienne met en garde contre une grave pénurie de munitions et d’artillerie.

De nombreux Républicains sont ouvertement frustrés que leurs collègues ne voient pas les avantages

“Poutine est en train de perdre”, a déclaré le sénateur républicain Thom Tillis de Caroline du Nord avant le discours de Johnson. “Ce n’est pas une impasse.” Le chef de la minorité sénatoriale, Mitch McConnell, du Kentucky, était l’un des 22 sénateurs républicains à soutenir le vote, tandis que 26 s’y opposaient. »

Mais pour que l’Europe exécute pleinement son rôle de proxy étasunien dans la stratégie étasunienne de déstabilisation de la Russie, il faut encore qu’elle en soit militairement à la hauteur. Le magazine étasunien spécialisé DefenseNews nous donne la recette :

« Comment l’Europe peut construire sa défense tout en conservant le soutien américain

Deux ans après avoir envahi à nouveau (??) l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a accompli deux choses pour l’OTAN. Premièrement, il a contribué à élargir et à revigorer l’alliance ; La Suède est sur le point de rejoindre l’OTAN. Deuxièmement, et c’est plus inquiétant, il a accru la dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis. Ce problème requiert une attention urgente.

Face à une Russie agressive, à une guerre d’usure en Ukraine et à l’incertitude quant à la fiabilité des États-Unis, les alliés européens, inquiets, accélèrent leurs dépenses de défense. Cette année, ils doivent atteindre collectivement l’objectif de l’OTAN consistant à consacrer 2 % de leur produit intérieur brut à la défense. Et ils ont enregistré neuf années consécutives de croissance de leurs budgets de défense.

Cependant, dépenser plus ne signifie pas nécessairement dépenser bien. L’objectif de 2 % de l’OTAN est important en tant que mesure de référence, mais il est peu probable qu’il soit suffisant pour garantir que l’Europe renforce ses défenses avant que la Russie ne reconstitue ses forces épuisées. Pour garantir que les ressources de défense sont dépensées à bon escient, des indicateurs de résultats clairs sont nécessaires pour définir ce que devraient être les capacités militaires de l’Europe.

Alors que l’alliance poursuit sa tâche la plus urgente – aider l’Ukraine à gagner – elle doit relever cet important défi à long terme qu’est le rééquilibrage de la défense transatlantique. Pour ce faire, il faudra parvenir à la quadrature d’un triangle : Garantir la capacité de l’Europe à mieux se défendre contre la Russie et à gérer les crises le long de sa périphérie sud ; répondre aux aspirations européennes à une plus grande autonomie stratégique ; et maintenir la confiance que les États-Unis peuvent respecter de manière adéquate leurs engagements dans la région de l’Atlantique Nord et de l’Indo-Pacifique.

Nous avons appelé la quadrature de ce triangle « parvenir à la responsabilité stratégique européenne ».

Le sommet du 75e anniversaire de l’OTAN, cet été à Washington, offre l’occasion de concilier ces deux perspectives et de trouver un nouvel équilibre stratégique. Pour ce faire, les alliés européens devraient se concentrer sur la réalisation de deux objectifs de capacité ou de production militaire le plus rapidement possible.

Premièrement, l’Europe devrait développer ses capacités militaires conventionnelles à un niveau qui fournirait au moins la moitié de toutes les forces et capacités – y compris les outils stratégiques tels que le transport stratégique, le ravitaillement en vol et le renseignement opérationnel – nécessaires pour dissuader et, le cas échéant, pour vaincre un agresseur de grande puissance.

Si un conflit éclatait simultanément avec la Chine en Asie et avec la Russie en Europe, les États-Unis pourraient ne pas être en mesure de déployer des renforts adéquats en Europe. Les alliés européens doivent être capables de prendre le relais.

Deuxièmement, les alliés européens devraient développer des capacités leur permettant de mener des opérations de gestion de crise dans le voisinage de l’Europe sans la forte dépendance actuelle à l’égard des soutiens américains. L’objectif de l’Union européenne de développer la capacité de générer une « force d’intervention » de 5 000 personnes qui pourraient se déployer au-delà des frontières de l’UE est un début modeste mais utile. Il en faut bien davantage.

Atteindre ces deux objectifs permettrait à l’Europe de devenir le premier intervenant face à la plupart des crises dans son voisinage, en agissant par l’intermédiaire de l’OTAN, de l’UE ou de coalitions ad hoc de pays volontaires. Cela permettrait aux États-Unis de déplacer une partie de leurs forces et de leur orientation stratégique vers la région indo-pacifique sans réduction significative des capacités nécessaires pour dissuader la Russie. »

L’objectif des dirigeants étasuniens, suivis aveuglément par les européens, est donc encore une fois clairement exprimé. L’Europe doit pouvoir s’occuper de déstabiliser la Russie pendant que les Etats-Unis s’occupent de la Chine. Jamais un mot sur des possibilités de coopération avec ces deux pays.

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Une autre méthode envisagée depuis un moment par les dirigeants occidentaux pour déstabiliser la Russie serait de s’approprier les réserves monétaires et autre capitaux russes investis en Occident et qui ont été « gelés » au moment de l’attaque contre l’Ukraine. Bien sur ce serait illégal au regard du droit international mais, de nos jours, le droit international a tendance à être « fondés sur des règles » bien élastiques. Mais, comme pour les « bottes sur le terrain ukrainien », les dirigeants occidentaux ne sont pas d’accord entre eux :

« Les États-Unis et leurs alliés européens se disent déterminés à utiliser les avoirs russes gelés pour aider l’Ukraine – d’une manière ou d’une autre. Au Brésil, cette semaine, on se dispute sur la meilleure façon de procéder sans se retrouver en danger juridique ou financier.

Les pays occidentaux ont gelé environ 260 milliards d’euros (282 milliards de dollars) de titres et de liquidités, dont plus des deux tiers sont placés dans l’Union européenne. Ils conviennent tous que ces fonds devraient rester interdits à la Russie, à moins que celle-ci ne s’engage à aider à la reconstruction de l’Ukraine. Mais ils ne s’entendent pas sur la question de savoir s’il est licite de franchir le Rubicon en saisissant purement et simplement les actifs. Le défi consiste donc à extraire les fonds sans les épuiser… »

Car les fonds étant surtout placés en Europe, c’est mettre la confiance en « l’Euro, monnaie de réserve internationale » en péril :

« La France et l’Allemagne, ainsi que la Banque centrale européenne, ont exprimé la plus grande prudence. Ils s’inquiètent des représailles russes visant les actifs européens dans ce pays, ainsi que de leur impact sur la stabilité financière et sur le statut de l’euro en tant que monnaie de réserve, selon des sources proches du dossier. Le danger, avance-t-on, est qu’une décision aussi drastique créerait un précédent, poussant d’autres pays à éviter de détenir leurs réserves en monnaies occidentales au cas où ils seraient un jour soumis à des sanctions similaires.

“Nous n’avons pas de base légale pour saisir les avoirs russes maintenant”, a déclaré mercredi le ministre français des Finances Bruno Le Maire après une réunion des ministres des Finances du Groupe des Sept à Sao Paulo. “Nous devons travailler davantage.” »

Là encore les Etats-Unis poussent l’Europe sous le wagon :

« WASHINGTON — La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a apporté mardi son soutien public le plus ferme à l’idée de liquider environ 300 milliards de dollars d’actifs gelés de la Banque centrale russe et de les utiliser pour la reconstruction à long terme de l’Ukraine.

“Il est nécessaire et urgent que notre coalition trouve un moyen de libérer la valeur de ces actifs immobilisés pour soutenir la résistance continue de l’Ukraine et sa reconstruction à long terme”, a déclaré Yellen lors d’un discours à Sao Paulo, au Brésil, où le Groupe des 20 ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales se réunissent cette semaine. »

Je crois qu’il existe de solides arguments juridiques, économiques et moraux internationaux pour aller de l’avant. Ce serait une réponse décisive à la menace sans précédent que représente la Russie pour la stabilité mondiale”, a-t-elle déclaré. »

Biden lui-même a mis son grain de sel :

« Le président Joe Biden pousse ses collègues dirigeants du Groupe des Sept (G7) à progresser sur un plan visant à utiliser les avoirs russes gelés pour financer Kiev d’ici leur réunion en juin, a rapporté jeudi Bloomberg, citant des personnes proches du dossier.

Alors que le Royaume-Uni et le Canada préconisent tous deux la saisie des actifs souverains russes bloqués pour financer davantage l’armée ukrainienne et sa reconstruction, la France et l’Allemagne émettent toutes deux des réserves. »

Même certains européens sont prêts à se jeter d’eux-mêmes sous le wagon :

« Les avoirs russes qui restent gelés en Occident devraient être confisqués en réponse au décès du militant de l’opposition et militant anti-corruption Alexeï Navalny, a déclaré le député allemand Norbert Rottgen.

Cet argent devrait être utilisé pour fournir davantage d’armes à l’armée ukrainienne afin qu’elle puisse être utilisées dans le conflit avec la Russie, a suggéré Rottgen dans son discours devant le Bundestag mercredi.

La législation qui permettrait la confiscation d’environ 300 milliards de dollars d’actifs détenus par la banque centrale russe, qui ont été bloqués par les États-Unis et l’UE après le déclenchement du conflit entre Moscou et Kiev en février 2022, devrait être intitulée « Lois Navalny, ” il ajouta. »

Alors, en attendant de tout confisquer, l’Union européenne vote une loi pour s’accaparer les intérêts générés par ces avoir gelés :

« BRUXELLES, 12 février (Reuters) – L’UE a adopté une loi visant à mettre de côté les bénéfices exceptionnels réalisés sur les actifs gelés de la banque centrale russe, a-t-elle annoncé lundi, constituant une première étape concrète vers l’objectif du bloc d’utiliser cet argent pour financer la reconstruction de l’Ukraine.

L’UE et le Groupe des Sept (G7) ont gelé quelque 300 milliards d’euros (323 milliards de dollars) d’actifs de la banque centrale russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. L’UE et le G7 débattent depuis plus d’un an si et comment ces fonds peuvent être utilisés.

Les États-Unis ont lancé l’idée de confisquer purement et simplement les avoirs, mais les responsables européens considèrent que cela est juridiquement trop risqué.

Les deux tiers de ces fonds se trouvent dans l’UE, la majorité étant détenue par la chambre de compensation belge Euroclear. Jusqu’à présent, seuls les impôts sur les actifs en Belgique ont été affectés à un fonds dédié à l’Ukraine géré par le gouvernement belge.

La loi adoptée lundi signifie que les dépositaires centraux de titres (CSD), tels qu’Euroclear, n’auront pas le droit d’utiliser leurs bénéfices nets et devront séparer les revenus des actifs russes.

Elle s’applique aux institutions détenant plus d’un million d’euros (1,1 million de dollars) d’actifs de la Banque centrale de Russie.

“La décision d’aujourd’hui, conforme à la position du G7, clarifie (…) le statut juridique des revenus générés par les CSD en relation avec la détention d’actifs russes immobilisés et fixe des règles claires pour les entités qui les détiennent”, a déclaré le Conseil de l’UE, un organe législatif qui regroupe les États membres. »

Observant cela de près la Chine prévient que la confiance, déjà bien érodée, envers les monnaies occidentales va encore se dégrader :

« Même si les détails juridiques de ces projets restent flous, il est évident que peu importe à quel point l’Occident glorifie ou légitime ses tentatives de s’approprier les avoirs russes gelés, cela ne contribuera pas à résoudre le problème russo-ukrainien. Certains hommes politiques occidentaux peuvent penser que la confiscation des avoirs russes pourrait être utilisée comme une démonstration de soutien à l’Ukraine et comme une arme contre la Russie, mais ceux qui ont une réelle connaissance du système financier mondial sont conscients que cette mesure ne mènera qu’à un résultat désastreux. Cela ne compliquera pas seulement les problèmes entre la Russie et l’Ukraine, mais entraînera également de graves conséquences pour le système financier international.

Par exemple, certains des avoirs gelés de la Russie en Occident sont des obligations d’État. Si l’Occident devait s’emparer de ces actifs au nom de son soutien à l’Ukraine, cela nuirait à la crédibilité de son propre passif. Quelle que soit la manière dont l’Occident justifie sa confiscation des actifs souverains de la Russie et légalise le processus en modifiant ses lois et réglementations, ce qui compte vraiment est la façon dont les investisseurs et les pays qui achètent également la dette américaine et européenne perçoivent la question.

Si le cas russe les amène à prendre conscience que les risques géopolitiques peuvent également entraîner des défauts de paiement de la dette souveraine des pays occidentaux, et que les interprétations et les changements des lois et réglementations dans ce domaine échappent totalement à leur contrôle, la dette du Trésor, autrefois considérée comme une valeur refuge, pourrait ne plus être considérée comme sûre face aux défis géopolitiques.

Un tel défaut pourrait avoir des conséquences sur l’ordre financier mondial, dans la mesure où les pays extérieurs au camp occidental éviteraient d’utiliser le dollar et l’euro pour régler leurs échanges commerciaux et rejetteraient les obligations d’État occidentales à moins qu’elles ne puissent être évitées.

Après tout, dans cet environnement international complexe, personne ne saurait si ses actifs souverains seraient un jour saisis par l’Occident, une fois que l’Occident aura ouvert la boîte de Pandore de la confiscation. »

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A Gaza, c’est la famine qui prend le relais des bombes dans le génocide des gazaouis par l’armée israélienne :

« Six enfants sont morts de déshydratation et de malnutrition dans des hôpitaux du nord de Gaza, a déclaré le ministère de la Santé du territoire palestinien assiégé, alors que la situation humanitaire catastrophique dans l’enclave assiégée s’aggrave.

Deux enfants sont morts à l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza, a indiqué mercredi le ministère. Plus tôt, il a rapporté que quatre enfants étaient morts à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, tandis que sept autres restaient dans un état critique.

« Nous demandons aux agences internationales d’intervenir immédiatement pour éviter une catastrophe humanitaire dans le nord de Gaza », a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Ashraf al-Qudra, dans un communiqué, alors que les attaques israéliennes sur Gaza se poursuivent. »

L’armée israélienne pousse même l’infamie jusqu’à utiliser les rares camions transportant un peu de farine aux gazouis comme piège mortel :

« Plus d’une centaine de civils sont morts et au moins 760 ont été blessés en se ruant sur des camions d’aide humanitaire, dans le nord de la bande de Gaza, alors qu’ils attendaient ces camions, ce jeudi 29 février, selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans l’enclave palestinienne. « Le bilan du massacre de la rue al-Rashid à Gaza-ville s’élève désormais à 104 morts et 760 blessés », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qudra, révisant à la hausse un premier bilan hospitalier qui faisait état d’au moins 50 morts.

Pour expliquer ce qu’il s’est passé, le directeur des urgences de l’hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza, Amjad Aliwa, ainsi que plusieurs témoins ont d’abord indiqué à l’AFP que des soldats israéliens avaient tiré sur « des milliers de citoyens » qui se précipitaient vers des camions d’aide humanitaire dans un rond-point de l’ouest de la ville, alors que le territoire est au bord de la famine.

Des Palestiniens racontent en effet avoir été forcés ces derniers jours à manger du fourrage animal ou à abattre des animaux de trait, pour se nourrir. Pour l’ONG israélienne B’Tselem, qui défend les Palestiniens, « si les habitants de Gaza meurent de faim, c’est à cause de la crise humanitaire qu’Israël a intentionnellement créée. »

À Gaza, l’incident est baptisé le « massacre de la farine ». Mohamed, un habitant du nord de Gaza, résume ce qu’il sait de cet événement tragique, au micro de notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. « Je vous répète ce que m’ont raconté des témoins oculaires : à l’aube, il y a eu une importante bousculade près d’une position de l’armée israélienne. Ensuite, plusieurs salves de tirs sont parties d’un char israélien en direction de la foule. Il y a eu plein de morts, et des blessés. » »

Comme d’habitude Israël nie :

« De son côté, selon l’armée israélienne, 30 camions d’aide sont entrés dans Gaza par le point de passage de Kerem Shalom tôt dans la matinée et se sont dirigés vers le nord, rapporte le média israélien Haaretz. En arrivant à la jonction de la ville de Gaza, les camions ont été pris d’assaut par les habitants, ont affirmé les forces de défense israéliennes (IDF), ce qui a entraîné la mort de dizaines de personnes « piétinées ». « Alors que le convoi est entré dans le nord, des milliers de personnes se sont précipitées sur les camions, ce qui a provoqué une bousculade dans laquelle des dizaines de Gazaouis ont été blessés et tués, certains d’entre eux renversés par des camions », a indiqué un responsable de l’armée à l’AFP. »

Et comme d’habitude Israël ment :

« Le chef d’un hôpital de la ville de Gaza qui a soigné certains Palestiniens blessés dans l’effusion de sang entourant un convoi humanitaire a déclaré vendredi que plus de 80 % avaient été touchés par des tirs, suggérant qu’il y avait eu des tirs nourris de la part des troupes israéliennes.

Le Dr Mohammed Salha, directeur par intérim de l’hôpital Al-Awda, a déclaré à l’Associated Press que sur les 176 blessés amenés à l’établissement, 142 avaient été blessés par balle et les 34 autres présentaient des blessures causées par une bousculade. »

Malgré ces actes génocidaires de plus en plus indéniables, les gouvernements occidentaux continuent de censurer ceux qui prennent la défense des palestiniens, même si ce sont des israéliens :

« Au moment de recevoir son prix, Yuval Abraham monte sur scène avec son coréalisateur palestinien Basel Adra. Yuval Abraham prononce ce discours. « On se tient ici, devant vous. Avec Basel, nous avons le même âge. Je suis Israélien, Basel est Palestinien. Dans deux jours, nous retournerons sur une terre où nous ne sommes pas égaux. Je vis sous un régime de loi civile. Basel vit sous un régime de loi militaire. Nous habitons à une demi-heure l’un de l’autre, mais moi, j’ai le droit de vote et Basel ne l’a pas. Je suis libre de me déplacer comme je le veux sur cette terre, mais Basel, comme des millions de Palestiniens, est enfermé en Cisjordanie occupée. Cette situation d’apartheid entre nous, cette injustice, doit cesser ».

Ce discours est qualifié d’ « antisémite », par la télévision publique israélienne. Et à Berlin, là où il a été prononcé, les autorités allemandes le jugent « inacceptable ». Notamment le maire de Berlin. « L’antisémitisme n’a pas sa place à Berlin, et cela vaut également pour la scène artistique. J’attends de la nouvelle direction de la Berlinale qu’elle veille à ce que de tels incidents ne se reproduisent plus », a réagi le maire de Berlin, Kai Wegner.

Depuis, Yuval Abraham reçoit des menaces de mort. Il a dû annuler son vol retour en Israël. Des militants de l’extrême droite israélienne se sont rendus à son domicile familial. Les membres de sa famille ont également été menacés et ont dû fuir vers une autre ville israélienne. Malgré ces pressions, le jeune réalisateur reste droit dans ses bottes. Il dit « assumer chacun de ses propos ».

Il pointe l’irresponsabilité des médias israéliens. Et l’instrumentalisation de ses propos par des politiciens allemands dont le but, selon lui, est « de faire taire toute critique à l’encontre d’Israël ». La porte-parole du gouvernement allemand affirme « qu’il est inacceptable que l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre n’ait pas été mentionnée » lors du discours à la Berlinale. »

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La guerre en Ukraine a mis en évidence le décalage entre la capacité d’armement russe et occidentale, en faveur de la Russie. Les préjugés occidentaux décrivant une armée russe faible ont été désintégrés par la réalité du terrain ukrainien. Du coup les dirigeants occidentaux parlent de recalibrer leurs « industries de la défense » alors qu’elles bénéficient déjà d’un budget conséquent, en particulier aux Etats-Unis.

Nous terminerons donc par cette analyse du journal spécialisé étasunien Responsible Statecraft sur ce sujet :

« Biden veut mettre les États Unis sur le pied de guerre permanent

La nouvelle « stratégie industrielle de défense » est une aubaine pour les fabricants d’armes, pas tellement pour les Américains moyens

Par Julia Gledhill – Le 23 Février 2024 – Responsible Statecraft

La Maison Blanche entraîne les États-Unis dans un gouffre budgétaire dont ils ne pourront peut-être pas sortir.

L’administration Biden surdimensionne l’industrie de la défense pour répondre aux obligations en matière d’armement à l’étranger au lieu de faire des compromis essentiels à tout budget efficace. Sa nouvelle stratégie industrielle de défense nationale présente un plan visant à « catalyser le changement générationnel » de la base industrielle de défense et à « faire face au moment stratégique » – un moment dominé rhétoriquement par la concurrence avec la Chine, mais ponctué par le soutien américain à la lutte de l’Ukraine contre la Russie et la campagne militaire israélienne à Gaza.

Au lieu de réévaluer sa stratégie maximaliste de sécurité nationale, l’administration Biden l’accélère. Elle propose une génération d’investissements pour développer une industrie de l’armement qui, globalement, ne parvient pas à respecter les normes de coût, de calendrier et de performance. Et si sa stratégie est une indication, l’administration n’a aucune vision sur la manière de réduire à terme la capacité militaro-industrielle américaine.

À la fin de la guerre froide, le budget de la sécurité nationale a diminué. Les Aspin, alors secrétaire à la Défense, et son adjoint William Perry ont convoqué les dirigeants de l’industrie pour encourager leur consolidation lors d’une réunion qui est devenue plus tard connue sous le nom de « La Cène ». Les fabricants d’armes devaient unir leurs forces ou cesser leurs activités. Ils ont donc fini par réduire leurs effectifs de plus de 50 maîtres d’œuvre à seulement cinq. Et tandis que les entrepreneurs devaient réduire leur capacité industrielle, une consolidation incontrôlée a créé le secteur de la défense monopolistique que nous connaissons aujourd’hui – un secteur qui dépend fortement des contrats gouvernementaux et jouit d’une grande liberté pour fixer les prix.

Au cours des décennies qui ont suivi, les entrepreneurs ont tiré parti de leur pouvoir économique croissant pour s’ouvrir les portes de Capitol Hill. Ils ont consolidé leur influence économique et politique pour parer à tout risque de futures réductions de la sécurité nationale, quels que soient leurs résultats ou l’environnement géopolitique.

Développer la base militaro-industrielle au cours d’une génération ne ferait que renforcer davantage le pouvoir des fabricants d’armes dans notre économie, approfondissant ainsi le fossé dans lequel les États-Unis se sont enfoncés pendant des décennies en augmentant continuellement leurs dépenses de sécurité nationale – et en en distribuant environ la moitié aux sous-traitants. Les États-Unis dépensent plus pour la sécurité nationale que les dix pays suivants réunis, dépassant la Chine de plus de 30 %.

Ironiquement, l’administration reconnaît dans sa stratégie que « la sécurité économique et la sécurité nationale de l’Amérique se renforcent mutuellement », déclarant que « la force militaire de la nation dépend en partie de notre force économique globale ». La stratégie indique en outre que l’optimisation des besoins de défense du pays nécessite généralement des compromis entre « le coût, la rapidité et l’échelle ». Il ne mentionne pas la qualité de la production industrielle – sans doute le plus gros compromis que le gouvernement américain ait fait en matière d’approvisionnement militaire.

Prenons, par exemple, le bombardier B-2, l’avion de combat F-35, le navire de combat Littoral, le V-22 Osprey et bien d’autres exemples d’échecs qui durent depuis des décennies. Plus récemment, le Government Accountability Office a signalé que même si le nombre de grands programmes d’acquisition de défense a diminué, les coûts et les délais de livraison moyens ont augmenté.

Alors, que retire réellement l’armée de l’augmentation des dépenses de sécurité nationale ? Moins pour plus : moins d’armes que ce qui était demandé, généralement en retard et au-delà du budget, et, la plupart du temps, dysfonctionnelles. Les échecs d’acquisition sont l’une des principales raisons pour lesquelles le Congressional Budget Office prévoit que les dépenses d’exploitation et de maintenance dépasseront largement le taux d’inflation au cours de la prochaine décennie – un problème budgétaire considérable pour une armée qui ne prévoit apparemment pas de réduire ni la structure de ses forces ni sa capacité industrielle, plutôt l’inverse, en fait.

La nouvelle stratégie industrielle de défense nationale de Biden indique spécifiquement que les États-Unis doivent « s’orienter de manière agressive vers des capacités innovantes de nouvelle génération tout en continuant à mettre à niveau et à produire, en volumes importants, les systèmes d’armes conventionnelles déjà en service ». Ironiquement, l’armée a passé plus de deux décennies à développer le F-35, une technologie de nouvelle génération pour laquelle le Pentagone n’a toujours pas donné le feu vert pour une production à pleine cadence.

Investir davantage d’argent dans une base industrielle composée d’entreprises trop grandes pour faire faillite n’augmentera pas la quantité ou la qualité de sa production. Mais c’est exactement ce que préconise la stratégie. L’une des priorités est « d’institutionnaliser la résilience de la chaîne d’approvisionnement ». Il s’agit d’un objectif important, mais le gouvernement propose au Pentagone de s’y attaquer, en partie en investissant dans des « capacités de production inutilisées », ce que la stratégie définit comme « une capacité excédentaire qu’une entreprise ou une organisation maintient au-delà de ses besoins de production actuels ».

Mais construire des usines vides n’est pas synonyme de résilience de la chaîne d’approvisionnement. C’est gaspiller de l’argent dans des infrastructures inutiles, créant ainsi une motivation de profit pour inciter les fabricants d’armes à fabriquer davantage d’armes. Et pour une industrie qui tire constamment la sonnette d’alarme sur la nécessité de « signaux de demande » cohérents de la part du Congrès, les projets du Pentagone d’investir une génération d’argent des contribuables américains dans des « capacités de production inutilisées » ressemblent beaucoup à jeter par la fenêtre le principe de l’offre et de la demande. Dans ce cas, les États-Unis pourraient tout aussi bien envisager de nationaliser l’industrie de la défense, qui manque déjà de concurrence et dépend presque entièrement du gouvernement. Pourquoi ne pas éliminer la recherche du profit ? Ce n’est pas comme si gagner de l’argent poussait les entrepreneurs à produire des produits de qualité dans les délais ou dans les limites du budget.

Outre la résilience de la chaîne d’approvisionnement, une autre priorité définie dans cette stratégie est « l’acquisition flexible ». L’objectif affiché est de réduire les coûts et les délais de développement tout en augmentant l’évolutivité. Dans la poursuite de cet objectif, l’administration propose « un processus d’exigences flexible » pour les contrats pluriannuels et l’expansion des contrats pluriannuels en général. Il estime qu’à mesure que les priorités changent dans un « environnement de menace en évolution », les livrables des sous-traitants devraient également changer. Mais associer des exigences flexibles à un nombre croissant de contrats pluriannuels conduit au désastre.

Avant que la Russie n’attaque l’Ukraine, les contrats pluriannuels étaient relativement rares – limités aux gros avions et navires. Le Congressional Research Service note que les économies estimées sur ces programmes se situent historiquement entre 5 et 10 %. Mais ce ne sont là que des estimations, et elles pourraient ne pas s’appliquer à d’autres munitions actuellement produites dans le cadre de contrats pluriannuels. Le rapport confirme également que les économies réelles sont « difficiles à observer », en partie parce que le Pentagone ne suit pas l’évolution des coûts des contrats pluriannuels.

Ce n’est pas parce que les contrats pluriannuels sont plus courants qu’ils sont moins chers. Et tandis que le Pentagone affirme que les contrats pluriannuels donnent aux sous-traitants le soi-disant signal de demande dont ils ont besoin pour augmenter leur production, les sous-traitants ne dépensent généralement pas leur argent supplémentaire pour identifier des gains d’efficacité ou pour réaliser des investissements en capital pour augmenter la production à moindre coût – et le Pentagone ne vérifie pas.

La stratégie propose également « une expansion agressive de la capacité de production ». Il note qu’en temps de paix, l’acquisition d’armes tend à se concentrer sur « une plus grande efficacité, rentabilité, transparence et responsabilité ». Prenant garde de ne pas affirmer que les États-Unis sont en temps de guerre, la stratégie oppose la politique d’acquisition en temps de paix à « l’environnement de menace d’aujourd’hui », appelant à une « politique d’acquisition en période de crise » qui revitalise la base industrielle et déplace l’attention de l’efficience et de l’efficacité vers la garantie que les entrepreneurs soient « mieux dotés en ressources ». Mais les entrepreneurs n’ont pas de problème de ressources, et la « politique d’acquisition en cas de crise » met les États-Unis sur un « pied de guerre permanent ».

Les législateurs doivent remettre en question la stratégie maximaliste de sécurité nationale de l’administration en remettant en question sa volonté d’étendre de manière aussi drastique la capacité militaro-industrielle. Il est essentiel qu’ils le fassent, non seulement parce que les États-Unis sont limités dans ce qu’ils peuvent produire et fournir à d’autres pays, mais aussi parce que la cupidité de l’industrie de l’armement est sans limites – et sans voies de sortie ni contraintes, le gouvernement américain pourrait découvrir dans 20 ou 30 ans qu’il est dans un fossé dont il ne peut plus sortir.

Julia Gledhill »

A lundi prochain

La revue de presse du 19 février 2024


Par Wayan – Le 19 février 2024 – Source : Le Saker Francophone

Deux semaines après le verdict de la CIJ ordonnant à Israël d’arrêter immédiatement son attaque contre Gaza, ce pays continue de plus belle :

« Les forces spéciales israéliennes ont attaqué l’hôpital Nasser à Gaza, le plus grand hôpital fonctionnel de l’enclave, après avoir assiégé l’établissement pendant des jours.

Israël a déclaré qu’il pensait que les corps des otages morts étaient détenus à l’intérieur de l’hôpital. Le Hamas a nié ces affirmations, affirmant que le groupe n’avait « rien à faire » à l’hôpital.

Les forces israéliennes ont bombardé l’hôpital tôt jeudi, tuant et blessant un « nombre indéterminé de personnes », selon Médecins sans frontières (MSF). Depuis l’attaque, un de leurs collègues est toujours porté disparu.

 

La nouvelle est intervenue après que des médecins et des responsables médicaux du sud de Gaza ont déclaré que des tireurs d’élite israéliens avaient abattu un certain nombre de personnes alors qu’elles tentaient de fuir l’hôpital Nasser. Un témoin oculaire de la fusillade, qui est chirurgien traumatologue à l’hôpital, a déclaré qu’au moins deux personnes avaient été tuées par des tireurs embusqués mardi, et d’autres ont été blessées par balle. »

« Une zone tampon étroite entre l’Égypte et la bande de Gaza, le «corridor de Philadelphie» fait l’objet d’une surveillance croissante alors qu’Israël prévoit une offensive militaire à grande échelle sur Rafah, la ville surpeuplée la plus au sud de Gaza, près de la frontière. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré à plusieurs reprises l’intention de son pays de prendre le contrôle de cette bande de terre stratégique. Cela inquiète l’Égypte, qui craint une rupture des accords de paix, vieux de plusieurs décennies, entre l’Égypte et Israël. »

La famine s’aggrave.

« Le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a confirmé mardi soir qu’il bloquait le transfert de cargaisons de farine vers la bande de Gaza pour tenter de l’empêcher d’atteindre l’UNRWA, et de là, le Hamas.

Le chef du parti sioniste religieux a écrit sur X, anciennement Twitter, qu’il « se coordonnait avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour enquêter sur un mécanisme de distribution différent qui n’inclurait pas l’aide au Hamas ». »

Même l’aide envoyé par les Etats-Unis est refusée, mettant Biden en mauvaise posture :

« Le ministre israélien des Finances a bloqué une importante livraison américaine d’aide humanitaire destinée à nourrir les Palestiniens de la bande de Gaza, selon Axios, créant ainsi une confrontation avec l’administration Biden, qui subit une pression croissante de la part des démocrates du Congrès pour augmenter le flux d’aide dans le territoire assiégé.

La nouvelle intervient quelques jours seulement après que le président Joe Biden a publié un mémorandum dans lequel il s’engage à appliquer une disposition peu utilisée de la loi américaine qui interdit à Washington d’apporter une assistance en matière de sécurité aux États qui bloquent l’aide humanitaire américaine. Le mémorandum s’inspire largement d’une proposition du sénateur Chris Van Hollen (démocrate du Maryland) qui appelait à la mise en œuvre de la loi américaine restreignant l’aide militaire aux violateurs des droits de l’homme.

Biden se retrouve désormais dans une impasse : il peut ignorer le mémo et mettre en colère ses alliés au Sénat ; couper l’aide militaire à Israël ; ou émettre une dérogation qui permettrait la poursuite des expéditions tout en admettant que les actions israéliennes sont contraires à la loi américaine.

“La possibilité la plus probable est que le président dise : ‘Oui, il y a eu une restriction, mais en raison de l’importance de soutenir Israël, nous allons y renoncer'”, a déclaré John Ramming Chappell, avocat et chercheur au Centre pour les civils en conflit. Une dérogation, affirme Ramming Chappell, « nécessiterait d’être honnête sur le fait que le gouvernement israélien restreint l’acheminement de l’aide humanitaire ».

Un tel aveu serait embarrassant pour l’administration étant donné ses déclarations répétées selon lesquelles elle n’a pas vu d’allégations crédibles de crimes de guerre israéliens, un point de vue en contradiction avec l’évaluation de toutes les principales organisations de défense des droits de l’homme et même des alliés des États-Unis. »

Pour essayer de cacher la misère, Israël n’hésite pas à utiliser mensonges et manipulations :

« Israël a admis mardi avoir utilisé des images d’archives d’un camp de réfugiés moldaves dans une vidéo publiée sur X, vantant ses affirmations selon lesquelles il aurait fourni des dizaines de milliers de tonnes d’aide humanitaire à Gaza pendant la guerre.

Le compte X officiel du pays a supprimé la vidéo contenant la photo incriminée, qui, selon lui, avait été utilisée « à des fins d’illustration uniquement », et a promis de « garantir la transparence » dans les visuels ultérieurs.

Le journaliste de la BBC Shayan Sardarizadeh a dévoilé lundi le clip frauduleux, en publiant côte à côte des captures d’écran de la vidéo israélienne, qui affirmait que Jérusalem-Ouest avait envoyé « 23 000 tonnes de tentes et d’équipements d’abris » à Gaza, et l’image originale sur le service de photos iStock .

La description de la photo dit clairement : « Terrain aménagé sur le territoire de la Moldavie avec des tentes près de la frontière ukrainienne pour les réfugiés venant de la guerre en Ukraine. »

Israël affirmait dans la vidéo qu’il avait envoyé 11 000 camions d’aide à Gaza depuis qu’il a déclaré la guerre au Hamas en octobre, dont 140 000 tonnes de nourriture, 1 000 camions d’eau et 17 000 tonnes de fournitures médicales, en plus du matériel d’abri prétendument envoyé. »

Ils nomment cela la « guerre psychologique » :

« Le partage par Tsahal d’une vidéo de Yahya Sinwar dans les tunnels de Gaza n’était pas destiné au public israélien, mais il s’agissait d’une guerre psychologique destinée aux Gazaouis, à Sinwar et même à Ismail Haniyeh.

Ce n’est pas une coïncidence si l’émission du porte-parole de Tsahal mardi soir a été retardée ; il fallait l’approbation de plusieurs niveaux, jusqu’au Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le message diffusé n’était pas critique pour nous, le public israélien, mais pour son public cible : les habitants de Gaza, Yahya Sinwar et même Ismail Haniyeh.

Le message véhiculé était très clair, donc chaque mot prononcé par le porte-parole de Tsahal revêt une importance significative.

Commençons par les Gazaouis – le porte-parole de Tsahal a déclaré que Sinwar s’enfuyait avec ses enfants et l’une de ses femmes, escortés par son frère.

Dans la vidéo tournée le 10 octobre au début de la guerre, on voit comment il s’est enfui avec sa famille.

L’armée israélienne connaît l’importance d’un message simple, reproductible et émouvant. Porte-parole R.-Adm. Daniel Hagari a utilisé plusieurs verbes tels que « se dérober », « s’enfuir » et « escorté ». Cela leur a permis d’illustrer la passivité, l’impuissance et la lâcheté de Sinwar. Le grand Yahya Sinwar, celui qui prend les décisions, le grand héros, s’enfuit dans les tunnels en tongs, comme un lâche. »

Et pour augmenter sa puissance dans cette « guerre psychologique », Israël s’arme en conséquence :

« Israël a acheté un système d’influence de masse en ligne pour contrer l’antisémitisme et le déni des atrocités du Hamas.

Les organismes de défense, de renseignement et civils ont réalisé peu après le 7 octobre qu’ils perdaient la bataille en ligne face à ce que des sources appellent la « machine de guerre psychologique et informationnelle bien huilée » du Hamas. Ils ont donc discrètement acheté des outils numériques pour lutter contre la désinformation, malgré les craintes d’abus politiques futurs. »

Les trolls pro-israéliens vont donc déferler sur internet.

Dans le cadre de sa guerre psychologique, on se souvient qu’Israël avait accusé l’UNRWA d’employer des membres du Hamas et que, sous la pression, l’agence les avait renvoyés immédiatement et de nombreux pays occidentaux avaient arrêtés leurs financements. Et bien les Nations Unis attendent toujours les preuves de ces accusations de la part d’Israël :

« L’ONU réclame aussi depuis plusieurs mois des preuves à Israël, et en particulier depuis trois semaines, quand le gouvernement de Benyamin Netanhayu a publiquement accusé douze salariés de l’Unrwa d’être impliqués dans les attaques du 7 octobre. Elle n’en a pour l’instant obtenu aucune. »

Pour finir de démolir l’UNRWA dans sa « guerre psychologique », Israël a même prétendu que :

« Au cours du week-end, l’armée israélienne a déclaré avoir découvert une « infrastructure électrique » et des rangées d’ordinateurs » sous le siège de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, dans la ville de Gaza.

Bien que les journalistes aient été invités à visiter le site, que les responsables militaires israéliens ont décrit comme un « centre de renseignement du Hamas », Tsahal n’a pas fourni de preuve définitive que les militants du Hamas avaient mené des opérations dans le tunnel, selon Associated Press.

Philippe Lazzarini, le commissaire général de l’UNRWA, a déclaré samedi dans un post X que l’agence “ne savait pas ce qu’il y avait sous son siège à Gaza”.

Il a mentionné que l’UNRWA avait eu connaissance des informations faisant état d’un tunnel sous le siège par les médias, affirmant que l’agence n’aurait pas été au courant des activités dans le complexe depuis que son personnel l’avait quitté le 12 octobre. »

Accompagné de ce genre d’article de propagande dans les journaux israéliens :

« A noter que l’UNRWA a « pris au sérieux les informations » selon lesquelles ses employés auraient été pris dans des actes de viol, de boucherie, d’incendies vifs et de décapitation le 7 octobre dans l’enveloppe de Gaza.

Maintenant, posez-vous deux questions :

De tels actes constituent-ils un crime capital contre l’humanité ou,

De tels actes relèvent-ils de pratiques de travail inappropriées ?

Ne souriez pas. L’employeur, par les mesures prises, a critiqué les pratiques de travail inappropriées. L’UNRWA a licencié les travailleurs errants impliqués. Ils ont violé leurs conditions de travail et en ont payé le prix.

Retenez votre colère. Israël est d’accord. Revenez au rapport. Le reproche d’Israël est que l’UNRWA n’a pas traité le problème, « systématiquement mais plutôt au cas par cas et en privé ». Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Le sens clair du reproche d’Israël est que l’UNRWA n’est pas allé assez loin. Étant donné que des milliers de personnes de l’UNRWA travaillent ou combattent pour le Hamas, ils devraient être traités de la même manière que la douzaine de « pommes pourries » et licenciés.

Membres du jury ! L’UNRWA n’a pas fait arrêter les « pommes pourries » sous l’accusation de meurtre. Non, il les a licenciés.

Pour autant que nous sachions, ils ont reçu une tape sur les doigts, suivie d’une indemnité de licenciement.

Pourtant, personne, Israël en particulier, n’a posé à Philippe Lazzarini la question à un million de dollars : « Vous avez payé un salaire mensuel à la douzaine de « pommes pourries ». Ils ont violé, massacré, brûlé vif et décapité. Pourquoi l’UNRWA les a-t-il laissés partir ? Pourquoi ne les a-t-il pas fait arrêter ? »

On remarque que les accusations « Ils ont violé, massacré, brûlé vif et décapité » sont encore et toujours utilisées alors qu’il a été démontré que la propagande israélienne les avait grandement exagérées (viols et décapitations), voire inventées, et que l’armée israélienne était responsable d’une grande partie des brulés et des morts. D’ailleurs, comme on l’a vu plus haut, l’ONU attend toujours les preuves concernant ces « atrocités » du Hamas.

Mais il n’y a pas qu’Israël à jouer un double jeu. Alors que, comme nous l’avons vu plus haut, Biden essaye d’envoyer une aide humanitaire à Gaza, le Congrès étasunien vient de voter une loi pour donner de l’argent à l’Ukraine mais aussi à Israël, malgré la décision de la CIJ. Caché au milieu de cette loi, un amendement interdisant le financement de l’UNRWA :

« Le projet de loi que le Sénat vient de voter par 66 voix contre 33 vise à interdire le financement de l’UNRWA

Et cela aussi :

– fait une exception autorisant les États-Unis à réserver davantage d’armes pour Israël et supprime l’obligation pour le président d’en informer le Congrès

– impose un contrôle plus strict sur l’aide à Gaza

Bernie Sanders et Jeff Merkley sont les seuls Démocrates à avoir voté non »

Et, dans les pays occidentaux, les critiques d’Israël continuent d’être censurés et mises au ban :

« Keir Starmer a voulu éteindre l’incendie au plus vite, quitte à perdre deux sièges au Parlement. Le parti britannique a suspendu mardi soir l’ancien député et candidat aux prochaines législatives Graham Jones en attendant l’issue d’une enquête pour des propos anti-Israël tenus lors d’une réunion à l’automne 2023. Il lui est notamment reproché d’avoir déclaré que les Britanniques qui rejoignent l’armée israélienne devraient être « enfermés ».

Le parti a aussi retiré l’investiture au candidat Azhar Ali en vue d’une élection partielle le 29 février. Lors de la même réunion, il avait soutenu qu’Israël avait délibérément permis au Hamas de l’attaquer sur son sol le 7 octobre, afin de justifier ensuite une invasion de la bande de Gaza. Il avait présenté des excuses, mais a été désinvesti après l’émergence d’autres propos, où il accusait « les médias et certaines personnes issues des quartiers juifs travaillant dans les médias » d’avoir agi en faveur de la suspension d’Andy McDonald, un ancien député pro-palestinien du Labour. »

Voyant cela l’Afrique du sud relance une demande auprès de la CIJ :

« « Dans une requête soumise au tribunal hier [lundi], le gouvernement sud-africain s’est déclaré gravement préoccupé par le fait que l’offensive militaire sans précédent contre Rafah, annoncée par l’État d’Israël, a déjà conduit et entraînera de nouvelles attaques à grande échelle, des meurtres, préjudices et destructions », indique un communiqué publié par la présidence sud-africaine.

« Cela constituerait une violation grave et irréparable à la fois de la Convention sur le génocide et de l’ordonnance de la Cour du 26 janvier. »

Il n’y a eu aucun commentaire immédiat de la part de la CIJ, basée à La Haye. »

La réponse d’Israël n’est pas vraiment surprenante :

« « Moralement répugnant », répond Israël sur trois pages. Une réponse dont la tonalité n’est pas habituelle devant cette Cour de l’ONU.

L’État hébreu affirme, sans réserve, respecter le droit international et assure l’avoir « démontré en paroles et en actes ». C’est ce qu’on peut lire dans la réponse remise par Israël à la Cour.

Deux semaines après la première ordonnance des juges, Pretoria alerte de la situation à Rafah. Mais l’offensive militaire que dénonce l’Afrique du Sud sur le sud de l’enclave n’a pas eu lieu, dit Israël, qui voit dans cette nouvelle demande la tentative cynique d’utiliser la Cour comme « une épée plutôt qu’un bouclier ».

Ce que veut l’Afrique du Sud, c’est que la Cour gère la conduite des hostilités, écrivent encore les avocats d’Israël, qui affirment que les bataillons du Hamas restent la cible des opérations à Rafah. »

La réponse de la CIJ est un peu plus surprenante :

« La Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, a rejeté vendredi la requête additionnelle de l’Afrique du Sud contre Israël, estimant que l’État hébreux devait respecter les mesures déjà ordonnées. «Cette situation alarmante exige la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris Rafah, et ne nécessitent pas l’indication de mesures additionnelles», a estimé la CIJ. »

Quant à la « solution à deux états » elle semble s’éloigner de plus en plus :

« Ce projet n’a pas été officiellement annoncé, mais il suscite déjà de vives réactions. Les négociateurs tentent de gérer l’urgence tout en posant les bases du long terme. Leur priorité reste d’obtenir une trêve et s’ils y réussissent, ils pourraient alors présenter un plan en vue de l’établissement d’un État palestinien.

Selon le Washington Post, ce plan inclurait la mise en place d’un gouvernement intérimaire dans les territoires palestiniens, le démantèlement d’un certain nombre de colonies israéliennes ou encore la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale de cet État palestinien.

Des mesures inenvisageables pour plusieurs membres du gouvernement israélien. Les ministres d’extrême-droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, l’ont d’ores et déjà rejetés. Ce plan « dit en réalité que les Palestiniens méritent une récompense pour le terrible massacre qu’ils ont commis », a réagi Bezalel Smotrich sur X. « Créer un État palestinien revient à créer un État du Hamas » a pour sa part commenté Itamar Ben Gvir sur le même réseau social.

Un autre député, membre du parti plus centriste de Benny Gantz qui a rejoint le cabinet de guerre après le 7 octobre, a, lui aussi, évoqué « un projet dangereux qui se dessine ». « Non seulement ce plan ne résoudra pas le conflit, mais il le rendra insoluble » a jugé Gideon Sa’ar.

De son côté, le Premier ministre n’a pas réagi à ces informations de presse. Mais Benyamin Netanayahu s’est déjà, à de nombreuses reprises, opposé à la création d’un État palestinien. Dimanche dernier, il déclarait encore qu’Israël devait garder le contrôle sécuritaire de l’ensemble du territoire. »

Voire même officiellement refusée :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a récemment déclaré au secrétaire d’État Antony Blinken que toute reconnaissance américaine d’un État palestinien serait un « prix » pour les terroristes du Hamas qui ont planifié le massacre du 7 octobre.

Netanyahu a fait ce commentaire à Blinken lors de leur rencontre face-à-face la semaine dernière, a rapporté Axios jeudi. Le Premier ministre a déclaré à Blinken qu’une reconnaissance directe ou même indirecte « serait une récompense pour ceux qui ont planifié et orchestré le massacre du 7 octobre ».

Le président Biden et d’autres responsables américains ont déclaré à plusieurs reprises que la guerre d’Israël contre le Hamas devrait se terminer par une solution à deux États, ce qui implique que les États-Unis reconnaîtraient un État palestinien.

Les États-Unis pourraient potentiellement reconnaître indirectement un État palestinien en n’utilisant pas leur veto pour empêcher l’ONU de reconnaître pleinement les responsables palestiniens en tant qu’État membre. »

Les Etats-Unis ont utilisé ce veto depuis toujours, vu l’incroyable force de la pression israélienne il y a peu de chance qu’ils changent d’avis.

L’affrontement avec le Hezbollah est encore monté d’un cran supplémentaire :

« Les frappes aériennes israéliennes ont tué 10 civils libanais en une seule journée. Le Hezbollah a juré de riposter »

Et l’attitude israélienne ne peut qu’empirer puisque :

« Soixante et onze pour cent des Israéliens pensent qu’Israël devrait mener une opération militaire à grande échelle contre le Liban pour dissuader le Hezbollah, selon un récent sondage.

L’enquête a été menée par le journal israélien Maariv dans un contexte d’aggravation des violences transfrontalières entre l’armée israélienne et le puissant groupe militant du Hezbollah, soutenu par l’Iran.

Au cours des quatre derniers mois, depuis la recrudescence des tensions qui a suivi le début de la guerre israélienne contre Gaza le 7 octobre, les frappes israéliennes dans le sud du Liban ont tué plus de 250 personnes, dont 203 combattants du Hezbollah. »

Ceux qui pensent que si Netanyahou n’était plus au pouvoir la situation se calmerait devrait peut-être revoir leur point de vue. C’est tout le pays qui est pris d’une dangereuse rage meurtrière.

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Le rapport sur l’âge du capitaine Biden.

On se souvient que, au même moment que pour Trump, le FBI avait fouillé la maison de Biden et y avait trouvé des documents classifiés qui n’auraient pas dû être là. Les médias, qui avait largement rabroué Trump pour avoir fait la même chose, se sont montré plus cléments envers Biden. Mais il fallait quand même une enquête officielle. Pour ne pas avoir à charger Biden, le procureur chargé de l’enquête à trouvé comme excuse la mauvaise mémoire de Biden :

« Dans son rapport rendu public ce jeudi 8 février, Robert Hur conclut que Joe Biden, 81 ans, a « sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu’il était un simple citoyen ». Mais il considère qu’« une inculpation ne se justifierait pas », estimant notamment qu’un jury accorderait le bénéfice du doute à « un homme âgé, sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire ».

Dans son rapport de 388 pages, Robert Hur évoque notamment son entretien de cinq heures avec Joe Biden au cours duquel il dit avoir constaté que « sa mémoire avait empiré ». « Il ne se souvenait plus quand il était vice-président », ne sachant plus exactement en quelle année son mandat avait commencé ou s’était achevé, ni exactement l’année du décès de son fils aîné Beau, y affirme le procureur spécial. »

Alors que c’était fait pour le protéger, Biden n’a pas vraiment aimé :

« Le président a détesté la description faite par le procureur spécial de lui comme un homme âgé qui était distrait lors des interviews lors de remarques programmées à la hâte à la Maison Blanche jeudi soir. Mais quelques minutes seulement après avoir défendu sa mémoire et ses connaissances, Biden s’est mal exprimé et a qualifié le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi de « président du Mexique », un moment qui a mis à mal sa résistance énergique au rapport. »

Mais il y a pire :

« Le problème, qui s’accentue dangereusement depuis quelques mois, c’est que Joe Biden semble avoir une mémoire qui flanche de plus en plus. Une élocution parfois difficile, et surtout ce phénomène remarqué ces derniers jours : le président américain se souvient de certains événements, mais confond les intervenants de manière troublante, comme s’il était resté figé entre les années 1980 et 2000. C’est ainsi que, évoquant le sommet du G7 dans les Cornouailles en juin 2021, il se souvient d’une conversation avec… François Mitterrand, décédé en 1996… au lieu, bien sûr, d’Emmanuel Macron.

Il remet ça quelques jours plus tard, toujours à propos de ce sommet qui l’a marqué, dit-il, car les dirigeants européens exprimaient leurs inquiétudes sur l’état de la démocratie américaine après le mandat de Donald Trump. Il parle cette fois d’une conversation qu’il a eue avec le chancelier allemand Helmut Kohl, mort en 2017, en lieu en place d’Angela Merkel, bien présente, elle, au sommet du G7. »

Mieux que des mots, une vidéo qui montre l’extrême fatigue mentale de Biden. Il fait carrément pitié.

Ainsi sa faiblesse mentale devient de plus en plus évidente aux yeux de la population, alors qu’il veut pourtant se lancer dans un deuxième mandat et que les caciques du Parti Démocrate ne veulent pas d’autres candidats que lui :

« Les sondages montrent avec constance de profondes inquiétudes parmi les électeurs quant à l’âge de Biden. Un nouveau sondage NBC publié cette semaine a révélé qu’un total de 76 pour cent des électeurs déclarent avoir des inquiétudes majeures (62 pour cent) ou modérées (14 pour cent) concernant le fait que Biden ne possède pas la santé mentale et physique nécessaire pour être président pour un second mandat. Ce qui est peut-être le plus inquiétant pour le président, c’est que 81 % des indépendants et 54 % des démocrates déclarent avoir des inquiétudes majeures ou modérées quant à l’aptitude de Biden à un second mandat. »

Un tapis rouge pour l’élection de Trump.

De plus, le fait qu’une personne un peu sénile puisse continuer d’être le président d’une grande puissance comme les Etats-Unis sans que cela ne soit un réel problème, met en évidence le peu d’importance qu’un président peut avoir dans la vie politique de ce pays, malgré ce qu’en disent les médias. Dit autrement que ce soit Biden le sénile ou Trump le furieux, ou même « Obama le prix nobel de la paix », qui soit président, cela n’a pas changé grand-chose aux directions politiques qu’ont pris les Etats-Unis. Guerres incessantes, politique étrangère très agressive et politique intérieure ultralibérale. Mais alors, qui décide réellement dans « la plus grande démocratie au monde » ?

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L’économie du monde occidental continue de chuter, tous les pays étant touchés les uns après les autres, même le Japon :

« Le Japon est tombé de manière inattendue dans une récession à la fin de l’année dernière, perdant son titre de troisième économie mondiale au profit de l’Allemagne et soulevant des doutes sur le moment où la banque centrale commencera à abandonner sa politique monétaire ultra-accommodante qui dure depuis une décennie.

Certains analystes mettent en garde contre une nouvelle contraction au cours du trimestre en cours, car la faiblesse de la demande en Chine, la faiblesse de la consommation et l’arrêt de la production dans une unité de Toyota Motor Corp, laissent entrevoir un chemin difficile vers une reprise économique. »

Pourtant, miracle de la fameuse « économie financiarisée », sur la même page de Reuters cet article suivait :

« La moyenne de l’action Nikkei japonaise a atteint jeudi son plus haut niveau en 34 ans, alors que les actions liées aux puces informatiques ont suivi les gains de leurs pairs de Wall Street au cours de la nuit.

L’indice boursier de référence se situe désormais à seulement 800 points, soit environ 2 %, en dessous de son plus haut historique de 1989, qui marquait l’apogée de ce que l’on appelle la « bulle économique » du Japon. »

Cette apparente contradiction entre une économie en berne et une bourse florissante s’explique par cette phrase du premier article « soulevant des doutes sur le moment où la banque centrale commencera à abandonner sa politique monétaire ultra-accommodante qui dure depuis une décennie ».

Depuis la crise bancaire de 2008, les banques centrales des pays du bloc occidental impriment de l’argent à tout va, caché sous le joli nom de « quantitative easing ». Mais cet argent ne sert pas à relancer l’économie réelle ou la consommation des citoyens, il sert à faire monter artificiellement les cours de la bourse, maintenant ainsi l’économie financière sous perfusion des banques centrales. Le Japon n’étant « pas prêt à abandonner sa politique monétaire ultra accommodante », la bourse du Japon a donc fêté cela comme il se doit.

Pour résumer cela en quelques mots simples, les économies occidentales sont soutenues par une augmentation de la dette des banques centrales, dettes qui atteignent une telle ampleur qu’elles ne seront pas remboursables, encore moins avec une économie réelle en berne.

« L’économie britannique est tombée en récession au second semestre 2023, un contexte difficile à l’approche de l’élection prévue cette année du Premier ministre Rishi Sunak, qui a promis de stimuler la croissance.

Le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,3% au cours des trois mois précédant décembre, après avoir diminué de 0,1% entre juillet et septembre, selon les données officielles.

La contraction du quatrième trimestre a été plus importante que les estimations de tous les économistes dans un sondage Reuters, qui pointaient une baisse de 0,1%. »

Les semaines précédentes, nous avions déjà vu l’annonce de la récession allemande. En voilà une des conséquences :

« Un fabricant allemand sur trois envisage de déplacer sa production vers d’autres pays en raison de difficultés économiques, soit le double du nombre enregistré en 2022, a rapporté samedi le journal Bild, citant Siegfried Russwurm, président de la Fédération des industries allemandes (BDI).

Selon le rapport, parmi les dernières entreprises envisageant de délocaliser figure le fabricant d’appareils électroménagers Miele, qui prévoit de supprimer 2 000 emplois en Allemagne et de déplacer 700 postes vers son site en Pologne. Le fabricant de chauffage Viessmann a déjà transféré 3 000 emplois en Pologne.

Volkswagen a annoncé l’année dernière qu’il construirait une nouvelle usine de batteries aux États-Unis, et BASF a annoncé son intention d’investir 10 milliards d’euros dans une usine pétrochimique en Chine, dans un contexte de suppressions d’emplois à son siège social en Allemagne. Le fabricant français de tubes en acier Vallourec a arrêté sa production en Allemagne en septembre de l’année dernière, tandis que le fabricant de pneumatiques Michelin et son rival américain Goodyear ont annoncé qu’ils fermeraient également leurs usines allemandes d’ici fin 2025. »

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En Ukraine, l’armée russe continue sa lente destruction de la ligne de front ukrainienne :

« L’Ukraine a annoncé jeudi qu’elle retirait ses troupes de la ville industrielle d’Avdiivka pour occuper de meilleures positions défensives, ses forces perdant rapidement du terrain face à leur ennemi.

Les troupes ukrainiennes seraient sur le point d’être encerclées après que les forces russes ont rompu une ligne d’approvisionnement critique entre la ville et l’usine de coke et de produits chimiques d’Avdiivka, qui pourrait être utilisée par les hommes de Kiev pour monter une position finale.

La troisième brigade d’assaut séparée d’élite, l’une des unités combattantes les plus importantes d’Ukraine, a été déployée dans la région dans le but de stabiliser la situation.

Andrii Biletskyi, commandant de la brigade, a déclaré : « Avdiivka, c’est l’enfer ».

Il a décrit la situation comme « précaire et instable », les Russes déployant constamment de nouvelles troupes et ressources pour le combat. »

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Nous terminerons par cette analyse d’Eric Dénécé, un spécialiste français de géopolitique, qui rappelle que le narratif officiel occidental au sujet de la guerre en Ukraine repose sur « des postulats erronés, délibérément ou par méconnaissance » :

« Lorsqu’ils considèrent la guerre d’Ukraine, la plupart des analystes[1] partent, me semble-t-il, de postulats erronés – délibérément ou par méconnaissance – que je crois instillés par les États-Unis et l’Ukraine, et qu’il convient de signaler, car ils sont à l’origine d’une vision qui s’affirme de plus en plus fausse des origines et des réalités de ce conflit et donc de son issue probable.

Il ne s’agit pas, répétons-le une nouvelle fois, de défendre les positions de la Russie, mais de rappeler certains faits et de faire prendre conscience du narratif élaboré par les Américains pour justifier le bien-fondé de cette guerre aussi horrible qu’inutile, et de la désinformation majeure dont nous sommes victimes en Europe, et en particulier en France, depuis maintenant deux années.

QUATRE POSTULATS (DÉLIBÉRÉMENT) ERRONÉS

  1. LA RUSSIE VOULAIT ENVAHIR L’UKRAINE.

Nous savons aujourd’hui que le corps de bataille russe massé à la frontière ukrainienne début 2022 comptait entre 120 000 et 150 000 hommes selon les sources et que la première vague d’assaut ne comprenait que 60 000 hommes environ. Le simple bon sens voudrait que des analystes sérieux aient eu l’objectivité de reconnaitre qu’il s’agissait bien d’une opération miliaire « spéciale » – qu’ils étaient en droit de dénoncer – au lieu d’abonder dans le sens de la propagande diffusée par Kiev, Londres, Washington et Varsovie s’attachant à faire croire à une invasion menaçant toute l’Europe occidentale. Les effectifs russes engagés étaient clairement ceux d’une action limitée, donc notoirement insuffisants pour une opération d’ampleur contre un État de 603 000 km2 et de 43 millions d’habitants. Rappelons pour mémoire que lors de leur invasion de l’Irak – 438 000 km2, 27 millions d’habitants et des forces armées non soutenues par – en 2003[2], les Américains ont engagé une armée de 150 000 hommes assistée de 45 000 Britanniques et de 70 000 Kurdes[3]. Ce premier postulat ne résiste donc pas à l’analyse militaire élémentaire.

  1. LA RUSSIE DISPOSAIT D’UNE ARMÉE PUISSANTE QUI AURAIT DÛ BALAYER LES UKRAINIENS EN QUELQUES SEMAINES. CELA N’A PAS EU LIEU, CE QUI RÉVÈLE SA MÉDIOCRITÉ ET CELLES DE SES CHEFS.

Les forces russes qui ont attaqué l’Ukraine l’ont fait avec un rapport de forces très défavorable de 1 contre 3. Elles ne pouvaient donc submerger ni écraser l’armée ukrainienne, très supérieure en nombre. Leur objectif était de la paralyser et de contraindre Kiev à la négociation.

De plus, on oublie ce que de nombreux experts militaires observaient déjà pendant la Guerre froide et jusqu’au début des années 2000 : les forces soviétiques (malgré leur importance), étaient d’abord des forces préparées pour la défense et non pour les opérations extérieures, à la différence des forces occidentales. Nous savons donc depuis longtemps que la logistique, surtout pour la projection de forces, n’est pas leur point fort, ce qui a été confirmé par les observations de nombreux officiers s’étant rendus en Russie après la dissolution de l’URSS… et par les premières semaines de « l’Opération militaire spéciale ».

Ces défauts, ne se sont pas améliorés après la chute du mur de Berlin, tant l’armée russe a connu de coupes sombres, tant en matière de budget, de ressources humaines que d’unités. Il a fallu attendre le début des années 2000 pour observer le début d’un redressement. Néanmoins, l’armée russe d’aujourd’hui n’est pas l’Armée rouge d’hier, bien qu’elle en soit l’héritière.

Aussi, nous nous permettons de penser que cette surestimation de la force russe, largement relayée par les médias occidentaux, n’avait pour but que de glorifier la résistance ukrainienne et d’humilier Moscou, dans le but possible de provoquer une fronde contre Poutine et son état-major.

  1. LES FORCES RUSSES VOULAIENT PRENDRE KIEV, MAIS ELLES ONT ÉCHOUÉ.

Autre ineptie. Seule une fraction des forces de l’Opération militaire spéciale a été affectée à l’offensive visant la capitale ukrainienne, non dans le but de la conquérir, mais de fixer les forces de Kiev (manœuvre opérative). Il est totalement délirant de croire que les Russes envisageaient de conquérir une agglomération couvrant 12 300 km² – au cœur d’une aire urbaine de28 900 km² –, regroupant au total 4,6 millions d’âmes[4], et encore une fois face à des forces supérieures en nombre et installées sur un territoire qu’elles connaissaient parfaitement. Ceux qui savent les extrêmes difficultés de la guerre urbaine n’ont cessé de dénoncer cette affirmation des Ukrainiens et de leurs mentors occidentaux comme totalement fantaisiste.

À titre de comparaison, il convient de rappeler que pour son opération de nettoyage de la bande de Gaza (360 km2, 2,6 millions d’habitants), l’armée israélienne a engagé plus de 180 000 hommes, dispose d’un contrôle du ciel total et d’une assistance américaine et britannique en matière de collecte de renseignements et de fourniture de munitions. Néanmoins, quatre mois après le début de son offensive, Tsahal n’est toujours pas parvenu à en prendre le contrôle total alors même que les combattants du Hamas (20 000 hommes) ne sont pas des adversaires comparables à l’armée ukrainienne formée par l’OTAN.

  1. LA RÉSISTANCE HÉROÏQUE DES FORCES UKRAINIENNES A SURPRIS LE MONDE COMME LA RUSSIE ET MONTRE LA SOLIDITÉ ET LA DÉTERMINATION DE CETTE NATION.

Cette affirmation nous semble relever d’une sous-estimation délibérée de l’armée ukrainienne afin d’atteindre le but psychologique évoqué au point n°2 ci-dessus. Encore une fois, revenons-en aux chiffres. Début 2022, les forces armées ukrainiennes comptaient 250 000 hommes, soit les deuxièmes les plus importantes en volume en Europe orientale, après l’armée russe. Elles étaient de plus complétées par les gardes-frontières (53 000 hommes), la nouvelle Garde nationale d’Ukraine (60 000) et les divers services de sécurité intérieure. Surtout, ces forces avaient bénéficié, depuis 2014 d’une assistance majeure de plusieurs pays de l’OTAN (États-Unis, Royaume-Uni, Canada), en matière de formation et de livraisons d’armes, et recevaient aussi de très nombreux renseignements sur la Russie dont ces pays disposaient[5]. C’étaient donc des forces professionnelles, bien équipées et disposant, pour certaines d’entre elles, d’une expérience du combat pour avoir participé depuis 2014, aux opérations militaires contre les régions autonomistes du Donbass. Rien à voir donc avec « la petite armée » ukrainienne que nous ont vendue l’OTAN et les médias.

Ajoutons à cela que l’armée ukrainienne avait établi, principalement autour du Donbass, de très solides positions défensives, qu’elle combattait sur un terrain qu’elle connaissait, qu’elle était trois fois plus nombreuse que les forces d’attaque russes, et que si celles-ci avaient l’initiative, leur offensive était largement attendue.

Ces quatre postulats – dont l’analyse rapide permet de mesurer qu’ils ne résistent pas aux faits – relèvent donc de la mauvaise foi, si ce n’est d’une désinformation délibérée, afin de fausser la perception du conflit et de décrédibiliser l’adversaire russe, manœuvre en soi de bonne guerre.

À côté de ses fausses affirmations, il convient également de se pencher sur d’autres faits, qui s’ils n’ont pas été déformés par le narratif otano-ukrainien, ont été passés sous silence, car ils contribuent également à éclairer les réalités de ce conflit d’un jour nouveau.

LA NÉCESSAIRE RELECTURE DES PREMIERS MOIS DU CONFLIT

  1. Depuis 2014, les Américains n’ont eu de cesse de soutenir l’Ukraine et de la pousser à reconquérir le Donbass et la Crimée – qui sont des terres russes – en encourageant son nationalisme et en l’armant, poussant de ce fait les Russes dans leurs retranchements. Washington comme Kiev connaissaient pourtant les multiples avertissements qu’avait lancés Vladimir Poutine à partir de 2007 et ses réactions face à l’avancée agressive de l’OTAN aux marges de la Russie (Géorgie 2008, Ukraine 2014). Américains et Ukrainiens se doutaient bien que les Russes ne resteraient pas sans réagir – tout en espérant peut être le contraire… – et qu’il fallait alors les faire tomber dans un piège : les placer en position d’agresseurs et de violation du droit international. Ils n’ont donc eu de cesse, depuis le milieu de l’année 2021, d’alerter l’opinion internationale sur la menace russe et le risque de guerre (qu’ils étaient en train de provoquer) dès qu’ils ont observé que Moscou massait ses troupes à la frontière ukrainienne et s’y livrait à des exercices militaires.

Il est finalement possible de considérer que les deux adversaires ont « bluffé » : les Américains et les Ukrainiens en pensant que les Russes ne réagiraient pas ; et Moscou estimant sans doute qu’en massant ses forces à la frontière, Washington et Kiev renonceraient. Mais aucune de ces deux manœuvres n’a fonctionné et elles ont irrémédiablement conduit à la guerre.

  1. Ukrainiens et Américains savaient parfaitement qu’en lançant l’opération de reconquête du Donbass le 17 février 2022, Moscou interviendrait en soutien des populations russophones menacées. Leur objectif était alors d’amener l’armée russe à buter sur les nombreuses fortifications érigées depuis 7 ans à dans le sud-est du pays et à leurs nombreux moyens antichars, afin de lui infliger une défaite. Mais les Russes ne sont pas tombés dans ce piège.
  2. Il n’est pas imaginable que Washington et Kiev aient décidé cette provocation contre la Russie sans que l’armée ukrainienne soit prête à résister et ait pris des dispositions défensives solides. Encore une fois, la – légitime – résistance ukrainienne n’est pas surprenante et s’est donc paradoxalement révélée moins performante que prévu, les Russes ayant pu fixer une partie des forces autour de Kiev et occuper très rapidement plus de 30% du territoire.
  3. Le retrait des forces russes de la région de Kiev, fin mars 2022, n’est pas lié à un échec militaire – bien qu’elles y aient rencontré une farouche résistance ayant contrarié leur progression – mais à une concession de Moscou dans le cadre des négociations d’Istanbul[6], comme l’a confirmé Poutine lors de son interview accordée à Tucker Carlson. Certains continuent de nier ce fait, mais sans aucun argument, car les forces russes se sont retirées en bon ordre… avant que les Ukrainiens, sous l’influence de Boris Johnson, ne décident de mettre un terme à des négociations en passe d’aboutir !
  4. Tout cela ne veut pas dire que les Russes n’aient pas commis d’erreurs. Il y a eu sans aucun doute de mauvaises estimations initiales de l’adversité, due à des rivalités entre services de renseignement. Dans un article récent[7], Andrei Kozovoï, professeur à l’université de Lille, évoque le fait que seules trois personnes, en dehors de Poutine lui-même, auraient été au courant du projet d’invasion décidé lors du Conseil de sécurité du 21 février : le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou ; le secrétaire du Conseil, Nikolaï Patrouchev ; et le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov. Les autres membres de cette instance – dont Sergeï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Michoustine, Premier ministre et Sergueï Narychkine, le chef du SVR – auraient été, eux, favorables à la poursuite du processus diplomatique.

Par ailleurs Andrei Kozovoï rappelle justement que depuis l’arrivée de Poutine à la présidence en 2022, le FSB n’a cessé de prendre l’ascendant sur les autres services de renseignement, le SVR, mais aussi le GRU (Direction du renseignement militaire). Le premier s’étant déconsidéré aux yeux de Poutine à la suite de l’arrestation, en 2010 aux États-Unis, d’une dizaine d’illégaux par le FBI ; le second en raison du fiasco de l’empoisonnement de Skripal, à Londres, en 2018. Le FSB se serait de facto retrouvé en position de force dans l’élaboration du processus décisionnel, pesant de tout son poids en faveur d’une intervention militaire en Ukraine.

La décision de lancer l’opération militaire spéciale – certainement envisagée de longue date, mais non planifiée aussi en détail qu’elle aurait dû l’être – semble ainsi avoir été prise dans l’urgence. Une fois celle-ci engagée, comme tous les militaires le savent, un plan d’opération ne résiste jamais à plus de trois jours de guerre et les forces russes ont été confrontées à une plus forte adversité que ce qu’elles escomptaient, ce qui leur a coûté cher.

LE CINQUIÈME (NOUVEAU) FAUX POSTULAT

  1. IL EXISTE UN RÉEL RISQUE DE GUERRE AVEC LA RUSSIE D’ICI 5 À 8 ANS ET LES OCCIDENTAUX DOIVENT S’Y PRÉPARER.

Depuis la fin de l’année 2023, en raison de l’échec de la contre-offensive ukrainienne et des difficultés d’approvisionnement en armes, un nouveau narratif est produit par l’OTAN : celui d’un risque de guerre avec la Russie à l’horizon de 5 à 8 ans. Ainsi se succèdent les déclarations alarmistes des principaux responsables politiques et militaires des pays de l’OTAN, dans une campagne savamment orchestrée.

– En décembre 2023, les principaux collaborateurs du président Joe Biden déclarent au Congrès que si les parlementaires ne votent pas rapidement pas une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, la Russie pourrait gagner la guerre en quelques mois, voire quelques semaines. Mais les Républicains continuent à ce jour de s’opposer à une nouvelle aide de 61 milliards de dollars à Kiev.

– Puis, le 7 janvier, à l’occasion de leur séminaire annuel sur la défense, des membres du gouvernement suédois et des haut-gradés de l’armée déclarent que le pays doit se préparer à une guerre avec la Russie.

– Le 16 janvier, le journal allemand Bild publie un document « confidentiel » de l’état-major allemand montrant que celui-ci envisage sérieusement une attaque russe et décrivant comment il se prépare à y faire face.

– Le 21 janvier, l’amiral néerlandais, Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN déclare que l’Alliance n’exclut pas une guerre avec la Russie : « Nous nous préparons à un conflit » annonce-t-il.

– Le 21 janvier toujours, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, met en garde contre le risque d’une guerre dans un entretien diffusé par la chaine télévisée ZDF, affirmant que « même si une attaque russe ne paraît pas probablepour l’instant, nos experts s’attendent dans cinq à huit ans à une période au cours de laquelle cela pourrait être possible ».

– Le 24 janvier, le général Sir Patrick Sanders, chef de la British Army estime, dans une interview au Guardian, que la société britannique doit se préparer à l’éventualité d’une guerre.

– Le 5 février, dans un entretien paru dans le tabloïd Super Express, le ministre de la Défense polonais, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, déclare ne pas exclure une guerre imminente avec la Russie.

– Enfin, le 9 février Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, affirme, dans une interview au quotidienJyllands-Posten, que la Russie est capable de passer rapidement à l’offensive et que le Danemark doit être prêt à ce scénario.

Tous déclarent que face à la menace, les budgets de défense et les achats d’armement doivent être augmentés sans attendre[8]. Évidemment, on ne s’interroge guère quant à savoir à qui profite cette manœuvre politico-médiatique[9]

Or, indépendamment du fait que Vladimir Poutine ait été très clair sur ce point lors de son interview avec Tucker Carlson[10], les réalités démographiques et militaires montrent que cette hypothèse est totalement irréaliste et relève, une nouvelle fois, de la propagande, dans le but de maintenir à tout prix la cohésion de l’OTAN, qui commence à se fissurer, et surtout de faire peur aux opinions publiques qui voient bien quelle vont être l’issue de la guerre et les conséquences économiques déplorables qu’elle a engendrées pour elles.

Population

Russie   145 millions d’habitants[11]

Union européenne   449 millions (soit 3 fois la Russie)

Europe avec Royaume-Uni et Norvège  521 millions (soit 3,5 fois la Russie)

États-Unis  333 millions (soit 2,2 fois la Russie)

OTAN    956 millions (soit 6,6 fois la Russie)

Budget de défense[12]

Russie   86,4 milliards de dollars

États-Unis   877 milliards (soit 10 fois la Russie)

France + Allemagne + Royaume Uni 53,6 + 55,8 + 68,5 = 177,9 milliards (soit 2 fois la Russie)

OTAN  1 200 milliards d’euros (soit 14 fois la Russie)

Effectifs militaires[13]

Russie   1 150 000 hommes[14]

Ukraine   650 000 hommes

Pays d’Europe de l’Est membres de l’OTAN[15]  1 200 000 hommes (soit l’équivalent de la Russie)

États-Unis  1 390 000 hommes

Union européenne  1 800 000 hommes (soit 1,5 fois la Russie)

OTAN  3 370 000 hommes (soit 3 fois la Russie)

 Les chiffres et les faits sont têtus et parlent d’eux-mêmes. Et le décalage entre la réalité de terrain et le discours des Occidentaux et des Ukrainiens ne cesse de croître. Nous sommes donc en plein délire politique et en droit de nous demander si ceux qui nous gouvernent – comme ceux qui commentent ce conflit – sont stupides, incompétents, achetés ou irrémédiablement gagnés à l’idéologie néoconservatrice américaine, car ils défendent davantage les intérêts de Washington que ceux de leur propre pays[16] ! La question reste ouverte…

[1] Y compris l’excellent Emmanuel Todd – dont le dernier ouvrage (La Défaite de l’Occident, Gallimard, Paris, 2024) est en tout point remarquable – qui s’égare parfois lorsqu’il aborde les questions militaires.

[2] Opération lancée en dépit de l’opposition très claire de l’ONU et illégale au regard du droit international.

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_de_l%27Irak_par_les_%C3%89tats-Unis_en_2003

[4] Cf. https://www.populationdata.net/pays/ukraine/aires-urbaines. La ville de Kiev stricto sensu couvre 827 km2 et compte 3 millions d’habitants, une superficie et une population toujours supérieures à Gaza.

[5] Eric Schmitt, Julian Barnes & Helen Cooper, “Commando Network Coordinates Flow of Weapons in Ukraine, Officials Say”, New York Times, June 25, 2022. Greg Miller and Isabelle Khushudyan, “Ukrainian spies with deep ties to CIA wage shadow war against Russia”, The Washington Post, October 23, 2023.

[6] Voir à ce sujet mon éditorial n°62, « Quand le brouillard de la guerre commence à se dissiper », février 2023 (https://cf2r.org/editorial/quand-le-brouillard-de-la-guerre-commence-a-se-dissiper/).

[7] Andrei Kozovoï, « Poutine ou l’intoxiqueur intoxiqué » Politique internationale, n°178, Hiver 2023. Cet article, qui apporte des éléments intéressants, se décrédibilise malheureusement par sa grossière orientation anti-Poutine. L’auteur va jusqu’à attribuer la responsabilité de l’assassinat de Daria Dougina au FSB… alors que le SBU ukrainien l’a clairement revendiqué !

[8] Seule voix discordante, le chef d’état-major des armées (CEMA) français, le général Thierry Burkhard a déclaré, le 22 janvier, lors d’une conférence à la Sorbonne, que « quelle que soit l’issue de la guerre en Ukraine, la Russie a déjà subi une défaite stratégique. (…) L’armée de terre russe est dans un état critique. Elle ne constitue plus une menace pour l’OTAN » (https://www.opex360.com/2024/01/24/pour-le-chef-de-la-british-army-la-societe-britannique-doit-se-preparer-a-leventualite-dune-guerre/).

[9] En 2023, les exportations d’armes américaines ont augmenté de 56% par rapport à 2022 selon le département d’État américain. C’est essentiellement la guerre en Ukraine qui explique cet accroissement record.

[10] Alors que Tucker Carlson, lui demandait s’il pouvait « imaginer un scénario dans lequel vous envoyez des troupes russes en Pologne », Vladimir Poutine a répondu : « Seulement dans un cas de figure, si la Pologne attaque la Russie. Nous n’avons pas d’intérêts en Pologne, en Lettonie ou ailleurs. Pourquoi ferions-nous cela ? Nous n’avons tout simplement aucun intérêt (…). Il n’en est pas question », a-t-il ajouté.

[11] https://fr.statista.com/statistiques/565077/population-totale-de-la-russie-2024/

[12] Et avec un affaiblissement démographique à compter de 2030 (cf. E. Todd, op. cit. p. 64)

[13] https://atlasocio.com/classements/defense/effectif/classement-etats-par-effectif-militaire-total-monde.php

[14] Il convient de rappeler que la Russie ne peut concentrer toutes ses forces en Europe car elle doit assurer la sécurité de ses frontières et de son immense territoire.

[15] https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2023-HS13-page-342.htm

[16] Pour les deux derniers, nous proposons deux réponses que nous empruntons à Emmanuel Todd dans son dernier livre :

– « Si les citoyens d’Europe, et notamment de France, ne savent pas où est l’argent de leurs dirigeants, la NSA, elle, le sait et sait que ces dirigeants le savent. En toute honnêteté, je ne puis vraiment dire dans quelle mesure les données collectées par la NSA permettent de tenir les élites occidentales ; Je ne sais pas non plus jusqu’à quel degré cette institution peut réellement atteindre des comptabilités privées, ni quelles sont ses capacités de stockage. Mais il suffit que les élites européennes croient en son pouvoir pour se montrer très prudentes dans leurs rapports avec le maître américain » (op. cit., p. 189) ;

– « Notre problème intellectuel, au fond, est que nous aimons l’Amérique. Les Etats-Unis ont été l’un des tombeurs du nazisme ; ils nous ont montré la voie à suivre pour atteindre la prospérité et la décontraction. Pour accepter pleinement l’idée qu’aujourd’hui ils tracent celle qui mène à la pauvreté et à l’atomisation sociale, le concept de nihilisme est indispensable. » (op. cit., p. 244).

A lundi prochain

La revue de presse du 12 février 2024


Par Wayan – Le 12 février 2024 – Source : Le Saker Francophone

Caitlin Johnstone est, elle aussi, stupéfaite face à l’attitude des Etats-Unis que nous qualifions régulièrement ici de « schizophrénique » :

« L’une des choses les plus étranges qui se produisent dans le monde aujourd’hui est la façon dont les responsables américains continuent d’insister sur le fait qu’ils ne sont pas en guerre contre les groupes sur lesquels ils larguent des bombes au Moyen-Orient et qu’ils ne cherchent pas à entrer en conflit avec les personnes qu’ils sont en train d’attaquer.

 

Peu après une nouvelle série d’attaques massives contre des cibles Houthis au Yémen, le secrétaire de presse du Pentagone, Pat Ryder, a déclaré lundi aux journalistes que les États-Unis n’étaient pas en guerre contre le groupe.

« Nous ne cherchons pas une escalade avec les Houthis. Nous ne sommes pas en guerre contre les Houthis. Nous ne cherchons pas à entrer en guerre contre les Houthis », a déclaré Ryder.

La veille, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait déclaré à l’émission State of the Union de CNN que « les États-Unis n’envisagent pas non plus une guerre plus large au Moyen-Orient », même s’il a refusé d’exclure des attaques directes en Iran, et même si la guerre contre Gaza, soutenue par les États-Unis, s’est étendue aux campagnes de bombardements américains au Yémen, en Syrie et en Irak.

Cela survient quelques jours seulement après que le président Biden a publié une déclaration disant que « les États-Unis ne cherchent pas de conflit au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde », alors que les États-Unis sont en train de larguer des bombes sur plusieurs pays du Moyen-Orient. »

C’est tellement surréaliste. C’est comme si quelqu’un courait vers vous et vous lançait des coups de poing au visage tout en criant « JE NE SOUHAITE PAS ME BATTRE ! CE N’EST PAS UNE AGRESSION ! Ils portent un masque souriant en plastique et prônent la paix du bout des lèvres tout en gérant la structure de pouvoir la plus agressive et meurtrière de cette planète. »

Et bien cette folie continue de plus belle cette semaine. Le 31 janvier Reuters annonçait :

« Le groupe armé irakien Kataib Hezbollah, aligné sur l’Iran, a annoncé mardi la suspension de toutes ses opérations militaires contre les troupes américaines dans la région, dans une décision visant à éviter « l’embarras » du gouvernement irakien, a indiqué le groupe.

“Alors que nous annonçons la suspension des opérations militaires et de sécurité contre les forces d’occupation – afin d’éviter de mettre le gouvernement irakien dans l’embarras – nous continuerons à défendre notre peuple à Gaza par d’autres moyens”, a déclaré le secrétaire général du Kataib Hezbollah, Abou Hussein al-Hamidawi. a déclaré dans un communiqué. »

Sous la pression du gouvernement irakien, lui-même sous la pression des Etats-Unis, un des groupes de résistance irakien accepte donc d’arrêter sa tactique de harassement des troupes étasuniennes basées en Irak.

Mais une semaine plus tard, Reuters annonce :

« Un commandant du Kataib Hezbollah, un groupe armé en Irak soutenu par l’Iran et que le Pentagone accuse d’avoir attaqué ses troupes, a été tué mercredi lors d’une frappe américaine, a annoncé l’armée américaine.

“Les forces (américaines) ont mené une frappe unilatérale en Irak en réponse aux attaques contre des militaires américains, tuant un commandant du Kataib Hezbollah responsable de la planification directe et de la participation aux attaques contre les forces américaines dans la région”, a indiqué l’armée dans un communiqué. Le commandant n’a pas été nommé.

Deux sources de sécurité, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont déclaré que le commandant était Abou Baqir al-Saadi, tué dans une frappe de drone sur un véhicule dans l’est de Bagdad.

L’une des sources a indiqué que trois personnes avaient été tuées et que le véhicule visé était utilisé par les Forces de mobilisation populaire (FMP) irakiennes, une agence de sécurité de l’État irakien composée de dizaines de groupes armés, dont beaucoup sont proches de l’Iran. Les combattants et commandants du Kataib Hezbollah font partie des FMP. »

Pourtant, les articles de l’époque disaient :

« C’est la première fois qu’une frappe tue des soldats américains dans la région depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.

La Jordanie affirme que l’attaque a eu lieu en Syrie et non en Jordanie.

Il y a eu d’autres attaques contre des bases américaines dans la région, mais avant dimanche, il n’y avait aucun mort, selon l’armée américaine.

On ne sait pas clairement qui est derrière cette dernière attaque. »

Quand on Google la question « qui est derrière ces attaques », Wikipedia répond :

« Le 28 janvier 2024, un drone d’attaque lancé par Résistance islamique en Irak – une milice chiite soutenue par l’Iran – a frappé la tour 22, un avant-poste militaire américain à Rukban, dans le nord-est de la Jordanie. L’explosion a entraîné la mort de trois soldats américains et en a blessé 47 autres.[3] »

Visiblement, les « milices soutenues par l’Iran » ou autres « Forces de mobilisation populaire » se rejoignent dans un but commun, chasser l’occupant étasunien de la région. Et les Etats-Unis doivent affronter une entité difficile à identifier car, comme pour le Hamas, elle est composée de civils qui luttent pour défendre la souveraineté de leur pays.

Mais alors quelle relation entre les « Forces de mobilisation populaires » (FMP) et le gouvernement irakien ? Quels sont ces groupes auxquels les médias occidentaux attachent la sempiternelle phrase « Groupes soutenus par l’Iran ». Moon of Alabama nous l’explique :

« Les groupes FMP irakiens ont été fondés par le gouvernement irakien et sont sous son contrôle. Certains d’entre eux sont chiites et peuvent avoir des affinités idéologiques avec l’Iran.

En 2014 et plus tard, nombre de ces groupes, chiites ou non, ont reçu de l’Iran des équipements et des formations pour lutter contre Etat Islamique. Cette aide a été fournie à la demande du gouvernement irakien.

Cela ne fait pas de ces groupes un élément iranien ou quelque chose d’extérieur aux forces de sécurité irakiennes. Ils font partie intégrante de l’État irakien.

Les dépeindre comme des groupes extérieurs “soutenus par l’Iran“, comparables aux forces d’occupation américaines indésirables en Irak, est un pur mensonge destiné à permettre des attaques contre ces groupes, même lorsque ces attaques sont en fait des attaques contre les forces de sécurité de l’Irak et condamnées par le gouvernement irakien. »

Le Time le confirme :

« Les frappes aériennes américaines contre 85 cibles en Irak et en Syrie vendredi et contre les positions des Houthis au Yémen samedi ont marqué « le début, et non la fin de notre réponse » à une attaque de drone à la fin du mois dernier qui a tué trois soldats américains en Jordanie, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, à NBC. Le plus haut responsable de l’administration Biden a également refusé d’exclure des frappes aériennes sur le sol iranien.

Pourtant, les frappes de représailles sont vouées à l’échec, notamment parce que l’administration Biden ne semble pas saisir une évidence : les différents groupes militants, pour la plupart chiites, qui composent l’Axe de la Résistance sont loin d’être de simples mandataires iraniens qui opèrent au gré des caprices de l’Iran. Le soutien que l’Iran apporte à ces groupes – généralement des armes et des conseils sur la manière de les utiliser – ne se traduit pas par le type de pouvoir et de contrôle que les sponsors exercent généralement sur leurs mandataires. L’ambassadeur iranien auprès de l’ONU, Amir Saied Iravani, a récemment fait valoir ce point sur NBC, affirmant que même si l’Iran arme et finance ses alliés (à l’exception des Houthis), « nous ne les dirigeons pas. Nous ne leur commandons pas. Nous avons une consultation commune les uns avec les autres. Iravani a décrit la relation de l’Iran avec ces acteurs comme un « pacte de défense », la comparant à l’OTAN. »

Et les médias ont une grande part de responsabilité dans l’incapacité du gouvernement Biden et de la population a « ne pas saisir une évidence » :

« Les médias grand public comme The Guardian, The New York Times et The Wall Street Journal ont autorisé la publication d’articles étonnamment racistes ces derniers jours. Tous parlent des habitants du Moyen-Orient et de ceux d’origine moyen-orientale, pendant que l’empire occidental largue de plus en plus de bombes sur de plus en plus de pays du Moyen-Orient.

Lundi, le Guardian a publié une caricature politique qui ne se distingue pas de la propagande nazie des années 1930, si ce n’est qu’elle représente un musulman au lieu d’un juif. Le dessin montre le dirigeant iranien Ali Khamenei tenant les ficelles des marionnettes de soi-disant groupes mandataires iraniens au Moyen-Orient comme les Houthis, le Hezbollah et le Hamas, exactement de la même manière que les nazis avaient l’habitude de dépeindre les Juifs comme des marionnettistes malfaisants manipulant les affaires mondiales.

Comparez ceci :

à la propagande nazie sur les Juifs manipulant les dirigeants du monde pendant la période précédant l’Holocauste : 

… Le chroniqueur du New York Times, Tom Friedman, qui n’a jamais été confronté à une guerre au Moyen-Orient sans être physiquement excité, a été autorisé, d’une manière ou d’une autre, à publier un article intitulé « Comprendre le Moyen-Orient à travers le règne animal » qui compare les habitants du Moyen-Orient aux insectes et aux parasites.

Il n’y a bien sûr aucune analyse significative dans l’article de Friedman ; il compare littéralement les pays qu’il aime à des animaux et les pays qu’il n’aime pas à des insectes dégueulasses. Le Hamas est une araignée. L’Iran est une « guêpe parasitoïde », et le Liban, le Yémen, la Syrie et l’Irak sont les chenilles dans lesquelles elle pond ses œufs. Netanyahu est un lémurien, sautillant en fonction des exigences politiques du moment, et les États-Unis ? Les gars, comprenez ceci : les États-Unis sont un lion. Roooarr ! »

On retrouve là encore à la fois les méthodes de diabolisation de l’ennemi pour justifier les attaques contre lui et le suprématisme occidental. Les propagandistes occidentaux n’éprouvent même plus le besoin de faire dans la dentelle.

Pourtant l’Irak n’accuse pas l’Iran de déstabiliser la région mais bien les Etats-Unis :

« Des responsables irakiens ont condamné jeudi la frappe de drone américaine survenue pendant la nuit à Bagdad, qui a tué un haut commandant de la milice soutenue par l’Iran, soupçonné d’avoir mené l’attaque contre une base américaine en Jordanie, qui a tué trois soldats américains. Un porte-parole des forces armées irakiennes a qualifié cette frappe d'”assassinat flagrant” et a déclaré qu’il s’agissait d’un exemple de l’influence déstabilisatrice des troupes américaines et alliées dans le pays. »

Quant à la guerre non déclarée Israël/Liban, elle continue de plus belle :

« Une frappe de drone apparemment israélien jeudi dans le sud du Liban a visé deux membres du Hezbollah, dont un haut commandant du groupe terroriste libanais, à la suite d’attaques de missiles répétées qui ont blessé trois soldats de Tsahal – dont un grièvement – et endommagé une maison près de la frontière.

Alors qu’une série d’attaques transfrontalières tout au long de la journée maintenait les tensions à la frontière, le chef de l’armée de l’air israélienne a menacé que des centaines d’avions d’attaque pourraient être envoyés au Liban à tout moment. »

A Gaza, non seulement l’horreur continue mais elle s’amplifie :

« Benjamin Netanyahu indique que la guerre à Gaza pourrait s’intensifier et ordonne un plan d’évacuation pour Rafah

Un jour après que le président Biden a qualifié la campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza d’« exagérée », le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement indiqué que la guerre était susceptible de s’intensifier. Le dirigeant israélien a déclaré vendredi qu’il avait ordonné à ses forces de préparer un plan pour évacuer la population de Rafah avant une invasion israélienne prévue de la ville du sud de Gaza.

Israël affirme que Rafah est le dernier bastion du Hamas et qu’il doit envoyer des troupes pour mener à bien son plan de guerre contre le groupe militant islamique, qui, selon lui, y dispose encore de « quatre bataillons ». Mais on estime que 1,5 million de Palestiniens se sont entassés dans la ville et ses environs après avoir fui les combats ailleurs à Gaza, alors que les Forces de défense israéliennes les ont exhortés à y chercher refuge.

Netanyahu a déclaré qu’une « opération massive » était nécessaire à Rafah. Il a déclaré avoir demandé aux responsables de la sécurité de présenter un « double plan » qui comprendrait l’évacuation des civils et une opération militaire visant à « effondrer » les unités militantes restantes du Hamas. »

Rafah est collée à la frontière égyptienne, les gazaouis ne peuvent plus reculer, sauf à passer en Egypte. On se rappelle que l’un des plans dévoilés par le gouvernement israélien au début de l’attaque contre Gaza était de déplacer les gazaouis vers le Sinaï égyptien. Tout le monde crie « au fou » mais le fou n’entend plus rien :

« L’annonce [de l’attaque contre Rafah] a semé la panique. Plus de la moitié des 2,3 millions d’habitants de Gaza sont entassés à Rafah, qui borde l’Égypte. Beaucoup ont fui là-bas après avoir suivi les ordres d’évacuation israéliens qui couvrent désormais les deux tiers du territoire après l’attaque du Hamas du 7 octobre qui a déclenché la guerre. On ne sait pas où ils pourraient aller ensuite.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a déclaré que toute offensive terrestre israélienne sur Rafah aurait des « conséquences désastreuses » et a affirmé qu’Israël avait pour objectif de forcer à terme les Palestiniens à quitter leurs terres. L’Égypte a averti que tout mouvement de Palestiniens vers l’Égypte menacerait le traité de paix vieux de quatre décennies entre Israël et l’Égypte.

Un autre médiateur, le Qatar, a également mis en garde contre un désastre, et l’Arabie saoudite a mis en garde contre des « répercussions très graves ». Il existe même des frictions croissantes entre Netanyahu et les États-Unis, dont les responsables ont déclaré qu’une invasion de Rafah sans plan pour les civils conduirait à un désastre.

“Les habitants de Gaza ne peuvent pas disparaître dans les airs”, a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock sur X, ajoutant qu’une offensive israélienne sur Rafah serait une “catastrophe humanitaire en devenir“.

Une folie qui touche aussi une partie de la population :

« Plusieurs milliers d’Israéliens manifestent actuellement à Jérusalem, exhortant le gouvernement à résister aux pressions de la communauté internationale pour un cessez-le-feu et à poursuivre la guerre jusqu’à la défaite du Hamas.

De nombreux participants brandissent des affiches avec des photos de soldats tombés au combat et le message selon lequel, par leur mort, ils ont voulu qu’Israël continue à remporter la victoire.

La manifestation semble représenter un repoussoir par rapport aux manifestations plus importantes organisées ces dernières semaines qui faisait pression sur le gouvernement pour qu’il fasse les concessions nécessaires pour obtenir un accord d’otages avant qu’il ne soit trop tard.

La manifestation de ce soir vise à renforcer la position exprimée à plusieurs reprises par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a promis de poursuivre le combat jusqu’à la « victoire totale ». »

Il est de plus en plus évident que dans son esprit « victoire totale » veuille dire vider Gaza de ses habitants, crime contre l’humanité ou pas.

Un autre indice démontrant cela est que quand le Hamas propose un traité de paix raisonnable :

« Le groupe militant du Hamas a publié une contre-proposition visant à mettre fin définitivement au conflit à Gaza, a rapporté mercredi Reuters. Cette initiative est une réponse au plan de cessez-le-feu publié la semaine dernière par les médiateurs égyptiens et qataris, soutenu par les États-Unis et Israël.

Un projet de plan du Hamas consulté par l’agence de presse propose un cessez-le-feu en trois étapes de 135 jours qui aboutirait à une cessation des hostilités et à un retrait des forces israéliennes.

La première phase verrait les militants du Hamas libérer les otages israéliens restants de Gaza en échange de 1 500 prisonniers palestiniens détenus en Israël, a rapporté Reuters. Les phases ultérieures impliqueraient le début de la reconstruction du territoire dévasté de Gaza et un échange des restes des personnes tuées au cours de la guerre de quatre mois.

Il envisage également un accord visant à mettre fin définitivement au conflit d’ici la fin de la troisième phase de 45 jours. La trêve permettrait également la livraison de nourriture supplémentaire, de fournitures médicales et d’autres formes d’aide aux 2,3 millions de Gazaouis, dont beaucoup ont été déplacés par la violence au milieu des avertissements d’une crise humanitaire qui s’aggrave. »

Netanyahou y oppose une fin de non-recevoir en criant à la victoire :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté un plan proposé par le Hamas pour mettre fin au conflit à Gaza, déclarant aux journalistes qu’« il n’y a pas d’autre solution que la victoire absolue » sur les militants palestiniens.

Le texte du plan a été divulgué à Reuters mardi et rejeté par Netanyahu dès le lendemain.

« Se soumettre aux exigences délirantes du Hamas, que nous venons d’entendre, non seulement n’apporterait pas la liberté des otages, mais cela ne ferait qu’inviter à un massacre supplémentaire ; cela provoquerait un désastre pour Israël dont aucun citoyen israélien ne veut », a déclaré Netanyahu lors d’une conférence de presse. »

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En Ukraine, une autre ville est sur le point de tomber, Avdiivka :

« Les troupes russes progressent vers Avdiivka, posant une situation « critique » pour les forces de Kiev, ont averti les chaînes ukrainiennes Telegram, dans un contexte où cette ville de la région de Donetsk pourrait être la première colonie capturée par Moscou en huit mois.

En octobre dernier, la Russie a lancé une offensive contre la colonie considérée comme une porte d’entrée vers la ville voisine de Donetsk occupée par la Russie et un élément essentiel dans l’objectif du Kremlin de prendre le contrôle de toute la région du sud-est du Donbass.

La chaîne Telegram Ukraine Fights a indiqué dimanche que “la situation dans la ville est devenue critique”, ajoutant que des avions d’attaque russes étaient entrés dans la ville par le nord-est et que les troupes russes avaient contourné les formations de combat ukrainiennes et pris pied dans les bâtiments. »

Les tensions politiques en Ukraine augmentent. Zelensky a finalement virer son chef des armées :

« Le président Volodymyr Zelensky a annoncé le limogeage du plus haut commandant ukrainien, le général Valerii Zaluzhnyi, dans le cadre du plus grand remaniement militaire depuis le début de l’invasion à grande échelle de la Russie il y a près de deux ans.

La décision du président fait suite aux tensions entre Zelensky et son chef militaire extrêmement populaire après l’échec de la contre-offensive tant vantée de l’Ukraine, et alors que l’Ukraine est confrontée à une nouvelle attaque russe, à une pénurie de soldats et de munitions et à l’aide américaine bloquée au Congrès.

Le remplaçant de Zaluzhnyi sera Oleksandr Syrskyi, qui occupe depuis 2019 le poste de commandant des forces terrestres ukrainiennes. »

Le problème est que Sysrskyi est bien moins populaire dans les rangs :

« La question est maintenant de savoir ce que Syrskyi, 58 ans, apporte à la guerre. Plus particulièrement, il a aidé à défendre Kiev contre les assauts russes et a orchestré une contre-offensive réussie à Kharkiv.

Mais Syrskyi est également connu pour avoir dirigé ses forces vers un hachoir à viande à Bakhmut, envoyant vague après vague des troupes pour faire face aux tirs russes. En fin de compte, les mercenaires du groupe Wagner, soutenus par le Kremlin, ont capturé la ville.

Pour cette raison et d’autres, Syrsky est profondément impopulaire auprès de la base ukrainienne.

« Très mauvaise décision », a déclaré un capitaine militaire ukrainien au NatSec Daily. Le capitaine, comme d’autres, a bénéficié de l’anonymat pour éviter des représailles ou pour donner son opinion sans fard.

Une autre personne connaissant bien les opérations de Syrskyi a fait écho à ce point de vue. Il est peu probable que sa nomination ait un effet positif pour l’Ukraine, car Syrskyi est considéré par ceux qui sont en première ligne comme un général sévère de type soviétique qui met ses hommes en danger sans pitié.

Cette personne a ajouté que les troupes ukrainiennes ont donné à Syrsky un surnom horrible : « Boucher ». Le capitaine a confirmé que le surnom est resté, tout comme « Général200 » – qui signifie 200 morts sur le champ de bataille. »

Voilà qui ne va pas remonter le moral d’une armée qui l’a déjà à zéro :

« L’armée ukrainienne est confrontée à une pénurie critique d’infanterie, ce qui entraîne un épuisement et une baisse du moral sur la ligne de front, ont déclaré cette semaine des militaires sur le terrain – une nouvelle dynamique périlleuse pour Kiev, près de deux ans après le début d’une guerre acharnée et sanglante avec la Russie.

Lors d’entretiens sur la ligne de front ces derniers jours, près d’une douzaine de soldats et de commandants ont déclaré au Washington Post que le manque de personnel constituait actuellement leur problème le plus critique, alors que la Russie a repris l’initiative offensive sur le champ de bataille et intensifie ses attaques.

Un commandant de bataillon d’une brigade mécanisée combattant dans l’est de l’Ukraine a déclaré que son unité comptait actuellement moins de 40 soldats d’infanterie, des soldats déployés dans les tranchées de première ligne qui retiennent les assauts russes. Un bataillon entièrement équipé en compterait plus de 200, a déclaré le commandant.

Un autre commandant d’un bataillon d’infanterie d’une autre brigade a déclaré que son unité était également épuisée. »

Mais alors pourquoi un tel remaniement à ce moment :

« Le nouveau chef militaire ukrainien a indiqué vendredi qu’il souhaitait créer un nouvel élan, affirmant que ses objectifs immédiats étaient d’améliorer la rotation des troupes sur les lignes de front et d’exploiter la puissance des nouvelles technologies, à un moment où les forces de Kiev sont largement sur la défensive dans la guerre avec Russie.

“De nouvelles tâches sont à l’ordre du jour”, a déclaré Syrskyi sur sa chaîne Telegram.

Il a également souligné l’importance de « nouvelles solutions techniques et de la mise à l’échelle des expériences réussies, telles que l’utilisation de systèmes sans pilote et de moyens de guerre électronique modernes ».

Bien qu’il ait fourni peu de détails, ses remarques semblaient correspondre à l’objectif déclaré de Zelensky d’apporter un « renouveau » aux forces armées et d’adopter une nouvelle approche du combat. »

Améliorer la rotation des troupes veut dire mobilisation générale et forcée, que le parlement ukrainien est en train de voter, c’est-à-dire envoyer encore plus de civils mal entrainés dans des « hachoirs à viande ». Cela ne fera que répéter les échecs de Bhakmut et d’Avdiivka. Quant à exploiter la puissance des nouvelles technologies, commencer cela en pleine déroute me semble un peu tard. Bref, des objectifs totalement illusoires.

Moon of Alabama nous propose une autre explication à ce remaniement :

« Pourquoi Zelensky aurait-il nommé un commandant que l’ensemble des forces armées détestent ?

En fait, il s’agit d’une “caractéristique de conception” et non d’un bogue.

Rappelons que la raison pour laquelle Zaluzhny a été renvoyé est qu’il était devenu trop puissant : il était trop aimé des troupes et de la population. Pourquoi ? L’une des raisons est probablement qu’il s’est battu à plusieurs reprises pour les troupes. Au début de l’année 2023, des documents ont été divulgués montrant qu’il avait presque supplié Zelensky de retirer les troupes de Bakhmut, mais que le narco-Fuhrer avait refusé, voulant qu’il s’agisse d’une défense symbolique de la ville – peut-être pris d’illusions romantiques genre Stalingrad.

Récemment, on a prétendu que Zaluzhny avait également tenté d’obtenir le retrait total d’Avdeevka. Il ne semble pas qu’il aime gaspiller des hommes pour ce qu’il sait être des efforts infructueux. Syrsky, en revanche, semble heureux de les réduire à néant.

Alors, est-ce que c’est devenu évident ? Zelensky a besoin d’un commandant en chef qu’il peut contrôler, quelqu’un qui n’est pas universellement aimé par les troupes ; quelqu’un qui ne peut pas utiliser ces troupes à un moment opportun pour “marcher sur Kiev” et évincer Zelensky de sa citadelle. Syrsky semble correspondre au rôle prototypique parfait : indéfectible, impopulaire, peu charismatique et, surtout, non tenté par des ambitions politiques – le factotum servile idéal du régime de Zelensky. »

Il se pourrait bien que cette malheureuse initiative marque le début de la fin pour Zelensky.

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Cette semaine Tucker Carlson s’est discrètement rendu à Moscou pour y faire une interview surprise de Poutine. Il l’a ensuite publié sur son profil X et a atteint 190 millions de vus en trois jours. Un incroyable succès montrant une vraie soif d’information par le public. L’interview dure 2 heures et est disponible en version sous-titrée français ici. Poutine y présente sa version des événements.

Alors panique dans les médias/gouvernements occidentaux car Poutine risquait de fissurer la version occidentale des évènements en Ukraine en présentant la sienne :

« L’interview de Tucker Carlson avec le président russe Vladimir Poutine pourrait voir l’expert conservateur ciblé par les législateurs de l’Union européenne, ont déclaré à Newsweek des membres actuels et anciens du Parlement européen.

Le travail de Carlson en Russie pourrait mettre l’ancien animateur de Fox News dans une situation délicate avec l’UE, a déclaré à Newsweek Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et actuel membre du Parlement européen.

Le législateur – qui a appelé l’UE à envisager d’imposer une « interdiction de voyager » à Carlson – a décrit Carlson comme « un porte-parole » de l’ancien président Donald Trump et de Poutine, ajoutant : « Comme Poutine est un criminel de guerre et que l’UE sanctionne tous ceux qui l’aident dans ses efforts, il semble logique que le Service pour l’action extérieure examine également son cas.”

Expliquant le motif de son interview, Carlson a déclaré mardi dans une déclaration vidéo : “La plupart des Américains n’ont aucune idée de la raison pour laquelle Poutine a envahi l’Ukraine ni de quels sont ses objectifs actuels. Nous ne sommes pas ici parce que nous aimons Vladimir Poutine. Nous ne vous encourageons pas à être d’accord avec ce que Poutine pourrait dire dans cette interview, mais nous vous invitons à la regarder. Vous devriez en savoir le plus possible.” »

Puis attaque ad hominem contre le journaliste :

« Carlson a été accusé de faire écho à la propagande russe et à la désinformation sur l’Ukraine en se demandant pourquoi les États-Unis devraient dépenser des milliards pour aider le pays à se défendre.

Durant son séjour en Russie, Carlson a déjà été accusé de propager des mensonges. Même le Kremlin a déclaré qu’il avait tort de prétendre qu’aucun autre journaliste occidental n’avait tenté d’interviewer Poutine. Les responsables de Poutine ont déclaré qu’ils avaient simplement refusé tous les autres.

Carlson est déjà une figure célèbre parmi les propagandistes pro-Kremlin en Russie, avec des extraits de ses émissions fréquemment diffusés à la télévision d’État. La BBC a noté que chacun de ses mouvements en Russie avait été largement rapporté.

Bien que Carlson soit un personnage diminué après avoir été l’animateur le mieux noté de Fox News, il dispose toujours d’un large public parmi les républicains que Poutine cherche à atteindre. »

Boris Johnson, celui qui avait empêché un traité de paix entre l’Ukraine et la Russie en avril 2022 comme le rappelle Poutine dans cette interview, est particulièrement remonté contre Carlson :

« « Lorsque Tucker Carlson est allé au Kremlin, il avait une fonction bien connue de l’histoire. Il devait être le larbin du tyran, le dictaphone du dictateur et un traître au journalisme », a écrit Johnson dans un éditorial pour le Daily Mail vendredi.

“Dans son bonheur flatteur, riant et bouche bée d’avoir un” scoop “, il a trahi ses téléspectateurs et auditeurs du monde entier”, a écrit Johnson. Utilisant l’argot britannique pour désigner les fesses, Johnson a qualifié l’interview de « servilité suceuse de cul envers un tyran ».»

Pour ce général français, Poutine est même en train de gagner la « guerre des narratifs » grâce à cette interview.

Mais la panique s’est vite calmée, l’interview elle-même fut peu commentée, seuls les 190 millions de spectateurs auront eu l’occasion de voir l’autre face de la médaille, sans les interférences de la propagande occidentale. Une autre face qui correspond grandement aux faits que présentent les médias alternatifs, non pas parce qu’ils sont « à la botte de Poutine » comme veut le faire croire la propagande, mais parce que c’est le résultat de leur observation du terrain. Et, dans cette observation, le rôle de l’Occident n’est effectivement guère reluisant.

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Puisque nous parlons de « guerre des narratifs », nous finirons par cet article de Johnstone qui, en se basant sur l’interview de Poutine, nous explique les subtilités de la propagande occidentale pour imposer son narratif :

Dans la guerre de propagande, il est très difficile de vaincre les États-Unis

Par Caitlin Johnstone – Le 11 février

Un moment peu remarqué de la récente interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson fut quand Poutine a laissé entendre que les puissances de l’OTAN étaient à l’origine du sabotage du pipeline Nord Stream, en 2022. Carlson a répondu en demandant pourquoi Poutine ne présenterait pas de preuves de cela au monde, afin de « remporter une victoire dans la guerre de propagande ».

« Dans la guerre de propagande, il est très difficile de vaincre les États-Unis, car les États-Unis contrôlent tous les médias du monde et de nombreux médias européens », a répondu Poutine, ajoutant : «Les bénéficiaires ultimes des plus grands médias européens sont les institutions financières américaines. »

Je ne connais pas la nature spécifique de ses insinuations à propos du Nord Stream, mais Poutine a tout à fait raison quant à la force de la machine de propagande américaine. De tous les fronts sur lesquels on pourrait choisir de défier les États-Unis, la propagande est sûrement le moins favorable. L’empire américain possède de loin la machine de propagande la plus sophistiquée et la plus efficace qui ait jamais existé, fonctionnant avec une telle complexité que la plupart des gens ignorent même son existence.

Dans un article de « fact-checking » intitulé « 5 mensonges et 1 vérité tirés de l’interview de Poutine avec Tucker Carlson », Politico Europe qualifie cette affirmation de mensonge, au motif que la Russie possède des médias publics alors que les médias américains sont privés.

« Les plus grandes sociétés de médias d’information sont privées et opèrent sans contrôle direct du gouvernement, contrairement au paysage médiatique contrôlé par l’État en Russie », écrit Sergueï Goryachko de Politico. “La télévision d’État russe et les principales agences de presse sont la propriété du gouvernement, et le Kremlin contrôle les autres médias ou détruit ceux qui ne veulent pas collaborer.”

Au bas de l’article se trouve une ligne qui se lit comme suit : « Sergey Goryashko est hébergé à POLITICO dans le cadre du programme de résidence EU4FreeMedia financé par l’UE. »

EU4FreeMedia est une opération de gestion narrative de l’Union européenne créée pour aider à intégrer les « journalistes russes en exil » dans les principales publications européennes, c’est-à-dire pour fournir une amplification médiatique maximale aux expatriés russes qui ont une dent contre le gouvernement actuel de Moscou. Il est géré avec la participation de Radio Free Europe/Radio Liberty, une opération médiatique financée par le gouvernement américain sous l’égide des services de propagande américains USAGM.

Je n’aurais vraiment pas pu trouver une illustration plus parfaite de ce dont je parle ici que le gouvernement américain et ses laquais européens qui mènent un projet complexe et élaboré visant à orienter davantage les médias européens contre la Fédération de Russie, ce qui se manifeste par un article de Politico qualifiant Poutine de menteur et affirmant que la propagande n’existe pas en Occident.

Il existe une vieille blague disant ceci :

Un Soviétique et un Américain sont dans un avion, assis l’un à côté de l’autre.

« Pourquoi volez-vous vers les États-Unis ? » demande l’Américain.

«Pour étudier la propagande américaine», répond le Soviétique.

« Quelle propagande américaine ? » demande l’Américain.

« et bien voilà », répond le Soviétique.

En réalité, la nature de l’empire centralisé américain lui permet de mener une campagne de propagande internationale massive et continue à travers des plateformes médiatiques qui sont pour la plupart privées. Un réseau diversifié de facteurs alimente cette dynamique que j’ai détaillée dans mon article inhabituellement long intitulé « 15 raisons pour lesquelles les employés des médias de masse agissent comme des propagandistes », mais l’essentiel est que quiconque est suffisamment riche pour contrôler une plate-forme médiatique grand public va avoir un intérêt direct à préserver le statu quo sur lequel repose leur richesse, et ils coopéreront de diverses manières avec les structures de pouvoir de l’establishment à cette fin.

Le fait que ces médias semblent indépendants mais fonctionnent comme des organes de propagande pour l’empire américain permet à leur propagande de s’implanter dans l’esprit des gens sans déclencher le moindre réflexe de pensée critique ou de scepticisme, ce qui ne serait pas le cas si les gens savaient que ces médias étaient faits pour les nourrir de propagande. La propagande n’a vraiment de pouvoir de persuasion que si vous ne savez pas que vous la subissez.

L’invisibilité de la propagande américaine est encore renforcée par les méthodes subtiles par lesquelles elle est administrée, dont nous avons un magnifique exemple avec la couverture des atrocités de masse en cours à Gaza, soutenues par les États-Unis.

Dans un article intitulé « La couverture de la guerre à Gaza dans le New York Times et d’autres grands journaux ont fortement favorisé Israël, selon une analyse », The Intercept rapporte qu’une analyse de 1 000 articles du New York Times, du Washington Post et du Los Angeles Times sur la guerre d’Israël contre Gaza a révélé que les médias utilisaient systématiquement des choix de mots qui servaient les intérêts israéliens en matière d’information.

« Des termes très émouvants pour le meurtre de civils comme « massacre », « tuerie » et « horrible » étaient réservés presque exclusivement aux Israéliens qui ont été tués par des Palestiniens, plutôt que l’inverse », rapportent Adam Johnson et Othman Ali de The Intercept. . « Le terme « massacre » a été utilisé par les rédacteurs et les journalistes pour décrire le meurtre d’Israéliens et de Palestiniens dans un rapport de 60 contre 1, et « massacre » a été utilisé pour décrire le meurtre d’Israéliens et de Palestiniens dans un rapport de 125 contre deux. « Horrible » a été utilisé pour décrire le meurtre d’Israéliens contre Palestiniens à 36 contre 4. »

C’est le genre de manipulation qu’un consommateur d’information occasionnel ne remarque pas. À moins que vous ne soyez à l’affût des préjugés et que vous gardiez une trace des mots qui sont ou ne sont pas utilisés et à quel endroit, vous ne remarquerez probablement pas l’absence de mots chargés d’émotion lorsque vous faites un reportage sur les Palestiniens tués par les Israéliens.

Ce type d’opinion se manifeste de toutes sortes de manières, comme dans les gros titres d’aujourd’hui sur le meurtre par Tsahal d’une petite Palestinienne de six ans nommée Hind Rajab et de sa famille. Des organes de propagande étasuniens comme CNN, le New York Times et la BBC ont respectivement titré « Une fillette palestinienne de cinq ans retrouvée morte après avoir été coincée dans une voiture sous le feu israélien », « Une fillette de 6 ans portée disparues ». « Une équipe de secours retrouvée morte à Gaza, selon le groupe d’aide, » et « Hind Rajab, 6 ans, retrouvée morte à Gaza quelques jours après des appels téléphoniques à l’aide ». En revanche, Al Jazeera rapporte la même histoire avec le titre « Le corps d’une fillette de 6 ans tuée dans des tirs israéliens « délibérés » retrouvé après 12 jours », et Middle East Eye titre « Hind Rajab : une jeune Palestinienne retrouvée morte après avoir été coincée sous le feu israélien pendant des jours ».

Il est facile de remarquer la différence lorsqu’ils sont placés les uns à côté des autres comme je viens de le faire, mais à moins que vous n’y prêtiez vraiment attention et que vous n’ayez une bonne idée de ce qui se passe ici, vous risquez de manquer ce qui se passe. Si vous êtes comme la plupart des gens et ne lisez pas au-delà du titre, vous ne saurez jamais, d’après les gros titres des médias impériaux, que l’enfant a été tuée par Israël, et vous ne saurez certainement rien de son appel téléphonique terrifié alors qu’elle était piégée par les tirs des FDI et entourée des corps de ses proches décédés. Si vous regardez les médias traditionnels et leurs itérations en ligne renforcées par des algorithmes pour obtenir des informations sur le monde, vous aurez une journée de plus avec une perspective déformée de ce qui se passe à Gaza.

La presse occidentale écrit constamment des titres comme celui-ci lorsqu’elle tente de minimiser l’impact de la mort d’une personne aux mains d’un parti avec lequel elle sympathise, en particulier en ce qui concerne les Palestiniens. Le mois dernier, la BBC a publié un article intitulé « Un nombre record de civils blessés par des explosions en 2023 », comme si des gens manipulaient mal des feux d’artifice ou quelque chose du genre au lieu d’être activement tués par les bombes israéliennes. La BBC a ensuite révisé son titre atroce, mais l’a révisé dans la direction opposée, en remplaçant « Nombre record » par « Nombre élevé » pour minimiser encore davantage l’impact.

Comparez cela avec les gros titres de la BBC lorsqu’elle parle des Ukrainiens tués par les frappes aériennes russes  – il y en a un récent intitulé « Guerre d’Ukraine : les frappes aériennes russes font cinq morts à Kiev et à Mykolaïv ».

Vous avez compris ? En Ukraine, des gens meurent à cause des bombes parce que la Russie a lancé des frappes aériennes russes et les a tués de manière très russe, tandis qu’à Gaza, les gens sont blessés par des explosions parce qu’ils se sont trop rapprochés d’un type de matériau explosif.

La semaine dernière, le Washington Post publiait un article d’opinion intitulé « L’Amérique est-elle complice de la guerre sanglante d’Israël à Gaza ? Mais cela a été considéré trop lourd par les rédacteurs du Post, qui ont rebaptisé l’article « La guerre entre Israël et Gaza a-t-elle changé votre sentiment d’être américain ? » pour empêcher les Américains de trop réfléchir à la guerre sanglante menée par Israël à Gaza et à la complicité de leur pays dans cette guerre.

Dans un article de mercredi intitulé « Biden essaie à nouveau avec les Arabes américains du Michigan », Farah Stockman, membre du comité de rédaction du New York Times, a écrit une phrase absolument insensée : « L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre semble affecter les perspectives électorales de Biden. » Et le New York Times l’a imprimé.

Relisez cette ligne. Elle dit que les Arabes américains rejettent Biden à cause de l’attaque du Hamas du 7 octobre, ce qui est bien sûr absurde ; ils rejettent Biden parce qu’il soutient un génocide à Gaza. Elle a écrit cette ligne absurde parce que dans le New York Times, vous ne pouvez pas dire des phrases comme « le génocide israélien à Gaza » ou « la facilitation des crimes contre l’humanité par le président », et vous ne serez pas embauché si vous êtes le genre de personne qui serait enclin à l’écrire. Au lieu de cela, le titre prétend que, pour une raison inexplicable, les Arabes américains sont simplement en colère contre Biden parce que le 7 octobre s’est produit.

Mais encore une fois, ces petites manipulations passent inaperçues si vous n’y prêtez pas attention. Tel est l’éclat de la machine de propagande invisible de l’empire américain. C’est pourquoi il est très difficile de gagner une guerre de propagande contre les États-Unis, c’est pourquoi les Occidentaux ont été si bien manipulés pour accepter un statu quo de guerres sans fin, d’écocide, d’injustice et d’exploitation, et c’est pourquoi le monde est tel qu’il est actuellement.

A lundi prochain

La revue de presse du 5 février 2024


Par Wayan – le 5 février 2024 – Le Saker Francophone

La véritable nouvelle de la semaine, c’est tout au moins ainsi qu’elle sera vue avec le recul du temps, est la désinvolture avec laquelle le verdict de la Cour de Justice Internationale a été prise par le monde occidental. C’est bien pour cela que vous ne lirez cette nouvelle dans aucun média grand public occidental. Le monde occidental est en train de devenir un « hors la loi » devant le reste du monde, sans même le réaliser vraiment, perdant ainsi encore plus de sa crédibilité.

 

« AU COURS DE LA SEMAINE qui s’est écoulée depuis que la Cour internationale de Justice a statué que le gouvernement israélien commettait de manière plausible un génocide et lui a ordonné de prévenir d’éventuels nouveaux actes de génocide, les forces israéliennes n’ont fait que continuer à commettre des atrocités contre les Palestiniens.

Fortes du soutien constant des responsables américains, les forces israéliennes ont tué au moins 874 Palestiniens et blessé au moins 1 490 personnes à Gaza depuis la décision de la CIJ de la semaine dernière, selon les chiffres du ministère palestinien de la Santé du samedi 27 janvier au vendredi 2 février, sans parler des autres actes de violence israélienne en Cisjordanie occupée et à Jérusalem…

…Des clips vidéo et des reportages de la semaine dernière soulignent l’horreur persistante. Une fosse commune contenant 30 corps menottés, les yeux bandés et exécutés a été retrouvée dans une école du nord de Gaza. Une fillette de 6 ans à Gaza a vu les forces israéliennes tirer et tuer sa famille dans la voiture même dans laquelle elle se trouvait ; elle a apparemment survécu, mais on ignore désormais où elle se trouve. Un soldat israélien s’est filmé dans la ville de Khan Younis, faisant écho à la rhétorique de Netanyahu sur le récit biblique d’Amalek, où Dieu ordonne le meurtre de toute une société – des commentaires qui ont aidé les avocats sud-africains à démontrer l’intention génocidaire d’Israël. « Nous avons tué des dizaines de milliers d’Amalécites », y déclare le soldat. “La morale est de comprendre que tout Arabe est un suspect.”

Lors d’un raid sur un camp de réfugiés à Jérusalem occupée, les forces israéliennes ont enchaîné un Palestinien, l’ont forcé à enfiler une tenue militaire et l’ont utilisé comme bouclier humain, a rapporté Al Jazeera.

Mardi, des soldats israéliens habillés en personnel médical ont envahi un hôpital en Cisjordanie et ont exécuté trois Palestiniens en leur tirant « à bout portant » dans la tête. L’un d’eux était hospitalisé depuis près de quatre mois après avoir été paralysé par des fragments de missile provenant d’un drone israélien. Les Palestiniens qui ont été libérés d’une prison israélienne jeudi ont partagé des témoignages troublants d’humiliations à l’intérieur, leurs corps portant des traces de torture. Et dans un clip apparu cette semaine, on voit un soldat israélien forcer un bus rempli de Palestiniens kidnappés à féliciter sa famille et à dire qu’ils seront les esclaves de sa famille.

En arrière-plan des atrocités perpétrées à Gaza se trouve la misère plus large à laquelle est confrontée l’ensemble de la population. La BBC a noté que la plus grande préoccupation de l’UNICEF concerne « les 19 000 enfants qui sont orphelins ou qui se retrouvent seuls, sans adulte pour s’occuper d’eux ». CNN a rapporté que les Palestiniens mangent de l’herbe et boivent de l’eau polluée dans un contexte de famine. Le Guardian a rapporté que 50 à 62 pour cent de tous les bâtiments de Gaza ont été endommagés ou détruits. »

« Israël a ignoré la décision rendue la semaine dernière par le plus haut tribunal de l’ONU en tuant des centaines de civils supplémentaires en quelques jours à Gaza, a déclaré mercredi le ministre sud-africain des Affaires étrangères, ajoutant que son pays avait demandé pourquoi un mandat d’arrêt était émis contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’a pas été délivré dans une affaire déposée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour pénale internationale distincte.

La ministre des Affaires étrangères Naledi Pandor a déclaré que l’Afrique du Sud « envisagerait de proposer d’autres mesures à la communauté mondiale » dans le but d’empêcher Israël de tuer des civils lors de sa guerre à Gaza contre les militants du Hamas, mais n’est pas entrée dans les détails. »

Un courage que certains veulent faire payer à l’Afrique du sud :

« Le gouvernement sud-africain a affirmé qu’il était confronté à des campagnes de déstabilisation menées par des agences de renseignement étrangères en guise de représailles pour avoir osé lancer une procédure de génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ).

La ministre de la Sécurité du pays, Khumbudzo Ntshavheni, a déclaré que son agence avait été mise en état d’alerte pour faire face à l’ingérence étrangère, alors que le pays se prépare à organiser des élections nationales plus tard cette année. « Il existe des campagnes internationales de désinformation qui visent à déstabiliser le pays », a-t-elle déclaré aux journalistes jeudi à Pretoria. « En tant que cluster sécurité, nous sommes très concentrés sur ce travail. Nous surveillons et nous renforçons nos capacités. »

Le coup de poignard occidental dans le dos palestinien, et le signe indubitable de complicité dans ce crime, est la rupture du financement de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, comme nous l’avons déjà vu la semaine dernière. Mais ce n’est pas le seul indice de complicité :

« Depuis le début de la guerre, les États-Unis ont ainsi livré plus de 10.000 tonnes de matériel militaire à Israël. L’Allemagne a multiplié par dix ses livraisons d’armes. Le magazine Der Spiegel vient en outre de révéler que Berlin s’apprêtait à envoyer quelque 10.000 obus de 120 millimètres. Même la Belgique qui tente d’adopter une position plus mesurée dans le concert des nations européennes a été prise la main dans le sac : 16.000 tonnes de poudre à munition exportées vers Israël. Quant à la France, mystère ! Si l’on sait que 15,3 millions d’euros d’armement ont été vendus en 2022 selon les derniers chiffres officiels, le ministre des Armées se montre plus circonspect sur les livraisons depuis le début de la guerre. Fidèle à la doctrine du « en même temps » de son patron Macron, Sébastien Lecornu indique que la France « n’exporte pas et n’exportait pas avant les événements dramatiques du 7 octobre de matériels létaux susceptibles d’être employés contre des populations civiles dans la bande de Gaza ». Mais en même temps, Lecornu reconnaît que la France « exporte des équipements militaires à Israël afin de lui permettre d’assurer sa défense, comme l’article 51 de la Charte des Nations unies lui en donne le droit. »

Comme feuille de vigne cachant son évidente complicité active, Biden a pris une décision :

« WASHINGTON (AP) — Le président Joe Biden a publié jeudi un décret ciblant les colons israéliens de Cisjordanie qui ont été accusés d’avoir attaqué des Palestiniens et des militants pacifistes israéliens dans le territoire occupé, imposant des sanctions financières et des interdictions de visa dans un premier temps contre quatre personnes.

Ces colons ont été impliqués dans des actes de violence, ainsi que dans des menaces et des tentatives de destruction ou de saisie de biens palestiniens, selon l’ordre. Les sanctions visent à empêcher ces quatre personnes d’utiliser le système financier américain et à empêcher les citoyens américains de traiter avec eux. Les responsables américains ont déclaré qu’ils évaluaient l’opportunité de punir les autres personnes impliquées dans les attaques qui se sont intensifiées pendant la guerre entre Israël et le Hamas. »

Pas un des dirigeants israéliens ayant des discours extrémistes et cités dans le verdict de la CJI n’est visé, seulement quatre colons alors qu’ils sont des centaines de milliers.

Pendant ce temps, la guerre qui ne dit pas son nom continue. Les représailles pour la mort de 3 soldats étasuniens, la semaine dernière, sont lancées :

« L’armée américaine a riposté vendredi soir contre l’Iran et ses mandataires en Syrie et en Irak en représailles à une attaque de drone le week-end dernier qui a tué trois soldats de l’armée américaine en Jordanie, a annoncé le Pentagone.

Les frappes ont commencé à 16 heures ET – deux heures après la conclusion d’une cérémonie en l’honneur des trois soldats à la base aérienne de Dover dans le Delaware – et furent rapide. Les forces américaines qui ont mené l’opération étaient revenues en sécurité 40 minutes après leur départ.

“De nombreux avions, dont des bombardiers B-1 envoyés depuis les Etats-Unis, ont participé à cette opération, tirant plus de 125 munitions à guidage de précision en 30 minutes environ”, a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby.

L’opération visait la Résistance islamique en Irak, un groupe de milices soutenues par Téhéran – dont le Kataib Hezbollah – qui a mené l’attaque meurtrière de dimanche.

Les États-Unis ont également ciblé une branche du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) spécialisé dans le renseignement militaire et la guerre non conventionnelle. C’est la première fois que les États-Unis entreprennent une action militaire directe contre les forces officielles de Téhéran depuis que les filiales iraniennes ont commencé à attaquer les troupes américaines en novembre.

Au total, les forces américaines ont frappé plus de 85 cibles dans sept installations en Irak et en Syrie, notamment des centres de commandement et de contrôle, des quartiers généraux, des centres de renseignement, des installations de stockage de missiles et de drones, ainsi que des installations de logistique, de munitions et de chaîne d’approvisionnement. »

Bien sûr, l’Iran rétorque.

« L’Iran a menacé mercredi de « répondre de manière décisive » à toute attaque américaine contre la République islamique après que le président Joe Biden ait lié Téhéran à l’assassinat de trois soldats américains dans une base militaire en Jordanie. »

De son coté, Israël prévient que le Liban « c’est pour bientôt ».

« Les troupes israéliennes « entreront très bientôt en action » près de la frontière nord du pays avec le Liban, a déclaré ce soir le ministre de la Défense Yoav Gallant, alors que les tensions augmentent à cause de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Gallant a déclaré aux troupes près de la frontière avec la bande de Gaza que d’autres étaient déployées dans le nord d’Israël.

« Ils entreront très bientôt en action… afin que les forces dans le Nord soient renforcées », a déclaré Gallant. »

Alors les militaires étasuniens se préparent à venir à la rescousse.

« Une note au personnel de l’US Air Force obtenue en janvier par The Intercept décrit les ordres militaires d’être « en attente de déploiement pour soutenir les troupes dans le cas d’une implication terrestre des États-Unis dans la guerre contre le Hamas en Israël ». Selon un document personnel distinct, l’ordre de mise en attente concernait le personnel déployé l’année dernière en Irak.

Bien que les documents ne suggèrent pas qu’une implication militaire américaine dans la guerre soit imminente, le mémo de janvier est la dernière indication en date des préparatifs du Pentagone pour soutenir Israël à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre. Quelques jours après l’attaque, l’armée américaine aurait placé 2 000 soldats sur ordre de préparation au déploiement en vue d’un soutien potentiel à Israël, mais en provenance des pays voisins – ordres qui ont été confirmés par un document d’achat obtenu par The Intercept. »

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En Ukraine le combat des chefs, qui couve depuis l’échec de la contre-offensive, prend une telle ampleur que les médias grand public sont obligés d’en parler. Zelenski contre son chef des armées, Zaluzhny.

« Le populaire chef de l’armée ukrainienne, Valery Zaluzhny, a été convoqué lundi à une réunion au bureau du président et lui a dit qu’il allait être limogé, ont déclaré à CNN deux sources proches du dossier, après des semaines de spéculations croissantes sur les tensions entre Volodymyr Zelensky et son commandant en chef.

Aucune annonce officielle n’a été faite, ce qui signifie que Zaluzhny était toujours en poste mercredi soir. Cependant, un décret présidentiel est attendu d’ici la fin de la semaine, a déclaré l’une des sources à CNN, dans ce qui serait le plus grand remaniement militaire depuis le début de l’invasion russe à grande échelle il y a près de deux ans.

Les rumeurs de la réunion et du limogeage de Zaluzhny ont explosé autour de Kiev lundi soir, ce qui a donné de la crédibilité à un fossé qui s’est largement ouvert entre le président et son commandant en chef après l’échec de la contre-offensive ukrainienne l’année dernière.

Lundi, le porte-parole présidentiel Serhiy Nykyforov a déclaré à CNN et à d’autres que les rumeurs sur le limogeage du chef de l’armée étaient fausses. Le ministère de la Défense a également publié un message sur ses réseaux sociaux : « Chers journalistes, une réponse immédiate à tout le monde : non, ce n’est pas vrai ».

Et dans son discours quotidien du soir de lundi, Zelensky lui-même n’a fait aucune référence à son chef de l’armée. »

Le brouillard de guerre recouvre le gouvernement de Kiev.

Un des noms mis en avant par la presse ukrainienne pour remplacer Zaluzhny est Bodanov, l’actuel chef des renseignements.

« Le général Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien (HUR), a parlé à CNN dans une interview exclusive. Malgré les inquiétudes du public concernant l’épuisement des troupes ukrainiennes, la supériorité de la Russie en matière de production militaire nationale et l’absence de fin de match claire et prévue, il a continué à exprimer sa confiance habituelle dans une victoire complète de l’Ukraine sur la Russie.

« L’établissement de la justice – c’est ainsi que cela se terminera », a-t-il déclaré, ajoutant : « Les six prochains mois seront intéressants, cette période marquant la fin de l’avancée actuelle de la Russie sur les lignes de front. »

Dans une interview accordée à CNN, le chef du renseignement ukrainien a déclaré que les forces militaires de Kiev avaient l’intention d’intensifier la fréquence des frappes contre les infrastructures russes. »

Un optimisme qui doit plaire à Zelenski, mais un optimisme complétement irréaliste qui promet un réveil encore plus difficile. Comme l’armée terrestre est embourbée sur la ligne de front, Bodanov plaide pour la « tactique du moustique ». Piquer puis fuir, repiquer puis fuir, jusqu’à rendre la Russie dingue.

« Il existe un plan « hypothétique » visant à augmenter le nombre de frappes ukrainiennes contre des infrastructures critiques et des installations militaires russes en Russie, a déclaré le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Budanov, dans une interview à CNN publiée le 31 janvier.

De multiples frappes de drones sur des dépôts pétroliers en Russie ont été signalées en janvier, notamment dans les oblasts de Krasnodar, Briansk, Orel et Léningrad. Kiev ne commente souvent pas les attaques présumées en Russie.

Boudanov n’a pas non plus explicitement reconnu la responsabilité de l’Ukraine dans la récente vague de frappes en Russie, mais a déclaré qu’il était “tout à fait possible” que l’Ukraine soit impliquée.

Il a ajouté qu’il existe un plan “hypothétique” visant à augmenter le rythme de telles frappes, incluant potentiellement “toutes les principales infrastructures critiques et les infrastructures militaires de la Fédération de Russie”.

Au-delà de l’impact sur la capacité militaire et l’infrastructure industrielle de la Russie, les frappes exposent les civils russes à la réalité d’une guerre à grande échelle, a déclaré Boudanov.

Ils voient finalement “la vraie image (de la guerre). Ils voient des dépôts pétroliers en feu, des bâtiments détruits dans des usines et des usines détruites, etc. Tout cela est bénéfique”. »

Tactique déjà en application depuis un moment :

« Deux drones d’attaque ukrainiens ont frappé samedi la plus grande raffinerie de pétrole du sud de la Russie, a déclaré à Reuters une source à Kiev, détaillant la dernière d’une série d’attaques à longue portée contre des installations pétrolières russes.

Les autorités locales russes ont déclaré plus tôt qu’un incendie avait été éteint à la raffinerie de Volgograd à la suite d’une attaque de drone. Le producteur de pétrole Lukoil (LKOH.MM), qui possède la raffinerie, a déclaré plus tard que l’usine fonctionnait normalement. »

…..

« Le bilan des victimes d’une frappe de missile ukrainien sur la ville de Lisichansk dans la République populaire de Lougansk (RPL) en Russie s’est alourdi à 28 personnes, ont annoncé le chef par intérim de la région et les services d’urgence.

L’attaque contre une boulangerie s’est produite samedi en pleine période de pointe, détruisant partiellement le bâtiment. Des sources du Comité d’enquête russe ont déclaré aux médias que le bombardement avait probablement été effectué à l’aide d’un système de lancement de roquettes multiples HIMARS de fabrication américaine, fourni à Kiev par l’Occident.

“À la suite d’une frappe menée par les nationalistes ukrainiens contre une boulangerie, 28 civils ont été tués, dont un enfant”, a écrit dimanche le chef par intérim de la LPR, Leonid Pasechnik, sur Telegram.

Dix personnes ont été sauvées des décombres, et « les médecins se battent actuellement pour sauver leur vie », a-t-il ajouté. »

Budanov ne précise pas ce qu’il prévoit de faire quand la Russie voudra écraser le moustique.

Parallèlement à cette « tactique du moustique », l’Ukraine cherche à renforcer sa défense :

« Alors que l’aide américaine et européenne à l’Ukraine est désormais sérieusement menacée, l’administration Biden et les responsables européens détournent discrètement leur attention du soutien à l’objectif de victoire totale de l’Ukraine sur la Russie pour améliorer sa position dans une éventuelle négociation visant à mettre fin à la guerre, selon un officiel de l’administration Biden et un diplomate européen basé à Washington. Une telle négociation signifiera probablement céder certaines parties de l’Ukraine à la Russie.

La Maison Blanche et le Pentagone insistent publiquement sur le fait qu’il n’y a pas de changement officiel dans la politique de l’administration – qu’ils soutiennent toujours l’objectif de l’Ukraine de forcer l’armée russe à quitter complètement le pays. Mais avec les Ukrainiens eux-mêmes, les responsables américains et européens discutent actuellement du redéploiement des forces de Kiev, loin de la contre-offensive largement ratée du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, vers une position défensive plus forte contre les forces russes à l’est, selon le responsable de l’administration et le diplomate européen, discussions confirmées par un haut responsable de l’administration. Cet effort implique également le renforcement des systèmes de défense aérienne et la construction de fortifications, d’obstructions avec des barbelés, d’obstacles antichar et de fossés le long de la frontière nord de l’Ukraine avec la Biélorussie, affirment ces responsables. En outre, l’administration Biden s’efforce de ressusciter rapidement l’industrie de défense ukrainienne afin de fournir les armes dont le pays a désespérément besoin et que le Congrès américain hésite à remplacer. »

Mais la situation domestique catastrophique de l’Ukraine rendra ce plan difficile :

« L’Ukraine a désormais le taux de fécondité total le plus bas au monde, avec une moyenne de 0,7 enfant par femme en âge de procréer, a révélé au Times un groupe de réflexion financé par le gouvernement. Ce manque d’enfants, aggravé par des morts violentes massives et l’exode de millions de réfugiés, a remis en question sa survie en tant que nation. Le tableau démographique semble sombre, estiment les scientifiques.

“L’espérance de vie des hommes est passée de 66-67 ans avant la guerre à 57-58 ans, selon les estimations de nos experts”, explique Ella Libanova, directrice de l’Institut de démographie et d’études sociales de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine. Seuls le Tchad (54 ans), le Nigeria (54 ans), le Lesotho (55 ans) et la République centrafricaine (55 ans) ont une espérance de vie inférieure. »

Pour ceux qui pensent que le bloc occidental n’a rien à voir avec le conflit russo-ukrainien et que l’attaque contre l’Ukraine était « non provoquée », comme le serine la propagande médiatique, voici un rapport de la Rand corporation, daté de 2019, qui leur ouvrira peut-être les yeux.

« Cette note résume un rapport qui examine de manière approfondie les options non-violentes et coûteuses pour la Russie que les États-Unis et leurs alliés pourraient mettre en œuvre dans les domaines économique, politique et militaire pour mettre à rude épreuve – étendre et déséquilibrer – l’économie et les forces armées russes ainsi que la position politique du régime dans son pays et à l’étranger. »

S’ensuit une liste à la Prévert de mesures pour harasser la Russie. Voici le chapitre concernant les mesures géopolitiques :

« Mesures géopolitiques coûteuses pour la Russie

Fournir une aide meurtrière à l’Ukraine exploiterait le plus grand point de vulnérabilité extérieure de la Russie. Mais toute augmentation des armements militaires et des conseils américains à l’Ukraine devrait être soigneusement calibrée pour augmenter les coûts pour la Russie du maintien de son engagement actuel sans provoquer un conflit beaucoup plus vaste dans lequel la Russie, en raison de sa proximité, aurait des avantages significatifs.

Un soutien accru aux rebelles syriens pourrait mettre en péril d’autres priorités politiques américaines, telles que la lutte contre le terrorisme islamique radical, et risquer de déstabiliser davantage la région toute entière. En outre, cette option pourrait même ne pas être réalisable, compte tenu de la radicalisation, de la fragmentation et du déclin de l’opposition syrienne.

Promouvoir la libéralisation en Biélorussie ne réussira probablement pas et pourrait provoquer une réponse russe forte, qui entraînerait une détérioration générale de l’environnement de sécurité en Europe et un revers pour la politique américaine.

Il serait difficile d’élargir les liens dans le Caucase du Sud – pour concurrencer économiquement la Russie – en raison de la géographie et de l’histoire.

Réduire l’influence russe en Asie centrale serait très difficile et pourrait s’avérer coûteux. Il est peu probable qu’un engagement accru étende beaucoup la Russie sur le plan économique et serait probablement disproportionnément coûteux pour les États-Unis.

Renverser la Transnistrie et expulser les troupes russes de la région porterait un coup au prestige russe, mais cela permettrait également à Moscou d’économiser de l’argent et imposerait très probablement des coûts supplémentaires aux États-Unis et à leurs alliés. »

Ukraine, Syrie, Biélorussie, Asie Centrale, ces quatre tentatives de déstabilisation ont été appliquées, sans trop de réussite, comme en avertissait ce rapport, mais ont été tentées malgré tout, montrant que ce « rapport » est plus une feuille de route qu’un rapport. Seule la Transnistrie n’a pas encore été tentée mais son nom apparait régulièrement dans la bouche des dirigeants ukrainiens.

Parmi les « mesures économiques couteuses pour la Russie », voici un des chapitres :

« Imposer des sanctions commerciales et financières plus sévères risquera également de dégrader l’économie russe, surtout si ces sanctions sont globales et multilatérales. Leur efficacité dépendra donc de la volonté des autres pays de se joindre à un tel processus. Mais les sanctions entraînent des coûts et, selon leur gravité, des risques considérables. »

L’Europe continue donc à suivre ce plan :

« Actifs russes gelés : les Européens jettent les premiers jalons d’une confiscation

L’Union européenne est parvenue à un accord sur la première étape d’un plan visant à affecter à « la reconstruction de l’Ukraine » les revenus générés par les avoirs russes gelés. Les Européens ont trouvé un accord, le 29 janvier au soir, afin de confisquer au profit de l’aide à l’Ukraine les revenus générés par les avoirs russes gelés, a indiqué sur X (anciennement Twitter) la Belgique, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.

Depuis plusieurs mois, alors que l’aide des États-Unis à l’Ukraine s’essouffle, la Commission européenne lorgne sur la manne financière que représentent les fonds russes gelés au sein des 27 afin de financer son propre soutien à Kiev. Près de 191 milliards d’euros d’avoirs de la Banque centrale de Russie, gelés par l’UE dans le cadre des sanctions contre Moscou, sont gérés par Euroclear Bank (EB), un organisme international de dépôts de fonds basé en Belgique. Des avoirs qui, eux-mêmes, génèrent plusieurs milliards d’intérêts annuels. Selon l’accord auxquels sont parvenus les 27, ces intérêts « seront comptabilisés séparément et ne seront pas versés sous forme de dividendes aux actionnaires jusqu’à ce que les pays de l’UE décident à l’unanimité de la mise en place d’une “contribution financière au budget [de l’UE] qui sera collectée sur ces bénéfices nets pour soutenir l’Ukraine” », relate le Financial Times (FT), dans un article paru le 29 janvier. Si pour l’heure la confiscation de cet argent au profit de l’Ukraine est exclue, précise l’AFP, elle fera l’objet d’une nouvelle proposition de la Commission. Ce « prélèvement », affirme le quotidien financier britannique, qui cite alors un « projet de texte » européen, sera « conforme aux obligations contractuelles applicables, et conforme au droit [de l’UE] et international ». »

**************

Comme nous l’avons déjà vu, les médias grand public répètent inlassablement que l’économie chinoise va mal et que l’économie étasunienne ne va pas si mal, même très bien récemment :

« Un autre rapport sur l’emploi étonnamment bon montre que l’économie américaine est en plein essor »

Pourtant, le même jour un autre journal étasunien, plus spécialisé en économie, titrait :

« Pourquoi est-ce si dur de trouver un emploi aux Etats-Unis en ce moment ? »

Un autre titrait :

« L’économie américaine est en plein essor. Alors pourquoi les entreprises technologiques licencient-elles du personnel ? Google, Amazon, Microsoft et bien d’autres ont licencié des milliers de travailleurs en janvier, poursuivant ainsi une vague de licenciements qui a débuté en 2022. »

Ou celui-ci :

« Bienvenue dans l’ère des emplois médiocres

Le nouveau rapport sur l’emploi est excellent. Mais n’allez peut-être par chercher un nouveau poste en ce moment. »

Une économie peut-elle être schizophrénique ou serait-ce plutôt la manière elle est présentée ?

La population non plus ne semble pas très d’accord avec l’optimisme des médias grand public et du gouvernement étasunien :

« Il existe une énigme sur laquelle les économistes et les stratèges politiques réfléchissent depuis plus d’un an : l’économie est bonne, mais les Américains disent qu’elle est mauvaise.

Malgré toutes sortes de nouvelles positives sur l’inflation (elle ralentit), le marché du travail (le meilleur depuis une génération) et les dépenses de consommation (toujours robustes !), les Américains ne semblent pas pouvoir se débarrasser de leur désespoir, du moins lorsqu’ils répondent aux appels des sondeurs.

Dans un sondage CNN publié mardi soir, 72 % de tous les Américains estiment que les choses vont mal dans le pays aujourd’hui, et 66 % estiment que l’économie sera « extrêmement importante » lorsqu’il s’agira de décider pour qui voter l’année prochaine.

Mais seulement 2 % des électeurs estiment que l’économie est excellente, selon un autre sondage du New York Times et du Siena College publié plus tôt cette semaine. »

Ce qui montre les limites de la propagande. Faire croire à un peuple qui voit son niveau de vie baisser de jour en jour que l’économie est en pleine forme n’est pas si facile que cela ; un peuple qui, de plus, devient de plus en plus méfiant des manipulations auxquelles on le soumet.

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Plus haut nous avons vu le rapport de la Rand corporation prônant des techniques de harassement de la Russie qu’on peut observer sur le terrain. La Rand publie des rapports équivalents sur la Chine :

« Ce volume constitue une ressource importante pour quiconque souhaite acquérir une compréhension éclairée de la Chine, un concurrent stratégique majeur des États-Unis dans les domaines économique, technologique, diplomatique et sécuritaire. Ces défis gagnent en ampleur et en complexité et ne montrent aucun signe d’atténuation. Les États-Unis auront pour défi de suivre le rythme d’un concurrent aussi redoutable et ne peuvent espérer simplement dépenser plus que la Chine, comme ils ont pu le faire pendant la guerre froide. Pour protéger leurs intérêts et préserver leur influence mondiale, les États-Unis auront besoin de stratégies efficaces, d’alliances solides, de concepts opérationnels innovants et de capacités militaires avancées. »

Observations de terrain :

« Lorsque les troupes américaines et australiennes ont pratiqué des débarquements amphibies, des combats terrestres et des opérations aériennes l’été dernier, elles ont fait la une des journaux sur l’approfondissement de la coopération en matière de défense par les alliés pour contrer les ambitions militaires croissantes de la Chine.

Mais pour les planificateurs de guerre américains se préparant à un conflit potentiel autour de Taïwan, les exercices très médiatisés Talisman Sabre avaient une valeur bien plus discrète : ils ont contribué à créer de nouveaux stocks d’équipement militaire qui ont été laissés en Australie après la fin des exercices en août, ont déclaré des responsables américains à Reuters.

L’équipement de Talisman Saber comprenait environ 330 véhicules et remorques ainsi que 130 conteneurs dans des entrepôts à Bandiana, dans le sud-est de l’Australie, selon l’armée. »

….

« Les pirates informatiques chinois se concentrent sur les infrastructures pour « faire des ravages et causer des dommages réels aux citoyens et aux communautés américaines », a déclaré Christopher Wray, directeur du Federal Bureau of Investigation, aux législateurs lors d’une audience à la Chambre des représentants des États-Unis mercredi.

Les remarques de Wray interviennent quelques heures après que le FBI, en partenariat avec l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) du Département américain de la sécurité intérieure, ait identifié et désactivé « des centaines de routeurs » piratés par un groupe connu sous le nom de Volt Typhoon, qui, selon les agences de sécurité américaines, serait financé par l’État chinois.

Il a ajouté que l’opération faisait partie de la stratégie de Pékin visant à « trouver et se préparer à détruire ou à dégrader les infrastructures civiles critiques qui assurent notre sécurité et notre prospérité ».

Voilà comment le FBI entretient à peu de frais l’image du grand méchant loup chinois. Quel intérêt aurait la Chine à vouloir « détruire les infrastructures civiles des Etats-Unis ». Si la Chine voulait vraiment faire grand tort aux Etats-Unis, elle a un moyen radical et immédiat de le faire, sans faire de morts et dans le respect des règles internationales. Il lui suffit de vendre rapidement ses 860.000 milliards de $ d’obligations gouvernementales étasuniennes, provoquant ainsi la faillite financière du gouvernement des Etats-Unis. Mais pourquoi provoquer la faillite d’un bon client, ce serait stupide.

Voici d’ailleurs sa réponse aux accusations du FBI, dont la réputation de manipulateur n’est plus à faire :

« Cette année est l’année de l’élection présidentielle américaine et les sujets négatifs concernant la Chine seront encore amplifiés et intensifiés. Cependant, outre les facteurs électoraux, les gens peuvent voir d’un coup d’œil que les deux extrémités du « pôle d’équilibre » entre les États-Unis et la Chine se déplacent progressivement, l’extrémité rationnelle envers la Chine raccourcissant et l’extrémité irrationnelle envers la Chine s’allongeant. Une manifestation majeure de ce phénomène est l’innovation et l’amélioration continues de la « théorie de la menace chinoise », qui contamine l’atmosphère et l’environnement décisionnel à l’égard de la Chine, entraînant une politique américaine de plus en plus déséquilibrée à l’égard de la Chine, au point même d’en perdre le contrôle. Cela représente un risque important pour les États-Unis, la région Asie-Pacifique et le monde.

Pourquoi les responsables et hommes politiques américains comme Christopher Wray travaillent-ils si dur pour créer et diffuser la « théorie de la menace chinoise » ? Les raisons sont multiples. Par exemple, les événements les plus fréquents se déroulent souvent au Congrès américain, à la fois parce que le Congrès est devenu un lieu de rassemblement pour les politiciens anti-chinois et parce que le Congrès contrôle les cordons de la bourse. Utiliser la « menace chinoise » comme un stratagème est le meilleur moyen d’obtenir des financements. De plus, certains individus projettent leur monde intérieur sur la Chine. Il y a aussi ceux qui ont développé une illusion à propos de la Chine, selon laquelle tout ce qui touche au mot « Chine » devient un « monstre terrifiant » contre lequel il faut se prémunir. Cela est le résultat d’un manque extrême de confiance, d’anxiété et même d’illusion face au développement rapide de la Chine. »

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Nous finirons sur un texte expliquant les tenants et aboutissants de la décision de la CIJ sur le génocide des palestiniens :

« Le droit international a-t-il survécu ou la classe politique occidentale l’a-t-il tué ?

Craig Murray, 28 janvier 2024. En concluant à l’existence d’un dossier plausible contre Israël, la Cour internationale de Justice a traité avec mépris l’argument d’Israël selon lequel l’affaire devait être classée car il exerçait son droit à la légitime défense.

Cet argument a constitué plus de la moitié des plaidoiries d’Israël. Non seulement la Cour a conclu qu’il y avait un cas plausible de génocide, mais elle n’a mentionné la légitime défense qu’une seule fois dans sa décision provisoire – seulement pour noter qu’Israël l’avait revendiquée (paragraphe 41) :

« […] étant donné que l’objet de mesures conservatoires est de sauvegarder les droits de chacune des parties, la Cour doit, dans la présente affaire, prendre en considération et « concilier » les droits de l’Afrique du Sud et ceux d’Israël. Le défendeur souligne qu’il a la responsabilité de protéger ses citoyens, notamment ceux qui ont été enlevés et pris en otages pendant l’attaque menée le 7 octobre 2023. En conséquence, il soutient que son droit à la légitime défense est un élément essentiel aux fins de toute appréciation de la présente situation. »

Que la CIJ n’ait pas affirmé le droit d’Israël à la légitime défense est peut-être le point le plus important de cette ordonnance provisoire. Contre toute attente, l’argument utilisé par tous les dirigeants occidentaux n’a pas été évoqué par la CIJ.

Or, la CIJ n’a pas répété qu’une puissance occupante n’a pas le droit de se défendre. Ce n’était pas nécessaire. Elle a simplement ignoré l’affirmation spécieuse d’Israël.

Elle a pu le faire parce que ce qu’elle a répété va bien au-delà de toute affirmation plausible de légitime défense. Ce qui m’a le plus frappé dans la décision de la CIJ, c’est que l’ordonnance est allée beaucoup plus loin dans le détail des preuves de génocide qu’il était nécessaire. Sa description est rigoureuse.

À cet égard, le paragraphe 46 est crucial :

  1. La Cour note que l’opération militaire conduite par Israël à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023 a fait de très nombreux morts et blessés et causé la destruction massive d’habitations, le déplacement forcé de l’écrasante majorité de la population et des dommages considérables aux infrastructures civiles. Même si les chiffres relatifs à la bande de Gaza ne peuvent faire l’objet d’une vérification indépendante, des informations récentes font état de 25 700 Palestiniens tués, de plus de 63 000 autres blessés, de plus de 360 000 logements détruits ou partiellement endommagés et d’environ 1,7 million de personnes déplacées à l’intérieur de Gaza (voir Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations Unies (OCHA), Hostilities in the Gaza Strip and Israel – reported impact, Day 109 (24 Jan. 2024)).

La raison pour laquelle ce point est si important, c’est que la Cour ne dit pas que l’Afrique du Sud affirme cela. Elle dit que ce sont là les faits. Il s’agit d’une constatation de faits de la part de la Cour. Je ne saurais trop insister sur l’importance de cette description par la Cour de la situation à Gaza.

La Cour poursuit en détaillant les comptes rendus des Nations Unies sur la situation factuelle, citant longuement trois hauts fonctionnaires différents, dont Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) :

« 49. La Cour prend également note de la déclaration faite par le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), M. Philippe Lazzarini, le 13 janvier 2024 :

« Cela fait 100 jours que cette guerre dévastatrice a commencé, tuant et déplaçant les habitants de Gaza, à la suite des attaques effroyables que le Hamas et d’autres groupes ont menées contre des habitants d’Israël. 100 jours de supplice et d’angoisse pour les otages et pour leurs familles.

Ces 100 derniers jours, le bombardement sans interruption de la bande de Gaza a provoqué le déplacement massif d’une population toujours sur le départ, constamment déracinée et forcée de partir du jour au lendemain, pour se rendre dans des endroits qui sont tout aussi dangereux. C’est le plus grand déplacement du peuple palestinien depuis 1948.

Cette guerre a touché plus de 2 millions de personnes, soit la totalité de la population de Gaza. Nombreux sont ceux qui en garderont toute la vie des séquelles, tant physiques que psychologiques. L’écrasante majorité, notamment les enfants, est profondément traumatisée.

Les abris surpeuplés et insalubres de l’UNRWA sont devenus le “foyer” de plus de 1,4 million de personnes qui sont privées de tout, de nourriture comme de produits d’hygiène, et de toute intimité. Les gens vivent dans des conditions inhumaines où les maladies se propagent, y compris chez les enfants. Ils vivent dans l’invivable, et la famine s’approche inexorablement.

Le sort des enfants de Gaza est particulièrement déchirant. Une génération entière d’enfants est traumatisée et il lui faudra des années pour guérir. Des milliers d’entre eux ont été tués, mutilés ou rendus orphelins. Des centaines de milliers n’ont plus accès à l’éducation. Leur avenir est menacé, et les conséquences seront profondes et durables. » (UNRWA, « The Gaza Strip: 100 days of death, destruction and displacement », Statement by Philippe Lazzarini, Commissioner-General of UNRWA, 13 Jan. 2024.)

  1. Le commissaire général de l’UNRWA a aussi affirmé que la crise à Gaza était « aggravée par la tenue de propos déshumanisants » (UNRWA, « The Gaza Strip: 100 days of death, destruction and displacement », Statement by Philippe Lazzarini, Commissioner-General of UNRWA, 13 Jan. 2024). »

Bien sûr, cela explique pourquoi la réponse immédiate à la décision de la CIJ a été une attaque coordonnée d’Israël et des puissances impérialistes contre l’UNRWA, conçue pour accélérer le génocide en stoppant l’aide, pour fournir un contre-récit de propagande à l’arrêt de la CIJ et pour réduire la crédibilité des preuves apportées par l’UNRWA devant la Cour.

La Cour travaille en étroite collaboration avec l’ONU et fait partie intégrante du système onusien. Elle entretient des relations particulièrement suivies avec l’Assemblée générale des Nations Unies –  de nombreuses affaires de la Cour se fondent sur des demandes de l’Assemblée générale des Nations Unies. Dans une quinzaine de jours, la Cour entamera ses audiences de fond sur la situation juridique dans les territoires occupés de Palestine, à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies. L’ordonnance comporte cinq références spécifiques à l’AG des Nations Unies.

La Cour a passé beaucoup de temps à exposer les faits du génocide en cours dans la bande de Gaza. Elle n’avait pas besoin de le faire avec autant de détails, et bien trop peu d’attention a été accordée à cela. J’ai également été surpris par la quantité de détails donnés par la Cour sur les preuves de l’intention génocidaire d’Israël.

Il est particulièrement humiliant pour Israël que la Cour ait cité le chef de l’État, le président d’Israël lui-même, comme preuve évidente d’une intention génocidaire, ainsi que deux autres ministres du gouvernement.

  1. À cet égard, la Cour a pris note de plusieurs déclarations faites par de hauts responsables israéliens. Elle appelle l’attention, en particulier, sur les exemples suivants.

  2. Le 9 octobre 2023, M. Yoav Gallant, ministre israélien de la défense, a annoncé qu’il avait ordonné un « siège complet » de la ville de Gaza, qu’il n’y aurait « pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de combustible » et que « tout [étai]t fermé ». Le jour suivant, M. Gallant a déclaré, dans son allocution aux troupes israéliennes à la frontière de Gaza :

« J’ai levé toutes les limites… Vous avez vu contre quoi nous nous battons. Nous combattons des animaux humains. C’est l’État islamique de Gaza. C’est contre ça que nous luttons… Gaza ne reviendra pas à ce qu’elle était avant. Il n’y aura pas de Hamas.

Nous détruirons tout. Si un jour ne suffit pas, cela prendra une semaine, cela prendra des semaines, voire des mois, aucun endroit ne nous échappera. »

Le 12 octobre 2023, M. Isaac Herzog, président d’Israël, a déclaré, en parlant de Gaza :

« Nous agissons, opérons militairement selon les règles du droit international. Sans conteste. C’est toute une nation qui est responsable. Tous ces beaux discours sur les civils qui ne savaient rien et qui n’étaient pas impliqués. Ça n’existe pas. Ils auraient pu se soulever. Ils auraient pu lutter contre ce régime maléfique qui a pris le contrôle de Gaza par un coup d’État. Mais nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre. Nous défendons nos foyers. Nous protégeons nos foyers. C’est la vérité. Et lorsqu’une nation protège son pays, elle se bat. Et nous nous battrons jusqu’à leur briser la colonne vertébrale. »

Le 13 octobre 2023, M. Israël Katz, alors ministre israélien de l’énergie et des infrastructures, a déclaré sur X (anciennement Twitter) :

« Nous combattrons l’organisation terroriste Hamas et nous la détruirons. L’ordre a été donné à toute la population civile de [G]aza de partir immédiatement. Nous gagnerons. Ils ne recevront pas la moindre goutte d’eau ni la moindre batterie tant qu’ils seront de ce monde. » »

Là encore, ce n’est pas la Cour qui dit que l’Afrique du Sud a allégué cela. Il s’agit d’une conclusion de fait de la Cour. La CIJ a déjà jugé que le déni d’Israël d’incitation au génocide n’est pas recevable.

Gardez en tête que : dès le lendemain de la déclaration génocidaire, comme l’a déterminé la Cour internationale de Justice, le président Herzog a été accueilli et s’est vu offrir un « soutien total » par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Roberta Metsola, présidente du Parlement européen.

Si l’on considère en détail ce que la Cour a conclu être les faits réels de l’affaire, en termes de morts, destructions et intention, je n’ai aucun doute sur le fait que la Cour a l’intention de déclarer Israël coupable de génocide quand le fond de l’affaire sera portée devant elle.

Tous les arguments d’Israël ont été écartés. Tous. Les efforts considérables déployés par Israël pour que l’affaire soit rejetée pour des raisons de procédure ont été balayés d’un revers de main. Il en va de même pour l’argument de la légitime défense. Et dans ses conclusions sur les faits, la Cour a clairement démasqué les mensonges israéliens sur le fait d’éviter les pertes civiles, la responsabilité du Hamas pour les dommages causés aux infrastructures et l’accès de l’aide humanitaire à Gaza.

  1. La Cour considère que la population civile de la bande de Gaza demeure extrêmement vulnérable. Elle rappelle que l’opération militaire conduite par Israël après le 7 octobre 2023 a notamment fait des dizaines de milliers de morts et de blessés et causé la destruction d’habitations, d’écoles, d’installations médicales et d’autres infrastructures vitales, ainsi que des déplacements massifs de population (voir le paragraphe 46 ci-dessus). Elle note que cette opération est toujours en cours et que le premier ministre d’Israël a annoncé, le 18 janvier 2024, que la guerre « durera[it] encore de longs mois ». Aujourd’hui, de nombreux Palestiniens de la bande de Gaza n’ont pas accès aux denrées alimentaires de première nécessité, à l’eau potable, à l’électricité, aux médicaments essentiels ou au chauffage. »

Ce sont les faits tels qu’ils se sont déroulés.

Ne vous laissez pas troubler par l’absence du terme « cessez-le-feu » dans l’ordonnance de la Cour. Ce que la Cour a ordonné s’en rapproche beaucoup. Elle a explicitement ordonné à l’armée israélienne de cesser de tuer des Palestiniens :

LA COUR,

Indique les mesures conservatoires suivantes :

1) Par quinze voix contre deux,

L’État d’Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Gaza, de tout acte entrant dans le champ d’application de l’article II de la convention, en particulier les actes suivants :

  1. a) meurtre de membres du groupe ;
  2. b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
  3. c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et
  4. d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

POUR : Mme Donoghue, présidente ; M. Gevorgian, vice-président ; MM. Tomka, Abraham, Bennouna, Yusuf, M me Xue, MM. Bhandari, Robinson, Salam, Iwasawa, Nolte, Mme Charlesworth, M. Brant, juges ; M. Moseneke, juge ad hoc ;

CONTRE : Mme Sebutinde, juge ; M. Barak, juge ad hoc ;

2) Par quinze voix contre deux,

L’État d’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés au point 1 ci-dessus ;

POUR : Mme Donoghue, présidente ; M. Gevorgian, vice-président ; MM. Tomka, Abraham, Bennouna, Yusuf, M me Xue, MM. Bhandari, Robinson, Salam, Iwasawa, Nolte, Mme Charlesworth, M. Brant, juges ; M. Moseneke, juge ad hoc ;

CONTRE : Mme Sebutinde, juge ; M. Barak, juge ad hoc ; »

C’est tout à fait clair. Et même si j’admets qu’il s’agit d’une tautologie, en ce sens qu’elle ordonne à Israël d’obéir à une Convention qu’Israël est déjà tenu de respecter, il ne pourrait y avoir d’indication plus claire que la Cour estime qu’actuellement Israël ne respecte pas cette convention.

Et maintenant, que se passe-t-il ?

Eh bien, Israël a réagi en tuant plus de 180 civils palestiniens depuis la décision de la Cour internationale de Justice. Si cela continue, l’Afrique du Sud pourrait retourner devant la Cour pour réclamer des mesures plus urgentes avant même que le rapport mensuel commandé à Israël ne soit attendu. L’Algérie a annoncé qu’elle porterait l’ordonnance devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’elle l’applique.

Je doute que les États-Unis opposent leur veto. L’ordonnance de la CIJ a suscité une réaction schizophrénique de la part d’Israël et de ses partisans. D’une part, la CIJ a été dénoncée comme antisémite. D’autre part, le discours officiel a consisté (incroyablement) à affirmer qu’Israël avait en fait gagné l’affaire, tout en minimisant la couverture dans les médias grand public. Ceci a été renforcé par l’attaque massive et coordonnée contre l’UNRWA qui a donné le change dans les gros titres médiatiques.

Il est difficile d’à la fois prétendre qu’Israël a gagné d’une manière ou d’une autre, et chercher à bloquer l’application de l’ordonnance par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Je soupçonne que l’on continuera à suivre cette double voie : prétendre qu’il n’y a pas de génocide et qu’Israël obéit à une ordonnance “inutile”, tout en attaquant et en ridiculisant la CIJ et l’ONU dans son ensemble.

Quelle qu’ait été la décision de la CIJ, Israël n’aurait de toute façon pas arrêté le génocide, c’est la simple vérité. La réaction immédiate des États-Unis et de leurs alliés à l’ordonnance a été d’essayer d’accélérer le génocide en paralysant le travail d’aide humanitaire de l’ONU. J’avoue que je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi vicieux et flagrant.

La meule des dieux moud lentement, mais elle n’en moud que plus finement. La CIJ ayant signalé l’existence d’un génocide potentiel avec tant de force, il pourrait bien incomber aux juges des différentes nations de restreindre le soutien international au génocide. Comme je l’ai expliqué en détail, la Convention sur le génocide a été incorporée dans le droit britannique par la loi de 2001 sur la Cour pénale internationale.

Il ne fait aucun doute que les conseillers juridiques du FCDO (ndt : Bureau des Affaires étrangères et du Commonweatlh) auront publié des procès verbaux avertissant que les ministres risquent d’être personnellement tenus responsables en droit britannique pour complicité dans le génocide, si les livraisons d’armes et autres coopérations militaires et de renseignement avec le génocide israélien se poursuivent. Aux États-Unis, les audiences ont déjà commencé en Californie avec un procès pour complicité de génocide intenté contre Joe Biden.

Bien sûr, j’aimerais que tout cela aille plus vite. Ce ne sera pas le cas. L’Assemblée générale peut suspendre Israël de l’ONU. Il y a d’autres actions utiles à entreprendre. Mais il s’agit d’un travail de longue haleine, pas d’une solution miracle. Et des gens comme vous et moi continuent à jouer un rôle essentiel, comme tout un chacun, en exerçant le pouvoir du peuple pour arracher le contrôle à une classe politique vicieuse de tueurs.

C’est une belle victoire. Je suis heureux que cette voie pour laquelle j’ai plaidé et fait pression ait fonctionné et accru la pression sur les sionistes, et que mon jugement selon lequel la Cour internationale de justice n’est pas seulement un outil de l’OTAN comme la Cour pénale internationale corrompue, ait été validé.

Cela ne change en rien le sort des enfants tués et mutilés la nuit dernière ou de ceux qui mourront dans les prochains jours. Mais c’est une lueur d’espoir à l’horizon.

Article original en anglais sur le blog de Craig Murray / Traduction Chris & Dine

L’auteur : Craig Murray est un ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan. Il est connu pour avoir dénoncé des cas de tortures. Entre 2021 et 2022 il a été prisonnier politique durant quatre mois pour ses activités de journalisme. Son compte X : @CraigMurrayOrg »

A lundi prochain

La revue de presse du 29 janvier 2024


Par Wayan – le 29 janvier 2024 – Source : Le Saker Francophone

La nouvelle de la semaine, dans le sens de ses potentielles répercutions géopolitiques, est la décision de la Cour Internationale de Justice d’ordonner à Israël de :

 

  • « Prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d’application de l’article II de la présente Convention, notamment
  • Garantir avec effet immédiat que ses militaires ne commettent aucun des actes décrits au point 1 ci-dessus
  • Prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe palestinien dans la bande de Gaza
  • Prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture d’urgence des services de base et de l’aide humanitaire nécessaires pour remédier aux conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens dans la bande de Gaza
  • Prendre des mesures efficaces pour empêcher la destruction et assurer la préservation des preuves liées aux allégations d’actes relevant du champ d’application des articles II et III de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide contre des membres du groupe palestinien dans la bande de Gaza
  • Soumettre un rapport à la Cour sur toutes les mesures prises pour donner effet à la présente ordonnance dans un délai d’un mois à compter de la date de la présente ordonnance.

Cet ordre marque la fin de l’impunité d’Israël. C’est aussi la fin de l’impunité des partisans d’Israël. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres peuvent désormais être accusés et punis pour complicité de génocide (Article III de la Convention sur le génocide) s’ils ne s’abstiennent pas immédiatement de fournir à Israël les moyens (armes, munitions, argent) pour commettre davantage de génocide. »

Cette nouvelle a été très peu commentée dans les médias grand public occidentaux afin de ne pas trop heurter l’image, déjà bien détériorée, d’Israël. Quand elle a été commentée c’est plutôt pour dire qu’Israël respecte déjà ces injonctions ou pour retourner leur signification :

La Cour de l’ONU ordonne à Israël d’empêcher un génocide, mais n’exige pas l’arrêt de la guerre

La cour internationale de justice sélective

Israël est sanglé par les décisions de la CIJ sur Gaza – mais obéira-t-il ?

La CIJ dénigre Israël pendant 35 minutes, puis Israël gagne

« Pendant 35 minutes, la Cour internationale de Justice a dénigré Israël, mais elle a ensuite surpris l’État juif en n’émettant aucun ordre pratique contre Tsahal.

Il n’y a eu aucun ordre de cesser la guerre et il n’y a eu aucun ordre pour que Tsahal se retire de Gaza.

Le point pratique le plus troublant de la décision pour Israël est la nécessité de faire rapport à la CIJ dans un mois, ce qui laisse la porte ouverte à une ordonnance plus sérieuse à ce moment-là.

Toutes les autres mesures ordonnées par la CIJ sont des éléments avec lesquels Israël dit être d’accord en général : ne pas commettre de génocide, faciliter l’aide humanitaire, préserver les preuves pour les enquêtes sur les crimes de guerre présumés et poursuivre les Israéliens qui se livrent à des incitations illégales contre les Palestiniens. »

Al Jazeera présente une autre vision de l’événement :

« L’apartheid israélien et ses puissants soutiens commencent enfin à être confrontés à une certaine responsabilité pour leurs violations répétées et de longue date du droit international.

Maintenant que nous avons entendu le jugement provisoire rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire du génocide sud-africain contre Israël, nous pouvons affirmer avec confiance qu’un nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place. »

Malgré cette légèreté affichée par les médias, les dirigeant israéliens sont verts de rage :

« Les responsables israéliens ont accusé la Cour internationale de justice de partialité antisémite et ont exprimé leur consternation que l’histoire sud-africaine alléguant que la guerre à Gaza équivalait à un génocide n’ait pas été complètement rejetée, après que la cour a rendu une décision provisoire d’urgence.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré en réponse que son pays était déterminé à respecter le droit international ainsi qu’à défendre son peuple. « La tentative ignoble de refuser à Israël ce droit fondamental [à l’autodéfense] constitue une discrimination flagrante contre l’État juif et elle a été rejetée à juste titre », a-t-il déclaré dans un communiqué. « L’accusation de génocide portée contre Israël est non seulement fausse, elle est scandaleuse, et les gens honnêtes du monde entier devraient la rejeter. »

Alors qu’Israël se montre souvent dédaigneux à l’égard de l’ONU, alléguant que l’organisation internationale a un parti pris à son encontre, le pays a pris très au sérieux l’affaire de la CIJ, en envoyant une solide équipe juridique à La Haye qui a fait valoir qu’il avait le droit de se défendre après l’attaque du Hamas du 7 octobre.

Itamar Ben-Gvir, le ministre israélien de la Sécurité nationale d’extrême droite, a tweeté : « Ce tribunal ne recherche pas la justice mais plutôt la persécution du peuple juif. Les décisions qui mettent en danger l’existence de l’État d’Israël ne doivent pas être écoutées. Et nous devons continuer à vaincre l’ennemi jusqu’à la victoire complète. La décision du tribunal antisémite de La Haye prouve ce que l’on savait déjà : ce tribunal ne recherche pas la justice, mais plutôt la persécution du peuple juif. Ils sont restés silencieux pendant l’Holocauste et aujourd’hui, ils perpétuent l’hypocrisie et vont encore plus loin », dit-il.

La CIJ, dans sa version actuelle, a été fondée en 1945. »

On peut donc prédire avec une forte probabilité que cette décision de la CIJ ne va pas changer la politique israélienne de démolition complète de la bande de Gaza. :

« 21 soldats israéliens tués pendant qu’ils plaçaient des explosifs pour une démolition contrôlée. »

Sur Twitter, de nombreuses vidéos montrent les démolitions contrôlées d’universités, d’école, de mosquée…La stratégie est visiblement d’empêcher toute vie normale de reprendre place à Gaza.

« Plus de 50 % des bâtiments de Gaza endommagés ou détruits lors des bombardements israéliens »

Et les discours pour coloniser Gaza vont bon train :

« Des milliers de participants se sont rassemblés dimanche à Jérusalem pour une conférence appelant à la réinstallation dans la bande de Gaza et au transfert de la population palestinienne qui y vit.

Intitulée « Conférence pour la victoire d’Israël – Les implantations apportent la sécurité : retour dans la bande de Gaza et dans le nord de la Samarie », la conférence comprenait des discours de nombreuses personnalités publiques, notamment des membres de la Knesset et des ministres de l’actuel gouvernement de coalition, ainsi que des rabbins et des militants des implantations, des familles des soldats combattant actuellement à Gaza et les chefs des conseils du sud.

Au cours de la conférence, les participants ont reçu des détails sur les colonies juives, des cartes et les étapes de préparation, ainsi que des appels aux décideurs pour qu’ils reconnaissent qu’une victoire de guerre ne peut être revendiquée que par la réinstallation des Juifs dans la bande de Gaza. »

Par contre, comme le précisait Moon of Alabama en début de cette revue de presse, la décision de la CIJ implique aussi que :

« C’est aussi la fin de l’impunité des partisans d’Israël. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres peuvent désormais être accusés et punis pour complicité de génocide (Article III de la Convention sur le génocide) s’ils ne s’abstiennent pas immédiatement de fournir à Israël les moyens (armes, munitions, argent) pour commettre davantage de génocide. »

En parlant de complicité des pays occidentaux dans ce génocide :

« Six pays européens ont suspendu samedi le financement de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), à la suite d’allégations selon lesquelles certains de ses employés auraient été impliqués dans les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.

La Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse et la Finlande se sont jointes samedi aux États-Unis, à l’Australie et au Canada pour suspendre le financement de l’agence humanitaire, une source essentielle de soutien pour la population de Gaza, après les allégations d’Israël.

“Les Palestiniens de Gaza n’avaient pas besoin de cette punition collective supplémentaire”, a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, sur X. “Cela nous souille tous”. »

Il faut noter que les « allégations selon lesquelles certains de ses employés auraient été impliqués dans les attaques du Hamas » ont été lancées par Israël.

Mais l’argument de la complicité touche beaucoup moins Biden que son éventuelle réélection :

« Joe Biden aurait exhorté Benjamin Netanyahu à mettre fin à la guerre à Gaza avant les élections américaines, craignant de perdre les voix des jeunes Américains qui ne sont pas d’accord avec son soutien à Israël.

Alors que M. Biden se prépare à ce qui sera très probablement une revanche avec Donald Trump, une source de la Maison Blanche a déclaré à Axios, le site d’information américain, que Biden ne pouvait pas risquer que le nombre croissant de morts palestiniens fasse la une des journaux.

Près des trois quarts des électeurs âgés de 18 à 29 ans ont déclaré qu’ils n’étaient pas d’accord avec la façon dont Biden gérait le conflit, selon un sondage du New York Times/Siena College du mois dernier. »

Car, effectivement, les sondages montrent que le massacre israélien à Gaza pourrait bien lui couter sa réélection :

« La moitié des électeurs du président Biden en 2020 pensent que le gouvernement israélien commet un génocide des Palestiniens à Gaza, selon un sondage YouGov/The Economist publié jeudi.

Le sondage a également révélé que 51 % des électeurs de Biden 2020 estiment que l’invasion terrestre de Gaza par le gouvernement israélien est « trop dure », et 58 % du même groupe pensent que le conflit est « susceptible » d’entrainer une guerre plus vaste au Moyen-Orient. »

Quant à l’Europe, elle reste bien discrète sur le sujet et seuls quelques mouvements d’humeur de la part de ses dirigeants montrent leur agacement vis-à-vis du gouvernement Netanyahou

« Le plus haut diplomate de l’UE accuse Israël de financer le Hamas

Josep Borrell fait une déclaration explosive juste avant l’arrivée du ministre israélien des Affaires étrangères à Bruxelles lundi.

Le plus haut diplomate de l’UE, Josep Borrell, a ouvertement accusé vendredi Israël d’avoir financé le groupe militant palestinien Hamas. »

Borrell sera-t-il traité de complotiste antisémite ?

Dans le reste du Moyen Orient, la situation continue à se dégrader :

« Trois soldats de l’armée américaine ont été tués et plus de 30 militaires ont été blessés lors d’une attaque de drone pendant la nuit [de dimanche à lundi] contre un petit avant-poste américain en Jordanie, ont déclaré des responsables américains à CNN.

« Nous y répondrons », a déclaré dimanche le président Joe Biden lors d’un discours en Caroline du Sud. »

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Des infos de plus en plus fréquentes parlent de « saisir les avoirs russes, déjà gelés, en Occident » :

« Les États-Unis ont proposé que des groupes de travail du G7 étudient les moyens de saisir 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés, alors que les alliés s’empressent de convenir d’un plan à temps pour le deuxième anniversaire de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par Moscou.

Même si aucune décision n’a été prise et que la question reste vivement débattue dans les capitales européennes, l’accélération des travaux visant à confisquer les avoirs de Moscou au profit de l’Ukraine met en évidence son importance croissante pour l’Occident.

Les États-Unis, soutenus par le Royaume-Uni, le Japon et le Canada, ont proposé d’avancer dans les travaux préparatoires afin que les options soient prêtes pour une éventuelle réunion des dirigeants du G7 vers le 24 février, date de l’offensive de Vladimir Poutine sur Kiev en 2022. »

Le Congrès étasunien veut donc voter une loi le permettant :

« La commission sénatoriale des relations étrangères a proposé mercredi une législation autorisant les États-Unis à saisir les avoirs russes gelés pour financer la reconstruction de l’Ukraine.

Les principaux démocrates et républicains du panel étaient convaincus que les dirigeants du Sénat considéraient la législation, appelée loi REPO, comme une priorité à adopter dans un contexte d’impasse dans les efforts visant à fournir une aide supplémentaire à l’Ukraine. »

Mais ce sera une fois de plus un non-respect des normes internationales :

« La loi REPO concède implicitement ce problème en empruntant une voie différente : en inscrivant simplement le pouvoir de confisquer dans le droit national. De cette façon, cela prendrait un raccourci à travers l’ensemble du système judiciaire américain tout en ignorant simplement le droit international.

Une telle démarche soulèverait des questions géopolitiques. Une conséquence pratique serait de signaler à la Chine et à d’autres pays ayant des relations tendues avec les États-Unis que les actifs de leur banque centrale seront ensuite confisqués – si, par exemple, la Chine attaquait Taïwan. Ils redoubleront donc d’efforts pour détenir des réserves dans des centres bancaires neutres et dans des monnaies autres que le dollar et l’euro. À long terme, cela pourrait affaiblir la puissance américaine.

Le problème le plus immédiat, cependant, est que l’adoption de lois ad hoc pour saisir les actifs souverains semblerait hypocrite aux yeux de la plupart des pays du monde. Depuis l’invasion de Poutine, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont déclaré que l’Ukraine était en première ligne d’une lutte mondiale pour défendre « l’ordre international fondé sur des règles ». Mais des pays comme l’Indonésie, l’Afrique du Sud et le Brésil n’y croient pas. Ils pensent que les États-Unis font ce qu’ils veulent et le justifient par la suite. En saisissant les actifs russes avec une législation sur mesure, Washington alimenterait ce récit d’hypocrisie et aliénerait davantage le soi-disant Sud global. »

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La semaine dernière nous parlions de l’immigration clandestine comme source de tensions politiques internes à l’Europe. Et bien aux Etats-Unis ces mêmes sources de tension vont jusqu’à provoquer des discours sécessionistes de la part de certains Etats :

« Les appels au Texas pour qu’il déclare son indépendance des États-Unis se multiplient dans l’État du Lone Star après la décision de la Cour suprême lundi de se ranger du côté de l’administration Biden sur un différend concernant la barrière frontalière.

Par 5 voix contre 4, une majorité des juges de la Cour suprême a autorisé les fonctionnaires fédéraux à couper ou à retirer des parties d’une barrière en barbelés que le Texas avait érigée le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher les migrants de traverser son territoire. Les juges conservateurs Clarence Thomas, Samuel Alito, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh étaient dissidents.

La décision du plus haut tribunal a suscité la colère des Texans qui soutiennent les mesures prises par le gouverneur républicain Greg Abbott pour lutter contre l’immigration clandestine dans l’État, qui a vu un afflux de personnes traverser la frontière en provenance du Mexique.

Des centaines de posts sont apparus depuis lundi sur X, anciennement Twitter, sous le hashtag “Texit”, qui fait référence à la sécession du Texas des Etats-Unis.

“En tant que Texan, je crois de tout cœur que la seule option viable pour le Texas est de voter sur #TEXIT”, a écrit une utilisatrice de X qui se considère comme une Texienne de 9e génération.

“Le gouvernement fédéral a pratiquement déclaré la guerre au Texas. Nous ne continuerons pas à tolérer cette usurpation flagrante de la souveraineté du Texas et de son droit constitutionnel à la défense”, a-t-elle poursuivi, ajoutant que l’État devrait invoquer son droit de “modifier, abolir ou réformer notre gouvernement comme nous le jugeons opportun, comme le garantit l’article 1, section 2, de la Constitution du Texas.

Le Mouvement nationaliste du Texas (TNM) a publié une déclaration condamnant la décision de la Cour suprême, estimant « que le gouvernement fédéral a, une fois de plus, fait échouer le Texas ». Le mouvement exhorte désormais Abbott à « convoquer immédiatement une session extraordinaire pour explorer l’indépendance du Texas ».

Le représentant républicain Clay Higgins de Louisiane a également condamné la décision de la Cour suprême, affirmant que « le gouvernement fédéral organise une guerre civile » et que « le Texas devrait tenir bon ».

Cela reflète en partie ce que le gouverneur du Texas a dit ces dernières années depuis le lancement de « l’opération Lone Star » en 2021, un effort de sécurité dirigé par l’État qui a ajouté des milliers de soldats de l’État du Texas et de la Garde nationale le long de la frontière avec le Mexique. »

Les Démocrates texans soutiennent Biden :

« Le représentant Joaquin Castro (Démocrate-Texas) appelle le président Biden à prendre le contrôle de la Garde nationale du Texas si l’État défie une décision de la Cour suprême autorisant les agents de la patrouille frontalière américaine à démonter les barrières frontalières.

« Le gouverneur Greg Abbott utilise la Garde nationale du Texas pour faire obstruction et créer le chaos à la frontière. Si Abbott défie la décision d’hier de la Cour suprême, @POTUS doit maintenant établir le contrôle fédéral exclusif de la Garde nationale du Texas », a écrit Castro dans un article publié mardi sur X, la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter.

Abbott a déclaré mercredi dans un communiqué que Biden avait « ignoré la demande du Texas de s’acquitter de ses fonctions constitutionnelles » et que le Texas avait déclaré une invasion, qui invoquerait « l’autorité constitutionnelle du Texas pour se défendre et se protéger ».

« Cette autorité constitue la loi suprême du pays et remplace toute loi fédérale contraire. La Garde nationale du Texas, le ministère de la Sécurité publique du Texas et d’autres membres du personnel du Texas agissent en vertu de cette autorité, ainsi que de la loi de l’État, pour sécuriser la frontière du Texas », a-t-il déclaré. »

Les arguments sécessionistes fusent :

« Cette semaine, les gouverneurs républicains de tout le pays ont intensifié leur conflit avec l’administration Biden au sujet de la frontière sud en invoquant la même théorie juridique que celle utilisée par les États esclavagistes pour justifier la sécession avant la guerre civile. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, rejoint par 25 autres gouverneurs républicains, affirme désormais que l’administration Biden a violé le « pacte » du gouvernement fédéral avec les États – une abdication qui justifie l’usurpation par l’État de l’autorité fédérale à la frontière. Ce langage embrasse la conception de la Confédération selon laquelle la Constitution est un simple pacte duquel les États peuvent se retirer s’ils estiment qu’il a été rompu. C’est une rhétorique dangereuse qui transcende les démagogies partisanes. Et comme auparavant, il est utilisé pour légitimer à la fois l’annulation et la déshumanisation.

Considérez la toute première ligne d’une déclaration publiée par Abbott mercredi et qui a ensuite été soutenue par les autres Républicains, qui déclare : « Le gouvernement fédéral a rompu le pacte entre les États-Unis et les États ». Ce langage est étonnamment similaire à la toute première ligne des ordonnances de sécession adoptées par les États esclavagistes lorsqu’ils prétendaient quitter l’union. »

Et la réaction sécessioniste fait tache d’huile :

« Au moins 25 gouverneurs républicains ont déclaré leur soutien à Abbott, dont le gouverneur de Virginie Glenn Youngkin, le gouverneur de l’Alabama Kay Ivey et le gouverneur de l’Oklahoma Kevin Stitt, le dernier d’entre eux flirtant avec l’idée de dire à la Garde nationale de l’Oklahoma de défier les ordres du gouvernement fédéral.

De nombreux gouverneurs républicains ont envoyé des troupes au Texas au cours des derniers mois pour aider Abbott dans ce qu’il appelle son « opération Lone Star ». Mais jeudi, Stitt est passé à un niveau supérieur lorsqu’il a été interrogé par Steve Doocy de Fox News.

« Avez-vous réfléchi à cela ? Si vous envoyez votre Garde nationale de l’Oklahoma là-bas, et qu’un tas d’autres États les envoient là-bas, tout ce que Joe Biden a à faire est de les fédéraliser tous. La prochaine chose que vous savez, c’est qu’ils font essentiellement un travail de soutien à la patrouille frontalière, qui est là-bas en ce moment juste pour essayer de gérer l’invasion des migrants. Votre Garde nationale pourrait travailler pour Joe Biden », a théorisé Doocy.

Mais Stitt n’a pas hésité, remettant plutôt en question l’allégeance ultime de l’armée.

« J’ai été à la frontière, j’ai parlé aux agents frontaliers. Même les agents frontaliers eux-mêmes se grattent la tête, mais ce sont de bons Américains et ils essaient d’obéir à leur patron – mais ils ne sont pas non plus d’accord avec cette politique », a commencé Stitt.

« Bien sûr, les soldats de la Garde nationale sont des Texans, des Oklahomans et des Tennessee. Ce ne sont que des Américains et ils n’aiment pas ce qui se passe. Donc, vous placeriez vraiment nos soldats dans une situation très difficile pour protéger leurs États contre les décès dus au fentanyl, les immigrants illégaux et les terroristes, dans de nombreux cas, juste pour apaiser une administration qui a un agenda politique », a poursuivi le gouverneur de l’Oklahoma, ignorant complètement le fait qu’il appartiendrait entièrement aux États de mettre ou non leur Garde nationale dans une situation aussi précaire. “C’est la seule explication possible”, a-t-il ajouté. »

Pendant que les Républicains se rebellent contre le gouvernement Biden, Trump renforce sa nomination aux primaires :

« Donald Trump a remporté mardi la présidentielle républicaine du New Hampshire, se rapprochant d’une revanche en novembre avec le président démocrate Joe Biden, alors même que son seul rival restant, l’ancienne ambassadrice de l’ONU Nikki Haley, a promis de continuer la course.

Avec 57 % des suffrages attendus, selon Edison Research, Trump détenait une confortable avance de 54,4 % contre 43,6 %.

Haley avait espéré que l’important groupe d’électeurs indépendants de l’État du Nord-Est la mènerait à une victoire surprise qui pourrait desserrer l’emprise de fer de Trump sur le Parti républicain.

Au lieu de cela, Trump est devenu le premier Républicain à remporter des votes compétitifs dans l’Iowa – où il a gagné avec une marge record il y a huit jours – et dans le New Hampshire depuis 1976, lorsque les deux États ont consolidé leur statut de premiers concours de nomination. »

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Les médias occidentaux nous dépeignent Xi Jinping comme un autocrate centralisant tous les pouvoirs entre ses mains. Arnaud Bertrand nous résume la conférence de :

« Keyu Jin est professeur d’économie à la LSE (London School of Economics) et siège au conseil d’administration de sociétés comme le Crédit Suisse. Elle est également la fille de Jin Liqun, ancien vice-ministre des Finances de la Chine. Elle est donc une rare universitaire basée en Occident (peut-être même la seule) qui ait réellement un aperçu du système chinois de l’intérieur. »

Qui explique que, contrairement aux assertions des médias :

« Essentiellement, ce qu’elle explique est que l’une des principales raisons pour lesquelles la Chine a connu un tel succès économique est sa nature décentralisée, qui crée deux boucles de concurrence qui s’aggravent mutuellement, par opposition à une boucle en Occident.

Qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien, contrairement à la croyance populaire qui imagine la Chine comme une économie centralisée où presque tout est décidé à Pékin, l’inverse est en réalité vrai : la Chine est en réalité l’un des pays les plus décentralisés au monde. Pour illustrer cela, un indicateur qui m’a toujours étonné est le fait qu’en Chine, les gouvernements locaux (provinces, villes, villages, etc.) contrôlent 85 % des dépenses du pays. En moyenne, ce même chiffre pour les pays de l’OCDE est de 33 % (puisque 64 % des dépenses sont contrôlées au niveau fédéral/national contre 15 % en Chine). Aux États-Unis par exemple, qui sont déjà plus décentralisés que la plupart des pays étant donné qu’il s’agit d’une fédération d’États, seulement 45 % des dépenses du pays sont effectuées au niveau des États et au niveau local : près de deux fois moins qu’en Chine !

Comme l’explique Keyu Jin, cela a pour conséquence que les provinces et les grandes municipalités chinoises disposent d’un immense degré d’autonomie dans la manière dont elles gèrent leur économie respective et se font une concurrence féroce. C’est la première boucle. Et puis, bien sûr, la deuxième boucle est que les entreprises se font concurrence sur le marché.

En conséquence, ce qui évolue constamment en Chine, ce ne sont pas seulement les entreprises elles-mêmes mais l’environnement dans lequel elles évoluent : vous avez constamment telle ou telle province qui mène une nouvelle politique qui s’avère très efficace, lui faisant gagner un avantage par rapport à d’autres localités, initiative qui est alors copié par d’autres localités. Cela rend l’environnement économique incroyablement dynamique car il permet à l’État d’évoluer en harmonie avec l’économie, au lieu de la ralentir comme c’est souvent le cas dans d’autres pays.

Alors, quel est le rôle du gouvernement central dans tout cela ? Selon Keyu Jin, le rôle clé consiste à fixer des objectifs généraux ainsi qu’à assurer la gestion et la promotion personnelles. Et c’est ce qui fait fonctionner tout le système, car c’est là que réside l’incitation des localités à se faire concurrence : parce que les responsables locaux savent que s’ils font un meilleur travail que leurs pairs, ils sont en bonne voie d’être promus par le gouvernement central. Dans « China Inc », le gouvernement central est le conseil d’administration et les ressources humaines, présidant une armée de PDG locaux dotés d’immenses degrés d’autonomie sur leurs propres « entreprises ».

Keyu Jin donne l’exemple de l’industrie solaire. Il y a eu à un moment donné (vers 2005) une directive du gouvernement central visant à développer l’industrie solaire. Le graphique qu’elle partage dans son discours est incroyable : en quelques années, des entreprises spécialisées dans le solaire ainsi que des brevets liés à la recherche sur la technologie solaire sont apparus littéralement partout en Chine. Avec le résultat que nous connaissons tous aujourd’hui : la Chine domine aujourd’hui complètement l’industrie et la technologie solaires (selon l’Agence internationale de l’énergie, la part de la Chine dans toutes les étapes de fabrication des panneaux solaires dépasse 80 %).

Comme elle l’explique, cela rend le système chinois quelque peu paradoxal car il est à la fois incroyablement décentralisé mais aussi incroyablement efficace pour mobiliser le pays autour d’objectifs décidés au niveau central. Elle va même jusqu’à comparer cette efficacité au fait que le pays est dans un état constant de « mobilisation en temps de guerre ». Une comparaison intéressante serait si tous les pays d’Amérique du Nord, de l’UE et d’Afrique du Nord (soit à peu près la population de la Chine) étaient tous unis sous une direction commune décidant des objectifs communs et du cheminement de carrière de tous les fonctionnaires en fonction de la manière dont ils atteignent ces objectifs dans leurs régions respectives.

Nous voyons ce système être mobilisé aujourd’hui dans toute sa puissance sur les semi-conducteurs de pointe à cause des sanctions américaines, et c’est pourquoi ces sanctions s’avéreront sans doute si contre productives : une fois que la machine chinoise de « mobilisation en temps de guerre » a un objectif – et vous pouvez être sûr que cet objectif est hautement prioritaire – le combat est essentiellement terminé, vous pouvez le considérer comme terminé. Une fois que des centaines de milliers de docteurs, d’entreprises et de fonctionnaires sont en même temps en compétition et travaillent sous le même toit de « China Inc » pour faire bouger les choses, cela finira par se faire. Si vous voulez que la Chine NE développe PAS une technologie, la toute dernière chose à faire est de lui faire mobiliser toute la puissance de sa machine. Avec les sanctions, les États-Unis ont effectivement dit à la Chine : « s’il vous plaît, nous vous en supplions, consacrez votre formidable pouvoir de mobilisation économique à devenir une puissance dans le domaine des semi-conducteurs le plus rapidement possible » 🤦

Une autre particularité du système que Keyu Jin souligne – et je terminerai là-dessus – est que ce système permet également à la Chine « d’attribuer les pertes à certains groupes de personnes, groupes d’intérêt et secteurs » afin de « mettre en œuvre des changements au niveau du système ». », ce qui, selon elle, est « très difficile à faire pour d’autres gouvernements ayant plus de contraintes politiques ». Par exemple, nous voyons cela se produire en temps réel dans le secteur immobilier : la Chine a reconnu l’existence d’une bulle immobilière et Xi a publié sa directive « les maisons sont destinées à l’habitation, pas à la spéculation ». Depuis, nous assistons à un dégonflement machiné de la bulle, garantissant dans la mesure du possible que les pertes soient supportées par les promoteurs immobiliers et les spéculateurs, et pas trop par la société dans son ensemble. C’est en partie la raison pour laquelle la Chine n’a jamais connu de récession dans l’ère moderne : elle procède à des démolitions contrôlées lorsque cela est nécessaire, mais essaie de s’assurer qu’elle ne souffre pas de crises massives comme celles dont nous avons été témoins à plusieurs reprises aux États-Unis par exemple.

Bien entendu, aucun système n’est parfait. Les faiblesses du système chinois incluent par exemple le protectionnisme local : les autorités locales sont incitées de manière perverse à protéger leurs entreprises locales afin de leur donner un avantage par rapport aux entreprises d’autres provinces, ce qui se fait finalement au détriment de tout le monde. Une autre faiblesse est la corruption, un problème séculaire en Chine, où les responsables locaux – qui sont extrêmement puissants en raison de la nature du système – décideront que l’obtention d’une promotion n’est pas une incitation suffisante et tenteront de tirer profit de leur position de pouvoir. Réprimer ce phénomène est également une mission clé du gouvernement central et bien sûr l’une des initiatives majeures de Xi depuis son arrivée au pouvoir.

Enfin, une autre faiblesse évidente est évidemment que tout repose en fin de compte sur la sagesse des raisons pour lesquelles le système est mobilisé, sur la sagesse des objectifs plus larges émanant du gouvernement central. S’ils sont mal pensés, c’est effectivement tout un pays qui travaille vers de mauvais objectifs… À ce sujet, on nous dit souvent que ce problème ne se produit pas dans les pays où les objectifs de l’économie sont déterminés de manière plus organique par les « forces invisibles du marché », mais si vous y réfléchissez, cela revient à dire que la « main invisible du marché » équivaut en fait à « ce qui est bon pour les actionnaires » et ce qui est bon pour les actionnaires n’est pas toujours un indicateur parfait de ce qui est bon pour la société, c’est le moins qu’on puisse dire… Par exemple, il est absolument insensé que nous ayons eu 2 ou 3 générations en Occident où les meilleurs et les plus brillants sont allés travailler pour le secteur financier afin de concevoir des projets toujours plus alambiqués pour gagner de l’argent à partir de rien, tout simplement parce que c’est incroyablement rentable de le faire. Quiconque regarde cela de manière rationnelle peut voir que ce n’est pas exactement la meilleure utilisation de nos précieuses ressources humaines en tant que société… Donc tout bien considéré, si je devais choisir, je préférerais de loin que nos grands objectifs sociétaux soient fixés par les êtres humains plutôt que par le concept théorique selon lequel « ce qui rapporte le plus d’argent mérite le plus d’attention ». Et il s’avère que le système chinois s’en sort plutôt bien face au capitalisme : les êtres humains ne sont évidemment pas trop mauvais pour décider sur quoi ils devraient travailler s’ils sont réfléchis et stratégiques à ce sujet. »

Ce que fait Arnaud Bertrand sur X (Twitter) est un exemple de « journalisme citoyen » et X est le lieu où ces journalistes citoyens peuvent s’exprimer. Bien sûr, il y en a de plus ou moins bon, à chacun de choisir ceux qu’il veut suivre. Mais depuis que la censure a été allégée par Musk, X est devenu le lieu de travail des journalistes citoyen. En voici un autre exemple :

« Au cours des 111 derniers jours, depuis le 7 octobre, Israël a constamment nié avoir pris pour cible des civils. Eh bien, dans cette vidéo, je vais vous montrer que dans l’histoire de son occupation, Israël cible non seulement activement les civils, mais également les enfants.

Plus important encore, j’explique pourquoi ils le font.

Nous avons tous été collectivement contraints d’observer l’essentiel du terrorisme d’État absolu et sans limites perpétré par Israël, protégé par le parrainage de la grande majorité des pays du Nord, de leurs gouvernements et de leurs médias. Les politiques israéliennes institutionnalisées qui impliquent le meurtre, la mutilation, l’enlèvement, la maltraitance, l’emprisonnement et le viol des enfants n’ont pas encore été portées au premier plan de la conscience occidentale.

J’espère que cette vidéo aidera à créer cette conscience. »

La vidéo est en anglais mais avec des sous titres qui permettent de suivre facilement l’intéressante enquête de cette journaliste.

Evidemment, ce « journalisme citoyen » permet de briser le narratif que les médias grand public et les gouvernements s’efforcent d’imposer dans la tête de la population, alors il faut dénigrer celui qui permet un tel affront, Elon Musk :

« La déclaration d’Elon Musk entre en contradiction avec ses actes. Et pas seulement parce que Musk est l’auteur d’un tweet, en novembre, approuvant un discours ouvertement complotiste et antisémite. Pas seulement parce que le nombre de messages contre les Juifs a doublé sur X depuis qu’il en a pris le contrôle, ce qui a d’ailleurs valu au réseau la désertion de grands annonceurs. Non, si Musk ne peut pas se prévaloir d’un rôle de vigie contre la barbarie, c’est parce qu’il refuse de mettre un frein au déversement de la haine en ligne. Rappelons qu’il a n’a pas souscrit aux règles sur l’information de l’Union européenne, ce qui a déclenché une enquête de Bruxelles, et qu’il a joué un rôle crucial dans la prolifération de fausses nouvelles pendant le conflit Israël-Hamas. »

Et en ce moment, il s’agit essentiellement de protéger le narratif israélien qui prétend faire accepter à une population réticente que le massacre en cours à Gaza est une réponse normale face à l’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier. Or une enquête citoyenne comme la précédente démolit ce narratif israélien.

Il s’agit aussi de protéger le narratif officiel disant que « la Russie de Poutine est un danger pour l’Europe » qui est souvent battu en brèche sur X et autres médias alternatifs :

« « La guerre en Ukraine sera terminée dans trois mois », dixit la ministre allemande des Affaires étrangères sur X, l’ex-Twitter. Le compte est presque parfait. La photo habituelle est utilisée, le nombre d’abonnés est également exact. Mais le message qui remettait en cause le soutien de l’Allemagne à Kiev n’était pas complètement parfait.

Dans un coin, on pouvait reconnaître un signe en cyrillique. On l’aura compris : le faux compte et les fausses informations ont leur source en Russie. Les services du ministère des Affaires étrangères ont comptabilisé pas moins de 50 000 comptes et plus d’un million de messages en un mois. Objectif : faire croire que Berlin ne soutien plus l’Ukraine ou au contraire que ce soutien se fait au détriment des Allemands.

La campagne veut surfer sur le mécontentement dans la population avec de fausses informations. Les partages et les commentaires doivent contribuer à multiplier l’écho de ces publications. Berlin a partagé ces informations avec les services spécialisés de l’Union européenne (UE). L’origine de ces messages est claire : ils viennent de Russie et sont en partie complètement automatisés. « La désinformation est devenue une menace globale », a déclaré, dans la foulée, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. »

Cette info veut nous faire croire que les services secrets russes sont assez stupides pour laisser « dans un coin un signe en cyrillique » et ne pas cacher « l’origine des messages » alors que c’est à la portée de n’importe quel informaticien. Cette « info » est plutôt là pour faire passer ce message dans l’esprit des lecteurs : « La Russie et X sont dangereux pour vos esprits si facilement manipulables alors il faut que nous, médias et gouvernement, nous vous en protégions ».

Pourtant, le haut dirigeant de l’OTAN, Stoltenberg lui-même, le redit :

« L’OTAN ne voit aucune menace de la part de la Russie envers aucun de ses membres, a déclaré mardi le secrétaire général du bloc dirigé par les États-Unis, Jens Stoltenberg, aux journalistes lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Ses commentaires interviennent alors que plusieurs pays, dont l’Allemagne et les États baltes, ont fait part de leurs inquiétudes quant à une éventuelle attaque russe.

Répondant aux questions des journalistes suite à la signature de nouveaux investissements majeurs dans la production de munitions d’artillerie, Stoltenberg a déclaré : « Nous ne voyons aucune menace directe ou imminente contre un allié de l’OTAN. »

En même temps, il a souligné que le bloc « surveille de près ce que fait la Russie » et a accru sa « vigilance et sa présence dans la partie orientale de l’alliance », afin de prévenir toute attaque contre les pays alliés. »

Mais les médias et certains dirigeants veulent absolument nous faire croire le contraire.

A lundi prochain

 

La revue de presse du 22 janvier 2024

 


Par Wayan – le 22 janvier 2024 – Le Saker Francophone

Nous commencerons par une nouvelle qui a été très peu commentée par les médias grand public, l’écrasante victoire de Trump sur ses collègues du Parti Républicain au premier vote des primaires républicaines, dans l’Iowa :

 

« La marge de victoire de l’ancien président Donald Trump lors des caucus de l’Iowa lundi a battu le précédent record pour les candidats républicains à la présidentielle, soulignant le large soutien qu’il a attiré lors de la première élection du processus de nomination de 2024.

Trump a obtenu le soutien de 51 % des membres du caucus de l’Iowa, une victoire de 30 points sur le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, arrivé en deuxième position avec 21 % de soutien. L’ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Nikki Haley, a remporté 19 % pour se classer troisième.

Depuis l’avènement du processus primaire moderne en 1972, le précédent record de marge de victoire dans une course compétitive du Parti républicain dans l’Iowa était établi par le sénateur Bob Dole, qui avait battu le poids lourd évangélique Pat Robertson de 13 points lors des caucus de 1988. Dole a remporté 37,4 % des résultats du sondage, contre 24,6 % pour Robertson et George H.W. Bush est de 18,6 %….

Trump reste clairement le favori parmi la base républicaine à l’échelle nationale. Un sondage CBS News/YouGov réalisé la semaine dernière auprès des électeurs probables des primaires du GOP dans tout le pays a révélé que 69 % soutiendraient Trump si l’élection avait lieu aujourd’hui, contre 14 % pour DeSantis et 12 % pour Haley. Et le soutien à Trump parmi les électeurs probables des primaires républicaines à l’échelle nationale n’a fait que croître ces derniers mois. »

Comme de nombreux analystes alternatifs le prédisaient, l’acharnement de l’Etat profond étasunien contre Trump n’a fait que le renforcer auprès des Républicains en faisant de lui un « martyr de la cause ».

Face à cette défaite écrasante, DeSantis abandonne la course en donnant son soutien à Trump, enlevant tout espoir de succès à Haley, qui est la candidate de l’Etat Profond pour le Parti républicain.

Il ne restera plus à cet Etat profond que d’abattre politiquement Trump en l’empêchant légalement de participer à l’élection présidentielle. Osera-t-il aller jusqu’au bout d’un tel geste ? Les risques sont énormes après l’indéniable démonstration de son fort soutien populaire :

« Parallèlement, la Cour suprême des États-Unis entendra le 8 février les arguments des deux parties après un recours de l’ex-président Trump sur une décision de la justice du Colorado le déclarant inéligible en raison de son rôle lors de l’assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021. Mais ce recours étant suspensif, son nom figurera bien sur les bulletins de vote au Colorado et ailleurs, jusqu’à ce que la plus haute juridiction statue, à une date indéterminée. »

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La semaine dernière nous parlions de la propagande médiatique anglo-saxonne disant que Poutine allait attaquer l’Europe en montrant un article écrit par un analyste étasunien. Cette semaine, cette propagande s’est étendue à toute l’Europe. Commençons par l’Allemagne :

« La Bundeswehr se prépare à une attaque de Poutine

BILD connaît le scénario ++ Des dizaines de milliers de soldats allemands seraient mobilisés

Dans un scénario d’exercice de la Bundeswehr, la Russie commence déjà dans quelques semaines à se préparer à une guerre contre l’OTAN. En décembre, il y aura “de nombreux morts”.

C’est ce qui ressort d’un document secret. Selon ce document, une éventuelle escalade entre l’OTAN et la Russie pourrait avoir lieu dès ce mois de février. Il s’agit d’un scénario d’exercice qui esquisse pas à pas, mois après mois, comment le dictateur russe Vladimir Poutine agirait et comment l’OTAN devrait se défendre.

Dans ce scénario de la Bundeswehr, l’escalade commence déjà dans quelques semaines. Des dizaines de milliers de soldats allemands devraient être envoyés en mission peu après. »

Puis la Suède :

« La suède est avertie de se « préparer à la guerre ». Le ministre de la défense civile dit aux citoyens de « se bouger » et de se préparer à la fin des 210 ans de paix alors que le pays espère rejoindre l’OTAN à cause des tensions russes. »

La Grande Bretagne évidemment :

« Le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, a prédit un conflit mondial entre l’Occident et la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord d’ici cinq ans. Shapps a appelé les alliés de la Grande-Bretagne à augmenter leurs dépenses militaires en réponse à cette soi-disant « menace existentielle ».

Dans son premier discours en tant que chef de la défense lundi, Shapps a décrit le Royaume-Uni comme une puissance militaire mondiale de premier plan, citant le budget de défense record de 50 milliards de livres sterling (63 milliards de dollars) du pays, ses récentes frappes aériennes contre les forces houthies au Yémen et l’annonce, par le Premier ministre Rishi Sunak, d’un programme d’aide militaire de 2,5 milliards de livres sterling (3,2 milliards de dollars) à l’Ukraine la semaine dernière.

« Dans cinq ans, nous pourrions être confrontés à plusieurs théâtres [de conflit], notamment la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord », a-t-il déclaré. « Demandez-vous, en regardant les conflits actuels à travers le monde, est-il plus probable que ce nombre augmente ou diminue ? Je suppose que nous connaissons tous la réponse. Il est probable que cela va croître, donc 2024 doit marquer un point d’inflexion. »

Il faut bien remettre dans le contexte cette nouvelle manipulation politico-médiatique. Le gouvernement Biden voudrait bien que les européens prennent sur leur dos tout le fardeau ukrainien et qu’ils continuent à jouer la stratégie de la tension contre la Russie et ses soutiens car c’est bon pour les affaires du CMI si l’Europe est obligée de s’armer jusqu’aux dents et cela permet au gouvernement étasunien de se concentrer sur la région indo-pacifique.

Alors il faut affoler la population pour qu’elle accepte les sacrifices nécessaires pour se protéger de « l’agression russe ».

Pour marquer encore plus les esprits, c’est finalement tout l’OTAN qui prépare les exercices militaires les plus importants qu’elle ait jamais organisé :

« Avec 90 000 hommes, l’exercice « défenseur inébranlable » est un record en termes de nombre de soldats déployés, selon le président des chefs d’états-majors des pays de l’Otan. Ces grandes manœuvres vont durer plusieurs mois et impliquer 1100 véhicules de combat, 80 avions et 50 navires. Depuis 1988, en pleine guerre froide, aucun exercice allié n’avait atteint une ampleur comparable.

D’ailleurs, c’est très précisément de cela qu’il s’agit, même si le nom de la Russie n’est pas expressément mentionné puisque l’exercice défenseur inébranlable va concerner l’ensemble du continent avec aussi l’envoi de soldats américains et canadiens pour faire face « à un ennemi de taille comparable ». »

« Au cours de deux jours de pourparlers à Bruxelles, les hauts responsables de l’OTAN devraient détailler les plans de ce qui devrait être le plus grand exercice militaire en Europe depuis la guerre froide, plus tard cette année. Ces jeux de guerre se veulent une nouvelle démonstration de force de la part de l’OTAN et de son engagement à défendre toutes les nations alliées contre les attaques.

« Nous avons besoin que les acteurs publics et privés changent de mentalité pour passer d’une époque où tout était planifiable, prévisible, contrôlable et axé sur l’efficacité à une époque où tout peut arriver à tout moment. Une époque dans laquelle nous devons nous attendre à l’inattendu », a- déclaré Bauer, un haut dirigeant de l’OTAN, en ouvrant la réunion.

« Afin d’être pleinement efficaces, même à l’avenir, nous avons besoin d’une transformation militaire de l’OTAN », a ajouté Bauer.

« Cette guerre [en Ukraine] n’a jamais constitué une menace réelle à la sécurité de la Russie, venant de l’Ukraine ou de l’OTAN », a ajouté Bauer. « Dans cette guerre, la Russie craint quelque chose de bien plus puissant que n’importe quelle arme physique sur terre : la démocratie. Si les Ukrainiens peuvent jouir de droits démocratiques, les Russes en auront bientôt aussi envie»

La dernière phrase est typique de la propagande occidentale qui diffuse la croyance que la Russie ne serait pas démocratique alors que les pays de l’OTAN le sont. Ni en Russie, ni en Europe, ni aux Etats-Unis la soi-disant « démocratie » n’est idéale, puisqu’elle est essentiellement représentative, récupérée par les forces financières et la manipulation médiatique. Mais prétendre que la Russie n’est pas démocratique est de la désinformation divulguée dans le but de dépeindre la Russie comme un pays paria, donc dangereux et contre lequel il est normal de se battre.

« La campagne électorale dans les médias russes en vue de l’élection présidentielle de mars débutera le mois prochain et se poursuivra jusqu’à la date à laquelle les électeurs se rendront aux urnes, a annoncé mercredi la Commission électorale centrale (CEC) russe.

Les candidats seront autorisés à diffuser des publicités de campagne sur les chaînes de télévision et de radio publiques à partir du 17 février, les dernières émissions devant être diffusées avant minuit le 15 mars, date du début du vote. La CEC a également précisé des périodes pendant lesquelles les candidats pourront diffuser gratuitement leurs publicités de campagne.

Selon les règles, chaque média d’État doit réserver une heure de son temps d’antenne en semaine à des fins de campagne, tandis que le quota pour les médias régionaux est de 30 minutes.

L’élection présidentielle elle-même se tiendra entre le 15 et le 17 mars, et l’inauguration est prévue début mai. Il n’y aura pas d’interdiction de diffusion des médias à la veille du vote, cette exigence ayant été supprimée par le président Vladimir Poutine en 2021.

Jusqu’à présent, la CEC n’a enregistré que trois candidats : le député du Nouveau parti populaire Vladislav Davankov, le chef du Parti libéral-démocrate Leonid Slutsky et le député du Parti communiste Nikolaï Kharitonov.

Le président sortant Vladimir Poutine, qui se présente comme indépendant, a rassemblé 2,5 millions de signatures, dépassant largement le seuil requis. Cependant, ceux-ci doivent encore être vérifiés par les responsables électoraux. »

Quant à la « démocratie ukrainienne » qu’il faudrait défendre, elle ne parait pas vraiment en bonne état :

« En Ukraine, des journalistes d’investigation victimes de tentatives d’intimidation

En Ukraine, plusieurs journalistes d’investigation ont subi ces derniers jours des tentatives d’intimidation de la part d’inconnus. Tous ces journalistes ont en commun de travailler sur des dossiers sensibles liés à la corruption…

Yuri Nikolov et Denys Bihus se sont montrés pour l’instant prudents sur l’origine de ces tentatives d’intimidation. Mais ils dénoncent le silence pesant de l’entourage du président Volodymyr Zelensky, laissant entendre que des conseillers du bureau de la présidence sur lesquels ils enquêtent pourraient être liés à ces pratiques qui rappellent un temps que les Ukrainiens pensaient avoir oublié. »

Là encore, la dernière phrase laisse à penser que depuis que l’Ukraine a un gouvernement pro-européen les choses se sont amélioré. Elle serait plus « démocratique ». Absolument pas, c’est même le contraire. Partis d’oppositions bannis, opposants emprisonnés ou assassinés, journaux interdits, journalistes intimidés, la liste est longue.

De même pour « la seule démocratie du Moyen-Orient », Israël :

« L’improbable accusation d’intention de commettre une trahison a conduit Meir Baruchin, un professeur d’histoire et d’éducation civique aux cheveux gris et à la voix douce, dans l’aile d’isolement de la célèbre prison du « complexe russe » de Jérusalem début novembre.

Les preuves rassemblées par la police qui l’a menotté, puis s’est rendu à son appartement et l’a saccagé sous ses yeux, étaient une série de publications sur Facebook qu’il avait publiées, pleurant les civils tués à Gaza, critiquant l’armée israélienne et mettant en garde contre les guerres de vengeance…

En Israël, des journalistes chevronnés, des intellectuels et des militants des droits affirment qu’il y a peu d’espace public pour la dissidence sur la guerre à Gaza, même trois mois après le début d’une offensive qui a tué 23 000 Palestiniens et dont on ne voit pas la fin. « Ne vous y trompez pas : Baruchin a été utilisé comme un outil politique pour envoyer un message politique. Le motif de son arrestation était la dissuasion – faire taire toute critique ou toute allusion à une protestation contre la politique israélienne », a déclaré le journal Haaretz dans un éditorial. »

Quant à la « démocratie française » et sa fameuse « liberté d’expression à la Charlie », elle vaut bien elle aussi la « démocratie » russe, ukrainienne, israélienne…

« Fin décembre 2023, au cœur de la guerre d’extermination menée par Israël contre la bande de Gaza, et sans que j’en sois notifié d’aucune manière (vive l’Etat de droit), le site www.lecridespeuples.fr a cessé d’être accessible en France. Lorsqu’on tente d’y accéder, en fonction de l’appareil utilisé et/ou du navigateur, soit on tombe sur une page d’erreur, soit on tombe sur cette annonce : »

Je connais bien ce site qui existe depuis longtemps. Aucune apologie du terrorisme, juste des articles critiques envers Israël et des traductions de dirigeants de « l’Axe de la résistance » comme Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah. Le dernier d’une longue série de censure de site d’infos indépendants français.

Quant à la « démocratie allemande », elle parle publiquement d’interdire un parti dont le soutien populaire est en pleine expansion :

« Alors que le groupe d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne continue de prendre de l’ampleur – et que son radicalisme devient de plus en plus prononcé – un nombre croissant de politiciens traditionnels se demandent si la meilleure façon d’arrêter le parti est d’essayer de l’interdire.

Le débat a véritablement démarré après que Saskia Esken, co-chef du parti social-démocrate (SPD) au pouvoir, s’est prononcée plus tôt ce mois-ci en faveur d’une discussion sur une interdiction – ne serait-ce que, comme elle l’a dit, pour « secouer les électeurs » de leur complaisance.

Depuis lors, des politiciens de tous bords politiques se sont demandé si un effort juridique visant à interdire l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), bien que possible en vertu de la loi allemande, serait tactiquement intelligent ou ne ferait qu’alimenter davantage la montée du parti. »

Il semble que le « radicalisme devient de plus en plus prononcé » d’AfD soit dû à leur tendance à vouloir lutter contre l’immigration illégale car, au contraire, ils demandent que l’Allemagne cesse son soutien au gouvernement Zelensky alors que celui-ci est largement soutenu par les Bandéristes, pro-nazis, eux ouvertement d’extrême droite.

Une immigration clandestine qui prend de l’ampleur dans toute l’Europe et réveille des peurs ancestrales dans un continent qui a connu moults « invasions barbares » dans son histoire, en tous cas telle qu’on nous l’enseignait à l’école, et qui résonnent encore dans l’inconscient collectif, spécialement en ces temps d’économie chancelante.

On voit cette tendance dans toute l’Europe mais elle est classée « d’extrême droite » par les médias c’est-à-dire que cette préoccupation d’une partie grandissante de la population est traitée de manière méprisante par « l’intelligentsia » européenne. Là encore est-ce vraiment « démocratique » que de traiter une préoccupation importante d’une grande partie de la population comme étant « mauvaise », au point même d’arriver à bannir un parti s’en préoccupant. Non seulement ce n’est pas démocratique mais cela me parait même une grave erreur politique qui ne fait qu’alimenter les réels populismes, ceux qui attirent les arrivistes politiques.

D’ailleurs, en Grande Bretagne le débat fait rage au sujet des immigrants clandestins sans que les médias traitent Rishi Sunak de dangereux extrême droite à bannir. Alors, deux poids deux mesures ?

« Après deux jours sous haute tension au palais de Westminster avec débats houleux, tractations à huis clos et démissions retentissantes, les dissidents sont revenus dans le rang. Le texte prévoyant la délocalisation du système de demande d’asile au Rwanda a été approuvé en troisième lecture à la Chambre des Communes avec 320 votes pour et 276 contre.

Un soulagement pour Rishi Sunak. Largement devancé dans les sondages par les travaillistes en ce début d’année électorale, le Premier ministre a mis tout son poids dans la balance pour faire aboutir ce projet censé montrer sa fermeté sur une préoccupation majeure de sa base, mais qui aura exposé à vif les divisions de sa majorité, les modérés redoutant une atteinte au droit international et les plus à droite voulant aller plus loin. »

Aux Etats-Unis, on observe la même attitude bloquée au sujet de l’immigration clandestine. Le gouvernement Biden est en pleine dispute avec le Texas sur ce sujet. Les Démocrates sont même prêts à abandonner les financements à l’Ukraine pour ne pas que les Républicains puissent réguler l’immigration clandestine avec leur mur à la frontière. C’est d’ailleurs l’un des sujets qui permet à Trump de rassembler un tel soutien populaire, avec l’arrêt des interventions militaires à l’étranger.

On observe une sorte de comportement totalement hypocrite de la part des élites dirigeantes occidentales. On veut de l’immigration, mais illégale, et on bloque les voix de l’immigration légale. Il semble que les pouvoirs en place veulent de l’immigration, mais qu’elle reste clandestine. Un souhait difficilement explicable sauf à soupçonner que le clandestin est plus facilement corvéable.

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Le feu au Moyen-Orient continue de s’embraser, doucement mais surement. Cette région est entrée dans une phase « guerre qui ne dit pas (encore) son nom » :

« Les Gardiens de la Révolution iraniens ont annoncé tôt ce mardi avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques sur des cibles « terroristes » en Irak et en Syrie, tuant au moins « quatre civils » au Kurdistan irakien selon les autorités locales de la région autonome. »

« Le CGRI iranien affirme qu’une frappe de missile a visé le « quartier général d’espionnage » du Mossad au Kurdistan irakien »

« Des militaires américains blessés lors de la dernière attaque par des militants contre une base en Irak »

« Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche que son groupe était prêt à mener une « guerre sans restriction » avec Israël en plein échange de tirs transfrontaliers entre les deux parties. »

« Le chef de Tsahal affirme que la probabilité d’une guerre au Liban dans les mois à venir est « plus élevée qu’avant »

« Les rebelles Houthis ont tiré lundi un missile qui a frappé un navire américain au large des côtes du Yémen, dans le golfe d’Aden, moins d’un jour après avoir lancé un missile de croisière antinavire vers un destroyer américain dans la mer Rouge. »

« Les Etats-Unis ont tiré leur sixième salve de missiles sur les Houthis »

« Le président iranien a déclaré qu’une frappe aérienne sur la capitale syrienne, qui a tué cinq hauts responsables des forces de sécurité iraniennes, ne « resterait pas sans réponse ». »

Quant à Gaza dont les israéliens venaient de déclarer la zone nord « libérée du Hamas » :

« Plus de 50 roquettes ont été tirées depuis Gaza vers la ville méridionale de Netivot mardi matin, avec au moins un impact à l’intérieur de la ville méridionale dans le cadre du plus grand tir de barrage de roquettes provenant de la bande depuis plusieurs semaines.

Ces tirs de roquettes sont intervenus alors que les Palestiniens rapportaient que les chars israéliens revenaient en force dans certaines parties du nord de la bande de Gaza qu’ils avaient quittées la semaine dernière. »

Et comme Netanyahou vient de le répéter haut et fort :

« Les États-Unis ont fait pression en faveur d’une solution à deux États plus tôt cette semaine à Davos, le secrétaire d’État américain Antony Blinken affirmant que la voie d’Israël vers une « véritable sécurité » passait par la formation d’un État palestinien.

Le Premier ministre israélien a rejeté cette idée jeudi, affirmant qu’« Israël doit maintenir un contrôle de sécurité sur tout le territoire à l’ouest du Jourdain », pour garantir qu’aucune « terreur ne soit dirigée contre » le peuple israélien.

« Nous ne nous contenterons pas d’une victoire absolue… Cela entre en contradiction avec l’idée de souveraineté [palestinienne]. Que pouvons-nous faire ?” » a déclaré Netanyahu lors d’un point de presse à Tel Aviv. « J’ai expliqué cette vérité à nos amis américains et j’ai mis un frein à la tentative de nous contraindre à une réalité qui mettrait en danger l’État d’Israël. » »

La situation au Moyen Orient ne peut donc qu’empirer. Alors les « amis américains » vont-ils continuer malgré cela à soutenir inconditionnellement Israël ? C’est fort possible.

Pendant ce temps à Gaza :

« La « grande majorité » des 400 000 Gazaouis décrits par les agences de l’ONU comme risquant de mourir de faim « sont en réalité dans la famine, pas seulement en danger de famine », a déclaré Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence à CNN. Christiane Amanpour.

« Cela constitue un aspect extraordinaire et totalement indésirable de la guerre à Gaza », a-t-il déclaré. « Cela a amené la famine à une vitesse incroyable en première ligne. »

Un petit reportage de terrain sur la situation en Cisjordanie occupée.

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Quant à l’Ukraine, l’opinion occidentale sur le sujet est résumée par cet article, publié sur le site du Carnegie endowment for international peace, dont le titre dit tout : « La guerre en Ukraine est devenu un sujet accessoire pour l’Occident » :

« La guerre semble de plus en plus lointaine et étrangère, tout en devenant une affaire de routine. Les manifestations en faveur de l’Ukraine sont de moins en moins visibles et les drapeaux ukrainiens sont de moins en moins exposés : à certains endroits, ils sont désormais dépassés en nombre par les drapeaux palestiniens. Le conflit Israël-Gaza a dispersé le pouvoir des alliés de Kiev et détourné l’attention mondiale de l’Ukraine, brisant ainsi le consensus pro-Ukraine.

À mesure que la perception de la guerre a évolué, l’image du président ukrainien Volodymyr Zelensky a également évolué. Jusqu’à récemment, il était presque impossible d’imaginer un article critiquant Zelensky, dont le visage faisait la une des plus grands magazines et journaux du monde.

Ce culte du héros a suscité la fureur du Kremlin, où les responsables aimeraient imaginer que ce sont eux qui entreront dans l’histoire comme des héros classiques à une époque non héroïque. Pourtant, grâce à leurs actions en Ukraine, c’est l’adversaire méprisé de la Russie qui semble assumer ce rôle. Comparés à Zelensky dans sa tenue kaki emblématique, les responsables russes posant en tenue militaire ressemblaient à des touristes ou à des fans de cosplay de second ordre. Alors qu’ils semblaient jouer la comédie, Zelensky était devenu le chouchou du monde.

Cependant, à mesure que la guerre en Ukraine est de plus en plus considérée comme une petite guerre périphérique, la vision du monde sur Zelensky a également changé. Il est toujours un héros, juste un héros lointain : le héros de quelqu’un d’autre. »

Le gouvernement étasunien n’ayant plus vraiment d’espoir que l’Ukraine soit un vrai danger pour la Russie, ce serait plutôt le contraire, alors « adieu Zelenski et bon courage pour la suite. Va voir les européens de ma part ».

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La Chine annonce déjà ses statistiques économiques pour l’année 2023 :

« Le Bureau national chinois des statistiques a publié mercredi une série de données clés sur l’économie chinoise pour l’année 2023. Parmi elles, la plus intéressante est la croissance annuelle du PIB de 5,2 %, ce qui est supérieur à l’objectif attendu. Une fois de plus, la trajectoire réelle de l’économie chinoise se démarque de certaines opinions pessimistes, critiques et même théories d’effondrement, démontrant une résilience et un potentiel solides. Selon des estimations basées sur les prévisions de la Banque mondiale concernant les taux de croissance des principales économies en 2023, la croissance économique de la Chine est environ 1,5 fois supérieure à celle des États-Unis et environ 16,5 fois supérieure à celle de la zone euro. La contribution de la Chine à la croissance économique mondiale est supérieure à celle combinée des Amériques, de l’Europe et du Japon, ce qui en fait un moteur majeur de la croissance économique mondiale.

D’après les rapports et commentaires de divers médias nationaux et internationaux, il est évident que ce chiffre est généralement conforme aux, voire dépasse, les attentes du marché. Pour être honnête, la reprise de l’économie chinoise en 2023 ne s’est pas déroulée sans heurts. L’impact de « l’effet cicatrice » de la pandémie sur l’économie a été plus important que prévu, le secteur immobilier étant toujours atone. Dans le même temps, la faiblesse de la reprise économique mondiale a exercé une pression sur la croissance du commerce, et les effets d’entraînement de mesures telles que la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale et l’appréciation du dollar américain ne doivent pas être sous-estimés. Le public, à des degrés divers, a ressenti les impacts de ces défis nationaux et externes dans ses perceptions au niveau micro au cours de l’année écoulée. »

Pour placer un rideau de fumée devant ces bonnes nouvelles économiques chinoises, la propagande médiatique occidentale se déchaine :

L’économie chinoise a un sérieux problème

Un autre signe que l’économie chinoise est en mauvaise situation

La très mauvaise situation économique chinoise est un mauvais coup pour Xi

Le PIB chinois de 2023 montre une difficile guérison de l’économie, augmente les raisons de la stimuler

Voici pourquoi l’économie chinoise est en difficulté sur de nombreux points

Pour beaucoup de chinois, l’économie est ressentie comme étant en récession

« La veille de l’examen de la fonction publique chinoise, Melody Zhang arpentait anxieusement le couloir de son dortoir, répétant ses réponses. Ce n’est qu’en revenant dans sa chambre qu’elle réalisa qu’elle avait pleuré tout le temps.

Zhang espérait commencer une carrière dans la propagande d’État après plus de 100 candidatures infructueuses dans l’industrie des médias. Avec un nombre record de 2,6 millions de personnes postulant pour 39 600 emplois gouvernementaux dans un contexte de crise du chômage des jeunes, elle n’a pas réussi à s’en sortir.

“Nous sommes nés à la mauvaise époque”, a déclaré ce diplômé de 24 ans de l’université Renmin de Chine.

“En période de ralentissement économique, personne ne se soucie plus de ses rêves et de ses ambitions. La recherche interminable d’un emploi est une torture.”

Une crise de confiance dans l’économie dissuade les consommateurs de dépenser et les entreprises d’embaucher et d’investir, dans ce qui pourrait devenir un mécanisme auto-alimenté qui érode le potentiel économique à long terme de la Chine.

La Chine a connu une croissance de 5,2 % l’année dernière, soit plus que la plupart des grandes économies. Mais pour les diplômés au chômage, les propriétaires qui se sentent plus pauvres car leurs appartements perdent de la valeur et les travailleurs qui gagnent moins que l’année précédente, la deuxième économie mondiale a l’impression de se contracter. »

Voici donc quelques titres, parmi beaucoup d’autres du même genre, faits pour donner l’impression que l’économie chinoise est en mauvaise posture alors qu’elle fait partie de celles qui s’en sont les mieux sorties dans le contexte d’une économie mondiale peu performante.

Alors que quand les médias et élites économiques parlent de l’économie des Etats-Unis c’est sur le ton « ce n’est pas si mauvais que cela » :

« David Solomon, le nouveau PDG de Goldman Sachs (GS.N), s’attend à ce que l’économie américaine évite un ralentissement important cette année, mais a averti que l’inflation pourrait rester plus tenace que prévu et peser sur la croissance.

“Cela a été plus constructif que ce à quoi nous nous attendions”, a déclaré Solomon à Reuters mercredi dans une interview. “Je pense toujours qu’il existe un risque, en particulier en ce qui concerne le travail, l’alimentation et l’essence, que l’inflation soit plus forte que ce que les gens pensent.”

L’inflation des prix à la consommation aux États-Unis sur 12 mois a atteint 3,4 % en décembre, contre 3,1 % le mois précédent. Mais si l’on exclut la volatilité des prix des produits alimentaires et de l’énergie, le rythme de hausse des prix est tombé de 4 % à 3,9 %, ce qui témoigne d’une modération continue des pressions sous-jacentes sur les prix.

Il y a un an, les acteurs du marché craignaient que la campagne agressive de la Fed visant à augmenter les coûts d’emprunt ne déclenche un ralentissement économique, mais les consommateurs et les entreprises sont restés résilients et le marché du travail a résisté.

“Je pensais qu’il y avait de fortes chances que l’économie connaisse un véritable ralentissement, mais nous avons eu un atterrissage beaucoup plus doux”, a déclaré Solomon. »

D’ailleurs le gouvernement chinois voit parfaitement ce qu’il appelle une « guerre cognitive », c’est-à-dire une guerre pour gagner non pas du terrain mais des esprits :

« Lancer une « guerre cognitive » contre la Chine a été un moyen important pour les forces occidentales anti-chinoises d’attaquer et de discréditer le pays en 2023. Certains hommes politiques et médias occidentaux ont publiquement terni l’image de la Chine en propageant des récits incluant « la théorie de l’effondrement de l’économie chinoise » dans leurs discours, une tentative d’inciter et de provoquer le mécontentement à l’égard de la Chine.

Lorsque l’économie chinoise a traversé une période difficile en juin et juillet, avec des indicateurs économiques majeurs tombés en deçà des attentes, un chœur de voix poussant la théorie de « l’effondrement de la Chine » à travers les médias occidentaux a atteint un ton frénétique, produisant certains des propos les plus sensationnels et les plus absurdes pour alimenter leur guerre cognitive contre la Chine.

Un certain nombre de mensonges sont apparus dans plusieurs publications journalistiques occidentales très réputées, mobilisant quatre techniques fréquemment utilisées lorsqu’il s’agit de diffamer et de discréditer l’économie chinoise. Les analystes chinois déclarent que ces reportages irresponsables sont démentis par les faits et rejetés par un public perspicace. »

Pour finir sur le sujet de la propagande anti-chinoise, ce texte d’Arnaud Bertrand, ce français vivant en Chine. Le fait de vivre à l’extérieur du monde occidental, tout en le connaissant bien pour y avoir été éduqué, permet d’adopter une vision extérieure plus objective sur lui :

« Cela peut paraître anodin et sans conséquence, mais c’est en réalité très important.

https://scmp.com/news/china/diplomacy/article/3248981/israel-gaza-war-palestinian-envoy-un-thanks-china-true-friend-its-support

L’envoyé palestinien auprès des Nations Unies a qualifié la Chine de « véritable ami prêt à faire tout ce qu’il peut pour aider le peuple palestinien » et a déclaré : « Nous connaissons très bien la position de la Chine. C’est une position de principe. Nous travaillons en très étroite collaboration avec eux dans ce domaine. ” Le Conseil de sécurité des Nations Unies soutient tous les efforts et toutes les résolutions appelant à un cessez-le-feu immédiat et à la fourniture d’une aide humanitaire. “

En quoi est-ce important ? Parce que cela signe essentiellement l’arrêt de mort d’un effort de longue date des États-Unis visant à retourner le monde musulman contre la Chine, en essayant de répandre la fausse idée selon laquelle la Chine était anti-musulmane. Le résultat – qui, quand on y pense, est en fait assez hilarant – est qu’ils ont réussi à croire en leur propre propagande, sans que le monde musulman y croie !

Vous vous retrouvez donc dans une situation assez ironique où les pays occidentaux se trompent complètement sur la réalité – croyant que la Chine est une sorte d’ennemi de l’Islam – et sur la réalité des pays musulmans, illustrée par ce que disent les Palestiniens, disant “non, en fait, la Chine est un peu notre meilleure amie ! »

Et il ne s’agit pas seulement des Palestiniens. Nous savons que la Chine s’est rapprochée à la fois de l’Arabie saoudite et de l’Iran, raison pour laquelle ils ont récemment réussi à négocier une détente historique entre les deux pays. Et vous pouvez trouver des dizaines de déclarations pro-chinoises de la part de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) – qui rassemble tous les États musulmans du monde – comme celle-ci où elle « salue les efforts de la République populaire de Chine pour prendre soin de ses citoyens musulmans » : https://oic-oci.org/docdown/?docID=4447&refID=1250

En fin de compte, tout cela vient de l’orgueil et de la conviction exprimée à l’époque par le chef de cabinet adjoint de George Bush, Karl Rove, selon laquelle en tant qu’empire, les États-Unis pourraient créer leur propre réalité : « Nous sommes un empire maintenant, et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité” est la citation exacte (https://en.wikiquote.org/wiki/Karl_Rove#:~:text=%22That’s%20not%20the%20way%20the,how%20things%20will% 20tri%20out). Ils pensaient qu’après avoir tué des millions de musulmans pendant la guerre contre le terrorisme (« au moins 4,5 à 4,7 millions » selon le projet Costs of War de l’Université Brown : https://watson.brown.edu/costsofwar/), ils pourraient d’une manière ou d’une autre faire que la Chine soit perçue comme le grand méchant anti-musulman du monde. Et eux-mêmes en ont été convaincus : demandez à n’importe qui dans la rue en Europe ou aux Etats-Unis si la Chine ou son propre pays est plus anti-musulman et on vous répondra invariablement que c’est la Chine… D’autant plus insensé aujourd’hui que les Etats-Unis sont en train de soutenir un énième massacre de musulmans à Gaza…

Mais le fait est que cette « création de notre propre réalité » ne fonctionne de plus en plus que sur eux-mêmes et le résultat est que l’Occident est de plus en plus déconnecté du reste de la réalité mondiale, à son détriment. L’Occident, de plus en plus, est dans la matrice alors que le reste du monde a longtemps mangé la pilule rouge.

Et je sais que tout cela est incroyablement difficile à entendre pour quelqu’un qui n’a jamais été exposé qu’à la matrice de « création de notre propre réalité ». Je peux déjà anticiper les réponses « mais les Ouïghours » à ce post. Mais que cela vous plaise ou non, ce ne sont que des faits : la Chine entretient des relations incroyablement bonnes avec le monde musulman et les États-Unis – ainsi que l’Occident dans son ensemble – sont ceux qui sont perçus comme ils voulaient décrire la Chine. Personne ne crie « mort à la Chine » dans le monde musulman…

Quant aux Ouïghours, j’ai écrit à de nombreuses reprises sur ce sujet : ce qui s’est passé au Xinjiang n’était PAS un effort contre l’islam mais un effort contre le séparatisme. L’islam a une très longue histoire en Chine, bien antérieure aux Ouïghours : elle remonte au VIIe siècle – moins de vingt ans après la mort de Mahomet – faisant de la Chine l’un des pays au monde ayant la plus ancienne tradition islamique. Les Ouïghours sont originaires de Mongolie/Sibérie méridionale et ont migré vers le Xinjiang entre le IXe et le XIe siècle… alors que le Xinjiang faisait déjà partie de la Chine sous les dynasties Han et Tang des siècles auparavant. Et lorsque les Ouïghours sont arrivés en Chine ils ont suivi le manichéisme, le tengrisme et le bouddhisme, ils ne se sont convertis à l’islam que plus tard, progressivement jusqu’au XVe siècle.

Les Ouïghours sont loin d’être les seuls musulmans en Chine, le pays compte 10 minorités ethniques officiellement musulmanes, sur 56 au total. Et pas seulement au Xinjiang, on rencontre des communautés musulmanes presque partout en Chine. Et quand on regarde les faits, la Chine est bien plus accommodante envers l’Islam que la plupart des pays occidentaux. Par exemple, selon la loi, toutes les universités du pays doivent avoir des cantines Halal (qui sont d’ailleurs très bien pour y avoir mangé) et il n’est pas permis de manquer de respect à la religion (comme brûler le Coran, dessiner des caricatures du prophète , etc.). La Chine compte également un total de 40 000 mosquées, dont 24 400 au Xinjiang, soit une moyenne d’une mosquée pour 530 musulmans, ce qui est supérieur au nombre d’églises par chrétien en Angleterre.

Il est tout à fait vrai que pendant quelques années – cela s’est considérablement atténué maintenant – le Xinjiang a eu des mesures de sécurité relativement extrêmes, que l’on peut parfaitement critiquer. Cela faisait suite à des dizaines d’attentats terroristes à travers le pays perpétrés par un groupe séparatiste ouïghour extrémiste appelé ETIM, une branche du Parti islamique du Turkestan, fondé au Pakistan, qui ont tué des milliers de personnes. Le groupe est reconnu comme organisation terroriste par presque tous les pays musulmans. La Chine a réagi en envoyant de nombreuses personnes – celles soupçonnées d’appartenir à ce groupe ou d’avoir des sympathies pour lui – dans des établissements que le gouvernement a appelés « centres d’enseignement et de formation professionnels », où le concept était qu’au lieu d’envoyer ces individus en prison, le gouvernement leur enseignerait des compétences pratiques pour les réintégrer dans la société et associer cela à une bonne dose d’éducation civique/patriotique. Le Xinjiang disposait également d’une surveillance intense, de commissariats de police placés toutes les quelques centaines de mètres ou de mesures telles que l’obligation d’enregistrer chaque couteau que l’on possédait auprès de la police. Cependant, ces mesures sévères ont été couplées à d’énormes efforts de réduction de la pauvreté dans la région – la pauvreté étant toujours une cause profonde de dissidence – ainsi qu’à un énorme effort visant à transformer le Xinjiang en une destination touristique majeure en Chine. Et surtout, à aucun moment la Chine n’a eu recours à la diabolisation ou à l’altération des musulmans comme les États-Unis l’ont fait par exemple après le 11 septembre : au contraire, il y a eu une énorme campagne de relations publiques en Chine pour améliorer l’image du Xinjiang et des Ouïghours, ce qui a comme résultat que cette région est perçue de manière bien plus positive dans le pays qu’il y a 10 ans.

Tout cela a été institué vers 2017 et quelques années plus tard : tout le monde – même les plus grands détracteurs de la Chine (les plus honnêtes intellectuellement) – s’accorde à dire que ces établissements de « formation professionnelle » sont désormais quasiment tous fermés, que les mesures de sécurité ont désormais été considérablement réduites et que le Xinjiang est désormais la première destination touristique de Chine, accueillant le nombre fou de 265,44 millions de visites touristiques en 2023. Il est donc juste de dire qu’ils ne sont pas du tout dans une mauvaise situation. Cela a été récemment admis par deux des plus célèbres spécialistes allemands de la Chine qui ont visité le Xinjiang : https://nzz.ch/meinung/xinjiang-china-kampf-gegen-terrorismus-und-separatismus-ld.1753509 ou ce rapport du Berliner Zeitung d’un journaliste ayant visité la province en octobre : https://berliner-zeitung.de/wirtschaft-verantwortung/in-china-liegt-das-neue-zentrum-des-welthandels-ein-reisebericht-aus-xinjiang-li .437120

Je ne veux pas donner l’impression que la Chine est parfaite, elle ne l’est absolument pas, aucun pays ne l’est. D’une part, il n’y a pas de fumée sans feu et si de nombreux Ouïghours ont été tentés par le séparatisme et avaient de la sympathie pour l’ETIM, c’est sans doute parce qu’ils pensaient avoir affaire à une mauvaise affaire. Et encore une fois, vous pouvez parfaitement critiquer la façon dont la Chine a répondu à tout cela, même si je crois personnellement qu’elle surpasse de loin (pas même comparable, en réalité) la façon dont les États-Unis ont traité des problèmes similaires dans l’Afghanistan voisin : en bombardant simplement tout le monde et en consolidant ainsi la détermination de la population à se ranger du côté des talibans. Le Xinjiang se retrouve désormais avec un PIB par habitant supérieur à celui de la plupart des pays asiatiques – supérieur à celui de la Thaïlande par exemple – et le PIB par habitant de l’Afghanistan est inférieur de moitié à celui de la Corée du Nord !

Mais vous ne pouvez pas vivre dans une réalité alternative – dans la matrice – où la Chine serait cet État anti-musulman qui « s’est opposé aux Ouïghours simplement parce qu’ils sont musulmans », parce que ce n’est tout simplement pas vrai du tout. Et si vous croyez cela, c’est en fait vous-même que vous blessez, car cela signifie que vous ne comprenez pas le monde dans lequel vous vivez, et que vous prenez donc des décisions basées sur la « création de notre propre réalité » par l’empire américain, qui est en fait un déni de réalité. »

A lundi prochain

 

La revue de presse du 15 janvier 2024

 

Par Wayan – le 15 janvier 2024 – Le Saker Francophone

Grosse grogne chez les agriculteurs européens mais les médias en parlent peu. En 2022, ce sont les agriculteurs hollandais qui avaient défié leur gouvernement. Cela fait un moment que chez les agriculteurs français, on renverse les panneaux à l’entrée des villages. Manifestations symboliques de leur mécontentement car monter sur la capitale n’a jamais changé les choses si ce n’est se prendre des coups de matraque. Maintenant, c’est au tour des agriculteurs allemands. Alors pourquoi les agriculteurs européens sont-ils mécontents ? :

 

« L’Allemagne est le dernier pays européen en proie à une vague de protestations turbulentes des agriculteurs. Au cours d’une semaine d’action dans tout le pays qui devrait durer jusqu’à vendredi, le secteur agricole s’oppose aux propositions de réduction des subventions aux carburants utilisés dans l’agriculture.

Des convois composés de milliers de tracteurs et de camions ont semé le chaos dans les déplacements et isolé plusieurs villes ces derniers jours. La production dans l’usine Volkswagen d’Emden, dans le nord du pays, s’est même arrêtée. La semaine dernière, le ministre de l’Economie, Robert Habeck, a été bloqué par des manifestants en colère alors qu’il tentait de débarquer d’un ferry pendant des vacances en famille.

Des manifestations similaires, marquées dans certains cas par la violence et par des empiètements flagrants sur la sphère privée des hommes politiques, ont parfois provoqué d’énormes fermetures aux Pays-Bas ces dernières années.

Visant les mesures prévues pour lutter contre la pollution chronique à l’azote, le mouvement de protestation a même donné naissance à un nouveau parti politique en 2019, le Mouvement agraire-populiste Paysan Citoyen (BBB).

En Belgique, en Espagne et en France, les agriculteurs sont également descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement face aux effets des réformes environnementales prévues et aux coûts élevés. La Pologne et d’autres États d’Europe de l’Est ont connu des répercussions similaires, bien que celles-ci soient largement liées à l’importation de céréales ukrainiennes bon marché dans l’UE.

Jan Douwe van der Ploeg, sociologue agraire et ancien professeur à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, voit des points communs importants dans bon nombre de ces cas : la défense du statu quo.

Les préoccupations concernent souvent “le droit de continuer à utiliser les subventions acquises au cours de l’histoire [ou] de continuer à utiliser des énergies fossiles ou des pesticides. Ce sont tous des expressions très claires de l’agriculture industrialisée”, a-t-il déclaré à DW…

Néanmoins, avec la flambée des prix des engrais et des carburants en Europe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les agriculteurs ont déclaré qu’ils ressentaient des difficultés dans toute l’Europe, malgré des prix alimentaires beaucoup plus élevés dans les rayons des supermarchés.

Selon Anne-Kathrin Meister, de la Fédération de la jeunesse rurale allemande (BDL), les rendements agricoles ne peuvent tout simplement pas suivre l’augmentation des coûts.

“Si l’on compare uniquement l’augmentation des prix des machines, des pesticides et des engrais, le rendement n’a jamais augmenté dans la même mesure”, a déclaré Meister, qui a grandi en passant du temps dans la ferme de ses grands-parents, dans le nord de la Bavière, à la DW par téléphone depuis Berlin. »

Deutche Well donne d’autres explications sur les raisons de cette grogne :

« Les manifestations « vont bien au-delà [de la suppression] des allègements fiscaux sur le diesel agricole et les véhicules », selon Karsten Hansen de l’Association allemande des producteurs laitiers (BDM). L’annonce de la réduction des subventions n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, estime-t-il.

Si l’agriculture allemande semble florissante à première vue, le tableau est plus nuancé à y regarder de plus près. Les bénéfices varient considérablement selon le type d’entreprise agricole, la région ou la taille de l’exploitation.

Depuis plus d’une décennie, le nombre d’exploitations agricoles en Allemagne diminue de plus de 1 % par an. La plupart sont de petites exploitations. Le nombre de grandes exploitations agricoles augmente.

Alors que le gouvernement allemand cherche à combler un trou de 17 milliards d’euros (18,6 milliards de dollars) dans son budget 2024, de nombreux agriculteurs ont le sentiment qu’on attend d’eux qu’ils assument une charge disproportionnée.

L’association des agriculteurs allemands est catégorique sur le fait que le gouvernement devrait revenir sur son projet de supprimer toutes les subventions au diesel d’ici 2026. S’exprimant en marge d’une réunion de l’Union chrétienne-sociale allemande de centre-droit en Bavière, le président de DBV, Joachim Rukwied, a déclaré que sinon cela signifierait une mort lente pour l’agriculture allemande. »

Cette semaine en Allemagne donc, de fortes perturbations dues aux manifestations des agriculteurs :

« Les autorités, rapporte l’AFP, ont signalé de fortes perturbations du trafic en matinée dans presque toutes les régions allemandes, du Bade-Wurtemberg et la Bavière au sud, en passant par le Land le plus peuplé d’Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie jusqu’au nord du pays. Des embouteillages de camions ont également été observés à la frontière entre l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque et la France. De bruyants convois de tracteurs sont notamment entrés dans les métropoles de Munich au sud, Hambourg, Brème, au nord, ou Cologne à l’ouest, paralysant en partie le trafic.

À Berlin, selon la police, plus de 500 engins agricoles ont pris position au cœur de la capitale, près de la porte de Brandebourg, qui jouxte le Bundestag. En quelques semaines, la colère des agriculteurs s’est radicalisée, constate le politologue Felix Anderl de l’université de Marbourg (Hesse) : « Il y a des acteurs comme la Fédération des agriculteurs qui organisent des manifestations déjà très imposantes. Mais il y a aussi d’autres acteurs comme la Confrérie des agriculteurs, qui suivent leur propre agenda. C’est un mouvement avec différentes mouvances, mais ils sont en tout cas très ouverts sur la droite, d’après ce que j’observe. Et puis il y a des acteurs d’extrême droite, qui utilisent ce mouvement de protestation dans leur propre intérêt. »

Ce lundi matin, la presse redoute de nouveaux débordements, après l’agression, jeudi 4 janvier, du ministre de l’Économie, Robert Habeck (membre de l’Alliance 90/Les Verts), par un groupe d’agriculteurs montés sur leurs tracteurs dans le nord de l’Allemagne. Les enquêteurs sont, entre-temps, convaincus que des individus proches de l’extrême droite, des milieux identitaires, « antivax » et autres climato-sceptiques se sont mêlés au mouvement. Et qu’eux aussi veulent tenir le pavé à Berlin cette semaine. Le ministre des Finances, Christian Lindner (FDP), a jugé « disproportionnées » les protestations d’un secteur qu’il juge par ailleurs déjà « hautement subventionné ».

Aux perturbations causées par les agriculteurs vont s’ajouter, mercredi 10 janvier, trois jours de grève nationale des transports ferroviaires à l’appel d’un syndicat de cheminots qui juge insuffisantes les propositions de l’opérateur public Deutsche Bahn sur les salaires et les horaires de travail. »

Comme ces manifestations prennent de l’ampleur et qu’il devient impossible aux médias de ne pas en parler, alors la manipulation médiatique prend le relais et associe grogne des agriculteurs et « extrême-droite » :

« Les autorités allemandes craignent des infiltrations de l’extrême droite dans la mobilisation sociale

Ce lundi, des agriculteurs allemands en colère contre des réductions d’avantages fiscaux pour leur profession ont bloqué de nombreuses routes à travers le pays, donnant le coup d’envoi d’une série de grèves et mobilisations redoutées par le gouvernement d’Olaf Scholz. Il s’agit là d’un mouvement social qui doit se poursuivre jusqu’à lundi prochain. Une grogne qui fait peur aux autorités qui craignent que ce mouvement ne soit infiltré par des extrémistes d’extrême droite.

« Des appels nourris aux fantasmes de coup d’État circulent, affirmeRobert Habeck, ministre allemand de l’Économie. « Des groupes extrémistes se forment et des symboles nationalistes sont ouvertement affichés. Il devient clair que quelque chose a dérapé ces dernières années, qui a repoussé les limites de la protestation démocratique légitime et de la liberté d’expression, de sorte que l’innommable semble désormais légitimé. L’association des agriculteurs insiste sur le fait qu’elle souhaite manifester pacifiquement et sans violence. Cependant, l’expérience de la dernière manifestation montre que cela n’est pas du goût de tout le monde. Lorsque des potences sont accrochées aux tracteurs, lorsque des convois de tracteurs se dirigent vers des maisons privées, une limite est franchie. » »

La version anglaise d’El Pais, un journal espagnol, relaie aussi ce genre d’infos :

« La crainte d’une radicalisation des protestations se répand au sein de la classe politique et des forces de sécurité. Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier a déclaré qu’une ligne dangereuse avait été franchie : « Voir un ministre intimidé par une foule agressive lors d’un voyage privé et devoir fuir par se mettre en sécurité a choqué de nombreuses personnes dans notre pays. Moi aussi. Nous ne devrions pas l’accepter », a-t-il déclaré. Habeck lui-même a mis en garde ce lundi dans un message vidéo contre le danger d’infiltration par des groupes radicaux. “Des appels circulent avec des fantasmes putschistes, des groupes extrémistes se forment et des symboles ethnico-nationalistes sont ouvertement affichés”, a-t-il dénoncé. »

Finalement la grogne des agriculteurs ne serait-il pas le premier symptôme d’une économie qui chancelle de plus en plus, malgré les déclarations optimistes des ministres de l’économie européens :

« L’économie mondiale, qui était censée rebondir après la pandémie, montre des signes de maladie persistante. Les récentes Perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale dressent un tableau sombre du ralentissement de la croissance, marquant ce qu’elle appelle une « étape misérable » : non seulement une économie mondiale qui croît plus lentement qu’avant la pandémie, mais on s’attend à ce qu’elle croisse au rythme le plus lent depuis trois décennies : 2,4 % cette année, avec, espérons-le, une légère amélioration en 2025. Pire, l’investissement devrait augmenter de 3,7 % par an, soit à peine la moitié de la moyenne de la dernière décennie, ce qui risque de bloquer une croissance lente.

Alors que presque partout les pays sont touchés, la performance mondiale est considérablement plombée par les économies avancées, avec une croissance attendue juste au-dessus de 1 %. Même cette performance est flattée par les États-Unis, dont la croissance est estimée à 2,5% l’année dernière et qui devrait ralentir à 1,6% cette année – même si cette performance est accompagnée d’un gros astérisque par l’investissement du pays. Ce rebond a été alimenté par une énorme frénésie d’emprunts qui a récemment porté la dette nationale du pays au-delà de 34 000 milliards de dollars.

Cependant, le véritable malade de l’économie mondiale à l’heure actuelle, c’est l’Europe. À l’exception de l’Europe de l’Est, le continent a à peine connu une croissance l’année dernière et l’industrie manufacturière européenne est désormais en récession. Selon les estimations du FMI, six des dix économies les moins performantes au monde l’an dernier se trouvaient dans cette région. »

*************

Au Moyen-Orient, les choses continuent de s’envenimer. La dernière montée en tension est le bombardement du Yémen par les Etats-Unis, au moment même où Blinken tentait d’empêcher le Moyen Orient de s’embraser. Encore un signe de schizophrénie du gouvernement étasunien :

« Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont lancé jeudi des frappes contre plus d’une douzaine de cibles liées aux Houthis au Yémen – quelques jours seulement après que les rebelles soutenus par l’Iran ont mené leur « plus grande attaque » à ce jour contre des navires de transport dans la mer Rouge, a annoncé le président Biden.

Ces frappes de représailles marquent la première fois que des attaques ciblent des militants houthis depuis qu’ils ont commencé à lancer leurs attaques dans la mer Rouge l’année dernière et les premières frappes déployées par les États-Unis contre les Houthis au Yémen depuis 2016.

« Ces frappes sont une réponse directe aux attaques sans précédent des Houthis contre des navires maritimes internationaux en mer Rouge – y compris l’utilisation de missiles balistiques antinavires pour la première fois dans l’histoire », a déclaré Biden dans un communiqué publié par la Maison Blanche.

« Ces attaques ont mis en danger le personnel américain, les marins civils et nos partenaires, mis en péril le commerce et menacé la liberté de navigation. »

L’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas ont offert leur soutien aux frappes américano-britanniques, a ajouté Biden. »

Attaque du Yémen qui s’est faite sans l’autorisation du Congrès, mais ce dernier laissera faire :

« Alors qu’un certain nombre de Républicains ont critiqué l’opération – parmi lesquels le représentant de tendance libertaire Thomas Massie – plusieurs membres du propre parti de Biden ont également critiqué la décision.

La représentante démocrate du Michigan, Rashida Tlaib, a fait valoir que Biden n’avait pas l’autorité nécessaire pour approuver l’action militaire, affirmant qu’il « violait l’article I de la Constitution » et que les Américains étaient « fatigués d’une guerre sans fin ».

D’autres Démocrates, dont Ro Khanna, Val Hoyle et Mark Pocan, ont présenté un argument similaire, Khanna écrivant un long article sur X (anciennement Twitter) affirmant que Biden « doit se présenter au Congrès avant de lancer une frappe contre les Houthis au Yémen et nous impliquer dans un autre conflit au Moyen-Orient. C’est l’article premier de la Constitution. Je défendrai cela, que la Maison Blanche soit démocrate ou républicaine », a-t-il ajouté.

Le sénateur républicain Mike Lee s’est ensuite prononcé sur les frappes en déclarant : « Je suis totalement d’accord avec [Ro Khanna]. La Constitution compte, quelle que soit l’affiliation à un parti. »

Un bombardement peu utile :

« Une grande partie de la capacité offensive des Houthis reste intacte après les frappes aériennes menées par les États-Unis

Les frappes ont porté atteinte à la capacité du groupe à mener des attaques complexes de missiles et de drones, ont déclaré des responsables américains, mais l’identification des cibles s’est avérée être un défi. »

Comme le fait remarquer une analyse de Bloomberg, les Etats-Unis sont pris dans leur propre piège au Moyen-Orient :

« Il y a au moins deux points de vue que l’on peut adopter sur la décision américaine, rejointe par la Grande-Bretagne, de frapper des cibles Houthis au Yémen vendredi matin. Même si elles sont totalement contradictoires, les deux seraient correctes.

La première est que c’était inévitable. Tant sur le plan politique que pour conserver une dissuasion crédible contre de nouvelles actions hostiles de l’Iran et de ses mandataires, ne rien faire n’était tout simplement pas une option pour le président Joe Biden. Le deuxième point de vue, et sans doute la raison pour laquelle il a d’abord hésité, est qu’il y a peu de chances de succès et un risque mesurable d’escalade.

Si les objectifs stratégiques des États-Unis sont de restaurer la libre circulation des échanges commerciaux à travers la mer Rouge, d’empêcher la guerre entre le Hamas et Israël à Gaza de déclencher une conflagration régionale et de contrecarrer les efforts iraniens visant à stopper la normalisation d’Israël vers un Moyen-Orient stable et prospère, alors le feu et le soufre de ce matin risquent de se révéler contre-productifs.

En fait, on ne peut s’empêcher de penser que les États-Unis, comme Israël après le 7 octobre, dansent sur un air qui a été écrit pour eux par une milice voyous dans un quasi-État en faillite qui n’a pas grand-chose à perdre. »

Je dis « leur propre piège » car il suffirait que les Etats-Unis obligent Israël à arrêter le carnage à Gaza pour que les choses se calment et ils en ont les moyens (ne plus livrer de munitions, couper les financements, ne plus soutenir à l’ONU…) mais ils s’empêchent de le faire, préférant se retrouver embourber dans un conflit général au Moyen Orient. Toujours le même comportement autodestructeur, une caractéristique majeure du monde occidental du XXIeme siècle.

La tournée Blinken au Moyen-Orient, cette semaine, n’était donc que « de la poudre aux yeux ». D’abord un vague agrément avec les « pays arabes » :

« Selon le porte-parole de Blinken, Matt Miller, les pays arabes sont prêts à s’associer aux États-Unis pour trouver des solutions à court et à long terme pour les Palestiniens de Gaza, mais seulement si Israël est disposé à les rejoindre.

“Nous avons voyagé dans neuf pays et rencontré les dirigeants de chacun d’entre eux, et avons pu conclure des accords avec tous ces partenaires arabes, ainsi qu’avec la Turquie, disant qu’ils étaient prêts à avoir ces conversations, ils étaient prêts à se coordonner avec les États-Unis et ils étaient prêts à prendre de réelles mesures pour améliorer la vie du peuple palestinien à Gaza et à examiner comment reconstruire Gaza et établir une gouvernance dirigée par les Palestiniens à Gaza », a déclaré Miller à Andrea Mitchell de MSNBC vendredi.

« Mais ils n’étaient disposés à le faire que s’ils avaient un partenaire de l’autre côté en Israël et si Israël était prêt à prendre des mesures concrètes et réelles pour établir un État palestinien indépendant », a poursuivi Miller. »

Or il est évident maintenant qu’Israël ne veut pas d’Etat palestinien.

Puis des rumeurs de désaccord avec Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne :

« Le président palestinien a reçu Blinken mercredi au siège présidentiel de la ville de Ramallah.

Citant des sources anonymes, la chaîne de télévision a déclaré que les responsables palestiniens avaient demandé à Blinken de faire pression sur Israël pour qu’il débloque les fonds fiscaux palestiniens.

Les responsables ont déclaré à Blinken : « Si vous ne pouvez pas débloquer les fonds, comment pourrez-vous faire pression sur Israël pour parvenir à la paix et à un État palestinien ? »

Blinken aurait renouvelé son appel à une réforme de l’Autorité palestinienne et de ses services de sécurité.

Les Palestiniens ont répondu en disant : « Vous devriez vous réformer et réformer votre politique à l’égard de la question palestinienne. » »

Car c’est Israël qui récolte les taxes douanières en Palestine et les redistribue à l’Autorité palestinienne selon son bon vouloir.

Il a fini sa tournée en déclarant qu’Israël doit accepter de travailler avec l’Autorité Palestinienne :

« Blinken a visité ces derniers jours les voisins arabes d’Israël pour discuter des plans concernant la future gouvernance de Gaza et l’intégration au Moyen-Orient. Il est actuellement en Israël pour des entretiens avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cabinet de guerre, formé après les attaques du 7 octobre perpétrées par des militants palestiniens du Hamas qui, selon Israël, ont tué 1 200 personnes.

Blinken a déclaré lundi en Arabie Saoudite que les États de la région souhaitaient une intégration avec Israël – un objectif majeur pour Netanyahu, qui souhaite améliorer les liens économiques à travers le Moyen-Orient. Mais cette normalisation des relations nécessiterait une « voie pratique » vers un futur État palestinien, a déclaré Blinken.

Lors de la conférence de presse de mardi à Tel Aviv, Blinken a refusé de décrire la manière dont Netanyahu et son cabinet ont répondu à son appel en faveur d’un État palestinien, mais a déclaré qu’Israël devrait prendre « des décisions difficiles, faire des choix difficiles » pour profiter de l’opportunité offerte par l’intégration régionale.

Quatre États arabes ont officialisé leurs liens avec Israël dans le cadre de pactes connus sous le nom d’accords d’Abraham : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Les négociations américaines visant à parvenir à un accord normalisant les relations entre Israël et l’Arabie saoudite ont été interrompues lorsque le conflit à Gaza a éclaté en octobre.

Blinken a déclaré qu’Israël devait soutenir les dirigeants palestiniens « qui sont prêts à diriger leur peuple vivant côte à côte en paix avec Israël », une référence apparente à l’Autorité palestinienne (AP), qui exerce une autonomie limitée en Cisjordanie occupée.

“Et Israël doit cesser de prendre des mesures qui compromettent la capacité des Palestiniens à se gouverner efficacement”, a ajouté Blinken, critiquant l’impunité pour les violences commises par les colons juifs extrémistes en Cisjordanie, ainsi que pour l’expansion des colonies, les démolitions et les expulsions. »

Dernier exemple en date des actions de l’armée israélienne en Cisjordanie :

« Des images de vidéosurveillance de Beit Rima, en Cisjordanie, semblent montrer l’armée israélienne tirant sur trois Palestiniens, en blessant deux et en tuant un, sans provocation. Les images de l’incident montraient un Palestinien abattu se tenant sur une place centrale. Deux autres hommes se précipitent à son secours avant d’être également abattus. La fusillade mortelle dans le village la semaine dernière est le dernier d’une série d’incidents au cours desquels les soldats ont semblé tirer sans provocation, une tendance qui, selon les Palestiniens, s’est aggravée depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza il y a trois mois. »

Plus discret médiatiquement, Borell faisait une visite de deux jours au Liban :

« La mission sera l’occasion de discuter de tous les aspects de la situation à Gaza et aux alentours, y compris son impact sur la région, en particulier la situation à la frontière israélo-libanaise, ainsi que l’importance d’éviter une escalade régionale et de maintenir le flux de troupes. l’aide humanitaire aux civils, que l’Union européenne a quadruplée pour atteindre 100 millions d’euros.

La haute représentante soulignera à nouveau la nécessité de faire progresser les efforts diplomatiques avec les dirigeants régionaux en vue de créer les conditions nécessaires à une paix juste et durable entre Israël, la Palestine et dans la région. »

Pendant que Blinken et Borell faisait de leur mieux pour empêcher que le Moyen-Orient ne s’enflamme, Israël continuait comme si de rien n’était :

« Une frappe aérienne israélienne a tué lundi un commandant d’élite du Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date d’un échange croissant de frappes de l’autre côté de la frontière qui ont fait craindre une nouvelle guerre au Moyen-Orient, alors même que les combats à Gaza font payer un lourd tribut aux civils.

L’attaque contre un SUV a tué un commandant d’une unité secrète du Hezbollah qui opère le long de la frontière, selon un responsable de la sécurité libanais qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, conformément à la réglementation. Le commandant, Wissam al-Tawil, était un vétéran de la force libanaise soutenue par l’Iran qui a participé à l’enlèvement transfrontalier de deux soldats israéliens en 2006 qui a déclenché la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah, a déclaré un responsable du groupe. »

La réponse fut immédiate :

« Israël et le Hezbollah se sont rapprochés mardi d’une guerre à grande échelle, alors que le groupe militant libanais soutenu par l’Iran a lancé des drones explosifs sur une base de commandement israélienne clé, déclarant que l’attaque faisait partie de sa réponse aux récents assassinats israéliens de haut niveau au Liban.

Le Hezbollah a annoncé avoir lancé « un certain nombre de drones d’attaque explosifs » sur la base de commandement militaire du nord d’Israël à Safed, la première fois qu’il cible le site.

Alors que les sirènes des raids aériens retentissaient dans le nord d’Israël mardi, des avions, des drones et de l’artillerie israéliens ont frappé plusieurs cibles dans le sud du Liban, y compris une frappe sur une voiture lors des funérailles d’un haut commandant de la force d’élite Radwan du groupe qui avait été tué la veille. »

Pourtant, même les services secrets étasuniens le disent :

« Une évaluation secrète de la Defense Intelligence Agency (DIA) à Washington a révélé que les forces israéliennes auraient « du mal à réussir » dans une guerre sur deux fronts contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, a rapporté dimanche le Washington Post.

Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis d’apporter un « changement fondamental » à la situation sécuritaire le long de la frontière libanaise, des responsables américains l’ont mis en garde en privé contre l’ouverture d’un deuxième front, a rapporté le Washington Post.

« Si tel était le cas, une nouvelle évaluation secrète de l’Agence de renseignement de la défense (DIA) a révélé qu’il serait difficile pour les Forces de défense israéliennes (FDI) de réussir parce que leurs moyens et ressources militaires seraient trop dispersés compte tenu du conflit en cours. Gaza », citant deux responsables anonymes et un rapport classifié de la DIA. »

Et la colonisation continue de plus belle :

« Les législateurs israéliens le disent haut et fort : migration massive depuis Gaza et réinstallation des Juifs

Lors d’une réunion du caucus, les législateurs israéliens de droite ont donné des conseils tels que « dans le nord de la bande de Gaza, nous devons d’abord conquérir, annexer et détruire toutes les maisons ». Chaque fois que quelqu’un mentionnait la recolonisation de Gaza, de vifs applaudissements éclataient »

Et puis, clou sur le cercueil, l’accueil de Blinken par Nethanyahou :

« Signe possible de discorde lors de la rencontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken plus tôt dans la journée, le bureau du Premier ministre n’a pas publié de compte rendu de la réunion, comme il le fait habituellement.

Il a refusé également d’envoyer les comptes rendus de la réunion de Blinken avec le cabinet de guerre. »

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En ce moment, les médias parlent régulièrement de « frappes russes sur les villes ukrainiennes », sans expliquer le pourquoi du comment. De Defensa nous explique ce qu’il en est :

« Nous avons eu désormais trois très puissantes attaques de missiles en trois semaines, avec des résultats absolument dévastateurs. Nous pouvons dire sans la moindre équivoque qu’ils ont créé un choc terrible dans l’ensemble du système de l’OTAN parce que l’Ukraine avait été équipée [ces derniers mois] avec au moins un tiers de toutes les capacités de défense aérienne de l’OTAN, – missiles et centres de commandement, de repérage, de guidages, y compris les radars les plus avancés dont certains venus d’Israël,  – installés à Kiev et dans toute l’Ukraine et remplaçant l’ancien système hérité de l’ère soviétique en service jusqu’au printemps 2023 et qui a été anéanti par les Russes dans les mois suivants.

» Tout cela été remplacé par l’Ouest à l’automne 2023 par les systèmes les plus avancés de l’OTAN, et mis complètement à genoux par les trois dernières attaques russes. Ce point a été confirmé de tous côtés, avec une documentation importante, avec des photos… Ce système a donc été pénétré, complètement maîtrisé sinon anéanti, avec des dommages colossaux, et cela grâce aux missiles ‘Kinzhal’… »

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Régulièrement, nous observons des signes de schizophrénie chez le gouvernement étasunien. Or un récent événement nous en donne une des causes. Une très mauvaise communication au sein du gouvernement :

« Le Pentagone n’a pas informé le président Joe Biden et d’autres hauts responsables de l’hospitalisation du secrétaire à la Défense Lloyd Austin pendant trois jours, ont déclaré trois responsables américains.

Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et d’autres hauts collaborateurs de la Maison Blanche n’étaient pas au courant de l’hospitalisation d’Austin le 1er janvier jusqu’à ce que le ministère de la Défense leur envoie un message le 4 janvier, ont déclaré deux autres responsables américains. Sullivan a informé Biden peu de temps après la notification du DOD jeudi.

Les responsables ont déclaré qu’il était hautement improbable qu’Austin ait informé Biden en privé avant le briefing de Sullivan. « Si Jake ne le savait pas, le président ne le saurait pas », a déclaré l’un d’eux. « Qui lui aurait parlé de l’état d’Austin si ce n’était Jake ? Et si quelqu’un l’avait dit au président, Jake aurait été son premier appel.

Tous les responsables et autres personnes qui ont parlé de cette histoire ont bénéficié de l’anonymat pour discuter d’une question sensible. »

Cela veut dire qu’en pleine période de tension militaire au Moyen-Orient, le ministre de la défense s’absente plusieurs jours sans que le reste du gouvernement ne soit au courant.

Réaction de Biden après une telle nonchalance de la part de son ministre :

« “Le président a une confiance totale dans le secrétaire Austin”, a déclaré le responsable. Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale a fait écho à ce sentiment, notant que Biden « attend avec impatience que [Austin] revienne au Pentagone ».

Voici une capture d’écran du site web d’une des plus grandes compagnies d’armement étasuniennes ou l’actuel ministre de la défense, celui dont parle l’article ci-dessus, est désigné comme faisant partie du conseil d’administration :

« Lloyd Austin est un membre du conseil d’administration de Raytheon Technologies. Il y apporte son expertise gouvernementale, son expérience dans les affaires internationales. Il en est membre depuis 2016. »

Ceci expliquant surement cela.

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En Europe la paranoïa envers la Russie continue d’être poussée par les médias anglais et étasunien. En témoigne cet article d’un commentateur politique étasunien :

« L’armée britannique va devenir la première ligne de défense européenne si Vladimir Poutine envahit. »

Des milliers de troupes seront en alerte pour se déplier en « quelques jours » alors que le Royaume Uni prend le commandement de la « force de réaction très rapide » à partir du 1er janvier. »

Les Etats-Unis étant bloqués par le Congrès dans leur aide à l’Ukraine c’est naturellement la Grande Bretagne qui reprend le flambeau :

« Ce n’est pas encore la guerre de Crimée, façon 19ᵉ siècle, avec le Royaume-Uni confrontant l’Empire russe, mais la signature vendredi à Kiev d’un accord bilatéral de coopération en matière de sécurité, entre Londres et Kiev, représente « un événement historique, sans exagération », selon les mots de Ihor Jovka, un proche conseiller de Volodymyr Zelensky.

« Cela signifie d’abord plus de sécurité, des armes antichars, des missiles, des centaines de milliers de nouveaux obus d’artillerie et la formation de milliers de soldats ukrainiens », a déclaré Rishi Sunak, qui a reçu une standing ovation au Parlement ukrainien, après y avoir déployé le drapeau de l’Union Jack, signé par tous les membres de son cabinet.

C’est la première fois qu’un pays signe avec l’Ukraine un tel accord réciproque de sécurité : le texte garantit qu’en cas d’agression extérieure, ou bien aggravation de la situation actuelle, la Grande-Bretagne s’engage à coordonner une réponse d’urgence dans les 24 heures. Une réponse qui passera le cas échéant par une livraison immédiate et automatique d’équipements militaires, aussi bien sur terre, sur mer que dans les airs, sans demande préalable.

Il n’en a pas fallu plus à Dmitri Medvedev, le vice-président du Conseil de sécurité russe, pour déclarer que tout déploiement de troupes britanniques en Ukraine serait considéré comme une déclaration de guerre entre Londres et Moscou. »

Dans cette vidéo où David Cameron réitère son soutien à long terme à l’Ukraine, on voit bien son incompréhension devant le fait que la Russie résiste encore alors qu’elle a tout l’OTAN contre elle :

« Notre objectif est qu’avec nos alliés nous allons clairement montrer à Poutine qu’il ne peut pas nous éviter, que l’on n’est prêts à supporter l’Ukraine jusqu’en 24, 25, 26.

Nous sommes préparés à accorder ce support car c’est absolument le challenge de notre génération.

Je ne veux pas rentrer dans les chiffres, au niveau munitions et tout le reste mais vous savez, il suffit d’additionner le PIB des pays de la coalition et l’on dépasse la Russie de 1 à 25, il ne devrait donc pas être impossible pour nous d’être suffisamment industrialisé. »

Un discours de technocrate qui n’a toujours pas pris les leçons du Vietnam, de l’Afghanistan, du Yémen, et bien d’autres échecs militaires occidentaux et qui, surtout, ne réalise pas qu’une des causes majeures de ce problème [l’approvisionnement en armes et munitions] est que les Etats européens ne peuvent plus réquisitionner les entreprises pour cause de guerre, ultralibéralisme oblige, alors que c’est ce qu’a fait la Russie. Mais une telle évidence est tellement en dehors de leur champ idéologique qu’ils ne peuvent même pas y penser.

Le magazine spécialisé étasunien Defense News est du même avis :

« La stratégie industrielle du Pentagone décrit le problème, pas la solution

De grands changements sont nécessaires pour résoudre les problèmes liés à la base industrielle de défense et à la chaîne d’approvisionnement des États-Unis.

Le ministère de la Défense a publié jeudi ce qu’il a qualifié de première stratégie industrielle de défense nationale en son genre. Comme la plupart des stratégies de ce type, celle-ci ne parvient pas à fournir un regard sans crainte sur les causes profondes et les actions spécifiques nécessaires à une amélioration rapide, mesurable et durable. Mais ces pages contiennent des lueurs d’espoir et des graines pour les plans de mise en œuvre les plus importants. »

Mais, évidemment, la solution proposée par le magazine n’est, elle aussi, pas la solution :

« Ces échecs mettent également en évidence les décalages entre la politique, la programmation et la budgétisation au sein du ministère de la Défense et l’incapacité du budget à soutenir les stratégies de sécurité nationale et de défense désormais dangereusement dépassées.

Pendant trop longtemps, le ministère de la Défense a essayé de prétendre qu’il pouvait continuer à faire ce qu’il faisait et à le faire dans le cadre de budgets qu’il savait trop faibles. Pour combler ces lacunes, elle a tenté de prétendre qu’elle pouvait réduire ses forces dès maintenant en échange d’une augmentation de ses capacités plus tard, tout en continuant à atteindre ses objectifs stratégiques. Nous pouvons clairement voir que ces compromis ne fonctionnent pas. Pas pour la force. Pas pour la mission. Et pas pour l’industrie ou la nation. »

Le Pentagone bénéficie déjà d’un budget supérieur à celui de tous les ministères de la défense du reste du monde réunis. L’augmenter encore n’est donc surement pas la solution. Sauf pour les entreprises du CMI qui bénéficient de cette gabegie.

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Pour finir, une autre vidéo, de Zelensky à l’époque où il était amuseur public à la TV ukrainienne, montre comment le comportement d’un individu est, comme le montre la célèbre expérience dite de « la prison de Stanford » dont je vous avais déjà parlé, surtout le résultat de sa place dans la société. :

« Je vous le promet, l’année prochaine je reprends la Crimée. Bien sûr, je suis le premier à ne pas y croire, (rires du public) mais en tant que président, je suis obligé de vous donner confiance, la foi en l’avenir, bla bla bla et tous ces genres d’absurdités ».

Une caricature de ce qu’il est, maintenant que c’est lui le président.

A lundi prochain

La revue de presse du 8 janvier 2024

Par Wayan – le 8 janvier 2024 – Le Saker Francophone

En désespoir de cause, les ukrainiens cherchent à créer des « coups victorieux » mais ils n’ont aucun effet sur l’équilibre de cette guerre. Couler un navire militaire russe en plein port Criméen, tirer des missiles sur les civils de Donetsk, en tirer d’autres sur le centre de la ville russe la plus proche des frontières ukrainiennes, Belgorod. Telle est la nouvelle stratégie ukrainienne :

 

« Les défenses aériennes russes ont abattu vendredi des dizaines de drones ukrainiens en Crimée occupée et dans le sud de la Russie, ont indiqué des responsables, alors que Kiev poursuivait sa stratégie visant à cibler la péninsule annexée par Moscou et à exporter cette guerre bien au-delà des frontières ukrainiennes.

Les sirènes des raids aériens ont retenti à Sébastopol, la plus grande ville de Crimée, et la circulation a été suspendue pour la deuxième journée consécutive sur un pont reliant la péninsule, dont Moscou s’est emparée illégalement il y a dix ans, à la région méridionale russe de Krasnodar. La travée constitue un lien d’approvisionnement crucial pour l’effort de guerre de la Russie.

Un missile antinavire ukrainien Neptune a également été détruit au-dessus de la partie nord-ouest de la mer Noire, a indiqué le ministère. »

Ces coups médiatiques, bien plus que stratégiques, ont par contre un effet collatéral grave pour ce pays, celui d’énerver copieusement les russes, les dirigeants et la population, et de leur donner des envies d’accélérer la défaite totale de l’Ukraine. Medvedev, un ancien président russe, en parle ouvertement :

« La Russie ne devrait pas permettre une résurgence de l’idéologie qui a conduit à la Seconde Guerre mondiale, a déclaré l’ancien président

Vaincre le néofascisme une fois pour toutes devrait être le « principal objectif » de la Russie pour l’année à venir, a déclaré dimanche l’ancien président Dmitri Medvedev dans son discours du Nouvel An. Le peuple russe a déjà fait preuve d’une « force d’esprit, d’une volonté de victoire et d’un altruisme » sans précédent au cours de l’année écoulée, a-t-il ajouté.

Les « cœurs et les esprits » de la nation vont aux soldats en première ligne, a déclaré Medvedev, exprimant sa sincère gratitude à « tous ceux qui défendent notre grande patrie ». Cette année a nécessité « une résilience et une cohésion particulières, de la détermination et de la puissance », ainsi qu’un « véritable patriotisme » de la part du peuple russe, a-t-il ajouté.

L’année à venir devrait voir la « défaite ultime » du néo-fascisme, une idéologie que « les ennemis de la Russie tentent de raviver » des décennies après qu’elle ait reçu un coup puissant pendant la Seconde Guerre mondiale, a déclaré l’ancien président. »

Il y a dix ans, quand il était président russe, Medvedev faisait partie de l’aile dite « pro-occidentale » au sein de l’appareil politique russe. Depuis 2014, il a complètement changé d’avis, au point même d’avoir des rages de « mari trompé » vis-à-vis du monde occidental.

Loin de la gesticulation médiatique, l’armée russe continue de grignoter du terrain :

« Selon l’Institute for the Study of War (ISW), un groupe de réflexion américain, les forces militaires du président russe Vladimir Poutine ont réalisé des avancées confirmées jeudi dans deux zones situées le long des lignes de front en Ukraine.

Cette évaluation intervient alors que l’armée ukrainienne a attaqué des positions russes en Crimée au cours des premières heures de la journée de jeudi. Le centre de communication stratégique des forces armées ukrainiennes (StratCom) a indiqué que les forces de Kiev avaient frappé un poste de commandement russe près de Sébastopol, tandis que le commandant de l’armée de l’air ukrainienne, le général de corps d’armée Mykola Oleshchuk, a indiqué que les cibles visées par les frappes de son pays étaient les emplacements des chefs militaires russes dans la péninsule.

Le ministère russe de la défense a quant à lui affirmé que ses forces avaient contrecarré l’assaut ukrainien en Crimée. Dans son évaluation de jeudi, l’ISW a déclaré que si les rapports sur l’action en Crimée étaient contradictoires, la Russie avait confirmé ses gains dans d’autres régions d’Ukraine. »

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Les dirigeants israéliens continuent de parler ouvertement d’une nouvelle Nakba. Les dirigeants occidentaux se sont contentés d’un « ce n’est pas bien de toujours dire les choses ouvertement, alors arrêtez ce genre de discours » qui ne fut évidemment suivi d’aucun effet sur le terrain, le nettoyage ethnique y continuant de plus belle, tant à Gaza qu’en Cisjordanie :

« Au moins six personnes ont été tuées dans une frappe aérienne israélienne contre une maison de Rafah, dans le sud de Gaza, dans la nuit. Des centaines de milliers de Palestiniens se sont entassés à Rafah, l’une des zones où Israël a demandé à la population de chercher refuge. Mais les forces israéliennes continuent de frapper toutes les parties du territoire assiégé.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que plusieurs milliers de combattants du Hamas restaient dans le nord de Gaza, où des quartiers entiers ont été réduits en ruines. De violents combats sont également en cours dans le centre de Gaza et dans la ville méridionale de Khan Younis, où les responsables israéliens affirment que la structure militaire du Hamas est encore largement intacte.

Pendant ce temps, le chef humanitaire des Nations Unies affirme que Gaza est devenue « inhabitable » et qu’« un désastre de santé publique est en train de se produire ».

Cette « nouvelle Nakba » ne sont plus des paroles en l’air lancées sous l’effet de la colère mais des plans qui se concrétisent froidement :

« Zman Yisrael, site partenaire en hébreu du Times of Israel, rapporte que des responsables israéliens ont eu des pourparlers clandestins avec la nation africaine du Congo et plusieurs autres pour l’acceptation potentielle d’émigrants de Gaza.

« Le Congo sera disposé à accueillir des migrants et nous sommes en pourparlers avec d’autres », a déclaré à Shalom Yerushalmi une source haut placée au sein du cabinet de sécurité.

Yerushalmi cite les propos tenus hier par la ministre des renseignements Gila Gamliel à la Knesset : « À la fin de la guerre, le régime du Hamas s’effondrera, il n’y aura pas d’autorités municipales, la population civile sera entièrement dépendante de l’aide humanitaire. Il n’y aura pas de travail et 60 % des terres agricoles de Gaza deviendront des zones tampons de sécurité. »

Autre méthode :

« Israël envisage de remplacer définitivement tous les travailleurs palestiniens par des travailleurs étrangers, dans le cadre d’une initiative majeure et ambitieuse visant à débarrasser le pays d’une menace sécuritaire perçue, rapporte la chaîne publique Kan.

Des milliers d’ouvriers du bâtiment et de l’agriculture de Cisjordanie se sont vu interdire d’entrer en Israël pour travailler depuis l’invasion massive et l’attaque du Hamas du 7 octobre. Le Hamas aurait recueilli une partie de ses renseignements pour l’attaque auprès des Gazaouis qui avaient des permis de travail en Israël.

Pour éviter une éventuelle répétition en Cisjordanie, Kan affirme que le gouvernement n’a pas l’intention de permettre aux travailleurs palestiniens de revenir après la guerre en cours. »

Des initiatives que ne rapportent pas les médias occidentaux qui préfèrent cacher l’ampleur du désastre israélien aux populations :

« Les deux principaux partenaires d’extrême droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont approuvé lundi la reconstruction des colonies dans la bande de Gaza et l’encouragement de « l’émigration volontaire » des Palestiniens, tandis que le député d’opposition belliciste Avigdor Liberman a appelé Israël à réoccuper le sud du Liban.

S’exprimant lors des réunions des factions respectives de leurs partis à la Knesset, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont présenté la migration des civils palestiniens comme une solution au conflit de longue durée et comme une condition préalable pour assurer la stabilité nécessaire pour permettre aux résidents de du sud d’Israël à rentrer chez eux.

La guerre présente une « opportunité de se concentrer sur l’encouragement à la migration des habitants de Gaza », a déclaré Ben Gvir aux journalistes et aux membres de son parti d’extrême droite Otzma Yehudit, qualifiant une telle politique de « solution correcte, juste, morale et humaine ». »

Et l’armée israélienne semble d’accord avec ces politiciens :

« Israël continuera de mener la guerre à Gaza tout au long de 2024, a déclaré dimanche le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, dans un communiqué. Décrivant un changement stratégique vers ce qu’il appelle la gestion « intelligente » des troupes de Tsahal, Hagari a révélé que cinq brigades de réservistes avaient été retirées des combats, soi-disant pour revigorer l’économie israélienne alors que le pays s’installe dans un conflit prolongé.

“Les objectifs de la guerre nécessitent de longs combats et nous sommes préparés en conséquence”, a-t-il déclaré, expliquant que le renvoi des réservistes chez eux “apportera un soulagement considérable à l’économie et leur permettra de reprendre des forces pour les opérations l’année prochaine, et les combats continueront et nous en aurons besoin.

La prédiction du porte-parole de Tsahal faisait suite à des commentaires similaires du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait averti lors d’une conférence de presse samedi que « de nombreux mois » de combats étaient encore à venir. »

Comment imaginer que les Gazaouis puissent vivre aux milieux de décombres, sans nourriture et soins, avec la peur perpétuelle au ventre, pendant encore « de nombreux mois » ? C’est impossible et les dirigeants israéliens comptent là-dessus pour que les Gazaouis soient obligés de fuir leur terre.

Parallèlement à cette folie domestique, il est de plus en plus visible que le gouvernement israélien cherche à enflammer les choses dans tout le Moyen-Orient.

1 er jet de pétrole, un haut officier iranien, en plein Damas :

« Razi Mousavi, conseiller principal du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), est tombé en martyr lundi lors d’une frappe aérienne israélienne sur Damas, en Syrie.

Mutaz al-Qurashi, écrivain et chercheur yéménite, a déclaré au correspondant d’Iran Press à Damas que les hauts commandants de la résistance ont joué un rôle important dans le renforcement de l’Axe de la Résistance et dans sa confrontation avec les ennemis israéliens et américains.

Il a souligné que l’idéologie et le chemin des martyrs de la résistance, dont le général Razi Moussavi, se poursuivraient jusqu’à la libération de la Palestine. »

. 2eme jet de pétrole, un haut dirigeant du Hamas, en plein Beyrouth :

« Le chef adjoint du Bureau politique du mouvement Hamas, Saleh al-Arouri, a été martyrisé mardi soir à la suite d’une attaque visant la banlieue sud de Beyrouth.

L’Agence nationale de presse libanaise a rapporté qu’« un drone israélien a visé un bureau du mouvement Hamas à Msharafieh » tandis que « des ambulances atteignaient la zone pour transporter les blessés ».

Le correspondant d’Al Mayadeen a rapporté qu’un drone israélien a visé le bâtiment avec trois missiles, entraînant le martyre de six personnes. »

3eme jet un attentat à l’explosif, causant deux cents morts, en pleine célébration de l’assassinat, par le gouvernement Trump, d’un haut commandant de l’armée iranienne, Soleimani, considéré comme un héros par la majorité des iraniens. C’est la provocation des provocations :

« Au moins 84 personnes ont été tuées et 284 blessées, dont beaucoup dans un état grave, dans deux explosions survenues mercredi 3 janvier à Kerman (sud-est), où se déroulait une cérémonie en mémoire de l’ancien chef de la force al-Qods, Qassem Souleimani. Une double explosion qualifiée d’ « attaque terroriste » par la télévision iranienne. Téhéran décrète, ce jeudi 4 janvier, une journée de deuil. »

Nous verrons si c’est l’allumette qui enflammera les deux premiers jets de pétrole. Un attentat revendiqué, sur la messagerie Telegram, par Etat Islamique et nié par le gouvernement israélien. Mais le gouvernement iranien ne l’entend évidemment pas de cette oreille.

Bien sûr, les menaces de vengeances pleuvent mais sans, pour l’instant, avoir pris forme concrète :

« Le Hezbollah ne « restera pas silencieux » après l’assassinat du numéro deux du Hamas

L’armée israélienne se prépare mercredi 3 janvier à « tout scénario » au lendemain d’une frappe dans la banlieue de Beyrouth, au Liban, fatale au numéro 2 du mouvement islamiste palestinien Hamas et ravivant les craintes d’une extension du conflit actuel dans la bande de Gaza. Une attaque condamnée par le chef du Hezbollah dans un discours très attendu ce mercredi. »

Et, au cas où le gouvernement israélien penserait que la peur les retient, il précise bien que :

« Hassan Nasrallah, chef de la milice chiite Hezbollah, a déclaré mercredi que son groupe ne craignait pas une confrontation avec Israël et que toute attaque contre le Liban susciterait une réponse écrasante. Ses commentaires interviennent après l’assassinat du responsable du Hamas, Saleh al-Arouri, à Beyrouth.

Le Hezbollah a qualifié la frappe de drone qui a tué al-Arouri de « grave assaut contre le Liban » et a juré qu’elle ne se déroulerait pas « sans réponse et sans punition ». Israël n’a pas officiellement assumé la responsabilité de l’attaque.

Dans son discours, Nasrallah n’a pas annoncé d’attaques de vengeance, mais a déclaré que le meurtre d’al-Arouri était un acte « dangereux » qui devait être vengé.

« Si l’ennemi envisage de faire la guerre au Liban, alors nos combats seront sans plafond, sans limites, sans règles. Et ils savent ce que je veux dire », a déclaré Nasrallah. « Nous n’avons pas peur de la guerre. Nous n’en avons pas peur. Nous n’hésiterons pas. » »

Des menaces qui sont pris de hauts par de nombreux dirigeants et médias anglo-saxons :

« L’Iran ne veut pas que la guerre s’élargisse car le régime sait qu’il ne peut pas la gagner

Les attentats à la bombe en Iran et l’assassinat d’un dirigeant du Hamas au Liban ont exacerbé les craintes d’une escalade du conflit au Moyen-Orient par l’Iran. Mais le régime sait que s’opposer à la puissance militaire américaine lui coûterait cher. »

« Washington continuera à soutenir activement Israël et cherchera à créer un scénario « cauchemardesque » pour les dirigeants iraniens, a déclaré jeudi le sénateur américain Lindsey Graham au Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa visite à Tel Aviv.

Jeudi, Graham a déclaré à Netanyahu que les législateurs américains et l’administration du président Joe Biden « feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour concrétiser le pire cauchemar de l’Iran », ajoutant que les États-Unis « feraient tout ce qu’ils peuvent » pour soutenir Israël. Il a soutenu que Jérusalem-Ouest devrait s’efforcer de se réconcilier avec les nations arabes, qualifiant un tel résultat de « cauchemar pour l’ayatollah ». Il a également décrit l’établissement de liens entre Israël et le monde arabe comme « un ingrédient absolument essentiel pour un Moyen-Orient meilleur et plus stable, pour un Israël sûr et sécurisé et pour un peuple palestinien prospère ».

Le sénateur a également déclaré qu’il était personnellement « désormais plus dévoué à apporter la stabilité à votre pays et à cette région ». Netanyahu a répondu en exprimant sa gratitude à Graham et en s’engageant à poursuivre la campagne de guerre d’Israël à Gaza.

« Nous sommes absolument déterminés à atteindre nos objectifs de guerre », a déclaré Netanyahu à Graham, ajoutant que Jérusalem-Ouest « appliquerait une puissance maximale avec une précision maximale partout où cela est nécessaire ». »

Il y a visiblement un groupe qui cherche à mettre le feu au Moyen-Orient, et Netanyahou est leur leader/marionnette. Il est déjà en train de mettre son pays à feu.

Cela fait longtemps que les néoconservateurs veulent entrainer les Etats-Unis dans une guerre contre l’Iran. Ils doivent penser que c’est le moment ou jamais :

« Dans une interview accordée à Fox News, le républicain de Caroline du Sud a affirmé que Téhéran était à la fois responsable des attaques contre les bases américaines en Irak et en Syrie et du harcèlement des cargos liés à Israël dans la mer Rouge.

« Cela fait maintenant six mois que je dis : frappez l’Iran », a déclaré Graham. « Ils ont des champs de pétrole à ciel ouvert, ils ont le quartier général des Gardiens de la révolution que l’on peut voir depuis l’espace. Faites-les disparaître de la carte. »

Mais ces va-t-en-guerres font l’erreur de sous-estimer, comme d’habitude, le support dont bénéficie l’Iran, en particulier de la Russie et de la Chine.

Bien sûr, cette stratégie de la tension finit par se répercuter sur l’ensemble de l’appareil gouvernemental israélien. CNN en donne quelques détails :

« Des divisions au sein du gouvernement israélien sont apparues publiquement vendredi alors que les membres du cabinet se disputaient sur les plans pour l’avenir d’après-guerre de Gaza et sur la manière de gérer les enquêtes sur les failles de sécurité autour des attaques du Hamas du 7 octobre.

Ces tirs publics isolés ont fait suite à ce qu’une source a décrit comme une « bagarre » lors d’une réunion du cabinet de sécurité jeudi. Le ministre d’extrême droite des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré qu’il y avait eu une « discussion houleuse », tandis que l’ancien ministre de la Défense Benny Gantz a déclaré qu’une « attaque politiquement motivée » avait été lancée.

Ces développements illustrent les lignes de fracture qui émergent au sein de la coalition gouvernementale du Premier ministre Benjamin Netanyahu après trois mois de guerre avec le Hamas. Si le gouvernement s’effondre, Israël sera probablement confronté à de nouvelles élections que Netanyahu devrait perdre.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a présenté des plans pour la prochaine phase de la guerre à Gaza et a fourni des détails sur ce qui pourrait suivre dans un document de trois pages intitulé « Le jour d’après ».

Il a décrit une « nouvelle approche de combat » avec un accent soutenu sur le ciblage des dirigeants du Hamas dans les parties sud de la bande de Gaza. Dans le nord de Gaza, il a déclaré que la campagne des Forces de défense israéliennes (FDI) comprendrait « des raids, la destruction de tunnels terroristes, des activités aériennes et terrestres et des opérations spéciales ».

Après la guerre, l’armée israélienne conserverait « sa liberté d’action opérationnelle dans la bande de Gaza » et Israël continuerait à « procéder à l’inspection des marchandises entrant » sur le territoire.

Gallant, membre du parti de centre-droit Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’une fois les objectifs de la guerre atteints, il n’y aurait « plus de présence civile israélienne dans la bande de Gaza », semblant exclure le rétablissement de colonies israéliennes à Gaza, qu’Israël avait supprimées unilatéralement en 2005.

Le ministre de la Défense a également dévoilé le concept d’une force opérationnelle multinationale dirigée par les États-Unis et chargée de « la réhabilitation de la bande de Gaza ».

Mais le plan du ministre fournit peu de détails sur la future gouvernance de l’enclave, indiquant simplement que « l’entité palestinienne contrôlant le territoire » « s’appuierait sur les capacités » des « acteurs locaux non hostiles » déjà présents à Gaza.

Le projet a suscité de vives discussions, selon une source. Après une pause dans la réunion, a indiqué la source, la ministre des Transports Miri Regev est passée à l’attaque. “Après la pause, Miri Regev est revenue et a lancé cette dispute qui a fuité”, a déclaré le responsable, qui a demandé à rester anonyme.

Gantz, qui a rejoint le gouvernement après le 7 octobre, a déclaré : « Ce qui s’est passé hier était une attaque politiquement motivée en pleine guerre. J’ai participé à de nombreuses réunions du cabinet – une telle conduite n’a jamais eu lieu et ne doit pas se produire.

Il n’a pas précisé qui avait lancé l’attaque, mais il a critiqué Netanyahou. « Le cabinet aurait dû discuter des processus stratégiques qui affecteront la poursuite de la campagne et notre sécurité à l’avenir. Cela ne s’est pas produit, et le Premier ministre en est responsable », a déclaré Gantz, exhortant Netanyahu à choisir entre l’unité et la sécurité d’un côté et la politique de l’autre.

Le parti Likoud de Netanyahu s’en est ensuite pris à Gantz. “Pendant une guerre, lorsque le peuple est uni, Gantz est censé agir de manière responsable et cesser de chercher des excuses pour rompre sa promesse de rester dans le gouvernement d’unité jusqu’à la fin de la guerre”, a-t-il déclaré dans un communiqué.

Gantz est largement considéré comme un successeur probable de Netanyahu lorsque des élections seront déclenchées. »

Alors Blinken revient pour une grande tournée dans la région pour tenter d’éteindre ces feux démarrés par les israéliens :

« Dans l’espoir d’éviter une expansion régionale de la guerre que l’État hébreu mène à Gaza, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken embarque jeudi 4 janvier pour une nouvelle tournée au Moyen-Orient, avec des visites prévues en Israël, en Cisjordanie occupée, mais également dans cinq pays arabes de la région. »

Et pour bien montrer que le gouvernement étasunien ne fait pas réellement de son mieux pour « éviter que le Moyen-Orient ne s’enflamme totalement » sous les coups de boutoir israélien :

« L’armée américaine a lancé jeudi une frappe de représailles à Bagdad qui a tué un chef de milice qu’elle accuse d’être responsable des récentes attaques contre le personnel américain, a annoncé le Pentagone, une décision condamnée par le gouvernement irakien.

La frappe américaine a eu lieu vers 09h00 GMT et visait Mushtaq Jawad Kazim al Jawari, a indiqué le Pentagone, ajoutant qu’il était un dirigeant du Harakat al Nujaba impliqué dans la planification et la réalisation d’attaques contre le personnel américain. »

Signes de schizophrénie gouvernementale ou de simple panique au sein du gouvernement Biden ?

Evidemment :

« Le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani a déclaré vendredi qu’il établirait un dialogue pour discuter du retrait de la présence militaire américaine dans son pays après qu’une frappe américaine a tué jeudi un chef de milice irakien à Bagdad.

Dans un discours, al-Sudani a déclaré que l’accord en vertu duquel les troupes américaines sont basées en Irak stipule l’égalité de souveraineté des deux pays, ce qui a été violé par la frappe américaine.

“Nous avons souligné à plusieurs reprises qu’en cas de violation ou de transgression par une partie irakienne, ou si la loi irakienne est violée, le gouvernement irakien est la seule partie qui a le droit de donner suite au bien-fondé de ces violations”, a-t-il ajouté. » a déclaré Soudani dans des remarques partagées par son bureau.

“Nous affirmons notre position ferme et de principe visant à mettre fin à l’existence de la coalition internationale une fois que les justifications de son existence auront pris fin”, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a déclaré qu’il était en train d’établir un dialogue bilatéral avec les États-Unis pour discuter du retrait de quelque 2 500 soldats américains installés dans son pays.

« Il s’agit d’un engagement sur lequel le gouvernement ne reculera pas et ne négligera rien qui puisse parfaire la souveraineté nationale sur la terre, le ciel et les eaux de l’Irak », a-t-il déclaré. »

Parallèlement à ces attaques ciblées et répétitives, une campagne de démonisation de l’Iran commence dans les médias occidentaux. La future cible doit toujours être démonisée aux yeux de la population :

« Le 7 octobre, l’Iran est allé trop loin. Le soutien du CGRI et la planification de l’attaque odieuse du Hamas contre des civils israéliens ont maintenant plongé la bande de Gaza dans une guerre totale. Mardi, des éléments de cette guerre se sont étendus au Liban lorsqu’Israël a mené une frappe qui aurait tué Saleh al-Arouri, un haut responsable du Hamas.

Près de 1 200 Israéliens sont morts – et les troupes américaines en Irak et en Syrie ont été attaquées à 118 reprises par des milices soutenues par l’Iran. Khamenei est engagé dans une guerre par procuration avec les États-Unis, et elle va sans doute bien plus loin que cela, étant donné l’alignement croissant de Téhéran sur Moscou face à la guerre chancelante du président russe Vladimir Poutine en Ukraine.

Cependant, le jour du jugement pour l’Iran approche. La décision d’Israël de cibler al-Arouri au Liban, où il s’était enfui après l’incursion israélienne à Gaza, était probablement conçue comme un signal d’alarme cinétique lancé par Jérusalem à Khamenei et à Hassan Nasrallah, le chef religieux chiite du Hezbollah.

En août dernier, Nasrallah a déclaré : « Tout assassinat sur le sol libanais contre un Libanais, un Syrien, un Iranien ou un Palestinien entraînera une réponse décisive. Nous ne tolérerons pas cela et nous ne permettrons pas au Liban de devenir un nouveau champ de bataille pour Israël. »‌‌ Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son cabinet de guerre viennent de le bluffer.

La nouvelle unité israélienne, connue sous le nom de Nili, acronyme hébreu signifiant « L’éternité d’Israël ne mentira pas », est désormais opérationnelle. Jérusalem a clairement indiqué que quiconque a aidé et encouragé les attaques du 7 octobre contre Israël ne sera en sécurité nulle part. Cela inclut non seulement Mohammed Deif, Yahya Sinwar, Ismail Haniyeh, Moussa Abu Marzouk et d’autres hauts responsables militaires et politiques du Hamas, mais aussi leurs sponsors.

Le Moyen-Orient se trouve désormais à un point d’inflexion. Pendant des décennies, l’Iran a survécu en tant que régime terroriste en jouant sur les intérêts régionaux et en profitant de la politique intérieure américaine. D’abord pour contenir l’Irak de Saddam Hussein, puis plus tard pour illustrer pourquoi les néoconservateurs étaient impatients d’entraîner les États-Unis dans une autre « guerre éternelle ». »

L’Iran est le méchant « régime terroriste » qui soutient les méchants « terroristes palestiniens, libanais, irakiens et houthis ». Mais le jour du jugement arrive. Croyez le bien.

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Une tentative de destitution de Biden par les Républicains d’un côté, une tentative d’empêcher Trump de gagner les prochaines élections de l’autre. Cette dernière tentative pourrait bien parvenir à ses fins car Trump n’a pas que l’individu nommé Biden, ou le Parti Démocrate, face à lui mais ce que l’on appelle l’Etat profond.

Cette notion d’Etat profond étant un concept assez souple qui s’adapte aux structures politiques du pays. Ce peut être l’entité militaire dans certains cas, un groupe d’individus puissants dans d’autres cas. Pour les Etats-Unis de 2020, l’Etat profond est un groupe réunissant (momentanément) le Parti Démocrate, les élites financières privées et leurs médias, les Complexe militaro-industriel et les services de renseignement qui en font partie. C’est donc un groupe extrêmement puissant réunis par le profit financier qu’en retire ses membres. Leur seul problème est que leur intérêt personnel diverge de plus en plus des celui de la population et que celle-ci commence à, petit à petit, réaliser le problème.

Telle est l’arrière scène du combat Trump/Biden. Biden représentant les intérêts de l’Etat profond étasunien qui défend corps et bien sa candidature, allant même jusqu’à empêcher une relève Démocrate. Trump et son énorme soutien populaire représentant cette partie de la population qui se sent négligée par les caciques de Washington. Les mêmes qui manifestaient au Capitole, le 6 janvier 2021.

Bien sûr cela ne fait pas de Trump un héros, car l’authenticité de son amour pour le peuple peut être sérieusement mis en doute, mais son courage, face au Moby Dick qu’est l’Etat profond, est indéniable. Et ses millions de supporters étasuniens le savent et comptent sur ce courage pour que les choses changent.

Ce combat montre avant tout que le fossé entre les élites et la population s’élargit, comme en Europe, au fur et à mesure que ces pays entrent en phase de récession, tant au niveau économique, politique que moral.

Le système judiciaire, dont de nombreuses élites sont des membres, plus ou moins consciemment, de l’Etat Profond car elles suivent ce qui leur est dit dans les médias, que « Trump est un danger pour la démocratie », s’en prend donc au danger désigné :

« Aux États-Unis, après le Colorado il y a quelques jours, Donald Trump vient d’être déclaré inéligible dans le Maine. Le 50e président ne pourra pas se présenter aux primaires républicaines dans cet état du Nord-Est du pays, sauf si la justice en décide autrement. D’autres États pourraient prendre la même décision. »

D’un côté il y a une accusation, sans trop de fondements juridiques, mais de nombreux fondements politiques, de « danger pour la démocratie » et de l’autre une intervention des systèmes judiciaires pour empêcher un ex-président de se représenter. Factuellement, il est évident que le « danger pour la démocratie » vient plus de la politisation des systèmes judiciaires que d’un ex-président qui a fait beaucoup plus preuve de son amateurisme d’homme d’Etat que de sa réelle dangerosité pour la démocratie. Il n’a jamais prétendu vouloir s’en prendre aux institutions démocratiques, mais à l’Etat profond oui. C’est ce qu’il veut dire quand il prétend qu’il va « nettoyer le marécage de Washington ». Et c’est cela qui en fait un danger pour ce dernier.

Car il est vrai que les méthodes employées par l’Etat Profond pour harasser Trump et ses supporters sont elles-mêmes à la limite de la légalité :

« L’avocat spécial chargé de poursuivre le candidat républicain à la présidence, Donald Trump, dans ses efforts présumés pour renverser l’élection de 2020, a ordonné à X (anciennement Twitter) de lui remettre des informations sur les comptes de tous les utilisateurs qui ont interagi avec l’ancien président, selon un mandat de perquisition lourdement expurgé publié lundi par le ministère américain de la Justice. 

Le mandat demande “toutes les informations de l’onglet “Connexion” ou “Notifications” pour le compte [de Trump], y compris toutes les listes d’utilisateurs de Twitter qui ont favorisé ou retweeté des tweets publiés par le compte, ainsi que tous les tweets qui incluent le nom d’utilisateur associé au compte (c’est-à-dire les “mentions” ou les “réponses”)”. Cela s’ajoute à l’historique de recherche de M. Trump, à ses messages directs, à la liste de tous les utilisateurs qu’il a “suivis, unfollowed, muted, unmuted, blocked, or unblocked” et au “contenu de tous les tweets créés, rédigés, favorisés/likes ou retweetés” par le président de l’époque entre octobre 2020 et janvier 2021. 

Même les informations publicitaires, les préférences de sujets, les communications avec le personnel d’assistance de X et les données qui ont été supprimées mais qui restent disponibles pour la plateforme doivent être remises au procureur, selon le document. 

“Il n’y a aucune justification bénigne ou raisonnable à cette demande”, a opiné Steve Friend, lanceur d’alerte du FBI, dans un post sur X mardi. De nombreux partisans de Trump se sont rendus sur X pour exprimer leur mépris à l’égard de l’ordonnance, dénonçant Smith comme un “ennemi du peuple” et appelant le Congrès à le défaire de son enquête. »

De quoi faire une liste de « citoyens dangereux » digne de celle de la Gestapo.

Même certains Démocrates, ceux ayant pris un peu de recul, font remarquer en quoi cette attaque contre Trump est un grand danger pour le pays :

« L’ancien conseiller d’Obama, David Axelrod, a averti vendredi qu’une décision de justice excluant l’ancien président Donald Trump du scrutin primaire “déchirerait le pays”.

“J’ai de très, très fortes réserves sur tout cela”, a déclaré vendredi Axelrod sur CNN. “Je pense que cela déchirerait le pays s’il était effectivement empêché de se présenter parce que des dizaines de millions de personnes veulent voter pour lui.”

“Je pense que si vous voulez battre Donald Trump, vous devrez probablement le faire aux urnes”, a-t-il poursuivi.

L’ancien conseiller politique a fait valoir que la décision du Maine de retirer le candidat républicain du scrutin primaire de l’État s’inscrivait dans le récit de Trump selon lequel le Parti démocrate ne « le poursuit » qu’en raison de sa candidature à la présidentielle.

“Une grande partie de la motivation de la candidature [de Trump] était une stratégie de défense juridique”, a déclaré Axelrod. “Il voulait mettre en place une construction… qui dit qu’ils s’en prennent à lui parce qu’il se présente à la présidence, et qu’ils essaient de l’empêcher d’être président.” »

C’est tellement une évidence avec un tel acharnement judiciaire. Et Trump sait habilement retourner cet acharnement à son avantage.

« L’ancien gouverneur du New Jersey et candidat à la présidentielle de 2024, Chris Christie, a accusé les Démocrates d’avoir contribué à faire de Donald Trump un « martyr », citant la décision des responsables du Maine d’exclure l’ex-président du scrutin primaire de l’État.

S’adressant à CNN vendredi, Christie a lancé des attaques contre ses collègues prétendants au GOP, en distinguant à la fois Nikki Haley et Trump, mais a ensuite critiqué la décision du Maine de mettre l’ancien leader sur la liste noire des bulletins de vote – le deuxième État à le faire après le Colorado.

La suppression de Trump du scrutin d’État « fait de lui un martyr », a déclaré Christie. « Vous savez, il est très doué pour jouer « Pauvre de moi, pauvre de moi ». Le pauvre milliardaire new-yorkais qui dépense l’argent des autres pour payer ses frais juridiques. »

Car si les analystes alternatifs savent depuis plusieurs années que Biden a utilisé son influence de Vice-président pour gagner de l’argent, on sait maintenant que Trump a fait de même. « Les députés le font bien, alors pourquoi pas les présidents n’est-ce-pas ? » doivent se dire les esprits déjà touchés par la corruption morale générale.

« Les entreprises de Donald Trump ont récolté au moins 7,8 millions de dollars auprès de 20 gouvernements étrangers tout au long de sa présidence, selon de nouveaux documents publiés jeudi par les démocrates de la Chambre des représentants, selon le New York Times. Les transactions à l’étranger, décrites dans un rapport de 156 pages intitulé « Maison Blanche à vendre » produit par les démocrates du comité de surveillance de la Chambre, fournissent des preuves tangibles de l’engagement de l’ancien président dans le genre de conduite dont les républicains de la Chambre accusent le président Joe Biden alors qu’ils tentent de construire. Une procédure de mise en accusation contre lui malgré leur enquête sur ses relations présumées qui n’a fourni aucune preuve. »

Que les deux principaux outsiders de cette campagne présidentielle étasunienne soit aussi corrompu l’un que l’autre dit tout de l’état de corruption de la soi-disant « plus grande démocratie au monde ».

C’est finalement la Cour Suprême qui va décider du destin politique de Trump et, par la même occasion, de celui des Etats-Unis :

« La Cour suprême a déclaré vendredi qu’elle déciderait si l’ancien président Donald Trump pouvait être exclu du scrutin en raison de ses efforts pour annuler sa défaite électorale de 2020, insérant ainsi la Cour dans la campagne présidentielle de 2024.

Les juges ont reconnu la nécessité de prendre une décision rapidement, alors que les électeurs commenceront bientôt à voter pour les primaires présidentielles à travers le pays. Le tribunal a accepté d’examiner l’appel de Trump concernant la décision du Colorado découlant de son rôle dans les événements qui ont culminé avec l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole américain.

Soulignant l’urgence, les débats auront lieu le 8 février, pendant ce qui est normalement une pause hivernale de près d’un mois pour les juges. Ce délai d’urgence pourrait permettre au tribunal de rendre une décision avant le Super Tuesday du 5 mars, lorsque le plus grand nombre de délégués seront à gagner en une seule journée, y compris dans le Colorado. »

Tous ces nombreux articles médiatiques dénonçant Trump alors que, au même moment, les déboires de Biden au Congrès pour ses trafics d’influence sont balayés sous le tapis montre bien que le système médiatique, tout comme le système judiciaire, n’est pas neutre et entend bien pousser la population à voter Biden, et personne d’autre. Voilà où en est le « système démocratique » étasunien.

Mais que les européens ne se leurrent pas, c’est la même chose chez eux.

« Au moins 215 millions de doses de vaccins COVID-19 achetées par les pays de l’UE au plus fort de la pandémie ont depuis été jetées, pour un coût estimé à 4 milliards d’euros pour le contribuable, révèle une analyse de POLITICO. Et il s’agit très certainement d’une sous-estimation…

Il n’est pas facile de savoir combien de vaccins ont été jetés. Les gouvernements, dont celui de la France, deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne, sont réticents à révéler l’ampleur du gaspillage. »

On attend toujours que Van Der Leyen dévoile les nombreux messages échangés directement avec le président de Pfizer et le conflit d’intérêt avec son mari. Elle refuse de le faire ; aurait-elle quelque chose à cacher ; et aucune instance judiciaire ne l’y oblige.

Le fameux devoir de transparence, un devoir indispensable à la garantie d’une saine démocratie, est de plus en plus négligé par nos dirigeants, sans qu’ils en aient à subir de conséquences. Encore un autre signe du déclin démocratique des pays occidentaux.

Nous terminerons sur cette réflexion de Johnstone car c’est la propagande médiatique qui permet à cette corruption de s’infiltrer dans le système politique sans que la population en soit vraiment consciente :

« L’idée la plus fausse concernant la propagande est qu’il s’agit de quelque chose qui arrive à d’autres personnes et qui concerne d’autres pays. Les Occidentaux aiment se considérer comme des personnes libres d’esprit dont la vision du monde est formée par les faits et la vérité, ce qui les oppose à des pays comme la Corée du Nord et la Chine, où les populations sont considérées comme soumises à une propagande visant à renforcer le conformisme. Ils pensent que si la propagande existe en Occident, elle vient de pays comme la Russie qui essaient de corrompre nos esprits et d’affaiblir notre confiance dans nos institutions, ou que si la propagande est d’origine nationale, elle n’affecte que les personnes appartenant à d’autres partis politiques.

En réalité, l’esprit occidental typique a mariné dans la propagande nationale tout au long de sa vie, et sa vision du monde a été fabriquée pour lui par de puissants manipulateurs qui profitent de sa conformité intellectuelle avec leurs intérêts. L’endoctrinement dans la vision du monde occidentale dominante a commencé à l’école et se poursuit à l’âge adulte avec l’aide des médias dominants tels que CNN et le Washington Post.

Si nous voulons un jour avoir une civilisation saine, nous allons devoir nous réveiller du coma induit par la propagande dans lequel nous avons été placés afin de commencer à pousser contre les murs de la cage que nous avons été endoctrinés toute notre vie à ignorer et commencer à utiliser le pouvoir de notre nombre pour forcer un réel changement dans les systèmes qui gouvernent notre monde. Heureusement, les atrocités commises à Gaza ont rapidement réveillé les gens, parce qu’il s’avère qu’il y a des limites à la propagande sur le meurtre de milliers d’enfants.

Plus les gens prennent conscience que notre civilisation est construite sur la tromperie et qu’une grande partie de ce qu’on nous dit sur le monde est un mensonge, plus nous nous rapprochons d’une société fondée sur la vérité, où quelque chose comme le massacre de Gaza ne pourrait pas se produire. »

Et que ceux qui doute de la propagande occidentale lisent le dernier message de Julien Assange, toujours emprisonné sans procès dans une prison de haute sécurité anglaise pour avoir démonté la propagande de guerre étasunienne pendant la guerre d’Irak.

A lundi prochain

La revue de presse du 1er janvier 2024


Par Wayan – le 1er janvier 2024 –Source : Le Saker Francophone

Les dirigeants ukrainiens parlent d’une nouvelle mobilisation, massive, pour continuer à se battre contre la Russie au lieu d’entamer des négociations de paix :

« L’Ukraine annonce envoyer des avis de mobilisation par smartphone. Un mécanisme de mobilisation amélioré affectera même les Ukrainiens qui ont quitté le pays en raison du conflit avec la Russie, a noté Umerov, affirmant que les révisions étaient une question d’égalité et de justice. Le ministère évalue actuellement les « catégories » de personnes dont il a réellement besoin, parmi lesquelles tous les hommes ukrainiens âgés de 25 à 60 ans…

Le ministre a également été interrogé sur la proposition, prétendument lancée par l’armée, de mobiliser 450 000 à 500 000 hommes supplémentaires, révélée pour la première fois par le président Vladimir Zelensky lors de sa récente séance de questions-réponses. Zelensky a affirmé avoir rejeté la proposition, exigeant une meilleure justification de la décision de l’armée. Oumerov n’a pas précisé si cette demande avait effectivement été formulée, déclarant seulement qu’une législation sur le sujet était effectivement en préparation et que les détails devraient être rendus publics dans les “prochains jours”.

Les remarques d’Umerov surviennent alors que l’on craint que Kiev n’intensifie encore sa campagne de conscription forcée dans le but apparent de compenser les lourdes pertes subies lors de sa contre-offensive tant médiatisée mais finalement désastreuse contre les Russes. La conscription est devenue de plus en plus violente en Ukraine, avec de nombreuses vidéos circulant en ligne montrant des agents de recrutement armés agressant des citoyens dans les rues, poursuivant des recrues potentielles et même se bagarrant avec elles.

Samedi, Nazariy Kishak, officier militaire ukrainien et ancien conseiller municipal, a affirmé que le pays était sur le point d’ériger des barrages routiers autour des villes et entre les régions dans le but d’arrêter les réfractaires. “Les gars en première ligne doivent être remplacés. La jeunesse dorée, les enfants de parents prétentieux, les blogueurs, tous ceux qui se font prendre – iront dans l’infanterie”, a affirmé Kishak. »

Les méthodes de recrutement sont musclées :

 

« Alors que l’armée ukrainienne fait face à un nombre croissant de morts et à une impasse sur le champ de bataille, les recruteurs de l’armée sont devenus de plus en plus agressifs dans leurs efforts pour reconstituer les rangs, enlevant dans certains cas des hommes en pleine rue et les emmenant vers des centres de recrutement en recourant à l’intimidation, voire à la force physique.

Des recruteurs ont confisqué des passeports, retiré des gens de leur emploi et, dans au moins un cas, tenté d’envoyer une personne handicapée mentale suivre une formation militaire, selon des avocats, des militants et des hommes ukrainiens qui ont été soumis à ces tactiques coercitives. Des vidéos de soldats poussant des gens dans des voitures et retenant des hommes contre leur gré dans des centres de recrutement apparaissent de plus en plus fréquemment sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux.

Ces tactiques sévères visent non seulement les réfractaires, mais aussi les hommes qui seraient normalement exemptés du service – un signe des défis considérables auxquels l’armée ukrainienne est confrontée pour maintenir ses effectifs dans une guerre qui fait de nombreuses victimes et contre un ennemi beaucoup plus important. »

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Pourtant, par médias interposés, le gouvernement étasunien pousse l’Ukraine aux négociations. Le titre de cet article du New York Times le dit clairement : « l’Ukraine n’a pas besoin de tout son territoire pour vaincre Poutine ». Politico en rajoute une couche :

« L’aide américaine et européenne à l’Ukraine étant désormais gravement menacée, l’administration Biden et les responsables européens sont en train de changer discrètement leur fusil d’épaule. Selon un responsable de l’administration Biden et un diplomate européen en poste à Washington, ils ne soutiennent plus l’objectif de l’Ukraine de remporter une victoire totale sur la Russie, mais cherchent plutôt à améliorer sa position dans le cadre d’une éventuelle négociation visant à mettre fin à la guerre. Une telle négociation impliquerait probablement la cession de certaines parties de l’Ukraine à la Russie.

La Maison Blanche et le Pentagone insistent publiquement sur le fait qu’il n’y a pas de changement officiel dans la politique de l’administration et qu’ils soutiennent toujours l’objectif de l’Ukraine de forcer l’armée russe à quitter complètement le pays. Mais avec les Ukrainiens eux-mêmes, les responsables américains et européens discutent actuellement du redéploiement des forces de Kiev qui, loin de la contre-offensive du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy qui a échoué pour l’essentiel, se retrouveraient dans une position défensive plus forte face aux forces russes à l’est, selon le responsable de l’administration et le diplomate européen, ce qui a été confirmé par un haut responsable de l’administration. Cet effort a également consisté à renforcer les systèmes de défense aérienne et à construire des fortifications, des obstacles en fil de fer barbelé, des obstacles antichars et des fossés le long de la frontière nord de l’Ukraine avec la Biélorussie, selon ces responsables. En outre, l’administration Biden s’attache à ressusciter rapidement l’industrie de défense ukrainienne afin de fournir les armes dont l’Ukraine a désespérément besoin et que le Congrès américain rechigne à remplacer. »

Mais les extrémistes nationalistes qui ont pris le pouvoir en Ukraine en 2014, avec l’aide du gouvernement étasunien de l’époque, n’admettrons pas si facilement une défaite qui entérinerait la fin de l’Ukraine d’avant 2014. C’est pourquoi ils mobilisent à tour de bras. La mort (des autres) plutôt que la défaite. Telle est l’état d’esprit des adeptes de Bandera (Le héros des nationalistes ukrainiens).

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Cette fois c’est un ambassadeur ukrainien qui explique que les discussions de paix à Istanbul, avril 2022, auxquelles il participait, était bien parties et que Poutine voulait vraiment qu’elles aboutissent, jusqu’à ce que Zelenksy les interrompe brutalement :

« L’ambassadeur ukrainien Chalyi, qui a participé aux pourparlers de paix avec la Russie au printemps 2022, déclare que “nous avons conclu” le “communiqué d’Istanbul” et que “nous étions très près en… avril de mettre fin à notre guerre par un règlement pacifique” et que Poutine “a fait tout son possible pour conclure un accord avec l’Ukraine”. Il ajoute que c’est “la décision personnelle de Poutine d’accepter le texte de ce communiqué”.

Ce cadre d’accord de paix pour mettre fin à la guerre a également été confirmé par le chef de la délégation ukrainienne, des responsables proches de Zelensky, l’ancien Premier ministre israélien, l’ancien chancelier allemand, Poutine, le ministre turc des Affaires étrangères, d’anciens responsables américains et Arestovych. Les cinq premiers ont déclaré que l’accord était bloqué par les États-Unis et le Royaume-Uni. »

Encore un indice montrant que Poutine ne cherchait pas la guerre contre l’Ukraine, qu’il y a été forcé mais qu’il voulait conclure une paix le plus rapidement possible, ce que la Grande Bretagne et les Etats-Unis ont empêché. Cela montre non seulement que les anglo-saxons sont les principaux responsables de ce qui arrive à l’Ukraine mais aussi que Poutine n’a aucune envie de partir en guerre contre l’Europe après avoir vaincu l’Ukraine. A moins, là encore, que les Etats-Unis ne l’y force en utilisant non plus seulement l’Ukraine mais tout l’OTAN pour le provoquer.

En passant par l’Arctique :

« Les États-Unis devraient cesser d’essayer d’étendre unilatéralement leur plateau continental, en particulier dans l’Arctique, a déclaré Rick Steiner, zoologiste à l’université de l’Alaska, dans une interview publiée mercredi par RIA Novosti.

Ses commentaires font suite à la publication officielle, la semaine dernière, par l’administration du président américain Joe Biden, de cartes détaillant l’extension du plateau continental américain dans la mer Arctique, l’Atlantique, la mer de Béring, l’océan Pacifique, deux sections du golfe du Mexique et à proximité des îles Mariannes. 

Le département d’État américain a insisté sur le fait que les nouvelles frontières proposées par Washington ne créeront pas de conflits territoriaux avec la Russie, mais qu’elles devront être réglées avec le Canada et le Japon.

Toutefois, M. Steiner a affirmé que les États-Unis “marchent sur des œufs” en formulant des revendications unilatérales dans l’Arctique, étant donné qu’ils n’ont pas ratifié la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS).

Au lieu de faire la course aux ressources dans la région polaire, le zoologiste a insisté sur le fait que tous les pays devraient s’unir pour “protéger pleinement et à jamais l’océan Arctique” et retirer leurs prétentions à un plateau continental élargi.

Le refus de Washington de ratifier la CNUDM signifie également qu’il n’y a pratiquement aucune chance que les nouvelles frontières proposées soient un jour reconnues au niveau international, a déclaré à la RIA Chas Freeman, diplomate américain chevronné et ancien secrétaire adjoint à la défense pour les affaires de sécurité internationale.

“Même si les Américains n’étaient pas impliqués dans une guerre par procuration avec la Russie et dans une guerre économique avec la Chine, il serait pratiquement impossible de les amener à accepter ces actions unilatérales”, a déclaré l’ancien diplomate. Il a également affirmé qu’il était “difficile de comprendre” comment les revendications américaines d’un plateau élargi dans l’Arctique étaient cohérentes avec les objections formulées à l’encontre de revendications similaires émanant de pays tels que la Chine.

Moscou, quant à elle, a condamné les revendications unilatérales de Washington en les qualifiant d'”inacceptables”. Le chef de la commission de la Douma d’État sur l’Arctique, Nikolay Kharitonov, a averti que les tentatives des États-Unis d’étendre leur territoire pourraient accroître les tensions dans l’Arctique. »

Evidemment la presse étasunienne publie des articles faisant croire que ce sont la Russie et la Chine qui ont des visées expansionnistes sur l’Arctique. Tel cet article publié par CNN, avec un titre fait pour déclencher une peur de la Russie et de la Chine en même temps : « Alors que la glace de l’arctique fond, une menace russo-chinoise se profile » :

« Lors d’un sommet entre Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping en mars, les deux pays ont convenu de se concentrer sur l’Arctique, semblant ainsi ouvrir un nouveau front contre l’Occident. Selon certaines estimations, la Chine a investi 90 milliards de dollars dans la région.

Moscou et Pékin travaillent ensemble à la construction d’une “route de la soie polaire”, avec des objectifs économiques, géopolitiques et militaires. La Chine élabore subtilement un argument pour devenir un acteur dans la région, en se déclarant “État proche de l’Arctique”.

L’OTAN trouve tout cela inquiétant, selon l’amiral Bauer, car “alors que les intentions de la Russie dans l’Arctique sont devenues claires ces dernières années”, celles de la Chine “restent opaques”.

Entre-temps, Moscou a décrié l’expansion de l’OTAN vers l’est. Aujourd’hui, l’adhésion de la Finlande, et peut-être de la Suède, à l’alliance laisserait la Russie la seule nation arctique en dehors de l’OTAN.

Si, comme certains le prétendent, la Russie a réussi à tromper ses voisins de l’Arctique, son invasion de l’Ukraine leur a ouvert les yeux. “Il est peut-être difficile de comprendre à quel point la paix a été profonde en Norvège”, a déclaré Anne Marie Aanerud, vice-ministre norvégienne de la défense. “Nous avions littéralement l’impression que rien ne pouvait mal tourner depuis des générations.

Aujourd’hui, l’Arctique norvégien n’est pas seulement l’endroit où l’on peut observer des groupes de baleines à la recherche de harengs dans les fjords aux eaux glacées. Les forces militaires de l’OTAN s’y rendent également fréquemment, en réponse aux manœuvres de provocation de la présence militaire massive de la Russie.

En septembre, les habitants de Tromsø ont vu un sous-marin de la marine française émerger de leurs eaux. Quelques jours plus tard, un sous-marin américain a également été accueilli ici. »

Korybko explique en quoi l’article de CNN est un article de propagande :

« Frida Ghitis, de CNN, a publié jeudi un article alarmiste intitulé “La fonte des glaces de l’Arctique fait planer une nouvelle menace avec la Russie et la Chine”. Elle laisse entendre que la Russie a dupé l’Occident en cachant ses plans prétendument secrets de militarisation de l’Arctique, avant d’abandonner cette mascarade après l’adhésion de la Finlande à l’OTAN au début de l’année. La chroniqueuse de CNN spécialisée dans les affaires mondiales tente ensuite d’impliquer la Chine dans sa théorie du complot en suggérant que les deux pays sont de mèche contre l’OTAN. L’ensemble de l’article sert à mettre en avant le front arctique de la nouvelle guerre froide.

Il arrive au moment où le conflit ukrainien commence enfin à se terminer, où la crise de la conscription dans ce pays s’aggrave et où le puissant groupe de réflexion Atlantic Council vient d’appeler Zelensky à former un “gouvernement d’unité nationale” afin de gérer la colère croissante de l’opinion publique contre les autorités, provoquée par tout cela.  Comme nous l’avions prédit le mois dernier dans cet article qui expliquait comment “la Finlande est déterminée à se positionner comme un État de l’OTAN en première ligne face à la Russie”, l’Occident ouvre le front arctique à mesure que le front ukrainien se referme.

Afin d’accélérer au maximum les événements, la Finlande et les États-Unis ont récemment signé un accord de sécurité qui donnera à ces derniers un accès illimité à 15 bases de ce pays nordique, dont celle des gardes-frontières à Ivalo, située juste à la frontière russe. Mme Ghitis n’a toutefois pas mentionné ce dernier développement dans son article, qui a donc délibérément décontextualisé les remarques faites la semaine dernière par le président Poutine, selon lesquelles des problèmes bilatéraux sont à prévoir dans l’avenir, alors qu’il n’y en a pas eu pendant des décennies.

En ce qui concerne la dimension chinoise de son récit alarmiste, elle reste volontairement vague sur ce que la République populaire est censée préparer, mais laisse néanmoins entendre qu’il s’agira probablement de quelque chose d’ignoble en collusion avec la Russie. Elle ne tient pas compte du dégel sino-américain qui s’est amorcé après la rencontre de leurs dirigeants à San Francisco le mois dernier, ni du rôle géoéconomique émergent de l’Arctique, qui facilite le commerce eurasien de manière mutuellement bénéfique pour les deux moitiés du supercontinent.

Si Mme Ghitis avait inclus ces faits dans son article, son public aurait eu une impression tout à fait différente des plans potentiels de la Chine, mais il est au contraire induit en erreur en pensant que les supposées intentions secrètes de Moscou de militariser l’Arctique ont peut-être été faites après avoir conclu un accord avec Pékin. L’effet combiné de ses manipulations narratives est que le public occidental ciblé approuvera probablement la militarisation de cette région par le nouveau bloc de guerre froide sous de faux prétextes d’autodéfense.

C’est là que réside l’objectif de cette provocation de guerre de l’information, puisqu’elle vise à faciliter ces plans de manière à ce qu’ils apparaissent comme une réaction à la Russie et non comme quelque chose que l’Occident préparait depuis un certain temps. Si Mme Ghitis était convaincue que les faits étaient vraiment du côté de ce bloc, elle n’aurait pas omis certains des éléments les plus importants dans ce contexte, ce qui prouve que ses intentions sont malhonnêtes et que l’Occident veut cacher la vérité sur ce nouveau front de la guerre froide. »

Comme l’Occident l’a fait pour la guerre en Ukraine. Rappelons-nous les aveux de Merkel et Hollande disant que les accords de Minsk n’était fait que pour aveugler la Russie pendant que l’Ukraine se préparait militairement.

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Il n’y a pas que Gaza qui soit la cible des attaques de l’armée israélienne, la Cisjordanie aussi. Tsahal a même pillé l’argent d’agents de change palestiniens :

« Les forces israéliennes ont lancé leurs raids les plus intenses à ce jour sur des villes de Cisjordanie occupée, poursuivant ainsi l’une des plus grandes incursions dans le territoire depuis le début de la guerre d’Israël contre Gaza en octobre.

Au moins une personne a été tuée après que les troupes israéliennes ont lancé un assaut coordonné pendant la nuit sur dix villes, dont Hébron, Halhul, Naplouse, Jénine, Tulkarem, el-Bireh, Jéricho et notamment le centre de Ramallah, qui est le siège administratif de l’Autorité palestinienne.

Les raids, qui se sont poursuivis jusqu’à l’aube jeudi, ont visé des bureaux de change palestiniens.

L’Autorité monétaire palestinienne a déclaré que les forces israéliennes avaient perquisitionné à l’aube les sièges de six sociétés de change sous son contrôle en Cisjordanie occupée.

“Les Israéliens ont arrêté un certain nombre de propriétaires de ces sociétés et ont saisi des sommes d’argent dans leurs coffres-forts, après les avoir fait exploser”, a déclaré l’Autorité monétaire palestinienne dans un communiqué, ajoutant qu’elle considérait cette attaque comme “un acte qui viole toutes les normes, lois, chartes et accords internationaux, et qui vise à saper la confiance dans le secteur bancaire palestinien”.

Selon Khan, trois des magasins perquisitionnés se trouvaient à Ramallah.

“Les Israéliens affirment que les mouvements de résistance se sont servis des bourses d’échange pour financer leurs activités.

“Au total, ils ont saisi environ 2,5 millions de dollars lors de ces perquisitions. »

On entendait des points de vue contradictoire sur « l’après-guerre de Gaza ». Et bien les dirigeants israéliens viennent de donner la réponse :

« Bezalel Smotrich a déclaré dans un entretien télévisé qu’après le démantèlement du Hamas, Israël devrait prendre le contrôle civil de Gaza. « Nous devons discuter de colonies dans la bande de Gaza », a-t-il ajouté, comme le rapporte le journal Haaretz. Selon le ministre, Israël doit encourager les habitants de l’enclave à partir volontairement : « Nous devons les aider à partir et trouver des pays qui accepteront de les accueillir, cela devrait être l’effort national. Nous serons obligés de gouverner là-bas pendant une longue période, car fuir la terreur encourage la terreur », estime-t-il.

20h10 : La zone frontalière entre Gaza et l’Égypte « doit être entre nos mains », assure Benyamin Netanyahu

Le Premier ministre israélien a déclaré en conférence de presse que la zone frontalière entre Gaza et l’Égypte, actuellement sous contrôle du Caire, devrait être sous contrôle israélien. Cette zone « doit être entre nos mains », a-t-il lancé. Il faut que le passage « soit fermé » à ses yeux. « Il est clair que tout autre arrangement ne garantirait pas la démilitarisation que nous recherchons », ajoute M. Netanyahu. »

Vider Gaza de sa population palestinienne est y installer des colons israéliens. C’est proclamé haut et fort mais gageons que les dirigeants occidentaux feront tous semblant de n’avoir rien entendu et continuerons à jouer les choqués lorsque quelqu’un leur dira qu’Israël procède à un nettoyage ethnique en Palestine. « Ne soyez pas antisémites » répondront-ils doucereusement en continuant à fournir des munitions à Israël :

« L’administration du président américain Joe Biden a une nouvelle fois contourné le Congrès pour autoriser une vente d’armes en urgence à Israël, qui n’a fait qu’intensifier et élargir ses attaques contre la bande de Gaza en dépit de l’indignation croissante de la communauté internationale.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré au Congrès qu’il avait pris une deuxième décision d’urgence en moins d’un mois, portant sur la vente d’équipements à Israël pour un montant de 147,5 millions de dollars, a indiqué le département d’État vendredi. »

D’ailleurs l’accusation « d’antisémite » fait partie de ces phrases agressives mais trompeuses, du genre « complotiste », car de nombreux juifs sont contre ce qu’Israël est en train de faire, mais comme le dit ce tweet : « Voici ce que les médias grand public ne veulent pas que vous voyiez. Des juifs exigeant un cessez-le-feu. ».

Ce compte aussi, avec ses 225.000 followers, qui dans un tweet du 24 décembre déclare :

« Israël n’est pas l’État des Juifs.

Les Juifs sont aux côtés du peuple palestinien. Nous prions pour que l’État palestinien soit libéré de l’occupation. Tout le monde doit maintenant savoir que les sionistes ne sont pas des juifs et qu’Israël ne parle pas au nom des juifs. »

**************

Pendant que le nettoyage ethnique est en cours à Gaza, propagande et censure continuent de plus belle pour cacher la misère. De Castelnau, un avocat à la cour, montre comment des appels au meurtre de masse lancés par une franco-israélienne ne sont même pas repris par le journaliste alors que défendre simplement la cause palestinienne entraine des comptes sociaux bloqués pour « apologie du terrorisme » :

« Tiens je vais vous raconter une histoire. Un vieux militant de 86 ans avait écrit sur un fil Facebook que l’attaque du Hamas avait remis la question palestinienne au centre. Convocation au commissariat, garde à vue, menace de poursuites par le procureur pour apologie du terrorisme. Et proposition d’un plaider coupable assortie d’une peine d’amende. Que le malheureux affolé et humilié a été contraint d’accepter. Force doit rester à la loi n’est-ce pas ?

Concernant les horreurs que l’on entend sur I24 toute la sainte journée, aucun de vos collègues ne bougera, ils sont trop lâches. Quand à l’Arcom, soyez sérieux. »

Même les historiens reconnus sont censurés :

« L’historien Ilan Pappé est censuré par sa maison d’édition, les éditions Fayard, rachetée par Bolloré l’année dernière. Le livre de l’auteur (juif) sur le nettoyage ethnique de la Palestine à été retiré du catalogue. »

Or on sait que refaire l’histoire à sa manière est une caractéristique des entités totalitaires.

Et que ceux qui pensent encore que les Etats-Unis défendent « la seule démocratie au Moyen Orient » lisent cet article du Time :

« On estime à 10 000 le nombre d’enfants palestiniens qui ont été placés en détention militaire au cours des 20 dernières années, Save the Children notant qu’ils sont “les seuls enfants au monde à être systématiquement poursuivis devant des tribunaux militaires”. Au 20 novembre, les forces israéliennes avaient arrêté jusqu’à 880 enfants palestiniens cette année, une pratique rendue possible par les lois militaires draconiennes d’Israël.

Des dizaines de Palestiniens libérés lors d’un échange de prisonniers entre Israël et le Hamas en 2011 ont été arrêtés à nouveau en 2014 et leurs peines ont été rétablies. Brad Parker, avocat et conseiller politique principal à Defense for Children International-Palestine, explique à TIME qu’il est fort probable que des enfants précédemment emprisonnés soient à nouveau arrêtés. DCIP est une organisation indépendante qui fournit aux enfants palestiniens détenus une assistance juridique.

Selon Brad Parker, qu’ils soient inclus ou non dans l’échange, de nombreux enfants sont confrontés à la menace d’une nouvelle arrestation parce qu’ils sont désignés comme des délinquants antérieurs avec des peines avec sursis, une liberté de mouvement restreinte et des chances réduites de se voir accorder des permis de voyager. 

“Ce n’est pas une situation où il y a un quelconque recours”, dit Parker. “Pour les autorités israéliennes, il s’agit d’un cadeau qui peut être annulé. C’est ce que nous avons constaté par le passé.

Les groupes de défense des droits de l’homme critiquent depuis longtemps le fonctionnement du droit militaire israélien, un cadre juridique qui s’applique de manière sélective aux Palestiniens vivant dans les territoires occupés, tandis que les colons israéliens jouissent de droits accrus en vertu du droit civil. Save the Children a rapporté que 86 % des enfants sont battus lors de leur détention en Israël, tandis que 69 % sont fouillés à nu et 42 % sont blessés lors de leur arrestation.

“En vertu du droit militaire israélien, le fait de lancer des pierres et des objets constitue une infraction spécifique”, explique M. Parker, qui précise qu’il s’agit de l’accusation la plus fréquente. Il ajoute que cette législation permet aux autorités israéliennes de détenir et de poursuivre toute personne âgée de plus de 12 ans devant le tribunal militaire.

“Cela n’a pas grand-chose à voir avec le fait que des enfants aient jeté des pierres ou non, mais bien plus avec le fait de cibler des enfants et des villages spécifiques pour faciliter l’objectif ultime de l’occupation, à savoir le contrôle d’une population civile”, ajoute M. Parker.

De nombreux enfants palestiniens sont arrêtés lors de raids nocturnes et certains sont placés en détention administrative, sans procès ni peine. L’association Lawyers for Palestinian Human Rights (avocats pour les droits de l’homme palestiniens) affirme que ces pratiques soulèvent “une myriade de graves préoccupations en matière de droits de l’homme”.

“Il s’agit notamment de la fréquence des arrestations nocturnes traumatisantes contre des enfants dans leur maison familiale ; des enfants qui sont douloureusement attachés par les mains, qui ont les yeux bandés, qui sont transférés en détention sur le plancher d’un véhicule militaire, et qui sont soumis à des abus physiques et verbaux par des soldats israéliens”, explique Tareq Shrourou, directeur et avocat principal de LPHR, à TIME. Il ajoute que ces violations systématiques sont contraires aux conventions des Nations unies sur les droits de l’enfant, ratifiées par Israël en 1991.

L’exemple le plus grave est celui d’Ahmad Manasra, qui avait 13 ans lorsqu’il a été arrêté pour avoir poignardé deux citoyens israéliens à Jérusalem-Est occupée en 2015. Les tribunaux israéliens ont estimé que Manasra n’avait pas participé aux coups de couteau, selon Amnesty International, mais il purge depuis une peine de neuf ans et demi pour tentative de meurtre. Le cousin d’Ahmad, Hassan, âgé de 15 ans, a été abattu sur les lieux.

Au moment de son arrestation, Manasra a été renversé par une voiture et saignait de ses blessures lorsque les policiers l’ont interrogé en l’absence de ses parents ou de son avocat. Les vidéos de l’interrogatoire pénible de Manasra ont fait l’objet d’une attention virale depuis le début de l’échange de prisonniers en novembre, et de nombreuses personnes ont demandé qu’il fasse partie des personnes libérées.

Depuis, Manasra a développé une schizophrénie et des problèmes de santé mentale, ainsi qu’une baisse de la vue due au fait qu’il est maintenu dans une petite cellule d’isolement 23 heures par jour. Bien que Parker, de la DCIP, affirme que Manasra est un cas extrême, il maintient que les mauvais traitements infligés aux enfants détenus sont fréquents et bien documentés.

Une autre préoccupation est le taux de condamnation disproportionné de plus de 99 % du tribunal militaire, que Shrourou attribue aux aveux “obtenus sous la contrainte” pendant l’interrogatoire. Ce n’est qu’après l’interrogatoire – sans parent, ni avocat, ni enregistrement audiovisuel officiel – que l’enfant a accès à un avocat par des moyens privés ou par l’intermédiaire d’organisations caritatives telles que la DCIP.

“Tous les enfants plaident coupables parce que c’est le moyen le plus rapide de les faire sortir du cadre de la détention provisoire. Ce n’est pas un tribunal qui s’intéresse à la justice”, déclare Parker. “S’ils contestent une accusation, ils risquent d’être détenus indéfiniment jusqu’à la fin de la procédure judiciaire. »

Ou comment éduquer les enfants palestiniens à devenir de futurs impitoyables résistants. Car comme dit l’autre « Gaza est le seul endroit au monde où des milliers d’enfants sont piégés sous les décombres et où aucune coalition internationale ne planifie une opération de sauvetage. »

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La Chine à décider de montrer son mécontentement en ralentissant l’exportation de produits à double usage (militaire et civil) vers Israël :

« Les usines israéliennes de haute technologie ont des difficultés à importer des composants de Chine depuis le début de l’agression israélienne sur la bande de Gaza le 7 octobre, a rapporté dimanche le site d’information israélien Ynet.

Selon le site, les usines israéliennes d’électronique et de haute technologie situées en Palestine occupée ont eu des difficultés à importer des équipements à double usage fabriqués en Chine, en raison des formulaires et de la paperasserie.

Les équipements à double usage comprennent tout produit pouvant être utilisé à la fois à des fins civiles et militaires, un terme avec lequel les autorités israéliennes sont extrêmement familières. En fait, les autorités israéliennes ont inclus des milliers de produits dans leur liste de produits à double usage sanctionnés, qui ne sont pas autorisés à entrer dans la bande de Gaza, comme le béton.

Paradoxalement, les importateurs israéliens se plaignent de devoir remplir des formulaires obligatoires lorsqu’ils achètent des produits chinois. Selon Ynet, des documents mal remplis ont entraîné des retards dans les livraisons.

Il est intéressant de noter qu’aucun nouveau formulaire ou document n’a été introduit par les autorités ou les entreprises chinoises, mais que les organismes concernés ne font qu’appliquer des réglementations qui étaient auparavant ignorées. »

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Il n’y a pas qu’en Israël que « le poisson pourrit par la tête ». En France aussi, même si c’est de manière moins brutale. Voici un signe qui ne trompe pas du niveau de corruption des dirigeants actuels :

« France: l’agrément de l’ONG anticorruption Anticor non renouvelé

« C’est un cadeau de Noël pour les corrupteurs », a cinglé l’avocat d’Anticor, Me Vincent Brengarth, jugeant cette décision « scandaleuse ». « Cette décision ne nous surprend pas malheureusement car nous sommes bien conscients que nos actions contre la corruption agacent profondément le gouvernement », a expliqué Elise Van Beneden, présidente du bureau de l’ONG.

L’agrément permet depuis 2015 à Anticor d’agir en justice dans les affaires de corruption présumée, notamment en cas d’inaction du parquet. Son précédent agrément avait été annulé par la justice administrative et la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, à qui la tâche de le renouveler ou non a été dévolue in extremis dans un décret du 24 décembre, avait jusqu’à mardi minuit pour le faire. Cette non-réponse équivaut à une « décision implicite de refus », selon la source au ministère soulignant que l’association pouvait la contester.

Créée en 2002, l’ONG est impliquée dans plus de 160 procédures. Parmi les procédures les plus connues, il y a l’attribution du Mondial de football au Qatar, l’enquête pour prise illégale d’intérêts visant le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, ou encore celle contre le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, devant la Cour de justice de la République.

Anticor a porté plainte, ces dernières années, dans plusieurs affaires dans lesquelles sont directement impliqués plusieurs hauts responsables de l’État. Le refus de renouvellement d’agrément décidé ce jour aura des conséquences sur les procédures pénales lancées ou relancées par Anticor. Certaines procédures – principalement locales –, dans lesquelles elle a porté plainte avec constitution de partie civile, pourraient être en partie annulées. »

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Pour finir nous méditerons sur la puissance des médias officiels avec ce tweet d’Elon Musk :

« Extrait d’une conférence étonnante de Michael Crichton :

“Les médias jouissent d’une crédibilité totalement imméritée. Vous en avez tous fait l’expérience, AVEC ce que j’appelle l’effet d’amnésie de Murray Gell-Mann. (Je l’appelle ainsi parce que j’en ai discuté un jour avec Murray Gell-Mann).

En bref, l’effet d’amnésie de Gell-Mann est le suivant. Vous ouvrez le journal sur un article concernant un sujet que vous connaissez bien. Dans le cas de Murray, la physique. Dans le mien, le show-business. Vous lisez l’article et constatez que le journaliste n’a absolument aucune compréhension des faits ou des problèmes. Souvent, l’article est tellement faux qu’il présente l’histoire à l’envers, en inversant la cause et l’effet. C’est ce que j’appelle l’effet “rues humides qui provoquent la pluie”. Les journaux en sont pleins.

Quoi qu’il en soit, vous lisez avec exaspération ou amusement les multiples erreurs de cet article, puis vous tournez la page vers les affaires nationales ou internationales, et vous lisez comme si le reste du journal était, d’une manière ou d’une autre, plus précis sur la Palestine que les balivernes que vous venez de lire. Après avoir tourné la page, vous avez oublié les conclusions que vous aviez tiré de la lecture du précédent article.

C’est l’effet d’amnésie Gell-Mann. J’aimerais souligner que cet effet n’existe pas dans d’autres domaines de la vie. Dans la vie ordinaire, si quelqu’un exagère ou ment constamment, vous ne tenez plus compte de ce qu’il dit.

Au tribunal, il existe la doctrine juridique “falsus in uno, falsus in omnibus”, qui signifie “faux en partie, faux partout”. Mais lorsqu’il s’agit des médias, nous croyons, contre toute évidence, qu’il vaut probablement la peine de lire les autres parties du journal”. »

Cette « amnésie de Murray Gell-Mann » est un effet du conformisme que l’on observe aussi vis-à-vis des politiciens. L’esprit humain a tendance à directement oublier, voire nier, tour ce qui dérange sa structure mentale, sa vision du monde. Pour un conformiste, le pouvoir en place (les politiciens, les médias, les instances administratives…) peut faire des erreurs mais ne peut pas être profondément malsain. Donc, toute info dérangeant cette vision du monde est oubliée/niée. Ainsi il est visible, avec le grand nombre de casseroles que tirent le gouvernement Macron, que celui-ci est loin d’être honnête, l’info au sujet d’Anticor le montrant une fois de plus. Mais demain tout cela sera oublié par la majorité de la population qui continuera à dire que « il faut faire confiance à nos politiques et les respecter ». Les politiciens le savent et jouent là-dessus sans vergogne.

Comme exemple de ce phénomène, voici un extrait de l’interview d’une députée Macroniste qui, pour empêcher le journaliste de la contredire est capable de répéter trois fois, haut et fort, ce mensonge évident : « l’Etat n’a jamais laissé tomber l’hôpital public ». Elle sait que cela ne l’empêchera pas d’être réélue, grâce à l’amnésie de Murray Gell-Mann. Sinon elle ne mentirait pas si effrontément.

A lundi prochain

La revue de presse du 26 décembre 2023


Par Wayan – Le 26 décembre – Le Saker Francophone

Face au dégout, pour les plus sensibles, ou au dédain auquel fait face le gouvernement israélien et, par association d’idée, le pays tout entier, il semble que le Mossad ait décidé d’intensifier sa propagande et sa pression. Les manifs, discours et rassemblement en défense des palestiniens sont de plus en plus réprimés en EuropeLes médias de plus en plus complices ou discrets concernant ce qui se passe à Gaza.

 

« L’amplification par les médias de la version israélienne du 7 octobre continue de donner vie à la thèse israélienne selon laquelle il est moralement justifié de détruire Gaza pour éliminer le Hamas.

La BBC et d’autres médias ne cessent de revenir sur les crimes commis par le Hamas ce jour-là, mais ne font pas état des preuves de plus en plus nombreuses qu’Israël a bien tué des citoyens de son propre pays.

Depuis l’attentat du 7 octobre perpétré par le Hamas, il ne s’est pratiquement pas passé un jour sans que les médias occidentaux ne reviennent sur ces événements, le plus souvent pour révéler ce qu’ils prétendent être de nouveaux détails sur les atrocités stupéfiantes commises par le groupe palestinien.

Ces révélations ont permis d’entretenir l’indignation de l’opinion publique occidentale et de maintenir les militants de la solidarité palestinienne sous pression. »

Cette propagande fonctionne bien sur la population israélienne :

« Des citoyens israéliens ont déclaré mercredi que l’armée ne devait pas faire marche arrière dans son offensive incessante pour écraser le Hamas, malgré l’appel au cessez-le-feu lancé par l’Assemblée générale de l’ONU, l’allongement de la liste des victimes parmi les troupes et l’augmentation du nombre de morts palestiniens à Gaza.

Les sondages réalisés ces dernières semaines montrent un soutien massif à la guerre, malgré l’augmentation du coût humain. Six Israéliens qui ont parlé à Reuters mercredi ont déclaré que ce n’était pas le moment de faire marche arrière, même si la sympathie mondiale s’estompe, comme en témoigne la résolution de l’ONU de mardi.

“Le sentiment de la population est qu’il s’agit d’une menace pour l’existence même d’Israël”, a déclaré Mme Hermann, de l’Institut israélien de la démocratie, qui réalise régulièrement des sondages d’opinion sur la guerre. Elle a ajouté que les gens étaient préparés à ce que d’autres soldats meurent. »

Un exemple de cette propagande, tiré du magazine Newsweek :

« En tant que juif israélien ayant aidé des civils palestiniens pendant mes cinq années de service dans les forces de défense israéliennes, je n’aimerais rien de plus que de voir nos deux peuples vivre côte à côte dans la paix. Les Palestiniens innocents méritent toutes les libertés et la réalisation de leurs aspirations nationales. Malheureusement, la seule chose qui se trouve entre nous et un cessez-le-feu est le Hamas, une organisation terroriste dont la raison d’être est d’éliminer Israël et de tuer des Juifs.

Pour cette seule raison, les appels au cessez-le-feu ne constituent ni un engagement en faveur des droits de l’homme ni un effort pour préserver la vie. Il s’agit plutôt d’une demande adressée aux Juifs de ne pas se défendre contre un génocide.

Prétendre que ce n’est pas le cas, c’est non seulement ignorer la réalité sur le terrain, mais aussi faire preuve d’un profond antisémitisme et nier purement et simplement le lien autochtone et les droits nationaux que les Juifs ont à l’égard d’Israël. »

Toujours cette même inversion accusatoire qui permet de transformer l’agresseur en l’agressé.

Mis à part Twitter, les médias sociaux participent à la censure.

« Meta, le géant des médias sociaux qui exploite Facebook, Instagram et WhatsApp, censure systématiquement les contenus pro-palestiniens dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le Hamas, a affirmé Human Rights Watch (HRW).

Dans un rapport publié mercredi, le groupe a allégué que la société dirigée par Mark Zuckerberg a supprimé ou supprimé de grandes quantités de messages pro-palestiniens pour diverses raisons. Celles-ci comprennent une “dépendance excessive” à l’égard des outils de modération de contenu automatisés et ce qu’il appelle une “influence gouvernementale indue”.

“La censure par Meta des contenus en faveur de la Palestine ajoute l’insulte à l’injure à un moment où des atrocités indicibles et la répression étouffent déjà l’expression des Palestiniens”, a noté Deborah Brown, directrice adjointe par intérim de HRW pour la technologie et les droits de l’homme, dans le rapport.

“Les médias sociaux sont une plateforme essentielle qui permet aux gens de témoigner et de dénoncer les abus, alors que la censure de Meta contribue à effacer les souffrances des Palestiniens”, a déclaré Deborah Brown. »

Les journalistes de terrain sont dans le collimateur d’Israël :

« Le Comité pour la protection des journalistes a accusé l’armée israélienne de s’en prendre aux journalistes et à leurs familles à Gaza, alors que le nombre de morts parmi les professionnels des médias est le plus élevé de tous les conflits récents.

Le CPJ, basé à New York, a déclaré qu’au moins 68 journalistes et autres professionnels des médias avaient été tués à Gaza, en Israël et dans le sud du Liban depuis l’attaque transfrontalière du Hamas le 7 octobre et l’assaut israélien qui s’en est suivi.

“Plus de journalistes ont été tués au cours des dix premières semaines de la guerre entre Israël et Gaza qu’il n’y en a jamais eu dans un seul pays au cours d’une année entière”, a déclaré le CPJ.

“Le CPJ est particulièrement préoccupé par le fait que l’armée israélienne semble cibler les journalistes et leurs familles. Dans au moins un cas, un journaliste a été tué alors qu’il portait manifestement des insignes de presse dans un endroit où il n’y avait pas de combats. Dans au moins deux autres cas, les journalistes ont déclaré avoir reçu des menaces de la part de fonctionnaires israéliens et d’officiers des Forces de défense israéliennes avant que les membres de leur famille ne soient tués. »

Par exemple :

« Wael dénonce les crimes de guerre d’Israël depuis 70 jours. Pour cela, Israël a pris sa famille pour cible, tuant sa femme, son fils, sa fille et son petit-fils.

N’ayant plus de maison ni de famille, Wael a refusé de se laisser briser par Israël et est retourné travailler le lendemain.

Israël a continué à essayer de faire taire Wael et l’a visé avec une attaque de drone de précision. L’attaque a tué son collègue journaliste d’Al Jazeera, Samer Abudaqa, et a blessé Wael. »

De véritables méthodes mafieuses sont utilisées par le gouvernement et l’armée israélienne sans qu’aucun média occidental ne les denonce.

Du coté palestinien, le soutien au Hamas se poursuit, mettant à mal la stratégie israélienne disant que les palestiniens, en ayant marre de se faire bombarder, manifesterait contre le Hamas :

« 42 % des personnes interrogées à Gaza et 44 % en Cisjordanie ont déclaré soutenir le Hamas ; 88 %, dans l’ensemble, souhaitaient la démission d’Abbas ; et l’homme politique le plus populaire s’est révélé être Marwan Barghouti, un prisonnier [politique] dans une prison israélienne. »

Quant à la victoire israélienne, elle ressemble de plus en plus à la « victoire ukrainienne » que les médias occidentaux ont longtemps claironnée. Et ce petit passage, tiré d’une conférence de presse commune entre les ministres de la défense étasunienne et israélienne, vaut toutes les grandes explications. Regardez la gêne du ministre israélien pour répondre à la question du journaliste “diriez-vous qu’Israël est sur le chemin d’une victoire stratégique à Gaza ? ». Le ministre étasunien est obligé de voler à son secours.

Pourtant Netanyahou reste bloqué sur des objectifs totalement irréalistes :

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a énoncé trois “conditions préalables à la paix” dans une tribune publiée ce soir dans le Wall Street Journal.

Il s’agit de “détruire le Hamas, démilitariser Gaza et déradicaliser l’ensemble de la société palestinienne”.

Il est à noter que l’article ne mentionne pas les nombreux otages toujours détenus par des terroristes à Gaza, et ne cite pas leur retour comme condition préalable. »

Et ouvre un quatrième front (Gaza, Liban, Houtis) en s’attaquant directement à l’Iran :

« Une frappe aérienne israélienne à l’extérieur de la capitale syrienne, Damas, a tué lundi un conseiller principal des Gardiens de la révolution iraniens, selon trois sources de sécurité et les médias d’État iraniens.

Les sources ont déclaré à Reuters que le conseiller, connu sous le nom de Sayyed Razi Mousavi, était responsable de la coordination de l’alliance militaire entre la Syrie et l’Iran.

“Je ne commenterai pas les rapports étrangers, qu’il s’agisse de ceux-ci ou d’autres au Moyen-Orient”, a déclaré le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, en réponse à la question d’un journaliste lors d’une conférence de presse nocturne. “L’armée israélienne a évidemment pour mission de protéger les intérêts d’Israël en matière de sécurité. »

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Maintenant que l’Occident est obligé de reconnaitre que ses tentatives de mettre la Russie à genoux en utilisant l’Ukraine est un échec, il semble qu’un nouveau plan soit en train de se mettre en place. Une attaque par le nord.

« Les États-Unis espèrent se retirer d’Ukraine et éviter la défaite en laissant derrière eux un « conflit gelé » vers lequel ils seront libres de revenir plus tard au moment de leur choix, mais en attendant, ils considèrent de plus en plus l’Arctique comme le nouveau théâtre d’un piège. L’adhésion de la Finlande à l’OTAN (et de la Suède à venir) signifie que le travail inachevé de l’adhésion de l’Ukraine, que la Russie a contrecarré, peut être réalisé par d’autres moyens.

Après avoir rencontré Biden à la Maison Blanche mardi dernier, le président ukrainien Vladimir Zelensky s’est rendu à Oslo le 13 octobre pour une visite fatidique visant à forger le partenariat de son pays dans les projets de l’OTAN visant à contrer la Russie dans l’Arctique. A Oslo, Zelensky a participé à un sommet des cinq pays nordiques pour discuter des « questions de coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité ». Le sommet s’est déroulé dans le contexte de la conclusion d’accords entre les États-Unis, la Finlande et la Suède sur l’utilisation de leurs infrastructures militaires par le Pentagone.

Le tableau d’ensemble est que les États-Unis encouragent les pays nordiques à amener l’Ukraine à participer au renforcement des frontières arctiques de l’OTAN. On peut se demander quelle est « le bonus » qu’une armée décrépite comme celle de l’Ukraine peut apporter à l’OTAN. C’est là que se déroule l’histoire. En termes simples, même si l’Ukraine n’a pas d’accès direct à l’Arctique, elle peut potentiellement apporter une capacité impressionnante pour entreprendre des activités subversives sur le territoire russe dans le cadre d’une guerre hybride contre la Russie.

Par une étrange coïncidence, le Pentagone a récemment préparé le système satellite Starlink pour une utilisation dans l’Arctique, le même qui a été utilisé par l’armée ukrainienne pour organiser des attaques contre le pont de Crimée, la flotte russe de la mer Noire et des ressources stratégiques sur le territoire russe. L’accord des États-Unis avec la Finlande et la Suède donnerait au Pentagone l’accès à une série de bases navales et aériennes et d’aérodromes ainsi qu’à des terrains d’entraînement et d’essais le long de la frontière russe.

Plusieurs centaines de milliers de citoyens ukrainiens sont actuellement domiciliés dans les pays nordiques ouverts au recrutement pour « une armée entière de saboteurs comme celle que l’Allemagne a rassemblée pendant la guerre entre la Finlande et l’URSS en 1939-1940 sur les îles du lac Ladoga », comme l’a récemment déclaré un expert militaire russe à Nezavissimaïa Gazeta.

Le chef de la marine russe, l’amiral Nikolaï Evmenov, a également souligné récemment que « le renforcement de la présence militaire des forces armées unies de l’OTAN dans l’Arctique est déjà un fait établi, ce qui indique la transition du bloc vers des actions pratiques visant à former des instruments de force militaire pour dissuader la Russie dans la région. » En fait, la flotte russe du Nord forme une brigade maritime chargée de lutter contre les saboteurs afin d’assurer la sécurité de la nouvelle route maritime du Nord et des infrastructures militaires et industrielles côtières de l’Arctique. »

Voyant cela, la Russie renforce son flanc nord :

« Deux formations territoriales stratégiques, les districts militaires de Moscou et de Leningrad, doivent être rétablies au sein des forces armées russes, a déclaré le ministre de la défense, Sergey Shoigu, lors de la dernière réunion du conseil d’administration du ministère de la défense de cette année, à laquelle participait le président russe, Vladimir Poutine, ce mercredi.

“Compte tenu des projets de l’OTAN visant à renforcer son potentiel militaire près des frontières russes et à élargir l’Alliance de l’Atlantique Nord en admettant la Finlande et la Suède, deux formations territoriales stratégiques multiservices, les districts militaires de Moscou et de Leningrad, doivent être créées”, a déclaré Shoigu….

Poutine a soutenu les propositions du chef de la défense. Il a assuré que les forces armées russes se développeraient “calmement, rythmiquement, sans précipitation et avec persévérance” et que le pays ne répéterait pas les erreurs du passé. “Nous ne nous engagerons pas dans la militarisation du pays et de l’économie”, a-t-il souligné. »

Tout cela alors que l’OTAN vient de montrer son incapacité à tenir une vraie guerre contre la Russie. Ce texte publié sur Asia Times est une liste à la Prévert de faits montrant en quoi c’est le cas :

« …La petite armée allemande manque de nouvelles recrues. À l’instar des États-Unis, l’Allemagne dispose d’une force de volontaires, mais la situation se dégrade à tel point que le gouvernement allemand envisage un système de conscription.

Le gouvernement allemand actuel perdant déjà rapidement son soutien politique, tenter de faire voter un système de conscription par le Bundestag, le parlement allemand, serait un suicide politique. Boris Pistorius, ministre allemand de la défense, comprend le problème mais n’a pas de solution susceptible d’obtenir un soutien populaire… Mais, selon le ministre allemand de la défense, M. Pistorius, “nous n’avons pas d’armée capable de défendre le pays contre une offensive militaire, une guerre d’agression brutale”. La contradiction est évidente…

L’armée britannique pose également un gros problème. Le Defense and Security Monitor rapporte que “Longtemps considérées comme une armée de classe mondiale, les forces armées britanniques sont maintenant coincées dans une ornière de recrutement, avec des réductions de personnel planifiées qui doivent encore être mises en œuvre dans le cadre du Defense Command Paper (document de commandement de la défense) dévoilé en 2021. Il existe des problèmes importants et persistants concernant les logements militaires délabrés, les munitions épuisées et les programmes d’approvisionnement mal exécutés.”

Sky News, comme le rapporte The Defense Post, “a souligné l’ampleur du problème auquel sont confrontées les forces armées britanniques. Les militaires manqueraient de munitions au bout de quelques jours en cas de conflit armé. Le pays n’aurait pas non plus la capacité de défendre son espace aérien compte tenu de la puissance et des capacités croissantes des missiles et des drones d’aujourd’hui…

On parle peu de l’armée française. Nous savons que les équipements français n’ont pas fait bonne figure face aux Russes dans la guerre d’Ukraine. Son CAESAR (Camion Équipé d’un Système d’Artillerie) a été une grande déception sur le champ de bataille, il est sujet à des pannes et a été la cible des drones russes Lancet.

La France en a envoyé 18 en Ukraine, soit 25 % de l’ensemble de la flotte de ces systèmes de canons mobiles de 155 mm. Selon les rapports, la production de nouveaux systèmes prend des années.

De même, le véhicule de combat d’infanterie AMX-10C RC de la France s’est révélé être un piège mortel pour les opérateurs ukrainiens, qui considèrent que son “blindage fin” est inadéquat pour une utilisation en première ligne. Présenté comme un “destructeur de chars”, c’est souvent lui qui est détruit. En ce qui concerne les chars, après la mauvaise expérience avec l’AMX et les chars allemands Leopard, la France a décidé de ne pas envoyer ses chars Leclerc à l’Ukraine…

L’armée américaine est également confrontée à une crise du recrutement. Non seulement elle a du mal à remplir les rangs, mais elle a également du mal à former des sous-officiers compétents. Les sous-officiers sont le cœur et l’âme de l’armée américaine, ce sont eux qui font fonctionner l’armée…

Au-delà des déficits en effectifs et en fournitures, les armées de l’OTAN manquent d’expérience au combat, bien que de nombreux “conseillers” soient présents en Ukraine pour soutenir l’armée ukrainienne. Les conseillers ne peuvent jamais reproduire l’expérience des troupes de première ligne, de sorte que la courbe d’apprentissage peut être utile pour renforcer les connaissances tactiques et opérationnelles, mais pas pour la conduite de la guerre elle-même. »

Quel est donc cette folie qui pousse l’Occident à titiller l’ours russe alors qu’il a le pantalon sur les chevilles ? Un désir de mort inconscient ? Un besoin inconscient d’accélérer sa fin ? Ou tout simplement la pression corruptrice de l’industrie de l’armement ?

« Le pape François a profité lundi de son discours de Noël annuel pour promouvoir la paix au Moyen-Orient, tout en fustigeant les fabricants d’armes et leurs « instruments de mort » qui contribuent à alimenter de tels conflits. »

Quant à la Russie, elle n’a aucune intention belliqueuse contre l’Europe. Ceux qui suivent sérieusement les déclarations officielles russes le voient bien. Des mensonges ? La Russie est le plus grand pays au monde en superficie, riche de toutes les ressources naturelles, dont le pétrole. Quel besoin aurait-elle d’envahir l’Europe et de s’engluer dans une guérilla contre les résistances locales, comme en Afghanistan ? Elle n’a pas envahi l’Ukraine entièrement alors pourquoi le reste de l’Europe ? Pourquoi et surtout comment ? Il faut que les occidentaux arrêtent de voir la Russie, ou Poutine, comme un pays idiot et agressif. Il est vrai que la propagande médiatique n’aide pas à cela, au contraire elle le favorise.

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Une info à peine évoquée dans la presse française et même étasunienne, comparé aux problèmes judiciaires de Trump :

« Le Congrès américain ouvre formellement une enquête en destitution de Biden

Le Congrès américain a approuvé mercredi l’ouverture formelle d’une enquête en destitution de Joe Biden, motivée par les affaires controversées du fils du président à l’étranger, mais jugée complètement infondée par les Démocrates »

Voici un résumé non médiatiquement correct de l’affaire Biden. Suivant cette affaire depuis son début, je confirme que ce qu’il explique, sans donner de détails, est vrai.

Le combat des chefs fait rage aux Etats-Unis et tous les coups sont permis :

« La Cour suprême du Colorado, divisée, a déclaré mardi l’ancien président Donald Trump inéligible à la Maison Blanche en vertu de la clause d’insurrection de la Constitution américaine et l’a retiré du scrutin des primaires présidentielles de l’État, préparant une confrontation probable devant la plus haute juridiction du pays pour décider si le favori à l’investiture du GOP peut rester dans la course.

La décision d’une cour dont les juges ont tous été nommés par des gouverneurs démocrates marque la première fois dans l’histoire que l’article 3 du 14e amendement a été utilisé pour disqualifier un candidat à la présidence. »

L’affaire n’est pas finie et va se trancher devant la Cour Suprême. Même un journal pro-Démocrate comme Slate le dit :

« Donald Trump est un candidat à la présidence étonnamment dangereux. C’est un menteur pathologique, avec des instincts autoritaires évidents. S’il était élu pour un second mandat, les dommages qu’il causerait aux institutions de notre république seraient profonds. Sa réélection serait pire que n’importe quel événement politique de l’histoire des États-Unis, à l’exception de la décision de la Caroline du Sud de déclencher la guerre de Sécession.

Ce fait a motivé de nombreux avocats et professeurs de droit dignes de ce nom à chercher des moyens de s’assurer que Trump ne soit pas élu. Mardi, la Cour suprême du Colorado a redonné espoir à ces juristes en déclarant que l’article 3 du 14e amendement interdisait à Donald Trump de participer au scrutin dans le Colorado. Cette décision parviendra certainement à la Cour suprême des États-Unis dans les plus brefs délais. Et si cette juridiction veut préserver son intégrité, elle doit, à l’unanimité, rejeter le jugement de la Cour suprême du Colorado. Car la section 3 du 14e amendement ne s’applique pas à Donald Trump. »

Qu’en pense la population étasunienne ?

« Le sondage de l’université Monmouth publié lundi montre que la cote d’approbation de Joe Biden a chuté de dix points de pourcentage au cours des cinq derniers mois et qu’elle est à son niveau le plus bas depuis qu’il a prêté serment en tant que président. Le pourcentage d’adultes américains qui désapprouvent son action a plus que doublé depuis son entrée en fonction en janvier 2021, pour atteindre 61 %.

Les derniers résultats des sondages interviennent à un moment où Joe Biden est en train de se laisser distancer par l’ancien président Donald Trump dans sa tentative de réélection en 2024, alors que les électeurs sont de plus en plus préoccupés par l’inflation et la crise de l’immigration clandestine. Seulement 31 % des Américains pensent que Joe Biden accorde suffisamment d’attention aux problèmes les plus urgents, contre 65 % qui disent qu’il n’en fait pas assez, selon l’enquête de Monmouth.

Seuls 26 % des adultes américains approuvent la politique d’immigration de M. Biden, tandis que 28 % pensent qu’il gère l’inflation de manière adéquate. Interrogés sur l’état de leurs finances, 44 % des répondants ont déclaré être en difficulté, soit le double du pourcentage enregistré pendant la présidence de M. Trump. Seuls 12 % ont déclaré que leur situation financière s’améliorait.

Le directeur des sondages de Monmouth, Patrick Murray, a fait remarquer que M. Biden vantait l’amélioration des statistiques économiques sous son mandat alors que la plupart des Américains souffraient encore de l’inflation post-pandémique.

“Il y a un danger politique à faire passer un message qui dit aux gens que leur vision de leur propre situation est erronée”, déclare M. Murray. »

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Résultat de nombreux facteurs, dont le plus évident est l’augmentation des prix de l’énergie depuis les sanctions prises contre son plus grand fournisseur d’énergie qu’était la Russie, l’économie européenne est en récession officielle. C’est Bloomberg qui l’annonce :

« La zone euro va connaître sa première récession depuis la pandémie, avec une contraction de l’économie pour le deuxième trimestre consécutif au cours des derniers mois de l’année, selon un sondage d’analystes réalisé par Bloomberg. »

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Arnaud Bertrand est un français installé depuis longtemps en Chine et marié à une chinoise. Sur Twitter, il essaye de démonter l’océan de préjugés concernant ce pays, préjugés entretenus par la propagande médiatique occidentale.

Voici un de ces derniers tweets :

« Article très important de Graham Allison – le légendaire professeur de Harvard qui a inventé le “piège de Thucydide” – dans lequel il dénonce “la diabolisation actuelle de la Chine”.

Il se dit “convaincu que la diabolisation actuelle de la Chine sème la confusion plus qu’elle ne clarifie”, car il en résulte que “les Américains ne comprennent pas notre concurrent tel qu’il est”.

Il donne comme illustration de cet effort de diabolisation le récent article tout à fait ridicule – et anonyme ! – Politico (https://politico.eu/article/chinas-paranoid-purge-xi-jinping-li-keqiang-qin-gang-li-shangfu/) qui prétend que “la purge de Xi en Chine est une purge à la Staline”, qui est rempli de faussetés démontrables et d’affabulations alarmistes (dont certaines sont énumérées par Allison dans son fil de discussion).

J’ai moi-même écrit des dizaines de fois sur ce sujet : il existe un fossé absolument IMMENSE entre la Chine décrite dans les médias et la réalité, à tel point que la plupart des gens en dehors de la Chine n’ont pratiquement aucune compréhension du pays. La Chine qu’ils ont en tête est un mirage qui ne ressemble pratiquement pas à la réalité.

Pourquoi ? Pourquoi voit-on systématiquement des articles comme celui de Politico sur la Chine ? Pourquoi, sur Twitter, des comptes qui colportent systématiquement des fausses nouvelles sur la Chine ? comme Serpentza et Laowhy86 sur Youtube ?

Je pense que c’est en grande partie lié à la nature humaine : nous avons besoin d’un “mauvais endroit” pour nous rassurer sur le fait que nous vivons dans un “bon endroit”. Nous sommes donc naturellement attirés par les histoires qui le confirment. Et comme les gens ne connaissent pas la Chine, ils n’ont pas de bagage intellectuel qui leur permette de comprendre qu’on leur raconte n’importe quoi. Et si vous ajoutez à cela un préjugé raciste – le fameux “péril jaune” – il est encore plus facile pour les gens de croire les choses les plus folles.

En outre, il faut le dire, il existe toute une industrie de personnes payées pour écrire des choses négatives sur la Chine. Il y a les organisations anticommunistes (comme la “Victims of Communism Memorial Foundation”), les groupes de réflexion financés par le département d’État américain et l’industrie de l’armement (comme ASPI), les divers mouvements séparatistes et dissidents financés par Washington pour tenter de déstabiliser la Chine, les organisations de défense des “droits de l’homme” qui ont été tellement militarisées qu’elles portent en fait atteinte aux droits de l’homme, et ainsi de suite. Et tout leur contenu – chacun dans son propre but – participe à ce grand effort de diabolisation.

Mais je pense que c’est aussi beaucoup plus profond que cela. Pendant des milliers d’années, le prosélytisme – l’idée que nous avons des valeurs et des croyances tellement supérieures que nous devons convertir les autres à celles-ci – a été à la base de notre culture. Nous sommes programmés pour détester absolument la différence, au point de devoir l’effacer. On nous fait croire que nous “célébrons la différence”, mais nous ne célébrons que les différences très artificielles au sein de nos sociétés, les différences entre des personnes qui adhèrent essentiellement à des croyances et à des valeurs communes. Dès que nous sommes confrontés à une différence réelle et significative – qui, dans le cas de la Chine, est extrêmement profonde – nous la trouvons absolument intolérable.

Ce qui, soit dit en passant, est tout à fait propre à notre culture : à ma connaissance, aucune culture en Asie ne pense de la sorte, par exemple. En fait, l’idée même qu’un étranger puisse être converti en Chinois, Japonais ou Vietnamien n’est même pas compréhensible dans ces pays. Pour eux, les étrangers ne sont ni inférieurs ni supérieurs, mais ils sont différents, et c’est bien ainsi… il n’est pas nécessaire de faire le tour du monde pour essayer de les convertir à l’adoption du “socialisme aux caractéristiques chinoises” ou à la célébration de la fête de la lune. Pour nous, c’est tout à fait inacceptable : si quelqu’un n’adhère pas à notre ensemble de croyances et de valeurs à un moment donné (avant c’était le christianisme, aujourd’hui c’est le libéralisme), il EST inférieur, considéré comme “opprimé” et ayant besoin d’être “libéré”…

Tout cela ne nous a pas fait grand mal lorsque nous étions supérieurs technologiquement et économiquement parce que nous pouvions nous permettre de ne pas comprendre les autres. En fait, c’était même utile : cela fournissait une base idéologique à notre assujettissement du reste du monde. Nous ne l’avons pas fait pour les exploiter dans notre intérêt égoïste ou pour nous approprier leurs ressources, mais pour les “libérer”…

Mais aujourd’hui, comme le souligne à juste titre Allison, ce type de pensée nuit activement à l’Occident. Nous ne pouvons plus soumettre des pays comme la Chine, ils sont devenus nos pairs à tous égards : technologiquement, économiquement, militairement, etc. Pour coexister et rivaliser, il est donc vital que nous les “comprenions tels qu’ils sont”, pour reprendre la formule d’Allison. Car c’est bien le cas : des centaines de milliers d’étudiants chinois partent étudier en Occident chaque année depuis des décennies, alors que les États-Unis estiment qu’il n’y a actuellement que 211 étudiants américains en Chine (https://scmp.com/news/china/article/3241168/number-americans-studying-mainland-china-falls-sharply-chinese-students-still-flock-us), ce qui est insensé ! Cela confère à la Chine un immense avantage concurrentiel : elle connaît parfaitement l’Occident, alors que nous ne connaissons pas du tout la Chine.

Très concrètement, cela signifie qu’à chaque fois que nous prenons une décision en rapport avec la Chine, celle-ci risque d’être totalement inappropriée, car fondée sur une notion miraculeuse de la Chine et prise par des personnes qui ne comprennent tout simplement pas le pays. Les exemples abondent : les récentes sanctions sur les semi-conducteurs en sont un bon exemple. Conçues dans le but d’étouffer le développement technologique de la Chine, elles ont eu pour effet de lui donner un élan sans précédent.

Ce passage à l’humilité, à l’acceptation de l’autre et de sa différence, à l’arrêt de le vilipender et de le diaboliser, mais à la recherche de sa compréhension, sera extrêmement difficile. Franchement, je pense que tout cela est tellement ancré que nous en sommes incapables. Mais c’est pourtant absolument vital, car si nous persévérons, nous nous isolerons et finirons par nous détruire. »

A lundi prochain

La revue de presse du 18 décembre 2023


Par Wayan – Le 18 décembre – Le Saker Francophone

Une fois n’est pas coutume, nous commencerons cette revue de presse par l’éditorial du Monde du 9 décembre. Le Monde est un journal qui est habituellement du côté du politiquement correct, du statu-quo et des va-t-en-guerre car il reçoit plusieurs millions d’euros de subventions gouvernementales chaque année. Mais devant le carnage exécuté par Israël, les barrières de l’auto-censure ont fini par céder :

 

« Ce carnage sans précédent est d’autant moins justifiable que les résultats obtenus jusqu’à présent sont encore bien loin de l’objectif affiché, surtout s’agissant d’une milice régulièrement décimée sans que l’armée israélienne ne soit pour autant jamais parvenue à la réduire durablement au silence.

Ce carnage est d’autant plus insupportable que deux mois après le début de cette campagne militaire, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, reste incapable d’expliquer ce que fera Israël une fois qu’il aura décidé de mettre fin aux combats pour que Gaza puisse panser ses plaies et pour que le Hamas ne renaisse pas de ses cendres.

Qu’Israël se perde dans cette guerre n’est, hélas, pas une surprise tant elle est le reflet de sa dérive. L’Etat hébreu se déchirait déjà avant le 7 octobre à propos du socle de son contrat social : la place du droit, sous les assauts d’un courant ultranationaliste et messianique qui le ronge depuis plus d’un demi-siècle. Que les Etats-Unis ne le protègent pas contre lui-même est une faute morale dont ils ne pourront pas s’épargner les effets dévastateurs. »

On notera qu’habituellement les articles du Monde sont payants mais celui-là est en accès public.

La situation continue d’empirer à Gaza :

« Lors d’une conférence de presse à Genève, le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Philippe Lazzarini, a décrit comment l’opération terrestre d’Israël à Gaza a poussé plus d’un million de réfugiés vers le sud, dans la ville de Rafah.

“Rafah est l’épicentre du déplacement”, a déclaré M. Lazzarini. “Un entrepôt [des Nations unies] transformé en abri abrite 30 000 personnes. Les plus chanceux ont réussi à pénétrer dans nos locaux. Les autres n’ont absolument nulle part où aller. Ils vivent en plein air, dans le froid, dans la boue et sous la pluie. Partout où l’on regarde, les abris de fortune s’accumulent. Partout, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés”. »

Et Israël semble même prêt à sacrifier les otages détenus par la Hamas pour détruire totalement la bande de Gaza :

« Israël a annulé le voyage prévu au Qatar du chef de son service de renseignement extérieur pour relancer les discussions sur un éventuel deuxième accord de libération d’otages, a confirmé à CNN une source au fait des négociations.

La chaîne israélienne Channel 13 a d’abord rapporté mercredi que le cabinet de guerre israélien, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avait annulé le voyage et que les hauts fonctionnaires israéliens ne se rendraient pas au Qatar pour relancer les négociations. »

Le carnage ne cessant pas, l’assemblée générale des Nations Unis a finalement voté une résolution ne faisant qu’un simple appel à un cessez-le-feu, sans aucune condamnation. Qui pourrait voter pour qu’une telle situation dure ? Et bien 10 pays l’on fait : Israël évidemment mais aussi les Etats-Unis. Plus surprenant, l’Autriche, la Tchéquie, le Paraguay et le Guatemala, puis des archipels du pacifique et autres petits pays dépendant complètement de la manne étasunienne. La Hollande, la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’Ukraine se sont courageusement abstenus. La France fait parti des 153 pays qui ont voté pour que ce carnage cesse immédiatement.

Réaction de l’envoyé israélien aux Etats-Unis a la suite de ce vote :

« L’envoyé spécial d’Israël, Gilad Erdan, s’est insurgé contre les appels au cessez-le-feu, qualifiant l’ONU de “tache morale” sur l’humanité.

“Pourquoi ne pas demander des comptes aux violeurs et aux assassins d’enfants ? a-t-il demandé dans un discours avant le vote. “Le temps est venu de mettre le blâme là où il doit être : sur les épaules des monstres du Hamas. »

Les analystes les plus objectifs, c’est-à-dire les moins idéologisés, disent qu’Israël ne peut pas gagner sa guerre contre la Palestine :

« Il ne peut y avoir de solution militaire à la guerre de Gaza. Les États-Unis doivent reconnaître que ce conflit ne prendra jamais fin tant que le peuple palestinien ne bénéficiera pas de la justice et de la liberté. Pendant 75 ans, les gouvernements de l’Occident collectif ont ignoré la souffrance du peuple palestinien, ils n’ont jamais été des pacificateurs objectifs. La violence engendre la violence et la haine engendre la haine, il n’est pas possible d’assassiner simplement les Palestiniens pour les soumettre. Même si le groupe Hamas était vaincu, d’autres groupes apparaîtront pour se venger de ceux qui sont tombés et lutteront à l’avenir pour la création d’un État. Si la communauté internationale s’unissait, ce cycle pourrait être brisé, mais il faudrait un peu de courage. ».

Il est pourtant évident qu’Israël ne veut pas d’un Etat palestinien à ses côtés, même si ses dirigeants ne peuvent l’annoncer ouvertement. Par contre, l’ambassadrice israélienne au Royaume Uni l’a confirmé publiquement :

« L’ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, rejette explicitement l’idée d’un État palestinien, reprenant ainsi les messages du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui, ces dernières semaines, s’est heurté à l’administration Biden en excluant l’idée d’un retour de l’Autorité palestinienne à la tête de la bande de Gaza après la guerre.

Dans une interview accordée à Sky News, Mme Hotovely est interrogée à plusieurs reprises sur la possibilité d’inclure un État palestinien dans un scénario de paix avec Israël.

“La réponse est absolument non”, déclare Mme Hotovely, qui a longtemps été membre du Likoud, le parti de M. Netanyahou, avant que celui-ci ne la nomme ambassadrice.

“Je pense qu’il est temps que le monde réalise que le paradigme d’Oslo a échoué le 7 octobre et que nous devons en construire un nouveau”, déclare l’ambassadrice, reprenant la même rhétorique que celle employée par Netanyahou quelques jours plus tôt.

“La raison pour laquelle les accords d’Oslo ont échoué est que les Palestiniens n’ont jamais voulu d’un État à côté d’Israël. Ils veulent un État qui s’étende de la rivière à la mer”, ajoute-t-elle. »

Toujours la tactique du « c’est à cause de l’autre ».

Les réelles intentions du gouvernement israélien sont bien visibles aux yeux des pays voisins :

« Le ministre jordanien des affaires étrangères a déclaré qu’Israël ne pouvait pas remporter de victoire militaire à Gaza et qu’il avait déjà subi une défaite stratégique en s’aliénant l’ensemble de la région.

S’exprimant dimanche lors du Forum de Doha – un rassemblement annuel de diplomates dans la capitale qatarie – Ayman Safadi a déclaré que l’objectif de l’opération israélienne contre le Hamas était d’évincer la population palestinienne plutôt que de vaincre le groupe militant.

La destruction de Gaza au cours des deux derniers mois “témoigne d’une politique israélienne qui semble déterminée à expulser les habitants” de l’enclave, a-t-il déclaré, ajoutant que de hauts responsables israéliens, dont le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre des finances Bezalel Smotrich, ont fait preuve d’une grande franchise à l’égard de cette intention.

“En clair, Israël défie tout le monde : ses alliés, le droit international et les Nations unies”, a-t-il déclaré. “Israël a engendré une quantité de haine qui hantera cette région et qui définira les générations futures. Cela nuit à son peuple autant qu’à tous les habitants de la région”.

C’est une guerre qu’Israël ne peut pas gagner. Israël a déjà subi une défaite stratégique. »

Biden lui-même l’a dit, du bout des lèvres :

« Les dissensions entre les États-Unis et Israël ont éclaté au grand jour mardi, lorsque le président Joe Biden a averti qu’Israël perdait le soutien de la communauté internationale pour sa campagne contre le Hamas et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement rejeté les plans américains pour l’après-guerre dans la bande de Gaza.

Ces divergences, qui avaient jusqu’à présent été contenues en coulisses, reflètent les différences croissantes entre les deux alliés indéfectibles, alors que le nombre de victimes civiles s’alourdit dans la bande de Gaza.

S’adressant à des donateurs démocrates à Washington, M. Biden a critiqué la ligne dure du gouvernement israélien et a déclaré que M. Netanyahu devait modifier son approche.

“Je pense qu’il doit changer, et avec ce gouvernement, ce gouvernement israélien lui rend la tâche très difficile”, a déclaré M. Biden, qualifiant le gouvernement de M. Netanyahu de “gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël”.

Il a averti que le soutien à la campagne militaire du pays s’affaiblissait en raison des bombardements intensifs sur Gaza et a ajouté que le gouvernement israélien “ne veut pas d’une solution à deux États”. »

Pourtant l’affaire est très loin d’être faite. La bataille militaire est si rude que l’armée israélienne est obligée de mentir sur le niveau de ses pertes. C’est un journal israélien, Haaretz, qui l’annonce :

« Les FDI font état de 1 593 blessés depuis le 7 octobre, mais les données des hôpitaux montrent que les chiffres sont beaucoup plus élevés.

Contrairement aux conflits et aux guerres passés, l’armée israélienne n’a pas publié de rapports sur les soldats blessés et leur état de santé. L’armée n’a commencé à publier ces informations qu’après que Haaretz a rapporté qu’elle refusait de le faire…

En ce dimanche [10 décembre], le nombre de soldats tombés au combat dans cette guerre qu’Israël a baptisée “épée de fer” s’élève à 425. »

Si le nombre de blessés est largement dévalué, il est très probable que le nombre de morts l’est aussi.

« L’état-major [israélien] est assez satisfait de l’évolution des combats – malgré les pertes – mais rien n’indique que le Hamas soit sur le point de s’effondrer. »

Face à ses difficultés militaires, l’armée israélienne utilise donc la propagande pour présenter des « victoires » à la population israélienne et mondiale. Mais ces victoires sentent le préfabriqué. Là encore Haaretz est obligé de le reconnaitre :

« Depuis quelques jours, l’armée diffuse presque quotidiennement des images de Palestiniens se rendant dans le nord de la bande de Gaza. Mais les personnes montrées les mains en l’air ou en garde à vue ne sont pas nécessairement des membres du Hamas. Il semble que la plupart soient des civils pris au piège de la situation. »

Car, en dehors d’Israël, la supercherie n’a pas tenu longtemps. Après la longue série de mensonges de la propagande israélienne, sur lesquelles même Libération a fait un article,

en voilà un de plus pour ternir l’image du pays :

« C’est une vidéo choc partagée sur les réseaux sociaux, depuis quelques jours. Des Gazaouis arrêtés par l’armée israélienne, et contraints de se déshabiller. Un triomphe ? Le Hamas est défait, et ce sont les images de la victoire israélienne à Gaza ? Pas si sûr… Encore une fois, la guerre passe par la communication, car il s’avère qu’une partie de ces Palestiniens humiliés, sont en réalité de simples civils, sans aucun lien avec le Hamas. Ils ont d’ailleurs été relâchés et ils témoignent. »

Et ce mensonge explique en partie pourquoi une armée régulière ne peut pas vaincre un mouvement insurrectionnel car il est extrêmement difficile de discerner qui est un combattant et qui est un civil, la plupart de ceux étant assez courageux pour combattre étant les deux, des civils qui deviennent combattants pour chasser l’intrusion étrangère.

Tant qu’Israël utilisera les moyens militaires et la ségrégation raciale pour imposer son « Etat juif » en plein monde arabe, il n’aura pas de « victoire » possible. Tant que les élites en place considèreront les palestiniens comme « des terroristes » il n’y aura pas de discussions, donc de paix, possibles :

Ainsi le gouvernement semble vouloir continuer encore longtemps son carnage et aller jusqu’au bout. Même un journal israélien l’annonce de manière indirecte :

« La totalité de l’année 2024 sera probablement en “mode guerre” contre le Hamas, selon Tsahal. Les responsables militaires affirment que l’avancée lente et prudente contre le Hamas à Gaza nécessitera plusieurs mois pour démanteler complètement les capacités de l’organisation. »

Cette folie furieuse qui envahit la conscience collective israélienne n’a pas l’air de vouloir se calmer.

Pourtant, il n’y a pas que la résistance palestinienne qui va donner du fil à retordre à Israël, le Hezbollah et les Houtis aussi. Mais là encore, la folie du gouvernement israélien lui fait penser qu’une guerre sur trois fronts ne sera pas un problème pour le pays :

« À la frontière libanaise, les affrontements entre le Hezbollah et Israël franchissent un nouveau cap

La violence à la frontière libano-israélienne, où s’affrontent le Hezbollah et l’armée israélienne depuis le 8 octobre, a atteint un nouveau palier ce dimanche 10 décembre. Les échanges de tirs sur un front d’une centaine de kilomètres ont fait au moins deux blessés civils au Liban et deux militaires en Israël. Ce qui porte à 17 le nombre de soldats israéliens blessés en 48 heures. »

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait déclaré au président Biden que son pays agirait militairement contre le mouvement houthi du Yémen si les États-Unis ne le faisaient pas, selon un rapport de la publication israélienne N12News.

Le groupe allié à l’Iran harcèle les forces israéliennes et américaines au Moyen-Orient depuis le début de la guerre d’Israël contre le Hamas.

N12News a publié sur X samedi que Tzachi Hanegbi, le chef d’état-major de la sécurité nationale israélienne, a déclaré aux journalistes Amit Segal et Ben Caspit son intention de répondre au groupe qui a attaqué et saisi plusieurs navires liés à Israël en mer Rouge et dans le détroit de Bab al-Mandab, une voie maritime par laquelle une grande partie du pétrole mondial est expédiée. »

« La menace des Houthis en mer Rouge, véritable casse-tête pour les Occidentaux », comme l’annonce RFI

Le problème des houthis est plus « un casse-tête pour les occidentaux » que le Hezbollah ou les autres groupes de résistance car ils menacent un point létal pour l’économie mondial, le passage Golfe d’Aden, Mer Rouge, Canal de Suez qui est un corridor essentiel pour le commerce mondial. Ils pourraient donc mettre l’économie mondiale à mal si les Etats-Unis s’attaquaient à eux. Or, l’éventuelle réélection de Biden est soumise à une économie qui ne s’enfoncerait pas trop :

« Biden, qui avait commencé l’année avec un taux d’approbation de 45 %, a vu ses chiffres s’éroder encore davantage. Dans les sondages réalisés entre mars et début novembre, environ 4 personnes sur 10 l’approuvaient. Dans le dernier sondage, son taux d’approbation s’élève à 37 %, avec 63 % de désapprobation, un recul qui lui vaut son plus mauvais score depuis son entrée en fonction, d’un point de pourcentage. »

Les houthis sont donc surtout un casse-tête pour le gouvernement Biden.

Cette semaine c’est CNN qui remet sur le tapis l’histoire du Hamas financé par le Qatar avec la bénédiction de Netanyahou. Un sacré retour de manivelle :

« Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, le Qatar, État du Golfe, est sous le feu des critiques des responsables israéliens, des politiciens américains et des médias pour avoir envoyé des centaines de millions de dollars d’aide à Gaza, gouvernée par le groupe militant palestinien.

Mais tout cela s’est fait avec la bénédiction d’Israël.

Lors d’une série d’entretiens avec des acteurs israéliens clés, menés en collaboration avec l’organisation israélienne de journalisme d’investigation Shomrim, CNN a appris que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait poursuivi le versement d’argent au Hamas, malgré les inquiétudes exprimées au sein de son propre gouvernement. »

La Qatar, un riche petit pays au centre de bien des magouilles :

« Les dossiers du Qatargate.

Des centaines de documents divulgués révèlent l’ampleur du scandale de corruption touchant l’U.E.

Les documents issus de l’enquête du Parlement européen sur la corruption font état de plus de 300 tentatives présumées de manipulation de la démocratie européenne. »

L’article parle du Qatar mais aussi de la Mauritanie et du Maroc ayant versé de l’argent pour influencer le parlement européen.

Mais c’est le genre d’article « arbre qui cache la forêt » car si des petits pays peuvent le faire, il est évident que d’autres comme les Etats-Unis, Israël, peut-être même la Russie et la Chine, et bien d’autres ne doivent pas s’en priver.

Ce qu’il faut retenir de cet article n’est pas tant la malignité du Qatar, but dans lequel un tel article a visiblement été écrit, que le niveau de corruptibilité du parlement européen qui n’est pas même évoqué dans cet article.

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Il faudrait peut-être qu’Israël tire la leçon de l’expérience ukrainienne. La propagande disant que la Russie était au bord de la défaite depuis qu’elle s’était attaquée à l’Ukraine n’a absolument pas empêché la défaite militaire de cette dernière. Défaite que tous les observateurs objectifs de la situation anticipaient depuis le début. Le Financial Times, un journal qui a pourtant largement contribué à propager la propagande ukrainienne, est obligé maintenant de reconnaitre que :

« Pendant plus de 650 jours consécutifs, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a prononcé au moins une allocution vidéo à la nation, faisant l’éloge de ses troupes, célébrant les avancées sur les lignes de front et réaffirmant sa détermination face à l’agression russe.

Le message est toujours “nous allons de l’avant”, dans le but de maintenir l’optimisme à l’intérieur et à l’extérieur du pays, selon trois personnes familières avec la stratégie de communication. Cette politique est appliquée à tous les niveaux de l’État, depuis les ministères et les administrations locales jusqu’aux commandants militaires, et comprend une censure stricte des mauvaises nouvelles telles que le nombre de victimes ukrainiennes ou les frappes russes réussies.

Toutefois, l’Ukraine ayant obtenu peu de résultats militaires cette année et le soutien occidental s’affaiblissant, la stratégie de communication crée un fossé entre l’administration présidentielle et les dirigeants militaires, selon des responsables des forces armées, d’anciens collaborateurs de la présidence et des stratèges en communication.

“Nous devons faire preuve de plus de réalisme […] et nous devons être aussi courageux que nous l’étions le 24 février [2022]”, a déclaré une personne liée à la stratégie de communication présidentielle, en référence au jour où la Russie a commencé son invasion à grande échelle de l’Ukraine.

Ses rivaux politiques ont commencé à critiquer ouvertement M. Zelenskyy, le maire de Kiev, Vitali Klitschko, accusant récemment le président d’autoritarisme et le comparant même au dirigeant russe Vladimir Poutine.

Dans le même temps, les chefs militaires ont fait valoir que l’écart entre le message officiel et la situation sur le terrain n’est plus convaincant et ne motive donc ni les Ukrainiens ni les partenaires occidentaux du pays. »

Biden lui-même ne semble plus convaincu du support occidental à l’Ukraine :

« Biden a déclaré que les États-Unis soutiendront l’Ukraine “aussi longtemps que nous le pourrons” dans le contexte de l’impasse au Congrès, alors qu’avant il disait “aussi longtemps qu’il le faudra”. ».

Poutine a tenu une longue conférence de presse dans laquelle il a donné quelques indications sur ce que la Russie planifie dans sa guerre contre l’Ukraine :

« Il a réaffirmé que les objectifs de Moscou en Ukraine – “dé-nazification, dé-militarisation et statut de neutralité” de l’Ukraine – restaient inchangés. Il avait énoncé ces objectifs vaguement définis le jour où il a envoyé les troupes en février 2022.

Il a réaffirmé qu’une grande partie de l’Ukraine actuelle, y compris le port d’Odessa sur la mer Noire et d’autres zones côtières, appartenait historiquement à la Russie et avait été cédée par le fondateur de l’Union soviétique, Vladimir Lénine.

Alors que Moscou avait accepté la nouvelle réalité après l’effondrement de l’URSS en 1991, Poutine a déclaré qu’il était contraint de réagir à ce qu’il a décrit comme une tentative de l’Occident de faire de l’Ukraine un outil pour défier et menacer la Russie.

“Les Russes et les Ukrainiens forment un seul peuple, et ce qui se passe actuellement est une énorme tragédie, une guerre civile entre des frères qui se sont retrouvés dans des camps opposés”, a-t-il ajouté. »

Il semble donc que, lorsque l’armée ukrainienne se sera totalement effondrée, l’armée russe pousse jusqu’à Odessa et reprenne le contrôle des régions russophones d’Ukraine.

Une hypothèse que confirme à demi-mots un député russe :

« La Russie prépare une offensive majeure contre les forces ukrainiennes, qui sera accompagnée d’un assaut de missiles à grande échelle sur les infrastructures critiques du pays, selon le lieutenant-général Andrey Gurulev, qui siège à la commission de la défense du parlement russe.

“Les zones de percée sont identifiées dans les documents de référence. Nos commandants les connaissent bien et savent comment les appliquer. La question de savoir où elles se produiront exactement est une autre question. Il est certain que nous n’annoncerons rien. Personne ne doit savoir à quoi cela va ressembler. Le moment venu, nous verrons tout”, a-t-il souligné.

Dans le même temps, l’armée russe prépare une “opération aérienne stratégique” majeure dans le but de “supprimer complètement les systèmes de défense aérienne [ukrainiens], d’obtenir la supériorité aérienne, d’isoler les zones de combat et de détruire les infrastructures critiques à grande échelle, avec l’effondrement complet de l’économie et des fonctions vitales de l’Ukraine”, a déclaré le député. »

Aveugle aux faits de terrain, la propagande continue de plus belle mais cette fois ce sont les services de renseignements étasuniens qui en sont la source :

« Selon un rapport déclassifié des services de renseignement américains, la guerre en Ukraine a coûté à la Russie 315 000 soldats morts et blessés, soit près de 90 % des effectifs dont elle disposait au début du conflit, a déclaré mardi une source au fait de ce rapport.

Le rapport estime également que les pertes de Moscou en personnel et en véhicules blindés au profit de l’armée ukrainienne ont retardé de 18 ans la modernisation militaire de la Russie, a déclaré la source. »

Une campagne médiatique que RFI relaie aussi :

« Les services de renseignement américains évaluent à 315 000 le nombre de soldats russes blessés ou tués depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, a indiqué à l’AFP une source parlementaire américaine mardi 12 décembre. Ce chiffre est cité dans un document, déclassifié et transmis au Congrès, qui estime également que la Russie a perdu 2.200 chars sur les 3.500 qu’elle possédait avant le début de la guerre. »

Des chiffres énormes qui paraissent plus proches des pertes ukrainiennes que russes. Les derniers chiffres fiables datent de mai 2023, période où les militaires russes étaient planqués derrière leurs triples lignes de défense et tiraient sans arrêt sur les militaires ukrainiens à l’attaque :

« Mediazona, en collaboration avec Meduza et Dmitry Kobak, chercheur en surmortalité et maître de conférences en apprentissage automatique à l’université de Tübingen, a mis au point une méthode pour estimer le nombre de victimes russes en temps de guerre, en s’appuyant uniquement sur les dossiers accessibles au public du Registre national des successions et sur les données du Service fédéral des statistiques de l’État (Rosstat).

D’après nos calculs, à la fin du mois de mai 2023, environ 47 000 hommes russes âgés de moins de 50 ans sont morts à la guerre. Pour être tout à fait précis, nous pouvons affirmer avec une probabilité de 95 % que le nombre réel de victimes se situe entre 40 000 et 55 000. Cette estimation ne tient pas compte des pertes de la République populaire de Donetsk (RPD) et de la République populaire de Louhansk (RPL). »

Mediazona est un media russe d’opposition à Poutine donc peu enclin à sous évaluer les pertes russes.

Wikipedia donne un chiffre plus élevé, datant du mois de novembre, mais encore bien loin des 350.000 :

« Ainsi, la BBC a déclaré que le nombre réel de morts des forces russes, en ne comptant que les militaires et les contractants russes (c’est-à-dire en excluant les milices de la RPD/RPL), s’élevait à plus de 72 650 au début du mois de novembre 2023 “selon l’estimation la plus prudente”[74]. »

On pourra noter que cette fausse information a été lancée par les RG étasuniens au moment de la visite de Zelenski à Washington. Il est probable que ce soit pour tenter de persuader le Congrès de continuer à subventionner l’Ukraine, puisque la Russie est, soi-disant, à bout d’hommes et de chars. Mais la tentative s’est heurter à un mur.

Les RG ont l’habitude de monter des campagnes de manipulation mais on pourrait penser qu’elles sont plutôt dirigées vers les adversaires et ennemis étrangers. Or celle-ci est dirigée vers les membres du Congrès, les représentants du peuple. Cette analyse est à rapprocher des efforts du FBI pour protéger les exactions de Hunter Biden des enquêtes menées par le Congrès. C’est une pratique de plus en plus courante de leur part de lancer des fausses informations dans la presse, qui les republie sans « fact-checking » quand elles viennent des RG. Il y a visiblement, aux Etats-Unis, un dévoiement des services secrets.

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Après la France c’est le contingent des Nations-Unis qui quitte le Mali :

« BAMAKO, Mali (AP) – Les Nations Unies ont mis fin lundi à leur mission de maintien de la paix au Mali, qui durait depuis dix ans, suite à la demande du gouvernement qui estimait que la force était inadaptée pour répondre à l’extrémisme violent croissant dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

“Le terrain malien était vaste et difficile”, a déclaré le commandant de la force de 13 000 hommes, le général de division Mamadou Gaye, lors de la cérémonie de clôture à Bamako, la capitale.

L’action des Nations unies au Mali a été la mission de maintien de la paix la plus meurtrière au monde, avec plus de 300 membres du personnel tués. »

Le temps dira si ces pays s’en sortiront finalement mieux tout seul. Peut-être bien car ils ont déjà compris que « l’union fait la force » :

« Le Burkina Faso a dévoilé au mois de février 2023 ses projets de constituer une confédération avec le Mali voisin, dont le président Traore a esquissé les contours au cours d’une interview exclusive accordée à Sputnik fin juillet. Ces deux pays, accompagnés par leur voisin commun, le Niger, ont ensuite formé l’Alliance sahélienne à la mi-septembre, presque trois mois après le coup d’État qui s’est produit au Niger. Cette plateforme a établi les fondations permettant d’intégrer le Niger au projet de confédération burkinabé-malienne, selon la déclaration conjointe formulée par leurs ministres des affaires étrangères. »

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Pour ceux qui veulent encore un peu de lecture enrichissante, je finirai cette revue de presse par un texte datant de 2008 qui vous fera bien comprendre que la guerre Israel-Hamas (Palestine) n’a pas commencé brutalement le 7 octobre 2023 comme veut le faire croire la peropagande sioniste.

Comprendre ce qu’est le Hamas, par William Sieghart

Le poste de police de Gaza se trouvait parmi les premières cibles visées par Israël. Plusieurs dizaines de policiers, réunis pour une cérémonie de remise de diplômes, sont morts ce jour-là. William Sieghart, spécialiste de la résolution des conflits, alors en mission à Gaza, avait rencontré ces hommes une semaine plus tôt. « Etaient-ils de « dangereux miliciens armés du Hamas » ? Non, c’étaient des officiers de police non armés, agents de la fonction publique, qui ont été tué non pas dans un « camp d’entraînement de militants », mais dans [un] poste de police. » Pour Sieghart, ni Israël ni l’occident ne comprennent ce qu’est véritablement le Hamas, et comment il a pu rassembler 42% des électeurs. C’est l’échec du Fatah à obtenir un Etat Palestinien qui a fait le succès de cette organisation. Son intransigeance, juge-t-il, nait d’une volonté de ne pas se laisser piéger comme le fut le mouvement d’Arafat, qui n’a pas su faire respecter les promesses faites à Oslo en échange de la reconnaissance d’Israël. Sieghart conclut pourtant sur une note optimiste. Il est toujours possible de dénouer une crise, rappelle-t-il, à condition d’accepter de s’asseoir sans préalable autour d’une table.

Par William Sieghart, The Times, 31 décembre 2008

La semaine dernière, j’étais dans la bande de Gaza. Durant mon séjour, j’ai rencontré un groupe d’une vingtaine d’officiers de police qui suivaient un cours sur la gestion des conflits. Ils étaient impatients de savoir si les étrangers se sentaient plus en sécurité depuis que le Hamas a pris le pouvoir. C’était le cas, en effet, et nous le leur avons dit. Sans aucun doute les 18 derniers mois ont vu s’établir un calme relatif dans les rues de Gaza : plus d’hommes armés dans les rues, plus d’enlèvements. Ils ont souri avec une grande fierté et nous ont dit au revoir.

Moins d’une semaine plus tard, tous ces hommes étaient morts, tués par une roquette israélienne lors d’une cérémonie de remise des diplômes. Etaient-ils de « dangereux miliciens armés du Hamas » ? Non, c’étaient des officiers de police non armés, agents de la fonction publique, qui ont été tué non pas dans un « camp d’entraînement de militants », mais dans le même poste de police, situé au le milieu de la ville de Gaza, qui avait été utilisé par les Britanniques, les Israéliens et le Fatah lorsqu’ils régnaient sur Gaza.

Cette distinction est cruciale, car tandis que les scènes horribles dans la bande de Gaza et Israël parlent d’elles-mêmes sur nos écrans de télévision, se déroule une guerre des mots qui obscurcit notre compréhension de la réalité sur le terrain.

Qu’est donc que le Hamas, ce mouvement que Ehud Barak, le Ministre israélien de la défense, voudrait faire disparaître, comme s’il s’agissait d’un virus ? Pourquoi a-t-il remporté les élections palestiniennes et pourquoi permet-il que des roquettes soient tirées contre Israël ? L’histoire du Hamas au cours des trois dernières années révèle la façon dont la mécompréhension de ce mouvement islamiste par les gouvernements israéliens, américain et britannique nous a conduit à la situation brutale et désespérée où nous sommes maintenant.

L’histoire commence il de cela près de trois ans, lorsque le Parti du Changement et de la Réforme – le parti politique du Hamas – a remporté de façon inattendue les premières élections libres et équitables dans le monde arabe, sur un programme promettant de mettre fin à la corruption endémique et un amélioration dans les services publics, quasi-inexistants, à Gaza et en Cisjordanie. Contre une opposition divisée, ce parti ostensiblement d’inspiration religieuse a pourtant gagné les élections avec 42% des voix dans une communauté où les laïques sont prédominants.

Les Palestiniens n’ont pas voté pour le Hamas parce qu’il était engagé à la destruction de l’État d’Israël ou parce qu’il avait été responsable de vagues d’attentats suicides tuant des citoyens israéliens. Ils ont voté pour le Hamas parce qu’ils pensaient que le Fatah, le parti du gouvernement battu, avait failli. En dépit du renoncement à la violence et de la reconnaissance de l’État d’Israël, le Fatah n’a pas obtenu un Etat palestinien. Il est crucial de savoir cela pour comprendre la posture « réjectionniste » du Hamas. Il ne reconnaîtra pas Israël et ne renoncera pas au droit de résister avant qu’il ne soit assuré de l’engagement de la communauté internationale à une solution juste au problème palestinien.

Durant les cinq ans où j’ai visité Gaza et la Cisjordanie, j’ai rencontré des centaines de responsables politiques et de partisans du Hamas. Aucun d’entre eux n’a revendiqué l’objectif d’une islamisation de la société palestinienne, dans le style des talibans. Le Hamas compte beaucoup trop d’électeurs laïques pour ce faire. La population continue d’écouter de la musique pop, de regarder la télévision et les femmes choisissent de porter ou non le voile.

Les dirigeants politiques du Hamas sont probablement parmi les plus hautement qualifiés dans le monde. Il bénéficie de la présence dans ses rangs de plus de 500 diplômés d’un doctorat, la plupart appartiennent à la classe moyenne – médecins, dentistes, scientifiques et ingénieurs. La plupart de ses dirigeants ont été formés dans nos universités et ne ressentent aucune haine de nature idéologique à l’égard de l’Occident. Ce mouvement est né en réponse à une revendication, et se voue réparer l’injustice faite à son peuple. Il a en permanence proposé que soit instauré un cessez-le-feu de 10 ans afin de disposer d’un temps de répit pour résoudre un conflit qui dure depuis plus de 60 ans.

La réponse de Bush et Blair à la victoire du Hamas, en 2006, donne la clé de l’horreur d’aujourd’hui. Au lieu d’accepter le gouvernement démocratiquement élu, ils ont financé une tentative pour le faire tomber par la force, en formant et en armant des groupes de combattants du Fatah à renverser militairement le Hamas et imposer un nouveau gouvernement non élu aux Palestiniens. En outre, 45 députés du Hamas sont toujours détenus dans les prisons israéliennes.

Il y a six mois, le Gouvernement israélien a accepté un cessez-le-feu avec le Hamas négocié par l’Egypte. En contrepartie du cessez-le-feu, Israël a accepté d’ouvrir les points de passage et de permettre une libre circulation des fournitures essentielles dans et hors de la bande de Gaza. Les tirs de roquettes ont cessé mais les points de passage n’ont jamais été entièrement ouverts, et la population de Gaza a commencé à mourir de faim. La paix n’a pas été récompensée par cet embargo traumatisant.

Quand les Occidentaux se demandent ce qui peut se passer dans la tête des dirigeants du Hamas lorsqu’ils donnent l’ordre ou permettent que des roquettes soient tirées sur Israël, ils ne parviennent pas à comprendre la position des Palestiniens. Il y a deux mois, les forces armées israéliennes ont rompu le cessez-le-feu en entrant dans la bande de Gaza, débutant un nouveau cycle de violences. Pour les Palestiniens, chaque salve de roquettes est une réponse aux attaques israéliennes. Pour les israéliens, c’est l’inverse.

Mais quelle est la signification des déclarations de M. Barak lorsqu’il parle de détruire le Hamas ? Est-ce que cela veut dire tuer les 42% des Palestiniens qui ont voté pour lui ? Est-ce que cela veut dire réoccuper la bande de Gaza, dont Israël s’était retiré si péniblement il y a trois ans ? Ou est-ce que cela signifie séparer de façon permanente les Palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, politiquement et géographiquement ? Et pour ceux dont l’obsession est la sécurité israélienne, quelle sera la menace posée par les 750 000 jeunes qui grandissent dans la bande de Gaza avec une haine implacable de ceux qui les affament et les bombardent ?

On dit que ce conflit est impossible à résoudre. En fait, c’est très simple. L’élite des 1000 personnes qui dirigent Israël – les hommes politiques, les généraux et les membres de l’appareil de sécurité – et l’élite des islamistes palestiniens ne se sont jamais rencontrées. Une paix véritable nécessitera que ces deux groupes s’assoient ensemble autour d’une table sans conditions préalables. Mais les événements de ces derniers jours semblent avoir rendu cette perspective plus improbable que jamais. Tel est le défi pour la nouvelle administration à Washington et ses alliés européens.

William Sieghart est le président de Forward Thinking, une agence de résolution des conflits

A lundi prochain

La revue de presse du 11 décembre 2023


Par Wayan – Le 11 décembre – Le Saker Francophone

Une semaine de bombardements supplémentaire sur la population affamée et terrorisée de Gaza. Je vous épargne donc les misérables tentatives de relations publiques de la part d’Israël pour dire « c’est pas de ma faute, c’est à cause de l’autre » et vous laisse avec ce texte documenté qui résume bien l’horrible hypocrisie de cette affaire :

L’histoire officielle du 7 octobre

 

Par Caitlin Johnstone – Le 7 décembre 2023 – Son blog

L’histoire officielle est que le 7 octobre 2023, des milliers de méchants terroristes du Hamas sont sortis de leur prison fortifiée et ont tué environ 1 200 Israéliens tout simplement parce qu’ils voulaient tuer des Juifs par simple méchanceté. Le gouvernement israélien n’avait rien fait pour provoquer cette attaque, et rien d’important ne s’était jamais produit avant cette date.

L’attaque a été aussi peu défendue que possible ; les forces de défense israéliennes ont mis neuf heures à réagir alors que, des mois à l’avance, elles avaient été largement prévenues de l’imminence d’une attaque, tant par leurs propres services de renseignement que par les services de renseignement égyptiens. Aucune tentative n’a été faite pour prévenir le festival de musique Nova de l’imminence d’une attaque, alors que les forces de sécurité israéliennes savaient depuis la veille qu’une attaque allait avoir lieu, ce qui a entraîné des centaines de morts et la capture d’otages. L’attaque a rencontré si peu de résistance que le Hamas lui-même a été surpris par le nombre d’Israéliens qu’il a pu capturer et tuer, surprise due peut-être au fait qu’il avait passé deux ans à s’entraîner en plein air, à moins d’un kilomètre de la frontière, en vue d’une attaque aérienne, maritime et terrestre utilisant des parapentes motorisés, des drones et des bateaux à moteur. Tout cela est parfaitement normal et n’a absolument rien de suspect [pour les analystes des médias grand public].

Le fait que 100 % des 1 200 morts israéliens du 7 octobre soient attribués au Hamas, alors que les médias israéliens et les témoins oculaires affirment que les forces de défense israéliennes ont tiré sans discernement sur des zones peuplées d’Israéliens, n’a rien de suspect non plus. Les corps brûlés que vous voyez sur les photos de la dévastation du 7 octobre ont été brûlés avec une certitude absolue par le Hamas, bien que le gouvernement israélien ait reconnu qu’il avait précédemment identifié à tort des centaines de combattants du Hamas morts comme étant israéliens parce qu’ils avaient été si gravement brûlés par les tirs des forces de défense israéliennes que leurs corps étaient méconnaissables.

(L’histoire officielle du 7 octobre comprenait également des récits de bébés décapités, de bébés cuits dans des fours et de bébés arrachés à l’utérus de mères enceintes, et vous étiez traité de négationniste de l’Holocauste par haine des Juifs si vous en doutiez, mais ces récits ont depuis été retirés et ne font plus partie de l’histoire officielle, de sorte que la croyance en ces récits est désormais facultative).

L’assassinat de 1 200 Israéliens est si diabolique et si grave que cela justifie le meurtre de plus de 16 000 Palestiniens à Gaza, dont plus de 7 000 enfants. Il est probable qu’il y en aura encore beaucoup plus, car les vies israéliennes valent beaucoup, beaucoup plus que les vies palestiniennes. Seul un nazi raciste peut croire que les vies palestiniennes comptent.

De toute façon, Israël n’est pas à blâmer pour les meurtres commis à Gaza, car c’est la faute du Hamas qui utilise les civils comme boucliers humains. Il est antisémite de se demander comment Israël a pu tuer autant de boucliers humains tout en tuant étonnamment peu de combattants du Hamas et en n’infligeant aucun dommage significatif aux dirigeants du Hamas dans le processus.

Maintenant que 1,7 million de Gazaouis ont été déplacés et qu’ils sont poussés vers la frontière égyptienne, il est tout à fait normal de voir des programmes officiels proposés par des fonctionnaires israéliens et des leaders d’opinion visant à “réduire” la population de Gaza et à la relocaliser dans d’autres pays. Seul un partisan diabolique du terrorisme appelle cela un nettoyage ethnique ; il faut plutôt y voir des vacances permanentes [à l’étranger].

Si vous remettez en question une partie de cette histoire officielle, vous êtes un monstre diabolique qui hait les Juifs, qui soutient le terrorisme et qui souhaite que Hitler ait gagné. Pour la peine, vous devez être censuré, renvoyé de votre travail, expulsé du campus universitaire et mis au ban de la bonne société, parce que vous soutenez le génocide et que vous voulez que de bonnes personnes meurent.

Cela vous donne-t-il l’impression d’être dingue ? C’est une bonne chose. Cela signifie que cela marche. Cela signifie que l’histoire officielle prend racine dans votre esprit. Vous n’avez plus qu’à la laisser fleurir et s’épanouir en vous. Arrêtez de lutter. Détendez-vous. Plus vous lutterez, plus vous vous ferez du mal. Laissez votre esprit se vider et obéir. Ce sera terminé avant même que tu t’en rendes compte.

Caitlin Johnstone »

Pour en rajouter au texte très cynique mais pourtant si réaliste de Johnstone :

« L’assassinat d’un journaliste de Reuters est une frappe israélienne “apparemment délibérée”, selon l’organisation

Human Rights Watch a constaté que le journaliste tué et ses six collègues [journalistes eux aussi] ne se trouvaient pas à proximité des combats actifs dans le sud du Liban et qu’ils étaient clairement visibles pour les forces israéliennes. »

Cette folie ne fait qu’attiser les haines des populations de la région contre Israël. Et les attaques contre les bases étasuniennes s’intensifient : « Environ sept obus de mortier ont atterri dans l’enceinte de l’ambassade américaine à Bagdad lors d’une attaque tôt vendredi, a déclaré un responsable militaire américain à Reuters, dans ce qui semble être l’attaque la plus importante de ce type, de mémoire récente. Les forces américaines en Irak et en Syrie ont également été visées par des roquettes et des drones au moins cinq fois vendredi : trois fois sur des bases séparées en Syrie, et deux fois sur la base aérienne d’Ain al-Asad à l’ouest de Bagdad, a déclaré un autre responsable de la défense américaine. »

Quant aux pays occidentaux ils votent des lois « contre l’antisémitisme » qui servent de barrières légales pour empêcher toute critique d’Israël :

« La Chambre des représentants a adopté mardi une résolution, dirigée par les Républicains, condamnant l’antisémitisme aux États-Unis et dans le monde.

Un certain nombre de Démocrates se sont toutefois inquiétés du fait que la formulation de la résolution du GOP est trop large et qu’elle définirait de fait toute critique du gouvernement israélien ou de ses politiques comme de l’antisémitisme. Le vote a été de 311 voix contre 14. »

Et si les lois ne suffisent pas, la pression sociale du « politiquement correct » s’en charge :

« La présidente de l’université de Pennsylvanie, Liz Magill, a démissionné samedi après l’indignation générale suscitée par son témoignage au Congrès sur l’antisémitisme.

L’annonce est intervenue après plusieurs jours de pressions intenses exercées par les anciens étudiants de l’université de Pennsylvanie et les élus, à la suite du témoignage bâclé de Mme Magill au Capitole en début de semaine. Après avoir refusé, tout comme les présidents de Harvard et du MIT, de condamner sans équivoque les appels au génocide des Juifs, Mme Magill aurait été confrontée à la probabilité que le conseil d’administration de l’école la licencie dès dimanche. »

On remarquera au passage l’incroyable inversion des faits en accusant une personne de ne pas condamner « le génocide des juifs » au moment même d’un massacre de masse de palestiniens par la « nation juive ».

Sous le poids de cette pression le gouvernement étasunien continue son soutien inconditionnel à ce massacre :

« Les États-Unis ont opposé vendredi leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies demandant un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans la guerre entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas à Gaza, isolant diplomatiquement Washington alors qu’il protège son allié.

Treize autres membres ont voté en faveur d’un bref projet de résolution, présenté par les Émirats arabes unis, tandis que la Grande-Bretagne s’est abstenue. Le vote a eu lieu après que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fait un geste rare mercredi pour avertir officiellement les 15 membres du Conseil de la menace mondiale que représente cette guerre qui dure depuis deux mois. »

L’argument principal de ceux qui soutiennent ce carnage, et ils sont nombreux sur Twitter et dans le monde politique, est « le Hamas n’avait qu’à pas attaquer. La punition est sévère mais c’est de leur faute ». Mais cet argument de mauvaise foi est un mensonge par déformation de la réalité. Comme pour la guerre en Ukraine, que les dirigeants et médias occidentaux ont fait commencer en mars 2022 par l’attaque russe contre l’Ukraine alors qu’elle avait commencé en 2014 par le coup d’Etat du Maidan quand les Bandéristes russophobes ukrainiens ont réussi leur coup d’Etat grâce au soutien des Etats-Unis, le narratif israélien fait commencer cette attaque contre Gaza le 7 octobre 2023, alors que l’histoire commence 75 ans avant, quand les sionistes se sont emparés des premières terres palestiniennes en chassant leurs habitants.

Cela montre la manière dont l’esprit humain, poussé par son instinct grégaire et son besoin d’appartenance à un groupe peut perdre toute objectivité, bons sens et mesure, jusqu’à son humanité, pour défendre le groupe auquel il s’identifie. Même meurtrier, mon groupe reste du côté du bien. S’il est devenu meurtrier c’est la faute de l’autre. Si Israël agit de telle manière contre les palestiniens c’est parce qu’il ne se laissent pas coloniser docilement, ils résistent, nous sommes donc bien obligés d’utiliser de telles méthodes puisque, depuis 75 ans, ils ne veulent pas comprendre. Et, pour contrer l’accusation de colonialisme, Israël utilise l’argument d’un acte de propriété soi-disant divin (Dieu aurait donc une activité de notaire à l’occasion ???) inscrit dans un livre datant de plus de 2000 ans. Ces ridicules arguments suffisent pourtant à empêcher tout sentiment de culpabilité de s’implanter dans leur esprit.

L’esprit humain a une capacité à déformer la réalité pour que celle-ci s’adapte à son idéologie, ses croyances, qui ne finit pas de me surprendre.

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Son soutien à Israël ainsi que les affaires troubles avec son fils coutent politiquement cher à Biden qui voit sa cote de popularité décliner alors que les élections approchent :

« Biden, qui avait commencé l’année avec un taux d’approbation de 45 %, a vu ses chiffres s’éroder encore davantage. Dans les sondages réalisés entre mars et début novembre, environ 4 personnes sur 10 l’approuvaient. Dans le dernier sondage, son taux d’approbation s’élève à 37 %, avec 63 % de désapprobation, un recul qui lui vaut son plus mauvais score depuis son entrée en fonction, d’un point de pourcentage. Ce chiffre reste supérieur de quelques points au taux d’approbation le plus bas de l’ancien président Donald Trump (34 %), atteint en 2021, peu après l’attentat du 6 janvier contre le Capitole. M. Trump est actuellement le favori pour l’investiture républicaine de l’année prochaine, afin d’affronter M. Biden. »

Pourtant le Parti Démocrate continue à promouvoir Biden comme étant son meilleur cheval, malgré son âge et sa popularité déclinante, alors que Trump, malgré ses problèmes judiciaires, garde un fort soutien populaire :

« Le président américain Joe Biden a affirmé qu’il y avait des dizaines de démocrates capables de battre Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2024, mais il a insisté sur le fait qu’il devait être celui qui le ferait.

Certaines sections du parti démocrate et les médias considèrent déjà Joe Biden comme le candidat par défaut pour l’élection présidentielle de l’année prochaine. La branche du parti en Floride a refusé d’inscrire d’autres noms sur le bulletin de vote des primaires, tandis que le Comité national démocrate (DNC) a refusé d’organiser des débats avec d’autres candidats.

Mercredi, les médias ont demandé à Joe Biden s’il pensait qu’il y avait des collègues démocrates capables de battre Donald Trump. “Probablement 50 d’entre eux”, a répondu le président, refusant de donner des noms. “Je ne suis pas le seul, mais c’est moi qui le vaincrai”. »

Le texte suivant relève cet étrange paradoxe et propose une explication :

Le paradoxe du Parti démocrate

Par Bill Astore – Le 6 décembre 2023 – Son blog

Je ne compte plus le nombre d’articles disant que la réélection de Donald Trump en 2024 représenterait la fin de la démocratie en Amérique. Que Trump instaurerait le fascisme, qu’il persécuterait et poursuivrait ses ennemis politiques, qu’il rassemblerait dix millions d’immigrés sans papiers et les expulserait, qu’il mettrait fin à l’Obamacare et détruirait le peu de progrès réalisés par les Démocrates en matière de protection de l’environnement. Et il annoncerait alors qu’il devient dictateur à vie.

Pourtant, si la réélection de Trump représentait vraiment un coup mortel pour l’Amérique, pourquoi le Comité Démocrate insiste-t-il tant sur le fait que le ticket impopulaire Biden/Harris est le meilleur et le seul moyen d’empêcher Trump de gagner ?

Prenons l’exemple de Joe Biden. S’il est réélu en 2024, il aura 82 ans et devra siéger jusqu’à l’âge de 86 ans. Joe Biden n’est pas un homme dans la fleur de l’âge, ni physiquement ni mentalement. Il n’inspire pas le vote des jeunes et n’est pas très attrayant pour les indépendants. Son soutien indéfectible à Israël, les chèques en blanc qu’il a émis, quel que soit le nombre d’innocents assassinés par Israël, ont contribué à faire chuter sa cote dans les sondages. Les Arabes-Américains, les Afro-Américains et d’autres groupes de votants s’intéressent davantage à Trump ou à des candidats tiers comme RFK Jr.

Biden est-il vraiment le meilleur candidat pour empêcher Trump de gagner en 2024 ?

Prenons l’exemple de sa vice-présidente, Kamala Harris. C’est une candidate qui polarise l’opinion et qui a un taux d’approbation fortement négatif. Elle n’est pas très compétente sur le plan politique. Elle n’inspire pas confiance en tant que successeur de Biden, la femme qui est à deux doigts de devenir présidente. Mme Harris est-elle vraiment la meilleure candidate à la vice-présidence pour empêcher Trump de gagner en 2024 ?

Le paradoxe est évident : Trump, me dit-on, représente le fascisme. La corruption. Le nihilisme. La fin de tout ce qui est noble et sacré. Pourtant, le ticket de rêve des Démocrates pour éviter un désastre total est, une fois de plus, Biden/Harris.

Si les responsables du Parti démocrate craignaient vraiment que Trump soit sur le point de les enfermer en prison dès le premier jour de son investiture, je suppose qu’ils feraient un peu plus d’efforts pour trouver des candidats plus vigoureux et plus convaincants que le couple Biden/Harris. Étant donné que le Comité Démocrate décourage activement des rivaux de se présenter contre Biden lors des primaires démocrates, malgré l’impopularité croissante de Biden et son déclin mental et physique continu, je dois conclure que les Démocrates ne craignent pas tant une victoire de Trump.

La priorité numéro un du Comité Démocrate est de s’assurer qu’aucun challenger progressiste de renom ne soit autorisé à se présenter en 2024. Il semble que cette mission ait été accomplie. La deuxième priorité est de s’assurer que “rien ne changera fondamentalement” pour les élites du parti et les propriétaires et donateurs américains. Cet objectif est assuré, que Biden gagne ou perde. Si Biden gagne, le statu quo prévaudra. S’il perd et que Trump gagne, les Démocrates se présenteront une fois de plus comme les sauveurs de la démocratie contre le dictateur Trump, en récoltant les fonds nécessaires pour contrecarrer les excès habituels de la rhétorique de Trump et des Républicains de la droite dure qui ont leurs propres comptes à régler.

Le paradoxe consistant à présenter des candidats faibles (Biden/Harris) contre la prétendue menace existentielle de Trump 2.0 est ainsi résolu. Les Démocrates puissants ne craignent pas Trump ; ils ne s’inquiètent pas d’être rassemblés et envoyés au goulag. Ce qu’ils craignent vraiment, ce sont les progressistes au sein de leur propre parti et la possibilité qu’un candidat tiers convaincant comme RFK Jr. érode leur pouvoir.

Encore une fois, si les polémistes Démocrates croyaient vraiment que la réélection de Trump serait une catastrophe d’ampleur historique – la chute de l’Amérique et de la liberté et son remplacement par l’Amerika et la tyrannie – ne devraient-ils pas mettre en avant les meilleurs, les plus dynamiques, les plus populaires, les plus vigoureux et les plus charismatiques, pour défier Trump en 2024 ?

Il me semble que oui. Et dans ce cas, ce ne serait surement pas le couple Biden/Harris. »

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La défaite de l’Ukraine est en train de petit à petit s’installer dans l’esprit des médias et dirigeants occidentaux et ukrainiens, sans parler de la population :

« Le chef de cabinet du président Vladimir Zelensky a admis qu’il y avait un “grand risque” que l’Ukraine perde le conflit qui l’oppose à la Russie si le Congrès américain n’approuvait pas un financement plus important pour soutenir Kiev. »

Car, aux Etats-Unis, la dernière loi de financement de l’Ukraine n’a pas été votée.

« Les alliés de l’Ukraine ont considérablement réduit leurs promesses de nouvelle aide au pays, qui sont tombées à leur niveau le plus bas depuis le début de la guerre, a montré jeudi le suivi de l’aide à l’Ukraine de l’Institut Kiel, basé en Allemagne.

“La dynamique du soutien à l’Ukraine a ralenti”, a déclaré l’Institut Kiel, ajoutant que la nouvelle aide militaire, financière et humanitaire promise à l’Ukraine entre août et octobre 2023 a chuté de près de 90 % par rapport à la même période en 2022, atteignant son niveau le plus bas depuis le début de la guerre en février 2022.

Aux États-Unis, les Républicains du Sénat ont bloqué l’octroi de fonds supplémentaires à l’Ukraine en raison d’une querelle avec les démocrates au sujet de la sécurité des frontières américaines.

“Si les Républicains du Sénat ne prennent pas très vite au sérieux un paquet de mesures de sécurité nationale, Vladimir Poutine va traverser l’Ukraine et l’Europe“, a déclaré le chef de la majorité sénatoriale, Chuck Schumer, après le vote sur l’avancement de la mesure, par 49 voix contre 51, soit moins que les 60 voix nécessaires pour faire avancer le dossier. »

On reconnait dans la dernière phrase de cet extrait l’argument classique, utilisé depuis le début de cette guerre, disant que « la Russie veut envahir et s’accaparer de toute l’Europe ». Un argument démenti par tous ceux qui suivent objectivement la Russie de près. Un argument qui n’est utilisé que pour faire peur aux populations afin qu’elles soutiennent les mesures agressives prises contre ce pays. Stoltenberg, le dirigeant de l’OTAN, reconnait lui-même que la Russie n’est pas un danger pour l’Europe :

« Stoltenberg était en visite en Macédoine du Nord, une ancienne république yougoslave qui a rejoint l’OTAN en 2019. Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre Dimitar Kovacevski, il a été interrogé sur la récente affirmation du président ukrainien Vladimir Zelensky selon laquelle la Russie avait des plans pour déstabiliser les Balkans.

“Nous ne voyons pas de menace militaire imminente de la part de la Russie à l’encontre d’un allié ou d’une région de l’OTAN”, a répondu l’homme politique norvégien. “Mais bien sûr, nous restons vigilants. Nous suivons de près ce que fait la Russie et nous restons unis”.

Il a fait remarquer que l’OTAN avait des troupes dans la région dans le cadre de la mission KFOR au Kosovo, un quartier général en Bosnie-Herzégovine et un bureau en Serbie, et qu’elle était “prête à se renforcer rapidement et à faire ce qui est nécessaire pour défendre et protéger chaque allié contre n’importe quelle menace. Mais, encore une fois, nous ne voyons aucune menace militaire imminente contre un allié de l’OTAN”. »

Cette défaite commence à créer des dissensions parmi les dirigeants ukrainiens qui se rejettent la faute :

« En Ukraine, une surprenante polémique a commencé à agiter le monde politique, après des mois d’unité nationale, depuis l’invasion russe de février 2022. Ces derniers jours, deux députés du parti de Volodymyr Zelensky, Serviteur du Peuple, ont ouvertement critiqué le commandement en chef de l’armée ukrainienne, lui reprochant son manque de planification stratégique. L’affaire a fait grand bruit à Kiev, alors que le général Valery Zaloujny reste la personnalité la plus populaire parmi les Ukrainiens. Y aurait-il des dissensions entre la direction civile du pays et son commandement militaire ? »

La balle est toujours dans le camp russe qui n’a pas l’air pressé de prendre l’initiative et continue de laisser la situation se dégrader d’elle-même.

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L’incroyable folie collective qu’a été la crise Covid a réveillé quelques esprits sur le poids maléfique des industries pharmaceutiques sur la société. Des chercheurs bénévoles se substituent donc à la complicité des Etats et continuent leurs enquêtes indépendantes :

« le livre intitulé ‘Le management fantôme de la médecine. Les mains invisibles de Big Pharma’, du professeur canadien Sergio Sismondo, professeur de philosophie des sciences à Queen’s University (Kingston, Canada), vient d’être traduit en français. Une mine de renseignements minutieux qui est en accès libre en ligne :

Selon ce livre, le système médical est profondément corrompu sans que les acteurs du système ne s’en aperçoivent. De sorte qu’ils deviennent eux-mêmes le ver dans le fruit.

Comme ce fut déjà le cas pour innocenter l’industrie du tabac, on utilise des rédacteurs fantômes. Des employés des pharmas rédigent des articles qui seront ensuite signés – contre indemnités généreuses – par des chercheurs, des professeurs ou même des organismes de recherche sous contrat (ORC), des associations de patients, des leaders d’opinion.

C’est ainsi qu’on fabrique une certitude scientifique : une littérature garantissant la sécurité et l’efficacité des produits aboutit aux revues scientifiques, aux organes de santé publique et aux cabinets des médecins. Elle est ensuite ultra-médiatisée. »

Une autre enquête journalistique détaille les pratiques d’espionnages menées par cette industrie :

« Dirigée par un ancien agent du FBI, l’équipe de “lutte contre la désinformation” du fabricant du vaccin Moderna surveille tout ce qui se dit sur internet, de l’information dans les médias aux contenus des sites de jeux en ligne. L’enquête menée par deux journalistes américains montre comment l’industrie Pharma a développé ses propres agences de renseignement. Objectif : censurer les discours antivax et manipuler l’opinion publique avec l’aide de l’intelligence artificielle.

Les “dossiers Twitter”, les procès contre l’administration Biden et d’autres enquêtes ont révélé la collusion entre le gouvernement américain et les médias pour contrôler les informations sur la santé, les fraudes électorales ou la politique étrangère. Une nouvelle enquête met à présent en lumière la stratégie de l’industrie pharmaceutique dans les coulisses de ce nouveau paysage médiatique, partant de l’exemple de Moderna.

Les journalistes d’investigation Lee Fang et Jack Poulson ont découvert que l’industrie pharmaceutique sponsorise une organisation nommée Public Good Projects (PGP), dont l’objectif est de supprimer les voix dissidentes sur les politiques sanitaires…

Lee Fang et Jack Poulson ont indiqué que Moderna ne se préoccupait pas de la véracité des affirmations contenues dans les messages qu’elle avait signalés, mais uniquement de leurs effets.

“Aucun des rapports que nous avons vus ne tente de contester les affirmations faites”, écrivent-ils. En réalité, les propos sont automatiquement considérés comme de la “désinformation”, dès qu’ils encouragent les critiques à l’égard des vaccins. »

Face à ce phénomène certains Etats résistent. L’Etat du Texas poursuit Pfizer en justice :

« Le procureur général du Texas, Ken Paxton, a intenté jeudi une action en justice contre le géant pharmaceutique Pfizer, alléguant que l’entreprise a fait de fausses déclarations sur l’efficacité de son vaccin Covid-19 et qu’elle a cherché à supprimer le débat public sur les échecs du produit.

L’action en justice fait suite à une enquête de six mois, menée par Paxton, sur des recherches présumées de gain de fonction menées par Pfizer et d’autres concepteurs du vaccin Covid-19, à savoir Moderna et Johnson & Johnson.

“Pfizer s’est livré à des actes et à des pratiques faux, trompeurs et mensongers en faisant des déclarations non étayées concernant son vaccin Covid-19, en violation de la loi texane sur les pratiques commerciales trompeuses”, a déclaré M. Paxton dans un communiqué, affirmant que la société avait réalisé des milliards de dollars de bénéfices de manière illicite.

Paxton a spécifiquement contesté l’affirmation de Pfizer selon laquelle son vaccin était efficace à 95 % contre le nouveau coronavirus, arguant qu’il s’agissait d’une astuce statistique appelée “réduction du risque relatif”, dont la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a admis qu’elle pouvait induire les consommateurs en erreur en présentant un traitement comme plus efficace qu’il ne l’est en réalité. Les données des essais cliniques ont montré que la piqûre ne réduisait en fait la probabilité de contracter le Covid-19 que de 0,85 %, selon l’action en justice.

Selon la plainte, la pandémie “s’est aggravée” après que la majorité des Américains ont été vaccinés contre la maladie, soulignant que “les rapports officiels du gouvernement ont montré que dans certains endroits au moins, un pourcentage plus élevé de personnes vaccinées mouraient du Covid-19 que de personnes non vaccinées”. »

D’autres Etats se font complices actifs en emprisonnant les lanceurs d’alerte :

« Barry Young, un statisticien qui a lancé l’alerte sur les lots mortels de Pfizer en Nouvelle-Zélande, a été arrêté lors d’un raid policier à son domicile, dimanche dernier. Employé au ministère de la santé, il avait révélé l’existence de lots mortels du vaccin Pfizer dans une interview explosive à sa compatriote Liz Gunn. Données à l’appui, l’expert avait affirmé “qu’il n’y  a aucune chance que ce vaccin ne soit pas mortel”. Conscient de la gravité de ses déclarations, l’homme qui risque sept ans de prison, a déclaré agir par devoir de conscience.

En tant que statisticien employé par le ministère de la santé, Barry Young avait participé à l’élaboration d’un système de rétributions dans lequel les vaccinateurs recevaient une prime pour chaque dose administrée. L’analyse des bases de données sur la vaccination faisait donc partie de ses tâches. Dès le début de la vaccination, il avait observé certaines anomalies, notamment le fait que de nombreuses personnes mouraient dans la semaine suivant l’injection. La comparaison entre différentes bases de données lui avait permis de vérifier que l’augmentation du nombre de morts n’était pas attribuée au Covid. En revanche, à mesure que la vaccination progressait, il semblait bien se dégager une corrélation entre des pics de mortalité et les différentes campagnes de vaccination de la population. »

On voit là encore les effets de l’ultralibéralisme, dénommée « démocratie libérale » par les médias étasuniens, qui permet que des grosses entreprises, dont la taille des budgets atteint ceux de nations, ont des moyens qui permettent de pervertir les principes et institutions démocratiques de façon à ce que la notion « d’intérêt public » disparaisse au profit « d’intérêts privés ». L’Etat qui devrait faire rempart pour protéger l’intérêt public trahit son mandat de protection du peuple et, par la magie du lobbyisme/corruption, devient complice plus ou moins passif de ces manipulations.

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Une info qui a été mise sous le tapis par les médias français et RFI en particulier :

« La Mauritanie et le Tchad ont ouvert la voie à une dissolution de l’alliance G5 Sahel créée en 2014 pour faire face au jihadisme et aux autres défis de la sous-région, après le retrait des trois autres membres, Mali, Burkina Faso et Niger.

La Mauritanie et le Tchad “prennent acte et respectent la décision souveraine” de retrait du Burkina Faso et du Niger après l’annonce antérieure de celui du Mali, disent les deux pays.

Ils “(mettront) en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la Convention portant création du G5 Sahel notamment en son article 20”, disent-ils dans un communiqué publié mercredi matin par l’Agence mauritanienne d’information, et également transmis à l’AFP par le gouvernement tchadien.

L’article 20 de la Convention dit que “le G5 Sahel peut être dissous à la demande d’au moins trois Etats membres”. »

Un G5 qui avait été installé sous l’influence de la France. Au même rythme que les Etats-Unis perdent leur influence sur le reste du monde, la France perd celle qu’elle avait en Afrique francophone. Comme les années 1950/60 ont marqué la fin du colonialisme, les années 2020 marquent la fin du « néocolonialisme ».

A lundi prochain

 La revue de presse du 4 décembre 2023

 Publié le décembre 4, 2023 par 

Voici comment le « Hamas » se forme et se régénère de générations en générations. Israël s’interdit de comprendre cette évidence et se prépare ainsi un destin difficile :

« Dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, Madleen Sabbagh, enceinte de sept mois, craint que des années de violence ne se répercutent sur les générations suivantes, son mari ayant été l’un des derniers à être tué.

Enceinte de sept mois, assise à une fenêtre donnant sur le camp de réfugiés de Jénine densément peuplé, Madleen Sabbagh explique qu’elle a cessé de manger après que son mari a été tué d’une balle dans le cœur au début du mois.

Selon la famille, Mohammed Sabbagh, 30 ans, se tenait aux côtés de son frère à cette même fenêtre lors d’un raid des forces israéliennes, lorsqu’il a été touché par un tireur embusqué.

Le couple avait déjà trois enfants et Mme Sabbagh, âgée de 24 ans, a déclaré : “En tant que mère, je suis certainement inquiète je me préoccupe de leur sécurité. Ce sont mes enfants et je suis leur mère. Mais maintenant, je suis une mère et un père pour eux”.

La famille tient un salon de beauté qui, en des temps plus heureux, accueillait des réceptions de mariage, mais les fenêtres sont désormais parsemées d’impacts de balles.

Des centaines de Palestiniens, dont des militants, des passants et des enfants, ont été tués cette année lors de raids israéliens à Jénine, longtemps considérée comme un foyer de militantisme. »

Comment penser que ces centaines de gamins dont les parents ont été assassinés par l’armée ou les colons israéliens puissent ne pas former le futur « Hamas », avec des combattants dont la haine de l’ennemi sera un puissant carburant.

 

Car pendant que la « pause humanitaire » épargne Gaza, pour l’instant, le reste de la Palestine n’en bénéficie pas :

« Quatre Palestiniens, dont un garçon de 8 ans et un homme de 15 ans, ainsi que deux commandants militants de haut rang, ont été tués mercredi par les forces israéliennes dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, a déclaré l’agence de presse officielle palestinienne WAFA.

“Les deux enfants, Adam Samer Al-Ghoul (8 ans) et Basil Suleiman Abu Al-Wafa (15 ans), ont été abattus par les forces d’occupation dans la ville de Jénine”, a déclaré le ministère palestinien de la santé. »

Une « pause humanitaire » qui est un jeu de dupes :

« “Les Israéliens ont libéré 117 Palestiniens au cours des trois derniers jours et, dans le même temps, ils ont arrêté 116 nouveaux prisonniers palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée. »

Des « prisonniers » qui ressemblent pourtant plus à des otages. C’est CNN qui le dit :

« Comme Shahin, la majorité des personnes libérées jusqu’à présent – 128 sur 180 – étaient détenues et n’avaient pas été inculpées, n’avaient pas été jugées et n’avaient pas eu la possibilité de se défendre. Certains affirment qu’ils n’ont même pas été informés des raisons de leur détention.

Certains Palestiniens ont été détenus dans le cadre d’un système de justice militaire obscur qui permet théoriquement à Israël de détenir des personnes pour des périodes indéterminées sans procès ni inculpation.

Depuis qu’il s’est emparé de la Cisjordanie en 1967, Israël a mis en place deux systèmes judiciaires distincts en Cisjordanie. Les Palestiniens qui y vivent relèvent de la juridiction du système judiciaire militaire israélien, où les juges et les procureurs sont des soldats israéliens en uniforme. Les colons juifs, quant à eux, sont soumis à des tribunaux civils. »

Et pourtant certaines personnes mal renseignées ou de parti-pris s’offusquent quand on dit que l’apartheid sévit en Israël.

Netanyahou annonce que le carnage va continuer. Il va donc ne faire que renforcer le « Hamas » dans l’esprit de la population palestinienne :

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé mercredi que la guerre visant à détruire le groupe terroriste Hamas reprendra dès que le processus en cours pour obtenir la libération des otages détenus dans la bande de Gaza aura pris fin.

Les deux autres membres du cabinet de guerre, les ministres de la défense Yoav Gallant et Benny Gantz, ainsi que le chef d’état-major de Tsahal, le général Herzi Halevi, se sont fait l’écho de sa volonté de poursuivre le combat, en déclarant qu’ils étaient prêts à faire progresser immédiatement la campagne militaire. »

Et le programme est salé : « Eiland, qui ne va pas bien et a même écrit un livre sur sa souffrance, a une idée : Les épidémies à Gaza sont bonnes pour Israël. « Après tout, de graves épidémies, dans le sud de la bande de Gaza nous rapprocheront de la victoire et réduiront le nombre de blessures parmi les soldats de l’armée israélienne » a-t-il écrit cette semaine dans Yedioth Ahronoth. Il suffit d’attendre que les filles des leaders du Hamas contractent la plaie et c’est gagné. »

Ils savent très bien que leurs paroles et leurs actes ne font que renforcer la haine des palestiniens envers eux. Ne serait-ce parce qu’ils cherchent finalement, en faire de potentiels terroristes qu’ils auront ainsi l’excuse de pouvoir tuer « pour se défendre du terrorisme palestinien ». La parfaite excuse à un génocide, exactement comme cela est en train de se dérouler sous nos yeux.

Ce qui expliquerait aussi le manque de réaction du gouvernement Netanyahou alors qu’il avait été averti d’une action imminente de la résistance palestinienne. Même le journal israélien Haaretz lui-même en parle :

« Au cours des mois précédant le 7 octobre, un sous-officier du renseignement militaire israélien a lancé trois avertissements selon lesquels le Hamas préparait une attaque contre les communautés israéliennes proches de la frontière de Gaza, mais ses propos ont été balayés d’un revers de main »

Tout cela avec l’hypocrite bénédiction du gouvernement Biden à continuer ce massacre :

« Les États-Unis exhortent Israël à réduire la zone de combat et à préciser où les civils palestiniens peuvent se mettre à l’abri lors d’une opération israélienne dans le sud de la bande de Gaza, ont indiqué des responsables américains mercredi, afin d’éviter que ne se répète le bilan massif des attaques israéliennes dans le nord de la bande de Gaza.

Les responsables américains, depuis le président Joe Biden jusqu’au département d’État et au Pentagone, demandent à Israël d’adopter une approche plus prudente si l’armée israélienne étend son offensive au sud de la bande de Gaza. »

« Les États-Unis envoient à Israël des bombes anti-bunker de 2 000 livres pour la guerre de Gaza. Après avoir envoyé ces bombes massives et des obus d’artillerie, les États-Unis exhortent également Israël à limiter les pertes civiles ».

L’offensive a donc repris en ce vendredi 1er décembre et Israël a immédiatement recommencé ses bombardements indiscriminés sur Gaza. Les médias occidentaux qui faisaient leur une de la trêve et de l’échange de prisonniers restent discrets sur la reprise des bombardements : RFI se contente d’une phrase laconique qui renvoi Israël et le Hamas dos à dos : « L’armée israélienne a repris vendredi ses frappes dans la bande de Gaza accusant le Hamas d’avoir violé la pause en vigueur depuis une semaine. Israël et Hamas se rejetaient ce vendredi 1er décembre la responsabilité de la reprise des combats. »

CNN et autres journaux étasuniens restent aussi laconiques devant le carnage qui reprend.

L’image « droits humanitaires » et autres paravents occidentaux, déjà bien dégradés, va donc tomber carrément en lambeaux aux yeux du reste du monde, sans parler des tensions domestiques que cela provoque. Car Israël est bien un problème occidental puisqu’il a été créé grâce au soutien étasunien, et peuplé de juifs venant essentiellement d’Europe.

Les gouvernements occidentaux voient bien ce que cela va leur coûter mais sont prêts à sacrifier ce qui leur reste de dignité pour laisser Netanyahou arriver à son but, vider Gaza de sa population. La pression est immense. Un exemple parmi tant d’autres est le cas d’Elon Musk :

« Elon Musk, qui a été critiqué pour avoir soutenu une théorie du complot antisémite et des accusations plus larges de haine florissante sur sa plateforme de médias sociaux X, s’est rendu en Israël, où il a visité un kibboutz attaqué par des militants du Hamas et s’est entretenu avec de hauts dirigeants.

Le milliardaire a rencontré le président israélien Isaac Herzog, qui l’a réprimandé pour le contenu de la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter, et a rejoint le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour une visite du kibboutz de Kfar Azza, un village rural que les militants du Hamas ont pris d’assaut le 7 octobre. un assaut meurtrier qui a déclenché la guerre.

« C’était choquant de voir la scène du massacre », a déclaré Musk lors d’une conversation avec Netanyahu diffusée sur X. Il s’est dit troublé par la vidéo et les photos que le Premier ministre lui a montrées des meurtres de civils, y compris d’enfants.

Ils ont largement parlé du conflit, des protestations qu’il a suscitées, du Moyen-Orient et bien plus encore, mais n’ont pas abordé l’antisémitisme en ligne. Netanyahu, qui a appelé à faire reculer cette haine lors d’une réunion avec Musk en septembre, a déclaré qu’il espérait que le milliardaire s’impliquerait dans la construction d’un avenir meilleur. Musk a répondu : « J’aimerais aider. »

« La haine des Juifs affecte le comportement des gens dans de nombreux endroits du monde, et vous avez un rôle énorme à jouer à cet égard », a déclaré Herzog à Musk.

Le propriétaire de X a répondu que la journée avait été « difficile sur le plan émotionnel » après la tournée et que « nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour mettre fin à la haine », selon le bureau de Herzog.

Faisant référence aux militants du Hamas, Musk a déclaré : «C’est incroyable ce que les humains peuvent faire s’ils sont nourris de mensonges depuis qu’ils sont enfants. Ils penseront que tuer des innocents est une bonne chose, ce qui montre à quel point la propagande peut affecter l’esprit des gens.  

 

 

 

 

 

Le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a refusé de dire si Musk avait été invité dans le pays ou s’il était venu seul. X, anciennement connu sous le nom de Twitter, n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Israël a également réglé une dispute avec Musk au sujet de sa société Internet par satellite Starlink, Starlink acceptant d’opérer à Gaza uniquement avec l’approbation du gouvernement.

Les deux s’étaient déjà affrontés en ligne après que Musk avait promis que Starlink prendrait en charge la connectivité avec des groupes humanitaires internationalement reconnus à Gaza, ce qui a suscité une réprimande de Karhi, qui a déclaré qu’Israël le combattrait parce que le Hamas utiliserait le service pour des activités militantes. »

Musk qui a résisté aux pressions de son propre gouvernement et d’une grande partie de l’establishment occidental au moment de son rachat de Twitter pour qu’il n’y ait plus de censure, vient de baisser la tête face au gouvernement israélien.

Voyant cela, le Hamas l’a aussi invité :

« Un haut responsable du Hamas a invité mardi le milliardaire américain Elon Musk à se rendre dans la bande de Gaza palestinienne pour constater l’ampleur des destructions causées par les bombardements israéliens.

“Nous l’invitons à se rendre à Gaza pour constater l’ampleur des massacres et des destructions commis contre la population de Gaza, dans le respect des normes d’objectivité et de crédibilité”, a déclaré Osama Hamdan, haut responsable du Hamas, lors d’une conférence de presse à Beyrouth. »

Musk n’a pas répondu à cette invitation. De toute façon il n’aurait pas pu rentrer à Gaza.

Mais la pression sur lui continue au moyen du retrait des publicités ou d’articles d’opinion. En voilà un exemple pris sur CNN :

« Elon Musk tente de faire amende honorable, ou du moins de limiter les dégâts, après avoir approuvé un message antisémite sur sa plateforme X, anciennement Twitter. Cependant, Elon Musk ne présente pas d’excuses appropriées et ne fait pas grand-chose pour remédier à ses propres actes ignobles répétés ou au sectarisme qui a envahi X depuis qu’il en a pris la direction.

Cette semaine, il s’est rendu en Israël, un pays en proie à une guerre sanglante, pour prouver, comme il l’a dit, que “les actes sont plus éloquents que les mots”.

Malheureusement pour Musk, ses actes comme ses paroles sont odieux. »

Tous les médias sont soumis aux mêmes pressions :

« « Le 15 novembre dernier, l’un des porte-parole de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz, était l’invité du journal quotidien « 64’, Le Monde en français » sur TV5MONDE, pour parler de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza et plus particulièrement de celle menée contre l’hôpital Al-Shifa. A la fin de l’entretien mené par le présentateur de cette édition, Mohamed Kaci, les règles journalistiques, applicables à toute interview, n’ont pas été respectées.

Ce qui a conduit à donner l’impression, dans la dernière question, que les modalités d’intervention de l’armée israélienne étaient équivalentes à la stratégie du Hamas, organisation considérée comme terroriste par de nombreux Etats.

Par ailleurs, l’entretien ne s’est pas terminé selon les normes en vigueur de maîtrise de l’antenne mais de façon trop abrupte. Ce que la direction de l’information de TV5MONDE regrette profondément.

Plus attentive que jamais depuis le 7 octobre à donner une information factuelle et équilibrée de la situation, sans céder à l’émotion ni aux pressions, tout en donnant la parole à toutes les parties, la direction de l’information de TV5MONDE redouble encore de vigilance sur ses antennes et ses supports numériques et prendra toutes les mesures nécessaires pour s’en assurer dans un contexte de grande tension. »

Voici l’interview en question. Ce journaliste est une exception, dûment réprimandée, car il est visible que les présentateurs télé ont un biais pro-israélien, plus ou moins forcé, car ils savent intuitivement que la qualité de leur carrière en dépend. La fameuse question/réflexion préambule « mais condamnez-vous les attaques terroristes du Hamas ? » dont on n’entend jamais l’équivalent « condamnez-vous la colonisation des territoires palestiniens par Israël/ l’apartheid qui sévit en Israël ? » montre de quel côté penche la fameuse « neutralité médiatique ». Et le journaliste qui tient à sa carrière le sait intuitivement.

En Israël même, la censure médiatique est telle que : « Ce mal s’est développé à partir du terreau du mépris incroyable et de l’indifférence pathologique en Israël sur ce qu’il se passe maintenant à Gaza. Des journalistes étrangers qui viennent ici n’en croient pas leurs yeux : La souffrance de Gaza n’existe pas ; Israël n’a pas tué des milliers d’enfants ni expulsé un million de personnes de leurs maisons. Le sacrifice de Gaza est totalement occulté, disparu non seulement du discours public mais même des actualités quotidiennes. Pour la télévision israélienne, la seule dans le monde, nous n’avons pas tué d’enfants. Selon les médias israéliens, les forces de défense israéliennes n’ont pas commis le moindre petit crime de guerre. »

Ce pouvoir de pression du gouvernement Netanyahou sur les pays occidentaux ne date pas d’aujourd’hui. Je me rappelle d’un cas frappant, datant de 2015, où pour obtenir l’aval des Etats Unis dans son combat contre l’Iran, alors qu’Obama n’était pas d’accord, Netanyahou s’est invité au Congrès étasunien où il a prononcé un discours pendant lequel il a reçu pas moins de 26 standing ovations, montrant ainsi à Obama et au reste du monde qui était le chef ici :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti les États-Unis mardi qu’ils négociaient un mauvais accord avec l’Iran qui pourrait déclencher un “cauchemar nucléaire”, s’attirant les foudres du président Barack Obama et révélant un fossé de plus en plus profond entre les États-Unis et Israël. Les deux hommes ont délivré des messages contradictoires à quelques heures d’intervalle.

Lors d’une apparition boycottée par des dizaines de collègues démocrates de M. Obama, M. Netanyahu a déclaré que les dirigeants iraniens étaient “plus radicaux que jamais” et qu’on ne pouvait pas leur faire confiance, et que l’accord en cours d’élaboration par les États-Unis et d’autres puissances mondiales ne bloquerait pas le chemin de l’Iran vers une bombe “mais lui ouvrirait la voie vers une bombe”.

Son discours, qui critiquait point par point la stratégie de M. Obama, a suscité 26 ovations dans l’hémicycle contrôlé par les républicains.

Obama a déclaré que le premier ministre n’avait pas proposé d'”alternatives viables” au cours actuel des négociations.

Le discours de M. Netanyahu a mis fin à une tempête diplomatique déclenchée par son acceptation, en janvier, d’une invitation républicaine qui contournait la Maison-BlancheDe nombreux démocrates [seulement 60 sur les 132 députés Démocrates, NdT] ont considéré qu’il s’agissait d’un affront au président. »

Là encore, en 2023, on voit bien que Biden, Macron, Sanchez et bien d’autres dirigeants occidentaux ne sont pas d’accord avec la violence de Netanyahou mais qu’ils ne peuvent pas l’exprimer trop directement. On se rappelle quand, il y a deux semaines, Macron avait osé dénoncer à mots couverts la massacre de Gaza et que Netanyahou et Herzog l’avait remis en place en osant dire qu’il avait fait une « faute morale ». Depuis on entend plus Macron sur le sujet.

Le magazine étasunien Responsible Statecraft se pose aussi la question, « Pourquoi laissons-nous Israël et l’Ukraine avoir le dernier mot sur nos décisions ? » :

« Certains dirigeants israéliens ont répondu à cette approche, mais Benjamin Netanyahu n’a jamais été l’un d’entre eux. Le commentaire de Bill Clinton après sa première rencontre avec Netanyahou en 1996 – “Qui est la putain de superpuissance ici ?” – reflète le jugement réfléchi de Bibi selon lequel il peut susciter une opposition intérieure aux États-Unis qui annulera toute menace de la part d’un président américain.

Aujourd’hui, 66 % des Américains souhaitent un cessez-le-feu, selon un sondage, mais moins de 5 % des membres de la Chambre des représentants sont de cet avis ; Bibi sait donc peut-être de quoi il parle. L’AIPAC est occupé à lancer des attaques contre les quelques membres courageux du Congrès qui ont critiqué Israël et appelé à un cessez-le-feu. »

Quant à la Russie et la Chine, elles se contentent d’exprimer diplomatiquement leur désapprobation sans vraiment faire pression autre que verbale ; bien contentes que la pression diplomatico/militaire étasunienne qu’elles subissent se relâche pour se concentrer sur le Moyen Orient et que les Etats-Unis s’y embourbent tous seuls.

« Depuis les attaques terroristes surprises contre Israël le 7 octobre, le ministère de la défense a ordonné l’envoi au Moyen-Orient d’un groupe d’attaque supplémentaire composé d’un porte-avions, de défenses aériennes, d’avions de chasse et de centaines de soldats, afin d’éviter que le conflit ne dégénère en une guerre régionale.

Le problème : Les dysfonctionnements du Congrès font que le Pentagone n’a pas d’argent pour financer ce renforcement. »

Ce constat ne peut mener qu’à la conclusion logique que la politique génocidaire du gouvernement Netanyahou va continuer jusqu’à terme où jusqu’à ce que « l’axe de résistance », c’est-à-dire le Hezbollah/Houtis/Iran/et la résistance irakienne et syrienne, soit obligés d’intervenir. Ce sera alors un embrasement général de toute la région dont la conséquence première sera une envolée du prix du pétrole ayant des répercussions économiques sur le monde entier et des dizaines de milliers de morts supplémentaires.

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En Ukraine, l’arrivée de l’hiver va geler le front de guerre :

« Sur le front dans le sud et l’est du pays, les soldats ukrainiens vont entamer un nouvel hiver dans les tranchées. Les températures glaciales, la neige, l’humidité, entre autres, rendent les manœuvres et les opérations militaires plus délicates. Elles mettent les hommes et le matériel à rude épreuve. L’absence de feuilles sur les arbres, sur un terrain le plus souvent plat, rend les véhicules et les chars assez faciles à repérer par l’activité des drones.

Mais dans l’immédiat, c’est surtout la boue qui complique les choses. Les sols n’étant pas suffisamment gelés, les champs et les chemins deviennent impraticables pour bon nombre de véhicules qui ne peuvent pas rejoindre leurs positions de tir ou qui s’embourbent en tentant d’échapper au feu ennemi. »

L’article de RFI ne dit pas un mot de l’imminence de la chute de la ville d’Avdeevka où, comme à Bakhmut cet automne, les combats sont très rudes. C’est de cette ville que l’armée ukrainienne bombardait quotidiennement les civils de Donetsk, c’est pourquoi sa prise est importante pour le côté russe :

« Après la prise de la zone industrielle de Promka, le prochain objectif de l’armée russe sera la prise des carrières et des fermes de Vinogradniki, d’où elle pourra surveiller les mouvements ukrainiens dans la zone forestière. La pénétration dans la zone urbaine continuera d’être réduite en prenant de nouvelles parties de l’avenue Yasynovatskyi, d’où elle pourra établir un contrôle de feu sur la partie inférieure qui divise la ville. Simultanément, les troupes russes s’empareront de la zone forestière en atteignant l’arrière des défenses ukrainiennes le long de la H-20 afin d’obtenir un contrôle solide sur la station de filtration de Donetsk. Cependant, comme indiqué précédemment, l’avancée russe sera difficile en raison du grand nombre de défenses dans cette zone forestière et un effondrement des forces n’est pas attendu tant que le front nord ne progresse pas.

Un analyste a déclaré qu’Avdeevka tomberait probablement de la même manière que Bakhmut, c’est-à-dire non pas en fermant complètement son chaudron, mais plutôt pas à pas, bâtiment par bâtiment, en combattant dans la ville. »

Cette fois c’est un haut fonctionnaire ukrainien qui le confirme, Boris Johnson a bien fait pression sur Zelenski pour qu’il abandonne le traité de paix qu’il était en train de négocier avec la Russie en avril 2022 :

« Nous savons déjà que l’Ukraine, au début du mois d’avril 2022, avait refusé de faire la paix avec la Russie. Nous le savons grâce aux dires de l’ancien premier ministre israélien Naftali Bennet, de l’ancien ministre turc des affaires étrangères, de l’ancien chancelier allemand Gerhard Schroeder, ainsi qu’aux informations en provenance d’Ukraine.

Mais ce n’est que maintenant que nous entendons la même histoire de la part d’un fonctionnaire ukrainien : »

Petit à petit la certitude occidentale que la Russie est militairement inférieure est en train de se fracasser sur le mur de la réalité. Le journal The Economist en relate l’expérience :

« The Economist’ cite également deux experts de RUSI qui leur ont déclaré que “les systèmes de guerre électronique russes ont une portée de 10 km et peuvent prendre le contrôle du drone, tout en acquérant les coordonnées du lieu depuis où il est piloté, avec une précision d’un mètre, pour être transmis à une batterie d’artillerie”. Chacun des 10 000 pilotes-guideurs de drones ukrainiens mentionnés dans la situation décrite risque donc d’être tué peu de temps après avoir lancé son appareil sur le champ de bataille.

L’hebdomadaire conclut son article en citant un expert américain qui a confirmé que son pays avait restreint l’exportation de ses équipements de guerre électronique vers l’Ukraine, pour éviter qu’ils ne tombent d’une façon ou l’autre (récupération directe ou prise de contrôle) entre les mains des Russes. Un autre expert d’un groupe de réflexion allemand a déclaré catégoriquement que “les capacités de l’OTAN pourraient ne pas être aussi bonnes que celles de la Russie” et a émis l’hypothèse que la Russie pourrait transmettre à la Chine “les fréquences et les techniques de saut de canal utilisées” par de tels équipements.

Pour ces raisons, l’Occident est réticent à renforcer les capacités de guerre électronique de l’Ukraine, ce qui interdit à ce pays de contrecarrer les actions défensives de guerre électronique russes autant que l’emploi de ses propres armes et systèmes du domaine (drones notamment). Dans ces conditions déséquilibrées, il n’existe aucun moyen réaliste pour l’Ukraine de récupérer davantage de territoire, et elle risque de perdre encore plus à mesure que le conflit se prolonge. Il n’est donc pas étonnant que l’Occident veuille le geler. »

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Pendant que les États-Unis voient leur image se dégrader à cause de leur support inconditionnel à Israël, la Russie continue de polir la sienne :

« Un cargo transportant 25 000 tonnes de blé humanitaire en provenance de Russie arrivera en Somalie dans les prochains jours, a rapporté l’agence de presse de ce pays d’Afrique de l’Est, SONNA.

Moscou s’est engagé à fournir une aide alimentaire aux pays africains dans le cadre d’un accord annoncé par le président Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg en juillet.

Au début du mois, le ministre russe de l’agriculture, Dmitry Patrushev, a déclaré que deux cargaisons de céréales gratuites étaient parties pour le Burkina Faso et la Somalie et qu’elles arriveraient dans ces deux pays au début du mois prochain.

D’autres cargaisons à destination de l’Érythrée, du Zimbabwe, du Mali et de la République centrafricaine devraient arriver d’ici la fin de l’année. Selon M. Patrushev, jusqu’à 200 000 tonnes de céréales seront livrées à ces six pays africains confrontés à l’insécurité alimentaire. »

Et la Chine aussi. Selon les mots du président kényan :

« « La réalité est que la Chine n’est pas notre principal détenteur de dette. Nous sommes en mesure de négocier pour nous-mêmes ce que nous pensons être équilibré et juste pour le peuple kenyan. Nous ne croyons pas qu’il faille profiter de qui que ce soit et nous ne permettons pas aux autres de profiter de nous. Nous savons ce que nous voulons et nous choisissons nos amis et les personnes avec lesquelles nous travaillons. Nous avons une relation solide, pratique et mutuellement bénéfique avec la Chine… Comme je l’ai souvent affirmé, avec d’autres, le discours sur le « piège de la dette » est en fait une insulte à l’intelligence des pays visés et est perçu comme tel par ces derniers. Il est donc incroyablement contre-productif : conçu dans le but de donner une mauvaise image de la Chine aux yeux de ces pays, il aboutit à ce que ceux qui colportent le mythe soient perçus comme offensifs et condescendants. »

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L’idéologie ultralibéraliste qui domine en Europe, grâce à la propagande médiatique, continue de dégrader les services publics avec l’excuse « il n’y a plus d’argent en caisse » alors que des dizaines de milliards viennent d’être gaspillés pour coincer la Russie dans le piège ukrainien. Il semble que cette excuse ne soit qu’une feuille de vigne pour une privatisation totale des services publics afin que les profits tombent dans des poches privées plutôt que public. Là encore la propagande est telle que la population ne voit pas le problème arriver, l’admet avec défaitisme ou, pire, le soutient en reportant la faute sur l’hôpital. La Grande Bretagne a toujours été la vitrine européenne de cette idéologie :

« Un homme victime d’une crise cardiaque a attendu 18 minutes avant que son appel aux services de secours soit pris en charge. Quand l’ambulance est arrivée, il était mort.

Plus globalement, depuis le mois de septembre, 10 000 personnes patientent 18 mois pour un traitement. Parmi les services les plus touchés, ceux de la psychiatrie et de l’obstétrique.

C’est une catastrophe, déplore une association de patients. Et ces exemples viennent d’une base de données remplie par le personnel des hôpitaux.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak refuse d’apporter une aide financière et il impose même un objectif pour cette fin d’année : Atteindre l’équilibre financier. »

C’est-à-dire restreindre encore plus les services publics.

« La Grande-Bretagne dépense plus que n’importe quel autre pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour financer les inégalités structurelles en faveur des riches, selon les dernières recherches de l’organisation caritative britannique Equality Trust.

Selon le rapport intitulé Cost of Inequality, la Grande-Bretagne dépense 106,2 milliards de livres sterling (133,8 milliards de dollars) par an pour subventionner les inégalités de revenu, de richesse et de pouvoir par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. Par rapport aux cinq pays les plus égalitaires, l’inégalité coûte au Royaume-Uni 128,4 milliards de livres (161,8 milliards de dollars) par an en termes de dommages causés à l’économie, aux communautés et aux individus, révèle le rapport.

“L’inégalité a rendu le Royaume-Uni plus malsain, plus malheureux et plus dangereux que ses pairs plus égalitaires”, a déclaré Priya Sahni-Nicholas, codirectrice exécutive du Trust. “Elle cause également d’énormes dégâts à notre économie : Nous avons des vies professionnelles plus courtes et plus saines, des systèmes éducatifs plus médiocres, plus de criminalité et des sociétés moins heureuses”.

Selon l’étude, les 1 % de Britanniques les plus riches constituent le groupe le plus protégé d’Europe, car ils paient moins d’impôts que les riches de n’importe quel grand pays européen. Les chercheurs ont noté que l’inégalité n’est pas seulement une question d’économie, mais plutôt une culture qui divise et rend la mobilité sociale impossible.

Le Royaume-Uni était l’un des pays riches les plus égalitaires dans les années 1970. Aujourd’hui, il est le deuxième pays le plus inégalitaire, après les États-Unis, ont noté les experts. »

Supporté par les médias aux mains des oligarques français, le même phénomène arrive à grand pas en France, y est même déjà installé.

A lundi prochain

 Revue de presse alternative du 13/11/2023.

 Source : the Saker francophone.


Par Wayan – Le 13 novembre 2023 – Le Saker Francophone

Le conflit israélo-palestinien

Cette semaine l’armée israélienne est entré dans Gaza pour essayer « d’éradiquer le Hamas ». Bien sûr, aucun reporter n’étant présent, la propagande de guerre est totale :

« Les forces terrestres israéliennes combattent les combattants du Hamas à l’intérieur de la plus grande ville de Gaza, a déclaré Israël mardi. Cette avancée marque une nouvelle étape importante dans ce conflit vieux d’un mois, et les dirigeants du Hamas prévoient de contrôler la sécurité de l’enclave après la guerre.

L’avancée dans la ville de Gaza garantit que le nombre de morts, déjà impressionnant, augmentera encore, tandis que les commentaires du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le contrôle de la sécurité de Gaza pour “une période indéfinie” indiquent la fin incertaine d’une guerre qui, selon Israël, sera longue et difficile.

Les troupes terrestres israéliennes combattent les militants palestiniens à l’intérieur de Gaza depuis plus d’une semaine, coupant le territoire en deux et encerclant la ville de Gaza. Le porte-parole en chef de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que les forces terrestres israéliennes “se trouvent actuellement dans une opération terrestre dans les profondeurs de la ville de Gaza et exercent une forte pression sur le Hamas”.

Le porte-parole du Hamas, Ghazi Hamad, s’exprimant mardi depuis Beyrouth, a nié que les forces israéliennes réalisaient des gains militaires significatifs ou qu’elles avaient progressé dans les profondeurs de la ville de Gaza.

“Ils ne disent jamais la vérité au peuple”, a déclaré Hamad. Il a ajouté que de nombreux soldats israéliens avaient été tués lundi et que “de nombreux chars avaient été détruits”.

“Les Palestiniens se battent, se battent et se battent contre Israël jusqu’à ce que nous mettions fin à l’occupation”, a déclaré Hamad, qui a quitté Gaza quelques jours avant l’incursion du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.

Associated Press n’a pas pu vérifier de manière indépendante les affirmations des deux parties. »

https://www.yahoo.com/news/month-war-netanyahu-says-israel-072141424.html

 

Il semble que, comme pour le cas de l’Ukraine, l’après-guerre et surtout la possibilité d’un échec de l’opération ne soit même pas envisagée clairement :

« Israël a promis de chasser le Hamas du pouvoir et d’écraser ses capacités militaires, mais ni Israël ni son principal allié, les États-Unis, n’ont dit ce qu’il adviendrait ensuite.

Netanyahu a déclaré à ABC News que Gaza devrait être gouvernée par “ceux qui ne veulent pas continuer sur la voie du Hamas”, sans donner plus de détails.

“Je pense qu’Israël aura, pour une période indéterminée, la responsabilité globale de la sécurité, car nous avons vu ce qui se passe lorsque nous ne l’avons pas. Lorsque nous n’avons pas cette responsabilité en matière de sécurité, nous assistons à l’éruption de la terreur du Hamas à une échelle que nous ne pouvions pas imaginer”, a-t-il déclaré.

Netanyahu n’a pas précisé la forme que prendrait ce contrôle de la sécurité. La Maison Blanche a réaffirmé mardi que le président Joe Biden n’était pas favorable à une réoccupation israélienne de la bande de Gaza après la guerre.

“Nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir un ensemble de conversations saines sur ce à quoi ressemble la bande de Gaza après le conflit et sur ce à quoi ressemble la gouvernance”, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, ajoutant qu’il laissait à M. Netanyahu le soin de préciser ce qu’il entendait par “indéfini”.

Les responsables israéliens affirment que l’offensive contre le Hamas durera un certain temps et reconnaissent qu’ils n’ont pas encore formulé de plan concret pour l’après-guerre. Le ministre de la défense a déclaré qu’Israël ne cherchait pas à réoccuper la bande de Gaza à long terme, mais qu’il prévoyait une longue phase de combats de faible intensité contre des “poches de résistance”. D’autres responsables ont évoqué la création d’une zone tampon qui éloignerait les Palestiniens de la frontière israélienne. »

https://www.yahoo.com/news/month-war-netanyahu-says-israel-072141424.html

***

On se souvient du discours de Nasrallah, le chef religieux du Hezbollah, la semaine dernière, disant que c’est l’attitude d’Israël qui fera que ce conflit dégénère ou non. Et bien la réponse ne s’est pas faite attendre. Dès le lendemain une frappe de missile israélien a ciblé la voiture d’un journaliste libanais, sur le sol libanais, tuant sa sœur et ses trois petites filles :

« La situation s’est gravement dégradée à la frontière libano-israélienne, dimanche 5 novembre. Quatre civils – trois enfants et une femme – ont été tués. Il s’agit de la sœur et des trois petites filles du journaliste Samir Ayoub. Le journaliste, qui voyageait dans une autre voiture, a été blessé. Quatre ambulanciers ont également été blessés dans des attaques séparées de drones israéliens…

Sachant cela, analystes et observateurs s’interrogent à Beyrouth sur les raisons qui ont poussé l’armée israélienne à attaquer des cibles civiles au Liban, en violation des règles d’engagement tacites en vigueur entre les deux belligérants. Certains experts pensent que les Israéliens veulent imposer de nouvelles règles d’engagement face à la guerre d’usure à laquelle se livre le Hezbollah, qui attaque quotidiennement des positions de l’armée israéliennes le long de la frontière.

D’autres analystes apportent une explication militaire : Les Israéliens veulent paralyser la circulation des véhicules sur les routes proches de la frontière, pour entraver le mouvement des combattants du Hezbollah dans cette zone. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231105-l-embrasement-guette-à-la-frontière-libano-israélienne-après-des-frappes-mortelles-sur-des-civils

Le fait que les auteurs de cet article n’envisagent pas l’hypothèse qui est évidemment dans la tête de tous les libanais et palestiniens, « une provocation de la part d’Israël pour montrer qu’il n’accorde aucun crédit aux paroles de Nasrallah », montre les limites psychologiques que s’imposent les journalistes occidentaux.

De plus, cette provocation israélienne montre qu’Israël se pense militairement plus fort que le Hezbollah et « l’axe de résistance » proche-oriental. Encore ce même complexe de supériorité occidental qui, malgré les cas de plus en plus fréquent d’échec, perdure dans les mentalités des dirigeants.

Ce qui a provoqué une riposte du Hezbollah :

« Le mouvement de résistance libanais Hezbollah a annoncé avoir frappé plusieurs cibles dans le nord des territoires occupés en soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza qui subissent une guerre israélienne implacable.

Le groupe a fait cette annonce dans des déclarations distinctes jeudi, a rapporté la chaîne de télévision libanaise al-Mayadeen.

“Dans la première opération, les combattants de la résistance ont pris pour cible deux chars Merkava dans la base israélienne de Metulla à l’aide de missiles guidés, confirmant que les équipages des chars ont été tués ou blessés au cours de l’opération”, a indiqué le rapport.

“Dans l’autre opération, une force d’infanterie israélienne dans la ville libanaise occupée de Tarbikha a été attaquée, confirmant également des frappes directes”, a ajouté le rapport. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/11/09/714328/Lebanon-Hezbollah-Israel-war-Gaza

Pendant ce temps, pour montrer leur force et décourager les attaques, les Etats-Unis continuent de déployer leur armada :

« La marine américaine a envoyé un sous-marin à missiles guidés au Moyen-Orient.

L’affectation a été révélée par l’armée dans un communiqué publié dimanche en fin de journée. Cette révélation inhabituelle concernant l’emplacement du navire, qui peut lancer des missiles nucléaires, suggère une démonstration de force destinée à tenter de contenir les tensions régionales dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas. »

https://www.aljazeera.com/news/2023/11/6/us-sends-nuclear-sub-to-middle-east-amid-gaza-war

Mais cela n’empêche en rien cette guerre de basse intensité de continuer :

« Toujours dans la région, le gouvernement houthi du Yémen a abattu mercredi un drone de surveillance américain MQ-9 qui volait dans l’espace aérien international au-dessus de la mer Rouge. Cette attaque fait suite à un épisode survenu le mois dernier, au cours duquel un destroyer américain avait abattu plusieurs missiles balistiques et drones lancés par le groupe soutenu par l’Iran en direction d’Israël. »

https://www.politico.com/news/2023/11/08/u-s-bombs-iranian-sites-syria-00126222

« Les États-Unis ont effectué une frappe aérienne sur un entrepôt d’armes dans l’est de la Syrie utilisé par les milices soutenues par l’Iran, en représailles à un nombre croissant d’attaques contre les bases abritant les troupes américaines dans la région au cours des dernières semaines, a déclaré le Pentagone.

Lors de la frappe de mercredi, deux chasseurs américains F-15 ont largué plusieurs bombes sur une installation de stockage d’armes près de Maysulun à Deir el-Zour, connue pour être utilisée par les Gardiens de la révolution iraniens, ont indiqué des responsables américains.

“Le président n’a pas de priorité plus importante que la sécurité du personnel américain, et il a ordonné l’action d’aujourd’hui pour montrer clairement que les États-Unis se défendront, défendront leur personnel et leurs intérêts”, a déclaré le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, dans un communiqué. »

https://www.yahoo.com/news/us-launches-airstrike-syria-linked-225124126.html

« Ces attaques en Irak et en Syrie – menées pour la plupart à l’aide de petits drones et de roquettes – ont blessé des dizaines de militaires américains, mais les États-Unis ont choisi pour la plupart d’éviter les représailles contre les coupables. Selon les experts en sécurité du Moyen-Orient, c’est parce que Washington marche sur une corde raide, équilibrant ses propres intérêts stratégiques dans la région en évitant l’escalade tout en reconnaissant que ses ennemis font de même, essayant de les provoquer intentionnellement sans aller trop loin.

Les décideurs américains “examinent leurs objectifs stratégiques dans la région et comprennent que les adversaires essaient de nous en éloigner ou de les faire échouer, notamment en nous attirant dans ces conflits secondaires”, a déclaré Jonathan Lord, ancien analyste politique et militaire au Pentagone, à Insider.

Les attaques contre les forces américaines par des groupes soutenus par l’Iran dans la région ne sont pas un phénomène nouveau. Des échanges meurtriers ont lieu depuis des décennies en raison du désir de longue date de l’Iran d’expulser les États-Unis du Moyen-Orient. Entre l’investiture du président Joe Biden en janvier 2021 et avril 2023, les forces mandataires iraniennes ont mené 83 attaques à elles seules, a déclaré un porte-parole du Commandement central américain (CENTCOM) à Insider. Mais les attaques sont désormais plus fréquentes.

Un porte-parole du Pentagone a déclaré mardi que depuis le 17 octobre, les forces américaines stationnées en Irak et en Syrie avaient fait l’objet de 40 attaques au total. Des analyses indépendantes réalisées par divers groupes de réflexion, dont l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient et l’Institut pour l’étude de la guerre, estiment que ce chiffre est légèrement supérieur à celui révélé publiquement par l’administration Biden, car ils utilisent des méthodes de collecte de données plus exhaustives. »

https://www.yahoo.com/news/american-forces-middle-east-constantly-205113569.html

« «En raison de l’intensité croissante de la guerre sur les habitants civils de Gaza, l’expansion du champ de la guerre est devenue inévitable», a estimé ce 10 novembre le ministre iranien des affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian lors d’un entretien téléphonique avec son homologue qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. »

https://francais.rt.com/international/107924-gaza-expansion-champ-guerre-devenue-inevitable-iran

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Parallèlement au déploiement de force, les Etats-Unis ont continué leur intense activité diplomatique dans la région en envoyant Blinken qui a, cette semaine, fait le tour de la région. Pour simplement gagner du temps et donner le change ou avec un réel espoir d’aboutir ? Mais aboutir à quoi si les réelles décisions sont entre les mains d’Israël.

« Antony Blinken aura pourtant mis les bouchées doubles et même triples au cours de cette tournée menée au pas de charge : rencontre avec Benyamin Netanyahu à Tel-Aviv, avec Mahmoud Abbas à Ramallah, puis en Jordanie avec le roi Abdallah et les ministres des Affaires étrangères de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, du Qatar, et des Émirats arabes unis… Sans oublier une étape surprise à Bagdad et une autre à Chypre ! Des visites et des rencontres à un rythme effréné avec un objectif : tenter d’apaiser la colère des pays arabes et celle de la Turquie, tout en maintenant le soutien militaire et politique à Israël. Un travail d’équilibriste et une équation quasiment impossible à résoudre tant le fossé s’est approfondi depuis le 7 octobre, entre Washington et les pays de la région…

Or, malgré une inflexion du discours américain sur le conflit, Antony Blinken n’aura pas réussi à réduire cette fracture au cours de cette tournée diplomatique. Certes, Washington parle davantage désormais des civils et de la situation humanitaire à Gaza, et le chef de la diplomatie américaine a déclaré à chacune de ses étapes et à chacun de ses interlocuteurs que les États-Unis mettaient tout en œuvre pour faire parvenir l’aide humanitaire aux Gazaouis, et qu’ils étaient favorables à la mise en place de pauses humanitaires. Mais, Washington refuse toujours de demander un cessez-le-feu, reprenant les arguments d’Israël – pour qui un cessez-le-feu permettrait au Hamas de se renforcer. Et c’est ce point qui ulcère les pays arabes et la Turquie qui réclament sans relâche la mise en place d’un cessez-le-feu. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231106-proche-orient-la-diplomatie-américaine-dans-l-impasse

Beaucoup d’analystes parlent d’une diplomatie paravent car les Etats-Unis demandent publiquement à Israël d’arrêter ses bombardements de civils mais soutiennent ce pays à l’ONU et, surtout, continuent à lui envoyer d’urgence l’argent et le genre de bombes nécessaires à cette guerre :

« Les États-Unis prévoient de transférer à Israël des bombes de précision d’une valeur de 320 millions de dollars, dans le cadre de la guerre génocidaire menée sans relâche par le régime contre la bande de Gaza assiégée.

Le Wall Street Journal a révélé l’information dans un rapport publié lundi, citant une source familière avec le plan.

Le rapport indique que l’administration du président américain Joe Biden a informé le Congrès du transfert prévu des assemblages de bombes de la famille Spice Gliding par le biais d’une notification officielle envoyée aux dirigeants du Congrès le 31 octobre.

Les “Spice Family Gliding Bomb Assemblies” constituent un type spécial d’armes guidées avec précision, qui sont tirées par des avions de guerre. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/11/06/714153/United-States-plan-transfer-precision-bombs-Israel-war-Gaza

Les médias aussi participent à cette diplomatie paravent en présentant un gouvernement Biden impuissant face au gouvernement israélien :

« Depuis dix jours, l’administration Biden exhorte le Premier ministre Benjamin Netanyahu à autoriser des “pauses humanitaires” dans les bombardements sur Gaza, espérant que les 3,8 milliards de dollars par an d’aide américaine à la sécurité auraient suffisamment d’influence sur les tactiques du dirigeant israélien.

Ce n’est pas le cas. Lors d’un appel téléphonique lundi, Netanyahou a rejeté la demande de Biden d’intensifier les efforts pour éviter les pertes civiles. Et il a poursuivi ce qu’il a appelé “une puissante vengeance” pour les attaques du 7 octobre, en utilisant d’énormes bombes pour détruire le réseau de tunnels du Hamas, même si elles détruisent également des quartiers entiers de Gaza. »

https://www.yahoo.com/news/biden-confronts-limits-u-leverage-123844223.html

L’impuissance déclarée de Biden n’empêche pourtant pas que :

« Washington est le plus grand soutien militaire d’Israël, et la Maison Blanche a demandé au Congrès une aide supplémentaire de 14 milliards de dollars pour Israël à la suite des attaques du Hamas. Les responsables et conseillers de l’administration affirment que les leviers dont disposent théoriquement les États-Unis sur Israël, comme conditionner l’aide militaire à une campagne militaire plus ciblée, ne sont pas viables, en partie parce qu’ils seraient politiquement impopulaires dans n’importe quelle administration et en partie parce que, disent les collaborateurs, Biden lui-même a un attachement personnel à Israël. »

https://archive.is/LzhTd

Le genre mari cocu qui continue à gâter sa femme de cadeaux ??

Pourtant ses subalternes eux-mêmes essaient de lui faire comprendre que ce n’est pas la bonne méthode pour regagner sa crédibilité :

« Les employés du Département d’Etat ont émis une critique cinglante de la gestion de la guerre Israël-Hamas par l’administration Biden dans un mémo dissident obtenu par POLITICO, arguant que, entre autres choses, les Etats-Unis devraient être prêts à critiquer publiquement les Israéliens.

Le message suggère une perte de confiance croissante des diplomates américains dans l’approche du président Joe Biden face à la crise du Moyen-Orient. Il reflète les sentiments de nombreux diplomates américains, en particulier aux échelons intermédiaires et inférieurs, selon des conversations avec plusieurs membres du personnel du ministère et d’autres rapports. Si ces désaccords internes s’intensifient, il pourrait être plus difficile pour l’administration Biden d’élaborer une politique à l’égard de la région.

Le mémo contient deux demandes essentielles : que les États-Unis soutiennent un cessez-le-feu et qu’ils équilibrent leurs messages privés et publics à l’égard d’Israël, notamment en émettant des critiques sur les tactiques militaires israéliennes et le traitement des Palestiniens que les États-Unis préfèrent généralement garder secrètes.

L’écart entre les messages privés et publics des Etats-Unis “contribue à la perception par le public régional que les Etats-Unis sont un acteur partial et malhonnête, ce qui au mieux ne fait pas avancer, et, au pire, nuit aux intérêts des Etats-Unis dans le monde entier », indique le document.

« Nous devons critiquer publiquement les violations par Israël des normes internationales telles que le fait de ne pas limiter les opérations offensives à des cibles militaires légitimes », indique également le message. « Lorsqu’Israël soutient la violence des colons et les saisies illégales de terres ou fait un usage excessif de la force contre les Palestiniens, nous devons faire savoir publiquement que cela va à l’encontre de nos valeurs américaines afin qu’Israël n’agisse pas en toute impunité. »

https ://www.politico.com/news/2023/11/06/u-s-diplomats-slam-israel-policy-in-leaked-memo-00125538

***

Pendant que Biden est prêt à sacrifier ce qui reste de crédibilité aux Etats-Unis pour défendre les atrocités d’Israël, beaucoup de juifs, connus et anonymes, montrent publiquement qu’ils sont contre l’attitude du gouvernement israélien, par des déclarations pour les plus connus ou des manifestations pour les anonymes. Ils font partie de ces gens pour qui la morale et l’éthique passent avant le sentiment d’appartenance social et peuvent donc critiquer sans problème leurs représentants lorsque c’est nécessaire. Evidemment, ne pouvant être traités d’antisémites, ces gens sont traités de traîtres par ceux qui restent coincés dans une vision sectaire, style eux/nous, des événements. Mais cela ne les empêche pas de garder leurs principes moraux avant tout, comme l’explique l’israélien Ilan Pappe :

« Il est difficile de maintenir sa boussole morale lorsque la société à laquelle on appartient – dirigeants et médias confondus – prend le dessus et attend de vous que vous partagiez avec elle la même fureur vertueuse avec laquelle elle a réagi aux événements de samedi dernier, le 7 octobre.

Il n’y a qu’une seule façon de résister à la tentation de se joindre à eux : si vous avez compris, à un moment de votre vie – même en tant que citoyen juif d’Israël – la nature coloniale du sionisme et si vous avez été horrifié par ses politiques à l’encontre du peuple autochtone de Palestine.

Si vous avez pris conscience de cela, vous ne vacillerez pas, même si les messages empoisonnés décrivent les Palestiniens comme des animaux ou des “animaux humains” [Yoav Gallant, ministre de la Défense]. Ces mêmes personnes insistent pour décrire ce qui s’est passé samedi dernier comme un “Holocauste”, abusant ainsi de la mémoire d’une grande tragédie. Ces sentiments sont véhiculés, jour et nuit, par les médias et les hommes politiques israéliens.

C’est ce sens moral qui m’a conduit, ainsi que d’autres membres de notre société, à soutenir le peuple palestinien par tous les moyens possibles ; et qui nous permet, en même temps, d’admirer le courage des combattants palestiniens qui se sont emparés d’une douzaine de bases militaires, surmontant l’armée la plus puissante du Moyen-Orient. »

https ://investigaction.net/mes-chers-amis-israeliens-voici-pourquoi-je-soutiens-les-palestiniens/

Commençons par les juifs anonymes.

Le 19 octobre :

« Des centaines de juifs américains et de leurs alliés ont été arrêtés au Capitole mercredi lors d’une manifestation demandant aux membres du Congrès de faire pression sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où près de 3 500 Palestiniens ont été tués en 12 jours de bombardements israéliens incessants.

Des milliers de manifestants menés par des membres de Jewish Voice for Peace (JVP), IfNotNow, Jews for Racial and Economic Justice (JFREJ) et d’autres groupes se sont rassemblés sur le terrain du Capitole et à l’intérieur du bâtiment, où des centaines de personnes ont participé à un sit-in.

Les slogans qu’ils ont scandés – notamment « pas en notre nom » et « cessez le feu maintenant » – ont résonné comme un tonnerre sous la rotonde du Capitole, tandis qu’à d’autres moments, ils frappaient dans leurs mains et chantaient en hébreu avec une détermination solennelle. »

https ://www.antiwar.com/blog/2023/10/19/not-in-our-name-hundreds-arrested-at-us-capitol-as-jewish-led-protest-demands-gaza-ceasefire/

Les arrestations ne les ont pas empêchés de continuer à manifester. Le 6 novembre :

« Vêtus de tee-shirts noirs frappés des slogans « des juifs demandent un cessez-le-feu maintenant » ou « pas en notre nom », quelques centaines de jeunes ont déployé le 6 novembre des banderoles « le monde entier regarde » et « les Palestiniens devraient être libres » au pied du socle de l’emblématique monument symbole de New York.

« Les fameux mots de notre ancêtre juive [la poétesse américaine du XIXe siècle] Emma Lazarus gravés sur ce monument nous obligent à agir pour soutenir les Palestiniens de Gaza qui aspirent à vivre libres », a déclaré dans un communiqué Jay Saper de l’organisation Jewish Voice for Peace (JVP). Un communiqué du groupe Institute for Middle East Understanding (Imeu) exige « la fin du bombardement génocidaire par Israël de civils palestiniens à Gaza ».  

« Tant que la population de Gaza crie, nous devons hurler plus fort, quelles que soient les tentatives pour nous réduire au silence », s’est exclamée la photographe américaine Nancy Goldin, également en présence d’élus locaux de New York, dont une partie est très ancrée à gauche. »

https ://francais.rt.com/international/107857-new-york-militants-juifs-occupent-statue-liberte-gaza

En France :

«« Mariam Abu Daqqa est une grande personnalité palestinienne, connue et respectée pour ses engagements. Dans l’environnement difficile de la bande de Gaza [en guerre depuis le 7 octobre], elle est une infatigable combattante des droits des femmes et un soutien indéfectible aux prisonnières politiques palestiniennes. »

Dans un communiqué publié le lundi 16 octobre, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) a protesté avec la plus grande vigueur contre l’arrêté d’expulsion pris par le ministre de l’Intérieur français contre Mariam Abu Daqqa.

Honteux. Engagé dans un soutien aveugle au gouvernement d’extrême-droite israélien, la France a ce matin procédé à l’arrestation de la résistante palestinienne Mariam Abu Daqqa. Elle est menacée d’expulsion. Je demande sa libération immédiate et renouvelle mon soutien aux… pic.twitter.com/v4WcG9bxrU

— Thomas Portes (@Portes_Thomas) October 16, 2023

Cette militante du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), organisation classée « terroriste » par l’Union européenne (UE), est arrivée en France en septembre pour une tournée de conférences dans plus de quinze villes, à l’invitation d’un collectif marseillais et de plusieurs associations, dont l’AFPS.

Elle a été arrêtée lundi matin aux alentours de 6 h 30 à Marseille, alors qu’elle se rendait à la gare ou elle devait prendre un train pour Toulouse, sa prochaine étape.

D’après Régine Fiorani, membre du collectif Palestine en résistance, citée dans le quotidien La Provence, la militante était hébergée à Marseille chez Pierre Stambul, porte-parole de l’Union juive française pour la paix (UJFP). « L’arrestation a eu lieu à 500 mètres du domicile de Pierre Stambul. Tous les deux ont été arrêtés par la police de l’air et des frontières. » »

https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-israel-palestine-france-expulsion-mariam-abu-daqqa-fplp-droits-femmes

Pour les plus connus, d’abord Finkelstein dont la dénonciation des activités illégales d’Israël ne date pas du 7 octobre :

https ://rumble.com/v3okvw3-gaza-israel-and-the-hamas-attacks-w-prof.-norman-finkelstein.html

Puis l’historien Ilan Pappe, déjà cité ci-dessus :

« Jusqu’au 7 octobre, Israël avait fait pression pour que la définition de l’antisémitisme soit élargie afin d’inclure la critique de l’État israélien et la remise en question du fondement moral du sionisme. Désormais, la mise en contexte et l’historicisation de ce qui se passe pourraient également déclencher une accusation d’antisémitisme.

La déshistoricisation de ces événements aide Israël et les pouvoirs occidentaux à poursuivre des politiques qu’ils préféraient [autant que possible] éviter par le passé pour des raisons éthiques, tactiques ou stratégiques.

Ainsi, l’attaque du 7 octobre est exploitée par Israël comme prétexte pour poursuivre des politiques génocidaires dans la bande de Gaza.

C’est aussi un prétexte pour les États-Unis d’essayer de réaffirmer leur présence au Moyen-Orient. Et c’est un prétexte pour certains pays européens de violer et de restreindre les libertés démocratiques au nom d’une nouvelle « guerre contre le terrorisme ».

Mais ce qui se passe actuellement en Israël-Palestine s’inscrit dans plusieurs contextes historiques que l’on ne peut ignorer. »

https ://www.chroniquepalestine.com/pour-massacrer-les-palestiniens-israel-a-besoin-de-tuer-lhistoire/

Gideon Levy, éditorialiste du journal israélien Haaretz qui nous explique que « La société israélienne s’est enfermée derrière des boucliers, des murs, non seulement physiques mais aussi mentaux. Je vais simplement énoncer les trois principes (Israël peuple élu, la victimisation des Israéliens, la déshumanisation des Palestiniens) qui nous permettent, à nous Israéliens, de vivre avec cette brutale réalité : ».

https://twitter.com/i/status/1722813100817068246

Enfin, parce que l’union fait la force, c’est un groupe d’intellectuels juifs qui dénoncent par lettre interposée, lettre que « les rédacteurs d’un grand magazine étaient prêts à publier, mais leurs avocats leur ont déconseillé de le faire. ». Alors comme elle ne sera pas publier non plus dans la presse grand public, un magasine alternatif comme Le Grand Soir s’y est mis :

« Nous sommes des écrivains, des artistes et des militants juifs qui souhaitent désavouer l’idée largement répandue selon laquelle toute critique d’Israël est intrinsèquement antisémite. Israël et ses défenseurs ont longtemps utilisé cette tactique rhétorique pour protéger Israël de toute responsabilité, conférer de la dignité à l’investissement de plusieurs milliards de dollars des États-Unis dans l’armée israélienne, occulter la réalité mortelle de l’occupation et nier la souveraineté palestinienne. Aujourd’hui, ce bâillon insidieux de la liberté d’expression est utilisé pour justifier les bombardements militaires israéliens en cours sur Gaza et pour faire taire les critiques de la communauté internationale.

Nous condamnons les récentes attaques contre des civils israéliens et palestiniens et déplorons ces pertes de vies humaines. Dans notre douleur, nous sommes horrifiés de voir la lutte contre l’antisémitisme utilisée comme prétexte à des crimes de guerre avec une intention génocidaire déclarée. »

https ://www.legrandsoir.info/un-dangereux-amalgame-lettre-ouverte-d-ecrivains-juifs-nplusonemag.html

***

Nous finirons ce chapitre par deux interviews.

La première avec le premier ministre de l’entité palestinienne car le point de vue palestinien est rarement entendu dans les médias, ces derniers favorisant largement le point de vue israélien :

https://www.france24.com/fr/émissions/en-tête-à-tête/20231109-mohammad-shtayyeh-premier-ministre-palestinien-éliminer-le-hamas-ça-n-arrivera-pas

La deuxième avec De Villepin, aussi pragmatique que la semaine dernière :

https://www.youtube.com/watch?v=vY7Iw54NiWM

L’Ukraine

Comme toujours en cas d’échec, la dissension interne apparaît quand chacun rejette la faute de l’échec sur l’autre. C’est ce qui commence à se passer en Ukraine :

« Les enjeux augmentent à mesure que la situation interne de l’Ukraine connaît des bouleversements majeurs, les factions opposées s’affrontant désormais ouvertement pour le pouvoir d’une manière de plus en plus meurtrière.

Le bras droit personnel de Zaluzhny a été tué par une grenade qui lui a été livrée comme cadeau d’anniversaire. Les explications officielles tentent de minimiser cet événement en le qualifiant d'”accident” innocent. Il est surprenant de voir combien de crédules sont tombés dans le panneau. Il n’y a pas de “coïncidences” dans le grand jeu de la politique de puissance, en particulier lorsqu’il s’agit d’un État aussi corrompu et d’une classe politique aussi insidieuse que celle de l’Ukraine.

Le timing est beaucoup trop suspect. Tout d’abord, Zaluzhny publie un article très “troublant” et apparemment non approuvé pour The Economist, ce qui amène Zelensky à le contredire immédiatement. Ensuite, Zelensky lui-même prend plusieurs mesures importantes, comme un virage à 180 degrés et l’annulation des élections, signalant ainsi clairement à ses “partenaires occidentaux” qu’il est probablement en train de devenir un voyou.

Mais revenons un instant en arrière. Zelensky a été extrêmement “déçu” par ses partenaires occidentaux, si vous vous souvenez bien. Cela remonte au sommet de l’OTAN de Vilnius, où il est apparu comme un mendiant, a été réprimandé par ses propres alliés pour avoir été “trop excessif” dans ses exigences, et est reparti les mains vides sans qu’aucune des grandes promesses n’ait été tenue, y compris la plus importante de toutes : l’adhésion directe à l’OTAN.

Aujourd’hui, des rumeurs de plus en plus nombreuses font état de frictions importantes entre Zelensky et l’état-major, faisant écho aux intrigues de Bakhmut. Zaluzhny voulait se retirer d’Avdeevka, considérant cette boucherie comme une perte inutile de soldats.

Mais rappelons que Zaluzhny ne peut voir les choses que d’un point de vue militaire : Noir et blanc, perspective A ou B de la logique militaire : Cette boucherie extermine nos troupes, nous devons donc nous retirer.

Le travail de Zelensky consiste à avoir une vue d’ensemble, à gérer la perception, à veiller à la santé de l’opinion publique nationale et, plus important encore, à celle des pays alliés. Il sait que le retrait d’Avdeevka porterait le coup de grâce à la crédibilité de l’Ukraine quant à sa capacité à vaincre la Russie. Il sait que l’aide se tarirait et que les alliés le débrancheraient, ce qui l’oblige à employer la manière forte.

Zaluzhny a contourné son patron et a lancé son propre appel sournois à l’Occident avec son article – certains croyant qu’il s’agissait d’un appel à l’aide secret, destiné à exposer la gravité de la situation, que Zelensky lui-même protège soigneusement. C’est ce qui a rendu Zelensky furieux.

Les rumeurs indiquant que Zaluzhny était l’un des candidats présidentiels potentiels les plus soutenus et les plus populaires, en dehors de Zelensky lui-même, on pense que Zelensky avait besoin d’envoyer un message fort pour ramener Zaluzhny dans le droit chemin. L’assassinat de son assistant personnel a été le moment de la “tête de cheval dans le lit”, pour ceux qui ont vu Le Parrain. »

https://simplicius76.substack.com/p/marching-toward-a-night-of-the-long

« Le président Volodymyr Zelenskiy a appelé les Ukrainiens à rester unis, quelques jours après l’apparition d’un désaccord entre son bureau et le commandant en chef du pays, alors que la guerre avec la Russie se poursuit.

Le dirigeant ukrainien, qui a également déclaré que ce n’était pas le bon moment pour organiser des élections en temps de guerre dans un discours prononcé lundi en fin de journée, a exhorté les Ukrainiens à renforcer le pays et à ne pas se laisser entraîner dans des querelles intestines dangereuses qui pourraient mettre en péril l’effort de guerre.

“Aujourd’hui, tout le monde doit penser à défendre notre pays. Nous devons nous ressaisir, éviter de nous disperser et de nous diviser en querelles ou autres priorités”, a-t-il déclaré. “S’il n’y a pas de victoire, il n’y aura pas de pays. Notre victoire est possible.

L’appel de M. Zelenskiy est intervenu après que des tensions ont éclaté au grand jour, ce week-end, entre le cabinet du président et son général en chef, Valery Zaluzhnyi, qui a comparé l’état du champ de bataille avec la Russie à une impasse de la Première Guerre mondiale.

Quelques jours plus tard, M. Zelenskiy a rejeté l’idée d’une quelconque impasse dans la guerre, tandis que son conseiller pour les affaires étrangères a déclaré que les remarques de M. Zaluzhnyi sur la guerre à The Economist avaient été “très étranges” et qu’elles pourraient faire le jeu de la Russie.

L’idée d’une impasse sur le champ de bataille est très sensible à Kiev, qui a déclaré à plusieurs reprises qu’elle s’opposait à toute négociation avec le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, dont les troupes doivent d’abord être retirées de son territoire.

Dans une autre rupture apparente de la communication, M. Zelenskiy a remplacé vendredi le chef de ses forces d’opérations spéciales, qui a déclaré n’avoir appris son licenciement que par les médias et que M. Zaluzhnyi, son chef, avait également été tenu dans l’ignorance. »

https://www.yahoo.com/news/ukraines-zelenskiy-irresponsible-talk-holding-195844551.html

Ensuite, pour bien assoir son pouvoir, Zelenski annonce :

« Les élections, qui devaient se tenir ce mois-ci, ont été reportées indéfiniment en raison de l’instauration de la loi martiale en février 2022. Les lois ukrainiennes interdisent de voter ou de faire campagne pendant l’état d’urgence.

“Nous devons décider que l’heure de la défense, de la bataille, dont dépend le sort de l’État et du peuple, a sonné”, a déclaré M. Zelensky dans son discours quotidien. “Je pense que l’heure n’est pas aux élections, mais à l’unité de l’Ukraine, a-t-il ajouté.

Le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmitry Kuleba, a déclaré la semaine dernière que M. Zelensky “réfléchissait” à la possibilité d’organiser une élection présidentielle en 2024. M. Kuleba a fait remarquer qu’un tel scrutin serait difficile à organiser, étant donné que des millions d’Ukrainiens sont absents du pays en raison du conflit avec la Russie et que des centaines de milliers d’autres combattent sur le front. »

https://www.rt.com/russia/586713-zelensky-ukraine-not-time-elections/

Et là nous rentrons dans la farce politique la plus totale lorsque le lendemain de cette annonce de Zelenski :

« Dans une déclaration, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a qualifié ce jour de “jour historique car aujourd’hui la Commission recommande au Conseil [de l’UE] d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie”.

Mme von der Leyen a affirmé que Kiev avait entrepris de “profondes réformes” dans son pays, même en plein conflit avec Moscou. Elle a également déclaré que l’Ukraine avait déjà franchi “bien plus de 90 % des étapes nécessaires” à l’adhésion définies par l’Union l’année dernière.

“Sur cette base, nous avons recommandé aujourd’hui au Conseil d’ouvrir des négociations d’adhésion. Nous recommandons également que le Conseil adopte un cadre de négociation une fois que l’Ukraine aura mené à bien les réformes en cours”, a ajouté Mme von der Leyen. »

https://www.rt.com/news/586835-eu-commission-ukraine-talks/

En attendant cette adhésion, les services secrets ukrainiens continuent leurs assassinats :

« Mikhaïl Filiponenko, législateur pro-russe et ex-milicien dans l’est de l’Ukraine occupée, s’est approché d’une voiture devant sa maison mercredi matin… et a été rapidement réduit en miettes, ont rapporté les médias russes.

Les services de renseignement militaire ukrainiens ont immédiatement revendiqué l’assassinat.

“Oui, c’était notre opération”, a déclaré Andriy Cherniak, représentant de la Direction du renseignement militaire de l’Ukraine, également connue sous le nom de GUR, à POLITICO lors d’une conversation téléphonique à propos de l’attentat à la voiture piégée. »

https://www.politico.eu/article/ukraine-russia-mikhail-filiponenko-liquidates-official-in-occupied-luhansk/

Et le gouvernement sa propagande :

« Danilov sur le journal télévisé national commun 24/7, cité par Ukrinform : “Nous remportons actuellement un grand succès sur le front de la Crimée. Nous continuons à nous concentrer sur ce qui se passe sur la terre ferme. Mais lorsqu’il s’agit de la destruction de la Fédération de Russie, de la destruction de ses actifs en Crimée et de la destruction de la flotte de la mer Noire, il s’agit d’énormes succès pour notre pays”.

Danilov s’est dit persuadé qu’il y aurait d’autres bonnes nouvelles à venir concernant la destruction des envahisseurs russes et de leurs ressources sur le front de la Crimée. »

https://www.yahoo.com/news/were-having-huge-success-crimean-221608897.html

Les Etats-Unis

De plus en plus de citoyens prennent conscience qu’un des gros problèmes géopolitiques actuels est la mainmise du CMI sur le gouvernement étasunien. Certains activistes ont donc décidé d’établir un tribunal populaire pour juger ces « marchands de mort ». Un geste essentiellement symbolique mais qui aura peut-être le bénéfice de faire prendre conscience du problème à plus de gens :

« L’objectif de ce “tribunal” est d’attirer l’attention sur la domination écrasante de l’Amérique sur le commerce mondial des armes mortelles et sur le coût que nous payons tous lorsque “les armes nous appartiennent”. Comment les États-Unis en sont-ils venus à embrasser ce commerce mortel, au point de se vanter de leur domination du marché comme d’un signe de la santé et de la forme de l’Amérique ? Comment en sommes-nous arrivés à faire rimer arsenaux et démocratie ? Et n’est-il pas grand temps de dénoncer ce commerce de la mort, comme l’a fait le Sénat américain dans les années 1930 avec la commission Nye ? »

https://bracingviews.substack.com/p/the-new-merchants-of-death

« Rejoignez-nous le dimanche 12 novembre 2023 à 20h00 (EST) pour la séance d’ouverture en direct du Tribunal des crimes de guerre des marchands de mort qui tiendra les fabricants d’armes américains responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

World BEYOND War sera l’hôte de cette séance d’ouverture du Tribunal populaire. Vous pouvez vous inscrire ci-dessous.

Une fois la séance d’ouverture terminée, l’intégralité du Tribunal sera diffusée via des liens vidéo au cours de semaines consécutives, examinant les crimes de guerre en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Somalie, à Gaza et au Yémen.

Le rôle du lobbying, des groupes de réflexion, de la “porte tournante” et d’autres moyens par lesquels ces capitalistes prédateurs s’enrichissent par la guerre seront explorés.

Les témoins seront Cornel West, Richard Falk, le colonel Lawrence Wilkerson, Norman Solomon, John Pilger, Jeremy Kuzmarov, Christian Sorensen, William Astore, Aisha Jumaan, Matt Aikens, Marie Dennis, Kelly Denton-Borhaug, et bien d’autres encore.

Les juges du Tribunal délibéreront sur les preuves présentées et rendront un verdict à l’issue de tous les témoignages. »

https://actionnetwork.org/events/us-weapons-makers-to-be-tried-by-war-crimes-tribunal-beginning-november-12-2023

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

 

Revue de presse alternative du 06/11/2023

 

Par Wayan – Le 6 novembre 2023 – Source :  Le Saker Francophone

Le conflit israélo-palestinien

La troisième semaine de boucherie continue sans qu’une quelconque lumière apparaisse au bout du tunnel pour les gazaouis. Nul doute que cette période sera une tache supplémentaire sur la conscience collective de l’humanité, qui en compte déjà beaucoup.

En voyant les discours publics tenus par certains diplomates israéliens et leurs soutiens occidentaux, on voit bien que cette folie n’est pas près de s’éteindre car elle les consume totalement. Ce qui n’est pas un bon signe pour l’avenir du pays, la folie n’étant jamais bonne conseillère.

Commençons par l’ancien ambassadeur israélien en Italie :

 « Je voudrais dire que nous, en Israël, au moins la population, ne sommes pas intéressés par tous ces discours rationnels palestiniens. Pour nous il n’y a qu’un objectif : Détruire Gaza, détruire ce diable absolu… »

https://twitter.com/MiddleEastEye/status/1719025745626910862

« Interrogé lors d’une interview avec Radio Kol Berama sur l’opportunité de larguer une bombe atomique sur l’enclave, le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu a déclaré que « c’est l’une des possibilités ».

Au cours de l’entretien, Eliyahu s’oppose également à l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza. Il a expliqué que « nous ne donnerions pas d’aide humanitaire aux nazis » et ajoute qu’ « il n’y a pas de civils non impliqués dans la bande de Gaza ».

Il est favorable à la reprise du territoire de la bande de Gaza et au rétablissement des implantations qui s’y trouvaient. Interrogé sur le sort de la population palestinienne, il estime qu’ils « peuvent aller en Irlande ou dans le désert, les monstres de Gaza devraient trouver une solution par eux-mêmes ».

Il affirme que le nord de la bande de Gaza n’a pas le droit d’exister, et que toute personne brandissant un drapeau palestinien ou du Hamas « ne devrait pas continuer à vivre sur la surface de la terre ». »

https://fr.timesofisrael.com/liveblog_entry/amichay-eliyahu-bombarder-gaza-est-une-option-la-population-devrait-aller-en-irlande-ou-dans-les-deserts/

On remarquera de nouveau l’amalgame Hamas=Gaza. Dans leur esprit, détruire le Hamas veut dire détruire Gaza, comme le sous-entendait déjà Netanyahou la semaine dernière.

« L’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies voulait un symbole fort. Il a décidé d’arborer l’étoile jaune, celles que les Juifs étaient contraints de porter pendant la Seconde Guerre mondiale. Et cela jusqu’à l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’organisation d’une résolution condamnant le massacre perpétré par le groupe terroriste Hamas le samedi 7 octobre. « Certains d’entre vous ont oublié pourquoi cette organisation a été créée après la Shoah », s’est écrié Gilad Erdan. « Alors je vais vous le rappeler. À partir de ce jour, à chaque fois que vous me regarderez, vous vous rappellerez ce que cela signifie de rester silencieux face au mal. » »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231031-malaise-en-israël-sur-l-étoile-jaune-portée-par-un-diplomate-israélien-à-l-onu

« S’adressant à CNN, on a demandé à Lindsey Graham, député de Caroline du Sud : « Existe-t-il un seuil pour vous, et pensez-vous qu’il devrait y en avoir un pour le gouvernement des États-Unis, dans lequel les États-Unis diraient : « Attendons une seconde en termes de victimes civiles ?’

Graham a répondu : « Non. Si quelqu’un nous demandait après la Seconde Guerre mondiale : « Y a-t-il une limite, que feriez-vous pour vous assurer que le Japon et l’Allemagne ne conquièrent pas le monde ? Y a-t-il une limite à ce qu’Israël devrait imposer à ceux qui tentent de massacrer les Juifs ?’

“La réponse est non. Il n’y a pas de limites.”

Graham a déclaré qu’Israël devrait « être intelligent » et « essayer de limiter les pertes civiles du mieux que nous pouvons ». Déployons l’aide humanitaire dans les zones qui protègent les innocents. Je suis tout à fait pour ça. »

https://www.rt.com/news/586356-senator-graham-no-limit-civilian-casualties-gaza/

Sans parler des « analystes de plateaux TV » français qui en sont à argumenter sur le fait que : « tuer aléatoirement des enfants à coup de bombes ne peut être comparé à tuer des enfants froidement à coup de fusil. Le premier est humain, l’autre non ». Oui, tel est le niveau hallucinant du « débat » public actuel sur ce sujet :

https://twitter.com/i/status/1720519100143714740

Pour rehausser le débat, une intéressante interview par RFI d’un ancien soldat israélien qui, loin des plateaux télé, a vécu directement cette tragédie :

« RFI : Comment votre perception des actions de l’armée israélienne – et du gouvernement – a-t-elle changé ?

Benzi Sanders : Avant mon déploiement dans la bande de Gaza en 2014, j’ai passé huit mois en Cisjordanie. Rien que cette expérience m’a ouvert les yeux. Avant, je ne comprenais pas vraiment, je me disais que Tsahal défendait Israël contre une armée qui l’envahissait, arrêtait des attaques terroristes, alors qu’en réalité, ma routine, c’était de faire de l’occupation. On participait à l’extension des colonies et on jetait les Palestiniens hors de chez eux, non pas parce qu’ils représentaient un risque sécuritaire, mais parce qu’on pensait, idéologiquement, que toute cette terre était la nôtre.

Puis, il y a eu une escalade militaire dans le sud et nous avons été déployés à Gaza. Lorsque mon unité d’infanterie est entrée dans le premier village de Gaza, en juillet 2014, la nuit entière n’a été qu’explosions, artillerie et frappes aériennes. Le ciel nocturne était illuminé. Nous avons nettoyé les maisons en envoyant des grenades par les fenêtres, en faisant exploser les portes et en tirant des balles dans les pièces pour éviter les embuscades et les pièges. On nous avait dit que les civils palestiniens avaient fui, ce qui était plus ou moins vrai, mais pas entièrement. Je m’en suis rendu compte lorsque je me suis penché sur le cadavre d’une vieille femme palestinienne dont le visage avait été mutilé par des éclats d’obus. Elle gisait sur le sol en sable d’une cabane, dans une mare de sang. Une autre unité a trouvé une famille entière qui était restée sur place. C’est ce que j’ai vécu la dernière fois que les troupes israéliennes ont pénétré à grande échelle dans la bande de Gaza, lorsque mon unité de forces spéciales a été l’une des premières à y entrer.

RFI : Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?

Cette expérience intense de perdre des soldats, des camarades de mon unité et voir la destruction et la perte de vies palestiniennes, tous ces sacrifices, cette mort et cette destruction que j’ai vécus n’ont en fait servi à rien en l’espace de quelques années. Le Hamas est devenu encore plus fort. Ce que cela m’a appris, c’est que si vous voulez combattre le terrorisme, il faut créer de l’espoir et il faut créer une alternative pour les Palestiniens. Lorsque les Palestiniens n’ont plus d’espoir, ils se tournent vers le terrorisme. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231101-guerre-israël-hamas-tous-ces-sacrifices-et-cette-destruction-n-ont-servi-à-rien

Il est à noter que la folie qui touche les politiciens israéliens et les analystes de plateaux rémunérés épargne les médias comme RFI qui essaye d’être le moins biaisé possible sur ce sujet. Une remarque que s’est faite aussi Arnaud Bertrand sur Twitter :

« J’ai remarqué quelque chose d’intéressant.

Tout d’abord, j’ai été sincèrement surpris de constater qu’un grand nombre de médias occidentaux, d’organisations multilatérales et d’ONG semblent faire preuve d’une honnêteté plutôt rafraîchissante quant à ce qui se passe réellement dans la bande de Gaza.

La BBC a été étonnamment impartiale jusqu’à présent, le FT a publié de nombreux articles appelant à un cessez-le-feu, tout comme le Washinton Post, et nous avons même Piers Morgan (Piers Morgan !) qui écrit maintenant des tweets quotidiens pour dénoncer le massacre en cours. Je ne parle même pas des divers organes de l’ONU, de l’OMS, de la Croix-Rouge, etc. qui crient tous leur indignation face au mépris flagrant d’Israël pour la vie humaine.

C’est tout à fait nouveau. Il y a eu très peu de périodes dans l’histoire avec une telle déconnexion entre la politique étrangère officielle et les médias, à l’exception peut-être de la fin de la guerre du Vietnam ; mais cela était vraiment limité à l’Amérique et c’était après des années de guerre épuisante. En revanche, cette déconnexion s’est produite presque partout dans le monde et a commencé immédiatement.

Bien sûr, les suspects habituels continuent de se livrer à une propagande éhontée, mais dans l’ensemble, l'”environnement narratif” est sans commune mesure avec, par exemple, la manière dont la guerre en Ukraine a été couverte, où il était pratiquement impossible de trouver une seule source médiatique couvrant les choses de manière un tant soit peu équitable. Peut-être s’agit-il en fait d’une leçon tirée par les médias de cette dernière expérience, qui sait ? »

https://twitter.com/RnaudBertrand/status/1719753372696482176

Il semble que le Comité International Olympique fasse exception à cette retenue et montre au monde entier son biais politique alors que, en tant qu’association sportive internationale, elle devrait s’efforcer de rester politiquement neutre :

« La position du Comité international olympique selon laquelle les athlètes israéliens ne sont pas responsables des actions de leur gouvernement est “scandaleuse” étant donné l’interdiction générale du CIO à l’égard de la Russie pour ces mêmes raisons, a déclaré jeudi le ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov.

“Le CIO s’est totalement discrédité”, a déclaré M. Lavrov à la presse, accusant l’instance de “démontrer son activisme politique à maintes reprises”.

“Tout ce qui correspond aux intérêts de l’Occident, principalement des États-Unis, est soutenu par ces derniers, qui cherchent des formules pour que cela fonctionne”, a ajouté le ministre russe des affaires étrangères.

Mercredi, l’agence allemande DPA a publié une déclaration d’un porte-parole du CIO avertissant les participants aux prochains Jeux olympiques de Paris de ne pas adopter de “comportement discriminatoire” à l’égard des athlètes israéliens.

“Le CIO est attaché au concept de responsabilité individuelle et les athlètes ne peuvent être tenus responsables des actions de leurs gouvernements”, a déclaré le porte-parole, ajoutant que si quelque chose de ce genre se produit, le CIO “veillera à ce que des mesures rapides soient prises, comme lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020.”

Lors des Jeux de Tokyo, le judoka algérien Fethi Nourine s’est retiré de la compétition pour éviter un éventuel match avec l’Israélien Tohar Butbul. Nourine et son entraîneur ont tous deux été sanctionnés par le CIO d’une interdiction de 10 ans. »

https://www.rt.com/news/586448-russia-olympic-hypocrisy-paris/

Car les pressions, autant morales que politiques, sont énormes, de part et d’autre :

« Tout a commencé avec une petite phrase : « Les crimes de guerre sont des crimes de guerre, même lorsqu’ils sont commis par des alliés, et devraient être dénoncés pour ce qu’ils sont. » Pour cette critique du 13 octobre à peine voilée de la riposte israélienne, Paddy Cosgrave a dû présenter ses excuses : il a reconnu avoir manqué de compassion et il a condamné l’attaque du Hamas.

« Malheureusement, mes commentaires personnels sont devenus une distraction de l’évènement », a expliqué l’Irlandais Paddy Cosgrave dans un bref communiqué. « Je présente de nouveau mes excuses sincères pour toute souffrance que j’ai pu provoquer », a ajouté le cofondateur de la grand-messe de la tech créée en 2009 à Dublin mais qui se tient à Lisbonne depuis 2016. « Le Web Summit va nommer un nouveau directeur général dans les plus brefs délais » et l’édition de cette année « se déroulera comme prévu », a indiqué un porte-parole de l’organisation.

Mais c’était déjà trop tard : Les géants californiens Google, Meta ou Intel ont très vite annoncé qu’ils allaient boycotter l’événement. Une décision suivie par les principaux sponsors et intervenants de ce grand rendez-vous du numérique. Conséquence : Paddy Cosgrave a décidé de démissionner pour tenter de sauver l’événement. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20231022-le-patron-du-web-summit-démissionne-après-la-polémique-sur-ses-critiques-visant-israël

« Tout a commencé lors d’une interview de Keir Starmer après l’attaque du Hamas, où il laissait entendre qu’Israël a le droit de couper l’eau et l’électricité à Gaza. Les critiques n’ont pas tardé, obligeant l’intéressé à répondre. « Mes propos ont été mal interprétés », a rétorqué le chef des travaillistes, dont la ligne est qu’Israël a le droit de se défendre. Keir Starmer a aussi déclaré que l’aide apportée à Gaza était insuffisante. Il souhaite des pauses dans le conflit afin de permettre aux humanitaires de faire leur travail.

Pas suffisant pour 20 conseillers municipaux qui viennent de démissionner du parti. Pour l’une d’entre elles, Amna Abdullatif, de Manchester, Keir Starmer et d’autres travaillistes tiennent des propos « horribles » et approuvent « un crime de guerre ». Une trentaine de députés demandent à leur chef d’appeler à un cessez-le-feu immédiat. Tout comme 150 conseillers travaillistes, ils ont écrit une lettre à leur leader.

Keir Starmer, bien placé selon les sondages pour devenir le prochain Premier ministre du Royaume-Uni, maintient sa position. La même que celle du gouvernement conservateur, au nom de l’unité dans des circonstances aussi graves. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20231026-royaume-uni-keir-starmer-divise-les-travaillistes-avec-sa-position-sur-israël-et-le-hamas

« Le député conservateur Paul Bristow, qui était jusqu’à lundi après-midi le secrétaire d’État à la technologie de Michelle Donelan, a rompu les rangs avec le premier ministre pour demander un cessez-le-feu, tout en mettant en garde contre la “punition collective” infligée à la population de Gaza “pour les crimes du Hamas”.

Dans une lettre envoyée à Sunak la semaine dernière, Bristow avait exhorté le premier ministre à demander un “cessez-le-feu permanent” afin de “sauver des vies et de permettre à l’aide humanitaire de continuer à parvenir aux personnes qui en ont le plus besoin”. La lettre a été rapportée par le journal Daily Telegraph lundi.

“Paul Bristow a été prié de quitter son poste au sein du gouvernement à la suite de commentaires qui n’étaient pas compatibles avec les principes de la responsabilité collective”, a déclaré un porte-parole de Downing Street lundi après-midi.

Bristow est le premier membre du gouvernement ou du parti travailliste de l’opposition à être renvoyé pour s’être écarté de la ligne de conduite de ses dirigeants respectifs sur le conflit.»

https://www.politico.eu/article/rishi-sunak-fires-government-aide-paul-bristow-after-he-calls-for-israel-hamas-ceasefire/

« Un responsable du Département d’État américain a démissionné suite à la décision de Washington d’augmenter l’aide militaire à Israël, affirmant que la guerre à Gaza soutenue par les États-Unis entraînerait davantage de souffrances tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens.

Josh Paul, directeur du Bureau des affaires politico-militaires du Département d’État, a écrit dans une note publiée en ligne mercredi que l’administration du président Joe Biden répétait les mêmes erreurs que Washington commet depuis des décennies.

« La réponse qu’Israël est en train de prendre, et avec elle le soutien américain à la fois à cette réponse et au statu quo de l’occupation, ne fera que conduire à des souffrances encore plus profondes tant pour le peuple israélien que pour le peuple palestinien », a-t-il écrit.

“Je crains que nous ne répétions les mêmes erreurs que nous avons commises au cours des dernières décennies, et je refuse d’en faire partie plus longtemps”, a-t-il déclaré, ajoutant que le “soutien aveugle d’un côté” de l’administration Biden conduisait à des décisions politiques qui étaient « myopes, destructeurs, injustes et contradictoires avec les valeurs mêmes que nous épousons publiquement ».

«Je savais que cela n’était pas sans complexité morale et sans compromis moraux, et je me suis fait la promesse de rester aussi longtemps que je sentirais que le mal que je pourrais faire pourrait être compensé par le bien que je pourrais faire», a écrit Paul qui était impliqué dans les transferts d’armes aux alliés des États-Unis depuis plus de 11 ans.

« Je pars aujourd’hui parce que je crois que dans notre démarche actuelle en ce qui concerne la fourniture continue – voire élargie et accélérée – d’armes meurtrières à Israël, j’ai atteint la fin de ce marché », a-t-il déclaré. »

https://www.aljazeera.com/news/2023/10/19/state-department-official-resigns-over-bidens-handling-of-israel-gaza-war

« Le directeur du bureau new-yorkais du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a quitté son poste, protestant contre le fait que l’ONU “manque” à son devoir d’empêcher ce qu’il qualifie de génocide des civils palestiniens à Gaza sous les bombardements israéliens et citant les États-Unis, le Royaume-Uni et une grande partie de l’Europe comme «totalement complices de cet horrible assaut ».

Mokhiber, qui a démissionné après avoir atteint l’âge de la retraite, a écrit: « Une fois de plus, nous voyons un génocide se dérouler sous nos yeux et l’organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter. »

Il a déclaré que l’ONU n’avait pas réussi à empêcher les génocides antérieurs contre les Tutsis au Rwanda, les musulmans en Bosnie, les Yézidis au Kurdistan irakien et les Rohingyas au Myanmar et a écrit : « Haut-Commissaire, nous échouons encore.

« Le massacre général actuel du peuple palestinien, enraciné dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d’épuration systématiques, entièrement fondées sur son statut d’Arabe… ne laisse aucun doute. »

Mokhiber a ajouté : « Il s’agit d’un cas d’école de génocide » et a déclaré que les États-Unis, le Royaume-Uni et une grande partie de l’Europe non seulement « refusent de respecter leurs obligations conventionnelles » en vertu des Conventions de Genève, mais qu’ils arment également l’assaut d’Israël et lui fournissent une couverture politique et diplomatique. »

https://www.theguardian.com/world/2023/oct/31/un-official-resigns-israel-hamas-war-palestine-new-york

Pourtant, c’est Netanyahou lui-même qui l’annonce, cette sanglante tragédie va continuer :

« Netanyahu a déclaré qu’Israël « faisait tout son possible » pour ne pas tuer de civils lors de ses attaques contre Gaza. Il a également déclaré que « même les guerres les plus justes entraînent des pertes civiles involontaires ».

Netanyahu a conclu son discours en disant : « La Bible dit qu’il y a un temps pour la paix et un temps pour la guerre.

« L’heure est à la guerre, une guerre pour un avenir commun. Aujourd’hui, nous traçons une ligne entre les forces de la civilisation et les forces de la barbarie.

“Il est temps pour chacun de décider où il se situe. Israël se dressera contre les forces de la barbarie jusqu’à la victoire. J’espère et je prie pour que les nations civilisées du monde entier soutiennent ce combat. Parce que le combat d’Israël est votre combat. Parce que si le Hamas et l’axe du mal iranien gagnent, vous serez leur prochaine cible. C’est pourquoi la victoire d’Israël sera votre victoire.”

Netanyahu a également été interrogé sur les informations selon lesquelles son soutien parmi le peuple israélien aurait considérablement diminué depuis que l’attaque du Hamas a pris par surprise les services de renseignement du pays.

Lorsqu’on lui a demandé s’il démissionnerait, le dirigeant israélien a répondu : « La seule chose que j’ai l’intention de faire démissionner, c’est le Hamas. Nous allons le jeter dans les poubelles de l’histoire.

“C’est mon objectif. C’est ma responsabilité. C’est ce que je conduis le pays à faire. C’est ma responsabilité maintenant. Et c’est quelque chose qui, à mon avis, unit le pays tout entier.” »

https://news.sky.com/story/israel-will-not-agree-to-ceasefire-as-it-would-be-a-surrender-to-hamas-and-terrorism-pm-netanyahu-says-12996687

Je remarque au passage que Zelenski utilisait le même genre d’argument pour attirer le soutien des pays occidentaux : « J’espère et je prie pour que les nations civilisées du monde entier soutiennent ce combat. Parce que le combat d’Israël [de l’Ukraine] est votre combat. Parce que si le Hamas [la Russie] et l’axe du mal iranien gagnent, vous serez leur prochaine cible. C’est pourquoi la victoire d’Israël sera votre victoire ».

Finalement, l’armée israélienne a pénétré Gaza :

« L’armée israélienne étend ses opérations dans la bande de Gaza, mais a évité de qualifier cela d’« invasion terrestre » malgré l’envoi de chars sur le territoire. C’est intentionnel, disent les analystes en sécurité.

Samedi a marqué le début de la « deuxième étape » de la guerre d’Israël contre le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ayant averti que le combat serait « long et difficile », dans un contexte de risques croissants d’un conflit plus large au Moyen-Orient.

L’une des principales raisons de l’ambiguïté de ce qui semble être des opérations terrestres de moindre envergure, plutôt qu’un assaut terrestre à grande échelle, est la nécessité de se débarrasser de l’ennemi, estiment les analystes.

“Ils semblent vouloir laisser le Hamas deviner s’il s’agit vraiment de cela ou s’il s’agit simplement d’une opération de frappe courte et précise”, a déclaré à CNBC un ancien officier du renseignement de l’armée britannique, qui s’est exprimé anonymement en raison de restrictions professionnelles. »

https://www.cnbc.com/2023/11/01/israels-second-phase-of-war-is-underway-as-troops-push-into-gaza.html

Une autre explication serait que, face aux injonctions de ses alliés occidentaux de ne pas le faire, Israël préfère ne pas trop en parler.

« “C’est notre deuxième guerre d’indépendance. Nous allons sauver notre pays”, a-t-il déclaré [Netanyahou].

Mais Daniel Hagari, porte-parole militaire, a ensuite présenté l’opération de manière plus modeste aux journalistes, déclarant que les Forces de défense israéliennes allaient “augmenter progressivement leur activité terrestre dans la bande de Gaza et l’ampleur de leurs forces”.

Cette formulation prudente dément les rapports faisant état de violents combats menés par des unités relativement petites des FDI qui ont pénétré dans la bande de Gaza, avec l’appui de chars, d’hélicoptères et de frappes aériennes. Bien qu’intenses, ces courses ne constituent pas une invasion massive que les FDI se sont positionnées pour lancer et indiquent que la guerre pourrait être menée par des engagements plus petits et ciblés plutôt que par une poussée massive à travers l’enclave densément peuplée. »

https://www.politico.com/news/2023/10/28/israel-gaza-ground-operation-00124104

Mais la résistance est sévère :

« Au début, le drone survole un quartier de Beit Hanoun, qui n’est plus qu’un champ de ruines froissées dans le désert aride du nord de la bande de Gaza, suite aux frappes aériennes israéliennes répétées.

Les images terrifiantes, filmées par l’engin du Hamas lui-même, montrent comment il change de focalisation de manière robotisée pour trouver sa cible et se concentrer sur elle. Une bombe noire, munie d’une queue orange vif pour la guider, reste suspendue dans les airs pendant quelques secondes, puis tombe.

Le plan grand angle se resserre pour révéler l’impact de l’explosif, à quelques mètres d’une douzaine de soldats d’une unité d’infanterie israélienne au repos. La plupart d’entre eux se lèvent d’un bond, s’éparpillent dans la fumée et courent à travers le terrain vague. D’autres semblent rester au sol, sans que l’on sache dans quel état ils sont.

Les images, diffusées par la branche militaire du Hamas sur les réseaux sociaux, n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante, mais elles montrent que le groupe terroriste adopte des tactiques largement répandues dans la guerre en Ukraine, où l’utilisation de drones commerciaux remodelés pour attaquer l’ennemi est devenue courante sur les lignes de front des champs de bataille. »

https://www.yahoo.com/news/hamas-using-ukraine-war-tactics-073126998.html

« Les chars et les troupes israéliennes ont rencontré une résistance féroce de la part des combattants du Hamas qui utilisent des mortiers et les tunnels pour repousser l’invasion terrestre de la ville de Gaza par Tel Aviv après près de quatre semaines de bombardements.

Les combattants du Hamas et de son allié le Jihad islamique sortaient des tunnels pour tirer sur les chars, puis disparaissaient à nouveau dans le réseau, selon des habitants et des vidéos des deux groupes montrées jeudi, dans des opérations de type guérilla contre les troupes israéliennes.

“Ils n’ont jamais cessé de bombarder la ville de Gaza toute la nuit, la maison n’a jamais cessé de trembler”, a déclaré à Reuters un habitant anonyme. “Mais au matin, nous avons découvert que les forces israéliennes étaient toujours à l’extérieur de la ville, dans la périphérie, ce qui signifie que la résistance est plus forte qu’ils ne le pensaient.

Des commandants militaires ont déclaré que les troupes israéliennes étaient “aux portes de la ville de Gaza”. Herzi Halevi, chef de l’état-major général de l’armée israélienne, a déclaré que les troupes israéliennes se battaient dans une zone urbaine dense et complexe, qui exigeait des combats professionnels.

“Il s’agit certainement d’un terrain plus richement parsemé que par le passé en champs de mines et en pièges. Le Hamas a appris et s’est bien préparé”, a déclaré le général de brigade Iddo Mizrahi, chef du génie militaire israélien.

L’armée israélienne a déclaré que des combattants palestiniens avaient tué le commandant de bataillon d’une brigade blindée à Gaza. Le lieutenant-colonel Salman Habaka est devenu le 18e soldat tué à Gaza en deux jours de violents combats.

Il est le soldat israélien le plus gradé à avoir été tué depuis que l’invasion terrestre s’est intensifiée mardi. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/11/02/713887/Palestine-Israel-Gaza-Hamas-Einav-shooting

On se souvient que le Hezbollah était parmi ceux qui menaçaient Israël en cas d’invasion de Gaza :

« Les escarmouches entre Israël et le Hezbollah ont été principalement limitées en termes de portée et de géographie au cours des trois premières semaines des combats frontaliers, ciblant essentiellement des zones isolées et des installations militaires proches de la frontière.

Mais ces derniers jours, les deux camps ont élargi la portée de leurs opérations, dépassant la distance de 2 à 4 km de la frontière qu’ils avaient précédemment observée.

Ali Hashem, d’Al Jazeera, a déclaré lundi qu’Israël visait désormais des villes situées à quelque 16 km de profondeur dans le sud du Liban, tandis que le Hezbollah et les groupes armés qu’il soutient frappaient des cibles situées à 14 km de profondeur. Il a ajouté qu’un immeuble résidentiel avait également été touché en Israël. »

https://www.aljazeera.com/news/2023/10/31/is-the-trajectory-of-lebanon-israel-border-conflict-changing

« Dans un contexte de montée des tensions au Sud-Liban, les combattants du Hezbollah ont adressé le 1er novembre un message de soutien aux forces du mouvement islamiste gazaoui.

Publiée sur le site du parti chiite Al-Manar, une lettre des « Moudjahidines de la Résistance islamique au Liban » a été envoyée aux « courageux Moudjahidines de la Résistance de la bande de Gaza et de toute la Palestine occupée », les combattants du Hezbollah promettant de prendre les armes « pour soutenir Al-Aqsa ». « Notre doigt est sur la gâchette, à vos côtés, nous combattrons l’ennemi de Dieu en soutien à al-Aqsa », préviennent-ils. « Soyez certains que vos martyrs et nos martyrs sont sur la voie d’al-Qods [Jérusalem], jusqu’au jour de la conquête claire », poursuivent-ils dans leur lettre. »

https://francais.rt.com/international/107795-conflit-gaza-israel-message-hezbollah-hamas

Dans son dernier discours, Nasrallah, le chef religieux du Hezbollah laisse planer le doute quant à ses intentions :

« Le chef du Hezbollah, Hasan Nasrallah, a appelé vendredi à un cessez-le-feu à Gaza tout en s’abstenant d’annoncer un conflit plus large avec Israël, ce qui a soulagé le Liban où beaucoup craignaient la perspective d’une guerre.

Lors d’une allocution télévisée en direct vendredi, Nasrallah a affirmé que l’attaque du 7 octobre du Hamas contre le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre actuelle, avait été menée à l’insu du Hezbollah ou de l’Iran.

Le chef du parti politique et groupe armé chiite soutenu par l’Iran a également déclaré que toutes les options étaient envisageables pour une intensification avec Israël si la crise à Gaza s’aggravait, dans ce qui constituait ses premiers commentaires sur la guerre. Nasrallah a rejeté la responsabilité du carnage actuel à Gaza, où plus de 9 000 Palestiniens ont été tués, sur les États-Unis.

“On craint une escalade ou que le front [libanais] ne débouche sur une guerre plus large”, a déclaré M. Nasrallah. “C’est possible et l’ennemi doit garder cela à l’esprit. »

https://www.aljazeera.com/news/2023/11/3/relief-in-lebanon-as-hezbollahs-nasrallah-holds-off-on-wider-israel-war

Mais il n’y a pas que le Hezbollah pour défendre les palestiniens :

« Les Houthis du Yémen se sont immiscés dans la guerre entre Israël et le Hamas qui fait rage à plus de 1 000 kilomètres de leur siège à Sanaa, déclarant mardi avoir tiré des drones et des missiles sur Israël dans des attaques qui mettent en évidence les risques régionaux du conflit.

Faisant partie d’un “axe de la résistance” soutenu par l’Iran, les Houthis se sont ralliés aux Palestiniens depuis que le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre, ouvrant ainsi un nouveau front pour un mouvement qui fait la guerre depuis huit ans à une coalition dirigée par l’Arabie saoudite dans le Golfe.

Le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, a déclaré dans un communiqué télévisé que le groupe avait lancé un “grand nombre” de missiles balistiques et de drones en direction d’Israël, et qu’il y aurait d’autres attaques de ce type à venir “pour aider les Palestiniens à remporter la victoire”. »

https://news.yahoo.com/yemens-houthis-enter-mideast-fray-170021713.html

« Le Parlement algérien a officiellement autorisé le président Abdelmadjid Tebboune à entrer dans le conflit pour soutenir Gaza, avec un vote unanime de 100/100.

Cette décision intervient en réponse à l’escalade des massacres israéliens contre la population palestinienne dans la bande de Gaza assiégée.

L’Algérie devient la deuxième nation arabe à déclarer son soutien officiel à la Palestine et à s’opposer à Israël. »

https://www.albawaba.net/news/algerian-parliament-authorizes-president-tebboune-support-gaza-amid-israeli-assaults-1540187

« Des milices soutenues par l’Iran ont attaqué quatre bases américaines en Irak et en Syrie en l’espace de 24 heures, a rapporté Al-Mayadeen dimanche. Ces attaques ont eu lieu après que les forces américaines ont lancé des frappes aériennes contre des cibles iraniennes dans les deux pays.

La Résistance islamique en Irak a annoncé dimanche qu’elle avait pris pour cible la base d’al-Shaddadi dans l’est de la Syrie samedi avec deux drones, et qu’elle avait lancé des roquettes sur une autre base américaine dans le champ pétrolifère d’al-Omar près de Deir ez-Zor, a rapporté la chaîne d’information libanaise Al-Mayadeen.

La frappe sur la base d’al-Omar a déclenché des explosions secondaires à l’intérieur de l’installation, ont indiqué les sources d’Al-Mayadeen. Les sources de la chaîne ont également indiqué que des missiles avaient été tirés sur une base américaine à Kharab al-Jir, dans le nord-est de la Syrie.

En Irak, la Résistance islamique a déclaré que ses combattants avaient attaqué la base américaine d’al-Tanf, près des frontières syrienne et jordanienne.

La Résistance islamique en Irak est un terme générique pour les milices liées à l’Iran et au Hezbollah qui opèrent dans le pays. L’un de ces groupes, les Brigades du Hezbollah irakien, a déclaré à Al-Mayadeen que les attaques étaient une réponse au soutien américain à la campagne aérienne et terrestre d’Israël contre Gaza. »

https://www.rt.com/news/586111-us-bases-attacked-syria/

Pourtant la Maison Blanche n’a pas l’air de prendre au sérieux ces menaces d’extension du conflit :

« Les services de renseignement américains estiment actuellement que l’Iran et ses mandataires cherchent à éviter la guerre avec Israël.

La communauté du renseignement américain estime – pour l’instant – que l’Iran et ses mandataires calibrent leur réponse à l’intervention militaire israélienne à Gaza de manière à éviter un conflit direct avec Israël ou les États-Unis, tout en imposant des coûts à leurs adversaires.

Mais les États-Unis sont également très conscients du fait que l’Iran ne contrôle pas parfaitement l’ensemble de ses mandataires, en particulier le Hezbollah libanais, le plus important et le plus compétent des différents groupes. Le Hezbollah est un allié du Hamas, le groupe qui a attaqué Israël le 7 octobre, et se positionne depuis longtemps comme combattant contre Israël. Les autorités américaines craignent que la politique interne du groupe n’incite le Hezbollah à exacerber les tensions qui couvent.

Les États-Unis n’ont pas toujours une visibilité parfaite des communications entre l’Iran et ses différents mandataires, selon des sources familières avec les services de renseignement américains dans la région. »

https://edition.cnn.com/2023/11/02/politics/us-intelligence-iran-proxies/index.html

Non seulement le manque de visibilité mais les innombrables myopies et erreurs d’analyses des services de renseignements étasuniens, le dernier en date a propos de la faiblesse de la Russie. Sans parler des services israéliens qui, rappelons-le, ont favorisé la montée en puissance du Hamas et se prennent un sérieux retour de bâton. Comme les Etats-Unis avec Al-Qaida en Afghanistan et ISIS en Syrie :

« 2015- Avi Primor, ancien ambassadeur d’Israël en UE et en Allemagne à l’époque de l’administration d’Yitzhak Rabin, s’exprime sur le Hamas.

Primor: “Le Hamas c’est le gouvernement israélien. C’est nous qui avons créé le Hamas afin de créer un poids contre le Fatah à l’époque”. »

https://twitter.com/pam33771/status/1718555829614653543

« Alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait rage, le rôle de l’Iran reste une question centrale. Si Téhéran se sent sans doute conforté dans son modèle de campagne armée contre Israël, il ne cherchera probablement pas l’escalade en affrontant militairement Israël et les États-Unis. Les responsables iraniens semblent plutôt considérer la guerre comme une occasion de rehausser l’image de Téhéran dans le monde islamique et dans le Sud en général. »

https://foreignpolicy.com/2023/11/02/iran-regional-war-israel-hamas-hezbollah/

Là encore, c’est prendre ses désirs pour la réalité. Nettoyer ethniquement Gaza sans entraîner le Moyen Orient, et le reste du monde, dans une spirale infernale. C’est le pari d’Israël et il compte bien entraîner ses alliés occidentaux dans une telle aventure.

Car, sans une intervention extérieure forte, il apparaît maintenant évident qu’Israël compte aller jusqu’au bout de son projet de « détruire Gaza » comme l’on dit publiquement Netanyahou et l’ambassadeur en Italie plus haut, puis grignoter toute la Cisjordanie comme cela se fait déjà en ce moment. Pas sûr du tout que les pays voisins laissent faire une telle ignominie.

L’Ukraine

Commençons par un rappel. En avril 2022, deux mois après le début de cette guerre, un accord de cessez-le-feu était négocié et quasiment conclu entre l’Ukraine et la Russie. Puis Boris Johnson s’est déplacé à Kiev pour rendre visite à Zelenski. Le lendemain, ce dernier rompait les négociations et la guerre repartait de plus belle.

Plusieurs personnes ont déjà témoigné de cette histoire. Une autre vient de rajouter son témoignage :

« La quatrième source est nouvelle. Dans une récente interview accordée au quotidien allemand Berliner Zeitung, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder confirme les deux parties du récit de Poutine. Pour la première fois, Schröder a donné un compte rendu détaillé de son rôle dans les pourparlers d’Istanbul, bien que, comme Nicolai Petro me l’a fait remarquer, il l’ait déjà laissé entendre par le passé. Schröder a déclaré qu’à la demande de l’Ukraine, il a joué un rôle central de médiateur dans les pourparlers. Avec Rustem Umyerov, Schröder devait “transmettre un message à Poutine”.

Umyerov est l’actuel ministre de la défense de l’Ukraine. À l’époque, en mars 2022, il jouait un rôle clé dans les négociations. Schröder déclare avoir “eu deux conversations avec Umyerov, puis une conversation en tête-à-tête avec Poutine et enfin avec l’envoyé de Poutine”.

Selon Schröder, l’Ukraine “n’adhérerait pas à l’OTAN”, accepterait des garanties de sécurité “de compromis”, a déclaré qu’elle “réintroduirait le russe dans le Donbass” et “était prête à parler de la Crimée”.

“Mais en fin de compte, il ne s’est rien passé”, a déclaré Schröder. “J’ai l’impression qu’il ne pouvait rien se passer parce que tout le reste était déjà décidé : Il ne pouvait rien se passer parce que tout le reste était décidé à Washington”. Comme les sources russes et turques, Schröder rapporte que “les Ukrainiens n’ont pas accepté la paix parce qu’ils n’en avaient pas le droit. Ils devaient d’abord interroger les Américains sur tout ce dont ils avaient discuté.” »

https://original.antiwar.com/ted_snider/2023/10/23/the-mounting-evidence-that-the-us-blocked-peace-in-ukraine/

En bon capitaine du Complexe militaro industriel, Johnson aura été récompensé de son travail :

« L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a été engagé par le Center for European Policy Analysis (CEPA), un groupe de réflexion de Washington DC connu pour être financé par le gouvernement américain, l’OTAN et les entreprises militaires occidentales.

Boris Johnson sera membre de l’International Leadership Council du CEPA, décrit comme un “groupe consultatif de haut niveau”, a annoncé le groupe de réflexion cette semaine.

Selon la directrice de CEPA, Alina Polyakova, “l’engagement de M. Johnson en faveur de la victoire de l’Ukraine” fait de lui un “ajout inestimable à ce groupe distingué de leaders d’opinion”, à ce qu’elle décrit comme un “moment charnière pour l’alliance transatlantique”.

Johnson a lui-même publié une déclaration à ce sujet, qualifiant le “lien transatlantique” de plus important que jamais, “non seulement pour la liberté et l’indépendance de l’Ukraine, mais aussi pour la liberté dans le monde entier”. »

https://www.rt.com/news/585910-boris-johnson-cepa-lobbyist/

Car le travail de sape de Johnson a permis que :

« Les plus grandes entreprises militaires et de défense occidentales ont vu leurs revenus grimper en flèche en raison des commandes liées au conflit ukrainien, comme l’ont révélé les résultats du troisième trimestre publiés cette semaine. Cette hausse des revenus est attribuée à la forte augmentation des dépenses militaires des pays occidentaux afin de fournir des armes à l’Ukraine et de réarmer leurs propres armées.

Les entreprises américaines Lockheed Martin, General Dynamics et RTX (anciennement Raytheon Technologies Corp) ont toutes publié des résultats supérieurs aux prévisions au cours de la semaine dernière et ont indiqué qu’elles s’attendaient à des revenus encore plus élevés au cours des prochains trimestres.

Lockheed Martin a déclaré que ses résultats du troisième trimestre “étaient conformes ou supérieurs à nos attentes dans tous les domaines” et que le carnet de commandes restait “solide à 156 milliards de dollars, les commandes nationales et internationales ayant été nombreuses”. Le bénéfice net de l’entreprise pour les neuf derniers mois s’est élevé à environ 5 milliards de dollars, contre 3,8 milliards de dollars pour la même période de l’année dernière.

La branche systèmes de combat de General Dynamics a vu ses revenus grimper de près de 25 % au troisième trimestre par rapport à la même période en 2022. L’unité fabrique les véhicules blindés, les chars et l’artillerie qui sont envoyés en Ukraine. »

https://www.rt.com/business/586035-western-arms-makers-revenues-ukraine-gaza/

Cette semaine, un article du Time a fait parler de lui car il fait un portrait sans concessions de Zelenski, reconnaissant implicitement la défaite de l’Ukraine et donnant ainsi le ton a un changement d’attitude de la presse envers l’ex « héros ». Andrew Korybko nous en fait un résumé :

« La dernière couverture du Time Magazine sur Zelensky a attiré l’attention sur une série de vérités “politiquement gênantes” concernant la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine. Intitulé “Personne ne croit en notre victoire autant que moi.”, il contient de nombreux témoignages de ses plus proches collaborateurs et de ses principaux conseillers, sous couvert d’anonymat, qui contredisent totalement les récits conventionnels. Voici les principaux éléments à retenir et les extraits correspondants, qui seront ensuite brièvement analysés.

 * Zelensky est devenu physiquement épuisé après 20 mois passés à quémander de l’aide en permanence.

* Il a ajouté que l’Occident était lui aussi épuisé et avait commencé à se désintéresser du “spectacle” ukrainien

* Zelensky “se sent trahi par ses alliés occidentaux”, qu’il soupçonne de ne plus vouloir sa victoire.

* Ses proches s’inquiètent du fait qu’il soit “noyé dans ses illusions” et qu’il ait développé un complexe “messianique”.

* Il refuse donc toujours d’envisager un cessez-le-feu, bien qu’il s’agisse d’un scénario pragmatique.

* Son discours alarmiste sur la troisième guerre mondiale, qui peut être considéré comme un signe de psychose, n’a pas réussi à rétablir l’attention de l’Occident.

* Le dernier voyage de Zelensky aux États-Unis a été, comme on pouvait s’y attendre, un échec et il devient toxique de le fréquenter.

* Il a candidement admis que le conflit ne se poursuivait que grâce à l’aide américaine.

* Les Ukrainiens pourraient se retourner contre Zelensky si d’autres coupures d’électricité se produisent comme prévu.

* Au moins un général de haut rang pourrait bientôt être licencié pour détourner l’attention de l’échec de la contre-offensive.

* Certaines troupes ont commencé à refuser les ordres de Zelensky d’avancer parce qu’elles manquent d’armes et d’hommes.

* Des recrues plus âgées et en moins bonne santé ont remplacé les jeunes après que ces derniers aient été éliminés au fil des mois.

* Les mesures de conscription forcée sont devenues de plus en plus fréquentes.

* L’action anti-corruption performative de Zelensky n’a fait qu’aggraver la crise du recrutement en Ukraine.

* Les États-Unis subordonneraient l’octroi d’une aide supplémentaire au respect par Kiev de conditions strictes en matière de lutte contre la corruption.

* Néanmoins, aucun progrès n’a été réalisé et la corruption continue de ronger l’État.

* Zelensky tente de faire passer les critiques liées à la corruption pour un jeu intéressé de certains alliés.

* Un fonctionnaire prétendument corrompu a affirmé que capituler face à de telles pressions pourrait conduire à un changement de régime.

* Zelensky admet que la dernière guerre entre Israël et le Hamas détourne l’attention de sa cause.»

https://korybko.substack.com/p/time-magazine-shared-some-politically

L’Ukraine est donc bien au bout du rouleau, au point que la presse grand public est obligé d’en parler :

« Un responsable ukrainien a déclaré que l’armée ukrainienne souffrait d’une pénurie de soldats qui entravait sa capacité à utiliser les armes fournies par l’Occident, selon le magazine Time.

Depuis le début de la guerre, plusieurs responsables ukrainiens ont attribué leurs difficultés à repousser l’invasion russe à la lenteur des livraisons effectuées par leurs alliés.

Toutefois, dans le rapport du Time, une source anonyme identifiée comme un proche collaborateur du président Volodymyr Zelenskyy a mis en évidence un problème différent.

Nous n’avons plus les hommes pour les utiliser”, a-t-il déclaré en référence aux armes occidentales. »

https://news.yahoo.com/ukraine-official-says-cant-properly-154209789.html

Ceux qui pourraient encore être enrôlés pour pallier à cette pénurie de soldats préférant fuir :

« Le service national des gardes-frontières ukrainien a empêché plus de 2 000 fonctionnaires de quitter l’Ukraine depuis la publication, en janvier 2023, d’un décret leur interdisant de quitter le pays sans raison valable. »

https://www.pravda.com.ua/eng/news/2023/10/6/7423023/

Tous les problèmes ukrainiens dont les analystes alternatifs parlent depuis un moment sont en train d’être admis par les dirigeants et les médias grand public occidentaux. Du coup des annonces de pourparlers de paix commencent à apparaître :

« Des responsables américains et européens ont commencé à discuter discrètement avec le gouvernement ukrainien de ce que pourraient impliquer d’éventuelles négociations de paix avec la Russie pour mettre fin à la guerre, selon un haut fonctionnaire américain actuel et un ancien haut fonctionnaire américain au fait de ces discussions.

Les conversations ont porté sur les grandes lignes de ce que l’Ukraine pourrait devoir abandonner pour parvenir à un accord, ont déclaré les fonctionnaires. Certaines de ces discussions, qualifiées de délicates, ont eu lieu le mois dernier lors d’une réunion de représentants de plus de 50 pays soutenant l’Ukraine, y compris des membres de l’OTAN, connue sous le nom de Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, ont indiqué les responsables.

Les discussions sont une reconnaissance de la dynamique militaire sur le terrain en Ukraine et de la dynamique politique aux États-Unis et en Europe, ont déclaré les responsables.

Elles ont débuté alors que les responsables américains et européens s’inquiètent de l’impasse dans laquelle se trouve la guerre et de la possibilité de continuer à fournir de l’aide à l’Ukraine. Les responsables de l’administration Biden s’inquiètent également du fait que l’Ukraine manque de forces, alors que la Russie dispose d’une réserve apparemment inépuisable. L’Ukraine a également du mal à recruter et a récemment été le théâtre de protestations publiques concernant certaines exigences du président Volodymyr Zelenskyy en matière de conscription à durée indéterminée. »

https://www.nbcnews.com/news/world/us-european-officials-broach-topic-peace-negotiations-ukraine-sources-rcna123628

Ces articles sont très mal reçus en Ukraine :

« Les hauts fonctionnaires ukrainiens anonymes qui ont déclaré au magazine Time qu’ils ne partageaient pas la vision du président Vladimir Zelensky d’une victoire militaire sur la Russie doivent être identifiés et évincés, a déclaré mardi aux médias locaux le secrétaire du conseil de sécurité nationale, Aleksey Danilov.

Danilov a exprimé son indignation face à l’article du Time, publié lundi, affirmant qu’il faisait le jeu de la Russie. Le fait que l’hebdomadaire ait accordé l’anonymat à certaines de ses sources – une pratique normale qui permet aux fonctionnaires de discuter franchement des problèmes – “soulève de nombreuses questions”, selon lui.

“Si vous ne croyez pas que notre pays peut remporter la victoire, vous n’avez pas le droit d’être près de notre président”, a déclaré M. Danilov.

Il a suggéré que les sources anonymes avaient causé du tort à l’Ukraine avant d’ajouter : “Je pense que nos agences de sécurité devraient répondre à la question de savoir qui sont ces personnes anonymes”. »

https://www.rt.com/russia/586325-danilov-time-anonymous-sources/

« Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy ne pense pas que la situation sur le front en Ukraine soit une impasse et a déclaré que l’Ukraine ne négocierait pas avec la Russie.

Citation de Zelenskyy : “Il ne s’agit pas d’une impasse. La Russie contrôle le ciel. Nous protégeons nos troupes. Personne [en Ukraine] ne veut jeter notre peuple [dans la bataille] comme le fait la Russie […]. Comment pouvons-nous surmonter cette situation ? Avec les F-16, nous devons attendre que nos hommes soient formés et qu’ils reviennent. Lorsqu’il y aura une défense aérienne sur le front, nos soldats avanceront en déployant l’équipement dont ils disposent.” »

https://www.pravda.com.ua/eng/news/2023/11/4/7427192/

En conséquence, la propagande ukrainienne en direction de sa population, pour cacher cette catastrophe et continuer la guerre, tourne à plein régime. Par exemple cet autre article du magazine ukrainien Ukrainska Pravda qui parle de succès de l’armée ukrainienne sur le front :

« L’état-major général des forces armées a indiqué que les forces ukrainiennes progressent sur les fronts de Melitopol et de Bakhmut, infligeant des pertes aux Russes et les épuisant.

Les forces de défense continuent de mener une opération offensive sur le front de Melitopol, des actions offensives (assaut) sur le front de Bakhmut, infligeant aux forces d’occupation des pertes en hommes et en matériel, et épuisant l’ennemi sur l’ensemble de la ligne de front.

Au cours de la journée, l’armée de l’air des forces armées ukrainiennes a mené trois attaques contre des groupes de personnel, d’armes et d’équipements militaires de l’ennemi. »

https://www.yahoo.com/news/ukraines-armed-forces-exhaust-russians-172936232.html

Mais la propagande du gouvernement anglais est du même niveau :

« Les pertes d’équipement subies par la Russie au cours des dernières semaines ont été si importantes qu’il est probable qu’elle doive maintenant faire avancer ses soldats à pied pour tenter de s’emparer de la ville d’Avdiivka, dans l’est de l’Ukraine, a déclaré le ministère britannique de la défense lors d’une séance d’information sur le renseignement, samedi. »

https://www.yahoo.com/news/losing-200-armored-vehicles-russia-142605141.html

Face à cette catastrophe ukrainienne qui se déroule sous sa présidence, Biden utilise, encore et encore, les mêmes armes déficientes, les sanctions économiques :

« Les États-Unis ont imposé jeudi de nouvelles sanctions radicales contre Moscou en raison de la guerre en Ukraine, ciblant les futures capacités énergétiques de la Russie, l’évasion des sanctions et un drone suicide qui a constitué une menace pour les troupes et l’équipement ukrainiens, entre autres, dans le cadre de sanctions visant des centaines de personnes et d’entités.

Les dernières mesures en date visent une entité majeure impliquée dans le développement, l’exploitation et la propriété d’un projet de grande envergure en Sibérie, connu sous le nom d’Arctic-2 LNG, a indiqué le département d’État dans un communiqué. Ce projet devrait permettre d’acheminer du gaz naturel réfrigéré, connu sous le nom de gaz naturel liquéfié, vers les marchés mondiaux. »

https://www.yahoo.com/news/us-imposes-sweeping-sanctions-targeting-143234027.html

Malgré l’échec annoncé, Biden cherche encore des sous pour alimenter les caisses du Complexe Militaro Industriel :

« La Maison Blanche a discrètement incité les législateurs des deux partis à vendre les efforts de guerre à l’étranger comme la source d’un boom économique potentiel dans le pays.

Des collaborateurs ont distribué des documents de travail aux Démocrates et aux Républicains qui ont soutenu les efforts continus de financement de la résistance ukrainienne, afin qu’ils fassent valoir que ces efforts sont bénéfiques pour l’emploi aux États-Unis, selon cinq collaborateurs de la Maison-Blanche et des législateurs au fait de ces efforts et ayant obtenu l’anonymat pour pouvoir s’exprimer en toute liberté.

La Maison-Blanche tente d’invoquer le patriotisme pour convaincre les Républicains récalcitrants non seulement d’aider Kiev, mais aussi d’adopter un important train de mesures comprenant également des fonds pour Israël.

“Alors que nous reconstituons nos stocks d’armes, nous nous associons à l’industrie de la défense américaine pour augmenter notre capacité et répondre aux besoins des Etats-Unis et de nos alliés, aujourd’hui et à l’avenir”, selon une copie des points de discussion obtenue par POLITICO.

“Cette demande supplémentaire investit plus de 50 milliards de dollars dans la base industrielle de défense américaine – garantissant que notre armée continue d’être la force de combat la plus prête, la plus capable et la mieux équipée que le monde ait jamais vue – et développe les lignes de production, renforçant l’économie américaine et créant de nouveaux emplois américains”, peut-on lire dans le document. »

https://www.politico.com/news/2023/10/25/biden-ukraine-aid-messaging-00123466

Une initiative présidentielle qui permettra que « le bénéfice net de Lockheed Martin pour les neuf derniers mois s’est élevé à environ 5 milliards de dollars, contre 3,8 milliards de dollars pour la même période de l’année dernière », et augmentera encore en 2023.

Cette mainmise du CMI sur le gouvernement étasunien est un problème que la Chine commence à dénoncer publiquement :

« La quasi-totalité de l’aide bilatérale américaine à Israël a jusqu’à présent pris la forme d’une assistance militaire, certains observateurs notant que l’aide est en fait une subvention à l’industrie militaire américaine.

À ce jour, Israël a acheté 50 F-35 Joint Strike Fighters dans le cadre de trois contrats distincts, financés par l’aide américaine, et en a reçu 36 au total. Pour l’année fiscale 2023, le Congrès américain a autorisé 520 millions de dollars pour les programmes de défense conjoints États-Unis-Israël (dont 500 millions de dollars pour la défense antimissile).

Selon la BBC, 1,6 milliard de dollars d’aide militaire américaine à Israël depuis 2011 ont été consacrés au système Dôme de fer à courte portée contre les roquettes, les mortiers et l’artillerie (portée d’interception de 2,5 à 43 miles). Développé par la société israélienne Rafael Advanced Defense Systems et produit à l’origine en Israël, le système a été testé pour la première fois en 2011.

En tant que pion américain au Moyen-Orient, Israël sert les intérêts géographiques et l’industrie de la défense des États-Unis. Les décennies de partenariat spécial entre les deux pays s’inscrivent dans un contexte historique connu du monde entier, a déclaré Li Weijian.

Néanmoins, les États-Unis ont continué à soutenir Israël tout en évitant la question de la création d’un État palestinien. “Une telle partialité est tout à fait déraisonnable”, a déclaré M. Li.

“Le conflit israélo-palestinien ne sera jamais résolu sans une solution à la question de l’État palestinien. C’est le droit de la Palestine de fonder un État, et les États-Unis ne devraient pas s’en mêler”.

Mais l’objectif des États-Unis n’est peut-être jamais de contribuer à la résolution d’un conflit, non seulement le conflit israélo-palestinien, mais aussi tous les autres conflits dans le monde, comme celui entre la Russie et l’Ukraine.

La réponse des États-Unis aux conflits est toujours d’intensifier la violence au lieu d’encourager la paix. En effet, la guerre entraîne des pertes et des souffrances pour la plupart des pays et des régions du monde, mais les États-Unis sont l’un des rares à pouvoir exploiter le conflit pour en tirer des profits malsains.

Il suffit de jeter un coup d’œil sur les performances des valeurs de défense américaines cette semaine. La hausse de près de 9 % de l’action Lockheed Martin lundi a été la plus importante pour le plus grand entrepreneur de défense américain lors d’une journée sans bénéfices depuis mars 2020. Les actions de Northrop Grumman ont également connu leur meilleure journée depuis 2020.

Lors d’une récente conférence téléphonique sur les résultats, les dirigeants du géant américain de la défense Lockheed Martin ont souligné que les conflits en Israël et en Ukraine étaient “des facteurs potentiels d’augmentation des revenus dans les années à venir”, selon un article de CNN daté du 18 octobre.

La politique de soutien militaire des États-Unis à Israël, ainsi qu’à d’autres pays ou régions, se fonde toujours sur des considérations réalistes et vise à répondre aux besoins stratégiques globaux des États-Unis, soulignent les experts.

Au lieu de contribuer au maintien de la paix dans le monde, les États-Unis ont continué à alimenter l’escalade et la poursuite de divers conflits afin d’enrichir leur complexe militaro-industriel, au détriment de la vie des gens. Mais l’approche qui consiste à compter sur les guerres pour obtenir suffisamment de commandes est dangereuse pour le monde. Le monde ne peut pas se permettre de les laisser continuer à tirer profit des malheurs d’autres pays et régions, notent les experts. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1300244.shtml#:~:text=Almost%20all%20US,regions%2C%20experts%20noted.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 30 octobre 2023


Par Wayan – Le 30 octobre 2023 – Le Saker Francophone

Le conflit israélo-palestinien

Nous vivons une époque hallucinante où tous les artifices « droitdel’hommistes » du monde occidental sont en train de voler en éclat devant le reste du monde. Le roi/gendarme étasunien est de plus en plus nu mais ni lui ni ses courtisans européens ne s’en aperçoivent. Pourtant certains diplomates occidentaux préviennent mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre :

 

« Le Financial Times a rapporté mercredi que “la précipitation de l’Occident à soutenir Israël érode le soutien des pays en développement à l’Ukraine”, citant des diplomates et des fonctionnaires qui ont attiré l’attention sur la façon dont le double standard de leur bloc à l’égard de ces deux conflits l’a discrédité dans le Sud global. Ils ont évalué avec précision que cette position hypocrite a coûté à leur camp tous les gains réalisés au cours des 20 derniers mois en gagnant des cœurs et des esprits au sein de la majorité mondiale dans le monde en développement.

Même l’observateur le moins attentif des affaires étrangères sait aujourd’hui que des alliés occidentaux comme Israël sont autorisés à violer en toute impunité la dimension humanitaire du soi-disant “ordre fondé sur des règles” de ce bloc, tandis que ceux de ses rivaux comme la Russie qui sont seulement accusés de le faire risquent de subir leur courroux en guise de réponse. Contrairement à la réaction de l’Occident à l’opération spéciale de la Russie, pas un seul responsable politique ne parle d’imposer des sanctions à Israël ou d’armer le Hamas pour qu’il mène une guerre par procuration contre lui à Gaza.

La politique de deux poids deux mesures de ce bloc est imputable à ses stratèges, qui ont conclu que leur camp avait plus à gagner sur le plan géopolitique en soutenant Israël et l’Ukraine, même au prix de leur propre discrédit. Malgré de sérieux désaccords avec Netanyahou, l’Occident considère toujours Israël comme son “porte-avions insubmersible” en Asie occidentale, qu’il faut soutenir à tout prix, tandis que l’Ukraine est considérée comme sa plate-forme nationale pour contenir puis balkaniser la Russie. 

Ces intérêts tangibles priment dans leurs calculs politiques sur l’optique et la rhétorique liées à l'”ordre fondé sur des règles”, dont le concept n’est rien d’autre qu’un moyen de manipuler les perceptions populaires quant à la justesse de leurs causes géopolitiques susmentionnées. Les “règles” ne sont appliquées arbitrairement que lorsque les stratèges estiment qu’il est dans l’intérêt de l’Occident de le faire, tandis que les violations de leurs alliés sont toujours expliquées d’une manière ou d’une autre. »

https://korybko.substack.com/p/the-wests-double-standards-towards

Les Etats-Unis, avec le support inconditionnel de tous les autres pays du bloc occidental, laisse Netanyahou faire un véritable massacre de civils à Gaza sans la moindre condamnation de ses actes. N’importe quel autre dirigeant serait immédiatement conspué, diabolisé, traîné devant la Cour Pénale International (ce qui montre en passant que celle-ci n’est pas neutre, comme devrait l’être une cour de justice), traité en pariah…Mais pas le dirigeant israélien. Il bénéficie d’une immunité TOTALE fasse au génocide qu’il est en train d’entreprendre, car c’est en train d’en devenir un, les israéliens ne le cachant même plus car ils utilisent maintenant l’attaque du Hamas pour le justifier :

« Alors que les regards sont braqués sur la Bande de Gaza, les attaques de colons israéliens contre les Palestiniens de Cisjordanie se multiplient. Une stratégie de déplacement qui s’accélère de façon quasiment invisible depuis l’attaque du Hamas. »

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invité-international/20231023-israël-a-un-agenda-stratégique-pour-reprendre-des-parties-de-la-cisjordanie

« Ailleurs en Cisjordanie, les colons ont attaqué des communautés bédouines, entraînant le déplacement de plusieurs centaines de Palestiniens, rapportent nos envoyés spéciaux en Cisjordanie, Nicolas Bénita et Guilhem Delteil.

Au sol, des panneaux solaires brisés, des chaises renversées, des appareils électro-ménagers cassés. Les bâtiments – déjà très précaires – ont été tout ou partiellement détruits. La communauté bédouine de Wadi Siq, qui abritait 240 personnes et 2 500 têtes de bétail, a été attaquée par des colons le 12 octobre dernier. Des « terroristes » dit Guy Hirschfeld, le fondateur de l’organisation Regardons l’occupation dans les yeux : « Les terroristes sont venus à vingt ou plus avec des voitures et la plupart des Palestiniens se sont enfuis et depuis ils ont même peur de venir récupérer leurs affaires. »

Et l’histoire de Wadi Siq n’est pas unique, souligne Guy Hirschfeld : « Les terroristes, les colons, tirent bénéfice de la guerre pour nettoyer les zones rurales de Cisjordanie des non-juifs. »

Plus à l’est, au fond de la vallée du Jourdain, la communauté de Marajaat, elle, est toujours sur ses terres. Mais elle fait l’objet d’un harcèlement quotidien, explique Alia Mlihat, une des habitantes : « Nous sommes assiégés et terrifiés, car depuis le début de la guerre, les colons ont commencé à porter des uniformes militaires et à avoir des armes. Ils entrent dans le village. Ils terrorisent les enfants et les femmes. Nous sommes assiégés par eux. Nos vies sont difficiles, très difficiles. »

Intimidation de colons qui passent au milieu de la communauté, intrusion dans leur domicile et les menaces d’emprisonnement : fatigués et effrayés, les habitants de Marajaat demandent une intervention de la communauté internationale. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231025-après-l-attaque-du-hamas-la-course-à-l-armement-en-israël-et-des-attaques-de-colons-en-cisjordanie

Un génocide qui se fera loin du regard médiatique :

« Dix-huit jours après l’attaque du Hamas, la bande de Gaza reste complètement inaccessible, mardi 24 octobre, y compris à la presse. Aucun journaliste n’a pu sortir ni accéder à l’enclave palestinienne. L’information sur place est relayée par les correspondants locaux, pris eux aussi en tenailles entre les bombardements et le blocus israélien.  

“Un manque de couverture médiatique de Gaza … dû à l’assassinat de plus de 12 journalistes, aux bombardements, et à la coupure d’électricité et d’Internet. Cependant, nous essayons toujours de résister et de poursuivre la couverture afin que le monde puisse voir les crimes israéliens à Gaza “, écrivait le 17 octobre le photojournaliste Roshdi Sarraj sur le réseau social X, avant d’être tué à son tour, dans une frappe israélienne, à son domicile, dans le quartier de Tel Al Hawa, à Gaza City. Sa femme et sa fille, âgée d’un an, ont été blessées dans ce bombardement.

Sa mort, le 22 octobre, fait grimper le nombre des journalistes victimes de cette guerre à 23 morts, dont 19 Palestiniens tués à Gaza, selon le dernier bilan du Comité de protection des journalistes (CPJ), basé à New York. »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231024-pris-au-piège-à-gaza-les-journalistes-palestiniens-tentent-d-informer-au-péril-de-leur-vie

Cette vidéo pour nous rappeler comment les médias et dirigeants occidentaux vont gérer la différence entre un mort israélien et un mort palestinien :

https://twitter.com/lthe_z/status/1716768381565636751

« Voici un résumé rapide et typique de la situation désastreuse à Gaza, tiré de CNN ce matin :

« Les États-Unis cherchent à retarder une offensive terrestre israélienne à Gaza, alors que des appels sont lancés pour libérer davantage d’otages détenus par le Hamas et permettre l’acheminement de l’aide dans l’enclave assiégée. Un haut responsable israélien a déclaré à CNN qu’il n’y aurait “pas de cessez-le-feu” à Gaza, mais il a souligné que des efforts étaient en cours pour libérer “le plus rapidement possible” les quelque 200 otages détenus dans la région. Toutefois, a-t-il ajouté, “les efforts humanitaires ne doivent pas avoir d’impact sur la mission de démantèlement du Hamas”. Plus de 4 600 personnes ont été tuées à Gaza depuis le 7 octobre et plus de 14 200 autres ont été blessées, selon le ministère de la santé.

Les conditions sur le terrain à Gaza continuent de se détériorer alors qu’Israël bombarde la bande de Gaza de façon répétée avec des frappes aériennes. »

Remplacer “offensive terrestre israélienne” par “attaque militaire massive”.  Notez la mention des otages détenus par le Hamas, mais aucune mention des otages/prisonniers détenus par Israël.  “Enclave assiégée” – une prison à ciel ouvert ou un camp de concentration soumis à des bombardements constants serait plus révélateur.  “Démanteler le Hamas” : l’objectif des FDI est la destruction totale du Hamas, la mort de civils étant imputée au Hamas parce qu'”ils” utiliseraient des boucliers humains, c’est-à-dire que le gouvernement et l’armée israéliens ne sont jamais à blâmer.

Notez la forme passive : 4600 personnes “ont été tuées à Gaza” – mais qui les a tuées ?  Qui en a blessé 14 200 autres ?  Avec des armes fournies par quels pays ?

Les conditions à Gaza continuent de “se détériorer” : Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?  Manque de nourriture, d’eau, d’électricité, personnes mourant dans les hôpitaux par manque de fournitures, personnes hurlant à l’agonie par manque d’anesthésie, etc. Et pourquoi se “détériorent-ils” ? Ce n’est pas seulement à cause des frappes aériennes d’Israël. La décision du gouvernement israélien d’interrompre l’approvisionnement de Gaza en nourriture, en carburant, en électricité et en eau crée des conditions propices à la mort et à la maladie à grande échelle.

Caitlin Johnstone a formulé une excellente critique sur la manière dont la presse occidentale rend compte des bombardements israéliens. Les bombardements massifs sont considérés comme une très mauvaise tempête de grêle qu’il faut endurer et sur laquelle les humains n’ont aucun contrôle. »

https://bracingviews.substack.com/p/israel-gaza-and-the-language-of-war

Alors, non pas pour vous montrer des horreurs mais pour « réhumaniser » les victimes de l’assaut contre Gaza et montrer ce qu’est ce génocide, voici quelques vidéos puisées sur Twitter :

https://twitter.com/HerNameIs_Bea/status/1716821332644815239

https://twitter.com/jacksonhinklle/status/1716904037587751031

https://twitter.com/i/status/1716444885819981976

« Au moins 2 000 enfants ont été tués à Gaza au cours des 17 derniers jours, et 27 autres en Cisjordanie, avec des frappes aériennes constantes réduisant des milliers de bâtiments dans la bande de Gaza à des tas de décombres fumants. Vingt-sept autres enfants ont été tués en Israël, selon les médias israéliens.

Des milliers de maisons et des dizaines de terrains de jeux, d’écoles, d’hôpitaux, d’églises et de mosquées ont été endommagés ou détruits à Gaza, et au moins 4 600 enfants ont été blessés, selon le ministère de la Santé – certains avec d’atroces brûlures, des membres perdus et d’autres blessures horribles causées par les explosions, sans pouvoir recevoir les soins adéquats. Les dégâts causés aux infrastructures de santé et le manque de matériel médical obligent les médecins à faire des choix impossibles, comme pratiquer des interventions chirurgicales dans les hôpitaux, souvent sans anesthésie, et entraver leur capacité à soigner des patients souffrant de blessures graves. »

https://www.savethechildren.org.uk/news/media-centre/press-releases/two-thousand-children-killed-in-gaza-as-airstrikes-continue

« À Gaza, les camions chargés d’aide humanitaire arrivent au compte-gouttes. Seulement 2% des denrées alimentaires habituellement livrées dans l’enclave palestinienne ont pu entrer depuis le début du siège, selon l’association Oxfam. Le blocus est quasi-total, et la famine est utilisée comme une « arme de guerre » par Israël, dénonce Louis-Nicolas Jandeaux, responsable de campagne et de plaidoyer humanitaire à l’ONG Oxfam. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231027-à-gaza-la-famine-comme-arme-de-guerre

« “Salut les gars, je suis toujours vivante”. C’est ainsi que Bisan Owda, 25 ans, lance la plupart de ses directs sur Instagram. Mais après seize jours de bombardements israéliens, la réalisatrice a confié à ses 665 000 abonnés : “ma plus grande peur, ce n’est pas de mourir, ma plus grande peur, c’est de rester en vie.” »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231026-pas-sûre-d-avoir-de-la-chance-d-être-en-vie-les-gazaouis-redoutent-une-catastrophe-sanitaire

« Mercredi 25 octobre, le journaliste était en direct à l’antenne quand il a appris que sa femme et deux de ses enfants ont été tués dans un bombardement. Alors qu’il commentait des images, sa voix s’est interrompue et après un moment de flottement, les présentateurs en studio à Doha ont pris le relais.

Le correspondant de la chaîne est réapparu à l’écran quelques minutes plus tard, anéanti par la douleur, alors qu’il pénétrait dans l’hôpital où avaient été portés les corps de ses proches. Le public arabe n’oubliera pas de sitôt ces images, où il se penche, encore vêtu de son gilet pare-balles estampillé presse, sur la dépouille de son fils Mahmoud, un adolescent enveloppé dans un linceul blanc, et serre dans ses bras sa fillette morte, Sham. Un autre de ses enfants, qui a survécu, a subi une intervention chirurgicale d’urgence. »

https://archive.ph/GkSeX#selection-2033.305-2037.535

Ces images risquent d’être les dernières, permettant à Israël d’agir à l’abri des regards médiatiques :

« Une société de télécommunications palestinienne a déclaré que “les précédents bombardements intensifs ont entraîné la destruction de toutes les voies de communication restantes reliant Gaza au monde extérieur”. »

https://www.politico.com/news/2023/10/27/internet-blackout-gaza-israel-hamas-war-00124029

Alors comment Israël peut-il bénéficier d’une telle immunité ? C’est une question auquel les historiens du futur devront répondre, quand les têtes se seront calmées. Y répondre maintenant ne ferait que les échauffer encore plus.

Car, comme l’annonce fièrement le gouvernement israélien, ceci n’est que le début :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mardi à un groupe de soldats israéliens que les frappes qu’Israël a lancées sur Gaza lundi étaient les plus dures à ce jour.

“Nous frappons nos ennemis avec une force considérable”, a déclaré M. Netanyahu, selon son bureau. “Hier, lors de nos attaques à Gaza, nous avons porté à l’ennemi le coup le plus dur qu’il ait subi en une seule journée.

Mardi, le ministère palestinien de la santé a déclaré que 704 Palestiniens avaient été tués lors des frappes israéliennes de lundi à mardi, ce qui constitue le bilan le plus lourd en 24 heures depuis le début de l’offensive.

Netanyahu a affirmé que les frappes avaient tué “plusieurs dizaines de terroristes, peut-être beaucoup plus que cela, et en ce moment même, nous découvrons l’étendue exacte des dégâts”. »

https://news.antiwar.com/2023/10/24/netanyahu-says-monday-strikes-on-gaza-were-hardest-yet/

On voit bien dans cette déclaration de Netanyahou que « l’ennemi » est la population de Gaza, Hamas ou pas. Et donc que la cible visée est bien la population Gazaouite dans son ensemble.

On peut d’ailleurs se poser cette question. Qu’est ce qui différencie un « membre du Hamas » d’un jeune palestinien qui, par l’oppression et la privation de liberté continuelle que fait subir Israël à sa communauté, ne peut que ressentir de la haine contre ce pays ? Que l’un ait le courage de se battre et l’autre non ? Quel humain pourrait supporter un tel apartheid sans vouloir s’en libérer ?

Un autre discours de Netanyahou, à la télé, s’adressant à la population du pays :

« Israël fait partie des forces de la “liberté et du progrès” et de la lumière, tandis que le Hamas appartient à “l’axe du mal”, a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un discours prononcé mercredi.

“Notre guerre contre le Hamas est un test pour toute l’humanité. C’est un combat entre l’axe du mal Iran-Hezbollah-Hamas et les forces de la liberté et du progrès”, a déclaré Netanyahu dans un discours télévisé. “Nous sommes le peuple de la lumière, ils sont le peuple des ténèbres. La lumière triomphera des ténèbres”.

Israël recrute des dirigeants du monde entier pour soutenir la poursuite de la campagne, car “notre guerre contre le Hamas est aussi leur guerre”, a ajouté  Netanyahu.

Il a qualifié l’incursion du groupe palestinien du 7 octobre de “jour sombre de notre histoire”, qui fera l’objet d’une “enquête approfondie”, mais seulement après la guerre. En attendant, Netanyahu a affirmé que son travail consistait à mener Israël “à une victoire écrasante sur nos ennemis”.

Selon le Premier ministre, les deux objectifs d’Israël sont d'”éliminer le Hamas en détruisant ses capacités militaires et de gouvernement” et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour libérer les otages pris le 7 octobre.

“Tous les terroristes du Hamas sont des morts en sursis – en surface, sous terre, en dehors de Gaza”, a déclaré M. Netanyahou. “Nous faisons pleuvoir le feu de l’enfer sur le Hamas. Nous avons déjà éliminé des milliers de terroristes, et ce n’est que le début. »

https://www.rt.com/news/585807-netanyahu-light-darkness-hamas/

On reconnait le style de discours messianique que les gouvernements étasuniens, de Bush à Biden, emploient régulièrement. Cette croyance profonde d’être dans « le camp du bien » alors que l’autre est « l’axe diabolique » est le reflet d’un état d’esprit suprémaciste qui permet de se sentir naturellement supérieur à l’autre. C’est ce complexe de supériorité qui permet aux dirigeants israéliens de traiter les palestiniens « d’animaux humains », et de les traiter comme tel, sans que les dirigeants étasuniens, ni européens, ne crient au racisme, montrant qu’ils comprennent intimement ce principe. Tout cela sans ressentir la moindre culpabilité puisque ce ne sont que « des animaux ». Le boucher ressent-il de la culpabilité face à la vache qu’il va tuer ?

Voyons un exemple concret des comportements induits par ce complexe de supériorité.

Face à cette boucherie, Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a un réflexe humain et va oser légèrement et indirectement critiquer Israël :

« « Je suis profondément inquiet concernant les claires violations du droit international humanitaire que nous voyons à Gaza. Soyons clairs : aucune partie à un conflit armé n’est au-dessus du droit humanitaire international », a déclaré le 24 octobre le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres au Conseil de sécurité, sans mentionner Israël. « Pour apaiser cette souffrance immense, faciliter la distribution de l’aide de façon plus sûre, et faciliter la libération des otages, je répète mon appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat », a-t-il lancé devant les ministres et diplomates de dizaines de pays réunis au siège de l’ONU. »

https://francais.rt.com/international/107663-reunion-conseil-securite-nations-unies-situation-mo

La réaction d’Israël, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, fut immédiate et hors de proportion :

« Le discours choquant du secrétaire général de l’ONU lors de la réunion du Conseil de sécurité, alors que des roquettes sont tirées sur l’ensemble d’Israël, a prouvé de manière irréfutable que le Secrétaire général est complètement déconnecté de la réalité de notre région et qu’il considère le massacre commis par les terroristes nazis du Hamas d’une manière déformée et immorale.

Sa déclaration selon laquelle “les attaques du Hamas ne se sont pas produites dans le vide” exprime une compréhension du terrorisme et du meurtre. C’est vraiment insondable. Il est vraiment triste que le chef d’une organisation née après l’Holocauste ait des opinions aussi horribles. Une tragédie !…

Un secrétaire général de l’ONU qui fait preuve de compréhension à l’égard de la campagne de massacre d’enfants, de femmes et de personnes âgées, n’est pas apte à diriger l’ONU.

Je lui demande de démissionner immédiatement.

Il n’y a aucune justification ni aucun intérêt à parler à ceux qui montrent de la compassion pour les atrocités les plus terribles commises contre les citoyens d’Israël et le peuple juif. Il n’y a tout simplement pas de mots. »

https://twitter.com/giladerdan1/status/1716831294536261905

https://twitter.com/giladerdan1/status/1716837646813614354

Mais les mots n’ont pas suffi. Les actes ont rapidement suivi :

« Le torchon brule entre Israël et les Nations unies. « En raison de ses remarques, nous refuserons de délivrer des visas aux représentants de l’ONU », a déclaré à la radio militaire israélienne l’ambassadeur de l’Etat hébreu auprès de l’ONU, Gilad Erdan, selon des propos rapportés ce 25 octobre par The Times of Israël. « Nous avons déjà refusé un visa au secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths », a ajouté le diplomate, avant d’affirmer que le moment était venu « de leur donner une leçon ». »

https://francais.rt.com/international/107675-donner-lecon-israel-guterres-gaza

« @UNRWA 🛑 @UNRWA

Avertissement : Si nous n’obtenons pas de carburant de toute urgence, nous serons obligés d’arrêter nos opérations dans la📍#GazaStrip à partir de demain soir.

🆘

L’AGENCE DE L’ONU déclare que son opération à #Gaza prendra fin demain “si nous n’obtenons pas de carburant”.

[Réponse des] Forces de défense israéliennes @IDF

Ces réservoirs de carburant se trouvent à l’intérieur de Gaza.

Ils contiennent plus de 500 000 litres de carburant.

Demandez au Hamas si vous pouvez en avoir. »

https://twitter.com/IDF/status/1716884494131868138

On se rappellera au passage que les diverses résolutions visant Israël ont rarement été respecté par ce pays, sans pour autant que cela en fasse un pariah international :

« En 2022 seulement, Israël a battu tous les records en faisant l’objet de 15 résolutions de l’ONU, alors que seulement six concernaient la Russie, et ce, malgré la guerre entre cette dernière et l’Ukraine qui a commencé la même année. »

https://www.trtfrancais.com/actualites/les-resolutions-de-lonu-non-respectees-par-israel-15334662

La nouvelle qui vient d’être votée subira le même sort :

« L’Assemblée générale des Nations unies a adopté à une écrasante majorité une résolution appelant à la mise en œuvre d’une “trêve humanitaire” immédiate dans la bande de Gaza, qui subit depuis trois semaines une guerre implacable et dévastatrice de la part du régime israélien.

Vendredi, l’Assemblée a voté en faveur de la résolution rédigée par les États arabes, avec 120 voix pour, 45 abstentions et 14 votes négatifs, dont ceux d’Israël et des États-Unis.

Elle a adopté “un appel à une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue menant à une cessation des hostilités”. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/10/27/713528/Palestine-Israel-Gaza-war-United-Nations-General-Assembly-resolution-truce

Mais, comme pour le reste du monde occidental, cette attitude de se sentir au-dessus des règles et des autres est de moins en moins accepté par le reste du monde. Israël garde ses vieilles habitudes dominatrices et ne voit pas le vent tourner :

« « Nous considérons comme inacceptables les tentatives de nous accuser de soutenir le terrorisme, faussant et détournant ainsi nos positions de principe et mettant en doute le travail déterminé de notre pays pour résoudre les problèmes humanitaires de premier ordre », pouvait-on lire dans un communiqué publié ce 27 octobre sur le site de l’ambassade de Russie en Israël.   « La position de la Russie est cohérente et inchangée » ajoute le document, et de poursuivre : « nous condamnons fermement les méthodes terroristes, que sont le meurtre de civils et la prise en otage de femmes, de vieillards et d’enfants, qui doivent être libérés ». « Les contacts et les actions de la Russie dans la région du Moyen-Orient et au sein des organisations internationales visent en premier lieu à la libération immédiate des otages retenus dans la bande de Gaza ainsi qu’à l’évacuation des citoyens russes et d’autres nationalités de ces territoires », assure encore la diplomatie russe.

Le communiqué réagissait à une déclaration de la diplomatie israélienne la veille, qui qualifiait de « démarche obscène qui apporte un soutien au terrorisme et donne une légitimité aux atrocités des terroristes du Hamas » la venue à Moscou d’une délégation du Hamas. »

https://francais.rt.com/international/107718-delegation-hamas-moscou-russie-reponse-israel

« “Nous disons que ça suffit”, a-t-il déclaré [l’émir du Qatar]. « Il est intenable qu’Israël reçoive un feu vert inconditionnel et un permis gratuit de tuer, et il n’est pas non plus tenable de continuer à ignorer la réalité de l’occupation, du siège et de la colonisation. »

L’émir a ensuite condamné la violence contre des civils innocents des deux côtés, mais a également reproché à la communauté internationale de « faire deux poids, deux mesures » et « d’agir comme si la vie des enfants palestiniens ne valait pas la peine d’être prise en compte, comme s’ils étaient sans visage ou sans nom ». »

https://www.aljazeera.com/news/2023/10/24/qatari-emir-says-israel-should-not-be-given-free-license-to-kill-in-gaza

Rappelons ici que le Qatar est un allié de Washington qui abrite une importante base américaine et accueille aussi un bureau du Hamas et son chef en exil, Ismaïl Haniyeh. Il joue un rôle clé dans les tractations pour la libération d’otages aux mains du Hamas.

« Les ambassadeurs des pays soutenant Israël devraient quitter la Libye “immédiatement” et un embargo sur les livraisons de pétrole et de gaz devrait être imposé si les “massacres” à Gaza se poursuivent, a déclaré le parlement libyen dans un communiqué mercredi.

Le parlement a condamné la “campagne de génocide menée par les gangs sionistes” contre Gaza, qui vise à “tuer le peuple palestinien et à éradiquer son droit légitime à la résistance et à la construction d’un État indépendant”. »

https://www.rt.com/africa/585813-libya-ambassadors-israel-gaza/

« « Israël transforme Gaza en un perpétuel enfer sur terre. Le traumatisme hantera des générations entières », a lancé le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi au nom des 22 pays du groupe arabe. « Le droit à l’autodéfense n’est pas un permis de tuer dans l’impunité, une punition collective n’est pas de l’autodéfense, c’est un crime de guerre », a-t-il déclaré.

 « Pour arrêter cette folie, vous avez une chance de faire quelque chose, d’envoyer un signal important. Choisissez la justice, pas la vengeance », a lancé l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour devant les 193 États membres de l’ONU. « Ne ratez pas cette chance. Des vies en dépendent et toute vie est sacrée. S’il vous plaît, sauvez des vies, sauvez des vies, sauvez des vies. Votez pour notre projet de résolution », a-t-il plaidé, la voix serrée par l’émotion.

Alors que le Conseil de sécurité a exposé ses divisions en rejetant en moins de deux semaines quatre résolutions sur la guerre entre Israël et le Hamas, les pays arabes espèrent que l’Assemblée générale, où les rapports de force sont différents et où aucun pays n’a de droit de véto, puissent prendre position, même si ses résolutions ne sont pas contraignantes.

La Jordanie a fait circuler un projet de résolution encore en discussion, qui devrait être soumis au vote vendredi. Le texte, vu par l’AFP, est largement centré sur la situation humanitaire, appelant à un « cessez-le-feu immédiat » et un accès humanitaire « sans entrave » à la bande de Gaza. Il réclame également « à toutes les parties » de « protéger les civils », mais il ne mentionne pas les attaques du Hamas.

« Ceux qui ont rédigé la résolution disent se préoccupés de la paix, mais les meurtriers dépravés qui ont commencé cette guerre ne sont même pas mentionnés », a fustigé l’ambassadeur israélien Gilad Erdan. « Cette résolution est une insulte à votre intelligence, et sa place est dans les poubelles de l’Histoire », a-t-il déclaré.

Le ministre des Affaires étrangères iranien a, lui aussi, tenté de convaincre la communauté internationale de se prononcer pour un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. Mais à la tribune, Hossein Amur Abdollahian a en fait surtout répondu à Antony Blinken, qui trois jours plus tôt avait adressé un message d’avertissement à Téhéran depuis le Conseil de sécurité. Le chef de la diplomatie américaine avait prévenu que Washington serait prêt à parer toute attaque contre son personnel au Moyen-Orient.

« Les États-Unis devraient cesser de soutenir le génocide à Gaza et en Palestine. Je dis franchement aux hommes d’État américains qui gèrent actuellement le génocide en Palestine, que nous ne souhaitons pas l’extension de la guerre dans la région. Mais si le génocide à Gaza continue, iIs ne seront pas épargnés par cet embrasement. C’est notre maison et l’Asie occidentale est notre région. Nous ne faisons aucun compromis avec aucun pays. Et nous n’avons aucune réserve en ce qui concerne notre sécurité. Le génocide à Gaza doit cesser immédiatement. Le déplacement forcé de la population de Gaza doit cesser immédiatement. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231026-guerre-israël-hamas-échanges-d-accusations-à-la-tribune-de-l-onu

« L’Indonésie reste ferme dans son appel au cessez-le-feu dans la bande de Gaza, actuellement assiégée et bloquée par Israël, alors que la réponse internationale est contrecarrée par une “morale très sélective” de l’Occident. L’incapacité du monde à produire un texte négocié, et encore moins à proposer une action collective après près de trois semaines de violences sanglantes dans le territoire palestinien, est le reflet d’un manque collectif d’humanité face à des divergences politiques profondes, a affirmé la ministre des affaires étrangères Retno LP Marsudi lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité des Nations unies. »

https://www.thejakartapost.com/world/2023/10/27/indonesia-slams-western-bias-regarding-gaza-siege-at-security-council.html.

Espérons que le monde occidental prendra aux sérieux ces avertissements mais la réponse d’Israël montre déjà que ce ne sera pas le cas.

Pendant ce temps la situation dégénère lentement mais surement sur le terrain, alors même que l’invasion de Gaza n’a pas encore commencé :

« L’incursion terrestre d’Israël à Gaza pourrait prendre jusqu’à trois mois, mais entraînera la destruction définitive du Hamas, a déclaré le ministre israélien des Affaires militaires Yoav Gallant aux membres de l’armée de l’air.

« Cela doit être la dernière manœuvre [au sol] à Gaza, pour la simple raison qu’après il n’y aura plus de Hamas », a déclaré Gallant au quartier général de l’armée de l’air à Tel Aviv dans des propos repris par plusieurs médias israéliens. “Cela prendra un mois, deux mois, trois, mais au final, il n’y aura plus de Hamas.” »

https://ifpnews.com/israel-gaza-ground-war-could-take-months/

« La colère dans la région est réelle et menace les dirigeants arabes “modérés“, dont la marge de manœuvre est désormais limitée.

Les points chauds se multiplient donc, tout comme les attaques contre les déploiements américains dans la région. Certains à Washington prétendent percevoir une main iranienne et espèrent élargir la possibilité d’une guerre contre l’Iran.

Si Israël entre dans Gaza (et Israël pourrait décider qu’il n’a pas d’autre choix que de lancer une opération terrestre, compte tenu de la dynamique politique intérieure et de l’opinion publique), il est probable que le Hezbollah sera progressivement entrainé dans l’histoire, laissant les États-Unis devant l’option binaire de voir Israël vaincu ou de lancer une guerre majeure dans laquelle tous les points chauds se fonderaient “en un seul“.

En un sens, le conflit israélo-islamique ne peut être résolu que de cette manière cinétique. Tous les efforts déployés depuis 1947 n’ont fait que creuser le fossé. La réalité de la nécessité de la guerre est en train de pénétrer en profondeur la conscience du monde arabe et islamique. »

https://lesakerfrancophone.fr/deux-perspectives-sur-le-moyen-orient

« Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a reçu le chef adjoint du bureau politique du mouvement Hamas, Cheikh Saleh Al-Arouri et le secrétaire général du Jihad islamique, Ziad al-Nakhala. Les trois responsables ont notamment évoqué l’importance d’une coordination contre Israël.

Alors que les combats font rage à Gaza et à la frontière israélo-libanaise, le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah a reçu le chef adjoint du bureau politique du mouvement Hamas, Cheikh Saleh Al-Arouri et le secrétaire général du Jihad islamique, Ziad al-Nakhala, a rapporté le site officiel du Hezbollah Al-Manar ce 25 octobre, sans toutefois préciser le lieu ni la date du rendez-vous. Les trois responsables ont évoqué le déroulement des opérations en cours « pour mettre fin à l’agression perfide et brutale contre nos peuples opprimés » et l’importance de se coordonner, toujours selon la même source. »

https://francais.rt.com/international/107673-dirigeants-hezbollah-djihad-islamique-hamas-rencontre

« Le chef de la diplomatie iranienne s’est entretenu, lors de deux appels séparés avec des cadres du Hamas et du Jihad islamique palestinien, a fait savoir le ministère iranien des Affaires étrangères ce 23 octobre.  Hossein Amir Abdollahian a appelé dans la soirée du 22 octobre le chef du bureau politique du Hamas Ismaël Haniyeh pour évoquer la situation à Gaza et l’informer « des dernières mesures diplomatiques et actions de l’Iran sur la scène internationale pour soutenir le peuple palestinien et dénoncer les crimes de guerre du régime sioniste », a rapporté la même source. Le chef du mouvement islamiste gazaoui a pour sa part remercié l’Iran pour son soutien à la cause palestinienne, qualifiant la diplomatie iranienne, selon la même source, de « diplomatie islamique dynamique visant à clarifier la vérité ». Ismaël Haniyeh a par ailleurs estimé que les bombardements israéliens sur Gaza montraient « l’incapacité du régime à faire face à la lutte courageuse de la résistance ». »

https://francais.rt.com/international/107645-chef-diplomatie-iranienne-sentretient-avec-hamas-djihad-islamique

« Depuis le 17 octobre, les troupes américaines ont été visées par des drones et des roquettes au moins dix fois en Irak et trois fois en Syrie, selon des responsables du Pentagone. Washington a accusé les milices soutenues par l’Iran, mais a admis qu’il n’y avait aucune preuve permettant d’accuser les dirigeants de Téhéran d’avoir ordonné ces attaques.

Vingt soldats américains ont été “légèrement blessés” lorsque deux drones d’attaque ont pris pour cible la base militaire d’Al-Tanf, dans le sud de la Syrie, le 18 octobre, a déclaré le commandement central américain à NBC News, confirmant pour la première fois les pertes américaines.

Quatre autres membres du personnel américain ont été blessés lors de deux attaques de drones contre les forces américaines déployées sur la base d’Al-Asad, dans l’ouest de l’Irak. À une autre occasion, sur la même base, un contractant civil américain est mort d’un “épisode cardiaque” alors qu’il se mettait à l’abri d’une attaque de drone présumée qui n’a jamais eu lieu.

Au total, entre le 17 et le 24 octobre, les forces de la coalition dirigée par les États-Unis ont été attaquées au moins 13 fois “par un mélange de drones d’attaque et de roquettes”, a déclaré le secrétaire de presse, le général de brigade Pat Ryder, aux journalistes du Pentagone mardi, ajoutant que le CENTCOM doit encore fournir une “liste complète” des attaques et des victimes qui en résultent pour le public.

Lorsqu’on lui a demandé si le Pentagone pensait que l’Iran était responsable de ces attaques, le porte-parole a affirmé que nous “savons que les groupes qui mènent ces attaques sont soutenus par le Corps des gardiens de la révolution islamique et le régime iranien”. »

https://www.rt.com/news/585731-us-bases-syria-iraq/

« Les États-Unis ont mené deux frappes aériennes contre des milices soutenues par l’Iran dans l’est de la Syrie jeudi soir, en réponse à une série d’attaques contre les forces américaines ce mois-ci.

“Ces frappes sont une réponse directe à une série d’attaques contre le personnel américain en Irak et en Syrie qui ont commencé le 17 octobre”, a déclaré un haut responsable de la défense à la presse.

Bien que les sites aient été utilisés par des milices locales, le responsable a déclaré qu’ils étaient financés et équipés par l’Iran.

“Soyons clairs, l’Iran est responsable” des attaques contre les forces américaines, a déclaré le responsable.

Les F-16 américains ont frappé les deux sites près d’Abu Kamal, dont l’un était une zone de stockage d’armes et l’autre une zone de stockage de munitions, selon un responsable militaire.

On ne sait pas encore si des Iraniens étaient présents sur les sites, ont déclaré les deux responsables, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat pour évoquer le sujet. »

https://www.politico.com/news/2023/10/26/us-strikes-syria-retaliation-iran-00123926

« Une forte explosion a été entendue tôt vendredi sur une base militaire américaine dans la province syrienne orientale de Dayr al-Zawr, à la suite de frappes américaines sur deux sites militaires dans la région.

Citant des sources, la chaîne d’information libanaise Al-Mayadeen a fait état de l’explosion sur la base qui abrite les troupes américaines dans le champ gazier de Conoco. 

Sabereen News, une chaîne d’information de Telegram associée aux Unités de mobilisation populaire irakiennes qui luttent contre le terrorisme, a également fait état d’une attaque à la roquette contre la base.

Des informations font également état d’une attaque de drone contre les forces militaires américaines autour de l’aéroport d’Erbil, dans le nord de l’Irak. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/10/27/713497/Explosion-hits-US-military-base-in-E-Syria

Les premières gouttes de l’orage qui s’annonce. Le département d’Etat étasunien les voit aussi tomber :

« Le département d’État a recommandé vendredi aux citoyens américains se trouvant au Liban d’évacuer le pays tant que des vols sont disponibles, en raison d’une “situation sécuritaire imprévisible” dans le cadre de l’escalade du conflit régional.

“Vous devriez avoir un plan d’action pour les situations de crise qui ne dépend pas de l’aide du gouvernement américain”, peut-on lire dans le communiqué. “Le meilleur moment pour quitter un pays est avant la crise, si cela est possible. »

https://www.politico.com/news/2023/10/27/state-department-urges-u-s-citizens-evacuate-lebanon-00124075

La guerre en Ukraine

La guerre en Israël a encore plus poussé celle en Ukraine dans les oubliettes médiatiques, d’autant plus que, sur le champ de bataille, aucune initiative d’envergure n’a été prise par l’Ukraine ou la Russie. Pourtant, si l’on en croit les analystes qui suivent encore de près l’affaire, la Russie continue de grignoter du terrain, doucement mais surement, entre autres à Avdeevka :

« Nous commençons par une reconnaissance majeure par l’Ukraine que la Russie a capturé des positions importantes à Avdeevka, en particulier autour du terril et de la zone de la voie ferrée de Stepove. Oui, il s’agit des mêmes positions dont il est question depuis une semaine, mais je pense qu’elles ont fait l’objet d’un va-et-vient dans une “zone grise” que personne ne contrôlait vraiment. Aujourd’hui, la Russie aurait établi un contrôle ferme sur ces positions, à partir desquelles d’autres expansions pourront être réalisées, après quelques consolidations…

Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le front de Kherson – les comptes ukrainiens font de leur mieux pour amplifier la propagande dans cette région afin de détourner l’attention de la calamité qui s’installe lentement à Avdeevka. Ils continuent à faire croire à d’importantes captures des Forces Armées Ukrainiennes (FAU), alors qu’il ne s’agit en fait que d’une ou deux douzaines de chair à canon qui continuent à se faufiler dans les premiers bâtiments d’une colonie, avant d’être détruits par des bombardements d’artillerie massifs….

La dernière chose à mentionner est un développement intéressant sur le front nord. Au milieu des nouvelles avancées russes dans le secteur de Kharkov, de nouvelles rumeurs font état de l’ouverture potentielle d’un deuxième front majeur.

Tout d’abord, les comptes des FAU confirment que la Russie a capturé de nouvelles terres dans la direction de Kupyansk : »

https://simplicius76.substack.com/p/sitrep-102423-avdeevka-victories

Un article payant du Washington Post a fait parler de lui cette semaine car il montre que :

« Depuis 2015, la CIA américaine a dépensé des dizaines de millions de dollars pour renforcer les services de renseignement ukrainiens. Les deux organisations travaillent en étroite collaboration, mais la CIA tente actuellement de se distancier de certaines opérations d’élimination menées par Kiev.

Source : Washington Post : The Washington Post, à partir d’entretiens avec plus de deux douzaines de responsables actuels et anciens des services de renseignement et de sécurité ukrainiens, américains et européens.

Citation : “Les missions ont impliqué des équipes d’élite d’agents ukrainiens qui ont été formées, entraînées et équipées en partenariat étroit avec la CIA, selon des responsables ukrainiens et américains actuels et anciens. Depuis 2015, la CIA a dépensé des dizaines de millions de dollars pour transformer les services soviétiques ukrainiens en alliés puissants contre Moscou. L’agence a fourni à l’Ukraine des systèmes de surveillance avancés, formé des recrues sur des sites en Ukraine et aux États-Unis, construit de nouveaux quartiers généraux pour les départements de l’agence de renseignement militaire ukrainienne et partagé des renseignements à une échelle qui aurait été inimaginable avant que la Russie n’annexe illégalement la Crimée et ne fomente une guerre séparatiste dans l’est de l’Ukraine. La CIA maintient une présence significative à Kiev, selon des responsables.” »

https://news.yahoo.com/cia-closely-cooperates-ukraine-invests-123915413.html

et donne une preuve de plus du fait que les Etats-Unis utilisent bien l’Ukraine comme proxy contre la Russie et que la réaction russe n’était pas « non provoquée » comme le répétait à l’envie les médias occidentaux.

Evidemment, RT en fait un long article détaillé :

« Dans une enquête-fleuve, le Washington Post met en lumière le rôle prépondérant de l’agence de Langley dans la refonte des services ukrainiens. Un travail de près de dix ans, qui a donné au SBU et au GUR les moyens de mener ses opérations clandestines jusqu’en Russie, notamment des assassinats ciblés. « Nos services en sont bien conscients depuis déjà longtemps », a déclaré ce 24 octobre à la presse Dmitri Peskov, interrogé sur un article publié la veille dans le Washington Post. « Nos services secrets ont parlé à plusieurs reprises des informations dont nous disposons qui indiquent une supervision étroite des services de renseignement ukrainiens par les services secrets américains et même britanniques », a notamment déclaré le porte-parole du Kremlin. Dans le papier dont il est question, titrant sur la « guerre fantôme contre la Russie » menée par des « espions ukrainiens étroitement liés à la CIA », le média américain raconte comment l’agence de Langley a repris en main le Service de sécurité d’Ukraine (SBU) ainsi que le renseignement militaire ukrainien (GUR) : «

Depuis 2015, la CIA a dépensé des dizaines de millions de dollars pour transformer les services ukrainiens formés par les Soviétiques en de puissants alliés contre Moscou », assure notamment le Post. Un rôle, des Etats-Unis en Ukraine, qui ne s’est pas limité à des financements et à des fournitures d’équipements. La CIA aurait notamment procédé à l’entraînement des agents du SBU. « Les sites de formation étaient situés à l’extérieur de Kiev, où les recrues triées sur le volet étaient instruites par le personnel de la CIA », relate le Post dans son récit « basé sur des entretiens avec plus de deux douzaines de responsables du renseignement et de la sécurité ukrainiens, américains et occidentaux, actuels et anciens ». Perçu comme « trop gros pour être réformé », ajoute le journal, « la CIA a travaillé avec le SBU pour créer une direction entièrement nouvelle » et « prosaïquement surnommée la “Cinquième Direction” ».

Une sixième aurait été créée, depuis, « pour travailler avec l’agence d’espionnage britannique MI6 », précise le média américain. Selon ce dernier, l’approche de la CIA aurait été « bien plus ambitieuse » concernant le GUR. Le « GUR était notre petit bébé. Nous leur avons donné du nouvel équipement et une formation », relate au Post un ancien responsable du renseignement américain ayant travaillé en Ukraine. « A partir de 2015, la CIA s’est lancée dans une transformation si vaste du GUR qu’en quelques années, “nous l’avions en quelque sorte reconstruit à partir de zéro” », rapporte encore le média. La CIA aurait également « financé de nouveaux bâtiments » du GUR, de crainte que leurs installations « soient probablement compromises par les renseignements russes ». Grâce à ces nouvelles installations, les Ukrainiens auraient pu intercepter quotidiennement plusieurs centaines de milliers de communications russes, assure un ancien responsable du GUR. « Il y avait tellement d’informations que nous ne pouvions pas les gérer nous-mêmes », relate-t-il au Post, précisant que ces données étaient alors « transmises à Washington » afin d’être « examinées par les analystes de la CIA et de la NSA ».

Mais la montée en gamme des services ukrainiens, sous la houlette des Etats-Unis, ne s’est pas limitée au seul renseignement. L’encadrement par la CIA des recrues visait notamment à « former des unités “capables d’opérer derrière les lignes de front et de travailler en tant que groupes secrets” », explique le Post, citant un responsable ukrainien. En plus du matériel de communication sécurisé et d’écoute, la CIA a notamment fourni au SBU « des déguisements et des uniformes séparatistes permettant aux agents de se glisser plus facilement dans les villes occupées ». Des agents ukrainiens qui ont notamment effectué des « missions de sabotage » ainsi que de « capture ».

Ces missions clandestines, là encore, ne se sont pas limitées aux territoires que Kiev revendique. Le Washington Post revient ainsi sur les attaques de drones menées par le GUR contre Moscou, dont le Kremlin, ou encore des projets plus « ambitieux » du SBU comme les deux attentats menés contre le pont de Crimée en octobre 2022 et juillet 2023. La première attaque fut menée grâce à un camion piégé, tuant trois personnes, dont le chauffeur dépeint dans l’article comme un « complice involontaire ». La seconde attaque fut menée « en utilisant des drones navals développés dans le cadre d’une opération top secrète impliquant la CIA et d’autres services de renseignement occidentaux » relate le Post. Cette attaque ukrainienne avait tué un couple d’automobilistes, qui traversait le pont, et blessé leur petite fille.

A ces victimes collatérales s’ajoutent celles des assassinats ciblés. Parmi celles évoquées dans l’article du Post : Stanislav Rzhitsky, un ancien commandant de sous-marin, abattu durant son footing à Krasnodar, Vladlen Tatarsky, un célèbre blogueur tué dans un attentat à la bombe dans un café de Saint-Pétersbourg ou encore la journaliste Daria Douguina, elle aussi tuée par une bombe placée sous sa voiture, en août 2022. Détail fourni par les journalistes américains : la bombe qui a tué la jeune femme de 29 ans aurait passé la frontière russe dans un compartiment secret aménagé dans une caisse à chat. Une « opération orchestrée par le SBU », confirment-ils. Citant leurs multiples sources, les auteurs précisent qu’« aucune opération majeure du SBU ou du GUR ne se déroulerait sans l’autorisation – tacite ou autre – de Zelensky ». Du côté du SBU, précise-t-on au Washington Post, les cibles sont considérées comme « tout à fait légales ». L’Ukraine « fait tout pour garantir qu’un châtiment équitable “rattrapera” tous les traîtres, criminels de guerre et collaborateurs », aurait lancé à de hauts responsables de la CIA le directeur de l’agence ukrainienne, Vasyl Malyuk, lors d’un déplacement aux Etats-Unis. « Les responsables de la CIA ont exprimé des objections après certaines opérations, ont indiqué des responsables, mais l’agence n’a pas retiré son soutien », ajoutent les auteurs de l’article, précisant que « les deux parties cherchaient à maintenir une distance prudente entre la CIA et les opérations meurtrières menées par ses partenaires à Kiev ».

https://francais.rt.com/international/107658-assassinats-attentats-crimee-cia-services-ukrainiens

Et ces assassinats continuent régulièrement. Le dernier date du 27 octobre :

« La tentative d’assassinat apparente contre l’ancien député ukrainien Oleg Tsaryov a été planifiée et orchestrée par les services de sécurité ukrainiens du SBU, a déclaré une source de l’agence à NV le 27 octobre.

“Il figurait depuis longtemps sur la liste des traîtres qui devaient répondre de leurs crimes”, a précisé notre source.

« Tsaryov est une cible tout à fait légitime. Il ne s’agit pas simplement d’un fanatique du “monde russe”, mais d’un homme venu personnellement avec des chars russes pour prendre Kiev.»

Dans le même temps, aucun détail de l’opération n’a été divulgué.

Tsaryov serait dans un état critique après avoir reçu deux balles et pourrait mourir à l’hôpital. »

https://news.yahoo.com/sbu-behind-attempt-tsaryov-life-202500082.html

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 23 octobre 2023


Par Wayan – Le 23 octobre 2023 – Le Saker Francophone

Le conflit Israélo-Palestinien

Grosse agitation diplomatique cette semaine au Moyen-Orient. Biden lui-même a fait le déplacement jusqu’en Israël, ce qui donne une idée des enjeux pour les Etats-Unis. Voyons plus en détail ce bal diplomatique et ses résultats effectifs.

Commençons par la Chine :

 

« À l’invitation du gouvernement égyptien, Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois sur la question du Moyen-Orient, participera à un sommet sur la question palestinienne qui se tiendra au Caire, selon le ministère chinois des Affaires étrangères vendredi. Le sommet réunira des dirigeants mondiaux, dont le président palestinien, le roi de Jordanie et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour discuter de l’escalade de la guerre, a rapporté Reuters. Zhai est arrivé à Doha et s’est entretenu avec le vice-ministre russe des affaires étrangères et représentant présidentiel spécial pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Mikhail Bogdanov, et le ministre d’État du Qatar au ministère des affaires étrangères, Mohammed bin Abdulaziz bin Saleh Al-Khulaifi, jeudi.

La Chine cherche à promouvoir la désescalade du conflit israélo-palestinien et à reprendre les pourparlers de paix et le cessez-le-feu, a déclaré l’envoyé spécial, appelant toutes les parties concernées à maintenir le calme et à faire preuve de retenue, et à éviter une nouvelle détérioration, voire une perte de contrôle de la situation.

Lors de sa rencontre avec le ministre Mohammed bin Abdulaziz bin Saleh Al-Khulaifi à Doha, Zhai a déclaré que le Qatar exerçait une influence significative sur la question palestinienne et que la Chine était disposée à poursuivre les discussions et la coordination avec le Qatar afin de jouer un rôle constructif dans l’apaisement de la situation tendue actuelle.

Al-Khulaifi a déclaré que le Qatar participait activement aux efforts de médiation diplomatique visant à désamorcer la situation, qu’il appréciait le rôle et l’influence de la Chine et qu’il était prêt à renforcer la communication afin d’œuvrer à un règlement rapide, juste et raisonnable de la question palestinienne. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1300269.shtml

Puis Poutine qui, dès le lendemain de l’attaque du Hamas, rappelait diplomatiquement « le droit d’Israël à se défendre…mais » :

« Israël a “certainement” le droit de se défendre contre la brutalité du Hamas, a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Selon lui, seule une coexistence pacifique avec un État palestinien, comme le proposent les Nations unies, peut résoudre le conflit à long terme.

Le dirigeant russe a réitéré l’inquiétude de Moscou face à l’escalade de la violence au Moyen-Orient, soulignant que des milliers de civils israéliens et palestiniens ont été tués ou blessés depuis samedi dernier, lorsque le Hamas a lancé une incursion surprise à partir de Gaza.

Israël a subi “une attaque d’une brutalité sans précédent, et il a certainement le droit de se défendre, d’assurer son existence pacifique”, a déclaré le dirigeant russe.

Poutine a réaffirmé sa position selon laquelle la crise actuelle est due à l’échec de la politique étrangère des États-Unis. “Les Américains, soutenus par leurs satellites européens, ont tenté de monopoliser le règlement de la question du Moyen-Orient, sans se soucier de trouver un compromis acceptable pour les deux parties.”

“La ligne unilatérale adoptée par les États-Unis pendant de nombreuses années a poussé la situation dans une impasse”, a ajouté Poutine, notant que les “activités de colonisation” d’Israël ont contribué à perturber le processus de paix. »

https://www.rt.com/russia/584817-putin-israel-defense-existence/

Puis, voyant la tendance négative que prenaient les événements en cours a décroché son téléphone :

« Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et plusieurs autres dirigeants régionaux, proposant une désescalade des hostilités.

Lors de son entretien avec Netanyahu, Poutine a exprimé ses sincères condoléances aux familles et aux amis des Israéliens décédés et a souligné qu’il condamnait fermement “toute action qui victimise la population civile, y compris les femmes et les enfants”, selon le compte rendu de l’entretien établi par le Kremlin.

La Russie est prête à aider à mettre fin à la confrontation israélo-palestinienne et à “parvenir à un règlement pacifique par des moyens politiques et diplomatiques”, a ajouté le Kremlin.

Poutine a également informé le Premier ministre israélien des mesures prises par la Russie pour “aider à normaliser la situation, empêcher une nouvelle escalade de la violence et prévenir une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza”, notamment les points clés de ses appels précédents avec le président palestinien et les dirigeants de l’Égypte, de l’Iran et de la Syrie.

Plus tôt dans la journée, le dirigeant russe avait téléphoné à Abbas, au président iranien Ebrahim Raisi, au président syrien Bachar Assad et au président égyptien Abdel Fattah el-Sisi.

Au cours de leurs conversations, selon le Kremlin, “une extrême préoccupation a été exprimée au sujet de l’escalade à grande échelle des hostilités, accompagnée d’une augmentation catastrophique du nombre de victimes civiles et d’une crise humanitaire de plus en plus grave dans la bande de Gaza”.

Abbas, Assad, Raisi et El-Sisi ont tous exprimé leur “vive inquiétude quant à la probabilité que le conflit dégénère en une guerre régionale”. Tous sont unanimes sur la nécessité urgente d’un cessez-le-feu humanitaire, afin de fournir de l’aide à tous ceux qui en ont besoin.

La Russie veut “arrêter les hostilités dès que possible et stabiliser la situation”, a déclaré Poutine à ses collègues, révélant que Moscou avait envoyé un projet de résolution “équilibré et non politisé” au Conseil de sécurité de l’ONU, demandant une “trêve humanitaire immédiate”.

Le “consensus général” entre Poutine et les dirigeants de la Palestine, de l’Iran, de la Syrie et de l’Égypte est que “l’escalade sans précédent” actuelle est due à la “stagnation à long terme” du processus de paix au Moyen-Orient. Le dirigeant russe a proposé que le processus reprenne, en vue d’une solution équitable et à long terme consistant à créer “un État palestinien indépendant coexistant dans la paix et la sécurité avec Israël”. »

https://www.rt.com/news/585092-putin-netanyahu-abbas-gaza-peace/

Mais le projet de résolution russe a été rejeté par l’Occident :

« Les travaux du Conseil de sécurité des Nations unies sont entravés par les intérêts occidentaux, a affirmé mardi le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia. Il a tenu ces propos après que le Conseil a rejeté le projet de résolution de la Russie sur le conflit israélo-gazaoui.

La résolution condamnait tous les actes de terrorisme, ainsi que toutes les violences contre les civils, et appelait à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et les groupes armés palestiniens. Elle insistait également sur la libération de tous les otages.

Le document n’a pas obtenu les neuf voix nécessaires à son adoption. Il a été soutenu par la Russie, la Chine, les Émirats arabes unis et le Mozambique, tandis que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et le Japon ont voté contre et que six pays se sont abstenus.

“Nous regrettons que le Conseil de sécurité des Nations unies soit une fois de plus devenu l’otage des aspirations des pays occidentaux. C’est la seule raison pour laquelle il n’a pas été en mesure d’envoyer un message collectif clair et fort visant à désamorcer la situation”, a déclaré Nebenzia après le vote, estimant qu’il s’agissait de “la plus grande flambée de violence au Moyen-Orient au cours des dernières décennies”.

Nebenzia a déclaré que le monde entier attendait que le Conseil de sécurité prenne des mesures pour mettre fin à l’effusion de sang, mais que les délégations occidentales avaient “mis fin à ces attentes”.

Le diplomate a également noté que pratiquement aucun des pays qui s’étaient opposés à la résolution russe n’avait formulé d'”objections fondamentales motivées”, à l’exception d’une délégation qui, selon lui, n’a pas fait de “commentaires substantiels”.

La représentante permanente des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a expliqué que Washington avait choisi de voter contre la résolution rédigée par la Russie parce qu’elle ne contenait pas de condamnation explicite du Hamas.

Avant le vote, Nebenzia a expliqué que le projet ne mentionnait pas le Hamas parce qu’il se concentrait principalement sur la composante humanitaire du conflit. »

https://www.rt.com/russia/585171-un-security-council-hostage/

Un autre texte déposé par le Brésil, condamnant cette fois les « attaques terroristes odieuses » du Hamas, a quand même été rejeté par les Etats-Unis :

« Les États-Unis ont mis leur veto alors que 12 membres du Conseil tenaient absolument à condamner les attaques du Hamas, condamner les violences et les hostilités contre tous les civils, réclamer la libération des otages aussi et le passage de l’aide humanitaire. Mais voilà, les États-Unis de Joe Biden les ont empêchés de le faire.

La majorité du Conseil, qui pensait que Washington serait de leur côté, a été surprise. D’abord parce que cela correspond aux valeurs qu’elle défend habituellement. Et le texte répondait aux demandes américaines.

Le texte de la résolution condamnait le Hamas en toutes lettres et non pas uniquement des actes terroristes, et il réclamait aussi des clauses humanitaires pour permettre à l’aide d’atteindre les Gazaouis et aux agences humanitaires de l’ONU de travailler.

C’était moins fort qu’un cessez-le-feu humanitaire qui dérangeait Israël, mais pour les États-Unis, il manquait un élément essentiel à cette déclaration, le rappel du « droit d’Israël à se défendre ». Et surtout, ils ne voulaient pas que ce vote intervienne en plein voyage de Joe Biden au Proche-Orient. Une occasion manquée pour le Conseil de sécurité, qui aura certainement des répercussions sur les dynamiques du Conseil à long terme.

Sur les 15 États membres du Conseil, 12 ont voté pour ce texte porté par le Brésil et condamnant les « attaques terroristes odieuses » du Hamas. Deux se sont abstenus, dont la Russie, mais les États-Unis, un des cinq membres permanents, ayant voté contre, cela a suffi à rejeter toute résolution. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231018-guerre-israël-hamas-veto-américain-à-une-résolution-du-conseil-de-sécurité

Il semble bien qu’Israël ne veuille pas d’un cessez-le-feu en l’état actuel des choses et que les Etats-Unis le soutiennent dans ce sens.

Les Etats-Unis aussi participent activement à cette valse diplomatique. Blinken s’est d’abord lancé dans une série de visite aux pays arabes. Mais l’accueil fut des plus froids, voire irrespectueux, envers lui, montrant le degré de dégradation de la diplomatie étasunienne au Moyen Orient :

« A Riyad, le souverain saoudien a fait attendre Blinken plusieurs heures pour une réunion qui devait avoir lieu dans la soirée mais à laquelle le prince héritier ne s’est présenté que le lendemain matin.

Une fois la réunion commencée, M. Mohammed a “insisté” sur la nécessité d’arrêter les opérations militaires “qui ont coûté la vie à des innocents” – une référence à l’offensive israélienne – et de lever le “siège de Gaza” qui a privé le territoire palestinien d’eau, d’électricité et de carburant, selon le résumé saoudien de la réunion…

L’engagement des États-Unis envers l’Égypte s’est heurté à encore plus d’obstacles.

Samedi, des responsables américains ont annoncé avoir conclu un accord avec le Caire pour une ouverture temporaire de la frontière de Rafah, entre Gaza et l’Égypte, aux citoyens américains cherchant à fuir la violence et les bombardements israéliens. Cette annonce a poussé un grand nombre d’Américains palestiniens à Gaza, estimés à 500 à 600, à se précipiter vers la frontière, mais aucun n’a pu entrer en Égypte, au milieu de remarques contradictoires entre les responsables américains et égyptiens sur les raisons pour lesquelles la frontière ne rouvrirait pas. »

https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/10/15/blinken-saudi-egypt-israel-gaza/

Il a finalement fini sa tournée en Israël pour préparer celle de Biden :

« Le secrétaire d’État américain Antony Blinken reviendra en Israël lundi pour discuter « de la voie à suivre » après plusieurs jours de navette diplomatique entre les États arabes, qui, selon lui, partagent la détermination américaine de garantir que le conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas ne déborde pas dans la région.

Le plus haut diplomate américain est arrivé jeudi en Israël – alors que le pays prépare une offensive terrestre dans la bande de Gaza en représailles à une attaque meurtrière du Hamas contre des civils – et s’est également rendu au Qatar, en Jordanie, à Bahreïn, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Égypte.

Le conflit a suscité l’inquiétude de la communauté internationale car il pourrait déclencher une guerre régionale plus large, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian ayant averti dimanche que “les mains de toutes les parties de la région sont sur la gâchette”.

“Il y a une détermination dans tous les pays où je suis allé, pour s’assurer que ce conflit ne se propage pas”, a déclaré Blinken aux journalistes alors qu’il s’apprêtait à quitter le Caire. “Ils utilisent leur propre influence, leurs propres relations, pour essayer de s’assurer que cela n’arrive pas.” »

https://www.reuters.com/world/middle-east/blinken-will-meet-with-saudi-crown-price-sunday-riyadh-us-official-says-2023-10-15/

Soutenir Israël dans sa vengeance contre le peuple palestinien tout en « s’assurant que le conflit ne se propage pas » est une position d’équilibriste peu réaliste, d’autant plus aux vues de l’accueil reçu dans les pays soutenant la Palestine.

Biden s’en apercevra lui-même quand sa visite programmée en Jordanie est annulée par la Jordanie :

« Le président américain Joe Biden a entamé mercredi 18 octobre une visite de solidarité en Israël, lors de laquelle il a assuré qu’il travaillerait avec Israël pour éviter “davantage de tragédie” aux civils, au douzième jour d’une guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza ayant fait des milliers de morts.

Le démocrate de 80 ans, en annonçant son déplacement, faisait un pari immense : celui d’arriver à se présenter à la fois comme le garant de la sécurité d’Israël, comme le meilleur espoir des civils palestiniens, et comme un rempart face aux risques d’escalade régionale.

Mais cette quête d’équilibre a volé en éclats avant même son départ. En cause, le bombardement mardi de l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, qui a fait entre 200 et 500 morts selon les autorités.

Ce nouveau drame a conduit la Jordanie à annuler le sommet d’urgence auquel devait participer Joe Biden avec le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Selon Matthieu Mabin, correspondant de France 24 à Washington, “si le président américain ne trouve pas d’autre interlocuteur que le Premier ministre israélien une fois arrivé à Tel Aviv, sa présence ne fera que mettre en exergue la fin du dialogue avec les acteurs arabes de la région. Précisément ce que les États-Unis voulaient éviter.” »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231018-visite-solidarite-joe-biden-moyen-orient-israel

Pourquoi un tel enfermement des pays occidentaux dans leur défense d’Israel ? Jonathan Cook, un journaliste anglais spécialiste du Proche-Orient nous expose son analyse :

« Il y a plus de dix ans, Israël a commencé à comprendre que d’assiéger Gaza pouvait être à son avantage. Il a commencé à transformer la minuscule enclave côtière du statut de charge lourde à porter en un portefeuille de valeur dans le jeu commercial de la politique de puissance internationale.

Le premier avantage pour Israël et ses alliés occidentaux est plus discuté que le second.

La minuscule bande de terre qui longe la côte orientale de la Méditerranée a été transformée en un mélange de terrain d’essai et de vitrine.

Israël a pu utiliser Gaza pour développer toutes sortes de nouvelles technologies et stratégies associées aux industries de la sécurité intérieure en plein essor dans tout l’Occident, alors que les responsables de ces pays s’inquiètent de plus en plus de l’agitation intérieure qui touche leur pays, parfois appelée populisme.

Le siège des 2,3 millions de Palestiniens de Gaza, imposé par Israël en 2007 à la suite de l’élection du Hamas à la tête de l’enclave, a permis toutes sortes d’expériences.

Comment contenir au mieux la population ? Quelles restrictions peuvent être imposées à leur régime alimentaire et à leur mode de vie ? Comment recruter à distance des réseaux d’informateurs et de collaborateurs ? Quel effet l’enfermement de la population et les bombardements répétés ont-ils eu sur les relations sociales et politiques ?

Enfin, comment maintenir les habitants de Gaza dans la soumission et empêcher un soulèvement ?

Les réponses à ces questions ont été mises à la disposition des alliés occidentaux sur le portail commercial d’Israël. Les produits disponibles comprennent des systèmes d’interception de roquettes, des capteurs électroniques, des systèmes de surveillance, des drones, des systèmes de reconnaissance faciale, des tours de tir automatisées, et bien plus encore. Tous ont été testés en situation réelle à Gaza.

La réputation d’Israël a été sérieusement ébranlée par le fait que les Palestiniens ont réussi à contourner cette infrastructure de confinement le week-end dernier – au moins pour quelques jours – avec un bulldozer rouillé, quelques deltaplanes et le sentiment de n’avoir rien à perdre.

C’est en partie pour cette raison qu’Israël doit maintenant retourner à Gaza avec des troupes au sol pour montrer qu’il a encore les moyens d’écraser les Palestiniens.

Punition collective

Ce qui nous amène à la deuxième raison de l’utilité de Gaza.

De plus en plus inquiétés par les signes d’agitation populaire dans leur pays, les États occidentaux ont commencé à réfléchir plus attentivement à la manière de contourner les restrictions que leur impose le droit international.

Ce terme fait référence à un ensemble de lois formalisées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les deux camps traitaient les civils se trouvant de l’autre côté des lignes de combat comme de simples pions sur un échiquier.

L’objectif des rédacteurs du droit international était de rendre inadmissible la répétition des atrocités nazies en Europe, ainsi que d’autres crimes tels que les bombardements par la Grande-Bretagne de villes allemandes comme Dresde ou le largage par les États-Unis de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.

L’un des fondements du droit international – au cœur des conventions de Genève – est l’interdiction des punitions collectives, c’est-à-dire des représailles contre la population civile de l’ennemi, pour lui faire payer le prix des actes de ses dirigeants et de ses armées.

De toute évidence, Gaza constitue la violation la plus flagrante de cette interdiction. Même en période “calme”, ses habitants – dont un million d’enfants – sont privés des libertés les plus élémentaires, telles que le droit de circuler, l’accès à des soins de santé appropriés parce que les médicaments et le matériel ne peuvent être acheminés, l’accès à l’eau potable et l’utilisation de l’électricité pendant une grande partie de la journée parce qu’Israël ne cesse de bombarder la centrale électrique de Gaza.

Israël n’a jamais caché qu’il punissait les habitants de Gaza parce qu’ils sont dirigés par le Hamas, qui rejette le droit d’Israël d’avoir dépossédé les Palestiniens de leur patrie en 1948 et de les avoir emprisonnés dans des ghettos surpeuplés comme Gaza.

Ce qu’Israël fait à Gaza est la définition même de la punition collective. C’est un crime de guerre : 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 52 semaines par an, depuis 16 ans.

Et pourtant, personne dans la soi-disant communauté internationale ne semble le remarquer.

Les règles de la guerre réécrites

Mais la situation juridique la plus délicate – pour Israël et l’Occident – est celle où Israël bombarde Gaza, comme il le fait actuellement, ou envoie des soldats, comme il le fera bientôt.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en évidence le problème lorsqu’il a dit aux habitants de Gaza : “Partez maintenant”. Mais, comme lui et les dirigeants occidentaux le savent, les habitants de Gaza n’ont nulle part où aller, nulle part où échapper aux bombes. Toute attaque israélienne est donc, par définition, dirigée contre la population civile. C’est l’équivalent moderne des bombardements de Dresde.

Israël élabore des stratégies pour surmonter cette difficulté depuis son premier grand bombardement de Gaza fin 2008, après l’instauration du siège.

Une unité du bureau du procureur général a été chargée de trouver des moyens de réécrire les règles de la guerre en faveur d’Israël.

À l’époque, cette unité craignait qu’Israël ne soit critiqué pour avoir fait exploser une cérémonie de remise de diplômes de police à Gaza, tuant de nombreux jeunes cadets. En droit international, les policiers sont des civils, et non des soldats, et ne constituent donc pas une cible légitime. Les juristes israéliens s’inquiétaient également du fait qu’Israël avait détruit des bureaux gouvernementaux, l’infrastructure de l’administration civile de Gaza.

Les inquiétudes d’Israël semblent aujourd’hui désuètes, ce qui montre à quel point le pays a déjà changé de cap en matière de droit international. Depuis un certain temps, toute personne liée au Hamas, même de manière indirecte, est considérée comme une cible légitime, non seulement par Israël, mais aussi par tous les gouvernements occidentaux.

Les responsables occidentaux ont rejoint Israël en traitant le Hamas comme une simple organisation terroriste, ignorant qu’il s’agit également d’un gouvernement dont les membres accomplissent des tâches banales, comme veiller à ce que les poubelles soient ramassées et à ce que les écoles restent ouvertes.

Ou encore, comme l’a déclaré Orna Ben-Naftali, doyenne de la faculté de droit, au journal Haaretz en 2009 : “Une situation est créée dans laquelle la majorité des hommes adultes de Gaza et la majorité des bâtiments peuvent être traités comme des cibles légitimes. La loi a en fait été remise en question”.

À l’époque, David Reisner, qui avait dirigé l’unité, a expliqué la philosophie d’Israël à Haaretz : “Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est une révision du droit international. Si vous faites quelque chose pendant suffisamment longtemps, le monde l’acceptera. L’ensemble du droit international repose désormais sur l’idée qu’un acte interdit aujourd’hui devient autorisé s’il est exécuté par un nombre suffisant de pays.”

L’ingérence d’Israël dans la modification du droit international remonte à plusieurs décennies.

Se référant à l’attaque israélienne contre le tout jeune réacteur nucléaire irakien en 1981, un acte de guerre condamné par le Conseil de sécurité des Nations unies, Reisner a déclaré : “L’atmosphère était qu’Israël avait commis un crime contre l’humanité. Aujourd’hui, tout le monde dit qu’il s’agit d’une légitime défense préventive. Le droit international progresse au fil des violations”.

Il a ajouté que son équipe s’était rendue quatre fois aux États-Unis en 2001 pour persuader les responsables américains de l’interprétation de plus en plus souple du droit international par Israël en ce qui concerne l’assujettissement des Palestiniens.

“Sans ces quatre voyages aux États-Unis, je ne suis pas sûr que nous aurions pu développer la thèse de la guerre contre le terrorisme à l’échelle actuelle”, a-t-il déclaré.

Ces redéfinitions des règles de la guerre se sont avérées précieuses lorsque les États-Unis ont choisi d’envahir et d’occuper l’Afghanistan et l’Irak.

“Animaux humains”

Ces dernières années, Israël a continué à “faire évoluer” le droit international. Il a introduit le concept d'”avertissement préalable”, en annonçant parfois quelques minutes à l’avance la destruction d’un bâtiment ou d’un quartier. Les civils vulnérables qui se trouvent encore dans la zone, comme les personnes âgées, les enfants et les handicapés, sont alors considérés comme des cibles légitimes s’ils n’ont pas quitté les lieux à temps.

Les autorités israéliennes profitent de l’assaut actuel contre Gaza pour modifier encore les règles.

L’article de Haaretz de 2009 fait référence à Yoav Gallant, qui était alors le commandant militaire en charge de Gaza, et qui a été décrit comme un “homme sauvage” par des représentants de la loi. Il était décrit comme un “homme sauvage”, un “cow-boy” qui n’avait pas le temps de s’occuper des subtilités juridiques.

Gallant est aujourd’hui ministre de la défense et responsable de l’instauration, cette semaine, d’un “siège complet” de Gaza : “Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant – tout est fermé”. Dans un langage qui brouille toute distinction entre le Hamas et les civils de Gaza, il a décrit les Palestiniens comme des “animaux humains”.

La punition collective entre alors dans un tout autre domaine. En termes de droit international, elle frôle le territoire du génocide, tant sur le plan rhétorique que sur le fond.

Mais la donne a tellement changé que même des hommes politiques occidentaux centristes encouragent Israël – souvent sans même appeler à la “retenue” ou à la “proportionnalité”, les termes vagues qu’ils utilisent habituellement pour masquer leur soutien à la violation de la loi.

Écoutez Keir Starmer, le chef de l’opposition travailliste et l’homme qui est presque certain d’être le prochain premier ministre britannique. Cette semaine, il a soutenu le “siège complet” de Gaza, un crime contre l’humanité, en le reformulant comme le “droit d’Israël à se défendre”.

Starmer n’a pas manqué de saisir les implications juridiques des actions d’Israël, même s’il semble personnellement immunisé contre les implications morales. Il a reçu une formation d’avocat spécialisé dans les droits de l’homme.

Son approche semble même déconcerter des journalistes qui ne sont pas connus pour leur sympathie à l’égard de la cause palestinienne. Interrogé par Kay Burley, de Sky News, qui lui demandait s’il avait de la sympathie pour les civils de Gaza traités comme des “animaux humains”, Starmer n’a pas trouvé la moindre chose à dire pour les soutenir.

Au lieu de cela, il a opté pour une tromperie pure et simple : accuser le Hamas de saboter un “processus de paix” qu’Israël a enterré il y a des années, tant sur le plan pratique que déclaratif.

Confirmant que le parti travailliste approuve désormais les crimes de guerre commis par Israël, son procureur général fictif, Emily Thornberry, s’en tient au même scénario. Lors de l’émission Newsnight de la BBC, elle a éludé la question de savoir si le fait de couper l’électricité et l’approvisionnement de Gaza était conforme au droit international.

Ce n’est pas une coïncidence si la position de Starmer contraste autant avec celle de son prédécesseur, Jeremy Corbyn. Ce dernier a été chassé du pouvoir par une campagne soutenue de diffamation antisémite fomentée par les plus fervents partisans d’Israël au Royaume-Uni.

Starmer n’ose pas être vu du mauvais côté sur ce sujet. Et c’est exactement le résultat que les responsables israéliens voulaient et attendaient.

Drapeau israélien sur le numéro 10

Starmer est loin d’être le seul. Grant Shapps, le ministre britannique de la défense, a également exprimé un soutien sans faille à la politique israélienne consistant à affamer deux millions de Palestiniens à Gaza.

Rishi Sunak, le premier ministre britannique, a apposé le drapeau israélien sur la façade de sa résidence officielle, le 10 Downing Street, apparemment sans se soucier de donner une forme visuelle à ce qui serait normalement considéré comme un trope antisémite, à savoir qu’Israël contrôle la politique étrangère du Royaume-Uni.

Starmer, ne voulant pas être en reste, a demandé que l’arche du stade de Wembley soit ornée des couleurs du drapeau israélien.

Quelle que soit l’ampleur de ce soutien collectif à Israël, présenté comme un acte de solidarité après le massacre de civils israéliens par le Hamas le week-end dernier, le sous-texte est évident : La Grande-Bretagne soutient Israël au moment où il entame sa campagne de représailles pour crimes de guerre à Gaza.

C’est également l’objectif du conseil donné par la ministre de l’intérieur Suella Braverman à la police de traiter comme des actes criminels le fait d’agiter des drapeaux palestiniens et de chanter pour la libération de la Palestine lors des manifestations de soutien à la bande de Gaza.

Les médias jouent leur rôle, comme toujours. Une équipe de télévision de Channel 4 a poursuivi Corbyn dans les rues de Londres cette semaine, exigeant qu’il “condamne” le Hamas. Ils ont insinué, par la formulation de ces demandes, que tout ce qui était au-delà – comme les préoccupations supplémentaires de Corbyn pour le bien-être des civils de Gaza – confirmait l’antisémitisme de l’ancien dirigeant travailliste.

L’implication claire des politiciens et des médias de l’establishment est que tout soutien aux droits des Palestiniens, toute contestation du “droit incontestable” d’Israël à commettre des crimes de guerre, équivaut à de l’antisémitisme.

L’hypocrisie de l’Europe

Cette double approche, qui consiste à encourager les politiques israéliennes génocidaires à l’égard de Gaza tout en étouffant toute dissidence ou en la qualifiant d’antisémitisme, ne se limite pas au Royaume-Uni.

Dans toute l’Europe, de la porte de Brandebourg à Berlin à la tour Eiffel à Paris en passant par le parlement bulgare, des bâtiments officiels ont été illuminés avec le drapeau israélien.

La plus haute responsable européenne, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’est réjouie de voir le drapeau israélien étouffer le Parlement européen cette semaine.

Elle a déclaré à plusieurs reprises que “l’Europe est aux côtés d’Israël”, alors même que les crimes de guerre israéliens commencent à s’accumuler.

L’armée de l’air israélienne s’est vantée jeudi d’avoir largué quelque 6 000 bombes sur Gaza. Dans le même temps, des groupes de défense des droits de l’homme ont signalé qu’Israël tirait sur Gaza du phosphore blanc, une arme chimique incendiaire, qui constitue un crime de guerre lorsqu’elle est utilisée dans des zones urbaines. Defence for Children International a indiqué que plus de 500 enfants palestiniens avaient été tués jusqu’à présent par les bombes israéliennes.

C’est à Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires occupés, qu’il revient de souligner que Mme Von Der Leyen applique les principes du droit international de manière tout à fait incohérente.

Il y a presque exactement un an, la présidente de la Commission européenne avait dénoncé les frappes russes sur les infrastructures civiles en Ukraine comme des crimes de guerre. “Priver des hommes, des femmes et des enfants d’eau, d’électricité et de chauffage à l’approche de l’hiver, ce sont des actes de pure terreur”, écrivait-elle. “Et nous devons les qualifier comme tels”.

Mme Albanese a fait remarquer que Mme Von der Leyen n’avait rien dit d’équivalent au sujet des attaques israéliennes, encore plus graves, contre les infrastructures palestiniennes.

L’envoi de troupes lourdes

Pendant ce temps, la France a déjà commencé à disperser et à interdire les manifestations contre le bombardement de Gaza. Son ministre de la justice s’est fait l’écho de Braverman en suggérant que la solidarité avec les Palestiniens risquait d’offenser les communautés juives et devait être traitée comme un “discours de haine”.

Naturellement, Washington apporte un soutien sans faille à Israël, quelle que soit la décision qu’il prendra à l’égard de Gaza, comme l’a clairement indiqué le secrétaire d’État Anthony Blinken lors de sa visite cette semaine.

Le président Joe Biden a promis des armes et des fonds, et a envoyé l’équivalent militaire des “gros bras” pour s’assurer que personne ne dérange Israël pendant qu’il commet ces crimes de guerre. Un porte-avions a été dépêché dans la région pour garantir que les voisins d’Israël restent tranquilles lors du lancement de l’invasion terrestre.

Même les responsables dont le rôle principal est de promouvoir le droit international, comme Antonio Gutteres, secrétaire général des Nations unies, ont commencé à s’adapter à l’évolution de la situation.

Comme la plupart des responsables occidentaux, il a mis l’accent sur les “besoins humanitaires” de Gaza en évitant de parler des règles de la guerre qu’Israël est tenu de respecter.

C’est là le succès d’Israël. Le langage du droit international qui devrait s’appliquer à Gaza – des règles et des normes qu’Israël doit respecter – a cédé la place, au mieux, aux principes de l’humanitarisme : des actes de charité internationale pour panser les souffrances de ceux dont les droits sont systématiquement bafoués et dont les vies sont anéanties.

Les responsables occidentaux sont plus que satisfaits de la direction prise. Non seulement dans l’intérêt d’Israël, mais aussi dans le leur. Car un jour, leurs propres populations pourraient leur poser autant de problèmes que les Palestiniens de Gaza en posent aujourd’hui à Israël.

Soutenir le droit d’Israël à se défendre est, pour eux, une sorte d’investissement. »

https://www.declassifieduk.org/lawless-in-gaza-why-britain-and-the-west-back-israels-crimes/

Un investissement qui mise sur un succès israélien pourtant bien peu probable comme le pense aussi cet ancien officier français dans cette vidéo :

https://twitter.com/NaphtalineLeBon/status/1713688141758902488

Pourtant Israël est bien parti pour détruire Gaza :

« L’avertissement d’Israël selon lequel sa guerre aérienne contre la bande de Gaza a abandonné la précision au profit de la « destruction » est un signe inquiétant que les pertes civiles dans les semaines à venir pourraient être très graves.

Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré que « l’accent est mis sur les dégâts et non sur la précision », tandis qu’un responsable israélien anonyme a déclaré aux médias locaux que Gaza serait réduite à une « ville de tentes » d’ici la fin. de la campagne.

« Nous ne nous arrêtons pas ; au contraire, nous nous dirigeons vers une multiplication des attaques. La priorité absolue de ces attaques est d’éliminer les hauts responsables [du Hamas] », a également déclaré le contre-amiral Hagari. »

https://www.telegraph.co.uk/world-news/2023/10/11/israel-abandon-precision-bombing-eliminate-hamas-officials/

Finalement, en fin de semaine :

« Des appels à une trêve entre Israël et le Hamas palestinien pour permettre l’entrée de l’aide à Gaza ont été lancés au « Sommet pour la paix » ce samedi 21 octobre en Égypte, auquel ont participé 31 pays et trois organisations internationales.

Après deux semaines de guerre, « il faut agir maintenant pour mettre fin au cauchemar », a lancé à l’ouverture du sommet du Caire Antonio Guterres, alors que près de 4 400 Palestiniens ont été tués dans les bombardements de représailles israéliens à Gaza sous contrôle du Hamas, selon le ministère de la Santé local. Gaza a « besoin d’un acheminement massif d’aide », a ajouté le secrétaire général de l’ONU, alors que seuls 20 camions y sont entrés samedi depuis le poste-frontière de Rafah, entre Gaza et l’Égypte. Pour l’ONU, il faudrait au moins 100 camions par jour pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout.

Le roi Abdallah II de Jordanie a réclamé « un cessez-le-feu immédiat », tandis que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé que « l’unique solution à la question palestinienne est la justice », soulignant le « droit » des Palestiniens « à établir leur État ». Il faut, a ajouté le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, « la fin de l’occupation des Territoires palestiniens par Israël et la solution à deux États », israélien et palestinien.

Le président américain Joe Biden a dit mercredi à Tel-Aviv que cette guerre renforçait sa « détermination » pour une solution à deux États. « Nous ne partirons pas », a répété trois fois Mahmoud Abbas alors que Le Caire et Amman sont vent debout contre l’ordre israélien d’évacuer les Palestiniens du nord de la bande de Gaza vers le sud du territoire, frontalier de l’Égypte. Ils y voient un pas vers « un déplacement forcé » des Palestiniens vers le Sinaï égyptien qui équivaudrait selon M. Abbas à « une deuxième Nakba » (catastrophe, en arabe), en référence aux 760 000 Palestiniens poussés à l’exil après la création d’Israël en 1948.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a concédé une erreur : « Collectivement, nous n’avons plus fait suffisamment attention à la centralité de la question palestinienne ». Selon elle, ce sommet était une première étape, un moment pour délivrer des messages de paix. La concrétisation d’un cessez-le-feu à Gaza est encore loin, note correspondante au Caire, Léonie Lebrun.

Au-delà des appels partagés pour l’entrée de l’aide aux Palestiniens de la bande de Gaza, soumise à un siège israélien, les représentants des pays occidentaux et arabes n’ont d’ailleurs pas pu s’entendre sur un communiqué final, ont indiqué des diplomates arabes à l’AFP. Les négociations ont achoppé sur deux points, selon eux : d’une part, « les pays occidentaux voulaient une condamnation claire du Hamas », dont l’attaque le 7 octobre contre Israël a déclenché une guerre ayant fait 1 400 morts dans ce pays. De l’autre, ils réclamaient « un appel à la libération des otages », quelque 200 personnes enlevées durant l’attaque par le Hamas.

Les pays arabes ont refusé d’inscrire ces points et le sommet s’est soldé par un communiqué de la présidence égyptienne dénonçant « une scène internationale qui a révélé ces dernières décennies son incapacité à trouver une solution juste et durable à la question palestinienne ». Le ministère israélien des Affaires étrangères a jugé « regrettable que même face à ces atrocités, certains trouvent difficile de condamner le terrorisme ». « Israël fera ce qu’il a à faire et attend de la communauté internationale qu’elle reconnaisse la justesse de son combat », a-t-il ajouté. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231021-des-appels-à-un-cessez-le-feu-à-gaza-au-sommet-pour-la-paix-en-égypte

En tous cas, cet événement géopolitique cantonnera définitivement Israël dans le camp occidental alors qu’il essayait jusqu’à maintenant de trouver un équilibre entre les deux.

La preuve en est que les Etats-Unis offrent un soutien financier et militaire total à Israël, alors même que ses finances ont déjà été mises à mal par le financement de l’Ukraine :

« Le président Joe Biden envisage une demande supplémentaire d’environ 100 milliards de dollars qui inclurait une aide à la défense pour Israël et l’Ukraine, ainsi qu’un financement pour la sécurité des frontières et une aide aux pays de l’Indo-Pacifique, y compris Taïwan, selon des personnes connaissant bien le dossier. »

https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-10-17/white-house-eyes-100-billion-ukraine-israel-and-border-ask#xj4y7vzkg

Pour la ministre des finances étasunienne, c’est faisable :

« Janet Yellen a déclaré à Sky News que les États-Unis pouvaient “certainement” se permettre de soutenir des guerres sur deux fronts, alors que le conflit entre Israël et le Hamas menace la stabilité au Moyen-Orient et que les États-Unis continuent de soutenir la lutte de l’Ukraine contre la Russie.

S’adressant en exclusivité à Wilfred Frost avant une réunion des ministres des finances au Luxembourg, la secrétaire d’État américaine au Trésor a déclaré que l’économie et les finances publiques étaient en bon état pour garantir le soutien des intérêts américains à l’étranger. »

https://news.sky.com/story/we-can-certainly-afford-two-wars-us-treasury-secretary-says-12985335

Mais, là encore, face aux belles paroles illusoires, revenons-en aux faits :

« En août 2023, la dette publique des États-Unis s’élevait à environ 32.910 milliards de dollars, soit environ deux mille milliards de plus qu’un an plus tôt, alors qu’elle était d’environ 30.940 milliards de dollars. Le plafond de la dette publique américaine est devenu l’une des questions politiques les plus importantes aux États-Unis ces dernières années, le débat sur la manière de le gérer provoquant des troubles politiques entre Démocrates et Républicains. »

https://www.statista.com/statistics/273294/public-debt-of-the-united-states-by-month/

Il semble que le sentiment d’invincibilité occidental touche aussi le domaine économique. Mais pas seulement :

« Ce qui se cache derrière le déferlement actuel de la résistance violente palestinienne est précisément enraciné dans une compréhension inverse de celle que l’on a dans les cercles de Washington.

La «réalité» inverse est que, au cours de la dernière décennie, Israël s’est éloigné de plus en plus des fondations sur lesquelles une paix régionale durable aurait pu être construite. De manière perverse, Israël a évolué dans la direction opposée, détruisant les piliers sur lesquels un rapprochement régional aurait pu être possible.

Au cours de la dernière décennie, Netanyahou a fait basculer l’électorat israélien à droite, en faisant de l’Iran le phantasme par lequel il effraie le public. (Il n’en a pas toujours été ainsi : Après la révolution iranienne de 1979, Israël s’était allié à l’Iran, contre le «voisinage proche» arabe).

Netanyahou a également transmis à son électorat le «message» selon lequel, grâce au «succès» des accords d’Abraham, le monde ne se soucie plus du tout des Palestiniens. Qu’ils sont «des nouvelles d’hier».

Cette performance a empêché le monde occidental de comprendre pleinement ce que les ministres radicaux du gouvernement de Netanyahou ont planifié :

L’un des principaux engagements des ministres de Netanyahou est de construire le (troisième) temple juif sur le mont du Temple, où se trouve actuellement la mosquée al-Aqsa. En clair, cela implique un engagement à démolir al-Aqsa et à construire un Temple juif à sa place.

Le deuxième engagement clé est de fonder Israël sur la «Terre d’Israël» biblique. Comme l’a clairement indiqué le ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, les Palestiniens de Cisjordanie seraient confrontés à un choix : partir ou vivre sous l’emprise d’un État juif suprématiste.

La troisième consiste à instituer la loi juive (Halakha) en lieu et place de la loi laïque. Cela priverait les non-juifs d’Israël de leur statut juridique.

Ensemble, la judaïsation d’Al-Aqsa, la fondation de l’État sur la «Terre d’Israël» biblique et la fin de la loi fondamentale laïque, la Palestine et le peuple palestinien sont tout simplement effacés. Il y a trois semaines, Netanyahou a brandi une carte d’Israël lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies : Gaza et les territoires palestiniens n’y figurent pas du tout. Ils sont effacés. La situation est aussi existentielle que cela.

Tels sont les enjeux qui sous-tendent en fin de compte la provocation extrême des forces militaires du Hamas à l’égard d’Israël. Elle vise à briser le paradigme (il ne s’agit pas d’un appel à un quelconque retour au cadre d’Oslo).

Toutefois, en réagissant de manière excessive, Netanyahou et son équipe risquent de «faire tomber le toit» de l’ensemble du projet occidental. Biden ne semble pas voir le danger qui se cache dans son propre langage exagérément enragé, comparant le Hamas à ISIS et approuvant une réponse «rapide, décisive et écrasante» de la part de Netanyahou. Biden a déclaré qu’il était convaincu qu’Israël avait non seulement le droit, mais le «devoir» de riposter, ajoutant que «les États-Unis soutiennent Israël».

Biden pourrait obtenir plus que ce qu’il cherche : Une tragédie sous la forme d’un châtiment total infligé aux Palestiniens de Gaza. Netanyahou, piégé par la dynamique de sa propre peur et de sa vulnérabilité, joue le rôle de Dionysos, le Dieu de l’excès. Et Biden l’encourage.

Tout comme l’équipe Biden a exposé les États-Unis et l’OTAN à l’humiliation en Ukraine, l’équipe Biden semble incapable d’imaginer ce qui pourrait découler de l’humiliation d’Israël, par sa vengeance à Gaza. L’Ukraine a entraîné de graves conséquences financières pour l’Europe. En Israël, sa structure militaire et de renseignement vient d’imploser. Imaginez que la structure politique devienne elle aussi dysfonctionnelle.

Lorsque l’Occident considère la situation d’un point de vue purement statique et instrumental (c’est-à-dire que Tsahal est beaucoup plus puissant que le Hamas et que, par conséquent, le Hamas est destiné à être détruit – «C’est une question d’ingénierie») – si «vous» adoptez ce point de vue, peut-être posez-vous la question de manière erronée.

La question à poser est plutôt une question dynamique : Comment cette dramaturgie va-t-elle se dérouler dans le temps ? De quelle manière la guerre putative d’Israël à Gaza pourrait-elle progressivement façonner les calculs du Hezbollah, de la Syrie et de la sphère musulmane – et ouvrir des opportunités politiques qui n’étaient pas disponibles jusqu’à présent. »

https://reseauinternational.net/lever-le-voile-sur-le-paradigme-daujourdhui/

Pendant que les yeux du monde entier sont rivés sur Gaza, les colons israéliens en profitent pour grignoter encore un peu plus de terrain en Cisjordanie, ne faisant ainsi qu’aggraver le problème :

« Les soldats et les colons israéliens ont tué 51 Palestiniens en Cisjordanie depuis samedi, selon le ministère palestinien de la santé à Ramallah. Au moins deux villages, Al-Qanub et Wadi Al-Sik, ont été entièrement dépeuplés à la suite des violences commises par les colons israéliens.

Un Palestinien d’At-Tuwani, un village de la région de Masafer Yatta dans les collines du sud d’Hébron, est dans un état critique après qu’un colon, accompagné d’un soldat israélien, a envahi la communauté vendredi et lui a tiré dessus à bout portant. L’attaque a été documentée par le groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem.

Les soldats israéliens établissent de nouveaux points de contrôle pour bloquer les déplacements des villageois palestiniens. Jeudi soir, près de Yabrud, au nord-est de Ramallah, des soldats ont tiré sur un véhicule transportant une famille palestinienne, selon des membres de la famille. Randa Abdullah Abdul Aziz Ajaj, 37 ans, a été tuée et son fils, Ismail Ajaj, a été touché au pied et à l’épaule. Son mari et un autre enfant se trouvaient également dans le véhicule mais n’ont pas été blessés. Un porte-parole de l’IDF a déclaré que les soldats avaient ouvert le feu parce que la voiture “roulait sauvagement” et que les soldats se sentaient menacés.

Dans toute la Cisjordanie, les habitants palestiniens constatent une présence accrue de colons armés autour de leurs villages, un plus grand nombre de barrages militaires et un renforcement des restrictions de circulation. “En ce moment, nous vivons en état de siège. La plupart des villages de Cisjordanie sont enfermés dans des monticules de terre et il est impossible d’en sortir”, a déclaré un habitant du village de Qaryut. “Il y a des colons partout. Chaque fois que nous nous approchons d’une maison proche d’une colonie, ils nous tirent dessus. Ils profitent de la situation sécuritaire à Gaza pour se venger en Cisjordanie. Car personne ne s’intéresse à la Cisjordanie aujourd’hui”. »

https://www.972mag.com/settler-attacks-west-bank-gaza-war/

Et Israël de se diviser intérieurement :

« Des voix s’élèvent déjà pour réclamer le départ de Netanyahou. Ne serait-ce que pour son parrainage à long terme du Hamas, pour faire contrepoids aux Palestiniens du Fatah, plus laïques. S’il n’est plus premier ministre, les tribunaux se saisiront des trois affaires de corruption, actuellement en suspens, contre lui. Il finira probablement en prison.

Une autre raison du succès du Hamas est le fait que trois des quatre bataillons d’infanterie, comptant chacun 800 soldats, qui gardent habituellement la bande de Gaza, ont été déplacés en Cisjordanie pour protéger les colons sionistes d’extrême droite lors d’une fête religieuse. Cela a permis au Hamas de franchir facilement la clôture. »

https://lesakerfrancophone.fr/israel-divise-et-la-guerre-dal-aqsa

Même le Département d’Etat étasunien se divise sur le sujet :

« La crise au Proche-Orient provoque un vent de fronde au sein du département d’État américain, l’équivalent en France du ministère des Affaires étrangères, secoué par l’approche diplomatique de Joe Biden. Fait rarissime, plusieurs diplomates de haut rang dénoncent un positionnement trop va-t-en-guerre au mépris de la vie des populations civiles. Ceux-ci viennent de pousser Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, à se fendre d’une lettre ouverte dans laquelle il reconnaît l’énorme pression qui pèse sur les diplomates américains. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20231021-états-unis-remous-au-sein-du-département-d-état-sur-le-proche-orient

Au niveau international, la fracture qui sépare le bloc occidental de la Russie, de la Chine et de l’Afrique s’étend maintenant au monde musulman :

« Si la guerre en Ukraine a révélé les lignes de fractures qui traversent la communauté internationale, les derniers épisodes du conflit israélo-palestinien ont fini de les élargir, en particulier avec les puissances émergentes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Et cette crise au Moyen-Orient ne déchire pas seulement le Nord et le Sud. Elle irrite également certains alliés européens de Washington qui ont travaillé sans relâche depuis l’invasion russe de l’Ukraine pour construire un consensus autour du respect du droit international et des droits humains. »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231019-la-guerre-israël-hamas-révélatrice-des-fractures-au-sein-du-monde-occidental

Pendant ce temps, Israël a l’air de peser le pour et le contre, coincé dans une situation difficile. Le ministre de la défense vient de déclarer que :

« Israël se lavera les mains de Gaza une fois qu’il aura achevé son opération militaire terrestre et vaincu le Hamas, a déclaré le ministre de la défense Yoav Gallant. Le Financial Times, citant un fonctionnaire israélien anonyme, a rapporté que la nouvelle approche signifie que les habitants de Gaza ne seront pas autorisés à entrer en Israël ou à y travailler.

S’adressant vendredi à la commission des affaires étrangères et de la défense du Parlement israélien, M. Gallant a déclaré aux législateurs qu’Israël n’aurait plus “la responsabilité de la vie quotidienne dans la bande de Gaza” une fois les hostilités terminées.

Selon le ministre, l’opération militaire israélienne se déroulera en trois phases, la première étant un bombardement aérien intensif, qui est déjà en cours. Elle comprendra également des manœuvres au sol “dans le but de détruire les agents et d’endommager les infrastructures afin de vaincre et de détruire le Hamas”. La deuxième phase verra des combats de moindre intensité dans l’enclave, visant à éliminer les “poches de résistance”, selon M. Gallant. L’action militaire se terminera par la “création d’un nouveau régime de sécurité” à Gaza.

Le Financial Times a cité un responsable israélien anonyme qui a déclaré qu'”Israël ne fera pas partie de la solution pour donner du travail [aux Gazaouis]”.

“Nous avons débranché le cordon ombilical”, a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/news/585466-israel-outlines-gaza-future/

En gros, Gaza restera une prison à ciel ouvert mais dans laquelle il ne sera plus distribué d’eau et de nourriture. La recette pour une énième sanglante mutinerie. Il semble que les dirigeants israéliens perdent eux aussi le sens de la mesure et de la réalité et ne veuillent tirer aucune leçon des événements. Ce qui ne présage rien de bon pour l’issue d’un problème qui dure depuis 80 ans mais que le nouveau monde multipolaire parait décidé à résoudre une bonne fois pour toute. Mais il semble que leur aveuglement idéologique empêche les dirigeants israéliens de le voir.

La Chine et la Russie étendent leur soft power

Pendant que le bloc occidental se débat avec son image en chute libre à l’international, la Russie et la Chine continuent leur offensive de charme :

« Des centres d’enseignement russe ont été ouverts au Nigeria, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo (RDC). Ces centres permettront aux étudiants locaux d’étudier le russe et d’en apprendre davantage sur la culture du pays.  

L’université d’État russe de l’éducation a inauguré mercredi son centre d’éducation ouverte en russe et d’enseignement de la langue russe à l’université de Lagos, au Nigeria.  

La cérémonie s’est déroulée en présence du vice-recteur de l’université d’État russe de l’éducation, Dmitry Kulikov, et de la direction de la faculté des lettres de l’université de Lagos. 

Les professeurs de russe ont tenu un cours ouvert au cours duquel ils ont présenté aux étudiants la culture russe, leur ont fourni des aides à l’étude et leur ont offert des souvenirs de Russie.

Plus de 50 pays, dont 28 en Afrique, font actuellement partie du projet à grande échelle du ministère russe de l’éducation visant à établir un réseau de centres d’éducation ouverte. »

https://www.rt.com/africa/585130-russian-education-centre-nigeria/

« Au premier jour du troisième Forum des “Nouvelles routes de la soie” pour la coopération internationale, plus de 1 200 représentants de plus de 80 pays et régions ont entrepris ce que certains décrivent comme un voyage de “chasse aux opportunités”, cherchant à établir de nouveaux réseaux d’affaires dans le cadre de l’initiative des “Nouvelles Routes de la soie” – la plus grande plateforme de coopération internationale au monde – pour injecter de la certitude dans leurs entreprises dans un monde incertain et apporter des contributions conjointes à la reprise de l’économie mondiale.

Plus de 300 représentants chinois et étrangers ont signé des accords lors de la conférence des PDG des Routes de la soie de cette année, mardi, a appris le Global Times. Les accords, qui couvrent l’intelligence artificielle, la biomédecine, l’agriculture moderne, ainsi que les services financiers, ont atteint un record en termes de nombre d’accords et de valeur des contrats. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1300027.shtml

« Le président chinois Xi Jinping a annoncé mercredi [à l’occasion du 3eme forum des Nouvelles routes de la soie, NdT] huit mesures majeures que la Chine prendra pour soutenir la coopération de haute qualité des “Nouvelles routes de la soie“…

Huitièmement, la Chine renforcera la construction institutionnelle pour la coopération internationale dans le cadre de la Route de la soie.

La Chine travaillera avec les pays partenaires de la Route de la soie pour renforcer la construction de plateformes de coopération multilatérale couvrant l’énergie, la fiscalité, la finance, le développement vert, la réduction des catastrophes, la lutte contre la corruption, les groupes de réflexion, les médias, la culture et d’autres domaines, a indiqué Xi.

La Chine continuera d’accueillir de tels forums et d’en établir un secrétariat, a-t-il déclaré. »

https://lesakerfrancophone.fr/xi-annonce-des-mesures-pour-soutenir-la-cooperation-de-haute-qualite-autour-des-nouvelles-routes-de-la-soie

« Pékin va injecter plus de 100 milliards de dollars de nouveaux financements dans les Nouvelles routes de la soie, a annoncé ce 18 octobre le président chinois Xi Jinping lors d’un sommet à Pékin marquant le dixième anniversaire de ce vaste projet d’infrastructures. Les principaux financeurs des Nouvelles routes de la soie, la Banque de développement de Chine et la Banque d’import-export de Chine (Eximbank), vont injecter près de 100 milliards de dollars de prêts supplémentaires au projet, a déclaré ce 18 octobre le président chinois Xi Jinping, lors de la cérémonie d’ouverture du troisième forum international des «Nouvelles routes de la soie».

«La Banque de développement de Chine et la Banque d’import-export de Chine créeront chacune une ligne de financement de 350 milliards de yuans RMB [47,8 milliards de dollars]», a détaillé le dirigeant chinois. Par ailleurs, «le Fonds de la Route de la soie procédera à une augmentation de capital de 80 milliards de yuans RMB [11 milliards de dollars]», a-t-il poursuivi. Au-delà des investisseurs étatiques, Xi Jinping a également annoncé que la conférence des entrepreneurs, qui s’est tenue en marge du présent forum, avait «donné lieu à la conclusion d’accords sur des projets d’un montant total de 97,2 milliards de dollars». »

https://francais.rt.com/international/107594-nouvelles-routes-soie-xi-jinping-investissements

On remarquera au passage que la somme de 100 milliards de $ correspond à ce que Biden veut investir en Ukraine, à Taiwan et en Israël pour soutenir les tensions guerrières dans ces zones, comme nous l’avons vu plus haut. Chacun ses priorités.

« Le président kenyan William Ruto a annoncé mardi que 11 entreprises chinoises allaient investir plus de 160 millions de dollars dans la Konza Medical City, une initiative gouvernementale en matière de soins de santé visant à fournir une couverture sanitaire universelle dans tout le pays africain.

“Je suis ravi pour les 11 entreprises qui ont lancé la Konza Medical City, leur véhicule d’investissement spécial de 161,7 millions de dollars, qui arrive au Kenya à temps pour profiter de la couverture sanitaire universelle, ainsi que pour Zhende Medical Co. qui conclut un accord pour investir 125 millions de dollars dans la ville de Tatu”, a-t-il déclaré.

Ruto a fait cette annonce en s’adressant à la table ronde des investisseurs Kenya-Chine à Pékin, en marge du troisième Forum des Nouvelles routes de la soie pour la coopération internationale. »

https://www.rt.com/africa/585233-kenya-china-business-deals/

« Trente et une entreprises privées et entreprises d’État (SOE) d’Indonésie ont signé des accords d’une valeur totale de 13,7 milliards de dollars avec des entreprises chinoises lundi lors du Forum des affaires Indonésie-Chine à Pékin, a déclaré le ministre des SOE, Erick Thohir. “Nous voulons être un pays industriel qui fait partie des chaînes d’approvisionnement mondiales”, a déclaré Erick à Pékin, dans une vidéo YouTube publiée lundi. Cette somme ne représente qu’une partie des transactions potentielles totalisant environ 29 milliards de dollars, a-t-il précisé, ajoutant que neuf des 31 entreprises étaient des entreprises d’État, dont la compagnie d’électricité PLN et l’Indonesia Battery Corporation. »

https://www.thejakartapost.com/business/2023/10/17/ri-companies-ink-deals-worth-13-7b-with-chinese-counterparts.html

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 16 octobre 2023

Source : the Saker francophone.


Par Wayan – Le 16 octobre 2023 – Le Saker Francophone

Le conflit israélo-palestinien

Comme si l’enchaînement de crises qui touchent le monde actuel n’était pas suffisant, une des plus anciennes et amères a tout à coup repris de l’ampleur, le conflit israélo-palestinien.

C’est une crise ou le biais d’appartenance (le fait de s’identifier à un des côtés, ce qui nous fait perdre tout objectivité), la mauvaise foi politique, la censure médiatico-gouvernementale, la propagande de guerre et la crainte d’être traité d’antisémite sont réunis pour faire de cette crise une caricature de notre époque.

Je ne vais pas m’aventurer dans la liste sans fin des pours et des contres pour une affaire qui est plus âgées que moi et qui continue de diviser même des pays qui ne devraient pas se sentir directement concernés, comme la France. Sur cette affaire chacun à son biais d’appartenance et s’y accroche comme l’huitre à son rocher. Sujet explosif s’il en est.

Pourtant les faits sont clairs. Un peuple exproprié de sa terre natale par un autre qui utilise des préceptes datant de 2000 ans comme justificatif pour sa colonisation. Un peuple armé jusqu’au dent, ayant même des bombes nucléaires, face à un autre n’ayant pas d’armée, juste des « groupes de terroristes », pour tenter de se défendre. Un peuple soutenu par « la communauté internationale », c’est-à-dire le bloc occidental, face à un autre qui semble bien isolé. Une impossibilité organique de pouvoir s’entendre et vivre ensemble quand une des parties en conflit s’affirme ouvertement « nation juive » dans laquelle seuls les juifs peuvent obtenir la nationalité….

Nous nous bornerons donc à présenter les faits et observer les positions de différents pays face à ce nouvel accès de fièvre.

 

La première chose qui saute aux yeux de l’observateur est que le bloc occidental n’essaye même plus de prendre une attitude de neutralité, comme il avait tendance à faire auparavant sur ce sujet. Le monde occidental fait maintenant bloc autour d’Israël, quelques soient les circonstances :

« Les États-Unis envoient leur porte-avions le plus récent et le plus avancé, ainsi qu’un groupe d’intervention complet, pour soutenir Israël à la suite d’une attaque terroriste qui a tué des centaines de civils.

Le USS Gerald R. Ford et ses plus de 4 000 marins ont été déployés pour la première fois l’année dernière. Décrit par les responsables de la marine américaine comme “le plus grand et le plus redoutable des navires de guerre américains”, il est doté d’un pont d’envol redessiné qui lui permet de générer 30 % de vols supplémentaires par rapport à n’importe quel autre porte-avions américain.

Le Ford sera accompagné d’un croiseur à missiles guidés et de cinq destroyers à missiles guidés.

En outre, Austin a indiqué que les États-Unis prenaient des mesures pour renforcer les escadrons de chasseurs F-35, F-15, F-16 et A-10 de l’armée de l’air américaine au Moyen-Orient.

Il a ajouté que les États-Unis allaient fournir à l’armée israélienne des équipements, des ressources et des munitions supplémentaires, qui devraient arriver dans les prochains jours, ce que M. Austin a réaffirmé au ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, lors d’un appel téléphonique dimanche, selon le Pentagone.

“Le renforcement de notre dispositif de forces conjointes, en plus du soutien matériel que nous fournirons rapidement à Israël, souligne le soutien indéfectible des États-Unis aux forces de défense israéliennes et au peuple israélien”, a déclaré M. Austin dans le communiqué. »

https://www.voanews.com/a/us-to-send-carrier-strike-group-to-mediterranean-in-support-of-israel/7301975.html

« Dans un communiqué commun publié lundi 9 octobre en fin de soirée, l’Allemagne, les États-Unis, la France, l’Italie et le Royaume-Uni indiquent qu’ils « soutiendront les efforts d’Israël pour se défendre » après l’offensive meurtrière menée par le Hamas samedi. Ces cinq puissances condamnent « sans ambiguïté possible le Hamas et ses actes terroristes révoltants ».

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20231009-l-allemagne-les-états-unis-la-france-l-italie-et-le-royaume-uni-soutiendront-les-efforts-d-israël-pour-se-défendre

Je remarque au passage que les pays occidentaux soutiennent tous « le droit d’Israël à se défendre » mais que pas un mot n’est dit sur « le droit des palestiniens à se défendre », sous entendant que ce sont toujours les palestiniens les agresseurs et les israéliens les victimes. Une totale inversion des faits.

Il y aura même rétorsion contre le peuple palestinien de la part de l’Union Européenne :

« La Commission européenne a déclaré lundi qu’elle réexaminait l’ensemble de son aide au développement en faveur des Palestiniens, d’une valeur de 691 millions d’euros (729 millions de dollars), et qu’elle suspendait immédiatement tous les paiements à la suite de l’attaque du Hamas contre Israël.

“L’ampleur de la terreur et de la brutalité contre Israël et son peuple marque un tournant”, a déclaré Oliver Varhelyi, commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement, dans un message publié sur les réseaux sociaux. “On ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était. »

https://www.reuters.com/world/eu-freezes-aid-payments-palestinians-after-hamas-attack-israel-2023-10-09/

Pourtant un journal israélien, Harrezt, est bien obligé de le reconnaître :

« Terrorisés par les colons, les bergers palestiniens de Cisjordanie sont contraints de quitter les villages où ils vivent depuis des décennies. La semaine dernière, c’était au tour d’Al-Baqa’a »

https://www.haaretz.com/israel-news/twilight-zone/2023-09-09/ty-article-magazine/.highlight/an-unbelievable-population-transfer-is-underway-in-the-west-bank/0000018a-76bb-dfd9-ad9f-ffbf4d880000

« Les principaux ministres israéliens assistent à la démolition de maisons bédouines ; Ben-Gvir : C’est un “devoir sacré”.

C’est la première fois que des ministres viennent applaudir ceux qui détruisent une maison et laissent ses habitants sans solution de rechange”, déclare un militant bédouin israélien. « C’est une chose cruelle » »

https://www.haaretz.com/israel-news/2023-08-29/ty-article/.premium/israeli-ministers-witness-demolition-of-bedouin-houses-ben-gvir-its-a-sacred-duty/0000018a-4134-d435-a59e-cffeff750000

« Un ministre israélien d’extrême droite prépare le terrain pour doubler la population de colons en Cisjordanie

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a demandé que l’on se prépare à l’installation de 500 000 colons supplémentaires en Cisjordanie en modernisant l’infrastructure des colonies et des avant-postes illégaux. »

https://www.haaretz.com/israel-news/2023-05-18/ty-article/.premium/far-right-israeli-minister-lays-groundwork-for-doubling-west-bank-settler-population/00000188-2de6-d6e4-ab9d-ede74a3e0000

Pourtant, dans une répétition du cas de l’Ukraine, les dirigeants occidentaux parlent tous de l’attaque « non provoquée » du Hamas contre Israël :

« Nous voyons la classe politique/médiatique occidentale bêler à nouveau le mot “non provoqué” à l’unisson, cette fois-ci en référence à la vaste opération sur plusieurs fronts lancée par le Hamas contre Israël samedi matin, qui aurait tué des centaines d’Israéliens.

“Les États-Unis condamnent sans équivoque les attaques non provoquées des terroristes du Hamas contre les civils israéliens”, peut-on lire dans un communiqué de la Maison Blanche.

“La perte de vies humaines en Israël à la suite de l’attaque violente, calculée et non provoquée du Hamas est déchirante”, déclare Hakeem Jeffries, chef de la minorité de la Chambre des représentants.

“L’attaque terroriste non provoquée d’aujourd’hui et les meurtres de citoyens israéliens innocents sont un rappel brutal de la brutalité du Hamas et des extrémistes soutenus par l’Iran”, déclare Jim Jordan, membre du Congrès et candidat à la présidence de la Chambre des représentants.

“Cette attaque ignominieuse, non provoquée et barbare contre Israël doit faire l’objet d’une condamnation mondiale et d’un soutien sans équivoque au droit à l’autodéfense de l’État juif”, a tweeté le candidat à l’élection présidentielle Robert F. Kennedy Jr.

Il s’agit d’une “attaque non provoquée contre des civils” : Le lieutenant-général Keith Kellogg”, peut-on lire dans une récente dépêche de Fox News.

“L’agression non provoquée par les terroristes du Hamas”, peut-on lire dans un tweet de l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo….

Je pourrais citer beaucoup, beaucoup d’autres exemples, mais je pense que c’est suffisant pour comprendre ce que j’essaie de dire. N’est-il pas étrange de voir le même choix de mots étrangement spécifiques inséré encore et encore à propos du même événement dans les déclarations des politiciens et des experts, quelle que soit leur affiliation politique ? Lorsque vous les mettez tous ensemble, cela commence à sembler très suspect, comme quelqu’un qui se réfère toujours à sa voiture comme “ma voiture, que je n’ai pas volée”, ou qui présente toujours son épouse comme “ma femme, que je ne bats pas”.

Il est clair maintenant que chaque fois que vous voyez le mot “non provoqué” être répété avec force et de manière uniforme par l’ensemble de la classe politique/médiatique, ce dont ils parlent a certainement été massivement provoqué.

Nous avons vu exactement la même chose lorsque la Russie a envahi l’Ukraine ; dès le début, la politique et les médias occidentaux ont été saturés du mot “non provoqué”, bombardant le public occidental avec ce message encore et encore, malgré le fait évident et indéniable que la guerre en Ukraine a été très certainement provoquée.

Comme l’a dit Noam Chomsky l’année dernière, “Bien sûr, elle a été provoquée. Sinon, ils ne parleraient pas sans cesse d’une invasion non provoquée”.

Il en va de même pour la dernière offensive du Hamas. Il y a toutes sortes d’arguments que l’on peut légitimement avancer à son sujet, mais il y en a un que l’on ne peut absolument pas défendre, c’est qu’elle n’a pas été provoquée. Comme l’a dit l’écrivain et humoriste palestino-américain Amer Zahr sur Twitter, “75 ans de nettoyage ethnique. 15 ans de blocus. Confiscation des terres palestiniennes. Pogroms dans les villes palestiniennes. Profanation des sites sacrés palestiniens. Raids quotidiens dans les maisons palestiniennes. L’humiliation constante de tout un peuple. Rien de ce qui se passe aujourd’hui n’est ‘non provoqué'”.»

https://caitlinjohnstone.com.au/2023/10/08/theyre-repeating-the-word-unprovoked-again-this-time-in-defense-of-israel/

Les Etats-Unis sont même prêts à fermer les yeux face au massacre en cours à Gaza :

« Alors qu’Israël intensifie ses attaques contre Gaza, le Département d’Etat décourage les diplomates travaillant sur les questions du Moyen-Orient de faire des déclarations publiques suggérant que les Etats-Unis souhaitent moins de violence, selon des courriels internes consultés par le HuffPost.

Dans des messages diffusés vendredi, le personnel du département d’État a écrit que les hauts fonctionnaires ne veulent pas que les documents destinés à la presse contiennent trois expressions spécifiques : “désescalade/cessez-le-feu”, “fin de la violence/effusion de sang” et “rétablissement du calme”.

Cette révélation constitue un signal fort de la réticence de l’administration Biden à inciter Israël à la retenue, alors que ce proche partenaire des États-Unis étend l’offensive qu’il a lancée après que le Hamas – qui dirige Gaza – a attaqué des communautés israéliennes le 7 octobre.

Les courriels ont été envoyés quelques heures après qu’Israël a demandé à plus de 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza de quitter leurs maisons et leurs abris en prévision d’une invasion terrestre de la région. Jeudi, les Nations unies ont déclaré qu’Israël avait donné aux habitants de Gaza un délai de 24 heures pour se rendre dans le sud de la bande de Gaza, et ont averti qu’il serait “impossible qu’un tel mouvement ait lieu sans conséquences humanitaires dévastatrices”. »

https://www.huffpost.com/entry/state-department-internal-emails-gaza-israel_n_65296395e4b0a304ff6ff95d

Du côté israélien, c’est la surprise d’un pays qui se croyait en toute sécurité derrière son « dôme de fer » :

« Ce samedi 7 octobre, la plus puissante armée du Moyen-Orient a été prise de court et mise en échec. Ses avions de guerre ont été cloués au sol. Elle a mis des heures à réagir : une débâcle totale. Les commandos du Hamas se sont infiltrés en territoire israélien avec une facilité déconcertante, sans presque aucune résistance en face.

Des bases de l’armée israélienne ont été conquises en rien de temps. Des soldats ont été capturés, abattus. Des civils et des militaires israéliens ont été enlevés et envoyés à Gaza. Il s’agit à la fois d’un échec militaire pour Israël et d’un échec cuisant pour ses services de renseignements.

Si l’armée israélienne a donc tardé à réagir, elle écrase pourtant désormais Gaza sous les bombes. Le message d’Israël est clair : « vous nous terrorisez, on vous terrorise ». L’armée israélienne a ciblé, comme en 2021 lors de la précédente grande guerre à Gaza, les tours d’habitation. Officiellement parce qu’elles abritent des positions du Hamas. Mais la réalité derrière cette stratégie est la volonté de frapper fort, de marquer les esprits, de traumatiser et de couper l’envie de recommencer aux Palestiniens.

Encore une fois, l’État hébreu se lance dans la politique du « tout sécuritaire ». Une stratégie pourtant défaillante, aussi vieille que l’occupation et qui dure depuis 56 ans. Répression, colonisation, attaques de colons, des centaines de Palestiniens tués chaque année, des détentions arbitraires, la profanation de lieux saints musulmans et chrétiens… La violence appelle la violence. Malheureusement, les civils innocents israéliens et palestiniens en payent le prix. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231008-israël-comment-la-plus-puissante-armée-du-moyen-orient-a-été-prise-par-surprise-par-le-hamas

La dangereuse mais classique déshumanisation de l’ennemi est en cours :

« Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a ordonné ce 9 octobre un « siège complet » de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, au troisième jour de l’offensive surprise et massive lancée par le mouvement islamiste palestinien. « Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz, tout est fermé », a-t-il déclaré dans un message vidéo en hébreu. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », a ajouté le ministre. »

https://francais.rt.com/international/107473-israel-tsahal-admet-se-battre-toujours-sur-son-sol-gorupes-hamas

Pour justifier la féroce répression que subissent les civils palestiniens, comme le fait remarquer l’œil de lynx de Caitlin Johnstone :

« Il est intéressant de constater que la semaine dernière, Israël n’avait aucune idée des activités du Hamas, alors que cette semaine, il connaît toutes les mosquées, les écoles et les hôpitaux dans lesquels le Hamas se cache.

Lorsque vous vivez dans un empire du mensonge, on vous demande de croire beaucoup de choses très stupides. La chose la plus stupide que l’on nous demande de croire cette semaine est que les services de renseignement israéliens sont à la fois si incompétents que l’attaque du Hamas de samedi les a pris complètement par surprise, mais en même temps si compétents que tous les bâtiments qu’ils détruisent avec leur campagne de bombardements incessants sur Gaza sont dirigés uniquement vers le Hamas.

L’expression “cibles du Hamas” a fait le tour des médias ces derniers jours en référence aux attaques en cours sur Gaza, qui ont tué à ce jour plus de 1 500 Palestiniens, dont un tiers d’enfants.

“Israël mène des frappes à grande échelle sur des cibles du Hamas”, titre CNN.

Israël mène des “frappes à grande échelle” sur des cibles du Hamas”, lit-on dans le titre d’une séquence d’ABC News.

“Israël affirme avoir largué 6 000 bombes contre des cibles du Hamas”, lit-on dans un article du Washington Post.

Israël doit avoir une très bonne visibilité de la bande de Gaza pour savoir que chacune de ces 6 000 bombes visait des “cibles du Hamas” et pas seulement des bâtiments civils.

Où était cette vision 20/20 lorsque le Hamas préparait une attaque à l’aide de parapentes motorisés, de drones et de bateaux à moteur dans une bande de terre fermée de la taille de Philadelphie ? Comment les services de renseignement israéliens n’ont-ils pas détecté les préparatifs de cette attaque, alors même que les services de renseignement égyptiens les avaient prévenus de son imminence ? Comment ont-ils échoué de manière si spectaculaire que même le Hamas aurait été surpris par l’ampleur du succès de son opération ? Est-il vraiment raisonnable de croire qu’ils étaient aveugles comme des taupes aux activités du Hamas la semaine dernière, mais qu’ils ont l’œil de l’aigle cette semaine ? »

https://caitlinjohnstone.com.au/2023/10/13/israeli-intelligence-suddenly-knows-exactly-where-hamas-is/

Doutes d’autant plus valides que c’est le gouvernement israélien lui-même qui a financé le Hamas. Même RFI est maintenant obligé de reconnaitre ce qui est pourtant encore désigné comme une « hypothèse complotiste » :

« Dans le même temps, le Hamas, organisation islamiste créée en 1987 et opposée aux accords d’Oslo qui devaient garantir la reconnaissance d’Israël par un futur État palestinien, voit son influence s’étoffer grâce à la bienveillance des gouvernements Sharon puis Netanyahu, tandis que Fatah et OLP sont peu à peu affaiblis et décrédibilisés. « Nous avons permis l’émergence d’un monstre : le Hamas a été nourri à l’instar du Golem de la tradition juive, qui se retourne aujourd’hui contre nous », se désole David Ben Ishay, co-fondateur du collectif des Démocrates modérés. Les valises remplies de billets qatariens à destination du Hamas via Israël remontent aujourd’hui à la surface. « Le mouvement continuait à exister mais il a perdu de son ampleur après l’échec d’Oslo et les intifadas : le message de paix passait plus difficilement dans la société israélienne », rappelle Alain Ronzenkier. »

Dans un article qui montre le peu d’espoir pour une paix entre Israël et la Palestine :

« Quel camp pour la paix ?

Qu’il est loin le temps où le mot renvoyait à un horizon atteignable grâce à un large désir social et politique : les manifestations géantes de plusieurs centaines de milliers de personnes dans les années 1970 et 1980 – comme celles rassemblées en 1978 à l’appel de plus de 378 officiers pour conclure la paix avec l’Égypte ; la naissance en 1992 du Meretz, parti historique de la gauche laïque et traduction politique du mouvement social pacifiste, qui entre à la Knesset ; la poignée de main Rabin-Arafat – bon gré, mal gré – devant la Maison Blanche l’année suivante. Et c’est d’ailleurs lors d’un rassemblement géant de La Paix maintenant (Shalom Arshav), mouvement de référence historique, que l’assassinat d’Yitzak Rabin en novembre 1995, par un extrémiste juif, vient briser la dynamique diplomatique. Si les espoirs ne meurent pas avec le prix Nobel de la paix, la seconde intifada (2000-2005) scelle la fin du processus d’Oslo. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231014-conflit-israël-hamas-la-voix-du-camp-de-la-paix-peut-elle-encore-porter

Sans surprise, l’Iran soutient la cause palestinienne :

« L’Iran estime que l’opération de grande envergure lancée par les groupes de résistance palestiniens contre Israël est une réponse naturelle et légitime aux crimes commis par le régime contre le peuple palestinien au cours des derniers mois.

Le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a fait cette remarque lors d’un appel téléphonique avec le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, lundi, au troisième jour de l’opération “Tempête al-Aqsa”, la plus grande opération militaire contre Israël depuis des décennies.

Amir-Abdollahian a dénoncé l’inaction de l’Occident face aux “crimes systématiques” du régime israélien contre les Palestiniens, déclarant : “Si l’Europe et l’Occident avaient mis fin aux crimes du [Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahou sans [appliquer leur] politique de deux poids, deux mesures, peut-être que la Palestine ne serait pas témoin de cette situation aujourd’hui”.

Le haut diplomate iranien a également exhorté la communauté internationale à faire de son mieux pour soutenir les droits du peuple palestinien.

Pour sa part, M. Borrell a déclaré que l’UE avait critiqué le comportement de M. Netanyahu, ajoutant toutefois qu’il était nécessaire de penser à promouvoir la paix dans la conjoncture actuelle. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/10/09/712409/Iran-EU-Qatar-Amir-Abdollahian-Josep-Borrell-Mohammed-bin-Abdulrahman-bin-Jassim-Al-Than-Palestine-Israel-Storm-al-Aqsa-Mosque-operation-Netanyahu

Quant à la Russie et la Chine qui assume leur nouveau statut de puissances mondiales, elles sont sur ce sujet aussi sur la même longueur d’onde, la fameuse « solution à deux Etats » :

« La Russie et la Chine ont plaidé en faveur d’un véritable processus de paix au Proche-Orient lors d’une session d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU organisée dimanche pour discuter des récentes attaques du groupe militant palestinien Hamas contre Israël, les pires que le pays ait connues depuis des décennies.

“Mon message est le suivant : Il est important d’arrêter immédiatement les combats, de conclure un cessez-le-feu et d’entamer des négociations sérieuses, qui sont au point mort depuis des décennies“, a déclaré à la presse Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l’organisation internationale.

Nebenzia a souligné que la Russie condamnait toutes les attaques contre les civils. L’ambassadeur chinois Zhang Jun a exprimé une position similaire avant la réunion, exhortant le monde à “revenir à la solution des deux États“.

Le Conseil de sécurité n’a toutefois pas produit de déclaration commune sur la question en raison de désaccords entre ses membres. »

https://www.rt.com/news/584390-unsc-meeting-hamas-isreal/

« La décision unilatérale des États-Unis d’envoyer des armes et des navires de guerre à Israël après l’attaque du Hamas “alimentera davantage la tension et provoquera une crise humanitaire plus grave”, ont déclaré des observateurs chinois. En outre, la réaction maladroite de Washington à l’attaque surprise reflète également l’échec de ses politiques au Moyen-Orient, résultat de ses volte-face et de son indécision, ont commenté les observateurs.  

Répétant leur tactique d’attiser les flammes comme ils le font dans la crise russo-ukrainienne, les États-Unis font également pression sur d’autres pays, dont la Chine, pour qu’ils condamnent le Hamas. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1299509.shtml

« Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois sur la question du Moyen-Orient, a eu un entretien téléphonique mardi avec un responsable du ministère égyptien des Affaires étrangères. Zhai a déclaré que la solution fondamentale du conflit israélo-palestinien réside dans la mise en œuvre de la solution des deux États, et que la Chine est prête à promouvoir un cessez-le-feu immédiat et la cessation de la violence, et à fournir un soutien humanitaire au peuple palestinien.

Zhai a souligné que le cycle du conflit israélo-palestinien se poursuivait et que le nœud du problème résidait dans l’incapacité à résoudre la question palestinienne de manière équitable. “La solution fondamentale réside dans la mise en œuvre de la solution des deux États, et la communauté internationale devrait faire des efforts pratiques avec le plus grand sens de l’urgence pour la promouvoir. »

https://www.globaltimes.cn/page/202310/1299618.shtml

Le problème est que la « solution à deux Etats », le gouvernement israélien n’en veut pas. L’objectif affiché de Netanyahou est l’annexation progressive de toute la Palestine.

Ce que nous pouvons donc observer à cet instant « t » est que, parallèlement au fait que l’OTAN, armée occidentale parée de toutes les puissances dans l’imaginaire collectif mondial, s’est retrouvée nue face à l’échec de sa confrontation indirecte contre la Russie, il risque d’arriver la même chose à Tsahal, la puissante armée israélienne, si le conflit dégénère et qu’elle se retrouve confrontée aux groupes armés des nations arabes environnantes sans pouvoir avoir le dessus. Cela sera un coup de plus à l’image de la puissance occidentale dans la conscience collective mondiale :

« L’attaque-surprise du Hamas contre Israël a pris tout le monde de cours et montré d’énormes négligences du renseignement israélien si réputé et si vanté. Cette grossière faiblesse stratégique d’Israël, un bastion occidental au Moyen-Orient, est après la faiblesse occidentale en Ukraine une indication de plus de ce que les capacités de force des Occidentaux, dépassées et inadaptées, sont un simulacre de plus. Cette crise, la nième reprise du même drame, confirme l’effondrement de l’hégémonie de l’Ouest-tardif. »

https://www.dedefensa.org/article/pour-une-crise-de-plus

Les prochaines semaines nous dirons ce qu’il en est vraiment.

Ukraine

Alors que les regards se sont tous tournés vers le Proche-Orient, la Russie en profite pour lancer l’attaque en Ukraine :

« Les militaires russes ont lancé de petites attaques sur l’ensemble de la ligne de front. Un effort majeur est tenté près d’Avdeevka qui, hier, a été bombardée lourdement :

Le titre est le suivant : “L’armée russe a porté un coup d’une puissance inédite aux Forces armées ukrainiennes (FAU)“. Il s’agit du bombardement aérien d’Avdeevka, ville ukrainienne lourdement fortifiée située à 14 kilomètres de la ville de Donetsk, centre urbain de plus d’un million d’habitants et capitale de l’oblast (région) du Donbass. La ville de Donetsk était frappée quotidiennement par des missiles et des obus d’artillerie lancés depuis Avdeevka depuis la période précédant l’opération militaire spéciale, et avec une intensité de plus en plus grande pendant l’opération militaire spéciale. Des images vidéo de maisons et d’immeubles détruits ont été diffusées dans les journaux télévisés russes du soir, en même temps que les chiffres des pertes et les témoignages des victimes. »

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-prise-dassaut-dandivka-pertes-ukrainiennes

D’un côté il y a les cris de guerre et de l’autre les besoins du commerce. Il semble que le Canada sache bien manier les deux :

« Au jeu de quelle capitale occidentale sanctionne le mieux la Russie, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Si du côté de Paris, notamment, on a enjoint, dès le mois de mars 2022, les firmes françaises « de respecter les sanctions », et donc in fine d’abandonner leurs actifs en Russie, les autorités canadiennes se montreraient plus coulantes, à en croire Le Devoir. Dans une publication datée du 3 octobre, le quotidien québécois révèle que les autorités canadiennes auraient délivré depuis mars 2022 « plus d’une dizaine de permis spéciaux » à des entreprises nationales afin de contourner leur propre régime de sanctions contre Moscou. »

https://francais.rt.com/international/107421-sanctions-canada-autorise-catimini-commerce-russie

Le magazine étasunien FAIRFairness and Accuracy In Reporting, propose un compte rendu de la couverture médiatique étasunienne au sujet de l’Ukraine, confirmant les observations de nos revues de presse en donnant de nombreux exemples :

« Il est clair depuis un certain temps que les médias corporatifs américains ont explicitement pris parti pour la guerre en Ukraine. Ce rôle consiste notamment à supprimer l’histoire pertinente des événements qui ont conduit à la guerre (FAIR.org, 3/4/22), à attaquer les personnes qui évoquent cette histoire en les qualifiant de “théoriciens du complot” (FAIR.org, 5/18/22), à accepter les déclarations officielles du gouvernement pour argent comptant (FAIR.org, 12/2/22) et à promouvoir une image exagérément rose du conflit afin de remonter le moral de la population.

Pendant la majeure partie de la guerre, la couverture américaine a été aussi pro-ukrainienne que les médias ukrainiens, désormais jugulés sous le gouvernement Zelenskyy (FAIR.org, 5/9/23). Des prédictions catastrophiques sont apparues sporadiquement, mais ont été noyées dans une couverture tambour battant décrivant une armée ukrainienne sur le point de remporter la victoire et une armée russe incompétente et sur le point de s’effondrer. »

https://fair.org/home/hyping-ukraine-counteroffensive-us-press-chose-propaganda-over-journalism/

Cette vidéo en français qui résume les techniques de propagande de guerre que nous avons souvent l’occasion de démontrer dans nos revues de presse :

https://www.youtube.com/watch?v=TPOsu-a2EXw&t=1042s

Afrique

La semaine dernière, nous observions que les Etats-Unis n’avaient pas fait un geste envers la France pour qu’elle reste au Niger, pensant pouvoir prendre le relais sur place pour mieux empêcher la Russie de s’y installer. Il semble que leur espoir d’une entente avec le nouveau gouvernement nigérien était vain, d’où ce soudain retournement de situation :

« Washington qualifie la prise de pouvoir des militaires au Niger de coup d’État et coupe son aide

Les États-Unis ont formellement qualifié mardi 10 octobre la prise de pouvoir des militaires au Niger cet été de coup d’État et annoncé en conséquence la suppression de quelque 500 millions de dollars d’aide économique. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20231010-washington-qualifie-la-prise-de-pouvoir-des-militaires-au-niger-de-coup-d-etat-et-coupe-son-aide

Thierry Meyssan nous propose son analyse des raisons de la perte d’influence de la France en Afrique :

« Face à la vague de changements de régimes en Afrique francophone, les médias français sont stupéfaits. Ils ne parviennent pas à expliquer le rejet de la France.

Les anciennes rengaines sur l’exploitation coloniale ne sont pas convaincantes. Par exemple, on note que Paris exploite l’uranium du Niger, non pas au prix du marché, mais à un autre ridiculement bas. Cependant, les putschistes n’ont jamais évoqué cet argument. Ils parlent de tout à fait autre chose. Les accusations de manipulation russe ne sont pas plus crédibles. D’abord parce que la Russie ne semble pas se tenir derrière les putschistes du Mali, de la Guinée, du Burkina-Faso, du Niger ou du Gabon, mais surtout parce que le mal est de loin antérieur à leur arrivée. La Russie n’est arrivée en Afrique qu’après sa victoire en Syrie, en 2016, alors que le problème date au moins de 2010, si ce n’est de 2001.

Comme toujours, ce qui rend la situation illisible, c’est d’oublier ses origines….

Un sanctuaire de camps militaires d’Al-Qaïda a été formé entre les villes de Ghat (près de la frontière algérienne) et de Sabbah (proche du Niger) dans le désert du Fezzan, au Sud de la Libye. Selon le très sérieux Canard enchaîné, ces académies du jihadisme ont été organisées par les services secrets britanniques et français.

Il y a trois ans, le 8 octobre 2021, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, donnait une interview à RIA Novosti [5] qui a été largement reprise et commentée dans toute la région, mais pas en France où personne ne la connaît, sauf nos lecteurs.

Selon Yaou Sangaré Bakar, ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur, qui l’a écrit au Conseil de sécurité (Ref. S/2023/636), le mois dernier, des agents français ont libéré des terroristes qui étaient prisonniers. Ils ont été regroupés dans une vallée du village de Fitili (28 km nord-ouest de Yatakala) où une réunion de planification s’est tenue dans l’objectif d’attaquer des positions militaires dans la zone des trois frontières. Des chefs terroristes, au nombre de seize, ont été appréhendés dans trois opérations dont deux en territoire nigérien et une en territoire malien. »

https://www.voltairenet.org/article219656.html

Des informations confirmées par le gouvernement algérien :

« « Le terrorisme est devenu la menace numéro un pour la paix et la sécurité en Afrique. Les développements récents ont clairement démontré que, si cette menace a considérablement diminué dans d’autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent, en particulier dans la région du Sahel », a déclaré M. Attaf dans une allocution prononcée lors d’une réunion ministérielle de l’Union africaine (UA) pour débattre des menaces terroristes accrues auxquelles sont confrontés les pays et les peuples du continent africain, ces derniers temps.

« Tirant les leçons de son expérience amère mais réussie dans la lutte contre ce fléau, l’Algérie est fermement convaincue qu’une approche à deux volets est indispensable pour lutter à la fois contre les manifestations du terrorisme et ses causes profondes dans la région du Sahel et au-delà », a-t-il souligné.

« Face à une menace en constante évolution, nous avons certainement besoin d’une nouvelle approche, d’un nouvel engagement et d’une action audacieuse. Le statu quo n’est plus une option, ni une position confortable », a-t-il encore dit.

À cet égard, « l’Algérie a appelé à la tenue d’une conférence internationale sur le développement au Sahel ainsi qu’à la création d’un nouveau modèle d’opérations de paix mieux adapté aux contextes de lutte contre le terrorisme », a rappelé M. Attaf.

Le Sahel, épicentre mondial du fléau du terrorisme

Par ailleurs, M. Attaf a tenu à préciser que la région du Sahel, qui est confrontée à des défis de développement complexes, étant l’une des plus pauvres du monde, était récemment devenue comme un « arc de feu » qui s’étend de la mer Rouge à l’océan Atlantique. Une zone qui abrite actuellement la plus forte concentration de conflits armés et de situations de crise qui continuent à infliger des souffrances insupportables aux populations civiles.

Cette région « est devenue la plus touchée et l’épicentre mondial du fléau du terrorisme. En 2022 seulement, elle a enregistré plus de 43% des décès dus au terrorisme dans le monde », a-t-il enchaîné.

Il a aussi souligné que les pays et les peuples de la région du Sahel « sont confrontés à des groupes terroristes qui sont considérés comme parmi les plus dynamiques et les plus meurtriers au monde, des groupes lourdement armés et équipés d’armes sophistiquées, des groupes qui ont étendu leur contrôle sur de vastes zones géographiques où ils agissent comme les autorités locales de facto, et des groupes armés capables de déployer des stratégies militaires incroyablement habiles ».

« Pour faire court, en Algérie, nous avons cessé d’utiliser l’appellation de +groupes terroristes+ pour décrire ce qui pourrait être qualifié avec exactitude et réalisme +d’armées terroristes+ », a-t-il fait savoir. »

https://french.almanar.com.lb/2701943

Bien sur cette information est donnée par le chef du Service russe des renseignements extérieurs et publiée sur Sputnik News, mais elle vient renforcer ce que dénonce de nombreux dirigeants africains :

« Ces derniers temps, l’Afrique attire une attention particulière des États-Unis et de leurs alliés […]. Nous disposons d’informations fiables selon lesquelles les services de renseignement occidentaux travaillent déjà avec des groupes terroristes locaux, les orientant à mener des attaques terroristes et des actes de sabotage contre des infrastructures au Mali et en République centrafricaine”, a indiqué M.Narychkine, lors de la 53e édition du Conseil des chefs des services secrets des pays de la Communauté des États indépendants (CEI), qui s’est tenue à Bakou du 10 au 12 octobre. »

https://fr.sputniknews.africa/20231012/loccident-prepare-des-attentats-dans-ces-deux-pays-dafrique-selon-les-services-secrets-russes-1062749078.html

L’Afrique en a assez d’être ainsi malmenée par les grandes puissances. Le chef d’Etat guinéen a profité de la dernière assemblée générale de l’ONU pour le dire, au nom des pays africains :

« Le chef de l’État guinéen, plusieurs fois applaudi, a dénoncé un modèle de gouvernance selon lui « imposé » par l’Occident. Un modèle occidental qu’il estime être un échec sur le continent. « L’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui nous a été imposé, un modèle certes bon et efficace pour l’Occident, qui l’a conçu au fil de son histoire, mais qui a du mal à passer et à s’adapter à notre réalité », a-t-il déclaré devant l’Assemblée générale. « Hélas, j’aimerais dire que la greffe n’a pas pris. »

Le leader de la junte a également dénoncé les « catégorisations » dans lesquelles les autres nations veulent cantonner les États africains. « Nous ne sommes ni pro, ni anti-Américains, ni pro, ni anti-Chinois, ni pro, ni anti-Français, ni pro, ni anti-Russes. Nous ne sommes tout simplement pro-Africains, c’est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte à une population de plus d’un milliard d’Africains, a-t-il martelé, dont environ 70% des jeunes totalement décomplexés. Des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre en main leur destin. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230921-guinée-à-l-assemblée-générale-de-l-onu-doumbouya-se-fait-porte-parole-du-continent

Il semble que la Russie a bien capté le message et n’utilise que son « soft power » dans ses relations avec ce continent :

« Le Burkina Faso et la Russie continuent de resserrer leurs liens : un accord a été signé ce 13 octobre pour la construction d’une centrale nucléaire par Moscou dans ce pays sahélien où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité…

Le document « vient concrétiser le souhait du président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, exprimé en juillet dernier lors du sommet Russie-Afrique au cours d’un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine », détaille le gouvernement burkinabè. »

https://francais.rt.com/international/107543-burkina-faso-signe-accord-avec-moscou-construction-centrale-nucleaire

Différentes visions du monde

La semaine dernière, par pure coïncidence, trois grandes puissances mondiales, Etats-Unis, Chine et Russie, ont exposé leur vision géopolitique du monde futur au cours de différents discours. Il est intéressant de les comparer. Commençons par la vision étasunienne exposé lors d’un discours de Blinken, tel que nous le rapporte Alastair Crooke :

« La semaine dernière, le secrétaire d’État Blinken, dans un discours prononcé à l’université Johns Hopkins, a déclaré sans ambages :

« Ce à quoi nous sommes confrontés n’est pas un test de l’ordre de l’après-guerre froide. Les pays et les citoyens perdent confiance dans l’ordre économique international – leur confiance est ébranlée par des failles systémiques… Plus ces disparités persistent, plus elles alimentent la méfiance et la désillusion des gens, qui ont le sentiment que le système ne leur donne pas une chance équitable ».

Jusqu’ici, tout va bien, mais il poursuit :

« Une ère s’achève, une nouvelle commence… Nous devons agir, et agir de manière décisive… Nous devons faire avancer l’histoire. Nous devons mettre la main sur le gouvernail de l’histoire, parce que… »

« Aucune nation au monde n’a une plus grande capacité à mobiliser les autres autour d’une cause commune. Parce que nos efforts continus … nous permettent de corriger nos défauts et de renouveler notre démocratie de l’intérieur. Et parce que notre vision de l’avenir – un monde ouvert, libre, prospère et sûr – n’est pas seulement celle de l’Amérique, mais l’aspiration durable des peuples de toutes les nations et de tous les continents ».

La « nouvelle ère » ressemble donc à l’« ancienne » bien connue : Notre « vision libérale » occidentale et sa doctrine économique sont celles de tous, partout dans le monde – affirme Blinken.

Mais le défi de la « nouvelle ère » est le suivant,

« Nos concurrents [la Russie et la Chine] ont une vision fondamentalement différente… Le contraste entre ces deux visions ne pourrait être plus clair. Et les enjeux de la compétition à laquelle nous sommes confrontés ne pourraient être plus élevés – pour le monde et pour le peuple américain ».

C’est pourquoi nous – Team America – nous efforçons « d’aligner nos amis d’une nouvelle manière afin que nous puissions répondre aux trois tests déterminants de cette ère émergente : une concurrence stratégique féroce et durable ; des menaces existentielles pour les vies et les moyens de subsistance partout dans le monde – et le besoin urgent de rééquilibrer notre avenir technologique et notre avenir économique, de sorte que l’interdépendance soit une source de force – et non de vulnérabilité ». (Interdépendance ? … hmm)

« Nous y parvenons grâce à ce que j’aime appeler la géométrie variable diplomatique. Nous avons aligné des dizaines de pays pour imposer à la Russie un ensemble sans précédent de sanctions, de contrôles des exportations et d’autres coûts économiques ».

Ahh — la guerre froide est donc terminée ? Et qu’est-ce qui va la remplacer ? Et bien, une nouvelle guerre froide à « géométrie variable ». Manifestement, le message émanant des sommets des BRICS et du G20 n’est pas passé.

Le message qui a résonné comme un clair coup de cloche lors de ces sommets était que le non-Occident collectif s’était rallié à la demande urgente d’une réforme radicale du système mondial. Ils veulent un changement dans l’architecture économique mondiale ; ils contestent ses structures (c’est-à-dire les systèmes de vote qui se cachent derrière ces structures institutionnelles telles que l’OMC, la Banque mondiale et le FMI) – et surtout ils s’opposent à l’hégémonie militarisée du dollar.

La demande – exprimée clairement – est d’avoir un siège à la table d’honneur. Point à la ligne.

À cette demande, la réponse de Blinken est celle d’un défi pur et simple : la géométrie variable :

« Nous rassemblons une coalition adaptée. Nous transformons le G7 en comité directeur pour les démocraties les plus avancées du monde, en combinant nos forces politiques et économiques… Nous portons les relations bilatérales critiques, [en particulier] avec l’Union européenne, à un nouveau niveau. Nous utilisons ce pouvoir pour façonner notre avenir technologique et économique… ».

En clair, la géométrie variable de la nouvelle guerre froide contre la Chine et la Russie revient à poursuivre la guerre financière armée :

« Nous avons aligné des dizaines de pays pour imposer à la Russie un ensemble sans précédent de sanctions, de contrôles des exportations et d’autres coûts économiques. Nous avons coordonné le G7, l’Union européenne et des dizaines d’autres pays pour soutenir l’économie ukrainienne et reconstruire son réseau énergétique. Voilà à quoi ressemble la géométrie variable ».

Les nouveaux outils de la guerre froide, tels que définis dans le discours de Blinken, sont tout d’abord la « narration » (notre vision est la vision du monde), une économie militarisée, une nouvelle capacité de prêt pour le FMI contrôlé par les États-Unis et une « ceinture » protectrice qui empêche les hauts responsables de la technologie occidentale de trouver une porte de sortie vers la Chine.

Ce qui est clair, c’est que les strates dirigeantes de Washington sont convaincues de la primauté de l’endiguement de la Chine. Fin du débat. »

https://reseauinternational.net/la-geometrie-variable-de-blinken-pour-une-nouvelle-guerre-froide/

Voici la version originale du discours (en anglais. Utilisez DeepL pour la traduction) :

https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-remarks-to-the-johns-hopkins-school-of-advanced-international-studies-sais-the-power-and-purpose-of-american-diplomacy-in-a-new-era/

Passons maintenant au discours de Poutine pendant la réunion du Club Valdai :

« … Dans le Concept de politique étrangère russienne adopté cette année, notre pays est caractérisé comme un État-civilisation singulier. Cette formulation reflète de manière précise et succincte la façon dont nous comprenons non seulement notre propre développement, mais aussi les principes fondamentaux de l’ordre mondial, dont nous espérons la victoire.

Selon nous, la civilisation est un phénomène aux multiples facettes. Bien entendu, cela est interprété de différentes manières. Il y avait entre autres une interprétation ouvertement coloniale : il existe un certain « monde civilisé » qui sert de modèle aux autres, chacun doit suivre ces normes, ces modèles, et ceux qui ne sont pas d’accord seront poussés vers la «civilisation» avec le bâton d’un maître «éclairé». Ces temps, comme je viens de le dire, sont révolus et notre compréhension de la civilisation est complètement différente.

Premièrement, il existe de nombreuses civilisations, et aucune d’elles n’est meilleure ou pire qu’une autre. Elles ont des droits égaux en tant qu’interprètes des aspirations de leurs cultures et traditions, de leurs peuples. Pour chacun de nous, c’est différent. Pour moi, par exemple, ce sont les aspirations de notre peuple, mon peuple, dont j’ai eu la chance de faire partie.

Des penseurs éminents du monde entier, adeptes de l’approche civilisationnelle, ont réfléchi et continuent de réfléchir sur le concept de «civilisation». Il s’agit d’un phénomène à plusieurs composantes. Sans plonger dans les profondeurs philosophiques – ce n’est probablement ni le lieu ni le moment pour un tel raisonnement – essayons de le décrire par rapport à aujourd’hui, j’essaierai de le faire en détail.

Les principales qualités d’un État-civilisation sont la diversité et l’autosuffisance. Voici les deux composants principaux, à mon avis. Le monde moderne est étranger à toute unification ; chaque État et chaque société veut développer de manière indépendante sa propre voie de développement. Il s’appuie sur la culture et les traditions, renforcées par la géographie, l’expérience historique, tant ancienne que moderne, et les valeurs du peuple. Il s’agit d’une synthèse complexe au cours de laquelle émerge une communauté civilisationnelle unique. Son hétérogénéité et sa diversité sont la clé de la durabilité et du développement.

Au fil des âges, la Russie s’est formée comme un pays composé de différentes cultures, religions et nationalités. La civilisation russienne ne peut être réduite à un dénominateur commun, mais elle ne peut pas non plus être divisée, car elle n’existe que dans son intégrité, dans sa richesse spirituelle et culturelle. Maintenir la forte unité d’un tel État n’est pas une tâche facile….

Qu’est-ce qui est très important à ajouter ici ? Un système étatique véritablement efficace et durable ne peut être imposé de l’extérieur. Elle se développe naturellement à partir des racines civilisationnelles des pays et des peuples, et la Russie, à cet égard, est un exemple de la manière dont cela se produit dans la vie, dans la pratique.

Le soutien civilisationnel est une condition nécessaire au succès dans le monde moderne, dans un monde chaotique, malheureusement dangereux et qui a perdu ses lignes directrices. De plus en plus d’États arrivent exactement à cette conclusion, conscients de leurs propres intérêts et besoins, de leurs opportunités et de leurs limites, de leur identité et de leur degré d’interconnexion avec le monde extérieur.

Je suis convaincu que l’humanité n’évolue pas vers une fragmentation en segments concurrents, ni vers une nouvelle confrontation de blocs, quelles qu’en soient les motivations, ni vers l’universalisme sans âme d’une nouvelle mondialisation – mais, au contraire, le monde est sur la voie d’une une synergie d’États-civilisations, de grands espaces, de communautés prenant conscience d’être justement telles.

En même temps, la civilisation n’est pas une structure universelle, une seule pour tous – cela n’arrive pas. Chacune d’elles est différente des autres, chacune est culturellement autonome, puisant ses principes idéologiques et ses valeurs dans sa propre histoire et ses propres traditions. Le respect de soi découle bien sûr du respect des autres, mais le respect de la part des autres y est aussi supposé. De sorte qu’une civilisation n’impose rien à personne, mais elle ne laisse personne non plus imposer quoi que ce soit à elle-même. Si chacun adhère exactement à cette règle, cela garantira une coexistence harmonieuse et une interaction créative de tous les acteurs des relations internationales.

Bien entendu, défendre son choix civilisationnel est une énorme responsabilité. Il s’agit de répondre aux attaques extérieures, d’établir des relations étroites et constructives avec d’autres communautés civilisées et, plus important encore, de maintenir la stabilité et l’harmonie internes. Après tout, nous constatons tous que l’environnement international actuel, comme je l’ai déjà dit, est malheureusement à la fois instable et assez agressif….

Primo. Nous voulons vivre dans un monde ouvert et interconnecté dans lequel personne ne tentera jamais d’ériger des barrières artificielles à la communication, à la créativité et à la prospérité des individus. Il devrait y avoir un environnement sans barrières – c’est ce vers quoi nous devons tendre.

Secundo. Nous voulons que la diversité du monde ne soit pas seulement préservée, mais qu’elle soit le fondement du développement universel. Il devrait être interdit d’imposer à un pays ou à un peuple la façon dont ils devraient vivre, l’idée qu’ils devraient avoir d’eux-mêmes. Seule une véritable diversité culturelle et civilisationnelle garantira le bien-être des peuples et l’équilibre des intérêts.

Tertio. Nous tenons pour une représentativité maximale. Personne n’a le droit et ne peut gouverner le monde à la place des autres ou au nom des autres. Le monde de demain est un monde de décisions collectives prises aux niveaux où elles sont les plus efficaces et par les participants réellement capables d’apporter une contribution significative à la résolution d’un problème spécifique. Pas une seule personne ne décide pour tout le monde, et tout le monde ne décide même pas de tout, mais ceux qui sont directement concernés par telle ou telle question s’accordent sur quoi et comment faire.

Quarto. Nous tenons pour une sécurité universelle et une paix durable, fondées sur le respect des intérêts de chacun, des grands États aux petits pays. L’essentiel est de libérer les relations internationales de l’approche de bloc, de l’héritage de l’ère coloniale et de la guerre froide. Nous parlons depuis des décennies de l’indivisibilité de la sécurité, du fait qu’il est impossible d’assurer la sécurité des uns au détriment de celle des autres. En effet, l’harmonie dans ce domaine est réalisable. Il suffit de mettre de côté l’orgueil, l’arrogance et d’arrêter de considérer les autres comme des partenaires de seconde zone, des parias ou des sauvages.

Quinto. Nous tenons pour la justice pour tous. L’ère de l’exploitation de qui que ce soit, je l’ai déjà dit à deux reprises, est tombée dans le domaine du passé. Les pays et les peuples sont clairement conscients de leurs intérêts et de leurs capacités et sont prêts à compter sur eux-mêmes, ce qui accroît leur force. Tout le monde devrait avoir accès aux avantages du développement moderne, et les tentatives de le limiter à un pays ou à un peuple donné devraient être considérées comme un acte d’agression, et toc.

Sexto. Nous tenons pour l’égalité en droit, pour la différence de potentiel entre les différents pays. C’est un facteur absolument objectif. Mais non moins objectif est le fait que personne n’est plus prêt à obéir, à faire dépendre ses intérêts et ses besoins de qui que ce soit, et surtout des plus riches et des plus puissants.

Il ne s’agit pas seulement de l’état naturel de la communauté internationale, mais de la quintessence de toute l’expérience historique de l’humanité.

Ce sont ces principes auxquels nous souhaitons nous-mêmes adhérer et auxquels nous invitons tous nos amis et collègues à adhérer. »

https://reseauinternational.net/discours-du-president-poutine-lors-de-la-20eme-reunion-du-club-de-discussion-international-valdai/

Quant au gouvernement chinois, il a publié un document officiel intitulé « Une communauté mondiale d’avenir partagé : Propositions et actions de la Chine » dans lequel il expose sa vision. Un document présenté par Global Times :

« Construire une communauté mondiale d’avenir partagé, c’est rechercher l’ouverture, l’inclusion, le bénéfice mutuel, l’équité et la justice, indique le livre blanc. L’objectif n’est pas de remplacer un système ou une civilisation par un autre. Il s’agit plutôt de pays ayant des systèmes sociaux, des idéologies et des histoires différents, des droits partagés et des responsabilités partagées dans les affaires mondiales.

La vision d’une communauté mondiale à l’avenir partagé se situe du bon côté de l’histoire et du progrès humain. Elle introduit une nouvelle approche des relations internationales, fournit de nouvelles idées pour la gouvernance mondiale, ouvre de nouvelles perspectives pour les échanges internationaux et dessine un nouveau projet pour un monde meilleur, selon le livre blanc.

Cette vision importante transcende les mentalités dépassées telles que le jeu à somme nulle, la politique de puissance et les confrontations de la guerre froide. Elle est devenue l’objectif global de la diplomatie chinoise à l’égard des principaux pays dans la nouvelle ère, ainsi qu’une grande bannière qui guide la tendance de l’époque et la direction du progrès humain.

Le concept d’une communauté mondiale d’avenir partagé est profondément enraciné dans l’héritage culturel profond de la Chine et dans son expérience unique de la modernisation. Il perpétue les traditions diplomatiques de la Chine et s’inspire des réalisations exceptionnelles de toutes les autres civilisations, selon le livre blanc. Elle témoigne également des traditions historiques ancestrales de la Chine, des caractéristiques propres à son époque et d’un grand nombre de valeurs humanistes. 

Le livre blanc indique également la direction et le plan à suivre pour construire une communauté mondiale à l’avenir commun, y compris la poursuite d’un nouveau type de mondialisation économique dans lequel les pays doivent poursuivre une politique d’ouverture et s’opposer explicitement au protectionnisme, à l’érection de clôtures et de barrières, aux sanctions unilatérales et aux tactiques de pression maximale, afin de relier les économies et de construire conjointement une économie mondiale ouverte.

Certains pays cherchent à se dissocier de la Chine, en s’enfermant dans de “petites cours et de hautes clôtures”, ce qui, en fin de compte, ne fera que se retourner contre eux, selon le livre blanc. Par ailleurs, certains exagèrent la nécessité de “réduire la dépendance” et de “diminuer les risques”, ce qui revient à créer de nouveaux risques.

L’orientation et le plan prévoient également de suivre un plan de développement pacifique, d’encourager un nouveau type de relations internationales, de pratiquer un véritable multilatéralisme et de promouvoir les valeurs communes de l’humanité.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a apporté sa contribution à la construction d’une communauté mondiale à l’avenir commun avec une conviction ferme et des actions solides.

Par exemple, d’ici juillet 2023, plus de trois quarts des pays du monde et plus de 30 organisations internationales auront signé des accords de coopération avec la Chine sur la Ceinture et la Route. La BRI est née en Chine, mais les opportunités et les réalisations qu’elle crée appartiennent au monde entier. Il s’agit d’une initiative de coopération économique, et non d’alliances géopolitiques ou militaires, et d’un processus ouvert et inclusif qui ne vise ni n’exclut aucune partie, précise le livre blanc. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1298931.shtml

Le texte original, en traduction anglaise, est ici : https://english.www.gov.cn/news/202309/26/content_WS6512703dc6d0868f4e8dfc37.html

Derrière toutes ces grandes paroles apparait le combat pour les consciences, individuelles et collectives, auquel se livrent ces grandes civilisations qui seront, de facto, par leur taille, les leaders du monde global.

Ce qui est sûr est que le monopole technico-économique qu’avait la civilisation occidentale va petit à petit disparaitre et qu’elle se retrouvera confrontée à d’autres espaces civilisationnels, chinois, russe, arabe, africain, malais…qui demanderont leur part du gâteau.

Alors, compétition ou collaboration entre tous ces Etats-civilisations ? Nous verrons bientôt les actes au-delà des grands mots.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 9 octobre 2023

Source : The Saker francophone - Par Wayan – Le 9 octobre 2023 – Le Saker Francophone

Quelles perspectives pour la guerre en Ukraine ?

Telle est la grande question que tout le monde se pose en cette période crépusculaire où la seule certitude est que la tant attendue « contre-offensive ukrainienne » s’est avérée un fiasco complet pour l’Ukraine. Et maintenant, quel est le fameux « plan B » ?

Bhadrakumar nous dresse le tableau d’ensemble :

 

« La guerre terrestre en Ukraine est arrivée à son terme, une nouvelle phase commence. Même les partisans inconditionnels de l’Ukraine dans les médias occidentaux et les groupes de réflexion admettent qu’une victoire militaire sur la Russie est impossible et qu’une libération du territoire sous contrôle russe est bien au-delà des capacités de Kiev.

D’où l’ingéniosité de l’administration Biden qui a exploré le plan B en conseillant à Kiev d’être réaliste quant à la perte de territoires et de rechercher pragmatiquement le dialogue avec Moscou. Tel est le message amer que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a récemment transmis en personne à Kiev.

Mais la réaction caustique du président Zelensky dans une interview accordée au magazine The Economist est révélatrice. Il a répliqué que les dirigeants occidentaux continuaient à tenir de beaux discours, s’engageant à soutenir l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra” (le mantra de Biden), mais lui, Zelensky, a détecté un changement d’humeur chez certains de ses partenaires : “J’ai cette intuition, je lis, j’entends et je vois dans leurs yeux [lorsqu’ils disent] “nous serons toujours avec vous”. Mais je vois qu’il ou elle n’est pas là, pas avec nous“. Il est certain que Zelensky lit bien le langage corporel, car en l’absence d’un succès militaire écrasant à brève échéance, le soutien de l’Occident à l’Ukraine est limité dans le temps.

Zelensky sait qu’il sera difficile de maintenir le soutien occidental. Il espère cependant que l’Union européenne, à défaut des Américains, continuera au moins à fournir de l’aide et qu’elle ouvrira des négociations sur le processus d’adhésion de l’Ukraine, peut-être même lors de son sommet de décembre. Mais il a également brandi la menace voilée d’une menace terroriste pour l’Europe, avertissant que ce ne serait pas une “bonne histoire” pour l’Europe si elle devait “pousser ce peuple [d’Ukraine] dans ses derniers retranchements“. Jusqu’à présent, ces menaces inquiétantes ont été atténuées, émanant d’activistes de bas rang de la frange fasciste de Bandera.

Mais l’Europe a aussi ses limites. Les stocks d’armes occidentaux sont épuisés et l’Ukraine est un puits sans fond. Plus important encore, il n’est pas certain que la poursuite des livraisons fasse la moindre différence dans une guerre par procuration qui ne peut être gagnée. En outre, les économies européennes sont dans le marasme, la récession en Allemagne pourrait se transformer en dépression, avec les conséquences profondes de la “désindustrialisation“. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-phase-biden-de-la-guerre-en-ukraine-commence

Du coté ukrainien pas de plan B autre que « tout reprendre jusqu’à la Crimée ». On se souviendra que dès octobre 2022, le gouvernement Zelenski s’était déjà interdit toute négociation avec Poutine :

« Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé un décret excluant formellement la possibilité de négociations avec son homologue russe Vladimir Poutine.

Le décret confirme “l’impossibilité de mener des négociations avec le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine”, selon le site web de la présidence ukrainienne. »

https://edition.cnn.com/europe/live-news/russia-ukraine-war-news-10-04-22/h_9700d316081bb62a120d3e042fa00d25

Ou alors devenir partie prenante du CMI en devenant, comme Israël, un grand producteur d’armes, et les bakchichs qui vont avec :

« Dans une salle de conférence d’un hôtel de Kiev, à la fin de la semaine dernière, les dirigeants ukrainiens se sont réunis avec des centaines de responsables de l’industrie de la défense et de décideurs politiques de pays alliés. Le message était clair : l’Ukraine est ouverte aux affaires.

Malgré le spectre des tirs de missiles russes sur la capitale ukrainienne, le Forum international des industries de défense ressemblait étrangement aux conférences qui se tiennent chaque année à Washington et à Londres. Mais les enjeux étaient différents, car l’Ukraine voit ses partisans à court d’armes à envoyer, tandis que d’autres se montrent de plus en plus réticents à l’idée d’engager davantage d’argent dans le conflit.

Avec l’offensive de charme dirigée vers les fabricants d’armes du monde entier, le pays tente effectivement de prendre les choses en main.

“C’est une question de survie”, a déclaré Pavel Verkhniatskyi, associé directeur de COSA Intelligence Solutions à Kiev, car l’Ukraine ne peut pas compter longtemps sur les dons de partenaires dont le soutien peut être interrompu par une seule élection.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a donné le coup d’envoi de l’événement en déclarant que des accords de coproduction étaient “déjà en cours de négociation avec nos partenaires” et qu’il avait prévu des fonds dans le budget national pour aider à financer ces collaborations. L’ancien PDG de Google, Eric Schmidt, a également pris la parole, tout comme le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Deux entreprises de défense européennes ont déjà fait savoir qu’elles étaient prêtes à investir. Rheinmetall, un géant allemand de l’armement, a déclaré qu’il travaillerait avec l’entreprise publique ukrainienne d’armement, Ukroboronprom, pour construire des chars et des véhicules blindés. L’entreprise britannique BAE a également annoncé qu’elle ouvrait un bureau à Kiev et qu’elle envisageait de fabriquer des canons de 105 mm en Ukraine. »

https://www.politico.com/news/2023/10/02/ukraine-looks-to-arm-itself-as-western-support-slips-00119528

Du côté de l’OTAN, c’est la prise de conscience de son impuissance face à la Russie :

« La Grande-Bretagne n’a plus d’équipements de défense à donner à l’Ukraine et d’autres pays devraient intervenir et assumer une plus grande part du fardeau, a déclaré un haut responsable militaire…. »

https://www.telegraph.co.uk/world-news/2023/10/02/britain-run-out-of-arms-send-to-ukraine-says-military-chief/

« Le Pentagone avertit le Congrès qu’il manque d’argent pour remplacer les armes que les Etats-Unis ont envoyées en Ukraine et qu’il a déjà été contraint de ralentir le réapprovisionnement de certaines troupes, selon une lettre envoyée aux leaders du Congrès.

Cette lettre, obtenue par Associated Press, exhorte le Congrès à réapprovisionner les fonds destinés à l’Ukraine. Le Congrès a évité une fermeture du gouvernement en adoptant une loi de financement à court terme au cours du week-end, mais la mesure a supprimé toute aide à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie.

Le contrôleur du Pentagone, Michael McCord, a déclaré aux leaders de la Chambre et du Sénat qu’il restait 1,6 milliard de dollars sur les 25,9 milliards de dollars prévus par le Congrès pour reconstituer les stocks militaires américains destinés à l’Ukraine. »

https://apnews.com/article/ukraine-russia-war-congress-funding-13727f76561a80d2f00267a13667c33a

« La réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Kiev n’a pas permis de débloquer un programme d’assistance militaire de 500 millions d’euros pour l’Ukraine.

La Hongrie a maintenu son veto sur l’aide depuis le mois de mai et n’a pas bougé malgré les appels répétés de Josep Borrell, le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, qui a tenté de jouer un rôle de médiateur dans le conflit bilatéral afin de maintenir un front uni. »

https://fr.euronews.com/my-europe/2023/10/02/le-veto-hongrois-a-laide-militaire-de-lue-a-lukraine-reste-dans-limpasse

« Dans toute guerre, les besoins en munitions et en armes de remplacement sont énormes. La guerre en Ukraine a vidé les arsenaux et les stocks de l’OTAN destinés à d’autres éventualités. Un an après le début de la guerre en Ukraine, les États-Unis et leurs alliés ont commencé à passer des contrats avec des entreprises de défense peu scrupuleuses pour qu’elles fabriquent davantage de munitions et d’armes intelligentes. Mais des problèmes se sont immédiatement posés. De nombreuses installations de production avaient fermé depuis longtemps et il fallait en créer de nouvelles. Les chaînes d’approvisionnement devaient être renouvelées, mais pour les armes plus anciennes, elles risquaient de ne plus exister. Trouver des travailleurs et des ingénieurs expérimentés est également devenu un défi, car il n’y a plus beaucoup de volontaires pour des emplois contractuels à court terme. Enfin, un grand nombre de pièces et de matériaux dépendent des approvisionnements en provenance de Chine, comme l’a expliqué le président de Raytheon. Récemment, les Chinois ont commencé à restreindre les livraisons de produits électroniques et autres (y compris les terres rares) aux États-Unis et à l’Europe. Ces mêmes problèmes se poseraient à l’OTAN en cas de guerre générale, sauf qu’une bonne partie de la production européenne d’armements pourrait être interrompue par des attaques ennemies.

Ce qui est évident, c’est que les stocks de l’OTAN sont insuffisants pour l’Ukraine et totalement inadéquats pour la sécurité de l’OTAN, ce qui soulève la question de savoir pourquoi les États-Unis et l’OTAN étaient prêts à puiser dans leurs stocks déjà dérisoires pour l’Ukraine, sachant que cela laissait l’OTAN nue en Europe et affaiblissait considérablement les défenses avancées des États-Unis dans le Pacifique.

Aucun membre du gouvernement ne veut parler de cette imprudence, ou s’il le fait, il dit que tout va bien. C’est absurde. On ne peut pas gaspiller 100 milliards de dollars d’armes et de munitions et considérer que tout va bien.

Si la guerre en Ukraine se terminait demain, les États-Unis et l’OTAN seraient-ils vraiment prêts à maintenir des niveaux élevés de dépenses de défense, à reconstituer les stocks et à moderniser les armes ? Les États-Unis seraient-ils prêts à modifier leur système d’approvisionnement, à accepter des armes étrangères lorsqu’elles sont facilement disponibles et de meilleure qualité, et à commencer à appliquer des mesures économiques raisonnables à leurs achats de défense ?

L’un des résultats de la guerre en Ukraine est la preuve que l’OTAN n’est même pas prête à défendre ses propres territoires. Cela conduira-t-il inévitablement à un changement d’approche majeur dans la politique et la stratégie européennes ? Alors que l’Ukraine continue de s’affaiblir et que l’aventure en Ukraine prend fin, les attitudes sont appelées à changer. Les dirigeants actuels de l’Europe et des États-Unis s’effaceront. Quelle sera la prochaine étape ?

Il semble que cela soit facilement prévisible. »

https://lesakerfrancophone.fr/lotan-est-elle-en-train-de-prendre-conscience-de-ce-que-sera-son-avenir-en-ukraine

Cet extrait de LCI montre à quel point les journalistes eux-mêmes sont pris par la propagande médiatique qu’ils diffusent. Regardez la réaction du journaliste de LCI quand il apprend, de la bouche d’un général de l’OTAN, que l’organisation est à court d’armes, alors que c’est une info que la presse alternative diffuse depuis plusieurs mois déjà :

https://twitter.com/LCI/status/1709678877969195063

Il semble donc que la balle soit maintenant dans le camp de la Russie :

« Ainsi, à moins que les États-Unis ne cèdent, la Russie n’a d’autre choix que de poursuivre la guerre jusqu’à ce que l’Ukraine soit prostrée ou que la Russie ait précipité un changement de régime à Kiev. La Russie doit s’emparer de l’Ukraine, que ce soit sur le plan politique ou pratique. Ce résultat devient encore plus important si les États-Unis envoient des ATACMS. La Russie aura besoin d’une zone tampon encore plus large (300 km contre 77 km pour les HIMARS envoyés précédemment) pour empêcher leur utilisation contre le territoire russe.

Cependant, une perte indéniable de l’Ukraine, quelle que soit la grossière maquilleuse des porte-parole des États-Unis et de l’UE, va, comme Alastair Crooke l’a décrit en long et en large dans une récente émission de Duran, ébranler les petits membres de l’OTAN, qui douteront qu’ils puissent compter sur l’OTAN pour venir à leur rescousse. Il se peut que l’OTAN soit toujours adaptée à son objectif en tant qu’alliance défensive. Toutefois, le fait que les Etats-Unis et les membres de l’OTAN aient envoyé toute une série de “wunderwaffen” à grand renfort de publicité, qui n’ont pratiquement rien fait pour contrecarrer les opérations russes, et dont certains ont été détruits de manière impressionnante, comme les chars Leopard 2 et Challenger, et que l’Occident ne réagisse pas par un effort du type Spoutnik pour amener la puissance de feu occidentale au niveau de celle des Russes, signifie qu’il y a de bonnes raisons de douter de la résistance du bouclier de l’OTAN s’il était mis à l’épreuve.

Cependant, Crooke a expliqué dans un article connexe que les États-Unis (ou les faucons pensent qu’ils le font) s’orientent vers un conflit long et de faible intensité, ce qui est cohérent avec les remarques de Blinken ci-dessus. Mais cet espoir américano-ukrainien ne tient pas compte du fait que la guerre va généralement dans le sens de la Russie, l’Ukraine continuant à lancer des hommes et du matériel contre les positions russes, et la Russie ne s’engageant que dans des avancées relativement mineures à Kupiansk et dans ses environs pour produire encore plus de la même chose. La Russie voulait affaiblir l’Ukraine et elle a obtenu ce résultat. Et la Russie peut augmenter l’intensité quand cela l’arrange, et elle le fera.

Compte tenu de l’affaiblissement de la position de l’Ukraine et de la nécessité trop évidente pour l’administration Biden de ne pas subir de défaite visible en Ukraine, on pourrait penser que le moment optimal se situerait entre mars et octobre 2024. Mais le revers de la médaille est que lorsque la Russie aura enfin brisé la dernière ligne de défense ukrainienne dans le Donbass, il ne restera plus beaucoup de positions défendables à l’ouest de Lougansk jusqu’au Dniepr 2 .

En d’autres termes, le changement de régime est le moyen de parvenir à une fin. Et les régimes faibles se trouvent tous à l’Ouest. »

https://lesakerfrancophone.fr/loccident-a-t-il-ferme-toutes-les-portes-de-sortie-de-son-projet-ukraine

D’autant plus qu’en Russie même, la patience atteint ses limites :

« Il s’agit de savoir si Poutine, – car c’est de la Russie dont il est question, – voudra et pourra résister encore bien longtemps aux pressions de sa bureaucratie et des milieux de sécurité nationale et de communication, notamment depuis l’opération ukrainienne contre Sébastopol. Ainsi en est-il de l’intervention, rapportée par Paul Craig Robert relayé par Larry Johnson, de Margarita Simonyan, qui dirige un des principaux groupes médiatiques nationaux, qui est généralement du côté des élites modérées presque-libérales, et qui ne l’est plus du tout.

« Les médias russes s’en prennent maintenant à la direction suprême, exigeant qu’elle cesse d’encourager les provocations sans fin par son inaction.

» La rédactrice en chef de la chaîne de télévision publique russe RT, de l’agence de presse Rossiya Segodnya et de l’agence de presse Sputnik, Margarita Simonyan, estime qu’après l’attaque d’aujourd’hui à Sébastopol, la Russie devrait cesser de fermer les yeux sur l’implication directe de l’Occident dans le conflit militaire, en se limitant aux avertissements et mises en garde habituels.

“Il est temps de lancer un ultimatum sous sa forme la plus sévère, non seulement à Kiev, mais aussi à ses protecteurs au sein de l’OTAN”, a-t-elle déclaré. » »

https://www.dedefensa.org/article/alignement-de-planetes

https://www.dedefensa.org/article/russie-radicalisation-extreme

La Russie se prépare donc activement à la suite :

« La Russie se prépare à un long conflit : dans le projet de budget fédéral pour 2024, les dépenses de défense passeront à 6% du PIB

Lors d’une réunion du gouvernement de la Fédération de Russie, le Premier ministre Mikhail Mishustin a rendu compte de l’achèvement de la préparation du projet de budget fédéral pour 2024 (et la période de planification 2025-2026), qui sera présenté à la Douma d’État le 1er octobre.

Les dépenses de défense atteindront 10,8 billions de roubles et représenteront 6% du PIB du pays au lieu de 3,9% cette année.

Les dépenses secrètes atteindront également 11,1 billions de roubles, soit presque le double de la valeur de l’année dernière. »

https://brunobertez.com/2023/09/23/la-russie-se-prepare-a-un-long-conflit-dans-le-projet-de-budget-2024-les-depenses-de-defense-passeront-a-6-du-pib/

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230928-russie-explosion-inédite-du-budget-de-la-défense

Augmentation récente qui montre bien que la Russie n’avait, jusqu’à maintenant, aucune ambition guerrière pour « rétablir son empire » comme le claironnaient les va-t-en-guerres, mais qu’elle se prépare maintenant à une grande guerre contre l’OTAN, puisque cette dernière ne veut toujours pas négocier de pacte de sécurité.

Le gouvernement ukrainien semble accepter un tel avenir :

« Le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait se poursuivre pendant plus d’une décennie, a déclaré Aleksey Arestovich, ancien conseiller du président Vladimir Zelensky, prédisant que les deux voisins ne résoudront probablement pas leurs différends dans un avenir proche.

“Cela durera jusqu’en 2035, c’est certain”, a-t-il déclaré dans une interview publiée le 17 septembre sur sa chaîne YouTube. Selon Arestovich, la Russie est “à la recherche d’une nouvelle forme d’empire”, qui ne verra jamais le jour sans l’Ukraine.

L’ancien conseiller présidentiel a ensuite confirmé ses prévisions, affirmant que “la phase aiguë de l’impasse se poursuivra jusqu’en 2035”. Toutefois, il a affirmé que l’impasse ne devait pas nécessairement être militaire. Les deux parties pourraient parvenir à un cessez-le-feu ou mettre fin aux hostilités, mais le conflit se poursuivrait alors “sur les fronts de la diplomatie, du renseignement, de l’économie et de l’information”.

L’Ukraine doit s’habituer à vivre dans une situation de menace militaire constante et maintenir un “état d’alerte avancé”, a déclaré Arestovich, suggérant que Kiev suive l’exemple d’Israël si elle veut s’adapter à de telles circonstances. “Une guerre peut éclater ou un incident frontalier peut se produire à tout moment, même après la fin des combats.

Arestovich a également rappelé qu’il avait fait cette prévision pour la première fois en avril 2022, deux mois seulement après le début du conflit. Ses propos ont choqué les gens à l’époque, a-t-il ajouté.

Mardi, Bloomberg a rapporté que sept des principales économies développées du monde, connues sous le nom de G7, estiment que le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait durer encore six ou sept ans. Le calendrier a été allongé en raison de l’absence apparente de progrès dans la contre-offensive de l’Ukraine, a rapporté l’agence de presse, citant plusieurs responsables. »

https://www.rt.com/russia/583475-conflict-ukraine-last-zelensky-aide/

Si l’Europe de l’Ouest semble effectivement « bien à l’ouest » sur ce sujet, la Pologne elle aussi se prépare :

« Le vice-premier ministre polonais Jarosław Kaczyński a déclaré à un groupe de fabricants d’armes que Varsovie disposera de la force terrestre la plus puissante d’Europe d’ici deux ans grâce à une série d’achats d’armes. Varsovie estime que l’augmentation des dépenses militaires à 3 % du PIB et l’élargissement de son armée à 300 000 personnes rendront l’armée polonaise si puissante qu’elle ne pourra pas être contestée. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-pologne-veut-creer-la-plus-grande-armee-deurope-dici-deux-ans

Car si une « longue guerre » s’installait entre l’Europe et la Russie, là encore l’heureux gagnant serait le Complexe militaro-industriel. Alors, sauf coup de poker russe, il semble que c’est la direction vers laquelle nous nous dirigeons :

« Dans un article récent intitulé “Les USA et leurs alliés s’attendent à ce que la guerre en Ukraine dure plusieurs années“, Bloomberg rapporte que la structure de pouvoir centralisée des États-Unis s’attend à soutenir son conflit par procuration contre la Russie pendant très longtemps, potentiellement jusque dans les années 2030.

Bloomberg rapporte :

Les États-Unis et leurs alliés du Groupe des Sept s’attendent désormais à ce que la guerre en Ukraine se prolonge pendant des années et intègrent cette possibilité dans leur planification militaire et financière.

Un haut fonctionnaire d’un pays européen du G7 a déclaré que la guerre pourrait durer encore six ou sept ans et que les alliés doivent prévoir des moyens financiers pour continuer à soutenir Kiev pendant un conflit aussi long.

C’est beaucoup plus long que ce que de nombreux responsables avaient prévu au début de l’année, mais la lenteur des progrès de la contre-offensive ukrainienne au cours des derniers mois a tempéré les attentes.

Dans une récente interview accordée à CNN, le président sortant de l’état-major interarmées, Mark Milley, a déclaré que la réalisation de l’objectif officiel de Kiev, à savoir la reconquête de l’ensemble du territoire ukrainien, allait nécessiter “des efforts très importants sur une période de temps considérable“.

“Je peux vous dire qu’il faudra beaucoup de temps pour éjecter militairement les quelque 200 000 soldats russes de l’Ukraine occupée par la Russie“, a ajouté M. Milley. “La barre est très haute. Il faudra beaucoup de temps pour y parvenir“.

Dans une récente interview accordée au journal allemand Berliner Morgenpost, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a également insisté sur le fait que cette guerre allait durer très longtemps.

“La plupart des guerres durent plus longtemps que prévu lorsqu’elles commencent. Nous devons donc nous préparer à une longue guerre en Ukraine“, a déclaré  Stoltenberg.

“Nous souhaitons tous une paix rapide“, a ajouté Stoltenberg. “Mais en même temps, nous devons être conscients de la situation : Si le président Zelensky et les Ukrainiens abandonnent le combat, leur pays n’existera plus. Si le président Poutine et la Russie déposaient leurs armes, nous aurions la paix. Le moyen le plus simple de mettre fin à cette guerre serait que Poutine retire ses troupes“.

Les dirigeants de l’empire et leurs apologistes ne cessent de répéter que le seul obstacle à la paix en Ukraine est le refus de la Russie de partir. Cette affirmation ne tient évidemment pas compte des nombreuses agressions occidentales largement documentées qui ont provoqué l’invasion de la Russie, un fait que Stoltenberg lui-même a admis au début du mois.

Exiger que la Russie mette fin à ses agressions sans que l’Occident n’accepte de mettre fin à ses propres agressions qui ont conduit à ce conflit, c’est simplement exiger que la Russie se couche et se soumette à la domination de l’empire occidental. Ce n’est pas un appel à la paix, c’est un appel à la victoire totale de Washington et de ses alliés.

Stoltenberg a renforcé son argument selon lequel cette guerre durera des années en affirmant que l’Ukraine deviendra membre de l’OTAN à la fin de la guerre, ce qui revient à dire à Moscou que si l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN lui paraît toujours inacceptable, elle doit soit annexer entièrement l’Ukraine à la Fédération de Russie, soit continuer à faire la guerre pour l’éternité.

“L’Ukraine deviendra membre de l’OTAN – tous les alliés l’ont dit clairement“, a déclaré Stoltenberg, ajoutant que l’Ukraine aura besoin de la protection de l’OTAN à la fin de la guerre, faute de quoi “l’histoire pourrait se répéter“.

Les médias occidentaux transmettent le même message. Le célèbre torchon de propagande de l’empire The Economist a publié un nouvel article intitulé “L’Ukraine est confrontée à une longue guerre. Un changement de cap s’impose“, où l’on voit un drapeau ukrainien sur lequel sont inscrits les mots “TIME FOR A RETHINK” [Il est temps de réenvisager les choses]. Si vous ne saviez rien de The Economist, vous pourriez penser à première vue qu’il s’agit d’un article visant à repenser l’approche consistant à soutenir un conflit par procuration sans fin – surtout après que les premiers paragraphes reconnaissent que “le plan ne fonctionne pas” et que “l’Ukraine a libéré moins de 0,25 % du territoire que la Russie occupait en juin“.

Vous auriez tort. Ce que The Economist veut dire, c’est que nous devrions cesser de penser qu’il s’agit d’une guerre qui peut être gagnée en temps voulu, mais plutôt d’une guerre qui se poursuivra dans un avenir prévisible :

L’Ukraine et ses partisans occidentaux commencent à réaliser qu’il s’agira d’une guerre d’usure. Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu à Washington cette semaine pour des entretiens. “Je dois être prêt pour une longue guerre“, a-t-il déclaré à The Economist. Malheureusement, l’Ukraine n’est pas encore prête, pas plus que ses partenaires occidentaux. Tous deux sont encore obnubilés par la contre-offensive. Ils doivent repenser la stratégie militaire de l’Ukraine et la manière dont son économie est gérée. Au lieu de chercher à “gagner” puis à reconstruire, l’objectif devrait être de s’assurer que l’Ukraine a la capacité de mener une longue guerre – et de prospérer malgré cela.

Ainsi, les gestionnaires de l’empire occidental et les médias qui fixent l’ordre du jour font savoir aussi clairement que possible que l’empire centralisé des États-Unis se retrouve dans une nouvelle guerre sans fin, une autre “guerre d’usure” caractérisée par des destructions et des souffrances insondables sans stratégie de sortie, qui verse une fois de plus de vastes fortunes dans les coffres du complexe militaro-industriel. La seule différence est que cette fois-ci, la menace d’un anéantissement nucléaire vient s’y ajouter. »

https://lesakerfrancophone.fr/on-est-en-train-de-nous-preparer-a-une-guerre-en-ukraine-pouvant-durer-jusque-dans-les-annees-30

Et la porte-parole de la Maison Blanche de prévenir Poutine :

« “Si Poutine pense qu’il peut tenir plus longtemps que nous, il a tort”, a déclaré la secrétaire de presse Karine Jean-Pierre, ajoutant qu’il existait une large coalition occidentale soutenant l’Ukraine contre l’invasion du président russe Vladimir Poutine. »

https://english.alarabiya.net/News/world/2023/10/02/Putin-wrong-if-he-thinks-he-can-outlast-west-on-Ukraine-White-House-

Il ne doit pas en dormir de la nuit le pauvre. Sérieusement, il semble que pas un dirigeant occidental n’envisage le fait que la Russie puisse prendre l’initiative de démanteler complétement ce qu’il reste de l’Ukraine et ne laisser que le croupion occidental à l’Europe pour qu’elle se démerde avec. Que pourrait faire l’Occident dans un tel cas. Juste maudire Poutine, pour changer.

Une fois de plus, personne n’aura demandé son avis aux populations concernées. Alors, pour leur faire passer la pilule amère d’une telle guerre, rien d’autre qu’un grand verre de propagande pour bien nous rappeler que « c’est la faute aux autres ».

Un tir de barrage de propagande

Nous commencerons par la plus caricaturale de la semaine. Deux mots d’abord pour expliquer le contexte de cette vidéo. Le parlement canadien reçoit Zelenski et veut, comme d’habitude, en faire un spectacle. Il fait venir un vieil ukrainien de 98 ans ayant combattu les russes dans sa jeunesse comme symbole de la lutte héroïque des ukrainiens contre les russes. Quand il est introduit, tous les parlementaires se lèvent d’un seul homme et lui font une « standing ovation ». Pourquoi pas. Mais il s’avère que dans leur empressement, ou leur ignorance de l’histoire, cet héroïque ukrainien combattait les russes au sein d’une des armées nazies la plus féroce, la 14eme division de la Waffen SS, qui n’a pas tué que des russes mais aussi quantité de juifs et de polonais.

Enorme bévue à un moment où les médias cherchent à cacher au maximum les tendances nazis du gouvernement ukrainien en place. Trudeau obligé de présenter ses plus plates excuses. En voici la vidéo, sous-titrée en français :

https://twitter.com/BPartisans/status/1706387730052071641

Ce qui est donc remarquable dans cette vidéo est la manière dont il passe de ses excuses à son injonction de « lutte contre la désinformation russe » alors qu’il n’y a aucun rapport entre les deux. Mais cela montre que, comme chez beaucoup de dirigeant occidentaux, l’argument de la désinformation russe est devenu un réflexe lorsqu’ils subissent un échec ou ne savent plus comment expliquer un fait. Nous allons montrer quelques exemples parmi tant d’autres de cette constatation.

Ce phénomène a été initié par Hillary Clinton quand elle a accusé Poutine et Trump d’avoir comploté pour lui faire perdre les élections présidentielles de 2016. Accusation soutenue par un dossier concocté par une officine britannique et soutenu du bout des lèvres par les dirigeants du FBI mais qui s’est finalement avéré être un montage. Evidemment les médias ont glissé sous le tapis la fin de cette histoire mais elle avait de toute façon fait déjà des dégâts dans l’esprit des électeurs Démocrates qui se sont mis à considérer Poutine comme un réel danger pour leur démocratie. Cette affaire nommé « Russiagate » par les médias étasuniens a fait grand bruit là-bas mais a peu été rapporté par les médias européens. Ce montage est pourtant resté la base de l’accusation sans preuves, autre que ce dossier monté de toutes pièces, que « Poutine est un danger pour nos démocraties ».

Pour plus de détail sur ce Russiagate, voyez notre recueil d’articles sur Trump.

Depuis, cette habitude de blâmer la Russie dès qu’un problème survient est devenue une sorte de réflexe chez nos dirigeants, comme vient de le faire Trudeau. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

***

Passons maintenant à cette vidéo de propagande qui tourne cette semaine aux Etats-Unis, une vraie cette fois avec son lot de « fake News », lancée par la frange Républicaine qui veut convaincre ses membres de continuer à soutenir le financement de l’Ukraine. Elle n’est pas sous-titrée mais courte donc nous allons la traduire progressivement :

https://twitter.com/BillKristol/status/1705616187105653168

« Quand l’Amérique arme l’Ukraine, nous obtenons beaucoup, pour pas grand-chose », il n’explique pas pourquoi, peut-être parce qu’il ne serait pas « droit de l’hommisme » d’expliquer que ceux qui s’enrichissent en armant l’Ukraine sont les vendeurs d’armes du CMI. Il espère simplement être cru sur parole. Donc armer l’Ukraine est bon pour l’Amérique. Sous-entendu on s’en fout nous aussi des ukrainiens, même s’ils meurent en masse, tant que c’est bon pour l’Amérique. Car l’argument des Républicains opposés au financement infini de l’Ukraine est de dire que cela coute beaucoup pour un peuple dont il se fiche.

Ensuite, une courte phrase subliminale pour bien enfoncer cela dans les têtes : « Poutine est un ennemi de l’Amérique ». Affirmation complètement infondée et fausse. Ceux qui veulent savoir pourquoi peuvent lire nos recueils de textes sur Poutine et le rapport USA-Russie.

On notera au passage que l’utilisation de phrases subliminales au milieu d’un texte portant sur un autre sujet est une technique classique d’hypnose.

« Nous avons utilisé 5% de notre budget de défense pour armer l’Ukraine », écrit cette fois en gros caractères pour être consciemment perçu. 5% ce n’est pas grand-chose, mais 5% du budget de défense étasunien cela fait combien en valeur absolu ? Cela fait 40 milliards de dollars, si le chiffre de 5% est exact car comment croire une info quand la précédente est déjà un mensonge. Mais considérons qu’elle est exacte. 40 milliards sur un an, c’est 110 millions par jour. Présenté comme cela à un peuple qui voit ses conditions de vie se dégrader de jours en jours, serait beaucoup moins convaincant.

Toujours écrit en gros caractères, « et avec cela ils ont détruit 50% de l’armée de Poutine ». Alors là encore un énorme mensonge. Ceux qui nous lisent régulièrement le savent déjà. Je remarque au passage le terme de « l’armée de Poutine » et non pas « l’armée russe », sous entendant que c’est Poutine qui dirige tout en Russie. Message autant de mauvaise foi que de dire que Biden dirige l’armée étasunienne et dirige tout aux Etats-Unis. Mais message largement répandu par toute la presse occidentale.

« Et nous réalisons tout cela en envoyant des armes déjà en stock, aucun militaire. Plus nous affaiblissons Poutine, plus nous affaiblissons son plus proche allié, la Chine. L’Amérique a besoin de rester forte face à ses ennemis, c’est pourquoi les Républicains doivent continuer à donner leur support à l’Ukraine »

Ces dernières phrases font apparaitre une stratégie dont le but n’est pas tant de sauver l’Ukraine, car ce ne serait faisable qu’en frappant fort, en envoyant des troupes armées jusqu’aux dents, comme en 1944. Mais non, l’objectif est d’affaiblir Poutine et, par la même occasion, le deuxième « ennemi », la Chine. Mais sans jamais y aller directement, ils veulent juste vendre des armes et gêner des compétiteurs, alors il faut continuer à supporter l’Ukraine, et Taiwan aussi, pour que ce soit eux qui aillent au massacre à la place de « nos troupes ».

Voilà un message de propagande qui, paradoxalement, dit clairement les choses.

***

Petit à petit on voit apparaître une autre technique dans la « guerre pour les esprits ». Étiqueter de « répandant de la fausse information », souvent accolé à « pro-russe » et « extrême-droite » tout opposant politique critiquant vraiment le système ultralibéral à tendance mafieuse en place. Cet article de France24 en est une nouvelle démonstration :

« Selon Peter Jancarik, cofondateur de Konspiratori.sk, une plateforme luttant contre la désinformation en Slovaquie et en République tchèque, les premiers diffuseurs de ces fausses informations ne sont ni les influenceurs, ni les les trolls russes ou les sites conspirationnistes, mais bel et bien les hommes politiques slovaques eux-mêmes.

“La plus grande victoire de ces sites Internet qui propagent de fausses informations n’est pas d’avoir une plus grande audience mais de voir leurs discours portés par des politiciens dans la sphère publique”, analyse l’expert. “Pour de nombreux hommes politiques slovaques, la désinformation est devenue un outil de communication à part entière.”

À commencer par l’ancien Premier ministre Robert Fico, populiste aux penchants pro-russes et favori des sondages, dont les vidéos font partie des plus populaires en Slovaquie sur Facebook, mais aussi sur YouTube et Telegram.

“Robert Fico manipule la désinformation à un tel degré que même les plus intelligents, les plus cultivés et les mieux formés des Slovaques ont du mal à la décrypter“, affirme Alain Soubigou, maître de conférences en histoire de l’Europe centrale contemporaine à la Sorbonne.

Avant même le vote, Robert Fico et l’eurodéputé Milan Uhrík, leader du parti d’extrême droite Republika, avaient également mis en garde les électeurs contre une éventuelle fraude électorale, sans fournir aucune preuve de leurs affirmations, une stratégie utilisée par Donald Trump avant l’élection américaine de 2020. »

La fin de ce passage renvoie au Russiagate dont nous avons parlé plus haut qui, même si cela a finalement été prouvé être une manipulation du Parti Démocrate contre Trump, continue à être considéré comme étant vrai par ce journaliste français. Mais passons avec l’excuse de l’igorance.

Alors quelle est cette désinformation sortant de la bouche de ces opposants tchéques :

« Robert Fico a récemment déclaré que la guerre en Ukraine avait commencé en 2014 avec des “fascistes” ukrainiens tuant des civils russes, reprenant mot pour mot le narratif de Moscou.

Andrej Danko, président du Parti national slovaque (SNS) a, quant à lui, déclaré en juillet que les territoires occupés par la Russie n’étaient pas “historiquement ukrainiens”. »

Ce sont pourtant des faits établis que nous avons régulièrement exposé dans notre site et d’autres, non pas pour « soutenir Poutine » mais pour rétablir un minimum la réalité du terrain face à la propagande médiatique de guerre menée par les médias occidentaux. C’est bien pour cela que ces sites sont traités de complotistes répandant des mensonges. Cela ne nous touche guère mais pour un homme politique voulant le faire à un plus grand niveau c’est très risqué pour sa carrière. Tel est le cas de François Asselinau en France.

https://www.france24.com/fr/europe/20230927-en-slovaquie-la-désinformation-bat-son-plein-à-l-approche-des-législatives

Finalement, face au manque de preuves matérielles et intangibles de manipulations par « les trolls russes ou les sites conspirationnistes », les médias relèvent maintenant directement dans la bouche des opposants politiques les signes de « désinformation ». Les déclarations officielles de Poutine et de Xi Jinping étant considéré comme de la propagande et non pas de la communication politique, pourquoi ne pas considérer les critiques des vrais opposants comme de la désinformation pro-russe ? C’est visiblement ce qui est en train de se passer en Tchéquie, selon cet article de France 24 classé, sans rire, dans la rubrique spéciale « Infox en stock ». Cet article montre surtout comment l’excuse de la « propagande russe » va maintenant servir de plus en plus à s’attaquer cyniquement aux opposants politiques indésirables par le système en place. En particulier ceux qui s’opposent à la continuité de cette gabegie en Ukraine :

« Le New York Times a publié un nouveau communiqué de presse de la CIA déguisé en information, cette fois-ci dans le but d’attiser la paranoïa à l’égard de quiconque critique la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine.

L’article est intitulé “La prochaine cible de Poutine : le support américain pour l’Ukraine, selon des officiels”. Son auteur, Julian E. Barnes, a écrit tant d’articles du New York Times dont les titres se terminent par les mots “selon des officiels” que nous pouvons supposer sans risque que la principale raison pour laquelle il continue à travailler pour ce journal est que les dirigeants de l’empire au sein du gouvernement américain l’ont désigné comme quelqu’un en qui on peut avoir confiance pour imprimer ce qu’ils veulent voir imprimé. Cette désignation ferait de lui un fournisseur fiable de “scoops” (lire : régurgitations d’affirmations gouvernementales non prouvées) pour le New York Times.

“Les responsables américains se disent convaincus que Poutine a l’intention d’essayer de mettre fin au soutien des États-Unis et de l’Europe à l’Ukraine en utilisant ses agences d’espionnage pour faire de la propagande en faveur des partis politiques pro-russes et en alimentant les théories du complot avec les nouvelles technologies”, écrit Barnes.

Bien entendu, le rapport n’est pas plus précis que cela, et les “officiels américains” cités par Barnes font valoir leurs affirmations non prouvées sous le couvert de l’anonymat le plus complet.

“Les responsables américains ont parlé à la condition que leur nom ne soit pas divulgué afin de pouvoir discuter de renseignements sensibles”, écrit Barnes.

Il s’agit de l’une des tentatives les plus pathétiques de propagande de guerre par procuration à ce jour. Si vous critiquez le rôle des États-Unis dans le déclenchement de la guerre en Ukraine, c’est que vous êtes tombé sous le charme de la “désinformation” et des “théories du complot” du tout-puissant Poutine. https://t.co/83OlgOUAQd

– Aaron Maté (@aaronjmate) 3 octobre 2023

La seule source citée dans l’article est un vétéran de la CIA nommé Beth Sanner, qui affirme que “la Russie n’abandonnera pas ses campagnes de désinformation”, mais ajoute que “nous ne savons pas à quoi cela va ressembler”.

Et c’est là tout l’article. Poutine va utiliser ses agences d’espionnage pour promouvoir des partis politiques et des messages qui soutiennent la fin de la pratique consistant à déverser des milliards de dollars d’armes en Ukraine, mais personne ne sait à quoi cela ressemblera exactement, de sorte que nous devons tous nous méfier de tous ceux qui ne pensent pas que c’est une bonne idée de perpétuer une guerre horrible avec des conséquences qui pourraient mettre fin au monde, parce qu’ils pourraient faire partie d’une opération d’influence russe non spécifiée.

CNN a publié un rapport similaire il y a quelques semaines, dans lequel le public était averti que le FSB russe s’efforçait de transformer les Occidentaux en porte-parole de la propagande russe en utilisant des méthodes si sournoises et subtiles que ces Occidentaux ne se rendraient même pas compte de ce qui se passe. Là encore, les détails étaient extrêmement vagues et la seule réponse évidente aux informations fournies est que tout le monde devienne vraiment paranoïaque à l’égard de quiconque dit quoi que ce soit qui ne soutienne pas la politique étrangère actuelle des États-Unis à l’égard de la Russie. »

https://caitlinjohnstone.com.au/2023/10/05/american-state-propaganda-a-thought-experiment/

Une variante pour décrédibiliser un personnage trop critique est de le traiter « d’idiot utile du Kremlin ». Cette semaine ce fut le cas de Tucker Carlson « l’histrion médiatique » aux Etats-Unis mais, et c’est cela qui dérange le plus les gardiens du système en place, est le journaliste étasunien qui a, de loin, le plus grand nombre d’auditeurs. Mais ne serait-ce justement parce que ses critiques résonnent bien aux oreilles des auditeurs ?

Cette semaine France 24 s’est fendu d’un article dont le titre va droit au but : « L’ex-star de Fox News Tucker Carlson, un levier de choix pour la propagande russe »

« Si Tucker Carlson n’existait pas, il faudrait probablement que la propagande russe l’invente. Car il n’y pas de vraie alternative dans le paysage médiatique américain, assurent les experts interrogés par France 24.  Certes, d’autres commentateurs conservateurs américains expriment une certaine sympathie pour la Russie de Vladimir Poutine. Mais ils sont soit trop extrémistes pour pouvoir être présentés comme représentatifs par les médias russes, à l’instar d’un Alex Jones, roi des complotistes les plus délirants, soit trop discrets dans leur soutien à Moscou pour être vraiment utiles, à l’instar d’autres commentateurs de Fox News tels que l’éditorialiste Greg Gutfeld.

Tucker Carlson “a été le premier à adopter cette rhétorique et c’est lui qui assume le plus ouvertement cette posture aux États-Unis”, affirme Jeff Hawn.

Pour certains observateurs, Tucker Carlson fait à ce point le jeu de la propagande russe qu’ils le perçoivent comme la version du XXIe siècle de “l’idiot utile” du KGB. Une référence aux individus qui, à l’époque de la Guerre froide, servaient les intérêts russes sans s’en rendre compte. Reste encore à déterminer à quel point l’ex-star de Fox News en a conscience ou pas.. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230926-l-ex-star-de-fox-news-tucker-carlson-un-levier-de-choix-pour-la-propagande-russe

« L’indice le plus révélateur de cette nouvelle orthodoxie est peut-être la prolifération de l’expression “idiots utiles de Poutine“. Une recherche sur Google donne 321 000 résultats. L’histoire des “idiots utiles” – qui implique une vision cynique de la politique, dans laquelle la bonne foi et la naïveté sont exploitées – est éclairante. Comme l’écrivait William Safire dans un article du New York Times Magazine en 1987 : “Il semble que cette expression de Lénine, autrefois appliquée aux libéraux, soit utilisée par les anticommunistes contre les petits-enfants idéologiques de ces libéraux, ou contre quiconque n’est pas suffisamment anticommuniste aux yeux de l’utilisateur de l’expression“. Mais les recherches de Safire n’ont pas permis de trouver l’expression dans les écrits et les discours de Lénine. Le cynisme de l’expression a donc été utilisé contre ses premiers formulateurs supposés.

L’utilisation de l’expression s’est estompée avec la fin de la guerre froide qui l’avait engendrée (“guerre froide” est un terme inventé par Walter Lippmann). Mais en 2008, elle a été réinventée sous le titre “Putin’s Useful Idiots” dans Foreign Policy. Pour paraphraser Safire, il suffisait d’être insuffisamment anti-Poutine aux yeux de certains pour qu’ils utilisent cette expression. Il convient, bien entendu, de se rappeler le contexte. Au début des années 2000, Poutine demandait à devenir membre de l’OTAN (comme Foreign Policy l’a rappelé à ses lecteurs l’année dernière dans l’article “Quand Poutine aimait l’OTAN“). Mais en 2008, les choses ont changé : la question n’était plus de savoir si la Russie devait être acceptée, mais comment accorder à l’Ukraine et à la Géorgie l’accès à l’OTAN pour contrer la Russie (c’était aussi l’année de la guerre entre la Russie et la Géorgie à propos de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie). L’expression “les idiots utiles de Poutine” est réapparue dans un article du New York Times en 2014, l’année où le président ukrainien élu Viktor Ianoukovitch a été détrôné. L’usage s’est progressivement intensifié, les vannes s’ouvrant finalement après l’invasion russe de l’Ukraine. Depuis lors, le terme a fait la une (pour donner une idée) de The Atlantic, The Spectator, Politico et The Economist. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-pravda-occidentale

Mais quand le personnage ciblé est suffisamment inconnu pour pouvoir se passer de propagande et aller directement à la censure sans crainte de retombée négatives, les gardiens de la bonne parole libre et démocratique n’hésitent pas :

« Depuis trois ans qu’elle publie des textes sur sa vie d’enfant au milieu de la guerre du Donbass, Faina Savenkova a souvent fait face à l’indifférence des institutions internationales et occidentales, qui vantent tant les principes de la démocratie et des droits de l’homme. Mais désormais l’indifférence a laissé la place à des mesures plus radicales contre tous ceux qui oseraient lui donner la parole. Tant en Ukraine qu’en Occident, il semble que les autorités ont peur de ce qu’une adolescente de 14 ans peut dire sur leurs crimes respectifs, allant jusqu’aux menaces et à la censure, tant contre Faina Savenkova, que contre tous ceux qui essayent de l’aider à briser le blocus informationnel du Donbass.

Comme nos lecteurs réguliers le savent, Faina Savenkova est listée sur le site néo-nazi ukrainien Mirotvorets (sorte de Gestapo numérique 2.0) depuis qu’elle a 12 ans. Ce site recense les « ennemis de l’Ukraine », et est en fait une liste de personnes à éliminer. D’ailleurs je rappelle qu’en 2016, ce site avait lancé un contrat sur la tête du journaliste britannique Graham Phillips, et que plusieurs personnes listées ont été assassinées après la publication de leurs données personnelles (comme Oles Bouzina, Daria Douguina, Vladlen Tatarski, et bien d’autres), après quoi ils sont marqués sur Mirotvorets comme « liquidés ». Avec tout cela, difficile de prétendre que ce site ne serait pas une « kill-list » (liste de personnes à tuer), comme le font les trolls et les soutiens indéfectibles à l’Ukraine.

Ce qui a valu à Faina Savenkova de finir sur un tel site ? Simplement le fait d’avoir dit la vérité, à savoir que l’armée ukrainienne bombarde délibérément les civils du Donbass depuis 2014, faisant de nombreux morts, y compris parmi les enfants, et qu’elle a appelé à la fin de la guerre. Voilà ce qui justifie auprès des néo-nazis ukrainiens qui gèrent ce site de publier les données personnelles d’une enfant de 12 ans, l’exposant ainsi aux menaces et aux tentatives d’assassinat ! Je tiens d’ailleurs à souligner qu’elle n’est pas la seule et que plus de 300 enfants sont listés sur Mirotvorets, en violation du droit national et international. Situation inadmissible qui n’a pas l’air d’affoler plus que ça l’ONU et l’UNICEF.

Mais là où cela prend des proportions délirantes, c’est lorsque la menace que représente le fait d’être listé sur Mirotvorets, est étendue à toute personne interagissant avec Faina Savenkova. Ainsi l’écrivain et éditeur Guy Boulianne, le journaliste britannique Johnny Miller et Mira Terada ont été ajoutés à la liste des « ennemis de l’Ukraine » du site Mirotvorets juste après avoir fait une interview avec Faina Savenkova ! Il faut croire que l’Ukraine a une peur bleue de ce que peut dire cette adolescente pour en venir à menacer toute personne lui donnant la parole !

Et quand les menaces ne suffisent pas à faire taire, l’Ukraine peut compter sur le soutien de l’Occident pour utiliser une autre arme : la censure. Ainsi, les interviews de Faina Savenkova avec Mike Jones et Lori Spencer de Maverick News, ont valu à ces derniers de perdre purement et simplement leur chaîne Youtube.

La dernière victime en date de cette censure est le journaliste italien Vincenzo Lorusso, qui a lui aussi perdu sa chaîne Youtube, pour y avoir simplement publié l’appel de Faina Savenkova au maire de Milan concernant l’exposition de photos dédiée au régiment néo-nazi ukrainien Azov ! »

https://www.donbass-insider.com/fr/2023/09/25/une-adolescente-de-14-ans-terrifie-loccident-et-lukraine-faina-savenkova-face-a-la-censure/

La liste d’articles montrant la propagande médiatique occidentale contre la Russie et la Chine est si longue qu’il faut que je me limite au nombre de pages de cette revue de presse. Nous finirons donc par un article à charge de RFI contre la Chine. Là encore une caricature :

Le titre d’abord

« Les tensions en mer de Chine méridionale ne cessent de s’accroître »

Effectivement, c’est un fait. La tension monte entre les Etats-Unis et la Chine au sujet de Taiwan et la Mer de Chine. Mais l’article réussira l’exploit de ne pas dire un mot sur l’attitude des Etats-Unis dans cette situation.

« La Chine, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Brunei et Taïwan revendiquent des parties de la mer de Chine méridionale, où transitent chaque année, selon les estimations, 3,37 milliards de dollars, soit 21 % du commerce mondial.

La Chine se montre de plus en plus revendicatrice dans la région : « Cette partie de l’océan Pacifique est extrêmement riche en ressources naturelles diverses : pétrole, gaz, nourriture et tant d’autres choses », souligne Mats Engman, ancien haut gradé de la marine suédoise, expert à l’institut du développement et la sécurité.

La Chine n’est pas reconnue par ses voisins comme étant « de plus en plus revendicatrice dans la région ». D’abord la Chine fait partie intégrante de « la région » et les pays de l’ANASE le prennent comme un fait accompli, d’autant plus que, tout en exprimant ses intérêts nationaux, elle a établi une politique de bon voisinage avec eux, qu’ils reconnaissent volontiers.

Bien sûr il y a anicroches, marchandages et rapport de force, comme dans tout rapport de voisinage, les pays européens ont leur lot et savent ce que c’est, mais prétendre qu’elle est de plus en plus revendicatrice est une opinion bien peu factuelle.

Alors oui, les quelques bases militaires construites récemment sur les iles Spartly, en Mer de Chine, est l’argument pour montrer ces tendances agressives. Mais là encore il faudrait un peu plus de bonne foi pour être pris au sérieux. Prétendre qu’un pays de la taille de la Chine en plein développement économique et diplomatique international, développe aussi son assise militaire en construisant des infrastructures aux portes de sa région, fait preuve « d’esprit revendicateur et d’agressivité » tient plus de la propagande de mauvaise foi que de l’information éclairé pour le lecteur de RFI qui, comme la majorité n’ont de connaissance de la Chine que ce que leur journaux veulent bien leur rapporter, ne peuvent pas rétablir d’eux même les choses.

« C’est aussi une voie maritime très importante qui traverse cette région. Si vous étendez votre contrôle à cette partie de l’océan, vous pouvez également contrôler des lignes de communication vitales pour la paix et la sécurité et pour le commerce international. »

Pour le commerce international concernant l’Asie, mais pas celui entre L’Europe, l’Amérique et l’Afrique par exemple, donc pas de danger pour ces régions-là. La première à pâtir d’un blocage de la Mer de Chine et, surtout, du Détroit de Malacca, serait justement la Chine elle-même, dont une bonne partie de l’économie est basée sur l’export maritime vers l’Europe, l’Asie du sud et le Moyen Orient. Elle est donc la première à ne pas vouloir de blocage et donc à chercher à protéger militairement cette zone vitale pour elle.

« Mats Engman poursuit en expliquant qu’il y a aussi la volonté d’isoler davantage Taïwan en essayant de réduire le nombre de pays qui entretiennent actuellement des relations diplomatiques avec cet archipel, tenter de persuader certains pays de changer leur reconnaissance diplomatique de Taipei : « Il y a ensuite les aspects militaires et stratégiques : en étendant son contrôle aux eaux profondes, récifs et îles artificiels, la Chine peut alors créer des infrastructures militaires, déployer des forces. Le rayon d’action de l’armée chinoise s’étend et, de ce fait, rend beaucoup plus difficile et dangereux pour les forces américaines d’opérer dans cette zone. » »

Finalement si, l’article parle des Etats-Unis mais pour les présenter comme des forces devant « opérer dans cette zone ». Mais pour y faire quoi à des milliers de km de leurs côtes ? Défendre Taiwan, les ilots de la Mer de Chine ? Le nombre de dossier émanant du Pentagone lui-même, nous en avons présenté dans les précédentes revues de presse, déclarant que les Etats-Unis n’ont pas la puissance militaire pour protéger Taiwan d’une hypothétique invasion chinoise, montre que cet argument est bidon.

« Pour lui, l’un des risques que cette conquête de l’espace maritime fait courir, c’est une possible fragmentation de l’Asean, car d’un côté se trouve un groupe de nations qui sont politiquement et économiquement dépendantes de la Chine, et de l’autre, un autre groupe de nations qui, de la même manière, sont tournées vers l’Occident et les États-Unis. L’Asean dans son ensemble s’efforce vraiment de s’affirmer en tant qu’organisation indépendante dans le contexte actuel de tensions entre les États-Unis et la Chine. Il s’agit, selon l’expert, d’y trouver son équilibre. »

La première et la deuxième phrase de ce paragraphe sont en totale opposition sans que cela ne semble déranger le journaliste. Cette « conquête » d’une mer sur laquelle flottent les navigateurs chinois depuis des centaines d’années, risque d’entrainer une « fragmentation de l’ASEAN », affirmation sortie de nulle part dont on ne trouve aucune trace dans les médias indonésiens, thaïlandais, malaisiens…. Ce qui est montré par la deuxième phrase disant que l’ASEAN « s’efforce vraiment de s’affirmer en tant qu’organisation indépendante dans le contexte actuel de tensions entre les États-Unis et la Chine » comme le groupe l’a bien montré il y a quelques semaines pendant sa réunion à Jakarta. Les membres de l’ASEAN respectent la Chine pour ce qu’elle est, la grande puissance régionale de facto, et la Chine respecte la souveraineté des pays de l’ASEAN car elle ne tient pas à entretenir le chaos à ses portes. Donc aucun signe ni volonté de fragmentation si ce n’est dans l’esprit peu objectif de Mats Engman.

« Pékin s’est laissée séduire par son propre conte de fées, pensant que ces eaux, l’espace aérien et les fonds marins ont toujours été chinois et qu’ils ont été volés à la Chine par ses voisins d’Asie du Sud-Est au cours de la période que la Chine qualifie de “siècle d’humiliation”. »

Pas du tout. Les pêcheurs du sud-est asiatiques, chinois et autres, naviguent et se croisent depuis des centenaires sur ces eaux et le fameux « siècle d’humiliation » n’a rien à voir avec eux. C’est la période où les nations européennes, la Grande Bretagne à leur tête, ont essayé de dépecer la Chine, en la droguant d’opium pour casser sa résistance, sans que cette dernière puisse réagir et a donc perdu les fameuses « guerres de l’Opium ». D’où l’humiliation ressentie et le peu d’envie, qu’un siècle et demi plus tard, cela recommence.

https://www.rfi.fr/fr/monde/20230924-la-russie-mène-une-guerre-totale-de-l-information-qui-n-est-possible-que-dans-un-régime-autoritaire

Je remarque d’ailleurs que dans ce genre d’articles de propagande de guerre, beaucoup « d’experts » lancent des affirmations péremptoires sans jamais donner d’explication ni de sources de référence pour soutenir leurs assomptions. Alors que la presse alternative authentique le fait, justement pour être prise au sérieuse. Il semble que la presse grand public s’estime au-dessus de ce devoir journalistique de base. Evidemment le public s’en aperçoit de plus en plus :

« Il est surprenant que le New York Times ait jugé bon de publier un tel article, car il est truffé de déformations, d’exagérations et de spéculations. Il ne fait aucun doute que les activités militaires de la Chine à l’étranger méritent d’être examinées de près, en particulier lorsqu’elles se déroulent dans des zones sensibles. Mais un tel examen exige une analyse minutieuse des faits réels, avec des distinctions claires entre les plans proposés, les entreprises réelles, les objectifs commerciaux par rapport aux objectifs militaires (et de sécurité non militaire), et les avantages militaires probables pour la Chine qui pourraient résulter d’un lieu ou d’une opération particulière.

Au lieu de respecter ces exigences, Singleton joue avec les éléments de preuve, mettant subtilement des réserves dans ses déclarations avec des mots comme « pourrait, peut, peut-être, suggère, soupçonne », etc. Néanmoins, presque toutes les « présences » commerciales, scientifiques ou sécuritaires de la Chine à l’étranger, qu’elles soient possibles, actuelles ou émergentes, sont présentées comme faisant partie d’une stratégie délibérée, coordonnée et centrée sur l’armée, visant à « remodeler le paysage militaire mondial » en faveur de Pékin et, partant, à menacer les États-Unis. »

https://www.les-crises.fr/non-cher-new-york-times-l-armee-chinoise-n-est-pas-en-voie-de-mondialisation/

Afrique

Macron aura donc lâché le premier dans son rapport de force contre le Niger, montrant là encore sa faible capacitée d’anticipation des événements :

« Le président français Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche soir sur TF1 et France 2 le retour « dans les prochaines heures » de l’ambassadeur français à Niamey, et le départ des troupes françaises d’ici la fin de l’année. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230924-niger-emmanuel-macron-annonce-le-retour-dans-les-prochaines-heures-de-l-ambassadeur-français

Il faut dire qu’il s’est retrouvé tout seul face aux africains. Ni le reste de l’Europe et encore moins les Etats-Unis ne l’auront soutenu. Il semble même que les Etats-Unis aient tenté de lui faire un bébé dans le dos :

« À New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, les États-Unis ont tenté de convaincre les pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) d’assouplir leur position à l’égard des putschistes du Niger. C’était ce vendredi matin à l’occasion d’une rencontre organisée par le secrétaire d’État américain Antony Blinken. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230923-à-l-onu-les-américains-tentent-en-vain-d-infléchir-la-position-des-pays-de-la-cédéao-sur-le-niger

Andrew Korybko nous donne son analyse de ce deuxième coup de poignard étasunien en deux ans :

« Les États-Unis ont trahi la France en Afrique de l’Ouest après avoir conclu un accord secret au Niger, presque deux ans jour pour jour, après avoir trahi ce même pays en Asie-Pacifique après avoir conclu un accord secret avec l’Australie et le Royaume-Uni pour créer l’AUKUS. »

https://www.dedefensa.org/article/belle-competition-entre-stupidite-et-servilite

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

 

Revue de presse alternative du 25 septembre 2023


Par Wayan – Le 25 septembre 2023 – Le Saker Francophone

Attaques hybrides contre la Russie

Au moment même où la Russie est en train de prendre la main dans le conflit en Ukraine, des points chauds commencent à s’enflammer dans le Caucase et au proche Orient, une zone sensible pour la Russie.

Premier point chaud. Un regain de tension dans la guerre Arménie-Azerbaidjan. Un ancien front de guerre hybride en train de se rallumer.

Deuxième point chaud. Le retour des manifestations anti gouvernementales et des attaques terroristes en Syrie.

Troisième point chaud. En Géorgie ou menaces de coup d’Etat et propagande anti-russe se font entendre.

Observons de plus près ces points chauds :

 

« L’Azerbaïdjan affirme avoir lancé une opération militaire dans la région séparatiste du Haut-Karabakh. Le territoire est reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, mais de vastes zones sont contrôlées par les Arméniens de souche depuis trois décennies.

L’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont livrés une guerre sanglante pour le territoire à la fin des années 1980 et au début des années 1990, et cela a été le déclencheur de nouvelles violences dans les années qui ont suivi. La dernière escalade majeure du conflit a eu lieu en 2020, lorsque des milliers de personnes auraient été tuées au cours de six semaines de combats acharnés.

Un cessez-le-feu et le déploiement de soldats de maintien de la paix russes ont alors mis un terme aux combats, mais les tensions s’étaient intensifiées depuis des mois avant la dernière opération militaire.

Les craintes de nouvelles violences sont apparues lorsque l’Azerbaïdjan a mis en place un blocus efficace d’une route vitale vers l’enclave en décembre 2022.

Le corridor de Lachin est la seule route qui relie la République d’Arménie aux quelque 120 000 Arméniens de souche du Haut-Karabakh.

Il s’agit d’une artère clé pour l’approvisionnement, et les habitants du Haut-Karabakh ont signalé de graves pénuries de produits alimentaires de base et de médicaments ces derniers mois.

L’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’utiliser la route pour acheminer des fournitures militaires, ce que l’Arménie a démenti.

Les observateurs ont signalé un renforcement des troupes azerbaïdjanaises pendant le blocus, ce qui a été démenti à Bakou.

Le maintien de ces liaisons de transport ouvertes, en particulier le couloir de Latchine, reposait largement sur la présence de soldats de maintien de la paix russes déployés dans la région depuis 2020.

Et l’attention et les ressources militaires de Moscou ont été détournées par son invasion de l’Ukraine. Le Premier ministre arménien a déclaré récemment que la Russie « quittait spontanément la région ». »

https://www.bbc.com/news/world-europe-66852070

On a donc une zone où un cessez-le-feu qui a été établi par la Russie et garanti par la présence de soldats russes est en train de voler en éclat.

Or cela se passe, comme par hasard, pendant des exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis :

« L’Arménie a lancé lundi [11 septembre] un exercice militaire conjoint avec les États-Unis, une décision qui a provoqué la colère du principal allié de la nation du Caucase, la Russie.

Les jeux de guerre « Eagle Partner » se dérouleront jusqu’au 20 septembre et impliqueront 175 Arméniens et 85 soldats. Ils reflètent les efforts du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan pour forger des liens plus étroits avec les États-Unis et d’autres alliés occidentaux dans un contexte de tensions latentes avec l’Azerbaïdjan voisin.

Le ministère arménien de la Défense a déclaré que les exercices visent à accroître l’interopérabilité des unités participant aux missions internationales de maintien de la paix et à échanger des compétences tactiques.

Moscou a réagi avec consternation. Vendredi, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur arménien pour qu’il dépose une protestation formelle contre les exercices et autres mesures prises par l’Arménie, qu’il a qualifiés d’« hostiles ».

La Russie est le principal partenaire économique et allié de l’Arménie depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. L’Arménie, enclavée, abrite une base militaire russe et fait partie de l’alliance de sécurité des ex-pays soviétiques dirigée par Moscou, l’Organisation du Traité de sécurité collective.

Mais Pashinyan est devenu de plus en plus critique à l’égard du rôle de Moscou, soulignant son échec à contribuer à la levée du blocus du Haut-Karabakh, une région séparatiste de l’Azerbaïdjan à population arménienne et arguant que l’Arménie doit se tourner vers l’Occident pour l’aider à assurer sa sécurité. »

https://apnews.com/article/armenia-azerbaijan-american-troops-drills-nagorno-karabakh-9bf6319025029ec1a68e19412508f37e

Cette épine semble douloureuse pour la Russie :

« Le ministère russe des affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Arménie à Moscou vendredi pour protester vigoureusement contre les récentes actions du gouvernement d’Erevan à l’encontre de son allié conventionnel, notamment l’organisation d’exercices militaires conjoints avec les États-Unis et l’envoi de l’épouse du premier ministre en Ukraine.

“Les dirigeants arméniens ont pris une série de mesures inamicales ces derniers jours, notamment le lancement du processus de ratification du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, le voyage de l’épouse du premier ministre, Anna Hakobyan, à Kiev pour apporter une aide humanitaire au régime nazi, et l’organisation d’exercices militaires sur le territoire arménien avec la participation des États-Unis”, a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.

L’ambassadeur Vagharshak Harutyunyan a été convoqué au ministère pour recevoir une note de protestation concernant ces actions, ainsi que les déclarations “offensantes” du président du parlement arménien Alan Simonyan à l’encontre du ministère et de sa porte-parole Maria Zakharova.

Moscou a également fait part de ses préoccupations concernant les arrestations, le 7 septembre, du journaliste de Sputnik Armenia Ashot Gevorkian et du blogueur Mikhail Badalyan. Les deux hommes ont été arrêtés dans une province frontalière de l’Azerbaïdjan, soupçonnés de trafic d’armes, un jour après que Mikhail Badalyan eut critiqué le gouvernement arménien dans une émission de radio. »

https://www.rt.com/russia/582604-moscow-armenia-protest-unfriendly/

Mais pour l’Iran aussi, autre pays dans la ligne de mire des Etats-Unis :

« Des comptes de médias sociaux favorables à la vision du monde de l’Iran ont spéculé à l’envie que la République islamique pourrait intervenir militairement contre l’Azerbaïdjan en soutien à l’Arménie si un nouveau conflit éclatait. Ces bruits de sabre se sont heureusement calmés après que le ministre des affaires étrangères, Abdollahian, se soit entretenu lundi avec son homologue azerbaïdjanais et ait reçu de lui l’assurance que Bakou n’envisageait pas d’attaquer l’Arménie. Deux jours plus tard, il s’est entretenu avec le plus haut diplomate arménien et lui a fait part de son mécontentement à l’égard des exercices conjoints de ce pays avec les États-Unis.

Les chances que l’Iran soit entraîné dans un nouveau conflit à propos du Karabakh ont donc diminué, et cela ne pouvait pas mieux tomber puisque les relations russo-arméniennes continuent de se dégrader. Erevan a confirmé qu’elle ratifierait le Statut de Rome, ce qui obligera légalement les autorités à arrêter le président Poutine s’il se rend sur place, bien que l’Arménie reste nominalement membre de l’OTSC dirigée par la Russie. Pashinyan a ensuite lâché deux bombes dans une interview accordée à Politico et publiée mercredi.

La plupart des titres des médias internationaux se sont concentrés sur son affirmation selon laquelle l’Arménie ne considère plus la Russie comme un garant fiable de sa sécurité, mais ce qu’il a dit sur la façon dont “l’UE et les États-Unis nous soutiennent également en ce qui concerne l’agenda des réformes démocratiques” était tout aussi important. Ces déclarations laissent présager un divorce imminent entre ces deux alliés officiels, puisque l’Arménie s’éloigne ouvertement de la Russie pour se tourner vers l’Occident en matière de sécurité et de gouvernance.

Il n’est donc pas surprenant que la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, ait déclaré lors d’une conférence de presse tenue le jour même de la publication de l’interview que “de plus en plus de questions se posent” au sujet des dernières mesures prises par l’Arménie. Elle répondait spécifiquement aux projets de ratification du Statut de Rome par l’Arménie, mais a ajouté qu’”il ne s’agit pas simplement d’un geste isolé qui, comme la partie arménienne l’a clairement compris, soulèverait des questions de notre part, mais d’une série de gestes liés entre eux“.

Le lendemain, le président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État, Leonid Slutsky, déclarait :

“Aujourd’hui, Washington est prêt à “aider” Erevan, rêvant apparemment de créer un nouveau point chaud anti-russe dans le Caucase du Sud. Mais tous ses plans visant à affaiblir la Russie s’effondrent sous nos yeux. Voilà ce qu’il faut retenir ! Le “parrainage” de l’autre côté de l’océan n’a profité à aucun pays dans le monde, n’apportant que misère et chagrin, sang et destruction. Et c’est exactement ce à quoi conduisent le “partenariat” et l’”aide au développement” à l’américaine”.

Ces mots forts montrent à quel point la Russie est contrariée par le virage pro-occidental de l’Arménie. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-russie-et-liran-sont-sur-la-meme-longueur-donde-en-ce-qui-concerne-larmenie

Le 19 septembre, au jour de clôture des exercices conjoints USA-Arménie, l’Azerbaïdjan répondait aux provocations :

« L’attaque semble de grande ampleur, et ne semble pas ressembler en tant que telle à une opération antiterroriste, selon le correspondant de RFI dans la région, Régis Genté. Elle est pourtant bien nommée ainsi.

L’armée azerbaïdjanaise a déclaré en soirée avoir pris plus de 60 positions de combat des forces séparatistes arméniennes. Elles « sont désormais sous le contrôle de nos forces armées », a confié un porte-parole du ministère de la Défense, Anar Eyvazov, en conférence de presse.

Les combats continuaient en soirée sur la ligne de front, relate notre correspondante à Erevan, Taline Oundjian. Des rafales d’armes légères ont été entendues dans la capitale de la région sécessionniste du Haut-Karabakh, mais aussi de l’artillerie lourde.

« Les forces armées azerbaïdjanaises recourent à des tirs d’artillerie et de roquettes, à des drones d’attaque, à l’aviation de combat », a dénoncé l’armée séparatiste sur le réseau social X. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230919-le-haut-karabakh-bombardé-dans-une-opération-qualifiée-d-antiterroriste-par-l-azerbaïdjan

Et, pour encore plus énerver l’ancien allié russe, un ambassadeur arménien appelle les Occidentaux à l’aide :

« Selon nos informations, Bakou envisage une ouverture à sens unique du corridor de Lachin afin de repousser les Arméniens du Haut-Karabakh hors du territoire sans possibilité de retour. Il s’agit d’une politique classique de nettoyage ethnique : d’abord, ils tirent, tuent, capturent les gens sans cesse, les affament pendant longtemps, puis ouvrent la voie à la sortie uniquement pour que les gens contraints par ces conditions inhumaines quittent le Haut-Karabakh sans possibilité de revenir. Cela doit être stoppé par une intervention internationale. Mettez fin au blocus du corridor de Lachin », a ajouté Marukyan, s’adressant au président américain Joe Biden, au secrétaire d’État américain Antony Blinken, au président français Emmanuel Macron, à la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, au président du Conseil européen Charles Michel et au haut représentant de l’UE des Affaires étrangères et de la politique de sécurité Josep Borrell. »

https://en.armradio.am/2023/08/24/ambassador-at-large-edmon-marukyan-calls-for-international-intervention-to-stop-ethnic-cleansing-in-nagorno-karabakh/

Appel auquel Blinken s’est empressé de répondre :

« Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé à “une cessation immédiate des hostilités” de la part de l’Azerbaïdjan contre la province du Haut-Karabakh, peuplée d’Arméniens. L’opération azerbaïdjanaise a été condamnée par l’Union européenne, les États-Unis et la Russie.

“Les actions militaires inacceptables de l’Azerbaïdjan risquent d’aggraver la situation humanitaire dans le Haut-Karabakh”, a déclaré Blinken dans un communiqué publié mardi sur X (anciennement Twitter). “Nous appelons à une cessation immédiate des hostilités et à un dialogue direct. »

https://www.rt.com/news/583243-blinken-warns-azerbaijan-armenia/

Voilà donc la première épine dans le pied russe, la plus douloureuse pour l’instant.

Épine qui sera vite enlevée car dès le lendemain :

« Les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh ont annoncé déposer les armes, ce mercredi 20 septembre, dans le cadre d’un cessez-le-feu avec l’armée azerbaïdjanaise. Ils négocieront dès jeudi la réintégration de cette région disputée à l’Azerbaïdjan, selon un accord trouvé après une médiation des forces russes de maintien de la paix. La supériorité militaire de l’armée azerbaïdjanaise a fait la différence. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230920-haut-karabakh-les-séparatistes-annoncent-déposer-les-armes-et-négocier-avec-bakou

Ces malheureuses initiatives semblent maintenant se retourner contre son instigateur :

« Des milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi dans la capitale arménienne pour dénoncer l’incapacité du gouvernement arménien à soutenir les séparatistes arméniens au Karabkh, après que la région séparatiste ait été contrainte à une capitulation humiliante par l’Azerbaïdjan.

Les manifestants se sont rassemblés sur la place de la République, au cœur d’Erevan. Beaucoup ont exigé la démission du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, qui a présidé à la défaite face à l’Azerbaïdjan lors de la guerre de 2020, et maintenant à l’effondrement final des autorités arméniennes du Karabakh.»

https://www.reuters.com/world/asia-pacific/several-hundred-protesters-gather-armenian-capital-after-karabakh-surrender-2023-09-20/

***

Observons maintenant la Syrie.

Cela fait un moment que des articles à charge contre le gouvernement syrien sont publiés dans les médias, indiquant ainsi la pression médiatique qui précédent généralement des pressions beaucoup plus matérielles :

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20230905-confronté-à-de-nouvelles-manifestations-et-acculé-économiquement-le-régime-syrien-joue-la-montre

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20230908-syrie-un-portrait-du-président-bachar-el-assad-arraché-par-des-manifestants-à-soueida

https://observers.france24.com/fr/moyen-orient/20230908-milicien-proche-d-al-assad-reçu-à-paris-il-a-ordonné-de-jeter-des-étudiants-par-la-fenêtre

https://observers.france24.com/fr/moyen-orient/20230906-notre-révolution-est-civile-les-femmes-de-soueïda-en-première-ligne-contre-le-régime-syrien

Puis des affrontements ont commencé entre les Kurdes et les arabes dans la zone encore sous contrôle des Etats-Unis, par kurdes interposés :

« Pour la 8e journée consécutive, les combats font rage dans l’est de la Syrie entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et les tribus arabes. Vingt personnes ont été tuées ce mardi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, portant à 90 le nombre de morts dans ces combats entre alliés.

Les combats se concentrent autour de la localité de Zeiban, sur la rive gauche de l’Euphrate, fief du chef tribal Ibrahim al-Hafl, considéré par les Forces démocratiques syriennes comme l’instigateur de la rébellion des tribus arabes. Et ils sont très intenses. La chaîne panarabe al-Mayadeen, proche de Damas, indique que les FDS ont violemment bombardé Zeibane à l’aide de drones armés et d’obus de mortier.

Même si elles disposent d’une puissance de feu de loin supérieure à celle des combattants tribaux, les forces dominées par les kurdes avancent lentement. Les tribus arabes, qui ont décrété une mobilisation générale, opposent une forte résistance. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20230905-syrie-20-morts-en-une-journée-dans-les-affrontements-entre-fds-et-tribus-arabes-dans-l-est

Là encore, toujours par hasard, une délégation étasunienne venait mettre son grain de sel dans une plaie encore ouverte :

« Le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé vendredi 8 septembre la récente entrée « non autorisée » d’une délégation américaine dirigée par le secrétaire d’Etat adjoint Ethan Goldrich dans le nord-est de son territoire.

Dans un communiqué rédigé en termes fermes, le ministère a déclaré que le gouvernement syrien « condamne catégoriquement » cette visite qu’il a qualifiée de « violation flagrante » de la souveraineté du pays ainsi que du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies concernant la Syrie.

Il a rejeté les déclarations de la délégation américaine selon lesquelles sa visite visait à résoudre les problèmes rencontrés par les habitants de la province syrienne de Deir Ezzor, dans l’est du pays, et à lutter contre les ingérences étrangères, qualifiant ces déclarations de « mensonge flagrant ».

Le ministère a ensuite affirmé que l’ingérence flagrante de Washington dans les affaires intérieures syriennes, ainsi que son soutien massif apporté à divers groupes terroristes et milices séparatistes, ne faisaient que souligner « le rôle destructeur joué par les Etats-Unis en Syrie ».

Selon un communiqué américain, M. Goldrich et un officier militaire américain ont rencontré le 3 septembre les FDS, les autorités kurdes et les chefs tribaux de Deir Ezzor, dans le nord-est de la Syrie. Des combats ont éclaté entre les milices kurdes et les milices de ces tribus depuis le dimanche 28 aout dans cette province. »

https://french.almanar.com.lb/2690690

« Un convoi appartenant à la coalition dirigée par les États-Unis aurait transféré du matériel militaire, des munitions et du carburant des bases américaines en Irak vers la Syrie voisine.

Citant des sources anonymes, la chaîne d’information libanaise al-Mayadeen a rapporté que le convoi était entré dans l’est de la Syrie par le poste frontière de Faysh Khabur, dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien, dans la nuit de lundi à mardi.

Le mois dernier, le Pentagone a envoyé un convoi vers les bases situées dans la province de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, en passant par le poste-frontière Al-Waleed entre l’Irak et la Syrie.

Composé d’une cinquantaine de véhicules, le convoi a atteint les bases américaines du champ de gaz naturel de Koniko et du champ pétrolier d’al-Omer le 14 août.

Le Pentagone affirme que le déploiement de ses forces et de ses équipements en Syrie vise à empêcher que les champs pétroliers ne tombent entre les mains des terroristes de Daesh.

Damas, en revanche, maintient que ce déploiement est destiné à piller les ressources naturelles du pays arabe. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/09/12/710686/US-convoy-transfers-military-equipment-Iraq-Syria

On retrouve là encore l’excuse de « la protection contre les terroristes » pour justifier la présence de militaires occidentaux sur un sol étranger.

Tous ces éléments font penser que des tentatives sont lancées pour déstabiliser plus encore la Syrie et mettre en danger Bachar El Assad, qui est toujours sous la protection de la Russie :

« Dans son interview à Redacted, Mme Beeley a déclaré : “Ce que nous voyons essentiellement, c’est une résurgence du récit de 2011 sur les manifestations pacifiques dans le sud, le désir de renverser Bachar al-Assad. Les fonctionnaires de l’ONU appellent à la résolution 2254, qui est en fait un changement de régime et une ingérence politique dans le processus politique en Syrie”. La résolution à laquelle elle fait référence, adoptée en 2015, appelait notamment à la tenue d'”élections libres et équitables” sous la supervision de l’ONU en Syrie dans un délai de 18 mois.

En 2016, j’ai interviewé le Dr Bouthaina Shaaban, conseillère politique et médiatique d’Assad. Lorsqu’elle a souligné que l’Occident attisait le terrorisme en Syrie, au lieu de le combattre, elle a évoqué les résolutions 2254 et 2253 du Conseil de sécurité de l’ONU, moins mentionnées, qui prévoient de mettre fin au terrorisme en Syrie et de poursuivre ceux qui soutiennent, facilitent ou participent au financement direct ou indirect des activités menées par ISIS, Al-Qaïda et les groupes qui leur sont associés.

Shaaban a déclaré : “Vous voulez mettre en œuvre 2254 ? Mettez d’abord en œuvre le 2253, et ensuite il sera très facile de mettre en œuvre le 2254. C’est le double langage de l’Occident : ils s’adressent à leur public en disant qu’ils ont une position contre le terrorisme et qu’ils veulent le combattre, alors qu’en réalité ils facilitent le terrorisme et ne mentionnent même pas une résolution du Conseil de sécurité au titre du 7e chapitre qui a été adoptée 24 heures avant la résolution 2254.” »

https://www.rt.com/news/582765-west-preparing-regime-change-syria/

« Devant une telle scène et vu la possibilité que les États-Unis d’Amérique ravivent le feu en Syrie afin de se redéployer dans la région via des États tampons composés d’éléments tribaux et kurdes, il n’est pas inutile de préciser les alignements des diverses tribus et de certains groupes impliqués dans le projet américano-sioniste visant à diviser la Syrie et l’Irak, puis à établir une large confédération incluant la Jordanie, la province d’Al-Anbar en Irak et Jabal al-Arab en Syrie. D’où la liste des alignements suivants : »

https://reseauinternational.net/syrie-lagression-internationale-est-repartie-comme-en-2011/

Et voilà pour la deuxième épine dans le pied russe.

***

Observons maintenant la troisième :

« Tbilissi a accusé ce 18 septembre un haut responsable ukrainien de préparer un coup d’Etat pour renverser le gouvernement de ce pays du Caucase, au moment où les relations avec Kiev se tendent.

 Le service géorgien de sécurité nationale a accusé Guéorgui Lortkipanidzé, chef-adjoint du contre-espionnage militaire ukrainien et ancien vice-ministre géorgien de l’Intérieur, de «comploter» pour «renverser le gouvernement de façon violente» avec la complicité d’un Etat étranger. La sécurité nationale géorgienne a aussi nommé, parmi les complices, des Géorgiens combattant les troupes russes en Ukraine, un ancien garde du corps de l’ex-président incarcéré Mikheïl Saakachvili, qui a par le passé occupé des fonctions officielles en Ukraine.

Certaines de ces personnes « suivent un entraînement près de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne », a-t-elle assuré. La tension monte entre Kiev et Tbilissi. En juillet, Kiev avait de son côté convoqué l’ambassadeur géorgien, accusant Tbilissi de « torturer » en prison Mikheïl Saakachvili, également citoyen ukrainien et conseiller du président Volodymyr Zelensky. »

https://francais.rt.com/international/107179-georgie-services-securite-accusent-responsable-ukrainien-putsch

La Géorgie, comme l’Ukraine et la Moldavie, a des régions peuplées majoritairement de Russes qui veulent rejoindre la Russie et ont des tendances sécessionnistes. Ce qui créé des tensions régulières avec ces pays, suivant que leur gouvernement penchera plutôt côté russe ou plutôt coté occidental. L’actuel gouvernement géorgien tient à conserver de bonnes relations avec la Russie. En remettre un qui pencherait plutôt coté occidental ferait l’affaire des Etats-Unis pour planter une troisième épine dans le pied russe. D’où une tentative de coup d’Etat. Peu de chances qu’elle réussisse maintenant qu’elle a été mise à nue.

Ces trois exemples montrent que, parallèlement à la guerre chaude en Ukraine, une guerre hybride est lancée contre la Russie pour attaquer ses arrières et disperser son attention.

Terminons ce chapitre par l’analyse qu’en fait Bhadrakumar :

« La perspective d’une présence occidentale à long terme dans les régions de la Caspienne et de l’Asie centrale, via la mer Noire et le Caucase, constitue un défi majeur pour la diplomatie russe. Le paradoxe est que, si l’Occident n’a pas réussi à vaincre la Russie dans la guerre d’Ukraine, il prend l’ascendant sur l'”étranger proche” de la Russie dans un arc d’encerclement.

Il reste à voir dans quelle mesure la Chine est prête à s’allier à la Russie dans cette contestation géopolitique. Les États-Unis et l’Union européenne choisissent avec tact de ne pas contester directement les intérêts chinois. En fait, la Chine pourrait même avoir besoin du corridor de transport transcaspien proposé par les États-Unis – la route de la soie du Kazakhstan. »

La guerre froide USA-Chine/Russie

Cela faisait un moment que la Chine parlait de rétorsion face aux provocations étasuniennes sans que l’on en voit venir une seule. Et bien voilà la première, du moins celle visible au grand public :

« Le ministère chinois des affaires étrangères a annoncé vendredi que la société américaine Lockheed Martin avait participé directement, en tant que principal contractant, aux ventes d’armes américaines à l’île de Taïwan le 24 août, et que la société Northrop Grumman avait participé à de nombreuses reprises aux ventes d’armes américaines à l’île de Taïwan.

Récemment, les États-Unis ont fourni à l’île de Taïwan des armes de pointe sous la forme de ventes d’armes, d’aide militaire et de prêts. En réponse, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que le gouvernement américain, sans tenir compte de la forte opposition de la Chine, a insisté pour fournir des armes à l’île de Taïwan, ce qui viole gravement le principe d’une seule Chine et les dispositions des trois communiqués conjoints Chine-États-Unis, et porte gravement atteinte au droit international et aux normes fondamentales des relations internationales. Elle porte gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine en matière de sécurité et s’engage dans la voie erronée et dangereuse de l’armement de l’île, a fait remarquer M. Mao.

Les sanctions imposées par la Chine à ces deux entreprises peuvent ne pas avoir d’impact significatif sur elles en surface ou directement. Toutefois, si l’on se projette dans l’avenir et que l’on considère les entreprises affiliées à ces sociétés, elles auront un impact significatif sur leurs activités en Chine, ont souligné les experts.

La Chine encourage toutes les entreprises américaines et occidentales à faire des affaires en Chine. Toutefois, si une entreprise représente une menace pour la sécurité nationale de la Chine ou crée des problèmes à cet égard, la Chine n’acceptera pas que ces entreprises gagnent de l’argent sur le dos des Chinois tout en imposant des contraintes à la Chine, a déclaré vendredi au Global Times Song Zhongping, commentateur à la télévision et expert de la question taïwanaise. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1298276.shtml

Au moment où les entreprises d’armement occidentale se rendent compte du mal qu’elles ont à approvisionner l’Ukraine face à la Russie, cela ne va pas aider les choses. Et la Chine en est consciente :

« Un haut responsable militaire de l’OTAN a averti samedi qu’une hausse spectaculaire du prix des munitions signifiait que l’augmentation des dépenses de défense des alliés ne se traduisait pas automatiquement par une plus grande sécurité et a appelé à davantage d’investissements privés dans les entreprises de défense.

“Les prix des équipements et des munitions sont en train de grimper en flèche. Actuellement, nous payons de plus en plus cher pour exactement la même chose”, a déclaré l’amiral néerlandais Rob Bauer, président du comité militaire de l’OTAN, à l’issue d’une réunion des chefs d’état-major de la défense de l’Alliance à Oslo.

“Cela signifie que nous ne pouvons pas nous assurer que l’augmentation des dépenses de défense se traduise effectivement par une plus grande sécurité.

L’OTAN fait pression pour que la production de défense augmente afin de répondre à la demande d’armes et d’équipements qui a explosé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les alliés ne se contentant pas d’approvisionner Kiev à la hâte, mais constituant également leurs propres stocks. »

https://www.reuters.com/world/rising-ammunition-prices-set-back-nato-efforts-boost-security-official-2023-09-16/

Il semble que, comme les pétrolières et les alimentaires, les industries de l’armement utilisent aussi l’excuse de l’inflation pour grossir leurs marges. Ce qui doit bien faire sourire la Russie.

Par contre, en Russie, l’inflation n’a pas l’air d’être un problème pour s’armer. Le New York Times lui-même est obligé de le reconnaître :

« La Russie a surmonté les sanctions et augmenté sa production de missiles – NY Times

La production de missiles de Moscou dépasse désormais les niveaux d’avant-guerre, selon des responsables, ce qui rendra l’Ukraine particulièrement vulnérable l’hiver prochain.

En raison des sanctions, les responsables américains estiment que la Russie a été contrainte de ralentir considérablement sa production de missiles et d’autres armes au début de la guerre, en février 2022, pendant au moins six mois. Mais à la fin de l’année 2022, la production militaro-industrielle de Moscou a commencé à reprendre de la vitesse, reconnaissent aujourd’hui des responsables américains qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat pour divulguer cette évaluation délicate.

Avant la guerre, a déclaré un haut responsable occidental de la défense, la Russie pouvait fabriquer 100 chars par an ; aujourd’hui, elle en produit 200.

Les responsables occidentaux estiment également que la Russie est en passe de fabriquer deux millions d’obus d’artillerie par an, soit le double de la quantité que les services de renseignement occidentaux avaient initialement estimée que la Russie pouvait fabriquer avant la guerre.

Grâce à cette impulsion, la Russie produit désormais plus de munitions que les États-Unis et l’Europe réunis. Kusti Salm, haut fonctionnaire du ministère estonien de la défense, estime que la production actuelle de munitions de la Russie est sept fois supérieure à celle de l’Occident.

Les coûts de production de la Russie sont également bien inférieurs à ceux de l’Occident, en partie parce que Moscou sacrifie la sécurité et la qualité dans ses efforts pour fabriquer des armes à moindre coût, a déclaré M. Salm. Par exemple, la fabrication d’un obus d’artillerie de 155 millimètres coûte à un pays occidental entre 5 000 et 6 000 dollars, alors qu’il en coûte à la Russie environ 600 dollars pour produire un obus d’artillerie comparable de 152 millimètres. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-russie-est-en-train-de-gagner-la-course-a-la-guerre-industrielle

« Le groupe russe Rostec a accéléré la production de missiles hypersoniques Kinzhal (Dagger), a révélé le directeur industriel du conglomérat de défense, Bekhan Ozdoev. Il a ajouté que la quantité d’autres types de matériel militaire et de munitions produites a également augmenté de façon spectaculaire.

Mardi, Interfax a cité M. Ozdoev, qui a déclaré que les chiffres concernant certaines munitions avaient été multipliés par dix. Il a noté que “entre autres, la production de missiles pour les systèmes ‘Kinzhal’, ‘Iskander’ et ‘Pantsir’, de bombes aériennes, d’obus d’artillerie et de chars d’assaut est en train d’augmenter”.

Selon M. Ozdoev, les fabricants russes de matériel de défense produisent de plus en plus de chars, de véhicules blindés et de systèmes de fusées à lancement multiple. Le directeur a ajouté qu’il était également prévu d’augmenter la production de drones militaires et que des travaux étaient en cours pour développer des munitions d’artillerie guidées.

En juillet, le directeur général adjoint de Rostec, Vladimir Artyakov, a déclaré que l’entreprise publique était “passée sérieusement à la production en série” de missiles Kinzhal, qui était auparavant limitée par la nécessité “d’achever complètement la recherche et le développement”.

“Ainsi, tout ce que le ministère de la défense nous demande, nous le faisons avec qualité et nous livrons les quantités requises”, avait déclaré M. Artyakov à l’époque. »

https://www.rt.com/russia/583207-russia-boosts-hypersonic-missile-production/

Il faut noter que les missiles ‘Kinzhal’, ‘Iskander’ et ‘Pantsir’ sont les fameux missiles hypersoniques impossibles à intercepter par les défenses anti-missiles occidentales.

Alors que le dernier essai de missile hypersonique étasunien s’est, une fois de plus, terminé par un échec :

« Le missile hypersonique ARRW de l’US Air Force « en péril » après l’échec du dernier test

Le secrétaire de l’US Air Force, Frank Kendall, a laissé entendre que le programme d’arme à réponse rapide à lancement aérien (ARRW) AGM-183A était menacé suite à l’échec de son dernier essai.

Kendall a révélé lors d’une audience de la défense plus tôt cette semaine qu’un test de l’arme hypersonique le 13 mars avait échoué.

Il a en outre noté que l’effort ARRW « a eu un peu de mal » dans son programme de tests, ce qui a affecté la décision d’inclure ou non l’initiative dans le budget 2025. »

https://www.thedefensepost.com/2023/03/29/us-hypersonic-missile-failed/

Sans parler des déboires de « l’avion du futur », le F35, qui s’avère une catastrophe sans fin qui dure depuis plus de 10 ans et survit malgré tout, autre signe montrant la terrible inefficacité/corruption qui gangrène le Complexe Militaro Industriel étasunien :

https://www.opex360.com/2010/03/05/les-deboires-du-f35/ Pour commencer, un premier article qui date de 2010

https://www.lesechos.fr/2012/01/avions-de-combat-le-f-35-accumule-les-deboires-369384  celui-ci de 2012

https://www.portail-aviation.com/blog/2018/08/03/f-35-ou-le-paradoxe-de-zenon/  Celui-là de 2018

https://www.dedefensa.org/article/lecture-de-detente-les-merdes-du-f-35  Ce dernier article montre qu’en 2023 « les merdes du F35 » continuent de plus belle sans que cela empêche les « alliés » des Etats Unis de l’acheter au « prix d’ami » de 80 millions de dollars pièce, sans parler des coûts d’entretien qui s’avère faramineux. Mais quand on aime, on ne compte pas…

L’Europe

Alors que les chances de l’Ukraine s’amenuisent face à la Russie, il semble que la Pologne veuille prendre la place de proxy étasunien face à la Russie. Alors, bravade ou paranoïa ?

« Le vice-premier ministre polonais Jarosław Kaczyński a déclaré à un groupe de fabricants d’armes que Varsovie disposera de la force terrestre la plus puissante d’Europe d’ici deux ans grâce à une série d’achats d’armes. Varsovie estime que l’augmentation des dépenses militaires à 3 % du PIB et l’élargissement de son armée à 300 000 personnes rendront l’armée polonaise si puissante qu’elle ne pourra pas être contestée.

Kaczyński a adressé une lettre au salon international de l’industrie de la défense qui se tient en Pologne cette semaine. “Dans deux ans, nous aurons l’armée de terre la plus puissante d’Europe“, a-t-il déclaré. “Le ministre polonais de la défense a souligné que la force de l’armée ne réside pas seulement, et pas principalement, dans sa taille, mais aussi dans son équipement, sa modernité et son innovation.” »

https://lesakerfrancophone.fr/la-pologne-veut-creer-la-plus-grande-armee-deurope-dici-deux-ans

« La sécurité de la Pologne est garantie par plus de 10 000 soldats américains stationnés sur son territoire, a déclaré Mark Brzezinski, ambassadeur de Washington à Varsovie, ajoutant que les efforts conjoints pour soutenir l’Ukraine ont renforcé les liens entre les deux pays.

L’envoyé a fait l’éloge de l’état actuel des relations américano-polonaises dans une interview accordée au journal Rzeczpospolita et publiée vendredi. Son père, feu Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, était connu pour être un faucon anti-russe et un fervent défenseur de l’endiguement antisoviétique.

“Je crois que jamais auparavant dans notre histoire la Pologne et l’Amérique n’ont été aussi liées… Notre cause commune est de soutenir le peuple ukrainien“, a déclaré l’ambassadeur Brzezinski.

Il a révélé que plus de 10 000 soldats américains sont actuellement stationnés en Pologne. “Ce n’est pas une coïncidence. Main dans la main avec les soldats polonais, nous exécutons le mandat du président [américain] Joe Biden : chaque pouce du territoire de l’OTAN – y compris la Pologne, bien sûr – est sûr et protégé”, a noté M. Brzezinski, louant la décision de Varsovie de rejoindre le bloc militaire dirigé par les États-Unis en 1997.

Les États-Unis et la Pologne “coopèrent militairement aussi étroitement que des alliés peuvent le faire”, Varsovie recevant de son allié des équipements de défense haut de gamme, notamment des chars M1 Abrams, des hélicoptères Apache, des chasseurs F-35 et des lanceurs de missiles HIMARS, a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/news/582594-poland-us-troops-cooperation/

D’autant plus qu’à cause d’une histoire de céréales, la tension monte fortement entre les amies Pologne et Ukraine. Cela a commencé quand l’UE a mis fin, le 15 septembre, à son interdiction sur les céréales ukrainiennes qui inondaient à bas prix le marché européen.

« La Commission européenne a levé les interdictions temporaires sur les céréales ukrainiennes après que Kiev a accepté de renforcer le contrôle sur ses exportations agricoles.

Mais cette mesure n’a pas convaincu la Pologne et la Hongrie, qui ont rapidement annoncé qu’elles imposeraient unilatéralement leurs propres interdictions à l’échelle nationale, un scénario très chaotique que Bruxelles voulait éviter à tout prix.

“Nous prolongerons cette interdiction malgré leur désaccord, malgré le désaccord de la Commission européenne”, a déclaré vendredi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors d’un rassemblement. “Nous le ferons parce que c’est dans l’intérêt des agriculteurs polonais.”

Peu de temps après, Waldemar Buda, le ministre polonais du Développement économique, a déclaré qu’il avait signé un nouveau « règlement national » pour maintenir l’embargo commercial en place. »

https://www.euronews.com/my-europe/2023/09/15/brussels-lifts-bans-on-ukrainian-grain-as-kyiv-agrees-to-impose-effective-measures-to-avoi

Avec sa finesse diplomatique habituelle, le gouvernement Zelenski réplique en poursuivant ces pays rebelles à l’OMC :

« L’Ukraine a intenté une action en justice contre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie pour leur interdiction unilatérale des exportations de céréales, qu’elle considère comme une « violation de leurs obligations internationales ».

“Il est fondamentalement important pour nous de prouver que certains États membres ne peuvent pas interdire l’importation de produits ukrainiens. C’est pourquoi nous intentons des poursuites contre eux”, a déclaré Ioulia Svyrydenko, première vice-Première ministre ukrainienne, dans un communiqué.

“Dans le même temps, nous espérons que ces pays lèveront leurs restrictions et que nous n’aurons pas à régler l’affaire devant les tribunaux avant longtemps. Nous avons besoin de solidarité avec eux et de protection des intérêts des agriculteurs.”

Svyrydenko a déclaré que les commerçants ukrainiens souffraient déjà de coûts de transport supplémentaires et de difficultés à honorer les contrats étrangers. “Les actions unilatérales des États membres de l’UE dans le domaine commercial sont inacceptables”, ajoute le communiqué. »

https://www.euronews.com/my-europe/2023/09/18/ukraine-files-wto-case-against-poland-hungary-and-slovakia-over-their-unilateral-grain-ban

Prenant elle aussi un ton vindicatif, la Pologne déclare que :

« La Pologne a annoncé mercredi qu’elle cesserait de fournir des armes à l’Ukraine, dans un contexte de différend croissant entre les deux pays concernant l’interdiction temporaire des importations de céréales ukrainiennes.

“Nous ne transférons plus d’armes vers l’Ukraine parce que nous armons désormais la Pologne”, a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki sur les réseaux sociaux.

La Pologne est depuis longtemps l’un des plus fervents soutiens de l’Ukraine depuis l’invasion de son voisin par Moscou, aux côtés de plusieurs pays de l’ancien bloc de l’Est qui craignent d’être les prochains si la guerre expansionniste du président russe Vladimir Poutine réussit.

Aujourd’hui, Kiev et Varsovie sont à couteaux tirés. »

https://edition.cnn.com/2023/09/20/europe/poland-ukraine-weapons-grain-intl-hnk/index.html

Après s’être mis une partie des pays du « Grand Sud » à dos à force d’attirer l’attention sur lui en jouant les victimes, Zelenski commence maintenant à énerver même ceux qui le soutenaient.

Un peu de systémique

Un beau texte de Caitlin Johnstone qui relate l’expérience de tout observateur sociopolitique qui cherche à aller jusqu’au bout des choses :

« Qui sont donc les moteurs de l’empire ? On s’enfonce alors dans d’autres terriers de lapin. Vous découvrez des agences gouvernementales secrètes avec des anciens fonctionnaires qui ne partent pas avec le gouvernement officiel élu sortant, mais qui restent, aidant à faire tourner les rouages de l’empire indépendamment de la personne que les électeurs élisent pour servir de façade de l’opération. Vous découvrez un système de portes tournantes dans lequel les mêmes gestionnaires de l’empire occupent tour à tour des postes au sein du gouvernement officiel élu, travaillant dans des groupes de réflexion, des conseils consultatifs du complexe militaro-industriel et des médias de masse lorsque leur parti n’est pas au pouvoir, puis revenant à leur poste lorsque leur tour est venu. Vous découvrez des ploutocrates qui utilisent leur immense richesse pour influencer la politique gouvernementale par le biais de dons de campagne, de groupes de réflexion influents, du contrôle des médias et du lobbying d’entreprise, qui opèrent souvent avec – et profitent de – un nombre considérable de chevauchements avec les agences gouvernementales. Vous découvrez des organisations et des institutions au sein desquelles les riches et les puissants se rassemblent et se coordonnent pour faire avancer leurs programmes, souvent dans le plus grand secret.

Mais dans toutes ces recherches et découvertes, on ne trouve toujours pas l’homme qui est caché derrière le rideau. Vous vous rendez compte que n’importe laquelle des personnes que vous avez observées pourrait mourir demain et que la machine impériale continuerait à fonctionner de manière ininterrompue. Il pourrait y avoir une révolution violente géante et ces gens pourraient être guillotinés par milliers, et à moins que des changements radicaux ne soient apportés aux systèmes qui les ont fait naître, quelqu’un d’autre prendrait leur place.

C’est ainsi que l’on commence à faire des recherches sur les systèmes. »

https://lesakerfrancophone.fr/dillusions-en-desillusions

Et l’on comprend que la sociopolitique n’est pas qu’une histoire de consciences individuelles dirigeant la conscience collective [d’individus dirigeant le groupe] comme on le croit tous par préjugé mais une histoire de conscience collective qui s’empare de consciences individuelles pour vivre sa destinée de conscience collective, créer et perpétuer son Histoire, voire sa légende.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 11 septembre 2023


Par Wayan – Le 11 septembre 2023 – Le Saker Francophone

Forte activité diplomatique internationale cette semaine avec deux réunions géopolitiques ; le sommet de l’ANASE en cours de semaine et la réunion du G20 ce week-end.

Le G20

Cette réunion du G20 fut surtout le révélateur des tensions internationale en cours. Ni Poutine ni Xi Jinping n’y ont assisté en personne, donnant l’impression qu’ils considèrent cette réunion comme n’étant plus aussi importante qu’auparavant :

 

« La réunion d’une famille “dysfonctionnelle” : voilà comment le patron de l’ONU a décrit, vendredi 8 septembre, le sommet du G20, qui cherchera des compromis en matière d’économie et de climat, mais qui reste profondément divisé sur la guerre en Ukraine.

La plupart des chefs d’État et de gouvernement sont arrivés vendredi à New Delhi pour participer à une réunion de deux jours, samedi et dimanche.

Celle-ci se tiendra sans le président russe Vladimir Poutine et sans son homologue chinois Xi Jinping, dont l’absence pose la question de la pertinence de ce grand raout diplomatique. 

Joe Biden, qui compte bien occuper l’espace laissé vacant par ses grands rivaux, a commencé vendredi par une réunion bilatérale avec Narendra Modi.

Jeudi, Narendra Modi a réitéré son souhait d’élargir le bloc en G21 avec “l’inclusion de l’Union africaine en tant que membre permanent”. Un projet qui, c’est chose rare au G20, semble plus ou moins faire consensus. »

https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230908-sommet-du-g20-une-famille-internationale-dysfonctionnelle-à-la-recherche-de-compromis

Souhait réalisé pour Modi :

« L’Union africaine a obtenu le statut de membre permanent du Groupe des 20 plus grandes économies mondiales, a déclaré samedi le Premier ministre indien Narendra Modi, ajoutant ainsi un élan à sa volonté de donner une plus grande voix aux pays du Sud en tant qu’hôte du sommet annuel de cette année.

Modi a annoncé cette adhésion lors de son discours d’ouverture du sommet du G20 du week-end. Les divisions mondiales croissantes et l’absence d’acteurs clés menacent de rendre difficile la recherche d’un consensus sur les questions les plus épineuses.

L’ajout de l’UA au G20 a toutefois suscité un large soutien, ce qui en ferait le deuxième bloc régional à devenir membre permanent après l’Union européenne. »

https://apnews.com/article/g20-modi-india-biden-ukraine-summit-delhi-f0054ecaea54f53d4ceb0c64a4457620

Comme les années précédentes la guerre en Ukraine a encore été le sujet d’âpres négociations. Une vague déclaration en est quand même sortie :

« Sur la guerre russe en Ukraine, le gros point de friction sur lequel les Indiens voulaient à tout prix arracher l’accord des Russes, le texte adopté n’est pas la réplique de celui du précédent G20 qui s’est tenu à Bali, mais plutôt un ensemble d’éléments de langage, une voie médiane où la condamnation directe du conflit a disparu.

Ces éléments de langage reprennent l’esprit de la résolution des Nations unies condamnant l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Tous les membres rappellent ainsi leurs positions prises à l’ONU, ainsi que l’obligation de respecter l’intégrité territoriale, et celle de ne pas utiliser la menace d’attaque nucléaire contre un autre. Ce qui, pour les pays occidentaux, permet de dénoncer implicitement les abus de la Russie et d’empêcher de légitimer son agression.

Un paragraphe a été rajouté dans cette partie, qui évoque les terribles souffrances et les effets néfastes causés par tous les conflits dans le monde entier. Un point important pour les pays du Sud, qui cherchent à rappeler que la guerre en Ukraine n’est qu’un des nombreux conflits que connait le monde.

L’Ukraine a réagi à ce texte, critiquant le contenu, qui dénonce l’emploi de la force mais sans mentionner la Russie. « L’Ukraine est reconnaissante envers les partenaires qui ont essayé d’inclure une formulation forte dans le texte. En même temps, en ce qui concerne l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le G20 n’a pas de quoi être fier », a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Kiev, Oleg Nikolenko. »

https://www.rfi.fr/fr/monde/20230909-g20-narendra-modi-ouvre-sommet-g20-crise-confiance-union-africaine-concert-nations-ukraine

Le changement climatique non plus n’a pas fait l’unanimité :

« Si le G20 a soutenu pour la première fois un triplement des énergies renouvelables d’ici 2030, le forum intergouvernemental a échoué à appeler à une sortie des énergies fossiles, samedi. Cause essentielle de la crise climatique de plus en plus sévère, cette question était au cœur des négociations internationales à New Delhi, et devrait culminer en décembre prochain lors de la COP28 à Dubaï. »

https://www.france24.com/fr/planète/20230909-à-trois-mois-de-la-cop28-le-g20-échoue-à-appeler-à-la-sortie-des-énergies-fossiles

Voici ce qu’en pense la Chine :

« Les analystes chinois ont souligné que le G20 a été créé pour faire face aux crises économiques mondiales et pour discuter des actions collectives visant à résoudre les problèmes économiques et à stimuler le développement économique mondial, mais aujourd’hui, malheureusement, en raison du consensus décroissant et des divergences croissantes entre les grandes puissances depuis l’éclatement de la crise ukrainienne et l’endiguement total des États-Unis contre la Chine, il devient de plus en plus une plate-forme de querelles, et le mécanisme multilatéral autrefois productif et constructif est confronté au risque d’être détourné par un petit nombre de pays.

Le G20 reste une plateforme importante pour la coopération internationale dans la gestion des défis mondiaux, et avec les contributions croissantes des pays en développement comme la Chine, l’Inde et les pays africains, les voix au sein du G20 deviennent plus diversifiées, et ne sont plus dominées uniquement par les perspectives occidentales. Par conséquent, les États-Unis tentent de reprendre le contrôle du mécanisme multilatéral et de l’utiliser pour servir leur stratégie de concurrence entre grandes puissances, mais la communauté internationale n’accueillera pas favorablement cette tentative, selon les experts. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1297880.shtml

Le sommet de l’ANASE

Cette semaine s’est tenue le sommet annuel de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, à Jakarta, où des dirigeants de grands pays étaient invités, la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, le Japon, la Russie et la Corée du sud. On remarquera l’absence totale de l’Europe, montrant de facto qu’elle est de moins en moins considérée comme une « grande puissance » :

« Objectif : paix. L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) tient à Jakarta plusieurs sommets successifs avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis, offrant ainsi l’occasion aux grandes puissances de faire pression sur le bloc de 10 pays….

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230906-sommets-de-l-asean-sur-fond-de-rivalités-entre-grandes-puissances

Un des objectifs déclarés par le président indonésien est de ne pas se faire piéger dans un conflit Etats Unis-Chine :

« Le président indonésien Joko Widodo a déclaré à ses collègues dirigeants du bloc régional de 10 membres que l’ASEAN « s’est mis d’accord pour ne pas servir de proxy » pour aucune puissance, et a déclaré que « nous devons devenir capitaines de notre propre navire pour parvenir à la paix ». »

https://www.voanews.com/a/asean-opens-summit-in-jakarta-/7254803.html

« Lors de l’ouverture du sommet de l’ANASE de cette année, mardi, dans la capitale du pays, le président Joko “Jokowi” Widodo a affirmé que le bloc régional des dix nations restait uni malgré les différences d’opinion ou l’instabilité interne des États membres liées aux récentes questions géopolitiques. »

https://www.thejakartapost.com/world/2023/09/05/jokowi-says-asean-stands-unitedaboveallelse.html

Les « grandes puissance » ont profité de l’occasion pour asseoir leur soft power. L’inde d’abord :

« Le 7 septembre 2023, le Premier ministre Narendra Modi a participé au 20e sommet ASEAN-Inde à Jakarta et a qualifié le sommet de pilier central de la politique indienne Act East.

Partageant ses remarques lors de l’événement, le Premier ministre Modi a déclaré : « L’Inde soutient les perspectives de l’ASEAN sur l’Indo-Pacifique. Alors que notre partenariat entre dans sa quatrième décennie, l’ASEAN occupe une place de premier plan dans l’initiative indo-pacifique de l’Inde.

Modi a déclaré que l’ASEAN est l’épicentre de la croissance car elle joue un rôle crucial dans le développement mondial. “Des progrès constants ont été réalisés dans notre coopération mutuelle malgré l’atmosphère d’incertitude mondiale”, a-t-il ajouté.»

https://www.thehindu.com/news/national/pm-modi-in-jakarta-asean-central-pillar-of-indias-act-east-policy/article67279754.ece

La Chine aussi :

« Le premier ministre chinois Li Qiang a déclaré mercredi lors du 26e sommet Chine-ANASE à Jakarta, en Indonésie, que tant que la Chine et les pays de l’ANASE resteront sur la bonne voie, quelles que soient les tempêtes, leur coopération sera plus ferme que jamais et ils pourront aller de l’avant contre vents et marées. Les analystes ont déclaré que les liens Chine-ANASE restent étroits et continueront à se développer pour résister aux impacts de toute ingérence extérieure qui tente de provoquer des tensions et des conflits.

Li a déclaré que la coopération entre la Chine et l’ANASE avait beaucoup progressé grâce à leur compréhension aiguë des difficultés rencontrées. “La Chine et les pays de l’ANASE se sont engagés dans la poursuite inébranlable de la paix avec une forte aspiration au développement, et tous deux prennent des mesures concrètes pour sauvegarder la stabilité régionale”, a-t-il déclaré lors du sommet, a rapporté mercredi l’agence de presse Xinhua.

Le premier ministre chinois a également déclaré que la Chine et les pays de l’ANASE avaient géré correctement les désaccords en cherchant un terrain d’entente tout en mettant de côté les divergences par le biais du dialogue et de la consultation.

“Les deux parties ont approfondi la coopération pratique dans les domaines traditionnels et non traditionnels de la sécurité, et ont défendu les cinq principes de la coexistence pacifique et l’objectif du TAC (Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est)”, a fait remarquer M. Li. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1297697.shtml

Les Etats Unis, par la voix de Kamala Harris, s’en sont pris au Myanmar, qui est sous régime militaire depuis le coup d’Etat contre San Suu Kyi :

« Une chaise portant le drapeau du Myanmar est restée vide pendant que la vice-présidente Kamala Harris s’entretenait avec les dirigeants de l’Asie du Sud-Est lors du sommet États-Unis-ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à Djakarta, organisé par l’Indonésie, qui assure la présidence sortante.

“Les États-Unis continueront à faire pression sur le régime pour qu’il mette fin à l’horrible violence, qu’il libère toutes les personnes injustement détenues et qu’il rétablisse le Myanmar sur la voie d’une démocratie inclusive”, a déclaré Mme Harris lors de l’ouverture du sommet.

“Nous continuerons à soutenir le consensus en cinq points de l’ANASE”, a-t-elle ajouté, faisant référence aux exigences formulées par le groupe en 2021 concernant la crise déclenchée par le coup d’État militaire de février 2021, qui comprennent l’arrêt immédiat de la violence et un dialogue constructif facilité par l’ANASE. »

https://www.voanews.com/a/myanmar-s-seat-is-empty-as-vp-harris-speaks-to-asean-leaders-/7256962.html

En fin de sommet, France 24 a publié un article mettant en évidence les dissensions entre grandes puissances qui sont apparues pleinement pendant ce sommet :

« Un sommet sous tensions. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, le Premier ministre chinois, Li Qiang, et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ont participé, jeudi 7 septembre, au sommet de l’Asie de l’Est, lors duquel le dirigeant indonésien, leur hôte, a mis en garde contre les rivalités croissantes entre puissances.

La réunion de 18 pays organisée dans la capitale indonésienne Jakarta a mis autour de la même table les hauts responsables de Washington et Pékin, un jour après que le Premier ministre chinois a averti que les grandes puissances devaient contenir leurs différends pour éviter une “nouvelle guerre froide”.

Les échanges entre les responsables des deux plus grandes économies mondiales étaient scrutés dans un contexte de tensions sur des questions allant de Taïwan aux relations avec Moscou en passant par la rivalité dans le Pacifique, quelques jours avant le sommet du G20 à New Delhi.

 “Je demande (…) aux leaders du sommet de l’Asie de l’Est de faire (de cette rencontre) un forum pour renforcer la coopération et non pour aiguiser les rivalités”, a déclaré le président indonésien Joko Widodo. »

https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230908-sommet-de-l-asean-la-chine-les-états-unis-et-la-russie-mis-en-garde-contre-toute-confrontation

Mais derrière tous ces grands discours diplomatiques, le processus de dédollarisation du commerce mondial a fait un nouveau pas en avant :

« Les banques centrales d’Indonésie, de Thaïlande et de Malaisie ont profité de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales de l’ANASE (AFMGM) qui s’est tenue le mois dernier à Jakarta pour annoncer l’élargissement des accords sur les monnaies locales. L’objectif n’est pas seulement de régler les importations et les exportations ou les investissements en monnaie locale, mais aussi de permettre aux voyageurs de bénéficier de produits financiers transfrontaliers et de systèmes de paiement numérique unifiés. Bien qu’il s’agisse d’accords bilatéraux plutôt que d’un projet à l’échelle de l’ANASE, ils soutiennent le programme d’intégration financière de l’ANASE. La réduction de la dépendance à l’égard du dollar américain comme moyen d’échange soutient également l’objectif de centralité de l’ANASE et l’autonomie stratégique des États membres de l’ANASE. »

https://www.thejakartapost.com/opinion/2023/09/06/asean-aims-for-the-achievable.html

L’Afrique

Moon of Alabama nous propose une intéressante analyse qui met en évidence le rôle des Etats-Unis dans les mouvement politiques que secouent l’Afrique :

« Les États-Unis ont utilisé leur formation d’officiers africains pour trouver et former subtilement des personnes avec lesquelles ils pouvaient travailler. Un nombre étonnant de ces officiers ont ensuite été impliqués dans des coups d’État qui se sont souvent révélés anti-français et pro-américains :

« Depuis 2008, des officiers formés par les États-Unis ont tenté au moins neuf coups d’État et en ont réussi au moins huit dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest seulement : Trois fois au Burkina Faso, trois fois au Mali et une fois en Guinée, en Mauritanie et en Gambie.

La formation et le soutien des États-Unis à la région passent par le département d’État et le Commandement pour l’Afrique, une branche du département de la défense, en charge des opérations militaires sur le continent. »

Depuis la rédaction de cet article, le Niger a suivi :

« Le général de brigade Moussa Barmou, commandant des forces d’opérations spéciales nigériennes formées par les Américains, était tout sourire lorsqu’il a embrassé un général américain de haut rang qui visitait la base de drones du pays, financée par Washington et d’une valeur de 100 millions de dollars, en juin dernier.

Six semaines plus tard, Barmou a contribué à renverser le président démocratiquement élu du Niger.

Pour les officiers militaires et les diplomates américains, cette histoire est devenue trop familière et profondément frustrante.

Le Niger est l’un des nombreux pays d’Afrique de l’Ouest où des officiers formés par l’armée américaine ont pris le contrôle depuis 2021, notamment le Burkina Faso, la Guinée et le Mali. Certains chefs de coup d’État ont entretenu des relations étroites avec leurs formateurs américains, dont le mentorat comprenait des leçons sur la sauvegarde de la démocratie et des droits de l’homme ainsi que sur les tactiques militaires. »

Ohh – s’il vous plaît, épargnez-moi les larmes de crocodile sur la “sauvegarde de la démocratie”. Elles sont vraiment exagérées. Les États-Unis disposent d’une grande base militaire au Niger et c’est tout ce qui compte, ainsi que l’influence qu’ils exercent.

Après le coup d’État, le contingent militaire français au Niger et son ambassadeur ont été priés de partir, tandis que la grande base de drones américaine devrait rester.

S’agit-il d’un mauvais résultat pour les États-Unis ou du résultat d’un plan ?

Les États-Unis ont des intérêts stratégiques en Afrique et, comme l’écrit Michael Shurkin, ancien analyste de la RAND et de la CIA et membre du Conseil atlantique, ils veulent que la France se retire :

« J’ai salué les efforts de la France pour aider les pays du Sahel – notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger – à se défendre contre les insurrections djihadistes affiliées à Al-Qaïda ou à l’État islamique.

Et pourtant, la seule conclusion raisonnable à tirer aujourd’hui est que la France devrait fermer ses bases et partir.

Le problème, comme l’ont montré les récents événements au Niger, est que tout ce que fait la France, en bien ou en mal, provoque une réaction allergique de la part de populations depuis longtemps conditionnées à se méfier des motivations françaises et à envisager le pire.

Que ce sentiment anti-français soit juste ou non n’a rien à voir avec le sujet. Les liens avec la France sont désormais devenus un baiser de la mort pour les gouvernements africains – un phénomène démontré par le sort du président du Niger, Mohamed Bazoum. »

Mais bon… Qui a créé Al-Qaïda et État islamique ? Qui les a déplacés de l’Asie occidentale vers l’Afrique ?

Oui, la France a conservé certaines de ses mauvaises habitudes et influences coloniales et certains la détestent vraiment pour cela. Mais qui, par sa propagande, les a poussés dans cette direction ?

Le plan est évident. La France doit être poussée vers la sortie pour que les États-Unis puissent entrer :

« En attendant, la menace de voir la Russie combler le vide est exagérée et ne devrait pas justifier la poursuite de l’engagement [de la France]. En effet, une partie de l’attrait de la Russie réside dans le fait que de nombreux Africains la considèrent comme une sorte d’anti-France. Et moins la France vivra “de ses rentes” dans l’imaginaire populaire, moins l’attrait symbolique de la Russie sera grand.

L’attrait de la Russie tient également au fait que certains gouvernements africains, dont celui du Mali, sont frustrés par la réticence de la France à les aider dans une stratégie qui consiste trop souvent à cibler certaines communautés ethniques – surtout les Fulanis, mais aussi les Arabes et les Touaregs. Et si c’est pour cela qu’ils veulent de l’aide, la France et les autres puissances occidentales ont raison de refuser.

Le fait que les États-Unis et d’autres partenaires européens comme l’Allemagne ne provoquent pas la même réaction leur offre une ouverture, un moyen de contribuer à combler le vide pour maintenir la Russie à l’écart et aider les États africains à se défendre. Mais pour cela, ils devront se montrer attentifs et faire preuve d’une plus grande créativité que celle dont ils ont fait preuve jusqu’à présent.

Cela signifie également que la France devra leur faire confiance au sujet de son ancien empire. C’était encore une pierre d’achoppement dans les années 1990, mais aujourd’hui, Paris est prête.

Elle n’a d’ailleurs pas le choix. »

Pauvre France. On lui dit de partir et de laisser les États-Unis s’emparer de ses anciennes colonies. Elle n’a pas le choix. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-france-ne-pourra-etre-une-puissance-independante-que-si-elle-apprend-a-se-defendre

Voici l’article de la Revue Conflit auquel Moa fait référence :

« Ce qui est en jeu n’est donc pas simplement la présence de la France au Sahel ou en Afrique. C’est son maintien en tant que puissance globale souveraine ou sa réduction à une puissance périphérique « betteravisée » en Europe. Par extension, la nature même des relations entre les grandes démocraties en dépend : formeront-elle un bloc rigide, impérial, derrière les États-Unis ou seront-elles capables de constituer une alliance souple dans un cadre multilatéral, bien plus à même de défendre leurs intérêts et leurs valeurs ?

Sans doute l’Amérique et les Européens ont-ils besoin d’une voix pour leur rappeler les dangers respectifs de leur hubris ou de leur faiblesse. Incontestablement, le monde a besoin de puissances moyennes autonomes comme la France pour trouver de nouveaux équilibres, donner leur place aux nations émergentes, appuyer sans les étouffer les États les plus fragiles et éviter les logiques de confrontations directes entre blocs. »

https://www.revueconflits.com/pourquoi-lamerique-veut-elle-chasser-la-france-dafrique/

Luis Martinez, directeur de recherche au Centre de recherches internationales Sciences Po, le dit lui-même dans cette franche remise en question de la politique française en Afrique :

« En Afrique, nous avons été incapable de changer notre discours, notre narratif et puis d’être beaucoup plus modeste, compréhensif. Nous avons été extrêmement isolés, arrogants, lointains, très peu dans la communication avec les populations et on a aussi rejeté les observation et diagnostics effectués par les chercheurs africains. Dès qu’ils avaient un regard critique on les taxait de pro-russes… »

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/les-dessous-de-l-infox/20230908-l-image-dégradée-de-la-france-en-afrique-la-guerre-des-narratifs

« Dès qu’ils avaient un regard critique on les taxait de pro-russes ». Il semble que cette réaction est devenue un réflexe social bien pratique pour éviter toute remise en question de notre système de fonctionnement politique, à tous les niveaux.

Comme on pouvait s’y attendre, les attaques contre la population et l’armée s’accentuent :

« Les forces armées du Burkina Faso ont annoncé avoir neutralisé, du 7 août au 1er septembre 2023, au moins 65 « terroristes » au cours d’actions dans plusieurs provinces. Suite à cette opération conduite par le 7e bataillon d’intervention rapide, les populations qui avaient été déguerpies ont pu rejoindre leurs villages, toujours selon l’armée. Au cours des combats, cinq blessés dont deux volontaires pour la défense de la partie ont été enregistrés au sein des forces armées burkinabé. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230902-burkina-faso-au-moins-65-terroristes-neutralisés-à-l-ouest-annonce-l-armée

On remarquera que, pour une raison que la rédaction de RFI n’explique pas, le mot terroriste a été placé entre guillemets.

« Dix-sept militaires et 36 supplétifs de l’armée du Burkina Faso ont été tués lors d’une attaque de jihadistes présumés dans la région du Nord, a annoncé mardi 5 septembre l’état-major dans un communiqué.

“Cinquante-trois combattants”, précisément “dix-sept militaires et trente-six VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l’armée) ont perdu la vie” lundi, indique-t-il.

Plusieurs assaillants “neutralisés”

L’unité attaquée était déployée à Koumbri, dans la province du Yatenga, pour “permettre la réinstallation” de populations “qui ont quitté la zone depuis plus de deux ans”, chassées par les jihadistes, explique-t-il. »

https://www.france24.com/fr/afrique/20230905-au-burkina-faso-plusieurs-dizaines-de-soldats-et-miliciens-tués-dans-une-attaque

De son coté, France 24 utilise le terme « djihadiste présumé ».

« Un camp de l’armée malienne a été visé par une attaque suicide à Gao vendredi 8 septembre, au lendemain d’une double attaque imputée aux jihadistes qui a tué au moins 64 civils et soldats dans le Nord, où la tension monte de jour en jour.

L’armée a parlé dans un bref message sur les réseaux sociaux d’une attaque “complexe” dans la zone aéroportuaire, ce qui signifie qu’elle a impliqué différents moyens. Elle n’a pas fourni de bilan….

Le Nord est en proie à une lutte qui va s’intensifiant pour le territoire entre une multitude d’acteurs : groupes jihadistes contre armée malienne, groupes jihadistes entre eux, groupes armés touaregs contre jihadistes, et groupes touaregs face à armée malienne.

La région de Tombouctou est soumise depuis août à un blocus imposé par le GSIM. De vastes étendues sont passées sous le contrôle de l’organisation État islamique dans la région de Gao.

C’est du Nord, avec les insurrections indépendantiste et salafiste de 2012, qu’est partie la tourmente dans laquelle le Mali est toujours plongé et qui a gagné le Burkina Faso et le Niger voisins, faisant des milliers de morts. Les indépendantistes ont signé en 2015 un accord de paix avec l’État malien tandis que les jihadistes continuaient le combat. Mais les hostilités n’ont jamais paru si proches de reprendre entre Touareg et armée….

Une reconfiguration sécuritaire a lieu dans le Nord après le départ de la force antijihadiste française en 2022 et celui, en cours, de la mission de l’ONU (Minusma), toutes deux poussées vers la sortie par la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020. La CMA n’accepte pas que la Minusma remette les clés de ses camps aux autorités maliennes dans une zone dont elle revendique le contrôle.

La junte fait du rétablissement de la souveraineté l’un de ses mantras. Elle s’est tournée militairement et politiquement vers la Russie. Mais différents experts estiment que la situation s’est encore dégradée sous sa direction. »

Malgré ces attaques régulières, la partie activiste de la population nigérienne ne veut plus de la présence de l’armée française :

« Des dizaines de milliers de manifestants ont convergé vers le rond-point Escadrille, devant une base militaire nigérienne de la capitale du Niger, Niamey, où sont stationnés des soldats français.

Majoritairement jeunes, les manifestants ont brandi des pancartes et crié des slogans hostiles à la France et à son armée, exigeant le départ « immédiat » et « sans condition » des militaires français. »

La raison en est donnée plus bas dans l’article :

« Les soldats français sont environ 1 500 dans le pays. Et ils étaient, avant le coup d’État, engagés aux côtés des forces nigériennes contre les jihadistes d’al-Qaïda et du groupe État islamique.

Mais cet engagement, les militaires du CNSP n’en veulent plus. Les nouvelles autorités de fait accusent même la France, à présent, de soutenir les groupes terroristes.

Pour autant, Paris maintient jusqu’ici une position de fermeté. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230902-des-milliers-de-nigériens-exigent-le-départ-de-l-armée-française

Une position de fermeté qui commence à se fissurer :

« Lundi, le Premier ministre nigérien nommé par les militaires au pouvoir, Ali Mahaman Lamine Zeine, a affirmé que des “échanges” avaient lieu pour obtenir un départ des soldats français. Les “échanges qui sont en cours devraient permettre très rapidement” leur retrait, avait-il déclaré au cours d’une conférence de presse. Ali Mahaman Lamine Zeine a toutefois assuré que son gouvernement espérait “si possible maintenir une coopération avec un pays avec qui on a partagé énormément de choses”. »

https://www.france24.com/fr/afrique/20230905-niger-paris-confirme-des-échanges-avec-la-junte-sur-des-mouvements-de-militaires-français

« L’armée américaine se prépare à réduire de près de moitié sa présence au Niger dans les prochaines semaines, alors que les troupes quittent la capitale Niamey à cause de manifestations généralisées, selon deux responsables du ministère de la Défense ayant une connaissance directe de cette décision.

Le ministère de la Défense a récemment commencé à repositionner un certain nombre de forces de l’aéroport de Niamey vers une deuxième base plus petite à Agadez, à environ 500 milles de là, a déclaré jeudi la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, aux journalistes. En conséquence, le nombre total de soldats au Niger pourrait passer de 1 200 avant le coup d’État du 26 juillet à quelque part « juste au milieu » de 500 à 1 000 dans les prochaines semaines, a déclaré l’un des responsables du ministère de la Défense, qui, comme d’autres interviewés pour cette histoire a obtenu l’anonymat pour discuter de projets sensibles. »

https://www.politico.com/news/2023/09/08/u-s-troops-niger-reduction-00114697

La guerre des puces

Au mois d’octobre 2022, les Etats-Unis lançaient une nouvelle bataille contre la Chine dans la guerre commerciale qu’ils mènent pour empêcher ce pays de leur prendre la place de première puissance économique mondiale. Cet article du New York Times traduit par Les Crises présente les enjeux de cette bataille :

« Ces dernières années, les puces de semi-conducteurs sont devenues un élément central du travail du bureau. Les puces sont l’élément vital de l’économie moderne et le cerveau de tous les appareils et systèmes électroniques, depuis les iPhones jusqu’aux grille-pain, depuis les centres de données jusqu’aux cartes de crédit. Une nouvelle voiture peut comporter plus d’un millier de puces, chacune gérant une facette différente du fonctionnement du véhicule. Les semi-conducteurs sont également la force motrice des innovations qui sont sur le point de révolutionner la vie au cours du siècle prochain, comme l’informatique quantique et l’intelligence artificielle. Le logiciel ChatGPT d’OpenAI, par exemple, aurait été développé sur 10 000 des puces les plus avancées actuellement disponibles.

Par le biais des contrôles à l’exportation du 7 octobre, le gouvernement américain a annoncé son intention de restreindre les capacités de la Chine à produire, voire à acheter, les puces haut de gamme. La logique de cette mesure est simple : ces puces, ainsi que les superordinateurs et les systèmes d’intelligence artificielle qu’elles alimentent, permettent la production de nouvelles armes et d’outils de surveillance. Toutefois, la portée et la finalité de ces mesures auraient difficilement pu être plus radicales, puisqu’elles visaient une cible bien plus large que le système de sécurité de l’État chinois. « Il est essentiel de comprendre que les États-Unis voulaient avoir un impact sur l’industrie chinoise de l’intelligence artificielle », explique Gregory C. Allen, directeur du Wadhwani Center for AI and Advanced Technologies au Center for Strategic and International Studies à Washington. « Le secteur des semi-conducteurs est notre moyen pour parvenir à cet objectif. »

Bien qu’elles se présentent sous la forme discrète d’une mise à jour des règles d’exportation, les mesures de contrôles du 7 octobre visent essentiellement à éradiquer, de fond en comble, tout l’ensemble de l’écosystème chinois des technologies de pointe. « La nouvelle politique incarnée par le 7 octobre est la suivante : non seulement nous n’allons pas permettre à la Chine de progresser davantage sur le plan technologique, mais nous allons activement inverser l’état actuel des choses », explique Allen. Ce que C. J. Muse, analyste confirmé en matière de semi-conducteurs chez Evercore ISI, exprime de la façon suivante : « Si vous m’aviez parlé de ces règles il y a cinq ans, je vous aurais dit qu’il s’agissait d’une déclaration de guerre – il aurait fallu que nous soyons en guerre. »

Si les mesures de contrôle sont efficaces, cela pourrait pénaliser la Chine pendant une génération entière. Si elles échouent, elles pourraient se retourner contre les États Unis de manière spectaculaire, précipitant l’avenir même que ces derniers tentent désespérément d’éviter. Le résultat déterminera probablement les rivalités entre les États-Unis et la Chine, tout comme l’avenir de l’ordre mondial, et ce, pour les décennies à venir. « Deux dates de 2022 resteront dans l’histoire, explique Allen. La première est le 24 février, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, et la seconde est le 7 octobre. » »

https://www.les-crises.fr/semi-conducteurs-le-blocus-americain-contre-la-chine-est-une-declaration-de-guerre-economique/

Quelque temps plus tard il semble que « Si elles échouent, elles pourraient se retourner contre les États Unis de manière spectaculaire, précipitant l’avenir même que ces derniers tentent désespérément d’éviter » :

« Il y a trois ans, les États-Unis ont interdit aux entreprises nationales et étrangères de fournir des puces 5G à Huawei. Une étape importante dans le remplacement des importations a donc été franchie hier lorsque Huawei a annoncé un tout nouveau téléphone 5G équipé de puces fabriquées en Chine :

« Le Huawei Mate 60 Pro a été silencieusement lancé en Chine. Le successeur du Huawei Mate 50 Pro de l’année dernière apporte plusieurs améliorations majeures, notamment la prise en charge des appels par satellite et un écran LTPO AMOLED. L’appareil est équipé d’un écran AMOLED de 6,82 pouces avec un taux de rafraîchissement adaptatif allant de 1 Hz à 120 Hz et un taux d’échantillonnage tactile de 300 Hz. »

Les États-Unis ont fait pression pour stopper les livraisons de puces 5G à Huawei. Cela a conduit à une campagne de développement de substituts chinois. Huawei a également développé un processeur graphique aussi rapide que le GPU A100 de Nvidia, utilisé pour le calcul haute performance et le développement de l’IA. L’authenticité de la nouvelle puce 5G utilisée par le téléphone a été confirmée.

Les 300 milliards de dollars d’importations de puces par la Chine ont diminué car le pays développe rapidement des substituts nationaux. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-puces-huawei-demontrent-les-dangers-du-protectionnisme-technologique

Comme d’habitude le gouvernement étasunien utilise la technique du « puisque cela ne marche pas remettons en encore une couche :

« Au moment où la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo, rentre de Chine, son ministère émet de nouvelles restrictions sur les livraisons de puces électroniques :

« Les États-Unis ont élargi les restrictions sur l’exportation de puces d’intelligence artificielle de haute performance par Nvidia et Advanced Micro Devices (AMD), les étendant à d’autres régions que la Chine, y compris certains pays du Moyen-Orient, sur fond d’inquiétudes croissantes quant à l’accès de Pékin à des ressources critiques en matière d’IA.

Reuters a rapporté jeudi qu’un dossier réglementaire de Nvidia indiquait que ses puces A100 et H100 de pointe, qui accélèrent l’apprentissage automatique sur des applications d’IA telles que ChatGPT, avaient été placées sur une liste “d’interdiction d’exportation“. »

L’objectif est d’empêcher les “fuites” de puces de pays comme les Émirats arabes unis ou l’Arabie saoudite vers la Russie et la Chine. Mais, comme je l’ai noté hier, la Chine fabrique déjà des puces d’une capacité équivalente »

https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-renforce-leur-guerre-froide-contre-la-chine-qui-reagit-par-la-defiance

Là encore, les dirigeants étasuniens sont restés bloqués sur une vision du monde complètement dépassé car ils n’acceptent que difficilement la perte de leur suprématie technologique :

« L’industrie chinoise s’est développée en copiant les modèles d’autres producteurs. Mais il n’a fallu que quelques années pour qu’elle commence à produire de meilleurs ou de nouveaux produits pour de nouveaux marchés. Historiquement, ce phénomène n’est pas nouveau. Le développement industriel de l’Allemagne s’est fait en copiant les processus de fabrication et les produits britanniques. Quelques années plus tard, les produits industriels allemands pouvaient concurrencer les produits britanniques et les Britanniques ont commencé à copier la technologie allemande.

En 2018, la Chine a fait la démonstration de grands essaims de drones coordonnés capables de dessiner des images animées dans le ciel.

Le Pentagone veut maintenant répliquer ces capacités. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-sanctions-nont-pas-reussi-a-entraver-le-developpement-de-la-chine

Nous avions déjà parlé de l’attitude ambivalente des Etats-Unis qui, d’un côté, envoient des hauts fonctionnaires en Chine pour discuter et de l’autre ne cessent de provoquer ce pays. Moa nous propose une explication de Patrick Lawrence sur cette attitude :

« Le régime Biden gagne du temps pour remilitariser l’extrémité occidentale du Pacifique.

Les seules personnes censées comprendre le contraire sont les Américains, qui ne sont pas censés regarder Washington provoquer et poursuivre une deuxième guerre froide. Les Américains sont censés regarder les fonctionnaires américains – raisonnables, constructifs, bien intentionnés – faire tous les efforts possibles pour parler aux Chinois malgré leur réticence obstinée à coopérer.

Voici mon point de vue révisé sur la cavalcade Blinken-Yellen-Kerry-Raimondo à travers le Pacifique. Ces gens ne sont pas des imbéciles. Ils sont délibérément malveillants et, il va sans dire, rendent le monde encore plus dangereux qu’il ne l’est déjà. »

Et pour cela ils n’hésitent pas à manipuler les déclarations officielles, comme celles faites à la suite de la rencontre entre les ministères de la défense indonésien et étasunien :

« Ils [les ministres de la défense indonésien et étasunien] partagent le point de vue selon lequel les revendications maritimes expansives de la République populaire de Chine (RPC) dans la mer de Chine méridionale sont incompatibles avec le droit international tel qu’il ressort de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. »

Le ministère indonésien a donc dû se fendre d’une déclaration pour pallier à ce mensonge :

« Le ministre de la défense Prabowo Subianto a confirmé qu’il n’y avait pas eu de déclaration commune avec le ministère américain de la défense lorsqu’il a rencontré le ministre américain de la défense Lloyd Austin la semaine dernière. Prabowo a déclaré que l’Indonésie est en principe amie de tous les pays et qu’elle adhère à une politique étrangère libre et active.

“La position de l’Indonésie est très claire. Nous sommes non-alignés, nous sommes amis avec tous les pays. Je pense que c’est ce qui compte“, a déclaré M. Prabowo après avoir remis des vélos électriques à l’armée et à la police au ministère de la défense, jeudi (31/8). »

https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-renforce-leur-guerre-froide-contre-la-chine-qui-reagit-par-la-defiance

Ce sont, de la part des Etats-Unis, plus des signes de panique que d’un grand esprit stratégique. Ce n’est pas avec de telles méthodes qu’ils garderont leur première place dans la diplomatie mondiale.

Global Times exprime le fond de la pensée chinoise sur ce sujet :

« La surprise de certaines élites américaines [face à cette percée chinoise] s’explique par le fait qu’elles sont généralement convaincues que la Chine ne peut pas fabriquer seule des puces haut de gamme. Selon Kevin Klyman, chercheur en politique technologique à l’université de Harvard, les États-Unis ont fait de leur mieux pour saper l’industrie chinoise des semi-conducteurs en prenant une mesure sans précédent et en lançant une frappe chirurgicale sur cette industrie. Il a également déclaré que “le fait que les Pays-Bas et le Japon se soient ralliés aux contrôles américains à l’exportation a été un succès extraordinaire qui dépasse les rêves les plus fous de quiconque”. Pour certains politiciens de Washington dont la mentalité à l’égard de la Chine est extrêmement déformée, cela suffit à les submerger.

Nous conseillons à certains Américains de déconstruire et de reconstruire leur conception du développement technique et de l’innovation de la Chine, en plus de démonter les smartphones. Ces dernières années, Huawei, mais aussi de nombreuses autres entreprises chinoises, ont fait des progrès considérables dans des domaines où les États-Unis ont fait pression pour interdire la Chine, tels que l’aérospatiale, l’énergie photovoltaïque et l’énergie. La Chine a fait d’énormes progrès dans ces domaines et a apporté davantage de dividendes technologiques au monde. Ainsi, nous établissons des liens plus étroits avec la communauté internationale. Il est raisonnable de dire que la tendance de la Chine à l’autosuffisance technologique de haut niveau et à l’auto-renforcement est irréversible. Comme l’ont dit de nombreux net-citoyens chinois, ceux qui ne peut pas nous tuer finira par nous renforcer.

Certains médias américains se sont livrés à une “auto-réflexion” sur le lancement par Huawei d’une nouvelle série de téléphones, affirmant que “la puce de Huawei montre que les restrictions américaines sont poreuses, mais pas inutiles”. Ce genre de réflexion revient à essayer de construire un barrage au milieu de vagues impétueuses, sans se demander si l’eau peut être arrêtée. En fin de compte, ils s’apercevront qu’ils ont dépensé beaucoup d’efforts pour construire une île dans laquelle ils se piègent eux-mêmes. Malheureusement, nous n’avons pas vu Washington réfléchir en profondeur aux raisons de l’échec de ses restrictions et de ses suppressions et à la question de savoir si certaines mesures politiques étaient erronées, et nous n’avons pas non plus vu les ajustements correspondants être effectués. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1297658.shtml

L’économie chinoise

Autre reflet de ce complexe de supériorité face à la Chine, depuis quelques semaines la presse étasunienne publie des articles sur la mauvaise santé de l’économie chinoise. En voici deux exemples

Le ralentissement de la Chine signifie qu’elle ne dépassera peut-être jamais l’économie américaine, selon les prévisions

Une partie du miracle économique chinois était un mirage. Le retour à la réalité est la prochaine étape

Est-ce vraiment la réalité ou simplement prendre ses désirs pour la réalité ?

D’autres instituts étasuniens semblent bien plus objectifs dans leur analyse :

« Un nouveau consensus s’est dégagé parmi de nombreux économistes, journalistes et autres analystes concernant le ralentissement actuel de l’économie chinoise. Leur argument est que les trébuchements de la Chine au printemps 2023 laissent présager un problème à long terme bien plus grave découlant d’une politique imparfaite, insulaire et contrôlée par le Parti communiste en réponse au COVID et à ses conséquences, avec des conséquences probablement néfastes pour l’économie mondiale.

Cette évaluation largement répandue est probablement prématurée et, au moins en partie, peut-être tout simplement fausse.

Il ne fait aucun doute que la Chine est confrontée à de nombreux défis structurels et autres : une productivité en baisse, une main-d’œuvre en diminution, des restrictions sur le transfert de technologie imposées par les États-Unis et d’autres pays, une bulle immobilière en cours de correction, un chômage élevé parmi les jeunes travailleurs et un leadership qui semble donner la priorité au contrôle du parti et à la sécurité nationale plutôt qu’à la croissance économique. Ces défis signifient que la croissance chinoise ne reviendra pas au rythme fulgurant de 1980-2010, lorsque la croissance annuelle moyenne était proche de 10 pour cent.

Mais une lecture attentive de la situation actuelle ne permet pas de conclure que la croissance chinoise est désormais en proie à une grave spirale descendante cyclique qui persistera pendant plusieurs années. »

https://www.piie.com/blogs/realtime-economics/how-serious-chinas-economic-slowdown

Moa décortique un article du New York Times sur ce sujet :

« Le New York Times et d’autres médias occidentaux mènent une campagne sur le thème de la morosité de l’économie sous le gouvernement Xi.

Le dernier article en date est le suivant :

La douleur économique de la Chine est un test de l’obsession de Xi pour le contrôle

L’affirmation principale est la suivante :

« Les consommateurs sont moroses. Les investissements privés sont léthargiques. Une grande société immobilière est au bord de l’effondrement. Les gouvernements locaux sont confrontés à une dette écrasante. Le chômage des jeunes continue d’augmenter. Les revers économiques érodent l’image de commandement impérieux de Xi et apparaissent comme le défi le plus soutenu et le plus épineux pour son programme en plus de dix ans de pouvoir. » »

https://lesakerfrancophone.fr/les-medias-disent-la-chine-en-proie-a-la-morosite-et-a-linquietude

Mais qu’en dit la Chine ?

« Peu de gens en Chine – des hauts responsables politiques aux gens de la rue – nieraient le fait que l’économie chinoise est confrontée à des difficultés. Dès mars 2022, dans le rapport sur le travail du gouvernement publié pendant les deux sessions du pays, les responsables chinois ont reconnu ce qu’ils ont appelé les “triples pressions” sur l’économie chinoise : la contraction de la demande, la perturbation de l’offre et l’affaiblissement du sentiment. C’est d’ailleurs cette évaluation qui a guidé la politique économique de la Chine depuis la publication du rapport. Une série de mesures de soutien ont été récemment annoncées pour relever ces défis précis.

Et pourtant, il y a eu ce qui semble être une campagne concertée de la part de fonctionnaires et de médias occidentaux, en particulier ceux des États-Unis, pour raviver la théorie bien connue de “l’effondrement de la Chine”…

Au fil des ans, l’économie chinoise a dû faire face à ces prédictions désastreuses et à un tsunami de fausses informations – voire de désinformation – sur sa résilience de la part des politiciens et des experts occidentaux, mais elle a en fait prospéré en dépit de ces questions. Toutefois, cette mentalité vicieuse qui consiste à se réjouir du malheur des autres a un impact réel et négatif sur la lente reprise de l’économie mondiale après la pandémie de COVID-19. Dans un contexte de ralentissement économique mondial et de dégradation générale du paysage géoéconomique, le monde a plus que jamais besoin d’attentes stables et de confiance. Comme le dit une expression chinoise très répandue, “la confiance, c’est de l’or”. Lorsque les consommateurs ont confiance en l’avenir, ils sont plus à l’aise pour dépenser, ce qui est bon pour le développement économique. Lorsque les investisseurs sont confiants, ils augmentent leurs investissements et embauchent davantage, ce qui est également favorable au développement économique. Les points de vue biaisés, cyniques et toxiques des médias occidentaux sur l’économie chinoise – ou sur l’économie mondiale dans son ensemble d’ailleurs – ne contribuent pas à renforcer la confiance sur la base d’une analyse objective de la situation de l’économie chinoise.

Oui, l’économie chinoise ralentit. Oui, l’économie chinoise est confrontée à des défis et à des risques importants. Mais au cours des quatre dernières années, l’économie chinoise a connu l’une des croissances les plus rapides de toutes les grandes économies. Malgré des mesures plus audacieuses et plus strictes contre le COVID-19, l’économie chinoise est passée de 91,9 billions de yuans (12,6 billions de dollars) en 2018 à 121 billions de yuans en 2022, soit une croissance beaucoup plus rapide que celle des États-Unis au cours de la même période et que celle de la zone euro. Dans ses dernières perspectives économiques mondiales publiées en juillet, le FMI prévoit que la Chine connaîtra une croissance de 5,2 % cette année, contre 1,6 % pour les États-Unis et 0,8 % pour la zone euro, et que la Chine contribuera à hauteur de 34,9 % à la croissance économique mondiale en 2023. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1297628.shtml

Après vérification, les chiffres donnés par la Chine sont exacts et même un peu sous-estimés :

« L’économie chinoise a progressé de 6,3 % sur un an au deuxième trimestre 2023, affichant une croissance plus rapide que les 4,5 % enregistrés au premier trimestre, mais en deçà des estimations du marché de 7,3 %. »

https://tradingeconomics.com/china/gdp-growth-annual

Par pudeur, on évitera de comparer à la croissance du PIB des pays occidentaux.

L’Ukraine

Signe que des changement importants de politique sont en cours en Ukraine, Blinken s’est déplacé à Kiev pour « rassurer les ukrainiens quant au soutien des Etats Unis » :

« Blinken, premier haut fonctionnaire américain à se rendre à Kiev depuis le début de la contre-offensive début juin, a annoncé un nouveau programme d’aide à la guerre d’une valeur de plus d’un milliard de dollars, notamment pour soutenir les défenses aériennes de l’Ukraine.

“Dans la contre-offensive en cours, les progrès se sont accélérés au cours des dernières semaines. Cette nouvelle aide contribuera à les maintenir et à renforcer la dynamique”, a déclaré M. Blinken lors d’une conférence de presse avec le ministre ukrainien des affaires étrangères, M. Dmytro Kuleba.Blinken avait auparavant qualifié ces progrès d’importants et de “très, très encourageants”.»

https://jp.reuters.com/article/ukraine-crisis-blinken-idAFKBN30C0IB

https://www.france24.com/fr/europe/20230906-%F0%9F%94%B4-en-direct-un-mort-dans-une-attaque-de-drones-russes-sur-la-r%C3%A9gion-d-odessa

L’enthousiasme étasunien à soutenir l’Ukraine va jusqu’à lui fournir, après les bombes à sous-munitions, des munitions à l’uranium appauvri :

« L’administration Biden va pour la première fois envoyer à l’Ukraine des munitions perforantes controversées contenant de l’uranium appauvri, selon un document vu par Reuters et confirmé séparément par deux responsables américains.

Ces munitions, qui pourraient aider à détruire les chars russes, font partie d’un nouveau programme d’aide militaire à l’Ukraine qui devrait être dévoilé la semaine prochaine. Les munitions peuvent être tirées à partir de chars américains Abrams qui, selon une personne au fait du dossier, devraient être livrés à l’Ukraine dans les semaines à venir. »

https://www.reuters.com/world/us-send-its-first-depleted-uranium-rounds-ukraine-sources-2023-09-01/

Quant à diriger le reste du monde vers une troisième guerre mondiale cela ne dérange ni les dirigeants ukrainiens ni les dirigeants étasuniens qui considèrent qu’elle a déjà commencé :

« Le chef du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine a affirmé qu’une troisième guerre mondiale était déjà en cours, le conflit entre Moscou et Kiev attirant des pays bien au-delà de la région.

S’exprimant lors du Forum sur la sécurité de Kiev mardi, Aleksey Danilov a affirmé que l’OTAN avait besoin de l’Ukraine en tant que membre, car les turbulences mondiales sont appelées à se poursuivre. “Nous allons renforcer l’alliance”, a-t-il insisté.

“Si quelqu’un pense que la troisième guerre mondiale n’a pas commencé, il se trompe lourdement. Elle a déjà commencé. Elle était en cours dans une période hybride depuis un certain temps et elle est maintenant entrée dans une phase active”, a-t-il déclaré.

Assis sur scène aux côtés de l’ancien directeur de la CIA, le général David Petraeus, M. Danilov a déclaré que “si quelqu’un pense qu’il [le conflit en Ukraine] s’agit d’un règlement de comptes entre Kiev et Moscou, c’est une erreur. Les choses sont bien plus compliquées.

Petraeus a également souligné l’ampleur du conflit entre la Russie et l’Ukraine, en déclarant : “Je n’ai jamais rien vu de tel que le conflit entre la Russie et l’Ukraine : Je n’ai rien vu de tel depuis la Seconde Guerre mondiale”, a-t-il déclaré.

“Les Russes ne sont pas particulièrement impressionnants en termes de connaissances ou de performances sur le champ de bataille, mais ils ont créé un système de défense assez exceptionnel, et il est assez difficile de le percer”, a-t-il affirmé. »

https://www.rt.com/news/582447-ukraine-nato-danilov-petraeus/

Au contraire, l’ambassadeur expérimenté qu’est Bhadrakumar perçoit des signes de dégel dans les relations USA-Russie :

« Tout observateur expérimenté de la politique russe sait qu’il est préférable d’évaluer l’état du tango russo-américain à partir d’intrigues secondaires, souvent obscures et inaperçues, loin de l’amphithéâtre où les gladiateurs croisent le fer. C’est pourquoi il convient d’explorer deux pistes concernant la crise ukrainienne.

La première est la rencontre entre le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, et son homologue indien, S. Jaishankar, à Jakarta, en marge du sommet de l’Asie de l’Est, et la seconde est l’arrivée inopinée du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, à Kiev. Ces deux événements se sont produits mercredi. Le trafic cryptographique entre Jakarta, Kiev, Moscou et Washington a dû être très intense au cours des dernières 48 heures. »

https://lesakerfrancophone.fr/on-entend-des-craquements-de-glace-sur-le-lac-gele-des-relations-americano-russes

Le Monde occidental

Dans la rubrique « signes de la décadence du monde occidental » voici, après le travail des enfants, celui de la semaine, le retour de la faim au ventre :

« Une personne sur sept au Royaume-Uni a souffert de la faim l’année dernière parce qu’elle n’avait pas assez d’argent, selon un rapport publié mercredi par l’organisation caritative Trussell Trust, qui s’occupe des banques alimentaires.

Ce rapport, qui fait état de 11,3 millions de personnes, soit plus du double de la population de l’Écosse, met en cause un système de sécurité sociale dysfonctionnel, ainsi qu’une crise du coût de la vie qui ne montre guère de signes d’apaisement.

La Grande-Bretagne est la sixième économie mondiale, mais ses citoyens subissent depuis plus d’un an la pression d’une inflation élevée qui a dépassé la croissance des salaires pour la quasi-totalité des travailleurs. »

https://www.reuters.com/world/uk/one-seven-britons-faced-hunger-2022-says-food-bank-charity-2023-06-27/

« Les comptes sont dans le rouge. Aussi, les Restos du cœur ont annoncé qu’ils allaient être contraints de réduire le nombre de bénéficiaires de leurs distributions alimentaires, cet hiver. Le président de l’association, Patrice Douret, estimait à 150 000 le nombre de personnes concernées.

Il faut tout de suite préciser que depuis début 2023, l’association a déjà accueilli 1,3 million de personnes. Soit 200 000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2022. Elle n’arrive plus à faire face à l’ampleur des besoins. Les Restos du cœur disent avoir besoin de 35 millions d’euros pour terminer leur exercice à l’équilibre.

Pour résumer, le budget que l’association consacre aux achats alimentaires a doublé ces derniers mois. Parallèlement, la demande d’aide alimentaire est en forte hausse. Plusieurs associations lancent l’alerte. À l’instar d’Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

« Il y a une montée en charge, dit-elle. Et cette montée en charge ne se réduit pas. Et elle concerne maintenant des personnes qui travaillent. Y compris des couples qui travaillent. Et qui ont des toutes petites rémunérations. » »

https://www.rfi.fr/fr/france/20230903-france-débordés-par-la-situation-sociale-les-restos-du-cœur-appellent-à-l-aide

Zola doit se retourner dans sa tombe.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 4 septembre 2023


Par Wayan – Le 4 septembre 2023 – Le Saker Francophone

Cette semaine nous allons montrer que la source profonde des problèmes géopolitiques actuels vient du fait que les pays occidentaux s’accrochent à leur prestige passé et refusent d’admettre que le reste du monde est en train de les rattraper et demande qu’ils changent de rapport avec eux. Rapport d’égal à égal et non plus de domination. Plus d’interférence dans les affaires intérieures des autres pays etc… Mais il semble que les vrais dirigeants des pays occidentaux, c’est-à-dire les fonds de pensions, les multinationales et le Complexe militaro industriel, que je regroupe dans le terme « les puissances financières », ne l’entendent pas de cette oreille et ne veulent pas abandonner l’ancien système dans lequel le monde occidental décidait de la marche du monde global. Pour cela ils empêchent tout dirigeant occidental prônant un tel changement de relation, en particulier aux Etats-Unis, d’accéder au pouvoir.

Mais commençons par l’exemple de la relation de la France avec ses anciennes colonies africaines.

 

La relation France-Afrique

Le discours de Macron montre que la France s’accroche au vieux système de la « Françafrique », malgré ses dénégations. Le gouvernement français prétend avoir abandonner son paternalisme néocolonial mais ses actes montrent le contraire. On le voit bien avec la crise au Niger. Tout ce qu’il obtiendra c’est que le pays va se tourner vers la Russie et la Chine pour survivre économiquement et militairement. Mais observons les faits.

Cela commence par une demande du Niger :

« Le régime militaire a demandé le départ de Sylvain Itté, lui donnant 48 heures pour quitter le pays, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du gouvernement mis en place par les putschistes.

“La France a pris connaissance de la demande des putschistes”, a indiqué en réponse le ministère des Affaires étrangères à l’AFP. “Les putschistes n’ont pas autorité pour faire cette demande, l’agrément de l’ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues”, a-t-il expliqué.

Face “au refus de l’ambassadeur de France à Niamey de répondre à l’invitation” du ministère “pour un entretien” vendredi “et d’autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger”, les autorités “ont décidé de retirer leur agrément à M. Sylvain Itté et de lui demander de quitter le territoire nigérien sous quarante-huit heures”, indique le communiqué des putschistes. »

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230825-%F0%9F%94%B4-niger-le-r%C3%A9gime-militaire-donne-48-heures-%C3%A0-l-ambassadeur-de-france-pour-quitter-le-pays

On remarquera au passage que l’ambassadeur de France a refusé une invitation au ministère des affaires étrangères nigériens, montrant ainsi que la France a décidé de s’ingérer complètement dans la politique nigérienne en refusant tout contact avec le nouveau gouvernement. La France continue donc à vouloir dicter sa volonté à ce pays. Mais ce n’est, dit Macron, ni du paternalisme ni du néocolonialisme, c’est de la protection de la démocratie. Cette excuse ne marche pourtant plus aux yeux du peuple africain car on ne compte plus les fois où la France a soutenu un gouvernement pourtant issu d’un coup d’Etat dans les pays d’Afrique.

« Le président français Emmanuel Macron a réfuté ce lundi 28 tout « paternalisme » mais aussi toute « faiblesse » de la France en Afrique, alors que le Sahel fait face à une « épidémie de putschs », dernièrement au Niger. « Ni paternalisme, ni la faiblesse parce que sinon on n’est plus nulle part », a-t-il dit devant les ambassadeurs de France réunis à l’Élysée, en appelant aussi les pays du Sahel à avoir une « politique responsable » en la matière.

« La faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales », a-t-il déploré. »

https://www.rfi.fr/fr/france/20230828-ukraine-niger-iran-ce-qu-il-faut-retenir-du-discours-d-emmanuel-macron-devant-les-ambassadeurs

Mais le gouvernement nigérien lui aussi est prêt à « réfuter toute faiblesse » :

« Selon cette lettre du ministère des Affaires étrangères datée de mardi, l’ambassadeur Sylvain Itté “ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France”.

Ses “cartes diplomatiques et visas” ainsi que ceux des membres de sa famille “sont annulés”, précise la lettre, ajoutant que les services de police nigériens “sont instruits afin de procéder à l’expulsion” de Sylvain Itté. »

Réponse de la France par l’intermédiaire de l’armée :

« Jeudi, le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pierre Gaudillière, a prévenu que “les forces militaires françaises sont prêtes à répondre à tout regain de tension qui porterait atteinte aux emprises militaires et diplomatiques françaises au Niger” et que “des dispositions ont été prises pour protéger ces emprises”. »

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230831-%F0%9F%94%B4-niger-la-junte-militaire-ordonne-l-expulsion-de-l-ambassadeur-de-france

Ces décisions du gouvernement français sont faites pour le bien de la France diront certains. Est-ce bien sûr ? Car il est de plus en plus évident que les peuples africains ne veulent plus de l’ancien système « paternaliste » et vouloir le maintenir à tout prix est complètement contre-productif. En se mettant le Niger à dos la France risque surtout de perdre une de ses sources d’approvisionnement en uranium. En restant ouverte aux négociations, elle la garderait. Elle payerait son uranium peut-être un peu plus cher mais une plus équitable répartition des richesses est un processus inévitable, demandé par les africains.

Et puis voilà qu’un énième coup d’Etat, au Gabon cette fois et encore largement soutenu par la population, vient montrer que les peuples africains aussi veulent la fin de l’ancien système, un mélange de néocolonialisme et de corruption des élites locales :

« Les résultats de l’élection présidentielle étaient à peine proclamés dans la nuit du 29 au 30 août, avec la victoire d’Ali Bongo réélu pour un troisième mandat, que des militaires sont apparus à la télévision, sur la chaîne Gabon 24 abritée au sein même de la présidence. Ils ont annoncé la dissolution de “toutes les institutions de la République” en raison de “la grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale” que traverse le pays.

Dès les premières heures de la journée, des milliers de Gabonais sont descendus dans les rues dans plusieurs villes pour faire part de leur joie et célébrer les militaires. »

La génération montante en a ras le bol et les militaires le sentent. Reste à voir maintenant la bonne foi des militaires :

« Je suis pleine d’espoir. Il y a un énorme sentiment de trop-plein au Gabon, et pas que ces dernières années. C’est toute ma vie qui a été dans ce pays sans liberté, où on ne voyait aucun progrès, il n’y avait que des mensonges et de la corruption. Je ne peux pas dire que j’ai confiance dans ce nouveau pouvoir, on ne peut pas être sûrs de son impartialité, mais malgré l’incertitude il y a un vrai sentiment de libération…

Le ressenti c’est que l’armée s’oppose à reconnaître la victoire d’Albert Ondo Ossa. Bien sûr, la première chose qu’on voulait c’est de ne plus jamais voir le nom de Bongo associé à la présidence de la République, mais au final on se pose la question : des alliés d’Ali Bongo sont restés, c’est un de ses gardes, les plus proches gardes, qui a les rênes du pouvoir maintenant…Est-ce que ça sera accepté par la population ? Je ne fais pas confiance à l’armée pour rendre le pouvoir aux civils. On entend parler d’une transition de deux ans, peut-être plus, ce n’est pas bon signe. »

https://observers.france24.com/fr/afrique/20230830-gabon-coup-etat-bongo-reaction-liberation-oligui

Pendant que Macron confond diplomatie et « faiblesse », la Chine continue d’étendre son soft power sur le continent :

« Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, a annoncé au début du mois, un important programme de réalisation de lignes ferroviaires dans le cadre d’un partenariat algéro-chinois.

Il s’agit de réaliser 6 000 kilomètres de lignes ferroviaires du Nord au Sud et d’Est en Ouest, afin de de mettre en place un maillage du territoire national.

 Karim Allam, économiste algérien estime que “le développement de 6 000 kilomètres de voies ferrées permettra à l’Algérie de connaître une croissance économique phénoménale.” »

https://fr.africanews.com/2023/08/29/algerie-la-chine-va-deployer-un-reseau-de-6-000-kilometres-de-lignes-ferroviaires/

« Le président chinois Xi Jinping et le président béninois en visite [en Chine], Patrice Athanase Guillaume Talon, ont conjointement annoncé l’établissement d’un partenariat stratégique entre les deux pays vendredi à Beijing et ont assisté à la signature d’une série de documents de coopération sur l’initiative “la nouvelle Route de la soie”, le développement vert, l’économie numérique, les produits agricoles et la santé publique. »

https://www.globaltimes.cn/page/202309/1297406.shtml

Cette interview de Védrine et De Villepin montre que, là encore, ceux qui n’ont plus de carrière à protéger s’expriment plus librement et confirment qu’il est nécessaire que la France change sa relation avec les pays du sud et l’Afrique en particulier :

https://www.youtube.com/watch?v=SrwL24xqq5Q

On notera au passage que Védrine a la mémoire très sélective quand il insiste sur le fait que « la France n’est intervenue en Afrique qu’à la demande des gouvernements en place ». Kadhafi n’avait jamais demandé à la France d’intervenir en Lybie. Mais l’esprit humain est ainsi fait, il oublie facilement ce qui ne cadre pas avec sa vision des choses.

Pour la même raison, les leçons de la période coloniale ont été oubliées par les européens. Si, à l’époque, les gouvernements coloniaux avaient concédé aux revendications légitimes d’accession à la vie politique du pays par les indigènes, l’inévitable décolonisation se serait faite en douceur, sans morts et sans rancunes. Mais les colons ne voulaient pas abandonner leur ancien système non plus. Du coup, la plupart ont tout perdu.

La relation Occident-Russie/Chine

En Ukraine, ce sont les Etats-Unis et l’Europe qui s’accrochent désespérément à un vieux système. Celui du confinement de la Russie de peur qu’elle devienne, par sa taille et sa population, la puissance dominante en Europe. Pourtant, comme pour la Chine, rien dans son histoire ne vient justifier une telle peur.

Par contre l’histoire montre que la Russie fut souvent attaquée mais jamais vaincue. Leçon de l’histoire oubliée là encore. En 2023 la Russie ne se laisse toujours pas abattre économiquement, les sanctions n’ont pas marché, ni militairement, alors le recours aux mensonges s’accentue. :

« La contre-offensive ukrainienne a percé la première ligne de défense russe, a déclaré le général Mark Milley.

L’Ukraine est en train de percer des défenses complexes et de faire des progrès soutenus, a déclaré le général en chef.

Le général Milley a déclaré que la progression était “sanglante, longue et lente”, mais que cela n’était pas inhabituel en temps de guerre. »

https://www.businessinsider.com/ukraine-crossed-first-line-russian-defense-gen-milley-2023-8

MoA nous explique le niveau de mensonges et ce qu’il signifie :

« David Ignatius, le correspondant de presse de la CIA, a transmis le dernier message de la Maison Blanche sur l’Ukraine. Celle-ci continue de faire pression pour que l’on se batte jusqu’au dernier Ukrainien :

Alors que les responsables de l’administration Biden évaluent la lenteur des progrès de l’Ukraine dans la contre-offensive de cet été, ils discutent franchement avec Kiev de ce qu’ils considèrent comme les “leçons à en tirer“. Pour l’administration, l’essentiel est que cette guerre se poursuivra probablement l’année prochaine et que les États-Unis et leurs alliés doivent continuer à aider l’Ukraine à aller de l’avant. »

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-les-etats-unis-vont-prolonger-leur-guerre-par-procuration

Il semble que les dirigeants européens soient en accord avec l’administration Biden :

« Les nations de l’UE devraient former plus de troupes ukrainiennes qu’elles ne le font actuellement, a déclaré mercredi le plus haut diplomate de l’Union, Josep Borrell, à l’issue d’une réunion informelle de ses ministres de la défense. Le fonctionnaire a appelé à la formation de 10 000 conscrits ukrainiens supplémentaires d’ici la fin de l’année. »

https://www.rt.com/news/582112-eu-intensified-training-ukrainian-conscripts/

Borrell devrait pourtant savoir que des civils entraînés à la hâte ne sont que de la chair à canon.

« L’Allemagne prévoit de concentrer ses efforts sur la fourniture aux forces ukrainiennes de pièces d’artillerie, de munitions et de systèmes de défense aérienne, a déclaré mercredi le chancelier Olaf Scholz à l’issue d’une réunion à huis clos du gouvernement. Berlin souhaite que les armes envoyées à Kiev soient “immédiatement efficaces”, a-t-il déclaré, ajoutant que la plupart des Allemands sont censés soutenir la politique “soigneusement pesée” du gouvernement à l’égard de l’Ukraine. »

https://www.rt.com/news/582106-germany-immediately-effective-weapons-ukraine/

Mensonges conscients ou déni inconscient de la réalité de la part de ces élites ? Ce « fils de la nouvelle révolution américaine », un ancien agent de la CIA, est dubitatif :

« Les généraux à la retraite suivants, Stan McChrystal (retraité de l’armée américaine), Phillip Breedlove (retraité de l’US Air Force), Ben Hodges (retraité de l’armée américaine) et David Petaeus (retraité de l’armée américaine) apparaissent sur les chaînes d’information du câble pour offrir leur «sage» analyse de la guerre en Ukraine et ils ont tous une chose en commun : ils se trompent à un degré stupéfiant. Je suis choqué par leur incapacité à analyser objectivement la situation. Au lieu de cela, ils répètent les mêmes mèmes de propagande – les troupes russes sont mal dirigées ; les troupes russes sont des conscrits et sont mal entraînées ; les troupes russes ont un moral déplorable ; l’armée russe est fragile et se brisera sous la pression ; et la Russie est en train de perdre.

Il ne s’agit pas d’hommes sans éducation et ils ont fait preuve d’un certain degré de compétence lorsqu’ils se sont vu confier le commandement de forces importantes. Alors pourquoi se trompent-ils si systématiquement sur des faits fondamentaux ?…

Que se passe-t-il ? Sommes-nous en train d’assister à une débâcle fondée sur la pensée de groupe ou ces généraux sont-ils les otages de leurs maîtres économiques ? En d’autres termes, ils mentent pour être payés. »

https://reseauinternational.net/pourquoi-les-generaux-americains-a-la-retraite-se-trompent-ils-constamment/

Les dirigeants occidentaux s’accrochent au vieux système dans lequel la Russie et la Chine doivent être des ennemis. Il leur est impossible d’envisager des relations apaisées de coopération avec ces deux pays qu’ils s’entêtent à considérer comme des menaces pour leur hégémonie :

« Le “comportement agressif” de la Chine en mer de Chine méridionale, y compris l’utilisation de canons à eau par ses garde-côtes contre un navire philippin, doit être contesté et contrôlé, a déclaré dimanche le commandant de la septième flotte de la marine américaine.

Le vice-amiral Karl Thomas a assuré les Philippines du soutien des États-Unis face aux “défis communs” dans la région : “Mes forces sont ici pour une bonne raison.

La Septième Flotte, dont le siège est au Japon, est la plus importante des flottes déployées à l’avant de la marine américaine. Elle exploite jusqu’à 70 navires, compte environ 150 aéronefs et plus de 27 000 marins. »

https://www.reuters.com/world/chinas-aggressive-behaviour-south-china-sea-must-be-challenged-us-navy-official-2023-08-27/

Ce n’est pas la Chine qui place une telle armada proche des cotes étasuniennes mais c’est elle qui a un « comportement agressif ». C’est une incroyable inversion des faits pour perpétuer le « mythe de l’ennemi ».

Quant à l’exemple utilisé par ce vice-amiral disant « y compris l’utilisation de canons à eau par ses garde-côtes contre un navire philippin », voici l’exemple du terrible comportement agressif chinois auquel il fait référence, qui avait fait la une des journaux étasuniens il y a quelques semaines :

https://www.youtube.com/watch?v=2nAMxZxRU94

« L’administration du président américain Joe Biden a approuvé un transfert militaire à Taïwan dans le cadre du programme de financement militaire à l’étranger (Foreign Military Financing, ou FMF), un programme normalement utilisé pour les États souverains, selon une notification envoyée au Congrès.

La notification, dont Reuters a pris connaissance mercredi, informe les commissions du Congrès de l’intention du département d’État d’engager jusqu’à 80 millions de dollars de fonds FMF en faveur de Taïwan. »

https://www.reuters.com/world/asia-pacific/biden-approves-military-aid-taiwan-under-program-normally-used-sovereign-states-2023-08-30/

« “Taïwan est déjà un pays indépendant, sous le nom de République de Chine”, indique le rapport de la commission [parlementaire britannique]. “Taïwan possède toutes les qualités requises pour devenir un État, notamment une population permanente, un territoire défini, un gouvernement et la capacité d’établir des relations avec d’autres États ; il ne lui manque qu’une plus grande reconnaissance internationale.

Selon la présidente de la commission, Alicia Kearns, du parti conservateur au pouvoir, c’est la première fois qu’un rapport du parlement britannique fait une telle déclaration. “Nous reconnaissons la position de la Chine, mais nous, en tant que [commission des affaires étrangères], ne l’acceptons pas”, a déclaré Mme Kearns à POLITICO. “Il est impératif que le ministre des affaires étrangères défende fermement et vocalement Taïwan et qu’il dise clairement que nous soutiendrons le droit de Taïwan à l’autodétermination. »

https://www.politico.eu/article/uk-parliament-calls-taiwan-independent-country-report-says-james-cleverly-visit-china/

Et quand la Chine aura une réaction de mauvaise humeur face à ces incessantes provocations, les médias vont dire : « la Chine a un comportement agressif », « la Chine est un danger pour la sécurité mondiale »…. Exactement comme ils ont fait avec la Russie.

Moa nous transmet l’analyse d’un occidental spécialiste de la Chine qui tente d’expliquer l’intérêt pour les Etats-Unis d’envoyer des hauts fonctionnaires en visite en Chine pour discuter coopération d’un côté et de la provoquer à tour de bras de l’autre :

« Je ne pense pas que Blinken, Yellen et consorts avaient l’intention de les persuader du contraire au cours de ces voyages. Ce n’était qu’une intention de façade.

Leur véritable objectif était d’ordre théâtral, et les Américains étaient leur véritable public : Ils devaient s’assurer que les Américains ne comprennent pas les efforts de Gina Raimondo pour frapper les Chinois, bien en dessous de leur ceinture, pour ce qu’ils sont : les tentatives d’une nation non compétitive de gêner une puissance économique montante.

Le régime Biden gagne du temps pour remilitariser l’extrémité occidentale du Pacifique.

Les seules personnes censées comprendre le contraire sont les Américains, qui ne sont pas censés regarder Washington provoquer et poursuivre une deuxième guerre froide. Les Américains sont censés regarder les fonctionnaires américains – raisonnables, constructifs, bien intentionnés – faire tous les efforts possibles pour parler aux Chinois malgré leur réticence obstinée à coopérer. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-renforce-leur-guerre-froide-contre-la-chine-qui-reagit-par-la-defiance

En Syrie aussi, les Etats-Unis s’accrochent à leur ancien système de domination du Moyen Orient, une vaste zone pétrolière, en refusant de quitter un pays alors que le gouvernement en place refuse leur présence :

« Le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées américain, a déclaré à la télévision jordanienne le 24 août que les forces américaines qui occupent illégalement des champs pétroliers dans le nord-est de la Syrie y resteront dans un avenir prévisible pour “combattre ISIS”.

“L’idéologie n’est pas encore morte, et certains terroristes d’ISIS errent encore dans les déserts de Syrie et un peu en Irak, ce qui représente une menace”, a déclaré Milley à la chaîne de télévision jordanienne Al-Mamlaka.

“Il y a encore des combattants en petits groupes en Syrie et en Irak (…) et si nous devions nous retirer soudainement, ces forces pourraient se reconstruire. La situation est donc bien meilleure qu’elle ne l’était. Mais elle nécessite toujours un certain niveau d’engagement. Nous disposons donc d’un nombre modeste de forces en Syrie et en Irak”, a-t-il ajouté.

Le chef de l’armée américaine a également déclaré que la décision de quitter la Syrie incombait au président Joe Biden.

“Je ne peux pas imaginer que les États-Unis se retirent un jour de [l’Asie occidentale]. Je pense que nous resterons engagés pour de nombreuses années et décennies à venir”, a-t-il souligné. »

https://new.thecradle.co/articles/us-military-occupation-of-syria-hinges-on-isis-threat-milley

Pourtant, comme le montre cet article d’un journal étasunien, le Los Angeles Time daté de 2016, les Etats-Unis n’ont jamais vraiment su contre qui et avec qui combattre/financer en Syrie. L’important à l’époque était que ces milices renversent Bachar El Assad, l’important maintenant est de garder une présence militaire au cœur du pays :

« Les milices syriennes armées par différents éléments de la machine de guerre américaine ont commencé à s’affronter dans les plaines entre la ville assiégée d’Alep et la frontière turque, soulignant le peu de contrôle que les officiers de renseignement et les planificateurs militaires américains ont sur les groupes qu’ils ont financés et entraînés dans cette guerre civile acharnée qui dure depuis cinq ans.

Les combats se sont intensifiés au cours des deux derniers mois, les unités armées par la CIA et celles armées par le Pentagone se tirant dessus à plusieurs reprises tout en manœuvrant dans un territoire contesté à la périphérie nord d’Alep, ont confirmé des responsables américains et des chefs rebelles.

À la mi-février, une milice armée par la CIA appelée Fursan al Haq, ou Chevaliers de la droiture, a été chassée de la ville de Marea, à environ 30 km au nord d’Alep, par les Forces démocratiques syriennes soutenues par le Pentagone, qui arrivaient des zones contrôlées par les Kurdes à l’est. »

https://www.latimes.com/world/middleeast/la-fg-cia-pentagon-isis-20160327-story.html

Comme pour la France en Afrique, les Etats-Unis utilisent l’argument du terrorisme pour justifier leur présence en Syrie. Pourtant, ni le gouvernement syrien ni le gouvernement irakien n’ont demandé au gouvernement étasunien de les protéger des terroristes. D’autant plus que sans financement ces « terroristes » ne terroriseraient plus beaucoup, ni longtemps.

L’argument occidental disant : « sans nous le terrorisme prospère. Sans nous vous serez attaqués, avec nous vous serez protégés » est une méthode bien connue des siciliens.

Pourtant cette attitude impérialiste coute énormément aux contribuables :

« Au 29 août 2022 cette dette totale US se monte à 102 015 milliards de dollars soit 372% du PIB US, 97% du PIB mondial, 35 fois le PIB français…1

Elle a donc augmenté de près de 10 000 milliards de dollars en 1 an (depuis mon dernier point de situation du 17 août 2022), beaucoup plus rapidement que les trois années précédentes ou l’augmentation annuelle n’était que de 6000 milliards de dollars par an…)

Sur ce montant considérable, la dette fédérale, celle de l’État US, dont on parle le plus souvent en géopolitique, n’est que de 32 817 milliards de $, en augmentation de 2163 milliards en 1 an, soit 121,8% du PIB US, le 29 août 2023. Elle n’était que de 22 356 milliards de $ (105,5% du PIB) en juin 2019.

Elle continue de croître au rythme de 5,6 milliards de dollars par jour (moyenne sur les 12 derniers mois). On réalise sur ce seul chiffre que les soutiens militaires et financiers US à l’Ukraine ne peuvent se faire que par un accroissement continu et significatif de la dette, ce qui a conduit l’agence de notation Fitch à dégrader la note de l’économie US, après l’agence Standard and Poors qui l’avait déjà fait en 2011 et l’agence chinoise Dagong qui l’avait fait en 2018.2

Cette dette fédérale est, pour 76,9%, détenue par les Américains eux-mêmes (fonds de pensions, épargne des citoyens, compagnies d’assurance, institutions financières privées ou étatiques). La question n’est plus de savoir si ce système de fonctionnement de l’économie US fondé sur un océan de dettes va s’effondrer, mais quand »

https://reseauinternational.net/ou-en-est-la-dette-us-situation-au-17-aout-2023/

En gros cela veut dire que les industries du Complexe militaro industriel et autres profiteurs de guerre sont financés par une dette acquise auprès « des américains eux-mêmes », une dette qu’ils n’ont visiblement aucune intention de rembourser vu son augmentation incessante. Il est évident qu’une telle politique ne peut qu’entrainer des troubles intérieurs et des velléités de changement de la part du peuple, comme nous allons le voir dans le prochain chapitre.

Les élections étasuniennes

Finalement, derrière le « bloc occidental », ce sont les puissances financières étasuniennes dirigeantes qui s’accrochent au vieux monde, alors que les populations sont bien plus prêtes au changement. Ce qui se passe aux Etats Unis pour les futures élections présidentielles le montre bien.

Les puissances financières qui dirigent les médias ont recours autant à la censure qu’à la propagande pour empêcher une partie grandissante du peuple de choisir ceux qui pourraient les amener vers un nouveau système, un système dans lequel les Etats-Unis n’interfèrent plus sur les autres pays, ne dépensent plus inconsidérément pour garder sa main mise sur le reste du monde mais dépense pour garder son peuple et son infrastructure à des niveaux de pays développés.

Quant à ceux qui pensent que le déclin des pays occidentaux est une illusion, c’est peut-être qu’ils restent enfermer dans leur tour d’ivoire. Les signes factuels montrant cette décadence sont nombreux mais ignorés par les médias grand public. En voilà un pour cette semaine :

« Mais nous ferions mieux de nous y habituer dans la mesure où le travail des enfants fait un retour en force. Un nombre impressionnant de législateurs déploient des efforts concertés pour affaiblir ou abroger les lois qui ont longtemps empêché (ou du moins sérieusement inhibé) la possibilité d’exploiter les enfants.

Prenez une grande respiration et réfléchissez à ce point : le nombre d’enfants au travail aux États-Unis a augmenté de 37 % entre 2015 et 2022. Au cours des deux dernières années, 14 États ont présenté ou adopté des lois annulant les réglementations qui régissaient le temps de travail des enfants, réduisaient les restrictions sur les travaux dangereux et légalisaient les salaires minimums pour les jeunes. »

https://www.les-crises.fr/le-retour-du-travail-des-enfants-est-l-un-des-signes-du-declin-des-etats-unis/

Nous allons observer maintenant la censure et la propagande faite pour oblitérer ou démoniser les trois candidats qui veulent faire sortir les Etats-Unis de cet ancien système. Tout est fait pour orienter le choix du peuple vers les candidats qui soutiennent l’ancien système et le détourner de ceux qui prônent, sincèrement ou pas, un changement systémique.

Les cas de Kennedy, de Ramaswamy et de Trump le montrent bien. Le premier se déclare Démocrate, les deux autres Républicains. Malgré leurs étiquettes politiques et leurs personnalités bien différentes ils ont une chose en commun ; vouloir prendre les choses en main pour sortir le pays de l’ancien système dans lequel il est en train de s’enliser. C’est justement ce point commun qui déplait aux puissances financières et c’est pourquoi les médias les traitent de la même manière, quelques soit leur étiquette et personnalité politique, la censure d’abord puis la diabolisation.

Là encore je tiens à préciser que je ne défends par la politique prônée par ces candidats, je n’y ai aucun intérêt personnel vivant loin de tout cela, je mets juste en relief le traitement médiatique, et judiciaire pour Trump, qu’ils subissent. Un traitement qui n’est pas un signe de saine démocratie, pour parler gentiment.

Commençons par le cas le moins connu car le plus récent, Vivek Ramaswamy :

« Vivek Ganapathy Ramaswamy, né le 9 août 1985, est un homme d’affaires américain et candidat politique. Il a fondé Roivant Sciences, une société pharmaceutique, en 2014. En février 2023, Ramaswamy a déclaré sa candidature à l’investiture du Parti républicain à l’élection présidentielle américaine de 2024.

Ramaswamy a commencé sa campagne en affirmant que les États-Unis sont au milieu d’une crise d’identité nationale précipitée par ce qu’il appelle « de nouvelles religions laïques comme le COVID-isme, le climatisme et l’idéologie du genre ». Il critique également les initiatives environnementales, sociales et de gouvernance d’entreprise (ESG). En août 2023, Forbes estimait la valeur nette de Ramaswamy à plus de 950 millions de dollars ; sa richesse provient des entreprises biotechnologiques et financières. »

https://en.wikipedia.org/wiki/Vivek_Ramaswamy

C’est le premier débat des primaires Républicaines qui a fait connaitre ce petit jeune :

« Le Washington Post, FiveThirtyEight et Ipsos ont réalisé un sondage avant et après le débat d’hier soir auprès d’électeurs potentiels des primaires républicaines et des caucus, y compris ceux qui ont regardé le débat.

Ils ont estimé que le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, était le plus performant mercredi soir, 29 % des électeurs républicains qui ont regardé le débat estimant qu’il s’était le mieux comporté. Il a été presque égalé par Vivek Ramaswamy, un ancien cadre de l’industrie pharmaceutique, qui a obtenu 26 % des voix. Ces résultats peuvent surprendre, car M. DeSantis s’est généralement tenu à l’écart de la mêlée lors d’un débat houleux, alors que M. Ramaswamy a reçu et distribué de nombreux coups de griffe. »

Qu’un inconnu sorte en deuxième position aux premières primaires est un signe que son discours a plu au public. Quel est donc ce discours ? Peu de média en parlent vraiment alors qu’il s’est bien placé aux primaires. C’est déjà un signe de censure. Mais NPR, le média public étasunien a quand même pondu un article :

« Un Trump plus jeune et plus extrême

Les positions controversées de M. Ramaswamy consistent notamment à qualifier le changement climatique de canular, à dire qu’il réduirait le financement à l’Ukraine, à soulever des questions sur l’implication potentielle du gouvernement dans les attentats du 11 septembre et à vouloir relever l’âge du droit de vote à 25 ans – une proposition qui a été repoussée même par son propre personnel.

“Dieu est réel. Il y a deux sexes”, a-t-il déclaré dans une partie de son discours de clôture. “Les combustibles fossiles sont indispensables à la prospérité humaine. Le racisme inversé est du racisme. Une frontière ouverte n’est pas une frontière”.

Ramaswamy s’est positionné comme le prochain Donald Trump de son parti, bien que plus jeune et plus à droite. Il défend également M. Trump, le qualifiant de “meilleur président du XXIe siècle” et promettant que, en tant que président, il le gracierait s’il était condamné. Il a également appelé les autres candidats à faire de même.»

https://www.npr.org/2023/08/28/1196283078/vivek-ramaswamy-republican-primary-trump

Ou Yahoo News :

« Vous avez peut-être remarqué que Vivek Ramaswamy est la saveur politique du moment, grâce à sa performance super-caféinée lors du débat politique du parti républicain du 23 août.

En interrompant constamment ses collègues candidats à la présidence avec une série d’imbécillités arrogantes, Ramaswamy a attiré l’attention des classes politiques bavardes.

Depuis le débat, il a décroché des interviews sur « Meet the Press » de NBC, CNN et Fox News, où il a généralement redoublé d’opinions spectaculairement ignorantes sur le 11 septembre, le 6 janvier, le réchauffement climatique et la politique israélienne.

Le programme sur le changement climatique est un canular… La réalité est que plus de gens meurent à cause de mauvaises politiques en matière de changement climatique qu’à cause du changement climatique réel.

Vivek Ramaswamy propose des non-faits stupides

Mais il y a un aspect plus fascinant dans l’apothéose soudaine de Ramaswamy dans le firmament politique. Dans sa quête pour conquérir la position de grand ignorant dans la course présidentielle encore naissante, il a complètement écarté l’ancien titulaire de ce fauteuil, Robert F. Kennedy Jr.

Vous vous souvenez de RFK Jr., n’est-ce pas ? Il est le descendant d’une grande famille démocrate libérale qui a pris la coloration d’un républicain anti-science pour défier, putativement, le président Biden à l’investiture démocrate pour 2024.

Kennedy et Ramaswamy partagent quelques techniques rhétoriques. La première consiste à renverser un intervieweur avec un déferlement d’affirmations et d’affirmations si accablantes que son interlocuteur a peu de possibilités de dire un mot, et encore moins de contrer ses faussetés en rassemblant minutieusement les faits. »

https://finance.yahoo.com/news/column-vivek-ramaswamys-idiotic-play-100021583.html?fr=sycsrp_catchall

Le reste de la presse ne parle de lui que pour évoquer une anecdote sans intérêt avec Eminem :

« Après avoir interprété “Lose Yourself” d’Eminem à la foire de l’Iowa, le candidat républicain à la présidence, Vivek Ramaswamy, a été prié par le vrai Slim Shady d’arrêter.

À la demande d’Eminem, BMI, une organisation de gestion des droits d’exécution, a informé la campagne de Ramaswamy qu’elle n’accorderait plus de licence pour l’utilisation de la musique du rappeur dans le cadre de la campagne. Dans une lettre adressée à la campagne le 23 août, BMI déclare avoir “reçu une communication de Marshall B. Mathers, III, professionnellement connu sous le nom d’Eminem, s’opposant à l’utilisation par la campagne de Vivek Ramaswamy des compositions musicales d’Eminem”, selon une copie de la lettre obtenue par CNN. »

L’article de CNN finit quand même sur un paragraphe évoquant sa campagne présidentielle, sans rien dire de son étonnant résultat aux primaires :

« À 38 ans, M. Ramaswamy est le plus jeune candidat à la présidence et il s’est appuyé sur sa jeunesse pour faire valoir qu’il peut s’adresser à un groupe d’électeurs plus jeunes et plus diversifiés que ses rivaux républicains.

“Je pense être le seul candidat capable de remporter une victoire à la Reagan, comme en 1980, avec une coalition multiethnique et de classe ouvrière, en particulier avec des personnes qui ne sont pas seulement plus âgées, mais aussi des personnes plus jeunes que nous intégrerons à notre parti”, a déclaré M. Ramaswamy à la presse après un événement de campagne à Indianola, dans l’Iowa, vendredi dernier. »

https://edition.cnn.com/2023/08/28/politics/vivek-ramaswamy-eminem/index.html

Ramaswamy détruit donc allègrement toutes les barrières du politiquement correct. Le réflexe, voulu par les médias, est donc de le balayer d’un revers de la main en pensant « encore un hurluberlu ». Si vous voulez, mais alors comment expliquer que cet inconnu ait soulevé l’enthousiasme des électeurs Républicains pendant le débat. En prétendant qu’un quart de ces électeurs, des gens qui se soucient de politique puisqu’ils ont assisté au débat, sont aussi des hurluberlus. Un peu prétentieux comme explication. Elle revient à dire que les quelques 50% de la population votant pour Trump, puisque Ramaswamy « c’est du Trump en plus extrême », sont aussi des hurluberlus. Une explication peu raisonnable et certainement pas réaliste.

Je vous propose l’explication alternative. Ramaswamy a convaincu le public avec des arguments non politiquement correct mais logiquement expliqués, qui tiennent la route et ont donc convaincu. C’est juste la manière dont les médias présentent ses arguments qui le fait passer pour un huluberlu :

« On peut entendre Vivek (plus facile, son prénom, et si amical) sur des dizaines de vidéos tant il a été la vedette du débat, et d’ailleurs sélectionné comme tel par un échantillon-type de la chaîne de ‘The Hill’, – gagnant du débat pour huit personnes sur quinze, devant DeSantis avec 4 sur 15. Son abattage est absolument fabuleux, une marée inarrêtable de 38 ans d’âge, d’une famille richissime venue de l’Inde et installée aux USA dans les années 1960. Vivek lui-même a fait des affaires pour son compte, dans la High-Tech, avec beaucoup de réussite.

Son populisme conservateur, voire traditionnaliste, est dévastateur. Vivek a conservé beaucoup de ces traits qu’on retrouve chez les Indiens, à la fois un bon usage de la modernité, à la fois une prise en compte des valeurs des forces populistes.

Il ne s’agit pas ici de s’attacher à la personne elle-même mais de considérer qu’il s’effectue aux USA un surgissement de personnalités à très fortes influences, effectives ou potentielles, défiant le Système dans toutes ses exigences. »

https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2023-les-candidats-brics

The American Conservative lui a ouvert ses pages. Il a pu ainsi s’exprimer directement, sans que ses dires soient transformés. Soudain l’huluberlu disparait :

« La doctrine de Washington est une bonne source d’inspiration pour commencer. J’éloignerai notre nation des folies sanglantes du néoconservatisme et de l’internationalisme libéral à l’étranger pour l’orienter vers une stratégie de défense affirmée de notre patrie. Nous ne serons plus l’Uncle Sucker. Plutôt que de dépenser des milliards pour projeter notre puissance dans des vides mondiaux où nos alliés ne dépensent pas pour la maintenir eux-mêmes, nous remettrons l’Amérique au premier plan – comme George Washington l’a préconisé – en nous recalibrant et en tenant compte de nos véritables intérêts…

Ma campagne vise essentiellement à rétablir l’identité nationale américaine. Au terme de mes deux mandats, les Américains auront repris leur pays aux élites non élues. Nous connaîtrons à nouveau, à juste titre, la fierté nationale. Mieux les Américains comprendront leur identité nationale, mieux le monde nous comprendra aussi. Je serai honnête avec nos partenaires à l’étranger comme je le serai avec nos propres citoyens : le travail du gouvernement américain consiste exclusivement à représenter les intérêts des Américains. J’affirme en outre que mieux nous, Américains, comprendrons notre identité nationale, mieux le monde comprendra notre identité internationale. Nous recherchons toujours la paix, le commerce et l’amitié avec toutes les nations. Nous restons attachés à notre propre souveraineté, au-dessus de toutes les illusions internationalistes qui promettent le paradis sur terre, même si nous continuons à rechercher la paix, le commerce et l’amitié avec d’autres nations. Nous sommes une seule nation sous l’égide de Dieu, conscients de la déchéance de notre monde, résignés à l’aborder avec réalisme, mais animés par la certitude que notre liberté et notre prospérité peuvent faire naître dans le cœur des peuples étrangers l’espoir de ce qui est possible lorsque la plus grande nation fondée sur la liberté est en fait la version la plus forte d’elle-même à l’intérieur de ses frontières. »

https://www.theamericanconservative.com/a-viable-realism-and-revival-doctrine/

Et le politicien raisonnable qui apparait alors nous permet de comprendre pourquoi le Complexe militaro industriel et les puissances financières qui s’appuient dessus ont décidé de le faire passer pour un hurluberlu.

Parallèlement, les puissances financières ont tendance à favoriser les Démocrates, dont les idées sont bien plus politiquement correctes, et même à tricher pour les favoriser :

« Les chercheurs de MRC Free Speech America ont recherché sur Google les “sites web de la campagne présidentielle”, mais le moteur de recherche n’a pas affiché un seul candidat républicain sur sa première page de résultats, la veille du premier débat des primaires présidentielles du parti républicain, mercredi. Le site web de la campagne du président Joe Biden, bien sûr, est apparu comme deuxième résultat de recherche, de même que le site web de la campagne de l’opposante démocrate Marianne Williamson, qui est apparu comme cinquième résultat. »

https://www.newsbusters.org/blogs/free-speech/gabriela-pariseau/2023/08/24/google-revs-election-interference-gambit-gop-primary

Ou à coincer financièrement les journalistes un peu trop indépendants et qui sortent du politiquement correct, en particulier quand il s’agit de l’Ukraine et d’Israël :

« Gofundme a gelé pour une durée indéterminée les dons à The Grayzone “en raison de préoccupations externes”. Les actions de la société font suite à une campagne de répression contre notre personnel par les gouvernements britannique et ukrainien. »

https://thegrayzone.com/2023/08/28/gofundme-freezes-grayzone-fundraiser/

Quant à Trump, son interview par Tucker Carlson sur Twitter, aux mêmes heures que le débat de la primaire, a attiré plus de spectateurs que le débat :

« Le premier débat des primaires présidentielles républicaines américaines pour l’élection de 2024 a été regardé sur Fox News mercredi soir par 11,1 millions de personnes, selon l’agence de notation Nielsen, bien loin du record établi en 2015.

1,7 million de personnes supplémentaires ont regardé le débat en prime time sur Fox Business Network, selon Fox, ce qui porte l’audience totale à 12,8 millions de personnes. »

https://www.reuters.com/world/us/eleven-million-people-watched-us-republican-presidential-primary-debate-fox-news-2023-08-24/

« Sur l’interview de Carlson publiée sur X, le nombre de vues affichait 236 millions de vues au moment de la publication, depuis la mise en ligne de la vidéo il y a 21 heures.

Cependant, la mesure sur X n’indique pas le nombre de vues que la vidéo de Carlson a réellement reçu.

Mashable peut affirmer qu’au moment de la publication de cet article, jeudi soir, l’interview de Carlson sur Trump a été visionnée 14,8 millions de fois sur X. »

https://sea.mashable.com/tech/26293/no-tucker-carlsons-trump-interview-doesnt-have-230-million-video-views-on-x

Comme la méthode de l’acharnement judiciaire n’a pas l’air de lui porter tort, une nouvelle affaire lui tombe sur le dos, selon la fameuse méthode « si cela ne marche pas, rajoutons en une autre dose » :

« Pour la procureure générale de l’État de New York Letitia James, qui est la représentante locale du ministère de la Justice, les preuves sont accablantes. Dans des documents qu’elle a transmis au juge de la Cour suprême locale, elle estime que Donald Trump a manipulé pendant dix ans l’évaluation des actifs de ses sociétés.

Le magnat de l’immobilier l’aurait fait tantôt à la hausse ou à la baisse, selon ses besoins du moment : échapper à l’impôt ou obtenir des prêts avantageux. »

Plus bas dans l’article il est quand même succinctement précisé :

« Letitia James va demander à ce que l’ancien président et trois de ses enfants ne puissent plus gérer l’organisation Trump et qu’ils écopent d’une amende de 250 millions de dollars. « Face à ces preuves irréfutables, la cour n’a pas besoin d’un procès pour déterminer que les accusés ont considérablement gonflé la valeur de leurs actifs », estiment les services de la magistrate, qui est une élue du Parti démocrate, dans un document judiciaire. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230831-états-unis-trump-accusé-d-avoir-d-avoir-manipulé-dix-ans-l-évaluation-des-actifs-de-ses-sociétés

Mais là encore :

« Donald Trump aurait trouvé un moyen de tirer profit de sa récente arrestation. Selon POLITICO, un porte-parole représentant sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 a déclaré avoir généré 7,1 millions de dollars grâce à sa désormais célèbre photo d’identité judiciaire, prise après s’être rendu aux autorités à la prison du comté de Fulton jeudi dernier (24 août). Sur ce montant, 4,18 millions de dollars auraient été collectés pour la seule journée de samedi (26 août). »

https://www.yahoo.com/entertainment/donald-trump-reportedly-raised-7-123713630.html

Sa popularité reste incontestable malgré/grâce à l’acharnement judiciaire qu’il subit. Et dire que c’est parce que ses électeurs (environ 50% des votants étasuniens) sont des abrutis d’extrême droite comme lui, c’est s’enfermer là aussi dans un déni de réalité peu raisonnable. Non il a un tel soutien car, en bon commerçant, il sait dire à ses clients ce qu’ils veulent entendre : « laissons tomber l’impérialisme étasunien, rentrons à la maison et occupons-nous de redresser le pays », programme qu’il résume par son fameux slogan « Make America great again ». Ce qui n’est pas du tout un programme d’extrême droite comme le prétendent les journaux pour le diaboliser mais un programme, comme celui de Ramaswamy, qui fait écho dans l’esprit d’un nombre croissant d’électeurs étasuniens. Par contre ce programme déplait aux puissances financières.

Même ce désir populaire de changement qui est derrière le succès d’un Kennedy, d’un Ramaswamy ou d’un Trump est la cible de campagnes de dénigrement médiatique. Une chanson pop étasunienne chanté par un amateur en a fait les frais au point que France 24 s’est fendu d’un article sur le sujet. Encore un bel exemple de manipulation des consciences :

« “Rich men north of Richmond” : Le nouvel hymne de l’extrême droite américaine

La chanson “Rich men north of Richmond” est entrée, lundi, directement en première place des hits américains du classement Billboard. Un succès qui semble sorti de nulle part, tant son auteur, Oliver Anthony était inconnu jusqu’à présent. Mais il reflète l’irruption de la guerre idéologique dans le domaine du divertissement. »

Donc une chanson d’amateur devient « le nouvel hymne de l’extrême droite ». Mais pourquoi donc ? :

« Sa complainte country à la gloire des “petites gens” oppressées par le grand méchant gouvernement au nord de Richmond (à Washington) est apparue directement en première place du célèbre classement Billboard des 100 singles du moment. C’est la première fois en 75 ans d’histoire de ce top 100 qu’un “artiste” sans antécédent musical, sans contrat avec un studio et sans promotion d’aucune sorte sur les radios généralistes réussit cet exploit, a confirmé le site de Billboard. »

Donc quand on chante « la gloire des petites gens oppressés par le gouvernement » et que l’on a du succès on est « d’extrême droite » ? Brassens, Moustaki, Ferrat et bien d’autres seraient morts de rire s’ils pouvaient entendre un tel non-sens. Mais France 24 reste sérieux dans ses bottes.

« Si son succès a un petit air de victoire de David contre le Goliath de l’industrie musicale, c’est un David poussé par les hordes de fans de Donald Trump.

Oliver Anthony se plaint de ces “richards” qui veulent “tout contrôler”, de ces “bons” emplois de l’Amérique profonde qui ne rapportent plus rien et des taxes qui n’en finissent pas de s’accumuler. Le chanteur saupoudre le tout de références au mouvement conspirationniste QAnon et à ses thèses farfelues dépeignant l’élite politique comme des dangereux pédophiles. »

Là encore les médias tournent un phénomène de ras-le-bol populaire en un groupe de farfelus (pour changer d’hurluberlus) conspirationnistes et, bien sûr, d’extrême droite.

D’ailleurs les paroles de cette chanson données en exemple le prouvent tout à fait :

« J’ai vendu mon âme

Travailler toute la journée

Des heures supplémentaires

Pour un salaire de merde

Pour que je puisse m’asseoir ici

Et gâcher ma vie

Rentrer à la maison

Et noyer mes problèmes

C’est une putain de honte

Ce que le monde est devenu

Pour les gens comme moi

Et les gens comme vous… »

C’est sûr ce n’est pas du Brel, niveau poésie, mais y voir de l’extrême droite complotiste tourne carrément à l’hallucination.

Quand même l’auteur de l’article finit par dénicher un lien « sérieux » avec l’extrême droite :

« Et, dans le cas de “Rich men north of Richmond”, le New York Times a repéré que la chanson a connu un nombre record de téléchargements payants sur iTunes, suggérant que des internautes d’extrême droite ont sorti leur portefeuille pour placer leur “nouvel hymne” en top du Billboard 100. Ces seuls téléchargements ont rapporté plus de 80 000 dollars à Oliver Anthony. »

Donc le fait que des milliers de jeunes ou moins jeunes qui se sont retrouvés dans les paroles de cette chanson l’ont téléchargé « suggère » qu’ils sont d’extrême droite. Le niveau de « journalisme » du New York Times est hallucinant.

Quant à la conclusion elle reste au même niveau de … :

« Les succès du chanteur Oliver Anthony et du film “Sound of freedom” permettent aussi à l’extrême droite de “démocratiser leurs théories du complot”, souligne le Washington Post. “Rich men north of Richmond” représente, à cet égard, le cheval de Troie par excellence de ce mouvement politique. “Son message général peut plaire à un public plus large”, souligne Adam Behr. En effet, il est surtout question de critiquer des élites politiques déconnectées des réalités du terrain… et l’extrême droite n’a pas le monopole de ce discours. Mais Oliver Anthony y ajoute en filigrane ses théories du complot qui peuvent ainsi faire leur petit bonhomme de chemin»

https://www.france24.com/fr/amériques/20230822-rich-men-north-of-richmond-le-nouvel-hymne-de-l-extrême-droite-américaine

En conclusion donc, se « plaindre des richards qui veulent tout contrôler » sont des idées qui pourrait faire « leur petit bonhomme de chemin » dans l’esprit de la population. C’est pourquoi elles sont dangereuses et il est nécessaire de les diaboliser en les traitant « d’extrême droite ». France 24 et les autres médias grand public sont là pour cela, comme le montre un tel article.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Source : The Saker francophone.

 


Par Wayan – Le 28 août 2023 – Le Saker Francophone

Le sommet des BRICS

Qui fut l’événement géopolitique de cette semaine.

Il a déjà fait parler de lui il y a quelques semaines quand l’Afrique du Sud, un pays signataire de la charte de la Cour Pénal Internationale, s’est vue notifier par cette même cour son obligation d’arrêter Poutine s’il débarquait sur le sol sud-africain pour participer au sommet des BRICS :

 

« Alors que le président sud-africain refuse toujours de s’exprimer clairement sur le sujet, des documents rendus publics par la justice ont parlé pour lui. Étant signataire du Statut de Rome, l’Afrique du Sud serait dans l’obligation d’arrêter le chef du Kremlin s’il venait à se présenter sur son sol lors du sommet des BRICS.

Mais selon Cyril Ramaphosa, « la Russie a clairement indiqué qu’arrêter son président en exercice serait une déclaration de guerre. Et il ne serait pas cohérent, avec notre Constitution, de nous risquer à entrer en guerre » avec elle. Le chef de l’État sud-africain répondait dans ces documents à une requête du principal parti d’opposition du pays, qui tente de s’assurer que la justice suivra son cours si Vladimir Poutine se présente en personne. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230719-afrique-du-sud-tensions-autour-de-la-possible-venue-de-poutine-au-sommet-des-brics

Les Etats-Unis avaient déjà mis la pression :

« L’Afrique du Sud a rendu furieux de nombreux pays, dont les États-Unis, lorsqu’elle a accueilli et participé à des exercices navals avec la Russie et la Chine en février, coïncidant avec le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine.

En mai, l’ambassadeur américain en Afrique du Sud, Reuben Brigety, a accusé le pays d’« armer » la Russie, le qualifiant de « fondamentalement inacceptable ». »

https://www.npr.org/2023/07/19/1188568761/russia-putin-south-africa-brics-summit

Finalement, pour éviter tout problème inutile :

« Après plusieurs mois de spéculation sur la venue ou non de Vladimir Poutine à Johannesburg, pour le sommet annuel des BRICS prévu fin août, le Kremlin a annoncé ce 19 juillet que le président russe participerait par visioconférence. Vladimir Poutine a décidé de participer au sommet des BRICS par visioconférence, ce sera une participation à part entière, a déclaré ce 19 juillet Dmitri Peskov à l’agence RIA Novosti. »

https://francais.rt.com/international/106365-brics-vladimir-poutine-sommet-johannesburg

Pour ceux qui veulent plus de détails sur l’affaire, DeDefensa en a fait un résumé :

« Finalement, la solution retenue satisfait l’Afrique du Sud : Poutine parlant en téléconférence, Lavrov menant la délégation russe. Il s’agit d’un canard boiteux bien entendu, où les Sud-Africains sont satisfaits d’avoir “sauvé” le sommet et les Occidentaux de l’avoir “compromis” par le sauvetage lui-même.

Certains commentateurs sont sévères, sinon très sévères. C’est le cas d’Andrew Korybko, qui juge que l’épisode a montré que l’association des BRICS n’est nullement une garantie d’exercice d’une pleine souveraineté (anti-occidentaliste) comme certains le croient et l’affirment. Il ne soupçonne nullement l’Afrique du Sud d’avoir manœuvré pour contrecarrer la venue de Poutine, mais de s’être montrée très maladroite dans l’exercice, aggravant les conditions de communication de cette affaire, la rendant très difficile à gérer, empêchant qu’elle se règle en secret »

https://www.dedefensa.org/article/un-brics-sans-poutine

Puis, une série d’articles ont cherché à semer la discorde entre les 5 membres du groupe sur un sujet qui doit fâcher les dirigeants occidentaux, l’élargissement des BRICS :

« L’Inde et le Brésil s’opposent à une tentative chinoise d’élargir rapidement le groupe BRICS de marchés émergents pour accroître son influence politique et contrer les États-Unis, ont déclaré des responsables connaissant le sujet.

Les pays ont soulevé des objections lors des pourparlers préparatoires d’un sommet à Johannesburg le mois prochain où le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud discuteront de l’élargissement potentiel du groupe pour inclure l’Indonésie et l’Arabie saoudite. La Chine a fait pression à plusieurs reprises pour une expansion lors de ces réunions, ont déclaré les responsables, qui ont demandé à ne pas être identifiés car les discussions sont privées. »

https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-07-28/india-brazil-push-back-against-china-over-brics-expansion#xj4y7vzkg

« La Chine envisage de faire pression pour que le bloc des BRICS devienne un rival à part entière du G7 lors de son prochain sommet en Afrique du Sud, a rapporté le Financial Times dimanche.

Selon des sources anonymes, Pékin se serait “heurté” à l’Inde au sujet de la perspective d’élargir la composition du groupe dans la période précédant l’événement, qui devrait avoir lieu à Johannesburg entre le 22 et le 24 août.

Le journal note qu’il n’y a pas d’accord entre Pékin et New Delhi sur la question de savoir si les BRICS – qui comprennent actuellement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – devraient être un club économique non aligné ou une force politique qui défie ouvertement l’Occident.

“Si nous élargissons les BRICS pour qu’ils représentent une part du PIB mondial similaire à celle du G7, notre voix collective dans le monde deviendra plus forte”, a déclaré un fonctionnaire chinois anonyme au Financial Times. »

https://www.rt.com/news/581571-brics-expansion-china-india/

« Le ministère chinois des affaires étrangères a confirmé son intérêt pour un élargissement rapide, déclarant dans un communiqué que Pékin “soutient les progrès réalisés dans l’élargissement du nombre de membres et souhaite que d’autres partenaires partageant les mêmes idées rejoignent la “famille BRICS” à une date rapprochée”.

La Russie a déclaré que l’élargissement figurerait en bonne place à l’ordre du jour du prochain sommet des BRICS. Le président Vladimir Poutine n’y participera pas, car il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Le ministère indien des affaires étrangères n’a pas répondu à une demande de commentaire. Un représentant du gouvernement a déclaré à Reuters : “L’Inde émet des réserves quant à l’élargissement… Si cela doit se faire, cela doit se faire par consensus”.

L’Afrique du Sud, premier bénéficiaire de l’élargissement des BRICS en 2010, soutient désormais l’inclusion de nouveaux membres, bien que le président sud-africain Cyril Ramaphosa ait déclaré que la formule d’élargissement nécessitait “un examen plus approfondi et une meilleure compréhension”.

Le gouvernement brésilien soutiendra que tout élargissement devrait être progressif, maintenir l’équilibre régional et conserver les rôles prééminents des cinq membres permanents, ont déclaré à Reuters les sources à Brasilia»

https://www.reuters.com/world/brazil-now-main-holdout-against-brics-expansion-sources-say-2023-08-02/

Quand une série articles simultanées se réfèrent tous à des sources anonymes, c’est un signe que ce n’est plus de l’info mais de la propagande.

Rapidement les dirigeant des pays concernés ont démenti ces « infos » :

« Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré mercredi qu’il soutenait le fait que davantage de pays rejoignent le groupe BRICS des grands pays en développement, qui comprend actuellement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. »

https://apnews.com/article/brazil-brics-membership-expansion-a3c625f54dc7034d61f3e9a7f91a9b13

« L’Inde a démenti jeudi qu’elle s’inquiétait de l’expansion proposée par les BRICS, une affirmation qui avait été rapportée en début de semaine par Reuters. Le Brésil s’est également prononcé en faveur de l’élargissement du bloc, réfutant ainsi le même rapport de l’agence de presse, qui qualifiait le pays de “principal obstacle” à la croissance du bloc. »

https://www.rt.com/india/580762-india-supports-brics-expansion/

Bhadrakumar, un diplomate indien, nous propose son analyse de cette manip :

« Les propos du ministre sud-africain des affaires étrangères, Naledi Pandor, à propos de l’article de Reuters sont tout à fait pertinents. Pandor a déclaré : “J’ai parlé à plusieurs collègues au sein du gouvernement et à l’extérieur, et tout le monde a été stupéfait par cette rumeur. Je pense que quelqu’un qui essaie de gâcher notre sommet crée toutes sortes d’histoires qui suggèrent qu’il ne sera pas couronné de succès. Le premier ministre indien n’a jamais dit qu’il ne participerait pas au sommet. Je suis en contact permanent avec le ministre des affaires étrangères Jaishankar. Il n’a jamais dit cela. Nos sherpas sont en contact et ils ne l’ont jamais dit. Nous avons donc tous essayé de chercher l’aiguille dans la botte de foin qui est à l’origine de cette rumeur“.

Il n’y a pas si longtemps, l’Occident se moquait des BRICS comme d’un papillon inefficace battant des ailes dans le vide d’un ordre mondial dominé par le G7. Mais l’”effet papillon” se fait sentir aujourd’hui dans la refonte de l’ordre mondial.

En termes simples, le flot torrentiel d’événements survenus l’année dernière autour de l’Ukraine a fait remonter à la surface la lutte existentielle de la Russie contre les États-Unis, ce qui a déclenché un changement tectonique dans le paysage international, dont l’un des aspects transformateurs est la montée du Sud global et son rôle de plus en plus important dans la politique internationale. »

https://lesakerfrancophone.fr/loccident-fait-de-la-paranoia-au-sujet-du-sommet-des-brics

Puis, à l’approche du sommet, les pays concernés ont commencé à exposer leurs attentes et l’élargissement du groupe sera bien au programme :

« Le président sud-africain est revenu sur l’un des principaux dossiers qui sera à l’ordre du jour de ce 15e sommet des Brics, à savoir la question de l’élargissement du groupe, avec une possible ouverture à d’autres pays : « Plus de vingt pays du monde entier ont formellement postulé pour rejoindre les Brics. Et l’Afrique du Sud soutient l’augmentation du nombre de membres. Une version élargie pourra représenter un groupe plus divers de nations, qui ont différents systèmes politiques, et qui partagent un désir commun d’établir un ordre mondial plus équilibré. » »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230820-avant-le-sommet-des-brics-cyril-ramaphosa-vante-l-intérêt-de-cette-alliance-pour-l-afrique-du-sud

« C’est par leurs noms que le président chinois a énuméré les six nouveaux entrants, dont l’adhésion prendra effet à compter du 1er janvier 2024 : « Argentine, Égypte, Éthiopie, Arabie saoudite, Émirats arabes unies et Iran ». Une expansion sur laquelle le « club des cinq », qui pèse un quart de la richesse et 42% de la population mondiale, a dû se mettre d’accord. »

On remarquera que l’article de RFI reprend les arguments de dissension entre membres des BRICS alors qu’ils ont été démentis tant par le Brésil que par l’Inde, entretenant ainsi la désinformation sur une dissension entre pays des BRICS :

« La Chine, qui représente 70% du PIB du groupe, a fait pencher la balance en faveur d’une accélération d’un processus sur lequel l’Inde avait demandé un « consensus » préalable, et auquel le Brésil s’était montré plutôt réticent. »

Et présente la Chine comme si elle était le leader du groupe :

« Cet élargissement, la presse d’État chinoise en parle autant que s’il s’agissait d’un départ de mission spatiale dans le pays, car il traduit le poids de la diplomatie chinoise au sein du groupe. Les six nouveaux membres des Brics sont en effet des proches de Pékin, qui font partie du groupe d’amitié de l’initiative de développement globale et de sa principale composante, le Global South (Sud global), lancé par Xi Jinping à l’ONU en 2021. La Chine entend faire de ces « Brics+ » un concurrent du G7, ce qui est encore loin d’être le cas. À Pretoria, les pays du groupe ont rappelé leur position de « non alignés ». »

https://www.rfi.fr/fr/économie/20230824-brics-un-élargissement-historique-salué-comme-tel-dans-les-pays-concernés

De son coté, Xi Jinping parle d’unité et de coopération entre les membres :

« Le président chinois Xi Jinping a déclaré lors de la réunion d’information que l’expansion des BRICS était historique et constituait un nouveau point de départ pour la coopération entre les membres du groupe. Elle démontre la détermination des pays des BRICS à s’unir et à coopérer avec d’autres pays en développement, répond aux attentes de la communauté internationale et sert les intérêts communs des marchés émergents et des pays en développement.

L’expansion insufflera également une nouvelle vitalité au mécanisme de coopération des BRICS, et renforcera davantage les forces pour la paix et le développement dans le monde, a déclaré M. Xi, notant que tant que les pays des BRICS s’unissent, beaucoup de choses peuvent être accomplies dans la coopération des BRICS, et un avenir prometteur attend les pays des BRICS. »

https://www.globaltimes.cn/page/202308/1296926.shtml

Quant à une éventuelle monnaie commune pour se libérer du commerce en dollar, elle n’est pas à l’ordre du jour :

« Les rumeurs selon lesquelles le groupe des puissances émergentes des BRICS devraient établir leur propre monnaie pour réduire leur dépendance à l’égard du dollar ne sont pas sérieusement envisagées et ne l’ont jamais été, a déclaré le ministre des Finances de l’Afrique du Sud.

“Personne n’a abordé la question d’une monnaie des BRICS, pas même lors de réunions informelles”, a déclaré Enoch Godongwana dans une interview en marge du sommet annuel du bloc à Johannesburg jeudi. “La création d’une monnaie commune suppose la création d’une banque centrale, ce qui suppose une perte d’indépendance en matière de politique monétaire, et je pense qu’aucun pays n’est prêt à cela.” »

https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-08-24/brics-currency-was-never-on-table-south-african-finance-chief-says#xj4y7vzkg

Ce ne sont pas les pays du sud de l’UE qui vont le contredire.

Après les grands projets et discours, retour à la réalité. Pour l’instant deux obstacles se profilent face aux BRICS : 1. La réaction du monde occidental et l’attitude à adopter face à cette réaction. 2. La relation entre deux des piliers fondateurs, la Chine et l’Inde.

Voyons quelques points de vue sur ce sujet. D’abord celui d’un indien, l’ancien ambassadeur Bhadrakumar :

« Ne vous y trompez pas : toute l’expérience d’institutions fortes et de gouvernance mondiale se trouve être l’expérience de l’Occident sur la base de valeurs communes et d’intérêts partagés. Ironiquement, cela explique aussi leur « mentalité de bloc ». Les BRICS, au contraire, manquent d’une telle cohésion et de la capacité de définir l’agenda mondial, ce que le G7 fait depuis des décennies. C’est pourquoi un pays comme l’Inde attendra toujours des BRICS, en tant que communauté, qu’ils visent non pas à détruire l’ordre mondial existant, mais à l’améliorer. L’Inde ne veut pas l’effondrement de la globalisation, des institutions et du droit international. En d’autres termes, l’Inde préfère créer, dans le cadre de l’ordre existant, des règles, des normes et des modes de coopération qui permettraient de préserver ses avantages et d’éliminer ses défauts.

Pour l’Inde, c’est à la fois une question de tactique et de stratégie. L’ordre fondé sur des règles qui prévaut donne à l’Inde un sentiment de sécurité et renforce la multipolarité en Asie. On croit à tort que l’Inde subit des pressions pour suivre le mouvement des États-Unis. Cela aurait pu être le cas auparavant, mais l’Inde d’aujourd’hui, sous la direction actuelle en particulier, élargit consciemment ses relations avec les États-Unis, dans un sens qu’elle considère comme étant dans son propre intérêt national. Il s’agit du résultat logique de la trajectoire politique indienne depuis les années 1990 et bénéficie d’un « consensus bipartisan » entre le parti au pouvoir et le principal parti d’opposition. C’est même devenu une tendance à long terme qui semble déjà irréversible.

Plusieurs facteurs entrent en jeu ici et l’un des principaux est, paradoxalement, la montée phénoménale de la Chine, le partenaire indien dans le cadre des BRICS, qui suscite des sentiments alarmistes dans le pays. Le partenariat avec les États-Unis est l’un des rares moyens par lesquels l’Inde espère aborder le paradigme de sécurité. Cela dit, les partenaires BRICS de l’Inde peuvent et doivent faire confiance à l’Inde pour continuer à mener une politique étrangère indépendante fondée sur ses intérêts nationaux. Il n’y a aucune raison de douter que l’Inde a confiance dans l’influence décisive des BRICS dans l’élaboration des principaux aspects de l’agenda mondial qui rendront le monde plus juste et plus stable. »

https://lesakerfrancophone.fr/voici-pourquoi-linde-ne-veut-pas-que-les-brics-demantelent-lordre-mondial-construit-par-loccident

Puis celui de Korybko qui va dans le même sens :

« Les événements des dix-huit derniers mois, depuis le début de l’opération spéciale russe, ont convaincu l’Occident que la transition systémique mondiale vers la multipolarité est irréversible, ce qui explique pourquoi il est désormais disposé à envisager des réformes de ses modèles hégémoniques. Le chancelier allemand Olaf Scholz, l’ancienne directrice pour l’Europe et la Russie au Conseil national de sécurité des États-Unis Fiona Hill et le président des affaires mondiales de Goldman Sachs Jared Cohen l’ont tous suggéré le même jour à la mi-mai.

Ils estiment que l’Occident doit s’engager avec le Sud sur un pied d’égalité, ce qui nécessite de réduire certaines de ses pratiques d’exploitation les plus flagrantes afin de ne pas perdre davantage de cœurs et d’esprits au profit de l’Entente entre la Chine et la Russie. À cette fin, ils sont positivement enclins à accepter des changements graduels du système financier mondial tels que ceux que les responsables des BRICS ont confirmé avoir à l’esprit, mais ils répondront résolument à tout développement révolutionnaire qui risquerait d’accélérer radicalement cette transition.

En d’autres termes, les BRICS veulent “jouer la carte de la sécurité” parce que tous leurs membres, à l’exception de la Russie, entretiennent des relations d’interdépendance économique et financière complexes avec l’Occident, qui ne devrait pas réagir de manière excessive à leurs réformes au coup par coup puisque leurs propres décideurs politiques les considèrent désormais comme inévitables. Parmi ces quatre membres, deux écoles de pensée prédominent, représentées par la Chine et l’Inde, dont les différences de vision respectives ont été expliquées en détail ici.

En bref, la Chine veut accélérer l’internationalisation du yuan et intégrer les BRICS dans l’initiative “Belt & Road” (BRI), tandis que l’Inde veut donner la priorité aux monnaies nationales et maintenir les BRICS officiellement séparés de la BRI. Tous deux s’accordent à dire que les changements apportés au système financier mondial doivent être progressifs, afin d’éviter de provoquer une réaction excessive mutuellement préjudiciable de la part de l’Occident, avec lequel tous ces pays, à l’exception de la Russie, entretiennent des relations d’interdépendance complexes. »

https://www.dedefensa.org/article/les-brics-et-leurs-narrative

Mais, pour De Defensa, leurs analyses oublient un aspect principal du problème, l’attitude que l’Occident, en pleine crise existentielle, décidera d’adopter face à cet élargissement :

« Tout de même, les BRICS, notamment l’Inde et le Brésil, – auxquels il nous faut revenir, – ne sont certainement pas, et de loin, à ce niveau de bassesse et d’ignominieuse bêtise qui a saisi la Grande Nation comme une lèpre venue des bas-fonds de la bourgeoisie fardée et maquillée. Mais eux aussi se font d’incroyables illusions sur l’avenir d’un lien, – quel qu’il soit d’ailleurs, – avec les USA en cours de désintégration. C’est de ce point de vue que je ma place pour dire : ne tracez pas de plans sur la comète pour l’avenir des BRICS, dans ce sens, selon cette stratégie, non plutôt celle-là, etc.

La seule vertu des BRICS est qu’ils existent et que tout le monde se précipite. Ainsi est plantée une borne fondamentale qui témoigne, par sa seule existence, de l’effondrement du reste. L’Utilité des BRICS commence là et, en attendant, s’arrête là, – quoique, je l’avoue, et dans tous les cas de figure de simulacre, une entente entre le monde américaniste-occidentaliste et les BRICS pour réformer l’actuel système, est plus qu’une illusion, mais une fantasy de simulacre absolument grotesque quoiqu’hollywoodienne, – ou bien parce qu’hollywoodienne. On ne coopère pas avec les USA, on se soumet, – enfin, tout cela au passé puisque, revenant à nos moutons, nous actons, et les BRICS avec nous, de l’effondrement du monstre. »

https://www.dedefensa.org/article/mon-brics-a-brac-a-moi

Blakenship prend le cas concret de l’Argentine, un des nouveaux membres, pour donner un exemple du genre de difficultés que peut rencontrer un groupe aussi étendu que les BRICS :

« Il convient également de souligner que l’Argentine est confrontée à une élection présidentielle difficile en octobre de cette année. L’économiste d’extrême droite Javier Milei a remporté une élection primaire stupéfiante et affrontera le candidat de centre-gauche Massa, choquant les marchés et la société polie. Il a promis de rompre les relations commerciales avec la Chine et de réorienter l’Argentine vers le “monde civilisé“, ou “l’Occident“, comme il l’a dit, et de mettre en œuvre une politique économique radicale axée sur le marché, semblable à celle de l’ancien dictateur chilien, Augusto Pinochet. Milei s’est également entretenu la semaine dernière avec des fonctionnaires du FMI, leur assurant qu’il était leur homme.

Enfin, nous savons que les BRICS ont officiellement invité six nouveaux membres, dont l’Argentine. Leur adhésion devrait être finalisée à partir de janvier 2024. Mais si Milei remporte l’élection présidentielle dans l’intervalle, il est presque certain que son pays sera soudainement retiré du bloc. Cela porterait préjudice à tous les membres du groupe et nuirait irrévocablement à l’image des BRICS. Pour le centre-gauche argentin, l’alignement sur l’Occident est une situation indésirable. Ils considèrent qu’il s’agit d’une décision imprudente, car la dette du FMI imposée au pays par Washington et leur ancien président, Mauricio Macri, sont essentiellement à l’origine des malheurs actuels de l’Argentine. »

https://lesakerfrancophone.fr/voici-comment-un-nouveau-membre-peut-compliquer-les-choses-pour-les-brics

Le poids du politiquement correct sur la pensée collective

La semaine dernière nous expliquions que les points de vue sont contrôlés par l’emprise d’un « politiquement correct », décidé et claironné par les médias, sur leurs lecteurs, auditeurs et spectateurs. C’est ce « politiquement correct » qui établit les lignes rouges à ne pas franchir dans l’argumentation socio-politique sous peine de rejet social. En langage psychologique ce « politiquement correct est appelé « pression sociale ». Elle touche tous ceux qui participent à la vie sociale, à tous les niveaux. Elle s’exerce autant au cours d’un diner entre amis que dans le débat politique public. Les médias, en gérant cette « pression sociale » influence directement la conscience collective et détermine ce qu’il est correct de dire et ce qui ne l’est pas.

Nous allons revenir sur un fait divers, vaguement abordé la semaine dernière, pour donner un exemple du poids et des conséquences de ce « politiquement correct ».

Nicolas Sarkozy, surement parce qu’il est en fin de carrière et n’a plus d’ambition politique à défendre, a osé briser ce politiquement correct au cours d’une interview au Figaro. Un entretien à accès payant, pas du tout commenté par le reste de la presse française mais qui a, bien sûr, attiré RT :

« Malgré les nombreux désaccords qu’il relève entre les deux pays, Nicolas Sarkozy a estimé que la France et la Russie doivent trouver un terrain d’entente. « Nous avons besoin d’eux et ils ont besoin de nous », plaide-t-il. Jugeant que « Poutine a eu tort » d’intervenir en Ukraine, Nicolas Sarkozy poursuit toutefois : « Une fois que l’on a dit cela, il faut avancer et trouver une voie de sortie. » « La Russie est voisine de l’Europe et le restera », insiste-t-il. 

Revenant sur la posture adoptée par Emmanuel Macron sur le dossier ukrainien, Nicolas Sarkozy juge qu’il a été dans une bonne démarche mais qu’en raison de la pression des pays de l’Est et des Américains, il n’a pas pu maintenir le cap. Il prône « une solution acceptable » avec des compromis, sinon « cette poudrière pourrait avoir des conséquences redoutables ». Un retour de la Crimée dans le giron ukrainien est « illusoire », selon Sarkozy Lorsque Le Figaro l’interroge sur le jusqu’au-boutisme de cette guerre, Nicolas Sarkozy se questionne : « S’agit-il de récupérer le Donbass ? De reprendre la Crimée ? Ou bien d’aller jusqu’à Moscou ? » Au sujet de la péninsule de Crimée, il admet que la « majorité de la population s’est toujours sentie russe ». « Je pense que tout retour en arrière est illusoire », ajoute-t-il.  Pour ce qui est des autres régions disputées entre Kiev et Moscou, l’ancien président français propose, en cas de conflit gelé et de non victoire d’un camp sur l’autre sur le terrain, « des référendums strictement encadrés par la communauté internationale ».  L’Ukraine doit rester « un pays neutre » ».

https://francais.rt.com/international/106717-guerre-ukraine-relations-franco-russes-sarkozy

Si l’entretien lui-même n’a guère été commenté par les médias, les réactions qu’il a provoquées l’ont été. Une interview qui a déclenché « une tempête au cœur de l’été » selon France 24 :

« Les répliques n’ont pas tardé. Julien Bayou a ouvert le feu jeudi matin : “Un ancien président ne devrait pas dire ça”, a estimé le député écologiste sur LCI, fustigeant une interview “lunaire” et “choquante”.

Nicolas Sarkozy commet “une faute terrible”, mais “on le comprend mieux quand on sait qu’il est acheté par les Russes“, a-t-il ajouté, évoquant les liens entre Nicolas Sarkozy et une société d’assurance russe.

Un contrat à trois millions d’euros, objet depuis 2021 d’une enquête du parquet national financier pour “trafic d’influence” et “blanchiment de crime ou délit”. Une preuve de plus de “l’emprise des élites par la Russie” selon Julien Bayou, au même titre que les activités dans le pétrole de François Fillon et l’emprunt bancaire de Marine Le Pen.

Dans la majorité également, l’eurodéputée (Renew) Nathalie Loiseau a déploré sur X (ex-Twitter) “la dépendance d’une partie de la classe politique européenne aux vues de Vladimir Poutine“, tandis que son collègue belge Guy Verhofstadt se demande s’il faut “rire ou pleurer” des déclarations de Nicolas Sarkozy, emblématiques des “erreurs tragiques” vis-à-vis d’une Russie devenue “un État terroriste“.

Logique criminelle

L’analyse de Nicolas Sarkozy “illustre puissamment la confusion des élites françaises sur la Russie et affaiblit encore une fois la voix de notre nation en Europe. Pathétique”, a déploré l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, allié du Parti socialiste…

Le pouvoir ukrainien n’en attend pas moins, rejetant toute velléité de référendum et blâmant la “logique criminelle” de Nicolas Sarkozy, qui “justifie la guerre d’agression” du Kremlin, ce qui équivaut à une “complicité directe“, selon Mykhailo Podolyak, conseiller du président Volodymyr Zelensky. »

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230818-tir-nourri-de-critiques-contre-sarkozy-après-ses-propos-sur-l-ukraine

On se rappelle que l’adjoint de Stoltenberg, le chef de l’OTAN, avait été obligé de faire marche arrière quand il avait suggéré de trouver un compromis sur la fin de la guerre en échange de la Crimée et Stoltenberg lui-même, tout puissant qu’il est du haut de l’OTAN, s’était excusé.

On voit ainsi clairement qu’une des lignes rouges du « politiquement correct » est « on ne discute pas avec Poutine, on ne l’envisage même pas », « soit il capitule en rendant la Crimée soit on continue à le bouder et le considérer comme un criminel ». Sur un sujet comme l’Ukraine, et bien d’autres, il n’y a plus de débat d’opinion possible. Toute personne franchissant la ligne rouge est traitée de tous les noms, toute discussion sérieuse sur le sujet traitée de « capitulation devant Poutine », la Russie elle-même « d’Etat terroriste », une ambiance collective hystérique qui empêche d’envisager d’autres portes de sortie que la « capitulation de la Russie et le retour de la Crimée dans le giron de l’Ukraine ». Une porte de sortie totalement illusoire et inatteignable. Or les illusions n’ont jamais accouché de bonnes stratégies. Ce qui veut dire que les élites politiques française et européennes n’ont tout simplement aucun plan de sortie pour le bourbier ukrainien et que toute discussion réaliste sur un plan de sortie franchit directement les lignes du « politiquement correct » et est interdite. Cela serait donc aux Etats-Unis d’en trouver une, mais là-bas aussi le politiquement correct est très fort et la prochaine campagne électorale empêchera Biden de « parlementer avec Poutine ».

Sans parler de l’Ukraine elle-même où le principal conseiller de Zelenski parle comme un hystérique, reflet de l’état d’esprit actuel du gouvernement Zelenski :

« “La fantastique logique criminelle de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, dans laquelle il justifie les guerres expansionnistes de la Russie, expose une fois de plus l’une des raisons fondamentales de la guerre d’aujourd’hui. L’encouragement par les dirigeants des pays occidentaux des projets criminels de Poutine de s’emparer de terres étrangères en 2008 et en particulier en 2014 a contribué au début d’une agression à grande échelle en Europe et au massacre d’Ukrainiens”, a écrit jeudi Mykhailo Podolyak sur Twitter.

“L’encouragement de Sarkozy est une complicité directe dans un crime de longue date. Les criminels ne peuvent pas être encouragés avec des phrases comme “la terre en échange de la paix”. Il n’y a pas de “nouveaux territoires de la Russie”, il n’y a pas de droit de la Russie à des référendums, il n’y a pas de particularités culturelles ou linguistiques. On ne peut pas commercer avec des territoires étrangers parce que vous craignez quelqu’un ou parce que vous vous associez à des criminels “, a déclaré Podolyak.

Il a souligné que “la Crimée et le Donbass sont incontestablement des territoires ukrainiens. Et par conséquent, la seule façon d’arrêter véritablement la guerre est de rétablir le droit international sur ces territoires. Ce qui ne signifie qu’une chose : la Russie doit perdre“.

“Moins de provocations, moins de déclarations contradictoires, moins d’incitations au crime. On ne peut pas répéter ‘l’expérience Sarkozy’ en 2023, où il a sciemment participé à un complot criminel visant à annexer des territoires ukrainiens par la Russie, suivi de l’organisation d’un génocide massif et d’une guerre“, a-t-il ajouté. »

https://odessa-journal.com/mykhailo-podolyak-we-cannot-repeat-the-sarkozy-experience-in-2023

La logique veut donc que ce sera la Russie qui décidera de quand cette guerre prendra fin et à quelles conditions, puisque personne d’autre ne veut en parler. Si les occidentaux ne l’acceptent pas ce sera leurs problèmes. Ou alors ils devront attaquer pour que « la Russie perde ». Mais ce serait un acte de folie car cette année à bien montrer le sous équipement militaire de l’Occident face à la Russie. Pour la troisième fois en cent ans, cela n’aboutira qu’à une énième destruction de l’Europe. Les européens ont-ils un si fort instinct suicidaire ?

Mais ce simple constat d’une évidente logique est interdit de médias grand public, à cause du « politiquement correct », qui nous impose de considérer la Russie comme « un Etat terroriste » (on remarque au passage que de proférer une telle absurdité ne choque pas France 24, un média politiquement correct). Par contre dire comme Sarkozy « il faut avancer et trouver une voie de sortie », est très mal vu alors que c’est une simple évidence. Le « politiquement correct » actuel est donc la voie royale vers la catastrophe. Mais il est bien sur « politiquement incorrect » de le dire. Sauf sur les médias alternatifs étiquetés « complotistes pro-Poutine » par ce même « politiquement correct ».

Et, comme nous le disions aussi la semaine dernière, ce sont les puissances financières qui, au travers des médias et des « experts » qui s’y expriment, déterminent ce qui est politiquement correct et ce qui ne l’est pas. Or ces puissances financières bénéficient largement de la tension militaire en Europe :

« Les 50 principaux groupes de réflexion américains reçoivent plus d’un milliard de dollars du gouvernement et des entrepreneurs de la défense

Le complexe militaro-industriel finance des groupes de réflexion américains soi-disant neutres à hauteur de plus d’un milliard de dollars par an.

Les 50 meilleurs groupes de réflexion d’Amérique, classés par le Go To Think Tank Index de l’Université de Pennsylvanie, ont reçu plus d’un milliard de dollars du gouvernement américain et d’entreprises de défense. Les principaux bénéficiaires de ce financement étaient la RAND Corporation, le Center for a New American Security et la New America Foundation, selon l’analyse du Center for International Policy.

Les dons à ces groupes de réflexion provenaient de 68 sources différentes du gouvernement américain et des entrepreneurs de la défense, représentant au moins 600 dons distincts. Les cinq principaux donateurs de la défense aux groupes de réflexion américains étaient Northrop Grumman, Raytheon, Boeing, Lockheed Martina et Air Bus. »

https://www.theamericanconservative.com/swamp-report-top-50-u-s-think-tanks-receive-over-1b-from-gov-defense-contractors/

« Aux États-Unis, les groupes de réflexion sont une ressource incontournable pour les médias à la recherche d’avis d’experts sur des questions urgentes de politique publique. Mais les groupes de réflexion ont souvent des positions bien arrêtées ; un nombre croissant de recherches a montré que leurs bailleurs de fonds peuvent influencer leur analyse et leurs commentaires. Cette influence peut inclure la censure – à la fois l’autocensure et la censure plus directe des travaux défavorables au bailleur de fonds – et des accords de rémunération pure et simple avec les bailleurs de fonds. Le résultat est un environnement où les intérêts des bailleurs de fonds les plus généreux peuvent dominer les débats politiques des groupes de réflexion.

L’un de ces débats concerne le niveau approprié d’implication militaire américaine dans l’invasion russe de l’Ukraine. Depuis la décision illégale et désastreuse de Vladimir Poutine de lancer une invasion à grande échelle de l’Ukraine, les États-Unis ont approuvé des dépenses militaires d’environ 48,7 milliards de dollars. Malgré le risque très réel que l’escalade puisse conduire à une implication militaire directe des États-Unis dans la guerre, rares sont ceux qui pensent ces groupes de réflexion ont examiné de manière critique ce montant record d’assistance militaire américaine. »

https://quincyinst.org/report/defense-contractor-funded-think-tanks-dominate-ukraine-debate/

Korybko perçoit pourtant un début de changement dans cette pression sociale qui, face à la dure réalité, ne peut que s’incliner :

« Au cours des 18 derniers mois, on a expliqué aux Occidentaux à quel point les Ukrainiens étaient intrépides et optimistes, afin de convaincre les premiers de continuer à soutenir la décision de leurs dirigeants de financer les seconds, mais aujourd’hui, les médias dominants leur disent tout le contraire. Le Washington Post a écrit au début du mois que “la lenteur de la contre-offensive assombrit l’humeur en Ukraine“, suivi par The Economist qui a déclaré que “la lenteur de la contre-offensive ukrainienne aigrit l’humeur du public“.

Ces quatre mises à jour majeures ont été partagées au cours de la période de 10 jours qui s’est écoulée entre ces deux articles :

L’impression que l’on retire de tout cela est qu’une nouvelle campagne d’information a commencé.

Comme nous l’expliquions dans cette récente analyse sur la façon dont “Une vicieuse partie de blâme se met en place après l’échec prévisible de la contre-offensive“, tout le monde se pointe maintenant du doigt, par désespoir, pour éviter d’assumer sa propre responsabilité dans ce désastre spectaculaire, ce qui a déclenché cette dernière tendance des médias. L’Occidental est désormais soit très confus s’il est un partisan inconditionnel de Kiev, soit justifié s’il s’est opposé au financement de la guerre par procuration menée par l’OTAN et la Russie en Ukraine…

Il s’agit d’une “opération de déprogrammation” visant à inverser l’effet que la propagande pro-ukrainienne/guerre et anti-paix/russe a eu sur les masses occidentales. L’objectif est de les conditionner à accepter le scénario des pourparlers de paix et le cessez-le-feu qui en résulterait s’ils étaient couronnés de succès. »

https://korybko.substack.com/p/western-media-is-nowadays-talking

Selon Korybko, les médias commencent donc à inverser la pression sociale pour que ce qui était considéré auparavant comme tabou, parler de négociations de paix avec Poutine, devienne admis et considéré comme nécessaire. S’ils en ont décidé ainsi, j’ai peu de doutes qu’ils arriveront à leur faim.

L’information médiatique n’est pas faite pour informer mais pour maintenir l’esprit de ceux qui s’y abreuve dans un consensus social favorable aux puissances financières. Car si une guerre d’attrition contre la Russie était favorable à leurs intérêts économiques, une guerre générale ne le serait pas. Sauf pour effacer des dettes qui commencent à devenir irremboursables…

L’Ukraine

Comme nous l’avons montré dans le chapitre précédent le politiquement correct empêche, pour l’instant, toute pensée pragmatique au sujet de l’Ukraine et maintient les dirigeants, ukrainiens et occidentaux, dans de dangereuses illusions. Commençons par ce que pense Joseph Borell de la Russie :

« La Russie est un « nain économique » et est analogue à « une station-service dont le propriétaire possède une bombe atomique ».

C’est ce qu’a déclaré dans une interview à El Pais le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell. Selon lui, la Russie n’est pas à la hauteur de la Chine, qui est un « véritable acteur géopolitique ». »

https://ukrainetoday.org/2023/08/19/an-economic-dwarf-and-a-gas-station-with-an-atomic-bomb-borrell-took-a-hard-walk-through-russia/

Après sa remarque disant « l’Europe est un jardin entouré d’une jungle », on connaissait sa vision caricaturale du monde, ce qui n’est pas de bonne augure pour un des plus haut diplomate de l’Union Européenne. Mais sa vision de la Russie est une illusion dangereuse car il fera partie des partisans d’une attaque directe contre la Russie, quand l’Ukraine sera définitivement vaincue. Sa remarque souligne d’ailleurs que sans la « bombe atomique » ce serait peut-être déjà fait.

Bien sur la Russie a répondu à une telle calomnie :

« Voir un nain à la place d’un ours : Le regard biaisé des fonctionnaires occidentaux sur la Russie

Les 18 mois écoulés ont prouvé l’impossibilité de supprimer la Russie des marchés mondiaux, quelles que soient les déclarations faites dans différentes tribunes politiques. Ce n’est que dans un miroir déformant que l’on peut prendre un ours pour un nain et négliger le poids de la Russie dans l’économie mondiale.

Mais on peut supposer que la vraie raison, c’est que les fonctionnaires européens sont contrariés par leur propre amateurisme et par leurs erreurs stratégiques qui coûtent extrêmement cher à l’économie européenne et les rendent, avec leurs politiques, de moins en moins populaires auprès des citoyens de leurs pays.

Ne pas appeler un chat un chat n’est pas nouveau. Les tentatives de s’en prendre à la Russie de cette manière ne sont pas rares. Les sanctions illégitimes en sont un bon exemple. Plus encore, les fonctionnaires européens mettent en doute l’importance de la Russie dans l’économie mondiale. Il est significatif que les faits disent tout le contraire. Malgré des restrictions illégales, l’économie russe affiche d’excellents résultats. Selon la Banque mondiale, elle est passée à la cinquième place en termes de produit intérieur brut (PIB) compte tenu de la parité de pouvoir d’achat (place occupée par l’Allemagne auparavant). La production de biens et de services s’accélère avec succès. Selon les résultats de l’année dernière, la Russie a produit des biens et des services pour 2 300 milliards de dollars, ce qui correspond à la huitième place dans le classement de la Banque mondiale.

Contrairement aux prévisions les plus ambitieuses, le PIB russe est en hausse pour le quatrième mois consécutif. Selon les données de l’Institut de la Banque de développement de Russie, le PIB du pays a augmenté de 5,7% par rapport à la même période de l’année dernière et de 5,6% par rapport au mois précédent. Globalement, la croissance du PIB pour le premier semestre de l’année a été de 1,6% par rapport à la période allant de janvier à juin 2022.

Ces faits sont-ils connus de Monsieur Borrell ? Le chef de la diplomatie européenne lit-il la presse financière ? Par exemple, le Wall Street Journal affirme sans équivoque que les pays occidentaux, dans leur envie de mettre l’économie russe à genoux, ont essuyé une défaite. La Russie résout efficacement les défis de l’importation, de l’exportation, de la réorientation des canaux commerciaux et logistiques. Elle est numéro un mondial dans les exportations de céréales. De plus, pour les pays les plus nécessiteux, la Russie organise des livraisons gratuites. En outre, elle figure de façon constante parmi les trois principaux pays fournisseurs de pétrole et de gaz. Comme l’expérience des restrictions illégales l’a démontré, il est tout simplement irréaliste de supprimer la Russie des chaînes mondiales d’approvisionnement de produits de base, compte tenu de son rôle et de son importance. »

https://francais.rt.com/opinions/106795-voir-nain-place-d-ours-regard-biaise-russie

D’autres se réconfortent comme il peuvent avec leurs illusions :

« Pendant ce temps, pour les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, ces 18 mois de guerre ont été une aubaine stratégique, à un coût relativement faible (mis à part pour les Ukrainiens). L’antagoniste le plus téméraire de l’Occident a été secoué. L’OTAN s’est beaucoup renforcée avec l’arrivée de la Suède et de la Finlande. L’Allemagne s’est sevrée de la dépendance à l’énergie russe et, à bien des égards, a retrouvé son sens des valeurs. Les querelles de l’OTAN font la une des journaux, mais dans l’ensemble, cet été a été triomphal pour l’alliance. »

https://www.washingtonpost.com/opinions/2023/07/18/ukraine-war-west-gloom/

« Les défenses antimines désespérées de la Russie pourraient se retourner contre elle

Parmi tous les obstacles auxquels est confrontée la contre-offensive acharnée de l’Ukraine, les mines antipersonnel et antivéhicule russes sont parmi les plus redoutables. Les routes d’attaque probables ont été jonchées d’un nombre incalculable d’explosifs, attendant d’être activés par l’avancée des véhicules ou des troupes ukrainiennes…

Mais une défense minée du front sud pourrait également limiter les troupes russes. Pour atteindre les objectifs de guerre déclarés à plusieurs reprises par le Kremlin, les unités russes devront à nouveau embarquer à partir de la ligne dite Surovikin, qui s’étend à travers le sud de l’Ukraine, du Dniepr à Donetsk. Les champs de mines, en particulier ceux posés à la hâte et au hasard, pourraient être une complication sérieuse.

“Les Russes ont tellement miné le sud qu’ils ne peuvent pas non plus avancer”, a déclaré à Newsweek Mark Voyger, ancien conseiller spécial pour les affaires russes et eurasiennes du commandant de l’armée américaine en Europe, le général Ben Hodges. “Leurs forces vont se retrouver dans ces mêmes champs de mines qu’ils ont posés si lourdement, si massivement à travers le sud.”…

“Dans le sud, ils sont à peu près coincés dans cette ligne de contact”, a-t-il ajouté. “Si vous voulez faire preuve d’initiative et de prouesses tactiques et de manœuvres, ce sera probablement à l’est. Je ne pense pas qu’ils aient été très responsables en cartographiant toutes les mines qu’ils ont posé.” »

https://www.newsweek.com/russia-mine-defenses-could-backfire-south-ukraine-1821294

On retrouve ici l’illusion/propagande classique, à la Borell, d’une Russie incapable, faible, avec des militaires incompétents. Pour toute personne qui n’est pas aveuglée par la propagande anti russe c’est évidemment faux, une illusion. Elle le montre tous les jours sur le terrain et en Russie même. Un de ces signes est que l’Occident ne peut pas suivre la production russe de munitions :

« L’effort déployé par l’administration Biden pour fournir à l’Ukraine les armes essentielles à son succès militaire contre la Russie a donné lieu à une accélération prometteuse de la production d’armes, y compris l’artillerie standard de l’OTAN, dont la production devrait bientôt atteindre le double de celle des États-Unis d’avant-guerre, soit 14 000 par mois.

Les enjeux de l’effort américain visant à bouleverser un système d’acquisition de défense sclérosé sont particulièrement élevés alors que Kiev tente de récupérer des territoires sous contrôle russe dans le cadre d’une contre-offensive lente dont le sort, selon les responsables américains, dépend désormais de la capacité de l’Occident à satisfaire l’étonnante demande de l’Ukraine en munitions d’artillerie.

Mais les experts du secteur mettent en garde contre les défis majeurs que représente le maintien d’une production élevée d’armes et d’équipements nécessaires non seulement pour aider l’Ukraine mais aussi pour assurer la sécurité des États-Unis dans d’éventuels conflits avec la Russie ou la Chine. Il s’agit notamment de surmonter la pénurie d’intrants clés, notamment le TNT, et de maintenir une capacité accrue dans un contexte de fluctuation des budgets et d’incertitude quant aux besoins militaires futurs. »

https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/08/19/artillery-ammunition-ukraine-pentagon/

Ce qui montre bien que Borell, le plus haut diplomate de l’UE, est dans l’illusion en pensant que, sans la bombe atomique, la Russie serait déjà vaincue.

Et bien sûr, l’illusionniste numéro un de cette tragédie :

« Lors d’un discours au parlement danois, Zelensky s’est déclaré lundi convaincu que la Russie perdrait la guerre. “Je suis sûr que nous gagnerons parce que la vérité est de notre côté”, a-t-il déclaré.

“L’essentiel est ce que nous prouvons par notre victoire, par notre coopération… Ensemble, nous prouvons que la vie est une valeurque les gens comptent. La liberté compte, l’Europe compte”, a déclaré le président ukrainien dans son discours.

Le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Yuriy Ihnat, a également déclaré que cette livraison [des F16 promis par le Danemark] établirait leur supériorité dans les airs, ce qui est essentiel pour un « succès au sol ». »

https://www.wionews.com/world/russia-warns-of-escalation-over-f-16s-as-zelensky-predicts-ukraine-to-win-war-627588

Pourtant, comme le notait Korybko, dans ce tourbillon d’illusions et de bonne parole, quelques articles sont bien obligés de parler de la réelle situation sur le terrain :

« L’Ukraine semble être à court d’options dans une contre-offensive que les responsables avaient initialement présentée comme une opération cruciale de Kiev pour reprendre un territoire important aux forces d’occupation russes cette année.

Après plus de deux mois de combat, la contre-offensive montre des signes d’essoufflement. Les avancées de Kiev restent limitées à une poignée de villages, les troupes russes avancent dans le nord et un projet de formation de pilotes ukrainiens sur des F-16 de fabrication américaine est retardé.

L’incapacité de l’Ukraine à démontrer un succès décisif sur le champ de bataille alimente les craintes que le conflit ne devienne une impasse et que le soutien international ne s’érode. Un nouveau rapport classifié des renseignements américains prédit que la contre-offensive ne parviendra pas à atteindre Melitopol, une ville clé du sud-est du pays, cette année.

Pendant ce temps, l’opinion publique ukrainienne, fatiguée par la guerre, attend avec impatience que les dirigeants de Kiev obtiennent la victoire et, à Washington, les appels à réduire l’aide à l’Ukraine devraient être amplifiés à l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2024. »

https://www.washingtonpost.com/world/2023/08/20/ukraine-counteroffensive-analysis-war-russia/

Réalités de terrain que d’autres articles, prétendant le contraire, vont continuer à noyer dans le brouillard de guerre :

« L’Ukraine a déclaré que ses forces avaient repris le village d’Urozhaine aux troupes russes, donnant un coup de pouce important au président Volodymyr Zelensky plus de deux mois après le début de la contre-offensive de ses troupes.

Le village de l’oblast de Donetsk fait partie d’un groupe de petites agglomérations rurales que l’Ukraine a déclarées libérées depuis le début de l’effort visant à reconquérir le territoire occupé vers le 4 juin.

“Urozhaine a été libérée”, tel est le message succinct sur Telegram de la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, qui a ajouté : “Nos défenseurs sont retranchés à la périphérie”….

“C’est une reconquête importante mais en termes très relatifs”, a déclaré Nicolò Fasola, chercheur à l’Université de Bologne en Italie, dont les travaux se concentrent sur les stratégies militaires de la Russie, soulignant que la population d’avant-guerre n’était que d’environ 1 000 habitants.

“Il s’agit d’une victoire de propagande et d’information pour l’Ukraine dans la mesure où cela peut fournir à l’Occident un résultat tangible, en disant : ‘Nous allons bien, continuez à nous soutenir'”, a-t-il déclaré à Newsweek. »

https://www.newsweek.com/russia-ukraine-urozhaine-counteroffensive-1820130

L’Afrique

En fin de semaine dernière la CEDEAO a, dans un sursaut de fierté, bandé ses muscles :

« L’opération militaire, à écouter le chef d’état-major du Ghana, est désormais décidée. Il affirme par exemple que les États membres vont mettre en place « une mission de soutien à la stabilisation ». « Nous allons accomplir notre tâche dans un chronogramme raisonnable », a-t-il ajouté, rapporte François Hume-Ferkatadji.

Dans la même veine, le commissaire chargé des affaires publiques de la Cédéao, Abdel Fatau Musah, a déclaré que « les vaillantes forces de l’Afrique de l’Ouest sont prêtes à répondre à l’appel du devoir » contre « l’inflexibilité des militaires au pouvoir ». Il explique que la force en attente a déjà assez d’hommes pour une opération, qu’elle possède des ressources propres, que le soutien financier des pays occidentaux n’est pas obligatoire, même si cette « aide serait bienvenue ». »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230817-les-chefs-d-état-major-de-la-cédéao-évoquent-une-mission-de-soutien-à-la-stabilisation-au-niger

Tout en précisant qu’aucune date n’avait été fixée pour cette « opération militaire » dont le but affiché est de « rétablir la démocratie au Niger ».

Pourtant, au même moment au Sénégal, pays faisant partie de la CEDEAO et prêt à « rétablir la démocratie » au Niger :

« L’opposant politique sénégalais Ousmane Sonko a été radié des listes du fichier électoral, a-t-on appris de source officielle, ce mercredi 16 août. Cette radiation, contestée par son camp, pourrait empêcher M. Sonko d’être éligible, et donc d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024.

La presse sénégalaise parlait d’une radiation du fichier électoral de l’opposant politique Ousmane Sonko depuis plusieurs jours, et nous avons appris, ce mercredi, qu’une notification lui a bien été adressée suite à sa condamnation à deux ans de prison ferme le 1er juin pour « corruption de la jeunesse », dans l’affaire où une employée d’un salon de massage l’accusait de viols.

Selon les autorités, puisqu’il a été jugé par contumace, c’est-à-dire en son absence, la condamnation de M. Sonko est définitive, et donc son éligibilité saute. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230816-ousmane-sonko-radié-des-listes-du-fichier-électoral-sénégalais

« Sénégal : toujours hospitalisé, l’opposant Ousmane Sonko a repris connaissance

Il avait été admis en réanimation dans la nuit du 16 au 17 août 2023 selon ses avocats et les autorités pénitentiaires. En grève de la faim depuis son incarcération le 31 juillet, il était déjà hospitalisé à Dakar depuis le 6 août et se trouvait dans un état de santé alarmant, selon ses proches. »

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20230817-sénégal-l-opposant-ousmane-sonko-a-été-admis-en-réanimation

Quant à l’actuel président du Nigéria, autre pays de la CEDEAO poussant à une action militaire contre le Niger, cette enquête montre qu’il n’est pas vraiment non plus un parangon de démocratie :

« Avant de mener la charge pour une intervention, le président de la CEDEAO [et président du Niger], Bola Tinubu, a passé des années à blanchir des millions pour des trafiquants d’héroïne à Chicago, et a depuis été pris dans de nombreux scandales de corruption…

L’un des hommes les plus riches du Nigeria, l’origine de la fortune de ce président entaché de scandales n’est pas claire.

Des documents examinés par The Grayzone révèlent que Tinubu est un asset américain de longue date qui a été désigné comme complice d’une vaste opération de trafic de drogue au cours de laquelle il a blanchi des millions pour le compte d’un parent trafiquant d’héroïne. »

https://lesakerfrancophone.fr/dhomme-de-main-de-chi-town-a-president-de-la-cedeao-rencontre-avec-lancien-blanchisseur-dargent-qui-pousse-a-attaquer-le-niger

En voyant ces exemples de « démocratie ouest-africaine », on peut comprendre que le peuple du Niger ne soit guère emballé à ce qu’on la lui impose militairement. D’ailleurs quand on voit les résultats de la « démocratie imposée militairement » par les Etats-Unis, en Afghanistan, en Irak, en Lybie ou en Syrie, on comprend encore mieux son manque flagrant d’enthousiasme.

Mais il le paye cher :

« Le poste frontière de Malanville, dans le nord du Bénin, est l’un des plus fréquentés d’Afrique de l’Ouest. Des camions transportant de la nourriture, de l’aide humanitaire et des matériaux industriels circulent habituellement librement vers le Niger voisin, l’un des pays les plus pauvres du monde.

Aujourd’hui, il est à l’arrêt.

Une file de milliers de camions s’étire sur 25 km depuis les rives boueuses du fleuve Niger qui marque la frontière. Les chauffeurs bloqués pendant des semaines suspendent leurs vêtements entre les camions. Loin des gardes-frontières, les petits commerçants empilent des marchandises sur des bateaux en bois pour traverser le fleuve battu par les pluies.

Cette situation est l’un des signes les plus évidents de l’impact des sanctions imposées par le bloc régional de la CEDEAO au Niger après le coup d’État militaire du 26 juillet.

Le blocus vise à faire pression sur la junte pour qu’elle rétablisse le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Ce faisant, il a fait grimper le prix des denrées alimentaires à l’intérieur du Niger, entravé l’industrie et menacé d’une pénurie de fournitures médicales, selon les agences d’aide, les fonctionnaires et les habitants. »

https://www.reuters.com/world/africa/food-aid-pile-up-nigers-border-sanctions-bite-2023-08-24/

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 21 août 2023

Source : The Saker francophone.


Par Wayan – Le 21 aout 2023 – Le Saker Francophone

Etats-Unis

Rien de moins qu’une quatrième inculpation pour Trump. Sa collection augmente ainsi que les doutes sur un acharnement judiciaire dirigé contre lui.

Pour cette inculpation là encore, le « crime » est tendancieux puisqu’il porte sur sa contestation de la façon dont les bulletins de vote ont été comptés.

Il est officiellement accusé :

 

« D’avoir tenté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020 dans l’État américain de Géorgie, en faisant notamment pression sur des responsables du scrutin ».

A l’origine de cette accusation :

« On se souvient notamment de l’appel téléphonique dans lequel Donald Trump demandait au secrétaire de cet État, un républicain, de « lui trouver les 11 780 votes » qui lui manquaient pour remporter les seize grands électeurs de Géorgie. C’est cet échange téléphonique enregistré et rendu public qui avait poussé la procureure Fani Willis à ouvrir une enquête. ».

Donc l’accusation repose sur un coup de fil où un Trump en colère prétend qu’il manque 11 780 votes.

Mais la procureure frappe encore plus fort :

« Elle espère aujourd’hui pouvoir recourir à une loi locale utilisée généralement contre le crime organisé et prévoyant jusqu’à 20 ans de prison. « Chaque individu inculpé dans cette affaire est accusé d’avoir violé la loi de Géorgie sur la délinquance en bande organisée, et cela, en participant à une initiative criminelle dans le comté de Fulton et ailleurs. Cette initiative avait pour objectif illégal de permettre à Donald Trump de garder le pouvoir et de s’emparer du mandat présidentiel commençant le 20 janvier 2021. » dit-elle »

Et plus vite :

« La procureure, qui enquête depuis 2021 sur cette affaire, a affirmé vouloir un procès dans cette affaire « dans les six mois ». »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230815-états-unis-donald-trump-inculpé-de-tentative-de-manipulation-de-la-présidentielle-2020-en-géorgie

C’est-à-dire en pleine primaire républicaine. Un parfait cadeau pour ses opposants à la primaire. Pour un esprit que la propagande médiatique n’a pas rendu foncièrement anti-Trump, il est difficile de ne y voir un acharnement judiciaire.

« Reste, pour les juges américains, à fixer les dates des deux derniers procès d’envergure qui pourraient envoyer Donald Trump en prison. Et c’est un casse-tête logistique qu’ils n’avaient jamais rencontré jusqu’à présent : D’un côté, il faut juger le candidat avant qu’il ne puisse profiter de ses potentiels futurs pouvoirs présidentiels ; et de l’autre, laisser le candidat faire campagne pour respecter le processus démocratique américain.

Un des arguments de défense est tout trouvé pour Donald Trump et ses partisans : Le calendrier judiciaire viserait volontairement à nuire à son calendrier politique.

Car pour la troisième affaire dans laquelle il a été inculpé cette année, la date du procès sera fixée fin août. Il y est accusé d’avoir voulu saboter le processus électoral de 2020 et la victoire de Joe Biden, et avoir poussé à l’assaut du Capitole en janvier 2021. S’agissant d’un procès fédéral, il pourrait passer avant les trois autres procès qui l’attendent : Jack Smith, l’avocat qui supervise le dossier, a proposé la date du 2 janvier 2024 pour l’ouverture du procès, soit deux semaines avant le premier caucus.

La procureure Fani Willis qui porte l’affaire la plus récente, concernant la Géorgie, voudrait de son côté que le procès s’ouvre d’ici six mois. Il aurait donc lieu en février 2024 au plus tard, soit en pleines primaires. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230815-états-unis-la-quatrième-inculpation-de-trump-rapproche-son-calendrier-juridique-des-élections

Le vrai problème dans cette histoire n’est pas tant le cas Trump, car entre loups on se bat à mort, mais l’utilisation du ministère de la justice pour prendre l’avantage sur un opposant politique qui a le soutien d’une bonne moitié de la population, créant ainsi une méfiance généralisée de cette population envers les institutions et la tant vantée « démocratie américaine ». Or une institution, comme un gouvernement, ne tient que par la légitimité populaire qu’elle inspire. Sinon plus personne ne la respecte. Ainsi, pour les très nombreux partisans de Trump, les institutions gouvernementales perdent leur légitimité ce qui est un très mauvais signe pour la nécessaire cohésion d’un pays qui a déjà connu une guerre de sécession :

« C’est pourquoi le ministère de la justice jouit aujourd’hui d’une moins grande confiance de la part du public que sous son prédécesseur, Bill Barr. Pendant le mandat de ce dernier, Pew a constaté que 54 % du public avait une opinion favorable du ministère et 70 % une opinion favorable du FBI. Sous le mandat de M. Garland, la cote de popularité du ministère est tombée à 49 % en mars, avant les nombreux échecs récents. La cote de popularité du FBI a chuté de 18 points pour atteindre 52 %.

L’absence de leadership de M. Garland a compromis des affaires clés. Un sondage Harvard-Harris réalisé cet été a montré que 55 % du public considère l’inculpation de Trump comme “politiquement motivée” et que 56 % pensent qu’il s’agit d’une ingérence électorale. »

https://thehill.com/opinion/criminal-justice/4149641-shoeless-joe-weiss-and-the-fixing-of-the-hunter-biden-game/

Et ces 56% voient aussi que le même ministère de la justice ferme les yeux sur les problèmes de Biden père et fils qui continuent pourtant de s’accumuler et sont parfaitement documentés :

« Vous trouverez ci-dessous un résumé de la troisième note sur les dossiers bancaires. Le mémorandum complet est disponible ici.

Le personnel de la commission publie les paiements effectués par la Russie, le Kazakhstan et l’Ukraine pendant la vice-présidence de Joe Biden : La Commission a maintenant identifié plus de 20 millions de dollars de paiements provenant de sources étrangères à la famille Biden et à ses associés.

Hunter Biden et Devon Archer ont utilisé des entités de Rosemont Seneca pour faire entrer des millions de dollars provenant d’oligarques d’Europe et d’Asie :  En utilisant des comptes nominalement liés à Devon Archer (mais utilisant la marque familière “Rosemont Seneca”), Hunter Biden a reçu des paiements progressifs provenant de sources étrangères, en essayant de cacher la source et l’importance des paiements.

En février 2014, un oligarque russe a envoyé 3,5 millions de dollars à une société écran associée à Hunter Biden et Devon Archer : La milliardaire russe Yelena Baturina a transféré 3,5 millions de dollars à Rosemont Seneca Thornton, une société écran. Environ 1 million de dollars a été transféré à Devon Archer, et le reste a servi à alimenter un nouveau compte de la société, Rosemont Seneca Bohai, que Devon Archer et Hunter Biden ont utilisé pour recevoir d’autres virements étrangers.

Au printemps 2014, un oligarque ukrainien a placé Archer et Biden au conseil d’administration de Burisma et a accepté de leur verser un million de dollars chacun par an : Le secrétaire général de Burisma Holdings (Burisma), Vadym Pozharsky, travaillait pour le compte de l’oligarque ukrainien et propriétaire de Burisma, Mykola Zlochevsky. Hunter Biden a d’abord été engagé par Burisma en tant que conseiller juridique de l’entreprise, et Pozharsky et Zlochevsky ont rencontré Hunter Biden lors d’une conférence au lac de Côme, en Italie, où ils ont décidé que Hunter Biden travaillerait au sein du conseil d’administration de Devon Archer. Le vice-président de l’époque, Joe Biden, s’est rendu en Ukraine peu après les premiers versements. Les paiements effectués par Burisma pour Devon Archer et Hunter Biden ont été virés à Rosemont Seneca Bohai.  Les paiements ont été transmis par tranches sur les différents comptes bancaires de Hunter Biden.

En avril 2014, un oligarque kazakh a viré le prix exact de la voiture de sport de Biden sur un compte bancaire utilisé par Archer et Biden : En février 2014, Hunter Biden a rencontré Kenes Rakishev dans un hôtel de Washington. Rakishev travaillait en étroite collaboration avec le premier ministre du Kazakhstan, Karim Massimov. En avril, Rakishev, un oligarque kazakh, a viré 142 300 dollars à Rosemont Seneca Bohai. Le lendemain, Rosemont Seneca Bohai a effectué un paiement de 142 300 dollars pour une voiture de sport destinée à Hunter Biden.  Archer et Biden ont ensuite organisé la visite de cadres de Burisma au Kazakhstan en juin 2014 pour évaluer un accord tripartite entre Burisma, une société d’État chinoise et le gouvernement du Kazakhstan.

Hunter Biden a reçu des millions de dollars en paiements de la part de Yelena Baturina, de Burisma et de Kenes Rakishev. Le vice-président Biden a dîné avec eux au printemps 2014 et 2015 à Washington. »

https://oversight.house.gov/release/comer-releases-third-bank-memo-detailing-payments-to-the-bidens-from-russia-kazakhstan-and-ukraine/

Une histoire habituellement censurée par les médias mais RFI s’est quand même senti obligée de pondre un article sur Hunter Biden qui est une caricature de mésinformation :

« Une décision dans l’intérêt général. C’est ainsi que Merrick Garland a annoncé que David Weiss, le procureur chargé d’enquêter sur Hunter Biden, serait désormais élevé au rang de procureur spécial. Une nomination qui donne à ce dernier plus de liberté et d’indépendance par rapport au département de la Justice. »

Alors que cette nomination est, comme l’explique MoA, faite pour empêcher le Congrès d’enquêter sur cette enquête laissant ainsi « plus de liberté et d’indépendance au département de la Justice. ». Pas du tout dans « l’intérêt général ».

« L’annonce de Merrick Garland vise probablement à faire taire les critiques et les accusations des Républicains qui estiment que Hunter Biden bénéficie d’un traitement de faveur. »

Ce ne sont donc que des « accusations des Républicains », sous-entendu basé sur aucun fait, alors qu’ils en regorgent comme on l’a vu plus haut.

« Le fils de Joe Biden multiplie les problèmes avec la justice. »

Hunter Biden n’accumule pas les actes de trafic d’influence en utilisant le nom et la complicité de son père mais « les problèmes avec la justice ».

 Il est accusé de fraude fiscale et de possession illégale d’armes à feu. ».

Comme prévu ces petites accusations de fraude fiscale et d’armes à feu sont utilisé par les médias pour noyer les gros poissons.

 Des affaires dans lesquelles ses avocats étaient parvenus à un accord avec le procureur Weiss. Hunter Biden acceptait de plaider coupable pour fraude fiscale pour éviter des poursuites plus graves dans ses autres affaires. Mais cet accord avait échoué à la dernière minute, il y a deux semaines, laissant désormais la voie ouverte à un procès. »

La manipulation que la juge chargée du dossier a dénoncée, comme nous l’avons vu la semaine dernière, est présentée comme « un accord ayant échoué à la dernière minute » sans donner la moindre explication au lecteur qui ne saura jamais pourquoi.

« Pour le moment, la Maison Blanche refuse de commenter ce dernier rebondissement. »

Si vous sortez de cette lecture en pensant, « pauvre Biden, il a un fils que se conduit en enfant gâté et lui cause bien des soucis », c’est normal, cet article a été fait dans ce but-là. Et quand Trump utilisera le cas Hunter pendant la campagne, la pensée, « quel enfoiré, s’en prendre aux enfants pour attaquer le père » sera aussi normale, elle aura été induite par un tel article.

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230811-états-unis-un-procureur-spécial-nommé-pour-enquêter-sur-le-fils-de-joe-biden

En observant un tel parti pris, les supporters de Trump ont le réflexe d’accuser Biden d’être derrière ces manigances pour assurer sa réélection. Mais ils se fixent sur le doigt qui montre la lune car il est évident que ce n’est pas Biden lui-même qui a une telle emprise sur le ministère de la justice tant pour l’attaque contre Trump que pour sa propre protection. Les hauts fonctionnaires prendraient trop de risques pour leur carrière. Il faudrait aussi qu’il ait une emprise équivalente sur les grands médias pour qu’ils étouffent ainsi les problèmes de son fils. Non, Biden n’est pas omnipotent sur le système politique étasunien pour réussir un tel exploit, d’autant plus que son âge réduit son énergie et ses capacités mentales pour le faire. C’est donc une personne ou une entité placée au-dessus de Biden, qui contrôle à la fois la bureaucratie et les médias, qui le protège tout en cherchant à démolir Trump.

Or aucun individu n’a un tel pouvoir aux Etats-Unis, ce serait donc une entité, un groupe d’individus. Mais quelle entité aurait un pouvoir supérieur au président. Officiellement aucune. Ni le Congrès, ni le Pentagone, ni la CIA. Alors comment expliquer que Biden puisse tout se permettre sans conséquences et Trump non.

Et bien la grande différence entre les deux vient du traitement médiatique. Imaginons 5 minutes que le rapport du Congrès ci-dessus était, comme il devrait théoriquement l’être, repris par tous les grands médias étasuniens et occidentaux, comme c’est le cas pour Trump. La corruption de Biden père et fils étalée au grand jour. Pas d’articles de RFI pour minimiser l’affaire. Immédiatement il y aurait appel à des procédures d’impeachment et, face à une justice digne de ce nom, de grandes chances d’aboutir à la destitution de Biden. Ce sont donc les médias le premier rempart de Biden. Or les médias sont tenus par les puissances financières du pays. De plus, tout homme politique sait que sa carrière dépend du jugement que les médias vont porter sur lui et qu’il est donc dans son intérêt qu’ils en disent du bien. Les médias font et défont les carrières politiques. On l’a bien vu en France à la veille de l’élection présidentiel de 2018. La façon dont les médias ont démonté Fillon, l’outsider de l’élection, et promu Macron qui, alors qu’il était à peine connu, lui a permis de remporter largement la présidence.

Mais, et le rapport du Congrès le montre, la bureaucratie aussi fait rempart à Biden. On pourrait dire que c’est parce que Biden est leur président, donc leur chef et qu’elle lui obéit. Pourtant quand Trump était président, la bureaucratie du FBI s’est liguée contre lui et a donc obéit à d’autres ordres. Des ordres venant d’où ? Et bien là aussi des puissances financières qui, grâce au système dit des « chaises tournantes », font qu’un haut fonctionnaire trouvera toujours une très bonne place dans une société privée s’il a favorisé les intérêts du monde économique pendant sa carrière de fonctionnaire.

Bien sur ces fonctionnaires ne prennent que très rarement des ordres directs, ils les prennent indirectement en lisant les médias grand public dit sérieux, le New York Times, le Washington Post, CNN, Bloomberg, le Monde et Libé pour les francophones, qui sont les porte-voix du monde de la finance…C’est en lisant ces journaux qu’ils savent, comme tout le monde, déchiffrer où sont leurs intérêts personnels. C’est aussi pour cela que, à la retraite et loin des pressions médiatiques, ils deviennent « sans crainte de bousculer le politiquement correct ». Le fameux « politiquement correct » qui, tout comme « l’opinion publique », sont là pour indiquer la bonne façon de penser et ne sont déterminés que par les médias et leurs « experts ».

Ainsi quand, en 2015, Trump est tombé comme un cheveu sur la soupe politique washingtonienne, les grands médias s’en sont d’abord moqué, le traitant de clown n’ayant aucune chance, puis, ses chances augmentant, ont commencé à le diaboliser. C’est ainsi que toute personne soucieuse de sa carrière ou de son image sociale a été poussé à dire tout le mal qu’il pensait de Trump. A la suite de son improbable élection, quand les médias ont commencé à lancer des accusations, reconnues maintenant comme mensongères, de collusion entre Trump et Poutine, deux grand diables médiatiques, tous les fonctionnaires, intellectuels ou journaliste soucieux de leur carrière ont su quelle direction prendre. La mayonnaise était prête à être battue et elle a bien prise.

Au prix de la légitimité des institutions du pays qui auront perdu de leur crédibilité. Mais le monde de la finance internationale montre depuis longtemps qu’elle n’a que faire de la légitimité des institutions d’un pays. Au contraire, moins un pays a d’institutions pouvant le protéger de leur prédation économique plus elles peuvent y faire de bons profits.

Deux institutions financières géantes font parler d’elles depuis quelques années, à cause de leur dangereux gigantisme, Blackrock et Vanguard :

« BlackRock (BLK +0,30%) et Vanguard sont les deux plus grands gestionnaires d’investissement au monde. Respectivement, ils ont terminé 2017 avec 6 290 milliards de dollars et 4 940 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Au cours des huit dernières années, BlackRock a connu une croissance de 8 % tandis que Vanguard a connu une croissance d’environ 15 %, selon Pensions & Investments. »

https://medium.com/culturebanx/vanguard-vs-blackrock-battle-for-worlds-largest-investment-manager-ea59ff52c927

Par comparaison, le PNB français pour 2021 était de 2 958 milliards pour 2021.

« Comme on pouvait s’y attendre, la guerre de la Russie en Ukraine a alimenté la croissance internationale des produits de défense, les pays cherchant à protéger leurs frontières et celles de l’OTAN, ainsi qu’à soutenir leurs alliés. La sécurité est désormais au cœur des discussions politiques dans le monde entier, et les gouvernements ont réagi en allouant plusieurs centaines de milliards de dollars à l’achat d’équipements et de fournitures pour lutter contre cette menace. Bien que certains législateurs s’interrogent sur le coût, la majorité d’entre eux comprennent que la fourniture d’armes et de matériel aux forces ukrainiennes est une option préférable à l’envoi de troupes américaines et de l’OTAN directement sur le terrain.

En réponse à l’attention accrue portée au secteur et au projet de budget de la défense des États-Unis pour l’exercice 2024, qui s’élève à 842 milliards de dollars (sans compter les dépenses supplémentaires liées à la guerre et l’aide à l’Ukraine), les investisseurs ont augmenté le nombre d’actions de défense cotées en bourse qu’ils détiennent dans leurs portefeuilles.

Les 54 sociétés cotées en bourse aux États-Unis qui composent l’indice de défense SPADE représentent aujourd’hui une capitalisation boursière totale de 1 250 milliards de dollars. Les fonds d’investissement ont vu leurs actifs sous gestion augmenter de manière significative au cours des 18 derniers mois, l’Invesco Aerospace and Defense ETF (NYSE : PPA) ayant triplé pour atteindre près de 2 milliards de dollars. »

https://www.defensenews.com/opinion/commentary/2023/08/07/defense-stocks-flourish-after-russian-invasion-of-ukraine/

« La société danoise de soins de santé Novo Nordisk a vu ses actions monter en flèche cette semaine, poussant sa valeur marchande au-dessus du PIB du Danemark, selon les données commerciales…

Suite à la hausse des cours boursiers, la capitalisation boursière de la société a bondi de plus de 60 milliards de dollars pour atteindre environ 423 milliards de dollars, soit plus que la taille de l’ensemble de l’économie nationale du Danemark. Le PIB du pays s’élevait à 390,68 milliards de dollars fin 2022.

Le rallye a également propulsé Novo Nordisk au deuxième rang des plus grandes entreprises de l’UE en termes de valeur après le conglomérat français de produits de luxe LVMH, qui vaut 442 milliards de dollars. »

https://www.rt.com/business/581077-denmark-drug-firm-gdp/

A côté, les fortunes individuelles font pâle figure :

« La fortune de Bernard Arnault, la personne la plus riche du monde, a dépassé les 200 milliards de dollars pour la première fois alors que les actions de son empire français du luxe LVMH ont atteint un niveau record.

L’homme de 74 ans n’est devenu que la troisième personne de l’histoire à amasser une fortune estimée au-dessus du seuil de 200 milliards de dollars (160 milliards de livres sterling). Elon Musk de Tesla et Jeff Bezos d’Amazon ont déjà franchi le cap avant que leur fortune ne recule alors que les cours des actions des entreprises technologiques chutaient. »

Ce qui n’empêche pas Arnault d’être considéré comme un « faiseur de roi » en France :

« Qui dirige vraiment la France ? Bernard Arnault ou Emmanuel Macron ? La question vous a sûrement traversé l’esprit alors que vous observiez de loin le luxe flamboyant d’une boutique LVMH, ou quand on vous rabâche pour la 100e fois que le magnat du luxe a triplé sa fortune depuis 6 ans.  D’un côté on a donc le président des riches et de l’autre, l’homme le plus riche de France. Et si le premier n’était finalement que la marionnette du second. Et s’il tirait les ficelles en coulisses ? Ce sont les interrogations qui nous viennent après avoir lu la dernière enquête du journal le Monde sur l’influence dévorante de Bernard Arnault. »

https://www.youtube.com/watch?v=MojRgs1wQtA

« « LVMH, un Etat dans l’Etat ». Le milliardaire a cultivé des relations avec tous les présidents depuis son entrée dans le monde des affaires, il y a plus de quarante ans. Son carnet d’adresses, sans égal au sein du pouvoir, lui assure un rayonnement discret mais efficace. »

https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/08/08/bernard-arnault-et-les-politiques-la-puissance-d-un-groupe-au-c-ur-de-la-republique_6184752_823448.html

Ces quelques articles pour rappeler que les « démocraties occidentales » sont historiquement des oligarchies, c’est-à-dire des systèmes politiques non pas « fait par et pour le peuple » mais des systèmes politiques fait « par et pour la bourgeoisie financière».

Je ne dis pas cela pour m’en plaindre, étant moi-même un « petit bourgeois », mais pour rétablir une erreur sémantique qui prête à confusion dans de nombreux esprits. Les « démocraties » occidentales n’en sont pas. Ce sont des oligarchies, des ploutocraties ou ceux qui ont le réel pouvoir de décision politique sont ceux qui ont le pouvoir financier, mais pas du tout le peuple comme les médias aiment tant à le faire croire. Et un de leur moyen privilégié de gouvernance douce est justement ce pouvoir médiatique qui permet de donner le la aux autres institutions politiques, en toute discrétion « démocratiquement correcte ».

Ce n’est plus le cas en Russie depuis que Poutine a remis aux pas les oligarques russes ayant fait fortune grâce aux privatisations de l’industrie soviétique à l’époque d’Eltsine et ce n’est pas le cas en Chine où Jack Ma, le richissime fondateur d’Ali Baba, a immédiatement été remis à sa place par le gouvernement chinois quand il a voulu se mêler de politique. Ce n’est pas le cas à Cuba et au Venezuela, pays à système socialiste prononcé. Ce n’est pas le cas en Iran, pays où le système politique place les valeurs religieuses avant les valeurs financières. On observe donc que les fameux « ennemis de l’Amérique » ont, malgré leurs énormes différences, un point commun, ils empêchent tout système dit « ultralibéral », c’est-à-dire ploutocratique, de s’implanter chez eux.

Pour bien comprendre ce qui se passe dans le monde il faut bien voir que le profond combat sociopolitique actuel est un combat entre un système basé sur la règle « l’argent et la finance avant tout » contre un système basé sur la règle « la souveraineté du peuple avant tout ». Ceux qui suivent la première règle sont étiquetés « experts » ou « démocrates » par les médias, ceux qui suivent la deuxième règle sont étiquetés « populistes », « complotiste », « autocrates » et autres noms d’oiseaux par les mêmes médias. C’est donc, à cause des médias, un combat de David contre Goliath.

Aux prochaines élections étasuniennes il y aura deux « populistes » à se présenter, Trump et Kennedy junior, les deux « hommes à abattre » pour les médias.

La meute médiatique commence à se déchainer contre Kennedy :

« La semaine dernière, le New York Times a publié un article intitulé “5 erreurs notoires que Robert F. Kennedy Jr. a promu“, ainsi qu’un article de Paul Krugman qui commence par “Robert F. Kennedy Jr. est un allumé” et un article d’opinion intitulé “les points de vue pro-vaccins sont en train de gagner. Ne craignez pas les sceptiques“, qui s’ouvre sur un coup de poignard à l’encontre de Kennedy. La semaine précédente, Gail Collins avait publié un article à charge classique. La semaine précédente, Farhad Manjoo avait publié un autre article expliquant que personne ne devrait débattre des vaccins avec Kennedy.

Ces articles sont parfois présentés comme des articles d’opinion, parfois comme des articles d’actualité, en dépit d’un langage manifestement biaisé et d’un éditorialisme flagrant, et tous sont orientés contre Kennedy d’une manière ou d’une autre. Le New York Times n’aime manifestement pas RFK Jr et ne cache pas qu’il s’efforce de faire en sorte que son lectorat aussi.

C’est à peu près ce à quoi nous pouvons nous attendre de la part des médias américains jusqu’à ce que Kennedy ait perdu sa course à la présidence ou que sa réputation ait été tellement détruite auprès de l’électorat qu’il puisse être ignoré en toute sécurité. Le message sera martelé, martelé et martelé jusqu’à ce que l’effet de vérité illusoire amène les lecteurs à confondre la répétition avec la vérité, et la campagne de Kennedy s’éteindra. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-pire-interference-dans-les-elections-etasuniennes-de-2024-ne-viendra-ni-de-la-russie-ni-de-la-chine

Pour les francophones, France 24 donne le ton dans un article récent :

« Issu de l’une des dynasties les plus célèbres des États-Unis, Robert F. Kennedy Jr est candidat aux primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de 2024. Défenseur de longue date de l’environnement, le neveu de JFK est critiqué pour ses propos antisémites et sa reprise de thèses conspirationnistes et antivax. Portrait d’un personnage hautement controversé…

Ce qu’il désire indéniablement, martèle le média, “c’est l’attention du public”. Un pari réussi puisque RFK est devenu en quelques mois une figure incontournable de la couverture médiatique américaine – même si cette couverture est largement due à l’enchaînement de polémiques et à son profil extrêmement controversé. »

Une telle agressivité médiatique montre surtout la crainte qu’il inspire à l’Establishment.

Puis, comme pour Trump, la bureaucratie suit le mot d’ordre médiatique et rejette ce « populiste » :

« Aussi incroyable que cela puisse paraître, Robert F. Kennedy Jr, le neveu de l’ancien président John F. Kennedy et le fils de Robert Kennedy sénior, tous deux victimes d’assassinats politiques, ne parvient pas à obtenir les services de sécurité rapprochée dont bénéficie normalement tout candidat à la Maison Blanche. Il ne s’agit pas d’un ‘petit détail’, mais d’une affaire qui a pris une tournure à la fois scandaleuse et rocambolesque.

Après avoir déposé sa candidature officielle le 4 avril dernier, il était normal que Kennedy fasse appel aux services du gouvernement pour renforcer sa sécurité personnelle. Habituellement, elle se met rapidement en place, or Kennedy est le seul candidat à qui une sécurité renforcée a été refusée. »

https://www.covidhub.ch/pas-securite-pour-candidat-robert-kennedy-jr/

Nous aurons l’occasion d’en reparler durant la campagne présidentielle étasunienne qui s’annonce rocambolesque.

Niger

Le recours à la force pour rétablir Bazoum au pouvoir semble s’éloigner :

« Plus les jours passent, plus l’état de fait qui prévaut à Niamey, depuis la prise du pouvoir par les militaires, le 26 juillet, semble s’imposer et plus le doute s’immisce dans l’esprit de leurs adversaires. Alors que la junte menée par le général Tiani ne fléchit ni devant les sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ni devant les menaces d’un recours à la force agitées par les pays de la région, les divisions se creusent entre les pays africains sur l’attitude à adopter. Une réunion « tendue », « interminable », « de plus de dix heures », selon plusieurs diplomates présents, du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), l’organe chargé de statuer sur les questions de règlement des conflits, en a été le révélateur.

D’après plusieurs sources, lors de cette rencontre, qui s’est tenue lundi 14 août, le CPS a décidé de rejeter l’usage de la force face à la junte nigérienne. Cette position devait être officialisée par un communiqué officiel mercredi. Dans le même temps, le CPS a choisi de suspendre temporairement le Niger de toutes les activités de l’UA. »

La raison a prévalu :

« « Tout en rappelant notre politique de tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, nous avons choisi de ne pas soutenir une intervention militaire au Niger, parce qu’elle pourrait déboucher sur un bain de sang et causer plus de dégâts qu’il n’en existe actuellement », confie un diplomate de l’UA. »

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/16/l-union-africaine-rejette-une-intervention-militaire-au-niger_6185522_3212.html

D’autres voix appellent au calme :

« Le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant malien Assimi Goïta ont discuté mardi de la crise au Niger, a annoncé le Kremlin, et prôné un règlement pacifique dans ce pays, théâtre d’un coup d’Etat fin juillet.

Au cours de cet entretien téléphonique, qui a eu lieu “à l’initiative malienne”, MM. Poutine et Goïta ont “souligné l’importance de régler la situation autour de la République du Niger uniquement par des moyens pacifiques politico-diplomatiques”, a précisé la présidence russe dans un communiqué. »

https://fr.africanews.com/2023/08/15/niger-goita-et-poutine-appellent-a-un-reglement-pacifique/

Pourtant, un autre combat, celui contre les jihadistes, ne fait que commencer pour le nouveau gouvernement nigérien :

« Le 9 août, cinq soldats de la garde nationale avaient été tués et quatre blessés lors d’une attaque de leur position à Bourkou Bourkou, près de la localité minière de Samira, également dans la zone des «trois frontières», avait annoncé le régime militaire au pouvoir depuis le renversement du président Mohamed Bazoum le 26 juillet. »

https://www.lefigaro.fr/international/niger-six-soldats-et-dix-terroristes-tues-dans-l-ouest-20230814

Voici la version nigérienne de ces attaques :

« Le Conseil national de sauvegarde de la patrie alerte sur des « évènements d’une extrême gravité » au Niger. La junte annonce qu’une position de la garde nationale nigérienne a été visée par une attaque dans la matinée de ce mercredi 9 août 2023.

« Ce jour, aux environs de 6h 30 du matin, la position de la garde nationale du Niger de Bourkou Bourkou, 30 kilomètres du site aurifère de Samira, a fait l’objet d’une attaque », apprend la junte dans un communiqué lu par son porte-parole, le Colonel Amadou Abdramane.

La France accusée

Les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023 accusent les forces françaises présentes au Niger d’être responsables de cette attaque. Les militaires français, accuse la junte, auraient fait libérer des chefs terroristes prisonniers.

Au nombre de seize selon le CNSP, les chefs terroristes qui auraient été ainsi libérés « ont été regroupés dans une vallée du village de Fitili, 28 kilomètres nord-ouest de Yatakala, où une réunion de planification s’est tenue dans l’objectif d’attaquer des positions militaires dans la zone des trois frontières ». 

Outre la libération supposée de chefs terroristes interpellés lors de diverses opérations au Niger et au Mali, les forces françaises auraient fait décoller de Ndjamena, un avion militaire qui, une fois dans l’espace aérien nigérien, aurait coupé tout contact avec le contrôle aérien pendant plusieurs heures.

Pour le CNSP, ces actes des forces armées françaises s’inscrivent dans un « plan de déstabilisation » du Niger. Lequel plan qui aurait été déjà mis en œuvre au Mali et au Burkina Faso. »

https://www.banouto.bj/politique/article/20230809-niger-le-cnsp-annonce-l-attaque-d-une-position-de-la-garde-nationale-et-accuse-la-france

« Mardi [15 aout] en début d’après-midi, “un détachement des Forces armées nigériennes (FAN) en mouvement entre Boni et Torodi a été victime d’une embuscade terroriste aux abords de la localité de Koutougou”, selon un communiqué du ministère publié tard mardi soir.

“Le bilan provisoire” est de 17 soldats tués et de 20 blessés dont six graves, “tous évacués à Niamey”, ajoute-t-il, en précisant qu’une “opération de ratissage est toujours en cours”.

L’armée affirme que du côté des assaillants, “deux colonnes de plus d’une cinquantaine de motos chacune” ont été “détruites, soit plus d’une centaine de terroristes neutralisés au cours de leur repli”. »

https://fr.africanews.com/2023/08/16/niger-au-moins-17-soldats-tues-dans-une-attaque-pres-du-burkina/

Et pour bien prévenir le Niger de ce qui l’attend, Le Monde, repris par RFI, annonce la couleur :

« Selon les données de l’ONG Acled, les attaques jihadistes ont considérablement augmenté au Mali depuis l’arrivée de Wagner : au moins 688 civils tués en 2022 par le groupe État islamique, huit fois plus que sur la moyenne des quatre années qui ont précédé l’arrivée de Wagner. Le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, a fait au moins 590 victimes civiles en 2022 : 3,5 fois plus que sur la moyenne 2018-2021.

À l’origine de cette « inefficacité », selon le journal Le Monde, « des moyens aériens bien inférieurs à ceux de l’armée française et un ancrage géographique limité » : entre janvier 2022 et juin 2023, 72% des opérations de Wagner ont été menées dans les régions de Ségou et Mopti, dans le centre du Mali. Mais Wagner est quasiment absent d’autres zones d’activité jihadiste, par exemple dans la région de Ménaka, dans le nord-est du Mali, où l’État islamique a commis des massacres de masse. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230815-mali-wagner-n-atteint-pas-son-objectif-affiché-de-lutte-contre-le-terrorisme-selon-une-enquête-du-monde

Ce sont des signes de la guerre par procuration que se livrent l’Occident d’un côté, en utilisant les jihadistes, la Russie et la Chine de l’autre, en soutenant les militaires, sur le terrain africain. Mais ces derniers ont un avantage, les populations les soutiennent car elles n’ont pas de passé colonialistes.

L’Ukraine

L’impossibilité d’une victoire ukrainienne commence à pénétrer l’esprit des dirigeants occidentaux. Ils envisagent donc des portes de sortie. L’adjoint de Rasmussen lance le premier pavé dans la mare :

« Le chef d’état-major de l’OTAN, Stian Jenssen, suggère que l’Ukraine pourrait devenir membre de l’OTAN en échange de la cession de certains territoires à la Russie, et que cela pourrait permettre la fin de la guerre en Ukraine. »

https://www.vg.no/nyheter/utenriks/i/jl7V5e/aapner-for-at-ukraina-avgir-territorium-i-bytte-mot-nato-medlemskap

La réponse du conseiller présidentiel ukrainien ne s’est pas fait attendre :

« Échanger du territoire contre un parapluie de l’OTAN ? C’est ridicule », a écrit Podoliak sur X, anciennement Twitter, mardi. « Si Poutine ne subit pas une défaite écrasante, le régime politique en Russie ne change pas et les criminels de guerre ne sont pas punis, la guerre reviendra certainement avec l’appétit de la Russie pour en prendre plus. »

https://www.rt.com/news/581324-ukraine-nato-land-peace/

Le pavé aura finalement trop fait de vagues :

« L’OTAN maintient que c’est à l’Ukraine elle-même de fixer les conditions d’éventuelles négociations de paix avec la Russie, et ce au moment opportun. Le chef d’état-major Stian Jenssen nuance maintenant sa déclaration sur la cession de territoires à la Russie en échange de l’adhésion à l’OTAN. »

https://www.vg.no/nyheter/utenriks/i/RGw9b8/nato-topp-nyanserer-uttalelse-ukraina-bestemmer-fredsvilkaar

Malgré cette bravade de façade, le dilemme atteint le cœur du gouvernement ukrainien :

« L’absence de progrès a intensifié le débat stratégique au plus haut niveau du gouvernement ukrainien, ont déclaré à Newsweek des sources au fait des discussions, opposant certains membres du bureau du président au commandement militaire.

Certains membres du premier groupe veulent consolider les succès limités de Kiev et se préparer à une offensive russe attendue pour l’automne et l’hiver. Les responsables militaires ukrainiens considèrent les critiques comme de l’impatience fondée sur un malentendu.

“Il existe incontestablement des divergences entre les dirigeants ukrainiens au sujet de la stratégie militaire”, a déclaré une source proche du gouvernement ukrainien, qui a parlé à Newsweek sous le couvert de l’anonymat car elle n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement.

“Du côté militaire, Zaluzhnyi et d’autres – mais il est évident que c’est lui qui commande – veulent continuer à aller de l’avant. Du côté politique, on se demande si c’est le plus judicieux à l’heure actuelle. Ou est-il plus judicieux de consolider, dans la mesure du possible, certaines zones et d’alléger la pression sur les lignes d’approvisionnement et les stocks ?” »

https://www.newsweek.com/zelensky-pivotal-ukraine-counteroffensive-call-threatens-divide-leadership-1819564

Mais il a finalement choisi de tenter le tout pour le tout :

« Les forces d’assaut aérien ukrainiennes ont enfin déployé leur unité la plus puissante. La 82e brigade d’assaut aérien, forte de 2 000 personnes et composée de véhicules de combat Marder et Stryker et de chars Challenger 2, est entrée en action autour de Robotyne, dans l’oblast de Zaporizhzhia, dans le sud de l’Ukraine, apparemment au cours des derniers jours.

Ce déploiement est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour la contre-offensive tant attendue de Kiev, qui a débuté par une série d’assauts coordonnés dans le sud et l’est de l’Ukraine à partir du 4 juin.

La 82e brigade et son unité d’assaut aérien sœur, la 46e brigade, faisaient partie des dernières grandes unités que l’état-major ukrainien gardait en réserve. En envoyant enfin ces formations au combat, les Ukrainiens pouvaient accroître considérablement leur puissance de feu sur l’un des principaux axes de la contre-offensive, celui qui s’étend sur 80 km entre Robotyne, occupée par les Russes, et Melitopol, occupée par les Russes, juste au nord de la côte de la mer Noire.

Mais aucune brigade ne peut se battre éternellement. Lorsque les 46e et 82e brigades se retireront pour se reposer, se réinitialiser et se réparer, il se peut qu’il n’y ait pas de nouvelles brigades aussi puissantes pour les remplacer. La contre-offensive pourrait perdre de son élan.

Il ne s’agit pas d’un problème nouveau, ni d’un problème propre à l’axe Robotyne. Le corps des marines ukrainiens, qui a concentré ses efforts sur la vallée de la rivière Mokri Yaly, à 80 km à l’est, a déployé ses quatre brigades de première ligne en même temps sur un secteur de 10 km de large. »

https://www.forbes.com/sites/davidaxe/2023/08/15/ukraines-powerful-82nd-brigade-once-held-in-reserve-has-finally-joined-the-counteroffensive/

Pourtant, si l’on en croit ce que racontent les soldats venant du front, il semble évident que cet ultime déploiement va tourner à la mauvaise nouvelle :

« ABC News s’est entretenu avec deux anciens soldats américains engagés dans une division des forces spéciales de l’armée ukrainienne et qui ont tous les deux été blessés lors d’une opération dans l’est de l’Ukraine il y a deux semaines.

Les deux soldats sont actuellement hospitalisés à Kiev, mais ils espèrent être transférés en Allemagne pour y être opérés cette semaine afin de retirer les éclats d’obus de leur corps. Les deux hommes ont expliqué que leur équipe avait pour mission de prendre le contrôle d’un village situé à la périphérie de la ville de Donetsk, qui est occupé par une milice contrôlée par la Russie depuis 2014.

L’un des hommes, un ancien soldat américain originaire du Texas qui se fait appeler “Tango”, a déclaré que son unité composée de “dizaines” d’hommes a subi “85 % de pertes” et que deux de leurs camarades ont été tués lorsque l’équipe est tombée dans une embuscade alors qu’elle avançait dans le territoire occupé par les Russes. Quarante pour cent des membres de l’unité ont été si gravement blessés qu’ils sont devenus “inefficaces au combat”.

L’autre vétéran de l’armée américaine, qui se fait appeler “Goldfish”, a déclaré qu’il était immédiatement évident qu’ils étaient confrontés à une “résistance très organisée” de la part des troupes russes. C’est sans aucun doute une force très professionnelle que nous avons affrontée”, a déclaré ce vétéran de l’armée américaine originaire de l’Alaska. Il s’est entretenu avec ABC News dans sa chambre d’hôpital à Kiev, qu’il partage avec trois autres soldats ukrainiens blessés.

Un homme occidental, avec des années d’expérience militaire, qui est également sous contrat avec l’armée ukrainienne, a déclaré qu’il avait été gravement blessé lors de la première phase de la contre-offensive en juin. S’adressant à ABC News sous le couvert de l’anonymat, le soldat a déclaré que les opérations offensives auxquelles il avait participé étaient désorganisées, critiquant certaines décisions tactiques. “Nous avons perdu trois Léopards (chars avancés de fabrication allemande) en un jour parce qu’on leur a simplement dit d’avancer dans un champ de mines”, a-t-il déclaré. Il a ajouté que les soldats ukrainiens nouvellement mobilisés semblaient souvent manquer de l’entraînement nécessaire pour mener des opérations offensives complexes sur le champ de bataille.

Le soldat, qui a rejoint l’armée ukrainienne il y a plus d’un an, a déclaré que des dizaines d’hommes de son bataillon avaient été impliqués dans des opérations offensives depuis le début du mois de juin et qu’environ 80 % d’entre eux avaient été blessés. Il a toutefois ajouté qu’il n’y avait pas eu de morts.

Il a affirmé que les équipements militaires occidentaux, tels que les véhicules de combat d’infanterie Bradley fournis par les États-Unis, n’étaient pas utilisés à leur plein potentiel parce que certains soldats ukrainiens n’avaient pas la formation ou l’expérience nécessaires. “Il semble qu’ils (les soldats ukrainiens) aient appris à les utiliser mais pas à les employer (efficacement) d’un point de vue tactique (sur le champ de bataille)”, a-t-il déclaré. »

https://abcnews.go.com/International/ukraine-taking-heavy-casualties-counteroffensive-soldiers/story?id=102347740

Quant à la façon dont va évoluer cette guerre, elle dépendra, selon cette pragmatique analyse, de l’OTAN :

« Je pense que le scénario le plus probable est un désaccord majeur entre Zelensky et ses commandants militaires sur la question de savoir s’il faut poursuivre la guerre. Le fait que les Ukrainiens aient envie de se battre ne remplace pas la fourniture des armes nécessaires et, plus important encore, des troupes entraînées à utiliser ces armes. À l’heure actuelle, l’Ukraine ne dispose d’aucune voie viable pour soutenir des opérations militaires sans le soutien garanti de l’OTAN.

Le joker dans ces calculs est donc l’OTAN. Dans le pire des cas, les États-Unis ou d’autres membres de l’OTAN décident d’intervenir en envoyant leurs propres troupes en Ukraine. Cela marquera la fin de l’”opération militaire spéciale” et le début d’une véritable guerre entre l’OTAN et la Russie. »

https://lesakerfrancophone.fr/comment-la-guerre-en-ukraine-va-t-elle-se-terminer

Pakistan

La semaine dernière j’ai fini mon chapitre sur le Pakistan en disant que « les Etats-Unis allaient contrôler la politique pakistanaise jusqu’à l’année prochaine ». Et bien voilà le premier indice, qui ne s’est pas fait attendre, confirmant cette assertion :

« Le News International a cité dimanche des sources anonymes selon lesquelles le Pakistan a suspendu ses importations de pétrole brut russe sous prétexte qu’il n’est pas possible de le raffiner malgré son prix inférieur en raison de la moindre quantité de pétrole produite par rapport au pétrole brut de ses concurrents. Le problème de cette explication est que ces différences de raffinage étaient connues depuis longtemps, mais que le but de l’importation de brut russe était de l’obtenir à un prix plus bas et de réduire la dépendance vis-à-vis des royaumes du Golfe.

L’ancien ministre du pétrole, Musadik Malik, qui, selon le rapport susmentionné, a insisté en vain pour que les entreprises de son pays importent davantage de brut russe, envisageait auparavant que Moscou fournisse plus d’un tiers des besoins de son pays. Néanmoins, il convient également de mentionner qu’il aurait déclaré la semaine dernière à l’Assemblée nationale que le Pakistan prévoyait de se retirer officiellement de l’accord sur le gazoduc conclu il y a dix ans avec l’Iran, sous la pression des sanctions américaines, malgré le potentiel prometteur de ce projet.

Le précédent est donc établi pour suspecter que les sanctions américaines pourraient également avoir joué un rôle dans la décision du Pakistan, signalée peu après, de suspendre également ses importations de pétrole brut russe. Dans l’ensemble, l’impression est que le régime qui a été mis en place après l’éviction scandaleuse de l’ancien Premier ministre Imran Khan (IK) en avril 2022 a décidé de détruire tout espoir de sécurité énergétique et la souveraineté qu’elle implique en guise de “cadeau d’adieu” au moment de la dissolution du parlement. »

https://korybko.substack.com/p/pakistans-reported-suspension-of

Et les attaques contre le projet des Nouvelles routes de la soie reprennent :

« Les observateurs chinois ont critiqué lundi la diffamation malveillante et la déformation des faits par les médias américains qui ont mis en avant les soi-disant sentiments de l’opposition locale contre le Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), un projet phare de l’Initiative des Nouvelles routes de la soie proposée par la Chine, dans leur couverture de l’attaque terroriste de dimanche contre un convoi d’ingénieurs chinois travaillant sur un projet au port de Gwadar, et ils ont noté que les actions extrêmes des militants terroristes ne représentent pas la volonté de la population locale.

Le convoi de travailleurs chinois a été pris en embuscade par des bombes et des coups de feu alors qu’il se rendait de l’aéroport au port à 9 h 17 dimanche, heure locale, selon un communiqué publié dimanche par le consulat général de Chine à Karachi.

Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré lundi que la Chine condamnait fermement cet acte terroriste et demandait aux autorités pakistanaises de traduire les auteurs en justice et de prendre des mesures pour assurer la sécurité des ressortissants chinois. »

https://www.globaltimes.cn/page/202308/1296267.shtml

La Chine s’interroge sur les objectifs étasuniens pour se lancer dans « une nouvelle Guerre froide » :

« Alors que les tambours de la “nouvelle guerre froide” se font de plus en plus fréquents et que l’odeur de la poudre à canon est de plus en plus suffocante, des personnalités de la Maison Blanche, dont le président Biden, ont souligné à diverses occasions que les Etats-Unis “ne recherchent pas une “nouvelle guerre froide””, que “les Etats-Unis doivent rejeter le néo-colonialisme” et que “Washington devrait tirer les leçons de la guerre froide et que l’ancienne construction de blocs de la guerre froide n’est pas cohérente”. Cela a créé une scène étrange où il n’y a pas seulement un écart, mais même une contradiction entre les actions et les déclarations des États-Unis, ainsi qu’entre l’auto-évaluation des États-Unis et les impressions réelles du monde extérieur à leur égard. Cette question va au-delà de l’hypocrisie américaine ou du manque de conscience de soi ; elle recèle un risque sous-jacent important.

Il existe au moins deux possibilités. La première est que les États-Unis savent qu’ils sont engagés dans une “nouvelle guerre froide” et sont parfaitement conscients que les peuples du monde entier, y compris les Américains, s’opposent fermement à cette “nouvelle guerre froide” et s’en inquiètent profondément. En d’autres termes, les États-Unis réalisent qu’il s’agit d’une entreprise extrêmement risquée et ne l’admettront donc jamais. Au lieu de cela, ils pourraient qualifier leurs actions d’un nouveau terme pour tromper le monde.

Le deuxième scénario est que les États-Unis déclenchent effectivement une “nouvelle guerre froide”, mais sans vraiment réaliser qu’ils s’engagent dans une “nouvelle guerre froide”. Ce scénario aura des conséquences plus graves que le premier, car non seulement les États-Unis refuseront de réfléchir et de changer de cap, mais l’auto-hypnose renforcera leur “pulsion morale”. Afin de réveiller les États-Unis de leur sommeil feint ou réel, la communauté internationale doit renforcer sa résistance et ses critiques à l’encontre de l’initiation par les États-Unis d’une “nouvelle guerre froide” et prendre des mesures. »

https://www.globaltimes.cn/page/202308/1296282.shtml

 

Moyen Orient

 

Le rétablissement des liens entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, deux pays voulant participer aux BRICS, fait deux pas de plus :

« L’Arabie saoudite a rouvert son ambassade en Iran ces derniers jours, après plus de sept ans de rupture entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient, a annoncé mercredi 9 août l’agence officielle iranienne Irna.

Cette réouverture fait suite au rapprochement entre les deux pays, scellé dans le cadre d’un accord inattendu conclu le 10 mars par l’entremise de la Chine, en vue d’une reprise de leurs relations. »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20230809-après-sept-ans-de-fermeture-l-ambassade-saoudienne-reprend-ses-activités-en-iran

« Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, est arrivé jeudi à Riyad pour son premier déplacement officiel en Arabie saoudite depuis le rétablissement des liens diplomatiques entre les deux pays, a annoncé un média d’État iranien. »

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20230817-le-chef-de-la-diplomatie-iranienne-en-visite-à-riyad-nouvelle-étape-du-réchauffement

Dubaï n’exige plus le paiement de son pétrole en dollars :

« L’Inde et les Émirats arabes unis ont commencé à régler leurs échanges énergétiques en roupies et en dirhams dans le cadre du “Local Currency Settlement” (LCS), la première transaction de ce type ayant eu lieu lundi pour l’achat de pétrole.

Selon un communiqué publié par l’ambassade de l’Inde aux Émirats arabes unis, l’Indian Oil Corporation a effectué un paiement en roupies à l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC) pour l’achat d’un million de barils de pétrole brut au pays du Moyen-Orient. Cette transaction fait suite à celle effectuée en juillet, qui concernait la vente de 25 kg d’or d’un exportateur des Émirats arabes unis à un acheteur indien pour environ 128 millions de roupies (1,5 million de dollars).

Le mécanisme LCS fait partie du protocole d’accord historique qui a été signé le 15 juillet lors de la visite d’une journée du premier ministre indien Narendra Modi aux Émirats arabes unis. Les deux parties avaient alors également convenu de relier leurs systèmes de paiement instantané. »

https://www.rt.com/india/581299-india-uae-energy-trade-rupees/

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

 

Revue de presse alternative du 14 août 2023

Source : The Saker francophone - Par Wayan – Le 14 aout 2023 – Le Saker Francophone

Le Niger et le terrorisme

Il semble, pour l’instant, que la menace d’attaque militaire lancée la semaine dernière par la Cédéao ne fut qu’une tentative d’intimidation ratée. Car tous les pays de la région auraient trop à perdre dans une telle attaque.

Mais il est possible que la rétorsion se fasse par le biais d’attaques terroristes intensifiées, comme le pense Andrew korybko :

 

« La semaine dernière, les médias occidentaux ont affirmé que les attaques terroristes avaient diminué au Niger pendant cette période, alors qu’elles avaient augmenté au Mali et au Burkina Faso, mais la révélation susmentionnée et tout ce qu’elle implique suggèrent qu’il se passait quelque chose d’infâme dans les coulisses. Il se pourrait très bien que les États-Unis et la France lui aient demandé de faire la paix avec les terroristes afin qu’ils puissent utiliser le Niger comme base pour déstabiliser les juntes militaires patriotiques du Mali et du Burkina Faso.

Cela expliquerait la baisse des attaques terroristes au Niger alors qu’elles se sont multipliées dans ces deux pays voisins au cours de la même période. Ceux-là mêmes que Bazoum qualifie de criminels de guerre barbares n’auraient aucune raison de s’en prendre à son régime s’il s’était allié à eux à la demande de ses protecteurs occidentaux pour les aider à se développer au Mali et au Burkina Faso. Les États-Unis et la France pourraient avoir accepté ce marché faustien dans le cadre de leur guerre par procuration contre la Russie en Afrique, qui a été expliquée ici, ici et ici. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-dirigeant-dechu-du-niger-avait-promis-de-lutter-contre-les-terroristes-mais-sest-finalement-allie-a-eux

C’est ici le moment d’aborder une thèse qui circule dans de nombreux pays africains et moyen orientaux subissant le terrorisme et que Korybko prend comme hypothèse dans son analyse : les services secrets occidentaux se servent régulièrement des jihadistes, qui ne sont autres que des mercenaires musulmans, pour déstabiliser les gouvernements récalcitrants ou considérés ennemis.

Bien sûr, cette thèse provoque immédiatement des réactions indignées des gouvernements et est directement étiquetée « théorie du complot » par les médias, ce qui permet de la balayer d’un revers de la main et de continuer à penser confortablement « une démocratie occidentale ne ferait jamais une telle chose ». Une pensée confortable pour un esprit occidental mais une pensée bien naïve. Ayons donc ici le courage d’examiner un peu plus une telle thèse.

Les premiers faits documentés de l’utilisation du phénomène jihadiste par les Etats-Unis remontent aux années 80 quand les services secrets étasuniens utilisent le groupe encore inconnu qu’est Al Qaida pour attaquer le gouvernement afghan, d’obédience communiste, et entrainer l’URSS dans le bourbier afghan.

C’est Brezinski lui-même qui, 20 ans plus tard, le confesse dans une interview :

« Q : Robert Gates, ancien directeur de la CIA, raconte dans ses mémoires (From the Shadows), que le renseignement américain a commencé à aider les moudjahiddins en Afghanistan six mois avant l’intervention soviétique. Vous étiez à cette époque le conseiller à la Sécurité nationale du Président Carter. Est-il exact que vous avez joué un rôle dans cette affaire ?

Brzezinski : En effet. Selon la version officielle, l’aide de la CIA aux moudjahiddin a commencé au cours de l’année 1980, autrement dit, après que les Soviétiques eurent envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais en réalité, et le secret a été bien gardé jusqu’à présent [l’interview date de janvier 1998, NdT], c’était tout l’inverse : c’est le 3 juillet 1979 que le Président Carter a signé la première directive pour une aide secrète aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul. Et c’est ce jour-là que j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquai qu’à mon avis cette aide allait provoquer une intervention militaire soviétique. »

https://lesakerfrancophone.fr/brzezinski-comment-jimmy-carter-et-moi-avons-cree-les-moudjahiddin

Puis l’aide aux jihadistes s’est poursuivi pour infliger une défaite aux armées soviétiques venues à la rescousse du président afghan. Wikipedia lui-même a une page, non traduite en français, dédiée à cette affaire :

« Dans un article de 2004 intitulé “Al-Qaeda’s origins and links”, la BBC écrit que “[d]urant la guerre antisoviétique, Ben Laden et ses combattants ont reçu des fonds américains et saoudiens. Certains analystes pensent que Ben Laden lui-même a reçu une formation à la sécurité de la part de la CIA[4].

Dans un article paru dans The Guardian, Robin Cook, ministre britannique des affaires étrangères de 1997 à 2001, a déclaré que :

Ben Laden était cependant le produit d’une monumentale erreur de calcul de la part des agences de sécurité occidentales. Tout au long des années 80, il a été armé par la CIA et financé par les Saoudiens pour mener le djihad contre l’occupation russe de l’Afghanistan. Al-Qaida, littéralement “la base de données”, était à l’origine le fichier informatique des milliers de moudjahidines recrutés et entraînés avec l’aide de la CIA pour vaincre les Russes[5].

Selon le journaliste Ahmed Rashid, en 1986, Ben Laden “a aidé à construire le complexe de tunnels de Khost, que la CIA finançait comme un important dépôt d’armes, un centre d’entraînement et un centre médical pour les moudjahidines”[6] Bien que Ben Laden ait affirmé ailleurs que “les [Américains] n’ont pas eu de rôle notable”[7] et “mentent quand ils disent qu’ils ont coopéré avec nous” pendant la guerre soviéto-afghane[8], Ben Laden lui-même a déclaré lors d’une interview en 1995 que “les Américains n’ont pas joué de rôle dans la guerre soviéto-afghane”[9] :

Pour contrer ces Russes athées, les Saoudiens m’ont choisi comme représentant en Afghanistan, […] je me suis installé au Pakistan dans la région frontalière afghane. J’y ai reçu des volontaires venus du Royaume saoudien et de tous les pays arabes et musulmans. J’ai établi mon premier camp où ces volontaires ont été formés par des officiers pakistanais et américains. Les armes étaient fournies par les Américains, l’argent par les Saoudiens[6][9].

Dans The New Jackals, le journaliste britannique Simon Reeve, citant une “source de renseignement pakistanaise de haut rang et un ancien responsable de la CIA”, écrit que “[les agents américains] ont armé les hommes [de Ben Laden] en leur permettant de payer des armes de base à des prix défiant toute concurrence” et que “des émissaires américains se seraient rendus au Pakistan pour y rencontrer des dirigeants moudjahidin…”. [Un ancien responsable de la CIA] suggère même que les émissaires américains ont rencontré directement Ben Laden et que c’est Ben Laden, agissant sur les conseils de ses amis des services de renseignements saoudiens, qui a suggéré pour la première fois que les moudjahidines reçoivent des Stingers”[10].

Avant la formation d’Al-Qaïda en 1988, Ben Laden (entre autres) dirigeait une organisation précurseur connue sous le nom de Maktab al-Khidamat (MAK). Le journaliste d’investigation Joseph Trento écrira, en citant un “ancien officier de la CIA qui a effectivement rédigé ces rapports”, que “l’argent de la CIA était en fait acheminé vers le MAK, puisqu’il recrutait de jeunes hommes musulmans pour qu’ils rejoignent le djihad en Afghanistan”[11]. “De même, Michael Moran, de NBC, affirme que “le MAK a été nourri par les services de sécurité de l’État pakistanais, l’agence Inter-Services Intelligence, ou ISI, principal canal de la CIA pour mener la guerre secrète contre l’occupation moscovite”[12].

Michael Springmann, fonctionnaire consulaire au consulat américain de Djeddah, en Arabie saoudite, de 1987 à 1989, déclarera avoir délivré plus d’une centaine de visas à des candidats non qualifiés sous la pression de ses supérieurs au département d’État, affirmant avoir appris que les visas étaient destinés à des militants recrutés par la CIA et Ben Laden à des fins d’entraînement [13][14]. »

https://en.wikipedia.org/wiki/Allegations_of_CIA_assistance_to_Osama_bin_Laden

Ces détails donnés par des personnes directement impliqués montrent bien que ce n’est pas une « théorie du complot », comme le proclament médias et dirigeants. Pour ceux qui veulent aller plus en profondeur, cet article détaille l’historique d’Al Qaida :

« Cette série en trois parties sur « L’anatomie impériale d’Al-Qaïda » examine les origines historiques géopolitiques et la nature de ce que nous appelons aujourd’hui al-Qaïda, qui est en fait un réseau de renseignement anglo-américain d’actifs terroristes utilisés pour faire avancer les États-Unis et les objectifs impériaux de l’OTAN dans diverses régions du monde.

La première partie examine les origines du réseau de renseignement connu sous le nom de Safari Club, qui a financé et organisé un conglomérat international de terroristes, le rôle de la CIA dans le commerce mondial de la drogue, l’émergence des talibans et les origines d’Al-Qaïda. »

https://www.globalresearch.ca/the-imperial-anatomy-of-al-qaeda-the-cia-s-drug-running-terrorists-and-the-arc-of-crisis/20907

Je rappelle aux non anglophones que le traducteur DeepL fait un bon travail de traduction.

Un autre fait documenté est l’aide au groupe terroriste iranien MEK dans sa lutte contre le gouvernement iranien. Au début il était considéré comme « groupe terroriste » par le département d’Etat étasunien lui-même :

« Les partisans du MEK affirment que le groupe a été interdit par l’administration Clinton dans le but d’apaiser le gouvernement iranien. Le département d’État américain, qui décide des groupes à inclure dans la liste des organisations terroristes désignées, met en avant une histoire longue et sanglante.

Le MEK a mené une campagne de bombardements en Iran contre le régime du Shah dans les années 1970. Les cibles étaient parfois américaines, notamment le bureau d’information des États-Unis, Pepsi Cola, PanAm et General Motors. Le groupe dénonçait régulièrement le sionisme et “l’Israël raciste” et appelait à “tuer l’Amérique”.

En 1992, un rapport du département d’État a identifié le MEK comme responsable de l’assassinat de six Américains en Iran dans les années 1970. Il s’agissait de trois officiers militaires et de trois hommes travaillant pour Rockwell International, un conglomérat spécialisé dans l’aérospatiale et l’armement, qui ont été assassinés en représailles à l’arrestation de membres du MEK pour le meurtre des officiers militaires américains.

Le MEK a soutenu avec enthousiasme la prise de l’ambassade américaine à Téhéran à la suite de la révolution iranienne. Il a qualifié la libération des otages américains de “capitulation”.

Après s’être brouillé avec les nouveaux dirigeants iraniens, dirigés par l’ayatollah Khomeini, le MEK a lancé une campagne d’attentats à la bombe contre le gouvernement islamique. En 1981, il a attaqué le siège du parti de la République islamique, tuant 74 hauts fonctionnaires, dont le chef du parti, et 27 membres du parlement. Quelques mois plus tard, il a fait exploser une bombe lors d’une réunion du conseil national de sécurité de l’Iran, tuant le président et le premier ministre de l’Iran.

Le département d’État a décrit le MEK comme ayant semé la terreur dans tout le pays au cours des années suivantes et comme étant à l’origine de “violentes attaques en Iran dont les victimes sont des civils”.

“Depuis 1981, les [MEK] ont revendiqué le meurtre de milliers d’Iraniens qu’ils décrivent comme des agents du régime”, indique le rapport.

Les attentats à la bombe se sont poursuivis dans les années 1990, notamment sur la tombe de Khomeini et contre des raffineries de pétrole. »

https://www.theguardian.com/politics/2012/sep/21/qanda-mek-us-terrorist-organisation

Puis, soudainement, ce groupe est passé du statut de terroriste à celui d’allié des Etats Unis contre le gouvernement iranien

« Voici comment le MEK iranien est passé de la liste des organisations terroristes américaines aux salles du Congrès

Décrit par ses détracteurs comme une “secte”, le groupe d’opposition iranien est désormais salué par de hauts responsables américains comme une alternative au gouvernement iranien….

Une fois sorti d’Irak, le MEK a commencé à se réinstaller en Albanie en 2013. Un an plus tôt, l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait retiré le groupe de la liste noire des organisations terroristes du département d’État – 15 ans après son inscription initiale -, permettant ainsi à ses membres de travailler ouvertement aux États-Unis.

Lors du débat sur la légalisation du MEK aux États-Unis, Elizabeth Rubin, collaboratrice du New York Magazine, a prévenu à l’avance que le groupe pourrait utiliser son nouveau statut pour entraîner Washington dans une guerre contre Téhéran.

“Si le groupe est retiré de la liste des organisations terroristes, il pourra librement faire pression sur le gouvernement américain sous le couvert d’un mouvement démocratique iranien”, écrivait-elle en 2011, comparant cette situation à l’influence exercée par les exilés irakiens sur la décision des États-Unis d’envahir l’Irak.

L’histoire récente a montré que les États-Unis finissent souvent par soutenir à tort et à travers non seulement les mauvais groupes d’exilés au Moyen-Orient, mais aussi les moins pertinents.” »

https://www.middleeasteye.net/big-story/Iranian-MEK-US-terror-list-halls-congress-PMOI-Iran

« Le passé sordide du MEK montre clairement pourquoi les seuls amis qui lui restent sont les nations occidentales et leurs alliés qui recherchent un changement de régime à Téhéran. Le groupe était heureux de jouer ce rôle et de soutenir cette cause en échange de protection et de ressources.

Le MEK est rapidement devenu un outil pour toutes les entités anti-iraniennes qui cherchent à renverser le gouvernement de Téhéran, y compris Israël, qui se coordonne régulièrement avec le MEK et utilise l’organisation comme une sorte de blanchisseur de renseignements pour divulguer des informations au public sans les créditer. L’exemple le plus marquant de cette relation a été la diffusion d’informations par le MEK qui prétendaient prouver que l’Iran développait une technologie d’armement nucléaire. Bien que ces allégations se soient révélées fausses, ce qui les a rendues encore plus infâmes, c’est que ces informations auraient été communiquées au MEK par le Mossad.

Le MEK est également soupçonné d’être à l’origine de l’assassinat de scientifiques nucléaires civils iraniens, pour lequel il a été formé par le Mossad, au cours d’une période où le groupe était abrité dans le camp militaire américain d’Achraf en Irak et aurait été autorisé à poursuivre des activités terroristes secrètes en Iran.

Le MEK a également continué à soutenir d’autres projets israéliens. En Syrie, le MEK a diffusé des “renseignements” sur la lutte pour Alep et d’autres zones de conflit dans le pays. Le groupe, qui était auparavant condamné par les politiciens américains des deux bords, est soudainement devenu la coqueluche de l’establishment néoconservateur, rencontrant tout le monde, de Newt Gingrich à Rudy Giuliani, et accueillant une délégation sénatoriale qui s’est déplacée pour rencontrer les membres du groupe vivant en Albanie. »

https://www.mintpressnews.com/mek-revolutionary-group-imperialist-asset/236653/

Une des techniques de blanchiment du MEK est de dire qu’il n’organise plus d’attentat terroriste. Pourtant l’Iran en subit encore régulièrement, mais cette fois ce serait Etat Islamique qui les organise :

« Au moins 15 personnes ont été tuées et 40 autres ont été blessées mercredi lors d’une “attaque terroriste” au sanctuaire de Shahcheragh dans la ville de Shiraz, dans le sud de l’Iran, selon les médias d’État et les autorités iraniennes.

Deux enfants figurent parmi les victimes, selon la chaîne publique Press TV.

Les forces de sécurité iraniennes ont arrêté deux des attaquants présumés, et une chasse à l’homme est en cours pour capturer un troisième, selon les médias d’État.

Le groupe terroriste ISIS a revendiqué l’attaque, publiant une déclaration par l’intermédiaire de son agence de presse affiliée Amaq, selon laquelle l’un de ses membres a “ciblé des groupes d’infidèles sunnites à l’intérieur du sanctuaire avec sa mitrailleuse, causant la mort de dizaines d’entre eux”.

L’agence de presse Nour, qui est affiliée au principal organe de sécurité iranien, a déclaré que les suspects étaient des ressortissants étrangers. »

https://edition.cnn.com/2022/10/26/middleeast/iran-terror-attack-intl/index.html

Justement, il y a de nombreux indices concordants montrant que, dans sa tentative de renverser Bachar Al Assad, une alliance occident/pays arabes a créé le groupe Etat Islamique/ISIS qui est apparu un peu avant que la guerre contre la Syrie soit lancée, dans des Toyotas toutes neuves, des uniformes tous frais et armés jusqu’aux dents, tout cela financé par qui ?

« La Maison Blanche a pris la décision d’aider les rebelles armés en Syrie malgré les avertissements des services de renseignements prévoyant l’avènement du groupe État islamique.

Dans le dernier épisode d’Head to Head sur Al Jazeera, l’ancien directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA), Michael Flynn, confirme au journaliste Medhi Hasan qu’il a non seulement bien étudié le rapport de la DIA prédisant que l’Occident soutenait l’idée d’un État islamique en Syrie lorsque ce dossier lui fut soumis en 2012, mais prétend même que le sponsoring de djihadistes radicaux (qui deviendront EI et Nusra) par la Maison Blanche pour contrer le régime syrien fut une décision délibérée. »

https://lesakerfrancophone.fr/un-aveu-de-la-dia-le-monstre-etat-islamique-est-une-creature-us

« L’ancien président afghan Hamid Karzaï a qualifié mercredi le groupe terroriste État islamique d’« outil » des États-Unis et a rejeté les critiques à l’encontre de la Russie pour ses liens avec les talibans et ses efforts pour engager le groupe militant dans des pourparlers de paix.

« Même si les États-Unis ont largué la bombe sur l’Afghanistan, cela n’a pas éliminé Daesh », a déclaré Karzaï, faisant référence à l’attaque faite avec la « mère de toutes les bombes [MOAB] », la semaine dernière contre État islamique.

« Je considère Daech comme leur outil », a déclaré Karzaï à l’agence de presse afghane VOA dans une interview exclusive à Kaboul, en utilisant l’acronyme arabe pour IS. « Je ne fais aucune différence entre Daech et l’Amérique. »

https://lesakerfrancophone.fr/lancien-president-afghan-karzai-appelle-letat-islamique-un-outil-des-etats-unis

« La vérité troublante est que moi et la plupart des soldats professionnels de l’armée post-11 septembre n’ont presque jamais combattu l’ennemi qui avait attaqué les États-Unis en premier lieu : al-Qaïda. Les troupes américaines ont passé une grande partie de ces deux dernières décennies à lutter contre des fermiers afghans, des milices tribales africaines, des islamistes arabes locaux et diverses franchises d’État islamique − le véritable monstre de Frankenstein de la guerre mondiale contre le terrorisme.

Je raconte cette triste histoire dans un but précis : avertir. Pour mettre en garde contre les interventions à courte vue ou le fait de travailler avec négligence par le biais des mandataires régionaux.

L’ami commode d’aujourd’hui est trop souvent l’ennemi juré de demain.

Nous récoltons ce que nous semons dans un Moyen-Orient houleux où le plus souvent les États-Unis sèment le chaos. »
https://lesakerfrancophone.fr/absurdite-en-boucle-tuer-les-islamistes-que-nous-creons

Pour ceux qui veulent aller plus en profondeur sur ce sujet, voici d’autres textes en français compilés ici et ici

Il existe donc suffisamment d’indices pour au moins garder un doute raisonnable sur la possibilité que de tels tactiques de guerre hybride soient aussi utilisées en Afrique, par la France et les Etats-Unis, contre les gouvernements récalcitrants et considérer l’analyse de Korybko comme très probable :

« Au lieu de combattre les mêmes terroristes “dont la barbarie a dépassé toutes les limites” et qu’il a accusés de “commettre de véritables crimes de guerre“, Bazoum a fini par accueillir certains de ces mêmes criminels de guerre barbares au palais présidentiel, ce qui fut un crachas au visage de chacune des victimes de ces terroristes. L’influent Financial Times britannique l’a même félicité pour cette politique et a cité des responsables occidentaux qui pensaient la même chose dans son article de juillet intitulé “Niger : le rempart de l’Occident contre les djihadistes et l’influence russe en Afrique“.

L’article est payant mais peut être lu ici pour ceux qui sont intéressés. L’intérêt d’attirer l’attention sur cet article est de montrer que l’Occident a malhonnêtement présenté sa capitulation face aux terroristes comme une victoire antiterroriste, ce qui discrédite son dernier discours selon lequel son retour au pouvoir est nécessaire pour éviter que la région ne tombe sous le coup de cette menace. En outre, cela suggère également que cela a été fait avec l’approbation des Américains et des Français, ce qui signifie que leurs missions militaires officielles “antiterroristes” sur place n’étaient rien d’autre qu’une ruse. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-dirigeant-dechu-du-niger-avait-promis-de-lutter-contre-les-terroristes-mais-sest-finalement-allie-a-eux

C’est le gouvernement malien issu du dernier coup d’Etat qui a d’abord lancé de telles accusations contre la France :

« Lors d’une initiative historique, le gouvernement malien a écrit une lettre de protestation aux Nations unies accusant la France de fournir du renseignement aux groupes terroristes au Mali dans le cadre d’une tentative de renversement de la junte actuelle. Les médias français réfutent unanimement ces accusations mais ont-ils une quelconque crédibilité ? Un coup d’œil rapide à l’implication de la France dans la région depuis plus de dix ans va démontrer que les accusations du Mali sont convaincantes et hautement crédibles. »

https://afriquemedia.tv/2022/09/20/la-france-soutient-elle-le-terrorisme-au-mali/

« Les représentants de la France et du Mali se sont lancés des piques lors du Conseil de sécurité des Nations unies, Bamako demandant en vain depuis des mois une réunion spéciale de l’Onu en accusant la France de soutenir les terroristes, ce que Paris réfute.

La réunion ordinaire du Conseil de sécurité de l’Onu qui s’est tenue à New York le 18 octobre a tourné en clash diplomatique entre la France et le Mali. Les relations entre ces deux pays sont au plus bas depuis plus d’un an. »

https://fr.sputniknews.africa/20221019/clash-entre-le-mali-et-la-france-lors-du-conseil-de-securite-de-lonu-1056562355.html

Enfin, cette semaine, les putschistes nigériens ont lancé des accusations similaires :

« Dans un communiqué, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), accuse la France, de « planifier un désordre sécuritaire » dans le but « de discréditer le CNSP et créer une rupture avec le peuple nigérien ».

Les putchistes donnent ainsi l’exemple de « 16 terroristes prisonniers libérés de façon unilatérale par la France ». Selon la junte, ils se seraient ensuite retrouvés pour préparer des attaques dans la zone des trois frontières. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230809-niger-la-junte-accuse-la-france-d-avoir-violé-son-espace-aérien-et-libéré-des-terroristes-paris-dément

« Les “forces françaises ont fait décoller” mercredi de N’Djamena, au Tchad, “un avion militaire” à “6H01 locales”, indique un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir au Niger, ajoutant: “Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l’entrée de notre espace de 6H39 à 11H15 locales”.

Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d’avoir “d’une facon unilatérale libéré des terroristes prisonniers”, le mot “terroriste” désignant des jihadistes armés.

Après leur libération, ces jihadistes ont participé à “une réunion de planification” d’une attaque “de positions militaires dans la zone des trois frontières” entre Niger, Burkina Faso et Mali, dans l’ouest nigérien, ajoute le CNSP.

Sans faire de lien direct avec cette “libération” de jihadistes prisonniers, il annonce dans le même communiqué que, mercredi matin, “la position de la garde nationale de Boukou”, dans la zone des trois frontières, “a fait l’objet d’une attaque dont “le bilan n’est pas encore établi”.

“Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays”, affirme le CNSP, dont le but est de le “discréditer” et de “créer une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d’insécurité généralisée”.

En conséquence, il est demandé aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de “relever leur niveau d’alerte sur l’ensemble du territoire” et “au peuple de rester mobilisé et vigilant”. »

https://fr.africanews.com/2023/08/09/niger-la-junte-accuse-la-france-davoir-libere-des-terroristes/

Evidemment la France dément :

« Des « accusations infondées » fermement démenties par la France. Dans un communiqué commun, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense français expliquent que les militaires positionnés au Niger le sont pour lutter contre les groupes terroristes. Et ils rappellent que cela s’est fait au péril de la vie de plusieurs soldats français. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230809-niger-la-junte-accuse-la-france-d-avoir-violé-son-espace-aérien-et-libéré-des-terroristes-paris-dément

Nous verrons bien si le Niger est soumis à une vague terroriste dans les semaines qui viennent.

Il faut quand même préciser ici que le phénomène jihadiste existe bien en tant que tel. Des jeunes musulmans au ban de la société sont manipulés ou rémunérés, par d’autres musulmans plus âgés, pour leur faire croire qu’ils trouveront l’espoir dans le jihad. Le terrorisme islamique existe bel et bien.

Ce que les indices ci-dessus montrent est que ce phénomène est récupéré par certains gouvernements comme un outil pour déstabiliser des pays dans leur ligne de mire. De plus, l’évident retour de bâton de ces manipulations, c’est-à-dire des attentats terroristes sur leur sol même, comme en France par exemple, ne les empêche pas du tout de continuer à pratiquer ce dangereux double jeu.

Le Golfe Persique

« Plus de 3 000 soldats américains sont arrivés en mer Rouge à bord de deux navires de guerre, dans le cadre d’un nouveau déploiement visant à dissuader l’Iran de s’emparer de pétroliers, a annoncé lundi 7 août la marine américaine. »

https://www.rfi.fr/fr/monde/20230807-des-milliers-de-soldats-américains-en-mer-rouge-pour-dissuader-l-iran-de-saisir-des-pétroliers

« Selon l’armée américaine, l’Iran a saisi ou tenté de s’emparer de près de 20 navires battant pavillon international dans la région ces deux dernières années. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs incidents dans le golfe Persique entre la marine des Gardiens de la révolution et des navires américains. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20230808-l-iran-menace-les-états-unis-de-représailles-après-un-déploiement-américain-en-mer-rouge

Il semble que le trafic en tout genre soit important dans le secteur :

« « Le corps des Gardiens de la révolution islamique a saisi par la force un navire marchand probablement impliqué dans des activités de contrebande et transitant par le Golfe (…) dans les eaux internationales », a indiqué dans un communiqué la 5ᵉ flotte américaine, basée à Bahreïn. »

https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20230706-l-iran-a-saisi-un-navire-marchand-dans-les-eaux-du-golfe-selon-la-marine-américaine

L’Iran dit qu’elle ne fait que son devoir de police régionale, dans une région qui attire la piraterie. Il est à noter qu’aucun des pays riverains du Golfe Persique ne s’en plaint. Ils sont au contraire en train de renouer des relations de bon voisinage avec l’Iran, comme nous l’avons vu il y a quelques semaines.

Voici la version de Press TV, le media iranien anglophone :

« Cette décision a été prise après que la marine américaine a accusé l’Iran d’avoir “attaqué, saisi ou tenté de saisir” près de 20 navires marchands battant pavillon international dans la région au cours des deux dernières années.

Toutefois, malgré les affirmations de Washington, la marine du Corps des gardiens de la révolution islamique a déjoué ces dernières années plusieurs attaques contre des pétroliers iraniens et étrangers dans la région stratégique du golfe Persique et dans d’autres zones de haute mer.

La marine du CGRI a également confisqué plus de 50 millions de litres de carburant de contrebande, principalement du diesel, au cours de diverses missions l’année dernière.

L’Iran considère les navires militaires américains qui rôdent dans les eaux du golfe Persique comme une menace pour sa sécurité et une source de tension et d’instabilité dans la région.

Abolfazl Shekarchi, porte-parole des forces armées iraniennes, a déclaré samedi que la sécurité du golfe Persique, de la mer d’Oman et de l’océan Indien n’avait rien à voir avec les États-Unis. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/08/07/708540/Iran-US-IRGC-spokesman-Ramezan-Sharif-ship-seizure-mischief-

On en revient toujours au fait que les Etats Unis ne peuvent se défaire de leur attitude auto proclamée de « gendarmes du monde ».

Le Pakistan

Mais il n’y a pas que dans le Golfe Persique que cette attitude se fait sentir. Au moment où le Pakistan est en pleine lutte politique fratricide :

« Le gouvernement pakistanais et le parlement ont été dissous mercredi 9 août, a annoncé la présidence, avant des élections qui selon les autorités pourraient n’être organisées que l’an prochain. Dans l’attente, un gouvernement intérimaire, dirigé par des technocrates, sera chargé de superviser le scrutin qui devrait se tenir sans l’homme politique le plus populaire du pays, Imran Khan.

Le pays connaît des remous politiques depuis que l’ex-Premier ministre Imran Khan a été écarté du pouvoir en avril 2022. Dernier événement en date : la condamnation pour corruption samedi du septuagénaire et son emprisonnement, après des mois de répression à l’encontre de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI). »

https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230809-le-président-pakistanais-dissout-le-parlement-avant-de-nouvelles-élections-législatives

Le média The Intercept publie un document fuité par un militaire pakistanais anonyme qui révèle les pressions étasuniennes à la base de ces remous politiques :

« LE DÉPARTEMENT D’ÉTAT DES ÉTATS-UNIS a encouragé le gouvernement pakistanais, lors d’une réunion tenue le 7 mars 2022, à démettre Imran Khan de ses fonctions de premier ministre en raison de sa neutralité face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, selon un document classifié du gouvernement pakistanais obtenu par The Intercept.

Cette réunion, qui s’est tenue entre l’ambassadeur du Pakistan aux États-Unis et deux fonctionnaires du département d’État, a fait l’objet d’un examen minutieux, de controverses et de spéculations au Pakistan au cours de l’année et demie écoulée, les partisans d’Imran Khan et ses opposants militaires et civils s’étant disputé le pouvoir. La lutte politique s’est intensifiée le 5 août lorsque Khan a été condamné à trois ans de prison pour corruption et placé en détention pour la deuxième fois depuis son éviction. Les défenseurs de Khan rejettent les accusations comme étant sans fondement. La condamnation empêche également Khan, l’homme politique le plus populaire du Pakistan, de se présenter aux élections prévues au Pakistan dans le courant de l’année.

Un mois après la réunion avec des responsables américains décrite dans le document du gouvernement pakistanais qui a fait l’objet d’une fuite, un vote de défiance a été organisé au Parlement, ce qui a conduit à l’éviction de Khan du pouvoir. Ce vote aurait été organisé avec le soutien de la puissante armée pakistanaise. Depuis lors, Khan et ses partisans se sont engagés dans une lutte avec l’armée et ses alliés civils, qui, selon Khan, ont organisé sa destitution à la demande des États-Unis.

Le texte du câble pakistanais, rédigé par l’ambassadeur à l’issue de la réunion et transmis au Pakistan, n’a jamais été publié auparavant. Ce câble, connu en interne sous le nom de “cypher”, révèle à la fois les carottes et les bâtons que le département d’État a déployés dans sa campagne contre Khan, promettant des relations plus chaleureuses si Khan était démis de ses fonctions, et l’isolement s’il ne l’était pas.

Le document, qualifié de “secret”, comprend un compte rendu de la réunion entre des fonctionnaires du département d’État, notamment le secrétaire d’État adjoint chargé du bureau des affaires de l’Asie centrale et du Sud, Donald Lu, et Asad Majeed Khan, qui était à l’époque l’ambassadeur du Pakistan aux États-Unis.

Le document a été fourni à The Intercept par une source anonyme de l’armée pakistanaise qui a déclaré n’avoir aucun lien avec Imran Khan ou le parti de ce dernier. The Intercept publie ci-dessous le corps du câble, en corrigeant les fautes de frappe mineures dans le texte, car ces détails peuvent être utilisés pour filigraner les documents et suivre leur diffusion. »

https://theintercept.com/2023/08/09/imran-khan-pakistan-cypher-ukraine-russia/

Je rappelle aux non anglophones que le traducteur DeepL fait un bon travail de traduction.

L’armée pakistanaise et l’armée étasunienne entretiennent des liens étroits depuis longtemps, en particulier pendant la guerre d’Afghanistan ou le Pakistan servait de base logistique arrière pour le ravitaillement de l’armée étasunienne en Afghanistan.

Par contre, pour des raisons économiques, le gouvernement civil pakistanais a aussi accepté d’héberger un important couloir logistique de la Nouvelle route de la soie chinoise. Evidemment les chinois travaillant sur ce projet ont dû subir les attaques terroristes d’Etat Islamique :

« Poussée par la revendication d’État islamique prétendant avoir tué deux enseignants chinois enlevés, le Pakistan renforce la sécurité autour des citoyens chinois qui affluent dans le pays pour cause de construction de la nouvelle Route de la soie chinoise.

La Chine a souvent exhorté le Pakistan à améliorer sa sécurité après avoir engagé environ 57 milliards de dollars US pour construire des centrales électriques, des chemins de fer et des routes qui traverseront l’Himalaya pour relier l’ouest de la Chine au port pakistanais de Gwadar, sur la mer d’Arabie. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-pakistan-fait-son-possible-pour-proteger-les-pionniers-de-la-route-de-la-soie-chinoise

Car ce projet chinois ne plait pas aux Etats Unis :

« Les États-Unis cooptent l’Inde comme un partenaire à part entière, dans une stratégie de rééquilibrage qui évidemment oppose l’Inde à la Chine et au Pakistan. Les Américains comptent que l’Inde se joigne à leur effort pour perturber le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) et contrecarrer la stratégie de la Chine et de la Russie pour créer un bloc économique eurasien.

La guerre en Afghanistan devient le parfait alibi pour renforcer la présence militaire américaine dans la région, le but du jeu étant d’intimider le Pakistan et de briser son axe avec la Chine. Cette poussée de la politique américaine correspond aussi aux intérêts de l’Inde. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-dechainent-les-chiens-de-guerre-en-afghanistan

Et là encore, les Etats Unis utilisent, comme en Iran et en Syrie, des extrémistes venant de régions séparatistes, le Baloutchistan en l’occurrence, pour lancer des attaques terroristes dont le but est de déstabiliser le gouvernement récalcitrant :

« L’ambassade pakistanaise à Moscou a organisé le 23 mars une célébration de la fête du Pakistan qui a vu la participation du Dr. Jumma Khan Marri pour la première fois depuis sa défection du mouvement séparatiste baloutche le mois précédent, où il a soulevé d’importantes questions sur le soutien que ces groupes reçoivent de l’étranger alors qu’il parlait avec les médias. L’homme qui fut un partisan engagé de ce mouvement au point d’avoir lui-même conçu le drapeau séparatiste encore utilisé aujourd’hui, n’a ménagé aucun effort pour attirer l’attention sur les vérités suivantes, « politiquement incommodes ».

Comment se fait-il que des terroristes comme Brahamdagh Bugti, Hyrbyair Marri et Mehran Marri soient autorisés à diriger leurs organisations, BRA, BLA et UBA, depuis le Royaume-Uni et la Suisse ? Pourquoi les médias internationaux sont-ils si calmes au sujet de ces soi-disant leaders baloutches qui mènent des activités terroristes au Pakistan tout en jouissant d’une vie luxueuse en Europe ?

Le patriote pakistanais faisait allusion à la présence de ces trois séparatistes-terroristes baloutches en Europe malgré une approche soi-disant de « zéro-tolérance » du continent à l’égard du terrorisme, qui n’a jamais été qu’un slogan creux mais dont on prouve sans aucun doute aujourd’hui qu’il n’est qu’un mensonge. Brahmdagh Bugti, le jeune fondateur et leader du « parti républicain baloutche », avait auparavant demandé l’asile politique en Suisse mais sa demande avait été refusée en raison de ses liens avec « des incidents de terrorisme, de violence et des activités militantes ». »

https://lesakerfrancophone.fr/le-separatiste-renegat-baloutche-expose-le-double-standard-europeennes-face-au-terrorisme

« La plupart des médias internationaux mentionnent l’attentat de samedi qui a touché l’hôtel Pearl Continental de Gwadar comme ayant été mené par des « hommes armés » ou des « militants », alors qu’il s’agit bel et bien de terroristes ; la BBC signale qu’ils ont choisi leur cible pour tuer des investisseurs chinois et d’autres nationalités.

On assiste ici de nouveau à une pratique du « deux poids, deux mesures » où les attentats terroristes « politiquement corrects » se voient qualifiés en « fusillades » ou en « actes militants », et les actions de résistance « non politiquement correctes » sont dénommées « terrorisme ».

Plusieurs terroristes ont essayé de débarquer dans l’hôtel Pearl Continental, dans le port de Gwadar, terminus du Couloir économique Chine-Pakistan (CPEC) samedi après-midi, mais une tragédie de grande ampleur a heureusement pu être évitée, les services de sécurité ayant réussi à évacuer presque tous les clients. La BBC indique que l’« Armée de Libération du Baloutchistan » (ALB) a revendiqué la responsabilité de l’attentat, et cité l’organisation décrivant sa volonté de « cibler les investisseurs chinois et d’autres pays ». L’incident constitue un acte de terrorisme patent, à l’image des attaques très dévastatrices qui ont été menées le mois dernier contre plusieurs hôtels et églises au Sri Lanka, mais les médias internationaux font usage de leur « deux poids, deux mesures » habituel : la plupart d’entre eux décrivent les assaillants comme des « hommes en arme » ou des « militants », et ne les nomment pas pour ce qu’ils sont de fait : des terroristes.

La raison en est simple : cet attentat terroriste est « politiquement utile » aux USA et à l’Inde, du fait qu’il s’en est pris à des civils chinois et à des infrastructures dans le cadre de la Guerre hybride contre le CPEC ; et les deux pays alliés s’appliquent ensemble à appliquer une pression impressionnante sur l’espace médiatique mondial. L’objectif de l’attentat est évident : enrayer les investissements et les visites de la part d’investisseurs étrangers dans ce port, qui tient une place géostratégique très importante dans l’État pivot mondial qu’est devenu le Pakistan. »

https://lesakerfrancophone.fr/attentat-terroriste-de-gwadar-le-deux-poids-deux-mesures-des-medias-traditionnels

Finalement, la pression US a eu gain de cause :

« Un tribunal pakistanais a condamné le chef de l’opposition Imran Khan à trois ans de prison pour des allégations de corruption, menaçant de retirer l’ancien Premier ministre populaire du pays de la politique avant les élections nationales prévues plus tard cette année. »

https://www.ft.com/content/f996b877-f5fd-4e0e-83f6-4f0ff4ad9a45

Et, comme le disait l’article de France24 en début de chapitre : « Le gouvernement pakistanais et le parlement ont été dissous mercredi 9 août, a annoncé la présidence, avant des élections qui selon les autorités pourraient n’être organisées que l’an prochain ». Ce sont donc les Etats Unis, par l’intermédiaire de l’armée pakistanaise, qui vont décider de la politique étrangère pakistanaise jusqu’à au moins l’an prochain.

***

Après le Golfe Persique et le Pakistan, passons donc à ce petit pays tellement inconnu, le Kyrghyzstan, qu’il a fallu que je m’y prenne à deux fois pour l’écrire correctement 😉 :

« Cette semaine, le sénateur américain Bob Menendez (D-N.J.), président de la commission sénatoriale des affaires étrangères, a envoyé une lettre au président de la République kirghize concernant les allégations selon lesquelles le Kirghizstan aurait aidé la Russie, ou ses mandataires, à échapper aux sanctions internationales imposées en réponse à l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie. Le président a souligné que ces allégations ont été formulées dans un contexte de recul démocratique généralisé et a exhorté le président Japarov à prendre des mesures pour inverser la tendance.

“Depuis le début de la guerre, le Kirghizstan a considérablement développé ses activités d’import-export avec la Russie. Dans le même temps, l’absence d’application de la part de votre gouvernement ou, pire, la facilitation complice du commerce avec la Russie de produits impliquant des sanctions, tels que les drones, les pièces d’avion, les accessoires d’armes et les circuits, permet apparemment à la Russie d’échapper aux sanctions internationales”, a écrit le président. “Je demande instamment à votre gouvernement d’enquêter immédiatement sur ces graves allégations d’évasion des sanctions et de mettre en place des processus plus fiables et plus robustes pour empêcher le flux illicite de marchandises à travers votre territoire.

“En outre, je crains que l’incapacité du Kirghizistan à respecter les sanctions internationales contre la Russie ne soit qu’un symptôme de son recul démocratique continu et de ses violations généralisées des droits de l’homme”, a poursuivi le président. “Votre gouvernement a affaibli les institutions, violé à plusieurs reprises les droits des journalistes et des médias indépendants, harcelé les défenseurs des droits de l’homme et imposé des restrictions aux acteurs de la société civile. Autrefois phare de la démocratie en Asie centrale, la République kirghize s’est engagée sur la voie dangereuse de l’autocratie. Je vous demande instamment de lever toutes les restrictions imposées aux médias indépendants et aux journalistes, de libérer les défenseurs des droits de l’homme emprisonnés et d’abroger les mesures restreignant les libertés fondamentales telles que la liberté d’association. »

https://www.foreign.senate.gov/press/dem/release/chairman-menendez-calls-on-kyrgyzstan-to-uphold-international-sanctions-against-russia-reverse-course-on-democratic-backsliding

La relation Chine-Etats-Unis

Histoire de bien mettre en valeur aux yeux du reste de la planète le double standard de « l’ordre basé sur des règles » étasunien, un convoi conjoint de navires militaires russes et chinois ont décidé d’exercer leur « liberté de navigation » au large des cotes de l’Alaska, reprenant l’argument de l’US Navy quand elle navigue dans le détroit entre l’ile Taiwan et la Chine continentale :

« Onze navires russes et chinois ont navigué près des îles Aléoutiennes, selon des responsables américains. Les navires, qui n’ont pas pénétré dans les eaux territoriales américaines et sont partis depuis, ont été suivis par quatre destroyers américains et des avions P-8 Poseidon.

“C’est une première historique“, a déclaré Brent Sadler, chargé de recherche à la Heritage Foundation et capitaine de la marine à la retraite. “Compte tenu du contexte de la guerre en Ukraine et des tensions autour de Taïwan, cette action est extrêmement provocatrice.” »

https://lesakerfrancophone.fr/quod-licet-iovi

Evidemment, Global Times n’a pas raté le coche :

« La troisième patrouille navale conjointe de la Chine et de la Russie, qui aurait atteint les eaux internationales près de l’Alaska la semaine dernière, a touché les nerfs des médias américains, qui ont qualifié ce voyage de “hautement provocateur”, ignorant le fait que les États-Unis envoient constamment des navires et des avions de guerre aux portes de la Chine pour des exercices militaires et de reconnaissance rapprochée dans le cadre de la soi-disant liberté de navigation. »

https://www.globaltimes.cn/page/202308/1295829.shtml

Voici la traduction française de l’article du Global Times.

Et la traduction française d’un article d’un analyste étasunien sur la relation Chine-USA et les effets de la propagande anti-chinoise sur les esprits :

« Attirer la Chine dans un bourbier taïwanais est la première phase d’une stratégie d’endiguement plus large visant à préserver la première place des États-Unis dans l’ordre mondial tout en empêchant la Chine de devenir l’économie dominante de la région. Le plan comprend notamment des éléments économiques, cybernétiques et informationnels conçus pour fonctionner de concert avec le volet militaire. Dans son ensemble, la stratégie représente le meilleur effort de Washington pour revenir à l’âge d’or de l’ordre mondial unipolaire, lorsque les États-Unis fixaient l’ordre du jour mondial et que les États-Unis n’avaient pas de rival… »

https://reseauinternational.net/cible-chine/

Et cet autre article qui montre l’aspect biaisé de la propagande médiatique anti-chinoise :

« Ce dernier point est la critique la plus évidente du rapport Pew. L’agence a interrogé des adultes dans 24 pays ; il y a 193 États membres des Nations unies, ce qui indique qu’il n’y a pas de tendance mondiale sérieuse basée uniquement sur sa méthodologie. Il y a également un fort biais de sélection en faveur des pays à hauts revenus et des alliés américains. Toutefois, certains pays à revenus moyens et plus pauvres ont été interrogés et les données révèlent ce que beaucoup savent être vrai : le Sud global a une opinion largement favorable de la Chine.

Par exemple, l’enquête Pew a révélé que des pays comme le Kenya (72 %), le Nigeria (80 %) et le Mexique (57 %) ont une opinion favorable de la Chine, l’Inde étant l’exception qui a une opinion plus négative de la Chine. Étant donné que les pays les plus pauvres sont les bénéficiaires de la coopération bilatérale avec la Chine, notamment dans le cadre de l’initiative des Nouvelles routes de la soie menée par Pékin, il est naturel qu’ils aient une meilleure opinion de Pékin. Pew, cependant, n’a pour la plupart pas sélectionné de pays ayant une coopération stratégique de haut niveau avec Pékin. »

https://lesakerfrancophone.fr/une-propagande-qui-se-renforce-par-elle-meme-un-nouveau-sondage-montre-que-les-gens-naiment-pas-la-chine-mais-il-est-biaise

On parle beaucoup de la « guerre des puces » électroniques entre les Etats-Unis et la Chine mais peu de la « guerre des câbles » internet. Cet article explique ce qu’il en est et où nous même une telle « guerre » :

« Près de 1,4 million de kilomètres de fibres à enveloppe métallique sillonnent les océans du monde entier, acheminant le trafic internet de manière fluide dans le monde entier. La fourniture et l’installation de ces câbles sont dominées par des entreprises françaises, américaines et japonaises.

Le gouvernement chinois a commencé à pénétrer avec succès le marché mondial, mais les administrations américaines successives ont depuis lors réussi à exclure la Chine de vastes pans de ce marché. Cela s’expliquerait semble-t-il par des craintes d’espionnage et des inquiétudes quant à ce que Pékin pourrait faire pour perturber les actifs stratégiques exploités par des entreprises chinoises en cas de conflit.

Bien qu’elles soient régulièrement exclues des projets internationaux de câbles sous-marins impliquant des investissements américains, les entreprises chinoises se sont adaptées en construisant des câbles internationaux au profit de la Chine et d’un grand nombre de ses alliés.

Cette situation fait craindre une scission dangereuse entre les propriétaires et les gestionnaires de l’infrastructure qui sous-tend le web mondial. »

https://www.les-crises.fr/cables-sous-marins-comment-les-etats-unis-evincent-la-chine-de-l-internet/

Partant de ce constat de création de blocs, cet analyste italien analyse la contradiction mondialisation/démondialisation qui scindent la société marchande occidentale qui, jusqu’à récemment, était celle qui poussait à la mondialisation :

« En synthèse, le cadre offert par les faits décrits ci-dessus démontre que l’affrontement géopolitique et stratégique avec la Russie et surtout avec la Chine se caractérise par une contradiction à l’intérieur des USA (mais aussi de l’UE) qui se creuse de plus en plus : contradiction entre les forces politiques mais aussi économiques tendant à produire la fragmentation du marché mondial, autrement dit la dé-mondialisation, et les forces politiques et économiques qui tentent de défendre l’unité du marché mondial, autrement dit la mondialisation. Pour le moment il semble que ces forces s’équilibrent. »

https://reseauinternational.net/la-dialectique-de-mondialisation-et-de-mondialisation-dans-laffrontement-entre-etats-unis-et-chine/

L’Ukraine

La « presse système », comme la nomme De Defensa, est bien embarrassée pour annoncer à ses lecteurs que, malgré tout ce qu’elle prétendait depuis le début de cette guerre, les russes ne sont finalement pas vaincus, ce serait même le contraire :

« On commence par un article de CNN (du 8 août) qui a eu beaucoup d’échos. Plein de précautions de langage, de phrases farcies de conditionnels, de verbes et d’expressions tels que “sembler” et “il se pourrait que”, il présente “sobrement” le naufrage des dernières illusions du simulacre que fut le conflit en Ukraine aux origines de l’affrontement, – lorsqu’il n’était pas insensé ni obscène, vous vous en rappelez, de prévoir que l’armée ukrainienne irait jusqu’aux murs de Moscou, à la poursuite d’une armée russe débandée, incompétente, armée de pétoires et de guenilles d’un autre temps.

Ainsi commence l’article de CNN : »

https://www.dedefensa.org/article/honnetete-et-franchise-de-la-pressesysteme

Dedefensa fait référence à la presse étasunienne mais cet article de RFI lui aussi montre un net changement de ton :

« Après plus de deux mois de contre-offensive ukrainienne et à l’heure où des Occidentaux sous couvert d’anonymat commencent à faire part de leurs doutes, pour la Russie, le verdict est déjà tombé : il n’est plus possible pour Kiev de renverser le cours des événements. Aujourd’hui, l’armée russe s’enorgueillit de ses atouts qui lui ont permis de tenir le choc, en particulier les drones. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230812-les-ukrainiens-ont-voulu-nous-mordre-ils-se-sont-cassé-les-dents

Maintenant que l’armée ukrainienne est bien affaiblie, la Russie en profite pour lancer l’offensive :

« Dans le nord-est, autour de Kupyansk, les Russes ont lancé leur propre offensive qui a mis les Ukrainiens en fuite. L’Ukraine a ordonné l’évacuation de la zone :

Une évacuation obligatoire a été ordonnée pour la ville ukrainienne de Kupyansk et ses environs, alors que la Russie intensifie le pilonnage de la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine, et a affirmé, jeudi, avoir capturé des positions ukrainiennes près de la ville.

Mais Kupyansk est une ville peuplée de russes et les habitants refusent de la quitter.

La campagne russe s’accélère lentement. Comme le rapporte le site ukrainien Strana.news (traduction automatique) :

En Ukraine aussi, on enregistre que de Kupyansk à Bakhmut, la Russie a augmenté le nombre d’attaques. »

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-la-fin-de-la-contre-offensive

Ce rapport du Oakland institue explique en partie pourquoi l’Occident ne veut absolument pas que la Russie reprenne la main en Ukraine :

« Les plus grands propriétaires terriens [en Ukraine] sont un mélange d’oligarques et de divers intérêts étrangers – principalement européens et nord-américains, y compris un fonds d’investissement privé basé aux États-Unis et le fonds souverain d’Arabie Saoudite. À l’exception d’une seule, les dix plus grandes sociétés foncières sont enregistrées à l’étranger, principalement dans des paradis fiscaux tels que Chypre ou le Luxembourg. Même lorsqu’elles sont dirigées et encore largement contrôlées par un oligarque fondateur, un certain nombre d’entreprises sont entrées en bourse et des banques et des fonds d’investissement occidentaux contrôlent désormais une part importante de leurs actions…

La plupart de ces entreprises sont fortement endettées auprès d’institutions financières occidentales, en particulier la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Société financière internationale (SFI) – la branche de la Banque mondiale consacrée au secteur privé. Ensemble, ces institutions ont été les principaux bailleurs de fonds des entreprises agroalimentaires ukrainiennes, avec près de 1,7 milliards de dollars US à seulement six des plus grandes entreprises foncières ukrainiennes au cours des dernières années…

Ce financement international profite directement aux oligarques, dont plusieurs sont accusés de fraude et de corruption, ainsi qu’aux fonds étrangers et aux entreprises associées en tant qu’actionnaires ou créanciers. Pendant ce temps, les agriculteurs ukrainiens ont dû travailler avec des terres et des financements limités, et nombre d’entre eux sont aujourd’hui au bord de la pauvreté. Les données montrent que ces agriculteurs ne reçoivent pratiquement aucun soutien, comparé aux agro-industries et aux oligarques. 4 Le Fonds de garantie partielle de crédit mis en place par la Banque mondiale pour soutenir les petits agriculteurs ne s’élève qu’à 5,4 millions de dollars, une somme négligeable comparée aux milliards de dollars alloués aux grandes entreprises agroalimentaires.5 »

Mais, racontent les médias et nos dirigeants, le monde occidental s’est lancé dans la bataille pour « sauver la démocratie ukrainienne »

https://lesakerfrancophone.fr/guerre-et-vol-laccaparement-des-terres-agricoles-de-lukraine#fn-118926-1

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Revue de presse alternative du 31 juillet 2023

Par Wayan – Le 31 juillet 2023 – Le Saker Francophone

Etats-Unis

Cette semaine, de nouvelles poursuites judiciaires ont été lancé contre Trump, prenant la forme d’un acharnement judiciaire, une forme de combat typique aux Etats-Unis quand deux personnes ou sociétés, assez riches pour en couvrir les frais, veulent en découdre.

Il est difficile de parler du cas Trump sans déclencher une réaction réflexe du genre « Mais tu défends Trump, tu es pro-Trump ». Réaction induite par les médias qui l’ont diabolisé, comme ils ont diabolisé Poutine, comme ils diabolisent tous ceux qui sont considérés comme « l’ennemi ». Mais la comparaison entre les deux personnages s’arrête là.

Effectivement Trump est un opportuniste démagogue qui, comme tous les bons businessmen sentent où est le filon et l’exploite au maximum. Mais n’est-ce pas là une caractéristique de tous les politiciens à succès ? Effectivement Trump est une caricature du cow-boy américain avec son langage ordurier et ses manières peu raffinées, choquant les bourgeois de Washington. Ceci clairement dit il faut bien comprendre que les explications qui vont suivre ne sont pas là pour défendre ni le personnage ni ses convictions politiques, qui ne sont pas des plus pures, mais pour montrer comment, par son refus de suivre les règles du système politique étasunien, il l’a dit publiquement en prétendant « nettoyer le marécage de Washington », il est devenu la cible d’un combat acharné pour le détruire. Alors que, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, Biden, qui a nombreuses casseroles aux fesses et est visiblement trop vieux pour un tel poste est protégé par le même système politique étasunien, car il travaille à sa continuité. C’est cela qui est intéressant à observer, comment le « système politique étasunien » réagit lorsque quelqu’un se met en travers de son chemin et le provoque, comme Trump l’a fait.

 

Alors qu’est donc ce « système politique étasunien ». Et bien, comme nous l’avons déjà évoqué et nous y reviendrons, c’est le système qui s’est mis en place, après la deuxième guerre mondiale dont les Etats-Unis sont sortis grand vainqueur, avec l’URSS. Ce système a pour règles 1) les Etats-Unis sont la nation exceptionnelle, la « cité brillante sur la colline » comme ils disent, qui doit guider le reste du monde sur le chemin du progrès et de la démocratie, pour la version publique et consciente dans la psyché collective étasunienne 2) moins publique est la puissance militaire qui repose sur le Complexe Militaro Industriel 3) la puissance économique qui repose sur la maîtrise technologique et le dollar comme monnaie internationale tout cela faisant que les Etats-Unis sont la capitale de l’Empire mondial du néolibéralisme, doctrine voulant que ce sont les « marchés », c’est-à-dire le monde de la finance et des multinationales, qui décident de la géopolitique mondiale. Le centre de ce système est le groupe humain que l’on qualifie « d’establishment washingtonien », sortis de l’Ivy league, passant par le formatage de l’un deux seuls partis autorisés, Républicains ou Démocrates, apparence d’alternance démocratique oblige. Les individus formant ce groupe humain qu’est « l’Establishment » ayant tellement bien assimilé les règles non officielles du système qu’ils ne font plus qu’un avec elles.

Quant aux politiciens, fonctionnaires, ou journalistes de rang inférieur, ils perpétuent ce système car ils ont compris que s’ils veulent faire une ambitieuse carrière, ils doivent eux aussi intégrer ces règles systémiques, sinon ils n’ont aucune chance d’ascension sociale et d’enrichissement personnel. Les médias grand public se chargeant de remettre dans le droit chemin, à coup d’articles critiques/bâton ou laudateurs/carotte, ceux qui auraient des idées un peu trop divergentes. C’est ainsi que ce système se maintient sans coercition visible, par la promesse non dite d’une bonne carrière et de la bonne rémunération qui va avec.

En cela on voit que Trump et son « Make America Great Again » est en réalité un parfait pion du système et que son « nettoyage du marécage de Washington » n’est qu’un argument populiste pour rallier la population qui attribue la baisse de son niveau de vie à la corruption, autant morale que financière, de « l’élite de Washington ». Mais, comme il menaçait aussi directement l’Establishment en place, tous les médias ont automatiquement utilisé la technique du bâton contre lui. Malgré cela, Trump a habilement su retourner à son avantage cette technique pour engranger les voix des exclus du système.

je répète donc ici que démontrer, comme nous allons le faire plus loin, la manière dont cette élite a pris au premier degré les menaces de Trump n’est pas défendre Trump mais démontrer les méthodes absolument non démocratiques qu’utilisent ces élites qui se proclament pourtant vertueuses et démocratiques, droit de l’hommismes, écologistes, libres et honnêtes…alors qu’elles sont tout l’inverse, comme le démontre le cas de Biden, de Jeffrey Eipsten, des guerres à tout va, des sanctions qui détruisent des pays entiers…

Dit autrement, le système washingtonien fait subir à Trump, ce qu’il a fait subir à Saddam Hussein, Kadhafi, Bachar al Hassan, Poutine, montrant sa rage à détruire tous ceux qui ne veulent pas lui prêter allégeance, tel un parrain mafieux sicilien. La mafia elle-même étant un système social bien particulier, soit dit en passant.

Cette rage contre Trump date de son élection car, à ce moment-là c’était Hillary Clinton le choix du système. Elle était mise en valeur par tous les médias occidentaux, présenté d’entrée comme la future présidente. Puis Trump est arrivé comme un cheveu sur la soupe, et malgré toutes les tentatives des médias pour le détruire, a quand même gagné les élections car il avait compris quelque chose : plus les médias système le diabolisaient, plus les exclus du système l’adoraient. En 2016, ils étaient déjà assez nombreux et motivés pour le faire élire.

Mais, loin de s’avouer démocratiquement battu, la rage de « l’Establishment washingtonien » s’est déchaîné contre lui. D’abord avec le Russiagate, où il fut carrément accusé de collusion avec Poutine pour gagner cette élection, puis deux tentatives d’impeachment ratées, et surtout une diabolisation médiatique qui l’empêchèrent, de justesse, d’être réélu. Mais, comme les machines à voter électroniques invérifiables génèrent de fortes suspicions de triche et que le système étasunien avait montré qu’il était prêt à tout pour qu’il ne soit pas réélu, évidemment ses nombreux électeurs ont été très sensibles aux accusations de triche contre lui. Pour lui porter un dernier coup, des agents du FBI ont manipulé une partie de ses supporters manifestant leur colère devant le Capitole pour les faire pénétrer dans l’enceinte du Capitole afin de faire croire que Trump avait provoqué une insurrection contre les institutions et que ses partisans étaient tous des extrémistes.

Voilà le résumé de l’affaire Trump, que j’ai suivi depuis son apparition intempestive dans la vie politique étasunienne et que j’ai compilé sur le Saker Francophone. Ceux qui seraient curieux de connaitre les détails de cette histoire pourront s’y référer.

Mais, comme Trump est aussi entêté que le système contre lequel il prétend se battre, est qu’il continue à être l’homme politique en course rassemblant le plus grand nombre de supporters aux Etats-Unis, il insiste malgré tout pour se présenter aux prochaines élections.

Alors, ils ont lâché la meute de chiens contre lui, à la manière bien étasunienne, à coup de procès dévastateurs en temps, en finance et en image. Tout fonctionnaire, juge ou journaliste qui a de l’ambition sait donc qu’il doit participer à cette meute contre lui, à coup d’obstruction, de condamnation ou d’article assassin. Et ils ne manquent ceux qui veulent le mordre, jusqu’à ce que mort politique s’ensuive. Le duel final est donc lancé et, logiquement, il y a peu de chance que l’animal chassé survive à la meute lancée contre lui. Mais Trump a déjà surpris alors je n’irai pas jusqu’à y parier ma chemise. N’oublions pas que sa stratégie réside en « plus le système m’attaque, plus je rassemble les exclus du système autour de moi ».

La première attaque repose sur une classique histoire de cul :

« Mme Daniels affirme que M. Trump et elle ont eu des relations sexuelles et qu’elle a accepté 130 000 dollars (104 000 livres sterling) de son ancien avocat avant l’élection de 2016 en échange de son silence sur la rencontre. L’avocat, Michael Cohen, a par la suite été emprisonné pour de multiples accusations.

Depuis que les allégations ont fait surface en 2018, l’ancien président a nié toute implication sexuelle avec Mme Daniels.

Mme Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, a déclaré dans des entretiens avec les médias qu’elle avait rencontré M. Trump lors d’un tournoi de golf de bienfaisance en juillet 2006.

Elle affirme que le couple a eu une relation sexuelle dans la chambre d’hôtel de M. Trump au lac Tahoe, une station balnéaire située entre la Californie et le Nevada. À l’époque, un avocat de M. Trump avait nié ces faits avec “véhémence”.

“Il ne semblait pas inquiet à ce sujet. Il était plutôt arrogant”, a-t-elle déclaré en réponse à la question d’un intervieweur qui lui demandait si M. Trump lui avait demandé de garder le silence sur leur prétendue nuit ensemble. »

https://www.bbc.com/news/world-us-canada-64920037

La deuxième sur le fait qu’il a gardé des dossiers classifiés à son domicile :

« Donald Trump de nouveau inculpé, mais cette fois par la justice fédérale. Et c’est une première pour un ancien président aux Etats-Unis : une inculpation pour 7 chefs d’accusation dans l’affaire des documents classifiés retrouvés par le FBI à son domicile de Mar-a-Lago en Floride dont rétention illégale de secrets d’État, entrave à la justice et fausses déclarations. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230609-trump-inculpé-par-la-justice-fédérale-pour-sa-gestion-des-archives-de-la-maison-blanche

Le fait que Biden ait fait la même chose n’aura pourtant pas la moindre conséquence pour lui :

« Une nouvelle perquisition effectuée par le ministère américain de la Justice au domicile de Joe Biden à Wilmington, dans le Delaware, a permis de trouver six nouveaux éléments, dont des documents portant des marques de classification, a indiqué un avocat du président dans un communiqué publié samedi soir.

Selon son avocat, Bob Bauer, certains des documents classifiés et des “matériaux environnants” datent du mandat de M. Biden au Sénat, où il a représenté le Delaware de 1973 à 2009. D’autres documents datent de son mandat de vice-président au sein de l’administration Obama, de 2009 à 2017, a précisé M. Bauer.

Les enquêteurs du ministère de la justice ont coordonné la perquisition avec les avocats de M. Biden à l’avance, a déclaré M. Bauer, et les avocats personnels du président et ceux de la Maison Blanche étaient présents à ce moment-là.

D’autres documents gouvernementaux classifiés ont été découverts ce mois-ci dans la résidence de M. Biden à Wilmington, et en novembre dans un bureau privé qu’il occupait dans un groupe de réflexion de Washington DC après avoir mis fin à son mandat de vice-président au sein de l’administration Obama en 2017. »

https://www.theguardian.com/us-news/2023/jan/22/justice-department-finds-more-classified-documents-at-joe-bidens-home

Finalement le procès est accéléré, par rapport aux critères de temps habituels, pour se placer en plein moment de la future primaire Républicaine et gâcher toutes ses chances de la remporter :

https://www.france24.com/fr/amériques/20230721-documents-classés-la-date-du-procès-de-trump-fixée-au-20-mai-2024

Et si ces deux procès ne suffisaient pas, un troisième, bien plus grave l’attend, pour tentative de conspiration contre le gouvernement, l’accusant d’être à la source de l’intrusion de ses supporters dans le Capitole, alors que c’est une manipulation du FBI :

« Cette fois, il s’agit de l’enquête sur son rôle dans l’assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021. Dans cette affaire, Donald Trump risque une inculpation pour sédition : la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 a publié son rapport final en décembre 2022. Après avoir recommandé l’inculpation de Donald Trump par le ministère de la Justice, elle accuse l’ancien président de « conspiration en plusieurs volets » et recommande de l’empêcher de se représenter à une élection. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230718-états-unis-vers-une-deuxième-inculpation-fédérale-pour-donald-trump

https://www.bbc.com/news/world-us-canada-66236837

L’Etat profond ne lésine pas sur les moyens pour avoir la peau de Trump :

« Au cours des quatre premiers mois de son mandat, qui a débuté en novembre, l’enquête de M. Smith a entraîné des dépenses de 9,2 millions de dollars. Ce montant comprend 1,9 million de dollars pour payer le service des marshals américains afin de protéger M. Smith, sa famille et d’autres enquêteurs qui ont fait l’objet de menaces après que l’ancien président et ses alliés les ont montrés du doigt sur les médias sociaux.

À ce rythme, l’avocat spécial est en passe de dépenser environ 25 millions de dollars par an. »

https://lesakerfrancophone.fr/lechec-de-la-tentative-dinculpation-de-trump-par-letat

Voici deux analyses sur ce sujet :

« Comment expliquez-vous cette stratégie de l’ex-président candidat ?

Il veut à chaque fois utiliser le moindre nouvel élément dans l’enquête du procureur spécial Smith pour en faire un argument auprès de ses électeurs et surtout de ses donateurs, pour dire « aidez-moi puisqu’ils veulent ma peau ». Le « ils » désignant l’État fédéral et le procureur Smith. Donc clairement, c’est une stratégie politique. Crier au loup en quelque sorte, puisque là, il n’y a même pas encore d’inculpation, il s’agit d’une simple lettre l’invitant à venir déposer auprès du grand jury. Mais ça lui permet évidemment, derrière, de lancer des invitations aux dons. On voit bien depuis six mois que ça fonctionne très bien, qu’à chaque nouvelle péripétie judiciaire, il y a une hausse de ces donations politiques. Il faut aussi rappeler qu’une partie des dons qu’il reçoit sont en quelque sorte détournées par Donald Trump pour financer ses frais de justice et ses frais juridiques. J’allais dire qu’il joue là, complètement, sur les deux tableaux. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230719-vers-une-disqualification-de-trump-à-la-présidentielle-on-est-dans-un-inédit-total

« Trump est donc confronté à plusieurs inculpations et il s’est engagé dans une course “contre la montre”, pour parvenir à empêcher les procès avant l’élection de novembre 2024, et selon son plan, sa propre réélection, – et cela, tout en faisant de ces inculpations que la majorité du public juge comme une attaque politique contre lui l’argument essentiel et unique de sa campagne. Turley a largement expliqué cette façon en observant que ce qui semble une “folie” de Trump d’aller au-devant des inculpations devient en fait une stratégie de campagne inédite et peut-être irrésistible. »

https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2023-la-est-la-suite-du-tout

***

Comparons maintenant le cas Trump au cas Biden.

Au moment même où le système étasunien s’acharne contre Trump avec des arguments bien faibles car il n’a rien trouvé de plus convaincant malgré que le FBI ait mis le paquet contre lui, les preuves de corruption de Joe Biden, son fils Hunter et d’autres membres de sa famille ayant utilisé sa position de Vice-président d’Obama pour engranger quelques gros pos de vin n’arrivent pas à franchir la barrière médiatique le protégeant. Il y a des faits bien plus graves que ceux lancés contre Trump pour lancer un impeachment contre Biden, pourtant rien ne bouge, il est toujours en place, intouchable. Cette protection montre que ce ne sont plus la constitution et la justice qui règlent et équilibrent les choses dans le système politique étasunien mais un « Establishment » qui défend ses pions, contre vent et marées. Cela montre que le président qui est, soi-disant, élu et protégé par le peuple étasunien, sa police et son armée est en fait choisi et protégé par « l’Establishment de Washington » et que les Etats Unis ne sont qu’une démocratie de façade. Ce qui ne les empêchent pas de vouloir donner des leçons de démocratie au reste du monde.

Cela commence par une affaire de corruption à 10 millions de dollars :

« Le formulaire publié jeudi et daté du 30 juin 2020 confirme l’existence de l’allégation concernant les enregistrements audio. Il indique que l’informateur du FBI a déclaré que Mykola Zlochevsky, le fondateur de la société énergétique ukrainienne Burisma, a dit qu’il avait “17 enregistrements” impliquant les Biden ; deux des enregistrements incluaient Joe Biden, et les 15 enregistrements restants incluaient Hunter Biden.

La source du FBI “a réitéré que, selon Zlochevsky, ces enregistrements prouvent que Zlochevsky a été contraint de payer les Biden pour s’assurer que le procureur général de l’Ukraine Viktor Shokin soit renvoyé” en 2016, indique le formulaire.

Le formulaire a également confirmé l’existence de l’allégation plus large de la source du FBI selon laquelle Zlochevsky a payé Joe et Hunter Biden chacun 5 millions de dollars en échange de l’utilisation par le vice-président de l’époque, Joe Biden, de son autorité pour renvoyer Shokin, qui enquêtait sur Burisma, avec lequel le plus jeune Biden occupait un poste lucratif au sein du conseil d’administration.

Le formulaire a également révélé l’existence présumée de messages textuels.

Zlochevsky a répondu [à la source du FBI] qu’il avait de nombreux SMS et “enregistrements” montrant qu’il avait été contraint d’effectuer ces paiements”, indique le formulaire, suggérant que les Biden l’avaient “forcé” à les payer.

Zlochevsky a déclaré qu’il possédait deux “documents (que [l’informateur] a compris comme étant des relevés de virement, des relevés bancaires, etc.), qui prouvent qu’un ou plusieurs paiements ont été effectués aux Biden, vraisemblablement en échange du licenciement de Shokin”, a ajouté le formulaire. »

https://www.washingtonexaminer.com/news/justice/biden-investigation-grassley-releases-fbi-document-bribery-scheme

https://nypost.com/2023/07/20/biden-bribe-file-released-burisma-chief-said-both-joe-and-hunter-involved/

Mais il n’y a pas qu’avec l’Ukraine que la famille Biden a créé des liens douteux :

« Un rapport d’un cabinet de recherche asiatique soulève des questions inquiétantes sur les liens financiers entre la Chine et Hunter Biden.

Débutant juste avant l’accession de Joe Biden à la vice-présidence, Hunter Biden se rendait à Pékin pour y rencontrer des institutions financières chinoises et des personnalités politiques qui allaient devenir ses investisseurs. Finalisé en 2013, le partenariat d’investissement comprenait de l’argent du gouvernement chinois, de la sécurité sociale et des grandes banques d’État – un véritable who’s who de la finance d’État chinoise. »

https://lesakerfrancophone.fr/rapport-sur-les-activites-de-biden-avec-la-chine

Ces histoires sont connues depuis 2020 mais la censure médiatique a empêché la population d’être au courant et permis son élection :

« Le 15 octobre, le New York Post publiait un article sur Hunter Biden basé sur les données d’un ordinateur portable que le fils de Joe Biden avait abandonné dans un atelier de réparation. La famille Biden n’a pas contesté l’authenticité de l’ordinateur portable ou des données qu’il contient. Outre le matériel pornographique contenu dans l’ordinateur portable, il y avait des milliers de courriels qui décrivaient des transactions louches avec une grande compagnie énergétique chinoise (aujourd’hui disparue), la CEFC.

Twitter, Facebook et d’autres médias comme The Intercept ont essayé d’empêcher la diffusion de l’article. Ils prétendaient que l’information était “piratée” ou non prouvée, ce qui est faux. La censure a inévitablement rendu cette histoire plus visible et a augmenté le nombre de personnes qui en ont eu connaissance.

Une semaine après la publication de l’article dans le NY Post, Tony Bobulinski, un ancien associé de Hunter Biden, a rendu publiques de nouvelles allégations à son encontre : »

https://lesakerfrancophone.fr/les-affaires-impliquant-hunter-biden-pourrait-aider-hillary-clinton-a-devenir-vice-presidente

https://lesakerfrancophone.fr/un-article-sur-la-corruption-de-joe-et-hunter-biden-censure-par-the-intercept

Le tout récent résultat de l’enquête du Comité judiciaire du Congrès montre que c’est le FBI lui-même qui a protégé Biden, en 2020 en pleine élection présidentielle, en imposant aux médias sociaux de censurer l’affaire :

« Dans les heures qui ont suivi la publication de l’article du Post, Twitter a bloqué le partage de l’article, tandis que Facebook l’a désamplifié, réduisant considérablement sa diffusion et sa prévalence dans les fils d’actualité des utilisateurs. Comme l’a expliqué le tribunal fédéral dans l’affaire Missouri v. Biden dans des termes accablants, les actions du FBI ont empêché des millions d’Américains d’avoir une vision claire d’une question importante pour l’élection présidentielle de 2020 :

Le fait que le FBI n’ait pas alerté les entreprises de médias sociaux que l’ordinateur portable de Hunter Biden était bien réel et qu’il ne s’agissait pas d’une simple désinformation russe est particulièrement troublant. Le FBI était en possession de l’ordinateur portable depuis décembre 2019 et avait averti les entreprises de médias sociaux qu’elles devaient s’attendre à une opération de “hack and dump” par les Russes avant l’élection de 2020. Même après que Facebook a spécifiquement demandé si l’histoire de l’ordinateur portable de Hunter Biden était une désinformation russe, Dehmlow du FBI a refusé de commenter, ce qui a entraîné la suppression de l’histoire par les sociétés de médias sociaux. En conséquence, des millions de citoyens américains n’ont pas entendu parler de cette histoire avant l’élection du 3 novembre 2020.

 Avant l’élection présidentielle du 3 novembre 2020, le FBI n’a jamais officiellement révélé que l’ordinateur portable était “réel” et en sa possession. Comme l’a déclaré M. Dehmlow à la commission, si l’histoire de Hunter Biden avait été le produit d’une véritable campagne de désinformation russe, la FITF aurait été pleinement autorisée à avertir les entreprises de l’existence d’une telle campagne : “Mais s’il y a une opération d’influence étrangère malveillante et que nous avons des détails spécifiques sur la façon dont ces acteurs propagent des opérations d’information, des opérations d’influence sur des plateformes, c’est quelque chose dont nous pourrions partager les détails spécifiques. Au lieu de cela, le refus des responsables du FBI – ceux-là même qui savaient que l’ordinateur portable était réel – de vérifier l’authenticité de l’ordinateur portable a permis une censure généralisée d’un article par ailleurs exact. »

https://judiciary.house.gov/media/press-releases/testimony-reveals-fbi-employees-who-warned-social-media-companies-about-hack

Cette enquête on ne peut plus officielle montre que les services de renseignements ont bien conspiré pour influencer les résultats de l’élection présidentielle étasunienne, en favorisant Biden tout en s’attaquant à Trump.

Voici une vidéo, traduite en français, d’une des auditions faites au Congrès sur cette affaire : https://video.twimg.com/ext_tw_video/1682406003701084161/pu/vid/1280×720/lRd3TUUF77K5mdzJ.mp4?tag=12

Cet autre rapport du comité d’enquête du Congrès montre le niveau de politisation du FBI :

« Les témoignages des employés de base du FBI constituent un élément essentiel de ce contrôle. Grâce aux récits de ces courageux et dévoués agents chargés de l’application de la loi, le Congrès peut mieux comprendre et, en fin de compte, s’attaquer aux graves problèmes qui affectent les hauts responsables du FBI. Il ressort clairement de ces révélations, et en particulier du rapport du conseiller spécial John Durham, que le FBI est devenu une arme politique. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-nouveau-rapport-dun-lanceur-dalerte-detaille-les-abus-la-mauvaise-affectation-des-ressources-et-les-represailles-au-fbi

Hunter Biden utilise même des croutes qu’il peint lui-même pour acheter l’influence paternel :

www.businessinsider.com/hunter-biden-joe-artwork-berges-gallery-elizabeth-hirsh-naftali-2023-7

« Insider a appris l’identité de deux “amis” de Hunter Biden qui étaient également des acheteurs de ses œuvres d’art.

Des documents internes de la galerie montrent que les ventes d’œuvres d’art de Biden ont rapporté 1,3 million de dollars.

L’un des acheteurs, dont l’identité est inconnue, a dépensé 875 000 dollars pour 11 œuvres d’art de Biden. »

https://www.businessinsider.com/hunter-biden-joe-artwork-berges-gallery-elizabeth-hirsh-naftali-2023-7?international=true&r=US&IR=T

Et pourtant, malgré le coté officiel de ces révélations, puisqu’elles sont cautionnées par le Congrès lui-même, aucune agence de presse ni aucun grand média comme le New York Times, le Washington Post, CNN, n’ont publié le moindre article sur ce sujet. On remarque aussi que si France24 et RFI n’ont pas loupé un article sur les démêlés judiciaires de Trump, pas un mot sur les problèmes de Biden.

Cette histoire démontre une fois de plus que ce qu’on appelle « l’Etat profond étasunien » est une coalition entre l’Establishment, la bureaucratie et les grands médias de Washington. C’est elle qui manipule les élections pour mettre en place le président qu’elle a choisi, c’est donc elle qui décide de la politique du président pour le pays. C’est elle qui est le centre du « Système politique étasunien »

Craignant quand même que l’affaire ne fuite un peu trop, cet « Etat profond » a donc allumé un contre feu. Ainsi Hunter Biden va simplement passer au tribunal pour fraude fiscale et détention illégale d’armes à feu, des délits bien mineurs aux Etats-Unis. Cette nouvelle-là est quand même parvenue aux oreilles de France 24. On ne pourra ainsi pas dire que la justice n’est pas la même pour tous dans une démocratie comme les Etats-Unis 😉 :

« Hunter Biden, 53 ans, fils du président américain Joe Biden, a reconnu avoir fraudé le fisc et avoir acquis une arme à feu lorsqu’il était toxicomane, deux délits fédéraux.

Hunter Biden est passé aux aveux. Le fils du président américain Joe Biden et cible récurrente de l’opposition républicaine, a reconnu sa culpabilité dans deux affaires fédérales le concernant, a fait savoir mardi 20 juin le procureur en charge du dossier. »

https://www.france24.com/fr/amériques/20230620-le-fils-de-joe-biden-plaide-coupable-de-fraude-fiscale-et-détention-illégale-d-arme-à-feu

Pourtant, même cette affaire qui était faite pour détourner l’attention du public sent elle-même le roussi. MoA nous explique de quoi il retourne :

« Hier, Maryellen Noreika, juge du district du Delaware, a rejeté un accord négocié entre l’avocat de Hunter Biden, Chris Clark, et l’équipe de procureurs du ministère de la Justice de Joe Biden.

Hunter Biden est accusé de deux délits fiscaux et de malversations dans une affaire d’armes à feu.

L’accord a été construit d’une manière inhabituelle qui aurait donné à Hunter Biden l’immunité pour de futures inculpations l’accusant de ne pas s’être enregistré en tant qu’agent de l’étranger en vertu de la loi FARA. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-juge-rejette-laccord-truque-de-hunter-biden

https://nypost.com/2023/07/25/hunter-biden-lawyer-accused-of-deception-to-seal-damning-evidence/

Une magouille juridique tellement compliquée que le citoyen moyen n’y comprend rien. Là encore seuls quelques journaux étasuniens de seconde zone en parlent et expliquent :

« Le conglomérat énergétique chinois, qui était lié au Parti communiste chinois, a versé à Hunter Biden 6 millions de dollars pour des services de conseil et des travaux juridiques en 2017 et 2018. En échange de ses services, Biden a déniché pour CEFC China Energy des contrats commerciaux qui, selon lui, contribueraient aux “bénéfices pour nos deux grands pays”. À l’époque, CEFC China Energy développait des projets d’infrastructure pour l’initiative controversée Belt and Road de Pékin.

Le ministère de la Justice considère CEFC China Energy comme un mandant étranger aux fins de la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (Foreign Agents Registration Act), conformément à l’inculpation récente de Gal Luft, cadre d’un groupe de réflexion israélo-américain. Selon les procureurs, CEFC a payé Luft pour qu’il produise des articles d’opinion qui vantaient les politiques du gouvernement chinois, notamment l’initiative “Nouvelles routes de la soie”.

Le cas de Luft a attiré une attention particulière parce qu’il aurait dit au FBI en 2019 que CEFC China Energy avait payé Hunter Biden pour l’aider à découvrir si le gouvernement américain enquêtait sur l’entreprise. »

https://freebeacon.com/democrats/these-are-the-foreign-agent-cases-that-loom-over-hunter-bidens-plea-deal/

C’est pour cette affaire, et d’autres expliquées dans l’article, qu’Hunter Biden aurait dû se déclarer « agent travaillant pour l’étranger », selon la loi FARA, mais qu’il ne l’a pas fait.

La question reste jusqu’à quand ces affaires pourront être étouffées. Jusqu’aux prochaines élections de 2024 ?

Ukraine

A la suite du refus de l’OTAN face aux demandes d’adhésion de l’Ukraine à Vilnius, d’autre indices montrent que, à cause de son échec sur le plan militaire, ce pays va passer au second plan des préoccupations politiques de l’Occident.

Premier indice. Le chapitre spécial Guerre en Ukraine sur France 24 et RFI vient d’être clôturé pour faire place aux JO de 2024 et au coup d’Etat au Niger, comme c’est aussi le cas dans d’autres médias anglo-saxons. La synchronicité de cette mesure est remarquable. C’est le signe que la défaite militaire imminente de l’Ukraine doit être cachée à la population, après tant d’annonces de victoires ukrainiennes. [Ce lundi un chapitre nommé « Guerre en Ukraine » est réapparu sur France 24, parlant d’escrime et du sommet Russie-Afrique ???]

L’histoire des F16 est un autre indice du lâchage occidental. Mais c’est aussi un autre exemple du total manque de souveraineté de l’Europe face aux Etats-Unis, cette fois dans le domaine militaire. Observons cette histoire de plus près.

En mai 2023, après moultes hésitations, Biden se décide finalement à accepter l’envoi de F16 en Ukraine :

« La décision du président Joe Biden d’autoriser les alliés à former les forces ukrainiennes au maniement des avions de combat F-16 – et éventuellement de fournir les avions eux-mêmes – a semblé être un changement de position brutal, mais elle a en fait été prise après des mois de débats internes et de discussions discrètes avec les alliés.

Biden a annoncé la semaine dernière, lors du sommet du Groupe des Sept à Hiroshima, au Japon, que les États-Unis rejoindraient la coalition des F-16. Ce feu vert est intervenu après que le président Volodymyr Zelenskyy a passé des mois à presser l’Occident de fournir à ses forces des avions de combat de fabrication américaine, alors qu’il tente de repousser l’invasion de la Russie, qui dure depuis 15 mois.»

https://apnews.com/article/biden-ukraine-f16-decision-russia-64538af7c10489d7c2243dadbad31008

« La formation ne devrait pas avoir lieu aux États-Unis, a précisé le responsable, et se déroulera probablement entièrement en Europe. Toutefois, le personnel américain participera à la formation aux côtés des alliés et des partenaires en Europe. La formation devrait durer plusieurs mois et le fonctionnaire a déclaré qu’il espérait qu’elle commencerait “dans les semaines à venir”. »

https://edition.cnn.com/2023/05/19/politics/biden-g7-f-16-ukraine/index.html

Cette affaire a dévoilé au public que les pays européens ne pouvaient pas disposer de leurs F16 comme ils le voulaient :

« CNN a rapporté jeudi que l’administration Biden avait signalé aux alliés européens ces dernières semaines que les Etats-Unis les autoriseraient à exporter des avions de combat F-16 vers l’Ukraine, selon des sources familières avec les discussions, alors que la Maison Blanche subit une pression croissante de la part des membres du Congrès et des alliés pour aider l’Ukraine à se procurer ces avions dans un contexte d’intensification des attaques aériennes de la part de la Russie.

Une poignée de pays européens disposent d’une réserve de F-16 fabriqués aux États-Unis, notamment les Pays-Bas, qui ont fait part de leur volonté d’en exporter certains vers l’Ukraine. Mais les États-Unis devraient approuver ce transfert de tiers en raison du caractère sensible de la technologie américaine de ces avions. »

https://edition.cnn.com/2023/05/19/politics/biden-g7-f-16-ukraine/index.html

Plus rien ne filtre sur cette affaire jusqu’en en juillet quand un nouvel article de CNN nous apprend que les pays européens doivent aussi avoir l’autorisation du gouvernement étasunien pour simplement entraîner les pilotes :

« Les Etats-Unis autoriseront les pays européens à former les Ukrainiens sur les avions de combat F-16, a confirmé dimanche un haut responsable de l’administration Biden, une aubaine potentielle pour les efforts de l’Ukraine visant à contrer la supériorité aérienne de la Russie.

“Le président a donné son feu vert et nous autoriserons, soutiendrons, faciliterons et fournirons en fait les outils nécessaires pour que les Ukrainiens commencent à être formés sur des F-16, dès que les Européens seront prêts”, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan à Jake Tapper sur CNN lors de l’émission “State of the Union”.

Sullivan a noté dimanche que les alliés européens ont déclaré qu’ils avaient besoin de plusieurs semaines pour préparer les capacités d’entraînement et que les États-Unis respecteraient le calendrier qu’ils auraient fixé.

“Les États-Unis ne seront pas à l’origine du blocage de l’entraînement des F-16”, a-t-il déclaré. »

https://edition.cnn.com/2023/07/16/politics/us-ukraine-f16-jake-sullivan-cnntv/index.html

Puis une série d’article révèle que l’enthousiasme du mois de mai pour les F16 s’est sérieusement refroidie. C’est le Pentagone lui-même qui lance la douche froide :

« Les conditions du champ de bataille en Ukraine ne sont actuellement “pas idéales” pour l’emploi d’avions de combat F-16, a déclaré le 13 juillet le lieutenant-général Douglas Sims, directeur des opérations de l’état-major interarmées.

“Les conditions actuelles pour l’emploi des F-16 ne sont probablement pas – elles ne sont probablement pas idéales”, a déclaré le général lors d’un point de presse.

“Je veux dire que les Russes possèdent encore une certaine capacité de défense aérienne.  Ils ont une capacité aérienne. Et le nombre de F-16 qui seraient fournis n’est peut-être pas parfait pour ce qui se passe actuellement”, a-t-il précisé.

Sims a toutefois ajouté que la situation évoluait au fil du temps et que cela dicterait la manière dont les avions de combat seraient utilisés à l’avenir.»

https://kyivindependent.com/pentagon-ukraine-battlefield-conditions-for-f-16-employment-not-ideal/

Bien sûr, l’administration Biden se veut encore optimiste face aux médias :

« Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis a déclaré que l’administration agirait “aussi vite que possible” pour fournir des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Un porte-parole de la Maison Blanche a déclaré que les avions seraient dans le ciel ukrainien “vers la fin de l’année”.

Mais jusqu’à présent, les partenaires occidentaux ne se sont même pas encore mis d’accord sur un plan de formation des pilotes ukrainiens au pilotage des avions promis, selon trois responsables américains au fait des discussions. Le Danemark et les Pays-Bas sont à la tête d’une coalition de 11 pays pour soutenir la formation, mais jusqu’à présent aucun pays ne s’est engagé publiquement à fournir des avions pour le programme. »

https://www.politico.com/news/2023/07/25/west-ukraine-f-16-training-00108111

Mais le Kyiv Independent est beaucoup moins optimiste :

« Les partenaires occidentaux ne se sont pas encore mis d’accord sur un plan visant à former les pilotes ukrainiens au pilotage des avions de chasse F-16, selon un article de Politico publié le 25 juillet, qui cite des responsables américains.

Jusqu’à présent, aucun pays de la coalition occidentale d’avions de combat ne s’est engagé publiquement à fournir des appareils pour soutenir la formation et aucune décision finale n’a été prise concernant les plans du programme, malgré les espoirs de le voir démarrer cet été. »

https://kyivindependent.com/politico-coalition-still-needs-to-agree-on-f-16-training-plan/

Moon of Alabama nous propose une explication de cette froideur étasunienne à fournir des F16 à l’Ukraine :

« Lockheed-Martin, qui construit et vend encore des F-16 à divers pays, n’est manifestement pas heureux que les marchés apprennent bientôt que les F-16 n’ont aucune chance contre les avions de chasse et les défenses aériennes russes modernes.

Leur destruction prochaine fera retentir le cri “Achetez russe” dans le monde entier et plusieurs pays envisageront probablement de changer de fournisseur et le feront. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-pentagone-traine-les-pieds-pour-livrer-des-f-16-a-lukraine

Donc pas d’OTAN ni de F16 pour sauver l’Ukraine. Mais vu la défaite imminente des forces ukrainiennes, il y a de grandes chances que, de toutes façons, aucun F16 n’arrivera en Ukraine :

« Il semble que les forces armées ukrainiennes aient passé un mauvais moment.

Hier, elles ont mené une nouvelle attaque de reconnaissance vers Robotyne, au sud d’Orkiv. Cela leur a coûté deux chars. Ce matin, elles ont lancé une attaque beaucoup plus importante à laquelle ont participé au moins trois bataillons motorisés avec des chars. Ils ont réussi à atteindre l’extrémité nord-est de Robotyne, mais ne sont pas entrés dans la ville.

Selon le ministère russe de la défense, l’attaque a coûté à l’armée ukrainienne 22 chars, 10 véhicules de combat d’infanterie Bradley et un véhicule de combat blindé. Plusieurs de ces pertes ont été confirmées par des vidéos de drones prises dans la région.

Plus de 100 Ukrainiens ont été tués ou blessés au cours de cette seule attaque. Les forces ukrainiennes battent en retraite. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-bataille-pour-robotyne

Face à ce tournant dans l’histoire de l’Ukraine, certains analystes commencent à envisager comment les choses peuvent évoluer.

Bhadrakumar envisage ce qui se passera quand la défaite militaire de l’Ukraine sera devenu un fait indéniable par les gouvernements occidentaux :

« Les réunions consécutives de Poutine à Moscou et à Saint-Pétersbourg éclairent la pensée russe quant à trois éléments clés de la fin de la partie en Ukraine.

- Premièrement, la Russie n’a pas l’intention de conquérir le territoire de l’Ukraine occidentale, mais elle insistera pour avoir son mot à dire sur la manière dont les nouvelles frontières du pays et le futur régime se présenteront et agiront, ce qui signifie qu’un État antirusse ne sera pas autorisé.

- Deuxièmement, le plan de l’administration Biden visant à arracher la victoire et éviter la défaite est voué à l’échec, car la Russie n’hésitera pas à contrer toute tentative des États-Unis et de l’OTAN d’utiliser le territoire ukrainien comme tremplin pour mener une nouvelle guerre par procuration, ce qui signifie que l’absorption de l’Ukraine “en pièces détachées” dans l’OTAN restera un fantasme.

- Troisièmement, et c’est le plus important, l’armée russe aguerrie, soutenue par une puissante industrie de défense et une économie robuste, n’hésitera pas à affronter les pays membres de l’OTAN limitrophes de l’Ukraine s’ils empiètent sur les intérêts fondamentaux de la Russie, ce qui signifie que les intérêts fondamentaux de la Russie ne seront pas pris en otage par l’article 5 de la Charte de l’OTAN. »

https://lesakerfrancophone.fr/on-commence-a-apercevoir-la-fin-de-la-partie-en-ukraine

Moa se penche sur les garanties de sécurité données à l’Ukraine pour qu’une telle guerre ne puisse pas se reproduire. Nous avions vu la semaine dernière que les Etats Unis n’envisageait pas d’inclure l’Ukraine dans l’OTAN mais de lui donner des garanties de sécurité équivalentes à celles d’Israël :

« La puissance de la Russie fait que même une tentative de garantie de sécurité pour l’Ukraine à la manière d’Israël serait trop coûteuse pour les États-Unis et donc tout simplement impossible.

Il n’y a qu’un seul pays au monde qui puisse garantir la paix en Ukraine et la sécurité de ses frontières. Ce pays, c’est la Russie !

Mais toute garantie de ce type sera évidemment assortie de conditions. Soit l’Ukraine les accepte soit elle ne sera jamais à l’abri d’une ingérence extérieure.

C’est tout simplement une réalité avec laquelle l’Ukraine a dû et devra encore vivre. »

https://lesakerfrancophone.fr/on-commence-a-apercevoir-la-fin-de-la-partie-en-ukraine

De Defensa confirme l’analyse de MoA :

« « Les Russes veulent une restructuration du système politique ukrainien, quelque chose qui est complètement au-delà de ce qui fut négocié en mars 2022 à Istanboul !… Mais Medvedev parle aussi de la nécessité d’une modification complète de la structure de sécurité en Europe, c’est-à-dire de l’OTAN, de son but, de sa raison d’être, etc… »

Bref ! Medvedev parle de la nécessité de la suppression de l’OTAN telle qu’elle existe comme condition d’établir une structure de sécurité acceptable en Europe ; et ce dernier point étant, pour les Russes, une condition nécessaire voire non-négociable de la fin de la guerre en Ukraine et du rétablissement de la paix. »

https://www.dedefensa.org/article/quand-les-poules-auront-des-dents

Poutine lui-même le réaffirme :

« Dans le document qui a marqué l’indépendance de l’Ukraine par rapport à l’Union soviétique, “il est écrit noir sur blanc que l’Ukraine est un État neutre”, a rappelé M. Poutine aux dirigeants africains en visite, lors de la partie publique de leur réunion à Saint-Pétersbourg. Le président faisait référence à la déclaration de 1990 proclamant l’Ukraine soviétique comme un État souverain qui s’efforcerait de devenir “un pays neutre en permanence”. 

“C’est d’une importance fondamentale. Les raisons pour lesquelles l’Occident a commencé à entraîner l’Ukraine dans l’OTAN ne sont pas très claires pour nous. Mais cela a créé, à notre avis, une menace fondamentale pour notre sécurité”, a ajouté M. Poutine.

Nous ne pouvons pas accepter que les infrastructures militaires d’un bloc qui nous est de facto hostile avancent vers nos frontières. »

https://www.rt.com/russia/580488-putin-ukraine-african-leaders/

Et, pour être sûr d’être pris au sérieux par l’OTAN :

« La Russie est “toujours prête à faire face à n’importe quel scénario”, a déclaré samedi le président Vladimir Poutine à des journalistes, commentant une éventuelle confrontation directe entre les armées russe et celles de l’OTAN. Le président répondait à une question sur les récentes quasi-collisions entre des avions russes et américains en Syrie.

“Personne ne souhaite cela”, a ajouté le président, en rappelant les lignes de prévention des conflits existantes, qui permettent aux officiers russes et américains de se parler directement de “toute situation de crise”. Le fait que ces lignes fonctionnent toujours montre qu’aucune des parties n’est intéressée par un conflit, a-t-il ajouté. “Si quelqu’un le souhaite – et ce n’est pas nous – nous sommes prêts”, a ajouté Poutine. »

https://www.rt.com/russia/580528-russia-is-ready-for-confrontation/

Le rapport de force Russie-OTAN est maintenant bien établi, l’Ukraine ne servant plus de prétextes. Le problème étant que les dirigeants de l’OTAN continuent à se persuader que la Russie est faible.

Le sommet Russie Afrique

Cette semaine, s’est tenu le sommet Russie-Afrique à St Petersbourg, interrompu pendant 3 ans pour cause de Covid. Un sommet dont les médias occidentaux ont parlé, comme nous le verrons plus loin, alors qu’ils boudent régulièrement ceux des BRICS.

La base de ce sommet fut un rapport du Club Valdai, le principal think-tank russe, rapport coécrit par des intellectuels russes et africains. Celui-ci fait un audit de l’état des relations russo-africaines :

« Depuis le dernier sommet, les principaux défis africains ont été définis : il s’agit de leur sécurité alimentaire et énergétique, de la création d’un système de fourniture d’énergie par les Etats, de répondre au vide technologique et à l’absence d’infrastructures, mais aussi à la croissance ininterrompue de la population, qui entraîne un excès de main-d’œuvre et du chômage. Pour les intervenants, pas de doute néanmoins : la Russie peut compter sur un avantage majeur. En effet, à travers l’histoire, ses intérêts n’ont été en contradiction avec ceux d’aucun pays africain. Dans un contexte de concurrence exacerbée avec d’autres puissances dans la région, la Russie ne cherche pas à supplanter les autres acteurs mais à apporter à l’Afrique sa « valeur ajoutée » par les projets qu’elle propose. A la différence de la « Françafrique » qui impliquait selon le rapport un certain paternalisme et des relations de dépendance, l’émergence des BRICS a favorisé de nouveaux types de coopération plus égalitaires : ainsi sont apparues la « Chinafrique » et l’« Indafrique ». Dans ce même esprit, la Russie souhaite désormais développer la « Russafrique ». »

https://francais.rt.com/international/106356-club-valdai-russie-afrique-relations

Pour montrer l’importance que la Russie donne à l’Afrique, Poutine s’est fendu d’une lettre, traduite en français sur le site du Kremlin, dans laquelle il explique les raisons du refus de la Russie de prolonger l’Initiative de la Mer Noire et explique ce qui lie les deux régions :

« Je tiens particulièrement à souligner notre collaboration traditionnellement étroite sur la scène internationale, la protection ferme et cohérente des intérêts des pays africains sur les forums internationaux de la part de l’URSS et ensuite de la Russie. Nous avons toujours strictement respecté le principe de ” solution africaine aux problèmes africains ” et été solidaires avec les Africains dans leur lutte pour l’autodétermination, la justice et la défense de leurs droits légitimes. Nous n’avons jamais tenté d’imposer à nos partenaires nos propres idées sur leur structure interne, les formes et les méthodes de gestion, les objectifs du développement et les voies pour les atteindre. Notre respect de la souveraineté des États africains, de leurs traditions et valeurs, de leur désir de définir eux-mêmes leur destin et de bâtir librement les relations avec leurs partenaires reste inchangé.

Nous apprécions sincèrement le capital d’amitié et de coopération accumulé de bonne foi, les traditions de confiance et de soutien mutuel, établis entre le Russie et les pays d’Afrique. Ce qui nous rapproche, c’est l’aspiration commune à la création d’un système de relations basé sur la priorité du droit international, la prise en compte des intérêts nationaux, l’indivisibilité de la sécurité, la reconnaissance du rôle central de coordination de l’Organisation des Nations Unies….

Malgré les sanctions, la Russie continuera à œuvrer énergiquement pour organiser les livraisons des céréales, des aliments, des engrais en Afrique, sans s’y limiter. Nous apprécions beaucoup toute la palette des relations économiques avec l’Afrique et nous continuerons son développement dynamique, aussi bien avec des États individuels qu’avec les associations régionales d’intégration et, bien sûr, avec l’Union africaine. Nous saluons l’orientation stratégique de cette organisation vers l’intégration économique ultérieure et l’établissement de la zone de libre-échange continentale africaine. Nous sommes prêts à établir des relations pratiques et mutuellement avantageuses, y compris dans le cadre de l’Union économique eurasiatique. Nous sommes également disposés à intensifier la coopération avec les autres associations régionales du continent. Tout en poursuivant les traditions établies, nous prévoyons de continuer à aider à former les cadres nationaux pour les États africains. À présent, près de 35 000 étudiants du continent font leurs études dans notre pays, dont plus de 6 000 grâce aux bourses russes. Chaque année nous augmentons le nombre de bourses octroyées, favorisons la formation commerciale et les liens interuniversitaires devenus fréquents ces derniers temps. Il est dans notre intérêt commun d’atteindre un nouveau niveau, un niveau plus élevé dans la coopération humanitaire, dans le domaine de la culture, du sport, des médias. Je saisis cette occasion pour inviter nos jeunes amis africains à venir en mars 2024 en Russie, à Sotchi, au Festival mondial de la jeunesse. Ce forum international de grande envergure rassemblera plus de 20 000 représentants de plus de 180 pays pour un dialogue ouvert amical informel, libre de barrières idéologiques et politiques, des préjugés raciaux et religieux, réunissant la jeune génération autour des idées d’un monde durable et stable, de la prospérité et de la création. »

http://static.kremlin.ru/media/events/files/ru/vcDVuhgtRlKbjgNa4L2MwygjeOAiGAyA.pdf

Puis il ouvrira le sommet par un discours :

« “La Russie soutient l’aspiration des États africains à la stabilité et au progrès social et économique. Il est important que notre coopération avec l’Afrique ait atteint un nouveau niveau ces dernières années”, a-t-il déclaré, ajoutant que Moscou a l’intention de développer davantage le commerce et l’investissement et d’aider à lutter contre la pauvreté, à former du personnel et à assurer la sécurité alimentaire.

Et, bien sûr, nous continuerons à aider nos partenaires africains par tous les moyens possibles à renforcer leur souveraineté nationale et culturelle [et] à participer plus activement à la résolution des problèmes régionaux et mondiaux.

Le président russe a ajouté que l’Afrique “s’affirme de plus en plus comme l’un des pôles du monde multipolaire émergent” et qu’il est certain que le forum “donnera un élan supplémentaire” à la coopération à long terme entre le continent et Moscou. »

https://www.rt.com/africa/580311-putin-africa-protect-sovereignty/

Il est visible que la Russie lance sa grande offensive diplomatique envers l’Afrique, qui est décidément le nouveau centre d’attraction des grandes puissances. La différence avec la Chine ou l’Inde étant que la Russie n’a pas besoin des matières premières africaines, en ayant déjà suffisamment sur son sol.

Pour mieux faire digérer la cessation de l’Initiative de la Mer Noire :

« La Russie a augmenté ses livraisons de produits alimentaires à l’Afrique malgré les sanctions occidentales qui pèsent sur les exportations du pays, a déclaré le président Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu vendredi.

Selon Poutine, l’Afrique a reçu 11,5 millions de tonnes de céréales russes l’année dernière et a déjà reçu près de 10 millions de tonnes en 2023.

Jeudi, le président russe a offert gratuitement des céréales à six pays africains, précisant que les livraisons seraient prêtes dans les mois à venir. Le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Mali, la Somalie, la République centrafricaine et l’Érythrée recevront chacun entre 25 000 et 50 000 tonnes de céréales, selon Poutine. Moscou couvrira également les frais de livraison des cargaisons, a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/business/580449-putin-russian-grain-africa/

Et faire preuve de générosité :

« Le gouvernement russe a annulé plus de 20 milliards de dollars de dettes historiques des pays africains, a déclaré vendredi le président Vladimir Poutine lors d’une session plénière du forum Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg.

Il a ajouté que Moscou allouerait également davantage de fonds pour contribuer au développement du continent.

“Le montant total de la dette des pays africains annulée par la Russie s’élève à 23 milliards de dollars et 90 millions de dollars supplémentaires seront alloués aux mêmes fins”, a déclaré M. Poutine, en référence aux liens commerciaux et financiers historiques entre Moscou et l’Afrique. »

https://www.rt.com/business/580448-russia-african-debt-putin/

C’est ce qu’on appelle mettre le paquet. Nous verrons bientôt si Poutine sait tenir parole.

Le sommet s’est terminé par une déclaration commune :

« Une déclaration commune a été adoptée à l’issue de cette rencontre, prévoyant une coopération accrue dans les domaines de l’approvisionnement alimentaire, l’énergie et l’aide au développement. Elle appelle à « créer un ordre mondial multipolaire plus juste, équilibré et durable, s’opposant fermement à toute forme de confrontation internationale sur le continent africain », selon le texte publié sur le site du Kremlin.

Le texte prévoit aussi que Moscou aidera les pays africains à « obtenir réparation pour les dégâts économiques et humanitaires causés par les politiques coloniales » occidentales, y compris « la restitution des biens culturels » pillés.

Le président russe a annoncé que le sommet Russie-Afrique se tiendra désormais tous les trois ans et un « mécanisme de partenariat et de dialogue » sera créé pour les « questions de sécurité », y compris pour la lutte contre le terrorisme, la sécurité alimentaire et le changement climatique.

« Il est également question de passer systématiquement aux monnaies nationales, y compris le rouble, dans les règlements financiers des transactions commerciales » entre la Russie et l’Afrique, a ajouté Vladimir Poutine. »

Pour l’anecdote, le sommet a été aussi l’occasion d’observer les lignes de fracture en Afrique même :

« Le président de la transition au Burkina Faso s’est adressé frontalement à la vingtaine de chefs d’État et de gouvernement réunis autour de Vladimir Poutine : « Je m’en vais m’excuser auprès des anciens que je pourrais vexer dans mes propos à venir. Les questions que nos générations se posent sont les suivantes : il s’agit de comprendre comment, avec tant de richesses sur notre sol, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus pauvre. Et comment se fait-il que nos chefs d’État traversent le monde à mendier ? Il faut que nous, chefs d’État africains, arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles. »

Des propos que le président sénégalais n’a pas laissé passer. Macky Sall a répondu au capitaine Traoré, dès le début de son intervention : « Pour répondre à notre jeune frère, notre cadet : les chefs d’État ne sont pas venus ici pour mendier. Nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main. Nous travaillons pour un partenariat d’égale dignité entre les peuples. C’est le même discours qu’on tient à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg, ou à Washington. Et ce combat transcende les générations. » »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230728-sommet-russie-afrique-les-tensions-entre-dirigeants-africains-ont-éclaté-au-grand-jour

Comme on pouvait s’y attendre, les Etats occidentaux et l’Ukraine ne voient pas d’un bon œil cette parade diplomatique russe envers l’Afrique.

Ils ont d’abord fait parvenir un message aux dirigeants africains invités. Selon le porte-parole du Kremlin :

« Pour Dmitri Peskov, il ne fait aucun doute que les Occidentaux ont tout mis en œuvre pour saboter le sommet Russie-Afrique. « La quasi-totalité des États africains ont été soumis à une pression sans précédent de la part des États-Unis. D’autres missions occidentales tentent également de participer à ces efforts pour empêcher ce sommet d’avoir lieu, pour empêcher ces États africains d’être représentés à ce sommet », affirme-t-il. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230726-ukraine-et-russie-dénoncent-chacune-des-pressions-sur-les-états-africains

Pression confirmée indirectement par le président de la RDC qui explique qu’il ne se rendra pas à ce sommet, mais que cette décision n’est pas due aux pressions :

« La présidence assure aussi qu’il n’y a pas eu de pression internationale. « Les Américains et les Britanniques ont peut-être fait passer le message pour dire que ce n’était pas une bonne idée, mais ça n’a vraiment pas joué » dans la décision, affirme un diplomate. »

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230725-rdc-pourquoi-félix-tshisekedi-n-ira-pas-en-ukraine-et-en-russie

Puis une série d’articles médiatiques ont exprimé la pensée occidentale vis-à-vis de ce sommet. Ils dénoncent d’abord la faiblesse économique de la Russie :

« Après avoir bloqué les exportations de céréales de l’Ukraine, Moscou tentera de se présenter comme l’ami de l’Afrique lors du sommet. Mais certains dirigeants africains considèrent la suspension de l’accord sur les céréales comme “un coup de poignard dans le dos”….

Le précédent sommet Russie-Afrique à Sotchi en 2019 poursuivait un plan ambitieux visant à doubler le volume des échanges et à accroître les investissements russes sur le continent. Cependant, les promesses de Sotchi ne se sont pas concrétisées et les espoirs des dirigeants africains à la recherche d’opportunités d’investissement ont été déçus.

Au cours des dernières années, le volume des échanges entre la Russie et l’Afrique est resté stable autour de 15 à 20 milliards de dollars (13 à 18 milliards d’euros). Selon les analystes, les volumes commerciaux relativement faibles font de Moscou un partenaire économique moins attractif pour les pays africains, en particulier par rapport à la Chine et aux pays occidentaux. Les investissements russes en Afrique sont également faibles, représentant environ 1 % des investissements directs étrangers. »

https://www.dw.com/en/russia-africa-summit-who-stands-to-gain-what/a-66350729

Puis insistent sur deux autres sujets, l’accord sur les céréales et la compagnie Wagner :

« Les dirigeants africains se tourneront vers le président russe Vladimir Poutine pour des promesses concrètes sur l’approvisionnement en céréales lors d’un sommet commençant jeudi, certains étant également susceptibles de rechercher des éclaircissements et des assurances sur l’avenir des mercenaires wagnériens sur le continent. »

https://www.reuters.com/world/africa/african-leaders-seek-grain-commitments-russia-summit-with-putin-2023-07-26/

Enfin, ils perçoivent une certaine désaffection de la part des africains :

« Le président russe Vladimir Poutine rencontrera jeudi des dirigeants africains à Saint-Pétersbourg dans une pièce de théâtre diplomatique conçue pour dépeindre la Russie comme une grande puissance avec de nombreux amis mondiaux, malgré sa guerre déstabilisatrice en Ukraine.

Mais seuls 16 chefs d’État africains seront présents – moins de la moitié des 43 qui sont venus au premier sommet Russie-Afrique en 2019, selon l’assistant présidentiel Iouri Ouchakov, une déception frappante pour le Kremlin malgré une vague d’efforts diplomatiques en Afrique et un signe de consternation dans les nations africaines face à une guerre qui a fait grimper les prix des denrées alimentaires et du carburant, blessant les populations vulnérables. Dix autres États africains envoient des premiers ministres, a déclaré Ouchakov. »

« Poutine a honte car que peu de dirigeants africains se présentent à son sommet sur la Russie »

https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/vladimir-putin-african-leaders-russia-summit_uk_64c24b03e4b044bf98f36d4d

En bref, toujours le même message, la Russie est faible et isolée.

Les médias africains restent plus neutres dans leur couverture :

https://african.business/2023/06/resources/russia-africa-summit-to-take-place-in-st-petersburg-from-26-29-july

RFI et France 24 avait anticipé cette bataille médiatique autour du sommet Russie-Afrique et, la semaine précédant le sommet, ont publié toute une série d’article sur « l’influence russe en Afrique » :

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230716-influences-russes-en-afrique-de-l-héritage-soviétique-aux-réseaux-sociaux-comment-la-russie-s-est-implantée-en-afrique

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20230717-influences-russes-en-afrique-2-5-centrafrique-un-laboratoire-pour-les-mercenaires-russes

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20230718-influences-russes-en-afrique-3-5-madagascar-l-élection-présidentielle-de-2018-infiltrée

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20230719-influences-russes-en-afrique-4-5-quand-la-russie-se-sert-des-traditions-et-des-valeurs-familiales

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20230720-influences-russes-en-afrique-5-5-des-influenceurs-francophones-très-actifs

https://www.france24.com/fr/afrique/20230718-du-kgb-de-khrouchtchev-à-poutine-les-profondes-racines-de-l-influence-russe-en-afrique

Et oui, la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis n’ont plus le monopole de « l’influence sur l’Afrique ». Et, à en croire le volet « 5/5 – Des influenceurs francophones très actifs », l’influence française a laissé quelques traces assez amères dans certains esprits africains.

A lundi prochain.

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

 

 

Revue de presse alternative du 24 juillet 2023

Source : The Saker francophone - Par Wayan – Le 24 juillet 2023 

 

Lettre aux nouveaux lecteurs

 

Comme de nouveaux lecteurs de cette revue de presse arrivent régulièrement, les mêmes réflexes cognitifs apparaissent. Le plus fréquent est « Pourquoi cette ligne éditoriale anti-Occident » ou « on dirait de la propagande anti-occidentale/russe ». Je vais donc re-répondre à cette inquiétude. Que les anciens lecteurs qui savent déjà pourquoi sautent ce paragraphe, ou le relise pour se rafraîchir la mémoire.

Je parle de « réflexes cognitifs » parce que cela est vraiment le cas, pas pour sortir les grands mots. Je dis réflexes, car ses fondements sont subconscients comme tous les réflexes, cognitifs car ils sont introduits subrepticement dans votre mental, votre esprit, par la propagande médiatique que vous subissez quotidiennement, comme nous le montrons régulièrement dans cette revue de presse.

 

Cette propagande instille, insidieusement et petit à petit, par sa répétition quotidienne, des idées, des pensées, dans votre esprit qui ressortirons automatiquement lorsque vous vous retrouvez dans certaines situations. Par exemple, la répétition quotidienne du mantra « l’attaque non provoquée de l’Ukraine par la Russie ». Personnellement vous ne suivez pas assez la géopolitique mondiale pour savoir si cette affirmation de « non provoquée » est vraie ou fausse mais, comme vous la lisez dans chaque article sur l’Ukraine, vous finissez par, subconsciemment, la prendre pour une vérité. Comme disait Goebbels, « un mensonge répété mille fois devient une vérité » et même une vérité tellement profonde que quiconque viendra la remettre en question créera une réaction émotionnelle en vous, la même que quand quelqu’un vous ment effrontément en face à face. Donc quand quelqu’un vous dit que la Russie a été poussée, obligée, à attaquer l’Ukraine vous avez le réflexe de penser « c’est un menteur/manipulateur/prorusse qui raconte n’importe quoi » et de couper court à la discussion car « cela ne sert à rien de discuter avec un menteur ». Sans ce réflexe cognitif vous auriez plutôt la réaction de dire « Ha bon, et de quelle manière la Russie a été poussée à attaquer l’Ukraine ? ». Mais le réflexe cognitif instillé par la propagande médiatique vous empêche d’avoir cette réaction équilibrée et donc vous enferme dans la propagande que vous subissez.

Et bien c’est cette réaction émotionnelle et son idée conjointe de « propagande anti-occidentale » que vous ressentez lorsque vous lisez cette revue de presse. Car elle remet en question des opinions qui ont été ancrés en vous par la propagande médiatique et que vous avez assimilé au point d’en faire des idées personnelles, alors que vous n’avez jamais vraiment enquêté sur le sujet, juste avalé et cru sur parole ce que vous disaient les médias. Et le premier mensonge inséré dans votre esprit par les médias occidentaux est que « il n’existe pas de propagande médiatique dans les pays démocratiques car la presse est libre et pluraliste ». Donc quand cette revue de presse vous démontre le contraire vous avez une réaction émotionnelle qui entraîne la pensée automatique « Oh mais c’est de la propagande anti-occidentale… et la propagande russe/chinoise ?…». Alors je vous réponds, loin de moi l’idée que les médias russes ou chinois ne fassent pas de propagande mais, ne lisant ni le russe ni le chinois, ni vous ni moi, nous ne pouvons pas la subir et devrions laisser aux chinois et aux russes le travail de la dénoncer et nous concentrer sur celle que nous subissons, la propagande occidentale. Tout simplement pour moins subir son emprise manipulatoire subconsciente et pouvoir mieux comprendre la réalité qu’elle cherche à modifier ou cacher, en bref rester des citoyens éclairés.

C’est justement l’objet de cette revue de presse dite « alternative », vous présentez d’autres points de vue qui ne sont jamais présentés dans la presse grand public, pour vous permettre de mieux comprendre certains sujets d’actualité qui sont soumis à une forte propagande médiatique, ou alors carrément négligé par les médias pour les sujets qui fâchent, une propagande par omission. Vous l’aurez compris, la guerre en Ukraine est un terrain de propagande intense cachant la guerre hybride de l’Occident contre la Russie, mais bien d’autres sujets le sont aussi.

Donc vos réactions sont normales, elles ont même été instillés pour vous empêcher d’accéder aux autres points de vue. Les étiquettes comme « propagande russe/chinoise », « complotisme », « extrême droite/gauche » qui sont appliqués sur tous les avis vraiment dissidents sont là pour cela, discréditer tout autre point de vue qui pourrait vous faire prendre conscience de la propagande dans laquelle vous baignez, sans le réaliser. Mais ne vous laissez pas bloquer par ces réflexes. Continuez à lire cette revue de presse, tranquillement, en faisant appel à votre conscience, votre capacité de raisonnement, votre esprit critique pour continuer à élargir votre conscience et votre maîtrise de la géopolitique mondiale. Petit à petit, comme pour tous les vieux réflexes inutiles, ils disparaîtront d’eux-mêmes.

***

Alors, pour étayer mes propos, commençons par démonter la psyop [Psychological operation] de cette semaine, une psyop étant une opération de propagande à grande échelle :

L’initiative de la Mer Noire

Nous commencerons cette revue de presse par l’affaire dite de « l’initiative de la Mer Noire », « Black Sea grain deal » dans les médias anglophones. Nous allons expliquer cette histoire en détail car elle montre comment l’Occident l’a utilisé au mieux dans le cadre de sa guerre hybride contre la Russie. Cet accord/initiative date de juillet 2022 et a été négocié par l’intermédiaire d’Erdogan :

« L’initiative céréalière de la mer Noire est un accord signé par la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies pour permettre l’exportation des céréales ukrainiennes malgré la guerre en Ukraine.

L’accord a été signé le 22 juillet 2022 à Istanbul puis prolongé à deux reprises. En juillet 2023, après un an d’application, l’accord a permis d’exporter environ 33 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_céréalière_de_la_mer_Noire

Cet accord, qui est signé et supervisé par les Nations Unis, a deux volets, un favorable à l’Ukraine, l’autre à la Russie. Le premier permet à l’Ukraine d’exporter ces céréales par bateaux en traversant la Mer Noire en toute sécurité et le deuxième permet à la Russie d’exporter ses engrais en promettant, juste pour ses produits là, de lever les sanctions qui pénalisent ses banques en les empêchant d’être payés en dollars :

« Deux groupes de travail des Nations unies ont été créés parallèlement aux pourparlers : l’un, dirigé par Martin Griffiths, responsable des affaires humanitaires des Nations unies et chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, s’est penché sur l’acheminement des céréales ukrainiennes par la mer Noire ; l’autre, dirigé par Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED, organisme des Nations unies chargé du commerce et du développement, s’est penché sur la facilitation des exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes. »

https://www.un.org/en/black-sea-grain-initiative

Ces deux volets ont été promus médiatiquement en disant qu’ils allaient permettre aux pays pauvres de pouvoir continuer à se nourrir, malgré la guerre, en achetant à la fois les céréales ukrainiennes et les engrais et céréales russes, la Russie étant un des principaux fournisseurs d’engrais au monde :

« Les 6 plus grands exportateurs d’engrais en 2022 étaient la Russie, le Canada, la Chine continentale, les États-Unis d’Amérique, le Maroc puis l’Arabie saoudite. Collectivement, ces principaux fournisseurs ont représenté plus de la moitié (51,6 %) des engrais exportés dans le monde en 2022, contre 52,6 % en 2021. »

https://www.worldstopexports.com/top-fertilizers-exports-by-country/

Neuf mois après la signature de l’accord, en mars 2023, la Russie a commencé à faire remarquer que les termes de l’Accord n’étaient pas respectés :

« L'”accord sur les céréales” de la mer Noire conclu en août dernier ne fonctionne pas comme prévu, car les céréales en provenance d’Ukraine ne sont pas acheminées vers les pays d’Afrique et d’Asie qui en ont besoin et l’Occident continue de bloquer toutes les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes, a annoncé jeudi le ministère russe des affaires étrangères…

Huit mois plus tard, seule la première partie de l’accord a été mise en œuvre, et ce “loin des objectifs humanitaires déclarés”, selon le ministère. Depuis le 1er août de l’année dernière, l’Ukraine a exporté plus de 23 millions de tonnes de céréales, dont 70 % étaient destinées à l’alimentation animale. Sur ce total, 47 % sont destinés à l’UE et 34 % aux “pays à revenu moyen supérieur”, selon Moscou, alors que seulement 2,6 % sont actuellement destinés aux pays qui ont le plus besoin de nourriture.

Dans le même temps, des progrès “proches de zéro” ont été réalisés dans le déblocage des livraisons de céréales ou d’engrais russes, dont d’autres pays ont cruellement besoin. Kiev continue de bloquer le pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa “pour des raisons purement politiques”, ce qui entraîne une pénurie de 2,5 millions de tonnes de matières premières qui pourraient produire 7 millions de tonnes d’engrais et nourrir 200 millions de personnes, selon le ministère.

Les États-Unis et leurs alliés ont déclaré que leurs sanctions ne concernaient pas les denrées alimentaires et les engrais russes, mais ils ont interdit à tous les navires russes d’accoster dans leurs ports ou d’accéder aux services d’assurance et de courtage, imposant ainsi un blocus total à la navigation commerciale, dans les faits, sinon dans les mots.

“Il est temps d’arrêter de jouer la carte de l’alimentation. La plus grande partie des céréales en provenance d’Ukraine est destinée à l’Union européenne en tant que fourrage à des prix de dumping, et non aux pays les plus pauvres”, note le ministère. “Les exportations agricoles russes sont entravées de manière flagrante, même si les Européens et les Américains, habitués aux mensonges, tentent de convaincre tout le monde du contraire.

À titre d’exemple, le ministère a indiqué que 262 000 tonnes d’engrais russes étaient bloquées dans les ports des Pays-Bas et des États baltes depuis des mois. Moscou a offert ces engrais aux pays africains à titre gracieux, mais seule une cargaison de 20 000 tonnes, destinée au Malawi, a réussi à partir jusqu’à présent. »

https://www.rt.com/russia/572359-ukraine-grain-deal-sabotage/

En mai, toujours pas de progrès mais Erdogan réussit à persuader la Russie d’attendre encore deux mois pour que les choses s’améliorent. L’accord est prolongé jusqu’au 17 juillet :

« Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé la prolongation de l’accord sur les céréales de la mer Noire pour deux mois supplémentaires. Moscou a ensuite confirmé cette prolongation.

L’accord sur les céréales a été prolongé jusqu’au 17 juillet inclus, sans aucune modification, a déclaré le ministère russe des affaires étrangères. Si tous les problèmes liés à l’accord ne sont pas résolus dans les deux mois, l’accord sera résilié après le 17 juillet, a précisé le ministère.

Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé la prolongation de l’accord sur les céréales pour une durée de deux mois. Il a indiqué “cinq” tâches systémiques “qui doivent être résolues dans le cadre de la mise en œuvre du mémorandum Russie-ONU et pour lesquelles il n’y a pas eu de progrès”, à savoir la reconnexion de la Banque agricole russe à SWIFT, la fourniture de pièces détachées, le déblocage de la logistique de transport et de l’assurance, la réouverture du pipeline d’ammoniac “Togliatti-Odessa” et le “déblocage” des actifs des sociétés russes. »

https://en.sputniknews.africa/20230518/grain-deal-extended-until-july-17-inclusive-without-any-changes-russian-foreign-ministry–1059336073.html

Mais rien ne bouge. Aucun des cinq points précédents n’est mise en place, alors, un mois avant l’expiration du 17 juillet la Russie annonce :

« La Russie se retirera de l’accord qui permet l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire le 18 juillet, a annoncé le vice-ministre des affaires étrangères Sergey Vershinin.

Toutefois, un nouveau cycle de consultations avec les Nations unies sur la sauvegarde de l’accord, initialement négocié par les Nations unies et la Turquie, n’est pas à exclure, a déclaré M. Vershinin à l’agence de presse RIA Novosti mardi.

La Russie reste en contact avec l’organisation mondiale sur cette question, mais “nous allons faire ce que nous avons dit. Nous nous préparons à ce que le 18 juillet devienne la date à laquelle les accords qui ne sont pas respectés prendront fin”, a-t-il ajouté.

Au cours des discussions qui ont eu lieu au début du mois, “l’ONU a essentiellement reconnu qu’elle “ne pouvait rien faire” pour fournir ce qui avait été promis à Moscou dans le cadre de l’accord, a déclaré le vice-ministre des affaires étrangères, ajoutant qu’il s’agissait d’une situation “triste”. »

https://www.rt.com/news/578380-grain-deal-ukraine-un/

« L’accord facilité par les Nations unies, officiellement connu sous le nom d’Initiative de la mer Noire, n’a pas atteint ses objectifs initiaux, qui étaient d’acheminer les céréales vers les pays pauvres, a déclaré le ministère. Au lieu de cela, il est devenu un programme “purement commercial” qui achemine des produits vers des pays riches, alors que les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes restent bloquées.

L’accord sur les céréales devant expirer à la fin du mois, l’Occident collectif, l’Ukraine et même les Nations unies ont intensifié leurs “activités de propagande” sur la question, a déclaré le ministère dans un communiqué.

“Les arguments se résument à affirmer que, sans le maïs fourrager ukrainien, le monde mourra de faim, alors que les sanctions unilatérales illégales imposées par l’Occident à la Russie ne s’appliquent pas à la nourriture et aux engrais”, a indiqué le ministère.

En réalité, l’accord sur les céréales est devenu un mécanisme “purement commercial” permettant d’exporter des produits ukrainiens vers des pays “bien nourris” plutôt que vers des pays souffrant d’insécurité alimentaire, a poursuivi le ministère. Quelque 81 % des produits expédiés par l’Ukraine dans le cadre de l’accord au cours de l’année écoulée ont abouti dans des pays “à revenu élevé ou moyen supérieur”, a indiqué le ministère, ajoutant que les pays les plus pauvres du monde, notamment l’Éthiopie, le Yémen, l’Afghanistan, le Soudan et la Somalie, ne représentaient que 2,6 % des produits exportés.

Par ailleurs, la situation concernant le blocage des exportations de produits alimentaires et d’engrais russes “continue de se dégrader”, a indiqué le ministère. Les cinq objectifs “systémiques” prévus par le mémorandum Russie-ONU n’ont toujours pas été atteints. »

https://www.rt.com/russia/579208-ukraine-grain-deal-prospects/

Pourtant des pays comme le Mexique seraient intéressés pour acheter des engrais russes sans être obligés de passer, pour éviter les sanctions, par des intermédiaires qui ne font qu’en faire monter le cout :

« Le Mexique étudie les moyens d’accroître le commerce bilatéral avec la Russie, a déclaré l’ambassadeur en Russie, Eduardo Villegas Megias, dans une interview publiée samedi par RIA Novosti.

Selon le diplomate, le Mexique souhaite augmenter les importations d’engrais russes, qu’il reçoit principalement par l’intermédiaire de pays tiers. “C’est une condition nécessaire au développement de l’agriculture. Le gouvernement consacre des sommes considérables aux engrais.

L’exportation de ce produit depuis la Russie se faisait auparavant par le biais de certains intermédiaires, des entrepreneurs privés… mais le gouvernement mexicain souhaite envisager l’achat de grandes quantités d’engrais pour l’agriculture avec le soutien des autorités russes”, a déclaré M. Megias, ajoutant que son pays était également intéressé par l’augmentation des importations d’acier russe pour le développement du secteur manufacturier mexicain. »

https://www.rt.com/business/579377-mexico-russian-fertilizers-trade/

Au dernier moment, le 13 juillet, l’ONU, signataire garante de l’accord, fait une proposition à Poutine, alors qu’un mois auparavant elle déclarait qu’elle « ne pouvait rien faire » :

« Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a proposé au président russe Vladimir Poutine que Moscou accepte de prolonger l’accord sur le transport des céréales en échange d’un accès partiel au système de paiement international SWIFT, a rapporté Reuters mercredi, citant ses sources.

La Russie souhaitait que sa banque agricole, Rosselkhozbank, soit reconnectée à SWIFT, mais un porte-parole de l’UE a déclaré en mai que la levée des restrictions imposées aux banques du pays n’était pas à l’ordre du jour.

Les exportations russes de denrées alimentaires et d’engrais ne sont pas soumises aux sanctions occidentales. Moscou a toutefois souligné que les restrictions imposées aux paiements, à la logistique et à l’assurance constituaient en fait un obstacle aux expéditions.

Pour remédier à cette situation, l’UE envisage désormais de connecter une filiale de Rosselkhozbank à SWIFT afin de permettre spécifiquement les transactions de céréales et d’engrais, selon Reuters.

Selon les sources de l’agence, M. Guterres a suggéré au président Poutine que Moscou prolonge de plusieurs mois l’accord sur les céréales de la mer Noire, afin de donner à Bruxelles le temps de connecter la filiale de Rosselkhozbank à SWIFT.»

https://www.rt.com/business/579636-un-grain-deal-putin-swift/

Alors que l’ONU et l’UE n’ont pas fait un geste depuis un an, au dernier moment ils « envisagent » de se pencher sur le cas. Evidemment, la réponse de Poutine est des plus circonspects :

« La Russie envisage de suspendre sa participation à l’accord sur les céréales facilité par les Nations unies jusqu’à ce que ses exportations de denrées alimentaires et d’engrais soient débloquées, a déclaré jeudi le président Vladimir Poutine. Aucune des promesses faites à Moscou dans le cadre de l’accord n’a encore été tenue, a-t-il déclaré, ajoutant que l’accord n’était qu’une “affaire à sens unique”.

Laissons-les d’abord tenir cette promesse, puis nous reviendrons immédiatement à l’accord“, a déclaré Poutine.

Moscou pourrait ne plus vouloir prolonger l’accord dans l’espoir que les pays occidentaux et les Nations unies remplissent leur part du marché, a déclaré le président. “Nous pouvons suspendre notre participation à cet accord”, a-t-il déclaré, ajoutant que “tout le monde nous dit une fois de plus que toutes les promesses faites seront tenues”.

Selon Poutine, aucun de ces objectifs n’a été atteint. “Rien – et je tiens à le souligner – n’a été fait. C’était un jeu unilatéral depuis le début. Pas un seul objectif lié aux intérêts de la Fédération de Russie n’a été atteint”, a-t-il déclaré, ajoutant que Moscou avait à plusieurs reprises prolongé l’accord de bonne foi malgré ce fait. »

https://www.rt.com/russia/579665-putin-future-grain-deal/

Alors, plutôt que de tenir cette promesse, Von der Leyen lance la première attaque diplomatique en disant que si Poutine ne renouvelle pas l’accord alors la « sécurité alimentaire mondiale » est en jeu, en évitant bien sûr de dire que le non renouvellement de cet accord est dû au fait que le second volet de cet accord n’a pas été respecté par l’Occident :

« « La balle est dans le camp du président Poutine », a pour sa part estimée le 13 juillet Ursula von der Leyen, faisant mine d’ignorer la cause du problème. « La Russie a une responsabilité de prolonger l’accord ou alors l’insécurité alimentaire mondiale en sera la conséquence », a poursuivi la présidente de la Commission européenne lors d’une conférence de presse au côté du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. »

https://francais.rt.com/international/106309-cereales-ukrainiennes-demandes-russes-poutine

On notera que Guterres, qui se tient au coté de Von Der Leyen, ne fait rien pour redresser le tir, mettant ainsi la neutralité de l’ONU en question, alors que l’organisation est un des signataires garantissant l’accord.

Moon of Alabama fait un résumé de l’histoire :

« Il s’est également avéré que le flux de céréales en provenance de l’Ukraine n’a pas été distribué aux personnes souffrant de la faim :

Une enquête récente menée par le média autrichien eXXpress indique toutefois que ce n’est pas le cas. Près de la moitié des exportations ukrainiennes de blé et de maïs vers l’Union européenne ont fini par nourrir les porcs espagnols qui produisent le célèbre jambon.

Selon eXXpress, seuls 15 % des exportations ont abouti dans les pays menacés par la famine, dont 167 000 tonnes en Éthiopie et 65 000 tonnes au Soudan. L’Espagne, quant à elle, a reçu 2,9 millions de tonnes de blé et de maïs en provenance d’Ukraine. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-manigances-autour-de-laccord-sur-les-cereales

« Le total des exportations de céréales ukrainiennes vers les huit pays “les moins avancés“, dont sept sont également des “pays à faible revenu“, s’élevait à seulement 1 896 077 tonnes métriques, soit 6,8 % du total. À titre de comparaison, l’Espagne, un “pays développé” à “revenu élevé“, a importé un total de 5 980 657 tonnes de céréales d’Ukraine, soit 19,4 % du total.

Les 116 millions d’habitants de l’Éthiopie, un pays “en développement” à “faible revenu“, ont reçu un total de 282 760 tonnes, tandis que les 17,8 millions d’habitants des Pays-Bas, un pays “développé” à “revenu élevé“, ont acheté 1 920 649 tonnes d’aliments pour porcs, principalement à base de maïs. »

https://lesakerfrancophone.fr/associated-press-dissimule-les-chiffres-reels-de-laccord-sur-les-cereales-de-la-mer-noire

L’argument de la sécurité alimentaire utilisé par Von Der Leyen, ainsi que tous les médias et dirigeants occidentaux, ne tient donc pas la route. C’est juste un argument pour diaboliser la Russie.

D’autant plus qu’une bonne partie passe par les routes européennes et y reste :

« Il est également beaucoup moins nécessaire d’exporter des céréales d’Ukraine par voie maritime. Une partie de ses exportations de céréales est désormais acheminée par voie terrestre et fluviale vers la Roumanie et, de là, vers le reste du monde. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-manigances-autour-de-laccord-sur-les-cereales

Déstabilisant ainsi le marché céréalier européen, sans que Von Der Leyen ne fasse le moindre geste :

« Le mécontentement des agriculteurs polonais grandit face à l’afflux de blé et de maïs d’Ukraine : ces céréales avaient vocation à être exportées sur les marchés mondiaux, mais la plupart se sont entassées en Pologne, participant à une baisse généralisée des prix. Le ministre s’était fendu d’une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réclamant notamment la réintroduction de droits de douane pour les produits agricoles ukrainiens. Ces derniers entrent en effet sur le sol de l’Union en passant par la frontière polonaise. “Étant donné qu’il apparaît clair que les revendications des fermiers ne seront pas entendues par la Commission européenne, j’ai pris la décision de démissionner de mon poste de ministre de l’Agriculture et du Développement rural”, a annoncé Henryk Kowalczyk dans un communiqué. »

https://www.courrierinternational.com/article/agriculture-la-visite-de-zelensky-en-pologne-eclipsee-par-la-crise-des-cereales-ukrainiennes

Cela n’empêche pourtant pas Von Der Leyen d’accuser Poutine d’être la cause de « l’insécurité alimentaire ».

Le 17 juillet donc, surprise dans les médias occidentaux, dont RFI :

« « L’accord de la mer Noire s’est de facto terminé aujourd’hui », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, ajoutant que « dès que la partie [des accords] concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l’accord sur les céréales ».

Voyons maintenant comment RFI présente l’affaire :

« Cet accord, conclu en juillet 2022 par la Russie et l’Ukraine après médiation de l’ONU et de la Turquie, est destiné à éviter une crise alimentaire mondiale en permettant les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire en toute sécurité malgré le conflit en Ukraine. »

On a vu que cet argument utilisé par Von Der Leyen et repris en chœur par tous les médias occidentaux, dont RFI et l’ONU, est faux car une très petite partie des céréales ukrainiens atteint les pays en « insécurité alimentaire », la plus grande partie restant en Europe, au point de déstabiliser le marché céréalier européen.

« La Russie juge notamment que ses propres exportations de céréales et d’engrais sont entravées, même si elles ne sont pas directement visées par les sanctions occidentales prises en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 »

RFI ne précise pas que cela faisait partie de l’accord et présente cela comme une réaction émotive et sans fondement de la part de la Russie puisque les céréales russes ne font pas l’objet de sanctions directes, mais indirectes car la Russie ne peut pas se faire payer facilement par un pays décidant, ou étant obligé, de respecter les sanctions occidentales. Pour accentuer l’image d’un gouvernement émotif, donc peu raisonnable et d’autant plus dangereux, l’article ajoute :

« Les déclarations de Dmitri Peskov interviennent quelques heures après une attaque ukrainienne par drone naval qui a touché le crucial pont reliant la Russie à la péninsule annexée de Crimée, et tué deux civils. »

Celui qui suit l’affaire de près sait très bien que cela n’a rien à voir mais le lecteur de RFI ne le sait pas et aura donc tendance à retenir un tel lien.

Pour garder un minimum de qualité journalistique, le paragraphe se finit ainsi :

« Le porte-parole du Kremlin a toutefois assuré que la décision de non-reconduction de l’accord et l’attaque n’étaient pas « liés », expliquant qu’« avant même cette attaque, c’était la position du président Poutine ». »

Mais qui va croire le porte-parole de Kremlin dans une population à qui l’on rabâche depuis des mois de se méfier de « la propagande du Kremlin ».

« La Russie, qui traînait des pieds depuis de longs mois lorsqu’on évoquait le renouvellement de cet accord, a donc mis sa menace à exécution. Moscou renvoie la balle dans le camp de ce qu’on appelle, en Russie, « l’Occident collectif » : pour les Russes, c’est à lui qu’il revient désormais d’autoriser le transit des navires de grains et d’engrais russes dans les ports, de permettre d’assurer les cargaisons ou encore de rebrancher au système interbancaire Swift Rosselkohzbank, la banque agricole de Russie. »

L’article fait passer le non-respect d’un accord signé il y a un an, sous la garantie de l’ONU, pour un caprice de la part de la Russie. Le fait que « l’Occident collectif » n’a pas fait le moindre geste pour que cet accord soit perpétué est carrément balayé sous le tapis de la propagande de guerre.

Cerise sur le Bortsoky, la partie signataire n’ayant pas fait le début d’un effort pour respecter son engagement accuse rageusement celle ayant totalement respecté les siens :

« Les Occidentaux ont également réagit, mais avec fermeté. L’ONU a affirmé que des centaines de millions de personnes dans le monde « vont payer le prix » de la décision russe : « Des centaines de millions de personnes font face à la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils vont payer le prix », a dénoncé lundi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, estimant que la décision russe « portera un coup aux personnes dans le besoin partout dans le monde ».

 « Je condamne fermement la décision cynique de la Russie de mettre fin à l’initiative céréalière de la mer Noire, malgré les efforts des Nations unies et de la TurquieL’UE s’efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète », a tweeté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. »

Clou dans le cercueil diplomatique :

« L’ambassadrice américaine à l’ONU a dénoncé lundi un « acte de cruauté » de Moscou. « La Russie joue à des jeux politiques, et de vrais gens vont souffrir », a déclaré Linda Thomas-Greenfield à la presse, accusant la Russie de « prendre l’humanité en otage ».

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230717-guerre-en-ukraine-l-accord-sur-les-céréales-ukrainiennes-de-facto-terminé-annonce-la-russie

C’est ce que l’on appelle se faire tailler un costard.

Mais l’objectif principal de cette manipulation est atteint pour l’Occident, le gouvernement russe, c’est-à-dire Poutine, va encore passer pour une entité soumise aux réactions émotionnelles donc peu raisonnable, « cruelle », « prenant l’humanité en otage »… Il est donc normal de chercher à destituer quelque chose d’aussi malfaisant. Une campagne de propagande d’autant plus nécessaire que la Russie est de plus en plus visiblement en train de mettre l’Ukraine en difficulté sur le terrain militaire.

Moon of Alabama a fait sa petite enquête pour voir si le cours du blé est si élevé qu’il risque de provoquer une « insécurité alimentaire » :

« Il y a ensuite le monde réel dans lequel le blé est produit et commercialisé à l’échelle internationale :

 Le pic de l’été 2022 a été provoqué par la guerre en Ukraine et n’était pas naturel. Depuis lors, les prix ont évolué avec les hauts et les bas habituels vers un niveau plutôt normal. Lorsque l’accord sur les céréales de la mer Noire a pris fin, ils sont restés dans la normale. »

https://lesakerfrancophone.fr/beaucoup-de-bruit-pour-rien

Voilà donc un exemple typique de guerre hybride, une guerre dans laquelle la psychologie des foules, la propagande, les coups fourrés, tous les coups d’ailleurs, sont permis pour déstabiliser non seulement l’adversaire mais aussi et surtout sa propre population afin qu’elle continue à supporter des guerres qu’elle détesterait naturellement. Les médias et les services secrets sont en première ligne de cette forme de guerre hybride.

Mais attention aux retours de bâton car, pour l’instant c’est l’image de l’Occident qui se dégrade aux yeux du monde entier. Le 19 juillet, Reuters fait une annonce qui ne sera reprise par aucun média :

« L’Union européenne modifiera ses sanctions contre Moscou mercredi en autorisant le dégel de certains fonds de grandes banques russes qui pourraient être nécessaires pour réduire les goulets d’étranglement dans le commerce mondial des denrées alimentaires et des engrais, selon un projet de document.

Cette décision intervient alors que les dirigeants africains ont critiqué l’impact négatif des sanctions sur le commerce, qui pourraient avoir exacerbé les pénuries principalement causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et son blocage des ports de la mer Noire.

En vertu du nouveau règlement, qui devrait être adopté par les envoyés de l’UE mercredi, les pays de l’UE pourront débloquer les ressources économiques précédemment bloquées appartenant aux principaux prêteurs russes VTB (VTBR.MM), Sovcombank, Novikombank, Otkritie FC Bank, VEB, Promsvyazbank et Bank Rossiya, selon le document.

Dans le cadre des sanctions révisées, l’UE prévoit également de faciliter les exportations de denrées alimentaires à partir des ports russes, que les commerçants avaient cessé de desservir après les sanctions de l’UE, bien que les mesures exemptent explicitement les exportations de denrées alimentaires, a déclaré un fonctionnaire.

L’UE a jusqu’à présent nié que ses sanctions affectaient le commerce alimentaire. »

https://www.reuters.com/markets/europe/eu-soften-sanctions-russian-banks-allow-food-trade-2022-07-19/

Retour de bâton pour l’Ukraine aussi qui subit la colère russe face à cette manipulation :

« La Russie a lancé d’intenses attaques de drones et de missiles dans la nuit de mercredi à jeudi, endommageant des infrastructures portuaires essentielles dans le sud de l’Ukraine, notamment des terminaux céréaliers et pétroliers, et blessant au moins 12 personnes, selon des responsables. »

https://news.yahoo.com/russia-launches-intense-night-attacks-063115493.html

La guerre en Ukraine

A la suite du Sommet de Vilnius qui n’a rien apporté de décisif à l’Ukraine, comme elle l’espérait, la guerre militaire est bloquée, la partie russe continuant sa tactique d’attrition des forces ukrainiennes, à l’abri derrière leurs tranchées et leur supériorité balistique.

Par contre, la guerre de propagande fait rage de plus belle. Nous commencerons par cet article de Newsweek datant du 9 juin 2023, au début de la « contre-offensive ukrainienne » :

« Les forces armées ukrainiennes affirment que les troupes russes perdent rapidement le contrôle des zones occupées, alors que les unités de Kiev lancent une offensive majeure, attendue depuis longtemps, avec l’aide de nouveaux systèmes d’armes de l’OTAN, notamment des chars de combat principaux. »

https://www.newsweek.com/russia-rapidly-losing-control-occupied-ukraine-kyiv-1805555

Tous les journaux occidentaux ont repris en cœur cette propagande ukrainienne.

un mois et demi plus tard, cet article du Wall Street Journal explique que :

« Lorsque l’Ukraine a lancé sa grande contre-offensive au printemps, les responsables militaires occidentaux savaient que Kiev ne disposait pas de l’entraînement ou des armes nécessaires pour déloger les forces russes, qu’il s’agisse d’obus ou d’avions de guerre. Ils espéraient toutefois que le courage et l’ingéniosité des Ukrainiens l’emporteraient.

Ce n’est pas le cas. Des champs de mines profonds et mortels, des fortifications étendues et la puissance aérienne russe se sont combinés pour bloquer en grande partie les avancées significatives des troupes ukrainiennes. Au lieu de cela, la campagne risque de s’enfoncer dans une impasse, avec le risque d’épuiser les vies humaines et le matériel sans que l’on assiste à un changement majeur de dynamique. »

Ce retour de la réalité n’empêche pourtant pas les responsables étasuniens de continuer à propager des fausses nouvelles, les fameuses « fake News », que même l’Ukraine n’ose plus propager :

« L’Ukraine aurait franchi une étape importante dans ses tentatives de reconquête des terres occupées par les forces d’invasion russes, a déclaré dimanche le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

S’adressant dimanche à Fareed Zakaria de CNN, Blinken a affirmé que toutes les ambitions de la Russie pour l’invasion “ont échoué il y a longtemps” et a indiqué qu’environ la moitié des territoires occupés avaient été repris par l’Ukraine, tout en soulignant également que la contre-offensive du pays n’en était qu’à ses débuts.

“En ce qui concerne les objectifs de la Russie et de Poutine, ils ont déjà échoué”, a déclaré Blinken. “Ils ont déjà perdu. L’objectif était d’effacer l’Ukraine de la carte, d’éliminer son indépendance, sa souveraineté, de l’incorporer à la Russie. Cela a échoué il y a longtemps”.

Il poursuit : “Aujourd’hui, l’Ukraine se bat pour récupérer une plus grande partie des terres que la Russie lui a confisquées. Elle a déjà repris environ 50 % de ce qui avait été saisi initialement. Aujourd’hui, elle mène une lutte acharnée pour en récupérer davantage. La contre-offensive n’en est qu’à ses débuts. C’est difficile”. »

https://www.msn.com/en-us/news/world/ukraine-reaches-major-milestone-in-retaking-territory-from-russia-blinken/ar-AA1efpJ1?ocid=windirect&cvid=2a989a6f225b43c380a156b633a38ad5&ei=20

Après sa débâcle en Afghanistan, il semble que Biden veuille absolument cacher au peuple étasunien sa future débâcle en Ukraine.

L’ANASE

Comme l’Afrique, l’Asie du sud-est est (re)devenue un terrain de compétition entre les grandes puissances. Voulant éviter de retomber dans un piège dont les vietnamiens, les cambodgiens, les laossiens, les philippins et même les indonésiens, tous des pays de l’ANASE, se souviennent fraîchement et amèrement, cette région affiche une volonté politique de neutralité vis-à-vis des grandes puissances.

« L’ANASE ne doit pas devenir le mandataire d’une quelconque puissance, a déclaré le président indonésien Joko Widodo aux ministres des affaires étrangères de la région réunis à Jakarta pour la 56e réunion des ministres des affaires étrangères de l’ANASE et d’autres réunions connexes vendredi.

“L’ANASE ne peut pas être une zone de concurrence, elle ne peut pas être le mandataire d’un pays, et le droit international doit être respecté de manière cohérente”, a-t-il déclaré.

La ministre indonésienne des affaires étrangères, Retno Marsudi, a également souligné que la région Asie-Pacifique ne devait pas devenir un champ de bataille. Elle a fait ces remarques en s’adressant à la 13e réunion des ministres des affaires étrangères du sommet de l’Asie de l’Est à Jakarta, vendredi, avant que le pays ne termine une série de réunions ministérielles de l’ANASE.

Widodo a souligné que l’ANASE a le potentiel pour devenir le centre de la croissance, à la fois en raison de la jeunesse de sa population et de l’abondance de ses ressources naturelles.

Nous, les pays de l’ANASE, les pays en développement, avons besoin de compréhension, de sagesse et de soutien, tant de la part des pays développés que des pays amis, pour abandonner l’approche “zéro” et adopter une approche “gagnant-gagnant””, a-t-il déclaré. »

http://www.chinadaily.com.cn/a/202307/15/WS64b1d7c9a31035260b816946.html

Cette politique a été bien visible au cours de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays de l’ANASE qui s’est tenue à Jakarta, vendredi 14 juillet. Ainsi, Blinken, Lavrov et Wang Yi, leur homologue chinois, ont tous été invités et s’y sont rendus.

« Les plus hauts diplomates américains et chinois tiendront leur deuxième réunion en l’espace de quelques mois jeudi à Jakarta, cherchant à gérer les tensions qui risquent de s’enflammer à nouveau à la suite d’allégations de piratage informatique par la Chine. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et Wang Yi, le plus haut responsable de la politique étrangère chinoise, se rencontreront en marge des discussions de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) dans la capitale indonésienne, selon le calendrier rendu public par le département d’État. La réunion a lieu bien que Microsoft ait déclaré deux jours plus tôt que des pirates chinois s’étaient introduits dans les comptes de courrier électronique du gouvernement américain, y compris ceux du département d’État. »

https://www.thejakartapost.com/world/2023/07/13/blinken-wang-yi-to-meet-at-asean-talks.html

« Mercredi après-midi, M. Lavrov a participé à un dialogue tripartite avec le haut diplomate chinois Wang Yi et la ministre indonésienne des affaires étrangères Retno Marsudi. La réunion, qui s’est principalement déroulée à huis clos, a duré environ une heure. Peu après le départ de Wang Yi, Lavrov et Retno se sont rendus dans une autre salle pour une réunion bilatérale. Le dialogue entre l’Indonésie et la Russie a duré environ 20 minutes. »

https://jakartaglobe.id/news/lavrov-stays-tightlipped-after-talks-with-indonesia-china

L’Indonésie ayant postulé pour devenir membre des BRICS, le sujet a dû être discuté au cours de la réunion entre Marsudi, Lavrov et Yi.

Les médias de l’Hexagone se sont désintéressés du sujet. Le seul article trouvé vient du Figaro qui se concentre sur les problèmes avec la Birmanie, pays faisant aussi parti de l’ANASE, et la « menace chinoise » :

« Les ministres des Affaires étrangères de l’ANASE sont réunis mardi 11 juillet en Indonésie pour des discussions dominées par la crise en Birmanie, sur fond de divisions entre ses membres sur l’opportunité de réengager le dialogue avec la junte birmane.

La rencontre de deux jours de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) sera suivie par des rencontres avec Pékin, Washington et d’autres puissances, au cours desquelles le secrétaire d’État américain Antony Blinken cherchera à tempérer les assurances chinoises en mer de Chine méridionale.

L’ANASE reste divisée sur les tentatives diplomatiques à adopter pour résoudre la crise birmane…

Washington et les membres de l’ANASE vont chercher à « repousser » les actions de Pékin dans la très disputée mer de Chine méridionale, a déclaré samedi 8 juillet à la presse Daniel Kritenbrink, le haut diplomate américain pour l’Asie de l’Est. »

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/birmanie-la-crise-politique-au-menu-de-la-reunion-de-l-asean-20230711

Le sommet UE-CELAC

Le 10 juillet nous parlions du futur sommet Union Européenne-Etats d’Amérique Latine et des Caraïbes :

« Les chefs d’État et de gouvernement de 33 membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) devraient se rendre à Bruxelles les 17 et 18 juillet prochains pour un sommet avec leurs homologues de l’Union européenne.

En amont de ce sommet historique, les pays de la CELAC ont envoyé une contre-proposition de 21 pages au projet de texte que les États membres de l’UE leur avaient envoyé le mois dernier, datée du 4 juillet et consultée par EURACTIV.

Le texte initial de la déclaration proposé par l’UE comprenait plusieurs paragraphes sur le soutien à l’Ukraine, faisant référence aux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, ont déclaré trois personnes au fait de la question.

« Le texte sur l’Ukraine était très équilibré », a affirmé un diplomate européen à EURACTIV. « Il n’y a rien de spécial dans ce que nous leur avons envoyé », a ajouté un second diplomate de l’UE.

Toutefois, les États d’Amérique latine « ont supprimé tout ce qui concernait l’Ukraine », a déploré un troisième diplomate de l’Union après avoir vu la contre-proposition…

La participation du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait initialement reçu une invitation à participer au sommet de la part de l’Espagne, a été annulée après un refus des dirigeants latino-américains. Cette invitation a constitué un point de discorde supplémentaire avant le sommet conjoint. »

https://www.euractiv.fr/section/amerique-latine/news/leak-lamerique-latine-repousse-lukraine-de-lordre-du-jour-dun-sommet-avec-lue/

Mais les européens ont continué à insister :

« Les dirigeants des pays de l’Union européenne se sont réunis, lundi 17 juillet, avec leurs homologues d’Amérique latine et des Caraïbes pour deux jours à Bruxelles afin de se rapprocher malgré des divergences notamment sur la guerre en Ukraine.

“Nous avons besoin de nos amis proches à nos côtés en ces périodes d’incertitudes”, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en accueillant le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avant le début du sommet réunissant une cinquantaine de dirigeants.

Ursula von der Leyen a annoncé que les Européens allaient investir 45 milliards d’euros dans l’économie de la région latino-américaine, dans le cadre de la stratégie “Global Gateway”, réponse européenne au programme chinois des “Nouvelles routes de la soie”.

Il s’agit du troisième sommet entre l’UE et la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Le dernier remonte à 2015, et les deux parties essaient de rattraper le temps perdu. Mais le rapprochement n’est pas sans difficultés.

Des désaccords sont apparus dès le début des négociations sur une déclaration commune, notamment en raison de la volonté des Européens de mentionner la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Les discussions sur ce texte se poursuivaient lundi soir. »

https://www.france24.com/fr/amériques/20230717-guerre-en-ukraine-union-européenne-et-amérique-latine-tentent-d-aplanir-leurs-différends

Finalement, le lendemain :

« Une « profonde préoccupation » plutôt qu’une ferme condamnation de la guerre russe en Ukraine. C’est tout ce que les 27 auront pu obtenir des 32 États signataires de cette déclaration de clôture. Le Nicaragua, proche de Moscou, n’a pas donné sa signature. Mais la Celac et l’UE ont généralement dépassé leurs clivages pour mettre en avant une feuille de route commune. »

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230718-sommet-ue-celac-une-déclaration-commune-sans-le-nicaragua-sur-l-ukraine

Suivant leur origine, les médias ont eu un point de vue totalement différent sur ce sommet. Pour le média du pays qui préside le CELAC, l’archipel de St Vincent, ce sont les accords économiques qui importent, pas un mot sur l’Ukraine :

« La série de réunions a débuté par une table ronde commerciale UE-ALC le lundi matin, au cours de laquelle la présidente von der Leyen a présenté le programme d’investissement de la passerelle mondiale UE-ALC (GGIA). Il comprend plus de 135 projets visant à faire de la transition verte et numérique équitable une réalité des deux côtés de l’Atlantique et s’articule autour de quatre piliers : une transition verte équitable, une transformation numérique inclusive, le développement humain et la résilience en matière de santé et les vaccins.

À cette occasion, le président a annoncé que Team Europe s’engageait à verser plus de 45 milliards d’euros pour soutenir le partenariat renforcé avec l’Amérique latine et les Caraïbes jusqu’en 2027. Le sommet a encore renforcé le partenariat entre l’UE et les pays de la CELAC sur des priorités communes, telles que les transitions numérique et verte, la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, la santé, la sécurité alimentaire, les migrations, la sécurité et la gouvernance ou la lutte contre la criminalité transnationale.

Au cours du sommet, l’UE a renforcé sa coopération énergétique avec l’Argentine et l’Uruguay en signant deux protocoles d’accord. Le premier définit les principaux domaines de coopération, notamment les énergies renouvelables, l’hydrogène et la réduction des émissions de méthane, et souligne la nécessité d’assurer une transition énergétique socialement juste. Le second met l’accent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’hydrogène renouvelable en tant que domaines de coopération essentiels, l’UE et l’Uruguay s’efforçant d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050.

Dans le cadre de la stratégie “Global Gateway” de l’UE, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banco Santander ont signé, lors du sommet UE-CELAC, un prêt de 300 millions d’euros pour soutenir l’installation d’une série de petites centrales solaires photovoltaïques d’autoconsommation au Brésil. De même, la BEI a annoncé l’octroi d’un prêt de 200 millions d’euros à la Banco del Estado de Chile pour financer de nouvelles maisons répondant à des normes d’efficacité énergétique plus strictes, ainsi qu’un prêt de 100 millions d’euros pour soutenir l’industrie de l’hydrogène renouvelable en plein essor au Chili.

L’UE a également signé un protocole d’accord avec le Chili pour établir un partenariat sur les chaînes de valeur des matières premières durables, qui contribuera à la sécurité de l’approvisionnement de l’Europe tout en créant des emplois et de la croissance au Chili. »

https://www.stvincenttimes.com/celac-eu-issue-joint-declaration-following-2023-summit-in-brussels/

Les médias étasuniens, qui ne doivent pas voir d’un bon œil l’Europe empiéter dans leur « pré carré », y ont vu une « grande anxiété » et des « divisions » :

« Le dernier jour d’un sommet entre les dirigeants de l’Union européenne et de l’Amérique latine, qui devait être une rencontre amoureuse, a été marqué par une grande anxiété, qui s’est transformée en fracas diplomatique à cause de la guerre en Ukraine.

Les ambassadeurs ont travaillé une bonne partie de la nuit et jusqu’à mardi matin pour trouver un texte, même le plus fade, condamnant la Russie pour son invasion de l’Ukraine. Les discussions ont achoppé sur les réserves de certains pays d’Amérique centrale et du Sud comme Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, a déclaré un fonctionnaire de l’UE.

Ce sommet tant attendu, huit ans après le précédent, s’est transformé en une impasse sur la question de savoir qui serait le premier à se prononcer sur un sujet sur lequel la grande majorité des 60 pays présents s’étaient déjà mis d’accord lors de plusieurs votes aux Nations unies et dans d’autres institutions internationales.

Alors que l’Union européenne (27 États) souhaitait que le sommet soit axé sur de nouvelles initiatives économiques et une coopération plus étroite afin de contrer l’influence croissante de la Chine dans la région, plusieurs dirigeants de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (33 États) ont mis sur la table des récriminations vieilles de plusieurs siècles concernant le colonialisme et l’esclavagisme.

“La majeure partie de l’Europe a été, et est toujours, le bénéficiaire déséquilibré d’une relation dans laquelle notre Amérique latine et nos Caraïbes ont été et sont inégalement attelées”, a déclaré Ralph Gonsalves, premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, qui assure la présidence de la CELAC. »

https://www.voanews.com/a/high-anxiety-over-ukraine-war-sets-in-at-eu-latin-america-summit-that-was-supposed-to-be-a-love-in/7185279.html

« Les divisions au sujet de la guerre en Ukraine sont à l’origine d’une fracture lors du sommet UE-Latas qui était censé être une rencontre amoureuse. »

https://apnews.com/article/eu-latin-america-summit-ukraine-b0c9cf42c7bbfc58afba3b6f89e3cac6

Fiona Scott Morton

La semaine dernière nous parlions de cette étasunienne choisit par la Commission européenne pour réguler l’activité des GAFAM en Europe :

Fiona Scott Morton, une économiste américaine qui était un haut fonctionnaire antitrust sous le mandat de l’ancien président Barack Obama, a été nommée économiste en chef de la concurrence à la Commission européenne, a annoncé l’organe exécutif de l’UE mardi.

Elle jouera un rôle clé dans les enquêtes menées par l’autorité européenne de la concurrence sur Alphabet (GOOGL.O) Google, Apple (AAPL.O), Meta Platforms (META.O) et Microsoft (MSFT.O), ainsi que sur des fusions très médiatisées telles que l’acquisition d’iRobot (IRBT.O) par Amazon (AMZN.O) et l’accord Figma d’Adobe (ADBE.O).

Sa nomination à l’unité d’élite antitrust de la Commission européenne a suscité des critiques avant même d’être annoncée.

https://www.reuters.com/world/europe/us-economist-picked-senior-eu-antitrust-job-overseeing-big-tech-2023-07-11/

Et bien les critiques ont continué cette semaine contre ce loup dans la bergerie. D’abord venant du Parlement européen :

« Devant le parlement européen, Margrethe Vestager n’est pas venue plaider pour Fiona Scott-Morton. Même si elle s’est pliée au jeu des questions parlementaires pendant plus d’une heure, la commissaire à la Concurrence est simplement venue dire que son choix était définitif.

Les députés européens tirent la sonnette d’alarme devant les conflits d’intérêts possibles dans des dossiers où Fiona Scott-Morton a eu à travailler pour ou contre Microsoft, Apple, Amazon, Broadcom, Pfizer ou Google.

Mais Margrethe Vestager leur oppose une fin de non-recevoir. « Ce serait vraiment aller trop loin si le Parlement avait son mot à dire dans chaque évaluation de conflit d’intérêts pour chaque personne qui arrive à la Commission ou la quitte. J’espère vraiment qu’on a eu votre confiance pour le travail accompli jusqu’ici », a commenté Margrethe Vestager. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230719-ue-audition-tendue-commissaire-vestager-embauche-fiona-scott-morton-face-deputes

Puis de la part de Macron :

« Le président français Emmanuel Macron a critiqué mardi la décision de la responsable antitrust de l’UE, Margrethe Vestager, d’embaucher une économiste américaine plutôt qu’une européenne pour superviser la Big Tech, ajoutant que son travail antérieur pourrait conduire à des conflits d’intérêts. »

https://www.reuters.com/world/europe/frances-macron-slams-move-by-eus-vestager-hire-us-economist-2023-07-18/

Face à tant de résistance Scott-Morton a finalement préféré renoncer à ce poste :

« “Fiona Scott Morton m’a informée de sa décision de ne pas accepter le poste d’économiste en chef à la concurrence. Je l’accepte avec regret”, a déclaré Margrethe Vestager sur Twitter. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230719-accusée-de-conflits-d-intérêts-l-américaine-scott-morton-renonce-à-un-poste-clé-de-l-ue

Mais la souveraineté numérique de l’Europe est encore très loin :

« L’Europe a-t-elle laissé passer l’occasion de mettre fin à l’accès disproportionné des agences de renseignement américaines à nos données personnelles ? La réponse est clairement « oui » pour Max Schrems, le juriste autrichien à l’origine des invalidations des accords transatlantiques de transferts de données vers les États-Unis. »

https://www.01net.com/actualites/comment-leurope-a-abandonne-vos-donnees-personnelles-aux-espions-americains.html

Dédollarisation

Conséquences des sanctions étasuniennes, le processus de dédollarisation du commerce international continue. Cette semaine c’est l’Inde qui prend les initiatives :

« L’Indonésie et l’Inde envisagent de régler leurs transactions bilatérales en monnaie locale et de relier leurs systèmes de paiement rapide afin de stimuler les transferts de fonds transfrontaliers, selon un haut fonctionnaire du gouvernement indien.

La ministre indienne des finances, Nirmala Sitharaman, et son homologue indonésien, Sri Mulyani Indrawati, ont discuté de ces propositions avant les réunions du groupe des vingt pays en Inde, a déclaré le fonctionnaire qui a demandé à ne pas être identifié car les plans ne sont pas publics. Les pourparlers sont avancés et une annonce pourrait être faite une fois que les fonctionnaires auront rempli les formalités, a ajouté le fonctionnaire. »

https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-07-17/india-indonesia-plan-local-currency-trade-fast-payments-links#xj4y7vzkg

« Afin de stimuler le commerce et les investissements bilatéraux, le Premier ministre Narendra Modi, qui se trouve aujourd’hui à Abou Dhabi pour s’entretenir avec le président des Émirats arabes unis, le cheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, a annoncé que l’Inde et les Émirats arabes unis avaient convenu de commencer le règlement commercial en monnaies locales. Le Premier ministre Modi a déclaré qu’il espérait que le commerce bilatéral entre les deux pays dépasserait bientôt la barre des 100 milliards de dollars, alors qu’il s’élève actuellement à 85 milliards de dollars. »

https://indianexpress.com/article/india/pm-narendra-modi-uae-visit-live-updates-abu-dhabi-8838587/

Et pour finir dans ce registre, une vidéo toujours parfaitement documentée, de Marc Touati qui nous explique où en sont les prospectives mondiales :

« Ce sont les deux événements économiques majeurs qui ont marqué la planète ces derniers jours. D’une part, la publication des enquêtes des directeurs d’achat qui détaillent les perspectives de croissance pour le monde et chacun des principaux pays qui le composent.

D’autre part, l’annonce par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) de la création prochaine d’une monnaie d’échange concurrente du dollar et adossée à l’or. »

https://www.youtube.com/watch?v=9N-UmpUO-Sk

A lundi prochain.

 

Revue de presse alternative du 17 juillet 2023

Source : The Saker francophone.

 

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

Par Wayan – Le 17 juillet 2023 – Le Saker Francophone

Le sommet de l’OTAN à Vilnius

L’événement géopolitique de la semaine fut le sommet de l’OTAN qui s’est tenu durant deux jours en Lituanie, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière russe. Commençons donc par le communiqué officiel [en français] de l’OTAN, publié dès le premier jour. Un long texte de 90 paragraphes d’un style très bureaucratique dont nous reprendrons ici les éléments marquants :

« …Nous nous réjouissons à la perspective d’avoir, à l’occasion de ce sommet, des échanges fructueux avec les chefs d’État et de gouvernement de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la République de Corée… »

C’est la deuxième année que des représentants de pays de la zone Pacifique sont invités au sommet de l’OTAN, confirmant ainsi que l’OTAN est en train de devenir le bras armé de tout le « bloc occidental » et non plus seulement de « l’union transatlantique ». Evidemment, la Chine voit cela d’un mauvais œil, comme nous le verrons plus loin.

 

« La Russie porte l’entière responsabilité de la guerre d’agression, illégale et injustifiable, qu’elle mène contre l’Ukraine, guerre qui ne fait suite à aucune provocation et nuit gravement à la sécurité euro-atlantique et internationale, et pour laquelle elle devra pleinement répondre de ses actes. Nous continuons de condamner avec la plus grande fermeté le fait que la Russie viole, de manière flagrante, le droit international, la Charte des Nations Unies ainsi que les engagements qu’elle a pris et les principes auxquels elle a souscrit dans le cadre de l’OSCE. Nous ne reconnaissons pas et ne reconnaîtrons jamais les annexions, illégales et illégitimes, auxquelles la Russie a procédé, y compris celle de la Crimée. »

S’enfermant dans le narratif mensonger [nous démontrerons plus loin ce qualificatif de mensonger] disant que l’attaque russe contre l’Ukraine « ne fait suite à aucune provocation », ce chapitre conclut que « nous ne reconnaissons pas l’annexion de la Crimée ».

La base militaire de Sébastopol, en Crimée, qui fut construite dans les années 1770, a toujours été russe, elle est d’une importance stratégique capitale pour la Russie car c’est son seul port militaire en eau chaude. Il est donc impensable pour le gouvernement russe, quel qu’il soit, de l’abandonner et qu’elle tombe sous contrôle de l’OTAN. Et, bien sûr, cette dernière le sait très bien. Donc, une telle déclaration ne fera que mener la relation Russie-OTAN, dans une impasse complète et pousser la Russie à l’extrême dans cette guerre qu’elle estime comme vitale à sa survie. Que cette estimation soit exagérée ou pas, une telle déclaration par l’OTAN ne fait que lui confirmer cette impression. On peut être sûr que la Russie ne cèdera la Crimée que si elle est vaincue. Et pourtant l’OTAN insiste lourdement sur ce sujet, comme pour bloquer tout négociation de paix possible.

« Nous soulignons que la paix ne saurait être établie sans un retrait total et inconditionnel de la Russie. Nous avons demandé instamment à la Russie de s’engager de manière constructive dans des négociations sincères avec l’Ukraine, mais elle ne s’est à aucun moment montrée sincèrement prête à travailler à une paix juste et durable. »

« Nous soutenons pleinement l’Ukraine dans son droit de choisir ses propres arrangements de sécurité. L’avenir de l’Ukraine est dans l’OTAN. Nous réaffirmons l’engagement que nous avons pris en 2008 au sommet de Bucarest, à savoir que l’Ukraine deviendrait membre de l’OTAN, et aujourd’hui, nous reconnaissons que le pays a déjà suffisamment avancé sur la voie de l’intégration euro-atlantique pleine et entière pour qu’un plan d’action pour l’adhésion ne soit plus une nécessité. »

Nous avons vu dans nos précédentes revues de presse, et nous le reverrons ici plus loin, que l’une des lignes blanches de la Russie était l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, qu’elle considère aussi comme un danger pour sa sécurité nationale. Là encore ce paragraphe empêche tout négociation future autour d’une garantie de sécurité commune entre l’Europe et la Russie :

« Nous soutenons pleinement l’Ukraine dans son droit de choisir ses propres arrangements de sécurité. L’avenir de l’Ukraine est dans l’OTAN. Nous réaffirmons l’engagement que nous avons pris en 2008 au sommet de Bucarest, à savoir que l’Ukraine deviendrait membre de l’OTAN, et aujourd’hui, nous reconnaissons que le pays a déjà suffisamment avancé sur la voie de l’intégration euro-atlantique pleine et entière pour qu’un plan d’action pour l’adhésion ne soit plus une nécessité. ».

Il faut préciser ici que ce n’est pas « l’Ukraine » qui veut rentrer dans l’OTAN, c’est le gouvernement Zelensky qui a pourtant été élu sur des promesse de paix avec la Russie, promesses aussitôt oubliées dès son élection.

« Conformément à la Charte de partenariat spécifique de 1997 entre l’OTAN et l’Ukraine et à la déclaration de 2009 venant en complément de cette charte, les Alliés continueront d’aider l’Ukraine à progresser sur la voie de l’interopérabilité ainsi que dans les réformes supplémentaires requises sur le plan démocratique et dans le secteur de la sécurité, et de suivre l’avancement de ces travaux. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN évalueront régulièrement les progrès accomplis dans le cadre du programme national annuel adapté. L’Alliance aidera l’Ukraine à mettre en œuvre ces réformes et à avancer sur le chemin de sa future adhésion. Nous serons en mesure d’adresser à l’Ukraine une invitation à rejoindre l’Alliance lorsque les Alliés l’auront décidé et que les conditions seront réunies. »

C’est cette simple phrase, mise en caractère gras, qui provoquera la grosse déception de Zelenski qui envisageait une rapide adhésion à l’OTAN afin que l’article 5 de la charte de l’OTAN [si un pays est attaqué tous les autres viennent à sa défense] puisse la sauver d’une inévitable défaite face à la Russie. Mais non, l’OTAN ne veut pas entrer en guerre directe contre la Russie. Par procuration, oui, directe, non. Nous verrons plus bas que l’une des conditions qui doit être réunie, dictée par Biden, est la fin de la guerre contre la Russie.

Puis le communiqué passe à la Chine :

« La République populaire de Chine (RPC) affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs. Elle recourt à une large panoplie d’outils politiques, économiques et militaires pour renforcer sa présence dans le monde et projeter sa puissance. Parallèlement, elle entretient le flou quant à sa stratégie, à ses intentions et au renforcement de son dispositif militaire. Ses opérations hybrides ou cyber malveillantes, sa rhétorique hostile et ses activités de désinformation prennent les Alliés pour cible et portent atteinte à la sécurité de l’Alliance. La RPC cherche à exercer une mainmise sur des secteurs technologiques et industriels clés, des infrastructures d’importance critique et des matériaux et chaînes d’approvisionnement stratégiques. Elle utilise le levier économique pour créer des dépendances stratégiques et accroître son influence. Elle s’emploie à saper l’ordre international fondé sur des règles, notamment pour ce qui concerne les domaines spatial, cyber et maritime. »

C’est là que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord devient l’Organisation du Traité du Monde Entier. L’OTAN devient ainsi le représentant militaire d’un bloc occidental, nommés Alliés ou Alliance dans ce communiqué, qui doit défendre « nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs », et parle au nom de ce « nous », entraînant ainsi la France et l’Allemagne dans ce « nous » qui considère la Chine comme « portant atteinte à la sécurité de l’Alliance », alors que ces deux pays et bien d’autres, en tant qu’Etat souverains indépendants, ne voient pas la Chine ainsi et désireraient plutôt conserver de bonnes relations avec elle. Ce chapitre confirme ainsi que la Chine, ainsi que l’alliance informelle Chine/Russie, est bien dans la ligne de mire des « alliés ».

« Le renforcement du partenariat stratégique entre la RPC et la Russie, ainsi que leurs tentatives, se conjuguant entre elles, qui visent à déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles, vont à l’encontre de nos valeurs et de nos intérêts. »

Evidemment, tout cela passe par une augmentation des dépenses militaires.

« Nous affirmons que, dans bien des cas, il faudra consacrer plus de 2 % du PIB aux dépenses de défense pour parvenir à remédier aux insuffisances actuelles et à satisfaire les besoins que fait apparaître, dans tous les domaines, la montée de la contestation de l’ordre de sécurité. »

https://www.nato.int/cps/en/natohq/official_texts_217320.htm?selectedLocale=fr

***

Après la théorie passons maintenant à la pratique, le sommet de Vilnius, qui s’est tenu sous le thème de « la forte unité de l’OTAN face à la menace russe ».

Chaque membre a voulu arriver à ce sommet avec un petit cadeau surprise. Le plus gros cadeau fut celui d’Erdogan annonçant qu’il ne bloquait plus l’entrée de la Suède dans l’OTAN.

« “Je suis heureux d’annoncer que le président Erdogan a accepté de transmettre le protocole d’adhésion de la Suède” au Parlement turc “dès que possible et de travailler avec l’assemblée pour garantir une ratification”, a déclaré le responsable à l’issue d’une rencontre avec le dirigeant turc et le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, à la veille d’un sommet de l’Otan à Vilnius.

“Nous faisons un grand pas vers la ratification formelle de l’adhésion de la Suède à l’Otan. C’est un bon jour pour la Suède”, a déclaré Ulf Kristersson, se disant “très heureux” de l’accord annoncé par le secrétaire général de l’Otan.

“Finaliser l’adhésion de la Suède à l’Otan est une étape historique qui bénéficie à la sécurité de tous les alliés de l’Otan en cette période critique. Elle nous rend tous plus forts et plus en sécurité”, a salué Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse. »

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20230710-%F0%9F%94%B4-recep-tayyip-erdogan-accepte-de-ratifier-l-adh%C3%A9sion-de-la-su%C3%A8de-%C3%A0-l-otan-annonce-stoltenberg

Comme toujours en politique, le cadeau n’était pas totalement désintéressé :

« Le président turc Recep Tayyip Erdogan a posé une nouvelle condition à l’entrée de la Suède dans l’Otan : que les 27 ouvrent “la voie à l’adhésion de la Turquie à l’UE”. Une rencontre est prévue avec le Premier ministre suédois à Vilnius pour d’ultimes tractations. Olaf Scholz a estimé que les deux sujets n’étaient pas “liés”. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230710-adhésion-de-la-suède-à-l-otan-dernière-ligne-droite-pour-obtenir-le-feu-vert-turc

Mais il n’y a pas que l’UE dans les conditions d’Erdogan :

« L’administration du président américain Joe Biden a accepté de poursuivre la vente controversée d’avions de combat F-16 à la Turquie, quelques heures seulement après qu’Ankara a cessé de faire obstruction à l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a confirmé la décision mardi, en déclarant que M. Biden travaillerait avec le Congrès pour finaliser le contrat d’armement.

“Il n’a posé aucune réserve ou condition”, a déclaré M. Sullivan à la presse lors du sommet de l’OTAN à Vilnius, en Lituanie. “Il a l’intention de procéder à ce transfert en consultation avec le Congrès. »

https://www.rt.com/news/579572-white-house-approves-f16-sale-to-turkey/

Mais comme avec tous les politiciens, entre les promesses et leur réalisation un large fossé se creuse. Deux jours plus tard, questionné par un journaliste Erdogan tempérait :

« Le parlement turc ratifiera l’adhésion de la Suède à l’OTAN « dès que possible » mais pas avant le mois d’octobre au mieux, a indiqué ce mercredi le président Recep Tayyip Erdogan. « Il y a un congé parlementaire de deux mois (et) il y a beaucoup d’accords internationaux à examiner, beaucoup de propositions législatives qui doivent être discutées par ordre d’importance », a souligné le chef de l’État turc, répondant à une question de journaliste sur l’éventualité du mois d’octobre. « Mais nous avons l’intention d’en finir aussitôt que possible », a-t-il assuré en marge du sommet de l’Alliance atlantique à Vilnius. »

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20230712-suède-dans-l-otan-il-n-y-aura-pas-de-ratification-turque-avant-octobre-selon-erdogan

https://www.france24.com/fr/europe/20230711-adhésion-de-la-suède-à-l-otan-qu-a-obtenu-erdogan

Du côté de la Suède aussi :

« La plus haute juridiction suédoise a bloqué, le 13 juillet, deux extraditions réclamées par Ankara. La décision de la Cour suprême tombe seulement trois jours après l’annonce par le président Recep Tayyip Erdogan de son accord pour que le Parlement turc ratifie l’adhésion suédoise. »

https://francais.rt.com/international/106298-justice-suedoise-bloque-deux-extraditions-ankara

On peut déduire de ces quelques articles que, si d’ici octobre, l’UE n’a pas fait de gros efforts envers la Turquie, le parlement turc pourrait bien trainer les pieds pour cette ratification.

La position extrêmement stratégique de la Turquie, grand pays aux portes de l’Europe, contrôlant l’accès à la mer Noire donne à son président un pouvoir de négociation que beaucoup d’autres n’ont pas, autant vis-à-vis de l’Occident que de la Russie. Il en use si adroitement que la Turquie est le seul pays de l’OTAN avec lequel la Russie garde un bon rapport. Il n’oublie pas non plus qu’il a pu, grâce aux informations des services de renseignements russes, déjouer la tentative de coup d’Etat militaire de 2016, montée avec l’aide de la CIA.

Les autres cadeaux furent surtout des cadeaux de consolation à Zelenski qui fut tant déçu par le peu d’enthousiasme de l’OTAN à venir à sa rescousse :

« Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi 11 juillet, au premier jour du sommet de l’Otan, que la France allait livrer des missiles longue portée Scalp à l’Ukraine. Après Londres, Paris à son tour cède des armements sensibles qui vont doter les forces ukrainiennes d’une capacité de frappe de profondeur. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230711-la-france-livre-des-missiles-scalp-à-l-ukraine-un-atout-pour-des-frappes-en-profondeur

Il faut noter que ces missiles permettront à l’Ukraine de frapper la Crimée ou le territoire russe.

« Berlin va livrer pour près de 700 millions d’euros d’armes supplémentaires à l’Ukraine. C’est ce qu’on a appris de sources gouvernementales allemandes, mardi, au premier jour du sommet de l’Otan, à Vilnius.  Deuxième contributeur en matière d’aide militaire pour l’Ukraine après les USA, l’Allemagne avait déjà annoncé le 13 mai dernier, à la veille d’une visite du président Volodymyr Zelensky, des livraisons d’armes pour 2,7 milliards d’euros. »

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20230711-l-allemagne-va-livrer-pour-près-de-700-millions-d-euros-d-armes-supplémentaires-à-l-ukraine

Mais ces onéreux cadeaux n’ont pas réussi à adoucir la terrible déception de Zelenski face à cette nouvelle :

« En route pour Vilnius, Zelensky a déclaré qu’il avait “reçu des signaux indiquant que certaines formulations étaient discutées sans l’Ukraine”, notant que “les formulations concernent l’invitation à devenir membre de l’OTAN, et non l’adhésion de l’Ukraine”.

“Il est sans précédent et absurde qu’un calendrier ne soit fixé ni pour l’invitation ni pour l’adhésion de l’Ukraine. Dans le même temps, des termes vagues concernant des ‘conditions’ sont ajoutés même pour l’invitation de l’Ukraine”, a tweeté le président.

L’Ukraine a déposé une demande d’adhésion accélérée à l’OTAN en septembre 2022, soit six mois après le début de l’invasion russe.

Tout en reconnaissant que le pays ne peut pas entrer dans l’alliance avant la fin de la guerre, Kiev a demandé à plusieurs reprises une invitation ou un “signal clair” sur l’adhésion de la part des alliés lors du sommet de Vilnius. »

https://kyivindependent.com/vilnius-summit-brings-ukraine-closer-to-nato-but-direct-invitation-withheld/

« Le président ukrainien est arrivé à Vilnius, la capitale lituanienne, pour y participer au sommet de l’Otan, consacré notamment à la volonté de Kiev de rejoindre l’Alliance.

“Il a atterri”, a indiqué son porte-parole Serguiï Nykyforov. Plus tôt dans la journée, Volodymyr Zelensky a dénoncé “l’indécision” et “la faiblesse” de l’Otan, dont les hésitations sur l’adhésion de l’Ukraine encouragent, selon lui, la “terreur” russe contre son pays. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230711-%F0%9F%94%B4-en-direct-l-otan-se-r%C3%A9unit-%C3%A0-vilnius-l-ukraine-r%C3%A9clame-des-garanties

Une de ces fameuses « vagues conditions » a été énoncée par Stoltenberg lors d’une conférence de presse, par inadvertance ? :

« Enfin, la tâche la plus urgente, et tous les Alliés sont d’accord sur ce point, est que nous resterons aux côtés de l’Ukraine. Nous lui apporterons notre soutien aussi longtemps qu’il le faudra. Car si l’Ukraine ne gagne pas cette guerre, la question de l’adhésion ne pourra plus être discutée. C’est la raison pour laquelle les Alliés se mobilisent et fournissent des dons, un soutien militaire, d’une manière sans précédent. »
https://www.nato.int/cps/en/natohq/opinions_216939.htm

Une des raisons pour laquelle l’OTAN ne veut pas de confrontation directe avec la Russie a été avoué, par inadvertance cette fois c’est sûr, par Biden :

« Le président Biden a accordé une récente interview dans laquelle il a déclaré que les États-Unis manquaient de munitions d’artillerie de 155 mm, ce qui a suscité l’indignation et des questions de compétence de la part des conservateurs sur les médias sociaux.

Au cours de cette interview, diffusée dimanche matin, M. Biden a défendu l’envoi par son administration d’armes à sous-munitions à l’Ukraine dans le cadre d’une “période de transition” jusqu’à ce que d’autres munitions soient produites.

“Il s’agit d’une guerre liée aux munitions. Ils sont à court de munitions et nous en manquons”, a déclaré M. Biden à Fareed Zakaria, de CNN. “Ce que j’ai finalement fait, c’est suivre la recommandation du ministère de la Défense, non pas de manière permanente, mais pour permettre cette période de transition pendant que nous obtenons plus d’armes 155, ces obus, pour les Ukrainiens.”

Les réactions sur les réseaux sociaux sont allées de la confusion à l’indignation, les experts et les experts conservateurs se demandant pourquoi M. Biden annonçait la pénurie de munitions aux États-Unis au cours d’une interview télévisée nationale qui serait vue par des adversaires.

“J’aime bien quand le président des États-Unis va sur CNN pour dire à tout le monde que nous manquons de munitions”, a fait remarquer l’analyste politique Logan Dobson.

“Joe Biden diffuse au monde entier que les États-Unis manquent d’obus de 155 mm”, a tweeté le communicateur conservateur Steve Guest. “Un abruti. Joe Biden ne se soucie-t-il pas que nos adversaires chinois l’écoutent ?”.»

https://nypost.com/2023/07/09/biden-lets-slip-during-interview-us-low-on-artillery-ammunition-rounds-as-it-tries-to-aid-ukraine/

Pour un pays ayant le plus gros budget militaire au monde, ce rapide manque de munitions est assez curieux.

Mais il n’y a pas que les Etats Unis qui sont à cours de munitions :

« Les stocks d’armes britanniques sont “dangereusement bas”.

La Grande-Bretagne doit remplacer de toute urgence les munitions qui ont été épuisées par l’Ukraine, avertit l’ancien chef de l’OTAN, Lord Robertson, de Port Ellen »

https://www.thetimes.co.uk/article/uk-weapons-stocks-dangerously-low-3zhhgs7zr

***

Pour que Zelenski avale plus facilement la pilule, le gouvernement lituanien lui avait organisé une petite sauterie :

« Mardi soir, Zelensky a prononcé un discours sur la place Lukiskes à Vilnius – à quelques kilomètres du sommet – où il a été présenté à une foule immense par le président lituanien Gitanas Nauseda.

S’exprimant devant des milliers de personnes sur une scène ornée du bleu et du jaune du drapeau ukrainien – sous une immense pancarte indiquant “#UkraineNATO33” – Zelensky a déclaré qu’il participait au sommet pour obtenir “l’assurance totale” des membres de l’OTAN de la décision que l’Ukraine “mérite”, alors qu’il continue à faire pression sur l’alliance pour qu’elle fournisse des éclaircissements sur la date à laquelle son pays pourra rejoindre ses rangs.

“L’OTAN assurera la sécurité de l’Ukraine. L’Ukraine rendra l’OTAN plus forte”, a-t-il déclaré.

La Lituanie a été le premier pays à quitter l’Union soviétique en mars 1990. De nombreux Lituaniens conservent une haine viscérale à l’égard des Russes et ont accueilli Zelensky comme une rockstar. »

https://edition.cnn.com/2023/07/11/europe/nato-communique-zelensky-speech-vilnius-intl/index.html

La grande déception de Zelenski fut mal prise par certains et montre que derrière la façade de soutien, la fatigue s’installe :

« Le ministre britannique de la défense, Ben Wallace, a déclaré mercredi qu’il avait averti l’Ukraine que ses alliés internationaux n’étaient pas “Amazon” et que Kiev devait montrer sa gratitude pour les dons d’armes afin de persuader les politiciens occidentaux de donner davantage.

Wallace a prévenu que l’Ukraine devait persuader les législateurs américains et les “politiciens sceptiques d’autres pays que cela en valait la peine” et que “que cela nous plaise ou non, les gens veulent voir de la gratitude”.

Wallace s’exprimait en marge du sommet de l’OTAN en Lituanie, en réponse à une question d’un journaliste sur les plaintes du président ukrainien Volodymyr Zelenskiy selon lesquelles Kiev n’avait pas reçu de calendrier pour rejoindre l’alliance.

Wallace a rappelé qu’il s’était rendu l’année dernière en Ukraine, où on lui avait présenté une liste d’armes à acheter.

“Vous savez, nous ne sommes pas Amazon”, a-t-il déclaré, faisant référence au géant américain de la technologie et de la vente au détail. “Je leur ai dit cela l’année dernière, lorsque j’ai fait 11 heures de route pour recevoir une liste. »

https://www.reuters.com/world/urging-gratitude-weapons-uk-defence-minister-tells-ukraine-were-not-amazon-2023-07-12/

« Jake Sullivan, le conseiller américain à la sécurité nationale, a affirmé que “le peuple américain mérite un certain degré de gratitude”, en réponse à une question tranchante d’un activiste ukrainien qui demandait si Joe Biden refusait l’adhésion à l’OTAN parce qu’il avait “peur que la Russie perde, peur que l’Ukraine gagne”. »

https://www.theguardian.com/world/2023/jul/12/uk-defence-secretary-ben-wallace-suggests-ukraine-could-say-thank-you

Le deuxième jour, pour calmer la déception ukrainienne, les pays du G7 ont pris un engagement :

« Au deuxième jour du sommet de l’Otan dans la capitale lituanienne Vilnius et près de 18 mois après le début de l’invasion russe, les membres du G7 (États-Unis, Royaume-Uni, France, Canada, Allemagne, Italie, Japon) ont présenté un plan pour la sécurité de l’Ukraine. Il s’agit de l’aider à faire face à l’offensive russe actuelle et de dissuader la Russie de toute « future attaque armée » contre son voisin…

« L’avenir de l’Ukraine est dans l’Otan », a assuré le président américain Joe Biden. Mais, en attendant, « nous allons aider (les Ukrainiens) à bâtir de fortes capacités défensives sur terre, sur mer et dans les airs », a-t-il dit, avant de louer le courage de ce pays, un exemple « pour le monde entier ».

La déclaration du G7 constitue un cadre en vue de la conclusion ultérieure d’accords bilatéraux entre ses États membres et Kiev détaillant les armes qu’ils fourniront. Huit autres pays se sont joints à cette initiative : l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal, l’Islande, la Norvège, le Danemark, la Pologne et la République tchèque.

 « Nous devons nous assurer que, quand la guerre se terminera, il y ait des mécanismes crédibles en place pour la sécurité de l’Ukraine afin que l’histoire ne se répète pas », a aussi fait valoir le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, avant la première réunion du « Conseil Ukraine-Otan » avec Volodymyr Zelensky. « Aujourd’hui, nous nous rencontrons en tant qu’égaux et j’attends avec impatience le jour où nous nous rencontrerons en tant qu’alliés », a poursuivi le Norvégien, qui vient d’être reconduit pour un an à la tête de cette organisation…

Les États-Unis, qui sont la première puissance militaire, s’inquiètent d’être entraînés dans un possible conflit nucléaire avec la Russie. Volodymyr Zelensky a eu des entretiens bilatéraux avec plusieurs dirigeants, dont Joe Biden, qui plaide pour un modèle similaire à celui conclu avec Israël, en vertu duquel Washington s’est engagé à fournir une aide militaire substantielle dans la durée. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230712-le-g7-promet-à-l-ukraine-un-soutien-militaire-sur-le-long-terme-en-attendant-son-adhésion-à-l-otan

La carotte et le bâton furent donc suffisant pour que Zelenski s’efforce de sourire :

« “Le résultat du sommet des dirigeants à Vilnius est un succès très attendu et significatif pour l’Ukraine. Je suis reconnaissant à tous les dirigeants de tous les pays de l’OTAN pour leur soutien très concret et sans précédent“, a déclaré M. Zelenskiy, aux côtés de M. Biden, de Rishi Sunak et d’autres dirigeants du G7.

Interrogé plus tard sur les commentaires de Wallace, le président ukrainien a répondu : “Je pense que nous avons toujours été très proches de l’OTAN : “Il a demandé à son ministre de la défense, Oleksii Reznikov, qui se trouvait dans l’assistance, de téléphoner d’urgence à son homologue britannique pour le remercier à nouveau de son soutien. »

https://www.theguardian.com/world/2023/jul/12/uk-defence-secretary-ben-wallace-suggests-ukraine-could-say-thank-you

« “Une chose que Zelenskiy comprend maintenant, c’est que le fait qu’il soit ou non dans l’OTAN n’a pas d’importance, tant qu’il a les nouveaux engagements qui ont été pris lors du sommet, a déclaré M. Biden à la presse. “Il ne se préoccupe pas de cela maintenant.

Malgré la bonne volonté affichée, les responsables américains ont lutté en privé avec leurs homologues à Vilnius pour parvenir à un consensus sur l’orientation de la guerre, sur la manière d’y mettre un terme et sur les garanties à donner à l’Ukraine quant à son avenir au sein de l’alliance militaire atlantique, selon quatre diplomates de l’OTAN ayant participé à ces conversations. »

https://www.reuters.com/world/europe/biden-cap-nato-summit-with-unity-plea-russia-ukraine-war-drags-2023-07-12/

En final de ce sommet dont l’Ukraine attendait un sauvetage face à l’échec de sa contre-offensive, elle reste seule face la Russie avec comme seule perspective en vue « que cette guerre finisse avant toute intégration dans le bloc occidental ».

N’ayant pas les moyens de la gagner militairement, il ne lui reste plus qu’à trouver un accord de paix avec la Russie. Evidemment c’est la Russie, le vainqueur, qui déterminera les conditions de la paix. Des conditions qu’elle a déjà énoncées : 1. La Crimée et les territoires sécessionnistes restent dans son giron 2. Pas d’intégration dans l’OTAN, l’Ukraine doit rester neutre. Conditions que Zelenski ne pourra pas accepter car les nationalistes ukrainiens qui forment son entourage ne l’accepteront pas.

La situation est donc gelée. Mais apparemment, l’OTAN compte profiter de cette situation gelée pour armer l’Ukraine jusqu’aux dents est en faire une place forte aux portes de la Russie. C’est la comparaison avec Israël qu’a faite Biden. Israël place forte occidentale en région arabe, Ukraine place forte aux portes de la Russie. Chose que la Russie ne laissera jamais faire. La balle est donc maintenant dans son camp. Et sa réaction risque d’être violente, violence que les médias qualifieront bien sûr de « non provoquée ».

***

Mais, comme on l’a vu dans le communiqué officiel, la Russie n’est pas la seule inquiétude qui anime l’OTAN, la Chine aussi qui « affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs ». D’où l’invitation pour la deuxième année consécutive de pays de la zone asiatique faisant partis du bloc occidental, l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon et la Corée du sud, venant renforcer une autre organisation, totalement anglo-saxonne cette fois, l’AUKUS (Australie, United Kingdom, United States) dont l’objectif est aussi de contrer la Chine.

Evidemment cette agressivité militaire ne plait pas à la Chine qui va l’exprimer médiatiquement :

« Le jour même où la Lituanie a annoncé sa stratégie indo-pacifique, le Royaume-Uni et la Pologne ont signé la déclaration conjointe du partenariat stratégique 2030, qui s’immisce également dans la question de Taïwan. Divers signes indiquent que les pays membres de l’OTAN coordonnent davantage leurs positions sur la question de Taïwan, tentant de former un modèle d’encerclement contre la Chine dans l’opinion publique internationale. Nous devons observer de près le type de consensus qui se dégagera du sommet de Vilnius sur les questions liées à la Chine et les plans spécifiques qui seront élaborés. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293954.shtml

« Au sommet de Vilnius, nous avons vu l’OTAN devenir plus ambitieuse et plus agressive. Puisque l’OTAN se montre arrogante, nous devons l’avertir sévèrement sur deux points : Premièrement, l’OTAN doit réfréner sa propre impulsion d’expansion au lieu d’y céder, se positionner correctement et ne jamais dépasser les limites ; deuxièmement, l’OTAN doit respecter les préoccupations légitimes en matière de sécurité et les intérêts des principaux pays de la région, au lieu de les offenser et de les provoquer. Dans le cas contraire, les conséquences seront désastreuses. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est une leçon. Si l’OTAN ne se retient pas et aggrave même ses actions, des conséquences plus graves s’ensuivront.

Pour dire les choses plus directement, l’OTAN doit rapidement retirer la main noire qu’elle a étendue sur la région Asie-Pacifique, et elle ne doit même pas songer à y placer la moitié de son corps à l’avenir. À l’exception de certains pays comme le Japon, qui agissent pour de sombres motifs égoïstes au lieu de considérer les intérêts généraux de l’Asie, la majorité des pays d’Asie non seulement n’accueillent pas favorablement l’OTAN, mais la considèrent comme un terrible monstre qu’il faut éviter à tout prix. En effet, l’OTAN ne fait qu’apporter à l’Asie des risques de sécurité, des menaces de guerre et des problèmes de développement.

L’ancien premier ministre australien Paul Keating a récemment publié une déclaration critiquant sans réserve l’OTAN et son secrétaire général Jens Stoltenberg. Il a mis le doigt sur le problème en déclarant : “Les Européens se battent entre eux depuis près de 300 ans, et nous ont donné deux guerres mondiales au cours des cent dernières années. Exporter ce poison malveillant vers l’Asie reviendrait à ce que l’Asie accueille la peste sur son sol”. Il a également qualifié Stoltenberg, qui exagère la menace chinoise, d'”imbécile suprême” qui “se comporte davantage comme un agent américain que comme un leader et un porte-parole de la sécurité européenne”.

Keating est un homme politique visionnaire et perspicace. Nous sommes tout à fait d’accord avec sa déclaration. Personne n’a critiqué l’OTAN avec autant de précision et d’acuité que Keating. Ses propos reflètent un consensus parmi les pays asiatiques. L’alliance militaire transatlantique, qui n’a cessé de s’étendre et de perturber la situation sécuritaire en Europe depuis la guerre froide, étend désormais son emprise sur la région Asie-Pacifique. Ses arrière-pensées sont bien connues de la communauté internationale. En incitant à la division et à la haine, en créant des affrontements entre groupes et en provoquant le chaos en Europe, ils cherchent maintenant à perturber la paix dans la région Asie-Pacifique. Avec la majorité des pays de la région Asie-Pacifique, nous nous y opposons fermement. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1294186.shtml

Quant à la réaction de la première concernée par ce sommet de l’OTAN, la Russie, elle fut peu émotionnelle mais directe :

« Les États-Unis et leurs alliés s’en prennent à la Russie et à la Chine en raison de leurs relations étroites, a déclaré le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en citant le communiqué final du sommet de l’OTAN qui s’est tenu cette semaine en Lituanie.

Le document de l’OTAN indique que “l’approfondissement du partenariat stratégique entre [la Chine] et la Russie et leurs tentatives, qui se renforcent mutuellement, de saper l’ordre international fondé sur des règles vont à l’encontre de nos valeurs et de nos intérêts”.

Jeudi, lors d’un voyage en Indonésie, Lavrov a déclaré : “Apparemment, nous ne sommes même plus autorisés à avoir des relations [avec la Chine], ou du moins c’est ce qu’ils souhaitent”. Le diplomate a fait remarquer que les États-Unis avaient pourtant auparavant qualifiées la Russie et la Chine de “rivales”.

La déclaration de l’OTAN justifie en outre les efforts de la Russie pour s’opposer aux “formes modernes de colonialisme” et prôner des relations internationales fondées sur le respect, a insisté Lavrov.

“Les membres de l’OTAN ne sont manifestement pas préparés à cette approche. La folie des grandeurs s’exprime dans toutes les actions des dirigeants de l’OTAN, ainsi que dans celles des États membres, pour parler franchement. Tout le monde le voit bien”, a déclaré le ministre russe.

Lavrov a accusé l’Occident de tenter de préserver son hégémonie et de la faire passer pour un “ordre fondé sur des règles”, mais a prédit que la multipolarité finirait par l’emporter.

Il a également affirmé que l’appétit de l’OTAN pour étendre son influence à l’échelle mondiale entraînait une déstabilisation en dehors de la région de l’Atlantique Nord. “Ils ont déjà prévu de construire l’infrastructure militaire de l’OTAN dans la région [Asie-Pacifique], y compris dans les pays qui ont été invités au sommet de Vilnius… Je veux dire l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Corée du Sud”, a déclaré le ministre.

Canberra a violé son propre engagement à maintenir le Pacifique exempt d’armes nucléaires en acceptant d’accueillir des “éléments d’infrastructure” liés aux armes nucléaires dans le cadre de l’accord AUKUS, a fait valoir Lavrov. Tokyo et Séoul “ont fait savoir qu’ils ne s’opposeraient pas à l’installation d’armes nucléaires américaines ou à l’obtention de certaines de leurs propres armes”, a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/russia/579637-lavrov-nato-delusions-grandeur/

« “L’Occident collectif dirigé par les États-Unis n’est pas disposé à accepter la formation d’un monde multipolaire et entend défendre son hégémonie par tous les moyens disponibles, y compris militaires”, a déclaré le ministère [Lavrov] dans un communiqué.

Ce que l’Occident appelle “l’ordre fondé sur des règles” n’est rien d’autre qu’une “licence qu’ils se sont octroyée pour violer le droit international” et n’a rien à voir avec l’ONU, que l’OTAN invoque pourtant fréquemment, selon Moscou.

“Les résultats de l’OTAN sont bien connus : instabilité croissante, destruction de pays, terrorisme rampant, crimes de guerre commis en toute impunité, sang civil, y compris d’enfants, et flux incessant de réfugiés”, a déclaré le ministère russe des affaires étrangères.

Le bloc est maintenant déterminé à “OTANiser” l’Ukraine, à traiter le pays comme une ressource non indispensable dans une guerre hybride contre la Russie, à fournir à Kiev des armes à longue portée afin de prolonger le conflit aussi longtemps que possible, a ajouté le ministère. Pendant ce temps, le complexe militaro-industriel américain “se frotte joyeusement les mains” à la perspective de vendre à ses alliés européens des armes de remplacement détruites en Ukraine, à des prix exorbitants.

Le ministère a déclaré que l’alliance occidentale s’efforçait de “piéger” la Géorgie, la Bosnie-Herzégovine et la Moldavie, qu’elle cherchait à transformer l’Arctique en “zone de confrontation” et à s’étendre au-delà de l’Atlantique Nord au Moyen-Orient, à l’Afrique du Nord et à l’Asie-Pacifique, dans la perspective d’une “OTAN mondiale”.

“Washington et ses alliés tentent d’imposer leurs propres règles et de drainer les ressources selon leurs schémas néocoloniaux éprouvés”, a déclaré le ministère russe des affaires étrangères.

Le ministère a déclaré que la Russie répondrait aux menaces “de manière opportune et appropriée, en utilisant tous les moyens et toutes les méthodes à notre disposition”, conclut le communiqué. »

https://www.rt.com/russia/579623-moscow-responds-nato-summit/

***

Pour ceux qui veulent des détails sur l’historique de l’OTAN et les raisons de son expansion vers les frontières de la Russie, RFI vous en propose un :

« La question de la domination des États-Unis sur les autres pays de l’Otan se pose dès la signature du traité de l’Atlantique Nord. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, vainqueurs et vaincus ont besoin des Américains pour éloigner tout risque de nouveau conflit mondial. À la fin de la Guerre froide, les pays membres de l’Otan décident de préserver l’Alliance, appuyés en cela par les États-Unis qui souhaitent rester une puissance européenne. Les anciens pays du Pacte de Varsovie (alliance militaire groupant les pays d’Europe de l’Est avec l’URSS) vivent toujours dans la crainte de Moscou. Entre 1999 et 2009, douze pays, anciens alliés de l’Union soviétique, entrent dans l’Otan. Petit à petit, les Américains vont utiliser l’Otan pour accroître leur influence dans le monde. Dans son livre Le Grand Échiquier paru en 1997, Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller diplomatique du président américain Jimmy Carter, souligne l’utilisation qui est faite de l’Otan par les Américains et leurs arrière-pensées : « Les États-Unis s’emploient à détacher de l’empire russe ce qu’on dénomme aujourd’hui à Moscou “l’étranger proche”, c’est-à-dire les États qui autour de la Fédération de Russie constituaient l’Union soviétique. ».

https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20220523-l-otan-en-dix-questions

Le site Dedefensa a publié un mémo, datant de 2008, écrit par William Burns, actuel dirigeant de la CIA et ambassadeur en Russie à l’époque de la rédaction du mémo. Dans son rapport, dont je vous conseille fortement la lecture, Burns prévient déjà que la politique d’expansion de l’OTAN créé de sérieux questionnements en Russie et qu’elle est dangereuse car pourrait finir par provoquer une intervention russe :

« Les aspirations de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN ne touchent pas seulement un nerf à vif en Russie, elles suscitent de vives inquiétudes quant aux conséquences pour la stabilité de la région. Non seulement la Russie perçoit un encerclement et des efforts visant à saper l’influence de la Russie dans la région, mais elle craint également des conséquences imprévisibles et incontrôlées qui pourraient affecter gravement les intérêts de la Russie en matière de sécurité.  Les experts nous disent que la Russie est particulièrement préoccupée par les fortes divisions en Ukraine sur l’adhésion à l’OTAN, avec une grande partie de la communauté ethnique russe opposée à l’adhésion à l’OTAN. Cela pourrait conduire à une scission majeure, accompagnée de violences ou, au pire, d’une guerre civile.  Dans cette éventualité, la Russie devrait décider d’intervenir ou non, une démarche à laquelle elle ne veut pas être confrontée. »

https://www.dedefensa.org/article/souvenirs-ukrainiens-2008-du-directeur-de-la-cia

Il faut donc garder à l’esprit que la sempiternelle assertion faite par les gouvernements et médias occidentaux et répétée dans le communiqué de l’OTAN ci-dessus disant « La Russie porte l’entière responsabilité de la guerre d’agression, illégale et injustifiable, qu’elle mène contre l’Ukraine, guerre qui ne fait suite à aucune provocation et nuit gravement à la sécurité euro-atlantique et internationale » est un mensonge qui permet de diaboliser la Russie auprès des populations occidentales pour que celles-ci pensent qu’une paix honnête avec un tel pays n’est pas possible. Une excellente propagande de guerre, du point de vue des marchands d’armements.

On notera au passage que ce sont les Etats Unis, et pas l’Europe, qui ont poussé les nationalistes ukrainiens à lancer le coup d’Etat du Maidan, avec Victoria Nuland, chargé d’affaires européennes d’Obama à l’époque, en guise de catalyseur [article en anglais, utilisez DeepL pour traduire]. C’est ce coup d’Etat qui a déclenché la guerre civile déjà envisagé dans la dernière phrase de l’extrait ci-dessus, écrit 6 ans avant le Maidan. Les Etats Unis ont donc sciemment poussé la Russie à « faire une démarche à laquelle elle ne voulait pas être confrontée ». C’est pourquoi elle a mis 8 ans, après le coup d’Etat du Maidan, avant d’intervenir en Ukraine, espérant pendant ces 8 ans que les accords de Minsk pourraient lui éviter cela. Hélas, d’après les aveux même de Merkel, puis de Hollande et Porochenko, les accords de Minsk n’était qu’une autre entourloupe.

En bref, il est donc important pour les populations occidentales de savoir et de reconnaitre que cette guerre hybride Occident/Russie est basée sur une totale manipulation des faits et de leurs récits médiatiques. Il est important de prendre conscience de la propagande de guerre auxquelles sont soumis les populations occidentales. Seule une telle prise de conscience pourrait éviter un désastre militaire total.

L’autre problème de cette propagande de guerre est qu’elle empêche toute négociation de paix, car elle obligerait à un retour aux réalités du terrain. Alastair Crooke, ancien diplomate anglais au Moyen Orient qui connait bien ce sujet, nous explique en quoi une négociation Russie-Ukraine-Etats Unis serait difficile. Le titre annonce la couleur, « le cauchemar du négociateur » :

« Cela semble si simple – commencer à parler. Mais du point de vue d’un éventuel médiateur américain, la tâche est tout autre.

Le public occidental n’a pas été conditionné à s’attendre à la possibilité de voir émerger une Russie plus forte. Au contraire, il a enduré des “experts” occidentaux qui se sont moqués de l’armée russe, ont dénigré les dirigeants russes en les qualifiant d’incompétents et ont vu défiler sur leurs écrans de télévision les “horreurs” de l’“invasion” russe.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un environnement extrêmement défavorable pour tout interlocuteur qui voudrait s’y “aventurer”. Kissinger (il y a un an à Davos) a été “grillé” lorsqu’il a timidement suggéré que l’Ukraine devrait peut-être céder des territoires à la Russie. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-cauchemar-du-negociateur

Et si les négociations de paix sont bloquées cela arrange bien ceux qui profite de cette guerre pour se faire beaucoup d’argent. Lisez ce discours d’un journaliste étasunien fait devant le Conseil de sécurité des Nations Unis pour bien comprendre ce point :

« Comme un soldat ukrainien s’en est plaint ce mois-ci à Vice News, nous ne savons pas quels sont les “plans de Zelensky, mais cela ressemble à l’extermination de sa propre population – la population prête au combat et en âge de travailler. C’est tout“.

En effet, les cimetières militaires en Ukraine s’étendent presque aussi rapidement que les McMansions de Virginie du Nord et les propriétés en bord de mer des cadres de Lockheed Martin, Raytheon et autres entrepreneurs du Beltway qui bénéficient du deuxième plus haut niveau de dépenses militaires depuis la Seconde Guerre mondiale.

Ce sont les vrais gagnants de la guerre par procuration en Ukraine. Pas les Ukrainiens ou les Américains moyens. Ni les Russes, ni même les Européens de l’Ouest.

Les gagnants sont des gens comme le secrétaire d’État Tony Blinken, qui a passé son temps entre les administrations Obama et Biden à lancer une société de conseil appelée WestExec advisors, qui a obtenu des contrats gouvernementaux lucratifs pour des sociétés de renseignement et l’industrie de l’armement. Parmi les anciens partenaires de Blinken au sein de WestExec advisors, on trouve la directrice du renseignement national Avril Haines, le directeur adjoint de la CIA David Cohen, l’ancienne attachée de presse de la Maison Blanche Jen Psaki et près d’une douzaine de membres actuels et anciens de l’équipe de sécurité nationale de Biden. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-discours-du-journaliste-max-blumenthal-au-conseil-de-securite-des-nations-unis

Le Monde Occidental

Pour ceux qui doutent de la mainmise, non expressément formulée mais bien présente, des Etats Unis sur les autres pays occidentaux [d’où l’expression d’Empire] voici quelques indices supplémentaires tirés de l’actu de la semaine :

« Fiona Scott Morton, une économiste américaine qui était un haut fonctionnaire antitrust sous le mandat de l’ancien président Barack Obama, a été nommée économiste en chef de la concurrence à la Commission européenne, a annoncé l’organe exécutif de l’UE mardi.

Mme Scott Morton, âgée de 56 ans, prendra ses fonctions le 1er septembre, lorsque l’actuel économiste en chef, Pierre Regibeau, partira à la retraite. Scott Morton sera à la fois le premier ressortissant américain et la première femme nommée à ce poste.

Elle jouera un rôle clé dans les enquêtes menées par l’autorité européenne de la concurrence sur Alphabet (GOOGL.O) Google, Apple (AAPL.O), Meta Platforms (META.O) et Microsoft (MSFT.O), ainsi que sur des fusions très médiatisées telles que l’acquisition d’iRobot (IRBT.O) par Amazon (AMZN.O) et l’accord Figma d’Adobe (ADBE.O).

Sa nomination à l’unité d’élite antitrust de la Commission européenne a suscité des critiques avant même d’être annoncée.

En mai, Balanced Economy Project, Corporate Europe Observatory, European Digital SME Alliance, Irish Council for Civil Liberties, LobbyControl et Open Markets Institute (Europe), dans une lettre commune, ont fait part de leurs inquiétudes à Margrethe Vestager, chef de l’unité antitrust de l’UE.

Ils soulignent les conflits d’intérêts possibles et les opinions de Scott Morton sur la lutte contre les concentrations excessives de pouvoir économique. »

https://www.reuters.com/world/europe/us-economist-picked-senior-eu-antitrust-job-overseeing-big-tech-2023-07-11/

Autre version des faits par un journal européen spécialisé dans l’électronique se présentant ainsi « L’alliance européenne DIGITAL SME Alliance est le plus grand réseau de petites et moyennes entreprises (PME) du secteur des TIC en Europe, représentant plus de 45 000 PME numériques dans l’ensemble de l’UE. » :

« En outre, le professeur Scott Morton a été critiqué pour avoir publié des opinions sans révéler ses liens avec des entreprises du secteur des grandes technologies. Scott Morton a par exemple publié un article dans le Washington Post, intitulé “Why Breaking Up Big Tech Probably Won’t Work”, dans lequel elle n’a pas révélé son travail de consultante. Cela pose des problèmes de transparence et de manque d’objectivité si elle est nommée économiste en chef de la concurrence.

DIGITAL SME souligne également que le professeur Scott Morton a défendu la doctrine de la “norme de bien-être du consommateur”, qui donne la priorité à la baisse des prix pour les consommateurs et ignore les effets structurels de la concentration du pouvoir de marché pour les petites entreprises. Cela va à l’encontre de la nouvelle approche de la Commission visant à créer de nouveaux outils et de nouvelles approches et à lutter contre la concentration du pouvoir économique, comme cela est reflété dans la loi sur les marchés numériques.

En résumé, nous demandons instamment à la Commission européenne de ne pas nommer le professeur Scott Morton au poste d’économiste en chef de la concurrence. Sa nomination entraîne d’importants conflits d’intérêts au cœur des efforts de l’UE en matière de concurrence, tandis que ses opinions pourraient conduire à des désaccords entre les autorités réglementaires et à l’incertitude pour les parties prenantes et les petites entreprises. »

https://www.digitalsme.eu/digital-sme-warns-the-european-commission-on-the-potential-appointment-of-former-big-tech-advisor-as-chief-competition-economist/

La Commission européenne est restée sourde à ces mises en garde et a donc appointé une étasunienne ayant des liens avérés avec les GAFAM pour réguler l’activité des GAFAM en Europe. On se demande comment un tel loup a pu entrer dans la bergerie sans une pression énorme sur la Commission, qui a évidemment cédé.

Selon cet article de Politico, seule la France a réagi à cette nomination :

« Jeudi, pas moins de trois ministres français ont exprimé leur inquiétude quant à la décision de la commissaire Margrethe Vestager de nommer Fiona Scott Morton, une ancienne économiste antitrust du ministère américain de la Justice, au poste d’économiste en chef de la Commission. La ministre de l’Europe, Catherine Colonna, a mené la charge en tweetant son “étonnement” face à cette nomination et en exhortant la Commission à “reconsidérer sa décision”, comme le rapportent mes collègues Giovanna Faggionato et Aoife White.

Le ministre du Numérique, Jean-Noël Barrot, s’est emporté, déclarant que la nomination “soulevait des questions légitimes”, tandis que Laurence Boone, secrétaire d’État chargée des affaires européennes, a déclaré à Playbook qu’elle avait appelé Mme Vestager plus tôt dans la journée de jeudi pour lui faire part de son point de vue. “Nous sommes surpris et préoccupés par cette décision”, a-t-elle écrit. “Nous allons entamer un dialogue avec la Commission pour nous assurer que ce type de décision est conforme à nos ambitions européennes…

Contexte : Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Paris est en colère. La France est le principal moteur du concept d'”autonomie stratégique”, ou d’une plus grande indépendance vis-à-vis des rivaux commerciaux (y compris les États-Unis), ainsi que le principal partisan d’une approche plus descendante de la politique industrielle dans l’ensemble de l’Union. L’idée qu’un économiste américain puisse influencer la manière dont l’UE examine les géants de la technologie et définit sa politique industrielle ne pouvait que provoquer un déclic…

Un splendide isolement : Pour l’instant du moins, les autres puissances de l’UE restent muettes quant à cette nomination. Un diplomate allemand s’est refusé à tout commentaire. Deux autres diplomates de l’UE ont exprimé leur “surprise”, comme l’ont fait des fonctionnaires de la Commission à mes collègues en début de semaine. Mais seuls les Français s’expriment. »

https://www.politico.eu/newsletter/brussels-playbook/french-fury-grows-over-eu-antitrust-pick/

Voyons maintenant un autre indice. L’activité extrajudiciaire étasunienne en Europe :

« Le département du Trésor a imposé mardi des sanctions à un haut responsable de la sécurité serbe pour ses “actes de corruption et de déstabilisation” qui ont conduit au soutien et à l’assistance des “activités malveillantes” de la Russie.

Le département a déclaré dans un communiqué qu’Aleksandar Vulin, directeur de l’agence de renseignement de la Serbie, “a utilisé ses fonctions publiques pour soutenir la Russie, en facilitant les activités malveillantes de la Russie qui dégradent la sécurité et la stabilité des Balkans occidentaux et en fournissant à la Russie une plate-forme pour renforcer son influence dans la région”.

Vulin est devenu le nouveau chef des services d’espionnage de l’État des Balkans en décembre, après avoir été ministre de l’intérieur et de la défense. En tant que ministre de l’intérieur, M. Vulin s’est rendu à Moscou en août, après avoir refusé de se joindre à l’Occident pour sanctionner la Russie. »

https://www.politico.com/news/2023/07/11/treasury-sanctions-serbia-spy-chief-00105637

Autre version des faits par un journal serbe :

« Commentant les sanctions américaines imposées au chef de l’Agence serbe d’information sur la sécurité (BIA), Aleksandar Vulin, le président Aleksandar Vucic a déclaré qu’il n’était pas sanctionné pour des activités criminelles mais pour ses liens étroits avec la Russie.

“Je n’ai pas remarqué que de la cocaïne avait été trouvée dans le bureau de M. Vulin, mais à la Maison Blanche”, a déclaré M. Vucic, faisant référence aux informations publiées la semaine dernière selon lesquelles de la cocaïne avait été trouvée dans l’aile ouest du siège de la présidence américaine.

“Les sanctions n’ont pas été imposées à Vulin pour des raisons criminelles, mais en raison de ses relations avec la Fédération de Russie”, a ajouté Vucic, annonçant qu’il en parlerait plus en détail. »

https://balkaninsight.com/2023/07/12/serbian-president-us-sanctioned-vulin-for-russia-ties-not-corruption/

On voit ici clairement que les Etats Unis s’arroge le droit d’imposer des sanctions, pour des « allégations de corruption » sans preuves ni jugements, à un haut fonctionnaire d’un pays européen pour ses idées qui ne satisfont pas les Etats Unis. Mais le plus embarrassant est l’absence de réaction de l’Union européenne pour cet acte qui défie pourtant une des lois internationales de base, la présomption d’innocence tant qu’il n’y a pas eu condamnation judiciaire.

***

La remarque précédente du président serbe disant « Je n’ai pas remarqué que de la cocaïne avait été trouvée dans le bureau de M. Vulin, mais à la Maison Blanche” » fait référence à un fait divers assez significatif de la semaine précédente :

« Les services secrets ont trouvé de la cocaïne à la Maison Blanche, selon des sources de l’AP »

https://apnews.com/article/white-house-suspicious-substance-cocaine-bd7a792357a85453cf55b6c955ff1b4f

Après une semaine d’enquête :

« La conclusion d’une enquête de 11 jours des services secrets, qui n’a pas permis de déterminer quel membre du personnel de la Maison Blanche ou quel visiteur avait laissé de la cocaïne dans l’aile ouest, ressemble à un blanchiment, ont déclaré jeudi d’anciens enquêteurs fédéraux au quotidien The Post.

“Il s’agit d’une dissimulation. Comment peuvent-ils dire qu’ils n’ont aucune piste ?”, a déclaré un ancien agent. “Il s’agit d’une zone restreinte et ils ont un registre, il n’est pas nécessaire d’être Columbo pour savoir qui était là.

“Supposons qu’il s’agisse d’anthrax ou d’une bombe”, s’emporte la même personne. “Auraient-ils la même réponse ?”

“Nous sommes en présence d’un conte de fées”, a déclaré un autre ancien agent fédéral. “Ils ont identifié des centaines de personnes qui se trouvaient au Capitole le 6 janvier après une enquête approfondie, mais ils ne savent pas qui a laissé quelque chose dans une pièce de 8 x 10 à la Maison-Blanche.

Le Secret Service a conclu son enquête jeudi sans identifier de suspect, citant “un manque de preuves physiques” après que les tests médico-légaux du FBI n’aient pas donné d’empreintes digitales et pas assez de preuves ADN. »

https://nypost.com/2023/07/13/former-federal-investigators-cry-foul-on-wh-cocaine-this-is-a-coverup/

Tout cela alors que le Congrès est en train d’enquêter sur le fait que le FBI cache la vie dissolue et corrompue du fils de Biden, un cocaïnomane notoire.

Cela a évidemment attiré les sarcasmes de la Chine qui vient d’être accusée par le gouvernement Biden de faciliter la prolifération des drogues aux Etats Unis, comme nous l’avons vu la semaine précédente :

« La présence de drogues à la Maison Blanche illustre parfaitement l’incapacité des États-Unis, pays infesté de drogues, à gérer efficacement les substances illégales. Outre l’embarras qu’il suscite, le sourire mystérieux de Biden [au moment où un journaliste lui pose une question à ce sujet] prouve probablement qu’il est résigné face à l’épidémie de drogue qui sévit dans son pays. Avec des substances illégales infiltrées à la Maison Blanche et des présidents américains qui donnent l’exemple en tant que consommateurs de drogue, on peut se demander si les États-Unis parviendront un jour à éradiquer véritablement la crise de la drogue.

Dans un contexte d’intensification des tensions bipartites aux États-Unis, la cocaïne de la Maison Blanche a naturellement suscité un débat animé entre les deux partis dans la sphère de l’opinion publique américaine. Cependant, plutôt que de se pencher sur les causes sous-jacentes, la discussion tend à se focaliser sur le blâme de la partie adverse. Lorsqu’il s’agit de questions liées à la drogue, certains hommes politiques américains ont tendance à désigner d’autres pays comme boucs émissaires, détournant ainsi l’attention nationale des lacunes de leur propre pays en matière de contrôle des drogues en créant une “menace extérieure” artificielle. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293881.shtml

La Relation Inde-UE

Cette semaine le président indien Modi est en France pour lier des relations fructueuses entre les deux pays :

« L’Inde a donné son accord de principe, jeudi 13 juillet, pour l’achat à la France de 26 avions de chasse Rafale, en version Marine pour porte-avions, et de trois sous-marins Scorpène, à l’occasion d’un déplacement du Premier ministre indien à Paris, invité d’honneur de la fête nationale du 14-Juillet.

Le Conseil d’acquisition de la défense indien a approuvé ces propositions d’achat, a déclaré le ministère indien de la Défense dans un communiqué, précisant que le prix et d’autres conditions devaient encore être négociés avec le gouvernement français.

“Je me réjouis de pouvoir renforcer la coopération entre l’Inde et la France au cours de cette visite”, a tweeté le Premier ministre Narendra Modi après avoir été accueilli sur tapis rouge à sa descente d’avion à la mi-journée par son homologue française Élisabeth Borne. Le chef de gouvernement doit prendre la parole jeudi soir devant la communauté indienne de France et assistera vendredi au défilé militaire, auquel participera un fort contingent indien, dont trois Rafale. »

https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230713-l-inde-donne-son-accord-de-principe-pour-l-achat-à-la-france-de-26-rafale-et-trois-sous-marins

Au même moment, au parlement européen :

« Le Parlement de Strasbourg, en France, a appelé les autorités indiennes à mettre en place des mesures pour mettre fin à la violence ethnique et religieuse et pour “protéger toutes les minorités religieuses”…

“Le Parlement réitère son appel à l’intégration des droits de l’homme dans tous les domaines du partenariat entre l’UE et l’Inde, y compris dans le commerce”, indique le communiqué de presse.

“Les députés plaident également pour le renforcement du dialogue UE-Inde sur les droits de l’homme et encouragent l’UE et ses États membres à soulever systématiquement et publiquement les préoccupations en matière de droits de l’homme, notamment sur la liberté d’expression, la religion et le rétrécissement de l’espace de la société civile, avec la partie indienne au plus haut niveau”, a ajouté le communiqué de presse. »

https://www.firstpost.com/world/european-parliament-adopts-resolution-on-human-rights-in-india-12864672.html

« L’Inde a qualifié une résolution adoptée par le Parlement européen sur la situation à Manipur de reflet de sa “mentalité coloniale”.

Le porte-parole du ministère des affaires extérieures, Arindam Bagchi, a déclaré qu’une telle ingérence dans les affaires intérieures de l’Inde était “inacceptable”. “Une telle ingérence dans les affaires intérieures de l’Inde est inacceptable et reflète une mentalité coloniale”, a ajouté M. Bagchi.

Le porte-parole a déclaré que les autorités indiennes à tous les niveaux, y compris le pouvoir judiciaire, étaient conscientes de la situation au Manipur et prenaient des mesures pour maintenir la paix et l’harmonie, ainsi que l’ordre public.

“Le Parlement européen serait bien avisé d’utiliser son temps de manière plus productive sur ses questions internes”, a-t-il déclaré en répondant aux questions des médias sur la résolution. »

https://www.theweek.in/wire-updates/national/2023/07/13/del104-mea-eu-manipur.html

On remarquera que le ministre des affaires étrangères indien s’est abstenu de toute allusion aux violences qui émaillent régulièrement les manifestations en France.

Plutôt que de juger il serait peut-être plus productif de comprendre. Cet article explique ce qui se passe dans cette région de l’Inde

https://theshillongtimes.com/2023/07/11/understanding-the-current-ethnic-violence-in-manipur/

« La récente vague de violence ethnique au Manipur a éclaté à la suite d’une directive de la Haute Cour du Manipur demandant au gouvernement de l’État d’envisager d’accorder le statut de tribu répertoriée (ST) à la communauté Meitei.

Cette reconnaissance offrirait des garanties constitutionnelles et élargirait l’accès de la communauté Meitei à divers avantages, notamment à des sièges gouvernementaux réservés.

Les pétitionnaires ont fait valoir que cette communauté avait déjà bénéficié du statut de ST avant la fusion du Manipur avec l’Union indienne et qu’elle demandait donc le rétablissement de ce statut.

Les Kukis et les Nagas se sont fortement opposés à la demande des Meitei.

Le 4 mai, face à l’escalade de la violence, le pouvoir central a invoqué l’article 355 de la Constitution, qui l’habilite à prendre les mesures nécessaires pour protéger l’État contre les agressions extérieures ou les troubles intérieurs.

Les affrontements ethniques actuels au Manipur opposent deux communautés ethniques qui cherchent à établir leur suprématie sur l’autre. »

https://theshillongtimes.com/2023/07/11/understanding-the-current-ethnic-violence-in-manipur/

A lundi prochain.

 

Revue de presse alternative du 10 juillet 2023

Par Wayan – Le 10 juillet 2023 – Le Saker Francophone

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.

La guerre en Ukraine

La Russie et les Etats Unis ayant rompu tous liens entre eux, il ne reste que les médias pour faire passer les messages. Cette semaine, la CIA a donc envoyé quelques « officiels parlant sous anonymat » et experts du renseignement pour dire au magazine Newsweek que :

 

« “Ne sous-estimez pas la priorité de l’administration Biden, qui est de maintenir les Américains hors de danger et de rassurer la Russie sur le fait qu’elle n’a pas besoin d’escalade”, déclare l’officier supérieur du renseignement. “La CIA est-elle présente sur le terrain en Ukraine ? demande-t-il de manière rhétorique. “Oui, mais ce n’est pas non plus une activité malveillante”…

Les experts du renseignement disent que cette guerre est unique en ce sens que les États-Unis sont alignés sur l’Ukraine, mais que les deux pays ne sont pas alliés. Et bien que les États-Unis aident l’Ukraine contre la Russie, ils ne sont pas formellement en guerre contre ce pays. Ainsi, une grande partie de ce que Washington fait pour aider l’Ukraine est gardée secrète – et une grande partie de ce qui relève normalement du domaine de l’armée américaine est menée par l’Agence. Tout ce qui est fait, y compris le travail à l’intérieur même de l’Ukraine, doit respecter les limites établies par Biden.

“C’est un exercice d’équilibre délicat – la CIA étant très active dans la guerre tout en ne contredisant pas l’engagement central de l’administration Biden, à savoir qu’il n’y a pas de bottes américaines sur le terrain“, déclare un deuxième haut responsable du renseignement qui a obtenu l’anonymat pour parler avec Newsweek.

Pour la CIA, son rôle majeur dans la guerre en Ukraine lui a remonté le moral après sa relation aigrelette entre l’ancien président Donald Trump. Le deuxième responsable affirme que même si certains membres de l’Agence veulent parler plus ouvertement de cette importance renouvelée, cela ne se produira probablement pas. “L’entreprise CIA craint que trop de bravade à propos de son rôle ne provoque Poutine“, a déclaré le responsable du renseignement…

Cet article est donc présenté comme un insistant message d’apaisement disant que, malgré l’échec de l’Ukraine, « nous ne voulons pas entrer en guerre directe contre vous ». Mais cela pourrait être aussi un piège pour que la Russie pense qu’il n’y a pas de danger de la part des Etats Unis et baisse la garde. Un vrai jeu de dupes :

« C’est en partie la raison pour laquelle la CIA tient également à se distancer de tout ce qui suggère une attaque directe contre la Russie et un rôle dans les combats réels, ce que Kiev a fait à plusieurs reprises, depuis le sabotage du gazoduc Nord Stream et du pont du détroit de Kertch jusqu’aux attaques de drones et aux opérations spéciales qui traversent la frontière. Ces attaques semblent contraires aux promesses de Zelensky selon lesquelles l’Ukraine n’entreprendrait pas d’actions susceptibles d’étendre la portée de la guerre…

“À mon humble avis, la CIA ne comprend pas la nature de l’État ukrainien et les factions extrémistes qui y existent“, a déclaré le fonctionnaire polonais, qui a demandé l’anonymat pour pouvoir parler franchement.

En réponse, le haut responsable du renseignement de défense américain a souligné l’équilibre délicat que l’Agence doit maintenir dans ses nombreux rôles, en déclarant : “J’hésite à dire que la CIA a échoué. Mais le responsable a ajouté que les attaques de sabotage et les combats transfrontaliers créaient une toute nouvelle complication et que la poursuite des sabotage ukrainien “pourrait avoir des conséquences désastreuses”. »

https://www.newsweek.com/2023/07/21/exclusive-cias-blind-spot-about-ukraine-war-1810355.html [Pour traduire les articles en anglais, utilisez DeepL]

Il semble que le reste du message s’adresse aussi à Kiev l’avertissant que si l’Ukraine menait des attaques directes contre la Russie, les Etats Unis s’en désolidariseraient. En particulier toute attaque contre la centrale nucléaire de Zaporojie, comme nous le verrons plus loin.

En réponse, Zelensky s’est justifié :

« Kiev ne garde « aucun secret » vis-à-vis de la Central Intelligence Agency (CIA) américaine, a admis le président Vladimir Zelensky. Il a fait ces remarques dans une interview exclusive avec CNN, diffusée lundi, exprimant sa “surprise” que sa récente rencontre avec le patron de la CIA, William Burns, ait été sous les projecteurs des médias.

« Ma communication avec le chef de la CIA devrait toujours se faire dans les coulisses. Nous discutons de choses importantes – ce dont l’Ukraine a besoin et comment l’Ukraine est prête à agir », a déclaré Zelensky.

Kiev reste en étroite coopération avec l’agence d’espionnage américaine, a admis Zelensky, ajoutant que le pays n’a pratiquement aucun secret pour la CIA. Les agences d’espionnage ukrainiennes entretiennent des contacts avec la CIA, a-t-il ajouté, sans préciser les agences en question. »

https://www.rt.com/russia/579150-ukraine-cia-no-secrets/

Cette mise en garde médiatique se fait dans le contexte d’un nouvel épisode de brouillard de guerre, « l’attaque contre la centrale nucléaire de Zaporojie ».

L’échec de sa contre-offensive oblige l’Ukraine à revoir ses plans :

« La “destruction maximale” du personnel et du matériel militaires russes est maintenant “la tâche numéro un” de l’Ukraine, a déclaré le chef de la sécurité nationale du pays, Aleksey Danilov.

“À ce stade des hostilités actives, les forces de défense ukrainiennes accomplissent la tâche numéro un : la destruction maximale des effectifs, des équipements, des dépôts de carburant, des véhicules militaires, des postes de commandement, de l’artillerie et des forces de défense aérienne de l’armée russe”, a déclaré M. Danilov dans un message sur Twitter mardi, affirmant que les “derniers jours ont été particulièrement fructueux”.

“Désormais, la guerre de destruction est égale à la guerre des kilomètres. Plus de destructions signifie plus de libérations”, a-t-il ajouté. »

https://www.rt.com/russia/579213-ukraine-counteroffensive-focus-shift/

https://lesakerfrancophone.fr/lukraine-adopte-une-tactique-de-guerre-qui-lui-causera-encore-des-pertes

Dans la foulée de cette annonce :

« La ville de Makeevka, dans la République populaire de Donetsk (RPD), a fait l’objet d’intenses bombardements mardi, selon le chef par intérim de la région, Denis Pushilin. Les forces ukrainiennes auraient pris pour cible des quartiers résidentiels, endommageant plusieurs maisons, ainsi qu’une école et un hôpital.

Au moins une personne a été tuée et plusieurs dizaines d’autres blessées, dont deux jeunes enfants, selon les données préliminaires communiquées par M. Pushilin. “Tard dans la soirée, l’ennemi a mené des frappes violentes sur des zones résidentielles et sur le complexe hospitalier dans le district de Chervonogvardeysky à Makeevka”, a écrit le responsable sur Telegram.

Le nombre de victimes a ensuite été revu à la hausse, passant à 41, car d’autres personnes ont cherché à se faire soigner pour diverses blessures. Les victimes reçoivent des soins médicaux, même si plusieurs établissements de santé ont été endommagés, ont ajouté les responsables.

La capitale régionale de la RPD a également été la cible de tirs mardi, avec au moins deux personnes tuées et plusieurs blessées en début d’après-midi, selon le maire de Donetsk, Aleksey Kulemzin. Au total, les forces ukrainiennes ont attaqué la ville et ses banlieues à deux douzaines de reprises mardi, tirant quelque 166 obus d’artillerie de 155 mm fournis par les pays occidentaux, selon le responsable. »

https://www.rt.com/russia/579217-makeevka-donetsk-attack-victims/

Puis, par la voix de l’un de ces fonctionnaires à l’énergie atomique, la Russie prévient que :

« L’Ukraine pourrait lancer une attaque de grande envergure contre la centrale nucléaire de Zaporojie (ZNPP) au cours de la nuit, a averti un haut responsable de l’industrie de l’énergie atomique russe mardi en fin de journée. Kiev pourrait également frapper la centrale avec un missile rempli de déchets radioactifs, a-t-il ajouté.

L’avertissement a été lancé par Renat Karchaa, un haut responsable de Rosenergoatom, une filiale de Rosatom, le géant public russe de l’énergie atomique. Le fonctionnaire a cité des données de renseignement reçues par l’industrie. »

https://www.rt.com/russia/579215-ukrainian-attack-nuclear-plant/

Le lendemain, le Kremlin lui-même insiste :

« Une éventuelle tentative ukrainienne de sabotage de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, située dans la région russe de Zaporozhye, pourrait avoir des conséquences “catastrophiques”, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

La situation autour de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui est sous contrôle russe depuis mars 2022, reste “tendue”, a déclaré Peskov aux journalistes mercredi.

“Il y a vraiment une forte menace de sabotage par le régime de Kiev, un sabotage qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques”, a averti Peskov. »

https://www.rt.com/russia/579240-zaporozhye-nuclear-ukraine-peskov/

Evidemment, de son côté l’Ukraine accuse la Russie :

« Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy a averti samedi qu’une “menace sérieuse” subsistait dans la centrale nucléaire de Zaporizhzhia occupée par la Russie et a déclaré que la Russie était “techniquement prête” à provoquer une explosion localisée dans l’installation.

Zelensky a cité les renseignements ukrainiens comme source de ses informations.

“Il y a une menace sérieuse parce que la Russie est techniquement prête à provoquer une explosion locale à la station, ce qui pourrait conduire à une libération (radiative)”, a déclaré Zelensky lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Il n’a donné aucun autre détail. Les services de renseignement militaires ukrainiens ont précédemment déclaré que les troupes russes avaient miné l’usine. »

https://www.reuters.com/world/europe/ukraines-zelenskiy-says-serious-threat-remains-zaporizhzhia-nuclear-plant-2023-07-01/

Pourtant l’Agence Internationale à l’Energie Atomique, qui a du personnel chargé de surveiller cette centrale située sur la ligne de front mais sous contrôle russe, déclare :

« Les experts de l’AIEA “ont ces derniers jours et ces dernières semaines inspecté des parties de l’installation – y compris certaines sections du périmètre du grand bassin de refroidissement – et ont également effectué des visites régulières sur le site, jusqu’à présent sans observer aucune indication visible de mines ou d’explosifs”, dit un communiqué de l’AIEA.

“Les experts de l’AIEA ont demandé un accès supplémentaire nécessaire pour confirmer l’absence de mines ou d’explosifs. En particulier, l’accès aux toits des réacteurs 3 et 4 est essentiel, ainsi que l’accès à des parties des salles des machines et à certaines parties du système de refroidissement de l’usine. »

https://www.reuters.com/world/europe/iaea-has-seen-no-sign-explosives-zaporizhzhia-yet-more-access-needed-2023-07-05/

Ensuite, pour bien enfoncer le clou, deux sénateurs étasuniens de tendance néoconservatrice, un Républicain et un Démocrate, déposent une résolution bipartisane disant :

« Dans une résolution déposée plus tôt ce mois-ci, le sénateur du Connecticut a cherché à déclarer que toute attaque de la Russie qui causerait des “dommages importants” par des retombées radioactives dans les pays voisins de l’OTAN serait considérée comme une attaque contre l’alliance elle-même, déclenchant une réponse des États-Unis.

L’avertissement a été considéré comme une réponse aux alarmes déclenchées par les Ukrainiens selon lesquelles l’armée russe prévoyait de saboter une centrale nucléaire à Zaporizhzhia, près du site d’un barrage qui a explosé plus tôt cette année. »

https://www.ctinsider.com/politics/article/blumenthal-lindsey-graham-nato-resolution-ukraine-18183150.php

Ainsi tout est prêt pour que, en cas d’attaque contre cette centrale, le conflit dégénère. Heureusement, au jour de publication de cette revue de presse, toujours aucune explosion n’a frappé cette centrale.

Christelle Néant, une journaliste française qui couvre le Donbass depuis 2014, le début de la guerre civile ukrainienne, nous fait son rapport de terrain sur cette affaire :

https://www.donbass-insider.com/fr/2023/07/04/faute-de-succes-sur-le-front-ukraine-pourrait-preparer-une-provocation-a-la-centrale-nucleaire-de-zaporojie/

***

Vendredi, à court de munitions à envoyer à l’Ukraine, Biden annonçait que :

« Les États-Unis vont fournir des armes à sous-munitions à l’Ukraine, a indiqué vendredi 7 juillet la Maison-Blanche, franchissant un seuil important dans le type d’armements offerts à Kiev pour se défendre contre la Russie. Ces armes sont interdites par plus de 120 pays à cause de leur impact mortel sur la population civile. La décision est donc controversée. Elle intervient au moment où les alliés s’inquiètent de la lenteur de la contre-offensive ukrainienne contre la Russie. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230707-guerre-en-ukraine-joe-biden-approuve-la-livraison-à-kiev-des-très-controversées-armes-à-sous-munitions

Moon of Alabama nous explique ce qu’il en est :

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-biden-aggrave-encore-la-situation

Récemment, au cours d’un habituel « compte rendu à la presse », la porte-parole de la Maison Blanche affirmait pourtant :

« Q : Merci, Jen. Des rapports font état de l’utilisation par les Russes de bombes à fragmentation et de bombes à vide illégales. Si c’est vrai, quelle est la prochaine étape pour cette administration ? Y a-t-il une ligne rouge à ne pas franchir pour tolérer des actes de violence illégaux et potentiellement constitutifs de crimes de guerre à l’encontre de civils ?

MME. PSAKI : C’est – ce serait le cas. Je n’ai aucune confirmation à ce sujet. Nous avons vu les rapports. Si c’était vrai, il s’agirait potentiellement d’un crime de guerre. »

https://www.whitehouse.gov/briefing-room/press-briefings/2022/02/28/press-briefing-by-press-secretary-jen-psaki-february-28-2022/

Quant à l’Europe :

« L’UE débloque 500 millions d’euros pour augmenter sa production de munitions pour l’Ukraine.

Le Parlement Européen et les États membres sont parvenus à un accord pour accélérer la production de munitions, au sein de l’Union européenne. Avec cet accord, l’Union européenne dispose maintenant de l’outil qui devrait lui permettre à la fois de reconstituer ses stocks de munitions, tout en continuant à armer l’Ukraine. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230707-l-ue-débloque-500-millions-d-euros-pour-augmenter-sa-production-de-munitions-pour-l-ukraine

Il semble que, dans l’esprit des dirigeants occidentaux, cette guerre est faite pour durer et qu’ils doivent s’y investir encore plus. Sous le sourire du CMI étasunien :

« Les entreprises de défense américaines sont susceptibles de recevoir jusqu’à la moitié du fonds de modernisation militaire de Berlin de 100 milliards d’euros (109 milliards de dollars), a averti la PDG d’un fabricant allemand de pièces de chars d’assaut. Elle a également accusé le gouvernement du pays de manquer de vision stratégique pour l’industrie nationale.

“Je ne crois pas qu’il restera beaucoup d’argent pour l’industrie allemande”, a déclaré Susanne Wiegand, du groupe Renk, à des journalistes, à Munich lundi. “L’Allemagne n’a pas de boussole politique pour l’industrie de la défense.

Le fonds de modernisation allemand a été finalisé en mai de l’année dernière après de longues négociations au sein de la coalition au pouvoir. Le chancelier Olaf Scholz a décrit l’injection de fonds comme une réponse sans précédent aux défis modernes et a promis qu’elle aiderait son pays à contribuer à la sécurité européenne à un niveau approprié pour la plus grande économie de l’Union. L’Allemagne a toujours consacré moins de 2 % de son PIB à la défense, ne satisfaisant pas au critère recommandé par l’OTAN à ses États membres. »

https://www.rt.com/news/579223-us-contractors-german-modernization/

***

Pendant ce temps, le « reste du monde » commence à fatiguer de l’insistance avec laquelle l’Occident veut lui imposer son différend avec la Russie :

« Les chefs d’État et de gouvernement de 33 membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) devraient se rendre à Bruxelles les 17 et 18 juillet prochains pour un sommet avec leurs homologues de l’Union européenne.

En amont de ce sommet historique, les pays de la CELAC ont envoyé une contre-proposition de 21 pages au projet de texte que les États membres de l’UE leur avaient envoyé le mois dernier, datée du 4 juillet et consultée par EURACTIV.

Le texte initial de la déclaration proposé par l’UE comprenait plusieurs paragraphes sur le soutien à l’Ukraine, faisant référence aux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, ont déclaré trois personnes au fait de la question.

« Le texte sur l’Ukraine était très équilibré », a affirmé un diplomate européen à EURACTIV. « Il n’y a rien de spécial dans ce que nous leur avons envoyé », a ajouté un second diplomate de l’UE.

Toutefois, les États d’Amérique latine « ont supprimé tout ce qui concernait l’Ukraine », a déploré un troisième diplomate de l’Union après avoir vu la contre-proposition…

La participation du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait initialement reçu une invitation à participer au sommet de la part de l’Espagne, a été annulée après un refus des dirigeants latino-américains. Cette invitation a constitué un point de discorde supplémentaire avant le sommet conjoint. »

https://www.euractiv.fr/section/amerique-latine/news/leak-lamerique-latine-repousse-lukraine-de-lordre-du-jour-dun-sommet-avec-lue/

La relation Chine-Occident

Face à la pression occidentale qui ne faiblit pas, la Chine se prépare à la rétorsion en adaptant son cadre juridique :

« La Chine a adopté une nouvelle loi sur les relations extérieures qui renforce la base juridique du gouvernement en matière de “contre-mesures” contre les menaces potentielles pour sa sécurité économique, afin de faire face aux problèmes rencontrés par la Russie dans le cadre des sanctions occidentales. Le Congrès national du peuple a approuvé cette loi mercredi 28 juin.

Les médias occidentaux ont fait preuve d’une certaine confusion quant à la signification de cette loi. Dans cet article, nous fournissons une traduction en anglais, des liens vers l’original chinois et discutons des points saillants des six chapitres contenus dans cette nouvelle loi. Elle doit entrer en vigueur le 1er juillet 2023. »

https://www.china-briefing.com/news/chinas-new-foreign-relations-law-clarifications-analysis/

Dès le 3 juillet les premières mesures tombent :

« Nouvel épisode de cette rivalité technologique entre Pékin et Washington, la Chine a annoncé ce lundi l’imposition à compter du mois prochain de nouvelles restrictions sur les exportations de deux métaux rares essentiels dans la production de puces électroniques.

Il s’agit du gallium et du germanium, deux noms qui ne vous disent sans doute rien, pourtant ces métaux rares se trouvent dans notre quotidien dans les fibres optiques, les LED, les cellules photovoltaïques, les thermomètres, ou encore l’imagerie médicale…  Des semi-conducteurs, essentiels au fonctionnement de nombreux appareils électroniques, mais qui seront désormais de plus en plus difficiles à obtenir. La Chine qui est le principal producteur de gallium et de germanium va conditionner leur exportation à l’obtention d’une licence, le destinataire final et l’objet de leur utilisation devront également être précisés. »

https://www.rfi.fr/fr/économie/20230703-la-chine-annonce-des-restrictions-sur-l-exportation-de-ses-métaux-rares

Le 4 juillet les Etats Unis renvoient la balle :

« L’administration Biden se prépare à restreindre l’accès des entreprises chinoises aux services américains d’informatique en nuage, a rapporté mardi le Wall Street Journal, citant des personnes au fait de la situation.

La nouvelle règle, si elle est adoptée, exigerait probablement que les fournisseurs américains de services d’informatique en nuage tels qu’Amazon (AMZN.O) et Microsoft (MSFT.O) demandent l’autorisation du gouvernement américain avant de fournir à des clients chinois des services d’informatique en nuage qui utilisent des puces d’intelligence artificielle avancées, a indiqué le journal. »

https://www.reuters.com/technology/us-set-restrict-chinas-access-cloud-computing-wsj-2023-07-04/

https://www.rfi.fr/fr/amériques/20230704-les-états-unis-envisagent-de-limiter-l-accès-à-la-chine-aux-services-de-cloud

Le 5 juillet c’est l’Europe qui en prend une :

« La Chine a annulé un voyage du responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, prévu la semaine prochaine, a déclaré mardi un porte-parole de l’UE.

Aucune raison n’a été donnée pour cette annulation, qui intervient alors que l’Europe cherche à réduire les risques créés par ses relations économiques étroites avec la Chine, que Bruxelles a qualifiée de “concurrent économique et de rival systémique”. »

La fin de l’article de Reuters laisse entendre les raisons de cette rebuffade :

« Borrell devait se rendre à Pékin le 10 juillet pour rencontrer son homologue chinois et discuter de “questions stratégiques”, notamment des droits de l’homme et de la guerre en Ukraine, a déclaré dimanche l’ambassadeur de l’UE en Chine.

Dans un discours préparé pour être prononcé à Pékin en avril, M. Borrell a déclaré que l’UE ne pouvait pas faire confiance à la Chine si elle ne cherchait pas à instaurer la paix en Ukraine. »

https://www.reuters.com/world/europes-top-diplomat-visit-china-july-10-2023-07-04/

Par la voie du Global Times, la Chine dit que cette mesure n’est qu’un avertissement, espérant qu’il sera entendu par l’Occident avant que la situation ne dégénère plus :

« Les États-Unis ont fait appel à leurs alliés pour intensifier la guerre des puces et la répression de la haute technologie contre la Chine, sans tenir compte des dommages potentiels que ce rideau de fer technologique pourrait causer aux chaînes d’approvisionnement et industrielles mondiales. La question est maintenant de savoir combien de temps Washington pourra ignorer l’avertissement concernant les conséquences lorsque la Chine commencera à prendre des mesures légitimes et raisonnables pour sauvegarder sa sécurité et ses intérêts nationaux…

Alors que les États-Unis font pression sur leurs alliés pour qu’ils coopèrent à l’interdiction de vente des puces contre la Chine, l’action de la Chine pourrait cette fois être plutot pris comme un avertissement, montrant que la Chine ne se laissera pas passivement évincer de la chaîne d’approvisionnement mondiale en semi-conducteurs. Il y a quelques jours, le gouvernement néerlandais a annoncé de nouvelles restrictions sur les exportations de certains équipements de semi-conducteurs, indiquant qu’ASML, la plus grande entreprise technologique d’Europe, devra demander des licences d’exportation pour les produits utilisés dans la fabrication de micropuces. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293723.shtml

Le 30 juin, le Conseil européen publiait un papier sur la Chine. Voici quelques extraits qui montrent bien l’état d’esprit de l’UE envers la Chine :

« Le Conseil européen a poursuivi son débat stratégique sur les relations de l’UE avec la Chine et a réaffirmé l’approche stratégique multiforme de l’UE à l’égard de la Chine, dans le cadre de laquelle ce pays est dans le même temps un partenaire, un concurrent et un rival systémique »

C’est une introduction un tantinet schizophrénique

« L’UE…encourage la Chine à mener une action plus ambitieuse en ce qui concerne le changement climatique et la biodiversité, la préparation en matière de santé et de pandémies, la sécurité alimentaire, la réduction des risques de catastrophe, l’allègement de la dette, ainsi que l’aide humanitaire. »

Là encore l’UE se pose en donneur de leçon et ferait bien de regarder la poutre qu’elle a dans l’œil sur tous ces sujets.

« En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine a une responsabilité spéciale dans la défense de l’ordre international fondé sur des règles, de la charte des Nations unies et du droit international. Par conséquent, le Conseil européen appelle la Chine à faire pression sur la Russie pour qu’elle mette un terme à sa guerre d’agression et retire immédiatement, complètement et sans condition ses troupes d’Ukraine. »

La Chine pourrait comprendre ce passage si l’UE avait fait pression sur les Etats-Unis pour qu’ils mettent fin à leurs précédentes guerres d’agression. Cela n’a non seulement pas été le cas mais l’OTAN a de plus été complice dans ces guerres d’agression. Elle n’est donc pas en mesure de faire un tel appel à la Chine.

« L’Union européenne est préoccupée par la montée des tensions dans le détroit de Taïwan. Le Conseil européen s’oppose à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition. Il réaffirme la “politique d’une Chine unique” suivie de façon constante par l’UE. »

Tel qu’exprimé, ce passage est si ambigu que l’on se demande si l’UE pense à la Chine ou aux Etats Unis. Mais non, elle s’adresse bien à la Chine. Qui provoque la montée des tensions dans le détroit de Taiwan si ce n’est les USA en y envoyant ses navires de guerre, ses hauts dignitaires diplomatiques et en armant Taiwan ? Qui tente de modifier le statu quo ? Tout cela pour terminer par la reconnaissance de « la Chine unique » après avoir envoyé hommes politiques et armes à une province « reconnue comme chinoise » mais sans l’aval de Pékin.

Et bien sûr l’habituel couplet final :

« L’UE…réaffirme ses préoccupations quant au travail forcé, au traitement des défenseurs des droits de l’homme et des personnes appartenant à des minorités, à la situation au Tibet et au Xinjiang, ainsi qu’au respect des engagements pris antérieurement par la Chine en ce qui concerne Hong Kong. »

On comprend mieux pourquoi Beijing ne tient pas à recevoir Borell. Elle sait déjà que cela ne servira à rien.

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2023/06/30/european-council-conclusions-on-china-30-june-2023/

Cet article d’un journal étasunien détaillant un rapport du Council on Foreign Relations, un influent Think tank étasunien, arrive aux mêmes conclusions :

« Compte tenu du nombre de ses membres et de sa direction prestigieuse, le Council on Foreign Relations (CFR) est généralement considéré comme le principal groupe de réflexion en matière de politique étrangère aux États-Unis, reflétant les opinions judicieuses et dominantes de l’establishment américain en matière de politique étrangère.

Il est donc remarquable et potentiellement dangereux que le CFR vienne de publier une évaluation de la politique américaine à l’égard de Taïwan qui reflète largement le point de vue des va-t-en-guerre de Washington sur une série de questions, notamment la valeur stratégique de Taïwan pour les États-Unis et les objectifs de Xi Jinping et du Parti communiste chinois (PCC). Si ce point de vue très contesté est interprété par l’ensemble des décideurs politiques comme un consensus d’experts, les États-Unis risquent de poursuivre l’escalade avec la Chine en direction d’un conflit grave.

Le rapport est censé s’appuyer sur les opinions d’un groupe de travail composé d’un large éventail d’experts sur les relations entre les États-Unis et la Chine et entre les États-Unis et Taïwan. Toutefois, la majeure partie de l’étude ignore ou minimise bon nombre des positions plus équilibrées défendues par ceux qui participent actuellement au débat sur la politique de Taïwan. En conséquence, cinq des 17 membres de la task force ont émis des avis défavorables au rapport, citant des problèmes fondamentaux liés à la nature de ses arguments et de ses recommandations (deux autres membres de la task force ont émis un avis défavorable dans un sens plus optimiste).

Le rapport commence sur une note prometteuse, faisant preuve d’une grande perspicacité dans la dynamique d’escalade qui a émergé de l’effondrement des relations entre les États-Unis et la Chine :

 « S’opposant aux mesures prises par les États-Unis concernant les relations avec Taïwan, la Chine a accusé les États-Unis d’avoir une “fausse” politique d’une seule Chine. Les États-Unis affirment que leurs actions sont conformes à leur politique d’une seule Chine et constituent une réponse nécessaire à la coercition accrue de la Chine à l’égard de Taïwan. Cette discorde a créé une dynamique d’action-réaction dans laquelle la Chine exerce des pressions sur Taïwan, ce qui incite les États-Unis à prendre des mesures pour démontrer leur soutien à Taïwan, ce qui a pour effet d’accroître les pressions chinoises sur l’île. »

À partir de là, on peut s’attendre à une exploration des actions déstabilisatrices de toutes les parties. En ce qui concerne les recommandations politiques, on s’intéresserait aux méthodes de réassurance mutuelle que chaque acteur devrait poursuivre, ainsi qu’aux lignes rouges que chacun devrait éviter. Plus important encore, on pourrait espérer une discussion sur la manière dont les États-Unis et la Chine pourraient redonner une base solide à leur relation plus large – la condition préalable étant que chaque partie fasse confiance aux assurances de l’autre quant au respect du statu quo qui a assuré la sécurité de Taïwan pendant plus de quarante ans.

Au lieu de cela, les moyens de pression chinois sont examinés en détail, tandis que ceux des États-Unis et de Taïwan sont laissés de côté, ce qui donne l’impression d’une agression unilatérale plutôt que d’une insécurité alimentée par les deux parties. Bien que le rapport soutienne rhétoriquement la politique d’une seule Chine et appelle judicieusement les États-Unis à éviter les gestes symboliques à l’égard de la souveraineté taïwanaise, toutes les autres suggestions visent à renforcer la capacité de Taïwan et des États-Unis à résister à l’influence chinoise. Nombre de ces idées sont judicieuses, mais elles ne peuvent réussir à dissuader l’agression chinoise que si elles sont accompagnées d’initiatives positives solides. Dans le climat actuel, un programme de “dissuasion” déséquilibré pousse la spirale de l’escalade vers le conflit.

Le problème le plus grave du rapport, qui influence toutes les autres évaluations, est peut-être sa représentation de Taïwan comme un lieu stratégique vital qui doit être maintenu à l’abri de l’influence chinoise afin de préserver la puissance militaire des États-Unis dans la région Asie-Pacifique.

Citant à plusieurs reprises le témoignage au Congrès d’un seul fonctionnaire de la défense américaine (dont les remarques n’ont pas été reprises par la suite par l’administration Biden), le rapport affirme que Taïwan est vital pour les États-Unis en raison de sa “position géographique au centre de la première chaîne d’îles… de son rôle en tant que centre mondial de fabrication de semi-conducteurs… [et] de sa volonté de travailler avec les États-Unis en tant que partenaire de confiance sur les questions transnationales”. Selon les auteurs, le sort de Taïwan “déterminera en grande partie la capacité de l’armée américaine à opérer dans la région”.

Pourtant, la valeur stratégique de Taïwan pour la position militaire globale des États-Unis en Asie est un point débattu par de nombreux analystes et universitaires, souvent sans conclusions décisives. Si le contrôle de Taïwan par la Chine aurait sans aucun doute des effets contraignants considérables sur la capacité opérationnelle des États-Unis en Asie, il est très douteux qu’il ait des effets aussi importants et déterminants sur la projection de la puissance régionale des États-Unis que l’affirme le rapport.

Plus important encore, en définissant Taïwan comme un atout stratégique essentiel pour les États-Unis, le rapport renie la politique d’une seule Chine, qui stipule que les États-Unis accepteront toute résolution de la question de Taïwan (y compris l’unification) si elle est obtenue de manière pacifique et sans coercition.

Bien qu’il présente la question de Taïwan comme un problème de concurrence stratégique entre les États-Unis et la Chine et qu’il fasse de nombreuses suggestions pour que Washington maintienne une position avantageuse par rapport à Pékin, le rapport recommande ironiquement que les États-Unis maintiennent la politique d’une seule Chine et rassurent Pékin sur le fait que Washington ne cherche pas à séparer Taïwan de la Chine de façon permanente.

Pour ce faire, il suffit apparemment de répéter le mantra selon lequel Washington maintient sa politique d’une seule Chine tout en évitant les “gestes symboliques (tels que le voyage de l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan en 2022) susceptibles d’entraîner une réaction brutale de la part de la RPC et de faire craindre à Pékin que Washington ne s’éloigne de sa politique d’une seule Chine”.  En d’autres termes, la Chine devrait nous croire sur parole. On ne voit pas comment des actions aussi modestes pourraient convaincre Pékin que Washington reste ouvert à une unification pacifique, alors que les États-Unis mettent en œuvre des politiques fondées principalement sur un argument stratégique visant à empêcher la Chine de s’emparer de Taïwan.

Une deuxième affirmation très problématique du rapport est la notion selon laquelle Xi Jinping deviendra probablement de plus en plus agressif à l’égard de Taïwan, et emploiera peut-être la force, afin de “rallier le soutien au PCC et à son règne personnel”, en particulier si l’économie chinoise continue de ralentir.

Bien que le rapport ne fournisse aucune preuve concrète et admette à juste titre que cette description de l’état d’esprit de Xi est purement spéculative, il utilise néanmoins cette affirmation comme un élément important de son argumentation en faveur d’un doublement de toutes les formes de dissuasion, tout en négligeant une réassurance crédible. Compte tenu de son analyse unilatérale et militarisée, le rapport recommande aux États-Unis de placer leur base industrielle de défense “sur un pied de guerre”.

L’accompagnement logique de l’importance accordée par le rapport à la dissuasion par rapport à la réassurance crédible est l’idée que les États-Unis devraient remplacer leur politique de longue date d’ambiguïté stratégique à l’égard d’une intervention militaire américaine dans un conflit avec Taïwan par une politique de clarté stratégique garantissant une telle intervention. Le groupe de travail a examiné le choix entre l’ambiguïté et la clarté, mais n’est pas parvenu à un consensus. Le rapport soutient néanmoins la clarté stratégique sur le fond en recommandant que les affirmations répétées du président Biden selon lesquelles les États-Unis interviendraient militairement dans tout conflit deviennent “la nouvelle base de référence de la politique déclaratoire des États-Unis”.

Dans l’ensemble, au lieu d’apporter un soutien à une approche plus crédible et plus équilibrée de la question de Taiwan, le rapport du CFR ne fera que renforcer l’approche de nombreux analystes de la défense à Washington, centrée sur la dissuasion militaire et sur la réassurance. Ce faisant, il ignore ou minimise les contre-arguments d’autres personnes, dont certaines faisaient partie du groupe de travail. Ses recommandations engageraient les États-Unis dans une course aux armements illimitée et de plus en plus intense avec la Chine au sujet de Taïwan. Une telle approche unilatérale renforcerait la suspicion et la méfiance des Chinois à l’égard des motivations des États-Unis, augmentant ainsi la probabilité d’une crise grave ou d’un conflit avec Pékin et mettant le peuple taïwanais en grand danger. »

https://responsiblestatecraft.org/2023/06/29/how-a-reckless-report-could-increase-the-chance-of-a-crisis-with-china/

On retrouve la même stratégie que les Etats Unis ont eu envers la Russie depuis la chute de l’URSS. Prétendre à la Russie que l’OTAN, qui a été spécialement créée pour contrer l’URSS, n’est pas un danger pour elle tout en se rapprochant de ses frontières. Promettre son intégration au continent européen tout en démonisant son dirigeant.

Dans le cas de la Chine, c’est prétendre suivre la « politique d’une seule Chine » tout en agissant avec Taiwan comme si elle était une ile indépendante. Vouloir conserver des relations commerciales avec la Chine tout en lui imposant des sanctions.

A quoi joue le monde occidental en voulant défier ces deux pays ?

Cette intéressante analyse historique [en français] donne des réponses et explique en partie l’attitude ambigüe des Etats Unis envers la Chine :

« Pourquoi les États-Unis tentent-ils de donner l’impression de faire de la diplomatie alors qu’ils sabotent délibérément toute amélioration des relations américano-chinoises ?

Avant de répondre à cette question, il est important de comprendre à quel point la politique américaine d’endiguement de la Chine est ancienne et à quel point il est peu probable que nous assistions aujourd’hui à une tentative sérieuse de la modifier. »

https://reseauinternational.net/la-veritable-politique-de-washington-a-legard-de-la-chine/

***

Vendredi, Janet Yellen, la ministre des finances étasunienne arrivait pour sa visite à Pékin. Voici les commentaires du Global Times :

« Le Premier ministre chinois Li Qiang a rencontré la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen à Pékin vendredi, exhortant les Etats-Unis à maintenir une attitude “rationnelle et pragmatique” et à travailler avec la Chine pour remettre les relations bilatérales sur la bonne voie dès que possible, tout en notant également que les relations Chine-Etats-Unis peuvent voir des “arcs-en-ciel” après une période de “vent et de pluie”.

Mme Yellen est à Pékin pour un voyage de quatre jours, son premier en tant que secrétaire au Trésor américain, dans le cadre de ce que les responsables américains appellent un effort pour accroître la communication avec leurs homologues chinois dans un contexte de tensions dans les relations bilatérales. Lors de la réunion de vendredi, Mme Yellen a déclaré que les États-Unis souhaitaient “une concurrence économique saine” et “davantage de communication et d’échanges”. 

L’augmentation des interactions entre les responsables chinois et américains est un signal positif pour le monde, qui a grand besoin de discussions et de coopération entre les deux plus grandes économies du monde face à des défis de plus en plus importants. Toutefois, malgré les récentes discussions, les liens entre la Chine et les États-Unis resteront probablement à leur point le plus bas depuis des décennies et Washington doit rester fidèle à ses paroles afin de stabiliser les relations, ont noté des experts chinois. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293956.shtml

Les commentaires du New York Times :

« Lors de son audition de confirmation au début de 2021, la secrétaire au Trésor Janet L. Yellen a adopté un ton dur à l’égard de la Chine, la décrivant comme le concurrent stratégique le plus important des États-Unis et s’engageant à lutter contre ses “pratiques abusives, déloyales et illégales” qui, selon elle, nuisent aux entreprises et aux travailleurs des Etats-Unis.

Depuis lors, Mme Yellen est devenue une voix de la modération dans l’administration Biden, embrassant le manteau du pragmatisme économique alors que l’économie mondiale fait face à l’inflation et à une croissance atone. Le secrétaire au Trésor a exprimé des objections au bilan de la Chine en matière de droits de l’homme, a appelé à diversifier les chaînes d’approvisionnement américaines et a reconnu que la protection de la sécurité nationale est primordiale.

Mais elle a également été la plus éminente partisane de l’administration du maintien des liens économiques avec la Chine, plaidant contre les tarifs douaniers, appelant à la prudence sur les nouvelles restrictions à l’investissement en Chine et, plus récemment, avertissant que le découplage des deux économies serait “désastreux”.

Mme Yellen naviguera dans ces intérêts conflictuels en temps réel lors d’une visite de quatre jours en Chine. Le voyage, son premier dans le pays en tant que secrétaire au Trésor, représente le test de diplomatie économique le plus difficile de Mme Yellen à ce jour alors qu’elle tente d’apaiser des années de méfiance entre les États-Unis et la Chine. »

https://www.nytimes.com/2023/07/06/business/janet-yellen-china-treasury.html

Le communiqué de presse de Reuters, qui sera repris par les petits journaux :

« La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a appelé vendredi à des réformes du marché en Chine et a critiqué ses récentes actions sévères contre les entreprises américaines et le contrôle des exportations de minerais, tandis que le Premier ministre chinois l’a appelée à “rencontrer la Chine à mi-chemin” et à remettre les relations bilatérales sur les rails.

Yellen a rencontré le Premier ministre Li Qiang vendredi lors d’une visite à Pékin visant à réparer les relations économiques américano-chinoises, mais a clairement indiqué dans ses remarques publiques que Washington et ses alliés occidentaux continueront de riposter à ce qu’elle a appelé les “pratiques économiques déloyales” de la Chine.

Malgré les discussions sur le découplage économique entre les États-Unis et la Chine, des données récentes montrent que les deux plus grandes économies du monde restent profondément liées, le commerce bilatéral ayant atteint un record de 690 milliards de dollars l’année dernière.

“Nous recherchons une concurrence économique saine qui n’est pas celle du gagnant-gagnant mais qui, avec un ensemble de règles équitables, peut profiter aux deux pays au fil du temps”, a déclaré Yellen au Premier ministre chinois Li Qiang lors d’une réunion vendredi que le Trésor a qualifié de “franc et constructif.” »

https://www.reuters.com/world/yellen-urges-china-adopt-market-reforms-insists-us-not-decoupling-2023-07-07/

Enfin, pour bien souligner la différence d’approche diplomatique des deux parties, nous finirons par un deuxième article du Global Times :

« La nature des relations économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis est mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant. Il n’y aura pas de gagnant dans une guerre commerciale ou un “découplage”. Nous espérons que la partie américaine pourra créer un environnement sain pour le développement des relations économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis et promouvoir la coopération gagnant-gagnant par des actions concrètes, selon une déclaration publiée sur le site web de l’agence gouvernementale.

“La déclaration reflète le fait que la partie chinoise espère non seulement gérer les différences entre les deux pays, mais aussi améliorer les relations bilatérales”, a déclaré Li Yong, chercheur principal à l’Association chinoise du commerce international, au Global Times vendredi.

Il s’agit également d’une réponse aux principes unilatéraux des États-Unis qui empoisonnent les relations économiques et commerciales avec la Chine, ainsi qu’à la politique étrangère à double visage des États-Unis à l’égard de la Chine, a ajouté M. Li, faisant référence au discours de Mme Yellen en avril qui mettait l’accent sur la soi-disant sécurité nationale des États-Unis, ainsi qu’à la répression croissante des États-Unis à l’égard du secteur chinois des puces électroniques.

“Zhou Mi, directeur adjoint de l’Institut d’études américaines et océaniennes de l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, qui dépend du ministère du commerce, a déclaré vendredi au Global Times que la Chine et les États-Unis avaient des intérêts mutuels importants en matière de développement économique et que les deux parties devraient renforcer leur coopération. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293930.shtml

Cet article nous explique pourquoi il sera compliqué pour les entreprises occidentales de se « découpler » de la Chine :

« Dans le cadre de nos recherches sur la compétitivité mondiale, nous avons eu l’occasion d’examiner des données confidentielles provenant de certaines entreprises manufacturières. Ces données indiquent que même si les coûts de main-d’œuvre associés à la production sont nettement inférieurs sur d’autres marchés, tels que le Bangladesh, il en va de même pour la productivité.

La main-d’œuvre chinoise est à la fois plus chère et plus productive que celle des autres économies émergentes d’Asie. Ces deux facteurs doivent être pris en compte dans la décision de délocaliser la production hors de Chine. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire… »

https://theconversation.com/why-does-so-much-of-the-worlds-manufacturing-still-take-place-in-china-207178

Le sommet de l’Organisation de Coopération de Shangaï

L’OCS est :

« Succédant au « groupe de Shanghai », elle est instituée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre États d’Asie centrale, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Elle s’élargit à l’Inde et au Pakistan en 2016, puis à l’Iran en 2021.

L’OCS vise d’abord à répondre aux bouleversements géopolitiques en Asie centrale, consécutifs à l’effondrement de l’URSS en 1991 et à l’instabilité que cela entraîne dans la région. Le groupe de Shanghai puis l’Organisation institutionnalisent peu à peu une coopération visant à assurer la sécurité collective de ses adhérents face aux menaces « du terrorisme, de l’extrémisme et du séparatisme ». La Chine et la Russie sont au centre de cette entente et formalisent par son biais une forme de rapprochement géostratégique qui dépasse le cadre régional. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_coop%C3%A9ration_de_Shanghai

Là encore les médias occidentaux renient leur devoir d’information en boudant complètement ce sommet qui est pourtant important pour comprendre l’équilibre géopolitique mondial. Il semblerait que les médias occidentaux veulent laisser leurs lecteurs aveugles à ce qui se passe en dehors du monde occidental.

Dans un discours prononcé à ce sommet, Xi Jinping a déclaré :

« La Chine propose à l’OCS d’intensifier le règlement en monnaie locale entre les États membres, d’étendre la coopération en matière de monnaie numérique souveraine et de promouvoir la création d’une banque de développement de l’OCS. La Chine est prête à partager les opportunités de marché et l’expérience de développement, et à mettre en œuvre le programme de renforcement des capacités pour autonomiser les jeunes agriculteurs professionnels. La Chine mettra en œuvre des programmes de formation aux technologies numériques en collaboration avec le centre de coopération Chine-OSC sur les données massives (Big Data Cooperation Center) et accueillera un forum national de l’OCS sur le développement écologique. »

http://english.www.gov.cn/news/202307/04/content_WS64a42528c6d0868f4e8dd7d3.html

Au même sommet, Poutine confirmait que la Chine et la Russie montraient déjà l’exemple pour les règlements en monnaie locale :

« La coopération commerciale et économique entre la Russie et la Chine se développe, plus de 80 % des règlements entre les deux nations étant actuellement effectués en roubles et en yuans, a révélé le président Vladimir Poutine. »

https://www.rt.com/business/579179-russia-china-trade-rubles-yuan/

Un pas de plus vers la dédollarisation du commerce international.

Russia Today nous donne un résumé de ce sommet :

« Les dirigeants de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), accueillis virtuellement par l’Inde mardi, ont publié une déclaration commune adoptant la Déclaration de New Delhi, a annoncé le ministre indien des Affaires étrangères Vinay Mohan Kwatra. La déclaration reflète les efforts concertés de lutte contre la radicalisation, la coopération en matière de transformation numérique entre les membres et un consensus sur dix résolutions visant à renforcer la coopération dans la région eurasienne.

Le document souligne l’importance de renforcer les efforts coordonnés de la communauté internationale “pour contrer les activités des groupes terroristes, séparatistes et extrémistes“, en accordant une attention particulière à “la prévention de la propagation de l’intolérance religieuse, du nationalisme agressif, de la discrimination ethnique et raciale, de la xénophobie, des idéologies fascistes et du chauvinisme“. »

https://lesakerfrancophone.fr/les-pays-de-locs-adoptent-la-declaration-de-new-delhi-qui-met-laccent-sur-le-multilateralisme-et-la-lutte-contre-le-terrorisme

Puis explique dans cet article pourquoi il est important pour la Russie de travailler sur la coordination de cette région :

« Au cours du premier semestre 2023, l’Union européenne et les États-Unis se sont montrés très actifs en Asie centrale, considérée par certains comme le “bas ventre” de la Russie. De nombreux politiciens et diplomates d’Europe occidentale et des États-Unis ont fréquenté la région et ont tenté de rallier les anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Turkménistan à leur cause dans le conflit qui les oppose à Moscou.

L’Occident veut convaincre ces États de soutenir les sanctions contre la Russie et de bloquer les importations parallèles vers le pays. Il a promis des compensations pour les pertes financières. En outre, les dirigeantes d’Europe occidentales considèrent le Kazakhstan comme une source de ressources naturelles qui pourrait potentiellement remplacer Moscou.

Avec toute cette attention récente, l’Asie centrale prend de plus en plus conscience de son importance politique. Mais cela l’amènera-t-il à rompre ses liens avec la Russie, comme l’espère l’Occident ? »

https://lesakerfrancophone.fr/un-coup-de-poignard-dans-le-bas-ventre-loccident-ouvre-un-nouveau-front-contre-la-russie

Mais l’analyste indien Bhadrakumar explique que son pays, tiraillé entre l’Occident et l’Orient, a du mal à respecter l’entente :

« Le discours d’ouverture du Premier ministre Narendra Modi à l’événement de l’OCS n’a pas réussi à convaincre, et encore moins à stimuler les autres pays membres – en particulier la Russie et la Chine qui ont inventé “l’esprit de Shanghai” il y a près de trois décennies, qui est devenu cinq ans plus tard, en 2001, la ligne directrice de la coopération au sein de l’OCS.

Le plus triste, c’est que Modi semble ignorer l’esprit de Shanghai, bien que son gouvernement ait fortuitement récolté l’initiative de politique étrangère du précédent gouvernement Manmohan Singh visant à obtenir l’adhésion de l’Inde à l’OCS. Les discours de Modi sur les plateformes multilatérales ont désormais acquis un caractère automatique : ils visent le Pakistan et la Chine par le biais d’insinuations. Ils enthousiasment les lobbies antimusulmans et sinophobes en Inde, mais ne sont d’aucune utilité pour le collectif de l’OCS. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-mecontentement-de-linde-a-legard-de-locs

Le monde occidental

Comme nous l’avons vu, les médias occidentaux donnent à leurs lecteurs une vision déformée, carrément caricaturale, du monde non occidental, les empêchant ainsi de connaitre les grands changements géopolitiques actuels.

Cette propagande médiatique a de malheureuses conséquences. Cette analyse de l’ancien ambassadeur anglais Alastair Crooke, nous explique que le drame de l’Occident est son incapacité à voir que le monde change et que, par conséquent, il reste bloqué dans ses préjugés :

« La tragédie qui frappe l’Occident aujourd’hui consiste, d’une part, en l’impossibilité pure et simple pour lui de continuer à faire ce qu’il a fait – qui n’a d’égale que son impossibilité à faire autre chose.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les conditions qui ont donné naissance à l’âge d’or qui a créé la “génération confortable” ne sont plus réunies : des crédits à taux zéro, une inflation nulle, des médias de connivence et une énergie bon marché qui “subventionnent” une base manufacturière de plus en plus réduite et sclérosée (du moins en Europe).

Ces décennies ont été l’éphémère “moment au soleil” de l’Occident. Mais ce moment est révolu. La “périphérie” peut se débrouiller seule, merci ! Elle s’en sort bien – plutôt mieux, en fait, que le centre impérial ces jours-ci. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-tragedie-en-cours-limpossibilite-de-faire-autre-chose

Quelques intellectuels occidentaux commencent tout juste à prendre conscience de ce problème. Voici par exemple un discours qui vient d’être donné par une ancienne fonctionnaire au US National Security Council pendant une conférence à l’International Defense and Security Council, en Estonie :

« Depuis 1991, les États-Unis semblent être la seule superpuissance mondiale. Mais aujourd’hui, après une période troublée de deux décennies, marquée par des interventions militaires menées par les Américains et un engagement direct dans des guerres régionales, la guerre en Ukraine met en évidence le déclin des États-Unis eux-mêmes. Ce déclin est relatif sur le plan économique et militaire, mais grave en termes d’autorité morale. Malheureusement, comme l’avait prévu Oussama ben Laden, les réactions et les actions des États-Unis ont érodé leur position depuis les attaques terroristes dévastatrices du 11 septembre. La “fatigue envers l’Amérique” et la désillusion quant à son rôle d’hégémon mondial sont largement répandues. Cela vaut également pour les États-Unis eux-mêmes, comme en témoignent les débats au Congrès, dans les médias et dans les groupes de réflexion. Pour certains, les États-Unis sont un acteur international imparfait qui doit s’occuper de ses propres problèmes intérieurs. Pour d’autres, les États-Unis sont une nouvelle forme d’État impérial qui ignore les préoccupations des autres et qui pèse de tout son poids militaire…

Dans ce qu’il est convenu d’appeler le “Sud global” et ce que j’appelle vaguement le “Reste du monde“, les États-Unis ne sont pas perçus comme un État vertueux. Les perceptions de l’orgueil démesuré et de l’hypocrisie des États-Unis sont largement répandues. La confiance dans le(s) système(s) international(aux) que les États-Unis ont contribué à inventer et qu’ils ont présidé depuis la Seconde Guerre mondiale a disparu depuis longtemps. Les élites et les populations de nombre de ces pays estiment que ce système leur a été imposé à un moment de faiblesse, alors qu’ils venaient à peine d’assurer leur indépendance. Même si les élites et les populations ont généralement bénéficié de la pax Americana, elles estiment que les États-Unis et leur bloc de pays de l’Occident collectif en ont bénéficié bien davantage. Pour eux, cette guerre vise à protéger les avantages et l’hégémonie de l’Occident, et non à défendre l’Ukraine…

La résistance des pays du Sud aux appels à la solidarité des États-Unis et de l’Europe sur l’Ukraine est une rébellion ouverte. Il s’agit d’une mutinerie contre ce qu’ils considèrent comme l’Occident collectif qui domine le discours international et rejette ses problèmes sur tous les autres, tout en écartant leurs priorités en matière de compensation du changement climatique, de développement économique et d’allègement de la dette. Les autres se sentent constamment marginalisés dans les affaires mondiales. En fait, pourquoi les qualifier (comme je le fais dans ce discours) de “Sud global“, alors qu’on les appelait auparavant Tiers monde ou Monde en développement ? Pourquoi sont-ils même le “reste” du monde ? En fait, ils sont le monde, représentant 6,5 milliards de personnes. Notre terminologie pue le colonialisme… »

https://lesakerfrancophone.fr/la-prise-de-conscience-dune-analyste-occidentale-la-rebellion-du-reste-du-monde-contre-les-etats-unis

Le fait que cette analyste emploie les mots de « rébellion » et de « mutinerie » montre que la pensée « le reste du monde est aux ordres des Etats Unis » est profondément ancré dans sa vision subconsciente du monde, comme elle l’est aussi dans l’inconscient collectif occidental et même de celui des « pays du Sud » qui, sous l’influence de l’extraordinaire « soft power » médiatique américain, avaient eux aussi intégré ce genre de vision subconsciente de l’ordre mondial.

C’est cela qui est en train de changer, par l’action de résistance de la Russie et de la Chine qui entrainent le « reste du monde » dans leur sillage. C’est contre cela que les élites occidentales veulent lutter, comme le montre la suite du texte précédent. Mais l’histoire ne fait jamais de marche arrière. Il serait donc plus judicieux que le monde occidental accepte et participe à ce changement de paradigme géopolitique plutôt que d’y résister. Encore faut-il que la population soit consciente de cette évolution du « reste du monde ». La propagande médiatique occidentale fait de son mieux pour que cela ne soit pas le cas.

Cette propagande est préparée au plus haut niveau, au Pentagone, comme nous l’explique cette enquête :

« Ken Klippenstein, journaliste d’investigation à The Intercept, a révélé comment le Pentagone a très discrètement lancé en mars une nouvelle division interne, baptisée “Bureau de gestion de l’influence et de la perception“.

Son existence n’est pas strictement secrète, bien qu’il n’y ait eu aucune annonce officielle de son lancement, et encore moins d’explication de la part des responsables du ministère de la défense quant à sa raison d’être ou à son mode de fonctionnement. Son budget reste également un mystère, mais il s’élèverait à plusieurs millions d’euros. »

https://lesakerfrancophone.fr/le-nouveau-bureau-de-gestion-de-linfluence-et-des-perceptions-du-pentagone

Comme le constate Caitlin Johnstone, cette propagande arrive à nous faire considérer comme normal l’illogisme, le deux poids deux mesures, de la politique des Etats Unis, sans même que nous en soyons conscients :

« “L’éventualité d’installations chinoises importantes à Cuba constitue une menace pour l’Amérique“, écrit Bolton, qui estime que de telles activités “pourraient bien camoufler des armes offensives, des systèmes de tir ou d’autres capacités menaçantes“. “Par exemple, les missiles de croisière hypersoniques, plus difficiles à détecter, à suivre et à détruire que les missiles balistiques, sont des candidats naturels à l’installation à Cuba, une perspective que nous ne pouvons tolérer, tout comme de nombreux autres risques, tels qu’une base de sous-marins chinois“, ajoute-t-il.

Autant d’arguments que la Russie et la Chine pourraient faire valoir, pratiquement mots pour mots, sur la manière dont les États-Unis menacent leurs intérêts en matière de sécurité en installant des machines de guerre dans leur environnement immédiat….

Exiger que la Russie et la Chine tolèrent de la part des États-Unis un comportement que les États-Unis ne toléreraient jamais de la part de la Russie ou de la Chine, c’est simplement exiger que le monde se soumette à l’empire américain. Ceux qui affirment que la Russie aurait dû tolérer que l’Ukraine devienne un membre de l’OTAN ou que la Chine devrait accepter l’encerclement militaire des États-Unis, au nom de la liberté et de la démocratie, ne font en réalité qu’affirmer que les États-Unis devraient être autorisés à régner sans partage sur chaque centimètre carré de la planète. »

https://lesakerfrancophone.fr/john-bolton-explique-accidentellement-pourquoi-la-politique-americaine-a-legard-de-la-russie-et-de-la-chine-est-erronee

Bonne semaine

Revue de presse alternative du 3 juillet 2023

Source : The Saker francophone


Par Wayan – Le 3 juillet 2023 – Le Saker Francophone

La saga Prigojine

Le monde médiatique vient d’être soulevé par une énorme vague de « brouillard de guerre », ces épisodes de guerre hybride où les deux camps se battent à coup de désinformation pour mieux aveugler l’autre, ou s’aveugler eux-mêmes par la même occasion. La saga de la « rébellion de Prigojine » en deviendra surement un exemple académique.

Autant les médias grand public que les médias alternatifs ont donc été pris dans cette vague où les faits sont triturés pour convenir à l’hypothèse de chacun. Nous commencerons par les médias grand public pour constater que, comme d’habitude, la richesse d’opinion est juste assez superficielle pour cacher le fait qu’ils chantent la même musique : « Poutine a été très affaibli par ce coup dur envers son autorité » :

 

https://www.bfmtv.com/international/asie/russie/apres-le-putsch-poutine-affaibli-emission-speciale-sur-bfmtv_VN-202306260977.html

https://www.ladepeche.fr/2023/06/26/recit-guerre-en-ukraine-poutine-affaibli-par-prigojine-apres-deux-jours-de-rebellion-de-wagner-11301790.php

https://www.ouest-france.fr/europe/russie/entretien-mutinerie-de-wagner-poutine-est-vraiment-affaibli-ada2b458-14d0-11ee-84f1-0960f4dbada5

« Opinion : Que s’est-il passé en Russie – et que se passera-t-il ensuite ? Nos chroniqueurs s’expriment sur le sujet

David Von Drehle : Même les coups d’État ratés ont des conséquences

Poutine n’avait manifestement pas plus confiance que Prigojine dans l’issue de l’affrontement. Plutôt que de tester la loyauté et la force des forces gouvernementales pour écraser le soulèvement, le dirigeant russe a saisi la première issue qui s’offrait à lui – un signe de faiblesse qui pourrait inviter à une autre tentative. … La mauvaise nouvelle : Une Russie affaiblie a des dirigeants affaiblis et est en train d’échapper à tout contrôle. Poutine a conduit son pays au désastre et il n’y a personne en vue pour le sauver.

Max Boot : Prigojine a rendu la faiblesse de Poutine évidente pour tout le monde

La révolte de Prigojine et de ses mercenaires du groupe Wagner a sapé la légitimité de Poutine. Il reste à déterminer si les dommages sont fatals. … Même si Prigojine disparaît, le mécontentement qu’il a révélé restera un talon d’Achille pour Poutine.

David Ignatius : Après avoir esquivé la balle, Poutine devra montrer qu’il contrôle la situation

Les vulnérabilités de Poutine ont été clairement mises en évidence le week-end dernier, mais il en va de même pour ses étonnantes capacités de survie. Il s’est introduit dans le complot de Prigojine et l’a arrêté. … Poutine devra montrer qu’il est aux commandes maintenant, après cette expérience de mort imminente. C’est la mauvaise nouvelle pour l’Ukraine et la Russie. »

https://lesakerfrancophone.fr/comment-implanter-la-propagande-poutine-a-ete-affaibli-la-russie-seffondre

Une vraie aubaine pour les dirigeants et médias occidentaux qui n’ont vu dans ce brouillard que ce qu’ils avaient envie d’y voir : « Poutine est au bord du précipice et la Russie va y tomber avec lui ».

Par contre, dans la presse alternative les hypothèses cherchant à donner un sens à cette histoire sont bien plus nombreuses et variées. Je vous en livre quelques-unes écrites ou traduites en français mais cette liste est loin d’être exhaustive :

« Contrairement aux commentaires de la presse occidentale, Evgueni Prigojine n’a jamais tenté de coup d’État contre Vladimir Poutine. Il a voulu le faire chanter afin de conserver les privilèges exorbitants qu’il a accumulés depuis la création de sa société militaire privée. Puis il s’est rendu à la raison et a réintégré son poste. »

https://www.voltairenet.org/article219541.html

« La mutinerie de Prigojine était-elle une opération des services de renseignement occidentaux déjouée par les espions russes ? »

https://reseauinternational.net/la-mutinerie-de-prigojine-etait-elle-une-operation-des-services-de-renseignement-occidentaux-dejouee-par-les-espions-russes/

« Mais dans ce déluge d’hypothèse, une n’a pas été étudiée et pourtant, selon ma logique, elle correspond le mieux aux faits observés, à la dinguerie du scénario et aux intentions des scénaristes : Et si cette soudaine et intempestive « rébellion armée » n’était qu’une psyop menée par le gouvernement russe avec en tête d’affiche le couple d’acteurs Poutine/Prigojine. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-rebellion-de-prigojine-ne-serait-elle-pas-une-psyop-russe

« En fin de compte, les commentateurs néolibéraux et les partisans du plan russe n’ont qu’une vision insatisfaisante des événements. Prigojine n’est ni le signe avant-coureur d’un changement de régime, ni une pièce du jeu d’échecs quadridimensionnel de Poutine. Il s’agit simplement d’un homme mercurien et sauvagement irresponsable qui a vu que sa société militaire privée allait lui être retirée et qui a décidé de faire des efforts extrêmes et criminels pour l’en empêcher. C’est un joueur de cartes qui n’a rien en main et qui a décidé de bluffer pour se sortir d’un mauvais pas – jusqu’à ce que son bluff soit suivi. »

https://reseauinternational.net/guerre-russo-ukrainienne-le-soulevement-de-wagner/

Et même le coup de gueule d’un russe francophone face à ce déluge d’hypothèses :

« J’accuse pourtant une très grande partie de ceux qui soutiennent la Russie, d’être de stupides complotistes au sujet de la rébellion de Wagner ! Je n’ai jamais lu autant de débilités en si peu de temps, y compris dans le groupe de discussion de ma chaine Télégram (A tel point que j’envisage de bloquer les commentaires, c’est dire…) Alors je ne vais pas me faire d’amis, mais comme je n’en ai pas besoin je vais remettre les choses à leur place !

Prigozhin (et les emmerdeurs qui me disent qu’il faut écrire Prigojine peuvent aller se faire voir !) n’a passé aucun “accord préalable” avec qui que ce soit avant de lancer son opération. Ni avec le gouvernement Russe, ni avec la CIA, ni avec les extra-terrestres, ni avec le diable ! »

https://boriskarpov.tvs24.ru/2023/06/26/rebellion-wagner-marre-des-complotistes/

De toutes façons nous ne saurons jamais vraiment les tenants et aboutissements de cette curieuse affaire et les zones d’ombre resteront dans l’ombre car des bizarreries subsistent. En voilà trois prises au passage :

« L’enquête criminelle sur la mutinerie de la société militaire privée Wagner a été abandonnée, a annoncé le Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie. Le président russe Vladimir Poutine avait précédemment promis l’immunité aux participants à l’insurrection, dirigée par le chef de Wagner, Evgeny Prigozhin.

L’enquête du FSB “a déterminé que le 24 juin, les participants ont cessé leurs actions visant à commettre le crime”, a rapporté son service de presse mardi. “Compte tenu de ce fait et d’autres circonstances pertinentes, l’organe d’enquête a pris la décision, le 27 juin, d’arrêter l’enquête criminelle…

Le dirigeant russe a offert aux troupes Wagner la possibilité de signer des contrats avec le ministère de la défense ou l’une des forces de l’ordre du pays pour continuer à servir leur pays. Ils peuvent également prendre leur retraite sans encourir de sanction, a précisé M. Poutine.

Ceux qui ne souhaitent pas opter pour l’une ou l’autre option sont libres d’aller en Biélorussie avec Prigozhin, a promis M. Poutine, réaffirmant que son gouvernement n’a pas l’intention de poursuivre le chef de la mutinerie ni les troupes qui lui sont fidèles. »

https://www.rt.com/russia/578779-wagner-criminal-investigation-fsb/

Voilà donc une compagnie de mercenaires à l’origine d’un coup d’Etat qui, la poussière n’étant pas encore retombée, est directement graciée, toute enquête arrêtée, alors même que le FSB, l’agence des services secrets russe, qui a officiellement été incapable d’empêcher une telle histoire, devrait être particulièrement remontée contre elle. La magnanimité de Poutine est extraordinaire.

Mais les bizarreries ne s’arrêtent pas là. Après avoir été graciée elle est autorisée, autant par le gouvernement russe que biélorusse, à installer ses quartiers en Biélorussie. Evidemment c’est un mouvement qui inquiète beaucoup les européens :

« Les pays d’Europe de l’Est membres de l’OTAN ont averti mardi qu’un déplacement des troupes mercenaires russes de Wagner en Biélorussie créerait une plus grande instabilité régionale, mais le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que l’alliance était prête à se défendre contre n’importe quelle menace.

“Si Wagner déploie ses tueurs en série au Belarus, tous les pays voisins seront confrontés à un risque d’instabilité encore plus grand”, a déclaré le président lituanien Gitanas Nauseda à l’issue d’une réunion à La Haye avec M. Stoltenberg et les chefs de gouvernement de six autres alliés de l’OTAN.

“Il s’agit d’une situation très grave et très préoccupante, et nous devons prendre des décisions très fermes. Cela nécessite une réponse très, très ferme de l’OTAN”, a ajouté le président polonais Andrzej Duda.

Le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, est arrivé au Belarus mardi dans le cadre d’un accord négocié par le président Alexandre Loukachenko, qui a mis fin à la mutinerie des mercenaires en Russie samedi.

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que les combattants de Wagner auraient la possibilité de s’installer au Belarus. »

https://www.reuters.com/world/europe/east-europe-nato-allies-say-wagner-troops-belarus-spell-trouble-2023-06-27/

Cerise sur le gâteau, non seulement Wagner est autorisée à s’installer en Biélorussie mais aussi à continuer à pouvoir représenter le bras armé de la Russie en Afrique. Incroyable mais vrai.

« Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé lundi, que le groupe paramilitaire “Wagner” poursuivra son activité dans certains pays africains, malgré la rébellion menée, vendredi soir, par le chef du groupe, Evgueni Prigojine.

Dans une interview accordée à Russia Today TV, Lavrov a déclaré que les forces de Wagner continueront d’opérer en République centrafricaine et au Mali. »

https://www.aa.com.tr/fr/politique/lavrov-annonce-la-poursuite-de-lactivité-de-wagner-en-afrique-/2931721

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20230626-le-groupe-paramilitaire-wagner-va-continuer-ses-opérations-au-mali-et-en-centrafrique-a-affirmé-le-ministre-russe-des-affaires-étrangères-sergueï-lavrov

Décidément, les informations autour de cette affaire montrent qu’elle ne suit pas une logique ordinaire, et bien malin celui qui aura le dernier mot. Si ce n’est un vrai brouillard de guerre russe pour aveugler l’adversaire.

Cachées momentanément par ce brouillard, l’Ukraine continue d’enchaîner les pertes catastrophiques sans guère avancer sur le terrain. Le titre de cet article du magazine américain Forbes l’annonce directement : « 25 chars et véhicules de combat disparus en un clin d’œil : La défaite ukrainienne près de Mala Tokmachka a été pire que prévue »

https://www.forbes.com/sites/davidaxe/2023/06/27/25-tanks-and-fighting-vehicles-gone-in-a-blink-the-ukrainian-defeat-near-mala-tokmachka-was-worst-than-we-thought/?sh=139ab1e37918 [traduction avec DeepL].

Comme le conclut l’analyste militaire allemand de Moon of Alabama :

« L’Occident est actuellement incapable de produire autant de munitions que l’Ukraine veut en tirer. Et si les États-Unis ont encore quelques chars de combat Bradleys et Abrams dans leurs réserves, les dépôts de “toutes les armes” dans les autres pays de l’OTAN sont déjà vides. Il n’y a plus de chars, de véhicules blindés ou d’obusiers qui puissent être donnés.

Il n’y a aucune chance que l’Ukraine gagne ce combat ou même qu’elle s’en tienne à ses positions actuelles. C’était facile à prévoir. Ceux qui ont poussé l’Ukraine à agir ainsi devraient être condamnés pour le massacre meurtrier qu’ils ont causé.

L’Ukraine doit faire la paix avec la Russie. Oui, cela s’accompagnera de conditions qui ne seront pas faciles à avaler. Mais il n’y a pas d’autre issue.

Poursuivre le combat, avec des pertes croissantes en hommes et en terrain, n’est pas une alternative viable. »

https://lesakerfrancophone.fr/zaluzhny-est-de-retour-et-demande-plus-darmes

 

La Russie

Dépités par la résilience de l’économie russe aux sanctions économiques occidentales, les médias grand public compensent en prédisant à tour de bras « la chute de l’économie russe » :

« Alors que la guerre se poursuit dans sa deuxième année et que les sanctions occidentales sont plus dures, les recettes publiques de la Russie sont comprimées et son économie est passée à une trajectoire de croissance plus faible, probablement à long terme.

Les principales exportations du pays, le gaz et le pétrole, ont perdu d’importants clients. Les finances publiques sont tendues. Le rouble est en baisse de plus de 20% depuis novembre face au dollar. La main-d’œuvre a diminué car les jeunes sont envoyés au front ou fuient le pays par crainte d’être enrôlés. L’incertitude a freiné les investissements des entreprises.

“L’économie russe entre dans une régression à long terme”, a prédit Alexandra Prokopenko, une ancienne responsable de la Banque centrale russe qui a quitté le pays peu après l’invasion. »

https://www.wsj.com/articles/russias-economy-is-starting-to-come-undone-431a2878

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/aujourd-hui-l-économie/20230627-l-économie-russe-en-pleine-déconfiture

Il faut dire que les pays occidentaux ont mis le paquet pour blesser à mort l’économie russe :

« Dans le but de punir la Russie pour son agression, les pays occidentaux ont utilisé leur emprise sur le système financier mondial, dévoilant plus de 11 300 sanctions depuis l’invasion et gelant quelque 300 milliards de dollars des réserves de change du pays. Dans le même temps, plus de 1 000 entreprises, allant de BP (BP) à McDonald’s (MCD) et Starbucks (SBUX), ont abandonné ou réduit leurs opérations dans le pays, invoquant l’opposition à la guerre et les nouveaux défis logistiques. »

https://edition.cnn.com/2023/02/22/business/russia-economy-ukraine-anniversary/index.html

On se souvient que, en mars 2022, Bruno Le Maire ne donnait pas cher du pays :

« “On en voit déjà les effets [des sanctions économiques]. Le trésor de guerre de Poutine est déjà réduit à presque rien. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe”, déclare le ministre. »

https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/bruno-le-maire-nous-allons-provoquer-l-effondrement-de-l-economie-russe_AN-202203010131.html

Un an après cette virile prédiction :

« Alors que de nombreux analystes et observateurs s’attendaient à ce que l’économie russe s’effondre sous le poids de la guerre en Ukraine et d’un déluge de sanctions occidentales, le pays est en fait apparu étonnamment résistant en 2022.

Le chef de la Banque centrale de Russie a déclaré en décembre que le PIB russe ne se contracterait que de 3 % en 2022, tandis que le président Vladimir Poutine prévoyait une baisse de 2,5 %.

“L’économie russe a survécu à 2022”, a déclaré l’économiste Janis Kluge de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP) au Moscow Times.

“Mais nous ne pouvons pas encore dire qu’il a survécu aux sanctions car elles sont toujours en cours.”

Des économistes comme Kluge avertissent que, derrière les statistiques de fin d’année apparemment positives, il y a de nombreux signes de temps plus sombres à venir.

Et même les chiffres du PIB ne sont pas aussi roses qu’ils pourraient le paraître. »

https://www.themoscowtimes.com/2023/01/03/what-really-happened-with-russias-economy-in-2022-a79856

« Le PIB de la Russie a baissé en 2022, mais pas autant que prévu. En février, le Fonds monétaire international a déclaré qu’il s’attendait à ce que les chiffres définitifs indiquent une légère baisse de 2 % du PIB en 2022, suivie d’une hausse de 0,3 % en 2023 avant un rebond à près de 2 % en 2024, envoyant ainsi le message que l’économie de 145 millions d’habitants est robuste et capable de faire face aux coûts supplémentaires de la guerre. »

https://www.theguardian.com/world/2023/apr/10/is-the-ukraine-war-boosting-or-damaging-the-russian-economy

Et surtout :

« Les sanctions occidentales n’ont pas miné le potentiel économique de la Russie au point que le Kremlin perde la capacité de financer sa guerre en Ukraine. Les événements de 2022 ont confirmé que l’économie russe est résiliente et que le Kremlin est en mesure d’atténuer tout effet déstabilisateur que le ralentissement économique pourrait avoir sur le front politique.

La durabilité de l’économie russe est déterminée par sa place dans la division mondiale du travail : elle se situe au tout début des chaînes technologiques en tant que fournisseur de ressources naturelles.

Comme l’économie mondiale ne peut croître sans augmenter sa consommation de ressources naturelles, la demande de matières premières russes est maintenue. Cela a, dans une large mesure, protégé l’économie russe de l’impact des sanctions.

En 2021, la Russie a fourni 17,5 % du pétrole vendu sur le marché mondial, 47 % du palladium, 16,7 % du nickel, 13 % de l’aluminium (hors Chine) et près d’un quart des engrais potassiques.

Hypothétiquement, l’économie mondiale pourrait renoncer aux matières premières russes, mais seulement au prix de hausses de prix et potentiellement d’années de récession, ce qui n’est pas dans l’intérêt des politiciens occidentaux.

La tentative des États-Unis de fermer l’accès de l’aluminium russe au marché mondial en 2018 a entraîné un bond instantané du prix de ce métal de 20 %, ce qui a contraint la Maison Blanche à abandonner les plans annoncés. »

https://www.aljazeera.com/opinions/2023/2/28/russia-after-a-year-of-sanctions

Créant plutôt un retour de flamme économique :

« Les États-Unis entreront dans un ralentissement au quatrième trimestre, suivi d’une “année de contraction et d’une récession européenne en 2024”, selon HSBC Asset Management.

Dans ses perspectives de milieu d’année, le gestionnaire d’actifs du géant bancaire britannique a déclaré que les avertissements de récession “clignotent au rouge” pour de nombreuses économies, tandis que les politiques budgétaires et monétaires ne sont pas synchronisées avec les marchés boursiers et obligataires.

Joseph Little, stratège en chef mondial chez HSBC Asset Management, a déclaré que si certaines parties de l’économie sont restées résilientes jusqu’à présent, l’équilibre des risques “indique un risque de récession élevé maintenant”, l’Europe étant en retard sur les États-Unis mais la trajectoire macroéconomique généralement “alignée”. ”

“Nous sommes déjà dans une légère récession des bénéfices, et les défauts de paiement des entreprises ont également commencé à augmenter”, a déclaré Little dans le rapport consulté par CNBC. »

https://www.cnbc.com/2023/06/27/hsbc-global-economies-are-out-of-sync-2024-will-be-a-year-of-contraction.html

« L’économie allemande se contractera plus que prévu cette année, car l’inflation galopante pèse sur la consommation privée, a déclaré l’institut Ifo mercredi lors de la présentation de ses prévisions.

“L’économie allemande ne sortira que très lentement de la récession”, a déclaré Timo Wollmershaeuser, responsable des prévisions économiques de l’Ifo.

Le produit intérieur brut allemand devrait baisser de 0,4 % cette année, soit plus que les 0,1 % prévus par l’institut Ifo en mars. »

https://www.reuters.com/markets/europe/german-recession-will-be-sharper-than-expected-ifo-2023-06-21/

« Les fonds d’actions européens viennent de subir une 16ème semaine consécutive de retrait des investissements, en portant le montant total à 27 milliards de dollars depuis le début de l’année, ont indiqué les stratèges de Bank of America Corp. dans une note vendredi, citant les données d’EPFR Global. Au cours de la seule semaine écoulée, l’Europe a enregistré les retraits les plus importantes parmi les grandes régions, avec un exode de 4,6 milliards de dollars…

“L’exposition à la technologie stimule à nouveau les flux d’actions régionales, au profit des actions américaines et du dollar”, a écrit Emmanuel Cau, stratège chez Barclays Plc, dans une note publiée cette semaine, soulignant que l’Europe était la seule grande région à avoir enregistré des retraits de capitaux en juin. “En revanche, les investisseurs américains ont commencé à vendre des actions européennes pour la première fois cette année, l’affaiblissement des données d’activité entraînant des sorties plus importantes de la région. »

https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-06-30/a-27-billion-stock-exodus-shows-how-investors-feel-about-europe

« Une personne sur sept au Royaume-Uni a souffert de la faim l’année dernière parce qu’elle n’avait pas assez d’argent, selon un rapport publié mercredi par l’organisation caritative Trussell Trust, qui s’occupe des banques alimentaires.

Ce rapport, qui fait état de 11,3 millions de personnes, soit plus du double de la population de l’Écosse, met en cause un système de sécurité sociale dysfonctionnel, ainsi qu’une crise du coût de la vie qui ne montre guère de signes d’apaisement.

La Grande-Bretagne est la sixième économie mondiale, mais ses citoyens subissent depuis plus d’un an la pression d’une inflation élevée qui a dépassé la croissance des salaires pour la quasi-totalité des travailleurs.

Les prévisionnistes du gouvernement estiment que les ménages britanniques subissent la plus forte baisse de niveau de vie en deux ans depuis que des données comparables ont été enregistrées dans les années 1950. »

https://www.reuters.com/world/uk/one-seven-britons-faced-hunger-2022-says-food-bank-charity-2023-06-27/

Comme quoi, quand on parle économie mondiale, il faut toujours relativiser les chiffres en les comparant à la tendance générale avant d’affirmer tout verdict. Revenons à la Russie et les prévisions de l’IMF pour ce pays en 2023 :

« Après s’être contracté de 2,1 % l’an dernier, le FMI prévoit désormais une croissance de 0,7 % de l’économie russe cette année, en hausse de 0,4 % par rapport à une précédente prévision de janvier.

L’économie russe devrait ensuite croître de 1,3 % en 2024, en baisse de 0,8 % par rapport aux prévisions précédentes.

Le FMI a relevé ses prévisions pour 2023 après avoir conclu que la Russie avait “été capable de maintenir un certain élan dans l’économie en prenant, par exemple, des mesures budgétaires très fortes” en 2022 et 2023, a déclaré Gourinchas.

“À la fin de l’année dernière, une grande partie de ces dépenses budgétaires était également liée aux dépenses militaires”, a déclaré à la presse Petya Koeva Brooks, directrice adjointe du FMI au département de la recherche. “Mais plus largement, je pense que la Russie a utilisé l’espace budgétaire dont elle dispose pour également soutenir l’économie”, a-t-elle déclaré.

Le FMI s’attend à ce que le déficit budgétaire de la Russie atteigne 6,2 % du PIB cette année, selon un porte-parole. Ce serait presque trois fois la taille du déficit budgétaire de l’an dernier.

L’excédent du compte courant de la Russie devrait également chuter à 3,6% du PIB cette année, contre 10,3% un an plus tôt, en raison de termes de l’échange beaucoup plus faibles, de volumes d’énergie plus faibles et d’une reprise des importations, a déclaré le porte-parole. »

https://www.themoscowtimes.com/2023/04/11/economic-momentum-prompts-imf-to-raise-russias-growth-forecast-a80795

https://www.imf.org/external/datamapper/profile/RUS

Par comparaison le déficit budgétaire de la France, qui n’est pas en guerre, était de 4,7% en 2022, celui des Etats Unis de 5,5%. Quant à l’excédent du compte courant français il est négatif, à -2% du PIB pour 2022, et celui des Etats Unis à -3,6%.

On voit donc, chiffres à l’appui, que les « analystes » des médias grand public voyant ou prédisant une « une économie russe entraînant le gouvernement Poutine dans sa chute » sont loins des faits et plus proches de la propagande de guerre.

Jacques Sapir, un économiste français, nous explique pourquoi de telles erreurs de prévisions quant à l’économie russe :

« Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe.

Dans cet article, nous essaierons de comprendre pourquoi de tels échecs de prévision se sont produits, pouvaient-ils être évités et pourrions-nous établir des prévisions plus précises sur l’économie russe pour les temps à venir. »

https://www.les-crises.fr/pib-russe-pourquoi-les-previsionnistes-se-sont-ils-trompes-sur-leurs-estimations-pour-2022-par-jacques-sapir/

Enfin, pour les curieux qui veulent connaitre tous les chiffres de l’économie russe, voici un rapport [en anglais mais vous pourrez le traduire en utilisant DeepL] intitulé « l’économie de guerre a adouci l’effet des sanctions », écrit par un Think tank polonais :

https://www.osw.waw.pl/en/publikacje/osw-commentary/2023-05-26/russia-funding-war-eases-consequences-sanctions

 

La relation Chine-Occident

Comme nous l’avions vu la semaine dernière en parlant de la si médiatiquement discrète visite du Premier Li Qiang en Europe, la poussée occidentale, menée par les Etats-Unis et l’Union Européenne, pour un « de-risking » avec la Chine n’est pas en accord avec l’intérêt général de nations telles que la France et l’Allemagne qui, lors de cette visite, ont passé des accords commerciaux avec la Chine :

« Ils ont appelé à “de-risker” – une politique que Mme von der Leyen, qui assiste au sommet [le dernier sommet du G7 qui s’est tenu au Japon], a défendue. Il s’agit d’une version plus modérée de l’idée américaine de “découplage” de la Chine, où ils parleraient plus durement en diplomatie, diversifieraient les sources commerciales et protégeraient le commerce et la technologie…

Le G7 prévoit également de renforcer les chaînes d’approvisionnement pour des biens importants tels que les minéraux et les semi-conducteurs, et de renforcer l’infrastructure numérique pour empêcher le piratage et le vol de technologie.

Mais le plus gros bâton qu’ils prévoient d’utiliser est le contrôle multilatéral des exportations. Cela signifie travailler ensemble pour s’assurer que leurs technologies, en particulier celles utilisées dans l’armée et le renseignement, ne se retrouvent pas entre les mains d'”acteurs malveillants”.

Les États-Unis le font déjà avec leur interdiction d’exporter des puces et de la technologie des puces vers la Chine, à laquelle le Japon et les Pays-Bas ont adhéré. Le G7 indique clairement que ces efforts non seulement se poursuivraient, mais s’intensifieraient, malgré les protestations de Pékin.

Ils ont également déclaré qu’ils continueraient à sévir contre les “transferts inappropriés” de technologies partagées par le biais d’activités de recherche. Les États-Unis et de nombreux autres pays se sont inquiétés de l’espionnage industriel et ont emprisonné des personnes accusées d’avoir volé des secrets technologiques pour la Chine.

Dans le même temps, les dirigeants du G7 ont clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas totalement couper le cordon. »

https://www.bbc.com/news/world-asia-65662720

Pendant que l’Union Européenne installe ses plans de « de-risking », l’Allemagne et la France plaide pour conserver de bonnes relations avec ce pays si important économiquement :

« Alors que la Chine s’affirme de plus en plus dans la poursuite de ses intérêts économiques et géopolitiques à l’étranger, les tensions américano-chinoises augmentent, ce qui conduit de nombreux alliés américains traditionnels à envisager de suivre l’exemple de Washington dans la poursuite d’un « découplage » économique avec la Chine. Leur stratégie vise à réduire la dépendance économique vis-à-vis de la Chine grâce à des contrôles étendus des exportations et à des chaînes d’approvisionnement réorganisées.

Pourtant, en Europe occidentale, la France et l’Allemagne montrent une réticence à rejoindre leurs alliés dans le découplage de la Chine. Les récents commentaires du président français Emmanuel Macron selon lesquels l’Europe ne devrait pas se laisser “prendre dans des crises qui ne sont pas les nôtres” le démontrent.

Les exportations vers la Chine représentaient 7,4 % des exportations totales de l’Allemagne et 4,21 % de celles de la France en 2019, ces chiffres ayant augmenté au cours des trois dernières années pour atteindre des niveaux records. Compte tenu de la classe moyenne croissante de la Chine, le pays présente un énorme marché de consommation potentiel dans les années à venir. »

https://www.aspistrategist.org.au/why-france-and-germany-will-not-decouple-from-china/

« BRUXELLES – La Commission européenne a présenté mardi une stratégie de “réduction des risques” conçue pour développer une économie résiliente moins dépendante de la Chine dans les technologies critiques, alors que les États membres de l’Union européenne restent divisés sur la manière d’aborder les relations avec Pékin.

La proposition de la CE – l’organe exécutif de l’Union européenne – vise à renforcer le contrôle des investissements étrangers directs, à exercer des contrôles à l’exportation pour parer à la “coercition économique” et à faire face aux risques dans les industries qui ont des applications militaires telles que l’informatique quantique, les semi-conducteurs avancés et intelligence artificielle. Bien que la stratégie ne mentionne pas la Chine par son nom, son langage reflète les critiques fréquemment adressées à Pékin par l’Europe, les États-Unis et d’autres…

Mais certains signes montrent que les États membres de l’UE ne sont pas unis dans leur vision de la Chine. Berlin accueille actuellement le Premier ministre chinois Li Qiang, qui s’est entretenu mardi avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Le dirigeant allemand a été cité par Reuters comme disant “un dialogue direct, des entretiens personnels, une vraie discussion” avec la Chine était important, tandis que Li a déclaré que Pékin espérait porter les relations bilatérales “à un nouveau niveau”. »

https://asia.nikkei.com/Location/Rest-of-the-World/Europe/Europe-unveils-de-risking-strategy-but-states-divided-on-China

« Le président français Emmanuel Macron a de nouveau lancé un appel public à la construction d’une Europe autonome, dans une tentative persistante de secouer les chaînes de l’Europe et de prouver qu’elle n’est le vassal d’aucune superpuissance…

Macron a fait ces remarques lors d’une longue interview avec Fareed Zakaria, de CNN, publiée dimanche, dans laquelle il a également souligné qu’un programme mondial était impossible sans la coopération entre les États-Unis et la Chine. “Nous avons besoin de coopération, en particulier entre la Chine et les États-Unis”, a déclaré M. Macron à CNN. Au niveau mondial, la priorité absolue est de s’attaquer aux crises existantes et de lutter contre les inégalités, la pauvreté et le changement climatique, selon le dirigeant français.

Il a également souligné son espoir de construire une bonne relation et de promouvoir la coopération avec la Chine. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293199.shtml

« La PDG du groupe technologique allemand Merck KGaA (MRCG.DE) a déclaré que le démantèlement des liens commerciaux avec la Chine aurait un coût économique élevé et qu’elle misait sur le dialogue pour apaiser les tensions entre Pékin et les puissances occidentales…

“Quand j’entends des politiciens dire qu’il faut découpler, je ne pense pas que ce soit faisable… il faudra 20 ans pour découpler, et pour quoi faire ?” dit-elle. “Nous risquons un monde global qui a apporté le bien-être, plus d’innovation, plus de collaboration.”

Merck a déclaré que ses racines en Chine remontent à près de 90 ans. L’année dernière, le pays représentait 3,2 milliards d’euros (3,4 milliards de dollars) sur 22,2 milliards d’euros de ventes de groupe, avec des produits comprenant des équipements de bioréacteur ainsi que des produits chimiques pour la fabrication de puces électroniques et d’écrans plats. »

https://www.reuters.com/world/china/merck-ceo-says-decoupling-china-would-be-huge-economic-cost-2023-06-06/

Bien sur la Chine aussi, grande bénéficiaire de la mondialisation, ne voit pas ce « de-risking » d’un bon œil et l’a fait savoir pendant le Forum de Davos d’été :

« Le Premier ministre de la Chine Li Qiang a déploré mardi 27 juin dans un discours les appels occidentaux à réduire les dépendances vis-à-vis de son pays, y voyant une “fausse proposition” dans un monde aux économies entremêlées…

“En Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques”, a déclaré le Premier ministre chinois lors de l’ouverture du Forum économique mondial à Tianjin (nord de la Chine).

“Ces deux concepts, c’est une fausse proposition, car avec le développement de la mondialisation économique, l’économie mondiale est devenue une communauté où tout le monde est entremêlé”, a-t-il souligné, prononçant le mot de “coopération” à d’innombrables reprises.

“Les économies des pays sont imbriquées, interdépendantes, prospèrent mutuellement et se développent ensemble. C’est fondamentalement une bonne chose, pas une mauvaise chose !” »

https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20230627-réduire-la-dépendance-à-la-chine-est-une-fausse-proposition-selon-pékin

Pendant que Bruxelles et Washington s’orientent vers ce « découplage », le reste du monde n’a aucune intention de couper ses relations commerciales avec la Chine :

« Craig Polkinghorne, banquier principal à la Standard Bank, basée en Afrique du Sud, a déclaré au Global Times mardi en marge du forum que la Chine est un partenaire commercial très important pour presque tous les pays africains, et que si la croissance de la Chine change, cela aura un impact important sur l’Afrique, donc “nous souhaiterions que la croissance chinoise soit aussi élevée que possible”.

“Nous chercherions également à voir où le commerce actuel peut être augmenté, car je pense que trouver des moyens d’accroître le commerce est plus important que de se concentrer sur les chiffres de la croissance”, selon M. Polkinghorne.

En raison de l’expansion continue de l’économie chinoise au fil des ans, la contribution de la Chine à l’économie mondiale ne sera pas inférieure à 30 % cette année si le PIB atteint l’objectif visé, a déclaré l’expert Li, notant que le statut du pays en tant que principal partenaire commercial avec 140 pays dans le monde garantit le dynamisme de l’économie mondiale.

L’activité économique la plus dynamique est attendue en Asie, la réouverture de la Chine devant entraîner un rebond significatif pour le pays et soutenir l’activité sur l’ensemble du continent, selon le rapport du WEF publié en mai.

Le forum de Davos se déroule dans un tourbillon d’événements diplomatiques avec les visites des premiers ministres de quatre pays, dont la Barbade, la Nouvelle-Zélande, la Mongolie et le Viêt Nam, et les accords conclus pour approfondir la coopération dans de multiples secteurs, dont un entre la Chine et la Nouvelle-Zélande pour tirer parti de leur accord de libre-échange amélioré.

“Le marché chinois est incroyablement dynamique et revêt une importance stratégique pour nous”, a déclaré Peter McBride, président du géant laitier néo-zélandais Fonterra, au Global Times.

L’Arabie saoudite aurait également envoyé une importante délégation comprenant six ministres et vice-ministres au Davos d’été, alors que la coopération bilatérale s’est approfondie. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293280.shtml

« La troisième exposition économique et commerciale Chine-Afrique a débuté jeudi à Changsha, capitale de la province centrale du Hunan. L’exposition accueille davantage de produits “Made in Africa” en Chine et vise à renforcer les liens commerciaux entre les deux parties.

Sur le thème “Développement commun pour un avenir partagé”, l’événement de quatre jours accueillera des représentants de 53 pays africains et de nombreuses organisations internationales.

Le nombre d’exposants a atteint 1 500, soit une augmentation de 70 % par rapport à l’exposition précédente. Une myriade de produits africains sera exposée, des roses kenyanes à l’essence égyptienne, car les commerçants de ces pays profitent de l’exposition pour explorer le vaste marché chinois. »

https://zbcnews.co.zw/2023/06/30/china-africa-expo-opens-in-central-china/

Parallèlement à ce découplage, la politique du chaud et du froid pratiquée par les Etats-Unis envers la Chine, pourtant un des plus gros acheteurs de bons du trésor américain finançant ainsi sa monstrueuse dette, continue et agace. La prochaine visite planifiée de la ministre des finances étasunienne est l’occasion d’exprimer cet agacement, par média interposé :

« Après la visite longtemps retardée du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Pékin la semaine dernière, qui a rouvert la voie à des échanges de haut niveau entre les États-Unis et la Chine, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen aurait prévu de se rendre en Chine en juillet, les milieux d’affaires estimant que l’engagement économique officiel est sur le point de prendre le devant de la scène dans le contexte de relations bilatérales détériorées, principalement dues à la perception erronée de Washington.

Ce voyage devrait être motivé par les questions relatives au plafond de la dette américaine, mais certains experts chinois ont averti mardi que s’il existe encore une fenêtre d’opportunité pour réparer les relations entre les États-Unis et la Chine, elle ne sera pas ouverte longtemps, et que Washington doit donc prendre des mesures sincères plutôt que de créer de nouveaux problèmes. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293268.shtml

« Le jour même où l’on apprenait que Mme Yellen pourrait se rendre en Chine, une autre information paraissait selon laquelle l’administration Biden préparait un décret visant à contrôler les investissements en capital-risque et en capital-investissement en Chine et dans d’autres pays que le gouvernement américain considère comme des adversaires, ce qui signifie que les gestionnaires de fonds privés américains qui sont restés investis dans le secteur technologique chinois pourraient bientôt être confrontés à de nouvelles restrictions, comme l’a rapporté le Wall Street Journal ce mardi.

Au cours des derniers mois, le gouvernement américain a lancé à plusieurs reprises des ballons d’essai dans différents médias, montrant son intérêt et son enthousiasme à s’engager dans une communication de haut niveau avec la Chine. Selon un rapport de CNN publié en mai, l’administration Biden envisageait d’organiser une série de visites à Pékin de hauts fonctionnaires dans les mois à venir, dans le cadre d’un effort visant à renouer le dialogue avec la Chine sur des questions de fond.

Il se peut que cela se vende bien dans l’arène politique américaine. Mais pour la Chine, notre objectif n’a jamais été de savoir quels hauts fonctionnaires américains viendraient en Chine pour dire des choses agréables ou nouvelles sur les relations sino-américaines, mais plutôt de savoir si les États-Unis ont la sincérité et la politique spécifique pour réellement améliorer et stabiliser les relations avec la Chine. En fait, plus il y aura de visites de politiciens américains qui s’attacheront à montrer une sincérité hypocrite au lieu d’améliorer les relations bilatérales, plus la confiance mutuelle se heurtera à des difficultés.

Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré lors d’une conférence de presse en mai : “Ce qui compte, c’est que les États-Unis ne peuvent pas continuer à soulever la question de la communication d’un côté, tout en continuant à réprimer et à contenir la Chine de l’autre. Les États-Unis ne peuvent pas dire une chose et en faire une autre“.»

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293284.shtml

Car parallèlement à ces visites de politesse de hauts fonctionnaires étasuniens, les Etats-Unis continuent de prendre des décisions provocatrices envers ce pays. Nous en donnerons ici les deux plus récents exemples.

Le premier est la décision de sanctionner des laboratoires pharmaceutiques chinois qui vendent des produits et matériels qui seraient utilisés par des labos clandestins mexicains pour produire une drogue qui fait des ravages, le Fentanyl :

« En 2021, plus de deux fois plus de personnes sont mortes d’overdoses de méthamphétamine qu’en 2019, selon les données publiées ce mois-ci par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Près d’un tiers des décès par overdose cette année-là – plus de 31 000 – concernaient cette drogue [le Fentanyl]. Les données préliminaires suggèrent que 2022 a été une année encore plus meurtrière.

Les décès liés à la cocaïne sont également en hausse, avec un bond de 24 % en 2020 et 2021, selon les données des CDC.

Les experts affirment que la propagation du fentanyl rend la consommation de drogues plus dangereuse dans l’ensemble. »

https://edition.cnn.com/2023/05/23/health/overdose-deaths-not-just-fentanyl/index.html

Mais le phénomène ne date pas d’hier comme le montre ce texte publié en 2017 :

« La crise de la dépendance aux opiacés est une réalité aux États-Unis. En 2015, plus d’Américains sont morts d’overdose de drogue, que de violence armée. Selon le Washington Post : « Les décès dûs aux opioïdes ont continué à augmenter en 2015, dépassant les 30 000 pour la première fois dans l’histoire récente […] Cela représente une augmentation de près de 5 000 décès par rapport aux chiffres de 2014. » Les décès impliquant de puissants opiacés synthétiques, comme le Fentanyl, ont augmenté de 75% entre 2014 et 2015. 

Qui est responsable de la crise ? Presque tous les experts conviennent que les racines de la crise remontent aux années 1990, lorsque les sociétés pharmaceutiques américaines ont commencé à pousser à la vente de médicaments antidouleur et à encourager les médecins à les prescrire, espérant ainsi augmenter leurs profits. Le Centre américain pour le contrôle des maladies demande maintenant aux médecins états-uniens de réduire l’utilisation des analgésiques, car leur prescription systématique au cours des dernières décennies a alimenté la crise

Le problème de la sur-prescription d’analgésiques a été encore aggravé par l’invasion de l’Afghanistan par l’OTAN en 2002, qui a entraîné un énorme boom de la production de pavot dans le pays. Les champs de pavot d’Afghanistan inondent maintenant le marché mondial, abaissant le prix de l’héroïne à des planchers jamais atteints.

Évidemment, certaines voix dans les médias américains à but lucratif ont choisi de ne pas blâmer les puissantes compagnies pharmaceutiques, qui promeuvent ces produits dans l’unique but d’augmenter leurs profits ou d’accuser les opérations américaines en Afghanistan pour cette épidémie d’overdose qui détruit tant de vies américaines. Ces médias ont, à la place, trouvé un bouc émissaire commode, la République populaire de Chine. »

https://lesakerfrancophone.fr/des-solutions-ou-un-bouc-emissaire-parlons-franchement-de-la-chine-et-du-fentanyl

Là encore, attitude schizophrénique, Blinken veut discuter de ce problème avec la Chine, qui avait déjà pris des mesures, pendant que son administration applique immédiatement des sanctions :

« La Chine a exprimé son “fort mécontentement” contre les sanctions prises contre les entreprises et les individus accusés d’avoir contribué à alimenter la crise du fentanyl aux États-Unis.

Les commentaires sont intervenus quelques jours seulement après que le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que les deux pays avaient convenu d’explorer un groupe de travail pour endiguer le flux de produits chimiques pouvant être utilisés pour fabriquer la drogue au Mexique.

Avant 2019, la Chine était considérée comme la principale source de fentanyl illicite entrant aux États-Unis avant que Pékin n’impose des contrôles d’exportation plus stricts à la demande de Washington.

Depuis lors, bien que la capacité de production finale se soit largement déplacée vers des pays comme le Mexique, les États-Unis ont déclaré que la Chine restait la principale source d’ingrédients clés et a ciblé ceux qu’ils accusent d’être impliqués dans leur approvisionnement.

Pékin a toujours fermement nié toute implication et a déclaré qu’il s’agissait d’un problème “intérieur” pour les États-Unis. »

https://www.scmp.com/news/china/diplomacy/article/3224918/china-says-us-fentanyl-sanctions-are-smears-and-suppression-just-days-after-apparent-agreement-work

« Les États-Unis ont sanctionné mardi plus d’une douzaine d’entreprises chinoises et mexicaines, les accusant d’expédier ou de vendre du matériel qui fabrique des pilules contrefaites, alors qu’ils sévissent contre les importations de fentanyl illégal qui alimente l’épidémie mortelle d’opioïdes aux États-Unis.

Les sanctions visaient sept entités et six personnes basées en Chine, ainsi qu’une entité et trois personnes basées au Mexique, selon un communiqué du département du Trésor américain publié mardi.

Ces cibles sont directement ou indirectement impliquées dans la vente de presses à comprimés et d’autres équipements utilisés pour imprimer des marques commerciales contrefaites sur des pilules produites illicitement, souvent mélangées avec du fentanyl, qui sont fréquemment destinées aux marchés américains, a indiqué le département. »

https://edition.cnn.com/2023/05/31/economy/us-sanctions-china-fentanyl-intl-hnk/index.html

« Le 23 juin, le ministère américain de la justice a engagé des poursuites pénales contre quatre entreprises chinoises de fabrication de produits chimiques et huit personnes “accusées de trafic illégal de produits chimiques utilisés pour fabriquer du fentanyl”. Il s’agit d’un événement marquant dans la mesure où les États-Unis ont mis l’accent sur la question du fentanyl et “joué la carte du fentanyl” depuis un certain temps. Des sanctions déraisonnables contre les agences chinoises responsables de la lutte contre la drogue, au dénigrement et à la sanction illégale des entreprises chinoises, en passant par l’opération d’infiltration malveillante et les accusations criminelles de cette fois-ci, les actes unilatéraux des États-Unis consistant à se défausser de leur responsabilité et à blâmer des facteurs externes pour des maladies internes, ainsi que leur recours à une juridiction de longue haleine, sont de plus en plus perçus comme n’ayant pas de fondement.

Certains médias américains ont également affirmé que les États-Unis “s’approvisionnent en produits chimiques précurseurs du fentanyl en Chine”, tentant ainsi de coller l’étiquette de “trafiquant de drogue” à la Chine, alors que ce pays mène la répression la plus sévère au monde en matière de drogues. Ce genre de battage médiatique est sinistre, mais aussi très amateur. Les “précurseurs du fentanyl” mentionnés par les États-Unis sont en fait des produits chimiques qui peuvent être impliqués dans la production de fentanyl, mais il s’agit de produits ordinaires qui ne sont pas contrôlés par les conventions internationales sur les drogues et la législation chinoise, et les produits précédemment sanctionnés par les États-Unis comprennent même des moules médicaux ordinaires tels que des machines de remplissage de gélules. C’est comme si, lorsqu’il y a une fusillade de masse aux États-Unis, on blâmerait les pays qui exportent de l’acier au lieu d’en chercher la cause profonde. Le fait de sanctionner les entreprises qui exportent de l’acier signifie-t-il qu’il n’y aura plus de fusillades aux États-Unis ? 

En ce qui concerne plus particulièrement la question du fentanyl, l’indulgence générale du gouvernement américain à l’égard des délits liés à la drogue, la prescription excessive de médicaments psychiatriques par les groupes médicaux et l’absence de contrôle aux frontières et de capacités de surveillance et de repérage au niveau national sont autant de facteurs qui contribuent à la prolifération des drogues en Amérique. Telles sont les véritables causes sous-jacentes de la toxicomanie aux États-Unis. Cependant, de l’administration Obama à l’administration Trump et maintenant à l’administration Biden, elles n’ont pas fait face à ce problème ou n’ont pas été en mesure de le résoudre correctement. Elles ferment les yeux sur la circulation et le réseau commercial du fentanyl et d’autres drogues dans le pays. Au lieu de cela, ils veulent rejeter la responsabilité sur la Chine pour donner à leurs concitoyens une explication irresponsable.

Il faut dire que si la “maladie américaine” de la toxicomanie est difficile à guérir, il existe des solutions. Ce dont Washington a besoin de toute urgence, c’est d’une approche sur plusieurs fronts, axée sur la répression des réseaux nationaux de trafic de drogue et la recherche de solutions par le biais d’une coopération internationale multilatérale»

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293162.shtml

Et l’application de sanctions sans discussions préalables est le contraire de « la recherche d’une coopération internationale multilatérale ».

Un autre exemple de l’attitude schizophrénique envers la Chine :

« Le département d’État américain a approuvé la vente potentielle de munitions et de soutien logistique à Taïwan dans le cadre de deux transactions distinctes d’une valeur maximale de 440 millions de dollars, a déclaré le Pentagone jeudi. »

https://www.reuters.com/world/us-state-dept-oks-two-possible-military-sales-taiwan-pentagon-2023-06-30/

Déjà en septembre 2022 :

« Les États-Unis ont accepté de vendre pour 1,1 milliard de dollars (955 millions de livres sterling) d’armement à Taïwan, provoquant la colère de la Chine.

L’accord proposé comprend un système de radar pour suivre les frappes entrantes et des missiles anti-navires et anti-aériens. »

https://www.bbc.com/news/world-us-canada-62775544

Il y a une semaine, Blinken était en Chine et promettait à Xi Jinping lui-même que le gouvernement étasunien allait respecter la politique dite « d’une seule Chine » et maintenant son administration va livrer pour un demi-milliard d’armes à Taiwan. Ce qui ne peut être considéré que comme une énième provocation par la Chine.

Alors serait-ce la fameuse technique américaine du « good cop – bad cop » [bon flic – mauvais flic] pour faire parler les suspects. Si c’est le cas cela ne fait que démontrer que les Etats-Unis persistent à se prendre pour les « gendarmes du monde », alors que plus personne, en dehors du bloc occidental, n’en veut. Ou alors l’équipe Biden/Blinken n’a plus aucune emprise sur sa propre administration, comme cela était déjà visible avec Trump qui ne contrôlait pas non plus son administration. Mais alors, y-a-t-il un pilote dans l’avion USA ; si oui, lequel ? Celui qui profite le plus de ces ventes d’armes, le Complexe militaro-industriel ?

 

Le Monde occidental

La semaine dernière je disais : « Plusieurs signes montrent que le système occidental, dont la dernière version est incarnée par les Etats-Unis/CMI, approche de sa fin lui aussi. Les peuples resteront mais seront animés par un autre ensemble de règles qui formeront un nouveau système, espérons le moins violent et dominateur. »

L’un de ces signes est le fossé qui se creusent entre le peuple et ses dirigeants, montrant que le « système démocratique » à l’occidental, qui fonctionnait bien jusqu’à maintenant, est de moins en moins adapté à notre époque et a besoin de réformes. Le seul problème étant que les dirigeants ne veulent absolument pas de ces réformes. Voici une pédagogique vidéo qui explique bien le fond du problème et ses éventuelles solutions :

https://www.youtube.com/watch?v=LoMO0P8P-zg

« Lorsque la National Election Study a commencé à poser des questions sur la confiance dans le gouvernement en 1958, environ les trois quarts des Américains faisaient confiance au gouvernement fédéral pour faire la bonne chose presque toujours ou la plupart du temps. La confiance dans le gouvernement a commencé à s’éroder au cours des années 1960, au milieu de l’escalade de la guerre du Vietnam, et le déclin s’est poursuivi dans les années 1970 avec le scandale du Watergate et l’aggravation des luttes économiques. La confiance dans le gouvernement s’est redressée au milieu des années 1980 avant de retomber au milieu des années 1990. Mais à mesure que l’économie progressait à la fin des années 1990, la confiance dans le gouvernement augmentait également. La confiance du public a atteint son plus haut niveau en trois décennies peu après les attentats terroristes du 11 septembre, mais a décliné rapidement par la suite. Depuis 2007, les parts disant qu’ils peuvent toujours ou la plupart du temps faire confiance au gouvernement n’ont pas dépassé les 30 %.

Aujourd’hui, 29 % des démocrates et des indépendants à tendance démocrate déclarent faire confiance au gouvernement à peu près toujours ou la plupart du temps, contre 9 % des républicains et des personnes à tendance républicaine. Les démocrates rapportent un peu moins de confiance dans le gouvernement fédéral aujourd’hui qu’il y a un an ; il n’y a pas eu de changement dans l’opinion des républicains. »

https://www.pewresearch.org/politics/2022/06/06/public-trust-in-government-1958-2022/

« Des centaines de milliers de personnes ont à nouveau protesté le 1er mai en France contre la réforme controversée des retraites menée par le gouvernement et des violences ont éclaté entre la police et les manifestants. La popularité du chef de l’État est en baisse et la confiance des Français dans leur gouvernement est l’une des plus faibles en Europe, comme le montre notre carte basée sur les données de l’Eurobaromètre.

Seuls 23 % des personnes interrogées en France en début d’année (janvier/février 2023) ont déclaré faire confiance à leur gouvernement. Seulement quatre pays dans l’UE présentent un niveau de confiance égal ou inférieur : la Croatie (23 %), la Roumanie (21 %), la Bulgarie (19 %) et la Slovaquie en dernière position (14 %). »

https://fr.statista.com/infographie/29900/part-des-repondants-qui-affirme-avoir-confiance-dans-leur-gouvernement/

Le rapport de l’OCDE : https://www.oecd.org/fr/gouvernance/confiance-dans-les-pouvoirs-publics/

Pour le cas français, les émeutes qui secouent actuellement la France, le phénomène Gilets Jaunes, l’utilisation abusive du 49/3 par le gouvernement sont des symptômes de ce fossé qui se creuse de mois en mois, car ils n’ont visiblement pas de plans pour le combler. Mais en cherchent-ils vraiment ?

Les émeutes actuelles exposent aussi, au reste du monde, la condescendance et le complexe de supériorité des gouvernements et des médias occidentaux. On se souvient des émeutes en Iran ou de celles de Hong Kong pendant lesquels gouvernements et médias occidentaux soutenaient les émeutiers et critiquaient la violence des gouvernements de ces pays respectifs, pour finalement faire exactement la même chose quand cela se passe dans leurs pays. Où sont passées les leçons de morale ?

De son côté, Press TV, le media anglophone iranien a pris un ton très neutre et factuel pour parler des émeutes actuelles :

« Le président français Emmanuel Macron a reporté une visite d’État en Allemagne afin de rester à Paris pour faire face aux massives manifestations liées à l’assassinat par la police d’un adolescent arabo-français, Nahel M, alors que les membres de la famille enterrent le défunt. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/07/01/706270/France-Germany-Macron-Riots-Protest-Nahel-Funeral-Ceremony

Mais au moment des manifs contre la réforme des retraites, moins dramatiques, le ton était plus sarcastique :

« Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a appelé les autorités françaises à répondre aux demandes des centaines de milliers de manifestants, pour la plupart pacifiques, qui ont défilé dans tout le pays contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, plutôt que d’attiser les troubles dans les autres pays. »

https://www.presstv.ir/Detail/2023/03/24/700357/Iran-urges-France-to-accommodate-protesters’-demands-than-to-stoke-unrest-in-other-countries

Quant au Global Times, le seul commentaire est lié au fait que :

« Un bus transportant 41 touristes chinois a été attaqué par un groupe d’émeutiers vêtus de noir à Marseille, alors que la violence persiste en France depuis quelques jours.

Une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux chinois montre un pare-brise brisé et un touriste à bord du bus affirmant que les émeutiers vêtus de noir ont tenté de monter à bord du bus et d’en faire sortir les passagers. »

https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293529.shtml

Pas un mot critique envers le gouvernement français.

 

Covid 19/injections d’ARNm

« Des vaccinés produisent encore de la protéine spike après deux ans.

Contrairement à ce qu’avaient affirmé les autorités, les vaccins Covid peuvent modifier l’ADN. Des effets graves et à long terme sont mis à jour. »

https://www.covidhub.ch/vaccines-produisent-proteine-spike-apres-2-ans/

Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien internet.

Revue de presse alternative du 26 juin 2023


Par Wayan – Le 26 juin 2023 – Le Saker Francophone

Chers lecteurs et amis du Saker Francophone.

Je vous propose ici cette « revue de presse alternative » que j’envoie par courriel depuis quelques mois à des amis ouvert d’esprit mais n’ayant pas le temps, ni même l’occasion, de suivre les « médias alternatifs » et s’abreuvant, par habitude et réflexe, à la presse grand public. Elle est destinée à des lecteurs que les médias grand public rendent craintifs face aux « théories complotistes », des lecteurs qui demandent des références et un maximum de sources officielles pour se rassurer.

Vous avez surement des gens dans votre entourage qui correspondent à cette description. Vous pourriez donc, tous les lundis, au moment de sa parution, copier/coller cette revue de presse et leur envoyer par courriel, ou simplement le lien, et participer au nécessaire réveil des esprits endormis par les médias grand public.

 

L’Ukraine

La propagande ukrainienne, complaisamment relayée par les médias occidentaux, fait de son mieux pour cacher l’échec de la « contre-offensive » :

« Le président Volodymyr Zelenskiy a félicité les défenses aériennes ukrainiennes pour avoir abattu plus de 30 drones et a déclaré avec défi que les forces ukrainiennes détruisaient les forces russes sur les deux principaux théâtres du conflit, l’est et le sud.

Le commandant des forces terrestres et le vice-ministre de la défense ont fait état de succès dans la contre-offensive dans les deux régions. »

https://www.reuters.com/world/europe/russia-launches-overnight-air-attack-ukraine-east-west-2023-06-20/

Mais les fuites et autres explications turlupinées sont devenues inévitables car il devient de plus en plus difficile de nier la réalité. Commençons avec cet article de RFI :

« La Russie a toujours le dessus dans les airs. C’est un avantage capital. D’après les renseignements britanniques, les hélicoptères de combat russes sont d’une efficacité redoutable. Ils partent de la base arrière de Berdyansk, sur la mer d’Azov et ils tirent à distance. Des missiles de longue portée qui font très mal aux colonnes ukrainiennes.

En théorie, l’assaut des tanks ukrainiens devrait être encadré, protégé par des batteries anti-aériennes. Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky le martèle depuis des mois : « Nous n’avons pas assez de matériel ».

Et si les Russes continuent de bombarder les grandes villes comme Kiev, c’est aussi pour forcer l’Ukraine à maintenir ces systèmes de défense loin de la ligne de front.

En parallèle, la contre-offensive bute sur les fortifications érigées par les troupes de Moscou : les dents de dragon, des blocs de béton anti-chars, les tranchées, les champs de mines… Difficile de progresser sans lourdes pertes humaines.

En quinze jours, l’armée ukrainienne n’a reconquis que 100 kilomètres carrés et serait, selon les services estoniens, sur le point de faire une pause d’au moins plusieurs jours afin de se réorganiser. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230618-ukraine-quel-bilan-deux-semaines-après-le-début-de-sa-contre-offensive

« “Il y a clairement eu un échec des médias occidentaux dans la manière de présenter la contre-offensive et ses objectifs avant qu’elle ne démarre”, assure Glen Grant, un analyste senior à la Baltic Security Foundation et spécialiste des questions militaires russes. L’accent mis ces derniers mois sur les livraisons de matériels modernes à Kiev a “pu entraîner des attentes un peu trop élevées de succès rapides de l’armée ukrainienne”, confirme Sim Tack, un analyste militaire pour Forces Analysis, une société de surveillance des conflits. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230619-contre-offensive-ukrainienne-kiev-peut-elle-laisser-du-temps-au-temps

Continuons avec cet article d’un journal britannique, The Telegraph :

« L’OTAN doit se préparer à la perspective que la contre-offensive ukrainienne ne remporte pas de succès majeur. En effet, jusqu’à présent, Kiev n’a obtenu que des gains limités. Mais ceux qui s’attendaient à une percée fulgurante allaient toujours être déçus. Il ne s’agit pas de panzers allemands contre la cavalerie polonaise, ni de choc et de stupeur américains contre des forces irakiennes démoralisées dans des chars vétustes et sans couverture aérienne.

Nous assistons plutôt à un type de guerre plus proche de l’attrition, avec des forces d’attaque qui se heurtent à des défenses lourdement fortifiées.»

Comme souvent la politique du « cela ne marche pas, remettons-en une dose » est appliquée. Envoyons donc encore plus d’armes :

« Le risque est que des personnalités comme Emmanuel Macron et Olaf Scholz renouvellent leur lobbying pour pousser Kiev à conclure un traité de paix avant la fin de l’année. Une telle hésitation en Europe compromettrait la position de Joe Biden au Congrès, avec toutes les chances que les républicains de la Chambre des représentants tentent de contrecarrer l’octroi d’un financement supplémentaire à l’Ukraine. Mais ce serait exactement la mauvaise réponse. Si l’offensive s’essouffle, l’Occident devra se pencher sérieusement sur la question de savoir comment développer la capacité offensive de l’Ukraine. »

https://web.archive.org/web/20230618062829/https://www.telegraph.co.uk/news/2023/06/17/prepare-for-kyivs-counter-offensive-to-falter/

Même CNN s’y met :

« Dans ses premières phases, la contre-offensive de l’Ukraine a peu de succès et les forces russes font preuve de plus de compétence que ne le prévoyaient les évaluations occidentales, ont déclaré à CNN deux responsables occidentaux et un haut responsable militaire américain.

La contre-offensive “ne répond aux attentes sur aucun front”, a déclaré l’un des responsables.

Selon les évaluations occidentales, les lignes de défense russes se sont avérées bien fortifiées, ce qui rend difficile pour les forces ukrainiennes de les franchir. En outre, les forces russes ont réussi à enliser les blindés ukrainiens avec des attaques de missiles et des mines et ont déployé plus efficacement leur puissance aérienne. Les forces ukrainiennes se révèlent “vulnérables” aux champs de mines et les forces russes “compétentes” dans leur défense, a déclaré l’un des responsables occidentaux. »

https://edition.cnn.com/2023/06/22/politics/ukraine-counteroffensive-western-assessment/index.html

Car, comme l’explique le New York Times cela coûte cher en arme :

« L’Ukraine a payé des centaines de millions de dollars à des entrepreneurs pour des armes qui n’ont pas été livrées, et certaines des armes données par ses alliés, qui ont fait l’objet d’une grande publicité, étaient tellement décrépites qu’elles ont été jugées aptes à être cannibalisées pour en tirer des pièces détachées.

Des documents du gouvernement ukrainien montrent qu’à la fin de l’année dernière, Kiev avait versé aux fournisseurs d’armes plus de 800 millions de dollars depuis l’invasion russe en février 2022 pour des contrats qui n’ont pas été exécutés, en tout ou en partie. »

https://www.nytimes.com/2023/06/19/world/europe/ukraine-weapons-howitzers-contracts.html

…et en hommes :

« Le président russe Vladimir Poutine a laissé entendre que les forces armées ukrainiennes étaient considérablement limitées par les effectifs, après avoir reçu une estimation selon laquelle Kiev avait perdu plus de 13 000 soldats depuis le lancement de sa contre-offensive au début du mois.

“Du matériel militaire supplémentaire peut certainement être livré, mais la réserve de mobilisation n’est pas illimitée. Et il semble que les alliés occidentaux de l’Ukraine soient effectivement prêts à mener la guerre jusqu’au dernier Ukrainien”, a déclaré Poutine lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe jeudi. »

https://www.rt.com/russia/578455-putin-war-last-ukrainian/

Perdant sur le terrain, il reste le champ de bataille de la communication :

« L’Ukraine a de nouvelles preuves que la Russie prépare une attaque “terroriste” contre la centrale électrique de Zaporizhzhia qui entraînera une fuite radioactive, a averti le président Volodymyr Zelensky.

Le Kremlin a rejeté l’allégation comme “un autre mensonge” et a déclaré qu’une équipe d’inspecteurs nucléaires des Nations Unies avait visité l’usine et avait tout évalué…

“Les services de renseignement ont reçu des informations selon lesquelles la Russie envisageait le scénario d’un acte terroriste à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia – un acte terroriste avec fuite de radiations”, a-t-il déclaré. « Les radiations n’ont pas de frontières nationales. C’est la direction du vent qui décidera de qui sera frappé », a-t-il ajouté. “Le monde a été averti, donc le monde peut et doit agir. »

https://www.independent.co.uk/news/world/europe/ukraine-war-russia-nuclear-zaporizhzhia-b2362422.html

L’Agence International pour l’Energie Atomique, dont les inspecteurs sont sur place en ce moment, réfute cette « info » :

« Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a démenti mardi les affirmations du gouvernement ukrainien selon lesquelles le bassin de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporozhye (ZNPP) aurait été piégé à l’aide d’explosifs.

“L’AIEA a connaissance d’informations selon lesquelles des explosifs auraient été placées près du bassin de refroidissement. Aucun explosif n’a été observé sur le site lors de la visite du directeur général, y compris dans le bassin de refroidissement”, a déclaré M. Grossi dans un rapport sur la situation de la plus grande centrale nucléaire d’Europe…

Ce rapport fait suite aux affirmations du président ukrainien Vladimir Zelensky et de son assistant Mikhail Podoliak selon lesquelles la Russie aurait préparé une “attaque terroriste” contre l’installation qu’elle contrôle depuis mars 2022 »

https://www.rt.com/russia/578480-iaea-zaporozhye-nuclear-mines/

Pourtant l’échec de cette contre-offensive était prévisible pour tous ceux qui restaient lucide face à cette guerre. Cet article [en anglais, utilisez DeepL pour le traduire et le lire entièrement] très détaillé et documenté d’Asia Times, publié 15 jours avant le début de la contre-offensive, en fait la démonstration et conclut par :

« La ligne de conduite la plus prudente serait d’encourager les négociations avec les Russes. Ce ne sera pas facile, car les Russes n’accepteront probablement pas de statu quo ou de cessez-le-feu, et exigeront probablement la levée des sanctions américaines et européennes.

Néanmoins, si l’administration Biden ne change pas de cap, elle continuera à jouer à la roulette russe avec un barillet plein. »

https://asiatimes.com/2023/04/ukraines-spring-offensive-a-likely-death-trap-for-us-nato/

Voici deux articles, en français, qui explique une autre des raisons de l’échec de cette contre-offensive :

https://lesakerfrancophone.fr/la-contre-offensive-ukrainienne-navait-aucune-chance-lotan-na-pas-su-le-comprendre

https://lesakerfrancophone.fr/voici-comment-les-formateurs-de-lotan-ont-sciemment-envoye-les-troupes-ukrainiennes-a-la-mort-lors-de-la-contre-offensive-lancee-ce-mois-ci-contre-la-russie

***

Déçu par l’échec ukrainien, Biden fait volte-face et déclare soudainement :

« Le président Joe Biden a déclaré samedi [le 17 juin] que son administration ne “faciliterait pas” l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ajoutant que ce pays déchiré par la guerre devait respecter les mêmes normes que les autres États membres.

Interrogé lors d’une réunion à Philadelphie sur la possibilité de faciliter l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance transatlantique – probablement en référence au plan d’action pour l’adhésion, un obstacle majeur aux efforts de l’Ukraine – M. Biden a déclaré : “Non : “Parce qu’ils doivent respecter les mêmes normes. Nous n’allons donc pas leur faciliter la tâche”.

La semaine dernière, Biden déclaré pourtant qu’il était “ouvert” à une dérogation pour l’Ukraine, qui a lancé cette semaine une contre-attaque dans le cadre de la guerre d’agression menée par la Russie.

Biden a ajouté que les États-Unis avaient “déjà beaucoup fait” pour s’assurer que l’Ukraine ait “la capacité de se coordonner militairement”. »

https://www.politico.com/news/2023/06/17/biden-nato-ukraine-china-00102527

Décision que Stoltenberg ne pourra que répéter :

« “Lors du sommet de Vilnius [en juillet prochain] et dans le cadre des préparatifs du sommet, nous ne discutons pas d’une invitation formelle”, a-t-il déclaré aux journalistes après avoir rencontré M. Scholz. Il a toutefois ajouté que les dirigeants discuteraient de la manière de rapprocher l’Ukraine de l’OTAN. »

https://www.dw.com/en/stoltenberg-says-summit-wont-invite-ukraine-to-join-nato/a-65957138

Alors que pas plus tard que le 1er juin il disait :

« Le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré jeudi à Oslo que “la porte de l’OTAN est ouverte” pour que l’Ukraine rejoigne l’alliance, et que la Russie n’a pas “de droit de veto contre l’élargissement de l’OTAN”.

Stoltenberg a fait ces commentaires lors d’une réunion informelle de l’OTAN tenue dans la capitale norvégienne. »

https://www.euronews.com/2023/06/01/stoltenberg-door-open-for-ukraine-to-join-nato

Et que, le 15 juin, deux fonctionnaires de la Maison Blanche déclarait à Politico :

« Le président Joe Biden est “ouvert” à la suppression d’un obstacle majeur à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN après la guerre, même si le plan ne précise pas quand Kiev rejoindra l’alliance. »

https://www.euronews.com/2023/06/01/stoltenberg-door-open-for-ukraine-to-join-nato

Zelensky doit fulminer dans son coin mais que peut-il faire d’autre ? L’ex comique de télévision aura été autant piégé que la Russie dans cette affaire.

Du coup, dur retour à la réalité :

« Le président Volodymyr Zelensky a reconnu que les progrès sur le champ de bataille étaient “plus lents que souhaités”, quelques semaines après le début de l’offensive militaire ukrainienne visant à reconquérir les zones occupées par la Russie.

“Certaines personnes croient qu’il s’agit d’un film hollywoodien et s’attendent à des résultats immédiats. Ce n’est pas le cas”, a-t-il déclaré à la BBC. “Ce qui est en jeu, c’est la vie des gens”.

Zelensky a déclaré que la poussée militaire n’était pas facile à mettre en œuvre parce que les forces russes avaient miné 200 000 km² du territoire ukrainien. “Quoi que certains veuillent, y compris les tentatives de pression, avec tout le respect que je leur dois, nous avancerons sur le champ de bataille de la manière que nous jugerons la meilleure”, a ajouté Zelensky. »

https://www.bbc.com/news/world-europe-65971790

Bien sûr, ce lâchage en beauté est immédiatement compensé par la promesse de plus d’argent, alors que les Etats européens sont deja endettés jusqu’au cou :

« La Commission européenne a proposé mardi 20 juin aux États membres d’approuver un paquet d’aide de 50 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine jusqu’en 2027, dans le cadre d’une rallonge du budget pluriannuel de l’UE. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230620-conférence-pour-la-reconstruction-de-l-ukraine-bruxelles-propose-50-milliards-d-euros-d-aide

« Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a annoncé la garantie de 3 milliards de dollars de prêts bancaires pour l’Ukraine. La reconstruction est estimée à 400 milliards sur dix ans.

De leur côté, les États-Unis vont fournir 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) d’aide supplémentaire pour soutenir l’économie ukrainienne, en particulier ses infrastructures essentielles, a indiqué ce mercredi le secrétaire d’État Antony Blinken lors de la conférence. « Tant que la Russie continuera de détruire, nous serons là pour aider l’Ukraine à reconstruire : reconstruire les vies, reconstruire son pays, reconstruire son avenir », a déclaré Antony Blinken. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230621-zelensky-lance-la-conférence-internationale-sur-la-reconstruction-de-l-ukraine-de-londres

Là encore on s’aperçoit que c’est l’UE qui va prendre en charge le plus gros effort pour l’Ukraine, les Etats-Unis restant loin derrière :

« Les pays de l’Union européenne vont former 30 000 soldats ukrainiens en 2023, a annoncé mardi le ministère ukrainien de la Défense, au moment où son armée a lancé une contre-offensive visant à libérer les territoires occupés par la Russie. « En 2023, dans le cadre de la mission d’assistance militaire de l’UE à l’Ukraine, il est prévu de former 30 000 militaires des forces armées ukrainiennes, dont des soldats des forces de défense territoriale », a indiqué le ministère dans un communiqué publié sur Telegram.

« L’objectif stratégique est de renforcer les capacités des forces armées ukrainiennes pour la conduite efficace des opérations, la protection de la souveraineté et la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, [ainsi que] la protection des civils », a-t-il poursuivi. »

https://fr.news.yahoo.com/pays-lue-formeront-30-000-202200646.html

Serait-ce pour cela que Biden ne veut plus de l’Ukraine dans l’OTAN, car en cas d’escalade militaire les Etats-Unis seraient forcément impliqués alors qu’on voit bien depuis quelques temps qu’ils repassent la patate chaude à l’Europe. Or il semble que c’est le Royaume uni qui veuille attraper la patate brulante à ce sujet en laissant l’Ukraine utiliser ses missiles longue portée pour toucher la Crimée :

« L’Ukraine aurait l’intention d’attaquer la Crimée occupée avec des Himars et des missiles britanniques Storm Shadow, a affirmé la Russie dans une mise en garde adressée à Kiev et à l’Occident.

Sergei Shoigu, le ministre russe de la défense, a déclaré que la Russie riposterait si l’Ukraine commençait à frapper le territoire que Vladimir Poutine a annexé en 2014

“L’utilisation de ces missiles en dehors de la zone de notre opération militaire spéciale signifierait que les États-Unis et la Grande-Bretagne seraient totalement entraînés dans le conflit et entraînerait des frappes immédiates sur les centres de décision en Ukraine”, a averti M. Shoigu. »

https://news.yahoo.com/ukraine-war-latest-putins-tactical-063750125.html

***

Enfin, on ne peut pas finir ce chapitre sur l’Ukraine sans dire un mot du mélodrame de la semaine, la « rébellion armée » de Prigojine, le sulfureux patron de la compagnie russe de mercenaires, Wagner.

Pour faire court, car cette affaire est beaucoup moins importante que le buzz médiatique qu’elle a déclenché, je pense que tout cela n’est qu’une opération psychologique (les fameuses psyops) jouée par la partie russe pour pousser les ukrainiens, qui commencent à flancher dans leur contre-offensive, à la continuer et donc à essuyer encore plus de pertes, humaine et matérielles. Voici deux vidéos twitter qui montrent que l’ensemble tient plus du mauvais scénario que d’une réalité factuelle.

La première est la « prise par Prigojine du quartier général de l’armée russe à Rostov sur le Don ».

https://twitter.com/PeelTheFern/status/1672465191261306890

Je pense que c’est la première fois dans l’histoire qu’une caserne militaire a été prise aussi facilement. Pas une balle ni la moindre bagarre ni même de tentative d’arrestation de Prigojine alors que « le régime d’opération antiterroriste » venait d’être instauré.

La deuxième montre l’atmosphère de kermesse, certes un peu virile, il faut quand même un peu de décor, de Rostov sur le don au moment de « sa prise d’assaut par les troupes de Wagner ».

https://twitter.com/nexta_tv/status/1672562335573999617

Sans parler du final digne d’un mauvais roman de série noir où Lukashenko, le président biélorusse « fidèle ami de Poutine », arrive en sauveur, convainc Prigojine d’arrêter sa « marche pour la justice » vers Moscou et lui offre sa protection en Biélorussie. Dans la foulée, Poutine, très magnanime alors qu’il venait juste de les accuser de « haute trahison », pardonne Prigojine et tous les mercenaires de Wagner car « il se sont bien battus à Bhakmut. ». Un vrai « happy end » à l’américaine.

“Le porte-parole Dmitry Peskov a révélé que M. Prigozhin, un magnat de Saint-Pétersbourg qui a fait fortune dans la restauration, “se rendra en Biélorussie”. Il n’a pas précisé ce que l’homme d’affaires ferait dans cet État d’Europe de l’Est.

Il a ajouté que les combattants de Wagner ne seraient pas poursuivis, compte tenu de leurs efforts sur les lignes de front du conflit ukrainien. M. Peskov a expliqué que l’équipe du président Vladimir Poutine “a toujours respecté leurs exploits”.”

https://www.rt.com/russia/578640-kremlin-wagner-deal-details/

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230625-rébellion-de-wagner-les-mercenaires-se-replient-le-régime-antiterroriste-maintenu-à-moscou

Mais cette « faiblesse russe » à donné des ailes aux ukrainiens, comme nous l’annonce RFI :

« Il est fort à parier que les Ukrainiens vont profiter de cette période de flottement pour avancer les pions. Et d’ailleurs, la vice-ministre de la Défense ukrainienne, Hanna Maliar, a annoncé en début de soirée un début de contre-offensive à grande échelle vers les localités d’Orikhovo-Vassylivka, Bakhmout, Bohdanivka, Iaguidné, Klichtchiïvka, Kourdioumivka. Il semble que l’armée ukrainienne soit en train de pousser sur plusieurs axes à l’Est et au sud du pays, samedi. »

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230624-rébellion-de-wagner-kiev-annonce-de-nouvelles-offensives-et-des-avancées-dans-l-est

Exactement comme à Bhakmut il y a quelques semaines avec les mêmes acteurs, Prigojine dans le rôle du méchant et Shoigu/Poutine dans le rôle des victimes, la psyop russe a bien fonctionné et a relancé la volonté d’attaque des ukrainiens qui reviennent allègrement se fracasser sur les défenses russes.

La Relation Chine-Monde occidental

Achevant sa visite en Chine, Blinken a, au dernier moment, été reçu par Xi Jinping lui-même :

« La rencontre au Grand Hall du Peuple était attendue et considérée comme un élément clé de la réussite du voyage, mais aucune des deux parties n’a confirmé qu’elle aurait lieu jusqu’à ce qu’un fonctionnaire du département d’État l’annonce une heure avant le début de la rencontre. »

Il est probable que Xi Jinping voulait s’assurer du bon état d’esprit de Blinken avant toute rencontre. Il ne fut pas déçu :

« S’adressant aux journalistes à l’ambassade des États-Unis à Pékin après sa rencontre avec le dirigeant chinois, Blinken a déclaré qu’il avait insisté, au cours de ses deux jours d’entretiens avec de hauts fonctionnaires chinois, sur le fait qu’un engagement direct et une communication soutenue au plus haut niveau étaient le meilleur moyen de gérer les différences de manière responsable et de veiller à ce que la concurrence ne dégénère pas en conflit.

“J’ai entendu la même chose de la part de mes homologues chinois”, a déclaré Blinken. “Nous sommes tous deux d’accord sur la nécessité de stabiliser nos relations

Debout à côté du dirigeant chinois, Blinken a déclaré que le président Biden l’avait envoyé à Pékin “parce qu’il pense que les États-Unis et la Chine ont l’obligation et la responsabilité de gérer leurs relations. Les États-Unis s’engagent à le faire.  C’est dans l’intérêt des États-Unis, dans l’intérêt de la Chine et dans l’intérêt du monde…»

Et le plus important pour le gouvernement chinois :

« Blinken, s’exprimant à l’issue de ses réunions, a souligné l’engagement des États-Unis en faveur du statu quo à Taïwan, réitérant la position officielle de Washington selon laquelle les États-Unis ne soutiennent pas l’indépendance de Taïwan. »

https://www.cbsnews.com/news/blinken-xi-china-talks-taiwan-wang/

Du coté des médias chinois, le ton est plus circonspect :

« Le monde a besoin d’une relation globalement stable entre la Chine et les États-Unis. Le fait que les deux pays puissent trouver la bonne façon de s’entendre aura une incidence sur l’avenir et le destin de l’humanité, a déclaré Xi à Blinken au cours de la réunion. Les intérêts communs des deux pays doivent être valorisés, et leurs succès respectifs constituent une opportunité et non une menace l’un pour l’autre, a déclaré le dirigeant chinois.

Les deux pays devraient agir avec un sens des responsabilités vis-à-vis de l’histoire, des peuples et du monde, et gérer correctement les relations entre la Chine et les États-Unis, a déclaré Xi.

Le président Xi a souligné que la concurrence entre les grands pays ne représentait pas la tendance de l’époque, et qu’elle ne pouvait pas non plus résoudre les problèmes de l’Amérique ni les défis auxquels le monde est confronté. La Chine respecte les intérêts des États-Unis et ne cherche pas à les défier ou à les supplanter. De même, les États-Unis doivent respecter la Chine et ne pas porter atteinte aux droits et intérêts légitimes de la Chine, a déclaré Xi…

La Chine a également fait part de ses attentes à l’égard des États-Unis, espérant que ces derniers gèreront les relations sino-américaines avec une attitude rationnelle et pragmatique et traduiront les déclarations positives du président américain Joe Biden en actions visant à stabiliser les liens bilatéraux, a noté M. Wu… »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292837.shtml

Dans la foulée de cette visite cordiale et pour bien être sûr que les relations Chine-USA ne se réchauffent pas comme le voudrait l’administration Biden, tous les médias occidentaux se sont emparés d’une remarque pleine de préjugés faite par Biden au cours d’un cocktail de donateurs du Parti démocrate :

« Faisant référence à un épisode récent au cours duquel les États-Unis ont détruit un ballon chinois qui selon eux espionnait leur territoire, Joe Biden a assuré que “la raison pour laquelle [le président chinois] s’est tellement énervé quand j’ai abattu ce ballon plein de matériel d’espionnage est qu’il ne savait pas que [cet engin] se trouvait là”.

“C’est très embarrassant pour les dictateurs quand ils ne savent pas ce qui s’est passé” a-t-il poursuivi, ajoutant : “Lorsque [le ballon] a été abattu [Xi Jinping] s’est trouvé très embarrassé et il a même démenti que [l’aéronef] se trouvait là”. “Et d’ailleurs, je vous le promets, ne vous faites pas de souci à propos de la Chine. […] La Chine a de vraies difficultés économiques”, a encore dit le démocrate de 80 ans, en campagne pour sa réélection. »

https://www.france24.com/fr/amériques/20230621-joe-biden-range-xi-jinping-dans-la-catégorie-des-dictateurs

https://fr.news.yahoo.com/biden-range-xi-catégorie-dictateurs-023419048.html

Le plus frappant dans cette histoire est le fait que cette banale remarque fasse le buzz dans les médias occidentaux alors que son contenu n’est que le reflet des préjugés de la majorité de la population occidentale vis-à-vis du gouvernement chinois et n’a donc rien d’extraordinaire en elle-même. Si ce n’est pour récréer une tension entre les deux pays. Ce qui n’a pas manqué :

« La porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao Ning, a qualifié ces remarques d'”extrêmement absurdes” et d'”irresponsables” et a déclaré qu’elles violaient gravement les faits, le protocole diplomatique et la dignité politique de la Chine.

“Il s’agit d’une provocation politique publique”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse régulière. »

https://www.reuters.com/world/biden-calls-chinese-president-xi-dictator-2023-06-21/

On notera au passage que le plus haut dirigeant étasunien a une opinion totalement déformée de la Chine et que baser la politique d’un pays comme les Etats-Unis sur des opinions qui ne sont pas le reflet de la réalité du terrain n’est pas le signe d’une saine politique. Que les médias cherchent à diaboliser l’ennemi pour acquérir le soutien de sa population dans la lutte contre cet ennemi est une chose mais que les dirigeants se laissent prendre à cette propagande en est une autre, et pas une bonne.

***

Parallèlement se tenait la visite du premier ministre Li en Europe. Contrairement à la visite de Blinken, elle fut totalement ignorée par les médias occidentaux mis à part le minimum syndical d’une dépêche de l’AFP dont le ton et la teneur est on ne peut plus explicite :

« Le chancelier Olaf Scholz accueille le premier ministre Li Qiang pour des entretiens mardi, dans le but de rééquilibrer la coopération entre l’Allemagne et la Chine après que Berlin a qualifié Pékin de “rival systémique”.

Mais contrairement aux précédentes visites de dignitaires chinois, au cours desquelles des dirigeants allemands pragmatiques et désireux de développer leurs relations commerciales avec le géant asiatique leur ont déroulé le tapis rouge, le voyage de M. Li intervient au moment où l’Allemagne s’empresse de diversifier ses partenaires commerciaux.

Échaudée par sa dépendance au gaz russe et par les perturbations de sa chaîne d’approvisionnement pendant la pandémie, l’Allemagne redouble d’efforts pour se “désengager” de la Chine.

Lors de sa rencontre avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier lundi, M. Li a déclaré que la Chine était prête à travailler avec l’Allemagne pour contribuer à “la stabilité et à la prospérité mondiales”.

Toutefois, lorsqu’il s’entretiendra avec M. Scholz, la première stratégie de sécurité nationale de l’Allemagne, publiée il y a quelques jours, donnera le tonCe document accuse catégoriquement la Chine d’agir contre les intérêts allemandsde mettre la sécurité internationale “sous une pression croissante” et de ne pas respecter les droits de l’homme.

Mais il souligne également la nécessité d’obtenir la coopération de Pékin sur des questions mondiales telles que la lutte contre le changement climatique…

Les discussions de mardi entre les deux gouvernements constituent “un test de résistance pour savoir si un véritable partenariat entre Berlin et Pékin est encore possible“, a déclaré à l’AFP Thorsten Benner, directeur du Global Public Policy Institute.

“La question est de savoir si l’Allemagne continue à jouer le jeu en prétendant qu’il y a un large accord avec Pékin… ou si elle choisit une nouvelle voie en parlant franchement et en limitant la déclaration finale aux domaines où il y a une véritable voie vers la coopération”, a-t-il ajouté. »

https://news.yahoo.com/tough-balancing-act-chinese-german-020602156.html?fr=sycsrp_catchall

Même le Deutch Welle, le média allemand en langue étrangère, a été avare sur le sujet avec un seul article, en anglais mais pas en français ni aucune autre langue proposée, dont le titre est très proche de celui de la dépêche de l’AFP :

« Chine et Allemagne : a balancing act [un exercice d’équilibriste]

La dernière série de consultations gouvernementales de haut niveau à Berlin était amicale sur le ton mais dure [tough] sur le fond. L’Allemagne a besoin de la Chine, mais veut aussi minimiser sa dépendance. »

Puis s’empresse de rajouter :

« Au moins en termes de taille des délégations, ces consultations intergouvernementales n’étaient pas différentes de celles que le gouvernement allemand a menées ces derniers mois avec l’Inde et le Japon, avec l’Espagne et les Pays-Bas. Mais c’est là que finissent les similitudes.

Les relations entre Berlin et Pékin se sont détériorées ces dernières années. Qu’il s’agisse de “l’amitié sans limites” de Pékin avec Moscou malgré l’invasion russe de l’Ukraine, des tensions croissantes dans le détroit de Taïwan ou de la répression de la minorité ouïghoure en Chine, les désaccords se multiplient. Et ils ont été encore intensifiés par la rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis. »

https://www.dw.com/en/china-and-germany-a-balancing-act/a-65977998

Le ton est radicalement différent dans la presse chinoise :

« À son arrivée, M. Li a déclaré que ces dernières années, les relations entre la Chine et l’Allemagne ont connu des progrès constants et que la coopération bilatérale a été continuellement approfondie et élargie, avec de nouvelles réalisations dans des domaines tels que l’économie et le commerce, les technologies, les échanges entre les peuples et les échanges culturels, ainsi que le développement vert.

La Chine est prête à s’engager dans des échanges francs et approfondis avec l’Allemagne sur la base des principes du respect mutuel, de la recherche d’un terrain d’entente tout en réservant les différences, et de la réalisation d’avantages mutuels et de résultats gagnant-gagnant, afin d’explorer davantage le potentiel de coopération, de gérer correctement les différences et d’enrichir leur partenariat stratégique global, a déclaré Li.

Li a rencontré le président allemand Frank-Walter Steinmeier au palais présidentiel lundi, et a déclaré que la Chine attache toujours une grande importance aux relations Chine-Allemagne, et que sa visite en Allemagne et la coprésidence de la septième consultation intergouvernementale Chine-Allemagne avec le chancelier allemand Olaf Scholz visent à mettre en œuvre le consensus atteint par les deux chefs d’État, à renforcer continuellement la confiance et à dissiper les doutes, à explorer de nouvelles possibilités de coopération bilatérale, à enrichir la connotation du partenariat stratégique global Chine-Allemagne, et à contribuer au développement des deux pays et à la reprise économique mondiale.

Notant qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts fondamental entre la Chine et l’Allemagne et que les deux pays disposent d’une base solide pour la coopération et d’une forte dynamique de développement, Li a déclaré que la Chine était confiante dans les perspectives de coopération bilatérale.

Pour sa part, Steinmeier a demandé à Li de transmettre ses sincères salutations au président Xi. Il a déclaré que l’Allemagne était disposée à être un partenaire de confiance de la Chine pour préserver conjointement la libéralisation du commerce et relever des défis tels que le changement climatique.

Il a ajouté que l’Allemagne s’opposait au découplage et à toute forme de confrontation entre les camps, et qu’elle était disposée à renforcer la communication avec la Chine afin de déployer des efforts conjoints pour promouvoir la paix et le développement dans le monde. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292860.shtml

Il est clair que les médias occidentaux ne veulent pas d’une coopération Chine/Europe, au point de censurer l’information à ce sujet ; que les dirigeants allemands affichent quand même une façade conciliante même si la récente publication de sa « Stratégie de sécurité nationale » présente la Chine comme étant tout à la fois « un partenaire, un adversaire et un rival systémique » ; que la Chine propose, comme d’habitude, sa « coopération gagnant gagnante ». Des interlocuteurs pas vraiment sur la même longueur d’onde.

Ce décalage s’explique peut-être par le fait que ces visites diplomatiques se font au moment où l’Union européenne explique sa nouvelle politique de « de-risking » pour ne pas être trop dépendante des importations, en particulier chinoises. Cette institution qui était le fer de lance de la « mondialisation économique » est en train de faire marche arrière :

« La Commission européenne a présenté mardi une stratégie de “réduction des risques” conçue pour développer une économie résiliente moins dépendante de la Chine dans les technologies critiques, alors que les États membres de l’Union européenne restent divisés sur la manière d’aborder les relations avec Pékin.

La proposition de la CE – l’organe exécutif de l’Union européenne – vise à renforcer le contrôle des investissements étrangers directs, à exercer des contrôles à l’exportation pour parer à la “coercition économique” et à faire face aux risques dans les industries qui ont des applications militaires telles que l’informatique quantique, les semi-conducteurs avancés et intelligence artificielle. Bien que la stratégie ne mentionne pas la Chine par son nom, son langage reflète les critiques fréquemment adressées à Pékin par l’Europe, les États-Unis et d’autres…

Mais certains signes montrent que les États membres de l’UE ne sont pas unis dans leur vision de la Chine.

Berlin accueille actuellement le Premier ministre chinois Li Qiang, qui s’est entretenu mardi avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Le dirigeant allemand a été cité par Reuters comme disant “un dialogue direct, des entretiens personnels, une vraie discussion” avec la Chine était importants, tandis que Li a déclaré que Pékin espérait porter les relations bilatérales “à un nouveau niveau”. »

https://asia.nikkei.com/Location/Rest-of-the-World/Europe/Europe-unveils-de-risking-strategy-but-states-divided-on-China

Puis Li Qiang a continué son voyage européen par deux jours en France, a rencontré Borne puis participé au « Sommet de Paris ». Je n’ai pas trouvé un seul média français pour annoncer la nouvelle. Seule la version française du média chinois Peopledaily propose quelques articles sur cette visite :

« La Chine et la France devraient maintenir conjointement la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales, renforcer la coopération en matière d’innovation et favoriser un environnement commercial sain, a déclaré mercredi à Paris le Premier ministre chinois Li Qiang.

Il a présenté cette proposition en trois points sur la coopération sino-française lors d’un discours prononcé à l’occasion d’un dîner avec les milieux d’affaires chinois et français à Paris. Le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et plus de 100 représentants des milieux d’affaires des deux pays ont participé à l’événement. »

http://french.peopledaily.com.cn/Chine/n3/2023/0622/c31354-20034719.html

« La Chine est prête à travailler avec la France pour faire progresser le développement équilibré du commerce bilatéral, élargir l’accès au marché dans les deux sens et rechercher de plus grands bénéfices mutuels, a déclaré jeudi à Paris le Premier ministre chinois Li Qiang, lors d’une rencontre avec son homologue française Elisabeth Borne…

La Première ministre française a noté que les deux parties devaient bien travailler ensemble pour assurer le succès du Dialogue stratégique France-Chine, du Dialogue économique et financier de haut niveau et du Dialogue de haut niveau sur les échanges entre les peuples. Elle a ajouté que le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, l’Année de la culture et du tourisme Chine-France ainsi que les Jeux olympiques de Paris 2024 seraient autant d’opportunités de renforcer les échanges culturels et entre les peuples.

La France souhaite participer au développement de qualité de la Chine, apprécie les signaux positifs que la Chine envoie en permanence pour élargir l’ouverture, et ne prendra pas de mesures discriminatoires à l’encontre des entreprises chinoises, a dit Elisabeth Borne.

La partie française est également disposée à approfondir la coopération avec la Chine dans divers domaines, tels que le commerce bilatéral, l’investissement, l’aviation, l’agro-alimentaire, le développement vert et les soins médicaux et de santé, et à faire face ensemble aux défis mondiaux tels que le changement climatique, a dit Mme Borne, ajoutant que la France accueillait favorablement les investissements des entreprises chinoises, et que l’UE maintiendrait son autonomie stratégique et ne soutiendrait pas le découplage ou la rupture des chaînes d’approvisionnement et industrielles.

A l’issue de leurs entretiens, Mme Borne et M. Li ont assisté à la signature d’une série de documents de coopération bilatérale dans des domaines tels que l’aviation, la recherche spatiale et l’énergie nucléaire. »

http://french.peopledaily.com.cn/Chine/n3/2023/0623/c31354-20034771.html

Les dirigeants européens seraient-ils obligés de cacher leur relation avec la Chine aux médias ou les médias censurent-ils toute relation positive entre l’Europe et la Chine. La question reste ouverte.

La Russie

Pendant que le stock d’armes de l’Occident se vide en Ukraine, la Russie continue de se préparer en cas de guerre à plus grande échelle :

« Le renforcement des forces armées est l’une des principales priorités de la Russie, a déclaré le président Vladimir Poutine lors d’une réunion avec les diplômés de l’académie militaire à Moscou mercredi. L’armée du pays évoluera sur la base de “l’expérience inestimable” fournie par l’opération militaire en cours en Ukraine, ainsi que des défis modernes auxquels la Russie est confrontée, a-t-il ajouté.

La triade nucléaire russe restera au centre des préoccupations, a confirmé Poutine, ajoutant qu’elle demeure “une garantie essentielle de la sécurité militaire de la Russie et de la stabilité mondiale”. Près de la moitié des unités de missiles stratégiques terrestres russes ont déjà été équipées de missiles Yars ultramodernes, qui comptent parmi les missiles balistiques intercontinentaux nucléaires les plus modernes de la Russie, a révélé Poutine.

Les troupes continuent également de recevoir les planeurs hypersoniques Avangard, a déclaré le président. Ces systèmes sont montés sur des missiles balistiques intercontinentaux basés sur des silos. L’armée recevra également des missiles antinavires hypersoniques Zircon, qui seront utilisés par la marine, ainsi que des missiles hypersoniques Kinzhal lancés par avion. De nouveaux missiles balistiques intercontinentaux lourds Sarmat sont également sur le point d’entrer en service, a ajouté Poutine.

La modernisation ne se limitera pas aux seules armes nucléaires, a expliqué le président. Les blindés lourds, les systèmes de défense aérienne et la production de drones seront également améliorés. “Nous avons encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité de toutes les composantes de nos forces armées”, a déclaré M. Poutine, ajoutant que la Russie “met tout en œuvre pour réaliser ces projets”.

Les industries de défense russes, en particulier, devraient “stimuler la production de masse” de drones et de “systèmes de frappe robotisés” qui ont “démontré de bons résultats au combat”, a déclaré le président. Selon Poutine, chaque unité militaire russe, jusqu’à la section, devrait être équipée de ces systèmes.

Ces propos interviennent un jour après que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que Moscou était potentiellement prête à un conflit avec l’OTAN si le bloc militaire décidait d’attaquer la Russie. “Qu’ils se battent, nous sommes prêts à le faire”, a-t-il déclaré.

Poutine a décrit le conflit en Ukraine comme une guerre hybride entre la Russie et “l’ensemble de la machine militaire occidentale”. »

https://www.rt.com/russia/578407-putin-future-armed-forces/

« Tous les nouveaux navires de la marine russe, de la classe des frégates et des corvettes, seront équipés de missiles hypersoniques Zircon, a annoncé jeudi l’amiral en chef Nikolay Yevmenov. Il n’a toutefois pas révélé le nombre exact de navires de guerre qui devraient recevoir cet armement.

Les missiles Zircon ont été mis en service au début de cette année. Ces projectiles sont réputés être beaucoup plus rapides que tous les missiles antinavires russes précédemment développés et que ceux utilisés par les pays de l’OTAN. »

https://www.rt.com/russia/578487-new-frigates-corvettes-hypersonic-missiles/

Le CMI/Etat profond

Comme on a pu le voir avec les récentes déclarations suivis de voltefaces du gouvernement étasunien, tant pour l’Ukraine que pour la Chine, le cœur du CMI [le Complexe Militaro Industriel] balance. Avec sa verve habituelle, DeDefensa nous livre son constat :

« Le Pentagone ne cesse de s’agiter et de faire donner ses correspondants fidèles dans la presseSystème : pour lui, le vrai danger c’est la Chine et toute l’attention portée à l’Ukraine est mauvaise conseillère. • Mais il existe au département d’État et sous l’oreiller de Biden un clan fidèle à Mister Zelensky de très forte influence. • Que faire, alors que le Pentagone ne serait même pas sûr du tout de battre la Chine si la chose se présentait ? • La réponse est simple : puisqu’on ne peut ni affronter ni battre la Chine, attaquons la Chine et la Russie en même temps. »

https://www.dedefensa.org/article/brusquement-reveille-le-geant-dort-toujours

La semaine dernière nous avons vu que les médias bloquaient tout texte appelant à la paix, sous la pression du CMI. Aujourd’hui, regardez cette vidéo [en anglais, sous-titrée en anglais] de Jeffrey Sachs, un économiste étasunien renommé, [En 2004 et 2005, Sachs a été nommé l’une des 100 personnes les plus influentes au monde par Time. Il a également été nommé l’une des “500 personnes les plus influentes dans le domaine de la politique étrangère” par les World Affairs Councils of America.] qui confirme ce fait :

https://twitter.com/upholdreality/status/1670414183152644096

Voici la conférence entière d’où est tiré cet extrait : https://www.youtube.com/watch?v=RVMnfNCSGtQ

Joseph Chung, professeur à l’université de Québec, vient de publier un article expliquant l’influence du CMI sur les Etats-Unis et le monde :

« La guerre perpétuelle des États-Unis, qui se chiffre en milliards de dollars, a privé des millions d’Étasuniens de revenus décents, de logements adéquats, d’aliments nécessaires, de soins de santé indispensables, de sécurité dans la rue, d’infrastructures fiables, d’éducation essentielle et d’autres biens et services nécessaires à une vie décente. »

https://www.mondialisation.ca/la-guerre-perpetuelle-des-etats-unis-damerique-six-questions-importantes/5678656

Et le problème ne date pas d’aujourd’hui. La différence c’est qu’aujourd’hui, grâce à internet, beaucoup plus de gens en prennent conscience. Dans son discours d’adieu du 17 janvier 1961, le président étasunien Dwight Eisenhower avertissait déjà du danger potentiel posé par le CMI :

« La conjonction d’un immense établissement militaire et d’une vaste industrie de l’armement est une nouveauté dans l’expérience américaine. L’influence totale – économique, politique et même spirituelle – se fait sentir dans chaque ville, chaque état, chaque bureau du gouvernement fédéral. Nous reconnaissons la nécessité impérieuse de ce développement. Cependant, nous ne devons pas perdre de vue ses graves implications. Notre labeur, nos ressources et nos moyens de subsistance sont en jeu, de même que la structure même de notre société. Dans les conseils de gouvernement, nous devons nous prémunir contre l’acquisition d’une influence injustifiée, recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le potentiel de montée en puissance désastreuse d’un pouvoir mal placé existe et persistera.

Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés ou nos processus démocratiques. Nous ne devons rien tenir pour acquis. Seule une citoyenneté vigilante et bien informée peut obliger l’énorme machine industrielle et militaire de la défense à s’adapter à nos méthodes et objectifs pacifiques, afin que la sécurité et la liberté puissent prospérer ensemble»

https://en.wikipedia.org/wiki/Military–industrial_complex

Pour finir sur ce sujet voici un article du Monde Diplomatique expliquant l’emprise du CMI sur les médias :

« L’entreprise General Electric (GE) est l’un des principaux fournisseurs de l’armée américaine. Cette compagnie a produit les pièces de rechange de presque tous les systèmes d’armes utilisés par les Etats-Unis durant la guerre du Golfe : le missile Patriot, le missile Tomahawk, le bombardier invisible F 117 A Stealth, le bombardier B-52, l’avion-radar AWACS, le satellite espion Navstar, etc.

Pourtant, la majorité des téléspectateurs américains ignoraient que, chaque fois qu’un commentateur de la chaîne National Broadcasting Corporation (NBC) s’extasiait devant les performances de ces armes sophistiquées, il ne faisait que louer la compagnie qui lui versait son salaire. En effet, NBC, l’un des trois grands réseaux commerciaux de télévision — avec CBS et ABC — est la propriété de General Electric. »

https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F1991%2F05%2FLEE%2F43470#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

Médias/contrôle de l’information

Si personne ne doute d’une « propagande russe » ou chinoise, beaucoup doutent d’une « propagande occidentale » car ils se disent que d’une il la verrait et que de l’autre les journalistes occidentaux n’accepteraient pas une telle « propagande » et la révéleraient au public. Caitlin Jonhstone nous explique pourquoi ce n’est pas le cas

« L’existence de cette partialité extrême [des médias] est évidente et indiscutable pour quiconque y prête attention, mais le pourquoi et le comment sont plus difficiles à percevoir. L’uniformité est si complète et si cohérente que lorsque les gens commencent à remarquer ces schémas, il est courant qu’ils supposent que les médias doivent être contrôlés par une petite autorité centralisée, à l’instar des médias d’État des gouvernements plus ouvertement autoritaires. Mais si l’on cherche à comprendre pourquoi les médias agissent comme ils le font, ce n’est pas vraiment ce que l’on constate.

Il s’agit plutôt d’un réseau beaucoup plus vaste et beaucoup moins centralisé de facteurs qui font pencher la balance de la couverture médiatique à l’avantage de l’empire américain et des forces qui en bénéficient. Certains de ces facteurs sont en effet de nature conspiratoire et se produisent en secret, mais la plupart d’entre eux sont essentiellement exposés au grand jour. »

https://lesakerfrancophone.fr/15-raisons-pour-lesquelles-les-employes-des-medias-agissent-comme-des-propagandistes

Dans un deuxième article elle nous explique comment la propagande fonctionne et manipule notre esprit sans que nous en soyons conscients :

« Nier que ces manipulations à grande échelle ont un effet sur vous est aussi absurde que de nier que la publicité – une industrie de près de mille milliards de dollars – a un effet sur vous. Il s’agit simplement d’un fait gênant : même si nous aimons nous considérer comme des agents souverains libres de penser et à l’abri de toute influence extérieure, l’esprit humain est tout à fait piratable. Les manipulateurs le savent, et la science de la propagande moderne, qui progresse depuis plus d’un siècle, le comprend avec une lucidité aiguë. »

https://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-la-propagande-fonctionne-t-elle-si-bien

Dans un troisième article elle explique l’erreur commise par les « complotistes » :

« De nombreuses personnes qui se méfient des structures du pouvoir en place pensent que notre monde est microgéré par une cabale obscure d’élites, “Eux”, dont les plans sinistres dictent tous les événements majeurs de notre monde, mais les choses ne fonctionnent pas vraiment comme ça. Il y a bien sûr des complots entre les puissants, mais la plupart des choses horribles que nous voyons sont plutôt le résultat d’une confluence aveugle de forces qui se renforcent mutuellement, comme le capitalisme, la poussée de l’empire américain vers l’hégémonie unipolaire, les profits de guerre et la politique partisane.

Il serait probablement préférable pour nous que le monde soit réellement contrôlé de près par une petite cabale d’élites au lieu d’être conduit aveuglément par une convergence d’intérêts de pouvoir irréfléchis, car au moins une telle cabale ne mettrait pas sa propre vie en danger en poussant à l’impasse nucléaire et à la destruction de l’environnement comme une bande d’idiots. »

https://caitlinjohnstone.com/2023/06/23/elections-are-like-a-toy-steering-wheel-for-babies-notes-from-the-edge-of-the-narrative-matrix/

Elle explique que les problèmes de la société ne sont pas tant la cause d’êtres humains complotant entre eux pour devenir les « maîtres du monde » que des systèmes [des forces aveugles] dont le seul but est de s’auto alimenter, en homme et en argent, pour se perpétuer, survivre.

Le CMI est donc un système, composé de sous-système dont les intérêts convergent (les compagnies d’armements, le Pentagone, la CIA, la NSA, les fond de placements), dont l’objectif prioritaire est de se perpétuer, au dépend de la paix dans le monde, au dépend de la santé financière de la population, au dépend de l’image de marque du pays et même, comme le souligne Jonhstone, malgré l’impasse nucléaire, car un système n’a pas de conscience morale…Seule sa survie compte et, telle une bête acculée, sa mort imminente ne la rend que plus furieuse.

La question maintenant est « comment les employés de ces systèmes, qui eux ont une conscience morale, continuent de l’alimenter ? ». La réponse tient dans une fameuse expérimentation psychologique des années 70, « la prison de Stanford » qui montre que toute personne participant à un système s’y identifie au point de perdre ses références antérieures et celle de Milgram qui montre comment, soumis à une autorité, on perd facilement sa conscience morale. L’Allemagne Nazie est un des nombreux exemples de ces phénomènes. En résumé tout individu faisant partie d’un système intègre inconsciemment les valeurs de ce système, sinon il en est rejeté ou le fuit. En l’intégrant un travail inconscient de réécriture des faits se fait qui lui permet de garder l’estime de lui-même et sa conscience morale. Par exemple, c’est en déshumanisant son ennemi qu’un soldat peut le tuer sans problème moral. L’expérience de Milgram montre qu’en rejetant simplement la responsabilité de son acte sur une autorité supérieure, on peut facilement faire du mal à quelqu’un. Aux procès de Nuremberg, l’excuse classique était « je n’ai fait qu’obéir aux ordres ». Les exemples abondent montrant ce phénomène mais, comme il est inconscient, on se dit que “avant c’était comme cela, mais plus au 21eme siecle”. Réaction qui ne fait que démontrer la facilité avec laquelle un esprit se donne des excuses et y croit, comme je viens de vous l’expliquer.

Ceci dit, aucun système n’est immortel et, malgré son instinct de survie, quand son moment est historiquement venu il doit disparaître, en se faisant détruire ou en se suicidant. Le système soviétique s’est suicidé sous les auspices de son dirigeant, Gorbatchev. Plusieurs signes montrent que le système occidental dont la dernière version est incarnée par les Etats-Unis/CMI approche de sa fin lui aussi. Les peuples resteront mais seront animés par un autre ensemble de règles qui formeront un nouveau système, espérons le moins violent et dominateur.

Covid 19 et injections ARNm

Après avoir été longtemps considéré comme une théorie complotiste, les effets secondaires de l’injection de produits ARNm anti-Covid font, plus de deux ans après les premiers cas, leur première apparition dans un journal télévisé. On notera que la victime d’effets secondaires interviewée se sent obligé de préciser « je ne suis ni antivax ni complotiste mais… » avant de pouvoir s’exprimer tant le tabou social sur ce sujet est encore fort.

https://twitter.com/VeriteDiffusee/status/1671067266564124672

Revue de presse alternative du 19 juin 2023

Source : The Saker francophone.


Par Wayan – Le 19 juin 2023 – Le Saker Francophone

Bonjour chers lecteurs et amis du Saker Francophone.

Je vous propose ici cette « revue de presse alternative » que j’envoie par courriel depuis quelques mois à des amis ouverts d’esprit mais n’ayant pas le temps, ni même l’occasion, de suivre les « médias alternatifs » et s’abreuvant, par habitude et réflexe, à la presse grand public.

Elle est destinée à des lecteurs que les médias grand public rendent craintifs face aux « théories complotistes », des lecteurs qui demandent des références et un maximum de sources officielles pour se rassurer. Elle évite l’émotionnel et s’efforce de garder une logique bien cartésienne pour ne pas effrayer des esprits à qui on a inculqué la peur de la « fake news ». Le but ultime de cette revue de presse est de démontrer au lecteur suffisamment curieux que la vision « alternative » de l’actualité internationale peut lui apporter une bien meilleure compréhension de l’état actuel du monde.

Vous avez surement des gens dans votre entourage qui correspondent à cette description. Vous pourriez donc, tous les lundis, au moment de sa parution, copiez/collez cette revue de presse et leur envoyer par courriel, ou simplement le lien, et participez au nécessaire réveil des esprits endormis par les médias grand public.

 

Course vers le précipice ?

Ceux qui suivent cette revue de presse depuis un moment doivent réaliser maintenant que le conflit Russie-Ukraine n’est qu’une bataille d’avant-garde dans une bataille plus profonde entre l’Occident d’un côté et le couple Russie/Chine de l’autre, le premier voulant garder son hégémonie politico-économique, les deux autres voulant changer le statu-quo géopolitique pour prendre leur place naturelle de grande puissance mondiale. Le gros problème dans cette situation étant que les protagonistes sont tous des puissances nucléaires dont l’arsenal combiné à largement la puissance nécessaire à une destruction quasi-totale de l’humanité.

Ne voyant toujours pas d’aboutissement décisif dans la guerre en Ukraine, d’un côté comme de l’autre, les esprits commencent à s’échauffer et les menaces, de moins en moins tacites, fusent.

Commençons par cet article du Washington Post, daté du 1er juin, expliquant que la faiblesse apparente de Poutine face au respect de ses « lignes blanches » pousse Biden à jouer avec le feu :

« Malgré les avertissements apocalyptiques du dirigeant russe, les États-Unis ont progressivement accepté d’élargir l’arsenal ukrainien avec des missiles Javelin et Stinger, des lance-roquettes HIMARS, des systèmes avancés de défense antimissile, des drones, des hélicoptères, des chars M1 Abrams et, bientôt, des avions de combat de quatrième génération.

Selon les responsables américains, l’une des principales raisons pour ne pas prendre au sérieux les menaces de Poutine est une dynamique qui s’est maintenue depuis les premiers jours de la guerre : le président russe n’a pas tenu ses promesses de punir l’Occident pour avoir fourni des armes à l’Ukraine. Son bluff a donné aux dirigeants américains et européens une certaine confiance dans le fait qu’ils peuvent continuer à le faire sans conséquences graves ; mais jusqu’à quel point reste l’une des incertitudes les plus dangereuses du conflit.

“La Russie a repoussé ses lignes blanches tant de fois en disant que certaines choses seraient inacceptables et en ne faisant rien quand elles se produisent”, a déclaré Maxim Samorukov, un expert russe au Carnegie Endowment for International Peace. « Le problème est que nous ne connaissons pas la véritable ligne blanche. C’est dans la tête d’une personne, et ça peut changer d’un jour à l’autre. »

https://archive.is/RD9s4#selection-983.0-1481.354

Le 9 juin l’American Enterprise Institute, un Think tank prétendant œuvrer à la création d’un « monde plus libre et plus sûr » propose de livrer des armes nucléaires tactiques à l’Ukraine pour repousser un Poutine qu’ils imaginent « désespéré et erratique » :

« Poutine est désespéré et erratique. La destruction du barrage de Kakhovka est un avertissement que Poutine ne respecte aucune ligne blanche. Avec la contre-offensive ukrainienne en cours, la menace que la Russie puisse utiliser des armes nucléaires tactiques est de plus en plus probable….

Ce que Biden devrait plutôt faire, c’est dire clairement à la Russie que toute utilisation d’armes nucléaires de toute taille contre l’Ukraine conduira à la fourniture par les États-Unis des mêmes types d’armes nucléaires à l’Ukraine sans aucun contrôle sur où et comment l’Ukraine pourrait les utiliser. La mafia de la non-prolifération pourrait hurler d’indignation, mais l’Occident doit orienter sa politique nucléaire vers la réalité, et non vers un vœu pieux ou la façade vide d’un régime de traités auquel les États révisionnistes ne se soumettent plus. »

https://www.aei.org/op-eds/can-biden-deter-a-russia-nuclear-attack-on-ukraine-yes-if-he-gives-ukraine-tactical-nukes/

Le 9 juin, Poutine déclare que des armes nucléaires tactiques (à portée intermédiaire) seront déployées en Biélorussie en juillet :

« Le président biélorusse a affiché sa détermination à défendre le territoire biélorusse en cas d’attaque. Il se dit même prêt à recourir aux armements nucléaires tactiques que la Russie positionnera chez son allié au cours du mois de juillet. « Que Dieu m’épargne d’avoir à prendre la décision d’employer cette arme à notre époque. Mais si nous étions attaqués, je n’aurais aucune hésitation », a déclaré le 13 juin le président biélorusse lors d’un déplacement dans la région de Minsk.  « Pourquoi cela [les armes nucléaires tactiques russes] est-il nécessaire ? Pour qu’aucune ordure ne foule de son pied le sol biélorusse, » a précisé Alexandre Loukachenko. Des propos rapportés par l’agence de presse nationale BelTA. »

https://francais.rt.com/international/105880-armes-nucleaires-bielorussie-nous-naurons-pas-hesitation-loukachenko

La réaction occidentale à cette nouvelle est étrangement placide :

« L’OTAN ne voit aucun signe indiquant que la Russie a changé sa posture nucléaire, a déclaré jeudi le chef de l’alliance militaire, après que le président Alexandre Loukachenko a affirmé que la Biélorussie avait déjà reçu des armes nucléaires tactiques de Moscou.

« Nous surveillons bien sûr de près ce que fait la Russie. Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun changement dans la posture nucléaire qui nécessite des changements dans notre posture », a déclaré Stoltenberg aux journalistes avant de présider une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN au siège de l’alliance à Bruxelles. »

https://www.pbs.org/newshour/world/nato-sees-no-change-in-russias-nuclear-posture-despite-belarus-leaders-claims

« Rien n’indique que la Russie se prépare à utiliser des armes nucléaires et les États-Unis ne voient aucune raison d’ajuster leur propre posture nucléaire, a déclaré vendredi le secrétaire d’État Antony Blinken aux journalistes. »

https://www.reuters.com/world/blinken-says-there-are-no-indications-that-russia-preparing-use-nuclear-weapons-2023-06-16/

Puis le 13 juin, l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons fait une déclaration à l’ONU qui explique une telle réaction :

« Les États-Unis ont déployé environ 150 obus nucléaires sur des bases aériennes en Europe sans aucune déclaration officielle.

Cela a été rapporté par Alicia Sanders-Sacre, coordinatrice des politiques et de la recherche de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), lors d’un briefing de l’Association des correspondants aux Nations Unies (ACANU).

Sanders-Zacre a déclaré que des armes nucléaires américaines se trouvaient secrètement sur des bases aériennes en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Turquie et en Italie.

“Des experts indépendants estiment qu’il y a environ 150 ogives dans les bases aériennes américaines de ces pays”, a-t-elle déclaré.

Le 12 juin, l’ICAN a publié un rapport sur les dépenses des pays en armes nucléaires. Selon le rapport, l’année dernière, la plus grande somme d’argent pour les armes nucléaires a été dépensée par les États-Unis – 43,7 milliards de dollars, la Russie a dépensé 9,6 milliards de dollars et la Chine 11,7 milliards de dollars. Au total, 82,9 milliards de dollars ont été dépensés pour les armes nucléaires dans le monde. »

https://globaleuronews.com/2023/06/13/ican-u-s-secretly-deploys-nuclear-weapons-in-europe/

Evidemment de telles déclarations excitent le camp adverse. Le 14 juin, dans les pages de RT, un intellectuel proche du pouvoir russe, le professeur Sergey Karaganov, président honoraire du Conseil de la politique étrangère et de défense de la Russie, propose que :

« La crédibilité de la dissuasion nucléaire doit être restaurée en abaissant le seuil acceptable d’utilisation des armes atomiques et en progressant prudemment mais rapidement sur l’échelle de la dissuasion-escalade. Les premières mesures ont déjà été prises par le biais de déclarations du président et d’autres dirigeants, en commençant à déployer des armes nucléaires et leurs vecteurs au Belarus et en augmentant l’efficacité au combat des forces de dissuasion stratégiques. Il y a pas mal de marches sur cette échelle. J’en compte environ deux douzaines. On pourrait même aller jusqu’à avertir nos compatriotes et toutes les personnes de bonne volonté de la nécessité de quitter leur domicile au cas où il serait à proximité des cibles d’éventuelles frappes nucléaires dans les pays qui soutiennent directement le régime de Kiev. L’ennemi doit savoir que nous sommes prêts à lancer une frappe de représailles préventive en réponse à son agression actuelle et passée, afin d’éviter de sombrer dans une guerre thermonucléaire mondiale. »

https://lesakerfrancophone.fr/en-utilisant-ses-armes-nucleaires-la-russie-pourrait-sauver-lhumanite-dune-catastrophe-mondiale

Korybko, petit analyste en bas de l’échelle, lui répond que cela risquerait plus de les enrager que de leur faire peur :

« Le deuxième argument contre la proposition de Karaganov est qu’il est irréaliste de prédire que seul un président américain fou réagirait à une attaque de la Russie contre “un groupe de cibles dans un certain nombre de pays (de l’OTAN), et encore moins avec des armes nucléaires. Les puissantes bureaucraties militaire, diplomatique et du renseignement des États-Unis (“l’État profond“) les forceraient à réagir de la sorte, de peur que l’absence de réaction n’enhardisse la Chine, l’Iran et la Corée du Nord à promouvoir militairement leurs propres intérêts aux dépens des États-Unis, peut-être même simultanément. »

https://lesakerfrancophone.fr/reponse-de-korybko-a-sergey-karaganov-lauteur-de-la-lettre-que-nous-avons-traduit-et-publie-hier

Puis cet article de RT recensant les analystes russes en désaccord avec la proposition de Karaganov :

« Utiliser l’arme nucléaire pour sauver le monde, c’est comme utiliser une guillotine pour soigner un mal de tête : Des experts russes répondent à l’appel à une frappe nucléaire »

https://www.rt.com/russia/578218-experts-respond-to-call-for-atomic-strike/

Finalement, pour calmer le jeu, la porte-parole du Ministère des affaires étrangères russe a été obligé de faire une déclaration :

« La Russie ne pourrait potentiellement recourir aux armes nucléaires que si son existence même était mise en danger, a déclaré jeudi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

S’exprimant en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), auquel participent des délégués de plus de 100 pays, Zakharova a réitéré que Moscou considère ses armes nucléaires comme une mesure défensive de dernier recours.

“Les politiques de dissuasion nucléaire de la Russie sont de nature purement défensive, et l’utilisation hypothétique d’armes nucléaires est clairement limitée à des circonstances extraordinaires”, a déclaré Zakharova.

Elle a expliqué que ceux-ci pourraient inclure une attaque contre la Russie ou ses alliés impliquant des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive, ou “une agression conventionnelle qui menace l’existence même de l’État”.

“Ce point fondamental reste inchangé”, a-t-elle souligné. »

https://www.rt.com/russia/578071-moscow-conditions-nuclear-weapons-use/

Ukraine

Après une semaine de « contre-offensive » on constate que l’armée ukrainienne fait du sur place et en est réduit à transformer la prise de quelques hameaux vides en « victoires » :

« L’Ukraine a annoncé la reconquête de trois villages dans la région orientale de Donetsk, les premiers gains territoriaux obtenus à la suite des “actions de contre-offensive” évoquées la veille par le président Volodymyr Zelensky.

La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, a annoncé qu’une troisième petite localité, Makarivka, proche de Blagodatné, était tombée aux mains des troupes de Kiev. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230611-%F0%9F%94%B4-en-direct-la-russie-affirme-avoir-repouss%C3%A9-une-attaque-sur-l-un-de-ses-navires-en-mer-noire

https://www.rfi.fr/fr/europe/20230611-l-ukraine-revendique-la-capture-de-villages-dans-le-sud-premiers-gains-de-sa-contre-offensive

Comme d’habitude, la version de Moon of Alabama est beaucoup moins optimiste mais toujours bien documentée :

« Au cours du printemps et de l’été 2022, les forces russes ont détruit l’armée ukrainienne régulière d’avant-guerre. Elle a été remplacée par du matériel de l’ère soviétique provenant d’États d’Europe de l’Est et des conscrits ukrainiens. En début d’année, cette seconde armée a également été détruite.

Nous assistons actuellement à la démilitarisation de la troisième armée ukrainienne. » [celle montée avec des équipements de l’OTAN et des militaires rapidement formés].

https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-destruction-de-la-troisieme-armee-points-a-negocier

https://lesakerfrancophone.fr/echec-de-la-contre-attaque-ukrainienne

En attendant les fameux F-16 promis, les Etats-Unis vont encore envoyer tanks et munitions pour alimenter le champ de bataille :

« Les États-Unis vont fournir jusqu’à 325 millions de dollars d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, a déclaré un responsable américain de la défense à VOA.

Le paquet devrait inclure des véhicules blindés Stryker et Bradley qui peuvent remplacer ceux endommagés et détruits dans la contre-offensive ukrainienne actuellement en cours, selon deux responsables de la Défense, qui ont parlé à VOA sous couvert d’anonymat avant la sortie prévue du paquet mardi.

Les responsables ont déclaré que la dernière aide comprend également des munitions pour les systèmes nationaux avancés de missiles sol-air (NASAMS), ainsi que davantage de roquettes pour les systèmes ukrainiens de roquettes d’artillerie à haute mobilité (HIMARS). »

https://www.voanews.com/a/us-providing-325-million-more-in-aid-for-ukraine-/7134105.html

Pareil pour l’Union Européenne :

« Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton a notamment en charge le secteur de la défense et l’aide militaire à l’Ukraine. Auprès du « Parisien », il affirme la volonté de l’Union européenne « d’accélérer les volumes et les cadences de production » de munitions et d’armes et confirme « qu’un million de munitions de gros calibre » devra être fourni « dans les douze mois qui viennent ». Il précise par ailleurs que la « trajectoire d’intégration accélérée » de l’Ukraine à l’UE, « tout en respectant les différentes étapes », lui « semble irréversible ».

https://www.leparisien.fr/international/guerre-en-ukraine-leurope-va-accroitre-leffort-en-matiere-de-livraison-darmes-et-de-munitions-17-06-2023-HIQY4BKQCREVXCVFTN6TIOKYEQ.php

Pour impressionner l’ennemi russe, l’OTAN a organisé en Europe, à partir de l’Allemagne, « le plus important exercice militaire des forces aériennes jamais réalisé » :

« L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) entame, lundi 12 juin, son plus important exercice de manœuvres aériennes, coordonné par l’Allemagne et destiné à montrer l’unité de ses membres face aux menaces potentielles, de la Russie notamment. L’exercice “Air Defender 23” va se dérouler jusqu’au 23 juin et réunira quelque 250 avions militaires de 25 pays membres et partenaires de l’Otan, dont le Japon et la Suède, pays candidat à l’adhésion à l’Alliance.

Jusqu’à 10 000 personnes participeront à ces exercices destinés à renforcer l’interopérabilité et la protection contre les drones et missiles de croisière en cas d’attaque contre des villes, aéroports ou ports situés sur le territoire de l’Otan. L’exercice comprendra une formation opérationnelle et tactique, principalement en Allemagne, mais aussi en République tchèque, en Estonie et en Lettonie. »

https://www.francetvinfo.fr/monde/otan/air-defender-23-le-plus-important-exercice-aerien-jamais-organise-par-l-otan-demarre-lundi_5883359.html

https://www.observateurcontinental.fr/?module=news&action=view&id=4976

On notera au passage la présence du Japon dans cet exercice, confirmant ainsi l’extension de l’OTAN vers la zone pacifique que voudrait les Etats-Unis, et tant pis si Macron n’est pas emballé par cette idée.

L’Europe, qui finalement se retrouve au cœur de ce conflit OTAN-Russie, est prise dans un piège dont elle ne sait pas comment se défaire. L’ancien ambassadeur anglais, Alastair Crooke, propose comme solution un simple retour à une vision réaliste des choses :

« L’Union européenne s’est surinvestie dans le projet de guerre ukrainien et dans sa romance avec Zelensky. Au début de l’année, le discours occidental (et européen) était que l’offensive post-hivernale de l’Ukraine allait “briser” la Russie et donner un “coup de grâce” à la guerre. Les titres des médias dominants racontaient régulièrement l’histoire d’une Russie à bout de souffle. Aujourd’hui, cependant, le message de l’establishment a fait un virage à 180°. La Russie n’est pas “à bout de souffle” …

Deux médias anglo-américains très establishment au Royaume-Uni (dans lesquels les messages de l’establishment américain font souvent surface) ont finalement admis – avec amertume – que “les sanctions contre la Russie ont échoué“. Le Telegraph se lamente : elles “sont une plaisanterie” ; “la Russie était censée être déjà à terre”.

Tardivement, l’Europe se rend compte que les offensives ukrainiennes ne seront pas décisives, contrairement à ce que l’on pensait quelques semaines auparavant… »

https://lesakerfrancophone.fr/lue-surinvestit-dans-le-projet-de-guerre-ukrainien

Relation Chine-USA

Après la pression médiatique lancée par des « fonctionnaires anonymes » disant que la Chine comptait installer une base d’espionnage à Cuba, comme nous l’avons vu la semaine dernière, voilà de nouveau un « officier de haut niveau des renseignements anonyme » annonçant en exclusivité au média The Messenger que :

« Le gouvernement américain prépare des plans d’évacuation pour les citoyens américains vivant à Taïwan, ont indiqué trois sources à The Messenger.

Les préparatifs sont en cours depuis au moins six mois et “ils se sont intensifiés au cours des deux derniers mois environ”, a déclaré un haut responsable du renseignement américain qui a parlé sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à discuter de ces préparatifs.

Le responsable a déclaré qu’un “niveau de tension accru” avait motivé les préparatifs. “Vous ne lirez rien dans les journaux”, a-t-il déclaré à The Messenger. “Les militaires se renforcent. La Chine s’aligne sur la Russie à propos de l’Ukraine”. »

https://themessenger.com/news/the-u-s-is-preparing-evacuation-plans-for-american-citizens-in-taiwan-exclusive

Evidemment, la réaction de la Chine ne se fait pas attendre :

« Le plan d’évacuation des citoyens américains sur l’île de Taïwan montre que les États-Unis ont calculé qu’ils abandonneraient l’île à tout moment après l’avoir transformée en “champ de mines” et en “dépôt de munitions” par des provocations continues et des ventes d’armes, a déclaré lundi Zhu Fenglian, porte-parole du bureau des affaires taïwanaises du Conseil des affaires d’État. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292569.shtml

Malgré cela, la visite de Blinken en Chine est maintenue, annoncée officiellement tant par les Etats- Unis que par la Chine.

Mais un article de Reuters douche d’avance toute attente trop optimiste :

« Les États-Unis ont minimisé mercredi les attentes de toute percée pendant le premier voyage d’un secrétaire d’État américain en Chine en cinq ans, après un appel tendu avec le ministre chinois des Affaires étrangères avant la visite d’Antony Blinken à Pékin, la semaine prochaine.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a exhorté les États-Unis à cesser de se mêler de leurs affaires et de nuire à leur sécurité lors d’un appel avec Blinken mercredi, et a déclaré qu’ils devraient respecter les préoccupations fondamentales de la Chine pour arrêter le déclin des relations entre les deux superpuissances, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. »

https://www.reuters.com/world/us-not-expecting-breakthrough-blinken-visit-china-diplomats-2023-06-14/

Voici comment CNN nous expose une première rencontre, ce dimanche, entre Blinken et le ministre des affaires étrangères chinois :

« Premier secrétaire d’État américain à se rendre en Chine en cinq ans, Blinken a tenu dimanche plus de 7 heures et demie d’entretiens « francs » et « constructifs » avec le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang, bien qu’ils n’aient pas semblé faire de progrès concrets sur des différends comme Taiwan, le commerce, les droits de l’homme et le fentanyl.

Tous deux ont exprimé le désir de stabiliser les liens malgré ce qu’un responsable américain a qualifié de “profonds” différends, et ont convenu que Qin se rendrait à Washington pour poursuivre la conversation, bien qu’aucune date n’ait été annoncée.

Blinken doit rencontrer lundi le plus haut diplomate chinois, Wang Yi, mais tous les regards seront rivés sur sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, un engagement qui, selon des sources proches du dossier, était attendu mais n’a pas encore été confirmé par le Département d’État. »

https://edition.cnn.com/2023/06/17/politics/blinken-beijing-visit-expectations/index.html

Voici la version du Global Times, le média chinois en langue anglaise :

« Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé à Pékin le 18 juin pour entamer sa visite de deux jours en Chine. Dans l’après-midi du 18 juin, le conseiller d’État et ministre des affaires étrangères chinois, Qin Gang, a rencontré Blinken et a eu un long entretien franc, approfondi et constructif sur les relations globales entre la Chine et les États-Unis et sur d’autres questions importantes. Les deux parties sont parvenues à plusieurs consensus, notamment la mise en œuvre conjointe du consensus important atteint par les chefs d’État des deux pays à Bali, le maintien d’échanges de haut niveau et la poursuite de consultations approfondies sur les principes directeurs des relations sino-américaines. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292822.shtml

Global times nous apprend aussi que :

« Le premier ministre chinois Li Qiang a entamé dimanche un voyage de cinq jours en Allemagne et en France, deux grandes puissances européennes et principaux membres de l’UE. Le même jour, le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé à Pékin pour une visite attendue de longue date par les États-Unis.

Il s’agit du premier voyage à l’étranger de Li depuis son entrée en fonction en mars en tant que premier ministre chinois. Les experts estiment que cela montre que la Chine attache une grande importance aux relations bilatérales avec les deux pays européens et aux liens stratégiques entre la Chine et l’Union européenne. »

https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292798.shtml

Une rapide recherche sur Google nous montre qu’en dehors d’un article de Reuters, aucun média occidental ne parle de cette visite. :

« Li dirigera la délégation chinoise pour les consultations intergouvernementales avec l’Allemagne prévues le 20 juin et participera à un sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui se tiendra à Paris les 22 et 23 juin.

La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne, mais dans un signe de tensions diplomatiques plus larges, Berlin a déclaré que Pékin était une menace croissante. »

https://www.reuters.com/world/chinas-premier-li-visit-germany-france-june-18-23-2023-06-15/

Même des médias francophones publics et européens, orientés vers l’international, comme France 24 et RFI parlent abondamment de la visite de Blinken en Chine sans dire un mot de la visite de Li en Europe, alors que Blinken et Li sont au même niveau diplomatique. Une censure par omission assez révélatrice.

Serbie/Kosovo

La tension entre serbes et kosovars s’est encore accentuée cette semaine :

« Les tensions entre Belgrade et Pristina sont de nouveau montées en flèche mercredi 14 juin après l’arrestation par la Serbie de trois policiers kosovars, les autorités kosovares qualifiant l’incident d’enlèvement et interdisant aux véhicules serbes de franchir la frontière.

Ce nouvel accès de fièvre entre les deux anciens ennemis survient après des semaines de tensions, durant lesquelles trente soldats de la Kfor, la force emmenée par l’Otan au Kosovo, ont été blessés en mai lors de heurts avec des manifestants serbes. »

https://www.france24.com/fr/europe/20230614-la-serbie-arrête-trois-policiers-kosovars-pristina-dénonce-un-enlèvement

Afrique du sud

L’Afrique du sud, pays des BRICS le plus facilement déstabilisable, qui va héberger le prochain sommet des BRICS, auquel Poutine devrait participer et qui refuse de livrer ce dernier à la Cour Internationale de Justice, est dans la ligne de mire des Etats-Unis. C’est RT qui annonce la nouvelle en premier :

« L’Afrique du Sud est consciente qu’elle est sur le point d’être punie par les États-Unis pour sa position non alignée dans le conflit russo-ukrainien, a déclaré à RT Govan Whittles, un journaliste sud-africain chevronné.

Whittles a déclaré que Pretoria avait pris au sérieux un avertissement de Stanlib Asset Management selon lequel le pays pourrait perdre jusqu’à 32,4 milliards de dollars de revenus d’exportation en raison de sa position non alignée sur le conflit ukrainien, “principalement parce qu’il fait suite à un avertissement similaire de la Banque de réserve sud-africaine. » concernant les impacts secondaires. »

https://www.rt.com/africa/577893-south-africa-ukraine-conflict-neutrality/

CBS News confirme l’info en précisant la forme que prend cette « punition » :

« Une poignée de législateurs américains des deux parties ont envoyé une lettre au secrétaire d’État Anthony Blinken, au conseiller à la sécurité nationale Jacob Sullivan et à l’envoyée commerciale américaine Katherine Tai appelant à ce que l’Afrique du Sud soit punie pour son soutien perçu à la Russie en pleine guerre en cours en Ukraine.

La lettre du 9 juin, obtenue par CBS News et rapportée pour la première fois par le New York Times, affirme qu’en dépit de sa position neutre déclarée sur la guerre en Ukraine, le gouvernement sud-africain a renforcé ses relations avec Moscou depuis que le président Vladimir Poutine a lancé l’offensive à grande échelle de la Russie, obligeant, selon les législateurs, les États-Unis à agir.

La lettre, signée par le sénateur Chris Coons (D) et le sénateur républicain Jim Risch, tous deux membres de la commission sénatoriale des relations étrangères, et approuvée par des membres des deux partis de la commission des affaires étrangères de la Chambre, indique qu’ils sont “sérieusement préoccupés par le fait qu’accueillir le Forum AGOA 2023 en Afrique du Sud servirait d’approbation” du “soutien du pays à la Russie et de la possible violation des lois américaines sur les sanctions”.

Les législateurs affirment que les actions récentes de l’Afrique du Sud remettent en question l’éligibilité du pays à bénéficier de l’AGOA, qui accorde un accès en franchise de droits au marché américain aux marchandises de certains pays d’Afrique subsaharienne, dont l’Afrique du Sud. L’AGOA stipule que les pays bénéficiaires ne doivent pas s’engager dans des activités qui compromettent la sécurité nationale ou les objectifs de politique étrangère des États-Unis.

L’Afrique du Sud, la plus grande économie du continent, a exporté pour environ 3 milliards de dollars de marchandises via l’AGOA vers les États-Unis en 2022. »

https://news.yahoo.com/u-lawmakers-want-south-africa-161116622.html?fr=sycsrp_catchall

Méthode habituelle pour un pays dans la ligne de mire, des infox commencent à circuler dans les médias grand public pour salir l’image du pays. Voici une dépêche de l’AFP daté du 13 juin 2023 :

« L’Afrique du Sud n’a jamais été touchée par les attentats islamistes. Sa démocratie vieille de trois décennies est solide et son système financier est respecté.

Pourtant, les experts affirment que la nation la plus industrialisée du continent est désormais un centre névralgique du financement djihadiste en Afrique.

“L’Afrique du Sud est un terrain de chasse ouvert”, a déclaré à l’AFP Jasmine Opperman, spécialiste de la lutte contre le terrorisme basée à Pretoria.

Les financiers islamistes collectent de l’argent dans le pays et le transfèrent “entre les mains du terrorisme”, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il était internationalement reconnu “que nous sommes désormais une plaque tournante”.

C’est un acte d’accusation sévère pour un pays qui, mis à part les alertes étranges émises par l’ambassade des États-Unis, s’enregistre à peine sur le radar des activités extrémistes dans le monde.

Pourtant, l’évaluation d’Opperman est largement partagée par les analystes à travers l’Afrique, l’Europe et les États-Unis. »

https://news.yahoo.com/south-africa-spotlight-over-terror-073345852.html?fr=sycsrp_catchall

Puis de mesquines vexations :

« Le personnel de sécurité du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et un groupe de presse en route vers l’Ukraine n’ont pas été autorisés à débarquer vendredi à l’aéroport Chopin de Varsovie en Pologne, ont indiqué des sources officielles.

Les services de protection présidentiels et des journalistes sud-africains devaient accompagner le président Ramaphosa en Ukraine puis en Russie dans le cadre de la mission africaine de maintien de la paix de sept nations en plus de l’Afrique du Sud : Comores, Zambie, Sénégal, Égypte, Congo et Ouganda.

Les autorités polonaises ont empêché la délégation sud-africaine de descendre de l’avion au motif que le personnel de sécurité du président n’avait pas les autorisations nécessaires pour introduire des armes dans le pays.

Selon Pieter du Toit, journaliste à bord de l’avion, les autorités polonaises ont finalement autorisé la délégation à quitter l’avion après plus de 24 heures sur le tarmac de Varsovie. »

https://www.telesurenglish.net/news/South-African-Delegation-Held-at-Warsaw-Airport-on-Way-to-Ukraine-20230616-0017.html

Il faut noter que les autres délégations africaines se rendant à Kiev n’ont pas eu à subir ce genre de désagrément

L’Iran  a construit son propre missile hypersonique

Tout comme pour la Corée du Nord, la pression internationale que subit l’Iran, et l’exemple de ce qu’on subit l’Irak, la Lybie et la Syrie, déclenchent un réflexe de protection qui pousse ces pays à se doter d’armes qui les mettent à l’abri d’une invasion trop facile :

« Le président iranien Ebrahim Raisi a assisté à une cérémonie de dévoilement du nouveau missile hypersonique « Fattah » (littéralement, « Conquérant ») de fabrication iranienne à Téhéran, au cours de laquelle il a déclaré :

« Aujourd’hui, nous avons le sentiment que la puissance de dissuasion a été formée.»

Il a ajouté : « Cette puissance est un point d’ancrage pour une sécurité et une paix durables pour les pays de la région. »

« Nous construisons des missiles pour ne pas subir d’agression de la part de nos ennemis, et pour que nos ennemis ne puissent même pas penser à un acte d’agression contre la République islamique », a déclaré M. Raisi, après les avertissements répétés d’Israël, qui se réserve le droit d’une attaque préventive sur le programme nucléaire présumé de l’Iran. « La puissance militaire, de défense et de missiles de l’Iran crée une dissuasion, bien sûr, elle crée une dissuasion non seulement contre l’invasion mais aussi contre l’idée d’une invasion. »

https://geopolitique-profonde.com/articles/iran-missiles-hypersoniques

Elijah Magnier, analyste spécialiste du Moyen Orient, voit l’aide de la Russie dans une avancée technologique aussi rapide :

« Dans une tournure imprévisible des événements, la Russie a asséné un coup calculé aux États-Unis et à Israël en armant l’Iran de missiles hypersoniques avancés, faisant de ce pays un instrument de choix. Les implications de cette manœuvre stratégique sont considérables et pourraient modifier l’équilibre des forces dans la région instable du Moyen-Orient. »

https://ejmagnier.com/2023/06/14/la-tactique-strategique-de-la-russie-frappe-les-etats-unis-et-israel-grace-aux-capacites-hypersoniques-de-liran/

Etats-Unis

La mise en accusation d’un ancien président avec un très fort soutien populaire (bien supérieur à celui de Biden) pour des histoires de paperasserie est surtout le reflet des tensions politiques extrêmes qui déchirent ce pays. Et Trump compte bien utiliser ces tensions et cet acharnement médiatico/judiciaire contre lui, qui lui avaient tant servis pour sa première élection, pour se faire réélire. :

« « Mais une fois de plus, la campagne est centrée sur Trump. Finalement, il pourrait y avoir une méthode dans cette folie, puisque Trump cherche à faire juger cette affaire par le public.

» En effet, le jury ultime dans cette affaire pourrait s’avérer être le peuple américain. Les élections de 2024 pourraient devenir un référendum sur cette affaire. Je soutiens depuis longtemps que les présidents peuvent se gracier eux-mêmes, et Trump pourrait bien utiliser sa photo d’identité judiciaire comme affiche de campagne. »

Turley prend alors un ton grave, pour conclure son hypothèse. Il n’est pas question de se laisser emporter par la loufoquerie d’un tel bouffon. Il est question plus simplement de constater que cette loufoquerie contient ce qu’il faut de tragédie (tragédie-bouffe), car, en vérité, Trump mettra en jeu sa liberté, c’est-à-dire, à son âge, rien d’autre que sa vie, à jouer avec une accusation qui est sanctionnée par de très lourdes peines (10-20 ans de prison). Qu’importe : il a le peuple avec lui ! Personnage bouffe jusqu’au bout, après tout digne de la crise d’ivresse et d’effondrement qui emporte l’Amérique.

« Les sondages montrent que la majorité des Américains ont de sérieux doutes quant à l’indépendance et à l’intégrité du FBI. De nombreux électeurs sont sceptiques face à une nouvelle allégation criminelle juste avant une élection présidentielle.

» Trump fait maintenant face aux accusations criminelles les plus graves de sa carrière. S’il obtient gain de cause et que Trump n’est pas gracié par lui-même ou par l’un de ses concurrents républicains (ou même par un Joe Biden magnanime), il pourrait s’agir d’une menace mortelle. À 76 ans, il est peu probable que Trump survive à un séjour en prison, même si les peines maximales prévues par ces chefs d’accusation ne lui sont pas imposées.

» Il se rendra mardi, mais ce ne sera que le début d’un combat existentiel pour lui. »

https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2023-la-bataille-existentielle-de-trump

Le dernier sondage en date montre que cette analyse est exacte :

« Un nouveau sondage a montré que l’ancien président Donald Trump détient une avance considérable sur le président démocrate Joe Biden dans un match hypothétique pour l’élection présidentielle de 2024, malgré la récente inculpation fédérale du favori républicain liée à sa gestion de documents classifiés. Le nouveau sondage a été réalisé dans la semaine après que Trump a été inculpé par un grand jury. »

https://www.newsweek.com/donald-trump-defeats-joe-biden-post-indictment-poll-1807443

Pendant ce temps-là, et toujours loin du buzz médiatique, on apprend, au sénat étasunien, qu’en plus d’un témoignage de confiance, des enregistrements audios viennent confirmer l’histoire de corruption à 5 millions de $ de Joe et Hunter Biden :

« Le sénateur républicain de l’Iowa, Chuck Grassley, a révélé lundi lors d’un discours explosif au Sénat américain que l’exécutif de Burisma derrière un prétendu scandale concernant Biden aurait conservé 15 enregistrements audio de conversations entre lui et Hunter Biden et deux enregistrements de conversations entre lui et puis le vice-président Joe Biden en tant que “police d’assurance”.

Selon Grassley, les révélations sont une référence expurgée dans le formulaire FD-1023. Ce formulaire, que le FBI a tenté de cacher au comité de surveillance de la Chambre, résume les allégations d’une source humaine confidentielle “hautement crédible” selon lesquelles le vice-président de l’époque, Joe Biden, s’est livré à un stratagème de corruption criminelle de 5 millions de dollars avec un ressortissant étranger en échange d’une influence sur la politique américaine. les décisions. »

https://thefederalist.com/2023/06/12/grassley-burisma-exec-behind-biden-bribery-scandal-allegedly-kept-17-recordings-of-talks-with-joe-hunter/

Il devient quand même de plus en plus difficile pour les médias grand public de cacher cette affaire sous le tapis. Un journal anglais grand public a donc pris le risque d’en faire un article, qui ne fut bien sûr relayé par aucun grand média étasunien :

« Cet informateur a affirmé que Zlochevsky avait versé 5 millions de dollars à chaque Biden pour mettre fin à une enquête en cours du procureur général ukrainien de l’époque, Viktor Shokin.

Une source proche de l’enquête républicaine a confirmé au DailyMail le contenu du document du FBI que les membres ont consulté à huis clos dans le cadre d’un SCIF (Sensitive Compartmented Information Facility).

Les procureurs ukrainiens avaient ouvert une enquête sur Burisma – une société dans laquelle Hunter a siégé au conseil d’administration pendant cinq ans – pour des allégations de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et de corruption en 2012.

Selon ces documents, les 5 millions de dollars versés étaient un “pot-de-vin” payé par Zlochevsky pour que Shokin soit licencié, ce qui a mis fin à l’enquête. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-corruption-de-biden-pere-et-fils-commence-a-devenir-publique

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Face à l’extraordinaire succès populaire des shows Twitter de Carlson, son premier de la semaine dernière ayant finalement récolté 115 millions de « viewers », et le fait que ces déclarations soient de nature « subversives/complotistes/alternatives », Fox News, son ancien employeur qui vient de le virer, lui intime d’arrêter :

« L’avocat de Tucker Carlson a déclaré qu’il “ne sera réduit au silence par personne” après qu’il a été rapporté que Fox News avait envoyé à l’animateur une lettre lui demandant de cesser et de s’abstenir de présenter sa nouvelle émission sur Twitter.

“En insistant sur sa décision de programmation la plus catastrophique de l’histoire de l’industrie de l’information par câble, Fox exige maintenant que Tucker Carlson se taise jusqu’aux élections de 2024”, a déclaré l’avocat Harmeet Dhillon à Axios, qui a d’abord rapporté la lettre de Fox.

“Tucker ne sera réduit au silence par personne … Il est une voix singulièrement importante sur les questions d’intérêt public dans notre pays, et le restera.”

Axios a déclaré que cette lettre “ne pas publier”, est envoyée car Fox continuerait de payer Carlson, dont le contrat court jusqu’à la fin de l’année prochaine. D’autres médias ont confirmé la lettre.

Les avocats de Carlson ont déclaré que Fox cherchait à nier le droit à la liberté d’expression de son premier amendement. »

https://www.theguardian.com/media/2023/jun/12/tucker-carlson-twitter-show-fox-cease-desist

Le CMI/l’Etat profond

La semaine dernière nous parlions de l’influence du CMI, le Complexe militaro-industriel, sur la politique du monde occidental. Le fameux « Etat Profond étasunien » est cette association entre l’industrie de l’armement et les fonctionnaires de la sécurité (Pentagone et agences de renseignements) qui manipulent les institutions au mieux de ses intérêts financiers et systémiques.

Comme nous l’explique Glenn Diesen, un des relais de cette influence est le « Think Tank » ou la « société de conseil », par exemple Mc Kinsey qui a l’influence que l’on sait sur le gouvernement Macron et l’Union Européenne :

« Aux États-Unis, les groupes de réflexion ont acquis une influence considérable sur les décideurs politiques et le public. Ils fournissent aux hommes politiques des rapports de recherche et des analyses sur lesquels ils fondent leurs décisions. Les groupes de réflexion servent également de salle d’attente pour les politiciens qui ne font plus partie du gouvernement, dans un système de portes tournantes, ce qui permet aux groupes de placer leurs propres “fellows” aux postes les plus élevés de Washington. Les groupes de réflexion fournissent également des analyses pour les auditions du Congrès et dominent dans les médias en tant que source d’opinions d’experts. Ils sont donc devenus un centre important du pouvoir politique.

Alors que le pouvoir des groupes de réflexion ne cesse de croître, la question se pose de savoir qui les finance et pourquoi. Aux États-Unis, les groupes de réflexion libéraux et conservateurs sont, dans leur grande majorité, financés par l’industrie de l’armement. Ce phénomène est lié à la puissance du complexe militaro-industriel américain.  Par conséquent, même avec l’extrême polarisation politique à Washington, il existe un soutien bipartisan fiable à la guerre en tant que solution à la plupart des problèmes, car l’industrie mise sur les deux partis politiques. L’option de démilitarisation de la politique étrangère américaine et de réduction du budget militaire échappe donc de plus en plus au contrôle démocratique. Le président Dwight Eisenhower avait mis en garde contre l’influence envahissante du “complexe militaro-industriel” lors de son discours d’adieu en janvier 1961. Eisenhower a d’abord utilisé l’expression “complexe militaro-industriel-congressionnel”, mais l’a révisée pour éviter de faire honte au Congrès et de le provoquer.

Plusieurs enquêtes menées par le New York Times ont révélé que l’industrie des groupes de réflexion s’est considérablement développée au cours des dernières décennies et a corrompu la politique grâce à un modèle commercial qui vend l’accès et l’influence. Matthew Rojansky, directeur du Wilson Center, a tiré la sonnette d’alarme en avertissant que les think tanks « sont devenus des groupes de pression, ou même des lobbyistes, sous un autre nom », simplement en fonction des forces du marché, étant donné que « les partis politiques veulent des propagandistes loyaux, et non pas des universitaires tatillons et équivoques. Et les donateurs potentiels veulent des tireurs d’élite chevronnés pour tirer leurs balles politiques sur la bonne cible au bon moment ». Les groupes de réflexion sont ensuite devenus un symptôme de l’hypercapitalisme, dans lequel tous les aspects de la société sont devenus un appendice du marché. Aujourd’hui, même l’influence politique est régulée de cette manière et les groupes de réflexion en sont une composante importante.

Ces groupes de réflexion financés par l’armée ont également fait une entrée remarquée dans l’UE, où les ONG dépendent traditionnellement davantage du financement gouvernemental que leurs homologues américains.  Toutefois, l’industrie de l’armement a fait des percées en raison de l’importance croissante des questions de sécurité et des questions militaires en Europe. Pendant les années du Russiagate, les groupes de réflexion affiliés à l’OTAN ont renforcé leur influence dans l’UE sous prétexte de contrer l’ingérence russe. M. Daly a souligné l’ironie de l’autorité accordée aux « groupes de réflexion atlantistes et de l’OTAN, qui font du lobbying pour des intérêts qui profitent des conflits, est une ironie amère pour un comité destiné à enquêter sur les ingérences étrangères dans les processus démocratiques de l’Union européenne et à y remédier ».

https://www.dedefensa.org/article/pouvoir-cache-mais-tellement-visible

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Voici, cette semaine, un exemple des conséquences de la pression du CMI sur les médias pour empêcher tout appel à la paix, car la paix est contraire à leurs intérêts financiers et carriéristes :

« Le 16 mai dernier, le New York Times a publié une pleine page de publicité signée par 15 experts américains de la sécurité nationale au sujet de la guerre en Ukraine. Intitulée « Les États-Unis devraient être une force pour la paix dans le monde. » Elle a été rédigée par le Eisenhower Media Network. »

C’est-à-dire que pour qu’un article signé par 15 experts en sécurité nationale puisse être publié dans le New York Times, ces experts doivent fouiller au fond de leur poche et payer le journal (environ 150.000$). J’imagine qu’ils ont dû d’abord le proposer simplement pour publication et que devant le refus du journal, ils ont été obligés de payer pour y avoir accès. Encore un exemple nous montrant que la pluralité de la presse n’est plus qu’un simple préjugé meublant nos esprits dépassés par la situation.

« La déclaration qualifie la guerre de « désastre absolu » et exhorte le président Joe Biden et le Congrès à « mettre fin rapidement à la guerre par la diplomatie, compte tenu notamment des dangers d’une escalade militaire qui pourrait devenir incontrôlable. »

Cet appel à la diplomatie lancé par d’anciens initiés sages et expérimentés – diplomates, officiers militaires et fonctionnaires civils américains – aurait été une intervention bienvenue au cours de n’importe lequel des 442 jours qu’a duré cette guerre…

Les experts qui ont signé la déclaration du New York Times ont rappelé qu’en 1997, 50 experts américains de haut niveau en politique étrangère avaient averti le président Bill Clinton que l’élargissement de l’OTAN était une « erreur politique de proportions historiques » et que, malheureusement, Clinton avait choisi d’ignorer cet avertissement. Biden, qui poursuit aujourd’hui sa propre erreur politique aux proportions historiques en prolongeant cette guerre, ferait bien de suivre les conseils des experts politiques actuels en aidant à forger un règlement diplomatique et en faisant des États-Unis une force pour la paix dans le monde. »

https://www.les-crises.fr/ukraine-des-experts-de-l-us-national-security-denonce-un-desastre-total-et-appellent-a-la-paix/

Mais tant que le CMI tiendra le pays et ses institutions dans sa main d’acier, cette dernière phrase restera un vœu pieux.

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Moon of Alabama met en lumière une autre technique de manipulation des consciences, utilisée par ceux qui veulent que la guerre en Ukraine se perpétue, l’astroturfing :

« L’astroturfing est une pratique qui consiste à dissimuler les sponsors d’un message ou d’une organisation (politique, publicitaire, religieuse ou de relations publiques, par exemple) pour faire croire qu’il provient de participants de base qui les soutiennent. Il s’agit d’une pratique visant à donner de la crédibilité aux déclarations ou aux organisations en dissimulant des informations sur les bailleurs de fonds de la source. »

https://lesakerfrancophone.fr/la-manipulation-de-lopinion-pour-plus-de-guerre-en-ukraine

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Etrange à première vue, voilà que les médias grand public, dont France 24, se fendent d’un article reconnaissant le niveau d’espionnage de la société civile, espionnage normalement interdit par la constitution, dénoncé par des lanceurs d’alerte comme Snowden et Assange qui le payent chèrement, et qui pourtant continue allègrement :

« Un rapport de la Direction américaine du renseignement national, rendu public lundi, reconnaît l’importance pour les espions américains des informations vendues par des marchands de données. Des ressources qui permettent d’établir un réseau de surveillance des Américains très intrusif. Peut-être même trop pour les espions eux-mêmes. »

Ha oui, les « marchands de données » sont devenus l’alibi total à l’espionnage de l’individu lambda.

« Les espions américains croulent sous les informations personnelles sur les Américains. Telle est la conclusion d’un rapport remis fin janvier à Avril Haines, directrice du renseignement national, et qui vient d’être déclassifié.

Ce document d’une cinquantaine de pages détaille le très vaste réseau de surveillance que les agences américaines de renseignement ont pu mettre en place grâce aux informations mises en vente par les marchands de données. »

On déclassifie rapidement un document qui permet de rendre légal la surveillance généralisée de la population puisque ce sont les « marchands de données » qui le font. Plus de non-respect de la constitution par les renseignements qui pourront maintenant justifier leur surveillance sans mandat d’un juge.

https://www.france24.com/fr/éco-tech/20230613-états-unis-des-espions-trop-accros-aux-données-personnelles-revendues

On entend souvent l’argument disant « je ne crains pas l’espionnage généralisé car je n’ai rien à cacher », considérant ainsi que ce n’est pas un danger pour la société. C’est oublier trop vite pourquoi nos ancêtres ont jugé bon d’installer des gardes fous dans la constitution. Parce que dès qu’une institution obtient trop de pouvoir, elle va rapidement en abuser, d’où contre-pouvoir et gardes fous indispensables, sinon c’est le totalitarisme qui s’installe automatiquement. Et là, il sera trop tard pour réagir.

Covid 19 et injections ARNm

Encore des procès en perspective, en Allemagne cette fois, intenté contre les labos ayant produit les injections ARNm anti-Covid :

« Ce procès pourrait bien être le premier d’une longue série, à en croire les cabinets d’avocats qui représentent la plaignante, Rogert & Ulbrich, de Düsseldorf, et Cäsar-Preller, installé à Wiesbaden. Ils affirment avoir plusieurs centaines de leurs clients qui souffrent des conséquences de la vaccination anti-Covid, des cas qu’ils comptent porter devant les tribunaux allemands. Les trois quarts des injections administrées aux Allemands étant fabriqués par BioNTech, cette firme sera en première ligne dans ce bras de fer judiciaire à venir. »

https://francais.rt.com/international/105859-biontech-vaccin-covid-justice-allemande

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De nouvelles recherches réellement indépendantes, c’est-à-dire non menées par les labos pharmaceutiques, montrent que :

« …Les injections répétées de vaccins COVID-19 affaiblissent le système immunitaire et pourraient exposer les personnes qui les ont reçues à des pathologies dangereuses comme le cancer.

Des doses répétées de vaccins COVID-19 Pfizer ou Moderna font monter les niveaux des anticorps IgG4, qui peuvent produire un effet protecteur. Mais les chercheurs affirment dans leur article qu’un faisceau d’éléments de plus en plus fourni indique que les “taux anormalement élevés” de cette sous-classe de l’hémoglobine expose en fait davantage le système immunitaire à la protéine spike COVID-19 présente dans les vaccins. »

https://lesakerfrancophone.fr/une-etude-montre-que-des-injections-repetees-de-vaccins-covid-19-affaiblissent-le-systeme-immunitaire

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Le Pr P.E. Alexander, du Brownstone Institute a fait une recension d’études scientifiques et en a trouvé 167 montrant l’inutilité, voir même le coté néfaste, des masques sur le contrôle et la transmission de virus.

« Le Dr Alexander est titulaire d’un doctorat en médecine, avec une expérience en épidémiologie et en enseignement de l’épidémiologie clinique. Il a été professeur adjoint à l’Université McMaster en médecine fondée sur des données probantes et en méthodes de recherche ; il a été conseiller en synthèse de données probantes sur la pandémie de COVID auprès du centre OMS-PAHO à Washington, DC (2020) ainsi que conseiller principal en matière de politique sur la pandémie de COVID au sein des Health and Human Services (HHS) à Washington, DC….

Il n’est pas déraisonnable de conclure que les masques chirurgicaux et les masques en tissu, utilisés comme ils le sont actuellement (sans autres formes de dispositif de protection individuelle), n’ont aucun impact sur le contrôle de la transmission du virus Covid-19. Les données disponibles suggèrent que les masques faciaux peuvent être réellement nocifs. L’ensemble des données probantes indique que les masques faciaux sont largement inefficaces. »

https://www.covidhub.ch/plus-de-150-etudes-comparatives-et-articles-montrent-linefficacite-et-les-effets-nefastes-du-masque/

Manipulation de l’information

Ce texte d’un analyste italien nous fait prendre conscience de l’importance d’une information équilibrée pour une saine démocratie :

« À l’ère de la mondialisation, une information correcte revêt une importance vitale car elle nous permet de connaître les dynamiques politiques, géopolitiques, sociales et culturelles qui affectent notre société et nous relient au monde entier, un monde qui semble toutefois avoir annulé les identités, le respect et la protection des pays individuels : chaque pays est contraint de s’adapter aux processus de cette mondialisation sans tenir compte de ses intérêts, de ses besoins et de ses potentialités. Il s’agit d’une réalité amplifiée dans laquelle un pays individuel a d’énormes difficultés à s’intégrer, aussi et surtout parce que ses citoyens sont privés des informations qui pourraient garantir la possibilité d’évaluer les choix politiques les plus avantageux pour eux-mêmes et pour la nation dans son ensemble. Je dirais que le principe de base de la démocratie réside précisément là, dans la capacité d’un peuple non seulement de pouvoir choisir mais de savoir choisir, c’est-à-dire de connaître les faits avec leurs implications conséquentes pour la compréhension réelle des propositions qui nous sont progressivement offertes par la politique, la politique qui devra ensuite nous représenter au Parlement et dans le gouvernement du pays.

Une bonne information de base et le désir de participer à une politique active peuvent donner au peuple les outils indispensables pour contrôler le travail de son gouvernement, mettant ainsi pleinement en œuvre ce que l’on appelle le “pouvoir de commandement”, une prérogative fondamentale pour être considéré comme un peuple libre et autodéterminé. Dans cette perspective, l’importance d’une information correcte, pilier irremplaçable d’une conscience collective saine et responsable, apparaît fondamentale. »

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/06/07/information-libre-pensee-et-democratie.html

Et c’est justement la raison pour laquelle les médias grand public ont été pris en otage par les puissances militaro-financières.

Autre exemple de la manipulation des consciences, par une ONG comme Reporter sans frontières, cette fois :

« Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse 2023, publié le 3 mai dernier par Reporters sans frontières (RSF), l’Ukraine effectue un bond prodigieux de 27 places, passant de la 106e à la 79e position sur 180 pays étudiés. « Malgré la désorganisation des rédactions et les difficultés liées à la couverture d’un pays en guerre, ainsi que des restrictions de reportage, en général proportionnées à la situation, les journalistes bénéficient d’une plus grande liberté, explique l’association. La guerre et l’esprit d’union nationale ont réduit l’emprise des oligarques sur les médias et les pressions dues aux clivages. »

Ce conte de fées a étonné l’organisation américaine Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR). L’observatoire critique des médias rappelle (1) que, le 29 décembre dernier, le président Volodymyr Zelensky a signé une nouvelle loi qui, sous toute autre latitude, aurait épouvanté RSF et fait dévisser le pays au classement. Le texte octroie en effet au Conseil national de télévision et de radiodiffusion — l’organe de régulation des médias ukrainien — le pouvoir de sanctionner d’amende, de fermer, de révoquer les licences sans jugement ou de bloquer n’importe quel titre, antenne, média social ou plate-forme. Or les autorités contrôlent étroitement ce conseil puisque M. Zelensky en nomme quatre des huit membres et le Parlement quatre autres. »

https://www.monde-diplomatique.fr/2023/06/RIMBERT/65824

Bonne semaine à tous. A lundi prochain.

 

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