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Les hypocrites, les cyniques et leurs Golems

Source : Géopragma.

Billet du lundi 30 octobre 2023 rédigé par Ghislain de Castelbajac, membre fondateur et membre du Conseil d’administration de Geopragma.

Du Donbass au Haut-Karabagh, de Téhéran à Sanaa, d’Israël à Gaza, du Kivu à Kabul, des peuples souffrent, se battent, fuient les massacres, le nettoyage ethnique, les pogroms, meurent sous les bombes, les actes de barbarie, la torture, le viol.

Le tableau est plus qu’alarmant, au-delà de révoltant.

Une guerre mondiale sournoise, sans début et sans doute sans fin : une guerre sans merci, où l’horreur et la terreur sont filmées, commentées sur les réseaux sociaux, où chaque victime est le macabre trophée d’une cause jetée contre le camp adverse dans une agora mondiale où couve un feu attisé par des satrapes revanchards et des messianiques apocalyptiques.

Il est parfois saisissant de relier les idéologies de certains leaders, ou de leurs financiers, pour comprendre que notre monde est entre les mains de gens souhaitant sincèrement sa fin :

  • La fin d’un ordre post-guerre froide et la revanche des empires. C’est en premier lieu le cas de la Russie de Vladimir Poutine, qui tente de reprendre pied après la perte de territoires et d’influence de la Russie tsariste puis soviétique. Cet esprit revanchard territorial classique, est mû par une idéologie civilisationnelle « Orient orthodoxe contre Occident décadent », et Eurasisme contre atlantisme. C’est aussi le cas de l’Azerbaïdjan d’Aliev et de la Turquie d’Erdogan, qui ne s’arrêteront pas à la reprise en main du Haut-Karabagh, enclave arménienne distribuée par Staline à la RSS Azerbaïdjan.
  • La fin d’un ordre post-colonial qui n’en finit pas de mourir, avec ses clientèles faciles, ses frontières découpées en Etats-nations qui écrasent le fait ethnique pour la dictature de la majorité, et nient donc les spécificités des minorités tribales qui composent de nombreux pays d’Afrique par exemple. C’est le cas au Mali, Niger, mais aussi au Congo oriental (Kivu) et dans la région des grands lacs. Les nouveaux chefs d’Etats autoritaires, souvent issus de coups d’Etats, n’hésitent plus à redessiner les cartes à l’aune d’une redistribution des ressources et des fidélités tribales et ethniques.
  • La fin d’une civilisation multimillénaire, celle des chrétiens d’Orient, qui composaient récemment une part importante des populations du Levant arabe et de Mésopotamie, et qui a été victime d’un génocide silencieux depuis près d’un siècle, avec un dernier coup frappé au coeur de la chrétienté d’Orient par l’exode massif le plus rapide de l’Histoire lors de l’exil des Arméniens du Karabagh en 48 heures.
    Il s’agit là de l’effacement pur et simple d’une civilisation, gênante pour les tenants de la purification ethnique (pantouranisme) et religieuse (oumma).
  • La fin d’un monde mercantile ouvert aux échanges, au progrès et aux libertés, mais aussi à leurs corolaires idéologiques dégénérescents d’une humanité interchangeable, déracinée, transhumanisée, asexuée.
  • La fin de l’hypocrisie, dénoncée par ce qu’il est convenu d’appeler le Sud « global », et qui regrouperait une nouvelle génération bercée aux guerres de l’hyperpuissance américaine et ses tapis de bombes démocratiques. Originellement assoiffée de libertés individuelles et dégoutée de la corruption généralisée, elle se révolte depuis les intifadas, les « printemps arabes » et les révolutions de couleur, sans succès.
    Dégoutée par l’hypocrisie des médias occidentaux, des risibles recomptages électoraux aux Etats-Unis, elle applaudit à tout ce qui pourrait affaiblir cet occident : une guerre de blancs en Ukraine, une armée française déboutée du Sahel par des putschistes, un massacre en Israël… Quitte à préférer le cynisme et la cruauté de leurs nouveaux modèles, à l’hypocrisie des occidentaux.
    L’hypocrite étant particulièrement voué aux gémonies dans le Coran, certains y trouvent en plus une justification religieuse.1

Cette galaxie d’idéologues, d’ultrareligieux et de nihilistes croient que la purge d’un conflit mondial permettra la venue de leur messie et l’éradication de leurs ennemis : « les juifs à la mer », « les palestiniens chez les pays arabes voisins », « les arméniens hors du Caucase », etc.

C’est dans cette arche d’alliances des ténèbres que certains politiciens à courte vue et au cynisme déroutant, fomentèrent des stratégies imbéciles, cultivant ainsi des Golems (de l’hébreu ( 2גולם qui se retournent systématiquement contre leurs créateurs, ou leurs alliés :

  • Al-Qaïda enfantée par les errements de la CIA
  • Le Front Islamique du Salut algérien, encouragé par le département d’Etat américain
  • Da’esh, conséquence directe de l’invasion/destruction de l’Irak par l’armée américaine
  • Les jihadismes sahéliens, réveillés par la destruction de l’Etat libyen par la France et sa coalition
  • Le Hamas, renforcé par la politique du Likoud du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

Jamais jugés, jamais condamnés pour leurs erreurs, ils portent une responsabilité dans le chaos et l’horreur terroriste à laquelle les peuples font face, de Mossoul à Paris et d’Israël au Sahel.

Il y a aussi les financiers, ceux qui inondent d’argent les groupes les plus dangereux, du Darfour à la Syrie et du Sahel à Gaza. Pompiers pyromanes, ils se portent en intermédiaires « indispensables » lorsque survient l’apogée d’une crise d’otages. Ces Etats et leurs souverains estiment que l’argent achète tout, résout tout : un but en or au championnat de France vaut bien un pogrom !

Ils déversent leur morgue et leur mépris des victimes jusqu’à héberger les cerveaux d’un groupe terroriste qui lance des appels au meurtre (bien reçus en France malheureusement) depuis leurs lofts luxueux en bord de mer…à un jet de pierre d’une importante base américaine. Quel courage !

Enfin, il y a le groupe des « survivalistes ». Souvent autoritaires, ces pays connaissent de l’intérieur leurs populations et les risques de débordement.

C’est en premier lieu le cas de l’Egypte du maréchal al-Sissi, qui est co-responsable du blocus des civils de Gaza, en fermant l’unique poste frontière de Rafah. Il faut comprendre le contexte, alors que des terroristes du Hamas s’étaient infiltrés dans le Sinaï égyptien pour y massacrer des militaires. Berceau de l’organisation des Frères Musulmans, ceux-ci sont interdits et pourchassés depuis la destitution du président Morsi.

Depuis le 7 octobre, le pouvoir egyptien montre d’ailleurs muscles en faisant défilé des systèmes d’armes dans le Sinaï dont le message est clair : Vu la situation sécuritaire à sa frontière avec Gaza, l’Egypte montre par la même occasion à sa population une apparente fermeté vis-à-vis d’Israël.

Les Emirats Arabes Unis leurs emboitent le pas, ainsi que la plupart des pays arabes frontaliers ou non d’Israël : ils redoutent avant toute chose un afflux de réfugiés gazaouis et la répétition d’un « septembre noir » de 1970, ou une nouvelle guerre civile comme au Liban entre 1975 et 1978 où les feddayin de l’OLP et du FPLP usaient de méthodes similaires à celles du Hamas contre les civils libanais, pourtant leurs hôtes contraints…

Echaudés de la politique du Golem telle qu’elle fut pratiquée par l’Arabie Saoudite avant 2001 par exemple, ils pourchassent les groupes idéologiques apocalyptiques liés au terrorisme tels que les Frères Musulmans, le Hamas, le groupe EI ou al-Qaïda.

Loin est le temps où Oussama ben Laden chassait au faucon avec ses cousins princes du désert.

Nous pourrions citer également l’Algérie, dont les citoyens ayant fuit les années de plomb connaissent les imbrications de certains services dans la poussée verte du FIS et les années de guerre civile qui s’en suivirent.

 

Et la France dans tout cela ?

Première nation arabe d’Europe, la France est aussi la plus grande nation juive du monde après les Etats-Unis et Israël.

Son approche gaullienne et les instants de lucidité de notre diplomatie sous la présidence de Jacques Chirac notamment, donnent encore à Paris la capacité de parler à toutes les parties du conflit israélo-palestinien. C’est en revanche bien moins le cas concernant le Karabagh et l’Ukraine.

Alors que le président Macron vient de se rendre en Israël et Jordanie, il a pu tenter de porter une volonté de trêve humanitaire. C’est mieux que rien, mais ce n’est évidemment pas suffisant pour régler ce problème qualifié d’insoluble par les plus rationnels.

Puis, comme pris d’une triste manie, il s’est contredit en reprenant les termes du Likoud pour une ‘coalition’ internationale contre le Hamas, cadrée sur celle qui eut lieu contre Da’esh… Cette saillie présidentielle malheureuse risque d’internationaliser non pas le combat, au sens d’une action coordonnée et concrète contre le Hamas, mais plutôt le ressenti des arabes contre nous ! Il est en effet évident, que si la France jouait un rôle, ce qui est souhaitable, l’internationalisation doit être d’une discrétion absolue, dans un jeu intelligent et mesuré de règlement, ou du moins de désamorçage, de plusieurs conflits régionaux.

Malgré cette maladresse, nous pourrions peut-être encore affirmer que cette nouvelle tragédie en Terre Sainte est l’occasion pour Paris de se sublimer en proposant une feuille de route régionale et même globale pour éviter un nouveau bain de sang, et un possible conflit mondial sans doute plus meurtrier que les deux précédents.

Il faudrait pour cela que la France s’arme de courage, et de discrétion, et propose notamment :

1.Une trêve permettant d’éviter des bombardements aveugles dans Gaza en échange de la libération de tous les prisonniers civils israéliens et double nationaux, y compris bien entendu les Français. Mais pas d’échange de prisonniers dans le cas des civils.

2. Un échange de prisonniers militaires (le Hamas détiendrait même un général de Tsahal) contre des prisonniers palestiniens.

3. La tenue d’élections tant à Gaza qu’en Israël, dans un lapse de temps court, pour permettre notamment un changement d’interlocuteurs entre les parties, et que justice fasse son oeuvre… Il est évident que cette étape, surtout à Gaza, ne pourra se faire sans le soutien extrêmement convaincant des européens, de Washington, et…de Doha, qui devront agir de concert pour faire pression sur les deux camps pour l’organisation d’élections libres.

4. La reprise de négociations de paix qui permettront la création d’un Etat palestinien, ou d’une solution confédérale, en échange d’une reconnaissance d’Israël par l’ensemble des Etats Arabes.

5. En corollaire, et dans une dynamique proactive, le détournement de l’attention et l’assèchement de l’armement et des financements occidentaux en faveur de l’Ukraine forceront aussi les parties à une « paix des braves » alors qu’une Ukraine exsangue, dans un conflit ayant fait plus de 500 000 victimes, ne pourra bientôt plus compter que sur elle-même.
Là aussi, la France doit reprendre pied et permettre au peuple ukrainien de tourner la page pour mieux se reconstruire. La perte d’un Donbass russophone détruit et vidé de ses habitants pourra être proposé en balance d’un partenariat fort, voire d’une adhésion à l’UE, qui inclut déjà des mécanismes de défense au sein du parapluie de l’OTAN. Ici aussi, cela passera par la nécessité de forcer la main aux parlementaires ukrainiens qui ne permettent aucune reprise de négociations avec Moscou.

6. Concernant l’Arménie, possible prochaine victime d’une annexion d’une partie de son massif du Zenguezour par Bakou (avec le soutien d’Ankara) pour permettre la ‘réunification’ des turcs face aux « gêneurs » arméniens, elle s’est tournée en dernier recours vers Paris et Téhéran.

C’est aussi une opportunité pour Paris de régler certaines questions liées à l’Iran avec du miel. En proposant à l’Arménie et à l’Iran un soutien à la protection de leurs frontières face à l’irrédentisme pantouranien dans le Caucase, Paris pourra montrer que les occidentaux ne souhaitent pas -à priori- le dépeçage de l’Iran millénaire, mais comprennent le rôle régional de cette puissance en (re)devenir. Les conditions à ce soutien auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU et auprès de Washington et d’Ankara, seront que l’Iran renonce à l’ensemble de ses prétentions nucléaires militaires, et normalise ses relations avec Israël…à la suite d’une paix signée entre le Liban (donc le Hezbollah) et l’Etat hébreu, ce qui passera entre-autres par un accord sur les fermes de Shebaa.

Un refus de Téhéran d’accepter ce processus impliquerait par ricochet une exacerbation des soutiens aux irrédentismes des minorités azéris, kurdes et arabes d’Iran pour précipiter la chute d’un régime qui aurait alors refusé la main tendue de la France.

Nos alliés kurdes d’Irak seraient alors ravis d’ouvrir une route à l’Est pour étendre leur autonomie au Kurdistan iranien. Quant aux 23 millions d’Azéris d’Iran, ils pourraient se réunir avec Bakou et reformer une province riche et stable. Cela signerait la fin du régime des mollahs, mais aussi la fin de la volonté de l’Azerbaïdjan de passer par l’Arménie pour recoller les morceaux de ses exclaves du Nakhitchevan…car la jonction méridionale serait alors ouverte via ses cousins azéris du Sud.

Il est probable qu’une telle feuille de route s’opposera aux intérêts de nombreux acteurs qui souhaitent en venir aux mains, mais tant qu’il y a une volonté, il y a un chemin !

Ghislain de Castelbajac,
Membre fondateur de Géopragma

 

1 « Al munafiqun » : cf : Sourate 63 du Coran

2 Un Golem fut créé par un rabbin de Prague au moyen-âge. Censé protégé les juifs des pogroms, le rabbin écrivit « EMETH » (vérité) sur son front. Mais devenu trop dangereux, il dut ôter le Alef (la première letre), pour que sur le front du Golem soit inscrit « METH » (mort) et que la créature redevienne un tas d’argile. Pour cela le rabbin dut u􀆟liser un stratagème pour qu’il baisse la tête, et non pas user la force brute, qui l’aurait renforcé…

La grande interview

Caroline Galacteros, géopolitologue et Présidente de Géopragma

  1. Référence : RT France

    source : Soleil Verseau

  2. Dans La Grande Interview, Antoine Cléraux, journaliste de Russia Today en français, reçoit Caroline Galacteros, géopolitologue française, fondatrice et présidente du think thank Géopragma.

Sont abordées des questions d’actualité, notamment le conflit Russie-OTAN en Ukraine.

 

 

 

Stop the war

Appel à un renouveau de la vision stratégique relative à la Russie et à un réequilibrage des relations internationales en Europe de l’Est.

 

Madame Ursula von der Leyen                                                                                                     Présidente de la Commission Européenne

 

Monsieur Joe R. Biden

Président des Etats-Unis d’Amérique

 

MonsieurVladimirV.Poutine                                                                                                          Président de la Fédération de Russie

 

Madame la Présidente,

Messieurs les Présidents,

Dans l’espoir de faire enfin litière des illusions pacifistes régulièrement contredites par le déroulé de l’Histoire, nous souhaitons aujourd’hui lancer un cri d’alerte face aux risques croissants que font courir à la paix internationale la stérilisation et l’hystérisation d’approches internationales occidentales toujours plus manichéennes.

Au lieu de promouvoir le respect, le dialogue, la coopération, l’intelligence du monde et des hommes, celles-ci ne font qu’amplifier les antagonismes et les tensions, donc les risques de conflit. Elles revisitent en permanence notre histoire pour justifier leur aveuglement, se privant avec entêtement, face aux guerres et crises du présent, d’approches pragmatiques et pondérées. Il faut stopper cette fuite en avant désespérante avant de devoir la regretter.

La relation entre la Russie et l’Occident, plus encore que d’autres, semble aujourd’hui, atteindre ces dangereux paroxysmes.

« L’Occident » se résume aux Etats-Unis, à une Europe toujours vassale mentalement et stratégiquement, à une vision du monde que le droit de la concurrence qualifierait d’“abus de position dominante”. Il a toujours du mal, depuis plus de 30 ans, à métaboliser la fin de la Guerre froide. Il est tellement plus simple d’appartenir au camp du “Bien” en dénonçant l’Autre comme l’incarnation du « Mal ». Plus simple, mais stupide, inefficace et dangereux.

La Russie reste cet immense pays traumatisé par le communisme, puis par une transition rude et socialement cruelle à la fin des années 90, suivie d’une reconstruction toujours inachevée et bien trop récente pour intégrer des réflexes démocratiques que nous avons mis des siècles à élaborer.

La Russie et son histoire sont pourtant à nos côtés depuis de nombreux siècles. Au cours de la première décennie du XXIème siècle, elle nous tendit la main à maintes reprises, sans succès, ne recueillant que mépris et humiliation, ce qui favorisa tous ceux qui, en Russie aussi, préfèrent au dialogue la compétition et la culture du plus fort. La « construction de l’ennemi » n’est pas une chimère. L’inversion victimaire non plus. Nous les pratiquons à l’envi. Ce sont des procédés faciles qui signent généralement une posture agressive qui projette sur l’autre ses propres turpitudes pour s’en débarrasser et guigner une supériorité morale illusoire.

Or, le harcèlement occidental n’a pas produit de recul russe, tout au contraire. Il a renforcé l’amour-propre collectif de ce grand peuple comme sa détermination à démontrer sa résilience et l’ampleur de son influence sur la scène du monde. Désormais, tous les appels, dans un sens comme dans l’autre, finissent par conforter ceux qui font de la politique du conflit et de la menace leur ordinaire.

Il est temps, Madame la Présidente, Messieurs les Présidents, de vous inviter à relever le défi d’un monde plus apaisé et réaliste, en acceptant, sur des dossiers précis, des solutions précises, sans doute incomplètes mais suffisantes à ce stade. Elles heurteront sans doute vos extrêmes (ceux qui se disent « mainstream », car c’est l’extrémisme dogmatique qui constitue désormais la norme des perceptions), mais favoriseront une trajectoire capable de garantir la sécurité de tous, dans le respect des différences et complémentarités des différents acteurs.

Il est temps de revenir à la politique véritable, celle des faits et des possibles, à la “realpolitik” qui est infiniment moins cynique que celle des « bons sentiments », promue par une « culture ONG » des relations internationales qui a envahi le champ de l’activité et de la réflexion stratégiques, qui ne résout jamais rien mais provoque systématiquement des ravages humains.

La plaie la plus béante, la cicatrice la plus ouverte se situe en Ukraine, mais d’autres conflits illustrent aussi ces regains de tensions, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie centrale.

Par conséquent et pour débloquer efficacement une situation qui peut sinon nous conduire au pire, Geopragma propose l’acceptation, de part et d’autre, des points suivants :

  • Les régions à l’est de l’Ukraine seront considérées comme faisant totalement partie de l’Ukraine mais bénéficieront d’une autonomie régionale (comme la Corse, la région de Bolzano, la Sicile).
  • Fin des discriminations en tout genre et en particulier linguistiques en Ukraine
  • Garantie de l’intégrité juridique des frontières de l’Ukraine par l’ONU
  • Reconnaissance du référendum en Crimée et par conséquent de son appartenance à l’Etat russe
  • Suspension de toute nouvelle adhésion à l’OTAN aux frontières de la Russie
  • Suppression des visas entre la Russie, l’Ukraine, l’Europe et les Etats-Unis
  • Respect des Etats et de leur Constitution
  • Abandon réciproque de toutes les sanctions politiques et économiques. Être capable de cela, c’est démontrer une véritable compréhension des réalités internationales, c’est créer la disruption assumée à rebours des positions rancies et rigides qui ne font que conforter le conflit. C’est faire du neuf, c’est réouvrir l’Europe, c’est la sortir du piège stratégique mortel dans lequel elle s’est laissé enfermer et se complaît tragiquement. C’est lui redonner du souffle, une utilité stratégique, une « valeur ajoutée » incontournable, donc une raison pour les autres Etats ou grands ensembles de la respecter enfin. Il n’est plus temps de tergiverser, de tenter de réanimer une énième fois les Accords de Minsk, tout comme il n’est pas question de vouloir oublier les craintes légitimes de pays qui ont pu être victimes du voisin soviétique.

La paix requiert parfois des sacrifices qui ne sont pas des renoncements ni des abdications, mais qui ont une matrice démocratique privilégiant l’intérêt de la majorité et ayant, en conséquence, vocation à préférer les solutions aux conflits. 

Paris, le 2 décembre 2021, 

Caroline Galacteros, Fondatrice de Geopragma.


Contact: Emmanuel Goût +393483384507Telegram @EmmanuelGout 

version russe : https://www.gazeta.ru/comments/2021/12/03_a_14276893.shtml