Pardon ou merci ?

...par Jacques Limouzy (Ancien ministre) - Le 10/01/2021.

 

Source : La semaine de Castre

Le pouvoir colonial est-il haïssable et sommes-nous compétents pour en juger ?

Nous devrions cependant être parfaitement informés sur la question, car la France fut colonisée alors qu’elle était la Gaule et que les futurs Français ont vu durant plus de quatre siècles leur destin se former et leur société s’établir sous la houlette de Rome dont la position de colonisateur reste exemplaire puisqu’elle fit que les habitants de notre pays devinrent des « Gallo-Romains ».

Rome colonisatrice nous légua son droit, les règles de la vie municipale, la pratique de l’art, le sens de l’universel au point que personne ne conteste plus la marque qu’elle a laissée dans nos lois, dans nos mœurs, tout au long de notre parcours historique.

Durant près de quatre siècles, nous reçûmes de Rome la pratique de notre future unité politique et administrative, le sens de la sécurité quotidienne et la faculté de comprendre les bénéfices apportés par le progrès technique.

Que ceux qui portent aujourd’hui, avec une déplorable imprudence, un jugement négatif sur la présence française outre-mer de cette héritière de Rome qu’est la France, se souviennent que toute action colonisatrice fut toujours pour elle une action civilisatrice et que les exemples à cet égard ne se comptent plus.

Et cependant aujourd’hui, l’une des préoccupations majeures d’une nation qui se trouvait dans un espace divisé et anarchique entre l’empire du Maroc et la régence beylicale de Tunis semble être l’exigence de recevoir de la France un pardon qu’elle estime justifié alors que son existence même comme état et comme nation doit tout à la France.

Ce n’est pas parce que la mutation nécessaire s’est mal passée que les antériorités de l’Algérie d’aujourd’hui doivent s’effacer.

On doit penser, pour que les rapports deviennent normaux et peut-être fructueux entre nos deux nations, que l’Algérie doit faire son deuil du pardon qu’elle exige alors que, de la même façon, nous faisons le nôtre du merci qui ne viendra pas.

Jacques Limouzy


La Kabylie face à la France et à sa fille, l’Algérie

...par Farhat Mehenni - Le 01/02/2021.

Une tribune libre de Farhat Mehenni, du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie.


Source : Causeur.

Le « rapport Stora » sur l’histoire de la colonisation française de l’Algérie, suscite des polémiques davantage sur ses recommandations que sur son contenu. Bien sûr, conformément à la lettre de commande du président Emmanuel Macron, il a pour mission non pas de réécrire l’histoire mais de trouver des solutions pour une normalisation des relations entre les deux pays. 

Du côté français, on pense que ces relations sont empoisonnées par des « effets de mémoire » contre lesquels il y a lieu d’allumer des contre-feux que Stora a résumés en 21 propositions pour le moins controversées. 

En réalité, un postulat de base erroné a entrainé une erreur de casting. 

Ce postulat suppose que c’est la mémoire de la guerre d’Algérie qui serait à l’origine de l’incapacité des deux pays à stabiliser leurs relations. Cela relève davantage de l’intuition que de l’analyse politique. La France a eu, avec ses voisins européens, des guerres autrement plus douloureuses et plus meurtrières que celle menée en Algérie, sans pour autant que cela pèse négativement sur leurs cordiaux rapports actuels. 

Complexe d’Œdipe

 

Cette idée de base reflète la méconnaissance du type d’État mis sur pied en Algérie, à partir de 1839. Un État d’essence coloniale, en charge d’un territoire, tracé à l’équerre et trois fois plus grand que sa métropole, devait fatalement se détacher d’elle à un moment ou un autre de son histoire. C’est comme les cas de l’Australie, des États-Unis, du Canada ou de la Nouvelle-Zélande par rapport au Royaume Uni, pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, basé sur des discriminations à l’encontre des autochtones, il assumait une forme d’Apartheid qui devait entrer en conflit avec les valeurs de la République. C’est dire que les velléités d’indépendance n’étaient pas que du côté des « indigènes ». Cela s’était vérifié lors de la tentative de putsch des généraux en 1961, quand ceux-ci comprirent que De Gaulle les lâchait. Si l’OAS avait remporté la guerre, ses partisans auraient de toute façon proclamé leur indépendance vis-à-vis de la France. C’est le complexe d’Œdipe à l’échelle des États.

Cette volonté de défier la métropole a été exacerbée au lendemain de la passation de pouvoirs, en 1962, entre Paris et Alger, non pas à cause des douleurs de la guerre, ceux qui ont pris le pouvoir n’y avaient pas participé (c’étaient des « planqués » au Maroc et en Tunisie), mais à cause de ses multiples fragilités fondamentales. Depuis sa naissance à ce jour, l’État algérien est un État sans nation, chargé de gouverner des nations sans État (Kabyles, Touaregs, Chawis, Mozabites, Hartanis, …). C’est un État illégitime car aucune de ses nombreuses constitutions n’est issue d’une assemblée constituante. Il ne peut donc survivre que sous forme d’une dictature qui, pour se donner un minimum d’assise sociale, se doit de verser dans une forme de populisme. C’est ce populisme qu’il doit nourrir en permanence par des défiances et des bravades contre la France (la cible évidente), mais aussi contre Israël, le Maroc et les États-Unis. Et quand il trouve un terrain sensible à son chantage, il pousse indéfiniment son avantage. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas prendre au sérieux les récurrentes demandes de repentance émanant des officiels algériens, car destinées à une consommation interne. L’un des mérites du « rapport-Stora » est justement d’y opposer une fin de non-recevoir.

Quant à l’erreur de casting, elle réside dans le fait de demander à un historien d’apporter des solutions politiques qui ne relèvent pas de son domaine. Quand le politique a besoin de convoquer l’affect, il aurait été plus judicieux de s’adresser à un « psy ». L’historien n’est pas un bricoleur d’éteignoirs de « mémoires enflammées ».

Ferhat Mehenni, du mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), en août 2009 © AFP STEPHAN AGOSTINI

Ferhat Mehenni, du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), en août 2009 © AFP STEPHAN AGOSTINI

L’impasse sur la Kabylie

Toutefois, quand bien même ce rapport n’avait pas à réécrire l’histoire, il n’avait pas à faire l’impasse sur la Kabylie qui, de bout en bout de la colonisation, était l’acteur principal de la résistance, puis de la guerre d’Algérie. Il prolonge scandaleusement, à son tour, un déni et une sanction historique officiels. La France a pardonné à l’Allemagne ses guerres les plus meurtrières mais refuse de passer l’éponge sur la résistance kabyle contre sa domination coloniale. 

La Kabylie, d’essence démocratique, est la mère de la liberté et de la dignité face à tous ceux qui ont essayé de coloniser la région. Elle a combattu la domination turque, puis française et, aujourd’hui, elle se bat encore contre la domination algérienne.

 

Ce rapport, en refusant de lui restituer sa place dans l’histoire liée à l’Algérie coloniale, loin de l’enterrer, lui fait juste constater que l’Histoire est un champ de batailles aussi impitoyables qu’interminables et dans laquelle elle se donne le droit de reprendre ce qui lui appartient. Et qu’on se le dise : tant qu’elle n’aura pas recouvré la plénitude de sa souveraineté, elle restera un facteur aggravant de l’instabilité régionale.

Cependant, il faut écouter Stora dont le rapport ne doit pas être réduit à ses propositions mal accueillies. Il dit des vérités simples qu’il serait bon de prendre au pied de la lettre, telle que celle-ci : « Les polémiques sur le passé, de la conquête coloniale française au XIXe siècle à la guerre d’Algérie des années 1950, ne cessent de rebondir. Dans ces querelles incessantes, il est possible de voir la panne de projets d’avenir entre les deux pays ». Il n’y a pas que « panne » mais faillite de tout projet d’avenir entre la France et l’Algérie. Il serait temps que la France change de vision sur ses anciennes colonies. Il y a lieu de réaliser que le fait d’avoir fracturé délibérément des peuples par des frontières aux fonctions de rideau de fer, d’avoir fait des États-pays comme des centres de concentration des peuples, est un grand crime. Il ne s’agit pas de s’en laver les mains au prétexte que « celles et ceux qui détiennent entre leurs mains l’avenir de l’Algérie et de la France n’ont aucune responsabilité dans les affrontements d’hier » (dixit Emmanuel Macron). Soutenir, de nos jours, les dictateurs africains contre les aspirations des peuples à la liberté est du même ordre que le fait colonial ainsi dénoncé.

 

La Kabylie comme des centaines de peuples, en Afrique et en Asie, demandent réparation non pas matérielle ou symbolique mais politique : revenir, conformément aux conventions internationales, à l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Réhabiliter ce droit pour le peuple kabyle et pour tous ceux qui le demandent, participerait incontestablement à la reconstruction d’un monde et d’une humanité apaisés et réconciliés. 


Guerre d’Algérie : Macron prétend reconnaître la vérité, mais se montre partisan

...par Philippe Kerlouan - Le 03/03/2021.

Source : Bd Voltaire.

 

Il fallait peut-être qu’ reconnût qu’Ali Boumendjel, « avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien » fut, lors de la bataille d’Alger, « arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957 », selon les termes du communiqué de l’Élysée. Mais il n’aurait jamais dû le faire ainsi, dans une vision partielle et partiale de l’Histoire. « Regarder l’Histoire en face, reconnaître la vérité des faits », c’est bien. Encore faut-il qu’on regarde toute l’Histoire en face.

Macron avait déjà, sur le sol algérien, qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ». Il avait admis, en 2018, que Maurice Audin, mathématicien, membre du Parti communiste algérien et militant anticolonialiste, était « mort sous la torture du fait du système institué alors en  par la France ». C’est aujourd’hui le tour de l’avocat Ali Boumendjel. D’autres noms suivront, sans doute, si l’on en croit le communiqué publié mardi 2 mars : « C’est dans cet esprit que le président de la République a souhaité faire ce geste de reconnaissance, qui n’est pas un acte isolé. »

Cette reconnaissance fait, en effet, partie des gestes d’apaisement recommandés par l’historien , dont le parti pris n’est pas à démontrer. Macron espère ainsi réduire les tensions autour de la mémoire de ce conflit et œuvrer pour la réconciliation franco-algérienne. Il en a le droit, mais avait-il le droit de le faire au nom de la France ? Car tout laisse à penser que sa vision personnelle déforme la vérité historique.

Manifestement, Macron veut plaire au gouvernement algérien. Certes, le communiqué conclut, plus généralement, qu’« aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la guerre d’Algérie ne peut être excusé ni occulté », mais on y cherche en vain quelque allusion aux crimes et au terrorisme pratiqués par le FLN. On saura prochainement s’il a obtenu, en échange, du gouvernement algérien la reconnaissance des crimes, des tortures, des attentats perpétrés par les fellaghas, mais il ne faut pas se faire trop d’illusions.

Les dirigeants algériens au pouvoir ne sont pas près de reconnaître ces crimes, le terrorisme aveugle, l’enlèvement de pieds-noirs, le massacre des harkis, toutes les horreurs commises par leur camp. Ils sont d’autant plus assurés d’être dans leur bon droit qu’ils trouvent, en France, la caution de certains milieux politiques et même, semble-t-il, celle du chef de l’État. Aucune guerre n’est propre mais, si l’on y regarde de près, si l’on examine les motivations des uns et des autres, on s’aperçoit que le camp indépendantiste s’est bien plus sali les mains que l’armée française qui, rappelons-le, ne faisait qu’obéir aux ordres des politiques.

Si Macron veut tant « avancer sur la voie de la vérité », qu’il renonce à sa vision manichéenne, idéologique et finalement simpliste de cette période tragique de l’Histoire française, qu’il en embrasse toute l’étendue, toute la complexité. Qu’il commence par faire toute la lumière sur la responsabilité des dirigeants français de l’époque dans la guerre d’Algérie et des épisodes tragiques comme le massacre de la rue d’Isly ou l’abandon volontaire des harkis, qu’il se demande pourquoi des officiers et des soldats sont sortis de la légalité pour rester fidèles à la parole de la France.

La vérité, oui, mais toute la vérité !


MACRON, procureur sans titre de son pays et de son armée !

..par Christian Vanneste - Le 11/03/2021.

Source : Christain Vanneste

Le narcissisme de Macron n’a pas de limite. N’aimant pas les critiques, il accuse les Français d’être un peuple de procureurs, et lui-même se mue en procureur de l’Armée française en accusant celle-ci d’assassinat. Né 15 ans après la fin de la “Guerre d’Algérie”, et ayant par ailleurs soigneusement évité de faire son service militaire, voilà quelqu’un qui n’a pas hésité à porter l’uniforme, à savoir la combinaison de pilote, qu’il n’est nullement, sur la base aérienne d’Istres. Dénué de la moindre expérience militaire, il est “le chef des Armées” et rabroue vertement le Général Pierre de Villiers, Chef d’Etat-major des Armées. Celui-ci avait rempli pleinement son rôle en réclamant pour les soldats français les moyens de leurs missions. Ses états de service, sa compétence, sa rigueur professionnelle méritaient le respect. Les morts dans les véhicules, insuffisamment protégés et touchés par des attentats au Sahel, n’ont que trop vérifié les exigences légitimes du Général. Le tout récent président élu dans des conditions douteuses n’a cependant pas hésité à l’humilier publiquement et à le conduire à la démission.

Dès avant son élection, en Février 2017, lors d’un déplacement en Algérie, il avait commencé une mise en accusation systématique de son propre pays. Il avait alors osé désigner la colonisation comme un “crime contre l’humanité”. Comment les Français ont-ils pu élire celui qui s’était alors rendu indigne des fonctions qu’il ambitionnait ? Un homme politique ne critique pas son pays dans un pays étranger. S’il le fait pour des motifs de séduction électoraliste envers les Algériens ayant acquis la nationalité française, souvent en gardant la leur, c’est encore plus méprisable. S’il le fait en raison de la lecture idéologique de l’histoire qui est celle de son camp, la gauche “progressiste”, il souligne à quel point il ne peut représenter tous les Français, notamment les descendants des victimes de la rébellion, militaires, Pieds-Noirs et Harkis, dont les malheurs sont ainsi effacés par un “crime contre l’humanité” qui les rend davantage coupables que victimes.  S’il le fait par une fatuité pétrie d’ignorance, cela ne fait que confirmer l’erreur de confier la responsabilité la plus haute du pays à un jeune fonctionnaire sans autre expérience que bancaire. La colonisation est un phénomène historique qui a consisté pour une puissance techniquement et donc militairement plus avancée à s’emparer de territoires avec des buts différents : étendre son activité commerciale, acquérir des ressources, implanter une population excédentaire, accroître ses forces. Le corollaire de ce mouvement “naturel”, c’est l’invasion : lorsqu’une puissance décline, des peuples plus vigoureux l’envahissent et trouvent là aussi le moyen d’acquérir des richesses et des terres. Les Romains ont colonisé le pourtour méditerranéen et une bonne partie de l’Europe occidentale. Souvent avec brutalité, ils ont installé la “Paix romaine”, à l’origine d’une civilisation brillante, riche de travail et d’échanges, construisant routes et villes. Qui pourrait s’en plaindre ? Les grandes invasions qui ont suivi ont accumulé les destructions. Où est le crime contre l’humanité ? Ni d’un côté, ni de l’autre, car les acteurs de l’histoire ne font ni de la morale ni du droit, ils vivent dans les passions et les contraintes. Ce que semble ignorer un énarque qui récite sa leçon.

La colonisation française n’a pas eu l’importance ni la cohérence de la britannique collectionnant les territoires dont les autochtones ont été remplacés par des colons, exploitant les richesses du sous-sol, trouvant de vastes débouchés pour ses marchandises et reliant l’ensemble par des bases assurant la sécurité de l’Empire. La France après avoir perdu en grande partie ses premières colonies a reconstitué un empire au XIXe siècle, surtout pour retrouver un prestige que ses désastres militaires lui avaient fait perdre, pour y puiser des renforts, et pour exporter sa pensée “libératrice”. Rien de criminel : telle exaction commise est compensée par l’effort en infrastructure, en soins médicaux ou en éducation. L’Algérie en est un bon exemple comme elle est aussi un excellent résumé de l’incohérence de nos gouvernements qui n’ont jamais vraiment choisi entre peuplement, assimilation et attentisme, jusqu’au moment où la démographie, décuplée par la médecine du colonisateur, et la religion du colonisateur précédent, ont exacerbé les différences et précipité l’inéluctable. Lorsque les troupes de Charles X prennent Alger, c’est une satisfaction pour l’Europe entière enfin débarrassée d’un nid de pirates esclavagistes. Lorsque les Pieds-Noirs et les musulmans favorables à la France quittent l’Algérie sous la menace du massacre dans les conditions les plus horribles, les Juifs, présents dans ce pays depuis des siècles, les suivent. Où sont les crimes contre l’humanité ?

Lorsque les terroristes font exploser des bombes ou mitraillent des civils à Alger, l’Armée a reçu du gouvernement de la IVe République l’ordre de “terroriser les terroristes”, de les éradiquer, et elle en a pris les moyens en remportant la bataille d’Alger. Cinq ans plus tard, cette victoire est devenue inutile : beaucoup de Français d’Algérie ont été assassinés dans des conditions atroces. Le silence devant ce gâchis devenu inévitable serait seul décent. Mais l’élégance morale de M. Macron a d’autres caprices : il prend parti et le fait contre son pays en reconnaissant des assassinats de la part de l’armée française comme si celle-ci ne luttait pas avant tout contre des assassins. L’irresponsabilité du geste est à peine croyable : les demandes d’excuses d’un gouvernement qui vit de la légende de la libération nationale contre l’occupant français ne seront jamais satisfaites. Quant à la repentance française, elle alimentera chez de nombreux jeunes d’origine algérienne le sentiment de leur identité victimaire propre à justifier leur séparatisme. On ferait mieux d’enseigner les efforts en matière de santé, d’éducation de développement consentis par la France dans ses département algériens, mais c’est trop demander à un homme dont la suffisance n’a d’égales que ses insuffisances.

 


Témoignage

André Aussignac - Le 04/05/2010

Témoignage d'André AUSSIGNAC enlevé en 1962 en Algérie par le FLN.

13 mars 2002 Interview d'André AUSSIGNAC, ancien soldat français en Algérie, qui évoque son arrestation par le FLN et les conditions de sa détention. Son témoignage alterne avec des images d'archives. Epoque chahotique malgré le cessez le feu.

Le FLN répliquait aux attentats de l'OAS par des enlèvements ..

Voici le témoignage d'un soldat français qui en a été victime . Il a été retenu dans un camp dans des conditions très dures.. ses compagnons seraient tous morts.

Un document de Kristian AUTAIN

Images d'archive INA

( Institut National de l'Audiovisuel)

Dur témoignage d'un appelé torturé après le cessé le feu du 19 mars 1962.

 

André Aussignac raconte après 50 années de torture morale étant obligé de se taire sous l'ordre de l'état.

 

Le témoignage d'André Aussignac, militaire appelé en Algérie, enlevé par le FLN, après l'indépendance, raconte, en détail, son enlèvement par le FLN et le calvaire inhumain qu'il a subi dans une mine de fer près de Miliana, avec d'autres français civils ou militaires.

(Le témoignage écrit ci-dessous correspond tout à fait à ce qu'il avait dit lors de cette conférence.

André Aussignac, 68 ans, appelé du 23e Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l'Armée française.)

 

« Le soir du 21 juillet 1962, j'ai quitté, en uniforme, la Maison carrée (caserne) d'Alger pour aller acheter des cigarettes.

Je suis tombé sur un barrage de musulmans en uniforme. Ils m'ont pris ma carte d'identité militaire et l'ont déchirée.

Je me suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le propriétaire du véhicule.

On a été conduits dans une briqueterie, déshabillés et jetés dans un four encore tiède.

Dans la nuit, d'autres Européens sont arrivés. A la fin, on était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter qu'ils allument le four. Au bout de quarante-huit heures environ, nous sommes partis en camion bâché.

 Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de Miliana.

Là, on nous a jetés à moitié nus dans une galerie. Dans la mienne, on était environ 60, mais il y avait d'autres galeries avec d'autres Européens.

On nous obligeait à creuser avec des petites pioches.

On avait droit à un verre d'eau par jour et parfois à un plat de semoule. Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les parois humides de la mine et on suçait les gouttes d'eau.

Quand le plat de semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous.

Certains sont morts d'épuisement, d'autres se sont volontairement tués.

Une fois, l'un d'entre nous a planté sa pioche dans la terre et s'est jeté sur la lame.

Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie. Je ne me suis pas levé pour le saluer.

Il m'a balancé un grand coup de pied dans la tête [la cicatrice à l'arcade sourcilière est encore visible].

J'ai essayé de m'évader deux fois sans succès.

La première fois, en représailles, on m'a donné de grands coups de bâton sur les chevilles.

La deuxième, on m'a assis sur une pierre, ligoté à un pieu et arraché les ongles des orteils avec une pince.

La troisième tentative a été la bonne.

J'étais avec deux autres copains qui ont été abattus. J'ai marché jusqu'à l'épuisement.

Des pieds-noirs m'ont découvert évanoui et nu dans un fossé.

Ils m'ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en direction de Marseille.

Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents ni ma fiancée ne m'ont reconnu.

Je pesais moins de 40 kilos [contre 70 avant son départ].         

Le 22 juillet 1963, j'ai été arrêté par la gendarmerie de Villeneuve-sur-Lot.

C'était pendant mon voyage de noces. On m'a interné au fort du Hâ pour "désertion en temps de paix" !

J'ai été brutalisé. On voulait que je livre les filières qui m'avaient permis de revenir d'Algérie. Je suis resté muet.

On m'a ensuite conduit à l'hôpital militaire Robert Piquet. Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit : "Individu dangereux", à ne pas mettre en contact avec les autres recrues".

Le tribunal militaire de Bordeaux m'a finalement acquitté.

Je rends hommage au commissaire du gouvernement qui a plaidé pour ma non culpabilité.

Il a ensuite été muté.

 

 En novembre 1963, le sénateur Etienne Dailly a évoqué mon cas au Sénat

(Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572).

 

Quelques jours auparavant, la Sécurité militaire m'avait menacé pour que je me taise. Mon histoire gênait. Je me suis tu, jusqu'à aujourd'hui.

 

"J'offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés. » 

 

Ce témoignage n'est pas un fait unique mais de telles menaces ont pesées sur d'autres victimes que peu ont accepté de parler, et encore... plus de 50 ans après.

 

Source : UNP84

Son témoignage vidéo : Préchi-Précha


ALGÉRIE. La France entre l’Œdipe algérien et celui des décoloniaux

...par Bernard Lugan - Le 14/03/2021

Le « Système » algérien et les « décoloniaux » accusent la France d’être responsable de leurs problèmes. Une attitude œdipienne déjà bien décrite en son temps par Agrippa d’Aubigné quand il écrivait que :

« Le cadavre de France se décompose sous l’œil de deux enfants : le premier est félon et le second parasite. L’un est tourné vers la mort et l’autre vers la dévastation. »

Au mois de janvier 2021, un journaliste algérien complaisamment relayé par les médias français, exigea même de la France un dédommagement pour le « pillage » du fer « algérien » qui, selon lui, aurait servi à fabriquer la Tour Eiffel !!!

 

Or, comme l’a montré Paul Sugy, les pièces composant l’emblématique monument furent fondues en Lorraine, dans les aciéries de Pompey, à partir de minerai de fer extrait de la mine de Lurdres, également située en Meurthe-et-Moselle…

 

La prétention aussi exorbitante que surréaliste de ce stipendié du « Système » algérien n’est pas le coup de folie d’un illuminé. Elle s’inscrit tout au contraire dans une stratégie de surenchère revendicatrice destinée à obtenir des excuses, puis des réparations « sonnantes et  trébuchantes » de la part de la France.

 

Or, il faut bien voir que, jusqu'à l’arrivée de François Hollande au pouvoir, la position algérienne avait été relativement « retenue ». Ni Georges Pompidou, ni Valéry Giscard d'Estaing, ni François Mitterrand, ni Jacques Chirac et ni Nicolas Sarkozy n’auraient en effet accepté de telles demandes d’excuses. Or, tout a changé avec les déclarations irresponsables de François Hollande suivies de celles d’Emmanuel Macron au sujet de la colonisation. A partir de là, la France s’étant auto-humiliée, l’Algérie s’est donc trouvée en position de force pour exiger toujours plus d’elle. D'autant qu’acculé par la rue, sa survie étant même en jeu, le « Système » algérien n’a plus que deux moyens pour tenter de détourner la marée de la contestation populaire  qui menace de l’emporter :

 

1) S’attaquer au Maroc, comme en 1963 quand la « Guerre des Sables » lui a permis de mettre en parenthèses le soulèvement kabyle. Mais, avec le Maroc, qui s’y frotte s’y pique…

 

2) Rien de tel avec le chapon français dont les actuels dirigeants n’osent pas rappeler à leurs homologues algériens qu’en 1962, la France « mère généreuse », légua à sa « chère Algérie » selon la formule du regretté Daniel Lefeuvre, un héritage composé de 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), de 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, de 4300 km de voies ferrées, de 4 ports équipés aux normes internationales, de 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots),  de 34 phares maritimes, d’une douzaine d’aérodromes principaux, de centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), de milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, de 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, d’une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., de milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes ( soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), d’un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, de trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, de 14 hôpitaux spécialisés et de 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler du pétrole découvert et mis en exploitation par des ingénieurs français. Ni même d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu'aujourd’hui l’Algérie doit même importer du concentré de tomates, des pois chiches et jusqu'à  la semoule du couscous…

 

Tout ce qui existait en Algérie en 1962 avait été payé par les impôts des Français. En 1959, l’Algérie engloutissait ainsi 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce !  Et tout ce que la France léguait à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé puisqu'il était directement passé de la colonisation turque à la colonisation française. Même son nom lui avait été donné par la France…  

 

L’attitude des « décoloniaux » relève quant à elle d’un complexe œdipo-existentiel doublé d’une dose de schizophrénie.

 

Selon eux, la France qui les accueille, les nourrit, les habille, les soigne, les loge et les éduque, est une nation « génétiquement esclavagiste, raciste et colonisatrice », dans laquelle les descendants des colonisées sont dans une « situation coloniale », c’est-à-dire de « dominés ». D'où leur prétendue « marginalisation ». A cette affirmation victimaire s’ajoute un sentiment à la fois revanchard et conquérant bien résumé par Houria Bouteldja, une des figures de proue de ce courant :

« Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité (…) ».

 

Authentiquement francophobes, haïssant la France, les « décoloniaux » rejettent donc tout ce qui se rattache à elle. Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF, a ainsi écrit le 15 avril 2019, jour de son incendie :

« Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’histoire de France… Wallah … on s’en balek (traduction : on s’en bat les c…), objectivement, c’est votre délire de petits blancs ».

 

Cependant, exprimant  leur ressentiment et leur haine de la France dans la langue du « colon » honni, et s’affirmant intellectuellement à travers ses références philosophico-politiques, les « décoloniaux » ont une attitude schizophrénique…

 

Là n’est cependant pas le moindre paradoxe de ces sycophantes dont la « pensée » a germé sur le terreau philosophique de la révolution de 1789. En s’attaquant frontalement, et d’une manière œdipienne, aux dogmes de leurs géniteurs - « valeurs de la République », « droits de l’homme », « vivre ensemble » et « laïcité » -, les « décoloniaux » ont en effet pulvérisé l’armature doctrinale et morale de cette gauche universaliste qui, depuis des décennies, est le vecteur de la décadence française. Comme elle ne survivra pas à la mort de son idéologie et de ses « valeurs fondatrices », la voilà qui sort donc peu à peu de l’histoire, dégageant ainsi la voie à un changement de paradigme.

 

Aux porteurs de forces créatrices de saisir cette opportunité historique !

 

- Pour la critique de l’histoire officielle de l’Algérie écrite par le FLN et par Benjamin Stora, l’on se reportera à mon livre "Algérie, l’histoire à l’endroit."

 

- Pour l’analyse et la réfutation de l’idéologie « décoloniale », on consultera mon livre "Répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance".

 

 

Source : Blog de B. Lugan


 

Ci-dessous :

 

Ces deux là n'étaient ni militaires, ni colons...Simplement de braves gars du coin pour qui l'indépendance ne signifiait pas grand chose  !

 

Combien de milliers sont morts de la sorte sous les "bou-saadis" (1) de leurs "frères" ?

 

(Torture - 27 mai 1956 - Douar Zenata)

Autre exemple, entre autres : Le massacre de Melouza

 

(1) Poignard kabyle "tous usages" forgé dans une lame de ressort de camion, particulièrement pointu et tranchant !

Commentaires: 1
  • #1

    patrick tiso (samedi, 03 avril 2021 18:51)

    La seule ombre au tableau, c'est la TRAHISON des harkis, l'abandon par l'ARMEE FRANCAISE de ceux qui avait épousé sa cause, c'est la même trahison actuellement de la même ARMEE FRANCAISE qui engraissée avec l'argent du peuple le détruira complètement.